Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
MATÉRIAUX
MÉTALLIQUES
2e édition
MATÉRIAUX MÉTALLIQUES
DANS LA MÊME COLLECTION
M. CARREGA ET COLL.
Matériaux polymères,
2e édition, 656 p.
C. BATHIAS ET COLL.
Matériaux composites, 432 p.
Michel Colombié
MATÉRIAUX
MÉTALLIQUES
Avec la collaboration de
2e édition
© Dunod, Paris, 2001, 2008
ISBN 978-2-10-053918-5
Table des matières
A
Notions de métallurgie physique
1 • Notions de métallurgie physique 5
1.1 Structure des métaux 5
1.2 Alliages, mélanges de phases et diagrammes d’équilibre 31
1.3 Traitements thermiques. Transformations à l’état solide 35
1.4 Propriétés mécaniques des métaux et alliages 53
1.5 Traitements thermomécaniques : écrouissage, recristallisation 79
1.6 Corrosion et anticorrosion des métaux et alliages 83
B
Alliages ferreux
2 • Introduction 97
2.1 Définitions 97
2.2 Désignation des aciers (NF EN 10027) 99
2.3 Désignation des fontes (NF EN 1560) 101
2.4 Inconvénients et avantages 101
V
Table des matières
VI
Table des matières
7 • Fontes 307
7.1 Définitions, notions de base et classification des fontes 307
7.2 Normalisation des fontes 317
7.3 Propriétés des fontes moulées et conditions d’usage spécifique 319
7.4 Utilisation des fontes moulées 336
7.5 Évolution des fontes moulées 338
7.6 Commercialisation des pièces moulées en fonte 340
7.7 Renseignements pratiques 341
C
Métaux et alliages
non ferreux
8 • Aluminium et alliages d’aluminium 347
8.1 Introduction 347
8.2 Désignation des alliages d’aluminium 352
8.3 Bases de la métallurgie de l’aluminium et de ses alliages 355
8.4 Propriétés et applications des principaux alliages d’aluminium 365
8.5 Normalisation 378
8.6 Propriétés d’usage des alliages d’aluminium 381
8.7 Propriétés de mise en œuvre des alliages d’aluminium 413
VII
Table des matières
VIII
Table des matières
IX
Table des matières
X
Table des matières
D
Métaux et alliages nouveaux
Index 863
XI
A
Notions A
1
2
A
3
4
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Types de liaisons
À partir des remarques précédentes, on comprendra que plusieurs types de liaison puis-
sent exister entre atomes dans les solides
Liaison covalente
La liaison covalente est caractérisée par la mise en commun entre atomes d’un ou de
plusieurs électrons de façon à compléter leur couche extérieure à 8 électrons.
Par exemple (figure 1.1), l’atome de chlore possède 7 électrons sur sa couche exté-
rieure : la mise en commun d’un électron de chaque atome entraîne une liaison covalente
entre deux atomes. Autre exemple, le germanium possédant 4 électrons périphériques
se combine avec 4 autres atomes de germanium : chacun mettra en commun un électron
périphérique de façon à compléter toutes les couches extérieures à 8.
Ces liaisons covalentes sont fortes et directionnelles.
Liaison ionique
Les atomes liés par des liaisons ioniques perdent ou gagnent un ou plusieurs électrons
périphériques pour compléter leur couche extérieure à 8. Ils deviennent ainsi des ions
positifs ou négatifs ; la liaison résulte de l’attraction entre les ions de charges opposées.
Par exemple, dans le cas du fluorure de lithium LiF, l’atome de lithium perd son électron
périphérique qui vient compléter la couche externe du fluor (figure 1.1).
Cette liaison ionique est encore une liaison forte. C’est le cas de nombreux composés
tels que les oxydes métalliques, comme Al2O3, MgO, CaO, etc.
Liaison métallique
La liaison métallique (figure 1.1) se caractérise par la mise en commun des électrons de
liaison qui sont répartis dans l’ensemble du réseau d’ions. Ainsi, les métaux sont constitués
5
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Cl Cl Li+ F–
H
+
CH2 C N CH2
e–
O –
Fe++ Fe++
+
e– e– e– e– H
6
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
ne pourront pas prendre toutes les positions pour être le plus proche possible ; leur
densité sera donc relativement faible. Enfin, l’ordre indispensable à ces types de liaison
ne permet pas la présence de nombreux défauts dans la structure.
Les faibles intensités des liaisons de Van der Waals expliquent, au contraire, que les
polymères aient à la fois une température de fusion et une résistance mécanique très
faibles.
La liaison métallique de force moyenne entraîne pour les métaux des résistances ou des A
duretés et des températures de fusion intermédiaires. N’étant pas directionnelle, elle
e– e–
e– e–
+ +
7
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
U F
Ur
U
Fm
xo xo
O x O x
Uo Ua
d’autant plus grand, que la valeur de n est élevée. U0 représente en réalité l’énergie de
cohésion, c’est-à-dire l’énergie qu’il faut fournir au matériau pour qu’il passe de l’état
solide à l’état gazeux où la distance entre atomes est très élevée : c’est donc l’enthalpie
de sublimation Hm correspondant au passage de l’état solide à l’état gazeux.
L’application d’une force, par exemple de traction, entre les atomes entraînera évidem-
ment un déplacement de la position d’équilibre autour de x0 ; cela n’est autre que le
phénomène de déformation élastique des matériaux correspondant au déplacement de
l’atome dans son puits de potentiel autour de sa position d’équilibre. La force appliquée
dF ⁄ S x dF
Le module d’élasticité peut s’obtenir de même : E = ------- = ------------------0- = ------0 ⎛ --------⎞
dσ
dε dx ⁄ x 0 S 0 ⎝ dx ⎠ x
( 1 – n )A
soit, tous calculs faits : E = ---------------------
2
S 0x 0
La résistance à la rupture correspondrait à la valeur maximale de la force, soit Fm :
Fm
- = -------------- ⎛ -------------⎞
A 1–n
R m = -------
2 ⎝ ⎠
S0 S 0x m 1 + n
Ce modèle permet donc de comprendre la notion de cohésion et de rigidité des matériaux
solides, en particulier des métaux. Ces caractéristiques, mesurées par Rm et E, sont liées
à la profondeur du puits de potentiel dans lequel se trouve l’atome, c’est-à-dire à la valeur
du coefficient n compris entre 6 et 11.
Par contre, cette théorie présente deux difficultés :
8
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
1. Compte tenu des valeurs de n comprises entre 6 et 11, on calcule facilement que
E
R m ≅ ------ . Or, expérimentalement, cette relation n’est pas vérifiée. Pour un acier, par exem-
10
E 210 000
ple, R m ≅ ------ = ---------------------- MPa = 21 000 MPa (E ≅ 210 GPa).
10 10
Or en pratique Rm ≅ 800/1 000 MPa soit de l’ordre de 20 fois inférieur. A
2. La déformation élastique du matériau correspondrait au déplacement le long de la courbe
c
γ α b
O
a β y
x
Maille élémentaire
9
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Dans les métaux, à chaque nœud du réseau se situe un ion. La translation dans l’espace
de la maille ainsi formée selon l’un des vecteurs a, b ou c permet de décrire la totalité
du cristal.
[111]
[302] [010]
O y
[120]
x [110]
10
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
(111) ;;
;;
;; A
;; (010)
y
;;
z
(0001)
;; ;; (0110)
y
[1010]
x (1120)
[1120]
Figure 1.7 – Plans cristallins et indices de Miller dans le système hexagonal compact.
à 12) et donc de former des ensembles relativement compacts, ce qui explique la densité
élevée des métaux.
C’est pour cette raison que dans les métaux, les structures cristallines se limitent aux
trois systèmes suivants (figure 1.8) :
– cubique à faces centrées (CFC),
– cubique centré (CC),
– hexagonal compact (HC).
11
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Les systèmes cubiques sont simplement caractérisés par la dimension de l’arête du cube
a ; le système hexagonal dépend de deux paramètres, le côté de l’hexagone a et la
hauteur du prisme c.
Si tous les ions sont identiques et considérés comme des sphères rigides, dans un plan,
l’assemblage compact est obtenu lorsque l’on forme un réseau hexagonal. Nous pouvons
alors construire le cristal à trois dimensions en empilant de tels plans de façon aussi
compacte que possible. On vérifie facilement que cela peut se faire de deux façons diffé-
rentes. Au-dessus de la première couche A, la deuxième B sera telle que chaque sphère
soit en contact avec trois sphères de A. La troisième couche peut avoir deux positions
telles que toutes ses sphères soient en contact :
– Soit cette troisième couche est identique à A, entraînant une succession de couches de
type ABAB. Cela conduit au système hexagonal compact (HC) ; les couches A constituent
les bases du prisme hexagonal, les trois atomes au centre formant le début de la couche B.
– Soit cette troisième couche est différente de A et B. Cela entraîne une succession
ABCABC formant le système cubique à faces centrées (CFC). En effet, on constatera que,
dans ce réseau, les atomes ont aussi un arrangement hexagonal compact dans les plans
(111) ; par conséquent, ce système (CFC) peut être considéré comme formé d’un empile-
ment de plans hexagonaux (111).
12
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Ces deux systèmes sont donc les deux seules façons de ranger dans l’espace des
atomes sphériques de la manière la plus compacte possible ; ils sont à ce titre équiva-
lents, chaque atome ayant 12 plus proches voisins. Le système cubique centré est un
peu moins dense, n’ayant que 8 plus proches voisins.
Remarque
Si l’on suppose toujours que les atomes ou ions sont des sphères tangentes dans le système
HC, leur diamètre est donné par la distance de deux centres dans le plan de base, soit d = a.
A
De même, d est aussi la distance du centre d’une sphère du plan de base et de sa voisine du
En résumé, tous les métaux cristallisent dans l’un des trois systèmes évoqués ci-dessus,
parce que ce sont les plus denses. À titre d’exemple, le tableau 1.1 indique la structure
et les paramètres des principaux métaux usuels.
Sites dans les réseaux cristallins
Dans un réseau cristallin métallique dont les ions sont assimilés à des sphères dures, il
existe des espaces libres laissés entre ces ions ; ces espaces sont appelés sites. Ils sont
importants car, comme nous le verrons ultérieurement, c’est dans ces régions que pour-
ront se glisser des ions de faibles dimensions (interstitiels).
Les atomes voisins de ces sites forment un polyèdre. Ainsi, dans le système cubique
simple, le site situé au centre du cube est appelé site cubique. De même (figure 1.9), dans
le système cubique à faces centrées, on trouvera des sites octaédriques et tétraédriques.
Le tableau 1.2 indique pour chaque système le type et le nombre de sites interstitiels.
On peut calculer les dimensions ou rayons r des différents sites en fonction du rayon
atomique ri des ions ; ces derniers sont assimilés à des sphères dures en contact
(tableau 1.3).
(a) (b)
13
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Paramètres (nm)
Métaux Structures
a c
Fer α CC 0,287
Chrome CC 0,288
Molybdène CC 0,315
Tungstène CC 0,316
Titane β CC 0,330
Zirconium β CC 0,361
Or CFC 0,408
On notera seulement, à ce niveau, que les dimensions ou rayons des sites sont très
inférieurs aux rayons des ions, de l’ordre du quart à la moitié.
14
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Cubique centré
Tétraédrique 12 A
Octaédrique 6
Tétraédrique 12
Hexagonal compact
Octaédrique 6
Tétraédrique 0,291ri
CC
Octaédrique 0,633ri
Transformations allotropiques
Selon la température ou la composition, les métaux peuvent cristalliser dans des systè-
mes différents. Par exemple :
– Le fer pur cristallise dans le système CC jusqu’à 910 ˚C, dans le système CFC entre 910
et 1 394 ˚C et de nouveau dans le système CC au-dessus de 1 394 ˚C.
– À 1 100 ˚C, un alliage fer-chrome titrant 5 % de chrome est CFC ; s’il contient plus de
11 % chrome, il est CC.
Le passage d’un système à l’autre au chauffage ou au refroidissement est appelé trans-
formation allotropique ou transformation de phase. Cette transformation est due à un
déplacement des ions à l’état solide, à la suite de mécanismes de diffusion. Ces proces-
sus seront étudiés plus en détail lors de la présentation des transformations à l’état solide.
Ces transformations allotropiques entraînent dans tous les cas des changements de
volume, car le passage d’un système cristallin à un autre modifie la répartition des ions
et surtout le nombre d’ions par unité de volume. Cela induit donc des variations de
longueur et par suite une anomalie sur la courbe de dilatation. Les essais de dilatation
permettent donc d’étudier ces transformations allotropiques et, en particulier, de détermi-
ner la température de transformation.
Notion de grain
Tout ce que nous venons de dire concerne un cristal métallique. Or, les métaux indus-
triels sont en général formés à un moment donné à partir de liquide ; dans ce cas, le
15
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
solide apparaît sous forme de germes. Tous ont bien la structure cristalline du solide, tel
que définie ci-dessus, mais n’ont aucune raison d’avoir la même orientation dans
l’espace ; ainsi chaque germe donnera lieu à un cristal d’orientation variable, appelé
grain.
Remarque
La distance interréticulaire, c’est-à-dire la distance entre deux plans (hkl), est aussi égale à la
1
distance de l’origine au plan de plus bas indice, soit d hkl = --------------------------- dans les systèmes
2 2 2
h +k +l
cubiques.
δ
θ θ
dhkl
θ
2θ
16
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Par conséquent, si l’échantillon est constitué de grains assez fins et aléatoirement orien-
tés, chaque système de plan (hkl) de distance dhkl donnera lieu à un cône diffracté
d’angle au sommet 4θ. Sur un plan situé à la distance h de l’échantillon, chaque famille
de plan (hkl) formera un cercle de rayon r = htan(2θ).
λ
r = h tan ⎛ 2Arc sin -------⎞
⎝ 2d ⎠
Connaissant h et λ, cette relation introduit une relation entre r et d.
Pratiquement, un faisceau monochromatique de longueur d’onde λ irradie un échantillon
polycristallin sous forme d’aiguille fine. Les différents faisceaux diffractés sont enregistrés
sur un film plan à la distance h de l’échantillon ; le diagramme obtenu se présente sous
forme de cercles concentriques, chacun d’eux correspondant à une famille de plans (hkl) ;
cet enregistrement est appelé diagramme de Debye et Sherrer. Par mesure des diamètres
de chaque cercle, on peut déterminer les distances interréticulaires : d0, d1, d2, …, dn.
Ces mesures permettent alors de remonter simplement au système cristallin correspon-
dant et à ses paramètres. Il existe d’ailleurs des banques de données, précisant les
valeurs des distances interréticulaires des principaux corps cristallisés connus. Une
comparaison entre les résultats expérimentaux et les valeurs connues permet d’identifier
le système et le corps étudiés.
Remarque
Le cône de diffraction n’est complet et homogène que si les différents cristaux de l’échantillon
sont aléatoirement orientés dans toutes les directions. Dans le cas inverse, le cercle enregistré
pourrait être incomplet ou d’intensité variable. En particulier, si l’échantillon était constitué de
gros grains, on enregistrerait un cercle discontinu de points, chacun d’eux correspondant à un
grain. Pour limiter cet effet, en général, on fait tourner l’échantillon qui se présente sous forme
d’aiguille. Dans d’autre cas, on réduit l’échantillon en poudre fine.
Inversement, l’enregistrement d’un cercle de diffraction d’intensité variable est caractéristique
d’une orientation préférentielle des grains.
17
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Remarque
Les systèmes cristallins que nous venons de décrire ici, sont caractérisés par un ordre à grande
distance. Inversement, dans les structures amorphes, les atomes ou les ions n’ont aucun ordre
et sont situés dans l’espace de façon aléatoire. C’est en général le cas des liquides et des gaz ;
dans ces cas d’ailleurs, les atomes sont en mouvement permanent.
Certains solides peuvent être maintenus amorphes à l’état solide ; c’est le cas bien connu des
verres. On sait depuis peu que c’est aussi possible dans le cas de certains alliages métalliques.
Pour certaines compositions, on peut maintenir le métal à l’état amorphe par trempe du liquide.
Cependant, la vitesse de refroidissement doit être très élevée, de l’ordre de 106 ˚C/s. Cela
nécessite donc des conditions de fabrication très particulières et limite l’épaisseur des produits
à quelques dizaines de microns.
Ces produits, compte tenu de leurs structures particulières, ont des propriétés qui peuvent être
très intéressantes (caractéristiques magnétiques ou mécaniques). Ils restent cependant relati-
vement chers et leur développement industriel est limité (voir chapitre 18).
18
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Défauts ponctuels
Lacune
Une lacune est tout simplement un atome manquant à un nœud du réseau cristallin.
Dans un métal, le nombre de lacunes nl est fonction de la température selon une loi de
type Arrhénius :
– ΔG A
n l = N exp ⎛ -------------l ⎞
⎝ kT ⎠
19
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
prendre la place d’atomes du réseau. Ces nouveaux atomes sont en substitution (par
exemple chrome dans le réseau du fer).
Solution solide
Lorsque l’on mélange deux éléments, au même titre que dans le cas des liquides, on peut
obtenir une phase homogène appelée solution solide. Dans le cas d’un métal, cela revient
à ajouter des atomes étrangers dans une phase mère ; deux cas sont alors possibles :
– Si les éléments ajoutés ont un très faible diamètre, parmi les cinq évoqués plus haut, ils
se mettent en position interstitielle, donnant alors lieu à une solution solide interstitielle (par
exemple, carbone dans le fer).
– Si les atomes ajoutés ont un diamètre supérieur, ils se positionnent nécessairement en
substitution, créant une solution solide de substitution (par exemple, chrome dans le fer).
En résumé
Il existe trois types de défauts ponctuels dans le réseau cristallin des métaux :
– les lacunes,
– les interstitiels,
– les atomes substitués.
Leur nombre dépend de la température et de la concentration en atomes étrangers.
Autour de chaque défaut se crée une déformation locale du réseau, entraînant la forma-
tion de contraintes.
Il existe deux types de solutions solides dans les métaux. Les solutions solides d’insertion
pour les éléments de faible rayon atomique (H2, O2, C, N2, B) et les solutions de substi-
tution dans le cas contraire (autres métaux par exemple).
Remarque
Tous les défauts ponctuels définis ci-dessus ne peuvent se déplacer que par diffusion, méca-
nisme que nous étudierons ultérieurement (chapitre 1.3). Nous verrons que ces déplacements
sont d’autant plus rapides que la température est élevée ; à l’ambiante, leur vitesse est quasi
nulle. On admettra donc, en première analyse, que ces défauts ponctuels sont fixes à basse
température et mobiles à chaud.
Défauts linéaires
Les défauts linéaires sont les dislocations. Il existe deux types de dislocation élémentaire :
– Une dislocation coin est le défaut linéaire résultant de l’absence d’un demi-plan atomique.
La dislocation est constituée par la ligne sur laquelle se termine le plan supplémentaire
(figure 1.12). Au voisinage de la dislocation, le cristal est déformé entraînant des contrain-
tes de compression d’un côté et de tension de l’autre.
– Une dislocation vis (figure 1.13) est le résultat d’un cisaillement du réseau parallèlement
à la ligne de dislocation. Ici encore, cela entraîne une déformation locale du réseau en
forme d’hélice le long de la dislocation.
Une dislocation est caractérisée par sa direction et son vecteur de Burgers b. Ce dernier
est défini comme le défaut de fermeture d’un circuit tracé autour de la dislocation dans
un plan perpendiculaire à celle-ci. Dans un cristal parfait, un tel circuit se refermerait sur
lui-même. On constate que le vecteur de Burgers est (figure 1.14) :
– perpendiculaire à la dislocation dans le cas d’une dislocation coin,
– parallèle à la dislocation dans le cas d’une dislocation vis.
Ce vecteur de Burgers ne peut prendre que des longueurs correspondant à des distan-
ces entre deux ions ou nœuds du réseau.
20
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Dans les cristaux réels, les dislocations ne sont en général pas rectilignes. Comme le
vecteur de Burgers est le même tout le long de la dislocation, on trouvera des parties de
dislocation purement coin (b perpendiculaire à la dislocation), des parties purement vis
(b parallèle à la dislocation) ou mixtes (figure 1.15).
21
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Le plan passant par la dislocation et le vecteur de Burgers est appelé plan de glissement.
Il est bien défini pour une dislocation coin ; par contre, pour une dislocation vis, tous les
plans passant par la dislocation sont des plans de glissement.
Comme le réseau cristallin est déformé élastiquement, la présence de dislocation
augmente l’énergie du cristal. Cette énergie supplémentaire, appelée énergie de la dislo-
cation, est égale à Gb2/2 par unité de longueur du défaut, avec G, le module de cisaille-
ment du métal et b, la longueur du vecteur de Burgers de la dislocation.
Pour minimiser cette énergie, le vecteur de Burgers doit être le plus court possible ; il est
donc égal à la plus petite distance interatomique, c’est-à-dire :
•a 2
----------- selon l’axe [110] dans le système CFC,
2
•a 3
----------- selon l’axe [111] dans le système CC,
2
• a selon l’axe [1 1 00] dans le système hexagonal.
Une dislocation dont le vecteur de Burgers serait plus grand se décompose en deux
autres dislocations ayant la valeur minimale de b. Par exemple, dans la structure CC une
dislocation ayant un vecteur b de a 2 selon [011] se décomposera en deux dislocations
de vecteurs b1 et b2 de a 3
----------- selon [111] et [1 1 1] (figure 1.16).
3
22
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
[100]
[111]
(011)
A
a a 3/2
23
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Remarque
La texture ou l’absence de texture peuvent être caractérisées par diffraction des rayons X (voir
ci-dessus).
Macles
Les macles sont des défauts dans l’ordre d’empilement des couches d’atomes. Par
exemple dans un réseau CFC, l’ordre d’empilement des plans compacts hexagonaux est
ABCABC… Au cours de la formation du solide (solidification, recristallisation, etc.) cet
ordre peut accidentellement s’inverser et devenir ACBACB… C’est ce que l’on appelle
un défaut d’empilement.
La nouvelle partie du cristal est appelée macle. Le plan A séparant les deux parties est
le plan de macle. On vérifie facilement que la partie maclée est la symétrique ou image
miroir de la partie non maclée par rapport au plan de macle.
Ce mécanisme explique que les macles se présentent toujours sous forme de figures
géométriques très simples ; les plans de macles sont parallèles dans un même grain. Les
structures maclées sont courantes dans les systèmes CFC, par exemple : laiton Cu-Zn,
aciers inoxydables austénitiques Fe, Cr, Ni, etc.
L’énergie de ces défauts, appelée énergie de défaut d’empilement, peut varier largement
d’un métal à un autre.
24
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Caractéristiques
Dimension Type Influence
principales
Diffusion
Concentration fonction de
Propriétés mécaniques
0 Lacunes la température,
-4 -15 (action sur les
de 10 à 10
dislocations)
Solutions solides
Atomes légers
d’insertion ou de
0 Interstitiels (C, N, O,…), concentration
substitution
de 10-1 à 10-3
Propriétés mécaniques
Propriétés mécaniques
Densité
1 Dislocations (ductilité, ténacité,
de 10 à 1012 cm/cm3
6
fluage, etc.)
Précipités
3 5 nm à 100 μm Propriétés mécaniques
Inclusions
25
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Force de Peïerls
Les dislocations auront donc tendance à glisser sous l’effet de la force F calculée ci-
dessus. Il existe cependant une résistance au glissement. Cette friction du réseau ou
force de Peïerls s’écrit :
2Gb
F p = ------------ exp ( – 2πw ⁄ b )
1–ν
avec G, le module de cisaillement, ν, le coefficient de Poisson et w, la largeur de la dislocation
telle que définie sur la figure 1.18.
Cette largeur de dislocation w est très faible dans le cas des liaisons dirigées ; cela expli-
que que les dislocations sont très difficiles à déplacer, Fp élevé, dans les cristaux ioni-
ques ou covalents. Au contraire, dans le cas des liaisons métalliques, w est grand, Fp
τ
F
26
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
d
W
a/2
a/4
petit et les dislocations sont très mobiles. C’est là l’origine de la plasticité des métaux et
de la fragilité des composés ioniques ou covalents.
De même Fp est faible si b est petit. Par conséquent, la contrainte de friction du réseau est
minimale dans les plans denses des réseaux. Elle est très faible (≅ 10-4G) pour les plans
(111) de la structure CFC et (0001) du système HC ; elle est plus élevée (≅ 5 x 10-3G) dans
les métaux CC.
Les dislocations se mettent à glisser lorsque la force appliquée F est supérieure à Fp.
Elles se déplacent donc facilement dans les métaux, préférentiellement dans les plans
denses du réseau.
Lorsque par glissement une dislocation arrive à surface du métal, elle disparaît. Par contre,
par exemple dans le cas d’une dislocation coin, la partie supérieure du cristal (figure 1.12)
contient un plan d’atomes supplémentaire. Ceci conduira donc à la surface, à un décalage
d’une distance interatomique soit à une marche dite mouche de glissement.
Montée des dislocations
Soit un cristal contenant une dislocation coin, par exemple, auquel on applique une
contrainte normale σ parallèle à b (figure 1.19). Sous l’effet de cette contrainte de compres-
sion, le cristal a tendance à s’écraser en faisant disparaître le demi-plan supplémentaire.
On montrerait de la même façon que ci-dessus, que la dislocation est soumise à une
force F = σb normale à la dislocation et au vecteur de Burgers. En cas de compression,
cette force est dirigée vers le haut (plan supplémentaire d’atomes) ; en cas de traction,
elle est dirigée en sens inverse.
Dans les deux cas, cette force conduit à un déplacement de la dislocation dans un plan
perpendiculaire au vecteur de Burgers ; on dit qu’il s’agit de « montée » des dislocations.
Ce type de mouvement est très différent du glissement évoqué précédemment. En effet,
pour que le demi-plan d’atomes se réduise (compression) ou s’accroisse (tension), il faut
lui enlever ou lui ajouter des atomes. Cela ne peut se faire qu’en comblant des lacunes
ou en créant des lacunes ; ce mouvement nécessite donc un flux de lacunes vers ou
venant de la dislocation, c’est-à-dire un phénomène de diffusion (voir paragraphe 1.3). Il
faut donc que la température soit assez élevée. Par conséquent, ce mécanisme de
montée sera principalement actif à haute température, en fluage par exemple.
27
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
b/2
F
σ
L
28
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
Lacune Interstitiel
en tension en compression
A
F = τb dl
dl
T T
dθ/2
dθ
Figure 1.21 – Calcul des forces appliquées à une dislocation fixée en deux points.
29
1 • Notions 1.1 Structure des métaux
de métallurgie physique
R = AB
Gb
-------- pour τ c = --------
2 AB
Si τ augmente, le rayon de courbure augmente, la position devient instable et la disloca-
tion poursuit son extension dans le plan de glissement. À un certain moment, les parties
qui se rapprochent s’annihilent, car leurs vecteurs de Burgers sont de signe inverse. Cela
conduit à recréer la dislocation AB et une boucle de dislocation qui se déplace dans le
plan de glissement. Le processus pourra alors recommencer, recréant une nouvelle
boucle de dislocation ; c’est la source de Frank et Read. La contrainte critique τc néces-
saire est relativement faible ; dans le cas du cuivre, on trouverait par exemple τc = 7,5
MPa pour AB = 1 μm.
Ce mécanisme explique donc la formation continue d’un grand nombre de dislocations à
la suite d’applications de contraintes faibles ou moyennes. Il expliquera la création de
dislocations lors de déformations plastiques ou d’écrouissage (voir section 1.5). Ainsi
s’explique le fait que la densité de dislocations puisse passer de 106 à 1012 cm/cm3 par
écrouissage.
30
1 • Notions 1.2 Alliages, mélanges de phases
de métallurgie physique et diagrammes d’équilibre
Température (°C)
– Les solutions solides, qui sont un mélange homo-
gène de deux ou plusieurs composants ; nous
Liquide
avons vu que les atomes de soluté pouvaient se
mettre soit en position interstitielle, soit en substitu-
tion dans le réseau solvant. Ces solutions solides
ont donc la structure cristalline du solvant.
– Différents composés à liaisons ioniques ou cova- 1 600
lentes appelés phases non métalliques (carbures, 1535
nitrures, sulfures, oxydes, etc.) ou à liaisons métal-
Fer δ
liques appelés alors phases de Laves ou composés
intermétalliques.
On montre en thermodynamique que si c est le 1394
nombre de composants du système et ϕ, le
nombre de phases du système, la variance V,
c’est-à-dire le nombre de paramètres indépen-
dants, est donnée par :
V=c+2–ϕ
Si l’on raisonne à pression constante, ce qui est
Fer γ
31
1 • Notions 1.2 Alliages, mélanges de phases
de métallurgie physique et diagrammes d’équilibre
1 phase 3 phases
M' 2 phases
M''
M
x0 x'1 x1 x''1
Composition
Remarque
1. Un alliage de composition x0 dans un domaine monophasé est donc constitué d’une solution
solide ou liquide de composition x0 (figure 1.24).
2. Un alliage de composition x1 dans un domaine biphasé (figure 1.24) est constitué de deux
phases de composition x1’ et x1’’. La proportion de chacune des deux phases est donnée par la
M M'' M M'
règle des segments inverses : proportion phase x' 1 = -------------- , proportion phase x'' 1 = --------------
M'M'' M'M''
Les diagrammes d’équilibre binaires précisent donc selon deux axes, concentra-
tion/température, l’état d’équilibre d’un système ou alliage à deux composants. Il ne peut
être constitué que de la combinaison :
– De domaines à une phase, solutions solides ou liquides. Ces solutions sont, en général,
aux extrémités des diagrammes ; dans le cas contraire, elles sont appelées solutions de
Hume-Rothery.
32
1 • Notions 1.2 Alliages, mélanges de phases
de métallurgie physique et diagrammes d’équilibre
– De domaines à deux phases, ces phases pouvant être soit des solutions, soit des
composés.
– D’eutectiques, péritectiques, eutectoïdes ou péritectoïdes à trois phases, à une tempéra-
ture fixe.
À titre d’exemple, la figure 1.25 montre une partie du diagramme Fe-C à la base des
aciers. On notera, en particulier, un large domaine de solution solide de carbone dans le
fer γ CFC, ainsi qu’un eutectique, un eutectoïde et un péritectique. A
1 535
L
1 400
1 394
1 200 1 147
γ 2,1 4,3
1 000
Fe3C (6,68)
910 γ + Fe3C
γ+
800
723
α
α
0,8
600
αa + Fe3C
400
Fe 1 2 3 4 5 6
Teneur en C (%)
33
1 • Notions 1.2 Alliages, mélanges de phases
de métallurgie physique et diagrammes d’équilibre
400
Température (°C)
L
300
200
184 35,8
23,8
30
α
125
α β 42 56
100 β
β β+γ γ
0
Pb 20 40 60 80 Bi
Teneur en Bi (%)
1 200
Température (°C)
1 083 L
820
800 Mg2Cu (43,3)
722
α 649
3,3 9,7
600 568
552
α+β 34,5 485
β+γ
γ γ+δ 69,3 δ
400
Cu 20 40 60 80 Mg
Teneur en Mg (%)
– un système à quatre phases est invariant et représenté par un point. Il s’agit d’un eutec-
tique ou eutectoïde tertiaire composé de quatre phases à une température donnée.
On comprendra que ces diagrammes sont d’un emploi difficile. Cela explique que, dans
de nombreux cas, on soit conduit à utiliser des coupes. Il peut s’agir d’une coupe verticale
pour une teneur constante en un des éléments d’alliage ; elle est dite pseudo-binaire. Il
peut s’agir aussi de coupes horizontales, donc isothermes. Si cela permet, en première
approximation, de résoudre la plupart des problèmes, cette méthode doit cependant être
34
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
%C
A
%A
interprétée avec précaution. En effet, les compositions des différentes phases en équili-
bre sont, en général, en dehors des plans de coupe, et cela dans des proportions plus
ou moins importantes.
35
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
G = H-TS
ΔG0
G1
G2
1 2
États métastables
On notera que l’action de la température est très rapide. Par exemple, pour une énergie
d’activation de 40 kcal/mole, valeur assez courante, une réaction qui dure 1 seconde à
36
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
In V
– ΔG0
V = A exp
RT
ΔG0 A
État métastable
État métastable
intermédiaire
ΔG0
État stable
ΔG′0
1 3 2
37
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
présence de liquide introduit des vitesses de diffusion beaucoup plus élevées, accélérées
d’ailleurs par les processus de convection.
Diffusion lacunaire
Dans les solutions solides de substitution, la diffusion se fait par l’intermédiaire des lacu-
nes. Un atome ne peut en effet changer de position qu’en sautant dans une lacune
voisine. Cela nécessite une énergie libre GA qui est l’énergie d’activation de la diffusion ;
c’est l’énergie minimale qu’un atome doit posséder pour passer dans une lacune voisine.
On conçoit donc que ce mécanisme dépende étroitement du nombre de lacunes existan-
tes. On a indiqué par ailleurs qu’à une température donnée, la concentration en lacunes
était de :
n –G
---- = C exp ----------ϕ
te
N RT
avec n, le nombre de lacunes par mole, N, le nombre total d’atomes et Gϕ, l’enthalpie
libre de formation de lacunes.
Diffusion interstitielle
Les atomes en solution solide d’insertion se déplacent en sautant dans une position
interstitielle voisine. Il y a, en général, un grand nombre de sites interstitiels et la présence
de lacunes n’est plus nécessaire.
En résumé, la diffusion à l’état solide est toujours liée à la présence des défauts ponc-
tuels, lacunes ou interstitiels. Les atomes de dimensions importantes se déplacent par
l’intermédiaire des lacunes ; en effet, ils nécessiteraient une énergie très élevée pour se
mettre en position interstitielle (sauf cas exceptionnels : irradiation). Les ions plus petits,
carbone, azote, etc., au contraire, diffusent par sauts interstitiels. Dans tous les cas, la
diffusion d’atomes ou d’ions correspond à un déplacement inverse des défauts ponctuels.
Vitesse de diffusion
Compte tenu des mécanismes évoqués ci-dessus, la vitesse de diffusion est directement
liée au nombre de sauts réussis à la température T (K). Or le nombre de sauts réussis
est proportionnel :
– Au nombre d’atomes capables de faire un saut, c’est-à-dire ayant une enthalpie libre
supérieure à l’énergie de déplacement GA. D’après la loi de Maxwell-Boltzmann leur
concentration est proportionnelle à exp(–GA /RT).
– À la probabilité de trouver une place libre après avoir effectué un saut. Or cette probabilité
p est égale à la concentration en lacunes dans le cas de la diffusion lacunaire, soit
p = Cexp(–Gϕ /RT).
38
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
Lois de Fick
Les deux lois de Fick permettent de quantifier ces phénomènes de diffusion.
n1 n2
fn 1 /2 fn 2 /2
1 2
x
a
39
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
Par unité de temps, fn1 atomes de A quittent le plan 1 ; mais statistiquement, la moitié
iront vers la droite, la moitié vers la gauche. Par suite fn1/2 sautent de 1 vers 2. Pour la
même raison, fn2/2 atomes de A sautent de 2 vers 1. Par conséquent, le nombre
d’atomes diffusant ou sautant de 1 vers 2 est f(n1 – n2)/2.
Le flux d’atomes diffusant est donc :
f (n1 – n2) 1
J A = ------------------------- ----
2 S
Or, en considérant un volume Sa autour de chaque plan atomique, la concentration
atomique correspondante s’écrit :
n n
C 1 = ------1- et C 2 = ------2-
Sa Sa
d’où
1
J A = --- f ( C 1 – C 2 )a
2
soit
2C1 – C2
J A = –1
--- f a -------------------
-
2 a
Si a est petit et peut donc être assimilé à dx :
1 2 dC
J A = – --- f a --------
2 dx
On retrouve bien la loi de Fick si D = fa 2/2.
On remarquera d’ailleurs qu’au niveau du réseau, certains atomes traversent le plan de
gauche à droite et d’autres de droite à gauche. L’équation de Fick donne seulement le
flux résultant. En particulier, à l’équilibre, lorsque le gradient de concentration est nul,
dC/dx = 0, le flux global est bien nul ; cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas des déplace-
ments d’atomes, mais leur résultante est nulle.
Remarque
Par exemple, soient deux éprouvettes d’alliage Fe-S ayant la même teneur en soufre ; le premier
contient seulement du soufre naturel S, le second du soufre radioactif marqué S*. Si les deux
échantillons sont mis en contact à assez haute température, le flux de diffusion résultant est nul
comme le gradient de concentration ; la teneur globale en soufre ne varie pas. Par contre, on
constate que du S* est passé dans le premier échantillon et qu’assez rapidement, sa teneur est
la même dans tout le métal. Cela montre donc que les atomes se déplacent même si le flux est
nul.
40
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
S
J A (x ) J A (x + dx)
x x + dx
A
soit
dC A dJ
----------- = – ---------A-
dt dx
D’après la première équation de Fick :
2
dC A d C
----------- = D -------------A-
dt 2
dx
Coefficient de diffusion
La vitesse de diffusion est proportionnelle à exp(–QD /RT). Le flux JA est proportionnel à
la vitesse de diffusion, donc à exp(–QD /RT). Par conséquent, le coefficient de diffusion
D, proportionnel à JA (première loi de Fick), est également proportionnel à exp(–QD /RT),
soit :
QD⎞
D = D 0 exp ⎛ – --------
-
⎝ RT ⎠
avec D0, une constante indépendante de la température et de la concentration, mais fonc-
tion du système cristallin, des liaisons interatomiques, de l’ensemble de la structure ; QD,
l’enthalpie libre ou la chaleur d’activation (en J/mol) et T, la température absolue (en K).
La variation de D obéit donc à une loi d’Arrhenius. La figure 1.34 montre par exemple
l’évolution du coefficient de diffusion du cuivre dans l’aluminium.
On notera l’importance de l’influence de la température ; au voisinage du point de fusion,
une variation de 20 ˚C fait varier le coefficient D d’un facteur 2. De même, le passage à
l’état liquide entraîne une discontinuité ; la valeur de D est environ 10 000 fois plus élevée
dans le liquide qu’elle ne l’est en phase solide au voisinage de la fusion. Le coefficient
D et donc la vitesse de diffusion diminue très fortement si la température baisse pour
devenir quasi nulle (10–10 entre 300 et 20 ˚C dans le cas de la figure 1.34). Très géné-
ralement, dans le cas des métaux, on admettra que la vitesse de diffusion est très faible
ou quasi nulle aux environs de l’ambiante.
41
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
θ (°C)
1 000 500 300 200 100
10–5
θf (660 °C)
10–10
10–15
10–20
10–25
10–30
0,5 1 1,5 2 2,5 3
1 000/T
u
2
∫
–u
C = B e du + A , soit C = BE ( u ) + A
0
avec A et B, des constantes dépendant des conditions aux limites et E(u), la fonction dite
erreur. Cette équation permet de résoudre certains problèmes simplement, comme le
montre les deux exemples suivants.
Relation temps-température
Soit un mécanisme de diffusion donnant un résultat C0, x0 en un temps t0 à la température
T0 ; on obtiendrait le même résultat en un temps t1 à la température T1.
⎛ x0 ⎞ ⎛ x0 ⎞
C 0 = E ⎜ -------------------
-⎟ = E ⎜ -------------------
-⎟
⎝ 2 D 0 t 0⎠ ⎝ 2 D 1 t 1⎠
soit :
D 0t 0 = D 1t 1
QD ⎞ QD ⎞
t 0 exp ⎛ – -----------
- = t 1 exp ⎛ – -----------
-
⎝ R T 0⎠ ⎝ R T 1⎠
d’où :
1 R - ⎛ t----1⎞
1- = -------
------- – ------ ln
T1 T0 Q D ⎝ t 0⎠
Cette relation définit un équivalent temps-température et permet de calculer la durée de
traitement, si la température varie, pour obtenir le même résultat.
Relation temps-distance de diffusion
À une température donnée, la profondeur de diffusion dépend du temps. Pour le même
résultat :
42
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
⎛ x1 ⎞ ⎛ x2 ⎞ x1 x2
C = E ⎜ ----------------
-⎟ = E ⎜ ----------------
-⎟ soit --------
- = --------
-
⎝ 2 Dt 1⎠ ⎝ 2 Dt 2⎠ t1 t2
c’est-à-dire t = kx 2. Par exemple, lors de traitements de cémentation, nitruration, etc., la
durée du traitement est proportionnelle au carré de l’épaisseur atteinte. Ces lois sont appli-
cables à toutes les opérations contrôlées par la diffusion. En pratique, ce sera par exem-
ple, le cas des traitements de revenu ou de précipitation, des traitements de surface de A
type cémentation, nitruration, etc., des opérations de dégazage, d’homogénéisation, etc.
La figure 1.35 montre la courbe correspondante. Elle indique qu’un germe n’est stable que
si son rayon est supérieur à rc. Par conséquent, un germe de rayon supérieur à rc aura
tendance à croître ; inversement, si son rayon est inférieur à rc, il tendra à se redissoudre.
Pour atteindre la taille critique, un germe doit donc franchir la barrière de potentiel ΔGc.
On montre que :
2
te Te
ΔG c = C ------------------------------
-
2 2
L (T e – T )
43
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
ΔG
ΔGc
rc r
– 2γ AB 2γ AB T e
r c = ------------------ = -------------------------
-
ΔG V L(T e – T )
Germination hétérogène
Les remarques ci-dessus concernent le cas où les germes se forment naturellement
au sein de la phase mère ; c’est ce que l’on appelle la germination homogène. Dans
certaines conditions les germes peuvent apparaître sur des particularités de la struc-
ture, donnant lieu à un mécanisme de germination dite hétérogène. S’il s’agit d’un
plan, le germe peut être assimilé à une calotte sphérique (figure 1.36) ; l’angle de
raccordement dépend des énergies de surface entre le substrat et les deux phases A
et B. En particulier, si l’énergie de surface entre le germe et le substrat est faible,
l’angle α est petit. Dans ce cas, pour un amas de même volume, la germination hété-
rogène entraîne un rayon plus grand, donc une plus grande stabilité. Ces remarques
expliquent que lorsqu’il existe des germes hétérogènes d’énergie de surface favora-
ble, ce mécanisme de germination hétérogène est plus rapide et remplace la germi-
nation homogène.
Les imperfections du réseau, joints de grains, dislocations, précipités, inclusions ou
autres peuvent servir de germes hétérogènes ; cela explique que dans de nombreux cas,
les transformations à l’état solide commencent aux joints de grains. C’est le cas, par
exemple, de la précipitation des carbures de type Cr23C6 dans les aciers inoxydables
austénitiques, expliquant le phénomène de corrosion intergranulaire.
44
;;
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
Germe hétérogène
C
γAC
A
B γAB AB γBC
Cohérence
Les germes homogènes formés peuvent être ou non cohérents avec la matrice d’origine.
Il y a germination cohérente, lorsque le plan cristallographique constituant l’interface est
commun au cristal de la matrice et du germe. Cela nécessite que les deux systèmes
cristallins possèdent des plans cristallographiques dans lesquels la configuration et
l’espacement des atomes soient à peu près identiques ; on dit qu’il y a épitaxie.
Dans ce cas, il y a évidemment une relation d’orientation entre la matrice et le précipité.
La germination cohérente donne donc naissance à des structures en forme de plaquettes
ou d’aiguilles orientées selon certains plans de la phase mère d’origine.
Dans le cas de germes cohérents, l’énergie interfaciale γAB est plus faible car la pertur-
bation des deux réseaux est plus limitée. Par conséquent, l’énergie d’activation de la
germination est plus basse ou le rayon rc est plus petit.
Croissance
Les germes évoqués ci-dessus croissent ensuite par diffusion, la phase précipitée ayant
en général une composition différente de celle de la phase mère. La vitesse de crois-
sance est donc contrôlée par la diffusion et, à ce titre, c’est un phénomène activé ther-
miquement ; il est par conséquent fortement ralenti à basse température. Si cette
dernière est trop faible, la vitesse de diffusion est quasiment nulle et la transformation ne
se produit pas malgré un grand nombre de germes ; le système reste alors à l’état métas-
table.
Chaque germe qui se développe donne lieu à la formation d’un monocristal de la nouvelle
phase, qu’il s’agisse d’un précipité ou d’un grain ; son orientation cristalline est, bien
entendu, celle du germe initial. L’intersection de ces nouveaux cristaux entre eux ou avec
la phase mère constituent les joints de grains ; ce sont ces zones qui accommodent les
désorientations entre les deux structures et qui correspondent donc à des défauts de
forte énergie (voir 1.1.2)
45
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
1. Formation de précipités.
C’est le cas lorsque l’on passe d’un domaine monophasé α à un domaine biphasé cons-
titué de la même phase α et d’un composé défini ; ce dernier peut être un carbure, un
nitrure, un composé intermétallique, etc.
La quantité de précipité est en général faible et la composition de la phase α varie peu.
Dans certains cas, la précipitation obéit à un mécanisme de germination homogène, mais
on constate souvent des phénomènes de germination hétérogène sur les joints de grains,
les dislocations, etc. Cela explique que, dans de nombreux cas, un écrouissage entraîne
une précipitation plus fine et répartie, car il crée des dislocations qui servent de sites de
germination.
2. Croissance d’une nouvelle phase dans une phase mère.
C’est le cas de la décomposition d’une phase α en un mélange α + β. Les deux compo-
sés sont ici des solutions solides. Parallèlement à la formation de phase β, la composition
de α varie.
3. Croissance simultanée de deux nouvelles phases dans une phase mère.
C’est le cas des transformations eutectoïdes ou péritectoïdes.
46
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
diffusion à longue distance ; l’un des composants, carbone pour les carbures, traverse
donc la matrice passant des petits précipités aux plus gros.
Transformation inverse
Les transformations martensitiques thermoélastiques sont réversibles, c’est-à-dire que
par chauffage ultérieur la martensite se transforme en sens inverse en austénite (austé-
nite au sens générique du terme : phase stable à haute température), mais généralement
avec une hystérésis importante.
47
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
Température (°C)
gnent le début et la fin de la transfor-
mation au refroidissement, AS et AF
désignent respectivement le début et
la fin du retour vers la phase de
haute température (figure 1.37).
AF Ainsi par exemple, le cobalt se
transforme vers 390 ˚C au refroidis-
sement (MS) et à 430 ˚C au chauf-
fage (AF). Cette remarque est
MS valable pour les métaux comme le
titane, le lithium ou des alliages tels
que Fe-Ni ou Fe-Mn.
Cependant, les transformations
thermoplastiques ne sont pas réver-
sibles. C’est le cas des martensites
AS des aciers qui, lors de réchauffage,
se décomposent pour redonner
l’état stable à basse température,
c’est-à-dire le système biphasé
MF ferrite + carbure.
Remarque
La martensite ainsi obtenue est évidem-
Figure 1.37 – Température de début
ment une phase métastable due au fait
et fin de transformation martensitique que la transformation par germination et
MS et MF. Transformation inverse : croissance ne peut se produire à basse
AS et AF dans le cas de réversibilité. température (voir 1.3.1).
48
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
Température
γ
TE
Gros grains
Structure d'équilibre A
γ métastable
MS
M + γ résiduel
MF
100 % M
Temps
toujours une forme en C. Cela s’explique par la compétition des deux mécanismes de
germination et de croissance. En effet, nous avons indiqué que la vitesse de germination,
nulle à la température d’équilibre, augmente comme (Te – T)2 si la température de trans-
formation baisse ; inversement, la vitesse de diffusion, donc de croissance des germes
diminue avec la température. Ainsi, à haute température, peu en dessous de Te, la réac-
tion est contrôlée par la faible germination ; à basse température au contraire, elle est
liée à la faible vitesse de diffusion donc de croissance. Dans les deux cas, les durées de
transformation sont longues ; la réaction est la plus rapide à une température intermé-
diaire telle que germination et croissance soient suffisantes.
Dans le domaine supérieur des courbes en C, la vitesse de germination est faible et la
croissance rapide ; cela conduit à un petit nombre de germes grossissant vite, donc à
une structure grossière à gros grains. Inversement, dans la zone à basse température,
la germination est rapide et la croissance faible, entraînant une structure à grains fins.
Remarque
Par exemple, pour des raisons de propriétés mécaniques, on est conduit souvent à rechercher
une structure stable à grains fins. Dans le cas des aciers peu alliés, laminés, forgés ou moulés,
elle est obtenue par un traitement dit de normalisation, qui est constitué d’un chauffage de courte
durée en phase austénitique γ suivi d’un refroidissement assez rapide, généralement refroidisse-
ment à l’air. En réalité, après une homogénéisation rapide en phase γ, le but de ce traitement est
d’obtenir une transformation γ → α au refroidissement à assez basse température, dans la partie
inférieure de la courbe C, pour conduire à une structure à grains fins et homogènes.
49
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
Remarque
Si l’on veut supprimer de l’austénite résiduelle ou métastable, il suffit de faire un refroidissement
en dessous de MF, si la transformation martensitique n’est pas réversible (cas des aciers) ; cette
opération est appelée traitement par le froid.
Courbes TRC
La plupart des traitements thermiques industriels sont effectués en refroidissement
continu. On est donc conduit à tracer les mêmes courbes, non pas en trempe isotherme,
mais à des vitesses de refroidissement variables (figure 1.39). Pour les mêmes raisons
que précédemment, les courbes correspondant à la transformation par germination et
croissance ont une forme en C ; la transformation martensitique est caractérisée par deux
horizontales aux températures MS et MF.
Ces courbes TRC sont établies pour des vitesses de refroidissement données. Elles n’ont
de sens que si ces cinétiques sont précisées. Pour des conditions différentes, les cour-
bes TRC seraient aussi différentes. En général, elles sont tracées pour des cycles ther-
miques du type de ceux rencontrés lors de traitements thermiques industriels.
Température
TE
VC
Structure
MS d'équilibre
MF
Structure équilibre
M + martensite
Temps
50
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
Ces courbes montrent que l’on peut obtenir plusieurs structures selon la vitesse de refroi-
dissement (figure 1.39) :
– structure d’équilibre pour les plus faibles vitesses,
– mélange structure d’équilibre et martensite, éventuellement austénite résiduelle pour les
vitesses intermédiaires,
– martensite pour les plus grandes vitesses.
Ainsi apparaît une vitesse critique appelée vitesse critique de trempe martensitique au- A
dessus de laquelle la structure obtenue est entièrement martensitique ; cette vitesse est
Remarque
Cette vitesse critique de trempe n’est pas nécessairement très élevée ; elle dépend de la posi-
tion du C supérieur, c’est-à-dire des éléments d’alliages. En particulier, pour les alliages les plus
chargés, elle peut être inférieure au refroidissement naturel ; l’alliage est alors dit autotrempant.
51
1 • Notions 1.3 Traitements thermiques.
de métallurgie physique Transformations à l’état solide
Toutes ces études doivent, bien entendu, être associées à des examens micrographi-
ques ou radiocristallographiques pour déterminer la nature et la structure des phases
formées. Dans le cas de précipités fins, la microscopie électronique sur lames minces ou
par extraction, la microsonde électronique, éventuellement la microsonde ionique permet-
tent d’atteindre leur composition et leur structure.
Température
Précipitation
Durcissement
θ structural
θ'
θ ''
GP
Temps
52
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Remarque
La température de revenu évoquée lors du durcissement structural dépend de l’alliage. Elle peut
être de l’ordre de 350 à 500 ˚C pour certains aciers, et de 80 à 150 ˚C pour les alliages d’alumi-
nium. Dans le cas où cette température est voisine de l’ambiante, on parle de vieillissement ou
de mûrissement.
53
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
F σ= F
S0 S
B
Rm Σ
σ = dσ
R0,2
Σ C dε
Re A Re
O ΔI O 0,2%
ε = ln I
I0 I0
Courbe nominale Courbe rationnelle
∫ ----l- =
dl l
allongement donné ε = ln ---- .
l0
l0
sur la courbe rationnelle. On montre que, dans ce cas, elle est définie par : σ = ------- . Elle
dσ
dε
correspond donc à l’intersection de la courbe de traction rationnelle avec la courbe
σ = f ' ( ε ) (figure 1.41).
Dans de nombreux cas, la courbe de déformation plastique rationnelle peut être modé-
n
lisée par une fonction de type σ = k ε ; le paramètre n est appelé coefficient d’écrouis-
54
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
F F
F F
55
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
γ τ E 3
G=
γ = 2 (1 + ν) 8 E
On démontre alors facilement que les trois caractéristiques E, G et ν sont reliées par la
relation :
1 E
G = --- × ------------
2 1+ν
(Nous avons déjà rencontré et utilisé ce module G dans l’étude du glissement des dislo-
cations, voir 1.1.4. En effet dans ce cas, c’est bien la contrainte de cisaillement qui est
en cause.)
La loi de Hooke ou la déformation élastique, telle que nous venons de la décrire, s’expli-
que par le modèle électrostatique si les déformations restent suffisamment faibles pour
pouvoir assimiler la courbe et sa tangente autour de la position d’équilibre x0 (figure 1.3).
En résumé, lors de cette phase élastique, on ne décrirait qu’une très petite partie de la
courbe de déformation théorique totale ; nous allons voir pourquoi.
56
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
– La contrainte et la déformation ne sont plus proportionnelles. Elles sont reliées par une
loi que dans bien des cas on peut assimiler à σ = kεn, avec n compris entre 0,1 et 0,5 ;
– La déformation n’est pas réversible. Après relâchement des contraintes, il persiste une
déformation permanente ;
– Lors du relâchement des contraintes, il se produit un retour élastique selon un module
égal à celui de la première déformation.
Physiquement, lorsqu’on déforme plastiquement un polycristal métallique, on constate au A
microscope optique que la surface du métal est couverte de bandes, appelées bandes
Bande de glissement 10 μ
Plan de
glissement Marche de glissement 20 nm
57
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Plans Direction
Structure Métaux
de glissement de glissement
Remarque
En pratique, les deux caractéristiques, limite d’élasticité Re et module d’élasticité E, sont très
importantes. En effet :
– D’une part, un matériau de structure doit en principe travailler à des contraintes inférieures à
sa limite d’élasticité pour éviter des déformations permanentes. Par suite, un alliage pourra
supporter des charges d’autant plus élevées que sa limite d’élasticité sera grande.
– D’autre part, le module d’élasticité caractérise la rigidité des structures. En effet, dans le
domaine élastique et pour une charge donnée, la déformation est d’autant plus faible que le
58
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
module est élevé. Cela explique, par exemple, que les aciers ayant un module d’élasticité de
210 GPa permettent des constructions trois fois plus rigides que les alliages d’aluminium, dont
le module d’élasticité est voisin de 70 GPa.
S’il est assez difficile de modifier le module d’élasticité d’un métal, car il est lié aux forces inte-
ratomiques, nous verrons que l’on peut très fortement améliorer la limite d’élasticité en jouant
sur le glissement des dislocations.
Consolidation A
En réalité, l’importance des déformations plastiques macroscopiques ne peut s’expliquer
Nœud
Dislocations
P'
P
Nœud
59
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
d’élasticité des métaux est très faible puisque le glissement des dislocations y est très
facile (force de Peïerls très petite, voir 1.1). Par exemple, pour le fer pur, elle est de
l’ordre de 110 MPa et pour l’aluminium de 20 à 30 MPa.
On comprend donc que les problèmes les plus importants posés au métallurgiste
consistent à améliorer ces caractéristiques mécaniques et plus précisément cette limite
d’élasticité.
Ainsi, pour augmenter la limite d’élasticité, il faut retarder le glissement des dislocations,
c’est-à-dire freiner leur déplacement. Or nous avons vu, (voir 1.1.4) que ces dislocations
pouvaient avoir de nombreuses interactions avec d’autres défauts fixes du réseau. Cela
va expliquer les différentes voies d’amélioration possibles.
60
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
HV
θ' θ A
d θ''
Temps
(b) Contournement de précipités (c) Durcissement résultant dans le cas
des alliages d'aluminium
Remarque
À titre d’exemple, dans un alliage Al-Cu pour lequel G = 25 GPa et b = 0,2 nm :
– pour des précipités θ’ tels que d = 0,5 μm, τ = 10 MPa.
– pour des précipités θ’’ tels que d = 10 nm, τ = 500 MPa.
Écrouissage
Nous avons indiqué ci-dessus que l’écrouissage conduisait à une augmentation considé-
rable du nombre de dislocations. Cela entraîne un enchevêtrement, de nombreux points
triples et des interactions mutuelles qui freinent ou limitent leurs déplacements. On
retrouve ici le mécanisme de consolidation évoqué précédemment.
61
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Re (MPa)
600
tpar
N b men
6% i sse ion
0,0 r c
Du ipitat
500 M n+ c
,2 % pré
1
C+ e
0 ,1 % rsoïd
400 Fe
+
d ispe ar
er à nt p
Aci n s eme ide
%M c i s
Dur tion so
l
+ 1,2
C solu
300 ,1 %
e +0 M n
F C–
i e r
Ac
200
%C
+ 0,1 x
Fe dou
c i ers
A
100
6 8 10 12 14
1 en mm – 1
2
d
30 20 10 5 d en μ
Les différents effets décrits ci-dessus sont bien évidemment additifs. La figure 1.47 montre
ces différentes actions dans le cas des aciers.
Les opérations dites de traitement thermomécaniques sont actuellement très dévelop-
pées dans l’industrie. Elles ont pour objet d’améliorer les propriétés mécaniques des allia-
ges (aciers, superalliages, etc.), en utilisant les opérations de mise en forme. En réalité,
les cycles thermiques et mécaniques sont adaptés de façon à obtenir simultanément une
structure à grains fins, des précipités bien répartis et éventuellement un écrouissage
résiduel.
62
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Rupture fragile
;;
;;;
Elle est caractérisée par une cassure sans déformation plastique ou avec une déformation
plastique faible. Lors d’un essai de traction, l’allongement ou la striction à rupture seront nuls
ou très petits. La déformation avant rupture sera donc presque exclusivement élastique.
L’énergie de rupture qui n’est autre que l’aire sous la courbe effort-déformation est faible
(figure 1.48).
A
;;;
;;
Fragile Ductile
Rupture ductile
Elle est, au contraire, caractérisée par une forte déformation plastique après la phase
élastique. L’énergie de rupture est alors beaucoup plus élevée (figure 1.48).
Elle correspond au cas où les dislocations sont mobiles. Ce comportement est caracté-
ristique des liaisons métalliques peu orientées. C’est donc une propriété spécifique aux
métaux. Pour les raisons déjà évoquées, les structures métalliques CFC sont relative-
ment plus ductiles que les structures CC ou HC.
L’essai de traction permet de caractériser la fragilité d’un métal dans certaines conditions.
Elle se manifeste par la diminution ou la suppression du domaine de déformation plasti-
que ; à la limite, un matériau fragile casse en charge avant toute déformation perma-
nente. Ainsi, en première analyse, la différence entre la limite d’élasticité et la résistance
maximale peut constituer une estimation de la fragilité.
63
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Influence de la température
Quand la température décroît, le mouvement des dislocations, qui est activé thermique-
ment, devient de plus en plus difficile ; par conséquent, la scission nécessaire pour les
déplacer augmente et avec elle la limite d’élasticité. A une température assez basse, la
déformation plastique devient impossible avant rupture du matériau.
Ainsi, en général, il existe une température dite de transition au-dessous de laquelle le
matériau devient fragile. Dans le cas des aciers cubiques centrés, cela se manifeste par
une discontinuité dans la courbe de résilience en fonction de la température (Figure 1.49).
Résilience KCV
O Température (°C )
C’est aussi la température pour laquelle la limite d’élasticité Re est égale à la résistance
Rm (figure 1.50).
La transition est très marquée pour les systèmes CC ou HC. Elle l’est moins ou est même
inexistante dans les systèmes CFC ; en effet, dans ce cas, compte tenu du plus grand
nombre de systèmes de glissement et de la faible scission critique, les dislocations sont
plus mobiles.
Effet d’entaille
La présence d’un défaut ou d’une entaille entraîne une concentration de contraintes qui
peut modifier le régime de rupture. Nous reviendrons plus en détail sur ce point.
64
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Rm , Re
Re
A
Re
Rm
θc θc θc Température (°C )
La figure 1.50 montre par exemple l’influence d’une entaille sur la variation de la résis-
tance Rm en fonction de la température. On constate que plus l’entaille est aiguë, plus la
température de transition est élevée.
On remarquera donc dès maintenant :
– Que les essais de traction ou de résilience ne sont pas des mesures absolues de la
fragilité, mais de simples repères puisque les résultats dépendent essentiellement de la
géométrie des éprouvettes : dimension, entaille, etc.
– Que la notion de fragilité telle que nous venons de la définir n’est pas intrinsèque au
matériau, puisqu’elle dépend des conditions de sollicitation (effet d’entaille, vitesse).
– Que la rupture fragile se produisant sans déplacement des dislocations, la résistance
devrait être la valeur théorique calculée d’après le modèle électrostatique. En réalité, on
constate encore que la valeur réelle est beaucoup plus faible.
Les notions évoquées ci-dessous, vont permettre de répondre en partie à ces questions.
Remarque
Sur le plan pratique, il est dangereux ou impossible d’utiliser des matériaux à l’état fragile. En
effet, dans ce cas, pour de faibles déformations plastiques ou de faibles énergies, le produit
risque de se rompre brutalement. L’objectif sera donc toujours d’éviter ou de limiter le compor-
tement fragile.
Mécanismes de la rupture
Rupture ductile
Les ruptures ductiles se produisent donc après le déplacement ou le glissement d’un grand
nombre de dislocations. Certaines d’entre elles viennent buter sur des obstacles tels que
joints de grains, inclusions, précipités, etc. Cela entraîne donc des empilements de dislo-
cations qui conduisent à la formation de microvides ou microfisssures (figure 1.51). Lorsque
ces défauts deviennent importants, le métal se déchire.
65
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
La rupture apparaîtra généralement sous forme de cupules initialisées sur une inclusion,
un précipité ou autre défaut que l’on retrouve souvent au fond de la cuvette.
Rupture fragile
La rupture fragile ne peut s’expliquer par le processus précédent puisqu’elle se produit
sans glissement de dislocations.
Les solides industriels contiennent toujours des défauts internes ou de surface (rayures,
inclusions, soufflures, retassures, etc.) de dimensions et de formes très variables. Lors-
que le métal est soumis à un effort, à l’extrémité de tous les défauts, il se produit une
augmentation locale de la contrainte ; cette augmentation dépend de la taille et de l’acuité
du défaut.
Par exemple, en régime élastique, dans le cas d’une éprouvette soumise à une contrainte
homogène σ, une fissure de longueur a et de rayon en fond d’entaille r, entraîne une
contrainte maximale σy à l’extrémité de la fissure égale à (figure 1.52) :
σy = σ ⎛ 1 + 2 a
---⎞
⎝ r⎠
Pour des valeurs classiques de défauts (a = 10 μm et r = 0,1 μm), le facteur de concen-
tration de contrainte k = 2 a ⁄ r peut être de l’ordre de 20.
Ainsi, dans le cas d’un matériau fragile (sans déformation plastique) au droit des défauts
inévitables, la contrainte locale peut atteindre la résistance théorique Fm (voir 1.1.1), alors
que la contrainte moyenne est de plusieurs ordres de grandeur inférieure. Aux niveaux
de ces amorces, le métal va se rompre par décohésion, selon des plans cristallographi-
ques particuliers, mécanisme appelé clivage ; la rupture apparaît en général sous forme
de facettes brillantes.
Ces remarques expliquent donc le rôle primordial des défauts préexistants et de leurs
dimensions sur la rupture fragile par clivage ; on retrouvera donc toujours l’influence de
précipités, d’inclusions etc. que l’on cherchera à supprimer ou à rendre le plus petit possi-
ble. Inversement, la création d’un défaut permettra de localiser une rupture fragile, par
exemple, lors de la découpe du verre.
66
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
σ σ0
σy
σ0
A
67
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
(I)
(III)
(II)
Les coefficients KI, KII et KIII sont des constantes indépendantes de r et de θ ; ils ne
dépendent que du matériau, de la géométrie de la fissure et de la répartition des contrain-
tes appliquées. Ils sont appelés coefficient d’intensité de contrainte.
Critère de rupture – K Ic
Les notions ci-dessus permettent de quantifier les conditions de rupture. En mode I par
exemple, si le coefficient KI augmente, les contraintes au voisinage de la fissure augmen-
tent proportionnellement. Il existe donc une valeur de KI notée KIc pour laquelle la
contrainte locale atteint la contrainte de rupture ; la fissure va donc se propager en mode
I lorsque KI atteint la valeur KIc.
Or, le mode I de déformation est le plus sévère, (KIc < KIIc < KIIIc), par conséquent la
valeur de KIc pourra être prise comme critère de rupture d’un matériau fragile.
Dans le cas d’une plaque infinie, contenant une fissure de longueur 2a soumise à une
contrainte perpendiculaire (figure 1.54), on montre en mécanique que :
K I = σ πa
Dans le cas plus général d’éprouvettes de dimensions finies :
K I = ασ πa
α étant un coefficient qui dépend de la géométrie de l’échantillon (noter que σ est ici la
contrainte loin de la fissure ou la contrainte calculée en l’absence de fissure).
68
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
K = σ πa
Mesure de K Ic
Deux éprouvettes sont normalisées pour mesurer la ténacité : l’éprouvette de flexion et
l’éprouvette dite compacte testée en traction. Ces éprouvettes sont fissurées en fatigue ;
en effet, dans ce cas, l’acuité de la fissure est maximale. Lors de la charge des éprou-
vettes, on mesure le déplacement par l’ouverture de la fissure. Les normes (NF EN ISO
12737, qui remplace NF A 03-180 depuis avril 1999) permettent de définir l’amorçage de
la rupture, c’est-à-dire la contrainte critique σc. Connaissant la longueur de la fissure et
le coefficient α pour chaque éprouvette, on calcule KIc.
Remarque
Le critère KIc est un critère maximum et conservatif dans le cas où la rupture du matériau se fait
en mode I, le plus dangereux. Si la rupture se fait en mode II, III ou en mode mixte, il faut en
toute rigueur utiliser un critère Kc moins sévère, c’est-à-dire plus élevé.
Pour un matériau donné, pour qu’il y ait rupture en mode I, il faut une éprouvette très
épaisse, ou tout au moins supérieure à une épaisseur donnée. Pour les épaisseurs plus
faibles, la rupture ne peut pas se produire en mode I mais en mode II, III ou mixte qui
69
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Kc
Mode mixte
de déformation
Mode I
déformation
plane
KI c
Épaisseur
Cette remarque explique que des fils minces d’aciers à très haute résistance aient une
bonne ténacité, alors que le même métal sous des épaisseurs de plusieurs millimètres
serait très fragile. C’est le principe même des câbles constitués de fils minces, des maté-
riaux composites armés de filaments très fins. On comprend donc l’utilisation des alliages
Fe-Cr ferritiques en faibles épaisseurs, alors que leur résilience en éprouvettes de
10 x 10 mm est quasiment nulle.
70
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
σ0
σ
;;
Re Re A
D’une façon générale, le chargement en fatigue est constitué d’une contrainte qui n’est
pas forcément périodique et qui peut être aléatoire (cas d’un véhicule roulant sur route
accidentée). Dans de nombreux cas cependant, les forces appliquées sont périodiques
et même sinusoïdales (axes ou pièces de machines tournantes).
La plupart du temps, en laboratoire, on utilise pour étudier la fatigue des cycles périodi-
ques sinusoïdaux ou triangulaires. On définit dans ce cas
– les contraintes maximales et minimales : σmax et σmin,
– l’amplitude de la contrainte : σmax – σmin,
– la contrainte moyenne ou statique : σm,
σ
min
– le rapport des contraintes : R = ------------
-.
σ max
On appelle :
– Fatigue-endurance, le phénomène correspondant à des amplitudes de déformation ou
contraintes maximales faibles, qui macroscopiquement restent dans le domaine élastique.
La durée de vie est alors grande, en général supérieure à 104 ou 105 cycles ;
– Fatigue plastique ou oligocyclique, le phénomène qui provoque à chaque cycle une défor-
mation macroscopique plastique. Dans ce cas, la durée de vie est limitée, inférieure à 103
ou 104 cycles.
71
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
σmax (MPa)
Rm
p = 50 %
Courbe de dispersion
p = 90 %
p = 10 %
σD
Nombre de cycles
– une zone de fatigue oligocyclique : sous l’effet des déformations plastiques les durées de
vie sont faibles ;
– une zone d’endurance limitée ;
– une zone d’endurance illimitée ou zone de sécurité : pour des contraintes inférieures à la
limite d’endurance σD, il n’y a plus de rupture.
Cette limite d’endurance n’existe pas pour tous les matériaux. Par exemple, les alliages
d’aluminium, de cuivre ou certains plastiques n’en présentent pas. Dans ce cas, on déter-
mine arbitrairement une limite de fatigue à 107 ou 108 cycles.
Il faut bien noter que la rupture par fatigue est un phénomène aléatoire. Les résultats
d’endurance sont souvent dispersés. Il est donc important de réaliser plusieurs essais,
souvent nombreux, de façon à déterminer l’écart type ou les courbes d’isoprobabilités de
rupture (norme NF A 03-405).
72
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
n da
dN
ΔKS
nΔK
– un seuil ΔKS en dessous duquel la vitesse de fissuration est nulle, qui correspond à la
limite d’endurance ;
– les valeurs élevées de ΔK pour lesquelles la vitesse de fissuration est très rapide : pour
Kmax = Kc la rupture se produit au premier cycle.
Par conséquent, deux domaines de fonctionnement possible apparaissent. En dessous de
ΔKS, il s’agit d’un régime de sécurité absolue (industrie automobile). Dans la zone du régime
de Paris, l’utilisation est possible sous réserve de contrôler la longueur de la fissure (indus-
trie aéronautique). Pour les valeurs élevées de l’ordre de Kc, l’utilisation est impossible.
73
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Lorsque la fissure a suffisamment progressé, sa longueur est telle que l’on atteint une
concentration de contraintes en fond de fissure entraînant une rupture brutale (K ≈ Kc),
ce qui explique la zone de rupture finale.
Propriétés mécaniques
Pour les matériaux ayant une limite d’endurance σD bien définie, cette dernière augmente
en général avec la résistance à la rupture Rm. Ainsi pour les aciers, dont la limite de
rupture est inférieure à 2 000 MPa, on admet souvent la loi empirique :
σD = 0,37Rm + 77
Cette relation expérimentale, valable à ± 15 %, ne doit être utilisée qu’avec précaution.
Elle montre cependant qu’en fatigue, la limite de rupture ne dépasse pas 40 % de la
résistance en statique.
Contrainte moyenne
Le diagramme de Goodman (figure 1.59) met en évidence le rôle de la contrainte
moyenne σm sur la résistance à la fatigue, c’est-à-dire la limite d’endurance. Deux points
particuliers sont connus :
– d’une part, le cas où σm = 0 correspondant à la courbe de Wolher (R = –1),
– d’autre part, si σm = Rm, la rupture se produit à l’évidence pour cette valeur (R = 1).
En première analyse, on admet des variations linéaires de la limite d’endurance entre ces
deux points particuliers.
Ce diagramme montre, en particulier, l’intérêt d’une contrainte moyenne de compression
(R < –1) qui augmente la limite d’endurance. Cela explique les traitements de surface qui
mettent en compression les zones superficielles d’amorçages. Par contre, il ne faut
jamais oublier que cela entraîne des régions sous-jacentes en tension, dans lesquelles,
au contraire, le comportement en fatigue est détérioré ; il faut donc s’assurer que ces
dernières ne soient pas dangereuses ou sollicitées.
74
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
σm ± σa
Rm
R=1
A
R=0 Rm σm
σmin
R=
σmax
σD
σm en tension
σm en compression
Corrosion
La superposition d’un phénomène de corrosion, sèche ou humide, augmente sensible-
ment la vitesse de fissuration et diminue l’endurance des métaux. Dans certains cas, cela
peut être dû aux défauts créés par la corrosion (piqûres). Dans d’autres cas, on montre
que le milieu corrosif accélère la propagation des fissures par effet électrochimique. Ces
mécanismes sont souvent spécifiques et doivent donc être étudiés avec précaution.
Sur le plan pratique, il faut cependant faire très attention aux phénomènes de superpo-
sition de fatigue et de corrosion (phénomène dit de fatigue-corrosion).
Température
Tant que la température est inférieure à environ 0,3Tf, une augmentation de température
conduit à une diminution de la résistance limite Rm, qui entraîne une baisse corrélative
de la limite d’endurance (Tf est la température de fusion en K).
Au-delà de cette température apparaît le phénomène de fluage qui se superpose à la
fatigue et conduit alors à des mécanismes plus complexes, encore mal modélisés. En
particulier, la fréquence peut jouer un rôle important. Nous n’aborderons pas ici ce point
plus en détail.
Fréquence
En général et en première approximation, la résistance à la fatigue est indépendante de
la fréquence (flexion rotative). Cette remarque doit cependant être prise avec précaution.
Elle peut être inexacte dans certains cas :
– En fatigue-corrosion, le facteur temps contrôle le mécanisme de corrosion. La fréquence
est donc en général importante.
75
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
Lois de fluage
Le mécanisme de fluage est étudié, en général, en maintenant une éprouvette sous une
contrainte de traction et à une température constante. Les courbes temps-déformation
enregistrées (figure 1.60) font apparaître trois stades :
– Au cours du fluage primaire, la vitesse de consolidation est plus importante que la vitesse
d’adoucissement. La courbe présente une forme arrondie.
– Au cours du fluage secondaire, l’équilibre entre la consolidation et l’adoucissement
conduit à une vitesse de déformation ou de fluage constante. Cette vitesse augmente avec
la contrainte et la température selon les relations expérimentales de la forme :
⎛ dε
------⎞ = B σ
n
⎝ dt ⎠ II
σ
et
/o
u
θc
III
ro
Déformation ε
is
sa
nt
III
II III
II
II
I
I
I
Temps
76
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
⎛ dε
------⎞ = C exp ⎛ – ---------⎞
Q
⎝ dt ⎠ II ⎝ RT ⎠
où B et C sont des constantes, n un exposant supérieur à 1 et Q est l’énergie apparente
d’activation (Q est fonction du coefficient d’autodiffusion). Le fluage est donc un phéno-
mène activé thermiquement.
– Le fluage tertiaire, caractérisé par une augmentation de la vitesse de déformation, conduit
rapidement à la rupture. A
En pratique, industriellement, le domaine utilisable est celui du fluage secondaire dont la
ε = ε 0 + ⎛⎝ C exp – ---------⎞⎠ t
Q
RT
soit
ε – ε 0 = ⎛ C exp – ---------⎞ t
Q
⎝ RT ⎠
Cela signifie que pour une même déformation ε – ε 0 , le produit t ⎛ C exp – ---------⎞
Q
est
⎝ RT ⎠
constant ; c’est ce que l’on appelle la constante de Larson-Miller qui, en réalité, définit un
équivalent temps-température. Elle peut d’ailleurs également s’écrire ln t + C = m
----- ,
T
appelée relation de Larson-Miller.
Cette règle d’extrapolation est souvent utilisée. Elle doit cependant l’être avec beaucoup
de prudence, surtout lorsque les plages de température sont importantes. En effet,
comme nous allons le voir, des variations de température peuvent entraîner des modifi-
cations des processus de fluage ; cela interdit toute extrapolation directe, en particulier
si la chaleur d’activation Q est modifiée.
Mécanisme de fluage
Les mécanismes de fluage sont différents selon le domaine de température rapporté à
la température de fusion Tf en K.
– Pour les températures dites basses, c’est-à-dire entre 0,3 et 0,5Tf, le mécanisme prépon-
dérant est celui du glissement des dislocations.
– Pour les températures intermédiaires, c’est-à-dire environ 0,5 à 0,7Tf, la diffusion est suffi-
sante pour que les dislocations se déplacent aussi par montée. Le fluage sera donc lié au
glissement et à la montée de ces dislocations.
– Pour les hautes températures, c’est-à-dire supérieures à 0,7Tf, apparaît un nouveau
mécanisme lié à la diffusion, appelé fluage de Herring-Nabarro (HN). Sous l’effet des
contraintes, les lacunes diffusent des zones en tension vers les zones en compression ;
cela introduit un flux de matière en sens inverse (figure 1.61), c’est-à-dire la déformation
par fluage de l’échantillon.
Ce dernier mécanisme est donc directement lié à la diffusion des lacunes, c’est-à-dire d’une
part à la température, et d’autre part à la concentration de lacunes. Or, ces concentrations
77
1 • Notions 1.4 Propriétés mécaniques des métaux
de métallurgie physique et alliages
σ0
Flux
de
lacunes
σ0
en lacunes sont beaucoup plus importantes dans les joints de grains ; cela explique que
ce fluage par diffusion de type HN se produise par déformation ou glissement au niveau
de ces joints de grains, qui deviennent alors les principaux responsables du fluage.
Ces remarques expliquent les procédés d’amélioration possibles de la résistance au
fluage des alliages.
– Dans tous les cas, on doit chercher à limiter le déplacement des dislocations. (glissement
ou montée). Cela peut être obtenu par solution solide, par précipitation ou durcissement
structural, sous réserve, bien entendu, que ces précipités restent assez stables et ne
coalescent pas à la température d’utilisation.
– À basse ou moyenne température, typiquement pour T < 0,7Tf, une structure à grains
fins permet d’améliorer le blocage des dislocations (Loi de Hall-Petch)
– À haute température, T > 0,7Tf, le fluage de HN devenant prépondérant, il faut au
contraire éviter les joints de grains où se localise la déformation par fluage ; on recherchera
donc une structure à gros grains, à la limite l’absence de grains en utilisant des mono-
cristaux.
On remarquera donc que le rôle des joints de grains dépend essentiellement de la tempé-
rature de fonctionnement.
Remarque
Pour l’ambiante ou les températures faibles, on admet que la consolidation est suffisante pour
qu’il n’y ait pas de fluage. On admet pour situer les idées qu’en dessous de 0,3Tf, on peut ne
pas tenir compte du fluage. Cette température est de l’ordre de 300 à 500 ˚C pour les aciers,
bases nickel ou titane, mais peut descendre jusqu’à 50 à 80 ˚C pour les alliages d’aluminium.
1.4.8 Superplasticité
Dans certaines conditions, des matériaux peuvent avoir un comportement superplasti-
que. Ce comportement est caractérisé par des déformations à rupture extrêmement
78
1 • Notions 1.5 Traitements thermomécaniques :
de métallurgie physique écrouissage, recristallisation
importantes pouvant atteindre 1 500 à 2 000 %. Cependant, cela nécessite les conditions
suivantes :
– déformation à chaud, en général supérieure à 0,5Tf ou mieux 0,7Tf,
– vitesse de déformation très lente,
– structure à grains très fins.
Très schématiquement, cette superplasticité n’est autre qu’un fluage très important. À
l’inverse des cas précédents, on recherchera donc des températures élevées ; dans ce A
cas, le fluage diffusion devient important, ce qui conduit à une structure à grains très fins
79
1 • Notions 1.5 Traitements thermomécaniques :
de métallurgie physique écrouissage, recristallisation
Restauration
À relativement basse température, le phénomène de restauration consiste en un réarran-
gement et une diminution des défauts engendrés par l’écrouissage. La densité de lacu-
nes diminue rapidement. En effet, la vitesse de diffusion des défauts ponctuels permet
leur disparition, soit sur d’autres défauts (interstitiels, dislocations, joints de grains), soit
sur des surfaces libres.
Sous l’effet de la température, les dislocations sont plus mobiles. Elles s’éloignent les
unes des autres, se redressent pour former des configurations plus stables. En général,
elles s’organisent en réseaux formant des cellules polygonales. C’est ce que l’on appelle
le phénomène de polygonisation. Ces cellules polygonales sont bien visibles en micros-
copie électronique.
Parallèlement, au cours du phénomène de restauration, on observe une diminution de la
résistivité électrique qui est presque entièrement restaurée.
L’évolution des propriétés mécaniques peut être suivie par mesure de dureté ou de
façon plus précise par mesure de la limite d’élasticité. Cette évolution dépend plus direc-
tement des défauts linéaires, c’est-à-dire des dislocations. Ainsi, en général, l’évolution
des propriétés mécaniques n’est pas très importante au cours de la restauration.
Recristallisation
Pour les plus hautes températures apparaît un nouveau phénomène de recristallisation,
souvent appelé recristallisation primaire. Il s’agit d’un mécanisme de germination et crois-
sance de nouveaux grains qui envahissent progressivement l’ensemble du métal. S’ils
ont le même système cristallin, ils n’ont ni la même orientation, ni les mêmes limites que
les grains d’origine. Par contre, les défauts dus à l’écrouissage, principalement les dislo-
cations, sont éliminés. On retrouve donc le métal d’origine, à l’exception de la structure
des grains, c’est-à-dire de leur taille et de la texture.
Les germes de recristallisation sont liés aux défauts de la structure écrouie. Par consé-
quent, le nombre de germes augmente avec le taux d’écrouissage initial. La croissance
des germes est un phénomène thermo-activé. Ces remarques expliquent que :
– La recristallisation ne se produit qu’au-dessus d’un écrouissage minimum appelé écrouis-
sage critique (figure 1.62), pour une température donnée.
– Cet écrouissage critique diminue si la taille du grain initial diminue (figure 1.62).
– La taille des grains recristallisés diminue si le taux d’écrouissage initial augmente. Cela
est dû à l’augmentation du nombre de germes.
– La recristallisation ne se produit qu’au-dessus d’une certaine température, appelée
température de recristallisation. Cette température dépend étroitement du taux d’écrouis-
sage. Par conséquent, le passage de la restauration à la recristallisation dépend à la fois
du taux d’écrouissage initial et de la température.
– Les impuretés, et en particulier les précipités limitent, par un phénomène d’ancrage, le
déplacement des joints de grains, et servent de germes. Leur présence conduit donc à des
grains plus fins.
– Les éléments d’alliage, au contraire, augmentent la température de recristallisation.
80
1 • Notions 1.5 Traitements thermomécaniques :
de métallurgie physique écrouissage, recristallisation
Taille de grain
εc pour grain φ1
φ1 < φ0
1
εc pour grain φ0
0
81
1 • Notions 1.5 Traitements thermomécaniques :
de métallurgie physique écrouissage, recristallisation
A % = allongement
Rm = résistance
Re = limite d'élasticité
ρ = résistivité
Température de recuit
Système CFC
En tréfilage, la texture est caractérisée par une direction [100] ou [111] dans l’axe du fil.
En laminage, on trouve encore deux textures, soit une texture dite laiton (110) [112],
c’est-à-dire (110) dans le plan de laminage et [112] parallèle à la direction de laminage,
soit une texture dite cuivre (123) [121].
Système CC
La texture de tréfilage est de type [110]. En laminage, l’orientation est plus complexe
mais avec, en général, une forte composante (100)[011].
82
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
Considérations thermodynamiques
Il peut y avoir réaction de corrosion ou d’oxydation si la réaction M + O2 → oxyde est
possible. On montre en thermodynamique que ce n’est le cas que si l’enthalpie libre de
formation de l’oxyde est négative. Or, il se trouve qu’en effet, pour la plupart des métaux,
à l’exception des métaux nobles, cette enthalpie libre de formation est fortement négative
à l’ambiante et jusqu’à des températures relativement élevées.
Cinétique de corrosion
Lorsque la réaction de corrosion se produit, il y a formation d’oxyde à la place du métal.
La plupart du temps, cet oxyde reste adhérent au métal ; ainsi la vitesse de corrosion
peut être mesurée par la variation de poids de l’échantillon.
83
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
dc C1 – C2
------- = – -------------------
-
dx x
soit :
dm D (C 1 – C 2) k
- = -----0-
-------- = -----------------------------
dt x m
m
C1 m = kt
C2 m 2 = kt
84
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
Rôle de l’oxyde
Le seul cas utilisable industriellement est celui de corrosion parabolique. Dans ce cas, la
vitesse de corrosion dépend directement de k et donc de la différence de concentration
en oxygène (C1 – C2) entre l’extérieur et l’intérieur de la couche. S’il y a une différence,
c’est que l’oxyde n’est pas rigoureusement stœchiométrique. En effet, on constate sur
les diagrammes d’équilibre que les oxydes peuvent exister dans une plage plus ou moins
large de concentration en oxygène.
Par conséquent, les oxydes dont les compositions peuvent varier fortement autour de la
stœchiométrie permettent des gradients de concentration importants et par suite des
vitesses de corrosion relativement élevées ; c’est le cas, par exemple des oxydes de fer,
de cuivre, de nickel, etc. (figure 1.65).
Au contraire, les oxydes très stœchiométriques entraînent des gradients et des vitesses
d’oxydation faibles. Ils sont très protecteurs. C’est le cas des oxydes de chrome Cr2O3,
d’aluminium Al2O3 et de silicium SiO2 (figure 1.65). Pour ces oxydes, les vitesses de
corrosion sont très ralenties et peuvent suivre des courbes logarithmiques ou même
asymptotiques.
Ces remarques expliquent que les alliages, comme les aciers résistant à la corrosion
sèche, contiennent des quantités plus ou moins importantes d’éléments d’addition Cr, Al
et/ou Si.
85
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
L2 + O2
L1 L1 + L2
1 800
1 538 °C 1 597
1 600 1 523 °C 1 583 °C
1 390 °C 1 457 °C
1 400
1 371 °C
1 200
Fe3O4
(γFe) Fe1 – xO
1 000 912 °C
Fe2O3
800 Trans.
magn.
(αFe) 580 °C 682 °C
600
400
0 5 10 15 20 25 30
(a) Oxygène poids (%)
2 300
2 100
1 900
Cr3O4
1 863 °C 1 800 °C
1 700 1 660 °C
Cr + Cr3O4
< 1600 °C
Cr2O3
1 500
Cr + Cr2O3
1 300
0 5 10 15 20 25 30
(b) Cr Oxygène poids (%)
86
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
oxyde
SiO2
zone déchromée L'élément d'addition
Oxydation est le plus oxydable
interne
Ag - Si Fe - Cr
(a) (b)
Au Fe3O4
Cu2O Cu L'élément d'addition
est le moins oxydable
Cu - Au Fe - Cu
(c) (d)
(e) (f)
87
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
Potentiel d’électrode
Supposons que l’on plonge un métal M dans un électrolyte ; des ions Mn+ passent en
solution selon une réaction du type : M → Mn+ + ne–.
Cependant, cette réaction s’arrête rapidement car le métal se charge en électrons e– et
la solution en ions Mn+. Il se forme donc à l’interface métal-solution une double couche,
constituée de deux couches de signe contraire. Il se crée donc un potentiel électrique
entre le métal et la solution, appelé potentiel d’électrode.
Il n’est pas possible de mesurer directement ce potentiel car cette mesure implique l’utili-
sation d’une sonde métallique qui à son tour introduit une double couche et donc un
potentiel inconnu. Il est donc mesuré en valeur relative par rapport à une référence cons-
tituée en général par une électrode au calomel saturé ECS. Ce potentiel est donc souvent
indiqué EECS (en volts).
Si l’on fait varier par un moyen extérieur le potentiel entre l’électrode et la solution, il va
s’établir un courant. Suivant le sens du courant, cela conduit soit à la dissolution du
métal, soit à son dépôt sur l’électrode. On pourra ainsi tracer la courbe courant-tension
de l'électrode appelée courbe de polarisation (figure 1.67).
;;;
I
;;;;;
;;;;;
~ V
;;;
;;;;;
;;;;;
;;;;; M
ECS
EA
88
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
I
IK
e
d iqu
A no
Icor
Ecor
EA Ca EECS
th o
diq
ue
89
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
Remarque
On parle ici de protection cathodique, car le potentiel EA visé est toujours plus négatif, c’est-à-
dire plus cathodique que le potentiel de corrosion libre Ecor.
90
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
n I
ue
iq
od
l an
fe
f
A
Ta
de
te
oi
Ecor EECS
91
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
I –
e
2+ +2
Zn
→
Zn
–
e
2+ +2
Fe
→
Fe
Ca
th o
diq
ue
EA EECS
Eau de mer
Graphite Cu Pb Fe Zn
E Au Ni Sn Inox Al Mg
Cependant, l’échelonnement ci-dessus peut être différent dans d’autres milieux et il peut
même y avoir des inversions. C’est le cas par exemple entre le fer et le zinc dans l’eau à
70 ˚C. Par conséquent, les tuyaux galvanisés ne sont plus protégés dans l’eau chaude.
Cette méthode est en pratique très utilisée. C’est le cas de la galvanisation des aciers et
des fontes, tôles galvanisées, tôles automobile, de la protection des tuyauteries enterrées,
du fer blanc, etc. On rappelle seulement que cette protection reste efficace tant que
l’anode sacrificielle n’est pas complètement consommée.
Remarque
Le phénomène inverse, bien entendu, conduirait à une accélération de la corrosion naturelle.
Par exemple, le couplage de cuivre à de l’acier entraîne une destruction plus rapide du second ;
c’est ce que l’on appelle la corrosion par couplage galvanique, qui peut entraîner des accidents
graves.
Passivité
Dans certains cas, il se trouve que pour un domaine de potentiel plus ou moins large, le
métal se recouvre, en cours de corrosion, d’une couche stable, appelée couche passive.
Cette couche va alors servir de barrière protectrice entre le métal et le milieu corrosif ;
son effet sera donc d’abaisser fortement la vitesse de réaction anodique, c’est-à-dire le
92
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
courant anodique IA (figure 1.72). Ainsi, apparaît sur la courbe anodique un domaine dit
de passivité.
Remarque
Les remarques précédentes montrent que si l’on se situe dans un domaine de corrosion, une
augmentation du potentiel peut, dans certains cas, permettre de passer dans le domaine de
passivité, c’est-à-dire protéger le métal. C’est ce que l’on appelle la protection anodique.
93
1 • Notions 1.6 Corrosion et anticorrosion
de métallurgie physique des métaux et alliages
Passivation
Corrosion
Immunité
1 2 7 8 pH
94
B
Alliages ferreux
B
ALLIAGES FERREUX
95
96
2 • Introduction 2.1 Définitions
2 • INTRODUCTION
B
Michel Colombié
ALLIAGES FERREUX
2.1 Définitions
Les alliages à base de fer, à de rares exceptions près, contiennent tous du carbone
comme élément d’alliage et en proportions diverses. Ainsi, les aciers titrent moins de
2 % de carbone ; les fontes, au contraire, contiennent plus de 2 % de carbone. Dans
ces deux cas peuvent être ajoutés d’autres éléments d’alliage en quantités très diverses,
sous réserve que l’élément fer reste le plus important.
Cette limite de 2 % correspond pratiquement à l’extrémité du palier eutectique γ-Fe3C
du diagramme fer-carbone (figure 2.1). Ainsi, tout au moins à l’équilibre, les aciers se
solidifient sans apparition d’eutectique c’est-à-dire en l’absence de carbures Fe3C primai-
res. Inversement les fontes contiennent toujours de tels carbures formés à haute tempé-
rature. De même dans les aciers, les carbures pourront toujours être dissouts dans le
domaine γ monophasé, à l’inverse des fontes.
Dans un souci de clarté destiné à faciliter le choix des utilisateurs, les différentes familles
d’aciers ont été classées en fonction de deux critères, l’un de composition et l’autre de
niveau de qualité1. Ainsi, distingue-t-on (figure 2.2) :
– selon l’analyse chimique : les aciers non alliés – ≤ 1 % d’alliage –, peu alliés – teneur
de chaque élément d’alliage ≤ 5 % – et très alliés (cette dernière distinction n’est pas
normalisée) ;
– selon le niveau de précision et de sévérité apporté aux garanties des propriétés
d’usage : les aciers de qualité et spéciaux.
Les aciers spéciaux sont constitués des quatre familles suivantes :
– les aciers de construction utilisés en particulier en construction mécanique, pour la
réalisation de machines ou de mécanismes très varié ; ils peuvent être alliés ou non alliés ;
à cette famille ont été associés les aciers pour appareils à pression ;
– les aciers à outils choisis pour la fabrication de tous les outillages : usinage, mise en
forme… ; ils sont non alliés ou alliés ;
– les aciers inoxydables résistant à la corrosion et toujours très alliés ; leur ont été asso-
ciés les aciers réfractaires ;
– les aciers spéciaux divers.
Les fontes sont classées uniquement selon leur structure micrographique et plus préci-
sément celle du carbone ou des carbures précipités : Fonte à graphite lamellaire, à
graphite sphéroïdal, Fontes blanches, etc.
97
2 • Introduction 2.1 Définitions
98
2 • Introduction 2.2 Désignation des aciers (NF EN 10027)
ALLIAGES FERREUX
P = acier pour appareil à pression,
L = acier pour tubes,
E = acier de construction mécanique,
etc.
– Une valeur numérique indique soit la limite d’élasticité, soit une propriété physique garantie.
– Éventuellement d’autres symboles donnent d’autres propriétés ou les conditions de
fabrication.
Exemple
S 355 N
état normalisé
Re ≥ 355 MPa
acier de construction
L 460 M L
résilience basse température
traitement thermo-mécanique
Re ≥ 460 MPa
acier pour tubes
Remarque
L’ancienne désignation française (NFA 02.025) utilisait des symboles précisant eux aussi selon
les cas les domaines d’utilisation et/ou les principales caractéristiques du produit :
S355N, ancienne désignation : E355R
P235GH, ancienne désignation : A37FP
Exemple
C35 = acier avec une teneur en carbone de 0,35 %.
Aciers non alliés avec Mn > 1 % ou aciers peu alliés dont aucun élément n’est
supérieur à 5 %
Un premier chiffre précise la teneur en carbone multipliée par 100. Les lettres suivantes,
selon les abréviations chimiques, indiquent dans l’ordre de concentration les principaux
éléments d’alliage. Le ou les chiffres suivants donnent leur teneur multipliée par 4 ou 10,
etc., selon les familles précisées au tableau 2.1.
99
2 • Introduction 2.2 Désignation des aciers (NF EN 10027)
Coefficient
Norme Éléments d’alliage
multiplicateur
EN N, S, P, Ce 100
EN B 1 000
Exemples
– 10 Cr. Mo 9 – 10 = acier peu ou non allié titrant 0,10 % de carbone, 9/4 soit 2,25 % de chrome
et 10/10 soit 1 % de molybdène.
– 100 Cr 6 = acier peu ou non allié titrant 1 % de carbone et 1,5 % de chrome.
Exemple
X 6 Cr Ni 18.9 = acier très allié titrant 0,06 % de carbone, 18 % de chrome et 9 % de nickel.
Aciers rapides
Les aciers rapides sont désignés par le symbole HS suivi de trois ou quatre chiffres
donnant dans l’ordre les concentrations en pourcentage des éléments W, Mo, V, Co.
Exemple
HS 6-5-2 = acier rapide contenant 6 % de tungstène, 5 % de molybdène, 2 % de vanadium, 0 %
de cobalt.
Remarque
L’ancienne dénomination française, à l’exception des aciers rapides, était basée sur les mêmes
règles si ce n’est que les symboles utilisés pour les éléments d’alliage n’étaient pas ceux de la
chimie mais s’en approchaient plus ou moins ; d’autre part, le symbole X était remplacé par Z :
35NiCrMo16, ancienne dénomination : 35NCD16 ;
X6CrNi18-12, ancienne dénomination : Z6CN18-12.
100
2 • Introduction 2.3 Désignation des fontes (NF EN 1560)
Exemple : X5CrNi19-10 = 1.4308, avec 1. = acier, 43 = acier inoxydable avec Ni < 2,5,
sans Mo, Nb et Ti, 08 = numéro d’ordre.
B
2.4 Inconvénients et avantages
ALLIAGES FERREUX
Les alliages ferreux définis ci-dessus présentent, par rapport aux autres matériaux,
métalliques ou non, deux points faibles :
– la densité du fer, de l’ordre de 7,8, est relativement élevée. Ceci conduit donc souvent
à des structures plus lourdes pouvant être un inconvénient pour certaines applications
telles que l’aéronautique par exemple. Ainsi s’explique la concurrence des alliages d’alumi-
nium, de titane ou des matériaux composites.
– leur résistance à la corrosion, même à la corrosion atmosphérique, est, sans autre
précaution, relativement médiocre ; le fer « rouille ». Cependant, de nombreuses solutions
ont été développées pour résoudre ce problème. Des revêtements, tels que galvanisation,
peinture, aluminisation…, améliorent considérablement le comportement des alliages
ferreux. Surtout, les aciers inoxydables ont des résistances à la corrosion exceptionnelles,
au prix d’additions d’éléments d’alliage.
Inversement, les alliages ferreux possèdent trois caractéristiques très favorables et large-
ment utilisées :
– leurs propriétés mécaniques sont élevées en conservant, toutes choses égales par
ailleurs, une bonne ténacité. Pour cette raison, ce sont, en général, des matériaux très sûrs
pour la réalisation de structures fortement sollicitées.
– leur module d’élasticité est très élevé comparé à celui des autres matériaux (tableau 2.2).
Ceci permet la construction de structures rigides, c’est-à-dire présentant de faibles déforma-
tions sous l’effet des contraintes.
– de façon générale, le prix des alliages ferreux, et tout particulièrement celui des aciers
au carbone, est relativement faible. Ce sont des produits économiques.
Module E/d
R MPa Re MPa d
MPa GPa
Acier haute caractéristique 1 100/1 800 1 000/1 700 210 000 7,8 27
101
2 • Introduction 2.4 Inconvénients et avantages
On comprend donc qu’en pratique, pour une application donnée, il soit nécessaire
d’associer ces différentes propriétés pour déterminer l’optimum technico-
économique.
À titre d’exemple, le tableau 2.3 montre la position relative des alliages ferreux par
rapport à d’autres matériaux, dans le cas d’une pièce dont la fonction est de résister à
un effort axial en prenant comme base de référence des tôles en acier ; les deux indices
de prix et de poids permettent de situer les différents matériaux.
On notera que les aciers ne sont concurrencés par les produits plus légers, tels que
l’aluminium, le titane ou les composites, qu’au prix de surcoûts notables, c’est-à-dire
dans les cas où le gain de poids peut-être largement valorisé – aéronautique,
spatial.
Inversement, les ciments ou bétons moins chers entraînent des structures beaucoup plus
lourdes et ne se développent que si la contrainte poids n’a pas d’importance. Les aciers
présentent, en général, un compromis favorable dans un large domaine d’applications.
On notera, au passage, l’intérêt du matériau bois.
Ces quelques remarques expliquent que les aciers ou alliages ferreux soient de très loin
les plus utiliser en tonnage. La figure 2.3 indique l’évolution en millions de tonnes de la
Acier ordinaire 1 1
Ciment :
– compression 0,4 6,50
– traction 3,33 58
Céramiques :
– compression 3,39 0,06
– traction 30,60 0,52
Plastiques :
– polyester 5,05 1,62
– polycarbonate 9,90 1,04
Composites :
– fibres carbone 11,10 0,06
– fibres verre 2,83 0,23
Bois :
– sens long 0,55 0,29
– sens travers 12,40 6,50
102
2 • Introduction 2.4 Inconvénients et avantages
ALLIAGES FERREUX
2001 850 800
2002 902
2003 965
700
600
500
400
300
200
100
0
1950 1960 1970 1980 1990 2000
103
2 • Introduction 2.4 Incon vénients et avantages
104
3 • Aciers d’usage général 3.1 Introduction
ALLIAGES FERREUX
Guy Murry
3.1 Introduction
L’expression « aciers d’usage général » ne fait l’objet d’aucune définition normalisée ;
les développements des techniques de la sidérurgie, dite autrefois lourde, qui produisait
ces aciers, ont contribué à rendre plus floues encore les limites d’emploi de cette
formule. Le lecteur devra donc conserver présentes à l’esprit les indications que l’on
tente de donner ci-après en essayant de préciser à quels aciers peut être appliquée
cette désignation.
Aciers de base
Ils présentent les caractéristiques suivantes :
• il n’y a pas de prescription concernant la qualité ;
• aucun traitement thermique n’est prescrit, à l’exception du recuit (détente, adoucissement
ou normalisation) ;
• la résistance minimale est ≤ 690 MPa ;
• la résilience KV en long à + 20 °C est ≥ 27 J ;
• les teneurs maximales en soufre et en phosphore sont ≤ 0,045 % ;
• la teneur maximale en carbone est ≤ 0,10 % ;
• il n’existe pas de prescription concernant les éléments d’alliage.
Aciers de qualité
Leurs caractéristiques sont les suivantes :
• aucun traitement thermique n’est prescrit, à l’exception du recuit (détente, adoucissement
ou normalisation) ;
• il n’y a pas de prescription concernant la pureté inclusionnaire ;
• il y a possibilité de prescriptions particulières quant à la résistance à la rupture fragile,
l’aptitude à la déformation ;
105
3 • Aciers d’usage général 3.1 Introduction
• lorsqu’ils sont alliés, ces aciers de qualité peuvent comporter des additions d’éléments
d’alliage dans les limites suivantes (pour les principaux éléments1) :
Mn ≤ 1,8 % Cr ≤ 0,5 % Ni ≤ 0,5 % Mo ≤ 0,1 % Cu ≤ 0,5 % Nb ≤ 0,08 % V ≤ 0,12 %.
Aciers spéciaux
Ils ont les caractéristiques suivantes :
• généralement, ils apportent une réponse régulière aux traitements thermiques ;
• il existe avec eux des possibilités de prescriptions particulières quant à :
– l’état inclusionnaire,
– les teneurs maximales en soufre et phosphore,
– la résistance à la rupture fragile,
– la soudabilité,
– la formabilité à froid : emboutissage, frappe, extrusion, tréfilage…
In fine, on peut dire que les aciers d’usage général sont des aciers qui possèdent leurs
caractéristiques d’emploi à la sortie de l’usine du producteur, et n’exigent pas
l’exécution d’un traitement thermique comportant trempe et revenu pour les acquérir 2.
Produits plats
Leur section droite est presque rectangulaire, la largeur étant très supérieure à l’épais-
seur. Parmi eux, on distingue :
• Les produits plats laminés à chaud non revêtus comportant :
– les tôles minces (épaisseur < 3 mm) ;
– les tôles fortes (épaisseur ≥ 3 mm) ;
– les larges plats (épaisseur > 4 mm, largeur > 150 mm, livrés à plat) ;
– les bandes livrées en bobines (large bande à chaud si la largeur est ≥ 600 mm,
feuillard à chaud si la largeur est < 600 mm).
• Les produits plats laminés à froid non revêtus (obtenus par une réduction de section
supérieure à 25 % réalisée par laminage à froid de produits préalablement laminés à
chaud) comportant :
– les tôles (largeur > 600 mm) ;
– les bandes livrées en bobines (large bande à froid si la largeur est ≥ 600 mm,
feuillard à froid si la largeur est < 600 mm).
Produits longs laminés à chaud
Ce sont les produits suivants :
• les fils machine, produits de dimension nominale supérieure à 5 mm enroulés à chaud en
couronnes à spires non jointives ;
• les barres : ronds, carrés, hexagones, octogones, plats ;
106
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
• les profilés laminés à chaud : rails, palplanches, pieux, poutrelles et autres profilés
(cornières, U, T, plats à boudin) ;
• les profilés soudés ;
• les profilés longs formés à froid ;
• les produits tubulaires.
Produits spéciaux
Ils sont destinés à des emplois particuliers ou à subir des transformations ultérieures. Ils
comportent :
• les armatures passives pour le béton : barres droites ou couronnes à surface lisse, B
crénelée ou nervurée ;
ALLIAGES FERREUX
• les palplanches : laminées à chaud ou profilées à froid ;
• le matériel de voies ferrées : rails, traverses, éclisses… ;
• les profilés à froid formés par pliage ou en continu de produits plats ;
• le fil machine : produit à section droite circulaire, ovale, carrée, rectangulaire, hexagonale
ou autre, à surface lisse et livré en couronnes enroulées à chaud ou à spires non rangées.
Il est généralement destiné à subir une transformation ultérieure (tréfilage mais aussi
forgeage à chaud et formage à froid).
Éléments à prendre en compte
Cette classification se recoupe avec la prise en compte des éléments suivants :
• Les conditions de mise en œuvre qui conduisent à définir les produits ci-dessous :
– tôles en aciers soudables pour formage à froid,
– tôles et feuillards pour emboutissage ou pliage à froid,
– barres et fils machine destinés à l’étirage,
– fil machine destinés au tréfilage et au laminage à froid.
• Les emplois particuliers tels que :
– tôles pour éléments de plates-formes et de structures marines,
– tôles pour chaudières et appareils à pression,
– fil machine pour treillis soudés,
– fil machine pour armature de précontrainte,
– fil machine pour ressorts mécaniques.
Dans ce contexte, les nuances d’aciers sont adaptées aux différents cas. Ce sont généra-
lement des aciers non alliés dont la teneur en carbone varie avec les propriétés recherchées
et qui peuvent contenir de faibles additions d’éléments d’alliage : Si, Mn, ainsi que Ni, V, Mo,
Cu… Le rappel de quelques données métallurgiques permettra de mieux les décrire.
Ferrite
La ferrite est constituée essentiellement de fer α qui ne peut contenir en solution solide
d’insertion qu’au maximum 0,02 % de carbone, vers 725 °C, et encore bien moins à
plus basses températures.
107
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
Par contre, ce fer α est susceptible d’admettre en solution solide de substitution des
éléments d’alliage tels que Mn, Si, Cr, Ni, Mo, Cu… ou des impuretés comme P. Par
effet de solution solide, tous ces éléments vont engendrer un durcissement de la ferrite
dont l’ampleur est décrite par la figure 3.1.
Il faut néanmoins noter que les performances mécaniques de la ferrite sont assez
modestes. Elles dépendent cependant aussi de la taille des grains. En effet, lors de la
déformation plastique, les dislocations doivent franchir les joints des grains pour se
propager et, pour ce faire, il est nécessaire d’appliquer une contrainte locale supérieure
à la contrainte critique de franchissement ; ce fait est responsable d’un durcissement qui
est traduit par la loi de Hall Petch :
Re = σ0 + k ⁄ d
avec Re : limite d’élasticité,
σo : paramètre intégrant les autres facteurs de durcissement de la ferrite et d :
diamètre moyen des grains de ferrite. Le tableau 3.1 donne des exemples de
valeurs prises par σo et k.
Une autre loi du même type, celle de Cottrel Petch traduit l’influence bénéfique de l’affi-
nement des grains de ferrite qui abaisse la température de transition du métal et améliore
de ce fait sa résistance à la rupture fragile.
Cette taille des grains de ferrite dépend des éléments suivants :
• de la taille initiale des grains d’austénité avant la formation de la ferrite au cours de la
transformation γ → α,
traction (MPa)
à la traction (MPa)
150
150 370
370
à la(MPa)
(MPa)
P
P
Si
Si
à la traction
Résistance à la traction
100
100 320
320
résistance
Résistance
Mo
Mo
résistance
50
50 Mn
Mn 270
270
Écart dede
Cu
Cu
Écart
00 Ni
Ni 220
220
– 50
–50 170
170
Cr
Cr
– 100
–100 120
120
00 11 22 Teneur
Teneur (%) (%)
108
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
Tableau 3.1 – Valeurs indicatives des coefficients σo et k de la loi de Hall Petch (a)
ALLIAGES FERREUX
(a) D’après Marc Grumbach, Techniques de l’Ingénieur, Métallurgie M 305.
109
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
11300
300
400
400
11200
200
11100
100
11000
000
300
300
900
900
800
800
700
700
200
200
600
600
00
0
0 11 22 3
3 44
Logarithme Δ t /Δ t Po
Logarithme Δt/ΔtP0
Silicium
Il est nécessaire à la désoxydation en cours d’élaboration. De ce fait, une certaine propor-
tion est fixée sous forme d’oxydes dans les inclusions ; la part non oxydée, et donc en
solution solide, participe au durcissement de la ferrite.
Manganèse
Participant aussi à la désoxydation, il fixe en outre le soufre sous forme de sulfures et
permet le forgeage et le laminage du métal à chaud. La proportion de manganèse qui
subsiste en solution solide joue plusieurs rôles :
• durcissement de la ferrite par effet de solution solide ;
• diminution de la teneur en carbone de la perlite et augmentation corrélative de la propor-
tion de celle-ci ;
• augmentation de la trempabilité qui, à vitesse de refroidissement identique, permet d’affi-
ner la structure ferritoperlitique et d’augmenter la proportion de perlite ;
• substitution partielle au fer dans la formation de la cémentite.
Azote
Les aciers étant généralement élaborés en présence d’air, ils contiennent une faible propor-
tion d’azote résiduel. Actuellement celle-ci peut varier de 0,002 % à 0,008 % environ.
110
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
Température (°C)
1 200 C% Mn % Si% S% P% Ni % Cr % Mo % Cu % V %
0,13 0,56 0,26 0,029 0,019 0,05 0,07 < 0,01 0,20 < 0,01
1 100
Austénitisation 920 °C (5 min)
1 000
900
A
Ac 3
B
800
ALLIAGES FERREUX
700 90 90 Ac 1
89
70 88 10 10
F P 11
600 40 5
12
1
1
500 20
Ms Z 40
25
400
M
300
200
100
358 204 181 183 173 157 125
0
0,1 1 10 10 2 10 3 10 4 10 5
Temps (s)
• En présence d’aluminium en solution solide, l’azote forme des précipités très fins de
nitrure d’aluminium. Solubles à haute température (> 1050 °C) ceux-ci précipitent plus
facilement en phase α et se forment donc au cours d’un réchauffage plutôt que pendant
un refroidissement même relativement lent (normalisation). Ces précipités permettent de
réduire le grossissement des grains γ au cours d’un réchauffage et facilitent donc l’obten-
tion finale de grains fins.
• En solution solide d’insertion, l’azote durcit la ferrite, diminue sa résistance à la rupture
fragile et engendre le processus de vieillissement après écrouissage.
Soufre
Impureté résiduelle, cet élément est fixé sous forme de sulfure de manganèse. Les
progrès des procédés sidérurgiques ont permis d’abaisser très sensiblement les propor-
tions présentes dans les aciers.
Phosphore
Impureté résiduelle, cet élément est présent en solution solide de substitution. Il durcit la
ferrite et dégrade sa résistance à la rupture fragile.
111
3 • Aciers d’usage général 3.2 Rappel de données métallurgiques
de base
HV R m (MPa)
300 900
% de perlite
A
0 % 20 % 50 % 80 %
700
200
B
500
100
300 Structures ferrito-perlitiques
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
Teneur en carbone (%)
Additions particulières
Par ailleurs, les aciers d’usage général peuvent, dans certains cas, recevoir des additions
particulières :
Nickel
Le nickel peut être présent pour affiner la structure, en augmentant la trempabilité, et pour
améliorer la résistance à la rupture fragile (aciers pour emplois à basses températures).
Chrome et molybdéne
Ils participent à la formation de la cémentite de la perlite, voire de carbures spécifiques,
et augmentent la trempabilité. Ils améliorent les caractéristiques de résistance à la
température ambiante et à chaud.
Nobium et vanadium
Ils participent à la formation de carbures et carbonitrures. Ces précipités très fins, bien
dispersés dans la ferrite, engendrent un durcissement important qui est utilisé pour la
fabrication des aciers à haute limite d’élasticité. À teneur en carbone identique, le durcis-
sement obtenu est plus important ; à caractéristiques de résistance identiques, on peut
diminuer la teneur en carbone.
Les conditions particulières de mise en solution dans l’austénite (nécessité de porter le
métal à haute température, ce qui engendre un grossissement des grains indésirable), et
112
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
Cuivre B
Il prend part au durcissement par effet de solution solide et diminue la sensibilité des
ALLIAGES FERREUX
aciers non alliés à la corrosion atmosphérique – probablement en neutralisant les effets
nocifs du soufre.
3.2.2 Aciers à structure non ferrito-perlitique
Enfin il est possible de fabriquer des aciers d’usage général qui n’aient pas une structure
ferrito-perlitique. Ils subiront alors un traitement thermique visant à l’obtention de struc-
tures bainito-martensitiques revenues (on rejoint ainsi le cas des aciers spéciaux de
construction mécanique) en recourant à des procédures de fabrication particulières :
machine de trempe pour les tôles et les plaques par exemple.
Ces solutions ne sont pas encore employées systématiquement, mais font néanmoins
l’objet de certains développements qui passent parfois par la proposition d’aciers norma-
lisés et revenus, dans la mesure où la composition chimique permet d’obtenir une trem-
pabilité suffisante assurant la formation de constituants de trempe, surtout bainite, par
refroidissement à l’air.
3.3 Normalisation
La normalisation française évolue depuis plusieurs années et continuera d’évoluer pour
se placer en conformité avec les normes européennes établies par le Comité européen
de normalisation (CEN) ; l’Afnor pour la France est en effet tenue d’attribuer, sans modi-
fication, le statut de normes nationales aux normes européennes (EN). Cette règle est
respectée mais les normalisateurs européens créent petit à petit le système des EN de
telle sorte que subsistent, côte à côte, d’anciennes normes françaises (NF…) dont le
sujet n’a pas encore été traité par le CEN et de nouvelles normes issues des EN (NF
EN…). Cet état de fait peut conduire à des situations assez complexes.
Avant de détailler les normes qui définissent les aciers d’usage général, il est nécessaire
de préciser les modes de désignation de ces derniers.
Les aciers d’usage général peuvent être désignés selon des modes différents selon qu’il
est fait référence aux anciennes règles françaises ou aux nouvelles règles européennes,
d’après la norme NF EN 10027. On peut donc trouver les désignations décrites ci-
dessous.
113
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
Lettre P
Suivie d’un nombre à trois chiffres généralement suivi lui-même d’une ou de plusieurs
lettres. Il s’agit alors des aciers habituellement utilisés pour la construction d’appareils à
pression et dont la principale garantie concerne la limite d’élasticité ; le nombre (à trois
chiffres) indique alors la valeur minimale imposée pour cette caractéristique exprimée en
newtons par millimètre carré. La ou les lettres suivantes expriment certaines particularités
(selon le FD CR 10260) comme :
– l’aptitude à un emploi à basse température avec la lettre L ;
– l’état de livraison (structure métallurgique) :
• N normalisé ou laminage normalisant,
• M laminage thermomécanique,
• Q trempé et revenu ;
– la garantie de caractéristiques mécaniques à température élevée avec la lettre H précédée
de la lettre G (pour préciser que la lettre qui suit concerne une caractéristique particulière).
Lettre C
Suivie d’un nombre à deux ou trois chiffres, généralement suivi lui-même d’une ou de
plusieurs lettres. Le nombre exprime le centuple de la teneur moyenne (%) spécifiée
en carbone, les lettres qui suivent constituent des symboles additionnels apportant des
informations complémentaires (ex. : RR = acier pour relaminage). Il s’agit d’aciers non
alliés.
114
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
ALLIAGES FERREUX
3.3.2 Dans les normes NF non encore révisées
La désignation symbolique se fait avec les lettres suivantes :
Lettre E
Suivie d’un nombre à deux ou trois chiffres, éventuellement suivi lui-même d’une ou
plusieurs lettres. Il s’agit alors des aciers habituellement utilisés en construction métal-
lique et dont la principale garantie concerne la limite d’élasticité, d’où la lettre E ; le
nombre, à deux ou trois chiffres, indique alors la valeur minimale imposée pour cette
caractéristique exprimée en kilogrammes par millimètre carré ou en mégapascals. La ou
les lettres suivantes expriment certaines particularités : T pour trempé et revenu, D pour
aptitude au formage à froid, W, WA ou WB, pour une résistance améliorée à la corrosion
atmosphérique.
Lettre R
Suivie d’un nombre à deux ou trois chiffres. Il s’agit d’aciers utilisés pour la fabrication
des chaudières et appareils à pression et dont la principale garantie concerne la résis-
tance à la traction, d’où la lettre R ; la valeur minimale imposée pour cette dernière est
indiquée par le nombre, et exprimée en kilogrammes par millimètre carré ou en méga-
pascals.
Lettres FM
Suivies d’autres lettres et/ou chiffres. Il s’agit de désignations générales des fils
machine, d’où les lettres FM, suivies des indications complémentaires suivantes :
– un ou deux chiffres : teneur moyenne en carbone, en centièmes de pour-cent ;
– P et deux chiffres : fil machine destiné à la fabrication d’armatures de précontrainte, d’où
la lettre P, avec indication de la teneur moyenne en carbone, en centièmes de pour-cent ;
– R et deux chiffres : fil machine destiné à la fabrication de ressorts, d’où la lettre R, avec
indication de la teneur moyenne en carbone, en centièmes de pour-cent.
115
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
L’ensemble des normes définissant les aciers d’usage général est décrit dans les
tableaux suivants (tableaux 3.2 à 3.5).
116
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
TÔLES
ALLIAGES FERREUX
S700 MC, S260 NC,
S315 NC, S355 NC,
S420 NC,
BANDES ET FEUILLARDS
BARRES ET FILS
117
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
TÔLES
• Bouteilles à gaz
NF EN 10120, avril 1997 : P245 NB, P265 NB, Aciers non alliés
Tôles et bandes pour bouteilles à gaz soudées P310 NB et P355 NB
en acier (remplace NF A 36-211).
NF EN 10028-1 et 2, décembre 1992 : P235 GH, P265 GH, Aciers non alliés
Produits plats en aciers pour appareils P295 GH, P355 GH
à pression – Aciers non alliés et alliés avec
caractéristiques spécifiées à température élevée.
• Constructions marines
NF EN 10225, juillet 1985 : PF24, PF28, PF36 Aciers au C-Mn
Tôles destinées à la fabrication d’éléments ou micro-alliés
de plates-formes et de structures marines.
FILS ET BARRES
• Armatures pour béton armé
NF A 35-016, octobre 1996 : FeE500 Acier non allié
Armatures pour béton armé – Barres et
couronnes soudables à verrous de nuance
FeE500 – Treillis soudés constitués de ces
armatures.
NF A 35-019, octobre 1996 : FeE500-2 Acier non allié
Armatures pour béton armé – Armatures
constituées de fils soudables à empreintes.
(Remplace avec NF A 35-016 d'octobre 1996, la
norme NF A 35-019 de juillet 1984).
Partie 1 : Barres et couronnes.
Partie 2 : Treillis soudés.
