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Résumé-analyse
Personnages *

L'abbaye de Thélème *

Rire et savoir ? *

Sujets de dissertation possibles

Prologue (composé)

XIII (Le torche-cul)

XXIII (l'éducation humaniste) *

XXVII (Frère Jean)


! *

RABELAIS Gargantua (Résumé-analyse complet détaillé par chap…


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CONTENU DOCUMENTS

Rabelais, Gargantua,
Résumé-analyse
(Texte de la vidéo)

Quand on découvre Gargantua, on peut se trouver déconcertés


par ces géants qui boivent trop, qui répandent leurs fluides
corporels. Mais on va voir que tous ces débordements ont en
fait un sens caché…

Vous connaissez l’Ogre des contes de fée. Personnage e!rayant,


destructeur : il dévore les enfants ; du côté de la négativité, c’est une figure mortifère.

Hé bien Gargantua est exactement l’inverse : son gigantisme est un prodige… Tout est
générosité chez lui — sa gorge est déployée pour boire, comme Dionysos, dieu des excès et
du vin…. Mais aussi pour rire : il ne mange pas les enfants, non ! Comme un livre, il les élève et
les fait grandir : c’est un géant de papier.

Et ainsi, ce qu’il avale et ce qu’il répand, c’est de l’intelligence (qui nourrit), du langage (qui est
mâché), de la connaissance (qui est digérée) et tout cela donne une écriture romanesque
débordante, parfois considérée comme fondatrice du roman moderne.

Avis au lecteur

Alcofribas Nasier, c’est l’anagramme que François Rabelais utilise pour se protéger de la
censure, car nous allons voir que ses écrits portent une certaine charge satirique et
subversive… C’est aussi un narrateur malicieux, qui met en avant le pouvoir du rire :
Il vaut mieux traiter du rire que des larmes,
Parce que rire est le propre de l'homme.

On sait aujourd’hui que certains animaux peuvent rire… Mais cela n’altère en rien cet
aphorisme : pour Rabelais, le rire est une marque d’intelligence et de sociabilité, il nous
dispose au savoir, ainsi qu’à la spiritualité : valeurs chères aux humanistes !

Le rire comme moyen privilégié de transmission d’une sagesse profonde ? J’explore cette
question sous forme de petite dissertation, en vidéo et PDF, sur mon site,
www.mediaclasse.fr

Prologue

Dès le prologue, Alcofribas compare son livre aux Silènes : ces petites boites des apothicaires,
d’apparence grotesque, mais qui renferment des produits précieux. Une forme bou!onne
peut cacher des messages élevés.

C’est le cas Socrate, le grand philosophe que Platon met en scène dans ses Dialogues ou son
Banquet :
Ne voyant que son physique [...] vous n'en auriez pas donné une pelure d'oignon. [...] Mais en
ouvrant une telle boîte, vous auriez trouvé [...] une intelligence plus qu'humaine, une force d'âme
prodigieuse…

Et de la même manière, un os contient lui aussi une substance délicieuse, la moëlle, convoitée
par le chien.
À l'exemple de ce chien, il vous convient de [...] rompre l'os et sucer la substantifique moelle avec
le ferme espoir de devenir avisés et vertueux.

Pour déchi!rer les images de ce prologue, je vous en propose une analyse, en vidéo et en
PDF, en accès libre sur mon site.

Chapitre 1
Généalogie et ancienneté de la famille de Gargantua.

Alcofribas nous invite à lire son précédent roman, sur Pantagruel, le fils de Gargantua, où il a
traduit toute la généalogie du géant :
Je la transcrivit en pantagruélisant, c'est-à-dire en buvant à volonté et en lisant les horrifiques
exploits de Pantagruel.

On retrouve dans les noms de ces géants toute l’inventivité littéraire de Rabelais :
pantagruéliser, gargantuesque, c’est une paronomase (les noms propres entrent dans le
langage courant)…

Alcofribas précise alors que cette archive était accompagnée d’un poème mystérieux abîmé
par les insectes et autres nuisibles (et on devine qu’il parle ici de la censure).

Chapitre 2
Les fanfreluches antidotées trouvées
dans des ruines antiques.

