Thèse
pour obtenir le grade de
Pierre VIALE
le 7 septembre 2006
JURY
:
Président :
Monsieur D. CROS Professeur (HDR), XLIM, Limoges
Rapporteurs :
Monsieur P. DELAYE Chargé de Recherche CNRS (HDR), L.C.F.I.O., Orsay
Monsieur Y. JAOUËN Ingénieur d’Étude (HDR), E.N.S.T., Paris
Examinateurs :
Monsieur F. BENABID Professeur, C.P.P.M., Bath, Royaume-Uni
Monsieur S. FÉVRIER Maître de Conférences, XLIM, Limoges
Madame C.N. MAN Directeur de Recherche CNRS (HDR), O.C.A, Nice
Invités :
Monsieur M. THÉVENOT Chargé de Recherche CNRS, XLIM, Limoges
Monsieur J.-M. BLONDY Ingénieur de Recherche CNRS (HDR), XLIM, Limoges
-2-
REMERCIEMENTS
Un grand merci également à S. Lebraud pour tous les services qu’elle m’a rendus durant ces
trois années (recherche de documents, impression, réservation, etc.).
Je remercie également G. Huss et P. Leproux, qui m’ont accueilli au sein de la société
Leukos pendant la rédaction du manuscrit et m’ont permis de terminer dans les meilleures
conditions ma rédaction et de bien préparer ma soutenance.
Je tiens à remercier également les doctorants et les permanents d’Optique Guidée qui m’ont
accompagné durant ces trois années et tout particulièrement F. Gérôme qui fut pendant plus
de 2 ans mon coloc de bureau, et avec qui j’ai apprécié travailler et partager de bons
moments et qui restera un excellent ami.
Un grand merci également à tous mes amis qui m’ont accompagné tout au long de cette
thèse. Merci à ma famille, pour son soutien.
Introduction générale......................................................................... - 11 -
Chapitre 1 : Gestion des effets non linéaires dans les fibres optiques :
Apparition du cristal photonique ............................................................. - 17 -
1 Introduction.........................................................................................................................- 18 -
2 Définitions ...........................................................................................................................- 18 -
5.3 Fibre optique à cristal photonique à réseau bidimensionnel à cœur de silice ....................- 31 -
5.4 Guidage par bande interdite dans un milieu d’indice de réfraction faible à l’aide d’un cristal
photonique .............................................................................................................................................- 34 -
6 Conclusion...........................................................................................................................- 42 -
2.1 Définition......................................................................................................................................- 47 -
2.2 Détermination d’un profil d’indice permettant la seule propagation du mode fond… ...- 48 -
2.3 Optimisation des SBFs pour le transport de puissance.............................................- 51 -
3 Modélisation d’une SBF à grande aire effective basée sur un profil d’indice réel de
préforme ......................................................................................................................................- 55 -
6 Conclusion...........................................................................................................................- 93 -
4 Gestion des effets non linéaires dans les fibres creuses à bande interdite photonique
(HC-PCFs)..................................................................................................................................- 128 -
4.1 Définition du coefficient de non linéarité y d’ordre 3 dans les HC-PCFs .........................- 128
- 4.2 Transport de puissances dans les HC-PCFs ..........................................................................- 132
-
5 Conclusion.........................................................................................................................- 133 -
Chapitre 4 : Exacerbation des effets non linéaires dans les fibres creuses
à cristal photonique................................................................................... -
137 -
1 Introduction.......................................................................................................................- 138 -
3.2 Détermination du principe de guidage dans les LC-PCFs : Abaques de l’indice effectif de
gaine en fonction de la fraction d’air pour différentes longueurs d’onde...................................- 148
-
3.3 Détermination du guidage RIT à 830 nm dans une LC-PCF dont le cœur est rempli
d’éthanol...............................................................................................................................................- 150 -
4.3 Observation en champ proche du guidage résultant de la propagation dans les EC-PCFs
fabriquées .............................................................................................................................................- 161 -
6 Conclusion.........................................................................................................................- 177 -
1 Introduction.......................................................................................................................- 196 -
5 Conclusion.........................................................................................................................- 203 -
- 10 -
Introduction générale
Introduction générale
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12
faire apparaître ici.Chapitre 1 Ajouter un titre à votre document
Dans les années 1960, l’apparition des lasers, combinée au développement des
fibres optiques a permis d’envisager de nouveaux moyens de transmission de
l’information. Les télécommunications optiques sont depuis en perpétuelle évolution. On
estime qu’aujourd’hui plus de 80% des communications longue distance sont effectuées
par l’intermédiaire de 25 millions de kilomètres de câbles à fibres optiques. Les fibres
conventionnelles utilisées sont composées d’un cœur de silice entouré d’une gaine
optique et d’une gaine de protection. L’indice de réfraction du cœur est supérieur à celui
de la gaine optique pour permettre la propagation de la lumière par le principe de
réflexion totale interne (RTI).
Le profil d’indice de réfraction est dit à saut (d’indice) (SIF pour Step Index Fibre).
La préforme initiale de la fibre est réalisée par des techniques de dépôt en phase vapeur
dont la plus répandue est appelée MCVD [ McCH. 74] (Modified Chemical Vapour
Deposition). Classiquement, la différence d’indice dans la fibre est réalisée en dopant la
silice par du germanium pour augmenter l’indice de réfraction ou par du fluor pour le
réduire. La fibre est dite monomode car seul le mode électromagnétique HE11,
doublement dégénéré, est guidé. On parle alors de SMF pour SingleMode Fibre.
L’augmentation sans cesse croissante des besoins en terme de débit par canal
impose d’injecter, dans la fibre optique, des puissances optiques de plus en plus
importantes. La géométrie des fibres utilisées n’évoluant pas et les puissances
optiques transmises
augmentant, la densité surfacique de puissance augmente. Il apparaît alors des effets
non linéaires indésirables pour la propagation dans un milieu tel que la silice. Ils se
caractérisent notamment par un élargissement spectral du signal émis et/ou une
modification du spectre fréquentiel du signal source.
Les non linéarités n’ont pas que des effets néfastes. L’exacerbation de ces effets non
linéaires par des impulsions très énergétiques peut provoquer la génération de sources à
des longueurs d’onde particulières par conversion de fréquence. Soumis à une intensité
forte, le spectre d’un signal incident évolue. De l’énergie est générée à une longueur d’onde
différente de celle du signal, cela par un échange entre les différents niveaux d’énergies du
matériau constituant le cœur. On parle alors de décalage Raman [RAMAN 28]. Chaque matériau
possède intrinsèquement un décalage Raman et un gain Raman propre (le décalage Raman
de la silice pure vaut ~ 440 cm-1 et le gain vaut 10-13 m.W-1 à hP = 1 µm.
Durant la dernière décennie, un matériau artificiel a été développé pour les guides
optiques planaires : le cristal photonique. Il est constitué d’une combinaison régulière de
matériaux d’indices de réfraction différents. Suivant ses caractéristiques géométriques et
physiques, il permet la propagation ou la réflexion d’une onde incidente sur son interface
quel que soit l’indice du milieu d’où provient l’onde. L’adaptation de ce nouveau matériau
aux fibres optiques a donnée lieu à la création des fibres à cristal photonique (PCF pour
Photonic Crystal Fibre). Le remplacement de la gaine optique par ce nouveau milieu
microstructuré rend très attrayantes les perspectives offertes par les PCFs,
principalement pour la gestion des effets non linéaires.
La gestion des effets non linéaires est devenue un élément important pour la
propagation de puissances optiques et a été longuement étudiée dans les SIFs. Les
limitations technologiques et physiques de ces fibres bornent la surface modale, et
l’utilisation des matériaux constituant le coeur. Le cristal photonique peut permettre
d’une part de moduler géométriquement le profil d’indice d’une fibre optique pour
augmenter la surface modale. D’autre part, il permet l’emploi de nouveaux matériaux
d’indice de réfraction différent de celui de la silice. Ainsi, il est possible d’utiliser des
matériaux de faible non linéarité (gaz neutres ou air) pour une application au transport
de puissance, ou des matériaux de forte non linéarité (H2, liquides telle que l’eau lourde,
éthanol, CH4…) pour créer des sources fibrées particulières.
Le premier chapitre de ce mémoire, intitulé « Gestion des effets non linéaires dans les fibres
optiques : Apparition du cristal photonique » regroupe l’ensemble des éléments de base
essentiels à la compréhension de mes travaux de recherche sur la gestion des effets non
linéaires. Une approche explicative et quantitative sur les effets non linéaires prépondérants,
pour la propagation d’impulsions lumineuses, est exposée dans ce chapitre. J’expose
également les avancées technologiques et scientifiques qu’apporte l’application des cristaux
photoniques au domaine de l’optique guidée. Une seconde partie, intitulée « Transport de
fortes puissances optiques dans les fibres à cœur de silice à bande interdite photonique » détaille
mes
travaux sur l’utilisation d’un cristal photonique unidimensionnel dans le domaine du
transport de fortes puissances optiques dans les fibres optiques à cœur de silice pure.
L’utilisation d’un réseau microstructuré permet d’obtenir des propagations unimodales à
très large surface effective et permet d’obtenir des surfaces modales jusque là encore
jamais atteintes. La densité surfacique de puissance est alors drastiquement réduite.
Une étude complète (modélisation, caractérisation et application) a mis en évidence le
fort potentiel de ce type de fibre pour le transport de fortes puissances.
La troisième partie, intitulée « Transport de fortes puissances optiques dans les fibres
creuses à bande interdite photonique », expose la seconde propriété offerte par le cristal
photonique qu’est la propagation dans un milieu d’indice de réfraction faible. L’air (n = 1) est
reconnu comme étant un milieu faiblement non linéaire. Son utilisation comme milieu de
propagation permet de réduire voire de supprimer les effets non linéaires. Au sein du
laboratoire, l’étude des fibres creuses ne fait que débuter. Ce chapitre regroupe la
présentation des différents modèles de fibres creuses existants et conçus à travers le monde
ainsi que les travaux que j’ai menés sur l’optimisation d’un profil d’indice particulier à très
gros cœur. Les applications concernant ce nouveau type de fibre sont pléthores. Je
m’attacherai à faire une description succincte, mais non exhaustive, de l’emploi de ces fibres
dans des domaines variés et en particulier au transport de fortes puissances optiques.
Dans le dernier chapitre, intitulé « Exacerbation des effets non linéaires dans les fibres
creuses à cristal photonique », je détaillerai mes travaux sur l’utilisation des fibres creuses à
cristal photonique pour permettre la propagation dans un liquide non linéaire. Nous avons
développé une méthode consistant à ne remplir que le cœur de la fibre creuse par un liquide.
Une méthode basée sur les premiers modèles de PCFs à cœur de silice nous a permis
d’identifier le comportement modal d’une PCF à cœur liquide. J’en détaillerai la
modélisation et la fabrication. Je développerai ensuite les premières utilisations de cette fibre
dans le domaine de l’optique non linéaire dans le but de réaliser des sources à conversion
de fréquences. J’ai détaillé dans la partie « Chronologie » la chronologie des différents
événements directement liés à mes travaux de thèse. Je détaille ma contribution ainsi que
les travaux marquants publiés à travers le monde. En annexe, je détaille les fabrications de
fibres optiques creuses réalisées au laboratoire auxquelles j’ai participées.
Chapitre 1 : Gestion
des effets non linéaires
dans les fibres
optiques : Apparition du
cristal photonique
1 Introduction
2 Définitions
Dans une fibre optique, l’énergie transmise est confinée sur une faible section transverse
à l’axe de propagation (cœur de diamètre 3 à 8 µm pour les fibres conventionnelles).
Des champs électromagnétiques intenses sont alors créés lorsque la puissance optique
augmente, ce qui modifie les propriétés de la silice. La susceptibilité du matériau devient
dépendante du champ électrique E en présence [AGRA. 01]. Le vecteur de polarisation P
s’écrit:
(1)
P représente la polarisation linéaire d’ordre 1 et
(i) les polarisations non linéaires d’ordre i, i > 1.
P
L NL
L P(1) dépend de la susceptibilité linéaire d’ordre 1 : z (1). Elle se traduit par l’apparition
de pertes linéiques au cours de la propagation. Elle est également à l’origine de
l’indice de réfraction. En effet, l’indice de réfraction n(h) et le coefficient d’atténuation
linéique a(Z) sont définis par :
n(h) 1
1
Re ç (1)
(2)
(h)
2
A(h)
2n
Im ç (1)
(3)
(h)
nh
h est la longueur d’onde d’étude.
La susceptibilité non linéaire d’ordre 2 (z (2)) est responsable des effets non linéaires
tels que la génération de second harmonique ou la conversion paramétrique de
fréquence. On ne tient pas compte de ce terme dans les fibres optiques parce que la
silice est un matériau centrosymétrique.
La susceptibilité non linéaire d’ordre 3 (z (3)) est à l’origine des différents effets non
linéaires présents dans une fibre optique, tels que l’effet Kerr optique ou les diffusions
stimulées. Je vais décrire ces effets dans la partie suivante. Dans une fibre optique, le
coefficient de non linéarité d’ordre 3 y est défini par [AGRA. 01] :
2nn 2
y
(4)
hAeff
n2 est l’indice de non linéarité d’ordre 3 (n2 est égal à 3,2.10-20 m2.W-1 pour la silice pure à 1550 nm). Pour
une SMF (à 1550 nm), y = 5.10-5 W-1.cm-1 (Aeff = 80 µm²).
Ce terme traduit le seuil de génération des effets non linéaires dans une fibre ayant
un matériau central d’indice non linéaire (n2), de section transverse (Aeff) à la
longueur d’onde h. On peut donc caractériser chaque fibre optique par un terme y
propre.
J ] 2
| E r rdr|
2
| ∫ r
|
Aeff
2n ⎝ 0 ] (5)
E 4 r rdr
∫ r
0
On peut donc déterminer la longueur non linéaire LNL, à partir de laquelle apparaissent les
effets non linéaires, pour une puissance donnée (P) dans une fibre donnée (y).
LNL
1
(6)
y
P
P étant la puissance injectée dans la fibre. Pour P = 10 mW, dans une SMF (à 1550 nm), LNL = 20 km.
Les termes y et LNL permettent de quantifier les effets non linéaires dans les fibres optiques.
L’effet non linéaire prépondérant dans une fibre optique est l’effet Kerr optique [STOL. 73a].
Il provient de la dépendance de l’indice de réfraction n à l’intensité I du champ optique.
Ainsi n(Z) se transforme en nNL(h,I) sous l’influence du champ intense I. nNL(h,I) s’écrit
alors :
n NL h, I nh n 2
(7)
I
La diffusion Raman [ RAMAN 28] intervient dans les fibres optiques à partir d’un seuil de
puissance pour lequel l’effet Kerr est important. Il s’agit d’une interaction « photon-
phonon », c'est-à-dire de l’échange d’énergie entre l’onde optique et les vibrations du
matériau. L’effet Raman traduit l’émission d’un rayonnement dont la longueur d’onde
diffère de la longueur d’onde incidente d’une quantité correspondant à l’écart entre un
- 20 -
niveau d’énergie fondamental et un niveau d’énergie vibrationnel du matériau. On parle de
diffusion Raman stimulée (SRS pour Stimulated Raman Scattering [AGRA. 01]). Dès qu’une
onde intense de fréquence T0 se propage dans une fibre optique, une onde Stokes se
développe autour de la fréquence T0 - K comme le montre la figure 1 :
Figure 1 : Génération Stokes (a) et anti-Stokes (b) par diffusion Raman stimulée
Si cette onde générée est suffisamment intense, elle peut également générer des ordres Stokes
supérieurs. Une onde d’intensité plus faible est générée à la fréquence T0 + K (anti-Stokes).
La SRS se traduit par la formation de raies spectrales correspondant aux ordres Stokes du
matériau considéré. Une première expérience a mis en évidence ce phénomène dans une
SIF à cœur de silice [STOL. 84] comme le montre la figure 2 :
Figure 2 : Mise en évidence du décalage Raman dans une SIF [ STOL. 84]
La fibre utilisée est une SIF de 4,5 µm de rayon de cœur et longue de 173 m. La longueur
d’onde de pompe (source) vaut 532 nm. Le premier ordre Stokes est généré pour un
décalage en fréquence équivalent environ à 500 cm-1. L’intensité de cet ordre est supérieure
à celle de la pompe. On parle alors de gain Raman [STOL. 73b].
La fibre modélisée est une SIF ayant une différence d’indice de 0,005. L’aire effective
est de 10 µm². La longueur d’onde d’étude est 532 nm, et la longueur de la fibre est de
50 m.
On peut alors imaginer la création de sources décalées en longueur d’onde en utilisant les
différents ordres Stokes. Pour des applications de découpe laser par exemple [ HAND 98], ce
décalage Raman a été observé avec une SIF de 6,4 µm de diamètre de cœur. La source est
un laser Nd:YAG émettant à 1064 nm des impulsions de durée 0,16 ms à un taux de
répétition
de 100 Hz. La puissance moyenne est de 8 W. Le spectre du signal obtenu après 20 m de
propagation dans le cœur de la fibre est présenté sur la figure 4a.
Figure 4 : (a) Spectre en sortie de SIF : Mise en évidence du décalage Raman [ HAND 98],
(b) Représentation schématique de la dégradation de la qualité du marquage au laser
La raie d’émission du laser est calée sur 1,064 µm. Sur ce spectre, on observe la création
d’une raie plus large et moins intense à 1,12 µm. Cette longueur d’onde correspond au
premier ordre Stokes. Le deuxième ordre est également créé à 1,18 µm. Pour des
applications de découpe ou de marquage laser, cet effet non linéaire va détériorer la qualité
du faisceau en sortie de fibre comme le montre la figure 4b. On considère une source
émettant un signal à h1 dans une fibre optique. En sortie de cette fibre, on place une lentille
de focalisation. A l’entrée de cette lentille, le spectre du signal est composé de trois raies
centrées sur les longueurs d’onde h1, h2 et h3. La lentille va focaliser le rayonnement
différemment pour chaque longueur d’onde. Le point de focalisation va donc évoluer
spatialement par rapport à la surface à marquer. L’apparition d’effets non linéaires de type
Raman est donc préjudiciable pour cette application.
4 Gestion des effets non linéaires optiques
4.1 Introduction
Les effets non linéaires ont été mis en évidence dans les SIFs. La gestion des effets non
linéaires passe par le contrôle du coefficient de non linéarité d’ordre 3 y (défini par
l’équation (4)). En effet, en réduisant ce terme, d’après l’équation (6), pour une même
longueur de fibre, il sera possible de transporter de plus fortes puissances optiques dans une
fibre à cœur de silice sans exacerber les non linéarités. A contrario, en augmentant ce terme,
la puissance minimale nécessaire à la génération d’effets non linéaires sera plus faible.
Pour contrôler ces effets, des profils d’indice de réfraction à saut d’indice ont été
développés. Dans le profil d’indice d’une SIF, les paramètres modulables sont le rayon
du cœur et la différence d’indice cœur/gaine
Dans la définition du coefficient de non linéarité d’ordre 3 y dans une fibre à coeur de
silice (n2 fixé), pour une longueur d’onde fixée h, le seul terme variable est l’aire effective
Aeff de la fibre. Dans ce cas, pour réduire le terme y, il est nécessaire d’augmenter cette
aire effective. Il est alors nécessaire d’augmenter la taille du cœur. L’augmentation de la
taille du cœur implique une augmentation du nombre de modes guidés. Le
comportement modal dans une fibre à saut d’indice classique est dicté par la valeur de
la fréquence spatiale normalisée V [LECOY 92a] :
2n
Va n 2 12n 2 (8)
h
a est le rayon du cœur, h la longueur d’onde d’étude, n1 l’indice de réfraction du cœur et n2 celui de la gaine.
Pour obtenir une propagation monomode, il est nécessaire de conserver une fréquence
spatiale normalisée inférieure à VC = 2,405. Si la taille du cœur augmente, il est nécessaire
de
réduire la différence d’indice entre le cœur et la gaine, ce qui se traduit dans l’expression (8)
Une fibre satisfaisant VC < 2,405 pour a élevé est dite LMA (Large Mode Area). D’après la
relation de Marcuse [LECOY 92b], on peut approximer l’aire effective A eff dans les fibres dont le
mode est gaussien par :
Aeff 3 2 2.879
n a {| 0,65 1,619 V 6 ⎞|
(9)
2
V 2
⎝ ⎠
La plus grande aire effective obtenue pour une LMA SIF est de 310 µm2 [RICH. 99 –TAVE 99].
Cette première réalisation a mis en évidence la sensibilité de la LMA SIF aux courbures. La
courbure est caractérisée dans le cas d’une fibre optique par son rayon critique QCRI
pour lequel l’intensité du champ est réduite de moitié (3 dB d’atténuation après 1
m de propagation). On peut estimer que le rayon critique vaut 15 cm pour ce type de
fibre. Des pertes de 10 dB pour une courbure de rayon 10 cm et supérieures à 40 dB pour une
courbure de 5 cm sont mesurées pour cette fibre [RICH. 99]. La maniabilité de la fibre optique en
fait un atout majeur pour la manipulation sécurisée d’un faisceau laser. Il est toutefois
important que les pertes par courbure ne soient pas trop élevées. En 1999, un nouveau profil
d’indice a été développé pour réduire les pertes par courbure [BROD. 99]. Il est représenté sur
la figure suivante :
Figure 6 : Profil d’indice d’une fibre LMA à faibles pertes par courbure [ BROD. 99]
Le profil d’indice de cette fibre est dit à quadruple gaine. On peut considérer qu’il est le
résultat de l’assemblage de quatre couronnes concentriques d’indice de réfraction différent.
Une dépression d’indice est placée en sortie de cette gaine optique particulière pour réduire
les pertes par courbure. Le mode obtenu possède une allure quasi-gaussienne représentée
en
pointillés sur la figure 6. L’aire effective de ce mode particulier est alors estimée à 910 µm²
(h = 1558 nm).
Dans un premier temps, nous allons définir les différents paramètres nous permettant de
quantifier les puissances transmises dans les fibres optiques.
Les lasers impulsionnels de courte durée (de ns à fs) sont employés pour le transport de
fortes puissances optiques pour augmenter par exemple la précision pour des
applications de découpe ou de marquage. Le signal émis par un laser impulsionnel est
caractérisé par la durée des impulsions T0 [s], le taux de répétition de ces impulsions FR
[Hz] et la puissance moyenne Pav [W]. Spatialement, le faisceau est caractérisé par le
paramètre M² qui est appelée « qualité du faisceau ».
On définit la puissance crête du signal PM et l’énergie du signal E par les relations suivantes :
Pav
PM [W] (10)
TF
0 R
Pav
E
[J] (11)
FR
Pour tester le potentiel d’une fibre optique pour le transport de puissance, on utilise des
lasers très énergétiques (PM de plusieurs kW) à très courte durée d’impulsions (ns vers
fs). Ce signal est injecté dans la fibre sous test, et la puissance est mesurée en sortie de
fibre. On définit alors le rendement d’injection Ri, exprimé en pourcentage, entre la
puissance d’entrée et la puissance de sortie. Il caractérise la portion de puissance
transmise dans la fibre (en ne prenant pas en compte les pertes de propagation). La
fibre sous test est quant à elle caractérisée par son aire effective Aeff [µm²] et sa
dispersion chromatique DC [ps/(nm.km)]. En sortie de fibre, les impulsions ont une
largeur temporelle Ts différente de T0 suivant la valeur de la dispersion chromatique. La
fréquence de répétition reste inchangée. On mesure à l’aide d’un mesureur de
puissance, la puissance moyenne PavS en sortie de fibre. Par les relations
(10) et (11), on définit l’énergie ES et la puissance crête PS en sortie.
Tout matériau soumis à une énergie intense se détériore irrémédiablement à partir d’un
seuil. On définit alors un seuil de dommage à ne pas franchir pour ne pas détériorer
dans notre cas la fibre optique. Ce seuil est communément appelé LIDT (Laser-Induced
Damage Threshold). Il est défini par la relation :
LIDT E S
[J.cm-²] (12)
Aeff
Avec la fibre LMA définie sur la figure 6 [ BROD. 99], une énergie record de ES = 0,5 mJ à
1550 nm a été obtenue avec un taux de répétition faible de 200 Hz. La durée des impulsions
est de 40 ns.
