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Licence 3
Premier semestre
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INTRODUCTION
La première indication certaine, c’est que le mot « droit » est à prendre ici au sens
objectif du terme. Le droit commercial est en effet une branche du droit qui est
traditionnellement rattachée au droit privé. Il forme avec le droit civil et le droit social,
les principales spécialités du droit privé.
Cette approche a été contestée par une doctrine plus récente ayant pour chef de file
Georges Ripert. Selon cette seconde doctrine dite subjective, le droit commercial
serait plutôt un droit applicable à une catégorie de personnes en raison de leur
profession commerciale. Plutôt que de mettre l’accent sur l’acte de commerce, il
faudrait plutôt axer l’étude du droit commercial sur la profession commerciale, l’acte
de commerce n’étant rien d’autre que l’acte accompli par un commerçant2.
1
Lyon-Caen et Renault, Traité de droit commercial, 3e éd. 1921, t. I, n° 89 s. ; Thaller et Percerou, Traité
élémentaire de droit commercial, t. I., p. 6. ; Hamel (J.), Lagarde (G.) et Jauffret (A.), Droit commercial, t. I ; V°
1, op. cit., 2e éd., n° 144 ; Mestre (J.) et Tian-Pancrazy (M.E.), Droit commercial, LGDJ, 25e éd., 2001, n°28.
2
Ripert (G.) et Roblot (R.), Traité élémentaire de droit commercial, 3e éd., L.G.D.J., 1954. Les dernières
éditions de ce traité dues à MM. Germain (M.) et Vogel (L.) conservent cette approche subjective.
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Aujourd’hui, le débat entre les partisans de la thèse objective et ceux de la thèse
subjective semble apaisé3. Ce serait même « une controverse stérile » pour
reprendre les termes du Professeur Antoine Pirovano4.
De nos jours, tous les auteurs, quelle que soit leur position, reconnaissent l’influence,
aussi minime soit-elle, de l’une et l’autre thèse en droit positif5. Cette formule
empruntée au Pr. Jacques Mestre, résume bien l’état du droit positif : « Le droit
commercial est la branche du droit privé relative aux opérations juridiques
accomplies par les commerçants, soit entre eux, soit avec leurs clients. Ces
opérations, se rapportant à l’exercice du commerce, sont elles-mêmes qualifiées
d’actes de commerce. Ainsi le droit commercial est-il à la fois le droit des
commerçants et celui des actes de commerce »6.
Parmi ces notions, celle de Droit des affaires semble avoir plus de succès en
pratique. On comprend ainsi qu’elle ait été retenue par les rédacteurs du traité
OHADA. En effet, l’intitulé même de ce Traité y fait référence (« Traité relatif à
3
Chartier (Y.), Droit des affaires, t. I, L’entreprise commerciale, 4e éd. PUF, 1993, n° 7.
4
Pirovano (A.), Introduction critique au droit commercial contemporain : RTD com., 1985, p. 218.
5
Chartier (Y.), Droit des affaires, op. cit., 4e éd., n° 7 ; Dekeuwer-Défossez (F.) et Blary-Clément (E.), Droit
commercial, op. cit., 6e éd., n° 2 ; Reinhard (Y.), Droit commercial, Acte de commerce, commerçants, fonds de
commerce, 5e éd. Litec. 1998, n° 6.
6
J. Mestre, Pancrazy, Droit commercial, 26e éd, p. 1.
7
V. KONE (M.), Le nouveau droit commercial dans l’espace OHADA : comparaisons avec le droit français, éd.
LGDJ 2003.
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l’harmonisation du droit des affaires »), ainsi que la dénomination de l’organisation
créée (Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique).
La notion de droit des affaires reste donc une notion essentiellement doctrinale,
« aux contours incertains et à l’objet imprécis ». Ses définitions doctrinales sont
variables d’un auteur à un autre. Nous nous limiterons à en présenter quelques unes.
Ainsi, les Prs. Hamel, Lagarde et Jauffret, définissent le droit des affaires comme le
droit du « monde des affaires », cette dernière expression englobant « toute
l’ancienne activité de commerce, s’étendant de plus en plus aux opérations
immobilières, annexant certaines formes perfectionnées des industries extractives,
s’imposant comme modèle aux agriculteurs » et tendant à conquérir les particuliers.
L’école de Rennes, avec notamment les Prs Jean Paillusseau et Claude Champaud,
a développé une doctrine dite « de l’entreprise » selon laquelle le droit des affaires
serait une technique de gestion et d’organisation au service de l’entreprise.
Les Prs Mercadal et Macqueron quant à eux, présentent le droit des affaires comme
« l’ensemble des règles relatives aux activités économiques telles qu’elles se
présentent aujourd’hui ».
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§1 : Les sources étatiques.
Par source étatique, nous désignons les sources du droit commercial qui sont
produites par les organes étatiques. Il s’agit principalement des sources tirées des
traités internationaux (A), des lois et décrets (B) et de la jurisprudence (C).
Le Droit commercial (ou des affaires) est particulièrement touché par le phénomène
d’internationalisation de ses sources. Ses principales branches sont désormais, au
moins en partie, régies par des textes à caractère international.
Il en est ainsi du droit commercial général, du droit des sociétés, du droit des
entreprises en difficultés, du droit comptable, du droit des transports, qui font l’objet
d’actes uniformes de l’OHADA.
Dans le présent cours, nous nous limiterons au traité à vocation générale, à savoir le
traité OHADA. Ce traité a été signé à Port Louis le 17 octobre 1993 et a été révisé à
Québec le 17 octobre 2008. Il crée une Organisation Internationale appelée OHADA8
dont la mission consiste à uniformiser le Droit des affaires applicable dans les Etats
membres. Ses principaux organes sont : le Conseil des ministres, le Secrétariat
permanent dont le siège est à Yaoundé, la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage
(CCJA) dont le siège est à Abidjan, l’Ecole Régionale Supérieur de Magistrature
(ERSUMA) qui est à Porto Novo au Benin.
1. Le traité
C’est l’accord signé entre les Etats parties. La ratification de ce traité a été effectuée
par l’Etat de Côte d’Ivoire par le décret n° 95-674 du 7 septembre 1995 et il est entré
en vigueur le 18 novembre 1995.
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mode de fonctionnement (v. Comprendre l’Organisation pour l’Harmonisation en
Afrique du Droit des affaires, Mouloul Alhousseini, sur Ohada.com).
Selon l’article 5 du Traité, l’acte uniforme est l’acte pris pour l’adoption des règles
communes. Ces règles communes sont celles ayant pour objet l’uniformisation du
Droit des affaires dans les Etats parties.
A ce jour, plusieurs actes uniformes sont entrés en vigueur dont l’un va retenir notre
attention en particulier, car il contient l’essentiel des règles contenues dans ce cours.
Il s’agit de l’acte uniforme relatif au droit commercial général (AUDCG) révisé du 15
décembre 2010. Cet acte uniforme vient modifier un 1er acte uniforme qui était entrée
en vigueur le 1er janvier 1998.
9
Sur ce point l’avis CCJA du 30 avril 2001 répondant à une question de l’Etat de côte d’Ivoire, et l’arrêt Epoux
Karnib (Les articles 180 et 181 du Code de procédure civil ivoirien, contraires à l’article 32 de l’acte uniforme
relatif aux vois d’exécution, ne peut recevoir application).
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L’application de l’AUDCG à ces personnes suppose que leur établissement ou le
siège social soit situé sur le territoire d’un Etat partie au Traité.
3. Les règlements.
Les règlements sont prévus par l’article 4 du Traité. Selon ce texte, « des règlements
pour l’application du présent traité seront pris chaque fois que de besoin par le
conseil des ministres à la majorité absolue ». De ce texte, il peut être déduit trois
critères permettant de préciser la notion de règlement dans le système juridique de
l’OHADA :
- A l’instar de l’acte uniforme, le règlement est adopté par le Conseil des
ministres.
- A la différence l’acte uniforme, le règlement est adopté à la majorité absolue.
- Contrairement aux actes uniformes qui ont pour objet l’adoption des règles
communes, les règlements sont pris « pour l’application du traité ». Cette
formule n’est pas très précise. Il semble cependant raisonnable d’en écarter
tout ce qui relève de l’adoption des règles communes au sens l’article 1 er du
Traité, cette compétence étant réservée à l’acte uniforme (article 5).
4. Les décisions.
► En premier lieu, le droit OHADA malgré son ampleur, ne couvre pas l’ensemble du
droit commercial. Certaines branches de cette discipline sont encore épargnées par
le processus d’harmonisation en cours dans l’OHADA. Ce sont par exemple le droit
des effets de commerce, le droit bancaire, etc. Ces matières, si elles ne font l’objet
d’harmonisation dans le cadre d’un autre traité (ex. CIMA) demeurent soumis aux
textes nationaux.
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► En second lieu, même dans les domaines qui ont fait l’objet d’harmonisation, les
lois et décrets nationaux ne sont abrogés que dans la mesure où ils sont contraires
aux actes uniformes. A contrario, s’ils sont jugés non-contraires, ces textes
demeurent en vigueur. Toutefois, l’appréciation du caractère contraire ou non à l’acte
uniforme n’est pas toujours évidente à déterminer10.
C. La jurisprudence.
La jurisprudence peut être définie comme une solution suggérée par un ensemble de
décisions suffisamment concordantes rendues par les juridictions sur une question
de droit donnée.
Son utilité comme source du droit commercial est indéniable étant donnée la
multitude de textes qui doivent être appliqués et parfois interprétés.
La jurisprudence commerciale est tirée non seulement des arrêts de la CCJA, mais
également des décisions des juridictions nationales.
La CCJA est l’organe juridictionnel suprême du système OHADA. Elle est chargée
de contrôler l’application du traité et du droit dérivé. L’article 14 alinéa 1 er du traité le
précise en ces termes : « La CCJA assure dans les Etats parties l’interprétation et
l’application commune du traité, des règlements pris pour son application et des
actes uniformes ».
En second lieu, la CCJA tranche les différends entre les Etats parties au sujet de
l’interprétation et de l’application du traité et des règlements pris pour son
application. Mais il faut au préalable une tentative de résolution amiable qui soit
10
V. l’avis CCJA du 30 avril 2001 précité.
11
V. KONE M, « Les sociétés particulières et le droit uniforme de l’OHADA », Annales africaines, nouvelle
série, Dakar, n° spécial 2014, p. 68 à 86 .
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restée infructueuse. Le mode de saisine n’est expressément prévu, ni par le Traité, ni
par le règlement de procédure de la CCJA. Toutefois, on peut penser, par analogie
avec ce qui est prévu pour les demandes d’avis consultatifs, que la Cour pourra être
saisie par voie de requête écrite.
Saisies d’un tel contentieux, elles ont la possibilité de solliciter l’avis de la CCJA par
voie de question préjudicielle.
A. Les usages.
L’usage désigne une pratique professionnelle ancienne et constante qui, dans l’esprit
de ceux qui l’observent, correspond à une obligation.
L’AUDCG y fait référence dans le titre traitant de la vente commerciale. Article 239
al. 1er « Les parties sont liées par les usages auxquels elles ont consenti et par les
pratiques qui se sont établies dans leur relations commerciales. »
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Les usages de droit sont moins fréquents. On peut citer comme exemple :
- présomption de solidarité passive en matière commerciale, par opposition à l’article
1202 C. civ.
- capitalisation des intérêts du compte courant bancaire par dérogation à la
prohibition civiliste de l’anatocisme formulé par l’article 1154 c. civ.,
- mise en demeure par tout moyen dans le recouvrement d’une créance
commerciale, par dérogation au formalisme du droit civil.
B. La doctrine.
La doctrine n’est pas une source en tant que telle du droit positif. Elle sert de source
d’inspiration au législateur pour adopter les textes et aux juges pour rendre leurs
décisions. Elle joue également un rôle important d’interprétation et d’analyse des
textes et de la jurisprudence. Elle a par ailleurs une valeur pédagogique indéniable.
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Bibliographie indicative.
Droit OHADA
- OHADA, Traités et actes uniformes commentés et annotés, Code vert OHADA, Edition
Juriscope, 2018.
- Akuété Pedro Santos et Jean Yado Toé, OHADA, Droit commercial général, éditions
Bruylant, 2002
Droit français :
- Chartier (Y.), Droit des Affaires, éd. PUF, collection Thémis Droit, t. I, l’Entreprise
commerciale, 3e éd., 1993.
- De Juglart (M.) et Ippolito ( B.), Traité de droit commercial, tome I, 4e éd., par Du
Pontavice (E.) et Dupichot (J.), Montchrestien 1988.
- Guyon (Y.), Droit des affaires, Economica, tome I, Droit commercial général et
sociétés, 11e éd., 2001,
- Mestre (J.) et Tian-Pancrazy (M.-E.), Droit commercial, 25e éd., LGDJ, 2001.
- Legeais (D.), Droit commercial et des affaires, 13e éd. Armand Colin, 2000.
- Mercadal (B.) et Macqueron (P.), Droit des affaires, éd. Francis Lefebvre, 2000.
- Ripert (G.) et Roblot (R.), Traité de droit commercial, tome I, 17e éd., par Germain et
Vogel, LGDJ, 1998.
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TITRE I : STATUTS DU COMMERÇANT ET DE L’ENTREPRENANT
Dans son approche subjective, qui est de nos jours, la moins contestable, le Droit
commercial repose sur la notion de commerçant. En effet, la loi attribue la qualité de
commerçant à certains professionnels et les soumets à un régime juridique
spécifique.
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CHAP. I : DETERMINATION DES PROFESSIONS COMERCIALES
Quant aux actes de commerce par accessoire, leur caractère commercial résulte de
la qualité de commerçant de leur auteur12. Ils ne peuvent donc pas, en eux-mêmes,
conférer la qualité de commerçant.
