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avril 2004
La procédure
contentieuse devant
les juridictions
administratives
Rémy Schwartz, conseiller d’Etat
Myriam Kaczmarek, juriste
Cahier détaché n°2 - 17/1739 - 26 avril 2004
Sommaire
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .207
Introduction
La juridiction administrative puise ses origines dans l’his- Désormais, tout justiciable peut, par exemple, obtenir
toire de France, bien avant la naissance de la République. dans des situations d’urgence, des mesures immédiates
Sous l’Ancien régime, le Roi avait affirmé son autorité en 48 heures voire moins, pour faire cesser une illégalité
en superposant ses services à ceux des féodaux. Dans la grave et manifeste. Née au fil de l’histoire, la juridiction
monarchie absolue tout le pouvoir était censé découler administrative française a su évoluer pour parachever son
du roi. Et par conséquent, toute contestation pouvait organisation et l’adapter aux besoins du pays.
remonter au souverain. Pour résoudre les litiges nés
entre ses administrations et ses sujets, le Roi s’entourait Le dualisme juridictionnel français, d’un coté le juge
de conseillers. Maîtres des requêtes au Conseil d’État ou civil avec au sommet la Cour de Cassation, de l’autre le
conseillers du Roi proposaient au souverain des solutions juge administratif avec à sa tête le Conseil d’État, n’est
aux litiges. Regroupés au sein de commissions, conseils ou pas une singularité française. Notre modèle a essaimé de
comités, ils ont préfiguré les juridictions administratives. par le monde. Sur tous les continents existent des juri-
La Révolution a conduit à la suppression de ces comités dictions administratives et même des Conseil d’État, en
et conseils spécialisés (comité du contentieux, comité des Europe bien sûr des Pays-Bas à l’Italie, en Amérique avec
finances…). Mais le vide n’a pas profité au juge de droit la Colombie, en Afrique de l’Algérie au Sénégal, au Moyen
commun, puisque dans le même temps il fut fait interdic- et Proche-Orient de l’Égypte au Liban ou en Asie avec la
tion à ce juge de s’immiscer dans le fonctionnement des Thaïlande. Là où n’existe pas de dualisme juridictionnel,
administrations. La loi des 16 et 24 août 1790 a affirmé en ont été créées au sein d’un ordre juridictionnel unique des
son article 13 que « les fonctions judiciaires sont distinc- juridictions administratives spécialisées, y compris aux
tes et demeureront toujours séparées des fonctions admi- États-Unis et au Royaume-Uni. Partout dans les démo-
nistratives. Les juges ne pourront, à peine de forfaiture, craties, les personnes publiques, qui mettent en œuvre
troubler de quelque manière que ce soit, les opérations des règles hors du droit commun, n’ont été soumises à un
des corps administratifs, ni citer devant eux les adminis- contrôle juridictionnel que par la création de juridictions
trateurs pour raison de leurs fonctions ». Le décret du 16 spécialisées. Et une des questions posées aux pays nou-
fructidor an III a confirmé cette interdiction : « Défenses vellement ouverts à la démocratie, comme dans les pays
itératives sont faites aux tribunaux de connaître des actes de l’ancienne Europe de l’Est, est précisément la mise en
d’administration de quelque espèce qu’ils soient… ». Le place de telles instances juridictionnelles spécialisées
Premier consul, en créant le Conseil d’État à l’article 52 de pour connaître de l’activité des administrations soumises
la Constitution du 22 frimaire an VIII, a comblé ce vide et à des règles particulières.
renoué avec le fil de l’histoire. Des conseils de préfecture,
créés par la loi du 28 pluviôse de l’an VIII, étaient quant Si notre juridiction administrative a pris très certaine-
à eux compétents pour connaître de petits litiges. La juris- ment sa forme définitive, elle n’en continue pas moins
prudence s’est alors constituée au fil du temps, le premier d’évoluer avec constance. Une huitième cour adminis-
recueil de décisions du Conseil d’État étant publié dès trative d’appel va bientôt fonctionner à Versailles. Deux
1821. L’indépendance du juge administratif fut consacrée nouveaux tribunaux administratifs vont être créés dans le
par la République avec la loi du 24 mai 1872. Le dualisme Sud-Est de la France dans les deux ou trois ans. La pro-
juridictionnel était déjà profondément enraciné. cédure évolue en permanence pour s’adapter aux besoins
des usagers et à la croissance du contentieux. Elle est
L’organisation de la juridiction administrative s’est étof- constamment évaluée et réformée en conséquence. La
fée, le 30 septembre 1953, avec la création des tribunaux juridiction administrative a ainsi su évoluer avec le
administratifs, juge de premier ressort de droit commun. temps, s’adapter aux évolutions du monde moderne pour
Elle fut achevée avec la création, par la loi du 31 décem- répondre à sa finalité : contrôler l’action publique pour
bre 1987, des cours administratives d’appel, juge d’appel servir la République.
de droit commun, mais aussi avec celle d’un véritable
juge administratif des référés avec la loi du 30 juin 2000. Rémy Schwartz, conseiller d’État
La procédure contentieuse
devant les juridictions
administratives
La procédure administrative contentieuse est l’ensemble des règles régis-
sant la conduite des procès devant les juridictions administratives. Le
plus souvent, ce contentieux opposera la puissance publique aux parti-
culiers, et mettra en balance l’intérêt général et l’intérêt privé. L’objectif
est de prendre en compte cette différence en vue de rétablir le meilleur
équilibre possible sans pour autant perdre de vue la nécessaire primauté
de l’intérêt général.
Au préalable, il est essentiel de rappeler les origines de l’édification du
statut constitutionnel actuel de la justice administrative. Par une déci-
sion du 22 juillet 1980, Lois de validation, le Conseil constitutionnel, en
tirant de la loi du 24 mai 1872 un principe fondamental reconnu par les
lois de la République, a d’abord consacré l’indépendance de la juridiction
administrative ainsi que le caractère spécifique de ses fonctions, sur les-
quelles ne peuvent empiéter ni le législateur ni le gouvernement. Puis,
par une autre décision importante du 23 janvier 1987, Conseil de la con-
currence, le Conseil constitutionnel offre un statut constitutionnel à la
compétence du juge administratif, dans un considérant de principe qu’il
convient de reproduire : « conformément à la conception française de la
séparation des pouvoirs, figure au nombre des principes fondamentaux
reconnus par les lois de la République, celui selon lequel, à l’exception
des matières réservées par nature à l’autorité judiciaire, relève en dernier
ressort de la compétence de la juridiction administrative l’annulation
ou la réformation des décisions prises, dans l’exercice des prérogatives
de puissance publique, par les autorités exerçant le pouvoir exécutif,
leurs agents, les collectivités territoriales de la République, ou les orga-
nismes publics placés sous leur contrôle ». Le Conseil constitutionnel
parachève ainsi le mouvement de constitutionnalisation de la juridiction
administrative. L’existence même de la juridiction administrative et sa
compétence propre se trouvent affirmées en tant que principe de valeur
constitutionnelle.
