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LE DROIT ADMINISTRATIF
CAPA 2me année
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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4
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INTRODUCTION
Il est constitué de l’ensemble des règles définissant les droits et les obligations de l’administration.
Il couvre, en outre, l’ensemble des règles qui régissent l’organisation et le fonctionnement des
organismes publics ne relevant pas du pouvoir législatif ou de l’autorité judiciaire, ainsi que celles qui
gouvernent les rapports entre les administrés et les organismes publics.
Le droit administratif applique les règles de droit qui régissent les rapports internes (organisation
des services et fonction publique) et externes (émission d’actes administratifs, passer des contrats
comme la délégation de services publics) de l’administration.
Missions de l’admin : le maintien de l’ordre, la culture, la protection sociale et sanitaire…
Avant la révolution : justice retenue, l’administration juge elle-même les litiges qui la concerne,
via le roi.
Après la révolution : justice déléguée, rendue par le juge au nom du peuple français
RAPPEL :
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Critère organique : le service public (SP) peut être créé ou arrêté par une personne publique ou par
une collectivité territoriale.
C.E. 22/02/2007 : arrêt APREI (association du personnel relevant des établissements pour inadaptés).
Le CE s’en remet à la méthode du faisceau d’indices.
Même en l’absence de telles prérogatives, une personne privée doit également être regardée, dans
le silence de la loi, comme assumant une mission de service public :
en regard à l’intérêt général de son activité,
aux conditions de sa création, de son organisation ou de son fonctionnement,
aux obligations qui lui sont imposées, ainsi qu’aux mesures prises pour vérifier que les
objectifs qui lui sont assignés sont atteints,
Si ces critères sont réunis, il apparaît que l’administration lui a confié une mission de SP.
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Pour identifier un service public industriel et commercial, le juge, loin de s'en tenir aux qualifications parfois trompeuses des
textes, à moins qu'ils ne soient de niveau législatif, met en œuvre plusieurs critères dont les principaux sont l'objet du
service, l'origine des ressources, les modalités du fonctionnement.
A) l’objet de l’activité
C’est l’élément fonctionnel
Quel est l’objectif poursuivi : l’intérêt général
Arrêt TC 22/01/1912 : Sté Ciale de l’Ouest Africain :bac d’Eloka , qui donna naissance aux SPIC.
La société commerciale de l'Ouest africain était propriétaire de l'une des voitures qui furent gravement endommagées dans
l'accident survenu au bac dit d'Eloka, service de liaison maritime situé sur la lagune du littoral de Côte d'Ivoire et exploité
directement par la colonie. Aux fins de déterminer le juge compétent pour désigner l'expert dont la société demandait la
nomination, le Tribunal des conflits a été amené à se prononcer sur la question de savoir si des services entiers de
l'administration peuvent être regardés comme fonctionnant dans les mêmes conditions qu'une entreprise privée, auquel cas
le juge compétent est le juge judiciaire.
Par cet arrêt, le Tribunal des Conflits donne naissance, sans le nommer encore, à la notion de SPIC.
Si la gestion de droit privé par une personne morale de droit public existe déjà en 1921, celle de service soumis
entièrement au droit privé est une création jurisprudentielle.
Cette notion connaît aujourd’hui une fortune diverse.
Statuts du service
Pour les SPA :
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SPA SPIC
domaine public DA DA
les biens
essentiellement
domaine privé DP
DP sauf
en interne DA (arrêt Berkani 1996) comptable SP
les relations du service
usagers DA sauf HLM > droit privé donc T. I. DP
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DA ou DP suivant
en externe cocontractant contrat DP
les tiers DA DP
Section 3 : LES PRINCIPES FONDAMENTAUX REGISSANT LE SERVICE PUBLIC
1) LE PRINCIPE D’EGALITE
Il doit y avoir un traitement identique des personnes se trouvant dans des situations identiques sauf
quand :
la loi le prévoit
l’intérêt général le justifie (en rapport avec le service rendu)
quand il y a une différence de situation au regard de l’objet du service
2) PRINCIPE DE NEUTRALITE
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Il est impossible de faire preuve de favoritisme ou de discrimination pour des raisons raciales ou religieuses
ou en tout cas, qui ne sont pas commandées par l’intérêt général.
Le principe de neutralité suppose en effet que l’administration et ses agents respectent une stricte neutralité
politique, philosophique et religieuse.
Sur ce dernier aspect, la jurisprudence administrative est très claire. Pour ce qui concerne l’agent du SP, il est
soumis à une stricte obligation de neutralité, lui imposant de ne faire apparaître aucun signe d’appartenance
politique, philosophique ou religieuse.
C’est une obligation absolue, dont la méconnaissance peut entraîner une sanction disciplinaire très lourde,
et/ou le refus de renouveler le contrat, pour un agent contractuel.
L’agent a un devoir de réserve, il ne pratiquera ni favoritisme, ni propagande.
3) PRINCIPE DE CONTINUITE
La satisfaction du besoin d’intérêt général, auquel le service public répond, ne saurait être interrompue, tel
que le fonctionnement du service ne peut supporter d’interruption.
Concernant le droit de grève, à retenir CE arrêt WINKELL 1909 qui ne reconnait pas le droit de grève aux
fonctionnaires. > n'est pas entaché d'excès de pouvoir l'arrêté révoquant, sans qu'il ait reçu préalablement
la communication de son dossier, un ouvrier du service des postes ayant participé à la grève qui s'est
produite dans ce service au mois de mai 1909.
Le préambule de la constitution de 1946 prévoit : « le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le
réglemente »
CE arrêt DEHAENE 7 juillet 1950 : « en l’absence de lois applicables, il appartient au chef de service de
règlementer le droit de grève des fonctionnaires et d’organiser la nécessaire conciliation entre ce droit et la
continuité du service public »
Le droit de grève est interdit aux agents dont la présence est nécessaire pour la continuité du service public :
policiers, magistrats judiciaires, militaires, personnes chargées de mission de sécurité.
La grève étant définie comme une cessation collective et concertée du travail en vue d’appuyer des
revendications professionnelles.
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Pour les autres un service minimum peut être imposé par l’administration.
En tout état de cause, un préavis de grève doit être déposé et la grève tournante est interdite
4) PRINCIPE DE MUTABILITE
il résulte du principe d’adaptabilité (mutabilité), que ni les agents, ni les usagers ne sauraient se prévaloir d’un
droit acquis au maintien du statut en vigueur quand ils sont entrés en relation avec le service.
Les agents du service public subissent, immédiatement, sans contrepartie, les modifications apportées à leur
statut. > un chauffeur de bus qui conduit le jour peut se voir attribuer la conduite de nuit…
Seuls les agents contractuels peuvent, en pareille hypothèse, prétendre à une indemnité compensatrice.
De même les usagers supportent de plein droit les hausses de tarif, sous réserve du principe de non rétroactivité.
Les usagers ne peuvent contester le mode de gestion d’un SP (SPA ou SPIC)
C.E.27 janvier 1961 : arrêt VANNIER : « aucun droit n’existe au maintien du service ; l’administration peut
supprimer des services publics sauf ceux que la loi rend obligatoire » (ex : absence de mise en place d’un
enseignement prévu par les programmes scolaires.
Principe général :
Il existe un monopole des personnes publiques pour créer les services publics.
L’article 34 définit la loi et délimite son domaine, dans le cadre instauré par la Constit. du 4 /10/1958.
Lart 34 ne réserve pas au législateur la compétence de créer des services publics, donc le détenteur de droit
commun de cette compétence était le pouvoir réglementaire.
Pourtant l’art 34 réserve au législateur la possibilité de créer des SP dans certaines hypothèses :
lorsque la loi détermine les principes fondamentaux
soit dans certains services publics
soit dans la création de catégories d’établissements publics
lorsque le SP qui va être créé est susceptible de porter atteinte aux libertés publiques
lorsqu’une loi est nécessaire pour rendre obligatoire un SP pour les collectivités territoriales.
Décision CC 26 juin 1986 = le législateur et le pouvoir réglementaire ont 1 pouvoir discrétionnaire (ils font ce qu’ils
veulent) pour créer ou supprimer un service public.
Les administrés ont un droit à la création ou au maintien d’un service public quand la constitution ou la loi en
impose l’existence.
Ex : droit à l’instruction, donc pas de suppression de l’éducation nationale.
Les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) :
Ex, SIVOM, communauté urbaine, communauté d’agglo, … peuvent créer des SP pour diversifier leurs
activités :
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Avis du C.E. 7 juillet 1994 : un EPIC peut engager une diversification de ses activités dès lors que celles-ci sont
« techniquement et commercialement le complément normal de sa mission statutaire principale » et sont « à
la fois d’intérêt général et directement utile à l’établissement public ».
