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‫بسم هللا الرحمن الرحيم‬

Université de Jijel, Département d’Architecture


3ème Année Architecture LMD
Module : Structure. 2

Ch.4 : Analyses des choix structurels de grands


projets dans le monde (Hearst Tower, NYC)
Chers étudiants, j’espère que vous allez bien et que vous prenez
toutes et tous bien soin de vous.

Avant d’entamer le cours, je vous remercie de bien vouloir m'envoyer :

1) Les cours du S1 que je vous ai donné,

2) vos exposés sur mon mail : lboutaoutaou@yahoo.fr

Merci et bonne lecture


I) Introduction
Diagrid est un design pour la construction de grands bâtiments avec de l'acier
qui crée des structures triangulaires avec des poutres de support diagonales. Il
nécessite moins d'acier structurel qu'un châssis en acier conventionnel. Hearst
Tower à New York City, conçu par Sir Norman Foster, aurait 21% moins
d'acier qu'un design standard. Le Diagrid élimine également la nécessité de
grandes colonnes d'angle et offre une meilleure répartition de la charge dans le
cas d'un bâtiment compromis.
Le Diagrid peut être fait de différents matériaux ; les plus communs sont :
• Acier (choix n ° 1)
• Bois
• Béton avec acier
L'acier est le choix préféré en raison des propriétés de haute résistivité qu'il possède pour
les charges de traction et de compression. Le bois et le béton ne sont pas utilisés aussi
souvent car la résistance à la traction est inférieure à celle de l'acier.
 Système structurel de diagrid en acier
Le matériau le plus communément utilisé dans la construction des diagrides est l'acier.
Les sections couramment utilisées sont les HSS rectangulaires, les HSS arrondis et les
brides larges. Le poids et la taille des sections sont réalisés de manière à résister aux
fortes charges de flexion. Ils peuvent être rapidement montés et le coût de la main-
d'œuvre pour l'installation est faible.
 Système structurel de diagrid en béton
Le matériau diagrid le plus couramment utilisé est le béton. Les diagrides en béton
d'incendions sont utilisés dans les deux types, préfabriqué et coulé sur place.
Les sections préfabriquées en béton sont flexibles, ce qui leur permet de s'adapter
parfaitement à la géométrie de la structure. Il protège également contre les dommages mais
le béton préfabriqué constitue davantage la charge morte de la structure.

façade de bâtiment IBM avec un diagrid en béton


 Système structurel de diagrid de bois
Le matériau le moins utilisé dans la construction des diagrides est le bois. Ce matériau a
plus d'inconvénients. Le seul avantage de ce matériau est que la section de bois est
facilement disponible dans n'importe quelle forme et taille. Le coût d'installation est bas.
Les principaux inconvénients sont que le bois a une moindre résistance. La durabilité et
l'altération du bois sont les principaux problèmes qui rendent les inconvénients du bois en
tant que matériau de construction diagrid
II) Hearst Tower
La Hearst Tower n'est pas dans la tendance au gigantisme dans les gratte-ciels tels que
ceux construits aux États-Unis, en Europe ou en Asie. Elle est composée de deux parties :
Un premier corps bas maçonné de six étages, réalisé en 1928 par le fondateur de la Hearst
Company, William Randolph Hearst, et une tour moderne, de 40 étages dont la
construction s'est achevée environ 80 ans après celle prévue à l'origine. Le bâtiment de
base devait se poursuivre en gratte-ciel, mais sa construction n'a jamais été poursuivie en
raison de la Grande Dépression. L'ensemble repris a été réalisé par le cabinet de
l'architecte britannique Norman Foster, Foster + Partners.

