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Grands arrêts
du droit de la
concurrence
Sous la direction de
Volume III
Pratiques commerciales déloyales
Distribution
Préface
La revue Concurrences, soucieuse d’honorer son pluriel (D. Ferrier “Concurrence(s) :
Un singulier pluriel…”, Concurrences, n° 2-2015, p. 5), poursuit sa présentation des
“grands arrêts” du droit de la concurrence dont elle se fait l’écho depuis presque quinze
ans. Voici donc, rassemblées dans un troisième volume venant s’ajouter à ceux déjà consa-
crés aux pratiques anticoncurrentielles (vol. 1) et aux concentrations (vol. 2), les grandes
décisions rendues en matière de “pratiques commerciales déloyales” et de “contrats de
distribution”.
***
“Pratiques commerciales déloyales”. L’intitulé de la première partie de l’ouvrage
surprendra peut-être certains, mais sûrement pas les lecteurs de la revue Concurrences,
qui ont vu en 2014 la chronique “Pratiques restrictives” être ainsi rebaptisée. Comme
l’avait écrit Laurence Idot à l’époque, ce changement visait surtout à dissiper toutes
les “ambiguités (…) de la terminologie juridique française” (Concurrences 2014-1), qui
distingue les “pratiques anticoncurrentielles” (titre II, livre IV, C. com.) et les “pratiques
restrictives de concurrence” (titre IV, livre IV, C. com.). Souvent trompeuse vue de
l’étranger, l’expression “pratiques restrictives” méritait d’être écartée au profit d’une
formule plus claire. Celle de “pratiques commerciales déloyales” s’est imposée assez
naturellement (L. Idot, préc.). C’est qu’elle correspond assez bien à la nature profonde d’un
corps de règles, certes moucheté de considérations concurrentielles, mais principalement
destiné à assurer la loyauté des relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs
(v. par ex. F. Buy, M. Lamoureux et J.-C. Roda, Droit de la distribution, LGDJ, 2017,
n° 319 et s.). L’expression s’est au reste progressivement installée dans le paysage du droit
européen, dans le sillage de la directive 2005/29/CE du 11 mai 2005 relative aux pratiques
commerciales déloyales “B2C”. La Commission avait déjà publié il y a quelques années
un livre vert sur les pratiques commerciales déloyales dans la chaîne d’approvisionnement
alimentaire et non-alimentaire interentreprises (COM (2013) 37 final, 31 janv. 2013).
A l’heure où ces lignes sont écrites, c’est une proposition de directive sur les pratiques
commerciales déloyales entre professionnels dans la chaîne de distribution alimentaire
(COM (2018) 173 final, 12 avr. 2018) qui préfigure une harmonisation des droits en la
matière (v. déjà E. Terryn et D. Voinot (dir.), Droit européen des pratiques commerciales
déloyales. Evolution et perspectives, Larcier, 2012). Il ne restera plus à la réforme
annoncée du titre IV du livre IV du Code de commerce qu’à s’approprier ce nouveau
nom, comme certains le suggèrent au reste depuis longtemps (v. Rapport G. Canivet,
Restaurer la concurrence par les prix, La documentation française, 2004, p. 97 et s.).
Sous cette bannière, les spécialistes retrouveront donc, en premier lieu, le “petit droit”
de la concurrence qu’est le droit des pratiques restrictives, accompagné du droit de la
transparence. Evidemment, les décisions de justice n’y sont pas aussi marquantes qu’en
droit des ententes ou des abus de position dominante : la matière étant structurée par
une kyrielle de textes souvent très techniques, on ne peut pas toujours attendre de la
jurisprudence qu’elle prenne une place qui n’est pas la sienne. La forte instabilité
législative ne favorise pas, non plus, la recension des grands arrêts. Certaines interdictions
Les liens contractuels ainsi établis ont conduit à éprouver la conception classique du
droit des contrats et ont d’ailleurs favorisé l’évolution des règles qui lui sont applicables
(reconnaissance de la notion de contrat-cadre et admission au sein de cette catégorie de
la détermination unilatérale du prix ; obligation de renégocier ; sanction de la violence
économique…) ou des conceptions du droit des contrats (défense du solidarisme contrac-
tuel, promotion de la catégorie des contrats-coopération ou d’intérêt commun…).
Ces liens contractuels ont surtout très tôt suscité le contrôle des autorités de concur-
rence, sensibles à leurs potentiels effets restrictifs de concurrence. Certaines restrictions
de concurrence, qualifiées de “verticales” pour traduire les positions respectives du four-
nisseur en amont et du distributeur en aval, et les distinguer des restrictions dites “hori-
zontales” entre concurrents situés au même stade de l’activité économiques, ont été ainsi
stigmatisées mais traitées de manière singulière et généralement moins rigoureuse.
Et un nouveau champ d’interventions et d’interrogations s’est ainsi ouvert entre celui du
droit des contrats fondé sur le principe de la liberté contractuelle, en particulier la liberté
d’organiser une relation privilégiée entre un fournisseur et un distributeur découlant de
la liberté d’entreprendre, et celui du droit de la concurrence fondé sur le paradigme, plus
économique que juridique, de la liberté de la concurrence.
Une première question est celle de la distinction au sein même de ce vaste champ, entre
l’approche contractuelle et l’approche concurrentielle. On constate en effet qu’elle tend
à se brouiller. D’un côté, des dispositifs contractuels sont présentés comme poursuivant
un objectif concurrentiels (V. en particulier les articles L. 330-1 et L. 341-1 du Code de
commerce) ; d’un autre côté, des dispositifs concurrentiels conditionnent la validité des
contrats (V. en particulier les articles 101 § 2 T FUE et L. 420-3 du Code de commerce
sanctionnant par la nullité les pratiques ayant un effet restrictif de concurrence).