Les communes par la loi du 5 octobre 1884 et les départements par la loi du 10 avril 1871, ont reçu
compétence pour créer, organiser et supprimer tous les services publics nécessaires à leur mission.
Principe qui a été confirmé par les lois de décentralisation de 1982.
Lorsque la création d’un SP n’est pas obligatoire, il revient à l’autorité compétente d’apprécier de
l’opportunité d’une telle création.
Ainsi, il appartient à la seule Assemblée délibérante de décider de créer ou de supprimer un service public,
d’en fixer les règles générales d’organisation et de prendre toutes les mesures portant sur la définition des
missions du service. L’exécutif local a la qualité de chef de service.
Il peut prendre des mesures d’organisation internes du service tout comme le gouvernement et les ministres
qui sont compétents pour régler l’organisation interne de leurs services.
Il a également la responsabilité de gestion des agents.
De plus, les collectivités territoriales ne peuvent en principe concurrencer l'initiative privée en créant des SP
seulement si ces derniers répondent à un besoin de la population et font face à une absence ou carence de
l'initiative privée.
Aujourd’hui, la jurisprudence est sensible aux interventions économiques des collectivités territoriales puisque ces
dernières ne doivent pas enfreindre la liberté du commerce et de l’industrie. Il existe des domaines interdits aux
C.T. : activités illicites, activités réservées à l’État, activités purement lucratives.
Exception : CE 30 mai 1930, arrêt de la chambre syndicale de commerce de détail de Nevers : les communes
peuvent créer des SP lorsqu’en raison de circonstances particulières de temps et de lieu, un intérêt public
justifie leur intervention
Depuis la Constitution de 1958, sauf le cas réservé par la loi, la compétence de suppression des SP appartient
au gouvernement ou à la collectivité compétente.
Par ailleurs, selon la jurisprudence sur la privatisation, il existerait des SP qualifiés de constitutionnels, càd qui ne
pourraient pas être supprimés, même par la loi (activités des télécom., l’électricité et le gaz.).
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la disparition du besoin de l’intérêt général qui avait motivé la création du service public.
La suppression sans disparition du besoin d’intérêt général pour des raisons politiques (ex ; loi de 1905
sur la séparation des églises et de l’état), ou financières.
La suppression pour des raisons techniques
L'Union européenne, dans ses traités, ne mentionne explicitement le SP que dans le cadre des transports (art 73 CE).
Les services d’intérêt général étaient présents dans le Traité instituant la Communauté européenne (art.. 106 § 2 du
traité sur le fonctionnement de l'Union européenne - TFUE -).
La Commission a toutefois reconnu que les services d'intérêt général « sont au cœur du modèle européen de société
» (communication du 26 septembre 1996). Le Traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er janvier 2010, renforce la
place des services d’intérêt général. La législation et la jurisprudence européennes utilisent habituellement des
concepts jugés plus précis et indépendants du pays.
Les « services d'intérêt général » (SIG).
Il s’agit de prestations servies aux administrés par les pouvoirs publics, soit directement, soit par délégation à
des tiers. Peuvent être définis comme les services, tant économiques que non économiques, que les autorités
publiques classent comme étant d'intérêt général et soumettent à des obligations spécifiques de service
public.
1a. Les « services d'intérêt économique général » (SIEG), sous-catégorie des SIG qui relèvent du secteur
marchand à la différence de ceux non économique.
Au niveau national, ce sont traditionnellement les grandes activités exercées en réseau comme le service
postal, la fourniture d'électricité et de gaz ou le secteur des transports ferroviaires.
Sur le plan local, il peut également s'agir de la gestion des services des eaux, des transports municipaux, des
déchets ou encore l'installation de remontées mécaniques.
1b. Les « services non économiques d’intérêt général » (SNEIG) qui sont également une sous-catégorie des SIG.
Ces services, qui comprennent par exemple les prérogatives étatiques traditionnelles, telles que la police, la
justice et les régimes légaux de sécurité sociale, ne sont soumis ni à une législation communautaire spécifique,
ni aux règles du traité relatives au marché intérieur et à la concurrence.
Néanmoins, comme l'indique la Commission européenne, le caractère économique d'une activité est pour le
moins délicat à déterminer avec certitude. Chaque situation doit faire l'objet d'une analyse spécifique en
fonction des éléments donnés par la Cour de justice de l'Union.
Il n’y a pas de définition communautaire, mais il ne s’agit pas d’une nouvelle catégorie de SIG. Pour autant le droit
applicable à ces services est identique à celui des SIG càd déterminer la nature économique ou non de l’activité.
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Pour la commune :
de désinfection, d'hygiène et de santé (CGCT, art. L 2321-2, 12°) ; > des pompes funèbres (CGCT, art.
L. 2223-19) ; > de la gestion et l'entretien des cimetières (CGCT, art. L. 2213-8 et s. L. 2223-1 et L.
2223-3) ;
d'élimination des déchets des ménages et autres déchets (CGCT, art. L. 2224-13), de la lutte contre
l'incendie si celui-ci n'est pas organisé au niveau intercommunal ou départemental (CGCT, art. L.
2321-2, 7°) ;
de la gestion et de l'entretien des voies communales (CGCT, art. L. 2321-2, 20°) ;
des archives communales (C. patr. art. L. 212-14) ; > de l'instruction et de la délivrance des permis de
construire dans les communes où un plan local d'urbanisme a été approuvé (C. urb. art. L. 421-2-1).
Les communes doivent en outre organiser le service public national de l'état civil.
Pour le Département :
de voirie départementale (CGCT, art. L. 3321-1, 16°) ; > de programmes d'aide à l'équipement rural
(CGCT, art. L. 3232-1) ; > de construction et fonctionnement des collèges (C. éduc. art. L. 213-1 et s. –
CGCT, art. L. 3321-1, 7°) ;
de transports scolaires (CGCT, art. L. 3551-27) ; > de transports non urbains de personnes, d'entretien
de ports de commerce et de pêche non pris en charge par l'État (CGCT, art. L. 3321-1, 15°) ;
d'actions sociales, de santé et d'insertion (C. action soc. et fam. art. L. 121-1. – CGCT, art. L. 3321-1,
10°) ;
de bibliothèques (C. patr. art. L. 320-2) ; > d'archives départementales (C. patr. art. L. 212-8) ; > et de
lutte contre l'incendie (CGCT, art. L. 1424-1 et s.).
Pour la région :
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SP SP
Il existe deux formes essentielles de gestion du service public par une personne publique.
Le service public peut être géré
directement par la personne titulaire de la compétence (c’est la régie) ou
par une personnalité juridique autonome (c’est l’établissement public).
Un SP est géré en régie lorsque la collectivité le gère elle-même avec ses propres moyens financiers et en
matériel, avec ses propres agents. La régie n’a donc normalement aucune personnalité juridique.
a) la régie simple
La régie directe correspond à l’hypothèse où la collectivité gère directement le service en prélevant sur
son budget les moyens financiers, et en utilisant ses propres moyens en matériel et en personnel. Toutes
les dépenses engagées sont imputables au budget de la collectivité.
Cette forme de régie est le mode normal de gestion des SPA.
b) La régie autonome
Une régie est dite autonome lorsqu’elle bénéficie d’une certaine autonomie financière sans pour autant
disposer de la personnalité morale. L’avantage d’une telle formule est de doter certains services d’un
budget autonome. Il est ainsi plus facile de respecter l’exigence d’équilibre financier imposée au SPIC.
L’E.P. est une personne morale de droit public créée soit par l’État soit par une collectivité territoriale.
Le recours à l’établissement public peut être nécessaire pour la gestion d’une SPA (centre communal d’action social,
caisse de crédit municipal, office public d’HLM, hôpital…) ou la gestion d’un SPIC (transport, eau, assainissement…).
A la différence de la régie, l’établissement public est doté de la personnalité morale.
Toutefois, il reste rattaché à la collectivité qui l’a créé. L’établissement public se distingue néanmoins de la
collectivité territoriale ou de l’État.
En effet, l’activité d’un établissement public est guidée par le principe de spécialité.
A l’inverse des collectivités territoriales qui bénéficient d’une compétence générale, l’établissement public est
doté d’une compétence d’attribution.
Il découle de cette règle que l’établissement public ne peut aller au-delà de sa compétence et exercer des
attributions qui ne lui ont pas été expressément attribuées.
