Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
EDOCIF
LEDA
N° attribué par la bibliothèque
THÈSE
pour l’obtention du titre de
Docteur en Sciences Economiques
(Arrêté du 7 Août 2006)
JURY
18 Décembre 2009
L’Université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans
les thèses : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.
ii
iii
Remerciements
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier l’ensemble des membres du jury qui ont accepté d’évaluer cette
thèse. Je remercie Marouane Abassi et Gérard Lafay qui ont bien voulu accepter le rôle de
rapporteur, et également Jean Marc Siroën pour l’intérêt qu’il a porté à mon travail.
Je tiens à remercier très sincèrement et tout particulièrement Ivan Ledezma pour son aide si
précieuse et ses conseils. Ils ont été déterminants dans cette thèse.
Toute ma gratitude pour Karim Ben Slimane pour avoir relu et corrigé mon manuscrit et ayant
ainsi participé à son amélioration.
Je remercie vivement Néjib Mrad et Ridha benzarti pour toute l’aide qu’ils m’ont apporté dans
la collecte de données.
Enfin, je tiens à témoigner toute ma reconnaissance à mon fiancé Hamdi pour son soutien et
son amour, il a su faire preuve d’une grande patience et sans qui rien n’aurait été possible.
iv
Table des Matières
5
Table des Matières
6
Table des Matières
a. L’effet d’auto-sélection.......................................................................................194
ii. Le learning by exporter ......................................................................................195
7
Index des Tableaux
8
Index des Tableaux
9
Index des Tableaux
10
11
Introduction Générale
La libéralisation commerciale a été une composante importante de la politique de
développement des pays durant ces vingt dernières années. Le sujet qui a intéressé les
chercheurs est de savoir si l’intensification des échanges avec l’extérieur, pour un pays déjà
fermé ou un pays libéralisé, permet d’obtenir une croissance plus forte et plus durable.
12
variables sur le niveau de développement institutionnel. En utilisant la méthode des variables
instrumentales, certaines études n’ont pas pu identifier de lien positif entre ouverture et
performance économique comme Rodriguez et Rodrik (2001).
Nous avons donc choisi dans cette thèse l’analyse microéconomique pour traiter
empiriquement du lien entre les exportations et la productivité.
L’un des sujets qui a reçu une attention particulière est la relation entre la productivité
au niveau de la firme, l’entrée et la survie sur les marchés d’exportation. Les différents
travaux sur le sujet ont essayé d’examiner l’étendue et les causes des différentiels de
productivité entre les exportateurs et les non exportateurs qui sont orientés uniquement sur le
13
marché domestique. Il existe aujourd’hui beaucoup d’analyses empiriques sur un grand
nombre de pays développés, émergents et en développement.
En effet, il existe deux possibilités, qui ne sont pas des hypothèses mutuellement
exclusives, sur la question de savoir si les firmes exportatrices sont plus productives que les
non exportatrices. La première hypothèse consiste dans l’effet d’auto-sélection des firmes les
plus productives sur les marchés d’exportation. Cet effet est expliqué par la présence de coûts
fixes additionnels pour pouvoir vendre ses produits dans les pays étrangers. Ces coûts incluent
les coûts de transport, les coûts de distribution et de marketing, de personnels qualifiés, ou les
coûts de production pour adapter les produits domestiques aux exigences des consommateurs
étrangers. Ces coûts constituent une barrière à l’entrée que seules les firmes les plus
performantes peuvent surmonter. De plus, le comportement des firmes peut être tourné vers le
futur dans le sens que le désir d’exporter dans le futur conduit ces firmes à améliorer leur
productivité courante pour être compétitive sur les marchés extérieurs.
Dans cette thèse nous allons essayer de comprendre quel rôle joue l’activité
d’exportation sur la productivité des firmes. Les sous-bassements théoriques de notre travail
se réfèrent aux nouvelles théories de l’échange qui supposent l’hétérogénéité des firmes mais
également aux théories qui cherchent à expliquer l’accroissement de la productivité au niveau
de chaque firme.
14
considéré), les économies des coûts réels (les différentes sources de croissance de la
productivité). La comparaison des mesures de la productivité pour des processus de
production spécifiques, et enfin les niveaux de vie.
La productivité peut être mesurée de différentes façons. Le choix entre les méthodes
dépend de l’objectif de mesure de la productivité (changement technologique, efficience
technique), mais surtout de la disponibilité des données au niveau des entreprises. En effet, il
est difficile d’accéder à ce genre de données pour certains pays, où seuls les organismes
publics y ont un droit d’accès, comme c’est le cas en Tunisie. Les mesures de la productivité
relient l’output soit à un seul facteur de production (pour l’emploi c’est la productivité du
travail), soit à plusieurs facteurs (capital et travail). Dans ce cas on calcule un indicateur
appelée la productivité totale des facteurs (PTF).
L’objet de ce travail de recherche est donc d’analyser et d’apprécier le lien entre une
intensification des échanges (du point de vue des exportations) et la productivité des
entreprises manufacturières dans le cas de la Tunisie.
La Tunisie a signé des accords de libre échange avec l’UE, les Etats Unis et avec les
pays arabes. Les entreprises ont donc du se préparer à l’intégration à l’économie mondiale et
faire face à la concurrence des firmes étrangères souvent mieux structurées et plus
compétitives. Une série de mesures ont été alors mises en place pour accompagner l’ouverture
de son économie.
15
La libéralisation commerciale, entamée au début des années 1990 en Tunisie devait
avoir des impacts sur la performance du tissu industriel. Nous nous efforcerons dans le cadre
de cette étude d’apprécier les effets positifs et négatifs par secteur, en mettant évidence les
secteurs bénéficiaires et ceux qui auront du mal à se restructurer. Cette analyse détaillée des
entreprises va pouvoir nous informer sur le niveau de développement du pays et sur les
mesures qui devront être prises par le gouvernement pour apporter les améliorations
nécessaires au niveau macroéconomique et sectoriel.
Sur le plan microéconomique, il existe très peu d’études portant sur le lien entre
l’activité des exportations et la productivité en Tunisie, même si le volet macroéconomique a
été largement analysé. Le manque de travaux de recherche sur le sujet est principalement dû à
la difficulté d’accès aux données sur les entreprises. Nous avons pu constituer une base de
données sur les entreprises manufacturières sur une période de 6 ans de 1998 à 2003. Même si
la base de données est assez restreinte, il nous a paru utile de l’exploiter, tout en étant prudent
dans l’interprétation des résultats des régressions, car elle est l’une des rares à couvrir la
période qui suit le processus de libéralisation de l’économie tunisienne, c'est-à-dire après
l’année 1996.
16
La deuxième partie, tente d’apporter des éléments de réponse à la question majeure de
la thèse qui est la suivante : comment l’ouverture des économies, en particulier de l’économie
tunisienne, entamée depuis le début des années 90, a influé sur la productivité des entreprises
de l’industrie manufacturière. Dans le troisième chapitre, nous passons en revue la littérature
théorique et empirique concernant le lien entre l’ouverture et la croissance. Par la suite, nous
présentons les méthodes de mesure de la productivité totale des facteurs, en insistant sur les
méthodes semi-paramétriques de Levinsohn et Petrin (2003). Nous présentons les modèles
d’échange qui introduisent l’hétérogénéité entre les firmes et étudient le lien avec les
exportations. En effet, les études empiriques affirment que seules les entreprises les plus
productives vont pouvoir accéder aux marchés étrangers. Nous montrons dans ce chapitre que
les hypothèses sur l’auto-sélection consciente et l’effet d’apprentissage par l’exportation ne
sont pas toujours validées. Enfin, le quatrième chapitre est consacré à une application
empirique de l’impact de l’ouverture (du point de vue des exportations) sur la productivité du
travail des entreprises tunisiennes. Nous étudions alors, la validité de ces hypothèses dans le
cadre des entreprises des industries manufacturières tunisiennes.
17
1ère Partie: Le cadre
macroéconomique et réglementaire
de l’activité des entreprises
tunisiennes
18
Chapitre 1
Introduction
Les gouvernements dans les pays en développement à l’instar des pays du Maghreb
ont souvent favorisé et maintenu un certain contrôle sur le secteur manufacturier. La raison
principale est que ce secteur est perçu comme étant le principal moteur de modernisation de
l’économie et de création d’emplois qualifiés.
Après des décennies de protectionnisme, la Tunisie a commencé, depuis le début des années
90, à libéraliser les échanges commerciaux avec l’extérieur. Ce libéralisme commercial est
imposé par les impératifs de la mondialisation. Reste que l’Etat continue à promouvoir les
industries nationales pour faire face à la concurrence extérieure, en mettant en place une
panoplie de mesures pour la restructuration et le développement des entreprises industrielles.
Reste que la protection des industries doit aussi s’accompagner de mesures qui visent à
surmonter les difficultés inhérentes à l’environnement des affaires qui handicape lourdement
les industriels dans ces pays. En effet, il existe une variété d’éléments qui distinguent
l’environnement des affaires des pays du Maghreb de celui observé dans les pays de l’OCDE.
Les plus répandus sont les suivants :
Accès aux inputs manufacturés : la liste des produits intermédiaires et des biens
d’équipement produits localement est souvent limitée. Les producteurs doivent accepter des
substituts imparfaits ou bien importer des inputs à un prix élevé. Ainsi, la grande majorité des
machines et équipements utilisés par ces pays sont importés.
19
Chapitre 1
20
Chapitre 1
La première section sera composée de trois volets. Le premier sera focalisé sur les
différentes réformes fiscales apportées par le gouvernement tunisien pour promouvoir les
exportateurs et aider à accroitre les investissements direct étrangers. Le deuxième sera
consacré aux mesures prises pour la facilitation des échanges commerciaux. Le troisième sera
dédié aux lois sur la concurrence mises en place pour prévenir et limiter les pratiques
anticoncurrentielles.
La deuxième section est une analyse de la politique commerciale avec une étude de
tous les efforts consentis en faveur de la libéralisation et des évolutions des échanges
commerciaux de la Tunisie entre 1998 et 2004.
Lorsqu’un pays est largement ouvert sur l’extérieur, sa fiscalité devient un élément
important dans la détermination de ses rapports économiques avec les autres pays. L’analyse
des réformes fiscales permet d’examiner les effets de la fiscalité sur la compétitivité
internationale des entreprises tunisiennes.
A partir des années 90, la Tunisie a commencé son processus de réformes fiscales. Les
plus importantes sont les suivantes :
21
Chapitre 1
L’instauration d’un impôt unique sur le revenu des personnes physiques, qui a pour
objectif la simplification du système en vigueur et l’allègement de la charge fiscale.
Les différentes taxes indirectes ont été remplacées par la TVA (4 taux) à partir de
1988. Le taux général est de 18 %, des taux réduits de 6 % pour les “produits
sensibles”1 et de 10 % pour certains biens d’équipement, et un taux plus élevé de 29
% pour les produits de luxe. La TVA est considérée par les entreprises comme le
principal fardeau fiscal.
Les PME bénéficient d’un régime particulier. elles paient un forfait pour la TVA et
l’impôt sur les bénéfices.
L’instauration de la retenue à la source pour les marchés publics, les paiements des
entreprises publiques ou les loyers, afin de diminuer l’évasion fiscale.
Le nouveau code vient harmoniser dans un seul texte, les incitations instituées par les
cinq codes sectoriels promulgués antérieurement. Il se distingue par sa globalité et par son
ciblage : la réhabilitation de l’entreprise et la dynamisation de l’investissement privé. Mais
depuis sa promulgation, il a subi plusieurs modifications partielles de relèvement ou
1
Par exemple : les produits pharmaceutiques, les engrais, certains produits alimentaires, produits de l’artisanat,
etc.
22
Chapitre 1
- Il ne cible plus comme auparavant les secteurs, mais cible l’entreprise quel que soit
son champ d’activité. Une attention particulière est accordée aux sociétés agricoles et
de pêche, suivies des sociétés exportatrices et des projets à vocation écologique.
- Le nouveau code établit une liste des activités prioritaires éligibles aux avantages
fiscaux et financiers de l’Etat. Elles sont au nombre de sept : l’exportation, le
développement régional, l’agriculture, la protection de l’environnement,
l’encouragement de nouveaux promoteurs à créer des PME, la promotion de la
technologie et la recherche et développement, et enfin l’investissement de soutien.
23
Chapitre 1
L’Etat octroie des avantages multiples pour l’investissement dans les zones de
développement régional, sous forme :
24
Chapitre 1
Pour les nouveaux promoteurs et PME, l’Etat a diversifié les avantages qui leur
sont accordés sous forme de participation au capital allant de 10 % à 30 % du
capital, de prime d’étude et d’assistance techniques de l’ordre de 70 % du coût
de l’étude, une prise en charge du tiers du prix du terrain ou du bâtiment
industriel et une prime d’investissement de 10 % de la valeur des équipements,
( les deux derniers avantages sont non éligibles pour les PME).
25
Chapitre 1
l’Etat, ce régime incitatif impose un fardeau administratif avec pour conséquence des retards
et des incertitudes pour les investisseurs et une augmentation du coût de l’investissement.
La Tunisie est engagée depuis le milieu des années 90 dans une stratégie de
développement fondée sur une compétitivité internationale de plus en plus grande, surtout
après la signature de l’accord d’association avec l’UE. Dans le cadre de cette stratégie, le
régime d’incitations aux exportations risque de désavantager les entreprises onshore par
rapport à celles offshore. En effet le traitement inégal entre ces deux catégories, peut
décourager l’investissement étranger dans le secteur onshore3, et nuire ainsi aux transferts de
ressources, de technologies et de qualifications qui en résulteraient.
La politique d’incitation fiscale tunisienne doit être réformée, puisqu’elle a atteint ses
limites surtout ces dernières années. L’une des distorsions de cette politique c’est le
comportement de certains investisseurs étrangers engagés juste pour profiter de ces avantages
fiscaux qui quittent le pays après la période de grâce (10 ans). Dans l’industrie du textile-
habillement, ce comportement est assez répandu. Il faut que les privilèges fiscaux soient
octroyés en accord avec la stratégie de chaque secteur industriel et non pas selon un schéma
standard, ceci nécessite le passage d’une approche de politique d’incitation des
investissements quantitative à une approche qualitative. Cela pourra permettre d’améliorer
l’efficacité des entreprises dans chaque secteur industriel et mieux les préparer à faire face à la
concurrence étrangère.
Une bonne performance économique dépend d’une part du régime des échanges, mais
aussi de tous les éléments qui affectent les coûts de transaction, parmi lesquelles on cite le
dédouanement et les contrôles de qualité et de sécurité. Régler les questions de la facilitation
des échanges peut réduire les coûts et le temps pour commercer et permet de mieux profiter
des effets potentiels de la libéralisation des échanges sur la production et l’emploi.
26
Chapitre 1
Selon une note de la Banque mondiale (2004), à la fin des années 90, un cargo de
marchandises attend en moyenne dans un port tunisien 8 jours et dans certains cas jusqu’à 18
jours, à cause des procédures de contrôle technique, comparé aux quelques heures à
Singapour et à 4 jours en Argentine. De façon similaire, les autorisations nécessitent en
moyenne 4 jours en Tunisie, alors qu’elles ne nécessitent que 25 minutes à Singapour, 1 heure
au Maroc et 3 heures en Argentine. En plus, les autorités tunisiennes inspectent 50 à 80 % de
la marchandise importée, alors que la part correspondante est de moins 5 % à Singapour, de
15 % au Maroc et de 30 % en Argentine.
En 1998, la durée moyenne des procédures est résumée dans le tableau suivant :
Les procédures utilisées pour le commerce extérieur sont encore plus compliquées,
nécessitant plusieurs documents. En effet, il existe 19 étapes distinctes pour effectuer une
importation et 15 étapes pour effectuer une transaction à l’exportation. Il faut noter que les
entreprises offshore bénéficient de procédures à l’import et à l’export plus allégées. On
s’attend à ce que cette différence entre les entreprises tunisiennes offshore et onshore va
27
Chapitre 1
progressivement se réduire avec la mise en place totale de l’accord avec l’UE. Ces lourdes
procédures gênent sévèrement la capacité des entreprises à faire face à des commandes de
délais courts, ce qui ébranle leur compétitivité. En 1999, le gouvernement tunisien, aidé par la
Banque mondiale, a introduit des mesures de facilitation du commerce, en commençant par la
simplification et l’automatisation des procédures relatives aux documents commerciaux. Les
réformes se sont basées sur l’adoption des standards internationaux pour la documentation
commerciale et une meilleure coordination entre les différents intervenants. Le
développement des formats électroniques pour les documents a beaucoup facilité le partage de
l’information. En 2000, une agence semi publique est créée (Tunisie Trade Net), permettant
l’échange de données électroniques et délivrant trois documents au lieu de cinq (titre du
commerce extérieur, déclaration de douane et document de contrôle technique). Une seule
connexion au serveur central permet à chaque participant d’échanger des documents et
messages avec les autres participants. Parmi les intervenants dans la délivrance de documents
pour le commerce avec l’extérieur on trouve la douane, le ministère du commerce, les
autorités portuaires, les banques et les organisations professionnelles.
Toutes ces mesures ont permis une réduction du temps d’attente des procédures
administratives pour les exportations et les importations. Les biens importés peuvent être
libérés du port au bout de 8 jours en moyenne au lieu de 18 jours dans les années précédentes.
Le temps nécessaire pour préparer une déclaration a baissé passant de 3 jours à 15 minutes.
En 2003, l’inspection physique a atteint le niveau de 15 % nettement inférieur à celui relevé
en 1998.
28
Chapitre 1
exposés à des pertes d’opportunités pour vendre à l’étranger, à cause de l’existence des coûts
de logistique élevés, qui peuvent atteindre jusqu’à 17 % de la valeur marchande dans le cas
des industries chimiques et pharmaceutiques.
Le principe de base pour guider une législation de concurrence est de circonscrire ces
lois dans une logique de maintien et de promotion de l’efficience économique.
29
Chapitre 1
Trois pays de la région du Moyen Orient et du Maghreb ont déjà adopté des lois sur la
concurrence, la Tunisie en 1991, la Turquie en 1994 et l’Algérie en 1995. La concurrence a
été régulée en Tunisie par la promulgation de la loi 91-64 du 29 juillet 1991 relative à la
30
Chapitre 1
concurrence et aux prix et ses amendements de 1993, 1995 et celle en cours de discussion à la
Chambre des députés. La Tunisie s'est dotée d'un cadre juridique moderne comparable à celui
des pays développés surtout qu'il s'est largement inspiré du droit français (ordonnance du 1er
décembre 1986) et européen (traité d’Amsterdam).
La loi sur la concurrence a plusieurs objectifs à travers les divers pays du monde, mais
l’objectif ultime c’est de permettre une meilleure efficience. D’autres objectifs pour plus
d’équité, la redistribution des richesses, la limitation du pouvoir économique, la protection et
le développement des petites et moyennes entreprises, l’intégration régionale des marchés,
etc.
31
Chapitre 1
Avec aussi la signature de l'accord de partenariat avec l'UE en 1996, la Tunisie s’est
engagée à appliquer le droit communautaire de la concurrence dont les principales
dispositions ont été transcrites dans l’accord, notamment en ce qui concerne la lutte anti- trust
(ententes et abus de position dominante), les concentrations, «l’ajustement » des monopoles,
le contrôle des concentrations et le contrôle de la transparence des aides publiques.
Mais l’existence d’un cadre juridique et institutionnel ne suffit pas. Tout dépend de
son application effective sur un plan pratique. Le succès de toute politique de concurrence
dépend du degré de libéralisation effective de l‘économie et de la réduction du niveau de sa
protection. Il est indéniable que des progrès importants ont été réalisés en matière de
stabilisation des prix intérieurs et de l'amélioration de la qualité des produits offerts. Ces
améliorations peuvent être révélatrices d’une amélioration du niveau de la concurrence.
Néanmoins des distorsions continuent à affecter le fonctionnement normal du marché et à
réduire le bien être que le consommateur aurait pu tirer d'un environnement plus
concurrentiel.
32
Chapitre 1
concurrence déloyale sur le marché interne, surtout pour le secteur onshore qui reste le plus
exposé à ce genre de pratiques.
33
Chapitre 1
Sachs et Warner 1995 ; Edwards 1998 ; Dollar et Kraay 2004), mais les résultats restent assez
controversés à cause des problèmes de mesure et des problèmes conceptuels (Edwards 1993 ;
Rodriguez et Rodrik 1999).
Au début des années 60, la Tunisie a développé un régime de commerce extérieur des
plus restrictifs parmi les pays en voie de développement. Pratiquement toutes les importations
nécessitent un certain type de licence et/ou un accord administratif avec des degrés variés de
restrictions selon le type de produit. Les exportations sont généralement libres, avec quelques
restrictions pour certains produits et tous sont sujets à des contrôles des échanges extérieurs.
La politique standard menée est la substitution aux importations avec des taux élevés de
protection nominaux et effectifs.
Dans les années 70 est apparu un renversement de la plupart des aspects de la
précédente orientation politique. Cette décennie a été largement influencée par le
développement de la production du pétrole, aussi bien qu’une augmentation substantielle des
prix du pétrole et des autres minéraux (phosphates et produits dérivées les plus exportés).
Malgré une tentative, spécialement en 1976, de simplification afin de rendre le régime
commercial à l’import plus flexible et plus libéralisé, il restait très restrictif, avec un niveau et
des taux de dispersion de la protection élevés, un degré élevé de complexité et une panoplie
d’exemptions et de régimes spécifiques aux produits. La stratégie de substitution aux
importations initiées dans les années 60 a été intensifiée, avec un secteur public en expansion
rapide. Les contrôles de l’Etat sont présents à tous les niveaux : prix, investissement, crédit,
échange et commerce extérieur. Cependant, il y a une émergence d’un secteur privé aussi bien
des exportations de secteurs non traditionnels. Les exportations manufacturières ont augmenté
de 21 % par an durant cette période.
Durant les années 80, des politiques macroéconomiques expansionnistes ont été
adoptées dans un contexte d’amélioration des termes d’échange. Mais en faisant face à une
nette détérioration des termes d’échange depuis 1984 (un déclin d’environ 20 % durant 1984-
1986), il y a eu un déclin du volume du pétrole exporté, qui était encore un composant
significatif des exportations, et la politique fiscale n’a pas été ajustée, même en devenant
expansionniste en 1985-86. Au début de l’année 1986, la situation est devenue clairement
insoutenable. Alors en vue d’une stabilisation de la situation économique, un programme
d’ajustement structurel a été mis en place en 1986, et a été fortement intensifié suite au
34
Chapitre 1
35
Chapitre 1
été introduit au début des années 70. Selon ce système, les entreprises qui sont exclusivement
spécialisées dans la production pour l’exportation peuvent bénéficier d’avantages significatifs.
Ce système de production offshore n’est pas limité à un emplacement géographique
spécifique, mais il s’applique à toutes les firmes qui remplissent les conditions et sont sujettes
à un système de contrôle des clients. Il attire un nombre significatif d’entrepreneurs
domestiques et étrangers, et il est la principale voie qui conduit à l’exportation
manufacturière. La performance des exportations reflète la performance principalement de ce
système de production, spécialement les produits de l’habillement. En 1996, 64 % du total des
exportations sont produites par ces activités, spécialement dans les activités non
traditionnelles et non basées sur les ressources naturelles.
Le régime à l’export offshore et ses avantages fiscaux, aussi bien que les
encouragements additionnels aux exportateurs sous forme de subventions et de promotion aux
exportations, a beaucoup aidé à corriger le biais de substitution aux importations et a permis
de soutenir la performance des exportations de la Tunisie. Il en a résulté aussi le
développement d’une économie duale, un produit pour le marché domestique et l’autre pour
les exportations uniquement. Le lien entre les deux est resté faible voire inexistant, ce qui peut
constituer le grand challenge de la Tunisie pour améliorer sa compétitivité dans le futur.
Le secteur offshore n’a pas donné au secteur privé national le coup de fouet nécessaire
à la compétitivité qui est normalement le fruit de la concurrence et du commerce extérieur. La
raison principale en est que le secteur offshore a développé très peu de liens avec l’économie
onshore, et qu’il ne tire de celle-ci pratiquement aucun intrant échangeable6.
6
Une autre indication du dualisme est la pénétration des importations, mesurée par le ratio des importations rapporté à la
demande interne, qui s’est accrue en 1988, dans la phase initiale d’ajustement structurel et qui a suivi l’allégement des
restrictions sur les importations, mais qui a montré peu de changements après cette période. Les textiles, l’habillement et le
cuir, pour lesquels le ratio collectif est passé de 51 pour cent en 1988 à plus de 60 pour cent en 1997 étaient les exceptions
importantes.
36
Chapitre 1
La notion d’étranger n’est apparue qu’à partir de la promulgation de la loi 76-18 qui a
commencé à codifier la réglementation du commerce extérieur. Cette loi n’est entrée en
vigueur qu’en 1982. En effet, depuis cette date de mise en application de cet avis, les
procédures de commerce extérieur sont déterminées en fonction du régime du produit et du
statut de l’opérateur sans référence au pays d’origine ou de destination.
37
Chapitre 1
En 1995 la Tunisie a signé un accord d’association avec l’Union Européenne, qui est
entré en vigueur le 1er mars 1998, c’est l’un des premiers accords signés avec un pays sud-
méditerranéen. Cet accord de partenariat qui est conclu pour une durée illimitée entre l’Union
européenne et leurs Etats membres d’une part et la Tunisie d’autre part, vient remplacer et
confirmer les avantages de l’ancien accord de 1976 et les différents protocoles d’adaptation
successifs. Cet accord revêt une grande importance pour la Tunisie, parce que l’UE
représente plus de 75 % du commerce tunisien.
38
Chapitre 1
39
Chapitre 1
40
Chapitre 1
l’UE devrait être complètement exempté de droits. Cependant, vu la particularité des produits
agroalimentaires, la réduction tarifaire n’a pas été poursuivie comme convenu dans l’accord
d’association suite à des difficultés rencontrées dans la détermination du contenu industriel de
ces produits et du calendrier de démantèlement à suivre. Ainsi, réduire la protection des
firmes agroalimentaires sans une réduction de la protection de l’agriculture risquerait de
réduire sensiblement la profitabilité et la survie des entreprises de ce secteur.
En 1999 les changements intervenus dans la fiscalité des importations ont concerné
deux aspects :
Les mesures de modification de la TVA qui ont pris la forme d’un élargissement
de la liste des produits soumis à 10% aux pièces et parties accessoires des
machines pour traitement de l’information, d’une réduction à 10% et 6 %
respectivement pour les produits locaux destinés à l’agriculture et la pêche et les
matières premières et articles destinés à l’artisanat.
Il est à remarquer que le secteur de la confection sera le dernier secteur à être touché par
la libéralisation des importations. Pour ce qui est du secteur agricole, l’impact en termes de
production des produits prohibés est de 6.6 %, ils concernent des produits tels que les vaches
laitières, pomme de terre, amandes, blé, tomates, dattes etc. Par ailleurs et dans le cadre des
accords de l’Uruguay Round, la Tunisie a consolidé ses lignes tarifaires dans une fourchette
qui se situe entre 25 et 200%. Ces taux sont relativement élevés comparativement aux taux
proposés par les pays à niveau de développement comparable et pour des produits qui
disposent d’un certain avantage comparatif tels que l’huile d’olive, les agrumes ou les dattes.