Pour des applications de haute précision, il est nécessaire de réduire la durée des
impulsions et d’augmenter le taux de répétition [KUHN 00]. La réduction de la durée des
impulsions nécessite un contrôle de la dispersion chromatique pour des durées inférieures à
des dizaines de picosecondes. Des fibres permettant la transmission d’impulsions ps voire
fs, à des taux de répétition de plusieurs dizaines de kHz sont recherchées.
Les effets non linéaires de type Raman implique la génération d’ordre Stokes de longueurs
d’onde supérieures hS à la longueur d’onde d’émission hP. Ces longueurs d’onde sont
directement reliées par l’expression suivante :
h S hP
(13)
1 104 Sh
o P
oS est le décalage Raman (cm-1) propre au matériau du cœur. Ce terme est invariant en fonction de la
longueur d’onde. Les unités des variables de l’équation sont h en [µm] et oS en [cm-1].
Il est nécessaire d’utiliser des matériaux fortement non linéaires pour réaliser de la
conversion de fréquence optique. L’amplification Raman a été démontrée dans les SIFs
à cœur de silice [STOL. 84]. Des premières expériences ont été menées avec des matériaux
autres que la silice pour constituer le cœur de la fibre. Premièrement, une fibre avec un
trou central
a été remplie de benzène [STONE 75] d’indice de réfraction supérieur à celui de la silice. Le
guidage est assuré par réflexion totale interne. Le guidage est multimode compte tenu
de la forte différence d’indice entre le benzène et la silice. Une amplification Raman a
été mise en évidence avec cette fibre. Cette amplification est limitée par la forte
absorption du matériau considéré dans certaines bandes spectrales du visible. Ceci
limite les bandes d’amplification disponibles.
Un autre matériau, plus transparent, a alors été utilisé. Il s’agit du CCl 4 [CHRA. 81]. A l’aide
d’un mélange à base de CCl4 pour remplir le cœur creux de la fibre optique des ordres
Stokes ont été générés.
La conversion de fréquence optique a été mise en évidence [EIME. 81] dans des fibres
creuses (mono-trou). La propagation sur de grandes longueurs de fibres mono-trou
remplies de liquides ou de gaz n’est possible que si l’indice de réfraction du cœur est
supérieur à l’indice de la gaine.
4.4 Conclusion
La gestion des effets non linéaires repose essentiellement sur la géométrie de la gaine
optique et sur le matériau constituant le cœur de la fibre optique.
Une grande partie des liquides non linéaires ou des gaz non linéaires ont un indice de
réfraction inférieur à celui de la gaine de silice. Le guidage est impossible par RTI. Il est
alors indispensable de déterminer une géométrie de la gaine optique permettant le
guidage dans des matériaux de faible indice de réfraction.
5 De nouvelles solutions pour les fibres optiques
5.1 Introduction
Le développement des SIFs durant quarante ans démontre le fort potentiel de ces fibres.
La technique de fabrication n’a que peu évolué durant cette période. Les propriétés du
matériau utilisé (silice) affectent fortement la dispersion chromatique et les non linéarités
générées. Toutefois, elles peuvent être influencées par le profil d’indice particulier de la
fibre.
Durant les années 90, alors que les propriétés intrinsèques de la silice limitent l’évolution
des SIFs, un nouveau matériau, appelé cristal photonique, basé sur une combinaison
structurée (bi ou tridimensionnelle) et périodique de matériaux diélectriques [JOHN 87 - YABL.
93] a été développé. On prédit alors l’apparition de bandes de fréquences pour lesquelles
le réseau, ainsi constitué, réfléchit toutes les ondes incidentes. On parle alors de bande
interdite photonique.
Un cristal photonique constitué d’air et de silice par exemple peut alors être utilisé dans
le domaine de l’optique, aux longueurs d’onde usuelles [ BIRKS 95]. La localisation du
champ électromagnétique dans un tel matériau ne peut se faire sans l’insertion d’un
défaut dans le réseau cristallin. En considérant l’apparition de bandes interdites de
fréquence dans le réseau et en injectant une onde dans ce défaut, elle pourra alors se
propager tout au long de ce défaut, par réflexions multiples sur les parois du cristal
photonique.
Un réseau cristallin uni- ou bidimensionnel peut alors être employé pour constituer la
gaine optique des fibres. On parle alors de fibres optiques à cristal photonique (PCFs
pour Photonic Crystal Fibres). Le défaut du réseau sera le cœur de la fibre.
- 30 -
5.3 Fibre optique à cristal photonique à réseau
bidimensionnel à cœur de silice
Les premières fabrications des PCFs à réseau bidimensionnel sont réalisées en considérant
un cœur de silice et une gaine optique constituée de silice et d’air [ KNIG. 96]. Pour réaliser de
telles fibres, il a été nécessaire de développer de techniques nouvelles de fabrication. Une
technique basée sur un assemblage de capillaires et barreaux de silice a alors été réutilisée
[KAIS. 74 – TONU. 92]. Cette technique est appelée « Stack and Draw ». La gaine microstructurée
est constituée par l’assemblage de tubes de silice de dimension millimétrique [ BROE. 03 – DAWES
03]. L’assemblage ainsi réalisé est communément appelé « préforme primaire » ou
« stack ». Le cœur est formé par le remplacement d’un ou plusieurs capillaires par des
barreaux de silice.
La figure suivante représente schématiquement la section transverse d’une PCF (a) ainsi
qu’une coupe longitudinale (b).
Le réseau est composé d’un arrangement de trous d’air dans une matrice de silice. La gaine
microstructurée représentée sur la figure 7c est définie par le pitch (K), distance entre le
centre de deux trous adjacents de la gaine et le diamètre des trous (d). Le cœur de la fibre
est constitué de silice pure. On considère que le rayon rcoeur est directement relié au pitch par
:
rcoeur
3
K (14)
2
Quelle que soit la valeur du rapport d/K, l’indice de réfraction effectif de la gaine
microstructurée sera inférieur à celui du cœur. Plus le rapport d/K sera grand, plus cette
différence d’indice sera grande. Comme dans les SIFs, le guidage sera effectué par le
mécanisme de réflexion totale interne, comme schématisé sur la figure 7b.
L’indice effectif du mode guidé n eff dans la PCF est compris entre l’indice du cœur n coeur
(limite haute) et l’indice effectif n gaine du mode fondamental (communément appelé
Fundamental Space-filling Mode FSM) de la gaine microstructurée (limite basse) [PEYR. 03a
– KNIG 98a]. Pour le calculer, il est commode de modéliser la structure cristalline par une
2n
V K n2 n2
coeurgaine (15)
h
Le guidage monomode est assuré si V est inférieure à 2,405, comme dans les SIFs.
L’augmentation forte de l’aire effective a été mise en évidence [ BAGG. 01] dans les PCFs. Des
aires effectives de l’ordre de 680 µm² à 1,55 µm peuvent être atteintes en utilisant une gaine
optique ayant un pitch K de 12,8 µm et un rapport d/K très faible de 0,055. L’accroissement
de l’aire effective passe nécessairement par l’augmentation du rayon de cœur donc du pitch
(équation (14)). Ainsi, plusieurs couronnes de trous, indispensables pour réduire les pertes
linéiques, entraîneront l’élargissement du diamètre extérieur de la fibre.
Ces fibres sont très sujettes aux pertes par courbures. En effet, la courbure critique QCRI pour
ce genre de fibres est, en première approximation, en relation directe avec le pitch du réseau
[KNIG. 98b] :
3
K
Q CRI 2 (16)
h
L’accroissement du pitch, nécessaire pour obtenir une forte aire effective, augmentera alors
considérablement les pertes par courbures. Il est possible de réduire ces pertes
en augmentant fortement le diamètre extérieur de la fibre [NIEL 03a]. Toutefois les
contraintes mécaniques dues au grand diamètre extérieur de la fibre seront alors
exacerbées. Des aires effectives importantes peuvent être obtenues dans les PCFs comme le
prouve l’aire effective de 591 µm² (K = 23 µm) atteinte en 2003 avec une atténuation linéique
minimale de 5 dB.km-1 à 1550 nm [NIEL 03b]. Un enroulement de 16 cm de rayon a été utilisé
pour réaliser la mesure. Cet enroulement réduit la largeur de la bande de transmission aux
courtes longueurs d’onde, la limite basse étant alors h = 1200 nm. Un enroulement
classique (Q = 7,5 cm) devrait augmenter fortement les pertes.
Une PCF appelée « rod-type PCF » en raison du diamètre extérieur très élevé (2 mm) a
récemment été développée pour réaliser une fibre amplificatrice [LIMP. 06]. Le diamètre
extérieur de la fibre vaut 2 mm. Cette fibre exhibe une aire effective proche de 2000 µm2
pour le mode fondamental à 975 nm. Le diamètre du cœur vaut 60 µm et le rapport d/K
vaut 0,19. Le fort potentiel des fibres rod-type est largement atténué par la rigidité de la
fibre conçue. Un diamètre extérieur de 2 mm ne donne aucune flexibilité à la fibre
optique, ce qui est logiquement un de ses principaux avantages.
5.4.1 Introduction
Les structures à cristal photonique permettent le guidage d’un champ électrique dans un
milieu d’indice de réfraction quelconque pour une bande spectrale définie par la
géométrie du réseau. L’intérêt des PCFs réside dans leur capacité à guider la lumière
dans un milieu d’indice de réfraction inférieur à celui de la gaine, ce qui est impossible
avec des SIFs. L’air est un milieu faiblement non linéaire (n2 = 2.9.10-19 cm2.W-1) comparé
à la silice et d’indice de réfraction faible (nair = 1). Il est alors intéressant de proposer des
solutions pour permettre la propagation d’une onde lumineuse dans le cœur creux d’une
PCF, grâce à un guidage par bande interdite photonique.
Un réseau de Bragg est schématiquement représenté sur la figure 9a. Il est constitué d’une
alternance de couches d’indice n1 et n2 (n1 > n2).
Figure 9 : (a) Schéma de la déviation d’un faisceau lumineux de largeur spectrale A2 appliqué à la surface d’un
réseau de Bragg. (b) Courbe de transmission schématique du réseau de Bragg considéré
On applique une onde incidente de largeur spectrale Oh à l’interface d’un réseau de Bragg.
Par des recombinaisons constructives du faisceau incident dans le réseau, une partie du
signal sera réfléchie par le réseau, l’autre partie sera transmise. Sur la figure 9a, le signal
transmis, à travers le réseau, est caractérisé par les longueurs d’onde h 1, h2 et h3. Les
longueurs d’onde hB, h4 et h5 seront réfléchies par le réseau. La figure 9b représente la
courbe de transmission du réseau. On observe l’apparition d’une bande de longueurs d’onde
non transmises par le réseau. On parle alors de bande interdite. La longueur d’onde
particulière hB est fortement réfléchie par le réseau. Elle définit théoriquement le centre de la
bande interdite. Elle est appelée longueur d’onde de Bragg. À h B, le réseau est équivalent à
un miroir parfait pour l’onde incidente.
Le rayon émis à la longueur d’onde de Bragg hB sera fortement confiné dans le cœur de
la structure compte tenu des fortes réflexions successives sur les parois du réseau. Au
contraire, un rayon à la longueur d’onde hT sera transmis par le réseau, et le signal à
cette longueur d’onde sera fortement atténué au long de la propagation.
Autour de la longueur d’onde de Bragg (soit h4 et h5 de la figure 9), une portion de l’énergie
incidente sera transmise et l’autre partie sera réfléchie. Par des recombinaisons successives
des rayons dans la microstructure, une forte portion d’énergie est alors guidée dans le cœur.
L’énergie transmise dans le réseau au cours de la propagation peut alors être quantifiée, on
parle alors de pertes de confinement.
Ce réseau de Bragg unidimensionnel a été utilisé dans une fibre de Bragg à cœur creux
[FINK 98]. Il est possible de définir les plages de longueur d’onde en fonction des paramètres du
réseau [WINN 98]. Les dimensions du réseau sont définies par les relations suivantes autour de
la longueur d’onde centrale de la bande hB [FINK 98] :
A2 n
(17)
3
A3 n
2
(18)
A hB
2
4
Les modes propagés dans ce type de structures sont généralement les modes
électromagnétiques TE et TM. Une récente expérience a mis en évidence un guidage
multimode dans une fibre creuse entourée d’un réseau unidimensionnel [HART 02]. Le cœur
creux de 200 µm de rayon environ est entouré par une alternance de 21 couches de 0,9 µm
d’épaisseur chacune. La différence d’indice dans la gaine vaut 1,25. Le cœur étant très
large, la propagation est multimode. La fibre est présentée sur la figure suivante :
Figure 11 : (a) Photographie MEB de la section transverse de la fibre creuse [ HART 02]
(b) Zoom sur le réseau unidimensionnel entourant le cœur
(c) Résultats de mesure et calcul de la bande de réflexion de la fibre considérée.
Sur la figure 11b, les couches d’indice haut sont représentées en blanc. La courbe de
réflexion du réseau est représentée sur la figure 11c. On observe la présence d’une bande
interdite centrée autour de 3,5 µm. Les mesures sont en très bon accord qualitatif et
quantitatif avec les calculs. On remarque également la présence de deux autres bandes de
transmission secondaires beaucoup plus étroites autour de 1,6 µm et 1,1 µm.
Le principe de guide ARROW [DUGU. 86] est défini sur la figure 12, qui représente deux ondes
de fréquences différentes se propageant dans le cœur du guide entouré d’une couche
d’indice haut et d’une couche d’indice bas [LITC. 02].
Figure 12 : Représentation schématique d’un guide ARROW (figure du
haut), et spectre de transmission associé (figure du bas) [LITC.
02]
Kdb (19)
Il est possible d’introduire une autre condition d’antirésonance pour définir l’épaisseur des
couches d’indice bas [LITC. 02] en fonction de l’épaisseur du cœur :
a
b (2A 1) (21)
2
Toutefois si b << a, alors la condition d’antirésonance définie par l’équation (20) est toujours
valable.
Une étude par BPM (pour Beam Propagation Method) [FEIT 80 - SCAR. 00] a permis de mettre en
évidence ce guidage particulier dans un guide planaire. Différents profils (K différents) ont
été modélisés, avec 10 paires de couches et d = 3,437 µm. La transmission a été calculée
[LITC. 02] dans chaque cas en fonction de la longueur d’onde (de 0,6 µm à 14 µm) après 5 cm
de propagation à l’aide de la méthode du faisceau propagé.
Figure 14 : Spectres de transmission calculés pour un guide ARROW 1D monocouche (représenté par les
cercles blancs) et 10 paires de couches (en trait noir continu) précédent [LITC. 02]
Sur la figure précédente, les flèches correspondent aux positions des minima définies par
l’équation (20). Dans le cas du guide multicouches, la transmission est égale à 1 sauf à la
position de ces minima. Dans le cas du guide monocouche, le spectre de transmission est
alors caractérisé par une série de lobes dont le maximum de transmission diminue en
fonction de la longueur d’onde. L’augmentation du nombre ce couches augmente la
transmission du guide.
- 40 -
guide plan monocouche ont été repris. La comparaison a été effectuée avec un guide
cylindrique de dimensions identiques. Les résultats sont présentés sur la figure suivante :
Figure 15 : Spectres de transmission d’un guide planaire et d’un guide cylindrique ARROW
monocouche (n1 = 1,4 et n2 = 1,8) entre 0,6 µm et 1 µm [ABEE. 02]
La distribution axiale du mode fondamental dans le guide planaire ARROW est décrite
par Abeeluck et al [ABEE. 02] et elle est représentée sur la figure 16.
5.4.4 Conclusion
Il est possible de concevoir une fibre optique ayant comme gaine optique un réflecteur
(ou un miroir) de Bragg. Dans le cas du guide ARROW, le principe de réflexion repose
sur l’anti-résonance d’une unique couche d’indice élevé. Dans le cas du guide de Bragg,
c’est le pouvoir réflecteur de l’ensemble du réseau qui est considéré.
De ces deux principes de guidage on peut estimer concevoir une fibre optique à réseau
unidimensionnel, comme gaine optique, possédant un faible nombre de couronnes
d’indice élevé. On peut alors trouver un profil d’indice exhibant une première couronne
adaptée (guidage ARROW) pour permettre un fort guidage et des couronnes
supplémentaires pour réduire les pertes de confinement (guidage Bragg).
6 Conclusion
Les effets non linéaires générés dans les fibres optiques possèdent la double particularité
d’être indésirables pour certaines applications et fortement souhaités dans d’autres
domaines. Dans le domaine du transport de fortes puissances optiques, ces effets non
linéaires seront réduits pour augmenter les capacités des dispositifs actuels. Au contraire, ils
seront exacerbés pour des applications telle que la conversion de fréquence. Dans tous les
cas, un meilleur contrôle de ces effets dans les fibres optiques permettra d’améliorer
considérablement la recherche dans ces domaines.
Les recherches sur les fibres optiques semblaient avoir atteint une limite due à la
technologie et aux matériaux employés. L’apparition des cristaux photoniques a ouvert
une nouvelle voie pour l’optique guidée. L’utilisation d’un réseau cristallin très fortement
modulable a permis d’imaginer des projets jusqu’alors impossibles, comme le fort
guidage dans un milieu d’indice faible. Le développement d’une gaine optique
microstructurée a rapidement permis
de mettre en évidence le potentiel des fibres dites « PCFs » pour la gestion des effets
non linéaires dans les fibres optiques.
Chapitre 2 :
Transport de fortes puissances
optiques dans les fibres à cœur
de silice à bande interdite
photonique
1 Introduction
Le profil d’indice de la fibre à bande interdite photonique 1D à cœur de silice (SBF pour
Silica Bandgap Fibre) est représenté sur la figure suivante :
Figure 17 : Distribution radiale du profil d’indice d’une fibre à bande interdite photonique 1D à cœur de
silice et la coupe transverse correspondante
La SBF est composée d’un cœur de silice d’indice de réfraction n1 et de rayon r entouré
par un réseau cristallin constitué d’une alternance de couches d’indice n2 et n3 et
d’épaisseur 42 et
43. La valeur de l’indice du cœur dépend de l’application considérée. Le premier profil
d’indice d’une telle fibre a été développé par YEH et al [YEH 78] pour un guidage dans un
cœur d’air. Les dimensions du réseau étaient initialement définies périodiquement. Les
oscillations dans la gaine que l’on a pu observer dans le guide ARROW planaire sont
équivalentes dans une SBF. Elles impliquent des pertes de confinement. Il a été reconnu
qu’une SBF à cœur creux ayant un faible nombre de couronnes ne pouvait permettre la
propagation sans pertes [DORAN 83] du champ dans le cœur. Seul un grand nombre de
couronnes d’indice élevé permettra de guider un mode à pertes réduites dans une fibre
à cristal photonique radial [XU 02]. Dans le cas du guide ARROW, nous avons vu qu’il est
possible d’obtenir un guidage performant avec un nombre de couches faible dans un
cœur de silice pure. Les dimensions des couches doivent être soigneusement définies
pour permettre la propagation du mode fondamental. Cependant, à partir de
l’expression (20), on estime que plus la différence
d’indice est forte, plus l’épaisseur de la couche d’indice haut est faible. Le profil d’indice
théorique est alors difficilement réalisable. Nous allons donc nous intéresser
principalement au guidage avec une faible différence d’indice cœur/gaine. Pour cela, le
cœur de la fibre sera en silice pure, tout comme les couches d’indice bas. Les couches
d’indice élevé seront obtenues par dopage de la silice.
Gloge [GLOGE 71] a proposé de regrouper les modes électromagnétiques dégénérés guidés
dans une fibre optique sous une même désignation. On parle alors de modes LP (Linearly
Polarized). Avec cette désignation, on ne prend plus en compte l’orientation du champ
électrique du mode. Seule l’information sur la constante de propagation fi, identique ou très
proche pour les modes dégénérées, est conservée. Les modes électromagnétiques (EM)
dégénérés sont alors regroupés en mode LP comme le montre le tableau 1 [OKOS. 82] :
Désignation du Nombre de
mode LPm4 EM modes
dégénérés
LP04 (m=0) HE14 2
TE04
LP14 (m=1)
TM04 4
HE24
EHm-1,4
LPm4 (mŠ2) 4
HEm+1,4
Dans les fibres à guidage par RTI, la distribution radiale du champ électrique du mode
fondamental est gaussienne. La distribution radiale du champ électrique confinée dans
le cœur est identique à celle des fibres à bande interdite photonique. Par commodité de
langage, nous emploierons le terme de modes LP pour qualifier le comportement modal
des fibres à guidage par bande interdite photonique. On considère alors que le premier
mode obtenu pour ne < ncoeur est le mode fondamental et est appelé le mode LP01.
Marcou et al [MARC. 01] ont développé une méthode qui permet non pas d’imposer la géométrie
de la fibre de Bragg, mais d’imposer une propagation monomode à fi définie afin de
déterminer numériquement le profil d’indice de la SBF correspondante. Le concepteur peut
alors choisir le mode fondamental LP01 comme unique mode propagé. Le profil est défini en
imposant des conditions sur la composante transverse du champ électrique Er et
non sur la composante azimutale E 0 pour le cas des modes TE0 [YEH 78 – JOHN. 01a]. Les
variations de Er sont décrites par la fonction de Bessel de première espèce et d’ordre 0
J0. Les conditions imposées sont donc l’annulation du champ à l’interface cœur/réseau
et la maximisation du champ au centre de la fibre. Des conditions supplémentaires sont
imposées aux différentes transitions du réseau [ DUGU. 86] pour minimiser les oscillations du
champ dans le réseau de Bragg et limiter les pertes de confinement. Ainsi, le champ Er
doit s’annuler à l’interface entre les couches d’indice de réfraction faible et les couches
d’indice de réfraction élevé. Aux autres interfaces, la norme du champ doit être
maximum. La méthode consiste à imposer une longueur d’onde centrale, ainsi qu’une
constante de propagation fi pour le mode fondamental. Pour une propagation efficace du
mode fondamental, il faut que
le vecteur d’onde k soit parallèle à la direction de propagation [ BIRKS 04]. La constante de
propagation limite correspondante est alors k0 ncoeur (k0 étant le nombre d’onde). Donc,
plus la constante de propagation du mode fondamental sera proche de k 0 ncoeur, plus il
sera confiné dans le cœur.
avec pi k0 n 2 - n 2
ie
ri est le rayon de la couche i, ne est l’indice effectif du mode guidé et k0 est le nombre d’onde → fi = k0 ne
rc le rayon de cœur, 42k l’épaisseur de la kième couche d’indice haut, 42k+1 l’épaisseur de la kième couche d’indice bas,
xk est le kème zéro de J0, x’k est le kème zéro de J1
- 50 -
Le champ électrique Er(r) est représenté sur la figure 18 pour une SBF à 4 paires de couches
avec une différence d’indice de 6.10-3 et un coeur légèrement enterré.
L’analyse scalaire des fibres optiques n’est valable que pour des différences d’indice
inférieures à 0,1, ce qui est le cas de notre étude. En résolvant l’équation de répartition
transverse du champ, on peut déterminer l’allure de la composante radiale du champ ainsi
que l’indice effectif du mode guidé à la longueur d’onde d’utilisation. La résolution de
l’équation est obtenue par la méthode de Runge-Kutta d’ordre 4 [ HILD. 74 – FÉVR. 02]. Cette
méthode permet de déterminer point par point une fonction solution, à partir d’un profil
d’indice quelconque. La propagation dans les SBFs est caractérisée par les oscillations hors
du réseau si le nombre de couches est insuffisant. La gaine de protection entourant la gaine
optique permet une forte résistance mécanique de la fibre, mais elle présente une très forte
atténuation linéique. Pour estimer la contribution de l’atténuation du polymère de protection
à l’atténuation linéique de la fibre, nous avons utilisé les résultats de Bréchet et al [ BRÉC. 00a]
sur une SBF réalisée et monomode à 1064 nm. L’atténuation linéique est estimée à 8 dB.m-1
en incluant la gaine de protection à l’extrémité de la gaine optique. On a appliqué à cette
gaine de protection (polymère de revêtement) un coefficient d’atténuation prot et calculé les
pertes de confinement m du mode fondamental par la relation suivante :
∫ (r) E
2
(r) r dr
m (24)
∫
2
E (r) r
dr
{|A(r) r rgaine
avec
A prot r rgaine
{
|⎝A(r) 0
Une atténuation optique prot de 250 dB.m-1 a alors été estimée par cette méthode pour
obtenir une atténuation m = 8 dB.m-1. Nous utiliserons cette valeur pour estimer l’atténuation
linéique des différents modes guidés.