Interrogeons nous à présent sur la notion d’acte de commerce par nature. Que
renferme-t-elle ? L’une des innovations majeures de la réforme de 2010 est que
l’AUDCG fournit désormais une définition générique de l’acte de commerce par
nature (A). Cependant, le législateur, conscient des imperfections de cette définition,
conserve la méthode énumérative traditionnelle. Une liste d’acte de commerce par
nature est fournie à l’article 3 AUDCG, même si elle n’est qu’indicative (B).
Aux termes de l’article 3 AUDCG, « l’acte de commerce par nature est celui par
lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou
achète ou par lequel elle fournit des prestations de service avec l’intention d’en tirer
un profit pécuniaire ». De cette définition se dégagent deux types de critères, les uns
tenant à la nature de l’acte (1) et les autres à l’intention de son auteur (2).
12
Du moins pour ce qui concerne l’accessoire subjectif.
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1.Critères tenant à la nature de l’acte :
Au regard de sa nature, deux critères alternatifs sont retenus par l’article 3 précité.
L’acte de commerce par nature est soit un acte d’entremise dans la circulation des
biens (a), soit un acte de prestation de service (b).
Selon l’article 3 précité, est un acte de commerce par nature, l’acte par lequel une
personne « s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou achète ». Que
faut-il entendre par cette expression ?
En conséquence de ce qui précède, on peut soutenir que celui qui achète un bien en
vue de le vendre accomplit un acte de commerce par nature, quelque soit la nature
mobilière ou immobilière du bien (solution, par ailleurs, confirmée par la liste
indicative des actes de commerce). Il devrait logiquement en être de même de celui
qui produit un bien destiné à la vente. Toutefois, la question se pose de savoir si tous
les types de production sont concernés, car la production peut être industrielle,
agricole ou encore artisanale. Or, on sait que traditionnellement, les activités
artisanales et agricoles sont exclues du domaine de la commercialité. Sans doute la
production doit-elle s’entendre ici, à l’exclusion des productions artisanales et
agricoles qui sont de nature civile.
b. La prestation de service
Est commercial par nature l’acte par lequel une personne fournit des prestations de
services. Que faut-il entendre par prestation de services ? Selon le Vocabulaire
Juridique, de l’Association Henry Capitant, la prestation de service est « un terme
générique englobant, à l’exclusion de la fourniture de produits (en pleine propriété),
celle de tout avantage appréciable en argent (ouvrage, travaux, gestion, conseil etc.)
en vertu des contrats les plus divers (mandat, entreprise, contrat de travail, bail,
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assurance, prêt à usage etc.) ». En d’autres mots, il s’agit de la fourniture de services
les plus variés : services de télécommunication, de prestation d’assurance, services
bancaires, de construction, de réparation, etc.
On peut relever l’extrême largesse de ce critère, puisque pris à la lettre, il aurait pour
conséquence d’attribuer la qualité de commerçant à certains professionnels qui ne
l’ont pas de façon traditionnelle. Ex. l’avocat, le médecin, le réparateur fournissent
des prestations de service contre rémunération. Leur activité est-elle pour autant de
nature commerciale ? La réponse est évidemment négative.
La nature de l’acte n’est pas le seul critère pour identifier l’acte de commerce par
nature. Outre ce critère, il faut également s’intéresser à l’intention de son auteur.
L’auteur de l’acte doit agir « avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire ». Il importe
de relever qu’avant la réforme de 2010 qui introduit la formule ci-dessus, l’intention
spéculative était déjà exigée par la jurisprudence, pour la majorité des actes de
commerce. Ainsi avait-il été jugé, s’agissant de l’achat pour revendre, qu’une
association, constituée en vue favoriser le développement du tourisme, ne fait pas
actes de commerce, quand elle livre au public des poteaux et plaques routières, si
elle se borne à les céder aux services nationaux et communaux aux prix d’acquisition
augmenté seulement des frais occasionnés par son intervention13. De même, il a été
décidé qu’un marché « n’est commercial que s’il est fait en vue de la réalisation d’un
bénéfice, caractère commun à tous les actes de commerces », pour en déduire que
l’achat d’orge fait par une société, l’achat de café effectué par le gouvernement
général d’Algérie, étant réalisés dans le but d’assurer le ravitaillement de l’Algérie et
sans recherche de bénéfice, ne sont pas des actes de commerce14.
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précédée de l’adverbe « notamment ». Par conséquent, des opérations autres que
celles énumérées dans l’AUDCG pourront être qualifiées d’acte de commerce pourvu
qu’elle s’inscrive dans la définition générique ci-dessus. Dans le même ordre d’idée,
on peut soutenir que l’acte uniforme ne remet pas en cause la qualification d’acte de
commerce anciennement retenue par les textes et la jurisprudence pour certaines
opérations non-citées par l’AUDCG, dès lors que ces opérations s’inscrivent dans la
définition générique ci-dessus.
Une autre précision doit être faite relativement à cette énumération. L’AUDCG cite,
au nombre des actes de commerce par nature, les actes effectués par les sociétés
commerciales et les contrats entre commerçants pour le besoins de leur commerce.
Cette position du législateur semble curieuse, étant donné que, fondamentalement,
l’acte de commerce par nature est celui dont l’accomplissement à titre de profession,
permet de conférer la qualité de commerçant à son auteur. C’est l’acte qui est
commercial en raison de la nature des activités exercées. Or ici, il s’agit plutôt
d’actes dont la commercialité découle de la qualité de commerçant de leur auteur. Il
semble qu’il y’ait eu ici, une confusion de la part du législateur, avec la catégorie des
actes de commerce par accessoire.
Ce sont les activités des marchands et des négociants qui consistent à acheter des
biens en vue de les revendre dans l’intention de réaliser un profit.
Cette formule reprend une solution qui était déjà contenue dans de Code de
commerce. On doit cependant relever qu’elle comporte une innovation majeure :
l’extension aux immeubles. En effet, sous l’empire du Code de commerce, seul
l’achat des biens meubles pour les revendre était de nature commerciale.
Désormais, celui qui achète des biens immeubles pour les revendre accomplit
également un acte de commerce. Cette évolution du droit uniforme, inspirée du droit
français, est par ailleurs confortée par le droit national ivoirien qui confère la qualité
d’acte de commerce par nature aux opérations de vente d’immeuble à construire et
de promotion immobilières (loi n° 99-478 du 2 aout 1999).
1) Achat préalable
Il faut qu’il y ait achat. Si le bien vendu n’a pas été préalablement acheté, il n’ya pas
d’acte de commerce au titre de l’achat pour revendre. Ainsi en est-il de celui qui vend
des produits tirés de son exploitation agricole. En principe, l’activité agricole n’est pas
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commerciale même s’il ya vente des récoltes. Il en est de même de l’activité
d’élevage (v. infra).
2) Intention de revente
Le bien doit être acquis avec l’intention de le revendre. Par conséquent, n’est pas
commercial l’acquisition d’un bien pour son usage personnel ou professionnel, sauf
application de la théorie de l’accessoire (v. infra). La solution est identique même si
le bien, acquis pour un usage personnel, est par la suite revendu pour une raison
d’opportunité (double emploi, absence d’utilité, besoin de renouvellement etc.).
Ce qui compte, ce n’est pas la revente effective, mais l’intention de revente. Par
conséquent, si par faute de compétitivité, un commerçant a du mal à écouler son
stock, son activité n’en demeure pas moins commerciale.
Peu importe que la revente soit faite au détail ou en gros, à des consommateurs ou à
d’autres professionnels.
3) Recherche de profit
Il faut que la revente soit faite dans un but de profit. Si, au contraire, il n’ya aucune
intention de profit, l’acte n’est pas commercial. Ex. les associations, les syndicats, les
coopératives qui achètent des biens pour les revendre à leur membres sans intention
de profit n’accomplissent pas d’acte de commerce.
Cette expression désigne en réalité les activités industrielles. Celles qui consistent à
fabriquer ou à transformer des produits à partir de matières premières achetées ou
extraites du sol. Classiquement transformés ou fabriqués dans des usines ou des
fabriques, les produits sont destinés à la commercialisation sous forme de produits
finis ou semi-finis. Ex. fabrication de tissus, de pièces automobile ou câbles
électriques etc.
L’activité de manufacture était déjà désignée par le Code de commerce au titre des
actes de commerce par nature, mais ce code exigeait qu’elle soit faite dans le cadre
d’une entreprise. L’AUDCG parle désormais « d’opérations de manufacture ». Ce
changement terminologique semble cependant d’incidence mineure étant donné que
l’opération de manufacture est rarement une opération isolée.
15
Req., 20 oct. 1908, DP, 1909.1. 246.
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essentiellement manuelle, alors que l’activité industrielle se fait essentiellement dans
des usines ou des fabriques.
L’activité extractive désigne celle qui a pour objet d’extraire du sol des matières
destinées à être commercialisées.
Avant l’OHADA, seule l’exploitation des mines était de nature commerciale, les
autres activités extractives demeurant civiles. L’AUDCG innove de ce point de vue
en citant, parmi les actes de commerce par nature « l’exploitation industrielle des
mines, carrières et de tout gisement de ressources naturelles ». Il en résulte que
toutes les activités extractives sont désormais commerciales, qu’il s’agisse de celles
qui sont expressément citées (mines, carrières) ou de toute autre, dès lors qu’elle
consiste en l’exploitation d’une ressource naturelle extraite du sol. Ex. salines,
l’extraction d’eau minérale etc.
3. L’activité d’édition
L’activité d’édition n’est citée ni par l’acte uniforme ni par le Code de commerce.
Cependant, la jurisprudence antérieure au droit OHADA admettait le caractère
commercial de cette activité. Cette solution ne nous semble pas caduque puisqu’elle
n’a rien de contraire au droit uniforme dès lorsqu’elle répond à la définition générique
de l’acte de commerce par nature.
Les spectacles publics ne sont pas cités par l’AUDCG autre titre des actes de
commerce par nature. Toutefois, ils le sont dans le Code de commerce (art. 632 al.
7) et la solution ne nous semble pas caduque.
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éducatif ou de divertissement et sans recherche de bénéfice, n’accomplissent
pas d’acte de commerce.
Les opérations de banque sont très variées. Elles portent principalement sur la
monnaie, la réception de fonds du public, l’octroi de crédit, les opérations de
placement, celles sur les valeurs mobilières et les métaux précieux, les opérations
d’affacturage et de crédit-bail etc.
Les opérations de banque sont des actes de commerce par nature. Elles sont citées
comme tels part l’art. 3 AUDCG.
Ce sont des transactions effectuées sur un marché spécialisé dans les opérations
d’achat et de vente de valeurs mobilières (actions, obligations, valeurs mobilières
composées etc.). Dans l’espace UEMOA, il existe une Bourse Régionale des Valeurs
Mobilière (BRVM) sur laquelle s’échangent ces titres.
Les opérations de bourse, qui consistent pour l’essentiel à vendre ou acheter des
valeurs mobilières pour le compte de tiers, sont des actes de commerce par nature
(art. 3 AUDCG). Elles sont réalisées professionnellement par des sociétés de gestion
et d’intermédiation qui ont la qualité de commerçant.
Le contrat d'assurance peut être définit comme un contrat par lequel un organisme
appelé "assureur", s'engage envers une ou plusieurs personnes déterminées
appelées "assurées", à couvrir, moyennant le paiement d'une somme prime
d'assurance, une catégorie de risques déterminés.
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Il semble cependant que les assurances mutuelles demeurent civiles.
Aux termes de l’article 169 AUDCG, « l’intermédiaire de commerce est une personne
physique ou morale qui a le pouvoir d’agir ou entend agir, habituellement et
professionnellement, pour le compte d’une autre personne, commerçante ou non,
afin de conclure avec un tiers, un acte juridique à caractère commercial ».
Quant au courtier, c’est celui qui fait habituellement profession de mettre en rapport
des personnes en vue de faciliter ou de faire aboutir la conclusion de contrats entre
ces personnes. En côte d’ivoire, le courtage est particulièrement développé dans le
domaine des assurances. La profession de courtier d’assurance est réglementée par
le code CIMA.
C’est un intermédiaire qui agit en son nom, mais pour le compte d’un client. A ce
titre, il se rattache à la catégorie des commissionnaires.
A leur sujet, l’AUDCG cite comme acte de commerce par nature « les opérations
d’intermédiaire pour l’achat, la souscription, la vente ou la location d’immeubles, de
fonds de commerce, d’actions ou de parts de société commerciale ou immobilière ».
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Cette catégorie regroupe les intermédiaires en matière immobilière comme les
agents immobiliers, les démarcheurs, qui font de l’intermédiation pour l’achat, la
vente ou la location de biens immobiliers.
Elle englobe également tous ceux qui font de l’intermédiation pour l’achat, la vente
ou la location de fonds de commerce, de parts ou d’actions de sociétés
commerciales (agents ou cabinet d’affaires).
Il s’agit de la location de biens meubles tels que les voitures, les engins de chantier,
les chaises, les bâches, assiettes etc.
La location de biens meubles est un acte de commerce par nature (art. 3 AUDCG).
En revanche, celle des biens immeubles n’est pas un acte de commerce par nature.
Par conséquent, si le propriétaire d’un immeuble en loue les appartements, il
n’accomplit pas un acte de commerce par nature.
On peut définir le transport comme une opération par laquelle une personne
dénommée transporteur, se charge de déplacer une personne ou un bien d’un
endroit à un autre contre rémunération.