41
Chapitre 1
l’harmonisation tarifaire qui a tenu compte des différents stades de transformation des
produits. A cet effet il a été procédé :
- à la baisse des droits de douane jusqu'à 17% pour les matières premières
destinées à la fabrication des produits locaux
- à l’augmentation des droits de douane jusqu’au taux maximum de 43% pour les
articles et produits fabriqués localement.
Cette baisse des taux de droits de douane a aussi permis de confronter un certain
nombre d’activités à une concurrence plus soutenue ce qui a amené l’instauration d’un
prélèvement conjoncturel à l’importation (PCI) au taux de 5% du montant des droits et taxes
liquidés à l’importation, ainsi que d’un droit complémentaire provisoire (DCP) pouvant aller
jusqu'à 30%. Ce droit ne peut pas être en vigueur au delà de 3 ans, toutefois il a été maintenu
pour certains produits qui ont subi des retards en matière de restructuration industrielle. Le
maintien de ce droit a touché prés de 40 produits au cours de la loi de finances de 1994.
Les droits de douane sont le principal instrument de protection des produits locaux vis-
à-vis de la concurrence étrangère. Le tableau ci-dessous donne une illustration des droits de
douane pratiqués par groupement d’utilisation :
42
Chapitre 1
On note que les produits d’alimentation humaine restent largement protégés puisque
les droits de douane pratiqués sont restés les plus élevés durant la période de 1990 à 2002, car
même les accords signés entre la Tunisie et ces différents partenaires commerciaux ne
prennent pas en compte les biens agricoles, et montrent une volonté de maintenir ce secteur
protégé. On remarque que la protection est relativement faible pour les matières premières,
demi-produits et les équipements agricoles et industriels, surtout pour ceux en provenance de
l’UE, et reste élevée pour les produits de consommation finale.
En termes d’évolution des droits de douane, une tendance vers la baisse est observée
dès 1997, renforcée par les premières mesures liées aux dispositions de l’accord de libre
échange qui touchent les biens d’équipement, les matières premières et les produits semi-finis
non fabriqués localement.
Cependant, la réduction régulière des droits sur les importations de l’UE contraste
avec la réduction lente des droits des NPF (ceux auxquels font face les partenaires non
préférentiels). Les écarts demeurent importants sur les biens semi-finis et ceux de
consommation finale. Mais cet écart peut mener à une diversion des échanges, ce qui ne
profite pas aux consommateurs. Surtout que les pays asiatiques (qui font face aux tarifs NPF)
appliquent des prix plus bas et des taux de change compétitifs.
En étudiant les tarifs douaniers appliqués par la Tunisie pour ces importations
provenant des pays de l’UE pour l’année 2002, selon la base de données MACMAP, on
remarque que ces tarifs ne dépassent pas les 43 % pour les secteurs des industries mécaniques
43
Chapitre 1
et électriques, pour le textile – habillement et pour la chimie qui sont les secteurs en
progression et pour lesquels la baisse des tarifs des produits importés utilisés dans la
production permet d’améliorer leur compétitivité à l’exportation. Mais ces tarifs restent
relativement élevés par rapport à ceux pratiqués par les pays de l’UE.
Tableau 6 : Les tarifs appliqués par la Tunisie pour les produits provenant de l’UE
année 2002
Code Désignation Moyenne simple Fourchette
30 Produits pharmaceutiques 11,23 0 - 28,6
39 Produits plastiques 14,28 0 - 25,8
40 Caoutchouc et produits similaires 17,07 5 - 28,6
41 Cuirs et peaux 13,3 5 - 25,8
42 Articles en cuir, sacs à mains, valises 18,71 5 - 28,6
44 Bois et articles en bois 16,76 0 - 28,6
48 Papiers et cartons 15,8 0 - 28,6
50 Tissus et fils en soie 7,5 0 - 10
51 Tissus et fils en laine 10,9 0 - 16,2
52 Fils et tissus en coton 11,48 0 - 17,96
54 Fils synthétiques 9,42 5 - 16,2
55 Fibres synthétiques de base 12,66 0 - 17,96
57 Tapis et revêtement du sol 32,46 25,8 - 43
59 Matières textiles à usage industriel 15 5 - 25,8
60 Etoffes de bonneterie 21,88 17,96 - 25,80
64 Chaussures et ses accessoires 23,22 16,2 - 28,6
68 Carreaux, marbre, granit et ouvrages en matière minérale 15,54 5 - 28,6
69 Produits céramiques 14,62 0 - 28,6
70 Produits et ouvrages en verre 15,25 5 - 28,6
82 Outils et instruments agricoles 15,57 0 - 28,6
84 Chaudières, moteurs et appareils mécaniques 15 0 - 28,6
85 Appareils et équipements électroniques 18,83 1,25 - 47,5
86 Locomotives, appareils mécaniques de transport ferré 12 0 - 23,94
87 Véhicules et accessoires 15,62 0 - 28,6
Source : MACMAP
Les branches retenues dans ce tableau 6 sont les plus importantes dans les
importations tunisiennes. Pour le secteur du textile et habillement, les autorités ont essayé de
réduire le coût pour tous les producteurs qui s’est traduit par des tarifs faibles imposées aux
matières premières de l’industrie (tissus et fils).
A titre d’illustration, une des mesures qui était préconisée, entres autres, pour motiver
la compétition et promouvoir l’exportation était l’autorisation d’écouler 20% de la production
des entreprises totalement exportatrices sur le marché intérieur. Cette mesure est prévue par
les textes réglementaires depuis plus de 10 ans mais elle n’a pas été appliquée car elle
44
Chapitre 1
comportait une corrélation avec les achats locaux. En effet, il faut que ces entreprises achètent
une partie de leurs matières premières du marché domestique. C’est à partir de 1997 que les
procédures de son application ont été assouplies par la suppression de cette corrélation et que
les industries offshore vont pouvoir en bénéficier.
Pour analyser le système de protection dont bénéficient les activités économiques deux
indicateurs de protection sont utilisés : la protection nominale et la protection effective.
La protection nominale
L’approche utilisée par l’IEQ pour l’estimation du TPN est : le TPN tarifaire.
Il a été supposé que pour deux produits un local et l’autre importé parfaitement
homogènes, leurs prix intérieurs majorés de leurs droits et taxes respectives soient égales.
Cette hypothèse n’est valable qu’en cas de marché concurrentiel et performant. Cette
condition est assez vérifiée pour le marché des produits manufacturés ; mais elle est beaucoup
moins pour le marché des produits agricoles.
La protection qui est présentée englobe à la fois les obstacles tarifaires et non tarifaires
(car l’écart de prix qui est considéré ici résulte de beaucoup de phénomènes qui ne se
résument pas au seul droit de douane : coûts de transport, normes, quotas, subventions, effets
frontières, etc.) Il faut noter que la protection nominale telle que définie ici englobe plus que
celle calculée par MACMAP précédemment.
Les taux de protections nominales sont relativement élevés surtout pour le secteur
agricole, bien qu’ils continuent à diminuer. L’analyse par secteur d’activité des industries
manufacturières montre que les secteurs dont les taux de protection sont les plus élevés sont le
secteur des IAA et celui de l’ITHC avec respectivement 46 % et 62 % en 1995. L’économie
tunisienne reste dans son ensemble fortement protégée avec un taux moyen de 37 % en 1995
contre 44 % en 2000, comme le montre le tableau suivant :
45
Chapitre 1
Industrie 35 43 49 44 41 36 33 45
manufacturière :
Industrie agricole et 33 46 92 89 88 81 81 82
agroalimentaire
Matériaux de 31 41 36 33 27 26 22 40
construction, céramique
et verre
Industrie mécanique et 36 30 30 26 24 20 17 31
électrique
Chimie 33 25 30 27 24 16 14 24
Textile-habillement et 37 62 48 39 35 30 26 40
cuir
Industries diverses 36 45 34 30 26 22 20 33
Ensemble 29 37 50 46 44 37 35 43
Source : Les services des douanes et l’IEQ
Il faut noter qu’il existe un écart important entre les tarifs réglementaires et les taux
réels tels que révélés par le service des douanes. Un tel écart tient, en grande partie aux
diverses exonérations et réductions accordées, à certains produits et activités, pour des raisons
conjoncturelles (importations de certains produits à certaines périodes de l’année) ou celles
octroyées aux entreprises exportatrices dans le cadre du régime préférentiel. En effet, les
entreprises exportatrices ne paient aucun droit pour les produits qu’elles importent incorporés
dans la part de la production destinée à l’exportation.
La protection effective
46
Chapitre 1
Le concept de valeur ajoutée retenu par l’IEQ utilisé pour le calcul du TPE est celui
défini par Balassa. Il considère que les consommations intermédiaires d’une activité j donnée
sont formées d’intrants échangeables (faisant l’objet d’échanges commerciaux) et non
échangeables. Ces derniers sont supposés avoir les mêmes prix intérieurs et internationaux
(TPN est nul). La méthode de calcul de ce taux de protection prend en compte uniquement les
effets des tarifs sur la valeur ajoutée, parce que l’information sur les barrières non tarifaire est
difficile à mesurer. Malgré cette limitation (TPE biaisé à la hausse), il reste utile de mesurer
ce TPE pour voir les changements dans les prix relatifs suite à la libéralisation commerciale.
La protection effective accuse les mêmes tendances que la protection nominale, elle a
baissé en 1990 et a augmenté en 1995, puis en 1997. Cette tendance à la hausse est due au fait
que le calendrier de démantèlement tarifaire dans le cadre de l’accord de libre échange avec
l’UE, commence par la baisse des droits de douane sur les intrants utilisés (les matières
premières et l’équipement), alors que ceux sur les produits finis sont restés quasi constants.
Industrie manufacturière : 84 85 98 80 72 62 58
47
Chapitre 1
Le niveau global de la protection effective reste assez élevé en raison de la fiscalité sur
les produits et les intrants qui permet aux producteurs de créer davantage de valeur ajoutée
qu’il n’aurait été possible en l’absence de cette protection, mais aussi de la forte protection
des produits agricoles dont la production tient une place importante dans l’ensemble de la
production tunisienne, de l’ordre de 30 %.
Les réductions des tarifs douaniers qui interviendront annuellement vis-à-vis des
importations issues de l’UE, surtout avec le démantèlement tarifaire des produits de la 3ème et
la 4ème liste à partir de l’année 2000, entraîneront une diminution importante du taux moyen de
droits de douane. Cette baisse aboutira à des taux de protection nominale pour les produits et
les intrants encore plus faible, ce qui engendrera une réduction plus large de la protection
effective pour l’ensemble des secteurs de l’industrie manufacturière comme le montre le
tableau 8, à l’exception des produits du secteur agroalimentaire.
48
Chapitre 1
Régime onshore 48% 42% 51% 44% 33% 53% 73% 51%
Régime offshore 52% 58% 49% 56% 67% 47% 27% 49%
Industrie du Plastique et Divers (ID)
Régime onshore 10% 8% 9% 12% 24% 23% 24% 26%
Régime offshore 90% 92% 91% 88% 76% 77% 76% 74%
I.A.A, Boissons et Tabac
Régime onshore 65% 62% 62% 70% 62% 77% 79% 63%
Régime offshore 35% 38% 38% 30% 38% 23% 21% 37%
Chimie et caoutchouc
Régime onshore 7% 5% 7% 7% 6% 11% 11% 12%
Régime offshore 93% 95% 93% 93% 94% 89% 89% 88%
Industries Mécaniques et électriques
Régime onshore 5% 5% 9% 9% 13% 13% 11% 10%
Régime offshore 95% 95% 91% 91% 87% 87% 89% 90%
Matériaux de construction,
Céramique et Verre
Régime onshore 80% 71% 60% 51% 56% 70% 70% 79%
Régime offshore 20% 29% 40% 49% 44% 30% 30% 21%
Industrie Métallurgique de base
Régime onshore 3% 2% 4% 6% 4% 8% 4% 5%
Régime offshore 97% 98% 96% 94% 96% 92% 96% 95%
Textile, Habillement et Cuir
Régime onshore 3% 3% 5% 4% 4% 3% 4% 4%
Régime offshore 97% 97% 95% 96% 96% 97% 96% 96%
TOTAL INDUSTRIES
MANUFACTURIERES
Régime onshore 8% 7% 9% 10% 10% 12% 13% 13%
Régime offshore 92% 93% 91% 90% 90% 88% 87% 87%
Source : CEPEX
Le législateur a par ailleurs instauré une distinction entre les régimes onshore et
offshore. Certes, depuis l’adoption du code d’investissement en 1994, plusieurs mesures ont
été mises en œuvre afin de tenir compte des réformes engagées dans la libéralisation du
commerce extérieur. Ces mesures ont accompagné la réforme du système fiscal, et ont visé le
rapprochement des régimes totalement exportateur et partiellement exportateur. Telles que la
suppression de la caution financière et l’instauration du système de caution garantie, des
mesures de facilitation des échanges pour réduire les coûts de transaction pour le secteur
onshore. En matière de procédures douanières les entreprises partiellement exportatrices sont
astreintes à un certain nombre de contraintes réglementaires qui ne s’appliquent pas aux
entreprises totalement exportatrices relevant du régime offshore. En effet, il faut prés de 10
jours à une entreprise partiellement exportatrice pour dédouaner ses marchandises, alors
qu’une entreprise totalement exportatrice exécute la même opération en quelques heures.
49
Chapitre 1
D’autre part et pour pouvoir rapprocher les entreprises exportatrices des principaux
marchés étrangers, des institutions ont été créées pour stimuler l’effort d’exportation telles
que la création du CEPEX8 et l’instauration depuis 1985 du FOPRODEX9 qui est destiné à
promouvoir les exportations et à aider les entreprises à mener des actions de promotion de
nouveaux produits ainsi que la prospection de nouveaux marchés. Les modalités pratiques de
l’aide attribuée par ce fonds concernent trois types d’actions bien distinctes :
- Le soutien direct qui vise une liste de produits arrêtés par le Ministère du
Commerce. Le fonds intervient par une subvention directe en vue de régler une partie de la
différence entre le prix du marché et le prix de revient, déterminé par les intrants. Ce sont
généralement des produits qui rencontrent des problèmes de concurrence (ciments, double
concentré de tomate.).
- Le soutien aux actions de promotion, qui prend la forme de prêt qui sont
jumelés ou non à des subventions.
L’analyse des interventions de ce fonds montre qu’il a été utilisé davantage pour
soutenir des activités dont la compétitivité était douteuse que pour promouvoir l’exportation
active. En effet l’analyse du fonds entre 1988 et 1995 montre que dans un premier temps prés
de 80% du budget était allouée au soutien direct, cette part ne représente que prés de 40 % en
1995.
Le soutien direct a concerné au cours de la période 1986-1994 des produits tels que le
ciment, le double concentré de tomate, les agrumes et les biens d’équipement.
L’activité promotionnelle n’a bénéficié pour la même période que d’un montant de
prés de 4 Millions de dinars et a concerné pour la moitié le financement des foires et salons,
8
CEPEX : est le Centre de Promotion des Exportations crée en 1973.
9
FOPRODEX : est le Fonds de Promotion des Exportations.
50
Chapitre 1
22% pour la publicité, 13 % pour les brochures et 17% pour les études de prospection et
seulement 3 % ont été utilisées pour améliorer la qualité.
En Avril 2000, un nouveau fonds appelé FAMEX10 est crée par la Banque mondiale et
le CEPEX. Il s’adresse à une plus large gamme d’entreprises désirants débuter ou développer
leur activité à l’exportation. Le FAMEX a pour objectif de soutenir 350 entreprises sur une
période de 3 ans. Il a pu atteindre cet objectif et même le dépasser vers la fin de l’année 2004.
Ce fonds a été une mesure importante qui a pu aider les entreprises ciblées à
développer une culture de l’exportation et à diversifier leurs activités. Vu la réussite de ce
fonds par une amélioration des exportations et des recettes fiscales, la Tunisie a adopté le
FAMEX II depuis 2006, qui cible l’appui à 500 entreprises.
10
FAMEX : est le Fonds d’accès aux Marchés d’exportation.
51
Chapitre 1
Pour ce qui concerne les importations, leur croissance est relativement moins rapide
que celle des exportations pendant la période 1990-96 et s’explique par la reprise de
l’investissement, l’introduction à partir de 1992 de la convertibilité courante du Dinar tunisien
qui a allégé le rationnement des devises nécessaires pour l’importation, la réduction des
restrictions quantitatives et la baisse des tarifs douaniers.
X
D’après ce tableau le taux a crû de 1992 à 2001 de 39,5% à 47,7%.
PIB
Cette hausse en 10 ans indique la capacité de la Tunisie à exporter une partie de plus
en plus importante de sa production. Cette capacité reflète évidemment sa compétitivité par
rapport aux concurrents, qui reste à développer. Par ailleurs le taux de couverture des
importations par les exportations s’est amélioré de 1992 à 1996, mais par la suite il a subi une
baisse, passant de 96,5% à 91% entre les années 1996 et 2002. Cette baisse peut s’expliquer
par une augmentation des importations de plus en plus importante qui a suivi le
démantèlement tarifaire des produits industriels importés de l’UE, et par une faible croissance
des exportations par rapport aux importations, même s’ils ont continué à augmenter.
Quand on étudie le taux d’ouverture, on remarque qu’il varie selon les années de 86%
en 1992 à 99,9% en 2001, mais la tendance générale est à la hausse.
1992 86
53
Chapitre 1
1993 88,4
1994 92,8
1995 93,7
1996 85,7
1997 90
1998 89,4
1999 87,3
2000 92,7
2001 99,9
2002 94,7
2003 91,5
2004 96,5
Source : INS
54
Chapitre 1
et ses fournisseurs étrangers pour pouvoir profiter des potentialités existantes dans les autres
régions du monde et surtout les pays émergents de l’Asie.
Tableau 14 : Evolution des exportations des industries manufacturières tunisiennes
par groupement de pays de 1998 à 2005
Groupement de pays 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Union Européenne 82,3% 80,6% 77,9% 78% 76,9% 79,6% 77,2% 71,5%
Moyen Orient 2% 1,9% 3,9% 3,8% 3,9% 2,5% 2,4% 2,6%
Europe Centrale et Orientale 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,2% 0,3%
Asie Océanique 5,2% 5,7% 4,3% 3,7% 4,2% 2,8% 3,5% 4,8%
Amérique du Nord 0,5% 0,8% 0,8% 0,9% 0,7% 0,6% 0,9% 0,6%
Union du Maghreb Arabe 3,7% 4% 4,3% 4,8% 6,3% 6% 5,8% 9,3%
Source : CEPEX
55
Chapitre 1
Toutefois, les exportations des biens d’équipement agricoles, sont faibles, puisque le
pays ne dispose pas de production locale importante et par conséquent il importe beaucoup
pour satisfaire les besoins du marché interne. En ce qui concerne les autres biens
d’équipement il s’agit d’équipement pour l’industrie textile et cuir, pour l’industrie
alimentaire et pour l’industrie papier et bois. Concernant les produits d’origine minérale, la
Tunisie ne possède pas de ressources minières importantes, donc ses exportations sont très
faibles, il s’agit surtout de phosphate.
2.2.2. La spécialisation
L’objet de cette section est d’étudier l’évolution de la spécialisation de la Tunisie. Elle
offre une occasion pour illustrer comment l’économie tunisienne a marqué une évolution
d’une spécialisation basée sur les ressources naturelles vers une spécialisation basée sur la
main d’œuvre non qualifiée dans l’esprit du modèle d’Heckscher – Ohlin – Samuelson pour
s’engager, récemment, dans une spécialisation basée sur la main d’œuvre qualifiée dans
l’esprit du modèle de la concurrence monopolistique et des rendements d’échelle croissants.
M− X
T=
Y+ M− X
56
Chapitre 1
Nous avons utilisé des données de la NAP-50 relatives aux années 1998 - 1999 - 2000 - 2001
- 2002- 2003 pour calculer l’indicateur T pour les différents produits.
Sur la base d’une nomenclature de 60 produits, la classification des produits tunisiens retient
les critères suivants11 :
- Biens exportables : T négatif et supérieur en valeur absolue à 2%.
- Biens non échangeables (X et M faibles) ou échange intra branche (X et M élevés mais
proche l’un de l’autre) : T inférieur en valeur absolue à 2%.
- Biens d’importations concurrentielles : T positif et inférieur à 85%.
- Biens d’importations non concurrentielles : Les autres produits avec T>85%.
Pour une nomenclature plus détaillée (149 produits), il est possible de retenir un seuil de 5%
au lieu de 2% et 95% au lieu de 85% [NABLI, 1979].
Tableau 16 : Evolution de l’indicateur T de classification des produits
Types de produits
T (%) 1998 1999 2000 2001 2002 2003
biens importations
Produits agricoles & pêche
9% 7% 9% 11% 14% 10% concurrentielles
PRODUITS DES GRANDES biens importations
01 CULTURE 34% 33% 47% 51% 65% 34% concurrentielles
02 FRUITS -12% -7% -5% -12% -12% -11% biens exportables
biens importations
03 LEGUMES 5% 2% 2% 2% 3% 2% concurrentielles
biens importations
04 PRODUITS AGRICOLES DIVERS 14% 23% 20% 16% 15% 18% concurrentielles
bien faiblement échangé
05 PRODUITS DE L'ELEVAGE 2% 1% 1% 0% 0% 1% puis échange intra branche
PRODUITS DE LA FORET ET DE biens importations
06 LA SYLVICULTURE 6% 8% 6% 6% 17% 28% concurrentielles
POISSONS ET PRODUITS MARINS
08 DIVERS -17% -13% -8% -3% -5% 4% biens exportables
Produits de l'industrie agro-
10 alimentaire 0,4% -5% -2% -1% 2% 1% échange intra branche
11 VIANDE 1% 1% 1% 0% 0% 0% biens faiblement échangés
biens importations
12 PRODUITS LAITIERS 7% 6% 5% 6% 6% 7% concurrentielles
PRODUITS DE LA
13 TRANSFORMATION DES GRAINS -5% -4% -5% -3% -5% -3% biens exportables
bien exportable puis biens
14 HUILES ET CORPS GRAS -8% -73% -19% -15% 29% 14% importations concurrentielles
15 CONSERVES -44% -42% -42% -64% -58% -41% biens très exportables
biens importations
16 SUCRE CONFISERIE CHOCOLAT 35% 28% 28% 29% 33% 24% concurrentielles
biens importations
17 PRODUITS DIVERS DES IAA 7% 5% 6% 5% 0% 2% concurrentielles
11
M.K.NABLI, B.TALBI, M.EL ABASSI, R EL FERKTAJI, Op Cit, [2001], p23.
57
Chapitre 1
50 Textile, Habillement et cuir -18% -20% -21% -24% -28% -25% biens exportables
biens importations
51 FILES ET TISSUS 67% 66% 64% 67% 65% 64% concurrentielles
52 TAPIS -5% -5% -4% -4% -1% 0% biens exportables
53 PRODUITS DE LA BONNETERIE -53% -64% -56% -84% -80% -74% biens très exportables
54 VETEMENTS -249% -227% -208% -266% -275% -298% biens très exportables
CUIRS ARTICLES DE
55 MAROQUINERIE CHAUSSURES -21% -24% -30% -35% -26% -17% biens exportables
Produits des Industries biens importations
60 Manufacturières Diverses 22% 20% 23% 23% 19% 16% concurrentielles
PRODUITS DES INDUSTRIES DU biens importations
61 BOIS 13% 12% 14% 14% 10% 2% concurrentielles
PAPIER LIVRES JOURNAUX ET biens importations
62 DISQUES 26% 26% 30% 32% 27% 24% concurrentielles
PRODUITS EN MATIERES biens importations
63 PLASTIQUES 36% 33% 37% 34% 33% 34% concurrentielles
biens importations
64 PRODUITS DIVERS 23% 15% 16% 15% 10% 9% concurrentielles
Source : Calcul de l’auteur.
58
Chapitre 1
ciment et produits céramiques pour les IMCCV, matériels électriques des IME, les engrais
concernant les produits chimiques, et l’industrie du textile – habillement et cuirs.
La production d’une grande partie de ces produits dépend des ressources naturelles ;
toutefois ils ne sont pas exportés à l’état brut. Le processus de transformation concerne les
produits de l’agriculture et pêche. Il permet d’augmenter le taux de la valeur ajoutée de ces
produits et se traduit, du point de vue de la spécialisation de la Tunisie par la mise en évidence
d’un avantage lié aux dotations naturelles et un avantage lié à la disponibilité du facteur
travail.
59
Chapitre 1
Le critère que nous retenons pour cerner la catégorie des biens d’importations non
concurrentielles correspond aux produits dont la production locale est négligeable par rapport
à la demande locale. Il faut donc avoir à la fois une production et des exportations très faibles.
La catégorie des biens d’importation non concurrentiels se limite aux : équipements agricoles
et industriels et matériels de transport divers.
60
Chapitre 1
Xi − Mi
Ai =
Xi + Mi
Avec Xi et Mi expriment respectivement les exportations et les importations du produit i par le
pays.
Cet indicateur revient donc à comparer le commerce net (Xi-Mi) au commerce total
(Xi+Mi) d’une catégorie de produits considérée. Il varie entre -1 et +1, lorsqu’il est égal à 0,
le commerce croisé est total, à -1 le pays importe sans exporter le produit i et à +1 il exporte
sans importer ; dans ces deux cas, la spécialisation est complète. On peut aussi ajouter que
plus ce rapport est faible plus la spécialisation intra-branche est importante.
61
Chapitre 1
Désignation 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Boissons en eau 0.72 0.82 0.86 0.77 0.89 0.93 0.82 0.95 0.93 0.89
Tabacs -0.14 -0.16 0.11 0.11 0.002 -0.10 0.09 -0.02 0.03 -0.27
Confiserie -0.17 0.07 0.29 0.28 0.32 0.09 0.03 0.42 0.66 0.70
-
Préparations alimentaires -0.25 0.14 0.20 0.002 0.26 0.28 0.24 0.38 0.28 0.33
Produits à base de Céréales 0.87 0.79 0.80 0.70 0.66 0.85 0.66 0.75 0.07 0.16
Crustacés 0.99 0.98 0.99 0.99 0.99 0.99 0.98 0.96 0.97 0.96
Articles en céramiques 0.79 0.83 0.79 0.60 0.59 0.74 0.79 0.55 0.71 0.90
Ustensiles de cuisine -0.01 -0.09 -0.02 -0.01 0.09 0.13 0.10 0.08 0.18 0.01
Equipements sanitaires -0.47 -0.41 -0.29 -0.21 -0.30 -0.15 -0.11 -0.14 -0.15 -0.14
Machines et équipements
électriques 0.004 0.01 -0.02 0.03 0.09 0.07 0.09 0.14 0.12 0.10
Appareils électroménager -0.29 -0.50 -0.19 -0.29 -0.57 -0.41 -0.31 -0.18 -0.47 -0.60
Produits de l'industrie
chimique 0.29 0.32 0.42 0.40 0.40 0.28 0.23 0.22 0.02 0.08
Produits de nettoyage -0.1 -0.06 0.12 0.19 0.14 0.26 -0.03 -0.03 -0.08 -0.17
Parfums et produits
cosmétiques 0.10 0.25 0.45 0.26 0.18 0.06 0.17 0.17 0.04 -0.20
Engrais brut et transformé 0.95 0.96 0.96 0.97 0.97 0.96 0.96 0.95 0.92 0.91
Huiles essentielles
parfumées 0.85 0.89 0.89 0.91 0.91 0.89 0.88 0.78 0.82 0.83
Pneu et chambre à air 0.23 0.02 -0.07 -0.07 -0.18 0.12 -0.06 0.30 0.24 0.25
Gants 0.92 0.96 0.97 0.95 0.88 0.78 0.49 0.47 0.48 0.51
Habillement pour femme 0.86 0.86 0.86 0.88 0.91 0.92 0.93 0.93 0.94 0.94
Habillement homme 0.851 0.828 0.809 0.842 0.838 0.871 0.870 0.864 0.874 0.903
Vêtement de protection 0.28 -0.16 0.42 0.40 0.73 0.88 0.86 0.73 0.76 0.24
Linge de maison 0.85 0.87 0.70 0.68 0.58 0.48 0.59 0.73 0.72 0.78
Textile d'ameublement 0.84 0.89 0.97 0.95 0.93 0.87 0.92 0.95 0.97 0.98
Ficelle, cordage et corde 0.06 0.17 0.10 -0.18 -0.21 0.06 0.33 0.44 0.07 0.23
Sac de voyage et produits
similaires 0.87 0.79 0.72 0.63 0.68 0.75 0.72 0.74 0.71 0.62
Papier et carton pour
emballage 0.04 0.06 -0.13 -0.41 -0.17 -0.12 0.003 0.10 -0.25 -0.13
Papier pour des produits
industriels -0.66 -0.51 -0.12 -0.04 0.22 0.30 0.38 0.70 0.66 0.62
Source : Base PC-TAS (calcul de l’auteur).
