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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

LE DROIT ADMINISTRATIF
CAPA 2me année

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

1ère PARTIE : les finalités de l’action administrative P6

Chapitre 1 = Le SP, la satisfaction de l’intérêt général


SECTION 1 : LA NOTION DE SERVICE PUBLIC
§ 1 : Les critères d’identification matériels du SP
§ 2 : Les conditions qui président à l’exercice de l’action en justice
SECTION 2: LES DIFFERENTES CATEGORIES DE SP
§1 : Distinction entre SPA et SPIC
§2 : Les régimes juridique des SP
SECTION 3 : LES PRINCIPES FONDAMENTAUX REGISSANT LE SP
SECTION 4 : CREATION ET GESTION DES SP
§1 : Création et suppression des SP
§2 : Gestion des SP (directe et indirecte)

Chapitre 2 = La préservation de l’ordre public : la Police Administrative P 20


SECTION 1 : le CHAMP D’ACTION DE LA POLICE ADMIN
§1 : Distinction entre police admin et judiciaire
§2 : Champ d’action de la police admin / ordre public
SECTION 2: LES AUTORITES DETENTRICES DU POUVOIR DE POLICE ADMIN
§1 : Les autorités de Police générale
§2 : Les autorités de Police spéciale
§3 : Les concours de police
SECTION 3: L’exercice DU POUVOIR DE POLICE

2ème PARTIE : Le contrôle de l’administration P 24

Chapitre 1 = Les sources de légalité : instrument de contrôle de l’administration


SECTION 1 : LES SOURCES CONSTITUTIONNELLES
§1 : Le bloc de constitutionnalité
§2 : Le respect de la constitution par les autorités administratives

SECTION 2 : LES SOURCES LEGISLATIVES ET REGLEMENTAIRES


SECTION 3: LA JURISPRUDENCE
SECTION 4: LES TRAITES INTERNATIONAUX
SECTION 5: LE DROIT DE L’UNION EUROPPENNE

Chapitre 2 = Les contrats administratifs P 29


SECTION 1 : L’IDENTIFICATION DES CONTRATS ADMINISTRATIFS
§1 : Les contrats administratifs par détermination de la loi
§2 : Les critères de définition jurisprudentiels
 A) Les contrats conclus entre 2 personnes publiques
 B) Les contrats conclus entre une personne privée et une personne publique
 C) les contrats conclus entre 2 personnes privées

SECTION 2 : L’EXECUTION DES CONTRATS ADMINISTRATIFS


§1 : Les droits et obligations ordinaires des parties du contrat
 A) Les prérogatives de l’administration dans l’exécution du contrat
 B) Les droits et obligations du cocontractant
§2 : L’influence des faits extérieurs dans l’exécution des contrats
 A) La théorie de l’imprévision
 B) La force majeure administrative
 C) La théorie du fait du prince

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Chapitre 3 = La responsabilité administrative P 34


SECTION 1 : LES CONDITIONS PERMETTANT D’ENGAGER LA RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE
§1 : L’existence d’un préjudice
§2 : Le lien de causalité
SECTION 2 : LES DIFFERENTS REGIMES DE RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE
§1 : Responsabilité pour faute
§2 : La théorie du cumul
§1 : La responsabilité sans faute

3ème PARTIE : Les moyens d’action de l’administration : les ACTES ADMINISTRATIFS P 40


Chapitre 1 = Les actes administratifs unilatéraux
SECTION 1 : LA NOTION D’ACTE ADMINISTRATIF UNILATERAL
Sous-section 1 : les caractères de l’Acte Administratif Unilatéral
§1 : L’AAU : une décision exécutoire :
 Actes de préparation/exécution de décisions et actes recognitifs
 Les M.O.I (mesure d’ordre intérieur)
 Les circulaires
 Les directives
§2 : L’acte admin unilatéral : un acte d’une autorité publique administrative
Sous-section 2 : les différentes catégories de décisions exécutoires
§1 : Les différentes catégories d’actes :
SECTION 2 : l’élaboration de la décision exécutoire
SECTION 3 : la sortie de vigueur de l’acte admin unilatéral (retrait, annulation, abrogation)

4ème PARTIE : Les recours contre l’administration P 45


Chapitre 1 = La juridiction administrative
SECTION 1 : LE JUGE ADMINISTRATIF, UN JUGE AUTONOME
§1 : Naissance de l’autorité administrative
§2 : Présentation de la juridiction administrative
SECTION 2 : Les mécanismes de répartition des compétences entre Juge administratif et Juge judiciaire
§1 : Bloc de compétences du Juge Judiciaire
§2 : Les conflits de compétence

Chapitre 2 = La procédure administrative contentieuse (PAC) P 47


SECTION 1 : LA TYPOLOGIE DES RECOURS
connaitre
les SECTION 2 : LES CONDITIONS ENTOURANT L’EXERCICE DU RECOURS
grands §1 : L’intérêt à agir
§2 : Les conditions de délais
principes
de la PAC SECTION 3 : LES CARACTERES DE LA PROCEDURES ADMINISTRATIVE CONTENTIEUSE
§1 : C’est une procédure écrite
§2 : Le caractère contradictoire

Chapitre 3 = Le contrôle de légalité effectué sur les actes administratifs P50


SECTION 1 : LES MODALITES D’EXERCICE DU CONTROLE DE LEGALITE
§1 : L’existence de 2 catégories de contrôle :
 Le contrôle administratif
 Le contrôle judiciaire
SECTION 2 : LE REP (RECOURS POUR EXCES DE POUVOIRS)
§1 : Les conditions de recevabilité
§2 : Les cas d’annulation
 Les moyens de légalité externes
 Les moyens de légalité internes

SECTION 3 : L’INTENSITE DU CONTROLE ET LE POUVOIR DU JUGE

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INTRODUCTION

1) DEFINITION DU DROIT ADMINISTRATIF

Il est constitué de l’ensemble des règles définissant les droits et les obligations de l’administration.
Il couvre, en outre, l’ensemble des règles qui régissent l’organisation et le fonctionnement des
organismes publics ne relevant pas du pouvoir législatif ou de l’autorité judiciaire, ainsi que celles qui
gouvernent les rapports entre les administrés et les organismes publics.
Le droit administratif applique les règles de droit qui régissent les rapports internes (organisation
des services et fonction publique) et externes (émission d’actes administratifs, passer des contrats
comme la délégation de services publics) de l’administration.
Missions de l’admin : le maintien de l’ordre, la culture, la protection sociale et sanitaire…

2) LES ORIGINES HISTORIQUES DU DROIT ADMINISTRATIF

Avant la révolution : justice retenue, l’administration juge elle-même les litiges qui la concerne,
via le roi.
Après la révolution : justice déléguée, rendue par le juge au nom du peuple français

1799 : création du conseil d’état


1800 : création des conseils de préfecture qui deviennent en 1953 les trib. administratifs
1872 : indépendance des juridictions administratives.
Le 24 mai 1872, une loi reconnaît au Conseil d’État le pouvoir de rendre des décisions
souveraines dans les litiges opposant un particulier à l’administration.
Création du Tribunal des conflits, formé de magistrats de la CC et du CE pour attribuer les affaires
dont la nature juridique (judiciaire ou administrative) n'est pas claire.
1873 : TC : arrêt Blanco
(Agnès Blanco, âgée de cinq ans, est renversée et grièvement blessée par un wagonnet poussé par
quatre ouvriers. Le wagonnet appartient à la manufacture des tabacs de Bordeaux, exploitée en régie
par l'État), rendu par le tribunal des conflits.
Les dommages causés par l'État doivent suivre un régime particulier de responsabilité, qui déroge au
droit commun. Arrêt considéré comme le fondement du droit administratif :
- Les règles ne peuvent être celles du code civil
- Ces règles doivent relever d’un régime spécial
1912 : arrêt Société des granits porphyroïdes des Vosges
1953 : création des tribunaux administratifs
1973 : 19 jan : arrêt du CE (Sté d'exploit. Elec. de la rivière du Sant) > les contrats soumis à un régime
exorbitant du droit commun présentent le caractère de contrats administratifs
1980 : L'existence et l'indépendance des juridictions admin sont garanties par la constitution
1987 : 31 décembre, création des cours administratives d’appel, il y en a 8 en France

RAPPEL :

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Le tribunal administratif créé en 1953 rend un jugement ; Il y a 42 T.A. en France


La cour administrative d’appel créée le 31 décembre 1987 rend un arrêt. Il y en a 8 en France
Le conseil d’état rend des arrêts ou peut renvoyer devant la CAA ; Le CE est le juge de cassation de la Justice
Admin. A ce titre, il exerce plusieurs fonctions :
 dans certains litiges, le CE peut être compétent comme juge d’appel : ses décision sont souveraines et ne sont
susceptibles d’aucun recours.
 En tant que juge de cassation, le CE assure l’unité de la jurisprudence nationale.

3) LES CARACTERES DU DROIT ADMINSITRATIF


A) Un droit exorbitant du droit commun
L’administration a des PPP (Prérogatives de Puissance Publique), afin de faire primer l’intérêt général
et non l’intérêt particulier. Rivelo et Waline définissent les PPP comme « l’ensemble de ces
prérogatives »
B) La recherche d’un critère du droit administratif
 Critère organique : rattachement à l’administration
 Critère fonctionnel : art 12 DDHC La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force
publique. Cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de
ceux auxquels elle est confiée.
C) Un droit d’origine jurisprudentielle (arrêts)

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1 ère PARTIE : LES FINALITES DE L’ACTION ADMINISTRATIVE

Chapitre 1 : LE SERVICE PUBLIC, LA SATISFACTION DE L’INTERET GENERAL

Section 1 : LA NOTION DE SERVICE PUBLIC

1) LES CRITERES D’IDENTIFICATION MATERIELS DU SERVICE PUBLIC

A) une activité d’intérêt général


Arrêt C.E. 28 juin 1963 : arrêt Narcy = arrêt qui va définir le Sce Public comme une :
 activité assumée directement ou indirectement par l’administration,
 dans le but de satisfaire un besoin d’intérêt général et
 soumise au moins partiellement à un régime de droit public.

L’arrêt Narcy énumère trois critères de reconnaissance :


 l’intérêt général de la mission assurée par la personne morale de droit privé,
 le contrôle que l’administration exerce sur cette personne et enfin
 la possibilité d’utiliser des prérogatives de puissance publique qui lui sont confiées par la loi
ou l’administration.

Exemples de service public : service public hospitalier


Education nationale
Pôle emploi
Trésor public …

Activités de service public :


 activité de maintien de l’ordre (police)
 activité de protection sociale et sanitaire (
 activité à vocation éducative et culturelle
 activité à caractère public et économique

B) un régime exorbitant du droit commun : déroge au droit commun, va au-delà de ce droit


C’est un régime qui ne respecte pas les règles d’égalité > droits inégaux
Une définition de la notion de clause exorbitante du droit commun peut être recherchée en fonction
d'une caractéristique qui est la stipulation dans l'intérêt général.
Il en est ainsi d'une clause de résiliation unilatérale pour motif d'intérêt général ou de pouvoirs de
contrôle par la personne publique.
Le point commun est l’intérêt général

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2) IDENTIFICATION ORGANIQUE DU SP : UNE ACTIVITE RATTACHEE A UNE PERSONNE PUBLIQUE

Critère organique : le service public (SP) peut être créé ou arrêté par une personne publique ou par
une collectivité territoriale.

Ex : les EPCI (Ets Publics de Coopération Intercommunales)

Ets Publics : 2 catégories :


- les Ets Publics Administratifs (EPA)
- les Ets Publics Industriels et Commerciaux (EPIC)
Ces différentes personnes peuvent prendre en charge une activité de SP, directement (régie) ou
indirectement

C.E. 22/02/2007 : arrêt APREI (association du personnel relevant des établissements pour inadaptés).
Le CE s’en remet à la méthode du faisceau d’indices.

Même en l’absence de telles prérogatives, une personne privée doit également être regardée, dans
le silence de la loi, comme assumant une mission de service public :
 en regard à l’intérêt général de son activité,
 aux conditions de sa création, de son organisation ou de son fonctionnement,
 aux obligations qui lui sont imposées, ainsi qu’aux mesures prises pour vérifier que les
objectifs qui lui sont assignés sont atteints,
Si ces critères sont réunis, il apparaît que l’administration lui a confié une mission de SP.

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Section 2 : LES DIFFERENTES CATEGORIES DE SERVICES PUBLICS

1) LES CRITERES DE DISTINCTION ENTRE LES SPA ET LES SPIC

SPA : service public administratif


SPIC : service public industriel et commercial
Les critères de différenciation entre un SPA et un SPI sont les activités gérées

Pour identifier un service public industriel et commercial, le juge, loin de s'en tenir aux qualifications parfois trompeuses des
textes, à moins qu'ils ne soient de niveau législatif, met en œuvre plusieurs critères dont les principaux sont l'objet du
service, l'origine des ressources, les modalités du fonctionnement.

A) l’objet de l’activité
C’est l’élément fonctionnel
Quel est l’objectif poursuivi : l’intérêt général

Un SPA ne peut pas être rentable,


Un SPIC présente toujours des notions de rentabilité, et relève par nature d’opérateurs privés

B) Mode de financement du service


Le SPIC a un mode de financement substantiel (essentiel) par les usagers.
Le SPA est essentiellement financé par les collectivités.

Arrêt TC 22/01/1912 : Sté Ciale de l’Ouest Africain :bac d’Eloka , qui donna naissance aux SPIC.
La société commerciale de l'Ouest africain était propriétaire de l'une des voitures qui furent gravement endommagées dans
l'accident survenu au bac dit d'Eloka, service de liaison maritime situé sur la lagune du littoral de Côte d'Ivoire et exploité
directement par la colonie. Aux fins de déterminer le juge compétent pour désigner l'expert dont la société demandait la
nomination, le Tribunal des conflits a été amené à se prononcer sur la question de savoir si des services entiers de
l'administration peuvent être regardés comme fonctionnant dans les mêmes conditions qu'une entreprise privée, auquel cas
le juge compétent est le juge judiciaire.

Par cet arrêt, le Tribunal des Conflits donne naissance, sans le nommer encore, à la notion de SPIC.
Si la gestion de droit privé par une personne morale de droit public existe déjà en 1921, celle de service soumis
entièrement au droit privé est une création jurisprudentielle.
Cette notion connaît aujourd’hui une fortune diverse.

C) Les modalités de fonctionnement du service public


> Un service public industriel et commercial (SPIC) est une forme de gestion de service public soumise
principalement aux règles de droit privé et à la compétence du juge judiciaire.
> Par opposition, si un service public est soumis aux règles du droit administratif, alors il s'agit d'un service
public administratif (SPA)

2) LE REGIME JURIDIQUE DES SERVICES PUBLICS

Statuts du service
Pour les SPA :

 les règles d’organisation du service relèvent du droit administratif

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 pour les biens, il faut faire la différence entre


- domaine public (le DA s’applique) et
- domaine privé (le droit privé s’applique).
 Les relations du service :
 En interne : en rapport avec les agents, c’est le D.A. (arrêt BERKANI) C.E. 25/03/96
 Il arrive que la puissance publique ait recours au contrat pour satisfaire ses besoins de main-d’œuvre. Longtemps, une
distinction subtile était opérée parmi ces agents contractuels : ceux qui avaient pour mission d'assurer le
fonctionnement du SPA étaient considérés comme des contractuels de droit public, leur contrat n'était pas soumis au
droit du travail et les litiges en découlant relevaient donc des juridictions admin;
 en revanche, ceux dont la tâche ne participait pas directement au SPA étaient titulaires d'un contrat de travail de droit
privé et, par conséquent, justiciables du conseil de prud'hommes.
 Dans une décision rendue le 25 mars 1996, le Tribunal des conflits a opéré un important revirement de jurisprudence
désormais, «  les personnels non statutaires travaillant pour le compte d'un service public à caractère administratif son
des agents contractuels de droit public quel que soit leur emploi  » (Trib. Conf. 25 mars 1996, Berkani). >> unification d
statut de l’agent

 En externe : différence entre :

 usagers bénéficiaires du SPA, >> le D.A. s’applique (sauf HLM)


 cocontractant où tout dépend du contrat (public ou privé)
 les tiers pour qui le DA s’applique.

