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USURE
D’une manière générale, on appelle usure la détérioration d’une surface solide, généralement
par enlèvement progressif de matières provoqué par son mouvement contre une matière ou
par une substance.
L’usure est un vaste domaine couvert par la tribologie. Elle détruit les surfaces fonctionnelles
des couples cinématiques et cause, avec la corrosion, d’énormes pertes.
3. Formes d’usures
Les surfaces métalliques, soumises à un frottement solide ou fluide en présence ou non de
lubrifiants, peuvent être affectées par des formes d’usures qui peuvent aller de l’usure douce
régulière et contrôlable (usure normale) à la détérioration brutale entraînant la mise hors
service du mécanisme.
Les détériorations des surfaces sont dues à des phénomènes isolés ou simultanés classés en
quatre formes fondamentales : adhésive, abrasive, corrosive et par fatigue auxquelles
s’ajoutent des formes plus complexes comme la corrosion de contact, l’érosion par cavitation
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
Selon sa nature, la soudure sera une véritable soudure métallurgique ou « soudure chaude »,
appelée aussi soudure franche, ou une simple liaison d’adhésion physique ou
« soudure froide » ; par conséquent, selon la résistance au cisaillement de la jonction, la
rupture se produit à l’intérieur du métal le plus tendre si la résistance au cisaillement des
soudures est supérieure à la résistance au cisaillement du métal le plus tendre, un important
transfert adhésif et usure sévère (cuivre/ acier) ou, au contraire, au niveau de la jonction si la
résistance au cisaillement de la jonction est inférieur à celles des deux métaux
(aluminium/acier, étain/acier). La détérioration prend donc plusieurs formes allant du rayage
sévère ou écaillage (en Anglais scuffing) au rayage léger ou usure adhésive douce. D’autre
part l’usure par adhésion étant toujours accompagnée d’un échauffement au moins local de la
surface, elle s’accompagnera d’une coloration brune à bleue sombre.
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
Sur les figures suivantes sont représentés des pièces mécaniques soumises à l’usure adhésive :
Figure 3.3 : photos représentant des pièces mécaniques ayant subies l’usure adhésive.
- Sur le roulement (Fig.3.3, a), provenant d'une turbine d'hélicoptère, des traces brunes
suspectes bien visibles sur la bague intérieure annonçant le début de grippage.
- Le tourillon (Fig.3.3, b) porte diverses traces d'usure. À gauche, on trouve des stries
continues probablement dues à un phénomène d'abrasion. À droite, les stries sont
beaucoup plus chaotiques, avec des traces d'arrachements caractéristiques de l'usure
adhésive. Le stade suivant aurait été le grippage, avec immobilisation de l'arbre dans son
guidage.
- Le pignon endommagé (Fig.3.3, c) provenant d'une boîte de vitesses de motocyclette a
subi le grippage, sur une des dents, les arrachements sont parfaitement visibles. Les
surcharges appliquées sur la denture ont fini par causer la rupture de plusieurs dents.
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
- Sur la figure 3.4, a) : on peut constater l’allure typique des stries d'abrasion sur ce
tourillon. Il s'agit ici d'une usure abrasive à trois corps, car l'arbre tournait dans un
coussinet moins dur que lui.
- Sur la figure 3.4, b) : une usure abrasive à trois corps nettement plus sévère est observée.
Elle s'est produite au niveau d'un joint d'étanchéité qui a provoqué un point
d'accumulation de débris abrasifs.
- Sur la figure 3.4, c) : Il y avait initialement trois dentures sur cet arbre de boîte de vitesses
de machine agricole, mais l'usure abrasive, agissant probablement de façon concomitante
avec d'autres formes d'usure, a effacé la matière.
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
Dans un système sollicité en roulement, glissement, ou les deux combinés, les contraintes de
cisaillement maximales déterminent, selon leur localisation, le site d’amorçage de la
dégradation (théorie de HERTZ).
Figure 3.5 : représentation des différents modes de sollicitation dans le cas de la fatigue.