118
3 • Aciers d’usage général 3.3 Normalisation
• Ressorts
NF A 35-057, décembre 1979 : FMR62 à FMR86 Aciers au C
Fil machine en acier non allié destiné à la 10 nuances
fabrication des fils pour ressorts mécaniques
à haute endurance formés à froid. B
NF A 47-301, mars 1976 : Voir NF A 35-051 Aciers au C
ALLIAGES FERREUX
Fils ronds en aciers durs non alliés, patentés,
tréfilés pour ressorts.
• Protection provisoire
NF EN 10238, décembre 1996 : Aciers des normes Doivent être peints
Produits en aciers de construction grenaillés NF EN 10025 après mise en œuvre
et prépeints par traitement automatique. et NF EN 10113-2
• Une situation particulière
NF A 36-250, juin 1987 : Aciers des normes Placage en aciers
Tôles plaquées. NF EN 10028 inoxydables
ou réfractaires
119
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
120
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Allongement à rupture à 20 °C
L’allongement à rupture est actuellement la caractéristique de ductibilité qui fait l’objet
d’une garantie. Rapporté à la longueur initiale de la base de mesure, il traduit le résultat
de deux déformations successives.
• L’allongement homogène, ou réparti, qui commence dès la sortie du domaine élasti-
que et s’étend pendant toute la période de consolidation jusqu’à ce que la charge unitaire
atteigne le niveau de la résistance à la traction (point haut de la courbe de traction
F/S0 = f(Δ/)). Durant toute cette période la partie calibrée de l’éprouvette se déforme
uniformément, d’où l’appellation d’allongement réparti.
• L’allongement localisé dans la zone de striction qui représente la déformation de la
B
ALLIAGES FERREUX
partie dans laquelle apparaît la striction, c’est-à-dire la diminution localisée de la section
de l’éprouvette ; bien entendu, la contrainte vraie locale augmente mais, compte-tenu des
performances des machines d’essai, l’effort total appliqué à l’éprouvette diminue et la
zone hors striction a donc cessé de s’allonger. Cette déformation localisée dépend de la
géométrie de l’éprouvette et surtout de sa section.
Cumulant les deux déformations, l’allongement à rupture va dépendre ainsi de la
géométrie de l’éprouvette. C’est la raison pour laquelle sa valeur n’est significative
que si l’éprouvette est proportionnelle, c’est-à-dire si ses dimensions obéissent à
la relation :
L 0 ⁄ S 0 = K = 5, 65 .
L’allongement, dont la valeur est la plus importante pour l’utilisateur, est l’allongement
réparti subi avant que se déclenche l’instabilité liée à la formation de la striction ; il définit
l’ampleur de la plasticité « utilisable » en service pour assurer la sécurité d’une construction
par adaptation plastique et consolidation des zones soumises à des concentrations de
contraintes excessives.
2
Re (N/mm
R e (N/mm 2 ) ) R (N/mm 2
R (N/mm 2 ) )
RR 600
600
450
450
550
550
RRee
400
400
500
500
350
350
Log
Log V
V
––0,003
33 –– 22 –– 11 0,5 mm/min
mm/min
00 1201 mm/min 22220 mm/min 3
3 44 55 5 m/s
66
0,003 mm/min 0,5 mm/min 20 mm/min 220 mm/min 5 m/s
Figure 3.5 – Exemple d’influence de la vitesse de traction sur Re et Rm. Cas d’un acier
C-Mn. Selon Grumbach, L’Essai de traction, Otua.
121
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Re
Rm
Variation
selon le vieillissement
R
Re
122
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
plus ou moins large selon l’éprouvette utilisée, ce passage se fait par l’intermédiaire de
conditions mixtes avec une rupture partiellement fragile et partiellement ductile. Ces
considérations montrent tout d’abord que l’essai de flexion par choc est un essai de
rupture réalisé dans des conditions particulières qui le rendent très conventionnel au
point d’ailleurs que la valeur de la résilience n’est pas utilisée dans des calculs de struc-
ture. Il permet essentiellement de tester la résistance à la rupture fragile à travers
l’analyse des variations des résultats d’essais réalisés à différentes températures par
l’intermédiaire de la courbe de transition de l’énergie de rupture, et l’appréciation de la
cristallinité de la surface de rupture – proportion de la surface de rupture caractérisée par
un faciès fragile (figure 3.7) B
Les niveaux d’énergie donnés à une température déterminée ont essentiellement le
ALLIAGES FERREUX
rôle de valeurs-repères permettant de vérifier que la courbe de transition de l’acier
considéré se situe en deçà des limites imposées. C’est ainsi que l’on parle, conven-
tionnellement, de température de transition à une valeur donnée de l’énergie de
rupture : 27 J, qui donne TK27, et 40 J, qui donne TK40, pour certains aciers à haute
limite d’élasticité. Ceci est une façon de prendre en compte un point de la courbe de
transition de la résilience. C’est à ce point qui fait l’objet d’une garantie dans les normes
de produit.
Il faut signaler que certaines normes, dans certains cas, proposent à titre indicatif une
description plus complète de la courbe de transition de l’énergie ; c’est le cas, par exem-
ple, des aciers S275, S355, S420 et S460 dans la norme NF EN 10113.
Ces températures de transition, qui sont des repères conventionnels, doivent être utili-
sées avec discernement, car la loi qui les relie aux températures minimales de service
des constructions est fort complexe ; elle fait intervenir de nombreux paramètres tels que
les caractéristiques mécaniques de l’acier, son épaisseur, son écrouissage éventuel, les
sollicitations auxquelles il est soumis et leurs conditions d’application.
KV (J) C r (%)
100
Résilience Cristallinité
0 Température (°C)
123
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Résistance au fluage
La résistance au fluage est déterminée à travers des essais dont les conditions et la
procédure sont définies par la norme NF A 03-355.
Généralement les caractéristiques considérées, qui ne font pas l’objet de garanties –
elles sont données à titre indicatif – sont les suivantes :
• charge unitaire initiale provoquant un allongement déterminé, le plus souvent 0,5 ou
1 %, à température donnée en un temps également donné (10 000 ou 100 000 heures,
voire 200 000 heures) ;
• charge unitaire initiale provoquant la rupture à une température donnée en un temps
également donné (10 000 ou 100 000 heures, voire 200 000 heures) ;
La première de ces caractéristiques correspond à une déformation maximale de 0,5
ou 1 % ; elle peut être utilisée pour définir les conditions de travail respectant les impé-
ratifs dimensionnels propres à des organes mécaniques.
La seconde définit les conditions limites de sollicitation du métal et ne doit intervenir
dans les calculs qu’après avoir été affectée d’un coefficient de sécurité convenable.
La détermination de ces caractéristiques, correspondant à de très longues durées de
sollicitation, passe par l’extrapolation dans le temps de résultats d’essais de plus courtes
durées obtenus en exécutant, à la température considérée, des essais sous des charges
plus élevées et/ou, sous la charge retenue, des essais à de plus hautes températures ;
aussi est-il nécessaire de réaliser d’importantes séries d’essais dans des conditions
qui permettent d’effectuer un dépouillement statistique des résultats.
L’influence qu’ont, sur le niveau des caractéristiques déterminées, des facteurs comme
la température, sa constance dans le temps, l’isothermie de l’éprouvette, sa charge ainsi
que la composition du métal et son état structural fait qu’un dépouillement statistique
conduit au constat d’une dispersion assez importante que les normes de produits pren-
nent en compte en donnant des valeurs moyennes indicatives pour lesquelles il est dit
qu’elles peuvent être considérées comme sûres à ± 20 %.
Résistance à la fatigue
La résistance à la fatigue d’un acier est déterminée à partir d’essais de fatigue réalisés
selon les normes NF A 03-400, 03-401 et 03-402. Généralement, l’objectif principal de
ces essais est l’appréciation de la limite d’endurance σD qui, pour un type de sollicitation
donné et pour une contrainte moyenne σm fixée, est la valeur limite vers laquelle tend
l’amplitude de contrainte σa lorsque le nombre de cycles à la rupture devient très
124
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
grand – souvent 107 cycles pour les aciers. Pratiquement, on peut estimer que ce sont
les conditions – type de sollicitation, σm, σa – en deçà desquelles le risque de rupture par
fatigue disparaît.
Mais cette limite d’endurance (σD = σm ± σa) dépend de très nombreux facteurs :
• la géométrie de la pièce à travers l’effet d’échelle et surtout l’influence des effets d’entaille,
• l’état de surface et les défauts superficiels,
• le mode de sollicitation (type et fréquence),
• les contraintes résiduelles,
• l’environnement (température et corrosion), B
• le nombre limite de cycles retenu.
ALLIAGES FERREUX
Dès lors, la limite d’endurance d’un acier ne peut être définie que dans un contexte qui
inclut tous ces paramètres extérieurs aux propriétés mêmes du métal. Toutefois, dans
des conditions comparables, on peut admettre qu’elle est liée à la résistance à la trac-
tion. Ainsi, pour le type d’acier qui nous intéresse ici, la limite d’endurance en flexion
rotative, a été estimée à 0,5 Rm par M. Lieurade tandis que le Cétim proposait la relation
suivante :
–4
σ D = R m ( 0, 56 – 1, 4 × 10 R m )
sachant que le niveau de cette caractéristique peut encore être modifié par :
• des changements d’état structural,
• des variations de l’état inclusionnaire,
• des évolutions de la géométrie des inclusions.
Par ailleurs, les limites d’endurance déterminées expérimentalement sont affectées par
une dispersion acceptée actuellement comme un fait physique qui peut être dû aux hété-
rogénéités de structure, à la complexité des processus d’endommagement, à la prépara-
tion des éprouvettes, aux conditions d’essai… Cette dispersion doit donc être appréciée
et on définit la probabilité de non-rupture associée à chaque niveau de la limite d’endu-
rance : par exemple niveau de sollicitation conduisant à une probabilité de 50 % de non-
rupture ou à une probabilité de 90 % de non-rupture.
Résistance à la corrosion
Les aciers décrits ici ne présentent pas une résistance particulière à la corrosion dans la
mesure où ils ne comportent pas d’addition d’élément d’alliage susceptible de leur en
conférer une.
Face à la corrosion atmosphérique, ils ont des comportements variables avec les condi-
tions climatiques ; en général leur aspect de surface se dégrade plus que leur tenue
mécanique, sauf pour les produits minces. Toutefois, il est judicieux de prévoir une
protection par des revêtements de types divers et adaptés aux conditions d’emploi (voir
paragraphe 3.4.3).
Certains aciers d’usage général, définis par la norme NF EN 10155, sont dits « à résis-
tance améliorée à la corrosion atmosphérique ». Il s’agit d’aciers comportant de peti-
tes additions de chrome et de cuivre et éventuellement de phosphore et de nickel que la
norme précise dans son annexe :
« La résistance à la corrosion atmosphérique dépend des conditions climatiques avec
succession de périodes sèches et humides pour la formation d’une couche d’oxyde auto-
protectrice. La protection offerte dépend des conditions d’environnement et autres
régnant là où se trouve la construction. »
125
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Vieillissement et écrouissage
Après écrouissage un acier peut durcir (à température ambiante ou mieux à température
légèrement supérieure à l’ambiante) jusqu’à 300 °C environ, et surtout perdre de sa ducti-
lité et de sa résistance à la rupture fragile par vieillissement ; celui-ci est dû à un blocage
des dislocations par des nuages d’atomes en solution solide d’insertion, azote et carbone
essentiellement.
Une grande part du vieillissement est éliminée si l’azote est fixé par précipitation de nitru-
res stables comme par exemple le nitrure d’aluminium, d’où l’introduction d’aluminium
sous l’appellation de calmage spécial à l’aluminium. Néanmoins, la part due au
carbone subsiste et doit être prise en compte.
Formage à chaud
Cette opération débute par un chauffage à haute température qui engendre une trans-
formation α → γ et modifie fondamentalement la structure métallographique de l’acier ; si
la température est trop élevée, il peut aussi provoquer un grossissement du grain austé-
nitique.
Une telle opération devra donc être réservée aux aciers pour lesquels il est certain que
les conditions de refroidissement après formage, ou les possibilités de traitement ther-
126
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Formage à froid
Il faut distinguer ici le simple formage à froid (emboutissage, profilage…) des opérations
de transformation à froid impliquant des déformations plus importantes : étirage, frappe, B
extrusion, tréfilage…
ALLIAGES FERREUX
En ce qui concerne le simple formage à froid, des produits sont proposés qui sont aptes
à le supporter ; ce sont les tôles définies par les normes NF EN 10149, NF A 36-232, 36-
301 et NF EN 10130, mais les aciers définis par les normes NF EN 10025, NF EN 10113,
NF EN 10137 sont capables aussi de subir certaines déformations plus limitées.
Dans tous les cas, il est nécessaire de prendre en compte l’effet de l’écrouissage qui
peut améliorer les caractéristiques de résistance mais détériorer la ductilité et la résis-
tance à la rupture fragile ; il pourra être nécessaire, si, approximativement, l’épaisseur
est supérieure à 30 mm et la déformation est supérieure à 5 %, de régénérer les proprié-
tés par un traitement de restauration dont il faudra vérifier qu’il conduit bien aux proprié-
tés d’emploi désirées.
Si le formage à froid fait intervenir des déformations très importantes qui participent à
la transformation du produit, on utilisera les aciers prévus à cet effet et qui sont définis
par les normes NF A 35-053 « formage à froid », 35-049 « étirage » et NF EN 10016
« tréfilage et laminage ». Ces normes prévoient les garanties nécessaires à la transfor-
mation des produits à travers les différents procédés, notamment en ce qui concerne
l’état de surface, les défauts superficiels et les caractéristiques mécaniques assurant la
formabilité.
Usinage
L’usinabilité est très complexe à définir et ne fait pas l’objet de garantie. Pour les aciers
décrits ici on peut noter simplement que l’usinabilité, c’est-à-dire la facilité avec laquelle
on peut usiner le métal par enlèvement de copeaux, croît quand la dureté diminue,
sauf pour les aciers à très faible résistance et donc à grande plasticité pour lesquels un
écrouissage, généralement par étirage, se révèle bénéfique. Elle augmente aussi très
sensiblement quand croît la teneur en inclusions de sulfures.
On peut noter ici l’existence d’aciers, barres et fils, de décolletage d’usage général,
norme NF EN 10087, à fortes teneurs en soufre (0,25 à 0,40 %), et/ou en plomb (0,2 à
0,3 %) plutôt destinés à des usages mécaniques.
Soudage
De nombreux aciers d’usage général, et notamment les tôles et profilés, sont mis en
œuvre par soudage.
La définition de la soudabilité de ces aciers est complexe car c’est une propriété qualita-
tive appréciée à l’aide de critères différents selon les réalisations envisagées ; elle met
en jeu de nombreux paramètres, l’acier n’étant que l’un d’entre eux. Elle ne fait donc pas
l’objet de garanties spécifiques mais les producteurs mettent à la disposition des utilisa-
teurs les informations nécessaires à la bonne réalisation des opérations de soudage, ceci
afin d’assurer l’intégrité de l’assemblage, intégrité indispensable pour éviter tout risque
de ruine par fissuration et rupture à partir de défauts.
127
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Fissures à froid
Celles-ci sont en fait les défauts essentiels de soudabilité métallurgique contre lesquels
le soudeur doit se prémunir ; les renseignements fournis par le producteur ont pour objet
de l’aider à éviter le risque d’une telle fissuration dont les causes sont les suivantes :
• l’introduction d’hydrogène dans le métal fondu ;
• la transformation au voisinage de la ligne de fusion (zone affectée par la chaleur : ZAC)
de la structure métallographique du métal avec formation martensite ;
• l’existence de contraintes importantes au niveau de la soudure (retrait et bridage).
Si le soudeur ne peut qu’espérer minimiser les contraintes en intervenant sur la concep-
tion de l’assemblage et sur le choix des séquences de soudage, il doit agir sur les deux
autres paramètres :
• Limiter la teneur en hydrogène du métal fondu à travers le choix des conditions de
soudage : procédé, produit d’apport, flux et gaz éventuellement ; et les précautions prises
lors des opérations : préparation, propreté, faible humidité ambiante…
• Limiter la quantité de martensite formée dans la zone affectée par la chaleur en agis-
sant sur les conditions opératoires et notamment sur l’énergie de soudage. Pour apprécier
le risque de fissuration à froid d’un acier donné, les praticiens utilisent un repère dit
carbone-équivalent qui associe au sein d’une même formule l’effet durcissant du carbone
et l’augmentation de trempabilité due aux éléments d’alliage. La formule la plus utilisée qui
fait aussi référence dans les normes européennes est celle adoptée par l’Institut internatio-
nal de la soudure, à savoir :
CEV = C + Mn/6 + (Cr + Mo + V)/5 + (Ni + Cu)/15
Cette forme d’évaluation ne conduit pas à des limites communes à toutes les nuances
d’acier soudables ; chaque classe fait l’objet de limitations différentes selon les pratiques
128
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
industrielles et les constructions considérées. Pour agir sur les conditions opératoires, les
producteurs proposent des abaques (voir FD A 36-000) du type de celui représenté à la
figure 3.8 qui définissent la soudabilité métallurgique d’un acier donné. Ils permettent
éventuellement le choix des conditions de préchauffage si l’adoption d’une énergie de
soudage assez élevée ne suffit pas à résorber le risque de fissuration à froid. Mais, dans
ce cas, le soudeur doit préalablement tout faire pour réduire la teneur en hydrogène du
métal fondu, mesure beaucoup plus efficace et plus facile à mettre en œuvre.
Un point particulier doit être pris en compte si la construction soudée doit être soumise
à des sollicitations de fatigue car sa résistance va dépendre alors essentiellement des
concentrations de contraintes engendrées par la géométrie du cordon de soudure (macro
B
et micro-géométrie). Cette influence très importante impose de réaliser l’assemblage
ALLIAGES FERREUX
avec :
• un cordon présentant un angle de raccordement faible,
• des défauts petits et en faible nombre,
• des contraintes résiduelles faibles.
Pour obtenir le comportement le meilleur il sera, par ailleurs, judicieux de mettre en
œuvre les procédures :
• d’amélioration de la géométrie du joint (parachèvement du joint) suivantes :
}
– meulage,
– refusion TIG, du pied de cordon ;
– refusion plasma
Température
Épaisseur de préchauffage (°C)
(mm)
0°
0°
°
20
15
10
80
70
60
+ postchauffage
50
Préchauffage
40
30
Électrodes
basiques
20
séchées
uniquement
10
9
8
5 6 7 8 910 20 30 40 50
E équivalente (kJ/cm)
129
3 • Aciers d’usage général 3.4 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
130
3 • Aciers d’usage général 3.5 Applications
– soit relevé de contrôle, avec résultats d’essais sur des produits du même type fabri-
qués dans les mêmes conditions ;
– soit relevé de contrôle spécifique (dans le cas où le service de contrôle n’est pas
hiérarchiquement indépendant des services de fabrication).
• Contrôle spécifique effectué sur les produits faisant l’objet de la commande. Il est suivi
de la remise :
– soit d’un certificat de réception (qui peut prendre trois formes différentes selon la
personne qui le valide) ;
– soit d’un procès-verbal de réception.
B
3.5 Applications
ALLIAGES FERREUX
Les aciers d’usage général sont tout d’abord employés pour la construction métallique et
notamment pour la réalisation des structures suivantes :
• charpentes,
• ponts,
• pylônes,
• réservoirs et appareils à pression,
• charpentes pour appareils de levage et de manutention,
• trémies et silos.
Ils sont également utilisés pour divers autres usages tels que les ouvrages d’art et plates-
formes marines et peuvent aussi constituer des éléments de structures mobiles dans le
matériel ferroviaire roulant, l’automobile, le machinisme agricole, ainsi que des ensem-
bles supports (bâtis) de constructions mécaniques.
Par ailleurs, les nuances pour usages spécifiques ont des emplois prédéfinis qui sont
explicités
Dans le cadre des possibilités de fourniture d’un produit, le choix de la nuance d’acier
se fait essentiellement en fonction du taux de travail (sans oublier les sollicitations
éventuelles de fatigue) qui, affecté par le coefficient de sécurité, détermine le niveau que
doit atteindre la limite d’élasticité, ou parfois la résistance à la traction. Il peut être inté-
ressant d’examiner si l’adoption d’un taux de travail plus élevé peut permettre d’alléger
la construction en utilisant un acier à plus haute limite d’élasticité dans la mesure où
certains points telles l’amplitude des déformations élastiques ou la stabilité élastique
(flambement…), ne deviennent pas critiques. L’utilisation d’aciers à haute limite d’élasti-
cité ne pose pas toujours un problème de soudabilité car ces aciers, lorsqu’ils sont
microalliés (niobium, vanadium), ont des soudabilités souvent meilleures que celles
d’aciers au carbone manganèse ; c’est le cas par exemple de l’acier S355 M par rapport
à l’acier S355 K2G3.
Les particularités d’emploi doivent aussi être prises en compte à ce stade. Elles
peuvent imposer le choix de nuances spécifiques (appareils à pression par exemple)
choix éventuellement orienté par les conditions de mise en œuvre (formage à chaud
notamment). Mais ces particularités d’emploi peuvent aussi poser le problème de la
tenue à la rupture fragile et on en viendra alors au choix de la qualité.
Ce choix de la qualité recouvre la séléction du métal ayant la résistance à la rupture
fragile compatible avec les conditions de service. Comme il a été dit section 3.4, cette
sélection est délicate. Pour la réaliser on aura recours à la procédure décrite par le fasci-
cule de documentation Afnor, FD A 36-010. Celle-ci permet, à partir de la température
minimale de service, de la limite d’élasticité, de l’épaisseur du produit, de la vitesse de
131
3 • Aciers d’usage général 3.6 Évolution
40
40
de service
30
30
Température de service
22
20
20
Température
3
3
10
10
00
– -10
10
44
– -20
20
– -30
30
– -40
40
– -50
50
– -60
60
0
0 20
20 40
40 60
60 80
80 100
100 120
120 140
140
Épaisseur (mm)
Épaisseur (mm)
3.6 Évolution
Actuellement, l’évolution des produits a, comme il se doit, anticipé l’évolution de la cons-
truction si bien qu’on peut considérer que les aciers à haute limite d’élasticité sont des
aciers dont l’utilisation est en cours de développement. Dans ce domaine l’avenir à
moyen terme se prépare avec les aciers qui seront livrés après trempe et revenu, tels
qu’ils sont déjà décrits par la norme NF EN 10137.
Il en est de même avec les produits revêtus dont l’évolution, dans les types et la qualité
des revêtements, se fait tous les jours et permet de proposer aux utilisateurs des produits
nouveaux de plus en plus adaptés aux besoins et performants.
132
3 • Aciers d’usage général 3.7 Commercialisation
À titre d’illustration des possibilités d’évolution, on peut citer le cas des aciers définis par
la norme NF A 36-212 et destinés à la fabrication d’éléments de plates-formes et de
structures marines. Les nuances décrites sont des améliorations des anciennes nuances
classiques E24, E28 et E36 ; l’importance des différences, et donc des améliorations,
révèle l’ampleur des progrès accomplis par les sidérurgistes.
3.7 Commercialisation
Les types, les formes, les dimensions et les tolérances dimensionnelles des produits
commercialisés en aciers d’usage général font l’objet d’une abondante normalisation. B
La commercialisation de ces produits est assurée par des sociétés de négoce qui
ALLIAGES FERREUX
peuvent être :
• soit des filiales de sociétés sidérurgiques, comme, par exemple : Nozal, Longometal,
Datec, Ims, Slpm, Valor, Daval ;
• soit indépendantes ; mais qui sont toutes regroupées au sein d’un des organismes
suivants :
Syndicat national du commerce des produits sidérurgiques (Sncps) – Union des
négociants en aciers spéciaux (Unas)
65, avenue Victor-Hugo,
75116 PARIS
Tél. : 01 45 00 72 50
Fax : 01 45 00 71 37.
Syndicat national du négoce indépendant des produits sidérurgiques (Snips)
91, rue de Miromesnil,
75008 PARIS
Tél. : 01 45 61 99 44
Fax : 01 42 25 77 52.
133
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
Tôles prélaquées
ECCA Groupe Français
30, avenue de Messine
75008 PARIS
Tél. : 01 42 25 26 44
Fax : 01 53 75 02 13
Tôles revêtues
Chambre syndicale des tôles revêtues (CSTR)
Immeuble Pacific, 13, cours Valmy
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 62 10
Fax : 01 41 25 69 35
Tréfilés
Syndicat national du tréfilage de l’acier (STA)
2, rue de Logelbach
75017 PARIS
Tél. : 01 47 54 94 27
Fax : 01 47 54 94 28
134
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
Tubes soudés
Chambre syndicale des tubes soudés en acier
B
Immeuble Pacific, 11, cours Valmy
ALLIAGES FERREUX
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 83 05
Fax : 01 41 25 87 98
Il pourra aussi s’adresser directement aux producteurs d’aciers dont les adresses sont
données ci-après :
Produits longs
ADA
Rue Maurice-Perse
64340 BOUCAU
Tél. : 05 59 64 41 00
Fax : 05 59 64 41 20
Aciéries et laminoirs de Rives
BP 60
38140 RIVES-SUR-EURE
Tél. : 04 76 91 42 44
Fax : 04 76 65 37 75
Profilarbed
66, rue de Luxembourg
L-4221 ESCH-SUR-ALZETTE
Tél. : 00 352 531 31
Fax : 00 352 572 578
Europrofil
91, rue du Faubourg Saint-Honoré
75370 PARIS Cedex 08
Tél. : 01 44 71 12 12
Fax : 01 44 71 12 96
Forges et laminoirs de Breteuil
27160 BRETEUIL-SUR-ITON
Tél. : 02 32 35 64 30
Fax : 02 32 29 80 84
Laminés marchands européens (LME)
2, rue Émile-Zola, BP 2
59125 TRITH SAINT-LÉGER
135
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
Tél. : 03 27 14 20 20
Fax : 03 27 14 20 10
SMBA
Route de Coutron
24700 LE PIZOU
Tél. : 05 53 81 89 75
Fax : 05 53 81 88 66
SDEPM
Syam – BP 119
39300 CHAMPAGNOLE
Tél. : 03 84 51 61 00
Fax : 03 84 51 62 64
Société des aciers d’armatures pour béton (SAM)
54, avenue Victor-Hugo
92500 RUEIL-MALMAISON
Tél. : 01 47 16 08 99
Fax : 01 47 16 08 97
Société des forges de Clairvaux
6, rue de Saint-Petersbourg
75002 PARIS
Tél. : 01 44 70 60 50
Fax : 01 42 93 07 95
Société métallurgique de Brévilly
08140 BRÉVILLY
Tél. : 03 24 26 30 30
Fax : 03 24 26 45 42
Unimétal
BP 3
57360 AMNEVILLE
Tél. : 03 87 70 60 00
Fax : 03 87 70 71 34
Produits plats
Beautor SA
02800 BEAUTOR
Tél. : 03 23 57 71 00
Fax : 03 23 57 41 86
Creusot-Loire industrie
Immeuble Pacific, 13, cours Valmy
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 95 00
Fax : 01 41 25 95 88
Dillinger Hütte – GTS
Postfach 1580
136
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
ALLIAGES FERREUX
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 91 00
Fax : 01 41 25 87 88
Usinor grains orientés
BP 15
62330 ISBERGUES
Tél. : 03 21 63 20 00
Fax :
3.8.2. Bibliographie
Revues
Revue de Métallurgie.
Matériaux et Techniques.
Courrier technique de l’OTUA.
Ouvrages
Métallurgie de base à l’usage des utilisateurs de métaux. Éditions PYC-Livres.
Le Livre de l’acier. Tec et Doc Lavoisier.
Les Aciers thermomécaniques. AFPC et OTUA.
Tôles en aciers HLE : choix et mise en forme. CETIM.
Techniques de l’ingénieur. M2-1 de M300 à M310.
Steel. Verein Deutscher Eisenhüttenleute.
137
3 • Aciers d’usage général 3.8 Renseignements pratiques
138
4 • Aciers spéciaux de
construction mécanique
4 • ACIERS SPÉCIAUX
DE CONSTRUCTION MÉCANIQUE
ALLIAGES FERREUX
Guy Murry
139
4 • Aciers spéciaux de 4.1 Principes du durcissement des aciers
construction mécanique
140
4 • Aciers spéciaux de 4.1 Principes du durcissement des aciers
construction mécanique
Durcissement HV
70
P Si
60
50
40
30
B
Mn
ALLIAGES FERREUX
Mo
20 Ni
10
Cr
où Re est la limite d’élasticité, d le diamètre moyen des grains (ce paramètre décrit indi-
rectement l’importance des joints de grain) et k est un facteur variant, avec la structure
de l’acier, entre environ 15 et 30 (pour Re exprimée en N/mm2).
Ce durcissement est difficile à mettre en œuvre car il implique des processus de recris-
tallisation à chaud au cours des opérations de laminage et de forgeage.
141
4 • Aciers spéciaux de 4.1 Principes du durcissement des aciers
construction mécanique
1 2 3
142
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
Effort Effort
re s
s du
u le
r tic
Pa Cisaillement
es
dur
in s Contournement
s mo
u le
r t ic
Pa
B
ALLIAGES FERREUX
Diamètre moyen des précipités Diamètre moyen des précipités
Effort
Bilan
d op d op
Diamètre moyen des précipités
143
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
Température (°C)
1 200
1 148 °C
D
Austénite
C E I 727 °C
Perlite
Précipitation
400
de Fe 3 C à partir
de la ferrite
pour les deux aciers
Ferrite + Cémentite
G
20
0,4 0,77 1,6 2,11
Teneur en carbone (%)
Le carbone change d’état avec les transformations allotropiques. En solution solide dans
le fer γ (cette solution est appelée austénite) à haute température, il précipite à l’état
d’équilibre à la température ambiante sous forme de petits grains de carbures de fer
(appelés cémentite) mélangés avec des grains de fer ne contenant pratiquement pas de
carbone (la ferrite) au sein d’un agrégat appelé perlite :
• on appelle hypoeutectoïde un acier avec une teneur en carbone inférieure à 0,77 % qui,
transformé dans des conditions proches des conditions d’équilibre, est constitué de grains
de ferrite fer (avec C % < 0,02) et de perlite ;
• on appelle hypereutectoïde un acier avec une teneur en carbone supérieure à 0,77 %
qui, transformé dans des conditions proches des conditions d’équilibre, est constitué de
grains de cémentite (Fe3C, 6,69 % de C et 93,31 % de Fe) et de perlite.
On désigne par AC1 et AC3 les limites (respectivement inférieure et supérieure) de l’inter-
valle de température dans lequel, au cours d’un chauffage lent (150 °C à 300 °C par
144
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
heure), se fait la transformation des aciers hypoeutectoïdes et par AC1 et ACm ces mêmes
limites pour un acier hypereutectoïde.
Il est donc possible de mettre le carbone en solution solide dans le fer à haute tempéra-
ture, ce qui permet de redissoudre les carbures trop grossiers formés lors de la solidifi-
cation. Mais les conditions pratiques dans lesquelles sont effectués ce chauffage et le
refroidissement qui suit sont des conditions industrielles, très différentes des conditions
d’équilibre. Dès lors, il devient nécessaire de savoir d’une part comment se fera la mise
en solution des carbures et, d’autre part, comment se fera leur reprécipitation ultérieure.
Ces évolutions sont décrites par les diagrammes de transformation au chauffage et au
refroidissement.
B
ALLIAGES FERREUX
4.2.1 Transformations au cours d’un chauffage industriel
La figure 4.6 donne un exemple diagramme de transformation en chauffage continu pour
un acier au chrome-molybdène. Ce type de diagramme est tracé dans un système de
coordonnées avec le logarithme du temps en abscisse et la température en ordonnée.
Les courbes définissent, pour chaque loi de chauffage reportée, les températures
auxquelles débute (AC1) et se termine (AC3) la transformation en austénite de la phase
stable à la température ambiante. Des courbes complémentaires définissent :
• la limite de température au-delà de laquelle la composition de l’austénite est homogène,
c’est-à-dire que les hétérogénéités dans la répartition du carbone ont disparu ;
• les températures auxquelles la grosseur des grains d’austénite correspond à certaines
valeurs de l’indice caractéristique (10 correspond à un diamètre moyen de 11 µm, 8 à
22 µm, 6 à 44 µm, 4 à 88 µm).
Ce diagramme montre que, lorsque le chauffage devient de plus en plus rapide :
• l’intervalle de température dans lequel se développe la transformation se déplace vers de
plus hautes températures. Il faut toutefois remarquer que, dans l’exemple choisi (acier
35CrMo4), un chauffage qui porterait le métal à 825 °C en 104 s, soit en un peu moins de
3 heures, permettrait de provoquer la transformation dans un domaine de température
pratiquement identique aux conditions d’équilibre ;
• l’homogénéité de composition de l’austénite n’est obtenue qu’à des températures de plus
en plus élevées. Pour l’exemple choisi, on constate que le chauffage qui porte le métal à
825 °C en 104 s permettra d’atteindre la limite du domaine d’homogénéité seulement en fin
de chauffage. Ce fait peut être aggravé si l’acier contient des éléments d’alliage carburigè-
nes (éléments tels que le molybdène, le vanadium, le tungstène, le titane, le niobium, le
chrome qui ont plus d’affinité pour le carbone que le fer). La mise en solution de ces carbu-
res, plus difficile, prend donc plus de retard au point de rester, parfois, inachevée ;
• le grossissement des grains d’austénite n’intervient qu’à des températures de plus en plus
élevées ; les chauffages rapides permettent d’atteindre le domaine de température où
l’austénite est homogène en élevant la température d’austénitisation sans engendrer pour
autant un grossissement néfaste des grains d’austénite.
Pour un acier hypereutectoïde, la rapidité du chauffage exerce la même influence mais,
en présence d’éléments d’alliages carburigènes, la difficulté à mettre en solution les
carbures spéciaux va accroître la sensibilité à l’accélération du chauffage. Ainsi, comme
le montre la figure 4.7 pour un acier du type 100Cr6, la température limite de mise en
solution des carbures s’élève beaucoup lorsque la rapidité du chauffage augmente. La
limite à franchir pour obtenir une austénite de composition homogène est déplacée vers
des températures plus hautes.
145
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
Température (°C)
1 200
Grain γ
Austénite
3
homogène
4
1 100
5
7
1 000
8
Austénite 9
non homogène
10
900
Ferrite
+
Ferrite Carbures
800 + +
Perlite Austénite
+
Austénite
Ferrite + Perlite
700
2 3 4
0,1 1 10 10 10 10
Temps (s)
146
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.7 – Diagramme de transformation en chauffage continu
d’un acier du type 100Cr6.
D’après l’Atlas du Max Planck Institut.
147
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
148
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.8 – Diagramme de transformation en refroidissement continu d’un acier du
type 35Cr4 (d’après l’Atlas de l’IRSID).
149
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
sement du fer par précipitation n’est pas très efficace. Seule la martensite, qui contient
le carbone dispersé hors équilibre à l’état atomique et donc non précipité, permet une
précipitation au sein des grains par retour vers l’état d’équilibre à l’occasion d’un réchauf-
fage contrôlé, dit revenu.
Les éléments d’alliages ajoutés aux aciers et aux fontes modifient les conditions de refroi-
dissement dans lesquelles se forment les différents constituants. Ils déplacent les domai-
nes de transformation vers des lois de refroidissement plus lentes car le domaine de
refroidissement dans lequel apparaît la martensite s’agrandit. Plus la martensite se forme
à l’occasion de refroidissements lents, plus l’alliage est « trempant » et de ce fait plus sa
« trempabilité » est grande.
Pratiquement, tous les éléments d’alliage introduits dans l’acier augmentent la trempabi-
lité à l’exception du cobalt qui la diminue. Les éléments non carburigènes retardent aussi
bien la formation des structures ferrito-perlitiques que celle des bainites. Leur efficacité
peut être considérée comme :
• forte pour le manganèse,
• moyenne pour le nickel,
• faible pour le cuivre et le silicium.
Les éléments carburigènes ne produisent pas le même effet sur la formation des struc-
tures ferrito-perlitiques et bainitiques :
• pour retarder la formation des structures ferrito-perlitiques, le vanadium (à faibles teneurs),
le molybdène et le niobium agissent fortement alors que les effets du chrome et du tungs-
tène sont plus limités ;
• pour retarder la formation des structures bainitiques, le chrome a un effet fort, le molyb-
dène un effet moyen, le niobium, le vanadium et le tungstène un effet faible.
Les diagrammes de transformation en conditions isothermes (dits TTT) présentent le
déroulement des transformations des aciers, en évitant notamment les mélanges de
constituants. Ils décrivent les phénomènes qui accompagnent le passage du fer γ au
fer α dans des conditions particulières (figure 4.9) :
• l’austénite est supposée passer instantanément de sa température d’équilibre à la tempé-
rature de transformation, ce qui est pratiquement irréalisable industriellement ;
• l’évolution de la transformation n’est décrite qu’à la température considérée. De ce
fait, les conséquences du refroidissement qui suit le maintien à la température de
transformation ne sont aucunement indiquées. Si la transformation de l’austénite n’est
pas achevée à cette température, le diagramme ne donne aucune indication sur son
devenir.
En conséquence, ces diagrammes isothermes ont une utilisation industrielle assez limi-
tée puisqu’il est très difficile de refroidir très rapidement le métal depuis sa température
d’austénitisation jusqu’à la température de transformation. Néanmoins, ils permettent de
définir des procédures de traitement thermique qui conduisent à un constituant unique
(bainite notamment).
150
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.9 – Diagramme de transformation en conditions isothermes d’un acier
du type 42Cr4 (d’après l’Atlas de l’IRSID).
carbure ε, ce qui engendre une diminution des contraintes propres existant à l’échelle de
la maille quadratique de la martensite. Un tel revenu entraîne une faible baisse de la résis-
tance à la traction et de la dureté, tout en augmentant légèrement la limite d’élasticité et en
améliorant un peu le niveau des caractéristiques de ductilité. Il est donc réalisé lorsque les
conditions d’emploi exigent la conservation des caractéristiques de résistance à leur niveau
le plus élevé sans imposer de contraintes sur la ductilité. En l’absence de transformation
de l’austénite résiduelle, si ce n’est sa stabilisation, il peut être précédé d’un traitement par
le froid si l’on veut disposer du durcissement maximal.
• Entre 525 °C et 575 °C. Ce revenu, dit banal, provoque la précipitation complète du
carbone soit sous forme de Fe3C, soit sous forme de cémentite substituée dans laquelle
des atomes de fer sont remplacés par des atomes de certains éléments d’alliage (manga-
nèse, chrome, molybdène…). Il entraîne une baisse importante des caractéristiques de
résistance, mais aussi un relèvement très sensible des caractéristiques de ductilité. Prati-
quement, le compromis entre ces caractéristiques est satisfaisant pour assurer un bon
comportement mécanique de l’acier.
• Entre 625 °C et 675 °C. Ce revenu est appliqué aux aciers qui contiennent des éléments
carburigènes tels que le molybdène, le vanadium, le tungstène, le niobium, le titane, le
chrome. À ces températures, les carbures précipitent (très finement, sauf pour le chrome,
151
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
152
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
ALLIAGES FERREUX
Après refroidissement, on rectifie deux méplats parallèles selon deux génératrices oppo-
sées du cylindre et, sur ces deux méplats, on réalise des mesures de dureté en des
points situés à des distances définies et croissantes de l’extrémité refroidie (1,5, 3, 5, 7,…
jusqu’à 70 mm). Le résultat de l’essai s’exprime à l’aide d’une courbe, dite courbe
Jominy, qui donne, en fonction de la distance à l’extrémité refroidie, les variations de la
dureté mesurée sur les deux méplats (figure 4.11).
Cette courbe décrit donc le résultat de la transformation γ → α d’un acier lorsque cette
dernière se développe dans les conditions de refroidissement définies par la distance à
l’extrémité trempée correspondante. L’essai Jominy apporte aussi un certain nombre de
renseignements contenus dans le diagramme TRC :
• le palier supérieur, à gauche (figure 4.11), correspond aux conditions de refroidissement
qui engendrent une transformation uniquement martensitique. Son niveau est donc en rela-
tion directe avec la quantité de carbone mise en solution au cours de l’austénitisation. Cette
relation s’exprime par la courbe bien connue reliant la dureté de la martensite à la teneur
en carbone (figure 4.12). L’extrémité droite de ce palier définit les conditions de refroidis-
153
4 • Aciers spéciaux de 4.2 Durcissement par précipitation
construction mécanique de carbures
Dureté HRC
Dureté HRC
Aciers à 1 % Cr et 0,25 % Mo
à teneur (%) en carbone
60 60
0,50
50 50 a
a = acier 34CrNiMo6
0,42 b = acier 34CrMo4
40 40 c = acier 34Cr4
0,34
30 30 b
0,25 c
20 20
0 5 10 20 30 40 50 0 5 10 20 30 40 50
Distance à l'extrémité refroidie (mm) Distance à l'extrémité refroidie (mm)
Duret HV
1 000
% martensite
900
100
800
90
700
80
600
70
500
400
300
200
100
154
4 • Aciers spéciaux de 4.3 Traitements thermiques de surface
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
Les traitements de surface ont pour objet d’améliorer les performances mécaniques des
pièces sollicitées principalement au voisinage de leur surface et d’accroître ainsi, par
exemple :
• leur endurance sous des contraintes non uniformes (flexion, torsion),
• leur tenue à la fatigue-roulement sous fortes charges, ce qui permet d’éviter les
écaillages,
• leur résistance à l’usure.
Ils présentent des avantages particuliers :
• ils permettent d’obtenir des caractéristiques mécaniques très élevées en surface tout en
conservant à cœur une ductilité qui assure la sécurité du fonctionnement,
• les conditions de mise en forme ne sont pas affectées par ces procédés qui n’intervien-
nent qu’aux derniers stades de la réalisation des pièces,
• le traitement des seules parties fonctionnelles permet d’économiser l’énergie et parfois
d’utiliser des aciers moins coûteux.
On peut distinguer deux grandes catégories dans ces traitements superficiels :
• le durcissement par trempe après chauffage superficiel ;
• les traitements thermochimiques qui font intervenir des modifications de la composition
du métal au voisinage de sa surface.
155
4 • Aciers spéciaux de 4.3 Traitements thermiques de surface
construction mécanique
Cémentation
La cémentation est un traitement thermochimique d’enrichissement superficiel en
carbone pour obtenir une couche martensitique très dure (à haute teneur en carbone)
sur un cœur tenace. Les aciers de cémentation ont donc une teneur en carbone de base
limitée de telle sorte que la martensite et la bainite susceptibles de se former à cœur
conservent une ductilité suffisante ; cette limite se situe en général à 0,25 %.
L’opération est réalisée dans un milieu susceptible de céder du carbone à l’acier porté à
une température supérieure à AC3, le plus souvent entre 880 °C et 950 °C. Pour accélérer
les réactions d’apport et de diffusion du carbone dans l’acier, on opère parfois entre
950 °C et 1 050 °C sur des aciers élaborés pour conserver un grain fin à ces tempé-
ratures.
La cémentation est suivie d’une trempe réalisée soit directement à la sortie de la cémen-
tation (trempe directe), soit après refroidissement du métal et réchauffage ultérieur. La
couche cémentée atteint le maximum de dureté (environ 800 HV à 900 HV ou 64 HRC à
67 HRC) après la trempe martensitique pour des teneurs en carbone voisines de l’eutec-
toïde, soit de 0,7 à 0,9. Un éventuel revenu de détente (entre 180 °C et 200 °C) après
trempe ramènerait la dureté aux environs de 600 HV à 760 HV, ou 58 HRC à 63 HRC.
La profondeur de durcissement par cémentation dépend partiellement de la trempabilité
des aciers, mais surtout des conditions du traitement. Par contre, c’est de la trempabilité
que vont dépendre l’état structural et les performances mécaniques du cœur des pièces.
Celui-ci, relativement pauvre en carbone, conserve généralement après la trempe une
structure mixte martensite-bainite et éventuellement ferrite, d’autant plus martensitique
156
4 • Aciers spéciaux de 4.3 Traitements thermiques de surface
construction mécanique
que la trempabilité est élevée, mais toujours plus douce et plus tenace que la couche
durcie. Ainsi les pièces cémentées trempées sont-elles à la fois dures en surface, tena-
ces à cœur et globalement peu fragiles. Leur endurance est accrue par l’existence en
surface de contraintes de compression.
L’épaisseur visée pour la couche cémentée varie avec la destination et le volume de la
pièce. Les épaisseurs importantes, de 0,8 mm à 1,8 mm ou plus, sont réservées à des
pièces devant résister à l’usure et à des pièces de forte section. Pour les pièces de
moyenne et faible sections, tels les engrenages d’automobiles, des épaisseurs de
0,2 mm à 0,8 mm peuvent être suffisantes.
B
Carbonitruration
ALLIAGES FERREUX
La carbonitruration enrichit la surface de l’acier simultanément en carbone et en azote
par un mécanisme analogue à celui de la cémentation. Elle est réalisée à des tempéra-
tures comprises entre 750 °C et 900 °C. Les durées de l’opération, de l’ordre de 30 minu-
tes à quelques heures, sont inférieures à celles de la cémentation pour des épaisseurs
de couche allant de 0,05 mm à 0,6 mm.
Le traitement, qui se fait à des températures plus faibles, supprime tout risque de
surchauffe du métal et de grossissement du grain. Comme la trempe s’effectue égale-
ment à partir de températures plus basses, elle permet réduire et de mieux maîtriser les
déformations. Dans les cas plus courants de carbonitruration, la teneur en azote des
couches carbonitrurées est le plus souvent inférieure à 0,6 %.
Les duretés de la surface carbonitrurée dépassent celles de la cémentation, de même
que sa résistance à l’usure. Corrélativement, l’élévation du niveau des contraintes de
compression dans les régions superficielles permet une meilleure tenue en fatigue.
Nitruration
La nitruration est un traitement thermochimique d’enrichissement superficiel en azote. La
solubilité maximale de cet élément dans le fer γ est très supérieure à celle du carbone
(elle atteint 0,10 % à 590 °C contre 0,022 % pour le carbone à 727 °C). Par ailleurs à
partir de 590 °C, la présence d’azote conduit à la transformation du fer α en fer γ, capable
de dissoudre des quantités d’azote encore supérieures. La nitruration peut ainsi être
réalisée à différentes températures, bien inférieures aux températures de cémentation, et
donner naissance à différentes situations :
• celle qui correspond à une simple insertion d’azote dans le réseau cristallin du fer γ et qui
forme une couche dite de diffusion. Cette insertion produit un durcissement limité de l’acier
(avec cependant une amélioration sensible de sa résistance à la fatigue), mais certains
éléments d’alliage (aluminium, chrome, molybdène, vanadium…) peuvent alors provoquer
une fine précipitation de nitrures, voire de carbonitrures, ce qui entraîne alors un durcisse-
ment complémentaire ;
• celle qui, outre la couche de diffusion, correspond à la formation vers l’extérieur de la
pièce d’une couche de combinaison (d’une épaisseur supérieure à 30 µm) très dure, consti-
tuée essentiellement, pour des aciers non alliés, de nitrures de fer Fe4N (type γ’) et/ou
Fe2,3N (type ε). Cet état apporte une amélioration très notable de la résistance à l’usure et
des propriétés de frottement.
La présence dans l’acier de certains éléments d’alliage, tels que le chrome, le molyb-
dène, l’aluminium ou le vanadium, permet la formation de nitrures bien plus durs que
ceux du fer. La surface nitrurée des aciers alliés de nitruration peut atteindre des duretés
très élevées de l’ordre de 850 HV à 1 200 HV, alors que la dureté après trempe des
aciers les plus durs ne dépasse pas 900 HV, soit 67 HRC. De ce fait, ce traitement est
157
4 • Aciers spéciaux de 4.3 Traitements thermiques de surface
construction mécanique
particulièrement recommandé pour toutes les pièces devant présenter une très grande
résistance à l’usure par frottement, sans choc.
La nitruration élève également de façon notable la limite d’endurance des pièces grâce
à l’augmentation considérable de la dureté superficielle et à l’introduction en surface de
contraintes de compression favorables. Elle convient plus particulièrement pour des
pièces très sollicitées en fatigue.
Contrairement aux opérations de cémentation ou de carbonitruration, la nitruration n’est
pas suivie de trempe, ce qui diminue très sensiblement les risques de déformation. Le
domaine de température dans lequel elle est généralement exécutée permet souvent de
réaliser ce traitement sur des aciers préalablement trempés et revenus, dans la mesure
où cette dernière opération est exécutée à une température supérieure à la température
de nitruration. Dans certains cas, le traitement de nitruration peut aussi assurer le revenu.
La nitruration permet aux pièces de conserver de bonnes qualités de frottement jusqu’à
des températures atteignant 550 °C et 600 °C. Elle améliore également la résistance à
la corrosion atmosphérique et à celle de l’eau douce, des hydrocarbures et de certains
produits de combustion.
Il n’existe actuellement pas de norme spécifique définissant des aciers pour nitruration.
Il est en effet possible et intéressant de nitrurer de nombreux aciers de traitement ther-
mique dont notamment, parmi ceux décrits par la norme NF EN 10083-2 :
• les aciers non alliés du C22 au C60 ;
• l’acier au manganèse : 28Mn6 ;
• les aciers au chrome des types Cr2 et Cr4 ;
• les aciers au chrome-molybdène des types CrMo4 ;
• les aciers au chrome, nickel, molybdène : 36CrNiMo4, 34CrNiMo6 et 30CrNiMo8 ;
• l’acier au nickel, chrome, molybdène : 36NiCrMo16.
Autres traitements thermochimiques
Divers autres traitements thermochimiques confèrent à la surface des aciers des propriétés
particulières, notamment une amélioration du comportement au frottement.
Boruration
La boruration consiste à diffuser du bore dans l’acier. La dureté obtenue est de l’ordre
de 2 000 unités Vickers, la plus élevée de toutes celles réalisées par traitements thermo-
chimiques de l’acier. De ce fait, la boruration confère à l’acier une très grande résistance
à l’usure, particulièrement par abrasion. Elle présente toutefois le handicap de se prati-
quer à haute température, entre 800 °C et 1 050 °C, et de nécessiter ultérieurement un
traitement de trempe et un revenu dans le cas de pièces à caractéristiques élevées dans
la masse.
Sulfuration
Les sulfurations à basse température consistent à introduire du soufre à la surface de
l’acier au cours d’opérations conduites entre 150 °C et 200 °C. Après sulfuration, les
pièces ne subissent pas d’autre traitement thermique. Les procédés les plus utilisés
sont :
• l’héparisation réalisée en milieu liquide entre 140 °C et 150 °C,
• le SULF-BT réalisé en bain d’électrolyse (pièces à l’anode) entre 185 °C et 195 °C,
• la sulfuration ionique exécutée à 200 °C.
158
4 • Aciers spéciaux de 4.4 Aciers spéciaux
construction mécanique pour traitement thermique
ALLIAGES FERREUX
d’aluminium qui vont contrôler la grosseur des grains de l’austénite. De la sorte, alumi-
nium et azote vont avoir une influence conjointe, en empêchant le grossissement des
grains γ et en diminuant donc, de ce fait, la trempabilité de l’acier dans une mesure qui
est loin d’être négligeable.
Le bore augmente la trempabilité des aciers dans des conditions particulières. Il n’agit,
bien entendu, que s’il se trouve en solution dans l’austénite, mais son action se fait sentir
pour de très faibles teneurs. Par exemple, pour un acier à 0,2 % de carbone, l’effet maxi-
mal est obtenu avec une teneur en bore de l’ordre de 0,002 % à 0,003 %. Cet effet du
bore sur la trempabilité des aciers décroît lorsque la teneur en carbone augmente. La
grande affinité du bore pour l’oxygène et l’azote exige une désoxydation très soignée du
métal liquide et la fixation de l’azote avant l’addition du bore, si l’on veut que celui-ci ne
soit pas neutralisé sous forme de précipités insolubles tels qu’oxydes ou nitrures.
Les éléments en solution solide de substitution constituent ce que l’on appelle commu-
nément les éléments d’alliage (manganèse, silicium, nickel, chrome, molybdène, vana-
dium, tungstène…). Ces éléments d’alliage modifient les limites du domaine de stabilité
de l’austénite, et donc les conditions d’austénitisation. On peut distinguer :
• les éléments gammagènes, tels que le nickel et le manganèse, qui augmentent la surface
de ce domaine et abaissent donc les températures d’austénitisation ;
• les éléments alphagènes dont le silicium, le chrome, le molybdène, le vanadium, le tungs-
tène, le titane, qui diminuent cette surface et élèvent les températures d’austénitisation.
Ils augmentent tous la trempabilité de l’acier à l’exception d’un seul d’entre eux, le cobalt,
dont l’addition la diminue. Les effets sur la trempabilité varient bien entendu avec la quan-
tité d’éléments mise en solution dans l’austénite, mais aussi avec l’identité de chaque
élément. Ainsi, à des teneurs semblables, le manganèse, le chrome et le molybdène
apportent une forte augmentation de la trempabilité alors que le nickel, le cuivre et le
silicium n’ont qu’une influence plus limitée.
Par ailleurs, certains éléments d’alliage ont, pour le carbone, une affinité supérieure à
celle du fer. Ces éléments peuvent alors participer à la précipitation du carbone sous
forme de carbures différents de la cémentite (surtout le molybdène, le vanadium, le
tungstène, le niobium, le titane et plus faiblement le chrome). Ainsi pourront être présents
des carbures contenant des proportions variables de fer et d’éléments d’alliage (M3C,
M7C3, M23C6, M6C) et/ou des carbures d’éléments d’alliage (Mo2C, V4C3, W2C…).
Lorsque les teneurs en éléments d’alliage sont peu élevées, il est possible de décrire, à
l’aide de formules assez simples, la relation qui lie la température de certains points de
transformation à la composition chimique de l’acier :
• AC1 (°C) : température à laquelle l’austénite commence à se transformer au cours du
chauffage :
AC1 = 723 - 10,7 (Mn %) - 16,9 (Ni %) + 29,1 (Si %) + 16,9 (Cr %) + 6,4 (W %) ;
159
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
4.5 Normalisation
L’adoption des normes européennes et leur homologation en France ont modifié la
normalisation des aciers spéciaux pour construction mécanique. Ce processus a donné
naissance à des normes de base qui ont donc reçu l’appellation NF EN. Cependant, un
certain nombre de normes spécifiques, souvent rattachées à des emplois particuliers,
n’ont pas encore leurs homologues en EN et conservent donc leur validité en tant que
norme française NF. De ce fait, la présentation du panorama de l’ensemble des normes
d’aciers spéciaux pour construction mécanique est un peu compliquée.
160
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
tions précises de prélèvement des éprouvettes :
• à l’état normalisé pour les aciers non alliés,
• à l’état traité pour tous les aciers.
Dans ce domaine, la norme introduit la notion de « section déterminante pour le traite-
ment thermique », par rapport à laquelle sont définies les caractéristiques mécaniques.
La dimension de cette section déterminante est donnée sous forme du diamètre d’une
barre ronde qui, à l’emplacement du prélèvement des éprouvettes, s’est refroidie lors de
la trempe, de même que l’emplacement de prélèvement des éprouvettes dans la section
du produit considéré.
• La norme donne également les valeurs de dureté à l’état adouci (TA) d’une part, et à l’état
traité pour une meilleure aptitude au cisaillage (TS) d’autre part.
Les nuances peuvent être commandées dans les états de livraison suivants :
• non traité (état brut de corroyage à chaud),
• traité pour une meilleure aptitude au cisaillage,
161
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
Aciers alliés
38 C 2 38Cr2
38 C 2 u 38CrS2
32 C 4 34Cr4
32 C 4 u 34CrS4
38 C 4 37Cr4
38 C 4 u 37CrS4
42 C 4 41Cr4
42 C 4 u 41CrS4
25 CD 4 25CrMo4
25 CD 4 u 25CrMoS4
34 CD 4 34CrMo4
34 CD 4 u 34CrMoS4
42 CD 4 42CrMo4
42 CD 4 u 42CrMoS4
30 CND 8 30CrNiMo8
35 NCD 16 36NiCrMo16
50 CV 4 51CrV4
• adouci,
• normalisé,
• trempé et revenu,
• autres.
162
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
• des larges plats,
• des tôles et des bandes laminées à chaud,
• des produits forgés,
en aciers spéciaux non alliés et alliés pour cémentation.
Le tableau 4.3 indique les équivalences admises entre « anciennes nuances » et
« nouvelles nuances ». Il ne faut toutefois pas oublier que les compositions chimiques
peuvent, parfois, différer sensiblement.
Par ailleurs, la norme indique les prescriptions relatives à la dureté des produits dans
certains des états de livraison qui sont proposés :
• non traité (état brut de corroyage à chaud),
• traité pour une meilleure aptitude au cisaillage (S) avec dureté maximale,
• recuit (A) avec dureté maximale,
• recuit (TH) avec fourchette de dureté,
• traité pour une structure ferrite-perlite (FP) avec fourchette de dureté,
• autres.
163
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
XC 10 C10E
XC 18 C16E
16 MC 5 16MnCr5
20 MC 5 20MnCr5
18 CD 4 18CrMo4
16 CN 6 17CrNi6 –6
10 NC 6 10NiCr5 – 4
20 NC 6 18NiCr5 –4
20 NCD 2 20NiCrMo2 – 2
18 NCD 6 17NiCrMo6 – 4
16 NCD 13 14NiCrMo13 – 4
acier de cémentation
13 MF 4 15SMn13
B
aciers pour trempe directe
ALLIAGES FERREUX
35 MF 6 36SMn14
35 MF 6 Pb 36SMnPb14
38 MF 5 38SMn28
38 MF 5 Pb 38SMnPb28
45 MF 6.3 44SMn28
NF A 35-563 : aciers spéciaux aptes aux traitements thermiques pour trempe après
chauffage superficiel
Cette norme définit comme aptes aux traitements thermiques par trempe après chauffage
superficiel des nuances non alliées et des nuances alliées des familles M6, C2, C4, CD4,
CV4, B, MB et CB de l’ancienne norme NF A 35-552. Ces nuances ont une teneur en
carbone supérieure ou égale à 0,34 % pour posséder une capacité de durcissement suffi-
sante. Par ailleurs, des garanties complémentaires sont imposées pour la teneur en
phosphore (moins de 0,025 %), l’indice de grosseur de grain austénitique (5 à 8) et la
dureté minimale sur couche trempée.
Les différentes compositions proposées permettent de faire varier la profondeur durcie
(en dehors des réglages du chauffage) par modification de la trempabilité.
165
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
166
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
Lorsque les aciers sont utilisés après trempe et revenu, ce dernier est toujours exécuté
à température élevée. Ainsi, la structure possède une stabilité suffisante pour éviter toute
évolution néfaste au cours de l’emploi à haute température.
ALLIAGES FERREUX
Pour les nuances pour emploi à des températures variables pouvant aller jusqu’à –196 °C
la norme précise :
• la composition chimique,
• les propriétés mécaniques à température ambiante réalisables sur barres traitées (avec
des KCV imposées à –196 °C).
167
4 • Aciers spéciaux de 4.5 Normalisation
construction mécanique
168
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
• 8 aciers spéciaux alliés.
Elle précise :
• la composition chimique à la coulée ou sur produit,
• la grosseur de grain (entre 5 et 8),
• la dureté et les caractéristiques de traction garanties à l’état recuit.
• les états de surface de livraison.
Des caractéristiques additionnelles peuvent être spécifiées après accord préalable à la
commande, notamment en ce qui concerne la propreté métallurgique et l’état structural.
Parmi ces 11 nuances, 6 trouvent pratiquement leur équivalence dans la norme NF EN
10084.
169
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
Les résultats publiés par Bain et Paxton permettent d’apprécier l’ampleur du durcisse-
ment secondaire apporté par de tels éléments après la trempe martensitique et le revenu
à 650 °C. Le gain en dureté d’un acier à 0,35 % de carbone ne contenant pas d’élément
carburigène est alors de l’ordre de :
• 38 HV pour une addition de 1 % de chrome,
• 54 HV pour une addition de 2 % de chrome,
• 84 HV pour une addition de 1 % de chrome et 0,25 % de molybdène,
• 104 HV pour une addition de 1 % de chrome et 1 % de molybdène,
• 138 HV pour une addition de 2 % de chrome et 1 % de molybdène.
Il est important de remarquer que si la trempe n’est pas totalement martensitique (par
défaut de refroidissement et/ou défaut de trempabilité), les performances de résistance
seront diminuées dans la section des pièces et plus à cœur qu’au voisinage de la
surface. Une telle évolution est décrite par le tracé d’une courbe en U qui représente les
variations de la dureté dans l’épaisseur de la pièce (figure 4.14).
La limite d’élasticité, dans la mesure où le revenu a été réalisé au-dessus de 500 °C, suit
une évolution assez parallèle à celle de la résistance à la traction. La figure 4.15 en
donne l’ordre de grandeur.
170
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.14 – Courbes en U après trempe à l’eau et revenu à 550 °C
de ronds de 100 mm de diamètre.
171
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
influence est donné par la figure 4.17 : l’augmentation de la teneur en soufre abaisse très
sensiblement la résilience en travers (augmentation de l’effet travers) et semble relever
sa température de transition.
Ces données expliquent la dispersion de l’allongement à rupture, de la striction et de la
résilience que montrent les figures 4.15 et 4.16. Ces caractéristiques dépendent du traite-
ment thermique par la capacité de durcissement et la trempabilité, mais varient aussi avec
les conditions d’élaboration. La figure 4.16, sur ce point, fait apparaître les conséquences
des progrès réalisés grâce à une meilleure maîtrise de l’état inclusionnaire.
4.6.3 Ténacité
À titre indicatif, la figure 4.16 décrit, en fonction de la résistance à la traction, les variations
du facteur d’intensité de contrainte K1C telles qu’on peut les apprécier à partir des résultats
expérimentaux de Bartélémy et de la corrélation proposée par Rolfe et Novak1. Si les carac-
téristiques de ténacité varient beaucoup avec la résistance de l’acier, elles sont aussi très
dépendantes de l’état inclusionnaire tout comme les caractéristiques de ductilité.
172
4 • Aciers spéciaux de 4.6 Propriétés d’usage
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.17 – Influence de la teneur en soufre sur la résilience
d’un acier XC 38 durci par trempe et revenu.
D’après Bartélémy, 1980.
État structural
Globalement, on admet que la ferrite et la martensite revenues à des températures supé-
rieures à 500 °C sont particulièrement performantes.
État inclusionnaire
Les inclusions peuvent faciliter l’amorçage et la propagation des fissures de fatigue et, donc,
affaiblir l’endurance. Cet effet fait intervenir la densité, la taille et la forme des inclusions. Ce
dernier paramètre met en jeu l’évolution des inclusions au cours de la mise en forme à
chaud et donc leur plasticité (avec possibilité de faire apparaître un effet « travers »).
Contrainte moyenne
Lorsque la contrainte moyenne augmente en traction, l’amplitude admissible des
contraintes dynamiques diminue. Inversement, en compression, cette amplitude admis-
sible augmente. Cet effet de la composante statique est décrit par des diagrammes
appropriés tels que le diagramme de Goodman-Smith.
Géométrie de la pièce
Sous ce terme, on inclut à la fois :
• la macrogéométrie, c’est-à-dire le dessin. Celui-ci intervient surtout par les effets
d’entailles que peuvent générer des variations de section qui perturbent le champ des
contraintes. Les concentrations de contraintes qui en résultent facilitent l’amorçage d’une
fissure de fatigue et altèrent donc la tenue de la pièce. Le dessin intervient aussi à travers
l’effet d’échelle ; des pièces semblables voient leur résistance à la fatigue diminuer quand
leur taille augmente ;
• la microgéométrie qui est due à l’état de surface et aux défauts superficiels. L’état de
surface, de par la rugosité, crée des microentailles dont l’effet est identique à celui des
macroentailles évoquées ci-dessus. Cet effet croît avec la résistance de l’acier. Les défauts
superficiels tels que criques, tapures, fissures de redressage, ont aussi des effets d’entaille
nocifs.
173
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
Mode de sollicitation
Des essais de fatigue, conduits dans différents conditions (flexion plane, flexion rotative,
traction-compression, torsion), ne conduisent pas aux mêmes valeurs de la limite d’endu-
rance. Des coefficients d’équivalence sont utilisés par les spécialistes.
Contraintes résiduelles
Les contraintes résiduelles présentes dans la pièce s’ajoutent algébriquement à la
contrainte moyenne et sont donc susceptibles d’affecter la tenue à la fatigue comme indi-
qué ci-dessus.
Environnement
Deux facteurs importants doivent être pris en compte :
• l’agressivité chimique du milieu qui, en provoquant un processus de corrosion, diminue la
résistance à la fatigue : la courbe de Wölher ne présente plus d’asymptote et l’on parle
alors de « caractéristiques de fatigue à x cycles » ;
• la température : la limite d’endurance évolue comme la résistance à la traction, s’abais-
sant donc quand la température s’élève. Par ailleurs, au-delà d’une limite dépendant de
l’acier, le phénomène de fluage peut aussi intervenir.
Détermination de la limite d’endurance
Globalement il a été constaté que la limite d’endurance déterminée en flexion rotative
est liée à la résistance à la traction d’un acier. Différentes formules empiriques ont été
proposées dont celles établies par le CETIM :
• avec un risque de rupture de 50 %,
σD = Rm (0,58 – 1,1 X 10–4 Rm) ;
• avec un risque de rupture de 10 %,
σD = Rm (0,56 – 1,4 X 10–4 Rm) ;
• avec un risque de rupture de 2,3 %,
σD = Rm (0,55 – 1,6 X 10–4 Rm).
Il est habituel, en matière de fatigue de parler du rapport
σD
-------
-
Rm
dont la valeur, pour les aciers, est généralement admise comme comprise entre 0,45 et
0,55 pour un risque de rupture de 50 %.
Par ailleurs, tous les traitements superficiels qui augmentent la résistance de l’acier et
créent des contraintes résiduelles de compression élèvent la limite d’endurance. Parmi
ces traitements superficiels, on compte non seulement la trempe superficielle, la cémen-
tation, la carbonitruration et la nitruration, mais aussi le grenaillage de précontrainte, le
galetage, le martelage.
174
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
4.7.1 Formage
Le formage est réalisé, sans enlèvement de métal, par déformation plastique de l’acier.
Une telle opération peut être réalisée dans trois domaines de température :
• à chaud, c’est-à-dire à des températures supérieures à AC3, l’acier, alors à l’état austéni-
tique, est de ce fait très déformable,
• à tiède ou à mi-chaud, c’est-à-dire entre 550 °C environ et AC1 ;
• à froid, c’est-à-dire à la température ambiante ou légèrement au-dessus.
Formage à chaud B
Seuls seront évoqués ici les aspects qui mettent en cause les propriétés et le comporte-
ALLIAGES FERREUX
ment des aciers.
Structure initiale
L’acier resté brut de solidification avant le forgeage conserve sa structure dendritique
(basaltique au voisinage de la peau, équiaxe dans la masse) avec les défauts inhérents
à cette dernière :
• des grains grossiers qui ont la taille des dendrites ;
• des ségrégations mineures qui affectent le volume de chaque dendrite ;
• des rassemblements d’impuretés aux joints interdendritiques avec notamment la
présence de sulfures ;
• des porosités qui sont en fait des microretassures interdendritiques généralement closes
et donc non oxydées ;
• parfois des fissures voisines de la peau, qui débouchent à l’atmosphère et dont les faces
sont oxydées.
Chauffage
Le chauffage à haute température avant le forgeage engendre un grossissement du
grain γ.
175
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
Conséquences
En conséquence on peut noter les points suivants.
Il est intéressant de forger un acier qui soit le plus homogène possible avec peu d’inclu-
sions (et des inclusions peu plastiques). Cette homogénéité initiale peut être obtenue en
forgeant des demi-produits déjà laminés.
La profondeur des défauts de surface doit être limitée afin de permettre leur élimination
lors du chauffage et de la formation de la couche de calamine.
La déformation doit être suffisante pour refermer les porosités, affiner le grain et faciliter
l’homogénéisation en diminuant les distances sur lesquelles doit se faire la diffusion
(allongement et donc amincissement des dendrites). Pour apprécier son importance, on
détermine le taux de corroyage S0/S, rapport de la section initiale S0 à la section finale
S. L’expérience a montré qu’un taux de 4 à 10 était nécessaire pour du métal brut de
solidification en lingotière. Ce taux n’est par contre que de 3 à 7 pour du métal issu de
coulée continue. Par ailleurs, en forgeage, il faut tenir compte des irrégularités locales du
taux de corroyage dues aux variations de forme de la pièce forgée. Cela peut conduire
à réaliser au cours de la même opération, dans les zones peu déformées, un préforgeage
qui assure le corroyage nécessaire.
Il peut être utile, pour affiner le grain austénitique du métal, et donc aussi son grain après
transformation, de provoquer une recristallisation et, pour ce faire, de forger et surtout de
finir le forgeage à relativement basse température.
Il est possible, à la fin de l’opération de forgeage, de réaliser un refroidissement judicieu-
sement choisi pour obtenir la structure visée (traitement thermique dit « dans la chaude
de forge » et éviter ainsi d’avoir recours à un traitement thermique ultérieur). Pour ce
faire, il est souhaitable de choisir des conditions de forgeage qui permettront d’obtenir un
grain correctement affiné et de procéder ensuite, dès la fin du forgeage pour éviter un
nouveau grossissement du grain au cours d’un séjour à haute température.
Le fibrage est une traduction des agrégations. De par son orientation, il participe à la dété-
rioration des propriétés dans le sens travers du métal et de ce fait ne peut être considéré
comme une qualité que lorsque la pièce n’est pas sollicitée selon cette direction.
Quand le métal est porté à haute température, la réaction avec l’air ambiant (oxydation
et décarburation) peut altérer sa surface.
Formage à froid
Toujours obtenu par écoulement plastique du métal, le formage à froid exige certaines
qualités du métal.
176
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
L’acier doit, tout d’abord, être très malléable. En général, il est admis que cette qualité
est obtenue si la limite d’élasticité est minimale. Pour ce faire, la structure de l’acier doit
être constituée par de la ferrite en proportion maximale et des carbures le plus possible
coalescés car leur globulisation réduit leur effet durcissant. Plus que par le niveau de la
limite d’élasticité, le résultat est généralement jugé à partir de la résistance à la traction.
Par exemple, Mathon a défini la résistance minimale théorique à laquelle doit conduire
un tel traitement de globulisation :
Rm (N/mm2) = 226 + [294 Cu % + 147 Si % + 44 Ni % + 108 Mn % (1 – C %)]
/ [1 – 0,15 C %] + 225 [C % – 0,1]
Ce résultat met en évidence l’effet nocif des éléments qui subsistent en solution solide
B
dans la ferrite et la durcissent. Un acier destiné au formage à froid doit donc contenir le
ALLIAGES FERREUX
minimum de cuivre, de silicium et de phosphore et, dans la mesure du possible de
manganèse et de nickel. La malléabilité des aciers dépend aussi de leur état inclusion-
naire. Des inclusions d’alumine (en alignements) et de sulfures (déformés au cours du
laminage à chaud) constituent, au cours du formage à froid, des sites d’amorçage de
fissures qui peuvent entraîner le rebut de la pièce mais aussi sa rupture en cours de
fabrication. Pour améliorer la malléabilité des aciers, les sidérurgistes diminuent donc la
teneur en oxygène du métal liquide (métallurgie en poche) et traitent l’acier liquide avec
des produits à base de calcium. Ceux-ci transforment les inclusions d’alumine en alumi-
nates de chaux moins nocifs et réduisent la teneur en soufre. Il n’est toutefois pas possi-
ble de supprimer totalement tout ajout d’aluminium qui doit intervenir dans le calmage de
l’acier en lieu et place du silicium prohibé pour sa capacité de durcissement de la ferrite.
L’acier doit présenter un état de surface convenable (défini par les normes). En effet, les
défauts superficiels tels que lignes, fissures, rayures, traces de manutention, constituent
des amorces de fissuration qui peuvent compromettre la mise en forme.
Les produits en acier dans lesquels sont découpés les lopins doivent avoir une géométrie
précise afin de limiter les écarts de masse et donc des écarts dimensionnels importants sur
les pièces. On évite ainsi de soumettre les outillages à des efforts exagérés en cas d’excès
de métal. Les produits sont préparés par étirage qui améliore la précision géométrique de
la section (mais l’acier durcit par écrouissage) ou par écroûtage qui offre l’avantage de
parvenir à la fois à une géométrie plus précise et à une suppression des défauts de surface.
L’acier doit être traité superficiellement pour améliorer son comportement au frottement
dans les outillages sous les hautes pressions qui apparaissent. En général il est phos-
phaté ; la couche de phosphate (de zinc ou de manganèse) est déjà lubrifiante par elle-
même, elle a aussi l’avantage de retenir les produits lubrifiants apportés pendant le
formage.
Si l’acier s’est trop écroui pendant le formage ou s’il doit être adouci, il est nécessaire de
procéder à un traitement de régénération qui sera, selon les performances attendues,
soit un traitement de restauration (vers 500 °C), soit un traitement de recristallisation
(entre 650 °C et AC1).
177
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
4.7.2 Usinage
Seuls seront évoqués ici les aspects qui mettent en cause les propriétés et le comporte-
ment des aciers, c’est-à-dire leur usinabilité.
Globalement, l’usinabilité décroît quand la dureté de l’acier (qui dépend de l’état structu-
ral) augmente. À dureté égale, les constituants et leur morphologie ont une influence sur
l’état de surface.
L’état inclusionnaire est de loin le facteur le plus important. On peut analyser son
influence en distinguant le type des inclusions : sulfures, plomb ou oxydes.
L’influence des sulfures est déterminante. De faibles variations de la teneur en soufre
font évoluer l’usinabilité dans des proportions importantes (la variation relative est
d’autant plus forte que la teneur en soufre est faible). Mais l’addition du soufre affecte
sensiblement la plasticité de l’acier dans le sens travers ; cet effet néfaste peut être
corrigé si le sidérurgiste fait en sorte que les sulfures soient globulaires.
Le plomb est utilisé pour améliorer l’usinabilité des aciers. En effet, il est pratiquement
insoluble dans le fer et constitue donc des inclusions métalliques dont l’effet est voisin
de celui des sulfures, avec une action de lubrification plus marquée. Difficiles à fabriquer
car les inclusions de plomb doivent être fines et bien dispersées dans toute la masse du
métal, ces aciers sont aussi sensibles à un effet de travers.
Les oxydes constituent des inclusions plus ou moins abrasives. Ils interviennent, en ce
qui concerne l’usinabilité :
• comme élément destructeur de l’outil par abrasion, c’est le cas surtout des inclusions à
base d’alumine ;
• comme élément protecteur des outils en carbures, c’est le cas notamment des silicates.
Aux grandes vitesses de coupe, la température régnant à l’interface outil-copeau est
voisine de la température de ramollissement de ces inclusions. Ces dernières constituent
alors un dépôt adhérent et protecteur à la surface de l’outil et ralentissent de ce fait son
abrasion par le copeau.
Ces remarques conduiraient à rejeter l’aluminium comme élément intervenant au cours
de l’élaboration de l’acier, mais son emploi présente des avantages importants. Une solu-
tion consiste en un traitement du métal liquide par le calcium qui modifie la morphologie
de l’alumine et engendre, par ailleurs, la formation d’inclusions mixtes dans lesquelles
l’alumine est enrobée par les sulfures.
Diverses solutions sont proposées à l’usineur soucieux de disposer d’aciers facilement
usinables :
• possibilité de livraison, à la demande, d’aciers traités thermiquement pour usinage ou
d’aciers adoucis ;
• possibilité, sur accord à la commande, d’obtenir une fourniture d’aciers à usinabilité
améliorée :
178
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
– avec une teneur en soufre sur produit comprise entre 0,020 % et 0,040 % (série R)
avec addition de 0,15 % à 0,25 % de plomb et possibilité d’un traitement des oxydes
par le calcium,
– avec une teneur en soufre sur produit comprise entre 0,06 % et 0,100 % avec globu-
lisation des sulfures et possibilité d’un traitement des oxydes par le calcium (et éven-
tuellement addition de plomb). La globulisation des sulfures est indispensable pour
conserver au métal les propriétés garanties avec des teneurs en soufre plus faibles ;
• possibilité d’approvisionner des aciers spéciaux de décolletage définis par la norme NF
EN 10087 en n’oubliant pas qu’ici l’addition massive d’éléments favorisant l’usinabilité
affecte certaines des propriétés d’emploi de l’acier (notamment dans le sens travers du
laminage). Ces aciers ne sont pas normalement soudables.
B
ALLIAGES FERREUX
Les nouvelles normes NF EN 10083 et NF EN 10084 ne définissent que les nuances
à basse teneur en soufre (S ≤ 0,035 %, suffixe E) et à teneur en soufre contrôlée
(0,020 % ≤ S ≤ 0,040 %, suffixe R). Elles laissent la possibilité de commander des nuan-
ces dont l’usinabilité a été améliorée soit par addition de plomb, soit par une teneur en
soufre plus élevée que 0,040 %, pouvant aller jusqu’à 0,100 % avec formation contrôlée
de sulfure et d’oxydes, par exemple par traitement au calcium. Les conditions d’une telle
livraison doivent être définies à la commande (l’utilisateur doit préciser ses exigences).
Le fascicule de documentation FD A 35-550 rassemble des indications sur l’usinabilité
de certains aciers spéciaux non alliés et alliés de construction pour cémentation et pour
traitement thermique. Il donne des indices d’usinabilité (base 100 pour XC 48) par rapport
aux possibilités qu’offraient les normes NF A 35-551 et NF A 35-552 :
• pour les aciers contenant 0,020 % à 0,040 % de soufre :
– sans traitement spécial sans plomb, nuance u = q devenue R,
– sans traitement spécial avec plomb (0,15 % à 0,25 %), nuance qPb,
– avec globulisation des sulfures sans plomb, nuance q1,
– avec globulisation des sulfures avec plomb (0,15 % à 0,25 %), nuance q1Pb,
– avec globulisation des sulfures et traitement des oxydes sans plomb, nuance q2,
– avec globulisation des sulfures et traitement des oxydes avec plomb (0,15 % à
0,25 %), nuance q2Pb ;
• pour les aciers contenant 0,060 % à 0,100 % de soufre :
– sans traitement spécial sans plomb, nuance q,
– avec globulisation des sulfures sans plomb, nuance r1,
– avec globulisation des sulfures avec plomb (0,15 % à 0,25 %), nuance r1Pb,
– avec globulisation des sulfures et traitement des oxydes sans plomb, nuance r2,
– avec globulisation des sulfures et traitement des oxydes avec plomb (0,15 % à
0,25 %), nuance r2Pb.
Le fascicule de documentation FD A 35-550 distingue l’usinage avec outil en acier rapide
et l’usinage avec outil en carbure :
• pour l’usinage avec outil en acier rapide, il classe les nuances dans l’ordre d’indice crois-
sant (et donc d’usinabilité croissante) suivant :
– les nuances u (devenues R), q1 et q2 (qui sont équivalentes),
– les nuances qPb, r1 et r2 (qui sont équivalentes),
– les nuances r1Pb ;
• pour l’usinage avec outil en carbure, il classe les nuances dans l’ordre d’indice croissant
(et donc d’usinabilité croissante) suivant :
– les nuances u (devenues R) et q1 (qui sont équivalentes),
– les nuances r1,
– les nuances q2,
179
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
180
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
Figure 4.18 – Conditions de préchauffage et de postchauffage des aciers
lors du soudage à l’arc.
qui limite l’amplitude des déformations et le niveau des contraintes résiduelles. Leur
apport nul (FE sous vide) ou faible en hydrogène (laser) aide à éviter la fissuration à froid.
Par ailleurs, ils peuvent convenir (surtout le FE) pour le soudage de pièces de géométrie
complexe. Ces procédés s’appliquent à tous les aciers considérés ici.
Soudage par friction
Ce procédé, très utilisé en mécanique, exige qu’une des deux parties de l’assemblage
soit constituée d’une pièce qui puisse être mise en rotation. Le joint ne contient pas de
métal brut de solidification, ce qui améliore ses performances mécaniques.
Le soudage par friction exige par ailleurs un usinage pour enlever le bourrelet. Il s’appli-
que à tous les aciers considérés ici et permet de réaliser des soudages hétérogènes.
Soudage par résistance
Le procédé de soudage en bout par étincelage est très utilisé en mécanique. Il autorise
le soudage de fortes sections avec des cycles thermiques relativement lents. Le risque
de formation de structures peu ductiles (compte tenu de certaines teneurs en carbone)
est donc atténué, mais le grossissement des grains dans la ZAC peut être important. Le
traitement thermique final permet de résorber ce défaut.
Le soudage par résistance exige par ailleurs une opération d’usinage pour éliminer le
bourrelet formé lors du refoulement. Il s’applique à tous les aciers considérés ici et auto-
rise les soudages hétérogènes.
4.7.4 Traitements thermiques préparatoires à la mise en œuvre
Si certains traitements thermiques confèrent leurs propriétés d’emploi aux aciers de
construction mécanique, les traitements thermiques d’adoucissement, au contraire, ont
181
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
pour objet d’adoucir le métal pour faciliter sa mise en œuvre. On peut distinguer ici diffé-
rentes procédures convenant chacune à des conditions de mise en œuvre particulières.
182
4 • Aciers spéciaux de 4.7 Propriétés de mise en œuvre
construction mécanique
Ce résultat sera acquis en faisant subir à l’acier un traitement d’affinage structural qui
comprendra, généralement, un chauffage jusqu’à une température juste suffisante pour
que l’austénitisation soit complète, suivi d’un refroidissement dans des conditions conve-
nables pour obtenir une structure ferrite-perlite fine. Souvent, pour des aciers non ou peu
alliés, le refroidissement à l’air satisfait aux conditions imposées et l’on dit alors que l’on
réalise une normalisation.
ALLIAGES FERREUX
Ce traitement réalisé par trempe et revenu est destiné à donner à l’acier ses propriétés
d’emploi dans toute la section de la pièce si celle-ci travaille en traction ou en compression.
Mais si la pièce ne travaille qu’en flexion ou en torsion, le durcissement maximal n’est pas
nécessaire dans toute la section. Il suffit dans ce cas qu’il affecte la « couche » extérieure
comprise entre la surface et la mi-épaisseur1. Sur le plan pratique, ceci conduit à prendre
en compte la trempabilité de l’acier et les possibilités de refroidissement de la pièce et donc :
• d’une part, la taille et la forme de la pièce. On retrouve ici la notion d’effet de masse lié à
la conductivité thermique des aciers : les différences relatives des conditions de refroidis-
sement entre peau et cœur sont d’autant plus grandes que la section est plus forte et que
le refroidissement est plus énergique ;
• d’autre part, l’efficacité des moyens de refroidissement que l’on peut utiliser lors de la
trempe. Cette efficacité fait intervenir le pouvoir refroidissant, propriété difficile à quantifier
(on se réfère parfois à la sévérité de trempe, notion sommaire, mais qui permet des compa-
raisons significatives et utiles).
Les différences de refroidissement dans la section d’une pièce créent des écarts de
température qui vont être responsables :
• de déformations dues aux différences de dilatation,
• de décalages chronologiques dans le déroulement des transformations et, donc dans
l’apparition des anomalies de dilatation correspondantes.
Ces phénomènes engendrent d’une part des déformations irréversibles des pièces,
d’autre part des contraintes propres susceptibles de provoquer éventuellement des tapu-
res, et cela d’autant plus que le refroidissement est rapide et la section des pièces impor-
tante. Pour pallier ces difficultés, on peut envisager deux solutions :
• choisir une nuance requérant des conditions de refroidissement moins sévères, c’est-à-
dire une nuance dont la trempabilité soit plus grande (acier plus trempant). Mais ceci impli-
que une dépense supplémentaire due à l’utilisation d’un ajout plus important d’éléments
d’alliage dans l’acier ;
• réaliser une trempe étagée martensitique, au cours de laquelle on interrompt momenta-
nément le refroidissement par un maintien dans un milieu à température légèrement supé-
rieure à Ms, la durée de ce maintien étant assez courte pour éviter toute transformation de
l’austénite en bainite. On réduit ainsi les écarts de température dans les pièces avant de
réaliser la transformation martensitique au cours du refroidissement qui suit. Le diagramme
TRC permet de définir les conditions de refroidissement qui éviteront toute transformation
γ → α avant l’arrivée à la température de maintien choisie, et donc aussi de juger de la
183
4 • Aciers spéciaux de 4.8 Choix des aciers
construction mécanique
Teneur en carbone
La teneur en carbone est directement responsable de l’ampleur du durcissement
puisqu’elle définit la quantité de carbures qui précipitera.
184
4 • Aciers spéciaux de 4.8 Choix des aciers
construction mécanique
ALLIAGES FERREUX
que. En effet, l’acier qui travaille « à chaud » est soumis à un maintien à une température
de service qui, thermiquement, a toutes les caractéristiques d’un revenu. Pour que ce
maintien n’affecte pas les performances du métal, il est donc indispensable de faire préa-
lablement subir à l’acier un revenu qui stabilise suffisamment son état structural. Ce
revenu sera réalisé à une température sensiblement supérieure à la température de
service que l’on calcule avec la formule d’Hollomon et Jaffé :
F (dureté) = T (f (C %) + lg (t ))
où :
• T est la température de revenu (en K),
• t la durée du revenu (en heures),
• et f (C %) = 21,3 – 5,8 (C %).
Cette formule donne des indications sur les équivalences entre température de revenu
et durée du revenu. On voit ainsi, par exemple, si C % = 0,25, qu’un service de
10 000 heures à 475 °C équivaut à un revenu de 4 heures à 600 °C. La stabilité de la
structure sera donc assurée par la réalisation d’un revenu d’au moins 4 heures à une
température supérieure à 600 °C. De même un service de 100 000 heures à 500 °C
équivaut à un revenu de 10 heures à 650 °C ; la stabilité de la structure sera donc
assurée par la réalisation d’un revenu à une température supérieure à 650 °C. Dans
de tels cas, on aura recours au complément de durcissement que peuvent apporter
les éléments carburigènes (voir chapitre 1.3.2).
185
4 • Aciers spéciaux de 4.8 Choix des aciers
construction mécanique
minimales de revenu que devra subir la pièce. Par exemple, pour un service à la tempé-
rature ambiante, la température de revenu repère sera de 525 °C.
À partir de ces données, il pourra choisir les nuances qui, après revenu à la température
ainsi fixée, donnent les caractéristiques souhaitées. À ce stade, il devra consulter le
spécialiste qui sera ultérieurement chargé de l’exécution du traitement thermique afin de
sélectionner avec lui les nuances qui ont la trempabilité suffisante. Alors le choix pourra
être achevé en prenant en compte les coûts-matière et éventuellement les écarts de
coûts liés à des adaptations particulières des conditions de mise en œuvre et notamment
de traitement thermique.
Cette coopération avec le responsable du traitement thermique est indispensable. Elle
peut être préparée en utilisant des données particulières qui permettent d’approcher la
solution, mais qui restent généralement insuffisantes car elles ne prennent pas en
compte la complexité de la géométrie d’une pièce. Ainsi le mécanicien peut s’aider de
documents tels que :
• les figures 4.19 (aciers de la norme NF EN 10083) et 4.20 (aciers de la norme NF EN
10084) qui situent les nuances normalisées dans un système de coordonnées qui
reprend les deux principaux paramètres de l’acier ; teneur en carbone et trempabilité ;
• le tableau 4.5 qui donne les limites d’emploi des différentes nuances normalisées pour la
réalisation de cylindres traités dans la masse ou dans une partie seulement de leur section.
186
4 • Aciers spéciaux de 4.8 Choix des aciers
construction mécanique
Tableau 4.5 – Estimation approximative des diamètres maximaux de cylindres (en mm)
pour trempe à l’eau et à l’huile.
Nuance eau (H = 0,08 mm–1) huile (H = 0,015 mm–1) eau (H = 0,08 mm–1) huile (H = 0,015 mm–1)
Pour une résistance Rm de 850 à 1 000 N/mm2 après revenu à 550°C
C22
20MnB5
12
25
4
9
14
29
4
9 B
ALLIAGES FERREUX
Pour une résistance Rm de 875 à 1 075 N/mm2 après revenu à 550°C
C25 14 4 16 4
C30 17 5 19 5
28Mn6 25 9 28 9
30MnB5 30 11 35 11
25CrMo4 35 13 40 14
27MnCrB5-2 39 15 46 16
30CrNiMo8 149 77 193 83
C35 18 6 21 6
34Cr4 26 9 30 9
34CrMo4 41 16 48 17
33MnCrB5-2 44 17 52 18
36CrNiMo4 56 23 67 24
34CrNiMo6 93 43 116 46
36NiCrMo16 237 135 321 150
C40 20 6 22 7
C45 21 7 24 7
C50 24 8 27 9
38Cr2 24 8 28 9
46Cr2 27 9 31 10
37Cr4 29 10 33 11
38MnB5 32 12 38 12
41Cr4 33 12 38 13
42CrMo4 47 18 55 20
50CrMo4 49 20 59 21
39MnCrB6-2 51 21 61 22
51CrV4 57 24 68 25
C55 25 9 29 9
C60 27 9 30 10
Ces données ne doivent être considérées que comme des indications qui permettent
d’orienter un choix. Des modifications de la température de revenu peuvent faire passer
une nuance d’une gamme de résistance à la traction à une autre.
187
4 • Aciers spéciaux de 4.9 Évolution des aciers spéciaux
construction mécanique
188
4 • Aciers spéciaux de 4.10 Renseignements pratiques
construction mécanique
Actuellement on ne peut pas considérer que les emplois des aciers sont toujours optimi-
sés pour en tirer les meilleures performances. Des progrès devront être réalisés aussi
bien lors du choix que lors de la mise en œuvre (l’acier est un vieux matériau que l’on
croit bien maîtriser et face auquel on a de vieilles habitudes…).
Cet aspect de l’utilisation des aciers est encore compliqué par la nécessité de prendre
en compte tous les traitements qui modifient leurs propriétés superficielles. L’évolution
de tous ces traitements, rapide et particulièrement intéressante, conduit non seulement
à des performances plus élevées, mais peut aussi induire des gains de masse et de coût-
matière. Elle peut demander une conception adaptée des pièces.
Par ailleurs les techniques modernes de dépôt peuvent permettre la réalisation de multi-
B
matériaux constitués :
ALLIAGES FERREUX
• d’un métal de base assurant la résistance aux efforts mécaniques répartis dans la masse
ou dans une partie de celle-ci,
• de couches, chacune apportant une propriété superficielle que le métal de base n’est plus
chargé d’assumer.
Les possibilités sont ici très variées et très prometteuses.
Enfin, lorsque la fabrication d’une pièce passe par une opération de mise en forme à chaud,
il est toujours utile d’examiner s’il est possible de profiter du fait que l’acier, après celle-ci,
est à l’état austénitique pour réaliser un refroidissement adapté qui conférera au métal une
structure apte à faciliter les opérations ultérieures de mise en œuvre (acquisition d’un état
adouci) ou la structure finale d’emploi (le refroidissement après mise en forme à chaud sera
alors une trempe qui devra être suivie d’un revenu). Il y a là une source de gain de temps
et d’économie. Mais il sera alors nécessaire que le réalisateur du formage à chaud adapte
les conditions pour obtenir, en fin d’opération, une austénite à grains fins.
189
4 • Aciers spéciaux de 4.10 Renseignements pratiques
construction mécanique
190
4 • Aciers spéciaux de 4.10 Renseignements pratiques
construction mécanique
Tél. : 01 45 38 63 00
Fax : 01 45 38 63 30
Rives
BP 60, 38140 RIVES-SUR-FURE
Tél. : 04 76 91 42 44
Fax : 04 76 65 37 75
Sociétés de négoce filiales de sociétés sidérurgiques
CLI Paris
Immeuble Pacific, 13 cours Valmy B
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
ALLIAGES FERREUX
Tél. : 01 41 25 95 00
Fax : 01 41 25 95 88
Datec
265 ter, chaussée Jules-César
95250 BEAUCHAMPS-SUR-OISE
Tél. : 01 30 40 35 00
Fax : 01 30 40 35 97
IMS Abraservice
ZI chemin du Jacloret
95820 BRUYÈRES-SUR-OISE
Tél. : 01 39 37 41 00
Fax : 01 39 37 75 20
Mécacier
BP 14, 77290 MITRY-MORY
Tél. : 01 64 67 50 67
Fax : 01 64 67 82 92
Ugine Service
Immeuble Pacific, TSA 30003
92070 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 41 25 60 00
Fax : 01 41 25 60 24
4.10.2 Bibliographie
Ouvrages généraux
LACY C.E., GENSAMER M. – Trans. A.S.M. vol. 32, 1944.
BAIN E.C., PAXTON H.W. – Les éléments d’addition dans l’acier, Dunod, 1968.
BARTHELEMY (B.) – Notions pratiques de mécanique de la rupture, Eyrolles, 1980.
MATHON P. – Formages Matériaux, vol. 1 et 2, 1969.
ROLFE, NOVAK – Slow-bend K1C Testing of Medium-Strengh Hightoughness Steels,
ASTM STP 463, 1970.
Les aciers spéciaux, Lavoisier, Tec & Doc.
Techniques de l’Ingénieur, volume M2-1, chapitres M 300, M 302, M 315 et M 318.
Steel, Verein Deutscher Eisenhüttenleute.
Revues
Matériaux et Techniques
Traitement Thermique
Courrier Technique de l’OTUA
191
4 • Aciers spéciaux de 4.10 Renseignements pratiques
construction mécanique
192
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
5 • ACIERS INOXYDABLES
ALLIAGES FERREUX
ACIERS D’OUTILLAGE Michel Colombié
Les aciers inoxydables ont été mis au point pour résoudre les problèmes de corrosion
humide posés par les alliages ferreux. Développés industriellement à partir du début du
vingtième siècle, la croissance de leur production se poursuit régulièrement.
Ces aciers inoxydables, pour des raisons précisées ultérieurement, sont définis comme
des aciers titrant plus de 10,5 % de chrome, moins de 1,2 % de carbone et contenant
éventuellement d’autres éléments d’alliages (norme européenne NF EN 10088-1).
Il s’agit donc d’aciers spéciaux très alliés. Dans la normalisation européenne (NF EN
10027) ils sont donc désignés :
– Symboliquement par la lettre X suivie de la teneur en carbone multipliée par 100, des
principaux éléments d’alliage selon les symboles de la chimie et de leur concentration en
pour-cent (par exemple : X6CrNi18-10). Ces dénominations sont précédées de la lettre G
pour les produits moulés. À titre d’information, rappelons que cela correspond à l’ancienne
dénomination française Z6CN18-10, qui était suivie de la lettre M pour les nuances moulées.
– De façon alphanumérique par le chiffre 1 suivi de deux chiffres indiquant la famille d’acier
et d’un numéro d’ordre à deux chiffres. Dans le cas des aciers inoxydables, les familles
d’aciers sont toutes de 40 à 49. Leur désignation sera donc toujours du type 1.4XXX (par
exemple, 1.4308 = X5CrNi19-10).
Dans la normalisation des États Unis que l’on rencontre souvent, les aciers inoxydables :
– de type Fe-Cr sont désignés par un chiffre de la série 400 (exemple AISI 430),
– de type Fe-Cr-Ni sont désignés par un chiffre de la série 300 (exemple AISI 316).
193
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
comme précisées par ailleurs (voir 1.6), à l’intersection des courbes cathodique et anodi-
que. Dans le cas présent (figure 5.1) le métal ne résiste à la corrosion que si cette inter-
section est située sur le palier de passivité.
I NO
NO 3H
co
3H nc
dil en
ué tr é
SO
4
H2 E
Passivité
I
Cr = 11 %
Cr = 13 %
Cr = 18 %
Cr
Cr = 20 % E
194
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
ALLIAGES FERREUX
En revanche, contrairement au cas de la corrosion humide, ce ne sont pas les seuls. Ils
ne sont pas spécifiques ; d’autres nuances peuvent être envisagées.
5.1.2 Rappels de métallurgie
Diagramme fer-chrome
Sur l’axe des ordonnées du diagramme Fe-Cr (figure 5.3), on retrouve, bien entendu, les
températures de transformation du fer :
– 910 ˚C pour la transformation Fe α → Fe γ,
– 1 390 ˚C pour la transformation Fe γ → Fe δ.
On notera que le domaine d’existence de l’austénite, ou boucle γ est d’autant plus faible
que la teneur en chrome est élevée. Par conséquent, le chrome favorise l’existence du
fer α cubique centré ; il est dit alphagène. Cela est dû à un phénomène classique
d’isomorphisme, le chrome ayant une structure cubique centrée comme le fer α.
En l’absence de carbone, au-delà de 11 % Cr environ, la phase γ disparaît complète-
ment. Par contre, si l’on ajoute du carbone, cette boucle γ augmente (figure 5.4).
L’azote joue d’ailleurs le même rôle. Les éléments carbone et azote favorisent donc la phase
austénitique ; ce sont des éléments gammagènes. On notera donc que selon les teneurs
respectives en chrome et en carbone, on peut ou non passer à l’intérieur de la boucle γ.
Dans la partie basse du diagramme fer-chrome, entre 600 et 880 ˚C (figure 5.5), apparaît
une nouvelle phase appelée phase σ de composition comprise entre 45 et 50 % de
chrome. Ce composé de structure quadratique complexe est extrêmement fragile. En
dessous de 520 ˚C se produit une démixtion, c’est-à-dire une décomposition de la phase
α cubique centrée en deux phases α et α’ de même structure, cubique centrée, mais de
teneurs en chrome très différentes. Dans le domaine de composition qui nous intéresse,
c’est-à-dire à moins de 25 % Cr, cette réaction se produit par apparition de précipités fins
de phase α’ dans la solution solide α. Cela produit naturellement un effet de durcissement
structural qui, s’il est très poussé, entraîne une fragilisation importante.
En résumé, ces deux réactions ont pour effet de fortement fragiliser ces alliages à des
températures inférieures à 800-850 ˚C. Toutefois, leurs cinétiques sont relativement
lentes ; ces transformations ne se produisent pas, en pratique, pour les vitesses de refroi-
dissement habituelles (seules doivent être surveillées les très grosses pièces refroidies
très lentement à cœur). Par contre, lors de fonctionnements ou de maintiens de plus
longue durée (plusieurs dizaines d’heures), il faut s’attendre à un effet fragilisant très
important.
Diagramme fer-nickel
À l'inverse du précédent, le diagramme fer-nickel (figure 5.6) montre que le domaine
d’existence de la phase γ augmente avec la teneur en nickel. Le nickel est donc un nouvel
195
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
196
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
(C + N) = 0,13 %
1 500
Température (°C )
1 400
1 300 (C + N) = 0,07 %
1 200 (C + N) = 0,03 %
1 100
A A C = 0,005 %
B
+
N = 0,009 %
ALLIAGES FERREUX
F
1 000
F
900
800
0 5 10 15 20 25
Teneur en chrome (%)
900
Température (°C )
800
α σ α'
700
α+σ σ + α'
600
500
α + α'
400
0 20 40 60 80 100
Teneur en chrome (%)
197
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
198
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
À partir d’équivalent chrome Cr* pour les éléments alphagènes et d’équivalent nickel Ni*
pour les éléments gammagènes, le diagramme de Pryce et Andrew permet de prévoir
les structures d’équilibre à 1 100 ˚C (figure 5.8).
Ni*
16
14
12 B
γ α+
=γ
10
ALLIAGES FERREUX
8 % %
6 0% 5% 10 20
α= α= α= α=
4
2
0
10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 Cr*
Cr* = Cr + 3Si + Mo
Ni* = Ni + 0,5Mn + 21C + 11,5N
Transformations martensitiques
Au même titre que les autres aciers, les inoxydables peuvent subir une transformation
martensitique depuis la phase austénitique. La martensite obtenue est en général de
type α, quadratique ; pour les nuances les plus chargées, il se forme une martensite ε,
de structure hexagonale et amagnétique.
Les températures MS de début de transformation martensitique dépendent des éléments
d’alliages :
MS (˚C) = 1 302 – 1 667(C + N) – 42Cr – 61Ni – 33Mn – 28Si
On notera, comme il fallait s’y attendre, que tous les éléments d’alliage alpha- ou gamma-
gènes abaissent MS. Ainsi, pour les nuances les plus chargées, sa valeur peut être très
basse, très inférieure à l’ambiante ou même proche de 0 K.
Pour les mêmes raisons, la partie en C des courbes TTT est fortement déplacée vers les
temps longs (voir 1.6). Par conséquent, les vitesses critiques de trempe ne sont en géné-
ral pas très élevées ; elles peuvent être très faibles (autotrempantes) pour les nuances
les plus chargées.
Précipitation de carbures
La présence inévitable de carbone peut donner lieu à la précipitation de carbures lors du
refroidissement. Compte tenu de la teneur en chrome, il s’agit en général de carbures
mixtes ; ils évoluent du type (Fe,Cr)3C, (Cr,Fe)7C3 jusqu’à (Cr,Fe)23C6 si la teneur en
chrome augmente.
199
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Nuances ferritiques
Les alliages fer-chrome sont ferritiques à toutes températures (figure 5.3), sous réserve
de ne pas traverser la boucle γ définie précédemment. Pour une teneur en chrome
donnée, il suffit pour cela que la concentration en carbone soit limitée. Ainsi s’expliquent
les deux familles d’aciers inoxydables dits ferritiques pour deux niveaux de chrome ; le
premier à basse teneur en chrome est bas de gamme en corrosion ; le deuxième au
contraire est considéré haut de gamme (tableau 5.2).
Dans tous les cas, ces nuances peuvent contenir des additions de molybdène pour
améliorer la résistance à la corrosion, du titane ou de l’aluminium pour augmenter le
caractère alphagène.
Nuances martensitiques
Pour obtenir une structure martensitique, il faut nécessairement, au contraire, entrer dans
la boucle γ pour tremper la structure austénitique. Par conséquent, la teneur en carbone
doit être d’autant plus forte que la concentration en chrome est élevée. Cela explique les
trois premières familles de nuances martensitiques (tableau 5.2).
Les teneurs en chrome augmentant, le premier est considéré comme bas de gamme en
corrosion, le deuxième a une résistance moyenne, le troisième est haut de gamme. Par
contre, on sait aussi que les martensites des aciers sont d’autant plus dures et fragiles
que leur teneur en carbone est élevée. Par suite, le premier groupe évoqué sera relati-
vement peu fragile, facile à mettre en œuvre, à souder ou à mouler par exemple ; le
deuxième sera beaucoup plus difficile à utiliser car plus fragile (soudage délicat avec pré-
et post-chauffage) ; quant au dernier, très fragile, il est très difficile à mettre en œuvre et
en particulier impossible à souder.
Ces trois familles ne présentent donc pas de composition haut de gamme en corrosion,
facile à mettre en œuvre. Cela explique la quatrième famille (tableau 5.2). On note une
teneur en chrome élevée, des concentrations en carbone basses. Une addition de nickel
remplace l’effet gammagène du carbone et agrandit la boucle γ.
Des additions éventuelles de molybdène et de cuivre ont pour but d’améliorer la résis-
tance à la corrosion.
Nuances austénitiques
On peut vérifier sur les figures 5.7 et 5.8 qu’une nuance titrant de l’ordre de 18 % Cr, 8 %
Ni, 0,06 % C est entièrement austénitique à 1 100 ˚C.
Un tel acier étant très chargé en éléments d’alliage, les courbes TRC sont fortement
déplacées vers les temps longs. Les vitesses critiques de trempe sont donc très faibles.
Par conséquent, même pour des refroidissements naturels, seule peut se produire la
transformation martensitique.
200
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Pour les mêmes raisons, la température MS est très inférieure à l’ambiante (figure 5.9).
Par conséquent, par refroidissement depuis 1050-1 100 ˚C, aucune transformation n’est
possible ; la phase austénitique γ sera donc maintenue métastable à l’ambiante.
On notera que la transformation martensitique se produit à basse température, en
dessous de MS. Par contre, (figure 5.9), on peut obtenir des valeurs de MS aussi faibles
que nécessaire en augmentant les éléments d’alliage, entre autres le nickel. Le
tableau 5.1 montre que la phase austénitique peut être maintenue, même pour des
températures proches de 0 K. Par suite, sous réserve de bien définir leur composition,
ces aciers inoxydables austénitiques peuvent être utilisés en cryogénie jusqu’aux très
basses températures.
B
ALLIAGES FERREUX
Tableau 5.1 – Température MS de différentes nuances austénitiques.
Composition (C + N ≈ 0,10) MS
Cr = 17,8 %
– 40 ˚C
Ni = 7,5 %
Cr = 17,5 %
– 196 ˚C
Ni = 8,3 %
Cr = 17,4 %
absent
Ni = 12,6 %
MS (°C)
20
0
– 100
– 200
4 6 8 10 12 % Ni
201
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Traitement
Familles Caractéristiques principales
de référence
Groupe 2
Limite élasticité > 250 MPa.
C < 0,10 % ; Cr = 16-18 % Trempe air
Résistance corrosion bonne à
X6Cr17 (Z8C17) (AISI 430) depuis
excellente. Soudable. Nuances
X6CrMo17-1 (Z8CD17-1) 800 ˚C
haut de gamme.
X3CrTi17 (Z4CT17)
Groupe 3
Grande dureté.
C = 0,6-1,2 % Cr = 16-18 % Trempe
Fragile.
X105CrMo17 (Z100CD17) et revenu
Non soudable
(AISI 440C)
202
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
ALLIAGES FERREUX
du domaine austénitique à 1 100 ˚C. Supposons que l’on fasse la même opération à partir
du domaine biphasé α-γ pour des compositions du même ordre. La phase γreste métastable
pour les mêmes raisons, la phase α est inchangée. On obtient donc une structure mixte
(α + γ) métastable identique à celle à l’équilibre à haute température. La proportion de phase
peut donc être directement déterminée par le diagramme de Pryce et Andrew (figure 5.8).
Les nuances austéno-ferritiques développées industriellement sont équilibrées pour
contenir entre 40 et 60 % de ferrite α.
Tableau 5.3 – Principales familles d’aciers inoxydables austénitiques. Dans chaque cas
ne sont indiquées que les nuances typiques. Pour obtenir l’ensemble des nuances
normalisées, on se reportera à la norme NF EN 10088-1, 2 et 3.
Traitement
Différentes familles Caractéristiques principales
de référence
Aciers austénitiques Grande ductilité à chaud
et à froid. Soudables.
Très large plage résistance
corrosion. Sensible corrosion
sous tension. Propriétés
mécaniques faibles à moyennes.
Présence de nickel.
203
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Traitement
Différentes familles Caractéristiques principales
de référence
2˚) Nuances de type 17-12-Mo
Nuances de base Meilleure résistance corrosion.
X5CrNiMo17-12-2 (Z7CND17- Sensible corrosion
12) (AISI 316) intergranulaire.
X3CrNiMo17-13-3 (Z6CND18- Limite d’élasticité
12) (AISI 317) limitée > 196 MPa
Nuances stabilisées
Insensible corrosion
X6CrNiMoTi17-12-2
intergranulaire.
(Z6CNDT17-12)
X6CrNiMoNb17-12-2
Limite d’élasticité
(Z6CNDNb17-12)
améliorée > 216 MPa
3˚) Nuances à l’azote
X2CrNiN18-7 (Z3CN18-07-Az) Limite d’élasticité élevée.
Hypertrempe
X2CrNiMoN17-11-2 Bonne résistance corrosion
1 050-1 150 ˚C
(Z3CND17-11Az) (AISI316LN) intergranulaire.
4˚) Super austénitiques
X1CrNi25-21 (Z1CN25-20)
X1NiCrMoCu25-20-5
(Z1NCDU25-20) Résistance corrosion très
Hypertrempe
X1CrNiMoCuN25-25-5 élevée.
1 050-1 150 ˚C
(Z2NCDU25-25Az) Milieux spéciaux.
X1NiCrMoCu31-27-4
(Z2NCDU31-27)
204
5 • Aciers inoxydables 5.1 Définition et notions de base
Traitement
Différentes familles Caractéristiques principales
de référence
ALLIAGES FERREUX
corrosion.
Insensible corrosion
intergranulaire.
Résistance améliorée à CST.
Fragilisation à chaud
Température < 250-300 ˚C
1˚) Teneur en chrome
Hypertrempe Résistance à la corrosion
moyenne : Cr = 21-22 %
1 050-1 100 ˚C générale au moins égale
X2CrNiN23-4 (Z3CN23-04Az)
à celle des nuances
X2CrNiMoN22-5-3
austénitiques de type 18-10
(Z3CND22-05Az)
et 18-12-Mo
2˚) Teneur en chrome élevée :
Cr = 25-27 % Hypertrempe Résistance à la corrosion
X2CrNiMoN25-7-4 1 050-1 150 ˚C générale de l’ordre
(Z3CND25-06-Az) des super-austénitiques.
X2CrNiMoCuN25-6-3
(Z3CNDU25-07-Az)
X3CrNiMoN27-5-2
(Z5CND27-05-Az)
205
5 • Aciers inoxydables 5.2 Normalisation
– Les deuxièmes, dites à trempe martensitique indirecte, sont telles que la température MS
est inférieure à 20 ˚C. Par suite, par trempe à l’ambiante, on conserve la phase γmétastable
très douce. La mise en forme est assurée à ce stade. Le produit subit ensuite un traitement
à basse température ou une opération de déstabilisation de l’austénite, pour assurer la
formation de martensite, suivi du revenu de durcissement structural.
5.2 Normalisation
Jusqu’alors, on disposait de systèmes nationaux différents pour normaliser les aciers
inoxydables. En Europe, les travaux du European Commitee of Iron and Steel Organiza-
tion ont conduit à l’établissement d’une seule normalisation commune prenant effet à
compter du 5 novembre 1995. Ces conclusions communes sont rassemblées dans les
trois normes suivantes :
– NF EN 10088-1 : Aciers inoxydables. Partie 1 : Liste des aciers inoxydables.
– NF EN 10088-2 : Aciers inoxydables. Partie 2 : Conditions techniques de livraison des
tôles et bandes pour usage général.
– NF EN 10088-3 : Aciers inoxydables. Partie 3 : Conditions techniques de livraison des
demi-produits, barres, fils machine et profils pour usage général.
Les différentes nuances d’aciers inoxydables sont désignées selon leur composition
d’après la règle évoquée précédemment. À chaque nuance est également attribuée une
désignation numérique précisée dans la norme NF EN 10027-2. Par exemple, la nuance
X5CrNi18-10 (Z7CN1809) correspond à la numérotation 1.4301.
Toutes les nuances d’aciers inoxydables d’usage général et les fourchettes de leurs
compositions chimiques sont précisées dans la norme NF EN 10088-1. Elles sont
classées suivant leurs structures métallographiques, comme expliqué précédem-
ment :
– aciers ferritiques : 21 nuances,
– aciers martensitiques : 24 nuances,
– aciers austénitiques : 50 nuances,
– aciers austéno-ferritiques : 9 nuances,
– aciers à hautes caractéristiques (durcissement structural) : 5 nuances.
Cela correspond donc à un total de 109 nuances normalisées.
Les normes NF EN 10088-2 et NF EN 10088-3 définissent les caractéristiques méca-
niques et les conditions de livraison des produits. Les dimensions nominales (épais-
seur, longueur, largeur) et le poids définissent les formats de livraison. Les conditions
de traitement thermique et d’état de surface sont définies par un système alphanumé-
rique (par exemple : 2R = laminé à froid, recuit blanc ; 2H = laminé à froid, écroui,
etc.).
Des conditions spéciales peuvent être précisées par des lettres (C = écrouissage,
QT = trempe de revenu, P = durcissement par précipitation) suivies d’un chiffre indiquant la
résistance à la traction en MPa, par exemple : QT900 (trempe et revenu 900 MPa), P1150
(durcissement par précipitation 1 150 MPa), etc. Les différences de niveau des propriétés
mécaniques, c’est-à-dire Rp0,2 et Rm pour les différents produits ont été standardisées.
L’annexe A de la norme NF EN 10088-1 précise les principales propriétés physiques des
nuances normalisées (module d’élasticité, coefficient de dilatation, masse spécifique,
capacité thermique, conductivité thermique, résistivité électrique, etc.)
D’autres normes européennes précisent les nuances d’aciers inoxydables utilisables pour
les domaines d’utilisation et le type de produit.
206
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Utilisation générale :
– NF EN 10.250-4 : Pièces forgées d’usage général.
– NF EN 10.283 : Aciers inoxydables moulés.
Appareils à pression :
– NF EN 10.028-7 : Produits plats pour appareils à pression.
– NF EN 10.272 : Produits longs pour appareils à pression.
– NF EN 10.222-5 : Produits forgés pour appareils à pression.
– NF EN 10.216-5 : Tubes sans soudures pour appareils à pression.
– NF EN 10.217-7 : Tubes soudés pour appareils à pression. B
Haute température :
ALLIAGES FERREUX
– NF EN 10.095 : Aciers et bases Ni réfractaires.
– EN 10.302 : Aciers et bases Ni et Co pour fluage.
– EN 10.269 : Aciers pour boulonneries à chaud.
Divers :
– NF EN 10.270-3 : Fil inox pour ressorts.
– NF EN 10.263-5 : Barre et fil inox pour extrusion à froid.
– NF EN 10.312 : Tubes inox pour transport d’eau.
– NF EN ISO 683-17 : Aciers pour roulements.
On notera que certaines normes françaises n’ont pas encore fait l’objet de normalisation
européenne. Elles restent donc d’usage dans cette période intermédiaire. Ce sont par
exemple :
– NF A 36711 : Inox pour produits alimentaires.
– NF A 35583 : Fil inox pour soudage.
– NF A 35595 : Inox pour coutellerie.
– NF A 49148, 207, 214, 249 : normes pour divers types de tubes en aciers inoxydables.
– NF E 25033 : Boulonneries en inoxydables.
– NF F 80109 : Inox d’usage général pour matériel roulant ferroviaire.
Aciers ferritiques
Les aciers ferritiques, en principe, n’ont pas de transformation de phase. À l’équilibre, ils
se caractérisent par une structure ferritique α (CC) et des carbures, des nitrures ou des
carbonitrures, principalement de chrome. La vitesse de diffusion du chrome étant très
grande dans la phase ferritique, la précipitation de ces derniers ne peut être empêchée.
Deux écueils doivent être évités lors du traitement thermique :
– Les températures supérieures à 900-950 ˚C qui entraînent, d’une part, une fragilisation
due à la précipitation de carbures et, d’autre part, un grossissement du grain.
– Les températures inférieures à 700-750 ˚C responsables de formation de phase σ ou de
précipités α’ (figure 5.5).
207
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Par conséquent, le traitement thermique de ces nuances ferritiques est constitué d’un
chauffage entre 750 et 900 ˚C, suivi d’un refroidissement à l’air ou éventuellement à l’huile.
Dans les nuances ferritiques stabilisées au titane ou au niobium, la précipitation de carbu-
res de chrome est évitée, ainsi que ses conséquences, telles que fragilisation et déchro-
misation. Cela explique leur bon comportement après soudage.
Aciers martensitiques
Le traitement de qualité des aciers inoxydables martensitiques est constitué, en général,
d’une trempe suivie d’un revenu.
La température de trempe est élevée, comprise entre 950 et 1 100 ˚C ; cela est dû au
relèvement du point AC3 et à la nécessité de bien dissoudre tous les carbures. Compte
tenu de leur forte teneur en éléments d’alliage, les vitesses critiques de trempe sont
relativement faibles (figure 5.10). Les nuances du groupe 1 (tableau 5.2) doivent être
trempées à l’huile ; les autres sont refroidies à l’huile ou à l’air.
Pour les nuances les plus chargées des groupes 3 et 4, on peut rencontrer de l’austénite
résiduelle. Il peut en être de même dans le cas de ségrégations, par exemple sur de
grosses pièces moulées ou dans le cas de carburation de surface. Cette austénite rési-
duelle doit être déstabilisée et transformée en martensite :
– soit par un traitement à basse température (– 80 ˚C) ;
– soit par chauffage, lors du traitement de revenu. Dans ce cas, la nouvelle martensite ainsi
formée doit subir un nouveau revenu.
Les courbes de revenu (figure 5.11), de forme classique, expliquent deux types de trai-
tement de revenu :
208
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
ALLIAGES FERREUX
Figure 5.11 – Courbe de revenu d’un acier martensitique X20Cr13
après trempe depuis 1 020 ˚C.
– Entre 150 et 350 ˚C, traitement de détente. La structure du métal reste principalement
martensitique, charge de rupture, dureté et limite d’élasticité variant peu.
– Entre 550 et 750 ˚C, traitement d’adoucissement. La structure évolue fortement par préci-
pitation de carbures M23C6, apparition de phase αet donc retour à l’état d’équilibre. Dans
ce domaine, les propriétés de résistance et de résilience dépendent directement de la
température et du temps de revenu.
Entre 350 et 550 ˚C, on note un durcissement lié à une fragilisation importante. Ce
phénomène, dit de durcissement secondaire, (ou durcissement structural), est dû à la
précipitation de carbures fins de type M7C3 dans la martensite. Cette martensite très dure
et fragile est à éviter, sauf si l’on recherche une très haute dureté, en tolérant la fragilité
correspondante.
Aciers austénitiques
Nous avons indiqué que ces nuances austénitiques étaient obtenues par refroidissement
depuis le domaine γ, c’est-à-dire l’intérieur de la boucle γ (figure 5.7). Ce traitement est
appelé hypertrempe (trempe depuis une température relativement élevée).
La température d’hypertrempe, entre 950 et 1 150 ˚C, doit être suffisante pour bien redis-
soudre les carbures ou composés intermétalliques qui ont pu se former. Elle doit être
limitée pour éviter un grossissement, souvent préjudiciable, du grain γ. Cela explique que
les nuances au molybdène soient traitées plus haut pour dissoudre les composés définis
dus au molybdène ; les nuances stabilisées ne nécessitent pas la remise en solution des
carbures, ici de titane et niobium. Ainsi, les températures d’hypertrempe généralement
retenues sont (tableau 5.3) :
– 1 000 à 1 100 ˚C pour les nuances sans addition de molybdène,
– 1 050 à 1 150 ˚C pour les nuances avec addition de molybdène,
– 950 à 1 050 ˚C pour les nuances stabilisées sans molybdène.