Pour les SPIC :


 les règles d’organisation du service relèvent du D.A.
 pour les biens, c’est essentiellement le D.A. qui s’applique
 les relations du service :
 en interne : c’est le droit privé sauf pour le comptable (public)
 en externe :
 les usagers (droit privé)
 cocontractants (droit privé)
 les tiers (droit privé)

SPA SPIC

règles d'organisation du service DA DA

  domaine public DA DA
les biens
essentiellement
  domaine privé DP

DP sauf
    en interne   DA (arrêt Berkani 1996) comptable SP
     
les relations du service  
    usagers DA sauf HLM > droit privé donc T. I. DP

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DA ou DP suivant
    en externe cocontractant contrat   DP

    les tiers DA DP
Section 3 : LES PRINCIPES FONDAMENTAUX REGISSANT LE SERVICE PUBLIC

1) Principe d’égalité: traitement identique / personnes / situations identiques CE Tarbes 1985


2) Principe de neutralité: pas de favoritisme ni discrimination, neutralité politique, philosophique
et religieuse.
3) Principe de continuité : principe de la continuité de l’état CE 1980 : BONJEAN, droit de grève interdit aux
fonctionnaires CE 1909 : WINKEL
4) Principe de mutabilité : = principe d’adaptabilité, pas de droits acquis au maintien du SP, sauf ceux que la loi
rend obligatoires CE 1961 Vannier

1) LE PRINCIPE D’EGALITE

Égalité des usagers devant le service public :


CE 9 /03/ 1951 : Sté des concerts du conservatoire.
L’égalité devant le service public est un principe général de droit (PGD), ainsi que l’article 1 de la DDHC : « Les
hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions
sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune  ». (Principe à valeur constitutionnelle)
CE 10 mai 1974 : Denoyez et Chorques :
Le Conseil d’État estime que la différence de situation appréciable entre habitants permanents de l’île de Ré et
habitants du continent justifie l’institution d’un tarif réduit au profit des premiers pour emprunter le transport
du bac entre la ville de La Rochelle et l’île

Il doit y avoir un traitement identique des personnes se trouvant dans des situations identiques sauf
quand :
 la loi le prévoit
 l’intérêt général le justifie (en rapport avec le service rendu)
 quand il y a une différence de situation au regard de l’objet du service

CE du 5 /10/ 1984 : commissaire de la république de l’Ariège


Cet arrêt concerne le SP des cantines scolaires. Le tarif public était inférieur au prix de revient du repas proposé.
Le préfet décide d’augmenter le prix des repas pour les non-résidents de la commune.
Malgré la protestation d’une personne, le CE a indiqué que la cantine n’est pas un service obligatoire.

CE 26 /04/ 1985 : ville de Tarbes


Concerne une école nationale de musique avec un établissement municipal.
Les tarifs étaient variables en fonction du nombre d’élèves inscrits par famille, l’importance des ressources et
du lieu de domiciliation.
Le T.A. avait décidé que la différence de revenus ne se justifiait pas
Le C.E. a confirmé la décision illégale de la considération attaquée mais pas pour les mêmes motifs. Il a estimé
que la différence de revenus n’était pas une différence de situation .
Il n’y a aucun principe à valeur constitutionnelle de gratuité du service public, sauf sur les fonctions
régaliennes (justice, police, défense)

2) PRINCIPE DE NEUTRALITE

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Il est impossible de faire preuve de favoritisme ou de discrimination pour des raisons raciales ou religieuses
ou en tout cas, qui ne sont pas commandées par l’intérêt général.
Le principe de neutralité suppose en effet que l’administration et ses agents respectent une stricte neutralité
politique, philosophique et religieuse.
Sur ce dernier aspect, la jurisprudence administrative est très claire. Pour ce qui concerne l’agent du SP, il est
soumis à une stricte obligation de neutralité, lui imposant de ne faire apparaître aucun signe d’appartenance
politique, philosophique ou religieuse.
C’est une obligation absolue, dont la méconnaissance peut entraîner une sanction disciplinaire très lourde,
et/ou le refus de renouveler le contrat, pour un agent contractuel.
L’agent a un devoir de réserve, il ne pratiquera ni favoritisme, ni propagande.

3) PRINCIPE DE CONTINUITE

Il découle du principe de la continuité de l’état.


CE 13 juin 1980 : arrêt BONJEAN : Le conseil d'une université ayant décidé, pour des motifs tirés de
l'insuffisance de ses dotations, la suspension des enseignements pendant une semaine, le recteur a fait
connaître aux enseignants qu'ils étaient tenus de remplir intégralement leurs obligations de service et qu'à
défaut ils subiraient une retenue sur salaire.
Par suite, un professeur n'est, en tout état de cause, pas fondé à se prévaloir utilement de la délibération du
conseil de l'université pour contester la retenue opérée sur sa rémunération.

La satisfaction du besoin d’intérêt général, auquel le service public répond, ne saurait être interrompue, tel
que le fonctionnement du service ne peut supporter d’interruption.

On y rattache diverses règles :


 caractère strict des délais imposés au cocontractant de l’administration
 interdiction faite au concessionnaire d’interrompre le service sauf cas de force majeure ou du fait de
l’administration le mettant dans l’impossibilité de poursuivre l’exécution ou à un agent
démissionnaire de quitter le service avant l’acceptation de sa démission
 limitation du droit de grève pour certains agents.

Concernant le droit de grève, à retenir CE arrêt WINKELL 1909 qui ne reconnait pas le droit de grève aux
fonctionnaires. > n'est pas entaché d'excès de pouvoir l'arrêté révoquant, sans qu'il ait reçu préalablement
la communication de son dossier, un ouvrier du service des postes ayant participé à la grève qui s'est
produite dans ce service au mois de mai 1909.

Le préambule de la constitution de 1946 prévoit : « le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le
réglemente »
CE arrêt DEHAENE 7 juillet 1950 : « en l’absence de lois applicables, il appartient au chef de service de
règlementer le droit de grève des fonctionnaires et d’organiser la nécessaire conciliation entre ce droit et la
continuité du service public »

Le droit de grève est interdit aux agents dont la présence est nécessaire pour la continuité du service public :
policiers, magistrats judiciaires, militaires, personnes chargées de mission de sécurité.

La grève étant définie comme une cessation collective et concertée du travail en vue d’appuyer des
revendications professionnelles.

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Pour les autres un service minimum peut être imposé par l’administration.
En tout état de cause, un préavis de grève doit être déposé et la grève tournante est interdite

4) PRINCIPE DE MUTABILITE
il résulte du principe d’adaptabilité (mutabilité), que ni les agents, ni les usagers ne sauraient se prévaloir d’un
droit acquis au maintien du statut en vigueur quand ils sont entrés en relation avec le service.
Les agents du service public subissent, immédiatement, sans contrepartie, les modifications apportées à leur
statut. > un chauffeur de bus qui conduit le jour peut se voir attribuer la conduite de nuit…
Seuls les agents contractuels peuvent, en pareille hypothèse, prétendre à une indemnité compensatrice.
De même les usagers supportent de plein droit les hausses de tarif, sous réserve du principe de non rétroactivité.
Les usagers ne peuvent contester le mode de gestion d’un SP (SPA ou SPIC)
C.E.27 janvier 1961 : arrêt VANNIER : « aucun droit n’existe au maintien du service ; l’administration peut
supprimer des services publics sauf ceux que la loi rend obligatoire » (ex : absence de mise en place d’un
enseignement prévu par les programmes scolaires.

Section 4 : CREATION ET GESTION DES SERVICES PUBLICS


1) LA CREATION ET LA SUPPRESION DES SERVICES PUBLICS
A) LA CREATION DES SERVICES PUBLICS

Principe général :
Il existe un monopole des personnes publiques pour créer les services publics.
L’article 34 définit la loi et délimite son domaine, dans le cadre instauré par la Constit. du 4 /10/1958.
Lart 34 ne réserve pas au législateur la compétence de créer des services publics, donc le détenteur de droit
commun de cette compétence était le pouvoir réglementaire.
Pourtant l’art 34 réserve au législateur la possibilité de créer des SP dans certaines hypothèses :
 lorsque la loi détermine les principes fondamentaux
 soit dans certains services publics
 soit dans la création de catégories d’établissements publics
 lorsque le SP qui va être créé est susceptible de porter atteinte aux libertés publiques
 lorsqu’une loi est nécessaire pour rendre obligatoire un SP pour les collectivités territoriales.

Décision CC 26 juin 1986 = le législateur et le pouvoir réglementaire ont 1 pouvoir discrétionnaire (ils font ce qu’ils
veulent) pour créer ou supprimer un service public.

Création ou suppression par une collectivité publique :

Les administrés ont un droit à la création ou au maintien d’un service public quand la constitution ou la loi en
impose l’existence.
Ex : droit à l’instruction, donc pas de suppression de l’éducation nationale.
Les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) :
Ex, SIVOM, communauté urbaine, communauté d’agglo, … peuvent créer des SP pour diversifier leurs
activités :

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Avis du C.E. 7 juillet 1994 : un EPIC peut engager une diversification de ses activités dès lors que celles-ci sont
« techniquement et commercialement le complément normal de sa mission statutaire principale » et sont « à
la fois d’intérêt général et directement utile à l’établissement public ».

Les services publics locaux :

Les communes par la loi du 5 octobre 1884 et les départements par la loi du 10 avril 1871, ont reçu
compétence pour créer, organiser et supprimer tous les services publics nécessaires à leur mission.
Principe qui a été confirmé par les lois de décentralisation de 1982.
Lorsque la création d’un SP n’est pas obligatoire, il revient à l’autorité compétente d’apprécier de
l’opportunité d’une telle création.
Ainsi, il appartient à la seule Assemblée délibérante de décider de créer ou de supprimer un service public,
d’en fixer les règles générales d’organisation et de prendre toutes les mesures portant sur la définition des
missions du service. L’exécutif local a la qualité de chef de service.

Il peut prendre des mesures d’organisation internes du service tout comme le gouvernement et les ministres
qui sont compétents pour régler l’organisation interne de leurs services.
Il a également la responsabilité de gestion des agents.

Les collectivités territoriales


Le code général des collectivités territoriales (CGCT) attribue aux collectivités territoriales une clause de
compétence générale.
La collectivité peut prendre des décisions dans tous les domaines qui relèvent de sa compétence.
Limites : L'attribution expresse par un texte d'une compétence à une collectivité exclut son exercice par les
autres collectivités. Ainsi, par ex, les SP de souveraineté ( La souveraineté désigne le droit exclusif d'exercer
l'autorité politique) ne peuvent être pris en charge que par l'État.
De même, les transports scolaires (CGCT, art. L. 3551-27) ou certaines formes d'action sociale comme la
gestion du RMI ne peuvent relever que du département.

De plus, les collectivités territoriales ne peuvent en principe concurrencer l'initiative privée en créant des SP
seulement si ces derniers répondent à un besoin de la population et font face à une absence ou carence de
l'initiative privée.
Aujourd’hui, la jurisprudence est sensible aux interventions économiques des collectivités territoriales puisque ces
dernières ne doivent pas enfreindre la liberté du commerce et de l’industrie. Il existe des domaines interdits aux
C.T. : activités illicites, activités réservées à l’État, activités purement lucratives.
Exception : CE 30 mai 1930, arrêt de la chambre syndicale de commerce de détail de Nevers : les communes
peuvent créer des SP lorsqu’en raison de circonstances particulières de temps et de lieu, un intérêt public
justifie leur intervention

B) LA SUPPRESSION DES SERVICES PUBLICS

Depuis la Constitution de 1958, sauf le cas réservé par la loi, la compétence de suppression des SP appartient
au gouvernement ou à la collectivité compétente.

Par ailleurs, selon la jurisprudence sur la privatisation, il existerait des SP qualifiés de constitutionnels, càd qui ne
pourraient pas être supprimés, même par la loi (activités des télécom., l’électricité et le gaz.).

a) les motifs de la suppression : Il en existe 3 :

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 la disparition du besoin de l’intérêt général qui avait motivé la création du service public.
 La suppression sans disparition du besoin d’intérêt général pour des raisons politiques (ex ; loi de 1905
sur la séparation des églises et de l’état), ou financières.
 La suppression pour des raisons techniques

b) distinction entre SP obligatoire et SP facultatif


- LES SERVICES D’INTERET ÉCONOMIQUE GENERAL (S.I.E.G.)
- LES SERVICES SOCIAUX D’INTERET GENERAL (S.S.I.G.)

L'Union européenne, dans ses traités, ne mentionne explicitement le SP que dans le cadre des transports (art 73 CE).
Les services d’intérêt général étaient présents dans le Traité instituant la Communauté européenne (art.. 106 § 2 du
traité sur le fonctionnement de l'Union européenne - TFUE -).
La Commission a toutefois reconnu que les services d'intérêt général « sont au cœur du modèle européen de société
» (communication du 26 septembre 1996). Le Traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er janvier 2010, renforce la
place des services d’intérêt général. La législation et la jurisprudence européennes utilisent habituellement des
concepts jugés plus précis et indépendants du pays.
Les « services d'intérêt général » (SIG).

Il s’agit de prestations servies aux administrés par les pouvoirs publics, soit directement, soit par délégation à
des tiers. Peuvent être définis comme les services, tant économiques que non économiques, que les autorités
publiques classent comme étant d'intérêt général et soumettent à des obligations spécifiques de service
public.

1a. Les « services d'intérêt économique général » (SIEG), sous-catégorie des SIG qui relèvent du secteur
marchand à la différence de ceux non économique.
Au niveau national, ce sont traditionnellement les grandes activités exercées en réseau comme le service
postal, la fourniture d'électricité et de gaz ou le secteur des transports ferroviaires.

Sur le plan local, il peut également s'agir de la gestion des services des eaux, des transports municipaux, des
déchets ou encore l'installation de remontées mécaniques.

1b. Les « services non économiques d’intérêt général » (SNEIG) qui sont également une sous-catégorie des SIG.

Ces services, qui comprennent par exemple les prérogatives étatiques traditionnelles, telles que la police, la
justice et les régimes légaux de sécurité sociale, ne sont soumis ni à une législation communautaire spécifique,
ni aux règles du traité relatives au marché intérieur et à la concurrence.

Néanmoins, comme l'indique la Commission européenne, le caractère économique d'une activité est pour le
moins délicat à déterminer avec certitude. Chaque situation doit faire l'objet d'une analyse spécifique en
fonction des éléments donnés par la Cour de justice de l'Union.

2. Les « services sociaux d’intérêt général » (SSIG).

Il n’y a pas de définition communautaire, mais il ne s’agit pas d’une nouvelle catégorie de SIG. Pour autant le droit
applicable à ces services est identique à celui des SIG càd déterminer la nature économique ou non de l’activité.

La Commission européenne en distingue deux grandes sphères :


 les régimes légaux et complémentaires de protection sociale couvrant les risques de maladie,
vieillesse, chômage, retraite, handicap et accident du travail ;
 les services essentiels prestés directement à la personne.

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SERVICES PUBLICS RENDUS OBLIGATOIRES PAR LA LOI :

Pour la commune :

 de désinfection, d'hygiène et de santé (CGCT, art. L 2321-2, 12°) ; > des pompes funèbres (CGCT, art.
L. 2223-19) ; > de la gestion et l'entretien des cimetières (CGCT, art. L. 2213-8 et s. L. 2223-1 et L.
2223-3) ;
 d'élimination des déchets des ménages et autres déchets (CGCT, art. L. 2224-13), de la lutte contre
l'incendie si celui-ci n'est pas organisé au niveau intercommunal ou départemental (CGCT, art. L.
2321-2, 7°) ;
 de la gestion et de l'entretien des voies communales (CGCT, art. L. 2321-2, 20°) ;
 des archives communales (C. patr. art. L. 212-14) ; > de l'instruction et de la délivrance des permis de
construire dans les communes où un plan local d'urbanisme a été approuvé (C. urb. art. L. 421-2-1).

Les communes doivent en outre organiser le service public national de l'état civil.

