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Le prophète Ézéchiel

La Bonne Nouvelle 1871 pages 106-110.


Ézéchiel, le troisième des grands prophètes, était fils de Buzi,
sacrificateur juif. Son nom signifie : « La force de Dieu ». Comme
son père, il exerçait la sacrificature à Jérusalem, quand il fut mis au
nombre de ceux qui furent emmenés par Nébucadnetsar en
Chaldée lors de la première déportation, quelques années avant la
destruction de Jérusalem. Parmi eux se trouvaient aussi le roi
Jéhoïakin et les principaux de Juda. Ézéchiel s’établit à Thel-Abib,
près du fleuve de Kebar, où il habita dans sa propre maison, et où
il vécut honoré au milieu de ses compatriotes. Il était marié et
demeurait là depuis cinq ans lorsque Dieu l’appela d’une manière
solennelle, dans une vision, à la charge de prophète et de
prédicateur qu’il exerça vingt-deux ans parmi ses frères captifs, et
néanmoins endurcis.
Dans cette vision Ézéchiel vit au-dessus d’une nuée et au-dessus
d’une étendue pareille à du cristal, le Seigneur dans sa gloire, assis
sur un trône éblouissant semblable à une pierre de saphir.
« Comme l’aspect de l’arc qui est dans la nuée en un jour de pluie,
tel était l’aspect de la splendeur tout autour. C’était là l’aspect de la
ressemblance de la gloire de l’Éternel. Et je vis, et je tombai sur ma
face, et j’entendis une voix qui parlait » (Ézéchiel 1:28). Dans les
versets qui précèdent celui-ci, vous trouverez les détails et
emblèmes majestueux qui complétaient cette remarquable vision,
et au chapitre 2 vous lirez que cette voix qui parlait et s’adressait à
lui dans le but de l’envoyer « vers les fils d’Israël, vers les nations,
les rebelles qui se sont rebellés contre moi » — « Et eux, soit qu’ils
écoutent, soit qu’ils n’en fassent rien, car ils sont une maison
rebelle, ils sauront qu’il y a eu un prophète au milieu d’eux » (v 3 et
5). Et l’Esprit anima le prophète et le releva sur ses pieds. Et, de
même que Jérémie qui prophétisait pendant ce temps à Jérusalem,
Ézéchiel mettait devant les yeux du peuple leurs péchés et leurs
iniquités à cause desquels Dieu ferait venir sur eux ses châtiments
les plus sévères, jusqu’à faire détruire la ville et le temple de
Jérusalem, dévaster le pays de Juda et le dépeupler entièrement.
Ainsi les prédications de ces deux prophètes contenaient la même
chose, avec cette différence qu’Ézéchiel était plus sévère encore
dans ses discours que Jérémie, comme aussi plus détaillé dans ses
récits prophétiques de la destruction de Jérusalem. Afin que ses
prédications fissent plus d’impression sur ses auditeurs, il reçut
l’ordre de les confirmer par des actes solennels et frappants. Mais,
comme à Jérusalem, il y avait à Babylone et sur les rives du Kebar
des faux prophètes qui induisaient le peuple en erreur par de
fausses promesses qu’on écoutait que trop volontiers ; mais lorsque
ceux de leurs compatriotes qui furent transportés les derniers du
pays de Juda arrivèrent en Chaldée, les premiers reconnurent qu’il
y avait effectivement un prophète de l’Éternel au milieu d’eux. Car
ils purent se convaincre par les lamentables récits de ces nouveaux
captifs que tout ce qu’Ézéchiel leur avait annoncé touchant la
destruction de Jérusalem était ponctuellement arrivé.
Dans la neuvième année de son exil, le prophète eut la douleur de
perdre sa femme ; et Dieu lui défendit d’en mener le deuil, afin que
cela fut encore pour le peuple un signe parmi tant d’autres.
En lisant le livre Ézéchiel, vous aurez peut-être été frappés de voir
que chaque fois que l’Éternel s’adresse à son serviteur, il l’appelle :
« Fils d’homme ». C’est aussi le titre donné à Christ considéré
comme rejeté et en dehors de son peuple, rejeté quant il vint ici-bas
comme Christ, l’Oint de Dieu ; et c’est sous le nom de « Fils de
l’Homme » que Christ agira en jugement. Ici, le prophète était rejeté
aussi bien que Dieu qui l’envoyait, et l’Éternel, en lui donnant ce
titre, le mettait sur le même pied, comme position, que Celui qui
devait venir plus tard, le Fils de Dieu, le Sauveur, après que tous
les autres moyens de ramener ce peuple endurci auraient été
vainement essayés.
Vous savez, chers lecteurs, qu’Israël avait été emmené captif en
Assyrie, et Juda dans le pays des Chaldéens. Néanmoins Ézéchiel
emploie souvent le nom général d’Israël en parlant de Juda : la
raison en est que la captivité avait placé la nation toute entière sous
un jugement commun et dans le même état.
Pour comprendre le livre d’Ézéchiel, il faut remarquer que les 48
chapitres dont il se compose forment quatre groupes assez
distincts :
1° Les 23 premiers chapitres renferment les témoignages de Dieu
et ses déclarations de jugement contre Israël en général, et contre
Jérusalem en particulier.
2° Dans les 10 chapitres suivants, nous trouvons les jugements
prononcés contre les nations environnantes.
3° Depuis le chapitre 34ème jusqu’au 39ème le prophète reprend le
sujet d’Israël, et annonce son rétablissement en grâce, à la fin, à
cause des promesses faites à leurs pères, et après qu’ils auront
passé par de terribles jugements. Peut-on lire promesse plus
consolante et plus encourageante que celle qui se trouvent au
chapitre 34 versets 11 à 16 : « Car, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Me voici, moi, et je rechercherai mes brebis, et j’en prendrai soin.
Comme un berger prend soin de son troupeau au jour où il est au
milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de mes
brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées
… et les amènerai dans leur terre ; et je les paîtrai sur les
montagnes d’Israël, auprès des ruisseaux et dans toutes les
habitations du pays ; je les ferai paître dans un bon pâturage, …
Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer… La
perdue, je la chercherai, et l’égarée, je la ramènerai, et la blessée,
je la banderai, et la malade, je la fortifierai ». Et au verset 23 : « Et
je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David :
lui les paîtra, et lui sera leur pasteur » (David : le Messie, fils de
David). D’autres magnifiques promesses touchant ce malheureux
peuple d’Israël se lisent aux chapitres 36:25-27, et 37:15-28, etc.
4° Enfin les chapitres 40 à 48 nous donnent la division future du
pays entre les tribus, et la description du temple tel qu’il sera rebâti,
quand Christ reviendra sur la terre établir son règne de mille ans
(millénium). La ville aussi sera reconstruite et son nom sera
L’ÉTERNEL EST LÀ.
Ce qui ressort pour vous de ce beau livre qui nous a occupé
aujourd’hui, c’est le tableau qu’il présente de la longanimité, de la
miséricorde, de la grâce, de l’amour de Dieu envers son peuple
rebelle et désobéissant, grâces qui s’exercent aussi pour vous.
Vous aussi comme tout homme vous êtes, par nature, rebelles et
désobéissants parce que le péché habite en vous. Mais Dieu est
lent à la colère, et grand en bonté ; et bienheureux êtes-vous si vous
avez déjà répondu aux appels réitérés de sa grâce, de cette grâce
qui nous met à l’abri du jugement ! Ah ! Que ceux d’entre vous qui
demeurent encore éloignés, se hâtent d’aller tels qu’ils sont au
Sauveur, pendant que dure la patience de Dieu, afin d’avoir, vous
aussi part aux promesses bien plus excellentes que celles faites à
Israël, lesquelles sont notre partage par la foi. Israël sera témoin de
la gloire du Seigneur Jésus et l’adorera comme Roi : le lot béni des
croyants sera d’être avec Christ, et les objet de sa gloire ; d’être
cohéritiers avec Lui ; et nous qui croyons, nous l’adorerons
éternellement comme l’Agneau qui a été immolé, et qui nous a lavés
dans son sang ; et après avoir été ici-bas des monuments de la
grâce de Dieu, nous aurons l’inexprimable privilège d’être à jamais
des monuments de sa gloire. Chers lecteurs, que ce soit pour
chacun de vous, par la foi, votre glorieux partage !
Études sur la Parole de Dieu
ÉZÉCHIEL
par J.N. Darby

Table des matières abrégée :


0 - [Introduction]
1 - [Chapitres 1-8 — Première prophétie déclarant le jugement
exécuté sur le peuple terrestre de Dieu]
2 - [Chapitres 8-19 — Deuxième prophétie : Année 6, Mois 6, Jour
5]
3 - [Chapitres 20-23 — Troisième prophétie : Année 7, Mois 5, Jour
10]
4 - [Chapitres 24-32 — Jugement des nations environnantes]
5 - [Chapitres 33-39 — Jugement et restauration d’Israël à la fin]
6 - [Chapitres 40 à 48 — Établissement du nouveau temple]

Tables des matières détaillée :