Certains disaient que lécher sa pantoufle


Valait mieux que de gagner le pardon
Mais survint un fieffé maroufle
De la bassine où l’on tient les gardons
Disant « L’anguille en cet étal s’embûche !
Vous trouverez, si bien y regardons
Une tare dans la capuche.

Une tare, c’est un poids qui permet de faire pencher une balance, il y a donc tricherie… La
pantoufle du pape, le commerce des indulgences, sujets brûlants quand Rabelais écrit
Gargantua en 1534. En 1517, Martin Luther a#che 95 thèses qui initient la Réforme protestante
en dénonçant le pouvoir du pape et les richesses de l’Église.

Chapitres 3 et 4
Comment Gargamelle enceinte de Gargantua mangea
profusion de tripes.

Grandgousier issu d’une longue lignée de géants épouse Gargamelle, fille du roi des
parpaillons. Un beau jour ils invitent tous les villageois des alentours, afin de finir quantité de
tripes.

Grandgousier met en garde son épouse, enceinte de onze mois.


En dépit de ces remontrances, elle en mangea seize muids, deux baquets et six pots. Oh ! la belle
matière fécale qui devait boursoufler en elle !

Au-delà de l’humour scatologique, cette remarque traduit le regard d’un médecin et


philosophe humaniste pour qui le corps humain est une machine prodigieuse conçue par
Dieu. Tout cela expliquera la naissance extraordinaire de Gargantua.

Chapitre 5
Les propos des bons ivrognes.

Ce chapitre retranscrit les paroles des joyeux fêtards, qui font l’éloge du vin avec des jeux de
mots.
— O Lacryma Christi ! — Celui-là vient de la Devinière [...] sur mon âme, c’est un vrai velours !
[...] il tombe bien, c’est pure laine ! »

Tiens, « La Devinière » c’est justement le nom de la demeure du père de Rabelais, sénéchal et


avocat royal à Seuilly, à côté de Chinon, lieu enchanteur, que l’on peut toujours visiter
aujourd’hui.

Les fêtards parlent du vin en termes étranges : les larmes du Christ réchau!ent l’âme et le
corps… C’est un message caché : Rabelais incite ses contemporains à lire la bible sans
intermédiaire ecclésiastique, ce qui est alors interdit par l’Église..

Cette idée est notamment portée par le mouvement évangélique qui se développe avec les
premières traductions et impressions de la Bible en langue vulgaire. C’est un événement
fondateur.

Chapitre 6
Comment Gargantua naquit d’une façon bien étrange.

Pendant les festivités, Gargamelle va accoucher. Comme elle a trop mangé, la sage-femme lui
donne un antidiarrhéique qui la contracte tellement que l’enfant remonte jusqu’à l’oreille,
rappelant les naissances exceptionnelles d’Athena (issue du crâne de Zeus) et de Dionysos
(de sa cuisse) :
Sitôt qu'il fut né, [...] il s'écria à haute voix : « À boire ! à boire ! » [...] si bien qu'on l'entendit par
tout le pays de Busse et de Biberais.

Chapitre 7
Comment il fut nommé Gargantua et comment il
étanchait sa soif.

Devant la bouche grande ouverte de son fils qui réclame à boire, Grandgousier s’exclame «
Quel grand tu as » ; ce sera le nom de cet enfant : Gargantua.

Alcofribas décrit les quantités astronomiques de lait qu’il faut pour le nourrir. Avec méthode,
il confronte les témoignages, pour trouver les plus fiables :
Une de ses gouvernantes m'a dit [...] qu'au seul son des pots et des flacons, il entrait en extase,
comme s'il eût goûté les joies du paradis.

Gargantua est déjà sensible à ce carillonnement de clochette, qui évoque le vin, mais peut-
être aussi, et surtout, le divin…

Chapitre 8 à 10
Comment on vêtit Gargantua
et la signification de ses couleurs.

Dans ce chapitre, Alcofribas précise les quantités de tissus, de matériaux précieux qui
composent les vêtements de Gargantua. Le lecteur de l’époque reconnaît bien les
énumérations qu’on trouvait à l’époque dans les ouvrages commandités par des mécènes : de
riches seigneurs qui souhaitaient montrer leur puissance (ainsi que leur piété).

Notre narrateur critique l’auteur d’un certain livre « le Blason des couleurs ». Mais derrière
cette colère amusante, est menée une véritable réflexion : pourquoi adopter le symbolisme
décrété par un inconnu ?