Cette étude nous conduira à examiner successivement les grands prin-
cipes régissant la procédure contentieuse administrative, les différents
recours qui participent à cette procédure, la répartition des compéten-
ces à l’intérieur des différentes juridictions administratives, ainsi que le
mécanisme de règlement des questions de compétence, récemment modi-
fié par le décret du 19 avril 2002.
juridictionnelle qui peut être allouées aux personnes distingué quatre branches à l’intérieur du contentieux
économiquement défavorisées (art. R.441-1 du Code de administratif selon la nature et l’étendue des pouvoirs
justice administrative). du juge :
Même s’il s’agit d’une sanction rarement appliquée en - le « contentieux de pleine juridiction » ou « plein conten-
pratique, notons qu’une amende pour recours abusif est tieux », dans lequel le requérant demande au juge d’utili-
prévue par l’article R.741-12 du Code de justice adminis- ser l’ensemble de ses pouvoirs juridictionnels, ce dernier
trative. Son auteur encourt à cette fin une amende pou- pouvant alors prononcer non seulement des annulations
vant atteindre une somme de 3 000 euros. mais aussi des condamnations pécuniaires, notamment en
Notons enfin que l’ordonnance n° 2003-1235 du vue de la réparation de préjudices ;
22 décembre 2003 a permis de supprimer, à compter du - « le contentieux de l’annulation », qui est le domaine du
1er janvier 2004, le droit de timbre devant les tribunaux recours pour excès de pouvoir, dans lequel le requérant
administratifs, les cours administratives d’appel et le demande au juge de reconnaître l’illégalité d’une décision
Conseil d’État. administrative et d’en prononcer l’annulation ;
- « le contentieux de l’interprétation », dans lequel le juge
2.5 Le caractère non suspensif de la procédure saisi d’un recours en interprétation ou en appréciation de
C’est un principe fondamental de notre droit public que légalité, ne fait qu’interpréter le sens d’un acte adminis-
l’administration dispose du privilège du préalable, en tratif obscur ou apprécier la légalité d’un tel acte ;
vertu duquel ses décisions, contrairement à celles des - « le contentieux de la répression », dans lequel le juge
particuliers, sont exécutoires par elles-mêmes (pour un administratif est compétent pour condamner les person-
rappel de ce principe : CE, Ass., 2 juillet 1982, Huglo). nes ayant commis certaines infractions, telles que les
Ce principe a pour corollaire que les recours devant les contraventions de grande voirie, par exemple.
juridictions administratives contre les décisions des col-
lectivités publiques n’ont point d’effet suspensif, sauf si 1.1 Les recours principaux : le recours
un texte en dispose autrement. Un tempérament a été pour excès de pouvoir et le recours de pleine
néanmoins apporté à cette règle d’abord par la possibilité juridiction
pour le juge d’ordonner à ce qu’il soit sursis à l’exécution
de la décision, ensuite par la loi du 30 juin 2000 relative 1.1.1 Le recours de pleine juridiction
au référé devant les juridictions administratives. Par cette Le contentieux de pleine juridiction est celui où le requé-
loi, la possibilité de déroger à la règle de l’effet non sus- rant demande au juge d’utiliser l’ensemble de ses pouvoirs
pensif des recours a été assouplie en ce sens qu’il suffit juridictionnels et même de prononcer des condamnations.
dorénavant, pour permettre au juge administratif de déci- Les pouvoirs du juge sont donc plus étendus que dans le
der de la suspension d’exécution, que le ou les moyens recours pour excès de pouvoir où il ne peut qu’annuler
invoqués créent « un doute sérieux » quant à la légalité de la décision attaquée ou rejeter le recours. En matière de
la décision et qu’il existe une urgence justifiée. plein contentieux, le juge peut en particulier condam-
ner pécuniairement l’administration, de même qu’il peut
réformer totalement ou partiellement la décision admi-
nistrative attaquée.
B/ LES DIFFÉRENTS RECOURS
a) La recevabilité du recours de pleine juridiction
CONTENTIEUX ADMINISTRATIFS A l’exception du contentieux des travaux publics pour
lequel une décision administrative n’est pas obligatoire,
Différentes voies de recours sont ouvertes devant les juri- le recours ne peut être formé que contre une décision
dictions administratives. Aux deux recours principaux que administrative préalable. Le requérant doit saisir le juge
sont le recours de plein contentieux et le recours pour dans un délai de deux mois à compter de la notification
excès de pouvoir, le droit positif admet également deux ou de la publication de la décision explicite attaquée.
autres recours, plus secondaires, mais non dépourvus de Par ailleurs, le requérant doit justifier d’un droit lésé, la
tout intérêt pour autant, à savoir, le recours en inter- requête présentée au juge doit être chiffrée, et en dehors
prétation et le contentieux des poursuites. Par ailleurs, de quelques exceptions, le ministère d’avocat est en prin-
des procédures d’urgence, nombreuses et soumises à un cipe obligatoire.
régime dérogatoire du droit commun, sont ouvertes au Enfin, il convient de rappeler les principes essentiels
justiciable. de la règle de la prescription quadriennale dont l’usage
constitue pour la personne publique une prérogative de
1/ Les procédures normales puissance publique. La prescription quadriennale corres-
L’état du droit est aujourd’hui modelé sur la classifica- pond au délai au-delà duquel les dettes des personnes
tion établie par Edouard Lafferière qui, au XIXe siècle, a publiques s’éteignent. La prescription peut être opposée
Magnier). Il en va ainsi également des actes réglementai- Par ailleurs, le juge administratif a très tôt admis la rece-
res pris par un service ou un établissement public indus- vabilité du recours pour excès de pouvoirs contre les actes
triel et commercial, qui ne seront administratifs qu’à la détachables du contrat, tels que les actes préalables à sa
seule condition qu’ils constituent l’exercice d’une préro- conclusion (décisions de conclure le contrat, ou refusant
gative de puissance publique (TC, 15 janvier 1968, Cie Air de le conclure, délibérations autorisant ou approuvant la
France c/ Epoux Barbier). conclusion d’un contrat), dont le recours pour excès de
Ne peuvent faire l’objet d’un recours pour excès de pou- pouvoir a été ouvert aux parties (CE, 11 décembre 1903,
voir : Commune de Gorre), puis aux tiers (CE, 4 août 1905,
- les actes adoptés par le Parlement, autrement dit, les Martin). En outre, le recours pour excès de pouvoir est
actes législatifs (CE, Sect., 6 novembre 1936, Arrighi) ; ouvert aux tiers à l’encontre des actes relatifs à la modi-
- les décisions des juridictions judiciaires, le principe de fication ou à la résiliation du contrat (CE, Sect., 24 avril
la séparation des autorités administratives et judiciaires 1964, SA LIC ; CE, 2 février 1987, Société TV6), comme il
excluant que le juge administratif puisse connaître des a également été admis à propos d’un refus de prendre des
décisions rendues par le juge judiciaire ; mesures nécessaires dans le cadre d’un contrat de conces-
- les actes des autorités étrangères ; sion (CE, 21 décembre 1906, Syndicat des propriétaires et
- les actes de gouvernement, qui s’intègrent aujourd’hui contribuables du quartier Croix-de-Seguey-Tivoli).
