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Coussin d’air

par Francis CROIX-MARIE


Ingénieur de l’École de l’Air
Chef du Département Effet de Sol à la Société BERTIN et Cie

1. Présentation générale du coussin d’air ............................................. B 1 190 - 2


2. Diverses techniques de confinement ................................................. — 2
3. Principe de fonctionnement ................................................................. — 3
3.1 Fonctionnement statique ............................................................................ — 3
3.1.1 Pression de sustentation. Débit. Coefficient de glissement............ — 3
3.1.2 Stabilité statique ................................................................................. — 4
3.1.3 Description d’un coussin type ........................................................... — 4
3.1.4 Équation propre au coussin............................................................... — 5
3.2 Raideur aérodynamique.............................................................................. — 9
3.3 Stabilité dynamique .................................................................................... — 10
3.3.1 Mise en équations .............................................................................. — 10
3.3.2 Remarques pratiques ......................................................................... — 11
4. Coussins de manutention ...................................................................... — 11
4.1 État de surface du support.......................................................................... — 11
4.2 Performances ............................................................................................... — 11
4.3 Génération d’air ........................................................................................... — 12
4.3.1 Réseau d’usine.................................................................................... — 12
4.3.2 Compresseur adapté .......................................................................... — 12
4.4 Circuit d’alimentation .................................................................................. — 12
4.4.1 Distribution par une trompe .............................................................. — 13
4.4.2 Distribution par orifice sonique......................................................... — 13
4.4.3 Distribution par venturi sonique ....................................................... — 13
4.4.4 Distribution par perte de charge ou séparation de flux .................. — 13
4.5 Choix des coussins ...................................................................................... — 13
4.5.1 Décentrage .......................................................................................... — 13
4.5.2 Choix du nombre et de la dimension des coussins......................... — 14
5. Coussin d’air outil de production........................................................ — 14
5.1 Qualités......................................................................................................... — 14
5.2 Domaines d’emploi ..................................................................................... — 14
5.3 Exemples de réalisation .............................................................................. — 15
5.3.1 Plates-formes modulaires .................................................................. — 15
5.3.2 Machines-outils équipées de coussins de façon permanente ........ — 15
5.3.3 Utilisation sur une table de travail .................................................... — 15
5.3.4 Positionnement précis de produits d’approvisionnement
de machine.......................................................................................... — 16
3 - 1975

5.4 Coûts............................................................................................................. — 16
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. B 1 190
B 1 190

ous ne traiterons, dans le présent article, que de l’étude générale du coussin


N d’air et de son domaine d’application en tant qu’outil de production.
Une partie de cet article est théorique, mais cela est apparu nécessaire étant
donné l’absence actuelle, dans le domaine public, d’un traité spécialisé sur les
coussins d’air.

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De plus, étant donné la rareté des sociétés spécialisées dans cette technique,
on ne s’étonnera pas de ne voir citer que la seule société française, pionnier
en la matière sous l’autorité de M. Jean BERTIN, société qui a acquis une notoriété
et une spécialisation telles que cela ne peut apparaître comme un caractère
publicitaire.
Toutefois, le lecteur se reportera utilement pour les divers types de coussins
d’air de manutention, leur capacités et leurs domaines d’application, à l’article
Manutention et transfert sur coussins d’air [A 964] du traité L’entreprise
industrielle.

Notations et Symboles 1. Présentation générale


Symbole Unité Définition
du coussin d’air
Nous nommerons coussin d’air tout système constitué par une
a m · s–1 vitesse du son
couche d’air créant, sur les faces opposées de deux objets, des forces
ai m · s–1 vitesse du son à la température T i de pression d’écartement. D’une manière générale, l’une des
as m · s–1 vitesse du son à la fuite surfaces appartiendra à l’objet sustenté, l’autre appartenant à un
Cp J · kg–1 · K –1 capacité thermique massique appui.
à pression constante La cavité entre les deux surfaces est appelée chambre de
Cv J · kg–1 · K–1 capacité thermique massique confinement du coussin alors que nous appellerons bord de fuite
à volume constant les contours des surfaces en opposition, là où s’échappe le film
e J · K–1 entropie fluide. On appellera hauteur de fuite l’épaisseur de ce film au bord
ET J · kg–1 énergie totale de l’unité de masse de fuite.
du fluide Nous noterons que, contrairement au palier fluide, le coussin
F N force exercée sur le coussin d’air a les propriétés suivantes :
(en général, poids de la charge) — sa surface d’appui n’est pas a priori rectifiée et l’on recherche,
g m · s–2 accélération de la pesanteur en réalité, une adaptation du bord de fuite à cette surface ;
h m hauteur de vol — la viscosité de l’air ne joue, en général, aucun rôle ;
H J · kg–1 enthalpie de l’unité de masse — la vitesse de l’air dans la chambre du coussin est, en général,
négligeable et la lubrification n’intervient éventuellement qu’au
J = 4,186 8 J niveau du bord de fuite.
K N · m–1 raideur aérodynamique
On peut donc dire que la fonction générale du coussin d’air
M nombre de Mach de l’écoulement consiste en l’écartement, par de l’air sous pression au repos, du corps
P Pa pression dit sustenté de la surface d’appui avec la fuite minimale nécessaire
Pa Pa pression atmosphérique à éviter le contact entre les bords de fuite et cette surface.
Pc Pa pression de sustentation du coussin On sait que, suivant les diverses applications, cet air peut éventuel-
Pi Pa pression totale lement servir au traitement de l’objet sustenté (séchage, chauffage,
refroidissement, traitement chimique, etc.).
Ps Pa pression statique
∆P Pa pression relative (= Pi – Pa )
qm kg · s–1 débit massique
qv m3 · s–1 débit volumique 2. Diverses techniques
Q
sf
J
m2
quantité de chaleur échangée
section géométrique de fuite
de confinement
S m2 surface de sustentation du coussin
La figure 1 illustre les diverses techniques imaginables de
T K température
confinement de coussin d’air selon les divers types de charges à
U J · kg–1 énergie interne sustenter.
V m · s–1 vitesse de l’air
■ La simple cloche rigide (figure 1a), appelée plenum chamber,
W kW puissance fournie au fluide
quasiment jamais utilisée étant donné l’absence de souplesse du
α coefficient de striction du jet bord de fuite et étant donné l’intérêt des formules suivantes.
γ C p /C v
■ La plenum chamber constituée d’une jupe tronconique (figure 1b)
ρ kg · m–3 masse volumique inventée par J. Bertin. Elle est à la base de l’équipement des
Naviplanes et Terraplanes français de la SEDAM. Cette solution s’est
avérée la meilleure pour le franchissement des vagues et des
obstacles terrestres. En effet, la hauteur de vol des aéroglisseurs
n’est que de quelques centimètres (10 cm pour le Naviplane N 300 )
et c’est l’aptitude à l’effacement de la jupe sur l’obstacle qui confère
au véhicule la possibilité de les franchir sans traînée importante. Les
pressions actuellement envisagées sont de l’ordre de 200 à 500 daPa.

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● Le coussin est constitué par l’espace compris entre la surface


d’appui et le fond de la charge (figure 1g 1 ). La hauteur de vol
dépend de la déformation des deux surfaces : elle peut varier de
quelques dixièmes de millimètre pour des tôles rectifiées à quel-
ques millimètres pour des tôles déformables. Lorsqu’il s’agit de
longs convoyeurs, la puissance à installer est rapidement prohibi-
tive lorsque l’on dépasse des charges par mètre carré de 1 000 kg.
● Variante du cas de la figure 1g 1 lorsque l’on a placé une plaque
intermédiaire entre la surface d’appui et le produit à translater
(figure 1g 2).
● Cas particulier de la fluidisation du produit en vrac, signalé ici
pour mémoire (figure 1g 3 ).
● Cas d’une bande transporteuse sur coussin d’air (figure 1g 4) ; il
s’agit d’une technique permettant de grandes vitesses de transla-
tion donc de très grands débits. Le principe peut être aussi employé
lorsque le produit, en cours de traitement par exemple, ne doit pas
subir de déformations lors de la translation. La hauteur de vol, dans
ce cas, peut être aussi de quelques dixièmes de millimètre.
● Utilisation type du coussin d’air pour répartir les efforts sur un
produit qu’il est nécessaire de propulser sans efforts concentrés
(figure 1g 5 ).
● Cas d’une voie fluidisée mise au point par Bertin et Cie pour le
transport de produits flexibles, voire mous et collants, en constituant
un champ de pression le plus uniforme possible sous ceux-ci.
■ Les figures 1h 1 , h 2 et h 3 exposent les diverses possibilités de
mise en place des coussins de manutention des figures 1b, e et f
pour constituer respectivement les plates-formes 1 h 1, 1 h 2 et 1 h 3 .