Il défend alors l’interprétation que Grandgousier fait de ces deux couleurs : le blanc pour la
joie de vivre, le bleu pour les choses célestes : on reconnaît bien sûr les ingrédients qui
composent son propre livre. L’humour transmet et annonce des vérités profondes.

Chapitre 11
De l’adolescence de Gargantua.

Durant son enfance, Gargantua fait tout de travers.


Les petits chiens de son père mangeaient dans son écuelle et, lui, mangeait avec eux. [...] Il se
peignait avec un gobelet, [...] mettait la charrue avant les bœufs, se grattait où ça ne le démangeait
pas, [...] prenait les vessies pour des lanternes, [...] sautait du coq à l'âne.

Toutes ces expressions très corporelles, drôles dans leur sens littéral, cachent un sens figuré :
utiliser les mauvais outils, mettre les conséquences avant les causes, chercher des problèmes
inexistants, confondre des notions di!érentes, passer d’un sujet à l’autre sans transition, etc.
Autant de points d’appuis pour une future bonne éducation humaniste !

Chapitre 12
Concernant les chevaux factices de Gargantua.

Gargantua enfant fabrique des chevaux avec des brouettes, des morceaux de bois, et il les
fait galoper, ruer, etc. Tout au long du roman, le cheval est un symbole très positif, d’action et
d’e#cacité.

Or un jour que passent le fourrier et le maître d’hôtel d’un seigneur voisin, Gargantua leur
donne à chacun un cheval de bois, ce qui les fait beaucoup rire.
— Tu nous as bien bernés ! Je te verrais bien pape un jour ou l'autre.

Chapitre 13
Comment Grandgousier reconnut à l’invention d’un
torche-cul la merveilleuse intelligence de Gargantua.

Grandgousier de retour de voyage et retrouve son fils, qui lui raconte avoir trouvé le meilleur
torche-cul. Il nous décrit alors une véritable méthode expérimentale.
Il n'y a pas de meilleur torche-cul qu'un oison [...] tant à cause de la douceur de son duvet qu'à
cause de la chaleur [...] qu’il communique [des intestins jusqu'au cœur et au cerveau]. La béatitude
[...] des demi-dieux [...] [tient] selon mon opinion, à ce qu'ils se torchent le cul avec un oison.

Cette référence finale au cœur, au cerveau, et enfin aux demi- dieux, montre bien que ce
passage va plus loin qu’un simple débat sur la douceur d’un oiseau : il traite de la manière
dont on se débarrasse des déchets, c’est-à-dire, de la bêtise et du péché…

Pour mieux comprendre cette question, je vous propose une explication linéaire de ce
chapitre, en vidéo et PDF, sur mon site.

Chapitre 14
Comment Gargantua fut instruit par un sophiste en
lettres latines.

Grandgousier admirant les dispositions intellectuelles de son fils, lui donne alors un
précepteur, Maître Thubal Holoferne, qui s’avère catastrophique.
Maître Thubal Holoferne [...] lui apprit si bien son abécédaire qu'il le récitait par cœur à l'envers, ce
qui lui prit cinq ans et trois mois. [...] Il copiait tous ses livres, l'art de l'imprimerie n'était pas
encore en usage.

Ce qu’il nous décrit ici, c’est l’éducation scolastique typique du Moyen-âge, donnée par des
théologiens, spécialistes des Écritures.

Un deuxième précepteur de Gargantua, Maître Jobelin Bridé, fait exactement pareil :


Gargantua apprend tout par cœur, mais n’apprend pas à réfléchir par lui-même.

Chapitre 15
Comment Gargantua fut mis sous la tutelle d’autres
pédagogues.

Grandgousier constate que Gargantua devient rêveur et assoti, c’est-à-dire qu’il ne réfléchit
pas par lui-même. Son ami Dom Philippe des Marais lui présente alors son jeune page
Eudémon, formé par un certain Ponocrates…
Il s’exprimait avec [...] tant d'éloquence, [...] qu'il ressemblait plus [...] à un Cicéron [...] du temps
passé qu'à un jeune homme de ce siècle.