Pour qu’on puisse parler de commerçant, il faut que celui qui accomplit l’acte de
commerce en fasse sa profession. Cette exigence implique l’idée d’activité, de
répétition et donc d’habitude. Par conséquent, celui qui accomplit un acte de
commerce isolé peut difficilement être qualifié de commerçant.
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Cependant la jurisprudence se montre traditionnellement souple dans la
reconnaissance de l’habitude.
Il importe peu d’autre part que la personne qui exerce cette activité commerciale ait
par ailleurs une activité civile. Encore faut-il réserver ici le cas où la première ne
serait que l’accessoire de la seconde. Dans cette éventualité, la théorie de
l’accessoire civil devrait conduire à considérer l’activité secondaire comme civile.
C’est ainsi par exemple que le cultivateur qui transforme ses propres produits avant
de les vendre n’est pas commerçant tant que l’activité de transformation est
accessoire à celle de production agricole.
Ainsi, les salariés même si leurs activité quotidienne consiste à accomplir des actes
de commerce pour le compte de leur employeur, ne sont pas commerçants. Seul leur
employeur peut avoir cette qualité.
Il en est de même de certains gérants. A cet égard, une distinction s’impose étant
donné que la notion de gérant recouvre des réalités diverses :
b. A l’inverse, le gérant (au sens du langage courant) peut être un simple salarié. Il
peut arriver par exemple que le propriétaire d’un fonds de commerce recrute un
employé pour gérer un ou plusieurs de ses magasins. Ce salarié ne devient pas pour
autant commerçant.
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Il y a cependant une exception : le gérant associé d’une SNC et le commandité d’une
SCS ont la qualité de commerçant par détermination de la loi.
§1 : Contenu de la distinction
A. Commerçant et artisan
L’activité artisanale englobe habituellement des entreprises qui ont une activité de
production, de transformation, de réparation, ou prestation de services. Il existe une
grande variété de professions artisanales et il est difficile de trouver un critère
général qui leur soit commun (mécanicien, coiffeur, tisserand, potier etc…).
L’artisan n’a pas la qualité de commerçant. En côte d’ivoire, les artisans, réunis au
sein de la Chambre des métiers, ont une organisation professionnelle distincte de
celle des commerçants.
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l’entreprise de manufacture est caractérisée par « la spéculation sur le travail
d’autrui »17.
Il peut arriver que l’artisan, dans l’exercice de son activité, accomplisse des
opérations qui relèvent des actes de commerce. Exemple, la coiffeuse qui
accessoirement à son activité, vend également des mèches à ses clientes. La nature
civile de la profession artisanale a pour conséquence, en principe, de conférer le
caractère civil aux opérations commerciales accomplies par l’artisan, qui sont
nécessaires et accessoires à son activité artisanale. Il s’agit là d’une application de la
théorie de l’accessoire civil. A cet effet, la Cour de cassation invite les juges du fond
à rechercher « si l’ampleur des actes de commerce faits par l’artisan excède le cadre
d’une activité artisanale normale »18.
Ceux qui exercent une profession libérale pratiquent une science, un art ; ils
fournissent avant tout leur compétence intellectuelle, leurs connaissances. Bien
qu’étant rémunérés, ils sont réputés désintéressés ; leur rémunération n’est pas un
bénéfice, mais des honoraires.
Par nature, leur activité n’est pas commerciale. C’est pourquoi les membres de
professions libérales ne sont pas commerçants.
17
Req., 20 oct. 1908, DP, 1909.1. 246.
18
Cass. com. 6 février 1962 : Gaz. pal. 1962, I, 393 ; RTD com. 1962, p. 633, obs. Jauffret ; cass. com. 18
février 1980 : RTD com. 1980, p. 759, obs. Jauffret.
19
Cass. soc. 27 octobre 1938 : Gaz. pal. 1938, II, 877.
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été appliquée à un médecin qui, en l’absence de pharmacien dans sa localité,
vendait des médicaments à ses patients.
C : Commerçant et agriculteur
L’agriculteur n’est pas commerçant. L’explication repose, pour une part significative,
sur des considérations historiques.
La question s’est également posée au sujet de l’élevage. Afin de faire le départ entre
l’élevage au sens classique (qui est civile) et les nouvelles formes d’élevage intensif
(qui est commercial), la Cour de cassation a eu recours au critère de la source des
aliments utilisés pour l’engraissement des animaux. Selon la haute juridiction, dès
lors qu’un éleveur achetait régulièrement la plus grande partie des aliments
nécessaires à l’engraissement des animaux, il devait être considéré comme
commerçant21.
20
Cass. com. 5 février 1979 : Bull civ. IV, n° 46, p. 37.
21
v. not. Cass. com. 8 mai 1978: Bull. civ. 1979, IV, n° 133, p. 112; RTD com. 1979, p. 87 obs. Derrupé; Cass.
com. 10 juillet 1985 : Bull. civ. 1985, IV, n° 210, p. 174.
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ces deux catégories de professions. En effet, les règles des commerçants font l’objet
d’une extension progressive aux professions non-commerciales (A). De plus, un
nombre croissant de règles sont communes à l’ensemble des professionnels (B).
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CHAP. 2 : LA CONDTION JURIDIQUE DU COMMERÇANT
La liberté d’entreprendre est une composante d’une liberté publique plus large que
l’on appelle liberté de commerce et d’industrie. Elle consiste en la liberté, pour toute
personne d’entreprendre, à son compte, l’activité économique de son choix, à
condition de respecter la réglementation en vigueur. Il s’agit avant tout d’une liberté
d’établissement ou d’installation par opposition à la liberté d’exercice et d’exploitation
qui est l’autre composante de la liberté de commerce et d’industrie.
On s’accorde à faire remonter l’origine de cette liberté à une loi fiscale des 2 et 17
mars 1791, connue sous le nom de « décret d’Allardes ». Ce texte, mettant fin aux
corporations, disposait en son article 7, « … il sera libre à toute personne de faire tel
négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera bon …».
La vocation générale du présent cours nous oblige à nous limiter aux restrictions à
caractère général lesquelles peuvent être regroupées en deux rubriques. Il ya d’une
part, les conditions de capacité (A), et les conditions de compatibilité et de moralité
(B).
A : Conditions de capacité
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1. La capacité commerciale.
L’exigence de la capacité est posée à l’article 6 AUDCG qui dispose que « nul ne
peut accomplir des actes de commerce à titre de profession habituelle s’il n’est
juridiquement capable d’exercer le commerce ». Cette restriction vise le mineur (1) et
le majeur incapable (2).
a) Le mineur.
Selon l’article 7 al. 1er AUDCG, « Le mineur, sauf s’il est émancipé, ne peut avoir la
qualité de commerçant ni effectuer des actes de commerce ». On peut déduire de ce
texte deux idées majeures.
Le droit commercial rejoint en cela le droit civil, car la loi n° 70-483 du 3 aout 1970
relative à la minorité dispose que le mineur non-émancipé est incapable de
contracter.
La deuxième idée liée à la première, c’est que mineur non-émancipé ne peut avoir la
qualité de commerçant. Cela signifie qu’il ne peut pas s’établir pour exercer de façon
régulière une profession commerciale.
On en déduit également que même s’il exerce de façon irrégulière une activité
commerciale, les règles de la commercialité ne peuvent lui être appliquées, car
l’incapacité vise à protéger le mineur.
L’article 7 al. 1er AUDCG précité soulève cependant une interrogation. En effet, ce
texte vise « le mineur, sauf s’il est émancipé ». Peut-on, par une analyse à contrario,
soutenir que la seule émancipation suffit à conférer la capacité commerciale au
mineur ? La question se pose d’autant plus que dans le droit ivoirien antérieur à
l’OHADA, 114 de la loi n° 70-483 du 3 aout 1970 relative à la minorité soumettait le
commerce du mineur émancipé à une série de conditions : le mineur devait être âgé
d’au moins 18 ans révolus et obtenir une autorisation spéciale de celui ses père ou
mère qui exerce la puissance paternelle ou du conseil de famille, laquelle
autorisation devait être inscrite au registre du commerce. Cette solution est-elle
désormais caduque ?
Le raisonnement à contrario doit, nous semble-t-il, être utilisé avec précaution si l’on
tient compte de la superposition du droit uniforme aux droits nationaux. Ainsi qu’il a
été préalablement souligné, le droit national non-contraire demeure en vigueur.
L’article 114 précité est-il contraire à l’article 7 al. 1er AUDCG ? La CCJA ne s’est pas
encore prononcée sur la question. Il semble cependant que si l’acte uniforme n’est
pas contre le commerce du mineur émancipé, il serait exagéré d’en déduire qu’il lui
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accorde une véritable capacité commerciale. Ce qui est interdit c’est le commerce du
mineur non-émancipé. Dès lors, les règles nationales ayant pour objet de restreindre
le commerce du mineur émancipé ne nous semblent pas contraire au droit uniforme.
En conséquence, les dispositions de l’article 114 de la loi n° 70-483 du 3 aout 1970
relative à la minorité devraient demeure en vigueur.
Il s’agit du majeur qui a fait l’objet d’une mesure d’interdiction judicaire de la part du
tribunal compétent conformément aux dispositions des articles 489 et suivants du C.
civ. Cette mesure concerne l’adulte qui est dans un état habituel d’imbécilité, de
fureur ou de démence.
Sont également incapables les adultes qui, sans être interdits à proprement parler,
sont soumis à l’assistance d’un conseil de famille dans les conditions prévues par
l’article 499 C. civ.
Par conséquent, la femme marié, tout comme l’homme marié, peut exercer une
activité commerciale et acquérir la qualité de commerçant. Cette liberté
professionnelle ressort clairement de l’article 67 de la loi sur le mariage tel modifié
par une loi de 2012 qui dispose : « chacun des époux a le droit d’exercer la
profession de son choix … ».
Ce texte assorti toutefois cette liberté d’une réserve en ces termes « … à moins qu’il
ne soit judiciairement établit que l’exercice de cette profession est contraire à l’intérêt
de la famille ». Cette nouvelle formulation de l’article 67 met fin à l’inégalité qui
existait antérieurement (loi de 1983) selon laquelle, seul l’époux pouvait agir en
justice pour faire déclarer l’activité de son épouse contraire à l’intérêt de la famille
(TPI Abidjan 12 juillet 1985 : RID 1986, p. 93). Désormais, cette action est ouverte
aux deux époux. L’un ou l’autre des époux peut saisir le juge pour faire déclarer
l’activité de l’autre contraire à l’intérêt de la famille.
La loi est cependant imprécise s’agissant des effets de la décision judicaire déclarant
l’activité de l’épouse ou de l’époux contraire à l’intérêt de la famille.
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de son époux ». En d’autres termes, si une personne se contente d’aider son
conjoint commerçant, il n’a pas, par ce seul fait, la qualité de commerçant. Pour
acquérir cette qualité, il faut que l’époux accomplisse des actes de commerce à titre
de profession habituelle et séparément de ceux de son époux.
L’exercice régulier d’une activité commerciale suppose que le candidat ne relève pas
d’un statut déclaré incompatible avec le commerce. Le principe est posé à l’article 8
al. 1er AUDCG selon lequel nul ne peut exercer une activité commerciale lorsqu’il est
soumis à un statut particulier établissant une incompatibilité.
Il faut comprendre que cette liste n’est pas exhaustive et des textes nationaux
peuvent parfaitement prévoir des cas d’incompatibilité.
Celui qui exerce une activité commerciale en violation d’une règle d’incompatibilité
devient commerçant et ne saurait échapper aux règles de la commercialité lesquelles
peuvent être invoquées en son encontre. Par contre, il ne peut se prévaloir de sa
qualité de commerçant.
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S’agissant de la validité de ses actes, l’article 8 al. 4 fait une distinction entre les tiers
de bonne foi et les autres. L’acte fait en situation d’incompatibilité est valable à
l’égard des tiers de bonne foi qui peuvent, si bon leur semble, s’en prévaloir. En
revanche, cet acte ne peut être invoqué par la personne en situation
d’incompatibilité.
Ces règles ont pour but d’éliminer du commerce les personnes indignes, ainsi que
celles dont le défaut de moralité est établit.
La loi prévoit ainsi des interdictions sont de deux sortes : les interdictions générales
prononcées par une juridiction civile ou répressive et les interdictions spéciales
limitées à une profession, qui sont bien souvent prononcées par une juridiction
professionnelle.
a. Au titre des interdictions générales, l’article 10 al. 4 AUDCG prévoit que sont
frappées de déchéance les personnes ayant fait l’objet d’une condamnation définitive
à une peine privative de liberté pour un crime de droit commun, ou à une peine d’au
moins trois mois d’emprisonnement non-assorti de sursis, pour un délit contre les
biens, ou pour une infraction en matière économique ou financière.
Son également interdits les personnes qui ont fait l’objet d’une interdiction générale
définitive ou temporaire, prononcée par une juridiction de l’un des Etats parties ; que
cette interdiction ait été prononcée comme peine principale ou peine
complémentaire.
b. L’interdiction spéciale est visée à l’article 10 al. 3 AUDCG qui concerne les
personnes ayant fait l’objet d’une interdiction prononcée par une juridiction
professionnelle ; ce texte précise que dans ce cas, l’interdiction ne s’applique qu’à
l’activité commerciale considérée.
L’interdiction peut être levée par la juridiction qui l’a prononcée, mais la requête n’est
recevable qu’à l’expiration d’un délai de cinq ans à compter du jour du prononcé de
l’interdiction.
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Cette possibilité de réhabilitation ne distingue pas entre interdiction générale ou
spéciale, ni entre déchéance et interdiction au sens étroit.
L’interdit qui poursuit une activité commerciale de façon irrégulière est commerçant
et les règles du droit commercial peuvent être invoquées à son encontre. Par contre,
il ne peut se prévaloir de sa qualité de commerçant. Il s’expose également à des
sanctions pénales.