Figure 1 – Diverses techniques de confinement


3. Principe de fonctionnement
■ Le jet périphérique (figure 1c), développé par les Anglo-Saxons et
dont l’efficacité théorique est plus grande que celle de la plenum
3.1 Fonctionnement statique
chamber en ce qui concerne la hauteur de vol. Cependant, la
nécessité de l’équiper de jupes souples (Fingers pour les Hovercrafts 3.1.1 Pression de sustentation. Débit.
anglais) a rendu toute théorique cette efficacité car de jet périphé- Coefficient de glissement
rique, le système s’est transformé en plenum chamber à alimentation
périphérique. De plus, la nécessité de compartimenter le coussin de Nous rappellerons ici brièvement le schéma type d’une installation
l’Hovercraft pour lui donner une stabilité statique le rapproche comprenant le compresseur, le circuit d’alimentation et les coussins.
encore plus du coussin d’air multijupes des Naviplanes. On trouve successivement (figure 2) :
— l’entrée d’air EA dans les conditions :
■ Le coussin plenum chamber (figure 1d ), confiné par lèvre
flexible, est utilisé sur Aérotrain. La hauteur de vol, dans ce cas, est Ta température ambiante,
de l’ordre de quelques millimètres (3 mm pour l’Aérotrain I 80 dit Pa pression atmosphérique,
Orléans). La pression relative envisagée actuellement est de l’ordre ρa densité de l’air dans les conditions Ta et Pa ;
de 400 à 1 000 daPa. — le générateur d’air GA de puissance installée Wi ;
— le circuit éventuel de refroidissement de l’air CR évacuant par
■ Le coussin plenum chamber confiné par une lèvre gonflée unité de temps la quantité de chaleur Q ;
(figure 1e). Le gonflement de la lèvre peut être assuré par une source — un réservoir éventuel R dans lequel le fluide se trouve à la
extérieure à celle du coussin proprement dit ou par son intermé- vitesse V = 0 dans les conditions Pr , Tr , ρ r ;
diaire. C’est ce dernier cas qui est le plus couramment utilisé et c’est — les vannes et le détendeur VD occasionnant une perte de
le principe adopté pour le coussin d’air de sustentation de charges charge ;
lourdes sur sol d’usine. On y reviendra en détails plus loin. Il autorise — l’entrée du coussin EC dans laquelle les conditions sont
des pressions relatives égales ou supérieures à 10 5 Pa avec des
P* e ,Te* , ρ*
e ;
hauteurs de vol de l’ordre de 10–1 mm avec des franchissements de
marches de 1 à 2 mm de hauteur. — le coussin C dans lequel les conditions sont Pc , Tc , ρc ; on
considère que la vitesse de l’air dans le coussin est nulle ;
■ Le coussin multicellulaire (figure 1f ) mis au point par la Société — la hauteur géométrique de vol h.
Bertin et Cie. Il s’agit d’un système autostable statiquement car Soit une charge de poids F à translater sur un coussin d’air ; si
chaque cellule est alimentée indépendamment et participe à la S est la surface active du coussin (projection sur le sol de la surface
stabilité de l’ensemble. Ses performances seront décrites plus loin. délimitée par le bord de fuite), la pression relative de sustentation
Il accepte des pressions supérieures ou égales à 10 5 Pa et des dans le coussin ne peut être autre que ∆P = F /S dès que la hauteur
hauteurs de vol de l’ordre de 10–1 mm. Il est utilisé sur des surfaces de vol est suffisante pour qu’il n’y ait aucun appui du joint sur le
planes (tôle par exemple), mais accepte des franchissements de sol, c’est-à-dire dès que la force de translation f est infime devant
coupure (joint entre deux tôles) dans la mesure où un nombre limité le poids F. On appellera Cf = f /F le coefficient de glissement du
de cellules sont mises à l’air libre. coussin qui ne doit être que de quelques pour mille pour s’assurer
■ Il s’agit là de voie fluidisée où l’alimentation est effectuée par la de l’intérêt du coussin d’air et de la préservation du joint de
surface d’appui (figure 1g). confinement. En effet, l’effort de translation est dû, non pas à la

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viscosité de l’air qui conduit à une force négligeable, mais aux Il y a toujours lieu de prévoir au moins trois coussins sous une
contacts locaux et accidentels qu’il est impossible d’éviter avec les charge avec le centre de gravité de l’ensemble de la charge à
hauteurs de vol envisagées (dixième de millimètre). l’intérieur de la surface inscrite. On voit qu’en général, une
Le débit à fournir à cette pression est déterminé par la hauteur plate-forme de manutention comportera au moins trois coussins et,
de vol à laquelle il faut voler pour éviter l’essentiel des contacts. On généralement, beaucoup plus. Dans ce cas, se pose le problème
voit donc que d’une part, l’état du sol, et d’autre part, la capacité d’hyperstatique (article Résistance des matériaux [C 2 000] dans le
d’adaptation du joint à celui-ci (par déformation liée aux contacts traité Construction) car il est souhaitable que tous les coussins
locaux ou par le champ de pression), sont les deux paramètres qui travaillent à la même charge (donc à la même pression), qu’une
déterminent cette hauteur de vol. La science de l’ingénieur a permis ondulation du sol sur un coussin ne vienne pas provoquer la
d’imaginer des joints très suiveurs et l’utilisateur doit rechercher le fermeture de sa fuite, donc, par l’intermédiaire de l’alimentation, une
sol qui autorise un débit minimal. En effet, la puissance qu’il montée prohibitive de la pression dans le coussin. Cela montre bien
consommera est très liée à ce débit. la nécessité d’une suspension qui permettra au coussin de s’effacer
sur l’ondulation locale qui l’intéresse, évitant ainsi les surpressions
D’une façon générale, un générateur d’air fournit un débit d’air qui peuvent être dangereuses tant pour les questions de résistance
qui varie selon la pression d’utilisation ; la courbe pression-débit, du joint que de la diminution du débit qui en résulte généralement.
qui s’appelle la caractéristique du générateur, est toujours à pente
négative. Le débit diminuera donc dans un coussin avec une charge De toute façon, pour une plate-forme multi-coussins, même
croissante ; il y a lieu, dans ce cas, de déterminer le débit pour la suspendus, il est nécessaire de bien prévoir l’alimentation pour que
charge maximale prévue, quitte à avoir un débit superflu à faible le coussin occasionnellement le plus chargé (décentrage, flexibilité
charge. Cependant, lorsque l’on recherche un débit constant, quelle du châssis, charge dynamique, ondulations du sol, etc.) soit assuré
que soit la charge, on doit alors installer en amont du circuit un d’un débit suffisant à la pression que cette charge occasionne. On
moyen qui le permette, par exemple un venturi sonique (aux faibles peut assurer une alimentation la plus séparée possible entre les
pressions d’alimentation) ou un diaphragme sonique (haute coussins afin que tout trouble sur l’un (mise à l’air libre sur une fente
pression d’alimentation telle qu’un réseau d’usine) — se reporter au par exemple) ne réagisse pas sur l’alimentation des autres (baisse
paragraphe 4.4. de débit par exemple). On verra donc au paragraphe 3.1.3 comment
la suspension peut réduire les disparités de charge sur les coussins,
et au paragraphe 4.4 comment assurer un débit le plus constant
Remarque possible dans ceux-ci.
Il n’y a, a priori, aucun intérêt à alimenter un coussin à une
pression nettement supérieure à celle de sustentation prévue. En
effet, le coussin est en lui-même un clapet de surpression et tout 3.1.3 Description d’un coussin type
excès de pression, donc d’énergie, est dissipé en pure perte dans
le coussin. C’est même non recommandé dans certains cas, car La figure 3 montre les divers éléments d’un coussin. Chaque
cela peut être la raison d’oscillations désagréables du coussin. élément du coussin a son propre rôle et son dimensionnement est
Cependant, nous avons vu que la pression d’alimentation du le fruit d’un compromis entre ce qu’exige le bon fonctionnement
coussin doit être au moins capable d’atteindre la pression statique et le bon fonctionnement dynamique. Nous verrons au
maximale prévisible dans le coussin (surcharges dues aux paragraphe 4.5 qu’il y a quelquefois des difficultés à obtenir la
décentrages ou aux sollicitations dynamiques). compatibilité entre ces diverses exigences.
Le rôle de la suspension-rotule SR est d’assurer une bonne
adaptation du coussin selon les ondulations du sol, dont la longueur
3.1.2 Stabilité statique d’onde est supérieure à son diamètre et inférieure à la distance entre
les divers coussins de la plate-forme, coussins dont le nombre est
au moins égal à 3 pour des raisons d’équilibre statique de l’ensemble.
Remarque Il s’agit à la fois d’un problème d’assiette et d’attitude, c’est-à-dire
Un seul coussin ne peut pas assurer la stabilité de l’ensemble de rotule et de suspension. Cela a donc exigé, pour la conception
sustenté. En effet, un mono-coussin ne possède pas en soi la de cet élément, la mise au point d’une cinématique et d’une statique
possibilité, au moindre décentrage, de fournir un couple de telles que l’élément ait une raideur bien définie, éventuellement
rappel. En d’autres termes, un coussin seul est instable statique- variable.
ment, et le moindre décentrage provoque son appui sur un des
côtés du joint, induisant ainsi un effort de contact qui peut être
important et divergent (s’accroissant avec l’effort de translation).

Figure 3 – Coussin type : coupe

Figure 2 – Alimentation en air d’un coussin

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La figure 4 donne une allure de la courbe de hauteur de la En d’autres termes, la variation de l’énergie totale est égale à la
suspension en fonction de la charge pour un coussin de diamètre somme de la variation de travail et de chaleur échangée, cette
600 mm. La raideur K = dF/dh (§ 3.2) est de l’ordre de 106 N/m, ce somme étant égale à la somme des variations d’énergie interne,
qui donne une fréquence propre du système (§ 3.2) de l’ordre d’énergie de pression et d’énergie cinétique.
de 3,5 Hz pour une charge nominale de 2.103 kg. Le rôle de cette On rappelle que :
suspension est stabilisateur sur le plan dynamique car il assure un
amortissement à la fois grâce aux pertes de charge dans le — lorsque l’écoulement est adiabatique dQ = 0 ;
passage PA’, mais surtout par le fait que le paramètre dv/dF est — lorsque l’écoulement est isoénergétique dW = 0.
négatif, c’est-à-dire qu’à une augmentation de la charge F corres- On pose, en général :
pond une diminution de volume v résultant de son écrasement, phé-
nomène en général stabilisateur. P
U + ----- = H enthalpie
ρ
Le rôle du plateau intermédiaire P I est aussi important. En effet,
en plus d’assurer la liaison entre la paroi souple de la rotule et le avec H = C pT,
coussin proprement dit, il garantit, par le calibrage des pertes de U = C vT.
charge en PA et en PA’, l’amortissement optimal du système. D’autre
part, le choix de la perte de charge en PA’ est un élément primordial, On a alors en écoulement adiabatique et isoénergétique :
la géométrie de JC étant fixée dans la détermination à la fois de la
raideur de la suspension et de son attitude à une charge donnée.
Le rôle du joint souple et gonflé JC est de mettre au point un
V2
 
dH + d --------- = 0
2
(3)

confinement de coussins capable de tenir à plus de 105 Pa limitant ■ Deuxième principe de thermodynamique : la variation d’énergie
la hauteur de fuite à moins de 10–1 mm sur les bons sols que permet interne est donnée par :
la technique classique du revêtement, cela avec un effort de dU = Tde – Pd(1/ρ) (4)
frottement inférieur au centième de la charge sustentée. Tout cela
sous-entend donc une très bonne adaptation au sol (élasticité locale) avec e entropie spécifique.
de ce joint, adaptation à des amplitudes du sol nettement supérieures Si l’écoulement est isentropique (pas de perte de charge, d’onde
(ordre de quelques millimètres) à la hauteur de vol théorique du joint de choc), on obtient :
(1/10 de millimètre). Seule une déformation du joint, radialement et dU = – Pd(1/ρ) (5)
circonférentiellement, pouvait autoriser une telle adaptation,
adaptation dont le pilotage devrait être assuré par les variations avec dH = dP/ρ (6)
locales du champ de pressions à la fuite périphérique. On obtient, à partir des relations (3) et (6), en écoulement
adiabatique, isoénergétique et isentropique :