Selon l’activité exercée, l’E.P. sera administratif (EPA) ou industriel et commercial (EPIC).
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La collectivité publique compétente pour exercer une activité de S.P. peut décider, pour des raisons de
souplesse ou d’efficacité, de confier la gestion de ce service public à une personne privée.
Dès le début du XIXème siècle ce mode de gestion du service public est devenu courant pour la gestion des
grands services publics (chemin de fer, distribution d’eau ou de gaz).
Il existe deux formes de gestion déléguée.
- La première consiste à confier par la loi la gestion d’un service public. On parlera alors de délégation
unilatérale.
- Le second procédé consiste à confier la gestion du service public à une personne privée dans le cadre d’un
contrat. On parlera alors de délégation contractuelle.
C’est à partir de l’entre-deux-guerres, que la jurisprudence a admis que le législateur pouvait recourir aux personnes
privées pour assurer un S.P. : CE 13 mai 1938, « Caisse primaire « aide et protection »
La motivation de ce type d’habilitation est de confier la gestion d’une activité d’intérêt public aux
représentants de la catégorie de personnes concernée par cette activité. Ainsi, ce mode de gestion s’est
développé au profit des syndicats professionnels (CE, 13 janvier 1961, « Magnier »), au profit de certaines
associations (associations communales de chasse, fédérations sportives), au profit des ordres professionnels
(ordre des avocats, des médecins…).
La délégation contractuelle suppose la conclusion d’un contrat entre l’autorité délégante et le délégataire. Un tel
contrat est nécessairement administratif, car il confie l’exécution même d’une mission de service public à la
personne privée qui contracte avec la personne publique.
Il existe plusieurs types de contrat permettant de confier la gestion d’un SP à une personne privée.
Il est cependant nécessaire de préciser la notion de délégation contractuelle.
Depuis longtemps, le juge fait reposer la distinction entre délégation de service public et marché public sur le
critère de la rémunération.
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Si le titulaire est rémunéré par un prix payé par la personne publique, c’est un marché public.
Si la rémunération est substantiellement liées aux résultats de l’exploitation, c’est une DSP (délégation
de service public) (CE, 15 avril 1996, « préfet des Bouches-du-Rhône c/ commune de Lambesc »).
Le terme « substantiel » n’exclut pas la possibilité que l’exploitant bénéficie d’autres sources de revenus tels
que des subventions.
La concession
Il s’agit d’un contrat par lequel une personne publique (le concédant) confie, sous son contrôle, à une
personne, en principe privée (le concessionnaire) la gestion d’un service public.
Comme dans l’affermage, le concessionnaire exerce l’activité à ses risques et périls.
Cependant, la concession se distingue de l’affermage car c’est au concessionnaire qu’il appartient de
construire l’ouvrage ou les équipements nécessaires.
A la fin de la concession le concessionnaire remet gratuitement, à la personne publique concédant, les
ouvrages et équipements nécessaires au bon fonctionnement du service.
Le concessionnaire a la charge de faire fonctionner l’ouvrage. Il le gère « à ses risques et périls ». Il se
rémunère sur l’usager en contrepartie du service fourni. Il bénéficie également d’un droit à l’équilibre financier
du contrat. Le concédant doit indemniser le concessionnaire des charges qui lui sont imposée en cours
d’exécution au nom de la continuité du service public, ou de l’adaptabilité.
L’administration reste libre du choix de son cocontractant. Toutefois, comme pour les marchés publics, elle est
liée à des obligations de transparence et de publicité imposée par la loi (loi du 29 janvier 1993).
La concession prend fin normalement lorsque la durée prévue au contrat est arrivée à son terme. La durée de
la concession est en principe équivalente à la durée d’amortissement du bien.
Cependant, la concession peut prendre fin de façon anticipée. En application de la théorie générale des
contrats administratifs, la concession peut être résiliée unilatéralement par l’autorité concédante si l’intérêt
général le justifie, alors même que le concessionnaire n’a pas commis de faute. Dans ce cas le concessionnaire
qui a droit à l’équilibre financier sera indemnisé par l’administration.
La concession prend également fin en cas de faute du concessionnaire. Il s’agit dans ce cas d’une sanction
prononcée par le juge. La sanction prononcée contre le concessionnaire défaillant peut aller jusqu’à la mise en
régie dans les cas les plus grave.
L’affermage
L’affermage est un contrat par lequel une personne publique décide de confier à une personne privée la
gestion d’un service public.
Le fermier se rémunère directement sur l’usager du S.P. en contrepartie de la prestation fournie, mais doit
verser une « surtaxe » à la collectivité publique correspondant au droit de gérer le service public et à la
jouissance des installations. Dans cette formule, c’est la collectivité publique qui remet au fermier les
équipements et installations nécessaires au fonctionnement du service.
Le fermier exploite à ses risques et périls le service et les équipements, mais à la différence de la concession le
fermier ne supporte pas les charges liées à l’établissement du service public, c’est à dire les investissements
initiaux. C’est ce que l’on appelle les frais de premier établissement.
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La régie intéressée
La régie intéressée est un contrat par lequel une personne privée (le régisseur) fait fonctionner, à la demande
d’une personne publique, un service public en percevant une rémunération de cette personne publique mais
qui, à la différence de celle du fermier n’est pas fonction des résultats financiers de la gestion.
La rémunération du régisseur est forfaitaire ce qui n’exclut toutefois pas que celle-ci soit variable en fonction
des résultats de l’exploitation de l’activité. Le régisseur n’assume pas le risque lié à l’exploitation du service
dans les mêmes proportions que le concessionnaire ou le fermier.
Le contrat de partenariat permet à une collectivité publique de confier à une entreprise la mission globale de
financer, concevoir tout ou partie, construire, maintenir et gérer des ouvrages ou des équipements publics et
services concourant aux missions de service public de l’administration, dans un cadre de longue durée et
contre un paiement effectué par la personne publique et étalé dans le temps.
Il a pour but d’optimiser les performances respectives des secteurs public et privé pour réaliser dans les
meilleurs délais et conditions les projets qui présentent un caractère d’urgence ou de complexité pour la
collectivité : hôpitaux, écoles, systèmes informatiques, infrastructures.
À ce titre, le contrat de partenariat vient compléter la panoplie des outils de la commande publique en France.
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La police administrative est un exercice difficile car il s’agit d’assurer la protection de l’ordre public tout
en respectant la liberté publique.
En réalité la PJ a 3 missions :
Constater les infractions à la loi pénale
En rassembler les preuves
Rechercher et arrêter les auteurs
Quand il faut savoir si telle mesure de police est administrative ou judiciaire, il faut se poser la question de
savoir si je suis dans la prévention ou au contraire dans de la constatation d’infraction, dans la recherche de
preuves ou la recherche des auteurs.
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La sécurité publique (mesure de police visant à protéger les usagers d’éventuels accidents de la route,
les immeubles menaçant ruine)
La tranquillité publique (tapage nocturne, couvre-feu)
La salubrité publique (prévention des épidémies, salubrité de l’eau et des denrées alimentaires,..)
Arrêt C.A.A. de Nantes du 31 juillet 2001, sté L’OTHALA PRODUCTION même en l’absence d’un texte, la CAA a
jugé légale l’intervention d’un maire qui voulait règlementer une rave party dans une optique de protection
sanitaire.
Cet arrêt s’inscrit dans la lignée d’une décision du conseil constitutionnel du 27 juillet 1994, avec les lois sur la
bioéthique où le conseil constitutionnel reconnait que le respect de la dignité de la personne humaine a valeur
constitutionnelle.
Le respect de la dignité de la personne humaine s’étend aussi aux morts (dépouille de soldat, profanation de
cimetière,..), mais pas au devoir de mémoire.
Arrêt MILHAUD, CE, 2 juillet 1993
Dans ce respect de la dignité de la personne humaine, il n’y a pas le critère de circonstances locales (à la
différence de la moralité publique)
Une 6ème composante est :
La protection des mineurs
Il faudra des circonstances locales particulières
Arrêt du CE, 27 juillet 2001, ville d’Etampes (couvre-feu / mineurs de – de 13ans)
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La 1ère autorité de police qui a été reconnue l’a été par CE 8 Aout 1919, arrêt LABONNE (il appartient au chef
de l’état, en dehors de toute délégation législative, et en vertu de ses pouvoirs propres de déterminer celles
des mesures de police qui doivent être appliquées sur le territoire).c’était sous la 3ème République.
Sous la 4ème, c’était le président du conseil, qui est donc chef du gouvernement et titulaire du pouvoir de
police.