2.3.2 Détermination du potentiel des SBFs à grand cœur pour le transport de puissance
Les pertes de confinement des deux premiers modes d’ordre élevé ont été calculées
pour chaque cas. L’évolution de ces pertes en fonction de l’aire effective est représentée
sur la figure suivante :
Figure 19 : Evolution des pertes de confinement des modes LP01 (trait plein) et LP11 (pointillés) dans une
SBF en fonction de l’aire effective du mode fondamental. Trois distributions radiales du champ électrique du
mode LP01 sont représentées en insert pour trois aires effectives identifiées (100 µm², 480 µm² et 1840
µm²)
Les pertes de confinement diminuent exponentiellement en fonction de l’accroissement
du rayon du cœur (donc de l’aire effective) pour les deux premiers modes de
propagation. Des exemples de distributions radiales du champ électrique du mode
fondamental sont représentés en insert sur cette figure. Plus le rayon de cœur est grand,
plus le champ électrique est confiné dans le cœur, et plus les pertes de confinement
sont faibles, ce qui est tout particulièrement intéressant dans notre étude. Toutefois pour
des rayons de cœur grand (Aeff > 625 µm²), les pertes de confinement du mode LP 11
sont également faibles. Il est important de constater que pour un grand rayon de cœur,
la propagation sera multimode dans la LMA SBF.
Figure 20 : Evolution des pertes de confinement en fonction de la différence d’indice cœur/gaine pour un
profil d’indice défini avec ne = 1,4436 et N = 3 (RC = 17,5 µm et Aeff = 475 µm²).
Représentation en insert de la distribution transverse du champ électrique ainsi que le profil d’indice
associé pour deux différences d’indice cœur/gaine (An = 0,005 et An = 0,015)
Les pertes de confinement évoluent de manière exponentiellement décroissante en
fonction de la différence d’indice cœur/gaine. Pour des différences d’indice proches de
0,01, les pertes de confinement sont inférieures à 50 dB.km-1. En insert de cette figure,
deux exemples de distributions transverses de champ électrique (On = 0,005 et On = 0,015)
sont représentés. On remarque comme précédemment que le champ électrique est plus
confiné dans le cœur dans le cas de fort On.
Cette première modélisation nous permet de constater que l’on peut obtenir une
propagation du mode fondamental de section transverse importante (480 µm²) à
faibles pertes (50 dB.km-1) pour un profil d’indice réalisable par la technologie MCVD (N
= 3, On = 0.01).
Une campagne de fabrication de SBFs a été menée par F. Bréchet en 1999 au Laboratoire
de Physique de la Matière Condensée (LPMC) à Nice. Le but était de réaliser des fibres
permettant de décaler le zéro de dispersion chromatique [ BRÉC. 00a – BRÉC. 00b]. Afin de
démontrer expérimentalement l’obtention d’une aire effective proche de 500 µm² dans une
SBF, nous avons utilisé une de ces préformes. Le profil d’indice de la préforme est le suivant
:
Figure 21 : Profil d’indice de la préforme de la SBF étudiée
La gaine optique est constituée de trois couches d’indice de réfraction haut (réalisées par un
dopage de la silice au germanium) séparées entre elles par des couches de silice pure. En
sortie du cristal, une dépression d’indice a été ajoutée pour réduire les pertes par courbure
[BROD. 99]. Elle a été réalisée en dopant la silice avec du fluor (On = 3.10 -3). Le diamètre
extérieur de la préforme est de 9 mm.
La première couche d’indice haut est physiquement très différente des suivantes. Cette
première couche est la dernière réalisée dans le procédé de fabrication, juste avant un
ultime dépôt de silice pure et le rétreint. La température la plus forte est utilisée durant
cette phase particulière qu’est le rétreint. Soumis à cette contrainte, les dopants se
trouvant dans cette strate migrent vers les couches périphériques. C’est pour cela que la
concentration en dopants est plus faible (d’où une faible différence d’indice) et que la
largeur à mi-hauteur est plus importante que dans les couches suivantes.
Une première étude par analyse scalaire est employée pour définir le comportement modal
de la future fibre. Le profil d’indice utilisé est basé sur le profil d’indice réel de la préforme.
L’allure de chacune des couches d’indice haut de la gaine a été approchée par une
gaussienne. Cette allure est dictée par la diffusion du dopant lors des différentes phases de
fabrication. Chaque gaussienne Gi(Q) est alors caractérisée par :
( Q Q i )2
G i (Q) n i0 (s i )2 (25)
e
Pour chaque gaussienne : ni0 est l’indice de réfraction maximal dans la couche i, Qi est la position et si est la largeur
à la base de la gaussienne.
Nous n’avons pas pris en compte la faible dépression d’indice au centre du cœur. Le profil
d’indice N(Q) sera donc représenté par la somme des gaussiennes avec l’indice de la
silice constituant le cœur comme :
NQ n silice Σ G i
4
(26)
(Q)
i1
Les calculs des coefficients d’atténuation modaux des deux premiers modes ont été
effectués à l’aide de la méthode scalaire décrite dans le paragraphe précédent. Les résultats
sont présentés sur la figure 22.
Figure 22: Calculs des coefficients d’atténuation modaux des deux premiers modes en fonction du rayon de
cœur, et estimation de l’aire effective du mode fondamental correspondante
Les coefficients d’atténuation modaux ont été estimés pour les premiers modes (01
(mode LP01) courbe noire avec des cercles blancs et 11 (mode LP11) courbe grisée avec
des carrés). Pour des rayons de cœur inférieurs à 15 µm, il est impossible d’avoir une
propagation monomode avec ce profil d’indice (01 ÷ 11). Il en est de même pour des
rayons de cœur supérieurs à 18 µm. Pour Rc = 21 µm, le rapport entre les coefficients
d’atténuation modaux est proche de 2. Pour des pertes linéiques proches de 20 dB.km -1,
une propagation monomode ne pourra s’établir sur de courtes longueurs de fibres car le
mode d’ordre élevé n’est pas suffisamment à pertes pour permettre une propagation
asymptotiquement monomode [JOHN. 01a].
On considère alors que le profil d’indice avec un rayon de cœur égal à17 µm nous
permettra d’obtenir la plus grande aire effective en régime monomode. Elle est estimée
à 526 µm². Les coefficient d’atténuation modaux sont estimés à 01 = 0,19 dB.m-1 et 11 =
0,66 dB.m-1. Le rapport d’atténuation modal est alors estimé à 3,5. Il est suffisant pour
des pertes proches du dB.m-1, car le mode d’ordre élevé pourra être éliminé sur des
longueurs métriques en considérant une injection sélective sur le mode fondamental. De
la même manière, les coefficients d’atténuation modaux des deux modes d’ordre
supérieur suivants ont été
calculés. Les pertes de confinement des modes LP21 et LP02 sont estimées respectivement à
15 dB.m-1 et 30 dB.m-1. Ils sont donc par rapport aux deux précédents modes, fortement
atténués. On ne considèrera par la suite que la propagation des modes LP01 et LP11.
Les paramètres des gaussiennes servant à modéliser le profil d’indice de la fibre considérée
sont reportés dans le tableau 4 :
Tableau 4 : Paramètres des gaussiennes servant à modéliser le profil d’indice réel de la fibre
considérée
Couche ni Qi si
n° (µm) (µm)
1 0,003 19,8 1,98
3
2 0,004 30,6 1,32
9
3 0,005 39,5 1,06
4
4 - 47,0 2,20
0,002
5
Le profil d’indice numérisé, basé sur le profil d’indice réel, pour le cas où R c est égal à 17 µm
est représenté sur la figure 23 :
Figure 23 : Profil d’indice de la SBF optimale, basé sur le profil d’indice réel et distribution radiale du champ
électrique des modes LP01 et LP11
Le profil d’indice est représenté en noir. La distribution radiale du champ électrique des
modes LP01 et LP11 est représentée sur cette figure. Les oscillations du champ dans la
gaine sont moindres pour le mode LP01. Ceci s’est traduit par de plus faibles pertes de
confinement. L’aire effective du mode fondamental vaut 526 µm². On obtient alors un
coefficient de non linéarité y égal à 2,47.10-6 W-1cm-1, soit 20 fois inférieur à celui d’une
SMF.
Figure 24 : Distributions transverses du champ électrique du mode LP01 avec et sans dépression
d’indice
Les oscillations en sortie du réseau sont plus faibles dans le cas où la dépression d’indice
est présente. Dans l’autre cas, les pertes de confinement sont estimées à 3 dB.m -1, soit 16
fois supérieures aux pertes pour le cas où la dépression est présente. La dépression
d’indice
- 60 -
permet de réduire les pertes de confinement. Comme l’indice de réfraction minimal de
cette dépression est inférieur à celui du cœur, la propagation dans la fibre est alors la
combinaison d’un guidage par bande interdite et d’un guidage par réflexion totale
interne. On parle alors de guidage par bande interdite assistée par réflexion totale
interne.
h J 1 hw0 ]
n 0
DG | [ps/(nm.km)] (27)
2 ] |
0⎝ w h
n coeur
La distribution radiale de champ électrique du mode fondamental dans une SBF n’a pas
une allure gaussienne. Il faut donc définir le rayon de mode dans ce type de fibre.
Figure 25 : Définition du rayon de champ de mode dans une SBF
La distribution radiale du champ électrique a été calculée pour un profil d’indice normalisé
(Rc = 1) d’une SBF. Elle est comparée sur la figure 25 à celle d’une SMF (Rc = 1). La
définition de w0 (demi-largeur du mode à 1/e du maximum en champ) est appliquée dans les
deux cas. On retrouve alors une valeur sensiblement équivalente pour les deux profils
d’indice.
La variation spectrale de w0 intervient dans l’expression de DG. Cette variation a été calculée
pour notre SBF et pour une SMF à 1550 nm sur une plage de longueur d’onde allant de
1200 nm à 1700 nm. Les résultats sont reportés sur la figure suivante :
Il en découle que :
{
| hw0 w0 h
1
→ DG SMF 0
| SMF
2 (29)
{
hw0 w0 h
| → DG 0
| SBF
1
⎝ SBF
2
Contrairement aux cas des fibres conventionnelles (SIF), la dispersion de guide d’une SBF
est positive. Nous avons alors déterminé, à partir de l’équation (26), la variation de la
dispersion de guide en fonction de la longueur d’onde. Elle est représentée sur la figure 28,
ainsi que celle d’une SMF.
DM h 2
d n
c coeur [ps/(nm.km)] (30)
2
dh
h est la longueur d’onde, c la célérité de la lumière et n coeur est l’indice de réfraction du coeur
La dispersion de matériau de notre SBF est considérée comme identique à celle de la SMF
car elle est également constituée uniquement de silice. On suppose que le dopage au GeO2
influe peu sur la dispersion de matériau. Dans les fibres optiques monomodes, la dispersion
chromatique Dc est la cause principale de l’élargissement temporel des impulsions. On
considère en première approximation que la dispersion chromatique est la somme de la
dispersion de matériau DM et la dispersion de guide DG. Elle est représentée sur la figure 28.
La dispersion chromatique de la SMF est également représentée.
Figure 28 : Dispersion chromatique de la SBF
La source utilisée permet de délivrer un signal continu à 1550 nm. La SBF testée à un
diamètre extérieur de 200 µm. Nous ne possédons pas les connecteurs permettant de relier
directement la fibre aux dispositifs utilisés. Pour remédier à cela, une fibre monomode
est utilisée pour injecter la lumière en entrée de la SBF. Les deux fibres sont alignées en vis-à-
vis à l’aide d’une soudeuse équipée de micro-déplacements suivant trois axes. La SBF utilisée
en première observation est longue de 5 m, et enroulée sur un tambour de grand
rayon Q = 30 cm. Le mode de la fibre est imagé à l’aide d’une caméra CCD pilotée par
ordinateur.
Dans le cœur, les distributions radiales calculée et mesurée sont très proches. On note la
présence des trois lobes caractéristiques de la propagation dans le réseau. Les mesures
sont en très bon accord quantitatif avec les calculs. Les divergences entre les deux courbes
dans le cristal photonique peuvent être expliquées par l’ellipticité de la fibre.
Le critère principal caractérisant les fibres LMA est l’aire effective. En reprenant l’expression
de l’aire effective définie par l’équation (5) et la distribution radiale du champ électrique
défini sur la figure précédente, on peut estimer l’aire effective dans notre SBF à 517 µm².
Cette valeur est en accord quantitatif avec la valeur théorique attendue de 526 µm². Cette
fibre fut « le temps d’un été » la fibre à cœur de silice ayant la plus grande aire effective en
régime monomode [FÉVR. 03 – NIEL. 03b].
Pour mesurer les pertes linéiques de notre SBF, il est important de se rappeler que
numériquement les pertes linéiques de deux premiers modes sont relativement proches.
Pour ne mesurer que les pertes linéiques du mode fondamental, un tronçon
suffisamment long de SBF est utilisé pour permettre une propagation dite
asymptotiquement monomode. L’injection sélective du mode LP 01 va également
permettre d’assurer cette propagation monomode.
Le montage pour la mesure de l’atténuation linéique est représenté sur la figure suivante :
La méthode employée pour mesurer les pertes linéiques est la technique dite du « cut-
back ». Elle consiste à effectuer un relevé de la puissance pour différentes longueurs de
fibre, obtenues en découpant la fibre devant le détecteur. L’injection doit rester
inchangée pour tous les relevés de mesures.
Les résultats sont présentés sur la figure suivante pour deux longueurs d’onde différentes.
Figure 35 : Puissance transmise par le mode fondamental pour différentes longueurs (avec L >
4 m) pour deux longueurs d’onde différentes
On relève donc la puissance transmise en sortie de fibre pour différentes longueurs de fibre.
La tendance obtenue pour les deux longueurs d’onde est proche d’une droite. La pente de
cette droite indique alors les pertes linéiques. Elles sont estimées à 0,4 dB.m -1 pour
h = 1550 nm alors qu’à h = 1530 nm, elles sont réduites à 0,15 dB.m-1. Nous avons donc
réduit
- 70 -
les pertes linéiques dans cette fibre d’un facteur 20 par rapport à la première réalisation
[BRÉC. 00b].
En effectuant la même mesure sur un tronçon court de SBF (L < 1,5 m), nous pouvons
mettre en évidence la propagation multimode. Les relevés de mesures sont présentés sur la
figure suivante :
Figure 36 : Puissance transmise par le mode fondamental pour de courtes longueurs (avec L < 1,5 m) à
1550 nm
Pour réaliser la mesure des pertes par courbure, le montage de la mesure des pertes
linéiques de la figure 34 a été réutilisé. La longueur de la fibre utilisée est de 4 m. On
considère que sur cette longueur la propagation est monomode. La fibre est alors enroulée
successivement sur des tambours de rayons différents. L’injection et la position du détecteur
doivent rester inchangées tout au long de la mesure. La mesure obtenue retranscrira alors la
variation de la
puissance en fonction du rayon de courbure à longueur constante. Les mesures sont
présentées sur la figure 37. Pour compléter les mesures, une caméra CCD remplace le
détecteur pour imager le champ proche pour les différents rayons de courbure. Les images
des modes sont également présentées sur la figure 37.
Figure 37 : Mesures des pertes par courbure sur un tronçon de SBF long de 4 m à 1550 nm
Pour Q > 4 cm (soit 1/Q < 25 m-1), la courbe d’atténuation évolue en 1/Q² (encadré de la figure
37). Les pertes par courbure sont de l’ordre de 0,2 dB pour une courbure standard de
Q = 7,5 cm. Pour ces rayons de courbure, la propagation est monomode sur le mode LP01.
La résistance à la courbure de ce type de fibre est donc intéressante. Des courbures fortes
de 4 cm de rayon impliquent une diminution de l’énergie de 3 dB, en conservant un régime
monomode. De telles capacités de résistance à la courbure n’ont pas encore été démontrées
dans les PCFs.
Dans la courbe décrite sur la figure 37, on constate une rupture de la tendance pour
les courbures fortes Q < 4 cm (soit 1/Q > 25 m-1). On observe alors une propagation
monomode sur le premier mode d’ordre élevé. Plus la courbure est importante, plus
l’énergie se confine
dans le lobe du mode LP11 opposé à la courbure. Comme la propagation n’est plus
monomode pour Q < 4 cm, on considère pour la SBF que QCRI < 4 cm (contrairement à 15 cm
pour les LMA PCFs).
Une mesure indispensable à la caractérisation des fibres à guidage par bande interdite
photonique est celle du spectre de transmission. Il a été déterminé à l’aide du montage
suivant :
Une lampe blanche est utilisée comme source. Le hacheur permet de périodiser le signal
émis par la lampe pour ensuite pouvoir être détecté et observé à l’analyseur. Ensuite, le
monochromateur, comprenant un réseau et un jeu de miroirs, permet de sélectionner une
bande de longueurs d’onde. La SBF est soudée à une SMF en ayant au préalable pris soin
de vérifier l’excitation du mode LP01 à l’aide d’une caméra disposée en sortie de fibre. Le
détecteur Ge refroidi mesure la puissance du signal périodisé.
La bande de transmission a alors été mesurée de 1100 nm à 1700 nm, et les mesures
sont reportées sur le graphique suivant, pour une longueur de fibre de 5 m et pour 2
rayons de courbure Q différents :
Figure 39 : Mesure de la bande de transmission de la SBF pour 2 rayons de courbure (q) avec L = 5 m
D’après la mesure des pertes par courbure présentée sur la figure 37, on peut considérer que
la courbure de rayon Q = 30 cm correspond à une propagation quasi-rectiligne. On peut alors
estimer la largeur de la bande de transmission à - 3 dB à plus de 200 nm. Elle correspond à
une étendue spectrale de fort guidage allant de 1480 nm à plus de 1700 nm, limite de mesure.
Pour une courbure plus importante, une sélectivité spectrale est mise en évidence. La
courbure de rayon Q impose une variation du profil d’indice n0(r). Le profil d’indice d’une
fibre courbée n(r) évolue suivant la relation [TAYL. 84] :
J r
] (31)
n(r) n 0 (r) |1 0.78
|
⎝ Q]
Une rapide étude numérique menée, avec un logiciel commercial d’analyse vectorielle basée
sur la méthode des éléments finis : COMSOL MULTIPHYSICS [COMS. 01], en utilisant un
profil d’indice basé sur le profil réel a permis de mettre en évidence l’influence de la
courbure (Q = 7,5 cm) sur l’allure spatiale du mode pour différentes longueurs d’onde. Le
calcul a porté sur l’évolution de la répartition transverse du champ électrique du mode
fondamental à 1550 nm (correspondant à un fort guidage) et à 1477 nm (correspondant
à un creux de
transmission sur la figure 39). Ces distributions transverses de champ électrique sont
représentées sur la figure 40.
Figure 40 : Répartition transverse du champ électrique du mode fondamental LP01 pour la SBF (profil
d’indice basé sur le profil réel) rectiligne (à 1550 nm) et courbée à 7,5 cm de rayon (à 1550 nm
et 1477 nm)
Le mode LP01 de la SBF non courbée à 1550 nm est circulaire et fortement confiné
dans le cœur de la SBF (figure 40a). L’anneau de champ électrique entourant le cœur
correspond à la décroissance du mode LP01 dans les fibres à bande interdite photonique.
En imposant une courbure faible (Q = 7,5 cm) la répartition transverse de champ
électrique est modifiée. Le champ électrique se répartit dans les anneaux (figure 40b).
Le cas du guidage à 1550 nm, fibre courbée, correspond à une propagation à faibles
pertes (cf figure 39). A 1477 nm, on observe un creux dans la bande de transmission de la
figure 39. On observe sur la figure 40 que le champ électrique du mode fondamental
s’étale davantage dans les anneaux de la gaine. Ceci entraîne la formation de modes de
gaine par couplage dans les anneaux d’indice haut. Ce couplage entraîne alors une
augmentation des pertes de propagation par couplage modal à certaines longueurs
d’onde. Récemment, une observation de ce phénomène de couplage par courbure a été
démontrée expérimentalement et numériquement dans notre laboratoire pour des SBFs à
1550 nm [GERO. 06].
Dans le cas d’une SIF (figure 41a haut), l’indice effectif du mode guidé dans le cœur est
supérieur à l’indice de la gaine. En courbant la fibre, le profil d’indice évolue, comme le
montre le bas de la figure 41a, d’après l’expression (31). Il est possible qu’un mode de gaine
ait un indice effectif égale à l’indice effectif du mode guidé. On parle alors de mode à fuite.
Ce mode est excité dans l’extérieur de la courbure. Dans le cas d’une SBF (figure 41b), en
reprenant le même principe que pour les SIFs, on constate qu’il se crée deux modes à fuite,
un à l’intérieur et l’autre à l’extérieur de la courbure. Les modes sont alors guidés dans les
couches d’indice haut de la gaine microstructurée. Ces phénomènes ont été récemment
observés expérimentalement sur des PCFs à guidage par BIP [ARGY. 05 – BIRKS 06]. Dans la
courbe de transmission de la figure 39, on observe ainsi des pics de pertes pour certaines
longueurs d’onde (1480 nm, 1595 nm, 1360 nm dans notre étude). Les pertes de
propagation ont également une influence sur la largeur de la bande passante à -3 dB. Pour
une courbure de 7,5 cm de rayon, cette bande passe de 300 nm dans le cas rectiligne à 60
nm.
4.5.1 Introduction
Nous avons donc utilisé la méthode de réflectométrie à faible cohérence appelée O.L.C.R.
[PALA. 04a – PALA. 04b – VIALE 06].
4.5.2 O.L.C.R.
Cette méthode permet de dissocier la propagation des différents modes dans la fibre
compte tenu de leur différence de vitesse de groupe. La SBF est multimode sur de
courtes longueurs. On pourra alors étudier expérimentalement le comportement modal
de la fibre avec cette méthode.
1
I(L)
∫ S(m) ~r(m)e (32)
4n
jML
dm
S(m) est le spectre de la source, ~r(m) la réflectivité complexe de la fibre de Bragg
Les paramètres ~r(m) et I(L) sont liés par une simple transformée de Fourier. Cette
méthode d’analyse impose un contrôle précis de la position du miroir du bras de référence.
Un signal émis à 633 nm, d’un interféromètre cohérent est utilisé comme horloge
externe pour échantillonner de façon précise et régulière, le signal à faible
cohérence. Le nombre d’échantillons est donné par le rapport hOLCR (1565 nm)/ hHe-Ne.
La longueur de SBF utilisée est de 58,7 cm. Les interférogrammes d’entrée et de sortie sont
représentés sur la figure suivante :
Figure 43 : Réflectogramme des deux faces de la SBF sous test (L = 58,7 cm)
Sur le réflectogramme de la figure 44a, on considère que le mode LP 01 est représenté par le
réflectogramme rouge, le mode LP11 en bleu. Entre ces deux réflectogrammes, il y a
l’apparition d’un couplage modal. La courbe de la figure 44b représente l’évolution spectrale
de la puissance pour chaque mode en comparaison de la source. Le couplage modal mis en
évidence sur la figure 44a se traduit par une perturbation aux hautes longueurs d’onde pour
le mode LP01 et aux courtes longueurs d’onde pour le mode LP11.
Les perturbations sur les relevés de puissances pour les autres longueurs d’onde sont
probablement dues à la forme elliptique de la fibre. On peut considérer qu’il y a un
couplage de polarisation.
Les perturbations sur la mesure du temps de groupe ont les mêmes causes que celles
décrites pour le relevé de puissance. A partir de ce relevé, on peut approximer la pente du
temps de groupe en fonction de la longueur d’onde. La dispersion chromatique mesurée
possède la même tendance que celle que l’on a obtenue en modélisation. La dispersion
chromatique est mesurée à 23,1 ps/(nm.km) à 1550 nm contre 28,6 ps/(nm.km) pour la
valeur théorique. Les mesures effectuées sont donc en bon accord quantitatif avec les
calculs effectués précédemment. La dispersion chromatique d’une SMF est égale à 16,5
ps/(nm.km) à 1550 nm. On vérifie bien que la dispersion chromatique de notre SBF est
supérieure à celle des fibres classiques. On valide ainsi les différentes hypothèses que l’on
avait posées dans la partie théorique pour la définition de la dispersion de guide. La
dispersion chromatique de 23,1 ps/(nm.km) combinée avec une aire effective de 517 µm²,
permet de valider le fort
- 80 -
potentiel de la SBF pour l’application visée qui est le transport d’impulsions optiques
fortement énergétiques de durée ns.