Cicéron est un grand orateur romain qui s’est fait connaître dès l’âge de 25 ans, comme un
excellent avocat…

Grandgousier chasse le dernier précepteur de Gargantua et le remplace par Ponocrates, qui


décide d’aller avec son élève à Paris pour avoir une expérience directe du monde.

On le devine, chaque personnage vient contribuer au système de valeurs de Rabelais. Je vous


propose donc une étude spécialement sur les personnages, en vidéo et en PDF, sur mon site.

Chapitre 16
Comment Gargantua fut envoyé à Paris. De l’énorme
jument qui le porta et comment elle anéantit les
mouches à bœuf de la Beauce.

Grandgousier reçoit d’un roi africain une jument extraordinaire : grande comme six éléphants,
elle sera parfaite pour porter Gargantua jusqu’à Paris.

En chemin, ils traversent une région infestée de frelons, que la jument chasse avec sa queue,
déracinant tous les arbres.
Tout le pays fut transformé en champs. Ce que voyant, Gargantua [...] dit : — Je trouve beau ce.
C'est pourquoi, depuis lors, on appelle ce pays la Beauce.

Chapitre 17
Comment Gargantua paya sa bienvenue aux parisiens et
comment il prit les grosses cloches de l’église de Notre-
Dame.

Gargantua arrive enfin à Paris. Il suscite alors tant de curiosité des parisiens qu’il doit se
réfugier au sommet de Notre-Dame.
Alors, en souriant, il détacha sa belle braguette et [...] les compissa si roulement qu'il en noya 260
418, sans compter les femmes et les petits enfants.

L’air de rien, Alcofribas donne la clé de cette étrange inondation d’urine : Gargantua fait cela
« pour rire » ; en Moyen Français « par ris » : Paris ! Ce qui donne son nom à la ville. Et donc,
l’idée centrale, c’est qu’il les baptise. Les 260 418 parisiens sont bénis par le rire, c’est-à-dire,
initiées à un nouveau message spirituel.

Et la suite va dans le même sens : quand Gargantua quitte Notre-Dame, il prend les cloches et
les met au cou de sa jument. Symboliquement : les évangiles ne doivent pas rester au
sommet des cathédrales, mais carillonner et galoper le long des chemins. C’est le fameux
message des évangélistes partagé par Rabelais.

Chapitres 18 et 19
Comment Janotus de Bragmardo fut envoyé auprès de
Gargantua la harangue qu’il fit et le procès qui s’ensuivit.

Les membres de la Sorbonne, dont Rabelais adore se moquer, désignent le plus vieux d’entre
eux, Maître Janotus de Bragmardo, pour aller plaider leur cause et récupérer les cloches. S’il
réussit, ils lui donneront une paire de chaussures pour ses vieux jours.

Le discours de Janotus de Bragmardo renverse tous les bons principes de clarté : arguments
décousus, exemples inappropriés, association d’idées sans cohérence, etc.

Le passage le plus célèbre est un enchaînement jubilatoire de polyptotes : un même mot


décliné sous des formes di!érentes.
— Voici ma thèse : Toute cloche clochable clochant [...] fait clocher [...] ceux qui clochent
clochablement. [...] Par conséquent CQFD.

Pour remercier Janotus de les avoir tant fait rire, Gargantua et ses précepteurs le font boire et
le renvoient avec de quoi se confectionner une bonne paire de chausses.

Quand ses collègues lui font remarquer que Gargantua lui a déjà donné sa récompense,
commence alors un procès dont l’arrêt est remis aux calendes grecques, c’est-à-dire, à jamais.

Chapitres 21 et 22
L’étude et les jeux de Gargantua
selon les règles de ses précepteurs sophistes.

Pour organiser l’éducation de Gargantua, Ponocrates commence par observer ses habitudes :
Après avoir bien [...] tué le temps, il buvait et banquetait, avant de s’étendre sur [...] un bon lit pour
dormir deux ou trois heures.

Ici, les excès d’alcool et de nourriture font dormir ! C’est bien une preuve que les festins
décrits ailleurs dans le roman, désignent en fait une ivresse symbolique positive, la curiosité
et l’enthousiasme.

Chapitre 23 et 24
Comment Gargantua fut éduqué par Ponocrates selon
une méthode telle qu’il ne perdait pas une heure de la
journée.