Les obligations auxquelles sont assujettis les commerçants sont de nature diverses.
Certaines sont spécifiques à certaines catégories de commerçants, tandis que
d’autres sont générales à l’ensemble des commerçants. Ne sont envisagées ici que
les secondes. Il s’agit principalement de l’immatriculation au RCCM ( §1), et des
obligations comptables et financières (§2).
§1 : L’immatriculation RCCM
Il permet ainsi la constitution d’une base de données qui aide à l’identification des
entreprises commerciales, de leur activité et de leurs dirigeants, de leurs résultats,
ainsi qu’à l’information du public.
Le RCCM reçoit également les inscriptions et les mentions constant les modifications
intervenues depuis l’immatriculation dans l’état et la capacité juridique des personnes
physiques et morales immatriculées (changement de dénomination, de nom
commercial ou d’enseigne, changement dans l’état civil, modification d’activité, ou
des statuts de la société, dissolution, cessation d’activité etc.…). Certaines décisions
y sont mentionnées d’office par le greffier (décisions intervenues dans le cadre des
procédures collectives d’apurement du passif, les décisions prononçant des
sanctions patrimoniales contre les dirigeants des personnes morales, les décisions
de réhabilitation à la suite de déchéance ou d’interdiction).
Enfin, la grande innovation du droit OHADA est que le RCCM reçoit également
l’inscription des sûretés mobilières (nantissement du fonds de commerce, des parts
sociales ou des actions, privilège du vendeur du fonds de commerce, réserve de
propriété, contrat de crédit-bail etc…).
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- Au niveau de chaque Etat, il est prévu un Fichier national qui centralise, les
renseignements consignés dans les registres locaux. En côte d’ivoire ce fichier doit
être tenu à la Cour d’Appel d’Abidjan.
- Au niveau régional, il ya un Fichier Régional, tenu à la CCJA, qui centralise les
renseignements consignés dans chaque registre national, sur l’ensemble de l’espace
OHADA.
A. La demande d’immatriculation
Exemple : la preuve d’un acte de commerce peut être faite, à son encontre, par tout
moyen.
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§2: Les obligations financières et comptables du commerçant
- Au titre des livres obligatoires, le commerçant doit d’abord tenir un livre journal
enregistrant, au fur et à mesure, ses opérations commerciales.
- Outre le journal, le commerçant doit tenir également un grand livre constitué par
l’ensemble des comptes de l’entreprise où sont inscrits ou reportés, par compte, les
différents mouvements de l’exercice.
- la balance générale des comptes est un état récapitulatif faisant apparaitre, pour
chaque compte, le solde débiteur ou créditeur.
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paiements effectués ou reçus, un livre brouillard ou main courante (qui enregistre,
séance tenante, toutes les opérations qui sont ensuite transcrite au grand livre), un
livre des effets (qui enregistre les effets de commerce à payer ou à recevoir avec leur
échéance respective)…
Tous les livres obligatoires sont tenus sans blanc ni altération d’aucune sorte. Cela
signifie notamment, qu’ils ne doivent pas être raturés ou déchirés. Toute correction
d’erreur s’effectue exclusivement par inscription en négatif des éléments erronés ;
l’enregistrement exact est ensuite opéré (article 20 al 2 AU Compt).
Lorsque les livres obligatoires sont régulièrement tenus la loi leur accorde une
certaine valeur probante qui est variable en fonction des circonstances.
Dans les rapports entre commerçants, le juge peut admettre les livres de
commerce comme moyen de preuve (art. 5 al.4 AUDCG). C'est-à-dire que chacun
des commerçants peut invoquer ses livres de commerce. Il appartiendra alors au
juge de forger sa conviction à partir des livres produits.
Dans les rapports entre commerçant et non commerçant, les livres peuvent
toujours être utilisés comme moyen de preuve contre celui qui les tient, c'est-à-dire le
commerçant. On considère que les mentions des livres de commerce constituent un
aveu de sa part.
Toutefois celui qui compte utiliser les livres contre un commerçant ne peut retenir
uniquement les mentions qui lui sont favorables. Les mentions des livres de
commerce sont en effet indivisibles.
Enfin, dans le cours d’une contestation, le juge peut ordonner la représentation des
livres de commerce afin d’en extraire ce qui concerne le litige.
Page 35 sur 87
Lorsque les livres sont irrégulièrement tenus, ils ne peuvent être invoqués par les
commerçants leur auteur à son profit.
Les livres mal tenu exposent également le commerçant à des sanctions pénales (loi
n° 64-292 relatives aux obligations des commerçants, article 4).
Cette obligation résulte du règlement relatif aux systèmes de paiement dans l’espace
UEMOA. L’article 9 de ce texte dispose que tout commerçant au sens de l’AUDCG
est tenu d’ouvrir un compte auprès des services financiers de la poste, ou d’une
banque établie dans un Etat membre.
Le même texte fait obligation au commerçant d’indiquer sur ses factures et autres
documents par lesquels il réclame paiement, la domiciliation et le numéro de son
compte bancaire.
Dans les relations entre commerçant agissant dans l’exercice de leur commerce,
ceux-ci ont obligation d’accepter les paiements effectués par virement bancaire, au-
delà d’un montant de référence fixé par ministre en charge des finances.
Cette obligation est cependant écartée s’il est proposé un autre moyen scriptural de
paiement approprié. Ex. lettre de change, billet à ordre, chèque.
Par ailleurs, dans les relations entre les commerçants et leurs clients, les premiers
ne peuvent, au-delà d’un montant de référence, refuser les paiements effectués par
chèque pré-barré ou non, à moins qu’il y ait un autre moyen scriptural de paiement
approprié.
Page 36 sur 87
Affirmer que les actes de commerce sont les actes de commerçants est
incontestablement réducteur. Tous les actes des commerçants ne sont pas des
actes de commerce (actes de la vie privée) et inversement, les non-commerçants
peuvent accomplir des actes de commerce (acte de commerce par la forme). Il
demeure cependant qu’en pratique, la grande majorité des actes de commerce sont
le fait des commerçants.
L’étude des actes de commerce nous conduira à examiner leur typologie (§1), puis
leur régime juridique (§2).
Selon De Juglart et Ippolito, ce sont les actes dont le caractère commercial résulte
de la nature ou de l’objet de l’acte. Leur accomplissement à titre de profession
confère la qualité de commerçant à l’auteur de l’acte.
Les actes de commerce par nature ont été étudiés dans le chapitre précédent.
L’acte de commerce par la forme est un acte qui est commercial en raison de sa
seule forme et quelque soit sont objet, son but ou son auteur.
Sont cités au titre des actes de commerce par la forme les effets de commerce et les
sociétés commerciales par la forme. S’agissant des effets de commerce, l’article 4
AUDCG, cite la lettre de change, le billet à ordre et le warrant. Ces opérations sont
donc désormais commerciales par la forme.
Bien que s’appuyant sur des textes, la théorie des actes de commerce par
accessoire est une construction d’origine essentiellement jurisprudentielle. L’idée,
puisant ses racines dans la règle « accessorium sequitur principale », est qu’un acte
de nature civile peut devenir commercial parce que accessoire à une activité ou une
22
On considérait que les sociétés de capitaux étaient commerciales en raison de leur forme et les sociétés de
personnes en fonction de leur objet, la S.A.R.L. étant, sur ce point, rangée du côté des sociétés de capitaux. – V
Hémard (J.), Terré (F.) et Mabilat (L.), Sociétés commerciales, t. I, op. cit., n°68.
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opération commerciale. Réciproquement un acte normalement commercial peut être
civil car accompli accessoirement à une activité civile.
1 L’accessoire commercial
a) Exposé de la théorie
La théorie de l’acte de commerce par accessoire repose sur l’idée qu’un acte de
nature civile devient commercial parce qu’accompli par un commerçant dans le cadre
de son activité professionnelle ou par une société commerciale.
Les juges ont construit cette théorie à partir de l’ancien article 632 al.10 C. com. 23 qui
réputait acte de commerce « toutes obligations entre négociants, marchands, et
banquiers ».
En droit OHADA, la théorie de l’acte de commerce par accessoire peut trouver racine
dans l’article 3 al. 4 AUDCG qui qualifie d’acte de commerce « les contrats entre
commerçant pour les besoins de leur commerce ». Il y a également l’alinéa dernier
du même article qui qualifie d’acte de commerce « les actes effectués par les
sociétés commerciales ».
- Il faut que l’auteur de l’acte, à l’égard duquel la commercialité par accessoire est
invoquée, ait la qualité de commerçant.
- Il faut que l’acte ne soit pas commercial par nature ou par la forme.
c) Champ d’application.
La théorie s’applique à l’évidence aux contrats puisque ce sont eux qui sont visés par
l’article 3 AUDCG précité.
La théorie de l’accessoire s’applique également, pour les mêmes raisons, aux délits
(fautes volontaire) et aux quasi-délits (fautes involontaires). Ainsi, des faits de
concurrence déloyale peuvent être qualifiés d’acte de commerce s’ils sont accomplis
par un commerçant à l’occasion de son commerce
On voit à quel point la notion d’acte de commerce déborde celle d’acte juridique pour
concerner également des faits juridiques !
23
Actuellement l’article 110-9 nouv. C. com.
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2. L’accessoire civil.
Les applications de cette théorie sont nombreuses dans les diverses professions
civiles. Ainsi, le chirurgien dentiste qui, accessoirement à son activité principale,
achète des prothèses dentaires pour les revendre à ses patients, n’accomplit pas un
acte de commerce dès lorsque les achats pour revendre sont un accessoire
nécessaire de l’activité principale. Idem pour l’agriculteur qui transforme ses produits
agricoles avant de les commercialiser.
Nous procéderons, dans un premier temps, à l’exposé du régime juridique des actes
de commerce (A), avant d’évoquer son application aux actes mixtes (B).
Aux termes de l’article 5 AUDCG, « les actes de commerce se prouvent par tout
moyen, même par voie électronique, à l’égard des commerçants ». Ce texte pose la
règle de la liberté de preuve en matière commerciale.
Les conditions d’application de cette règle sont au nombre de deux et elles sont
cumulatives :
- Il faut que l’acte à prouver soit de nature commerciale. A cet égard, aucune
distinction n’est faite selon que l’acte soit commercial par nature, par la forme ou par
accessoire.
- Il faut que la personne contre qui la preuve est faite ait la qualité de commerçant.
Le droit OHADA s’inspire en cela d’une ancienne jurisprudence française24,
confirmée par la loi du 12 juillet 198025.
Inversement, lorsque c’est le commerçant qui entend faire la preuve contre le non-
commerçant, un commencement de preuve par écrit est nécessaire (art. 5 al 2
AUDCG).
24
Cass. civ. 12 avr. 1976: RTD com. 484, Obs. Jauffret; 27 avr. 1977 : D. 1977, jur. 413, note Gautry.
25
Loi n°80/525 du 12 juillet 1980 : J.O. 13 juillet 1980, p. 1755. ; Sur cette réforme, v. not. Derruppé (J.) : RTD
com. 1980, p. 757
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Lorsque ces conditions sont réunies, la preuve peut être faite par tout moyen, y
compris par voie électronique.
L’expression « tout moyen » implique qu’un commencement de preuve par écrit n’est
pas nécessaire. Des témoignages peuvent être retenus, aussi bien que des
correspondances (fax, courrier, e-mail), des factures et les livres de commerce
régulièrement tenus.
b) La mise en demeure.
2. Règles de fond.
Selon l’article 16 AUDCG « les obligations nées à l’occasion de leur commerce entre
commerçants, ou entre commerçants et non commerçants, se prescrivent par cinq
ans si elles ne sont pas soumises à des prescriptions plus courtes ». Ce texte, qui
pose le principe de la prescription quinquennale des actes de commerce, appelle les
observations suivantes.
En premier lieu, l’acte uniforme retient un délai de prescription de cinq ans au lieu de
dix sous l’empire du Code de commerce.
En second lieu, l’article 16 précité vise non seulement les obligations entre
commerçants, mais également celles entre commerçants et non-commerçants. Il en
résulte que les actes mixtes sont désormais soumis à la prescription quinquennale.
Une telle extension soulève des interrogations quand au champ d’application de la
règle, car elle peut être interprétée de deux façons :
- dans une acception littérale, on peut soutenir que les actes mixtes sont soumis à la
prescription quinquennale qu’il s’agisse d’une obligation du commerçant à l’égard du
non-commerçant ou l’inverse.
- on peut également, en se fondant sur la règle de la distributivité caractéristique de
l’acte mixte, soutenir la restriction du champ d’application de la prescription
quinquennale aux seules obligations du commerçant à l’égard du non-commerçant ;
car seules ces obligations sont de nature commerciale et par conséquent
mériteraient qu’on leur applique le régime des actes de commerce.
La jurisprudence française, confrontée à une difficulté similaire, avait tranché en
faveur de la première interprétation28.
26
Cass. soc. 16 juillet 1987 : Bull. civ. V, n° 495, p. 314.
27
Cf. en droit français, Cass. com. 30 juin1980 : D. 1982, 53, note Parléani.
28
Cass. civ., 2 fév. 1994: TD com. 1994, p. 473, Obs. Derruppé; Civ. 1ère, 29 av. 1997: Bull. cass. 1997, 1, n°
134, D.S. 1997, jur. 327, note Chartier ; 30 sept. 1997 : D.S. 1997, I.R., 215.
Page 40 sur 87
En troisième lieu, l’obligation doit être née à l’occasion d’un commerce. A contrario,
échappe à la prescription quinquennale, l’obligation sans rapport avec une activité
commerciale (sauf règles applicables à entreprenant).