0 - [Introduction]
0.1 - [Circonstances différentes de Jérémie, Ézéchiel étant captif
avant la destruction de Jérusalem]
0.2 - [Plan du livre]
1 - [Chapitres 1-8 — Première prophétie déclarant le jugement
exécuté sur le peuple terrestre de Dieu]
1.1 - [Chapitre 1 — Vision du trône universel de Dieu]
1.1.1 - [Année 30, Mois 4, Jour 5 — Année 5 Jour 5]
1.1.2 - [Attributs de Dieu comme supports du trône, tout étant mû
par la volonté divine]
1.2 - [Chapitre 2 — Communications de Dieu au peuple rejeté, par
Son prophète]
1.2.1 - [Dieu parle à un fils d’homme, sans plus de lien avec le
peuple]
1.2.2 - [Témoignage du prophète à un peuple rebelle, jugé par Dieu]
1.3 - [Chapitre 3 — Principes des relations de Dieu avec Israël
rebelle]
1.3.1 - [Différence d’avec Jérémie : Ézéchiel s’adresse à un peuple
rebelle, rejeté de Dieu]
1.3.2 - [Endurcissement du peuple et avertissement des individus
par le prophète]
1.4 - [Chapitre 4 — Compte des années d’iniquité du peuple ayant
amené le jugement]
1.4.1 - [Jugement figuré sur Israël et Juda, tout le peuple étant
compris dans ce même nom]
1.4.2 - [Signification du compte des années, et manifestation du
péché d’Israël depuis le début du royaume]
1.5 - [Chapitres 5-6 — Jugement sur Jérusalem et Israël, et petit
résidu épargné]
1.6 - [Chapitre 7 — Jugement final sur tout Israël et sa terre, sans
remède]
1.6.1 - [Sentence de Dieu sur tout le pays d’Israël et jugement du
mal dans le peuple]
1.6.2 - [Jugement sur tout le peuple, comme seul témoignage rendu
à Dieu]
2 - [Chapitres 8-19 — Deuxième prophétie : Année 6, Mois 6, Jour
5]
2.1 - [Chap. 8-11 — Jugement de l’état de choses à Jérusalem]
2.1.1 - [Chap. 8 — L’Éternel montre toutes les abominations du
peuple, causes du jugement]
2.1.2 - [Chap. 9 — Exécution de la vengeance de l’Éternel sur le
peuple, sauf le résidu]
2.1.3 - [Chap. 10 — L’Éternel est sur le seuil de sa maison pour
diriger le jugement]
2.1.4 - [Chap. 11 — Jugement final sur Jérusalem et le peuple
méchant]
2.1.4.1 - [ch. 11 v. 1-21 — Jugement des méchants à Jérusalem et
promesses pour les captifs]
2.1.4.2 - [ch. 11 v. 22-25 — La gloire de l’Éternel quitte Jérusalem]
2.2 - [Chapitre 12 — Fuite et capture de Sédécias, et jugement
prochain du peuple]
2.3 - [Chapitre 13 — Jugement des faux prophètes annonçant la
paix]
2.4 - [Chapitre 14 — Principes de gouvernement de Dieu sur les
méchants et les justes]
2.5 - [Chapitre 15 — Jérusalem comparée à un cep sans fruit, inutile
et consumé au feu]
2.6 - [Chapitre 16 — Voies de Dieu envers Jérusalem et ses sœurs]
2.7 - [Chapitre 17 — Jugement sur Sédécias, rompant l’alliance faite
avec Nebucadnetsar]
2.8 - [Chapitre 18 — Le jugement de chacun est selon sa propre
conduite]
2.9 - [Chapitre 19 — Captivité et affaiblissement des fils de David]
3 - [Chapitres 20-23 — Troisième prophétie : Année 7, Mois 5, Jour
10]
3.1 - [Chapitre 20 — Idolâtrie d’Israël tout au long de son histoire
comme peuple]
3.1.1 - [Actions de Dieu pour Israël depuis l’Égypte, et eux se
détournant de Lui]
3.1.2 - [Jugement des dix tribus et de la nation dans son entier]
3.1.3 - [Jugement du peuple d’Israël et de Juda séparément]
3.2 - [Chapitre 21 — Application du jugement précédent par
Nebucadnetsar]
3.2.1 - [Jugement définitif par l’épée de Nebucadnetsar,
commencement du temps des gentils]
3.2.2 - [Gouvernement de Dieu au milieu d’Israël, rebelle dès le
commencement]
3.2.3 - [Souveraineté de la grâce divine pour bénir, basée sur
l’œuvre de la croix]
3.3 - [Chapitre 22 — Récapitulatif du péché de Jérusalem, partagé
par tous]
3.4 - [Chapitre 23 — Prostitution de Jérusalem et de Samarie,
justifiant le jugement]
4 - [Chapitres 24-32 — Jugement des nations environnantes]
4.1 - [Chapitre 24 — Jugement définitif sur Jérusalem, pour tout
consumer, Année 9, Mois 10, Jour 10]
4.2 - [Chapitre 25 — Jugement des nations voisines se réjouissant
de la destruction de Jérusalem]
4.3 - [Chapitres 26-28 — Jugement de Tyr, Année 11, Jour1]
4.3.1 - [Ch. 26 — Tyr jugé comme se réjouissant de la chute
matérielle du peuple de Dieu]
4.3.2 - [Ch. 27 — Tyr, image du monde et de ses richesses, est
renversée]
4.3.3 - [Ch. 28 — Jugement du prince et du roi de Tyr, image de
Satan]
4.3.3.1 - [Le prince, homme élevé chef de la gloire du monde, et le
roi, position du monde en relation avec Dieu]
4.3.3.2 - [Caractères du roi de Tyr, ennemi de Dieu]
4.4 - [Chapitres 29-32 — Jugement de l’Égypte, révélé en trois
périodes]
4.4.1 - [Dieu renverse tous les puissants de la terre pour donner la
domination à Nebucadnetsar]
4.4.2 - [Découpage en trois prophéties distinctes, à différentes
dates]
4.5 - [Caractères des différentes prophéties sur les nations]
4.5.1 - [Exécution du jugement par Nebucadnetsar pour nettoyer la
terre d’Israël]
4.5.2 - [Délivrance d’Israël après le jugement du système du monde]
4.5.3 - [Deux moyens de faire connaître l’Éternel : par jugement et
par prophétie]
4.5.3.1 - [Jugement des nations pour leur faire connaître l’Éternel]
4.5.3.2 - [Jugement particulier d’Édom, sans bénédiction qui suivra]
4.5.3.3 - [Destruction entière d’Édom, haïssant le peuple de Dieu]
4.5.4 - [Jugement complet de la gloire et de l’orgueil de l’homme]
5 - [Chapitres 33-39 — Jugement et restauration d’Israël à la fin]
5.1 - [Chapitre 33 — Conduite individuelle au milieu d’un peuple
jugé par Dieu]
5.2 - [Chapitre 34 — L’Éternel délivre les brebis de son peuple de
leurs mauvais pasteurs]
5.2.1 - [Résumé des chap. 33-39, en rapport avec les relations entre
l’Éternel et son peuple]
5.3 - [Chapitre 35 — Condamnation d’Édom à la désolation]
5.4 - [Chapitre 36 — Renouvellement d’Israël rétabli dans sa terre]
5.4.1 - [Bénédiction d’Israël ramené dans son pays par l’Éternel]
5.4.2 - [Passage présenté à Nicodème en Jean 3 sur la nécessité
de la régénération]
5.4.3 - [Ézéchiel considère seulement Israël devant l’Éternel,
omettant le temps des Gentils]
5.5 - [Chapitre 37 — Pleine bénédiction nationale d’Israël, fait un
seul peuple]
5.6 - [Chapitres 38-39 — Dieu se fait connaître par le jugement de
Gog, en faveur de Son peuple]
5.6.1 - [Gog veut s’emparer du pays, ne craignant pas l’Éternel qui
y est]
5.6.2 - [Ézéchiel ne présente ni les venues de Christ, ni les empires
des Gentils]
5.6.3 - [Sujets distincts des chap. 36, 37 et 38-39, présentant la
bénédiction d’Israël]
5.6.4 - [Gog est la fin des voies de Dieu envers Israël, le jugement
final avant la bénédiction]
5.6.5 - [Gouvernement terrestre de Dieu pour manifester Son
caractère]
5.6.6 - [Invasion de Gog, roi du nord, en Israël, la venue de Christ
étant omise]
5.6.7 - [Christ doit d’abord régner comme David, les ennemis du
peuple étant encore présents]
5.6.8 - [Dieu se fait connaître à tous en Israël, par le jugement de
Gog]
6 - [Chapitres 40 à 48 — Établissement du nouveau temple]
6.1 - [Chapitres 40-43 — Révélation du nouveau temple et gloire qui
le remplit]
6.1.1 - [Description du temple témoignant de la pensée divine, pour
Israël]
6.1.2 - [ch. 43 v. 7-27 — Habitation de Dieu au milieu d’un peuple
repentant et purifié]
6.2 - [Chapitre 44 — Sainteté de la maison de Dieu au milieu de
Son peuple terrestre]
6.3 - [Chapitre 45 — Ordonnances pour le pays, pour les offrandes
et pour les fêtes]
6.3.1 - [ch. 45 v. 1-17 — Répartition du pays et provision pour les
différentes offrandes]
6.3.2 - [Ordonnance des fêtes modifiée pour l’époque milléniale]
6.3.3 - [La Pâque et la fête des tabernacles caractérisent la position
d’Israël]
6.4 - [Chapitre 46 — Adoration du prince et du peuple, et fêtes liées
au culte]
6.4.1 - [ch. 46 v. 1-7 — Sabbat et nouvelle lune, et adoration du
prince et du peuple ces jours-là]
6.4.2 - [ch. 46 v. 8-18 — Ordonnances pour le prince au milieu du
peuple de Dieu]
6.5 - [Chapitres 47-48 — Bénédiction future du peuple rétabli dans
son pays]
6.5.1 - [Bénédiction abondante du jour futur, quoique non parfaite,
et partage du pays]
6.5.2 - [Rétablissement d’Israël dans une bénédiction analogue au
paradis]
6.5.3 - [Le caractère de la ville, c’est que l’Éternel y est]
0 - [Introduction]
0.1 - [Circonstances différentes de Jérémie, Ézéchiel étant
captif avant la destruction de Jérusalem]
Dans la prophétie d’Ézéchiel, il ne s’agit plus des circonstances
touchantes qui nous ont occupés dans le livre de Jérémie : nous
sommes sur un autre terrain. Jérémie se trouvait dans la ville
coupable sur laquelle le jugement était suspendu, et il était opprimé
sous le poids du mal qui avait amené la ruine, rendant un
témoignage qui, selon l’apparence, n’avait aucun résultat, quand
même dans le chagrin personnel de son cœur, selon la mesure
humaine, ce témoignage maintenait la gloire de Dieu. [1:2] Ézéchiel
avait été emmené captif avec le roi Jehoïakin ; [1:1] au moins il
faisait partie des captifs de cette époque, et c’est de cette époque
qu’il date habituellement ses prophéties, chose importante à
remarquer pour l’intelligence des révélations qui lui ont été
accordées. Il ne s’agit plus pour lui de date qui se rapporte à l’année
d’un règne, soit d’un roi de Juda, soit d’un roi d’Israël. Le peuple de
Dieu est captif parmi les gentils, Israël est considéré comme un tout,
les intérêts de tout le peuple sont en scène. En même temps, la
prise de Jérusalem sous Sédécias n’avait pas encore eu lieu,
circonstance qui fournit au prophète l’occasion de révéler l’iniquité
du roi, iniquité à laquelle Sédécias avait mis le comble par sa
rébellion ; car Nebucadnetsar avait attaché de la valeur au serment
fait au nom de l’Éternel ; il avait compté sur le respect dû à ce nom,
et Sédécias n’en a pas tenu compte [(17:18)].
0.2 - [Plan du livre]
Ainsi, les vingt-trois premiers chapitres contiennent les
témoignages de Dieu contre Israël en général, et contre Jérusalem
en particulier. Après cela, les nations environnantes sont jugées.
Ensuite, en commençant au chapitre 33, le prophète reprend le
sujet d’Israël, en annonçant sa restauration aussi bien que son
jugement. Enfin, depuis le chapitre 40 jusqu’à la fin, nous trouvons
la description du temple et la division de la terre.
1 - [Chapitres 1-8 — Première prophétie
déclarant le jugement exécuté sur le
peuple terrestre de Dieu]
1.1 - [Chapitre 1 — Vision du trône universel de Dieu]
1.1.1 - [Année 30, Mois 4, Jour 5 — Année 5 Jour 5]
[1:1] Au premier chapitre, nous rencontrons une date qui se
rapporte à l’année de la Pâque de Josias ; mais dans quel but ? Je
ne saurais le dire. On a pensé que les trente ans se rapportent au
jubilé : c’est sur quoi je n’ose pas me prononcer. Mais d’autres
circonstances mentionnées ici sont bien importantes.
1.1.2 - [Attributs de Dieu comme supports du trône, tout
étant mû par la volonté divine]
Le trône de Dieu n’est pas vu à Jérusalem, mais indépendamment
de cette ville et en dehors d’elle : C’est le trône souverain et
universel de Dieu. Dieu juge la ville même de dessus ce trône. La
prophétie commence par la description de ce trône. [1:5] Nous y
découvrons les attributs de Dieu, comme supports de ce trône,
[1:10] sous la ressemblance des quatre catégories des êtres créés
sur la terre, les quatre étant réunies en un, les quatre chefs au moins
de ces catégories. Ce sont à peu près les signes employés par les
païens inventeurs de l’idolâtrie, pour figurer leurs dieux. L’idolâtrie
formelle a commencé par une personnification figurée des attributs
de Dieu. Ces attributs sont devenus leurs dieux, les démons
poussant les hommes à adorer ces dieux, et les gouvernant par ce
moyen, de sorte que c’étaient ces démons que les hommes
adoraient. Ce culte a bientôt dégénéré, au point qu’on a trouvé des
dieux partout où il y avait quelque chose à souhaiter, ou à craindre,
ou qui répondait aux convoitises qui inspiraient ces souhaits ou
faisaient éprouver ces craintes, sentiments que le démon cultivait
pour s’approprier le culte dû à Dieu seul. Or, ces attributs
appartiennent au seul Dieu créateur et chef de toute créature ;
[1:26] mais, dans la vision du prophète comme dans le fait, ils ne
sont, quelle que soit leur puissance ou leur gloire dans leur exercice,
que les soutiens du trône sur lequel le Dieu de vérité s’assied (*).
C’est la puissante énergie de Dieu qui se manifeste, quels que
soient d’ailleurs les instruments qu’ils emploie : l’intelligence, la
force, la stabilité, et la rapidité en jugement. [1:21] Avec cela, le
mouvement de tout le cours des événements terrestres dépendait
du trône. Cette énergie vivante animait le tout. Elle mettait en
mouvement les chérubins, soutiens du trône, pleins d’yeux eux-
mêmes ; les roues du gouvernement de Dieu allaient chacune droit
devant soi, mues par le même Esprit. Tout dépendait de la volonté
et du propos de Celui qui, assis sur le trône, jugeait en justice. La
majesté, le gouvernement, et la providence s’unissaient pour former
le trône de sa gloire. [1:22] Mais tous les instruments de sa gloire
étaient au-dessous du firmament ; Celui qui était glorifié était au-
dessus. C’est Celui que les païens ignoraient.
(*) Les érudits incrédules, qui, ignorant Dieu, sont toujours
bien pauvres dans leurs conceptions, attribuent l’origine de la
vision d’Ézéchiel aux taureaux et aux lions de Ninive avec leurs
têtes humaines et leurs ailes. Ils se trahissent eux-mêmes. Ils
ne voient ni ne connaissent Celui qui était assis au-dessus de
ces animaux. Je ne doute pas un instant que, essentiellement,
ces images ne représentent la même chose que les chérubins ;
mais les pauvres païens, comme les incrédules dans leur
prétendue sagesse, étaient entraînés par Satan, et ils adoraient
ce qui était au-dessous du firmament. Dans la vision
d’Ézéchiel, les chérubins n’étaient que des attributs
symboliques, et Celui qui était l’objet de l’adoration était au-
dessus du firmament. Voilà précisément la différence, sous ce
rapport, entre l’idolâtrie et la révélation de Dieu.
1.2 - [Chapitre 2 — Communications de Dieu au peuple
rejeté, par Son prophète]
1.2.1 - [Dieu parle à un fils d’homme, sans plus de lien
avec le peuple]
[1:3] Ce trône du Seigneur Dieu, suprême et souverain sur tout, est
vu en Chaldée (*), là où était le prophète, parmi les gentils ; mais il
n’est plus vu en rapport avec la terre à Jérusalem. Nous n’avons
non plus aucune loi incorporée, pour ainsi dire, dans le trône,
d’après laquelle un gouvernement est exercé sans intermédiaire.
[1:28] La voix de Dieu s’adresse, par conséquent, à Ézéchiel [2:1]
comme à un fils de l’homme, titre qui convenait au témoignage d’un
Dieu qui parlait en dehors de son peuple, comme n’étant plus au
milieu de lui, et qui au contraire le jugeait du haut de son trône
souverain. C’est le titre de Christ lui-même considéré comme rejeté
et en dehors d’Israël, quoiqu’il ne cesse de penser à la bénédiction
du peuple, en grâce. Il met le prophète en rapport avec la position
de Christ lui-même. Jésus, ainsi rejeté, ne voulait plus être appelé,
par ses disciples, le Christ (Luc 9 [v. 21-22]), car le Fils de
l’homme devait souffrir (**).
(*) J’entends simplement, dans les limites de l’Empire des
Chaldéens. C’était sur le fleuve Kebar qui est plus au nord-
ouest de la Mésopotamie.
(**) Cette distinction, basée sur les Ps. 2 et 8, est toujours
maintenue avec soin. Comp. Nathanaël, Jean 1.
1.2.2 - [Témoignage du prophète à un peuple rebelle, jugé
par Dieu]
La même chose a lieu dans le cas d’Ézéchiel, quant à ses relations
prophétiques dans son témoignage et son exemple. Dieu est rejeté,
son prophète prend cette place avec le trône pour juger la nation
entière, et Jérusalem en particulier, tout en annonçant (à la foi) leur
rétablissement en grâce. [2:3] Il est envoyé de la part de l’Éternel, à
un peuple rebelle, [2:4] pour lui dire : l’Éternel a parlé. [2:5] Soit
qu’ils écoutassent, soit qu’ils fermassent l’oreille, le jugement ferait
savoir qu’un prophète avait été là. [2:10] Son premier témoignage
se compose de lamentations, de regrets, et de malédictions. [3:3]
Toutefois, la communication de la parole de Dieu est toujours pleine
de douceur, considérée comme révélation de sa part, et comme
ayant lieu entre Dieu et l’homme (ch. 2).
1.3 - [Chapitre 3 — Principes des relations de Dieu avec
Israël rebelle]
1.3.1 - [Différence d’avec Jérémie : Ézéchiel s’adresse à
un peuple rebelle, rejeté de Dieu]
Quelques principes importants, dans les relations de Dieu avec
Israël, se développent au chapitre 3. Mais nous avons encore à
remarquer un trait qui caractérise le livre d’Ézéchiel en le comparant
avec Jérémie. Ce dernier prophète s’adresse immédiatement à ses
contemporains, c’est-à-dire au peuple de Dieu, dans un témoignage
qui, se frayant un passage à travers le cœur écrasé et blessé du
prophète, expose la patience merveilleuse de Dieu, invitant
jusqu’au dernier moment son peuple à la repentance. Il n’en est pas
ainsi avec Ézéchiel. Il annonce ce qui rendait nécessaire le
jugement. [3:7] Il est en effet envoyé à Israël, mais à Israël dans une
condition d’endurcissement. [3:26] Sa bouche est fermée quant au
peuple, qu’il ne devait pas réprimander. [3:27] Il peut lui
communiquer, à un moment convenable, certaines déclarations de
la part de l’Éternel, qui lui ouvre la bouche pour qu’il fasse
comprendre au peuple qu’il y a au milieu de lui un prophète ; mais
lui-même ne s’adresse ni directement, ni moralement, au peuple,
comme étant l’objet actuel des voies de Dieu. L’Éternel lui révèle
les iniquités qui l’avaient obligé à rejeter son peuple, et à ne plus
agir envers lui, comme avec un peuple reconnu par Lui, selon les
principes de gouvernement qu’il avait lui-même établis. Cette
prophétie renferme un exposé divin de la conduite d’Israël à
l’occasion de la rupture des relations de Dieu avec son peuple et,
en même temps, c’est la révélation de certains nouveaux principes
de conduite. Je parle de cette partie de la prophétie qui se rapporte
à Israël ; car on y trouve aussi divers jugements sur les gentils, ainsi
qu’une description de l’état du pays et du temple dans les temps à
venir, état que le prophète devait communiquer à Israël, si ce
dernier se repentait.
1.3.2 - [Endurcissement du peuple et avertissement des
individus par le prophète]
Au chapitre 3, l’Éternel rend témoignage que [3:6-7] ce peuple est
plus endurci qu’aucune des nations païennes. Il est effronté et d’un
cœur obstiné. [3:9] Ézéchiel a dû avoir son front rendu semblable à
un diamant pour lui porter la parole, [3:11] qu’il devait annoncer en
disant que l’Éternel avait parlé, qu’ils l’écoutassent ou qu’ils n’en
fissent rien. [3:14-15] Le prophète est transporté par la puissance
de l’Esprit au milieu des captifs à Thel-Abib. Or, quoique la maison
d’Israël fût obstinée, Dieu distinguait un résidu, et voici comment.
[3:17] Le prophète devait avertir les individus. Il était établi pour
cela. [3:21] Si sa parole était reçue, celui qui l’écoutait serait
épargné. [3:18-19] Ézéchiel serait responsable de
l’accomplissement de cette fonction, mais chacun subirait la
conséquence de sa conduite après avoir entendu la parole. Le
peuple n’était donc plus jugé comme un tout, son état étant
considéré comme un ensemble qui dépendait de la conduite
publique de la nation ou du roi. Israël était rebelle, [3:21] mais
encore celui qui écoutait la parole vivrait. Dieu agissait selon sa
patiente grâce. [3:23] Le prophète voit encore seul la gloire de
l’Éternel, [3:25] et l’Esprit lui annonce qu’il ne sortirait pas pour
entrer au milieu du peuple, et qu’il serait lié dans sa maison, [3:26]
que Dieu lui ferait tenir sa langue à son palais, car c’était un peuple
obstiné, et, comme peuple, l’avertissement ne lui serait pas donné,
[3:27] sauf à Dieu, à ouvrir la bouche du prophète qui devrait parler
au peuple de haut en bas, annoncer la parole de l’Éternel, et celui
qui écouterait, écouterait. L’Éternel ne plaiderait plus en affection,
ainsi qu’il l’avait fait.
1.4 - [Chapitre 4 — Compte des années d’iniquité du
peuple ayant amené le jugement]
1.4.1 - [Jugement figuré sur Israël et Juda, tout le peuple
étant compris dans ce même nom]
Au chapitre 4, outre le jugement général que Dieu prononçait sur
l’état d’Israël, Jérusalem, sur laquelle pesait toute l’iniquité du
peuple maintenant venue à son comble, se présentait aux yeux du
Dieu qu’elle avait méprisé. [4:3] Le prophète, en l’assiégeant
figurément, [4:5] a dû signaler les années d’iniquité qui amenaient
ce jugement. Pour Israël en général 390 ans, [4:6] pour Juda 40. Il
est certain que ces dates ne se rapportent pas à la durée du
royaume d’Israël séparé de Juda et puis à celle de Juda, parce que
le royaume d’Israël n’a duré que 254 ans, à peu près, et Juda,
depuis la chute de Samarie, à peu près 134. Il semblerait que la
période indiquée est calculée à dater de la séparation des dix tribus
sous Jéroboam, en comptant les années d’Israël, parce que Israël,
dès ce moment, a eu une existence à part, tandis que Juda était
tout, pendant le règne de Salomon qui a duré 40 ans. Après son
règne, Juda serait compris dans le nom général d’Israël, selon
l’habitude d’Ézéchiel, quoiqu’il distingue les deux royaumes dans
certaines occasions, à cause de la position de Sédécias et des
voies de Dieu dans les temps à venir. La raison de l’emploi de ce
nom d’Israël pour tous est assez évidente, savoir, que la captivité
avait placé la nation tout entière sous un jugement commun et dans
le même état, Israël étant le nom du peuple dans son ensemble.
Celui-ci était mis de côté, et un royaume gentil était établi. Juda est
quelquefois distingué d’Israël, parce qu’il y avait encore un résidu à
Jérusalem (résidu jugé plus sévèrement, il est vrai, que la masse,
mais qui existait néanmoins), et qu’aux derniers jours, il y aura des
circonstances distinctes dans son histoire. La même chose arrive
dans le Nouveau Testament. Les douze tribus sont confondues
dans le langage des apôtres, cependant les Juifs, c’est-à-dire ceux
de Juda, sont constamment distingués historiquement. Au fond,
Ézéchiel prophétisait dans les mêmes circonstances. De là, en
partie, comme nous l’avons vu, son titre de « fils de l’homme »,
donné aussi à Daniel, ainsi que celui de « homme bien aimé ».
L’homme de puissance était Nebucadnetsar, mais celui qui, par
l’Esprit, représentait sa race devant Dieu était un Ézéchiel, ainsi que
l’homme de désirs était un Daniel, un homme aimé de Dieu.
1.4.2 - [Signification du compte des années, et
manifestation du péché d’Israël depuis le début du
royaume]
Il est certain, à l’égard de la date, que les 390 ans font à peu près
la durée d’Israël depuis la mort de Salomon jusqu’à la destruction
du temple. Quelques personnes ont voulu compter les 40 ans de
Juda, depuis la Pâque de Josias jusqu’à la même époque, en
supposant que la destruction du temple par Nebucadnetsar, ait eu
lieu 4 ou 5 ans après la captivité de Sédécias ; mais il n’en est rien :
ce fut la même année, mais un mois plus tard (2 Rois 24:12).
Jehoïakin est mené captif la 8éme année de Nebucadnetsar.
Sédécias a régné 11 ans (Jér. 52:1-8). Dans la 19ème année de
Nebucadnetsar, Nebuzaradan a brûlé la maison de l’Éternel (v. 13),
et, en lisant depuis le verset 6, on voit bien que ce fut un mois après
que Sédécias eut été pris, mais la même année. En prenant les 40
ans de Juda pour le règne de Salomon, cela reviendrait à dire
qu’Israël n’avait fait que pécher depuis l’établissement du royaume.
Car, ce n’est qu’avec Salomon qu’il y a eu un établissement paisible
de la royauté. David a fondé le royaume, la responsabilité de sa
famille a commencé avec Salomon (2 Sam. 7).
1.5 - [Chapitres 5-6 — Jugement sur Jérusalem et Israël, et
petit résidu épargné]
[5:2] Suivant la révélation donnée à Ézéchiel, Jérusalem est prise
et la population en est presque détruite ; le résidu se voit dispersé
et poursuivi par l’épée ; [5:3] une partie seulement de ce résidu est
enfin épargnée, [5:4] et de cette partie encore il y en aurait qui
seraient jetés dans le feu (*), feu qui s’étendrait à toute la maison
d’Israël : en d’autres termes, le jugement qui tomberait sur le résidu
qui ne périrait pas dans la ville, définirait la position de toute la
maison d’Israël. C’est ainsi que le prophète est amené
constamment à parler de tout Israël, car aussi longtemps qu’il y
avait un résidu à Jérusalem, la nation avait une place sur la terre,
mais lorsque l’inique rébellion de Sédécias a amené la destruction
de Jérusalem, elle a cessé d’en avoir. Ce jugement de Jérusalem a
des éléments bien importants pour l’intelligence de toute cette partie
de l’histoire du peuple et des voies de Dieu. C’est ici Jérusalem, dit
l’Éternel ; je l’ai posée au milieu des nations, et, autour d’elle des
pays (ch. 5:5). Or, au lieu d’être un témoin au milieu de ces nations,
de sorte que la maison de l’Éternel aurait pu ou dû les attirer au
moins, en les plaçant sous la responsabilité d’y monter, elle avait
été loin de rendre un vrai témoignage au Dieu qui y demeurait. [5:7]
Bien plus, ses habitants avaient dépassé en méchanceté les
nations idolâtres. [5:8] C’est pourquoi Dieu exécuterait des
jugements au milieu d’elle, à la vue des nations, juste rétribution de
ses péchés. [5:14] Jérusalem aussi serait mise en désert et en
opprobre parmi les nations qui étaient autour d’elle. De plus, le
jugement (ch. 6) ne serait pas limité à Jérusalem, [6:3] il serait
exécuté sur tous les hauts lieux, sur toutes les montagnes d’Israël.
[6:6] Toutes les villes seraient désertes, toutes leurs idoles
détruites, [6:8] et le peuple dispersé. [6:10] Il saurait que ce n’était
pas en vain que l’Éternel l’avait menacé de ces jugements. [6:12]
Le feu atteindrait ceux qui seraient loin, comme ceux qui seraient
près : [6:14] le pays serait en désolation, [6:13] et les adorateurs
des idoles, tués autour de leurs dieux infâmes. [6:8] Toutefois, Dieu
se souviendrait de sa miséricorde, au milieu des jugements, et il
épargnerait un petit résidu de ceux qui seraient dispersés, [6:9] et
ceux qui échapperaient seraient en horreur à eux-mêmes, à cause
des abominations dont ils auraient été coupables. Jérusalem avait
été maintenant jugée, ainsi que les montagnes d’Israël, trop
fameuses par leurs idoles et leurs hauts lieux.
(*) C’est ainsi que je comprends ce passage ; la traduction
française pourrait faire supposer qu’il s’agit de cheveux jetés
au feu ; mais le prénom hébreu est au singulier et est masculin
aussi bien que féminin.
1.6 - [Chapitre 7 — Jugement final sur tout Israël et sa
terre, sans remède]
1.6.1 - [Sentence de Dieu sur tout le pays d’Israël et
jugement du mal dans le peuple]
[7:2] Enfin, chapitre 7, toute la terre d’Israël est sous la sentence de
Dieu, les quatre coins de la terre. [7:16] Ceux qui échapperaient au
jugement universel se lamenteraient, isolés sur les montagnes,
ayant tout abandonné, [7:17] n’ayant eu aucune force pour résister.
[7:24] Les plus mauvaises des nations posséderaient le pays, [7:20]
et l’ornement de la majesté de l’Éternel, qu’il avait établi en gloire,
ayant été profané par les abominations d’Israël, [7:21] serait livré à
la profanation, et abandonné aux mains des étrangers. [7:22] Le lieu
secret de sa sainteté serait violé. [7:26] Malheur viendrait sur
malheur, et il n’y aurait point de remède. L’Éternel jugerait le peuple
selon qu’il avait mérité.
1.6.2 - [Jugement sur tout le peuple, comme seul
témoignage rendu à Dieu]
Le jugement solennel était ainsi prononcé sur le peuple tout entier.
Tout est mis en désolation, et à l’égard des relations d’Israël avec
Dieu, soit en ce qui concernait le peuple lui-même immédiatement,
soit par le moyen de la famille de David, responsable du maintien
de ces relations : tout était finalement perdu. La grâce pouvait
encore agir, mais le peuple et la maison de David avaient totalement
manqué, le nom de Dieu avait été blasphémé par le moyen de son
peuple, au lieu d’être glorifié. Le jugement exécuté est le seul
témoignage qui soit rendu à ce nom. [7:2] Le jugement complet est
arrivé, il est sur les quatre coins de la terre, et Israël n’est plus une
nation. Quelle pensée solennelle, que le jugement dût être le seul
témoignage qui pût être rendu à Dieu ! Ce chapitre 7 clôt cette
première prophétie, prophétie qui est d’une vaste importance, en
tant que déclarant le jugement pleinement exécuté sur le peuple de
Dieu sur la terre.