209
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Les durées de maintien doivent être suffisantes pour assurer une bonne homogénéité de
température, compte tenu de la faible conductivité thermique de l’austénite. En pratique,
elles se situent entre 0,7 et 2,5 minutes par millimètre d’épaisseur.
Les vitesses de refroidissement doivent être suffisantes pour éviter les précipitations de
carbures de chrome ou de composés définis. En général, des refroidissements à l’air sont
suffisants. Des vitesses supérieures, telles que refroidissement à l’eau, peuvent être
nécessaires dans le cas de grosses pièces forgées ou moulées.
Aciers austéno-ferritiques
Les traitements d’hypertrempe sont identiques à ceux décrits ci-dessus pour les nuances
austénitiques. On notera seulement :
– le risque supplémentaire de formation de phase σ dans la ferrite, nécessitant une vitesse
de refroidissement suffisante entre 700 et 900 ˚C, en pratique un refroidissement à l’eau ;
– que la teneur en ferrite finale dépend étroitement de la température d’hypertrempe ; cette
proportion de ferrite varie de 10 à 15 % pour une variation de 100 ˚C de cette température
(figure 5.12).
Teneur en α
(% en volume)
60
50
40
30
1 000 1 100 1 200
T (°C)
210
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
ALLIAGES FERREUX
ultérieurement par décapage.
Ces traitements oxydants peuvent entraîner des défauts de surface, souvent préjudiciables :
– décarburation superficielle pour les nuances martensitiques chargées en carbone,
– déchromisation pour les nuances ferritiques, austénitiques.
Des traitements sont aussi réalisés en atmosphères protectrices d’ammoniac craqué ou
de mélanges H2 + N2. Dans ce cas, les produits ne sont pas oxydés (recuits blancs ou
brillants) et ne nécessitent pas de décapage ultérieur.
Dans ces cas, on peut rencontrer un défaut dû à un phénomène de nitruration de surface.
Pour l’éviter, on est conduit à utiliser des atmosphères d’hydrogène ou éventuellement
de gaz neutre (argon ou hélium).
5.3.2 Propriétés physiques
Les propriétés physiques des aciers inoxydables dépendent fortement de leurs structu-
res. Le tableau 5.5 indique les valeurs typiques des principales familles définies précé-
demment.
Sans entrer dans le détail, on notera seulement :
– La phase austénitique est amagnétique, alors que les phases α et martensitiques sont
ferromagnétiques. Il est donc possible de mesurer par voie magnétique la teneur en ferrite
des austéno-ferritiques, la ferrite éventuelle des austénitiques ou la martensite formée par
écrouissage dans l’austénite.
– Les coefficients de dilatation des ferritiques et martensitiques sont proches de ceux des
aciers doux ; au contraire, ceux des austénites sont très sensiblement supérieurs. Cela
peut entraîner des phénomènes de dilatation thermique gênants sur des structures mixtes
constituées d’austénitiques et de ferritiques.
– Les conductivités thermiques des inoxydables sont très légèrement plus faibles que
celles des aciers au carbone. Ce phénomène est d’autant plus sensible pour les austéniti-
ques ou austéno-ferritiques.
Pour plus de détails, au-delà des indications générales, on se reportera à la norme
NF EN 10088-1 qui indique les caractéristiques garanties de chacune des nuances
normalisées.
211
212
Tableau 5.5 – Valeurs typiques de propriétés des différents aciers inoxydables.
5 • Aciers inoxydables
Austéno-
7,87 15 16,7 500 70 Ferromagnétique 200
ferritiques
Aciers doux
7,8 10 58,6 430 Ferromagnétique 210
au carbone
– les aciers du groupe I (tableau 5.2), contenant de 11,5 à 13,5 % Cr, ont une transition
entre 0 et 20 ˚C ;
– les aciers du groupe II ont des températures de transition supérieures à 40 ˚C. Leur rési-
lience à l’ambiante est très faible, de l’ordre de 5 J·cm–2. Les valeurs d’allongement restent
cependant acceptables, voisines de 18 %.
32
Résilience sur éprouvette
Charpy (daj/cm2) 28
24
3 %
Cr B
20 1
ALLIAGES FERREUX
%
16 15
%
%
17,5
,2
12
18
8
4
33 %
0
– 80 – 40 0 40 80
Température (°C)
Dans ces conditions, ces nuances ne sont utilisables qu’en produits minces, pour des
épaisseurs inférieures à 2-3 mm. En effet, dans ces cas-là, les effets de triaxialité sont
tels qu’il n’y a pas de rupture fragile. Cela explique que ces produits sont presque exclu-
sivement utilisés sous forme de tôles minces, de fils de petit diamètre ou de tubes peu
épais.
On peut trouver ces nuances exceptionnellement utilisées, par exemple, en produits
moulés plus épais. Il faut savoir qu’elles ont, alors, un comportement très fragile, (compa-
rable aux fontes).
Compte tenu de la remarque précédente, les propriétés mécaniques sont indiquées sur
le tableau 5.6.
Des maintiens de longue durée (plusieurs heures ou dizaines d’heures), à chaud, ont
pour effet de fragiliser ces matériaux. Dans ces cas-là, les allongements deviennent très
faibles, les duretés augmentent fortement. Cet effet est dû soit à la démixtion α-α’, soit
à la formation de phase σ, processus évoqués ci-dessus (section 5.1). On admet géné-
ralement que ces nuances ne doivent pas être utilisées au-delà de 200-350 ˚C.
Groupe I
X6CrAl13 (AISI 405) 225 à 250 420 à 620 > 20 206
X6Cr13 (AISI 403)
Groupe II
245 à 270 440 à 640 > 18 206
X6Cr17 (AISI 430)
213
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
R0,2 KCV
Rm (MPa) A (%) E (GPa)
(MPa) (daJ/cm2)
Groupe 2
Groupe 3
1 850 1 900 3 206
X80CD17 (AISI 440c)
Groupe 4
690 930-1 130 12 4 206
X6CrNiCu17-4
Pour certaines opérations (usinage, par exemple), il peut être intéressant d’adoucir le
métal. Cela peut être obtenu soit par un recuit de 1 à 3 heures entre 900 et 950 ˚C, suivi
d’un refroidissement lent (15 à 20 ˚C/h) soit par un revenu poussé de 1 à 3 heures entre
775 et 800 ˚C, les résistances et duretés sont alors les suivantes :
– Groupe 1: 440 à 490 MPa,
– Groupe 2: 540 à 680 MPa,
– Groupe 3: 250 HB,
– Groupe 4: 200 HB.
214
Tableau 5.8 – Propriétés mécaniques caractéristiques des principales nuances
5 • Aciers inoxydables
KCV
R0,2 (MPa) Rm (MPa) A (%) mini E (GPa)
(daJ/cm2)
Aciers de type 18-10
Bas C : X2CrNi18-9
176 – 200 440 – 640 45 12 – 18 193
C ≅ 0,06 : X5CrNi18-10
196 – 250 490 – 690 45 12 – 18 193
Stabilisée : X6CrNiTi18-10
216 – 250 490 – 690 45 12 – 18 193
Haut carbone : X10CrNi18-10
245 – 300 590 – 740 40 10 – 15 193
Aciers de type 18-10-Mo
Bas C : X2CrNiMo17-12-2
186 – 200 430 – 670 45 12 – 18 193
C ≅ 0,06 : X7CrNiMo17-12-2
196 – 250 490 – 690 45 12 – 18 193
Stabilisée : X6CrNiMoTi17-12-2
216 – 250 490 – 690 45 12 – 18 193
en œuvre
5.3 Propriétés d’usage et de mise
215
B
ALLIAGES FERREUX
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
R0,2 (MPa)
1 400
1)
I 30
1 200 IS R0,2 (MPa)
(A
- 8
N i17
r
1 000 12C 04
)
X IS I3
(A A (%)
-9
19
Ni
800
6Cr 80
X
600 60
X1
2C
400 rN 40
i17
X6 -8
CrN
i19
-9 A (%)
200 20
0
0 10 20 30 40 50
Taux d'écrouissage (%)
Ces nuances austénitiques peuvent être utilisées à haute température, par exemple entre
550 et 750 ˚C. Elles ne sont pas sensibles, en principe, aux phénomènes de fragilisation
par formation de phase σ. Cela explique l’intérêt de leurs caractéristiques de fluage. De
façon générale, par rapport à la nuance de base de type X5CrNi18-10 (Z6CN18-9 ;
AISI 304), les points suivants améliorent le comportement à chaud :
– addition de molybdène par effet de solution solide (AISI 316) ;
– addition de carbone ou d’azote entraînant la précipitation de carbures ou carbonitrures
(AISI 316H ou 304H) ;
– addition de titane et/ou de niobium dans les nuances stabilisées entraînant la précipitation
de carbures fins (AISI 321H et 347H) ;
– présence de 30 à 60 ppm de bore entraînant par germination la formation de précipités
particulièrement fins et répartis.
Le tableau 5.9 précise quelques-unes des caractéristiques des nuances austénitiques au
bore pour résistance au fluage, définies par la norme Pr EN 10902.
216
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Contrainte à la
Mini à 20 ˚C R0,2 (MPa) rupture en
10 000 h
R0,2 A KCV
500 ˚C 600 ˚C 600 ˚C 700 ˚C
(MPa) (%) (daJ/cm2) B
Z6CNT18-12B 200 40 12 142 127 201 71
ALLIAGES FERREUX
Z6CNNb18-12B 200 40 12 137 127 225 78
Z6CND17-12B 180 45 12 147 137 181 69
Z8CNDT17-13B 200 40 10 162 147 230 94
Z6CNDNb17-13B 200 40 12 157 147 230 94
Z10CNWT17-13B 220 35 12 157 137 191 100
L’utilisation à chaud des austénitiques est due, entre autres, à l’absence de sigmatisation
de la phase γ. Or, certains produits (produits moulés, soudage) peuvent contenir acciden-
tellement ou volontairement quelques pour-cent de phase α ; cette dernière est alors
susceptible de fragilisation. L’effet global peut être acceptable si le taux de ferrite est
faible. Dans le cas contraire, la nuance doit être équilibrée, Cr*/Ni*, pour assurer une
absence de ferrite.
217
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
KCV
Nuances R0,2 (MPa) Rm (MPa) A (%)
(daJ/cm2)
X2CrNiMoN22-5-3
(Z3CND22-05-A3)
hypertrempé 400 670 35 20
hyp + 4 h à 475 ˚C 500 800 30 15
X2CrNiMoCuN25-6-3
Z2CNDU-25-5 580 700 20 15
hypertrempé
Z3CNDAT13-08
Trempe + revenu 480 ˚C
(PH13-8-Mo) 1 400 1 500 – 1 550 6
Ces phénomènes de corrosion sont en général très rapides et dangereux. Ils doivent
donc être parfaitement contrôlés. Nous aborderons donc d’abord ces processus, leurs
mécanismes et les solutions industrielles. Nous traiterons ensuite de la résistance à la
corrosion des aciers inoxydables dans les principaux milieux rencontrés dans l’industrie.
Corrosions localisées
Corrosion intergranulaire
Aciers austénitiques et austéno-ferriques sensibilisés
Si, à l’état hypertrempé, les nuances austénitiques résistent bien à la corrosion, après
des maintiens de plus ou moins longue durée à des températures intermédiaires (500 à
800 ˚C), un phénomène de corrosion rapide apparaît, localisé aux joints de grains. C’est
en particulier le cas dans les zones affectées par la chaleur après soudage. Les courbes
de sensibilisation (figure 5.15) précisent les conditions de maintien (temps-température)
dangereuses en fonction de la teneur en carbone du métal.
Le mécanisme responsable est maintenant bien connu. Après traitement d’hypertrempe, le
carbone est maintenu en sursaturation. Par chauffage ultérieur, entre 500 et 800 ˚C, il préci-
pite aux joints de grains sous forme de carbures Cr23C6 très riches en chrome. Le chrome
218
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
1 000
800
C = 0,08 %
700
0,04 %
0,02 %
600
B
0,01 %
ALLIAGES FERREUX
500
400 –2
10 10–1 1 10 102 103 104
Durée de chauffage (h )
nécessaire à la formation de ces carbures est donc appelé à diffuser de l’intérieur des grains
γ vers les joints. On comprend alors (figure 5.16) qu’à un certain stade, les teneurs en
chrome soient plus faibles à proximité des carbures formés, c’est-à-dire des joints de grains.
Si cette déchromisation locale entraîne des teneurs en chrome inférieures à 11 %, la couche
passive n’y est plus stable et le métal se corrode le long des joints de grains.
Ce processus permet de comprendre la forme des courbes de sensibilisation
(figure 5.15). Un certain temps d’incubation est nécessaire pour que la déchromisation
soit suffisante. Cette durée est d’autant plus courte que la précipitation de carbure est
abondante, c’est-à-dire que le carbone est élevé. Enfin, des temps de maintien très longs
entraînent une « rechromisation » après la précipitation de tous les carbures.
Trois solutions permettent d’éviter ce phénomène de corrosion intergranulaire des aciers
austénitiques :
– Nuances stabilisées. Les carbures de titane ou de niobium sont plus stables que les
carbures de chrome Cr23C6. Par conséquent, des additions suffisantes de Ti et/ou de Nb
entraîneront la formation de TiC et NbC, bloquant ainsi le carbone et interdisant la précipi-
tation de carbures de chrome. Cela explique les nuances dites stabilisées (tableau 5.3), les
teneurs en titane et en niobium devant être respectivement supérieures à 5 et à 10 fois la
concentration en carbone.
– Nuances à bas carbone. Lors de soudage « dans les conditions industrielles habituelles »
(épaisseurs de l’ordre de 50 mm, procédés courants), les durées de maintien des ZAC
autour de 650 ˚C sont toujours inférieures à 1 heure. Les courbes de sensibilisation
(figure 5.15) montrent alors qu’il suffit, pour éviter la corrosion intergranulaire, d’assurer une
teneur en carbone inférieure à 0,04 %. En prenant une marge de sécurité, on a ainsi défini
les aciers dits à bas carbone (tableau 5.3) tels que C ≤ 0,030 %.
– Nuances austéno-ferritiques. Les nuances austéno-ferritiques sont insensibles à la corro-
sion intergranulaire sous réserve que leur teneur en ferrite soit suffisante et supérieure
219
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Cr (%)
Acier
austénitique 18
Cr (%)
Acier 23
austénoferritique γ α
18
Joint Précipité
dans le joint
Avant Après
Sensibilisation
à environ 30 %. En effet, dans ce cas, les joints de grains où précipitent les carbures de
chrome sont préférentiellement des joints α/γ. Or il se trouve que, d’une part, la teneur en
chrome est plus élevée dans les grains α(≅ 23 à 28 %) et que, d’autre part, la vitesse de
diffusion de ce chrome y est beaucoup plus grande. Par conséquent (figure 5.16), le
chrome provient presque exclusivement des grains ferritiques ; mais sa teneur y étant plus
élevée au départ, la déchromisation ne tombe pas en dessous de 11 %.
Trois tests de corrosion sont normalisés pour contrôler la sensibilité ou la sensibilisation
des aciers inoxydables austénitiques à la corrosion intergranulaire : test Strauss en milieu
sulfocuprique, test Streicher en milieu sulfoferrique (norme NF EN ISO 3651-2) et test
Huey en milieu nitrique (norme NF EN ISO 3651-1).
Aciers ferritiques
Les aciers ferritiques sont l’objet de ce même mécanisme de précipitation. Cependant,
comme nous venons de l’indiquer, les vitesses de diffusion du chrome y sont beaucoup
plus rapides. Par conséquent (figure 5.17), les durées de déchromisation et de rechromi-
sation sont très courtes. On ne peut donc éviter la précipitation (quelques secondes), et
quelques minutes à 700-800 ˚C suffisent à rechromiser.
Cette remarque explique le traitement de qualité appliqué à ces nuances conduisant à
des joints de grains rechromisés.
Pour éviter la corrosion intergranulaire des aciers ferritiques après soudage, il n’existe
que deux remèdes :
– stabilisation par le titane et/ou le niobium,
– diminution de la teneur en carbone à de très bas niveaux ; ici C ≤ 0,005 %. Cela explique
la famille 3 des aciers inoxydables ferritiques (tableau 5.2).
220
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
ALLIAGES FERREUX
Figure 5.17 – Diagramme TTS (temps, température, sensibilisation) des aciers
austénitiques de types 18-10 (a) et des aciers ferritiques à 20 % de chrome (b).
221
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
– Aciers titrant plus de 3 % Si. Cette augmentation de la teneur en silicium (figure 5.18)
limite la différence de concentration dans les grains. Ainsi a été développée pour ces appli-
cations la nuance X1CrNiSi18-15-4 (Z1CNS17-15 Uranus S1).
Corrosion intergranulaire
Corrosion intergranulaire
;;
;;
3
600
;;
;;;;
;;
2
400
Aucune attaque
200 intergranulaire 1
0
0,06 0,94 1,99 3,3 4,3
Teneur en silicium (%)
222
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
;;
en œuvre
;;
Ep (mV/ECS)
1 000
;;
α
γ
;;;
I
500
;;
Piqûration
cC –
l
B
sC –
ALLIAGES FERREUX
l
Ave
San
Ep E Cr 18 18 18 18 20 25 29 39 28 29 36
Ni 10 10 12 12 2 2 2
Mo 3 3
Ti Ti
Dans certains cas, on peut envisager une protection cathodique, par exemple avec des
anodes d’aluminium, pour abaisser le potentiel en dessous du potentiel de piqûre. Enfin,
si les conditions le permettent, on peut envisager l’utilisation d’inhibiteurs tels que NO3–,
Cr2O4–, OH–, etc.
223
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Cl–
Milieu corrosif
Cl– + H+ ClH
Fe → Fe2+ + 2e–
224
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
ALLIAGES FERREUX
moins occluses. En particulier, on limitera la formation de dépôts inertes par nettoyage
régulier des installations.
Remarque
Les normes NF EN ISO 7539-1 à 7 définissent les méthodes d’essai de la corrosion sous
tension selon le type d’éprouvette et d’essai.
Durée de vie
γ α – γ (50 % α)
225
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Milieux acides
Acide sulfurique H2SO4
En milieu sulfurique, les aciers martensitiques, ferritiques et austénitiques de type Cr-Ni
ont un comportement médiocre ; ils ne peuvent être utilisés qu’à la température
ambiante jusqu’à environ 5 %. Les éléments d’addition les plus favorables sont le moly-
bdène, par exemple entre 2 et 4 %, le cuivre autour de 1,5 % et dans une moindre
mesure le nickel.
Ainsi, les nuances d’aciers austénitiques au molybdène de type X5CrNiMo17-12-2
(AISI 316) et X3CrNiMo17-13-3 (AISI 317) sont couramment utilisées en milieux sulfuri-
ques. Les nuances austéno-ferritiques et austénitiques spéciales chargées en molyb-
dène et cuivre résistent dans les conditions sulfuriques plus agressives.
Acide nitrique HNO3
La résistance des aciers inoxydables en milieux nitriques est directement liée à leur
teneur en chrome. Ainsi :
– les ferritiques à 17 % Cr et les austénitiques de type 18-10 sont utilisables jusqu’à l’ébul-
lition pour des concentrations de l’ordre de 50 % ;
226
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
– les ferritiques à forte teneur en chrome (famille 3, tableau 5.2) et les austénitiques
spéciaux de type X2CrNi25-20 sont utilisables jusqu’à ébullition pour des teneurs en
acide de 70 % ;
– pour les fortes teneurs en acide ou en présence d’oxydants puissants, on doit choisir les
nuances spéciales au silicium de type X1CrNiSi18-15-4 (voir ci-dessus).
On rappelle que les milieux nitriques sont responsables de corrosion intergranulaire par
déchromisation, due au soudage par exemple. Seules les nuances à bas carbone ou
stabilisées doivent être utilisées.
Acide phosphorique H3PO4 B
Les solutions d’acide phosphorique sont peu agressives pour les aciers inoxydables. Les
ALLIAGES FERREUX
nuances de type X6Cr17 ou X5CrNi18-10 sont utilisables ; l’addition de 2,5 % de molyb-
dène élargit le domaine de passivité et permet une utilisation à toutes concentrations
jusqu’à 80 ˚C.
Cependant, les procédés industriels de fabrication d’acide phosphorique entraînent la
formation d’impuretés abrasives et d’impuretés très corrosives de type HF, H6SiF6 et
Cl–. Cela nécessite l’utilisation de nuances austéno-ferritiques ou super austénitiques
(tableaux 5.3 et 5.4).
Acide chlorhydrique HCl
Les solutions chlorhydriques sont très agressives ; en effet, les courbes cathodiques sont
situées à des potentiels très bas et risquent donc de couper le pic d’activité.
La résistance des aciers inoxydables est directement liée à leurs teneurs en chrome,
molybdène et cuivre. Ainsi, dans les solutions désaérées, les nuances de type
X2CrNiMoN18-15-4 (AISI 317) résistent jusqu’à 2 à 3 % à 20 ˚C. Au-delà, les nuances
super austénitiques doivent être retenues (tableau 5.3).
Milieux basiques
Les solutions de soude et de potasse sont peu corrosives en absence d’impuretés.
Les nuances ferritiques de type X8Cr17 sont utilisables jusqu’à 50 ˚C ; les austé-
nitiques X2CrNi18-9 résistent à 100 ˚C. Au-delà, les super-austénitiques de type
X2CrNi25-20 et les austéno-ferritiques présentent un comportement satisfaisant
jusqu’à 150 ˚C.
La présence d’impuretés de chlorure entraîne un risque important de corrosion sous
tension des nuances austénitiques. Dans ce cas, les austéno-ferritiques sont satisfai-
sants jusqu’à 150 ˚C.
En présence d’impuretés sulfurées, on constate la formation de complexes avec le nickel
et le molybdène, qui sont donc interdits. Les nuances ferritiques à haut chrome (famille 3,
tableau 5.2) donnent de bons résultats.
Milieux organiques
Les aciers austénitiques offrent en général une meilleure résistance que les marten-
sitiques et ferritiques. De façon générale et schématique, les nuances les plus favo-
rables sont les plus fortement alliées avec une influence favorable du molybdène et
du cuivre.
Eau de mer
Les aciers inoxydables sont très sensibles, en présence d’eau de mer, aux phénomènes
de corrosion par piqûre et par crevasse. Cela explique la nécessité d’un choix très strict
de nuances :
227
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
228
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Schématiquement :
– pour les teneurs en carbone inférieures à 0,10 % (groupes 1 et 4, tableau 5.2), le
soudage ne nécessite pas de pré- ou post-chauffage ;
– pour les teneurs en carbone comprises entre 0,10 et 0,40 % (groupe 2), le soudage
nécessite des opérations de pré- et post-chauffage, d’autant plus rigoureuses que la teneur
en carbone est élevée.
En général ne sont réellement soudables industriellement, sans difficulté particulière, que
les teneurs en carbone inférieures à 0,20-0,25 %.
Il convient d’éviter tout risque de fragilisation de la martensite formée par la présence B
d’hydrogène. Les gaz de protection ne doivent pas contenir d’hydrogène. Les laitiers et
ALLIAGES FERREUX
réfractaires doivent être soigneusement séchés.
Le soudage, selon le type de joint, peut être réalisé sans ou avec un métal d’apport. Dans
le deuxième cas, on peut choisir une composition soit martensitique homogène, soit
austénitique.
Après soudage, la martensite formée dans le métal fondu ou dans la ZAC peut être trai-
tée soit par recuit entre 650 et 800 ˚C, soit par traitement complet de trempe et revenu.
Les nuances à basse teneur en carbone, en particulier groupe 4 (tableau 5.2), sont en géné-
ral utilisées sans traitement post soudage. Les plus fortes teneurs le rendent indispensable.
On notera qu’un métal d’apport austénitique a l’inconvénient d’entraîner un coefficient de
dilatation sensiblement différent de celui du métal de base. D’autre part, il interdit tout
traitement thermique ultérieur qui entraînerait sa recarburation.
229
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Ces remarques expliquent que les métaux d’apport utilisés pour les austénitiques soient
équilibrés pour conduire à des taux de ferrite résiduelle de l’ordre de 5 à 10 % (AISI 308,
AISI 308L, AISI 309).
Dans le cas des austéno-ferritiques, la teneur en ferrite obtenue peut être très élevée ;
en effet, si le refroidissement est assez rapide, la ferrite formée à haute température ne
peut se transformer. Il faut cependant éviter que cette teneur en phase α ne dépasse des
valeurs de 50 à 60 %, risquant de conduire à de trop faibles résiliences. Cela explique
que les métaux d’apports soient équilibrés pour avoir de faibles teneurs en ferrite
(≈ 30 %) ; si nécessaire, des post-chauffages réduiront la vitesse de refroidissement.
D’autre part, la présence d’azote limite très fortement ce risque.
Remarque
Le diagramme de Delong joue exactement le même rôle que celui de Schaeffler évoqué ci-
dessus. La seule différence, c’est qu’il tient compte dans ses formules du rôle de l’azote.
5.3.6 Usinage
De façon générale, la conductivité thermique des aciers inoxydables est sensiblement
plus faible que celle des aciers au carbone. Cette évolution, déjà appréciable pour les
nuances martensitiques et ferritiques, devient très importante pour les austénitiques.
Cela entraîne, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de la température et
de l’usure de l’outil.
230
5 • Aciers inoxydables 5.3 Propriétés d’usage et de mise
en œuvre
Aciers martensitiques
Leur comportement, soit à l’état recuit, soit à l’état traité, dépend directement de leur
dureté, c’est-à-dire de la teneur en carbone. À dureté égale, les vitesses de coupe sont
un peu plus faibles que celles correspondant aux aciers peu alliés.
Aciers ferritiques
De façon générale, les nuances ferritiques ne présentent pas de difficultés majeures
jusqu’à des teneurs de l’ordre de 20 % Cr ; Au-delà les vitesses d’usinage doivent être
abaissées.
B
Aciers austénitiques
ALLIAGES FERREUX
L’usinage des aciers austénitiques est beaucoup plus difficile et cela pour les raisons
suivantes :
– leur mauvaise conductivité thermique ;
– ils s’écrouissent rapidement. Leur coefficient d’écrouissage n est élevé, entraînant une
augmentation très rapide de la dureté du copeau et de la surface usinée ;
– l’austénite étant très ductile, les copeaux se cassent mal et s’éliminent difficilement ;
– le coefficient de frottement outil-copeau est élevé, expliquant la tendance au collage et
au grippage ;
– les nuances au molybdène et au titane sont encore plus difficiles à usiner. Cela est attri-
bué d’une part, au fait que le molybdène augmente le coefficient d’écrouissage, et d’autre
part au fait que les carbures de titane ont une action très abrasive.
Ainsi, l’usinage des austénitiques nécessite des vitesses plus faibles, des machines rigi-
des et puissantes, l’utilisation de brise-copeaux et une lubrification importante.
231
232
Tableau 5.12 – Conditions d’usinage caractéristiques des aciers inoxydables.
Chariotage. Chariotage.
Nuances Perçage acier rapide.
Acier rapide M52. Carbure P30.
φ = 6 mm.
Avance 0,4 mm/tr. Avance 0,4 mm/tr.
Avance = 0,08 à 0,10 mm/tr.
Passe = 3 mm. Passe = 3 mm.
X12CrS13 (Z11CF13)
43 à 48 175 à 185 26 à 30
(recuits)
X8CrNiMo17-12-2 (Z3CND17-12) 18 à 23 85 à 95 12 à 16
ALLIAGES FERREUX
par skin-pass.
Enfin, les nuances de type X6Cr17 (Z8C17) sont sensibles à un autre défaut de surface
appelé cordage. Il est attribué au passage antérieur dans le domaine biphasé α-γ ; il est
donc évité dans les nuances stabilisées (X3CrTi17) ou à forte teneur en chrome (groupe 3).
Les nuances austénitiques sont généralement plastiquement isotropes, avec des coeffi-
cients r autour de 1. Par contre, leur coefficient d’écrouissage est élevé, en particulier
pour les nuances mécaniquement instables (formation de martensite d’écrouissage),
n ≈ 0,35-0,55. Ces nuances se comportent donc bien en expansion, mais nécessitent des
forces plus élevées.
Frappe à froid
Au cours de la frappe à froid, le métal s’écrouit, entraînant un durcissement et une baisse
de ductilité défavorables. On recherchera, pour limiter cet effet, des coefficients d’écrouis-
sage faibles. Dans le cas des ferritiques, il n’est pas très élevé. Pour les austénitiques,
c’est le contraire ; on s’oriente donc vers des nuances avec des additions de cuivre
jusqu’à 3,5 %, pour lesquelles nous avons déjà indiqué que l’écrouissage était moindre
(X3CrNiCu19-9-2, X3CrNiCu18-9-4, X3CrNiCuMo17-11-3-2).
Décontamination, passivation
Après les opérations de chaudronnage, emboutissage, usinage, on effectue un traitement
de décontamination pour éliminer toute incrustation ferreuse, en particulier, on utilise pour
ce faire, un bain d’acide nitrique de concentration comprise entre 25 et 50 %. Ce traite-
ment a aussi un effet de passivation, mais on admet que sur une surface propre, la
couche passive se forme naturellement à l’air.
Dans le cas des zones soudées, des pâtes décapantes ou des procédés électrolytiques
permettent une décontamination locale, évitant le traitement de toute la pièce.
Entretien, nettoyage
Une large gamme de produits, détergents et lessives, peuvent être utilisés pour éliminer
les huiles, traces de doigts et toute autre salissure. Les produits de nettoyage acides ou
basiques doivent être réservés, moyennant précautions, aux dépôts les plus résistants.
L’eau de javel doit être utilisée avec prudence et seulement avec les nuances assez
résistantes à la piqûre.
233
5 • Aciers inoxydables 5.4 Domaines d’utilisation des aciers
inoxydables
Les surfaces des aciers inoxydables utilisés dans le bâtiment, par exemple à des fins
décoratives, doivent être périodiquement nettoyées à l’aide de produits lessiviels, en
excluant l’utilisation de brosses ou éponges métalliques.
Dans le cas de grande sécurité, en particulier pour l’industrie nucléaire, on exclut les
produits de dégraissage, de nettoyage ou huiles de coupe contenant des chlorures ;
cela afin d’éviter tout risque de corrosion par piqûres ou sous tension due aux ions Cl–
résiduels.
Caractéristiques de corrosion
Résistance à la corrosion humide
Dans des milieux très divers, depuis des ambiances très peu sévères, telles que des
eaux douces, jusqu’aux plus agressives de l’industrie chimique, on trouve toutes les
nuances définies précédemment. S’il s’agit de produits minces, principalement dans les
applications « grand public » telles qu’automobile, électroménager, etc. on retiendra prin-
cipalement les ferritiques. Pour des produits épais, souvent industriels, tels que chau-
dronnerie lourde, pompes, vannes, tubes épais etc. on pourra choisir des austénitiques,
austéno-ferritiques ou martensitiques.
Aspect de surface
Soit après des opérations de recuits brillants, soit à la suite de polissage, la plupart des
aciers inoxydables prennent un très bel aspect brillant. Cet aspect de surface explique
un grand nombre d'applications, tout spécialement pour des raisons décoratives.
On trouve ainsi beaucoup de ferritiques en produits minces dans l’ameublement, dans la
carrosserie automobile, dans l’électroménager, le bâtiment, etc.
234
5 • Aciers inoxydables 5.4 Domaines d’utilisation des aciers
inoxydables
Cryogénie
Sous réserve d’équilibrer convenablement leur composition, la phase austénitique très
ductile peut être maintenue à très basse température, pratiquement à proximité de 0 K.
Parallèlement d’ailleurs, les caractéristiques de résistance augmentent. Ces aciers vont
donc trouver des applications intéressantes en cryogénie, qu’il s’agisse de réservoirs,
canalisations ou appareils divers. B
Amagnétisme
ALLIAGES FERREUX
Sous réserve d’équilibrer leur composition pour éviter la présence de phase α, à l’inverse
de la plupart des autres aciers, ces produits sont amagnétiques. Cela explique des appli-
cations très diverses, en particulier pour de nombreux appareils scientifiques.
Fluage
Nous avons indiqué ci-dessus le bon comportement au fluage des austénites et en parti-
culier celles avec addition de molybdène. Elles trouveront donc de nombreuses applica-
tions en fluage en général, jusqu’à des températures de 750 à 800 ˚C.
Nucléaire
Sous l’effet des rayonnements neutroniques, tous les métaux, les aciers en particulier,
subissent un phénomène de fragilisation inévitable. Sans entrer dans le détail, on
comprendra que la première solution consiste à utiliser un matériau ayant au départ la
ductilité la plus élevée possible. Cela explique que les nuances austénitiques, avec ou
sans molybdène, soient quasi exclusivement utilisées pour toutes les structures internes
des réacteurs nucléaires.
Groupe 2
Caractéristiques : épaisseur limitée, bonne résistance à la corrosion.
Applications : électroménager, cuisines industrielles, éviers, ballons d’eau chaude, maté-
riel de laiterie, etc.
Inoxydables martensitiques
Groupe 1
Caractéristiques : résistance à la corrosion limitée, mise en œuvre facile.
Applications : pièces mécaniques diverses, vannes, robinets, visserie et boulonnerie inox,
etc.
235
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
Groupe 2
Caractéristiques : résistance à la corrosion moyenne, dureté élevée.
Applications : ménagères inox (couteaux, cuillers, fourchettes, divers), platerie, etc.
Groupe 3
Caractéristique : dureté très élevée.
Applications : outils chirurgicaux, outillage.
Groupe 4
Caractéristiques : bonne résistance à la corrosion, mise en œuvre aisée.
Applications : grosses pièces industrielles forgées ou moulées (vannes, pompes, turbines
hydrauliques Kaplan ou Pelton, axe d’hélice marine, tubes de périscope, etc.).
Austéno-ferritiques
Caractéristiques : utilisation < 200-250 ˚C, bonne résistance à la CST.
Applications : chaudronnerie lourde, industrie chimique, industrie papetière, industrie
pétrolière, etc.
Résilience
Acier ferritique % Cr %C %N
(daJ/cm2)
236
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
ALLIAGES FERREUX
Ces aciers, ductiles en forte épaisseur, sont facilement soudables sous réserve d’éviter
toute contamination en carbone et azote. Cela nécessite des soins tout particuliers. Les
protections gazeuses, entre autres protections envers, sont extrêmement importantes
pour éviter toute nitruration des zones fondues ou affectées.
Les autres conditions de mise en œuvre, emboutissage par exemple, ne présentent pas
de difficulté particulière, sous réserve une fois encore d’éviter les contaminations en
carbone. Par exemple, toute trace de lubrifiant, huile ou produits carburés doit être
soigneusement éliminée avant traitement à chaud.
Ces nuances, en particulier les plus chargées en chrome et molybdène, présentent des
caractéristiques de corrosion remarquables dans certaines conditions. C’est en particulier
le cas en milieux chlorurés. Par exemple, leur potentiel de piqûre peut atteindre des
valeurs de l’ordre de 700 à 900 mV/ECS, comparables à celles des austénitiques supé-
rieurs les plus alliés. Cela explique que ces aciers aient un excellent comportement en
eau de mer, jusqu’à des températures élevées ; on en trouvera donc des applications :
– en tubes de condenseurs refroidis à l’eau de mer,
– en échangeurs tubulaires ou à plaques dans des installations géothermiques ou de
dessalement.
Ces produits trouvent aussi des applications dans l’industrie chimique ou pétrolière, grâce
à leur très bonne résistance, par exemple, aux acides organiques, au carbamate dans la
fabrication de l’urée, etc.
237
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
R0,2 Rm
Nuances C Cr Ni Mn N
(MPa) (MPa)
X12CrMnNiN17-7-5
0,12 17 4,5 6,5 0,20 380 780
(AISI 201)
X12CrMnNiN18-9-5
0,12 18 5,0 6,5 0,20 380 790
(AISI 202)
238
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
ALLIAGES FERREUX
Figure 5.25 – Évolution de la limite d’élasticité en fonction de la teneur
en azote d’un acier 18Cr12Ni à différentes températures.
239
;;;
;;;;;
5 • Aciers inoxydables 5.5 Nouveaux aciers inoxydables
R0,2 , Rm (MPa)
;;;;;
;;;
1 000
;;;;;
CN
900 0
50
+
0
55
800 =
Rm CN
0
;;;;;
50
;;;
700 +
0
30
=
,2
600 R0
fin
;;;;;
in
ra
G
500
0C NC N
5+0 +0400
4
=510
=1
400 n 0R,20,2
naiR
ro
a isngfir
G
300
200
100
– enfin, cet azote, élément gammagène, permet, toutes choses égales par ailleurs, de dimi-
nuer la teneur en nickel.
Toutes ces raisons expliquent que les nuances les plus récentes, en particulier super
austénitiques et austéno-ferritiques, sont prévues avec des additions d’azote contrôlées
pour des valeurs pouvant atteindre 0,3 à 0,4 %. Seul, le soudage sous vide par bombar-
dement électronique, peut entraîner des difficultés par dégazage et perte d’azote.
240
5 • Aciers inoxydables 5.6 Commercialisation
;;
1 000 PF polymères alvéolaires Inoxydables
à l'azote
P polymères techniques
W bois
100 Ti
Cu
Al
10
Mg
Aciers
B
W
ALLIAGES FERREUX
W C
P
1 Cp
0,1
PF
0,01
0,1 1 10 100 1 000 10 000
Limite d'élasticité (MPa)
complexes formés peuvent avoir des températures de fusion beaucoup plus faibles ; ils
peuvent alors être liquides ou très viscoplastiques à la température de coupe.
Par conséquent, sous réserve de parfaitement contrôler leur composition, lors de l’élabo-
ration, les inclusions d’oxyde peuvent avoir le même rôle que les sulfures ; elles perdent
leur action abrasive pour servir au contraire de lubrifiant et améliorer l’usinabilité.
Il faut cependant préciser que :
– Pour que ces oxydes soient assez malléables, il faut que la température soit assez
élevée. Cela nécessite et explique que cet effet soit sensible pour des usinages à vitesse
assez élevée, avec des outils carbure ou mieux céramiques.
– Les gains d’usinabilité sont inférieurs à ceux obtenus avec les nuances resulfurées. Ils
sont tout de même de l’ordre de 20 à 30 %.
Mais surtout, les autres propriétés d’usage, en particulier la résistance à la corrosion, ne
sont pas modifiées. Ces nouvelles nuances à « oxydes contrôlés » devraient donc être
amenées à se développer.
5.6 Commercialisation
Les aciers inoxydables, selon les tonnages et les produits, sont commercialisés sous
forme de demi-produits soit par les producteurs, soit par des négociants ou revendeurs.
De façon tout à fait générale, ils sont obtenus sous toutes les formes de produits :
– Produits plats, sous forme de coils ou feuillards, depuis des épaisseurs très faibles (0,1
à 0,2 mm pour des applications électroniques) jusqu’à 2 à 3 mm en ferritiques, austéniti-
ques ou austéno-ferritiques.
241
5 • Aciers inoxydables 5.6 Commercialisation
1 200
Température (°C)
Phase χ
1 000 Phase de laves
larve
M23C6
800
σ
600
1 200
Température (°C)
1 000 Phase χ
Phase de laves
larve
800
M23C6
600
– Produits plats épais, sous forme de tôles de toutes épaisseurs en austénitiques, austéno-
ferritiques et martensitiques du groupe 4.
– Tôles plaquées, principalement d’austénitiques sur aciers au carbone.
– Produits longs de toutes dimensions et formes, principalement en martensitiques, austé-
nitiques, austéno-ferritiques ou nuances à hautes caractéristiques.
– Fils de tous diamètres dans toutes les nuances, à des taux d’écrouissage variés ou
traités. On rencontrera dans ce cadre des fils très fins pour la fabrication de filtres, grilles
etc. ou des fils à très hautes caractéristiques pour la réalisation de ressorts. On trouvera
aussi dans cette famille des fils à tolérances très précises pour des applications de décol-
letage par exemple.
– Des tubes de toutes dimensions et épaisseurs, soit sans soudure, soit soudés. On peut
trouver pour certaines applications, des tubes sans soudure bimétalliques ou même de très
gros tubes soudés à partir de tôles plaquées.
242
;;;
5 • Aciers inoxydables 5.6 Commercialisation
;;;;;
;;;;;;; 10
SiO2
90
Domaines de fluidité du laitier
pour diverses températures
du bain à :
1 400 °C
00
;;;;;
17
1 500 °C
;;
CRISTOBALITE
20 80 1 600 °C
;;
;;;;;
30 70
TRIDYMITE
00
13
B
00
40 60
12
;;
;;;;;
PSEUDO-
WOLLASTONITE
ALLIAGES FERREUX
MULLITE
CaO.SiO2 ANORTHITE 50
RANKINITE
;;;;;
0
30
;;
1
3CaO.2SiO2 1 300
40
2CaO.SiO2
00
2 1 Ca
Co SiO
;;;;;
2 4
70 3Al2O3 .2SiO2
00
GEHLENITE
3CaO.SiO2 Cao 2
0
CORINDON
00
3 Si 9
O
0
1
80 20
80
5
21
0
1 CoAl12O19
CaAl
22
;;;;;
70
1 80
00
2 30
1
00
1 700
0
Al14O33
90 10
1 900
CoAl4O7
CaAl
2 40
CHAUX Ca
o A
2 000
CoAl2O4
CaAl
0
3 l O
2 50
2
6
0
3CaO.Al2O3
12CaO.7Al2O3
CaO.Al2O3
CaO.2Al2O3
CaO.6Al2O3
CaO 10 20 30 Al2O3
– Des pièces forgées à chaud ou matricées de dimensions et formes très diverses, princi-
palement en austénitiques, austéno-ferritiques, martensitiques ou nuances à hautes carac-
téristiques.
– Des pièces de plus petites dimensions de forme très diverses, obtenues par forge ou
frappe à froid. Il s’agit principalement dans ce cas de nuances austénitiques ou marten-
sitiques.
– Des pièces moulées de toutes formes et dimensions, principalement en austénitiques ou
martensitiques du groupe 1 et 4. On peut dans certains cas envisager des nuances ferriti-
ques moulées, mais sous réserve d’accepter une grande fragilité et une mise en œuvre
très difficile.
– Tous les produits de soudage adaptés aux différentes nuances soudables, c’est-à-dire
pratiquement toutes, à l’exception des martensitiques les plus chargées en carbone
(groupe 3). On notera à ce sujet l’utilisation très fréquente de revêtements de soudure
épais, souvent en deux couches, sur des aciers au carbone ou aciers peu alliés.
– Des poudres peuvent être obtenues, soit pour la fabrication de produits divers tels que
filtres, soit pour l’élaboration de pièces frittées, soit même pour réaliser des mélanges
polymères-inox.
243
5 • Aciers inoxydables 5.7 Renseignements pratiques
5.7.3 Normalisation
Association française de la normalisation (Afnor), 11 avenue Francis Pressensé, 93471
La Plaine Saint-Denis cedex, Tél. : 01 41 62 80 00, www.afnor.fr.
5.7.4 Bibliographie
Colombier L., Hochmann J., Aciers inoxydables, Aciers réfractaires, Dunod, Paris, 1965.
Lacombe P., Baroux B., Béranger G., Les aciers inoxydables, Éditions de physique, Les
Ulis, 1990. (Édition anglaise : Stainless Steels, 1993).
Colombié M, Aciers inoxydables, Techniques de l’ingénieur, Paris, 1990.
Colombié M. Traitement thermique des aciers inoxydables, Techniques de l’ingénieur,
Paris, 1983.
Peecknerd, Bernsteins I, Handbook of stainless steels, McGraw Hill, New York, 1978.
Les aciers inoxydables. Propriétés, mise en œuvre, emploi, normes, traduit de l’allemand
par G. David, Lavoisier, 1990.
244
6 • Aciers d’outillage
6 • ACIERS D’OUTILLAGE
ALLIAGES FERREUX
ACIERS D’OUTILLAGE Robert Lévêque
Les aciers à outils sont employés dans des domaines industriels variés comme la plas-
turgie ou la coulée sous pression des matériaux non ferreux (alliages d’aluminium, de
zinc…), le travail des métaux en feuilles sur presse (découpage et emboutissage), le
filage en tubes ou en profilés des alliages d’aluminium et de cuivre, la forge, le laminage
à chaud et à froid, la frappe à froid, l’usinage…
Or ces industries de transformation mettent en œuvre des matériaux très réfractaires (alliages
de titane, de nickel et de cobalt) tout en recherchant en permanence à augmenter leur
productivité. Les outils sont soumis par conséquent à une élévation des sollicitations méca-
niques et thermiques ; ils subissent des dégradations accrues par des phénomènes d’usure
où interviennent des mécanismes comme l’abrasion, l’érosion, l’adhésion, la déformation à
chaud et le fluage, la fatigue de surface, la fatigue mécanique et thermique, ainsi que la corro-
sion. Un outil de qualité doit donc résister à cet ensemble de sollicitations avec une longévité
aussi élevée que possible pour ne pas augmenter le prix de la pièce mise en œuvre.
D’autre part, c’est la surface de l’outil qui, dans la plupart des cas, doit supporter les
contraintes les plus sévères et il sera donc particulièrement judicieux de renforcer ses
caractéristiques mécaniques.
En conséquence, les aciers à outils ne peuvent pas être définis comme les aciers de
construction au moyen de lois de comportement simples. Les critères de choix sont inti-
mement liés aux conditions d’emploi, à la sévérité dimensionnelle ainsi qu’à l’état de
surface et à la nature des matériaux mis en œuvre : plastiques, alliages d’aluminium, de
cuivre, de zinc et de titane, aciers doux et aciers alliés, alliages à base de nickel. D’une
manière générale, les propriétés requises au niveau des aciers à outils sont les
suivantes :
– une grande dureté pour résister aux déformations lors du travail par enfoncement, par
cisaillement ou par pénétration dans le métal pour en enlever une partie sous forme de
copeaux ; suivant l’emploi auquel est destiné l’outil, on attache plus ou moins d’importance
au fait que la dureté persiste lorsque l’acier est porté à température élevée ;
– une limite d’élasticité élevée pour limiter les déformations permanentes, ainsi qu’une
excellente tenue au fluage aux températures atteintes en surface, notamment pour les
aciers de travail à chaud ;
– une bonne ténacité, c’est-à-dire une bonne résistance à la rupture brutale. Il s’agit en
effet pour l’outil de tolérer une certaine déformation plastique avant l’apparition de fissures
ou de ruptures fragiles ;
– une bonne résistance aux chocs, c’est-à-dire la conservation de la ténacité pour des
vitesses de sollicitation élevées, éventuellement en présence de zones où se concentrent
les contraintes ;
245
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
– une bonne résistance à la fatigue, aussi bien en ce qui concerne l’amorçage des fissu-
res en liaison avec les effets d’entaille ou de concentration de contraintes que la vitesse de
propagation des fissures ;
– une bonne résistance à la fatigue superficielle, consécutive à la fois aux efforts répé-
tés sous l’effet des contraintes de Hertz en sous-couche et aux sollicitations successives
de traction en surface dues aux efforts de frottement ;
– une bonne résistance à la fatigue et aux chocs thermiques, surtout pour les aciers
de mise en forme à chaud et les moules de coulée sous pression des alliages non ferreux,
qui sont soumis à des changements de température brusques et répétés ;
– une bonne résistance à l’usure sous toutes ses formes qui conduisent à l’enlèvement
de matière et à l’émission de débris (abrasion, adhésion, délamination) ;
– une bonne résistance à la corrosion dans certains cas spécifiques de mise en forme
avec le contact d’aluminium ou de zinc fondu, de plastiques fluorés, de verres particulière-
ment agressifs et de lubrifiants contenant des additifs soufrés ou du phosphore.
Toutes ces propriétés fonctionnelles ne sont pas forcément compatibles. Aussi, selon les
cas de mise en œuvre, on utilise des classes d’aciers à outils adaptées, dont les proprié-
tés superficielles et notamment mécaniques et tribologiques peuvent être améliorées par
des traitements thermiques et thermochimiques superficiels, ainsi que par différentes
familles de traitements de surface.
246
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
Les progrès réalisés dans les méthodes d’élaboration permettent d’envisager des additions
d’aluminium importantes, à des taux supérieurs ou égaux à 1 %, notamment pour des
aciers à faible teneur en carbone et contenant des éléments d’alliage comme le nickel. La
précipitation de phases intermétalliques est mise à profit pour assurer un bon compromis
entre les propriétés de mise en œuvre (aptitude à l’usinage, au polissage et au soudage) et
les caractéristiques mécaniques requises après le traitement de vieillissement.
Certains aciers à outils, parmi les plus alliés, contiennent des éléments très carburigènes
comme le titane ou le niobium, éléments qui entrent dans la composition des carbures
primaires du type MC et qui contribuent à augmenter la résistance à l’usure.
B
ALLIAGES FERREUX
6.1.2 Classification
La propriété essentielle d’un acier à outil est la dureté qui exprime la résistance du maté-
riau à l’enfoncement ou à la déformation. Cette propriété doit être atteinte soit à la tempé-
rature ambiante, soit le plus souvent à chaud avec des maintiens sous charge souvent
prolongés. Suivant la composition chimique de l’acier, des niveaux de dureté compris
entre 40 et 70 HRC peuvent être obtenus après un traitement thermique de trempe et un
revenu.
Dans la mesure où les phénomènes de contact avec les matériaux mis en forme par
déformation à froid ou à chaud ou par usinage peuvent entraîner des échauffements
importants, il est nécessaire que l’acier constituant l’outillage ait en plus une résistance
à chaud suffisante pour éviter un adoucissement trop important en service.
C’est cette dernière propriété qui permet de classer les aciers à outils en quatre grou-
pes conformément à la norme ISO/DIS 4957 qui a remplacé la norme NF A 35590 1.
Cette norme s’applique à tous les types de produits laminés à chaud ou à froid, forgés
ou étirés, et ne prend en compte que les aciers qui ont acquis une certaine renommée
internationale. Elle désigne les aciers à outils suivant quatre groupes différents :
– les aciers à outils non alliés pour travail à froid,
– les aciers à outils alliés pour travail à froid (température de surface inférieure à 200 °C),
– les aciers à outils alliés pour travail à chaud (température de surface supérieure à 200 °C),
– les aciers rapides (température de surface pouvant atteindre, voire dépasser 600 °C).
Comparativement à la norme ISO/DIS 4957, la désignation américaine fait appel à des
lettres qui rappellent, soit les propriétés d’emploi (H pour chaud), soit la composition
chimique (T et M pour les aciers contenant du tungstène ou du molybdène), soit les
propriétés de mise en œuvre (W pour trempant à l’eau, O pour trempant à l’huile et A
pour trempant à l’air).
Aciers à outils non alliés pour travail à froid
Ces aciers, dont la teneur en carbone est comprise entre 0,45 et 1,2 %, sont pour la
plupart des aciers de trempe superficielle. À l’exception de la nuance à 0,45 % de
carbone, les teneurs en résiduels, manganèse et silicium, de ce groupe sont maintenues
à un niveau bas pour réduire la pénétration de trempe et par conséquent les risques de
variations dimensionnelles (C70U, C80U, C90U, C105U, C120U).
247
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
Aciers rapides
Ces aciers sont caractérisés par une très grande dureté à la température ambiante, supé-
rieure à 60 HRC, et par une très bonne dureté à chaud. Leur composition chimique
comporte plus de 0,7 % de carbone et des éléments susceptibles de former des
carbures : 4 % de chrome dans tous les cas, du tungstène, du molybdène et du vanadium
1. Il s’agit d’aciers de structure martensitique à bas carbone durcis par précipitation de phases
intermétalliques.
248
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
ALLIAGES FERREUX
vanadium, avec des additions de cobalt pouvant atteindre 10 % (HS 6-5-3-8, 10-4-3-10,
2-9-1-8).
D’une manière générale, il y a une certaine équivalence entre les éléments carburigènes
de ces aciers, ce qui permet de calculer le tungstène équivalent par la relation :
Wequ = % W + 2 % Mo + 4 % V + 0,5 % Cr
et de réaliser ainsi un classement rapide de la tenue à l’usure des différentes nuances
d’aciers rapides.
Ségrégations
L’importance de la solidification est très grande dans les aciers à outils hautement char-
gés en carbone et en éléments carburigènes par comparaison avec les aciers peu alliés,
car les ségrégations sont concrétisées par le réseau de carbures eutectiques qui ne peut
être remis en solution ou atténué par diffusion.
Le seul moyen pour affiner réellement la structure des produits en aciers à outils est
d’agir sur la cristallisation, c’est-à-dire de chercher à obtenir, dès la solidification, une
réduction des ségrégations des éléments d’alliage et du carbone. Les principaux
moyens employés sont :
– les artifices utilisés en métallurgie conventionnelle : vibration des lingotières, bras-
sage au moyen de gaz, introduction de germes de solidification sous forme de particules
solides ;
– les procédés de refusion sous laitier, ou sous vide qui permettent à la fois une épura-
tion, un abaissement du taux et de la taille des inclusions, une très forte réduction de la
teneur en éléments résiduels, ainsi qu’un affinage de la structure de l’acier ;
249
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
– la métallurgie des poudres préalliées, qui réduit très fortement les ségrégations par un
changement radical du processus de solidification et une augmentation très sensible de la
vitesse de refroidissement.
Veines sombres
Les veines sombres sont constituées de lignes de métal ségrégé, cristallisées indépendamment
de la masse du lingot. Ces zones peuvent contenir des microretassures et, dans le cas des
aciers à outils très alliés, des ségrégations importantes d’éléments d’alliage provoquant la
formation de carbures massifs. Ce phénomène, qui apparaît assez facilement dans les aciers à
outils très chargés en carbone, serait lié à la formation de bulles de gaz remontant dans le
liquide chargé de cristaux, le trajet de ces bulles étant comblé ultérieurement par du liquide
ségrégé. Ce défaut peut être évité si le bain d’acier liquide est bien désoxydé et si la surface
interne de la lingotière est exempte d’oxydes.
Transformation des lingots
La transformation à chaud des lingots est réalisée au moyen de gammes où sont
prises en compte les particularités des aciers à outils : la forgeabilité souvent réduite,
la sensibilité à la tapure, la tendance à la coalescence des carbures et au grossisse-
ment du grain. Cette transformation, par forgeage et par laminage, permet d’obtenir la
structure la plus homogène possible avec un agrégat de carbures sur fond ferritique.
– Pour les aciers à outils les moins alliés qui ne présentent pas un réseau de carbures
eutectiques à l’état brut de coulée, un taux de corroyage minimum de 5 est souvent
suffisant ; ce taux peut être réduit à 3 lorsque le lingot est obtenu par refusion d’électrode
consommable. Par ailleurs, le remplacement du simple étirage par un forgeage tridimen-
sionnel permet, d’une part d’améliorer l’isotropie du matériau obtenu, d’autre part d’orien-
ter préférentiellement les fibres du métal en fonction de la forme des pièces à réaliser.
– Pour les aciers à outils les plus alliés qui présentent un réseau de carbures eutectiques,
un taux de corroyage minimum de 8 est nécessaire pour briser ce réseau. Dans le cas
où il est impossible d’obtenir, à partir du lingot, la dimension du produit désiré avec le taux
de corroyage minimum pour avoir une structure correcte, un forgeage tridimensionnel est
réalisé systématiquement avec une succession d’opérations d’étirage et de refoulement.
– Certaines nuances d’aciers à outils peuvent être transformées directement par
laminage ; toutefois, le mode de transformation a son importance, notamment pour les
aciers contenant un réseau de carbures eutectiques. Dans ce cas, la forgeabilité est
médiocre à l’état brut de coulée et s’améliore avec le taux de corroyage, ce qui nécessite
l’utilisation de faibles vitesses de déformation pour les passes d’ébauchage (moins de
10 % par seconde), donc un début de transformation du lingot à la forge. De plus, le
forgeage, par son mode d’action (déformation en profondeur) conduit, à taux de
corroyage égal, à une destruction plus rapide des réseaux de carbures que le laminage.
– Le tréfilage constitue le prolongement naturel du laminage à chaud pour l’obtention de
petits diamètres. Toutefois, cette opération, délicate en raison de la faible capacité de défor-
mation des aciers à outils, ne peut être réalisée que sur des structures parfaitement globu-
lisées à l’état recuit, décrites dans le paragraphe suivant.
Structure à l’état recuit
Les carbures présents dans les aciers à outils à l’état recuit dépendent de la teneur en
éléments d’alliage :
– les carbures M3C ou cémentite substituée pour les aciers les moins alliés,
– les carbures M7C3 pour les aciers contenant plus de 3 % de chrome,
– les carbures M2C et M23C6 pour les aciers contenant plus de 4 % de tungstène ou 2 %
de molybdène,
– les carbures MC pour les aciers contenant du vanadium, du niobium ou du titane (M
associant les éléments fer, tungstène, molybdène et vanadium ou niobium/titane).
250
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
ALLIAGES FERREUX
– le recuit de globulisation réalisé de manière cyclique autour du point AC1, et suivi par
un refroidissement n’excédant pas la vitesse de 150 °C par heure, qui donne à l’acier une
structure la plus homogène possible avec des carbures sphéroïdisés ;
– la normalisation réalisée à des températures comprises entre 900 et 1 200 °C dont le
but est d’effacer les précipitations de carbures aux joints de grains, néfastes pour les
propriétés d’emploi (tenue aux chocs et à la fatigue mécanique) ;
– le recuit d’adoucissement pratiqué entre 660 et 780 °C, c’est-à-dire juste au-dessous
du point AC1, qui atténue l’effet des contraintes le plus complètement possible, sans chan-
ger la structure de trempe.
– le recuit d’homogénéisation réalisé dans le but de réduire les hétérogénéités chimiques
dues au processus de solidification et de transformation à chaud pour atténuer leurs consé-
quences néfastes sur le comportement ultérieur de l’outil au traitement thermique (variations
dimensionnelles, structure de trempe hétérogène). La réduction des hétérogénéités est obte-
nue par un traitement à haute température (supérieure ou égale à 1100 °C), avec une durée
nécessaire pour assurer cette réduction par diffusion des éléments ségrégés. Ce traitement
d’homogénéisation qui a une incidence importante sur le grossissement des grains de l’acier
doit être obligatoirement suivi d’un affinage structural réalisé par un cycle thermique du type
traitement de normalisation ou trempe par étape avec revenu aux environs de 700 °C.
Traitement thermique de trempe
Lors du chauffage d’un acier rapide recuit, la structure ferrite-carbures se transforme en
austénite avec ou sans carbures selon la composition chimique de l’acier.
Température d’austénitisation selon le type d’acier
La formation de l’austénite commence vers 720 °C dans le cas d’un acier à outil non
allié ; cette température est fortement augmentée par tous les éléments alphagènes
(chrome, tungstène, molybdène, vanadium, silicium) et abaissée par les éléments
gammagènes (manganèse, nickel).
Éléments alphagènes et gammagènes
Les éléments alphagènes sont ceux qui ont tendance à augmenter le domaine d’existence de
la phase α, ferritique, dans le diagramme fer-carbone. Dans ces conditions, le domaine d’exis-
tence de la phase austénitique est réduit et la transformation α γ au chauffage est réalisée
à une température plus élevée. De la même façon, les éléments gammagènes sont ceux qui
ont tendance à augmenter le domaine d’existence de la phase austénitique et, par voie de
conséquence, abaissent le point de transformation α γ au chauffage.
Les aciers à outils peu alliés ont une structure à l’état recuit constituée par de la ferrite
et des carbures M3C. La température de trempe choisie est en général de 50 °C au-
dessus du point correspondant à la fin de la transformation α γ c’est-à-dire en moyenne
entre 800 et 900 °C. Cette température est un bon compromis entre une mise en solution
251
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
suffisante des carbures et une taille de grains correcte. La règle habituelle de 30 min de
maintien par 25 mm d’épaisseur pour des fours à atmosphère classique est tout à fait
satisfaisante dans le domaine de température 800 à 900 °C.
Pour les aciers à outils alliés, la température d’austénitisation est plus élevée car la mise
en solution des carbures M7C3, M23C6, M6C et MC est plus difficile que celle des carbures
M3C. Pour la très grande majorité de ces aciers, la courbe de variation de la dureté en
fonction de la température d’austénitisation présente un maximum qui varie, selon la teneur
en éléments d’alliage, entre 950 et 1 200 °C. Au-delà de la température correspondant au
maximum de dureté, la remise en solution du carbone et des éléments carburigènes
abaisse suffisamment Ms et Mf pour qu’il y ait de plus en plus d’austénite résiduelle.
Dans le même temps, la taille de grains croît ; la température d’austénitisation en général
choisie se situe légèrement au-delà du maximum de dureté. La règle précédemment indi-
quée de 30 min de maintien par 25 mm d’épaisseur peut convenir, à condition que les
températures d’austénitisation n’excèdent pas 1 050 °C.
Entre 1 050 et 1 250 °C, températures utilisées pour les aciers à outils les plus alliés
(aciers à outils lédeburitiques et aciers rapides), il est plus intéressant, pour éviter
l’oxydation et la décarburation, d’utiliser les bains de sels et la règle la plus habituelle-
ment adoptée est un maintien de 2 min pour 15 mm d’épaisseur lorsque la température
de trempe est supérieure ou égale à 1 200 °C et 4 min pour 15 mm d’épaisseur lorsque
la température de trempe est inférieure à 1 200 °C.
Un autre moyen d’éviter l’oxydation et la décarburation est de pratiquer le traitement
thermique en four sous vide, notamment pour les applications où les caractéristiques
mécaniques superficielles sont très importantes (outils d’emboutissage, moules de
coulée sous pression d’alliages d’aluminium, de zinc et de cuivre, moules pour la plas-
turgie). Le temps de maintien est fonction de la température d’austénitisation. Il décroît
lorsque la température d’austénitisation augmente ; à titre d’exemple, il passe de 15 min
au minimum pour 10 mm d’épaisseur à une température de 1 000 °C à 3 min pour
1 100 °C et 90 s pour 1 200 °C.
La trempe en four sous vide a subi ces dernières années de profondes évolutions tech-
niques adaptées particulièrement au traitement de pièces massives. Le refroidissement
est obtenu par circulation forcée de gaz sous pression au moyen d’une turbine et d’un
échangeur permettant de puissants transferts thermiques convectifs entre la charge et le
milieu de refroidissement. La maîtrise technologique de l’injection de gaz neutres sous
pression, ainsi que l’apport des techniques de simulation numérique pour optimiser le
transfert thermique à la surface des pièces, ont permis d’aboutir à une très bonne repro-
ductibilité de ce mode de trempe. L’utilisation de mélanges CO2-He ou N2-He à la pres-
sion de 20 bar a permis d’atteindre les vitesses de refroidissement de la trempe huile,
avec des coefficients de transfert de chaleur compris entre 1000 et 2000 W/m2.°K. En
jouant sur les paramètres pression, vitesse et nature du gaz, il est possible de réaliser,
soit des trempes directes, soit des trempes étagées de pièces massives avec une très
bonne fiabilité industrielle. La trempe étagée permet d’ajuster l’intensité du refroidisse-
ment lors des moments critiques où les déformations sont susceptibles de se produire,
par exemple avant et au moment de la transformation martensitique. L’intégration récente
du traitement cryogénique à l’intérieur même du four sous vide permet d’élargir encore
les perspectives de refroidissement possibles.
Critères de trempabilité
L’obtention de la dureté après la trempe dans le cas des aciers à outils est liée à deux
facteurs distincts : l’intensité du durcissement qui dépend essentiellement de la quantité
252
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
ALLIAGES FERREUX
– aciers plus trempants : on utilise les courbes TRC avec association des critères de
dureté aux vitesses de refroidissement Δt 700/300, qui ne sont autres qu’une transposi-
tion de la courbe Jominy à des vitesses de refroidissement relativement lentes. Elles
permettent de situer les limites des possibilités offertes par les nuances d’aciers à outils
alliés pour travail à froid utilisées après des revenus à basse température, aux environs
de 200 °C, qui ne modifient que très peu la dureté à l’état brut de trempe. Le critère Δt
sur la figure 6.2 représente la vitesse de refroidissement, exprimée en °C/h. Les tempé-
ratures indiquées sur les courbes sont les températures d’austénitisation.
– aciers rapides utilisés après deux ou trois revenus à 550 °C : on peut employer les
mêmes critères : HV = f(Δt), Δt étant dans ce cas la vitesse de refroidissement exprimée
en °C/h, mais en associant conditions de refroidissement et dureté après revenu. La
figure 6.3 représente à titre indicatif les courbes HV = f(Δt) des nuances d’aciers rapides
les plus caractéristiques avec les températures d’austénitisation habituellement prati-
quées pour des utilisations en outils de coupe. Le critère Δt représente ici le temps pour
atteindre, au cours du refroidissement, la moitié de la température d’austénitisation. Ce
critère est très proche du critère Δt 700/300 classiquement utilisé pour les aciers de trai-
tement thermique. Les duretés sont mesurées sur les éprouvettes dilatométriques qui ont
servi au tracé des courbes TRC. Les températures indiquées sur les courbes sont les
températures d’austénitisation.
Figure 6.1 – Trempabilité de quelques aciers à outils alliés pour travail à froid,
mesurée par l’essai Jominy.
253
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
Critère Δt 700/300
Le critère Δt 700/300 est utilisé dans le cas des aciers de construction austénitisés à des tempéra-
tures généralement comprises entre 800 et 850 °C. Il permet de caractériser la loi de refroidissement
et peut être associé, d’une part à la sévérité du milieu de trempe, d’autre part à la microstructure de
trempe par l’intermédiaire des courbes de transformation en refroidissement continu.
Lois de refroidissement
Dans le cas des aciers à outils alliés austénitisés à des températures supérieures ou égales à
1 100 °C, la loi de refroidissement est caractérisée par une vitesse exprimée en °C/h et il est
possible d’associer ces vitesses, tout au moins au-dessus du point Ms, c’est-à-dire dans le
domaine de températures où se font les transformations de phases, à des lois de refroidisse-
ment de solides cylindriques trempés dans différents milieux.
D’une manière générale, pour tous les groupes d’aciers à outils alliés, on recherche une
structure martensitique homogène après la trempe pour optimiser l’ensemble des carac-
téristiques mécaniques. Il peut subsister, après ce traitement, une quantité non négligeable
d’austénite résiduelle, étroitement imbriquée à la structure martensitique ; une transforma-
tion plus complète en martensite peut alors être réalisée avec un traitement par le froid,
pratiqué par immersion dans un mélange réfrigérant à des températures comprises entre
– 60 et – 100 °C suivi d’une remontée lente, moins de 150 °C par heure, à la température
ambiante, et d’un traitement de détente entre 120 et 180 °C selon le type d’acier.
254
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
ALLIAGES FERREUX
Figure 6.3 – Courbes HV = f(Δt) pour les nuances d’aciers à outils
pour travail à froid les plus caractéristiques.
Traitement de revenu
Au cours de l’opération de revenu qui suit la trempe, des précipitations de carbures de fer
ont lieu dès 200 °C dans la martensite, ce qui se traduit par une chute de la dureté ; ces
phénomènes sont suivis, dans le cas des structures des aciers à outils les plus alliés, par
des précipitations de carbures spéciaux : chrome, molybdène, tungstène, vanadium, et des
transformations de l’austénite résiduelle qui entraînent un durcissement secondaire.
Les courbes de la figure 6.4 représentent l’évolution de la dureté HRC des aciers à outils
alliés pour travail à froid et des aciers rapides en fonction de la température de revenu :
– pour les aciers à outils de travail à froid les moins alliés (102Cr6, 90MnCrV8), la dureté
d’emploi, comprise entre 56 et 60 HRC, est obtenue par un revenu de détente à basse
température effectué entre 180 et 250 °C ;
255
6 • Aciers d’outillage 6.1 Définitions et notions de base
Duret Rockwell C
70
65
C
60 B
A
55
50
45
40
35
30
0 100 200 300 400 500 600 700
Temp rature de revenu (˚C)
– pour les aciers de travail à froid les plus alliés (X100CrMoV5, X153CrMoV12), la dureté
d’emploi, comprise entre 58 et 61 HRC, résulte soit d’un revenu à basse température
effectué entre 170 et 220 °C, soit d’un revenu à 500 °C. Dans ce dernier cas, il est préfé-
rable d’effectuer un double revenu pour éviter toute fragilisation causée par la transforma-
tion de l’austénite résiduelle ;
– pour les aciers rapides, la dureté d’emploi, comprise entre 62 et 66 HRC, est obtenue
après plusieurs revenus à 550 °C, c’est-à-dire au maximum du durcissement secondaire.
Dans le cadre de l’extension du domaine d’utilisation des aciers rapides en outils de mise
en forme à froid, il est nécessaire d’augmenter la résistance aux chocs de ces aciers et par
conséquent de diminuer le niveau de dureté entre 58 et 63 HRC. Cet abaissement du
niveau de dureté est obtenu par un abaissement de la température d’austénitisation aux
environs de 1 100 °C.
Les courbes de la figure 6.5 représentent l’évolution de la dureté en fonction de la tempé-
rature de revenu pour un certain nombre de nuances d’aciers à outils alliés pour travail
à chaud. Les nuances contenant 5 % de chrome ou 9 % de tungstène présentent,
comme les aciers rapides, un durcissement secondaire vers 550 °C. Une bonne stabilité
structurale de ces nuances nécessite au moins deux revenus : pour les nuances les plus
alliées, le premier revenu est effectué au maximum du durcissement secondaire pour
assurer une précipitation homogène des carbures spéciaux, et le deuxième est effectué
à la température correspondant à la température d’emploi.
256
6 • Aciers d’outillage 6.2 Normalisation
Dureté Rockwell C
55
50
45 A
40 B
ALLIAGES FERREUX
B
35
30
8h
300 400 500 600 700
25 4h
300 400 500 600 700
2h
300 400 500 600 700
20 1h
300 400 500 600 700
Température de revenu (˚C)
X37CrMoV5-1 X30WCrV9-3
40CrMoV13 55NiCrMoV7
20MoNi34-13 55CrNiMoV4
Figure 6.5 – Dureté des aciers à outils alliés pour travail à chaud
les plus caractéristiques en fonction de la température de revenu.
6.2 Normalisation
6.2.1 Désignation des nuances
La désignation des nuances d’aciers d’outillage est définie par la norme NF EN 10027 et
la circulaire d’information n° 10 de l’ECISS (European Committee for Iron and Steel Stan-
dardization) qui a été classée par l’AFNOR sous le numéro A 02-005-3 daté de mai 1993.
La norme ISO/DIS 4957 remplace maintenant la norme NF A 35590 et reprend dans ses
grandes lignes la norme NF EN 10027. Il s’agit d’un ensemble descripteur des aciers
d’outillage, de leurs compositions chimiques, de leurs propriétés mécaniques, du traite-
ment thermique et des essais de conformité. C’est ainsi que les aciers à outils sont réper-
toriés en quatre grands groupes.
257
6 • Aciers d’outillage 6.2 Normalisation
Pour les aciers alliés dont la teneur de chaque élément d’alliage est inférieure à 5 %, la
désignation est identique à celle des aciers au carbone alliés, avec nnn ab…m. nnn est
la teneur en carbone multipliée par 100 ; a, b… sont les symboles chimiques des éléments
d’alliage, m est un chiffre correspondant à la teneur pondérale multipliée par 4 pour la
plupart des éléments, sauf pour le molybdène, le cobalt, le cuivre, le titane, le vanadium
et le plomb pour lesquels le facteur multiplicatif est de 10 (par exemple 102Cr6).
Pour les aciers alliés dont la teneur en un élément dépasse 5 % : la désignation est
Xnnn a, b...m dans laquelle X est l’indication de la teneur en un élément supérieure à
5 %, nnn est la teneur en carbone multipliée par 100, a, b… sont les symboles chimiques
des éléments d’alliage et m représente la teneur en élément d’alliage majoritaire (par
exemple X37CrMoV5-1).
Aciers rapides
Pour ces nuances, on utilise une dénomination particulière avec HS n1n2n3n4 (C) dans
laquelle HS désigne l’acier rapide (High Speed), n1n2n3n4 sont les valeurs des concen-
trations en éléments d’alliage dans l’ordre suivant : tungstène, molybdène, vanadium,
cobalt, avec la désignation C (HC) pour les nuances à teneur en carbone supérieure à
la moyenne de la norme (par exemple HS 6-5-2-C) (voir 2.2).
258
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Les aciers à coupe rapide (tableau 6.4) ont une classification selon la composition
chimique des nuances :
– les aciers de base au tungstène ou au tungstène-molybdène,
– les aciers surcarburés qui présentent une plus grande résistance à l’usure,
– les aciers au cobalt qui sont caractérisés par une plus haute dureté à chaud,
– les aciers surcarburés au cobalt qui allient une très grande résistance à l’usure et une
bonne dureté à chaud.
259
Tableau 6.1 – Composition chimique, dureté à l’état recuit, température de trempe et dureté à l’état trempé et revenu des aciers à
260
outils non alliés pour travail à froid, d’après la norme ISO/DIS 4957.
Désignation Dureté
Composition chimique en pourcentage par masse a Essai de trempabilité
de l’acier (à l’état
recuit) b
C45U 0,42 à 0,50 0,15 à 0,40 0,60 à 0,80 0,030 0,030 207 c 810 W 180 54
C70U d 0,65 à 0,75 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 183 800 W 180 57
C80U d 0,75 à 0,85 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 192 790 W 180 58
C90U d 0,85 à 0,95 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 207 780 W 180 60
C105U d 1,00 à 1,10 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 212 780 W 180 61
C120U d 1,15 à 1,25 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 0,030 0,030 217 770 W 180 62
a Les éléments ne figurant pas dans ce tableau ne peuvent être ajoutés volontairement dans la composition de l’acier sans l’accord de l’acheteur, à l’exception de ceux
destinés à l’élaboration de la coulée. Toutes les précautions doivent être prises pour éviter l’addition à partir des ferrailles et matières premières utilisées en production
d’éléments susceptibles d’affecter la trempabilité, les caractéristiques mécaniques ainsi que l’aptitude à l’emploi de l’acier.
b La dureté à l’état étiré à froid (+A+C) peut être supérieure de 20HB à celle de l’état recuit (+A).
c Cette nuance est utilisée à l’état non traité.
d Les nuances d’acier C70U à C120U sont, par suite de leur composition chimique, des aciers à trempe superficielle. Pour un diamètre de 30 mm, la profondeur de péné-
tration de trempe sera approximativement de 3 mm. La trempe à cœur peut être pratiquée seulement en cas de diamètres inférieurs ou égaux à 10 mm.
e Milieu de trempe : W = eau
d’usage
6.3 Propriétés de mise en œuvre et
Tableau 6.2 – Composition chimique, dureté à l’état recuit, température de trempe et dureté à l’état trempé et revenu des aciers à
outils alliés pour travail à froid, d’après la norme ISO/DIS 4957.
Désignation Dureté
Composition chimique a b en pourcentage par masse Essai de trempabilité
de l’acier (à l’état
recuit) c
Température Milieu Température Dureté
+A
Symbolique C Si Mn Cr Mo Ni V W de trempe (°C) de de revenu (°C) minimale
maximal
(± 10 °C) trempe d (± 10 °C) HRC
HB
105 V 1,00 à 1,10 0,10 à 0,30 0,10 à 0,40 – – – 0,10 à 0,20 – 212 790 W 180 61
6 • Aciers d’outillage
50WCrV8 0,45 à 055 0,70 à 1,00 0,15 à 0,45 0,90 à 1,20 – – 0,10 à 0,20 1,70 à 2,20 229 920 O 180 56
60WCrV8 0,55 à 0,65 0,70 à 1,00 0,15 à 0,45 0,90 à 1,20 – – 0,10 à 0,20 1,70 à 2,20 229 910 O 180 58
102Cr6 0,95 à 1,10 0,15 à 0,35 0,25 à 0,45 1,35 à 1,65 – – – – 223 840 O 180 60
21MnCr5 0,18 à 0,24 0,15 à 0,35 1,10 à 1,40 1,00 à 1,30 – – – – 217 e e e e
70MnMoCr8 0,65 à 0,75 0,10 à 0,50 1,80 à 2,50 0,90 à 1,20 0,90 à 1,40 – – – 248 835 A 180 58
90MnCrV8 0,85 à 0,95 0,10 à 0,40 1,80 à 2,20 0,20 à 0,50 – – 0,05 à 0,20 – 229 790 O 180 60
95MnWCr5 0,90 à 1,00 0,10 à 0,40 1,05 à 1,35 0,40 à 0,65 – – 0,05 à 0,20 0,40 à 0,70 229 800 O 180 60
X100CrMoV5 0,95 à 1,05 0,10 à 0,40 0,40 à 0,80 4,80 à 5,50 0,90 à 1,20 – 0,15 à 0,35 – 241 970 A 180 60
X153CrMoV12 1,45 à 1,60 0,10 à 0,60 0,20 à 0,60 11,00 à 13,00 0,70 à 1,00 – 0,70 à 1,00 – 255 1 020 A 180 61
X210Cr12 1,90 à 2,20 0,10 à 0,60 0,20 à 0,60 11,00 à 13,00 – – – – 248 970 O 180 62
X210CrW12 2,00 à 2,30 0,10 à 0,40 0,30 à 0,60 11,00 à 13,00 – – – 0,60 à 0,80 255 970 O 180 62
35CrMo7 0,30 à 0,40 0,30 à 0,70 0,60 à 1,00 1,50 à 2,00 0,35 à 0,55 – – – f f
40CrMnNiMo
0,35 à 0,45 0,20 à 0,40 1,30 à 1,60 1,80 à 2,10 0,15 à 0,25 0,90 à 1,20 g – – f f
8-6-4 f
45NiCrMo16 0,40 à 0,50 0,10 à 0,40 0,20 à 0,50 1,20 à 1,50 0,15 à 0,35 3,80 à 4,30 – – 285 850 O 180 52
X40Cr14 h 0,36 à 0,42 1,00 1,00 12,50 à 14,50 – – – – 241 1 010 O 180 52
X38CrMo16 f 0,33 à 0,45 1,00 1,50 15,50 à 17,50 0,80 à 1,30 1,00 – – f f
a Les éléments ne figurant pas dans ce tableau ne peuvent être ajoutés volontairement dans la composition de l’acier sans l’accord de l’acheteur, à l’exception de ceux destinés à l’élaboration de la cou-
lée. Toutes les précautions doivent être prises pour éviter l’addition à partir des ferrailles et matières premières utilisées en production d’éléments susceptibles d’affecter la trempabilité, les caractéristi-
ques mécaniques ainsi que l’aptitude à l’emploi de l’acier.
b Pour tous les aciers : phosphore 0,030 % et soufre 0,030 % (voir néanmoins la note g).
c La dureté à l’état étiré à froid (+A+C) peut être supérieure de 20 HB à celle de l’état recuit (+A).
d Milieu de trempe : A = air, O = huile, W = eau.
e S’il a été cémenté, trempé et revenu, cet acier peut atteindre une dureté de surface de 60 HRC.
f Cet acier est normalement livré à l’état trempé et revenu avec une dureté d’approximativement 300 HB.
g Par convention, la teneur en soufre peut être augmenté de 0,050 % à 0,100 % et Ni peut être omis.
d’usage
6.3 Propriétés de mise en œuvre et
h Cet acier peut également être livré pré-traité avec une dureté d’approximativement 300 HB.
261
B
ALLIAGES FERREUX
Tableau 6.3 – Composition chimique, dureté à l’état recuit, température de trempe et dureté à l’état trempé et revenu des aciers à
262
outils alliés pour travail à chaud, d’après la norme ISO/DIS 4957.
Désignation Dureté
Composition chimique a b en pourcentage par masse Essai de trempabilité
de l’acier (à l’état
recuit) c
Température Milieu Température Dureté
+A
Symbolique C Si Mn Cr Mo V W Autres de trempe (°C) de de revenu (°C) minimale
maximal
(± 10 °C) trempe d (± 10 °C) HRC
HB
Ni
6 • Aciers d’outillage
55NiCrMoV7 e 0,50 à 0,60 0,10 à 0,40 0,60 à 0,90 0,80 à 1,20 0,35 à 0,55 0,05 à 0,15 248 f 850 O 500 42 g
1,50 à 1,80
32CrMoV12-28 0,28 à 0,35 0,10 à 0,40 0,15 à 0,45 2,70 à 3,20 2,50 à 3,00 0,40 à 0,70 – 229 1 040 O 550 46
X37CrMoV5-1 0,33 à 0,41 0,80 à 1,20 0,25 à 0,50 4,80 à 5,50 1,10 à 1,50 0,30 à 0,50 – 229 1 020 O 550 48
X38CrMoV5-3 0,35 à 0,40 0,30 à 0,50 0,30 à 0,50 4,80 à 5,20 2,70 à 3,20 0,40 à 0,60 – 229 1 040 O 550 50
X40CrMoV5-1 0,35 à 0,42 0,80 à 1,20 0,25 à 0,50 4,80 à 5,50 1,20 à 1,50 0,85 à 1,15 – 229 1 020 O 550 50
50CrMoV13-15 0,45 à 0,55 0,20 à 0,80 0,50 à 0,90 3,00 à 3,50 1,30 à 1,70 0,15 à 0,35 – 248 1 010 O 510 56
X30WCrV9-3 0,25 à 0,35 0,10 à 0,40 0,15 à 0,45 2,50 à 3,20 – 0,30 à 0,50 8,50 à 9,50 – 241 1 150 O 600 48
X35CrWMoV5 0,32 à 0,40 0,80 à 1,20 0,20 à 0,50 4,75 à 5,50 1,25 à 1,60 0,20 à 0,50 1,10 à 1,60 – 229 1 020 O 550 48
38CrCoWV Co
0,35 à 0,45 0,15 à 0,50 0,20 à 0,50 4,00 à 4,70 0,30 à 0,50 1,70 à 2,10 3,80 à 4,50 260 1 120 O 600 48
18-17-17 4,00 à 4,50
a Les éléments ne figurant pas dans ce tableau ne peuvent être ajoutés volontairement dans la composition de l’acier sans l’accord de l’acheteur, à l’exception de ceux destinés à l’élaboration de la cou-
lée. Toutes les précautions doivent être prises pour éviter l’addition à partir des ferrailles et matières premières utilisées en production d’éléments susceptibles d’affecter la trempabilité, les caractéristi-
ques mécaniques ainsi que l’aptitude à l’emploi de l’acier.
b Pour tous les aciers (sauf mention contraire), phosphore 0,030 % et soufre 0,020 %.
c La dureté à l’état étiré à froid (+A+C) peut être supérieure de 20 HB à celle de l’état recuit (+A).
d Milieu de trempe : O = huile. Les milieux habituels de trempe pour les outils sont l’air, le gaz ou le bain de sels.
f Pour de plus fortes dimensions, cet acier est normalement livré à l’état trempé et revenu avec une dureté de 380 HB approximativement.
d’usage
6.3 Propriétés de mise en œuvre et
HS18-0-1 0,73 à 0,83 – 3,80 à 4,50 – 1,00 à 1,20 17,20 à 18,70 0,45 269 1 260 560 63
HS2-9-2 0,95 à 1,05 – 3,50 à 4,50 8,20 à 9,20 1,70 à 2,20 1,50 à 2,10 0,70 269 1 200 560 64
HS1-8-1 0,77 à 0,87 – 3,50 à 4,50 8,00 à 9,00 1,00 à 1,40 1,40 à 2,00 0,70 262 1 190 560 63
HS3-3-2 0,95 à 1,03 – 3,80 à 4,50 2,50 à 2,90 2,20 à 2,50 2,70 à 3,00 0,45 255 1 190 560 62
HS6-5-2 0,80 à 0,88 – 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 1,70 à 2,10 5,90 à 6,70 0,45 262 1 220 560 64
HS6-5-2C g 0,86 à 0,94 – 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 1,70 à 2,10 5,90 à 6,70 0,45 269 1 210 560 64
HS6-5-3 1,15 à 1,25 – 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 2,70 à 3,20 5,90 à 6,70 0,45 269 1 200 560 64
HS6-5-3C 1,25 à 1,32 – 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 2,70 à 3,20 5,90 à 6,70 0,70 269 1 180 560 64
HS6-6-2 1,00 à 1,10 – 3,80 à 4,50 5,50 à 6,50 2,30 à 2,60 5,90 à 6,70 0,45 262 1 200 560 64
HS6-5-4 1,25 à 140 – 3,80 à 4,50 4,20 à 5,00 3,70 à 4,20 5,20 à 6,00 0,45 269 1 210 560 64
HS6-5-2-5 g 0,87 à 0,95 4,50 à 5,00 3,80 à 4,50 4,70 à 5,20 1,70 à 2,10 5,90 à 6,70 0,45 269 1 210 560 64
HS6-5-3-8 1,23 à 1,33 8,00 à 8,80 3,80 à 4,50 4,70 à 5,30 2,70 à 3,20 5,90 à 6,70 0,70 302 1 180 560 65
HS10-4-3-10 1,20 à 1,35 9,50 à 10,50 3,80 à 4,50 3,20 à 3,90 3,00 à 3,50 9,00 à 10,00 0,45 302 1 230 560 66
HS2-9-1-8 1,05 à 1,15 7,50 à 8,50 3,50 à 4,50 9,00 à 10,00 0,90 à 1,30 1,20 à 1,90 0,70 277 1 190 550 66
a Les éléments ne figurant pas dans ce tableau ne peuvent être ajoutés volontairement dans la composition de l’acier sans l’accord de l’acheteur, à l’exception de ceux destinés à l’élaboration de la cou-
lée. Toutes les précautions doivent être prises pour éviter l’addition à partir des ferrailles et matières premières utilisées en production d’éléments susceptibles d’affecter la trempabilité, les caractéris-
tiques mécaniques ainsi que l’aptitude à l’emploi de l’acier.
b Maximum 0,40 % Mn, sauf indication contraire.
c Maximum 0,030 % P et Maximum 0,030 % S.
d La dureté à l’état recuit et étiré à froid (+A+C) peut être supérieure de 50 HB à celle de l’état recuit ; la dureté à l’état recuit et laminé à froid (+A+CR) peut être supérieure de 70 HB à celle à l’état recuit
(+A).
e Pour l’essai de trempabilité de référence, soit l’huile, soit le bain de sels ; toutefois, en cas de désaccord, seulement l’huile. Les milieux habituels de trempe sont en pratique l’air, le gaz ou le bain de
sels.
f La dureté minimale spécifiée pour l’essai de trempabilité doit être mesurée sur une surface préparée conformément à la norme ISO 6508. La décarburation est évitée en se conformant aux règles de
maintien en température pour les différents moyens de chauffage (voir 4.1.4.1, partie C-d).
g On peut décider d’une fourchette de teneur en soufre de 0,060 % S à 0,150 % S au moment de l’appel d’offres et de la commande pour cette nuance d’acier. Dans ce cas, un maximum de 0,80 % Mn
d’usage
6.3 Propriétés de mise en œuvre et
s’applique.
263
B
ALLIAGES FERREUX
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Tableau 6.5 – Désignation des aciers à outils non alliés pour travail à froid.
Comparaison des normes ISO 4957, EN 10027 (Europe), JIS G 4401 (Japon)
et ASTM A686 (États-Unis).
C45U 1-1730
C120U SK2 W5
Tableau 6.6 – Désignation des aciers à outils alliés pour travail à froid. Comparaison des
normes ISO 4957, EN 10027 (Europe), JIS G 4404 (Japon) et ASTM A681 (États-Unis).
105V SKSK3
50WCrV6 S1
60WCrV8 1-2550
102Cr6 1-2067 L3
21MnCr5 1-2162
70MnMoCr8 A6
90MnCrV8 1-2842 O2
95MnWCr5 O1
X100CrMoV5 SKD12 A2
X153CrMoV12 1-2379 D2
X210Cr12 1-2080 D3
X210CrW12 1-2436
35CrMo7
40CrMnNiMo8-6-1 1-2312
45NiCrMo16 1-2767
X40Cr14
X38CrMo16 1-2316
264
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Tableau 6.7 – Désignation des aciers alliés à outils pour travail à chaud. Comparaison
des normes ISO 4957, EN 10027 (Europe), JIS G 4404 (Japon) et ASTM A681 (États-Unis).
ALLIAGES FERREUX
X38CrMoV5-3
50CrMoV13-15
38CrCoWV SKD8
18-17-17
Tableau 6.8 – Désignation des aciers rapides. Comparaison des normes ISO 4957, EN
10027 (Europe), JIS G4403 (Japon) et ASTM A600 (États-Unis).
HS 0-4-1
HS 1-4-2
HS 18-0-1 SKH2 T1
HS 1-8-1 M1
HS 3-3-2 1-3333
HS 6-5-2 SKH51 M2
HS 6-5-3C
HS 6-6-2 SKH52
HS 6-5-4 SKH54 M4
HS 6-5-3-8
265
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Une étape importante vient d’être franchie dans ce domaine par l’usinage à grande
vitesse (UGV) qui allie vitesse de coupe et avance élevées, d’où une augmentation sensi-
ble de la productivité tout en maintenant un état de surface très satisfaisant.
À l’état recuit, l’usinabilité des aciers à outils est affectée par la teneur en carbone et en
éléments carburigènes : chrome, tungstène, molybdène et vanadium. En effet, les carbu-
res alliés constituent des éléments de renfort pour la résistance du matériau usiné à la
déformation par cisaillement lors de la coupe.
La structure optimale pour l’opération d’usinage correspond, pour les aciers à plus de
0,75 % C, à une répartition homogène de carbures globulisés et, pour les aciers à moins de
0,75 % C, à un mélange de perlite et de carbures globulisés obtenus par un contrôle du recuit.
Le classement de l’usinabilité des aciers à outils à la suite d’essais réalisés avec des
matériaux de coupe tout à fait classiques (carbures pour les opérations de tournage et
de fraisage, aciers rapides pour les opérations de perçage) peut fournir un guide de l’utili-
sateur en vue d’une évolution potentielle du matériau de coupe selon l’acier usiné. Ce
classement apparaît sur le tableau 6.9.
L’influence néfaste des carbures alliés contenant les éléments chrome, tungstène, moly-
bdène et vanadium sur l’aptitude à l’usinage des aciers à outils apparaît nettement.
Pour illustrer d’une manière plus concrète ces conditions d’usinabilité à l’état recuit, le
tableau 6.10 donne quelques valeurs des paramètres de coupe (avance, vitesse de coupe,
géométrie d’outils) pour trois aciers différents : 45NiCrMo16 (45NCD16), X38CrMoV5
(Z38CDV5), X153CrMoV12 (Z160CDV12)1.
266
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Tableau 6.10 – Conditions d’usinage des aciers de forte trempabilité à l’état recuit,
(600 à 800 MPa), 45NiCrMo16, X37CrMoV5-1, X153CrMoV12
(lubrification huile soluble).
Document d’origine Creusot-Loire Industrie.
ALLIAGES FERREUX
&'( &( %) (( ( (,'#(,
&'( &( %) *+ (( ( (,'#(,
Copiage et finition avec outils en carbures (plaquettes amovibles)
-)!
! !
!./
!!
"#$ %
"$
&'( &( %) ( '( (,#(,
&'( &( 0 *+
Perçage avec outils en aciers rapides
Ces valeurs sont données simplement pour aider l’utilisateur à définir les conditions
d’usinage des aciers à outils à l’état recuit.
En ce qui concerne la conduite de l’opération d’usinage, il est bon de noter que, lorsqu’on
se trouve en présence d’un outillage de forme complexe avec des épaisseurs de métal
résiduel très variables, un usinage trop brutal peut engendrer des tensions superficielles
non négligeables.
La libération de ces tensions au cours du chauffage précédant la trempe peut être un
facteur important de déformations aux traitements.
Les outillages de mise en forme tels que les moules d’injection plastique [40CrMnMo8
(40CMD8) à 1 100 MPa, 55NiCrMoV7 (55NCDV7) à 1 300 MPa], les moules de verrerie
(aciers à outils inoxydables à 1 100/1 500 MPa), les matrices de forge [55NiCrMoV7 à
1 350 MPa sur pilons, X37CrMoV5-1(Z38CDV5) à 1 500/1 800 MPa sur presses], les
poinçons et matrices de découpe et d’emboutissage [X153CrMoV12 (Z160CDV12) et
aciers rapides à des niveaux de résistance supérieurs à 1 700 MPa] s’usinent maintenant
directement à l’état traité.
En effet, une amélioration de la rigidité des machines a permis l’utilisation d’outils
coupants avec une très haute résistance à l’usure et l’intégration de l’usinage à grande
267
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Tableau 6.11 – Conditions d’usinage des aciers Inoxydables utilisés comme moules à
l’état prétraité (Rm 1100 MPa) : X40Cr14 (Z40C14), X35 CrMo17.1 (Z35CD17.1), X60Cr14
(Z60C14). (lubrification huile soluble) – Document d’origine Creusot-Loire Industrie.
# "
!" 3 3 & 3 %&
45 677%
45 677%7 ' 8! &-&!&- &-!&-% &-'!&-
45 %7&77
vitesse. Les conditions d’usinage des aciers inoxydables utilisés dans la verrerie et la
plasturgie sont données à titre indicatif dans le tableau 6.11.
Dans le domaine des moules pour injection de plastique [40CrMnMo8 (40CMD8) traité
pour un niveau de résistance de 1 150 MPa], l’introduction de l’usinage à grande vitesse
a permis de faire des progrès substantiels en terme de réduction de coût par rapport à
l’usinage conventionnel, grâce en particulier aux travaux du CETIM.
Le bilan technico-économique comparé des différentes opérations (par rapport à une
référence usinage conventionnel avec un pas de balayage élevé et une vitesse d’avance
classique) a permis d’apporter les conclusions suivantes :
– en usinage à grande vitesse, sens de travail aller et retour à pas réduit, le temps
d’usinage est diminué de 30 % et le coût de 23 % par rapport à l’usinage conventionnel.
L’intérêt de cette gamme apparaît nettement au niveau du polissage avec des temps et
des coûts divisés par trois ;
– au seul stade de l’usinage, la grande vitesse à pas conventionnel est séduisante en
termes de temps et de coût, mais la durée de polissage, aussi importante qu’en usinage
conventionnel, en diminue beaucoup les attraits ;
– en usinage à grande vitesse, sens de travail aller et retour à pas réduit, qui semble
constituer l’optimum technico-économique, l’utilisation d’outils en nitrure de bore cubique
268
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Électroérosion
Dans le cas d’aciers livrés à des niveaux de résistance supérieurs à 1 100 MPa, ou pour
la réalisation d’outillages de forme complexe, des moyens d’usinage non conventionnels
ont été développés, notamment dans le domaine de l’outil de mise en forme ; il s’agit de
l’électroérosion.
Ce procédé est un usinage par reproduction négative de la forme d’une électrode, car
l’enlèvement de matière résulte des actions thermiques et dynamiques d’étincelles jaillis-
sant entre la pièce usinée et l’électrode de l’outil (en cuivre ou en graphite).
Au cours de cette opération, l’apport thermique, important, se traduit par une fusion de
la surface avec une vaporisation partielle.
Usure en dépouille maximale
0,30
V bmax (mm)
0,25
Acier X37 Cr Mo V5-1 (Z38CDV5)
à 1 600 MPa
0,20 D = 6 mm
0,15
0,10
0,05
0
0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000
Surface usinée (cm 2 )
CW + TiCN à Vc = 250 m/min
CW + TiCN à Vc = 150 m/min
CBN à Vc = 500 m/min
Figure 6.6 – Comportement du CBN dans un acier traité pour 1 600 Mpa. Évolution
de l’usure de l’outil en fonction de la surface usinée.
D’après CETIM Information, 143, Avril 1995.
269
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Ra (μm)
15
10
0
0 2 4 6 8
E 1/3 (mJ 1/3 ) pulse
Ra : rugosité définie par les norme EN 05-015
électrode de graphite
électrode de cuivre
270
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Usinage
Électroérosion
Nombre à grande vitesse
de pièces Durée/pièce Coût/pièce Durée/pièce Coût/pièce
(min) (F) (min) (F)
Tableau 6.13 – Temps et coûts de fabrication d’une matrice de forge. Les coûts (*)
sont sous-estimés (électrodes non reconditionnées).
D’après CETIM Information n° 147, février 1995.
Usinage
Électroérosion
Nombre à grande vitesse
de pièces Durée/pièce Coût/pièce Durée/pièce Coût/pièce
(min) (F) (min) (F)
Cette technologie d’usinage devient incontournable pour les outilleurs, mais seulement
pour des pièces de géométrie relativement simple et dont la dureté n’est pas excessive.
L’électroérosion restera encore longtemps imbattable dans la fabrication des pièces très
complexes ou très dures, voire pour des matériaux très difficiles à usiner (aciers à outils
à hautes teneurs en chrome et carbone, aciers rapides traités).
271
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
272
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Aptitude
Aciers
au meulage
ALLIAGES FERREUX
Aciers lédeburitiques au chrome :
X200Cr12 X153CrMoV12
;
Moyenne Aciers à 5 % Cr : X100CrMoV5
Aciers rapides classiques : HS 6-5-2 ;
HS 18-01, HS 2-9-2
273
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
10 2
Indice de meulabilité
10
1
8
6
5
4
3
10 –1
0 1 2 3 4 5 6
Teneur en vanadium (% de la masse)
aciers à 18 % W aciers à 6 % Mo
aciers à 14 % W aciers à 6 % W - 6 % Mo
Signalons également que, pour ces aciers, une réduction de la taille et une amélioration
de la répartition des carbures primaires constituent des facteurs importants de l’amélio-
ration de l’aptitude à la rectification.
C’est notamment le cas lorsque les aciers sont obtenus par métallurgie des poudres : les
aciers rapides surcarburés obtenus par métallurgie des poudres ont des niveaux d’apti-
tude à la rectification voisins de ceux des aciers rapides classiques obtenus par métal-
lurgie conventionnelle (lingot et transformation à chaud par forgeage et laminage).
274
Tableau 6.15 – Conditions de rectification plane des principales nuances d’aciers à outils utilisées
dans les industries de la plasturgie et de la forge –
Document établi à partir de données contenues dans la troisièmes édition du Machining Data Handbook, 1980.
Vitesse meule Vitesse table Profondeur de passe (mm) Avance transversale Caractéristiques
Type d’acier Dureté HRC
(m/s) (m/min) Ébauche Finition (mm) meule
6 • Aciers d’outillage
275
B
ALLIAGES FERREUX
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
8
Aciers à outils
7 de travail à froid
X100 Cr Mo V5 (Z100CDV5)
6
5 Aciers rapides
X153 Cr Mo V12 (Z160CDV12)
4
S 6-5-2
3
X200 Cr12 (Z200C12)
2
S 6-5-4
1
0
57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67
Dureté Rockwell C
Figure 6.9 – Énergie de rupture par flexion statique de quelques aciers utilisés pour le
travail à froid – D’après Techniques de l’Ingénieur, 10, 1979.
276
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
de rupture/dureté les deux classes de matériaux, et montre l’intérêt des aciers rapides
par rapport aux aciers d’outillage à froid.
ALLIAGES FERREUX
L’essai de flexion par choc sur éprouvette à entaille avec le plus fort rayon de courbure
– type Charpy C, r = 12,5 mm –, ou sur éprouvette de résilience classique – KCU ou
Charpy V – est bien adapté, dans le premier cas aux aciers tenaces de la classe 2 et
dans le second cas aux aciers de la classe 3.
Les figures 6.10 et 6.11 illustrent l’évolution de l’énergie de rupture en fonction de la
température de revenu des principaux aciers d’outillage à froid de la classe 2, et des
aciers d’outillage à chaud de la classe 3 les plus classiques.
60
50 55 W Cr 20 (55WC20)
40
51 Si7
30
X100 Cr Mo V5 (Z100CDV5)
20
10
90 Mn W Cr V5 (90MWCV5)
0
0 100 200 300 400 500 600 700
Température de revenu (°C)
277
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
KCU (daJ/cm 2 )
12
10
8
40 Cr Mo V13 (40CDV13)
55 Ni Cr Mo V4 (55CNDV4)
6
55 Ni Cr Mo V7 (55NCDV7)
2
X37 Cr Mo V5-1 ( Z38CDV5)
0 20 Mo Ni 34-13 (20DN34-13)
0 100 200 300 400 500 600 700
Température de revenu (°C)
Résistance à l’usure
La résistance à l’usure d’un outil au moment de la coupe ou de la mise en forme est un
phénomène difficile à analyser d’une manière globale car la dégradation de surface par
usure est le résultat de plusieurs phénomènes tels que :
278
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
1 000 69
Dureté Rockwell C
Dureté Vickers
900 A 67
800 B 64
700 60
B
C
ALLIAGES FERREUX
600 55
D
500 49
E
400 41
300 30
200 11
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Température d’essai (°C)
A : aciers rapides surcarburés
B : aciers rapides classiques
C : aciers d’outillage à froid
D : aciers d’outillage à chaud - au tungstène ou au molybdène
E : aciers d’outillage à chaud - au chrome
279
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
600
400
200
0
400 500 600 700
Température d’essai (°C)
55 Ni Cr Mo V7 (55 NCDV7) (R m = 1 350 MPa)
X37 Cr Mo V5-1 (Z38 CDV5) (R m = 1 450 MPa)
32 Mo Cr V28 (32 DCV 28) (R m = 1 460 MPa)
X6 Ni Cr Ti Mo V25-15 (Z6 NCTDV25-15) (R m = 1 000 MPa)
Ni Cr 20KTA (NC20 KTA) (R m = 1 200 MPa) (cette nuance
correspond à l’appellation commerciale Nimonic 90).
D’une manière générale, la résistance à l’usure d’un acier à outils sera d’autant plus forte
que le niveau de dureté sera plus élevé, la taille de grain plus fine, le taux d’austénité
280
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
résiduelle plus faible et que, pour un niveau de dureté donné, la quantité de carbures
sera plus importante, avec un classement de ces carbures dans l’ordre décroissant de
dureté comme le montre la figure 6.14.
3 000 MC
Microdureté HV 0,02 MC
M
M77C
C3
2 500
B
ALLIAGES FERREUX
M2 C
2 000 M 2C
M
M66C
C
1 500
M23C6
M 23 C 6
1 000
FE
FE33C
C
Martensite
Martensite
500
Figure 6.14 – Microduretés comparées des carbures contenus dans les aciers à outils.
D’après Techniques de l’Ingénieur, 10, 1979.
Pour une structure et un niveau de dureté donnés, la résistance à l’usure d’un acier à
outil peut être appréciée d’une manière approximative à partir de sa composition chimi-
que par le tungstène équivalent :
W = ( % W) + 2 ( % Mo) + 4 ( % V) + 0,5 ( % Cr).
281
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
282
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
tant l’épaisseur des couches échauffées pour diminuer le gradient de dureté dans la zone
de transition.
Cette opération peut être réalisée en utilisant la basse fréquence (50 à 250 Hz) et en
effectuant le chauffage soit en plusieurs passes successives, soit par un inducteur double
avec deux gammes de fréquences pour assurer tout d’abord le préchauffage, puis le
chauffage proprement dit avant trempe.
ALLIAGES FERREUX
variations dimensionnelles provoquées par les traitements thermiques ou thermochimi-
ques classiques.
Dans les deux cas, la trempe est faite par simple conduction thermique dans le substrat
métallique en raison des grandes vitesses de défilement. Le traitement par laser néces-
site une préparation de surface (sablage, phosphatation, pulvérisation de graphite) pour
améliorer le couplage laser matière.
Dans le cas du simple durcissement superficiel, les conditions optimales de traitement
se situent à des niveaux de densité d’énergie compris entre 3 000 et 6 000 J/cm2, c’est-
à-dire pour des densités de puissance comprises entre 103 et 104 W/cm2 et pour des
durées d’interaction situées entre 10 –2 s et quelques secondes.
Les profondeurs durcies dans ces conditions peuvent être supérieures au millimètre avec
des duretés superficielles comprises entre 600 et 1 000 HV0,2 selon les nuances et la
microstructure initiale.
Une structure initiale trempée revenue ou normalisée est à rechercher en raison de la
finesse des carbures précipités.
Dans le cas de la refusion superficielle, bien adaptée aux aciers à outils lédeburitiques,
il est possible d’obtenir avec des vitesses de refroidissement comprises entre 103 et
104 K/s des structures de resolidification très fines, caractérisées par des espaces inter-
dendritiques de 2 à 5 mm et des réductions d’eutectiques de 50 %.
Après revenu, les niveaux de dureté atteignent 1 000 HV0,2 avec des structures au moins
égales, sinon plus fines, que celles que l’on obtient par métallurgie des poudres. Les
densités de puissance sont alors comprises entre 104 et 106 W/cm2 et les durées d’inter-
action entre 10– 3 et 10–1 s.
Ces structures ont été mises à profit pour améliorer la durée de vie d’outils de coupe d’un
facteur trois pour le tournage d’aciers alliés à des vitesses de coupe comprises entre 18
et 25 m/min ou pour améliorer les vitesses de coupe de 50 %, notamment dans le cas
d’outils de fraisage en acier HS 2-10-1-8, pour l’usinage d’acier 30CrMoV6 (30CDV6)
traité pour Rm = 900 MPa.
Traitement thermochimique de surface
Cémentation, carbonitruration
Pour les aciers à outils réputés fragiles, la cémentation ou la carbonitruration ne sont
retenues que dans des cas tout à fait particuliers :
– aciers d’outillage à chaud utilisés pour les moules,
– aciers de travail à froid résistant aux chocs,
afin d’assurer à la surface de l’outil une très grande résistance à l’usure.
283
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Nitruration
Comparativement à la cémentation, la nitruration est employée très couramment dans la
plupart des aciers à outils des classes 2, 3 et 4 qui présentent un durcissement secondaire
vers 550 °C. En effet, ce traitement peut être utilisé comme dernier traitement de revenu
et n’entraîne pas de problèmes majeurs de déformation.
La dureté moyenne de la couche nitrurée est d’autant plus forte, et son épaisseur
d’autant plus faible, que la teneur en éléments d’alliage comme le chrome, le molybdène
et le vanadium de l’acier à outils est élevée.
À titre d’exemple, les courbes de la figure 6.15 donnent quelques cinétiques de croissance
de couches nitrurées et les profils de microdureté HV0,1 obtenus sur un certain nombre
d’aciers à outils à la température de 570 °C dans le cas d’un traitement en bain de sel.
Pour éviter l’abaissement des caractéristiques mécaniques du substrat, il faut adapter la
température de nitruration à celle du dernier revenu de l’acier à outils et respecter entre
les deux un décalage d’au moins 30 °C.
Cela est possible pour les traitements de nitruration classiques réalisés en atmosphère
gazeuse, avec ou sans assistance d’un plasma, à des températures comprises entre 480
et 560 °C. Par contre, le choix est plus limité dans le cas d’un traitement de nitrocarbu-
ration où il est recherché une couche superficielle de carboniture ε, car dans ce cas, la
température doit être voisine de 570 °C.
Dans le cas des aciers d’outillage à chaud qui subissent des revenus à des tempéra-
tures relativement élevées, de 570 à 640 °C, il est possible d’obtenir des épaisseurs de
couches nitrurées comprises entre 0,1 et 0,5 mm.
Des duretés superficielles élevées (HV0,1 > 1 000) et des épaisseurs de couches nitru-
rées relativement faibles (< 150 µm) assurent une meilleure résistance à la fatigue méca-
nique et thermique. Par contre, des couches plus épaisses (entre 300 et 500 µm)
conduisent à une bonne résistance à l’usure à chaud et au fluage.
Dans le domaine de la forge où la couche nitrurée doit répondre aux deux critères suivants :
– dureté élevée à la température de travail,
– épaisseur suffisante compte tenu de la pénétration thermique pour éviter la plastification
du métal de base ;
284
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
0,4
V7
r Mo
0,3 NiC 5-1
55 oV
X37
C rM B
r V9
0,2 WC
X30
ALLIAGES FERREUX
o V12
Cr M
0,1 X153 40 Cr 14
X
0
0 1 2 3 4
Temps (h)
Cinétique de croissance des couches à 570 °C
Microdureté HV 0,1
1200
1000
800
X153 Cr Mo V12
600
X 37 Cr Mo V5-1
400 55 Ni Cr Mo V7
42 Cr Mo 4
200
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
Distance à la surface (mm)
Figure 6.15 – Aptitude à la nitruration d’un certain nombre d’aciers à outils traités
en bain de sel. La cinétique de croissance des couches nitrurées, régie par la diffusion
de l’azote, obéit à une loi du type e = (Dt)0,5 avec t : durée du traitement et D :
coefficient de diffusion de l’azote dans l’acier.
D’après Techniques de l’ingénieur, document M 1135,10.
285
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Dans le cas des aciers d’outillage à froid les plus alliés, on peut augmenter sensible-
ment la résistance au frottement et à l’usure au moyen de couches nitrurées de faible
épaisseur (100 µm) et de haute dureté superficielle (HV0,1 > 1 000). Le traitement doit
être limité en température à 520 °C et pour des maintiens de courte durée afin de ne pas
affecter la dureté et la ténacité de l’acier de base.
Dans le cas des aciers rapides, il est possible d’obtenir des couches nitrurées de très
haute dureté (HV0,1 strictement supérieur à 1 100), mais il faut limiter l’épaisseur de ces
couches à des valeurs comprises entre 10 et 50 µm et éviter la formation d’une couche
de combinaison nécessairement fragile. Selon le mode de travail de l’outil, coupe ou mise
en forme, on recherche des épaisseurs se situant respectivement au minimum ou au
maximum de la fourchette précédemment indiquée.
On trouvera des applications de cette filière de traitement sur aciers à outils dans de
nombreux domaines de l’industrie :
– mécanique : outillages de forge et d’extrusion à chaud sur acier X37CrMoV5-1, travail
des métaux en feuilles sur acier X153CrMoV12,
– plasturgie : vis et fourreaux d’extrusion en aciers 40CrMoV12 et 40CrAlMo6-12,
– métallurgie : pièces d’usure diverses dans la transformation à chaud et à froid des allia-
ges ferreux et non ferreux.
Oxydation
Le traitement d’oxydation comprend deux variantes :
– l’oxydation seule ;
– et l’oxynitruration.
L’oxydation seule est pratiquée notamment dans les outils de coupe pour obtenir une
pellicule superficielle de Fe3O4 qui abaisse le coefficient de frottement entre le copeau et
l’outil. Cette opération se fait notamment sur des forets pour le perçage des métaux.
Le traitement d’oxynitruration est fait essentiellement dans le but d’améliorer la tenue à
la corrosion des couches nitrurées. Ce traitement peut être réalisé :
– par la voie liquide, avec des bains à base de nitrates et d’hydroxydes alcalins contenant
des activateurs d’oxydation comme des bichromates ou permanganates ;
– ou par la voie gazeuse, avec des atmosphères d’ammoniac, d’azote et des mélanges
oxydants contenant O2, CO2, N2O. Dans ce dernier cas, il est possible d’utiliser des pres-
sions réduites avec l’assistance d’un plasma.
La structure oxynitrurée est constituée par une couche de diffusion d’azote et une couche
de combinaison de nitrures de fer avec, en surface, une couche d’oxyde Fe3O4 ayant à
la fois des propriétés antigrippantes et une résistance convenable à la corrosion.
Par ailleurs, le renforcement du substrat évite l’éclatement de la couche d’oxyde par
enfoncement.
Dépôts chimiques en phase vapeur (CVD)
Il existe deux types de procédés, les procédés statiques et les procédés dynamiques. Ce
sont les procédés dynamiques qui sont le plus utilisés dans le domaine de l’outillage. Les
réactions de déposition de la phase vapeur par réduction de composés halogénés sont
facilitées par un abaissement de la pression. La maîtrise des écoulements gazeux sous
basse pression pour assurer des dépôts réguliers est l’une des difficultés du procédé.
Aussi est-il plus facile d’obtenir des résultats fiables sur des séries de petites pièces que
sur des géométries complexes avec des substrats de grande longueur.
Une optimisation de ces écoulements pour obtenir en particulier un régime laminaire au
contact des surfaces des substrats peut être réalisée par simulation numérique au moyen
286
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Le problème posé par la réalisation de ces dépôts à haute température est celui des
déformations au traitement thermique qui suit le dépôt. Ces dernières peuvent être mini-
misées par un traitement préliminaire de l’outillage consistant en une stabilisation aux
environs de 900 °C suivie par un revenu vers 700 °C.
Dépôts physiques en phase vapeur (PVD) et chimiques assistés par
plasma (PACVD)
Ces dépôts sont réalisés à des températures comprises entre 400 et 600 °C. Il est possi-
ble de les envisager sur des aciers à outils qui présentent un durcissement secondaire
dans ce domaine de température. Ils sont essentiellement utilisés pour améliorer les
fonctionnalités de résistance au frottement et à l’usure, pour satisfaire les besoins de
l’industrie mécanique. Dans le domaine de l’outillage (outils de coupe et de découpe),
ces dépôts présentent une alternative intéressante aux dépôts CVD classiques réalisés
à beaucoup plus haute température. Le tableau 6.16 donne les principales propriétés des
couches réalisées.
287
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Ce tableau illustre les domaines d’utilisation des différents types de dépôts proposés :
– le revêtement de (Ti,Al)N est celui qui résiste le mieux à l’oxydation ; il sera donc utilisé
dans des conditions sévères sur le plan thermique, par exemple l’usinage d’aciers difficiles
comme les aciers inoxydables ou les alliages de titane ;
– le revêtement de TiCN présente de bonnes propriétés de dureté, avec une assez bonne
ductilité ; il sera donc utilisé sous de fortes sollicitations mécaniques, par exemple dans
l’usinage des thermodurs, des bronzes et des laitons, ainsi que des aciers ;
– le revêtement de CrN a une assez bonne ductilité, ainsi qu’une bonne résistance à
l’oxydation ; il sera donc utilisé dans l’industrie de la plasturgie, dans la fonderie sous pres-
sion des alliages de zinc, ainsi que dans l’usinage et la découpe des alliages de cuivre.
Traitements duplex et multicouches : Les dépôts PVD et PACVD posent un double
problème : leur haut niveau de dureté et la présence de contraintes résiduelles de
compression qui, lorsque la surface est soumise à de fortes charges d’application, contri-
buent à l’écaillage du revêtement. Ainsi, il est la plupart du temps nécessaire de limiter
l’épaisseur des dépôts à quelques µm (<5 µm). La résistance à l’égrènement de la
surface peut être améliorée par deux actions :
– un renforcement du substrat par traitement thermochimique, notamment une nitruration
(traitement duplex),
– une réduction de l’état des contraintes résiduelles de compression par la réalisation de
dépôts multicouches, voire nanocouches.
Les traitements duplex sont réalisés pour des pièces mécaniques fortement sollicitées
au niveau frottement usure avec cyclage de contraintes mécaniques. Ces traitements
seront privilégiés sur des outillages destinés au travail des métaux pour de grandes
séries de pièces :
– duplex CrN pour l’emboutissage de séries d’aciers inoxydables et d’alliages cuivreux, ou
pour le forgeage d’alliages cuivreux,
– duplex TiCN pour l’emboutissage de séries d’aciers au silicium,
– duplex DLC pour l’emboutissage de séries d’aciers revêtus,
– duplex (TiAl)N pour la coulée en gravité ou sous pression d’alliages d’aluminium, cette
solution évoluant vers le duplex (TiAlCr)N pour les pièces en mouvement.
Le principe du revêtement multicouches consiste à éviter une cristallisation de type
colonnaire, à combiner les propriétés de plusieurs matériaux et à réduire les contraintes
internes de compression. Cela permet, d’une part d’augmenter l’épaisseur des dépôts,
d’autre part d’éviter les risques d’égrènement sous de fortes charges d’application. Cette
technique s’est fortement développée dans un certain nombre de domaines, notamment :
– l’industrie de la plasturgie pour le travail des thermodurs chargés fibres de verre, avec
des multicouches TiN, TiCN,
– le forgeage des aciers ou la coulée sous pression des alliages d’aluminium, avec des
multicouches TiN, (TiAl)N,
– l’emboutissage des séries d’aciers revêtus et d’alliages d’aluminium avec des multicou-
ches DLC, WC-C.
L’ingénierie des surfaces nanostructurées est née au début des années 2000 avec la
création de nouveaux revêtements conçus à la carte pour des domaines d’application
identifiés. Ces revêtements, sont passés au stade industriel avec des applications dans
un certain nombre de domaines comme l’outillage de coupe ou de mise en forme.
La réalisation d’un revêtement à partir de nanocouches élémentaires permet de doter la
surface de pièces mécaniques de propriétés fonctionnelles bien adaptées à l’utilisation.
288
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Par exemple, on pourra combiner une résistance à l’usure et une tenue à la corrosion,
une forte dureté et une plasticité suffisante, une résistance à l’usure et une tenue suffi-
sante à l’oxydation. Dans le concept nanocouches, il est possible de :
– limiter la croissance des grains,
– relâcher les contraintes à l’interface entre chaque couche,
– dévier les fissures qui ont pu s’amorcer à la surface,
– réduire la propagation des fissures par l’obtention d’une plasticité en fond d’entaille.
Il est possible d’optimiser l’ensemble de ces propriétés pour des épaisseurs de strates
comprises entre 10 et 40 nm, avec un choix plutôt centré sur 10 nm pour des surfaces B
très fortement sollicitées au niveau charge d’application (outils de coupe) et plutôt sur
ALLIAGES FERREUX
40 nm pour des surfaces sollicitées en fatigue (outils de mise en forme). Des nanocou-
ches de (TiAl)N et de (TiAlCr)N commencent à être utilisées sur les matrices d’injection
de l’aluminium avec, dans le deuxième cas notamment, une forte réduction du faïençage
et de l’adhésion du métal liquide sur l’outil.
Implantation ionique
Parmi les techniques modernes de traitement de surface applicables sur les aciers à
outils, il faut signaler l’implantation ionique d’éléments comme l’azote, l’azote et le
chrome, le carbone et le titane, l’azote et le bore.
