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BENYOUCEF BENKHEDDA
FACULTE DE MEDECINE
DEPARTEMENT MOHAMED MAHERZI
CANCER DE L’OESOPHAGE
SOMMAIRE
I. INTRODUCTION
II. EPIDIOMOLOGIE
III. RAPPEL ANATOMIQUE
IV. RAPPEL HISTOLOGIQUE
V. ANATOMIE PATHOLOGIQUE
VI. DIAGNOSTIC POSITIF
VI.1. CLINIQUE
VI.1.1. Signes fonctionnels
VI.1.2. Signes physiques
VI.2. PARACLINIQUES
VI.2.3. Echoendoscopie
VI.2.6. Trachéobronchoscopie
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N.AIT BENAMAR CANCER DE L’OESOPHAGE
IX.2.3. Radiothérapie
IX.2.4. Moyens endoscopiques
IX.2.4.1. Dilatation endoscopique
IX.2.4.2. Laser Yag
IX.2.4.3. Prothèse œsophagienne expansible
IX.2.5. Chirurgie
IX.2.5.1. Chirurgie curative
IX.5.1.1. Principes carcinologiques
IX.5.1.2. Techniques
- Intervention d’Ivor Lewis Santy
- Intervention de Nabeya Akiyama
- Intervention de Sweet
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N.AIT BENAMAR CANCER DE L’OESOPHAGE
OBJECTIFS DU COURS :
6. Définir une stratégie thérapeutique appropriée qui s’inscrit dans une option
curatrice ou palliative et qui doit tenir compte du stade de la maladie, des
compétences du malade et de l’environnement.
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N.AIT BENAMAR CANCER DE L’OESOPHAGE
POINTS ESSENTIELS
3- La technique chirurgicale n’est pas standardisée aussi bien sur le choix des
interventions à thorax fermé ou ouvert pour les carcinomes sous carénaire
et sur l’étendu du curage ganglionnaire
5- Plus de 60% des malades ne peuvent relever d’un traitement radical car le
diagnostic est fait tardivement au stade de tumeur localement avancée et le
traitement palliatif pour ces malades doit être adapté en fonction du statut
du malade.
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N.AIT BENAMAR CANCER DE L’OESOPHAGE
I. INTRODUCTION
Le cancer de l’œsophage est défini comme une tumeur épithéliale se développant au
dépend de la paroi de l’œsophage. Le carcinome épidermoide reste majoritaire même
si le nombre d’adénocarcinome augmente régulièrement en rapport avec la métaplasie
intestinale du bas œsophage. C’est le plus grave des cancers digestifs puisque 80% des
malades décèdent dans l’année suivant le diagnostic. Cette gravité est liée au retard
diagnostic, au retentissement nutritionnel et respiratoire. Le cancer de l’œsophage
relève d’une prise en charge multidisciplinaire. Il pourrait être traité par la chirurgie, la
radiochimiothérapie, ou la combinaison des trois. Mais, les cas curables restent très
faibles.
II. EPIDEMIOLOGIE
Le cancer de l’œsophage est le 8éme cancer des cancers digestifs, il est à
prédominance masculine, en moyenne 10 hommes pour une femme. Il est rare avant
40 ans, son incidence augmente avec l’âge avec un pic de fréquence entre 55 à 70 ans.