2 - [Chapitres 8-19 — Deuxième


prophétie : Année 6, Mois 6, Jour 5]
2.1 - [Chap. 8-11 — Jugement de l’état de choses à
Jérusalem]
2.1.1 - [Chap. 8 — L’Éternel montre toutes les
abominations du peuple, causes du jugement]
Le chapitre 8 commence une nouvelle prophétie, qui embrasse
plusieurs révélations distinctes et qui s’étend jusqu’à la fin du
chapitre 19. Le chapitre 8 et les suivants, jusqu’à la fin du chapitre
11, vont ensemble. Juda subsistait encore à Jérusalem, quoique
déjà plusieurs eussent été amenés captifs avec Jehoïakin. Le
temple n’a été détruit que cinq ans plus tard. C’est l’état de choses
à Jérusalem qui est jugé dans ces chapitres. [8:1] Les anciens de
Juda se sont présentés devant le prophète, [8:6, 13, 15, 17] et
l’Éternel s’est servi de cette occasion pour faire voir à celui-ci toutes
les énormités qui devaient amener le jugement sur le peuple. Dans
la prophétie de l’année précédente, Dieu, par la bouche du
prophète, avait (ch. 7:20, 22) menacé Israël de livrer son sanctuaire
aux profanes. Ici, l’Éternel montre en détail les causes de ce
jugement. [8:2] La gloire de l’Éternel apparut au prophète, [8:3] et il
fut, dans les visions de Dieu, transporté à Jérusalem ; [8:7] là, dans
les parvis, [8:10] et dans les chambres [8:14] et les portes, on lui
montra toutes les formes d’idolâtrie abominable par lesquelles les
anciens, et d’autres en Israël, souillaient la maison même de
l’Éternel. Si l’on se rappelle l’histoire de Jérémie et la profession
extérieure qui se faisait, la prétention que la loi ne se perdrait pas
chez le sacrificateur (Jér. 18:18), on comprendra l’hypocrisie et
l’iniquité extrême des Juifs.
2.1.2 - [Chap. 9 — Exécution de la vengeance de l’Éternel
sur le peuple, sauf le résidu]
[9:3] La gloire de l’Éternel visite le temple et se tient du côté qui
regardait la ville. Là, après avoir exposé en détail au prophète les
énormités qui s’y commettaient, [9:5-7] l’Éternel donne l’ordre
d’exécuter la vengeance méritée, en épargnant le résidu [9:4] qui
soupirait à cause de ces abominations. [9:9] Ce qui signale
moralement l’état d’âme des méchants et les portait à lâcher la bride
à leur iniquité, c’est que l’absence de l’intervention de l’Éternel à
cause de leur faute, a agi sur leur incrédulité, de manière à leur faire
dire : L’Éternel a abandonné la terre, l’Éternel ne voit pas ! C’était
l’endurcissement du cœur.
2.1.3 - [Chap. 10 — L’Éternel est sur le seuil de sa maison pour
diriger le jugement]
Au chapitre 10, [10:2] toute la ville est livrée pour être consumée.
[10:1] La gloire de l’Éternel lui-même préside et commande. [10:4]
Il se tient sur le seuil de sa maison, laquelle il remplit de sa gloire
en jugement, ainsi qu’il l’avait fait en bénédiction [(2 Chron. 7:1)]. Le
trône de l’Éternel était à part. [10:8-17] Nous avons une description
nouvelle de toutes ses parties. [10:4] L’Éternel quitta son trône et
se tint sur le seuil de la maison, ce qui est un élément intéressant
dans ce jugement. Les chérubins, et les roues terribles, animés
d’une énergie vivante et remplis d’yeux, auraient pu tout accomplir,
mais l’Éternel amène le prophète à prendre personnellement
connaissance des divers péchés et des abominables idolâtries, par
lesquels on profanait son sanctuaire. Son gouvernement
providentiel opérait sans doute en puissance pour exécuter son
jugement, mais c’était l’Éternel de la maison souillée, qui se tenait
personnellement sur son seuil, pour diriger le jugement de la ville,
et pour faire mettre, lui-même, sur les fidèles, une marque qui les
mettrait à l’abri du jugement qui allait venir (ch. 9:3, 4, et suivants,
et depuis le commencement du ch. 8). Cette intervention
personnelle de l’Éternel est pleine d’intérêt à la fois pour montrer le
mal bien connu de Lui, pour marquer et préserver ceux qui
gémissaient, et pour diriger le jugement.
2.1.4 - [Chap. 11 — Jugement final sur Jérusalem et le peuple
méchant]
2.1.4.1 - [ch. 11 v. 1-21 — Jugement des méchants à Jérusalem et
promesses pour les captifs]
[11:2] Dieu juge les meneurs d’iniquité qui se rassuraient en
pensant que la ville serait imprenable (*). [11:7] Ils en sortiraient
[11:10] et seraient jugés à la frontière d’Israël. [11:13] Un des
méchants meurt devant les yeux du prophète, ce qui donne lieu aux
soupirs et à l’intercession de son cœur pour Israël. [11:15] En
réponse, Dieu distingue ceux de Jérusalem et les captifs. [11:16]
Pour ces derniers, Dieu avait été un sanctuaire partout ; [11:17] il
les rétablirait et leur rendrait la terre. [11:19] Il les purifierait, et leur
donnerait un cœur nouveau. [11:20] Ils seraient son peuple, et Lui
serait leur Dieu. [11:21] Mais pour ceux qui marcheraient après
leurs abominations, leurs voies leur seraient rendues en jugement.
Le résidu est toujours distingué, et la conduite individuelle est la
condition de bénédiction, sauf à établir les fidèles comme peuple de
Dieu à la fin.
(*) On se souviendra des exhortations de Jérémie, à se
soumettre à Nebucadretsar, et même à sortir de la ville pour se
rendre auprès de lui.
2.1.4.2 - [ch. 11 v. 22-25 — La gloire de l’Éternel quitte Jérusalem]
[11:23] La gloire de l’Éternel abandonne ensuite la ville et se tient
sur la montagne des Oliviers, d’où Jésus est monté [(Act. 1:9-12)],
et où il redescendra pour la gloire d’Israël [(Zach. 14:4)]. Cette
section de la prophétie se termine ici.
2.2 - [Chapitre 12 — Fuite et capture de Sédécias, et
jugement prochain du peuple]
[12:12] Le chapitre 12 annonce la fuite [12:13] et la prise de
Sédécias, qui serait emmené à Babylone quoiqu’il ne dût pas la voir.
[12:14] Toute la force de Juda serait dissipée [12:20] et le pays mis
en désolation. [12:16] Un petit résidu de captifs déclarerait au milieu
des nations les abominations qui avaient amené le jugement,
[12:23] et ce jugement viendrait bientôt, [12:27] car la patience de
Dieu envers son peuple avait amené à la conclusion incrédule que
Dieu n’interviendrait pas ; [12:28] mais maintenant l’effet de ses
paroles ne serait plus renvoyé.
2.3 - [Chapitre 13 — Jugement des faux prophètes
annonçant la paix]
[13:2] Le chapitre 13 juge les prophètes qui trompaient le peuple à
Jérusalem [13:10] par leurs prétendues visions de paix.
2.4 - [Chapitre 14 — Principes de gouvernement de Dieu
sur les méchants et les justes]
[14:1] Les anciens d’Israël viennent et s’asseyent devant le
prophète. Ici, Dieu pose nettement devant Israël les principes
nouveaux d’après lesquels il voulait gouverner. [14:3] Ces anciens
avaient mis leurs abominations devant leurs yeux : [14:4] Dieu lui-
même les jugerait selon leurs forfaits. Ils étaient, comme nation,
tous les mêmes. [14:6] L’Éternel ne pouvait que leur dire : repentez-
vous. [14:10] Les prophètes et le peuple seraient punis ensemble.
[14:14] Mais de plus, si les plus excellents de la terre se trouvaient
dans un pays que l’Éternel jugerait, [14:16] ils n’empêcheraient pas
l’exécution du jugement, ils ne sauveraient que leur vie par leur
justice. Dieu admettait les justes, individuellement ; il ne
reconnaissait pas une nation, ayant rejeté maintenant celle qu’il
avait reconnue (comp. Gen. 18). [14:21] Or, Dieu faisait venir sur
Jérusalem tous ses jugements. [14:22] Toutefois, un résidu serait
épargné, et le récit qu’il ferait au prophète des abominations qui
avaient eu lieu dans la ville, le consolerait à l’égard des jugements
qui étaient tombés sur elle. En effet, le jugement de Dieu qui livre
son peuple à ses ennemis, est un fardeau sur le cœur de celui qui
aime le peuple. [14:23] Mais lorsqu’on voit comment le nom de Dieu
a été déshonoré, on se console du jugement exécuté.
2.5 - [Chapitre 15 — Jérusalem comparée à un cep sans
fruit, inutile et consumé au feu]
[15:5] Le cep absolument inutile s’il ne porte pas de fruits, n’est
propre qu’à alimenter le feu, et à être consumé. [15:6] Ainsi en
serait-il des habitants de Jérusalem. [15:7-8] Frappante image de
cette destruction et de l’état de Jérusalem, qui n’était pas digne d’un
meilleur sort.
2.6 - [Chapitre 16 — Voies de Dieu envers Jérusalem et
ses sœurs]
Il faut se souvenir, en lisant ce chapitre, qu’il s’agit de Jérusalem et
non pas d’Israël ; ensuite, qu’il n’est pas question de rédemption,
mais des voies de Dieu. [16:6] Il a fait vivre, [16:9] il a nettoyé, oint
[16:11] et embelli ce qui était dans la misère, sans beauté. [16:18-
19] Mais Jérusalem a employé tout ce que l’Éternel a donné, pour
l’offrir aux idoles premièrement, [16:26, 28] et puis pour acheter la
faveur et le secours des Égyptiens et des Assyriens ; et elle n’a eu
aucune idée d’indépendance, ni de possibilité pour elle de subsister
en ayant pour seul appui l’Éternel. [16:38] Elle serait jugée comme
une femme adultère. [16:37] L’Éternel amènerait contre elle ceux
qu’elle avait cherchés. [16:56] Pleine d’orgueil en même temps, elle
ne voulait entendre parler ni de Samarie, ni de Sodome, [16:46]
noms que l’Éternel emploie maintenant pour l’humilier. [16:47] Elle
valait moins que celles qu’elle a dû reconnaître, malgré son orgueil,
pour ses sœurs. [16:60] Cependant, une fois justement condamnée
et humiliée, Jérusalem serait l’objet de la pleine et parfaite grâce de
Dieu, qui la rétablira en se souvenant de son amour et de son
alliance avec elle. [16:61] Sur le pied de ses anciennes relations
avec Lui, elle ne sera jamais ramenée de sa ruine, pas plus que
Samarie ou Sodome, et la grâce qui s’exercera envers elle suffira
pour ramener celles-là aussi, savoir la grâce souveraine de
rédemption et de pardon, qui n’est nullement l’alliance de Jérusalem
sous la loi. [16:62] Pour Jérusalem, l’Éternel établira aussi une
alliance spéciale, [16:61] et ses deux sœurs lui seront données pour
filles. [16:63] Sa bouche sera fermée, à la pensée de toute la grâce
de Dieu qui lui aura pardonné. Le verset 55 parle de quelque chose
d’absolu et de perpétuel, mais la promesse, au verset 60, est sur un
pied entièrement nouveau. Samarie, Sodome, Jérusalem, vont
ensemble dans le jugement, mais la grâce souveraine a ses propres
voies et son propre temps, et ainsi toutes trois pouvaient être et
seraient rétablies, mais l’Éternel établirait son alliance avec
Jérusalem ; la libre alliance inconditionnelle de la promesse serait
accomplie (ch. 16:8).
2.7 - [Chapitre 17 — Jugement sur Sédécias, rompant
l’alliance faite avec Nebucadnetsar]
Le chapitre 17 nous présente le jugement porté par l’Esprit de Dieu
sur Sédécias, pour avoir méprisé le serment que Nebucadnetsar lui
avait fait prêter au nom de l’Éternel. Israël n’ayant pas pu se
maintenir dans son intégrité devant Dieu, l’Éternel avait confié
l’empire du monde au chef des gentils, qu’il avait suscité. Tel était
son propos arrêté. Mais il avait disposé le cœur de Nebucadnetsar
à respecter le nom de l’Éternel : Juda aurait pu demeurer encore le
centre de la bénédiction religieuse, et la lampe de David aurait pu
encore luire là, quoique la royauté de sa famille eût été assujettie
au chef des gentils, en attendant le résultat des jugements et des
voies de Dieu. [17:13] L’alliance était faite entre Nebucadnetsar et
Sédécias sur ce pied-là, et le nom de l’Éternel introduit comme
confirmation. Ce n’est pas le gentil qui y a manqué. Sédécias a
ajouté à tous ses autres péchés, celui de rendre impossible
l’existence d’un peuple et d’une royauté qui appartenaient à Dieu.
Le nom de l’Éternel a été méprisé par lui, et foulé aux pieds plus
que par le gentil. [17:15] Il intrigue avec l’Égypte pour se soustraire
à la domination de Nebucadnetsar que Dieu lui-même avait établi
chef en jugement. Ceci a mis le comble à l’iniquité d’Israël et a
amené le jugement final, [17:24] mais aussi a laissé place à la
souveraineté de Dieu qui abaisserait le grand arbre et relèverait le
petit arbre, sécherait le vert et vivifierait le sec, [17:22] et à cette
grâce qui prendrait la petite branche née de la famille de David,
[17:23] et l’élèverait en Israël sur la montagne de sa puissance et la
ferait devenir un grand cèdre portant du fruit et abritant tout ce qui
chercherait la protection de son ombre. [17:24] Toutes les
puissances de la terre reconnaîtraient la parole et les actes de
l’Éternel.
2.8 - [Chapitre 18 — Le jugement de chacun est selon sa
propre conduite]
Le chapitre 18 contient un principe important des voies de Dieu, qui
est mis en évidence à cette époque : [18:4] Dieu jugerait l’individu
selon sa propre conduite. La nation méchante, comme telle, était
jugée. En fait, ce n’était pas non plus pour l’iniquité des pères qu’elle
était jugée. Ses propres iniquités actuelles rendraient le jugement
que leurs pères avaient mérité, le jugement de leurs propres actes.
Mais maintenant, à l’égard de la terre d’Israël, le principe de
gouvernement, posé au chapitre 34:7 de l’Exode, était abrogé, et
les âmes appartenant individuellement à l’Éternel devaient subir
individuellement le jugement de leur propre péché. [18:27] Aussi,
Dieu pardonnerait au pécheur qui se repentirait, [18:23] car il ne
prend pas plaisir en la mort du pécheur. Il s’agit encore du
gouvernement d’Israël sur la terre : chacun serait jugé
individuellement selon ses voies (*).
(*) Il est important d’observer qu’il s’agit ici de jugement
temporel allant jusqu’à la mort. [18:2] Le prophète répond à
l’allégation d’Israël, qu’il souffrait à cause des péchés de ses
pères, selon le principe posé dans le livre de l’Exode : il déclare
que Dieu n’agira pas selon ce principe avec Israël, [18:4] que
l’âme ou la vie de chacun appartient à Dieu, qu’il agira en
jugement avec chacun pour ses propres péchés, [18:17] non
pas avec le fils pour les péchés du père. Puis il pose les
principes selon lesquels il agira en miséricorde et en jugement,
mais les jugements sont des jugements temporels, et la mort
est la mort physique dans ce monde. [18:21] Si le méchant se
détournait de ses péchés qu’il avait commis, il vivrait et ne
mourrait pas, ne serait pas retranché pour les péchés dont il
se repentait : [18:13] de même, quant au méchant, il mourra
certainement, son sang sera sur lui ; [18:20] l’âme qui péchera,
celle-là mourra. Ce n’est pas le père, ni le fils, à cause des
péchés de son père, qui meurt ; l’âme ou la personne elle-
même qui a péché, meurt pour ses propres péchés. L’accent
est sur le mot « celle-là ».
2.9 - [Chapitre 19 — Captivité et affaiblissement des fils de
David]
Le chapitre 19 dépeint la captivité de Jehoïakin, puis de Jéconias,
et enfin l’affaiblissement complet de la famille de David.