En raison de la faible épaisseur affectée par l’implantation (fraction de micromètre), son
effet sur l’amélioration des propriétés tribologiques est d’autant plus important que le
niveau de dureté de l’acier traité est élevé.
Ce traitement présente l’avantage d’être réalisé à basse température (< 150 °C) et
n’entraîne aucune variation de cote mesurable.
Parmi les exemples d’applications industrielles actuellement développées, on peut citer
l’implantation d’azote et de bore dans les aciers à roulement qui travaillent en condition
cryogénique, l’implantation de carbone et de titane dans les outils de découpe de métaux
et l’implantation d’azote pour les outils de taraudage et d’alésage.
Dépôts par voie liquide
Parmi les techniques utilisant la voie liquide pour améliorer la résistance au frottement et
à l’usure des aciers à outils, on peut citer l’immersion dans des sels fondus, les procédés
de galvanoplastie (chromage dur) et la réduction chimique autocatalytique (nickel phos-
phore ou nickel bore).
289
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Rechargement
Il s’agit là de procédés susceptibles d’apporter dans les zones de l’outillage les plus solli-
citées une amélioration substantielle des propriétés de résistance :
– au frottement et à l’usure ;
– à la déformation à chaud et au fluage ;
290
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
Signalons également le développement depuis quelques années des techniques de
rechargement laser qui permettent de réduire encore plus la zone affectée thermique-
ment et la dilution.
Dans le domaine des aciers d’outillage à chaud, les matériaux de rechargement sont des
alliages de très bonnes propriétés mécaniques à chaud : alliage 15 % Cr, 15 % Co et
0,2 % C, alliage à base de cobalt HS 21 (Stellite grade 21), alliage base nickel IN718
(NC19FeNb).
Ces solutions de rechargement seront adoptées si les températures atteintes en surface des
outillages sont élevées (au-delà de 700 °C). Des applications industrielles sont nombreuses
sur des poinçons de perçage et des outils travaillant sur presses mécaniques et hydrauliques.
Comme le montre le diagramme de la figure 6.16, le rechargement des outils de forge à
chaud est utilisé pour les plus fortes pénétrations thermiques et les températures super-
Pénétration
Type de
thermique
machine
(mm)
dépôts durs
dépôts durs
faible dépôts durs minces très
Pilons minces stables
< 0,30 mm minces stables à
à chaud
chaud Température
superficielle
moyenne
faible élevée
de 500
< 500 °C < 700 °C
à 700 °C
291
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ficielles les plus élevées, lorsque les propriétés de tenue à chaud obtenues par nitruration
deviennent insuffisantes.
Dans le domaine des outils de mise en forme à froid, les substrats seront des aciers
à moyen carbone peu alliés du type 42CrMo4 (42CD4) et les matériaux de rechargement
seront des aciers à coupe rapide (HS 6-5-2 et HS 6-5-4), des alliages à haute teneur en
carbone et en chrome (pouvant aller jusqu’aux fontes blanches), ainsi que des alliages
base nickel avec addition de bore et de silicium (alliages dits « autofusibles » raison de
la présence d’eutectiques qui abaissent leur point de fusion).
Dans ce cas, l’opération de rechargement nécessite quelques précautions au niveau du
préchauffage et du postchauffage pour éviter la fissuration des dépôts.
De nombreuses applications existent dans l’industrie sidérurgique (cylindres de laminoirs,
galets d’étirage), dans le domaine des outils de forage et d’extrusion, ainsi que dans
l’industrie verrière.
Compaction isostatique à chaud
La réalisation de revêtements par compaction isostatique à chaud peut constituer une
solution intéressante, techniquement et économiquement, pour certaines applications
dans le domaine de l’outillage.
La connaissance des contraintes d’usage de l’outil permet d’optimiser l’épaisseur du
revêtement à réaliser (2 à 10 mm). Les matériaux de renfort sont les mêmes que ceux
que l’on utilise pour le rechargement PTA ou laser (alliages base Fe, Ni ou Co).
Parmi les exemples d’utilisation de cette technique dans le domaine de l’outillage, on
peut citer les cylindres et galets de laminoirs, les paliers, les filières d’extrusion à chaud,
les pièces d’usure pour presses à injecter, les corps et vis d’extrudeuses, les organes de
broyeurs et de malaxeurs.
6.3.4 Contrôle
Un niveau élevé de qualité ne peut être obtenu d’une façon régulière que si, aux diffé-
rents stades des opérations de fabrication, sont associés les contrôles sévères suivants :
– Contrôle des états de surface : on utilise les méthodes classiques comme le ressuage
et le contrôle magnétique.
– Contrôle de santé interne : il est en général réalisé par ultrasons et courants de Foucault.
– Contrôle de la qualité du produit : les produits doivent, après recuit, satisfaire à un
certain nombre d’exigences métallurgiques, telles que grosseur de grain la plus fine possi-
ble, bonne répartition des carbures, et absence de décarburation1. Il est alors nécessaire
d’effectuer un contrôle macrographique et micrographique sur une plaquette découpée
dans le produit fini suivant des normes particulières (examen en général au quart d’épais-
seur ou à mi-rayon pour le contrôle de la macrostructure). La décarburation peut être mesu-
rée avec précision par voie métallographique.
Contrôle de la décarburation des produits
La méthode dite de l’anneau bleu s’applique exclusivement à des structures recuites consti-
tuées par des agrégats de carbures globulisés et de ferrite. Elle repose sur les teintes d’interfé-
rences créées à partir des carbures, dont l’écartement moyen est en relation avec le taux de
carbone de la matrice ferritique. Cette méthode s’applique bien aux aciers d’outillage alliés
contenant plus de 0,7 % de carbone.
1. Il existe des normes de tolérances dimensionnelles et de surépaisseurs d’usinage pour les aciers à
outils ; il s’agit de la norme NF A 45-103 pour les barres et plats laminés et de la norme NF A 45-104
pour les barres et plats forgés.
292
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
ALLIAGES FERREUX
aciers constitue à terme un document précieux, aussi bien pour le producteur que pour
l’utilisateur.
Contrôle des revêtements réalisés sur outillages : Dans la filière des revêtements, les
défauts à détecter peuvent intéresser la surface revêtue, l’épaisseur du dépôt et l’inter-
face revêtement substrat. Les propriétés fonctionnelles de la surface peuvent être affec-
tées par la présence de porosités ou des hétérogénéités de structure liées à des
modifications locales de croissance de couches. Les propriétés fonctionnelles telles que
la résistance au frottement et à l’usure, ainsi que la tenue à la corrosion et à l’oxydation
peuvent être affectées par la présence de fissures au sein du revêtement, ainsi que par
des hétérogénéités de cristallisation. Ces propriétés, ainsi que la résistance aux chocs et
à l’égrènement, peuvent être fortement affectées par des défauts tels que porosités ou
fissures à l’interface revêtement substrat. Les différents points à contrôler sont donc les
suivants :
– épaisseur du dépôt,
– adhérence sur le substrat,
– présence de porosités débouchantes ou non,
– homogénéité d’aspect.
Contrôle de l’épaisseur du revêtement : Il existe un certain nombre de méthodes adap-
tées aux revêtements durs de faible épaisseur sur les outillages, notamment le calotest
et les courants de Foucault.
Le calotest consiste à réaliser dans le dépôt une calotte par usure jusqu’à apparition du
substrat avec une bille en cermet WC-Co imprégnée de poudre de diamant et animée
d’un mouvement de rotation. Cet essai de mise en œuvre relativement simple est large-
ment utilisé pour évaluer l’épaisseur des revêtements de haute dureté obtenus par voie
sèche (PVD, PACVD), avec la difficulté toutefois de limiter l’usure juste à l’interface
métal-dépôt. Dans les revêtements multicouches ou nanostructurés, il permet de bien
discerner les différentes strates et d’évaluer l’épaisseur de chacune d’elles.
Les courants de Foucault, classiquement utilisés pour évaluer l’épaisseur d’un gradient
de concentration chimique et de propriétés mécaniques (cémentation, nitruration), sont
également utilisés pour apprécier l’épaisseur d’un revêtement de quelques µm sur subs-
trat acier, sous réserve que le revêtement et son substrat présentent une différence de
conductibilité électrique suffisante. Les appareils commercialisés fonctionnent selon le
principe de la mesure des courants de Foucault induits à haute fréquence et permettent
1. Ces structures ont fait l’objet de cahiers des charges établis par les producteurs et utilisateurs
d’aciers à outils : à titre d’exemple, l’industrie automobile et les producteurs pour la fourniture
d’aciers d’outillage à chaud, l’industrie mécanique et les producteurs pour la fourniture d’aciers
d’outillage à froid lédeburitiques et d’aciers à coupe froide.
293
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
294
6 • Aciers d’outillage 6.3 Propriétés de mise en œuvre et
d’usage
Contrôle de l’aspect - Analyse des défauts d’aspect : Le contrôle de l’aspect est très
important dans de nombreux domaines industriels car il est le témoin d’une dérive des
conditions opératoires. Les défauts mis en évidence peuvent avoir plusieurs origines :
– des irrégularités aussi bien dans les conditions d’électrolyse en voie liquide que dans la
réalisation de la phase vapeur dans les dépôts par voie sèche,
– des piqûres et cratères qui perturbent la structure cristallographique du revêtement en
modifiant localement la rugosité.
Les défauts liés aux conditions opératoires apparaissent dans le cas des revêtements
réalisés en voie liquide. Il s’agit de problèmes de pollution ou de dérive de composition
des bains d’électrolyse ou de réduction chimique. Il peut s’agir aussi d’une modification
B
ALLIAGES FERREUX
des conditions des paramètres usuels tels que température, densité de courant, nature
de l’écoulement du liquide au contact des surfaces revêtues. Le résultat est par exemple
la formation locale d’oxydes ou d’hydroxydes dans le cas de surintensités ponctuelles.
Les défauts de structure sont facilement repérables au toucher ou par observation à la
loupe binoculaire, car ils se traduisent par des variations locales de rugosité et de mode
de cristallisation. Leurs origines sont diverses selon le type de filière utilisée pour la réali-
sation du revêtement.
Dans le cas de la filière utilisant la voie liquide, il peut s’agir de piqûres et cratères liés à
la présence en surface d’éléments étrangers qui perturbent l’édification du revêtement.
Cela peut être un abaissement de la teneur en agents mouillants qui peut entraîner
l’absorption d’hydrogène dans les revêtements obtenus par galvanoplastie, cela peut être
aussi un voile avec excès de porosités lié par exemple à une dérive de la composition
chimique des bains.
Dans le cas de la filière utilisant la voie sèche, il s’agit également de piqûres et cratères
liés, soit à des pollutions de surface, soit à de brutales modifications dans le régime du
plasma. Un exemple typique est la présence de « droplets » ou particules de structure
grossière dans les revêtements PVD obtenus par technique multi-arcs. Ces particules
correspondent à des projections de gouttelettes de métal en fusion sur la surface revêtue,
en liaison avec la maîtrise du régime d’arc qui assure la phase vapeur.
Contrôle des défauts d’aspect : Les moyens mis en œuvre pour contrôler les défauts
d’aspect sont les suivants :
– examen visuel en fin d’opération ou à réception des pièces : de mise en œuvre simple
et rapide, il permet de vérifier la couleur et son homogénéité, la présence de voiles ou de
piqûres et de cratères ;
– examen à la loupe binoculaire : cet examen est réalisé également à réception des pièces
et permet de préciser la nature des défauts détectés à l’examen visuel ;
– examen au microscope à balayage : cette observation supplémentaire est rendue néces-
saire lorsque l’examen à la loupe binoculaire s’avère insuffisant pour détecter la nature du
défaut observé ; cet examen permet en plus de déterminer éventuellement la nature des
corps étrangers susceptibles d’avoir modifié l’état de cristallisation du dépôt.
6.3.5 Bibliographie
Conférences sur le thème « usinage à grande vitesse » organisées par le CETIM en novembre
1995.
Grande vitesse ou Électroérosion. CETIM Information, n° 147, février 1996, p. 33-36.
Fraisage à grande vitesse des outillages de forme, Outils coupants, Conditions de coupe. Cetim
Information, n° 143, avril 1995, p. 29-33.
295
6 • Aciers d’outillage 6.4 Applications
Données sur l’usinabilité des aciers pour moules et outils. Documents Creusot-Loire Industrie, 1994.
International Colloquium on Tool Steels. Interlaken, September 1992, pp. 409-423.
Advances in Materials and Processing Technologies, 24-27, August 1993, Dublin, pp. 755-767.
Traitements thermiques des aciers à outils, traitements superficiels. Techniques de l’ingénieur,
document M1135, 10.19993, p. 1/20 et M1136, 10.19993, pp 1-2.
Forge à chaud, choix des matériaux d’outillage. CETIM Informations, n° 141, décembre 1994.
Nouveaux revêtement à base de nitrure de chrome déposés par sputtering. Galvano Organo Trai-
tements de Surface, avril 1996, pp. 316-319.
Revêtements PVD pour outils de coupe et matrices soumises à des conditions d’emploi difficiles.
Traitement Thermique, n° 297, février-mars 1997, p. 18-21.
Éléments pour le choix des traitements d’aciers de travail à froid sur presse. Journée CETIM-GIMEF,
Senlis, octobre 1998.
État de l’art des technologies PVD-PACVD pour les outillages de transformation à froid et à chaud.
Moules et Outils 2007, journées organisées à l’École des Mines d’Albi par l’A3TS et le CEM. Albi,
octobre 2007.
Traitement Duplex : principe, technologie et applications. Traitement Thermique, n° 297, février-
mars 1997, p. 41-44.
Apport des traitements de surface en fonderie gravité et sous pression. Journée technique ATTT-
CTIF : Aciers pour travail à chaud : forge et fonderie, Lyon, avril 2002.
Procédés de revêtements de surface utilisant la soudure et la projection : journée organisée à Lyon
le 11 avril 1996 par le CRITT Surface Rhône Alpes et l’Institut de Soudure. Recueil des conférences.
ASTM C 1624-05. Standard Test Method for Adhesion Strength and Mechanical Failure Modes of
Ceramic Coatings by Quantitative Single Point Scratch Testing. ASTM Standards 04 2006.
Procédés électriques dans les traitements et revêtements de surface. DOPEE 85. Coopération EDF /
SATS / ATTT. 1989.
Traitements de surface et protection contre la corrosion. École d’Été Aussois 1987, Les Éditions de
Physique.
Traitements et revêtements de surface pour applications tribologiques. Recueil des conférences
présentées lors des journées d’information organisées par le Cetim et le Gami, 19 et 20 octobre
1994.
Superalliages et techniques de rechargement pour outillages de forge à chaud. Recueil des confé-
rences présentées lors d’une journée organisée par le CETIM, le SATS et le SNEF le 5 décembre 1995.
6.4 Applications
6.4.1 Choix des produits
Les aciers à outils répondent à une grande diversité d’emplois dont les principaux domai-
nes correspondent à ceux de la classification de la norme ISO 4957 1.
296
6 • Aciers d’outillage 6.4 Applications
lames et outils tranchants. Les nuances C70U à C120U sont des nuances souvent utili-
sées en trempe superficielle.
ALLIAGES FERREUX
des glissières de machines outils et des outils pour le travail du bois. Ces aciers peuvent
être traités par trempe à l’huile, éventuellement par trempe à l’eau.
Les aciers à très grande résistance à l’usure (X100CrMoV5 à X210CrW12) ont des
capacités de trempe importantes permettant d’assurer une pleine dureté par simple
refroidissement à l’air. Ils peuvent être utilisés pour tous les outillages de forme compli-
quée qui posent des problèmes à la trempe (tapures, déformations) : calibres, jauges,
poinçons et matrices de découpage et d’emboutissage, outils de frappe à froid, filières
d’étirage, guides de laminoirs, lames de cisailles pour matériaux durs et petits cylindres
de laminoirs à froid (équipements multicylindres Sendzimir).
Les aciers résistant aux chocs (50 et 60WCrV8, 45NiCrMo16), moins fragiles en raison
de teneurs en carbone plus faibles, sont utilisés pour des couteaux, des lames, des outils
agricoles, des outils pneumatiques, des matrices et des poinçons de découpage, des
corps d’outils à plaquettes d’aciers rapides ou de carbures rapportés. Dans le cas des
aciers utilisés pour la mise en forme à froid, les techniques de frettage avec des taux très
élevés de serrage ont permis d’associer des aciers très durs et fragiles et des aciers très
résistants aux chocs et à la fatigue mécanique comme le 45NiCrMo16. Grâce à cette
technique, la limite d’utilisation des aciers à très grande résistance à l’usure a pu être
dépassée.
Les aciers résistant aux chocs dans certains milieux corrosifs (X40Cr14, X38CrMo16)
peuvent se polir très facilement en raison de leur teneur élevée en chrome. Ils sont
employés comme moules ou éléments d’extrusion en plasturgie et comme outils tran-
chants (coutellerie, instruments de chirurgie, lames de cisailles).
297
6 • Aciers d’outillage 6.4 Applications
Niveau
de résistance
Travail Travail Travail Travail Travail Travail Travail
pour l’emploi
à 400 °C à 450 °C à 500 °C à 550 °C à 600 °C à 650 °C à 700 °C
à la température
ambiante (MPa)
neurs de presses à filer les alliages d’aluminium, pour les broches et douilles d’injection
dans l’industrie de la plasturgie, pour les âmes de conteneurs destinées au filage des
alliages cuivreux ou des aciers, pour les outils de presses à forger.
Les aciers résistant à l’usure aux températures élevées (X30WCrMoV9-3, X35CrWMoV5,
38CrCoWV18-17-17) sont employés en général pour les moules de coulée sous pres-
298
6 • Aciers d’outillage 6.4 Applications
sion, les filières d’extrusion ; en raison de leur plus grande fragilité, les pièces sont fret-
tées s’il y a des risques de chocs.
Lorsque les aciers à outils traditionnels de structure martensitique ont une dureté à chaud
insuffisante, on utilise des alliages de structure austénitique, des aciers inoxydables ou
des alliages superréfractaires base nickel ou cobalt. Malgré des conductivités thermiques
peu favorables à l’évacuation rapide des calories apportées par les pièces transformées,
de tels alliages présentent des niveaux de résistance extrêmement intéressants
jusqu’aux températures de 700 à 800 °C selon la nuance choisie. On utilise ce type
d’alliages (Inco 718 durci par phase Ni3Nb, Waspaloy durci par phase Ni3Al, Ti) par
exemple pour les lames de cisailles destinées à couper les brames à la sortie des trains B
à chaud, ou pour du matériel de filage des aciers, en raison des températures très
ALLIAGES FERREUX
élevées atteintes en service.
Aciers rapides
Ces aciers sont utilisés à la fois pour les outils de coupe dans les opérations d’usinage et
pour les outils de mise en forme : découpage, emboutissage, frappe, en remplacement des
aciers d’outillage à froid et à chaud les plus alliés. On peut estimer la part hors usinage à
environ 40 % du marché des aciers rapides. Les aciers rapides peuvent être classés, selon
leur composition chimique, en aciers à rendement normal et aciers à rendement supérieur.
Les aciers à rendement normal constituent le groupe le plus nombreux et comprennent :
– les aciers pour emploi courant (HS 1-4-2, 18-0-1, 1-8-1, 2-9-2, 6-5-2, 6-5-2C), utilisés
pour les outils de grande série destinés à usiner des aciers de niveau de résistance infé-
rieur ou égal à 900 MPa, de la fonte et des alliages non ferreux. Ils sont également utilisés
comme outils tranchants et lames de scies à métaux ;
– les aciers à forte résistance à l’abrasion (HS 6-5-3, 6-5-3C, 6-5-4) qui servent à usiner
des alliages durs et surtout très abrasifs ; ils sont également utilisés comme outils de
découpage et d’emboutissage pour les très grandes séries.
Les aciers à rendement supérieur comprennent d’une part les aciers à 5 % de cobalt
(HS 6-5-2-5), d’autre part les aciers surcarburés à 8 et 10 % de cobalt (HS 6-5-3-8,
10-4-3-10, 2-9-1-8). Ils sont utilisés comme outils pour l’usinage d’aciers dont le niveau de
résistance est supérieur à 900 MPa, des fontes trempées, des aciers moulés, des alliages
réfractaires à base de nickel ou de cobalt, ainsi que des alliages de titane et des bois très durs.
299
6 • Aciers d’outillage 6.5 Évolution du matériau
Tout outil, quelle que soit sa qualité intrinsèque, peut rapidement être détérioré par de
mauvaises conditions d’emploi, telles que :
– un alignement défectueux entraînant des contraintes de cisaillement,
– une fixation insuffisamment rigide,
– un jeu de fonctionnement trop important,
– un outillage soumis à des chocs répétés à température trop basse.
L’exploitation de procédés de mise en œuvre plus modernes avec l’utilisation de codes
numériques de modélisation tant sur le plan thermique que sur le plan de la mise en
forme devrait apporter dans le futur proche des améliorations sensibles aux conditions
d’emploi des outils et faire reculer leurs limitations dans ce domaine.
Les aciers à outils ont également leurs limitations par suite des conditions d’emploi trop
sévères : c’est ainsi qu’au niveau de la coupe, les aciers rapides sont limités pour
l’usinage de l’acier à des vitesses de coupe de 30 m/min ; au-delà, il est nécessaire d’utili-
ser des cermets ou des céramiques. Dans le domaine du travail à chaud, lorsque la
température en service dépasse 600 °C, la résistance à la déformation et au fluage des
aciers de structure martensitique est insuffisante et il faut utiliser des alliages à base de
nickel ou de cobalt. Dans le domaine du travail à froid, avec des charges d’application
élevées, les conditions de frottement du matériau mis en forme sur l’outil induisent des
échauffements importants avec des risques de fissuration par chocs thermiques, ou
d’adhésions et de grippage.
Les progrès dans les techniques de traitements de surface et de dépôts apportent des
solutions efficaces pour résoudre ce type de problème et étendre l’emploi des aciers à
outils. Cependant, les aciers à outils ont leurs propres limitations qui peuvent être résu-
mées de la manière suivante :
– une température d’emploi ne dépassant pas 550 °C en continu ou 700 °C avec cyclage
thermique,
– une résistance au frottement et à l’usure limitée par le fait que les duretés maximales
atteintes n’excèdent pas 68 HRC et que le taux maximal de carbures dans l’acier est en
dessous de 20 %.
Au-delà de ces conditions, on utilise des alliages de structure austénitique pour la tenue
à chaud à plus de 650 °C et les cermets pour la résistance au frottement et à l’usure.
300
6 • Aciers d’outillage 6.5 Évolution du matériau
ALLIAGES FERREUX
utilisés avec succès dans le découpage et l’emboutissage de tôles en aciers (de construction
et inoxydables), alliages d’aluminium, de titane et de cuivre pour de très grandes séries.
Pour l’amélioration de la résistance à la corrosion, les recherches ont été conduites en
direction de l’incorporation d’azote dans des aciers à 17 % de chrome par le procédé
ESR sous pression (PESR). De nouveaux aciers ont été mis au point sur la base
X55CrMo17 avec 0,2 % d’azote. Ces aciers permettent d’obtenir des niveaux de dureté
comparables à ceux obtenus sur l’acier X100CrMo17 avec des tenues à la corrosion
nettement supérieures dans les milieux nitriques, phosphoriques et acétiques.
Des nuances ont été élaborées récemment sur la base d’une teneur en chrome
comprise entre 15 et 16 %, d’une teneur en molybdène comprise entre 1,6 et 2 %,
d’une teneur en vanadium comprise entre 0,3 et 0,5 %, avec une teneur en carbone
voisine de 0,5 %. L’azote, à un niveau voisin de 0,2 %, est introduit naturellement par
le chrome et le vanadium, avec une élaboration au four à arc et une refusion sous
laitier. Cette nuance est susceptible, après une trempe à des températures comprises
entre 1 050 et 1 100 °C, de donner des niveaux de dureté de 58 HRC après revenu
vers 520 °C, avec une tenue à la corrosion en brouillard salin (norme NF X 41002)
comparable à celle de l’acier X35CrMoN15 élaboré par le procédé PESR. Sa tenue
en fatigue de surface est comparable à celle du 102Cr6 et nettement supérieure à
celle du X100CrMo17 qui renferme une quantité importante de carbures primaires.
La piste des aciers à l’azote est intéressante dans l’optique de l’amélioration combinée
des caractéristiques mécaniques et de la tenue à la corrosion localisée. Ces aciers
à 0,2 % d’azote offrent des perspectives d’application très importantes dans le domaine
de la plasturgie, des éléments de construction devant résister à la corrosion et à l’usure
(pompes, soupapes, injecteurs, roulements), des outils coupants pour l’industrie alimen-
taire et des scalpels. Il est nécessaire toutefois de prendre un certain nombre de précau-
tions au niveau de l’usinage par électroérosion et du rechargement. En effet le risque
d’apparition de porosités s’accroît.
La métallurgie des poudres préalliées a également permis des avancées dans le
domaine des aciers à très grande résistance à l’usure, comme l’acier X190CrVMo20.4
qui est utilisé comme matériau d’extrusion de pâtes alimentaires très abrasives ou
comme éléments d’outils d’emboutissage de très grandes séries de pièces en aciers.
301
6 • Aciers d’outillage 6.5 Évolution du matériau
C’est ainsi que se sont développés des aciers du type X37CrMoV5-1 et 32CrMoV12-28 dans
les moules de coulée sous pression d’alliages d’aluminium et d’alliages cuivreux avec des
améliorations de longévité de 30 à 50 % par rapport à la référence utilisée dans ce domaine
de l’industrie (acier X40CrMoV5-1 ou AISI H13). Ces améliorations de longévité sont liées à
la bonne tenue des aciers précités à la fatigue et aux chocs thermiques, ainsi qu’à une très
bonne résistance à la propagation des fissures de fatigue amorcées en surface.
Dans le domaine des aciers du type X37CrMoV5-1, des études récentes ont permis de
corréler étroitement l’état de précipitation des carbures et le comportement du matériau
sous sollicitations thermomécaniques. Il a ainsi été possible d’identifier le rôle de chaque
élément d’alliage et d’optimiser la composition chimique de l’acier pour satisfaire conjoin-
tement aux contraintes de pénétration de trempe sur des pièces de dimensions impor-
tantes et de tenue aux sollicitations thermomécaniques. Ce travail a abouti à la
proposition d’une nuance d’acier du type 5 % Cr, avec 1,5 % Ni, 1,7 % Mo et 0,65 % Va
particulièrement adaptée au moulage des alliages d’aluminium.
Les progrès en terme d’élaboration ont permis d’incorporer des quantités importantes
d’aluminium (plus de 1 %) dans les aciers d’outillage à 3 % de nickel à basse teneur en
carbone et ainsi de substituer un durcissement par phases intermétalliques au mode de
durcissement classique par précipitation de carbures secondaires.
Par rapport aux aciers de la famille chrome-molybdène classiquement utilisés dans le
domaine de la plasturgie (40CrMnMo8), ces aciers présentent l’avantage d’une meilleure
aptitude à l’usinage, au grainage et au soudage, en raison de leur très basse teneur en
carbone et de leur structure bainitique homogène après refroidissement. Leurs caractéris-
tiques mécaniques sont comparables, voire supérieures à celles des aciers prétraités (400
HB au lieu de 330 HB). Ils peuvent donc potentiellement remplacer les aciers utilisés actuel-
lement en plasturgie, et cela commence à être le cas dans le Sud-Est asiatique et au Japon.
Dans le domaine de la plasturgie, d’autres voies de progrès ont été mises en œuvre pour
réduire le temps de fabrication des outillages et améliorer la qualité des pièces injectées. En
substitution aux nuances classiques précédemment évoquées du type 40CrMnMo8 utilisées
à l’état prétraité pour 330 HB, ont été développées des nuances moins alliées du type
25CrMnMo5 avec addition d’éléments spécifiques (Va, Ca, B) susceptibles d’améliorer la
trempabilité et l’état inclusionnaire. Un gain de 20 % en conductibilité thermique, une
meilleure aptitude au soudage et une moins grande sensibilité à la ségrégation des éléments
d’alliage rendent cette nuance particulièrement intéressante pour la plasturgie, dans la
mesure où ses caractéristiques mécaniques sont voisines de celles de l’acier 40CrMnMo8.
302
6 • Aciers d’outillage 6.5 Évolution du matériau
Ces nuances d’aciers, développées sous la dénomination ASP 2000, avec une élabo-
ration soignée (refusion sous laitier) pour avoir un très bas taux de résiduels, ont dans
leur ensemble une très bonne résistance à l’égrènement des arêtes de coupe. L’addi-
tion de 8 % de cobalt, de 0,2 % de carbone et de 1 % de niobium à la matrice d’un
acier rapide HS 6-5-2 a permis de développer une nuance dite ASP 2017 dont les
propriétés d’ensemble, et notamment de résistance aux chocs, sont extrêmement
intéressantes par rapport aux autres nuances de la série ASP : 2023, 2030 et 2060.
Le tableau 6.18 et la figure 6.17 donnent les compositions chimiques et les propriétés
mécaniques comparées des aciers rapides de la famille ASP 2000. L’utilisation de l’acier
ASP 2017 est envisagée dans toutes les opérations d’usinage qui sollicitent fortement le B
matériau aux chocs : taraudage, fraisage d’ébauche, sciage des métaux…
ALLIAGES FERREUX
Tableau 6.18 – Aciers rapides commercialisés sous la dénomination ASP 2000,
fabriqués par la métallurgie des poudres et dont l’élaboration soignée permet
d’obtenir de bas taux de résiduels.
Nuances
C Cr Mo W V Co Nb
d’acier
Ténacité Rm (flexion)
ASP 2017
ASP 2023
ASP 2030
Résistance à l'usure
Pourcentage de carbures primaires
303
6 • Aciers d’outillage 6.6 Commercialisation
6.6 Commercialisation
6.6.1 Types et formes de produits commercialisés
Produits moulés
Des outils moulés sont toujours régulièrement produits, avec des compositions voisines
de celles des produits corroyés, compte tenu de l’avantage économique et des progrès
réalisés dans les techniques de moulage en termes d’états de surface, de variations
dimensionnelles et de maîtrise des structures de solidification.
Des procédés de moulage dits « à modèle perdu » permettent d’obtenir des pièces de
plusieurs dizaines de kilogrammes avec une grande précision dimensionnelle comme la
technique Replicast d’obtention de moules en céramique sur un modèle initial en polys-
tyrène. Des vis d’extrusion pour l’industrie de la plasturgie sont réalisées actuellement
par cette technique.
Par ailleurs, la coulée en coquille métallique avec refroidisseurs permet d’obtenir en peau
des outils des structures relativement fines avec des orientations généralement favora-
bles par rapport aux sollicitations thermomécaniques. Les taux de ségrégation des
éléments d’alliage peuvent être réduits par des traitements d’homogénéisation prolongés
à des températures comprises entre 1 100 et 1 200 °C.
En dehors des moules de coulée sous pression des alliages d’aluminium et de cuivre, de
vis d’extrusion utilisées en plasturgie et de certains outils de coupe comme les fraises, un
des principaux développements actuels des aciers à outils moulés est constitué par les
cylindres de laminoirs, employés aussi bien en laminage à chaud qu’en laminage à froid.
Les aciers à outils à forte teneur en chrome et les aciers rapides se substituent de plus
en plus aux fontes nodulaires et aux fontes blanches pour des raisons de productivité et
d’amélioration d’état de surface des produits laminés. Ces cylindres sont bimétalliques
avec une âme en acier (ou éventuellement en fonte nodulaire) et une périphérie en acier
à outils. Trois procédés sont utilisés pour réaliser ces produits :
– la centrifugation verticale,
– la refusion annulaire,
– le procédé CPC (continuous pouring for cladding ou coulée continue d’acier à outil autour
d’une pièce forgée en acier de construction).
Dans tous les cas, les épaisseurs d’acier sont voisines de 100 mm et les diamètres exté-
rieurs sont compris entre 300 et 850 mm pour des longueurs maximales de 6 m. Les
procédés d’élaboration précédemment décrits permettent d’obtenir des structures de soli-
dification exemptes de dendrites et de porosités ainsi qu’une très bonne liaison entre
l’âme et la partie extérieure.
Il faut également signaler les applications de la métallurgie des poudres préalliées avec
la compaction isostatique à chaud pour la réalisation d’outils monoblocs ou composites
utilisés comme cylindres de laminoirs dans les équipements multicylindres pour produits
plats (cylindres Sendzimir en acier rapide à forte résistance à l’abrasion pour le laminage
304
6 • Aciers d’outillage 6.6 Commercialisation
à froid des aciers inoxydables) ou pour produits longs (cylindres Kocks bimétalliques pour
le laminage à chaud de barres en aciers spéciaux).
Produits corroyés
Les aciers à outils peuvent être élaborés sous toutes les formes de produits corroyés, de
la tôle laminée aux pièces forgées, aux barres et profils spéciaux, ainsi qu’au fil machine,
malgré leur forgeabilité souvent réduite, leur sensibilité à la tapure, ainsi que leur
tendance au grossissement du grain et à la coalescence des carbures.
Pièces forgées B
Les progrès apportés par les modèles numériques permettent la réalisation de forgeages
ALLIAGES FERREUX
tridimensionnels susceptibles d’orienter préférentiellement les fibres du métal en fonction
de la géométrie des pièces à obtenir. La meilleure isotropie du matériau est une garantie
d’amélioration des propriétés de tenue à la fatigue. De nombreux cas d’application d’outils
forgés existent dans les industries de la forge, de la plasturgie, de la coulée sous pression
d’alliages d’aluminium et de cuivre, ainsi que dans le découpage et l’emboutissage.
Plats et tôles
Il est possible d’obtenir des plats et des tôles dans un certain nombre d’unités productrices.
Par exemple, des plats de 15 à 70 mm d’épaisseur et de 150 à 400 mm de large, dans le
cas d’aciers rapides et d’aciers à outils alliés, peuvent servir d’ébauches pour la fabrication
d’outils tranchants ou de tôles d’abrasion. Ces produits peuvent être laminés en tôles
d’épaisseur comprise entre 0,4 et 10 mm, de largeur comprise entre 450 et 650 mm et de
longueur inférieure ou égale à 2 m, notamment dans le cas des aciers rapides pour la réali-
sation des lames de scie. La fabrication de ces produits exempts de décarburation exige
une surveillance toute particulière : une passe supplémentaire de laminage à froid sur équi-
pements multicylindres peut être réalisée pour parfaire l’état de surface.
Fils machine
Le tréfilage constitue le prolongement naturel du laminage à chaud pour l’obtention de
petits diamètres ; toutefois, cette fabrication est délicate en raison de la faible capacité
de déformation des aciers à outils. L’opération peut être réalisée à froid avec une succes-
sion de recuits intermédiaires ou à chaud (500 à 600 °C) pour une meilleure ductilité et
pour compenser le durcissement par écrouissage.
Des fils de section ronde, plate ou carrée peuvent être obtenus jusqu’à des épaisseurs de
0,5 mm. Le fil machine, dont la décarburation fait l’objet de contrôles sévères, constitue le
matériau de choix pour la fabrication des forets et outils spéciaux, des roulements à
aiguilles ou à rouleaux et se substitue de plus en plus à la grenaille pour les applications
en décapage et traitement des surfaces.
6.6.2 Tolérances dimensionnelles
Tous ces produits répondent à des tolérances dimensionnelles, des surépaisseurs
d’usinage et des dimensions recommandées, qui ont fait l’objet d’un accord au moment
305
6 • Aciers d’outillage 6.6 Commercialisation
de l’appel d’offre. Cet accord doit, dans la mesure du possible, être basé sur les normes
internationales correspondantes ou, au moins, sur des normes nationales appropriées.
Pour les barres laminées plates ou rondes, les normes internationales ISO 1035-1,
1035-3 et 1035-4 donnent les dimensions et/ou les tolérances pour les produits couverts
par la norme ISO/DIS 4957.
6.6.3 Bibliographie
Normes
Norme internationale ISO/DIS 4957 (1999) – Aciers à outils ; en remplacement de l’euronorme EN
10027 (1992) et de la norme NF A 35590 (1992) – Produits sidérurgiques, aciers à outils.
Norme ISO 404 (1992) – Aciers et produits sidérurgiques, conditions générales techniques de livraison.
Norme ISO 1035 (1980 pour parties 1 et 3, 1982 pour partie 4) – Barres en aciers laminés à chaud,
dimensions des barres rondes (1035-1), dimensions des barres plates (1035-3), tolérances (1035-4).
Norme ISO 10474 (1991) – Aciers et produits sidérurgiques, documents de contrôle.
Norme ISO 4955 – Aciers et alliages réfractaires.
Norme ISO 9722 – Nickel et alliages de nickel. Composition chimique et formes des produits
corroyés.
306
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
7 • FONTES
ALLIAGES FERREUX
Jacques Fargues
FONTES
307
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
B
A’
B’
308
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
Une solidification eutectique, se produisant par exemple à 1 150 °C pour une teneur de
4,3 % de carbone dans un alliage fer-carbone, permet de couler la fonte avec les plus
grandes facilités et d’obtenir des pièces sans défauts. Ceci explique l’importance indus-
trielle des fontes de composition quasi eutectique, même si leur résistance mécanique
nominale n’est pas des plus élevées.
ALLIAGES FERREUX
– le silicium (1 à 3 %) ;
– le manganèse (0,1 à 1 %) ;
– le soufre (jusqu’à 0,15 %) ;
– le phosphore (jusqu’à 1,3 %).
Le silicium, en particulier, est un élément indispensable au fondeur pour régler le compor-
tement métallurgique et la structure des fontes.
Toute fonte industrielle contient aussi, parfois volontairement ajoutés, des éléments à
l’état de traces utiles, nocives ou négligeables eu égard à la qualité recherchée.
Les propriétés peuvent en outre être améliorées ou ajustées en vue de certaines appli-
cations grâce à des éléments d’alliage dont l’action présente, malgré l’abondance du
carbone, de profondes analogies avec le cas des aciers ; les principaux sont les
suivants :
– le nickel (jusqu’à 35 %) ;
– le chrome (jusqu’à 30 %) ;
– le molybdène (jusqu’à 3 %) ;
– le cuivre, l’étain, le vanadium, l’aluminium, …
Ces mêmes éléments se retrouvent d’ailleurs souvent à l’état de traces, comme impuretés
parfois utiles des fontes non alliées.
309
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
En métallurgie des fontes, c’est principalement l’action du silicium qui, compte tenu de
la vitesse de refroidissement dans l’intervalle de solidification donne la structure recher-
chée, soit avec prédominance du graphite – fontes grises notamment – soit avec prédo-
minance de carbures – fontes blanches. Plus la teneur en silicium est élevée, plus le
refroidissement dans le moule est lent, plus est probable la stabilité thermodynamique
avec libération de graphite.
Pour mieux comprendre le comportement des fontes, la figure 7.2 représente, superpo-
sés, les diagrammes d’équilibre fer-graphite et fer-cémentite (métastable) ; la figure 7.3
donne une coupe pseudo-binaire du diagramme ternaire fer-carbone-silicium.
• Dans le cas d’une fonte de composition à peu près eutectique, la structure en fin
de solidification comprend essentiellement un agrégat ordonné de la phase riche en
fer (austénite) et de la phase riche en carbone (cémentite ou graphite) en proportion
à peu près déterminée, de l’ordre de 10 % en volume pour le graphite et de 20 à 40 %
en volume pour la cémentite.
Température (°C)
1 790°
u e
tiq
T
c
te
1 600
eu
A (1534) Liquide D’
o-
pr
1 500
ite
Solution
ph
lid idus
1 400 N (1390) us (déb + cémentite + diamant
ut d
e
(d e so
td
ép lidif
ôt Péritectique
pô
icat
1 300 d’ Liquide ion
Dé
1 250°
au ) eutect iq u e
Austénite s t + austénite tite pro-
én cémen U D
1 200 (solution solide ite ôt de
) C’ Dép
de Fe 3 C dans γ) E’ 1 153° F’
1 147°
1 100 E Solidus (dépot C V F
d’eutectite)
Fe 3 C
ite
ph
+ diamant
gra
en
de ferrite G
ém
de
Ferrite +
Dé p
(austénite + cémentite)
ôt d
austénite (Fe 3 C)
Dé p
% Fe 3 C
0 768° 10 20 30 40 50 60 70 80 90 96 100
310
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
Température (°C)
1 560 δ δ+L
1 500
1 440
L
1 380
1 320
δ +γ + L
δ+γ
1 260
1 200
γ+L L +C B
1 140 γ
ALLIAGES FERREUX
1 080
γ + L +C
1 020 γ+C
960
900
840
α +γ
780
α +γ + C
720
α+C
660 α
600
0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 C (%)
Selon qu’il s’agit de graphite lamellaire, de graphite nodulaire – amas plus ou moins
compacts – ou de cémentite, les propriétés de l’alliage solide sont fort différentes, même
sans considérer les transformations à l’état solide de la phase ferreuse ; ces dernières
s’apparentent d’ailleurs à celles des aciers et produisent les mêmes constituants : ferrite,
perlite, bainite, martensite, austénite stabilisée, etc...
Le graphite est un corps friable, tendre et lubrifiant, de masse volumique 2,3 g/cm3, soit
près de trois fois inférieure à celle de la matrice ou des carbures ; le volume massique
du graphite explique donc que, contrairement à tous les autres alliages industriels, une
fonte graphitique gonfle à un moment donné de sa solidification.
• Dans le cas d’une fonte de composition hypo-eutectique, l’agrégat eutectique décrit
ci-dessus n’occupe pas toute la structure. Avant que le liquide n’atteigne la température
eutectique, voisine de 1 150 °C, il se forme un réseau de cristaux à base de fer (austénite
primaire) généralement sous forme dendritique.
Ce réseau d’austénite subsiste tout en subissant des transformations analogues à celles
de l’acier ; il peut en résulter un accroissement de la résistance mécanique de l’ensemble.
La proportion volumique du réseau dendritique dit « proeutectique » dépend principale-
ment de la composition chimique et détermine, dans le cas des fontes grises, un éche-
lonnement de nuances ou qualités ; cette proportion varie théoriquement de 0 % (fontes
eutectiques) à 100 % (transition avec les aciers), mais, en pratique, elle dépasse
rarement 50 % parce que les risques de défauts de fonderie croissent avec cette
proportion.
311
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
312
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
ALLIAGES FERREUX
pas en lamelles mais sous forme de particules quasi sphériques (10 à 100 µm de
diamètre). À part cette différence – capitale – la matrice métallique est comparable à celle
d’une fonte grise ordinaire.
La sphéricité du graphite, lui-même de résistance mécanique négligeable, régularise la
répartition des contraintes dans la matrice et permet de mieux approcher les propriétés
de l’acier correspondant. Ainsi, tout en conservant des propriétés de fonderie favorables,
les fontes GS ont des résistances à la traction pouvant dépasser 900 MPa – du moins
pour leurs variétés spéciales – avec des modules d’élasticité relativement élevés et des
capacités de déformation plastique non négligeables, voire importantes.
Certaines nuances ont une ténacité aux chocs suffisante pour permettre de les substituer
en toute sécurité à de l’acier dans certaines applications remarquables comme les
pièces de suspension et de freinage pour automobiles.
Sans doute, les fontes GS n’ont pas tous les avantages des aciers ou des fontes grises
et, en particulier, leur élaboration – quoique parfaitement maîtrisée – est relativement
délicate et exige des contrôles spécifiques stricts. Elles ont été substituées systémati-
quement aux fontes grises, aux fontes malléables et aux aciers dans des applications
très importantes, notamment en construction automobile, dans les canalisations et acces-
soires d’hydraulique et de voirie.
313
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
Les carbures à base de fer ont des propriétés physiques très différentes de celles du
graphite et, en particulier, leur dureté élevée augmente beaucoup celle de la fonte dont
ils constituent une fraction volumique importante.
Ainsi les fontes blanches, dures mais malheureusement plus ou moins fragiles, convien-
nent excellemment pour résister à l’usure abrasive ; en conséquence, il est très difficile,
sinon impossible, de les usiner à l’aide d’outils coupants
Pour la plupart des applications modernes – éléments de broyeurs, par exemple –, les
fontes blanches sont encore durcies par l’ajout d’éléments d’alliage (nickel, chrome, moly-
bdène, vanadium, tungstène) avec une certaine amélioration de la ténacité aux chocs.
Fontes trempées
On appelle « fontes trempées » des fontes coulées au contact d’éléments refroidis-
sants constituant le moule en tout ou partie ; ainsi les couches corticales solidifiées dans
ces conditions sont en fonte blanche – effet de « trempe primaire » avec solidification
dans le système métastable1 – tandis que le cœur et d’autres parties de la même pièce
se solidifient en fonte grise ou GS.
On a ainsi une pièce « composite » ou un « bimétal ». Exemple : poussoirs de
soupape, certains cylindres de laminoirs... Les pièces de ce genre sont fabriquées dans
des fonderies spécialisées.
Fontes malléables
Par un recuit approprié, on peut industriellement décomposer les carbures primaires
d’une fonte blanche suivant la réaction
Fe3C → 3Fe + C (graphite).
Il est remarquable que le graphite précipite alors dans la matrice, à l’état solide, sous
forme de particules non sphériques qu’on peut néanmoins qualifier de « nodules ».
Comme dans le cas des fontes GS, les propriétés s’approchent alors de celles de l’acier
constituant la matrice, c’est-à-dire que la rupture est précédée par une déformation plas-
tique importante. On parle ici de « malléabilité », ce qui est impropre mais consacré par
l’usage.
1. Cette trempe primaire ne doit pas être confondue avec la trempe superficielle au chalumeau ou
par induction que les mécaniciens appliquent aux aciers et aux fontes.
314
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
On remarquera toutefois que, parmi toutes les variétés de fontes, celles-ci que l’on
nomme « malléables à cœur blanc » – ou encore malléables européennes – sont les
seules qui soient soudables sans plus de précautions que l’acier ordinaire.
ALLIAGES FERREUX
la structure mais rendant seulement la matrice plus fine, plus homogène, plus sensible
aux traitements thermiques. Tel est le cas des fontes à graphite lamellaire, sphéroïdal ou
vermiculaire et même les fontes blanches ; les possibilités sont au contraire fort restrein-
tes dans le cas des fontes malléables (les éléments carburigènes étant évidemment
exclus) ;
– les fontes grises, GS ou blanches fortement alliées (jusqu’à 40 % de métaux divers)
dont la structure et les propriétés sont profondément influencées par la composition :
fontes austénitiques au nickel (cuivre) chrome, fontes ferritiques à haute teneur en sili-
cium ou en aluminium...
La coulée de pièces en fontes fortement alliées peut présenter des difficultés d’ordre
métallurgique ou dues à des propriétés de fonderie défavorables ; c’est en principe la
spécialité d’un petit nombre de fonderies qui n’en produisent le plus souvent que quel-
ques nuances.
Pour certaines pièces, fortement sollicitées par la corrosion, la chaleur, l’abrasion..., les
fontes spéciales sont seules envisageables malgré leur coût beaucoup plus élevé que
celui des fontes courantes.
315
7 • Fontes 7.1 Définitions, notions de base
et classification des fontes
316
7 • Fontes 7.2 Normalisation des fontes
Bainite,
Matrice Perlite constituants
Perlite + Ferrite Austénite Martensite de trempe
Graphite ferrite et revenu, …
Lamellaire Oui Oui Oui Oui Oui Oui
Sphéroïdal
ou vermiculaire
Oui Oui Oui Oui Oui Oui B
ALLIAGES FERREUX
En nodules
Oui Oui Oui Non Non Oui
de recuit
317
7 • Fontes 7.2 Normalisation des fontes
• V signifiant que Rm est contrôlée par prélèvement dans une éprouvette attenante ou adhé-
rente (et non dans un barreau coulé à part, suivant la règle générale) ;
• RT ou LT signifiant qu’une résistance au choc est garantie à la température ambiante ou
à une température plus basse indiquée à la suite :
Exemples
• EN GJL-250 V (FGL 250 A1) : fonte grise ; Rm < ? MAC (179) > 250 MPa sur éprouvette
attenante aux pièces ;
• EN GJS-500-7-S (FGS 500-71) : fonte GS ; Rm < ? MAC (179) > 500 MPa ; A < ? MAC
(179) > 7 % (éprouvette coulée séparément) ;
• EN GJS-HB 185 (FGS HB 1851) : fonte GS de dureté nominale 185 HB ;
• EN GJS-400-18-LT (FGS 400-18 L 601) : fonte GS ; Rm < ? MAC (179) > 400 MPa ; A < ?
MAC (179) > 18 % ; résilience garantie à -60 °C ;
• EN GJN X Ni-Cr-4-2 (FBC Ni4 Cr2 HC1) : fonte blanche ; teneur en nickel (4 %) et chrome
(2 %) ; haute teneur en carbone.
On notera bien que ce système peut être utilisé licitement, même pour des nuances de
fonte non normalisées.
7.2.2 Normes d’essais particulières aux fontes
Ces normes sont les suivantes :
• NF A 01-800 (septembre 1986) : Prélèvement et préparation des échantillons destinés à
la détermination de la composition chimique ;
• NF EN ISO 14284 (décembre 2002) : Fontes et aciers – Prélèvement et préparation des
échantillons pour la détermination de la composition chimique ;
• NF EN ISO 6506-1 (avril 2006) Matériaux métalliques – Essai de dureté Brinell – Partie
1 : méthode d’essai ;
• NF A 03-202 (novembre 1967) : Essai de choc de la fonte grise (sur éprouvette bi-
appuyée non entaillée) ;
• NF EN 1369 (février 1997) : Fonderie. Contrôle par magnétoscopie ;
• NF EN 1370 (février 1997) : Fonderie. Contrôle de la rugosité de surface par compara-
teurs visotactiles ;
• NF EN 1371-1 (août 1997) : Fonderie. Contrôle par ressuage. Partie 1 : pièces moulées
au sable, en coquille, par gravité et basse pression ;
• NF EN ISO 12680-3 (mai 2003) : Fonderie – Contrôle par ultrasons – Partie 3 : pièces
moulées en fonte à graphite sphéroïdal ;
• NF A 03-604 (juin 1977) : Essai d’usinabilité des fontes ;
• NF EN ISO 945 (novembre 1994) : Fonte ; désignation de la microstructure du graphite.
• NF A 04-197 (mai 2004) : Produits de fonderie – Pièces moulées en fonte à graphite
sphéroïdal - Caractérisation de la forme du graphite par analyse d’image ;
• NF EN 1011-8 (mai 2005) : Soudage – Recommandations pour le soudage des maté-
riaux métalliques – Partie 8 : soudage des fontes.
Les conditions des essais de flexion statique, de cisaillement, se trouvent dans la norme
NF EN 1561 – Fonderie. Fonte à graphite lamellaire.
Les conditions de prélèvement des éprouvettes de traction sont indiquées dans les
normes de produits.
318
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
ALLIAGES FERREUX
dement NF EN 1562/A1 (septembre 2006) ;
• NF EN 1564 (octobre 1997) : Fonderie. Fonte bainitique. Document modifié par l’amen-
dement NF EN 1564/A1 (avril 2006) ;
• ISO 17804 (novembre 2005) : Fonderie – Fonte ausferritique à graphite sphéroïdal –
Classification.
Les normes suivantes opèrent des regroupements en fonction des applications :
• NF A 32-160 (décembre 1986) : Fontes moulées pour emploi aux basses températures ;
• NF A 32-211 (janvier 1991) : Fontes à graphite sphéroïdal pour robinetterie et appareils
à pression ;
• XP F 05-393 (novembre 1995) : Pièces moulées en fonte malléable ferritique pour
installations fixes de traction électrique (norme expérimentale).
7.2.4 Dimensions – Conditions de commande et réception
Les principales normes suivantes définissent la pratique des rapports entre fondeurs et
utilisateurs de pièces moulées en fonte. On notera qu’une partie des normes est passée
dans la normalisation européenne. D’autres sont encore spécifiquement françaises : leur
étude est en cours par le comité CEN/TC 190 (Techniques de fonderie).
• NF EN 1559-1 (septembre 1997) : Fonderie. Conditions techniques de fourniture. Généralités.
• NF EN 1559-3 (septembre 1997) : Fonderie. Conditions techniques de fourniture. Spéci-
fications complémentaires pour les pièces moulées en fonte.
• NF EN ISO 8062-3 (octobre 2007) : Spécification géométrique des produits (GPS) – Tolé-
rances dimensionnelles et géométriques des pièces moulées – Partie 3 : tolérances dimen-
sionnelles et géométriques générales et surépaisseurs d’usinage pour les pièces moulées ;
• NF A 48-830 ; NF A 48-851 ; NF EN 12842 ; NF EN 14525 ; NF EN 545 ; NF EN 598 ;
NF EN 877 ; NF EN 877 / A1 ; NF EN 969 : Série de normes relatives aux éléments de
canalisations en fonte.
319
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
et de dureté dans les conditions des normes particulières 1. On classe ainsi les fontes en
« nuances » ou « qualités » échelonnées, offertes au choix du concepteur ou de l’utilisateur.
Fontes grises
En raison de l’effet d’entaille du graphite lamellaire dans la matrice, le comportement des
fontes grises sous sollicitation statique uni-axiale – traction et compression simples – est
particulier.
Les particularités de ce comportement sont les suivantes (figure 7.4) :
– la courbure du diagramme effort-déformation apparaît dès les plus faibles contraintes,
sans limite d’écoulement définie ;
– il existe une nette dissymétrie entre traction et compression ;
– il y a rupture par traction sans déformation plastique notable (A < 1 %) sous une
contrainte Rm caractérisant la nuance ;
– le module d’élasticité Eo (représenté par la tangente à l’origine) est très largement varia-
ble selon la nuance.
La notion de limite d’élasticité s’applique donc mal aux fontes grises et c’est pourquoi la
charge unitaire de rupture par traction Rm sert de base à toutes les classifications des
fontes grises ; Rm est compris couramment entre 100 et 400 MPa, les valeurs les plus
élevées correspondant à des fontes perlitiques de structure fine élaborées avec soin –
inoculation – et contenant au besoin de faibles teneurs en nickel, cuivre, chrome...
En harmonie avec l’ISO, la norme NF EN 1561 classe et désigne les fontes grises de
plusieurs manières :
– d’après la résistance à la traction minimale garantie mesurée dans une éprouvette
coulée à part (tableau 7.4) ;
– d’après la valeur de Rm mesurée dans des éprouvettes attenantes aux pièces ; la
valeur minimale probable dans la pièce est donnée, à titre indicatif, selon l’épaisseur
(tableau 7.5) ; cette méthode ne peut s’appliquer qu’aux pièces assez grosses (épaisseur
> 20 mm) ;
– d’après la dureté Brinell – HB – mesurée sur les pièces elles-mêmes en des points
convenus ; cette méthode est commode si la dureté présente plus d’intérêt que la résis-
tance à la rupture en raison de ses rapports avec l’usinabilité et la résistance à l’usure.
On voit que la dureté s’échelonne couramment de 100 à 250 HB.
Les valeurs les plus élevées correspondent à des structures perlitiques ou à de fins cons-
tituants de trempe et revenu obtenus éventuellement en présence d’éléments d’alliage.
Dans certains cas, de fins carbures peuvent rendre l’usinage difficile.
Les valeurs les plus basses correspondent à des structures à prédominance ferritique,
obtenues éventuellement par recuit.
L’influence du graphite – forme, finesse et quantité – est beaucoup plus faible sur la
dureté que sur la résistance à la traction.
320
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
(MPa) σ (daN/mm 2 )
600
60
56,0 Compression
48,5
500 50 B
ALLIAGES FERREUX
42,0
400 40
34,0 Traction
300 30
29,0
23,5
200
20
18,5
L3
13,5
100
10 R t ≈ 35 daN/mm 2
A ≈ 0,7 %
E 0 ≈ 14 200 daN/mm 2
0
0 0,05 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
ε (%)
321
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Tableau 7.4 – Classification des fontes grises à graphite lamellaire d’après essai
sur éprouvette coulée à part (norme NF EN 1561).
EN JL 1010
EN JL 1020
EN JL 1030
EN JL 1040
EN JL 1050
EN JL 1060
322
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Tableau 7.5 – Classification des fontes grises à graphite lamellaire d’après essai
sur éprouvette attenante ou adhérente – Norme NF EN 1561 –
Valeurs garanties
Épaisseur des pièces
Résistance minimale à la traction
« e » (en mm) Valeurs
Rm (en MP a)
Nuances : sur pièces à titre
indicatif
Jusqu’à
Plus de :
et y compris :
EN GJL 150
EN JL 1020
20
40
40
80
120
110
110
95
B
80 150 100 80
ALLIAGES FERREUX
150 300 90 –
faibles, s’apparentent à celles des fontes GS dont elles dérivent. Quelques fonderies
européennes proposent des nuances de résistance échelonnée, mais le développement
industriel n’est pas encore suffisant pour qu’une normalisation s’impose.
Nous nous contenterons ici des quelques remarques suivantes :
– le module E0 (de l’ordre de 150 GPa) est au moins égal à celui des fontes grises les
plus résistantes mais inférieur à celui des fontes à graphite nodulaire ;
– on peut déterminer une limite d’écoulement ;
– Rm est compris entre 280 et 450 MPa tandis que A varie de 5 à 1 % et R0,002 de 220 à
350 MPa ;
– les duretés sont voisines de celles des fontes grises de même structure (130 à 280 HB).
Fontes blanches
Qu’elles soient alliées ou non, les fontes blanches sont utilisées presqu’exclusivement
pour leur dureté et leur résistance à l’usure par abrasion. Elles ne sont donc pas caracté-
risées par l’essai de traction, difficile à faire d’ailleurs en raison de l’inusinabilité et de la
fragilité, mais quelques travaux spéciaux permettent d’avoir au besoin une estimation de
leur comportement mécanique. La norme NF EN 12513 donne, pour chaque nuance de
matériau, la désignation, conforme à la norme EN 1560, la composition chimique et la
dureté Vickers.
323
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
324
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Module d’élasticité B
ALLIAGES FERREUX
Alors que la dureté dépend essentiellement de la matrice, le module d’élasticité est
directement lié à la structure du graphite. Or, ce module est très important pour le
concepteur.
Dès qu’une courbe effort-déformation n’est pas rectiligne, le module d’élasticité varie en
tout point et l’on peut en prendre des valeurs moyennes correspondant aux domaines de
contrainte utiles à considérer.
Dans le cas des fontes grises, on retient habituellement la valeur à l’origine E0 – module
de Young – qui correspond aux plus faibles contraintes. On peut évaluer E0 d’après la
pente à l’origine sur un diagramme de traction-compression ou de flexion mais d’autres
méthodes plus commodes consistent à mesurer soit la vitesse de propagation du son,
soit la fréquence de résonance qui sont proportionnelles à E 0 .
En définitive, nous retiendrons que pour les fontes grises E0 varie couramment de
60 000 à 150 000 MPa, les valeurs les plus élevées correspondant au graphite le plus
fin et le moins abondant, quelle que soit la matrice.Pour les fontes GS et les fontes
malléables, le domaine de variation est plus resserré : de 160 000 à 190 000 MPa.
Pour les fontes blanches, les valeurs rejoignent celles de l’acier : de 200 000 à
220 000 MPa. Les fontes austénitiques ont, toutes choses égales d’ailleurs, un module
E0 plus faible que les fontes à matrice α : ferrite, perlite, bainite, constituants de trempe
et revenu... Ces indications sont résumées dans le tableau 7.7.
325
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
grises : l’effet d’entaille du graphite est moins critique et il est bien connu que les pièces
en fonte grise se comportent mieux en compression qu’en traction.
En écrasant une éprouvette usinée cylindrique dont le rapport hauteur/diamètre est
de 2 ou 3, on constate que la charge unitaire d’effondrement en compression vaut
2,5 à 4 fois la résistance à la traction. Ceci a des conséquences favorables en cas
de flexion.
Ainsi le module de flexion d’un barreau droit usiné ou non, chargé entre deux appuis
FLd
M F = -----------
l
(avec : F la charge de rupture, L la distance entre les appuis, d la distance de la fibre
neutre à la fibre la plus tendue, I le module d’inertie de la section par rapport à son
axe),
calculé à la rupture, vaut de 1,5 fois Rm pour Rm voisin de 400 MPa à 2,5 fois Rm pour
Rm voisin de 100 MPa.
Les pièces en fonte grise peuvent donc supporter sans rupture des charges nettement
supérieures à celles qu’on calculerait en résistance des matériaux classique à partir de Rm.
L’essai de cisaillement est exécuté habituellement, à l’aide d’un dispositif approprié, sur
de petites éprouvettes usinées – diamètre de 5,64 mm – éventuellement très courtes,
donc faciles à prélever dans des pièces. La charge unitaire de rupture est reliée à Rm de
façon peu précise mais on trouve en général un écart de 10 à 40 MPa en faveur de la
résistance au cisaillement.
Rappelons que ces indications sur la compression, la flexion et le cisaillement ne concer-
nent ni les fontes nodulaires, qui se comportent plutôt comme les aciers, ni les fontes
blanches en raison de leur fragilité.
326
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Résistance à la fatigue
Bien qu’elles aient un comportement normal en fatigue selon les essais usuels, on ne
contrôle pas industriellement la résistance à la fatigue des fontes ; toutefois, on peut indi-
quer des rapports d’endurance puisqu’on relève une nette limite de fatigue en coordon-
nées de Wöhler : par exemple, essai de flexion rotative sur éprouvette entaillée ou non.
Pour les fontes grises, peu sensibles à l’entaille, le rapport d’endurance est compris
entre 0,33 et 0,60, les valeurs les plus faibles correspondant en général aux résistances
Rm les plus élevées. Les meilleures limites de fatigue sont néanmoins atteintes par les
fontes les plus résistantes : 160 à 180 MPa pour Rm voisin de 400 MPa. B
Pour les fontes GS et malléables, le rapport d’endurance sur éprouvettes non entaillées
ALLIAGES FERREUX
varie autour de 0,4 dans des limites plus étroites, mais l’effet d’entaille est beaucoup plus
sensible que pour les fontes grises dont le facteur de réduction est de l’ordre de 2.
Il existe quelques exemples de diagrammes de Goodman (figure 7.5).
600
500 5
4
400
3
300 2
200 1
100
45 °
0
– 100
– 200
– 300
327
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Mécanique de la rupture
Les méthodes visant à déterminer la résistance à l’amorçage et à la propagation des
fissures sous contraintes statiques ou en fatigue oligocyclique ont été appliquées aux
fontes, de telle sorte qu’on a une idée générale de leur comportement.
Les fontes grises n’ont qu’une faible résistance à la propagation des fissures ; les
valeurs de K1C correspondantes sont de l’ordre de 25 à 40 MPa m .
Le facteur critique d’intensité de contraintes des fontes GS et malléables est plus
élevé – jusqu’à 90 MPa m – surtout avec une matrice ferritique, car ici la ténacité dimi-
nue lorsque Rm et R0,002 augmentent.
Signalons toutefois que, malgré une cassure plane, la propagation brutale ne correspond
pas toujours à une valeur de K1C « valide » à cause de la décohésion entre graphite et
matrice dans une zone précédant le front principal de fissuration.
Quant à la vitesse de propagation des fissures de fatigue – loi de Pâris –, il a été
observé que, pour ΔK = 20 MPa m , par exemple, elle est jusqu’à 100 fois plus grande
pour les fontes grises que pour un acier ferrito-perlitique corroyé, mais la dispersion est
importante ; les fontes GS ont un comportement intermédiaire.
328
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
ALLIAGES FERREUX
Tableau 7.8 – Masse volumique des principaux types de fontes – en g/cm3 – à la
température ambiante
Dilatation thermique
Nous ne pouvons décrire ici les changements de volume réversibles ou non qui accompa-
gnent les transformations structurales, notamment dans le cas des fontes spéciales. On
retiendra les deux valeurs suivantes de référence du coefficient α pour les fontes
courantes non alliées :
• α à 20 °C : environ 11 x 10-6 par °C ;
• αmoyen de 200 à 500 °C : environ 13 × 10–6 par °C.
Le tableau 7.9 donne, à titre d’exemple, la variation du coefficient α en fonction de la
température, dans le cas d’une fonte grise perlitique de bonne résistance mécanique.
— 100 — 50 — 25 20 20 20 20
Intervalle de température (°C)
—075 — 25 — 00 100 200 500 700
Valeur moyenne de α en 10- 6 K- 1 6,6 9,7 10,1 10,0 11,0 13,1 13,7
329
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Les mêmes valeurs peuvent être acceptées en première approximation pour les autres
fontes non alliées ou très peu alliées ayant une matrice non trempée ferritique.
Toutefois, les fontes alliées austénitiques et les fontes ordinaires au-delà de leur point de
transformation AC (vers 800 °C) ont des coefficients de dilatation nettement plus élevés
(= 18 × 10 –6par °C) ou au contraire pour de très hautes teneurs en nickel (35 %) excep-
tionnellement faibles.
330
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Résistance à chaud
Au-dessus de 350 °C, la résistance mécanique décroît rapidement et devient très
faible à partir de 700 °C ; même les fontes alliées dites « réfractaires » sont très affaiblies
au-delà de 500 °C.
Corrélativement, le fluage devient déterminant au-delà de 350 °C. Ainsi, par exemple,
une fonte FGL 250 se rompt en 100 000 h à 350 °C sous une charge de 140 MPa.
Parmi les éléments d’alliage, c’est le molybdène (1 à 3 %) qui est le plus efficace pour
améliorer la résistance à chaud des fontes.
ALLIAGES FERREUX
Beaucoup de pièces ont à absorber sans rupture ni déformation excessive des dilatations
et retraits brusques et répétitifs, liés à d’importantes fluctuations de température. On
recommande alors une teneur en carbone graphite élevée. Exemple : carbone
total ≥ 3,40 % pour des pièces mécaniques, ce qui abaisse le module d’élasticité et favo-
rise la conduction de la chaleur : ainsi les fontes grises non alliées pour lingotières d’acié-
rie, coquilles de coulée, moules de verrerie, tambours et disques de freins.
Les fontes GS sont moins sensibles à la tapure et à la fissuration parce que plus défor-
mables mais la déformation peut être elle-même prohibée.
Les fontes à graphite vermiculaire offrent dans certains cas, pour les culasses, par exem-
ple, un compromis intéressant entre avantages et inconvénients des fontes FGL et FGS.
Les éléments d’alliage qui diminuent généralement la conductibilité thermique ne sont
pas favorables. Bien entendu, le tracé des pièces joue un rôle essentiel.
331
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Les principaux traitements thermiques qui font le plus souvent l’objet d’une convention
avec l’utilisateur sont décrits ci-après.
Recuit d’adoucissement
Le but est d’abaisser notablement la dureté en homogénéisant la structure avec dispa-
rition des carbures libres éventuels. Il peut s’agir d’un simple ajustement mais c’est aussi
l’un des moyens courants d’obtenir une ferritisation, notamment pour les fontes GS.
Après homogénéisation à 850-950 °C, le refroidissement donne les structures suivantes :
– ferritiques en cas de refroidissement lent (20 °C/h par exemple) entre 800 et 650 °C ;
– perlitiques en cas de refroidissement à l’air calme (« normalisation »).
Le réglage dépend en premier lieu de la teneur en silicium, élément ferritisant et graphitisant.
L’usinabilité est améliorée avec, pour les fontes GS, un accroissement de la plasticité.
Trempe et revenu
Par trempe et revenu, on peut régler la dureté mais surtout concilier au mieux l’usinabilité,
la résistance à l’usure et les propriétés mécaniques de pièces hautement sollicitées. Géné-
ralement, la présence de nickel (1 à 3 %) et de chrome (0,5 à 1,5 %) facilite les opérations.
D’ailleurs, pour les fontes grises et blanches, on évite, si possible, la trempe à l’eau ou
même à l’huile en raison des risques de tapures. Ces risques sont diminués si l’on prati-
que une trempe étagée en bain de sel, huile ou plomb entre 200 et 350 °C (au-dessus
de MS) ; la martensite se forme ensuite au cours du refroidissement à l’air des pièces
homogénéisées thermiquement.
En revanche, les fontes GS, à graphite vermiculaire et les fontes malléables peuvent être
améliorées par trempe à l’huile froide ou tiède et revenu − Rm de 800 à 1 000 MPa.
332
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Tableau 7.10 – Caractéristiques minimales des fontes ADI sur éprouvettes coulées
séparément – D’après la norme NF EN 1564.
ALLIAGES FERREUX
EN GJS 1 000-5 1 000 700 5
De tels traitements exigent une extrême précision tant métallurgique que thermique.
C’est pourquoi les fontes « bainitiques » – dites aussi ADI dans le cas du graphite
sphéroïdal – n’ont pas encore atteint le développement industriel que promettent leurs
exceptionnelles performances ; leur usinage nécessite également une haute technologie.
333
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Émaillage
Les émaux vitrifiés s’appliquent bien sur les fontes, notamment sur les fontes ordinaires
– pièces de 2,5 à 10 mm d’épaisseur – telles que baignoires, poêles domestiques, usten-
siles culinaires, cuves pour l’industrie chimique...
Les procédés « au poudré » et « au liquide » sont exploités dans des installations
modernes automatisées. On opère à chaud (vers 800 °C) en deux étapes : pré-couche
et couche de finition, sur des pièces préalablement grenaillées. Normalement la struc-
ture de la fonte est largement ferritisée au cours de la cuisson de la pré-couche.
Autres revêtements
De très nombreux autres procédés sont applicables aux fontes :
– projection à la flamme de métaux et de céramiques ;
– revêtements par diffusion ou conversion chimique : calorisation, chromisation, nitrura-
tion, shérardisation, phosphatation...
Durcissement superficiel
On pratique couramment la trempe au chalumeau ou par induction, ou encore des
traitements thermochimiques comme la nitruration.
Les principes et les modalités sont à peu près les mêmes que pour les aciers sous les
réserves suivantes :
– au cours de l’austénitisation, il faut éviter tout commencement de fusion (possible à
partir de 950 °C) ;
– il faut partir de préférence d’une fonte à matrice déjà proche de la saturation en
carbone, donc perlitique ;
– il est nécessaire de pallier les risques de rupture par choc thermique grâce à une
composition adaptée (fonte type « glissières de machines-outils », par exemple) ;
– pour faciliter soit la trempe, soit la nitruration, il faut opter pour des fontes de composi-
tion adaptée contenant du nickel, chrome, aluminium, molybdène, vanadium, titane en
faibles teneurs.
334
7 • Fontes 7.3 Propriétés des fontes moulées
et conditions d’usage spécifique
Les travaux de la RNUR ( P Mathon ) ont montré que les résultats du premier essai,
rapide et économique, sont en bonne corrélation, non seulement avec les résultats du
second mais encore avec l’usinabilité en % USA1.
La structure, plutôt que la dureté, est le facteur primordial de l’usinabilité.
La meilleure usinabilité s’obtient avec un graphite abondant mais assez fin ; la ferrite
recuite et non alliée est le constituant de la matrice le plus favorable.
Si des difficultés sont dues à des carbures dans les angles saillants, un traitement ther-
mique de normalisation ou d’adoucissement pourra y remédier. Les inclusions de
sable, de laitier, les porosités sont des défauts irrémédiables, très gênants pour l’usinage. B
Le fini de surface – Ra compris entre 0,5 et 3 µm – est conditionné par la finesse du
ALLIAGES FERREUX
graphite mais aussi par les conditions de coupe2.
Les fontes de haute dureté (HB > 300), et notamment les fontes blanches, sont usinées
par rectification ou rodage à la pierre. Avec les machines à rectifier de grande puis-
sance, l’abrasion permet aussi bien l’enlèvement de matière que la finition.
7.3.8 Soudage
Lorsqu’un élément de pièce en fonte à graphite lamellaire ou nodulaire est fondu en vue
du soudage, le métal liquide formé au joint risque fort de se resolidifier sous forme de
fonte blanche ou tout au moins partiellement blanche en raison de la très grande vitesse
de refroidissement subséquente. Ce problème est difficile.
Sans doute, certains procédés de soudage ne provoquent pas la fusion : soudage par
friction, par explosion, ..., mais les applications sont marginales. Dans tous les cas, il faut
recourir à des opérateurs spécialisés et précautionneux.
Si le métal d’apport est une fonte semblable au métal de base et a fortiori s’il s’agit
d’acier, c’est grâce à un enrobage convenable des baguettes ou électrodes, à un
préchauffage des pièces jusque vers 500 °C et à un recuit adoucissant postérieur qu’on
peut réaliser des soudures usinables.
L’emploi d’électrodes riches en nickel est le moyen généralement le plus recomman-
dable car on obtient une soudure usinable et résistante après un préchauffage modéré
(250 °C). Ce procédé s’applique bien aux fontes grises et GS, y compris les fontes alliées
et austénitiques.
Des variantes du soudage à l’arc donnent des zones fondues et thermiquement affectées
très étroites mais, en règle générale, le préchauffage et le recuit restent nécessaires.
Même le bombardement électronique, le plasma, le laser de puissance n’évitent pas ces
contraintes.
335
7 • Fontes 7.4 Utilisation des fontes moulées
peuvent être bénéfiques – dans l’eau de mer par exemple – mais sans changer fonda-
mentalement le comportement.
En outre, ces fontes ne sont que très peu attaquées par les alcalins et les solutions de
carbonates alcalins ; elles résistent bien aux acides concentrés mais mal aux acides dilués.
En cas d’attaque rapide, on recourt soit à des revêtements superficiels tels qu’émaux,
plastiques, soit à des fontes fortement alliées.
Dans la zone corrodée des fontes graphitiques on distingue :
– la couche dite « de base » contenant les constituants inertes ou peu attaqués restés
en place ;
– la couche dite « de surface » formée à partir des ions ferreux de la couche de base
et plus ou moins protectrice.
Le graphite joue d’ailleurs un rôle ambigu et variable au cours du temps car il peut former
des couples électrolytiques avec le fer tandis que sa présence, même dans la couche de
surface, peut faire obstacle à la corrosion.
Les fontes austénitiques à 13-35 % de nickel résistent excellemment à l’oxydation à
chaud ainsi qu’aux acides modérément oxydants ; en revanche, elles ne durent pas plus
que les fontes non alliées dans l’acide nitrique dilué.
Les fontes ferritiques à 12-18 % de silicium, dites parfois « ferro-silicium », résistent très
bien à tous les acides mais elles sont peu répandues en raison de leur inusinabilité, de
leur fragilité et des difficultés de coulée.
Les fontes blanches ferritiques à 30-35 % de chrome résistent bien aux corrosions en
général et notamment à l’oxydation à chaud avec abrasion. Elles peuvent être usinées
et ont des propriétés mécaniques moins défavorables que les fontes au silicium ; aussi
sont-elles fréquemment utilisées.
336
7 • Fontes 7.4 Utilisation des fontes moulées
ALLIAGES FERREUX
plus de 2 m) sont ainsi produits par centrifugation en moule d’acier.
337
7 • Fontes 7.5 Évolution des fontes moulées
du produit PD (pression x diamètre), variables suivant les fluides et les types de pièces
(canalisations, corps de pompes, chaudières, etc.).
Le développement des fontes GS a permis d’assouplir ces contraintes par le jeu de déro-
gations (dossiers à présenter aux services des arrondissements minéralogiques). La
norme NF A 32-211 regroupe les fontes possibles pour de telles applications.
Enfin les pièces travaillant en permanence à température très élevée, mais dans un
milieu non spécialement corrosif, sont fréquemment réalisées en fonte austénitique
(NF EN 13835) ou en fonte blanche ferritique au chrome (NF EN 12513). De
nombreuses formules non normalisées contenant un peu de Ni-Cu-Cr-Mo... convien-
nent dans les cas moins extrêmes.
338
7 • Fontes 7.5 Évolution des fontes moulées
ALLIAGES FERREUX
– FGV 450-1.
Elles peuvent être alliées tout comme les fontes GS.
339
7 • Fontes 7.6 Commercialisation des pièces
moulées en fonte
340
7 • Fontes 7.7 Renseignements pratiques
ALLIAGES FERREUX
7.6.3 Qualité
La profession assure toutes sortes d’actions en faveur de la qualité (labels d’entreprises,
marques, assurance qualité, etc.). Elle participe avec l’Afnor, le CTIF et les diverses
associations compétentes aux mesures concrètes prises en concertation avec les utilisa-
teurs de pièces moulées (certifications d’entreprises).
Les organismes professionnels1 fournissent des précisions à ce sujet et donnent égale-
ment des statistiques et des renseignements sur les fonderies les plus compétentes pour
une production particulière.
Rappelons ici, en raison de leur importance, les normes suivantes :
– NF EN 1559-1 (septembre 1997) : Fonderie. Conditions techniques de fourniture.
Généralités.
– NF EN 1559-3 (septembre 1997) : Fonderie. Conditions techniques de fourniture.
Spécifications complémentaires pour les pièces moulées en fonte.
On n’oubliera pas que, pour une grande part, la fonderie est une industrie de sous-
traitance ou, mieux, de partenariat et que des pièces moulées en fonte de plus en plus
nombreuses sont commercialisées indirectement comme composants de machines,
ensembles mécaniques et constructions diverses par les fonderies elle-mêmes.
La fonderie française est très largement exportatrice.
341
7 • Fontes 7.7 Renseignements pratiques
342
7 • Fontes 7.7 Renseignements pratiques
7.7.2 Bibliographie
Manuel des fontes moulées. Traduit et adapté de Iron Casting Handbook par le CIFOM,
2e éd. 1983.
Techniques de l’Ingénieur (articles du volume Métallurgie).
La Fonderie : ses techniques, ses possibilités. ETIF, 1re éd. 1990. 16 pages.
La Fonderie (Étude SESSI). ETIF 1992.
Annuaire du Syndicat général des fondeurs de France (SGFF).
Catalogue des éditions techniques des industries de la fonderie. ETIF.
Catalogue des fonderies du CIFOM.
B
ALLIAGES FERREUX
7.7.3 Périodiques
Fonderie. Fondeur d’Aujourd’hui.
Revue mensuelle rédigée avec le concours de CTIF. ETIF.
Bulletin Bibliographique Fonderie (BBF) (inclus dans Fonderie. Fondeur d’Aujourd’hui).
Hommes et Fonderie. Revue mensuelle de l’ATF. Pyc Éditions.
343
C
Métaux et alliages
non ferreux C
345
346
8 • Aluminium et alliages 8.1 Introduction
d’aluminium
8 • ALUMINIUM ET ALLIAGES
D’ALUMINIUM
C
Didier Albert, Michel Bonin, Georges Gardès, Daniel Robert, Christian Vargel
8.1 Introduction
8.1.1 Historique
L’aluminium a connu un développement spectaculaire depuis sa naissance en 1854
symbolisée par la présentation à l’Académie des Sciences, par le chimiste français
Sainte-Claire Deville, d’un petit lingot réalisé par voie chimique. Mais le véritable début
du développement industriel de l’aluminium et ses alliages se produit en 1886 avec
l’invention du procédé d’électrolyse de l’aluminium par Paul Héroult en France et Charles
Martin Hall aux États-Unis. L’aluminium est aujourd’hui le premier métal non ferreux ;
en tonnage, il a supplanté l’étain dans les années 1920, le plomb dans les années 1940,
le zinc puis le cuivre dans les années 1950 (tableau 8.1).
Année en kT
1900 5,7
1910 44
1930 270
1940 780
1950 1 500
1960 4 500
1970 10 000
1980 16 700
1990 19 400
2000 22 000
2005 23 500
(International Aluminum Institute, www.world–aluminium.org).
347
8 • Aluminium et alliages 8.1 Introduction
d’aluminium
Remarque
Pour chacun de ces domaines d’application, l’aluminium est présent par toute une gamme
d’alliages dont les propriétés ont été spécialement adaptées aux besoins des utilisateurs.
348
8 • Aluminium et alliages 8.1 Introduction
d’aluminium
Réserves de bauxite
Stade produit
Extraction
Processus
de fabrication
Bauxite
Procédé Bayer
Alumine
C
Plaques-billettes Lingots
Produits finis
Bien que le procédé d’électrolyse date de 1886, il a profondément évolué depuis sa création.
• la taille des cuves a fortement augmenté : à l’origine leur intensité était de 4 000 A, elle
atteint 300 000 A actuellement et bientôt 350 000 A,
• la consommation spécifique d’énergie a baissé de façon continue : voisine de 80 000 kW.h/t
en 1896, elle est de l’ordre de 13 000 kW.h/t actuellement,
• le rendement Faraday est passé lors de ces dix dernières années de 88 % à 95 %.
349
8 • Aluminium et alliages 8.1 Introduction
d’aluminium
Remarque
L’aluminium produit par les cuves d’électrolyse titre environ 99,70 % d’aluminium, les principales
impuretés étant le fer et le silicium, et, à un degré moindre, le cuivre, le gallium, le zinc, le titane,
le manganèse, le magnésium, le vanadium. Avec des précautions particulières, on peut obtenir
un titre de 99,90 %. Plusieurs procédés de raffinage permettent d’obtenir du métal de plus haut
titre, à savoir supérieur à 99,99 %, c’est l’aluminium dit « raffiné ».
Pays producteurs
Traditionnellement, depuis un siècle, l’élaboration de l’aluminium par électrolyse ignée à
partir de l’alumine s’est toujours rapprochée des sources d’énergie électrique les moins
chères. La consommation d’électricité est de 14 000 KWh par tonne.
C’était vrai dans les pays industrialisés en Europe et aux États-Unis. Depuis 1980, les
nouvelles unités de production ont toutes été installées dans des pays détenteurs
d’importantes ressources énergétiques d’origine hydraulique, le Canada, ou fossiles : les
Émirats Arabes, l’Australie, l’Afrique du Sud, etc.
Les principaux producteurs sont indiqués dans le tableau 8.2.
350
8 • Aluminium et alliages 8.1 Introduction
d’aluminium
Transformation en demi-produits
L’aluminium liquide, éventuellement allié avec différents éléments d’addition, afin d’obte-
nir l’alliage désiré, est coulé par les procédés suivants :
• soit par le procédé de coulée semi-continue sous forme de plaques pour laminage ou
de billettes pour filage ou forgeage,
• soit par un procédé de coulée et laminage continu sous forme de fil machine de diamètre
de 7 à 25 mm,
• soit directement dans des lingotières afin d’obtenir des lingots en aluminium ou alliages
de moulage.
L’aluminium et ses alliages se prêtent particulièrement bien aux différents modes de
transformation.
Laminage
Le laminage à chaud, entre 400 et 500 °C, permet d’obtenir des tôles d’épaisseur supé-
rieure à 2,5 mm. Par laminage à froid ultérieur, on obtient des tôles, bandes de plus faible
épaisseur pouvant aller, dans le cas des feuilles minces, jusqu’à 6 µm.
La coulée continue permet d’obtenir directement des bandes d’épaisseur de 6 à 10 mm
et de largeur de 2 m à partir du métal liquide, ceci sans passer par l’intermédiaire des
plaques et de leur laminage à chaud.
351
8.2 Désignation des alliages d’aluminium
Filage
Grâce à la bonne plasticité de l’aluminium et de ses alliages, le filage à chaud, sur
presse, permet d’obtenir en une seule opération des barres, tubes ou profilés, de
sections et formes très variées. Des opérations ultérieures d’étirage ou de tréfilage
à froid permettent d’aboutir à des fils de faible diamètre (quelques dixièmes de milli-
mètres).
Forgeage et matriçage
Effectué à partir de billettes ou de plaques, ce procédé permet de réaliser des pièces de
forme, à caractéristiques améliorées, à bonne homogénéité interne, très utilisées dans
les industries de pointe : aérospatiale, nucléaire, armement…
Moulage
Les pièces moulées représentent 25 % des utilisations de l’aluminium. L’importance de
ce procédé (voir section 8.3) s’explique par le fait qu’il permet d’obtenir des pièces à un
prix compétitif, avec un bon aspect esthétique, et avec des cotes suffisamment préci-
ses, pour que l’usinage soit limité au minimum.
352
8 • Aluminium et alliages 8.2 Désignation des alliages
d’aluminium d’aluminium
Aucun 1000
Cuivre 2000
Manganèse 3000
Silicium 4000
Magnésium 5000
Magnésium et silicium 6000 C
Remarque
La lettre A (ou B) peut suivre les quatre chiffres de la désignation numérique, par exemple 2017
A. Il s’agit alors d’une composition légèrement différente et spécifique à un (ou plusieurs) pays
ou à un producteur.
353
8 • Aluminium et alliages 8.2 Désignation des alliages
d’aluminium d’aluminium
Aucun 10000
Cuivre 20000
Silicium 40000
Magnésium 50000
États de livraison
Selon la norme NF EN 1706, les états de livraison sont maintenant désignés de la façon
indiquée au tableau 8.6.
États métallurgiques
Selon la norme NF EN 1706, les états métallurgiques sont maintenant1 désignés de la
façon indiquée au tableau 8.7.
1. Dans l’ancienne désignation suivant la norme NF A 02-002, les états de livraison étaient désignés
en Y suivi de deux chiffres, le premier indiquant le mode de moulage, le second l’état métallurgique
de la manière suivante :
0 : pas de traitements thermiques.
1 : recuit.
3 : mis en solution trempe et revenu.
4 : mis en solution trempe et mûri.
5 : stabilisé.
354
8.3 Bases de la métallurgie de l’aluminium et de ses alliages
Désignation Désignation
Procédé
nouvelle norme ancienne norme
de moulage
NF EN 1706 NF A 03-002
Sable S Y2
Coquille K Y3
Sous pression D Y4
De précision L
C
Brut de fonderie F
Recuit O
Ainsi, pour prendre un exemple, dans la nouvelle désignation, l’alliage 42000 KT6 dési-
gne un alliage à 7 % de silicium, moulé en coquille, à l’état revenu, correspondant à
l’ancienne désignation : A-S7G Y33.
355
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
Sans • Mûri T4
écrouissage • Revenu T6
Traité thermiquement complémentaire • Sur-revenu T7
avec
mise en solution séparée Avec • Écroui puis mûri T3
écrouissage • Écroui puis revenu T8
complémentaire • Revenu puis écroui T9
Sans
écrouissage • Mûri T1
Traité thermiquement complémentaire • Revenu T5
sans
mise en solution séparée Avec
écrouissage • Écroui puis mûri T2
complémentaire • Écroui puis revenu T10
Additions principales
Les additions principales sont déterminantes pour les différentes propriétés métallurgiques
et technologiques ; elles conditionnent de plus l’appartenance aux différents groupes
356
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
d’alliages définis précédemment. Ces additions sont en fait peu nombreuses ; il s’agit du
cuivre, du silicium, du magnésium, du manganèse, et des associations magnésium
+ silicium, zinc + magnésium et zinc + magnésium + cuivre.
De façon simplifiée, le tableau 8.9 indique, pour chacun de ces cas, les principales propriétés
des alliages correspondants. Ce tableau n’a d’autre prétention que de guider celui qui doit
choisir un alliage d’aluminium. Il permet, dans un premier temps, de sélectionner la famille
d’alliages correspondant le mieux à ses besoins. Dans un deuxième temps, ce préconisateur
devra, pour déterminer son choix, se pencher sur les listes des alliages de cette famille.
Aliage
à l’anodisation
à la corrosion
Soudabilité
Malléabilité
Malléabilité
Résistance
Résistance
mécanique
Usinabilité
Aptitude
à chaud
à froid
1000 Al. 1 1 4 4 4 4 4
2000 Al. Cu 4 4 0 1 3 1 2
3000 Al. Mn 2 2 4 3 3 4 3
5000 Al. Mg 2 2 4 3 1 4 3
Additions secondaires
Ce sont différents métaux rajoutés dans certains alliages, souvent en quantité plus faible
(moins de 1 %), pour obtenir une propriété particulière mais sans changer le groupe
d’appartenance. Les principaux métaux sont :
le fer, le chrome, le zirconium, le nickel, le strontium, le cobalt, le plomb, le bismuth, le
cadmium, le titane, l’antimoine, l’étain, le béryllium, le bore.
357
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
E –e
-------------- 100
e
où E est l’épaisseur initiale et e l’épaisseur après écrouissage.
L’aluminium et les alliages d’aluminium à l’état écroui sont très utilisés dans de
nombreuses applications industrielles, lorsque l’on recherche de bonnes propriétés
mécaniques et lorsque l’on n’est pas gêné technologiquement par la relative plasticité de
ces états ; rappelons que ces états écrouis sont désignés par les symboles H1X.
300 300
200 200
100 100
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
A (%) [( E – e ) / E ] x 100 [( E – e ) / E ] x 100
40
20 1 200
3 003
0 5 050
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 5 052
[( E – e ) / E ] x 100
358
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
grains reformés : lorsque la recristallisation est complète l’alliage est dit « recuit ». L’évolu-
tion des caractéristiques : limite d’élasticité, charge de rupture, dureté, allongements à la
rupture, lors de ce chauffage, est donnée sur la figure 8.3 (cas de la nuance 1050 A).
C’est à l’état recuit que l’aluminium – ou l’alliage d’aluminium – présente la résistance
mécanique minimale mais la plasticité maximale : l’état recuit est donc l’état optimal
pour réaliser des déformations ou mises en forme à froid importantes et difficiles.
Entre l’état écroui, ou dur, et l’état recuit, ou mou, il est possible d’obtenir toute une série
d’états intermédiaires dits « restaurés » : états H2X. La figure 8.4 donne, à titre
d’exemple, dans le cas de l’alliage 5754, les différents états restaurés qui peuvent être
réalisés entre les deux états :
• l’état écroui :
R0,2 = 270 à 290 MPa, Rm = 310 à 320 MPa, A = 5 à 8 %, C
• l’état recuit :
Début de la recristallisation
Dureté Brinell
Fin de recristallisation
200
R p0,2 et R (MPa)
A (%)
50
50 A
150
40
40
100 30
R
20
30
50
R p0,2
10
20 HB
0 0
0 50 100 150 200
Durée du recuit (min)
Conditions d’exécution
Traitements de restauration
Ces traitements doivent être réalisés dans des conditions précises de température et
de durée : ces deux facteurs étant étroitement liés et permettant d’obtenir une grande
variété de caractéristiques (états H22 à H28).
Traitements de recuit
Ces traitements, au contraire des précédents, peuvent être réalisés dans des conditions
relativement larges et confortables de température (tableau 8.10) et de durée.
Dans le cas des alliages des séries 2000, 6000 et 7000 (alliages à durcissement struc-
tural ou « trempants »), le refroidissement des pièces après chauffage doit être effectué
359
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
50 50 0
1 1 1 2 4 8 1 1 1 2 4 8 1 1 1 2 4 8
– – – – – –
4 2 4 2 4 2
Durée du traitement (min)
Influence des traitements de restauration de courte durée
300 20 °C 300 30
150°
175°
200°
225°
250 150° 250 25 300 °C
175° 275° 250°
200° 300°
225° 275°
200 200 20
250°
250°
150 150 15
275° 225°
200°
175°
50 50 0
1 1 1 2 4 8 16 1
1 1 2 4 8 16 1 1 1 2 4 8 16
– – – – – –
4 2 2 4 4 2
Durée du traitement (h)
Influence des traitements de restauration de longue durée
Figure 8.4 – Influence des traitements de restauration sur les propriétés mécaniques
de traction de l’alliage 5754.
Reproduit d’une documentation interne Péchiney.
360
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
Aspects métallurgiques
Pour obtenir le durcissement structural les trois phases ci-après sont nécessaires.
361
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
Durcissement (%)
+75 °C
100
+50 °C
+15 °C
+25 °C
50 R
0 °C
–10 °C
0
Durcissement (%) Pourcentage
de durcissement :
100 +75 °C 0 = trempe fraîche
100 = durcissement
+50 °C complet à 20 °C
+25 °C +15 °C
50 R p0,2
0 °C
–10 °C
0
1 2 4 8 16 32 (j)
1/4 1 4 16 64 256 1 024 (h)
Durée de maturation
Des courbes dites de revenu existent pour chaque alliage. Elles donnent l’évolution des
caractéristiques en fonction de la température et de la durée du revenu : la figure 8.6 en
donne un exemple dans le cas de l’alliage 6061. On peut observer que pour des revenus
à température suffisamment élevée, la résistance mécanique passe par un maximum
pour une durée de revenu d’autant plus courte que la température est plus élevée. Pour
chaque température de revenu, il existe donc une durée optimale qu’il faut atteindre et
ne pas dépasser sous peine de voir la résistance mécanique diminuer. En-deçà de cette
durée, l’alliage est dit sous-revenus, au-delà de cette durée, il est dit sur-revenu.
Des traitements de sur-revenu spéciaux, comportant généralement deux paliers de main-
tien à des températures différentes, peuvent être effectués pour conférer des propriétés
362
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
R m (MPa)
350
°C
121
107 °
C
300 16 149 135
171 2 °C °C °C
°C
250 190
204 °C
232 °C
°C
200 260
°C
150
10 –2 10 –1 1 10 10 2 10 3 10 4
Durée du revenu (h)
C
R 0,2 (MPa)
260 °C 14 2 °C
16 C
232
13 9 °C
1°
190
°C
200
1°
C
17
5
12
7°
C
10
150
100
10 –2 10 –1 1 10 10 2 10 3 10 4
A (%)
1 0 7 °C
20 17 14
19 1
232
0 °C 1 9° 13 12
20
°C C 5 1
260
62 °C °C
4
°C
°C
°C
°C
10
0
10 –2 10 –1 1 10 10 2 10 3 10 4
Durée du revenu (h)
Conditions d’exécution
Les alliages d’aluminium à durcissement structural, dénommés également alliages « trem-
pants » ou alliages à traitement thermique, sont essentiellement les alliages suivants :
– pour les corroyés, les alliages des séries 2000, 6000 et 7000,
– pour les moulés, les alliages Al-Si-Mg (Cu), Al-Cu, Al-Zn-Mg.
Le tableau 8.11 donne les conditions de traitement thermique.
363
8 • Aluminium et alliages 8.3 Bases de la métallurgie
d’aluminium de l’aluminium et de ses alliages
ALLIAGE
Mise en
Classe Série Nom État solution Trempe Maturation Revenu
(°C)
2011 T6 – T8 510 ± 5 Eau ≤ 40 °C 14 h/160 °C
2014 T6 505 ± 5 Eau ≤ 40 °C 20 h/160 °C ou
10 h/175 °C
2000 2017A T4 500 ± 5 Eau ≤ 40 °C ≥ 4 jours
2024 T3 – T4 495 ± 5 Eau ≤ 40 °C ≥ 4 jours
2030 T3 – T4 490 ± 5 Eau ≤ 40 °C ≥ 4 jours
2618A T6 530 ± 5 Eau ≤ 80 °C 20 h/200 °C
6005A T6 530 ± 5 Eau ≤ 40 °C 8 h/175 °C ou
6 h/185 °C
6060 T5 – T6 535 ± 5 Eau ou air 8 h/175 °C ou
soufflé 6 h/185 °C
CORROYÉS 6000 6061 T6 535 ± 5 Eau ± 40 °C 8 h/175 °C ou
6 h/185 °C
6082 T6 535 ± 5 Eau ± 40 °C 16 h/165 °C ou
8 h/175 °C
6106 T5 – T6 530 ± 5 Eau ou 8 h/175 °C ou
brouillard 6 h/185 °C
7020 T6 450 ± 10 Eau ou air 5 h/100 °C +
soufflé 25 h/140 °C
7000 7049A T6 465 ± 5 Eau ≤ 40 °C 12 h/135 °C
T73 465 ± 5 Eau ≤ 40 °C 24 h/120 °C +
12 h/165 °C
7075 T6 465 ± 5 Eau ≤ 50 °C 12 h/135 °C
T73 465 ± 5 Eau ≤ 40 °C 7 h/108 °C +
10 h/175 °C
41000 ST6
540 ± 5 Eau ≤ 40 °C 6 h/160 °C
41000 KT6
42100 ST6 540 ± 5 Eau ≤ 40 °C 6 h/160 °C
42100 KT6
42200 ST6 6 h/160 °C
Al-Si 42200 540 ± 5 Eau ≤ 40 °C
KT6
43000 ST6 540 ± 5 Eau ≤ 40 °C 6 h/160 °C
MOULÉS 43000 KT6
45100 KT6 505 ± 5 Eau ≤ 40 °C
45100 KT4 505 ± 5 Eau ≤ 40 °C ≥ 5 jours 10 h/170 °C
364
8.4 Propriétés et applications des principaux alliages d’aluminium
365
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
Il est habituel de distinguer deux groupes d’alliages suivant qu’ils sont ou non suscepti-
bles de traitement thermique :
• les alliages non trempants,
• les alliages à durcissement structural.
366
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
367
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
Aptitude au repoussage
Fragmentation copeaux
Emboutissage profond
Alliage
Brillance surface
Par résistance
Par expansion
Protection
Brillante
Général
À l’arc
Dure
État
1050A 0 A A A B A A A D A A B A
H14 A A A B A A A D A B A
H18 A A A B A A A C A D B
1080 0 A A A A A B A D A A B A
H14 A A A A A B A D A B A
1100 0 A A A C A A A D A A B A
1200 H14 A A A C A A A D A B A
H18 A A A C A A A C A D B
2011 T8 C C C/B C D A B D D D
2014 T4 C C B C D A B B C D D D
T6 C C B C D A B B C D D D
2017 A T4 C C B C D A B B B D D D
2024 T4 C C B C D A B B B D D D
2030 T3 C C C/B C D A C D D D
2618 A T6 C C C C D B C C B D D D
368
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
Brillance surface
Par résisstance
au repoussage
Fragmentation
Emboutissage
Par expansion
Par faisceaux
Aliage
d’électrons
Protection
copeaux
Aptitude
Brillante
profond
Général
Marine
À l’arc
Dure
État
3003 0 A B A B C A A A D A A B B
H14 A B A B C A A A D A B A
3004
H18
0
A
A
B
B
A
A
B
B
C
C
A
A
A
A
A
A
C
D
A
A
D
A
B
B
C
369
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
• Les aluminiums 1050 A, 1100 ou 1200 sont les plus couramment utilisés dans les
domaines ci-dessous :
– le bâtiment : couverture, bardage, bandes pour calorifugeage,
– le chaudronnage-soudage,
– l’emballage : aérosols, tubes, boîtes, papiers…,
– les ustensiles ménagers…
• L’aluminium 1370 – ancienne dénomination A5/L – est spécialement réservé aux appli-
cations électriques.
Obtenu par coulée et laminage continus, il subit à l’état liquide un traitement spécial d’affi-
nage au bore afin d’obtenir une bonne conductivité électrique ≥ 61 % IACS. Il est utilisé
d’une façon intensive pour la fabrication des conducteurs nus aériens de transport et de
distribution d’énergie, ainsi que pour les fils et câbles isolés.
De nouvelles variantes de cette nuance 1370 permettent d’élargir le champ d’applica-
tions : ce sont les aluminiums 1340 (fils fins émaillés pour bobinages) et 1310 (fils fins
pour câbles simples).
Alliages Al-Mn de la série 3000
• L’alliage 3003 tend à remplacer l’aluminium non allié toutes les fois qu’une légère
augmentation de la résistance mécanique est nécessaire. Son excellente aptitude à la
mise en forme, au soudage, au brasage, sa résistance élevée aux agents atmosphéri-
ques, le font utiliser dans les domaines les plus variés :
– industrie chimique,
– échangeurs cryogéniques et thermiques,
– échangeurs automobiles,
– climatiseurs,
– ustensiles ménagers,
– bardages,
– tubes pour irrigation…
• L’alliage 3004, reçoit un large développement dans les applications suivantes :
– le panneautage,
– les tubes électrosoudés,
– et surtout l’emballage et le boitage : plus de 100 milliards de boîtes pour boissons sont
consommées annuellement aux USA dans cet alliage.
• L’alliage 3005, aux propriétés intermédiaires entre celles du 3003 et du 3004, est utilisé
sous forme de tôles, bandes et tubes soudés dans les domaines concernant :
– le boitage,
– le mobilier,
– les antennes,
– le calorifugeage…
• L’alliage 3105 est plus spécialement réservé au capsulage.
370
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
371
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
372
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
373
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
σCST (MPa)
350
K1c (MPaVm)
R 0,2 R m (MPa)
500 30 300
250
200
400 20 150
100
50
300 10 0
R 0,2 R m K1c σCST R 0,2 R m K1c σCST R 0,2 R m K1c σCST R 0,2 R m K1c σCST
R m - R 0,2 : Sens travers (T)
7075 7075 7475 7010-7050
K1c : Sens épaisseur (SL)
σCST : Sens épaisseur (S) État T651 État T7351 État T7351 État T73651
Éléments majeurs Éléments mineurs Impuretés
Zn Mg Cu Cr Zr Fe Si Mn
7075 5,60 2,50 1,60 0,26 – ≤ 0,50 ≤ 0,40 ≤ 0,30
7475 5,70 2,25 1,60 0,21 – ≤ 0,12 ≤ 0,10 ≤ 0,06
7010 6,20 2,35 1,75 ≤ 0,05 0,14 ≤ 0,15 ≤ 0,12 ≤ 0,10
7050 6,20 2,25 2,30 ≤ 0,04 0,12 ≤ 0,15 ≤ 0,12 ≤ 0,10
Figure 8.7 – Propriétés comparées des nouveaux alliages 7475, 7010 et 7050
pour l’industrie aérospatiale. Cas de tôles laminées
d’épaisseurs 60, 80 mm. Caractéristiques types.
Reproduit d’une documentation interne Péchiney.
Alliages Al-Si
Ces alliages sont numériquement et industriellement de loin les plus importants
parmi les alliages moulés.
Alliages Al-Si-Mg
• L’alliage 41000 (A-S2GT), apte à l’oxydation anodique et à la décoration, convient parti-
culièrement à la coulée de pièces de quincaillerie de bâtiment.
• L’alliage A-S7G, et ses variantes 42100 (A-S7G0,3) et 42200 (A-S7G0,6), qui peuvent
être traitées thermiquement, présentent de bonnes propriétés pour la coulée en sable et
en coquille, une bonne aptitude à donner des pièces étanches au soudage, une bonne
stabilité dimensionnelle et résistance à la corrosion.
Ils conviennent pour un très grand nombre de pièces ne demandant pas de résistance
mécanique élevée : cas de l’A-S7G non traité thermiquement ; ou au contraire exigeant
ces caractéristiques : cas du 42100 (A-S7G0,3) et du 42200 (A-S7G0,6) traités thermi-
quement.
374
Tableau 8.15 – Compositions normalisées sur pièces selon norme NF EN 1706 (en % pondéral).
Quand une seule valeur est indiquée, elle correspond à un maximum autorisé.
Alliage Autre
Si Fe Cu Mn Mg Cr Ni Zn Pb Sn Ti
NF EN NF
Chaque Total
1706(1) A 57-702
44100 A-S13 10,5 à 13,5 0,65 0,15 0,55 0,10 0,10 0,15 0,10 0,05 0,20 0,05 0,15
d’aluminium
8 • Aluminium et alliages
41000 A-S2GT 1,6 à 2,4 0,60 0,10 0,30 à 0,50 0,45 à 0,65 0,05 0,10 0,05 0,05 0,05 à 0,20 0,05 0,15
42100 A-S7G03 6,5 à 7,5 0,19 0,05 0,10 0,25 à 0,45 0,07 0,08 à 0,25 0,03 0,10
42200 A-S7G06 6,5 à 7,5 0,19 0,05 0,10 0,45 à 0,70 0,07 0,08 à 0,25 0,03 0,10
43300 A-S10G 9,0 à 10,0 0,19 0,05 0,10 0,25 à 0,45 0,07 0,15 0,03 0,10
45000 A-S5U3 5,0 à 7,0 1,0 3,0 à 5,0 0,20 à 0,65 0,55 0,15 0,45 2,0 0,30 0,15 0,25 0,05 0,35
45100 A-S5U3G 4,5 à 6,0 0,60 2,6 à 3,6 0,55 0,15 à 0,45 0,10 0,20 0,10 0,05 0,25 0,05 0,15
46300 A-S7U3G 6,5 à 8,0 0,8 3,0 à 4,0 0,20 à 0,65 0,30 à 0,60 0,30 0,65 0,15 0,10 0,25 0,05 0,25
46000 A-S9U3 8,0 à 11,0 1,3 2,0 à 4,0 0,55 0,05 à 0,55 0,15 0,55 1,2 0,35 0,25 0,25 0,05 0,25
47000 A-S12U 10,5 à 13,5 0,8 1,0 0,05 à 0,55 0,35 0,10 0,30 0,55 0,20 0,10 0,20 0,05 0,25
48000 A-S12UNG 10,5 à 13,5 0,7 0,8 à 1,5 0,35 0,8 à 1,5 0,7 à 1,3 0,35 0,25 0,05 0,25
21000 A-U5GT 0,20 0,35 4,2 à 5,0 0,10 0,15 à 0,35 0,05 0,10 0,05 0,05 0,15 à 0,30 0,03 0,10
71000 A-Z5G 0,30 0,80 0,15 à 0,35 0,40 0,40 à 0,70 0,15 à 0,60 0,05 4,50 à 6,0 0,05 0,05 0,10 à 0,25 0,05 0,15
51100 A-G3T 0,55 0,55 0,05 0,45 2,5 à 3,5 0,10 0,20 0,05 0,10
51300 A-G6 0,55 0,55 0,10 0,45 4,5 à 6,5 0,10 0,20 0,05 0,15
51200 A-G10S 2,5 1,0 0,10 0,55 8,0 à 10,5 0,10 0,25 0,10 0,10 0,20 0,05 0,15
des principaux alliages d’aluminium
8.4 Propriétés et applications
(1) Les équivalences entre les compositions normalisées selon les 2 normes sont plus ou moins exactes, des écarts importants existent pour certains éléments.
375
C
Comportement Aptitude
à l’atmosphère à l’anodisation
Aptitude au soudage
Aptitude
au Stabilité
Ptoduction
Décoration
Usinabilité
Alliage moulage dimen-
Général
à l’arc
en sionnelle
général
10000 A5 C A A A A B D
21000 A-U5GT B-C C D C B D A
41000 A-S2GT C B B A A B B
42100 A-S7G0,3 B B B A E B B
42200 A-S7G0,6 B B B A E B B
43300 A-S10G B B B A E B B
44100 A-S13 A A B A E A D
45000 A-S5U3 B B D C E A B
45100 A-S5U3G B B D C E B B
46000 A-S9U3 B B D C E D B
46300 A-S7U3G B B D C E B B
47000 A-S12U A A D C E A C
48000 A-S12UNG B A D C E B C
51100 A-G3T C B A A A A A
51200 A-G10S C B A A D A
51300 A-G6 C B A A B A A
71000 A-Z5G C B B B B A A
Ces alliages occupent, dans la plupart des pays industrialisés, une position prédomi-
nante parmi les alliages moulés dans les secteurs suivants :
– l’automobile : roues, bras de suspension, traverses, pivots, étriers, corps de vérins…,
– l’aéronautique : carters, boîtes d’engrenage, prises d’air mobile…,
– l’armement.
• L’alliage 43300 (A-S10G), pouvant également être coulés sous pression, sont utilisés
pour des pièces mécaniques variées. Ils tendent cependant à être supplantés par les
alliages A-S7G.
Alliages Al-Si-Cu
• Les alliages 45000 (A-S5U3) et 45100 (A-S5U3G), en dépit de compositions voisines, ont
des applications différentes :
– l’alliage 45000 (A-S5U3) est un alliage sans traitement thermique, d’utilisation très
générale lorsqu’il n’y a pas de contraintes particulières : sollicitations peu élevées,
376
8 • Aluminium et alliages 8.4 Propriétés et applications
d’aluminium des principaux alliages d’aluminium
Alliages hypersiliciés
La teneur élevée en silicium, assez nettement au-delà de l’eutectique, contribue aux
caractéristiques attendues de ces alliages essentiellement utilisés pour la fabrication des
pistons, en particulier pour moteurs à essence deux temps et moteurs diesel. Ils ont
un faible coefficient de dilatation, de bonnes propriétés de frottement à chaud, une bonne
tenue mécanique à chaud… Les nuances représentatives sont : les alliages A-S18UNG,
A-S20U, A-S22UNK et A-S25UNG.
Alliages Al-Cu
Ces alliages présentent les caractéristiques suivantes :
– une aptitude au moulage variable mais assez médiocre,
– une résistance à la corrosion insuffisante en milieu agressif marin,
– mais une bonne usinabilité.
• L’alliage 21000 (A-U5GT) est, parmi les alliages normalisés Afnor, celui qui possède
les caractéristiques mécaniques les plus élevées, non seulement en essai statique mais
également en endurance et en fatigue. C’est l’alliage de choix pour les pièces fortement
sollicitées : aéronautique, armement, véhicules divers…
• Les alliages A-U5NKZr et A-U4NT, qui possèdent des propriétés de moulage voisines
de celles de l’A-U5GT, sont utilisés pour les pistons, culasses de moteurs Diesel, têtes
de cylindres… en raison de leur bonne résistance à chaud jusqu’à 250 °C, voire même
300 °C.
• L’alliage A-U8S a pour principale caractéristique une excellente usinabilité.
• De nouveaux alliages dérivés de l’alliage A-U5GT ont été développés ces dernières
années pour obtenir une résistance mécanique supérieure : il s’agit des alliages A-
U5GAgT, A-U5MGT et A-U4Z3G.
Réalisés à partir d’aluminium à très faible teneur en impuretés (Fe ≤ 0,10 %), subissant
un traitement thermique spécialement adapté, ces alliages sont relativement coûteux et
trouvent leurs principales applications dans l’industrie aérospatiale.
377
8.5 Normalisation
Rm = 410 MPa,
A=3%
HB = 115.
Alliages Al-Zn
Leur particularité essentielle est d’être « autotrempants ».
• L’alliage 71000 (A-Z5G), essentiellement coulé en sable, présente un intérêt pour la
construction mixte moulé-soudé.
• L’alliage A-Z10S8G a pour intérêt, outre son autotrempabilité, des propriétés de fonderie
se rapprochant de celles des alliages Al-Si hypo-eutectiques, et des propriétés mécaniques
à l’état brut de coulée se rapprochant de celles des alliages traités thermiquement.
Alliages Al-Mg
Ces alliages présentent les qualités spécifiques ci-dessous :
– usinage facile,
– bonne aptitude à l’anodisation de protection et de décoration,
– bel aspect après polissage,
– excellente tenue à la corrosion atmosphérique ou marine.
En revanche, leur aptitude au moulage est quelconque et parfois faible en coquille, leur
sensibilité à la crique est d’autant plus élevée que leur teneur en magnésium est
plus faible.
• L’alliage 51100 (A-G3T), coulable en sable et en coquille, est destiné de préférence à des
pièces devant résister à la corrosion (industrie alimentaire, marine), ou devant garder un
aspect décoratif durable.
• L’alliage 51300 (A-G6) est voisin de l’A-G3T, mais a une résistance mécanique supérieure.
• L’alliage 51200 (A-G10S) peut être coulé sous pression. Son aptitude au moulage en
coquille est meilleure que celle des deux alliages précédents (susceptibilité moindre aux
retassures et à la crique).
Alliages Al-Mn
Les nuances utilisées sont les alliages A-M4 et A-M2N2. Elles se caractérisent par une
température de début de fusion élevée, de l’ordre de 658 °C pour l’A-M4. Elles sont donc
peu fusibles et sont utilisées comme grilles de brûleurs, chapeaux de brûleurs coulés
en coquille ou sous pression. Leurs propriétés de fonderie telles que coulabilité ou
tendance à la crique ne sont pas très bonnes.
Alliages Al-Sn
L’alliage A-E6UN est l’alliage représentatif, il est essentiellement utilisé pour les coussi-
nets et pièces de frottement.
8.5 Normalisation
8.5.1 Normalisation française : l’Afnor
Normes Afnor traitant de généralités
Les normes françaises Afnor concernant les généralités sur l’aluminium et ses alliages
ont été regroupées dans le recueil en 5 volumes Métaux non ferreux. Aluminium (1998) :
– Tome 1 : Généralités. Formes brutes.
– Tome 2 : Produits corroyés à usages généraux. Normes européennes.
378
8 • Aluminium et alliages 8.5 Normalisation
d’aluminium
379
8 • Aluminium et alliages 8.5 Normalisation
d’aluminium
• Les codes de calcul pour les appareils à pression en général, Codap (Snct : Syndicat
national de la chaudronnerie et de la tuyauterie industrielles) ou pour les appareils à pres-
sion simple (Unm : Union de la normalisation de la mécanique).
• Les cahiers de prescriptions particulières dans le bâtiment (Cstb : Centre scientifique
et technique du bâtiment).
• Les règles de conception et de calcul des charpentes en alliages d’aluminium (Cstb).
• Les prescriptions pour les ouvrages d’art (Setra : Services d’études techniques des
routes et autoroutes).
8.5.4 « Alimentarité »
Lorsqu’un matériau ou un objet à l’état de produit fini est destiné à être mis en contact
avec des denrées, boissons ou produits alimentaires, il ne doit pas céder à ceux-ci des
constituants en quantité susceptibles :
• de présenter un danger pour la santé humaine,
• d’entraîner une modification inacceptable de la composition des denrées ou une altération
de leurs caractères organoleptiques.
Pour les aluminiums et alliages d’aluminium, les normes NF EN 602 pour les produits
corroyés, et NF EN 601 pour les produits moulés de décembre 1994, définissent les
teneurs des impuretés et/ou des éléments d’addition à ne pas dépasser pour leur utilisa-
tion au contact des denrées et boissons alimentaires.
Lorsque sur un tel matériau, on est amené à appliquer un revêtement, à effectuer une
anodisation qui seront au contact des denrées et boissons alimentaires, l’arrêté du
27 août 1987, paru au journal officiel de septembre 1987, rappelle que ces revêtements1
doivent être « conformes à la réglementation en vigueur les concernant ». Ce même
arrêté précise les seuls bains autorisés pour l’anodisation, ainsi que les seuls pigments
ou colorants autorisés pour l’anodisation post-colorée. Enfin, en général, une opération
finale de colmatage est obligatoire dans des conditions qui sont indiquées.
Les produits utilisés pour la mise en épreuve et/ou le nettoyage de tels matériaux ou
objets devront aussi être certifiés conformes pour un tel usage par le fournisseur, sur
la fiche technique de son produit2.
1. En ce qui concerne les revêtements, le fournisseur devra certifier conforme, sur la fiche technique
de son produit, la préparation de surface du métal, ainsi que le revêtement.
2. Homologation par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répres-
sion des fraudes, 13, rue Saint-Georges 75436 Paris Cedex 09.
380
8.6 Propriétés d’usage des alliages d’aluminium
381
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Le coefficient moyen de dilatation thermique linéaire entre deux températures est plus
souvent utilisé, il est alors fonction du domaine de température considéré (tableau 8.19).
Conductivité thermique
La conductivité thermique est de 237 W/(m. k) à la température ambiante. Elle varie en
fonction de la température (tableau 8.20).
Au-dessous de –173 °C, la conductivité thermique de l’aluminium de pureté titrée à
99,99 % et plus, est très sensible au niveau d’impuretés.
Propriétés thermochimiques
La capacité thermique massique est de 900 J/(kg.K), soit une capacité thermique
molaire de 24,29 J/(mol.K).
L’entropie est de 1 050 J/(kg.K), soit une entropie molaire de : 28,33 J/(mol.K).
382
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
302.W/(m.K) à – 173 °C
237.W/(m.K) à + 20 °C
208.W/(m.K) à + 660 °C – état solide –
91.W/(m.K) à + 660 °C – état liquide –
Propriétés optiques
Pouvoir réflecteur
L’aluminium poli présente un excellent pouvoir réflecteur qui varie avec la longueur
d’onde. Dans le spectre visible, il est de l’ordre de 85 à 90 % et n’est dépassé que par
383
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
l’argent. Ce pouvoir réflecteur, qui peut être amélioré par des traitements de surface tels
que le polissage et le brillantage, est d’autant plus élevé que le titre du métal est égale-
ment plus élevé. Dans les applications utilisant cette propriété (réflecteurs), l’aluminium
peut être protégé par anodisation sans diminution sensible du pouvoir réflecteur dans
le temps et aux intempéries.
Pouvoir émissif
L’aluminium revêtu de sa couche naturelle d’oxyde a un pouvoir émissif très faible : 5 %
du corps noir à l’état poli. Cette propriété est utilisée en isolation.
Par contre, le pouvoir émissif de l’aluminium anodisé augmente fortement avec l’épais-
seur de la couche : il est de 80 % du corps noir pour une épaisseur d’oxyde de 10 µm.
Module
Traction Cisaillement Fatigue
d’élasticité
R0,2 Rm A Dureté Rm
Alliage État (MPa) (GPa)
(MPa) (MPa) (%) Brinell (MPa)
1050 A 0 30 80 40 21 55 25 69
H14 105 115 11 30 71 69
H18 140 155 6 41 90 55 69
1080 0 25 75 42 19 50 69
H14 95 105 11 27 64 69
1100 0 35 90 35 22 65 34 69
ou H14 115 125 10 33 80 48 69
1200 H18 150 165 5 44 100 62 69
2011 T8 300 380 15 100 234 125 70
2014 T6 420 480 12 137 290 145 73
2017 A T4 280 420 18 105 260 135 73
2024 T4 320 465 18 120 285 140 73
2030 T3 390 450 10 115 275 135 73
2618 A T6 390 440 9 135 270 140 74
3003 0 45 115 38 28 75 50 69
H14 140 155 8 42 95 60 69
H18 190 205 4 55 110 70 69
3004 0 70 180 27 45 110 95 69
H24 200 240 8 64 125 105 69
H26 250 285 5 77 145 110 69
3005 0 55 130 30 31 80 69
H24 165 190 8 50 110 69
3105 0 50 120 30 30 80 69
H14 155 175 7 46 105 69
H18 195 220 4 58 117 69
384
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Traction Module
Dureté Cisaillement Fatigue
Alliage État R0,2 Rm A d’élasticité
Brinell Rm (MPa) (MPa)
(MPa) (MPa) (%) (GPa)
5005 0 40 120 30 28 75 69
H24 140 160 10 41 96 69
H28 180 200 5 51 110 69
5050 0 55 145 28 36 105 85 69
H24 165 190 9 53 125 90 69
H26 200 220 5 63 140 95 69
5052 0
H24
90
205
190
250
28
12
48
68
122
142
110
125
70
70 C
H28 255 285 5 77 165 140 70
• la résistance au cisaillement,
• la limite de fatigue à 108 cycles de flexions alternées rotatives,
• le module d’élasticité, moyenne des modules en traction et en compression (le module en
compression étant environ 2 % plus élevé que le module en traction).
