Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Aristote, Poétique.
« Poétique » renvoie ici à l’idée de fabrication, d’élaboration (poiesis, poien) . Aristote tente
de définir dans cet ouvrage l’ensemble des règles compositionnelles, thématiques et discursives
présidant au bien-fondé des textes littéraires. La littérature se trouve donc indexée à l’ordre des
réalisations purement humaines : elle constitue ainsi, selon le langage marxiste, une
« superstructure » car elle est surajoutée au réel. En aucun cas il ne faut entendre une poétique au
sens de l’adjectif « poétique » dérivé du terme « poésie », genre littéraire et non mode de
production littéraire. C’est pourquoi un « art poétique » désigne une œuvre décrivant la manière
d’écrire et de constituer des œuvres, et pas seulement des œuvres poétiques -en l’occurrence, la
poésie lyrique est exclue de la Poétique d’Aristote.
Plan de l’œuvre :
Les chapitres présentés en rouge sont importants. Les autres sont plus précis, moins opératoires et
concernent surtout la littérature et la langue grecques.
Chapitre I
Chapitre II
L’objet de cette imitation est la peinture de l’humanité en bien et en mal. La peinture en bien
traitera des gens de mérite, des vertus des hommes supérieurs. Son genre sera la tragédie. La
peinture en mal traitera des gens médiocres et de leurs vices. Son genre est celui du risible et
du laid : la comédie.
Chapitre III
Chapitre IV
La « poésie » (comme fabrication du littéraire ) est une procédure fondée sur l’imitation et
différencie ainsi les humains des animaux.
Chapitre V
Aristote décrit l’épopée, la tragédie et la comédie (et non notre actuelle poésie lyrique).
L’épopée selon lui est un récit « non limité dans le temps » tandis que la tragédie doit durer le
temps d’ « une révolution de soleil », soit une seule journée.
Chapitre VI
La tragédie est précisément définie comme l’« imitation d’une action de caractère élevé et
complète, d’une certaine étendue, dans un langage relevé d’assaisonnements d’une espèce
particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action, et
non par un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation [catharsis] propre à
pareilles émotions.»
Cette imitation de l’action constitue l’« histoire » (agencement des faits) des « caractères »
(ce qui est dit des personnages en action. Ce concept disparaît avec Diderot et le passage du
« caractère » à celui de « condition ») Le « caractère » est défini au chapitre XV.
Chapitre VII
L’ histoire racontée (muthos, le « mythe », le « récit ») doit être ordonnée. La tragédie est
l’imitation d’une action (mimesis praxeos) portée à son terme et doit donc être parfaitement
conformée. Il faut un bon début, un bon nœud, une bonne fin.
Chapitre VIII
Aristote réclame une « unité de l’imitation » (l’histoire est un tout inchangeable, c’est ce que
nous appellerions de nos jours l’ « économie globale » de l’histoire).
Chapitre IX
L’historien est opposé au poète (le poète désignant tout scripteur). L’historien narre des
événements advenus et s’intéresse ainsi au particulier. Le poète évoque ce qui pourrait arriver
et s’occupe du général.
Chapitre X
Chapitre XI
Aristote définit ensuite les deux sentiments transmis par la tragédie : la pitié et la terreur (ces
sentiments permettent, par purification ou catharsis, de s’identifier aux personnages en
libérant hors de soi les réactions affectives suggérées par la représentation.
Aristote détaille également les notions suivantes :
-« péripétie » : « le revirement de l’action dans le sens contraire, suivant ce qui a été dit »
-« reconnaissance », si chère au théâtre diderotien : « passage de l’ignorance à la
connaissance ». Toutes les reconnaissances sont décrites au chapitre XVI.
-« événement pathétique » : « action qui provoque destruction ou souffrance » (blessure,
agonie…)
Chapitre XII
Ce chapitre détaille les parties de la tragédie (prologue, épisode, exode…)
Chapitre XIII
Aristote décrit les erreurs à éviter dans la composition des histoires (un homme trop juste ne
doit pas sombrer gratuitement dans le malheur, un homme méchant ne doit pas connaître la
félicité, etc.)
Chapitre XIV
Chapitre XV
Sont énumérés les quatre critères nécessaires d’un « caractère » : (1)la bonté dans les actes et
les paroles, (2) l’adéquation du caractère au personnage représenté (une femme est féminine,
un homme viril…) Ce critère est comportemental, (3) la ressemblance du caractère au modèle
(apparence), (4) la cohérence du caractère imité dans le déroulement de la tragédie.
Chapitre XVI
Aristote énumère quatre types de reconnaissance : (1) par des signes extérieurs, (2) par la
volonté du poète (parole révélatrice voulue), (3)par la mémoire du personnage ou du public,
(4) par la déduction du public.
Chapitre XVII
Selon Aristote, les situations doivent être le plus possible présentes sous les yeux, et les gestes
doivent accompagner les paroles
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Ici Aristote refuse de s’intéresser à la pensée et à la parole car son traité est poétique et non
stylistique.
Chapitre XX
Chapitre XXI
Ce chapitre est un petit traité d’onomastique où l’on retrouve quelques éléments présents dans
la Rhétorique du même auteur, notamment sur l’ « analogie » et sur la « métaphore ».
Chapitre XXII
Chapitre XXIII
Aristote revient sur l’épopée qui doit obéir aux mêmes règles de composition que la tragédie,
en s’écartant de celle-ci en ce que l’action imitée en est plus longue (voir aussi le chapitre
XXIV), sans pour autant ressembler à un récit historique.
Chapitre XXIV
-L’épopée doit comprendre les mêmes caractères et les mêmes espèces que la tragédie (simple
et complexe, comme décrit dans le chapitre X).
-Le poète doit se taire car la présence dans le texte de sa personnalité peut nuire à l’imitation.
-Le poète épique peut aller jusqu’à l’irrationnel dans son récit, et ce beaucoup plus que chez le
poète tragique.
Chapitre XXV
Ce chapitre est celui du vraisemblable. Aristote y analyse les modes d’acceptabilité des
actions représentées dans l’épopée. Il y a des choses existantes ou ayant existé ; ensuite des
choses prétendument existantes ; enfin des choses qui devraient être. En jouant sur ces modes,
le poète peut éviter les critiques. De même il peut trouver un intérêt servant son dessein dans
l’usage qu’il fera des métaphores, des mots « mal » appropriés et des éventuelles
contradictions de son histoire.
Chapitre XXVI
Le tableau suivant résume le classement aristotélicien des genres. Il est valable jusqu’à l’Art
poétique de Pelletier, voire celui de Boileau.