Pour le Département :

 de voirie départementale (CGCT, art. L. 3321-1, 16°) ; > de programmes d'aide à l'équipement rural
(CGCT, art. L. 3232-1) ; > de construction et fonctionnement des collèges (C. éduc. art. L. 213-1 et s. –
CGCT, art. L. 3321-1, 7°) ;
 de transports scolaires (CGCT, art. L. 3551-27) ; > de transports non urbains de personnes, d'entretien
de ports de commerce et de pêche non pris en charge par l'État (CGCT, art. L. 3321-1, 15°) ;
 d'actions sociales, de santé et d'insertion (C. action soc. et fam. art. L. 121-1. – CGCT, art. L. 3321-1,
10°) ;
 de bibliothèques (C. patr. art. L. 320-2) ; > d'archives départementales (C. patr. art. L. 212-8) ; > et de
lutte contre l'incendie (CGCT, art. L. 1424-1 et s.).

Pour la région :

 au développement économique et social (CGCT, art. L. 1511-1 et L. 4211-1) ; > à la planification


(CGCT, art. L. 4221-3) ; > à la formation professionnelle et l'apprentissage (C. éduc. art. L. 214-12) ; >
à la création et au fonctionnement des lycées et des établissements d'éducation spécialisée (C. éduc.
art. L. 214-1 et s.) ;
 à l'inventaire général du patrimoine culturel (L. n° 2004-809, 13 août 2004,
2) LA GESTION DES SERVICES PUBLICS

GESTION DIRECTE GESTION INDIRECTE OU DELEGUEE

Personne Publique Personne Publique

Etablt Public Personne privée


ou PP

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SP SP

A) La gestion du SP par une personne publique

Il existe deux formes essentielles de gestion du service public par une personne publique.
Le service public peut être géré
 directement par la personne titulaire de la compétence (c’est la régie) ou
 par une personnalité juridique autonome (c’est l’établissement public).

1.1 La gestion en régie

Un SP est géré en régie lorsque la collectivité le gère elle-même avec ses propres moyens financiers et en
matériel, avec ses propres agents. La régie n’a donc normalement aucune personnalité juridique.

a) la régie simple
La régie directe correspond à l’hypothèse où la collectivité gère directement le service en prélevant sur
son budget les moyens financiers, et en utilisant ses propres moyens en matériel et en personnel. Toutes
les dépenses engagées sont imputables au budget de la collectivité.
Cette forme de régie est le mode normal de gestion des SPA.

b) La régie autonome
Une régie est dite autonome lorsqu’elle bénéficie d’une certaine autonomie financière sans pour autant
disposer de la personnalité morale. L’avantage d’une telle formule est de doter certains services d’un
budget autonome. Il est ainsi plus facile de respecter l’exigence d’équilibre financier imposée au SPIC.

Avec ce type de structure, on est très proche du statut d’établissement public.

1.2 La gestion par un établissement public

L’E.P. est une personne morale de droit public créée soit par l’État soit par une collectivité territoriale.
Le recours à l’établissement public peut être nécessaire pour la gestion d’une SPA (centre communal d’action social,
caisse de crédit municipal, office public d’HLM, hôpital…) ou la gestion d’un SPIC (transport, eau, assainissement…).
A la différence de la régie, l’établissement public est doté de la personnalité morale.
Toutefois, il reste rattaché à la collectivité qui l’a créé. L’établissement public se distingue néanmoins de la
collectivité territoriale ou de l’État.
En effet, l’activité d’un établissement public est guidée par le principe de spécialité.
A l’inverse des collectivités territoriales qui bénéficient d’une compétence générale, l’établissement public est
doté d’une compétence d’attribution.
Il découle de cette règle que l’établissement public ne peut aller au-delà de sa compétence et exercer des
attributions qui ne lui ont pas été expressément attribuées.
Selon l’activité exercée, l’E.P. sera administratif (EPA) ou industriel et commercial (EPIC).

B) La gestion du SP par une personne privée

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La collectivité publique compétente pour exercer une activité de S.P. peut décider, pour des raisons de
souplesse ou d’efficacité, de confier la gestion de ce service public à une personne privée.

Dès le début du XIXème siècle ce mode de gestion du service public est devenu courant pour la gestion des
grands services publics (chemin de fer, distribution d’eau ou de gaz).
Il existe deux formes de gestion déléguée.
- La première consiste à confier par la loi la gestion d’un service public. On parlera alors de délégation
unilatérale.
- Le second procédé consiste à confier la gestion du service public à une personne privée dans le cadre d’un
contrat. On parlera alors de délégation contractuelle.

2.1 La délégation unilatérale de S.P.

C’est à partir de l’entre-deux-guerres, que la jurisprudence a admis que le législateur pouvait recourir aux personnes
privées pour assurer un S.P. : CE 13 mai 1938, « Caisse primaire « aide et protection »
La motivation de ce type d’habilitation est de confier la gestion d’une activité d’intérêt public aux
représentants de la catégorie de personnes concernée par cette activité. Ainsi, ce mode de gestion s’est
développé au profit des syndicats professionnels (CE, 13 janvier 1961, « Magnier »), au profit de certaines
associations (associations communales de chasse, fédérations sportives), au profit des ordres professionnels
(ordre des avocats, des médecins…).

2.2 La délégation contractuelle de S.P.

La délégation contractuelle suppose la conclusion d’un contrat entre l’autorité délégante et le délégataire. Un tel
contrat est nécessairement administratif, car il confie l’exécution même d’une mission de service public à la
personne privée qui contracte avec la personne publique.
Il existe plusieurs types de contrat permettant de confier la gestion d’un SP à une personne privée.
Il est cependant nécessaire de préciser la notion de délégation contractuelle.

a) La notion de délégation contractuelle


La délégation de service public fait désormais l’objet d’une définition légale à laquelle il convient de se référer.
Reprenant à son compte les critères de la jurisprudence (CE, 15 avril 1996, « Préfet des Bouches-du-Rhône c/
Commune de Lambesc »), la loi du 11 décembre 2001 avait défini la délégation de service public. Désormais,
l’article L.1411-1 CGCT dispose qu’ « une délégation de S.P est un contrat par lequel une personne morale de
droit public confie la gestion d’un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire public ou privé,
dont la rémunération est substantiellement liée aux résultats de l’exploitation du service.
Le délégataire peut être chargé de construire des ouvrages ou d’acquérir des biens nécessaires au service ».

La délégation contractuelle présente ainsi six caractères : 


 La délégation est un contrat
 La délégation est passée par une personne morale de droit public
 La délégation est un contrat de droit public
 Le contrat a pour objet de confier la gestion de service public à un tiers qui doit assumer le risque de
gestion
 La nature du service délégué est indifférente, il peut s’agir d’un SPA ou d’un SPIC
 La rémunération du cocontractant est principalement assurée par l’usager.

Depuis longtemps, le juge fait reposer la distinction entre délégation de service public et marché public sur le
critère de la rémunération.

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 Si le titulaire est rémunéré par un prix payé par la personne publique, c’est un marché public.
 Si la rémunération est substantiellement liées aux résultats de l’exploitation, c’est une DSP (délégation
de service public) (CE, 15 avril 1996, « préfet des Bouches-du-Rhône c/ commune de Lambesc »).
Le terme « substantiel » n’exclut pas la possibilité que l’exploitant bénéficie d’autres sources de revenus tels
que des subventions.

b) Les principales formes de délégation

 La concession

La technique la plus courante en matière de délégation contractuelle.

Il s’agit d’un contrat par lequel une personne publique (le concédant) confie, sous son contrôle, à une
personne, en principe privée (le concessionnaire) la gestion d’un service public.
Comme dans l’affermage, le concessionnaire exerce l’activité à ses risques et périls.
Cependant, la concession se distingue de l’affermage car c’est au concessionnaire qu’il appartient de
construire l’ouvrage ou les équipements nécessaires.
A la fin de la concession le concessionnaire remet gratuitement, à la personne publique concédant, les
ouvrages et équipements nécessaires au bon fonctionnement du service.
Le concessionnaire a la charge de faire fonctionner l’ouvrage. Il le gère « à ses risques et périls ». Il se
rémunère sur l’usager en contrepartie du service fourni. Il bénéficie également d’un droit à l’équilibre financier
du contrat. Le concédant doit indemniser le concessionnaire des charges qui lui sont imposée en cours
d’exécution au nom de la continuité du service public, ou de l’adaptabilité.
L’administration reste libre du choix de son cocontractant. Toutefois, comme pour les marchés publics, elle est
liée à des obligations de transparence et de publicité imposée par la loi (loi du 29 janvier 1993).
La concession prend fin normalement lorsque la durée prévue au contrat est arrivée à son terme. La durée de
la concession est en principe équivalente à la durée d’amortissement du bien.
Cependant, la concession peut prendre fin de façon anticipée. En application de la théorie générale des
contrats administratifs, la concession peut être résiliée unilatéralement par l’autorité concédante si l’intérêt
général le justifie, alors même que le concessionnaire n’a pas commis de faute. Dans ce cas le concessionnaire
qui a droit à l’équilibre financier sera indemnisé par l’administration.
La concession prend également fin en cas de faute du concessionnaire. Il s’agit dans ce cas d’une sanction
prononcée par le juge. La sanction prononcée contre le concessionnaire défaillant peut aller jusqu’à la mise en
régie dans les cas les plus grave.

 L’affermage

L’affermage est un contrat par lequel une personne publique décide de confier à une personne privée la
gestion d’un service public.

Le fermier se rémunère directement sur l’usager du S.P. en contrepartie de la prestation fournie, mais doit
verser une « surtaxe » à la collectivité publique correspondant au droit de gérer le service public et à la
jouissance des installations. Dans cette formule, c’est la collectivité publique qui remet au fermier les
équipements et installations nécessaires au fonctionnement du service.

Le fermier exploite à ses risques et périls le service et les équipements, mais à la différence de la concession le
fermier ne supporte pas les charges liées à l’établissement du service public, c’est à dire les investissements
initiaux. C’est ce que l’on appelle les frais de premier établissement.

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 La régie intéressée

La régie intéressée est un contrat par lequel une personne privée (le régisseur) fait fonctionner, à la demande
d’une personne publique, un service public en percevant une rémunération de cette personne publique mais
qui, à la différence de celle du fermier n’est pas fonction des résultats financiers de la gestion.

La rémunération du régisseur est forfaitaire ce qui n’exclut toutefois pas que celle-ci soit variable en fonction
des résultats de l’exploitation de l’activité. Le régisseur n’assume pas le risque lié à l’exploitation du service
dans les mêmes proportions que le concessionnaire ou le fermier.

 Les contrats de partenariat (partenariats public-privé)

Le contrat de partenariat permet à une collectivité publique de confier à une entreprise la mission globale de
financer, concevoir tout ou partie, construire, maintenir et gérer des ouvrages ou des équipements publics et
services concourant aux missions de service public de l’administration, dans un cadre de longue durée et
contre un paiement effectué par la personne publique et étalé dans le temps.

Il a pour but d’optimiser les performances respectives des secteurs public et privé pour réaliser dans les
meilleurs délais et conditions les projets qui présentent un caractère d’urgence ou de complexité pour la
collectivité : hôpitaux, écoles, systèmes informatiques, infrastructures.

Les avantages de cette forme nouvelle de contrats sont multiples :

- l’accélération, par le préfinancement, de la réalisation des projets ;


- une innovation qui bénéficie à la collectivité par le dynamisme et la créativité du privé ;
- une approche en coût global ;
- une garantie de performance dans le temps ;
- une répartition du risque optimale entre secteur public et privé, chacun supportant les risques qu’il
maîtrise le mieux.

À ce titre, le contrat de partenariat vient compléter la panoplie des outils de la commande publique en France.

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Chapitre 2  : LA PRESERVATION DE L’OP : LA POLICE ADMINISTRATIVE

La police administrative est un exercice difficile car il s’agit d’assurer la protection de l’ordre public tout
en respectant la liberté publique.

ORDRE PUBLIC LIBERTE PUBLIQUE


C’est l’exception c’est la règle

Section 1 : LE CHAMP D’ACTION DE LA POLICE ADMINISTRATIVE

1) DISTINCTION ENTRE POLICE ADMINISTRATIVE ET POLICE JUDICIAIRE

Les critères de distinction résultent de 2 arrêts :

C.E., 11 mai 1951, arrêt BAUD


Tribunal des conflits, 16 juin 1951, arrêt NOUELEK

On va distinguer selon l’intention en vue de laquelle l’opération de police a été entreprise :


- La police admin a plutôt une fonction de prévention des atteintes à l’ordre public.
- La police judiciaire a plutôt une fonction répressive des atteintes à l’ordre public.

En réalité la PJ a 3 missions :
 Constater les infractions à la loi pénale
 En rassembler les preuves
 Rechercher et arrêter les auteurs

Quand il faut savoir si telle mesure de police est administrative ou judiciaire, il faut se poser la question de
savoir si je suis dans la prévention ou au contraire dans de la constatation d’infraction, dans la recherche de
preuves ou la recherche des auteurs.

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2) LE CHAMP D’ACTION DE LA POLICE ADMIN CIRCONSCRIT PAR LA NOTION D’ORDRE PUBLIC

Qu’est-ce que l’ordre public ?


L’ordre public est visé par l’article L 2212-1 du CGCT (code général des collectivités territoriales) qui définit la
trilogie classique de l’O P :

 La sécurité publique (mesure de police visant à protéger les usagers d’éventuels accidents de la route,
les immeubles menaçant ruine)
 La tranquillité publique (tapage nocturne, couvre-feu)
 La salubrité publique (prévention des épidémies, salubrité de l’eau et des denrées alimentaires,..)
Arrêt C.A.A. de Nantes du 31 juillet 2001, sté L’OTHALA PRODUCTION même en l’absence d’un texte, la CAA a
jugé légale l’intervention d’un maire qui voulait règlementer une rave party dans une optique de protection
sanitaire.

Une 4ème composante fait son apparition plus tard :


 La moralité publique
La moralité publique fait partie de l’OP sous 2 conditions :
 Présenter un caractère immoral CE 18 nov 1959 : sté des films LUTETIA Concrètement, le litige
concerne le film Le feu dans la peau. Celui-ci a obtenu le visa d’exploitation nécessaire à sa projection sur
le territoire français de la part du ministre de l’intérieur. Pourtant, le maire de Nice prend un arrêté
interdisant la projection dudit film sur le territoire de sa commune au motif que celui-ci présente un
caractère immoral et qu’il existe dans la commune des circonstances locales justifiant une interdiction. Les
producteurs saisissent, alors, le Tribunal administratif de Nice qui, le 11 Juillet 1955, rejette leur requête.
Contestant ce jugement, ils saisissent, en appel, le Conseil d’Etat. Mais, ce dernier, par un arrêt de
section du 18 Décembre 1959, confirme le jugement de premier ressort.
(le CE autorise les maires à interdire un film au vue du caractère immoral de ce film)
 Il faut des circonstances locales qui justifient l’édiction d’1 mesure de police
C.E. 8 décembre 1997, commune d’Arcueil sur les messageries roses (affichage de pub sur les
messageries roses)
Une 5ème est née
 Respect de la dignité de la personne humaine
CE du 27 octobre 1995, commune de Morsang/Orge, affaire «  du lancer de nains »

Cet arrêt s’inscrit dans la lignée d’une décision du conseil constitutionnel du 27 juillet 1994, avec les lois sur la
bioéthique où le conseil constitutionnel reconnait que le respect de la dignité de la personne humaine a valeur
constitutionnelle.
Le respect de la dignité de la personne humaine s’étend aussi aux morts (dépouille de soldat, profanation de
cimetière,..), mais pas au devoir de mémoire.
Arrêt MILHAUD, CE, 2 juillet 1993
Dans ce respect de la dignité de la personne humaine, il n’y a pas le critère de circonstances locales (à la
différence de la moralité publique)
Une 6ème composante est :
 La protection des mineurs
Il faudra des circonstances locales particulières
Arrêt du CE, 27 juillet 2001, ville d’Etampes (couvre-feu / mineurs de – de 13ans)

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Section 2 : LES AUTORITES DETENTRICES DU POUVOIR DE POLICE ADMIN.

1) LES AUTORITES DE POLICE GENERALE

La police administrative générale, c’est tout d’abord une police administrative,


et elle doit veiller à la protection de l’ensemble des composantes de l’ordre public.

La 1ère autorité de police qui a été reconnue l’a été par CE 8 Aout 1919, arrêt LABONNE (il appartient au chef
de l’état, en dehors de toute délégation législative, et en vertu de ses pouvoirs propres de déterminer celles
des mesures de police qui doivent être appliquées sur le territoire).c’était sous la 3ème République.
Sous la 4ème, c’était le président du conseil, qui est donc chef du gouvernement et titulaire du pouvoir de
police.
Sous la 5ème (depuis le 04/10/1958), c’est le 1er Ministre qui est chef du gouvernement et titulaire du pouvoir
de police.