3.1.4 Équation propre au coussin dP


VdV + --------- = 0 (7)
ρ
Nota : on se reportera utilement aux manuels spécialisés d’écoulement des fluides et de
thermodynamique [1] ; article Thermodynamique appliquée. Énergie. Entropie [B 1 210], ■ Équations d’état :
Propriétés thermodynamiques des fluides [B 8 020] et article Mécanique des
● pour un gaz parfait :
fluides [A 1 870].
P
------i- = RT i (8)
3.1.4.1 Calcul du débit et de la puissance nécessaires ρi
au fonctionnement d’un coussin
● pour un écoulement isentropique :
■ Équation d’équilibre du coussin :
F = (Pc – Pa ) S = ∆Pc · S (1) Pi P i′
-------------
- = --------------- (9)
( ρi ) γ ( ρ′i ) γ
■ Premier principe de thermodynamique : pour une unité de débit
masse de fluide, la variation de l’énergie totale est : avec R = Cp – Cv ,
γ = C p /C v ,
   
P V2
dE T = dW + dQ = dU + d ----- + d --------- (2)
ρ 2 i indice des valeurs d’arrêt isentropique.
On tire des relations (8) et (9) celle qui existe entre deux points
d’un écoulement isentropique :
[ ( γ – 1 )/γ ]

 --------
P′ 
Ti Pi
--------
- = - (10)
T i′ i

d’après (9) et (10) :


ρ [ 1/ ( γ – 1 ) ]

 --------
T′ 
Ti
------i- = - (11)
ρ′i i

■ Équation de conservation du débit :


qm = ρVsf (12)
dρ dV ds
d’où --------- + ---------- + ---------f- = 0
Figure 4 – Coussin type : hauteur de suspension ρ V sf
en fonction de la charge
Sachant que :
dP/dρ = a 2 = γ RT (13)

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on obtient l’équation d’Hugoniot (articles Turbines à fluides compres- Il existe trois types d’écoulements à considérer, suivant le niveau
sibles. Conception et fonctionnement [BM 4 560] et Turbines à fluide de pression du coussin :
compressible. Pertes et moyens de les réduire [BM 4 561]) — régime compressible et fuite subsonique 0,52 < Pa /Pc < 0,93
(§ 3.1.4.3) ;
ds
dV
 V2

---------- 1 – ------2- + ---------f- = 0
V a sf
(14) — régime compressible et fuite sonique Pa /Pc  0,52 (§ 3.1.4.4) ;
— régime incompressible pour Pa /Pc > 0,93 (§ 3.1.4.5).
L’équation (13) fait apparaître la différence entre l’écoulement
3.1.4.3 Régime compressible et fuite subsonique
supersonique et l’écoulement subsonique, suivant que la vitesse V
est respectivement supérieure ou inférieure à a. Cela est très Pour des valeurs 0,52 < Pa /Pc < 0,93, la fuite est subsonique, le
important dans l’écoulement de l’air pour les coussins d’air et leur nombre de Mach M varie de 0,32 à 1. On ne peut plus négliger la
alimentation car, lorsque l’écoulement est sonique dans un col, le compressibilité de l’air et, en particulier, les variations de densité.
débit ne dépend plus des variations de pression aval (V /a = M D’une manière pratique, on retiendra que c’est valable pour les pres-
nombre de Mach). sions relatives aux coussins, comprises entre 800 et 10 4 daPa.
Il s’agit de déterminer le débit et la puissance nécessaires au Il faut déterminer tout d’abord la vitesse de l’air au bord de fuite
fonctionnement. du coussin. Si la hauteur géométrique de fuite est h (figure 5), on
a en général un jet avec une striction α telle que son épaisseur réelle
3.1.4.2 Calcul de l’écoulement de fuite du coussin est αh lorsque sa pression statique est Pa ; α varie de 0,6 à 1 suivant
la pression du coussin croissante, et dépend de la forme du bord
À partir de l’équation d’énergie déduite des relations (6) et (7) : de fuite. On prendra, généralement 0,7 pour des bords francs et 1
V dV + dH = 0, de a 2 = γ P/ρ = Cp T (γ – 1) on écrit l’équation dite de pour des lèvres gonflées.
Saint-Venant :
2 Le calcul du paragraphe 3.1.4.2 peut alors être intégralement
-------------- a 2 + V 2 = Cte (15) exécuté si l’on connaît Pc , Tc , sf , α et Pa ; en fait, il est beaucoup
γ–1
plus aisé de passer par des tables [1]. On donnera, au paragraphe
En appliquant la relation (15) entre l’intérieur du coussin et la 3.1.4.3.2 des exemples en utilisant ces tables.
fuite s : Entre la chambre du coussin, et la section de fuite, nous avons :
2 2 2 2 2
-------------- a s + V s = -------------- a c = 2 C p T c (16) 2
γ–1 γ–1 Vs
H c = H s + --------
-
2
d’où l’on peut tirer Vs .
Dans l’hypothèse d’une fuite isentropique, on en déduit : soit Vs = 2C p ( T c – T s ) (17)
[ ( γ – 1 )/γ ]

 -------
P 
Ps γ 2 – [γ /(γ – 1)]
Tc Pc
-------
Pc
- =  1 + -------------
–1
2
-M  s
avec (10) -------
Ts
- =
a
-

[ ( γ – 1 )/γ ]

   
d’où l’on peut tirer Ms : Pa
soit Vs = 2C p T c 1 – -------- (18)
Pc
ρ γ–1 – [ 1/ ( γ – 1 ) ]
------s- =
ρc  2
1 + -------------- M s
2  ou sous une autre forme V s = M s γ RT s

d’où l’on peut tirer ρs :


3.1.4.3.1 Calcul de la densité à la fuite
Ts γ–1
 
–1
2 L’équation d’état (9) s’écrit :
-------
- = 1 + -------------- M s
Tc 2
ρ 1/ γ

 -------
P 
Pa
d’où l’on peut tirer Ts . ------s- = -
ρc c
Ces valeurs sont calculées dans des tables d’écoulement
isentropique [1]. Nous donnons, dans le tableau 1 les valeurs Pc
avec (8) ρ c = -----------
-
extraites de ces tables, correspondant aux exemples numériques RT c
traités dans cet article. (0)

Tableau 1 – Caractéristiques d’un écoulement


isentropique (1)

P/Pi / i T/Ti V (2)


M
(m/s)
0,67 0,739 5 0,806 0,916 9 218,0
1 0,527 0,634 0,831 6 310,9
(1) Valeurs extraites des tables d’écoulement isentropique [1] pour
γ = 1,405 ; l’indice i correspond aux caractéristiques amont.
(2) Ti = 288 K.
Figure 5 – Coussin type : striction au bord des lèvres

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On en déduit : ■ Calcul de la vitesse d’éjection


1/ γ

 
Pc Pa Soit les conditions atmosphériques suivantes :
ρ s = ------------ --------
RT c P c
Pa = 105 Pa Ta = 293 K
d’où le calcul du débit masse :
on a alors :
qm = α sf ρs V s Pa 10 5 1
------- - = ---------------- = 0,739
- = ----------------------------------------------------
1/ γ [ ( γ – 1 )/ γ ]
Pc ( 0,354 × 10 5 )+ 10 5 1,354

     
Pc Pa Pa
q m = α s f ------------ -------- 2C p T c 1 – -------- (19)
RT c P c Pc Les tables d’écoulement isentropiques donnent :

La valeur de qm est donc déterminée par la pression Pc et la M = 0,67 V s = M γ RT s


température Tc du coussin. Cette dernière dépend du type d’écoule-
ment entre le générateur et le coussin (figure 2). avec Ts = Ta = 293 K ; R = 8,314 J · K –1 · mol –1 (= 286 J · K–1 · kg–1
Trois cas sont à considérer : pour l’air) ; γ = 1,405, ρs = ρa = 1,205.
— la température dans le coussin est proche de Ta , c’est-à-dire d’où V s = 0,67 × 20,1 293 = 230 m/s
qu’il existe soit un refroidisseur, soit des longueurs de tuyauterie
suffisantes pour que le fluide se refroidisse suffisamment après son soit qm = 1,205 × 1,885 × 10–3 × 230 = 0,52 kg/s
échauffement dans le compresseur ; dans ce cas : Tc = Ta ; 293
or (tableau 1) Tc = --------------------- = 320 K, ∆T = 320 – 293 = 27 K
— l’écoulement est adiabatique ; la température est proche de la 0,916 9
température de sortie du compresseur et correspond, pour un Wi = qm J Cp ∆T = 0,52 × 27 = 14 kW
rendement de 1, à la compression adiabatique de Pa à la pression
de sortie Pi du compresseur. On a d’après la relation (10) : car JCp = 1 kJ/(kg · K).