Il est important de compléter ces deux tableaux par les remarques ci-après.
Propriétés élastiques
Module d’élasticité
Il est égal à 66,6 GPa pour l’aluminium pur et augmente en présence d’impuretés et
d’additions. Pour l’aluminium commercialement pur, la valeur de 69 GPa est générale-
ment admise.
Pour les alliages, le module est généralement compris entre 69 et 72 GPa ; il est parti-
culièrement sensible à la teneur en silicium et passe de 70 à 82 GPa lorsque la teneur
en silicium augmente de 2 à 18 %.
Module de torsion
Il est égal à 25 GPa pour l’aluminium pur titré à 99,9 % et à 26 GPa pour l’aluminium
commercial.
Coefficient de Poisson
Il varie de 0,33 à 0,35.
385
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Tableau 8.22 – Caractéristiques mécaniques des alliages coulés pour des éprouvettes
coulées à part (extrait norme NF EN 1706).
Coulée en sable
Limite
Alliage État Ancienne Module Résistance Allonge- Dureté
conventionnelle
NF EN métallur- désignation d’élasticité à la traction ment Brinell
d’élasticité
1706 gique NF A 02-002 (Gpa) Rm (MPa) A (%) (HBS)
Rp0,2 (Mpa)
(1)
T6 A-U5NKZr Y23 72 270 295 1 100
(1)
F A-U8S Y20 70 125 160 0,5 70
386
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Coulée en coquille
Limite
Alliage État Ancienne Module Résistance Allonge- Dureté
conventionelle
NF EN métallur- Désignation d’elasticité à la traction ment Brinell
d’élasticité
1706 gique NF A 02-002 (Gpa) Rm (MPa) A (%) (HBS)
Rp0,2 (MPa)
(2)
T6 A-U5NKZr Y33 72 255 325 2 105
(1)
F A-U8S Y30 70 130 190 0,5 70 C
(1)
T6 A-S18UNG Y33 82 260 265 0,5
387
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
600
500
400
300
0,1 h
0,5 h
10 h
100 h
200 1 000 h
10 000 h
100
0
0 100 200 300 400
388
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Ténacité
La ténacité ou résistance statique résiduelle à la propagation d’une fissure est une notion
très importante en particulier dans le cas des alliages à haute résistance car elle condi-
tionne la fiabilité et la sécurité des structures.
Le critère Kic ou facteur critique d’intensité des contraintes est le critère actuellement
généralisé pour caractériser cette propriété.
Les alliages d’aluminium traditionnels à haute résistance présentent les valeurs de Kic
indiquées au tableau 8.23 : mesures effectuées dans le sens le plus défavorable, à savoir
effort exercé dans le sens épaisseur et propagation de la fissure dans le sens long.
2014-T6 19 à 22
2024-T3 21 à 23
2024-T8 17 à 19
2618A-T6 18 à 20
7075-T6 19 à 21
7075-T73 24 à 25
Des variantes de ces nuances, à plus faible teneur en impuretés, sont recommandées
lorsqu’on désire une ténacité améliorée sans modification des autres propriétés : cas des
nuances 2124 ; 2214 et 7175 par rapport aux alliages de base respectifs 2014, 2024 et
7075.
Par ailleurs, les nouveaux alliages à haute résistance 7010, 7050 et 7475, à très faibles
teneurs en impuretés, de composition spécialement adaptée, présentent des niveaux de
Kic encore supérieurs (tableau 8.24).
Résistance à la fatigue
Les limites de fatigue types à 108 cycles des principaux alliages d’aluminium sont
données dans les tableaux 8.21 et 8.22. D’une façon très générale, le rapport entre la
limite de fatigue à 108 cycles, en contraintes alternées, et la charge de rupture en traction
– appelé rapport d’endurance – est égal à :
389
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
300
R = –1
250
200
K
r =1
Kr
150 =1
,5
Kr =
2
100 Kr =
3,6
Kr =
5
50
0
10 3 10 4 10 5 10 6 10 7
Nombre de cycles avant rupture
390
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
500 2024-T8
400 2618-T6
6061-T6
300
5083-0
200 3003-H18
100
3003-0
0
0 100 200 300 400
C
600
7075-T6
500
2024-T8
400
2618-T6
300 6061-T6
200 3003-H18
5083-0
100
3003-0
0
0 100 200 300 400
Température (°C)
391
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
500
400
0,1 h
0,5 h
300
10 h
100 h
200
100
1 000 h
10 000 h
0
0 100 200 300 400
Température (°C)
Exemple :
Dans le cas de l’alliage 5083-0 qui reçoit de nombreuses applications cryogéniques, les carac-
téristiques mécaniques de traction sont :
– à 25 °C
R0,2 = 140 MPa Rm = 310 MPa A = 20 % ;
– à – 196 °C
R0,2 = 155 MPa Rm = 435 MPa A = 37 % ;
– à – 253 °C
R0,2 = 175 MPa Rm = 585 MPa A = 32 %.
On remarque que l’augmentation de la charge de rupture est plus élevée que celle de la limite
d’élasticité si bien que l’écart plastique augmente lorsque la température diminue.
392
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Ancienne
Alliage
Température (°C) désignation Rm (MPa)
NF EN 1706
NF A 02-002
A-U4NT Y33 60
A-U5NZr Y23 65
350
51300 KF A-G6 Y30 95
A-S22UNK Y33 70
• les caractéristiques du milieu dans lequel il est exposé : humidité, température, présence
d’agents agressifs,… ;
• les conditions de service prévues ;
• le mode d’assemblage éventuel des structures, les dispositions constructives ;
• la durée de service espérée, la fréquence d’entretien.
Il faut souligner qu’il n’y a pas de métal ou d’alliage « universel » en termes de tenue à
la corrosion, c’est-à-dire qui serait en mesure de résister à tous les milieux possibles que
ce soit des acides, des bases (minéraux ou organiques), dans toutes les atmosphères
aussi bien humides que chargées en composés du soufre (SO2, H2S), en poussières…
C’est la raison pour laquelle les métallurgistes ont mis au point des alliages spécifiques
pour répondre aux exigences particulières de résistance à la corrosion.
Généralement, il y a des différences de tenue à la corrosion entre les alliages du même
métal de base. C’est aussi le cas pour les alliages d’aluminium. Il en résulte que, du seul
point de vue tenue à la corrosion, ils ne sont pas toujours interchangeables.
393
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Influence du pH
Notamment, la vitesse de dissolution de ce film d’oxyde dépend du pH du milieu corrosif
(figure 8.12). Elle est très forte en milieu acide et en milieu alcalin, mais elle est faible, et
à son minimum, dans les milieux proches de la neutralité de pH 5 à 9. Les eaux naturel-
les : de rivières, de sources, de pluie, de distribution, ont un pH généralement voisin de
7. L’eau de mer a un pH voisin de 8.
Le film d’oxyde est donc très stable dans tous ces milieux. C’est ce qui explique la très
grande longévité (plusieurs décennies) de toitures, de bardages, du mobilier urbain, du
matériel de signalisation routière…, en alliages d’aluminium non protégés, exposés aux
intempéries.
394
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
les solutions d’ammoniaque n’ont qu’une action très modérée sur l’aluminium et ses
alliages1.
De tout cela, il résulte que le choix et la formulation des produits de nettoyage et d’entre-
tien doivent être spécifiques aux alliages d’aluminium (voir section 8.8).
Les différentes formes de corrosion
Il n’y a pas de formes de corrosion spécifiques aux alliages d’aluminium. Celles qui
peuvent se rencontrer habituellement sont les suivantes :
• la corrosion uniforme ;
• la corrosion par piqûres ;
• la corrosion caverneuse ou sous dépôt ;
• la
• la
corrosion
corrosion
feuilletante ;
intercristalline ;
C
pH de l’eau de mer
Log (V)
en mg/dm2/h
1
–1
Dissolution
–2 alcaline
Dissolution en Al O2–
–3 acide
en Al3+ pH
0
0 2 4 6 8 10 12 14
1. Ainsi, à 20 °C, la dissolution de l’aluminium dans une solution de NaOH, à 0,1 g/l (dont le pH est
12,7) est de 7 mm par an. Dans une solution d’ammoniaque à 500 g/l (dont le pH est 12,2) elle est
de 0,3 mm par an, soit 25 fois moins.
2. Il est utilisé comme détartrant.
395
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
2.0 80
1.8
acide acétique 70
acide hydrochlorique
1.6
acide hydrofluorique
acide nitrique 60
0.8
30
0.6
20
0.4
10
0.2
0 0
0 2 4 6 8 10 12 14
pH
En milieu humide, exposé aux intempéries, dans les eaux naturelles (eau de surface,
eau de mer) où le pH est voisin de la neutralité, la corrosion uniforme est infime. Ainsi,
sur de l’alliage 1050 H24, immergé dans l’eau de mer, elle est de l’ordre du micromètre
par an.
396
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Produit de corrosion :
alumine gélatineuse
Cathode
––– –––
C
+ +
1. Parmi tous les ions présents dans l’eau, ce sont les chlorures, dont la concentration peut varier
de quelques dizaines à quelques centaines de milligrammes par litre, selon l’origine des eaux, qui
contribuent le plus au développement des piqûres.
397
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
res, qu’elles soient rurale, urbaine ou industrielle, et dans les milieux humides, ou dans
l’eau de mer, confirme les résultats obtenus en laboratoire ou en exposition en station de
corrosion (figure 8.15) pendant une longue durée : la profondeur des piqûres, une fois
formées pendant les premiers mois de service, n’évolue généralement plus ensuite.
398
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
si ces micropiqûres superficielles peuvent être masquées par une peinture, elles seront
visibles après des traitements de surface de type conversion ou anodisation1.
Corrosion caverneuse
On l’appelle aussi « corrosion sous dépôt ». Elle se développe dans les recoins, sous les
dépôts, là où l’eau, ou l’humidité, pénètre et ne se renouvelle pas (figure 8.16). La corrosion
caverneuse de l’aluminium progresse généralement peu, sans doute à cause de la forma-
tion de l’alumine qui colmate rapidement l’entrée du recoin. On constate très souvent, lors
du démontage d’un assemblage de tôles en aluminium rivetées ou vissées, ayant séjourné
très longtemps dans l’eau, qu’il y a un dépôt continu d’alumine entre les deux tôles.
Il faut néanmoins éviter, autant que possible, de laisser dans les assemblages des
recoins qui peuvent devenir des niches à corrosion telles que les soudures discontinues,
« en chenilles ».
C
1. Il va de soi que le stockage en extérieur n’est pas recommandé, compte tenu des conséquences
sur l’aspect des demi-produits.
2. Les deux modes de propagation ne sont pas exclusifs l’un de l’autre, on peut voir des piqûres se
propager en trans et en intercristallin.
399
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
• alors que les autres formes de corrosion : par piqûre, feuilletante, attirent l’attention par
leur aspect, la corrosion intercristalline n’est pas détectable autrement que par un examen
micrographique, sous un grossissement de 50 au minimum ;
• elle peut entraîner une détérioration très conséquente des caractéristiques mécani-
ques, et provoquer la ruine de la structure si sa propagation est profonde.
Cette forme de corrosion concerne presque exclusivement les alliages à durcissement
structural et plus particulièrement ceux des familles 2000 et 7000 quand, à la suite de
traitements thermiques mal faits, ils sont sensibilisés par des précipitations incontrôlées aux
joints de grains. C’est pourquoi les conditions de traitements thermiques sont si importantes
et doivent être réglées en durée et en température pour éviter des états sensibilisés. Le
cas des alliages de la famille 5000 chargés en magnésium, à plus de 4 %, est différent.
C’est, comme on le verra, sous l’influence de chauffages prolongés que des précipitations
du composé intermétallique Al3Mg2 peuvent avoir lieu aux joints de grains.
Les normes imposent pour certains alliages d’aluminium et certaines applications des
tests de corrosion destinés à détecter la sensibilité à ces formes de corrosion feuilletante
ou intercristalline1.
1. La sensibilité à la corrosion intercristalline des alliages des familles 2000 et 7000 au cuivre est
appréciée par le test ASTM B597, AIR 9048.
400
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Corrosion feuilletante
Ce type de corrosion se propage suivant une multitude de plans parallèles à la direction
du laminage ou du filage (figure 8.18). Entre ces plans, subsistent des feuillets de métal
inattaqué, très minces, qui sont repoussés de la surface du métal par le gonflement des
produits de corrosion et s’en écartent comme les feuillets d’un livre, d’où le nom donné
à cette forme de corrosion.
La corrosion feuilletante se produit sur du métal très écroui, ayant des grains très aplatis
du fait du laminage ou du filage. C’est un risque mineur pour les alliages de la famille
5000, qui dépend des conditions de transformation. Dans les états habituellement utili-
sés : O, H111, H116, H22, H321, H24, ils ne sont pas sensibles à ce type de corrosion.
Comme pour la corrosion intercristalline, il existe des tests pour mesurer la sensibilité à
la corrosion feuilletante1. C
1. La sensibilité à la corrosion feuilletante des alliages des familles 5000 est mesurée par le test
Asset (ASTM G67). Pour les alliages des familles 2000 et 7000 au cuivre, on utilise le test Exco
(ASTM G34).
2. La réciproque n’est pas vraie, en ce sens qu’un alliage, dans certains états, peut présenter une
sensibilité à la corrosion intercristalline sans pour autant être sensible à la corrosion sous contrainte.
C’est, en particulier le cas des alliages de la famille 6000.
401
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Les mécanismes de cette forme de corrosion ont fait l’objet de nombreuses études
depuis cinquante ans [5, 6] et de plusieurs hypothèses explicatives dont le développe-
ment dépasse le cadre de ce texte.
Il faut cependant faire plusieurs remarques :
• les alliages à hautes caractéristiques mécaniques, ceux des familles 2000 et 7000
peuvent être sensibles à la corrosion sous contrainte ;
• l’influence des traitements thermiques est importante, la vitesse de trempe doit être aussi
élevée que possible, les états de sous-revenu sont plus sensibles que les états de sur-
revenu ;
• la résistance à la corrosion sous contrainte, pour les tôles épaisses, dépend de la direction
d’application de la contrainte, elle est la plus faible dans le sens « travers court »
(figure 8.19 a et b).
Pour les alliages industriels, les métallurgistes ont mis au point des gammes de transfor-
mation pour désensibiliser les tôles épaisses.
Ce sont les états :
— T7451 ou T7651, une traction avec allongement contrôlé de 2 % est appliquée entre la
trempe et le revenu pour atténuer les contraintes internes du métal ;
— T73, il s’agit de double revenu pratiqué sur certains alliages de la famille 7000.
sens travers court
se ng
ns s lo
tra
v ers sen
lon
g
a)
;;;;;;
;;;;;;
;;;;;;
; ;;
A Sens long
Contrainte
402
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Corrosion galvanique
De par sa position dans l’échelle des potentiels (voir tableau 8.26), l’aluminium et ses
alliages sont plus électronégatifs que la plupart des métaux usuels : les aciers, les aciers
inoxydables, les alliages cuivreux….
Que ce soit dans les applications mécaniques, dans le bâtiment, dans la construction
électrique…. il est fréquent de trouver des assemblages hétérogènes faits de contacts
entre une pièce en alliage d’aluminium et d’autres métaux ou alliages.
Ce fut pendant très longtemps une préoccupation majeure pour les utilisateurs, au point
d’avoir freiné le développement des applications des alliages d’aluminium dès lors que
se posait la question de leur tenue en présence d’un autre métal.
L’expérience acquise depuis des décennies dans le bâtiment, dans l’équipement du terri-
toire, dans la construction navale, a permis de mieux évaluer les risques de corrosion
C
1. Les ions H+ proviennent soit de la dissociation de l’eau elle-même, soit de la dissociation d’un
acide dissous dans l’eau.
403
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Liaison électrique
e– e–
Anode Cathode
zinc cuivre
sens électrons
Zn → Zn2+ + 2e–
Solution
d’acide dilué
Liaison ionique
dans l’eau de distribution, l’eau de pluie, dont les résistivités sont de plusieurs milliers
d’homs par centimètre, 2 à 3 000 selon les eaux.
Réciproquement, en l’absence de liquide aqueux, mouillant la zone des contacts, il n’y a
pas de possibilité de corrosion galvanique entre deux métaux de nature différente.
Continuité électrique entre les deux métaux
Elle peut être réalisée soit par contact direct des deux métaux, soit par une liaison entre
les deux métaux, ce peut-être, par exemple, des vis d’assemblage.
En conséquence, l’un des moyens, bien simple, d’éviter une éventuelle corrosion galva-
nique est d’isoler, aussi soigneusement que possible, les deux métaux en contact. Il suffit
d’interposer entre eux une forte résistance ohmique, c’est-à-dire un isolant (figure 8.21),
tel du Néoprène ou tout autre polymère adéquat1.
Comme dans toute pile, tout ce qui freine ou ralentit les réaction électrochimiques sur les
électrodes réduit son débit. On dit qu’il a « polarisation ». Appliquée au cas de la corro-
sion galvanique, l’accumulation des produits de corrosion dans la zone des contacts
entre les deux métaux la ralentit. Il en est ainsi de l’alumine qui se dépose sur la surface
de l’aluminium.
Quand on démonte des assemblages mixtes de tôles en acier et de tôles en aluminium,
boulonnées l’une sur l’autre, sans aucun isolement et ayant été immergés dans l’eau de
mer pendant une longue période (des mois, des années), on trouve souvent dans la zone
des contacts un « cataplasme » très dense d’alumine. La corrosion galvanique de l’alumi-
nium reste, en général, limitée par ce que l’alumine accumulée sur le métal a beaucoup
ralenti les échanges ioniques2.
1. Les caoutchoucs chargés de carbone ou de graphite sont susceptibles de provoquer une sévère
corrosion galvanique du seul fait de la présence de graphite dans la charge.
2. Il va de soi que l’on ne peut pas compter sur cette corrosion initiale pour espérer une protection,
plus ou moins sûre, à long terme.
404
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Aluminium
canon
et rondelle Isolant (PVC, élastomères)
isolante
1. L’effet de la corrosion galvanique est d’autant plus sensible sur la résistance d’une structure que
l’épaisseur de l’aluminium est faible. En d’autres termes, sur une tôle de quelques dixièmes de milli-
mètres d’épaisseur, la moindre corrosion superficielle peut être inacceptable, tandis que sur une tôle
de plusieurs millimètres d’épaisseur, elle peut être considérée comme négligeable.
405
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
1. Les potentiels de dissolution des alliages des familles 5 000 et 6 000, ainsi que ceux des alliages
de moulage au magnésium et au silicium, sont très proches les uns des autres et de celui de l’alumi-
nium non allié, famille 1 000. Il n’y a donc aucun risque de corrosion galvanique entre eux.
2. Sauf avec le cadmium, le zinc et le magnésium. Il n’y a donc pas de risque de corrosion galva-
nique de l’aluminium et de ses alliages au contact de la visserie en acier galvanisé ou en acier
cadmié, tant que ces revêtements sont présents sur l’acier.
406
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
1. Dans certains cas, les alliages des familles 2000 et 7000 sont sensibilisés à la corrosion feuille-
tante au contact de l’acier.
2. Plusieurs raisons expliquent cela : il y a formation d’un film de produits de corrosion (rouille,
alumine) sur les faces en contact, ce qui, on l’a vu plus haut, freine les réactions électrochimiques .
407
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Remarques
La question est parfois posée sur le risque de corrosion galvanique avec des assemblages de
différents alliages d’aluminium soit par soudage, soit par assemblage mécanique. L’écart de
1. Ce qui montre que la différence de potentiel n’est pas une indication suffisante pour prévoir un
risque de corrosion galvanique.
2. Peintures interdites par les réglementations.
408
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
potentiel entre les alliages les plus électronégatifs, ceux de la famille 7000, et les moins élec-
tronégatifs, ceux de la famille 2000, est de l’ordre de 150 mV1.
L’expérience de la chaudronnerie navale, du matériel d’équipement du territoire, montre qu’il n’y
a pas de risque de corrosion galvanique quand on assemble entre eux par soudage (ou par
boulonnage) des alliages des familles 5000, 6000, des alliages de moulage des familles au
magnésium (A-G3, A-G6), au silicium (42000 (A-S7G), 43300 (A-S10G),…). Le métal d’apport,
pourvu qu’il soit choisi selon les règles de l’art, n’est pas un facteur de corrosion galvanique, ni
d’autres formes de corrosion d’ailleurs.
L’anodisation ne supprime pas le risque de corrosion galvanique.
1. La différence de potentiel, de l’ordre de 100 mV, entre certains alliages, est suffisante pour consti-
tuer des couples tels que 2014/1050, 3003/7072 dans lesquels l’âme dans les alliages 2024, 3003
est protégée par le placage qui se consomme, limitant ainsi, en principe, la pénétration des piqûres
à l’épaisseur de placage.
409
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Les traitements thermiques de recuits ont moins d’influence sur la résistance à la corro-
sion des alliages à durcissement par écrouissage parce que ceux-ci ne modifient pas
fondamentalement la nature et la répartition des composés intermétalliques, sauf pour
les alliages de la famille 5000 chargés en magnésium.
0
75 100 125 150 175 200 225 250 oC
a)
Perte de masse (*)
1
Mg – 5,59%
Mg – 5,15%
Mg – 4,60%
0,5
0
5 10 25 50 100 150 250 500 750 1000 1500
heures
b)
410
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
1. Dans le document « AD-Merkblatt W 6/1 » de mai 1982, édité par Vereinigung der technischen
Uberwaschungs. Vereine e V. D 4300 Essen 1, intitulé « Aluminium and aluminium alloys malleable
materials », la limite est fixée à 80 °C pour l’alliage AlMg 4,5 Mn, équivalent de l’alliage 5083, avec
des tolérances de 150 °C pour des périodes n’excédant pas huit heures à condition que la pression
de service soit réduite de moitié et vingt-quatre heures si la pression de service est ramenée à la
pression atmosphérique.
2. Il en est de même pour les alliages dérivés de l’alliage 7020 dont on aurait modifié les teneurs
en zinc ou en magnésium pour en faire des alliages « A-ZG » ou « A-GZ », par exemple des alliages
A-Z4G3.
411
8 • Aluminium et alliages 8.6 Propriétés d’usage des alliages
d’aluminium d’aluminium
C’est pourquoi il n’est pas possible, dans l’état actuel des connaissances sur les proprié-
tés métallurgiques de l’alliage 7020, d’utiliser cet alliage à l’état soudé sans un suivi
sérieux et rigoureux du matériel.
Influence des dispositions constructives et de l’entretien
L’expérience prouve que l’agencement des matériaux peut avoir une incidence très
importante sur la tenue à la corrosion. On constate que les zones à rétention d’humidité,
à condensation, sont, toutes choses étant égales par ailleurs, souvent plus corrodées. Il
en est de même des zones empoussiérées. Ceci est particulièrement vrai dans le bâti-
ment, dans la chaudronnerie, dans le matériel d’équipement du territoire, dans le véhicule
industriel,…
En pratique, cela implique que, dès la conception au bureau d’étude, on évite les points
bas, qu’on ménage des évacuations d’eau, s’il y a risque de rétention ou de conden-
sation. L’entretien, pourvu qu’il soit fait dans de bonnes conditions et qu’on utilise les
produits compatibles avec les alliages d’aluminium, est un moyen d’accroître la longévité
du matériel.
Ternissement
Exposé à l’atmosphère, aux intempéries, au contact de l’eau, de l’eau de mer, plus géné-
ralement dans tous les milieux humides, l’aluminium et ses alliages subissent un ternis-
sement plus ou moins marqué selon le milieu. Ce phénomène, encore appelé
« noircissement », n’est pas une corrosion du métal mais seulement l’altération des
propriétés optiques de la couche d’oxyde naturel qui absorbe certains ions présents dans
l’eau : les carbonates, entre autres. Le ternissement n’affecte en rien ni les propriétés
mécaniques du métal ni la résistance à la corrosion ultérieure de l’aluminium et de ses
alliages. Les préparations de surface, pour une peinture éventuelle, éliminent les effets
du noircissement. Par contre, le ternissement peut provoquer des irrégularités d’aspect
après l’anodisation. C’est également le cas des taches au stockage.
Cas des alliages de moulage
Les alliages de moulage appartiennent aux familles suivantes :
• aluminium-cuivre : 21000 (A-USGT),
• aluminium-magnésium : 51100 (A-G3T), 51300 (A-G6),
• aluminium-zinc : 71000 (A-Z5G),
• aluminium-silicium : 42100 (A-S7G03), 42200 (A-S7G06), 43300 (A-S10G), 44100
(A-S13).
Il s’agit d’une énumération limitée aux principaux alliages, susceptibles d’être utilisés
dans des applications comme l’équipement du territoire, l’accastillage, le mobilier
urbain,…
Les alliages au silicium, au magnésium, au zinc ont une résistance à la corrosion excel-
lente. Les alliages contenant de fortes additions de cuivre doivent être protégés s’ils sont
exposés à un milieu humide ou agressif.
Il faut rappeler que les alliages au zinc et au silicium, particulièrement les alliages 42000
(A-S7G) sont soudables avec les alliages corroyés en 5000 ou en 6000. Le soudage de
l’alliage 71000 (A-Z5G) moulé ne provoque pas, comme sur les demi-produits laminés
ou filés, de corrosion feuilletante.
412
8.7 Propriétés de mise en œuvre des alliages d’aluminium
Protections
L’expérience pluridécennale des applications dans le bâtiment, dans la construction
navale, montre que la plupart des alliages des familles 1000, 3000, 5000, 6000 non proté-
gés ont une excellente résistance à la corrosion, aux intempéries.
Si l’on souhaite protéger ces alliages contre la corrosion par piqûres, contre le ternisse-
ment, il y a deux solutions classiques : l’anodisation ou la peinture.
Par contre, il faut rappeler que les alliages des familles 2000 et 7000 ne peuvent pas être
utilisés dans des milieux humides, aux intempéries,…, sans être protégés soit par anodi-
sation soit par peinture.
Enfin, il paraît important de rappeler qu’un revêtement, une protection, peuvent subir une
usure, une altération locale, mettant à nu localement le métal. Il n’est donc pas possible
d’envisager des applications dans des produits chimiques ou des milieux très agressifs C
(par exemple des solutions d’acide ou de bases minérales) vis-à-vis des alliages d’alumi-
8.6.4 Bibliographie
[1] MATTSON E. – Localised Corrosion. 6th European Congress on Metallic Corrosion, Society of
Chemical Industry, London, 1977, pp. 219-238.
[2] GODARD H.P. – Corrosion of aluminium in natural waters. Canadian J. Chem. Engl., octo-
bre 1960, pp. 167-173.
[3] REBOUL M. – Durabilité des alliages d’aluminium. Mécanismes de corrosion. Essais et remèdes.
[4] WALTON C.J., KING W. – Résistance of Aluminium-Base Alloys to 20-Year atmospheric Exposure.
STP 174, ASTM, 1956, p. 21.
[5] SPROWLS D. O., BROWN R. H. – Stress corrosion mechanisms for aluminium alloys. From Funda-
mental aspects of stress mechanisms for aluminium alloys. From Fundamental aspects of stress
corrosion cracking. The Ohio State University, 1967, pp. 466-512.
[6] SPEIDEL M. O., HYATT M. V. – Stress corrosion cracking of high strength aluminium alloys. From
Advances in corrosion Science and Technology. Plenum press N.Y., 1972, vol. 2, pp. 115-335.
413
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
Géométrie de l’outil
Angle de face de coupe
Il dépend de la nature de la partie coupante de l’outil et de la nature de l’alliage d’alumi-
nium à usiner (tableau 8.27).
Angle de face de dépouille
L’angle de face de dépouille de l’arête coupante est compris entre 6 et 12°.
2030 0° 0° 0°
Alliages de décolletage
2011 10 à 20° 10 à 20° 0°
Vitesse de coupe
Tous les alliages d’aluminium sont susceptibles d’être usinés à très grande vitesse si l’on
considère essentiellement le phénomène de coupe et l’écoulement de la matière usinée.
414
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
Cependant, pour certains d’entre eux, les vitesses de coupe élevées amènent une usure
importante des outils, usure incompatible avec un rendement économique optimal : la teneur
en silicium de l’alliage d’aluminium est le facteur prépondérant à cet égard (tableau 8.28).
415
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
• l’air comprimé additionné ou non d’un brouillard d’huile peut être l’agent le plus efficace
lorsque l’évacuation des copeaux est le point essentiel.
Principales opérations d’usinage
Tournage
La figure 8.24 donne la géométrie des différents types d’outils recommandés. Les vites-
ses de coupe ont été données dans le tableau 8.28.
Décolletage
Les conditions de travail sont imposées par la machine-outil. L’utilisation de carbures
métalliques améliore la tenue à l’abrasion de l’outil. En ce qui concerne l’évacuation des
copeaux, les deux cas suivants sont à considérer :
• cas des alliages spéciaux de décolletage (nuances 2011, 2030, 6062) : ces alliages ont
une composition qui permet d’obtenir une fragmentation fine du copeau quelle que soit la
pente d’affûtage, et pour une large gamme de vitesses et d’avances. On peut utiliser des
outils à charioter ou à tronçonner, type laiton ;
• cas des autres alliages d’aluminium : certains alliages (séries 1000, 5000…) donnent
des copeaux longs qu’il est difficile d’orienter sur les machines automatiques. Pour ces
alliages, on utilise les outils conçus selon la figure 8.25.
Brochage
Les broches sont généralement en acier rapide. Le pas de denture, fonction de la longueur
à brocher, doit être suffisant pour permettre aux copeaux produits de se loger entre les dents.
Les caractéristiques sont les suivantes :
• pentes d’affûtage : 8 à 20 °,
• dépouille d’extrémité : 3 ° sur dents d’ébauche, 1 à 2 ° sur dents de finition,
• avances : 0,05 à 0,1 mm pour les dents d’ébauche, 0,025 mm environ pour les dents de
finition.
Une lubrification abondante à l’huile de coupe est nécessaire.
Fraisage
Il ne faut pas chercher à utiliser les fraises pour acier qui ne permettent pas le travail aux
grandes vitesses de coupe car elles possèdent un nombre de dents trop élevé, défavorable
pour la bonne évacuation des copeaux. Plusieurs types d’outils peuvent être utilisés :
• la fraise travaillant par surfaçage (figure 8.26 a),
• la fraise deux tailles à deux, trois, quatre lèvres ou plus ;
• la fraise à détourer généralement à deux lèvres (figure 8.26b). Elle peut être affûtée en
bout comme un forêt, ce qui lui permet de pénétrer dans la matière avant détourage sans
nécessiter de perçage préalable ;
• la fraise trois tailles à denture droite ou à denture alternée.
Perçage
Le foret hélicoïdal est le plus utilisé. Son angle d’hélice de 42 ° environ permet d’avoir
à la lèvre de coupe une pente d’affûtage importante. Son angle de pointe, dépouillé à
8 °, varie entre 120 et 140 ° selon la forme des gorges.
Les vitesses de coupe s’échelonnent de 30 à 80 m/min selon les alliages.
L’avance est variable avec le diamètre du foret : 0,05 mm/tr pour un foret de 2 mm de
diamètre à 0,3 mm/tr pour un foret de 30 mm de diamètre.
416
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
8°
2° 25°
8°
C
Outil couteau
8°
3°
3°
2°
Outil à saigner
25°
8°
8°
2°
5°
Outil à aléser
417
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
8° A Coupe A-A
25°
8°
2° Outil de chariotage à talon
2°
8° 8° 2°
Coupe A
A 2°
8° 8° 2°
A
418
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
Taraudage
Il faut utiliser exclusivement des tarauds à filets rectifiés qui évitent le grippage du métal
sur les flancs, dont les caractéristiques sont les suivantes :
• vitesse de coupe : 10 à 50 m/min ;
• lubrification : huile de coupe spéciale ou huile animale.
Le taraudage par refoulement peut être utilisé : tarauds sans arêtes coupantes de
section polygonale arrondie.
Alésage
Les quatre types d’outillage suivants sont utilisés :
• le foret demi ou trois quarts rond (vitesse de coupe : 15 à 10 m/min, avance :
0,05 mm/tr) ;
• le foret aléseur suivi de l’aléseur de finition ;
• la barre d’alésage à un ou plusieurs grains ;
• l’alésage à l’outil de tour.
Procédés d’usinage de finition
Rectification
On choisit des meules soit à liant résinoïde et abrasif alumineux (exemple A 36 M 6 B),
soit à liant vitrifié et abrasif en carbure de silicium (exemple C36 K5 V ou C46 IV).
La vitesse des meules est de 30 m/s environ, celle des pièces de 40 à 50 m/min.
419
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
8.7.2 Soudage1
Les propriétés physiques de l’aluminium et de ses alliages ont des conséquences direc-
tes sur les moyens de soudage envisageables.
On utilise des procédés puissants et rapides pour compenser les effets de la grande
diffusibilité thermique du métal – cinq fois plus importante que pour les aciers.
On choisit un flux et un sens de courant appropriés afin d’éliminer la couche d’alumine
(oxyde d’aluminium) qui empêche la formation d’un bain de fusion correct. La présence
d’un gaz protecteur (argon, hélium ou le mélange des deux), en cours de soudage, a
pour rôle de protéger le métal en fusion d’une oxydation supplémentaire.
On évite la présence d’hydrogène au niveau du bain de fusion, en dégraissant les pièces
et en les décapant mécaniquement ou chimiquement. Enfin, on s’efforce de ne pas
souder en atmosphère humide.
1. Ce texte et ceux qui suivent, ainsi que les tableaux et figures correspondantes, comportent des
extraits d’articles de D. Robert parus dans l’Aluminium et la Mer (Brochure Pechiney).
420
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
Le cas particulier du procédé Tig en courant continu à polarité directe permet de plus
fortes pénétrations. Mais il impose l’emploi d’hélium qui donne une colonne d’arc plus
active et plus concentrée. Cette technique convient surtout au soudage automatique à
très grande vitesse.
Les avantages du soudage Tig sont les suivants :
• suppression des flux et des enrobages d’électrodes ;
• grande vitesse d’exécution d’où réduction des déformations ;
• bel aspect des soudures ;
• mécanisation possible.
Soudage avec électrode consommable, ou soudage Mig
Le soudage Mig – Metal inert gas – convient pour la chaudronnerie lourde : réservoirs, C
citernes, équipements routiers, transports par rails – route, chantiers navals.
Remarques
• La difficulté essentielle réside dans les déformations dues au soudage et aux contraintes rési-
duelles après soudage. En général, des bridages ou des « pointages » sont nécessaires. De
toute façon, il est important d’exécuter les soudures de l’intérieur vers l’extérieur de la structure
afin de « libérer » les contraintes.
• On voit apparaître sur le marché de nombreux postes de soudure Mig type pulsé, tous très
bien adaptés aux aciers et aciers inoxydables. Les systèmes « automatiques » de réglage de
paramètres ne conviennent pas pour les alliages d’aluminium.
421
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
422
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
1080
1050 A
1050
1100
1200
3003 C
3004 1050a 1050a
5854a 5854a
5052 4043 ou ou
5754 5754
5183 5854
5454
4043 5356 ou ou
5754
5356 5754
5056 5183
5083 4043 5356 ou 5356 5356
5086 5356
1080
3003 5056
1050 A 5454
Alliages 3004 5052 5083 6000 7020
1100 5754
3005 5086
1200
(a) Pour augmenter la facilité opératoire du soudage, sans exigence importante sur les caractéristiques mé-
caniques du joint, on peut prendre l’alliage 4043 comme métal d’apport.
423
424
Tableau 8.29 – Conditions du soudage à l’arc.
Position Exécution
Procédés Épaisseurs Préparation Observations
de soudage des soudures
TIG Toutes positions Un seul côté 0,8 > e > 1,5 Un léger croquage des
bords limite les défor-
mations.
d’aluminium
8 • Aluminium et alliages
TIG À plat Un seul côté 0,8 > e > 5 Carre abattue, suppor t
inox, soudure bridée.
TIG Toutes positions Un seul côté, 1,5 > e > 5 Bords libres pointés.
reprise possible
TIG Toutes positions Un seul côté 4 > e > 10 75° Bords libres pointés.
Corniche même principe,
2 mm 1 mm mais il y a intérêt à dés-
équilibrer le chanfrein.
MIG Toutes positions Un seul côté 2,5 > e > 6 Reprise à l’envers
avec reprise 1 mm nécessaire après gou-
envers geage atteignant le fond
du premier cordon.
MIG Toutes positions Un seul côté 2,5 > e > 6 Support inox.
e
MIG Toutes positions Un seul côté 2,5 > e > 6 e
MIG Plat et plafond Soudure d’un 6 > e > 25 75° Reprise envers néces-
seul côté avec saire après gougeage
reprise envers 2 mm 1 mm atteignat le fond du cor-
don. Jeu maxi : 1,5 mm.
75°
MIG Plat vertical Soudure d’un 4 > e > 25 Support inox nervuré.
seul côté
1,5 mm
des alliages d’aluminium
8.7 Propriétés de mise en œuvre
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
Fissures
Les causes des fissures sont les suivantes :
• un mauvais choix du métal à souder, du produit d’apport,
• des contraintes excessives, dues à un refroidissement brutal ; c’est le cas classique
des fissures de cratères qui sont évitées par l’évanouissement de l’arc et le tour de
main du soudeur (allumages et extinctions successifs pour refroidir lentement le
cratère) ; C
• des défauts d’accostage, jours excessifs entre les tôles, différence de rigidité excessive
Manque de pénétration
Le manque de pénétration est dû à un mauvais réglage des paramètres de soudage :
vitesse, intensité. Dans le cas du soudage en deux passes opposées, il s’agit d’un
mauvais gougeage entre les passes.
Collage
Les défauts de collage sont essentiellement liés à :
• une ouverture de chanfrein insuffisante ;
• un soudage trop « froid » ;
• un régime transitoire : les départs de cordon Mig sont toujours collés. Il faut donc les faire
sur des plaquettes martyrs ou les éliminer et les reprendre.
Inclusion de tungstène
Elles sont dues à :
• un mauvais choix de l’électrode ;
• une intensité trop élevée par rapport au diamètre.
Remarque
La norme Afnor NF A 89-220 « Aluminium et alliages d’aluminium – Soudage – Classification et
contrôle des joints soudés » fait état de toute la partie contrôle et classification des joints sur
alliages légers.
8.7.3 Brasage
Le brasage se distingue du soudage par le fait que seul le métal d’apport fond et vient
mouiller le métal de base resté solide. La diffusion de l’apport se fait par capillarité et
diffusion de la brasure dans le métal de base.
Le brasage est un brasage fort (Tf > 450 °C).
Les métaux d’apport appartiennent ici à la série 4000 : alliages aluminium/silicium. Sous
cette rubrique on classe plusieurs procédés d’après la nature de la source de chaleur.
• Soudo-brasage
Cette technique dérive du soudage oxyacétylénique par le matériel et l’emploi de flux-
corrosifs ou non corrosifs.
Le métal d’apport le plus employé est l’eutectique aluminium-silicium (A-S12), Tf
= 577 °C, sous forme de baguette. Cette température limite le procédé aux alliages des
425
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
séries 1000, 3000, 6000 et à certains de la série 5000 avec teneur en magnésium infé-
rieure à 3 %.
La grande fluidité de cet alliage lui permet de garnir le joint par capillarité donnant ainsi
une liaison fine et lisse de bel aspect et une bonne facilité opératoire.
Les applications en sont la chaudronnerie fine, les couvertures en aluminium (bâtiment).
• Brasage au four avec flux
• Brasage au bain de sels
• Brasage par induction1
• Brasage sous vide
L’addition de certains éléments, en particulier le magnésium, permet le brasage sous vide
sans flux décapant.
Le métal d’apport est également mis en œuvre sous forme de placage.
Les applications concernent les échangeurs, les échangeurs d’automobiles, les guides
d’ondes.
1. Pour ces trois procédés, le métal d’apport se présente aussi sous forme de bandes, de poudre
ou de plaqué d’aluminium – silicium une ou deux faces, sur une âme en 1050 A ou 3003.
426
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
8.7.5 Chaudronnage
Les méthodes générales de chaudronnerie des alliages d’aluminium, les machines
employées, ne diffèrent pas sensiblement de celles utilisées pour les aciers. Les alliages
d’aluminium sont des matériaux faciles à mettre en œuvre.
Il faudra cependant tenir compte de leur faible dureté superficielle, des soins à apporter
aux outillages pour éviter de blesser le métal, des risques de pollution par des traces de
métaux ferreux et cuivreux qui pourraient provoquer des corrosions locales. Il faut
travailler dans un environnement tel que ce risque soit limité. Cela implique, en particulier,
de ne pas utiliser les mêmes outillages pour l’aluminium et l’acier.
L’opération de chaudronnage est l’art de maîtriser la déformation des métaux en feuilles,
tubes et profils. On aura toujours présent à l’esprit que les opérations successives de
chaudronnage, rétreint, emboutissage, conduisent à des effets dits d’écrouissage – C
« durcissement » par déformation à froid – qui entravent progressivement les possibilités
427
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
Tableau 8.30 – Tableau des conditions de recuit des alliages à durcissement structural.
Trempe
La trempe ou travail sur « trempe fraîche » se déroule ainsi : après traitement de mise
en solution et trempe, on peut profiter de la grande plasticité du métal pour le mettre
facilement en forme.
La période propice pour ce travail varie de quelques minutes à quelques dizaines
d’heures suivant les alliages. Toutefois, si besoin est, on peut différer le début de la matu-
ration en abaissant la température de stockage.
Exemple.
Pour l’alliage 2017 A (A-U4G), le temps de maturation varie de 2 heures à 15 °C, à 65 heures
à 0 °C et à 10 jours à –10 °C pour un même taux de durcissement. Son application concerne
les rivets en 2017 A (aéronautique).
Enfin, pour les alliages à durcissement structural, on aura présent à l’esprit que toute
élévation de température au-delà de 120 °C altère le métal en faisant chuter les carac-
téristiques mécaniques par modification de la structure métallurgique – grossissement au
grain. On évitera donc le travail dit « à chaud ».
428
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
Traçage
Le traçage à la pointe endommage la surface du métal et favorise les amorces de
rupture ; il est donc recommandé d’utiliser un crayon dur (5 H, par exemple).
Découpage
Cisaillage
Suivant l’épaisseur et la nature du métal, on utilisera les cisailles suivantes :
– pour les coupes droites : cisailles à levier, à guillotine ;
– pour les coupes de forme : cisailles à molette, grignoteuses portatives ou fixes.
Sciage
Le sciage est un procédé de découpage très employé pour l’aluminium et ses alliages.
Une scie à ruban de menuisier, équipée d’une lame spéciale conçue pour la fragmenta-
tion des copeaux et leur évacuation, convient parfaitement ; cette fonction est obtenue
par alternance ou avoyage des dents et par l’angle de dégagement.
• Scie à ruban (figure 8.28). Ses caractéristiques importantes sont les suivantes :
429
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
1,8 e
Pas 2,5 à 8
55°
e
– 3 à 0°
e e
e e
– –
3 3
p
60° 60°
d
25°
h
430
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
Injection
de l’abrasif
C
Jet focalisé
Matériau à couper
Collecteur
• Scie-fraise portative : c’est un outil très maniable pour coupes droites des tôles jusqu’à
20 mm. Le rendement est correct.
• Scie sauteuse : elle est utilisable, dans de bonnes conditions, pour des épaisseurs infé-
rieures à 6 mm.
Autres moyens de découpe
De nombreux moyens de découpe se développent actuellement : laser, plasma, découpe
au jet d’eau chargé.
• Jet fluide (figure 8.30). Ce procédé est dans sa phase de développement industriel. On
peut, dès maintenant, couper les métaux, dont l’aluminium, avec des jets chargés en abrasif-
Paser. Les épaisseurs possibles sont de l’ordre de 40 mm, mais le procédé reste coûteux
du fait de l’emploi important d’abrasif non recyclable.
• Plasma : cette technique est en phase industrielle et en progrès constant. On voit appa-
raître sur le marché des plasmas à Vortex d’eau ; ce qui permet d’augmenter considéra-
blement les vitesses de coupe.
L’utilisation d’un plasma immergé permet de réduire les nuisances inhérentes à ce
procédé, mais il nécessite des puissances installées plus importantes. La formation du
plasma se fait dans une torche spéciale. Un gaz neutre, généralement de l’argon, est
dissocié sous l’effet d’un arc électrique. Cette dissociation crée une augmentation consi-
dérable de la chaleur et du volume de gaz retenu dans une chambre munie d’un orifice
par où s’échappe la colonne de plasma. Les températures atteintes varient de 6 000 à
30 000 K.
431
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
432
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
0 0 0 0 0 0 0
1050-A H14 0 0 0 0,5e-e 0,5e-e 0,5e-e
H18 0-e 0,5e-1,5e e-2e 1,5e-3e 2e-4e 2e-5e
3003
0
H12
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0-e
0-e
0,5-1,5e
C
0 0 0 0 0 0,5e-e 0,5e-e
H32 0 0 0 0-2 0-e 0,5e-3e
5754 H34 0 0 0-e 0,5e-1,5e e-2e 2e-4e
H36 0-e 0,5e-1,5e e-2e 2,5-3e 2e-4e 3e-5e
H38 0,5e-1,5e e-2e 1,5-3e 2e-4e 4e-6e 4e-7e
0 0 0 0 0 0-e 0-1,5e
6080 T4 0-e 0-e 0,5-1,5e e-2e 1,5e-3e 2e-5e
T6 0,5e-1,5e 0,5e-1,5e 1,5e-4e 2e-5e 3e-6e 4e-8e
0 0 0 0 0 0,5e-1,5e 1,5e-4e
7020 T4 0-e 0-e 1,5-2,5e 1,5-2,5e 2e-4e 2e-5e
T6 – – 2,5e-3,5e 3e-4e 3e-5e 4e-7e
433
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
– machines de formage à olive, outils déjà anciens de faible rendement mais capables,
pour de petites et moyennes séries, d’effectuer un formage d’excellente présentation.
Mise en forme
Lorsqu’on veut exécuter une forme creuse à partir d’un flan, il est toujours recommandé
de commencer la mise en forme par l’extérieur du flan et de terminer par le centre. Cette
méthode est nettement préférable à celle qui consiste à partir du centre pour aller vers
les bords car elle réduit la formation des plis. C’est une différence très importante avec
le travail des aciers.
Exécution du rétreint
Le rétreint s’effectue avec l’angle du maillet soigneusement arrondi. On opère par petites
passes de rétreint, en portant à faux près de la portée. L’écartement des passes est de
l’ordre de 15 à 10 mm pour le métal de 1,5 à 2 mm d’épaisseur.
Le chaudronnier ne doit pas hésiter à recuire le métal dès qu’il ne répond plus au coup
de maillet. Il ne faut pas multiplier le nombre de recuits, sinon on risque un grossissement
exagéré du grain.
434
8 • Aluminium et alliages 8.7 Propriétés de mise en œuvre
d’aluminium des alliages d’aluminium
435
8.8 Protection et entretien des alliages d’aluminium
Découpage
Les prescriptions sont identiques à celles des tôles et des tubes.
Profilés classiques
Pour les profilés classiques en U, L ou T et les barres pleines de section simple, le travail
s’effectue comme pour les mêmes profilés d’acier avec le même matériel dont on aura
simplement vérifié qu’il est exempt de défauts de surface.
Cintrage manuel
Il s’effectue des deux façons suivantes :
• sur formes en bois pour les profilés minces en travail à froid ; il faut assurer le rétreint
des plis au fur et à mesure de leur formation ;
• sur formes en acier pour les profilés épais, en travail à chaud. On contrôle la température
– suif ou crayon termocolor – qui ne doit pas dépasser 400 °C.
Une trempe finale pour les alliages à durcissement structural s’impose après mise en
forme. Un rattrapage des cotes devra suivre aussitôt après la trempe.
436
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Préparation de surface
Les procédés de préparation de surface ont plusieurs objectifs, que nous allons décrire.
• Solvants chlorésa :
– Trichloréthylène, Dégraissage en Risque de corrosion par
– Trichloro-éthane. phase vapeur formation de chlorure selon stabilisant.
– Perchloréthylène À préférer pour sa stabilité.
• Solvants chlorofluorésa :
Trichloro-trifluoro-éthane 113. Dégraissage Très stables,
sous ultrasons mais non biodégradables.
LESSIVES ALCALINES
• Lessives phosphatées :
Carbonates + Immersion Lessives douces (ph < 8,3).
phosphates + ou projection Longue durée.
polyphosphates. T maxi 60 °C
• Lessives silicatées :
Soude + silicate de soude ph > 10,0.
Légère attaque des alliages.
Nécessité rinçage acide.
• Dégraissants acides :
acide phosphorique dilué + T : 30 °C ph ≤ 3,0.
tensio-actifs Immersion Légère attaque.
ou projection
(a) L’emploi des solvants chlorés et fluorochlorés fait l’objet d’une nouvelle législation à partir du 1 er janvier
1996. Il existe des produits dégraissants de substitution actuellement disponibles.
Le but principal des opérations de dégraissage et de désoxydation est avant tout d’obte-
nir une surface dont la réactivité sera égale en tous points, ce qui conditionne la réussite
des traitements ultérieurs.
437
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Modification d’aspect
On peut modifier l’aspect de surface des alliages d’aluminium par les moyens suivants.
Traitements mécaniques
Usinage, polissage, ponçage, bufflage… projection de particules, microbillage, tribo-
finition, permettent de modifier la rugosité de surface par abrasion. Une attention parti-
culière doit être apportée lors de la mise en œuvre de ces techniques pour éviter de
souiller la surface par inclusion de particules étrangères ou par apport de produits chimi-
ques agressifs, pouvant entraîner des dissolutions superficielles de phases.
Traitements chimiques et électrolytiques
Selon les réactifs utilisés, il est possible de modifier l’aspect pour obtenir des surfaces
pouvant être :
– plus réfléchissantes (exemple par brillantage chimique, tableau 8.37) ;
Acide phosphorique 80 % 90 °C
+ acide nitrique 3à5%
Acide phosphorique 77 %
+ acide sulfurique 15 % 95 à 120 °C
+ acide nitrique 06 %
+ addition de
Cu++ ou Ni++
438
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Na2CO3 15 % 80-85 °C
05 % Tension 9-12 V 1 199 Brytal
+ Na3 PO4
30 °C, 5 à 10 min
Acide fluoborique 2,5 % 1 199 Alzak
Tension 25 V C
Acide sulfurique 15 % 80-82 °C
Acide phosphorique 15 % 85 °C
Acide sulfurique 70 % 20 min « QS » Phosbrite
Eau 15 % Densité de courant 15 A/dm2
Procédés d’anodisation
Si l’anodisation sulfurique est le procédé le plus courant et le plus employé dans le
monde, il existe de nombreuses autres possibilités d’anodisation qui diffèrent principale-
ment par la composition de l’électrolyte et les conditions expérimentales.
Il importe également de savoir que les propriétés de la couche anodique formée dépen-
dront du procédé mis en œuvre et de la nature de l’alliage utilisé.
L’industrie de l’aluminium élabore des nuances spéciales pour anodisation présentant
une meilleure aptitude à l’usage recherché. Citons, par exemple :
– la « qualité spéciale » pour décoration1,
– les alliages recommandés pour anodisation de protection et application en architecture2.
Ces alliages seront à préférer à d’autres pour leur aptitude à obtenir par traitement de
surface un aspect uniforme, résultant d’une structure affinée au cours de leur élaboration
et de leur transformation.
Anodisation sulfurique
Elle est utilisée dans trois domaines principaux d’application (en bain statique ou au défilé
pour les deux premières applications) qui sont :
– la décoration ;
– la protection ;
– l’anodisation dure.
439
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Anodisation chromique
Elle est plus spécialement réservée et adaptée au traitement des alliages à hautes
caractéristiques : 2 000-7 000 laminés, filés ou forgés, dans le but de :
– révéler l’homogénéité de l’alliage et détecter les zones de ségrégation ;
– former une couche d’accrochage pour l’adhérence des polymères (collages et primaires
avant peintures),
– former une couche de protection contre la corrosion sans affecter notablement les
propriétés mécaniques de l’alliage et sa tenue en fatigue.
Anodisation phosphorique
C’est une technique récente et en plein développement, les couches d’oxyde formées
présentent une bonne aptitude à l’adhérence des polymères. Ce procédé remplace avan-
tageusement l’anodisation chromique pour la réalisation d’assemblages collés.
Anodisation barrière
Ce type d’anodisation ne s’applique qu’à l’aluminium pur raffiné 1199, dans des électro-
lytes neutres, ne contenant aucun élément capable de dissoudre l’aluminium ou son oxyde.
C’est le cas typique de la passivation anodique des métaux « valve » où la couche d’oxyde
a une épaisseur directement proportionnelle à la tension appliquée (e = 1,4 nm/V). Elle est
étanche, non poreuse, imperméable au passage des électrons.
440
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Polissage mécanique
après mise en forme
Dégraissages chimiques
doux
Brillantage Polissage
chimique électrolytique C
Anodisation sulfurique
1 à 1,5 A/dm2 200 g/l
H2SO4
5 min pour 2 μm T 20 °C
20 min pour 8 μm
Coloration chimique
À épaisseur égale, la couche d’oxyde sera d’autant plus transparente que le métal
contiendra moins d’éléments d’addition : fer, silicium, principalement à l’état de précipité
Al3Fe, AlFeSi.
Les couches d’oxyde, même en faible épaisseur, se prêtent à la coloration chimique par
imprégnation en diverses teintes à l’aide de colorants spéciaux (notamment ceux de
Sandoz). L’opération finale qui consiste à fermer les pores par colmatage aura surtout
pour effet de retenir le colorant et d’apporter une tenue en rapport avec la durée de vie
estimée du produit.
441
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
442
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Principaux alliages
Les alliages à choisir de préférence, pour ces applications, sont les suivants :
– 5005 OAB pour les produits laminés,
– 6060 T5 pour les produits filés.
Préparation de surface
Les préparations de surface les plus demandées en architecture doivent conférer aux
produits un aspect mat.
Cet aspect est réalisé par un décapage basique appelé « satinage » ; la solution
contient essentiellement de la soude NaOH et des additifs destinés à stabiliser la solu-
tion pour éviter la précipitation d’hydroxyde d’aluminium, et à augmenter sa durée de
vie. La solution contient aussi des complexants pour neutraliser l’action des métaux C
lourds solubles qui peuvent entraîner des réactions secondaires telles que des gravu-
Conditions d’anodisation
Elles sont décrites dans les brochures émises par l’Euras/Qualanod1. Le respect de ces
recommandations conditionne l’attribution d’un label de qualité. Elles concernent non
seulement les conditions d’électrolyse, mais aussi les appareillages nécessaires, les
montages, les amenées de courant, l’agitation des bains, les contrôles.
En résumé
L’anodisation sulfurique de protection répond aux critères suivants :
• La concentration en acide sulfurique (H2SO4) est de 180 ± 20 g/l.
• La température est ≤ 20 °C, + 0 °C et – 1 °C.
• La densité de courant (ddc) est de 1,5 ± 0,2 A/dm2.
• La durée nécessaire, pour obtenir au moins une épaisseur de 15 µm pour usages
courants et de 20 µm pour usages en milieux particulièrement agressifs, est respectivement
de l’ordre de 40 et 60 minutes.
443
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
• Les propriétés de la couche doivent satisfaire aux tests en vigueur ainsi qu’à un certain
nombre de normes, telles que :
– régularité d’épaisseur sur toutes les faces des pièces : norme ISO 2360 ;
– résistance à l’abrasion : norme ISO 8251 ;
– homogénéité d’aspect ou de couleur ;
– continuité de la couche.
Produits « satinisés »
Il existe des produits commercialisés sous la désignation de « satinisé » qui sont anodisés au
défilé en bobine ayant jusqu’à deux mètres de largeur. Les conditions d’anodisation sont
évidemment différentes et adaptées à la vitesse de défilement et à l’épaisseur d’oxyde visée.
Après anodisation, coloration éventuelle et colmatage, les bobines sont planées, découpées et
mises en forme. Ces produits existent en teinte naturelle ou en teinte bronze par coloration élec-
trolytique. Les épaisseurs d’oxyde peuvent être de 15 à 20 µm. Bien que le processus de trai-
tement entraîne un faïençage important de la couche d’oxyde, l’expérience a montré que ces
produits présentaient un bon comportement en exposition extérieure. Il existe en effet de
nombreux immeubles dont les bardages sont en « satinisé ».
Coloration électrolytique
Au début des années 70, l’apparition des procédés de coloration électrolytique permet-
tant de conférer des teintes bronze très résistantes aux intempéries et très en vogue
auprès des architectes a contribué au développement de l’aluminium dans les réalisa-
tions architecturales modernes.
La coloration électrolytique consiste à déposer des particules métalliques au fond des
pores de la couche anodique à partir de solutions de cations réductibles sous l’action
d’un courant le plus souvent alternatif. Les procédés ont été exploités avant qu’on en
connaisse le mécanisme et que l’on ait compris le rôle de la couche barrière des oxydes
anodiques. La couleur résulte de phénomènes d’absorption lumineuse sur un métal à
l’état divisé ; elle est donc particulièrement stable. La conduite des bains de coloration
électrolytique s’avère globalement plus économique que celle des bains de colorants
chimiques. Les principaux bains de coloration électrolytique utilisent comme cations
réductibles Sn++ ou Ni++, mais il existe de nombreuses variantes de bains à cations multi-
ples. La plupart des cations ont été expérimentés : ils donnent tous des teintes bronze à
noir. On ne connaît que quelques exceptions (argent, or, cuivre) qui permettent l’obten-
tion de teintes jaune, mauve, et rose.
De même, il a été proposé de nombreuses variantes quant au programme de tension et
à la forme de courant à appliquer au bain de coloration – alternatif pur ou courants
hachés. L’intensité de teinte est liée à la quantité de métal déposée dans les pores. La
reproductibilité de teinte nécessite une maîtrise du rendement d’électrolyse qui dépend
aussi de la « qualité » de la couche formée lors de l’anodisation préalable ; ce qui impli-
que un suivi attentif des conditions d’anodisation.
444
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Colmatage
Le colmatage traditionnel consiste à hydrater partiellement la couche anodique pour en
fermer les pores par formation d’oxyde fibreux dont la formule s’approche de la boehmite
Al2O3,H2O, oxyde naturel constituant de la bauxite, très inerte chimiquement. Malgré sa
simplicité cette opération nécessite beaucoup de précaution quant à la pureté de l’eau
du bain de colmatage. Comme il s’agit de croissance cristalline d’un hydrate, le colma-
tage reste une opération lente. C
Le colmatage traditionnel ou « hydrothermal » se pratique donc par simple immersion des
445
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
La transparence de la couche sera d’autant plus élevée que la teneur en éléments d’addi-
tion (fer, silicium, nickel) sera faible.
L’homogénéité d’aspect est liée à la texture : taille de grain, répartition des précipités.
Alliages de la série 2000
La présence de cuivre sous forme de solution solide ou de précipités Al2Cu rend ces
alliages peu aptes aux traitements d’anodisation.
La dissolution du cuivre en phase anodique provoque des lacunes dans la couche anodique.
L’épaisseur limite de cette couche sera donc réduite par rapport aux autres alliages, ainsi
que sa qualité de protection contre la corrosion.
446
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
447
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Le stade ultime d’hydroxydation donne une couche peu cohésive sur laquelle les revête-
ments n’auront pas la durabilité souhaitée.
Dans le cas d’alliage, la nature de la couche d’oxyde est plus complexe – corrosion galva-
nique possible.
Il est donc nécessaire de faire un traitement de surface, comportant les caractéristique
suivantes :
– Un simple dégraissage au solvant n’est pas suffisant pour une protection durable.
– Un décapage alcalin ou acide élimine la « vieille couche » d’oxyde (ou couche d’oxyde
pré-existante) pour en créer une nouvelle, plus fraîche, mais qui évolue également. Le trai-
tement avec l’acide phosphorique est celui qui stabilise le mieux la couche (les ions phos-
phates peu solubles ralentissent l’hydroxydation).
– L’oxydation anodique en milieu phosphorique, OAP, donne une couche d’oxyde
« synthétique » très stable et très favorable à l’adhérence des revêtements.
– Les traitements de conversion chimique, comme le nom l’indique, remplacent la
couche d’alumine par des sels complexes très résistants chimiquement, sur lesquels les
448
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
revêtements adhérent bien. Les plus courants sont la chromatation, jaune, et la phospho-
chromatation, verte.
– Les primaires réactifs, mélange de liants et pigments réactifs avec l’aluminium, sont
efficaces et d’une application facile pour les pièces unitaires de formes. On peut les consi-
dérer à la fois comme un traitement de surface et un revêtement. Le plus connu est le
Wash-Primer à l’oxychromate.
Nature des revêtements
Une peinture est toujours constituée, principalement, des éléments suivants :
– liants (polymères divers),
– pigments (minéraux ou organiques),
– solvants volatils. C
Dans toute peinture :
449
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Alkydes-mélamines
Les alkydes-mélamines, dont les caractéristiques sont l’adhérence, la souplesse et la
brillance, sont utilisées pour le mobilier, l’électro-ménager.
450
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Plastisols PVC
Appliqués en forte couche – 200 à 300 µm –, ils assurent une bonne protection aux envi-
ronnements agressifs – SO2 + HCl + humidité.
Polyesters
Les polyesters, et surtout les polyesters-silicones, sont d’excellents produits pour usage
extérieur.
Les premiers sont plus souples, les seconds plus résistants aux intempéries. Ils sont utili-
sés en bardage très esthétique pour bâtiment.
Peintures fluorées
Ce sont des revêtements haut de gamme ayant toutes les propriétés demandées :
souplesse, antisalissure…
C
451
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
électrostatique sur préparation de surface adéquate se développe surtout sur les profilés
aluminium, ainsi que la peinture au défilé (coil coating) pour les bandes.
452
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Lorsqu’en plus des taches, il y a attaque du métal, il y aura lieu d’éliminer les produits
de corrosion présents. En règle générale, les produits à base d’acides minéraux ou orga-
niques, utilisés pour la dissolution de la couche naturelle d’oxyde, ont aussi la propriété
de dissoudre les produits de corrosion et de passiver les fonds de piqûres ; ce sont des
produits généralement à base d’acide phosphorique.
Aluminium anodisé
Le nettoyage de l’aluminium anodisé est différent du nettoyage de l’aluminium nu parce
qu’il ne peut tolérer de perte d’épaisseur sans qu’il en résulte une diminution du pouvoir
protecteur de la couche anodique.
Par conséquent, première règle importante, un produit pour le nettoyage de l’alumi-
nium nu peut être dangereux s’il est utilisé pour le nettoyage de l’aluminium anodisé.
L’aluminium anodisé présente le même caractère amphotère que l’aluminium nu : il est
C
453
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Cas particuliers
Matériel en aluminium nu ou anodisé destiné à être mis au contact de denrées
et boissons alimentaires
Les produits destinés au nettoyage de tels matériels doivent faire l’objet d’une autorisa-
tion d’emploi délivrée par la direction générale de la Concurrence, de la Consommation
et de la Répression des fraudes – bureau hygiène. L’autorisation est alors indiquée sur
la fiche technique du produit.
454
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
455
8 • Aluminium et alliages 8.8 Protection et entretien
d’aluminium des alliages d’aluminium
Les peintures en poudre et les peintures en phase aqueuse. Éditions Galvano-Organo, (Ouvrage
disponible chez l’éditeur, 22-24, rue du Président Wilson, 92532 LEVALLOIS-PERRET Cedex ; Tél :
01 41 40 94 25.)
Recommandations techniques relatives aux produits anodisés destinés aux applications du bâti-
ment. Syndicat national des revêtements et traitements des métaux et substrats, 16 avenue Hoche,
75008 Paris.
Organismes à consulter
Ifets (Institut Français de l’Environnement et des traitements de surfaces)
15, avenue Ledru-Rollin
94170 LE PERREUX-SUR-MARNE
Tél. : 01 48 72 15 05.
Sats (Syndicat des entreprises d’applications de revêtements et traitements de
surfaces)
39/41, rue Louis-Blanc
92038 PARIS-LA-DÉFENSE Cedex
Tél. : 01 47 17 64 34.
456
8.9 Fonderie de moulage des alliages d’aluminium
457
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
modifie profondément les pratiques françaises. Il est probable que les dénominations
antérieures auront la vie dure et qu’il faudra beaucoup de temps pour que les nouvelles
entrent dans les mœurs. Les nouvelles désignations sont contenues dans les parties 1
et 2. Elles prévoient deux systèmes de désignation.
• Un système numérique qui comprend :
– le préfixe EN ;
– la lettre A qui représente l’aluminium ;
– la lettre C qui représente les pièces moulées (B pour les lingots et M pour les alliages
mères) ;
– un premier chiffre qui représente l’élément d’alliage le plus élevé :
• 1 pour l’aluminium non allié,
• 2 pour le cuivre,
• 4 pour le silicium,
• 5 pour le magnésium,
• 7 pour le zinc ;
– un deuxième chiffre qui représente le type d’alliage dans les grandes familles énoncées
ci-dessus ;
– un troisième chiffre arbitraire ;
– un quatrième et cinquième chiffres qui sont généralement des 0.
Par exemple, l’alliage A-S7G0,6 (ex-norme NF A 02-004) se dénomme EN AC-42200.
• Un système symbolique qui comprend :
– le préfixe EN ;
– la lettre A qui représente l’aluminium ;
– la lettre C qui représente les pièces moulées (B pour les lingots et M pour les alliages
mères) ;
– les symboles chimiques et la teneur nominale des éléments d’alliage.
Par exemple, l’alliage A-S7G0,6 (ex-norme NF A 02-004) pourra aussi se dénommer EN
AC-AlSi7Mg0,6.
Par ailleurs, la norme EN 1706 prévoit de faire suivre la désignation de l’alliage :
– d’une lettre pour définir le procédé de moulage :
• S : moulage en sable,
• K : moulage en coquille,
• D : moulage sous pression,
• L : moulage en cire perdue ;
– et d’une désignation de l’état de traitement thermique :
• F : pas de traitement,
• O : recuit,
• T1 : refroidissement contrôlé après coulée et mûri,
• T4 : trempé et mûri,
• T5 : refroidissement contrôlé après coulée et revenu,
• T6 : mise en solution, trempe et revenu,
• T64 : mise en solution, trempe et sous revenu,
• T7 : mise en solution, trempe et sur revenu (ou stabilisé).
Ainsi, l’A-U5GT Y24 (ex-norme NF A 02-004) s’appellera EN AC-21000 ST4 ou EN AC-
AlCu4MgTi ST4.
Dans la suite du texte seule la désignation numérique symbolique (à 5 chiffres) sera
utilisée.
458
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Influence du silicium
L’aluminium et le silicium forment un eutectique à 13 % environ de silicium.
Propriétés de fonderie
L’augmentation de la teneur en silicium conduit aux propriétés suivantes (figure 8.33) :
– une amélioration de la coulabilité ;
– une diminution de la contraction volumétrique à la solidification (le silicium augmente en
effet de 12 % en volume en se solidifiant) ;
– une diminution de la criquabilité qui devient nulle à partir de 7 % de silicium.
C
Caractéristiques mécaniques
26
Mg
24
22
Fe Cu
20
Ni
18
Si
16
14
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
% élément d’additon
Usinabilité
Elle a les caractéristiques suivantes :
– bonne jusqu’à 7 % ;
– moyenne de 7 à 13 % ;
– difficile au-delà de 13 %.
Tenue à la corrosion
Le silicium ne modifie pas la tenue à la corrosion de l’aluminium. Les alliages du moulage
au silicium (sans cuivre) ont une très bonne tenue à la corrosion.
459
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Indice de coulabilité
100
90
80
70
Coulabilité des alliages Al - Si
60
50
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Si (%)
Contraction volumétrique
au refroidissement (%)
10
6
Aptitude à la retassure des alliages Al - Si
4
2 Microretassure
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Si (%)
Indice de criquabilité
3
Criquabilité des alliages Al - Si
2
1 Microretassure
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Si (%)
Anodisation
Les alliages aluminium-silicium se protègent par anodisation. L’anodisation de décoration
n’est possible qu’en dessous de 4 % de silicium, au-delà les couches sont grises.
460
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Influence du cuivre
Propriétés de fonderie (figure 8.35)
Indice de coulabilité
100
90
80
70
60
Coulabilité des alliages Al - Cu C
50
10
Aptitude à la retassure des alliages Al - Cu
8
2 Microretassure
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Cu (%)
Indice de criquabilité
3
Criquabilité des alliages Al - Cu
2
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Cu (%)
461
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
H B 36
34 R (daN/mm 2)
32
110 30
HB
28
100 26
24
90 22
20
80 18
16
70 14
12
60 10
8
A%
50 6
Usinabilité
Les alliages aluminium-cuivre ont une excellente usinabilité.
Tenue à la corrosion
Les alliages aluminium-cuivre ont une mauvaise tenue à la corrosion, en particulier à la
corrosion marine.
462
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Anodisation
Les couches de protection obtenues par anodisation sont peu épaisses, poreuses et de
dureté moyenne. Par contre, elles sont claires, donc utilisables en décoration.
Influence du magnésium
Propriétés de fonderie (figure 8.37)
Ces propriétés sont les suivantes :
– la coulabilité est médiocre du fait de la forte oxydabilité du magnésium ;
– l’aptitude à la retassure : la contraction volumétrique est peu modifiée par le magnésium,
mais celui-ci augmente la tendance à la microporosité ;
– la criquabilité est assez forte, mais diminue aux fortes teneurs en magnésium.
Caractéristiques mécaniques C
Le magnésium augmente la charge de rupture, la limite d’élasticité et la dureté au détri-
463
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Indice de coulabilité
100
90
80
70
60
Coulabilité des alliages Al - Mg
50
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mg (%)
Contraction volumétrique
au refroidissement (%)
10
Aptitude à la retassure des alliages Al - Mg
8
2 Microretassure
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mg (%)
Indice de criquabilité
2
Criquabilité des alliages Al - Mg
1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mg (%)
464
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Limite
Charge de Allonge- Dureté
Groupe Traitement d'élasticité
Désignation des alliages rupture Rm ment Brinell
d’alliage thermique Rp
(MPa) 0,2 A (%) (HBS)
(MPa)
EN AC- EN AC- T4 300 200 5 90
21000 AlCu4MgTi
AlCu
EN AC- EN AC- T6 300 200 3 95
21100 AlCu4Ti T64 280 180 3 85
C
EN AC- EN AC- F 140 70 3 50
465
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Limite
Charge de Allonge- Dureté
Groupe Traitement élastique
Désignation des alliages rupture Rm ment Brinell
d’alliage thermique Rp 0,2
(MPa) A (%) (HBS)
(MPa)
EN AC- EN AC- F 150 90 1 60
46200 AlSi8Cu3
EN AC- EN AC- F 135 90 1 60
AlSi9Cu
46400 AlSi9Cu1Mg
EN AC- EN AC- F 150 90 1 60
46600 AlSi7Cu2
EN AC- EN AC-
AlSi(Cu) F 150 80 1 50
47000 AlSi12(Cu)
EN AC- EN AC-
AlZn T1 190 120 4 60
71000 AlZn5Mg
L’alliage 41000 est à basse teneur en Si pour permettre des traitements de décoration.
La composition de cet alliage est un compromis entre les propriétés de fonderie et les
propriétés d’utilisation.
Les alliages 42000 (0,3 ou 0,6) ou 43000 sont d’un usage très répandu et d’une utilisation
très large, avec ou sans traitement thermique (mise en solution et trempe suivies d’un
revenu).
Ces alliages présentent le meilleur compromis entre les propriétés de fonderie et celles
d’utilisation.
Groupe d’alliages Al-Si-Cu
L’ajout de cuivre (de 1 à 3 % environ) permet de durcir un peu les alliages Al-Si à l’état
brut de coulée.
Ces alliages sont cependant plutôt utilisés pour le moulage en coquille : en effet les allon-
gements obtenus en moulage sable sont faibles à cause d’une vitesse de solidification
lente.
Groupe d’alliages Al-Mg
Ces alliages ont une excellente tenue à la corrosion, surtout marine. Ils sont aussi parti-
culièrement aptes à subir l’oxydation anodique de décoration.
466
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Ils ont par contre de médiocres propriétés de fonderie, ce qui rend leur mise en œuvre
délicate pour le fondeur.
Groupe d’alliages Al-Zn
Un seul alliage est normalisé : l’alliage 71000, autotrempant. Les caractéristiques méca-
niques obtenues après mûrissement se rapprochent de celles d’un alliage traité. Il
convient bien pour le soudage, mais ses propriétés de fonderie sont très médiocres et
ne permettent que la coulée en sable.
467
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Limite
Charge de Allonge- Dureté
Groupe Traitement élastique
Désignation des alliages rupture Rm ment Brinell
d’alliage thermique Rp 0,2
(MPa) A (%) (HBS)
(MPa)
468
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Limite
Charge de Allonge- Dureté
Groupe Traitement élastique
Désignation des alliages rupture Rm ment Brinell
d’alliage thermique Rp 0,2
(MPa) A (%) (HBS)
(MPa)
EN AC- EN AC-
AlSi(Cu) F 170 90 2 55
47000 AlSi12(Cu)
EN AC- EN AC-
AlZnMg T1 210 130 4 65
71000 AlZn5Mg
469
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Limite
Charge de Allonge- Dureté
Groupe Traitement élastique
Désignation des alliages rupture Rm ment Brinell
d’alliage thermique R p 0,2
(MPa) A (%) (HBS)
(MPa)
EN AC- EN AC-
AlCu T4 300 220 5 90
21000 AlCu4MgTi
EN AC- EN AC-
F 160 80 1 60
AlSi5Cu 45200 AlSi5Cu3Mn
EN AC- EN AC-
AlMg F 170 95 3 55
51300 AlMg5
Les alliages normalisés utilisés en moulage à la cire perdue sont peu nombreux et appar-
tiennent essentiellement au groupe d’alliages Al-Si :
Groupe d’alliages Al-Cu
L’alliage 21000 est un alliage à hautes caractéristiques mécaniques traité thermique-
ment. Ses médiocres propriétés de fonderie et en particulier sa forte criquabilité à chaud
en font un alliage peu utilisé.
Groupe d’alliages Al-Si
Les alliages 42000 (0,3 ou 0,6) sont très largement utilisés. Traités thermiquement, ils
présentent un bon compromis entre caractéristiques mécaniques et propriétés de fonderie.
470
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
L’alliage 44100 est utilisé brut de coulée. Sa bonne coulabilité permet de réaliser des
pièces à parois minces.
Groupe d’alliages Al-Si-Cu
L’alliage 45200 est utilisé brut de coulée. La présence de cuivre assure une assez bonne
résistance mécanique et améliore l’usinabilité. La présence du manganèse permet de
limiter les effets néfastes de la forte teneur autorisée en fer.
Groupe d’alliages Al-Mg
L’alliage 51300 est généralement utilisé pour son excellente tenue à la corrosion, en
particulier marine, et pour son aptitude à subir l’anodisation de décoration.
Limite
Charge de Allonge- Dureté
Groupe Traitement élastique
Désignation des alliages rupture Rm ment Brinell
d’alliage thermique Rp 0,2
(MPa) A (%) (HBS)
(MPa)
EN AC- EN AC-
AlSi10Mg F 240 140 1 70
43400 AlSi10Mg(Fe)
EN AC- EN AC-
F 240 140 1 70
AlSi(Cu) 47100 AlSi12Cu1(Fe)
EN AC- EN AC-
AlMg F 200 130 1 70
51200 AlMg9
471
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Les alliages utilisés sont généralement de deuxième fusion, donc à bas prix. Ils sont du
groupe d’alliages Al-Si ou plus largement Al-Si-Cu.
Groupe d’alliages Al-Si
L’alliage 43400 est parfois utilisé, le magnésium présent permettant de durcir un peu l’alliage.
Les alliages 44300 et 44400 sont utilisés lorsque la présence de cuivre est indésirable
ou lorsqu’un minimum d’allongement est requis pour la fonctionnalité de la pièce (par
exemple assurer un sertissage avec des parties de pièces venues de fonderie).
Groupe d’alliages Al-Si-Cu
L’alliage 46000 est très largement utilisé. Il présente un bon compromis entre propriétés
d’utilisation et de fonderie.
Les teneurs en silicium peuvent évoluer entre 8 et 13 % selon les fonderies, et les
teneurs en cuivre peuvent également varier.
Groupe d’alliages Al-Mg
L’alliage 51200 est utilisé lorsque la présence du silicium est à éviter comme pour les
pièces de présentation (polies ou anodisées). C’est un alliage qui est assez peu mis en
œuvre à cause de ses médiocres propriétés de fonderie.
Alliages non normalisés
Des alliages ne figurant pas dans la norme EN 1706 sont utilisés en raison de leurs
propriétés particulières.
Alliages autotrempants
Il s’agit surtout de l’alliage AC-AlZn10Si8Mg qui, à l’état brut de coulée, subit un durcis-
sement structural par simple maturation à température ambiante.
Cet alliage est plutôt recommandé pour la coulée en coquille, car son allongement est
faible et le moulage en sable conduit à des pièces ayant un allongement pratiquement
nul. Il permet d’éviter le traitement thermique, ce qui présente un avantage de coût, et
limite les problèmes de déformation.
Alliages à très hautes caractéristiques mécaniques
Ce sont des alliages dérivés du 21000 comme les alliages AC-AlCu4Zn3Mg, AC-
AlCu5MnMgTi et AC-AlCu5AgMgTi. Ils sont utilisés essentiellement pour des applica-
tions dans les industries aéronautiques et spatiales.
Leur mise en œuvre est délicate. Ils sont produits pratiquement exclusivement en
moulage sable ou à la cire perdue, et nécessitent des traitements thermiques.
472
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
L’alliage devra alors être adapté au procédé et répondre aussi aux exigences recher-
chées pour la pièce, comme les caractéristiques mécaniques, l’aspect…
Inversement, il peut se produire que, pour des raisons particulières, l’alliage s’impose. Le
procédé devra alors être compatible avec cet alliage et le dessin de la pièce devra égale-
ment s’y conformer.
Moulage
C
Caractéristiques
Séries : minima Limité par la 1 000 à 5 000 10 000 à 25 000 500 à 5 000
et durée de vie durée de vie durée de vie durée de vie
du modèle du moule : du moule
50 000 100 000
à 100 000 à 250 000
b
Possibilité de forme complexe
Précision dimensionnelle CT 8 CT 7 CT 7 CT 5 CT 5
(Tolérances générales)
États de surface Ra en μm 6,3 – 12,5 1,6 à 6,3 0,8 à 1,6 0,8 à 1,6
c
Cadence de production
Prix de l’outillage
Caractéristiques mécaniques
sans Tr.Th
avec Tr.Th
(a) À titre indicatif, des exceptions étant toujours possibles. Classement sommaire du procédé le mieux placé
• au procédé le moins bien placé o.
(b) Possibilité de moulages complexes, à condition de rendre les formes intérieures et extérieures démoula-
bles.
(c) De grandes séries sont possibles avec chantier automatisé.
473
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Structure de solidification
Les structures de solidification sont bien représentées par les diagrammes d’équilibre de
l’aluminium avec les principaux éléments d’addition.
Elles sont généralement constituées par :
– une phase primaire, des cristaux d’aluminium avec, en solution solide, une faible quantité
d’éléments d’addition ;
– un eutectique qui, en se solidifiant en dernier, vient « cimenter » les cristaux primaires ;
– des constituants intermétalliques qui sont généralement dus à des impuretés présentes
dans les alliages.
Cristaux primaires
À partir de l’état liquide, des cristaux primaires naissent et croissent sous forme dendri-
tique. Les dendrites sont plus ou moins importantes selon la proportion d’eutectique
présente et la vitesse de solidification. Les cristaux primaires germent sur des impuretés
qui sont présentes dans le métal liquide : chaque cristal formera, avec l’eutectique dont
il est imprégné après la solidification, un grain. Les grains sont donc généralement orien-
tés au hasard. La grosseur du grain dépend du nombre de germes présents : le grain est
fin si les germes sont nombreux.
L’affinage est obtenu par ajout de titane et de bore qui formeront les germes – TiAl3,
TiB2.
Un grain fin est recherché pour les alliages des familles aluminium-cuivre et aluminium-
magnésium, car il améliore la criquabilité et, dans une certaine mesure, l’aspect.
Dans les alliages aluminium-silicium la finesse du grain n’a pas d’influence sur les carac-
téristiques mécaniques, mais elle favorise la dispersion des défauts de retassure.
Dans le cas des alliages hypereutectiques, de la famille des alliages aluminium-silicium
avec une teneur en silicium supérieure à 13 %, les cristaux primaires sont constitués de
grains de silicium dont le germe est le phosphore. La finesse du silicium est recherchée
pour améliorer les propriétés mécaniques et la résistance à l’usure.
Pendant leur croissance, les dendrites se ramifient. Plus la ramification est rapide, plus
la section des bras dendritiques est faible. Au microscope, c’est l’épaisseur du bras
dendritique qui est visible et mesurée : il a été montré que pratiquement pour tous les
alliages, l’épaisseur du bras dendritique est en relation directe avec la vitesse de solidi-
fication. Une diminution du bras dendritique – donc une augmentation de la vitesse de soli-
dification – s’accompagne d’une amélioration de toutes les caractéristiques mécaniques
statiques et dynamiques, ainsi que d’une diminution du temps nécessaire à la mise en
solution lors du traitement thermique.
Structure eutectique
La structure eutectique a une grande importance pour les alliages contenant du silicium.
Elle se différencie selon la forme que prend le silicium. On considère donc les structures
suivantes :
474
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
Constituants intermétalliques
Les constituants intermétalliques sont dus aux impuretés présentes dans les alliages,
surtout le fer. Ces composés ont souvent une forme d’aiguille défavorable pour les carac-
téristiques mécaniques : il est donc nécessaire de limiter ces impuretés ou d’agir sur la
forme de ces composés pour limiter leur effet néfaste. Ces composés sont surtout
présents dans les alliages de deuxième fusion ou d’affinage dans lesquels les teneurs
en impuretés sont importantes.
Compacité
La compacité peut être évaluée par la masse volumique, elle est d’autant meilleure que
l’on se rapproche de la masse volumique théorique de l’alliage.
La compacité est liée aux deux facteurs principaux suivants :
• La retassure : la solidification des alliages d’aluminium s’effectue avec une contrac-
tion volumique – de 6 à 11 % selon les alliages. Pour éviter l’apparition des défauts de
retassure, la solidification doit être orientée et le masselottage doit être réalisé conve-
nablement.
Selon les alliages, la retassure peut être :
– concentrée : retassure-cavité,
– ou dispersée : microretassure.
• Le gazage : à l’état liquide, l’aluminium est capable de dissoudre une certaine quantité
d’hydrogène, provenant de la réduction de la vapeur d’eau, alors que cette quantité est
beaucoup plus faible à l’état solide. Il se forme alors des porosités régulièrement réparties
au cours de la solidification. Il faut donc éliminer l’hydrogène dissous du métal liquide –
opération de dégazage. Cette opération est d’autant plus nécessaire que le refroidissement
est lent. Certains éléments modificateurs, comme le sodium et le strontium, favorisent
l’apparition de ces porosités.
475
8 • Aluminium et alliages 8.9 Fonderie de moulage des alliages
d’aluminium d’aluminium
État structural 1
Inclusions
Elles sont principalement constituées par des oxydes formés lors de la fusion des allia-
ges. Sur le métal liquide, il se forme une couche d’alumine protectrice, mais cette couche
peut être modifiée par certains éléments, comme le magnésium ou le sodium, qui la
rendent alors moins protectrice.
Au cours des manipulations, lors de la coulée, cette peau d’alumine peut se briser et être
entraînée dans la pièce. La présence de peau d’oxyde constitue une discontinuité très
défavorable aux caractéristiques mécaniques. Les oxydes doivent donc être évités par
un traitement de désoxydation approprié du bain de métal, et en se gardant de toute
turbulence lors de la coulée du métal dans le moule.
476
8.10 Applications de l’aluminium et de ses alliages
Bloc moteur
On trouve déjà en 1924 un bloc moteur en aluminium moulé en sable avec des chemises
rapportées en fonte sur les voitures Farman, puis, de 1959 à 1965, apparaissent aux
USA des blocs moteurs coulés en sable, en coquille ou en basse pression et, en France,
celui de la voiture Vega en A-S17U4G. En 1965, Peugeot avec la 204, et Renault avec
la R16, adaptent le bloc moteur moulé sous pression en alliage 46200 (A-S9U3) avec
chemises humides rapportées en fonte. Actuellement, en France, 50 % et plus des blocs
moteurs automobile sont en aluminium – 20 % et plus en Europe.
Culasses
Elles sont toutes en aluminium en France et en Italie et très souvent dans les autres pays,
sauf aux USA. Elles sont moulées en coquille par gravité ou en basse pression, princi-
palement en alliages 45400 (A-S5U3), 46300 (A-S7U3) pour les moteurs à essence,
et 43000 (A-S10G) pour les moteurs diesel.
Pistons
Les premiers pistons en aluminium ont été essayés en 1905 et montés en série sept ans
plus tard par Chenard et Walker puis Panhard. Depuis 1930, la quasi-totalité des pistons
est en aluminium. Les nuances utilisées actuellement sont le 47000 (A-S12UN) et
448000 (A-S10UNG). Pour les moteurs très sollicités, comme les gros diesels, on
préfère les alliages hypersiliciés : A-S18UNG, A-S20U, A-S22UNK…
477
8 • Aluminium et alliages 8.10 Applications de l’aluminium
d’aluminium et de ses alliages
Carters
Les différents carters sont aujourd’hui moulés sous pression en alliage 46200 (A-S9U3).
En France, le taux de pénétration est très élevé sur ce type de pièces : la moitié des
carters de distribution, les trois quarts des boîtes de vitesse, la quasi-totalité des
embrayages et des boîtiers de direction, la totalité des pompes à huile et à eau.
Pièces de sécurité
Exemples de pièces de sécurité : bras de suspension, étriers de frein, roues.
Grâce à la venue de nouveaux alliages à haute résistance aux sollicitations et à fiabi-
lité totale, l’aluminium s’implante progressivement dans ce type de pièces fabriquées par
moulage coquille en basse pression : alliage 42100 (A-S7G0,3) traité thermiquement
ou encore par filage ou matriçage.
Échangeurs
L’aluminium se substitue progressivement au cuivre dans les échangeurs thermiques :
organes de chauffage, de refroidissement, de climatisation, grâce à la mise au point de
nouvelles techniques de liaison telles par exemple que le brasage à l’air avec flux
ou, plus récemment encore, le brasage sans flux utilisant de nouveaux produits en
aluminium : tubes, bandes minces en alliages 3003, 3005, 3105, 6060 plaqués avec
métal d’apport aluminium-silicium nuances 4004, 4104.
Carrosserie
Malgré la mise au point de nouveaux alliages particulièrement adaptés du point de vue
aptitude à la mise en forme, résistance mécanique, aux chocs, tenue à la corrosion…
(nuances 5182, 6009, 6010, 6016,…), l’aluminium a eu du mal à s’implanter d’une façon
marquée et stable dans la carrosserie automobile par suite du surcoût qu’il entraîne par
rapport à l’acier. Depuis plusieurs années, l’aluminium a retrouvé un intérêt dans ce
domaine et fait l’objet d’importants développements.
Transports maritimes
Grâce à sa bonne résistance – sans protection – en milieu marin, eau de mer ou atmos-
phère marine, l’aluminium reçoit depuis 1945 un développement ininterrompu dans les
fabrications suivantes :
• bateaux de plaisance : vedettes, voiliers côtiers, voiliers de croisière ;
• bateaux de course transatlantique, coupe America…, exemple : Pen Duick III d’Éric
Tabarly ;
478
8 • Aluminium et alliages 8.10 Applications de l’aluminium
d’aluminium et de ses alliages
• bateaux de pêche ;
• bateaux de service pour le transport des passagers ;
• aménagements de ports de plaisance : pontons, quais.
Les produits utilisés sont principalement :
• les tôles pour la réalisation de la coque, en alliages de la série 5000 : nuances 5454,
5754, 5083, 5383, 5086 ;
• les profilés pour la fabrication des mâts, des renforts de la coque, en alliages de la série
6000 : nuances 6005 A, 6060, 6061, 6082 ;
• les pièces moulées pour les pièces d’accastillage, en alliages 42000 (A-S7G), 44000 (A-
S13), 51000 (A-G3T) et 41000 (A-S2GT).
Aéronautique1 C
479
8 • Aluminium et alliages 8.10 Applications de l’aluminium
d’aluminium et de ses alliages
480
8 • Aluminium et alliages 8.10 Applications de l’aluminium
d’aluminium et de ses alliages
• la menuiserie métallique constituée de profilés filés en alliage 6060 anodisés, très utili-
sés pour les fenêtres, les châssis coulissants, les portes et devantures de magasins, les
verrières et vérandas. Rappelons qu’en France, en 1985, sur les 4 500 000 fenêtres fabri-
quées, un tiers était en aluminium. De même sur les 60 000 vérandas installées chaque
année, 80 % sont en aluminium ;
• les balcons et leurs garde-corps : alliages 6005 A, 6106…
Alimentarité
Les normes NF EN 601 et EN 602 définissent les alliages utilisés dans la fabrication de matériel
et d’ustensiles servant à la préparation, à la cuisson et à la conservation des aliments.
Pour ces appareils, sont retenus les alliages définis par les normes NF A 50-411, A 50-451, A
57-703 qui respectent les teneurs limites ci-après :
– cuivre : 0,25 %,
– zinc : 0,25 %,
– plomb : 0,10 %,
– thallium : 0,05 %.
Les alliages d’aluminium corroyés utilisables sont, d’après la norme NF A 50-105 :
– les aluminiums de la série 1000 : par exemple 1050 A-1100-1200 ;
– les alliages de la série 3000 contenant jusqu’à 3 % de manganèse : par exemple 3003, 3004,
3005 ;
– les alliages de la série 5000 contenant jusqu’à 6 % de magnésium, par exemple 5005, 5052,
5082, 5251, 5754 ;
– les alliages de la série 4000 contenant jusqu’à 4 % de silicium, par exemple 4006 ;
– les alliages de la série 6000 contenant jusqu’à 1,8 % de silicium et 1,8 % de magnésium : par
exemple 6060, 6081, 6082.
Les alliages moulés utilisables d’après la norme NF A 57-105 sont les suivants :
– les aluminiums A4, A5 ;
– les alliages A-S2GT, A-S7G, A-S7G0,3, A-S7G0,6, A-S9G, A-S10G, A-S13, A-G3T, A-G6 Y4,
A-G10 Y4.
Par ailleurs, les alliages contenant plus de 5 % de magnésium sont interdits pour les appareils
de cuisson sous pression.
481
8 • Aluminium et alliages 8.10 Applications de l’aluminium
d’aluminium et de ses alliages
Applications
Les applications de l’aluminium dans l’emballage et le conditionnement se sont étendues
à tous les marchés : alimentaire, cosmétologie, hygiène, pharmacie… ; sous les formes
les plus variées telles que :
• Emballages rigides :
– boîtes de conserve, alliages 3004, 3005, 5052 ;
– boîtes pour boissons gazeuses (corps de boîte en alliage 3004, couvercles en alliage
5182) ;
– capsules de bouchage, en alliages 3003, 3105, 8011 ;
– aérosols, tubes, en alliage 1050 A.
• Emballages semi-rigides :
– tubes souples pour dentifrice, crèmes… en alliage 1070 ;
– aluplats, en alliage 3003…
• Emballages souples :
– feuille mince, en alliages 8011, 8079 ;
– surbouchage, en alliage 1200 ;
– couvercles, pots de yaourts, emballages pharmaceutiques (feuille mince contrecollée).
482
8 • Aluminium et alliages 8.10 Applications de l’aluminium
d’aluminium et de ses alliages
térabilité. Aujourd’hui, on utilise avec succès des ustensiles revêtus intérieurement d’un
téflon anti-adhésif et extérieurement d’un émail décoratif ; l’alliage 4006 est spécialement
conçu à cet effet.
• Appareils domestiques : circuits intégrés des réfrigérateurs et congélateurs, machines
à laver, semelles de fer à repasser : alliage A-S9U3 moulé sous pression avec incorpora-
tion des éléments chauffants et du circuit de vapeur directement lors de la coulée.
• Mobilier métallique : meubles de camping : alliages 6060, 6061, unités modulaires pour
rayonnages, bibliothèques, échelles : alliages 6005 A, 6106…
• Sports et loisirs : structures et accessoires de piscines, raquettes, skis : alliages 7049-
7075 entrant sous forme de bandes dans les complexes stratifiés ou renforcés, arcs,
javelots, appareils photos, caméras, équipements de jardinage, tondeuses, manches
d’outils.
• Cycles : on rencontre depuis longtemps des bicyclettes tout aluminium avec cadre en
C
483
8.11 Nouveaux produits
Anodes sacrificielles
Pour la protection des structures nues en acier immergées dans la mer, l’aluminium est
aujourd’hui le plus utilisé car possédant les meilleures capacités ; pour obtenir la même
protection, il faudrait en poids le double de magnésium, le triple de zinc. En fait, l’alumi-
nium est sous forme d’alliages aluminium – zinc – mercure (hydral 2B par exemple),
aluminium – zinc – indium (hydral 2C par exemple) ou aluminium – zinc – étain.
Bouteilles pour gaz sous pression
La norme Afnor NF A50-101 définit plusieurs alliages pour les nombreuses applications
sous forme de bouteilles à gaz comprimé, liquéfié ou dissous : ce sont les nuances 2001,
7060 (bouteilles haute pression de gaz pour le soudage), 5013, 5283 (bouteilles pour
plongée sous-marine en particulier) et 6082.
Grenailles et poudres
Les grenailles et poudres sont utilisées comme pigment pour les peintures dites
métallisées et surtout pour la fabrication du béton cellulaire, très léger du fait de la
présence de bulles d’hydrogène dues à la réaction de l’aluminium sur la chaux – isolant
phonique et thermique. Les grenailles et poudres sont également à la base des
nouveaux alliages d’avenir réalisés par la « métallurgie des poudres »1.
Applications en métallurgie
Ce sont les suivantes :
• préparation des métaux par aluminothermie : cas du bore, du baryum, du calcium, du
chrome, du cobalt, du magnésium, du manganèse, du molybdène, du tantale, du vanadium
et des ferro-alliages ;
• désoxydation des aciers ;
• aluminiage de l’acier ;
• éléments d’alliages : 2 à 10 % dans les alliages de cuivre, 2 à 9 % dans les alliages de
magnésium, 2 à 8 % dans les alliages de titane, 4 à 6 % dans les alliages de zinc, 1 à 5 %
dans certains alliages de nickel, 3 à 12 % dans certains aciers.
484
8 • Aluminium et alliages 8.11 Nouveaux produits
d’aluminium
cité, tenue en fatigue et corrosion sous contrainte en limitant les teneurs en Fer et en
silicium des alliages : « base » plus pure des alliages 7475 et 7050 [1].
Deux autres voies furent explorées : l’optimisation des traitements thermiques d’homogé-
néisation pour mettre en solution les phases riches en cuivre et en silicium et l’addition
de zirconium pour augmenter la trempabilité des produits épais donc leurs caractéristi-
ques mécaniques [2].
Le développement de la « métallurgie modélisée » dans la décennie 1990 permit des
progrès importants en métallurgie physique et mécanique des alliages classiques des
séries 2000, 6000 et 7000 en agissant sur :
– les éléments d’alliages durcissant Zn, Mg et Cu,
– les dispersoïdes notamment Al3Zr améliorant l’anisotropie des propriétés mécaniques et
la tenue en fatigue, C
Alliage Si Fe Cu Mg Zn Cr Zr Ti
7075 0,40 0,50 1,2-2,0 2,1-2,9 5,1-6,1 0,18-0,28
7150 0,12 0,15 1,9-2,5 2,0-2,7 5,9-6,9 0,04 0,06-0,15 0,06
7449 0,12 0,15 1,4-2,1 1,8-2,7 7,5-8,7 0,05 Ti + Zr : 0,25
7349 0,12 0,15 1,4-2,1 1,8-2,7 7,5-8,7 0,10-0,22 Ti + Zr : 0,25
7050 0,12 0,15 2,0-2,6 1,9-2,6 5,7-6,7 0,06-0,15
7010 0,12 0,15 1,5-2,0 2,1-2,6 5,7-6,7 0,10-0,16
7040 0,10 0,13 1,5-2,3 1,7-2,4 5,7-6,7 0,05-0,12
485
8 • Aluminium et alliages 8.11 Nouveaux produits
d’aluminium
35
Minimum Values
K1cL-T (MPaVm/KsiVin)
(31,8) 7040-T7451 Th = 150 mm (6 in.)
30
(27,3)
25 7050-T7451 7040-T7651
(22,7) 7010-T7651
20
400 420 440 460 480
(58,0) (60,9) (63,8) (66,7) (69,6)
TYS L (MPa/Ksi)
30
K1cL-T (MPaVm/KsiVin)
26
(23,6) 7040-T7651
7050-T7451
24
380 400 420 440 460 480
(55,1) (58,0) (60,9) (63,8) (66,7) (69,6)
TYS L (MPa/Ksi)
486
8.12 Commercialisation
Pour que l’aluminium puisse être utilisé dans la carrosserie, il fallut proposer des demis
produits laminés et filés présentant une bonne aptitude à la mise en forme : emboutis-
sage pour les tôles, cintrage pour les profilés conformes aux exigences spécifiques de
l’automobile. L’aspect de surface étant un critère important pour les peaux visibles de la
carrosserie, les tôles en alliage d’aluminium doivent présenter des états de surface
compatibles avec cette exigence et de plus une bonne résistance mécanique à l’inden-
tation.
Les alliages proposés aux constructeurs automobiles appartiennent aux séries 6000 dont
le 6016 et 5000 satisfont à toutes ces exigences y compris aux modes d’assemblages
par soudage (laser, par points, à l’arc) et par collage [8] [9] [10]
Les éléments de structure soumis à des sollicitations dynamiques (tenue au crash) et les
liaisons au sol sont constitués de sous ensembles assemblés principalement par
soudage de pièces moulées et de tôles et de profilés. Ils doivent impérativement présen-
C
8.11.3 Bibliographie
[1] B. DUBOST – Matériaux de structure - Les nouvelles solutions aluminium pour l’allégement des
composants structuraux. L’actualité chimique, mars 2002, p 50/55.
[2] P. LEQUEU, P. LASSINCE, T. WARNER, G. M. RAYNAUD – Engineering for the future : Weight saving
and cost reduction initiatives . International Journal of Aircraft Engineering and Aerospace Techno-
logy, vol 73, (2) 2001.
[3] T. WARNER. Recently developed aluminium solutions for aerospace applications. Conference
ICAA 10, 2006.
[4] R. SHAHANI, T. WARNER, C. SIGLI, P. LASSINCE, P. LEQUEU – Aluminium Alloys, Proceeding
ICCAA6, JILM 1998, p 1105.
[5] G. M. REYNAUD, P. LASSINCE, R. MACÉ – Key drivers for aluminium in aerospace. Aluminiium
World, (2) 2000, p 97/99.
[6] E. D. NICHOLAS - Aluminium Alloys, Proceeding ICCAA6, JILM 1998, p 139.
[7] H. GÉRARD, J. C. EHRSTRÖM, P. ANDREA – Friction Stir Welding of dissimilar alloys for aircraft. 5th
International Symposium on FSW, Metz 2004.
[8] Development of 6XXX alloy aluminium sheet for autobody outer panels : bake hardening, forma-
bility and trimming performance. Conference IBED 99.
[9] G. M. RAYNAUD, M. HENNE – New aluminium solutions for cars bodies and chassis Proceeding
of the 2th International Light Metals Technology Conference 2005.
[10] D. DANIEL, G. GUIGLIONDA, P. LITALIEN, R. SHAHANI – Oveerview of forming and formability
issues for high volume aluminium car body panel. Conference ICAA 10.
[11] M. BOUET GRIFFON, J. C. EHRSTRÖM, M. COURBIÈRE, J.J. THOMAS, Conférence Inalco 2001.
8.12 Commercialisation
L’approvisionnement d’un produit constitue une étape charnière dans le déroulement du
processus qui conduit à l’ensemble fini. À ce titre, deux principes doivent être observés :
précision et concertation.
La demande doit être précise. Il existe pour cela des documents de référence à caractère
général (normes Afnor pour la France) ou spécifiques : aéronautique, armement, EDF….
Sans aborder le cas de ces dernières, il faut, pour les produits d’usage général donner
au fournisseur les indications suivantes :
487
8 • Aluminium et alliages 8.12 Commercialisation
d’aluminium
Produits laminés
Les équipements de laminage en Europe permettent la fabrication de tôles allant de
quelques dixièmes de mm d’épaisseur jusqu’à 200 mm pour les alliages trempants, et
même au-delà pour les alliages non trempants. Les largeurs courantes possibles sont de
3 500 mm en laminage à chaud et de 2 600 mm en laminage à froid. Les longueurs
peuvent dépasser 20 m.
Parmi les grandes catégories de produits, on peut citer :
• les tôles et bandes à dessin pour planchers ;
• les tôles moyennes et épaisses (e ≤ 3 mm) en alliages haute résistance pour applications
mécaniques ;
• les tôles minces (e > 3 mm) pour la petite tôlerie ;
• les tôles moyennes et épaisses pour la chaudronnerie ;
• les bandes larges laquées et nues (largeur 2 600 mm) ;
• les tôles et bandes anodisées ;
• les tôles de qualités spéciales : grand brillant, brillant industriel,… et les tôles gravées :
pointes diamant, martelées…
Produits filés
Les presses à filer d’Europe occidentale permettent la production de profils allant jusqu’à
une largeur de 800 mm, et de barres de 600 mm de diamètre.
En fonction des alliages, on trouve des produits depuis les formes standard simples
jusqu’aux formes personnalisées les plus complexes :
• barres et tubes filés à chaud, étirés à froid ;
• tubes en couronnes et tubes soudés ;
• profilés standard (L, U, T, I) et méplats, profilés personnalisés (création d’outillages spéci-
fiques) intégrant fonctions constructives et structurales.
Les profilés et les tubes peuvent également être obtenus des deux façons suivantes :
• soit à partir de produits laminés, par formage (sur plieuse, machine à galets…) pour les
profilés, et par roulage et soudage en continu pour les tubes électrosoudés, dans ce cas,
ils peuvent être fournis :
– nus, et subir ultérieurement une finition de surface : anodisation, vernissage, laquage,
– ou pré-anodisés, prévernis, prélaqués,
488
8 • Aluminium et alliages 8.12 Commercialisation
d’aluminium
• soit par filage. Ils sont alors livrés nus et peuvent subir ultérieurement la finition de surface
souhaitée.
Parmi les produits filés sont commercialisés des systèmes adaptés à certains marchés
spécifiques tels que :
• composants pour la marine ;
• composants pour véhicules industriels ;
• méplats étamés et ossatures d’armoires pour le marché électrique ;
• gammes de menuiserie pour le bâtiment,…
Produits forgés
Ils constituent le complément aux gammes de produits filés et laminés par l’absence de
contraintes de quantités (fabrication à l’unité) et de bonnes possibilités dimensionnelles. C
Les presses à forger actuelles permettent de commercialiser des barres rondes, carrées,
489
8.13 Recyclage
Distributeurs
La distribution est assurée par les deux types de sociétés suivants :
• des sociétés qui sont filiales d’un groupe producteur ou, plus rarement, une structure
commerciale spécifique au producteur. Elles ont une implantation nationale voire euro-
péenne pour certaines ;
• des sociétés indépendantes parmi lesquelles on distingue celles dont l’activité dominante
est le semi-produit en aluminium et celles pour qui cette activité ne représente qu’une part
marginale, complémentaire à d’autres produits ferreux ou non.
Les sociétés de distribution assurent la complémentarité indispensable à la fonction du
producteur auprès d’un vaste tissu industriel : en France, près de 40 000 PMI, dont plus
de 6 000, ont une activité principale de sous-traitance. Elles ont des contraintes de travail
souvent peu compatibles avec les impératifs des producteurs, telles que :
• consommation de petites et moyennes quantités ;
• production sur délais courts : flux tendu, stock au niveau zéro.
Pour répondre à cette demande, les distributeurs proposent, à partir de stocks, des
gammes de produits standard et des systèmes. Certains sont également habilités par
les services officiels – Siar, Véritas – pour la vente de produits conformes aux normes et
aux exigences de l’industrie aéronautique et de l’armement en général.
En plus de la vente de produits sous forme standard (« en l’état »), les distributeurs
proposent un éventail très large pour certains d’entre eux, de services et de prestations
tels que préparation d’ébauches à l’aide de moyens intégrés : fraisage, surfaçage,
sciage, alésage… sur tôles et barres, refendage sur bandes, cisaillage de tôles minces,
usinage, poinçonnage, traitements de surface sur profilés,… Ce type de prestations peut
aller jusqu’à la fourniture de pièces finies.
Enfin, l’existence d’une structure technico-commerciale – c’est le cas des sociétés inté-
grées à un groupe producteur – permet d’apporter au client une aide technologique et, le cas
échéant, l’appui des unités de production, laboratoires d’analyses et centres de recherches.
8.13 Recyclage
Le recyclage est une fonction primordiale pour le développement d’un matériau. Très
souvent, en effet, la quantité de métal mise en œuvre pour la réalisation d’un objet est
bien supérieure à celle de l’objet lui-même : il faut donc pouvoir réutiliser ce surplus de
métal pour des raisons économiques évidentes.
L’objet lui-même doit pouvoir être aussi recyclé après l’usage qu’il en est fait, pour des raisons
économiques, mais surtout pour des raisons de pollution : l’exemple de l’emballage est carac-
téristique, l’aluminium et le verre sont recyclables mais le plastique ne l’est pas encore !
L’aluminium et ses alliages sont des matériaux qui se recyclent facilement. Il suffit, en
théorie, de refondre ce métal, de faire des corrections éventuelles des éléments perdus
au cours de cette fusion, et de couler le métal dans la forme désirée (lingots, billettes,…).
490
8 • Aluminium et alliages 8.13 Recyclage
d’aluminium
Recyclage interne
Il s’agit du recyclage de l’aluminium à l’intérieur d’un processus de fabrication, depuis
la fonderie qui coule le métal dans la forme voulue jusqu’à la transformation qui peut être
proche de l’utilisation finale. Dans ce cas, il est généralement facile de bien séparer les
différentes familles d’alliages, de nuances.
C’est ainsi que les chutes des billettes, des tôles et plaques en cours de laminage, les
chutes des découpes, les rebuts sont recyclés.
C’est aussi le cas, en fonderie de moulage, des jets et rebuts, qui sont systématiquement
recyclés.
Recyclage externe
C’est le recyclage des déchets de fabrication, des débris et pièces usagées, en dehors C
d’un processus habituel de fabrication. Les déchets les plus couramment concernés
Fabrication
La fabrication d’alliages d’aluminium de deuxième fusion peut être résumée ainsi :
1. Tri de la « matière première » : les déchets sont classés par catégorie : tournures,
carters, crasses,…, et des analyses sont réalisées pour déterminer une composition
moyenne des lots.
2. Concentration en aluminium : les différentes catégories de déchets sont concentrées
en aluminium par élimination d’autres éléments selon différents procédés :
• triage par densité des déchets massifs ;
• séchage et tri magnétique des tournures ;
• broyage et tri magnétique des crasses.
3. Fusion : les charges préalablement définies pour être regroupées sont généralement
fondues dans des fours de grande capacité (jusqu’à 35 t). Dans certains cas, des éléments
sont ajoutés pour obtenir l’alliage désiré et des traitements adaptés permettent de désoxyder
491
8.14 Renseignements pratiques
et d’éliminer correctement les crasses encore contenues dans les déchets, et celles créées
lors de la fusion. Des traitements au chlore permettent d’éliminer ou d’abaisser la teneur
de certains éléments.
La coulée en lingots de ces alliages se fait de façon classique sur chaîne de lingotière.
Utilisation
Les alliages dits de deuxième fusion ou d’affinage sont utilisés essentiellement pour des
raisons économiques : leur prix est généralement inférieur à celui des alliages de
première fusion.
L’utilisation typique de ces alliages est surtout la fonderie sous pression ; l’alliage
AS9U3, dans lequel les teneurs en impuretés tolérables sont élevées – 1 % de fer, 1 %
de zinc et même plus, – en est un bon exemple.
D’autres alliages sont utilisés en moulage coquille, surtout lorsqu’il s’agit d’alliages de
grandes séries automobiles comme pour l’alliage AS5U3.
Pratiquement, tous les alliages d’aluminium d’utilisation générale existent en alliage de
deuxième fusion ou d’affinage. Dans le cas de consommation très importante, ces allia-
ges peuvent être livrés à l’état liquide par poche de plusieurs tonnes.
Les alliages de moulage d’aluminium de deuxième fusion sont utilisables dans les
mêmes conditions que les alliages de première fusion avec les restrictions importantes
suivantes :
• les teneurs en impuretés sont plus élevées, en particulier le fer. Or ces impuretés
forment souvent des composés qui précipitent et qui fragilisent l’alliage. D’autre part, ces
impuretés peuvent rendre difficile la modification de l’eutectique dans les alliages des
familles Al-Si et Al-Si-Cu ;
• la reproductibilité des compositions n’est pas sûre, en particulier au niveau des impu-
retés. C’est ainsi par exemple que pour un alliage AS13 de deuxième fusion, le comporte-
ment à la retassure est aléatoire d’un lot à l’autre.
Il faut donc tenir compte de ces variations possibles lorsqu’on utilise des alliages de
deuxième fusion. En particulier, il ne faut pas exiger de ces alliages des caractéristiques
mécaniques à la limite des possibilités de l’alliage : la présence des impuretés abaissera
les caractéristiques, qui seront variables d’un lot à l’autre.
8.13.3 Conclusion
L’aluminium est largement recyclé et recyclable. Ce recyclage est d’autant plus intéres-
sant économiquement que les déchets, débris, rebuts, tournures, sont bien triés par allia-
ges. Il est alors possible de les refondre pour les réutiliser. Dans le cas contraire, si les
alliages d’aluminium ne sont pas triés, les déchets sont dévalorisés et ne sont plus utili-
sables qu’en affinage.
492
8 • Aluminium et alliages 8.14 Renseignements pratiques
d’aluminium
493
8 • Aluminium et alliages 8.14 Renseignements pratiques
d’aluminium
494
9 • Titane et alliages 9.1 Définition et notions de base
de titane
495
9 • Titane et alliages 9.1 Définition et notions de base
de titane
Propriétés Caractéristiques
Numéro atomique 22
Résistivité 47,8 μΩ x
.cm
pénalise fortement leur introduction dans la grande série : ils ne trouvent un débouché
que dans le secteur marginal de la compétition automobile.
Le tableau 9.1 présente quelques propriétés du titane.
496
9 • Titane et alliages 9.1 Définition et notions de base
de titane
497
9 • Titane et alliages 9.1 Définition et notions de base
de titane
Par traitement thermomécanique, ou, parfois par simple traitement thermique sur struc-
tures déformées, on peut briser les lamelles en nodules sphériques. On obtient alors la
morphologie équiaxe.
Lamelles et grains équiaxes peuvent coexister, on a alors :
– soit une microstructure duplex, ou bimodale, caractérisée par des nodules de phase
alpha séparés par des lamelles α + β ;
– soit une microstructure en collier caractérisée par des rangées de grains équiaxes
de phase alpha soulignant les ex-joints de grains bêta, et entourant une structure lamel-
laire α + β.
On constate donc la quasi-infinité de structures que l’on peut obtenir dans les alliages de
titane en faisant varier les éléments suivants :
– le taux de phase α : température de traitement thermique ou thermomécanique ;
– la morphologie de la phase alpha : vitesse de trempe et corroyage ;
– la taille des particules de la phase α : température et temps de maintien au cours des
traitements thermiques.
Ceci a une importance capitale, car les propriétés des alliages de titane sont aussi dues
à la microstructure. C’est ainsi que, pour un même alliage, on peut faire varier d’un
facteur 1 à 2 la résistance à la traction, de 1 à 10 la ductilité, de 1 à 2 la ténacité, de 1
à 5 la tenue au fluage, ... uniquement en faisant varier la microstructure.
498
9 • Titane et alliages 9.2 Normalisation
de titane
à la température ambiante. Les effets des éléments bêtagènes et alpha gènes étant
approximativement additifs, on peut classer les différents alliages de titane en trois gran-
des familles selon leur proportion de phase α ou β retenue à la température ambiante.
Les alliages α sont 100 % α et les alliages β 100 %β , à 20 °C. Les alliages α + β sont
donc mixtes. Cette dernière catégorie étant très vaste, on distingue les trois sous-
classes suivantes :
– les alliages quasi α (possédant très peu de phase β stable, et proches des alliages α) ;
– les alliages α + β proprement dits ;
– les alliages quasi β (ou β métastables, possédant peu de phase α et proches des
alliages β).
Dans le tableau 9.3 , on donne la composition et la classe d’un grand nombre d’alliages
actuellement utilisés ou en développement. On peut rationaliser cette classification dans
C
un graphe Aléq–Moéq où Aléq et Moéq sont respectivement les équivalents en aluminium
3
Ti 3 – 2,5 10 – 2 – 3 β – 21S
2
Al éq. = Al + Sn/3 + Zr/6 + 10 O2
1
Mo éq. = Mo + V/1.5 + Cr/0.6 + Fe/0.35
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
1 3 5 7 9 11 13 15
Mo eq
9.2 Normalisation
9.2.1 Normes françaises
Il existe les deux normes suivantes :
– La première est la norme Air éditée par le ministère de la Défense ; elle se divise
en la norme Air 9182 « tôles de titane non alliées » et la norme Air 9183 « barres,
499
Tableau 9.3 – Classification des alliages de titane.
500
Dénomination Al Sn Zr V Mo Fe Cr Si Autres Classe Aléq Moéq T>
TA5E 500 2,5 = 5,8 0,0 1 040
IMI 679 2,5 1100 50 100 0,20 = 6,5 0,0 Ð
IMI 834 5,5 40 40 0,30 1Nb0,06C Quasi = 7,5 0,3 Ð
IMI 829 5,5 3,5 30 0,25 0,30 1Nb Quasi = 7,2 0,3 1 015
de titane
9 • Titane et alliages
=+>
=+>
=+>
de titane
9 • Titane et alliages
=+>
=+>
=+>
> Q
>
Q
>
Q
>
>
>
>
>
>
>
>
>
501
C
billettes, pièces forgées, coulées en alliage de titane », toutes deux présentées dans
le tableau 9.4.
– La seconde est la norme Afnor (L 14-601 et L 14-602) éditée par l’Agence française
de normalisation (Afnor) ; quelques exemples sont donnés dans le tableau 9.4.
Il est, bien entendu, hors de question de rentrer dans les détails des normes de tous les
pays producteurs d’alliages de titane.
Pour illustrer les variations d’un pays à l’autre, nous prendrons les exemples des alliages
T40 et TA6 V qui sont très souvent utilisés, et pour lesquels nous avons établi une
comparaison dans le tableau 9.5 entre les normes françaises, américaines, anglaises,
allemandes, japonaises et russes.
Composition chimique
Désignation Propriétés mécaniques
(% poids)
Norme Afnor :
– TA6V (L14-601) 5,6-6,75 Al ; 3,5-4,5 V ; 0,3 Fe ; Rm = 923 Mpa
0,05 N ; 0,08 C ; 0,0125 H ; 0,2 O Rp0,2 = 868 Mpa A = 8 %
– TA6V (L14-602) Idem Idem
502
Tableau 9.5 – Comparaison des normes françaises, américaines, anglaises, allemandes, japonaises et russes entre elles
pour les alliages T40 et TA6V.
Alliage Norme Désignation Al V Fe(max) N(max) C(max) H(max) O(max) Si(max) Rm Rp0,2 A (%)
!
! / !
! ! / !
!
& '() ! !
!
+$
! / !
503
C
504
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
Remarque
Dans le jargon des utilisateurs français des alliages de titane, on utilise souvent le nom commer-
cial ou une abréviation imposée par la dénomination Afnor. Citons par exemple :
– TD5AC et aussi CoRoNa5 (Colt – Rockwell – Navy) ;
– TA5E et aussi Ti-5 % Al-2,5 % Sn ;
– TV15CA et aussi Ti15-3 (Timet) ;
– TA6 V et aussi Ti-64 (Usa) ou VT6 (Cei) ;
– TA5ZD et aussi beta-CEZ (Cezus) ;
– TA6ZD et aussi 685 (Imi) ;
– TA5DE et aussi 550 (Imi).
505
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
506
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
Éléments de substitution
Voici les principaux éléments de substitution et leur influence sur les propriétés d’usage :
– l’aluminium, alphagène, durcit la phase α ; on constate une amélioration de la résis-
tance et une baisse de ductilité ; la tenue au fluage est améliorée ; on limite l’aluminium C
à 7 % pour éviter des précipitations locales de phase α2 fragilisantes 1 ;
507
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
– la ténacité est réduite : ceci est, d’un point de vue mécanique, non seulement lié à
la baisse de résistance et de ductilité, mais aussi au fait que la fissure est moins pertur-
bée par le passage d’un nombre plus faible d’interfaces α/α ou α/β, sites de réamorçage,
et même, pour ces derniers, de déviations de fissures ;
– la tenue à la fatigue diminue : ceci peut s’expliquer en appliquant à la propagation
des fissures en fatigue les mêmes considérations que pour la ténacité ;
– la résistance au fluage augmente : pour les alliages de titane, elle est régie par le
fluage dans la phase α (qui a des coefficients d’autodiffusion mille fois plus faibles que
la phase β) ; les vitesses de fluage, notamment dans le régime stationnaire, sont inver-
sement proportionnelles à la taille des grains.