Les ministres n’ont pas de pouvoir règlementaire propre sauf dans un domaine qui est l’organisation du
service (pour règlementer leurs propres services).

Arrêt CE 7 février 1936, JAMART. Par l'arrêt Jamart, le Conseil d'État consacre l'existence d'un pouvoir
réglementaire permettant aux ministres de prendre les mesures nécessaires à l'organisation de leurs services.

On vient de nommer les représentants de la police administrative au niveau national.


Au niveau départemental, c’est le préfet.il est le représentant de l’état au niveau du département, mais il a
aussi des pouvoirs au niveau communal car il peut prendre toutes les mesures nécessaires au maintien de la
tranquillité publique dans les communes à police d’état.
L’autre autorité compétente au niveau départemental est le président du conseil général. Il est compétent
pour prendre les mesures applicables à la circulation sur les routes du département hors agglomération.
Au niveau communal, le maire est compétent pour la circulation à l’intérieur de l’agglomération.
En cas de défaillance des autorités locales, le préfet possède un pouvoir de substitution.

2) LES AUTORITES DE POLICE SPECIALE

La police spéciale par rapport à la générale aura une compétence dans un domaine déterminé.
La PAS se distingue de la PAG, en raison de la particularité de l’objet qu’elle doit sauvegarder (ex :
police des étrangers, police de la pêche, police des gares,…)

3) LES CONCOURS DE POLICE

A) les concours entre PAG


Un arrêt fixe tout le régime :
CE 18 avril 1902, commune de Neris les bains. Il s'agissait d'un maire ayant interdit tous les jeux d'argent et de
hasard dans sa commune, alors que le préfet ne les avaient que soumis à autorisation. Les juges ont statué que
l'intervention d'une autorité supérieure ne prive jamais une autorité inférieure du droit de statuer sur le même objet, mais
l'autorité inférieure ne peut prendre que des mesures plus rigoureuses, imposées par les circonstances locales.
L’autorité de police inférieure (maire/préfet) peut intervenir sur le même objet à 2 conditions :
 L’autorité inférieure ne peut qu’aggraver la mesure de police
 Des circonstances locales doivent justifier l’aggravation de la mesure de police.

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B) Concours entre PAS et PAG


Ce type de concours ne doit pas être interdit par les textes qui instituent la PAS.
La PAG peut intervenir dans une matière relevant d’une PAS uniquement dans le sens de l’aggravation et si les
circonstances locales le justifient.
Ex : dans l’affaire LUTETIA, le ministre chargé de l’information délivre un visa d’exploitation (PAS), mais son
intervention n’empêche pas le maire (PAG), d’intervenir également pour réglementer la projection du film en
cause sur le territoire de sa commune.

Section 3 : L’EXERCICE DU POUVOIR DE POLICE

1) LES MESURES DE POLICE


La liberté publique est la règle, la mesure de police l’exception.
On a soit une mesure restrictive, soit une mesure qui interdit. Le juge contrôle la qualification juridique des
faits

2) LES LIMITES

CE 19 mai 1933, arrêt BENJAMIN


A Nevers, le sieur Benjamin devait tenir une conférence qui était polémique (défavorable à l’école
laïque). Le maire craignant des débordements, interdit la tenue de la conférence et Benjamin attaque
cette décision.
Le CE analyse les moyens qu’a la mairie de Nevers et annule la décision du maire.
Par la jurisprudence issue de l’arrêt Benjamin, le Conseil d’État a affirmé son rôle de gardien des
libertés publiques et individuelles face aux éventuelles atteintes susceptibles de leur être portées à
l’occasion de l’exercice du pouvoir de police administrative.

Depuis l’arrêt Benjamin, sont prohibées les interdictions générales et absolues . >> le maire aurait pu
prendre une mesure de police (gendarmes, barrières) pour éviter les débordements possibles suite à cette
conférence

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2 ème PARTIE : LE CONTROLE DE L’ADMINISTRATION

CH 1 : LES SOURCES DE LA LEGALITE : INSTRUMENT DU CONTROLE DE L’ADMINISTRATION

Section 1 : LES SOURCES CONSTITUTIONNELLES

Le principe de légalité, c’est l’obligation constitutionnelle qui est faite à l’administration de respecter le droit,
tout le droit, rien que le droit

1) LE BLOC DE CONSTITUTIONNALITE
 La constitution de 1958
 Le préambule de la constitution de 1946 contenant entre autres les « PPNT » (principes
particulièrement nécessaires à notre temps).
 La DDHC du 26 aout 1789
 La charte de l’environnement de 2004
 Les « PFRLR » qui sont les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, sous 3
conditions :
 Le principe doit être issu d’un texte législatif antérieur à la constitution de 1946
 Il doit avoir été pris par un régime républicain
 Il doit avoir été appliqué sans discontinuité depuis le texte qui l’a institué (liberté
d’association, de conscience, indépendance du juge administratif, droit de la défense,
existence d’une justice pénale pour les mineurs,…)

2) LE RESPECT DE LA CONSTITUTION PAR LES AUTORITES ADMINISTRATIVES

A) Application de la constitution en droit administratif

L’appréciation de la constitutionnalité d’une loi relève du monopole du C.C.


En revanche, le conseil constitutionnel n’a pas le monopole de l’application et de l’interprétation de la
constitution.
Au quotidien, ce sont les juridictions de droit commun, l’administration également, qui sont chargées
d’appliquer, d’interpréter la constitution.

C.E., 11 juillet 1956, arrêt AMICALE DES ANNAMITES DE PARIS


Une association de vietnamiens s’est vue interdite par le ministre de l’intérieur.
Le CE, considérant que la liberté d’association a été bafouée, a annulé pour excès de pouvoir la décision du
ministre.
Les actes administratifs doivent être conformes à la constitution.

Le C.E. a le pouvoir d’interpréter la constitution et de l’appliquer, mais il refuse de contrôler la


constitutionnalité des lois (qui relève du monopole du CC)).
Arrêt du C.E. 11 mai 1998, L'Arrêt ALDIGE, sur l'égalité hommes/femmes, à renfort de contrôle de
constitutionnalité d'un décret qui débouchera sur l'annulation d'un décret instituant un quota sur le nombre
de femmes maximum dans un poste dans l'armée.

Lorsque le juge refuse d’opérer ce contrôle, on parle de la théorie de la loi écran.

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La loi écran : c’est une loi qui fait écran et qui empêche le juge administratif de contrôler l’acte administratif
directement par rapport à la constitution.
Arrêt C.E. de section 6 novembre 1936, arrêt ARRIGHI, par lequel le CE va développer la théorie de la loi écran,
qu’il refuse de contrôler la constitutionalité d’une loi.

On trouve 3 aménagements au principe du refus de contrôle de constitutionalité d’une loi :


 Le juge accepte de constater l’abrogation, même implicite, d’une loi par la constitution.
Arrêt C.E. 16 novembre 2005, du SYNDICAT NATIONAL DES HUISSIERS DE JUSTICE.
 La théorie de l’écran transparent : dans le cas où la loi n’encadre pas l’autorité administrative par une
norme de fond, alors le contrôle par le juge devient possible. Cela résulte d’un arrêt C.E. 17 mai 1991,
arrêt QUINTIN : Le Conseil d’Etat peut contrôler la constitutionnalité d’un acte administratif si il est
pris en application d’une loi à portée générale.
 La QPC (question prioritaire de constitutionnalité) est arrivée en 2008. >> contrôle de la
constitutionnalité d’une loi
Elle est prévue à l’article 61-1 de la constitution et nécessite le respect de certains points :
 A l’occasion d’un litige en cours et présenté dans un mémoire motivé distinct
 La loi doit être applicable au procès en cours
 La loi ne doit pas avoir été déclarée conforme à la constitution
 La requête doit présenter un caractère sérieux

B) le contrôle de constitutionalité de actes administratifs

En cas de contrôle direct, également appelé contrôle par voie d’action, le juge contrôle directement la
conformité de l’acte administratif à la constitution (arrêt des annamites de Paris).
En cas de contrôle indirect, par voie d’exception, lors d’un procès, le requérant excipe de l’inconstitutionnalité
de la loi avec la loi écran (arrêt Arrighi) ou l’écran transparent (arrêt Quintin).

Section 2 : LES SOURCES LEGISLATIVES ET REGLEMENTAIRES

Le domaine de la loi est fixé par l’article 34 de la constitution, notamment en matière de :
 Droit civique et garantie fondamentale
 Nationalité, état et capacité des personnes
 Détermination des crimes et délits et des peines applicables
 Nationalisation et privatisation
 L’enseignement
 La préservation de l’environnement
 Le droit du travail
 Le droit syndical
 La sécurité sociale
 La création de catégories d’établissements publics

Le domaine du règlement est fixé par l’article 37 de la constitution.


Tout ce qui n’est pas du domaine de la loi relève du domaine du règlement.

 La loi est directement applicable.

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

 Le juge applique la loi mais uniquement si elle présente un caractère normatif car le juge refusera
d’appliquer des lois purement déclaratives.
 La loi doit être entrée en vigueur.

Les décrets d’application de la loi sont facultatifs mais cela n’interdit pas le pouvoir réglementaire d’adopter
des décrets d’application.
Cela résulte d’un arrêt de la C.E. du 12 décembre 2003, ARRET DESCOMMISSIRES ET DE LES HAUTS
FONCTIONNAIRES DE LA POLICE NATIONALE

Section 3 : LA JURISPRUDENCE


Le droit administratif a été construit de manière jurisprudentielle.
Les PGD (principes généraux du droit) sont des principes non écrits qui s’imposent à l’administration et ces
principes sont dégagés ou découverts par le Conseil d’Etat, donc le Conseil d’Etat ne les crée pas, il les
découvre à l’occasion d’une instance.

On trouve 3 générations de PGD :

 Les PGD qui fixent des droits fondamentaux


C.E. 5 mai 1944, DAME TROMPIER GRAVIER
Arrêt d’assemblée C.E. 26 octobre 1945, ARAMU (= droit de la défense)
Arrêt d’assemblée C.E. 17 février 1950, dame LAMOTE, par cet arrêt le CE ouvre la voie du REP, même
si ce recours n’est prévu par aucun texte
C.E. 8 mars 1951, STE DES CONCERTS DU CONSERVATOIRE sur le Principe d’égalité sur l’accès au
service public
C.E. 25 juin 1948, JOURNAL L’AURORE, qui pose le principe de non rétroactivité des actes
administratives.

 Les PGD qui précisent les conditions de l’action administrative


Arrêt d’assemblée C.E. 8 juin 1973, Dame PEYNET, relatif à l’interdiction du licenciement d’une
fonctionnaire en état de grossesse.

 Les PGD dont l’objectif est d’améliorer qualitativement l’ordre juridique.


Arrêt d’assemblée du C.E. 8 décembre 1978, GISTI, qui pose le principe du droit à mener une vie
familiale normale.
Arrêt d’assemblée du C.E. 4 mars 2006, STE KPMG, qui posele principe de sécurité juridique
Arrêt du C.E. de 1923, CUITEAS, qui pose le principe de l’égalité devant les charges publiques.
Arrêt d’assemblée du C.E. 3 juillet 1996, MOUSSA-KONE, où le CE dégage un PFRLR (principes
fondamentaux reconnus par les lois de la République) interdisant l’extradition pour motif politique.

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

Section 4 : LES TRAITES INTERNATIONAUX

A) l’invocabilité du droit international

C’est le fait d’invoquer à son profit des stipulations du droit international pour tenter de faire échec à une
mesure administrative de niveau national.
Il faut rappeler que la loi dispose et que le contrat stipule.
L’article 55 dispose que les traités régulièrement ratifiés ont sous réserve de réciprocité une valeur
supérieure aux lois.
Quand un traité est signé entre deux états, il doit d’abord être ratifié par le parlement.
Pour qu’il soit applicable, il doit être appliqué par les deux états signataires, sinon il ne peut plus être
considéré comme ayant une valeur supérieure aux lois françaises.
Cette supériorité ne vaut que pour les traités, ce qui exclut la coutume internationale :
C.E., ass 6 juin 1997, AQUARONE. Les règles coutumières du droit international public sont applicables en droit
interne mais ne prévalent pas sur la loi en cas de conflit entre ces deux normes.

Pour savoir si on applique un traité ou pas, tout administré peut saisir le juge administratif qui va vérifier plusieurs
choses et qui va surtout vérifier que le traité a bien été adopté suivant la procédure prévue.
Le non-respect de la procédure rend inopposable le traité.
A l’appui d’un recours tendant à l’annulation d’une décision individuelle ou réglementaire, le requérant ne
peut invoquer une norme internationale à son profit, qu’à la condition que cette norme ait un effet direct.
En cas de difficulté d’interprétation du droit de l’UE, le juge administratif doit poser une question préjudicielle
à la CJUE (cour de justice de l’union européenne), article 267 du traité fondateur de l’UE. C’est un recours en
interprétation.
Le Conseil d’Etat a créé une théorie qui est la théorie de l’acte clair, afin de limiter ces recours en interprétation, et
on peut citer l’arrêt C.E., ass, 19 juin 1964, STE DES PETROLES SHELL-BERRE ET AUTRES.

Comment le juge applique le droit international ?


Il vérifie que l’acte administratif qui lui est déféré est conforme à la convention internationale.
Attention à ne pas confondre le contrôle de constitutionnalité avec le contrôle de conventionalité.
 Conseil Constitutionnel 15 janvier 1975, arrêt IVG. Cette décision du CC marque la différence entre le
contrôle de constitutionnalité qu’il exerce directement et le contrôle de conventionalité qu’il renvoie
aux juridictions ordinaires.
Les juridictions ordinaires ont emboité le pas par deux arrêts :
 Cour de cassation, 23 mai 1975, arrêt STE DES CAFES JACQUES VABRE
 C.E., assemblée, 20 octobre 1989, arrêt NICOLO

Pour qu’une norme internationale ait un effet direct il faut deux conditions cumulatives :
 Les stipulations conventionnelles doivent créer des droits et/ou des obligations au profit et à la charge
des sujets de droit interne.
 Les stipulations en cause doivent être précises pour être appliquées directement (elles ne doivent
appeler aucun acte d’exécution pour pouvoir s’appliquer).

Rappel :

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

Le contrôle de constitutionalité consiste à vérifier qu’une norme est conforme à la constitution.


Le contrôle de conventionalité consiste à vérifier qu’une norme est conforme à un traité, une convention
internationale.

B) la condition de réciprocité
Pendant très longtemps, le CE a refusé de contrôler la condition de réciprocité, en raison de la dimension
politique qu’implique une telle interprétation.
Le CE posait une question préjudicielle au Ministre des Affaires Etrangères, puis il y a eu un revirement, C.E. 9
juillet 2010, arrêt CHERIET-BENSEGHIR, arrêt par lequel le CE accepte désormais d’interpréter le traité
international invoqué, ainsi que les conditions de son application, notamment l’application réciproque .

C) la place des traités dans la hiérarchie des normes


1) Les traités internationaux et la constitution
Les traités ont une valeur infra constitutionnelle, mais si on souhaite ratifier un traité contraire à la
constitution, on modifie celle-ci pour permettre la ratification de ce traité.
2) Les traités face aux lois
Les traités ont une valeur supra législative, à condition qu’ils aient été régulièrement ratifiés.

Section 5 : LE DROIT DE L’Union Européenne

Le droit de l’UE prime également sur le droit national, aussi bien pour les traités originaires que pour ceux du
droit communautaire dérivé.
Le droit communautaire dérivé prend la forme de 2 types d’actes qui sont :
 Les règlements communautaires, adoptés par l’UE et qui sont d’application immédiate et obligatoire
dans toutes ses stipulations que celles –ci prévoient une obligation de moyens ou de résultats.
 Les directives européennes qui fixent un résultat à atteindre ou un objectif à atteindre en laissant aux
états membres les moyens qu’ils souhaitent mettre en œuvre pour y parvenir dans un délai déterminé.

A) le règlement communautaire
Il est d’application directe dans l’ordre interne.
Le CE assimile les règlements communautaires aux conventions internationales.