Ses deux formes histologiques correspondent à des facteurs de risques différents. En
effet, le carcinome épidermoide très fréquent en Asie, est fortement lié à une
consommation d’alcool et de tabac ; par contre l’adénocarcinome est lié
principalement à l’obésité mais surtout au reflux gastro-œsophagien compliqué
d’endobrachy-œsophage, qui dans la plupart des cas n’est pas connu lorsque le cancer
se développe. La principale caractéristique du cancer de l’œsophage est son diagnostic
tardif au stade de cancer avancé ou de maladie métastatique, d’où l’intérêt de définir la
population à haut risque qui sera soumise à une surveillance rigoureuse clinique et
surtout endoscopique. Les maladies à haut risque de cancer sont l’Oesophagite
caustique, Endobrachy-œsophage, Mégaoesophage, Oesophagite sidéropénique
(syndrome de Kelly Paterson)
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N.AIT BENAMAR CANCER DE L’OESOPHAGE
les artères œsophagiennes venant des artères bronchiques et des artères œsophagiennes
directement de l’aorte thoracique. Enfin, pour le dernier segment abdominal, la
vascularisation émane des artères abdominales à savoir l’artère diaphragmatique
gauche, l’artère coronaire stomachique et l’artère splénique par leurs branches oeso-
cardio-tubérositaires antérieure et postérieures. Cette particularité vasculaire est
caractérisée par la présence de segments richement vascularisée alternant avec des
segments de vascularisation pauvre sur les quels les anastomoses ont beaucoup moins
de chance de tenir.
Le drainage lymphatique de l’œsophage, assuré par un courant lymphatique
transpariétal et un courant sous muqueux longitudinal qui aboutissent à des collecteurs
qui gagnent les chaines lymphatiques, médiastinale, cervicale et cœliaque (drainage
lymphatique bidirectionnel). Le cancer de l’œsophage est réputé très lymphophile, son
extension lymphatique emprunte le réseau transpariétal mais surtout le réseau sous
muqueux longitudinal. La propagation peut se faire de façon continue mais aussi de
manière discontinue en saut de puce et sur une distance importante. Ainsi, les relais
ganglionnaires peuvent être Sautés (Skip metastasis des anglo-saxons), elle
expliquerait la survenue synchrone d’un cancer de la sphère ORL et d’une seconde
localisation œsophagienne. Elle a aussi des conséquences directes sur la technique
opératoire, une localisation cervicale du cancer associe à l’exérèse de l’œsophage une
pharyngolaryngectomie ; une marge de sécurité de 8 cm d’œsophage au dessus de la
tumeur est nécessaire pour avoir une recoupe saine d’où la nécessité de faire un
examen extemporané de la recoupe œsophagienne supérieure.
glandulaire dans son 1/3 inférieur, siège d’un adénocarcinome. Ce dernier peut se
développer également sur une métaplasie intestinale du bas œsophage qui défini
l’endobrachy-œsophage.
V. ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Le carcinome épidermoide reste la forme histologique la plus fréquente du cancer de
l’œsophage, représente 90% des cas, il intéresse l’œsophage cervical et sus carénaire.
L’adénocarcinome est relativement faible par rapport au carcinome épidermoide,
représente 5 à 10%. Néanmoins, il est en nette augmentation durant ces deux dernières
décades, en rapport directe avec la métaplasie intestinale du tiers inférieur de
l’œsophage.
Il peut prendre la forme infiltrante (31%), la forme bourgeonnante (26%), la forme
ulcérée (22%), voir la forme mixte (11%).
L’extension intraoesophagienne se fait en sous muqueux ou transpariétal où on
distingue le cancer in situ ne dépassant pas la sous muqueuse, de meilleur pronostic et
le cancer invasif de mauvais pronostic. En l’absence de la séreuse, l’extension
extraoesophagienne se fait rapidement. La tumeur va ainsi, infiltrer le tissu
périoesophagien puis les viscères voisins en fonction de son siège. L’extension
longitudinale se fait dans les deux sens, expliquant l’existence de foyers à distance de
la tumeur d’origine, et enfin, circulaire où le quart de la circonférence est atteint au
bout de six mois, c'est-à-dire que la tumeur va devenir circonférentielle en deux ans.
L’extension lymphatique est précoce, il n’y a pas de corrélation stricte entre
l’envahissement ganglionnaire et le degré de pénétration transpariétale de la tumeur.
L’absence de systématisation du drainage lymphatique fait qu’on peut rencontrer des
gites lymphatiques très éloignés du site tumoral.