3 - [Chapitres 20-23 — Troisième


prophétie : Année 7, Mois 5, Jour 10]
3.1 - [Chapitre 20 — Idolâtrie d’Israël tout au long de son
histoire comme peuple]
3.1.1 - [Actions de Dieu pour Israël depuis l’Égypte, et eux
se détournant de Lui]
Le chapitre 20 commence une nouvelle prophétie qui continue, avec
des subdivisions, jusqu’à la fin du chapitre 23. On aura remarqué
que les divisions générales se font par années. Le chapitre 20 est
important. Les chapitres précédents avaient parlé du péché de
Jérusalem. Ici l’Esprit retrace le péché et spécialement l’idolâtrie
d’Israël, c’est-à-dire du peuple, [20:8] envisagé déjà comme peuple
dès son séjour en Égypte : déjà alors l’idolâtrie avait commencé
parmi eux. [20:9] Pour l’amour de son nom, Dieu les a fait remonter
du pays de servitude, [20:11] et leur a donné ses statuts [20:12] et
ses sabbats, ces derniers étant le signe de l’alliance entre Lui et le
peuple ; [20:13] mais Israël s’est rebellé contre Dieu, dans le
désert ; [20:17] et déjà il pensait les détruire, mais il ne les consuma
pas entièrement [20:18] et avertit aussi leurs enfants [20:21] qui,
néanmoins, ont suivi le train de leurs pères. [20:22] Cependant
Dieu, pour l’amour de son grand nom, retira sa main, à cause des
nations à la vue desquelles il avait fait monter d’Égypte le peuple.
[20:23] Mais il les avertit dans le désert, qu’ils seraient dispersés
parmi les nations (voyez Lév. 26 et Deut. 32), [20:24] et puisqu’ils
avaient profané les sabbats de l’Éternel et suivi les idoles de leurs
pères, [20:26] qu’ils seraient souillés en leurs dons et esclaves des
idoles qu’ils aimaient, pour être mis en désolation par l’Éternel ;
[20:28] car, étant introduits dans la terre promise, ils ont abandonné
l’Éternel pour les hauts lieux. [20:31] Il ne se laisserait plus consulter
par eux, [20:33] mais dominerait sur eux avec fureur et avec un bras
étendu. [20:23] Il avait menacé le peuple de dispersion parmi les
nations, déjà dans le désert ; et, depuis qu’il l’avait introduit dans la
terre de Canaan pour la gloire de son grand nom, Israël n’avait fait
que le déshonorer. Il exécute donc enfin le jugement dont il l’avait
menacé. [20:32] Israël, toujours disposé à s’éloigner de l’Éternel,
voudrait en profiter pour être comme les nations, mais Dieu ne le
permettrait pas et interviendrait à la fin. [20:34] Il tiendrait, nous
annonce le prophète, le peuple séparé, malgré lui, — le ferait sortir
du milieu des peuples, [20:35] et l’amènerait dans le désert comme
lorsqu’il est monté d’Égypte ; [20:38] et là, il retrancherait les
rebelles en épargnant le résidu, qui seul entrerait dans la terre,
[20:40] car c’est là que l’Éternel sera adoré par son peuple, lorsqu’il
l’aura rassemblé de tous les pays où il avait été dispersé, et se sera
sanctifié lui-même en Israël au milieu des nations. [20:42] Israël
saurait qu’il est l’Éternel, lorsqu’il aurait accompli toutes ces choses
selon ses promesses. [20:43] Le peuple aurait horreur de lui-même,
[20:44] et comprendrait que l’Éternel avait agi pour la gloire de son
nom, et non pas selon les voies corrompues du peuple.
3.1.2 - [Jugement des dix tribus et de la nation dans son
entier]
C’est ici le jugement général de la nation, et en réalité celui des dix
tribus, distinctes de Juda. Les dix tribus, comme un tout, n’étaient
pas coupables de rejet du précieux Seigneur : elles avaient été
longtemps dispersées à cause de leur rébellion contre l’Éternel ;
[20:37] elles seront ramenées, mais passeront comme un troupeau
sous la verge de l’alliance, [20:38] les rebelles étant exterminés, et
le résidu épargné seul entrera dans le pays. Ils ne seront donc pas
dans la tribulation particulière de la dernière demi-semaine, ni sous
la puissance de l’antichrist. Dieu agira envers eux selon son
gouvernement national. Juda, sans doute, aura sa part à la
bénédiction du verset 40 ; mais Dieu veut montrer que ce n’est pas
simplement de Juda, des Juifs, comme nous disons, qu’il s’agit.
Israël dans le pays, le peuple tout entier, jouira des bénédictions
promises jadis. Ceci fait ressortir quelques principes importants.
Bien qu’il soit fait allusion aux promesses originelles, et qu’elles
existent pour la pleine bénédiction, l’Éternel cependant s’occupe
premièrement du pays d’Égypte. Ensuite, il y a une accumulation
de péché. La miséricorde du Seigneur qui épargne un résidu rendait
d’autant plus grand leur oubli de sa bonté, aggravant seulement et
accumulant ainsi le mal, « depuis Abel jusqu’à Zacharie », comme
dit le Seigneur [(Matt. 23:35)].
3.1.3 - [Jugement du peuple d’Israël et de Juda
séparément]
Ainsi, le peuple est jugé pour sa conduite depuis son départ
d’Égypte ; [20:8] son esprit idolâtre a été manifesté en Égypte
même (comp. Amos 5:25, 26, cité dans Actes 7:42, 43). [20:22]
L’Éternel avait, il est vrai, épargné le peuple pour la gloire de son
nom, mais le péché restait toujours présent devant Lui ; [20:23]
Israël, considéré comme un tout, une nation, est dispersé, [20:37]
puis de nouveau placé sous la verge de l’alliance, et Dieu distingue
le résidu, et agit pour accomplir assurément, dans sa grâce
souveraine, ce dont le peuple était incapable, envisagé comme
placé sous sa propre responsabilité. Israël, en tant que nation, est
distingué de Juda qui reste dans une position particulière. [20:38] À
l’égard de la nation comme telle, les rebelles d’Israël sont
retranchés en dehors du pays et n’y entrent pas. Dans le pays, les
deux tiers sont retranchés à la fin des temps (Zach. 13:8, 9). Mais,
dans ce dernier cas, ce sont les Juifs coupables du rejet et de la
mort de Jésus. Ici, il s’agit des voies de Dieu par rapport à la nation
coupable depuis l’Égypte ; là, du châtiment des ennemis et des
meurtriers du Christ. Dans les deux cas, la grâce agit envers le
résidu.
3.2 - [Chapitre 21 — Application du jugement précédent
par Nebucadnetsar]
3.2.1 - [Jugement définitif par l’épée de Nebucadnetsar,
commencement du temps des gentils]
Depuis le verset 1 du chapitre 21, c’est une autre prophétie qui nous
présente l’application des menaces prononcées par celle qui
précède, aux circonstances par lesquelles elle serait accomplie
dans l’invasion de Nebucadnetsar, ainsi que cela est développé
dans le chapitre 21. [21:10] L’Éternel avait dégainé et aiguisé son
épée pour ne pas la remettre dans le fourreau ; [21:20] elle était
préparée pour la tuerie. [21:26] Le prophète voyait Nebucadnetsar
à l’embranchement des deux chemins [21:25] qui conduisaient à
Jérusalem et à Ammon. [21:28] Jérusalem traiterait ce que le roi y
faisait comme une fausse divination, mais la ville serait prise en
vertu du jugement de l’Éternel. [21:29] Sa conduite avait rappelé
tout son train de péché, [21:30] et le profane Sédécias, qui avait mis
le comble à l’iniquité en méprisant le serment qu’il avait prêté au
nom de l’Éternel, devait prendre fin lorsque l’iniquité serait jugée,
car il en avait comblé la mesure. De plus, c’était maintenant un
jugement définitif et non un châtiment qui permettrait d’espérer que
l’épée dégainée pourrait être remise dans son fourreau, comme
lorsque, pour l’amour de son nom (comme nous savons), le peuple
avait si souvent été épargné. C’était réellement une révolution dans
les voies de Dieu : Dieu ôtait de la terre son trône, et le temps des
gentils commençait. L’Éternel bouleversait tout entièrement, jusqu’à
la venue de Celui à qui tout appartenait de droit, et à qui le royaume
serait donné, c’est-à-dire jusqu’au Christ. [21:37] Ammon aussi
serait détruit.
3.2.2 - [Gouvernement de Dieu au milieu d’Israël, rebelle
dès le commencement]
Plus on considère les prophéties d’Ézéchiel et de Jérémie, plus on
en est frappé. Premièrement, elles constatent ce fait d’une si haute
importance pour le gouvernement du monde, savoir que le trône de
Dieu a été ôté de dessus la terre et le gouvernement du monde
confié à l’homme, sous la forme d’un empire parmi les gentils ; et,
en second lieu, le voile est aussi levé à l’égard du gouvernement de
Dieu au milieu d’Israël. Ce moyen, employé par Dieu pour faire voir
si l’homme était capable d’être béni, cette épreuve à laquelle il a été
soumis, a démontré toute la vanité de son être, la rébellion et la folie
de son cœur, l’humiliante vérité qu’il est foncièrement mauvais.
Depuis l’Égypte même, c’était un esprit de rébellion, d’idolâtrie et
d’incrédulité, qui préférait tout, dans ce monde, idole ou Assyrien, à
l’Éternel, le vrai Dieu. Constant dans son péché, ni délivrance, ni
jugement, ni bénédiction, ni expérience de sa folie, n’ont pu changer
le cœur du peuple, ni le détourner de la pente de sa nature.
L’idolâtrie commencée en Égypte, et le mépris de la parole de
l’Éternel (sans que la jouissance de l’effet de la promesse y ait rien
changé) ont caractérisé le peuple jusqu’à son rejet par l’Éternel. En
attendant, on voit en Dieu une patience qui ne s’est jamais
démentie, les soins les plus tendres, les appels les plus touchants,
tout ce qui pouvait être propre à ramener le cœur du peuple vers
l’Éternel, des interventions en grâce pour le relever de sa misère,
en le bénissant dans la fidélité que cette grâce a momentanément
produite par le moyen de tel ou tel roi ; Dieu, comme il s’exprime
dans sa grâce, se levant de bonne heure pour envoyer au peuple
ingrat des prophètes, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de remède. Mais
il se vouait au mal, et ainsi qu’Ézéchiel et Étienne le montrent,
l’Esprit de Dieu revient aux premières manifestations du cœur du
peuple, dont le reste de son histoire n’était que la preuve et
l’expression. Le jugement s’exécute à cause de ce qu’Israël a été
dès le commencement.
3.2.3 - [Souveraineté de la grâce divine pour bénir, basée
sur l’œuvre de la croix]
Après la pleine manifestation de ce qu’était le peuple, Dieu change
ses voies en gouvernement, et réserve à la souveraineté de la grâce
le rétablissement d’Israël selon ses promesses, auquel il donnerait
effet par Celui qui pouvait maintenir la bénédiction par sa puissance
et gouverner le peuple en paix. Il n’est pas sans intérêt de rappeler
que cette grâce souveraine qui bénit Israël à la fin et après tout,
lorsque la nature humaine responsable a été pleinement mise à
l’épreuve, est, quant aux voies de Dieu, le point de départ de notre
chemin et de tout ce qui nous appartient, bien que nous y arrivions,
là où le cœur est vrai, par une conviction définie de nos péchés et
de notre état de péché. De là, la nécessité d’une nouvelle nature et
de l’amour de Dieu dans le don de son Fils, qui ouvre la porte à
toutes nos bénédictions. La croix établit, pour Israël et pour nous, la
justice par laquelle la grâce règne.
3.3 - [Chapitre 22 — Récapitulatif du péché de Jérusalem,
partagé par tous]
Le chapitre 22 récapitule le péché de Jérusalem, [22:28] de ses
prophètes, [22:26] de ses sacrificateurs, [22:27] de ses princes.
[22:30] L’œil de Dieu a cherché quelqu’un qui se tînt à la brèche, et
n’en a pas trouvé ; [22:31] son indignation les consumerait. Quelle
force les prophéties donnent aux paroles du Seigneur : Que de fois
j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses
poussins sous ses ailes, mais vous ne l’avez pas voulu [(Matt.
23:37)] !
3.4 - [Chapitre 23 — Prostitution de Jérusalem et de
Samarie, justifiant le jugement]
L’Éternel se justifie du jugement qu’il exerce sur Jérusalem, par
l’iniquité et l’infidélité dans lesquelles elle a marché. [23:19] Sa
prostitution avec les gentils a remis en mémoire ce qu’elle était au
commencement. Le même train de vie a montré la même nature ;
elle a fini comme elle avait commencé, ainsi que nous avons vu,
parce qu’elle était, au fond, telle. [23:31] Elle subirait le sort de
Samarie. [23:4] Celle-ci est appelée « ma tente et mon tabernacle »
et Jérusalem, « mon tabernacle en elle ».