[ ( γ – 1 )/ γ ] b) Puissance réelle : en réalité, il existe des pertes de charge δp


 
Pi
T c = T i = T a -------- (20) entre le compresseur et le coussin. Dans le calcul, il faudra prendre
Pa Pc + δp = Pi comme pression de l’écoulement à la sortie du
compresseur, à la température de compression adiabatique Ti
— l’écoulement n’est ni isotherme ni adiabatique et une évalua-
correspondante. On déduit alors la puissance réelle WR du flux :
tion de pertes thermiques est nécessaire.
[ ( γ – 1 )/γ ] [ ( γ – 1 )/γ ]
    -------
P  
Pc Pi
3.1.4.3.2 Calcul de la puissance W R = αs f 2 ρ a -------- ( C p T a ) 3/2 - –1
Pi a
a) Puissance minimale : la puissance minimale à fournir au cous-
[ ( γ – 1 )/γ ] [ ( γ – 1 )/γ ] 1/2

  -------
P  
sin sera celle que dépenserait un compresseur de rendement égal
 
Pi Pi
à 1, et qui fournirait le débit nécessaire, à la pression du coussin, - – -------- (23)
a Pc
sans aucune perte. En d’autres termes, c’est la puissance dépensée
par le coussin de la chambre à l’extérieur. On appelera Wi cette WR /Wi représente le rendement de l’alimentation.
puissance minimale et idéale :
Si η est le rendement du compresseur ηWR /Wi représente le
Wi = qm Cp (Tc – Ta ) (21) rendement de l’installation.
On a donc à la sortie pour un écoulement réversible : Exemple : si nous reprenons les valeurs numériques de l’exemple
du paragraphe 3.1.4.3.2a.
Ps = Pa ; Ts = Ta ; ρs = ρa
Soit δ p = 105 Pa la perte de charge depuis la sortie du compresseur
et d’après (10) : jusqu’au coussin. La pression relative sortie compresseur est
[ ( γ – 1 )/γ ] 1,354 × 105 Pa.
 
Tc Pc
-------
- = -------
- On a donc :
Ta Pa
Pa 1
d’où, après calcul et d’après les relations (19) et (21) : - = ---------------- = 0,425
-------
Pi 2,354
3/2
 [ ( γ – 1 )/γ ]  soit, pour γ ≈ 1,4 et en appliquant la relation (20), Ta /Ti = 0,78.
  -------
P  
Pc
Wi = 2 ρa α sf  Cp Ta - –1  (22)
 a  Si l’écoulement est adiabatique, la température dans le coussin est :

[ ( γ – 1 )/γ ] 293
 ------------- 
γ 3/2

P 
2 Pc T c = -------------- = 376 K
W i = α s f ------- - P -------- –1 0,78
ρa γ–1 a
a
À la sortie du coussin, on a Pa /Pc = 0,739 et M = 0,67 (§ 3.1.4.3.2a ).
Exemple : soit un coussin de diamètre utile ∅ = 0,6 m, une charge Les tables donnent (tableau 1) :
sustentée de 1 000 kg (F = 10 4 N), une hauteur de vol recherchée
h = 1 mm, on considère un bord arrondi tel que α = 1. T
La surface de sustentation est : ------s- = 0,916 soit T s = 344 K
Tc
π ( 0,6 ) 2 soit Vs = 0,67 × 20,1 × 344 = 250 m/s.
S = ---------------------- = 0,282 m 2
4
la pression de sustentation :

10 4
∆P = ---------------- = 0,354 × 10 5 Pa
0,282
la surface de fuite :

sf = π ∅ h = π × 0,6 × 10–3 = 1,885 × 10–3 m2

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a = 288, K, ρ*
Aux conditions standards T * a = 1,23, d’où, pour On ne considère plus de striction puisque, par principe, le col se
T*
a = 293 K : trouve à la section minimale géométrique, c’est-à-dire à la hauteur
de vol réelle.
Ta Pc 288
ρ c = ρ a ------- -------- = 1,23 × ----------- × 1,354 = 1,275 kg/m 3 Comme Vs = as , on peut écrire :
Tc Pa 376
ρs as
soit ρs = 1,275 × 0,806 = 1,03 kg/m3 q m = ------- ------- ρ c a c s f
ρc ac
d’où qm = 1,03 × 1,885 × 10–3 × 250 = 0,485 kg/s
soit qm = 0,578 ρc ac sf
avec ∆T = 376 – 293 = 83 K ρc ac Pc Ta 1/2

(augmentation totale de la température de l’air au compresseur)


ou q m = 0,578 ------- ------- ρ a a a s f = 0,578 -------- --------
ρa aa Pa Tc   ρa aa sf (26)
WR = 0,485 × 83 = 40,2 kW.
On déduit que les pertes de charge conduisent à un supplément de si l’alimentation est adiabatique :
puissance de 40,2 – 14 = 26,2 kW, soit 65 % de la puissance de sortie [ ( γ – 1 )/γ ]
Tc Pc
du compresseur (§ 3.1.4.3.2a). -------
Ta
- =  -------
P 
a
-
c) Puissance isotherme : si l’on considère l’alimentation iso-
therme Tc = Ta et que l’on connaît les pertes de charge δp = Pi – Pc si l’alimentation est isotherme :
en reprenant la relation (21), on trouve la puissance totale fournie
par le compresseur et le débit massique : Tc = T a

[ ( γ – 1 )/γ ] [ ( γ – 1 )/γ ] et la puissance est alors :

   
Pc Pa
q m = α s f ρ a -------- 2 C p T a 1 – -------- (24) W = qm Cp (Tc – Ta )
Pa Pc
Exemple : soit une charge de 14,15 t (F = 14,15 × 104 N), pour un
[ ( γ – 1 )/γ ] [ ( γ – 1 )/γ ]
    
Pc P coussin de 1 m de diamètre. On appelle Pf le périmètre de fuite.
W iso = αs f ρ a 2 ( C p T a ) 3/2 -------
- -------i- –1
Pa Pa Soit une hauteur de vol recherchée de 5 × 10–5 m.
[ ( γ – 1 )/γ ] 1/2 S = 0,785 m2 et sf = Pf h = 1,6 × 10– 4 m2
 1 –  -------
P  
Pa
- (25)
c avec Pa = 105 Pa et Ta = 293 K :
Exemple : en prenant les mêmes données que pour les exemples
14,15 × 10 4
des paragraphes 3.1.4.3.2a et b avec Tc = Ta = 293 K et δp = 105 Pa, ∆P = -------------------------------- = 1,8 × 10 5 Pa
la vitesse de sortie devient, au même nombre de Mach M = 0,67 0,785
(tableau 1) : Pa 1
- = ---------- = 0,358
-------
Pc 2,8
293
V s = 218 ----------- = 222 m/s
288 Il y a donc un col sonique à la fuite (§ 3.1.4.2) : M = 1.
avec Considérons l’écoulement isotherme, c’est-à-dire :

Ta Pc Tc = Ta = 293 K
288
ρ c = ------- -------- ρ a = 1,23 × 1,354 × ----------- = 1,68 kg/m 3
Tc Pa 293
293
ρ a = 1,205 kg/m 3 et a a = 310,9 ----------- = 316 m/s
et 288

ρs = 0,806 × 1,68 = 1,35 kg/m3 ρa aa = 382 kg · s–1 m–2

d’où On a alors qm = 0,578 × 382 × 1,6 × 10–4 × 2,8

qm = 1,35 × 1,885 × 10–3 × 222 = 0,565 kg/s qm = 0,100 kg/s


Pa T
avec ∆T = 376 – 293 = 83 K (augmentation de la température de l’air Or pour - = 0,358,
------- ------a- = 0,745 soit T c = 393 K
après le compresseur) Pc Tc
d’où
soit ∆T = 393 – 293 = 100 K
Wiso = qm J Cp ∆T = 0,565 × 83 = 47 kW d’où W = qm J Cp ∆T = 0,100 × 100 = 10,0 kW.
On voit donc que la perte d’énergie calorifique est de :
47 – 40,2 = 6,8 kW Remarque

soit 14 % de la puissance à la sortie du compresseur. Il n’y a donc pas ■ Si, en réalité, le débit est prélevé sur un réseau à
intérêt, si cela ne s’avère pas nécessaire, de refroidir le flux d’alimenta- P c = 8 × 10 5 Pa, on obtient P a / P c = 0,125 soit T a / T c = 0,550 ;
tion des coussins d’air. Tc = 533 K et ∆T = 533 – 293 = 240 K.
■ Si le réseau est isotherme et Tc = 293 K, le débit qm reste le
3.1.4.4 Régime compressible et fuite sonique même (on a mêmes Pa , Ta , ρa ) et la puissance devient :
À partir d’un rapport de pressions donné Pc /Pa , il existe dans la W = 0,100 × 240 = 24 kW
section minimale de sortie un col sonique dans lequel M = 1. On a
alors Ps /Pc = 0,527 ; ρs /ρc = 0,634 et Ts /Tc = 0,831. On a donc multiplié par 8/2,8 = 2,8 la pression absolue fournie
par le compresseur et par 24/10 = 2,4 la puissance consommée.
Le débit est alors qm = ρs Vs sf et as /ac = 0,913.