D’après le tableau 17, on remarque que la Tunisie est spécialisée dans les produits qui
possèdent un indice proche de 1, puisqu’ils sont très exportés et peu importés. Les entreprises
appartenant à ces activités ont un important potentiel de développement, les performances à
l’export sont expliquées par l’avantage comparatif et par l’exploitation des rendements
d’échelle croissants au sein même des produits où le pays possède un avantage comparatif. À
partir de 1997, la Tunisie a essayé de diversifier les produits exportables, ce qui est de nature
à augmenter le commerce intra–branche. Quant au commerce intra branche, il faut identifier
les produits dont l’indice de Bela Belassa est compris entre -0.33 et 0.33.
62
Chapitre 1
- Dans le secteur agroalimentaire on trouve les boissons en eau, les produits à base de
céréales (farine de blé) et les crustacés (sèches, crevettes, escargots congelés). Ce sont des
produits plus orientés à l’exportation. Les produits tels que le tabac, la confiserie et les
préparations alimentaires (on exporte surtout des pâtes et des tomates en conserve) se
caractérisent par du commerce intra branche. Ce sont surtout des biens de consommation
finale.
- Dans le secteur des matériaux de construction céramique et verre, la Tunisie exporte des
produits et carreaux en céramiques et du ciment, elle importe des biens en verre. Le
commerce intra branche est élevé pour les ustensiles de cuisine et les équipements
sanitaires.
- Dans le secteur de la chimie, il existe de l’intra branche pour les produits de nettoyage, les
parfums et les produits cosmétiques, les pneus pour les voitures et les bus et les produits
chimiques (on exporte surtout de l’acide phosphorique et d’autres produits extraits du
phosphate). Dans les biens qui sont plutôt exportables on a les engrais et les huiles
essentielles
- Le secteur mécanique et électrique est en expansion rapide à partir des années 2000, le
produit le plus exporté est le faisceau de câbles pour automobiles. La branche qui possède
un solde commercial positif est celle relative aux composants et appareillages électriques,
et elle se caractérise par du commerce intra branche.
- Dans les industries diverses, les branches des articles en bois, des biens en plastique et de
l’édition sont plutôt importatrices, seules les produits de papier et carton pour emballage
ont un indice proche de 0 révélateur d’un commerce intra branche.
63
Chapitre 1
(( X i − M i ) − α i ( X − M )) X + Mi
CTBi = 2 , avec α i = i
(X + M) X+ M
Avec Xi les exportations et Mi les importations du produit i et, X et M sont les
exportations et les importations de toutes les industries manufacturières du pays.
Le tableau 18 utilise les données des tableaux entrée-sortie de l’année 1992 à 2002
pour mettre en évidence les produits qui contribuent positivement au solde commercial parmi
lesquels on a les secteurs des industries agroalimentaires (huile d’olive et les conserves), les
industries du textile habillement et cuir pour les produits tels que les pantalons jeans, les
vêtements du travail et la lingerie féminine et pour les industries de matériaux de
construction, céramique et verre.
64
Chapitre 1
Produits CTB -0.003 -0.001 -0.016 -0.055 -0.03 -0.041 -0.03 -0.02 -0.033 -0.035 -0.044
agricoles &
pêche Solde
-90.78 -93.19 -166.2 -459.6 -264.8 -396.9 -348.7 -295 -423.9 -538.9 -637.7
commercial
Produits de CTB 0.03 0.036 0.051 0.024 0.005 0.044 0.024 0.055 0.037 0.024 0.005
l'industrie
agro- Solde
-24.25 -1.225 109.6 -11.44 -95.5 102.9 -15.91 221.1 107 64.288 -119.1
alimentaire commercial
Mat.de CTB 0.015 0.009 -0.002 0.009 0.004 0.006 0.004 0.003 0.004 0.001 0.003
Construction
.Céramique Solde
et Verre 18.9 0.347 -47.77 12.58 -10.7 5.985 -5.95 -12.5 -17.6 -46.03 -21.76
commercial
Machines & CTB -0.299 -0.305 -0.263 -0.216 -0.245 -0.253 -0.238 -0.27 -0.236 -0.215 -0.192
Matériel
Mécanique Solde
et Electrique -2108 -2285 -2031 -1923 -2100 -2548 -2773 -3232 -3367 -3648 -3206
commercial
CTB 0.034 0.019 0.017 0.015 0.029 0.03 0.031 0.025 0.009 0.004 -0.006
Produits
chimiques Solde
-150.7 -200 -157 -201.9 -119.8 -112.7 -112.9 -142 -337.8 -390.1 -452.7
commercial
CTB 0.241 0.261 0.25 0.266 0.274 0.252 0.245 0.246 0.255 0.254 0.26
Textile,
Hab.& cuir Solde
264 361.7 596.9 701.3 753.7 777.2 743.7 835.1 945.1 1218.2 1412
commercial
Prod.des
CTB -0.019 -0.019 -0.038 -0.043 -0.035 -0.037 -0.036 -0.03 -0.036 -0.033 -0.027
Indust
Manufact.Div Solde
erses -286.2 -289.7 -343.7 -405.5 -337.9 -407.1 -429.9 -407 -511.2 -559.4 -473.3
commercial
Source : INS (calcul personnel). Le solde commercial est exprimé en millions de dinars aux prix courants.
Concernant le secteur chimique, tous les soldes de 1992 à 2002 sont négatifs cela n’a
pas empêché ce secteur d’avoir un indicateur positif de contribution au solde commercial, cela
s’explique par le fait que le solde commercial négatif de ce secteur est relativement plus faible
que le solde global des industries manufacturières pondéré par son poids dans la totalité des
échanges manufacturiers.
65
Chapitre 1
Pour un pays i et chaque produit k, il calcul d’abord la part du solde par rapport au
produit intérieur brut Y, soit en millièmes :
yik = 1000
( X ik − M ik )
Avec X ik etM ik les exportations et les importations
Y
du pays i en produit k
f ik = yik − g ik yi.
Avec : g ik =
X ik + M ik
et yi. = 1000
( X i. − M i. )
X i. + M i. Y
Cependant, il est nécessaire d’éliminer l’influence des changements qui ne sont pas
spécifiques au pays étudié, mais qui résultent de l’évolution du poids des produits sur le plan
mondial. En se situant par rapport à une année de référence r, qui est ici l’année 2003, chacun
des flux X et M est corrigé pour les autres années n en les multipliant tous par :
Wkr
r
ekn = W n Avec W kn : Commerce mondial du produit k pour l’année n ;
Wk
Wn
L’indicateur d’avantage comparatif f’ est ainsi calculé aux poids mondiaux de l’année
de référence r. Pour celle-ci, il coïncide avec la contribution relative f ; pour les autres années
n, il s’en distingue d’autant plus que le commerce mondial du produit k tend à s’écarter de la
tendance moyenne qui est enregistrée pour l’ensemble des marchandises.
66
Chapitre 1
L’avantage comparatif est basé sur les ressources naturelles au sens large (fruits,
poissons, huiles, engrais, pétrole, ciment) ou bien sur le coût salarial (vêtements, cuirs,
produits de la bonneterie, tapis).
Tableau 19 : Evolution de l’indicateur de l’avantage comparatif révélé et du solde
commercial
Produit 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
ACR 3.549 2.681 3.659 2.404 2.191 1.883 1.343 1.210 0.503 0.801 1.899
Ciment
SC 52.504 45.014 70.073 51.389 41.354 34.666 24.487 15.925 2.645 10.177 38.029
ACR 0.663 0.418 0.242 0.273 0.653 0.887 0.834 1.296 1.367 1.091 1.279
Céramique
SC 4.135 2.458 -1.248 0.009 4.658 9.431 8.579 11.83 15.636 12.002 18.414
ACR 72.535 80.758 94.544 89.072 89.777 85.884 83.169 89.244 100.14 92.546 85.961
Vêtements de confection
SC 1035.6 1295.3 1610.6 1651.6 1581.5 1631.7 1552 1452 1764.9 1730.8 1753.3
Vêtements de ACR 20.578 20.759 24.03 21.085 17.26 16.438 20.21 26.239 25.942 27.667 24.238
bonneterie SC 207.06 229.67 301.61 295.5 229.81 205.29 303.04 346.2 380.84 447.78 429.77
ACR 5.094 5.818 6.512 6.146 7.851 8.281 8.668 10.078 10.209 9.991 9.388
Cuirs
SC 49.679 72.191 86.244 85.246 93.78 96.64 92.604 76.824 101.07 117.83 119.41
ACR 3.874 3.242 4.213 5.970 6.471 8.365 10.649 11.247 16.597 16.225 12.366
Fournitures électriques
SC -25.08 -15.77 4.070 37.288 7.374 25.703 67.01 28.206 143.53 169.13 67.899
Chimie minérale de ACR 9.071 10.663 10.639 11.593 15.071 16.117 15.815 11.526 11.686 10.432 6.839
base SC 115.75 158.32 182.44 215.85 257.74 288.93 272.7 168.06 194.8 177.27 120.11
ACR 12.554 12.795 13.793 13.677 14.06 13.916 13.269 15.765 15.787 13.895 14.602
Engrais
SC 165.54 203.08 275.34 299.92 259.6 271.23 250.4 240.44 261.76 250.01 300.66
ACR 0.484 0.712 1.527 1.137 0.569 0.546 1.295 1.667 1.326 1.328 1.435
Minerais non ferreux
SC 6.507 10.616 31.147 22.763 10.714 9.582 22.456 28.487 23.013 23.501 29.259
ACR 0.556 1.089 1.612 1.059 2.210 2.161 1.795 2.937 1.748 2.564 1.589
Produits céréaliers
SC 6.508 14.944 26.388 19.931 36.284 35.859 28.059 37.394 25.238 46.058 32.181
ACR 7.734 12.852 6.139 1.433 9.446 5.129 14.276 12.354 6.213 -0.457 1.0137
Corps gras
SC 79.126 185.04 93.7 1.6598 141.06 63.284 231.66 140.71 72.169 -38.49 -26.86
ACR 4.613 3.671 3.339 4.105 4.546 5.232 3.971 4.861 4.387 4.903 4.351
Viandes et poissons
SC 72.306 64.922 65.2 85.712 81.093 94.242 73.154 75.037 76.79 91.079 84.603
ACR 0.809 1.324 0.880 0.657 1.410 0.872 0.889 0.917 1.025 0.912 1.106
Boissons
SC 8.042 17.316 12.801 10.283 20.308 13.057 13.289 10.517 13.467 13.605 19.662
ACR 0.119 0.788 0.514 0.371 1.794 1.101 0.982 0.331 1.143 0.592 1.200
Tabacs manufacturés
SC -6.644 11.938 7.008 4.481 32.708 16.973 14.289 -4.278 15.388 6.836 21.819
ACR 0.018 0.288 -0.043 -0.333 -0.005 -0.272 -0.439 -0.041 1.2675 2.419 3.152
Tapis
SC -15.43 -6.791 -12.19 -19.05 -15.47 -26.02 -29.13 -22.53 0.226 20.44 37.174
ACR 0.250 0.123 -0.599 0.339 0.564 0.360 1.617 1.528 1.414 1.571 0.270
Conserves végétales
SC -2.027 -1.846 -19.03 1.841 1.173 -2.591 20.163 13.984 15.352 21.121 -2.013
Source : CHELEM, le solde commercial est exprimé en millions de dollars US.
S C : Solde Commercial ; ACR : Avantage Comparatif Révélé
Le résultat de l’ACR trouvé suite à un calcul plus détaillé que celui de CTB, nous
confirme celui étudié précédemment. En effet les vêtements confectionnés et de bonneterie,
ainsi que le pétrole brut ont les indicateurs d’avantage comparatif révélé les plus élevés. En
67
Chapitre 1
étudiant les soldes commerciaux par produits, on remarque que tous ces produits ayant un
avantage comparatif révélé présentent pour toutes les années des soldes positifs. Alors que les
produits comme le tapis et les conserves végétales présentent des soldes négatifs pour
quelques années.
68
Chapitre 1
Conclusion
L’étude des échanges commerciaux de la Tunisie avec le reste du monde montre
qu’elle est très tributaire de ses échanges avec l’Union Européenne. Ces dernières années elle
a commencé à s’ouvrir aux pays émergents d’Asie pour ses importations et aux pays Arabes
(Maghreb Arabe) pour ces exportations.
69
Chapitre 2
70
Chapitre 2
Quant aux entreprises publiques (EP), elles sont présentes dans la majorité des
activités économiques,14 et la privatisation a encore un rôle majeur à jouer dans le
développement du secteur privé. En 1989 la législation régissant la restructuration et la
privatisation des EP qui étaient lésées par un endettement accru est entrée en vigueur. Depuis
lors, la privatisation en Tunisie a été guidée par les principes d’efficience consistant à assurer
la pérennité et la compétitivité de l’entreprise dès sa privatisation, en la restructurant avant la
privatisation, en attirant du financement et des investissements supplémentaires, en assurant
12
La privatisation du gros des cimenteries, prévue pour les trois à quatre prochaines années, devrait accroître
la part de l’investissement privé dans le secteur industriel.
13
Cette part devrait également s’accroître à l’avenir en raison de l’intervention plus importante des entreprises
étrangères prévue dans des activités réservées précédemment aux secteurs publics, tels que la production
d’électricité et l’épuration des eaux usées.
14
Le secteur public représente une très grande part du secteur non manufacturier, en particulier dans le secteur
des mines et de l’énergie. Dans le secteur manufacturier, les EP jouent un rôle important dans les produits
chimiques, représentant 48 pour cent de la valeur ajoutée totale. Dans le secteur des services, les activités
des EP se concentrent sur le transport terrestre (17 EP, dont 15 font du transport terrestre de passagers) ; les
communications (6 EP, dont 2 dans les télécommunications) ; la construction (14 EP dans la construction et
les travaux publics) ; les institutions financières (9 EP dont 6 dans la banque et 3 dans les assurances) ; et la
santé (6 EP, dont 4 dans la sécurité sociale).
71
Chapitre 2
Tableau 20 : Répartition des entreprises et de l’emploi industriels par secteur et par régime
72
Chapitre 2
Définies par un effectif compris entre 10 et 100 (selon l’API), les petites et moyennes
industries (PMI), représentent en 2001, 77 % de la population totale des entreprises. Ainsi le
tissu industriel tunisien est composé en majorité de PME.
Les entreprises à participation étrangère sont au nombre de 1654 sur 5262 entreprises
industrielles, dont 1370 sont totalement exportatrices et les autres exportent et vendent sur la
marché local et plus de la moitié (917 entreprises) sont à capitaux intégralement étrangers. Le
secteur qui a connu le plus grand attrait d’investissements étrangers est le secteur textile-
habillement. Il représente ainsi 60 % du nombre total des entreprises à participation étrangère,
suivi par les secteurs des industries électriques, électroniques et de l’électroménager et du cuir
et chaussures avec une part de 8 % chacun. La France demeure le partenaire prédominant
avec 35 % du nombre d’entreprises tunisiennes à participation étrangère, l’Italie vient en
seconde position avec 21 % suivie de l’Allemagne 11 %. On note que la dépendance au
niveau commercial de la Tunisie via à vis des pays de l’Union Européenne est suivie aussi par
des investissements à prédominance européenne. Ceci est facilité par la proximité
géographique et par des considérations historiques.
Les entreprises totalement exportatrices sont de 2360 unités soit 43% du tissu
industriel.
73
Chapitre 2
Définies par un effectif compris entre 10 et 100, les Petites et Moyennes Industries
"PMI", représentent en 2004, 78% de la population totale des entreprises.
Les Industries Manufacturières emploient 446 104 personnes dont 267 652 (soit 60%)
relèvent des entreprises totalement exportatrices. Le secteur des Textiles et Habillement
emploie à lui seul 46% du total. 88% des emplois de ce secteur travaillent sous le régime
exportateur.
En 2004, les entreprises à participation étrangère sont au nombre de 1 744 dont 974
sont à capitaux 100% étrangers ; 1433 sont totalement exportatrices (soit 82%) et 311 unités
relèvent du régime autre que totalement exportateur (soit 18%). On remarque que ce nombre
important d’entreprises à capital étranger a augmenté entre l’année 2001 et 2004 de 5 %.
Le secteur qui a connu le plus grand attrait d’investisseurs étrangers est toujours le
secteur des Textiles et de l'Habillement. Il représente 56% du nombre total des entreprises à
participation étrangère, cette part a diminué depuis l’année 2001. Après le secteur des Textiles
et de l'Habillement, viennent les secteurs des Industries Electriques, Electroniques et de
l’Electroménager et du Cuir et de la Chaussure avec respectivement 9% et 7%. L’analyse du
nombre d’entreprises à participation étrangère par pays d’origine révèle que la France
demeure le partenaire prédominant avec 37%. L’Italie vient en seconde position avec 22%
suivie de l’Allemagne et de la Belgique avec 8% chacune.
Sur 5468 unités industrielles recensées en 2004, 1744 sont en partenariat soit 32%
dont 974 sont à capitaux 100% étrangers. Il est à signaler qu’en 2001 le tissu industriel
tunisien comptait 1654 entreprises en partenariat soit 31% dont 917 unités étrangères à 100%.
74
Chapitre 2
En plus, la part des Industries Manufacturières dans le PIB s’est accrue, au cours des
quatre dernières décennies, de 6% dans les années 1960/63, à 22% sur la période 1997-2001
et à 24% pour l’année 2004. Les Industries Manufacturières ont été, pendant les trois
dernières décennies, une composante dynamique du secteur productif.
Entre 1997 et 2004, les importations ont augmenté à un rythme moins rapide que celui
des exportations. Le taux de croissance annuel moyen des importations a été de 8% et celui
des exportations a été de 10%. La part des importations relatives aux Industries
Manufacturières dans le total des importations de biens a été de 83% en 2004 contre 88% en
1997. Puisque on importe de plus en plus de biens intermédiaires nécessaires à la production
dans le secteur industriel par rapport aux produits finis.
75
Chapitre 2
Manufacturières sur la période 1997-2004. En effet, leur part dans le total des exportations n’a
cessé d’augmenter en passant de 41% en 1981 à 88% en 2004.
Malgré leur contribution élevée et toujours croissante aux exportations, les textiles et
les produits mécaniques et électriques n’ont contribué que relativement modestement à la
croissance du PIB. Dans ces deux sous secteurs, la production est généralement réalisée au
moyen d’arrangements offshore, qui permettent l’accès hors taxes aux intrants importés et qui
bénéficient d’une série d’incitation à l’investissement. Par conséquent, la production de valeur
ajoutée dans ces sous secteurs est restée limitée, car les intrants importés ne subissent que des
transformations minimes avant d’être réexportés. Cette situation limite les retombées positives
du régime offshore.
Pour l’année 2004, les meilleurs taux ont été réalisés par les secteurs Cuir et
Chaussures (191%), Textiles et Habillement (150%), IAA (118%) IMCCV (112%) et Chimie
(94%).
76
Chapitre 2
Mais pour pouvoir expliquer les performances enregistrées par la Tunisie en matière
d’exportation, il faut s’appuyer sur l’analyse de la compétitivité des entreprises du secteur
textile-habillement en suivant l’évolution des parts de marché. Il faut aussi prendre en
considération le développement du commerce intra-branche et la montée en gamme qui peut
nous renseigner sur la diversification des marchés et des produits. Tous ces changements
structurels seraient attribuables à un ensemble de facteurs explicatifs liés à la structure de
coûts de production et aux variables conditionnant le cadre macro-économique.
En d’autres termes, les entreprises du secteur sont appelées à maîtriser davantage les
coûts de production et à améliorer leur productivité afin non seulement de se rapprocher des
prix internationaux mais aussi de relever les défis futurs eu égard à l’intensification de la
concurrence tant sur le marché interne qu’externe.
L’étude sur les coûts mondiaux du travail dans le secteur textile - filature et tissage -
effectuée par le cabinet de conseil Werner International, en 2002, fait ressortir plus
d’évolutions dans les pays développés que dans les pays à bas prix par rapport à l’étude
précédente, étude datant de 2000. Elle souligne d’ailleurs que la compétitivité globale dépend
d’autres facteurs que le salaire horaire, comme les coûts des matières premières, de l’énergie,
des crédits, ou comme la taille de l’entreprise.
L’analyse comparative des coûts horaires du travail entre la Tunisie et ses principaux
concurrents est présentée dans le tableau 21:
77
Chapitre 2
Selon le consultant américain, le coût horaire en Tunisie était de 1,77 $ en 2002 soit un
neuvième du coût français (15,93 $). Mais, en Tunisie, la main d’œuvre est aussi 6,3 % moins
chère qu’au Maroc et 17 % moins chère qu’en Turquie. Il faut noter que les coûts en Afrique
du Nord n’ont guère bougé entre 2000 et 2002.
Les Coûts horaires en Egypte ont été en continuelle hausse de 1990 à 2000, mais
restent inférieurs à ceux de la Tunisie et du Maroc.
Le secteur textile tunisien est dominé par les activités de sous-traitance, qui demeurent
le métier industriel le plus exporté. Le secteur est composé de 2200 entreprises (dont 1600
exportatrices), employant 250 000 personnes (soit la moitié de l’emploi des industries
manufacturières), réalisant 3 milliards d’euros par an de recettes. Il existe 1000 entreprises
étrangères ou à participation étrangères et 915 offshore assurant la quasi-totalité des
exportations du secteur. En effet, la Tunisie a réussi à attirer des montants significatifs
d’investissements étrangers, qui se sont dirigés en particulier dans le textile-habillement. A la
différence du Maroc, qui a aussi développé une industrie de l’habillement de taille un peu
inférieure, l’investissement direct étranger y joue un rôle majeur (les entreprises à
participation étrangère emploient 60% de l’emploi du secteur).
Le secteur est spécialisé dans la confection ; c’est donc plus un secteur habillement
que textile. 95 % des exportations sont orientées vers les marchés européens, toutefois la
Tunisie demeure un exportateur de taille modeste au niveau mondial. En effet, la part du pays
dans le commerce international de l’habillement a progressé de 0,8 % en 1980 à 1 % en 1990
et 1,3 % en 2001. La Tunisie est plutôt importatrice de fibres textiles, fils et tissus, ainsi que
des accessoires destinés à la confection, elle dépend pour ses approvisionnements en matières
premières et de fournitures de l’UE. Il faut noter que plus de la moitié du chiffre d’affaire
78
Chapitre 2
réalisé à l’exportation est absorbée par l’importation des matières et fournitures. Pour pallier
ces lacunes, le gouvernement encourage le développement d’une industrie textile en adoptant
une politique de modernisation et de mise à niveau des entreprises du secteur.
Par le biais des AMF, la Tunisie a élargi sa part du marché des textiles et de
l’habillement de l’UE de 1,5 % en 1980 à 4 % en 2000. Mais, depuis l’année 2000 on
remarque une baisse de la part du secteur textile- habillement et cuir dans l’emploi et la
production des industries manufacturières, suite à la pression exercée par les pays asiatiques
et des nouveaux membres de l’UE.
Après l’élimination des AMF, une concurrence accrue, de la part des pays dotés d’une
main d’œuvre moins chère et/ou plus qualifiée, a rendu difficile pour la Tunisie le maintien de
sa part de marché en Europe ou l’accès à d’autres marchés des pays de l’OCDE. En effet, le
démantèlement des Accords Multifibres a érodé le potentiel des exportations des entreprises
tunisiennes placées sur les mêmes segments que leurs concurrents chinois sur les marchés
européens. C’est la moitié des exportations industrielles tunisiennes qui se sont trouvées ainsi
confrontées à une concurrence pratiquement insoutenable sur ces créneaux. Il a fallu donc
fournir plus d’effort pour améliorer la compétitivité coûts par une augmentation de la
productivité du travail à travers le développement des compétences et la modernisation des
procédés technologiques.
79
Chapitre 2
Les PME constituent la majeure partie des entreprises en Tunisie, c’est pour cela qu’il
est d’une grande importance d’étudier les spécificités de ces entités.
Si on accepte la définition des PME selon laquelle ce sont les entreprises qui
emploient 10 à 100 employés, la catégorie petite et moyenne entreprise constitue le premier
maillon du tissu économique national avec une part supérieure à 95% du total des entreprises
opérationnelles.
Le tissu industriel se caractérise par une forte proportion des petites entreprises,
environ 20% d’entre elles emploient moins de 10 personnes. Ces chiffres montrent une
évidence que le secteur manufacturier est largement dominé par les PME avec une importante
participation des micros entreprises.
Tableau 22 : Répartition des entreprises par taille
Les PME forment la majorité du secteur privé, ainsi les entreprises tunisiennes
demeurent à dominante individuelle et familiale avec 88% d’entreprises unipersonnelles, 10%
de SARL et seulement 2% de sociétés anonymes.
La part des PME dans le PIB a évolué de 6% pendant les années soixante à près de
20% en 200115. D’autre part les PME jouent un rôle stratégique dans l’équilibre social du
15
Publication de l’API en 2002
80
Chapitre 2
pays, les emplois dans le secteur industriel ont été décuplés passant de 40 000 en 1960 à plus
de 500 000 en 2001.
Cette position clé des PME dans les exportations permet un effet des retombées
technologiques dans l’économie et ce grâce à leur rôle de centres d’innovation et de
technologie pour les grandes firmes nationales et internationales dans le cadre de contrats de
sous-traitance et de joint venture.
Tableau 23 : Répartition des entreprises par activités et par taille en 2001
Activité -6 6à9 10 à 19 20 à 49 50 à 99 + 100 Ind. ou Total
salariés salariés salariés salariés salariés salariés N.D.