dans deux grandes catégories : En dehors de la théorie des actes détachables, il y a lieu
Les actes relatifs aux relations internationales. Consti- d’évoquer une dernière jurisprudence qui a permis d’éten-
tuent à ce titre des actes de gouvernement, les actes dre le contrôle du juge de l’excès de pouvoir aux clauses
relatifs à l’élaboration, la signature, la ratification réglementaires du contrat qui sont désormais suscepti-
ou l’exécution des traités (CE, 5 février 1926, Dame bles d’être attaquées par les tiers par la voie du recours
Caraco), une circulaire du ministre de l’éducation natio- pour excès de pouvoir, en vue d’obtenir leur annulation
nale demandant aux établissements d’enseignement (CE, Ass., 10 juillet 1996, Cayzeele).
supérieur de suspendre toute coopération avec l’Irak
(CE, 23 septembre 1992, GISTI et MRAP), ou la décision Une mesure faisant grief
d’engager des forces militaires à l’étranger (CE, 5 juillet Seules sont susceptibles de recours pour excès de pou-
2000, Mégret et Mekhantar). voir les décisions faisant « grief », c’est-à-dire celles qui
Les actes concernant les relations entre les pouvoirs publics modifient l’ordonnancement juridique, autrement dit, qui
(essentiellement l’exécutif et le législatif). Relèvent, par produisent des effets sur les droits et obligations des
exemple, de l’acte de gouvernement, la décision de mise administrés.
en application de l’article 16 de la Constitution (CE, Ass., Par conséquent, ne sont pas contestables devant le juge
2 mars 1962, Rubin de Servens), le décret de dissolution administratif les mesures qui ne font pas grief, c’est-à-
de l’Assemblée nationale (CE, 20 février 1989, Allain), dire qui ne créent pas de droits, tels que les vœux, les
le refus de présenter au Parlement un projet de loi (CE, avis (CE, 2 octobre 2002, Mme Mazel), les propositions
29 novembre 1968, Tallagrand) ou encore les nominations de l’administration ou les réponses ministérielles. Sont
des membres du Conseil constitutionnel (CE, Ass., 9 avril aussi exclues les simples décisions destinées à assurer le
1999, Mme Ba). déclenchement ou le déroulement d’une procédure. Cela
Il faut qu’il s’agisse d’un acte unilatéral. Le recours pour comprend les actes préparatoires, mais aussi les actes
excès de pouvoir n’est donc pas recevable contre le con- pris à la suite d’une décision (actes de publicité, notifi-
trat lui-même. Toutefois, le principe de l’irrecevabilité des cation…).
conclusions aux fins d’annulation du contrat dans sa tota- Sont également insusceptibles de recours les circulaires
lité connaît deux exceptions. La première résulte de la loi non impératives. Abandonnant la distinction tradition-
du 2 mars 1982 qui autorise le préfet à déférer au tribu- nelle entre circulaires interprétatives et circulaires régle-
nal administratif un contrat administratif conclu par une mentaires issue de la jurisprudence Institution Notre-
collectivité territoriale qu’il estime contraire à la légalité. Dame du Kreisker (CE, Ass., 29 janvier 1954), le Conseil
Le déféré préfectoral est un recours pour excès de pouvoir d’État a fixé, dans sa décision Mme Duvignères (CE, Sect.,
(CE, Sect., 26 juillet 1991, Commune de Sainte-Marie) qui, 18 décembre 2002) un nouveau critère de recevabilité du
lorsqu’il porte sur un contrat peut aboutir à son annula- recours pour excès de pouvoir dirigé contre une circulaire.
tion par le juge de l’excès de pouvoir (CE, 2 novembre Ce critère réside dans le caractère impératif des disposi-
1988, COREP des Hauts-de-Seine c/OPHLM de Malakoff). tions de la circulaire. Désormais, lorsque l’interprétation
La seconde exception résulte de la jurisprudence Ville de que l’autorité administrative donne, par voie de circu-
Lisieux, dans laquelle le Conseil d’État a admis la recevabi- laires ou d’instructions, des lois et règlements qu’elle a
lité des recours pour excès de pouvoir contre les contrats pour mission de mettre en œuvre est dotée de caractère
portant recrutement d’agents publics (CE, Sect., 30 octo- impératif, cette interprétation est considérée comme fai-
bre 1998, Ville de Lisieux). sant grief et est, par suite, susceptible d’être déférée au
répercussions sur les finances ou le patrimoine de la col- R.421-1 du Code de justice administrative). Le requérant
lectivité. Les contribuables de l’État n’ont pas un intérêt dispose du même délai de deux mois pour agir contre
suffisant pour attaquer des décisions en cette matière (CE, une décision implicite de rejet résultant du silence gardé
23 novembre 1988, Dumont). Un électeur a intérêt à atta- pendant plus de deux mois par l’administration à la suite
quer une décision modifiant la circonscription électorale d’une demande préalable. Toutefois, lorsqu’une décision
(CE, 7 août 1903, Chabot) ou les résultats d’une élection explicite de rejet intervient dans ce délai, elle fait à
(CE, 28 septembre 1983, Bierge). Les usagers d’un service nouveau courir le délai (art. R.421-2 du Code de justice
public peuvent faire un recours contre les décisions admi- administrative). Cependant, certaines requêtes peuvent
nistratives réglementaires refusant d’assurer le fonction- être déposées à tout moment. On peut en citer quelques
nement du service (pour le fonctionnement d’une ligne de exemples. Ainsi, aucun délai ne s’impose au justiciable
tramway : CE, 21 décembre 1906, Syndicat des propriétai- lorsque le silence de l’administration fait naître une déci-
res et contribuables du quartier Croix de Séguey Tivoli). Ont sion qui ne pouvait être prise que par ou sur avis con-
été notamment admises depuis les qualités d’usager du forme d’une assemblée locale ou de tout autre organisme
service public des transports, de l’enseignement public ou collégial (art. R.421-3 du Code de justice administrative).
des postes et télécommunications. Concernant la défense Il en va de même lorsqu’il s’agit de faire déclarer par le
de l’intérêt collectif par les personnes morales, tout juge l’inexistence juridique d’une décision grossièrement
groupement, syndicat ou association peut naturellement illégale (CE, Sect., 4 juillet 1980, Zemma). De même, un
attaquer pour excès de pouvoir les décisions l’atteignant refus implicite de communication de document adminis-
directement. Mais les groupements peuvent aussi défen- tratif peut être déféré sans condition de délai au juge
dre les intérêts moraux ou matériels « collectifs » de leurs tant qu’aucune décision explicite de rejet n’a été notifiée
membres (CE, 28 décembre 1906, Syndicat des patrons au demandeur.