Sous la 5ème (depuis le 04/10/1958), c’est le 1er Ministre qui est chef du gouvernement et titulaire du pouvoir
de police.
Les ministres n’ont pas de pouvoir règlementaire propre sauf dans un domaine qui est l’organisation du
service (pour règlementer leurs propres services).
Arrêt CE 7 février 1936, JAMART. Par l'arrêt Jamart, le Conseil d'État consacre l'existence d'un pouvoir
réglementaire permettant aux ministres de prendre les mesures nécessaires à l'organisation de leurs services.
La police spéciale par rapport à la générale aura une compétence dans un domaine déterminé.
La PAS se distingue de la PAG, en raison de la particularité de l’objet qu’elle doit sauvegarder (ex :
police des étrangers, police de la pêche, police des gares,…)
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2) LES LIMITES
Depuis l’arrêt Benjamin, sont prohibées les interdictions générales et absolues . >> le maire aurait pu
prendre une mesure de police (gendarmes, barrières) pour éviter les débordements possibles suite à cette
conférence
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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4
Le principe de légalité, c’est l’obligation constitutionnelle qui est faite à l’administration de respecter le droit,
tout le droit, rien que le droit
1) LE BLOC DE CONSTITUTIONNALITE
La constitution de 1958
Le préambule de la constitution de 1946 contenant entre autres les « PPNT » (principes
particulièrement nécessaires à notre temps).
La DDHC du 26 aout 1789
La charte de l’environnement de 2004
Les « PFRLR » qui sont les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, sous 3
conditions :
Le principe doit être issu d’un texte législatif antérieur à la constitution de 1946
Il doit avoir été pris par un régime républicain
Il doit avoir été appliqué sans discontinuité depuis le texte qui l’a institué (liberté
d’association, de conscience, indépendance du juge administratif, droit de la défense,
existence d’une justice pénale pour les mineurs,…)
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La loi écran : c’est une loi qui fait écran et qui empêche le juge administratif de contrôler l’acte administratif
directement par rapport à la constitution.
Arrêt C.E. de section 6 novembre 1936, arrêt ARRIGHI, par lequel le CE va développer la théorie de la loi écran,
qu’il refuse de contrôler la constitutionalité d’une loi.
En cas de contrôle direct, également appelé contrôle par voie d’action, le juge contrôle directement la
conformité de l’acte administratif à la constitution (arrêt des annamites de Paris).
En cas de contrôle indirect, par voie d’exception, lors d’un procès, le requérant excipe de l’inconstitutionnalité
de la loi avec la loi écran (arrêt Arrighi) ou l’écran transparent (arrêt Quintin).
Le domaine de la loi est fixé par l’article 34 de la constitution, notamment en matière de :
Droit civique et garantie fondamentale
Nationalité, état et capacité des personnes
Détermination des crimes et délits et des peines applicables
Nationalisation et privatisation
L’enseignement
La préservation de l’environnement
Le droit du travail
Le droit syndical
La sécurité sociale
La création de catégories d’établissements publics
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Le juge applique la loi mais uniquement si elle présente un caractère normatif car le juge refusera
d’appliquer des lois purement déclaratives.
La loi doit être entrée en vigueur.
Les décrets d’application de la loi sont facultatifs mais cela n’interdit pas le pouvoir réglementaire d’adopter
des décrets d’application.
Cela résulte d’un arrêt de la C.E. du 12 décembre 2003, ARRET DESCOMMISSIRES ET DE LES HAUTS
FONCTIONNAIRES DE LA POLICE NATIONALE
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C’est le fait d’invoquer à son profit des stipulations du droit international pour tenter de faire échec à une
mesure administrative de niveau national.
Il faut rappeler que la loi dispose et que le contrat stipule.
L’article 55 dispose que les traités régulièrement ratifiés ont sous réserve de réciprocité une valeur
supérieure aux lois.
Quand un traité est signé entre deux états, il doit d’abord être ratifié par le parlement.
Pour qu’il soit applicable, il doit être appliqué par les deux états signataires, sinon il ne peut plus être
considéré comme ayant une valeur supérieure aux lois françaises.
Cette supériorité ne vaut que pour les traités, ce qui exclut la coutume internationale :
C.E., ass 6 juin 1997, AQUARONE. Les règles coutumières du droit international public sont applicables en droit
interne mais ne prévalent pas sur la loi en cas de conflit entre ces deux normes.
Pour savoir si on applique un traité ou pas, tout administré peut saisir le juge administratif qui va vérifier plusieurs
choses et qui va surtout vérifier que le traité a bien été adopté suivant la procédure prévue.
Le non-respect de la procédure rend inopposable le traité.
A l’appui d’un recours tendant à l’annulation d’une décision individuelle ou réglementaire, le requérant ne
peut invoquer une norme internationale à son profit, qu’à la condition que cette norme ait un effet direct.
En cas de difficulté d’interprétation du droit de l’UE, le juge administratif doit poser une question préjudicielle
à la CJUE (cour de justice de l’union européenne), article 267 du traité fondateur de l’UE. C’est un recours en
interprétation.
Le Conseil d’Etat a créé une théorie qui est la théorie de l’acte clair, afin de limiter ces recours en interprétation, et
on peut citer l’arrêt C.E., ass, 19 juin 1964, STE DES PETROLES SHELL-BERRE ET AUTRES.
Pour qu’une norme internationale ait un effet direct il faut deux conditions cumulatives :
Les stipulations conventionnelles doivent créer des droits et/ou des obligations au profit et à la charge
des sujets de droit interne.
Les stipulations en cause doivent être précises pour être appliquées directement (elles ne doivent
appeler aucun acte d’exécution pour pouvoir s’appliquer).
Rappel :
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B) la condition de réciprocité
Pendant très longtemps, le CE a refusé de contrôler la condition de réciprocité, en raison de la dimension
politique qu’implique une telle interprétation.
Le CE posait une question préjudicielle au Ministre des Affaires Etrangères, puis il y a eu un revirement, C.E. 9
juillet 2010, arrêt CHERIET-BENSEGHIR, arrêt par lequel le CE accepte désormais d’interpréter le traité
international invoqué, ainsi que les conditions de son application, notamment l’application réciproque .
Le droit de l’UE prime également sur le droit national, aussi bien pour les traités originaires que pour ceux du
droit communautaire dérivé.
Le droit communautaire dérivé prend la forme de 2 types d’actes qui sont :
Les règlements communautaires, adoptés par l’UE et qui sont d’application immédiate et obligatoire
dans toutes ses stipulations que celles –ci prévoient une obligation de moyens ou de résultats.
Les directives européennes qui fixent un résultat à atteindre ou un objectif à atteindre en laissant aux
états membres les moyens qu’ils souhaitent mettre en œuvre pour y parvenir dans un délai déterminé.
A) le règlement communautaire
Il est d’application directe dans l’ordre interne.
Le CE assimile les règlements communautaires aux conventions internationales.
A noter que lorsque l’état ne respecte pas une directive communautaire, soit qu’il ne l’a pas transposé dans le
délai imparti, soit qu’il l’a mal transposé, il est susceptible d’engager sa responsabilité.
C.E., ass., 28 février 1992, STE ARIZONA TOBACCO et STE PHILIP MORRIS, dans lequel l’état a été reconnu
responsable pour mauvaise transposition d’une directive communautaire.
L’hypothèse de départ est la suivante : on fait un REP, dont l’objectif est de demander l’annulation d’un AAI
(acte administratif individuel) en invoquant une directive communautaire. La JP de départ est un C.E., ass, 22
décembre 1978, COHN BENDIT.
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Cet arrêt nous dit qu’à l’appui d’un REP, un justiciable ne peut pas invoquer directement une directive
européenne, dès lors que cette directive ne lie pas l’état par les moyens à mettre en œuvre pour atteindre cet
objectif, mais uniquement par cet objectif.
Mais il y a eu un revirement de JP, C.E., ass. 30 octobre 2009, Mme PERREUX : tout justiciable peut, à l’appui
d’un recours dirigé contre un acte non règlementaire, se prévaloir des dispositions précises et
inconditionnelles d’une directive lorsque l’état n’a pas pris dans les délais impartis par celle-ci les mesures de
transposition nécessaires.
L’obligation de transposer une directive n’est pas une obligation communautaire mais une obligation
constitutionnelle.
Le conseil constitutionnel contrôle la constitutionnalité de la loi de transposition et les juridictions
administratives vont contrôler la constitutionalité du décret de transposition.
Contrairement à l’AAU, qui permet à l’administration de prendre des mesures sans le consentement d’autrui,
le contrat suppose lui un accord de volonté.