Enfin, si un texte particulier prévoit une prescription plus courte, elle l’emporte sur la
prescription quinquennale. Exemple, en matière de vente commerciale, le délai
prescription est, en principe, de deux ans (article 301 al. 2e AUDCG).
b) La présomption de solidarité.
Alors qu’en matière civile la solidarité ne se présume pas (article 1202 c. civ.), une
règle coutumière, consacrée par une jurisprudence constante depuis un arrêt de la
chambre des requêtes du 20 octobre 1920, fait présumer la solidarité en matière
commerciale29.
L’acte mixte est l’acte qui est commercial pour une partie et civil pour une autre.
Contrairement à une croyance infondée, ce n’est pas un type particulier d’acte qui
serait intermédiaire entre l’acte civil et l’acte de commerce.
Exemple d’acte mixte : si, pour son usage personnel, un étudiant achète un
ordinateur chez son revendeur habituel, l’acte est mixte, car le revendeur accomplit
un acte de commerce, mais le même acte est civil pour l’étudiant.
L’acte mixte est tantôt soumis à un régime dualiste (a), tantôt à un régime unique (b).
a) Régime dualiste.
Dans le régime dualiste, l’acte mixte est soumis à deux régimes ; c’est-à-dire que les
règles civiles et commerciales sont appliquées de façon distributive. On applique les
règles du droit commercial à la partie pour laquelle l’acte est commercial et les règles
de droit civil à la partie pour laquelle l’acte est civil. Par exemple, en matière de
preuve, le mode retenu sera variable selon la personne contre qui la preuve est faite.
Lorsque la preuve est faite par le non-commerçant contre le commerçant, elle est
faite selon les règles du droit commercial (preuve par tout moyen). Inversement,
29
Req. 20 octobre 1920 : D. 1920, I, 161, note Matter, S. 1922, I, 201, note Hamel
30
Cass. com. 23 avril 1966 : Bull. civ. III, n° 196.
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lorsque le commerçant entend faire la preuve contre le non-commerçant, il doit
observer les règles du droit civil (nécessité d’un commencement de preuve par écrit).
b) Régime unique
A ce jour, un seul tribunal de commerce a été créé. Il s’agit de celui d’Abidjan, dont la
compétence territoriale couvre le ressort territorial des TPI d’Abidjan-Plateau et de
Yopougon.
A l’intérieur du pays, le contentieux commercial continue d’être traité par les TPI et
leurs sections détachées.
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Nous examinerons successivement l’organisation des tribunaux de commerce (A),
puis leur compétence ainsi que leurs règles de procédure (B)
Le tribunal est composé d’un président ayant au moins rang de président de TPI, de
juges ayant rang de vice-président de TPI ou de juge d’instance et de juges
consulaires.
Les jugements sont rendus par des juges délibérant en nombre impair, le nombre
des juges professionnels ne pouvant être supérieur au nombre des juges consulaire.
La composition est de 3 juges au moins, à raison d’un juge professionnel président et
de 2 juges consulaires, assesseurs.
B : Compétence et procédure
Leur jugement est susceptible d’appel lorsque l’intérêt du litige est supérieur à
25 000 000 de FCFA ou est indéterminé. En revanche, lorsque l’intérêt du litige est
inférieur à ce seuil, le tribunal de commerce décide en premier et dernier ressort.
La procédure est la même que devant les juridictions de droit commun (art. 2 al. 2 loi
2016, « sans préjudice des dispositions de la présente loi, les juridictions de
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commerce sont soumises à la loi portant organisation judicaire et celle portant code
de procédure civile, commerciales et administrative »). Les spécificités suivantes
peuvent cependant être relevées.
Avant de saisir le tribunal de commerce, les parties sont tenue de tenter de régler
leur litige à l’amiable. L’article 5 de la loi précitée l’exige de façon expresse.
Contrairement à la version initiale, ce n’est plus le tribunal qui est obligé de tenter de
concilier les parties. Cette conciliation a lieu avant même que le tribunal ne soit saisi,
entre les parties elles-mêmes, ou avec l'intervention d'un tiers dans le cadre d'une
médiation ou d'une conciliation.
Cette exigence est contrôlée par le tribunal. En effet, au jour fixé pour l'audience, si
les parties comparaissent ou sont régulièrement représentées, le tribunal de
commerce s'assure qu’elles ont entrepris les diligences en vue de parvenir à une
résolution amiable de leur litige.
Lorsqu’il constate que les parties n’ont entrepris aucune tentative de conciliation, le
tribunal déclare leur action irrecevable.
Lorsqu’il est fait appel d’un jugement du tribunal de commerce, il y est statué par une
Cour d’appel de commerce.
A ce jour, une seule Cour d’Appel de commerce a été créée. Il s’agit de celle
d’Abidjan (décret n° 2017-501 du 2 aout 2017) dont la compétence territoriale
correspond à celle du Tribunal de commerce d’Abidjan.
La composition de cette Cour est fixée à l’article 23 de la loi de 2016 précitée (un
premier président, des présidents de chambre, des conseillers, des conseillers
consulaires). Outre les magistrats de carrière, y siège également des conseillers
consulaires nommés dans les mêmes conditions que les juges consulaires des
tribunaux de commerce.
A quelques nuances près, les règles édictées pour la procédure devant le tribunal de
commerce sont celles qui s’appliquent aux instances d’appel.
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Les pourvois en cassation contre les arrêts des Cours d’appel de commerce sont
portés devant la Cour suprême ou la CCJA selon le cas.
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CHAPITRE III : L’ENTREPRENANT
L’AUDCG est complété par un décret n°2017-409 du 21 juin 2017 portant modalités
d’acquisition et de perte du statut d’entreprenant.
L’étude du statut de l’entreprenant impose que l’on définisse dans un premier temps,
la notion d’entreprenant (S.I) avant de préciser sa condition juridique (S.II).
A contrario, la personne qui exploite son entreprise sous une forme autre que
l’entreprise individuelle (société par exemple) ne peut bénéficier de la qualité
d’entreprenant. Il en est de même des sociétés, personnes morale et groupements
qui servent de cadre juridique à l’exercice d’une activité professionnelle.
La notion d’entrepreneur individuel n’est pas définie par l’AUDCG. Toutefois, on peut
observer qu’elle désigne habituellement une personne physique qui exploite une
entreprise à son nom et pour son compte. L’entreprise individuelle se caractérise par
l’absence de personnalité juridique et de patrimoine distincts de ceux de l’exploitant
(contrairement par exemple à la société).
L’entreprenant exerce une activité professionnelle qui peut être civile, commerciale,
artisanale ou agricole.
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Une première interrogation consiste à se demander ce que désigne la notion
d’activité professionnelle. Là encore, l’acte uniforme garde le silence. Une certitude
cependant, c’est qu’il ne peut s’agir, que d’une activité exercée de façon
indépendante, par opposition à l’activité professionnelle salariée. C’est ce que traduit
l’exigence de la qualité d’entrepreneur individuel.
Lorsque cette option est le fait d’un commerçant, il y a alors cumul des qualités de
commerçant et d’entreprenant. Ce cumul occasionne un risque de conflit de normes
que l’acte uniforme tente de résoudre en disposant, à son article 64 al 2 que
« l’entreprenant ne peut être en même temps immatriculé au Registre du Commerce
et du Crédit Mobilier. Il n'a pas le même statut que les personnes immatriculées au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier ». Il faut donc comprendre que le
commerçant qui acquiert de statut d’entreprenant, échappe, au moins partiellement,
au statut du commerçant.
L’article 30 al. 2 ci-dessus vise l’entrepreneur individuel qui totalise au moins deux
ans d’exploitation de son entreprise. Dans ce cas, le maintien de son statut
d’entreprenant ou la validité de sa candidature à ce statut dépendra du montant de
son chiffre d’affaire pendant les deux derniers exercices.
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A notre avis la réponse devrait être affirmative, car les seuils fixés à l’article 30 al. 2
sont une condition de maintien et non une condition d’acquisition de la qualité
d’entreprenant. Par conséquent, si le candidat au statut d’entreprenant n’a pas
encore deux ans d’exercice, la référence à son chiffre d’affaire devrait être sans
objet. C’est seulement au terme des deux ans d’exercice que l’observation de son
chiffre d’affaire permettra de dire si l’entreprenant conserve ou non son statut.
A. La déclaration.
3. La procédure de déclaration
La déclaration est faite au moyen d’un formulaire fourni à cet effet par le greffe du
tribunal.
La demande est signée par le déclarant ou son mandataire qui doit, à la fois, justifier
de son identité et, sauf s'il est avocat, professionnel agréé, huissier, notaire ou
syndic, être muni d'une procuration signée du déclarant ou du demandeur.
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En cas de changement d’activité ou de lieu d’exercice, ou encore en cas de
cessation d’activité, l’entreprenant doit en faire la déclaration.
Par ailleurs, l’acte uniforme interdit qu’une même personne soit déclarée comme
entreprenant à plusieurs registres ou sous plusieurs numéros à un même registre.
Rien n’est indiqué sur le type de présomption dont il s’agit. Toutefois, par analogie
avec celle découlant de l’immatriculation au RCCM pour ce qui concerne le
commerçant, il est permis de penser qu’il s’agit d’une présomption simple. Si cette
solution est admise, alors il sera possible pour des tiers d’apporter la preuve qu’une
personne déclarée n’a pas, en réalité, la qualité d’entreprenant. Ex : si cette
personne le réunit pas ou plus la condition afférente au chiffre d’affaires.
L’entreprenant doit mentionner son numéro de déclaration sur ses factures, bon de
commande, tarifs et documents ou correspondance professionnels suivi de
l’indication du RCCM qui a reçu sa déclaration et de la mention « Entreprenant
dispensé d’immatriculation ».
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définissant le régime juridique de cette nouvelle catégorie de professionnels, a sans
doute eu pour référence celui des commerçants. Par conséquent, la condition
juridique du commerçant peut être étudiée en distinguant les similitudes avec les
commerçants (§1) des points de différenciation avec ces derniers (§2).
A. Liberté de preuve
3. Quant au type d’acte pouvant bénéficier de cette règle, l’article 5 vise les actes de
commerce. Mais cette exigence ne saurait être transposée à l’entreprenant, puisque
ce dernier n’accomplit pas nécessairement des actes de commerce. Sans doute faut-
il considérer la liberté de preuve s’applique aux actes de l’entreprenant accomplis
dans l’exercice de son activité.
B. La prescription quinquennale
Sont visées par ce texte, non seulement les obligations entre entreprenants, mais
également celles entre entreprenants et non-entreprenants. Cette seconde catégorie
devrait englober les particuliers, les commerçants et les autres professionnels.
Il faut que l’obligation soit née à l’occasion de l’activité de l’entreprenant. Par
conséquent, les obligations étrangères à cette activité sont exclues du champ de la
prescription quinquennale.
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Enfin, si un texte spécial prévoit une prescription plus courte, ce texte l’emporte sur
l’article 33 précité.
Cependant, cette application souffre d’une nuance de taille. En effet, sauf convention
contraire entre le bailleur et l’entreprenant, ce preneur ne bénéficie ni du droit au
renouvellement du bail, ni du droit à la fixation judicaire du loyer du bail renouvelé
(art. 134 al. 2 AUDCG). L’application de ces deux règles est donc subordonnée à un
accord express des parties.
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statut des personnes immatriculées au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.
Au demeurant, le statut d’entreprenant à été créée dans un but d’allègement au
bénéfice des petites entreprises notamment commerciales. Il serait paradoxal que ce
régime comporte plus de contraintes que le statut de commerçant lui-même. Les
obligations comptables ci-dessus doivent donc être considérées comme un régime
simplifié, dérogatoire aux obligations comptables des commerçants.
Outre les règles ci-dessus, l’article 30 al. dernier AUDCG prévoit la possibilité pour
chaque Etat de fixer des mesures incitatives pour le statut d’entreprenant,
notamment en matière fiscale et de cotisations sociales. Le but est de créer un
régime allégé de nature à inciter les nombreuses entreprises du secteur informel à
se mettre en conformité avec la loi.
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TITRE III : LES BIENS DE L’ENTREPRISE COMMERCIALE : LE FONDS DE
COMMERCE.
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CHAPITRE I : NOTIONS FONDAMENTALES RELATIVES AU FONDS DE
COMMERCE.
1. La clientèle
On peut relever que l’acte uniforme ne fait pas état de l’achalandage. Ce mot,
contenu dans la loi du 17 mars 1909, avait été interprété par certains auteurs
comme désignant autre chose que la clientèle. Selon ces auteurs, l’achalandage
serait composé des clients de passage attirés par la commodité ou la proximité de
32
Req. 23 oct. 1934: S. 1934, I, 392; Req. 15 fév. 1937, op. cit.
33
v. P. Colomb, « La clientèle du fonds de commerce », RTD com. 1979, 1
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l’établissement34. Ils se distingueraient des véritables clients qui seraient attachés à
l’un des signes distinctifs du fonds de commerce.
Cependant, cette distinction entre clientèle et achalandage n’avait pas été retenue
par la jurisprudence35. Le législateur africain, en abandonnant l’expression
« clientèle et achalandage », a probablement voulu s’aligner sur cette position36.
2. Le nom commercial.
Le nom commercial n’est pas non plus définit par l’acte uniforme.
Pour la doctrine, il désigne la dénomination sous laquelle l’entreprise commerciale
est exploitée et connue du public.
Le choix d’un nom commercial par un commerçant doit être fait avec soin. Deux
précisions à cet égard :
- un choix de dénomination entraînant un risque de confusion avec un commerce
existant, de nature à provoquer un détournement de clientèle expose le
commerçant à des poursuites pour concurrence déloyale.