Quand les contraintes de cisaillement maximales seront voisines de la surface, le premier état
de la détérioration consistera en une piqûre (ou pitting) qui se présente comme un petit trou ou
un puit peu profond (de 10 à 20 µm) amorcé sur des altérations superficielles d’origines
géométriques ou métallurgiques. Dans certains cas ces piqûres (micro-écailles) se stabilisent
et disparaîtrons par rodage. Dans d’autre cas elles se généraliseront en surface et par suite
deviendront destructives ; c’est le « pitting généralisé » ou « peeling ». Elles pourront évoluer
vers une fissure plus importante pénétrant dans le matériau et remontant vers la surface pour y
déboucher perpendiculairement et provoquer l’élimination de la languette métallique, il y a
écaillage (ou spalling).
Dans le cas du poinçonnage les
dégradations observables ressembles à
celles du roulement pur ; écaillage
d’origine profonde ou piqûre superficielle
en cas de fortes rugosité ou de mauvaise
lubrification.
Figure
3.7 : micrographie d’une écaille (Doc. SNR) Figure 3.8: représentation de micro-écailles (Doc. SNR)
Écailles (spals, large pits) : ce sont des cavités de dimensions analogues à la largeur de la
zone de contact et dont les bords sont abrupts. Typiquement, elles ont quelques millimètres
carrés de surface et quelques dixièmes de millimètre de profondeur (Fig. 3.7). Elles sont à
l’échelle du contact hertzien classique. Elles surviennent généralement dans des contacts très
chargés. Elles résultent de la répétition cyclique des contraintes dans la sous-couche du
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
massif. Elles apparaissent après une période d’incubation importante, de l’ordre de plusieurs
dizaines de millions de cycles. Elles sont précédées et associées à un réseau de fissures à la
même profondeur et, fréquemment, à la prolifération des micro-écailles. Ce sont des
dégradations classiques dans les roulements et dans les engrenages.
Microécailles (micropits, pits) : ce sont des cavités beaucoup plus petites que les précédentes
(Fig.3.8). Elles ont des dimensions dix à vingt fois plus faibles que la largeur du contact,
quelques dixièmes de millimètre d’envergure et quelques centièmes de millimètre de
profondeur. Ces dimensions sont à l’échelle des aspérités des surfaces. Ces avaries
surviennent même dans des contacts peu chargés. Elles sont dues à la répétition cyclique des
contraintes dans la peau des massifs, notamment aux sollicitations des aspérités des surfaces
auxquelles elles sont directement associées. Leur période d’incubation est plus courte que
pour les écailles, de l’ordre de quelques millions de cycles. Contrairement à certaines
affirmations, elles sont dangereuses, car elles détruisent la micro-géométrie des surfaces, elles
accélèrent la formation des écailles et peuvent être à l’origine de fissuration en volume.
Figure 3.9 Déformations plastiques superficielles Figure 3.10 :usure à faible glissement spécifique(Doc. SNR)
3.3.2 Déformations plastiques : elles résultent des surcharges extérieures globales sur les
massifs ou locales dans l’interface (micro-géométrie, indentation) (Fig. 5.9). Elles sont
fréquemment associées à une dureté insuffisante du massif et précèdent les fatigues
superficielles. Elles ne sont pas fonction du nombre de cycles de fonctionnement. Elles sont à
l’origine d’amorçage de fissures ou peuvent simplement perturber le champ de pressions
élasto-hydrodynamiques.
3.3.3 Usures et fissurations par petits débattements (fretting wear, fretting fatigue) Ces
dégradations apparaissent plus particulièrement dans les contacts secs. En l’absence de
lubrification, l’adhérence entre les deux surfaces des massifs crée, dans les peaux de ces
massifs, des contraintes importantes à l’origine de l’amorçage et de la propagation de fissures.
Si, par contre, un matelas de particules sépare ces surfaces, tout en transmettant les efforts
normaux, ce troisième corps accommodera les vitesses relatives. L’usure sera alors gouvernée
par trois phénomènes : le piégeage, l’élimination et le comportement abrasif des particules. Ce
n’est qu’ultérieurement que les surfaces fraîches des particules seront sensibles à la
corrosion. La figure 3.11 représente un cas d’usure induite par des petits débattements.
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
Figure 3.11 micrographie d’usure induite par petits débattements Figure3.12 effet du passage de courant (Doc.
SNR)
3.4 La cavitation
Appelée érosion par cavitation, cette détérioration se produit lorsqu’il y a mouvement relatif
entre une surface mécanique et un liquide.