508
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
509
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
510
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
Vitesse de
Température Élongation
Alliage déformation
(°C) (s-1) (%)
(1) Ti-4,5Al-3V-2Mo-2Fe
(2) Ti-5Al-2Sn-4Zr-4Mo-2Cr-1Fe
511
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
Il est à noter que ces deux modes peuvent être combinés, l’emboutissage profond étant
fait pour « dégrossir » la pièce rapidement et le gonflage étant effectué pour la finition.
On peut bien évidemment mettre en forme des pièces massives en utilisant les
propriétés superplastiques des matériaux. C’est par exemple le cas des disques de
turbines. Grâce à leur grande ductilité et à la stabilité de leur écoulement, les maté-
riaux superplastiques peuvent remplir des gravures assez compliquées, le forgeage
classique ne nécessite pas l’emploi de matrices que l’on garde à la température de
forgeage. L’application à ces matériaux du forgeage superplastique requiert de
telles conditions.
Les temps de mise en forme étant très importants, et le phénomène métallurgique étant
diffusif, on peut réaliser en même temps du soudage par diffusion. C’est le fait de
pouvoir effectuer simultanément la mise en forme et le soudage (« superplastic
forming/diffusion bounding », Spf/Db en anglais) qui explique le développement de cette
technique, alliée au gain de masse dû à une mise en forme près des cotes (tableau 9.8).
Tableau 9.8 – Gains en poids et prix de revient obtenus par Spf/Db en titane.
B1 :
– injecteur air chaud 50 400 Pièces forgées acier
– dégivrage pare-brise
512
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
Densification
On peut se servir des trois procédés suivants :
– la compaction isostatique à chaud (Cic ou en anglais « hot isostatic pressing », Hip)
utilisée de façon majoritaire ;
– la compaction sous presse ;
– la compaction à chaud sous vide (en anglais « hot vacuum pressing », Vhp).
La compaction isostatique à chaud (Hip) se pratique dans une enceinte (autoclave)
en appliquant et maintenant simultanément température et pression hydrostatique.
La compaction sous presse s’effectue à froid comme à chaud en imposant une pres- C
sion par l’entremise du piston, à la poudre contenue dans un moule de forme, à trou
Applications
On peut aussi mélanger des poudres élément par élément, puis leur faire subir un
cycle Chip. Les poudres pré-alliées sont soumises au cycle Hip. On arrive à fabriquer
ainsi diverses pièces : rouets centrifuges, petites pièces d’attache moteur, implants du
genou, de la hanche, vis et écrous... Pour l’alliage TA6 V par exemple, on réalisera
un cycle Hip à 950 °C, pendant 4 heures sous 108 Pa de pression d’argon (coupe
granulométrique 100-630 µm). Le tableau 9.9 montre les gains réalisés sur quelques
pièces.
Enfin, dans le cas des poudres pré-alliées, les propriétés mécaniques en service sont
meilleures que dans le cas des poudres mélangées, et assez proches de celles de
l’alliage-mère.
513
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
514
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
Alliage β-CEZc
Équi-axea 1282 1211 11 43 051
Lamellairea 1213 1124 10 21 070
Duplexb 1045 0955 18 55 082
Collier par tsca 1259 1222 14 23 084 C
La trempe peut être effectuée en fin de transformation, ou après une remise en solution
en structure α + β. L’efficacité en sera d’autant plus grande que la phase β du cœur des
grains sera plus stable.
Le vieillissement optimal devra donner naissance à des précipités de phase de taille
(principalement la longueur) la plus limitée possible.
Le tableau 9.10 montre des exemples, pour les alliages β – CEZ et TD5AC, d’amélioration
des propriétés mécaniques.
515
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
pour les transformations dynamiques des structures lamellaires, et procède surtout par
pénétration de coins de phase β aux sous-joints α.
Enfin, une autre méthode, visant à modifier la morphologie et l’équilibre des phases,
consiste à vieillir (revenu) les microstructures après déformation ; une mise en solution
peut être intercalée pour « normaliser » la microstructure déformée. Jusqu’aux alliages
α + β, la trempe conduit souvent à la présence de phase α’, alors que, pour des alliages
quasi β, nous avons la présence de phase βm. Les phases α’ et/ou βm se transforment
en phases α et β stables au cours de ce revenu. Ce vieillissement se distingue donc de
celui des alliages à durcissement par précipitation, car il n’entraîne pas une apparition de
précipités, mais plutôt la modification de taille, de morphologie, de répartition et de
composition des phases en présence.
Les traitements thermiques peuvent donc se classer en plusieurs catégories, ce sont :
– les traitements d’adoucissement : détente des contraintes, recuit, sur-revenu ;
– les traitements de durcissement : mise en solution + vieillissement par revenu ;
– les traitements visant à améliorer une propriété spécifique : Klc, fatigue, fluage, ...
Traitements d’adoucissement
Détensionnement
La fabrication de composants en alliages de titane (matriçage, usinage, soudage...) et
les traitements thermiques eux-mêmes (trempes énergiques), peuvent générer des
contraintes résiduelles entraînant des distorsions en service.
Tous les alliages de titane peuvent subir un traitement de détensionnement qui n’affecte
pas leurs caractéristiques mécaniques. Il est effectué à une température relativement
basse par rapport au transus. En effet, il ne faut pas modifier la microstructure de l’alliage.
En général, on choisira une température entre : Tβ – 40 °C et Tβ – 20 °C, et des temps
aux fours entre 15 min et 8 heures, les durées les plus importantes étant associées aux
températures les plus basses.
Le tableau 9.11 donne quelques exemples de traitements de recuit.
Recuit
Le traitement de recuit consiste généralement en un maintien à température élevée dans le
domaine de stabilité de l’alliage, suivi d’un refroidissement relativement lent (en four, jusqu’à
500 °C environ avec arrêt à l’air), de manière à obtenir une structure pratiquement stable. En
particulier, la phase β ainsi obtenue doit être thermiquement stable pour des maintiens prolon-
gés aux températures inférieures à celles de la fin du refroidissement lent. Les traitements de
recuit simple, recommandés pour différents alliages, sont indiqués au tableau 9.11.
Le recuit simple confère généralement à l’alliage un ensemble optimal de propriétés à la
température ambiante. Cependant, pour obtenir les meilleures propriétés de résistance
au fluage avec les alliages quasi α, on a en général recours à des recuits multiples.
Le double recuit consiste en un chauffage de courte durée dans le haut du domaine α + β
(de 25 à 50 °C au-dessous du point de transformation), suivi d’un traitement dit de stabilisa-
tion plus long et à température moins élevée de 480 à 750 °C environ.
Dans la majorité des cas, les caractéristiques de l’alliage restent stables pour des tempé-
ratures d’emploi inférieures d’au moins 50 °C à la température du dernier traitement subi.
Sur-revenu
Parfois, on peut être amené à limiter la température de recuit, tout en souhaitant un adou-
cissement maximal : par exemple, pour éviter l’oxydation sur pièces finies, ou pour
conserver une répartition fine et homogène de précipités sur alliages α + β eutectoïdes.
516
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
517
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
On est alors conduit à pratiquer un sur-revenu. Il suffit d’attendre des temps très longs
– dix fois plus longs que pour un revenu.
Le sur-revenu est alors d’autant plus rapide que la température est élevée.
518
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
dureté à l’état traité, associé à une diminution corrélative de la ductilité. On note pour l’alliage
TA6 V, une baisse importante de la limite d’élasticité vers 820 à 840 °C, qui correspondrait
,,
à l’apparition d’une martensite tétragonale (phase α ), très délicate à mettre en évidence
avec certitude. Cette chute de résistance disparaît après précipitation de la phase α.
Le temps de maintien est principalement fixé par la taille et la forme des produits à
tremper, et peut varier de quelques minutes pour les tôles à quelques heures pour les
barres et pièces de forte section. La trempe doit être effectuée sur un produit dont la
température est homogène. On peut compter, en moyenne, une minute de maintien par
millimètre d’épaisseur.
La cinétique de refroidissement a une influence d’autant plus marquée sur les proprié-
tés finales que la trempabilité de la nuance est plus faible, c’est-à-dire que sa teneur en
éléments bêtagènes est plus basse. C
La trempabilité des alliages de titane n’étant pas excellente, on recherche donc, la plupart
Revenu (vieillissement)
Le revenu des phases α’ et/ou βm entraîne un durcissement important par formation de
phase α finement dispersée dans une matrice enrichie en éléments bêtagènes
β métastable ou α’ → α + β équilibre.
Le vieillissement des alliages de titane se distingue donc assez nettement de celui des
alliages à durcissement par précipitation, en ce sens qu’il n’y a pas de précipités durcis-
sants, mais simplement modification de la morphologie, de la répartition, de la composi-
tion et de la quantité des phases en présence, comparativement à l’état recuit. On perçoit
alors les très nombreux développements envisageables.
Le durcissement, dû au revenu, est en définitive fonction, de façon assez complexe, des
facteurs suivants :
– de la stabilité de la phase β, liée à la composition de l’alliage, mais aussi à la tempé-
rature de maintien avant trempe (domaine α + β) ;
– de la cinétique de trempe qui va jouer sur la proportion de phase β métastable et de
phase α’ ;
– des conditions de revenu, agissant sur la dernière étape du durcissement.
Dans le cas de produits de forte section, on a tenté, par divers moyens, d’accroître la
dureté des pièces. En effet, la vitesse de refroidissement après mise en solution est alors
assez faible et on ne peut espérer atteindre de fortes duretés. Pour pallier la médiocre
trempabilité des alliages de titane, on a mis au point un traitement particulier qui met en
valeur les possibilités d’autorevenu des phases β relativement stabilisées : la trempe
douce.
Exemple : dans le cas de l’alliage TA6VE (Ti-662), elle consiste en un maintien à 860 °C,
suivi d’un refroidissement contrôlé (50 à 150 °C/h) jusqu’à 700 °C, d’un arrêt à l’air et
d’un revenu de 4 h à 450 °C.
519
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
ment indépendants de la taille du produit, du fait de la cinétique très lente mise en jeu. Le revenu
se traduit alors par une fine précipitation de phase α dans la phase β enrichie. En plus de
l’homogénéité des caractéristiques mécaniques de traction, la trempe douce procure un compro-
mis très favorable entre le niveau de résistance et la ténacité (Klc), et supprime les difficultés
liées à la distorsion des produits trempés à l’eau.
Ténacité
C’est le premier critère à prendre en compte car il évolue, globalement, à l’inverse de la
résistance. Ainsi, le facteur d’intensité de contrainte KIc peut être relié à la charge de rupture.
Une analyse plus fine permet de mettre en évidence l’effet de certains paramètres de
traitement thermique sur la ténacité. Globalement, la structure aiguillée (phase β trans-
formée) est favorable, d’autant plus que la phase α primaire est en faible quantité : il est
probable que la propagation des fissures est gênée par la juxtaposition des plaquettes
α. À côté de la trempe depuis le domaine β, excellente en ténacité mais rejetée par
manque d’allongement à rupture, il faut citer le recuit de recristallisation (haut du domaine
α + β) qui assure un bon compromis. De même, les recuits multiples améliorent la téna-
cité, sans adoucissement notable, par la stabilisation de la phase β qu’ils entraînent.
Résistance à la fatigue
Ce cas est plus complexe que le précédent car il fait intervenir les facteurs suivants :
– la résistance à l’amorçage de la fissure, qui met en jeu l’état de surface et d’éventuels
traitements superficiels en plus de la qualité propre du métal ;
– la résistance à la propagation lente des criques, qui se rapproche de la ténacité (résis-
tance à la propagation brutale) étudiée précédemment ;
– la nature du cycle imposé : nombre et forme des cycles.
520
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
Sans entrer dans le détail, qui d’ailleurs fait encore l’objet d’études approfondies, on peut
dire que :
– pour la fatigue vibratoire, la propagation est prépondérante : on se rapprochera des
structures à haute ténacité ;
– s’il s’y superpose un effet palier (maintien de la charge au cours de chaque cycle), on
aura intérêt, en plus, à favoriser la résistance au fluage ;
– pour la fatigue oligocyclique, l’amorçage est le facteur important : il faut alors recher-
cher des structures α + β stables, très tortueuses et à grains très fins. On améliore l’amor-
çage exclusivement par une gamme thermomécanique appropriée : elle doit se terminer
par une déformation à la plus basse température possible (il faut cependant tenir compte
des risques de criques), suivie d’un recuit classique.
Fluage
C
Usure et grippage
Jusqu’à ce jour, aucune solution satisfaisante n’a encore été mise au point. On a essayé
principalement l’oxydation, la nitruration, un peu moins la boruration et la carburation. On
se heurte à de nombreuses difficultés technologiques de réalisation et d’adhérence. Il
faut ajouter que les traitements de surface du titane, modifiant la nature ou la structure
de la surface, ne sont à employer qu’avec la plus grande prudence et qu’après une étude
approfondie de leur influence : ils ont en général un effet néfaste plus ou moins prononcé
sur la résistance à la fatigue.
521
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
ressouder les porosités internes, ce qui améliore fortement les caractéristiques d’emploi,
fatigue principalement, de ces produits.
Précautions à prendre
Au cours de tous les traitements thermiques précités, il convient de garder présent à
l’esprit les problèmes suivants :
– par dilatation couplée à un éventuel effet de texture, les pièces peuvent être distor-
dues après traitement : on aura alors recours au dressage (barres, fils) et au planage
(tôles, feuillards) à chaud. On peut utiliser un four pour le recuit puis pour la mise en
solution des produits longs ou à la trempe au défilé sur les deux faces de tôles ; on peut
aussi brider les pièces dans un montage rigide lors du revenu ;
– il est aussi possible de contaminer les pièces par oxydation à l’air (couche à éliminer
par usinage mécanique ou chimique, voir paragraphe D) et par absorption d’hydrogène
pouvant donner lieu à la précipitation d’hydrures fragilisants ; on peut utiliser, pour élimi-
ner l’hydrogène, un dégazage à chaud sous vide ;
– on peut fragiliser par précipitation de phase α2 ou ω ; ce problème se règle en ajustant
les compositions chimiques (aluminium < 8 % par exemple pour éviter la phase α2) ou le
traitement thermique – trempe pour éviter la phase ω athermique, ou revenu à haute
température pour éviter la phase ω isotherme.
Il est préférable d’utiliser les fours électriques qui empêchent les contaminations par
l’hydrogène.
Les milieux de trempe les plus utilisés sont l’eau (trempe énergique) ou l’air (trempe
lente) ; on peut aussi choisir l’huile (trempe intermédiaire) ou l’immersion dans un bac
de vermiculite (trempe très lente).
522
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
titane : elles peuvent très bien s’enflammer spontanément ! Il vaut mieux l’effectuer
avec une solution lubrifiante à 5 % d’orthophosphate de potassium.
Le sablage par des particules de zircone (coupe granulo-métrique 600 mélangée à 40 %
d’eau sous 34 kPa) permet d’atteindre une vitesse de décapage de 50 min/m2. Les grais-
ses et autres produits de lubrification de mise en forme à froid sont dissous par immersion
dans des produits alcalins ou caustiques, ou encore par des détergents.
Le décapage en bain de sel se fait à chaud, entre 350 et 500 °C. Les solutions aqueu-
ses caustiques à 40-50 % de soude s’utilisent vers le point d’ébullition (125 °C) du
mélange ; il faudra prendre garde aux émanations nocives. On peut adjoindre au mélange
d’autres éléments comme, par exemple, dans le cas suivant : 50 % de NaOH + 10 % de
pentahydrate de sulfate de cuivre (CuSO4 (H2O) + 40 % d’eau à 105 °C. Ces solutions
aqueuses caustiques peuvent aussi retirer les couches d’oxyde de faible épaisseur C
(présentes après un traitement à basse température) qui ternissent l’aspect de surface.
Température de Immersion en
Rinçage en bain Rinçage en bain
formation de la bain de sel à
Alliage à 30 % de H2SO4 à 30 % de HNO3
couche d’oxyde 205 °C (min)
(min) + 3 % de HF (s)
/
(°C)
/
!" # $
%&
'()
*
+)
%&
%&
, ,
, -
.
Usinage
Il inclut les opérations de tournage, perçage, fraisage, coupage… Pour un usinage
optimal, il faut connaître le compromis entre la nature de l’outil, sa durée de vie et les
lubrifiants.
523
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
Le tableau 9.14 et les figures 9.2 et 9.3 donnent des exemples pratiques d’usinage.
Les principes simples suivants ont été établis :
– utiliser des vitesses de coupe faibles : on évite ainsi l’auto-échauffement pouvant
amener des modifications microstructurales (passer de 4 à 46 m/min résulte d’une éléva-
tion de 425 à 925 °C) ;
– maintenir des avances élevées : cela n’a que peu d’influence sur l’auto-échauffement
(passer de 0,05 à 0,51 mm/t n’accroît que de 150 °C la température) ;
– utiliser des lubrifiants (voir figure 9.3) ;
– ne jamais s’arrêter lorsque la pièce et l’outil sont en contact ;
– remplacer l’outil dès que des risques d’usure apparaissent.
524
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
20
+ 200
15 150
Émulsion
10 100 chimique Huile lourde
+ 1 pour 15 soluble
1 pour 15
5 + 0,13 mm/t
50
0,23 mm/t
0,38 mm/t
0 0
+
1) 30 40 50 60 70 80 90 100 2) 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36
Vitesse de coupe (m/min) Vitesse de coupe (m/min)
C
Figure 9.2 et 9.3 – 1) Tournage de l’alliage TA6 V – traité à 388 HB – Effet de l’outil
Soudage
Les alliages de titane se soudent par les procédés conventionnels suivants :
– Soudage à l’état liquide, pour les procédés :
• Tig ;
• Mig ;
• plasma (Paw) ;
• faisceau d’électrons (Ebw) ;
• laser (Lbw) ;
• spot ;
– Soudage à l’état solide : par diffusion (Db).
– Brasage.
525
9 • Titane et alliages 9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
de titane
526
Tableau 9.15 – Conditions de soudage par les procédés Tig, Mig et plasma – Paw –.
Procédé Tig
Épaisseur Ø électrode de Ø métal d’apport Ø de la buse Débit de gaz pro- Courant de Nombre de Vitesse
Soudure
à souder (mm) tungstène (mm) (mm) (mm) tecteur (m3/h) soudage (A) passes (mm/min)
16 310 38 – 10
Manuelle
50 310 38 – 10
Soudure
15 175 250 39 50 % He + 50 % Ar 0,85 1,7
en «V»
9.3 Propriétés d’usage et mise en œuvre
527
C
528
Pour les plats – Tfp = Trou à fond plat –
Épaisseur Diamètre Bruit de fond Atténuation Discontinuités Discontinuités multiples
(mm) du Tfp du Tfp de l’écho linéaires Distance minimale
(mm) (%) de fond Longueur des centres des
(%) (en mm Hvl) réponses (mm)
Stq Naq Stq Naq Stq Naq Stq Naq Stq Naq
5-12 suivant accord avec le client
> 12-50 1,2 2,0 30 20 50 50 3 × Hvl 5 × Hvl 25 25
de titane
9 • Titane et alliages
Dq = Disq quality Dq = Disq quality Stq = Standard quality Dq = Disq quality Naq = Non aerospace quality
9 • Titane et alliages 9.4 Applications
de titane
9.4 Applications
9.4.1 Choix par propriété spécifique
Dans le tableau 9.17, nous avons retenu certains des alliages du tableau 431.3 1 et avons
indiqué quelles étaient leurs propriétés mécaniques typiques. Quand cela a été possible,
nous avons reporté les meilleures propriétés obtenues (champion data) et leur aptitude
au soudage.
Les alliages peuvent se regrouper autour des trois catégories suivantes :
– alliages résistant à la corrosion : titane non allié, Ti-0,2 Pd, TA3 V, Ti-0,3 Mo-0,8 Ni,
βC, β21S ;
– alliages à caractéristiques mécaniques élevées : TA6 V, TA5E, IMI230, IMI367, 550, C
662 Zr, 10-2-3, TV15CA, βC, β-CEZ, SP700, Ti17, TABDV, 685, TD5AC, Ti62222 ;
529
530
Tableau 9.17 – Propriétés des alliages courants de titane (R en MPa – A ou Z en %).
C < 0,1 Fe < 0,3 O < 0,25 T40 483 352 28 – – – – – Ambiante Excellente Industrie chimique
(Astm grade 2)
2,5Cu IMI 230 540 460 16 – – – – – 350 °C Bonne Aubes, structure aéro-
nautique
5Al-2Sn-4Mo-4Zr-2Cr-1Fe β-CEZ 1 250 1 150 11 30 1 700 1 650 7 15 450 °C Bonne Disques , rouets,
aubes, structure
aéronautique
15V-3Al-3Cr-3Sn TV15CA (Ti-15-3)- 1 131 1 035 11 – 1 998 1 891 8 – Ambiante Médiocre Structure aéro-
nautique, tubes
531
C
intervient pour de très faibles teneurs pour les alliages α (200 ppm pour l’alliage T40)
et pour de plus fortes concentrations pour les alliages β (2 000 ppm pour l’alliage TV-
15CA dans son état vieilli, 15 000 ppm dans son état brut de mise en solution) ; de ce
fait, un optimum existe vers les alliages α + β qui combinent cinétiques d’absorption
lentes et dégradations limitées.
Enfin, il faut prendre garde au feu titane qui impose de mettre en face des pièces tour-
nantes en titane des matériaux différents (acier…), et à l’usure induite en petits débatte-
ments (fatigue, fretting), cause de rupture prématurée, pour laquelle les alliages quasi β
présentent une moindre sensibilité que les alliages α + β.
9.4.3 Réglementation
Nous ne rentrerons pas dans le détail des réglementations. L’ensemble des normes
fournit déjà la base des règles et des pratiques industrielles. De plus, dans la relation
client-fournisseur, viennent se greffer des clauses particulières : choix des matières
premières, type et nombre de fusions, taux de recyclage, transformation, contrôles,
états microstructuraux…
532
9 • Titane et alliages 9.6 Commercialisation
de titane
9.6 Commercialisation
C
9.6.1 Types et formes des produits commercialisés
9.6.4 Recyclage
Compte tenu de la cherté du matériau, l’industrie du titane recycle au maximum ses
déchets : chutes massives, tournure d’usinage... Les chutes massives sont retournées
par les utilisateurs à l’élaborateur qui, par la traçabilité des produits, coulée par coulée,
lot par lot, est capable de les réutiliser telles quelles. Les tournures d’usinage sont
concassées puis broyées et enfin sélectionnées sur des lignes de tri afin d’éliminer les
inclusions dures (débris d’outil) de type carbure de tungstène.
533
9 • Titane et alliages 9.7 Renseignements pratiques
de titane
Tél. : 04 79 89 73 00
Fax : 04 79 89 57 24
Services commerciaux
Tél. : 01 34 41 63 64
Fax : 01 34 41 63 60
Titanium information group e/o Inco engineered alloys
28-30, Derby Road
MELHOURNE Derbvshire DE 7 1 FEUK
Tél. : 00 44 332 86 49 00
Fax : 00 44 332 86 48 88
Titanium development association (Tda)
4141 Araphoe avenue, Suite 100
BOULDER Co, 80303 États-Unis
Tél. : 00 1 303 443 75 15
Fax : 00 1 303 444 50 85.
Cette association commercialise une disquette 3,5 pouces sur le titane et ses alliages
pour le prix d’environ 5 US $.
9.7.2 Référence
Nous conseillons de plus la lecture des ouvrages suivants :
DONACHIE M.J., – Titanium : a technical Guide. Donachie Jr Ed., Asm international, 1988.
Proceedings 7th World conference on titanium.
Proceedings international conference on titanium products and applications. Tda Eds,
1986 (2 volumes).
Proceedings international conference on titanium products and applications. Tda Eds,
1990 (2 volumes).
β−Titanium alloys in the 90’s, EYLON, BOYER, KOSS Eds, TMS, 1993. Aime, 1984.
534
10 • Nickel et alliages 10.1 Définitions
base nickel-Superalliages
C
Paul Blanchard
535
10 • Nickel et alliages 10.2 Classement – Nuances principales
base nickel-Superalliages
Il est donc nécessaire de les classer en tenant compte d’une part de leur composition, et
d’autre part de leur méthode de fabrication.
10.2.1 Compositions
On retrouve deux familles principales correspondant respectivement à la résistance à la
corrosion humide et à la résistance à chaud. Certaines nuances ont à la fois une résis-
tance élevée à la corrosion humide et une bonne résistance à chaud ; pour la clarté de
l’exposé, nous les classerons dans une troisième famille. Enfin nous présenterons une
quatrième famille regroupant les nuances comportant des caractéristiques physiques
spéciales.
Désignation
Nuance C Mn Fe Si Cu Ni S
Iso
Nickel 2001 Ni99,01 < 0,15 < 0,31 < 0,4 < 0,3 < 0,2 > 99 < 0,01
Nickel 2011 Ni99,0 LC1 < 0,02 < 0,3 1 < 0,4 < 0,3 < 0,2 > 99 < 0,01
Monel 400a NiCu301 < 0,3 1 <2 1 < 2,5 < 0,5 28/34 > 63 < 0,025
Monel R405a 10 < 0,3 1 <2 1 < 2,5 < 0,5 28/34 > 63 0,025/0,06
Monel K500a NiCu30Al3Ti1 < 0,25 < 1,5 <2 < 0,5 27/33 > 63 < 0,01
536
10 • Nickel et alliages 10.2 Classement – Nuances principales
base nickel-Superalliages
Uranus B6a
NY 904Lb
2RK65Cc X1 NiCrMoCu25-20-5 < 0,02 <2 < 1,0 24/26 19/21 4/5 1,2/2
XN28Vf
Sanicro 28c
Ny 928 b
X1 NiCrMoCu31-27-4 < 0,02 < 0,71 < 0,7 30/32 26/28 3/4 0,7/1,5
C
NSCDd
NY 920S b
X3 NiCrCuMo33-20-3-2 < 0,06 <2 <1 32/35 19/21 2/3 3/4 Nb8C/1
20C B3e ,0
254Smog X1 CrNiMoCuN20-18-7 < 0,02 <1 < 0,7 17,5/18,5 19,5/20,5 6/7 0,5/1 NO,18/0,25
Cronifer
X1 NiCrMoCu25-20-7 < 0,02 <1 < 0,5 24/26 19/21 6/7 0,5/1,5 NO,15/0,25
1925hMoh
Marques commerciales : (a) Creusot Loire Industrie ; (b) Imphy SA ; (c) Sandvik ; (d) Ugine ; ACG ; (e) Carpenter Tech ; (f) Aubert et Duval ;
(g) Avesta ; (h) VDM.
Ils ont des teneurs en fer faibles ou minimales et d’autres additions destinées à augmen-
ter leur résistance à la corrosion et/ou leur résistance mécanique : molybdène, cuivre,
tungstène, niobium, aluminium et titane.
Alliages superréfractaires
Le tableau 10.5 présente les principaux alliages superréfractaires. Nous reviendrons ci-
après sur l’utilité des différents éléments de leur composition. Remarquons dès à présent
les points suivants :
• Ces compositions sont très complexes et définies par un grand nombre d’éléments.
• Elles comprennent en général une teneur en chrome du même ordre que celle des
aciers inoxydables, bien que, pour les nuances les plus chargées en éléments d’alliages,
on doit limiter cette teneur en chrome pour des raisons d’optimisation de la structure
métallurgique des produits.
• Elles comportent en même temps plusieurs éléments destinés à augmenter la résistance
à chaud des alliages : molybdène, tungstène, niobium, tantale, aluminium, titane. À ces
éléments, qui ont des teneurs de quelques pour-cent, s’ajoutent des éléments en teneur
plus faibles comme le bore, le zirconium et le hafnium.
• Enfin, et ceci ne peut être indiqué en détail dans le tableau, les spécifications de ces
alliages imposent des limites très basses pour les teneurs des éléments nocifs. Pour
537
10 • Nickel et alliages 10.2 Classement – Nuances principales
base nickel-Superalliages
Désignation Autres
Nuance C Ni Cr Mo Ti Nb Al
Afnor éléments
Hastelloy Gb Cu 1,5/2,5
NC22FeDu < 0,05 Bal 21/23,5 5,5/7,5 1,75/2,5
Fe 18/21
Hastelloy B2b
NiMo28 < 0,02 Bal <1 26/30 Fe < 2
Adnic 265De
Hastelloy C276b
14,5
NY 276 a NiCr16Mo16W4 < 0,01 Bal
16,5
15/17 W 3/4,5
Adnic 56De Fe 4/7
Hastelloy C4b NiCr16Mo15Ti < 0,015 Bal 14/18 14/17 < 0,7 Fe < 4
Incoloy 825c
NY 825 a NiCr21Fe31Mo3TiCu < 0,05 39/43 20/22 2,5/3,5 0,6/1,2 Fe Bal
Adnic 280e
Incolloy 925c NiCr21Fe30Mo3Ti2Cu < 0,05 39/43 20/22 2,5/3,5 1,8/2,5 < 0,6 Fe Bal
Inconel 625c
SY 625 a NiCr22Mo9Nb < 0,1 Bal 20/23 8/10 < 0,4 3,15/4,15 < 0,4 Fe < 5
Per 625e
Marques commerciales : (a) Imphy SA ; (b) Haynes ; (c) Inco ; (d) VDM ; (e) Aubert et Duval.
Dénomination
Nuance Afnor/Norme C Ni Cr Ti Al Fe Autres
européenne éléments
In 600b
Adnic 275Ed NiCr15Fe < 0,05 Bal 16 0,2 0,2 9
Nicrofer 7216e
In 690b
NY 690a NiCr29Fe < 0,02 Bal 29 9
Nicrofer 6030e
In 601b
NY 601a NiCr23Fe < 0,03 Bal 23 0,2 1,5 14
Nicrofer 6023e
Nimonic 75b
NiCr20Ti < 0,06 Bal 19,5 0,4 <5
Per 1d
538
Tableau 10.5 – Nuances superréfractaires.
SY286d X6 NiCrTiMo
Corroyé 0,05 26 15 1,5 2,15 0,2 VB Fe Bal
XN26TWe VBB26-15-2
In 718a NiCr19Fe19
Corroyé 0,04 52,5 19 3,05 0,9 0,5 5,15 B.Fe 18,5
Pyrad 53NWe Nb5Mo3
HS 25b
CoCr20W15N Corroyé 0,10 10 20 Bal 15
base nickel-Superalliages
10 • Nickel et alliages
XSHe
CoCr22Ni22
HS 188b Corroyé 0,10 22 22 Bal 14,5 La
W15La
Waspaloyc NiCr20Co13
Corroyé 0,07 Bal 19,5 13,5 4,3 3 1,40 B
Per 3e Mo4Ti3Al
Udimet 500c
NiCr19Co18 Corroyé 0,08 Bal 19 18 4 3 3 B
SY 500d
Mo4Ti3Al3
Per 5e
Udimet 700c NiCr15Co18 Corroyé 0,10 Bal 15 18,5 5,2 3,5 4,25 B
Per 7e Ti3Al4Mo5
Marques commerciales : (a) Inco ; (b) Haynes ; (c) Special metals ; (d) Imphy SA ; (e) Aubert et Duval ; (f) Canon-Muskegam.
* Métallurgie des poudres. ** Moule monocristallin.
10.2 Classement – Nuances principales
N.B. : Les indications de dénomination Afnor ne correspondent pas à des normes mais à des appellations usuelles qui peuvent varier suivant les spécifications.
539
C
l’alliage NiCr19Fe19Nb5Mo3, pour pièces tournantes de réacteur par exemple, ces limi-
tes sont les suivantes :
– Étain ≤ 0,005 % ;
– Argent ≤ 0,001 % ;
– Plomb ≤ 0,001 % ;
– Bismuth ≤ 0,0001 %.
Nuances de type superréfractaires utilisées pour leur résistance à la
corrosion humide
Le tableau 10.6 présente les principales de ces nuances. Elles ont été développées
comme nuances superréfractaires, mais leurs teneurs élevées en chrome et en molyb-
dène leur confèrent une résistance élevée à la corrosion humide. De plus, leurs additions
en aluminium, titane et niobium leur procurent une résistance à froid très supérieure à
celle des aciers inoxydables.
Nuances de caractéristiques physiques spéciales
Le tableau 10.7 indique quelques exemples de nuances utilisées pour leurs caractéristi-
ques d’amagnétisme, de dilatation et de résistance électrique ; comme dans le cas des
alliages mentionnés au paragraphe ci-dessus, les nuances amagnétiques ont d’abord été
développées pour leurs applications à haute température.
540
base nickel-Superalliages
10 • Nickel et alliages
Tableau 10.6 – Principales nuances de type superréfractaire utilisées pour leur résistance à la corrosion humide.
Désignation Autres
Nuance C Ni Cr Mo Ti Nb Al Co Fe
Afnor éléments
NY R40 a X5 NiCrCoMoTi-
< 0,15 34/40 18/21 3/3,5 2,5/3,5 < 0,25 6/11 Bal B
B35-20-8-3-3
Waspaloyb
NiCr20Co13Mo4Ti3Al < 0,10 Bal 18/21 3,5/5 2,75/3,25 1,2/1,6 12/15 B
Per 3d
In 718c
Pyrad 53NWd NiCr19Fe19Nb5Mo3 < 0,08 50/55 17/21 2,8/3,3 0,65/1,15 4,75/5,5 0,2/0,8 Bal B
SY 718a
Marques commerciales : (a) Imphy SA ; (b) Special metals ; (c) Inco ; (d) Aubert et Duval.
10.3 Données métallurgiques de base
541
C
SY 286a X6 NiCrTiMo
Amagnétisme 0,05 26 Bal 15 1,25 2,15 0,2 B
XN 26TWc B26-15-2
NY R40 a X5 NiCrCoMoTi-
Amagnétisme < 0,15 36 Bal 19,5 3,25 3 < 0,25 B.Co 8,5
B35-20-8-3-3
In 718c NiCr19Fe19
Amagnétisme 0,04 52,5 18,5 19 3,05 0,9 0,5 B
Pyrad 53NWc Nb3Mo3
In 600b
NY 600 a NiCr15Fe Dilatation 0,05 Bal 9 16 0,2 0,2
Adnic 275Ec
• En premier lieu, la résistance à la corrosion humide des aciers inoxydables et des supe-
ralliages est due à leur passivation, c’est-à-dire à la formation d’une couche protectrice
d’oxydes ou hydroxydes sur leur surface. L’élément à la base de cette formation est le
chrome en teneur supérieure à 11,5 %, mais l’efficacité de la passivation est accrue
suivant les milieux d’emploi des alliages par des additions de molybdène et de cuivre, et
par l’augmentation de la teneur en nickel. De ces additions résultent non seulement
l’augmentation de l’effet de barrière de la couche d’oxyde mais aussi la rapidité de sa
reconstitution lorsqu’elle est détruite.
Dans le cas des nickels peu alliés et des alliages nickel-cuivre, il se forme aussi une
couche protectrice à la surface du métal. La nature de cette couche et sa résistance
dépendent de la nuance et du milieu corrosif. Citons par exemple la couche de fluorure
que le nickel forme dans l’acide fluorhydrique. C
• En second lieu, la corrosion localisée par piqûres s’amorce par une rupture du film
Alliage C Si Ni Cr W Fe Mo
543
10 • Nickel et alliages 10.3 Données métallurgiques de base
base nickel-Superalliages
NiCr22Fe18Mo NiCr7Co8W5Al5Ta8Ti
544
10 • Nickel et alliages 10.3 Données métallurgiques de base
base nickel-Superalliages
Alliages superréfractaires
La structure de ces alliages est en général très complexe et constituée de plusieurs
phases dont la nature, la relation cristallographique avec la structure austénitique de
base, la morphologie et la répartition sont optimisées avec soin. De plus, la manière dont
évolue cette structure en service, stabilité ou au contraire évolution et même apparition
de phases nocives, est un point clé de la qualité des produits.
La résistance mécanique de ces alliages est obtenue par les trois mécanismes complé-
mentaires suivants :
• Durcissement de la solution solide par des éléments, le molybdène et le tungstène,
dont l’atome est beaucoup plus gros que celui de la matrice de base.
• Précipitation de carbures : le carbone, en combinaison avec des éléments comme le
titane, le niobium, le tantale, l’hafnium, le molybdène et le chrome, forme des carbures qui
ont pour effet de renforcer les joints de grain à haute température. On sait que le fluage
se produit alors par le cisaillement de ces joints de grain et les carbures ralentissent ce
cisaillement.
• Précipitation de phases intermétalliques de type A3B dans lequel A représente
surtout le nickel et B le titane, l’aluminium et le niobium. Cette phase est appelée γ ′
(gamma prime) ou Ni3 (Ti, Al) dans le cas très fréquent ou le durcissement est provoqué
par le titane et l’aluminium. Elle est appelée γ ′′ (gamma seconde) dans le cas où c’est le
niobium qui correspond à l’élément B. Ces précipitations de carbures et de phases inter-
métalliques sont obtenues par des traitements thermiques constitués de deux parties dont
chacune peut être divisée en plusieurs traitements1 : mise en solution à haute température
et revenu de précipitation ou vieillissement.
La figure 10.1 montre sur une micrographie électronique un exemple de structure durcie
par des carbures et la phase γ ′ avec les traitements thermiques utilisés.
Par ailleurs, indiquons que l’on ajoute de faibles quantités (quelques dizaines à quelques
centaines de parties par million) d’éléments comme le bore et le zirconium qui renforcent
les joints de grain à haute température.
Depuis le début de l’évolution des superalliages jusqu’à maintenant, on a réalisé des
nuances avec des proportions de phase γ ′ de plus en plus élevées par rapport à la phase
545
10 • Nickel et alliages 10.3 Données métallurgiques de base
base nickel-Superalliages
austénitique de base. La figure 10.2 montre l’effet de cette augmentation sur la résistance
au fluage.
Cette augmentation de la quantité de phase γ ′ amène cependant plusieurs types de
problèmes qui sont :
• la faisabilité du matériau ; en particulier l’aptitude à la transformation à chaud (forgeage-
laminage) diminue et les alliages à plus de 45 % de phase γ ′ sont à peu près inforgeables
lorsqu’on part de lingots. On a alors recours à la fonderie et aussi à la métallurgie des
poudres préalliées ;
• la stabilité en service de la structure métallique ; on résoud ce problème par une opti-
misation globale de la composition des alliages.
Mentionnons pour terminer cet aperçu de l’étude de la structure des superréfractaires
l’importance de leur taille de grain. Là encore, on réalise un compromis entre plusieurs
objectifs :
• un grain fin favorise la résistance mécanique à température modérée (600/750 °C), la
résistance à la fatigue et la soudabilité ;
• un gros grain favorise la résistance au fluage à haute température.
546
10 • Nickel et alliages 10.3 Données métallurgiques de base
base nickel-Superalliages
760 ° C
60
45
870 ° C
30 C
0
0 15 30 45 60 75
Volume (% de γ’)
Alliages superréfractaires
Trois principaux types de gammes de fabrication sont utilisés pour ces alliages, ce sont :
• la coulée de lingots et le corroyage à chaud, et éventuellement à froid. C’est de loin la
voie la plus importante par le tonnage concerné ;
• la métallurgie des poudres préalliées ;
• la fonderie de précision.
547
10 • Nickel et alliages 10.4 Normalisation
base nickel-Superalliages
limite et est employée pour les disques les plus chauds des réacteurs d’avion –
compresseurs haute pression et turbines.
En résumé, elle comporte les étapes principales suivantes :
• élaboration sous vide et atomisation dans l’argon ;
• tamisage de la poudre, par exemple à une granulométrie inférieure à 75 micros ;
• compactage isostatique à chaud et / ou extrusion ;
• corroyage par matriçage.
Fonderie de précision
Enfin, pour les pièces les plus chaudes des réacteurs d’avion, et en particulier les
aubes de turbine, on utilise la fonderie de précision sous vide avec, soit une solidifica-
tion équiaxe, soit une solidification orientée, soit encore une solidification monocristalline.
Par ce procédé, on peut couler des pièces quelle que soit leur teneur en phase γ ′. De
plus, dans les alliages utilisés sous forme de pièces monocristallines, les éléments du
type bore, zirconium, hafnium, destinés à renforcer les joints de grain ne sont plus néces-
saires. Il en résulte une augmentation de la température de fusion et, par là, la possibilité
de remonter la température de mise en solution, ce qui permet d’augmenter encore la
quantité de phase durcissante dans l’alliage.
10.4 Normalisation
La démarche de réalisation des normes européennes des alliages de nickel n’est pas
terminée en 2008.
Les alliages concernés par ce chapitre relèvent des normes suivantes :
– EN 10088 : « Aciers inoxydables ». Cette norme remplace partiellement les normes fran-
çaises NFA 35-573 et NFA 35-574.
– EN 10090 : « Aciers et alliages pour soupapes de moteurs à combustion interne ». Cette
norme remplace partiellement la norme française NFA 35-579.
– EN 10095 : « Aciers et alliages de nickel réfractaires ». Cette norme remplace partielle-
ment la norme française NFA 35-578.
– EN 10302 : « Aciers et alliages à base de nickel et de cobalt résistant au fluage ».
À noter qu’au paragraphe 1.5 de cette norme, il est écrit : « La présente norme européenne
n’est pas destinée à être utilisée dans le cadre d’applications aérospatiales ou sous
pression ». Dans ces types d’applications, sa référence n’a donc qu’une valeur indicative
et il est nécessaire de se référer aux spécifications des utilisateurs et aux normes Aecma
existantes qui sont évoquées ci-après.
– EN 10269 : « Aciers pour éléments de fixation ».
Aucune norme européenne ne couvre les alliages à base de nickel résistant à la corro-
sion. Cependant, certains d’entre eux sont nommés dans d’autres normes qui corres-
pondent à d’autres caractéristiques que la résistance à la corrosion. Par exemple, le
NiCr19Fe19Nb5Mo3 apparait dans la norme pr EN 10302 correspondant à la résistance
au fluage.
À chacune de ces normes européennes correspond une norme française de même
numéro. Par exemple, la norme française NF EN 10088 correspond à la norme euro-
péenne EN 10088.
548
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
549
550
Tableau 10.10 – Correspondance entre des normes et dénominations
françaises, européennes et américaines.
Coefficient
Module Conductibilité Chaleur
moyen
Nuance Densité de Young thermique spécifique
de dilatation 2
(kN/mm ) (W/(m.K)) (J/(kg.K))
20-400 °C 10-6K-1
Ni99,0 8,9 14 214 70,0 470
NiCu30 8,8 15,5 180 21,8 427
NiCu30Al3Ti 8,46 14,6 180 17,5 420
X1 NiCrMoCu25-20-5 8,1 16 196 14,0 460
X1 NiCrMoCu37-27-4 8,0 16,6 193 14,0 500
C
Résistance à la corrosion
Le choix de la solution adaptée pour résoudre un problème de corrosion prend en compte
les facteurs suivants :
• la résistance à la corrosion du matériau, et cela dans toutes les parties de l’appareil
concerné, par exemple ses soudures ;
• le coût du matériau et de sa mise en œuvre ;
• le coût des dysfonctionnements du matériel dus à la corrosion éventuelle du matériau.
À propos des coûts des matériaux, remarquons qu’ils croissent avec leurs teneurs en
éléments coûteux (nickel, molybdène, niobium) et avec la complexité de leurs processus
de fabrication1. Par ailleurs, ce choix nécessite une connaissance très précise du milieu
corrosif et de ses conditions d’action. En effet, les phénomènes de corrosion peuvent être
fortement modifiés par des facteurs comme l’aération du matériau et son érosion, les
phénomènes galvaniques et la contamination du milieu.
La difficulté de cette connaissance rend d’ailleurs utiles les essais en service, lesquels
sont souvent réalisés en fait par une modification des choix initiaux après des premiers
résultats décevants.
551
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
Ces essais étant cependant très lourds, on effectue bien entendu des essais de labora-
toire pour caractériser le comportement des matériaux. Ces essais sont de deux types :
• Essais de documentation ou de recherche : il s’agit en particulier des essais
électrochimiques. On caractérise par exemple la résistance à la piqûration et à la
crevasse par la mesure du potentiel de piqûre, du potentiel de repassivation et du pH
de dépassivation.
• Essais normalisés : ils ont pour objet la caractérisation de la résistance d’un matériau à
un ou plusieurs types de corrosion. Citons par exemple :
– pour la corrosion sous tension, l’essai ASTM G36 en solution à 42 % de chlorure de
magnésium bouillant (153 °C) ;
– pour la corrosion par piqûres et crevasses, l’essai ASTM G 28 ;
– pour la corrosion intergranulaire, l’essai Huey ou ASTM A262 – pratique C, et l’essai
Strauss.
552
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
Nous reviendrons plus en détail1 sur la résistance à la corrosion humide des différentes
nuances en considérant leurs principaux domaines d’applications.
553
554
Tableau 10.13 – Caractéristiques physiques des alliages réfractaires et superréfractaires.
NiCr15Fe 1395-1427 8,43 12,4 15 16,6 213 17,2 24,6 33 460 525 711
base nickel-Superalliages
10 • Nickel et alliages
NiCr23Fe 1360-1411 8,1 14,4 15,3 16,7 205 11,2 20 26,6 460 527 707
NiCr20Ti 1390-1420 8,35 12,2 14,1 15,5 206 12,5 20,8 29,2 460 500
X6 NiCrTiMoVB-26-15-2 1370-1400 7,9 16,5 17,5 18,7 200 14,2 22,6 26,4 460 502 628
NiCrFe19Nb5Mo3 1200-1355 8,19 12,8 14,4 16 205 12,1 18,4 24,7 460 502 586
NiCr22Fe18Mo 1287-1358 8,22 13,9 14,9 16 205 10,9 20,0 26,8 460 544
CoCr20W15Ni 1330-1410 9,13 12,3 14,3 16 235 10,9 18,8 27,2 377
CoCr22Ni22W15La 1302-1330 9,13 11,9 14,8 16,5 235 13,4 19,3 25,4 410
NiCr20Co13Mo4Ti3Al 1303-1360 8,19 12,2 13,9 15,7 202 11,3 17,6 24,7 450
NiCr19Co18Mo4Ti3Al3 1286-1342 8,02 11,9 14 15,7 215 11,3 17,6 25,1 450 500 600
NiCr15Co18Ti3Al4Mo 1204-1399 7,91 13,4 13,9 15,6 225 11,7 20,5 29,3 460 500 620
à la rupture
Résistance
Rm (MPa)
Nuance
A (%)
10 000 h 100 000 h 10 000 h 100 000 h 10 000 h 100 000 h
555
556
Tableau 10.15 – Caractéristiques mécaniques des alliages réfractaires – Valeurs moyennes.
Rm (MPa)
Résistance
à la rupture
R0,002 (MPa)
Limite d’élasticité
X6 NiCrTiMoVB-26-15-2 740 1030 25 430 320 320 210
NiCr19Co18Mo4Ti3Al3 780 1250 16 960 800 750 550 390 270 205 135
NiCr15Co18Ti3Al4Mo5 990 1450 17 900 860 620 430 290 220 140
557
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
Striction (%)
100
NiCr15Fe
90
80
70
60 NiCr19Co18Mo4Ti3Al3
50
900 1 000 1 100 1 200 1 300
Température d’essai (°C)
La recherche d’une structure à grains fins nécessite des conditions de forgeage anti-
nomiques par rapport à celles qui permettent d’éviter la formation de criques. Ainsi, pour
obtenir un grain fin, on doit déformer fortement le métal dans toute sa masse pour éviter
un écrouissage critique provoquant la formation de gros grains dans les régions les moins
déformées. De plus, on a intérêt à travailler à température relativement basse parce que
l’écrouissage du métal, correspondant à une déformation donnée, augmente lorsque la
température diminue. Ces deux conditions sont favorables à la formation de criques.
Ces considérations montrent que la fabrication de pièces en superalliages de structure
contrôlée est délicate et demande souvent des mises au point cas par cas. Elle nécessite
des contrôles de fabrication sévères, notamment en ce qui concerne la température des
fours de préchauffage et des produits en cours de transformation. La forgeabilité des
alliages de nickel est enfin altérée par la présence de soufre dans les atmosphères de
préchauffage, cet élément provoquant une corrosion sèche du métal comme on l’a vu
précédemment. Ceci amène à utiliser pour le préchauffage soit des fours électriques
soit des fours à gaz naturel.
558
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
→
+ 760 8 heures Maintien 8 h
NiCr22Mo9Nb 950-1050 10-30 Air
(grade 1)
1 090-1 200 10-30 Air
(grade 2)
559
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
Traitement
Nuance Traitement de revenu
de mise en solution
NiCr23FeSiTi 1 100 °C-30 min TE
NiCr15Fe 700/750 °C-30 min TA
NiCr23Fe 1 100/1 150 °C-30 min TA
NiCr20Ti 1 020/1 050 °C-30 min TA
NiCr16Al 1 095 °C-30 min TA
X6 NiCrTiMoVB26-15-2 980 °C-1 h TH 720 °C-16 h TA
NiCr19Fe19Nb5Mo3 955 °C-1 h TA 720 °C-8 h refroidissement 50 K/h
620 °C-8 h TA
→
NiCr22Fe18Mo 1 150/1 175 °C-1 h TE
CoCr20W15Ni 1 225 °C-10/15 min TA
CoCr22Ni22W15La 1180°C – 10/15 min TE
NiCr20Co13Mo4Ti3Al 1 080 °C-4 h TA 850 °C-24 h TA + 760 °C-16 h TA
NiCr19Co18Mo4Ti3Al3 1 080/1 120 °C-4 h TA 850 °C-24 h TA + 760 °C-16 h TA
NiCr15Co18Ti3Al4Mo5 1 120/1 175 °C-4 h TA 1 080 °C-4 h TA + 850 °C-24 h TA +
760 °C-16 h TA
NiCr15Co17Mo5Ti3Al4 1 080/1 120 °C-4 h TA 650 °C-24 h TA + 760 °C-8 h TA
NiCr11Co16Mo6Ti4Al4 1 150/1 190 °C TBS 600 °C 700 °C-24 h TA + 800 °C-4 h TA
NiCr12Mo4Al6Ti 1 150/1 175 °C-2 h TA 925/1 000 °C-4/16 h TA
NiCo15Cr10Al5Ti5Mo3 1 150/1 175 °C-2 h TA 925/1 000 °C-4/16 h TA
NiCr7Co8W5Al5Ta8Ti 1 300 °C-3/6 h 1 100 °C-5 h TA + 870 °C-16 h TA
(a) Nuances des tableaux 10.4, 10.5, 10.6.
TA : trempe à l’air ; TE : trempe à l’eau ; TH : trempe à l’huile ; TBS : trempe au bain de sel.
560
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
561
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
10.5.4 Usinage
Superalliages sans durcissement par précipitation2
L’usinage des superalliages sans durcissement par précipitation est analogue, mais en
plus difficile, à celui des aciers inoxydables austénitiques comme l’AISI 316L ou X2
CrNiMo17-12-2. De même que ces aciers, ces alliages ont plusieurs propriétés physiques
et mécaniques défavorables à l’usinabilité, qui sont :1
• une conductibilité thermique faible,
• un coefficient de dilatation élevé,
• une écrouissabilité élevée : la limite d’élasticité passe de 200/300 MPa, à l’état hyper-
trempé, à 1 500/2 000 MPa à l’état fortement écroui.
Les vitesses de coupe sont réduites de 40 à 60% par rapport à l’AISI 316L ou
X2 CrNiMo17-12-2. L’usage d’outils en carbures à angle de coupe positif est recom-
mandé, ainsi que celui de lubrifiants à fort pouvoir réfrigérant.
Alliages superréfractaires
L’usinage des nuances superréfractaires2 est encore plus compliqué car, en plus des
caractéristiques que nous venons d’énoncer, ils conservent leurs propriétés mécaniques
à haute température et contiennent un pourcentage élevé de constituants durs et abra-
sifs (carbures et phases intermétalliques comme la phase γ ′) qui produisent des usures
intenses des outils.
Pour les procédés d’usinage conventionnels : tournage, fraisage, perçage, alésage, on
utilise des outils en carbures (K 10-K 20). Cependant, le développement des moyens
d’usinage avec lesquels la durée de la coupe proprement dite occupe une part croissante
du temps (machines à commande numérique, centres d’usinage pilotés par ordinateurs
et ateliers flexibles) rend intéressant l’usage d’outils de coupe en céramique, comme
la nuance Al2O3 + SiCW, qui sont plus coûteux mais ont des performances beaucoup
plus élevées. Ils permettent en effet des vitesses de coupe de huit à dix fois supérieures
à celles des carbures.
C’est l’analyse technico-économique de chaque application qui détermine le choix de l’outil
utilisé. De plus, les gammes d’usinage sont adaptées aux caractéristiques des outils.
Par ailleurs, la faible usinabilité des alliages superréfractaires rend particulièrement avan-
tageux les procédés d’usinage, sans enlèvement de copeaux :
• la rectification profonde et l’usinage chimique ou électrochimique remplacent couramment
le fraisage ;
• l’électro-érosion et le laser remplacent le perçage ;
• le laser est utilisé pour le découpage.
562
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
Cependant, l’usinage par électro-érosion, et aussi par laser, porte les surfaces usinées
à température élevée et peut altérer la qualité du métal sous-jacent. La couche affectée
doit alors être enlevée par fraisage ou usinage électrochimique.
563
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
Dans le cas d’assemblage par soudage de deux alliages différents, on utilise comme
métal d’apport la même nuance que la nuance la plus noble des deux nuances assem-
blées.
Les alliages à base nickel-chrome peuvent être brasés. Comme pour le soudage, on doit
réaliser des assemblages très précis et évitant les anfractuosités. De plus, la couche de
matériau de brasage doit être mince car sa résistance mécanique est très inférieure à
celle du métal de base. Un matériau de brasage typique pour ces alliages est l’AWS BNi-1
(72Ni-16Cr-4Fe-4Si-3,8B) qui a une bonne résistance à la corrosion et une température
de brasage pas trop élevée (1 120 °C). Pour ce brasage, on utilise des fours sous hydro-
gène sec ou sous argon.
Alliages superréfractaires
En ce qui concerne le soudage1, les alliages NiCr22Fe18Mo, CoCr20W15Ni et
CoCr22Ni22W15La, qui ne sont pas durcis par précipitation, sont à rattacher à la famille
des nuances dont nous venons de parler précédemment.
Pour les nuances à durcissement par précipitation, la soudabilité décroît lorsqu’augmente
la somme aluminium + titane, c’est-à-dire la quantité de phase durcissante γ ′.
L’alliage NiCr19Co18Mo4Ti3Al3 est difficile à souder et les nuances
NiCr15Co18Ti3Al4Mo5, NiCr15Co17Mo5Ti3Al4 et NiCr11Co16Mo6Ti4Al4 encore plus
difficiles. La nuance NiCr19Fe19Nb5Mo3 a une bonne soudabilité malgré son durcisse-
ment important parce que, dans ce cas-là, il s’agit surtout de la phase durcissante Ni3Nb
qui précipite beaucoup plus lentement que la phase Ni3(Ti, Al) des autres alliages.
La faible aptitude au soudage de ces alliages est liée à des problèmes de fissuration à
chaud de la zone fondue et de la zone affectée par le soudage, et aussi de fissuration
au revenu de durcissement dans la zone affectée par le soudage.
Les procédés utilisés pour le soudage des alliages superréfractaires sont les suivants :
• procédé Tig ;
• soudage par faisceau d’électrons (FE) ;
• friction inertielle. Ce procédé sans fusion est réservé à l’assemblage de pièces de révo-
lution. Son principe est le suivant : les deux pièces sont montées sur une machine en ayant
le même axe de révolution. L’une des deux est entraînée par un volant d’inertie tournant à
grande vitesse, et rapprochée de l’autre avec une pression parallèle à l’axe commun. Une
liaison avec forgeage se forme dans la zone de contact ;
• brasage et brasage-diffusion.
Les avantages et les inconvénients de ces divers procédés sont présentés dans le
tableau 10.18.
Pour résoudre les problèmes de soudage des alliages superréfractaires, on doit jouer
sur les caractéristiques métallurgiques et sur les procédés de soudage :
• on modifie la composition et l’élaboration d’un alliage donné pour améliorer sa soudabilité.
Ainsi le X6 NiCrTiMoVB26-15-2 a un dérivé à soudabilité améliorée, le X3 NiCrTiMoVB26-
15-2, avec des teneurs abaissées en carbone, titane, silicium et manganèse. De plus, le
premier est habituellement élaboré à l’air avant refusion alors que le second est élaboré au
four à induction sous vide (VIM) avant refusion ;
1. L’essentiel des informations présentées dans ce paragraphe est issu de l’article de J.P. Ferté cité
à la section 10.9.
564
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
Remarque
La norme NF EN ISO 18274 définit la désignation des produits d’apport de soudage pour les
alliages de nickel, selon deux symboles :
– type de produits : S pour les fils et baguettes, B pour les feuillards pleins ;
– l’analyse du produit d’apport soit à partir d’une désignation alphanumérique, soit à partir d’une
désignation symbolique précisée par la norme.
565
10 • Nickel et alliages 10.5 Propriétés d’usage
base nickel-Superalliages et mise en œuvre
10.5.8 Contrôle
Comme nous l’avons déjà vu précédemment2, la normalisation des alliages de nickel est
encore en cours de réalisation. D’autre part, la norme pr EN10302 qui couvre les aciers
et alliages à base de nickel et de cobalt résistant au fluage, n’est pas destinée aux appli-
cations aérospatiales qui constituent le domaine d’emploi majeur des alliages super-
réfractaires. Il en résulte que les contrôles de ces produits sont en général effectués soit
suivant des normes étrangères, comme les normes américaines de l’ASTM, soit suivant
les spécifications propres des clients.
Il faut d’autre part souligner l’importance de l’assurance qualité qui, après avoir été
appliquée dans l’énergie nucléaire et l’aéronautique dès les années soixante, tend à se
généraliser, notamment dans l’application des super-alliages. On suit une démarche en
plusieurs temps, qui est la suivante :
• homologation du système qualité du fournisseur ; certains clients homologuent ce
système suivant leurs propres spécifications, d’autres imposent l’application d’une des
normes NF ISO 9 000 :
566
10 • Nickel et alliages 10.6 Applications
base nickel-Superalliages
10.6 Applications
10.6.1 Nickel et alliages nickel-cuivre
• Le nickel non allié est utilisé dans les industries alimentaires. Il est employé dans les
matériels de fabrication et de manipulation du fluor et du brome.
Il résiste à l’acide fluorhydrique anhydre jusqu’à 600 °C. Dans les solutions aqueuses de
cet acide, il peut être utilisé jusqu’à 100 °C. Aux températures plus élevées, on lui préfère
l’alliage NiCu30. Il est enfin très résistant à la soude caustique.
Pour les emplois à plus de 300 °C, on utilise la nuance à bas carbone pour éviter une
fragilisation par précipitation de carbone aux joints de grains du métal.
• L’alliage NiCu30 est utilisé dans les ambiances marines et l’industrie chimique. Il est
employé pour la manipulation de l’acide sulfurique en conditions réductrices et pour celle
de l’acide fluorhydrique. Il est aussi utilisé en contact avec l’eau de mer en mouvement
et en particulier sur les plate-formes off-shore. Bien que moins résistant que le nickel non
allié, il est aussi employé en contact avec les solutions alcalines.
• L’alliage au soufre – Monel R-405 de l’Inco – est une nuance à usinabilité améliorée
réservée à la fabrication de visserie.
• La nuance NiCu30Al3Ti est utilisée pour des pièces fortement sollicitées. Elle est,
par exemple, employée pour des arbres de pompe en service marin et aussi dans le
matériel de forage pétrolier.
10.6.2 Superalliages
Les superalliages sont principalement utilisés dans les industries chimiques et pétrochi-
miques et dans la construction des turboréacteurs aéronautiques et des turbines à
gaz. Le tableau 10.19 donne une répartition de leurs principales familles d’applications.
1
Ces alliages sont utilisés dans les milieux sulfuriques ou phosphoriques pollués ou non
par des chlorures. Ils sont aussi utilisés dans les milieux chlorurés comme l’eau de mer
567
10 • Nickel et alliages 10.6 Applications
base nickel-Superalliages
Production
Consommation
Applications des alliages
nette (tonnes)
(tonnes)
et les puits de forage pétroliers acides. Les nuances dont le PRE est supérieur à 40
peuvent être utilisées pour la fabrication des produits en contact avec le corps humain :
lunettes et bracelets montres.
L’alliage NiMo28 est à part puisqu’il ne contient pas de chrome. Il résiste à l’acide chlo-
rhydrique à toutes concentrations et à toutes températures ainsi qu’aux milieux fortement
réducteurs.1
Les autres alliages à base nickel-chrome ont une très bonne résistance en milieu chlo-
ruré. Nous allons voir plus en détail leurs différentes applications :
• L’alliage NiCr22Mo7Nb2Cu est insensible à la corrosion sous tension et à la corrosion
intergranulaire. Dans les milieux chlorurés, il résiste à la corrosion par piqûre. Il est aussi
utilisé pour sa très bonne tenue à la corrosion en milieux sulfurique et phosphorique chauds.
• Les alliages NiCr16Mo16W4 et NiCr16Mo15Ti, outre leur résistance à la corrosion
humide, ont une bonne résistance à l’oxydation jusque vers 1 000 °C.
Leur teneur élevée en molybdène les rend impropres à une utilisation dans l’acide nitri-
que qui est fortement oxydant.
Ils ont une excellente résistance à l’acide phosphorique en toutes concentrations jusqu’à
110 °C. Au-dessus de cette température, et pour des concentrations supérieures à 70 %,
la vitesse d’attaque reste inférieure à 0,6 mm par an.
Leur résistance aux acides acétiques et formique est excellente. Ils résistent aussi à
l’acide fluorhydrique dont l’action agressive est accrue par la présence d’agents oxydants.
Leur résistance aux piqûres, aux crevasses et à la corrosion sous tension dans l’eau de
mer est excellente et cela pour des températures atteignant 100 °C. Il en résulte qu’ils
sont employés dans les forages pétroliers acides de grande profondeur.
Ils ont enfin une très bonne résistance aux hypochlorites et au chlore libre et sont
employés dans l’industrie de la pâte à papier et le transport du chlore sec ou humide.
568
10 • Nickel et alliages 10.6 Applications
base nickel-Superalliages
Alliages superréfractaires 1
Ces alliages sont employés surtout dans l’eau de mer là où une limite d’élasticité élevée est
indispensable.1 Dans certains cas, pour améliorer leur résistance à la corrosion sous tension,
on ne les traite pas à leur niveau de résistance mécanique maximale. Par exemple, la limite
d’élasticité minimale du NiCr19Fe19Nb5Mo3 peut être abaissée de 1 034 à 800 MPa pour
assurer une bonne résistance en milieu NACE (NaCl 5 %-CH3COOH 0,5 %-saturation en H2S).
Superalliages utilisés pour leur résistance à chaud
Alliages réfractaires à base de nickel 2
569
10 • Nickel et alliages 10.6 Applications
base nickel-Superalliages
Alliages superréfractaires 1
À part les applications de certains d’entre eux2, les alliages superréfractaires sont utili-
1
sés surtout dans les turboréacteurs aéronautiques et les turbines à gaz. Les nuances
sans durcissement de précipitation sont employées dans les chambres de combus-
tion.
• L’alliage X6NiCrTiMoVB26-15-2 est maintenant utilisé surtout en boulonnerie après
l’avoir été dans le passé dans les pièces tournantes. Il tend d’ailleurs à être remplacé par
l’alliage NiCr19Fe19Nb5Mo3. Ce dernier est massivement employé dans les réacteurs
actuels. Il y est en général utilisé sous forme de pièces corroyées, mais aussi sous forme
de pièces moulées pour des parties statiques.
• Les alliages NiCr20Co13Mo4Ti3Al, NiCr19Co18Mo4-Ti3Al3, NiCr15Co18Ti3Al4Mo5,
NiCr15Co17Mo5Ti3Al4, NiCr11Co16Mo6Ti4Al4, NiCr18Co15Ti5Al2Mo3W et
NiCr13Co8MoWNbTiAl sont surtout utilisés pour des pièces tournantes de réacteurs
comme les disques de turbine ou les disques des derniers étages de compresseurs. Les
nuances de métallurgie des poudres ont été développées parce qu’elles ont à la fois des
caractéristiques de traction, de fluage et de fatigue élevées. En ce qui concerne la fati-
gue, il s’agit d’une part de résistance à l’endommagement par fatigue, et d’autre part de
vitesse de propagation des fissures initiées sur les défauts du métal comme les inclusions
non métalliques. Pour ces nuances, la maîtrise et le contrôle des inclusions en nature,
morphologie, dimensions et nombre, sont les points clés de la qualité.
Ces alliages sont utilisés à la fois pour leur inoxydabilité et pour une caractéristique physi-
que particulière.3
• Les trois nuances X6 NiCrTiMoVB26-15-2, X5 NiCrCoMoTi35-20-8-3-3 et
NiCr19Fe19Nb5Mo3, sélectionnées pour leur amagnétisme, sont utilisées en milieu
marin, notamment les deux premières, comme dans les drageurs de mines, et dans les
cas où l’on recherche en plus une limite d’élasticité élevée.
• La nuance NiCr15Fe a un coefficient de dilatation intermédiaire (13.10-6K-1) entre celui
des aciers peu alliés (9.10-6K-1) et celui des aciers inoxydables austénitiques (1,6.10-6K-1).
Dans les cuves de réacteurs nucléaires, elle sert à la réalisation de pièces intermédiaires
entre ces deux familles de nuances, de façon à limiter les contraintes induites par leurs
dilatations différentes.
• Les deux nuances de résistances électriques NiCr23FeSiTi et NiCr20 ont des structu-
res austénitiques. Elles sont préférées aux nuances fer-chrome-aluminium ferritiques
moins coûteuses quand une résistance au fluage plus élevée est nécessaire, et aussi
dans le cas des atmosphères carburantes et nitrurantes. Cependant, la nuance NiCr20
est sensible à la carie verte, corrosion sèche catastrophique due à l’alternance de condi-
tions oxydantes et carburantes.
570
10 • Nickel et alliages 10.7 Évolution des matériaux
base nickel-Superalliages
571
10 • Nickel et alliages 10.7 Évolution des matériaux
base nickel-Superalliages
fois du prix relativement bas et de la résistance mécanique élevée de l’acier peu allié. La
figure 10.5 montre un exemple de telles pièces.
Nouvelles nuances
Enfin, la recherche de nouvelles nuances apportant un meilleur compromis entre leurs
caractéristiques mécaniques et leur résistance à la corrosion est toujours poursuivie. On
assiste par exemple au développement de nuances dérivées du NiCr22Mo9Nb par une
addition de titane de l’ordre de 1,2 % qui, par précipitation de phase γ ′ – Ni3 (Nb, Ti) –,
permet d’obtenir des limites d’élasticité supérieures à 800 MPa. Citons l’exemple de la
nuance Inconel 725 de composition suivante :
C Ni Cr Mo Ti Nb Al
≤ 0,03 55/59 19/22 7/9,5 1/1,7 2,75/4 0,3
L’intérêt de ces nuances par rapport à celles du tableau 10.6 est une meilleure résistance
à la piqûration en milieu chloruré.
572
10 • Nickel et alliages 10.7 Évolution des matériaux
base nickel-Superalliages
Nouveaux produits
En ce qui concerne les nouveaux produits, mentionnons en premier lieu les alliages
à dispersion d’oxydes (ODS ou Oxide Dispersion Strengthened) qui sont à l’étude
depuis plusieurs années, et commencent à se développer malgré leur coût élevé et
la difficulté de leur mise en œuvre. L’alliage de l’Inco MA754 à base Ni78-Cr20, et
contenant 0,6 % d’oxyde d’yttrium (Y2O3) est maintenant utilisé pour des aubes fixes
de turbines à cause de ses caractéristiques intéressantes à haute température.
Une autre famille de produits, les aluminiures, fait l’objet de recherches pour remplacer
les alliages de disques de turbine. Il s’agit de composés intermétalliques contenant de
l’aluminium : Ti3Al, TiAl et Ni3Al, dont la densité est inférieure à celle des alliages à base
de nickel et dont les propriétés mécaniques à chaud semblent pouvoir être intéressantes.
Des efforts importants sont en cours pour résoudre les problèmes que posent encore ces
matériaux comme leur manque de ductilité à froid.
Un disque de compression centrifuge en alliage Ti-48Al-2Nb-2Cr est en cours d’essais
aux États-Unis pour remplacer un disque en ln 718. Le gain de poids est de 45 %.
573
10 • Nickel et alliages 10.8 Commercialisation
base nickel-Superalliages
10.8 Commercialisation
10.8.1 Relations clients-fournisseurs
La nature des relations technico-commerciales entre les clients et les fournisseurs de
superalliages dépend des produits concernés et de leurs domaines d’applications. Pour
les alliages les plus simples, la relation est du même type que pour les aciers inoxyda-
bles. Les spécifications d’achat ont essentiellement pour objet la composition chimique,
les caractéristiques mécaniques à froid et les dimensions de produits.
Dans le cas des superalliages résistant à la corrosion et des alliages superréfractaires
utilisés dans certaines industries, comme l’aéronautique, l’énergie nucléaire, l’automo-
bile, l’électronique et la fabrication d’appareils à pression, la relation client-fournisseur est
beaucoup plus complexe, comme il a été exposé précédemment1. Les spécifications des
produits sont très détaillées et comprennent de nombreux contrôles. De plus, la démar-
che d’assurance qualité fait l’objet de véritables contrats entre le fournisseur et son client.
Par ailleurs, un même produit peut avoir plusieurs niveaux de qualité, et donc des spéci-
fications différentes chez le même utilisateur. Par exemple, l’alliage NiCr19Fe19Nb5Mo3
peut, pour le même moteur d’avion, avoir plusieurs niveaux de qualité correspondant
respectivement aux pièces tournantes, aux pièces statiques et à la boulonnerie. Les
spécifications de ces différentes qualités se distinguent surtout par des exigences de
structure et des démarches de contrôle et d’assurance qualité plus ou moins sévères.
574
10 • Nickel et alliages 10.8 Commercialisation
base nickel-Superalliages
575
10 • Nickel et alliages 10.9 Renseignements pratiques
base nickel-Superalliages
• Tecphy La pardieu
6, rue Condorcet
63063 CLERMONT-FERRAND Cedex 1
576
10 • Nickel et alliages 10.9 Renseignements pratiques
base nickel-Superalliages
10.9.3 Bibliographie
BRADLEY E.F. – Superalloys, a Technical Guide. ASM International Metal Park, OH 44073, USA,
1988.
DILLON C.P. – Corrosion control in the chemical process industries. Nickel development institute,
1994. C
DURAND-CHARRÉ M. – The Microstructure of Superalloys. Gordon and Breach Science Publishers,
577
10 • Nickel et alliages 10.9 Renseignements pratiques
base nickel-Superalliages
578
11 • Zinc et alliages 11.1 Introduction
de zinc
Roger Baltus, Paul Delpire, Francis Michaud, Ronald Racek, Bernard Wojciekowski
C
11.1.2 Utilisation
Le zinc est utilisé dans de nombreux secteurs que l’on peut classer de la façon suivante.
Alliages de zinc
Ils sont utilisés pour la fabrication de pièces et d’objets divers. On distingue :
• Les alliages de fonderie : développés à partir des années 1930 en utilisant du
métal très pur. On peut, par utilisation des techniques modernes de coulée sous
579
11 • Zinc et alliages 11.1 Introduction
de zinc
(e) estimation
580
11 • Zinc et alliages 11.1 Introduction
de zinc
Monde
CEE France Belgique Allemagne
occidental
0
!
"#$
%
&'(
) !
" *
+, " -
$%.
/
581
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Laminés
Ils sont connus depuis longtemps ; dans les pays de l’ouest de l’Europe leur forte utilisa-
tion en couverture, en systèmes d’évacuation d’eaux pluviales et en finitions des toitures
en tuiles, ardoises et autres matériaux traditionnels, date de la fin du XIXe siècle. Ici
encore l’amélioration des produits proposés est passée par la mise au point d’un zinc
allié spécifique.
Usages divers
Ce sont les suivants :
• poudres et laminés pour la fabrication des piles électriques,
• poussières pour l’industrie chimique,
• oxydes pour l’industrie des caoutchoucs, céramiques, peintures, pharmacie.
À titre indicatif, on trouvera ci-après une répartition des différents usages pour l’année 1996
(tableau 11.3).
11.2 Revêtements
à base de zinc sur acier
11.2.1 Types de revêtements et terminologie1
La protection de l’acier contre la corrosion est l’utilisation la plus importante du zinc.
Plusieurs procédés sont disponibles pour l’application des revêtements à base de zinc :1
• Galvanisation à chaud ou recouvrement par immersion dans un bain de zinc
fondu : les produits ainsi revêtus sont appelés produits galvanisés2. Ce procédé s’appli-
que aux produits finis et tubes galvanisés au trempé ainsi qu’aux tôles et bandes et fils
galvanisés en continu.
• Zingage électrolytique ou déposition électrolytique de zinc : les produits ainsi revêtus
sont appelés produits électrozingués2 (pièces traitées en bain mort ou au tonneau, tôles
électrozinguées en continu).
• Zingage par projection à chaud ou recouvrement par projection de zinc fondu au
pistolet : les produits ainsi revêtus sont appelés produits métallisés au zinc2.
• Zingage par matoplastie ou recouvrement par écrasement de particules de zinc à
l’aide d’un moyen d’impact (billes de verres) au sein d’un milieu chimique.
• Shérardisation : nom donné à un procédé thermochimique de diffusion superficielle de
zinc dans l’acier3.
• Application de peinture métallique riche en zinc : dans son paragraphe « Remarque
quant aux peintures », la norme NF A 91-010 précise que l’application de peintures conte-
nant de la poudre ou poussière de zinc est exclue des dénominations de zingage, galva-
nisation, projection à chaud. Pour désigner ces couches de peinture, l’emploi des termes
582
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Propriétés Caractéristiques
Numéro atomique 30
Valence 2
C
Structure hexagonal compact
Masse volumique
3
(à 25 °C) 7,14 g/cm
(solide à 419,5 °C) 6,83 g/cm3
(liquide à 419,5 °C) 6,62 g/cm3
Conductivité thermique
(à 18 °C) 113 W/(mK)
(solide à 419,5 °C) 96 W/(mK)
(liquide à 419,5 °C) 61 W/(mK)
Coefficient de dilatation
thermique linéaire
(monocristal selon l’axe a) 15 μm/(mK) (0 à 100 °C)
(monocristal selon l’axe c) 61 μm/(mK) (0 à 100 °C)
(polycristal) 39,7 μm/(mK) (20 à 250 °C)
« peinture métallique au zinc » ou « peinture métallique riche en zinc » évite toute ambi-
guïté.
583
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Propriétés Caractéristiques
Coefficient de dilatation
thermique volumique 0,89 × 106 K1(20 à 400 °C)
Résistivité électrique
(à 20°C) 5,9 μΩm
(liquide à 419,5 °C) 37,4 μΩm
Coefficient de température
de la résistivité 0,0419 nΩm/K (0 à 100 °C)
de travail de 450 °C. Des impuretés telles que l’étain, le cuivre et le cadmium peuvent
également être présentes.
Selon la norme NF EN ISO 1461 qui régit la galvanisation de ces produits, le zinc dans
le bain de galvanisation doit contenir un total d’impuretés (autres que le fer et l’étain),
définies dans la norme NF EN 1179, ne dépassant pas 1,5 % en masse.
Certains galvanisateurs utilisent un bain de zinc allié, le Technigalva®, qui, en plus des
éléments habituels, tels que le plomb et l’aluminium, contient de 0,04 à 0,06 % de nickel.
Le Technigalva® a été mis au point pour résoudre le problème posé par la galvanisation
des aciers au silicium (cf. 11.2.4).
584
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Zingage électrolytique
Les unités de traitement des tôles en continu et des pièces utilisent des anodes solubles
en zinc de pureté Z1 sous des formes très diverses, spécifiques aux installations.
Concernant les alliages de zinc :
• Pour les tôles, c’est un alliage zinc-nickel qui est principalement utilisé. Dans la norme
NF EN 10271 concernant les « produits plats en acier, revêtus de zinc-nickel par voie
électrolytique », il est stipulé que le revêtement d’alliage zinc-nickel obtenu doit contenir de
10,5 à 13 % de nickel. Cet alliage peut être revêtu d’une fine couche de revêtement orga-
585
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
nique d’un micromètre d’épaisseur : c’est le cas du Durasteel®, notamment produit et utilisé
au Japon.
• Pour le traitement des pièces, divers alliages sont déposés dont les teneurs en élément
dans le dépôt sont :
– alliage zinc-fer contenant de 0,3 à 0,8 % de fer,
– alliage zinc-nickel : selon les formulations, la teneur en nickel se situe entre 6 et
15 %.
– alliage zinc-cobalt titrant entre 0,2 et 0,8 % de cobalt.
Zingage par projection à chaud (métallisation)
Le procédé met généralement en œuvre du zinc sous forme de fil de composition
conforme au type Zn 99,99 de la norme ISO 752, soit d’alliage zinc-aluminium contenant
85 ± 1 % de zinc Zn 99,99 et 15 ± 1 % d’aluminium Al 99,7, conforme à la norme ISO
209-1 (Al 1070).
586
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
L’électrode ayant le potentiel le plus électronégatif est appelée anode. C’est le cas du
zinc dont le potentiel normal d’oxydoréduction par rapport à l’électrode à hydrogène est
de – 0,76 volt, celui du fer étant de – 0,44 volt. L’anode est le siège des phénomènes
d’oxydation (perte d’électrons), donc de corrosion.
L’électrode ayant le potentiel le moins électronégatif est appelée cathode. C’est à la
cathode que l’on a les phénomènes de réduction (gain d’électrons), donc de protection.
La cathode est donc en état de protection d’où l’expression de protection cathodique ou
protection sacrificielle.
Si des discontinuités apparaissent dans un revêtement de zinc appliqué sur acier et en
présence d’humidité, il y a formation d’une pile où le zinc est l’anode et l’acier la cathode.
Le phénomène d’oxydation est reporté sur le zinc anode qui protège ainsi l’acier cathode
de la corrosion. Les sels de zinc produits par la réaction anodique polarisent la pile, ce C
qui empêche la corrosion de l’acier.
Préparation de la surface
Avant immersion dans le bain de zinc fondu, maintenu à une température de l’ordre de
450 °C, les produits subissent plusieurs opérations de préparation de surface afin de
permettre la réaction entre le zinc liquide et l’acier.
Il existe également un procédé de galvanisation des produits finis utilisant un bain de zinc
à haute température (≈ 550 °C). Il est principalement employé en Allemagne et dans les
pays nordiques, mais non en France, sur des petites installations, pour la galvanisation
de la boulonnerie.
La gamme généralement pratiquée comporte :
• un dégraissage qui a pour but d’éliminer tous les corps gras et salissures qui empêche-
raient la dissolution des oxydes de fer superficiels. Il est le plus souvent réalisé en milieu
alcalin, ce qui nécessite un rinçage à l’eau soigné des pièces avant introduction dans le
bain de décapage, ou parfois en milieu acide sans rinçage ultérieur ;
• un décapage chimique, généralement réalisé en solution d’acide chlorhydrique, parfois
d’acide sulfurique, qui élimine la calamine et autres oxydes présents à la surface de l’acier.
Il est suivi d’un rinçage à l’eau efficace pour laver les pièces des sels de fer et traces rési-
duelles d’acides qui pollueraient la solution de fluxage. Le décapage chimique est parfois
remplacé par un décapage mécanique (grenaillage), en particulier dans le cas de la
fonte, pour éliminer les grains de silice présents à la surface des pièces ;
• un fluxage qui a pour rôle d’éviter une réoxydation de l’acier entre le rinçage qui suit le
décapage acide et l’immersion dans le bain de zinc. Il est effectué dans une solution
aqueuse de chlorure de zinc et de chlorure d’ammonium. Les pièces fluxées sont généra-
lement séchées dans une étuve pour éviter des projections de zinc liquide lors de l’immer-
sion des pièces encore humides dans le bain de zinc. Au moment de cette immersion, le
flux se décompose, favorisant la réaction zinc-fer : c’est le cas en galvanisation dite par
voie sèche.
587
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Le fluxage est parfois effectué par passage des pièces au travers d’un couvert de sels
fondus de chlorure de zinc et de chlorure d’ammonium disposés sur une partie de la
surface du bain de zinc. L’émersion des pièces se fait par la partie du bain non couverte
de flux. Cette technique, plus ancienne, appelée galvanisation par voie humide, est
en voie de disparition. En France, elle n’est actuellement utilisée que dans 3 ou 4 bains
de galvanisation, sur les 80 bains environ que compte la profession.
Opération de galvanisation
Le respect des différentes opérations de surface décrites ci-dessus a permis d’obtenir
une surface propre favorable à une bonne réaction zinc-fer, donc prête à être galvanisée
par immersion dans le bain de zinc fondu.
Lorsqu’on immerge l’acier dans le zinc liquide puis qu’on le retire du bain, il n’y a pas
qu’un simple entraînement de zinc qui se solidifie à la surface de l’acier, mais également
une réaction métallurgique de diffusion entre le zinc et le fer et la formation de plusieurs
couches d’alliages zinc-fer qui se produit pendant l’immersion dans le bain de zinc.
Quand on retire l’acier du bain, il y a entraînement du zinc qui se solidifie à la surface
des composés intermétalliques zinc-fer. Le revêtement, dans toute son épaisseur, est
ainsi métallurgiquement lié à l’acier de base.
Les différentes couches sont désignées par les lettres grecques utilisées dans le diagramme
zinc-fer. Leur teneur en fer est de plus en plus élevée au fur et à mesure que l’on atteint la
surface de l’acier. Leur composition et dureté sont indiquées dans le tableau 11.5.
La dureté des composés zinc-fer, plus élevée que celle de l’acier de base, confère au
revêtement une résistance au frottement et à l’abrasion très intéressante et spécifique de
la galvanisation à chaud de ces produits.
Les épaisseurs des revêtements obtenus, leur structure et leur aspect dépendent princi-
palement de la composition de l’acier, en particulier de ses teneurs en silicium et en phos-
phore, éléments qui jouent un rôle important sur la réactivité de l’acier vis-à-vis du zinc
liquide. Deux types de comportement sont observés.
• Aciers peu réactifs. Sur ces aciers, après formation assez rapide des couches d’allia-
ges zinc-fer, la vitesse de réaction décroît avec le temps et l’épaisseur du revêtement
atteint un maximum, même si l’on prolonge la durée d’immersion.
Avec ces aciers, on obtient les épaisseurs minimales exigées par la norme NF EN ISO 1461.
Par exemple, un acier d’épaisseur ≥ 3 mm et < 6 mm doit avoir une masse moyenne mini-
588
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
male de revêtement de 505 g/m2, ce qui correspond à une épaisseur de 70 µm, et un acier
d’épaisseur ≥ 6 mm, une masse moyenne minimale de revêtement de 610 g/m2, soit une
épaisseur de 85 µm.
• Aciers réactifs. Sur ces aciers, la vitesse de formation des couches d’alliages zinc-fer
est beaucoup plus rapide, ce qui conduit à l’obtention de revêtements dont les épaisseurs
sont notablement supérieures aux minima imposés par la norme.
La présence, dans l’acier, de silicium et de phosphore au-delà de certaines teneurs, est
à l’origine de cette réactivité accrue. Les revêtements obtenus sont en grande partie
constitués de composés intermétalliques zinc-fer de couleur grisâtre qui peuvent appa-
raître en surface. Ces composés ayant une résistance à la corrosion atmosphérique iden-
tique à celle du zinc, le problème posé lorsqu’ils affleurent la surface du revêtement est
uniquement d’ordre esthétique. Il faut cependant prendre plus de précautions lors du C
transport et de la mise en place des pièces, ce type de revêtement étant plus sensible
P – – ≤ 0,040
(1) Par accord à la commande, l’analyse sur produit peut être effectuée.
589
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
! "
590
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Traitements de surface
Application de peinture
L’application de peinture sur acier galvanisé est aujourd’hui largement répandue et tech-
niquement maîtrisée. Elle apporte un plus tant sur le plan de l’esthétique que sur celui
de la résistance à la corrosion dans des environnements particulièrement agressifs.
Comme sur tout autre support, l’application de peinture sur une surface de zinc exige le
respect de conditions spécifiques : se reporter à la fiche technique du fabricant qui doit
indiquer les conditions de préparation de surface et d’application à respecter en relation
avec la nature de la peinture à appliquer ainsi que la compatibilité du produit avec le zinc.
591
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Quels que soient le système de peinture ou la famille de liant choisis en fonction de l’agres-
sivité de l’environnement, il faut en effet, outre une préparation de surface adaptée, que la
formulation complète de la peinture (liant, pigments, etc.) ait été étudiée en vue d’être appli-
quée sur le zinc, pour lui assurer une bonne adhérence après la mise en service.
La préparation de surface de l’acier galvanisé avant application de peinture peut être de
deux types :
• soit mécanique, en effectuant un « balayage » oblique (environ 45 °) à l’aide d’un abrasif
de type silicate d’aluminium et de magnésium, de granulométrie comprise entre 0,2 et
0,5 mm, sous une pression inférieure à 3 bars, avec un diamètre de buse de 5 à 6,5 mm
et à une distance de 500 mm de la surface à préparer. Dans ces conditions, la réduction
maximale d’épaisseur de la couche de zinc est d’environ 10 µm.
En aucun cas, il ne faut utiliser les abrasifs et les conditions pour le décalaminage de
l’acier, car elles sont trop violentes et risquent de provoquer l’éclatement du revêtement
galvanisé ;
• soit chimique, en effectuant un décrochage acide, suivi d’un rinçage soigné et d’un
séchage, puis un dégraissage par projection sous pression d’une solution diluée d’ammo-
niaque à 5 % environ, suivi d’un rinçage soigné et d’un séchage.
Parmi les peintures applicables, on peut citer les peintures monocomposants de type
acrylique hydrodiluable, ou acrylique solvanté, ou époxydique et les peintures à deux
composants époxydique et polyuréthane, ou acrylique hydrodiluable et polyuréthane.
À noter que les peintures à liant saponifiable, telles que les peintures alkydes ou glycé-
rophtaliques, donnent souvent des pertes d’adhérence. Le recours à des peintures
primaires réactives (wash primer) est délicat et ne peut être éventuellement envisagé
qu’en atelier.
• Traitement de passivation
Dans certains cas particuliers (par exemple marché à l’exportation nécessitant un transport
par mer et un stockage prolongé à quai ou dans des conditions climatiques défavorables),
les cahiers des charges exigent que le revêtement galvanisé soit protégé contre la forma-
tion de taches de stockage humide plus communément appelées « rouille blanche ».
En effet, lorsque de l’eau provenant de pluie ou de condensation d’humidité est retenue
et emprisonnée entre des pièces empilées ou colisées en vue de leur stockage ou de
leur transport, il y a formation rapide de taches blanchâtres à la surface du zinc. Ces
taches sont constituées notamment d’hydroxyde et d’oxyde de zinc, produits pulvérulents
généralement peu adhérents et non protecteurs.
Un traitement, qui est aujourd’hui industriellement appliqué, permet d’éviter efficacement
la formation de « rouille blanche ». Il consiste à traiter les pièces, soit par immersion, soit
par pulvérisation, à l’aide d’une préparation constituée d’un polymère acrylique en solu-
tion aqueuse. À la surface de l’acier galvanisé se forme un film de protection sec et adhé-
rent de quelques micromètres.
La formulation de cette préparation, toujours constituée d’un polymère acrylique en solu-
tion aqueuse, a fait récemment l’objet d’une mise au point visant à utiliser des solutions
plus diluées et tout aussi performantes, rendant le procédé plus économique.
592
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
• son épaisseur mesurée par méthode magnétique ou par méthode gravimétrique. En cas
de litige sur la méthode de mesure, la méthode de calcul de l’épaisseur du revêtement doit
consister à déterminer la masse moyenne de revêtement galvanisé par une unité de
surface par la technique gravimétrique, la conversion en épaisseur (µm) étant faite en
divisant la masse en grammes par mètre carré par la masse volumique nominale du revê-
tement (7,2 g/cm3) ;
• son adhérence : aucune norme ISO ou CEN n’existe actuellement pour vérifier l’adhé-
rence des revêtements de galvanisation sur produits finis. L’adhérence entre le zinc et le
métal de base ne nécessite généralement pas d’essai, puisqu’une liaison adéquate est
caractéristique du procédé de galvanisation et que la pièce revêtue est capable de suppor-
ter, sans décollement ni écaillages, une manipulation correspondant à l’emploi normal de
la pièce. C
S’il est nécessaire de vérifier l’adhérence, par exemple dans le cas de pièces soumises
593
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
• la composition chimique du revêtement pour la qualité A.1 doit répondre aux impératifs
suivants :
– antimoine ≤ 0,01 %
– arsenic ≤ 0,02 %
– plomb ≤ 0,8 %
– cadmium ≤ 0,01 %
– bismuth ≤ 0,01 %
• la prescription de composition chimique est en option pour les qualités A.2 et A.3.
Pour les qualités de revêtement B :
• les épaisseurs locales minimales des revêtements sur la surface extérieure des tubes
doivent être de 55 µm (qualité B.1), de 40 µm (qualité B.2) et de 25 µm (qualité B.3) ;
• en option, cette épaisseur peut être spécifiée supérieure à 55 µm pour la seule qualité
B.1.
Les types de contrôles et d’essais concernent notamment :
• la qualité de la surface du revêtement, contrôlée par examen visuel à l’œil nu, normal ou
corrigé, sous un éclairage convenable ;
• l’épaisseur locale du revêtement, déterminée séparément pour la surface extérieure et/ou
la surface intérieure, selon la qualité de revêtement spécifiée et cela, par l’une des métho-
des suivantes :
– la méthode magnétique,
– la méthode gravimétrique. Celle-ci consiste à déterminer la masse surfacique locale
du revêtement, l’épaisseur locale (en µm) étant obtenue en divisant cette masse
(exprimée en g/m2) par 7,2. En cas de litige, la méthode gravimétrique fait foi ;
• l’adhérence du revêtement, contrôlée par l’un des essais suivants :
– un essai d’aplatissement à froid, l’éprouvette devant être aplatie entre des plateaux
parallèles,
– un essai de cintrage à froid pour les tubes circulaires de diamètre extérieur
≤ 60,3 mm. Cet essai doit être effectué à l’aide d’une machine à cintrer, l’éprouvette
devant être cintrée jusqu’à 90 ° autour d’un galet formeur ayant un rayon en fond de
gorge égal à 8 fois le diamètre extérieur du tube ;
• l’analyse chimique du revêtement de zinc (qualité de revêtement A.1 ou en option pour
les qualités A.2 et A.3). La méthode d’analyse est laissée à la discrétion du galvanisateur.
En cas de litige, l’analyse doit se faire par voie humide.
Opération de galvanisation
Les bobines de tôle sont déroulées en continu et subissent une préparation de surface
selon un procédé thermique, un recuit de recristallisation dans une série de fours ou un
seul four à zones de travail séparées (avec notamment possibilités d’overageing ou
survieillissement et de bakehardening ou recuit de durcissement) et un refroidissement
contrôlé sous atmosphère protectrice pour atteindre la température du bain de zinc. La
bande plonge ensuite dans le bain de galvanisation où le zinc liquide est maintenu à une
594
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
température comprise entre 450 et 500 °C. La durée d’immersion est très courte, de
l’ordre de 3 secondes.
À la sortie du bain de galvanisation, un certain nombre d’équipements permettent de :
• mesurer et régler l’épaisseur du revêtement de zinc ;
• modifier le fleurage normal de la couche de zinc en fleurage effacé ou minimisé ;
• modifier la structure et la composition du revêtement de zinc par passage dans un four
où il se transforme en alliage zinc-fer par diffusion de fer dans le zinc. Le revêtement obtenu
présente une teinte gris mat. Il contient de 8 à 12 % de fer (procédé Galvannealed surtout
pour l’industrie automobile) ;
• effectuer un refroidissement de la tôle (air + eau) ;
• procéder à un relaminage à faible taux de réduction (skin-pass) après refroidissement de
la bande jusqu’à la température ambiante. Ce traitement procure à la bande ses caracté-
C
Déformation
En raison de l’excellente adhérence du revêtement de zinc sur l’acier, les tôles galvani-
sées peuvent être découpées, pliées, profilées, embouties en vue de leur mise en
forme définitive.
Les tranches mises à nu par découpage sont protégées de la corrosion en raison de
l’effet de protection cathodique de l’acier par le zinc, pour autant que l’épaisseur de la
tôle d’acier ne soit pas trop importante et que la masse du revêtement de zinc soit suffi-
samment élevée.
595
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
À noter que ce type de protection est favorisé par le « beurrage » des tranches, résultant
du rabattement de la couche supérieure de zinc, entraînée par la lame sur une partie de
la tranche, lors du découpage. Pour les tôles de plus forte épaisseur, un reconditionne-
ment est effectué par application de peinture riche en zinc.
Assemblage
Différentes techniques de soudage (soudage par résistance par points, soudage à
l’arc, soudo-brasage) peuvent être utilisées pour l’assemblage des tôles galvanisées,
sous réserve de légères modifications des conditions opératoires employées pour
l’assemblage des tôles d’acier non revêtues. Le reconditionnement des zones affectées
par l’opération de soudage peut être effectué par l’application d’une peinture riche en
zinc.
D’autres techniques d’assemblage peuvent être utilisées : vissage, boulonnage, rive-
tage, agrafage et collage. Cette dernière technique, qui offre de nombreux avantages,
se développe rapidement grâce à la mise au point d’adhésifs compatibles avec le zinc.
Application de peinture
Pour des raisons d’esthétique, de sécurité (signalisation) ou pour augmenter la résistance
à la corrosion des tôles galvanisées exposées à des ambiances particulièrement agres-
sives, on peut être amené à demander des produits galvanisés peints.
La peinture peut être appliquée après transformation, avant utilisation finale. Il faudra
veiller à utiliser des systèmes de peintures compatibles avec le zinc, après un traite-
ment approprié de la surface de zinc.
On peut également utiliser des produits galvanisés prélaqués. Le prélaquage est une
opération traditionnelle d’application de peinture sur tôles : traitement de surface en ligne
sur tôle fraîchement galvanisée, suivi de l’application par enduction d’une à deux couches
de peinture sur une ligne continue. Les tôles galvanisées prélaquées peuvent être pliées,
profilées, embouties, etc., sans détérioration du film de peinture.
596
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Pour certains usages, ils sont retréfilés après galvanisation, ce qui nécessite une excel-
lente adhérence du revêtement.
Selon la norme NF A 91-131, les revêtements des fils galvanisés sont répartis en trois
classes.
• Classe A comprenant tous les fils dits ordinaires ou à revêtement mince. Ils n’ont
pas à satisfaire aux conditions particulières de masse minimale de zinc, ni de continuité
du revêtement, mais seulement aux critères d’aspect et d’adhérence du revêtement.
• Classe B ou à « galvanisation soignée ». Ces fils doivent répondre aux conditions
d’aspect, d’adhérence, de charge de zinc et de continuité de revêtement. Les charges
minimales de zinc des fils d’acier doux varient de 0,30 à 1,60 g/dm2 (4 à 23 µm d’épais-
seur de revêtement) pour des diamètres allant de 0,80 à 5 mm et plus. Celles des fils
d’acier dur varient de 0,30 à 1,40 g/dm2 (4 à 20 µm d’épaisseur) pour des diamètres de C
0,30 à 3,50 mm et plus.
597
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Les deux procédés permettent d’obtenir une tôle d’acier revêtue de zinc sur une seule
face. Par retournement de la bande et nouveau passage dans les cellules d’électrolyse,
on peut revêtir la seconde face.
Sur le plan mécanique, automatisation, contrôle et finition des produits, les lignes de revê-
tement en continu des tôles d’acier par galvanisation ou électrozingage sont très similaires.
Les tôles électrozinguées peuvent être livrées soit avec le revêtement de zinc nu, soit
avec un traitement de phosphatation, une passivation chimique, un huilage, ou des
combinaisons de ces différents traitements.
Les masses de revêtement sont comprises entre 18 et 72 g/m2 par face, soit 2,5 à 10 µm
d’épaisseur.
Ces produits peuvent subir les mêmes opérations de déformation, d’assemblage et
d’application de peinture que les tôles galvanisées en continu.
La norme NF EN 10152, qui traite des conditions techniques de livraison des produits
plats en acier revêtus de zinc par voie électrolytique, définit les contrôles de qualité
du revêtement suivants :
• masse du revêtement de zinc déterminée par la différence de masse de l’échantillon
avant et après enlèvement chimique du dépôt ou par d’autres méthodes non destructives.
En cas de litige, la méthode par dissolution chimique doit être utilisée ;
• contrôle de l’adhérence du revêtement par essai de pliage selon un angle de 180 °.
La norme NF EN 10271 concerne les produits plats en acier revêtus d’alliage zinc-nickel
par voie électrolytique.
Les revêtements, qui contiennent de 10,5 à 13 % de nickel, ont des masses comprises
entre 15 et 44 g/m2, ce qui correspond à des épaisseurs de 2 à 6 µm.
Les contrôles de qualité du revêtement (masse de revêtement et adhérence) utilisent les
mêmes méthodes que celles préconisées par la norme NF EN 10152 concernant les
produits plats en acier revêtus de zinc par voie électrolytique.
Électrodéposition de zinc
Les densités de courant cathodique peuvent varier de 0,5 à 10 A/dm2 selon les bains
électrolytiques utilisés :
• Bains alcalins cyanurés à haute, moyenne ou basse teneur en cyanure, dont les élec-
trolytes sont constitués d’oxyde ou de cyanure de zinc solubilisés dans une solution de
cyanure de sodium additionnée d’hydroxyde de sodium.
• Bain alcalin sans cyanure au zincate, où le sel de zinc de constitution est l’oxyde de
zinc de qualité pure. La source de zinc peut également être des anodes en zinc de qualité
Z1. Dans ce bain, le zinc est dissous dans une solution d’hydroxyde de sodium.
• Bain alcalin sans cyanure au potassium, où la source de zinc est, de préférence,
des anodes en zinc de qualité Z1. Le zinc y est dissous dans une solution d’hydroxyde
de potassium.
598
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
• Bains de zingage acide brillant au chlorure de potassium, actuellement les plus utili-
sés parmi les bains acides, où le sel de zinc de constitution est du chlorure de zinc.
• Bains de zingage acide brillant au chlorure d’ammonium, de moins en moins utilisés
en raison de problèmes d’environnement, où le sel de zinc est également du chlorure de zinc.
599
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Les dépôts d’alliage zinc-cobalt obtenus à partir de bains acides ou de bains alcalins
peuvent être facilement passivés avec les chromatations classiques utilisées pour les
dépôts de zinc pur. Ils sont, en outre, aptes à recevoir une passivation noir brillant avec
des chromatations sans argent qui leur confèrent une bonne résistance à la corrosion au
brouillard salin neutre (de 240 à 500 h pour l’apparition de rouille blanche et de 600 à
800 h pour l’apparition de rouille rouge).
C’est la raison pour laquelle ces dépôts sont de plus en plus utilisés pour la protection
des pièces destinées à l’industrie automobile qui préconise fréquemment la finition noire
dans ses cahiers des charges.
Bains d’alliages zinc-fer
Au stade actuel de la technique, il n’existe pas de bain acide d’alliage zinc-fer dans
l’industrie pour le traitement des pièces.
Bains alcalins
Des formulations types de ces bains produisent des dépôts contenant de 0,3 à 0,8 % de
fer. Sur ces dépôts, une passivation noire avec chromatation sans argent peut être appli-
quée. Leur résistance à la corrosion au brouillard salin neutre est égale à celle des
dépôts d’alliages zinc-cobalt (de 240 à 500 h pour l’apparition de rouille blanche et de
600 à 800 h pour l’apparition de rouille rouge).
Pour cette raison, les dépôts d’alliage zinc-fer sont actuellement très utilisés dans l’indus-
trie automobile où ils cohabitent avec les dépôts d’alliage zinc-cobalt.
La norme NF A 91-102 correspond aux dépôts électrolytiques de zinc sur pièces en acier,
à l’exclusion des pièces filetées. Elle prévoit une gamme de quatre épaisseurs minimales
de revêtement en fonction des conditions d’utilisation plus ou moins sévères (5, 8, 12 et
25 µm, voire 40 µm et plus pour des environnements particuliers).
Ce document est complété par la norme NF A 91-472 relative au traitement postérieur de
chromatation dont le degré d’intensité est également fonction des conditions d’utilisation.
Les contrôles de qualité du revêtement concernent l’aspect (examen à l’œil nu), l’épais-
seur locale minimale (par coupe micrographique, méthode magnétique, etc.), l’épaisseur
moyenne minimale (par dissolution chimique) et l’adhérence (essai de quadrillage).
La norme traitant de la chromatation prévoit le contrôle de l’adhérence (par frottement),
un essai de détection des films incolores, la détermination de la teneur en chrome, celle
de la masse du film de chromatation, sa tenue au brouillard salin.
Les pièces électrozinguées sont généralement utilisées dans l’état : zingage suivi d’un
traitement de chromatation, ou de traitements de passivation plus ou moins sophistiqués
qui améliorent leur résistance à la corrosion.
Un projet de norme européenne traitant du zingage électrolytique des pièces est en cours
d’élaboration « prEN 12329 – Revêtements électrolytiques de zinc sur fer ou acier avec
traitements supplémentaires ».
11.2.6 Zingage par projection à chaud (métallisation)
La métallisation par projection de zinc ou d’alliage zinc-aluminium (85 % Zn-15 % Al),
connue aussi sous le nom de shoopage, consiste à fondre le métal qui se trouve sous
forme de fil et à le projeter à l’aide d’un pistolet à flamme ou à arc électrique.
Le procédé de métallisation s’applique généralement à partir de fils de zinc ou d’alliage
de zinc-aluminium (85 % Zn-15 % Al). Il peut être utilisé en atelier ou sur chantier, quels
que soient les types de pièces et leurs dimensions.
Opération de métallisation
L’opération de métallisation est toujours précédée d’un décapage des surfaces d’acier
avec un jet abrasif (sable, corindon, grenailles, scories). Ce décapage a un double rôle :
600
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
d’une part, il élimine toute trace de rouille ou d’impuretés pour amener le métal support
à un état de propreté SA2,5-SA3 (S.I.S 55300) et, d’autre part, il confère au métal support
un degré de rugosité (Ra 7,8 µm si l’épaisseur de revêtement est inférieure à 120 µm,
Ra 11-12 µm si l’épaisseur du revêtement est supérieure à 120 µm), favorable à l’adhé-
rence du revêtement de métallisation.
En raison de l’importante réactivité de la surface grenaillée, la projection de zinc ou de
zinc-aluminium doit être réalisée en respectant certains délais : 6 heures après
grenaillage dans un atelier couvert et aéré, 3 heures après grenaillage à l’extérieur
et par temps sec, 30 minutes après grenaillage en plein air et par temps humide avec
des protections spéciales en cas de pluie ou de brouillard.
Le métal fondu, projeté sur la surface de l’acier grenaillé, se refroidit brusquement au
contact de la cible métallique située à 15 cm du bec du pistolet ; les gouttelettes se soli- C
difient en s’écrasant.
Épaisseur minimale
Type d’atmosphère de la couche de zinc
40 μm 80 μm 120 μm 160 μm
Atmosphère rurale 15 30 45 60
Atmosphère urbaine 5 à 10 10 à 20 15 à 30 20 à 40
Atmosphère maritime 8 16 24 32
Atmosphère industrielle
4 08 12 16
normale
Atmosphère très
2 04 06 08
fortement polluée
601
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Assemblage
Les méthodes usuelles d’assemblage sont applicables aux aciers métallisés, que ce soit
par boulonnage ou par soudage à l’arc. Il y aura lieu d’utiliser de la boulonnerie en acier
galvanisé en cas d’assemblage par boulonnage afin d’assurer une protection anticorro-
sion homogène de l’ensemble.
Application de peinture
Les revêtements de métallisation au zinc ou au zinc-aluminium peuvent être complétés
par une application de couches de peinture soit pour des raisons esthétiques, soit pour
répondre aux exigences de milieux particulièrement corrosifs.
Contrôles des revêtements
La norme NF EN 22063 spécifie les propriétés caractéristiques du revêtement et les
méthodes d’essais de contrôle relatives à :
• Son épaisseur qui peut être mesurée par méthode magnétique non destructive ou par
coupe micrographique. Cette dernière sera utilisée comme méthode de référence et fera
foi en cas de contestation.
Les épaisseurs minimales courantes prévues par la norme varient de 50 à 200 µm pour
les revêtements de zinc et de 50 à 150 µm pour les revêtements d’alliage zinc-aluminium
(tableau 11.8).
Dans son annexe B « Recommandations d’emploi », la norme définit l’épaisseur mini-
male du revêtement métallisé à appliquer en fonction de l’emploi prévu.
Métal
Zinc ZnAl15
Milieu
sans avec sans avec
peinture peinture peinture peinture
Intérieur sec 50 50 50 50
602
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
• Son adhérence vérifiée par quadrillage effectué à l’aide d’un outil tranchant adéquat
ou par arrachement d’une pastille collée.
Shérardisation
Le procédé consiste à réaliser un revêtement métallique de composés zinc-fer par diffu-
sion à chaud à partir de poussière de zinc sur une pièce en acier.
Le traitement s’effectue dans des récipients métalliques appelés caissons, soigneuse-
ment fermés, afin d’opérer dans une atmosphère inerte non oxydante.
Les pièces à traiter, préalablement décapées, sont noyées dans un cément constitué de
C
Matoplastie
Tout comme la shérardisation, la matoplastie s’applique aux petites pièces et est une
application très limitée du zinc. Le traitement est effectué à la température ambiante et
donne un revêtement de zinc sur une épaisseur choisie à volonté et particulièrement
régulière, quel que soit le profil de la surface. Il en découle un intérêt particulier dans le
cas des pièces filetées, ce qui est aussi le cas de la shérardisation.
Les pièces sont traitées dans un tonneau rotatif en présence :
• de poudre de zinc,
• d’un mélange de billes de verre dont la fonction est d’assurer, par leur action mécanique,
l’adhérence de la poudre de zinc et son compactage,
• d’un milieu liquide composé d’eau et de produits acides spéciaux évitant la formation
d’oxyde,
• d’un agent de dépôt qui déclenche le zingage.
La norme expérimentale A 91-203 prévoit une gamme d’épaisseurs minimales allant de
5 à 50 µm. Des épaisseurs supérieures à 50 µm peuvent être déposées sur demande.
Les dépôts de zinc peuvent subir des traitements complémentaires de passivation claire
ou de chromatation colorée.
Les contrôles sur revêtement concernent son aspect, son épaisseur (méthode magnéti-
que, méthode coulométrique ou coupe micrographique qui sert de référence), son adhé-
rence (méthode dite « au ruban adhésif ») et sa résistance à la corrosion au brouillard
salin selon la norme NF X 41-002.
603
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
604
11 • Zinc et alliages 11.2 Revêtements à base de zinc
de zinc sur acier
Zingage
Zingage électrolytique en continu des tôles
Comme pour les tôles galvanisées, on retrouve les secteurs de l’industrie automobile
et de l’électroménager. Les tôles électrozinguées sont également utilisées dans le
secteur du mobilier métallique intérieur.
La firme japonaise NKK vient de développer un nouveau produit baptisé « Genius ». Il
s’agit d’une tôle d’acier revêtue de zinc par électrolyse, sur laquelle sont successivement
déposées plusieurs couches d’un produit inorganique ainsi qu’une résine organique.
Les propriétés anticorrosion de ce produit sont deux fois supérieures à celles d’une tôle
électrozinguée classique. En particulier, il présente une résistance supérieure dans les
environnements agressifs tels que l’exposition aux pluies acides et à l’eau de mer.
605
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
606
Tableau 11.9 – Désignation et composition chimique en pourcentage des alliages de zinc normalisés
sous forme de lingots ou de liquide.
de zinc
11 • Zinc et alliages
Désignation
Désignation Désignation
par Élément AI Cu Mg Cr Ti Pb Cd Sn Fe Ni Si Zn
numérique abrégée
symbole
min. 3,8 – 0,035 – – – – – – – –
ZnAI4 ZL0400 ZL3 le solde
max. 4,2 0,03 0,06 – – 0,003 0,003 0,001 0,020 0,001 0,02
min. 3,8 0,7 0,035 – – – – – – – –
ZnAI4Cu1 ZL0410 ZL5 le solde
max. 4,2 1,1 0,06 – – 0,003 0,003 0,001 0,020 0,001 0,02
min. 3,8 2,7 0,035 – – – – – – – –
ZnAI4Cu3 ZL0430 ZL2 le solde
max. 4,2 3,3 0,06 – – 0,003 0,003 0,001 0,020 0,001 0,02
min. 5,6 1,2 – – – – – – – – –
ZnAI6Cu1 ZL0610 ZL6 le solde
max. 6,0 1,6 0,005 – – 0,003 0,003 0,001 0,020 – 0,02
min. 8,2 0,9 0,02 – – – – – – – –
ZnAI8Cu1 ZL0810 ZL8 le solde
max. 8,8 1,3 0,03 – – 0,005 0,005 0,002 0,035 0,001 0,035
min. 10,8 0,5 0,02 – – – – – – – –
ZnAI11Cu1 ZL1110 ZL12 le solde
max. 11,5 1,2 0,03 – – 0,005 0,005 0,002 0,05 – 0,05
min. 25,5 2,0 0,012 – – – – – – – –
ZnAI27Cu2 ZL2720 ZL27 le solde
max. 28,0 2,5 0,02 – – 0,005 0,005 0,002 0,07 – 0,07
min. 0,01 1,0 – 0,1 0,15 – – – – – –
ZnCu1CrTi ZL0010 ZL16 le solde
max. 0,04 1,5 0,02 0,2 0,25 0,005 0,004 0,003 0,04 – 0,04
11.3 Alliages de zinc de fonderie
607
C
608
Tableau 11.10 – Désignation et composition chimique en pourcentage des pièces moulées en alliages de zinc normalisés.
de zinc
11 • Zinc et alliages
Désignation Désignation
Élément AI Cu Mg Cr Ti Pb Cd Sn Fe Ni Si Zn
numérique abrégée
min. 3,7 – 0,025 – – – – – – – –
ZP0400 ZP3 le solde
max. 4,3 0,1 0,06 – – 0,005 0,005 0,002 0,05 0,02 0,03
min. 3,7 0,7 0,025 – – – – – – – –
ZP0410 ZP5 le solde
max. 4,3 1,2 0,06 – – 0,005 0,005 0,002 0,05 0,02 0,03
min. 3,7 2,7 0,025 – – – – – – – –
ZP0430 ZP2 le solde
max. 4,3 3,3 0,06 – – 0,005 0,005 0,002 0,05 0,02 0,03
min. 5,4 1,1 – – – – – – – – –
ZP0610 ZP6 le solde
max. 6,0 1,7 0,005 – – 0,005 0,005 0,002 0,05 0,02 0,03
min. 8,0 0,8 0,015 – – – – – – – –
ZP0810 ZP8 le solde
max. 8,8 1,3 0,03 – – 0,006 0,006 0,003 0,06 0,02 0,045
min. 10,5 0,5 0,015 – – – – – – – –
ZP1110 ZP12 le solde
max. 11,5 1,2 0,03 – – 0,006 0,006 0,003 0,07 0,02 0,06
min. 25,0 2,0 0,01 – – – – – – – –
ZP2720 ZP27 le solde
max. 28,0 2,5 0,02 – – 0,006 0,006 0,003 0,1 0,02 0,08
min. 0,01 1,0 – 0,1 0,15 – – – – – –
ZP0010 ZP16 le solde
max. 0,04 1,5 0,02 0,2 0,25 0,005 0,005 0,004 0,05 – 0,05
11.3 Alliages de zinc de fonderie
609
C
Alliage Kayem 2
D’une dureté plus élevée et d’une résistance aux chocs moindre que celle du Kayem 1,
il est plutôt conseillé pour la réalisation d’outils d’emboutissage profond et de grande
dimension. Ses teneurs en aluminium et cuivre sont identiques à celles du Kayem 1, mais
il contient davantage de magnésium, de 1,5 à 2 %.
Alliage Ilzro 14
Du fait de son excellente résistance au fluage, supérieure à celles des alliages de dési-
gnation abrégée ZL2, ZL3 et ZL5, tant à froid qu’à chaud, cet alliage permet la réalisation
de pièces soumises à des températures d’utilisation supérieures à 120 °C. Il contient 0,01
à 0,03 % d’aluminium, 1 à 1,5 % de cuivre, 0,01 % de magnésium et 0,12 à 0,16 % de
titane.
610
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
L’aluminium
De tous les métaux qui peuvent être ajoutés au zinc, comme élément d’addition, seul
l’aluminium améliore l’aptitude au moulage et la résistance, en même temps qu’il
réduit la tendance du zinc à dissoudre le fer.
À partir de 0,25 % d’aluminium, l’alliage peut être coulé sous pression sur des machines
dites à chambre chaude où le dispositif d’injection est immergé dans le métal liquide que
contient le creuset. Des pourcentages plus importants sont toutefois nécessaires pour
améliorer notablement la charge à la rupture. C
Pour les alliages binaires zinc-aluminium hypoeutectiques, les meilleures propriétés
Le cuivre
La solubilité du cuivre dans le zinc à la température de fusion du zinc n’atteint pas 3 %
et tombe à moins de 0,3 % à la température ambiante.
Le cuivre n’a pas le même effet bénéfique que l’aluminium sur l’agressivité du zinc vis-
à-vis du fer et les alliages binaires zinc-cuivre à faible teneur en cuivre ne sont pas utili-
sés industriellement. En revanche, ajouté aux alliages zinc-aluminium, le cuivre améliore
la dureté et la charge de rupture. Mais il entraîne une transformation structurale très
lente à la température ambiante qui provoque des variations dimensionnelles de
faible amplitude dont il faut tout de même tenir compte pour les pièces de très grande
précision. L’amplitude de ces variations est proportionnelle à la teneur en cuivre
(tableau 11.12).
C’est la raison pour laquelle ont été développés des alliages sans cuivre tels que
l’alliage de désignation abrégée ZL3 ou à des teneurs en cuivre de l’ordre de 1 %,
0,0 0,0002
0,5 0,0004
1,0 0,0015
1,5 0,0020
2,0 0,0029
3,0 0,0038
611
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
comme les alliages de désignations abrégées ZL5, ZL6, ZL8, ZL12, ZL16 et l’alliage
Ilzro 14.
Le magnésium
Cet élément, même à faible concentration, a un effet durcisseur important. Il améliore
fortement la dureté et la charge de rupture. Les alliages de zinc de fonderie en contien-
nent quelques centièmes pour cent, ce qui est suffisant pour obtenir les effets attendus.
Procédé d’élaboration
Le procédé de moulage sous pression appliqué à ces alliages confère aux pièces injec-
tées une structure cristalline très compacte et d’une grande finesse. Les caractéristiques
mécaniques telles que résistance à la traction et limite d’élasticité sont bien supérieures
à celles d’un même alliage moulé par gravité2.
Unité
Caractéristiques ZP3 ZP5 ZP2
de mesure
Résistance à la traction MPa 260/300 300/340 360/400
Limite d’élasticité à la traction (à 0,2 %) MPa 250/290 290/330 290/350
Allongement % 5à8 3à6 2 à 10
Résistance aux chocs J 58 65 48
Résistance à la compression (à 0,1 %) MPa 410 600 640
Résistance au cisaillement MPa 210 260 310
Résistance à la fatigue pour 5 × 108 cycles MPa 48 57 59
Dureté Vickers sous 5 kg HV 80 à 90 85 à 95 100 à 110
Module d’élasticité MPa 85 000 85 000 85 000
1. Voir 11.3.1
2. Respectivement Zamak 2, Zamak 3, Zamak 5 (désignations commerciales).
612
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
très élevées. Ce phénomène de trempe « superficielle » est d’autant plus important que
les sections des pièces sont faibles. La résistance spécifique de la section considérée en
est alors grandement améliorée.
La courbe de la figure 11.2 met en évidence l’évolution de la résistance à la traction en
fonction de l’épaisseur des pièces.
Température d’utilisation
Les caractéristiques mécaniques des alliages de zinc, comme celles des autres maté-
riaux métalliques, évoluent en fonction de la température d’utilisation (tableau 11.14).
Lorsqu’une pièce est amenée à fonctionner à des températures supérieures à la tempé-
rature ambiante, et qui plus est sous charge, il y a un risque de déformation dû au
fluage. C
Les alliages de zinc ont une excellente faculté de dissipation des calories. Le positionne-
Résistance à la corrosion
Au contact de l’atmosphère
En exposition atmosphérique, les alliages de zinc se ternissent. Ce changement de colo-
ration correspond à la formation d’une pellicule protectrice compacte dont la composition
dépend de l’atmosphère considérée. La vitesse de corrosion est faible même dans les
atmosphères industrielles les plus polluées, compte tenu qu’il s’agit de pièces massives
et non de revêtements de zinc.
Aucun traitement protecteur n’est donc nécessaire si l’on ne recherche pas un aspect
décoratif.
613
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
95 °C 200 15 43 250 12 62
40 °C 250 8 68 300 6 89
20 °C 280 5 82 340 4 90
Au contact de l’eau
Les alliages de zinc immergés dans l’eau ou utilisés pour son transport (robinets) sont
presque toujours le siège de phénomènes de corrosion dont la vitesse et l’ampleur sont
très variables. Un grand nombre de facteurs interviennent en effet dans la réaction :
• composition de l’eau,
• nature et importance des gaz dissous,
• pH,
• température.
614
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
Au contact du gaz
Les alliages de zinc ne sont pas attaqués par les différents gaz actuellement utilisés pour
les usages domestiques. On en trouve la preuve dans leur emploi pour la fabrication des
corps, couvercles et pièces principales des détendeurs, régulateurs et autres appareils
du même genre, destinés à la distribution du gaz naturel ou manufacturé, du butane, du
propane, … Ces fabrications sont agréées par le Gaz de France.