- Le choix du nom commercial ne peut être effectué en violation du droit des
marques. Il faut donc s’assurer que la dénomination choisie ne fait pas l’objet
d’une marque déposée.
3. L’enseigne
Selon la doctrine, l’enseigne, est un signe distinctif qui désigne une entreprise dans
sa localisation géographique. C’est un signe extérieur souvent apposé sur la façade
d’un immeuble, qui permet d’individualiser un établissement, une boutique. Il peut
s’agir d’un emblème, d’une dénomination de pure fantaisie ou qui évoque
l’emplacement d’un commerce (Hôtel de la gare, buvette du Parc).
L’enseigne peut être identique au nom commercial.
Les précautions indiquées ci-dessus pour le choix du nom commercial sont valables
pour l’enseigne.
34
Lyon-Caen (CH.) et Renault (L.), Traité de droit commercial, 5e éd., avec le concours de Amiaud, L.G.D.J.,
1921-1936, t. III, n° 239, note 1 ; Cendrier (G.), Le fonds de commerce, Traité général théorique et pratique
avec formulaire, 6e éd., par Martin (R.) et Maus (R.), Dalloz, 1934, n° 88.
35
Cass. com. 27 fév. 1973,1ère espèce : D. 1974, 284., v. aussi, Cass. com. 31 mai 1988 : Bull. civ. IV,
n° 180, p. 126, RTD com. 1988, 609, obs. Derruppé.
36
Nguebou (J.), Le droit commercial général dans l’acte uniforme OHADA, op. cit., p. 40.
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L’enseigne est protégée par l’action en concurrence déloyale. Cette action suppose
que l’enseigne soit distinctive, que le demandeur justifie d’une antériorité d’usage, et
qu’il établisse un risque de détournement de sa clientèle.
L’article 137 AUDCG énumère une série d’éléments qui peuvent être inclus dans le
fonds de commerce. Il s’agit d’une part, d’éléments incorporels (1) et d’autre part,
des éléments corporels (2).
Ce sont : le droit au bail, les licences d’exploitation, les brevets d’invention, marque
de fabrique et de commerce, dessins et modèles, et « tout autre droit de propriété
intellectuelle nécessaire à l’exploitation »,
a. Le droit au bail
Le droit au bail c’est le droit reconnu aux locataires des immeubles ou locaux à
usage professionnel d’obtenir le renouvellement de leur bail dans les conditions
prévues aux articles 123 et suivants AUDCG.
Il convient de ne pas le confondre avec le bail lui-même qui est le contrat de location
conclut entre le bailleur et le locataire.
Ces licences d’exploitation peuvent avoir une valeur considérable. Ils peuvent être
cédés seuls ou en tant qu’élément du fonds de commerce.
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Les droits de propriété industrielle obtenus conformément aux textes de l’OAPI
peuvent entrer dans la composition du fonds de commerce. A cet égard, l’acte
uniforme cite expressément les brevets d’invention, les marques de fabrique et de
commerce, les desseins et modèles. Il n’ya donc pas de toute sur leur appartenance
possible au fonds de commerce.
Le brevet d’invention est un titre délivré à l’auteur d’une invention et qui lui confère
un monopole de l’exploitation pendant une certaine durée.
Au delà des DPI expressément cité par l’AUDCG, l’article 137 al. dernier utilise une
formule de généralisation « et tout autre droit de propriété intellectuelle nécessaire à
l’exploitation » qui autorise à penser que cette liste n’est pas exhaustive. En
conséquence, le fonds de commerce peut comporter d’autres DPI, à condition qu’ils
soient nécessaires à l’exploitation du fonds de commerce. On pense ainsi aux droits
de propriété littéraire et artistique, aux créations informatiques, aux logiciels, aux
secrets de fabrique, aux obtentions végétales, etc.
a. Le matériel et le mobilier.
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Ces éléments sont soumis au même régime juridique que les matériels et outillage,
c’est-à-dire l’ensemble des meubles corporels qui permettent l’exploitation du fonds
de commerce37.
La question s’était déjà posée sous l’empire de la loi de 1909. La doctrine était
divisée. Certains soutenaient le rattachement du matériel même immeuble par
destination, au fonds de commerce38. Mais la majorité des auteurs était pour la mise
à l’écart des immeubles par destination39. La jurisprudence avait finalement tranché
en faveur de la seconde solution40. L’acte uniforme ayant repris la solution
traditionnelle de l’exclusion des immeubles du fonds de commerce, cette
jurisprudence devrait être maintenue41.
Les marchandises ont cela de particulier qu’elles ont vocation à être renouvelées.
Elles sont soumises à une rotation qui les distingue du matériel caractérisé par une
relative stabilité.
37
Derruppé (J.), Rep. Dalloz, dr. com. V° Fonds de commerce, n° 70 ; Pédamon (M.), Droit commercial, op. cit.,
n° 243.
38
Wahl, notes sous S.1913, II, 281 et S. 1920, I, 33 ; Demontès et Jauffret, Code de commerce et lois
commerciales annotés, t. I, 1936, n° 52.
39
Escarra (J.) et Rault (J.), Principes de droit commercial, t. I, op. cit., n° 432 ; Cohen (A.), Traité théorique et
pratique du fonds de commerce, 2e éd. Sirey, 1948, n° 52 ; Ripert (G.) et Roblot (R.), Traité de droit commercial,
t. I, 17e éd. par Germain et Vogel, n° 559.
40
Cass. Req. 20 janv. 1913: S. 1920, I, 33, note Wahl, Gaz. pal. 1913, I, 213, concl. Feuilloley ; Cass. Req. 28
juillet 1937 : Gaz. pal. 1937, II, 639 2e espèce ; Amiens, 2 avril 1930 : D.P., 1932, II, 95 ; Paris, 5 juill. et 28
nov. 1935 : D.P., 1936, II, 30, note Lalou.
41
V. dans le même sens Nguebou (J.), Droit commercial général dans l’acte uniforme O.H.A.D.A.,
op. cit., p.45.
Page 58 sur 87
A. Le fonds de commerce, une universalité de fait.
Une partie de la doctrine avait voulu voir dans le fonds de commerce une universalité
de droit, c'est-à-dire un patrimoine d’affectation. Il serait « un ensemble de biens et
de dettes formant un tout, dont les éléments actifs et passifs seraient
inséparablement liés »42. Dans ce sens, il comprendrait, non seulement les éléments
énumérés par loi, mais aussi l’ensemble des créances et des dettes attachées à
l’exploitation commerciale43.
Force est de constater que cette thèse n’a pas reçu consécration dans l’acte
uniforme.
Une autre théorie présente le fonds de commerce comme une universalité de fait.
Cette thèse, défendue par Escarra et Rault, présente le fonds de commerce comme
« un ensemble de biens distincts et autonomes, mais formant une entité juridique
complexe qui, en tant que telle, est considéré comme un bien unique ».
- Cet ensemble de biens forme un tout pouvant faire l’objet, dans sa globalité,
d’opérations juridiques. Ce n’est pas que la somme des éléments constitutifs. On
verra ainsi qu’il a une nature juridique différente des éléments qui le composent.
C’est un meuble incorporel alors qu’il peut comprendre des meubles corporels. Ainsi,
les actes juridiques dont fait l’objet le fonds ne nécessitent pas, pour leur
accomplissement, l’emploi des formes applicable à chacun des éléments qui le
composent.
42
Cornu (G.), Vocabulaire Juridique, association H. Capitant.
43
Grunsweig (S.F.), Le fond de commerce et son passif propre, LGDJ, 1938 ; Crémieu (L.), Le fonds de
commerce, universalité juridique, Rev. des fonds de commerce, 1935, p. 311.
Page 59 sur 87
Le fonds de commerce est un bien de nature mobilière. C’est la position traditionnelle
du droit ivoirien héritée du droit français44. La Cour d’appel d’Abidjan l’a clairement
rappelé dans un arrêt du 29 mars 199445.
Cette position, bien que n’étant pas expressément affirmée par l’acte uniforme, peut
être déduite de la définition du fonds de commerce figurant à l’article 135 AUDCG et
surtout de son contenu exclusivement mobilier.
Affirmer que le fonds de commerce est un meuble impose de dire si ce meuble est
corporel ou incorporel. Il s’agit selon la doctrine majoritaire d’un meuble incorporel.
Cette thèse se fonde sur l’idée d’une certaine hiérarchie entre les éléments
constitutifs du fonds de commerce. La clientèle serait l’élément principal dont les
autres éléments (dénomination, enseigne, droit au bail, marque, brevets d’invention
etc.) seraient en quelque sorte, les accessoires47. Le commerçant organise de façon
originale les éléments de son fonds afin d’attirer une clientèle. Ce faisant, il serait
l’auteur d’une véritable création immatérielle. Cette création étant protégée par la loi,
notamment à travers l’action en concurrence déloyale, il en résulterait que le
commerçant serait titulaire d’une propriété incorporelle comparable à un brevet
d’invention. Cette propriété serait un droit de clientèle puisque l’enjeu de la protection
dont bénéficie le commerçant réside dans la clientèle qu’il a pu créer grâce à une
organisation originale des éléments de son fonds48.
44
V. not. Chartier (Y.), Droit des affaires t. I, L’entreprise commerciale, n° 213
45
CCA 29 mars 1994 : rev. iv. Sc. Jur. 1995, n° 5. p. 139
46
Ripert (G.) et Roblot (R.), Traité de droit commercial, 17e éd. par Germain (M.) et Vogel (L.), n° 540.
47
Le Floch (P.), thèse, op. cit., n° 121.
48
Ripert (G.) et Roblot (R.), Traité de droit commercial, t. I, 17e éd. op. cit., n° 540 ; De Juglart (M.) et Ippolito
(B.), Traité de droit commercial, t. I., op. cit., n° 160 ; V. Pour une conception très voisine, Travaux du 60 e
congrès des notaires de France, notamment M. Thibierge qui, dans son rapport de conclusion, écrit « la clientèle
apparaît comme le but … comme une quantité, comme une résultante … mais jamais comme un élément
autonome du fonds de commerce », et aussi Rapport de M. Malauzat.
Page 60 sur 87
§1 : L’existence du fonds de commerce.
La question est de savoir à partir de quand on peut dire qu’un fonds de commerce
existe ou cesse d’exister. Cette question invite à étudier la naissance du fonds de
commerce (A.) et sa disparition (B).
A. Naissance
Il est aussi possible de le créer. Cette création est généralement consciente, mais la
volonté n’est pas l’unique condition. Ce qui compte c’est que se trouvent réunis, à
partir d’un noyau de clientèle, les éléments permettant de la fixer et de la développer.
Ainsi, la création d’un fonds de commerce est-elle une question de fait, de même que
la date de cette création. Elle est, en tout état de cause, indépendante de celle de
l’ouverture du commerce et de celle de l’immatriculation au RCCM.
La jurisprudence française s’en tient à cette dernière solution puisque depuis 1962,
elle exige que la clientèle soit réelle et certaine, et qu’une clientèle potentielle ne
suffit pas à révéler l’existence d’un fonds de commerce52. Mais l’interprétation du
caractère réel et certain de la clientèle est aussi l’objet de discordes53.
B. Disparition
49
Colomer (A.), Les régimes matrimoniaux et le droit commercial, t. I, Le fonds de commerce et les régimes
matrimoniaux, éd. Rép. Not. Def., 1977, p. 88 ; Derruppé (J.), Fonds de commerce et clientèle, in : Mélange A.
Jauffret, p. 234 et s., et note sous Cass. com. 27 fév. 1973 : D. 1974, p. 284 ; Hémard (J.), note sous Trib. Civ.
Lille, 14 déc. 1949 : JCP éd. G. 1950, II, 5337 et note sous Bordeaux, 18 oct. 1948 : JCP 1949, II, 4706 ;
50
Jauffret (A.), Obs. RTD com, 1950, p. 206.
51
Cohen (A.), Note sous Cass. civ., 30 janvier 195 : JCP 1954, II, 8118. ; Buisson, Le statut légal du fonds de
commerce, n° 10.
52
Cass. com. 15 fév. 1962 : Bull. civ. III, n° 71, p. 59 ; Cass. com. 13 mars 1962 : Bull. cass. 1962, III,
n° 158 ; Cass. com. 27 fév. 1973 : JCP 1973, II, 17403, note A.S., D. 1974, 283, note Derrupé.
53
Collomb (P.), La clientèle du fonds de commerce : RTD com., 1979, p. 1 et s.
Page 61 sur 87
lui ont donné naissance. Il disparaît avec la clientèle ou avec celui des éléments
constitutifs sans lequel celle-ci ne peut subsister.
Lorsque le fonds est exploité sous forme de société, le commerçant, c’est la société
entant que personne morale. C’est elle qui engage sont patrimoine. Le ou les
associés ne sont que titulaires des parts sociales ou des actions.
Dans certaines formes sociales (SARL, SAS, SA) leur responsabilité est limitée à
leurs apports, de sorte que leur patrimoine personnel n’est, en principe, pas engagé
par l’activité sociale. On observera cependant que dans le cas de la SNC et la SCS,
les associés et les commandités ont la qualité de commerçant et sont indéfiniment et
solidairement tenu des dettes sociales.
54
Derrupé (.J.), RTD Com. 1989, 646 et jpdce citée.
Page 62 sur 87
B. Unité / pluralité d’établissements
Succursale
Indépendamment des règles relatives aux établissements secondaires qui leur sont
également applicables (obligation d’immatriculation au RCCM), les succursales font
l’objet de dispositions particulières (v. article 116 et s. AUSCGIE). Il convient de citer
en particulier l’obligation mise à la charge des personnes étrangères, d’apporter leur
succursales à une société de droit de l’un des Etats parties, deux ans au plus tard
après leur création, sauf dispense ministérielle (Art. 120 AUSCGIE.).