4.6 Divergence
Les fibres LMA servent fréquemment de guide optique à la lumière émise par un laser de
forte puissance. La qualité du faisceau est définie par le facteur M² :
nw00div
M² (33)
h
Pour minimiser M², il est nécessaire d’obtenir un faible angle de divergence et dont une
ouverture numérique ON faible. Elle est définie comme le sinus du demi-angle de
divergence du faisceau 0div en sortie de fibre.
ON sin(0div ) (34)
Les LMA PCFs, comme les LMA SIFs ont classiquement des ouvertures numériques
proches de 0,05 [NIEL. 01b – BAGG. 01]. L’ON de la SBF a été mesurée à l’aide du montage suivant
[ITU G650] :
Une source accordable alimente une SMF placée en vis-à-vis de la SBF rectiligne, de
longueur 1 m, à l’aide des micro-déplacements de la soudeuse comme précédemment. Un
détecteur en
rotation, axé sur l’extrémité de la SBF en vis-à-vis du détecteur, piloté par un PC, permet
de mesurer la puissance en fonction de l’angle.
Compte tenu de la mesure que nous venons d’effectuer, nous avons essayé de définir
l’ouverture numérique dans les fibres à guidage par bande interdite. L’ouverture numérique
ON dans une fibre à guidage RTI est définie par :
ON n2 n2
coeurgaine
SIF (35)
ON n2 n2
coeurFSM
PCF (36)
ncoeur est l’indice de réfraction du cœur, n gaine l’indice de gaine d’une SIF et n FSM indice du fundamental space-
filling mode de la gaine microstructurée.
Dans le cas des fibres à guidage par bande interdite, ces définitions ne sont plus valables
car ncoeur < ngaine ou nFSM. Il est alors intéressant de définir une expression valable et efficace
permettant de définir l’ouverture numérique pour les fibres à bande interdite photonique.
Pour cela supposons qu’il existe une bande interdite ouverte dans le spectre par le cristal
photonique comme le montre la figure 48 (schématiquement représenté en vert) :
Figure 48 : Evolution des indices effectifs des modes dans une bande interdite
L’indice du cœur traverse la bande interdite photonique. Les modes guidés ont leur
indice effectif dans la bande interdite (dans notre cas LP01 et LP11). Les modes non
guidés (MNG) sont hors bande interdite photonique. En supposant que n min est l’indice
du dernier mode guidé, on peut minorer l’ouverture numérique par la relation :
ONmin (37)
n2 n2
coeurmin
Dans notre étude, on a supposé que seuls les modes LP01 et LP11 sont guidés. L’indice
effectif du mode LP11 est numériquement évalué à 1,443057 à 1550 nm. A cette longueur
d’onde, l’indice du cœur est égal à 1,444023. L’ouverture numérique théorique minimale est
alors estimé à 0,053 ce qui correspond à un angle de divergence 0div de 3°.
Le mode LP02 qui est le mode d’ordre supérieur suivant à un indice effectif théorique de
1,4423. C’est le premier mode d’ordre élevé non guidé. On peut donc déterminer
l’ouverture numérique théorique maximale.
ONmax (38)
n2 n2
coeurmax
Elle est égale à 0,07 (0div = 4°). Donc l’ouverture numérique théorique ONTH est comprise
entre :
soit
3 0div 4 (40)
Nous avons obtenu expérimentalement une ON de 0,056. Elle est bien comprise dans la
fourchette de valeurs définie par l’expression (39). Le fait qu’elle soit très proche de la
valeur minimale, implique que l’indice n min est très proche de l’indice effectif du mode
LP11. Ceci confirme une fois de plus que les deux seuls modes guidés dans la SBF sont
les deux premiers modes LP01 et LP11.
4.7.1 Introduction
La connexion des fibres LMA avec les systèmes conventionnels implique généralement
de fortes pertes de raccordement [LECOY 92c], compte tenu de la grande différence de
rayon de champ de mode entre une fibre LMA et une SMF par exemple.
2
∫∫x,y E 1 x, y E 2 x, y dx dy
T (41)
∫∫x,y E1 x, y dx dy ∫∫x,y E x, y dx
2 2
dy
2
Si T est égale à 1 (E1 = E2), alors les pertes sont nulles. Si T < 1, alors les pertes de
recouvrement AR sont estimées par :
{1⎞
A R 10 log| | (42)
⎝T⎠
Le couplage entre une SIF et une SBF va indubitablement entraîner des pertes liées à
l’allure différente des deux modes propagés. On peut estimer les pertes de raccordement de
notre SBF avec une SMF à 1,7 dB à 1550 nm.
Le montage de mesure de puissance de la figure 34 a été réutilisé pour mesurer les pertes
au raccordement de notre fibre avec une SMF à 1550 nm. Cette fois-ci, une soudure entre la
SBF et la SMF a été réalisée. Au préalable, une observation en champ proche avant et après
la soudure a confirmé la qualité de cette dernière. La technique de mesure, compte tenu de
l’aspect multimode de la fibre pour de courtes longueurs, a consisté à mesurer la puissance
transmise sur 4 m de SBF. Plusieurs mesures équivalentes ont été effectuées. Les pertes
moyennes sont alors estimées expérimentalement à 2,5 dB à 1550 nm pour une soudure.
Cette valeur expérimentale est très élevée, il est donc primordial de trouver un artefact
permettant de réduire drastiquement ces pertes.
Le champ électrique dans la microlentille peut s’écrire sous la forme : E L (r) (r2 / 2w 2
. Le
)
e 0
champ électrique en sortie de SBF est noté Er(r). Les pertes aux raccordements sont alors
calculées grâce à la relation suivante utilisant les intégrales de recouvrement [LECOY 92c]:
r
2
2w 2
∫ E r (r) rdr ∫ 0 rdr
e
2
A(dB) 10 log 0 0
AMO (43)
2
r2
∫ E r (r) e 2w 0 rdr
2
AMO sont les pertes intrinsèques dues à la conception des microlentilles [CHAN. 99]. Elles
sont estimées à 0,3 dB. Les pertes totales A sont calculées à partir de cette expression
en faisant varier w0, et en considérant Er(r) comme défini sur la figure 23. Elles sont
représentées sur la figure suivante :
Figure 50 : Calculs des pertes de raccordement A en fonction de la
variation du rayon de champ de mode de la
microlentille
Après cette phase de modélisation, pour obtenir un guidage monomode dans la microlentille
GRIN de rayon de mode w0 = 11 µm, les longueurs des sections sont estimées à LGRIN
= 215 µm et LS = 147 µm. Cette microlentille est ensuite soudée directement à la SBF. Une
photographie de l’arrangement réalisé est présentée sur la figure 52 :
Figure 52 : Photographie de la connexion entre une SMF et la SBF à l’aide d’une microlentille
Une SBF de longueur 1 m a été soudée à une extrémité à une SMF microlentillée. À 1550
nm, l’atténuation mesurée en sortie de la SBF est de 1,2 dB. Sur la longueur considérée, les
pertes linéiques de la SBF sont de 0,4 dB. Donc les pertes de connexions sont estimées à
0,8 dB.
Les deux valeurs expérimentale et théorique (respectivement 0,7 dB et 0,8 dB) sont en bon
accord. La faible différence est certainement due à l’ellipticité de la fibre qui n’est pas prise
en compte dans les calculs et également à la différence des diamètres extérieurs des fibres
qui peut entraîner des tensions lors de la soudure. Nous avons donc réduit les pertes de
connexion entre une fibre LMA et une SMF de 2,5 dB à 0,8 dB [FÉVR. 05a].
5 Transport de fortes puissances optiques dans une
SBF à 1064 nm
5.1 Introduction
La SBF est fortement indiquée pour guider de fortes puissances optiques. La propagation
peut être monomode avec une aire effective importante (517 µm²) à 1550 nm, ainsi que des
pertes linéiques acceptables (0,4 dB.m-1). La dispersion chromatique est faible
( + 23,1 ps/(nm.km)), ce qui n’impliquera pas de distorsions temporelles de l’impulsion pour
des durées supérieures à des dizaines de picosecondes.
La SBF que nous avons modélisée puis caractérisée, nous a permis de démontrer le
potentiel de ces fibres pour le transport de fortes puissances optiques, au même titre que les
LMA PCFs. Néanmoins, la fibre obtenue ne pourra pas servir de référence pour un premier
test de transport de puissance. En effet, le profil d’indice n’est pas suffisamment homogène
pour permettre d’évaluer correctement la puissance maximale que peut soutenir une SBF
ayant une aire effective comparable. De plus, les lasers de très forte puissance les plus
couramment utilisés pour quantifier le LIDT d’une fibre optique, sont plus généralement
optimisés à 1064 nm. Notre fibre n’est donc pas optimisée pour un guidage à cette
longueur d’onde.
Une nouvelle Silica Bandgap Fibre (SBF 2) a été fabriquée d’après le modèle de la fibre
présenté dans les parties 3 et 4. On l’appellera SBF 2. La différence d’indice entre le
cœur et la gaine est élevée à 15.10-3. Le rayon de cœur est de 11,5 µm. La gaine est
constituée de 3 bi- couches. Compte tenu de la différence d’indice plus élevée, les
épaisseurs des couches sont réduites. La dépression d’indice en sortie du réseau est
conservée. La fibre a été réalisée en Russie par la méthode MCVD, conjointement par
les laboratoires Fiber Optics Research Center (FORC) et Institute of Chemistry of High
Purity Substances (ICHPS). Le profil d’indice est présenté sur la figure suivante :
Figure 53 : Profil d’indice de la SBF 2,
ainsi que les distributions radiales de champ électrique calculée (trait plein) et mesurée (points)
Les distributions radiales du champ électrique calculée et mesurée sont également reportées
sur cette figure. La modélisation et la caractérisation de cette fibre ont été réalisées par
Raphaël JAMIER au sein du laboratoire [FÉVR. 05b]. Le champ est très fortement confiné dans le
cœur. Les oscillations dans le réseau sont suffisamment faibles pour ne pas être
observables. Le mode est quasi-gaussien. Les pertes linéiques sont estimées à 10 dB.km -1 à
1064 nm. Le rayon de champ de mode de cette fibre est proche de 10 µm. À cette longueur
d’onde, l’aire effective est estimée à 280 µm². Cette fibre est donc optimale pour la
transmission de fortes puissances optiques.
- 90 -
Le rendement d’injection y dans la SBF 2 est de 55 %. 8 échantillons de la SBF 2 ont été
exposés à de fortes puissances optiques. Pour chaque cas, une puissance moyenne a été
mesurée en sortie de fibre avant destruction, ainsi que la puissance crête maximale.
L’énergie maximale ES avant destruction est alors calculée à l’aide de l’équation (11). Les
résultats sont synthétisés sur le graphique suivant :
Figure 54 : Mesures de l’énergie maximale transportée avant dommage pour 8 échantillons de SBF 2
Les mesures d’énergie sont proches de la valeur moyenne reportée en pointillés sur le
graphique de la figure 54. La valeur moyenne de l’énergie est de 0,334 mJ [FÉVR. 06a], l’écart
type de 0,044 mJ. La puissance crête maximale guidée dans la SBF 2 est de 9,3 kW. Ceci
correspond à un LIDT proche de 3,3 GW.cm-2. Le LIDT de la silice est de 3,2 GW.cm-2, soit
très proche de la valeur que nous avons obtenue.
5.4 Conclusion
Le tableau suivant synthétise les résultats obtenus avec notre SBF 2. Ils sont comparés aux
résultats obtenus ces dernières années avec des SIFs et PCFs. Pour chaque cas de fibre, le
résultat est à ma connaissance le plus probant en terme de guidage de puissance. La SMF
développée par Hand et Jones [HAND 98] a déjà prouvée son utilisation dans la découpe de
précision. La fibre de Broderick et al [BROD. 98] exhibe une aire effective record pour une
propagation monomode quasi-LP01 dans la LMA SIF. La LMA PCF est une fibre
développée à l’Optical Research Center de Southampton pour un élément d’un
oscillateur optique paramétrique (OPO Optical Parametric Oscillator).
Les différentes études sont généralement effectuées à 1064 nm, excepté dans le cas de la
fibre LMA SIF. Dans ce cas, l’aire effective est alors supérieure à celle qu’elle aurait été à
1064 nm. Il est intéressant de prendre en compte le terme A eff/h² qui est alors invariant en
fréquence. L’aire effective de la SMF est évidemment la plus faible. Les aires effectives de
notre SBF 2 et de la PCF sont sensiblement identiques. Les lasers utilisés sont différents
dans chaque cas. Ainsi, les taux de répétition sont disparates ainsi que les puissances crêtes
PE délivrées par les lasers. La puissance crête maximale est obtenue avec la PCF. Elle est
estimée à 31,5 kW. Dans notre cas, la puissance crête est de 9,3 kW, supérieure au cas de
la fibre LMA SIF.
L’énergie maximale en sortie de SBF 2 est de 0,334 mJ, soit du même ordre de grandeur
que l’énergie maximale délivrée dans la LMA SIF. Notre SBF 2 se classe donc parmi la
famille des fibres LMA performantes pour le transport de fortes puissances optiques.
Des optimisations sont en cours dans le cadre de la thèse de Raphaël Jamier qui fait suite à
cette étude. Une fibre présentant une aire effective de 530 µm² à 860 nm a déjà été réalisée
à la suite de mes travaux.
6 Conclusion
L’utilisation de fibres à très grande aire effective (LMA) est nécessaire pour permettre la
propagation de fortes puissances dans les fibres optiques. Les premières LMA SIFs ont
été réalisées en utilisant la technologie conventionnelle MCVD. Les performances de ce
type de fibres sont limitées par la faible modularité du profil d’indice de réfraction, et par
la technologie employée.
L’introduction des cristaux photoniques dans le profil d’indice des fibres ouvre une
nouvelle voie de recherche sur les fibres LMA. Ainsi, des LMA PCFs à cœur de silice
sont développées. Les premiers essais en transport de puissances montrent le fort
potentiel de ces fibres pour le guidage par exemple des impulsions de puissances crêtes
de 31,5 kW [O’DRI. 05] avec un taux de répétition de 15 kHz. Les dimensions de la fibre
(K,d) nécessaires pour accroître l’aire effective de la fibre sont importantes. Ainsi, les
LMA PCFs généralement utilisées possèdent des diamètres extérieurs de plusieurs
centaines de µm (400 µm à 1000 µm). Ces fibres sont alors difficilement utilisables dans
les systèmes conventionnels. Les courbures imposées à ces fibres entraînent également
des pertes drastiques.
C’est dans cette optique que nous avons développé une fibre LMA monomode ayant un
diamètre extérieur restreint et une forte résistance à la courbure. Nous avons utilisé une
fibre dont la gaine optique est un cristal photonique unidimensionnel. La propagation est
dans ce cas due à un guidage par bande interdite photonique. A partir d’une préforme
réalisée par MCVD, nous avons modélisé une fibre exhibant des pertes linéiques de 0,4
dB.m-1 pour le mode fondamental. La fibre est asymptotiquement monomode. L’aire
effective calculée est 526 µm², pour un diamètre extérieur de fibre de 200 µm.
La fabrication de cette fibre a mis en évidence le fort potentiel de ces SBFs. L’aire effective
mesurée est estimée à 517 µm², ce qui fut l’aire effective la plus importante jamais mesurée
en régime monomode dans une fibre à cœur de silice [FEVR. 03]. Le comportement monomode
de la fibre a été confirmé à l’aide du montage O.L.C.R. qui a également permis de mesurer la
dispersion chromatique de la fibre qui est de l’ordre de + 23 ps/(nm.km). La résistance aux
courbures a également été démontrée. Pour une courbure importante de 4 cm de rayon (QCRI),
les pertes sont estimées à 3 dB.m-1, et le régime monomode est conservé.
Le profil d’indice de la préforme était optimisé pour une application à 1550 nm. Nous
n’avions pas les moyens de tester en puissance cette fibre à cette longueur d’onde. De
plus, le profil d’indice de la fibre n’étant pas homogène, le résultat obtenu en terme de
transport de puissance ne serait pas caractéristique. Nous avons alors réalisé une
nouvelle SBF exhibant une aire effective de 280 µm² à 1064 nm. Les différentes
couches de la fibre sont de dimension et d’indice de réfraction équivalent pour les trois
couches. La dépression d’indice en sortie du réseau est conservée pour préserver la
fibre des pertes par courbure. Les premiers essais de transport de puissances ont été
réalisés avec cette fibre. La fibre permet alors le transport d’impulsions pouvant atteindre
des puissances crêtes proches de 10 kW avec un taux de répétition de 10 kHz, sans
détérioration.
La SBF permet donc de transporter des énergies importantes sur de grandes longueurs. Un
autre avantage de la SBF est que le profil d’indice peut être adapté à n’importe quelle
longueur d’onde. Ainsi, des travaux menés dans notre laboratoire à la suite de ces
réalisations, ont permis de mettre en évidence la faisabilité de telles fibres [ FÉVR. 05b –JAMI. 06] à
800 nm avec des pertes linéiques inférieures à 3 dB.km-1.
En dopant le cœur de la SBF aux terres rares, il serait possible de créer de nouvelles
fibres pour des applications telles que la conception de lasers de très fortes puissances.
Des recherches ont débuté sur ce sujet au sein de notre laboratoire (Master Recherche
2 de Mathieu Devautour). Une thèse en cotutelle entre XLIM et le FORC débutera en
septembre.
Chapitre 3
Chapitre 3 :
Transport de fortes puissances
optiques dans les fibres
creuses à bande interdite
photonique
1 Introduction
La plus grande opportunité offerte par le cristal photonique est la potentialité de guidage
dans un matériau d’indice de réfraction quelconque. Une fibre à gaine optique
microstructurée peut donc permettre le guidage dans un milieu d’indice inférieur à celui
de la silice.
Pour le transport de puissances optiques, nous avons vu que les fibres optiques en silice
employées doivent posséder une aire effective importante. Au vu de l’équation (4), la
réduction du coefficient de non linéarité d’ordre 3 y peut également être obtenue en
utilisant un matériau de cœur d’indice non linéaire n2 faible.
Un matériau commun possède un coefficient de non linéarité très faible. Il s’agit de l’air.
Il est estimé à 2,9.10-23 m².W-1 [OUZO. 03], soit 1000 fois inférieur à celui de la silice. Donc
pour une fibre creuse à aire effective équivalente à celle d’une fibre silice, la puissance
transmise avant apparition de non linéarité sera théoriquement 1000 fois supérieure.
La première mise en évidence d’un guidage dans une fibre creuse a été réalisée par l’équipe
Optoelectronics Group de l’University de Bath [ CREG. 99]. Le réseau utilisé est un réseau
bidimensionnel adapté de la PCF à cœur de silice. Le cœur creux a été réalisé en retirant,
dans le stack, les sept capillaires centraux. Une photographie MEB est représentée sur la
figure 55.
Depuis cette première expérience, des avancées majeures ont eu lieu dans la modélisation
et la fabrication des fibres creuses à cristal photonique (HC-PCF pour Hollow Core Photonic
Crystal Fibre). Des plages de longueurs d’onde nouvelles peuvent être atteintes avec ces
nouvelles fibres, comme dans l’UV (440 nm) [ C.F. 1] ou dans l’infrarouge moyen (10,6 µm)
[TEME. 02].
Nous avons vu dans la première partie que les SBFs réalisables par MCVD permettaient
un fort guidage, bien que la différence d’indice cœur / gaine soit faible (On = 15.10-3).
Toutefois, cette différence d’indice devrait être trop faible pour permettre le guidage dans
un cœur d’air [DORAN 83]. L’emploi d’un nombre important de couronnes (N > 50) serait
alors nécessaire pour obtenir des pertes comparables à celles des SIFs [XU 02].
Une plus grande différence d’indice est alors nécessaire. La technique MCVD ne permet pas
d’accroître drastiquement la différence d’indice cœur / gaine. Pour réaliser de fortes
différences d’indice, des verres chalcogénures à fort indice sont employés. La PCF 1D
creuse a été réalisée avec ces verres par des équipes du Massachusettes Institute of
Technology [HART 02 – TEME. 02]. Elle est plus communément appelée OmniGuide Fibre (OGF).
Le chalcogénure employé est As2Se3 dont l’indice de réfraction est proche de 2,8 dans
l’infrarouge moyen. La fenêtre de transparence de ce matériau s’étend de 0,8 à 17 µm. Pour
réaliser la différence d’indice, un polymère thermorésistant PES a été employé. Il a une
bonne transparence pour les longueurs d’onde d’étude, et son indice de réfraction est proche
de 1,55 dans l’IR moyen. Un assemblage de films fins (~ 50 µm de PES et 7 µm de As2Se3)
est réalisé par une méthode d’évaporation. Cet assemblage est ensuite enroulé dans un tube
de borosilicate. La préforme est consolidée par un chauffage à 260°C avant fibrage. Cette
préforme est étirée en une fibre La gaine microstructurée de la fibre est alors composée de
11 couches de 270 nm d’épaisseur (excepté la première qui est de 135 µm) de As 2Se3
successivement séparées par des couches de PES d’épaisseur 900 nm. La photographie
MEB de la fibre est présentée sur la figure suivante :
Figure 56 : Photographie MEB de la OGF creuse à forte différence d’indice cœur/gaine [ TEME. 02]
Le rayon du cœur de la OGF est très large (> 200 µm). La propagation est alors
multimode pour un guidage à 3,1 µm. La qualité du faisceau en sortie est donc faible.
Figure 57 : Courbe de transmission d’une OGF ayant un cœur de 700 µm de diamètre [ TEME. 02]
Le spectre de transmission pour une OGF de 700 µm de diamètre est représenté sur
cette figure. Il fait apparaître deux bandes de transmission distinctes, une autour de 5
µm et une autre principale autour de 10,6 µm. Le but fixé pour la réalisation de cette
fibre était de permettre un fort guidage à 10,6 µm pour une application dans le domaine
médical et plus précisément dans la chirurgie in-vivo [ANAS. 04]. A cette longueur d’onde,
les pertes linéiques sont proches du dB.m-1. Ces applications ne requièrent pas une
grande qualité de faisceau. Le caractère multimode de la fibre n’est pas pénalisant pour
cette application.
La technique de fabrication de cette OGF est très délicate et nécessite d’énormes moyens
techniques [HART 02]. Les pertes linéiques conséquentes, et la propagation multimode ne
permettent pas l’utilisation de ce type de fibres comme support de transmission pour des
applications de précision comme la découpe ou le marquage.
2.2.1 Fabrication
La méthode de fabrication des HC-PCFs reprend celle des PCFs (technique « Stack and
Draw »). Le cœur creux est réalisé en ôtant dans la préforme primaire le capillaire
central ou en le remplaçant par un tube. On parle alors de « 1-cell HC-PCF »
Pour augmenter la taille du cœur, il est possible de retirer dans la préforme primaire le
capillaire central dans la préforme, ainsi que la première couronne de capillaires. 7
capillaires sont enlevés au total, on parle alors de « 7-cell HC-PCF » pour désigner cette
fibre. De même en retirant une couronne supplémentaire (19 capillaires au total), on
réalise une fibre « 19-cell HC-PCF ». Dans les deux cas, on peut relier géométriquement
et expérimentalement le rayon du cœur Rcoeur avec le pas du réseau K par :
Pour illustrer mes propos, des photographies MEB d’une 7-cell HC-PCF et d’une 19-cell HC-
PCF sont présentées sur la figure suivante 58. La 7-cell HC-PCF est commercialisée sous le
nom de HC-1550-02 par la firme CRYSTAL FIBRETM et la 19-cell HC-PCF sous le nom de
HC19- 1550-01. Sur ces photographies, on remarque la grande qualité du réseau. Le
nombre de couronnes utilisées est également important.
- 100 -
Figure 58 : Photographies MEB de HC-PCFs réalisées par B LAZEPHOTONICS1
(a) 7-cell HC-PCF entière et (b) zoom sur le cœur
(c) 19-cell HC-PCF entière et (d) zoom sur le cœur
7-cell 19-cell
HC-1550- HC19-1550-
02 01
Caractéristiques géométriques
Rayon du cœur Rc (µm) 5,45 10
Pitch K (µm) 3,8 3,9
d/K 0,98 0,98
Nombre de couronnes de trous N 8 7
Propriétés optiques
Longueur d'onde centrale h0 (nm) 1550 1570
Largeur de la bande de transmission Oh 200 80
(nm)
Atténuation linéique à h0 (dB.km-1) 20 10
Dispersion chromatique Dc à h0 (ps/(nm.km)) 97 20
Rayon de champ de mode (µm) 3,75 6,5
Ouverture numérique 0,12 0,13
1 Fibres réalisées par la firme BLAZEPHOTONICSTM (UK). Depuis le rachat de cette société, les fibres sont commercialisées par la
société CRYSTAL FIBRETM (DK).