B) les directives communautaires


Elles fixent un objectif et laissent un délai de transposition.
La transposition est l’acte national ou interne, par lequel l’Etat français va rendre la directive applicable en
droit interne.
Les directives communautaires ont une valeur supérieure aux lois.
C.E., ass. 28 février 1992, SA ROTHMANS INTERNATIONAL.

A noter que lorsque l’état ne respecte pas une directive communautaire, soit qu’il ne l’a pas transposé dans le
délai imparti, soit qu’il l’a mal transposé, il est susceptible d’engager sa responsabilité.
C.E., ass., 28 février 1992, STE ARIZONA TOBACCO et STE PHILIP MORRIS, dans lequel l’état a été reconnu
responsable pour mauvaise transposition d’une directive communautaire.

L’hypothèse de départ est la suivante : on fait un REP, dont l’objectif est de demander l’annulation d’un AAI
(acte administratif individuel) en invoquant une directive communautaire. La JP de départ est un C.E., ass, 22
décembre 1978, COHN BENDIT.

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

Cet arrêt nous dit qu’à l’appui d’un REP, un justiciable ne peut pas invoquer directement une directive
européenne, dès lors que cette directive ne lie pas l’état par les moyens à mettre en œuvre pour atteindre cet
objectif, mais uniquement par cet objectif.
Mais il y a eu un revirement de JP, C.E., ass. 30 octobre 2009, Mme PERREUX : tout justiciable peut, à l’appui
d’un recours dirigé contre un acte non règlementaire, se prévaloir des dispositions précises et
inconditionnelles d’une directive lorsque l’état n’a pas pris dans les délais impartis par celle-ci les mesures de
transposition nécessaires.
L’obligation de transposer une directive n’est pas une obligation communautaire mais une obligation
constitutionnelle.
Le conseil constitutionnel contrôle la constitutionnalité de la loi de transposition et les juridictions
administratives vont contrôler la constitutionalité du décret de transposition.

Chapitre 2 : LES CONTRATS ADMINISTRATIFS

Section 1 : L’IDENTIFICATION DES CONTRATS ADMINISTRATIFS

Contrairement à l’AAU, qui permet à l’administration de prendre des mesures sans le consentement d’autrui,
le contrat suppose lui un accord de volonté.

1) LES CONTRATS ADMINISTRATIFS PAR DETERMINATION DE LA LOI


Les contrats
 Les contrats relatifs à l’exécution des travaux publics (loi du 28 pluviôse an 8)
 Les contrats comportant occupation du domaine public (places sur le marché, pour les vides
greniers)
 Les marchés passés en application du code des marchés publics : loi du 11 décembre 2001 portant
mesure urgente à caractère économique et financière (MURCEF).

2) LES CRITERES DE DEFINITION JURISPRUDENTIELS

A) les contrats conclus entre 2 personnes publiques

Tribunal des conflits, 21 mars 1983, arrêt UAP


Les contrats conclus entre deux personnes publiques bénéficient d’une présomption d’administrativité sans
qu’il soit nécessaire que d’autres critères soient remplis.
Il s’agit d’une présomption simple qui peut être renversée si le contrat ne fait naître entre les parties que des
rapports de droit privé (ex : contrat d’abonnement à l’électricité conclu entre les communes et EDF).

B) les contrats conclus entre une personne privée et une personne publique
La présence d’une personne publique au contrat est une condition nécessaire pour qu’il soit qualifié
d’administratif, mais il peut arriver que la personne publique délègue à un mandataire le soin de signer le
contrat.
Dans cette hypothèse, le contrat est matériellement signé par une autre personne, mais juridiquement, c’est la
personne publique qui est considérée comme partie au contrat.
C’est donc une signature au nom de la personne publique.

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

Ensuite des difficultés se sont posées à propos des contrats conclus par une personne publique qui devient par
suite de changement d’un statut une personne privée.
En la matière, on considère que les contrats postérieurs au changement de statut sont des contrats de droit
privé, tandis que les anciens contrats demeurent administratifs.
Arrêt du tribunal des conflits de 2006, CAISSE CENTRALE DE REASSURANCE.

1) les contrats administratifs en raison de leur objet


Sont administratifs les contrats dont l’objet est la participation à l’exécution même du service public ;
Arrêt CE, section, 1956, EPOUX BERTIN
Sont administratifs, notamment, les contrats conclus entre une personne publique gestionnaire d’un SPA et
ses usagers.
Sont également administratifs, les contrats d’engagement des personnels employés dans les SPA : arrêt
tribunal des conflits, 1996, BERKANI
Ex : occupation du domaine public, exécution des travaux publics, marchés passés en application du code des
marchés publics.

2) les contrats administratifs en raison des clauses


Le conseil d’état a érigé la clause exorbitante du droit commun au rang de critère d’identification du contrat
administratif.
Arrêt CE, 1912, STE DES GRANITS PORPHYROIDES DES VOSGES.

La clause exorbitante du droit commun peut se définir comme « la clause ayant pour objet de ceux qui sont
susceptibles d’être librement consentis par quiconque dans le cadre des lois civiles et commerciales ».
Cette définition est issue d’un arrêt CE, section, 1950, Sieur STEIN.
Une clause exorbitante est une clause que l'on ne trouve pas dans les contrats de droit privé parce qu’elle y
serait illégale.
Une seule clause exorbitante dans un contrat suffit pour que le contrat soit administratif.
La clause exorbitante établit un rapport d'inégalité entre les cocontractants car elle octroie à l'une des parties
des pouvoirs sans les donner à l’autre.
Ne présente pas un caractère exorbitant du droit commun, la clause qui institue des délais d’exécution ou des
pénalités de retard.
Les contrats conclus entre les SPIC et leurs usagers, restent des contrats de droit privé, même s’ils contiennent
des clauses exorbitantes du droit commun.
Lorsqu’un contrat se réfère à un cahier des charges, la seule référence au cahier des charges ne suffit pas à
établir l’existence d’une clause exorbitante du droit commun.
Pour établir l’existence d’une telle clause, il est nécessaire que le cahier des charges contienne lui-même une
clause exorbitante du droit commun :
Tribunal des conflits, 5 juillet 1979, arrêt UGAP.

3) les contrats administratifs en raison de leur régime juridique exorbitant


Ils occupent une place à part car, en général, le régime juridique est la conséquence de la qualification du
contrat.
Mais le régime juridique de certains contrats est prédéterminé :
Arrêt tribunal des conflits, 24 avril 1978, STE BOULANGERIE DE KOUROU (contrat passé avec le CNES pour se
ravitailler en pain en Guyane.

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

La jurisprudence, STE D’EXPLOITATION ELECTRIQUE DELA RIVIERE DU SANT, CE, sect, 19 janvier 1973, a été
abandonnée (tribunal des conflits, 13 décembre 2010, STE GREENYELLOW et AUTRES / EDF, EDF étant
devenue une société commerciale, mais la loi du 12 juillet 1970 soumet à nouveau ces contrats à un régime
exorbitant.
Un contrat accessoire d’un contrat administratif l’est aussi (T. Conf., 22 juin 1998, AGENT JUDICIAIRE DU
TRESOR / MIGLIERINA qui était un contrat de cautionnement d’un contrat administratif.

C) les contrats conclus entre deux personnes privées

Section 2 : L’EXECUTION DU CONTRAT ADMINISTRATIF

1) LES DROITS ET OBLIGATIONS ORDINAIRES DES PARTIES AU CONTRAT

A) les prérogatives de l’administration dans l’exécution du contrat

L’administration dispose de 4 pouvoirs :

a) un pouvoir de direction et de contrôle qui permet à l’administration d’effectuer des contrôles à tout
moment pour s’assurer de la bonne exécution du contrat. Dans les faits ce pouvoir se traduit
quand une défaillance est constatée, par l’édiction d’une note (ou ordre) de service à son co-
contractant.
Dans les contrats de DSP (délégation de SP), le contractant doit fournir chaque année un rapport
d’activités sur sa gestion financière et la qualité du service rendu.

b) un pouvoir de sanction qui s’exerce par le biais de décisions administratives unilatérales (si les notes de servic
n’ont pas suffi). Les sanctions sont,
sauf urgence ou clause contraire, prononcées après une mise en demeure restée infructueuse (LRAR). Elles
doivent être adaptées à la gravité de la situation :
- si la défaillance est mineure, l’autorité administrative prendra des sanctions pécuniaires, telles que des
pénalités de retard ou des dommages et intérêts.
- Si la défaillance du cocontractant atteint un degré supérieur de gravité, c’est-à-dire qui menace
l’exécution du contrat, l’administration aura recours à des sanctions coercitives, et elle pourra, soit se
substituer au partenaire défaillant, soit remplacer ce partenaire à ses frais et risques (pour l’entreprise
défaillante) par un tiers.
- Pour les défaillances les plus graves, l’administration peut prononcer une résiliation sanction du
contrat aux torts de son partenaire. Cette résiliation sanction est
notamment possible en cas d’interruption du service ou de chantier ou en cas de fonctionnement
défectueux du service.

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

c) un pouvoir de modification unilatérale pour nécessité de service


CE, 1983, STE DES TRANSPORTS PUBLICS URBAINS ET REGIONAUX
Arrêt initial : CE 11 mars 1910 : Cie des TRAMWAYS = reconnait le pouvoir de modification unilatéral,
même dans le silence du contrat
Ce pouvoir de modification n’est pas sans limites : les limites devant être effectuées par l’intérêt
général.
Si ces modifications entrainent un bouleversement du contrat, le cocontractant est en droit de
demander la résiliation du contrat ou d’exiger de l’administration la compensation intégrale du
préjudice que lui a causé la modification.

Les modifications ne doivent pas être si innovatoires que l’on pourrait penser qu’un nouveau
contrat aurait dû être conclu.
Enfin certaines clauses du contrat ne peuvent pas être modifiées unilatéralement par l’administration :
 les clauses financières
 l’objet du contrat
Si la modification apportée au contrat modifie les charges du co-contractant, celui-ci a le droit à la
compensation intégrale de son préjudice, l’administration étant tenue à l’équilibre financier du contrat.

d) un pouvoir de résiliation dans l’intérêt général


Hypothèse où l’intérêt du service impose cette résiliation :
CE, 2 mai 1958, DISTILLERIE DE MAGNAC LAVAL
Le cocontractant, dans la mesure où aucune faute ne lui a été reprochée, a le droit à l’indemnisation
de son préjudice.
Les clauses qui excluraient cette prérogative seraient nulles.

B) les droits et les obligations du cocontractant


L’obligation est celle d’exécuter le contrat.
Afin de ne pas compromettre la continuité du service public, le cocontractant doit exécuter le contrat même
lorsque l’administration méconnait ses propres obligations.
Mais le cocontractant peut céder, sans nouvelle mise en concurrence mais après autorisation de l’administration, le
contrat dont il est titulaire. Le cocontractant a droit au paiement intégral de sa prestation. En la matière, la règle
applicable n’est plus celle du paiement après service fait.
On fonctionne désormais par avances forfaitaires ou acomptes.
En matière de marchés de travaux, le juge administratif a développé, la théorie des sujétions (difficultés
imprévisibles). Selon cette théorie, l’entrepreneur doit être indemnisé lorsqu’il fait face à des difficultés
imprévisibles (instabilité des sols par exemple).
Le juge a également appliqué la théorie civiliste de l’enrichissement sans cause (par l’administration), dans le
cas où l’entrepreneur a spontanément effectué les dépenses utiles.
Enfin le juge administratif a développé une nouvelle théorie de l’équilibre financier du contrat. Concrètement,
lorsque l’administration remet en cause par une décision légale cet équilibre, elle doit compenser la charge
nouvelle par l’octroi d’une indemnité.
Pendant longtemps l’admin payait « après services faits », mais afin d’améliorer la trésorerie des ent. Il est
désormais possible de demander des avances ou un acompte

2) L’INFLUENCE DES FAITS EXTERIEURS DANS L’EXECUTION DU CONTRAT

A) la théorie de l’imprévision > se justifie par la nécessité d’assurer le S.P. dans sa continuité

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

Cette théorie correspond à un aléa économique.


Le cocontractant est confronté à un aléa économique qui l’empêche de faire face à ses obligations, tel que :
 un conflit armé
 des changements importants des conditions économiques
 une inflation soudaine et très importante
Dans cette hypothèse, l’administration se doit d’aider son cocontractant, notamment en vue d’assurer la
continuité du service public (paye 90/95% des charges supp. De son cocontractant). Dans un souci d’équité,
l’indemnité d’imprévision peut être demandée, même après l’expiration du contrat.
La théorie de l’imprévision a été validée par CE, 1996, CIE GENERALE D’ECLAIRAGE DE BORDEAUX
Pour que l’état d’imprévision soit reconnu, il faut 4 conditions :
 l’évènement en cause ne doit pas être prévisible par les parties au jour de la conclusion du contrat
 l’évènement doit être indépendant de la volonté des parties
 l’évènement doit avoir pour conséquence un véritable bouleversement de l’économie générale du contrat
qui va au-delà de l’aléa normal inhérent à tout contrat
 le bouleversement du contrat doit être temporaire, au motif que l’administration n’a pas à prendre en
charge aux frais du contribuable, les dépenses du cocontractant qui le place dans des difficultés
chroniques.
L’état d’imprévision ne libère pas le cocontractant de ses obligations.
Il est donc tenu de poursuivre l’exécution du contrat.

B) la force majeure administrative

Il faut un évènement extérieur aux parties, dont la survenance est imprévisible et dont les effets sont
irrésistibles.
En cas de force majeure, l’exécution du contrat devient impossible et le cocontractant ne peut pas voir sa
responsabilité engagée.
Il a même le droit, tant à une résiliation de son contrat qu’une indemnisation.

C) la théorie du fait du prince (PPP)

Elle constitue un aléa administratif.


Elle correspond à la situation dans laquelle l’autorité administrative contractante prend, non en tant que
partie au contrat, mais au titre de l’exercice de ses prérogatives extra contractuelles de puissance publique
(PPP), une mesure qui modifie indirectement le contrat, ce qui altère son exécution.
Le cocontractant a droit à l’indemnisation de son préjudice, à condition que la décision administrative altère
véritablement l’exécution du contrat. Une simple exécution rendue légèrement plus difficile, ne permettra pas
d’invoquer la théorie du fait du prince.

Chapitre 3 : LA RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE

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Section 1 : LES CONDITIONS PERMETTANT D’ENGAGER LA RESP. ADMINISTRATIVE

I) L’EXISTENCE D’UN PREJUDICE

L’engagement de la responsabilité de l’administration a pour objectif d’obtenir la réparation d’un préjudice


subi du fait de l’administration.
Il faut donc, pour engager la responsabilité de l’administration subir un certain préjudice qui doit revêtir
certaines caractéristiques, car tous les préjudices ne sont pas indemnisables.
Les caractères du préjudice indemnisable
Ce préjudice doit être ;
 réel et certain
Il ne peut pas être indemnisé un préjudice purement hypothétique, car le juge va bien devoir chiffrer
le préjudice, et au demeurant, on ne peut pas condamner l’administration à verser une somme au titre
d’un préjudice qui ne se réalisera peut être jamais.
Un préjudice hypothétique n’est pas un préjudice futur.
 Direct
Il doit exister un lien direct entre le dommage et le préjudice invoqué par la victime
 personnel
Pour un dommage corporel ou pour un dommage à un bien.
Le juge accepte d’indemniser un préjudice par ricochet, hypothèse par laquelle une personne subit un
préjudice à la suite d’un dommage causé à un tiers avec lequel il n’est pas dépourvu de tout lien.
Il n’est pas nécessaire qu’il y ait un lien juridique entre eux, mais il faudra démontrer que le dommage
subi par la victime principale a des conséquences directes et certaines pour les victimes par ricochet.

II) LE LIEN DE CAUSALITE

En matière de responsabilité pour faute, il doit y avoir un lien de causalité entre la faute commise par
l’administration et le préjudice subi par la victime.
En matière de responsabilité sans faute, le lien de causalité doit exister entre le fait générateur du dommage
et le préjudice subi.

