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Envoyé par Matthias

Aristote, Poétique.
« Poétique » renvoie ici à l’idée de fabrication, d’élaboration (poiesis, poien) . Aristote tente
de définir dans cet ouvrage l’ensemble des règles compositionnelles, thématiques et discursives
présidant au bien-fondé des textes littéraires. La littérature se trouve donc indexée à l’ordre des
réalisations purement humaines : elle constitue ainsi, selon le langage marxiste, une
« superstructure » car elle est surajoutée au réel. En aucun cas il ne faut entendre une poétique au
sens de l’adjectif « poétique » dérivé du terme « poésie », genre littéraire et non mode de
production littéraire. C’est pourquoi un « art poétique » désigne une œuvre décrivant la manière
d’écrire et de constituer des œuvres, et pas seulement des œuvres poétiques -en l’occurrence, la
poésie lyrique est exclue de la Poétique d’Aristote.

Plan de l’œuvre  :

Chapitres I-V : Introduction, présentation des termes et des concepts.


Chapitres VI-XXII : Description générale de la tragédie.
Chapitres XXIII-XXVI : Opposition épopée / tragédie et conclusion.

Les chapitres présentés en rouge sont importants. Les autres sont plus précis, moins opératoires et
concernent surtout la littérature et la langue grecques.

Chapitre I

 Aristote définit l’objet de la poétique qui est l’imitation (mimésis).

Chapitre II

 L’objet de cette imitation est la peinture de l’humanité en bien et en mal. La peinture en bien
traitera des gens de mérite, des vertus des hommes supérieurs. Son genre sera la tragédie. La
peinture en mal traitera des gens médiocres et de leurs vices. Son genre est celui du risible et
du laid : la comédie.

Chapitre III

 Aristote précise qu’il existe deux manières de raconter :


1. « On peut imiter en racontant » a) « par la bouche d’un autre » (comme Homère [=
narrateur extradiégétique]), b) « on garde sa personnalité »[=narrateur intradiégétique]
 Récit.
2. «  On peut imiter en présentant tous les personnages tous les personnages comme
agissant, comme en acte » Théâtre.

Chapitre IV

 La « poésie » (comme fabrication du littéraire ) est une procédure fondée sur l’imitation et
différencie ainsi les humains des animaux.

Chapitre V
 Aristote décrit l’épopée, la tragédie et la comédie (et non notre actuelle  poésie lyrique).
L’épopée selon lui est un récit « non limité dans le temps » tandis que la tragédie doit durer le
temps d’ « une révolution de soleil », soit une seule journée.

Chapitre VI

 La tragédie est précisément définie comme l’« imitation d’une action de caractère élevé et
complète, d’une certaine étendue, dans un langage relevé d’assaisonnements d’une espèce
particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action, et
non par un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation [catharsis] propre à
pareilles émotions.»
 Cette imitation de l’action constitue l’« histoire » (agencement des faits) des « caractères »
(ce qui est dit des personnages en action. Ce concept disparaît avec Diderot et le passage du
« caractère » à celui de « condition ») Le « caractère » est défini au chapitre XV.

Chapitre VII

 L’ histoire racontée (muthos, le « mythe », le « récit ») doit être ordonnée. La tragédie est
l’imitation d’une action (mimesis praxeos) portée à son terme et doit donc être parfaitement
conformée. Il faut un bon début, un bon nœud, une bonne fin.

Chapitre VIII

 Aristote réclame une « unité de l’imitation » (l’histoire est un tout inchangeable, c’est ce que
nous appellerions de nos jours l’ « économie globale » de l’histoire).

Chapitre IX

 L’historien est opposé au poète (le poète désignant tout scripteur). L’historien narre des
événements advenus et s’intéresse ainsi au particulier. Le poète évoque ce qui pourrait arriver
et s’occupe du général.

Chapitre X

 L’ « action  simple» ne comprend ni reconnaissance ni péripétie.


 L’ « action complexe » mêle ces deux procédés. (« reconnaissance » et « péripétie » sont
définis plus précisément au chapitre XI). La meilleure tragédie est celle qui comporte une
action complexe (chapitre XIII).