Les métastases viscérales sont souvent hépatiques, pulmonaires, osseuses et cérébrales,
leur présence contre indique la chirurgie à visée curatrice.
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VI.1. CLINIQUE
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VI.2. PARACLINIQUES
Les examens paracliniques ont pour but de poser le diagnostic de cancer de
l’œsophage et de rechercher les critères de non opérabilité et de non résecabilité.
Le bilan pré thérapeutique comporte :
VI.2.1. Endoscopie haute : Elle permet de voir la tumeur, de la
situer par rapport aux arcades dentaires (1/3 supérieur 20%, 1/3 moyen 50%, 1/3
inférieur 30%), de préciser les caractères sténosants, franchissable ou non de la tumeur
et surtout d’effectuer des biopsies.
VI.2.2. Transit œsogastroduodénal (TOGD) : Examen capital
pour le chirurgien, il permet de distinguer le siège sus et sous carénaire du cancer de
l’œsophage, élément important pour l’indication de la voie d’abord chirurgicale. Le
TOGD précise l’étendue de la tumeur en longueur par rapport à la vertèbre qui mesure
3 cm, la désaxation de l’œsophage, la présence d’une fistule oesotrachéale et apprécie
la morphologie de l’estomac en vue d’un remplacement œsophagien.
VI.2.3. Echoendoscopie : Elle explore les différentes couches de la
paroi, leur degré d’infiltration (la musculeuse : T2, l’atmosphère péri œsophagien:
T3, Les viscères voisins : T4 et détecte les adénopathies métastatiques. Ses
performances sont limitées par l’existence d’une sténose.
VI.2.4. Tomodensitométrie thoracoabdominale : Elle recherche
d’éventuelles métastases hépatiques et/ou pulmonaires, détecte les adénopathies
médiastinales et cœliaques.
VI.2.5. Laryngoscopie indirecte : Elle a pour objectif d’éliminer
un cancer des voies aériennes supérieures synchrones et de confirmer la paralysie
récurrentielle en cas de dysphonie.
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La comorbidité liée aux facteurs de risque joue un rôle important dans la gravité du
cancer de l’œsophage. L’évaluation de ces fonctions vitales est un élément capital du
bilan pré thérapeutique.
L’appréciation de l’état nutritionnel est une étape capitale, permet de chiffrer le taux
d’amaigrissement en pourcentage, de calculer l’indice de masse corporelle (IMC) et de
mesurer les paramètres anthropométriques. Sur le plan biologique, il sera demandé un
taux d’hémoglobine, de lymphocyte et d’albumine, rarement la ferritinémie et la
transferrine. La dénutrition est un facteur pronostique péjoratif, les complications
postopératoires sont plus fréquentes et la survie plus courte lorsque l’index nutritionnel
préopératoire est abaissé. La dénutrition est non seulement considérée comme
l’indicateur de l’immunodépression mais elle est le témoin d’un stade avancé de la
maladie.
L’évaluation de la fonction respiratoire est d’abord clinique puis paraclinique par
l’appréciation des volumes courants respiratoires et de la gazométrie. Ainsi, les
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critères de non opérabilité sont une insuffisance respiratoire (VC < 90%, VEMS <1000
ml/s, PaO2 < 70 mm Hg), un amaigrissement > 20%, un index de Karnovsky < 80%,
une insuffisance cardiaque stade III-IV, une cirrhose hépatique Child C).
IX. TRAITEMENT
Des progrès récents dans le traitement du cancer de l’œsophage ont fourni une variété
de nouvelles options thérapeutiques pour cette maladie hautement létale.
De différentes alternatives à la résection chirurgicale ont été proposées à savoir la
radiothérapie, la chimiothérapie, les prothèses endoscopiques et le forage au laser.
Malgré les progrès de la chirurgie, du traitement adjuvant et de l’anesthésie
réanimation, les cas curables restent modestes et la survie à 5 ans varie de 10 à 40%
(moyenne de 15%).