Le pitch pour les deux HC-PCFs est quasiment identique (3,8 et 3,9 µm). La finesse du
réseau, quantifiée par le rapport d/K, est très élevée. La largeur spectrale de transmission de
la fibre « 7-cell » est de 200 nm autour de 1550 nm, alors que celle de la « 19-cell » est
réduite à 80 nm. Le premier constat relevant de ces fabrications est que l’augmentation de la
taille du cœur implique une réduction de la largeur spectrale de transmission. Les pertes
linéiques de la fibre « 19-cell » sont inférieures à celles de la « 7-cell » (10 dB.km-1 contre 20
dB.km-1) alors que la gaine microstructurée est constituée d’une couronne de moins (N = 7
contre N = 8). Le deuxième constat est que les pertes linéiques sont inférieures pour les
fibres « 19-cell ». L’ouverture numérique dans les HC-PCFs est proche de l’ouverture
numérique d’une SMF (0,11 à 1550 nm).
Bien que les pertes soient relativement faibles (dizaines de dB.km-1), ces fibres ne
peuvent être utilisées dans les réseaux de télécommunications actuels. Sur la figure 59,
j’ai représenté l’évolution au cours du temps des pertes records publiées dans les HC-
PCFs.
Figure 59 : Evolution temporelle des pertes linéiques record transmises par les HC-PCFs
La première HC-PCF réalisée [CREG. 99] exhibait des pertes élevées de plusieurs dizaines de
dB.cm-1 (d/K ~ 0,5). Les premières HC-PCFs à guidage efficace [ WEST 01 – VENK. 02] sont des
fibres 7-cell réalisées par la firme américaine CORNINGTM (d/K ~ 0,95 pour la fibre exhibant le
moins de pertes). Les deux dernières fibres représentées [MANG. 04 – ROBE. 05a] sur ce graphique
sont des 19-cell HC-PCFs réalisées par BLAZEPHOTONICSTM (d/K = 0,98).
L’évolution temporelle des pertes linéiques record transmises par les HC-PCFs correspond à
une décroissance exponentielle. Cette allure transcrit le fait que les pertes linéiques
minimales semblent atteintes de nos jours. Premièrement, l’accroissement du rapport d/K
dans le réseau a permis de réduire drastiquement les pertes de confinement.
Deuxièmement, l’apparition des fibres 19-cell, correspondant à un accroissement du rayon
de cœur, a permis de réduire davantage les pertes linéiques proche du dB.km-1. Depuis mars
2005, aucune HC- PCF n’a exhibé des pertes linéiques inférieures à 1,2 dB.km-1.
Le rapport d/K caractéristique de la finesse du réseau bidimensionnel doit être très élevé
pour permettre un fort guidage dans le cœur. Une récente étude [ROBE. 05a - ROBE. 05b] a mis
en évidence les pertes intrinsèques liées à la fabrication des HC-PCFs et plus
particulièrement au fibrage. Les capillaires utilisés pour concevoir les préformes de HC-
PCFs ont une grande finesse correspondant à celle du réseau bi-dimensionnel (d/K =
0,98). Inévitablement, lors du fibrage, les capillaires sont soumis à de fortes
températures, la surface du verre possède alors un aspect ondulatoire qui, une fois
refroidi, impose une rugosité de surface (SCW pour Surface Capillary Waves) [JÄCK. 95].
Cette rugosité d’interface va introduire des pertes par diffusion, en particulier sur la
première couronne de silice entourant le cœur d’air. Il est possible de prédire [ROBE. 05a]
que les pertes intrinsèques du matériau sont directement reliées à la longueur d’onde
par la relation (loi empirique) :
1
A(h (46)
0) 3
h0
2j 1 h
t (47)
n 2silice 1
4
∫ première
E²dS
couronne de silice
y (48)
∫ E²dS
sec tion tranverse
Figure 60 : Evolution de la portion d’énergie guidée (4) dans la première couronne de silice d’une HC-
PCF à très faible atténuation linéique, sans ajout d’une surépaisseur de silice (en pointillés)
et avec une surépaisseur (t définie pour j = 1) (en trait plein) [ ROBE. 05b]
La portion d’énergie minimale guidée est obtenue pour kK = 16,9 dans le cas d’une HC-PCF
avec la couche anti-résonante dans le profil d’indice. Cependant, la bande de transmission de
la HC-PCF avec la couche anti-résonante dans le profil d’indice est plus découpée
spectralement que la HC-PCF sans cette couche.
Cette étude numérique a été validée expérimentalement à 1550 nm avec un profil d’indice
d’une 19-cell HC-PCF [ROBE. 05c]. Une photographie MEB de chaque fibre fabriquée est
représentée sur la figure suivante, ainsi que le spectre de transmission respectif.
Sur la figure 62, un seul mode de surface est représenté dans la bande de transmission. Il
est plus commun d’observer différents couplages avec des modes de surfaces [ WEST 04 – HUMB.
04 – HUMB. 05], comme le montre la figure suivante tirée de la deuxième référence :
Figure 63 : Impact des modes de surface sur le spectre de transmission d’une 7-cell HC-PCF [ HUMB. 04]
De récentes études numériques ont été menées sur la suppression de ces modes de surface
[DIGO. 04]. Toutefois, les critères retenus (Rc = 1,2 K et Rc = 2,1 K respectivement pour les fibres
7-cell et 19-cell), pour supprimer ces modes de surface, ne sont pas applicables
expérimentalement (équations (44) et (45)). Cette technique n’a donc pas été retenue.
Jusqu’à présent, les profils d’indice des HC-PCFs sont conçus à partir de données
expérimentales. Dorénavant, le fait d’avoir un profil d’indice dont le pitch du réseau est
proche de 4 – 4,5 µm et un rapport d/K proche de 1 confère une propriété de guidage fort à
1550 nm. Par une simple analogie définie par l’équation (49), on peut déterminer la taille du
réseau (K) nécessaire pour une longueur d’onde d’étude différente h0.
h0
0,344 (49)
K
En se basant simplement sur des constatations expérimentales, on peut dire que le profil
d’indice d’une HC-PCF n’est pas optimisé. Le rapport d/K très élevé impose des pertes
intrinsèques liées à la rugosité de surface et une grande fragilité lors de la fabrication de la
préforme. Nous avons décidé de mener une étude pour essayer d’optimiser ce profil d’indice
particulier.
Le profil d’indice d’une HC-PCF a été développé par Mortensen et al [ MORT. 04] à partir des
premières réalisations de HC-PCFs à très faibles pertes de C ORNINGTM [VENK. 02 – SMITH 03]. Le
profil d’indice modélisé d’une HC-PCF est présenté sur cette figure :
Figure 64 : (a) Profil d’indice d’une 7-cell HC-PCF, (b) Modèle du cœur de la fibre,
(c) Modèle d’un trou quelconque de la structure 2D, (d) Modèle d’un trou particulier de la première
couronne
Le profil d’indice se différencie de celui de la PCF, par le fait que les trous de la gaine
ainsi que le cœur sont de forme hexagonale. Cette forme est due à la méthode de
fabrication qui nécessite de refermer les interstices entre les capillaires. Les hexagones
constituant chaque inclusion sont arrondis à leur sommet par un cercle de diamètre DC
dans le cœur, et dC pour les inclusions de la gaine. Sur la première couronne de trous,
six inclusions ont une forme particulière due à la géométrie du cœur dans la 7-cell HC-
PCF (12 inclusions pour la 19-cell). L’arrondissement de ces inclusions est alors obtenu
par des cercles de diamètre faible d’C. Tous ces diamètres sont directement reliés au
pas du réseau par les expressions des équations (50) :
D7cell
2 1,4 K
D19cell
2 2,4 K
D C 0,59 (50)
K
d C 0,44
K d'C 0,1
K
- 110 -
Les coefficients retenus pour DC, dC et d’C sont basés sur des mesures faites sur les
premières réalisations. En ayant défini géométriquement la HC-PCF, il est possible de
définir la fraction d’air f dans la gaine 2D, par une expression définie par [MORT. 04] :
{ d ⎞2 J { n⎞{d
⎞ ]
2
f| | |1 |1 | | C| | (51)
⎝ K ⎠ |⎝ ⎝ 2 3 ⎠ ⎝ d ⎠ |]
3.3.1 Introduction
3.3.2.1 2 . 1 Introduction
Pour des inclusions circulaires, les pertes de confinement peuvent être évaluées
rigoureusement à l’aide de la méthode multipolaire [ WHITE 02 - CUDOS]. C’est une méthode
intégrale d’électromagnétisme pour les problèmes de diffraction. L’outil CUDOS
développé permet d’estimer les pertes de confinement ainsi que l’indice effectif des
modes guidés. Cette
méthode analytique servira de référence pour le calcul des pertes de confinement dans
les PCFs idéales.
Dans le profil d’indice d’une HC-PCF, les inclusions ne sont pas circulaires. Nous ne
pouvons donc pas utiliser cette méthode référence.
Pour l’étude des fibres optiques, l’utilisation de cette PML peut nous permettre de
déterminer les pertes de confinement [HUANG 96]. L’implémentation de ces PMLs pour les
cas des fibres optiques a été développée récemment [TSUJI 00 – SAIT. 02]. La géométrie
rectangulaire de la PML est conservée. Chaque section est définie par sa permittivité
complexe. La constante de propagation fi’ du mode guidé est alors complexe. Elle est
définie comme [SAIT. 03] :
fi' fi i A (52)
Sous COMSOL MULTIPHYSICS®, la fenêtre de calcul n’a pas de géométrie définie. Par
commodité d’utilisation, nous avons décidé de définir une nouvelle géométrie de la
PML pour une application au cas des fibres optiques en particulier. La PML la plus
simple à définir ne possèderait qu’une seule section. Aucune géométrie définie dans le
plan (x,y) ne peut posséder d’invariances dans les deux axes. Comme dans des fibres
optiques, nous allons utilisé le plan (Q,0) pour définir notre PML. Dans ce plan, un
disque est invariant suivant 0. La permittivité définie pour un disque ne varie que suivant
Q dans le plan (Q,0). Nous avons donc décidé d’utiliser une PML circulaire en
forme d’anneau. La PML considérée est représentée sur la figure suivante :
Figure 66 : Représentation schématique de la section transverse d’une fibre optique
entourée par une PML circulaire
La couronne correspondante à la PML circulaire est définie par sa position r ext par rapport à
l’origine et son épaisseur e. La PML est séparée de la zone guidante par une zone de silice
pure.
Nous recherchons à résoudre les équations de Maxwell. Dans la zone PML, elles sont
définies par les relations suivantes [TSUJI 00] :
H jms n 2 s (53)
0
E
E jmµ 0 s
H (54)
o o
avec s1j e 1j m (55)
2
ms0 n mµ 0
E est le champ électrique, H est le champ magnétique, m est la fréquence angulaire, s0 et µ0 respectivement
la permittivité et la perméabilité du vide, n est l’indice de réfraction de la silice, oe et om les conductivités
électrique et magnétique de la zone PML.
La PML se caractérise par l’introduction d’un terme s dans les équations de Maxwell. Ce
terme est directement relié à la conductivité électrique.
|
e max
⎝ e ⎠
m1
s0 {1⎞
cn
c est la célérité de la lumière, R est le coefficient de réflexion théorique à l’extrémité supérieure de la PML
En regroupant les expressions obtenues dans les équations (55) à (57), on peut déterminer
l’expression de s comme :
{ (m m
{1⎞ {Q-r ⎞
1)h
|1 j ln| ext , Q r
| |
|
s{ 4nne ⎝R⎠⎝ e ⎠
ext
(58)
|1 , Q rext
⎝
Des premières modélisations [TSUJI 00 – SAIT. 03] ont montré que des valeurs de m = 2 et R = 10-8
conviennent pour définir le paramètre s pour les fibres optiques.
L’évolution du champ électrique dans la gaine est différente pour chaque fibre optique. Le
champ électrique à l’interface de la PML ne sera jamais identique. Il n’existe pas de PML
optimale qui pourrait être appliquée à n’importe quel profil d’indice. Il est donc important
de déterminer les paramètres rext et e pour estimer convenablement les pertes de
confinement. Un profil d’indice de PCF (nsilice = 1,45, K = 1,5 µm, d/K = 0,62, h = 1,55 µm et
N = 6) a été simulé. Le rayon extérieur de la gaine microstructurée est de 9,5 µm. Les pertes
de confinement ont été calculées en fonction de la position de la PML (r ext Š 10 µm), et cela
pour différentes épaisseurs (1 µm, 5 µm et 10 µm). Les résultats sont reportés sur la figure
suivante :
Figure 67 : Evolution des pertes de confinement d’une PCF en fonction des paramètres géométriques de
la PML (nsilice = 1,45, 2 = 1,5 µm, d/2 = 0,62, 2 = 1,55 µm et N = 6)
L’évolution des pertes de confinement dans la PCF est très différente pour chaque PML.
Pour e = 1 µm, les pertes de confinement fluctuent fortement autour de 0,1 dB.km -1 en
fonction de la position de la PML. Ces fluctuations diminuent lorsque l’on augmente
l’épaisseur de la PML. Ainsi pour e = 10 µm, l’évolution des pertes de confinement en
fonction de rext est quasi nulle. Il y a alors une convergence. La valeur des pertes de
confinement est de 0,1 dB.km-1.
Il n’existe pas de valeurs optimales pour définir la PML. En faisant une étude rapide pour
différentes épaisseurs et positions de cette dernière, il est possible de déterminer une
convergence des résultats.
L’évolution du champ électrique dans la gaine optique d’une fibre est différente suivant
le principe de guidage. Dans les fibres à guidage RTI, le champ est évanescent dans la
gaine. Le champ sera alors faible et décroissant à l’interface de la gaine optique/PML.
Dans le cas d’une fibre BIP, l’évolution du champ électrique est différente car elle est
constituée d’oscillations comme nous l’avons déjà constaté. Dans un premier temps, je
vais dissocier l’étude de la PML pour les deux principes de guidage.
3.3.2.6 2.6 Validation de l ’ efficacité de la PML circulaire pour le cas des f
ibres à guidage RTI
Des profils d’indice de PCFs ont déjà été modélisés pour déterminer les pertes de
confinement à l’aide de PMLs rectangulaires [SAIT. 02]. Nous avons repris les calculs à l’aide de
notre PML circulaire, et avec le logiciel CUDOS basée sur la méthode multipolaire [ CUDOS].
Les PCFs modélisées sont constituées de 2 et 3 couronnes de trous circulaires
respectivement pour la fibre (i) et la fibre (ii) (n silice = 1,45, K = 2,3 µm et d/K = 0,7 pour les
deux cas). Les évolutions spectrales des pertes de confinement sont représentées sur les
figures 68a et 68b.
Figure 68 : Evolution des pertes de confinement en fonction de la longueur d’onde avec 3 méthodes de
calculs, pour (a) la fibre (i) et (b) la fibre (ii)
Les pertes de confinement ont été calculées dans la PCF à l’aide de la méthode multipolaire
(référence) (valeurs en italique sur les graphiques), de la méthode des éléments finis (fem)
combinée avec la PML circulaire (valeurs encadrées) et la PML rectangulaire (autres
valeurs). Les pertes de confinement pour chaque cas suivent la même tendance, soit une
croissance avec la longueur d’onde.
Pour vérifier la validité de la PML, une erreur relative E R entre les pertes de confinement
obtenues par les méthodes utilisant la PML PML et celles obtenues par la méthode
multipolaire MM est définie.
A PML
E
(59)
A MM R
A
MM
Figure 69 : Evolution de l’erreur relative en fonction de la longueur d’onde pour les deux PCFs
Figure 70 : Evolution du maillage dans un élément de la gaine 2D d’une HC-PCF en fonction de MES
Pour un MES de 0,9 µm, le maillage n’est pas optimal. Le MEQ est faible et évalué à 0,4415.
1706 éléments sont alors générés. Plus le MES diminue, plus la qualité du maillage
augmente. Une valeur de MEQ égale à 0,7179 correspond à une bonne qualité de
maillage. On peut considérer que le maillage est efficace si MEQ > 0,65. Toutefois, un
fort maillage implique un nombre élevé d’éléments. La résolution d’un problème (sans
PML) contenant 300 000 éléments est la limite haute pour le PC que j’utilise (Pentium
IV, CPU 2,66 GHz, 1GB de RAM sous environnement Windows 2000, solver SPOOLES
[COMS. 2]). En utilisant une PML (donc un calcul complexe), la taille de la matrice de calcul
est augmentée. Un problème contenant 100 000 éléments de maillage est alors la limite
haute.
Si l’on désire un maillage efficace avec une structure HC-PCF, on peut trouver des
artefacts de calcul pour augmenter la capacité de calcul, en utilisant par exemple la
symétrie de la structure. Pour cela, l’utilisation des courts-circuits électrique (PEC) et
magnétique (PMC) permet de réduire la taille du problème par 4. Les courts-circuits
doivent être positionnés comme présenté sur la figure suivante pour l’identification
précise des modes :
Cet artefact de calcul permet de modéliser convenablement des structures de fibres optiques
de grandes dimensions.
De même que pour l’étude précédente, je vais comparer mes calculs avec ceux de travaux
déjà publiés. La fibre modélisée est une HC-PCF définie d’après le modèle de la figure 64
[SAIT. 04] (nsilice = 1,45, K = 4,7 µm, f = 0,94 et N = 6). La méthode multipolaire n’est pas
- 120 -
utilisable pour modéliser cette fibre car les inclusions de la gaine ne sont pas circulaires. La
comparaison a été effectuée comme précédemment en fonction de la longueur d’onde. Le
nombre de mailles de la structure est proche de la limite énoncée précédemment (le MEQ de
la structure est proche de 0,62). Il serait nécessaire d’augmenter davantage le maillage pour
obtenir de meilleurs résultats. Toutefois, j’ai comparé mes résultats avec ceux de Saitoh et al
[VIALE 05a – SAIT. 04]. Les résultats sont représentés sur la figure 72.
La HC-PCF possède une bande interdite ( < 1 dB.km-1) dans la bande 1,4 µm – 1,75 µm.
Les différents résultats que j’ai obtenus indiquent une tendance identique dans les deux cas.
Un maillage plus efficace permettrait d’augmenter davantage la convergence des résultats.
Notre conception des SBFs permet d’imposer la géométrie pour atteindre une valeur
donnée d’indice effectif du mode guidé. En réalisant une analogie entre les BFs creuses
(HC-BFs) et les HC-PCFs, il devrait être possible de concevoir un profil d’indice de HC-
PCF permettant d’augmenter le confinement du champ dans le cœur. Le but recherché
par cette modélisation est d’obtenir une fibre à cœur large monomode exhibant de très
faibles pertes de confinement pour une application aux télécommunications optiques (h
= 1550 nm), par exemple.
Il est alors possible de relier les paramètres géométriques de la HC-PCF avec le couple
(ne,Z) en utilisant les approximations suivantes :
{K A 2 A 3
|
R (60)
{R HCPCF
BF
|d A
⎝ 3
x01
R HCPCF (61)
2n
1 n2eG
h0
x11 x01
K x02 x11
(62)
2n n 2 seGn2
2n
1n2
h0 eG
h0
x02 x11
d (63)
2n 1n2
eG
h
0
xin sont les nièmes zéros de la fonction de Bessel Ji, Z0 est la longueur d’onde d’étude, ns est l’indice de la silice et neG
est l’indice effectif du mode souhaité définissant la géométrie
L’évolution de ces différents paramètres (R,K) est représentée sur la figure 74. L’évolution du
paramètre d est transcrite par la variation de f (équation 51).
Figure 74 : Evolution des paramètres du profil d’indice d’une HC-PCF en fonction de n e à 1550 nm
Les valeurs des paramètres géométriques de la HC-PCF augmentent avec n eG. Pour neG
proche de 1 (indice de l’air), les paramètres géométriques de la HC-PCF évoluent plus
fortement. De par la conception même, le rayon du cœur d’une 7-cell HC-PCF est
directement relié au pitch par un coefficient 1,4. Sur la figure 74, l’évolution du rayon
optimal Rth (1,4 x K) en fonction de neG est représentée par des losanges. On constate que
les tendances de R et Rth sont identiques. Donc, les fibres que nous allons modéliser sont
réalisables par la technique « Stack and Draw ».
Le profil d’indice d’une HC-PCF est caractérisé par la forte fraction d’air du réseau et par
le nombre important de couronnes de trous. La finesse du réseau rend la fabrication des
HC- PCFs très délicates. La manipulation et l’assemblage des capillaires fins rendent
critique la fabrication d’une telle préforme (cassures à l’assemblage, micro-fissure d’un
capillaire…). Pour simplifier la fabrication de telles préformes, il serait intéressant de
déterminer un profil d’indice permettant d’atteindre des pertes de confinement faibles en
réduisant toutefois la fraction d’air et le nombre de couronnes de trous.
C’est dans cette optique que nous allons essayer d’optimiser le profil d’indice à l’aide de
notre outil d’analyse vectorielle et de la PML.
Premièrement, les pertes de confinement du mode fondamental à 1550 nm ont été calculées
pour des profils d’indice à 6 couronnes de trous pour les différents indices effectifs n eG de la
figure précédente.
Figure 75 : Pertes de confinement du mode fondamental à 1550 nm pour des profils d’indice de HC-
PCF (6 couronnes de trous) définis par neG
Pour chaque neG prédéfini, les pertes de confinement, ainsi que l’indice effectif calculé
neC du mode guidé sont reportés sur ce graphique. L’erreur relative entre neG et neC est
très faible (0,03 % maximum). Ceci nous permet d’affirmer que l’analogie entre la BF et
la HC-PCF est valide. Les pertes de confinement du mode fondamental diminuent
exponentiellement en fonction de neG. Pour le cas de la fibre dont le profil d’indice est
défini par neG = 0,9991, l’indice effectif calculé est de 0,99912, les pertes de confinement
sont estimées à 10-5 dB.km-1 et la fraction d’air de la gaine à 0,912. Cette fibre se définit
alors à 1550 nm par :
Le rayon du coeur est important. Il est alors important de vérifier le comportement modal
de notre fibre pour valider le profil d’indice. Les champs électriques des deux premiers
modes EM (HE11 et TE01) sont représentés sur la figure suivante. Ils sont considérés
dans les fibres à bandes interdites comme les modes les moins à pertes.
Figure 76 : Distribution transverse du champ électrique des modes HE 11 et TE01
L’indice effectif du mode TE01 est de 0,99777. Pour les deux modes, le champ est fortement
confiné dans le cœur. Le pourcentage de puissance confinée dans le cœur est de 99,81 % et
99,30 % respectivement pour les modes HE11 et TE01. La forte fraction de champ électrique
présente dans la gaine implique que les pertes de confinement des deux modes seront
faibles.
Ces pertes de confinement ont été calculées en fonction du nombre de couronnes de trous N
pour le profil d’indice (K = 9,9 µm, h = 1,55 µm, f = 0,912) défini précédemment.
Figure 77 : Variation des pertes de confinement dans une HC-PCF (2 = 9,9 µm, 2 = 1,55 µm, f
= 0,912) des modes EM, HE11 et TE01 en fonction du nombre de couronnes de
trous
La variation des pertes de confinement dans la HC-PCF modélisée est exponentiellement
décroissante en fonction du nombre de couronnes de trous. Pour le cas N = 6, le rapport
entre les coefficients d’atténuation des deux modes est (TE01/HE11 = 1000). Dans le cas N =
5, ce rapport se réduit à 100. Cependant, cette valeur de coefficient d’atténuation est
suffisamment importante pour que l’on obtienne sur de grandes longueurs de fibre
(kilométriques) et avec une injection sélective, un comportement asymptotiquement
monomode.