Les types d’alliages de zinc utilisés pour la fabrication des pièces destinées à cette appli-
cation sont le ZL3 en France et le ZL5 en Allemagne (désignations abrégées).
11.3.5 Moulage
La mise en œuvre des alliages de zinc est réalisable avec tous les procédés de moulage :
sable, coquille, sous pression. L’importance des séries conditionne très souvent le choix
du type de technologie.
Moulage au sable
Il est principalement utilisé pour les alliages Kayem, les alliages ZL12 et ZL27 pour
la réalisation de pièces unitaires, de petites séries ou de pièces de dimensions
importantes.
615
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
Louche Partie
mobile
jecteurs
Piston
Chambre d’injection Injection Éjection
616
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
C
Chambre
d’injection Injection Éjection
617
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
d’impuretés telles que plomb, cadmium ou étain est nul lorsque l’on utilise des alliages
de première fusion.
Parachèvement
Le détachage des seuils d’attaque se fait manuellement pour des pièces simples ou par
détourage sur presse de découpe dans le cas de pièces complexes. Le procédé le plus
couramment utilisé pour des petites pièces est le tonneau.
618
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
Usinage
L’usinabilité des alliages de zinc est excellente. La précision des pièces coulées sous
pression pouvant être maintenue dans des limites étroites, des surépaisseurs d’usinage
de l’ordre de 0,1 à 0,3 mm sont généralement suffisantes.
Toutes les opérations d’usinage sont possibles : perçage, taraudage, filetage, alésage,
fraisage, tournage, brochage.
En règle générale, on utilisera des vitesses de coupe élevées, une avance réduite et une
lubrification abondante.
11.3.9 Assemblage
Plusieurs techniques d’assemblage peuvent être appliquées aux pièces moulées en allia-
ges de zinc :
619
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
11.3.10 Insertions
On réalise couramment des opérations de surmoulage de goujons, axes, douilles,
écrous, … en acier décolleté (et anodisé) afin d’améliorer localement la résistance, la
dureté, les qualités de frottement ou les caractéristiques magnétiques, électriques, …
Pour ce type de réalisations, les jeux de positionnement dans le moule seront de 0,02 à
0,04 mm, afin d’éviter les infiltrations lors du remplissage.
Certaines matières plastiques peuvent, elles aussi, être surmoulées par les alliages de
zinc.
Traitements de conversion
Il s’agit d’un traitement chimique (chromatation, phosphatation) ou électrolytique (anodi-
sation). La réaction entre l’alliage de zinc et le bain de traitement forme une couche de
sels insolubles contenant du zinc. La composition de la couche et l’aspect sont fonction
du bain et des conditions de traitement. Les bains doivent être dans tous les cas adaptés
au traitement des alliages de zinc.
Chromatation
Ce traitement est appliqué sur des pièces qui risquent d’être exposées à l’humidité :
atmosphère tropicale, risques de condensation.
Phosphatation
Effectuée avec des solutions aqueuses à base de phosphate de zinc, elle est générale-
ment utilisée avant application de peinture.
Anodisation
Sur alliages de zinc, elle est réalisée dans des solutions contenant des ions chrome,
phosphates et fluorures dans lesquelles on fait passer un courant alternatif d’une inten-
sité de 4 à 5 A/dm2. Il se forme sur les pièces un composé complexe à base de phos-
phates et de chromates de zinc de couleur verte, dont l’épaisseur peut atteindre 30 à
40 µm au maximum, qui présente des propriétés intéressantes :
620
11 • Zinc et alliages 11.3 Alliages de zinc de fonderie
de zinc
– une excellente résistance à la corrosion atmosphérique et une bonne tenue dans des
milieux tels qu’eau froide et chaude, solutions de détergents, huiles, antigels, … ;
– une bonne résistance à l’abrasion, à la chaleur et aux chocs thermiques ;
– un bon pouvoir d’isolation électrique.
Revêtements organiques
La diversité des gammes applicables (peinture par cataphorèse, peinture liquide, peinture
poudre avec cuisson au four) offre une gamme d’aspects et de couleurs attrayante.
Dans le cas d’une application directe de peinture sur alliage de zinc, il faut s’assurer
C
Revêtements électrolytiques
Tous les dépôts électrolytiques courants peuvent être appliqués sur alliage de zinc :
cuivre, nickel, chrome, zinc, laiton, argent, or, …
Certains d’entre eux ne peuvent pas être appliqués directement. Ils nécessitent le dépôt
d’une sous-couche afin d’éviter l’attaque du zinc : cas du nickel qui est toujours déposé
après cuivrage. De même, les dépôts d’argent et d’or, qui diffusent dans le zinc, sont
appliqués respectivement après cuivrage et cuivrage-nickelage.
Ces traitements sont généralement utilisés dans un but décoratif et/ou de protection
contre la corrosion.
Une attaque chimique par des solutions diverses permet de procurer à certains de ces
traitements des patines imitant, par exemple, les vieux bronzes, les vieux fers, l’étain, …
À noter, la possibilité de déposer par voie électrolytique des revêtements d’alliage nickel-
phosphore aux propriétés particulièrement intéressantes : excellente protection anticor-
rosion, dureté très élevée, résistance à l’usure.
621
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
• Bâtiment : articles pour meubles, béquilles, chevilles (ou fixations), clés, climatisation,
distribution de gaz, ferme-portes, matériel d’incendie, matériel de jardin (échelles, tondeu-
ses…), mécanismes pour volets et stores, menuiserie métallique, outils de bricolage,
plaques, pivots de fenêtre, poignées de porte, sanitaire, serrure, systèmes de blocage pour
porte ou fenêtre, ventilation, verrous, vide-ordures, …
• Électricité-Électronique : alarmes, automatisme et asservissement, détection, distri-
buteurs (électrohydraulique), éclairage (industriel, public, domestique), électrovalves,
lignes de transport d’énergie, moteurs électriques, petits composants électroniques,
signalisation, …
• Habillement : boucles de ceintures, de chaussures et de bagages, boutons curseurs de
fermeture à glissière, épinglettes, articles divers de décoration pour vêtements.
• Décoration : accessoires d’éclairage (connecteurs, interrupteurs, enjoliveurs, …), parfu-
merie (poudriers, vaporisateurs, flaconnages de parfum…), articles publicitaires (porte-
briquets, stylos, art de la table), horlogerie classique, articles de salles de bains, …
Les alliages de zinc connaissent actuellement un développement important dans le
secteur de l’électronique, où leur capacité de blindage aux interférences électromagnéti-
ques est exploitée. En effet, ils possèdent une bonne conductivité électrique, propriété
essentielle pour la mise à la terre et la réalisation d’un blindage électromagnétique effi-
cace des appareils, y compris aux basses fréquences. Le niveau d’atténuation magnéti-
que d’un écran en alliage de zinc de 0,1 mm d’épaisseur est de 90 dB.
De nouveaux alliages de zinc présentant des caractéristiques mécaniques élevées à
haute température sont actuellement en cours de développement.
11.4 Laminés
11.4.1 Types d’alliage
Les produits plats laminés, utilisés essentiellement dans le bâtiment pour des applica-
tions en couverture, bardage, finitions de toiture et évacuations d’eaux pluviales, sont,
depuis plus d’une décennie, élaborés à partir de zinc allié au cuivre et au titane.
La norme NF EN 988 spécifie une teneur en cuivre supérieure à 0,08 % et en titane
supérieure à 0,06 %. Les alliages commercialisés par les producteurs européens ont
généralement des teneurs comprises entre 0,1 et 0,2 % pour le cuivre et entre 0,06 et
0,15 % pour le titane.
Ces deux éléments d’addition forment avec le zinc des solutions solides d’étendue très
limitée. Aux teneurs utilisées, l’alliage est donc polyphasé, avec une matrice de zinc
presque pur et une proportion de phases excédentaires très faible.
11.4.2 Matrice
La matrice a une structure cristalline hexagonale, dont le rapport c/a, égal à 1,856,
est supérieur à la valeur de celui d’une structure hexagonale compacte idéale.
De ce fait, le polycristal de zinc ne possède pas cinq systèmes de glissement indépen-
dants et ne pourrait subir de déformation homogène par glissement, d’après le critère de
plasticité de Von Mises.
La ductilité de la matrice est due, en fait, à la superposition de plusieurs modes de
déformation :
• glissement dans le plan de base, qui est le mode prédominant ;
622
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
Propriétés Caractéristiques
623
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
Réactions chimiques
La corrosion est de type électrochimique en deux étapes :
2Zn + O2 + 2H2O → 2Zn++ + 4OH–
puis, en présence de dioxyde de carbone, ce qui est le cas en atmosphère naturelle
renouvelée :
5Zn(OH) 2 + 2CO2 + 10 OH– → Zn5(OH) 6(CO3) 2 + 2H2O
En pratique, la couche de corrosion est constituée souvent essentiellement d’hydroxy-
carbonate, avec de l’oxyde, de l’hydroxyde et du carbonate de zinc. Une fois formée sur
le métal neuf, cette couche, par son adhérence et sa compacité, réduit considérablement
la vitesse de diffusion des constituants de l’atmosphère, et donc la vitesse de corrosion
du laminé.
La corrosion est uniforme, ni intercristalline, ni localisée par piqûres, et ne modifie donc
pas les caractéristiques mécaniques massiques du laminé.
Conditions climatiques
La composition de l’alliage et l’état métallurgique du laminé n’ont aucune incidence sur
la vitesse de corrosion. En revanche, cette dernière est influencée par les conditions
climatiques, essentiellement l’humidité et la pollution de l’atmosphère.
• Le polluant principal de l’atmosphère est le dioxyde de souffre SO2. Sa teneur varie
dans de larges limites selon la nature du site, rural, urbain ou industriel (typiquement de
5 à 100 µg/m3 ou de 0,002 à 0,04 ppm actuellement en Europe).
Très soluble dans l’eau, qu’il acidifie jusqu’à des pH de 3 à 4 (cas de brouillards conden-
sés à la surface), le dioxyde de soufre attaque la couche superficielle d’hydroxycarbonate
en formant un sulfate de zinc soluble et en accélérant la vitesse de corrosion du laminé
selon la formule :
C = 0,001 (HR – 50) SO2
624
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
Vitesse de corrosion
De toutes ces considérations, il découle que la vitesse de corrosion de l’alliage laminé
est faible, même en site relativement pollué, comme l’indiquent les valeurs expérimen-
tales données dans le tableau 11.14.
Si l’on traduit ces vitesses de corrosion en durée de vie, en admettant que cette durée
correspond à une corrosion de 25 à 50 % de l’épaisseur initiale (0,65 mm en général),
on obtient des durées de vie de 50 à 100 ans pour une couverture en zinc, valeurs qui
ont été abondamment vérifiées depuis plus d’un siècle d’utilisation du laminé dans le
bâtiment en Europe.
Propriétés physiques
Les propriétés physiques du zinc allié au cuivre-titane, à l’état laminé, peuvent être consi-
dérées comme équivalentes à celles du zinc pur1, à l’exception du coefficient de dilatation
thermique linéaire. Les conditions thermomécaniques de laminage sont choisies pour
réduire sa valeur dans le sens de laminage à environ 23 x 10-6K-1 et, dans le sens
travers, à environ 18 x 10-6K-1.
11.4.5 Laminage
Le zinc allié au cuivre-titane est, en général, obtenu par coulée continue de plaques
minces (10 à 20 mm) dans une machine de coulée horizontale, ce qui, par une grande
vitesse de solidification du liquide, conduit à une structure solidifiée à grains fins plus
facile à déformer au cours de la première opération de laminage. En règle générale, cette
machine est couplée avec une installation de laminage qui effectue en même temps que
la coulée les passes de dégrossissage ou la totalité des opérations jusqu’à l’épaisseur
finale.
625
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
Mise en forme
Il existe différentes techniques suivant le type de produits souhaités.
La technique de profilage est utilisée pour la majeure partie des produits du bâtiment
(gouttières, tuyaux, éléments de couverture ou de bardage). Elle fait intervenir soit le
pliage à la presse, soit, plus fréquemment, le profilage dans des machines à galets (7 à
12 galets selon la complexité du profil, à une vitesse d’environ 30 m/min).
626
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
11.4.9 Applications
Types de marchés
Les utilisations du zinc laminé dans le bâtiment se décomposent en trois segments
majeurs répartis sur ce que l’on appelle l’enveloppe des immeubles.
Les caractéristiques spécifiques du zinc laminé concernant, en particulier, sa durabilité
en privilégient l’usage sur des bâtiments d’habitation, d’équipement ainsi que sur les bâti-
ments publics.
Premier segment
C’est celui à fort potentiel de la collecte horizontale et verticale des eaux pluviales : gout-
tières pendantes, chêneaux encastrés ou posés, tuyaux de descente de formes diverses.
627
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
Deuxième segment
Équivalent en volume au premier, il est celui que l’on appelle des coutures des toitures,
à savoir l’ensemble des arêtes vives (faîtages, noues, égouts, arêtiers…), ou les singu-
larités et autres accidents du toit (entourage des souches de cheminées, des lucarnes,
de fenêtres, ainsi que le traitement des sorties de ventilation, extraction d’air…).
Dans ce cas, le zinc laminé, associé au savoir-faire du couvreur, permet de résoudre les
raccords standardisés ou sur mesure de la plupart des toitures en ardoises, tuiles,
bardeaux ou en métal. Il joue ici à plein son rôle majeur de matériau discret d’accompa-
gnement et conserve dans ce segment une position forte malgré la concurrence des
matériaux composites (bitumes, élastomères…).
Troisième segment
Le plus spectaculaire, c’est celui de la couverture proprement dite, où le zinc laminé est
utilisé en bandes, sous forme de feuilles ou bobines, en général façonnées sur le chantier.
Au départ cantonné aux toitures à faible pente (principes d’étanchéité des jonctions trans-
versales éprouvés) et aux charpentes dites à la Mansard (faible poids du matériau), le
zinc laminé, grâce notamment au développement de nouveaux aspects de surface, est
de plus en plus utilisé comme matériau d’architecture. Il recouvre les immeubles à toitu-
res pentées et, de plus en plus souvent, descend résolument sur les façades qu’il habille
en affirmant une esthétique sobre et moderne.
Autres usages
Nous mentionnons encore, à titre indicatif, des usages non négligeables du zinc laminé
que nous regrouperons sous le vocable de décoration.
Il s’agit, en effet, tout d’abord du marché de l’ornementation des toitures (épis, girouettes,
gargouilles, coqs, balustrades…) hérité du siècle dernier et qui concentre un savoir-faire
artisanal exceptionnel ; ensuite (plus récemment), de la décoration intérieure où le zinc
rencontre un succès d’estime lié dans ce domaine au retour en force de matériaux
nobles.
Supports-ventilation
Le zinc, très sensible à la corrosion sur sa face intérieure par la présence d’humidité
non ventilée, se met en œuvre essentiellement sur des supports en bois de sapin
(acidité réduite) et selon la technique traditionnelle dite « toiture froide ». Cette techni-
que – par la ventilation abondante qu’elle ménage entre la volige en sapin, support direct
du zinc laminé, et l’isolant – permet l’assèchement rapide de l’humidité d’origine pluviale
628
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
Dilatation
Le développement d’alliages nouveaux au cuivre-titane et les techniques d’assemblage
(doubles agrafures, joint de dilatation néoprène) et de fixation (pattes coulissantes) des
longues feuilles de zinc laminé permettent la réalisation de toitures et de chéneaux de
C
Formes
La malléabilité et la souplesse d’utilisation du zinc laminé autorisent la conception de
couvertures de plus en plus sophistiquées (formes concaves, convexes simples et
doubles courbures, surfaces réglées ou non). Le zinc laminé se met en forme sans effort
sur des rayons de courbure de l’ordre de 6 à 7 m. En dessous, des machines cintreuses
permettent le façonnage jusqu’à des rayons de 40 à 50 cm.
11.4.10 Évolutions
Progrès métallurgiques
D’un point de vue qualitatif, le développement des techniques de production vers une très
grande pureté autorisant l’alliage avec, en particulier, du cuivre et du titane, a permis de
faire évoluer considérablement le zinc laminé et ses applications, en réduisant significa-
tivement le fluage et le coefficient de dilatation, en améliorant la résistance à la traction
ainsi que la malléabilité.
Ainsi, les bandes de zinc laminé peuvent-elles atteindre en couverture 15 m d’un seul
tenant les jonctions longitudinales à tasseaux de bois et couvre-joint rapporté1 peuvent-
elles être remplacées aisément par la technique à joint debout où le zinc dans
l’assemblage longitudinal est replié à 180 ° par sertissage à la machine à galets.
De même, ces progrès métallurgiques autorisent maintenant la réalisation de couvertures
à simple ou double courbure jusqu’à des rayons parfois très serrés, de l’ordre de 40 à
50 cm.
629
11 • Zinc et alliages 11.4 Laminés
de zinc
Nouveaux supports
De nouvelles tendances de mise en œuvre du zinc laminé voient actuellement le jour.
Celles-ci modifient considérablement la nature des supports (traditionnellement en bois
de sapin) ainsi que des complexes de sous-toiture (le plus souvent conçus avec une lame
d’air ventilée) dits à toiture froide.
La recherche d’économie sur le volume et le poids des composants de charpente, d’isola-
tion, de plafond et de support du revêtement accélère le développement de complexes
compacts dits à toiture chaude, où le zinc est posé directement sur l’isolation ou sur un
panneau multifonctions sans lame d’air.
Dans ce cas, la sous-face du zinc est revêtue d’une laque polyester particulièrement
résistante, destinée à protéger le métal de la corrosion.
Ces techniques nécessitent toutefois un grand soin dans la conception et la
réalisation :
• des pare-vapeur chargés d’arrêter la migration de l’humidité en général de l’intérieur
vers l’extérieur, qui pourrait venir se condenser sur la paroi froide constituée par le
zinc ;
• des fixations susceptibles de percer ces pare-vapeur et de constituer des points de
faiblesse ;
• des supports de nature variée et pas toujours compatibles avec le zinc.
Recherche décorative
Des tendances architecturales lourdes indiquent un fort développement de la fonction
« toiture » comme élément décoratif, parfois majeur, de sa conception (cinquième
façade/mode métal). Le zinc est alors valorisé comme un carénage complet sans distinc-
tion couverture/façade.
À ce niveau, toutes les ressources du matériau sont déployées pour varier les textures
(joints saillants, joints creux, cassettes, écailles…) et les aspects de surface (zincs prépa-
tinés, laqués).
Aussi, le développement de patines accélérées (processus chimique de conversion de
surface par phosphatation) dans le registre des teintes gris foncé (Anthra-zinc) ou clair
(Quartz-zinc) a considérablement renouvelé l’intérêt des architectes.
Des projets récents vont même jusqu’à utiliser le zinc laminé comme une peau d’aspect
non étanche (dalles sur plots) chargée de « finir » le bâtiment, mais dont l’étanchéité
réelle est assurée en sous-face par une membrane complémentaire.
Tous ces éléments assurent au zinc laminé un développement continu en couverture de
bâtiments neufs, marché complémentaire de la rénovation où il est déjà particulièrement
présent.
Systèmes préfabriqués
Bien qu’associé intimement au savoir-faire artisanal des couvreurs qui le façonnent tradi-
tionnellement sur le chantier, le zinc n’échappe pas à la tendance naturelle de la préfa-
brication qui le rend ainsi accessible à des marchés nouveaux (chantiers diffus de petite
taille) et à des poseurs généralistes.
Des systèmes complets de couverture associent des panneaux ou des écailles préformés
à des gammes très complètes d’accessoires de finition destinés à la résolution des toitu-
res à géométrie simple.
630
11 • Zinc et alliages 11.5 Normalisation
de zinc
11.5 Normalisation
11.5.1 Normes françaises
Les principales normes françaises, éditées par l’Afnor et concernant le zinc et ses allia-
ges, sont rassemblées dans le tableau 11.15.
Une partie de ces normes a été regroupée dans des recueils édités par l’Afnor, dont la
liste avec les principaux chapitres est indiquée au tableau 11.16.
11.6 Commercialisation
11.6.1 Types et formes de produits commercialisés
Zinc pur ou allié pour revêtements
Galvanisation en continu
Les producteurs de zinc adaptent leur offre aux besoins spécifiques des sidérurgistes qui
dépendent principalement des types d’applications : automobile, bâtiment, électroména-
ger, … Ces adaptations portent principalement sur l’incorporation d’éléments d’addi-
tions, tels que plomb ou aluminium, et sur la dimension des lingots, variant de 500 kg à
4 tonnes, selon les possibilités de manutention des clients.
Les tolérances sur analyse ainsi que les conditions de logistique (just-in-time, stockage,
réception…) et de contrôle de qualité font l’objet d’un cahier des charges structuré mis
au point entre le fournisseur et le client.
631
11 • Zinc et alliages 11.6 Commercialisation
de zinc
632
11 • Zinc et alliages 11.6 Commercialisation
de zinc
NF EN 12019 Avril Zinc et alliages de zinc – Analyse par spectrométrie d’émission optique –
1998 Indice de classement : A 06-840 – 10 p.
NF EN 10142 Décembre Bandes et tôles en acier doux galvanisées à chaud et en continu pour
1996 formage à froid – Conditions techniques de livraison – Indice
de classement : A 36-321 – 22 p.
NF EN 10152 Janvier Produits plats en acier, laminés à froid, revêtus de zinc par voie
1994 électrolytique – Conditions techniques de livraison (NEQ ISO 5002) –
Indice de classement : A 36-160 – 24 p.
NF EN 10215 Novembre Bandes et tôles en acier revêtues d’alliage aluminium-zinc (AZ) à chaud
1995 en continu – Conditions techniques de livraison – Indice de classement :
A 36-325 – 18 p.
NF EN 10271 Janvier Produits plats en acier, revêtus de zinc-nickel (ZN) par voie électrolytique
1999 – Conditions techniques de livraison – Indice de classement : A 36-161 –
21 p.
NF EN 10240 Janvier Revêtement intérieur et/ou extérieur des tubes en acier – Spécifications
1998 pour revêtements de galvanisation à chaud sur des lignes automatiques
– Indice de classement : A 49-719 – 20 p.
633
11 • Zinc et alliages 11.6 Commercialisation
de zinc
NF EN 1774 Novembre Zinc et alliages de zinc – Alliages pour fonderie – Lingots et liquide –
1997 Indice de classement : A 55-300 – 11 p.
P 34-211 Juin DTU 40.41 – Couvertures par éléments métalliques en feuilles et longues
1987 feuilles en zinc – 44 p.
NF P 36-403 Juin Évacuation des eaux pluviales – Tuyaux, coudes et cuvettes métalliques
1989 – Spécifications – 14 p.
P 40-202 Octobre DTU 60.11 – Règles de calcul des installations de plomberie sanitaire et
1988 des installations d’évacuation des eaux pluviales – 11 p.
634
11 • Zinc et alliages 11.6 Commercialisation
de zinc
• Fonderie (1998)
– Tome 3 : Alliages d’aluminium, de cuivre et autres non ferreux, 544 p.
• Protection contre la corrosion (7e édition : 1999)
– Tome 1 (en 2 volumes) : Terminologie, essais de corrosion et protection
cathodique – Vol. 1 : 498 p. ; Vol. 2 : 408 p.
– Tome 2 : Revêtements métalliques et traitements de surface, 644 p.
– Tome 3 : Essais sur revêtements métalliques, 298 p.
– Tome 4 : Revêtements organiques et plastiques, 800 p.
– Tome 5 : Protections diverses et émaux, 380 p.
C
• Produits sidérurgiques (1998)
En dehors du lingot standardisé, les formes proposées sont souvent spécifiques aux
installations des clients en termes de dimensions, granulométrie, surface spécifique, etc.
Métallisation
Le fil de zinc ou de zinc-aluminium est proposé par les producteurs de zinc sous forme
de couronnes, bobines en fûts, dont les poids sont adaptés aux besoins du client.
La métallisation est principalement adaptée à la protection sur site de pièces métalliques
exposées aux intempéries (ponts, charpentes, …).
635
11 • Zinc et alliages 11.6 Commercialisation
de zinc
636
11 • Zinc et alliages 11.7 Recyclage
de zinc
11.6.2 Fournisseurs
• Le zinc pour revêtement ainsi que les alliages de fonderie sont commercialisés directe-
C
ment par les producteurs de zinc : Union Minière et Métaleurop SA.
11.7 Recyclage
11.7.1 Récupération du zinc
La grande diversité de durée de vie des produits contenant du zinc et la forte croissance
de la consommation de zinc depuis 70 ans rendent difficile l’estimation précise d’un taux
de recyclage de métal. Par exemple, le zinc laminé utilisé en toiture ou bardage n’est, le
plus souvent, remplacé qu’après 80 ou 100 ans, voire plus ; les pièces en laiton ou en
alliages durent de 10 à 20 ans, et les produits en acier revêtu peuvent également être
utilisés pendant 15 à 30 ans, selon leur application.
Aujourd’hui, environ trois millions de tonnes de zinc sont récupérées tous les ans dans
le Monde occidental. Ces trois millions proviennent, pour partie, de déchets « neufs » de
production ou de transformation (environ 1 500 000 tonnes) ; le reste étant issu principa-
lement de la fin de vie de production en laiton (550 000 tonnes), de produits en alliages
de fonderie (400 000 tonnes), de produits galvanisés (200 000 tonnes) et de produits
laminés (200 000 tonnes).
Les deux principales industries consommatrices de zinc de seconde fusion sont la
production de zinc primaire (800 000 tonnes) et celle de laiton (1 100 000 tonnes).
637
11 • Zinc et alliages 11.8 Renseignements pratiques
de zinc
Les déchets de moulage des pièces en alliage sont refondus directement par les fabri-
cants. Les chutes neuves de zinc laminé et façonné sont réutilisées telles quelles dans
les coulées en amont des laminoirs.
Par contre, les résidus des opérations de galvanisation (cendres, mattes de fond et de
surface…) sortent de cette filière pour être transformés en oxydes, poussières ou
produits chimiques.
11.7.4 Perspective
L’évolution des législations sur le recyclage, la structuration des circuits de collecte et
l’implication grandissante des fabricants de produits finis dans la récupération de leurs
produits en fin de vie sont autant de facteurs qui vont faire croître les quantités de zinc
recyclé dans les prochaines années. Aujourd’hui, la proportion de zinc produit à partir de
zinc récupéré atteint environ 30 %.
Organismes internationaux
Développement, applications, marchés, statistiques du zinc
International Zinc Association (Iza) – Association mondiale des mineurs et producteurs
de zinc
168/4, avenue de Tervueren
B-1150 BRUXELLES
Tél. : 00 32 2 776 00 70
Fax : 00 32 2 776 00 89
Favorise la promotion de l’image et des utilisations du zinc.
Coordonne des programmes internationaux liés à l’environnement, au recyclage, à
l’hygiène et à la sécurité.
International Lead & Zinc Research Organization (Ilzro)
Meridian Parkway, 2525
638
11 • Zinc et alliages 11.8 Renseignements pratiques
de zinc
PO Box 12036
RESEARCH TRIANGLE PARK
NC 27709 – 2036
États-Unis
Tél. : 00 1 919 361 46 47
Fax : 00 1 919 361 19 57
Gère des programmes de recherche collective et de développement des usages du zinc
au niveau mondial.
International Zinc Association – Europe : Association des producteurs européens
168/4, avenue de Tervueren
B-1150 BRUXELLES
Tél. : 00 32 2 776 00 74 C
Fax : 00 32 2 776 00 89
Organismes nationaux
France
Chambre syndicale du zinc et du cadmium
30, avenue de Messine
639
11 • Zinc et alliages 11.8 Renseignements pratiques
de zinc
F-75008 PARIS
Tél. : 01 45 63 02 66
Fax : 01 45 63 61 54
Galvazinc association (Développement des applications du zinc en galvanisation
générale)
16, rue Jean-Jacques Rousseau
F-92138 ISSY-LES-MOULINEAUX Cedex
Tél. : 01 55 95 02 02
Fax : 01 55 95 02 00
Zinc fonderie (Développement des applications des alliages de zinc en fonderie)
45, rue Louis-Blanc
F-92400 COURBEVOIE
Tél. : 01 43 34 76 67
Fax : 01 43 34 76 37
Belgique
Fabrimétal – Secteur métaux non ferreux
Diamond Building
Areyerslaan, 80
B-1030 BRUXELLES
Tél. : 00 32 2 706 80 10
Fax : 00 32 2 706 79 05
Développement des applications du zinc en galvanisation générale (Progalva)
168/4, avenue de Tervueren
B-1150 BRUXELLES
Tél. : 00 32 2 776 00 76
Fax : 00 32 2 776 00 78
Producteurs
Outre ces organismes, les producteurs eux-mêmes apportent conseils techniques, assis-
tance, documentation et formation.
France
Union Minière France
990 quai Loire
62100 CALAIS
Tél. : 03 21 46 14 21
Fax : 03 21 34 32 39
Recylex SA
79 rue Jean Jacques Rousseau
92150 Suresnes
Tél. : 01 58 47 04 70
Fax : 01 58 47 02 45
Belgique
Unicore SA
31, rue du Marais
1000 BRUXELLES
Tél. : 00 32 2 227 71 11
Fax : 00 32 2 227 79 00
640
11 • Zinc et alliages 11.8 Renseignements pratiques
de zinc
11.8.2 Bibliographie
Ouvrage
PORTER F. – Zinc Handbook, Properties, Processing and Use in Design M. Dekker Inc., ILZRO,
1991.
Le zinc et l’anticorrosion – Techniques et produits nouveaux. SIRPE, 1990.
Le zinc et l’anticorrosion – Essais et Performances. Les Éditions de Physique, 1993.
Memento du Couvreur Zingueur. UM France, 1994.
SAFRANEK W.H., Brooman E.W. Finishing and Electroplating Die Cast and Wrought Zinc, ILZRO,
1973.
PORTER F. Corrosion Resistance of Zinc and Zinc Alloys M. Dekker Inc., 1994.
POPESCO E., TOURNIER R. – Le zingage électrolytique pratique. Galvano, Librairie des traitements
de surfaces, 1999.
C
Périodiques
Focus on Zinc (Zinc laminé bâtiment). UM France.
Galvanisation à chaud (Magazine international). Galvazinc Association.
Fiches techniques sur les applications des alliages de zinc en fonderie. Zinc fonderie.
Zinc Protects (Magazine annuel). International Zinc Association.
641
12 • Cuivre 12.1 Définitions et notions de base
et alliages de cuivre
Pierre Blazy
Didier Grass
C
12.1 Définitions et notions de base
643
12 • Cuivre 12.1 Définitions et notions de base
et alliages de cuivre
644
CUIVRE
12 • Cuivre 12.1 Définitions et notions de base
et alliages de cuivre
Cuivres désoxydés
Il s’agit de cuivres affinés thermiquement ou électrolytiquement.
La désoxydation du cuivre est obtenue en fonderie par addition de phosphore, très
avide d’oxygène, et incorporé par l’intermédiaire de phosphure de cuivre. Cela a pour
conséquence l’absence de fragilisation en atmosphère réductrice et donc une bonne
soudabilité du métal.
L’excès de phosphore se dissout dans le métal, ce qui a comme résultat une diminution
des conductivités électrique et thermique et une augmentation de la température de recuit.
Un essai normalisé (norme NF EN ISO 2626) permet l’identification rapide d’un cuivre
désoxydé. Ce test consiste à chauffer un échantillon de métal à 850 °C pendant 30 min sous
atmosphère d’hydrogène, puis à contrôler l’absence de fragilisation par un essai de pliage à 180 °.
Il existe deux nuances de cuivre désoxydé dont la teneur minimale en cuivre est de
99,90 %, le Cu-b1 et le Cu-b2. C
Cuivre Cu-b1
645
12 • Cuivre 12.1 Définitions et notions de base
et alliages de cuivre
La teneur minimale en cuivre est de 99,99 %, soit un total d’impuretés inférieur à 100 ppm
et la conductivité minimale garantie est de 101 % IACS à l’état recuit à 20 °C. Ce cuivre
satisfait à l’essai de dix pliages alternés après chauffage en atmosphère d’hydrogène.
Les deux nuances Cu-c1 et Cu-c2 conviennent dans bon nombre d’applications scienti-
fiques, notamment celles faisant appel à des vides poussés. Il est possible néanmoins
de trouver des nuances ultra-pures à 99,999 % (on parle de cuivre 5N) et 99,9999 % (6N)
pour des applications scientifiques poussées.
646
12 • Cuivre 12.1 Définitions et notions de base
et alliages de cuivre
Cupro-aluminiums
Ce sont les alliages de cuivre et d’aluminium contenant de 4 à 14 % d’aluminium et la
plupart du temps des additions de fer, nickel ou manganèse qui améliorent leurs propriétés.
Cupro-nickels
Le nickel est soluble en toutes proportions dans le cuivre. En pratique, les alliages de
cuivre et de nickel contiennent de 5 à 44 % de nickel et certains autres éléments comme
le fer, l’aluminium, le manganèse et le silicium.
Maillechorts
Les maillechorts sont des alliages ternaires cuivre-nickel-zinc contenant parfois de petites
quantités de plomb pour favoriser l’usinage. Les teneurs sont comprises dans les four-
chettes suivantes :
• cuivre : 45 à 65 % ;
• nickel : 10 à 25 % ; C
• zinc : 20 à 45 %.
647
12 • Cuivre 12.2 Normalisation
et alliages de cuivre
passes d’étirage. Les produits sont généralement livrés en longueurs droites écrouis ou
en couronne à l’état recuit.
Laminés
On part de plateaux de plusieurs tonnes qui sont laminés à chaud pour donner des ébau-
ches de grande longueur et d’épaisseur réduite à quelques centimètres. Les opérations
suivantes sont des laminages à froid entrecoupés de recuits intermédiaires qui ont pour but
de permettre au métal de subir les transformations ultérieures dans de bonnes conditions.
Les produits finis laminés sont ensuite éventuellement cisaillés pour l’obtention des
formes finales en tôles, rubans ou bandes minces.
Pièces moulées
Pour obtenir directement des produits de formes complexes ou volumineuses, on a
recours à la fonderie. Il existe plusieurs technologies de moulage comme la coulée conti-
nue, le moulage au sable ou en coquille pour trois types d’alliages essentiellement : les
laitons, les bronzes et les cupro-aluminiums.
12.2 Normalisation
Toutes les normes citées ici sont des normes européennes publiées par l’Afnor.
648
12 • Cuivre 12.2 Normalisation
et alliages de cuivre
Exemples :
CuZr : CW120C.
CuZn30As : CW707R.
CuZn33 : CW506L.
CuZn38Pb2 : CW608N.
CuSn12 : CC483K.
CuAI10Fe2 : CC331G.
649
12 • Cuivre 12.3 Propriétés d’usage
et alliages de cuivre et de mise en œuvre
Les trois grandeurs E, G et ν sont liées entre elles par la relation générale
E
G = --------------------
-
2(1 + ν)
650
12 • Cuivre 12.3 Propriétés d’usage
et alliages de cuivre et de mise en œuvre
Cu-a1
Cu-b1 Cu-b2 Cu-c1 Cu-c2
Cu-a2
Charge Dureté
Symbole Limite d’élasticité Allongement Dureté
État de rupture Brinell
Afnor à 0,2 % (MPa) A (%) Vickers
(MPa) 10/500
651
12 • Cuivre 12.3 Propriétés d’usage
et alliages de cuivre et de mise en œuvre
Mise en œuvre
Décapage
L’opération de décapage a généralement pour but d’éliminer les oxydes cuivreux rouge
Cu2O ou cuivrique noir CuO. Le choix du type de décapage ne dépend pas de la nuance
de cuivre. En revanche, l’adhérence des oxydes est variable suivant qu’il s’agit de cuivre
avec ou sans phosphore. Dans le cas des nuances avec phosphore Cu-b1, Cu-b2 et
même souvent Cu-c1, qui peut contenir des traces de phosphore, l’oxyde cuivrique noir
se fragmente lors d’une trempe à l’eau. Dans le cas du Cu-c2, les oxydes adhèrent au
métal.
L’élimination des oxydes peut être effectuée, soit par des moyens mécaniques
comme, par exemple, au jet de sable ou par brassage en tonneau avec des billes en
inox, soit par action chimique. Dans ce dernier cas, on utilise un bain d’acide sulfurique
dilué (40 à 100 g/l). Le décapage sulfurique laisse en surface un dépôt de cuivre pulvé-
rulent qui s’élimine dans un mélange oxydant H2SO4 + H2O2 ou par brossage suivi d’un
rinçage. Dans les cas difficiles, on utilise un mélange sulfonitrique.
Traitements thermiques
Les températures de recuit se situent entre 375 et 650 °C, les cuivres au phosphore
Cu-b1 et Cu-b2 nécessitant une température d’environ 50 °C plus élevée que les cuivres
sans phosphore. La température de recuit dépend de la pureté du métal, de l’écrouissage
et de la durée de maintien en température. Pour les nuances contenant de l’oxygène,
l’atmosphère doit rester neutre ou légèrement oxydante.
Déformation à froid
Le cuivre est malléable à l’état recuit et se prête remarquablement aux opérations de
pliage, sertissage et emboutissage. Le tableau 12.3 indique les résultats d’essais
d’emboutissage Erichsen.
Usinage
Le cuivre pur s’usine assez mal. Le laiton CuZn39Pb2 étant pris comme base 100,
l’indice d’usinabilité du cuivre est de 20. Les usinages de précision doivent être effec-
tuées à l’outil diamant.
652
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Méthodes d’assemblage
Toutes les techniques de brasage et de soudage sont applicables aux cuivres désoxydés
ou exempts d’oxygène.
Dans le cas des nuances avec oxygène, la présence d’hydrogène peut conduire à une
fragilisation intergranulaire irréversible ; dans ce cas, seul le brasage tendre est applica-
ble sans restriction.
12.4 Applications
Le cuivre et ses alliages trouvent leurs débouchés soit après une première transformation
de produits bruts en demi-produits (fils et câbles, tubes et pièces moulées), soit après
une deuxième transformation des demi-produits issus de la première transformation.
Les chiffres régulièrement actualisés concernant les tonnages globaux de production et
de consommation se trouvent sur le site internet www.cuivre.org. On peut également se
référer aux sites www.icsg.org et www.coppercouncil.org pour les statistiques concernant
les demi-produits.
653
654
Tableau 12.4 – Propriétés physiques comparées des cuivres alliés et du cuivre Cu-b1.
Cuivres alliés
À prise À rétention Destinés
12 • Cuivre
et alliages de cuivre
Masse volumique à 20 °C (kg/dm3) 8,9 8,9 8,9 8,9 8,9 8,9 8,9
Capacité thermique massique à 20 °C (J/(kg.K)) 385 377 377 385 385 385 385
Conductivité thermique à 20 °C (W/(m.K)) 328 335 230 394 365 369 372
Conductivité électrique à 20 °C (% IACS) 80 86 67 100 88 94 94
Coefficient de température de la résistivité de 0 à 100 °C 3,1 3,3 2,7 3,9 3,7 3,7
(10-3K-1)
12.4 Applications
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Charge Conductivité
Nuance État de rupture électrique
(MPa) (% IACS)
Recuit 275 –
CuCd0,8Sn0,15 H12 410 –
H 14 720 72
Recuit 280 67
CuCd0,8Sn0,4 H12 440 65
H 14 760 62
655
656
Tableau 12.7 – Propriétés physiques des cuivres alliés à durcissement structural.
12 • Cuivre
et alliages de cuivre
CuCr
CuZr CuFe2P CuCoP CuNi2Si CuBe2 CuCo2Be
CuCrZr
Température liquidus (°C) 1 080 1 084 1 089 1 083 1 060 980 1 070
Température solidus (°C) 1 070 – 1 081 1 081 1 040 865 1 030
Masse volumique à 20 °C (kg/dm3) 8,9 8,9 8,8 8,9 8,9 8,2 8,7
Capacité thermique massique à 20 °C (J/(kg.K)) 377 386 383 383 377 419 419
Conductivité thermique* à 20 °C (W/(m.K)) 322 360 262 338 168 115 224
Conductivité électrique* à 20 °C (% IACS) 80 92 65 85 35 22 48
Barres en laiton
La fabrication de barres en laiton alimente de grandes industries de la deuxième trans-
formation comme le décolletage et le matriçage.
La répartition globale des marchés de consommation pour l’Europe est indiquée à la
figure 12.2.
Tubes en cuivre
La consommation française est de l’ordre de 65 000 tonnes. Le marché des tubes en
cuivre trouve ses applications dans trois principaux domaines (figure 12.3) :
• les canalisations sanitaires pour environ 40 % de la consommation. Il s’agit de la distri-
bution d’eau chaude et d’eau froide ;
• les canalisations de chauffage et de gaz pour environ 30 % de la consommation. Cette
application est particulièrement développée pour le chauffage traditionnel et dans une
moindre mesure pour le chauffage par le sol ;
• les applications industrielles pour environ 30 % de la consommation.
657
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Coefficient de température de
la résistivité de 0 à 100 °C (10-3K-1) 1,5 1,6 1,8 1,3 1,3
658
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
659
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Bronzes de corroyage
Bronzes de fonderie
Résistivité électrique à 20°C (10-8 Ω.m) 17,2 17,2 15,7 11,5 14,4
660
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Bronzes de corroyage
État Charge Limite Allongement 1 Dureté
de rupture d’élasticité A (%) Vickers
(Mpa) à 0,2 % (Mpa)
Recuit 345 180 50 95
H12 460 380 30 155
CuSn4P
H14 600 550 5 190
H15 740 710 — 215
Recuit 375 190 50 105
H12 500 400 20 165
CuSn6P
H14
H15
660
770
620
740
5
—
205
235
C
Recuit 405 210 50 110
661
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Cupro-aluminiums de corroyage
Cupro-aluminiums de fonderie
662
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Cupro-aluminiums de corroyage
Recuit
450
485
170
200
20
35
C
CuAl7Fe2
Cupro-aluminiums de fonderie
Mode Charge de Limite d’élasticité Allongement
d’obtention1 rupture (MPa) à 0,2 % (MPa) A(%)
Y30 500 — 20
CuAl9
Y80 550 200 15
(1) Y20 : moulé au sable, sans traitement thermique – Y30 : moulé en coquille, sans traitement thermique –
Y70 : moulé en coulée continue, sans traitement thermique – Y80 : moulé par centrifugation, sans traitement
Ces marchés concernent pour près des trois quarts l’industrie du bâtiment, le quart
restant se répartissant à travers des marchés extrêmement diversifiés concernant les
canalisations industrielles ou automobiles ainsi que l’industrie des échangeurs
thermiques.
En marge de ces marchés traditionnels, il existe un petit marché de quelques milliers de
tonnes de tubes en alliages de cuivre et en particulier en laiton. Ces tubes en laiton
trouvent leurs applications dans l’industrie du luminaire, dans la construction électrique,
la décoration et la robinetterie. Les tubes en cupro-nickel servent essentiellement à la
construction d’échangeurs thermiques.
663
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Cupro-nickels de corroyage
664
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
CuNi5 270 90 45 65
CuNi20 330 135 43 85
CuNi25 350 145 43 90
CuNi30 360 150 40 95
CuNi44Mn 470 200 40 110
Charge Limite
Allongement Dureté
État de rupture d’élasticité
A(%) Vickers
(MPa) à 0,2 % (MPa)
Limite Dureté
Mode Charge de
d’élasticité à Allongement A (%) Brinell
d’obtention (1) rupture (MPa)
0,2 % (MPa) 10/1000
(1) Y20 : moulé en sable, sans traitement thermique – Y70 : moulé en coulée continue, sans traitement ther-
mique – Y80 : moulé par centrifugation, sans traitement thermique.
665
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Laminés
Les différents marchés d’utilisation en Europe des laminés en cuivre et alliages de cuivre
se répartissent selon les indications de la figure 12.4.
Une analyse plus fine montre que la toiture représente à elle seule 20 % de l’ensemble
des laminés et 45 % des laminés en cuivre.
666
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Recuit 440 — 40 —
CuNi18Zn19Pb1
H12 530 400 15 170
Recuit 420 — 20 —
CuNi10Zn42Pb2
H12 540 400 15 155
CuSi3Mn CuSi2Al2,5
Température du liquidus (°C) 1 025 1 030
Température du solidus (°C) 970 1 000
Masse volumique 8,5 8,3
à 20 °C (kg/dm3)
Coefficient de dilatation linéaire 18 17,1
(10-6 K-1)
Capacité thermique massique 380 375
à 20 °C (J/kg.K))
Conductivité thermique 36 42
à 20 °C (W/(m.K))
Conductivité électrique 7 10
à 20 °C (% IACS)
Résisitivité électrique 25 17,4
à 20 °C (10-8 Ω.m)
667
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Dureté
Charge de rupture Limite d’élasticité Allongement
État Brinell
(MPa) à 0,2 % (MPa) A (%)
10/3 000
Recuit 420 185 57 95
CuSi3Mn H12 535 410 30 155
(laminés) H14 600 525 17 175
H15 700 670 10 –
Recuit 415 210 55 95
CuSi3Mn
H12 535 415 30 155
(étirés)
H14 750 730 7 205
Recuit 495 260 45 130
CuSi2Al2,5
H12 640 560 17 190
(étirés)
H14 810 780 8 235
Figure 12.1 – Principaux marchés d’utilisation en France des fils et câbles en cuivre.
D’après : Le cuivre et ses alliages (Centre d’information du cuivre).
Dans le domaine électrique, les laminés trouvent leurs débouchés dans la fabrication
des cosses, des connecteurs, des douilles de lampe et des transformateurs.
Dans l’industrie automobile, les laminés sont utilisés dans la fabrication des radiateurs
et des joints, mais on les utilise surtout pour les cosses et les connexions électriques.
Les laminés en cuivre trouvent aussi des débouchés dans des domaines extrêmement
variés allant de l’habillement, l’équipement de la maison jusqu’à l’industrie lourde pour la
fabrication d’échangeurs thermiques.
Barres et profilés en cuivre
Les barres et profilés en cuivre alimentent principalement le marché de la construction
électrique. Deux grands domaines caractérisent ce marché :
• le gros équipement électrique lié à la production et au transport de l’électricité qui repré-
sente 30 % des débouchés. Ce sont essentiellement les fabrications d’alternateurs de
transformateurs et de disjoncteurs ;
• la distribution terminale et les équipements industriels qui absorbent près de 60 %
des demi-produits concernés.
Il faut ajouter l’industrie automobile et l’électroménager qui se partagent les 10 % restants.
Il s’agit essentiellement des petits méplats de bobinage et profilés pour collecteurs de moteurs.
668
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
Pièces moulées
On rencontre principalement trois grandes familles d’alliages :
• les laitons ;
• les bronzes ;
• les cupro-aluminiums.
La grande diversité de ces alliages et l’étendue de leurs propriétés leur confèrent des
domaines d’utilisation très variés dans tous les secteurs du bâtiment, du monde indus-
triel, de l’automobile, de la construction électrique et de l’aéronautique.
669
12 • Cuivre 12.4 Applications
et alliages de cuivre
670
12 • Cuivre 12.5 Alliages spéciaux
et alliages de cuivre
Le matriçage consiste à fabriquer des pièces par compression à chaud d’un lopin dans
une presse. Cette technologie est mise en œuvre à partir de barres ou profilés, débités
par sciage ou cisaillage en lopins. Les lopins sont réchauffés dans un four tunnel à une
température où la ductilité du métal chaud est maximale. Les lopins subissent alors
l’opération de déformation à chaud dans une matrice en acier, à l’aide d’une presse à vis
ou à vilebrequin. Les ébauches matricées sont ensuite le plus souvent ébavurées puis
parachevées suivant un certain nombre d’étapes d’usinage et de finition.
L’alliage de référence est le laiton CuZn39Pb2 dont la température de matriçage est
voisine de 750 °C. L’avantage de la technique, qui ne concerne la transformation que
d’une phase solide, est de conserver à la pièce finie les qualités de la barre initiale. Les
pièces sont saines, exemptes de soufflures ou retassures dommageables à la bonne
tenue mécanique. Les applications du matriçage du laiton sont également très nombreu-
ses et touchent tous les domaines de la robinetterie, de l’électricité, de la mécanique et
de la décoration par exemple.
C
671
12 • Cuivre 12.5 Alliages spéciaux
et alliages de cuivre
600
400
300
CuCrZr
200
CuZn10
100 Cu
0
0 200 400 600 800
Température de recuit (oC) – Durée = 1 h
672
12 • Cuivre 12.5 Alliages spéciaux
et alliages de cuivre
Charge Limite
Allongement Dureté
État de rupture d’élasticité
(%) Vickers
(MPa) à 0,2 % (MPa)
* Fabrication de pièces à partir d’un métal préalablement revenu en usine au stade du demi-produit.
100
CuNi15Sn8
Contrainte résiduelle (%)
80
Acier Inox
60
CuAlO
40
CuBe2
20
0
1 3 10 30 100 300 1000 3 000 10 000
Temps (heures) T = 200 oC
673
12 • Cuivre 12.5 Alliages spéciaux
et alliages de cuivre
674
12 • Cuivre 12.5 Alliages spéciaux
et alliages de cuivre
application élévation
FORME A d’une contrainte FORME B de température FORME A
C
application élévation après
FORME A FORME B FORME A
abaissement de température
675
12 • Cuivre 12.6 Renseignements pratiques
et alliages de cuivre
676
12 • Cuivre 12.6 Renseignements pratiques
et alliages de cuivre
BP 80067
60304 SENLIS Cedex
Tél. : 03 44 67 30 00
Fax : 03 44 67 34 00
www.cetim.fr
Cicla (Centre d’information du cuivre, laitons et alliages)
17, rue Hamelin
75116 PARIS
Tél. : 01 42 25 25 67
Fax : 01 49 53 03 82
www.cuivre.org
Ctif (Centre technique des industries de la fonderie)
44, avenue de la Division-Leclerc
92312 SÈVRES Cedex C
Tél. : 01 41 14 63 00
12.6.4 Bibliographie
Les propriétés du cuivre et ses alliages, édition 1992, Cicla
Métallurgie spéciale, Tome II, Le cuivre et ses alliages – HERENGUEL J., Bibliothèque des
Sciences et techniques nucléaires, 1962.
677
12 • Cuivre 12.6 Renseignements pratiques
et alliages de cuivre
678
13 • Magnésium 13.1 Introduction
et alliages de magnésium
13 • MAGNÉSIUM ET ALLIAGES
DE MAGNÉSIUM
Moyenne
1,59 1,55 1,37 1,25
des prix ($US/lb)
679
13 • Magnésium 13.1 Introduction
et alliages de magnésium
Après les forts programmes d’investissements engagés à la fin des années 1990 et au
début des années 2000 (en Israël, au Canada, aux États-Unis, en Australie), orientés sur
trois objectifs :
• accroître la capacité de production de magnésium par désalinisation de l’eau de mer ou
par retraitement de l’amiante,
• accroître la capacité de transformation et de production dans les secteurs de l’automobile
en particulier,
• accroître la capacité de recherche appliquée et de développement,
on observe aujourd’hui une situtation quasi monopolistique de la Chine, qui détenait en
2005 plus de 70 % du marché de production du métal primaire (467 kt en 2005 sur une
production mondiale de 649 kt, et une production prévue en 2006 de 490 kt). Cette situa-
tion a par ailleurs conduit nombre d’acteurs établis (Norsk Hydro en Norvège, Péchiney
Électométallurgie en France et Northwest Alloy aux Etats-Unis notamment) ou en déve-
loppement (en Australie, par exemple) à quasiment cesser toute activité dans le domaine
depuis 2001-2003. Seuls trois sites « occidentaux » sont encore opérationnels, pour une
capacité cumulée d’environ 124 kt/an : US Magnesium dans l’Utah (43 kt/an), l’israélien
Dead sea Magnesium (33 kt/an) et Hydro Magnesium à Bécancourt au Canada
(48 kt/an). Jusqu’en 2003, il convenait d’ajouter la production de l’unité Magnolia au
Canada, détenue par Noranda, dont la capacité était de 58 kt/an, fermée depuis.
680
13 • Magnésium 13.1 Introduction
et alliages de magnésium
13.1.2 Utilisation
L’utilisation du magnésium en tant qu’élément d’addition pour les alliages d’aluminium
reste prépondérant puisqu’elle représente environ 50 % du magnésium produit.
Le moulage sous pression d’alliages de magnésium représente en volume la deuxième
utilisation du magnésium.
Les autres utilisations de magnésium représentent toutes moins de 10 % (tableau 13.3).
Alliages d’aluminium
La moitié du magnésium consommé sous cette forme est utilisée pour la fabrication des
boîtes pour boissons.
Nodularisation des fontes
Le magnésium favorise les structures à graphite nodulaire sphéroïdal ce qui permet
d’obtenir des produits à hautes performances mécaniques1.
Désulfuration des fontes
Dans ce cas le magnésium est utilisé sous forme de grenailles. Il enlève aussi l’arsenic.
Applications chimiques
Le magnésium est le réducteur utilisé pour la fabrication de titane, de zirconium,
d’uranium et de béryllium.
Il a des applications électrochimiques dans les domaines de la protection cathodique et
des piles.
Moulage
Ce marché est en pleine expansion, notamment dans les secteurs automobile et aéro-
nautique avec la fonderie sous pression.
1. Se reporter au chapitre 7.
681
13 • Magnésium 13.2 Définition et notions de base
et alliages de magnésium
Propriétés cristallographiques
Il possède une structure cristalline hexagonale compacte et son groupe de symétrie est
P63/mmc. Les plans sont rangés suivant le type ABA.
682
13 • Magnésium 13.2 Définition et notions de base
et alliages de magnésium
Les paramètres de mailles sont : a = 0,320 9 nm, c = 0,521 nm, soit un rapport de
c/a = 1,62.
Propriétés physiques
Sa température de fusion est 650 °C. À cette température, le magnésium se sublime
sous vide à 200 Pa (figure 13.1).
Cette particularité est exploitée dans la quasi-totalité des procédés d’élaboration du métal
par voie de réduction thermique de ses minerais et dans les procédés d’obtention de
métal de haute pureté par sublimation, mais elle interdit la fusion sous vide du métal
et de ses alliages.
Son coefficient de dilatation de 20 à 500 °C est de 29,9 x 10-6 K-1 ; il possède donc un
retrait à l’état solide de 1,8 % (de 1,2 à 1,3 % pour ses alliages).
Il permet des échanges thermiques faciles, sa conductivité thermique à 20 °C est de
155 W/(m.K) et sa résistivité électrique de 4,46 x 10-3 Ω.cm (pour comparaison la conduc-
tivité de l’aluminium pur est 217 W/(m.K) et sa résistivité électrique est 2,63 x 10-3 Ω.cm).
Propriétés chimiques
L’oxydation à température ambiante est lente. C’est à partir de 70 °C que le magnésium
décompose l’eau, d’autant plus vite que la température est élevée.
683
13 • Magnésium 13.2 Définition et notions de base
et alliages de magnésium
Pression (Pa)
10 5
10 4 Solide Liquide
10 3
Point triple
10 2
10 Vapeur
10 –1
400 500 600 700 800 900 1 000 1 100 1 200
Température (°C)
Il est attaqué par tous les acides, à l’exception de l’acide chromique, qui dissout les
produits de corrosion tel que Mg (OH) 2, et l’acide fluorhydrique, qui dépose à la surface
des pièces une pellicule protectrice de MgF2.
Il résiste bien aux produits basiques.
La plupart des composés organiques n’attaquent pas le magnésium à l’exception du
méthanol et, à moindre degré, la glycérine et le glycol.
Le magnésium réagit avec l’oxygène pour former la magnésie selon la réaction suivante :
Mg + 1/2 O2 → MgO, avec ΔGo = –500 KJ/mol à 645 °C.
L’oxyde formé (MgO), très stable, forme un film protecteur dans une atmosphère sèche
jusqu’à 450 °C. Au-delà de 475 °C, l’épaisseur d’oxyde atteint une valeur critique. Des
fissures se forment dans la couche d’oxyde par lesquelles l’oxygène peut diffuser jusqu’à
la surface même du métal et y réagir.
La cinétique d’oxydation est fortement influencée par la présence d’humidité dans l’air et
de certains éléments d’alliage dans le métal.
La combustion vive du magnésium au contact de l’air ne se produit que si le métal est
porté à une température supérieure à celle de son point de fusion.
Si le métal se présente sous une forme divisée, le point d’inflammation peut descendre
jusqu’à 480-500 °C et dans ce cas, l’inflammation se propage à l’ensemble du fragment
concerné.
Le magnésium se combine avec l’azote pour donner un nitrure, Mg3N2, à des tempéra-
tures proches de la température de fusion :
3Mg + N2 → Mg3N2
684
13 • Magnésium 13.3 Alliages de magnésium
et alliages de magnésium
Ce nitrure se forme assez rapidement vers 700 °C, altérant à la fois les propriétés méca-
niques et la tenue à la corrosion de l’alliage. C’est pourquoi ce gaz n’est pas utilisé en
fonderie pour les alliages de magnésium.
Propriétés mécaniques
Les propriétés mécaniques du magnésium pur sont médiocres (à l’état filé, la contrainte
à rupture est 200 MPa, la limite d’élasticité est 50 MPa, l’allongement à rupture de 10 %
et le module d’élasticité de 47 000 MPa). L’addition d’autres éléments permet une amélio-
ration de ces caractéristiques.
Alliages Mg-Zr
Les alliages de magnésium et de zirconium sont à la base d’un certain nombre de sous-
groupes. La présence de zirconium permet une diminution de la taille de grain. Ainsi les
alliages résistent mieux aux vibrations et aux sollicitations élevées.
Ils présentent une bonne coulabilité.
Le zirconium améliore légèrement les caractéristiques de résistance en traction du métal
de base alors que l’allongement subit une nette augmentation. Il ne peut être introduit
qu’à la teneur de 0,6 à 0,7 % en masse.
Sa présence est incompatible avec celle d’un certain nombre d’éléments comme
l’aluminium avec lequel il donne des composés intermétalliques lourds qui précipitent
pendant la fusion de l’alliage.
Le zirconium forme des composés stables insolubles aux températures d’élaboration
des alliages avec les éléments comme Al, Si, Fe, Mn, H, Co, Ni, Sb et Sn. Il est donc
impératif que les alliages Mg-Zr ne soient pas en contact, à l’état liquide avec ces
éléments.
1. On se reportera à la section 13.4 pour la définition des différentes désignations des nuances de
magnésium.
685
13 • Magnésium 13.3 Alliages de magnésium
et alliages de magnésium
686
13 • Magnésium 13.3 Alliages de magnésium
et alliages de magnésium
Éléments Propriétés
– Améliorent la coulabilité.
– Augmentent la résistance à la corrosion (galvanique en particulier).
– Améliorent la limite d’élasticité et la tenue au fluage et diminue l’allongement.
Terres rares
– Améliorent la résistance à chaud et la tenue au fluage jusqu’à 250 °C
(principalement dû au néodyme).
– Diminuent les microporosités.
Alliages Mg-Al-Zn
Ce sont les plus utilisés. Ils sont peu coûteux. Leur coulabilité les rend aptes à la réalisation
de pièces complexes, mais ils sont difficiles à utiliser en fonderie à cause de leur tendance
à la microporosité et de leur sensibilité aux variations d’épaisseurs de la pièce.
687
13 • Magnésium 13.3 Alliages de magnésium
et alliages de magnésium
Ces alliages sont souvent utilisés en fonderie sous pression avec toutefois une addition
d’environ 0,001 % en masse de béryllium pour diminuer l’oxydation du métal liquide.
Les derniers alliages développés (GA6Z1, GA9Z1, …) diffèrent au niveau de leur compo-
sition des alliages classiques (GA8, GA9, …) par leur taux d’impuretés très bas qui leur
confère une résistance à la corrosion améliorée.
688
13 • Magnésium 13.3 Alliages de magnésium
et alliages de magnésium
Addition de manganèse
L’addition de manganèse au système Mg-Al-Zn n’apporte pratiquement pas d’améliora-
tions aux propriétés mécaniques. Il joue un rôle anti-corrosion. Il élimine l’effet nocif des
impuretés comme le fer et le nickel, qui se combinent avec le magnésium pour former
des composés intermétalliques constituant des microcathodes en présence d’un milieu
corrosif.
L’utilisation de l’ensemble de ces alliages reste limitée en température (au dessous de
120 °C).
Le tableau 13.7 donne la liste des principaux alliages de magnésium de ce groupe.
689
13 • Magnésium 13.3 Alliages de magnésium
et alliages de magnésium
GA9Z1 8,3/9,7 0,35/1,0 0,13/0,15 0,1/1,1 selon T4 à T6 – Convient bien au moulage sous
le niveau de pression et en coquille, en sable et
pureté de l’alliage en cire perdue. Bonnes caractéris-
(indice A à E) tiques mécaniques.
– Utilisable sans traitement ther-
mique.
– Bonne résistance à la déforma-
tion par choc.
Des alliages plus chargés, comme GA6Z1 et GA8ZA, aux caractéristiques améliorées
après revenu, se prêtent d’avantage aux transformations par filage ou filage et forgeage.
Alliages au manganèse
Les propriétés durcissantes du manganèse ne sont guère importantes. Mais ces alliages
conservent leur intérêt pour des applications électrochimiques (protection cathodique
des aciers).
690
13 • Magnésium 13.3 Alliages de magnésium
et alliages de magnésium
Alliages au thorium
L’addition de thorium est compatible avec celle de zirconium. Elle est pratiquée dans le
but d’améliorer la résistance à la déformation à chaud (effet augmenté par un traite-
ment thermique approprié).
Alliages au lithium
Ces alliages présentent une grande capacité de déformation à froid et d’excellentes
capacités de soudabilité, mais aussi de faibles caractéristiques mécaniques et une
pauvre résistance à la corrosion.
C
Le tableau 13.8 donne la composition chimique et les principales utilisations sous forme
691
13 • Magnésium 13.4 Normalisation
et alliages de magnésium
13.4 Normalisation
13.4.1 Correspondances entre désignations
Les alliages de magnésium sont indifféremment désignés sous la norme française
AFNOR ou américaine ASTM. Les tableaux 13.9 et 13.10 permettent de retrouver les
principaux alliages sous les différentes appellations.
Tableau 13.9 – Équivalences entre les normes françaises et les normes américaines
pour quelques alliages de moulage.
– – WE54
– – WE43
– – EQ21
– GA4S1 AS41
– – ZC63
FT GA8Z1 AZ81
– GZ5Zr ZK51
– GTh3Zr HZ32
– GA6M AM60
692
13 • Magnésium 13.4 Normalisation
et alliages de magnésium
Tableau 13.10 – Équivalences entre les normes françaises et les normes américaines
pour quelques alliages de corroyage.
– – ZC71
M1 GA6Z1 AZ61
– GA7Z1 AZ80
– – ZK40
– GZ5Zr ZK60 C
– – HK31
F3 GA3Z1 AZ31
693
13 • Magnésium 13.5 Propriétés d’usage
et alliages de magnésium
694
13 • Magnésium 13.5 Propriétés d’usage
et alliages de magnésium
Traction Fatigue
Module sans entaille
Temp.
Alliage Rm R0,2 A (%) d’élasticité (MPa)
(°C)
(GPa)
(MPa) (MPa) sur 50 mm 5 × 107 cycles
695
13 • Magnésium 13.5 Propriétés d’usage
et alliages de magnésium
(WE43) (WE54)
Contrainte (MPa)
Contrainte (MPa)
300 300
250 250
200 200
Allongement (%)
60 60
50 50
40 40
Allongement 20 Allongement 20
0 0 0 0
0 50 100 150 200 250 300 0 50 100 150 200 250 300
Température (°C) Température (°C)
(a) (b)
696
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
697
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
698
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
On utilise des atmosphères protectrices de SO2, d’air contenant 0,2 à 0,3 % de SF6, de
mélange Ar + SF6 (en ne dépassant toutefois pas 2 % de SF6 pour ne pas gêner l’écou-
lement du métal), qui agissent chimiquement à la surface du métal pour le revêtir d’une
couche protectrice.
Le SO2 et le SF6 liquéfiés sous pression sont livrés en bouteilles. Celles-ci doivent être
conformes à la réglementation des appareils à pression de gaz.
Recommandations relatives au métal solide
Si l’on observe scrupuleusement les méthodes de sécurité, que l’on veille à la propreté
des machines et des ateliers et que l’on applique la technologie particulière à l’usinage
du magnésium, celui-ci ne présente pas un risque considérable car il est rare d’atteindre
ponctuellement la température de fusion du magnésium du fait de sa grande conducti-
vité thermique.
Lors de l’usinage, il est nécessaire d’éviter de mettre en contact des copeaux de magné-
sium avec d’autres copeaux portés à haute température, ceci risquant de provoquer
l’inflammation du magnésium et d’échauffer les pièces par frottement lors des opéra-
tions d’usinage.
En conséquence, les machines d’usinage doivent être réservées uniquement au
magnésium ; quand ceci n’est pas possible, elles doivent être nettoyées avant, pendant
et après l’usinage.
L’usinage peut comprendre des opérations de sciage, tournage, ébarbage, fraisage/perçage,
taraudage, mortaisage. Il est préférable d’usiner à sec et de refroidir éventuellement à l’air
comprimé (sec et sans huile).
699
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
700
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
Moulage
Différents types de moulage sont possibles selon le résultat désiré.
Moulage en sable
Ce procédé est appliqué pour de faibles séries de pièces. L’ajout d’un inhibiteur au sable
est nécessaire pour empêcher la réaction de décomposition de l’eau contenue dans le
moule aux températures de coulée. Pour compléter son action, le moule doit être purgé
immédiatement avant la coulée avec un gaz tel que SO2 ou un mélange CO2 + SF6.
Moulage sous pression
Deux types de machines sont actuellement utilisés : les machines à chambre chaude et
à chambre froide. La particularité se situe au niveau du système de remplissage et
d’alimentation :
• remplir le moule et en chasser l’air rapidement ;
• éviter la rencontre de plusieurs jets d’alliages ;
• tenir compte de la solidification rapide de ses alliages.
Avec ce type de moulage, l’épaisseur des parois des pièces réalisées peut être faible.
La coulée sous pression est un procédé qui permet d’obtenir des toiles minces (2,5 mm)
701
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
Moulage de précision
Le procédé à la cire perdue le plus utilisé est celui en moule massif avec un réfractaire
à base de plâtre. En effet, le procédé en carapace est encore peu employé.
Dans tous les cas, il est nécessaire d’incorporer un inhibiteur compatible avec le
réfractaire utilisé (exemple : le fluorure d’aluminium). Avant la coulée, le moule doit être
rempli d’un gaz inerte ou réducteur.
Ébarbage
L’ébarbage des alliages de magnésium utilise les mêmes moyens que ceux des alliages
d’aluminium. À noter toutefois quelques observations :
• les vitesses de coupe utilisées en sciage sont situées entre 400 et 1 000 m/min avec des
scies comportant 2 à 3 dents au centimètre ;
• pour le meulage, le grain des meules ou des toiles abrasives doit être compris entre 30
et 150 ;
• tous les alliages de magnésium présentent une excellente usinabilité. L’opération
d’usinage, surtout pratiquée pour le démasselottage, nécessite l’observation des règles
d’affûtage des outils et des vitesses de coupe correspondant aux alliages de magnésium.
Il est recommandé d’obtenir des copeaux de gros volumes avec la plus grande vitesse
possible (1 500 à 2 500 m/min). Il faut éviter le frottement de l’outil sur la pièce ;
• l’usinage chimique : l’attaque du magnésium par les acides est un aspect mis à profit pour
la réduction d’épaisseur des pièces en magnésium de formes complexes. Cet aspect est
d’autant plus simple que l’attaque chimique s’effectue toujours par enlèvement d’une
couche uniforme en épaisseur et non par action intergranulaire.
L’épaisseur enlevée peut atteindre au maximum 10 mm. Les vitesses d’attaque dans des
bains de solutions d’acide chlorhydrique sont de l’ordre de 0,025 à 0,040 mm/min.
702
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
Laminage
Cette opération est généralement effectuée sur des nuances peu chargées en éléments
d’alliages. En effet, les éléments d’alliages relèvent les caractéristiques mécaniques et
par la même occasion, l’énergie nécessaire à leur transformation.
L’ébauchage à chaud est pratiquée à partir de 400-475 °C avec des réchauffages inter-
médiaires.
Les cylindres doivent être maintenus, en cours de travail, à une température de 200 à
250 °C.
Après le laminage à chaud, il est nécessaire de procéder à un recuit (typiquement
300 °C pour le GA3Z1) et à un décapage.
Pliage, formage
Ces opérations doivent être effectuées à des températures de 280 à 350 °C. Les outilla-
ges devront être régulièrement réchauffés ainsi que la tôle.
703
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
Collage
Cette technique d’assemblage est aussi utilisée avec des alliages de magnésium. Deux
points essentiels sont à surveiller, liés aux techniques de collage :
• la préparation de surface ; un traitement de préparation mécanique ou chimique est
nécessaire pour obtenir une surface propre, non oxydée et éliminer le film d’oxyde qui se
produit après solidification du métal ;
• la fiabilité des paramètres de collage.
Assemblage mécanique
Deux modes sont possibles : le rivetage, de moins en moins utilisé au bénéfice du
soudage, et les assemblages démontables avec vis, boulons, écrous…
Rivetage
Des rivets en aluminium pur sont utilisés lorsque l’assemblage est soumis à de faibles
contraintes.
L’utilisation de rivets en alliage d’aluminium AG5 permet d’obtenir des assemblages
dont la résistance correspond largement à celle des tôles ou des profilés assemblés.
Assemblages démontables
Si les démontages ne sont pas trop fréquents, il est possible de visser directement dans
la pièce en magnésium. Sinon il est préférable d’utiliser des boulons et écrous traversant
de part en part les brides à assembler.
704
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
Les filets rapportés sont également utilisés dans les assemblages avec trou borgne
quand une pièce pouvant être taraudée pour servir d’écrou, ne peut être insérée en
fonderie.
Les rondelles doivent être largement dimensionnées et épaisses pour éviter d’endom-
mager les pièces lors du blocage.
Ces boulons, vis, écrous, goujons et rondelles en acier, aluminium ou alliages cuivreux
sont étamés, galvanisés ou cadmiés.
705
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
• un potentiel fortement électro-négatif par rapport aux autres métaux. En effet, du fait de
la valeur élevée de son potentiel électrochimique, le magnésium se comporte comme
anode quand il est couplé à un autre métal en présence d’un électrolyte.
Les deux premières propriétés jouent un rôle sur les phénomènes d’attaque chimique
tandis que la troisième se manifeste surtout dans l’attaque électrochimique.
706
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
60
Vitesse de corrosion (mm/an)
Fe
50
Ni, Co
Cu
40
30
Ag
20
Si, Pb,
Pb, Sn, Al
Sn, Mn
Ca
10
Zn
Cd
0
0 1 2 3 4 5 6
Source : Metal Handsook Éléments d’addition (%)
Figure 13.3 – Effets des éléments d’addition sur la tenue à la corrosion d’alliages
binaires de magnésium testés dans une solution à 3 % NaCl.
Source : ASM Metal Handbook.
707
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
Le manganèse joue, quand à lui, un rôle anti-corrosion. Il élimine l’effet nocif des impu-
retés qui se combinent avec le magnésium pour former des composés intermétalliques
constituant des microcathodes en présence d’un milieu corrosif.
La présence de manganèse permet une tolérance plus large des impuretés dans la limite
du respect d’une certaine proportionnalité.
Par exemple, dans l’alliage GA9Z1, le ratio Fe/Mn doit être inférieur à 0,032 pour une
amélioration du comportement à la corrosion, avec la formation d’une phase (Fe, Mn) Al3
moins réactive.
L’yttrium joue aussi ce rôle anti-corrosion.
Le zinc améliore aussi le comportement de la corrosion des alliages contenant du fer.
Les alliages tels que GA9Z1D ou E (avec un faible taux d’impuretés) et les WE43-WE54
ont une bien meilleure résistance à la corrosion que les alliages antérieurs GZ4TR et
GAg2,5TR.
Avec un traitement de surface adéquat, ils présentent un comportement voisin de celui
des alliages d’aluminium.
Effet de l’environnement
Un film protecteur se forme à la surface des alliages de magnésium. Toutefois, même
si ce film est adhérent, il ne permet pas une protection efficace contre les différentes
attaques de l’environnement.
Le magnésium est enclin à la corrosion par piqûres, principalement lorsqu’il y a rupture
du film protecteur.
Quelques alliages de magnésium sont sensibles à la corrosion sous contraintes. Il s’agit
principalement des alliages contenant plus de 1,5 % d’aluminium.
La corrosion des alliages de magnésium peut être accélérée par :
• un couplage galvanique,
• une teneur en impuretés trop élevée,
• une variation locale dans la concentration, la température ou le degré d’aération de l’élec-
trolyte,
• la contamination de l’alliage lors de l’élaboration, c’est-à-dire, la présence de
défauts tels qu’inclusions ou piqûres en surface de la pièce ou l’assemblage avec
d’autres métaux. Cette attaque est particulièrement sévère lorsque les autres métaux
sont passifs ou inertes comme par exemple les aciers ou les alliages à base de
cuivre.
Un exemple de la vitesse de réaction de l’alliage GA3Z1 sous différentes atmosphères
est donné ci-dessous :
• atmosphère marine : 18 µm/an ;
• atmosphère urbaine : 27,7 µm/an ;
• atmosphère rurale : 13 µm/an.
Les résultats des essais de corrosion saline montrent que les alliages de magnésium
GZ4TR (RZ5) et MSR-B (GAg3TR2) présentent une très faible résistance à la corrosion
saline (figure 13.4). Cependant les nuances GA9Z1 E (AZ91E) et WE43 présentent un
comportement voisin de celui des alliages d’aluminium.
Certains métaux, comme l’aluminium ou les aciers cadmiés, ne provoquent qu’une corro-
sion très minime et peuvent donc être utilisés préférentiellement aux autres dans les
assemblages avec les alliages de magnésium.
708
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
16
14
12
10
4
C
0
AS7G06 AU4G AU5NKZr AZ91 E WE43 RZ5 MSRB
Traitements chimiques
Couramment appelés mordançage, ces traitements s’effectuent au moyen de solutions
aqueuses à base de bichromates alcalins. Ils produisent à la surface des pièces une
pellicule mince d’un sel complexe insoluble.
Le plus souvent réalisé par immersion, ils peuvent aussi être appliqués au tampon ou par
aspersion. Il existe un certain nombre de formules de mordançage qui se ramènent géné-
ralement à deux types de bains :
• en bains acides : économiques, affectés au traitement des pièces brutes. Ils altèrent
légèrement les dimensions des pièces (0,01 à 0,02 mm) ;
• en bains neutres : plus longs et plus coûteux. Ils ne présentent pas les inconvénients des
bains précédents. Ils peuvent donc être effectuées sur des pièces usinées avec précision.
Cette protection a un caractère essentiellement provisoire et convient pour le stockage
des pièces en magasin dans l’attente d’une protection définitive. Elle constitue, de plus,
une bonne base d’accrochage pour les peintures.
Depuis les années 1980, ces traitements sont de plus en plus remplacés par des traite-
ments d’anodisation plus efficaces.
709
13 • Magnésium 13.6 Mise en œuvre (Afnor NF A 65-700)
et alliages de magnésium
710
13 • Magnésium 13.7 Applications
et alliages de magnésium
13.7 Applications
Les alliages de magnésium sont de plus en plus utilisés pour les pièces structurales. Ce
choix est suscité par :
• leur faible densité ;
• leurs excellentes propriétés de moulage qui entraînent une économie lors de la production
des pièces, comparativement à l’aluminium par exemple ;
• leur excellente stabilité dimensionnelle ;
• et, à moindre titre, leur bonne capacité d’amortissement et leur soudabilité.
711
13 • Magnésium 13.7 Applications
et alliages de magnésium
• la réalisation de pièces plus complexes, à parois plus minces, avec une maîtrise de la
santé interne de la pièce ;
• la coulée d’alliages de haute pureté (GA9Z1 et E4W3) pour lesquels la coulée sous gaz
protecteur limite la pollution et facilite la maîtrise de la composition chimique.
Les problèmes de tenue en corrosion des alliages de magnésium avant l’apparition des
alliages de haute pureté et la réglementation sévère, particulièrement aux États-Unis, de
l’usage de ces alliages qui en a suivi, ont contraint les constructeurs à réduire leur utili-
sation, voire à remplacer ces pièces par des alliages d’aluminium.
L’industrialisation des alliages de haute pureté va sans doute bientôt permettre de les
réintroduire.
Actuellement, les principales utilisations du magnésium moulé résident dans les carters
et les boîtiers d’hélicoptères. La mise au point des alliages de haute pureté, associée à
un traitement de surface type HAE, DOW 17 ou MAGOXID, a permis de répondre aux
exigences de tenue à la corrosion (à chaud, en atmosphère marine voire tropicale).
Cette famille d’alliages peut aujourd’hui concurrencer les alliages d’aluminium et de titane
utilisés dans ce domaine.
L’alliage de prédilection des fabricants d’hélicoptères était le GZ4TR. Par exemple Euro-
copter a utilisé cet alliage pour la réalisation, entre autres, des carters de boîtes de trans-
mission des hélicoptères comme l’Alouette, le Super Frelon (années 1960) et le Super
Puma (années 1990).
Le GZ4TR tend aujourd’hui à être remplacé par le WE43. L’alliage WE43 est utilisé pour
les carters de boîtes de transmission des appareils de Mc Donnell Douglas (MD500 et
MD600), d’Eurocopter (EC120 et NH90) et de Sikorsky (S92) (figure 13.5).
712
13 • Magnésium 13.7 Applications
et alliages de magnésium
Dans les avions militaires, seules quelques pièces telles que les roues des Mirage 2000
ou des encadrements de verrière de Jaguar et Alpha Jet, de Dassault, ont été réalisées
en alliages de magnésium.
713
13 • Magnésium 13.8 Évolutions
et alliages de magnésium
Reste le problème du prix. Largement plus chers que les aciers à caractéristiques compa-
rables, ils permettent une grande intégration de fonction qui joue sur les coûts de fabri-
cation. Leur cours a aussi l’avantage d’être plus stable que celui de l’aluminium.
L’industrie ferroviaire est également concernée puisque les sièges du TGV à deux étages
ont des cadres en magnésium. Les sièges sont passés de 26 kg (aluminium) à 14 kg
(magnésium). De plus l’utilisation du magnésium permet un amortissement des vibrations.
13.8 Évolutions
Le magnésium a longtemps souffert d’une mauvaise réputation au niveau de la corrosion
et de son risque d’inflammabilité lors de sa mise en œuvre.
Depuis une quinzaine d’années sont apparus des alliages de haute pureté, possédant de
bonnes caractéristiques à chaud et une tenue à la corrosion équivalente à celles des
alliages d’aluminium.
On a maintenant une meilleure connaissance et une bonne maîtrise de ces matériaux
avec l’utilisation de gaz de protection lors du soudage, la pulvérisation d’émulsion lors de
l’usinage, des traitements de surfaces adaptés.
Par conséquent, les réglementations devraient évoluer, surtout dans le secteur aéronau-
tique, et les applications vont sans doute se développer, étant donné les multiples avan-
tages de ces alliages.
13.8.1 Production
Il y a de fortes tensions sur le marché avec l’émergence de la Chine. De nombreux sites,
en développement il y a une dizaine d’années, ont réduit voire fermé leurs usines.
En 2005, hors production chinoise, couvrant plus de 70 % du marché de production du
métal primaire, on ne dénombrait plus que trois sites, avec une capacité cumulée d’envi-
ron 124 kt/an :
• US Magnesium, dans l’Utah,
• Dead Sea Magnesium, en Israël,
• Hydro Magnesium, à Bécancourt au Canada.
13.8.2 Alliages
L’alliage GA9Z1 D ou E (indice de pureté de l’alliage) fait l’objet de nombreux dévelop-
pements chez les fondeurs. Toutefois son application reste limitée aux pièces peu char-
714
13 • Magnésium 13.8 Évolutions
et alliages de magnésium
gées et sollicitées à une température inférieure à 150 °C. C’est pourquoi des études sont
en cours pour améliorer cet alliage visant :
• l’amélioration de la tenue au fluage,
• l’affinage du grain,
• l’amélioration de la tenue à la corrosion.
Les pistes de recherche les plus avancées portent notamment sur l’ajout de calcium afin
d’augmenter les propriétés en fluage et de résistance à la corrosion, ou encore d’yttrium
pour améliorer les caractéristiques en température.
L’obtention d’alliages à hautes propriétés en température et bonne résistance au fluage
peut aussi passer par l’ajout de strontium aux binaires Mg-Al. Ceci a eu pour consé-
quence le développement de la famille AJ, dont l’AJ62, développé par MEL et utilisé par
BMW pour les blocs-moteurs 6 cylindres.
Les alliages, tels que le WE54, proposés par MEL à la fin des années 1980, peuvent être C
utilisés jusqu’à 250-300 °C sans dégradation de leurs caractéristiques mécaniques.
715
13 • Magnésium 13.8 Évolutions
et alliages de magnésium
Rhéoformage et thixoformage
Le problème en fonderie est l’existence de porosités dues au retrait lors du refroidisse-
ment ou au tourbillon engendré lors de la coulée. Une solution pour réduire les porosités
et augmenter la ductilité consiste à couler l’alliage dans un état pâteux (état de la matière
dit semi-solide, phase solide > 50 %, ou semi-liquide, phase solide < 50 %).
Pour permettre une mise en forme facile à une température plus basse que dans la coulée
liquide, il faut transformer la structure dendritique grossière habituellement obtenue en une
structure globulaire qui a un comportement thixotropique. Cela est possible en utilisant
un mode de chauffage rapide comme l’induction, procédé incontournable pour les allia-
ges de magnésium.
Il existe deux techniques de mise en forme à l’état pâteux :
– Le rhéoformage (ou rheocasting) : l’alliage est tout d’abord fondu par induction puis
refroidi et brassé simultanément, étape permettant d’obtenir l’état pâteux de l’alliage. La
coulée est ensuite effectuée par la force centrifuge.
– Le thixoformage (ou thixocasting), employé pour les alliages de magnésium, pour lequel
une étape intermédiaire est nécessaire. Il s’agit de la fabrication de lopins de matière
pâteuse qui sont ensuite refroidis à température ambiante avant d’être réchauffés par
induction à l’état mi-liquide mi-solide pour être mis en forme. Le processus est adapté de
façon à procéder sous vide et en atmosphère neutre pour éviter toute inflammation. Ce
procédé permet donc d’obtenir pour les alliages de magnésium la même coulabilité à
588 °C qu’à l’état liquide à 700 °C.
La principale caractéristique nécessaire pour le chauffage par induction est la résistivité.
Plus elle augmente et plus la profondeur affectée augmente pour une même fréquence
appliquée, ce qui favorise la transmission de la puissance, donc la rapidité de la chauffe.
Cela explique que les alliages de magnésium chauffent plus rapidement que ceux
d’aluminium (tableau 13.19).
Résistivité Temps
Alliages
(nΩ.m) de chauffe (s)
716
13 • Magnésium 13.8 Évolutions
et alliages de magnésium
• la coulée sous moyenne pression et sous vide (0,2 MPa < à la pression < 10 MPa),
• la coulée sous haute pression ou squeeze casting (pression > 10 MPa).
Le principe de base est identique :
• le métal est porté à une température supérieure à sa température de fusion ;
• puis, par dépression, pressurisation ou par compaction (selon la technique choisie) le
métal est coulé ou compacté dans un moule préalablement préchauffé ;
• une pressurisation par un gaz froid notamment, assure le refroidissement et réduit les
défauts de fonderie tels que les porosités, retassures, fissures.
13.8.4 Fondeurs
• Aerocast/Microcast (France) : Secteur aéronautique, basse pression, cire perdue,
AZ91, WE43 et Elektron 21.
• Fansteel/Wellman Dynamics (États-Unis) a développé le moulage en sable de l’alliage C
WE43 pour la réalisation de pièces pour la société Sikorsky.
717
13 • Magnésium 13.8 Évolutions
et alliages de magnésium
Exemple de développement
Des études et évaluations sont toujours d’actualité concernant l’introduction du magnésium
en tant que matrice pour des pièces en composite à matrice métallique. L’addition de renfort
à une matrice magnésium présente un grand intérêt notamment dans le secteur aéronauti-
que et spatial, de par une augmentation des propriétés mécaniques du fait des renforts et
une réduction de la densité de la pièce du fait de la matrice en alliage de magnésium.
Les renforts peuvent être sous forme de particules, fibres courtes ou fibres longues (types
Al2O3, SiC ou carbone), à des fractions volumiques généralement autour de 12 % à 15 %
pour les renforts courts et 50 % à 70 % pour les fibres longues.
Les principales propriétés améliorées sont la résistance au fluage en température, la
tenue en traction, le module d’élasticité, la dureté et la résistance à l’usure accompa-
gnées toutefois d’une réduction de l’allongement. Le niveau d’augmentation est propor-
tionnel aux taux de renforts ajoutés.
La principale limitation pour le moment est due à la réactivité du magnésium avec
certains renforts et la tenue à la corrosion.
Les procédés généralement utilisés pour élaborer les MCMM sont la métallurgie des
poudres et la fonderie avec l’infiltration de préforme.
13.8.6 Utilisateurs
La fonderie du magnésium est en plein essor. De nombreuses études de recherche et
développement sont achevées, mais ce domaine reste toujours très actif. On observe des
718
13 • Magnésium 13.9 Commercialisation
et alliages de magnésium
débuts d’industrialisation en série, le prix de revient est en passe de devenir très compé-
titif et le contexte politique et technique est tout à fait favorable.
Les créneaux industriels qui devraient se développer le plus sont l’électronique et les
télécommunications (pièces mobiles de haute précision ou cadres : pièces injectées sous
pression), puis l’automobile dont l’intérêt est indiscutable.
L’attrait vient aussi des possibilités du moulage qui réduit le nombre de pièces et facilite
l’assemblage : sur un tableau de bord, le magnésium permet de supprimer les deux tiers
des pièces par rapport à l’acier estampé.
En France, des études sont en cours chez Renault et PSA pour intégrer des pièces
(armatures de volant, de sièges, support de pédaliers) en alliages de magnésium dans
leurs véhicules.
Le troisième créneau en expansion concerne une activité qui combinerait pièces indus-
trielles diverses, sports et loisirs (complexité et séries comparables) et les pièces minia-
tures de grandes séries.
C
13.9 Commercialisation
13.9.1 Types et formes de produits commercialisés
Le magnésium et ses alliages sont commercialisés sous différentes formes : lingots,
billettes, produits divisés (grenailles, poudres).
Lingots
Les lingots sont élaborés à partir de trois techniques :
• la plus classique consiste à alimenter par pompage une chaîne à lingoter à augets. Le
passage d’un auget à l’autre est réalisé par un opérateur qui dirige le jet de métal coulant
à l’air libre. En bout de chaîne, les lingots solides sont éjectés ;
• des techniques plus modernes comme les coulées continues de magnésium sont exploitées
et permettent une exploitation plus mécanisée et plus souple quant à la forme des lingots ;
• les techniques de coulée en moules de grosses tailles permettent d’obtenir des pièces
massives.
Billettes
L’obtention de billettes se fait par coulée continue. Cette technique conduit à des cylin-
dres de quelques mètres de long et de 30 à 50 cm de diamètre.
Produits divisés
Cette appellation regroupe les différentes formes suivantes :
• les lingotins, obtenus par sciage automatique des lingots de coulée continue (les sciures
pouvant être utilisées pour les poudres) ;
• les copeaux de magnésium, utilisés en chimie ou en agro-alimentaire, produits par tour-
nage de billettes ou fraisage de lingots ;
• les grenailles obtenues par broyage des copeaux et par tamisage. Leur principal usage
est la désulfuration des fontes. Les granulométries généralement requises sont 0,2 à
0,8 mm et 0,2 à 1,6 mm ;
719
13 • Magnésium 13.9 Commercialisation
et alliages de magnésium
• les poudres obtenues par tamisage des fibres issues des grenailles. Les granulométries
commercialisées sont comprises entre 1 et 300 mum.
Il faut prendre de grandes précautions lors de la préparation et de la manipulation :
• des copeaux : éviter toute accumulation en atelier de déchets ;
• des grenailles : le conditionnement final ne peut excéder 1 m3 si le magnésium n’est pas
protégé ;
• des poudres, d’usage limité.
720
13 • Magnésium 13.10 Recyclage
et alliages de magnésium
13.10 Recyclage
L’accroissement de la consommation mondiale de magnésium pose le problème des
déchets d’usinage et d’élaboration.
13.10.3 Perspectives
Les tendances actuelles poussent à la valorisation des déchets, d’autant plus que le
magnésium est un métal cher et que ses applications structurelles se développent.
721
13 • Magnésium 13.11 Renseignements pratiques
et alliages de magnésium
Producteurs français
• Aerocast
ZI de la Malterie
36130 Montierchaume
Tél. : 02 54 26 49 49
Fax : 02 54 26 49 50
www.microcast-sa.com/aerocast
• Fonderie Messier (groupe Honsel/Fonderie Messier)
ZI du Touya
64260 Arudy
Tél. : 05 59 82 59 70
Fax : 05 59 05 67 49
www.honsel.com/honsel
722
13 • Magnésium 13.11 Renseignements pratiques
et alliages de magnésium
• Fonderies du Midi
ZI des Estoublans
19, Première avenue – BP 2014
13845 Vitrolles Cedex
Tél. : 04 42 10 52 67
Fax : 04 42 79 67 15
www.fonderiesdumidi.fr
• SAM (Société Aveyronnaise de Métallurgie)
ZI des Prades – BP 9
12110 Viviez
Tél. : 05 65 43 67 00
Fax : 05 65 43 10 23 C
www.groupearche.com
723
13 • Magnésium 13.11 Renseignements pratiques
et alliages de magnésium
Producteurs américains
• Dow Chemical
2030 Dow Centre
Midland
MI 48674
États-Unis
Tél. : 00 1 989 636 1000
Fax : 00 1 989 832 1556
724
13 • Magnésium 13.11 Renseignements pratiques
et alliages de magnésium
www.dow.com
• Meridian Technologies Inc.
25 MacNab Avenue
Strathroy
ON N7G 4H6
Canada
Tél. : 00 1 519 246 9600
Fax : 00 1 519 245 6605
www.meridian-mag.com
13.11.2 Bibliographie
BAZILE F. – Propriétés du magnésium et de ses alliages ; Données numériques sur le
magnésium et ses alliages ; Traitements thermiques des alliages de magnésium. Tech-
C
niques de l’Ingénieur tome II, M450 ; M453 et tome IV MI305, 1985.
725
14 • Zirconium et alliages 14.1 Notions de base. Fabrication
de zirconium
14 • ZIRCONIUM
ET ALLIAGES DE ZIRCONIUM
D. Charquet C
727
14 • Zirconium et alliages 14.1 Notions de base. Fabrication
de zirconium
• une carbochloration en lit fluidisé qui produit un mélange HfCl4-ZrCl4 avec élimination
sous forme gazeuse de SiCl4 et CO ;
• la séparation de HfCl4 et de ZrCl4 par un procédé liquide/liquide (États-Unis) ou distillation
en bain de sel fondu (France) ;
• la réduction de ZrCl4 par le magnésium (procédé Kroll).
• la distillation sous vide pour l’élimination du MgCl2 et du magnésium résiduels et empri-
sonnés dans les porosités du zirconium ;
• l’obtention d’un bloc d’éponge, de 500 à 1 200 kg, qui est broyé en grains de 10 à 20 mm
de diamètre ; l’appellation éponge est due aux nombreuses porosités qui existent dans le
produit.
Les principales impuretés non volatiles sont :
• le fer (moins de 1 000 ppm),
• l’oxygène (moins de 1 000 ppm),
• le hafnium (moins de 100 ppm).
Cette éponge sert à la fabrication des alliages selon les séquences suivantes :
• le mélange de grains d’éponge avec les éléments d’alliages, suivi d’une compression à
froid pour constituer des compacts de 20 à 60 kg ;
• les assemblages des compacts par soudage, le plus souvent par faisceau d’électrons,
pour constituer une électrode cylindrique de 1 à 4 tonnes et d’un diamètre de 200 à
450 mm ;
• une première fusion sous vide dans un four à arc à électrode consommable avec creuset
en cuivre refroidi par circulation d’eau ; cette première fusion élimine les impuretés résiduel-
les volatiles comme le magnésium et le chlorure de magnésium ;
• l’assemblage par soudage de plusieurs lingots de première fusion afin de constituer l’élec-
trode pour une deuxième fusion sous vide ; cette deuxième fusion assure l’homogénéité de
la répartition des éléments d’alliage ;
• souvent une troisième fusion sous vide est pratiquée. Le lingot final obtenu, pesant 3 à
8 tonnes pour un diamètre de 500 à 730 mm, est exempt de défauts de nature inclusion-
naire, du fait de la chaîne d’élaboration utilisée.
Ensuite toute la transformation à chaud se fait à l’air avec des outils conventionnels :
forgeage en rond ou brame, laminage de tôle, filage en ébauche pour tube. La transfor-
mation à chaud, avant reprise par transformation à froid se termine au stade :
• d’une épaisseur de 2 à 8 mm pour les tôles ;
• d’un diamètre de 10 à 30 mm pour les barres ;
• d’une ébauche pour tube avec 30 à 100 mm de diamètre extérieur et 3 à 25 mm pour
l’épaisseur de la paroi.
À ce stade, la surface est conditionnée pour retrouver un aspect métallique exempt de
défauts (criques, repliures, incrustations).
La transformation se poursuit par des cycles écrouissage à froid/recuit sous vide ou sous
gaz neutre. Les écrouissages pratiqués dépendent du mode de sollicitation :
• de l’ordre de 50 % pour les tôles,
• jusqu’à 80 % et même plus pour le laminage de tube sur laminoir à pas de pèlerin,
• de l’ordre de 50 % par martelage de barre,
• de l’ordre de 10 à 20 % par étirage,
• jusqu’à 90 % pour le laminage de fil sur laminoir à gorge.
728
14 • Zirconium et alliages 14.2 Normalisation
de zirconium
Les recuits intermédiaires, qui visent à obtenir le plus souvent une recristallisation,
peuvent être de quelques minutes entre 700 et 750 °C ou de quelques heures entre 570
et 700 °C.
Pour les fabrications liées aux applications nucléaires, les gammes de transformation
ont été définies :
• pour avoir les phases précipitées avec une répartition la plus régulière possible pour la
corrosion. C’est pourquoi une trempe depuis ce domaine ß est systématiquement pratiquée
à un stade donné de la gamme ; après cette trempe, toutes les transformations à chaud et
tous les recuits doivent être impérativement effectués dans le domaine α ;
• pour avoir des tailles de précipités adéquates pour la corrosion. Ainsi dans les zircaloy,
des précipités fins pour les réacteurs à eau bouillante permettent d’éviter que ne se déve-
loppe une corrosion hétérogène, dite nodulaire ; ces précipités fins sont obtenus par exem-
ple avec des recuits intermédiaires à basse température. En revanche dans les réacteurs
à eau pressurisée, des précipités plus gros sont indispensables pour une bonne tenue à la C
corrosion uniforme, ce qui implique d’effectuer des recuits à plus haute température ;
14.2 Normalisation
14.2.1 Classification des alliages de zirconium
Les alliages de zirconium, peu nombreux, sont faiblement alliés pour satisfaire au
compromis entre une bonne tenue à la corrosion et une faible absorption neutroni-
que. Parmi eux, les zircaloy représentent environ 90 % des matériaux produits indus-
triellement.
Les principaux alliages sont :
• le zircaloy 2 qui contient 1,2 à 1,7 % d’étain, 0,07 à 0,20 % de fer, 0,05 à 0,15 % de
chrome, 0,03 à 0,08 % de nickel. Cet alliage est utilisé dans les réacteurs à eau bouillante ;
• le zircaloy 4 qui contient : 1,2 à 1,7 % d’étain, 0,18 à 0,24 % de fer, 0,07-0,13 % de
chrome. Cet alliage est utilisé dans les réacteurs à eau pressurisée.
• le zirconium à 2,5 % de niobium, utilisé pour les tubes de force des réacteurs CANDU ;
• le zirconium à 1 % de niobium, utilisé dans les réacteurs de l’ex-URSS et qui peut se
substituer avantageusement au zircaloy 4 dans les réacteurs occidentaux à eau pressuri-
sée ;
• le zirconium de qualité courante pour les applications non nucléaires, c’est-à-dire
essentiellement pour des usages en génie chimique, et appelé couramment zirconium 702.
Les alliages pour usage nucléaire contiennent moins de 100 ppm de hafnium, voire
moins de 50 ppm. En revanche pour les usages non nucléaires, le hafnium est toléré
jusqu’à 4,5 %.
L’oxygène est en général considéré comme un élément d’alliage et sa teneur est souvent
contrôlée pour se situer dans un intervalle entre 900 et 1 600 ppm.
Le tableau 14.1 donne deux exemples de teneurs limites en impuretés.
14.2.2 Normes
Un consensus international fait que les normes ASTM des États-Unis constituent une
référence aussi bien en Europe qu’au Japon. Le tableau 14.2 résume les principales
normes en usage.
729
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
B 00 00,5
Cd 000 0,5
C 00 500 270
Cr élément d’alliage
Co 020
Cu 050
Hf 45 000 100
H 00 50 025
Fe élément d’alliage
Mn 050
Mo 050
Ni 070
N 00 250 080
Si 120
Sn élément d’alliage
W 100
U (total) 00003,5
Fe + Cr < 2 000
730
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
• ils sont plus solubles en β qu’en α. Les solubilités du fer, chrome ou nickel en α sont
inférieures à la centaine de ppm à 750 °C.
Étant donné les faibles ajouts d’éléments d’alliages, toujours inférieurs aux compositions
des eutectoïdes ou péritectoïdes, il existe toujours un domaine d’existence en tempéra-
ture couvrant un domaine α + β dans lequel il y aura :
• de la phase α enrichie en éléments alphagènes ; toutefois cet enrichissement en étain,
oxygène et azote demande plusieurs heures de maintien pour être perceptible ;
731
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
Texture
La texture constitue une caractéristique importante, d’autant plus que la maille hexago-
nale est très anisotrope (tableau 14.1 pour la dilatation par exemple). Citons comme
autre exemple d’anistropie la dureté sur monocristaux qui varie d’un facteur 2 selon
732
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
que la mesure est faite parallèlement à l’axe c (200 HV) ou parallèlement à l’axe a
(100 HV).
Les matériaux les moins anistropes sont ceux traités en phase β puisque chaque grain β
se décompose en aiguilles de phase α avec 12 possibilités d’orientation. En effet la trans-
formation se fait selon les relations d’orientations suivantes :
• (110)β → (0002)α (soit 6 possibilités) à partir des 6 plans de type (110) ;
• <111>β → <110>α (soit 2 possibilités par plan) en ce qui concerne les directions.
Sur les produits déformés en α et recristallisés, la texture se caractérise par :
• un axe c situé préférentiellement dans le plan DN/DT (directions normale et transverse)
et faisant un angle avec DT compris entre 0 et 40° (15 à 30° le plus couramment) ;
• la direction <10T0> à 30° de DL (direction longitudinale).
La figure 14.1 montre un exemple typique de texture que l’on peut trouver sur tôle, sur
tube et sur barre. C
44
33
22
11
11
Direction 22 0,5
0,5
5
5
transverse
22 1
1
0,5
0,5
a) b)
b)
a)
Recristallisation
Le tableau 14.3 donne quelques exemples de conditions pour avoir une recristallisation
totale des zircaloy et de la nuance 702.
La recristallisation modifie aussi la texture : la principale évolution concerne la rotation
autour de l’axe c de 30° du prisme à base hexagonale.
14.3.2 Propriétés physiques
Ce métal a un aspect gris rappelant celui des aciers inoxydables, mais légèrement plus
foncé. Il se caractérise par :
• un haut point de fusion,
• une transformation de phase à l’état solide,
• une densité moyenne,
• des propriétés qui dépendent souvent de la texture.
Le tableau 14.4 donne quelques-unes de ses propriétés physiques.
733
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
Zircaloy
Grade 702
Traction
Le tableau 14.6 donne quelques caractéristiques de traction pour divers produits et
nuances.
Le tableau 14.7 montre l’influence de la température d’essai sur du zirconium non allié.
Dans le sens long, la charge de rupture est plus faible que dans le sens travers et inver-
sement pour la limite d’élasticité.
Dès 100 °C, l’influence de la température devient déjà perceptible.
Fluage
La figure 14.2 montre l’influence de la contrainte sur la vitesse de fluage du zirconium
non allié. Ce dernier flue déjà à la température ambiante de façon non négligeable.
Fatigue
Les rares données qui existent sont difficiles à synthétiser parce que les matériaux sont
souvent différents ou mal connus, et qu’il existe de nombreuses variantes dans les condi-
tions d’essai. À titre d’exemple, pour du zirconium non allié à structure équiaxe à la
température ambiante, la limite d’endurance à 5 x 106 cycles à contrainte moyenne nulle
se situe entre 135 et 230 MPa selon les sources ; elle descend de 70 à 130 MPa à
200 °C. Ces limites sont abaissées quelquefois de plus de 50 % sur des structures acicu-
laires (traitements en phase β et soudures).
734
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
N° atomique 40
Masse atomique 91,2
Valence 4
Section efficace d’absorption des neutrons thermiques 0,18 barn
Structure cristalline :
– Zr α réseau hexagonal compact a = 0,323 nm
c = 0,514 nm
c/a = 1,59
– Zr β réseau cubique centré à 865 °C,
a = 0,361 nm
Température de transition α/β 865 °C C
Chaleur de transformation α/β
735
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
Contrainte
Contrainte (MPa)(MPa)
1 1000
000
25 °C
25°C
100 °C
100°C
300 °C
300°C
200 °C
200°C
100
100
10
10
0,000001
0,000001 0,00001
0,00001 0,0001
0,0001 0,001
0,001 0,01
0,01 0,1
0,1
Vitesse de
Vitesse defluage (% h –1(%)
fluage )
Matériau Dureté HV
Zircaloy
à 1 000 ppm oxygène 160
à 5 000 ppm oxygène 270
à 10 000 ppm oxygène 400
à 20 000 ppm oxygène 550
Tôle zircaloy
recristallisée 200
écrouie de 20 % 233
écrouie de 40 % 252
écrouie de 60 % 261
écrouie de 80 % 267
736
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
Résilience
Pour un matériau courant, type zirconium 702 non allié, les valeurs de résilience varient
dans un très large éventail sans aucune mesure avec les variations observées sur les
autres propriétés.
Le tableau 14.8 montre l’influence sur cette propriété de quelques facteurs, dont certains
sont déterminants, comme l’hydrogène dans l’intervalle 0 à 50 ppm qui est celui spécifié
pour le 702.
Le facteur orientation est important à plus d’un titre, d’une part à travers la texture et le
mode de prélèvement, et d’autre part à travers l’orientation des hydrures qui dépend partiel-
lement de la texture. Les structures aiguillées ont une résilience plus faible que les structu-
res équiaxes ; en revanche la résilience dépend beaucoup moins du sens de prélèvement.
737
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
Tableau 14.7 – Influence de la température sur les propriétés de traction d’une tôle
en zirconium 702 (O2 = 800 ppm ; Hf = 2,2 %).
20 { TL 470
440
370
400
23
18
50 { LT 450
430
370
390
24
18
100 { LT 400
370
330
340
29
23
150 { LT 350
340
300
310
34
21
200 { LT 330
300
280
270
30
20
L 280 250 25
250 {T 260 240 19
L 260 230 21
300 {T 230 200 19
le métal qui n’a que quelques nanomètres d’épaisseur. Au-delà de la limite de solubilité,
pratiquement nulle à 25 °C et voisine de 200 ppm à 400 °C, il y a, dans le métal, forma-
tion d’hydrures qui le fragilisent.
L’azote commence à réagir rapidement avec le zirconium à partir de 700 à 800 °C pour
former une couche d’aspect dorée de ZrN. L’azote doit être extrêmement pur, car en
présence de traces d’oxygène ou de vapeur d’eau, c’est l’oxydation qui prévaut.
Jusqu’à 300 à 350 °C, la faible oxydation dans l’oxygène, l’air, la vapeur d’eau et dans le
gaz carbonique permet d’envisager l’utilisation du zirconium dans ces milieux ; il se forme
une couche dure et adhérente de zircone d’abord avec des reflets jaunes, verts, bleus, puis
noire ou grise. Pour certains de ces milieux, des alliages spécifiques ont été développés :
les zircaloy pour l’eau et la vapeur, des alliages avec ajout de cuivre pour le gaz carbonique.
Aux températures élevées, l’oxydation s’accroît notablement et l’on constate une desqua-
mation de l’oxyde pour des épaisseurs de 100 à 200 µm.
Associée à cette couche d’oxyde il existe une sous-couche de diffusion de l’oxygène,
d’aspect métallique, qui conduit à un durcissement notable du métal superficiel.
Le tableau 14.9 montre que cette couche est relativement importante par rapport à la
couche d’oxyde.
738
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
Résilience
Influence
(J/cm2)
Sens de prélèvement
LT 027
TL 073
Traitement final
en α recristallisé 160
en α + β 040
en β et soudure 025
C
Oxygène
1 000 ppm 15
2 000 ppm 08
Température
à – 100 °C 016
à 25 °C 018
à 100 °C 027
à 200 °C 067
à 300 °C 140
LT : éprouvette sens L, entaille sens T.
TL : éprouvette sens T, entaille sens L.
Tableau 14.9 – Zirconium non allié. Ordre de grandeur de l’épaisseur (e) de la couche
d’oxyde et de la zone de diffusion de l’oxygène après 10 heures.
600 °C 03 008
700 °C 10 020
800 °C 30 100
739
14 • Zirconium et alliages 14.3 Propriétés d’usage et de mise
de zirconium en œuvre
Soudage
Le zirconium se soude très bien à condition d’opérer sous vide, sous argon ou sous
hélium, pour éviter toute oxydation, nitruration ou hydruration.
On peut utiliser indifféremment les modes TIG, MIG, faisceau d’électrons, laser, plasma
et par résistance ; pour ce dernier mode le soudage est souvent effectué à l’air.
Le zirconium peut se souder au tantale, au titane, à l’hafnium, au niobium, mais ne peut
pas être soudé aux autres matériaux tels que les aciers.
Le brasage n’est pas une technique courante et n’est pratiquement pas développé.
Usinage
Les vitesses de coupe à utiliser sont relativement faibles : de 25 à 40 m/min en tournage
par exemple. On utilise soit des aciers à outil, soit des outils avec plaquettes carbures
qui permettent un très léger gain sur les vitesses.
740
14 • Zirconium et alliages 14.4 Applications
de zirconium
Les outils ont des géométries comparables aux outils utilisés pour les aciers austénitiques.
La lubrification, huile soluble le plus souvent, a surtout pour intérêt d’éviter les échauf-
fements et donc les risques d’inflammation.
Hygiène et sécurité
Le zirconium métal ne présente aucune toxicité. En revanche le principal danger provient
de sa pyrophoricité lorsqu’il est divisé.
Ainsi de la poudre de 3 µm s’enflamme spontanément à l’air, alors que la poudre de
18 µm s’enflamme à 350 °C. Des traces d’humidité aggravent le risque d’inflammation et
d’explosion de poudre de zirconium.
Des précautions doivent être prises lorsque des fines de métal sont générées par
usinage de copeaux fins, grenaillage, sablage ou polissage.
Un stockage provisoire de petites quantités sous eau dans un lieu approprié est envisa-
geable avant destruction.
14.4 Applications
La principale application des alliages de zirconium concerne le gainage de l’oxyde
d’uranium et la structure des assemblages combustibles dans les divers réacteurs
741
14 • Zirconium et alliages 14.5 Nouveaux produits
de zirconium
14.6 Commercialisation
14.6.1 Producteurs
L’organisation industrielle du monde du zirconium peut se schématiser ainsi :
• des entreprises intégrées qui assurent la production du minerai jusqu’aux demi-produits
y compris le feuillard ; elles sont trois dans le monde occidental : Cezus en France (groupe
742
14 • Zirconium et alliages 14.7 Renseignements pratiques
de zirconium
Framatome), Wah Chang et Westinghouse aux États-Unis. La capacité totale de ces indus-
triels est de l’ordre de 5 000 à 7 000 t/an d’éponge ;
• des tubistes qui s’approvisionnent auprès des entreprises ci-dessus en tubes intermédiai-
res, par exemple 44,5/29,2 mm de diamètre (diamètre extérieur/diamètre intérieur), et qui
poursuivent la transformation jusqu’aux tubes gaines ou tubes-guides. Ces tubistes, pour
le plus grand nombre, sont des filiales ou sont intégrés aux concepteurs et fabricants de
centrales : Framatome, Westinghouse, Siemens, General Electric.
Comme autres producteurs de zirconium on peut citer :
• la Russie qui approvisionne tous les pays de l’ex-URSS ;
• l’Inde qui assure une production pour ses besoins internes.
14.6.2 Produits
Pour le nucléaire les produits finis sont : C
• des tubes sans soudure de 10 mm de diamètre et d’environ 0,6 mm d’épaisseur, appelés
743
14 • Zirconium et alliages 14.7 Renseignements pratiques
de zirconium
Fax : 02 41 21 34 93
Wah Chang
PO Box 460
ALBANY, Oregon 97321
États-Unis
Tél. : 1 (541) 926 42 11
Fax : 1 (541) 967-69 90
Westinghouse
PO Box 355
PITTSBURGH PA 15230-0355
États-Unis
744
15 • Molybdène, 15.1 Introduction
tungstène et leurs alliages
15 • MOLYBDÈNE, TUNGSTÈNE
ET LEURS ALLIAGES
Guy Nicolas C
15.1.2 Tungstène
Dès le XVIe siècle, le tungstène est connu par ses minerais, qui seront identifiés au cours
du temps : la wolframite – (Fe, Mn)WO4 –, la scheelite – CaWO4 –, la tungsténite –
WS2 – et la stolzite – PbWO4.
C’est en 1781 que débutent les travaux de Scheele sur un minéral lourd, composé de
calcium et d’un acide inconnu, le tungstène, de tung, lourd et sten, pierre, préalablement
décrit en 1758 par le chimiste suédois Cronstedt. Scheele isole l’oxyde de tungstène
(WO3) ; le minerai utilisé est alors appelé scheelite.
En 1783, les frères Elthuyar découvrent que la wolframite est en fait composée de tungs-
tène, de fer et de manganèse et réduisent celle-ci en tungstène. L’élément tungstène est
alors isolé et utilisé en tant que « durcisseur de l’acier ».
Dès 1900 apparaissent les aciers à coupe rapide.
745
15 • Molybdène, 15.2 Notions de base. Élaboration
tungstène et leurs alliages
746
15 • Molybdène, 15.2 Notions de base. Élaboration
tungstène et leurs alliages
747
15 • Molybdène, 15.2 Notions de base. Élaboration
tungstène et leurs alliages
Les opérations de mélange, souvent avec des agents broyants, permettent alors de
désagglomérer et d’homogénéiser les poudres. Dans le cas d’ajout organique, on
procède le plus souvent à une granulation qui permet d’accroître la coulabilité pour
l’alimentation en automatique des outillages de compression.
Compression
Elle est de deux types.
Avec outils-matrices de forme
Elle permet l’obtention de pièces peu volumineuses, avec des géometries assez comple-
xes, sans pour autant atteindre une géométrie près des cotes (Net Shape), comme dans
le cas des alliages ferreux.
L’apport d’un liant organique implique par ailleurs un déliantage avant frittage qui doit
être conduit avec une grande rigueur afin d’éliminer le carbone. Ce dernier est en effet
source de fragilité, par le fait de la formation de carbures en joints de grains à l’état final.
Isostatique à froid
Les moules, constitués de matériaux type latex, polyuréthanne…, sont soumis après
remplissage à un champ de contrainte de compression sensiblement isostatique, par
l’intermédiaire d’un liquide.
Cette technique permet d’accéder à des produits volumineux, de densité comprimée plus
homogène, sans aucune trace de carbone par apport d’un liant organique.
Frittage
Le frittage, dans sa première étape, s’effectue toujours sous atmosphère réductrice afin
de désoxyder les surfaces des poudres métalliques. Avec l’augmentation de la tempéra-
ture, la microstructure du matériau évolue. Il y a diffusion de surface et « squelettisation »
du réseau de grains de poudres, avec formation de ponts. On distingue le frittage en
phase solide et le frittage en phase liquide.
Frittage en phase solide
Il est pratiqué le plus souvent à très haute température, de 1 800 à 2 400 °C pour le
molybdène et ses alliages ; entre 2 400 et 2 800 à 3 000 °C pour le tungstène. Le maté-
riau présente une structure à matrice polycristalline. La taille des grains dépend :
• des poudres utilisées,
• des conditions thermodynamiques de frittage,
• des éventuels éléments d’activation tels que sodium, potassium…
La densité relative atteinte est alors d’environ 85 à 95 %, l’écart à la densité théorique
correspondant au volume des microporosités fermées, plus ou moins coalescées,
réparties dans le matériau.
À cet état, les caractéristiques de résistance du produit sont généralement assez
faibles, tout particulièrement dans le cas du tungstène.
Frittage en phase liquide
Il est pratiqué avec les alliages de tungstène des systèmes W-Ni-Fe-Co et W-Ni-Cu, à
des températures de l’ordre de 1 550 à 1 650 °C. Ces alliages sont biphasés, avec une
phase γ minoritaire ; la température de fusion est comprise entre 1 460 °C et 1 500 °C,
celle du tungstène étant de 3 410 °C.
Au cours de la montée en température, se produit une « squelettisation » du tungstène
et la formation de phase γ par codiffusion des éléments d’alliage. Une fois la température
de fusion de la phase γ atteinte, il y a densification par réarrangement, avec dissolution
partielle de tungstène.
748
15 • Molybdène, 15.3 Normalisation
tungstène et leurs alliages
La microstructure évolue alors par mûrissement d’Oswald, les petites particules de tungs-
tène s’éliminant, avec coalescence des plus grosses.
Ainsi s’édifie une microstructure typique de cette voie de frittage qui, après refroidisse-
ment, est constituée de cristaux sphérulaires de tungstène (phase α), plus ou moins au
contact les uns des autres, le volume complémentaire étant occupé par la phase γ.
Traitement thermique
Après frittage, principalement avec les alliages de tungstène issus de frittage en phase
liquide, on pratique des traitements thermiques de type recuit, sous vide, afin de déshy-
drogéner le matériau.
On retiendra que tout composant en alliage issu de cette voie d’élaboration passera
à l’état liquide, s’il est porté à une température proche de 1 450 °C.
Thermotransformation C
Les matériaux issus de frittage en phase solide ont une porosité résiduelle, avec une
ductilité généralement assez faible.
15.3 Normalisation
Les normes relatives aux caractérisations physiques et mécaniques de ces matériaux
sont celles usuellement utilisées pour les matériaux métalliques, par exemple :
• masse volumique : ISO 3369 ;
• dureté Vickers : ISO 3878 ;
• flexion : ISO 3327 ;
• traction : EN 10002-1 ;
• résilience : ISO 5754.
Pour la mesure de la résilience, bien qu’il y ait absence de porosités dans le cas des
alliages de tungstène élaborés par frittage en phase liquide, c’est la norme de caractéri-
sation des matériaux frittés (implicitement poreux) qui s’applique. Ainsi, sauf indication
particulière, les éprouvettes ne sont pas entaillées.
749
15 • Molybdène, 15.4 Propriétés d’usage
tungstène et leurs alliages
Molybdène Tungstène
Numéro atomique 42 74
Masse atomique 95,95 183,92
Isotopes naturels 92 (15,05 %) ; 94 (9,35 %) ; 180 (0,13 %) ; 182
95 (15,78 %) ; 96 (16,56 %) ; (26,31 %) ;183 (14,28 %) ;
97 (9,60 %); 98 (24,60 %) ; 184 (30,64 %);
100 (9,68 %) 186 (28,64 %)
Volume atomique 9,45 cm3/mol 9,53 cm3/mol
Struture cristalline cubique centré a = 3,1403 × 10–10 m (à 20 °C) a = 3,1585 × 10–10 m (à 20 °C)
Valence 2, 3, 4, 5 ou 6 2, 4, 5 ou 6
Structure électronique K, L, M, saturées; 4 s2, 4 p6, K, L, M, N saturées; 5 s 2,
4 d4, 5 s2 5 p6, 5 d 4, 6s2
Densité
– Barreau préfritté (1 100 °C) 6,1 à 6,5 10 à 13
– Barreau fritté 9,2 à 9,4 16,5 à 17,5
– Barreau martelé 9,7 à 10 18 à 19
– Étiré en fil 10,0 à 10,3 19 à 19,3
Propriétés thermiques :
Point de fusion 2 622 ± 10 °C 3 410 ± 20 °C
Point d’ébullition (sous 760 mm Hg) 5 560 °C 5 930 °C
Chaleur de fusion 50 cal/g 44 cal/g
Chaleur de vaporisation 1 223 cal/g environ 1 150 cal/g environ
Tension de vapeur (mm Hg)
– à 1 530 °C 6,4 × 10–9 1,93 × 10–15
– à 2 130 °C 2,96 × 10 –7 7,9 × 10–9
– à 2 730 °C 3,27 × 10–4 6,5 × 10–5
– à 3 230 °C 3,04 × 10 –2 4,68 × 10–3
à 3 730 °C (liquide) 6,31 à 4 230 °C (liquide) 6,1
à 4 730 °C (liquide) 126,8 à 5 230 °C (liquide) 260
à 5 560 °C (liquide) 760 à 5 900 °C (liquide) 760
Coefficient linéaire de dilatation
thermique (par degré Celsius)
– à 30 °C 4,8 × 10–6 4,4 × 10 –6
– à 1 030 °C 5,9 × 10–6 5,19 × 10–6
– à 2 030 °C 6,9 × 10–6 7,26 × 10–6
750
Tableau 15.2 – Propriétés thermiques du molybdène, du tungstène, et de certains
éléments pouvant être utilisés en alliage.