Lorsque l'on aspire un liquide dans un conduit on crée une dépression, si cette baisse de
pression fait descendre la pression du liquide en-dessous de sa pression de vapeur saturante, le
liquide se met en ébullition (production de vapeur). On appelle ce phénomène la cavitation.
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
On distingue deux mécanismes de cavitation, selon que la pièce est immergée dans le liquide
ou soumise à des impacts de gouttelettes. Les faciès d’usures sont semblables dans les deux
cas. Dans le premier cas le mouvement alternatif engendrent dans le fluide des zones de
basses pressions pouvant conduire à la formation d’une bulle de vapeur. Cette bulle implosera
lorsque la pression atteindra de nouveau une certaine valeur en créant une onde de choc dont
l’intensité peut être telle qu’elle provoque la formation de petites cavités superficielles.
Dans le second cas, l’impact de gouttelettes de liquide de grande vitesse produit à la surface
de la pièce une onde de choc qui provoquera elle aussi, la formation de petites cavités.
Figure 3.15 : photos représentant la cavitation créée expérimentalement par une hélice dans un tunnel
d'eau.
La cavitation doit être évitée, et dans la conception d'un propulseur, ceci doit être vérifié. La
majeure partie des informations sur les caractéristiques de cavitation des propulseurs est
obtenue à partir des essais de modèles. Ils sont réalisés dans des tunnels de cavitation où la
pression ambiante peut être réduite de manière à provoquer cette cavitation dans des
conditions d'observation contrôlées.
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
L’impulseur de pompe centrifuge (Fig.3.16) a été entièrement rongé par la cavitation. Les
zones plus ou moins lisses sont celles qui frottaient sur les parois avant le démontage. On
remarquera tout spécialement l'état de la rainure de clavette. Le métal très aminci est
dangereusement coupant par endroits.
3.5 Erosion
L'érosion est une usure abrasive particulière, causée par des impacts de particules solides
contenues dans un fluide en mouvement ou par des particules liquides en milieu gazeux.
Lors des chocs, il y a ébranlement du matériau de la surface et bris du système cristallin, les
dégâts sont fonction de l'énergie cinétique, donc de la masse et du carré de la vitesse de la
particule. L'enlèvement de matériau croît très vite avec la vitesse, Le comportement est très
différent selon la nature du matériau :
Si ce dernier est ductile, on trouve des rides annulaires très écrouies et cassantes et la vitesse
d'usure passe par un maximum pour des angles d'incidence de 20 à 30° ;
S'il est très dur et fragile, on ne trouve que des craquelures et l'usure augmente continûment
avec l'angle d'incidence.
Sur les figures suivantes sont représentés des pièces mécaniques soumises à l’usure par
érosion :
Figure 3.17 : virole d’acier inoxydable Figure 3.18 : Aube de turbine à gaz usée par érosion
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TRIBOLOGIE
CHAPITRE 3 : Usure ATMANI
La virole d'acier inoxydable (Fig.3.17) à subie une usure par érosion. Cette pièce (diamètre
intérieur 110 mm, épaisseur environ 20 mm) provient d'une usine de traitement de gaz naturel.
Elle porte des excavations irrégulières, assez profondes (environ 10 mm), dont la surface est
polie et qui semblent avoir été taillées avec une gouge. Dans cette virole passait une conduite
sous très haute pression emplie d'un fluide corrosif chargé de particules abrasives, et cette
conduite s'est percée. Le résultat est ce que l'on appelle le « sifflage », c'est-à-dire la
formation de petits jets très fins et bruyants. Ce sont ces petits jets, dirigés de façon aléatoire,
qui ont fait le travail. La plupart des aciers inoxydables résistent à la corrosion parce qu'ils
sont passivés, essentiellement par une couche solide et étanche d'oxyde de chrome. Si cet
oxyde est enlevé par érosion, l'attaque se poursuit. Les deux effets ont probablement fait
mieux que s'ajouter lors de ce processus d'usure très destructeur.
Le même phénomène a touché cette aube de turbine à gaz (Fig.3.18) sous l’effet des gaz de
combustion contenant des particules solides (gouttelettes de vapeur dans le cas d’une turbine à
vapeur).
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