Si son activité justifie qu’il soit transformé en succursale, une demande rectificative
au RCCM est formulée dans un délai de 30 jours à compter du changement de
situation.
Page 63 sur 87
CHAP. II : LES PRINCIPAUX CONTRATS PORTANT
SUR LE FONDS DE COMMERCE.
Le fonds de commerce, en tant que bien, peut faire l’objet d’opérations juridiques.
Trois opérations font l’objet d’une réglementation spécifique de la part du législateur.
Ce sont la location-gérance (S. I), la cession (S. II) et le nantissement (S. III).
2. Le loueur, personne physique ou morale, doit avoir exploité pendant deux ans au
moins, en qualité de commerçant, le fond qu’il veut mettre en location-gérance.
Page 64 sur 87
Ce délai peut être réduit sans pouvoir être inférieur à un an, par la juridiction
compétente (le TC), notamment lorsque la personne physique ou morale justifie
qu’elle est dans l’impossibilité d’exploiter le fonds personnellement ou par
l’intermédiaire de ses préposés.
Par ailleurs, ce délai n’est pas applicable à certaines personnes énumérées à l’article
143 AUDCG. Il s’agit de l’Etat et des collectivités publiques, des incapables, des
héritiers, des mandataires de justice, etc.).
B- Conditions de forme
L’exigence d’un écrit découle implicitement de l’article 138 AUDCG qui prévoit des
mentions obligatoires du contrat de location-gérance. Ces mentions sont les
suivantes :
- le contrat doit décrire les éléments corporels et incorporels du fonds de
commerce mis en location-gérance et en fixer le loyer.
- Il résulte de l’article 138 al. 3 AUDCG que le loyer dans le contrat de location-
gérance doit comporter deux éléments : un loyer pour la jouissance des
locaux et un loyer pour la jouissance des éléments corporels et
incorporels du fonds de commerce. Ces deux éléments, selon le même
article, « sont obligatoirement déterminés de façon séparée dans le contrat
de location-gérance… ».
2) Publicité
Le contrat de location-gérance doit être publié sous forme d’extrait dans un JAL
paraissant au lieu où le fonds de commerce est inscrit au RCCM.
Cette publication est faite dans les 15 jours du contrat, par la partie la plus diligente,
au frais de locataire-gérant.
Page 65 sur 87
Le LG est tenu d’indiquer en tête de ses documents commerciaux (bons de
commande, factures, et autres documents à caractère économique et financier), sa
qualité de locataire-gérant ainsi que son numéro d’immatriculation au RCCM.
Le propriétaire du fonds, s’il est commerçant, est tenu de faire modifier son
inscription par la mention de la mise en location-gérance de son fonds.
En fin de contrat, les parties devront procéder aux mêmes mesures de publicité.
Comme tout locataire, il doit verser un loyer dont la fixation est laissée à la libre
détermination des parties. Ce loyer doit cependant comporter deux éléments
distincts indiqués de façon séparés dans le contrat.
55
CA Colmar, 11 mai 1926, Gaz. Pal. 1926, 2, 303
Page 66 sur 87
Lorsque le fonds de commerce change de mains en raison d’une mise en location-
gérance ou de la cessation de celle-ci, les créanciers de l’exploitant peuvent avoir
des raisons de s’inquiéter du recouvrement de leur créance. Afin d’assurer leur
protection, le législateur prévoit 3 mécanismes.
L’action est introduite par tout intéressé, dans le délai de trois mois à compter de la
publication du contrat de location-gérance, sous peine de forclusion.
Le juge saisi ne peut prononcer cette déclaration que s’il estime que la location-
gérance met en péril le recouvrement de la créance en question.
2) Solidarité légale
On peut alors se demander si cette solidarité joue lorsque le tiers avait connaissance
de la qualité de locataire-gérant de son cocontractant. Pas de solution
jurisprudentielle connue à ce jour. Deux solutions envisageables :
- soit, ne pas distinguer là où la loi ne distingue pas (art. 145 AUDCG ne fait
pas de distinction);
- soit on considère que le créancier de mauvaise foi ne mérite pas la protection.
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Les règles du droit commun de la vente sont insuffisantes pour éviter ces différents
écueils. C’est pourquoi le législateur a prévu un régime spécifique. Ainsi, la vente du
fonds de commerce est-elle soumise à trois corps de règles.
- en premier lieu, il y a le droit commun de la vente tel que prévu par le code
civil ;
- en second lieu, les dispositions des articles 147 à 168 AUDCG.;
- enfin, les dispositions spécifiques régissant certaines activités commerciales
telles que le commerce des armes, de pharmacie, de débit de boisson, qui
relèvent également de la compétence du législateur national de chaque Etat.
Il faut relever d’emblée qu’on ne peut parler de cession de fonds de commerce que
lorsque l’opération porte au moins sur les éléments obligatoires, à savoir la clientèle
et l’enseigne ou (et) le nom commercial.
L’article 148 AUDCG dispose en effet que « la cession de fonds de commerce porte
nécessairement sur les articles énumérés à l’article 136 du présent acte uniforme ».
A cet objet obligatoire, les parties peuvent adjoindre d’autres éléments corporels ou
incorporels comme le droit au bail, les installations et aménagements, le matériel et
mobilier…
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B- Les conditions de forme
La cession du fonds de commerce doit être constatée par un écrit qui peut être un
acte sous seing privé ou un acte authentique.
Cet écrit doit contenir des mentions obligatoires énumérées à l’article 150 AUDCG
(11 mentions obligatoires). Ces mentions sont les suivantes:
1°) pour les personnes physiques, l'état civil complet du vendeur et de l'acheteur, et,
pour les personnes morales, leur nom, leur dénomination sociale, leur forme
juridique, l’adresse de leur siège ;
2°) les activités du vendeur et de l'acheteur ;
3°) leurs numéros d'immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier ;
4°) s'il y a lieu, l'origine du fonds au regard du titulaire qui a précédé le vendeur ;
5°) l'état des privilèges, nantissements et inscriptions grevant le fonds ;
6°) le chiffre d'affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières années
d'exploitation, ou depuis son acquisition si le fonds n'a pas été exploité depuis plus
de trois ans ;
7°) les résultats commerciaux réalisés pendant la même période ;
8°) le bail annexé à l’acte avec l’indication, dans l’acte, de sa date, de sa durée, du
nom et de l'adresse du bailleur et du cédant s'il y a lieu ;
9°) le prix convenu ;
10°) la situation et les éléments du fonds vendu ;
11°) le nom et l'adresse du notaire ou de l'établissement bancaire désigné en qualité
de séquestre si la vente a lieu par acte sous seing privé.
La demande en nullité doit être faite dans un délai d’un an à compter de la date de
l’acte.
2) Publicité
a) Publicité au JAL
Dans un délai de 15 jours à compter de sa date, l’acte de vente doit être publié à la
diligence de l’acquéreur sous forme d’avis dans un JAL paraissant dans le lieu où le
vendeur est inscrit au RCCM.
b) Inscription au RCCM
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commerciale, il doit procéder à sa radiation. Si l’acquéreur devient commerçant, il
doit se faire immatriculer au RCCM.
Par ailleurs, l’acte de vente, en copie certifiée conforme, doit être déposé par une
des parties au RCCM.
Aux termes de l’article 157 AUDCG, l’acquéreur doit payer le prix au jour et lieu fixés
dans l’acte de vente, entre les mains du notaire ou d’un établissement bancaire
désigné d’un commun accord.
Lorsque les parties décident, dans un acte séparé, d’un autre prix ou de dissimuler
une partie du prix, on parle de contre-lettre. Aux termes de l’article 158 AUDCG, la
contre-lettre est nulle. Cette nullité n’affecte pas l’acte de cession au prix apparent.
Le vendeur ne pourra pas réclamer en justice la partie dissimulée du prix.
a. Obligation de délivrance
Il faut relever que la délivrance est distincte du transfert de propriété qui s’opère dans
les conditions prévues à l’article 166 AUS. Selon ce texte, pour produire son effet
translatif et être opposable aux tiers, la vente doit être inscrite au RCCM à la
demande de l’acquéreur dans le respect des conditions prévues à l’AUDCG
b. Obligation de garantie
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Comme tout vendeur, celui du fonds de commerce est tenu à une triple garantie :
garantie du fait personnel, garantie d’éviction, garantie des vices cachés.
- Garantie du fait personnel. Le vendeur ne doit rien faire qui puisse troubler
l’acquéreur dans l’exercice des droits qu’il a acquis du fait de la cession. Ainsi
par exemple, il ne saurait détourner la clientèle du fonds. En cédant son
fonds, le vendeur contracte l’obligation de ne pas se rétablir de manière à
conserver en partie ou en totalité la clientèle attachée au fonds cédé.
a) Le privilège du vendeur.
Ce privilège ne produit effet que lorsqu’il est inscrit au RCCM. Il protège le vendeur
contre tous les nantissements qui pourraient être consentis par l’acquéreur et contre
les aliénations du fonds. En effet, le vendeur titulaire ce privilège bénéficie d’un droit
de préférence pendant cinq ans à compter de son inscription au RCCM sauf
réinscription. Il y a lieu d’observer que ce privilège est indivisible en ce qu’il grève
tous les éléments du fonds sans distinction (contra, voir article 1 er al 1 à 4 loi du 17
mars 1909).
b) L’action résolutoire
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L’action résolutoire doit être notifiée par acte extra-judicaire (exploit d’huissier) ou par
tout moyen prouvant par écrit la notification (lettre au porteur contre décharge, lettre
RAR), aux créanciers inscrits sur le fonds. Cette notification est faite au domicile élu
par eux dans leur inscription.
Le fonds de commerce étant également un moyen de crédit, les tiers créanciers sont
intéressés à sa cession. La publicité à laquelle donne lieu la vente du fonds est
d’ailleurs en grande partie destinée à les informer.
1) Le droit d’opposition
a) Forme de l’opposition
L’opposition doit être formée dans un délai de trente jours à compter de la parution
de la publicité de la vente dans un journal d’annonces légales. Elle doit être notifiée
par acte d’huissier ou par tout moyen permettant d’en établir la réception effective :
- au notaire ou à l’établissement bancaire désigné en qualité de séquestre,
- à l’acquéreur,
- au greffe du tribunal qui procède à son inscription au RCCM.
L’acte d’opposition doit comporter certaines mentions définies par l’AUDCG (identité
de l’opposant, montant de la créance, sa cause, élection de domicile dans le ressort
de la juridiction du RCCM). Faute de respecter ces règles de forme, l’opposition est
nulle.
56
Aux termes de l’article 75 AUS, toute demande tendant à la résolution amiable, judiciaire ou de plein
droit de la vente du fonds de commerce doit faire l'objet d'une prénotation au RCCM à l'initiative du
vendeur. Cette prénotation est autorisée par le Président de la juridiction du lieu où la vente a été
inscrite, par décision sur requête, à charge de lui en référer. La prénotation faite, la validité des
inscriptions ultérieures est subordonnée à la décision à intervenir sur la résolution de la vente.
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b) Effet de l’opposition
Le vendeur peut obtenir la mainlevée des oppositions, soit par voie judiciaire, soit par
voie amiable. La mainlevée judicaire est prononcée par la juridiction compétente
statuant à bref délai, si le vendeur offre un cautionnement ou une garantie
équivalente au montant de la créance objet de l’opposition. Quant à la mainlevée
amiable, elle est du ressort du créancier opposant qui doit la notifier dans les mêmes
formes que l’opposition elle-même.
2) Le droit de surenchère
§1 : Le nantissement conventionnel.
A. Conditions du nantissement
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Le fonds de commerce est un bien composite et les éléments qui le composent ne
sont pas tous compris dans le nantissement. Le nantissement du fonds pose donc la
question de son contenu (1). Par ailleurs, l’opération doit être réalisée selon
certaines formes (2).
1. Le contenu du nantissement.
Il résulte de l’article 162 AUS qu’il faut distinguer trois catégories d’éléments. Les
éléments obligatoires, les éléments facultatifs et les éléments exclus.
a) Eléments obligatoires.
b) Eléments facultatifs.
Mais cette extension doit faire l’objet d’une clause spéciale désignant les biens
engagés et d’une mention particulière au RCCM.
c) Eléments exclus.
Le nantissement du fonds de commerce doit être constaté par écrit. Cet écrit peut
être un acte authentique ou un acte sous seing privé dûment enregistré.
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- les noms, prénoms et domicile des parties ;
- le numéro d’immatriculation des parties au RCCM ;
- la désignation précise et le siège du fonds et éventuellement de ses
succursales ;
- les éléments du fonds nanti ;
- le montant de la créance garantie ;
- les conditions d’exigibilité de la dette et des intérêts ;
- l’élection de domicile du créancier dans le ressort de la juridiction où est tenu
le RCCM
3. La publicité du nantissement.
Si le fonds nanti comprend plusieurs succursales, l’inscription doit être prise au lieu
de l’immatriculation principale et aux lieux des immatriculations secondaires.
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inscrits, par acte extrajudiciaire, son intention de déplace le fonds, en indiquant le
nouvel emplacement qu’il entend lui fixer. Si le créancier nanti refuse de consentir au
déplacement, il peut dans les 15 jours de la notification demander la déchéance du
terme s’il y a diminution de sa sûreté. Au contraire en cas de consentement, il
conserve sa sûreté, mais à condition de faire mentionner son accord dans un délai
de 15 jours en marge de l’inscription initiale. Le déplacement du fonds opéré sans
notification régulière entraîne la déchéance du terme.