Agriculture 308 77 114 97 38 57 868 1556
Pêche 62 18 120 49 6 5 248 508
Industrie extractive 235 35 47 67 17 11 312 724
Industrie manufacturière 11953 1598 1556 1465 780 930 29925 48198
Production et distribution 3 1 3 3 10
d’électricité, de gaz et d’eau
Construction 3451 409 417 300 144 152 10063 14936
Commerce, réparation automobile et 21691 1302 838 378 96 78 159924 184307
articles domestiques
Hôtels et restaurants 5399 368 187 128 56 175 8279 14592
Transports et communications 11713 160 180 116 33 69 42816 55087
Activités financières 293 34 21 14 9 29 307 707
Immobiliers, locations et services 5791 307 243 160 68 107 12548 19224
aux entreprises
Education 1359 72 39 37 11 8 2016 3542
Santé et action sociale 3091 83 73 23 13 13 2423 5719
Services collectifs, sociaux et 2418 111 88 65 18 28 16565 19293
personnels
Autres 33 11 18 13 8 19 957 1059
Activités non déclarées 2022 92 89 76 21 32 8456 10788
Total 69822 4668 4030 2989 1318 1716 295707 380250
Source : Répertoire national des entreprises 2001
Ind. : Indépendant, N.D. : Non Déclaré
81
Chapitre 2
Les procédures requises pour solliciter un prêt semblent être perçues comme étant plus
fastidieuses pour les petites et les moyennes entreprises, qui souvent ne disposent pas des
compétences requises. L’information comptable inadéquate et le faible niveau de
capitalisation imposent probablement une contrainte plus forte aux PME du fait que les
banques se basent davantage sur la structure financière lorsqu’elles évaluent la solvabilité des
emprunteurs plutôt que sur des critères moins standardisés, qui exigeraient plus de temps, de
qualifications et de coûts.
Ainsi, le taux d’endettement à moyen et long terme par rapport au capital est de 16%
pour les PME16 contre 30% pour les entreprises de plus grande taille. Les PME couvrent cette
insuffisance des ressources longues par un endettement à court terme (91% de la dette totale
contre 81% pour les grandes entreprises) qui compense le plus souvent une insuffisance de
capitalisation des PME. La structure d’endettement des entreprises par terme montre deux
choses : une dette composée de manière importante de dettes à court terme, avec une tendance
à l’aggravation de cette situation. La part des flux de dettes à moyen et long terme (CMLT
bancaires + obligations et bons non négociables) a considérablement baissé à partir de 1997,
elle se situe en moyenne à moins de 20% de l’endettement total contre des niveaux de plus de
25% au début des années quatre-vingt-dix. Ainsi, les dernières années se caractérisent par la
prédominance du court terme expliqué en grande partie par l’évolution de la dette
commerciale.
16
Dans cette étude de l’INS les PME sont définies comme celles dont les ventes s’élèvent à moins de 500.000 DT.
82
Chapitre 2
En effet suite à l’étude de la structure financière des firmes, on peut citer les trois
caractéristiques des firmes les plus importantes, qui ont une influence sur la structure
financière et peuvent avoir des implications sur le commerce. Il s’agit de :
83
Chapitre 2
entreprises publiques ont joué un rôle significatif, au stade initial, mais après elles
ont été privatisées. L’accès préférentiel de ces entreprises aux ressources de l’Etat
et au crédit a pu aider le développement d’activités où le secteur privé n’aurait pas
pris de risques, surtout au début, à cause des risques encourus et de la maturité à
long terme ou de la taille des investissements. Mais l’extension du rôle du secteur
public dans l’activité économique a contribué à une plus faible efficience. En effet,
la crise financière de 1985-86 en Tunisie peut être considérée comme le résultat de
la perte de la compétitivité, en partie due à la faible performance d’un secteur
étendu d’entreprises publiques. Actuellement, on trouve que les indicateurs de
performance des entreprises publiques sont plus mauvais que ceux des firmes
privées. Les premières ont aussi faiblement participé à la diversification et à
l’accroissement des exportations, qui sont associés à la croissance de la
productivité et ont pu détourner les ressources des autres activités possédant un
avantage comparatif.
84
Chapitre 2
firmes de petites tailles. Les activités exportatrices dans les secteurs les plus
dynamiques avec des avantages comparatifs révélés, tel que l’habillement, sont
représentées par des petites et moyennes entreprises. La nature offshore de ces
firmes a pu contribuer à compenser leurs désavantages de coûts de l’asymétrie de
l’information. Les banques ont pu aussi compenser ces coûts en imposant des
charges d’intérêts élevées particulièrement depuis la libéralisation financière. Des
taux élevés de rendement sont associés avec des coûts d’intérêt élevés.
L’intervention de l’Etat a aussi contribué au développement des PME. En plus de
l’inclusion de ces firmes dans le ratio demandé du crédit à moyen et long terme au
secteur privé, le gouvernement a aussi fourni des ressources étatiques (via le
système bancaire) pour financer de nouvelles PME, incluant des subventions et des
crédits à long terme subventionnés, de très faibles taux d’intérêt et des garanties.
L’intervention de l’Etat a pu aider l’accès des PME au financement externe, mais
la sélection adverse dans le choix des firmes bénéficiaires a pu aussi limiter son
efficacité.
Durant cette dernière décennie, l’Etat a renforcé les mesures pour accroître le
développement des PME. Plusieurs actions ont été réalisées dans ce domaine telles que :
17
API : agence de promotion de l’industrie, une institution gouvernementale dont la mission est d’appliquer la
politique du gouvernement relative à la promotion du secteur industriel, c’est une structure d’aide aux entreprises
et aux nouveaux promoteurs.
85
Chapitre 2
Cette mise à niveau nécessite des fonds importants et des mesures d’accompagnement.
Outre la contrainte de financement de cette impérative modernisation / restructuration d ‘une
grande partie du tissu industriel, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour
faciliter sa mise en place et le suivi de ce vaste programme de restructuration.
Un taux faible d’encadrement : 1 ingénieur pour 1000 habitants, ce taux est plus
faible qu’au Maroc.
Le programme de mise à niveau est destiné aux entreprises en activité depuis au moins
deux ans, ayant un potentiel de croissance, ne connaissant pas des difficultés économiques et
relevant des secteurs industriels et des services liés à l’entreprise. Entamé en 1996, c’est un
programme qui a pour objectif d’accroître la compétitivité des entreprises industrielles. Pour
les grandes entreprises, il est actuellement le seul programme auquel elles sont éligibles (à
l’exception des cas où elles réalisent un investissement régional ou technologique). En effet,
c’est le seul instrument en Tunisie qui soutient l’investissement des entreprises sans
conditions liées directement au code des incitations aux investissements. A ce titre, il
86
Chapitre 2
complète le code qui a ignoré les entreprises de grande taille (c’est-à-dire, les entreprises qui
réalisent des investissements supérieurs à 3 MD).
Fin 1998, 331 entreprises avaient obtenu des primes s’élevant à 111 MDT pour un
montant d’investissement de 847 MDT, réparti sur 3 ans. Ces entreprises sont issues pour un
tiers des industries agroalimentaires et pour un cinquième du textile, habillement, cuir et
chaussure. En outre, 431 autres entreprises ont présenté un dossier. Le nombre d’entreprises
passées par le PMN est donc relativement faible comparé à un total de 4000 entreprises
industrielles. Il peut s’expliquer par plusieurs raisons. Premièrement, ce programme s’adresse
par définition aux entreprises ayant une chance de survivre à la concurrence. Deuxièmement,
certains opérateurs attendent encore avant d’agir, parce qu’ils envisagent un changement
d’activité ou se sentent peu concernés car ils sont dans un secteur temporairement protégé. En
réponse à cet attentisme, les organismes gouvernementaux envisagent un ciblage par secteurs
prioritaires (confection, électronique, cuir et chaussures).
Une enquête réalisée en 2002 par le BMN auprès de 1103 entreprises dont le
programme avait été approuvé par le comité de pilotage, montre que :
87
Chapitre 2
Les résultats de cette enquête montrent aussi que les entreprises s’appuyant sur leur
expérience reste focalisées sur le marché local et occulte la dimension internationale.
Il est à signaler également que les entreprises de grandes tailles s’en sortent le mieux
en matière d’exécution des plans d’investissement. Et qu’il existe des insuffisances et des
défaillances au niveau de l’encadrement des entreprises dans leur démarche de mise à niveau
et de l’environnement qui caractérise la mise en application du PMN.
88
Chapitre 2
Tableau 24 : Evolution des approbations des dossiers de mise à niveau par secteur de
1996 à 2003
Secteurs 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 200318
Part du nbre de 23 17 20 13 14 11 9 16
dossiers en %
Invest en MDT 17 6 11 20 12 14 5 6
Part du nbre de 5 9 10 17 3 5 4 6
dossiers en %
Part du nbre de 7 13 7 5 5 2 6 4
dossiers en %
On note que la part des entreprises du secteur textile habillement dans le total des
entreprises qui ont bénéficié du PMN est la plus importante avoisinant les 50 % sur les
dernières années, suivi du secteur agroalimentaire puis de l’industrie mécanique et électrique.
Ces trois secteurs bénéficient à eux seuls, en moyenne de 65 % du total des investissements.
18
Situation fin juillet 2003.
19
IAA : industrie agroalimentaire.
20
ICC : industrie du cuir et de la chaussure
21
ICH : industrie chimique
22
ID : industries diverses
23
IMCCV : Industrie des matériaux de construction céramique et verre.
24
IME : industrie mécanique et électrique.
25
ITH : industrie du textile habillement.
89
Chapitre 2
Ceci, atteste de l’importance de ces secteurs dans le tissu industriel et de la nécessité de les
restructurer.
Quant aux investissements, c’est le secteur IMCCV qui a bénéficié de la plus grande
part durant les années 2000-2001.
• L’impact du PMN sur l’investissement et les emplois additionnels est ambigu. Les
entreprises participant au programme ont enregistré une performance quelque peu
supérieure à l’ensemble du secteur manufacturier en termes de ventes et
d’exportations, et marginalement supérieure en termes d’emplois. Ainsi les ventes
des entreprises participantes ont augmenté à un taux annuel de 11% contre un
taux moyen de croissance de 8.3 % pour l’ensemble du secteur manufacturier.
L’emploi a augmenté de 4% par an contre 2.9 % pour l’ensemble du secteur. Ces
résultats sont à relativiser et ne relèvent pas que de l’impact du programme, il ne
faut pas perdre de vue que les entreprises participantes, répondant aux critères du
programme enregistrent déjà des performances supérieures à la moyenne.
Un programme de mise à niveau est par définition, un processus continu qui vise à
préparer et à adapter l’entreprise et son environnement aux exigences du libre échange. Pour
le cas de la Tunisie, ce programme est parvenu à initier une prise de conscience des chefs
d’entreprise de la nécessité à se moderniser face à un processus de démantèlement
irrévocable. Les entreprises participantes au PMN ont pu d’une part améliorer leurs processus
de production, au moyen d’investissement dans de nouveaux équipements, et d’autre part
conquérir de nouveaux marchés.
90
Chapitre 2
plus. On note une évolution dans les modes de gestion des entreprises participantes au PMN
et une amélioration de leur compétitivité, ce qui facilitera l’adaptation à un contexte
économique plus ouvert vers l’extérieur.
91
2ème Partie: Les entreprises
tunisiennes industrielles face à
l’ouverture
92
Chapitre 3
93
Chapitre 3
Pour que les estimations de la productivité soient valides, il faut que les indices de
prix et de volume de la production soient construits indépendamment des indices
de prix et de volume des consommations intermédiaires.
94
Chapitre 3
d’intrants entre les producteurs, même entre producteurs d’un même secteur. De plus ces
redéploiements de la production et de facteurs de production, d’activités moins productives au
profit d’activités plus productives, contribuent à la croissance de la productivité globale.
95
Chapitre 3
Ces méthodes non paramétriques proposent des modèles de nature déterministe. Elles
sont donc sensibles aux valeurs extrêmes et aux erreurs de mesure. Alors que les méthodes
paramétriques permettent d’éviter ces faiblesses, c’est pour cette raison que nous allons
essayer d’insister et de développer avec plus de détails ces méthodes.
96
Chapitre 3
Les méthodes paramétriques supposent les mêmes rendements à l’échelle pour toutes
les firmes. La forme de la fonction de production est spécifiée. La fonction qui est la plus
utilisée dans la littérature est la fonction de production de type Cobb Douglas.
y it = β 0 + β k k it + β l l it + ω it + η it (1)
facteur capital, lit est le logarithme du facteur travail, ω it est la productivité connue par la
97
Chapitre 3
y i = α + β xi + ε i − v i (2)
identiquement distribué suivant une loi normale N(0 , σ 2 ) et vi l’inefficience technique est
supérieure ou égale à 0. Cette condition assure que toutes les observations se situent sur ou au
dessous de la frontière.
Par la suite, cette méthode a été généralisée pour les données de panel par Pitt et Lee
(1981), Schmidt et Sickles (1984) et Battese et Coelli (1988). Il été proposé qu’on estime la
fonction de production sans hypothèse sur la distribution de l’effet d’inefficience. Le modèle
en données de panel peut donc s’écrire :
y it = α + β xit + λ t + ε it − vi (3)
Avec λ t est l’effet temporel. Le terme de l’inefficience peut être fusionné avec la
y it = α i + β xit + λ t + ε it (4)
Ainsi α i peut être estimé par un estimateur à effets fixes ou aléatoires. Le modèle
présenté comme suit suppose que l’efficience technique de l’entreprise est invariante dans le
temps. Cette restriction est très forte. Pour cette raison les modèles qui se sont développés
ultérieurement ont abandonné cette hypothèse pour considérer que l’efficience de l’entreprise
peut varier dans le temps.
Ces méthodes ont été introduites par Olley et Pakes (1996), puis prolongées par
Levinsohn et Petrin. La mesure de la productivité au niveau de la firme dépend de la
différence entre la production actuelle de la firme et celle prévue. Il est alors crucial d’obtenir
des estimateurs sans biais des coefficients de la fonction de production.
98
Chapitre 3
L’objectif empirique des auteurs est d’analyser les changements dans la distribution de
la productivité qui accompagnent les changements dans la réglementation et l’environnement
technologique aux Etats-Unis.
Pour cela, ils ont essayé d’estimer les paramètres d’une fonction de production. Il faut
noter que du fait des changements dans l’environnement s’accompagnent d’un grand
mouvement d’entrée et de sortie des firmes, et comme il sera expliqué plus tard, le
déterminant majeur de la sortie ou non de la firme est sa productivité. Il existe par ailleurs un
lien important entre la productivité et le choix des quantités d’inputs utilisées par les firmes
existantes.
d’investir dans un nouveau capital. Mais, ω it est inobservable pour l’économètre. Cette
asymétrie d’information introduit deux biais dans l’estimation : les biais de simultanéité et de
sélection.
99
Chapitre 3
productivités courantes, alors un panel cylindré va être sélectionné, en partie, sur la base de
réalisations inobservées de la productivité. Cela va générer un biais de sélection d’une forme
particulière des estimations de la fonction de production. Les auteurs vont illustrer ce point en
considérant un panel cylindré dans la partie empirique.
L’analyse du modèle avec la demande d’input et la loi de liquidation, dont les auteurs
ont besoin est la suivante:
Comme dans Ericson et Pakes, les auteurs supposent que les profits courants sont une
fonction des variables d’état propres à la firme, des prix des facteurs, et du vecteur qui liste les
variables d’état des autres firmes actives sur le marché. Ainsi, dans l’exemple utilisé par Olley
et Pakes, le vecteur des variables d’état spécifiques à la firme sont : ait , l’âge de la firme, K it ,
100
Chapitre 3
conditionnelle à toutes les informations connues à l’instant t est déterminée par la famille des
fonctions de distribution suivantes :
Fw = { F ( . / wit ) , wit ∈ Ω } (2)
La firme est supposée maximiser la valeur attendue des cash flows nets futurs
actualisés. Cependant, les deux, la sortie et les décisions d’investissements vont dépendre de
la perception par les firmes de la distribution des structures futures du marché donnée par les
informations courantes. Les décisions d’investissement, d’entrée, et de sortie générées par ces
perceptions vont, à leur tour générer une distribution pour la structure du marché dans les
années futures.
Ainsi, les deux, le profit et la valeur des variables d’état (comme l’âge et le capital)
dans cet équilibre dépendent de la structure du marché et des prix des facteurs. La décision
d’une firme existante de maximiser la valeur attendue des profits nets futurs est ainsi
caractérisée par une équation de Bellman26:
Vt ( wit , ait , k it ) = max Φ , sup π t ( wit , a it , k it ) − c ( I it ) + β E [Vt + 1 ( wit + 1 , ait + 1 , k it + 1 ) / J it ] (3)
I it ≥ 0
Où π t ( .) est la fonction de profit donnant les profits de la période courante comme une
fonction des variables d’états, c( I it ) est le coût de l’investissement courant I it , β est le facteur
Le maximum utilisé dans l’équation (3) indique que la firme compare sa valeur de
liquidation Φ aux rendements actualisés attendus en restant sur le marché. Si les variables
d’état courantes indiquent que continuer n’est pas opportun, la firme va se retirer. Si ce n’est
pas le cas la firme choisit le niveau d’investissement optimal (contraint à être non négatif). La
26
L’équation de Bellman capte l’essentiel du problème dynamique auquel un agent économique est confronté.
L’agent a besoin d’équilibrer de façon optimale son gain présent et son gain espéré futur. On note Vt (.) la
fonction de valeur, soit la somme maximale accessible des gains présents et futurs.
101
Chapitre 3
solution à ce problème de contrôle génère une loi de sortie et une fonction de demande
d’investissement.
sa productivité ω it est supérieure à un certain seuil qui dépend de son stock de capital K it et de
son âge ait , alors la loi de sortie peut s’écrire comme suit :
1siω it ≥ ω t ( a it , k it )
χ it = (4)
0autrement ,
I it = I t ( ω it , ait , k it ). (5)
Basée sur ces deux lois de sortie et de décision d’investissement, Olley et Pakes ont
essayé de spécifier une fonction de production pour estimer les paramètres de façon plus
cohérente et sans biais.
Les auteurs supposent que l’industrie produit un bien homogène avec une technologie
de type Cobb-Douglas. La fonction de production est la suivante :
y it = β 0 + β a ait + β k k it + β l l it + ω it + η it (6)
Où y it est le log de l’output (valeur ajoutée) de la firme i à l’année t, ait est l’âge, kit
est le log du facteur capital, lit est le log du facteur travail. Le terme d’erreur, comme dans le
cas des frontières stochastiques, est composé d’un terme d’efficience technique ω it , et d’un
terme de mesure de l’erreur η it ou du choc de productivité qui n’est pas prévisible durant la
102
Chapitre 3
période dans laquelle le travail peut être ajusté. Ici les variables ω it et η it sont inobservables
par l’économètre. La distinction par rapport à η it est que ω it est une variable d’état qui affecte
le processus de décision de la firme, et qui détermine les deux décisions de demande d’input
et de liquidation, alors que η it n’a pas d’effet sur les décisions de la firme.
En premier lieu, on considère les biais des estimateurs MCO de l’équation (6) causés
par l’endogenéité de demande des inputs. Ce problème de simultanéité apparaît parce que le
choix des inputs est déterminé en partie par l’opinion qu’a la firme sur ω it quand ces inputs
seront utilisés. S’il y a une corrélation en série de ω it , les inputs en période t vont être
positivement corrélés avec la réalisation du choc de productivité. Si l’augmentation de
l’utilisation des variables d’inputs de la firme résultant d’un choc de productivité positif, n’est
pas prise en compte dans la fonction de production, alors la procédure MCO va apporter des
estimateurs biaisés à la hausse des coefficients des inputs.
firmes. Si la fonction de profit est croissante avec k it alors les firmes avec un large stock de
capital peuvent s’attendre à un rendement futur plus grand pour n’importe quel niveau de
productivité courante. Ainsi, elles vont continuer à produire avec une plus faible productivité
réalisée ce qui entraîne les petites firmes à sortir du marché. L’auto-sélection générée par le
comportement de sortie implique que la productivité future attendue va être décroissante avec
k it , menant à un biais négatif du coefficient du capital.
A la différence des méthodes d’estimation standard, Olley et Pakes (1996) ont pris en
compte ces problèmes. On va décrire la méthode d’estimation de l’algorithme, qui nécessite
trois étapes. Le travail est supposé être le seul facteur variable (alors son choix peut être
affecté par la valeur courante de ω it ). Les autres inputs, k it et ait , sont des facteurs fixes et
103
Chapitre 3
inputs. Cette équation (5) est basée sur l’hypothèse que l’investissement est strictement
monotone. En particulier, la solution au problème d’optimisation de la firme, de l’équation
cette période. Par conséquent, pour l’ensemble des valeurs ( I it , ait , k it ) pour lequel I it > 0, on
peut inverser l’équation (5) et écrire :
ω it = ht ( I it , ait , k it ). Avec ht = I t ( .)
−1
(7)
part sur le fait que ω it est l’unique variable d’état inobservable spécifique à la firme et d’autre
On fait une approximation de φ t (.) par une série de polynômes d’ordre n (n=4 dans
ce cas) ou par les méthodes de Kernel27. La première a été adoptée par Olley et Pakes (1996),
après avoir essayé les deux méthodes.
Le modèle partiellement linéaire dans l’équation (8) est un modèle à régression semi-
être non biaisé, puisque φ t (.) contrôle la productivité inobservable. Ainsi, le terme d’erreur
n’est plus corrélé aux inputs, ce qui élimine le biais de simultanéité.
27
La Kernel régression est une méthode de régression non paramétrique qui permet d’estimer l’espérance
conditionnelle d’une variable aléatoire. L’objectif est d’estimer une fonction non linéaire entre deux variables.
Pour chaque observation un nouveau modèle est calculé.
104
Chapitre 3
La 2nd étape : L’équation (8) ne nous permet pas de séparer les effets du capital et
ceux de l’âge sur la décision d’investissement de leurs effets sur l’output. Alors pour identifier
productivité est plus grande que le seuil ω t qui dépend de k it et ait . La probabilité de survie à
Pr{ χ it + 1 = 1 / ω t + 1 ( k it + 1 , ait + 1 ) , J it }
= Pr{ω it + 1 ≥ ω t + 1 ( k it + 1 , ait + 1 ) / ω t + 1 ( k it + 1 , ait + 1 ) , ω it }
= ℘ t {ω t + 1 ( k it + 1 , ait + 1 ) , ω it }
(10)
= ℘ t ( I it , ait , k it )
= Pit
∫ F ( dω )
t+ 1 it it + 1
ω t+ 1 it + 1 /ω it
ω t+ 1
Il faut noter que le terme biaisé dans l’équation (11), g(.), est une fonction avec deux
105
Chapitre 3
le marché ou de sortir (c.à.d, ω t+1 (.) ). Jusqu’à 1996, la plupart des modèles utilisés ont corrigé
le biais de sélection par l’utilisation des modèles avec un indice unique.
L’équation de sélection (10) peut être inversée pour exprimer ω t+ 1 en fonction de Pit
et ω it . On peut alors écrire g(.) comme une fonction de Pit (la probabilité que la firme se
La 3ème étape : En substituant Pit et φ t (.) , estimée à partir des deux premières étapes,
coefficients β a et β k . Cette dernière étape consiste à minimiser la somme des carrées des
résidus de cette équation :
Où
ξ it + 1 = ω it + 1 − E[ω it + 1 / ω it , χ it + 1 = 1]
g (ω t+ 1 ,ω it )= [
g ℘ t− 1 ( Pit , φ t − β a ait − β k k it ) , φ t − β a ait − β k k it ]
≡ g [ Pit , φ t − β a ait − β k k it ]
La fonction non connue g(.) est approximée par les séries de polynôme d’ordre n ou
par les méthodes de Kernel. ξ it +1 est considérée comme l’innovation dans le processus de
ω it +1 entre t et t+1. Cependant le capital utilisé à une période donnée k it +1 est supposé être
indépendant de toutes les variables connues au début de la période, cela signifie que ξ it + 1 est
106
Chapitre 3
Ainsi, pour remédier à cette limitation de la méthode d’Olley et Pakes, ils suggèrent
l’utilisation d’inputs intermédiaires comme proxy à la place de l’investissement. En effet, les
firmes qui produisent utilisent des inputs intermédiaires positifs comme l’électricité, le fuel ou
les matières premières. De plus ils sont moins coûteux à ajuster que l’investissement et ils
peuvent répondre de façon plus entière au choc de productivité que l’investissement.
Dans la méthode utilisée par Levinsohn et Petrin (2003), on s’efforce à estimer une
fonction de production combinant les deux techniques d’estimation paramétriques et non
paramétriques. Dans la procédure d’estimation, on utilise les matières premières comme
Proxy pour contrôler le biais de simultanéité qui apparaît lorsque le choix des inputs est
déterminé en partie par l’opinion qu’a la firme sur la productivité ω it , quand ces inputs
seront utilisés. Cette simultanéité viole les conditions de la méthode des moindres carrées
ordinaires (MCO) d’avoir des estimateurs non biaisés. Les auteurs n’ont pas essayé de traiter
le problème du biais de sélection, sachant que l’utilisation d’un panel non cylindré réduit ces
effets sur l’estimation.
107
Chapitre 3
On ajoute donc dans cette méthode une variable d’input, mit , qu’on nomme input
intermédiaire ( matériaux ou énergie). On écrit la fonction de production de type Cobb-
Douglas en logarithme :
La variable stock de capital est construite d’une manière différente de celle d’Olley et
Pakes, qui considèrent que l’investissement de l’année précédente entre dans le capital de
cette année. Levinsohn et Petrin considèrent que le stock de capital de cette année est
déterminé par le niveau d’investissement de cette même année.
K it = (1 − δ ) K it − 1 + I it
l’investissement) dépende de ω it .
en ω it pour tout kit pour le qualifier de bon Proxy. En effet, avec un stock de capital et de
travail donnés, plus le niveau de productivité est élevé, plus la firme utilisera de matériaux
puisqu’elle produira plus. Il faut noter que les prix des inputs et de l’output sont supposés
communs à toutes les firmes. Alors il est possible d’inverser la fonction de demande pour
108
Chapitre 3
polynômiale de troisième ordre en kit et mit . Il est possible d’avoir un estimateur non biaisé
Ce résidu doit interagir avec au moins deux instruments pour identifier les
E ( y it − β l l it − β m mit − β k k it − E ( ω it / ω it − 1 ) / k it ) = E (η it + ξ it / k it ) = 0 (21)
109
Chapitre 3
intermédiaire β m . Les auteurs utilisent le fait que le choix du niveau d’input intermédiaire de
Z it = { k it , mit − 1 , l it − 1 , k it − 1 , mit − 2 }
(
Finalement, on obtient les estimateurs βˆk , βˆm en minimisant la fonction : )
2
(
Q β ,β *
m
*
k ) = min ∑ 5
h= 1 ∑ (η it
ˆ ξ it ) Z hit
+ (23)
( β k* , β m* ) t
La productivité résiduelle totale des facteurs (PTF) est définie comme étant
Ainsi, plus cette mesure de l’efficience technique est élevée plus l’entreprise est
productive.
110
Chapitre 3
simultanéité, mais elle a plusieurs inconvénients. En effet, elle ne permet pas de dissocier
l’efficience technique du bruit statistique et elle nécessite l’utilisation d’une grande base de
données (nombre important de firmes).