Nous avons ainsi démontré numériquement qu’un profil d’indice particulier, défini à partir
d’une analogie avec les BFs, permet de réduire les pertes de confinement dans les HC-
PCFs. Le profil retenu est le suivant :
3.5 Conclusion
L’utilisation d’un logiciel d’analyse vectorielle permet de caractériser tout type de fibres
optiques. Le développement de couches absorbantes (PML) circulaires, adaptées de
l’électromagnétisme, nous permet de qualifier et quantifier la propagation dans ces
fibres, et spécialement dans les HC-PCFs. Nous avons développé une méthode basée sur
une analogie avec les BFs pour concevoir un profil d’indice permettant un guidage
monomode (LP01) à très faibles pertes de confinement (10-3 dB.km-1). Le profil d’indice
est simplifié par rapport aux diverses réalisations effectuées à travers le monde. Le
nombre de couronnes et la fraction d’air sont réduits, respectivement à N = 5 et f =
0,912. Des HC-PCFs ainsi réalisées pourraient être employées dans le domaine des
télécommunications.
4 Gestion des effets non linéaires dans les fibres creuses
à bande interdite photonique (HC-PCFs)
4.1 Définition du coefficient de non linéarité y d’ordre 3 dans les
HC-PCFs
4.1.1 Introduction
Le coefficient de non linéarité d’ordre 3 est défini par l’indice de non linéarité du matériau n 2
constituant le cœur. L’aire effective représente la surface efficace du mode dans un milieu
non linéaire. Dans le cas des HC-PCFs, une portion faible de l’énergie est présente dans la
silice entourant le cœur. Que ce soit pour la 7-cell HC-PCF ou la 19-cell HC-PCF, la
contribution de la couronne de silice dans la définition du y reste prépondérante. Des
expériences ont montré que la détérioration de la face d’entrée d’une HC-PCF est
principalement due à la fusion du réseau cristallin [SHEP. 04 – SHEP. 05]. L’équation caractérisant le
coefficient y doit prendre en compte la propagation simultanée dans l’air et la silice. Elle
s’écrit [KNIG. 04 – LUAN 04 – LÆS. 03] :
2n J ]
n2 n2
y |sP / air s (64)
Aeff P / silice Aeff
|
h | air silice |]
⎝
n2 (air) = 2,9.10-23 m2/W-1 et n2 (silice) = 3,2.10-20 m2/W-1[NIBB. 97]. L’aire effective Aeff représente l’étendue
spatiale du mode dans le milieu considérée. sP/air et sP/silice représentent la portion de puissance transmise
respectivement dans le cœur d’air et dans la silice.
Pour cette étude numérique, quatre profils d’indice de HC-PCFs ont été modélisés sous
COMSOL MULTIPHYSICSTM. La première appelée « 7-cell HC-PCF » possède un pas dans
le réseau de 4,7 µm pour une fraction d’air dans la gaine de 94 %. La seconde fibre
modélisée est une fibre 19-cell développée à partir des caractéristiques de la fibre
précédente. Elle s’appellera « 19-cell HC-PCF ». La troisième fibre est une 19-cell HC-
PCF dont la première couronne de silice possède une couche anti-résonante (t = 0,323
µm). Je la dénommerai alors
« antiresonant 19-cell HC-PCF ». La dernière fibre que j’ai modélisée est celle que j’ai
obtenue dans la partie 3.4 de ce chapitre. Je la nommerai « 7-cell HC-BF ». Les calculs ont
été effectués à 1550 nm.
Dans chaque cas, il est nécessaire d’identifier l’aire effective du mode fondamental dans le
cœur et dans la silice (respectivement Aeff air et Aeff silice). De même, il faut identifier la portion
d’énergie présente dans le cœur et dans la silice (respectivement sP/air et sP/silice). On pourra
alors déterminer les différents coefficients non linéaires de chaque fibre, et ainsi déterminer
laquelle sera la plus performante pour réaliser du guidage de puissance.
Le mode fondamental a été calculé pour chaque fibre. Les distributions transverses du
champ électrique sont représentées dans chaque cas sur la figure 78 sous deux formes.
La première est une représentation par niveau. Elle met en évidence l’énergie présente
dans la première couronne de silice. La deuxième est une représentation surfacique qui
correspond au mode que l’on peut observer en sortie de fibre.
Figure 78 : Distributions transverses du champ électrique (sous forme de représentations par niveau et
surfacique) pour chaque fibre creuse modélisée à 1550 nm :
7-cell HC-PCF : 2 = 4,7 µm et f = 94 %
19-cell HC-PCF : 2 = 4,7 µm et f = 94 %
Antiresonant 19-cell HC-PCF : 2 = 4,7 µm, t = 323 nm et f =
94 %
7-cell HC-BF : 2 = 9,9 µm et f = 91,2 %
- 130 -
Tableau 7 : Détermination du coefficient de non linéarité d’ordre 3 pour les fibres creuses
modélisées (cf figure 77) à 1550 nm
Antiresonant
7-cell HC-PCF 19-cell HC- 7-cell HC-BF
19-cell HC-
PCF PCF
Aeff air (µm²) 75 237 252 475
Aeff silice (µm²) 6 5.5 25.7 160
sP/ai 95.0% 98.4% 99.7% 99.8%
r
Le tableau 7 regroupe pour chaque fibre les coefficients (sP et Aeff) permettant de
déterminer dans un premier les termes Y des expressions (65) et (66) pour finalement
déterminer le coefficient de non linéarité d’ordre 3 y (expression (64)).
Pour le cas de la 7-cell HC-PCF et la 19-cell HC-PCF, l’aire effective dans l’air augmente en
accord avec l’augmentation du rayon du cœur. L’aire effective dans la silice est identique
dans les deux cas. Le pourcentage de puissance dans l’air est supérieur dans la 19-cell par
rapport à la 7-cell, en accord avec les hypothèses présentées dans les parties précédentes
(plus le cœur est large meilleur sera le confinement du champ dans le cœur d’air). On obtient
finalement un y réduit par 3 dans le cas de 19-cell HC-PCF (y19-cell HC-PCF = 5,3×10-5 W-1.m-1).
Pour le cas de la 19-cell HC-PCF et de la antiresonant 19-cell HC-PCF, l’aire effective dans
l’air est proche dans les deux cas (237 µm² contre 252 µm²), ainsi que le pourcentage de
puissance dans le cœur d’air et dans la première couronne de silice, respectivement ~ 99 %
et
~ 0,2 %. Seule l’aire effective dans la silice augmente d’une rapport 5. La surface de la
première couronne dans le cas de la antiresonant 19-cell HC-PCF est plus importante, donc
l’énergie est plus étendue sur cette surface. Ainsi, le coefficient y est de nouveau réduit, et
dans ce cas par un facteur 10 (yantiresonant 19-cell HC-PCF = 5,4×10-6 W-1.m-1).
La fibre que nous avons modélisée dans une partie précédente permet de réduire les pertes
de confinement en augmentant la taille du cœur. Cette condition est également nécessaire
pour réduire la puissance à l’interface cœur/gaine. Les calculs montrent effectivement le
fort potentiel de la fibre pour guider de fortes puissances optiques. L’aire effective dans
l’air ainsi que dans la silice est augmentée par rapport aux cas précédents. La portion
d’énergie dans l’air est également augmentée. Il en découle une réduction du coefficient
de non linéarité dans la gaine (y7-cell HC-BF = 8,5×10-7 W-1.m-1). Un tel coefficient de non
linéarité dans une fibre optique correspondant à une LMA PCF à cœur de silice de 153
000 µm² d’aire effective, soit un rayon de cœur proche de 200 µm, difficilement
réalisable est utilisable car la fibre aurait un diamètre extérieur de dimension
centimétrique.
Le seuil de dommage dans les HC-PCFs est donc principalement lié à celui du réseau
cristallin. Ce seuil est élevé par rapport à celui obtenu avec des fibres à cœur de silice car
l’aire effective est plus faible. Différents essais de transport de puissances optiques ont alors
été menés avec des HC-PCFs.
Les résultats les plus probants ont été obtenus avec des fibres de B LAZEPHOTONICSTM
[SHEP. 04 – SHEP. 05]. Ils sont recensés dans le tableau suivant :
Tableau 8 : Transport de puissance dans les HC-PCFs [SHEP. 04 – SHEP. 05] à 1064 nm
(M²=1,3) en comparaison de notre fibre de Bragg (chapitre 2)
Fibre Source
Référen Typ Øcoeur Ot TR Eff. Emax Pmax
ce e Injection
[SHEP. 04] 7- 8,2 65 15 ~ 80 % 0,38 6
cell µm ns kHz mJ kW
[SHEP. 05] 19- 13,0 65 15 ~ 80 % 0,53 14
cell µm ns kHz mJ kW
SBF 2 23,0 35 10 ~ 55 % 0,33 9,3
µm ns kHz mJ kW
La comparaison entre les HC-PCFs et la SBF 2 est faite en considérant des sources aux
caractéristiques équivalentes. Dans les 19-cell HC-PCFs, des puissances de 14 kW peuvent
être transmises et maintenues sans dommage, contre 6 kW pour les 7-cell HC-PCFs. Elles
sont alors supérieures à celles obtenues avec SBF 2 (9,3 kW).
Nous avons utilisé la même HC-PCF que Shephard et al [SHEP. 04] pour réaliser une série
de mesures équivalentes à celle réalisées sur la SBF 2. À la suite d’une série de 7
mesures, les
résultats obtenus par notre mesure et celle de Shephard et al [ SHEP. 04] diffèrent. Ils sont
présentés dans le tableau suivant :
Tableau 9 : Comparaison des résultats de transport de puissance dans une 7-cell HC-PCF [SHEP.
04] obtenus avec deux tronçons différents (Øcoeur = 8,2 µm)
Source
Référen Ot TR Eff. Emax Pmax
ce Injection
[SHEP. 04] 65 15 ~ 80 % 0,38 6
ns kHz mJ kW
Notre
35 ns 10 kHz ~ 45 % 0,07 mJ 1,8 kW
tronçon
Les mesures sont relevées dans chaque cas lorsque le réseau cristallin cède. Dans le
cas de Shephard et al [SHEP. 04], c’est le réseau de la face d’entrée qui est détruit. Dans
notre cas et pour les sept mesures, le réseau a cédé dans la fibre, à l’endroit d’un défaut
(bulle d’air, impuretés, …). Ce défaut est visible et illuminé lorsque la puissance
augmente.
En ne considérant pas ces défauts, les résultats pourraient être similaires. Dans le cas
des HC-PCFs, compte tenu de la méthode de fabrication, le profil d’indice peut varier
longitudinalement, ce qui n’est pas le cas dans les fibres réalisées par MCVD. La faible
reproductibilité et la fragilité des HC-PCFs est mise en évidence par ce type de mesures.
5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons vu le potentiel qu’offrait l’utilisation des fibres creuses à
bande interdite photonique pour le transport de fortes puissances optiques. L’air est un
milieu faiblement non linéaire, donc optimal pour transmettre de fortes puissances sans
exacerber les effets non linéaires.
Une description sommaire des fibres creuses à cristal photonique unidimensionnel nous
permet de constater qu’il est difficile de fabriquer ce type de fibres pour des applications à de
plus courtes longueurs d’onde nécessitant un faisceau gaussien propre. Les fibres creuses à
réseau bidimensionnel sont alors les fibres les plus indiquées pour ce type d’application.
La fabrication des HC-PCFs repose sur le même principe que les PCFs. Pour obtenir un
fort guidage, il est nécessaire d’utiliser une grande fraction d’air dans le réseau (f ~ 94%)
et un
nombre important de couronnes de trous (N > 6). Le cœur de la fibre est obtenu en retirant
une ou plusieurs couronnes de capillaires lors de la fabrication de la préforme. On parle alors
de fibres 7-cell ou 19-cell. Rapidement, les 19-cell HC-PCFs ont permis d’atteindre des
niveaux de pertes proche du dB.km-1, contrairement aux 7-cell HC-PCFs dont les pertes
minimales sont estimées à 13 dB.km-1. Cependant, la bande de transmission des 19-cell HC-
PCFs est réduite par rapport à celle des 7-cell. Par exemple, pour un guidage à 1550 nm
[C.F. 2], la bande de transmission est réduite de 200 nm (7-cell) à 80 nm (19-cell) autour de
1550 nm.
Les premières fabrications ont également mis en évidence les pertes intrinsèques liées à la
fabrication et la géométrie de la fibre. Premièrement, les très fins capillaires employés pour
réaliser la préforme entraînent des pertes liées à la rugosité de surface créée lors du fibrage.
Cette rugosité de surface va limiter les pertes linéiques minimales qu’il est possible
d’atteindre avec ces fibres (estimées à 0,1 dB.km-1).
Jusqu’à présent, le profil d’indice d’une HC-PCF est défini par la géométrie du réseau.
Le mode propagé dépend alors de cette géométrie. Nous avons développé une
méthode permettant de définir le profil d’indice d’une HC-PCF en fonction du mode que
l’on désire
voir se propager. Cette méthode est basée sur analogie avec les 1D-BFs. Nous avons
numériquement mis en évidence que les pertes de confinement peuvent être réduites
(2.10-3 dB.km-1) en deçà des meilleures prévisions numériques, pour une plus faible
fraction d’air (91%) et 5 couronnes de trous. La fabrication de la HC-PCF s’en trouve
alors simplifiée. Toutefois le fort potentiel offert par ce profil n’a pas encore été validé
expérimentalement.
De premières expériences de transport de puissances optiques ont été menées avec des
HC- PCFs. Des impulsions nanosecondes d’énergie proche de 500 µJ ont été transmises par
ces fibres creuses sans détérioration de la face d’entrée. Le réseau cristallin de silice est
l’élément limitant pour le transport de puissance. Une portion faible de l’énergie est présente
dans ce réseau de faible surface effective. Si l’énergie augmente, alors le réseau peut être
détérioré rapidement. Nous avons observé que dans les HC-PCFs actuelles, la contribution
du réseau est prédominante dans la détermination du seuil de détérioration de la fibre. La
pureté du réseau est également importante. En effet, une série de mesures sur des tronçons
de HC-PCFs a mis en évidence qu’une impureté dans le réseau entraîne une rupture
irrémédiable de la fibre.
Chapitre 4
Chapitre 4 : Exacerbation
des effets non linéaires
dans les fibres creuses à
cristal photonique
1 Introduction
Pour exacerber les effets non linéaires dans les fibres optiques, deux solutions peuvent
être employées. La première consiste à réduire drastiquement l’aire effective de la fibre.
Ainsi, la densité surfacique de puissance sera augmentée. Devant les limitations
technologiques définies pour les SIFs (4,5 µm²), des PCFs à cœur étroit ont été
développées [FINA. 03]. Le coefficient de non linéarité y est augmenté d’un rapport 20 par
rapport aux SMFs. Toutefois, le potentiel de ces fibres est limité par les pertes linéiques
conséquentes. D’autre part, compte tenu de la très faible surface effective, le couplage
avec les fibres utilisées dans les composants fibrés usuels est faible. L’autre solution est
d’utiliser des verres non linéaires. Cependant le fibrage de la préforme obtenue est très
délicat [PETR. 03].
Pour augmenter le coefficient de non linéarité y, la solution idéale consiste alors à utiliser un
nouveau matériau à fort coefficient non linéaire pour constituer le cœur de la fibre optique.
Depuis le début des années 70, le guidage dans des fibres à cœur creux rempli de liquide a
été envisagé [IPPEN 70 - STONE 75 – CHRA. 81 – CHEN 91]. L’efficacité du guidage de la lumière dans le
liquide est conditionnée par la valeur de l’indice de réfraction de ce liquide. Si l’indice de
réfraction est inférieur à celui de la gaine, le guidage ne peut pas s’établir par RTI. Si cet
indice est trop élevé, le guidage est alors multimode. Ceci impose des contraintes
importantes sur le matériau à utiliser. Seules les liquides d’indice de réfraction supérieur à
celui de la silice peuvent être employés avec des fibres capillaires. Les gaz et la grande
majorité des liquides non linéaires, qui ont des indices de réfraction faibles, ne peuvent être
employés dans ces fibres pour des applications performantes. Une première étude a été
menée en remplissant le cœur d’une fibre mono-trou par un liquide d’indice faible [ NISO. 96]. La
longueur d’interaction était cependant faible (~ 70 cm) pour réaliser un dispositif fortement
non linéaire.
Nous avons récemment développé une méthode permettant d’augmenter cette bande
d’utilisation. La méthode consiste à ne remplir que le cœur de la HC-PCF avec le matériau
considéré. Ainsi, si l’indice de réfraction du matériau constituant le cœur est supérieur à
l’indice effectif de gaine nFSM (constituée d’air et de silice), alors le guidage pourra s’établir par
RTI. Dans l’autre cas, le guidage pourra s’établir grâce aux bandes interdites photoniques.
Dans notre étude, nous ne désirons remplir que le cœur de la HC-PCF par un liquide. Il
est alors nécessaire de trouver une solution permettant de boucher les trous
périphériques de la gaine microstructurée à chaque extrémité. Ainsi, en plongeant
l’extrémité de la fibre dans le liquide seul le cœur sera rempli. Une méthode utilisant des
polymères pour fermer les trous périphériques a été développée [HUANG 04]. Cette
méthode est contraignante car elle nécessite de la part de l’opérateur des étapes
successives de remplissage, de polymérisation et de polissage.
À l’aide de l’expérience acquise avec les PCFs, nous savons que les réseaux
microstructurés fondent lorsqu’ils sont soumis à de très fortes températures. Nous avons
alors utilisé une soudeuse pour réaliser très localement (100 µm de fenêtre
longitudinalement) une chauffage intense et ainsi collapser les trous périphériques. Les trous
les plus éloignés du centre seront fermés en premier. Le cœur sera le dernier à se fermer
[FEVR. 05b - YIOU 05a – YIOU 05b], seulement si le chauffage est important.
Pour réaliser la première conception de LC-PCF, j’ai employé une soudeuse commerciale
ERICSSONTM FSU 975 [ERIC.]. La première fibre employée est présentée sur la figure 79. Elle a
été réalisée au sein du laboratoire (cf annexe). C’est une 7-cell HC-PCF de 4 µm de pitch
avec une fraction d’air de 0,68. Je la nommerai par la suite LC-PCF 1.
- 140 -
Figure 79 : Photographie MEB de la section transverse de la LC-PCF 1 et ses caractéristiques
géométriques
La soudeuse utilisée fonctionne sur le principe de chauffage par arcs. L’arc est généré
par un courant électrique d’intensité I (mA) durant un temps t (s). Une extrémité de la
fibre est alors positionnée seule au centre de l’écran de la soudeuse. En faisant varier I
et t ainsi que le nombre de fusions appliquées, j’ai réalisé un programme permettant de
conserver uniquement le cœur de la HC-PCF. Au début de mes investigations, je ne
pouvais vérifier la validité du programme de la soudeuse qu’en plongeant l’extrémité
chauffée et en observant le remplissage des trous à l’autre extrémité, clivée, au
microscope. La durée de la vérification est de plusieurs heures pour s’assurer qu’aucun
trou périphérique ne soit rempli. Le résultat obtenu est le suivant :
Figure 80 : Photographies des sections transverses de l’extrémité non chauffée de la LC-PCF (microscope ×100),
L’extrémité convenablement préparée est plongée dans une cuve de liquide.
(a) avant le chauffage et (b) 24 heures après le chauffage.
Les photographies de la figure 80 représentent les sections transverses de la LC-PCF non
chauffée, l’extrémité chauffée étant plongée dans une cuve de liquide. On remarque sur la
figure 80b que le liquide remonte par capillarité jusqu’à l’extrémité opposée de la fibre. Seul
le cœur est rempli. La même expérience a été menée en parallèle avec une fibre non
préparée et plongée dans la cuve de liquide. Le liquide remonte rapidement par capillarité
pour remplir le cœur. Pour une longueur de 50 cm de fibre, le cœur se remplit en 30
minutes. Les trous périphériques sont entièrement remplis pour une durée comprise entre 2
heures et 3 heures, suivant leur dimension. Notre étude prouve donc que seul le cœur
n’est pas obturé par notre méthode. Les caractéristiques du programme retenu pour cette
fibre sont regroupées dans le tableau suivant :
Intensité Durée
1er chauffage 11 mA 0,3 s
2ème chauffage 11 mA 2s
3ème chauffage 9 mA 2s
D’autres chauffages ont été appliqués sur cette extrémité de LC-PCF pour mettre en
évidence les limites de la technique.
Figure 85 : Photographies de la coupe longitudinale de la LC-PCF 1 après :
(a) 4 chauffages successifs (P = 20 W et t = 0,66 s)
(b) 8 chauffages successifs (P = 20 W et t = 0,66 s)
Nous considérerons par la suite que la fabrication des extrémités de la LC-PCF sera réalisée
dans les conditions optimales. Récemment notre méthode a été étudiée en faisant les
mêmes constations que les nôtres [XIAO 05].
Les LC-PCFs offrent la possibilité de guider la lumière dans le cœur de la fibre par
l’intermédiaire des deux principes de guidage (RTI et BIP). Pour définir lequel de ces
principes est utilisé pour faire propager le lumière dans le cœur de la fibre, il est
nécessaire de faire l’analogie entre le modèle 2D de la LC-PCF (identique à celui de la
HC-PCF défini sur la figure 64) et le modèle 1D équivalent dont les propriétés de
guidage peuvent être déterminées numériquement.
Le modèle de la LC-PCF est défini pour une géométrie de HC-PCF dont seul le cœur n’est
pas rempli d’air. La LC-PCF est alors composée de trois matériaux. Pour établir le modèle
équivalent 1D (figure 86), nous avons employé (comme dans le cas des PCFs) la définition
de l’indice effectif de gaine nFSM pour modéliser la structure bidimensionnelle. La cellule
élémentaire d’une LC-PCF est représentée sur la figure suivante :
Les résultats obtenus permettent de créer des abaques (figures 88) regroupant l’indice
effectif en fonction de la fraction d’air de la gaine pour un couple (h,K). L’indice de réfraction
de la silice est fixé par les relations de Sellmeier [ AGRA. 01]. Les indices de réfraction aux
longueurs d’onde considérées sont de 1,4607 ; 1,4528 et 1,4496 respectivement pour 532
nm, 830 nm et 1064 nm. L’indice de réfraction de l’air est fixé à 1 quelle que soit la longueur
d’onde. Les résultats sont regroupés sur la figure 88.
Sur les courbes de la figure 88, l’indice de réfraction équivalent de la gaine nmoy est
également reporté. Il est déterminé par l’expression suivante :
La gamme de fraction d’air permettant un guidage RTI dans un cœur d’indice n L peut être
déterminé à partir des abaques de la figure précédente. Pour cela, on pose n L = nFSM et on
reporte cette valeur sur la courbe correspondant au pitch du réseau. On obtient alors une
fraction d’air minimale fmin. La fraction d’air maximale est égale à 1.
Pour identifier le principe de guidage qui nous permettra de guider la lumière dans un
milieu d’indice faible, il est nécessaire de déterminer la longueur d’onde d’étude et le
matériau qui constituera le cœur de la fibre.
Dans un premier temps, nous allons utiliser l’éthanol comme constituant pour remplir le
cœur de la LC-PCF. Ce liquide usuel a la particularité d’être plus non linéaire que la
silice et présente un indice de réfraction plus faible. L’évolution de l’indice de réfraction
de l’éthanol en fonction de la longueur d’onde h (en m) est décrite par l’expression
suivante [RHEI. 97] :
nethanol 1,35265
3,06.1015 2.1029
(68)
h2
h4
- 150 -
Avant d’étudier le guidage dans l’EC-PCF (Ethanol-Core PCF), il est nécessaire de
déterminer la bande spectrale de transmission de l’éthanol. Pour cela, j’ai utilisé le
montage de la figure suivante :
L’absorption minimale est estimée à 0,05 dB.cm-1 autour de 600 nm. A partir de 900 nm,
l’absorption est supérieure à 1 dB.cm -1. Entre 450 nm et 850 nm, on peut estimer que les
pertes de propagation de l’EC-PCF, dues au matériau (éthanol), sont inférieures à
0,15 dB.cm-1 soit 15 dB.m-1. Ces pertes sont importantes. Nous utiliserons alors de faibles
longueurs de fibre.
Le principe de guidage dans une EC-PCF est déterminé à partir des abaques de la figure 88.
Dans notre cas, nous allons étudier une EC-PCF à 830 nm. L’abaque correspondant est
alors :
Figure 91 : Evolution de l’indice effectif du mode en fonction de la fraction d’air.