4 - [Chapitres 24-32 — Jugement des


nations environnantes]
4.1 - [Chapitre 24 — Jugement définitif sur Jérusalem, pour
tout consumer, Année 9, Mois 10, Jour 10]
Le jugement définitif est prononcé contre Jérusalem, qui commettait
le péché sans même en être honteuse. [24:2] Le jour que
Nebucadnetsar a mis le siège à la ville, [24:18] la femme du
prophète meurt ; [24:16] Ézéchiel, quoiqu’elle fût l’objet le plus cher
à son cœur, ne devait pas s’en plaindre. Sous la figure de la mort
de sa femme, il est enseigné à tenir son cœur en bride devant le
jugement de l’Éternel. [24:27] Le jugement une fois exécuté, la
bouche du prophète serait ouverte, et la parole de Dieu serait
comme ouvertement adressée au résidu, de manière que l’Éternel
soit connu d’eux. [24:11] Jérusalem serait mise comme une marmite
sur le feu, pour tout fondre, tout consumer, tout brûler. [24:13] Dieu
l’avait purifiée et elle n’était pas purifiée, et maintenant sa colère
reposait sur elle.
4.2 - [Chapitre 25 — Jugement des nations voisines se
réjouissant de la destruction de Jérusalem]
Le chapitre 25 a un caractère spécial. Les nations circonvoisines et
qui étaient sur le territoire même d’Israël, se réjouissaient de tout
leur cœur de la destruction de Jérusalem et du sanctuaire. C’est
pourquoi Dieu exécuterait des jugements sur elles. [25:2-7] Ammon,
[25:8-11] Moab, [25:12-14] Édom et [25:15-17] les Philistins sont les
objets de cette prophétie. On peut voir le témoignage de Dieu contre
Édom encore plus développé dans Abdias. Ces nations sauraient
aussi, par le jugement qui tomberait sur elles, que l’Éternel seul est
Seigneur, alors même que Jérusalem n’en avait pas été un fidèle
témoin. Les chapitres 24 et 25 vont ensemble. Le chapitre 25, s’il a
la même date, anticipe les événements, qui ont donné lieu à la
manifestation de haine qui est l’occasion du jugement prononcé ;
mais cet esprit s’est montré dans ces tribus ou nations, depuis le
commencement des désolations de Juda et de Jérusalem.
L’introduction, ici, de ces nations, se comprend facilement, car elles
partageraient le sort de Jérusalem, et sont comprises aussi dans ce
jugement, parce qu’elles étaient sur le territoire même d’Israël.
[25:14] Un autre élément remarquable, qui se retrouve dans
d’autres prophéties sur Édom et donne une portée plus grande à
celle-ci, c’est l’avertissement que la vengeance exécutée à la fin sur
Édom, le serait par la main même d’Israël (comp. Abdias 17, 18, et
ce chapitre 25:14).
4.3 - [Chapitres 26-28 — Jugement de Tyr, Année 11,
Jour1]
Tyr, tout en étant dans un certain sens dans le territoire d’Israël, a
un autre caractère, et fait le sujet (ch. 26, 27, 28) d’une prophétie à
part, parce qu’elle représente le monde et ses richesses, en
contraste avec Israël, peuple de Dieu, [26:2] et qu’elle se réjouit,
non pas par une espèce de haine personnelle et de même nature
que les autres, mais comme ayant des intérêts opposés, de sorte
que, sous ce rapport, la destruction de ce qui la gênait était pour
elle une sorte de joie. Elle pouvait donner libre cours à son égoïsme
matériel. Il importe de remarquer dans ces prophéties, de quelle
manière Dieu expose et juge toutes les pensées des hommes à
l’égard de son peuple, et de ce qu’ils ont été par rapport à Lui.
4.3.1 - [Ch. 26 — Tyr jugé comme se réjouissant de la
chute matérielle du peuple de Dieu]
Le chapitre 26 juge Tyr, à cause de sa mauvaise volonté contre le
peuple et la cité de Dieu.
4.3.2 - [Ch. 27 — Tyr, image du monde et de ses
richesses, est renversée]
Tyr est renversée comme système mondain. Tout ce qui faisait sa
gloire disparaît devant le souffle de l’Éternel.
4.3.3 - [Ch. 28 — Jugement du prince et du roi de Tyr,
image de Satan]
4.3.3.1 - [Le prince, homme élevé chef de la gloire du monde, et le
roi, position du monde en relation avec Dieu]
Ce sont le prince et le roi de Tyr qui sont jugés pour leur orgueil.
Les versets 1-10 nous présentent le chef de la gloire de ce monde
comme homme, s’élevant et voulant se faire passer pour un Dieu,
s’étant acquis des richesses et de la gloire par sa sagesse. Les
versets 11-19 continuent à parler de Tyr, mais ils ont, je n’en doute
pas, une beaucoup plus grande portée, et décèlent, tout en le
laissant dans l’ombre, la chute et les voies de Satan, par notre
péché prince et dieu de ce monde. [28:2] Le prince de Tyr
représente Tyr et l’esprit de Tyr. Ceci est beaucoup plus personnel.
Je n’hésite point à croire qu’il ne s’agisse historiquement de Tyr elle-
même. Les versets 16-18 le démontrent ; mais, je le répète, je suis
persuadé que la pensée de l’Esprit va beaucoup plus loin. Le monde
et ses rois sont présentés, à cause des avantages dont ils jouissent,
comme étant le jardin de Dieu. (Il s’agit du gouvernement extérieur
de Dieu, qui jusqu’à présent reconnaissait les diverses nations
autour d’Israël). Ceci, cependant, s’appliquait davantage à Tyr, qui
avait sa place dans le territoire d’Israël, dans la terre d’Emmanuel,
et qui, dans la personne de Hiram, avait été l’alliée de Salomon et
avait même assisté à la construction du temple : sa culpabilité était
proportionnée. C’est le monde en relation avec Dieu, et si le prince
de Tyr représente cet état de choses comme étant le monde, [28:4-
5] et un monde qui a été extrêmement élevé dans ses capacités par
cette position, [28:2] et qui s’en vante pour se faire Dieu, [28:12-14]
le roi nous présente la position même dans laquelle, sous ce
rapport, le monde a été placé ; [28:16-17] l’abandon de sa première
position lui imprime le caractère d’apostat. C’est ce caractère qui
donne lieu à l’exposé de l’apostasie de l’ennemi, renfermée dans
ces versets. [28:13] Il avait été là où croissent les plantes de
Dieu (*) ; il avait été revêtu de pierres précieuses ; c’est-à-dire de
toute la variété des beautés et des perfections dans lesquelles la
lumière de Dieu est reflétée et transformée, lorsqu’elle se manifeste
dans la création ou en rapport avec elle. Ainsi, ici, le reflet varié de
ces perfections a eu lieu dans la créature. Une créature était le
moyen de leur manifestation. Ce n’était pas la lumière proprement
dite (Dieu est lumière, Christ est lumière ici-bas, et en tant qu’il vit
en nous, nous sommes lumière en lui) : c’était l’effet de la lumière
agissant dans la créature comme un rayon du soleil dans un prisme.
C’est un développement de sa beauté, qui n’est pas sa perfection
essentielle, mais qui en découle.
(*) On peut voir, chapitre 31:8-10, que ceci est une description
des rois de la terre, au moins avant Nebucadnetsar qui, le
premier, a remplacé par une seule domination donnée de Dieu,
les divers rois des nations reconnues de Dieu comme
conséquence de Babel, et au centre desquelles se trouvait son
peuple, pour faire connaître son gouvernement par son moyen.
Les rapports spéciaux de Tyr avec Israël ajoutaient quelque
chose à la position de la ville marchande, et donnaient lieu
aussi à l’emploi fait ici de l’histoire de son roi pour servir de
type ou figure du chef de ce monde.
4.3.3.2 - [Caractères du roi de Tyr, ennemi de Dieu]
Voici les traits du caractère du roi de Tyr, de l’ennemi de Dieu, chef
de ce monde. [28:14] Il est le chérubin oint ; [28:13] il est revêtu
de pierres précieuses ; il a été en Éden, le paradis de Dieu, [28:14]
sur la montagne de Dieu ; il se promenait parmi les pierres de feu ;
[28:15] il était parfait dans ses voies, jusqu’à ce que l’iniquité ait été
trouvée en lui. [28:16] Il est jeté loin de la montagne de Dieu à cause
de ses iniquités ; [28:17] son cœur s’est élevé à cause de sa beauté,
et il s’est corrompu. De plus nous trouvons ce qui est le plus élevé
en fait de créature. Il agit dans le gouvernement judiciaire de Dieu
selon l’intelligence de Dieu. (C’est là le caractère du chérubin oint).
[28:13] Il est revêtu de la beauté morale dans laquelle le caractère
de Dieu éclate comme lumière (*). Il s’est trouvé reconnu parmi ces
plantes dans lesquelles Dieu étalait sa sagesse et sa puissance en
création, pour son bon plaisir comme Créateur. [28:14] Il avait été
aussi là où l’autorité de Dieu s’exerçait, sur la montagne de Dieu. Il
se promenait là où les perfections morales de Dieu se révélaient
dans leur gloire, gloire devant laquelle le mal ne pourrait subsister
— des pierres de feu. [28:15] Ses voies avaient été parfaites. Mais
tous ces avantages étaient l’occasion de sa chute et la
caractérisaient ; car les privilèges dont nous jouissons caractérisent
toujours notre chute. Il s’agit du point d’où nous sommes tombés ;
car c’est le fait d’avoir manqué à ces privilèges lorsque nous les
possédions, qui signale notre état. De plus, ce n’était pas à
l’occasion d’une tentation extérieure, comme dans le cas de
l’homme, circonstance qui n’a pas détruit sa culpabilité mais en a
modifié toutefois le caractère. [28:17] Ton cœur s’est élevé, est-il
dit, à cause de ta beauté. Il s’est élevé en soi et contre Dieu, [28:16]
et il a été jeté, comme profane, de la montagne de Dieu. [28:18] Son
indépendance et sa sécurité ne font qu’augmenter son humiliation,
lorsque jeté par terre, sa nudité est manifestée à tous. [28:19] Sa
folie sera apparente à tous. [28:20-24] Le jugement de Sidon est
ajouté à la fin. Et puis, tout espoir étant ôté d’Israël, lorsque le
jugement de la nation sera accompli, [28:25-26] Dieu ramènera
Israël et le fera demeurer dans son pays, à toujours, en paix.
(*) Remarquez que ceci a lieu dans la créature. Dans le cas
d’Aaron, type de Christ sacrificateur, cela a lieu dans la
perfection absolue de la grâce, qui nous présente à Dieu selon
sa perfection dans la lumière ; puis cela se retrouve dans
la gloire comme fondements de la cité, l’épouse, la femme de
l’Agneau (Apoc. 21). Ces pierres présentent le fruit de la
lumière parfaite, ce que Dieu est dans sa nature,
resplendissant à travers la créature, dans la création, — grâce
et gloire.
4.4 - [Chapitres 29-32 — Jugement de l’Égypte, révélé en
trois périodes]
4.4.1 - [Dieu renverse tous les puissants de la terre pour
donner la domination à Nebucadnetsar]
Les chapitres 29 à 32 nous annoncent le jugement de l’Égypte.
L’Égypte a voulu prendre, par la volonté de l’homme, la place que,
de fait, Dieu avait donnée à Nebucadnetsar ; c’est pourquoi son
jugement a une importance et un éclat particuliers. Dieu avait donné
l’empire à Nebucadnetsar. Il faut que tous se soumettent. Le
puissant empire d’Assur était déjà tombé. Le Pharaon, quelles que
fussent son ambition et ses prétentions, ne valait pas mieux, On voit
ce jugement de l’Assyrien, chef de toutes les nations, quant à sa
puissance, chapitre 31:10-14, où le fort d’entre les nations est
distinctement mis en évidence, succombant devant cette
ordonnance de Dieu. [32:31-32] Le Pharaon serait consolé en
voyant tous les puissants de la terre renversés comme lui, déjà
tombés comme des incirconcis, c’est-à-dire, des gens que Dieu ne
reconnaissait pas pour les soutenir. Tout devait faire place à cette
nouvelle puissance de Nebucadnetsar. Ce qui signalait l’Égypte,
c’était l’orgueil de la nature qui voulait sa volonté et point celle de
Dieu, chapitre 29:9. Un tel principe ne sera plus l’appui du peuple
de Dieu, verset 16. L’Égypte aurait sa place, mais ne dominerait
plus. Le jugement de l’Égypte serait l’occasion de la bénédiction
d’Israël ; ceci va jusqu’à la fin. Dans la destruction de l’Assyrien,
Dieu avait montré qu’il ne voulait pas qu’une nation s’élevât ainsi.
La volonté de l’homme dans le Pharaon ne changerait pas son
jugement. Nebucadnetsar, ainsi que nous l’avons vu, a été un
principe tout nouveau, introduit dans le monde de la part de Dieu
lui-même.
Remarquez qu’au chapitre 32:26, Méshec et Tubal sont distingués
des autres peuples.
4.4.2 - [Découpage en trois prophéties distinctes, à
différentes dates]
Cette prophétie relative à l’Égypte a une importance toute
particulière : elle se compose de trois prophéties distinctes.
La première (ch. 29-30) se divise en deux ; le chapitre 31 contient
la seconde ; le chapitre 32, la troisième ; mais cette dernière s’étend
jusqu’à la fin du chapitre 39, et embrasse plusieurs sujets en rapport
avec le sort d’Israël aux derniers jours. On remarquera que le
chapitre 29:17-21, est une prophétie d’une tout autre date, introduite
à cause du rapport de son contenu avec celle qui précède dans ce
même chapitre. Le chapitre 30:20-26, est aussi une prophétie
distincte quant à sa date.
4.5 - [Caractères des différentes prophéties sur les nations]
4.5.1 - [Exécution du jugement par Nebucadnetsar pour
nettoyer la terre d’Israël]
Jusqu’au chapitre 25, nous avons trouvé plutôt des raisonnements
moraux à l’égard de l’état d’Israël. De là, à la fin du chapitre 32, c’est
de préférence l’exécution du jugement, mais la prophétie qui
l’annonce est remarquable sous plus d’un rapport. Nebucadnetsar
est envisagé comme exécuteur du jugement de Dieu, de qui il est
serviteur. Il exécute le jugement de Dieu sur Jérusalem devenue,
par excellence, le siège de l’iniquité, tout en étant le sanctuaire de
Dieu. En même temps, il déblaye la terre de l’Éternel, par ces
mêmes jugements, de toutes les nations qui la possédaient à tort. Il
anéantit la force de l’homme sur laquelle Israël s’était appuyé, c’est-
à-dire, l’Égypte. Elle ne se relèverait jamais comme nation
dominante. Mais c’était le jour de toutes les nations. La
conséquence de ces jugements qui frappent soit Jérusalem rebelle,
soit les nations, serait en même temps le rétablissement d’Israël par
voie de promesse, et de la puissance de Dieu en grâce ; les pièges
qui l’avaient fait tomber dans le mal étant ôtés (voyez ch. 28:24-26 ;
29:16-21). Ainsi, quoique historiquement les événements aient eu
leur accomplissement par Nebucadnetsar, les voies de Dieu en vue
du rétablissement d’Israël ont été manifestées, en tant que cela
tenait aux jugements qui devaient être exécutés. Par ces jugements
toutes les nations comme telles, aussi bien qu’Israël qui devait en
être le centre, ainsi que nous l’avons vu, disparaissent de la scène.
En décrivant ces jugements, l’Esprit, non content de raconter
l’exécution de ceux qui devaient tomber, ou qui étaient déjà tombés
sur Assur, Élam, Méshec, donne les détails de ceux exécutés contre
les nations qui avaient envahi la terre d’Israël ou servi de piège à ce
peuple, de sorte que le récit prophétique de ces jugements contient
dans son sein l’espérance assurée dont la grâce efficace du
Seigneur accordera l’accomplissement à Israël. Je ne puis douter
que toute cette prophétie de jugements n’entrevoie, dans une
perspective rapprochée par l’énergie du Saint Esprit, les
événements des derniers jours, qui accompliront complètement ces
desseins et ces intentions de Dieu.
4.5.2 - [Délivrance d’Israël après le jugement du système
du monde]
Chapitre 30:3. On voit que c’est général (*).
(*) On se souviendra qu’avec Nebucadnetsar, Dieu a mis de
côté son arrangement précédent du monde, révélé en Deut. 32,
savoir l’arrangement des nations et des peuples autour d’Israël
son peuple. Il ne reconnaît plus Israël comme son peuple ; cet
ordre de choses donc tombe de soi-même, et Babel, ancien lieu
de dispersion, devient le centre de domination unitaire. En
rapport avec le fait qu’Israël n’est plus reconnu comme peuple,
étant jugé comme tel, Dieu s’adresse à la conscience
individuelle au milieu de cette nation. Or, à la chute de ce
système se rattachaient le jugement des nations et l’appel d’un
résidu ; c’est pourquoi la prophétie s’étend, dans sa portée,
jusqu’au jugement final de la terre, alors que ce jugement et cet
appel doivent s’accomplir pleinement. Par conséquent, Dieu
lui-même délivre et sauve son peuple en jugeant entre brebis
et brebis, exécutant sa colère contre tous ceux qui l’ont foulé.
Le jugement de l’empire unitaire ne fait pas partie des
prophéties d’Ézéchiel (cela se trouve en Daniel), sauf en tant
que tout oppresseur et mauvais pasteur est jugé (ch. 34). Les
rapports de cet empire ne seront pas immédiats avec Israël aux
derniers jours. Il favorisera, politiquement parlant, les Juifs qui
ne reconnaissent pas le Seigneur.
Ce que je signale ici, donne la clef de cette prophétie. Ézéchiel
parle du sein d’Israël captif, et ne s’occupe pas de Juda
reconnu à part dans la terre et soumis à la puissance des
gentils.
J’ai déjà cité les passages qui montrent que c’est la délivrance
d’Israël de ses anciens pièges. Les prétentions de l’homme sont
renversées, chapitre 29:3-9 ; l’esprit de domination, chapitre 31:10-
14. Le néant de la gloire de l’homme est montré à la fin du chapitre
31 et de chaque jugement du chapitre 32. Nous avons déjà vu que
le sort de Méshec est distingué, peut-être à cause de ce qui lui
arrivera aux derniers jours et qui est annoncé plus loin, chapitre
39:5.
4.5.3 - [Deux moyens de faire connaître l’Éternel : par
jugement et par prophétie]
4.5.3.1 - [Jugement des nations pour leur faire connaître l’Éternel]
Il y a un point important à remarquer dans cette série de prophéties,
qui commence avec le jugement de Jérusalem, centre de l’ancien
système des nations, au chapitre 24, c’est qu’elles ont pour objet un
jugement des nations dans le but de leur faire connaître l’Éternel, à
tous ; seulement, dans le cas d’Israël, il y a, en outre, l’intelligence
et la vérification spéciale de la prophétie (voyez ch. 24:24-27,
Israël ; ch. 25:5, 7, 11, Ammon et Moab ; v. 15-17, vengeance
particulière à l’égard des Philistins ; ch. 26, Tyr ; ch. 28:22, Sidon ;
ch. 29, l’Égypte ; ainsi que les ch. 30:26, et 32:15). À l’égard
d’Édom, chapitre 25:14, il est seulement dit qu’Édom connaîtra la
vengeance de l’Éternel par le moyen d’Israël, preuve encore qu’à
de certains égards cette prophétie s’étend jusqu’aux derniers jours.
En général donc, c’est la manifestation de la puissance de l’Éternel,
de manière à le faire connaître de tous par les jugements qu’il
exécute, déjà réalisés partiellement dans les conquêtes de
Nebucadnetsar, mais qui seront pleinement accomplis plus tard en
faveur d’Israël.
4.5.3.2 - [Jugement particulier d’Édom, sans bénédiction qui
suivra]
On remarquera qu’au verset 12 du chapitre 35, où Édom est encore
jugé, il est dit seulement : « Moi, l’Éternel, j’ai entendu tous les
outrages » ; mais, aux versets 4 et 9, il est dit d’Édom : « Tu sauras
(ou, vous saurez) que je suis l’Éternel » ; de sorte que cette
connaissance de l’Éternel a lieu dans le jugement même, car,
lorsque toute la terre se réjouira, Édom sera réduit en désolation.
Ce sera par le jugement que toutes les nations sauront que l’Éternel
est Dieu ; mais, le jugement exécuté, toute la terre se réjouira dans
la bénédiction. Édom ne trouvera que le jugement. On peut
comparer Abdias. Édom subit son jugement par le moyen des
puissants des nations, mais Israël lui-même porte le dernier coup.
On peut voir les deux moyens de faire connaître l’Éternel, dans le
cas d’Israël, chapitre 24:24-27 ; 26:6 ; 34:27 ; 36:11. Dans les
autres cas, c’est par les jugements.
4.5.3.3 - [Destruction entière d’Édom, haïssant le peuple de Dieu]
Nous avons vu une destruction totale d’Édom annoncée par le
Seigneur. Ce qui caractérise Édom, c’est la haine implacable contre
le peuple de Dieu.
4.5.4 - [Jugement complet de la gloire et de l’orgueil de
l’homme]
Il est encore à remarquer que, dans le cas de Tyr, la gloire
commerciale, et dans le cas de l’Égypte, l’orgueil gouvernemental
basé sur sa puissance, sont jugés, absolument abaissés et détruits
sans remède, chapitre 26:21 ; 27:36 ; 31:18 (comp. ch. 32:32). Ceci
a été accompli littéralement à l’égard du Tyr continental et de
l’Égypte des Pharaons.