coiffeurs de Limoges). Cela exclut toutefois la défense
de l’intérêt particulier d’un d’entre eux. Un syndicat est 4. Les conditions tenant à l’absence
aussi recevable à attaquer une autorisation de licencie- de recours parallèle
ment d’un délégué du personnel (CE, Ass., 10 avril 1992, Le principe est que le recours pour excès de pouvoir n’est
Sté Montalev). De même, une association est recevable à pas recevable si le requérant dispose d’un autre type de
attaquer toute décision administrative portant atteinte recours juridictionnel d’une aussi grande efficacité pour
aux intérêts collectifs pour la défense desquels elle est anéantir les effets de l’acte illégal. Mais la portée de cette
constituée (CE, 7 mai 1948, Chambre syndicale de la pro- exception a été considérablement limitée, d’abord par la
priété bâtie de la Baule). Dans tous les cas, le respect du jurisprudence Lafage, qui a permis que le recours pour
principe de spécialité s’impose. excès de pouvoir puisse être exercé au lieu et place d’un
recours de plein contentieux contre une décision à objet
La défense de l’intérêt public. Malgré le principe de pécuniaire, lorsque la question à juger est exclusivement
l’unité de l’État, il a été admis qu’un ministre pouvait agir celle de la légalité de cette décision et que le requérant
contre la décision d’un autre ministre (CE, 10 mars 1933, ne demande rien de plus que son annulation (CE, 8 mars
ministre des Finances). Une autorité supérieure peut atta- 1912, Lafage) ; ensuite, par la jurisprudence sur les actes
quer les actes de l’autorité inférieure si elle ne dispose détachables du contrat qui a permis d’admettre la receva-
d’aucun pouvoir d’annulation à leur encontre. Quant au bilité du recours pour excès de pouvoir contre ces actes
subordonné, il est en principe irrecevable à se pourvoir (décisions relatives à la conclusion, à l’exécution et à la
contre les décisions de son supérieur, car cela reviendrait résiliation du contrat).
à nier la hiérarchie administrative, sauf en cas de viola-
tion de ses compétences par ce dernier. b) Les cas d’ouverture du recours
Concernant les collectivités territoriales, ces dernières pour excès de pouvoir
sont admises à former un recours contre les actes qui Lorsque les conditions de recevabilité du recours pour
affectent leurs prérogatives, leurs compétences ou leurs excès de pouvoir sont remplies, le juge va examiner
finances. Les membres des Assemblées délibérantes loca- la légalité de la décision qui est déférée à sa censure.
les agissant individuellement peuvent également faire un Différents moyens d’annulation, qui constituent les cas
recours contre les délibérations illégales de l’Assemblée d’ouverture du recours pour excès de pouvoir, peuvent
dont ils font partie (CE, 4 août 1905, Martin ; CE, 24 mai être invoqués.
1995, Ville de Meudon).
1. Les moyens de légalité externe
3. Les conditions tenant aux délais de recours Les moyens de légalité externes sont l’incompétence ainsi
En principe, le requérant dispose d’un délai de deux mois que le vice de forme et de procédure. Le juge ne s’occupe
pour contester une décision administrative, à compter de pas du fond, mais vérifie que l’acte a été pris par l’autorité
la notification ou de la publication de cette décision (art. compétente et dans les formes requises.
les formalités les plus couramment requises. Comme l’ex- Le détournement de pouvoir ou de procédure
prime le professeur Chapus, « contrairement au vice de On dit qu’il y a détournement de pouvoir lorsque l’autorité
procédure qui affecte le processus même de l’élaboration administrative a utilisé volontairement ses pouvoirs dans
d’une norme, le vice de forme concerne la présentation un but autre que celui pour lequel ils lui avaient été con-
extérieure de l’acte par lequel la norme est édictée : le férés. Il s’agit d’un contrôle de la moralité administrative.
contenant et non le contenu ». Afin d’éviter un forma- Le juge vérifie les intentions de l’auteur de l’acte et le but
lisme trop étroit, le juge ne procède à l’annulation de la en vue duquel l’autorité administrative a agi, autrement
décision que si le vice de forme ou de procédure revêt dit, ses mobiles, son intention. Le contenu de l’acte lui-
une importance telle qu’il a été de nature à exercer une même apparemment semble légal, mais son but n’est pas
influence déterminante sur la décision qui a été prise. conforme à celui que l’administrateur devait légalement
Cela a amené la jurisprudence à distinguer les formalités rechercher en exerçant ses pouvoirs. Le détournement de
substantielles, dont la méconnaissance entraîne l’annula- pouvoir est reconnu par la jurisprudence dans trois hypo-
tion de l’acte (consultation préalable, signature, motiva- thèses :
tion lorsqu’elle est requise, parallélisme des formes), de - Lorsque l’acte administratif est étranger à tout intérêt
celles qui sont accessoires et dont la méconnaissance n’a public et employé dans un but personnel ou afin de favo-
pas cette conséquence (visas de l’acte, date, consultation riser ou de nuire à certaines personnes. Cette hypothèse
spontanée d’un organisme). la plus grave de détournement de pouvoir est particuliè-
rement illustrée par des mesures concernant les agents
2. Les moyens de légalité interne publics, le maintien de l’ordre public et l’expropriation
L’erreur de fait pour cause d’utilité publique ;
Le Conseil d’État vérifie dans son contrôle en tant que - Lorsque l’acte administratif est pris dans un intérêt
juge de cassation que les décisions qui lui sont déférées public, mais qui n’est pas celui pour lequel les pouvoirs
ne sont pas fondées sur des faits matériellement inexacts. nécessaires pour prendre l’acte ont été conférés à son
Un acte administratif ne peut jamais être fondé sur un auteur. Cette hypothèse de détournement de pouvoir est
motif matériellement inexact (CE, 14 janvier 1916, Cami- moins grave que la précédente puisque le but poursuivi
no). Dans l’affaire Camino, un maire avait été révoqué relève de l’intérêt public. Mais les pouvoirs conférés à
pour n’avoir pas veillé à la décence d’un convoi funèbre. l’administration ne lui permettent pas de poursuivre
Le Conseil d’État, après avoir énoncé le principe selon n’importe quel intérêt public. En particulier, ils ne peu-
lequel il lui appartenait de vérifier la matérialité des faits vent être utilisés indifféremment en vue de satisfaire, par
ayant motivé cette mesure et après avoir dûment cons- exemple, ses intérêts financiers (CE, 26 novembre 1875,
taté que les pièces du dossier établissaient leur inexacti- Pariset et Laumonnier-Carriol) ;
tude, a annulé la sanction. - Le détournement de procédure peut enfin utilement être
traité dans ce cadre. Il consiste pour l’administration à
L’erreur de droit utiliser une procédure à la place d’une autre, afin d’éluder
Encourt l’annulation l’acte édicté de manière non con- certaines formalités ou de supprimer certaines garanties.
forme à la légalité, et plus précisément aux normes qui Commet, par exemple, un détournement de procédure un
lui sont supérieures (Constitution, traité international, directeur d’école qui, pour exclure un élève, abaisse ses
loi, principe général du droit, chose jugée…). Encourt, notes au lieu d’engager une procédure disciplinaire contre
par exemple, l’annulation le décret pris pour application lui (CE, 18 décembre 1968, Brunne).
d’une loi et contenant des dispositions incompatibles
avec celles de la loi. Le contrôle de l’appréciation
L’erreur de droit peut aussi résulter de la mauvaise inter- On distingue, à nouveau, trois hypothèses :
prétation par l’auteur de l’acte d’une norme applicable et - Les appréciations non contrôlées : le juge ne cherche ni
régulière. Il s’agit d’un cas fréquent en pratique. à apprécier les faits ni à les qualifier, le pouvoir de l’ad-
ministration reste donc purement discrétionnaire. C’est,
Le champ d’application de la loi par exemple, l’hypothèse de l’appréciation du tracé d’une
L’erreur dans le champ d’application de la loi peut résulter route ou de celle portée à un candidat par un jury.