2. L’ouverture économique
L’ouverture commerciale permet l’intensification de la concurrence ce qui peut
constituer un catalyseur de la croissance des économies. A l’échelle macroéconomique, elle
permet une meilleure allocation globale des ressources. Et à l’échelle microéconomique, cette
concurrence peut aider à la recherche de gains de productivité, à améliorer l’adaptation à la
demande et dans certains cas à accélérer le rythme de l’innovation. Il est alors utile de
comprendre les différentes mesures de l’ouverture et d’étudier sa relation particulière avec la
productivité qui constitue l’objet de notre étude empirique pour les industries manufacturières
tunisiennes.
111
Chapitre 3
Depuis la fin des années 80, les nouvelles théories de la croissance ont fourni un cadre
théorique important à l’idée que l’ouverture affecte positivement la croissance. Malgré le
nombre important de travaux empiriques sur le sujet, certains auteurs doutent de la robustesse
des conclusions de ces études. Selon Rodrik (1995)28, dans la plupart des travaux sur
l’ouverture et la croissance, l’indicateur utilisé relatif au régime commercial est très mal
mesuré et l’ouverture prise dans le sens d’absence de restrictions commerciales est souvent
confondue avec les aspects macroéconomiques du régime politique.
Les premières études comparatives entre pays sur l’ouverture ont utilisé des
indicateurs consistant dans un pourcentage exprimant le rapport d’une mesure de commerce
extérieur à un agrégat intérieur ou par son accroissement comme le ratio de dépendance
commerciale et le taux de croissance des exportations (Balassa, 1982)29 . Ces indicateurs
présentent plusieurs limites, puisqu’ils ne dépendent qu’en partie de la politique d’ouverture
et sont largement endogènes.
Alors, plusieurs auteurs ont essayé d’éviter ces problèmes en utilisant des
combinaisons de mesures ciblées sur certains aspects de la politique commerciale comme le
28
Rodrik, D., “ Trade policy and industrial policy reform.” In Behrman and Srinivasan (eds), Handbook
of Development Economics, Vol. 3B, Amesterdam : North Holland.
29
Balassa, B., “Development Strategies in Semi-Industrial Countries.” Oxford: Oxford University
Press.
112
Chapitre 3
niveau moyen des tarifs à l’importation, le pourcentage des importations soumis à des
restrictions quantitatives, les taxes à l‘exportation, le contrôle des changes, etc., pour tenter de
classer les pays selon leur degré de distorsion du commerce. Chaque indicateur est partiel et
ne rend pas compte de l’ensemble des instruments de la politique économique. Parmi les
études représentatives les plus connues de cette méthode on peut citer, celle du rapport sur le
développement dans le monde de la Banque Mondiale (1987) et celle plus récente de Sachs et
Warner (1995), où ils utilisent une variable muette qui signale le caractère ouvert ou fermé 30
d’un pays. Bien que cette étude ait constitué une amélioration par rapport aux autres
tentatives, la méthodologie de Sachs et Warner a été critiquée notamment sur la capacité des
critères retenus à constituer des indicateurs de politique d’ouverture, et sur le fait d’avoir une
classification binaire alors que la politique commerciale est par nature graduelle.
Comme la plupart des indicateurs ont fait l’objet de critiques, Edwards (1998) juge
alors, que la nature complexe de la politique commerciale (le commerce international peut
être affecté par les droits de douane, les quotas, les licences, les interdictions, les contrôles du
taux de change, les subventions,…) rend illusoire la tentative de construire un indice unique
du degré d’ouverture et va induire des contradictions. Selon lui, la relation entre croissance et
commerce ne pourra être considérée comme robuste que si elle est vérifiée sur un grand
nombre d’indicateurs de politique commerciale. Il va élaborer un indice synthétique, au
moyen d’une analyse des informations fournies par 9 indicateurs d’ouverture31, pour tester le
pouvoir explicatif des différents indicateurs particuliers de la politique d’ouverture sur la
croissance de la productivité des facteurs.
Toutefois, les différents indicateurs n’aboutissent pas au même classement, car ils
reflètent des réalités différentes. Cette idée est mise en évidence dans les travaux de Pritchett
(1996) qui montrent que les indicateurs employés ne sont que très faiblement corrélés entre
eux.
Rodriguez et Rodrik (1999) ont présenté une critique rigoureuse de ces indicateurs
composites qui porte sur la robustesse des conclusions empiriques de ces travaux.
30
Un pays i est considéré l’année t comme fermé s’il remplit au moins un des cinq critères suivants : (1)
un taux moyen de tarifs douanier supérieur à 40 % ; (2) des barrières non tarifaires couvrant plus de 40 % des
importations ; (3) une prime sur le marché parallèle des changes supérieure à 20 % sur une période de dix ans
( soit les années 1970, soit les années 1980) ; (4) existence d’un système économique socialiste ; (5) existence
d’un monopole d’Etat sur les principales exportations.
31
Les indicateurs d’ouverture utilisés sont : l’indice de Sachs et Warner ; l’indicateur du rapport sur le
développement dans le monde de la Banque Mondiale ( 1987) ; l’indicateur de Leamer ; la prime moyenne sur
le marché parallèle des changes ; Le tarif moyen à l’importation pour les produits manufacturés ; la couverture
moyenne des barrières non tarifaires ; l’indice de distorsion dans le commerce international de Heritage
Foundation ; le ratio des revenus des taxes sur le commerce extérieur à la valeur du total du commerce ; l’indice
de distorsion dans les importations de Wolf.
113
Chapitre 3
Siroën (2000) a détaillé les différents types d’indicateurs les plus utilisés, par référence
aux travaux de Baldwin (1989) qui propose une typologie des indicateurs d’ouverture
commerciale, dont la première est fondée sur les instruments de politique commerciale
comme la dispersion des tarifs douaniers ou la fréquence des barrières non tarifaires. La
deuxième s’appuie sur l’écart entre un résultat constaté, en termes de flux commerciaux ou de
prix des biens, et le résultat prévisible lorsque l’Etat n’applique aucune barrière au commerce.
La classification de Siroën, permet de distinguer les indicateurs qui isolent le niveau
absolu de l’ouverture commerciale de ceux qui apprécient l’ouverture d’un pays relativement
à un ou des partenaires commerciaux.
A. Les indicateurs d’ouverture absolue : sont traditionnellement les plus utilisés. Ils
permettent de mesurer directement le degré d’ouverture d’un pays au commerce
extérieur, soit en analysant les résultats des ratios d’ouverture, soit en étudiant
directement les différentes mesures de protection adoptées par le pays considéré.
Le ratio d’ouverture : est fréquemment utilisé dans les études empiriques.
( Xi +Mi ) 32
Le rapport permet d’indiquer le degré de dépendance d’un
PIBi
pays i au commerce extérieur. Il présente plusieurs limites. Tout d’abord au
niveau de la construction du ratio, qui met en rapport une production au
numérateur et une valeur ajoutée au dénominateur. Ceci peut introduire un
biais en faveur de pays massivement réexportateurs qui importent des biens
intermédiaires ou des produits semi-finis qui seront incorporés dans les
exportations. Puis la politique industrielle et commerciale appliquée peut
introduire des distorsions et peut entraîner une augmentation artificielle du
ratio. Mais la principale critique adressée au ratio d’ouverture, c’est qu’il
peut dépendre de beaucoup de facteurs autres que les politiques
commerciales comme la taille, la structure des avantages comparatifs et la
configuration géographique. En effet, les plus grands pays sont moins
dépendants du commerce extérieur et les pays qui détiennent des ressources
naturelles abondantes le sont davantage. Or ces éléments sont indépendants
de la politique commerciale du pays.
La mesure directe : elle consiste à évaluer directement les mesures des
obstacles aux échanges. Mais celles-ci posent quelques problèmes
32
X i et M i représentent respectivement les exportations et les importations du pays i.
114
Chapitre 3
33
Les indices de restrictivité commerciale (Trade Restrictiveness indexes) comme l’OTRI ont été
développés par Anderson et Neary dès 1992 pour la Banque Mondiale, en permettant d’évaluer l’écart entre le
prix domestique de chaque pays importateur et le prix mondial par produit et en moyenne. Par la suite Kee et
Alii (2006) ont pu apporter des améliorations à cette méthode pour mieux mesurer la protection d’un pays.
115
Chapitre 3
34
Les coûts de transports, les désajustements de taux de change, les différences d’élasticité prix ou
d’élasticité revenue et les comportements stratégiques des firmes sont tous des facteurs qui expliquent l’écart des
prix.
116
Chapitre 3
117
Chapitre 3
changements dans le taux de croissance de la productivité. Nous allons donc nous tourner
vers des modèles dynamiques.
Pour estimer la pertinence des modèles analytiques et dynamiques, on va s’intéresser à
la question suivante : comment se fait la diffusion des technologies ?
- Le transfert des technologies via le commerce : toutes choses étant égales par
ailleurs, les politiques orientées vers l’extérieur sont susceptibles de faciliter la
croissance à long terme si les technologies sont diffusées à travers l’échange
international. Les pays en développement peuvent acquérir de nouvelles
technologies en important les méthodes et les techniques utilisées dans les pays
développés ou simplement en développant des produits intermédiaires et des
moyens de production innovants qui sont acquis sur les marchés étrangers. Ils
peuvent aussi apprendre de leurs clients étrangers avec lesquels ils commercent
les différents designs de produits et les techniques de management. Une fois les
nouvelles technologies étrangères acquises à travers ces diverses voies, elles
peuvent être diffusées aux autres firmes domestiques qui ne sont pas directement
engagées dans le commerce extérieur.
Il existe de très faibles preuves au niveau micro-économétrique de l’augmentation de
la productivité due aux effets de l’importation de produits intermédiaires et de biens
d’équipements sophistiqués, bien que les pays en développement en importent beaucoup.
Plusieurs études (Handoussa, Nishimizu et Page (1986) ; Tybout et Westbrook (1995))
signalent l’existence d’une corrélation positive, mais faibles entre l’accès à l’importation de
produits intermédiaires et la performance. Ces importations peuvent donc être le moyen à
travers lequel le commerce diffuse les technologies.
Plus de preuves détaillées sont nécessaires sur l’acquisition des nouvelles technologies
via les exportations. Plusieurs études, en s’appuyant sur les effets de l’apprentissage par les
exportations, dans une comparaison de la productivité des exportateurs des pays en
développement avec celle des autres pays dans la même industrie, trouvent que les
exportateurs ont de meilleures performances que les non exportateurs. C’est pourquoi la
corrélation dans un échantillon représentatif entre les exportations et l’efficience peut refléter
une causalité dans un sens ou dans l’autre ou dans les deux.
- Le transfert technologique à travers les IDE : Même si elles ne sont pas elles mêmes
innovantes, les filiales des multinationales dans les pays en développement peuvent
transmettre leur expertise aux firmes locales à travers les mêmes canaux de diffusion que ceux
mentionnés en relation avec les exportateurs. En effet, les externalités provenant des IDE
118
Chapitre 3
semblent être bénéfiques pour les pays hôtes, plusieurs études ont montré que les firmes à
participation étrangère sont plus productives que celles appartenant à des concurrents
domestiques (Haddad et Harrison (1993)). Mais la présence des IDE a un impact positif sur la
productivité des firmes locales comme l’ont montré les études du secteur manufacturier de
pays comme l’Australie, le Canada et le Mexique. Il existe en revanche des cas où les effets
externes sont non significatifs comme dans le cas des firmes manufacturières au Venezuela
(Aitken et Harrison (1999)). Ces retombées négatives sur les firmes locales peuvent refléter
les effets défavorables des IDE, à cause de la concurrence et également à cause du fait que les
effets externes des IDE peuvent ne pas être positifs dans les pays en développement, où les
firmes ne possèdent pas une grande capacité d’absorption.
Dans la théorie classique du commerce international, les gains du commerce sont dus
à la spécialisation selon les avantages comparatifs. Dans la nouvelle théorie du commerce
international, les gains suite aux échanges commerciaux augmentent suite à la combinaison
des économies d’échelle et la diversité de variétés de produits disponibles aux
consommateurs. Cependant, l’analyse empirique de la libéralisation commerciale au niveau
de la firme, apporte une source additionnelle de gains qui est la croissance de la productivité
générée par la contraction et la sortie des firmes les moins productives et l’expansion et
l’entrée sur les marchés à l’exportation des firmes les plus productives. Cette réallocation des
ressources augmente la productivité moyenne de l’industrie.
Dans la littérature récente, le sujet qui a reçu une attention particulière est celui qui
s’intéresse à la relation entre la productivité au niveau de la firme et l’entrée et la survie sur
les marchés d’exportation. Il existe aujourd’hui plusieurs analyses empiriques basées sur les
travaux de Bernard et Jensen (1995), pour de nombreux pays développés et en
développement. L’interaction entre les coûts fixes et l’hétérogénéité des firmes a été l’élément
clé dans ces analyses.
119
Chapitre 3
L’axiome selon lequel il existe des coûts fixes d’entrée sur les marchés d’exportation
(recherche de marché, adaptation des produits, mise en place de canaux de distribution…) a
été modélisé initialement par Clerides et al. (1998). Dans leur modèle, les firmes les plus
productives avec de faibles coûts marginaux ont les profits les plus élevés mais ce ne sont pas
toutes les firmes qui exportent. Seules les firmes avec un profit suffisamment élevé pour
couvrir les coûts fixes d’entrée sur les marchés d’exportation peuvent exporter. Ce résultat
amène à la conclusion que l’auto-sélection est fondamentale pour exporter. Ce qui suppose
que les firmes vont augmenter leur productivité avant d’entrer. Ainsi, il existe une relation
directe entre la productivité et le fait d’exporter.
Clerides et al. (1998) ont aussi envisagé la possibilité de l’apprentissage par les
exportations. Ce qui signifie, qu’une fois la firme entrée sur les marchés d’exportation, sa
croissance de la productivité va augmenter encore plus. Les auteurs ont présenté un modèle
avec un déplacement vers le haut du processus stochastique qui détermine la productivité de
la firme.
120
Chapitre 3
Depuis une dizaine d’années plusieurs études ont accordé une attention particulière au
sens de causalité entre l’exportation et les changements de la productivité des firmes. Ces
travaux permettent la comparaison entre les firmes exportatrices et non exportatrices. Les
hypothèses qui sont examinées pour comprendre cette relation sont les suivantes :
- Hypothèse 1 : les entreprises les plus productives vont exporter c’est l’effet
d’auto-séléction .
- Hypothèse 2 : les exportations améliorent la productivité, on
parle alors de l’effet d’apprentissage par l’exportation (learning by
exporting).
Pour comprendre le rôle de l’ouverture internationale, ou plus précisément, le rôle des
exportations dans la croissance de la productivité, il est nécessaire d’étudier la relation de
causalité entre les exportations et les mesures de la performance incluant la productivité. Il
existe deux explications théoriques de la corrélation positive entre l’exportation et la
productivité, qui sont les suivantes :
Hypothèse 1 : Les firmes les plus productives font de l’auto-sélection sur le marché
orienté à l’exportation. La causalité va dans le sens de la productivité vers l’exportation. En
effet, dans le but de vendre des marchandises à l’étranger, les producteurs doivent supporter
des coûts additionnels comme les coûts de transport, les dépenses de modification pour
s’adapter à la réglementation étrangère et les coûts d’installation pour créer un réseau de
distribution. Avec toutes ces dépenses, seuls les producteurs les plus rentables, sont capables
de couvrir les frais d’entrée sur les marchés extérieurs. Sa validité empirique est mise en
évidence, en examinant, avant d’entrer, la différence de productivité entre les firmes qui
commencent à exporter et les non exportatrices. Si les firmes les plus performantes
deviennent exportatrices, alors on prévoit un résultat montrant des différences significatives
dans la performance entre les futurs exportateurs (starters) et les futurs non exportatrices
plusieurs années avant que quelques une ne commencent à exporter. Pour analyser cette
hypothèse, l’une des méthodes classiques est de sélectionner les firmes qui n’exportent pas
entre la date (t-3) et (t-1), puis de calculer la différence moyenne de la productivité du travail
entre les firmes qui devraient exporter à la date t et celles qui n’exportent pas à la date t, soit :
Où PT est la productivité du travail de la firme i à la date (t-1) et (t-3), Export est la variable
muette qui exprime le fait d’exporter ou non (égale à 1 si la firme exporte à la date t et 0
121
Chapitre 3
sinon), Control est le vecteur des variables de contrôle à la date 0 (des variables muettes pour
l’industrie, la région, la taille de la firme et l’année) et e est le terme d’erreur. Le coefficient
β estimé montre si les futures firmes exportatrices sont plus productives que les firmes non
exportatrices pendant les années antérieures à la période d’exportation.
Pour tester l’hypothèse que l’entrée sur les marchés d’exportation permet d’améliorer
la productivité, on analyse les différences de croissance de la productivité après l’entrée sur
les marchés d’exportation entre les starters et les non exportateurs. Pour cela on analyse le
coefficient estimé β 1 .
122
Chapitre 3
Finalement pour voir la différence de productivité entre les entreprises qui s’arrêtent
d’exporter (stop) et celles non exportatrices, il faut analyser le coefficient β 3 (on s’attend à ce
qu’il soit négatif).
Plusieurs études empiriques ont essayé de montrer la validité de chacune de ces deux
causalités. Les premières études faites sur ce sujet ont montré que les exportateurs sont plus
productifs que les non exportateurs avant de commencer à exporter, ce qui semble indiquer
que la corrélation entre exportation et productivité reflète partiellement un effet d’auto-
sélection. En particulier Clerides, Lach et Tybout (1998) trouvent très peu de preuves que
l’exportation passée améliore la performance des entreprises en Colombie, au Mexique et au
Maroc. Des résultats similaires ont été établis par Aw, Chung et Roberts (2000) et Aw, Chen
et Roberts (1997) pour Taiwan, Bernard et Jensen (1995, 1999b) pour les Etats Unis.
A l’inverse les preuves en faveur des effets d’apprentissage sont plus rares. Les études
mentionnées ci-dessus trouvent aussi que dans la plupart des industries, la différence
d’efficacité entre les exportateurs et les non exportateurs ne croît pas constamment, ce qui
veut dire que l’apprentissage n’est pas un phénomène durable. Cependant, les firmes dans
diverses industries présentent des gains relatifs d’efficacité après être devenues exportatrices,
donc l’hypothèse de l’apprentissage par l’exportation ne peut pas être écartée totalement.
Ainsi l’étude de Clerides, Lach et Tybout (1998) a essayé de répondre aux questions
suivantes : Est ce que les firmes deviennent plus efficientes en devenant exportatrices ? Est ce
que les entreprises exportatrices génèrent des externalités positives pour les producteurs
orientés vers le marché local ? La méthodologie utilisée pour détecter ces effets
d’apprentissage est fondée sur l’idée que si exporter génère des gains d’efficience, alors les
firmes qui commencent à exporter vont présenter un changement dans leur processus
stochastique qui gouverne la croissance de leur productivité. Donc les trajectoires de leur
productivité doivent s’améliorer après l’entrée sur les marchés étrangers. De même, si la
présence des exportateurs génère des externalités positives, les firmes non exportatrices dans
la région où l’industrie est concernée devraient présenter des changements de leur coût quand
le nombre d’exportateurs augmente.
123
Chapitre 3
entrées sur les marchés d’exportation ou qui en sont sorties. Précisément les auteurs
comparent les trajectoires de productivité de ces diverses populations.
En vue de voir la forme finale des solutions, les auteurs ont essayé de discuter leurs
implications en utilisant des simulations. Sous certaines hypothèses de chocs exogènes de la
productivité et de la demande, les simulations montrent que :
Les non exportateurs qui bénéficient des plus grands chocs positifs de
productivité entreront sur les marchés étrangers (effet d’auto-sélection).
Les exportateurs qui subissent des chocs négatifs de productivité devront sortir
des marchés étrangers.
Les auteurs vont effectuer aussi des tests économétriques sur les effets d’apprentissage.
Pour tester si l’association entre l’exportation et l’efficience reflète plus qu’une auto-
sélection, les auteurs ont estimé simultanément une fonction de coût autorégressive avec une
équation dynamique. Celle-ci caractérise les décisions de participation aux marchés à
l’exportation. Les résultats montrent que le « learning by exporting » existe uniquement dans
les industries de l’habillement et du cuir au Maroc, alors que l’expérience résultant de
l’exportation pour les autres n’a eu aucun effet sur les coûts.
Concernant les externalités, les auteurs ont trouvé que la présence d’entreprises déjà
exportatrices peut faciliter le changement d’orientation des firmes qui vendent sur le marché
local, dans le sens d’un mouvement vers les marchés étrangers. Ils ont aussi montré que,
toutes choses étant égales par ailleurs, les coûts de production deviennent plus faibles dans les
régions de la Colombie où il y a eu une augmentation de l’activité d’exportation. Une
interprétation possible est que les exportateurs deviennent plus efficients en étant présents sur
124
Chapitre 3
les marchés étrangers, mais les producteurs orientés vers les marchés locaux sont capables de
bénéficier de ces réductions de coût.
Bernard et Jensen (1999b) dans leur étude des firmes américaines ont trouvé que la
croissance de la productivité des firmes exportatrices n’est pas significativement différente de
celle des non exportatrices, et ce résultat est indépendant de la mesure choisie de la
productivité, soit la productivité du travail, soit la productivité totale des facteurs. Bien que
Bernard et Jensen (1999b) signalent que les nouveaux entrants sur le marché à l’exportation
ont connu des améliorations de leur productivité au voisinage de la période d’entrée, ces gains
ont été de courte durée. En faisant des tests sur la performance antérieure à la période
d’exportation, les auteurs ont constaté que :
• Sur un horizon d’une année les exportateurs ont connu des améliorations
significatives de leurs performances (emploi, ventes, productivité) ;
• Pour des intervalles de temps plus longs, les bénéfices des exportateurs
sont difficiles à localiser et se limitent à la croissance de l’emploi.
L’hypothèse d’auto-sélection est basée sur la comparaison entre les firmes
exportatrices et les non exportatrices.
Une étude similaire existe sur la Corée de Aw, Chung et Roberts (2000), dans laquelle
ils signalent qu’ils n’ont trouvé aucune preuve forte qui supporterait l’hypothèse d’auto-
sélection ou celle de learning by exporting. Ce résultat concernant la Corée est très différent
de celui des autres pays et contredit ceux de l’étude empirique de Chin Hee Hahn (2004) qui
présente une corrélation solide et robuste. Les auteurs proposent deux explications pour
l’absence de productivité fondée sur les effets d’auto-sélection :
- Quand la profitabilité attendue à long terme est un facteur qui influence la
décision d’exporter, la productivité peut ne pas être un bon indicateur pour mesurer la
performance des entreprises coréennes à cause de l’hétérogénéité des producteurs.
- La subvention accordée par le gouvernement coréen aux secteurs exportateurs,
perturbe le lien qui pourrait exister entre productivité et décision d’exporter.
En prenant en compte les différentes études sur la relation entre l’ouverture et la
croissance, il faut essayer d’expliquer comment l’ouverture économique améliore le niveau de
productivité à long terme et le taux de croissance, dans une optique d’étude des opportunités
qu’offre l’ouverture.
125
Chapitre 3
L’étude de Chin Hee Hahn (2004) analyse la relation entre les exportations et les
différentes mesures de la performance, incluant la productivité totale des facteurs (TFP), au
niveau des entreprises manufacturières coréennes.
Il a montré l’existence des deux effets, qui sont d’ailleurs plus prononcés durant la
période d’entrée et de sortie du marché à l’exportation que dans la période où elles sont
présentes. Cette corrélation positive et significative entre l’exportation et la TFP a été justifiée
par les effets d’apprentissage et de sélection.
Pour montrer l’effet d’auto-sélection, Chin Hee Hahn a commencé par examiner et
comparer les différentes caractéristiques des firmes exportatrices et non exportatrices, avant
de commencer à exporter, telles que l’emploi, les ventes, la production par travailleur, la
valeur ajoutée par travailleur, la TFP, le capital par travailleur, le salaire moyen, la part de
recherche et développement dans les ventes, la part des exportations dans les ventes, la
croissance des exportations. Il a divisé l’échantillon en deux sous périodes de 1990 à 1994 et
de 1995 à 1998, puis il a sélectionné toutes les firmes qui n’exportent pas pendant la première
période, ensuite il a comparé les niveaux initiaux et les taux de croissance des mesures de
performance pour les exportateurs et les non exportateurs à ceux de l’année finale 1994.
Enfin, il a comparé les TFP de 1990 entre deux groupes de firmes, celles qui commencent à
exporter en 1994 et continuent par la suite et celles qui n’ont jamais exporté tout au long de la
période de 1990 à 1998.
Pour montrer l’effet de learning by exporting, l’auteur doit examiner si les
exportations améliorent la performance durant des horizons de temps différents. Dans ce cas
la mesure de performance la plus intéressante est la TFP, car si des retombées technologiques
ou de connaissances sont associées à l’activité d’exportation, elles devraient se traduire en
premier lieu dans la TFP. Il a considéré dans l’analyse deux autres variables qui sont l’emploi
et la valeur des ventes. Pour cela, il a classé les firmes en 5 catégories qui sont :
Les firmes qui exportent tout au long de la période d’analyse :
« always » ;
Les firmes qui n’ont jamais exporté : « never » ;
Le groupe qui est sorti du marché à l’exportation et n’est plus rentré de
nouveau : « stopper » ;
Le groupe qui a commencé à exporter au début de la période et le reste
par la suite : « starter » ;
Les firmes qui ont changé de situation plus que 2 fois durant la période
étudiée : « others ».
126
Chapitre 3
Les résultats trouvés montrent que l’effet d’apprentissage est de court terme au niveau
des producteurs pris individuellement, mais au niveau de l’économie dans son ensemble,
exporter permet l’amélioration de la productivité agrégée.
127
Chapitre 3
productivité dans l’industrie. Une fois les coûts d’entrée payés, la productivité de la firme est
obtenue comme résultat d’une distribution de probabilité. Ceci-ci détermine si la firme de fait
produit et exporte ou non. Les exportations augmentent les profits attendus, ce qui induit plus
d’entrées sur le marché des exportations et pousse les firmes les moins efficaces à sortir. De
plus, les coûts de l’exportation sont tels que, pour les firmes déjà existantes dans une
industrie, seules celles qui dégagent une productivité supérieure à un certain seuil trouvent
profitable d’exporter.
Dans ce modèle, la réduction des barrières à l’échange augmente les profits que les
exportateurs existants peuvent gagner sur les marchés extérieurs et réduit le niveau du seuil de
productivité à l’export à partir duquel l’entreprise exporte. La demande de travail au sein de
l’industrie va augmenter, grâce à l’expansion des exportateurs existants et grâce à l’entrée des
nouvelles firmes. Cette augmentation de la demande de travail fait monter les prix des
facteurs et réduit les profits des firmes non exportatrices. Cette baisse des profits sur le
marché domestique pousse certaines firmes ayant une faible productivité à sortir du marché.
Cette sortie des firmes les moins productives, et la réallocation de l’emploi vers les firmes les
plus productives, vont permettre l’augmentation de la productivité moyenne au sein de
l’industrie. De plus, exporter permet une expansion des firmes les plus productives et la
contraction des firmes les moins productives. Cet effet de réallocation permet d’améliorer la
productivité moyenne de l’industrie.
Les modèles avec hétérogénéité des firmes permettent de traiter de nombreuses
questions sur le plan empirique. Ils mettent en évidence les interactions entre l’hétérogénéité
des firmes et le commerce international, avec l’avantage d’une meilleure productivité pour les
exportateurs expliqué par l’auto-sélection des firmes les plus productives pour l’exportation.