5 - [Chapitres 33-39 — Jugement et


restauration d’Israël à la fin]
5.1 - [Chapitre 33 — Conduite individuelle au milieu d’un
peuple jugé par Dieu]
Au chapitre 33, Dieu établit en vue de ces jugements qui mettaient
son peuple sur un pied entièrement nouveau (car il était jugé
comme Lo-Ammi, pas son peuple, avec les nations, et c’est
pourquoi la prophétie peut regarder jusqu’aux derniers jours, bien
que les jugements ne fussent que partiels), un principe également
nouveau, savoir la conduite purement individuelle comme principe
reconnu des voies de Dieu en contraste avec les conséquences du
péché national, versets 10, 11, et encore la porte de la repentance
individuelle pleinement ouverte, repentance basée sur un
témoignage qui s’appliquait individuellement, quel que fût le
jugement national. La fin du jugement est l’inverse de l’effet que le
jugement devait produire sur la personne pour confirmer le principe.
La foi ne se montrait pas en comptant sur des promesses ou sur
l’intervention de Dieu en faveur de son peuple comme en
possession de ces promesses, car le peuple était jugé, et ce qui
aurait été la foi si c’eût été le temps de la promesse et qui sera la
foi plus tard, était l’endurcissement, dans le temps du jugement,
verset 24 (comp. ici Ésaïe 51:2, passage souvent complètement
mal appliqué). Là, le petit résidu est appelé à compter sur un Dieu
qui avait pris un seul homme et l’avait multiplié ; mais une telle
pensée, lorsque Dieu retranchait la multitude de son peuple à cause
de son iniquité, ne serait que l’occasion de rendre son jugement
plus sensible encore. Ainsi, par le moyen d’un jugement sur les
iniquités, dont, comme nation, ils avaient été coupables, et non par
une bénédiction que la présomption voulait arracher à Dieu, ils
sauraient que l’Éternel était Dieu.
5.2 - [Chapitre 34 — L’Éternel délivre les brebis de son
peuple de leurs mauvais pasteurs]
La fin de Jérémie nous a raconté l’accomplissement des paroles
d’Ézéchiel. Mais tous ces jugements donnent lieu à l’intervention de
Dieu en faveur de son peuple, par voie de grâce souveraine
accomplie dans le Messie. Cependant le mal était dans les
pasteurs, c’est-à-dire dans les rois et les chefs d’Israël, qui n’étaient
pas de vrais pasteurs. [34:5] Il n’y en avait vraiment pas, et le
troupeau malade, dispersé, affligé, maltraité, [34:8] était en proie à
ses ennemis. Les pasteurs s’en nourrissaient et ne le défendaient
ni ne le soignaient. Mais l’Éternel signale maintenant, chapitre 34,
la conduite des pasteurs [34:11] pour dire qu’il rechercherait lui-
même ses pauvres brebis, [34:17] jugerait entre brebis et brebis
[34:10] en les délivrant de la bouche de ceux qui les dévoraient (*),
[34:13] et les paîtrait sur les montagnes d’Israël, [34:14] dans de
gras pâturages. [34:23] Il susciterait un seul et vrai pasteur, David
(c’est-à-dire le Bien-aimé, le Messie). [34:24] L’Éternel serait leur
Dieu, et David son serviteur, leur prince ; [34:25] l’alliance de paix
serait rétablie, [34:26] une pleine et sûre bénédiction serait la
portion perpétuelle du peuple de Dieu, de la maison d’Israël. [34:29]
La famine ne serait plus dans leur terre, [34:28] et les nations ne les
dévoreraient plus. Remarquez ici la manière dont l’Éternel lui-même
délivre ses brebis sans s’appeler leur pasteur, [34:29] et puis il leur
suscite comme pasteur un plant de renom, le vrai David.
5.2.1 - [Résumé des chap. 33-39, en rapport avec les
relations entre l’Éternel et son peuple]
(*) Le chapitre 33 ayant constaté le grand principe des voies de
Dieu aux derniers jours, savoir l’état de l’homme
individuellement devant Dieu, le chapitre 34 montre la conduite
de ceux qui les dirigeaient. L’Éternel les juge comme ayant mal
conduit et opprimé son peuple, et discerne lui-même entre
brebis et brebis [(34:22)], puis, au chapitre 35, l’Idumée est
jugée (comp. És. 34). Ici en général, c’est l’effet qui se rapporte
à tout Israël (les deux pays) : puis, au chapitre 36, le
renouvellement moral de tout Israël pour jouir de sa terre ;
chapitre 37, la restauration en résurrection nationale du peuple
comme vivifié de Dieu, et enfin, aux chapitres 38 et 39, le
jugement des ennemis du peuple ainsi restauré en paix, ou
plutôt de l’ennemi, savoir de Gog. Toutes ces choses se
rapportent aux relations entre l’Éternel et son peuple. [34:23]
Quoiqu’il donne David pour roi, le Messie n’est pas nommé
comme ayant eu des rapports avec le peuple, car, en effet, ce
n’était vrai que de Juda. C’est un tableau général des derniers
jours dans leurs grands résultats et événements, chaque
chose ayant sa place à l’égard de l’ensemble d’Israël, sans qu’il
y ait l’historique des détails.
5.3 - [Chapitre 35 — Condamnation d’Édom à la
désolation]
Dieu juge le débat entre Édom et Israël, [35:3] et condamne à la
désolation perpétuelle le mont de Séhir, [35:5] à cause de la haine
invétérée que ce peuple a portée à Israël, et au lieu de livrer Israël
à Édom, au jour qu’il châtie son peuple, [35:14] c’est Édom qui
portera la peine de cette haine lorsque tous se réjouiront. Quand
Dieu châtie son peuple, le monde pense tout avoir, tandis que ce
n’est que la préparation pour le jugement de celui-ci.
5.4 - [Chapitre 36 — Renouvellement d’Israël rétabli dans
sa terre]
5.4.1 - [Bénédiction d’Israël ramené dans son pays par
l’Éternel]
Le chapitre 36 continue ce même sujet sous le rapport de la
bénédiction d’Israël. [36:2] Les nations insultaient Israël comme une
terre dont les antiques hauts lieux leur étaient livrés, [36:13] et qui,
ainsi qu’ont dit les espions, dévorait ses habitants. [36:10-12] C’est
l’occasion pour Dieu de se montrer en faveur de son peuple :
l’Éternel fait voir qu’il rendra au pays sa prospérité et la paix, [36:15]
et ôtera de dessus lui son opprobre. [36:17] Israël avait souillé la
terre et profané le nom de l’Éternel ; [36:19] l’Éternel les avait
dispersés parmi les nations, [36:20] et même en cela le nom de
l’Éternel serait profané, en ce que les nations diraient : C’est ici le
peuple de l’Éternel, il est sorti de sa terre. [36:23] Mais l’Éternel
interviendrait et se sanctifierait en Israël aux yeux des nations,
[36:24] en ramenant d’entre elles son peuple, [36:25] en le
punissant de toutes ses souillures, [36:26] ôtant la dureté de son
cœur, [36:27] lui donnant son Esprit, le faisant marcher d’après ses
statuts, [36:28] le plaçant dans la terre qu’il avait donnée à ses
pères, le reconnaissant pour son peuple, et étant lui-même son
Dieu. [36:14] Alors le reproche fait au pays, de dévorer ses
habitants, serait évidemment sans fondement. [36:35] Dieu
multiplierait à son peuple les bénédictions terrestres. [36:36]
L’œuvre de l’Éternel serait évidente à tous.
5.4.2 - [Passage présenté à Nicodème en Jean 3 sur la
nécessité de la régénération]
C’est principalement à ce passage, quoique non pas exclusivement,
que le Seigneur Jésus fait allusion au chapitre 3 de Jean, quand il
dit à Nicodème, lui avoir parlé des choses terrestres, et que, comme
docteur en Israël, il aurait dû comprendre que ce renouvellement de
cœur était nécessaire pour la bénédiction d’Israël dans sa terre
[(Jean 3:7, 10)]. Que cela fût vrai à l’égard d’un Juif, ce n’était pas
étonnant puisque c’était une opération souveraine pour quiconque
serait né de Dieu. Et si Nicodème ne connaissait pas la déclaration
des prophètes à l’égard de la nécessité de la régénération pour
qu’Israël jouît des choses terrestres, comment comprendrait-il, si
Jésus se mettait à lui parler des choses célestes pour lesquelles la
mort du Fils de l’homme et son rejet par les Juifs étaient absolument
nécessaires [(Jean 3:12)].
5.4.3 - [Ézéchiel considère seulement Israël devant
l’Éternel, omettant le temps des Gentils]
On peut remarquer que ce prophète parle des voies de Dieu à
l’égard d’Israël comme nation responsable envers l’Éternel, et ne dit
jamais rien de la première venue de Christ, ni de la responsabilité
d’Israël à son égard. Ceci avait lieu sous la domination des gentils.
Ici, Nebucadnetsar n’est qu’une verge dans les mains de l’Éternel,
et le temps des gentils n’est pas considéré, c’est pourquoi nous
trouvons que le jugement des nations par Nebucadnetsar se lie aux
événements des derniers jours. Ainsi, le rejet de Christ par les Juifs
n’entre pas en ligne de compte. C’est Israël devant l’Éternel. Cette
remarque est importante pour comprendre Ézéchiel (*).
(*) Voyez la note précédente.
5.5 - [Chapitre 37 — Pleine bénédiction nationale d’Israël,
fait un seul peuple]
Le chapitre 37 révèle la bénédiction définitive du peuple, comme
fait, sans entrer dans les détails des événements qui se terminent
dans cette bénédiction. [37:7] Les os secs d’Israël, la nation
considérée comme un tout, sont rassemblés par la puissance de
Dieu. [37:10] Dieu accomplit cette œuvre par son Esprit, mais par
son Esprit agissant sur son peuple, pour produire des effets en
puissance plutôt qu’en vie spirituelle, quoiqu’il ne soit pas douteux
que ceux qui seront bénis d’entre les Juifs, ne soient spirituellement
vivifiés. [37:22] Le résultat de cette intervention de Dieu est que les
dispersés, jusqu’alors divisés, sont rassemblés dans la terre, réunis,
pour n’être plus divisés, sous un seul chef, comme une seule nation.
[37:12] C’est la résurrection de la nation qui était vraiment morte et
ensevelie, mais Dieu ouvrirait leurs sépulcres, les placerait, ranimés
comme nation, dans leur terre. [37:19] Le fait de la division avant
cette œuvre de Dieu est reconnu ; mais le résultat de l’œuvre, c’est
Israël dans son unité comme peuple. [37:22] Un seul roi régnerait
sur eux. Voilà le résultat, sous la main de Dieu, de toute leur iniquité
et des machinations des ennemis qui les avaient emmenés captifs.
[37:24] David (c’est-à-dire Christ) serait leur roi, ils seraient
parfaitement purifiés par Dieu lui-même, ils marcheraient dans ses
statuts et ses jugements, et ils demeureraient pour toujours dans
leur terre. [37:26] Le sanctuaire de Dieu serait au milieu d’eux pour
toujours, son tabernacle, [37:27] sa demeure avec eux, — Lui, leur
Dieu, et eux, son peuple. [37:28] Les nations sauraient que l’Éternel
sanctifiait Israël, lorsque son sanctuaire serait là pour toujours. C’est
la pleine bénédiction nationale d’Israël de la part de l’Éternel.
5.6 - [Chapitres 38-39 — Dieu se fait connaître par le
jugement de Gog, en faveur de Son peuple]
5.6.1 - [Gog veut s’emparer du pays, ne craignant pas
l’Éternel qui y est]
Gog cherche à s’en emparer, sans crainte de l’Éternel. Il n’a pas
l’idée, il me semble, que l’Éternel soit là ; son orgueil l’aveugle.
5.6.2 - [Ézéchiel ne présente ni les venues de Christ, ni les
empires des Gentils]
Il est très important de remarquer qu’Ézéchiel ne parle ni de la
première venue de Christ, ni de la seconde, ni des circonstances
des Juifs en rapport avec les empires des gentils. Ceux-ci ne
paraissent que comme instruments, accomplissant la volonté de
Dieu. Le prophète met en scène l’Éternel et Israël. Il présente bien
Christ, mais comme déjà là, et sous le caractère de David. L’Éternel
suscite pour eux un plant qui a un grand nom [(34:29)]. Il ne s’agit
pas de venir. Les jugements de l’Éternel sur la terre le font connaître
également aux nations et à Israël : à celui-ci, ses bénédictions
aussi. Ces jugements et ces bénédictions font connaître aux nations
(point d’une importance capitale dans les voies de Dieu) qu’Israël
est allé en captivité à cause de ses péchés, non pas parce que son
Dieu était comme les idoles des nations. Or, dans toutes les voies
de Dieu ainsi présentées, la venue du Seigneur non seulement ne
paraît pas, mais n’a pas de place. C’est une autre série de pensées
et de révélations de l’Esprit de Dieu, un autre ordre d’événements.
5.6.3 - [Sujets distincts des chap. 36, 37 et 38-39,
présentant la bénédiction d’Israël]
Il est bien de remarquer aussi que les chapitres 36, 37, et les deux
suivants, pris ensemble, ne sont pas consécutifs, mais traitent,
chacun des deux premiers, et les deux derniers pris comme un tout,
de sujets à part, chaque sujet étant complet, présentant
l’introduction de la bénédiction d’Israël en rapport avec le sujet
traité, et se terminant avec l’assurance qu’elle serait finale et
perpétuelle. Le sujet de toutes ces prophéties, c’est la terre et les
bénédictions de Dieu sur la terre d’Israël. Cette terre appartenait à
l’Éternel, et il ne la voulait pas souillée. Exécutant ses jugements
sur Israël, il le chasse du pays ; lorsqu’il a purifié ce peuple, il fait
comprendre aux nations comme à Israël, quelles sont ses voies à
cet égard ; il agit en pleine grâce envers son peuple et donne à
connaître que c’est son peuple, qu’Il veut être sanctifié, et qu’il est
sanctifié au milieu de lui.
5.6.4 - [Gog est la fin des voies de Dieu envers Israël, le
jugement final avant la bénédiction]
Je pense donc que l’arrivée de Gog amène la fin de toutes les voies
de Dieu à l’égard d’Israël, que Dieu fait monter cette puissance
orgueilleuse pour manifester par un jugement final sur la terre ses
voies avec son peuple et avec les gentils, et pour placer sa
bénédiction, son sanctuaire et sa gloire, au milieu d’Israël, pas un
du peuple n’étant désormais laissé en exil, loin de la terre d’Israël.
5.6.5 - [Gouvernement terrestre de Dieu pour manifester
Son caractère]
Outre le grand nombre de versets où il est dit : « Et ils sauront que
je suis l’Éternel », on peut consulter les passages suivants, qui
montreront la pensée dominante de ces déclarations et de ces
jugements de Dieu, savoir la manifestation de son gouvernement
sur la terre, gouvernement qui devait mettre en évidence le vrai
caractère de Dieu et en assurer la vraie démonstration dans le
monde, malgré l’infidélité de son peuple, et cela en grâce comme
en sainteté : chapitres 36:17-23, 36 ; 39:7-23, 24, 28. Ainsi, à
l’égard de ceux d’Israël, chapitre 34:30 ; de l’ennemi, chapitres
35:12 ; 37:28.
5.6.6 - [Invasion de Gog, roi du nord, en Israël, la venue de
Christ étant omise]
Ce que je viens de dire de Gog suppose que tous les événements
qui se rapportent à la venue du Fils de l’homme du ciel, sont omis
dans les écrits de ce prophète, et c’est ce que je pense. Le livre ne
traite que des voies gouvernementales de Dieu sur la terre, de
l’Éternel en Israël. [38:15] La puissance désignée par Gog est celle
du nord, en dehors du territoire des bêtes de Daniel. [38:2] Je ne
doute pas que la vraie traduction ne soit prince de Rosh, Méshec et
Tubal, ainsi que bien des savants l’ont remarqué. [38:5] Cush et
Puth étaient sur l’Euphrate comme sur le Nil. La Perse est connue.
[38:6] Togarma est le nord-ouest de l’Asie mineure. [38:18]
L’audace de ce roi fait éclater la colère de l’Éternel.
5.6.7 - [Christ doit d’abord régner comme David, les
ennemis du peuple étant encore présents]
J’ajouterai, pour faciliter l’établissement des rapports avec d’autres
passages, qu’il est hors de doute à mes yeux, que Jésus ne doive
régner dans le caractère de David avant de porter celui de Salomon.
Il a souffert comme David chassé par la famille de Saül. Le résidu y
passera en principe ; c’est la clef des Psaumes. Il régnera comme
David, Israël étant béni et accepté ; mais tous ses ennemis n’étant
pas encore détruits ; et enfin, comme Salomon, c’est-à-dire comme
prince de paix. Bien des passages ainsi que Michée 5, plusieurs
chapitres dans Zacharie, Jér. 51:20, 21 ; Ézéch. 25:14, parlent de
ce temps dans lequel Israël déjà réconcilié, reconnu et en paix au-
dedans, sera l’instrument de l’exécution des jugements de l’Éternel
au-dehors (comp. És. 11:10-14).
5.6.8 - [Dieu se fait connaître à tous en Israël, par le
jugement de Gog]
Tout ce qui se rapporte donc à la destruction des empires qui
forment le sujet des prophéties de Daniel, ne trouve pas une place
dans les prophéties de ce livre, ni ce qui se passe pour mettre Israël
de nouveau en relation avec Dieu, ni les conséquences, pour les
Juifs, du rejet de Christ. Il faut chercher ces sujets ailleurs, dans
Daniel par exemple, dans Zacharie, et plus généralement dans
Ésaïe. [38:16] Ici, Dieu se fait connaître en Israël ; [39:4] Gog prince
de Rosh, Méshec et Tubal, tombe sur les montagnes d’Israël, [39:7]
et l’Éternel se fait connaître aux yeux de plusieurs nations, chapitre
38:21-23. Le jugement s’étendra au pays de Gog et aux îles, 39:6 ;
le nom de l’Éternel sera connu au milieu d’Israël ; les païens
connaîtront que l’Éternel, le Saint, est en Israël, verset 7. La gloire
de l’Éternel étant ainsi manifestée au milieu des nations, Israël
même saura, dès ce jour, que c’est Lui, l’Éternel, qui est son Dieu ;
et les nations, que c’est l’iniquité d’Israël qui a fait venir le jugement
sur lui, et non pas l’Éternel qui a manqué en puissance ou dans la
fermeté de ces conseils, versets 22-24. En un mot, l’Éternel et son
gouvernement seraient pleinement connus en Israël et à toute la
terre par le moyen de ce peuple, [39:29] et dès lors Dieu ne lui
cacherait plus jamais sa face. Son Esprit serait répandu sur son
peuple. Les versets 25-29 présentent un résumé des voies de Dieu
envers lui pour l’établissement de son gouvernement et pour se
faire connaître au milieu d’eux.

6 - [Chapitres 40 à 48 — Établissement du
nouveau temple]
6.1 - [Chapitres 40-43 — Révélation du nouveau temple et
gloire qui le remplit]
6.1.1 - [Description du temple témoignant de la pensée
divine, pour Israël]
Ce qui reste de la prophétie est l’établissement de son sanctuaire
au milieu du peuple. Le lecteur s’apercevra que nous trouvons dans
ces derniers chapitres une révélation analogue à ce qui a été
communiqué à Moïse pour le tabernacle, et à David pour le temple,
sauf que, dans ce cas-ci, les détails sont conservés dans les écrits
donnés au peuple par inspiration, comme témoignage pour les
temps à venir, et pour agir sur la conscience dans tous les temps.
Dieu s’intéresse à son peuple. Il rétablira son sanctuaire au milieu
des hommes. En attendant, le témoignage de sa pensée a été
donné au peuple pour le placer sous la responsabilité que cette
bonne volonté de Dieu faisait peser sur lui : [40:4] car le prophète
devait déclarer ce qu’il avait vu, à la maison d’Israël, ainsi qu’il l’a
fait. Lorsque les mesures des diverses parties de la maison et du
parvis ont été données, [43:5] la gloire de l’Éternel remplit la maison
dans la vision, ainsi que cela est arrivé historiquement lors de la
dédicace du tabernacle [(Ex. 40:34)] et du temple [(2 Chron. 7:1)].
6.1.2 - [ch. 43 v. 7-27 — Habitation de Dieu au milieu d’un
peuple repentant et purifié]
Le verset 7 du chapitre 43, proclame que la maison qui est le trône
et le marchepied de l’Éternel ne serait plus souillée par des choses
profanes ; [43:9] ensuite, le prophète devait annoncer que si Israël
renonçait à ses infidélités, l’Éternel viendrait y habiter. Ainsi le
peuple est placé sous cette responsabilité en tout temps. [43:10] Le
prophète devait montrer la maison à Israël, pour qu’il se repentît,
[43:11] et s’il se repentait il devait lui en expliquer tous les détails.
C’est aussi ce qui aura lieu à la fin. [43:18-27] Les ordonnances de
la maison devaient leur être révélées s’ils s’humiliaient, et en vue
de ce cas, le prophète annonce ce qui devait être fait pour la
purification et pour la consécration de l’autel, afin que le service
régulier eût lieu.
6.2 - [Chapitre 44 — Sainteté de la maison de Dieu au
milieu de Son peuple terrestre]
[44:2] Le fait est constaté que l’Éternel est rentré dans sa maison,
et le mémorial en est conservé, en ce que la porte par laquelle il est
entré doit rester toujours fermée ; [44:3] seulement le prince (car
Dieu susciterait un prince à Israël) s’en servirait pour entrer dans la
maison et pour s’asseoir devant l’Éternel. Nous avons vu que ce
prophète envisage toujours Israël sur son propre terrain de peuple
terrestre, en rapport avec le trône de Dieu sur la terre (comp. Zach.
12:7, 8, 10). [44:9] Enfin Dieu maintient la sainteté de sa maison
contre tout étranger [44:10-14] et contre les Lévites mêmes qui
l’avaient abandonnée. [44:15] La famille de Tsadok est établie dans
le sacerdoce, et des directions sont données pour la garder de toute
profanation.
6.3 - [Chapitre 45 — Ordonnances pour le pays, pour les
offrandes et pour les fêtes]
6.3.1 - [ch. 45 v. 1-17 — Répartition du pays et provision
pour les différentes offrandes]
[45:4] La portion des sacrificateurs dans la terre leur est donnée à
côté de l’emplacement même du sanctuaire. [45:5] La portion des
Lévites devait être attenante à celle des sacrificateurs ; [45:6] et
ensuite, à côté, venait l’emplacement de la ville et de ses faubourgs.
[45:7] Ce qui restait dans la largeur du pays était pour le prince et
pour les apanages de ses enfants, [45:8] afin que le peuple ne fût
plus opprimé. Tout le reste du pays était pour le peuple. [45:13-15]
Provision aussi est faite pour les offrandes de chaque jour et pour
celles du sabbat. [45:17] Les autres offrandes obligatoires devaient
être faites par le prince.
6.3.2 - [Ordonnance des fêtes modifiée pour l’époque
milléniale]
Quelques détails exigent une ou deux remarques. [45:18] La
purification du sanctuaire commence l’année. Ce n’est plus une
expiation à la fin de sept mois, dans le but d’ôter les souillures qui
sont déjà accumulées : l’année commence par une purification déjà
accomplie. Puis, afin que tous participent à la communion des
souffrances de l’agneau de Pâque, le septième jour du mois une
offrande est faite pour celui qui pèche par erreur, et pour celui qui
est simple (v. 20). [45:23] Pendant la fête on offrait sept taureaux
au lieu de deux. Le caractère de l’adoration sera parfait,
l’intelligence de l’acceptation de Christ comme holocauste sera
complète dans ce jour-là. La fête de la Pentecôte est omise,
circonstance d’une grande portée, car cette fête caractérise notre
position actuelle. Ce n’est pas que le Saint Esprit ne doive être
donné dans le monde à venir, lorsque Christ établira son règne ;
mais ce don qui nous rattache à un Christ dans les cieux, et au Père,
pendant l’absence de Christ, n’est pas ce qui caractérise cette
époque-là, ainsi que cela a lieu à l’égard du temps actuel, car Christ
sera présent.
6.3.3 - [La Pâque et la fête des tabernacles caractérisent la
position d’Israël]
Le prophète aussi, nous l’avons vu, envisage tout à un point de vue
en rapport avec Israël. Ainsi le souvenir de la rédemption dans la
Pâque et la jouissance du repos, célébrée à la fête des tabernacles,
caractériseront la position d’Israël devant Dieu. Les deux fêtes sont
célébrées pour reconnaître la pleine valeur de l’holocauste présenté
à Dieu.
6.4 - [Chapitre 46 — Adoration du prince et du peuple, et
fêtes liées au culte]
6.4.1 - [ch. 46 v. 1-7 — Sabbat et nouvelle lune, et
adoration du prince et du peuple ces jours-là]
Une autre circonstance qui distingue le culte du jour millénial dont
le prophète parle, [46:1] c’est que les deux fêtes qui sont les figures
de ce temps-là, sont distinguées dans le culte : le sabbat et la
nouvelle lune, c’est-à-dire le repos et le rétablissement, Israël
apparaissant à nouveau dans le monde. La porte intérieure du côté
de l’Orient doit être ouverte ce jour-là ; [46:2] le prince adorera en
se tenant à l’entrée de la porte même, [46:3] et le peuple se tiendra
devant la porte. [46:1] Les autres jours cette porte était fermée. Ils
étaient ainsi droits devant l’Éternel dans le sentiment du repos que
Dieu avait donné à Israël, et de sa grâce qui manifestait de nouveau
son peuple dans la lumière. Il reste toutefois toujours vrai que ni le
peuple, ni le prince ne pénétraient dans l’intérieur. Les plus bénis
sur la terre, dans ce jour de bénédiction, n’auront jamais l’entrée
dans la présence de Dieu, que nous avons, par l’Esprit, à travers le
voile. La Pentecôte appartient et se lie à la déchirure du voile et
nous donne de marcher en toute liberté dans la lumière, comme
Dieu lui-même est dans la lumière, étant entrés dans les lieux saints
par le chemin nouveau et vivant qu’il a consacré à travers le voile,
c’est-à-dire sa chair [(Héb. 10:20)].
6.4.2 - [ch. 46 v. 8-18 — Ordonnances pour le prince au
milieu du peuple de Dieu]
[46:8] Le prince entre par la porte extérieure du côté de l’Orient, et
il sort par la même porte. [46:9] Dans les fêtes solennelles, le peuple
entre par la porte du côté du nord et sort par la porte du midi, [46:10]
et le prince au milieu d’eux. [46:12] Lorsqu’il agit seul par
dévouement, il entre et sort par la porte du côté de l’Orient. Ces
ordonnances, tout en lui rendant un honneur remarquable lié à la
gloire de Dieu qui lui donne sa place au milieu du peuple, assurent
(ainsi que ce qui suit, versets 16-18) des rapports fraternels et de
bienveillance entre lui et le peuple de Dieu, et ôtent toute occasion
d’oppression.
6.5 - [Chapitres 47-48 — Bénédiction future du peuple
rétabli dans son pays]
6.5.1 - [Bénédiction abondante du jour futur, quoique non
parfaite, et partage du pays]
Les deux derniers chapitres n’exigent pas de longues observations.
[47:1] Les eaux qui sortent du sanctuaire, figure de la force vivifiante
qui sort du trône de Dieu à travers son temple, [47:8] guérissent la
mer Morte, signe permanent du jugement. [47:9] Les eaux
fourmillent de poissons, [47:12] les arbres qui y croissent abondent
en fruits, [47:11] les marais seuls restent sous la malédiction ; ils
sont abandonnés au sel. La bénédiction de ce jour est réelle et
abondante, mais imparfaite. [48:1-7, 23-29] Le pays est partagé
entre les tribus d’une manière toute nouvelle par des lignes tirées
droites de l’Orient à l’Occident. [48:8] L’emplacement du sanctuaire
et de la ville, soit les 25000 cannes carrées, se trouve après la
septième tribu, en commençant par le nord. [48:35] Le nom de la
ville, dès ce jour, sera : « l’Éternel est là » (comparez pour les eaux
qui coulent du temple : Joël 3:18 ; Zach. 14:8 : deux passages qui
se rapportent à la même époque).
6.5.2 - [Rétablissement d’Israël dans une bénédiction
analogue au paradis]
[47:10] Il paraît que les deux endroits indiqués comme limites pour
les pêcheurs étaient situés aux deux bouts de la mer Morte (on peut
comparer Gen. 14:8 ; 2 Chron. 20:2 ; et És. 15:8). Les grands traits
de ces passages sont le rétablissement d’Israël, mais sur un
nouveau pied, et une bénédiction analogue à celle du paradis
(image empruntée (*) à cette prophétie dans l’Apocalypse), avec la
réserve toutefois que cette bénédiction n’ôtait pas d’une manière
absolue tout le mal, ainsi que cela aura lieu dans les temps éternels.
(*) Quand je dis emprunté, ce n’est pas que l’Esprit de Dieu ne nous
ait pas donné un tableau original dans l’Apocalypse ; on n’a qu’à le
lire pour se convaincre du contraire, mais les images de l’Ancien
Testament sont constamment employées dans les descriptions qui
s’y trouvent, de manière toutefois à les appliquer aux choses
célestes, circonstance qui facilite beaucoup l’intelligence du livre, en
nous aidant à saisir son vrai caractère par le moyen de son analogie
avec l’Ancien Testament.
6.5.3 - [Le caractère de la ville, c’est que l’Éternel y est]
Il y a une source puissante et permanente de bénédiction, qui
surmonte largement et efface à peu près le mal, mais le mal n’est
pas absolument ôté ; [48:35] toutefois le nom de la ville, du siège
de la puissance, ce qui le caractérise, c’est : « l’Éternel est là »,
l’Éternel, ce grand Roi et Créateur de tout, et Chef de son peuple
Israël.
Manifestations de la gloire de Dieu
dans le livre d’Ézéchiel Voici, l’Éternel notre Dieu, nous a fait voir
Sa gloire et sa grandeur Deut. 5:24
Philippe Laügt
Décembre 2002
Plan de lecture :
1 - Manifestations de la gloire de l’Éternel avant Ézéchiel
2 - Manifestations de la gloire de l’Éternel dans le livre d’Ézéchiel
3 - Début du ministère d’Ézéchiel — Encouragements qu’il reçoit
4 - La vision du ch. 1
5 - Service et relation personnelle avec Dieu
6 - Fortifié pour résister
7 - La gloire s’en va
8 - Attitude avant de commencer le service
9 - La gloire de l’Éternel dans la vallée
10 - Actions symboliques d’Ézéchiel
11 - La main du Seigneur sur le prophète
12 - Les idoles — L’Éternel voit et montre ce qu’on cache
12.1 - Un fils de fidèle — L’apostasie croissante
12.2 - L’intérieur du coeur
12.3 - Le péché débridé
13 - Le jugement
13.1 - Un résidu
13.2 - Lenteur du départ de la gloire
13.3 - Plus de sursis
13.4 - Encore la pensée du retour
13.5 - La colère au dernier terme
14 - La gloire reviendra
14.1 - Le retour de la gloire au ch. 43
14.2 - Il donne la grâce et la gloire
14.3 - Les sacrificateurs s’approchent
15 - La gloire de Dieu en Jésus Christ