L'architecture et ingénierie de la Hearst Tower utilise pour la première fois une structure
« diagrid », c’est-à-dire une structure à maille triangulaire verticale en acier, de piliers
diagonaux qui rigidifient la structure.
Photo historique de l’ouvrage d’origine de Hearst Tower Photo de Hearst Tower actuelle
Hearst Tower actuelle
Coupe de l’ouvrage dans son ensemble
Elévation Coupe
Plan d’atrium Plan d’étage type
III) Analyse structurelle de Hearst Tower
III.1) Description de l’objet
III.1.1) Le socle (base de la tour)

La première étape du projet a été réalisé en soutenant la façade patrimoniale Art-déco de


l’architecte Joseph Urban et en détruisant l’intérieur de ce bâtiment de la fin des années
1920. La façade a été renforcée afin d’avoir la résistance suffisante pour le nouveau
élancement ; la hauteur de 6 étages, sans aucun soutient latéral hors de son plan. Elle a
donc été renforcée de l’intérieur en lui juxtaposant un mur en béton armé. Ce dernier
assure le maintien des murs d’enceinte existants et leur apparence sur toute leur hauteur
sans nécessité d’appuis intermédiaire tout en respectant les nouvelles normes sismiques.

Une fois le bâtiment existant évidé de son contenu, ses fondations ont été modifiées et
renforcées afin de pouvoir accueillir les 42 étages de la nouvelle Hearst Tower. Les
caractéristiques du site urbain ont obligé d’exécuter l’entier des travaux de fondation dans
l’enceinte du bâtiment.
Le bâtiment, dans son ensemble, est soutenu
par deux type de fondations afin de répondre
à la géologie atypique formée par un lit
rocheux irrégulier le long de la parcelle. En
effet, la roche se trouve en surface sur la
moitié du bâtiment, tandis que sur l’autre
moitié du bâtiment, le roche se trouve
environ 10 mètre sous le niveau de la rue.
Ainsi des semelles superficielles ont été
utilisées là où la roche était en superficie,
alors que des caissons en béton armé ont été
utilisés pour atteindre le massif rocheux plus
profond.
La tour, qui commence au-dessus de l’ancienne façade, est supportée par des ‘méga-
colonnes’ et stabilisée par des ‘méga-diagonales’ posées à la base sur 12 points d’appuis
générant et créant un atrium très dégagé spatialement (sur 10 étages virtuels), dont le
volume est uniquement obstrué/coupé par ces mégastructures. Le plan de ces
megastrucutres est perpendiculaire au plan de la façade de la tour qu’elles supportent.
Ces dernières sont composées d’éléments mixtes : tubes carrés en acier haute
performance composés soudés de 1,12m x 1,12m x 100mm, comblés avec du béton.
Plans types des étages de la tour
Méga-structure
de la base
III.1.2) La structure porteuse

La structure porteuse de la tour, reposant sur ces mégastructures formant l’atrium, est
principalement réalisée par le système de cadres triangulés, communément nommé
diagrid. Ce système porteur est dans le cas présent très lisible et présente plusieurs
avantages. Principalement, il permet d’assurer la stabilité d’un tel édifice en façade.
Ce système structurel particulier interconnecte les quatre façades de l’extension, générant
ainsi une structure tubulaire.

Chaque façade est composée de modules triangulaires isocèles d’une hauteur constante de
quatre étages assemblés afin d’atteindre la hauteur légitime de la tour dans son entier. La
section constante des poutres en I de ces triangles facilite et favorise une préfabrication et
montage ordonné, planifié. La géométrie de l’ensemble rend néanmoins l’assemblage
délicat et compliqué avec des noeuds et pièces d’assemblage complexe.
La séparation en plans horizontaux de la tour est assurée par un conventionnel système
poutre-plancher. Dans le cas de la Hearst Tower, une dalle mixte (acier-béton) appuyée
sur des poutres en acier a été utilisée. Ces différents niveaux de planchers sont appuyés
en façade sur le système diagrid, au noyau et à une couple de colonne supplémentaire
contenant les portées à des dimensions raisonnables.
modules triangulaires
chaque 4 étages
Système de cadres triangulés
(nommé diagrid)

Nœud « Intersection entre système


diagrid et les poutres de bord »

Dalle mixte sur poutres, reposant


sur le système diagrid en façade, le
noyau et à une couple de colonne
supplémentaire