Élément Mo W Ni Co Fe Ti Cr V Nb Ta Re
N° Atomique 42 74 28 27 26 22 24 23 41 73 75
Densité 10,2 19,3 8,9 8,9 7,8 4,5 7,2 6,1 8,4 19,6 21,0
T. Fusion (°C) 2610 3410 1453 1495 1536 1668 1875 1900 2415 2996 3180
Cp (J/(kg.K)) 0 025 249 132 442 421 449 523 451 489 266 140 243
tungstène et leurs alliages
15 • Molybdène,
0 227 268 138 528 478 529 573 512 529 279 146 263
0 527 279 145 528 549 680 631 566 562 292 151 293
0 827 284 152 561 675 799 702 643 606 306 156 319
1 127 319 160 603 917 640 644 752 663 318 161 342
1 427 332 168 652 672 741 693 874 726 336 166 361
D (cm2/s) 0 025 0,543 0,662 0,229 0,263 0,227 0,093 0,290 0,104 0,237 0,247 0,165
0 227 0,475 0,542 0,156 0,179 0,149 0,077 0,233 0,101 0,240 0,242 0,149
0 527 0,415 0,454 0,147 0,120 0,082 0,070 0,182 0,106 0,250 0,242 0,140
0 827 0,376 0,401 0,152 0,085 0,051 0,069 0,141 0,107 0,259 0,242 0,137
1 127 0,306 0,364 0,158 0,053 0,065 0,082 0,112 0,107 0,268 0,242 0,136
1 427 0,273 0,336 – 0,078 0,062 0,083 0,091 0,106 0,276 0,242 0,136
751
C
Molybdène Tungstène
Molybdène Tungstène
Module d’élasticité (MPa)
– à 20 °C 336 000 406 000
– à 1 000 °C 217 000 350 000
Module de rigidité (MPa)
– à 20 °C 121 000 138 000
Coefficient de Poisson ν
– à 20 °C 0,305 0,284
752
15 • Molybdène, 15.4 Propriétés d’usage
tungstène et leurs alliages
Molybdène Tungstène
Pouvoir émissif à 0,665 μ (par rapport au corps noir)
– à 1 127 °C 0,37 00000 0,45 00000
– à 1 727 °C 0,35 00000
– à 2 227 °C 0,34 00000 0,42 00000
– à 3,227 °C 0,40 000000
Pouvoir émissif à 0,47 μ (par rapport au corps noir)
– à 1 127 °C 0,39 00000 0,48 000000
– à 1 727 °C 0,38 00000
– à 2 227 °C 0,37 00000 0,46 000000
– à 3 227 °C 0,45 00000
Pouvoir émissif total (par rapport au corps noir)
– à 1 127 °C
– à 1 727 °C
0,145
000000
0,21 00000
0,17 00000
C
– à 2 227 °C 0,25 00000 0,30 00000
753
15 • Molybdène, 15.4 Propriétés d’usage
tungstène et leurs alliages
Molybdène Tungstène
99 Mo 187 W
Réaction de formation 98 Mo (n, γ) - 99 Mo (0,12 barn) 186 W (n, γ) - 187 W (9,65 barns)
Émissions β- et γ β- et γ
β- β-
Énergies 1,18 MeV (83 %) 1,33 MeV (20 %)
0,80 MeV (3 %) 0,63 MeV (70 %)
0,41 Mev (14 %) 0,34 MeV (10 %)
γ γ
0,14 MeV (83 %) via 99 Tc2 0,69 MeV (29 %)
0,78 MeV 0,62 MeV (4,6 %)
0,74 MeV 0,48 MeV (15 %)
0,37 MeV 0,134 MeV (6,8 %)
0,18 MeV 0,072 MeV
0,04 MeV
Période 67 heures 24 heures
Molybdène
Son point de fusion atteint 2 610 °C et celui d’ébullition 5 560 °C. En milieu oxydant, le
molybdène forme l’oxyde MoO3 qui se sublime à 600 °C.
Ce métal présente une très grande résistance à la corrosion face à de nombreux agents
chimiques non oxydants tels que les acides chlorhydrique, sulfurique et fluorhydrique ; et
ce, jusqu’aux hautes températures. De même, il résiste à de nombreux métaux fondus.
754
Tableau 15.7 – Propriétés chimiques du molybdène et du tungstène.
Action des Acides Dilué ou concentré, froid ou chaud : attaque nulle Dilué ou concentré, froid : attaque nulle ou très
HCl ou très légère légère
Dilué ou concentré, chaud : attaque légère
tungstène et leurs alliages
15 • Molybdène,
HF Dilué ou concentré, froid ou chaud : attaque nulle Dilué ou concentré, froid ou chaud : attaque nulle
ou très légère ou très légère
H2SO4 Dilué, froid ou chaud : pas d’attaque Dilué ou concentré, froid : attaque nulle ou très
Concentré, chaud : dissolution rapide légère
Dilué ou concentré, chaud : attaque légère
H3PO4 Dilué ou concentré, froid ou chaud : attaque nulle Dilué ou concentré, froid : attaque nulle ou très
ou très légère légère
Dilué ou concentré, chaud : attaque sensible
755
C
756
Molybdène Tungstène
Action des agents chimiques gazeux
CO Carburation superficielle vers 1 400 °C Carburation superficielle vers 1 500 °C
H2S Formation de sulfure au-delà de 1 200 °C Attaque superficielle à 600 °C
SO2 Oxydation au-delà de 650 °C
CH4 (et divers hydrocarbures) Carburation au-delà de 1 100 °C Carburation au-delà de 1 200 °C
tungstène et leurs alliages
15 • Molybdène,
Sels oxydants fondus Action très violente Fondu à 340 °C : attaque rapide
(K NO3, NaO 2, K2 CO3, KCl3, Pb O2)
Na NO 2 + Na NO 3
Hg Pas d’amalgame. Pas d’action jusqu’à Pas d’amalgame. Pas d’action jusqu’à
600 °C 600 °C
Al Action modérée jusqu’à 1 200 °C
Mg Action faible jusqu’à 1 000 °C Action faible jusqu’à 600 °C
Ca Action faible jusqu’à 1 200 °C Action faible jusqu’à 800 °C
Na, K, Na K Action sensible dès 500 °C Action faible jusqu’à 900 °C
Zn Action faible jusqu’à 700 °C (en
atmosphère réductrice)
Action de divers éléments
Oxydes réfractaires Pas d’action (en atmosphère réductrice) Pas d’action (en atmosphère réductrice)
(Al2 O3, BeO, ThO2, ZrO2, UO2)
Verre Action faible jusqu’à 1 400 °C
Si ou Si O2 Action importante au-delà de 1 800 °C Action importante au-delà de 1 800 °C
C Carburation au-delà de 1 100 °C Carburation au-delà de 1 200 °C
15.4 Propriétés d’usage
Il n’est pas attaqué par le verre en fusion jusqu’à 1 400 °C, ni par des céramiques
fondues jusqu’à environ 2 000 °C, sous réserve d’atmosphère inerte ou protectrice.
Il n’est pas susceptible à la fragilisation par l’hydrogène, mais il est attaqué par les
hydroxydes alcalins fondus, surtout en présence d’oxydants.
Offrant une bonne conductibilité thermique, une résistance aux chocs thermiques, ainsi
qu’un haut module d’élasticité à chaud, le molybdène présente une grande tenue à chaud
qui permet son emploi jusqu’à des températures d’environ 1 900 °C.
Sa température de transition fragile-ductile est proche de la température ambiante. Elle
est sensible aux impuretés, tout particulièrement le carbone.
Selon son taux d’écrouissage, le molybdène commence à recristalliser entre 800 et
1 200 °C. Entre 1 600 et 1 800 °C, la recristallisation secondaire s’amorce, accompa-
gnée d’un grossissement anarchique de grains et d’une forte diminution des propriétés
de résistance et de dureté. C
Tungstène
Alliages de molybdène
Tous ces alliages présentent une sensibilité à l’oxydation à chaud d’autant plus grande
que la teneur en éléments d’addition est faible. Ils doivent donc être utilisés sous vide
ou sous atmosphère réductrice ou neutre, sauf précision donnée pour une composition
757
Tableau 15.8 – Caractéristiques des principaux alliages de molybdène.
758
Mo
Alliages TZM 0,5 % Ti ; 0,07 % Zr ; 0,5 % C + 1,1 % Hf 90Mo-10W 70Mo-30W 55Mo-45W 95Mo-5Re 59Mo-41Re
+ 0,2 % C
Résistance en traction
E 103 (MPa)
– à 20 °C 320 320 260
– à 1 000 °C 270 270
Rp 0,2 (MPa) 620(1) 1 000(1) 680(1) 750(2) 500(2) 580(1) 1 200(1)
Rm (MPa) 690(1) 113(1) 780(1) 83(2) 60(2) 710(1) 1 270(1)
A (%) 2 8 20 10 12 15 13
Recristallisation T (°C)
Début 1 250 1 350 1 350 1 050 1 150
Fin 1 600 1 700 1 550 1 300 1 350
Conductivité thermique k
(W/(m.K))
– à 20 °C 126
– à 1 500 °C 86
(1) à 25 °C
15.4 Propriétés d’usage
(2) à 600 °C
Tableau 15.9 – Caractéristiques des principaux alliages de tungstène.
Résistance en traction
E 103 (MPa) à 20 °C 450 450 410 410 430
Recristallisation T (°C)
Début 1 250 1 800 2 000 1 250 1 350
Fin 1 350 2 100 2 300 1 500 1 650
Conductivité thermique k
(W/(m.K))
– à 20 °C 167 165
– à 1 500 °C 100 98 64
759
C
spécifique, si l’on veut conserver intègres les surfaces des composants lors de leur
emploi à chaud.
Alliage à dispersoïdes
Le TZM, est un alliage à dispersoïdes de carbures mixtes de titane et zirconium, qui
renforcent la tenue à chaud en déplaçant la température de recristallisation du molyb-
dène d’environ 300 °C (1 200-1 400 °C). Il a été développé pour la fabrication :
• de moules de compression isostatique à chaud,
• de matrices de frittage-forgeage, de forgeage isostatique d’alliages de titane ou de
superalliages,
• de moules de coulée sous pression de cuivre, acier,
• de filières d’extrusion…
Le molybdène HT, mis au point par MWP par dopage au silicate de potassium et forte
déformation, permet la fabrication de tôles avec une température de recristallisation
élevée (1 700 °C).
Alliages à solution solide
Les alliages molybdène-rhénium, sous forme de fils, permettent de fabriquer des ther-
mocouples, peu fragiles après recristallisation. Ces alliages peuvent être également
élaborés sous forme de plaques et tôles ; mais le coût du rhénium (7 000 à 9 000 F/kg)
rend le prix de tels matériaux prohibitif.
Les alliages molybdène-tungstène sont plus particulièrement utilisés dans l’industrie du
zinc. Ils confèrent aux tôles une meilleure résistance à la corrosion au zinc fondu.
Alliages de tungstène
Ils sont également de deux sortes, comme pour le molybdène : les alliages à phases
dispersées de type thorine (ThO2) ou oxyde de lanthane (La2O3) et les alliages à solu-
tions solides, principalement de type tungstène-rhénium.
Alliages à phases dispersées
Ces éléments modifient les rendements d’émission électronique tout en limitant la crois-
sance des grains à hautes températures. Sous forme de tigettes, ils ont également des
applications dans le soudage TIG (procédé tungsten inert gas).
De même, l’introduction de dopes au silicate de potassium permet d’accroître la tempé-
rature de recristallisation avec une résistance à la corrosion relativement adaptée aux
métaux fondus et en évaporation sous vide.
Alliages à solutions solides
Appliqués aux thermocouples pour des nuances telles que WRe5 ou WRe26, ces allia-
ges offrent des propriétés de résistance à chaud intéressantes :
• ils ont une bonne tenue à la corrosion ;
• leurs températures de recristallisation sont accrues,
• une fois recristallisés, ils sont moins fragiles.
Pour d’autres applications, ils restent toutefois réservés à des domaines de haute tech-
nologie, étant donné le prix du rhénium.
760
Tableau 15.10 – Caractéristiques des alliages de tungstène : tungstène-nickel-fer-cobalt.
761
C
Densité 15,6
0 14
0 ,0 13 17,3
0 15,55
0 14,2
0 12,15
0
Résistance en traction
E 103 (MPa) 205 ,0 132 ,0 300 ,0 225 ,00 225 ,0 150 ,00
Rp 0,2 (MPa) 240 ,0 290 ,0 580 ,0 390 ,00 440 0 420 ,00
Rm (MPa) 240 ,0 290 ,0 580 ,0 390 ,00 440 ,0 420 ,00
0 000
,0 000 ,0 000 ,00 000 ,0 0
A (%)
Conductivité (% ACS) 35 0 47
0 ,0 65 35
0 ,0 36
0 ,00 43 47
0 ,00
D’une façon générale, ce sont des matériaux qui présentent un compromis de variations
très élevées entre densité, résistance et ductilité, tout en offrant des modules d’élasticité
importants, avec de hauts niveaux de conductibilités électrique et thermique.
Ainsi, le module de Young (E) du tungstène étant de 410 GPa et son coefficient de
cisaillement (G) de 160 GPa, on peut disposer de matériaux issus du système d’alliages
tungstène- (nickel, fer, cobalt) à résistance et ductilité élevées, qui présentent une
densité relative de 100 % avec un compromis de conductibilités thermique et électrique
élevées. Par exemple pour une densité d’environ 17,5 :
• Rm : 1 000 à 1 600 MPa ;
• A : 30 à 5 % ;
• K : 250 à 50 J/cm2 ;
• modules E et G respectivement de l’ordre de 350 GPa et 140 GPa.
762
15 • Molybdène, 15.5 Mise en forme
tungstène et leurs alliages
Densité 15,3
0 12,25 12,9 17,6
0 16,45
0 18 0
Conductivité thermique k 80
0 ,0 104 ,0 94
0 ,00 135
(W/(m.K))
Les tôles et feuilles minces en tungstène peuvent être pliées avec grande précaution ;
mais toujours perpendiculairement au sens de laminage et à chaud (400 à 850 °C).
Pour le découpage-cisaillage, les outils doivent être parfaitement affûtés et l’opération
effectuée dans un domaine de température de 450 à 800 °C. Il ne faut pas dépasser la
recristallisation et il est conseillé de réaliser un test sur une chute du lot de livraison.
15.5.2 Usinage
L’usinage du molybdène et de ses alliages ne pose pas de problème, sous réserve de
disposer des puissances de coupe ; celles-ci s’obtiennent avec des plaquettes carbures,
voire avec des outils en acier rapide.
L’usinage du tungstène est très délicat. En usinage conventionnel, il faut préchauffer
les pièces (200 à 400 °C), le tournage étant sensiblement plus aisé que le fraisage ou le
perçage. Il peut être rectifié, mais avec des profondeurs de passe assez faibles (quel-
ques micromètres), en raison de sa sensibilité aux chocs thermiques.
Il est usinable par électroérosion, avec des zones affectées peu profondes.
Les alliages de tungstène s’usinent facilement, globalement comme des fontes.
Exemple d’outils
• Rectification :
– ébauche cylindrique, meule carborundum 4C 60 K A J 10 ;
– ébauche plane, meule carborundum 37C36 I A J 5 ;
– finition cylindrique, meule carborundum 4 C 80 I A J 10 ;
– finition plane, meule carborundum 37 C 60 I A J 8.
763
15 • Molybdène, 15.6 Applications
tungstène et leurs alliages
15.6 Applications
Les domaines d’emploi du molybdène et du tungstène ainsi que de leurs alliages, en
dehors de ceux élaborés par frittage en phase liquide, sont liés à leurs propriétés
physico-chimiques qui allient :
• hautes températures de fusion ;
• conductibilités thermique et électrique élevées ;
• forte tenue mécanique à chaud ;
• grandes résistances à chaud à de nombreux agents chimiques, mais avec une assez
grande fragilité pour le tungstène, tout particulièrement depuis la température ambiante
aux environs de 200 à 500 °C, en fonction de l’état structural… surtout à l’état recristallisé.
764
15 • Molybdène, 15.6 Applications
tungstène et leurs alliages
15.6.1 Molybdène
Le molybdène ne doit jamais être employé à chaud exposé à l’air. Il développe en effet
de l’oxyde MoO3 dès 400 °C, qui se sublime (évaporation) à 600 °C. Tout composant est
alors transformé en vapeur métallique.
Indépendamment de l’utilisation de cet élément comme élément d’alliage dans les aciers,
superalliages et autres, ses domaines d’emplois principaux sont :
• les composants pour l’électronique de puissance : magnétron, cathode ;
• les écrans thermiques, les résistances électriques (sous vide ou en milieu réducteur) ;
• les outillages de four sous vide : nacelles, plateaux… ;
• les matrices de forgeages et outillages à chaud (TZM) ;
• les creusets pour élaboration sous faisceaux d’électron ;
• les électrodes, amenés de courant, brasseur…, les fours de verrerie ; C
• les métallisations en optique, en tribologie : frottement-usure…
15.6.2 Tungstène
Le tungstène s’oxyde à l’air chaud, mais sans former d’oxyde volatil, à forte sublima-
tion. Comme le molybdène, il est employé dans le renforcement des aciers spéciaux, des
aciers rapides et de certains superalliages (environ 20 à 30 % de la consommation
mondiale ; environ 40 000 tonnes par an).
Son premier domaine d’application est toutefois celui des carbures de tungstène, utilisés
dans les outils de coupe et d’usure (environ 52 à 55 % de la consommation mondiale).
Puis vient, avec les composants en métal pur ou allié, celui des filaments de lampes
dont la fabrication est totalement intégrée qui représente de 7 à 9 % de la consommation
mondiale.
Les autres applications, avec 8 à 10 % de la consommation mondiale, se répartissent
entre le tungstène pur et les alliages.
Tungstène pur
Il est employé comme le molybdène, mais pour des domaines de températures plus
élevées, dans :
• les écrans, les thyristors, résistances électriques de fours sous vide ;
• les cathodes pour émission électronique de puissance : télévisions, radios (le tungstène
conserve une très faible tension de vapeur, même à très haute température avec une
température d’ébullition de 5 930 °C) ;
• les anticathodes de rayon X ;
• les magnétrons ;
• les supports de circuits électroniques, comme les puits thermiques, avec un coefficient de
dilatation proche de celui du silicium ;
• les creusets pour l’élaboration sous faisceaux d’électrons ;
• les électrodes de soudage sous gaz inertant TIG (le tungstène est dans ce cas le plus
souvent dopé à la thorine ou aux oxydes de terres rares) ;
• les contacts électriques ;
765
15 • Molybdène, 15.7 Évolution
tungstène et leurs alliages
• les thermocouples ; ce sont en fait des alliages W-Re 5/26 qui sont le plus souvent
employés pour des températures qui dépassent 1 600 à 1 800 °C.
Ces composants sont produits sous forme de :
• barres, tiges, fils, vis, rivets… ;
• plaques, tôles épaisses et fines ;
• projection ou dépôt CVD.
Alliages de tungstène
Ces alliages, principalement de types tungstène-cuivre, tungstène-nickel-cuivre et tungs-
tène-nickel-fer-cobalt, ont de nombreuses applications en raison de leurs propriétés :
• une forte densité,
• un haut pouvoir réfractaire,
• une forte dureté face aux rayons X et γ,
• leur compromis entre modules de Young (E) et de cisaillement (G), résistance et ductilité…
Les alliages de la famille tungstène-nickel-cuivre sont amagnétiques, mais avec des carac-
téristiques de résistance moindres que ceux de la famille tungstène-nickel-fer-cobalt. Ils
sont donc réservés aux marchés de l’aéronautique, de la physique avec rayonnements…,
dans les cas où toute perturbation magnétique doit être évitée, les chargements méca-
niques restant moyennement faibles. D’une façon générale, leurs applications sont :
• les masses d’équilibrage statiques et dynamiques, pour l’aéronautique, l’automobile… ;
• les masses antivibratiles : outillages (allonges porte-meules, porte-outils), usinage
grande vitesse…
• la protection et les écrans pour l’absorption de rayonnements (radiothérapie…) ;
• les contacts électriques pour haute et moyenne tensions ;
• les électrodes pour l’électroérosion ;
• les composants pour les munitions à énergie cinétique et les autres applications de
perforation.
Ces composants sont produits sous forme d’ébauches de géométries élémentaires,
pouvant ultérieurement être usinées selon des géométries complexes.
15.7 Évolution
15.7.1 Applications nouvelles
Matériaux d’applications très spécifiques, le molybdène, le tungstène et leurs alliages
accompagnent les évolutions technologiques, là où leurs propriétés sont déterminantes.
Les nouvelles applications concernent :
• des dépôts catalytiques, dans le soudage ou dans l’induction locale, dans les porte-outils,
dans des supports ayant fonction de puits thermiques pour l’électronique de puissance…
• des éléments de vibreurs dans les téléphones mobiles…
15.7.2 Matériaux
S’il n’y a pas de matériaux réellement nouveaux, les propriétés évoluent par ajustement
des compositions chimiques et des conditions d’élaboration. Ainsi, les « molybdènes » et
« tungstènes » dopés ont permis des utilisations avec des températures de recristallisation
sensiblement plus élevées1. De même les alliages de tungstène évoluent en donnant :
766
15 • Molybdène, 15.8 Renseignements pratiques
tungstène et leurs alliages
15.7.3 Procédés
Le procédé MIM (metal injection molding), pour les matériaux lourds et réfractaires, utilise
les techniques de mise en forme de la plasturgie, à partir de primaires à base de poudres
métalliques et de liants organiques à rhéologies adaptées.
Il permet l’élaboration de pièces de faibles volumes à géométries complexes, avec ou
sans reprise d’usinage pour les déformations et tolérances, et conduit donc à de nouvel-
les applications.
C
15.8 Renseignements pratiques
767
15 • Molybdène, 15.8 Renseignements pratiques
tungstène et leurs alliages
768
16 • Les métaux précieux 16.1 Notions de base
et leurs alliages
Nicole Petit C
Jean-Paul Touboul
16.1.3 Propriétés
Position dans la classification périodique des éléments
Ce qui rapproche ces métaux, c’est d’abord leur position dans la classification périodique
des éléments. Cette position est rappelée au tableau 16.2 qui indique également leurs
plus proches voisins.
769
16 • Les métaux précieux 16.1 Notions de base
et leurs alliages
Al Si P
5 6 7 8 9 10 11 12
aluminium silicium phosphore
23 50,9 24 52,0 25 54,9 26 55,8 27 58,9 28 58,7 29 63,5 30 65,4 31 69,7 32 72,6 33 74,9
V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As
vanadium chrome manganèse fer cobalt nickel cuivre zinc gallium germanium arsenic
41 92,9 42 95,9 43 98,9 44 101,1 45 102,9 46 106,4 47 107,9 48 112,4 49 114,8 50 118,7 51 121,8
Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb
niobium molybdène technétium ruthénium rhodium palladium argent cadmium indium étain antimoine
73 180,9 74 183,9 75 186,2 76 190,2 77 192,2 78 195,1 79 197,0 80 200,6 81 204,4 82 207,2 83 209,0
Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Ta Pb Bi
tantale tungstène rhénium osmium iridium platine or mercure thallium plomb bismuth
Des ressemblances plus étroites sont notées lorsqu’on considère séparément deux grou-
pes, ainsi :
– l’or et l’argent ont des points de fusion relativement bas, 1064 et 961 °C. Ils sont très bons
conducteurs de la chaleur et de l’électricité,
– les six platinoïdes se rapprochent de la triade fer, cobalt, nickel par leur chimie parti-
culièrement riche en sels complexes. Leurs points de fusion sont tous supérieurs à
1550 °C. Ils présentent un grand éventail de propriétés mécaniques.
770
16 • Les métaux précieux 16.1 Notions de base
et leurs alliages
On a d’une part les quatre métaux précieux « légers » : ruthénium (Ru), rhodium (Rh),
palladium (Pd), argent (Ag) dont les masses atomiques vont de 101 à 108 et les densités
de 10 à 12,5, et d’autre part, les quatre métaux précieux « lourds » : osmium (Os), iridium
(Ir), platine (Pt), or (Au) dont les masses atomiques vont de 190 à 197 et qui comptent
parmi eux l’élément le plus dense connu : l’iridium (densité 22,6). Le moins « lourd » de
ce sous-groupe, l’or, a encore une densité de 19,3.
Propriétés physiques
Le tableau 16.3 rassemble les propriétés physiques des métaux précieux. Les métaux
précieux cristallisent dans le système cubique à faces centrées à l’exception du ruthé-
nium et de l’osmium qui cristallisent dans le système hexagonal.
Section efficace
d’absorption 63,8 98,8 8,8 6,0 150 425 15,3 2,56
par les neutrons
thermiques (b)
Principal isotope 107 (51,83) 197 (100) 195 (33,8) 106 (27,3) 103 (100) 193 (62,7) 192 (41,0) 102 (31,6)
naturel : masse (%) 109 (48,17) 196 (25,3) 108 (26,7) 191 (37,3) 190 (26,4) 104 (18,6)
194 (32,9) 105 (22,2)
Masse volumique 10,49 19,32 21,45 12,02 12,41 22,65 22,61 12,45
(20 °C) (g. cm–3)
Point de fusion (°C) 961,9 1 064,4 1 772 1 554 1 965 2 410 3 045 2 310
Point d’ébullition (°C) 2 212 3 080 3 827 3 140 3 727 4 130 5 027 3 900
Chaleur spécifique 237 129 133 244 244 133 131 238
(25 °C) (J. K–1.kg–1)
Chaleur latente 103 64,9 101 157 210 135 154 252
de fusion (J. g–1)
Chaleur latente 2 390 1 738 2 405 3 398 4 800 3 186 3 305 5 610
d’évaporation (J. g–1)
Coefficient
de dilatation linéaire 19,1 14,1 9,1 11,0 8,3 6,8 5 9,6
(0-100 °C) (x 10–6 K–1)
Conductivité
thermique (0-100 °C) 429 318 71,6 71,8 150 147 88 117
(W. m–1.K–1)
Résistivité électrique 1,63 2,20 10,58 10,8 4,7 5,1 8,8 7,7
(20 °C) (μΩ.cm)
Coefficient de
température 0,0041 0,0040 0,0039 0,0038 0,0044 0,0042 0,0041 0,0041
de la résistance
(0-100 °C) (K–1)
771
16 • Les métaux précieux 16.1 Notions de base
et leurs alliages
Propriétés mécaniques
L’or, l’argent, le platine et le palladium sont très malléables. On peut aisément en faire
des feuilles minces ou des fils fins par travail à froid.
Les métaux de la mine du platine montrent une grande variété d’aptitudes à la déforma-
tion. À l’intérieur de chaque sous-groupe, la vitesse d’écrouissage croît systématique-
ment avec le nombre atomique. Comme l’or et l’argent, le platine et le palladium sont
tous les deux extrêmement ductiles à température ambiante.
Dans la triade des plus « légers » (Pd, Rh, Ru) le ruthénium est le plus fragile ; l’osmium
qui est le plus « lourd » n’a jamais pu être écroui efficacement ni à froid ni à chaud (fragi-
lité comparable au verre).
L’iridium, comme le rhodium, est écroui aisément à chaud, mais difficilement à tempéra-
ture ambiante.
Le tableau 16.4 précise les principales propriétés mécaniques de l’or, de l’argent et des
métaux de la mine du platine.
Résistance
maximale
à la traction (MPa) :
– recuit 140 130 125 - 150 140 - 195 700 - 800 550 - 1 100 – 495
– écroui 330 220 200 - 300 325 1 380 - 2 070 1 200 –
Allongement (%) à
20 °C :
– recuit 40 - 50 30 - 50 30 - 50 25 - 35 30 - 35 20 - 22 –
– écroui 3-5 4 1-3 1,5 - 2,5 2 15 - 18 3
Dureté Vickers
(HV) :
– recuit 25 25 - 30 37 - 42 37 - 44 120 200 - 240 300 - 350 200 - 480
– écroui 95 55 - 60 90 - 95 105 - 110 300 600 - 700 670 - 1 000 750
Module de Young
82 78,5 171 121 379 528 559 447
(20 °C) (GPa)
Résistance à l’oxydation
L’or ne forme pas d’oxyde et reste brillant après une exposition prolongée à l’air à chaud.
À chaud, l’argent dissout de grandes quantités d’oxygène. Il peut également former des
oxydes dont certains sont utilisés industriellement (piles électriques par exemple).
– Comme l’or et l’argent le platine reste brillant après un chauffage à l’air à haute tempé-
rature. Bien que formant des oxydes (PtO, PtO2), la perte de poids du platine reste très
faible (stabilité des appareils de production de verres).
– Le rhodium forme deux oxydes : Rh2O3 qui se forme à la surface dès 400 °C entraînant
une augmentation de poids jusqu’à 1 100 °C température à laquelle il se décompose, et
RhO2 qui se dissocie à 1 400 °C. Dans une large gamme de températures les courbes de
pression de vapeur des oxydes de platine et de rhodium coïncident. Ainsi, le platine et le
rhodium se volatilisent de la surface des alliages platine-rhodium dans les mêmes propor-
772
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
tions ce qui n’entraîne pas de variations de compositions des alliages même après de
longues durées d’exposition (stabilité des thermocouples platine-rhodium et des appareils
verriers).
– Le palladium est très sensible à l’air au dessus de 1 000 °C et dissout de grandes quan-
tités d’oxygène. Le palladium a une pression de vapeur métallique du même ordre de gran-
deur que celle de l’oxyde PdO au dessus de 900 °C.
– L’iridium s’oxyde beaucoup plus vite que le rhodium et moins que le ruthénium.
– Le ruthénium et surtout l’osmium s’oxydent très rapidement à l’air. L’osmium commence
à brûler à partir de 400 °C ; les oxydes formés OsO3, OsO4 sont liquides en dessous de
130 °C.
16.2 L’argent
16.2.1 Approvisionnement – Consommation
L’argent est un sous-produit des mines de cuivre, plomb et zinc. Sa production minière
représente 65 % des besoins mondiaux soit trois fois plus que la part provenant du recy-
clage des produits usagés, rebuts de fabrication et déchets divers.
La consommation mondiale concerne presque exclusivement la fabrication de produits
manufacturés, tous secteurs d’activités confondus.
773
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
774
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
775
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
Dureté Vickers HV :
– recuit 40 60-70 90
– écroui 110 130-140 140-150
Allongement (%) :
– recuit 40-50 35-40 30-35
– écroui 3-5 1-2 1-2
La figure 16.1 est relative au diagramme d’équilibre des alliages binaires argent-cuivre.
À l’état liquide, l’argent et le cuivre sont miscibles en toutes proportions. L’alliage eutec-
tique correspond à la composition 71,9 % d’argent – 28,1 % de cuivre avec un point de
fusion de 778 °C.
776
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
1100
1083
1000
us
961 Liquide idus
Liqu
Solid
900 Liq
α uid
Soli
+ us
liq β + liquide β
ui
dus
de
800
α
Température °C
Solidus
700
de l’arg
t
l’argen
Limite
bilité
600
α+β
C
ent dan
de solu
de solu
re dans
bilité
s le cu
Limite
du cuiv
ivre
400
300
200
Ag 100 % Ag 72 % Ag 0 %
Cu 0 % Cu 28 % Cu 100 %
(eutectique)
Proportion Ag-Cu
777
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
Le recuit
Le recuit permet de restituer les propriétés et la structure que l’alliage possédait avant
déformation. La procédure de recuit doit être suivie scrupuleusement car de petits écarts
de température ou de vitesse de refroidissement peuvent affecter de façon significative
les propriétés physiques de l’alliage.
Ce traitement peut être fait au chalumeau, à condition que le réglage produise une
flamme aussi réductrice que possible. Le temps pendant lequel la pièce est portée au
rouge doit être réduit au minimum, afin d’éviter un grossissement du grain qui pourrait
donner à la surface du métal un aspect de « peau d’orange ».
L’argent premier titre peut également être recuit au four : la durée du recuit sera fixée par
essais selon la taille et la forme des pièces. Il est toujours préférable de recuire les alliages
argent-cuivre à l’abri de l’air en atmosphère neutre ou réductrice pour prévenir la forma-
tion d’oxydes de cuivre.
La meilleure température de recuit pour un argent premier titre se situe entre 590 et
650 °C. Le recuit sera suivi d’une trempe à l’eau qui améliore sensiblement l’aptitude de
l’alliage à la déformation.
Le décapage
Le décapage est exécuté dans une solution d’acide sulfurique à 10-12 % chauffée entre
50 et 80 °C.
Formes commerciales
Les alliages d’argent sont disponibles sous une grande variété de formes. Citons :
– pour les laminés : planches, plaques, bandes à plat, bandes et rubans en rouleaux, flans,
– pour les tréfilés : barres, fils ronds, fils carrés, bâtes, baguettes, profilés, tubes ronds,
tubes de forme.
16.2.4 Photographie
Elle comporte trois opérations : la prise de vue dans l’appareil photographique, le déve-
loppement et le tirage des positifs.
• L’appareil photographique comprend une chambre noire, à l’avant de laquelle se trouve
l’optique (objectif) et à l’arrière de laquelle est placée la couche sensible qui reçoit l’image
formée.
• Le développement comprend deux étapes principales : l’immersion dans le bain révéla-
teur qui transforme l’image latente en image visible, constituée par de l’argent réduit et
l’immersion dans le bain de fixage, qui, après rinçage, élimine les sels d’argent inutilisés.
• Le tirage s’effectue sur une couche sensible à image latente (papier, plaque ou film) par
exposition à la lumière blanche et se traite comme les négatifs dans des bains similaires.
778
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
779
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
Formes commerciales
Ces différents produits sont livrés sous des formes très variées.
• Demi-produits massifs :
– fils pour contactage et fabrication de rivets,
– bandes pour découpe de pastilles ou de plaquettes,
– fils et bandes pour fusibles.
• Demi-produits bimétalliques, trimétalliques et les microprofilés : ils réalisent une économie
importante en limitant l’emploi de métaux précieux aux seules zones fonctionnelles.
• Pièces de contact unitaires :
– rivets massifs, bimétalliques et trimétalliques,
– pastilles, plaquettes, billes, boîtiers, vis.
• Pièces de contact découpées, rivetées, soudées, brasées, serties :
– ponts, pôles fixes et mobiles,
– lames, curseurs, balais.
780
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
Dureté Résistivité
Matériaux Propriétés spécifiques
Densité Vickers (HV) électrique
de contact Utilisations
recuit/écroui (μΩ-cm)
Le meilleur compromis
de résistance
Ag-CdO10 10,1 70/115 2,00 à l’érosion/résistance au
Argent-oxyde
Ag-CdO12 10,2 70/100 2,00 collage/résistance de contact
de cadmium*
Ag-CdO15 10,0 70/100 2,15 Contacteurs
Relais de puissance
Interrupteurs différentiels
Faible tendance
Argent- à la sulfuration
Ag-Pd30 10,8 60/170 15,00
palladium Relais téléphonie
Relais industriels spéciaux
781
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
Électronique
Les différents produits se présentent sous les formes suivantes.
Demi-produits
– pastilles et petites pièces pour composants de puissance : diodes, transistors, thyristors,
– boîtiers pour condensateurs tantale gélifiés.
Revêtements électrolytiques
L’argent est largement utilisé pour la décoration en raison de son caractère biocompatible et
dans l’industrie pour ses propriétés électriques et thermiques (contacts électriques, guides
d’ondes…). Résistant à l’oxydation, l’argent est par contre très sensible à la sulfuration avec
pour conséquences le ternissement des surfaces et la dégradation des propriétés électriques.
L’objet à argenter est positionné en cathode ; l’anode est en argent ou en acier inoxyda-
ble. On peut classer les bains galvaniques en trois catégories :
– bains cyanurés alcalins contenant une grande quantité de cyanures libres,
– bains cyanurés neutres contenant une quantité très faible de cyanures libres,
– bains exempts de cyanures : ils sont fort peu utilisés.
Dans le cas des bains cyanurés, les sels d’argent utilisés sont le cyanure simple ou le
cyanure double d’argent et de potassium.
Les autres composants sont :
– électrolyte conducteur : KCN, K2CO3, sel d’acide organique,
– brillanteurs métalliques : Sb, Se, Te,
– brillanteurs organiques : acides benzène-sulfoniques mercaptans,
– agents tensio-actifs.
782
16 • Les métaux précieux 16.2 L’argent
et leurs alliages
pH 12 12 12 8,0 9,0
Température (°C) 30 50 40 60 60
Rendement de
67 67 67 67 67
courant (mg/A. min)
Densité de courant
2 20 4 40 80
(A/dm2)
Teneur Ag (g/l) 24 50 80 80 100 C
Apparence poli miroir brillant semi-brillant mat semi-brillant brillant
Le tableau 16.9 donne des exemples de bains d’argenture et les propriétés des dépôts.
Les bains cyanurés alcalins qui contiennent une grande quantité de cyanures libres sont
surtout utilisés en décoration. Les dépôts d’argent pur sont mats ou brillants. Les bains
contenant des métaux d’addition ou des composés organiques donnent toujours des
dépôts brillants.
Dans le cas des bains cyanurés neutres, le sel conducteur est un sel d’acide organique
(acide citrique ou oxalique) ou un organophosphonate. Les brillanteurs et affineurs de
grains sont des composés organiques. Ces bains qui ont été développés autrefois pour
l’électrotechnique sont actuellement utilisés pour l’électrodéposition haute vitesse dans
l’industrie des semi-conducteurs.
Catalyse
L’argent est un excellent catalyseur d’oxydation des alcools méthylique et éthylique vers
les aldéhydes correspondants.
Sous forme de toiles tissées ou de cristaux, il est utilisé dans les différents procédés de
fabrication du formaldéhyde (formol) par déshydrogénation du méthanol. Il catalyse les
réactions d’oxydation de l’éthylène en oxyde d’éthylène. Les toiles et les cristaux sont en
argent d’une pureté > 99,99 %.
16.2.6 Affinage et récupération
Affinage de l’argent
Le procédé habituel est l’affinage électrochimique. Il exige un alliage contenant au moins
90 % d’argent et permet d’obtenir de l’argent titrant 99,99 %.
783
16 • Les métaux précieux 16.3 L’or
et leurs alliages
L’électrolyte est une solution de nitrate d’argent dans l’acide nitrique en présence de
nitrate de cuivre dont la fonction est d’accroître la conductibilité de l’électrolyte. L’anode
est le métal brut à affiner, la cathode une plaque d’argent ou d’acier inoxydable (procédé
Mœbius) suspendue par des contacts d’argent ou de cuivre. Les cathodes oscillent pour
permettre la chute des cristaux d’argent déposés avant que leur trop grande épaisseur
ne provoque un court-circuit. La cuve d’électrolyse possède un fond permettant de
recueillir en continu les cristaux d’argent. La plupart des métaux qui accompagnent
l’argent, en particulier le plomb, le cadmium, le cuivre, le palladium, se dissolvent à
l’anode et restent en solution. L’or, le platine, le rhodium, l’iridium sont insolubles et
restent dans les boues anodiques. Ils sont valorisés ultérieurement.
Lorsque l’alliage à affiner contient moins de 90 % d’argent, il peut :
– être fondu avec des alliages de titre supérieur à 90 %,
– être mis en solution par attaque nitrique. La réduction des solutions argentifères par le
cuivre permet d’obtenir un cément qui après fusion donne un alliage titrant au minimum 90 %.
Dans les deux cas l’alliage obtenu est affiné par électrolyse.
L’affinage électrochimique a pour inconvénient majeur les grandes quantités d’argent
immobilisées (électrolyte, boues, cathodes).
Déchets liquides
– bains galvaniques : l’argent contenu dans les bains cyanurés est récupéré par épuise-
ment électrolytique.
– bains de fixage : L’argent est extrait des bains de fixage par un procédé électrolytique. Il
est récupéré sous forme de métal fin déposé sur la cathode. Le fixateur est régénéré au
fur et à mesure que l’argent se dépose. On peut estimer qu’un laboratoire de radiographie
fixant une centaine de clichés par jour récupère environ 7 kg d’argent par an. En outre,
l’économie de fixateur qui en résulte est de l’ordre de 50 %.
Actuellement il existe des appareils de récupération portatifs spécialement conçus pour
cette application. Ils peuvent être installés à demeure dans les hôpitaux, chez les radio-
logues, les photographes…
16.3 L’or
16.3.1 Approvisionnement – Consommation
La production minière est la source principale d’approvisionnement (plus de 60 %). La
source secondaire est représentée par le recyclage des produits usagés et des rebuts
784
16 • Les métaux précieux 16.3 L’or
et leurs alliages
Électronique et télécommunications
Circuits intégrés
La fonction de l’or est d’établir la connexion électrique entre la puce (« chip ») et la
grille métallique (« lead-frame »). Les fils ou boucles appelés fils « bonding », à base
d’or très faiblement dopé au béryllium, ont des diamètres de l’ordre de 15 à
30 micromètres. Ces composants sont à la base du développement de l’industrie des
semi-conducteurs.
Avec les nouvelles générations de puces à très haute densité de fonctions, de nouvelles
techniques de connexions ne font plus appel à des fils mais à des plots d’or soudables
à l’étain qui sont déposés par voie électrochimique ou chimique (« Flip-chip », « Ball Grid
Array »).
Circuits hybrides
Pour ce type de composants on a surtout recours à des couches minces submicroniques
déposées par des techniques de pulvérisation cathodique et d’évaporation, ou à des
« couches épaisses » de quelques dizaines de micromètres d’épaisseur élaborées par
des techniques de sérigraphie et de cuisson de pâtes d’or appliquées sur des substrats
céramiques. Ces produits interviennent dans des équipements électroniques miniaturisés
destinés à des applications grand public (télévision, appareils photographiques, caméras
numériques).
785
16 • Les métaux précieux 16.3 L’or
et leurs alliages
connecteurs de plus en plus sophistiqués doivent présenter une bonne aptitude à la lubri-
fication. L’or se révèle le meilleur compromis technico-économique. On l’utilise sous
forme de métallisations électrochimiques ou chimiques réalisées sur une circuiterie de
cuivre (circuits imprimés) ou de connecteurs à base d’alliages de cuivre. L’or intervient
également sous forme de revêtements dans les diaphragmes des transmetteurs dont la
fonction est de transformer les vibrations acoustiques en signaux électriques.
Lasers et optique
En astronomie, l’or est présent sous forme de réflecteurs dans les télescopes et il est
particulièrement adapté à la détection dans l’infrarouge.
Dans les lasers, le procédé de revêtement d’or connu sous le nom de « laser gold » est
associé aux cavités lasers et permet la focalisation du rayonnement surtout dans les
basses énergies.
Comme applications associées à l’utilisation de réflecteurs, on peut encore citer les
caméras infrarouges et les « Compacts Discs » enregistrables (CD-R). Les têtes
d’impression thermique des imprimantes et des lecteurs de cartes de paiement et
certains composants de photocopieurs font appel à des revêtements d’or sérigraphiés sur
un substrat céramique.
Médecine et santé
L’or est biocompatible, malléable et ductile à l’état pur, résistant à l’état allié.
En dentisterie, il est couramment utilisé sous forme de prothèses métalliques ou céra-
mométalliques. Dans certains lasers médicaux, on utilise les propriétés spécifiques de
l’or pour créer un rayonnement interne de couleur rouge qui se révèle efficace pour
détruire de façon sélective les cellules cancéreuses sans échauffement des cellules
saines voisines.
Les utilisations de fils de sutures en chirurgie esthétique et pour le traitement des anévris-
mes, de l’or colloïdal en rhumatologie pour le traitement de la poly-arthrite chronique sont
également bien connues.
Définition du titre
Le titre or d’un alliage précieux est le rapport entre la quantité d’or fin contenu et la masse
totale. On l’exprime en millièmes, ce qui représente le nombre de parties d’or qu’il
contient pour 1 000 parties de l’alliage. Par exemple, un titre de 750 ‰ signifie qu’il y a
786
16 • Les métaux précieux 16.3 L’or
et leurs alliages
750 parties d’or pour 1 000 parties d’alliage ou, si l’on prend pour base le kilogramme,
que cet alliage contient 750 g d’or fin.
On exprime également le titre en carats : 24 carats correspondent à 1 000 millièmes, un
carat vaut 41,666 millièmes.
L’or commercial titre 999,5 ‰ d’or fin, il correspond au titre nominal de 1 000 ‰ (24 carats).
Depuis le 19 Brumaire an VI, tous les ouvrages de bijouterie fabriqués en France
devraient être conformes aux titres légaux :
– premier titre : 920 millièmes (22 carats),
– deuxième titre : 840 millièmes (20 carats),
– troisième titre : 750 millièmes (18 carats).
Depuis décembre 1993, le marché français s’est ouvert aux titres des 14 carats (585 ‰)
et 9 carats (375 ‰). Le texte législatif introduit une distinction entre la dénomination
« d’ouvrages d’or » réservée aux objets de 18 carats et plus et celle « d’alliages d’or » à C
ceux titrant 14 et 9 carats.
787
16 • Les métaux précieux 16.3 L’or
et leurs alliages
Cu
90 10
80 20
70 rouge 30
60 40
rose
%
Ag
Cu
50 50
%
40 60
blanchâtre
30 70
tre
nâ
jau
20 80
ne
jau âtre
rd
10 ve 90
ne
jau blanc
ne
e
jau ert
ng
v
ora
300 300
Dureté Vickers (HV)
État vieilli
État vieilli État vieilli
250 État 250
État Refroidissement
Refroidissement à l’air
200 à l’air 200
État trempé
150 150
État trempé
100 100
État trempé
0 50
0 10 20 30 0 10 20 30 40 0 10 20 30 40 50 60
Argent % Argent % Argent %
788
16 • Les métaux précieux 16.3 L’or
et leurs alliages
Couleur Composition
Symbolisation selon
les normes NF EN 28654 Au Ag Cu Autres
et ISO 8654
* Les alliages du commerce ont une teneur en or plus élevée afin de garantir en final les titres légaux.
789
16 • Les métaux précieux 16.3 L’or
et leurs alliages
Tableau 16.11 – Propriétés des dépôts obtenus à partir des bains d’or galvaniques.
Température (°C) 32 65 25 60 50
Conditions opératoires
Rendement
de courant 30 118 115 120 120
(mg/A. min)
Densité de
1,0 1,0 0,5 0,5 0,4
courant (A/dm2)
Concentration
8 8 8 10 10
or (g/l)
Poids du dépôt
1,74 1,93 1,81 1,85 1,92
(mg/μm. cm2)
Résistance de
0,6 0,3 0,3 0,5 0,3
contact (mΩ)
Dureté Résistivité
Propriétés spécifiques
Matériaux de contact Densité Vickers (HV) électrique
Utilisations
recuit/écroui (μΩ-cm)
790
16 • Les métaux précieux 16.3 L’or
et leurs alliages
1 005 985 – 37,5 62,5 – 11,2 • Alliages d’or pour le brasage du cuivre, du nickel
1 010 990 – 35 65 – 11,0 et des alliages du type Kovar.
791
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
16.4 Le platine
16.4.1 Approvisionnement – consommation
Les mines représentent la source principale d’approvisionnement avec comme premier
producteur l’Afrique du Sud. La Russie demeure le deuxième producteur loin devant les mines
nord-américaines et quelques autres marginales. Cette position de la Russie continue à provo-
quer des tensions sur les cours du métal. La demande est toujours dominée par les besoins
en bijouterie, au Japon et en Chine, et par ceux de l’industrie automobile où le platine demeure
un catalyseur irremplaçable pour la réduction des émissions des gaz d’échappement.
792
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
16.4.2 Élaboration
Le platine est un métal ductile et malléable comparable en cela à l’or fin ; il se laisse
aisément façonner par martelage, repoussage, estampage. Il s’élabore par fusion à l’air,
sous vide ou sous atmosphère inerte (argon par exemple) dans des creusets céramiques
généralement à base d’oxyde de zirconium stabilisé à la chaux ou à l’oxyde d’yttrium.
Il se coule dans des lingotières en cuivre au chrome ou en graphite. Le lingot subit un
forgeage à des températures comprises entre 1 000 et 1 300 °C avant d’être laminé ou
tréfilé à froid. Au cours de la transformation en plaques, feuilles ou fils fins, on effectue des
recuits intermédiaires (recuits de recristallisation) à la température la plus basse possible
afin de rendre au métal sa plasticité initiale tout en évitant un grossissement du grain. Par
exemple, pour porter la dureté du platine pur à 45-50 HV, on conseille un recuit de
15 minutes à 750 °C pour un état écroui par laminage avec réduction d’épaisseur de 80 %.
Par laminage et tréfilage à froid il peut être réduit jusqu’à des épaisseurs et des diamètres C
de quelques microns. Par chaudronnage, on réalise des revêtements de pièces en céra-
260
Ni
240
220
Ag
200
Dureté Vickers (HV)
180 Os
Ir
160
Cu
140
Ru Au
120
100
80 Rh
60
Pd
40
20
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
% en poids
793
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
lesquels il est miscible à l’état solide en toutes proportions (tableaux 16.14 et 16.15).
L’alliage platine-rhodium 10 % (en poids) est le plus utilisé.
Résistivité électrique
0-100 °C (°C-1)
de fusion (°C)
Température
Allongement
à la traction
Résistance
Coefficient
(g. cm-3)
Alliage
Dureté
Pt-Rh 5 % 20,65 1 825 17,5 0,0020 240 35-45 70
Pt 110 75 50 56 63 63
Pt-Ir 10 % – 192 75 – – –
794
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
Pour des applications aux hautes températures nécessitant des matériaux résistant au
fluage, on a recours à des alliages de platine renforcés par dispersion d’un oxyde. Ces
matériaux appelés ODS (oxide dispersion strengthening) contiennent de très fines parti-
cules d’oxydes de taille inférieure à 0,1 µm à des teneurs comprises entre 0,05 et 0,15 %
en poids d’oxydes.
Industrie verrière
Résistant aux altérations par de nombreuses substances avec lesquelles ils peuvent être
en contact, le platine et ses alliages avec le rhodium sont les matériaux de choix pour
l’élaboration de verres techniques et spéciaux.
L’industrie verrière fait appel à ces matériaux sous forme de creusets, de revêtements
de pièces réfractaires des bassins d’affinage, d’enroulements de fours électriques,
d’agitateurs… pour l’élaboration par fusion à 1 200-1 500 °C.
Les fibres de verre couramment utilisées dans le renforcement des plastiques pour
l’élaboration de matériaux composites, de matériaux d’isolation thermique et phonique
sont produites à partir de filières réalisées avec des alliages de platine-rhodium. Ces filiè-
res fonctionnent généralement à des températures voisines de 1200 à 1250 °C en
continu pendant plusieurs mois et peuvent comporter jusqu’à plusieurs milliers de trous
(« tétons ») à la sortie desquels se forment les fibres.
Le verre optique est élaboré dans des fours dits « bassins d’affinage » en platine pur à
des températures atteignant 1550 °C. Le platine est en effet le seul métal qui ne produise
pas de traces d’oxydes cause principale de la coloration des verres. Les bassins d’affi-
nage fonctionnent généralement pendant plus de deux ans sans arrêts, sauf ceux très
brefs liés aux changements de programmes.
Au dessus de 1 300 °C, certains verres deviennent conducteurs de l’électricité et peuvent
être à l’origine de réactions chimiques rapides entre le platine et certains éléments
composant les verres en raison de la formation de micropiles (formation de composés
fragiles ou d’eutectiques à base de platine). Pour éviter ces phénomènes électrolytiques,
il est indispensable dans certains dispositifs industriels de fusion et d’affinage de verre
(cristal, verre optique, verre spéciaux) de relier les pièces en platine à la « masse
électrique ».
Remplacer l’un de ces appareils industriels (fours, creusets, filières) par un appareil neuf
est une opération coûteuse, non seulement par l’interruption de la fabrication qu’elle
implique, mais par les frais qu’entraîne l’affinage du métal récupéré et le façonnage du
nouvel appareil.
795
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
Pour certaines applications spécifiques on a recours aux alliages renforcés du type ODS
présentant des vitesses de fluage considérablement réduites par rapport à celles des
matériaux courants.
Chimie
Toiles de platine-rhodium pour la synthèse de l’acide nitrique
par oxydation de l’ammoniac
Les engrais azotés, tels que le nitrate d’ammonium et les nitrophosphates sont produits
à partir de l’acide nitrique. La synthèse de cet acide est réalisée industriellement par
oxydation de l’ammoniac dans des brûleurs contenant un certain nombre de toiles de
platine-rhodium superposées qui catalysent la réaction. Le mélange gazeux air-ammo-
niac traverse les toiles à une température de 800 à 950 °C, la pression étant comprise
entre 0,1 et 1 MPa suivant le procédé.
Les toiles de platine, dont la forme et les dimensions dépendent de celles des brûleurs,
sont généralement circulaires et leur diamètre peut dépasser 4 m. Il existe également des
toiles hexagonales, carrées et rectangulaires. Elles peuvent être exécutées en tissu
« droit » ou « chevron ».
Ces toiles sont également utilisées pour la synthèse de l’acide cyanhydrique et dans un
procédé de fabrication de l’hydroxylamine.
Industrie pétrolière
Parmi les produits de distillation du pétrole, seules les fractions légères obtenues par
craquage peuvent être utilisées comme carburants dans les moteurs à essence. Pour
obtenir une essence à haut indice d’octane, le craquage doit être complété par un
reformage.
Pour réaliser simultanément ces deux opérations, on utilise des catalyseurs composés
d’un support d’alumine ou silico-aluminate recouvert d’un dépôt de platine divisé.
Vaisselle de laboratoire
Dans les laboratoires, certaines analyses chimiques comportent des opérations qui ne
peuvent être réalisées dans la vaisselle courante, soit parce qu’elles ont lieu à haute
température (fusions, calcinations), soit parce qu’elles mettent en jeu des agents corrosifs
puissants. C’est la raison pour laquelle le platine est utilisé pur ou allié pour la fabrication
de creusets, nacelles, capsules, électrodes, accessoires (tableau 16.16)
Thermométrie
Susceptibles d’être obtenus avec un très haut degré de pureté, le platine et ses alliages
avec le rhodium sont des matériaux de référence nécessaires à la métrologie.
796
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
Température
d’utilisation
Applications types Métal ou alliage sélectionné
maximum
conseillée (°C)
Des additions de rhodium ou d’iridium au platine améliorent les propriétés mécaniques tandis que la résistance à la corrosion
demeure inchangée. La présence d’or confère aux alliages d’excellentes propriétés de non-mouillabilité par les verres.
797
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
Thermosondes miniaturisées
Les modèles sont à couche mince, à faible temps de réponse, utilisables de –50 °C à
500 °C.
Thermosondes étalons
Leur précision peut atteindre quelques millièmes de degré. Elles sont utilisées pour
l’étalonnage des autres thermomètres et les mesures de températures de très haute
précision.
Couples thermoélectriques
Les couples thermoélectriques sont formés de deux fils métalliques de nature différente
soudés à une extrémité. Ces fils sont isolés l’un de l’autre sur tout le reste de leur
longueur, placés dans une gaine protectrice et raccordés à un appareil électrique qui
mesure leur force électromotrice de contact.
La norme NF EN 60584-1 donne les tables de référence destinées à convertir les forces
électromotrices en températures correspondantes ou à effectuer la conversion inverse.
La norme attribue un code littéral aux différents types de couples thermoélectriques :
– le thermocouple platine-rhodium 13 %/platine est représenté par la lettre R,
– le thermocouple platine-rhodium 10 %/platine est représenté par la lettre S,
798
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
Électrotechnique
Les industries électriques et électromécaniques utilisent des quantités importantes de
platine sous forme de matériaux de contact (tableau 16.17).
Résistivité
Dureté Vickers Propriétés spécifiques
Matériaux de contact Densité électrique
HV recuit/écroui (μΩ.cm) Utilisations
La résistance à la corrosion de ces métaux les fait préférer aux autres matériaux dans
les circuits à faible puissance, où il importe en premier lieu que la résistance de contact
soit peu élevée et conserve une valeur constante.
Les alliages platine-iridium sont surtout employés pour fabriquer des contacts fonction-
nant en milieu corrosif. À teneur en platine égale, les alliages platine-ruthénium offrent
des qualités mécaniques supérieures.
Médical
Le platine est utilisé comme élément d’addition des alliages d’or en dentisterie.
Le platine pur et les alliages contenant entre 10 et 20 % d’iridium sont réputés pour leur
biocompatibilité.
799
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
Ils sont le plus souvent utilisés sous forme de tubes, tiges, fils, anneaux, petites pièces
micro-usinées :
– fils d’électrodes et pièces de précision pour stimulateurs cardiaques (pacemakers),
– marqueurs et guides pour cathéters (souvent également à base d’alliages platine-
tungstène),
– fils pour le traitement des anévrismes,
– fils utilisés en urologie,
– aiguilles d’acuponcture,
– aiguilles de seringues réutilisables,
– aiguilles et sources de radioéléments en radiothérapie (cancers de la langue, de
l’utérus,…).
Le platine est également utilisé en chimiothérapie sous forme de molécules actives (cis-
platine par exemple).
Postcombustion automobile
L’application la plus connue concerne la postcombustion automobile. Le principe repose
sur l’utilisation d’un catalyseur fonctionnant avec un ratio air/fuel au voisinage du point
stœchiométrique. Le contrôle est effectué à l’aide d’une sonde à oxygène disposée dans
les gaz d’échappement à la sortie du moteur. Le pot catalytique est constitué d’une sonde
à oxygène et du catalyseur proprement dit :
– la sonde à oxygène comporte un substrat céramique généralement à base d’oxyde de
zirconium revêtu de platine,
– le catalyseur est constitué par un substrat céramique (cordiérite) en forme de nid
d’abeilles qui supporte un revêtement d’alumine très finement dispersée (« wash-coat »)
sur lequel on réalise une imprégnation de très fines particules de platine et de rhodium
(système trois voies) ou de palladium (catalyseur d’oxydation d’appoint).
Le catalyseur est disposé dans un pot en acier en tête du silencieux du pot d’échappement.
Le platine et le palladium ont pour fonction d’oxyder l’oxyde de carbone et les hydrocarbures
non brûlés en gaz carbonique et eau, le rhodium réduit les oxydes d’azote NOx en azote.
Les catalyseurs de postcombustion automobile s’avèrant déjà insuffisants pour satisfaire
certaines normes relatives aux émissions de gaz d’échappement (réglementation en Cali-
fornie par exemple) on assiste à l’émergence de véhicules électriques. Le combustible
n’est plus l’essence mais l’hydrogène qui alimente une pile électrique appelée « pile à
combustible ».
L’hydrogène pur est embarqué à l’état comprimé ou produit in situ en amont de la pile
par un générateur d’hydrogène fonctionnant avec un combustible à base de méthanol.
Plusieurs types de piles sont au stade pilote depuis des années mais les PEMFC (Proton
Exchange Membrane Fuel Cells) sont celles qui sont les plus avancées industriellement.
Le cœur de la pile est constitué par un ensemble de modules comportant chacun une
feuille d’électrolyte solide (membrane de polymère conducteur ionique) avec sur chaque
face une électrode de carbone platiné. On amène l’hydrogène à l’anode de chaque
membrane et à la cathode l’air qui constitue la source d’oxygène. Le catalyseur platine
à l’anode provoque la dissociation des atomes d’hydrogène en protons et électrons. Dès
leur formation, les protons traversent la membrane et se combinent sur la cathode avec
les anions oxygène pour former de l’eau. En assurant une connexion extérieure entre
l’anode et la cathode on obtient un circuit électrique. La puissance de la pile dépend du
nombre de modules mis en place. Les piles à combustible ont l’avantage de présenter
un rendement énergétique plus élevé que celui des moteurs à explosion.
800
16 • Les métaux précieux 16.4 Le platine
et leurs alliages
On peut trouver aussi du platine allié (platine-nickel, platine-iridium) sous forme d’élec-
trodes de bougies d’allumage sur certains modèles automobiles haut de gamme.
Autres applications
On peut citer :
– Alliages de platine-cobalt comme aimants pour diverses applications dont les disques
durs d’ordinateurs.
– Revêtements d’alliages de platine de certaines aubes de turbine de moteurs d’avion pour
améliorer la tenue au fluage à chaud.
– Électrodes de mesures.
– Catalyseurs servant à l’extraction de l’oxyde de soufre dans les stations thermiques fonc-
tionnant au charbon.
– Alliages de platine dans les semi-conducteurs : couches de métallisation dans les puces
et les circuits hybrides.
C
Affinage hydrométallurgique
Si l’alliage contient de l’argent et/ou de l’or il faut les séparer en tête du procédé
(paragraphes 16.2.6 et 16.3.5). La première difficulté rencontrée dans l’affinage des plati-
noïdes est la mise en solution des alliages. Celle-ci dépend de l’état de division du métal :
il faut impérativement des grenailles ou des copeaux. Elle se fait par attaque à l’eau
régale ou le mélange acide chlorydrique/chlore sous pression. Ce dernier mélange est le
seul susceptible de dissoudre les alliages à forte teneur en Rh, Ir (20, 30 %).
L’objectif est de réduire les résidus d’attaque afin d’avoir le minimum de sous-produits à
traiter.
Il existe deux procédés pour séparer les platinoïdes en solution :
1 – Procédé « classique ».
Le platine, le palladium, le rhodium et l’iridium sont séparés sous forme de chlorosels
insolubles ; le ruthénium est distillé sous forme d’oxyde et recueilli dans une solution
d’acide chlorhydrique. Les chlorosels de première précipitation sont réaffinés pour obtenir
les métaux purs correspondants. L’inconvénient majeur de ce procédé réside dans le
nombre important d’étapes dû à la nécessité de recycler les produits ce qui induit une
immobilisation importante des métaux dans le temps. Par contre il est universel et permet
de traiter n’importe quel type de produit.
801
16 • Les métaux précieux 16.5 Le palladium
et leurs alliages
16.5 Le palladium
16.5.1 Approvisionnement – Consommation
Les approvisionnements sont essentiellement d’origine minière. Le palladium est le métal
de la mine du platine qui présente les plus grandes variations de cours car il est très
dépendant des livraisons russes (plus de 70 % des besoins mondiaux).
802
16 • Les métaux précieux 16.5 Le palladium
et leurs alliages
16.5.2 Élaboration
Le palladium est un métal ductile et malléable a froid. Il s’élabore à l’état pur ou allié sous
vide ou sous atmosphère neutre (argon ou azote) dans des creusets céramiques ou en
graphite. Il se coule dans des lingotières en cuivre au chrome ou en graphite.
Le lingot est forgé à des températures comprises entre 1 000 et 1 300 °C avant d’être
laminé ou tréfilé à froid avec des recuits intermédiaires sous atmosphère neutre à des
températures voisines de 700-800 °C.
Le palladium se distingue du platine par une oxydabilité plus forte qui nécessite une
protection sous vide ou sous atmosphère inerte lors des opérations de fonderie et des
traitements thermiques accompagnant la transformation. C
803
16 • Les métaux précieux 16.5 Le palladium
et leurs alliages
50
45
Cu
40
Ir
35
Ag
30
Résistivité (μΩ-cm)
Rh
25
20
Pt
Os
Au
15
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
% en poids
Figure 16.5 – Influence des éléments d’addition sur la résistivité électrique
du palladium à la température ambiante.
200
Ni
180
Ru
160
Ir
140
Os
120
Dureté Vickers (HV)
Cu
100 Ag
80
Au
Rh
60
Pt
40
20
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
% en poids
Figure 16.6 – Influence des éléments d’addition sur la dureté du Pd à l’état recuit.
804
16 • Les métaux précieux 16.5 Le palladium
et leurs alliages
La transformation α → β ne se produit qu’en dessous de 310 °C, quelle que soit la pres-
sion d’hydrogène appliquée. C
L’addition d’argent au palladium évite la transformation α → β sans altérer la perméabilité
Électronique
Les composants contenant du palladium sont de plus en plus présents dans les cartes élec-
troniques que ce soit pour les applications professionnelles ou pour le grand public. Bien que
chacun de ces composants ne contienne qu’une fraction de gramme de métal, leur produc-
tion qui concerne des milliards de pièces génère une demande significative de palladium.
Le palladium est surtout utilisé dans les condensateurs céramiques multicouches qui sont
les composants essentiels de l’électronique grand public : téléphonie mobile, électronique
automobile, ordinateurs, etc… De plus petites quantités sont destinées à la connectique
ou aux circuits intégrés hybrides.
Un condensateur céramique multicouches comporte un empilement de quelques dizaines à
quelques centaines de couches microniques d’argent-palladium constituant les électrodes
prises en sandwich entre des couches céramiques (isolants électriques à base de titanates,
titanate de baryum par exemple). À chaque borne du condensateur (« terminaisons ») on
applique un revêtement d’argent ou d’alliage d’argent qui assure la connexion des
couches d’argent-palladium, de palladium ou de palladium-argent entre elles et avec le
circuit imprimé.
805
16 • Les métaux précieux 16.5 Le palladium
et leurs alliages
Les condensateurs sont fabriqués par sérigraphie d’une pâte conductrice sur des feuilles
céramiques empilées et frittées à des températures voisines de 1 000 °C. L’empilement
de feuilles est ensuite découpé en pavés (condensateurs) et l’on applique sur chacun
d’eux les terminaisons servant de connexions électriques. Les procédés de fabrication
conduisent à une miniaturisation poussée des condensateurs.
Dans les circuits intégrés hybrides (substrats céramiques sur lesquels sont disposés
des circuits intégrés, des condensateurs et des résistances), le palladium ou l’argent-
palladium se retrouve sous forme de pistes métalliques reliant les bornes des diffé-
rents composants. Ces pistes sont réalisées par sérigraphie de pâtes, suivie d’une
cuisson.
Dans les appareillages (ordinateurs par exemple) les cartes sont très souvent reliées les
unes aux autres par des connecteurs revêtus d’une couche galvanique d’or ou de palla-
dium-nickel d’une épaisseur voisine d’un micron. Le développement du palladium-nickel
est surtout lié à son coût plus faible que celui de l’or.
Électrotechnique
Les industries électromécaniques emploient des contacts à base de palladium ou d’alliage
de palladium (tableau 16.19). Le palladium pur est utilisé pour équiper encore certains
relais téléphoniques électromécaniques ainsi que certains appareils de contrôle utilisés en
aviation, à condition que ces contacts ne soient soumis qu’à de faibles pressions. Il peut
également intervenir sous forme de contacts glissants et de ressorts de contacts.
Dureté Résistivité
Propriétés spécifiques
Matériaux de contact Densité Vickers (HV) électrique
Utilisations
recuit/écroui (μΩ.cm)
Postcombustion automobile
Le palladium joue un rôle de premier plan dans le contrôle des émissions d’hydrocarbu-
res des gaz d’échappement. Un petit catalyseur à base de palladium est ajouté au cata-
lyseur principal (cf 16.4.4) pour agir dès le démarrage, moteur encore froid.
Dentisterie
Le palladium est allié à l’or, à l’argent ou introduit sous forme de faibles additions dans
des alliages d’or. Les alliages les plus utilisés au Japon sont des bases or-argent-palla-
dium contenant environ 20 % de palladium.
Chimie
Dans les brûleurs de production d’acide nitrique on utilise des toiles de récupération en
alliages de palladium (PdCu, PdNi) pour le piégeage du platine et du rhodium provenant
806
16 • Les métaux précieux 16.6 Le rhodium
et leurs alliages
Autres applications
– Alliages de bijouterie contenant du platine ou du ruthénium.
– Revêtements de surface des aubes de turbine de moteurs d’avion.
– Organométalliques à base de palladium liquide pour la décoration de la porcelaine et du
verre (cristal, bouteilles) dans les arts de la table et la parfumerie. Il est utilisé en rempla- C
cement du platine.
16.6.2 Propriétés
Il est plus oxydable que le platine et le palladium, moins que l’iridium et le ruthénium.
Il résiste à la corrosion en présence d’une large gamme de sels fondus mais en général
moins bien que l’iridium.
Le rhodium possède un haut pouvoir réflecteur et parmi les métaux de la mine du platine
présente les conductibilités électrique et thermique les plus élevées.
16.6.3 Élaboration
Le rhodium est élaboré par métallurgie des poudres ou par fonderie.
Le frittage du rhodium s’opère à 1 400-1 500 °C sous atmosphère inerte ou sous vide.
Les lingots obtenus par fonderie sont fondus par induction électromagnétique dans des
creusets d’oxyde de zirconium ou de chaux sous atmosphère inerte puis coulés dans des
lingotières en cuivre au chrome ou en graphite. On peut également utiliser des fours à
bombardement électronique ou des fours à arc.
Le rhodium est un métal qui ne se déforme qu’à chaud dans des conditions voisines de
celles de l’iridium.
La transformation fait intervenir un forgeage à 1 300 °C suivi d’opérations de laminage,
martelage, tréfilage à des températures de 1 200 à 1 300 °C.
Comme pour la plupart des métaux réfractaires présentant le phénomène de transition
ductile-fragile l’apparition d’une texture fibreuse favorise une meilleure aptitude à la
déformation.
Le rhodium présente des propriétés mécaniques élevées (tableau 16.20 et 16.21).
807
16 • Les métaux précieux 16.6 Le rhodium
et leurs alliages
25 774 271
750 229 –
1 000 90 31
1 000 77 13,5
1 000 95 2,0
1 250 59 6,7
1 250 70 0,5
1 250 79 0,85
808
16 • Les métaux précieux 16.7 L’iridium
et leurs alliages
16.6.5 Applications
Le rhodium est peu utilisé à l’état non allié, excepté pour les applications catalytiques ou
celles nécessitant des revêtements électrodéposés.
La postcombustion automobile demeure la principale demande en rhodium. Dans cette
utilisation, le rhodium a la propriété spécifique de réduire les oxydes d’azote des gaz
d’échappement en azote (cf. 16.4.4).
Les applications industrielles comme la production d’acide nitrique pour les engrais,
l’industrie verrière et la thermométrie représentent des besoins beaucoup plus faibles.
En chimie, le rhodium intervient dans plusieurs types de réactions catalytiques (catalyse
hétérogène ou catalyse homogène) : synthèse de l’acide acétique, hydrogénation de
composés aromatiques,…
Autres utilisations :
– Revêtements pour les contacts électriques devant présenter une résistance de contact
C
stable et une résistance à l’abrasion élevée.
16.7 L’iridium
16.7.1 Approvisionnement – Consommation
La source principale d’approvisionnement est d’origine minière et les besoins mondiaux
sont de l’ordre de quelques tonnes.
16.7.2 Propriétés
De tous les métaux, l’iridium est celui qui possède la plus grande densité et présente la
meilleure résistance à la corrosion.
Il est inattaquable dans les acides à froid ou à chaud y compris dans l’eau régale
bouillante. Il résiste aux oxydes fondus jusqu’à des températures de l’ordre de 2 000 °C
et à certains métaux fondus.
Bien que plus oxydable que le platine et le rhodium, l’iridium est considéré comme l’un
des métaux les plus résistants à l’oxydation. Aux températures élevées les oxydes
formés sont volatils et la surface métallique est exempte de pellicules d’oxydes.
L’iridium est le seul métal réfractaire qui peut être utilisé jusqu’à 2 300 °C sans subir de
dégâts « catastrophiques ».
16.7.3 Élaboration
L’iridium présente des propriétés mécaniques élevées à toutes températures
(tableau 16.22).
L’iridium est élaboré par métallurgie des poudres ou par fonderie.
Dans le premier cas, on réalise un lingot soit par compression à froid d’une poudre suivie
d’un frittage sous atmosphère inerte à 1 500 °C soit par frittage sous pression isostatique
à 1 300 °C (technique HIP).
L’iridium peut être fondu par induction électromagnétique dans des creusets en oxyde de
zirconium ou de chaux sous atmosphère inerte, puis coulé dans des lingotières en cuivre
809
16 • Les métaux précieux 16.7 L’iridium
et leurs alliages
25 234 627
1 500 80 156
810
16 • Les métaux précieux 16.8 Le ruthénium
et leurs alliages
Cristallogenèse
Les creusets sont réalisés par métallurgie des poudres, formage de plaques d’iridium
fondu par la technique « roulé-soudé » ou par électroformage en bains de sels fondus à
des températures de l’ordre de 900 °C.
Les monocristaux les plus courants sont des YAG (« Yttrium Aluminium Garnet ») pour
lasers, monocristaux pour des détecteurs RX utilisés dans les aéroports, GGG
(« Gadolinium Gallium Garnet ») pour le stockage de données, saphir, rubis en électro-
nique. Ils peuvent avoir des diamètres atteignant une trentaine de centimètres ce qui
nécessite l’utilisation de creusets d’iridium dépassant la dizaine de kilos (diamètre :
300 mm, hauteur : 300 mm, épaisseur de paroi : 3 mm).
Les creusets d’iridium sont chauffés par induction jusqu’à des températures pouvant
atteindre 2 300 °C sous atmosphère inerte et pendant des cycles de plusieurs semaines
(mise en température et refroidissement).
C
Catalyse
Autres applications
– Sources de radio-isotopes (Ir 192) en radiothérapie pour le traitement de certains cancers
et dans l’industrie.
– Pièces de précision (Pt-Ir) pour dispositifs médicaux : pacemakers, cathéters.
– Fils (Pt-Ir) pour électrodes cardiaques et traitement des anévrismes.
– Revêtements (Pt-Ir) de pièces réfractaires dans l’industrie verrière.
– Cibles de pulvérisation cathodique pour les traitements de surface du verre optique et
des vitrages.
– Revêtement d’iridium sur rhénium pour des tuyères de moteurs de positionnement de
satellites de télécommunication, de missiles.
– Chambre de combustion et container à plutonium (générateurs de puissance thermoé-
lectriques) dans l’industrie spatiale.
– Élément d’alliages de bijouterie.
– Revêtement et élément d’alliages de contacts électriques.
– Encres conductrices dans les circuits hybrides (semi-conducteurs).
– Thermocouples.
16.8 Le ruthénium
16.8.1 Approvisionnement – Consommation
Le ruthénium est un sous-produit du platine dans la production minière et ses applica-
tions restent relativement marginales en volume par rapport à celles du platine ou du
palladium.
811
16 • Les métaux précieux 16.8 Le ruthénium
et leurs alliages
16.8.2 Élaboration
Le ruthénium est fragile à froid et très oxydable au dessus de 800 °C avec des pertes de
matière importantes.
Il est élaboré par métallurgie des poudres ou par fonderie sous vide ou sous atmosphère
inerte. Il ne se transforme qu’à chaud, à des températures de l’ordre de 1 200 à 1 300 °C.
Son aptitude à la déformation dépend de plusieurs paramètres liés à la structure métal-
lurgique mais, en règle générale, le métal se martèle, se lamine et se tréfile très mal.
Pt 40 Pd 40
Pt Ru 5 % 130 Pd Ru 5 % 90
Pt Ru 10 % 190 Pd Ru 10 % 170
1200
Mo
1000
800
Dureté Vickers (HV)
W
600
400
Cr
200
0
0 10 20 30 40
Addition de ruthénium (% en atome)
812
16 • Les métaux précieux 16.9 L’osmium
et leurs alliages
16.8.4 Applications
Le ruthénium intervient dans plusieurs procédés de catalyse homogène pour la fabrica-
tion de l’acide acétique et de produits de synthèse. Il sert de revêtements d’électrodes
dans une large gamme d’applications électrochimiques : les plus connues sont les
productions de chlore et de soude caustique. En électronique, il est utilisé sous forme de
pâtes résistives dans les circuits hybrides (« chip resistors »).
On peut citer comme autres applications connues :
• Alliage de bijouterie (Pd Ru 4,5).
• Revêtement de ruthénium dans les contacts électriques de type « contacts Reed » pour
C
16.9 L’osmium
16.9.1 Approvisionnement – Consommation
Aucun chiffre de production ni de consommation n’est publié car les applications connues
correspondent à des demandes très marginales (quelques dizaines de kilos par an).
L’osmium est présent dans les minerais de platine où il est combiné à l’iridium mais il est
principalement issu des sous-produits de la mine du nickel.
16.9.2 Propriétés
L’osmium est, avec l’iridium, l’élément le plus dense de la classification. Des métaux de
la mine du platine, c’est celui qui présente le plus haut point de fusion, la pression de
813
16 • Les métaux précieux 16.10 Normalisation
et leurs alliages
vapeur la plus basse, la plus grande dureté et une telle fragilité, même aux hautes tempé-
ratures, que toute transformation nécessite des prouesses métallurgiques.
À l’air dès 200 °C il réagit rapidement pour former l’oxyde volatil Os O4.
À l’état de poudre, il s’oxyde dès la température ambiante dégageant l’odeur caractéris-
tique de l’oxyde Os O4 composé très toxique considéré comme un poison violent.
16.9.3 Applications
L’osmium a été utilisé dans les premières lampes à incandescence avant l’introduction
du tungstène et les alliages iridium-osmium pour les pointes de stylos et les aiguilles de
phonographes.
Sous forme d’oxyde Os O4 il sert à la coloration des coupes de tissus biologiques lors
d’examens microscopiques ou à la détection des empreintes digitales.
Utilisé comme revêtement dans les tubes électroniques sous vide, il supprime l’émission
électronique secondaire des grilles de molybdène et de tungstène.
16.10 Normalisation
16.10.1 Normes françaises AFNOR
A81 – Produits d’apport et flux
NF A 81-053 : Soudage – Brasage – Soudobrasage – Produits d’apport – Application des
conditions de réception.
NF EN 1044 : Brasage fort – Métaux d’apport. (Remplace NF A 81-361).
NF A 81-362 : Métaux d’apport de brasage tendre, de brasage fort et de soudobrasage
– Classification – Codification – Réception.
814
16 • Les métaux précieux 16.10 Normalisation
et leurs alliages
S80 – Généralités
NF EN 28654 : Couleurs des alliages d’or. Définition, gamme de couleurs et de désigna-
tion. (Remplace NF S 80-770).
NF ISO 3160 : Caractéristiques générales relatives aux revêtements d’alliages d’or des
boîtes de montres et des pièces d’horlogerie.
NF S 80-772 : Horlogerie – Boîtes de montres revêtues d’alliages d’or – Méthodes d’essai
des revêtements.
815
16 • Les métaux précieux 16.11 Renseignements pratiques
et leurs alliages
816
D
Métaux
et alliages
nouveaux
D
817
818
17 • Alliages à mémoire 17.1 Définitions et notions de base
de forme
André Eberhardt
Etienne Patoor
1. VAN HUMBEECK J., Mat. Res. Soc. Symp. Proc., Vol. 246, 1992, pp. 377-378.
819
17 • Alliages à mémoire 17.1 Définitions et notions de base
de forme
L’interface qui sépare la martensite de la phase mère est appelée plan d’habitat. Ce
plan est invariant, il ne présente ni déformation ni rotation. Le déplacement des atomes
se fait dans une direction donnée proportionnellement à la distance au plan d’habitat. Le
plan et le déplacement sont entièrement déterminés à partir des données cristallographi-
ques de la transformation.
Dans les alliages à mémoire de forme, la transformation martensitique est généralement
thermoélastique. La transformation se produit par croissance continue de plaquettes de
martensite, cette croissance étant étroitement contrôlée par les paramètres du charge-
ment thermomécanique appliqué au matériau (température, contrainte). Les transforma-
tions thermoélastiques se rencontrent principalement dans le système nickel-titane, les
alliages Cu-Zn-Al, Cu-AI(Ni, Be) et quelques alliages à base de fer.
Températures de transformation
La transformation martensitique se produit lorsque l’énergie libre de la martensite est
inférieure à celle de l’austénite, à partir d’une température Ms (Martensite start) inférieure
à la température d’équilibre T0 des deux phases. La transformation se poursuit au refroi-
dissement jusqu’à la température Mf (Martensite finish) où le matériau est totalement
martensitique. Au chauffage, la transformation inverse débute à la température As (Auste-
nite start), jusqu’à la température Af (Austenite finish) où le matériau est totalement austé-
nitique. La température d’équilibre T0 est voisine de (Ms + Af)/2. L’étalement du cycle
(Af – As) est dû à l’énergie élastique stockée, alors que l’hystérésis (As – Mf) est associée
à l’énergie dissipée pendant la transformation.
Mesure des températures de transformation
Lors de la transformation martensitique, de nombreuses propriétés physiques sont modi-
fiées. Ces modifications permettent de mesurer les points de transformation. On utilise
principalement la résistivité électrique et la calorimétrie différentielle (DSC), mais
également le pouvoir thermoélectrique (PTE), les RX, l’émission acoustique (EA), le
frottement intérieur et la mesure du module de Young. La transformation austénite
→ martensite s’accompagne d’un dégagement de chaleur correspondant à l’enthalpie de
la transformation. Pour une température donnée, la quantité de chaleur dégagée est
proportionnelle à la fraction volumique transformée. Cette grandeur est également acces-
sible par calorimétrie différentielle.
820
17 • Alliages à mémoire 17.1 Définitions et notions de base
de forme
Cuivreux
C’est dans le domaine β des systèmes cuivre-zinc et cuivre-aluminium que se rencon-
trent les principaux alliages à base cuivre. La présence d’un troisième élément permet
d’ajuster la température de transformation de – 200 °C à +170 °C. Les températures de
transformation dépendent fortement de la composition1 et une précision de 10–3 à 10–4
est parfois nécessaire pour obtenir une reproductibilité meilleure que 5 K.
Les alliages à base cuivre présentent en général moins d’hystérésis que les nickel-titane
(tableau 17.1).
• L’alliage Cu-Zn-Al est facile à mettre en œuvre. Cependant, il présente une forte
tendance à se décomposer dans ses phases d’équilibre lors de surchauffes, entraînant
ainsi une stabilisation de la martensite (augmentation de As). La présence d’affinants tels
que cobalt, zirconium, bore ou titane est nécessaire pour obtenir des grains de 50 à
100 µm. Cet alliage est de moins en moins utilisé à cause de sa faible tenue au vieillis-
D
Ferreux
Ce sont principalement les alliages Fe-Mn-Si. La transformation martensitique, considé-
rée comme non thermoélastique (martensite ε produite par une transformation du type
CFC → HCP) conduit à un effet mémoire simple incomplet. La superélasticité est faible
ou inexistante. Les performances développées par ces alliages sont très sensibles aux
traitements thermomécaniques. Pour éviter la corrosion, on ajoute parfois du chrome et
du nickel au détriment de l’effet mémoire.
On peut envisager de les utiliser dans des dispositifs de couplage « un seul coup ».
Autres
Nickel-aluminium
Pour des compositions atomiques en aluminium variant de 35,5 à 37,5, cet alliage couvre
une large gamme de températures comprises entre – 200 °C et +200 °C. C’est un maté-
riau fragile dont la ductilité peut-être améliorée par un troisième élément : fer, bore,
chrome ou manganèse.
1. Pour le Cu-Al-Be : Ms(°C) = 1 245 – 71 % (en poids) Al – 983 % (en poids) Be. (BELKALHA Thèse.
Lyon, 1990).
821
822
Tableau 17.1 – Propriétés des principaux alliages à mémoire de forme.
Domaine de transformation °C – 100 à 100 – 100 à 100 – 100 à 170 – 200 à 150
17.1 Définitions et notions de base
Tableau 17.1 – Suite.
Déformation maximale :
– mémoire simple effet % 8 3-5 3-6 3-5
– mémoire double effet % 5 2 3 2
N = 102 % 5 1 1,2
N = 105 % 2 0,8 0,8
N = 107 % 0,5 0,5 0,5
Amortissement SDC-% 15 30 10
823
D
Titane β
Depuis 1982, on sait que les alliages de titane β présentent un effet mémoire simple sens
de 3 %. Cependant, le manque de stabilité et les difficultés de mise en œuvre ont limité
son développement. Ces alliages admettent des températures de transformation
élevées ; ainsi, un alliage titane-vanadium peut travailler jusqu’à 500 °C.
Céramiques
Certaines céramiques montrent un effet mémoire significatif bien que limité (0,5 %) asso-
cié à une transformation martensitique. L’avantage des céramiques est d’autoriser des
températures de transformation élevées tout en conservant une bonne stabilité à hautes
températures.
17.2 Normalisation
La norme NF A 51-080 (avril 1991) rassemble les définitions des principaux termes utili-
sés dans le domaine des alliages à mémoire de forme. Elle aborde également les diffé-
rentes méthodes de mesure des principales caractéristiques du matériau.
La norme japonaise JIS (Japanese Industrial Standard) H 7101 (1989) se limite à la
détermination par DSC des températures de transformation, et donne quelques indica-
tions sur les traitements thermiques préalables à réaliser sur les échantillons.
824
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
qui est la déformation maximale réversible que l’on peut obtenir par transformation de
phase ;
• au-delà d’une contrainte σf, la martensite se déforme élastiquement.
Un phénomène d’hystérésis se produit lors de la décharge. Dans les monocristaux, la
superélasticité est associée à la formation sous contrainte d’une variante unique de
martensite, celle pour laquelle la contrainte résolue est maximale. Une élévation de la
température de l’essai augmente la contrainte seuil (figure 17.1-b), tout en affectant peu
les autres caractéristiques (figure 17.1-a).
Contrainte
(MPa) σs
300
250
σs
T = 19 °C
σs
D
200
σs
50
ε AM
–37 °C –19 °C
0
0 2 4 6 8 10 M s = –60 °C
Déformation (%) Température (°C)
a) b)
Comportement superthermique
Si, à partir d’un état initial austénitique, on refroidit sous contrainte imposée constante
(figure 17.2), alors la transformation austénite → martensite se caractérise par une
température de début de transformation (Msσ) et de fin de transformation (Mfσ), fonctions
de la contrainte appliquée.
Dans les monocristaux, la déformation maximale de transformation εAM et la microstruc-
ture sont identiques à celles mesurées en superélasticité. Une variation de la contrainte
modifie uniquement les seuils de début et de fin de transformation, l’hystérésis et l’étale-
ment de la transformation restent sensiblement constants.
Influence de la microstructure
Dans les polycristaux, la structure granulaire du matériau modifie profondément la réponse
observée. La contrainte seuil (ou la température de transformation) unique, parfaitement
définie dans le cas des monocristaux, laisse place à une zone d’initiation de la transfor-
mation, au cours de laquelle celle-ci se met progressivement en place dans les différents
cristallites. La figure 17.3-a montre que l’étalement et l’hystérésis de la transformation ont
825
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
Déformation (%)
10
σ
As
8 σ
Mf
ε AM
4
2
σ σ
Ms Af
0
–20 –15 –10 –5 0 5
Température (°C)
Contrainte (MPa)
200
150
100 (a)
50
0
0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5
Déformation (%)
826
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
Déformation de
transformation maximale
(%)
10
Monocristal
8
Polyocristal
6
(b)
0
0 50 100 150 200 250 D
Contrainte (MPa)
827
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
σ σ
Martensite
C C
Austénite
+
Martensite
T < Mf
Austénite
D E
B A B D
Tf Mf Af (a) Ti (b)
T ε
formes stables : une forme dite haute température (austénitique) et une forme basse
température (martensitique). Le passage de la forme haute température à la forme
basse température (et inversement) s’effectue sans l’assistance de contrainte appliquée.
Contrairement aux propriétés de SE et EMSS qui sont intrinsèques aux alliages à
mémoire de forme, l’EMDS est une caractéristique acquise du matériau.
La transformation martensitique n’est pas idéalement réversible ; la recouvrance de la
déformation n’est pas totale et une légère déformation subsiste. Si l’on effectue plusieurs
cycles, on constate que la déformation résiduelle cumulée augmente puis se sature. Un
refroidissement du matériau, en l’absence de contrainte appliquée, s’accompagne alors
d’une déformation de transformation macroscopique, contrairement à ce qui est observé
sur le matériau avant cyclage. On dit que le matériau a été éduqué. Ce phénomène a
été observé dès 1974. Il existe de nombreuses méthodes d’éducation :
• par déformation plastique non homogène (torsion, flexion) à l’état austénitique ou
martensitique ;
• par vieillissement sous contrainte, dans l’état austénitique, afin de stabiliser la phase
mère, ou en phase martensitique pour produire une précipitation (alliages Ni-Ti) ;
• par cyclage thermomécanique, superélastique, superthermoélastique, effet mémoire
simple sens ou trajet complexe combinant ces différents phénomènes.
Le mécanisme fondamental mis en œuvre dans toutes ces méthodes consiste à intro-
duire une microstructure de défauts orientés (réseau de dislocations, précipités…). Le
traitement d’éducation produit une dissymétrie microstructurale qui favorise certaines
variantes en l’absence de contrainte appliquée. La nature exacte de cette dissymétrie et
la façon précise dont elle participe à l’effet mémoire double sens restent controversées.
Si pour des raisons diverses (vieillissement, surcharge mécanique, restauration…), ces
contraintes internes sont affaiblies ou modifiées, l’effet mémoire double sens est perturbé,
voire annulé. Dans ce dernier cas, on dit que le matériau est devenu amnésique.
Le cyclage d’éducation provoque des effets secondaires tels que :
• l’évolution des températures de transformation,
• la modification de l’amplitude de l’hystérésis,
828
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
T1 T2 > T1 T1
M
M (a) EMSS
T1 T2 > T1 T1
M
m
M (b) EMDS
m
M (c) EMDSA
m
Fraction volumique
de martensite
As
Martensite Austénite
(d)
Af
T1 T2
Mf Ms Température
Figure 17.5 – Différents effets mémoire. a) EMSE : la recouvrance de forme est obtenue
uniquement au chauffage ; b) EMDS : au cours du retour à la température T1, le matériau
reprend sa forme à froid ; c) EMDSA : la surcharge m entraîne une déformation
au cours du refroidissement ; d) évolution de la fraction volumique de martensite
en fonction de la température.
829
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
Effet caoutchoutique
Cet effet, observé pour la première fois en 1932 sur un alliage or-cadmium, constitue la
première manifestation étudiée de l’effet mémoire de forme. Ce comportement, caracté-
ristique de la phase martensitique (T < Mf), est similaire à la superélasticité, mais en
l’absence de tout changement de phase. Le mécanisme de base est un mouvement
d’interfaces entre domaines martensitiques d’orientations différentes ; ces interfaces
étant très mobiles, une contrainte même faible permet de les déplacer. Ce déplacement
n’est en général que partiellement réversible.
La déformation obtenue à la décharge se compose de la déformation élastique et de la
déformation associée au retour partiel des interfaces. Pour une contrainte donnée, la
déformation réversible ainsi obtenue est nettement supérieure aux déformations élasti-
ques usuelles. Le module de rigidité est donc largement inférieur au module d’élasticité.
Cet effet est désigné par effet caoutchoutique, ou, dans certains cas (par analogie avec
la superélasticité) par pseudoélasticité par réorientation. La température ne joue qu’un
rôle secondaire dans ce comportement puisqu’il n’y a pas de changement de phase.
Amortissement
Ce dernier aspect du comportement n’est pas caractéristique des alliages à mémoire de
forme ; il est lié aux aspects dissipatifs propres à tout phénomène physique et consiste
en une dégradation de l’énergie mécanique en chaleur. Les alliages à mémoire de forme
se distinguent cependant par une capacité d’amortissement largement supérieure à celle
des matériaux usuels. Celle-ci est liée à la présence des nombreuses interfaces
engendrées par la transformation martensitique : interfaces austénite/martensite, interfa-
ces martensite/martensite entre les variantes et joints de macles à l’intérieur de ces
dernières. L’hystérésis observée en superélasticité est une des manifestations de cette
dissipation d’énergie.
On distingue généralement trois domaines d’amortissement dans les AMF :
• Pour des températures largement supérieures à Ms et des sollicitations mécaniques
faibles, le matériau reste à l’état austénitique pendant toute la durée du cycle. La capacité
d’amortissement est alors comparable à celle des métaux dans leur domaine d’anélasticité.
830
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
• Pour les températures inférieures à Mf, la capacité d’amortissement est nettement plus
importante, liée à la grande quantité d’interfaces présentes en phase basse température.
• L’amortissement maximal est obtenu pour les températures proches de la température
de transformation ; il est alors associé à la formation et au déplacement des interfaces
austénite/martensite.
Le contrôle des vibrations étant un problème important dans de nombreux secteurs
industriels (construction aéronautique, espace, équipements sportifs de haut niveau…),
cette propriété constitue une source de développement potentiel pour les alliages à
mémoire de forme.
Fatigue thermomécanique
La présence d’une transformation de phase induit des mécanismes nouveaux qui se
superposent aux mécanismes classiques de fatigue dans les alliages métalliques. La
durée de vie fonctionnelle des alliages à mémoire de forme est rarement limitée par la
rupture (comme pour les matériaux de structure). Il est nécessaire de définir des critères
de fatigue plus complexes liés à la nature des fonctions utilisées : reprise de forme,
production de travail ou d’effort.
La diversité de ces propriétés, jointe à la relative jeunesse de ces matériaux, explique
qu’il n’existe pas actuellement de méthode standard pour évaluer la durée de vie des
AMF. En fonction du mode de chargement (thermique ou mécanique) et du domaine de
température (fatigue en phase haute ou basse température), on distingue plusieurs
modes de fatigue possibles (tableau 17.3).
Dans tous les cas, les mécanismes de fatigue sont liés à une accumulation de défauts
engendrés par les transformations successives, et plus particulièrement la formation de
structures de dislocations et la création de défauts de surface (extrusion, intrusion). Ces
évolutions microstructurales modifient les températures de transformation (avec des
amplitudes pouvant atteindre jusqu’à 30 K) et conduisent à une dégradation de la reprise
de forme (réduction de la déformation recouvrable, chute de la contrainte de recouvre-
ment), ainsi qu’à une modification des caractéristiques superélastiques.
Trois variables contrôlent cette dégradation :
• la contrainte appliquée,
• la déformation imposée,
• la température.
Selon la nature de l’alliage, les phénomènes observés peuvent être plus ou moins
prononcés.
831
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
Alliages nickel-titane 1
Vieillissement
Bien que la transformation martensitique s’effectue sans diffusion, le temps constitue
également une variable importante pour décrire le comportement des alliages à mémoire
de forme. L’absence de diffusion au cours de la transformation implique que la martensite
conserve l’arrangement atomique hérité de l’austénite. Une telle distribution dépend de
l’histoire thermomécanique du matériau (par exemple lacunes de trempe dans les allia-
ges cuivreux) et n’est pas, en général, la plus stable possible pour la phase basse tempé-
Tableau 17.3 – Différents modes de fatigue dans les alliages à mémoire de forme.
Cyclage thermique Cyclage thermique entre les domaines de stabilité des deux phases
1. Pour plus de détails, voir MIYAZAKI S., OTSUIKA K. – ISIJ International, Vol. 29, 1989, n°5, pp. 353-377.
2. Pour plus de détails, voir HORNBOGEN E. – Engineering Aspects of SMA, pp. 267-280.
832
17 • Alliages à mémoire 17.3 Propriétés d’usage
de forme et de mise en œuvre
rature. Une remise en ordre partielle se produit alors, avec une cinétique qui dépend de
la température à laquelle l’alliage est maintenu. Ceci modifie les températures de trans-
formation et stabilise la martensite. Ce mécanisme est appelé stabilisation à basse
température (car les phénomènes de diffusion restent limités. Dans les alliages peu
stables, ou pour des températures plus élevées (en général supérieures à 100 °C), la
martensite évolue vers des phases plus stables : c’est le mécanisme de décomposition
à haute température. Ces deux processus de stabilisation sont en général nuisibles pour
les applications, car ils modifient les propriétés d’usage de l’alliage (relaxation de la
contrainte de reprise de forme par exemple) et peuvent même conduire à une suppres-
sion totale de l’effet mémoire.
Dans les alliages cuivreux, une trempe étagée avec maintien en phase austénitique (pour
les alliages martensitiques à l’ambiante) permet d’ordonner la phase austénitique et
améliore fortement la résistance au vieillissement de la martensite.
833
17 • Alliages à mémoire 17.4 Principales applications
de forme
σ
C (2)
D (3)
(1) D
O B ε
a fait échouer ces tentatives (le rendement de Carnot est de quelques pour-cent). Cette
capacité de production de travail s’avère par contre très intéressante pour la mise au
point de micromécanismes, la puissance spécifique développée par les AMF étant
comparable à celle des moteurs thermiques1.
834
17 • Alliages à mémoire 17.4 Principales applications
de forme
Puissance/Masse
(W/kg)
10 4 Turbine
à gaz
Moteur
10 3 hydraultique
Moteur Moteur
pneumatique thermique
10 2
AMF
10 Moteur électrique
+ réducteur
1 D
10 –2 10 –1 1 10 10 2 10 3 10 4
Remarque
Le remplacement d’un dispositif conventionnel par un dispositif utilisant un AMF est souvent un
échec, et c’est dès la conception que doit être prise en compte la spécificité du comportement
des AMF. La rédaction d’un cahier des charges fonctionnel demande une collaboration étroite
entre le client et le fournisseur, et doit être complétée par une description détaillée de l’ensemble
des opérations à effectuer sur l’alliage.
17.4.1 Capteurs-actionneurs
La possibilité de développer un travail contre une force résistive au cours de la transfor-
mation → martensite austénite permet d’utiliser les AMF pour concevoir des actionneurs
originaux capables d’assurer simultanément les fonctions de capteur et d’actionneur. On
distingue trois catégories d’actionneurs utilisant les alliages à mémoire de forme :
• Les activateurs thermiques, qui fonctionnent par échange thermique avec le milieu exté-
rieur, permettant ainsi de détecter une température de consigne et d’assurer le rôle
d’actionneur. De nombreux dispositifs ont été réalisés sur ce principe dans le petit électro-
ménager, l’industrie automobile et la domotique : ouverture automatique de serre, trappes
escamotables pour phares antibrouillard, fusibles thermiques, robinets thermostatés,
valves de sécurité incendie (5,8 millions de sprinklers de type « Viking » commercialisés),
compteurs de cycles pour friteuses, etc. De très nombreuses applications biomédicales ont
également été développées (voir infra).
• Les activateurs électriques, pilotés par un chauffage par effet Joule au-dessus de la
température Af. Cette classe d’activateurs présente l’avantage de développer un travail
important sous un faible volume et s’applique principalement à des domaines comme la
835
17 • Alliages à mémoire 17.4 Principales applications
de forme
836
17 • Alliages à mémoire 17.4 Principales applications
de forme
• des très faibles tolérances dimensionnelles permises pour les pièces à assembler (ellip-
ticité, état de surface) ;
• du prix du demi-produit, mais l’utilisation d’alliages ferreux comme les Fe-Mn-Si semble
une solution envisageable pour réduire les coûts.
L’effort considérablement développé par l’élément en AMF (jusqu’à 1 000 MPa pour les
Ni-Ti) peut également être utilisé pour rompre une liaison mécanique – par exemple
dispositif de type Frangibolt (figure 17.8) – ou un matériau fragile – le « brise roche » ou
Memo Alloy Splitter commercialisé par une société japonaise (figure 17.9). L’absence de
Composants
à désassembler
Élément chauffant D
Bague en AMF
Élément d’assemblage
à rompre
Plateau supérieur
Matériau fragile Élément chauffant
(roche, béton, ...)
Plot en AMF
Plateau inférieur
837
17 • Alliages à mémoire 17.4 Principales applications
de forme
chocs et la non émission de débris (produits par une combustion ou une explosion) sont
particulièrement utiles pour des applications dans des milieux confinés (satellites…).
17.4.3 Biomédical
Les propriétés des AMF ont trouvé très rapidement des applications dans le secteur
biomédical. Ce secteur est l’un des domaines majeurs d’application des alliages à
mémoire de forme. Les applications biomédicales se divisent en deux grandes catégo-
ries, les implants (agrafe, stent, orthodontie, prothèse) et l’instrumentation pour la chirur-
gie non invasive (Minimal Acces Surgery). Les implants utilisent en général les larges
forces développées en retour contraint alors que l’instrumentation médicale exploite
l’effet superélastique. C’est un domaine où les alliages de nickel-titane sont les seuls
alliages à mémoire à être utilisé. La présence en surface d’une couche d’oxyde TiO2
adhérente permet d’éviter le relargage du nickel dans l’organisme et assure ainsi leur
biocompatibilité. La qualité de cette barrière de protection est assurée par son uniformité
et non par son épaisseur. Une épaisseur excessive augmente les risques de fissuration
de cette couche d’oxyde fragile et a pour conséquence de réduire la durée de vie de
l’implant et de favoriser le relargage du nickel.
Alors que pendant de nombreuses années la question de la biocompatibilité du nickel
titane était controversée, elle semble désormais acquise et le problème principal est
devenu celui du dimensionnement des dispositifs. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux
pour répondre au développement croissant de la chirurgie non invasive. La température
constante du corps humain correspondant de façon quasi-idéale à un optimum pour le
comportement superélastique du nickel-titane équiatomique, le nombre des applications
superélastiques augmente de façon régulière. La possibilité de suivre en imagerie par
résonance magnétique (IRM) le déploiement ou le positionnement de dispositifs en
nickel-titane à l’intérieur du corps humain avec précision, lié à la faible susceptibilité
magnétique de cet alliage, constitue un atout supplémentaire par rapport à des matériaux
comme les aciers inoxydables.
Introduit à la fin des années 1970, les arches dentaires superélastiques ont constitué la
première utilisation biomédicale des alliages à mémoire de forme. Les stents, utilisés
pour la première fois en 1987, sont désormais l’application la plus répandue. Plusieurs
autres produits utilisant la superélasticité sont largement utilisés comme par exemple les
fils guides, les limes dentaires, les agrafes d’ostéosynthèse, les ancres de suture.
Le très grand nombre de cycles pouvant être imposé à des systèmes biomécaniques
(voir tableau 17.5) nécessite de porter une forte attention sur les phénomènes propres à
la fatigue et au vieillissement de ces matériaux. Les stents en nickel-titane résistent à un
plus grand nombre de cycles que les dispositifs analogues réalisés en acier inoxydable.
838
17 • Alliages à mémoire 17.5 Principales évolutions
de forme
17.4.4 Amortissement
De par leurs propriétés superélastiques, les alliages à mémoire de forme possèdent une
capacité d’amortissement supérieure à celle de la plupart des matériaux. À notre connais-
sance, cette propriété reste cependant encore peu exploitée. Quelques applications sont
signalées pour des problèmes d’amortissement de chocs ou d’atténuation des phénomè-
nes de cavitation dans les pompes hydrauliques. Des études en cours visent à utiliser
les AMF dans des structures antisismiques pour le bâtiment. Même si elle n’exploite
pas directement les propriétés amortissantes, l’utilisation de fibres en AMF pour modifier
les fréquences propres de structures composites (pale d’hélicoptère…) entre également
dans cette catégorie d’applications1.
839
17 • Alliages à mémoire 17.5 Principales évolutions
de forme
840
17 • Alliages à mémoire 17.5 Principales évolutions
de forme
Substrat
Film
mince
Ni Ti
Chauffage
Vide
(a)
Cible NiTi
Argon Substrat D
Plasma
(b) (c)
(d) (e)
Dissolution Attaque de la couche
du polymère inférieure de chrome
841
17 • Alliages à mémoire 17.5 Principales évolutions
de forme
Monocristaux
Pour les alliages à base cuivre, les monocristaux peuvent présenter certains avantages
comme une importante déformation recouvrable et une meilleure tenue en fatigue.
L’élaboration des alliages à base cuivre se fait par des méthodes classiques à l’état
liquide (Bridgman, Czochralski, Stepanov…), alors que les Ni-Ti sont élaborés par recris-
tallisation. Des monocristaux de Cu-Al-Ni ont été utilisés pour la réalisation d’activateurs
en robotique (VIAHHI I. E. – SMST-97, p. 263) et pour des montures de lunettes (Brevet
n° 95 01409 – Montures de lunettes métalliques).
842
17 • Alliages à mémoire 17.5 Principales évolutions
de forme
843
17 • Alliages à mémoire 17.5 Principales évolutions
de forme
H
(a) (b)
Résistance Déformation
Matériaux Module élastique
en compression à rupture
NiTi poreux 16 GPa 100 MPa 22 %
Os cortical 20 GPa 25 MPa 7%
844
17 • Alliages à mémoire 17.6 Renseignements pratiques
de forme
17.5.5 Composites
L’introduction de fibres en alliage à mémoire de forme permet de réaliser des matériaux
composites offrant des fonctionnalités nouvelles. On réalise ainsi des dispositifs, dont la
fréquence propre de vibration peut être modifiée à volonté ou d’autres, capables de faire
varier le profil d’une structure (pale d’hélicoptère adaptative), par un simple chauffage
de fibres pré-déformées. En général ces composites intelligents sont constitués de fibres
de nickel-titane noyées dans une matrice polymère de type époxy. Le contrôle des vibra-
tions dans les structures aéronautiques et spatiales constitue leur principal domaine
d’application.
Il est également possible d’utiliser la reprise de forme des fibres pour refermer des fissu-
res dans une matrice réalisant ainsi une « cicatrisation » du matériau (figure 17.13).
845
17 • Alliages à mémoire 17.6 Renseignements pratiques
de forme
846
17 • Alliages à mémoire 17.6 Renseignements pratiques
de forme
847
17 • Alliages à mémoire 17.6 Renseignements pratiques
de forme
848
17 • Alliages à mémoire 17.6 Renseignements pratiques
de forme
849
17 • Alliages à mémoire 17.6 Renseignements pratiques
de forme
850
18 • Métaux amorphes 18.1 Introduction
Verres métalliques
18 • MÉTAUX AMORPHES
VERRES MÉTALLIQUES
Maurice Henry
18.1 Introduction D
1. Allied Chemical.
851
18 • Métaux amorphes 18.2 Notions générales
Verres métalliques sur les verres métalliques
obtenus concernant les techniques d’obtention et les propriétés physiques, pour aborder
les différents domaines d’application potentiels de ces matériaux.
Afin de situer les verres métalliques, il faut souligner que la vitesse de refroidissement
de l’alliage liquide est le paramètre essentiel qui gouverne leur obtention. Aussi est-il
possible de classer les matériaux selon la nature de l’état solide obtenu en fonction de
ce paramètre (figure 18.1).
10 cristallisé classique
102
104
105
amorphes ou microcristallins
106
852
18 • Métaux amorphes 18.2 Notions générales
Verres métalliques sur les verres métalliques
interatomiques, et à une échelle supérieure il n’existe pas de grains et par suite pas de
joints de grains ; éléments qui gouvernent les propriétés macroscopiques.
G
R
Amorphe
Cristal
V
Figure 18.2 – R : phénomène de relaxation structurale ;
C : phénomène de recristallisation ; G : enthalpie libre du système ;
V : grandeur caractérisant l’état du matériau (par exemple le volume libre).
853
18 • Métaux amorphes 18.3 Principales techniques d’obtention
Verres métalliques des verres métalliques
• plus le nombre d’éléments d’alliage augmente, plus il est facile d’obtenir un système
amorphe stable. L’obtention de verre métallique mono-élément (fer pur par exemple…)
n’est pas possible par trempe depuis l’état liquide ; d’autres procédés tels que le dépôt
en phase vapeur permettent leur élaboration, mais les quantités obtenues limitent les
applications.
Ces remarques conduisent à proposer pour les verres métalliques la formulation générale
suivante (en pourcentage atomique) :
854
18 • Métaux amorphes 18.3 Principales techniques d’obtention
Verres métalliques des verres métalliques
η Cristal
Amorphe
Tg Tg
(1)
(2)
(3)
Cristallisation
Liquide
0,5 1 Tr = T/Tm
Liquide
T
Tf
Tn
Cristal
Amorphe
tn t
T : Température
t : temps
effectivement élevée, de l’ordre de 106 K/s. La géométrie du produit obtenu est celle d’un
petit disque de quelques dizaines de micromètres d’épaisseur, ce qui ne permet pas
d’envisager des applications de type industriel.
855
18 • Métaux amorphes 18.3 Principales techniques d’obtention
Verres métalliques des verres métalliques
Produit obtenu
Le contrôle de l’état amorphe doit être fait pour s’assurer des propriétés particulières du
matériau. Selon qu’il s’agit d’une étude de laboratoire ou d’un contrôle de fabrication, les
techniques mises en œuvre peuvent différer. De manière générale, les caractérisations
de nouveaux systèmes vitreux nécessitent l’utilisation de plusieurs techniques d’analy-
ses, qu’elles soient microscopiques ou macroscopiques.
Sans vouloir faire une classification exhaustive, rappelons les techniques suivantes :
• les techniques de sondes locales permettant d’atteindre des informations sur les distan-
ces interatomiques ainsi que les paramètres décrivant l’environnement atomique des
atomes des constituants (diffractions de rayons X, de neutrons, d’électrons ; résonance
magnétique nucléaire,…) ;
• les techniques de mesures macroscopiques : mesure de la densité du matériau,
analyse thermique différentielle, mesure d’aimantation,… permettant une approche globale
de l’état amorphe.
Lorsque ces mesures sont effectuées en fonction de la température, on détecte la tran-
sition de l’état amorphe vers l’état cristallin.
La densité des verres métalliques est difficile à mesurer du fait que, d’une part ce type
de mesure est délicat pour des échantillons dont une dimension au moins est faible (ici
l’épaisseur), et d’autre part que la géométrie des surfaces de l’échantillon pose des
problèmes de mouillabilité. En général, il est désormais admis que la densité d’un verre
métallique est légèrement inférieure à celle du même alliage à l’état cristallisé soit
ρ verre métallique = 97 à 99% ρ cristallisé
856
18 • Métaux amorphes 18.3 Principales techniques d’obtention
Verres métalliques des verres métalliques
Creuset Inducteur
Roue froide
Ruban éjecté
par la force
centrifuge D
(b)
857
18 • Métaux amorphes 18.4 Propriétés des verres métalliques
Verres métalliques
La géométrie du matériau à l’état brut d’élaboration est caractérisée par une légère cour-
bure naturelle liée au fait que les deux faces du ruban ne suivent pas exactement les
mêmes lois de refroidissement. En outre, l’observation fait apparaître une face mate qui
est celle en contact avec le substrat de trempe et une face brillante.
Résistance Module
Composition Dureté HV Densité
à la traction (MPa) de Young (GPa)
858
18 • Métaux amorphes 18.5 Applications – Évolution
Verres métalliques
859
18 • Métaux amorphes 18.5 Applications – Évolution
Verres métalliques
très diverses sont apparues mais la quantité produite ne dépasse sans doute pas quel-
ques centaines de tonnes par an dans le monde. Ces applications sont soit directement
liées à une des propriétés décrites précédemment, soit à l’association de plusieurs
d’entre elles faisant apparaître des performances supérieures en comparaison avec
celles d’un matériau cristallisé. Les possibilités de mise en forme par usinage sont limi-
tées car toute opération de ce type amène localement de l’énergie qui peut conduire à
une recristallisation, et donc à une perte des avantages liés à l’état amorphe. Donc, en
général, les verres métalliques seront utilisés dans la forme déterminée par le mode
d’élaboration, sans usinage particulier. Les exemples d’applications qui suivent relèvent
du domaine des applications mécaniques et magnétiques.
860
18 • Métaux amorphes 18.6 Renseignements pratiques
Verres métalliques
861
18 • Métaux amorphes 18.6 Renseignements pratiques
Verres métalliques
862
Index
Index
863
Index
D
B Debye-Scherrer (diagramme), 16
défauts cristallins, 18, 25
Bragg (loi), 16 diagrammes d’équilibre, 31
Bravais (réseau), 9 binaires, 32
864
Index
E
HIJ
écrouissage, 61, 79
critique, 80 Hall-Petch (loi), 61, 140
texture, 82 Herring-Nabarro (fluage), 77
effet mémoire (voir alliages à mémoire de indices de Miller, 10
forme) interstitiel, 19
élasticité, 55 iridium, 809
applications, 810
propriétés, 809
F joint de grain, 23
Jominy (essai), 51, 153, 253
fatigue, 70
ferrite, 107
Fick (lois), 39 L
fissuration (vitesse), 72
fluage, 76 lacune, 19
fontes, 307 laitons (voir cuivre, alliages)
à graphite sphéroïdal, 313, 320 Larson-Miller (relation), 77
à graphite vermiculaire, 313, 322, 339 liaisons atomiques, 5
applications, 337 limite d’élasticité, 55
bainitiques, 339
blanches, 313, 323
classification, 307, 312 M
commercialisation, 340
désignation, 101, 315 macle, 24
évolution, 338 magnésium, 679
grises, 312, 320 alliages de corroyage, 689, 694, 702
malléables, 314, 320 alliages de moulage, 685, 694, 701
normalisation, 317 applications, 711
865
Index
commercialisation, 719 NO
composites, 718
nickel, 535
corrosion, 705
applications, 567
évolution, 714
commercialisation, 574
magnésium pur, 682
évolution, 571
mise en forme, 700
métallurgie, 542
mise en œuvre, 697, 715
normalisation, 548
normalisation, 692 nuances, 535
propriétés, 682, 694 propriétés, 549
recyclage, 721 recyclage, 576
traitements de surface, 709 résistance à la corrosion, 540, 551, 553
traitements thermiques, 705 soudage, 563
maille, 9 traitements thermiques, 558
maillechorts (voir cuivre, alliages) usinage, 564
martensite (transformation), 47, 148, 819 nitruration, 157
matoplastie, 582, 586, 603 or, 784
mécanique de la rupture, 65 applications, 785
melt spinning, 856 normalisation, 814
mémoire de forme (voir alliages à mémoire de propriétés, 769
forme) récupération, 792
métallisation, 586, 600, 605, 606 osmium, 817
métallurgie physique, 5 applications, 814
métaux amorphes, 852 normalisation, 814
applications, 859 propriétés, 769, 813
évolution, 859 oxydation, 87, 195
obtention, 854
propriétés, 858, 860
métaux précieux, 769 P
argent, 773
palladium, 802
iridium, 809
applications, 803
normalisation, 814
normalisation, 814
or, 784
propriétés, 769
osmium, 813
passivité, 92
palladium, 802
Peïerls (force), 26
platine, 792 perlite, 109
propriétés, 769 Pilling-Bedworth (rapport), 84
rhodium, 807 plasticité, 56
ruthénium, 811 platine, 792
Miller (indices), 10 applications, 795
modules élastiques, 55-56 normalisation, 814
molybdène, tungstène, 745 propriétés, 769
alliages, 757 récupération, 802
applications, 764 Poisson (coefficient), 55
élaboration, 746 potentiel d’électrode, 88
évolution, 766 Pourbaix (diagrammes), 93
mise en forme, 762 précipitation (mécanismes), 52
normalisation, 749 propriétés mécaniques, 53
propriétés, 749 Pryce-Andrew (diagramme), 199
866
Index
R normalisation, 499
nouveaux alliages, 532
recristallisation, 80 propriétés, 505
textures, 82 soudage, 525
réseaux cristallins, 9, 14 traitements thermiques, 515
paramètres, 14 usinage, 523
réseaux de Bravais, 9 traction (essai), 53-54
résilience, 64 traitements thermiques, 35, 155
restauration, 80 traitements thermomécaniques, 79
rhéoformage, 716 transformation allotropique, 15
rhodium, 807 transformation martensitique, 47, 148, 819
applications, 809 TRC (courbes), 50, 252
normalisation, 814 trempe (diamètre critique), 51
propriétés, 769, 807 TTT (courbes), 48
rupture, 62 tungstène (voir molybdène, tungstène)
critère, 68
ductile, 63, 65
fragile, 63, 66 VYZ
mécanismes, 65
ruthénium, 811 Van der Waals (liaison), 6
applications, 813 verres métalliques (voir métaux amorphes)
normalisation, 814 vitesse de fissuration, 72
propriétés, 769 Young (module), 55
zinc, 579
alliages de fonderie, 606
S
commercialisation, 631
Schaeffler (diagramme), 230 galvanisation, 583-585, 587, 604
shérardisation, 582, 586, 603, 606 laminés, 622
shoopage, 600 moulage, 615
solution solide, 20
normalisation, 631
structure des métaux, 5
propriétés, 582, 610, 612, 623
substitution, 19
recyclage, 637
superalliages (voir nickel)
revêtements sur acier, 582
superélasticité, 824
zingage (voir zingage)
superplasticité, 78, 510
zingage, 582, 605
systèmes cristallins (voir réseaux cristallins)
électrolytique, 582, 585, 597, 605
par matoplastie, 582, 586, 603, 606
par projection à chaud, 582, 586, 600, 605
T
zircaloy (voir zirconium)
Taffel (droites), 90 zirconium, 727
température de transition, 64 applications, 741
ténacité, 62 classification, 729
textures, 82 commercialisation, 742
thixoformage, 716 mise en œuvre, 740
titane, 495 normalisation, 729
applications, 529 nouveaux produits, 742
commercialisation, 533 propriétés, 730
formage superplastique, 512 sécurité, 741
mise en forme, 508 zircaloy, 742
867
TECHNIQUE ET INGÉNIERIE GESTION INDUSTRIELLE
MÉCANIQUE ET MATÉRIAUX
CHIMIE
MATÉRIAUX EEA
MÉTALLIQUES AGROALIMENTAIRE
2 e édition
Véritable encyclopédie technique des matériaux métalliques, MICHEL COLOMBIÉ
Ingénieur de l’École
cet ouvrage traite de tous les types de métaux : Centrale de Paris et
• alliages ferreux (aciers et fontes), docteur ès sciences,
l’auteur a réalisé la
• métaux et alliages non ferreux (aluminium, titane, nickel...), majeure partie de sa
carrière dans la
• métaux et alliages nouveaux (métaux amorphes, mémoire recherche industrielle
de forme). sur les matériaux
métalliques (Creusot-
Après une partie générale rappelant les notions de base de Loire, Usinor, etc.).
Il a également été
la métallurgie physique, il fournit pour chaque matériau titulaire de la chaire de
toutes les informations utiles à la connaissance, au choix et métallurgie au Cnam.
à l’utilisation :
• compositions et désignations,
• propriétés d’usage,
• méthodes et caractéristiques de mise en œuvre,
• domaines d’application et perspectives,
• données commerciales.
Cette deuxième édition propose une mise à jour des données
et informations relatives aux différents aciers et alliages
présentés dans l’ouvrage ainsi que sur les nombreuses
normes françaises et européennes.
Cet ouvrage est un outil de travail indispensable pour tous
les ingénieurs et techniciens (recherche, études, production,
achats, etc.) qui sont amenés à travailler avec les matériaux
métalliques, quel que soit leur domaine d’activité.