IX.1. OBJECTIFS
Le traitement du cancer de l’œsophage à pour but de préparer le malade à une exérèse
chirurgicale, il vise à :
- Stopper la dénutrition (arrêter le catabolisme) et corriger l’état nutritionnel si
possible.
- Améliorer les compétences respiratoires.
- Rétablir la fonction de déglutition.
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La radiothérapie exclusive curative peut être d’indication, le résultat est basé sur la
réponse complète appréciée sur la disparition de la dysphagie, la fonte tumorale à
l’endoscopie et l’absence de reliquats tumoraux à l’histologie.
La radiothérapie exclusive palliative a pour but de ralentir l’évolution de la tumeur et
de faire régresser la dysphagie et la douleur.
Le traitement combiné qui associe la radiothérapie préopératoire à deux cures de
chimiothérapie (Cisplatine + 5 FU en perfusion continue) a pour but de rendre
resécable une tumeur d’emblée inextirpable.
La radiothérapie postopératoire a pour but de stériliser les lésions résiduelles, elle
permet d’allonger la survie et de diminuer la fréquence des récidives médiastinales,
une chimiothérapie peut lui être associée dans un but potentialisateur.
IX.2.4. Moyens endoscopiques : Les méthodes thérapeutiques
endoscopiques peuvent être à visée curatives pour les formes superficielles du cancer
de l’œsophage qui sont en nombre de trois (la mucosectomie, l’électrocoagulation au
plasma à argon et le laser). Dans la majorité des cas, elles sont purement palliatives,
permettent de rétablir la déglutition car 60% des cancers de l’œsophage sont au stade
de tumeurs avancées. Le traitement palliatif inclut :
IX.2.4.1. Dilatation endoscopique : Actuellement elle est délaissée
car n’améliore pas la dysphagie et le risque hémorragique et de perforation est élevé.
IX.2.4.2. Laser Yag : Son rôle est d’assurer la perméabilité de la
lumière œsophagienne par destruction photo thermique de la tumeur endo luminale. Il
permet en moyenne de trois séances d’améliorer la dysphagie dans au moins 80% des
cas. La récidive est observée dans 65 à 75% après le traitement initial et peut être traité
par de nouvelles séances au laser. Elle est grevée d’un taux de complications de 8% et
représentée par la perforation, l’hémorragie, la fistule et la sténose cicatricielle.
IX.2.4.3. Prothèse œsophagienne expansible : Elle constitue
actuellement le traitement palliatif le plus utilisé en raison de son efficacité et de sa
simplicité dans sa mise en place en une seule séance. Les fistules oesotrachéale sont
leurs meilleures indications. Les complications précoces (20 à 30%) sont représentées
par les pneumopathies d’inhalation, douleur thoracique, perforation et hémorragie. Les
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l’œsophage. Elle est proposée pour les cancers situés au dessus de la carène ou la
crosse de l’aorte.
- Intervention de Sweet : Elle est réalisée par thoracophrénolaparotomie gauche.
Malgré sa simplicité, elle n’est plus utilisée en raison du risque élevé
d’envahissement de la recoupe œsophagienne, d’un curage médiastinal incomplet
et d’un fréquent reflux gastro-œsophagien sévère.
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X. PRONOSTIC
La survie globale à 5 ans des cancers de l’œsophage réséqués est de 30% (22 à 34%).
Elle varie en fonction de l’infiltration transmurale, des ganglions métastatiques, du
degré de différenciation de la tumeur et du caractère curatif ou palliatif du traitement
réalisé.
XI. CONCLUSIONS
La prise en charge du cancer de l’œsophage exige un bilan préthérapeutique rigoureux
pour définir une stratégie thérapeutique appropriée et pertinente. Il est clair que des
mesures de santé publiques doivent converger vers la réduction de l’incidence du
cancer de l’œsophage et la précocité du diagnostic au stade utile de la maladie. Au
même moment, des efforts doivent être consentis pour améliorer le traitement
locorégional et systémique.
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