B) les contrats conclus entre une personne privée et une personne publique
La présence d’une personne publique au contrat est une condition nécessaire pour qu’il soit qualifié
d’administratif, mais il peut arriver que la personne publique délègue à un mandataire le soin de signer le
contrat.
Dans cette hypothèse, le contrat est matériellement signé par une autre personne, mais juridiquement, c’est la
personne publique qui est considérée comme partie au contrat.
C’est donc une signature au nom de la personne publique.
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Ensuite des difficultés se sont posées à propos des contrats conclus par une personne publique qui devient par
suite de changement d’un statut une personne privée.
En la matière, on considère que les contrats postérieurs au changement de statut sont des contrats de droit
privé, tandis que les anciens contrats demeurent administratifs.
Arrêt du tribunal des conflits de 2006, CAISSE CENTRALE DE REASSURANCE.
La clause exorbitante du droit commun peut se définir comme « la clause ayant pour objet de ceux qui sont
susceptibles d’être librement consentis par quiconque dans le cadre des lois civiles et commerciales ».
Cette définition est issue d’un arrêt CE, section, 1950, Sieur STEIN.
Une clause exorbitante est une clause que l'on ne trouve pas dans les contrats de droit privé parce qu’elle y
serait illégale.
Une seule clause exorbitante dans un contrat suffit pour que le contrat soit administratif.
La clause exorbitante établit un rapport d'inégalité entre les cocontractants car elle octroie à l'une des parties
des pouvoirs sans les donner à l’autre.
Ne présente pas un caractère exorbitant du droit commun, la clause qui institue des délais d’exécution ou des
pénalités de retard.
Les contrats conclus entre les SPIC et leurs usagers, restent des contrats de droit privé, même s’ils contiennent
des clauses exorbitantes du droit commun.
Lorsqu’un contrat se réfère à un cahier des charges, la seule référence au cahier des charges ne suffit pas à
établir l’existence d’une clause exorbitante du droit commun.
Pour établir l’existence d’une telle clause, il est nécessaire que le cahier des charges contienne lui-même une
clause exorbitante du droit commun :
Tribunal des conflits, 5 juillet 1979, arrêt UGAP.
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La jurisprudence, STE D’EXPLOITATION ELECTRIQUE DELA RIVIERE DU SANT, CE, sect, 19 janvier 1973, a été
abandonnée (tribunal des conflits, 13 décembre 2010, STE GREENYELLOW et AUTRES / EDF, EDF étant
devenue une société commerciale, mais la loi du 12 juillet 1970 soumet à nouveau ces contrats à un régime
exorbitant.
Un contrat accessoire d’un contrat administratif l’est aussi (T. Conf., 22 juin 1998, AGENT JUDICIAIRE DU
TRESOR / MIGLIERINA qui était un contrat de cautionnement d’un contrat administratif.
a) un pouvoir de direction et de contrôle qui permet à l’administration d’effectuer des contrôles à tout
moment pour s’assurer de la bonne exécution du contrat. Dans les faits ce pouvoir se traduit
quand une défaillance est constatée, par l’édiction d’une note (ou ordre) de service à son co-
contractant.
Dans les contrats de DSP (délégation de SP), le contractant doit fournir chaque année un rapport
d’activités sur sa gestion financière et la qualité du service rendu.
b) un pouvoir de sanction qui s’exerce par le biais de décisions administratives unilatérales (si les notes de servic
n’ont pas suffi). Les sanctions sont,
sauf urgence ou clause contraire, prononcées après une mise en demeure restée infructueuse (LRAR). Elles
doivent être adaptées à la gravité de la situation :
- si la défaillance est mineure, l’autorité administrative prendra des sanctions pécuniaires, telles que des
pénalités de retard ou des dommages et intérêts.
- Si la défaillance du cocontractant atteint un degré supérieur de gravité, c’est-à-dire qui menace
l’exécution du contrat, l’administration aura recours à des sanctions coercitives, et elle pourra, soit se
substituer au partenaire défaillant, soit remplacer ce partenaire à ses frais et risques (pour l’entreprise
défaillante) par un tiers.
- Pour les défaillances les plus graves, l’administration peut prononcer une résiliation sanction du
contrat aux torts de son partenaire. Cette résiliation sanction est
notamment possible en cas d’interruption du service ou de chantier ou en cas de fonctionnement
défectueux du service.
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Les modifications ne doivent pas être si innovatoires que l’on pourrait penser qu’un nouveau
contrat aurait dû être conclu.
Enfin certaines clauses du contrat ne peuvent pas être modifiées unilatéralement par l’administration :
les clauses financières
l’objet du contrat
Si la modification apportée au contrat modifie les charges du co-contractant, celui-ci a le droit à la
compensation intégrale de son préjudice, l’administration étant tenue à l’équilibre financier du contrat.
A) la théorie de l’imprévision > se justifie par la nécessité d’assurer le S.P. dans sa continuité
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Il faut un évènement extérieur aux parties, dont la survenance est imprévisible et dont les effets sont
irrésistibles.
En cas de force majeure, l’exécution du contrat devient impossible et le cocontractant ne peut pas voir sa
responsabilité engagée.
Il a même le droit, tant à une résiliation de son contrat qu’une indemnisation.
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En matière de responsabilité pour faute, il doit y avoir un lien de causalité entre la faute commise par
l’administration et le préjudice subi par la victime.
En matière de responsabilité sans faute, le lien de causalité doit exister entre le fait générateur du dommage
et le préjudice subi.
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Disparition d’une faute lourde dans les domaines suivants (liste non exhaustive) :
service public hospitalier CE, époux V., 1992
service pénitentiaire CE, 23 mai 2003, Mme CHABBA
activité de secours
activité de lutte contre le bruit
service public fiscal
2) LA THEORIE DU CUMUL
A) Les cumuls
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au départ, on considérait que les fautes étaient exclusives l’une de l’autre (s’il y avait une faute personnelle, il
n’y avait pas faute de service).
CE, 1911, ANGUET : par cet arrêt le juge crée un régime de cumul des fautes.
La faute personnelle et celle de service se cumulant, la victime a le choix d’agir contre l’administration devant
le juge administratif ou le fonctionnaire devant le juge judiciaire.
Arrêt CE, 1951, DELVIL : cet arrêt admet l’action récursoire de l’agent condamné contre l’administration.
Arrêt CE, 1951, LARUELLE ; cet arrêt, le même jour admet l’action récursoire inverse.
Dans tous les cas, même pour une faute personnelle, le juge compétent pour traiter des actions récursoires est
le juge administratif.
La responsabilité administrative est dans certains cas engagée de plein droit, sans faute, dès qu’un lien de
causalité apparait entre une activité administrative et un dommage.
La victime doit simplement prouver le lien de causalité.
On distingue trois types de responsabilités sans faute :
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Les méthodes dangereuses consistent dans les méthodes libérales de rééducation, créant un risque spécial
pour les tiers.
Ce régime a été dégagé à propos des dommages causés par des mineurs délinquants bénéficiant de régimes
libéraux de rééducation (CE, sect, 1956 THOUZELLIER), et s’applique aux frères du mineur qui possède la
qualité de tiers par rapport à l’établissement d’accueil du délinquant, puis a été étendu à ceux causés par des
mineurs non délinquants.
Ce régime s’applique dans de nombreux cas :
aux sorties d’essai ou placement familial des malades mentaux
aux mesures libérales accordées aux détenus
à certaines méthodes thérapeutiques dont les suites connues ne sont pas entièrement connues
aux actes médicaux nécessaires au diagnostic ou au traitement du malade ou du patient, même
pratiqués lors d’une intervention dépourvue de fin thérapeutique (anesthésie)
Trois sortes de risques peuvent engager la responsabilité sans faute des hôpitaux :
l’acte médical
l’utilisation d’un produit de santé
l’affection d’un patient
Les personnes placées dans une situation dangereuse du fait des obligations qui leur sont faites ont droit à
réparation (arrêt PERRUCHE, 1962, CE et arrêt Dame SAULZE, CE, ass, 1968)
Engage la responsabilité hospitalière, la perte d’une chance, faute d’information, de se soustraire à un risque
qui s’est réalisé (CE sect, 2005, S.)
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L’Etat est civilement responsable des dégâts et dommages résultant des crimes et délits commis à force
ouverte ou par violence par des attroupements armés ou non.
Il peut engager une action récursoire contre la commune dont la responsabilité serait engagée.
Ce régime s’applique aux dommages causés aux entreprises par des barrages installés sur des voies publiques
(CE, avis, 1998, Sté ESCA).