1 - Manifestations de la gloire de l’Éternel avant Ézéchiel


La manifestation visible de la gloire de Dieu dans certaines
circonstances avait pour but de revendiquer Son honneur et de
faire briller Sa majesté devant son peuple. Elle était le rayonnement
de son Être, le faisant connaître au milieu des hommes, comme le
Juge de tous (Héb. 12:23). Cette gloire siégeait
habituellement sur le propitiatoire, ombragé par des chérubins,
dans le Lieu Très-Saint.
Elle apparaît, pour la première fois, quand Dieu donne la Manne,
figure de Christ (Jean 6:31-35), pendant qu’Aaron parlait à toute la
congrégation des fils d’Israël (Ex. 16:10). Mais nous désirons citer
d’autres occasions :
Sur le Sinaï, au moment où Dieu va donner Sa Loi. La gloire de
l’Éternel demeure sur cette montagne, elle est couverte par
la nuée pendant six jours. Le septième jour, l’Éternel appelle Moïse
du milieu de la nuée. La gloire était comme un feu dévorant, au
sommet de la montagne, aux yeux du peuple d’Israël (Ex. 24:16-
17 ; Héb. 12:18-21).
Quand le Tabernacle est achevé (Ex. 40:34-35), « la nuée couvrit
la tente d’assignation et la gloire de l’Éternel remplit le tabernacle,
et Moïse ne pouvait entrer dans la tente d’assignation ». Cette
manifestation a lieu en grâce.
Au moment où Aaron offre pour la première fois les offrandes
tournoyées devant l’Éternel (Lév. 9:21), il entre d’abord avec Moïse
dans la tente d’assignation. Puis ils en sortent ensemble et
bénissent le peuple. « Et la gloire de l’Éternel apparut à tout le
peuple, et le feu sortit de devant l’Éternel, et consuma sur
l’autel l’holocauste et les graisses, et tout le peuple le vit, et ils
poussèrent des cris de joie et tombèrent sur leurs faces » (Lév.
9:23-24). C’était aussi une apparition en grâce.
Mais, quand les espions font un rapport mensonger sur le pays,
pourtant ruisselant de lait et de miel, que Dieu avait promis de
leur donner, la gloire de l’Éternel apparaît à tous les fils d’Israël à la
tente d’assignation (Nom. 14:10). La présence de la gloire annonce
ici que le jugement de Dieu va tomber.
De même, lors de la rébellion de Coré, Dathan, Abiram et On, qui
ont réuni contre Moïse et Aaron, « toute l’assemblée à l’entrée de
la tente d’assignation (Nom. 16:19-
21) ; la gloire de l’Éternel apparaît ». Dieu parle à Moïse et à Aaron,
disant : « Séparez-vous du milieu de cette assemblée et je les
consumerai en un moment ». Ceux-ci intercèdent : « Un seul
homme péchera, et tu seras courroucé contre toute
l’assemblée ? ». Mais le jugement est inéluctable, quoique tempéré
par la grâce : en effet « Les fils de Coré ne moururent pas » (Nom.
26:11).
Dans une autre occasion, toujours au désert, ayant soif, toute
l’assemblée s’attroupe contre Moïse et Aaron. Ils les accusent
d’avoir amené la congrégation de l’Éternel dans le désert pour
la faire mourir (Nom. 20:2-5). Ces deux serviteurs vont à l’entrée de
la tente d’assignation et tombent sur leurs faces ;
Alors la gloire de l’Éternel leur apparaît. (Nom. 20:6). Dieu leur
donne des instructions précises pour une nouvelle réponse de
grâce aux besoins de ce peuple ingrat.
Lors de la dédicace du Temple de Salomon (2 Chr. 7:1-3), quand le
roi eut achevé sa prière, le feu descend du ciel.
Il consume l’holocauste et les sacrifices,
et la gloire de l’Éternel remplit la maison de l’Éternel (2 Chr. 7:1-3).
Les sacrificateurs ne pouvaient plus entrer dans le Temple. Tous
les fils d’Israël, voyant le feu, et la gloire sur la maison, se
prosternent et célèbrent l’Éternel.
2 - Manifestations de la gloire de l’Éternel dans le livre
d’Ézéchiel
Mais notre intention est de considérer un peu plus en détail
d’autres manifestations de la gloire, en particulier dans le livre du
prophète Ézéchiel.
Signalons d’abord certains passages que chacun peut comparer
dans deux livres de portée prophétique, Ézéchiel et l’Apocalypse :
Ézé. 1 et Apoc. 4 et 5 ; Ézé. 3:3 avec Apoc. 10:10 ; Ézé. 8:3 avec
Apoc. 13:14 ; Ézé. 9 avec Apoc. 7 ; Ézé. 10 avec Apoc. 8:1-5.
3 - Début du ministère d’Ézéchiel — Encouragements qu’il
reçoit
Dès les premiers versets de son livre, nous apprenons qu’Ézéchiel
appartenait à cette famille très honorée de Tsadok. Il
était sacrificateur, fils de Buzi. Comme Jérémie, lui aussi
sacrificateur, il va devenir prophète. Jérémie poursuivra son
ministère à Jérusalem jusqu’à la destruction de la ville. Ézéchiel est
emmené en captivité, lors de la seconde déportation, sous le règne
de Jéhoïakin (2 Chr. 36:10). Onze ans après, la ville et le temple
seront définitivement dévastés par le roi de Babylone.
Ézéchiel commence à prophétiser cinq ans après cette déportation
du roi Jéhoïakin. Son ministère durera vingt-trois ans environ, au
milieu des juifs exilés sur les bords du fleuve Kebar, en
Mésopotamie, dans le pays des Chaldéens. Quels devaient être les
sentiments de ce sacrificateur pieux, arraché au service du
temple ? Pour lui, plus que pour beaucoup d’autres captifs, cet exil
brutal changeait entièrement l’orientation de sa vie de sacrificateur.
Jusqu’alors elle semblait devoir se dérouler paisiblement, dans la
Maison de Dieu ! Les plans chéris de nos cœurs ne s’accomplissent
pas toujours. Au lieu de se déclarer frustrés, soyons assurés que
Dieu se propose de nous faire du bien à la fin (Job 17:11 ; Deut.
8:16).
Hélas, Ézéchiel devra en outre constater
que le jugement de Dieu ne produit aucun travail salutaire chez ses
compatriotes ! (Jér. 2:30). Pourtant le ministère qu’il a reçu de
l‘Éternel pourrait réconforter ces pauvres rescapés
dans leur détresse. Dieu accorde à Ézéchiel des encouragements
peu communs. Il le fortifie en lui accordant, à plusieurs reprises, de
contempler Sa gloire. Malgré son humiliation et ses épreuves,
ces visions l’amènent à adorer. Il tombe alors sur sa face devant
l’Éternel (Ézé. 1:28 ; 3:23 ; 9:8 ; 43:3 ; 44:4). Il est, le seul prophète
de l’Ancien Testament duquel il est dit que
les cieux lui furent ouverts (Ézé. 1:1).
Chaque croyant a besoin de connaître toujours mieux la gloire,
la puissance, l’amour et la sagesse de Dieu. Il est alors rendu
capable de rendre un bon témoignage vis à vis de son entourage,
avec une énergie spirituelle renouvelée (Éphés. 3:16). S’il se
montre dépendant, le Seigneur peut se servir de lui,
pour réaliser sa volonté, toujours bonne et agréable et parfaite
(Rom. 12:2).
Il y a une relation évidente entre la lettre que Jérémie a envoyé aux
captifs transportés à Babylone et le début du ministère d’Ézéchiel
(Jér. 29:8). Jérémie leur exprime, de la part de l’Éternel, des
pensées de paix et non de mal. Il cherche à les consoler, à les
encourager et leur fait de touchantes promesses. Il les exhorte à
chercher la paix de la ville où Dieu les a transportés et à prier pour
elle.
4 - La vision du ch. 1
Dès le début du livre d’Ézéchiel, on apprend qu’il a eu une vision
extraordinaire du trône du gouvernement de Dieu. Elle lui a été
apportée par un vent du Nord soufflant en tempête. Cette
manifestation de la gloire de Dieu, appelée en Hébreu la Shekinah,
rappelle à Israël toute la majesté divine (Deut. 5:24). Mais elle ne
permet pas à Ézéchiel d’avoir une vue guère plus détaillée que celle
des anciens montés sur la montagne (Ex. 24:10 ). Au milieu
du feu et de l’airain brillant, image de la justice divine et du
jugement (Ps. 13:8-13 ; Hab. 3 ; Jér. 4:12-13), le prophète aperçoit
« la ressemblance de quatre animaux » fantastiques (Ézé. 1:5). En
fait, il s’agit de chérubins, gardiens de la sainteté de Dieu et
agents exécuteurs de ses décrets (Ézé. 10:18-22).
Sept cent ans plus tard, Jean, un autre captif, alors qu’il est dans
l’île de Patmos, « pour la Parole de Dieu et pour le témoignage de
Jésus » aura une vision comparable, mais beaucoup plus précise.
Au milieu du trône et des quatre animaux, il verra un Agneau, qui
se tenait là, comme immolé. (Apoc. 5:6-8) Entre le moment de la
vision d’Ézéchiel et de celle de
l’apôtre, Dieu a été manifesté en chair. L’Agneau de Dieu a été vu
sur les bords du Jourdain. À la Croix, il a ôté le péché du monde.
Désormais le voile est déchiré, et le racheté, entrant dans le lieu
très-saint, peut contempler Christ.
Mais ici, au début de ce livre d’Ézéchiel, la description
du trône de Dieu et du char de son gouvernement reste encore fort
imprécise. Le prophète voit, au-dessus de l’étendue, sous l’aspect
d’une pierre de saphir, « la ressemblance d’un trône », et sur ce
trône, « comme l’aspect d’un homme, au-dessus en haut, entouré
de gloire » (Ézé. 1:27). Tout ceci met toutefois en
évidence la gloire de Celui qui est la pleine et définitive révélation
de Dieu. C’est une anticipation du Seigneur Jésus Christ, de son
exaltation sur le Trône , avec, entre ses
mains, le gouvernement et le jugement.
Les chérubins de gloire (Héb. 9:5) ont quatre faces (symboles des
attributs divins de majesté, de puissance, de rapidité et de sagesse
). Ce sont aussi des figures du Seigneur Jésus, en relation ici avec
le jugement. Il en est de même dans Apocalypse 6 et 15:7.
L’ensemble de la vision évoque un char fantastique,
dont les roues sont particulièrement effrayantes. Elles vont et
viennent inlassablement, mais de façon ordonnée, sur la terre. Les
événements sont dirigés par l’Esprit de Dieu, et non par le hasard,
comme le prétendent les incrédules. Toutes choses
sont gouvernés par la volonté et le propos souverain d’un Homme,
maintenant dans la gloire.
La vision est complétée « par une splendeur tout autour, comme
l’aspect de l’arc qui est dans la nuée en un jour de pluie » (Ézé.
1:28). Cet arc-en-ciel, apparu après le déluge, comme le signe que
Dieu ne détruirait plus la terre par les eaux, est la preuve assurée
que la grâce se déploiera, quand l’accomplissement des temps
sera venue. Ézéchiel comprend qu’il voit « l’aspect de
la ressemblance de la gloire de l’Éternel » (Ézé. 1:28). Il voit, il
tombe sur sa face, et il entend une voix qui lui parlait. Ce n’est pas
la voix d’un chérubin (alors que dans l’Apocalypse, les chérubins
parlent).
Pour la première fois, Ézéchiel est appelé : fils d’homme. Il le sera
au moins une centaine de fois dans ce livre. Ce nom met en
évidence le contraste entre la faiblesse totale du prophète et
la toute-puissance de Dieu qui veut bien se servir de lui en faveur
de son peuple, abaissé et humilié.
5 - Service et relation personnelle avec Dieu
Quand Dieu appelle quelqu’un à son service, il établit une
relation personnelle avec lui.
Voyez, par exemple, Moïse. Il paissait son troupeau au désert de
Madian. Il est brusquement attiré par un buisson en flammes, qui
pourtant ne se consumait pas. Dieu veut lui faire comprendre
l’étendue de sa grâce envers son Peuple. Il lui dit ensuite : « Viens,
et je t’enverrai vers le Pharaon et tu feras sortir hors d’Égypte les
fils d’Israël » (Ex. 3:1-6, 10 ; Act. 7:30-35).
Le jeune Ésaïe, aussi, est soudain devant le Dieu très-saint, assis
sur un trône haut et élevé. Une telle présence produit chez lui une
profonde conviction de péché. Mais Dieu, dans sa grâce, pourvoit
aux exigences de sa propre sainteté. Alors, Ésaïe est prêt à
répondre à l’appel divin : « Me voici, envoie-moi » (És. 6:1-8).
Saul de Tarse est aveuglé, jeté à terre sur le chemin de Damas.
Tous ses compagnons ont vu aussi cette lumière éclatante, mais lui
seul entend une voix lui dire : « Je suis Jésus que tu persécutes »
(Act. 9:3-6 ; 1 Cor. 9:1). Il ne sera pas désobéissant à la vision
céleste (Act. 26:16). Il demande : « Que dois-je faire, Seigneur »
(Act. 22:10).
Ici la gloire de l’Éternel apparaît à Ézéchiel
sous un aspect judiciaire. Avec quels accents, il parlera désormais
du jugement divin qui va s’abattre sur un temple rempli d’idoles, et
soulignera la terrible culpabilité de Jérusalem. La gloire et
le jugement sont des pensées maîtresses du ministère de ce
prophète.
6 - Fortifié pour résister
Cette vision grandiose et terrifiante de la gloire de Dieu, au bord du
fleuve Kebar, restera gravée dans l’esprit d’Ézéchiel. Il délivrera
son message de la part de l’Éternel. Chaque racheté du Seigneur
est appelé à parler aussi « comme oracle de Dieu » (1 Pier. 4:11) et
chacun de ceux qui l’écoutent à recevoir ce
message de la part du Seigneur.
Dieu veille à fortifier Ézéchiel. Son nom a cette signification. Il va
le nourrir avant tout de ses paroles (Ézé. 3:1-2) : « Fils d’homme,
toutes les paroles que je te dirai, reçois-les dans ton cœur ,
et écoutent-les de tes oreilles ». (Ézé. 3:10). Chaque serviteur du
Seigneur a besoin que la Parole habite richement en Lui (Col. 3:16).
Le front d’Israël est dur. C’est un rebelle, à la face impudente, au
cœur obstiné (Ézé. 2:3-6). Mais Ézéchiel va recevoir l’énergie
nécessaire pour résister à cette opposition : « J’ai rendu ton front
comme un diamant, plus dur qu’un roc. Ne les crains pas »
(Ézé. 3 :8-9 ; És. 50:7 et Luc 9 :51).
Il doit résister en particulier à l’activité des faux prophètes qui
incitent les captifs à la rébellion et parlent, à tort,
d’un prompt retour dans leur pays. Mais si le serviteur n’accepte
pas de souffrir, il laisse l’ennemi lui arracher sa couronne (Jac.
1:12 ; Apoc. 2:10) !
Il n’y avait plus d’espoir pour Jérusalem. Tel était le message,
sévère et douloureux, qu’Ézéchiel avait la responsabilité de
transmettre aux captifs.
7 - La gloire s’en va
On peut se demander où se trouvait la gloire qui avait
autrefois rempli, de façon si remarquable, le temple, au début du
règne de Salomon ? (1 Rois 8:10-11). Demeurait-elle encore en
Sion, où un service sacerdotal de pure forme subsistait ? Pouvait-
elle rester dans le temple, alors que l’impiété était à son comble ?
Certes, Dieu, dans sa grande patience, avait supporté pendant
longtemps les péchés de Jérusalem, la ville où Il avait
mis la mémoire de son Nom ! Mais sa sainteté pouvait-
elle cohabiter avec de si grandes abominations ? (Ps. 93:5).
Quel déclin depuis le temps où Ésaïe avait été appelé à servir ! (És.
6:8). Les pans de la robe du Seigneur remplissaient alors le temple,
et les séraphins (les ardents) se tenaient au-dessus de Lui (És. 6:1-
3). Mais dans ce premier chapitre d’Ézéchiel, le temple n’est même
pas mentionné !
Si l’on poursuit la lecture de ce livre d’Ézéchiel, on voit, dans les
onze premiers chapitres, la gloire s’en aller peu à peu,
comme à regret. Ensuite son retour, encore futur, à l’époque où
nous vivons, est décrit dans les chapitres 39 à 44. Ce retour
correspond au moment où s’établira, sur la terre, la bénédiction de
la période millénaire.
8 - Attitude avant de commencer le service
L’Éternel annonce à son serviteur qu’il l’établit comme sentinelle,
mais il l’avertit que la maison d’Israël ne voudra pas écouter.
Ézéchiel avertira mais en même temps il prendra part au drame. Il
devra leur dire « Ainsi dit le Seigneur l’Éternel et cela « soit qu’ils
t’écoutent, soit qu’ils n’en fassent rien » ! (Ézé. 3:7, 11, 17).
Ce rôle de sentinelle est toujours très solennel. L’avenir de tant