Section 2 : LES DIFFERENTS REGIMES DE RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE

I) RESPONSABILITE POUR FAUTE


A) la faute de l’administration
L’administration doit réparer les conséquences dommageables des fautes qu’elle commet.
Cette faute commise par l’administration est communément appelée faute de service.
Cette faute de service peut se définir comme la faute commise par un agent public et qui n’est pas détachable
du service.
Elle présente donc un lien avec le service :
 soit parce qu’elle a été commise dans l’exercice des fonctions, c’est-à-dire pendant le service et avec
les moyens du service
 soit parce qu’elle a été commise hors du service mais sans pour autant être dépourvue de tout lien
avec le service
La faute de service peut résulter :
 soit d’un acte juridique (toute illégalité est fautive)

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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4

 soit du simple agissement d’un agent


Avant l’arrêt BLANCO, il n’y avait pas de responsabilité de l’administration et BLANCO a créé un régime de
responsabilité qui n’est ni générale, ni absolue.
Le conseil d’état a exigé, pour engager la responsabilité de l’administration, que soit apportée la preuve d’une
faute lourde.
La faute lourde revêt un degré de gravité suffisant.
Progressivement, on est passé d’une faute lourde à la notion de faute simple.

Disparition d’une faute lourde dans les domaines suivants (liste non exhaustive) :
 service public hospitalier CE, époux V., 1992
 service pénitentiaire CE, 23 mai 2003, Mme CHABBA
 activité de secours
 activité de lutte contre le bruit
 service public fiscal

Activités pour lesquelles le juge continue d’exiger une faute lourde


 les activités de contrôle et de tutelle (activités liées au contrôle de légalité)
CE, 2000, Commune de SAINT FLORENT
 le service public de la justice
L’exigence de la faute lourde est posée par la loi du 5 juillet 1972, et vise l’hypothèse d’un
fonctionnement défectueux du service public de la justice judiciaire et le conseil d’état a tout de même
reconnu l’existence d’une faute lourde du service public de la justice administrative.
Il est donc possible de rechercher la responsabilité de l’administration dans cette hypothèse, sauf
pour les décisions définitives dont le contenu même est mis en cause.
CE, 1978, DARMONT
Une exception à la jurisprudence DARMONT : on peut dans tous les cas critiquer même les décisions
définitives, en mettant en cause leur contenu, lorsque la décision viole manifestement une règle de
droit communautaire qui confère des droits au particulier. Arrêt CE, 2008, GESTAS ;
Les durées excessives de procédure nécessitent une faute simple pour être attaquées. CE, 2002,
MAGIERA

 le service public de la police


CE, 1905, TOMASO GRECCO
Il y a une exigence d’une faute lourde pour les activités de terrain
Il y a une exigence d’une faute simple pour les autres activités.

B) la faute personnelle de l’agent public


La faute personnelle est classiquement définie comme celle qui révèle «  l’homme avec ses faiblesses, ses
passions, ses imprudences » (Laferrière).
Cette faute personnelle est détachable des fonctions de l’agent, ce qui justifie que ce dernier soit poursuivi sur
son patrimoine propre.

2) LA THEORIE DU CUMUL

A) Les cumuls

a) la théorie du cumul des fautes

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au départ, on considérait que les fautes étaient exclusives l’une de l’autre (s’il y avait une faute personnelle, il
n’y avait pas faute de service).
CE, 1911, ANGUET : par cet arrêt le juge crée un régime de cumul des fautes.
La faute personnelle et celle de service se cumulant, la victime a le choix d’agir contre l’administration devant
le juge administratif ou le fonctionnaire devant le juge judiciaire.

b) la théorie du cumul des responsabilités


C’est peu ou prou la même chose. On a les mêmes faits qui sont consécutifs à la fois d’une faute de service et
d’une faute personnelle. De la même manière, la victime aura le choix du recours en justice administrative ou
en justice judiciaire.
CE, 1918, LEMONNIER
Dans un premier temps obtient réparation devant le juge judiciaire et ensuite il fait un procès à
l’administration. Mais le juge administratif a décidé que quand bien même on a déjà une condamnation
judiciaire, on peut tout de même saisir la juridiction administrative contre la personne publique.
L’idée est que, certes la faute se détache du service, mais le service a conditionné l’accomplissement de la
faute.
On peut également bénéficier de la théorie du cumul des responsabilités en présence d’une faute personnelle
commise hors du service, mais non dépourvue de tout lien avec celui-ci.
Arrêt CE, 1949, MIMEUR (voiture de fonction à usage personnel).

B) les actions récursoires (susceptibles de recours)

Elles ont été créées pour deux motifs :


 facilité d’indemnisation des victimes
 responsabiliser les agents publics

Arrêt CE, 1951, DELVIL : cet arrêt admet l’action récursoire de l’agent condamné contre l’administration.
Arrêt CE, 1951, LARUELLE ; cet arrêt, le même jour admet l’action récursoire inverse.
Dans tous les cas, même pour une faute personnelle, le juge compétent pour traiter des actions récursoires est
le juge administratif.

On a 4 cas de responsabilité pour faute de l’administration :

la faute de service Arrêt PELLETIER, TC, 1873,


la faute de service + la faute personnelle Arrêt ANGUET, CE, 1911
la faute personnelle commise dans le service Arrêt LEMONNIER, CE, 1918
ou à l’occasion du service
la faute personnelle commise hors du service Arrêt MIMEUR, CE, 1949
mais non dépourvue de tout lien avec le service

3) LA RESPONSABILITE SANS FAUTE

La responsabilité administrative est dans certains cas engagée de plein droit, sans faute, dès qu’un lien de
causalité apparait entre une activité administrative et un dommage.
La victime doit simplement prouver le lien de causalité.
On distingue trois types de responsabilités sans faute  :

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A) La responsabilité pour risque

Le dommage apparait comme le résultat de la réalisation d’un risque.


Le juge ou le législateur estime équitable que le risque de dommage entraine l’institution d’un tel régime de
responsabilité.
Les principaux cas d’application sont les suivants :

a) les accidents subis par les collaborateurs de l’administration


Les agents permanents de l’administration subissant des accidents de service, qui ne sont couverts ni par la
législation des pensions de la fonction publique, ni par celle des accidents du travail, ni par celle assurant aux
élus locaux une indemnisation en cas d’accident dans l’exercice de leur mandat, peuvent bénéficier de la
jurisprudence CAMES, CE, 21 juin 1895 et arrêt CE, sect, 27 juillet 1990, Cts BRIDET
Les collaborateurs occasionnels de l’administration, victimes d’un dommage en lui apportant leur concours
désintéressés sont automatiquement indemnisés qu’ils aient été réquisitionnés ou aient agi d’eux-mêmes.
Arrêt CE, ass, 1946, commune de St Priest la plaine
arrêt CE sect, 2009 Mme CHEVILLARD ET Cts BANCHERELLE

b) les choses et activités dangereuses


Le voisinage des choses ou d’activités dangereuses justifie l’application de ce régime.
Les choses dangereuses sont :
 les explosifs : CE, 1919, Arrêt REGNAULT-DESROZIERS
 les armes et engins dangereux CE, ass, 1949, Cts LECOMTE ; FRANQUETTE et DARAMY
 les produits sanguins viciés : CE, ass 1995 Cts N’GUYEN, JOUAN, Cts PAVAN

Les méthodes dangereuses consistent dans les méthodes libérales de rééducation, créant un risque spécial
pour les tiers.
Ce régime a été dégagé à propos des dommages causés par des mineurs délinquants bénéficiant de régimes
libéraux de rééducation (CE, sect, 1956 THOUZELLIER), et s’applique aux frères du mineur qui possède la
qualité de tiers par rapport à l’établissement d’accueil du délinquant, puis a été étendu à ceux causés par des
mineurs non délinquants.
Ce régime s’applique dans de nombreux cas :
 aux sorties d’essai ou placement familial des malades mentaux
 aux mesures libérales accordées aux détenus
 à certaines méthodes thérapeutiques dont les suites connues ne sont pas entièrement connues
 aux actes médicaux nécessaires au diagnostic ou au traitement du malade ou du patient, même
pratiqués lors d’une intervention dépourvue de fin thérapeutique (anesthésie)
Trois sortes de risques peuvent engager la responsabilité sans faute des hôpitaux :
 l’acte médical
 l’utilisation d’un produit de santé
 l’affection d’un patient

Les personnes placées dans une situation dangereuse du fait des obligations qui leur sont faites ont droit à
réparation (arrêt PERRUCHE, 1962, CE et arrêt Dame SAULZE, CE, ass, 1968)
Engage la responsabilité hospitalière, la perte d’une chance, faute d’information, de se soustraire à un risque
qui s’est réalisé (CE sect, 2005, S.)

c) la responsabilité de l’Etat du fait des attroupements et rassemblements

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L’Etat est civilement responsable des dégâts et dommages résultant des crimes et délits commis à force
ouverte ou par violence par des attroupements armés ou non.
Il peut engager une action récursoire contre la commune dont la responsabilité serait engagée.
Ce régime s’applique aux dommages causés aux entreprises par des barrages installés sur des voies publiques
(CE, avis, 1998, Sté ESCA).
Le préjudice n’a pas à être anormal et spécial .

d) les tiers victimes d’accidents de travaux publics


La responsabilité du maitre de l’ouvrage, de l’entrepreneur ou du concessionnaire est engagée de plein droit à
leur profit, même en l’absence de faute (CE, ass, 1971, dpt VAR).

B) la responsabilité pour rupture de l’égalité devant les charges publiques


Le principe d’égalité devant les charges publiques donne son fondement à la responsabilité sans faute des
personnes publiques, lorsqu’elles font supporter, dans l’intérêt général, des charges particulières à certaines
personnes.
Cette responsabilité régit des cas où les dommages ne sont la conséquence prévisible de situations ou de
mesures qui portent préjudice à certains au nom de l’intérêt général.
Le dommage doit être anormal et spécial pour être réparable.

a) la responsabilité du fait des décisions administratives régulières


L’arrêt COUITEAS, CE, 1923, ouvre droit à réparation aux bénéficiaires de jugements prescrivant l’expulsion
d’occupants sans titre de logements ou lieux de travail (CE, ass, 1938, Sté CARTONNERIE SAINT-CHARLES).
Lorsque l’exécution de la décision de justice porterait un trouble grave à l’ordre public, l’administration est en
droit de refuser à son bénéficiaire le concours de la force publique qu’il lui demande.
Le droit à réparation n’est ouvert qu’à partir du délai raisonnable dont dispose l’autorité pour décider.
Cette jurisprudence s’applique lorsque la rupture d’égalité est la conséquence d’un acte individuel légal (CE,
sect, 1995, LAVAUD : fermeture de dix tours d’habitation faisant perdre sa clientèle à un pharmacien) ou de
l’abstention régulière de prendre un acte, justifiée par l’intérêt général ou les exigences de l’ordre public (CE,
1989, SARL Cie COTE DES ISLES).
L’arrêt commune de GAVARNIE, CE, 1963, ouvre droit à réparation à la victime d’un règlement légal rompant
l’égalité devant les charges publiques.
Toute responsabilité est exclue si la rupture d’égalité résulte de la nature même du régime institué et si la
décision, réglementaire ou individuelle, vise à protéger un intérêt prééminent, tout à fait général (CE, 1960,
LLAITERIE SAINT CYPRIEN).

b) la responsabilité du fait des lois et conventions internationales


La responsabilité du fait des lois peut être engagée sur le fondement de l’égalité des citoyens devant les
charges publiques, pour assurer la réparation de préjudices nés de l’adoption d’une loi, à la condition que
toute indemnisation ne soit pas exclue par cette loi (CE, 1990, Sté STAMBOULI) ou par la situation de la victime
(CE, ass, 1938, Cie gén. De la grande pêche) et que le préjudice dont il est demandé réparation, revêtant un
caractère grave et spécial, ne puisse, dès lors, être regardé comme une charge incombant normalement aux
intéressés (CE, ass, 1938, Sté Produits laitiers LA FLEURETTE).
Le même principe vaut pour les conventions internationales (CE, ass, 1966, Cie gén. d’énergie radio-
électrique).
Ont ainsi été indemnisées des personnes ayant été privées, du fait d’une convention internationale intervenue
alors qu’elles avaient obtenu gain de cause en première instance, d’une chance réelle et sérieuse d’être
indemnisées définitivement des préjudices résultant de la résiliation des contrats de travail qui les liaient à leur
employeur de droit étranger (CE, 2004, ALMAYRAC).

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La même solution est retenue pour des salariés qui ne peuvent faire exécuter la condamnation de leur
employeur étranger à raison de ses immunités diplomatiques, bien qu’ils aient connu dès l’origine les
privilèges de celui-ci (CE, 2011, SUSILAWATI).
La responsabilité du fait des lois peut aussi être engagée en raison des obligations qui sont celles de l’Etat pour
assurer le respect des conventions internationales par les autorités publiques, pour réparer l’ensemble des
préjudices qui résultent de l’intervention d’une loi adoptée en méconnaissance des engagements
internationaux de la France (CE, ass, 2007, GARDEDIEU).

c) la responsabilité pour dommages permanents de travaux publics


Ouvrent droit à réparation les dommages non accidentels qui sont les conséquences inévitables de l’exécution
de travaux publics, de l’existence ou du fonctionnement d’un ouvrage public, quelle que soit la qualité de la
victime, à condition que le préjudice soit spécial et anormal (CE, sect, 1931, VIC FEZENSAC). Tel est le cas des
inconvénients de voisinage.

C) la responsabilité du fait d’autrui fondée sur la garde

L’Etat, les collectivités territoriales et les établissements publics sont responsables, au nom des pouvoirs dont
ils sont investis d’organiser, diriger et contrôler la vie du mineur placé sous leur autorité, vis-à-vis des tiers, des
dommages que peut causer ce dernier (CE, sect, 2005, AXA COURTAGE et 2008, Dpt COTES D’ARMOR).
Cette jurisprudence s’applique à des dommages commis par des mineurs au titre de l’assistance éducative et
aux victimes des mineurs délinquants, mais non par un mineur admis en hôpital de jour, qui reste sous la garde
de ses parents.
La responsabilité du gardien est engagée même lorsque le placement est fait à la demande des parents, même
lorsque le mineur ne se trouve pas au moment des faits sous la surveillance effective du gardien et même
lorsqu’il est momentanément hébergé chez ses parents. Peu importe que la victime soit elle-même un mineur
placé.

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3 ème Partie :
LES MOYENS D’ACTION DE L’ADMINISTRATION : LES ACTES ADMINISTRATIFS

Chapitre 1 : LES ACTES ADMINISTRATIFS UNILATERAUX

Section 1 : la NOTION d’acte administratitf unilatéral

Sous-Section 1 : les caractères de l’acte administratitf unilatéral


1) L’AAU : une décision exécutoire

A) définition
L’acte administratif unilatéral est un acte de droit public pris par une autorité publique, ou dans certaines
hypothèses, par une personne privée. Cet acte est rattachable à la fonction administrative et modifie
l’ordonnancement juridique.
C’est un acte exécutoire.
Il a des critères organiques : qui a pris l’acte ?
Il a des critères matériels : rattachement à la fonction administrative ou à la mission de la personne publique
qui le prend.
C’est un acte opposable à son destinataire.
Quand un acte modifie un ordre juridique interne, on dit qu’il fait grief.

B) actes ne répondant pas aux caractères d’une décision exécutoire (qui ne fait pas grief)
Ces actes sont inopposables
On ne peut pas les contester directement devant le juge administratif.

1ère catégorie :
Actes de préparation et d’exécution de décision et les actes recognitifs
Parmi ces actes on trouve des avis, des vœux d’un organe consultatif, des projets, des renseignements, des
enquêtes ou des propositions.
Ces actes ne sont pas décisoires et ne pourront faire l’objet de critiques que de manière incidente dans le
cadre du recours qui sera dirigé contre l’acte administratif final.

2ème catégorie :
Les mesures d’ordre intérieur (MOI)
Les M.O.I. ont pour but d’assurer un certain ordre au sein du service public.
A travers ces mesures, il s’agit de règlementer l’organisation et le fonctionnement interne du service.
Contrairement aux circulaires et aux directives, les M.O.I. sont de véritables décisions, mais elles se
distinguent des autres actes administratifs par leur faible portée.
Elles sont incontestables, afin de ne pas encombrer les tribunaux avec des problèmes insignifiants.
C’est l’application d’un adage latin « De Minimis Non Curat praetor »
Sous l’influence de la CEDH, le conseil d’état a peu à peu réduit le champ des M.O.I.
Au départ, l’interdiction de porter des insignes politiques, était un M.O.I, C.E., LOTTE.
Mais le CE a posé les premières pierres de la jurisprudence avec sa célèbre histoire du port de signes religieux
à l’école et a finalement accepté de contrôler le règlement intérieur d’un établissement scolaire, interdisant
le port de signes distinctifs d’ordre religieux, politique ou philosophique. CE, 2 novembre 1992,
KHEROUAA.