En d’autres termes, il semble que le droit de la distribution vienne transcender la dis-
tinction entre droit des contrats et droit de la concurrence en révélant la porosité de leur
frontière.
Une seconde question, cruciale, est celle des limites que le principe de la liberté de la
concurrence pouvait assigner à celui de la liberté contractuelle.
La réponse a été apportée par les autorités de concurrence et par les juges au fil
de décisions que le présent ouvrage recense pour la période allant de 2004 à 2017.
Ce n’est pas dire que la pratique décisionnelle et la jurisprudence antérieures ne pré-
sentent pas d’intérêt. De grandes décisions ont profondément marqué la confron-
tation entre le droit de la concurrence et le droit des contrats : arrêts “Duo” de 1982
libérant la distribution dite “sélective” des mises en cause dont elle faisait l’objet devant
les tribunaux correctionnels pour atteinte à la concurrence (Cass. crim., 3 nov. 1982,
n° 82-90522) ; arrêt “Pronuptia” reconnaissant le caractère pro-concurrentiel de la “fran-
chise commerciale” (CJCE, 28 janv. 1986, aff. 161/84) ; arrêts de l’assemblée plénière de la
Cour de cassation de 1995 admettant la fixation unilatérale du prix de vente de produits
par leur fournisseur à un distributeur exclusif (Cass. ass. plén., 1er déc. 1995 : D. 1996,
p. 13, concl. M. Jéol), et combien d’autres…, mais le choix est ici éditorial. Il s’articule
autour de deux grands thèmes du droit de la distribution, que sont, d’une part, la force
de vente (VRP, agent commercial, gérant de succursale) et, d’autre part, les réseaux
Il tient à la décision prise par le Comité éditorial la revue Concurrences de traiter désor-
mais ces questions en raison de l’évolution de la réglementation comme de la pratique
décisionnelle et de la jurisprudence sous la double pression de l’ouverture des marchés
avec la “mondialisation” et de l’apparition de nouveaux modes de commercialisation
avec l’Internet.
Il en résulte que si nombre de décisions recensées s’inscrivent dans le prolongement des
solutions passées qu’elles confortent, précisent voire adaptent, d’autres créent des solu-
tions nouvelles qui s’ajoutent voire s’opposent aux solutions passées, en raison précisé-
ment des évolutions évoquées.
La difficulté mais aussi l’intérêt de cette recension tiennent à la vigilance et la prudence
qui doivent alors commander tant la sélection des décisions pertinentes que leur
commentaire.
C’est le mérite des auteurs des contributions retenues auxquels cette publication rend
aussi hommage, d’avoir toujours su manifester ces qualités.
Il reste à espérer que le lecteur pourra lui-même profiter de cet éclairage sur l’évolution
passée, l’état actuel et les perspectives attendues du droit des pratiques commerciales
déloyales et du droit de la distribution…
PARTIE 2 : Distribution
Chapitre 1. Force de vente
1.1. VRP
1.1.1. Qualification – Territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Cass. soc., 1er juillet 2009, M. Bedda c/ Ets Florest, n° 08-40605, inédit . . . . . . . . 187
1.2. Gérant de succursale
1.2.1. Qualification-critères
Cass. soc., 23 juin 2015, 1071 M.P. c/ Carrefour proximité France, n° 13-26361 . . 189
1.2.2. Personne morale
Cass. soc., 12 février 2014, SFR c/ M. X, n° 12-28160 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
1.2.3 Pluralité de contrats et interdépendance
Cass. soc., 19 octobre 2017, ERTECO, n° 15-27207 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
1.2.4 Qualification et régime
Cass. soc., 8 décembre 2009, Distribution Casino France, n° 08-42089 et Cass. soc.,
13 janvier 2010, Yves Rocher c/ Gaellic, n° 09-41644 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Chapitre 2. Réseau
2.1. Règles générales
2.1.1 Organisation du réseau
CA Versailles, 24 janvier 2017, Foncia, n° 15/00795 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
2.1.2 Indivisibilité des contrats avec le distributeur
Cass. com., 12 juillet 2011, Carrefour Proximité France c/ Sodéma, n° 10-22930 . . 233
2.1.3 Exclusivité
2.1.3.1 Détermination unilatérale du prix. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
Cass. com., 4 novembre 2014, FdG et Camargo c/ Larzul, n° 11-14026 . . . . . . . . . 236
2.1.3.2 Exclusivité et Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
CA Bordeaux, 9 juillet 2014, Editions Atlas c/ M. M, n° 13/03378 . . . . . . . . . . . . 237
2.1.3.3 Exclusivité et information précontractuelle . . . . . . . . . . . . . 239
Cass. com., 19 janvier 2010, Groupe Expert c/ Epoux C., n° 09-10980 . . . . . . . 239
2.1.4 Cessation du contrat de distribution
Cass. com., 9 novembre 2010, Brasserie du Pacifique, n° 09-15889. . . . . . . . . . . . 242
Cass. com., 8 octobre 2013, M. X c/ Fiat, n° 12-22952 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
2.1.5 Pacte de préférence
Cass. com., 7 octobre 2014, CSF c/ Distribution Casino, n° 13-20406 . . . . . . . . . . 245
Biographies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331
ISBN 979-10-94201-15-2
Prix : 75 € ttc