Le préjudice n’a pas à être anormal et spécial .
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La même solution est retenue pour des salariés qui ne peuvent faire exécuter la condamnation de leur
employeur étranger à raison de ses immunités diplomatiques, bien qu’ils aient connu dès l’origine les
privilèges de celui-ci (CE, 2011, SUSILAWATI).
La responsabilité du fait des lois peut aussi être engagée en raison des obligations qui sont celles de l’Etat pour
assurer le respect des conventions internationales par les autorités publiques, pour réparer l’ensemble des
préjudices qui résultent de l’intervention d’une loi adoptée en méconnaissance des engagements
internationaux de la France (CE, ass, 2007, GARDEDIEU).
L’Etat, les collectivités territoriales et les établissements publics sont responsables, au nom des pouvoirs dont
ils sont investis d’organiser, diriger et contrôler la vie du mineur placé sous leur autorité, vis-à-vis des tiers, des
dommages que peut causer ce dernier (CE, sect, 2005, AXA COURTAGE et 2008, Dpt COTES D’ARMOR).
Cette jurisprudence s’applique à des dommages commis par des mineurs au titre de l’assistance éducative et
aux victimes des mineurs délinquants, mais non par un mineur admis en hôpital de jour, qui reste sous la garde
de ses parents.
La responsabilité du gardien est engagée même lorsque le placement est fait à la demande des parents, même
lorsque le mineur ne se trouve pas au moment des faits sous la surveillance effective du gardien et même
lorsqu’il est momentanément hébergé chez ses parents. Peu importe que la victime soit elle-même un mineur
placé.
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3 ème Partie :
LES MOYENS D’ACTION DE L’ADMINISTRATION : LES ACTES ADMINISTRATIFS
A) définition
L’acte administratif unilatéral est un acte de droit public pris par une autorité publique, ou dans certaines
hypothèses, par une personne privée. Cet acte est rattachable à la fonction administrative et modifie
l’ordonnancement juridique.
C’est un acte exécutoire.
Il a des critères organiques : qui a pris l’acte ?
Il a des critères matériels : rattachement à la fonction administrative ou à la mission de la personne publique
qui le prend.
C’est un acte opposable à son destinataire.
Quand un acte modifie un ordre juridique interne, on dit qu’il fait grief.
B) actes ne répondant pas aux caractères d’une décision exécutoire (qui ne fait pas grief)
Ces actes sont inopposables
On ne peut pas les contester directement devant le juge administratif.
1ère catégorie :
Actes de préparation et d’exécution de décision et les actes recognitifs
Parmi ces actes on trouve des avis, des vœux d’un organe consultatif, des projets, des renseignements, des
enquêtes ou des propositions.
Ces actes ne sont pas décisoires et ne pourront faire l’objet de critiques que de manière incidente dans le
cadre du recours qui sera dirigé contre l’acte administratif final.
2ème catégorie :
Les mesures d’ordre intérieur (MOI)
Les M.O.I. ont pour but d’assurer un certain ordre au sein du service public.
A travers ces mesures, il s’agit de règlementer l’organisation et le fonctionnement interne du service.
Contrairement aux circulaires et aux directives, les M.O.I. sont de véritables décisions, mais elles se
distinguent des autres actes administratifs par leur faible portée.
Elles sont incontestables, afin de ne pas encombrer les tribunaux avec des problèmes insignifiants.
C’est l’application d’un adage latin « De Minimis Non Curat praetor »
Sous l’influence de la CEDH, le conseil d’état a peu à peu réduit le champ des M.O.I.
Au départ, l’interdiction de porter des insignes politiques, était un M.O.I, C.E., LOTTE.
Mais le CE a posé les premières pierres de la jurisprudence avec sa célèbre histoire du port de signes religieux
à l’école et a finalement accepté de contrôler le règlement intérieur d’un établissement scolaire, interdisant
le port de signes distinctifs d’ordre religieux, politique ou philosophique. CE, 2 novembre 1992,
KHEROUAA.
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Les punitions en matière militaire ont longtemps été considérées comme des MOI.
Le juge estimait, en effet, que ces punitions n’avaient pas d’influence significative sur la situation juridique des
intéressés.
Par CE du 17 juillet 1995, HARDOUIN, désormais, une sanction disciplinaire est regardée comme faisant grief.
Pour pouvoir déterminer les conséquences d’une mesure sur les situations juridiques de son destinataire, le
juge administratif examine 2 critères :
L’atteinte sensible aux droits et aux libertés protégées
Les conséquences sur les perspectives de carrière
Arrêt assemblée CE, 17 février 1995 MARIE, en matière carcérale.
Par le passé, le juge estimait que le placement en détention d’un détenu dans un QHS, constituait une mesure
d’ordre intérieur.
Désormais, avec MARIE, la mise à l’isolement peut faire l’objet d’un recours contentieux.
Par ces différentes décisions, le CE a fait évoluer sa méthode d’analyse des décisions qui lui sont déférées.
Il est passé d’une vision abstraite à une appréciation concrète au cas par cas de chaque décision qui lui est
soumise.
Arrêt assemblée CE, 19 décembre 2007, PLANCHENAUT.
Par cet arrêt, le juge va dans le sens d’une plus grande systématisation pour une plus grande prévisibilité de
ses solutions.
3ème catégorie :
Les circulaires
Les circulaires sont des actes de portée générale adressées par les chefs de service à leurs agents pour leur
indiquer la manière d’interpréter et d’appliquer les lois et les règlements.
Pour compléter la définition : la circulaire aide à la compréhension du droit, elle ne le crée pas.
Initialement, le CE distinguait circulaire interprétative et circulaire règlementaire :
CE du 29 janvier 1954, NOTRE DAME DE KREISKER.
Le critère de distinction repose sur le caractère innovateur de la circulaire.
Est réglementaire la circulaire qui innove, c’est-à-dire qui ajoute à l’ordonnancement juridique, soit en
accordant aux administrés des droits ou des garanties supplémentaires, soit en leur imposant des obligations
supplémentaires.
Depuis CE du 18 décembre 2002, MELLE DUVINIERE, on passe d’interprétatif (légal) ou réglementaire (illégal)
à interprétatif (MOI) impératif (non MOI).
Désormais pour qu’un recours dirigé contre une circulaire soit recevable, il suffit que cette circulaire soit
rédigée en termes impératifs.
4ème catégorie :
Les directives
Arrêt section CE, 11 décembre 1970, CREDIT FONCIER DE FRANCE.
La directive permet donc à une autorité administrative disposant d’un pouvoir d’appréciation de définir à
l’avance, sans renoncer à exercer ce pouvoir, les orientations générales suivant lesquelles elle l’exercera.
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Aménagement du territoire
Urbanisme
Domaine social
Les directives n’ont pas d’effet direct sur les administrés et ne sont donc pas susceptibles de faire l’objet d’un
REP.
Elles ont, en revanche, des effets indirects sur les administrés, dès lors que les décisions individuelles qui vont
être prises le seront sur la base de ces directives.
Elles sont opposables aux administrés et invocables par ces derniers.
Il existe deux cas dans lesquelles des dérogations à la ligne fixée sont possibles :
Modifications tirées de la particularité du dossier
Modifications tirées de l’intérêt général.
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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4
L’AA doit être pris par la personne compétente, ce qui implique de vérifier la compétence matérielle (qui
prend la décision ?), la compétence territoriale et la compétence temporelle.
Il faut également vérifier le respect de la procédure, dès lors que celle-ci justifie une garantie pour le
justiciable.
Lorsqu’un acte administratif est affecté par un vice de procédure, le juge administratif n’en prononcera
l’annulation que si ce vice a été susceptible d’exercer une influence sur le sens de la décision ou a privé les
personnes intéressées d’une garantie procédurale :
Arrêt d’assemblée 23 décembre 2011, DANTHONY
Quelques précisions : le retrait, l’annulation, l’abrogation sont différents les uns des autres.
L’annulation et le retrait ont les mêmes conséquences juridiques.
L’abrogation consiste à mettre fin à l’existence d’un AA, uniquement pour l’avenir et donc, sans remise en
cause des effets produits antérieurement à l’acte.
Le retrait, c’est mettre fin à l’existence d’un AA de manière rétroactive, et on dit que l’acte est réputé n’avoir
jamais existé
Le retrait et l’abrogation ne peuvent être faits que par l’auteur de l’acte.
L’annulation ne peut être prononcée que par un juge.