La réallocation des ressources des firmes les moins productives vers les firmes les plus
productives génère des améliorations de la productivité agrégée. Durant ce changement, les
exportateurs vont augmenter plus rapidement que les non exportateurs en termes de taille et
d’emploi. Les modèles décrivent simultanément une destruction et une création d’emplois au
sein des industries à cause de la sortie des firmes les moins productives et l’expansion des
plus productives.
Le modèle de Bernard, Eaton, Jensen et Kortum (2003) apporte un éclairage différent
de celui de Melitz (2003). Dans leur modèle, les firmes sont en concurrence monopolistique.
Chaque pays réunit de multiples producteurs potentiels de chaque bien avec des niveaux de
productivité différents. Les différences entre firmes se situent dans leur niveau de marge (la
différence entre le prix et le coût marginal), sachant que les rendements d’échelle sont
128
Chapitre 3
constants. Les auteurs ont montré que la levée des barrières aux importations permet une
réduction des prix des intrants importés, ce qui entraine une baisse du prix du bien. La
diminution des coûts de production permet aux firmes d’appliquer des prix plus bas, poussant
les firmes non exportatrices à faible productivité à sortir du marché, en raison de
l’intensification de la concurrence des importations. Mais cette baisse des coûts de l’échange
va permettre aux entreprises à forte productivité d’entrer sur les marchés d’ exportation.
Le modèle de Melitz (2003) est actuellement développé de différentes façons.
Helpman et al. (2004) ont apporté une extension au modèle de base en considérant la décision
d’établir une filiale à l’étranger. L’hétérogénéité des firmes permet de faire la différence entre
les firmes d’une même industrie et de déterminer laquelle exporte et laquelle devient une
multinationale. Comme on l’a vu précédemment les coûts fixes d’entrée sur les marchés
d’exportation incluent les coûts de distribution, de recherche de marché, etc, en plus des coûts
de transport. Les coûts fixes des investissements directs étrangers (IDE) sont la duplication
des coûts pour mettre en place une usine nouvelle semblable à l’usine domestique. Ces coûts
sont supposés être plus importants que ceux relatifs à l’entrée sur les marchés d’exportation.
Ainsi, l’hétérogénéité de la productivité assure l’auto-sélection des firmes, puisque seules les
firmes les plus productives deviennent des multinationales. Celles avec une productivité
moyenne vont exporter et les moins productives vont rester sur le marché domestique.
D’autres travaux ont apporté des extensions au modèle de Melitz, en prenant en
compte les asymétries entre pays. Melitz et Ottaviano (2003) ont examiné les différences au
niveau de la concurrence entre pays (contrôlés par les différences de taille) suite à une
libéralisation commerciale. Ils ont trouvé qu’à cause d’une concurrence plus intense dans un
grand pays, le choix des produits est plus important, la productivité moyenne est plus élevée,
mais la survie des firmes est faible à cause des nouveaux entrants, dont la probabilité de sortie
est plus élevée.
Plus récemment, Yeaple (2005) a présenté un modèle différent des modèles de Melitz
(2003) et Bernard et al. (2003), puisqu’il considère que l’entrée des firmes sur les marchés
d’exportation n’est pas exogène. Il présente un modèle statique à un seul facteur de
production avec produits différenciés. Il a introduit un modèle avec des firmes homogènes,
avant qu’elles n’entrent sur le marché des exportations, qui investissent dans les nouvelles
technologies. Mais ces firmes diffèrent selon leur coût de revient unitaire. L’existence de
travailleurs avec des niveaux de compétences différents sur un marché de travail en
concurrence parfaite, implique que certaines firmes vont adopter des technologies à faibles
coûts et d’autres des technologies, à coûts élevés. Contrairement aux modèles précédents,
129
Chapitre 3
l’hétérogénéité du modèle de Yeaple (2005) repose sur le fait que les firmes prennent des
décisions différentes au regard des technologies utilisées.
Dans ce cadre, quand l’économie est ouverte, l’échange international est coûteux.
Puisque les firmes qui souhaitent exporter vont devoir faire face à un coût fixe et un coût de
transport. Donc elles doivent choisir de s’engager ou non dans le commerce international en
plus de servir le marché domestique. Seules celles qui utilisent des technologies à plus bas
coût de revient par unité, et qui, par conséquent peuvent vendre une grande quantité à un prix
rentable, entrent sur les marchés d’exportation. Ainsi, seules les firmes produisant avec de la
haute technologie vont pouvoir exporter. Ces firmes qui exportent sont donc les plus grandes,
celles qui utilisent la technologie la plus avancée et payent des salaires plus élevés.
Ainsi, une baisse du coût de l’échange peut pousser centaines firmes à passer d’une
technologie à coût élevé vers une technologie à faible coût, ce qui se traduit par une
augmentation de la productivité mesurée au niveau de la firme.
Comme on l’a déjà vu, la théorie insiste sur les différences des caractéristiques de
performance entre les exportateurs et les non exportateurs. Mais est ce que ces différences
résultent de la décision d’exporter ou est ce que seules les firmes les plus efficaces deviennent
exportatrices ? Cette question de causalité entre exportation et productivité est apparue en
partie dans le débat sur la relation entre ouverture et croissance au niveau macroéconomique,
mais elle a été plus particulièrement traitée dans la littérature microéconomique sur les
exportations.
130
Chapitre 3
Pour savoir si les nouveaux exportateurs apparaissent déjà comme ayant les
caractéristiques appropriées qui leur permettent de devenir exportateurs, on peut tester si
l’augmentation de la productivité associée à l’entrée sur les marchés d’exportation est
expliquée par la décision de devenir exportateur.
Pour mettre en évidence cet effet d’auto-sélection, il faut étudier les caractéristiques
initiales de la firme qui affectent sa probabilité de commencer à exporter. On estime
l’équation suivante:
Avec X it est une variable muette égale à 1 si la firme exporte en t. Z it − 1 est le vecteur
des caractéristiques de la firme en t-1 (PTF, taille, capitaux étrangers, licences étrangères, âge
Les travaux théoriques, comme ceux de Melitz (2003) et Bernard et al. (2003),
supposent que la productivité est exogène et montrent que seules les firmes les plus
productives peuvent entrer sur les marchés étrangers en ayant les moyens de supporter les
coûts de l’échange fixes et/ou variables. Dans ce contexte, la politique commerciale peut
affecter la productivité en permettant une réallocation de la production des firmes les moins
productives vers les firmes les plus productives. Cependant, dans ce cas, il n’y a pas d’effet
sur la productivité au niveau de la firme.
Lopez (2004) a proposé l’idée que l’auto-sélection dans les pays en développement
puisse être un processus conscient par lequel les firmes augmentent leur productivité, avec
l’objectif explicite de devenir des firmes exportatrices. La raison principale est que dans ces
pays les biens produits pour les marchés d’exportation, en particulier ceux des pays
131
Chapitre 3
développés, sont souvent d’une meilleure qualité que les biens similaires produits pour le
marché local. Ainsi, les firmes qui veulent se focaliser sur les marchés internationaux ont
besoin d’acheter de nouvelles technologies et d’investir dans de nouveaux capitaux pour
pouvoir produire un bien de meilleure qualité destiné à l’exportation. L’introduction de ces
nouvelles technologies augmente la valeur de l’output produit par les exportateurs, d’où
l’augmentation de la productivité mesurée relativement aux firmes non exportatrices, sachant
que celles-ci continuent à produire des biens de faible qualité pour le marché domestique.
Lopez (2004) a développé un modèle simple dans lequel les firmes investissaient dans
de nouvelles technologies dans l’intention de devenir des firmes exportatrices. L’adoption de
ces technologies nécessite de la maîtrise et de l’apprentissage, que seules les firmes les plus
productives peuvent accomplir. Ainsi, l’auteur montre qu’il existe certes de l’auto-sélection,
mais que celle-ci implique une décision consciente pour augmenter la productivité. Ainsi,
l’idée que l’entrée sur les marchés d’exportation est un processus non exogène a été appuyée
théoriquement par le modèle de Yeaple (2005).
Pour analyser l’hypothèse d’auto-sélection consciente, Alvarez et Lopez (2005)
proposent d’étudier le comportement des firmes qui font la transition en produisant
exclusivement pour le marché domestique en les comparant à celles produisant pour le
marché des exportations, comparées aux firmes non exportatrices. Si cette hypothèse est
correcte, on devrait observer que les firmes qui font la transition font des investissements dans
de nouvelles technologies qui leur permettent de produire des biens de haute qualité. Ainsi,
les firmes qui deviennent exportatrices dans le futur doivent commencer par investir dans du
capital physique avant d’entrer sur les marchés d’exportation. Ils estiment donc la même
équation (1) que celle de l’effet d’auto-sélection, en ajoutant l’investissement comme variable
qui affecte la décision d’exporter.
L’intervention de l’Etat pour promouvoir les exportations (zones de libre échange,
incitations fiscales,…) est un engagement très répandu dans l’établissement des nouvelles
politiques commerciales, qui a été historiquement porté par l’idée que la croissance des
exportations et la croissance de la production sont positivement corrélées. La littérature
empirique a permis d’appuyer cette corrélation positive, en prenant comme argument
l’évidence macroéconomique. Au niveau microéconomique, Lopez (2005) a affirmé cette
preuve empirique. Il affirme que même si l’auto-sélection des firmes est la clé pour entrer sur
les marchés d’exportation, elle peut, cependant, être une auto-sélection consciente,
spécialement dans les pays en développement. En effet, il appuie l’idée que les firmes
améliorent consciemment leur productivité, en ayant à l’esprit l’ouverture sur les marchés
132
Chapitre 3
extérieurs, plutôt que les meilleures firmes entrent sur les marchés d’exportation. Ainsi,
l’intervention de l’Etat en réduisant les barrières à l’exportation peut stimuler plus l’effet
d’auto-sélection consciente et permet ainsi une augmentation de la productivité.
133
Chapitre 3
est reliée aux caractéristiques observables de la firme et aux effets de la firme non observables
et non variables dans le temps.
Plusieurs variantes de l’équation (26) ont été estimées dans la littérature, en utilisant
des données des pays industrialisés et des pays en développement, en considérant des groupes
divers de « treatment » et de « contrôle » et différents horizons de temps (T). Par exemple
Bernard et Jensen (1999) définissent leurs groupes de « treatment » comme les firmes
manufacturières américaines qui exportent à l’année du début de l’échantillon et estiment
l’équation (26) en utilisant différentes périodes de temps (1984-1988), (1989-1992) et (1984-
1992) et différents horizons de temps, le court terme (T=1), le moyen terme (T=3,4) et le long
terme (T=8).
Une extension de l’équation (1) développée dans la littérature a consisté à inclure plus qu’une
variable indicatrice identifiant différents groupes « treatment ». Bernard et Jensen (1999), par
exemple, considèrent trois groupes :
1) Les firmes qui n’exportent pas à t = 0, mais exportent à t = T, ce sont les entrants ;
2) Les firmes qui exportent dans les deux années, ce sont les exportateurs permanents ;
3) Les firmes qui exportent à t= 0 et n’exportent pas à t = T, ceux qui abandonnent.
Le groupe de « contrôle » est constitué par les firmes qui n’exportent dans aucune année.
Alors que tous les chercheurs ont estimé des variantes de l’équation (26) en utilisant
les MCO, Delgado et al. (2002) utilisent une méthode non paramétrique pour comparer les
distributions de la croissance de la productivité pour les exportateurs et les non exportateurs
manufacturiers espagnols durant la période (1991-1996). L’estimation est exécutée
134
Chapitre 3
séparément pour les sous ensembles de grandes et petites firmes. Les auteurs ne peuvent pas
rejeter l’hypothèse nulle que la croissance de la productivité est plus importante pour les
exportateurs que pour les non exportateurs quand l’échantillon inclut uniquement des firmes
jeunes (celles qui ont commencé leurs processus de production entre 1986 et 1991). Ce
résultat est valide pour les petites et grandes firmes jeunes.
effets d’entrée sur le marché à l’export nécessite une démarche contrafactuelle. On note ∆ YiT
1
commencé à exporter. L’effet d’entrée est capté par ∆ YiT − ∆ YiT . Nous pouvons essayer de
1 0
connaître l’effet moyen résultant du fait de commencer à exporter sur la performance défini
comme étant la différence attendue pour les sous ensembles de firmes qui sont entrées
actuellement sur le marché à l’export :
[ ]
E ∆ YiT1 − ∆ YiT0 / Diτ = 1 = E[∆ YiT1 / Diτ = 1] − E[∆ YiT0 / Diτ = 1]
exportateurs, E[∆ YiT / Diτ = 1] − E[∆ YiT / Diτ = 0] . Cependant, cette différence apporte une
1 0
faible estimation de la relation de cause à effet de l’entrée sur le marché à l’export sur la
performance si, la théorie et la preuve empirique, suggèrent que les exportateurs ont des
caractéristiques très différentes des non exportateurs. Des méthodes adaptées identifient un
sous ensemble de non exportateurs qui est similaire à la population des entrants sur le marché
à l’export avant d’y entrer, où les similarités sont basées sur les caractéristiques observables
de la firme. Girma et al. (2004), Arnold et Hussinger (2005) et De Loecker (2004) utilisent la
méthode d’appariement par les scores de propension (propensity score matching) pour
sélectionner les sous ensembles appropriés de firmes qui commencent à exporter et celles qui
135
Chapitre 3
n’exporteront pas sur la base d’un certain nombre de caractéristiques observables communes
avant l’entrée. Cette méthode nécessite l’estimation d’une régression probit pour expliquer la
probabilité d’entrée sur le marché à l’export.
Pr( Dit = 1 / Dit − 1 = 0) = F ( β Z it − 1 + η l + ε it )
Avec Dit est une variable muette égale à 1 si la firme commence à exporter en t, Z it − 1
est le vecteur des caractéristiques, η l celui des variables muettes indiquant la localisation et
ε it l’erreur de mesure.
Or ces méthodes d’appariement ne permettent qu’une analyse année par année. Alors
pour voir ce qui se passe, on regroupe les entreprises exportatrices et les entreprises de
contrôle (non exportateurs) déjà identifiées, puis on estime soit de façon non paramétrique
soit paramétrique les différences de performance entre deux périodes. Il s’agit donc de
calculer la différence entre la productivité moyenne avant et après avoir commencé à exporter
( ∆ ln Y ).
- La deuxième méthode de mesure des effets de l’apprentissage par l’exportation consiste à
ajouter à la régression une ou plusieurs variables indicatrices de participation à l’export
décalées expliquant la mesure de performance de la firme. Par exemple, Clerides et al. (1998)
régressent le coût variable moyen sur la participation à l’export décalée en contrôlant avec le
taux de change réel, le stock de capital décalé et le coût variable moyen décalé. Kraay (1999)
a régressé trois mesures alternatives de la performance (la productivité du travail, la PTF et
les coûts unitaires) sur la participation à l’export décalée, la performance décalée et les effets
fixes de la firme. Bigsten et al. (2004) et Van Biesebroeck (2004) estiment une fonction de
production avec une variable indicatrice de participation à l’export décalée ajoutée comme un
changement de PTF. Une régression représentative de la seconde méthode est donnée par
l’équation suivante :
ln Yit = β 0 t + β 1 Dit − 1 + β 2 ln Yit − 1 + β 2 ' X it + ω i + ε it (27)
136
Chapitre 3
performance ; par conséquent, si ε it est important, le coefficient βˆ1 capte les effets des chocs
de performance passés favorables. Pour remédier au problème d’endogénéité on peut estimer
l’équation (27) en utilisant des variables instrumentales ou les MMG. Kraay (1999) a estimé
une variante de cette équation en différences premières sous les hypothèses suivantes : ε it est
identiquement distribué et la décision de participation à l’export est prédéterminée :
E[ Dit * ε is ] = 0 pour tous les s>t. Il faut noter que la dernière hypothèse admet que la
participation à l’export est positivement corrélée avec les chocs de performance passés et
présents. Van Biesebroeck (2004) estime aussi une variante de l’équation (27) en utilisant
l’estimateur MMG de Blundell et Bond (1998).
Une autre méthode qui traite du problème d’endogéneité de la participation à l’export
consiste à estimer l’équation (27) simultanément avec une autre équation expliquant la
décision de participer au marché à l’export. Cette approche a été utilisée par Clerides et al.
(1998). Ils ont estimé les deux équations en utilisant toute l’information du maximum de
vraisemblance. Un résultat important de l’étude de Brigsten et al. (2004) est que le résultat de
ce type d’estimation n’est pas robuste avec l’hypothèse sur les termes d’erreur.
Les auteurs pensent que le phénomène de l’apprentissage par l’exportation est relié à
l’intensité d’exposition à de nouveaux défis. Par conséquent, un aspect important de leur
méthodologie est de capter l’apprentissage par l’exportation en utilisant des mesures de
l’expérience à l’export qui nous renseignent non seulement sur la question de savoir si la
firme a participé ou non aux marchés à l’export dans le passé mais aussi sur l’intensité et la
persistance dans le temps de l’exposition des firmes aux marchés à l’export.
L’efficacité des producteurs individuels au sein d’une même industrie diffère. Ainsi la
réallocation des ressources depuis les producteurs les moins efficaces vers les plus efficaces
offre un potentiel pour améliorer la performance économique moyenne de la branche.
Il est intéressant de rappeler que la réallocation des ressources provient de trois
sources différentes35 qui sont :
35
Voir l’article de Tybout, James R. et Roberts, Mark J., “ Producer turnover and productivity growth
in developing countries.” The World Bank Research Observer, Vol. 12, N°. 1, Février 1997.
137
Chapitre 3
36
Les coûts d’entrée incluent les frais des licences, les achats irréversibles de biens en capital. Les coûts
de sortie peuvent inclure les dépenses en cas de faillite ou le payement d’indemnités aux employés.
138
Chapitre 3
139
Chapitre 3
producteurs entrants (qui sont à leur première année d’activité) et les producteurs sortants (qui
sont à leur dernière année d’activité).
Il existe plusieurs modèles de base concernant les résultats sur les effets de la rotation
des producteurs dans les pays émergents parmi lesquels :
Les fluctuations macroéconomiques peuvent induire des rotations
significatives avec des effets considérables sur la productivité, parce que les
taux d’entrée et de sorties varient selon la conjoncture. Durant le
revirement, des firmes en place perdent des parts de marché parce que
l’entrée de nouvelles firmes est plus rapide que la faillite des firmes
existantes. Ce modèle exerce une influence contre-cyclique sur la
productivité, puisque les nouvelles firmes et celles en fin de vie sont
typiquement moins productives que les producteurs existants. De façon
similaire, les effets de productivité de la réallocation des parts de marché
peuvent être substantiels à court terme, parce que les firmes ne progressent
pas et ne se contractent pas toutes proportionnellement tout au long de la
durée du cycle.
Le remplacement de firmes disparues par de nouvelles a aussi un certain
impact sur la productivité. La moyenne des gains durant la période de
récession est approximativement compensée par les pertes dues aux
rotations durant la phase de reprise. De ce fait l’essentiel de la croissance de
la productivité mesurée provient des gains de rentabilité des firmes
existantes. Ceci s’explique en partie par le fait que les firmes entrantes et
sortantes ne représentent qu’une faible part de la production et aussi parce
que l’écart de la productivité entre les firmes durant leur première année
d’activité et celles durant leur dernière année est petit.
En s’intéressant à l’écart d’efficacité entre les firmes entrantes et celles
sortantes, les auteurs remarquent que la productivité moyenne pour chaque
nouvelle firme augmente avec la maturité, en atteignant les normes
industrielles après quelques années d’expérience.
140
Chapitre 3
Dans la littérature le sujet a été traité dans beaucoup d’articles, mais chacun utilise une
méthodologie différente ce qui donne des résultats parfois opposés.
L’argument de l’allocation efficiente par la libéralisation du commerce a été
longuement débattu par la théorie traditionnelle du commerce dans un contexte de marchés
parfaitement concurrentiels. Cependant, depuis les années 1970, ce qui est intitulé « la
nouvelle théorie du commerce » a montré que les gains générés par le commerce suite à la
spécialisation selon les avantages comparatifs est uniquement une partie de l’histoire,
puisqu’en présence de marchés imparfaitement concurrentiels la libéralisation commerciale
peut apporter des gains additionnels en réduisant les poids morts des pertes crées par le
pouvoir de marché des firmes domestiques. En effet, dans l’ancienne théorie du commerce,
les gains collectifs de la libéralisation sont dus à la spécialisation selon l’avantage comparatif.
Dans la nouvelle théorie du commerce, les gains sociaux du commerce s’accentuent avec la
combinaison des économies d’échelle et l’expansion des variétés de produits disponibles pour
les consommateurs. Toutefois, les analyses empiriques de la libéralisation commerciale au
niveau de la firme, apportent la preuve de l’existence d’une source additionnelle de gains
collectifs à savoir que la croissance de la productivité agrégée est induite par la sortie des
firmes les moins productives et par l’expansion et l’entrée sur le marché à l’export des firmes
les plus productives. Cette réallocation des ressources des firmes depuis les moins vers les
plus productives accroît la productivité moyenne de l’industrie. Ces gains collectifs peuvent
être amplifiés si l’augmentation de la concurrence sur le marché du produit induite par la
libéralisation commerciale conduit à de faibles hausses de prix par rapport au coût marginal.
Dans ce cas, la baisse des marges et l’augmentation de la productivité moyenne contribuent
tous les deux à de plus faibles prix à des revenus réels plus élevés.
Dans un article important, Pavcnik (2002) trouve que 2/3 des 19 % d’augmentation de
la productivité agrégée, qui a suivi la libéralisation commerciale au Chili à la fin des années
70 et au début des années 80, est due à une survie relativement plus importante et à la
croissance des firmes les plus productives. Des résultats similaires émergent d’un large
nombre d’études sur les réformes de libéralisation commerciale dans les pays en
développement, comme ceux de l’article de Tybout (2003). La réallocation des ressources au
sein de chaque branche prouvée par ces études domine la réallocation des ressources entre
branches appuyée par les théories de l’avantage comparatif.
L’inquiétude est que le lien entre plus d’échange et une expansion relative des firmes
les plus productives dans les pays en développement peut ne pas être conduit uniquement par
141
Chapitre 3
o Gain des consommateurs car ils paient des prix plus faibles (produits importés
avec de faibles barrières tarifaires);
142
Chapitre 3
Les firmes dans les secteurs concurrencés par l’importation réduisent leur
niveau de production quand la concurrence étrangère s’intensifie, surtout
à court terme.
Les firmes qui s’engagent dans des activités internationales tendent à être
de plus grandes tailles, plus productives, et fournissent des produits de
meilleure qualité.
L’article d’Epifani (2003) vient compléter toutes les études faites sur le sujet, mais
aussi apporte une extension concernant les effets des réformes commerciales sur le marché du
travail et un fondement théorique plus large du travail empirique.
Ce papier recense les plus importantes études empiriques utilisant des données de
panel au niveau de la firme pour étudier les effets des réformes commerciales sur la
performance de l’entreprise et le marché de travail dans les pays en développement.
L’auteur s’intéresse, en particulier, aux effets des réformes commerciales de 1991 en
Inde, qui depuis constitue un excellent cas d’expérimentation sur lequel les effets d’un
changement drastique du régime commercial peuvent être mesurés.
En effet, Epifani a insisté, en particulier, sur la pertinence empirique des effets de la
libéralisation commerciale prévus par la théorie en présence de rendements d’échelle
croissants, de concurrence imparfaite et d’hétérogénéité des firmes. Les résultats les plus
importants sont les suivants :
143
Chapitre 3
Il existe des retombées positives des IDE qui sont dues au lien entre les firmes
étrangères et leurs fournisseurs locaux.
Fernandes (2003), dans son article, traite le même sujet du lien entre la politique
commerciale et la productivité au niveau de la firme. Pour cela, il a essayé de répondre à la
question suivante: est ce qu’en augmentant l’exposition à la concurrence étrangère, on
engendre des gains de productivité industriels ? Un panel d’entreprises manufacturières
colombiennes couvrant la période entre 1977 et 1991 a été utilisé dans cet article.
144
Chapitre 3
2. Cette régression s’appuie sur des mesures qui présentent des variations significatives
selon les industries et dans le temps, qui diffèrent des méthodes employées dans les
études précédentes s’appuyant sur un seul changement du régime commercial. Dans
cet article l’auteur s’intéresse plus particulièrement aux tarifs nominaux en tant que
mesure directe des barrières commerciales reflétant le degré d’interventionnisme du
gouvernement et les changements dans la politique commerciale. Cependant la
politique commerciale (les tarifs) est sujette à des problèmes d’endogenéité possibles
qui ont été traités dans l’estimation.
L’impact négatif des tarifs n’est pas dû à la sortie de firmes moins productives
suite à la libéralisation commerciale, mais reflète plus les gains de productivité à
l’intérieur des firmes. Ce qui fournit la preuve que ces gains sont associés à une
augmentation (i) de l’intensité du travail qualifié dans la production, (ii) des
145
Chapitre 3
Il existe une preuve que la productivité des firmes exportatrices est plus
positivement affecté par la libéralisation commerciale que celle des firmes non
exportatrices.
Cet article va donc s’intéresser à l’étude des effets des suppressions des barrières à
l’importation sur la productivité des entreprises manufacturières de moyennes et grandes
tailles au Brésil.
Dans l’objectif de promouvoir les gains de productivité, les firmes brésiliennes ont été
exposées à une forte concurrence étrangère et ont bénéficié de facilités d’accès aux marchés
internationaux.
Pour l’auteur les réformes commerciales peuvent affecter la productivité à travers trois
voies :
146
Chapitre 3
Les variables économiques dans le PIA incluent les ventes, le stock de produit finis,
les coûts des inputs, les salaires, le nombre d’employés et différentes variables liées à
l’investissement et au stock du capital.
Dans cette étude empirique, l’auteur se fonde sur la procédure d’estimation d’Olley et
Pakes (1996) adapté au contexte actuel.
Les résultats selon les trois effets mentionnés ci-dessus se résument comme suit :
37
PIA : rapport de recherche annuelle des industries brésiliennes.
147
Chapitre 3
148
Chapitre 3
Conclusion
Une partie substantielle de la littérature empirique s’est intéressée aux effets
dynamiques de la libéralisation commerciale et a étudié les effets de la politique commerciale
et de l’ouverture sur la productivité totale des facteurs et sur l’efficience au niveau industriel
et au niveau de la firme.
Le résultat des études au niveau des secteurs n’est pas toujours concluant. Puisque
qu’il est difficile de faire la distinction entre les effets de la politique commerciale et les choix
de la politique macroéconomique et ceci rend difficile l’attribution de la causalité à la
politique commerciale elle-même. Plusieurs d’entre elles ont du mal à contrôler les autres
facteurs qui influencent (comme les effets sectoriels) la croissance de la productivité.
La littérature au niveau de la firme écarte le problème du contrôle des effets
industriels. Elle a pu établir un lien de causalité entre la libéralisation commerciale et
l’amélioration de la performance de la firme. Cependant, il subsiste encore des interrogations
sur le sens de cette causalité. L’avancée sur le plan micro économétrique a permis la
prolifération de résultats empiriques plus robustes, ce qui a permis d’étendre les champs de
recherche sur le plan théorique.