de la mise en œuvre d’une norme inexistante ou inappli- - Le contrôle de l’erreur manifeste d’appréciation : lors-
cable. Il peut s’agir, par exemple, d’une décision qui est que les textes n’ont pas fixé les conditions dans les-
prise sur le fondement d’un texte qui n’est plus applicable quelles doit s’exercer l’action administrative ou lorsque
ou qui n’est pas encore applicable. L’erreur dans le champ la décision attaquée revêt un caractère de technicité
d’application spatiale de la loi traduit une autre hypothè- poussé, l’administration dispose d’un pouvoir encore
se dans laquelle l’administration applique un texte limité largement discrétionnaire et le juge exerce seulement
sur le plan spatial et non applicable à la situation de l’af- un contrôle de la légalité du motif de la décision. Les
faire en cause (ex : loi Littoral, loi Montagne). appréciations de l’administration sont soumises au
1 ». La demande est dispensée du ministère d’avocat si devait être susceptible d’entraîner des conséquences dif-
elle porte sur un référé-liberté et à condition de se rat- ficilement réparables. L’octroi du sursis devenant rare, une
tacher à un litige qui en est dispensé pour le référé-sus- procédure de « suspension provisoire » de l’exécution des
pension et le référé conservatoire (art. R.522-5 du Code décisions faisant l’objet d’une demande de sursis à exécu-
de justice administrative). La requête est immédiatement tion a été instituée par la loi du 8 février 1995 admettant
notifiée au défendeur, auquel « les délais les plus brefs » que le président du tribunal administratif, statuant seul
sont donnés pour fournir ses observations. Ces délais doi- par ordonnance, puisse prononcer la suspension provisoi-
vent être « rigoureusement observés, faute de quoi il est re pour une durée maximale de trois mois, pourvu qu’une
passé outre sans mise en demeure » (art. R.522-4 du Code demande en ce sens soit faite, qu’une demande de sursis
de justice administrative). L’instruction est close à l’issue ait été déposée, qu’une demande au fond ait été formu-
de l’audience (art. R.522-8 du Code de justice administra- lée, que l’exécution de la décision risque d’entraîner des
tive). L’ordonnance du juge des référés est notifiée sans conséquences irréversibles et qu’un moyen sérieux soit
délai et par tous moyens aux parties (art. R.522-12 du invoqué.
Code de justice administrative). Saisi par toute personne L’introduction du référé-suspension par la loi du 30 juin
intéressée, le juge des référés peut, à tout moment, au 2000 a permis de simplifier la procédure.
vu d’un élément nouveau, modifier les mesures qu’il avait
ordonnées ou y mettre fin (art. L.521-4 du Code de justice L’article L.521-1 du Code de justice administrative.
administrative). « Quand une décision administrative, même de rejet, fait
l’objet d’une requête en annulation ou en réformation,
a) Le référé-suspension le juge des référés, saisi d’une demande en ce sens, peut
La réforme du 30 juin 2000 n’a pas remis en cause le ordonner la suspension de l’exécution de cette décision,
principe de l’effet non suspensif des recours considéré par ou de certains de ses effets, lorsque l’urgence le justifie
le Conseil d’État comme une règle fondamentale de droit et qu’il est fait état d’un moyen propre à créer, en l’état
public (CE, Ass., 2 juillet 1982, Huglo et autres). Simple- de l’instruction, un doute sérieux quant à la légalité de
ment, la procédure a été réaménagée et la possibilité de la décision ».
suspension facilitée. Trois conditions sont requises pour permettre au juge des
référés de suspendre tout ou partie des effets juridiques
L’ancien état du droit. L’octroi du sursis était très res- d’une décision.
treint et demeurait soumis à trois conditions. Bien que - La décision administrative doit « faire l’objet d’une
s’agissant d’une procédure d’urgence, le principe était requête en annulation ou en réformation ». Le référé-sus-
d’abord celui de la compétence des formations collégia- pension peut être dirigé contre toute décision adminis-
les, statuant presque selon la procédure ordinaire. Seul le trative, même de rejet (CE, Sect., 20 décembre 2000, M.
rejet des demandes pouvait être décidé par ordonnance Ouatah), qu’elle soit implicite ou explicite, à l’exclusion
du président de la juridiction statuant seul. L’octroi du d’une décision entièrement exécutée (CE, 2 juillet 2003,
sursis demeurait réservé aux formations collégiales. En M. Lefebvre). Le référé-suspension est une procédure
vertu d’une jurisprudence remontant à 1970, le sursis à accessoire dont la recevabilité est conditionnée par l’in-
l’exécution d’une décision qui lui était déférée ne pouvait troduction d’un recours au fond, qui doit avoir été présen-
ensuite, en principe, être ordonné par le juge administra- té antérieurement ou concomitamment. A peine d’irrece-
tif que si cette décision était exécutoire. Ce qui signifie vabilité, la demande de suspension doit faire l’objet d’une
qu’il n’avait pas le pouvoir d’ordonner à ce qu’il soit sursis « requête distincte » du recours principal (art. R.522-1 du
à l’exécution d’une décision de rejet, sauf dans le cas où Code de justice administrative).