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Légal
CD
Illégal
AAU-R
Légal (1)
NCD
Illégal (2)
AAU
Explicite (5)
Légal
Implicite (6)
CD
Explicite (7)
Illégal
Implicite (8)
AAU-I
Légal (3)
NCD
Illégal (4)
(1) Retrait possible uniquement si l’acte n’a reçu aucun commencement d’exécution, notamment il ne
doit pas avoir été à l’origine de situation personnalisée que le retrait remettrait en cause.
(2) Le retrait peut intervenir y compris après le délai de recours contentieux s’il n’y a pas eu de
commencement d’exécution, sinon il doit respecter le délai de recours contentieux
(3) Le retrait est impossible
(4) Le retrait est possible à toute époque
(5) Retrait impossible sauf si une disposition de valeur législative ou réglementaire l’impose, sauf si le
bénéficiaire de la décision sollicite lui-même son retrait à condition que cette décision ne concerne pas
un tiers et sauf si un texte prévoit l’obligation de former un recours administratif préalable obligatoire
(RAPO).
(6) Le retrait est possible dans les 4 mois de l’éviction de l’acte de décision implicite (CE assemblée du 26
octobre2001, TERNON ; sauf si une disposition légale ou réglementaire prévoit un délai plus long ou
plus court ou si le bénéficiaire sollicite lui-même le retrait et que ça n’affecte pas le droit des tiers et
sauf si la pleine effectivité du droit communautaire exige que le retrait soit possible même au-delà du
délai de 4 mois
(7) Le retrait est possible dans le délai du recours contentieux
(8) Le retrait est possible dans le délai du recours contentieux
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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4
Sous l’ancien régime, la monarchie va tout faire pour échapper au contrôle des juridictions ordinaires,
profitant d’un « bordel » dans l’organisation de la PJ.
L’œuvre d’organisation de la justice étant confiée au Parlement, qui exerçait des fonctions juridictionnelles,
administratives et politiques.
Le parlement va tenter de soumettre le droit au roi, par 2 procédés :
- Les remontrances du roi, qui consistait par un refus d’avaliser les textes des rois. Cela imposait au roi de
se déplacer directement dans les parlements pour imposer sa volonté>> (juridiquement signifie « lit de
justice »)
- Les arrêts de règlement, qui sont des décisions fixant les règles de droit dans leur ressort de compétence.
Le parlement résistant à la monarchie, le roi a pris, en 1641, l’Edit de St Germain, qui fait défense au Parlement
de connaitre des actes de l’administration royale.
Le roi se garde donc l’œuvre de justice, on parle d’une justice retenue.
On connaissait un adage selon lequel « Le contentieux suit l’administration » partant du principe que « juger
l’administré » c’est « encore l’administrer », le roi va centraliser le contentieux administratif et le confier au
Conseil du Roi, ancêtre du C.E
A un niveau local, cette mission de juger les différends administratifs sera conférée à l’intendant, ancêtre du
Préfet. On appelle ce système « l’administrateur juge ».
Le CE sera créé par la constitution du 22 frimaire an 8.
Il va notamment conseiller le gouvernement, qui se verra dotée d’une commission du contentieux en 1806.
On passe à ce stade d’une justice retenue à une justice déléguée, car le CE va rendre la justice au nom du
peuple Français.
Jusqu’en 1972, la juridiction de droit commun était le ministre, et la loi du 24 mai 1872 va rompre avec la
tradition, en considérant que « juger ce n’est plus administrer ».
Le CE n’est pas « super chaud » CE 13 dec 1889 : CADOT, qui met fin à la théorie du ministre-juge et fait du CE
le juge de droit commun du contentieux de l’administration. EN outre, cet arrêt empêche pour l’avenir que
l’Etat soit, à la foi, « juge et partie ».
La loi des 16 et 24 Aout 1790 affirme le principe de séparation des ordres judiciaires (judiciaires d’un côté et
administratif de l’autre).
30 septembre 1953 : création des Tribunaux administratifs (ancêtre du Conseil des Préfectures).
Ces tribunaux ayant été rapidement engorgés, on a créé la Cour Administrative d’Appel (C.A.A.) loi du 31/12 1987.
On commence à structurer la justice administrative, structure verticale avec :
- Juridiction administrative
- Cour d’Appel
Le CE va devenir juridiction de Cassation, tout en gardant quelques compétence en 1 er ressort et en appel.
( ex : contestation d’un décret, contestation d’une élection en appel…)
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Droit administratif CAPA 2me année – prises de notes de cours dispensé par Me Jeoffrey BURNIER – actualisé 05/2016 – V4
Le Conseil d’Etat (CE):
1) rôle consultatif (il conseille l’Etat pour la rédaction des textes)
2) Fonction contentieuse (6 sections différentes)
Section 2 : Les mécanismes de répartition des compétences entre le J.A. et J.J.
Chaque ordre de juridiction a bien évidemment ses propres compétences, le Juge Administratif (J.A.) est
compétent pour la quasi-totalité des affaires admin, avec qques exceptions notables :
Le conflit positif
Le conflit positif, c’est l’administration, (le Préfet, en province, et le Préfet de Police à Paris), qui conteste la
compétence d’un tribunal de l’ordre judiciaire, pour juger une affaire dont il a été saisi.
Dans ce cas, le Préfet présente à la juridiction saisie un déclinatoire de compétences, et en cas de rejet de ce
déclinatoire (déclinatoire = mémoire par lequel le Préfet va contester la compétence du J.J.), le préfet dispose
d’un délai de 15 jours pour élever le conflit (élever le conflit = lancer la procédure de contestation) et
transmettre au greffe un « arrêté de conflit » qui oblige la juridiction judiciaire à sursoir (sursoir = sursis) à
statuer dans l’attente de la décision du Trib des Conflits (TC). >>> le juge est obligé d’attendre la décision du
TC.
Le TC a 3 mois pour rendre sa décision, à défaut le tribunal initialement saisi n’est plus tenu par le sursis à
statuer.
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Le conflit négatif
C’est lorsque, successivement, une juridiction administrative ET judiciaire se sont déclarées incompétentes
pour juger un MEME litige
Le conflit de décision
C’est lorsqu’une juridiction appartenant à chacun des 2 ordres (admin et judiciaire) ont, sans décliner leur
compétence, toutes 2 rendu, dans un même litige, des décisions contraires aboutissant à un déni de justice.
Dans ce cas, les parties ont 2 mois, à compter du jour ou la dernière en date des décisions concernées est
devenue définitive (devenue définitive = plus susceptible de recours contentieux), pour saisir le Tribunal des
Conflits.
Il s’agit d’un recours en déclaration à l’issue duquel le juge indique la portée, ou fait part de son avis sur la
légalité de l’acte qui lui est soumis.
Ce recours peut être présenté à titre principal (« que pour ça ») ou à titre incident (au cours d’un procès)
2) le contentieux de la répression
Le juge admin statue de la même manière que le juge pénal, afin de sanctionner un comportement
répréhensible.
Le seul domaine véritable concerné par ce contentieux est le domaine de contravention de grande voirie, cad
des atteintes portées au domaine public, comme les voies de communication autres que routières ( ex : le
bateau qui esquinte une écluse, le stationnement non payé, > contravention de voierie)
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Le juge va pouvoir fixer le montant d’une astreinte, ou donner le vainqueur d’une élection, annuler un acte,
accorder le statut de réfugié politique, fixer le budget d’une organisation sanitaire et sociale…
1) L’intérêt à agir
Définition : L’intérêt à agir désigne le motif permettant à une personne de se prévaloir d’un intérêt lésé
justifiant son action en justice
L’intérêt invoqué peut être matériel ou moral,(par ex un habitant d’une commune peut avoir intérêt à agir
contre le décret portant le changement de nom de sa commune, un architecte n’a pas d’intérêt à agir contre
un permis de construire qui aurait pour effet de détruire une place réalisée par lui auparavant…)
Pour que l’intérêt à agir d’une personne morale soit reconnu, il faut que l’intérêt allégué soir en relation
directe avec la vocation de l’association, il faut également que les statuts de l’association aient été enregistrés
en préfecture, avant que la décision contestée n’entre en vigueur.
CE 21 dec 1906 : Syndicat des propriétaires et contribuables du quartier Croix de Seguey-Tivoli
Les requérants peuvent invoquer une qualité spéciale susceptible de leur donner intérêt à agir.
Le requérant s’introduit aussi dans un cercle d’intéressés admis à critiquer l’acte, lequel cercle est déterminé
en fonction de son contenu.