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Les punitions en matière militaire ont longtemps été considérées comme des MOI.
Le juge estimait, en effet, que ces punitions n’avaient pas d’influence significative sur la situation juridique des
intéressés.
Par CE du 17 juillet 1995, HARDOUIN, désormais, une sanction disciplinaire est regardée comme faisant grief.
Pour pouvoir déterminer les conséquences d’une mesure sur les situations juridiques de son destinataire, le
juge administratif examine 2 critères :
 L’atteinte sensible aux droits et aux libertés protégées
 Les conséquences sur les perspectives de carrière
Arrêt assemblée CE, 17 février 1995 MARIE, en matière carcérale.
Par le passé, le juge estimait que le placement en détention d’un détenu dans un QHS, constituait une mesure
d’ordre intérieur.
Désormais, avec MARIE, la mise à l’isolement peut faire l’objet d’un recours contentieux.

Par ces différentes décisions, le CE a fait évoluer sa méthode d’analyse des décisions qui lui sont déférées.
Il est passé d’une vision abstraite à une appréciation concrète au cas par cas de chaque décision qui lui est
soumise.
Arrêt assemblée CE, 19 décembre 2007, PLANCHENAUT.
Par cet arrêt, le juge va dans le sens d’une plus grande systématisation pour une plus grande prévisibilité de
ses solutions.

3ème catégorie :
Les circulaires
Les circulaires sont des actes de portée générale adressées par les chefs de service à leurs agents pour leur
indiquer la manière d’interpréter et d’appliquer les lois et les règlements.
Pour compléter la définition : la circulaire aide à la compréhension du droit, elle ne le crée pas.
Initialement, le CE distinguait circulaire interprétative et circulaire règlementaire :
CE du 29 janvier 1954, NOTRE DAME DE KREISKER.
Le critère de distinction repose sur le caractère innovateur de la circulaire.
Est réglementaire la circulaire qui innove, c’est-à-dire qui ajoute à l’ordonnancement juridique, soit en
accordant aux administrés des droits ou des garanties supplémentaires, soit en leur imposant des obligations
supplémentaires.
Depuis CE du 18 décembre 2002, MELLE DUVINIERE, on passe d’interprétatif (légal) ou réglementaire (illégal)
à interprétatif (MOI) impératif (non MOI).
Désormais pour qu’un recours dirigé contre une circulaire soit recevable, il suffit que cette circulaire soit
rédigée en termes impératifs.
4ème catégorie :
Les directives
Arrêt section CE, 11 décembre 1970, CREDIT FONCIER DE FRANCE.

Avec cet arrêt, on va consacrer pour la première fois la notion de directive.


Ne pouvant reconnaitre un pouvoir réglementaire aux autorités disposant d’un pouvoir d’appréciation, le CE
leur reconnait un pouvoir d’orientation.

La directive permet donc à une autorité administrative disposant d’un pouvoir d’appréciation de définir à
l’avance, sans renoncer à exercer ce pouvoir, les orientations générales suivant lesquelles elle l’exercera.

On retrouve ces directives principalement dans les matières suivantes :


 Economiques (subventions)

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 Aménagement du territoire
 Urbanisme
 Domaine social
Les directives n’ont pas d’effet direct sur les administrés et ne sont donc pas susceptibles de faire l’objet d’un
REP.
Elles ont, en revanche, des effets indirects sur les administrés, dès lors que les décisions individuelles qui vont
être prises le seront sur la base de ces directives.
Elles sont opposables aux administrés et invocables par ces derniers.
Il existe deux cas dans lesquelles des dérogations à la ligne fixée sont possibles :
 Modifications tirées de la particularité du dossier
 Modifications tirées de l’intérêt général.

2) L’AAU : UN ACTE D’UNE AUTORITE PUBLIQUE ADMINISTRATIVE

A) la notion d’autorité publique administrative


C’est une personne morale de droit public disposant d’un pouvoir décisionnel en matière administrative et qui
dispose de prérogatives de puissance publique (PPP)
Exemples :
 Les institutions de l’UE
 Les autorités centrales de l’état
 Les collectivités locales
 Les autorités administratives indépendantes : ce sont des institutions étatiques chargées, au nom de
l’état, d’assurer la régulation des secteurs techniques essentiels, et ce, en toute indépendance (CSA,
CNIL, AMF, autorité de la concurrence)

B) les actes non administratifs des autorités publiques administratives


Lorsque l’administration se comporte comme une personne privée, les actes qu’elle prend, qui ne traduisent
pas la mise en œuvre de prérogatives de puissance publique, relèvent du droit privé.
Exemple : actes de gestion des chemins privés des communes (acte d’entretien d’un chemin rural)

C) C) les actes de personnes privées ayant le caractère d’AAU


D)
a) les actes de personne privée chargée d’une mission de SPA
Lorsqu’une personne privée chargée d’une mission de SPA, les actes qu’elle prend sont administratifs à deux
conditions :
 Ces actes doivent se rattacher à la mission de SPA confiée à la personne privée
 Ces actes doivent traduire la mise en œuvre de PPP
Ces deux conditions sont posées par un arrêt section CE, 13 janvier 1961, MAGNIER
La jurisprudence Magnier a été appliquée aux fédérations sportives par un arrêt section CE, 22 novembre
1974, FIFAS.

b) Les actes d’une personne privée chargée d’une mission de SPIC


Pour être administratif, l’acte pris par une personne privée gérant un SPIC doit avoir trait à l’organisation du
service public (gestion au sens large du terme), et d’autre part présenter un caractère réglementaire (arrêt du
tribunal des conflits, 15 janvier 1968, époux BARBIER)
Exemple : fixation des tarifs pour une société de transport urbain.

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Sous-section 2 : les différentes catégories de décisions exécutoires

1) DISTINCTION ENTRE ACTE REGLEMENTAIRE ET ACTE INDIVIDUEL


L’acte individuel est un acte administratif qui vise une ou plusieurs personnes déterminées, nominativement
désignées.
L’acte réglementaire est, quant à lui, une norme générale et impersonnelle adressée à des individus non
déterminés.
L’acte réglementaire peut viser un groupe d’individus.
L’acte réglementaire entre en vigueur le jour de sa publication ou de son affichage.
L’acte individuel entre en vigueur au jour de sa notification.

2) LES ACTES REGLEMENTAIRES


A) les règlements d’exécution des lois
Ces règlements interviennent en complément d’une disposition législative pour préciser ses modalités
d’application et aussi en assurer l’exécution.
Dans l’exercice de ce pouvoir, le gouvernement dispose de peu de marge de manœuvre, dès lors qu’il a
l’obligation de prendre un règlement dans un délai raisonnable.
B) les règlements autonomes
Ces règlements relèvent d’un pouvoir règlementaire propre (article 37 de la constitution)

Section 2 : L’ELABORATION DE LA DECISION EXECUTOIRE

L’AA doit être pris par la personne compétente, ce qui implique de vérifier la compétence matérielle (qui
prend la décision ?), la compétence territoriale et la compétence temporelle.
Il faut également vérifier le respect de la procédure, dès lors que celle-ci justifie une garantie pour le
justiciable.
Lorsqu’un acte administratif est affecté par un vice de procédure, le juge administratif n’en prononcera
l’annulation que si ce vice a été susceptible d’exercer une influence sur le sens de la décision ou a privé les
personnes intéressées d’une garantie procédurale :
Arrêt d’assemblée 23 décembre 2011, DANTHONY

Section 3 : LA SORTIE DE VIGUEUR DE L’AAU

Quelques précisions : le retrait, l’annulation, l’abrogation sont différents les uns des autres.
L’annulation et le retrait ont les mêmes conséquences juridiques.
L’abrogation consiste à mettre fin à l’existence d’un AA, uniquement pour l’avenir et donc, sans remise en
cause des effets produits antérieurement à l’acte.
Le retrait, c’est mettre fin à l’existence d’un AA de manière rétroactive, et on dit que l’acte est réputé n’avoir
jamais existé
Le retrait et l’abrogation ne peuvent être faits que par l’auteur de l’acte.
L’annulation ne peut être prononcée que par un juge.

Pour le retrait et l’abrogation, les questions à se poser sont :


 Peut-on abroger ou retirer l’acte ?
 Doit-on abroger ou retirer l’acte ?

Le schéma qui suit est valable uniquement pour LE RETRAIT

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Légal
CD
Illégal
AAU-R
Légal (1)
NCD
Illégal (2)

AAU

Explicite (5)
Légal
Implicite (6)

CD
Explicite (7)
Illégal
Implicite (8)
AAU-I
Légal (3)
NCD
Illégal (4)
(1) Retrait possible uniquement si l’acte n’a reçu aucun commencement d’exécution, notamment il ne
doit pas avoir été à l’origine de situation personnalisée que le retrait remettrait en cause.
(2) Le retrait peut intervenir y compris après le délai de recours contentieux s’il n’y a pas eu de
commencement d’exécution, sinon il doit respecter le délai de recours contentieux
(3) Le retrait est impossible
(4) Le retrait est possible à toute époque
(5) Retrait impossible sauf si une disposition de valeur législative ou réglementaire l’impose, sauf si le
bénéficiaire de la décision sollicite lui-même son retrait à condition que cette décision ne concerne pas
un tiers et sauf si un texte prévoit l’obligation de former un recours administratif préalable obligatoire
(RAPO).
(6) Le retrait est possible dans les 4 mois de l’éviction de l’acte de décision implicite (CE assemblée du 26
octobre2001, TERNON ; sauf si une disposition légale ou réglementaire prévoit un délai plus long ou
plus court ou si le bénéficiaire sollicite lui-même le retrait et que ça n’affecte pas le droit des tiers et
sauf si la pleine effectivité du droit communautaire exige que le retrait soit possible même au-delà du
délai de 4 mois
(7) Le retrait est possible dans le délai du recours contentieux
(8) Le retrait est possible dans le délai du recours contentieux

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4 ème PARTIE : LES RECOURS CONTRE L’ADMINISTRATION

CHAPITRE 1:  LA JURIDICTION ADMINISTRATIVE


Section 1 : LE JUGE ADMINISTRATIF, UN JUGE AUTONOME
1) Naissance de la juridiction administrative

Sous l’ancien régime, la monarchie va tout faire pour échapper au contrôle des juridictions ordinaires,
profitant d’un « bordel » dans l’organisation de la PJ.
L’œuvre d’organisation de la justice étant confiée au Parlement, qui exerçait des fonctions juridictionnelles,
administratives et politiques.
Le parlement va tenter de soumettre le droit au roi, par 2 procédés :
- Les remontrances du roi, qui consistait par un refus d’avaliser les textes des rois. Cela imposait au roi de
se déplacer directement dans les parlements pour imposer sa volonté>> (juridiquement signifie « lit de
justice »)
- Les arrêts de règlement, qui sont des décisions fixant les règles de droit dans leur ressort de compétence.
Le parlement résistant à la monarchie, le roi a pris, en 1641, l’Edit de St Germain, qui fait défense au Parlement
de connaitre des actes de l’administration royale.
Le roi se garde donc l’œuvre de justice, on parle d’une justice retenue.
On connaissait un adage selon lequel « Le contentieux suit l’administration » partant du principe que « juger
l’administré » c’est « encore l’administrer », le roi va centraliser le contentieux administratif et le confier au
Conseil du Roi, ancêtre du C.E
A un niveau local, cette mission de juger les différends administratifs sera conférée à l’intendant, ancêtre du
Préfet. On appelle ce système « l’administrateur juge ».
Le CE sera créé par la constitution du 22 frimaire an 8.
Il va notamment conseiller le gouvernement, qui se verra dotée d’une commission du contentieux en 1806.
On passe à ce stade d’une justice retenue à une justice déléguée, car le CE va rendre la justice au nom du
peuple Français.
Jusqu’en 1972, la juridiction de droit commun était le ministre, et la loi du 24 mai 1872 va rompre avec la
tradition, en considérant que « juger ce n’est plus administrer ».
Le CE n’est pas «  super chaud » CE 13 dec 1889 : CADOT, qui met fin à la théorie du ministre-juge et fait du CE
le juge de droit commun du contentieux de l’administration. EN outre, cet arrêt empêche pour l’avenir que
l’Etat soit, à la foi, « juge et partie ».
La loi des 16 et 24 Aout 1790 affirme le principe de séparation des ordres judiciaires (judiciaires d’un côté et
administratif de l’autre).
30 septembre 1953 : création des Tribunaux administratifs (ancêtre du Conseil des Préfectures).
Ces tribunaux ayant été rapidement engorgés, on a créé la Cour Administrative d’Appel (C.A.A.) loi du 31/12 1987.
On commence à structurer la justice administrative, structure verticale avec :
- Juridiction administrative
- Cour d’Appel
Le CE va devenir juridiction de Cassation, tout en gardant quelques compétence en 1 er ressort et en appel.
( ex  : contestation d’un décret, contestation d’une élection en appel…)

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2) Présentation de la juridiction administrative

 Le Conseil d’Etat (CE):
1) rôle consultatif (il conseille l’Etat pour la rédaction des textes)
2) Fonction contentieuse (6 sections différentes)

 Les Tribunaux Administratifs (TA)


 Les Cours d’Appel Administratives (CAA)

Section 2 : Les mécanismes de répartition des compétences entre le J.A. et J.J.

Chaque ordre de juridiction a bien évidemment ses propres compétences, le Juge Administratif (J.A.) est
compétent pour la quasi-totalité des affaires admin, avec qques exceptions notables :

1) Bloc de compétences du Juge Judiciaire

- Les actes d’organisation et de fonctionnement du Service Public de la justice,


- Les actes de procédure, les actes juridictionnels et les actes préparatoires,(exception  : le CE demeure
compétant à propos des actes d’organisation des services judiciaires)
- La gestion du domaine privé de l’administration,
- Le contentieux de fonctionnement des SPIC,
- Le contrôle des actes de certains A.A.I. (Autorités Administratives Indépendantes), (>> l’autorité de la
concurrence = Cour d’Appel de Paris),
- Le juge judiciaire est seul compétent lorsque les libertés individuelles sont en cause (art 66 de la
Constitution) ex  : hospitalisation d’office, voies de faits, emprises…) >> la «  voie de faits  » est une
action de l’admin qui parait tellement illégale que l’on va considérer qu’elle est insusceptible de se
rattacher à un pouvoir quelconque de l’admin.)
«emprise  » =   dépossession, régulière ou non, de la propriété immobilière d’un individu 
- Compétence judiciaire pour les accidents de la circulation (loi Badinter de 1985)
- Faute personnelle d’un agent public

2) Les conflits de compétence

Dans quels cas y-a-t- il conflit ? >> 4 types de conflits :

 Le conflit positif
Le conflit positif, c’est l’administration, (le Préfet, en province, et le Préfet de Police à Paris), qui conteste la
compétence d’un tribunal de l’ordre judiciaire, pour juger une affaire dont il a été saisi.
Dans ce cas, le Préfet présente à la juridiction saisie un déclinatoire de compétences, et en cas de rejet de ce
déclinatoire (déclinatoire = mémoire par lequel le Préfet va contester la compétence du J.J.), le préfet dispose
d’un délai de 15 jours pour élever le conflit (élever le conflit = lancer la procédure de contestation) et
transmettre au greffe un « arrêté de conflit » qui oblige la juridiction judiciaire à sursoir (sursoir = sursis) à
statuer dans l’attente de la décision du Trib des Conflits (TC). >>> le juge est obligé d’attendre la décision du
TC.

Le TC a 3 mois pour rendre sa décision, à défaut le tribunal initialement saisi n’est plus tenu par le sursis à
statuer.

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 Le conflit négatif
C’est lorsque, successivement, une juridiction administrative ET judiciaire se sont déclarées incompétentes
pour juger un MEME litige

 Le conflit de décision

C’est lorsqu’une juridiction appartenant à chacun des 2 ordres (admin et judiciaire) ont, sans décliner leur
compétence, toutes 2 rendu, dans un même litige, des décisions contraires aboutissant à un déni de justice.
Dans ce cas, les parties ont 2 mois, à compter du jour ou la dernière en date des décisions concernées est
devenue définitive (devenue définitive = plus susceptible de recours contentieux), pour saisir le Tribunal des
Conflits.