Détermination du principe de guidage à 830 nm dans une EC-PCF
La valeur de l’éthanol à 830 nm est reportée sur l’abaque. On peut alors repérer
l’intervalle de fraction d’air permettant d’assurer un guidage par RTI. Pour cela, on définit
la fraction d’air minimale pour nethanol = nFSM pour chaque valeur du pitch. La fraction d’air
maximale est fixée à 1. On peut alors estimer que le guidage par RTI est assuré pour
des EC-PCFs à K défini si la fraction d’air f est comprise entre :
f (nethanol ) f 1 (69)
On remarque que plus K augmente, plus la plage de fraction d’air permise se réduit. Les
différentes fractions d’air minimales sont reportées dans le tableau suivant en fonction
des différents pitchs.
Tableau 11 : Estimation de la fraction d’air minimale fmin de la EC-PCF permettant d’assurer un guidage RTI
Une fois que les fractions d’air permettant d’assurer un guidage par RTI sont définies, il
est nécessaire de déterminer le comportement modal de la fibre. Pour cela nous allons
définir la fréquence normalisée V à l’aide de l’expression (15) rappelée sur la figure 92
pour les 5 EC- PCFs définies précédemment (5 K différents).
Chaque courbe a une allure parabolique. Plus K augmente plus l’accroissement de V est
important. À partir de ces courbes de variation de V on peut déterminer le comportement
modal de la EC-PCF. Pour 0 < V < 2,405, le guidage est monomode. Dans le cas où K = 1
µm, on peut alors, sur le graphique, déterminer la plage de fraction d’air pour obtenir un
guidage monomode par RTI comme le montre la figure suivante :
Figure 93 : Détermination du guidage monomode RTI dans une EC-PCF (2 = 1 µm et 2 = 830 nm)
• Pour f < 0,328 Aucun guidage RTI, mais possible guidage BIP
3.3.4 Conclusion
Lorsque l’indice effectif de gaine nFSM est inférieur à l’indice de réfraction du liquide
constituant le cœur, le guidage ne peut être assuré que par bande interdite photonique
(BIP). Il est nécessaire de déterminer la position de ces bandes. Pour notre étude, la
cartographie des bandes interdites du réseau cristallin d’une HC-PCF a été déterminée
par Min YAN1 [YAN 04 – YAN 05]. Il a utilisé le logiciel commercial BandSolve RSOFT2. La
méthode de calculs employée est basée sur celle développée par les équipes du
Massachusetts Institute of Technology [JOHN. 01b] pour les guides microstructurés planaires.
Pour différentes fractions d’air, il a cartographié la bande interdite primaire par l’indice
effectif du mode pouvant être guidé en fonction du rapport h/K. Trois exemples de
cartographies sont présentés sur la figure 94.
Pour un indice effectif correspondant à l’indice du cœur de notre fibre, il est alors
possible de déterminer une bande de h/K permettant d’assurer un guidage par bande
interdite photonique.
Dans le cas de l’éthanol, il est alors possible de déterminer les bandes de h/K pour
chaque fraction d’air. On détermine ainsi (h/K) min et (h/K)max comme le montre la figure
94a. J’ai synthétisé les résultats sur la figure suivante :
Figure 95 : Cartographie de la bande interdite primaire pour un indice du cœur de 1,3571 (indice de l’éthanol
à 830 nm). Évolution de 2/2 en fonction de f.
La courbe précédente est obtenue en déterminant (h/K)min et (h/K)max pour chaque fraction
d’air. Deux segments de droites sont ainsi obtenus pour 0,58 < f < 0,86. On considère qu’une
bande interdite peut être ouverte pour une fibre dont les paramètres géométriques sont
définis entre ces droites.
Lorsque le pitch K augmente, la condition nécessaire sur la fraction d’air, pour conserver
un guidage RTI monomode, s’affine. La fraction d’air minimale nécessaire pour un
guidage RTI augmente également avec le pitch, tout comme pour le guidage par BIP.
Plus le pitch est grand plus la bande interdite se rapproche du guidage RTI, comme le
montre l’abaque de la figure 96.
Pour valider expérimentalement le guidage dans les EC-PCFs, nous avons conçu trois
différentes fibres dont les profils d’indice sont décrits dans le tableau 12.
Tableau 12 : Profils d’indice des EC-PCFs utilisées
(Photographie MEB de la section transverse et dimensions du réseau pour chaque fibre)
Photograp
hie
MEB
Ł 4 4 µm 2,92 µm
µm
d/Ł 0,8 0,893 0,835
35
f 0,6 0,78 0,68
8
RC 5,6 µm 5,6 µm 4,1 µm
La fibre dénommée EC-PCF 1 est celle dont j’ai décrit la fabrication dans une partie
précédente (f = 68 % et K = 4 µm). La deuxième fibre EC-PCF 2 est obtenue à partir de
la même préforme primaire que la précédente. La température de fibrage étant
supérieure dans ce cas, la fraction d’air est plus importante (78 %). Le pitch de 4 µm est
conservé. La troisième fibre est obtenue à partir d’une autre préforme secondaire (cf
Annexe). La fraction d’air est identique à celle de la EC-PCF 1 (68 %). Dans ce cas, seul
le pitch du réseau est modifié (K = 2,9 µm).
Sur la figure 96, on peut, connaissant les caractéristiques géométriques des EC-PCFs
(tableau 11), définir théoriquement le guidage assuré à 830 nm pour chacune d’elles. Les
résultats sont présentés sur la figure 97 :
- 160 -
Figure 97 : Détermination du guidage dans les 3 EC-PCFs étudiées à 830 nm
Les incertitudes sur les mesures des pitch et fraction d’air de chaque fibre sont reportées sur
cette figure. Chaque fibre correspond à un principe de guidage différent. On peut considérer
que le guidage peut être assuré dans la :
La EC-PCF doit être remplie d’éthanol et maintenue sous pression tout au long des
différentes manipulations. Une cuve a été conçue et réalisée au laboratoire par Mickaël Lelek
spécialement pour cette application. Une photographie de cette cuve est présentée sur la
figure 98a.
Figure 98 : (a) photographie descriptive de la cuve dans laquelle est plongée l’extrémité 1 de la EC-
PCF. Coupe longitudinale de l’extrémité 2 lorsque l’extrémité 1 est plongée dans le liquide (sans
pression sur l’extrémité 1 (b) et avec pression (c) appliquée à l’aide de la seringue)
La cuve est munie d’une vitre suffisamment fine pour ne pas entraîner d’aberration
optique (e = 400 µm) (lame couvre-objet de microscope). La pression est maintenue
dans la cuve à l’aide d’une seringue et d’un bouchon. La mise sous pression de
l’extrémité 1 de la LC-PCF dans la cuve est nécessaire pour éviter la formation de bulles
à l’extrémité 2 de la LC-PCF. Sur la figure 98b, on constate que sans mise sous
pression, il se forme un ménisque interne à la surface du liquide. Si on plonge cette
extrémité dans un liquide, il se forme alors une bulle d’air dans la fibre, car l’air sera
emprisonné dans la fibre. Pour éviter la formation de ces bulles, il est nécessaire de
mettre sous pression l’extrémité 1 de la EC-PCF pour que le liquide forme un ménisque
externe (figure 98c). Ainsi, en plongeant cette extrémité dans le liquide, il ne se formera
aucune bulle d’air.
Pour remplir la fibre de liquide, on chauffe au préalable les deux extrémités de la fibre
pour collapser les trous périphériques. On retire ensuite le bouchon et on plonge
l’extrémité 1 de la fibre dans la cuve. On introduit le liquide dans la cuve à l’aide de la
seringue. Lorsque le liquide est remonté tout au long de la fibre, on place le bouchon sur
la cuve et on maintient une pression dans la cuve à l’aide de la seringue. On peut alors
plonger l’extrémité 2 dans une autre cuve. Le montage utilisé pour réaliser l’observation
en champ proche est présenté sur la figure suivante.
Figure 99 : Montage de l’observation en champ proche dans une LC-PCF
La source utilisée est un laser impulsionnel émettant à 830 nm. Le rayonnement laser
est propagé par une SMF dont la longueur d’onde de coupure vaut 770 nm. Elle est
utilisée pour injecter la lumière dans le cœur liquide. La EC-PCF est plongée dans la
cuve 2 présentée précédemment. L’autre extrémité est plongée dans un réservoir ouvert
rempli de liquide en vis-à-vis avec la SMF. L’injection de la SMF dans l’EC-PCF est
assurée par le micropositionnement de la SMF. La caméra placée à l’extrémité vitrée de
la cuve permet d’imager le mode en sortie de fibre. La puissance moyenne du laser est
suffisamment faible pour ne pas faire bouillir l’éthanol dans la fibre.
Figure 100 : (a) Image MEB de la section transverse de la EC-PCF 1, (b) Profil d’indice modélisé (basé
sur le profil réel). Distributions transverses de la norme du champ électrique des modes LP01 (c) et LP11
(d) à 830 nm
Le profil d’indice de la EC-PCF (figure 100b) est défini à l’aide de la photographie MEB
de la section transverse (figure 100a). Les distributions transverses de la norme du
champ électrique des modes ont été déterminées à l’aide de C OMSOL MULTIPHYSICSTM à
830 nm, ainsi que les pertes de confinement de ces modes autour de 830 nm (750 nm <
h < 910 nm). Les résultats sont présentés sur la figure suivante :
Figure 101 : Pertes de confinement dans la EC-PCF 1 pour les deux premiers modes autour de 830
nm
A l’aide du montage de la figure 99, le mode LP11 a été observé en sortie de fibre de
longueur L = 20 cm, comme le montre la figure suivante :
Figure 102 : Distribution transverse du champ en sortie de la EC-PCF 1 du mode LP 11 à 830 nm
La distribution transverse du mode obtenu en sortie de fibre est bien celle du mode LP 11
(figure 102) comme prédit numériquement. En modifiant transversalement l’injection à l’aide
la SMF, on ne constate pas de modification de l’allure de la distribution transverse du
champ. Seul l’intensité est modifiée. On peut alors conclure que seul le mode LP11 est guidé.
Figure 103 : Distributions transverses des modes dans la EC-PCF 2 idéale à 830
nm et les pertes de confinement associées.
Bandeau : Fréquences normalisées de coupure des modes LP
Sur la figure 103, les distributions transverses des premiers modes calculés dans la EC-PCF
2 sont reportées. Ils sont triés suivant la valeur de la fréquence normalisée de coupure. Les
pertes de confinement de chaque mode sont également reportées. Les deux premiers
modes linéairement polarisés ont des pertes de confinement du même ordre de
grandeur (0,03 dB.m-1). La fréquence normalisée de 3,8, correspondant à la fibre que nous
étudions, est proche de la fréquence de coupure des modes LP21 et LP02. Les pertes de
confinement de ces modes sont un ordre de grandeur supérieur à celle des deux premiers.
La différence s’accentue davantage avec le mode suivant. Le guidage est donc multimode
dans la EC-PCF 2 à 830 nm.
Figure 104 : Distributions radiales du champ électrique du mode fondamental calculé (trait continu) et du
mode guidé (points). Distribution transverse mesurée pour le mode fondamental
La figure 104 représente la distribution radiale du champ électrique du mode
fondamental calculée et mesurée. La distribution transverse mesurée du mode fondamental
est également représentée. Le mode guidé s’étale davantage dans la gaine que le mode
gaussien. Le mode guidé n’est pas parfaitement gaussien, donc le guidage n’est pas
parfaitement monomode.
A l’aide des abaques et des formules des figures 92 et 95, il est possible de définir
l’évolution spectrale du guidage dans la EC-PCF 3. Cette évolution a été calculée sur la
plage de longueurs d’onde définie entre 750 nm et 890 nm, et elle est décrite sur la
figure suivante :
Figure 106 : Distributions radiales du champ électrique du mode fondamental calculé (trait continu) et du
mode guidé (points). Distribution transverse mesurée pour le mode fondamental
Les distributions radiales du mode fondamental LP01 et du mode guidé sont en bon
accord quantitatif. On peut donc, dans ce cas, estimer que seul le mode fondamental est
guidé dans la EC-PCF 3 à 830 nm. Une variation radiale de l’injection ne fait pas évoluer
l’allure du mode en sortie de fibre.
Figure 107 : Distributions radiales du champ électrique de la EC-PCF 3 à différentes longueurs d’onde (790
nm, 810 nm, 835 nm et 875 nm) ainsi que celle du mode LP01 théorique.
En insert, distributions transverses mesurées pour chaque longueur d’onde.
La figure précédente regroupe les résultats obtenus. Pour quatre longueurs d’onde (790 nm,
810 nm, 835 nm et 875 nm) le champ transmis a été identifié comme monomode comme le
montrent les distributions transverses respectives représentées en insert sur la figure 106.
Les déformations du mode, apparaissant dans les sections transverses, sont dues à un
défaut de positionnement de la fibre dans la cuve. Elle n’est pas perpendiculaire à la surface
vitrée. La
vitre entraîne alors des réflexions multiples qui n’empêchent pas la compréhension de la
propagation. Pour ces quatre longueurs d’onde, les distributions radiales ont été comparées
à celle obtenue théoriquement pour le mode fondamental (figure 107). On n’observe aucune
variation probante de la distribution radiale du champ permettant de mettre en évidence une
évolution spectrale du comportement modal de la EC-PCF 3.
4.3.5 Conclusion
Les études théorique et expérimentale des trois EC-PCFs ont mis en évidence trois guidages
différents à la longueur d’onde de 830 nm. La première fibre étudiée « EC-PCF 1 » (f = 68 %
et K = 4 µm) permet l’obtention d’un guidage monomode LP11 par bande interdite
photonique. Cette observation a été confirmée par une étude numérique. Un guidage
multimode par RTI a été observé avec la seconde fibre « EC-PCF 2 » (f = 78 % et K = 4 µm)
à 830 nm. Ce guidage a été confirmé numériquement à l’aide d’une analyse vectorielle.
Finalement, un guidage monomode RTI a été obtenu avec la troisième fibre « EC-PCF 3 »
(f = 68 % et K = 2,9 µm) à 830 nm comme prévu numériquement.
Dans tous les cas, le guidage prédit par l’abaque de la figure 97 a été confirmé
expérimentalement. La méthode numérique que nous avons développée est donc
efficace pour déterminer le comportement modal d’une LC-PCF à une longueur d’onde.
La diffusion Raman stimulée (SRS) est un processus non linéaire du troisième ordre,
dans lequel une pompe (de fréquence T0) génère ou amplifie un signal décalé en
fréquence (TS = T0 + K). K est alors appelé décalage Stokes. Ce décalage est
caractéristique du milieu
- 170 -
non linéaire dans lequel se propage la lumière. L’amplification du signal pour chaque
ordre Stokes est définie par le gain Raman gS.
L’utilisation de liquides permet d’accéder à une gamme de décalage Stokes très large
allant de quelques centaines à plusieurs milliers de cm-1. La LC-PCF va nous permettre
d’accéder à de grandes longueurs d’interaction et à de fortes densités de puissances. Le
guidage particulier validé numériquement et expérimentalement dans les exemples
précédents, peut permettre de contrôler la génération Raman en stoppant l’émission
d’ordres Stokes par un contrôle des bandes de transmission de la fibre.
5.2.1 Introduction
La fibre nommée EC-PCF 1 a servi de base à la première génération d’ordre Stokes dans le
cœur d’une fibre optique microstructurée rempli d’éthanol. Toutes les manipulations
décrites dans cette partie ont été réalisées par Sylvie L EBRUN et Philippe DELAYE du groupe
MANOLIA à l’Institut d’Optique (L.C.F.I.O.) à Orsay. Pour l’éthanol, le décalage Raman o S et
le gain Raman gS sont estimés respectivement à 2928 cm -1 et 5 cm.GW-1 [LEWIS 81 – COLL. 72].
D’après l’équation (13) relative à la détermination de la longueur d’onde des ordres Stokes,
on peut déterminer les longueurs d’onde des ordres Stokes dans l’éthanol pour un pompage
à 532 nm. Les résultats sont regroupés dans le tableau 12 et comparés à ceux obtenus pour
la silice (oS = 440 cm-1).
Tableau 13 : Longueurs d’onde des ordres Stokes de l’éthanol pour un pompage à 532 nm
Ethanol Silice
Pompe 532,0 µm 532,0
µm
1er Stokes 630,2 µm 544,8
µm
2nd Stokes 772,7 µm 558,1
µm
3ème Stokes 998,7 µm 572,2
µm
Le premier ordre Stokes sera généré à la longueur d’onde de 630,2 nm (dans le rouge).
Les ordres suivants seront dans l’infrarouge. Le troisième ordre Stokes est en limite de
la bande de transmission de l’éthanol. Le rendement de conversion sera alors très faible
sur cet ordre Stokes. Le décalage Raman est plus important avec l’éthanol qu’avec la
silice.
5.2.2 Premières expérimentations sur la conversion de fréquence par SRS dans une
EC-PCF
Le montage présenté sur la figure 108 est celui utilisé pour imager, à l’aide d’un réseau de
diffraction, les raies spectrales en sortie de la EC-PCF 1. En plaçant un analyseur de spectre
optique en sortie on peut également mesurer l’intensité des raies Stokes générées.
Figure 108 : Montage permettant la mesure des ordres Stokes générés dans une EC-PCF
La source est un laser Nd :YAG délivrant des impulsions de durée 560 ns et d’énergie
moyenne 7,8 µJ à 1064 nm avec un taux de répétition de 6 kHz. La fréquence est ensuite
doublée par un cristal de KTP avec une efficacité variant de 20 à 40 %. Un filtre infrarouge
est placé sur le chemin optique pour ne conserver que la longueur d’onde de 532 nm. Deux
cuves vitrées sont utilisées pour permettre le remplissage et le maintien en pression de
l’éthanol dans la EC-PCF 1. En sortie de la deuxième cuve, on place soit un réseau de
diffraction (pour imager les raies spectrales créées) soit un analyseur de spectre pour
mesurer la puissance du signal en sortie de la EC-PCF 1.
Figure 109 : Observation de la génération du premier ordre Stokes dans une EC-
PCF et photographie du montage utilisé
Un signal de longueur d’onde 532 nm (vert) est injecté dans la EC-PCF 1 (cuve 1 de la
figure 109). Une coloration jaune apparaît au cours de la propagation dans la fibre. Elle
est caractéristique de la génération d’effets non linéaires. En sortie de fibre, en plaçant
un réseau de diffraction, on peut imager les différentes raies spectrales créées. Elles
sont représentées sur les figures 109 et 110a. On observe la raie correspondant à la
pompe (532 nm vert) et la raie du premier ordre Stokes (rouge ~ 630 nm) (figure 110a).
Figure 110 : Spectre en sortie de la EC-PCF 1 en pompage à 532 nm.
(a) Raies pompe et 1er ordre Stokes (le 2ème ordre Stokes, dans l’infrarouge, n’apparaît pas sur cette
photo).
(b) Raies Stokes et anti-Stokes multiples de la silice et de l’éthanol.
La raie caractérisant la pompe est repérée par sa couleur verte (532 nm), et celle du premier
ordre Stokes par le rouge (630 nm). Le second ordre Stokes n’est pas visible sur l’écran car
il est dans l’IR (772 nm). Le spectre obtenu en excitant simultanément la silice et l’éthanol est
représenté sur la figure 110b. On observe la génération d’ordre Stokes et anti-Stokes
générés dans la silice et l’éthanol. On a alors mis en évidence (figure 110a) la conversion de
fréquence réalisée avec une EC-PCF.
A 630 nm comme à 770 nm seul le mode LP 01 est propagé dans la EC-PCF 1. L’atténuation
linéique et l’aire effective sont respectivement 4,3 dB.m -1 et Aeff = 49,8 µm² à 630 nm et
15,2 dB.m-1 et Aeff = 31,8 µm² à 770 nm pour le mode fondamental.
5.2.3 Conclusion
Nous avons, pour la première fois à notre connaissance, réalisé un dispositif fibré
permettant la conversion de fréquence optique dans un liquide bas indice sur des
longueurs métriques. Ce dispositif est basé sur une HC-PCF dont le cœur est rempli
d’un matériau liquide non linéaire d’indice de réfraction inférieur à celui de la silice. Pour
notre première étude, nous avons utilisé de l’éthanol. Ce matériau est non linéaire et sa
bande de transparence couvre les longueurs d’onde étudiées (532 nm à 770 nm).
Toutefois, le gain Raman de ce matériau étant faible et la fibre exhibant une large aire
modale, la puissance en sortie sur le premier ordre Stokes représente seulement 40 %
de la puissance émise en sortie de fibre. Cette première réalisation montre toutefois le
fort potentiel des dispositifs fibrés utilisant des liquides fortement non linéaires pour la
conversion de fréquence optique.
De nouveaux matériaux, fortement non linéaires, doivent être employés dans le domaine
de l’optique pour concevoir de nouvelles sources optiques. Nous avons développé une
fibre optique permettant de guider la lumière dans un cœur liquide. Une étape préalable
de chauffage des deux extrémités de la fibre est nécessaire pour ne remplir que le
cœur.
Nous avons appliqué les définitions établies pour les PCFs à nos fibres à cœur liquide
(LC-PCF). Nous avons développé des abaques permettant de définir le principe de
guidage en fonction de la géométrie de la fibre et de l’indice de réfraction du cœur. On a
ainsi mis en évidence numériquement, qu’il est possible dans une LC-PCF d’obtenir les
deux principes de guidage dans les fibres optiques : réflexion totale interne et guidage
par bande interdite photonique.
Nous avons aussi développé des bancs de caractérisation adaptés à l’étude de ces fibres.
Des cuves ont été spécialement élaborées pour le remplissage et le maintien en
pression du liquide dans la fibre. La technique de chauffage utilisée (avec une soudeuse
sans caméra) est empirique. Les premières expériences ont permis de confirmer le
remplissage de la fibre sous certaines conditions de chauffage. Une soudeuse plus
perfectionnée sera dorénavant utilisée pour optimiser la fabrication des extrémités de la
fibre.
Nous avons utilisé trois HC-PCFs, préalablement réalisées au laboratoire, pour identifier
le guidage dans des LC-PCFs. L’éthanol, matériau non linéaire d’indice de réfraction
inférieur à celui de la silice, est utilisé comme liquide remplissant le cœur de la fibre.
Nous avons utilisé trois fibres géométriquement différentes pour mettre en évidence trois
guidages différents dans des EC-PCFs. Pour la première fibre EC-PCF 1, le guidage
dans la fibre est possible grâce au principe de bande interdite photonique à 830 nm. Ce
guidage a été également obtenu expérimentalement. Le guidage dans la seconde fibre
EC-PCF 2 est obtenu par RTI à 830 nm. Le guidage est toutefois multimode. Ce
comportement a été vérifié expérimentalement et numériquement. Un guidage RTI
monomode a finalement été obtenu dans la troisième fibre EC-PCF 3 à 830 nm.
Un guidage RTI est possible dans une LC-PCF dont la fraction d’air dans la gaine est
inférieure à 90 %. Le nombre de couches nécessaire pour obtenir un guidage efficace est
également inférieur dans le cas du guidage par RTI.
Après avoir convenablement identifié le guidage dans nos EC-PCFs, la première fibre a été
utilisée pour réaliser une conversion de fréquence par effet Raman. Le gain Raman de
l’éthanol n’étant pas important et la fibre pas optimisée, nous avons obtenu une faible
conversion de 532 nm à 630 nm. Toutefois, nous avons pour la première fois mis en
évidence la conversion de fréquence de type Raman dans une fibre optique à cœur liquide.
Nous devons dans le futur optimiser les fibres et/ou utiliser des liquides fortement non
linéaires à fort gain Raman, pour réaliser un dispositif efficace de conversion Raman. On
pourrait ainsi imaginer des sources adaptables en fréquence suivant le liquide
constituant le cœur de la fibre ou des sources multi-longueurs d’onde à l’aide de
mélanges de liquides. Des études sont actuellement en cours pour optimiser le guidage
dans les LC-PCFs avec un liquide d’indice de réfraction adapté.
Le but de mes recherches était de proposer des solutions pour contrôler ces effets non
linéaires dans les fibres optiques. L’introduction d’un nouveau matériau, le cristal
photonique, comme gaine optique offre des propriétés de guidage inaccessibles avec les
fibres optiques à guidage par RTI. La modularité du réseau permet un contrôle accru des
effets non linéaires.