Noyau non centré


Schéma explicatif de la jonction noeud d'un Diagrid
III.2) Comportement structurel
III.2.1) Diagrid : poutres et colonnes
La reprise des charges verticales par le système diagrid
s’établie de manière suivante :
Chaque module de triangle reprend 4 niveaux de plancher
en plus des charges des étages supérieures. Les membrures
du diagrid agissent comme une ‘colonne inclinée’ et comme
une ‘poutre’ dont les extrémités sont encastrées.
L’encastrement des membrures réduit le moment maximal
en générant des moments opposés près des appuis.
Également, en plus des appuis latéraux provenant des
planchers appuyés, l’encastrement à l’angle de chaque
triangle réduit la longueur de flambage de cet élément
hautement sollicité à la compression (sous les charges
gravitaires seules).
Les charges verticales gravitaires induisent des efforts de
compression, des efforts de flexion et des efforts normaux
dans les membrures du diagrid. Les efforts de cisaillement
et de flexion causés par ces charges sont similaires d’un
module du diagrid à un autre.
A l’opposé, les efforts normaux engendrés par les charges
verticales se cumulent à chaque module du diagrid. Sollicitations du diagrid sous charges
verticales (gravitaires)
Tandis que, les charges horizontales induites par le vent et le séisme, sont reprises par les
planchers et transmises aux membrures du diragrid. Ces charges induisent, elles aussi, des
efforts de cisaillement, des efforts de flexion et des efforts normaux dans les membrures
du diagrid. Ces efforts provenant des charges horizontales s’additionnent aux efforts des
charges verticales. Dans certains cas de chargement, la combinaison des efforts est
favorable et, pour d’autres cas, défavorable.

Sollicitations du diagrid sous charges horizontales


III.2.2) Effet du vent

Pour la reprises des charges latérales du vent et


séisme, la tour agit comme une énorme poutre
en porte à faux vertical encastrée à la base. Cette
«poutre» doit donc résister à des efforts de
flexion et de cisaillement, en plus d’efforts
axiaux. La figure suivante illustre bien les efforts
engendrés par flexion.

En effet, une partie de la tour se retrouvera en


traction tandis que l’autre partie se
retrouvera en tension afin de résister au
renversement de la tour. De plus, la tour est
cisaillée par les efforts latéraux.
V) Une structure adaptée aux besoins architecturaux
La volonté de l’architecte concernant l’aménagement des surfaces de plancher de la tour a
grandement influencé le choix de la structure. En effet, la présence d’une tour d’habitation à
la bordure Nord-Ouest du site, obligea l’architecte Norman Foster de déplacer le corps de
circulation. La juxtaposition du noyau de circulation permet effectivement d’éviter
d’obtenir une zone insuffisamment éclairée naturellement et sans dégagement visuel vers
l’extérieur. De plus, il permet d’accroître la surface utilisable du coté Sud-Est, c’est à dire
un des cotés les plus favorables pour des bureaux, tout en gardant une distance corps façade
appropriée. Néanmoins, ce choix décisif pour le bon fonctionnement du monde intérieur de
la tour a un impact non négligeable sur le comportement statique de cette dernière. Le
centre de torsion de la tour se voit ainsi déplacé et par conséquent incapable de reprendre
les charges horizontales pouvait engendrer de grands efforts de torsion non désirés. En effet
généralement, le noyau structurel d’un tel bâtiment, correspondant aux différentes cages de
distribution verticale (ascenseur, escalier, vide technique,. . . ) reprend la grande majorité
des charges horizontales et des charges verticales. Ici, c’est la façade qui remplit l’entièreté
de ce rôle structurel ; le noyau pouvant dès lors être une construction légère servant
uniquement à réduire les portées à l’intérieur du bâtiment. L’élément porteur étant repoussé
en façade et en façade uniquement, les ingénieurs ont opté pour un système, à la fois,
hautement stable, rigide et distinctif, un système diagrid. Ce dernier permet d’assurer la
stabilité de la tour en interconnectant les quatre faces du bâtiment par une juxtaposition
méticuleuse d’un même module triangulaire et lui donnant ainsi également un visage
uniforme où structure et contreventements se mêlent.

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