Ponocrates met en place un nouveau programme, où Gargantua éduque son esprit, son
corps, et son âme ; apprenant les langues et la musique, faisant l’expérience directe du réel,
et profitant de chaque instant de la journée.
[Le soir] avec son précepteur, Gargantua récapitulait brièvement [...] tout ce qu'il avait lu, vu, su,
fait et entendu au cours de toute la journée. [...] Et ils priaient Dieu [...] et ils entraient en repos.

Dans ce chapitre, Rabelais décrit tous les principes d’une bonne éducation humaniste. Pour en
savoir plus, je vous en propose une explication linéaire, en vidéo et en PDF, sur mon site.

Comme pour nous inviter à aménager ce programme qui touche à l’utopie, Rabelais propose une
alternative pour les jours de pluie.
Ils allaient voir les lapidaires, [...] les imprimeurs, [...] les teinturiers et autres artisans ; écouter les
leçons publiques, les plaidoyers des avocats, [...] et admiraient l'ingéniosité créatrice de tous ces
métiers.

Chapitre 25
Comment entre les fouaciers de Lerné et les gens du
pays de Gargantua survint la grande querelle qui entraîna
de grandes guerres.

Le narrateur nous emmène maintenant plus loin dans le pays de Grandgousier… C’est le
temps des vendanges, les bergers gardent les vignes, et les fouaciers du pays de Lerné, le
pays voisin, passent avec leurs charrettes remplies de fouaces.

Les fouaces, ce sont des sortes de pains améliorés, qui, selon l’auteur, accompagnent
divinement le raisin. Il dit même que c’est un « régal céleste » et qu’elles facilitent la
digestion…

Rabelais nous fait passer ici un message caché : le pain et le vin, le corps et le sang, le rire et
la spiritualité sont ensemble les meilleurs remèdes contre le péché. D’un point de vue moins
religieux, plus humaniste : allier le corps à l’esprit, la science et la conscience, voilà ce qui
permet d’éviter le mal.

Mais les fouaciers insultent les bergers, ce que le narrateur nous rapporte alors, avec une
certaine complaisance.
Il les traitèrent de trop babillards, de brèche-dents, de jolis rouquins, de mauvais plaisants, [...] de
vauriens, de rustres, [...] de bouviers d'étrons, de bergers de merde, et autres épithètes diffamatoires.

Un certain berger, Frogier, qui s’indigne de ces insultes, est frappé d’un coup de fouet par l’un
des fouaciers, nommé Marquet. Frogier l’assomme. Pendant que les fouaciers s’en vont, les
bergers prennent des fouaces, en les payant leur prix habituel.

Le soir, ils se régalent de fouaces et de vin, soignent les jambes de Frogier, et dansent au son
de la musette, sans se rendre compte qu’ils ont créé un incident diplomatique.

Chapitre 26
Comment les habitants de Lerné, dirigés par Picrochole,
leur roi, attaquèrent par surprise les bergers de
Gargantua.

Les fouaciers rapportent cet incident à leur roi, Picrochole, dont le nom même signifie : qui a
la bile amère… Aussitôt, il nomme son grand écuyer Toucquedillon capitaine et lève une
armée.
Ils se mirent en campagne pêle-mêle, [...] détruisant tout sur leur passage, n'épargnant pauvre ni
riche, lieu saint ni profane.

Rabelais montre que la colère d’un seul homme transforme un malentendu en véritable
conflit armé. Une « guerre picrocholine » désigne aujourd’hui un conflit dont le motif est
insignifiant.

Le lecteur de l’époque reconnaît bien sûr les conflits continuels entre Charles Quint et
François Ier. En 1525, le roi de France est fait prisonnier à la bataille de Pavie, c’est un choc qui
ébranle tous les équilibres diplomatiques. Il ne sera libéré qu’en 1533.

Chapitre 27
Comment un moine de Seuillé sauva le clos de l’abbaye
du sac des ennemis.

Les soldats de Picrochole arrivent alors à l'abbaye de Seuillé...


Le nom évoque d’ailleurs Seuilly, la ville de naissance de Rabelais, où se trouve une abbaye
qu’on peut encore visiter aujourd’hui.