Pour réduire l’influence des effets non linéaires sur le spectre transmis à travers une
fibre optique, il existe deux solutions. La première consiste à réduire la densité
surfacique de puissance. C’est par cette première hypothèse qu’ont débuté mes
investigations. La réduction de la densité surfacique de puissance impose
l’augmentation drastique de la surface modale de la fibre optique. Nous avons focalisé
notre étude sur les SBFs (Silica Bandgap Fibres). Ces fibres sont constituées d’un cœur
de silice entouré par un réseau unidimensionnel composé alternativement de couches
d’indice de réfraction haut (silice dopée au germanium) et de couches d’indice bas (silice
pure). Nous avons pour la première fois à notre connaissance obtenu un guidage LP01 à
très grande aire effective dans une SBF constituée uniquement de trois couches d’indice
haut faiblement dopées (On = 7.10-3). La surface modale est proche de 520 µm² à 1550
nm [FEVR. 03]. Ce fut en 2003 la fibre en silice ayant la plus grande aire effective jamais
atteinte en régime monomode. La propagation monomode a été vérifiée avec une
grande longueur de fibre. Les différentes expérimentations menées sur la fibre ont
montré que sur de courtes longueurs, la propagation dans la SBF est multimode. Les
pertes de confinement des deux premiers modes ont été estimées numériquement à
0,19 dB.m-1 et 0,66 dB.m-1 respectivement pour les modes LP01 et LP11 à 1550 nm. Les
pertes linéiques du mode fondamental LP01 ont été mesurées sur un tronçon supérieur à
4 m. Elles sont de 0,4 dB.m-1. Ces pertes linéiques restent cependant élevées. Pour
réaliser des fibres à grandes aires modales, il est important de minimiser les
- 180 -
pertes par courbures. Dans le cas des LMA SIFs comme pour les LMA PCFs, QCRI (rayon de
courbure critique) est de l’ordre de 15 cm. Dans le cas de notre SBF, ce rayon critique
est réduit à 4 cm. On a alors drastiquement réduit l’influence de la courbure sur la
propagation dans notre LMA SBF. L’introduction dans le profil d’indice d’une
dépression en sortie de réseau joue un rôle important dans la limitation des pertes par
courbure. Une mesure de la dispersion chromatique a également été effectuée à l’aide
d’un nouveau montage O.L.C.R. Elle est estimée à + 23,7 ps/(nm.km).
Pour réduire les effets non linéaires dans les fibres optiques, l’autre solution consiste à
guider dans un matériau faiblement non linéaire. C’est pour cela que les fibres optiques
à cœur creux ont été développées. Cependant, c’est uniquement en utilisant les
propriétés de transmission du cristal photonique qu’il est possible de guider la lumière
dans le coeur creux. Mon étude s’est essentiellement centrée sur les fibres creuses à
réseau bidimensionnel (HC-PCFs). Un logiciel d’analyse vectorielle basée sur la méthode
des éléments finis (COMSOL MULTIPHYSICS [COMS. 01] m’a permis de définir le
comportement modal de ces fibres (répartition transverse du champ électrique, pertes
de confinement…). Différents profils d’indice ont été développés de par le monde depuis
2001. En se basant sur un modèle de 7- cell HC-PCF et en effectuant une analogie avec
les SBFs, j’ai défini une fibre permettant de propager à faibles pertes de très fortes
impulsions lumineuses pour un rayon de cœur large. Le profil d’indice de la fibre est
décrit par :
R = 14 µm , K = 9,9 µm , N = 5 , f = 0,912
Les pertes de confinement à 1550 nm sont estimées à 10 -3 dB.km-1, soit deux ordres de
grandeur inférieures aux meilleures prévisions numériques. La proportion d’énergie à
l’interface cœur/gaine est réduite. Le coefficient de non linéarité d’ordre 3 est estimé à
seulement
8.5 ×10-7 W-1.m-1, soit un ordre de grandeur inférieur à celui de la antiresonant 19-cell
HC-PCF. Pour valider son fort potentiel, déterminé numériquement, il est donc
nécessaire dorénavant de fabriquer cette fibre.
Dans la dernière partie de mon rapport, j’ai reporté les travaux que j’ai effectués et ceux
auxquels j’ai participé concernant les fibres optiques à cœur liquide. La thématique de
ces recherches est la création de nouvelles sources optiques émettant à des longueurs
d’onde non conventionnelles. L’exacerbation des effets non linéaires et principalement
de l’effet Raman est nécessaire. De nombreux liquides fortement non linéaires ont des
indices de réfraction inférieurs à celui de la silice. C’est pour cela que nous utilisons des
fibres à cristal photonique. En effet, ces fibres optiques permettent d’utiliser la différence
d’indice cœur/gaine pour obtenir une propagation RTI. La première partie de mon étude
a consisté à déterminer un processus de fabrication de ces LC-PCFs à cœur liquide à
partir de HC-PCFs. L’utilisation d’une soudeuse conventionnelle a alors été retenue.
L’arc électrique généré par la soudeuse permet de collapser les trous périphériques de
la gaine microstructurée aux extrémités de la fibre. Ainsi, en plongeant la LC-PCF dans
un liquide, celui-ci remontera uniquement dans le cœur par capillarité.
Une fois ce processus clairement défini, la deuxième étape de mon travail a consisté à
déterminer numériquement le guidage dans ce type de fibre. Les calculs que j’ai effectués
sont basés sur ceux définis pour les PCFs. Une particularité de ces fibres est qu’il est
possible de guider la lumière dans le cœur liquide soit par RTI, soit par BIP si l’indice de
réfraction du liquide est compris entre celui de l’air et celui de la silice. J’ai défini des
abaques permettant de déterminer les plages de fraction d’air permettant d’assurer un
guidage par RTI.
J’ai utilisé l’éthanol, matériau liquide courant plus non linéaire que la silice et d’indice de
réfraction inférieur à celui de la silice, pour composer le cœur des fibres liquides. La
longueur d’onde d’étude pour mes travaux est de 830 nm, longueur d’onde pour laquelle
l’absorption de l’éthanol vaut 0,03 dB.cm-1. Trois HC-PCFs de géométrie différente ont
été
conçues pour mettre en évidence trois principes de guidages différents. La première
fibre appelée EC-PCF 1 permet le guidage par BIP du mode LP11. Ce guidage particulier
a été vérifié expérimentalement et numériquement. La seconde fibre EC-PCF 2 a permis
de mettre en évidence un guidage RTI multimode à 830 nm, également validé
numériquement et expérimentalement. La troisième fibre EC-PCF 3 permet quant à elle
d’assurer un guidage monomode LP01 par RTI.
Cette nouvelle architecture de fibre a ouvert une nouvelle voie dans l’étude des
processus non linéaires pour des matériaux d’indice faible. Le potentiel de ces fibres
pour l’optique non linéaire a été démontré en générant de la diffusion Raman stimulée
dans la EC-PCF 1. Le premier ordre (630 nm) et le second ordre Stokes (770 nm) de
l’éthanol ont été générés en utilisant une pompe à 532 nm. Ces résultats sont cependant
limités par le faible taux de transmission dans la fibre de 8,3 %, dû à l’absorption de
l’éthanol aux longueurs d’onde considérées et aux pertes de propagation. La fibre
utilisée n’avait donc pas le profil d’indice optimal pour cette application. De plus, le gain
Raman de l’éthanol n’est pas très élevé. Cette expérience nous permet cependant de
valider le procédé de génération Raman dans les fibres à cœur liquide. Il nous reste par la
suite à définir un profil d’indice optimal pour obtenir un taux de transmission proche de
100 % et ainsi convertir davantage de puissance de pompe sur les ordres Stokes
générés. L’utilisation de matériaux fortement non linéaires (CCl4 par exemple : n =
1,444) va également permettre d’augmenter les capacités du dispositif créé.
Chronologie
Chronologie
Différents évènements directement liés à mes travaux et thèmes de recherche ont eu lieu
durant les 45 derniers mois (DEA et thèse regroupés). Je les ai synthétisés dans cette
section par ordre chronologique.
Février 2003 • Début de mon stage de DEA au sein de l’équipe Optique Guidée et
Intégrée de l’Institut de Recherche en Communications Optiques et
Microondes (IRCOM) à Limoges sous la direction de Sébastien FEVRIER et
Philippe LEPROUX. Le stage de DEA était intitulé « Conception d’une fibre
creuse à bande interdite photonique ».
Avril 2003 • Essai d’un nouveau logiciel de modélisation basé sur la méthode des
éléments finis FEMLAB (devenu par la suite COMSOL MULTIPHYSICS)
auquel je contribue activement.
Août 2003 • Publication dans Electronics Letters des travaux sur le guidage
monomode dans la SBF à très grande aire effective (517 µm²) [FEVR. 03].
Elle est la fibre exhibant la plus grande aire modale en régime
monomode jamais réalisée jusque là.
Mars 2004 ○ Publication à OFC’04 d’un guidage très faible pertes (1,7 dB.km -1) dans
une 19-cell HC-PCF [MANG. 04].
Juillet 2004 • Utilisation d’une soudeuse commerciale E RICSSON FSU 975 pour
réaliser les premières fibres à cœur liquide.
Janvier 2005 • Réalisation d’une 7-cell HC-PCF dont la fraction d’air vaut 84 %.
Aucun guidage n’est observé à 1,55 µm. Une rapide étude numérique
démontre
un possible guidage à 3 µm, longueur d’onde à laquelle nous ne
possédons pas le matériel nécessaire pour caractériser la propagation.
Février 2005 • Première observation du guidage dans une EC-PCF menée au sein
du laboratoire en collaboration avec Mickaël LELEK.
Janvier 2006 • Le laboratoire I.R.C.O.M. devient Xlim. Il est dirigé par P.Y. G UILLON.
L’équipe OGI intègre le département Photonique. Je suis élu au conseil de
laboratoire comme représentant des doctorants de Xlim.
Au cours de mes recherches, j’ai été amené à réaliser l’assemblage de cannes primaires de
fibres microstructurées. J’ai ainsi contribué aux premières fabrications de fibres creuses en
France. Plus de 60 fibrages (cannes et fibres) ont été nécessaires à mon étude. Les diverses
réalisations de fibres optiques creuses auxquelles j’ai participées sont détaillées en Annexe.
Liste d’acronymes
- 190 -
Liste d’acronymes
BF : Bandgap Fibre (Chapitre 3 : 3.4.2.)
RTI :
Réflexion Totale Interne (Introduction)
SBF : Silica Bandgap Fibre (Chapitre 2 : 2.1.)
Les diverses campagnes de fabrication de fibres creuses au sein de Xlim (ou IRCOM)
peuvent se dissocier en trois parties. La première et la principale regroupent la fabrication de
7-cell HC-PCFs. La seconde concerne la fabrication de 19-cell HC-PCFs et la troisième la
fabrication de fibres optiques plus exotiques, que nous avons développées.
La mise en service d’une seconde tour de fibrage nous a permis de réaliser des cannes
millistructurées à partir des préformes primaires (diamètre extérieur de 30 mm). La
fabrication de la préforme primaire nécessite l’assemblage de capillaires creux de
diamètre externe 1 à 2 mm. Cet assemblage impose la formation de trous interstitiels
entre l’arrangement triangulaires des capillaires. Ces trous interstitiels sont éliminés lors
du premier fibrage à l’aide d’une pompe à vide. Ce premier fibrage permet de réaliser
une canne millistructurée (diamètre extérieur proche de 2 mm dont les trous interstitiels
sont obturés. Pour obtenir la fibre creuse microstructurée, un second fibrage est
nécessaire pour réduire le diamètre externe de la canne à 125 µm. Dans les 7-cell HC-
PCFs, le cœur est formé par un tube de diamètre équivalent à 3 diamètres de capillaires
(remplaçant ainsi 7 capillaires).
La première fibre que nous avons réalisée est appelée HC-PCF 1. C’est la fibre que j’ai
utilisée pour réaliser la première fibre optique à cœur liquide. La préforme primaire de la HC-
PCF 1 (figure A.1a) est obtenue à partir d’un assemblage de capillaire de 1,8 mm de
diamètre externe (d/K proche de 0,80). La gaine est constituée de 4 couronnes de trous. Le
diamètre extérieur de la préforme vaut 30 mm. La canne millistructurée obtenue après une
premier fibrage est présentée sur la figure A.1b. Son diamètre extérieur vaut 2 mm et le
rapport d/K est estimé à 0,80). La structure de la gaine reproduit efficacement l’assemblage
désiré. La canne est ensuite manchonnée dans un capillaire de diamètre interne proche de
2 mm. La préforme secondaire ainsi réalisée permet d’obtenir une fibre de 125 µm (figure
A.1c) avec un rapport d/K de 0,84.
En utilisant la même préforme secondaire que celle présentée sur la figure A.1b, nous
avons obtenue d’autres profils d’indice de HC-PCFs. La différence de profils s’explique
par la variation de la température et de la vitesse de fibrage lors du second fibrage. En
augmentant la température du four, on peut accroître la fraction d’air. En augmentant
la vitesse de
fibrage, on réduit le diamètre de la fibre. En modifiant donc ses paramètres, on a obtenu
deux autres fibres qui m’ont également servi à réaliser des LC-PCFs (EC-PCF 2 et 3).
Cette première fabrication nous a permis de nous familiariser avec la fabrication des
fibres creuses. Nous devons augmenter la fraction d’air et le nombre de couronnes de
trous pour réaliser une fibre à fort guidage dans l’air. Pour cela, nous avons réalisé une
préforme primaire (figure A.2a) exhibant 6 couronnes de trous et un rapport d/K de 0,90.
Le second fibrage a été réalisé en fermant l’extrémité supérieure de la préforme
secondaire. L’air présent dans les trous est alors comprimé par le chauffage intense. La
pression exercée sur les parois des trous permet d’augmenter la taille du réseau
cristallin et donc, pour une même proportion de silice, d’augmenter la fraction d’air.
Une nouvelle préforme a été réalisée avec des capillaires encore plus fins que
précédemment (d/K = 0.916). La préforme secondaire obtenue est présentée sur la figure
A.3a. Le rapport d/K dans cette préforme vaut 0,90. La régularité du réseau de la canne
millistructurée est excellente sur les deux premières couronnes de trous.
Après une multitude de fibrage, nous avons obtenu comme résultat le plus probant, la
fibre présentée sur la figure A.3b. La fraction d’air est proche de 80 % soit inférieure à
celle de la préforme primaire. On constate également que le cœur est disproportionné
par rapport au réseau dans la fibre par rapport à la canne millistructurée.
3 Fabrication d’une 19-cell HC-PCF
Dans le but de réaliser des fibres à très faibles pertes3, nous avons décidé de réaliser une
19- cell HC-PCFs. La préforme secondaire que nous avons conçue est présentée sur la
figure A.4.
Figure A.4 : Photographie de la section transverse de la préforme secondaire d’une 19-cell HC-PCF
Le motif du trou hexagonal aux bords arrondis est quasi uniformément reproduit dans les
premières couronnes de trous de la gaine. Cependant un trou de la première couronne
s’est collapsé, ce qui rompt la symétrie de la fibre. Aucun fibrage de cette préforme n’a
permis de réaliser une fibre ayant un profil d’indice acceptable.
Il est possible numériquement d’utiliser la différence d’indice entre l’air et la silice pour
réaliser une alternance forte dans le réseau microstructurée (On proche de 0,45 à 1550 nm
par exemple). Je dénomme ces fibre : ASAF pour Air-Silica-Air Fibre. Le profil d’indice de
cette fibre est présenté sur la figure A.5.
3 P.J.ROBERTS et al, « Ultimate low loss of hollow-core photonic crystal fibres », Optics Express 13, pp
236-244 (2005)
- 200 -
Figure A.5 : Profil d’indice du modèle d’une ASAF circulaire à trois couronnes de silice
Cependant, ce profil d’indice n’offre aucune possibilité de fabrication. Pour réaliser cette
fibre, il est nécessaire d’introduire des maintiens entre les différentes couches du
réseau. Dans un premier temps, nous avons utilisé trois maintiens pour soutenir le
réseau. Ces maintiens sont réalisés en insérant entre chaque couronne des barreaux de
silice pure dans la préforme primaire.
Figure A.6 : Photographies des sections transverses d’une canne microstructurée (a), d’une fibre réalisée par
fibrage sous pression (b), et une fibre réalisée par fibrage sans pression (c).
Les HC-PCFs ont une géométrie hexagonale et compte tenu de la forme de la fibre
précédente, nous avons eu l’idée de développer la HASAF (Hexagonal Air-Silica-Air
Fibre). Pour cela, nous avons rajouté trois maintiens supplémentaires par couche.
La forme
circulaire de la fibre (figure A.7a) devra donc tendre vers une géométrie hexagonale (figure
A.7b) au fibrage.
Figure A.7 : (a) Profil d’indice du modèle d’une ASAF circulaire avec 6 maintiens entre les couches et (b)
modèle de la HASAF. (c) mode fondamental calculé dans une HASAF (épaisseur des maintiens ~ 150 µm
et les pertes de confinement sont estimées avec quelques dizaines de dB.km-1)
Une première modélisation de la HASAF a été calculée sous C OMSOL MULTIPHYSICS (figure
A.7c). La structure est composée de 5 couronnes de silice. L’épaisseur des maintiens est de
150 µm. Les pertes de confinement sont estimées à 20 dB.km-1.
Pour valider la conception du modèle théorique, nous avons entrepris la réalisation d’une
HASAF. Dans un premier temps, le profil d’indice ne sera composé uniquement que de deux
couronnes de trous. Une photographie de la canne millistructurée est présentée sur la figure
A.8a. Le diamètre extérieur est de 3 mm. On constate que lors du premier fibrage certains
barreaux de maintien se sont déplacés. Les trois couronnes de silice restent toutefois
concentriques.
En même temps que nous menions ces travaux, une fibre a été réalisée 4 , 5 sur le même
principe que la notre, à cela près que le nombre de maintien est plus important. La
structure de la fibre est alors circulaire. Ils ont montré, bien que la fibre soit multimode et
à pertes (de l’ordre du dB.m-1), la bande de transmission est plus large que celle des
HC-PCFs.
5 Conclusion
J’ai pu par les différents fibrages (environ 60) auxquels j’ai participés, éprouver les
difficultés de fabrication des fibres creuses de tous types. La fabrication de HC-PCFs est
la méthode de conception la moins contraignante, car elle repose sur l’assemblage de
capillaires de dimension identique. Toutefois la finesse de chaque capillaire rend
l’assemblage et les fibrages très délicats. La fabrication de HASAF reste pour l’instant à
l’état de projet devant la difficulté de conception de la préforme primaire. Toutefois, la
possibilité offerte par cette nouvelle géométrie de créer une fibre creuse à très large
bande de transmission mérite une étude approfondie.
4 G. VIENNE et al, « First demonstration of air-silica Bragg fiber », OFC PDP25 (2004)
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Liste de mes
publications
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• 2005
S. FÉVRIER, P. VIALE, C. KACZMAREK and P. CHANCLOU, « Low splice loss between 34µm
core diameter Bragg fibre and G-652 fibre by using micro-optics », Electronics Letters 41, pp
1166- 1167 (2005)
• 2006
M.E. LIKHACHEV, S.L. SEMJONOV, M.M. BUBNOV, E.M. DIANOV, V.F. KHOPIN, M.Y. SALGANSKII,
M.A. GURJANOV, A.N. GURJANOV, R. JAMIER, P. VIALE, S. FÉVRIER and J.-M. BLONDY, «
Development and investigation of low-loss large mode area Bragg fibers », Quantum
Electronics, (2006)
P. VIALE, S. FÉVRIER, P. LEPROUX, Y. JAOUËN and A.-F. OBATON, « Modal properties of solid-
core photonic bandgap fibers », Photonics and Nanostructures - Fundamentals and Applications
4, pp 116-122 (2006)
M. LELEK, F. LOURADOUR, V. COUDERC, P. VIALE, S. FÉVRIER, J.-L. AUGUSTE, J.-M. BLONDY and
• 2004
• 2005
S. FÉVRIER, P. VIALE, M. LELEK, F. LOURADOUR, J.-L. AUGUSTE, P. ROY and J.-M. BLONDY,
« Singlemode low-index liquid core holey fibre », Proceedings of European Conference on Optical
Communication, ECOC Tu 1.4.3, Glasgow, (2005)
• 2006
R. JAMIER, P. VIALE, S. FÉVRIER, J.-M. BLONDY, S.L. SEMJONOV, M.E. LIKHACHEV, M.M.
BUBNOV, E.M. DIANOV, V.F. KHOPIN, M.Y. SALGANSKIIA and A.N. GURYANOV, « Depressed-
index-core singlemode bandgap fiber with very large effective area », Proceedings of Optical
Fiber Communication Conference, OFC OFC6, Anaheim, (2006)
R. JAMIER, S. FÉVRIER, G. HUMBERT, P. VIALE, J.-M. BLONDY, S.L. SEMJONOV, M.E. LIKHACHEV,
M.M. BUBNOV, E.M. DIANOV, V.F. KHOPIN, M.Y. SALGANSKII and A.N. GURYANOV, « Cross-
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on Optical Communication, ECOC Mo4.3.2, Cannes, (2006)
S. FÉVRIER, D. GRUPPI, P. VIALE, G. HUMBERT, R. JAMIER, B. BEAUDOU, A. HIRTH, S. L.
SEMJONOV, M.E. LIKHACHEV, M.M. BUBNOV, E.M. DIANOV, V.F. KHOPIN, M.Y. SALGANSKII
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mode area all-solid bandgap fibres », Proceedings of European Conference on Optical
Communication, ECOC Tu3.3.6, Cannes, (2006)
P. VIALE, S. FÉVRIER, G. HUMBERT, M. YAN, P. SHUM, J.-L. AUGUSTE, P. ROY and J.-M. BLONDY
• 2004
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Guidée, JNOG, Paris, (2004)
• 2005
P. VIALE et S. FEVRIER, « Fibre creuse à cristal photonique à très faibles pertes », Journées
Nationales d’Optique Guidée, Chambéry, (2005)
• 2006
R. JAMIER, S. FEVRIER, G. HUMBERT, P. VIALE, J.-M. BLONDY, S.L. SEMJONOV, M.E. LIKHACHEV,
M.M. BUBNOV, E.M. DIANOV, V.F. KHOPIN, M.Y. SALGANSKII and A.N. GURYANOV,
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• 2005
P. VIALE et S. FEVRIER, « Fibre creuse à cristal photonique à très faibles pertes », GDR
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grande aire effective », GDR Ondes 2005, Marseille (2005)
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- 231 -
Résumé
Les effets non linéaires générés dans les fibres optiques sont devenus contrôlables avec
l’apparition du cristal photonique. Il a été employé pour réaliser une fibre optique à coeur
de silice à grande aire effective pour repousser le seuil d’apparition de ces effets. La
conception et la caractérisation de cette fibre sont étudiées en détail. Le cristal
photonique permet la propagation de la lumière dans un milieu d’indice faible comme
l’air, matériau faiblement non linéaire, pour supprimer les effets non linéaires. La
modélisation de fibres creuses est exposée, ainsi que nos premières réalisations et
caractérisations. Une fibre composée d’un cœur liquide fortement non linéaire et d’indice
faible peut également être employée pour exacerber des effets non linéaires et
permettre la création de nouvelles sources optiques fibrées. La première réalisation de
fibre à coeur liquide est présentée. Une théorie permettant la compréhension du guidage
est développée et confirmée expérimentalement.
Mots-clés
Fibre de Bragg, Bande interdite photonique, Coeur d'air, fibre à coeur liquide
Abstract
Nonlinear effects in optical fibres were managed by means of photonic crystals (PC).On the
one hand, such a metamaterial was employed to increase the threshold of appearance of
nonlinear effects. Hence a silica core PC fibre exhibiting a large effective mode area was
designed and fabricated. The subsequent characterization was studied in detail. Moreover, a
properly designed PC allows propagation of light in a low index media such as air, which is
a low nonlinear medium. Modelling of hollow core PC fibre was exposed together with our
realizations and characterisations. On the other hand, specific properties of PC allow to
propagate light in a highly-nonlinear low-index liquid filling the hollow core of a PC fibre so
as to exacerbating nonlinear effects and creating novel optical sources. To the best of our
knowledge, a low-loss liquid-core PC fibre was fabricated for the first time. A comprehensive
theory of propagation was developed and confirmed by experiments.
Keywords
Bragg fibre, photonic bandgap fibre, hollow core, liquid core fibre
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