Par ailleurs, toute demande de résiliation du bail de l’immeuble dans lequel est
exploité le fonds doit être notifiée au créancier nanti. La décision judicaire de
résiliation ne peut intervenir, ni la résiliation amiable produire effet, que deux mois
après cette notification.
Concernant le droit de réalisation, il signifie que le créancier muni d’u titre exécutoire
peut faire ordonner la vente du fonds 8 jours après une sommation de payer restée
infructueuse.
Le droit de suite traduit l’idée que le créancier nanti peut faire saisir le fonds en
quelques mains qu’il se trouve afin de procéder à sa réalisation.
Le créancier nanti dispose d’un droit de préférence, c’est-à-dire qu’en cas de vente
du fonds de commerce, il est payé par préférence aux créanciers chirographaires.
L’ordre des paiements suite à la réalisation d’un bien meuble est indiqué à l’article
226 AUS.
§2 Le nantissement judicaire.
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Le nantissement judicaire procure au créancier nanti les mêmes droits que le
nantissement conventionnel.
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TITRE III : LENTREPRISE ET LA CONCURRENCE
C’est n’est qu’à une date récente que la protection du marché, la liberté de la
concurrence et la lutte contre le pouvoir de monopole ont intégré les préoccupations
du législateur, s’inspirant en cela du droit français lui-même inspiré du droit antitrust
américain. Une série de textes vont ainsi être adoptés, d’abord à l’échelle nationale 57
puis en droit communautaire58. Ces différents textes vont non seulement interdire
certaines pratiques jugées anticoncurrentielles, mais ils vont également introduire les
notions de pratiques restrictives de concurrence et de transparence tarifaire.
C’est cet ensemble qui constitue le droit ivoirien de la concurrence. Ce droit présente
aujourd’hui un visage composé des trois principales facettes :
- Il ya des règles destinées à la protection de l’entreprise contre les pratiques
déloyales de ses concurrents. C’est la concurrence déloyale.
- il ya des règles dont le but est la protection du marché, la liberté de la concurrence
et la lutte contre le pouvoir de monopole. C’est les pratiques anticoncurrentielles.
- enfin il ya enfin ce qu’il convenu d’appeler les pratiques restrictives et la
transparence tarifaire.
57
En droit national, la réglementation de la concurrence a d’abord été le fait d’une loi n°78-633 du 28
juillet 1978 relative à la concurrence et les prix (JO du 17 octobre 1978). Une refonte du dispositif est
intervenue par une loi du 27 décembre 1991. Cette loi est aujourd’hui abrogée et remplacée par une
ordonnance du 20 septembre 2013 (ord. n° 2013-662 du 20 septembre 2013 relative à la
concurrence).
58
A l’échelle communautaire, 3 règlements ont été adoptés en 2002 sur la base des articles 88, 89, 90
Traité UEMOA. Ce sont les Règlement 02/2002 du 23 mai 2002 qui pour objet les pratiques
anticoncurrentielles, et 03/2002 du 23 mai 2002 relatif aux procédures applicables aux ententes et
abus de position dominante à l’intérieur de l’UEMOA.
59
Cass. Req. 9 avril 1900 : DP 1900, I, 240.
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La théorie de la concurrence déloyale est, à l’origine, une construction
jurisprudentielle. Les juges français, en l’absence de texte général, ont fondé cette
action sur les articles 1382 et 1383 du Code civil60, l’agissement déloyal étant
constitutif d’une faute civile.
- Ce qu’il est convenu d’appeler la concurrence interdite vise des situations où c’est
l’exercice même d’une activité qui est interdit à l’entreprise en vertu d’une disposition
légale (ex. activités qui sont le monopole de l’Etat) ou contractuelle (clause de non-
concurrence ou clause de non rétablissement). Pour employer les termes du doyen
Roubier, alors que l’auteur de la concurrence interdite « agit sans droit », celui de la
concurrence déloyale fait « un usage excessif de sa liberté ».
60
Cass. civ. 18 avril 1958 : D. 1959, 87, note Derrida ; Cass. com., 18 juillet 1971 : DS, 1971, 691.
61
Accord de Bangui du 2 mars 1977, révisé le 24 février 1999, ratifié par la Côte d’Ivoire par ordonnance
n° 2000–388 du 24 mai 2000.
62
« L’Accord et ses Annexes sont applicables dans leur totalité à chaque Etat qui le ratifie ou qui y
adhère» (article 4 du l’accord révisé), ce qui est le cas de la Côte d’ivoire.
63
Durande S., Les rapports entre contrefaçon et concurrence déloyale : D. 1984, p. 187.
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§1 : L’énumération des actes de la concurrence déloyale
A. La confusion ou imitation
Elle est définie à l’article 2 de l’annexe VIII, comme « tout acte ou pratique qui, dans
l’exercice d’activités industrielles ou commerciales, crée ou est de nature à créer une
confusion avec l’entreprise d’autrui ou ses activités, en particulier avec les produits
ou services offerts par cette entreprise ». Telle qu’elle est définie par ce texte, la
confusion, suppose réunies les deux conditions suivantes :
Le risque de confusion peut exister soit avec l’entreprise concurrente, soit avec ses
activités, soit avec ses produits (imitation des produits d’autrui ou de leur emballage)
ou ses services (imitation des services d’autrui).
Il ne s’agit là que d’exemples indicatifs qui n’ont aucun caractère exhaustif. Ce qui
compte c’est qu’elle soit de nature à créer la confusion dans l’esprit de la clientèle
sur les deux entreprises, leurs produits ou leurs services. Il appartient aux tribunaux
d’apprécier le risque de confusion en fonction notamment de l’originalité du signe
employé, et du risque de concurrence résultant des conditions de cet emploi.
2)- l’acte ou la pratique en cause doit être en rapport avec l’exercice d’activités
industrielles ou commerciales. Cette précision vise à écarter les actes ou pratiques
sans rapport avec la vie professionnelle. Cependant, doit-elle être prise au sens
étroit (limitation aux activités de nature commerciale) ou faut il inclure les activités
professionnelles non commerciales ? Une réponse négative s’impose puisque
l’article 8 de l’annexe VIII inclut expressément les activités libérales.
B. Le dénigrement.
64
Ripert et Roblot, Traité de droit commercial, t. I, 17e éd. n°702, p. 526 et s.
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Le dénigrement est définit comme « toute allégation fausse ou abusive dans
l’exercice d’activités industrielles ou commerciales, qui discrédite ou est de nature à
discréditer l’entreprise d’autrui ou ses activités, en particulier des produits ou
services offerts par cette entreprise »65. Le dénigrement ainsi définit suppose :
Qu’en est-il de l’allégation abusive ? Ex. dans un arrêt du 27 janvier 2016, la Cour
d’appel de Paris a validé une décision de première instance condamnant une société
qui informait ses partenaires commerciaux que son concurrent avait été condamné
pour concurrence déloyale. Pour la Cour d’appel, « caractérise un acte de
dénigrement constitutif de concurrence déloyale le fait de jeter le discrédit sur une
entreprise concurrente en répandant des informations malveillantes sur les produits
ou la personne d’un concurrent pour en tirer un profit ». Le seul fait de relayer des
informations malveillantes sur un concurrent dans le but de lui nuire permet de
caractériser la concurrence déloyale par dénigrement, peu importe que l’information
soit inexacte ou réelle, de notoriété publique ou non.
- L’allégation peut viser entreprise elle-même, ses produits, ses services. A ce titre,
l’article 5 précité ajoute que le dénigrement peut porter sur les éléments suivants :
a) procédé de fabrication d’un produit ;
b) aptitude d’un produit ou d’un service à un emploi particulier ;
c) qualité, quantité ou autre caractéristique d’un produit ou d’un service ;
d) conditions auxquelles un produit ou un service est offert ou fourni ;
e) prix d’un produit ou d’un service ou son mode de calcul.
L’atteinte à l’image et à la réputation d’autrui est très proche du dénigrement. Elle est
définie comme « tout acte ou pratique qui, dans l’exercice d’activités industrielles ou
commerciales, porte atteinte ou est de nature à porter atteinte à l’image ou à la
réputation de l’entreprise d’autrui, que cet acte ou cette pratique crée ou non une
confusion ».
65
L’article 5 de l’annexe VIII
66
Ripert et Roblot, Traité de droit commercial, t. I, 17e éd. n°700, p. 522 et s.
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La différence avec le dénigrement est qu’il n’est pas nécessaire que l’agissement
discrédite ou soit de nature à discréditer l’entreprise concurrente. Il suffit qu’il porte
atteinte ou soit de nature à porter atteinte à l’image ou à la réputation d’une autre
l’entreprise.
2- il faut que cette information confidentielle ait été divulguée, acquise ou utilisée par
des tiers sans le consentement de la personne habilité à disposer de cette
information ;
3- il faut que la divulgation, l’acquisition ou l’utilisation ait été faite d’une manière
contraire aux usages honnêtes.
L’Annexe VIII cite, de façon illustrative, des exemples d’actes pouvant être à l’origine
de la divulgation. Ce sont :
- l’espionnage industriel ou commercial ;
- la rupture de contrat ;
- l’abus de confiance ;
- l’incitation à commettre l’un des actes visés aux alinéas a) à c) ;
- l’acquisition d’une information confidentielle par un tiers qui savait que cette
acquisition impliquait un des actes visés aux alinéas i) à iv) ou dont l’ignorance à cet
égard résultait d’une négligence grave.
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Constitue également un acte de concurrence déloyale portant sur l’information
confidentielle « tout acte ou pratique qui, dans l’exercice d’activités industrielles ou
commerciales, constitue ou entraîne :
a) l’exploitation déloyale dans le commerce de données confidentielles résultant
d’essais ou d’autres données confidentielles, dont l’établissement nécessite un effort
considérable et qui ont été communiquées à une autorité compétente aux fins de
l’obtention de l’autorisation de commercialiser des produits pharmaceutiques ou des
produits chimiques pour l’agriculture comportant des entités chimique nouvelles ; ou
b) la divulgation de telles données, sauf si elle est nécessaire pour protéger le public
ou à moins que des mesures ne soient prises pour garantir que les données sont
protégées contre l’exploitation déloyale dans le commerce. »
E. La désorganisation
Cet agissement est visé à l’article 4 de l’annexe VIII. Selon ce texte, « Constitue un
acte de concurrence déloyale tout acte ou pratique qui, dans l’exercice d’activités
industrielles ou commerciales, induit ou est de nature à induire le public en erreur au
sujet d’une entreprise ou de ses activités, en particulier des produits ou services
offerts par cette entreprise ».
L’entreprise peut induire le public en erreur par divers moyens. Ceux visés à l’article
4 précités sont la publicité et la promotion, mais on peut se demander si les autres
procédés doivent être exclus.
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- l’aptitude d’un produit ou d’un service à un emploi particulier ;
- la qualité, quantité ou autre caractéristique d’un produit ou d’un service ;
- l’origine géographique d’un produit ou d’un service ;
- les conditions auxquelles un produit ou un service est offert ou fourni ;
- le prix d’un produit ou d’un service ou son mode de calcul.
G. Le parasitisme
Le parasitisme n’est pas expressément cité à l’annexe VIII. Une partie de la doctrine
française l’assimile à la concurrence déloyale, tandis que d’autres auteurs l’en
distinguent nettement.
Selon son article 1er 1) a) de l’annexe précité, « Outre les actes et pratiques visés
aux articles 2 à 6, constitue un acte de concurrence déloyale tout acte ou pratique
qui, dans l’exercice d’activités industrielles ou commerciales, est contraire aux
usages honnêtes ».
On peut observer d’emblée qu’il ne s’agit pas d’une définition à proprement parler,
puisqu’elle semble venir en complément de l’énumération des agissements déloyaux
cités aux articles 2 à 6 de l’Annexe. C’est une formule d’extension qui permet au
juge de réprimer des agissements ne figurant pas dans l’énumération.
Toutefois, elle fait ressortir les deux critères caractéristiques de l’acte de concurrence
déloyale. C’est un acte ou une pratique en lien avec l’exercice d’activités industrielles
ou commerciales (1) et qui est contraire aux usages honnêtes (2).
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de concurrence déloyale n’est pas nécessairement un acte juridique. Il peut
également consister en de simples pratiques n’impliquant pas l’accomplissement
d’actes juridiques.
Mais que faut-il entendre par « contraire aux usages honnêtes en matière industrielle
ou commerciale » ? En l’absence de solution jurisprudentielle certaine en droit positif,
on peut citer un arrêt de la Cour d'appel de Rouen qui semble décider qu’il s’agit
d’actes ne correspondent pas à « un exercice sain et honnête du commerce » (CA
Rouen, 20 janvier 1992, PIBD 1992, III, p. 323).
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La faute résulte de la constatation d’un agissement constitutif de la concurrence
déloyale. Il est à préciser que malgré l’équivoque qu’entretien à cet égard l’adjectif
« déloyal », la concurrence déloyale ne nécessite ni d’établir des manœuvre
dolosives, ni la mauvaise foi de ses auteurs, ni même leur intention de nuire.
Toutefois l’évaluation du préjudice n’est pas faciles établir dans des termes chiffrés.
A. Sanction civiles
Les juges peuvent également prescrire des injonctions afin de mettre fin aux
agissements déloyaux. Ex. ordonner le retrait du marché de certains produits, d’une
publicité etc. Eventuellement, ces injonctions pourront être assorties d’astreintes afin
d’obliger le récalcitrant à exécuter rapidement la décision de justice.
B. Sanction pénales
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3°) en dénigrant les marchandises, les procédés, les activités ou les affaires d'autrui
ou en donnant sur les siens des indications inexactes ou fallacieuses afin d'en tirer
avantage au détriment de ses concurrents ».
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