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3.1.4.5 Régime incompressible Le calcul de K s’effectue ainsi :


Ce n’est le cas que pour les faibles pressions, inférieures à d F = S d Pc (33)
800 daPa. Dans ce cas-là, l’équation de Bernoulli est applicable,
l’erreur sur la variation de densité est inférieure à 2 %. dq dρ s dh dV s
--------- = ----------- + --------- + ------------ (34)
On a alors : q ρs h Vs
1 2
P c = P s + ----- ρV s (27) dP c
2 dq
--------- = ---------------------
- (35)
q q f ′ (q )
venant de :
avec ∆Pc = f (q ) caractéristique du compresseur,
  = d  --------
2 
P V 2
d ----- - = 0
ρ dP
et -----------c- = f q′
dq
La vitesse d’éjection est donc :
on en déduit :
2
Vs = ----- ( P c – P s ) (28) S
ρ K = ------------------------------------------------------------------------------------- (36)
1 dρ s 1 dV s
 
1
h -------------- – ------- ------------ – -------- ------------
d’où le débit : q f q′ ρ s dP c V s dP c
2
qv = α sf ----- Pc – Ps (29)
ρ Or, avec Vs = 2 Cp ( Tc – Ts )
d’où la puissance consommée par le coussin : 1/ γ

 
Pc Pa
W = q m (H c – H s ) et ρ s = ------------ --------
RT c P c
Pc – Ps
avec H c – H s = -------------------
- on obtient :
ρ
dV 1 1 γ–1 1
2 -----------s- ------------ = ----------- -------------- -----------------------------------------------
- (37)
W = qv ( Pc – Ps ) = α sf ----- ( P c – P s ) 3/2 2P c γ P a [ ( 1 – γ )/γ ]
 
(30) V s dP c
ρ -------- –1
Pc
Exemple : soit le même coussin que pour l’exemple du
paragraphe (§ 3.1.4.4) avec une charge sustentée de 100 kg avec l’hypothèse suivante : la température d’arrêt Tc est constante
(F = 103 N) et une hauteur recherchée h = 1 mm avec α = 1. dans le coussin car cette température d’arrêt du flux n’est que peu
influencée par la pression du coussin dans de faibles variations de
La pression de sustentation est ∆P = 0,354 × 104 Pa.
charge, ce qui est rigoureux dans le cas d’alimentation par col
La vitesse de fuite est alors : sonique.
2 On a d’autre part :
Vs = ----- ∆p
ρ dρ s (γ – 1) 1
- = ------------------- --------
------------------ (38)
ρ s dP c γ Pc
avec ρ = 1,273 kg/m3,
soit Vs = 76 m/s. Il vient donc :
Le débit est alors de : dF
K = --------- S
dh = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
qv = 1,885 × 10–3 × 76 = 0,143 m3/s  
 1 γ–1 1 (γ – 1) 1 1 
h  -------------- – -------------- ------- + ------------------- ------- ------------------------------------------- -  (39)
Soit une puissance de :  q fq′ γ Pc 2γ P c  P c  [ ( γ – 1 )/γ ] 
------- – 1
  Pa  
 
W = 0,143 × 0,354 × 104 = 506 W
ou W = 0,506 kW. On a alors, dans l’hypothèse d’une alimentation par col sonique :
f q′ = ∞
Soit la fréquence théorique :
3.2 Raideur aérodynamique
1 g 0,5 α
f = --------- ----- α = --------------- (40)
Dans certains cas d’utilisation de coussins pour la sustentation de 2π h h
pièces en mouvement, il est nécessaire de connaître soit la raideur
du système, pour des problèmes de positionnement, soit la  1 ⁄ 2
 
fréquence propre pour des questions de résonance.  γ – 1 ∆P c 0,5 
avec α =  -------------- ------------ 1 + -----------------------------------------------
-  (41)
 γ P c [ ( γ – 1 )/γ ]
On appelle : Pc
dF
K = ---------
dh
(31) 

--------
Pa   –1


la raideur, rapport de la variation d’effort sur le coussin, rapportée et g = 9,81 m/s2


à la variation de hauteur de vol. La fréquence propre du système
est alors : Cette valeur est valable en statique. La fréquence en dynamique
peut être assez différente lorsque l’amortissement est grand.
1 K
f = --------- ------- (32)
2π m
m étant la masse sustentée.

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On calculera α pour diverses pressions et l’on vérifiera que α varie La fréquence propre du système, compte tenu de l’isothermie,
0,695 0,730 est alors :
de 1,39 à 1,46, c’est-à-dire que f varie de ---------------- à ---------------- pour des
h h 1 g Pc 1 Pc
f = --------- ----- -------------------
- = 0,71 ---------- -------------------
- (51)
∆Pc = Pc – Pa variant de 2 × 103 à 2 × 105 Pa. 2π h Pc – Pa h Pc – Pa
On pourra donc prendre : La fréquence dépend de la hauteur de vol h et de la pression de
0,7 fonctionnement Pc .
f = ---------- (42)
h Exemple : pour Pc = 2 × 105 Pa et Pa = 105 Pa on a la fréquence
avec une très bonne approximation, pour des coussins alimentés à par la relation (51) ; pour h = 9 × 10– 4 m, f = 33,5 Hz.
débit constant.
On verra au paragraphe 3.2 b que cette formule n’est plus vala-
ble dès que la fuite croît, devient sonique, car la pression de sortie 3.3 Stabilité dynamique
n’est plus égale à Pa .
■ Deux remarques peuvent être faites : Il s’agit ici d’un problème important dans les coussins d’air qui
● écoulement incompressible, l’expression (39) devient : ont une fâcheuse tendance naturelle à entrer en oscillations
auto-entretenues. Dès 1966, le problème de la dynamique de la
dF S⋅q 1 S⋅q plenum chamber a été traité au sein de la Sté Bertin par MM. Hirsch
--------- = -------------- ------------------------------ = ------------------------------------------ (43)
dh h 1 q
 
-------- – ------------2- 1 q et Guienne, en particulier pour les jupes de Naviplanes. Ces études
f q′ ρV h -------- – -------------
f′ 2∆P ont été à la base de toutes celles qui ont suivi, autant en ce qui
q
concerne les Naviplanes que les Aérotrains, ou que la manutention.
Lorsque le fluide est prélevé sur le réseau d’usine, il y a toujours La mise en équations est assez complexe et l’on se contentera
un col sonique en amont et l’on peut considérer que f q′ = ∞ . On a : d’indiquer ici au lecteur les principes de cette mise en équations,
cela permettant de faire apparaître les paramètres qui interviennent.
dF 2F Mais seule sa résolution permet d’en mesurer l’importance. Or
K = --------- = --------- (44)
dh h l’expérience montre que cette importance dépend essentiellement
du schéma particulier du coussin et de son circuit d’alimentation.
La raideur est donc directement proportionnelle à la force F et
inversement proportionnelle à la hauteur de vol.
La fréquence propre du coussin est alors : 3.3.1 Mise en équations
1 K 1 2 mg 1 2g L’étude théorique est basée sur le schéma de la figure 6. Il s’agit
f = --------- ------- = --------- --------------- = --------- --------- (45)
2π m 2π mh 2π h donc essentiellement d’une alimentation à travers une section Sc
qui peut être un col sonique ou non, alimentant un volume d’indice
1
f = 0,71 ---------- (46) Vi , puis la suspension Su et le coussin C, l’air s’échappant par la
h hauteur de fuite théorique h à une vitesse sonique ou non.
h étant en mètre et f en hertz. La mise en équations de la dynamique du système considère la
masse sustentée m 0 et l’équipage mobile mm (plateau + joint), et
Exemple : pour un coussin basse pression ayant une hauteur de conduit à un système de six équations différentielles à six inconnues.
vol de 0,9 mm, soit 9 × 10–4 m, la fréquence propre est alors : 23,3 Hz. Il s’agit bien entendu d’écoulement compressible et l’on a tenu
compte aussi bien des termes d’accumulation que de ceux de
● écoulement compressible avec fuite sonique.
déformations des divers volumes δV1 ; δVj ; δV2 sous l’influence des
Prenons le cas de l’alimentation du coussin avec un col sonique ; variations de pressions δP1 et δP2 .
on a alors f q′ = ∞ et la température d’arrêt Tc = Cte. Prenons le
cas où la pression est telle que la fuite est sonique.
Dans ce cas, la vitesse au col reste constante et égale à la vitesse
du son qui ne dépend que de la température d’arrêt Tc = Cte et de
dV = 0.
L’expression de la raideur devient :
Pc
ρ s = 0,634 ------------ (47)
RT c

avec M = 1 ⇒ ρs ρc = 0,634 (tableau 1)


dF S⋅q S⋅q
---------- = ------------------------------- = – ----------------------- (48)
dH dρ s q d ρs
h V s f ----------- ------- -----------
dρ c ρs d ρc

1 dρ s 1
avec ------- = ----------- = -------- (49)
ρs dρ c Pc

dF SP
--------- = -----------c- (50) Figure 6 – Coussin type : alimentation et suspension
dh h

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Les six équations de base sont : 4.1 État de surface du support