Si on examine les résultats des différentes études qui ont essayé d’analyser la relation
entre l’orientation à l’export et l’efficience / productivité, on trouve que les firmes
exportatrices sont plus efficaces que celles orientées vers le marché domestique (Haddad,
1993 ; Aw et Hwang, 1995 ; Tybout et Westbrook, 1995) et elles ont attribué ce résultat aux
effets positifs de l’apprentissage qui augmentent avec le contact avec les acheteurs étrangers.
Ces diverses études concluent également que les firmes les plus productives entrent sur les
marchés d’exportation, cette auto-sélection pouvant être consciente.
Il existe des faiblesses dans la littérature au niveau de la firme. Premièrement, la
plupart des études examinent les changements au niveau de l’efficacité en une seule fois et les
résultats trouvés sont en accord avec l’idée que la libéralisation commerciale génère des gains
statiques. Cependant, elles ne peuvent pas apporter des preuves concluantes pour le long
terme, montrer l’existence d’améliorations dynamiques de l’efficacité au niveau de la firme.
Deuxièmement, l’indicateur de performance de la firme utilisé par plusieurs études la PTF, est
caractérisé par des problèmes d’estimation. En effet, la diversité des méthodes utilisées dans
l’estimation de la productivité et de la relation productivité-exportation, ne permet pas de
trancher sur ce sujet. En effet, chaque méthode d’estimation de la PTF nous renseigne sur une
149
Chapitre 3
150
Chapitre 4
1. Les données
Avant de procéder à l’analyse économétrique et pour pouvoir mieux interpréter les
résultats trouvés ultérieurement, nous allons présenter une description de l’échantillon des
entreprises tunisiennes.
Le champ de ces enquêtes couvre aussi bien les activités des industries
manufacturières que le commerce, l’agriculture, la pêche, les hôtels et restaurants, transports
et communication, location et services aux entreprises, immobiliers, et autres. Ils sont définis
sur la base du répertoire national des entreprises géré par l’INS.
38
Le processus de libéralisation commerciale Tunisie a commencé depuis le début des années 1990. Or dans
notre échantillon les données recueillies ne commencent qu’à partir de l’année 1998. Ce choix de l’année du
début de période est justifié par le changement du système comptable des entreprises tunisiennes en 1997, pour
qu’il soit conforme aux normes internationales. Par souci de comparabilité à travers le temps, il était préférable
de commencer l’analyse après l’année 1997.
151
Chapitre 4
L’une des difficultés dans l’estimation de la PTF (productivité totale des facteurs), est
le manque de données disponibles dans les bases de données sur les quantités des facteurs de
production et de l’output.
Puisqu’on travaille sur plusieurs années, il est donc indispensable de tenir compte de
l’évolution des prix, il faut donc déflater les valeurs de la production. En général, on a besoin
des prix de vente des biens pour chaque entreprise, or cette information est non disponible
dans la base de données. Ainsi pour passer de l’output en valeur à l’output en volume, on
utilise le déflateur des prix de vente par industrie. Sachant que les prix ont une incidence
directe sur la mesure de la PTF. Or il n’y a aucune garantie que l’évolution des prix appliqués
par l’entreprise suive celle de l’industrie. La mesure de la PTF peut être ainsi sous estimée ou
sur estimée par l’effet des prix. Une entreprise peut être considérée comme efficiente, en
regardant une productivité élevée ou une amélioration de sa productivité, alors qu’elle a pu
profiter de conditions de marché plus avantageuses ou d’une meilleure qualité des produits.
L’inconvénient de cette méthode est d’engendrer des interprétations fausses des résultats
d’estimation. Pour cette raison, il faut essayer d’utiliser un déflateur à des niveaux de digits
les plus fins possibles. On est donc tributaire de la disponibilité de ce type de données sur les
indices de prix. Dans notre étude le déflateur retenu est l’indice des prix de ventes
industrielles40 à 2 digits41
39
Valeur de la production = chiffre d’affaire + stock final – stock initial.
40
L’indice de prix de vente industrielle (base 2000) est le seul indice de prix disponible par l’Institut National
des Statistiques (INS) tunisien, il y a un projet pour construire d’autres indices comme l’indice des prix de gros.
Cet indice a été rénové au passage à l’année de base 2000, en passant de la NAP (Nomenclature d’Activité
économique) à la NAT (Nomenclature d’Activité Tunisienne). Ce nouveau dispositif est une adaptation
nationale du dispositif Européen des nomenclatures d’activités (NACE). Ainsi, dans tous les calculs statistiques,
il a fallu faire la correspondance entre la NAP et la NAT pour les années 1998 et 1999.
41
Le déflateur disponible le plus fin est à 2 digits pour les années 1998, 1999, mais pour les années suivantes
nous disposons de données à 3 digits.
152
Chapitre 4
Le travail est mesuré soit par le nombre d’employés, le nombre d’heures de travail.
En général, la variable la plus disponible dans les bases de données est celle correspondant au
nombre d’employés. Mais cette dernière ne nous permet pas de faire la distinction entre les
travailleurs à temps plein et ceux à temps partiel, ce qui peut biaiser la quantité du travail.
Dans notre étude, nous avons pu disposer de données relatives aux nombres de personnels
salariés et non salariés permanents pour chaque entreprise, donc le travail sera mesuré par le
nombre d’employés.
Le capital est l’une des variables les plus difficiles à estimer car il s’agit d’un input
utilisé sur une longue période. Il est acheté à une date donnée et utilisé sur une période de
temps jusqu’à sa fin de vie. Dans le bilan comptable, on inscrit les immobilisations
corporelles (terrains, bâtiments, équipements, etc.), leur agrégation nous permet de déterminer
la quantité de capital de l’entreprise. A fin de tenir compte de la dépréciation des
immobilisations, on a préféré utiliser pour le calcul du stock de capital la méthode de
l’inventaire perpétuel qui suppose que le capital de l’entreprise pendant une année donnée est
déterminé par l’équation suivante :
K it = (1 − δ ) K it − 1 + I it (4.1)
153
Chapitre 4
d’étude statistique public. Dans notre étude, la collecte des données relatives aux entreprises a
été difficile et elle a pris beaucoup de temps.
154
Chapitre 4
plusieurs aberrations. Pour la plupart des entreprises, il y avait des séries de variables
comme l’emploi ou les achats consommés présentant beaucoup de points aberrants et de
données manquantes. Ce manque de données ne nous permet pas de calculer la
productivité pour pouvoir par la suite estimer la relation entre la productivité et
l’exportation.
Nous n’avons pas pu finalement retenir que 114 entreprises sur une période de 6 ans
de 1998 à 2003, soit 678 observations. Pour combler des donnés manquantes pour certaines
entreprises et vu l’étroitesse de l’échantillon nous avons eu recours à l’extrapolation par la
méthode des moindres carrés ordinaires42 pour essayer de récupérer quelques observations
(soit une trentaine d’observations, 4 % de l’échantillon), cette méthode n’a été appliquée
qu’en cas de présence de données avant et après le point manquant.
42
Au lieu de procéder à une extrapolation linéaire, nous avons préféré utiliser la droite des moindres carrées qui
s’ajuste le mieux au nuages de points (x,y), x étant la variable avec une observation manquante ou erronée et y
c’est le temps.
155
Chapitre 4
Cet échantillon est cylindré, ainsi toutes les entreprises sont présentes sur les six
années d’étude (1998-2003), cette limitation a été imposée par les conditions de collecte de
données qui étaient très contraignantes.
Comme nous l’avons dit précédemment et compte tenu des manques et des erreurs que
renferme cette base de données, le nombre d’entreprises que nous allons analyser ne
dépassera pas les 114 entreprises. Ce nombre représente à peu près 2 % de la population
d’entreprises répondant aux critères de sélection ci-dessus mentionnés.
Tableau 26 : Répartition des entreprises par activité et par régime
Nombre d'entreprise
Totalement Part
Activité Autres Total
exportatrices
14 Industrie extractive 0 2 2
15 Industries Alimentaires 0 8 8
8%
16 Industrie du Tabac 1 0 1
17 Industrie Textile 0 9 9
18 Industrie de l'Habillement et des Fourrures 38 3 41 48%
19 Industrie du Cuir et de la Chaussure 4 1 5
21 Industrie du Papier et Carton 0 4 4
22 Edition, Imprimerie, Reproduction 0 4 4
24 Industrie Chimique 0 9 9 8%
25 Industrie du Caoutchouc et des plastiques 1 5 6
26 Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques 0 6 6 5%
27 Métallurgie 0 4 4
28 Travail des métaux 0 3 3
29 Fabrication de Machines et Equipements 0 1 1
31 Fabrication de Machines et Appareils Electriques 1 1 2
12%
32 Fabrication d'Equipement de Radio, Télévision et
Communication 1 0 1
33 Fabrication d'instruments médicaux, de précision,
d'optique et d'horlogerie 0 1 1
34 Industrie Automobile 0 2 2
36 Autres Industries Manufacturières 1 4 5
TOTAL 47 67 114
156
Chapitre 4
Nombre
Structure du capital Pourcentage
d'entreprises
100 % étatique 5 4%
100 % capital privé local 68 60%
100 % Capital étranger 22 19%
Capital mixte étranger / local 19 17%
Total 114 100%
43
Le secteur textile habillement et cuir est représenté par les activités 17, 18 et 19.
44
L’industrie mécanique et électrique comprend les activités 27, 28, 29, 31, 32, 33 et 34.
45
L’industrie agroalimentaire comprend les activités 15 et 16.
157
Chapitre 4
Nombre
Taille d'entreprises
[10- 49] 17
[50-99] 32
[100-199] 38
[200-499] 20
500 et plus 7
158
Chapitre 4
Tableau 29 : Evolution de l’emploi par régime et par activité (en termes de nombre d’employés)
16 Industrie du Tabac 55 0 62 0 60 0 53 0 47 0 50 0
18 Industrie de
l'Habillement et des 6897 336 6958 331 7136 340 7512 357 7391 335 7652 342
Fourrures
19 Industrie du Cuir
471 43 473 52 491 59 492 56 602 61 628 60
et de la Chaussure
21 Industrie du
0 1196 0 1011 0 1471 0 1431 0 1097 0 1093
Papier et Carton
22 Edition,
Imprimerie, 0 598 0 589 0 580 0 580 0 598 0 604
Reproduction
24 Industrie
0 1411 0 1445 0 1429 0 1435 0 1488 0 1498
Chimique
25 Industrie du
Caoutchouc et des 100 423 100 447 100 429 71 403 105 386 105 424
plastiques
26 Fabrication
d'autres produits
0 501 0 500 0 527 0 602 0 577 0 535
minéraux non
métalliques
28 Travail des
0 184 0 244 0 218 0 237 0 205 0 253
métaux
29 Fabrication de
Machines et 0 53 0 35 0 35 0 38 0 43 0 37
Equipements
31 Fabrication de
Machines et Appareils 126 302 128 308 140 314 127 306 127 299 126 299
Electriques
32 Fabrication
d'Equipement de
61 0 65 0 87 0 79 0 76 0 79 0
Radio, Télévision et
Communication
33 Fabrication
d'instruments
médicaux, de 0 170 0 173 0 113 0 100 0 100 0 104
précision, d'optique et
d'horlogerie
34 Industrie
0 171 0 187 0 217 0 247 0 275 0 266
Automobile
36 Autres Industries
283 313 311 353 317 349 274 358 338 344 338 349
Manufacturières
TOTAL 7993 15429 8097 15085 8331 15168 8608 15067 8686 14993 8978 15094
TE : entreprises totalement exportatrices, autres : les entreprises partiellement exportatrices et celles orientées sur le marché
local.
On remarque des changements de la valeur de l’emploi d’une année à une autre, qui
sont dus à un mouvement de recrutements ou de licenciements d’ouvriers et d’apprentis. Ces
159
Chapitre 4
Les secteurs les plus représentés dans l’échantillon en termes d’emploi sont les
suivants :
- Les industries du textile habillement et cuirs (les activités 17, 18 et 19)
représentent en moyenne 39 % de l’emploi total dans l’échantillon, et 48 % du nombre total
des entreprises de l’échantillon. Ces parts reflètent bien le poids des industries T-H dans
l’industrie tunisienne en termes d’emploi et de nombre qui est aux alentours de 50 %.
- L’industrie extractive représente en moyenne 27 % de l’emploi de
l’échantillon, mais elle ne représente que 2 % du nombre des entreprises prises. Ceci
s’explique par les besoins de cette industrie en main d’œuvre. On remarque une baisse de
l’emploi jusqu’à l’année 2001, puis un léger redressement pour les années suivantes du à la
baisse de l’activité dans les mines de phosphates.
- Les industries électriques, électronique et de l’électroménager (les activités
31, 32, 33, 34) représentent 4 % de l’emploi de l’échantillon et 6 % du nombre total des
entreprises. Ces activités sont présentes dans l’industrie tunisienne pour un montant de l’ordre
de 8 % de l’emploi industriel. Cette part est en augmentation ces dernières années et vaut 5 %
du nombre total des entreprises industrielles.
- Quant à la part de l’emploi de l’industrie agroalimentaire (activités : aliments
et tabacs) dans l’échantillon elle est de seulement 7 %, et en termes de nombre d’entreprises
elle ne représente que 8 %, soit un chiffre légèrement inférieur à son poids dans l’industrie
manufacturière tunisienne qui est respectivement de 13 % et 15 %.
- L’industrie des matériaux de construction, céramique et verre (activité :
fabrication d'autres produits minéraux non métalliques) représente 2% de l’emploi de
l’échantillon et 5 % du nombre d’entreprises présentes dans la base de données. Le poids de
cette industrie dans l’échantillon est proche de son poids dans l’industrie qui est de 7 % en
termes d’emploi et de 8% en termes de nombre d’entreprises.
160
Chapitre 4
EXPORTATION 3% 3% 3% 2% 3% 2%
PRODUCTION 5% 5% 5% 4% 4% 4%
46
La représentativité de l’échantillon est étudiée par rapport à la totalité des entreprises des industries
manufacturières avec 10 emplois et plus, recensées par l’agence de promotion de l’industrie (API).
161
Chapitre 4
2. L’analyse économétrique
A partir des études empiriques récentes, nous allons analyser le lien entre l’activité des
exportations et la productivité, pour le cas des entreprises industrielles tunisiennes.
47
Les variables comme le capital, consommation intermédiaires et production sont exprimés en dinars tunisien,
alors que le travail est mesuré par le nombre d’employés.
162
Chapitre 4
L’échantillon est assez réduit et nous disposons d’un nombre faible d’entreprises par
secteur. Il existe aussi un biais de sélection présentée ultérieurement. Toutes ces limites sur
les données nous amène à interpréter les résultats avec précaution. Néanmoins, cette base de
données est unique sur la période qui marque le début de la libéralisation commerciale en
Tunisie. L’étude est importante, puisque le sujet n’a pas été traité au paravent avec des
données détaillées sur les entreprises tunisiennes.
Pour montrer qu’il existe une relation entre la productivité de la firme et l’exportation,
il faut rechercher si les firmes exportatrices sont plus productives que les non exportatrices.
Pour cela il faut tout d’abord commencer par le calcul de la productivité de chaque entreprise.
Les entreprises sont réparties en deux groupes selon qu’elles soient exportatrices ou non.
163
Chapitre 4
L’idée selon laquelle les exportateurs sont systématiquement plus productifs que les
non exportateurs pose la question suivante : est ce que les firmes avec une productivité élevée
font de l’auto sélection pour entrer sur le marché des exportations, ou bien exporter provoque-
il une croissance de la productivité à travers les différentes formes de « learning by
exporting » ? Les résultats des différents travaux portant sur des industries et sur des pays
confirment qu’une productivité élevée précède l’entrée sur le marché de l’export comme le
confirme Bernard et Jensen (2004). Ces résultats suggèrent la présence de coûts fixes d’entrée
sur le marché des exportations, que seules les firmes les plus productives sont capables de
supporter.
Pour les entreprises tunisiennes, nous allons étudier la causalité entre exportation et
productivité dans les deux sens.
a. Présentation de la démarche
164
Chapitre 4
Selon cette hypothèse, les exportateurs futurs tendent à être plus productifs que les
futurs non exportateurs avant d’entrer sur le marché des exportations, et souvent elles ont un
taux de croissance de la productivité supérieur pendant la période précédant la date
d’exportation.
Pour identifier l’existence d’un effet d’auto-sélection des entreprises que le marché
des exportations, nous allons étudier comment les caractéristiques initiales de la firme (la
productivité) affectent sa probabilité d’exporter ou non. Ainsi, la performance initiale va être
très importante pour expliquer pourquoi quelques firmes exportent et d’autres vendent
uniquement sur le marché domestique.
Dans notre étude, nous nous sommes inspirés de l’étude d’Alvarez et Lopez (2005),
afin d’identifier l’existence d’un effet d’auto-sélection des entreprises sur le marché des
exportations. Pour cela nous groupons les années par paire pour les firmes qui n’exportent pas
la 1ère année, puis nous regardons comment la probabilité de commencer à exporter la 2nd
année est affectée par les caractéristiques de la firme à la 1ère année de la paire. La variable
dépendante est égale à 1 si l’entreprise exporte en t, sachant qu’elle n’exporte pas en t-1 et 0
sinon.
Pour estimer cette décision d’exportation, nous utilisons un modèle Probit dans lequel
cette décision dépend d’une variété de caractéristiques spécifiques à la firme :
PTit − 1 : La productivité du travail, exprimée par le rapport valeur ajoutée sur emploi
165
Chapitre 4
o ε it : l’erreur de mesure.
Les entreprises appartenant au secteur manufacturier tunisien sont classées par régime
d’exportation. Nous distinguons les entreprises partiellement exportatrices (PE), celles qui
possèdent un ratio (exportations/ventes) compris entre 0 et 80 % et les entreprises totalement
exportatrices (TE) qui exportent 100 % de leurs ventes, mais qui ont le droit d’écouler sur le
marché local une part de leurs produits ne dépassant pas 20 % de leur chiffre d’affaire à
l’exportation. Ces dernières ont toujours bénéficié d’avantages spécifiques voir chapitre 2
(financiers, assistance technique, garanties, incitations fiscales, facilitation des procédures
douanières). Nous supposons que cette différence de traitement entre ces deux types
d’entreprises, même si ces dernières années il y a eu des mesures pour diminuer cet écart, est
de nature à apporter des distorsions dans l’analyse de la relation exportation-productivité. En
effet, les entreprises TE font face à la concurrence étrangère, donc devraient être
performantes. Mais le fait de bénéficier de plus d’avantages que les PE, a permis à certaines
d’entre elles de ne pas faire l’effort d’améliorer leurs productivités pour entrer sur le marché à
l’exportation. Ce sont des entreprises qui profitent d’une politique commerciale qui favorise
les exportations, en se positionnant sur des secteurs pour lesquels la Tunisie possède un
avantage concurrentiel, et essayent de profiter des facilités qu’offre le régime totalement
exportateur sans se soucier d’améliorer leurs productivités, car il y a toujours des mécanismes
d’aide qui leur laissent le temps de réagir face à un choc externe. Comme le cas des
entreprises appartenant au secteur textile-habillement et cuir qui sont en majorité des unités
travaillant en sous-traitance pour des entreprises étrangères. Sachant que ces entreprises TE
exportent sur toute la période, puisque par définition, leur activité principale est orientée vers
166
Chapitre 4
les marchés extérieurs, même si elles possèdent une productivité élevée en (t-1), vu qu’elles
ne changent pas de statut (de non exportatrices à exportatrices) entre la date (t-1) et t, on ne
peut pas voir leur effet d’auto-sélection.
0 .2 .4 .6 .8 1
exp_vente
167
Chapitre 4
du chiffre d’affaires à l’export, puis une deuxième régression en regardant uniquement les
estimations pour les entreprises PE.
b. Les résultats
Les résultats des régressions en probit présentés dans le tableau 33 (qui porte sur la
totalité des entreprises exportatrices) et le tableau 34 (qui ne comporte pas les entreprises
totalement exportatrices), comme le prédisent les nouveaux modèles de l’échange, montrent
que le niveau de productivité explique la probabilité pour une entreprise de se mettre à
exporter et de rester sur le marché des exportations. Cela est mis en évidence par le signe et la
significativité du coefficient de la productivité du travail en (t-1). Dans un modèle probit, cela
signifie qu’une augmentation marginale de la PT va accroître la probabilité d’exporter.
Pour les TE, on ne peut observer les corrélations entre productivité et l’entrée au
marché des exportations que normalement nous devrons observer, puisqu’elles sont
totalement exportatrice dès le début de la période. En somme pour elle la variable
Mais les résultats des deux régressions, en considérant la valeur du pseudo R-squared,
montrent qu’il y a une amélioration du pouvoir prédictif avec la deuxième régression
présentée par le tableau 34 (estimation sans entreprises TE). Le biais introduit par les
entreprises totalement exportatrices est le fait qu’on n’a pas de changement d’état. Ainsi, la
variable X it ne change pas d’état à (t-1) est reste égale 1, donc l’effet d’auto-sélection est
impossible à vérifier pour cette catégorie d’entreprises.
On observe que les coefficients des variables taille et âge ne sont pas significatifs. Ce
résultat est sans doute dû à l’étroitesse de l’échantillon et à son hétérogénéité. Nous nous
serions attendus à ce que les plus grandes soient les plus exportatrices, résultat que nous
retrouvons dans beaucoup d’études empiriques sur le sujet.
168
Chapitre 4
169
Chapitre 4
a. Présentation de la démarche
L’amélioration de la productivité associée à l’accès aux marchés à l’export a été
appelée par Clerides et al (1998) et par d’autres comme « l’apprentissage par l’exportation ».
Une grande partie des analyses empiriques menées sur cette question n’apporte pas la
preuve de l’existence du learning by exporting. On montre que les exportateurs sont plus
productifs, plus grands, plus intenses en capital, et payent des salaires plus élevés que les non
exportateurs. Ainsi, il est très important de comprendre les mécanismes qui caractérisent la
relation entre le fait d’exporter et la productivité ; plusieurs gouvernements, par exemple,
mettent en place des avantages et des subventions pour promouvoir les exportations. La
justification d’une amélioration de l’efficacité existe, si les firmes améliorent leurs
technologies à travers l’apprentissage portant sur les caractéristiques de leurs clients
étrangers. Cet apprentissage va générer des retombées positives qui vont augmenter la
productivité.
Les firmes domestiques qui sont passées à l’export ont besoin de résoudre de
nouveaux problèmes comme adopter des standards techniques rigoureux pour satisfaire des
consommateurs plus exigeants. La production de biens exportés peut nécessiter l’introduction
d’équipements nouveaux et plus efficaces auxquels les travailleurs ont besoin de s’adapter.
Les marchés à l’export sont supposés être plus compétitifs que le marché domestique. Ils
170
Chapitre 4
exercent une pression sur les firmes pour pouvoir satisfaire les commandes dans les temps et
assurer une qualité standard pour leurs produits. Faire face à tous ces défis peut aider les
firmes à améliorer leurs productivités. Cependant, une fois que les firmes ont réussi à relever
ces défis. La possibilité d’acquérir des effets d’apprentissage supplémentaires peut se réduire
de façon significative dans le temps.
La méthode habituelle pour tester l’effet d’apprentissage par les exportations est
d’étudier la relation entre l’exportation et la croissance de la productivité du travail ( ou
croissance de la PTF).
∆ ln(VA / L) i ( t ,t − 2 ) = α 1 X i ( t − 2 ) + β ∆ ln( K / L) i ( t ,t − 2 ) + ∑α
k
k Z i + ε it (4.3)
l’année t et (t-2);
sinon :
et (t-2) ;
o ε it : l’erreur de mesure.
171
Chapitre 4
b. Les résultats
En faisant l’estimation de l’équation (3.4) présentée par le tableau 36, on trouve un
En premier lieu, les entreprises étrangères offshores (qui font partie des TE) sont
totalement coupées de leur environnement local. Il s’agit d’enclaves ne permettant pas de
diffusion technologique aux autres entreprises appartenant au régime onshore (PE). Par
ailleurs, les entreprises partiellement exportatrices tunisiennes subissent plusieurs contraintes
par rapport aux entreprises TE (difficulté d’accès au financement, existence de pratiques
anticoncurrentielles sur le marché domestique, rigidité des procédures de licenciement). Donc
elles n’arrivent pas à profiter des retombées positives liées à l’entrée sur le marché des
exportations qui améliorerait leur productivité du travail.
En deuxième lieu, il faut signaler que les réformes de la libéralisation sont à leur 1ère
phase durant la période observée (1998-2003). On note que durant cette période, le
programme de libéralisation est encore à son stade initial pour les produits finis. En effet, les
réformes commerciales ont touché uniquement les inputs et les équipements jusqu’à la fin des
172
Chapitre 4
années 1990. Ce programme de libéralisation a été graduel et s’est étalé dans le temps. Ainsi,
pendant la période étudiée les entreprises partiellement exportatrices sont peu concurrencées
sur le marché domestique, donc peu incitées à faire des gains de productivité.
Une autre explication est que la Tunisie tend à se spécialiser dans des produits et des
industries qui ne possèdent pas suffisamment d’effet d’externalités positives. La libéralisation
commerciale avec l’UE depuis 1996 a permis à la Tunisie de continuer à acheter des biens de
haute technologie des pays de l’UE. Or les industries tunisiennes choisissent l’option rapide
d’importer les parties et les composants de haute valeur technologique, qui vont être utilisés
dans leurs produits destinés à l’exportation, au lieu d’encourager le transfert des technologies
vers les entreprises du régime onshore. Ceci est de nature à limiter la croissance de la
productivité des entreprises.
Vu que nous n’avons pas pu obtenir un résultat sur l’existence d’un effet
d’apprentissage par les exportations, nous allons maintenant tester une relation plus restreinte
entre exportation et productivité du travail, en prenant comme variable explicative les
exportations au début de période (année 1998). Nous étudierons leurs effets sur la croissance
de la productivité entre la période t et le début de la période étudiée (année 1998). Les
entreprises qui exportent durant l’année 1998, vont soit continuer à exporter jusqu’à la fin de
la période, soit sortir du marché des exportations à une date donnée comprise entre l’année
1998 et l’année 2003.
Pour cela nous reprenons l’équation (3.4), en changeant la période (t-1) par l’année de
début de période (1998). Nous obtenons les résultats figurant dans le tableau 37.
173
Chapitre 4
ln(age) -0.084
(0.106)
taille -0.148*
(0.084)
Nombre 674 649
d’observations
Source : calcul de l’auteur. Les écarts types sont entre parenthèses et *, **, *** indiquent
respectivement une significativité aux seuils de 10 %, 5 % et 1 %.
Le tableau 37 montre qu’il existe une relation négative et significative entre les
exportations initiales et la croissance de la productivité. Ceci indique que le fait d’entrer sur le
marché des exportations ne garantit pas à lui seul une meilleure performance. Il semble bien
que bien qu’exportatrices, elles aient eu des difficultés à s’adapter à un marché qui s’ouvrait
rapidement. Il est possible que la concurrence qu’elles subissent sur le marché domestique de
la part des autres entreprises tunisiennes altère leur capacité d’exportation.
En réalité, une concurrence étrangère élevée peut amener une baisse des ventes des
firmes domestiques tunisiennes, au stade initial de la libéralisation. Quelques unes de ces
firmes domestiques sont lentes à s’ajuster, mais restent sur le marché, c’est pour cette raison
qu’il ya une diminution de la croissance de la productivité du travail pendant la période
étudiée. La chute de la croissance de la productivité dans un contexte plus ouvert avec une
augmentation de la concurrence aboutit à une diminution de la compétitivité et à une
stabilisation de la croissance des exportations tunisiennes. Il est nécessaire d’adopter des
réformes structurelles pour faciliter la réallocation des ressources aux secteurs bénéficiant
d’avantage comparatif et de freiner les coûts de transition.