le maintien de cette décision aurait entraîné une modifi- - L’urgence doit justifier la demande de suspension. En
cation dans une situation de droit ou de fait telle qu’elle l’absence d’urgence, la décision peut être rejetée sans ins-
existait antérieurement (CE, Ass., 23 janvier 1970, Amo- truction, au titre de la procédure de tri (art. L.522-3 du
ros et autres). Mais le juge a anticipé la réforme puisque Code de justice administrative). Selon le Conseil d’État, la
cette impossibilité d’octroyer le sursis à exécution des condition d’urgence doit être regardée comme satisfaite
décisions négatives a été abandonnée, juste avant l’en- « lorsque la décision administrative contestée préjudicie
trée en vigueur de la loi du 30 juin 2000, dans un arrêt de manière suffisamment grave et immédiate à un intérêt
M. Ouatah rendu par la Section du Conseil d’État en date public, à la situation du requérant ou aux intérêts qu’il
du 20 décembre 2000. Enfin, concernant les conditions entend défendre » (CE, Sect., 19 janvier 2001, Confédéra-
de fond d’octroi du sursis à exécution, deux conditions tion nationale des radios libres). A l’inverse, cela n’exclut
étaient requises : d’une part, la requête devait reposer sur pas les hypothèses dans lesquelles il peut y avoir urgence
un moyen paraissant, en l’état de l’instruction, de nature à ne pas suspendre. En tout état de cause, cette condition
à justifier que le juge saisi du principal annule la déci- traduit un assouplissement notable par rapport au régime
sion ; et d’autre part, l’exécution de la décision en cause du sursis, en ce sens que l’exigence d’un préjudice diffici-
communication de documents administratifs, sans qu’il donc à l’expert qu’une mission particulièrement limitée,
soit besoin que le requérant ait au préalable saisi la celle de « constater des faits », c’est-à-dire de rendre
commission d’accès aux documents administratifs (CE, compte des faits matériels sans se livrer à des apprécia-
29 avril 2002, Sté Baggerbedrijf de Boer). Concernant tions ou évaluations. Toutes opérations autres que des
les injonctions adressées aux personnes privées, il s’agit constatations matérielles sont, par leur nature, hors du
pour la plupart d’injonctions telles que celles adressées champ d’application du référé-constat. Le constat sera
à des occupants sans titre du domaine public afin qu’ils souvent ordonné en vue de l’établissement d’un état des
évacuent la dépendance occupée (CE, 16 mai 2003, lieux, comme, par exemple, la description de l’état de
Sté Icomatex) ou encore aux occupants irréguliers des la chaussée d’une route à l’endroit où un accident s’est
locaux utilisés par un service public administratif (CE, produit. La demande peut aussi se rapporter à la cons-
28 mai 2001, Sté Codiam). Récemment, le juge des tatation de l’état d’un bien mobilier, tel qu’un véhicule
référés a pu délivrer une injonction à un maire visant à endommagé, par exemple. Mais il peut encore arriver que
faire interrompre des travaux d’urbanisme illégaux (CE, l’expert reçoive pour mission de constater les conditions
6 février 2004, M. Masier). Le référé conservatoire peut dans lesquelles un malade est hospitalisé et soigné et
aussi servir à donner force exécutoire à une décision l’état dans lequel il se trouve (CE, Sect., 7 février 1969,
administrative qui en est dépourvue, faute de disposi- M’Barek). Ensuite, la constatation des faits ne peut être
tions en ce sens, et à faire enjoindre par le juge diverses prescrite que si elle est utile. Il en résulte qu’un constat
mesures. De façon générale, le prononcé des mesures ne saurait être ordonné s’il est superflu, soit parce qu’il
conservatoires requiert la réunion de trois conditions, existe déjà un document procédant aux constatations
à savoir, l’urgence de la mesure sollicitée, l’utilité de la sollicitées, soit parce que les faits peuvent être consta-
mesure pour l’auteur de la demande, l’absence d’obstacle tés par un huissier de justice. Le décret du 22 novem-
à l’exécution d’une décision administrative, auxquelles bre 2000 a supprimé la condition d’urgence. Le constat
est venue s’ajouter une exigence jurisprudentielle, celle pourra ainsi être ordonné même si les faits en cause ne
de l’absence de toute contestation sérieuse (CE, 6 avril sont pas susceptibles de se modifier ou de disparaître
2001, Ministre de l’Education nationale c/M. Cros Decam à bref délai. Concernant la procédure, il est imposé que
et Mme Michel). les « défendeurs éventuels » soient « immédiatement »
Concernant les voies de recours, les ordonnances rendues avisés de l’ordonnance.
au titre du référé conservatoire sont rendues en dernier
ressort et ne peuvent être contestées que par la voie du b) Le référé-instruction
recours en cassation, présenté dans les quinze jours de L’article R.532-1 du Code de justice administrative dispo-
leur notification (art. L.523-1 alinéa 1 du Code de justice se que : « Le juge des référés peut, sur simple requête et
administrative). même en l’absence de décision administrative préalable,
prescrire toute mesure utile d’expertise ou d’instruction.
2.1.2 Les référés ordinaires Il peut notamment charger un expert de procéder, lors
Ces référés ne sont pas soumis à la condition d’urgence. de l’exécution de travaux publics, à toutes constatations
Ce sont les référés en vue de la constatation de faits, en relatives à l’état des immeubles susceptibles d’être affec-
vue du prononcé d’une mesure d’instruction, ou en vue de tés par des dommages ainsi qu’aux causes et à l’étendue
l’obtention d’une provision. des dommages qui surviendraient effectivement pendant
la durée de sa mission ». Le référé-instruction permet
a) Le référé-constat de prescrire d’une manière générale toute mesure utile
L’article R.531-1 du Code de justice administrative dis- d’expertise ou d’instruction. Le juge des référés n’est
pose que : « S’il n’est rien demandé de plus que la cons- en droit d’ordonner des mesures d’instruction que si
tatation de faits, le juge des référés peut, sur simple elles sont « utiles » pour le règlement du litige princi-
requête qui peut être présentée sans ministère d’avocat pal. Cette procédure est particulièrement utile dans les
et même en l’absence d’une décision administrative contentieux de la responsabilité hospitalière (expertises
préalable, désigner un expert pour constater sans délai médicales) et des dommages de travaux publics. Peu-
les faits qui seraient susceptibles de donner lieu à un vent, par exemple, être prescrites des enquêtes ou des
litige devant la juridiction ». Il suffit que la juridiction vérifications administratives. L’expertise est la mesure
à laquelle appartient le juge saisi apparaisse comme d’instruction la plus fréquemment demandée et ordon-
n’étant pas manifestement incompétente à l’égard de née. L’expert sera investi d’une mission beaucoup plus
l’éventuel litige principal. La délivrance par le juge étendue qu’en matière de constat. Il pourra ainsi être
d’une ordonnance prescrivant à un expert de dresser un chargé de rechercher l’origine et les causes du dommage
constat est subordonnée à deux conditions cumulatives : et de préciser la nature et l’importance des travaux à
l’expert doit être missionné par le juge pour constater faire ou des moyens à utiliser pour limiter ou remédier
des faits et la mesure doit être utile. Le juge ne confiera à l’extension ou à la continuation de celui-ci. L’article
du marché ou du contrat et de ceux qui entendent se d’office, toute mesure conservatoire et prononcer une
porter candidat. Cependant, une condition de délai est astreinte pour l’exécution de son ordonnance.
fixée. Le juge doit être saisi avant que la procédure de
passation ne soit terminée et que le contrat ne soit con- 2.3 Les régimes spéciaux de suspension
clu (CE, Sect., 3 novembre 1995, Chambre de commerce Globalement, la loi du 30 juin 2000 a repris les régimes
de Tarbes). Si la signature intervient avant que le juge spéciaux de suspension tels qu’ils existaient, tout en les
saisi ne statue, le recours devient alors sans objet. Mais harmonisant avec le nouveau régime du référé-suspen-
ce risque est aujourd’hui limité par le pouvoir qui a été sion, par le biais d’une généralisation de la compétence
conféré, par la loi du 30 juin 2000, au juge des référés, de du juge statuant seul et la subordination de la suspension
suspendre la signature du contrat jusqu’à ce qu’il statue à l’existence d’un « doute sérieux » quant à la légalité de
et au maximum pour une durée de 20 jours. l’acte en cause.