— l’équation de conservation du débit à l’équilibre et de variation
autour de l’état d’équilibre :
Trois caractéristiques principales permettront de juger de l’état
q 0 = qi = q1 = q s
de surface, et seule l’expérience ou l’expérimentation permettrait
avec δq0 ≠ δqi ≠ δq1 ≠ δqs de faire un classement.
chaque variation étant fonction des variations locales de pression, La première caractéristique consiste en la valeur du coefficient de
de volume et d’alimentation selon : frottement sec du couple sol-coussin. En effet, s’il existe un
coefficient de frottement, si petit soit-il, c’est qu’il existe un contact
d(δ ρ V ) entre la lèvre et le sol, si bien que le coefficient global de frottement
Σ ( δq ) = – ------------------------- (52) du coussin en dépend.
dt
Le deuxième paramètre concerne la porosité et la granulométrie
— les deux équations des variations de pertes de charge d’une
du sol. En effet, la surface de fuite théorique doit être d’un ordre
part entre Su et C, d’autre part entre R et Su, permettent d’introduire
de grandeur supérieur à la surface de fuite occasionnée par la
les couplages entre les pressions ;
rugosité ou la porosité, tout en tenant compte de la perte de charge
— l’équation au petit mouvement de la masse sustentée m 0 en
dans cette rugosité qui agit à la manière d’un joint labyrinthe mal
tenant compte des variations de hauteur de suspension, de joint,
calculé.
de vol et de la masse mm de l’équipage mobile :
La troisième caractéristique porte sur les ondulations du sol, celles
d2 qui sont de l’ordre de grandeur de la plate-forme et celles qui sont
Σ ---------- δm i ⋅ h i = δS 2 ∆P 2 (53) de l’ordre de grandeur du diamètre du coussin. On a vu (§ 2) que,
dt 2
dans ce dernier cas, le joint doit être suffisamment suiveur et défor-
où hi est la hauteur par rapport au sol de l’élément de masse mi . mable suivant le champ de pressions à son bord de fuite, et que,
— l’équation d’équilibre de la suspension en tenant compte des dans le premier cas, une suspension est absolument nécessaire.
variations des surfaces d’appui : L’expérience montre que, pour que la puissance consommée reste
raisonnable (de 1 à 5 kW à la tonne), il est nécessaire que le sol soit
d2 au minimum un ciment lisse, taloché à la main et, si possible, peint.
m i ----------- ( Σδh i ) = d ( S 1 ∆P 1 ) (54)
dt 2 Cependant, beaucoup de sols d’usines modernes constitués par des
chapes anti-usure et antipoussière, ont des qualités nettement
— l’équation de variation de la hauteur du joint JC en fonction supérieures. D’autre part, il est relativement facile d’améliorer
des variations δP1 et δP2 . certains types de sol par le recouvrement d’une résine (ou brai), ou
Les six inconnues sont δP1 , δP2 , δPi , δh, δh1 , δh2 . seulement d’une surface provisoire (tôle, tapis, etc.) dans le cas de
On est alors conduit, par transformation de Laplace, à la résolution manutentions exceptionnelles (ne nécessitant qu’une seule
d’un déterminant du sixième ordre. manœuvre).
Les valeurs δh2 /δP1 et δh2 /δP2 ont été étudiées D’une manière générale, on fera d’abord un premier essai sur le
expérimentalement. sol au moyen d’une plate-forme d’essais permettant de qualifier à
la fois le sol et le réseau d’usine à utiliser.
Les variations de perte de charge entre Su et C ont été mesurées
expérimentalement pour obtenir des lois régissant ces pertes de
charge en fonction des variations de débit q1 .
4.2 Performances
3.3.2 Remarques pratiques
Dans le paragraphe 4.1, nous avons vu l’importance de l’état du
On retiendra que la stabilité d’un coussin est d’autant meilleure : sol sur les performances. Le tableau 2 donne, à titre d’exemple, les
— qu’il existe des pertes de charge dans le circuit d’alimentation caractéristiques générales de deux coussins, respectivement de
assurant un amortissement ; diamètres 450 et 600 mm, vendus par la Société Bertin et Cie. La
— que la caractéristique du générateur, ∆Pc = f (q ), n’est pas trop figure 7 représente, pour un coefficient de frottement de 0,005, le
verticale ; débit nécessaire suivant l’état du sol pour différentes charges. (0)
— que la pression du coussin, Pc , est faible ;
— que la hauteur de vol, h, est grande ;
— que les augmentations de volume des enveloppes du coussin Tableau 2 – Caractéristiques générales d’un coussin
sont faibles sous les augmentations de pression.
Coussin Coussin
Caractéristiques standard standard
 = 450 mm  = 600 mm
4. Coussins de manutention Diamètre maximal ........... (m) 0,540 0,680
Hauteur au repos ............. (m) 0,050 0,050
Masse unitaire ................. (kg) 8,5 14
L’expérience montre que, pour ne pas dépasser des coefficients
Surface de sustentation . (m2) 0,16 0,28
de frottement de 0,005 pour des pressions de sustentation variant
Charge maximale ............ (kg) 1 200 2 500
de 105 à 103 Pa, la hauteur de vol théorique doit être de l’ordre de
– par branchement direct


5 × 102 à 5 × 10–1 mm suivant l’état de la surface de glissement. La sur réseau d’usine ;
puissance varie alors selon la hauteur de vol recherchée et selon Alimentation en air .................. – à partir d’un compresseur
la taille et le nombre des coussins. adapté basse pression.

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Figure 7 – Caractéristiques générales


d’un coussin

Il est à noter que, si l’on accepte des efforts de translation d’utilisation de coussins non suspendus, car certains d’entre eux
supérieurs à ceux correspondant à un coefficient de frottement peuvent, suivant certaines ondulations de la voie, être conduits à
de 0,005, le débit peut être diminué de plus de la moitié. Cependant, étancher d’une façon telle que la pression d’utilisation maximale soit
considérant qu’il s’agit de très fortes charges, l’effort peut être dépassée. La rusticité des coussins est telle qu’il est inutile de prévoir
rapidement croissant sur le coussin. Par exemple, pour un coussin des filtrage, desséchage ou déshuilage spéciaux, sur le circuit
chargé à 2,5 t, un coefficient de frottement de 0,02 représente un d’alimentation en air.
effort de frottement sur le joint de 50 N qu’il n’est pas toujours
souhaitable de dépasser (efforts prohibitifs qui usent le joint).
L’usure sur de tels coussins est inexistante et leur temps de 4.3.2 Compresseur adapté
fonctionnement peut être compté comme celui correspondant à des
milliers de kilomètres. Sur banc d’essais, un de ces coussins a Si le réseau d’usine est insuffisant ou inexistant, on pourra
effectué plus de 5 000 km à 200 km/h sans usure mesurable. s’équiper d’un compresseur fixe ou mobile (embarqué sur la
plate-forme, à coussin d’air, par exemple) dont le débit sera choisi
en fonction de la pression de service nécessaire, en tenant compte
cependant des pertes de charge. Dans ces conditions, la puissance
4.3 Génération d’air consommée sera optimisée.

Deux solutions sont envisageables : le réseau d’usine (§ 4.3.1) et


le compresseur adapté (§ 4.3.2). 4.4 Circuit d’alimentation

4.3.1 Réseau d’usine Il n’est pas nécessaire d’introduire de détendeur dans le circuit
(§ 4.3.1) et une simple vanne permettra de régler le débit nécessaire.
Le réseau d’usine pourra être utilisé dans la mesure où le débit La rusticité des coussins est telle qu’il n’est en général pas utile
prélevé ne sera pas préjudiciable au bon fonctionnement de d’introduire dans le circuit d’air des filtres ou des déshuileurs.
l’ensemble des autres machines-outils. Il n’est pas nécessaire Cependant, la vanne de commande peut être pneumatique et pilotée
d’introduire alors dans le circuit un détendeur, même si, le réseau par un circuit pneumatique secondaire qui nécessite généralement
étant à 8 bar, la pression du coussin est de l’ordre de 1 bar. En effet, des sous-ensembles de filtrage.
le coussin agissant comme un régulateur de pression, il est évident La nécessité d’avoir une bonne stabilité statique de l’ensemble
que toute l’énergie de pression superflue sera dissipée dans le sustenté demande de s’assurer d’une distribution homogène du
coussin lui-même sans risque de surpression dans celui-ci puisque débit dans les divers coussins de sustentation, conservée lors des
la charge qu’il supporte est constante en général (présence d’une divers cas de décentrage ou de mise à l’air libre de certains coussins.
suspension). On y prendra beaucoup plus garde dans le cas Quatre solutions sont possibles (§ 4.4.1, 4.4.2, 4.4.3 et 4.4.4).

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4.4.1 Distribution par une trompe

Cette solution est réalisable lorsque l’alimentation est assurée à


partir du réseau d’usine (§ 4.3.1). Elle a pour avantage de récupérer
une partie de l’énergie dissipée dans la perte de pression totale. En
effet, grâce à l’effet trompe, on peut, lors de la chute de pression,
diluer une partie de l’air primaire q ’/P ’ haute pression à de l’air
atmosphérique q ’’/ P a dans des proportions qui dépendent du
rapport de pressions entre le débit primaire q ’ et la pression de
refoulement P. Cependant, l’efficacité des trompes chute rapidement
lorsque la pression de refoulement dépasse 3 × 104 Pa. Il est alors
difficile pour ces pressions de dépasser un rapport débit secondaire
sur débit primaire de 1,5. La figure 8 donne un exemple de
fonctionnement d’une telle trompe.

4.4.2 Distribution par orifice sonique

Dans un circuit, s’il existe une striction de diamètre (figure 5) telle


que la vitesse est alors égale à celle du son, le débit ne dépend plus
que des conditions amont et de ce diamètre ; il est, d’autre part,
indépendant des variations de pression à l’aval, c’est-à-dire dans le
coussin. Il ne s’agit donc plus du col sonique qui peut, éventuelle- Figure 8 – Champ de fonctionnement d’une trompe
ment, se former à la fuite du coussin et qui peut être variable, mais
d’un col volontairement installé en amont sur le circuit pour fixer
le débit quoi qu’il arrive. Le venturi est dimensionné pour le débit recherché et dans les
Ce principe peut être appliqué lorsque la pression génératrice est conditions extrêmes de pression (surcharge maximale du coussin
telle que l’on peut obtenir un col sonique pour le débit désiré. Il faut concerné). L’expérience montre que l’on peut obtenir des cols
que le rapport des pressions primaire et de refoulement en valeurs soniques pour des taux de détente :
absolues soit au moins de l’ordre de 2. Dans ce cas, on est assuré pression génératrice
de l’indépendance complète du flux entre les divers coussins de ------------------------------------------------------------------------ = 1,09
pression de sortie tuyère
sustentation. Le diamètre du col se calcule à partir du rapport de
pressions et du débit recherché. On utilisera la relation suivante : On calcule la section du col par la relation (55).