Là, les pauvres moines désemparés se contentent de réciter des psaumes contre les
embûches de l’ennemi… Mais alors se détache un personnage haut en couleur : Frère Jean
des Entommeures, qui les encourage : le service du vin vaut bien que l’on se batte, pas moins
que le service divin !

Ce discours de Frère Jean révèle les valeurs qui sont chères à Rabelais, et qui font selon lui le
vrai moine : franc, honnête, courageux. Et si c’étaient les moines comme lui, les oiseaux rares
capables de balayer la saleté du monde ? Vous trouverez l’explication linéaire de ce chapitre,
en vidéo et PDF, sur mon site.

Frère Jean des Entommeures saisit un bâton de croix et fait fuir les assaillant presque à lui
tout seul, parodiant les passages les plus épiques des chansons de geste.
Aux uns, il écrabouillait la cervelle, à d'autres, [...] il démettait les vertèbres du cou, [...] déboitait
les fémurs, débezillait les fauciles.

La scène d’une rare violence est rendue comique par les termes médicaux, le plaisir
dionysiaque des mots semble bien vouloir remplacer celui de la violence concrète.

Chapitre 28
Comment Picrochole prit d’assaut la Roche-Clermault, et
le regret et la réticence de Grandgousier à entreprendre
une guerre.

La résistance de l’abbaye de Seuillé n’empêche pas Picrochole de prendre la Roche-Clermault


(lieu réel à proximité de Chinon).

Pendant ce temps, Grandgousier apprend le saccage de ses terres. Contrairement à


Picrochole, il dépasse l’indignation pour examiner les causes du conflit :
— Hélas ! [...] Picrochole, mon ancien ami, [...] vient m'attaquer ? [...] Qui l'a conseillé de la sorte ?
[...] Je n'entreprendrai pas de guerre avant d'avoir essayé de gagner la paix par [...] tous les moyens.

Chapitre 29
Contenu de la lettre que Grandgousier écrivit à
Gargantua.

Changement de genre et de ton : Grandgousier écrit à son fils pour lui demander d’utiliser
tout ce qu’il a appris auprès de Ponocrates pour régler le conflit avec la moindre e!usion de
sang possible.

La guerre ne doit être que défensive, comme l’écrit Érasme, que Rabelais admire beaucoup :
Un bon prince n’accepte jamais aucune guerre, excepté quand, après avoir tout tenté, il ne peut
l’éviter par aucun moyen. [...] L’homme est né pour la paix et l’amour [et non] pour la rapine et la
guerre.
Érasme, Éducation du prince chrétien, 1516.

Chapitre 30 à 32
Comment Ulrich Gallet fut envoyé auprès de Picrochole,
et comment Grandgousier fit rendre les fouaces.

Grandgousier envoie alors son ambassadeur, Ulrich Gallet, à la Roche-Clermault, pour


s’informer auprès de Picrochole lui-même.
— De quelle rage es-tu donc pris [...] pour envahir ses terres [...] sans avoir été provoqué [...] ? [...]
Où est la loi, la raison, l'humanité, la crainte de Dieu ?

Pour seule réponse, Picrochole les met au défi d’aller prendre ses fouaces. Quand Ulrich
rapporte ces propos à Grandgousier, il décide d’envoyer cinq charrettes pleines, en gage de
paix.

Chapitre 33
Comment certains gouverneurs de Picrochole par leur
précipitation, le mirent au dernier péril.

Mais Toucquedillon et ses conseillers militaires lui disent que, fort de ses victoires, il devrait
envoyer une moitié de son armée conquérir l’Orient, pendant que l’autre prendra l’Occident.

On trouve dans ce discours à la fois la parodie d’une grande épopée littéraire, l’orgueil
démesuré de Picrochole, la bêtise et la cupidité des conseillers :
— Nous prendrons la Crète, [...] et les îles Cyclades, puis la Morée. Nous la tenons ! [...] Dieu
garde Jérusalem, car le Sultan n'est pas comparable à votre puissance ! [...] Vous donnerez leurs
terres à ceux qui vous auront loyalement servi.

Chapitres 34 et 35
Comment Gargantua quitta la ville de Paris [...] et
comment Gymnaste tua le capitaine Tripet.

Dès que Gargantua reçoit la lettre de son père, il fait harnacher sa jument et envoie son ami
Gymnaste en éclaireur… qui tombe sur une troupe de Picrochole menée par le capitaine
Tripet.