Les douze régimes spéciaux de suspension actuellement
2.2.2 Le référé en matière fiscale en vigueur sont prévus aux articles L.554-1 à L.554-12
Les articles L.552-1 et L.552-2 du Code de justice admi- du Code de justice administrative. De manière générale,
nistrative s’appliquent respectivement lorsque le comp- la demande de suspension apparaît toujours comme un
table a refusé les garanties offertes par le contribuable accessoire du recours principal. Par ailleurs, la décision de
pour obtenir le sursis de paiement d’impôts directs ou suspension est subordonnée à la seule condition d’exis-
de taxes sur le chiffre d’affaires, ou lorsqu’il a pris des tence d’un doute sérieux quant à la légalité de l’acte en
mesures conservatoires à défaut de constitution par le cause. Enfin, dès lors que cette dernière condition est
redevable de garanties suffisantes. Le contribuable peut satisfaite, le juge fait droit à la demande, ce qui signifie
alors, dans les quinze jours de la réception du refus et qu’il est privé du pouvoir d’appréciation que le droit com-
en consignant le dixième au moins de l’imposition en mun lui reconnaît. En dehors des articles L.554-11 et 12,
cause, saisir le juge du référé administratif (membre on remarquera qu’il s’agit de procédures que seules les
du tribunal administratif), qui décidera dans le délai autorités publiques peuvent mettre en œuvre.
d’un mois, et selon la procédure normale en matière
de référé, si les garanties offertes doivent ou non être 2.3.1 La suspension sur déféré
acceptées par le comptable. Lorsque le comptable a fait Elle concerne les articles L.554-1 à 9 du Code de jus-
procéder à une saisie conservatoire, le contribuable peut tice administrative. Ainsi, le préfet peut assortir d’une
demander au juge du référé de prononcer la limitation demande de suspension ses déférés en annulation des
ou l’abandon de cette mesure si elle comporte des con- divers actes des communes. Il est fait droit à cette
séquences difficilement réparables. Dans les huit jours demande si l’un des moyens invoqués paraît, en l’état
suivant la décision du juge ou l’expiration du délai laissé de l’instruction, propre à créer un doute sérieux quant
à ce dernier pour statuer, le redevable et le comptable à la légalité de l’acte attaqué. Le juge des référés dis-
peuvent faire appel devant le tribunal administratif, pose d’un délai d’un mois pour statuer (art. L.554-1 du
lequel doit se prononcer dans le délai d’un mois. Le Code de justice administrative). Des référés sont prévus
jugement est susceptible de recours en cassation devant dans de nombreux cas spécifiques. En cas de demande
le Conseil d’État dans le délai de droit commun de deux de suspension des actes des collectivités territoriales
mois. Le contribuable dispose enfin, parallèlement, de en matière d’urbanisme, de marchés et de délégation
la procédure du référé suspension de l’article L.521-1 du de service public, si la demande est présentée dans les
Code de justice administrative (CE, Sect., 25 avril 2001, 10 jours de la réception de l’acte, elle provoque la sus-
SARL Janfin). pension de son exécution pour un mois au plus (art.
L.554-2 du Code de justice administrative). Le préfet a
2.2.3 Le référé en matière de communication également la possibilité de demander la suspension des
audiovisuelle actes des collectivités territoriales qui sont « de nature à
L’article L.553-1 du Code de justice administrative prévoit compromettre l’exercice d’une liberté publique ou indivi-
qu’en cas de manquement aux obligations résultant des duelle » (art. L.554-3 du Code de justice administrative).
dispositions de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 Dans ce cas, un délai de 48 heures est imparti au juge
et pour l’exécution des missions du Conseil Supérieur de pour se prononcer. Le même délai est accordé au prési-
l’audiovisuel (CSA), son président peut demander en jus- dent de la Section du contentieux si, dans les 15 jours,
tice qu’il soit ordonné à la personne qui en est respon- il a été fait appel devant lui de l’ordonnance du premier
sable de se conformer à ces dispositions, de mettre fin à juge. En outre, si le préfet estime qu’un acte d’une col-
l’irrégularité ou d’en supprimer les effets. La demande est lectivité locale est de nature à compromettre de manière
portée devant le président de la Section du contentieux grave le fonctionnement ou l’intégrité d’une installation
du Conseil d’État qui statue en référé et dont la décision ou d’un ouvrage intéressant la défense nationale, il peut
est immédiatement exécutoire. Il peut prendre, même en demander l’annulation devant le juge administratif
la question au Conseil d’État est d’obtenir une solution dent à déconcentrer le plus possible le contentieux en
rapide de celui-ci. Le Conseil d’État ne donne qu’un avis. le dirigeant sur les divers autres tribunaux se trouvent
En droit, la juridiction est libre de le suivre ou non (mais énumérées par les articles R.312-6 et suivants du Code de
il est préférable de le suivre). justice administrative.
Echappent dans l’ordre à la compétence territoriale de
2/ La compétence des tribunaux principe les contentieux suivants :
administratifs et des cours administratives - les litiges relatifs à la reconnaissance d’une qualité
d’appel (déporté, résistant, combattant, apatride ou rapatrié et
les litiges relatifs aux avantages liés à cette qualité), à
2.1 La compétence des tribunaux administratifs l’obtention d’une décoration ou d’un emploi réservé relè-
La compétence matérielle des tribunaux administra- vent de la compétence du tribunal administratif du lieu de
tifs. Il existe aujourd’hui 38 tribunaux administratifs résidence du requérant à la date de la décision ;
répartis entre la métropole et les territoires d’outre-mer. - les litiges relatifs aux décisions concernant des immeu-
La Loi d’Orientation et de Programmation pour la justice bles (déclarations d’utilité publique, domaine public, per-
du 9 septembre 2002 a prévu d’ici 2007, la création de mis de construire, classement de monuments et de sites)
deux nouveaux tribunaux administratifs. Leur compéten- relèvent de la compétence du tribunal administratif dans
ce matérielle se détermine aisément. Les articles L.211-1 le ressort duquel se trouvent les immeubles litigieux ;
et L.311-1 du Code de justice administrative disposent - les contestations portant sur des décisions individuel-
que les tribunaux administratifs sont les juges de droit les en matière de police relèvent de la compétence du
commun en premier ressort du contentieux administra- tribunal administratif du lieu de résidence des destina-
tif. Leurs jugements sont susceptibles d’appel devant les taires des décisions attaquées à la date de ces décisions
cours administratives d’appel, et dans certains cas, direc- (arrêtés d’expulsion, suspension de permis de conduire,
tement devant le Conseil d’État. décision en matière de détention ou de port d’arme, par
exemple) ;
La compétence territoriale des tribunaux administra- - le contentieux de l’élection et de la nomination des
tifs. La compétence territoriale des tribunaux administra- membres des assemblées, corps ou organismes admi-
tifs est régie par le principe selon lequel est territoriale- nistratifs ou professionnels relève de la compétence du
ment compétent le tribunal dans le ressort duquel a son tribunal administratif dans le ressort duquel se trouve le
siège l’autorité qui a pris la décision attaquée ou signé siège de l’organisme en cause ;
le contrat litigieux. L’article R.312-2 du Code de justice - les litiges relatifs aux législations régissant les activités
administrative précise que sauf en matière de marchés, professionnelles (notamment les professions libérales,
contrats ou concessions, la compétence territoriale ne les activités agricoles, commerciales et industrielles)
peut faire l’objet de dérogations, même par voie d’élec- relèvent de la compétence du tribunal administratif du
tion de domicile ou d’accords entre les parties. Le tribunal lieu de l’application de la décision et, plus généralement