1 ( T i /T a ) 1/2
S c = ----------- ---------------------------- q m (55)
247 P i /P a 4.4.4 Distribution par perte de charge
ou séparation de flux
avec Sc (m2) section au col,
qm (kg/s) débit, Lorsque les cas de stabilité statique ne sont pas critiques (§ 3.1.2),
Pi (Pa) pression totale amont (= pression dynamique on peut se contenter de séparer les flux par simple perte de charge
+ pression statique), par un étranglement de diamètre supérieur au col sonique, ou par
une séparation de l’écoulement à la sortie du compresseur par des
Ti (K) température d’arrêt adiabatique amont. aubes séparatrices placées dans le sens de l’écoulement. C’est une
Exemple : soit un débit recherché de 10–2 kg/s avec une pression façon simple et efficace d’utiliser éventuellement un redresseur
génératrice de 3 × 105 Pa à la température ambiante : après la roue du ventilateur en séparant le flux là où sa vitesse est
maximale. C’est, en général, employé pour les plates-formes
1 1 × 10 –2 générées par un ventilateur basse pression et à grand débit, pour
S c = ----------- ----------------------- = 1,35 × 10 – 4 m 2 lesquelles des venturis seraient trop encombrants.
247 3

4.4.3 Distribution par venturi sonique 4.5 Choix des coussins


Un venturi comporte, d’amont en aval : Lorsqu’il apparaît que le coussin d’air apporte la solution tech-
— un convergent appelé tuyère ; nique au transfert d’une charge sur un support il y a lieu d’optimiser
— un col : section minimale où doit être atteinte la vitesse du son ; l’installation par le choix du type et du nombre de coussins à utiliser.
— un divergent à faible conicité appelé diffuseur. Deux éléments seront déterminants pour ce choix : l’état du sol et
les problèmes de décentrage.
Ce venturi permet, pour de faibles pertes de charge internes et
un bon rendement de diffuseur de recompression, d’obtenir une
vitesse sonique au col. Dans ce cas, le débit ne dépend que des
conditions génératrices et est indépendant des conditions et 4.5.1 Décentrage
perturbations aval tant que celles-ci ne font pas remonter la pression
jusqu’aux conditions de désamorçage du col (écoulement On choisira :
subsonique au col). — des coussins de manutention à lèvre gonflée pour la translation
de lourdes charges sur sol industriel ;
— le coussin multicellulaire pour des charges données sous
lesquelles il est peu envisageable d’aménager 3 ou 4 coussins
circulaires et dont il y a lieu d’utiliser toute la surface pour ne pas

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opérer à trop haute pression. Cependant, on sera limité par la


planéité demandée à la voie et par la nécessité d’introduire des 5. Coussin d’air outil
suspensions-rotules lors de la multiplication de ces coussins
(multiplication qu’imposerait une planéité insuffisante).
de production
Exemple : la planéité doit être de l’ordre de 0,5 mm pour un cous-
sin de 70 cm de côté. Par contre, ce coussin autorise le passage d’une 5.1 Qualités
fente qui ne met à la masse qu’un nombre limité d’alvéoles.
Au prix d’une dépense d’énergie et pour certaines performances
On choisira : de coefficient de frottement, en général de l’ordre de quelques
— la voie fluidisée pour le transfert de produits en plaque lorsque millièmes, le coussin d’air présente les avantages suivants :
ces produits sont suffisamment rigides et que leurs déformations — répartition homogène de la charge sur la surface de glissement ;
n’entraînent pas une hauteur de vol prohibitive ; — grande facilité de translation pouvant permettre une économie
— des plots inversés pour le transport de produits en plaques appréciable du personnel de manutention ;
souples ou très déformées (figure 1g6 ). — douceur de translation permettant le transfert sur les postes
Il existe des réalisations permettant, par exemple, de supporter de travail de machines lourdes, encombrantes et fragiles, avec le
des produits en plaques molles et collantes. maximum de sécurité pour le personnel ;
— facilité dans toute direction de translation permettant un
positionnement rigoureux de machines, d’outils ou de pièces sur les
4.5.2 Choix du nombre et de la dimension postes de travail ;
des coussins — faible élévation de la charge autorisant des encombrements
minimaux ;
— évolution sur des voies banalisées permettant une grande
La stabilité implique un minimum de trois coussins. La recherche variété de parcours et de stockage ;
de faibles pressions au sol ou de meilleure répartition des efforts — banalisation des aires de circulation laissant la voie libre à
sur la charge peut conduire à un très grand nombre de coussins. tout autre système de manutention ;
Par exemple, une charge de 30 t, de 20 m de longueur, demandant — possibilité de traitement thermique ou chimique simultané-
le minimum de flexion, nécessitera un nombre de coussins bien ment au transport de produits ;
répartis. La non-uniformité de la charge peut conduire à des — absence d’usure ou de détérioration de la surface de glissement
concentrations locales de coussins. Les sécurité de fonctionnement, (éventuellement nettoyage systématique de sa voie) ;
surcharge dynamique ou accident local sur la surface d’évolution — manutention sans contact de certains produits souples ou
conduisent en général à multiplier le nombre de coussins, ce qui fragiles ;
n’est pas un inconvénient en soi lorsqu’ils sont bien suspendus. — possibilité de support de charges à très grande vitesse de
Si ces conditions ne sont pas impératives, c’est la recherche d’opti- défilement.
misation de la puissance qui sera la base du choix du nombre et
de la dimension des coussins. Si l’on est sur réseau d’usine,
c’est-à-dire si le problème de pression n’est pas une contrainte, on
recherchera à diminuer le débit par une limitation du nombre des
5.2 Domaines d’emploi
coussins.
On donnera ici, à titre indicatif, les emplois possibles du coussin
On remarquera ici que le débit n’est pas tellement dépendant de d’air :
la taille du coussin pour une charge et une hauteur de fuite données.
En effet, si le débit est rigoureusement indépendant en incompres- — transfert de machines :
sible pour des coussins circulaires, il le reste en compressible car, • lourdes ou fragiles sur leur poste de travail par moyen manuel :
pour des diamètres croissants, le débit est théoriquement plus faible, des machines de 30 t sont aisément mises en place ainsi, soit lors de
mais la hauteur de vol nécessite en général d’être plus grande. C’est changement de production, soit pour une réimplantation de halls de
donc lorsque l’on ne dispose que d’une pression insuffisante, ou fabrication, soit pour l’expédition en ateliers de révision,
dans la recherche d’un compresseur adapté et optimisé que l’on • sur les chaînes de montage autorisant une grande souplesse
choisira des coussins de grande taille pour limiter cette pression. de la chaîne de fabrication,
• dans des chambres d’essais ;
On prendra la formule approximative suivante pour optimiser la
— évacuation rapide sur plate-forme d’un bac recevant les
puissance dans ce cas :
produits de fabrication et remplacement par un nouveau bac vide ;
W = K h F 3/2 n –1/2 D –2 (56) — possibilité d’utiliser une plate-forme sur coussin d’air à la
manière d’une transpalette (transport de palettes) ;
avec h (m) hauteur de vol, — mise en place d’outillage lourd sur son aire d’opération (outils
F (N) poids de la charge sustentée, d’emboutissage, tas de presses) ;
— mise en place de moules sous presses, le châssis à coussin d’air
n nombre de coussins,
pouvant recevoir, en l’absence de sustentation, l’effort de presse
D diamètre des coussins, sans contrainte sur les enveloppes dégonflées des coussins ;
K constante sans dimension dépendant des unités — mise en place et positionnement précis d’échafaudages ou de
employés. sapines de coffrages (grues) ;
— intervention rapide et positionnement précis d’une soudeuse,
On voit que la puissance W est minimale pour n et D maximaux.
par exemple dans une tréfilerie ;
On notera, cependant, que l’augmentation de D est plus efficace
— positionnement précis de piles de flancs sous dépileurs
que celle de n.
magnétiques (pour dépiler les tôles) ;
— transfert de tôles pour positionnement sur cisailles ;

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— séchage de tôles par l’air de sustentation ; Une vanne générale sur la tuyauterie d’arrivée permettra de régler
— mise en place de réacteurs dans le fuselage d’un avion ; le débit. Dès l’ouverture de la vanne, les coussins se gonflent et
— cuisson de biscuits sur coussin d’air ; décollent les pieds de repos de la plate-forme du sol par la seule
— réfrigération rapide et homogène de produits à geler ; action de leur gonflement et de celui de leur suspension. Cette
— supportage de bandes transporteuses à grande vitesse de élévation est de l’ordre de 10 à 30 mm. Lorsque le débit est suffisant,
défilement (pas de pièces en mouvement, donc peu d’inertie, pas la plate-forme flotte et il suffit de fournir, dans une première phase,
de pression locale, donc pas de détérioration des charges l’effort nécessaire à sa mise en vitesse, puis d’entretenir le
sustentées). Les essais à la Sté Bertin et Cie ont montré que l’on mouvement par un effort très limité.
pouvait obtenir des vitesses supérieures à 12 m/s pour des Le freinage de la plate-forme s’obtient par fermeture progressive
puissances installées inférieures à 0,3 kW/m pour des charges de la vanne, et son immobilisation par arrêt sur les pieds de repos.
linéaires de 75 kg/m avec des coefficients de translation inférieurs
à 1 %. On notera que, du fait du soulèvement de la charge par les
coussins, il est possible d’équiper certaines charges avec ceux-ci
sans avoir à les soulever, mais simplement en engageant sous leur
propre châssis des coussins dont l’encombrement est de l’ordre de
5.3 Exemples de réalisation 50 mm en l’absence d’alimentation. Les coussins précédemment
décrits permettent par le réglage des pertes de charges de varier à
5.3.1 Plates-formes modulaires volonté ce soulèvement. La figure 9 décrit un élément modulaire
commercialisé. De tels modules peuvent être adaptés directement
Il existe des plates-formes constituées de châssis équipés de sous une charge existante puisqu’ils possèdent leur propre châssis
coussins et de leur alimentation (tuyauterie d’arrivée, cols de et, en particulier, leurs propres pieds de repos. On remarquera qu’ils
distribution) qui permettent une utilisation rapide sur le site. Les peuvent aussi bien être reliés entre eux par des barres télescopiques
caractéristiques d’un module sont données par la figure 9. qu’être fixés rigidement et individuellement sur le bâti de la
Prenons l’exemple d’une machine de masse 4,5 t, de 2 m × 1,50 m plate-forme.
d’encombrement, que l’on souhaite translater sur une dizaine de On trouvera un grand intérêt dans ces plates-formes lorsqu’elles
mètres. sont sujettes à des utilisations diverses et non spécialisées.
La première opération consiste à choisir une plate-forme à
4 coussins avec l’écartement maximal de ceux-ci, et à centrer au
mieux la charge sur ce châssis. 5.3.2 Machines-outils équipées de coussins
de façon permanente
La deuxième opération consiste à s’assurer que le débit nécessaire
total peut être obtenu à une pression suffisante. Dans le doute, on
se servira d’un appareil à contrôle de débit, type Mesur-air (construit On prendra comme exemple la réalisation effectuée dans un atelier
par la Société SAPELEM), par exemple, qui permet d’obtenir la carac- de profilage à froid.
téristique d’alimentation par une opération très simple de lecture de Cette technique a été utilisée pour placer deux profileuses de
manomètre, différentes buses calibrées simulant la plate-forme. tôles alternativement suivant les demandes de fabrication au poste
de travail. Deux postes ont été équipés, soit quatre machines.
Les caractéristiques des profileuses sont les suivantes :
18 m × 2,75 m, masse 30 t.
Le déplacement se fait sur des chemins en tôles de faible épaisseur
(1 mm) posées simplement sur le sol. Chaque machine est équipée
de 16 coussins suspendus à effet de rotule du type ∅ 600 mm.
L’alimentation se fait à partir du réseau d’usine, la consommation
totale est de 80 litres/s soit 5 litres/s par coussin (ces débits sont
mesurés dans les conditions normales de température et de
pression : 273 K, 1,013 25 × 105 Pa) et l’effort de translation est
d’environ 400 N.
En plus des avantages connus du coussin d’air :
— grande facilité de translation (pour l’homme) ;
— douceur de translation (pour la charge) ;
— positionnement rigoureux de la charge ; immobilisation aisée
par simple arrêt de l’alimentation ;
— faible élévation ;
il convient de noter :
— faible élévation de la charge autorisant des hauteurs sous
plafond minimales ;
— aire banalisée laissant libre l’espace à tout autre système de
manutention.
D’une grande simplicité, cette technique permet une économie
importante du coût de l’installation.