Alors, il se met à faire d’étranges acrobaties, et profite de la surprise de Tripet, pour l’éventrer
; la troupe, persuadée d’avoir a!aire à un diable, s’enfuit en courant.

Chapitre 36
Comment Gargantua démolit le château du gué de Vède,
et comment ils passèrent le gué.

De retour auprès de Gargantua, Gymnaste lui conseille de reprendre le Château du Gué de


Vède, qui se trouve juste à côté de la Roche-Clermault. C’est là que la jument de Gargantua
vide sa vessie, emportant déjà une partie des envahisseurs.

Puis, ceux qui sont restés dans le château se mettent à tirer au canon sur Gargantua, qui croit
d’abord que ce ne sont que des mouches. C’est certainement le passage le plus épique du
roman !
Alors, de son grand arbre, il cogna contre le château, abattit [...] les fortifications et fit tout
s'effondrer. [...] Tous ceux qui se trouvaient à l'intérieur furent [...] mis en pièces.

Chapitre 37 et 38
Comment Gargantua se peignant fit tomber de ses
cheveux les boulets d’artillerie et mangea six pèlerins en
salade.

Au retour de Gargantua et ses compagnons, Grandgousier organise un banquet


extraordinaire, où Ponocrates raconte leurs aventures pendant que Gargantua retire les
boulets de canons de sa chevelure.

Pendant le repas, des pèlerins endormis dans la salade se retrouvent dans la bouche de
Gargantua, qui les retire avec un cure-dent. Ils se réfugient alors près du château de Coudray.

Ce séjour dans la bouche de Gargantua, n’est-ce pas la métaphore de notre propre pèlerinage
à travers le flot de paroles du roman ? Gargantua n’est pas un méchant ogre dévorateur, c’est
le bon géant de papier qui nous élève, et sauve notre âme.

Chapitres 39 et 40
Comment le moine fut fêté par Gargantua et des beaux
propos qu’il tint en soupant.

Frère Jean des Entommeures est célébré comme un héros… Commence alors un grand débat
pour savoir pourquoi les moines sont retirés du monde, Gargantua a une théorie révélatrice :
— La raison [...] en est qu'ils mangent la merde du monde, c'est-à-dire les péchés. [...] Leurs
couvents et leurs abbayes, [sont] écartés de la vie publique comme les latrines sont écartées de la
maison.

Ils tombent d’accord pour dire que les mauvais moines doivent rester à l’écart, mais que les
meilleurs moines sont ceux dont recherche la compagnie :
— Tel est notre bon Frère Jean : il n'est point bigot ; ce n'est point une face de carême ; franc,
joyeux, généreux, bon compagnon ; il travaille ; il défend les opprimés ; [...] il secourt ceux qui
souffrent.

Dans ce passage, Rabelais imite Le Banquet de Platon : chacun des invités contribue à la
réflexion, et sous couvert de parodie, il nous livre une clé de son roman : les moines sont
utiles, non pas quand ils prient sans comprendre ce qu’il disent, mais quand ils viennent en
aide aux autres hommes.

Chapitre 41
Comment le moine fit dormir Gargantua,
et comment il pendit à un arbre.

Pour aider Gargantua à s’endormir, frère Jean lui récite des psaumes, et lui décrit l’usage qu’il
fait de son bréviaire :
— Les heures sont faites pour l'homme et non l'homme pour les heures. C'est pourquoi je règle les
miennes comme des étrivières : je les raccourcis ou les allonge comme bon me semble.

Cette image révèle une conviction de l’humanisme : la religion doit s’adapter à la vie humaine,
et non l’inverse... Exactement comme le harnachement doit tenir au corps du cheval.

Et en e!et dès le lendemain, Frère Jean pique son cheval un peu trop vivement et se retrouve
suspendu à la branche d’un arbre… Ses amis rient avant de le libérer.
— C'est bien le moment de jaser ! Vous ressemblez aux prédicateurs décrétalistes qui disent que
quiconque verra son prochain en danger de mort doit [...] l'exhorter à se confesser [...] plutôt que de
l'aider.

Chapitre 43 à 45
Comment le moine sauva les pèlerins
et les bonnes paroles que leur dit Grandgousier.

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