Ila été jugé que la qualité de contribuable d’une commune confère l’intérêt à agir contre les décisions
communales entrainant une dépense publique CE 20 mars 1901 CASANOVA
Pour que les voie et délais de recours soient opposables, toute demande faite à l’administration doit faire
l’objet d’un AR les mentionnant.(Art 19 de la loi DCRA - loi relative aux droits des citoyens dans leur relation
avec l’admin).
Faute de l’admin d’avoir accusé réception en bonne et due forme, les voies et délais de recours demeurent
opposables si ils sont expressément mentionnés de manière intelligibles dans la décision notifiée.
La présentation d’un recours gracieux ( devant l’autorité qui a rendu la décision) ou hiérarchique proroge le
délai, et 1 seule fois.
En l’absence de décision de l’admin à l’expiration du délai de 2 mois après présentation de la demande, on
peut saisir le T.A. d’un recours contre la décision implicite de rejet, née du silence conservé par
l’administration.
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Lorsqu’une personne présente, dans le délai de recours contentieux, une demande d’aide juridictionnelle, elle
disposera d’un délai de 2 mois pour contester la décision, à compter de la notification de la décision, du
bureau d’aide juridictionnelle. Si cette demande d’aide juridictionnelle s’accompagne d’une demande de
désignation d’office d’un avocat, le délai de 2 mois recommencera à courir à compter de la notification de
l’avocat de la décision le désignant.
Aucune conclusion et aucun moyen ne peut être présenté à l’oral, une requête ne contenant aucun moyen et
aucune conclusion est donc irrecevable.
Une requête irrecevable peut être régularisée dans le délai d’un recours contentieux, enfin la production de
pièces implique que ces pièces soient numérotées et listées sur un bordereau explicatif.
2) Le caractère contradictoire
Le caractère contradictoire de la procédure signifie qu’une décision ne peut être légalement rendue que si
l’ensemble des pièces et écritures ont été communiqués aux parties.
Toute production de pièces après clôture de l’inscription est irrecevable dès lors qu’elle met en péril le
contradictoire. Le juge peut toutefois accepter la production d’éléments après clôture, à charge de rouvrir
l’instruction pour permettre la discussion des parties.
Toute communication ne respectant pas le contradictoire doit être écartée des débats, un seul tempérament
(une seule exception) : « la note en délibéré » La note en délibéré est la note qu'une partie au procès ou son
avocat remet au juge, dans la période comprise entre l'audience et le rendu du jugement ou de l'arrêt. En
procédure civile, une telle note n'a pas à être examinée par le juge; elle n'a en fait aucune valeur juridique, ce
qui est tout à fait normal car si elle était admise elle porterait atteinte au principe du contradictoire et le
procès ne serait pas équitable
L’instruction de l’affaire n’est pas publique, de telle sorte qu’il n’y a pas d’audience de mise en l’état publique.
Aucune autre personne, que les parties à l’instance, ne peuvent être informées de l’état de la procédure.
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Le principe de légalité, c’est l’obligation constitutionnelle qui est faite à l’administration de respecter le droit,
tout le droit, rien que le droit
Les collectivités territoriales ont, selon les cas, la possibilité ou l’obligation de transmettre les actes qu’elles
édictent à un service particulier de la préfecture, que l’on appelle communément « le contrôle de légalité ».
L’autorité préfectorale contrôle ces actes (la légalité des actes) et en cas d’illégalité, elle peut :
- Soit prendre directement la tâche de la collectivité, pour lui demander de revoir sa copie, le cas
échéant en lui proposant l’aide des services préfectoraux,
- Soit saisir le T.A. d’un recours en annulation (REP), un « déféré préfectoral ».
1) La personnalité juridique de requérant : le requérant doit pouvoir agir légalement en justice (ex : ne
pas être sous tutelle)
Devant le T.A., la représentation par ministère d’avocat est obligatoire, lorsque les conclusions de la requête
tendent au paiement d’une sorte d’argent, à la décharge ou à la réduction de sommes dont le paiement est
réclamé au requérant, ou a la solution d’un litige né d’un contrat.
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L’Etat est dispensé du ministère d’avocat, les collectivités territoriales sont, elles, représentées par leur
exécutif (ex : le maire pour la commune), sur l’habilitation de leur assemblée délibérante (ex : le conseil
municipal pour la commune).
Devant la C.A.A. le ministère d’avocat est obligatoire, sauf pour le R.E.P., le référé et l’exécution des décisions
de justice.
Devant le Conseil d’Etat, sauf rares exceptions, il y a obligation de recourir aux services d’un avocat au Conseil
d’Etat ou à la Cour de Cassation.
L’incompétence matérielle
Est l’hypothèse selon laquelle une autorité administrative prend une décision qui relève de la compétence
d’une autre autorité.
Il peut s’agir d’une hypothèse selon laquelle l’agent d’une autorité administrative prend une décision qui
relève d’un autre agent :
- une délégation de compétence doit être explicite (via un acte…),
- une délégation de compétence doit être précise,
- une délégation de compétence doit être publiée (au recueil des actes administratifs en préfecture, et
au J.O pour l’Etat)
L’incompétence territoriale
Correspond à la thèse selon laquelle une autorité administrative prend une décision relevant d’un homologue
territorialement compétent
L’incompétence temporelle
C’est l’hypothèse dans laquelle une autorité administrative prend une décision qui ne relève pas encore, ou
plus, de sa compétence.
Afin que le juge soit en mesure de vérifier cette problématique, l’art 4 de la loi de 12/04/2000 exige que toute
décision administrative comporte les noms, prénom et signature de son auteur. >> on peut faire sauter bcp de
décisions administratives si ces conditions ne sont pas remplies
2) le défaut de motivation.
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La loi du 11/07/1979 impose la motivation en droit et en faits des décisions défavorables, notamment
celles qui infligent une sanction, celles qui constituent une mesure de police, celles qui retirent ou
abrogent une décision créatrice de droits, celles qui opposent une prescription, une forclusion ou
une déchéance. Cette motivation doit être écrite (loi 79-784).
Le destinataire de la décision doit être en mesure d’en comprendre les motifs à première lecture de
celle-ci. CE 17/11/1982 KAIRENGA (motifs précis).
La reproduction d’une formule stéréotypée ne satisfait pas l’obligation de motivation
CE 24/07/1981 Mme BALASRI.
3) le vice de procédure.
Les règles de procédure constituant les garanties de bon traitement des demandes relevant de la compétence
de l’autorité administrative,
Un acte admin entaché d’un vice de procédure n’est annulé que « s’il ressort des pièces du dossier qu’il a été
susceptible d’exercer, en l’espèce, une influence sur le sens de la décision prise, ou qu’il a privé les intéressés
d’une garantie »
1) L’erreur de droit
Tout acte administratif doit respecter l’ensemble des normes qui lui sont supérieures (pyramide de Kelsens)
2) L’erreur de faits
C’est une erreur relative à une donnée de situation du demandeur.
Comme le vice de procédure, l’erreur de faits n’est susceptible d’entraîner l’annulation d’un acte que si elle
revêt un caractère essentiel : CE 14/01/1916 CAMINO
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L’intensité du contrôle du juge et ses pouvoirs varie en fonction du type de recours introduit.
Dans le contentieux de pleine juridiction, le juge peut annuler un acte, prononcer le résultat d’une élection,
ordonner la démolition d’un immeuble, décharger un contribuable de sommes mise à sa charge, étable le
décompte général d’un contrat public, ou accorder le statut d’un réfugié politique…
Dans un REP, le juge ne peut qu’annuler un acte ou rejeter la requête qui lui est présentée.
Si l’annulation d’un acte implique en principe que cet acte est réputé ne jamais être intervenu, le juge peut,
lorsque les conséquences d’une annulation rétroactive seraient manifestement excessives pour les intérêts
publics et privés en présence, moduler dans le temps les effets de l’annulation qu’il prononce CE 11 mai 2004 :
Association AC
Le juge dispose par ailleurs de prérogatives lui permettant d’assurer l’exécution de ses propres décisions, (L
900-1 du Code Justice Administrative).
Lorsque la décision juridictionnelle n’implique pas que l’administration statue dans un sens déterminé, le juge
peut lui enjoindre de réexaminer le dossier dans un délai déterminé. (L900-3, qui est au complément des 2
autres articles, le tout sous astreinte.
Egalement, le juge peut prononcer des amendes pour recours abusif, lorsque manifestement le recours formé
est parfaitement dilatoire, ou n’a aucun moyen sérieux.
Depuis peu, le Juge Admin peut accorder des dommages-intérêts au bénéficiaire d’un permis de construire
lorsqu’un recours contre un tel permis a été formé dans une optique dilatoire.
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