5.3.3 Utilisation sur une table de travail

On prendra l’exemple de l’emploi du coussin alvéolaire dans une


fonderie.
Figure 9 – Caractéristiques de fonctionnement d’un module

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5.3.3.1 Exposé du problème


Les rouleaux, nécessaires au transfert des moules sur la table
d’une machine à tirer les noyaux, demandent un entretien
particulièrement fréquent nécessité par l’encrassement permanent
et important par le sable que dégorge le moule. En effet, cet encras-
sement progressif peut conduire à des efforts de manutention
prohibitifs pouvant amener l’arrêt momentané de la production.
Celui qui recherche des efforts de translation réduits est rapidement
conduit à penser aux coussins d’air pour lesquels le coefficient de
frottement est négligeable. Mais on est en droit de se poser un certain
nombre de questions quant à leur réelle efficacité dans des
conditions opérationnelles bien précises.
Ces questions concernent, en particulier, les points suivants :
— le comportement des coussins d’air en présence du sable ;
— l’incidence sur l’environnement ;
— la compatibilité de la présence des coussins sous le moule
lors de l’effort d’injection de la presse ;
— la possibilité de passer sans difficulté la fente nécessaire
entre les chaînes de transfert et la table élévatrice de la machine.
En effet, une fente a pour résultat, dans tous les cas, de produire
une fuite supplémentaire, et, en général, de mettre les coussins à
la masse, cela signifie que, n’étant plus sous pression, le coussin
ne porte plus ;
— le prix à payer pour la consommation d’air et l’entretien de
façon à obtenir une translation sans effort prohibitif, celle-ci étant
en général manuelle. Ce dernier point est en totale dépendance Figure 10 – Machine à tirer les noyaux, équipée de rouleaux
avec ceux soulevés ci-dessus.

5.3.3.2 Réalisation Les charges que représentent les moules sont de 150 à 300 kg,
En fait, la réalisation de châssis sur coussins d’air apporte une et nécessitent un débit d’air de l’ordre de 30 litres/s dans les
réponse globale à toutes ces questions (figure 10). conditions normales de température et de pression. Il faut souligner
que ce débit aurait pu être réduit d’au moins 70 %, s’il n’y avait pas
Les rouleaux, équipant les chaînes d’alimentation et d’évacuation eu de passage de fente. Les efforts de translation sont négligeables
de la table élévatrice, ainsi que ceux de la table elle-même, ont été devant ceux provoqués par les forces d’inertie, c’est-à-dire devant
remplacés par de la tôle standard plane, telle que le passage entre l’effort nécessaire à la mise en vitesse du moule.
les chaînes et la table élévatrice ne soit que de quelques millimètres.
Le coussin d’air est intégré à un châssis de telle sorte qu’en Il est bon de signaler que ce même coussin d’air est capable, pour
sustentation par l’air, ce dernier n’ait aucun contact avec la tôle, alors des débits de l’ordre de 10 litres/s, de sustenter plus de 1 500 kg sans
qu’en absence de sustentation, il vient reposer sur des patins effet notable de frottement sur de la tôle.
suffisamment répartis pour que ceux-ci puissent reprendre l’effort On peut donc dire que, dans ce cas, le remplacement des rouleaux
de la presse sans que le coussin ne subisse de contraintes de est également assuré par un coussin d’air ne nécessitant qu’une
compression. Le coussin est unique, mais compartimenté pour en puissance relativement minime n’apportant aucune contrainte
assurer la stabilité statique. Une commande par bouton-poussoir d’environnement, assurant une translation facile, et ce en toute
assure l’alimentation du coussin en air, et par-là même, la levée des sécurité. De plus, le coussin d’air n’est gêné ni par la présence du
patins de repos et la sustentation autorisant un glissement sans sable, ni par la compression de la presse.
effort. La sécurité est assurée, car toute interruption de la pression
exercée sur le bouton-poussoir par le manutentionnaire provoque
l’arrêt de l’alimentation en air, donc de la sustentation, et un freinage 5.3.4 Positionnement précis
immédiat sur les patins de repos. de produits d’approvisionnement de machine
L’alimentation en air est assurée par le réseau d’usine, et la fuite
assurant la lubrification du coussin est de l’ordre du dixième de Dans un hall de production automobile, ce sont des plateaux
millimètre, si bien que l’énergie cinétique du jet est très rapidement équipés de 4 coussins alvéolaires qui supportent des piles de flancs
dégradée et suffit juste à assurer le nettoyage progressif de la voie de 5 t, souvent très décentrées sur ces plateaux. Par contre,
de glissement au fur et à mesure de l’avancement du moule. Le l’opération de centrage de l’ensemble sous le dépileur magnétique
coussin d’air évolue donc, en permanence, sur une tôle propre sans (§ 5.2) est manuelle avec un minimum d’effort et un maximum de
pour autant provoquer des projections de table inadmissibles. précision. L’épaisseur du plateau est, d’autre part, très faible (ordre
Le passage entre les tables de préparation et d’évacuation et la de 100 mm), ce qui permet un taux d’utilisation maximal. Le débit
table de la machine est assuré par une découpe en forme de V de utilisé est de l’ordre de 50 Normaux litres pour une charge de 5 t.
telle sorte que la fente, de l’ordre de 2 à 3 mm, n’intéresse que
progressivement le coussin d’air au cours de son déplacement.
D’autre part, grâce au compartimentage du coussin et aux 5.4 Coûts
alimentations aérodynamiquement séparées de chaque comparti-
ment, la sustentation des coussins, non intéressés par la fente, reste Le graphique de la figure 11 montre l’évolution du prix par coussin
suffisante pour assurer le bon fonctionnement de l’ensemble. en fonction du tonnage translaté. On remarquera que le prix à la
tonne diminue sensiblement avec le tonnage.

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Mais ce prix n’est pas suffisant pour faire un bilan économique


de l’utilisation du coussin d’air. En effet, il faut introduire le coût
d’investissement et le coût d’utilisation et d’entretien. Dans l’investis-
sement, il faut tenir compte du fait que les sols, s’ils doivent être
de bonne qualité, ne nécessitent aucun soubassement particulier dû
au fait de la répartition des charges. D’autre part, pour les charges
de masse moyenne (1 à 10 t) translatées manuellement, il n’y a pas
lieu de prévoir d’organe de traction ou de poussée. Dans le coût
d’utilisation, le fait de ne pas faire appel à un personnel spécialisé
de manutention, et la sauvegarde du matériel sensible par la douceur
de translation contrebalancent aisément la dépense d’énergie en air
comprimé.
Enfin, l’entretien est nul, l’usure inexistante sur une installation
bien étudiée et, en cas d’avarie accidentelle, le simple changement
du joint inférieur n’entraîne qu’une dépense minime.

Figure 11 – Coût d’équipement d’une plate-forme,


en fonction du tonnage (valeurs fin 1974)

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P
O
U
Coussin d’air R

E
par Francis CROIX-MARIE N
Ingénieur de l’École de l’Air
Chef du Département Effet de Sol à la Société BERTIN et Cie

S
Référence bibliographique
A
[1] CARRIÈRE (P.). – Méthodes théoriques d’étude
des écoulements supersoniques. Publications
V
Scientifiques et Techniques du ministère de
l’Air, Service Documentation Scientifique
Technique Armement (1964).
O
I
Constructeurs
R
France
Sté Bertin
SEDAM (Sté d’Étude et de Développement des Aéroglisseurs Marins)
Sté de l’Aérotrain
Grande-Bretagne
British Hovercraft Corp.
P
États-Unis
Air Float Corp.
L
Jet Stream System Co.
U
S
3 - 1975
Doc. B 1 190

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