 Les conflits sur renvoi

- Afin d’éviter que 2 juridictions se déclarent successivement incompétentes, le décret du 18/10/1949


prévoit que, lorsqu’un tribunal s’est déclaré par une décision définitive incompétent, tout tribunal,
appartenant à l’autre ordre de juridiction qui serait saisi du même litige doit, lorsqu’il envisage de se
déclarer à son tour incompétent, sursoir à statuer et renvoyer l’affaire devant le Tribunal des Conflits.
- Lorsque le CE ou la CC sont saisis d’un litige qui présente à juger une question de compétence
soulevant une difficulté sérieuse, ils peuvent saisir le TC.
- Le TC est présidé par le Garde des Sceaux, conseillé également de 4 membres du CE et de 4 membres
de la CC (nommés par décret)

CHAPITRE 2: LA PROCEDURE ADMINISTRATIVE CONTENTIEUSE (PAC)


>> connaître les grand principes de la PAC

Section 1 : La typologie des recours


Le principe de légalité, c’est l’obligation constitutionnelle qui est faite à l’administration de respecter le droit,
tout le droit, rien que le droit

1) le contentieux de l’interprétation et de l’appréciation de la légalité

Il s’agit d’un recours en déclaration à l’issue duquel le juge indique la portée, ou fait part de son avis sur la
légalité de l’acte qui lui est soumis.
Ce recours peut être présenté à titre principal (« que pour ça ») ou à titre incident (au cours d’un procès)

2) le contentieux de la répression
Le juge admin statue de la même manière que le juge pénal, afin de sanctionner un comportement
répréhensible.
Le seul domaine véritable concerné par ce contentieux est le domaine de contravention de grande voirie, cad
des atteintes portées au domaine public, comme les voies de communication autres que routières ( ex  : le
bateau qui esquinte une écluse, le stationnement non payé, > contravention de voierie)

3) le recours de pleine juridiction (ou de plein contentieux)


Ce recours résulte d’une demande formulée devant le J.Admin, par lequel le requérant sollicite du juge à son
profit le constat de l’existence d’un droit personne, tel qu’un droit de créance.

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Le juge va pouvoir fixer le montant d’une astreinte, ou donner le vainqueur d’une élection, annuler un acte,
accorder le statut de réfugié politique, fixer le budget d’une organisation sanitaire et sociale…

4) le recours pour excès de pouvoir (REP)


Le juge admin n’est saisi que pour une demande d’annulation d’acte : il annule ou rejette la requête.

Section 2 : les conditions entourant l’exercice du recours

1) L’intérêt à agir
Définition : L’intérêt à agir désigne le motif permettant à une personne de se prévaloir d’un intérêt lésé
justifiant son action en justice

L’intérêt invoqué peut être matériel ou moral,(par ex un habitant d’une commune peut avoir intérêt à agir
contre le décret portant le changement de nom de sa commune, un architecte n’a pas d’intérêt à agir contre
un permis de construire qui aurait pour effet de détruire une place réalisée par lui auparavant…)

L’intérêt peut être individuel ou collectif.(associations, syndicats de co-pro, etc.)

Pour que l’intérêt à agir d’une personne morale soit reconnu, il faut que l’intérêt allégué soir en relation
directe avec la vocation de l’association, il faut également que les statuts de l’association aient été enregistrés
en préfecture, avant que la décision contestée n’entre en vigueur.
CE 21 dec 1906 : Syndicat des propriétaires et contribuables du quartier Croix de Seguey-Tivoli

Les requérants peuvent invoquer une qualité spéciale susceptible de leur donner intérêt à agir.
Le requérant s’introduit aussi dans un cercle d’intéressés admis à critiquer l’acte, lequel cercle est déterminé
en fonction de son contenu.
Ila été jugé que la qualité de contribuable d’une commune confère l’intérêt à agir contre les décisions
communales entrainant une dépense publique CE 20 mars 1901 CASANOVA

2) Les conditions de délais


Sauf texte contraire, les délais pour introduire un recours contentieux à l’encontre d’un acte admin, à compter
de la date d’entrée en vigueur de la décision……

Pour que les voie et délais de recours soient opposables, toute demande faite à l’administration doit faire
l’objet d’un AR les mentionnant.(Art 19 de la loi DCRA - loi relative aux droits des citoyens dans leur relation
avec l’admin).
Faute de l’admin d’avoir accusé réception en bonne et due forme, les voies et délais de recours demeurent
opposables si ils sont expressément mentionnés de manière intelligibles dans la décision notifiée.

La présentation d’un recours gracieux ( devant l’autorité qui a rendu la décision) ou hiérarchique proroge le
délai, et 1 seule fois.
En l’absence de décision de l’admin à l’expiration du délai de 2 mois après présentation de la demande, on
peut saisir le T.A. d’un recours contre la décision implicite de rejet, née du silence conservé par
l’administration.

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Lorsqu’une personne présente, dans le délai de recours contentieux, une demande d’aide juridictionnelle, elle
disposera d’un délai de 2 mois pour contester la décision, à compter de la notification de la décision, du
bureau d’aide juridictionnelle. Si cette demande d’aide juridictionnelle s’accompagne d’une demande de
désignation d’office d’un avocat, le délai de 2 mois recommencera à courir à compter de la notification de
l’avocat de la décision le désignant.

Section 3 : les caractères de la procédure administrative contentieuse

1) C’est une procédure écrite


La juridiction est saisie par une requête contenant l’exposé des faits, des moyens, et des conclusions soumises
au juge.

Aucune conclusion et aucun moyen ne peut être présenté à l’oral, une requête ne contenant aucun moyen et
aucune conclusion est donc irrecevable.

Une requête irrecevable peut être régularisée dans le délai d’un recours contentieux, enfin la production de
pièces implique que ces pièces soient numérotées et listées sur un bordereau explicatif.

2) Le caractère contradictoire
Le caractère contradictoire de la procédure signifie qu’une décision ne peut être légalement rendue que si
l’ensemble des pièces et écritures ont été communiqués aux parties.
Toute production de pièces après clôture de l’inscription est irrecevable dès lors qu’elle met en péril le
contradictoire. Le juge peut toutefois accepter la production d’éléments après clôture, à charge de rouvrir
l’instruction pour permettre la discussion des parties.
Toute communication ne respectant pas le contradictoire doit être écartée des débats, un seul tempérament
(une seule exception) : « la note en délibéré » La note en délibéré est la note qu'une partie au procès ou son
avocat remet au juge, dans la période comprise entre l'audience et le rendu du jugement ou de l'arrêt. En
procédure civile, une telle note n'a pas à être examinée par le juge; elle n'a en fait aucune valeur juridique, ce
qui est tout à fait normal car si elle était admise elle porterait atteinte au principe du contradictoire et le
procès ne serait pas équitable

3) La procédure est secrète

L’instruction de l’affaire n’est pas publique, de telle sorte qu’il n’y a pas d’audience de mise en l’état publique.
Aucune autre personne, que les parties à l’instance, ne peuvent être informées de l’état de la procédure.

4) La procédure est gratuite


Le timbre fiscal de 35€ appelé « contribution pour l’aide publique » a été supprimé.
Toute affaire plaidée par un avocat devant une juridiction est soumise au paiement d’un droit de plaidoirie
(13€) à la caisse nationale des barreaux Français.

5) Une procédure inquisitoire


L’instruction de l’affaire est conduite sous la direction du juge, et uniquement.
Les parties ne peuvent donc pas prendre la moindre initiative procédurale, si ce n’est de solliciter du juge la
mise en œuvre d’une mesure d’instruction déterminée. Le juge statue sur cette demande, par une décision
insusceptible de recours.

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Les principales mesures d’instruction sont :


 La demande de communication de pièces,
 L’expertise,
 La visite des lieux,
 Les injonctions de communiquer et de conclure,
 La communication des moyens d’ordre public (moyens de recevabilité, par ex)
 La clôture de l’instruction

CHAPITRE 3: LE CONTROLE DE LEGALITE EFFECTUE SUR LES ACTES ADMIN.

Section 1 : Les modalités d’exercice du contrôle de légalité

Le principe de légalité, c’est l’obligation constitutionnelle qui est faite à l’administration de respecter le droit,
tout le droit, rien que le droit

1) l’existence de 2 catégories de contrôle :


2) – le contrôle administratif
3) – le contrôle judiciaire

Les collectivités territoriales ont, selon les cas, la possibilité ou l’obligation de transmettre les actes qu’elles
édictent à un service particulier de la préfecture, que l’on appelle communément « le contrôle de légalité ».

L’autorité préfectorale contrôle ces actes (la légalité des actes) et en cas d’illégalité, elle peut :
- Soit prendre directement la tâche de la collectivité, pour lui demander de revoir sa copie, le cas
échéant en lui proposant l’aide des services préfectoraux,
- Soit saisir le T.A. d’un recours en annulation (REP), un « déféré préfectoral ».

Section 2 : Le REP (recours pour excès de pouvoir)

1) Les condition de recevabilité

1) La personnalité juridique de requérant  : le requérant doit pouvoir agir légalement en justice (ex  : ne
pas être sous tutelle)

2) Avoir l’intérêt pour agir

3) Le délai de recours contentieux :


En principe, le délai de recours est de 2 mois, à partir de :
- La notification pour les A.I. (actes individuels)
- La date de publication pour les A.R. (actes réglementaires)

4) La présentation matérielle du recours :

Devant le T.A., la représentation par ministère d’avocat est obligatoire, lorsque les conclusions de la requête
tendent au paiement d’une sorte d’argent, à la décharge ou à la réduction de sommes dont le paiement est
réclamé au requérant, ou a la solution d’un litige né d’un contrat.

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L’Etat est dispensé du ministère d’avocat, les collectivités territoriales sont, elles, représentées par leur
exécutif (ex : le maire pour la commune), sur l’habilitation de leur assemblée délibérante (ex : le conseil
municipal pour la commune).

Devant la C.A.A. le ministère d’avocat est obligatoire, sauf pour le R.E.P., le référé et l’exécution des décisions
de justice.

Devant le Conseil d’Etat, sauf rares exceptions, il y a obligation de recourir aux services d’un avocat au Conseil
d’Etat ou à la Cour de Cassation.

2) Les cas d’annulation


Il y a annulation quand on a démontré l’illégalité de l’acte attaqué.

A) les moyens de légalité externes


La légalité externe est relative à tout ce qui n’est pas le fond de l’affaire.
Il s’agit des questions de forme et de procédure, qui entourent l’acte administratif.
Il y a 3 moyens externes pour contester la légalité d’un acte :
 L’incompétence de l’auteur de l’acte ;
 Le défaut de motivation ;
 Le vice de procédure.

1) : l’incompétence de l’auteur de l’acte.

L’incompétence matérielle
Est l’hypothèse selon laquelle une autorité administrative prend une décision qui relève de la compétence
d’une autre autorité.

Il peut s’agir d’une hypothèse selon laquelle l’agent d’une autorité administrative prend une décision qui
relève d’un autre agent :
- une délégation de compétence doit être explicite (via un acte…),
- une délégation de compétence doit être précise,
- une délégation de compétence doit être publiée (au recueil des actes administratifs en préfecture, et
au J.O pour l’Etat)

L’incompétence territoriale
Correspond à la thèse selon laquelle une autorité administrative prend une décision relevant d’un homologue
territorialement compétent

L’incompétence temporelle

C’est l’hypothèse dans laquelle une autorité administrative prend une décision qui ne relève pas encore, ou
plus, de sa compétence.
Afin que le juge soit en mesure de vérifier cette problématique, l’art 4 de la loi de 12/04/2000 exige que toute
décision administrative comporte les noms, prénom et signature de son auteur. >> on peut faire sauter bcp de
décisions administratives si ces conditions ne sont pas remplies

2) le défaut de motivation.

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La loi du 11/07/1979 impose la motivation en droit et en faits des décisions défavorables, notamment
celles qui infligent une sanction, celles qui constituent une mesure de police, celles qui retirent ou
abrogent une décision créatrice de droits, celles qui opposent une prescription, une forclusion ou
une déchéance. Cette motivation doit être écrite (loi 79-784).
Le destinataire de la décision doit être en mesure d’en comprendre les motifs à première lecture de
celle-ci. CE 17/11/1982 KAIRENGA (motifs précis).
La reproduction d’une formule stéréotypée ne satisfait pas l’obligation de motivation
CE 24/07/1981 Mme BALASRI.

3) le vice de procédure.
Les règles de procédure constituant les garanties de bon traitement des demandes relevant de la compétence
de l’autorité administrative,
Un acte admin entaché d’un vice de procédure n’est annulé que « s’il ressort des pièces du dossier qu’il a été
susceptible d’exercer, en l’espèce, une influence sur le sens de la décision prise, ou qu’il a privé les intéressés
d’une garantie »

B) les moyens de légalité internes

1) L’erreur de droit
Tout acte administratif doit respecter l’ensemble des normes qui lui sont supérieures (pyramide de Kelsens)

2) L’erreur de faits
C’est une erreur relative à une donnée de situation du demandeur.
Comme le vice de procédure, l’erreur de faits n’est susceptible d’entraîner l’annulation d’un acte que si elle
revêt un caractère essentiel : CE 14/01/1916 CAMINO

3) L’erreur sur la qualification des faits


Il s’agit de l’hypothèse dans laquelle l’administration qualifie inexactement le fait de l’espèce par rapport au
droit applicable. (erreur d’appréciation)
3 types de contrôle du juge :
Normal, restreint et étendu.
 Contrôle normal : Dans le cas le plus classique, le texte prévoit que vous devez remplir des conditions,
le juge admin. Va vérifier que l’administration a correctement qualifié les faits pour en tirer les
conclusions juridiques qui s’imposent,
 Contrôle restreint : lorsque l’appréciation de l’administration est quasiment souveraine ou encore
lorsqu’on est dans un domaine technique (pas d’erreur manifeste d’appréciation),
 Contrôle étendu : le juge va examiner la proportionnalité de la décision, voire sa stricte nécessité, ou
trouver également en matière de salariés protégés dans son licenciement.
 L’incompétence négative : juridiquement, il s’agit d’une erreur de l’administration.
La compétence négative se défini comme une hypothèse dans laquelle une autorité administrative
méconnait les limites de ses pouvoirs (incompétence), les croyant à tort moins étendus que ce qu'ils sont
(négative)1. C'est notamment le cas lorsque l'institution délègue des pouvoirs qu'elle devrait exercer elle-
même.

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Section 3 : L’intensité du contrôle et le pouvoir du juge

L’intensité du contrôle du juge et ses pouvoirs varie en fonction du type de recours introduit.
Dans le contentieux de pleine juridiction, le juge peut annuler un acte, prononcer le résultat d’une élection,
ordonner la démolition d’un immeuble, décharger un contribuable de sommes mise à sa charge, étable le
décompte général d’un contrat public, ou accorder le statut d’un réfugié politique…
Dans un REP, le juge ne peut qu’annuler un acte ou rejeter la requête qui lui est présentée.
Si l’annulation d’un acte implique en principe que cet acte est réputé ne jamais être intervenu, le juge peut,
lorsque les conséquences d’une annulation rétroactive seraient manifestement excessives pour les intérêts
publics et privés en présence, moduler dans le temps les effets de l’annulation qu’il prononce CE 11 mai 2004 :
Association AC

Le juge dispose par ailleurs de prérogatives lui permettant d’assurer l’exécution de ses propres décisions, (L
900-1 du Code Justice Administrative).
Lorsque la décision juridictionnelle n’implique pas que l’administration statue dans un sens déterminé, le juge
peut lui enjoindre de réexaminer le dossier dans un délai déterminé. (L900-3, qui est au complément des 2
autres articles, le tout sous astreinte.
Egalement, le juge peut prononcer des amendes pour recours abusif, lorsque manifestement le recours formé
est parfaitement dilatoire, ou n’a aucun moyen sérieux.
Depuis peu, le Juge Admin peut accorder des dommages-intérêts au bénéficiaire d’un permis de construire
lorsqu’un recours contre un tel permis a été formé dans une optique dilatoire.

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