Ce résultat (faible preuve de learning) traduit une insuffisance de robustesse des effets
des exportations et corrobore les conclusions contradictoires sur les effets de learning by
exporting dans les études empiriques précédentes.
a. Présentation de la démarche
174
Chapitre 4
Si cette hypothèse est vérifiée, alors on devrait observer que les firmes qui souhaitent
intégrer les marchés étrangers prennent des décisions visant à accroître leur niveau de
productivité préalablement à leur entrée. En effet, ces entreprises vont devoir investir dans du
capital physique avant d’entrer sur les marchés d’exportation, visant ainsi à améliorer leur
produit et leur système de production.
Les résultats présentés dans le tableau 38, montrent que l’investissement est non
significatif en (t-1) et (t-2). On n’arrive pas à mettre en évidence cet effet d’auto-sélection
consciente. Ce résultat peut être expliqué soit par les limites de l’échantillon, soit par le fait
que les entreprises engagent des frais pour entrer sur le marché des exportations, qui vont
abaisser temporairement leur niveau de productivité.
175
Chapitre 4
Notre analyse économétrique est fondée dans ce cas sur le travail théorique concernant
le comportement de maximisation du profit de la firme dans un modèle dynamique présenté
par Olley et Pakes (1996) (OP). Ceux-ci ont fourni un cadre intéressant pour analyser la
dynamique des firmes liée à la libéralisation commerciale. Dans leur méthode, ils proposent
d’utiliser l’investissement comme proxy pour l’estimation de la productivité au sein de
l’entreprise. Par la suite Levinsohn et Petrin (2003) (LP), ont proposé d’utiliser comme proxy
de la productivité non pas l’investissement mais l’un des composants de la consommation
intermédiaire (matières premières ou énergie) qui présente des avantages au niveau des
données, car il évite des coûts d’ajustement liés à la perte de données. La méthode de LP
permet aussi de corriger le biais de simultanéité, qu’on a évoqué dans le chapitre 3.
Dans le cas des entreprises tunisiennes, on a renoncé à l’estimation par la méthode
d’Olley et Pakes (1996), pour une raison liée au processus de sélection de l’échantillon. En
effet, la base de données des entreprises a été sélectionnée de sorte que chaque entreprise soit
présente pendant toute la période de 1998 à 2003. Il n’y a donc pas de mouvement d’entrée et
176
Chapitre 4
de sortie des entreprises. Il est alors impossible d’appliquer la méthode d’OP qui est adaptée
au cas où cette dynamique existe. On introduirait un biais de sélection.
Pour obtenir des estimateurs cohérents des paramètres de la fonction de production, on
va calculer la productivité en utilisant la méthode semi paramétrique de Levinsohn et Petrin.
Ce choix nous permet de mesurer l’efficience technique des entreprises. Cette méthode est
appliquée pour la première fois, à notre connaissance, à des entreprises tunisiennes.
Rappelons ici que nous allons calculer la PTF pour le secteur du textile-habillement et cuir qui
représente presque la moitié de l’échantillon, alors que pour les autres secteurs manufacturiers
on n’aurait pas pu procéder à ce calcul, car on ne dispose que de peu d’observations. Ceci
aurait été de nature à fausser le résultat, d’autant que les méthodes d’estimation semi-
paramétriques sont particulièrement sensibles à la taille de l’échantillon.
Ainsi, on obtient une mesure de la productivité au niveau de la firme en estimant une
fonction de production. On décrit la technologie de la firme i à la période t par une fonction de
production de type Cobb Douglas, en logarithme :
Avec µ it = ω it + η it
Où vait est le log de la valeur ajoutée48 de l’entreprise utilisé comme mesure de son
output, lit est le log du travail représenté par le nombre d’employés et kit est le log du stock
de capital utilisé par la firme i à la période t, calculé selon la méthode de l’inventaire
perpétuel. Toutes les variables sont exprimées en logarithmes. Donc les cœfficients des inputs
représentent les élasticités de l’output par rapport aux inputs. Le terme µ it spécifique à la
firme est composé d’une part de l’efficacité spécifique à la firme ω it qui est connue par la
firme mais non connue par l’économètre, d’autre part du choc de productivité inattendu η it
qui n’est connu ni par la firme ni par l’économètre.
On procède à l’estimation de la fonction de production (4.4) pour chaque secteur et
chaque variable proxy à savoir la consommation de matières premières et d’énergie.
Le niveau de productivité obtenu grâce à l’estimation des coefficients de la fonction de
production est le suivant :
48
La valeur ajoutée a été utilisée au lieu de la production pour éviter d’avoir des résultats incohérents avec
l’utilisation de la méthode de Levinsohn et Petrin (2003). VA=Y – Consommations intermédiaires (matières
premières, énergie, services)
177
Chapitre 4
Le calcul du terme de productivité par la méthode qui vient d’être exposée est appliqué
à toutes les firmes de l’échantillon. Cette productivité calculée inclut un terme d’erreur, c'est-
à-dire qu’elle ne distingue pas entre les facteurs sous contrôle de la firme et les facteurs
exogènes. Plus elle est élevée, plus la firme sera productive.
Pour montrer l’intérêt qu’il y a à utiliser la méthode semi paramétrique de Levinsohn
et Petrin (2003), il est utile de présenter les résultats de l’estimation de la fonction de
production par la méthode des MCO et celles des effets fixes, pour pouvoir les comparer. En
effet, théoriquement, le coefficient du travail estimé par les MCO doit être biaisé à la hausse
c’est à dire supérieur à celui estimé par la méthode de LP (ceci quelle que soit la variable
proxy utilisée), alors que le biais du capital reste ambigu. Quant au coefficient du capital
obtenu par la méthode des effets fixes, il est inférieur à celui de la méthode LP. Ainsi
l’estimation des coefficients de la fonction de production par la méthode de LP par rapport à
celle des MCO et des effets fixes, permet l’élimination du biais de simultanéité. L’estimation
est présentée dans le tableau 39.
Tableau 38 : Estimation des fonctions de production par la méthode des MCO, effets
fixes et semi-paramétrique de Levinsohn et Petrin
D’après ces résultats, on remarque qu’il y a des différences entres les estimations selon
qu’on utilise comme proxy du capital soit les matières, soit l’énergie. Sachant que les achats
de matières premières sont les plus sensibles à une variation de la productivité, plus
l’entreprise est productive plus elle consommera de matières premières. Cette augmentation
sera moins forte pour l’électricité ou le fuel (l’énergie). On choisira donc pour le calcul de la
productivité totale des facteurs, la méthode LP avec un proxy qui nous permettra d’avoir des
coefficients estimés plus significatifs. Dans notre cas ce sont les matières premières et non pas
l’énergie.
178
Chapitre 4
179
Conclusion Générale
Conclusion Générale
Nous avons étudié dans cette thèse les effets de la libéralisation commerciale, du côté
des exportations, sur la productivité du travail d’un point de vue général et, plus
particulièrement, du point de vue des firmes tunisiennes.
L’étude du lien entre les exportations et la productivité du travail pour toutes les
entreprises tunisiennes a révélé deux résultats principaux.
Le premier résultat confirme l’hypothèse standard selon laquelle, seules les firmes les
plus productives vont entrer sur les marchés d’exportation. Nous avons démontré que cette
hypothèse reste valable que nous prenions en compte ou que nous laissions de côté dans
l’estimation les entreprises totalement exportatrices. En effet la présence de ces dernières
introduit un bruit dans l’estimation de la probabilité de l’entrée sur les marchés d’exportation.
Mais la corrélation de cette probabilité d’entrée avec les autres caractéristiques de l’entreprise
comme l’âge et la taille n’a pas pu être validée dans notre étude. Ceci peut être expliqué par
l’existence d’un biais de sélection.
Le second résultat souligne l’existence d’un effet négatif de l’entrée sur les marchés
d’exportation en début de période, sur la croissance de la productivité entre la date t et le
début de la période (année 1998). Nous n’avons pas observé d’effet d’apprentissage par les
exportations dans notre étude.
180
Conclusion Générale
Notre travail présente des limites liées à la taille et à la qualité des données de
l’échantillon. En effet, la taille réduite de l’échantillon a eu deux conséquences majeures sur
la robustesse des résultats. La première nous a amené à utiliser la productivité du travail au
lieu de la PTF. Cette dernière aurait sans doute donné des résultats plus intéressants
puisqu’elle tient compte des spécificités sectorielles et de tous les facteurs de production. La
deuxième nous a obligés à abandonner l’utilisation de techniques plus sophistiquées
d’estimation économétriques pour analyser le lien entre l’activité d’exportation et la
productivité du travail.
Dans une analyse future, il serait intéressant, de tenir compte des importations par
entreprise ou des droits de douane à un niveau fin pour étudier les liens entre les importations
et la PTF. En effet, il serait intéressant de rechercher si l’augmentation de la concurrence
incite les entreprises à accroître leur niveau d’efficience technique, et si les entreprises
importatrices profitent de la diffusion technologique par le biais de leurs fournisseurs
étrangers.
Il serait également pertinent d’intégrer les données sur les sources d’apprentissage, en
particulier des données relatives aux clients étrangers, dans l’étude de l’effet d’apprentissage
par les exportations. Il serait utile de rechercher en premier lieu, si les firmes qui ont exportés
dans le passé sont davantage susceptibles de bénéficier d’un apprentissage du fait de leurs
181
Conclusion Générale
contacts avec leurs clients. On pourrait étudier également la question de savoir si les firmes
qui ont reçu des effets positifs d’apprentissage de la part de leurs clients dans le passé sont
davantage susceptibles de connaître des augmentations de productivité.
182
Bibliographie
Bibliographie
Abdel-Khalek, G. (2001), Stabilization and adjustment in Egypt: Reform or De-
industrialization, Lynbrook, NY, U.S.A.
Aigner D.J., Lovell C.K. et Schmidt P. (1977), “Formulation and estimation of stochastic
frontier production function models”, Journal of Econometrics, 66, pp.21-37.
Aitken, B. J. et Harrison, A. (1994), “Do domestic firms benefit from direct foreign
investment? Evidence from Venezuela”, The World Bank, Policy Research Working
Paper n° 1248.
Alvarez, R. et López, R.A., (2005), “Exporting and Performance: Evidence from Chilean
Plants”, Canadian Journal of Economics, vol 38, n°4, pp.1384–400.
Arellano M. et Bond S.R. (1991), “Some tests of specification for panel data: Monte Carlo
evidence and an application to employment equations”, Review of Economic Studies,
vol 58, pp.277-297.
Aswicahyono, H.H, Kelly Bird et Hal Hill (1996),”What happens to industrial structure when
countries liberalise? Indonesia since the mid-1980’s”, The Journal of Development
Studies, 32, Février.
Aw, Bee Y., Chung, S. et Roberts, Mark J. (1998), “Productivity and the Decision To Export:
Micro Evidence from Taiwan and South Korea”, NBER Working Paper, n° 6558.
Aw, Bee Y., Chen, X. et Roberts, Mark J. (1997), “Firm-Level Evidence on Productivity
Differentials, Turnover and Exports in Taiwanese Manufacturing”, NBER Working
Paper, n° 6235.
Aw, Bee Y. et Hwang, A. R. (1995), “Productivity and the export market: A firm-level
analysis”, Journal of Development Economics, vol. 47, n° 2, Août .
Aw, Bee Y. et Batra, G. (1998), « Technology, exports and firm efficiency in taiwanese
manufacturing », Economics Innovation and New Technology, vol 5.
183
Bibliographie
Aw Bee Y., Roberts J.M. et Xu Yi D. (2008), “ R&D Investments, Exporting, and Evolution
of Firm Productivity”, American Economic Review, 98:2, pp. 451-456.
Baldwin, B. (1989), “Measuring non tariff trade policies.” Cambridge, NBER Working Paper
n° 2978.
Ben Ayed Mouelhi, R. (2007), “The impact of trade liberalization on Tunisian Manufacturing:
structure, performance and employment”, Région et développement, n°25.
Bernard A.B., Eaton J., Jensen J.B. and Kortum S. (2003), “Plants and productivity in
international trade”, The American Economic Review, vol 93, n°4, pp.1268-1290,
septembre.
184
Bibliographie
Bernard A.B. et Jensen J.B. (1995), “Exporters, jobs, and wages in U.S. manufacturing: 1976-
1987”, Brookings Papers on Economic Activities: Microeconomics, pp.67-112.
Bernard, A.B. et Jensen, J.B. (1999), « Exporting and Productivity. » NBER Working Paper
n° 7135, Mai.
Bernard A.B. et Jensen J.B. (2004a), “Exporting and productivity in the USA”, Oxford
Review of Economic Policy, vol 20, n°3, pp.343-357.
Bernard A.B. et Jensen J.B. (2004b), “Why some firms export”, The Review of Economics
and Statistics,vol 86, n°2, pp.561-569.
Bernard A.B., Jensen J.B., Redding S. et Schott P.K. (2007), “Firm in International Trade”,
NBER Working Paper series, n°13054.
Blundell R. et Bond S. (1998), “Initial conditions and moment restrictions in dynamic panel
data models” , Journal of Econometrics, vol 87, pp.115-143.
Bigsten, A., Collier P., Dercon S., Fafchamps M., Gauthier B., Gunning J.W., Oduro A.,
Oostendorp R., Pattillo C., Söderbom M., Teal F. et Zeufack A.(2004), “Do African
Manufacturing Firms Learn From Exporting.”, The Journal of Development Studies,
vol 40, n°3, Février.
Celasun, M. (2001), State owned enterprises in the Middle East and North Africa :
privatisation, performance and reform, Routledge Studies in Development
Economics.
Chaponnière, J. R., Cling, J. P. et Marouani, M. A. (2004), « Les conséquences pour les pays
en développement de la suppression des quotas dans le textile-habillement : le cas de
la Tunisie », DIAL, Document de Travail n° 16.
Charnes A., Cooper W. et Rhodes E. (1978), “Measuring the efficiency of decision making
units”, European Journal of Operational Research, vol 2, pp.429-444.
185
Bibliographie
Chin Hee H. (2004), “Exporting and Performance of Plants : Evidence from Korean
Manufacturing”, NBER Working Paper, n° 10208, Janvier.
Clerides, Sofronis K., Lach, S. et Tybout, James R. (1998), “Is learning by exporting
important ? Micro-Dynamic evidence from Colombia, Mexico and Morocco”, The
Quarterly Journal of Economics, vol 113, n° 3, Août.
Crespi, G., Criscuolo, C. et Haskel, J. (2008), “Productivity, exporting, and the learning-by-
exporting hypothesis : direct evidence from UK firms”, Canadian Journal of
Economics, vol 41, n° 2, Mai.
Currie, J. et Harrison, A. (1997), “Sharing the costs: The impacts of Trade Reform on Capital
and Labor in Morocco”, Journal of Labor Economics, vol 15, n° 3, Juillet, Part 2:
Labor Market Flexibility in Developing Countries.
Delgado, M.A., Fariñas J.C. et Ruano S. (2002), “Firm productivity and exports markets: a
non parametric approach”, Journal of International Economics, vol 57, pp.397-422.
De Loecker, J. (2007), “Do Exports generate higher productivity? Evidence from Slovenia”,
Journal of International Economics, vol 73, pp. 69-98.
186
Bibliographie
Edwards, S. (1998), “Openness, Productivity and Growth: What do we really know?”, The
Economic Journal, vol 108, n° 447, Mars.
Epifani, P. (2003), “Trade liberalization, firm Performance and labor Market Outcomes in the
Developing World. What Can We Learn from Micro-Level Data ?”, University of
Parma and CESPRI-Bocconi University, Mars.
FEMISE (2004), « Les effets des Accords d’Association sur l’industrie des pays partenaires
méditerranéens ».
Fernandes, Ana M. (2003), “Trade Policy, Trade Volumes and Plant-Level Productivity in
Colombian Manufacturing Industries”, Policy Research Working Paper series n°3064,
The World Bank.
Fernandes, A.M. et Isgut, A. (2007), “Learning by Exporting Effects: Are They for Real?”,
MPRA Paper, n° 1321, Novembre.
Foster, L., Haltiwanger, J. et Krizan, C.J. (2000), “Aggregate productivity growth : lessons
from Microeconomic evidence”, in new developments in productivity analysis,
NBER/University of Chicago Press.
Galina, A. et Murat F.l. (2004), “The export skill content, learning by exporting and economic
growth”, Economics letters, vol 84, n° 1, Juillet.
187
Bibliographie
Haddad, M. et Harrison, A. (1993), “Are there positive spillovers from direct foreign
investment? Evidence from Panel data for Morocco”, Journal of Development
Economics, vol 42, n°1, Octobre.
Haddad, M. (1993), “How trade liberalization affected productivity in Morocco”, The World
Bank Working Paper, n° 1096, Février.
Hahn, Chin H. (2004), “Exporting and Performance of Plants: Evidence from Korean
Manufacturing”, NBER Working Paper, n° 10 208.
Handoussa, H., Nishimizu, M., et Page, J. (1986), « Productivity change in Egyptian public
sector industries after the opening, 1973-1979 », Journal of Development Economics.
Arnold J.M. et Hussinger K. (2005), “Export behavior and firm productivity in German
manufacturing: a firm level analysis”, Review of World Economics/
Weltwirtschaftliches Archiv, vol 141, n°2. pp.219-243.
Harrison, A. (1994), “Productivity, Imperfect Competition and Trade Reform : Theory and
Evidence”, Journal of International Economics, vol 36, n° 1-2, Février.
188
Bibliographie
Harrison, A. (1996), “Openness and productivity: A time series, cross-country analysis for
developing countries”, Journal of Development Economics, vol 48.
Harrison, A. et Hanson, G. (1999), «Who gains from trade reform? Some remaining puzzles»,
NBER Working paper, n° 6915
Haskel, Jonathan E., Pereira, Sonia C. et Slaughter, Matthew J.(2002), “Does Inward Foreign
Direct Investment Boost the Productivity of Domestic Firms?”, NBER Working Paper,
n° 8724.
Helpman E., Melitz M.J. et Yeaple S.R. (2004), “Export versus FDI with heterogeneous
firms”, The American Economic Review, vol 94, n°1, pp.300-316, Mars.
Hopenhayn, H., 1992a. “Entry, exit, and firm dynamics in long run equilibrium”,
Econometrica, vol 60,
Jensen, J. Bradford. et Bernard, Andrew B. (2001), “Why some firms Export ?”, NBER
Working Paper, n° 8349.
Marschak J. et Andrews W.H. (1944), “Random simultaneous equations and the theory of
production”, Econometrica, n°12, pp.143-205.
Krizan, C.J. (1997), “External economies of scale in Chile, Mexico and Morocco: evidence
from plant-level data”, Ph.D. Dissertation, Brown University.
189
Bibliographie
Krizan, C.J. (1998), “Industrial spillovers in developing countries: Plant-level evidence from
Chile, Mexico and Morocco”, The Center for Economic Studies: U.S. Census Bureau,
Working Paper n° 1.
Krueger, Anne O. (1997), “Trade Policy and Economic Development: How we learn?”, The
American Economic Review, vol 87, n°.1, Mars.
Krugman, P.R. (1979), “Increasing returns, monopolistic competition, and trade”, Journal of
International Economics, vol 9, n° 4.
Krugman, P.R. (1980), “Scale economies, product differentiation and the pattern of trade”,
American Economic Review, Decembre .
Liu, L. et Tybout J. R. (1996), “Productivity Growth in Chile and Colombia: The Role of
Entry, Exit and Learning”, in Mark J. Roberts and James R. Tybout (éds), Industrial
Evolution in Developing Countries: Micro Patterns of Turnover, Productivity and
Market Structure, Oxford University Press.
Madani, D. et Page, J. (2000), “Global rules for business: Challenges to firm competitiveness
and opportunities for success”, The Egyptian Center for Economic Studies, Working
Paper n°43.
190
Bibliographie
Melitz, Marc J. (2003), “The impact of trade on intra-industry reallocations and aggregate
industry productivity”, Econometrica, vol 71, n° 6, Novembre.
Melitz, Marc J. et Ottaviano, Gianmarco I.P. (2005), “Market size, trade and productivity”,
NBER Workin Paper, n° 11393.
Morrison, Catherine J. (1999), Cost structure and the measurement of economic performance,
Kluwer Academic Publishers.
Nabli M. K., Bahlous M., Bechri M., El abassi M., El ferktaji R. et Talbi B. (2002), « Trade,
finance and competitiveness in Tunisia » dans « Finance and competitiveness in
developing countries ».
Pitt M.M. et Lee L. (1981), “The measurement and sources of technical inefficiency in the
Indonesian weaving industry”, Journal of Development Economics, vol 9, pp.43-64.
191
Bibliographie
Roberts, Mark J. et Tybout, James R. (1997), “Producer turnover and productivity growth in
developing countries”, The World Bank Research Observer, vol 12, n°1, Février.
Rodrik, D. (1995), “Trade and industrial policy reform”, in Behrman and Srinivasan (eds),
Handbook of Development Economics, Vol 3B, Amesterdam : North Holland.
Rodriguez, F. et Rodrik, D., (1999), “Trade policy and economic growth : a skeptic’s guide
to cross-national evidence”, NBER, Working Paper n°.7081.
Rodriguez, F. et Rodrik, D., (2001), Trade Policy and Economic Growth : a skeptic’s guide to
the cross- national evidence, dans NBER Macroeconomics Annual 2000, MIT Press,
pp.261-325.
Sachs, J. et Warner, A. (1995), “Economic reform and the process of global integration”,
Brookings Papers on Economic Activity, vol 1, pp.1-118.
Sekkat, K. (1996), “Regional integration among the Maghreb countries and free trade with the
European Union: A challenge for both sides of the Mediterranean”, Journal of
Economic Integration, December, vol 11, n° 4.
Schmidt P. et Sickles R.C. (1981), “Production frontiers and panel data”, Journal of Business
and Economic Statistics, vol 2, n°4, pp.367-374.
The World Bank, (2002), “Learning to export: Evidence from Moroccan Manufacturing”,
Policy Research Working Paper, n° 2827, Avril.
The World Bank (2003), Trade, investment and development in the Middle East and North
Africa, Washington, D.C.
The World Bank (2004), “Good practice in trade facilitation: lessons from Tunisia”, PREM
notes on Economic Policy, Juillet, n° 89.
192
Bibliographie
The World Bank (2008), “Intégration mondiale de la Tunisie: une nouvelle génération de
réformes pour booster la croissance et l’emploi “, rapport, n° 40129-TN.
Topalova, P. (2004), “ Trade Liberalization and Firm Productivity : The Case of India”, IMF
Working Paper, WP/04/28.
Tybout, J.R. (1992), « Linking Trade and Productivity: New Research Directions », The
World Bank Economic Review, vol 6, n° 2, Mai.
Tybout, J.R. (2000), “Manufacturing Firms in Developing Countries: How Well Do They Do
and Why ?”, Journal of Economic Literature, vol 38, n° 1, Mars,.
Tybout, J.R. (2001), “Plant and Firm-Level Evidence on New Trade Theories”, NBER
Working Paper, n° 8418.
Tybout J.R. et Westbrook M.D. (1995), “Trade liberalization and the dimensions of efficiency
change in Mexican manufacturing industries”, Journal of International Economics,
vol 39, pp.53-78.
Wagner, J. (2005), “Exports and Productivity : A survey of the evidence from firm level
data”, University of Lüneburg, Working Paper Series in Economics, n° 4.
Wagner, J. (2007),” Exports and Productivity: A Survey of the Evidence from Firm-level
Data”, The World Economy.
Yeaple S.R., (2005), “A simple model of firm heterogeneity, international trade, and wages”,
Journal of International Economics, vol 65, pp.1-20.
193
Annexes
Annexes
On présente les résultats du lien entre l’exportation et la productivité totale des
facteurs des entreprises du secteur textile, habillement et cuir.
a. L’effet d’auto-sélection
Pour identifier l’existence d’un effet d’auto-sélection des entreprises sur le marché des
exportations, nous allons procéder à la même démarche présentée ci-dessus pour toutes les
entreprises de l’échantillon. Dans le cas des entreprises du secteur THC, nous avons pu
calculer la productivité totale des facteurs, en suivant la méthode semi-paramétrique de
Levinsohn et Petrin. Ainsi, nous allons essayer de voir si les entreprises du THC les plus
productives vont exporter. Nous estimons la décision d’exportation, en utilisant un modèle
probit :
P ( X it = 1 / X it − 1 = 0 ) = F (α + β ln PTFit − 1 + λ Z it − 1 + ω s + ε it ) (1)
logarithme;
o ε it : l’erreur de mesure.
194
Annexes
investissements afin de préparer leur entrée future sur les marchés d’exportation. Le résultat
est présenté dans la colonne 4, du tableau 39.
∆ ln( PTF ) i ( t ,t − 2 ) = α 1 X i ( t − 2 ) + ∑
k
α k Z i + ε it (4.3)
sinon :
195
Annexes
o ε it : l’erreur de mesure.
Variable
dépendante : ∆ ln(VA / L)i ( t ,t − 2 )
Modèle : (1) (2)
X i (t − 2) 0.213 0.179
(0.184) (0.191)
ln(age) 0.585**
(0.228)
taille -0.081
(0.151)
Nombre 213 213
d’observations
Source : calcul de l’auteur. Les écarts types sont entre parenthèses et *, **, *** indiquent
respectivement une significativité aux seuils de 10 %, 5 % et 1 %.
Les résultats du tableau 40 ne sont pas significatifs, difficile à interpréter dans ce cas.
196
Vu : Le Président
Vu les suffragants :
L’objet de ce travail est d’analyser le lien entre l’entrée sur les marchés d‘exportation et la
productivité des entreprises manufacturières, dans le contexte tunisien. Nous avons
commencé par une analyse de l’aspect réglementaire et fiscal qui touche les entreprises
industrielles, et par l’étude de la politique commerciale de la Tunisie. Par la suite nous avons
passé en revue la littérature théorique et empirique sur le sujet. Enfin, pour expliquer ce
phénomène, nous avons testé trois hypothèses : l’auto-sélection, l’apprentissage par les
exportations, et l’auto-sélection consciente, en nous basant sur des données au niveau des
entreprises sur la période (1998- 2003). Les résultats valident l’hypothèse de l’auto-sélection,
alors que l’effet d’apprentissage par les exportations et celui de l’auto-sélection consciente
n’ont pas pu être observé.
Abstract
This work aims to study the relationship between the entry to export market and industrial
firm productivity in the Tunisian context. At the outset, we analyze Tunisian regulation and
fiscal policy system of industrial firms and we focus on Tunisian trade policy during the last
decades. In the second step, we review the literature on free trade theories and we review
empirical papers that are related to the scope of the study. In the remainder of this work we
developed and tested three hypotheses on the link between entry to export market and
Tunisian firm productivity. Our hypotheses include self-selection, learning by exporting and
conscious self-selection. For the purpose of this study we collected data on industrial Tunisian
firms in the period from 1998 to 2003. In this period, Tunisia spent a lot of efforts in adopting
and in implementing free trade policy. Our results show the existence of self selection
phenomena in the industrial Tunisian firms. However we didn’t find any evidence of neither
learning by exporting nor conscious self selection.