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Bouddhisme et philosophie
Sous la responsabilité de Françoise Bonardel, Natalie Depraz,
et Fabrice Midal
Colloque organisé par le Collège International de Philosophie en collaboration avec
l’Université Bouddhique Européenne et avec le soutien de la Maison Heinrich Heine.
11h45-12h30 : Questions
II - Identité et vacuité
14h30-15h15 : Françoise Bonardel : Le bodhisattva, héros du non-soi : un défi pour
l’Occident philosophique ?
16h15-17h15 : Questions
Samedi 14 Mai
11h45-12h30 : Questions
16h15-17h15 : Questions
Colloque
Bouddhisme et philosophie
La philosophie est-elle une spécificité occidentale, née localement en Grèce, ou est-elle est
universelle ? Existe-t-il une philosophie orientale en tant que telle et, plus particulièrement,
une philosophie bouddhiste ? Ou bien est-ce un abus de langage conduisant à de graves
méprises ? L’absence de présentation en Occident des écoles philosophiques orientales, tant
à l’université que dans les publications, trahit-elle un eurocentrisme qui n’a jamais su se
remettre véritablement en cause. Le bouddhisme est-il un de ces « dehors de la
philosophie » qui met son discours en question ? Mais comment l’aborder sans être au clair
avec notre propre rapport à la pensée occidentale ?
L’étude du bouddhisme en Occident se trouve ainsi aujourd’hui dans une situation
paradoxale, car son approche théorique, marquée par les concepts de la métaphysique
occidentale, le réduit généralement à un simple décalque de philosophies occidentales
souvent mal connues et exploitées en dépit de toute rigueur intellectuelle. On peut donc bien
parler d’un dialogue nécessaire avec l’Orient, mais les modalités d’un tel échange, faute
d’être explicitées, reste un vœu pieux qui n’engagent à rien. Ces journées se donnent ainsi
pour tâche d’entamer un tel dialogue en instruisant le dossier à l’aide de spécialistes issus
tout autant des approches orientales que de la philosophie occidentale (métaphysique,
phénoménologie).
Michel Hulin, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, agrégé de philosophie, ancien
membre de l'Institut Français d'Indologie de Pondichéry, a occupé de 1980 à 1998 la chaire
d'Histoire de la Philosophie Indienne à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV). Il est l'auteur
de divers travaux portant essentiellement sur le Sâmkhya-Yoga, le Vedânta non-dualiste et le
shivaïsme du Cachemire. Au cours des dernières années, ses recherches se sont orientées
davantage vers les problèmes méthodologiques soulevés par la notion de "philosophie
comparée".
11h45-12h30 : Questions
Déjeuner
16h15–17h15 Questions
* * * * *
Samedi 14 Mai
Martin Heidegger et Chögyam Trungpa se sont tous deux défiés de la pensée conceptuelle
qui vise à maîtriser le plus vaste ensemble de connaissances sans pouvoir, pour autant, en
faire l’épreuve. Ils ont ainsi ouvert le chemin d’une toute autre expérience de la pensée à
même de prendre le risque d’une désorientation où rien de déjà connu ne subsiste
simplement parce qu’il est bien connu. Ils ont parlé une langue autre, une langue à même de
s’adresser à chacun d’une manière inouïe.
La distinction que fait Heidegger entre la dimension catégoriale et celle de l’existentiale
permet de comprendre le sens de ce « saut » pour une parole libérée de cette saisie qui
montre aujourd’hui l’inquiétant visage de l’uniformisation standardisée. C’est l’entente de
cette dévastation propre à notre temps, comme de la chance que celui-ci recèle, qui a appelé
Chögyam Trungpa et Martin Heidegger à un tel engagement dans la pensée. En ce sens,
pour qui est prêt à les suivre, la rencontre du bouddhisme et de l’Occident, loin d’avoir eu
lieu, reste à venir comme une ressource féconde, historiale.
Docteur en philosophie, Fabrice Midal est chargé de cours à l'université de Paris VIII. Il
enseigne le bouddhisme depuis de nombreuses années dans divers Centres bouddhistes.
Membre du conseil d'administration de l'Université bouddhiste européenne et directeur de
collection aux éditions Pocket, il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Trungpa,
Lumières aux pays des neiges, Mythes et dieux tibétains et La Pratique de l'éveil (éd.
Seuil).
Elève de Jean Beaufret, Pierre Jacerme a été professeur de philosophie en Khagne au Lycée
Henry IV. Il a écrit de nombreux textes sur la pensée de Martin Heidegger et L’éthique à
l’ère nucléaire (Lettrage)
11h45-12h30 : Questions
Déjeuner
"labyrinthe de verre"
"Le bouddhisme se distingue d'autres spiritualités par son refus d'envisager l'itinéraire vers
la perfection comme une aventure mystérieuse. Tout au contraire, du moins dans son
discours dominant, la voie est donnée comme un développement intelligible, fondé sur une
méthode qui serait à peu de chose près déduite de la nature du but visé et de l'analyse des
obstacles qui nous en séparent; ses étapes sont censées s'enchaîner avec un ordre et une
nécessité transparents pour la pensée. Or, le paradoxe est que la méthode telle qu'elle est
effectivement enseignée et mise en œuvre paraît, dans son détail sinon dans son armature
générale, plutôt opaque, en dépit de certaines rationalisations. Le motif plus général qui se
dégage de la considération de cette obscurité de la pratique est celui du type d'intelligence du
réel proposé par le bouddhisme: la formule algébrique, si l'on peut dire, de la coproduction
conditionnée est intelligible, mais son processus concret "dépasse l'intelligence des
mondains", c'est-à-dire, est du seul ressort de l'omniscience des Eveillés. La pratique n'est
pas ici adjointe à la théorie comme une technique à une science, mais tout au plus comme un
art qui ne tire de cette science que des principes trop généraux pour en fonder tout le détail."
16h15-17h15 : Questions