administratif territorialement compétent pour connaître encore, du lieu d’exercice de la profession (art. R.312-10
d’une demande principale l’est également pour connaître du Code de justice administrative, dans sa rédaction issue
de toute demande accessoire, incidente ou reconvention- du décret n° 2003-543 du 24 juin 2003) ;
nelle ressortissant à la compétence des tribunaux admi- - les litiges relatifs aux marchés, contrats, quasi-contrats
nistratifs. Il est également compétent pour connaître des ou concessions relèvent de la compétence du tribunal
exceptions relevant de la compétence d’une juridiction administratif dans le ressort duquel ceux-ci sont exécu-
administrative (art. R.312-3 du Code de justice adminis- tés. Si leur exécution s’étend au-delà du ressort d’un seul
trative). Les règles fixant la compétence territoriale des tribunal administratif ou si le lieu d’exécution n’est pas
tribunaux administratifs sont d’ordre public : elles s’im- désigné, le critère retenu est le lieu de sa conclusion,
posent aux justiciables qui ne peuvent saisir le tribunal autrement dit, le siège de l’autorité publique contractan-
de leur choix. Les recours en interprétation et les recours te ou de la première des autorités publiques dénommées
en appréciation de légalité relèvent de la compétence du dans le contrat. Toutefois, si l’intérêt public ne s’y oppose
tribunal administratif territorialement compétent pour pas, les parties peuvent, soit dans le contrat primitif, soit
connaître de l’acte litigieux (art. R.312-4 du Code de jus- dans un avenant antérieur à la naissance du litige, con-
tice administrative). venir que leurs différends seront soumis devant un autre
De façon à éviter une surcharge du tribunal administratif tribunal administratif ;
de Paris (compte tenu notamment du nombre de déci- - les litiges d’ordre individuel, y compris ceux relatifs aux
sions prises par les autorités centrales siégeant dans la questions pécuniaires, intéressant les fonctionnaires ou
capitale), la règle de principe selon laquelle le tribunal agents de l’État et des autres personnes ou collectivités
compétent est celui où a son siège légal l’auteur de l’acte publiques, ainsi que les agents ou employés de la Ban-
attaqué connaît des exceptions. Ces dérogations qui ten- que de France, relèvent du tribunal administratif du lieu
réserve des compétences attribuées au Conseil d’État en d’une cour administrative d’appel) saisi d’un litige rele-
qualité de juge d’appel et de celles définies aux articles vant de sa compétence constate qu’un des membres du
L. 552-1 et L. 552-2 (sur le référé en matière fiscale). Les tribunal (ou de la cour) est en cause ou estime qu’il existe
cours administratives d’appel sont juges d’appel de droit une autre raison objective de mettre en cause l’impartia-
commun, mais il existe donc un partage de compétences lité du tribunal (ou de la cour), il transmet le dossier au
entre elles et le Conseil d’État. Rappelons que les appels président de la Section du contentieux du Conseil d’État
contre les jugements portant sur les recours en appré- qui en attribue le jugement à la juridiction qu’il désigne ».
ciation de légalité et sur les litiges relatifs aux élections Notons que la nouvelle rédaction de ces articles insiste
municipales et cantonales, continuent à relever en appel sur la procédure de renvoi au président de la Section du
du Conseil d’État. contentieux aux fins de désignation de la juridiction
appelée à statuer. En outre, ce sont désormais toutes les
La compétence territoriale des cours administratives « raisons objectives » de mise en cause de l’impartialité de
d’appel. La cour administrative d’appel territorialement la juridiction, dans son ensemble, qui sont couvertes.
compétente pour connaître d’un appel formé contre un
jugement d’un tribunal administratif ou une décision L’attribution de compétence par le président de la
d’une commission du contentieux de l’indemnisation des Section du contentieux du Conseil d’État. Le nouvel
Français d’outre-mer est celle dans le ressort de laquelle article R.351-8 du Code de justice administrative, issu
a son siège ce tribunal ou cette commission (art. R.322-1 du décret du 19 avril 2002, dispose que « lorsque des
du Code de justice administrative). Aux termes de l’article considérations de bonne administration de la justice
R.322-2 du Code de justice administrative, la compétence l’imposent, le président de la Section du contentieux du
territoriale des cours administratives d’appel est d’ordre Conseil d’État, de sa propre initiative ou sur la demande
public. d’un président de tribunal administratif ou de cour admi-
nistrative d’appel, attribue, par une ordonnance motivée
2.3 Les deux dérogations à la compétence qui n’est pas susceptible de recours, le jugement d’une
territoriale des tribunaux et des cours ou plusieurs affaires à la juridiction qu’il désigne. » Il
Cette question aurait pu être évoquée dans le cadre du s’agit par cette procédure de regrouper devant un même
règlement des questions de compétence, mais nous choi- tribunal ou une même cour des affaires qui, sans être
sirons de la traiter ici, à la suite de la détermination des connexes, sont proches, similaires ou posent les mêmes
règles de compétence des tribunaux et des cours. questions de droit ou de fait. Signalons que la pratique
Le décret n° 2002-547 du 19 avril 2002 consacre ainsi du contentieux administratif avait déjà eu l’occasion
deux nouvelles dérogations à la compétence territoriale de regrouper des affaires devant un même tribunal,
des tribunaux et des cours. La première permet d’étendre notamment dans les années 1990, lorsque le tribunal
l’hypothèse où est en cause l’impartialité d’un tribunal ou administratif de Paris avait été désigné compétent pour
d’une cour. La seconde est plus novatrice et concerne l’hy- traiter le contentieux des victimes du sang contaminé.
pothèse du regroupement d’affaires en vue d’être jugées Le décret de 2002 a simplement introduit dans les textes
par un même tribunal ou une même cour dans un souci de cette procédure de regroupement des affaires dont l’in-
« bonne administration de la justice ». térêt est à la fois de permettre d’accélérer le traitement
d’affaires proches ou similaires, d’éviter les divergences
Le renvoi en cas d’atteinte à l’impartialité des tribu- d’interprétation entre les différentes cours ou tribunaux
naux et des cours. L’article 6 du décret de 2002 modifie et de dégager rapidement une solution juridique uni-
les articles R.312-5 (relatifs aux tribunaux) et R.322-3 forme. Il est important de noter que le regroupement
(relatifs aux cours) du Code de justice administrative, d’affaires peut procéder d’une initiative du chef de la
étendant les hypothèses dans lesquelles peut être mise juridiction saisie (tribunal ou cour) ou d’une instruction
en doute l’impartialité de la juridiction compétemment du président de la Section du contentieux du Conseil
saisie. Dans la législation antérieure, ces deux articles d’État, mais qu’il appartient exclusivement à ce dernier
concernaient la seule hypothèse où un tribunal ou une de désigner la juridiction de renvoi. La mise en œuvre
cour était saisi d’un « litige relevant de sa compétence et de ce mécanisme nécessitera une concertation ren-
dans lequel un de ces membres est en cause ». Le prési- forcée entre les présidents de juridiction et le Conseil
dent du tribunal ou de la cour renvoyait alors l’affaire à un d’État. Par ailleurs, la détermination de la juridiction
autre tribunal ou une autre cour désignée par le président compétente ne sera pas toujours aisée compte tenu
de la Section du contentieux. Dorénavant, cette procé- de l’encombrement de certains tribunaux et des délais
dure de renvoi est étendue à toute cause objective de actuels de jugement relativement longs. Notons enfin
partialité. A ce titre, les articles R.312-5 et R.322-3, dans que c’est par une ordonnance motivée que le président
leur nouvelle version issue du décret de 2002, disposent de la Section du contentieux désigne la juridiction de
que « lorsque le président d’un tribunal administratif (ou renvoi. Il s’agit là de la seule dérogation au principe de