Chapitre XI

 Aristote définit ensuite les deux sentiments transmis par la tragédie : la pitié et la terreur (ces
sentiments permettent, par purification ou catharsis, de s’identifier aux personnages en
libérant hors de soi les réactions affectives suggérées par la représentation.
 Aristote détaille également les notions suivantes :
-« péripétie » : « le revirement de l’action dans le sens contraire, suivant ce qui a été dit »
-« reconnaissance », si chère au théâtre diderotien :  « passage de l’ignorance à la
connaissance ». Toutes les reconnaissances sont décrites au chapitre XVI.
-« événement pathétique » : « action qui provoque destruction ou souffrance » (blessure,
agonie…)

Chapitre XII
 Ce chapitre détaille les parties de la tragédie (prologue, épisode, exode…)

Chapitre XIII

 Aristote décrit les erreurs à éviter dans la composition des histoires (un homme trop juste ne
doit pas sombrer gratuitement dans le malheur, un homme méchant ne doit pas connaître la
félicité, etc.)

Chapitre XIV

 Ce chapitre concerne l’ « agencement des situations » (qu’on appelle de nos jours le


« nouement » de la situation ; l’ « agencement des situations » procède de l’unité de
l’imitation dont il est question au chapitre VIII.

Chapitre XV

 Sont énumérés les quatre critères nécessaires d’un « caractère » : (1)la bonté dans les actes et
les paroles, (2) l’adéquation du caractère au personnage représenté (une femme est féminine,
un homme viril…) Ce critère est comportemental, (3) la ressemblance du caractère au modèle
(apparence), (4) la cohérence du caractère imité dans le déroulement de la tragédie.

Chapitre XVI

 Aristote énumère quatre types de reconnaissance : (1) par des signes extérieurs, (2) par la
volonté du poète (parole révélatrice voulue), (3)par la mémoire du personnage ou du public,
(4) par la déduction du public.

Chapitre XVII

 Selon Aristote, les situations doivent être le plus possible présentes sous les yeux, et les gestes
doivent accompagner les paroles

Chapitre XVIII

 Deux notions sont développées :


-le nœud : du début jusqu’au dernier moment dont procède un « revirement ».
-le dénouement : du début du revirement jusqu’à la fin heureuse ou malheureuse.

Chapitre XIX

 Ici Aristote refuse de s’intéresser à la pensée et à la parole car son traité est poétique et non
stylistique.

Chapitre XX

 Les considérations de ce chapitre renvoient à la prononciation et à la valeur sonore du


signifiant dans le discours des personnages.

Chapitre XXI

 Ce chapitre est un petit traité d’onomastique où l’on retrouve quelques éléments présents dans
la Rhétorique du même auteur, notamment sur l’ « analogie » et sur la « métaphore ».
Chapitre XXII

 Ce chapitre évoque l’opportunité des noms communs et du lexique dans la tragédie.

Chapitre XXIII

 Aristote revient sur l’épopée qui doit obéir aux mêmes règles de composition que la tragédie,
en s’écartant de celle-ci en ce que l’action imitée en est plus longue (voir aussi le chapitre
XXIV), sans pour autant ressembler à un récit historique.

Chapitre XXIV

 -L’épopée doit comprendre les mêmes caractères et les mêmes espèces que la tragédie (simple
et complexe, comme décrit dans le chapitre X).
-Le poète doit se taire car la présence dans le texte de sa personnalité peut nuire à l’imitation.
-Le poète épique peut aller jusqu’à l’irrationnel dans son récit, et ce beaucoup plus que chez le
poète tragique.

Chapitre XXV

 Ce chapitre est celui du vraisemblable. Aristote y analyse les modes d’acceptabilité des
actions représentées dans l’épopée. Il y a des choses existantes ou ayant existé ; ensuite des
choses prétendument existantes ; enfin des choses qui devraient être. En jouant sur ces modes,
le poète peut éviter les critiques. De même il peut trouver un intérêt servant son dessein dans
l’usage qu’il fera des métaphores, des mots « mal » appropriés et des éventuelles
contradictions de son histoire.

Chapitre XXVI

 Aristote penche en faveur d’une supériorité de la tragédie sur l’épopée.

Le tableau suivant résume le classement aristotélicien des genres. Il est valable jusqu’à l’Art
poétique de Pelletier, voire celui de Boileau.

Humanité inférieure Humanité supérieure


Poésie dramatique COMEDIE TRAGEDIE
Poésie narrative EPOPEE

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