d’âmes précieuses ne dépend-t-il pas pour l’essentiel des
avertissements qui leur sont ou non adressés ? (Ézé. 3:16-21 ;
33:1-9 ; És. 21:11-12). La sentinelle doit veiller, être
prête à saisir chaque opportunité et à donner l’alarme sans crainte.
C’était l’attitude de l’apôtre Paul (Act. 20:26-27).
À la différence du temps actuel, où le Saint Esprit habite dans le
croyant, l’Esprit de Dieu entre chez Ézéchiel (Ézé. 2:2 ; 3:24) et le
transporte au milieu des captifs, à Thel Abib. Le prophète entend
derrière lui le bruit d’une grande commotion (ou : d’un grand fracas),
disant : Bénie soit de son lieu la gloire de l’Éternel ! En fait il entend
simultanément le bruit des ailes des animaux qui s’entre touchent
l’une l’autre et le bruit des roues auprès d’eux et le bruit
d’une grande commotion » (Ézé. 3:12-13).
« La main de l’Éternel était forte sur moi » déclare le prophète.
Parvenu auprès de ceux de la transportation, sur les bords de ce
fleuve Kebar « là où ils étaient assis, je m’assis stupéfait, là au
milieu d’eux, sept jours » (Ézé. 3:13 ; Job 2:13 ; Ps. 137:1). Nous
vivons au milieu de ceux qui sont dans l’ignorance de Dieu. Le
Seigneur nous a délivrés, par son œuvre à la Croix, de la servitude
(Luc 4:18-19 ; Héb. 2:14-15). Cherchons à entrer
dans les difficultés de ceux qui sont encore captifs de Satan, à saisir
un peu mieux leurs vrais besoins. Alors nous
pourrons leur apporter l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux,
qui seul peut leur donner le vrai bonheur (1 Tim. 1:11).
9 - La gloire de l’Éternel dans la vallée
Mais, avant de commencer son service et de délivrer son âme, en
avertissant et le méchant et le juste (Ézé. 3:21), le prophète, après
cette semaine de deuil, a besoin d’abord de se retrouver en
présence de la gloire de l’Éternel. Il obéit à ce commandement :
« Lève-toi, sors dans la vallée, et là je parlerai avec toi » (Ézé.
3:22). Le mot choisi, dans le texte original, implique qu’il s’agit
d’une vallée profonde, encaissée et solitaire. Ce genre de vallée
rappelle à nos cœurs celles que nous devons parfois parcourir
pendant notre vie (Ps. 23:4 ; 84:6). Le croyant aimerait plutôt
rester sur la montagne. Là, à l’écart de l’agitation de ce monde, ses
pensées peuvent plus aisément, semble-t-il, s’élever vers Dieu.
Ézéchiel, obéissant, est sorti dans la vallée, et
« voici la gloire de l’Éternel se tenait là, selon la gloire que j’avais
vu près du fleuve Kebar » (Ézé. 3:22-23). Il a dû être
merveilleusement fortifié par la contemplation de la ressemblance
de la gloire de Dieu.
La vallée est souvent, dans l’Écriture, un lieu
de pleurs et d’humiliation, mais elle est aussi parfois un lieu
de bénédiction, si l’épreuve permise est traversée avec Dieu :
« Près de Ton cœur, les pleurs même sont doux ». Un serviteur de
Dieu, qui suit cette école d’épreuve et de souffrance, peut mieux
sympathiser ensuite avec ceux s’y trouvent. Il est mieux à même de
les encourager (2 Cor. 1:3-4).
10 - Actions symboliques d’Ézéchiel
Aussi, dans les chapitres suivants, Dieu appelle Ézéchiel à être lui-
même l’exemple, par diverses actions symboliques, des épreuves
que son peuple allait connaître, à cause de son iniquité. « Ézéchiel
sera pour vous un signe, selon tout ce qu’il fait, vous ferez. Quand
cela arrivera, vous saurez que je suis le Seigneur, l’Éternel » (Ézé.
24:24).
Mais la plus pénible de ses épreuves aura lieu le jour où
Nébucadnetsar commence le siège de Jérusalem.
Ézéchiel perd sa femme, « le désir de tes yeux », sans même avoir
le droit de mener deuil sur elle ! (Ézé. 24:15-18). Il lui faudra ensuite
expliquer au peuple la signification de son étrange comportement.
Par sa conduite, le prophète illustre ce que Dieu à l’intention de faire
« Voici, je profane mon sanctuaire, l’orgueil de votre force, le désir
de vos yeux, et l’affection de votre âme… vous ne mènerez pas
deuil… mais vous vous consumerez dans vos iniquités » (Ézé.
24:19-27 ; Marc 13:1-2).
En effet, certains d’entre eux seront la proie de la peste ou de
la famine, d’autres de l’épée. Tous leurs lieux seront détruits et le
peuple dispersé. Le pays deviendra plus désolé que le désert de
Dibla ! (Ézé. 6:1-7, 14). Tous ces châtiments avaient déjà depuis
longtemps été annoncés dans la Loi (Lév. 26:14 ; Deut. 28:14). Mais
l’Éternel laissera un reste, des réchappés, dispersés au milieu des
nations. Ils reviendront vers Lui et se repentiront de leurs péchés
(Ézé. 8-10).
11 - La main du Seigneur sur le prophète
Quatorze mois environ s’écoulent. Soudain, expression qui revient
sept fois dans ce livre : 1:3 ; 3 :14 et 22 ; 8:1 ; 23:22 ; 37:1 et
40:1, la « main du Seigneur », tombe sur le prophète, au moment
même où les anciens de Juda venus l’écouter, (mais dans quelles
dispositions d’esprit ? ) sont assis devant lui (voir Ézé. 8:1 ; 14:1 ;
20:1-5 et surtout 33:30-32). Ézéchiel réalise que toute sa vie
est sous le contrôle de Dieu ! (Matt. 8:9). Chaque croyant a besoin
de faire la même expérience ! (Ps. 139:5).
Le prophète voit « une ressemblance comme du feu »
et la forme d’une main le prend par les boucles de sa tête. L’Esprit
l’élève entre la terre et les cieux et il est
amené, dans les visions de Dieu, à Jérusalem (Ézé. 8:2-3).
Le prophète Élie a fait la même expérience (1 Rois 18:12 ; 2 Rois
2:16). L’Esprit du Seigneur a aussi transporté Philippe, pour les
besoins de son service, sur un chemin désert, à la rencontre de
l’eunuque de la reine Candace (Act. 8:39).
12 - Les idoles — L’Éternel voit et montre ce qu’on cache
Ézéchiel est maintenant juste à l’entrée de cette porte qui
regarde vers le nord (une des trois portes qui permettent d’accéder
au parvis intérieur). Il reçoit l’ordre de lever les yeux vers le Nord et
il voit « le siège de l’idole de jalousie, qui provoque à la jalousie »,
Des Juifs ont osé l’ériger à cet endroit-là, sans que personne ne
vienne la détruire, comme autrefois Gédéon ! (Jug. 6:25-27)
Une idole avait déjà trouvé sa place, au même endroit, du temps de
Manassé (Ézé. 8:3 ; Ex. 20:4-5 ; 2 Chr. 33:7, 15). Comprenons
que tout ce qui porte atteinte à la souveraineté de Dieu
provoquera toujours, à juste titre, sa jalousie (Ézé. 5:13 ; 2 Cor.
11:1-2).
Alors la gloire de l’Éternel apparaît à Ézéchiel,
exactement au même endroit. Il la reconnaît : il l’a déjà vue lors de
la vision dans la vallée ! Mais c’est la première fois, dans ce livre,
qu’elle est vue en relation avec le temple. Dans cette enceinte
sacrée, d’où toute souillure aurait dû être exclue, justement du fait
de la présence de Dieu, Ézéchiel va voir encore de plus « grandes
abominations ». Quelle douleur pour le cœur divin : « Fils d’homme,
vois-tu ce qu’ils font pour m’éloigner de mon sanctuaire ? » (Ézé.
8:6).
Mais ce n’est qu’une de leurs iniquités : le prophète est ensuite
conduit à l’entrée du parvis et il entend cet ordre : « Fils d’homme,
perce le mur » (Ézé. 8:8).
Il obéit, trouve une porte, entre, et surprend soixante-dix hommes
parmi les anciens du peuple se tenant dans les ténèbres
(Jean 3 :19), devant toutes sortes de reptiles (figure constante de
Satan) et de bêtes exécrables tracées sur les murs tout autour de
leurs cabinets d’images personnels. Tout se déroule au milieu d’une
épaisse nuée d’encens, réservé à Dieu seul (Ézé. 8:11-12 ; Ex.
30:37). Ils sont nombreux aussi aujourd’hui à s’adonner au culte de
Satan !
Dieu révèle au prophète ce qu’ils disent dans leurs cœurs :
« L’Éternel ne nous voit pas, L’Éternel a abandonné le pays »
(Ézé. 8:12). Affirmation insensée ! (Ps. 139:4) qui revient à nier
l’omniscience et l’omniprésence de Dieu. Ils imitent les païens qui
considèrent les animaux comme des êtres sacrés et leur rendant
culte. Là encore, l’Éternel dit à son serviteur : As tu vu ? Et il lui
annonce qu’il verra encore des choses plus affreuses.
Quand Dieu dénonce un mal devant les siens, Il
éclaire leur conscience, de sorte qu’ils puissent mieux comprendre
combien le péché porte atteinte à Sa gloire.
12.1 - Un fils de fidèle — L’apostasie croissante
Au milieu de ces « anciens », officiait un certain Jaazania. C’était
pourtant le fils du fidèle Shaphan. Autrefois, en réparant le temple,
Hilkija avait retrouvé le livre de la Loi de l’Éternel.
Alors Shaphan l’avait lu au roi Josias, qui s’était humilié en
comprenant à quel point ils s’étaient éloignés de la pensée de Dieu.
Un grand réveil avait suivi au milieu d’Israël (2 Chr. 34:8, 18).
Mais le fils de ce scribe pieux fait maintenant partie des adorateurs
de ces bêtes immondes. C’était une terrible évidence
de l’apostasie dans laquelle toute la nation avait sombrée !
Soyons sur nos gardes : la chrétienté suit
aujourd’hui le même chemin qu’Israël, et
renie en pratique l’enseignement de la Parole de Dieu. Les
ténèbres de l’idolâtrie et de la superstition ont tout envahi. Quel
terrible chemin descendant avait été parcouru depuis le moment où
Dieu avait commandé à Moïse d’assembler soixante-dix anciens,
pour porter avec lui, le fardeau du peuple de Dieu (Nom. 11:16-17).
12.2 - L’intérieur du coeur
Ces images sur les murs peuvent se comparer aux fruits impurs
produits par notre imagination, et secrètement cultivés dans les
coins obscurs, dans les « chambres secrètes » de nos pauvres
cœurs, devenus de véritables cabinets d’images.
Invités par l’Esprit de Dieu à visiter notre cœur (Le repos : HR), le
spectacle découvert glace d’horreur. À chaque pas descendant
dans ce sombre escalier en spirale, ces mots gravés défilent :
Débauche, adultère, orgueil, avarice, courroux, trahison, jalousie…
Une foule qui, à l’infini, déroule ses anneaux. Comment peut-on
encore douter que vraiment notre cœur ressemble à un égout ?
« Si nos cœurs ne sentent pas ce qu’est le péché, Christ l’a senti ,
lorsqu’il a bu la coupe amère et qu’il a été fait péché pour nous »
(JND).
12.3 - Le péché débridé
Ce qui se passait dans le Temple donnait un aperçu de l’état
général de la nation, asservie de façon effrénée au culte des idoles.
L’Éternel montre encore à son serviteur des femmes en train
de pleurer une répugnante idole, Thammuz (l’Adonis des Grecs).
Or l’idolâtrie, se lie pratiquement toujours à l’immoralité. Quelle
tristesse de voir des
femmes appartenant au peuple de Dieu pleurant sur une idole
disparue !
Entre le portique et l’autel de l’holocauste ( !), Ézéchiel voit aussi
vingt-cinq sacrificateurs apostats, prosternés devant le soleil
levant, tournant volontairement le dos au temple.
Ils rejetaient ouvertement l’Éternel et le culte qu’ils étaient censés
Lui rendre.
Tout ce péché débridé remplissait le pays de violence (Ézé. 8:17)
et provoquait l’Éternel à colère.
Terrible conséquence, la gloire allait quitter le temple. Il faudrait à
nouveau s’écrier I-cabod, mais ce serait pour une période beaucoup
plus longue ! (1 Sam. 4:21-22 ; Jér. 7:1-15).
Les terribles maux de la Maison de Dieu sont ainsi exposés.
Sommes-nous conscients aujourd’hui et en alerte ? Toutes sortes
de péchés, y compris l’idolâtrie, preuve concrète
de l’abandon de Dieu, se trouvent souvent même au milieu d’une
assemblée locale de chrétiens ? Lisons à cet égard les
avertissements de Colossiens 3:5 et 1 Jean 5:21.
13 - Le jugement
La vision de jugement qui suit (Ézé. 9) est étroitement liée à ce qui
précède. Six hommes, en fait ce sont des anges qui ont la charge
de la ville, « chacun avec son instrument de destruction à la main, »,
quittent l’endroit où la gloire était apparue au chapitre 8, non loin de
l’idole qui provoque à la jalousie. Ils sont prêts à accomplir
l’œuvre étrange, le travail inaccoutumé de Dieu (És. 28:21). Ils se
tiennent à côté de l’autel d’airain, avec ordre de frapper sans
pitié, en commençant par le sanctuaire (Ézé. 9:2, 5-7).
En même temps « la gloire du Dieu d’Israël s’élève au-dessus du
chérubin sur lequel elle se trouvait et vient sur le seuil de la
maison » (Ézé. 9:3). Ainsi le jugement de Dieu concerne d’abord sa
propre maison (Ézé. 5:6-8 ; 1 Pier. 4:17). Les plus
grands privilèges se lient à de plus grandes responsabilités. Faute
de juger nos péchés, Dieu les jugera (1 Cor. 11:31).
13.1 - Un résidu
Mais, par pure grâce, le principe d’un résidu fidèle est clairement
établi. Dans un temps aussi épouvantable, il y avait encore à
Jérusalem des personnes pieuses, comme Jérémie par exemple.
Il y avait un septième homme, vêtu de lin, avec un encrier d’écrivain
aux reins. Son rôle dans cette scène ? Marquer au front d’un Thau
(la dernière lettre de l’alphabet hébreu — déjà le signe de la croix)
les hommes qui soupirent et gémissent devant toutes les
abominations qui se commettent dans la ville, de sorte qu’ils soient
épargnés (Ézé. 9:4). C’est tout le contraire de ceux qui recevront
la marque de la Bête (Apoc. 13:17). Il représente, sous une forme
mystérieuse, le Seigneur Jésus.
Miséricorde infinie ! Quand même Dieu doit frapper pour maintenir
les droits de sa justice et de sa sainteté, il ne se
départit jamais de sa grâce. Votre nom est-il écrit dans le livre de
vie ? (Luc 10:20).
Voyant tant de personnes atteintes, Ézéchiel, demeuré de reste, se
demande avec anxiété s’il y aura vraiment un résidu. Il tombe sur
sa face et crie : « Ah, Seigneur Éternel ! Veux-tu détruire tout le
reste d’Israël en versant ta fureur sur Jérusalem ? » (Ézé. 9:8). Le
rapport de l’homme à l’encrier d’écrivain : « J’ai
fait comme tu m’as commandé » (Ézé. 9:11) lui donne l’assurance
que le résidu a été épargné (És. 26:20).
Au milieu d’une génération, livrée au vertige de la mondanité et de
la rébellion contre Dieu, il y a des âmes pieuses qui prennent à
cœur Sa cause et souffrent de toutes ces profanations, même
si leur zèle ne s’exprime peut être que par des larmes.
Le Seigneur voit et connaît par nom les siens. Il les exhorte. « Qu’il
se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2
Tim. 2:19 ; Apoc. 7:3 ; Mal. 3:16-17).
Puissions-nous faire partie de ceux qui gardent sa Parole et seront
à leur tour gardés de l’heure de l’épreuve (Apoc. 3:10) !
13.2 - Lenteur du départ de la gloire
La Parole précise à nouveau que la gloire s’arrête sur le seuil de la
maison. Sa touchante lenteur à s’en aller montre toute la nostalgie
qu’elle éprouve à partir. Son départ coïncide avec le
commencement du temps des nations . Le trône de Dieu ne
sera plus désormais à Jérusalem.
Mais avant ce départ définitif, « la maison est encore
remplie de la nuée, et le parvis de
la splendeur de la gloire de l’Éternel » (Ézé. 10:4).
13.3 - Plus de sursis
L’homme vêtu de lin prend maintenant du feu entre les roues, entre
les chérubins, et le répand ensuite sur Jérusalem. Son activité n’a
plus le caractère de la grâce, mais celui de la justice (Ézé. 10:2, 7).
Il semble avoir une place de prééminence au milieu des autres.
S’agit-il de l’Ange de l’Éternel.
Les versets 8 à 17 de ce chapitre 10 renouvellent la description
donnée au début de ce livre (Ézé. 10. :15). Le prophète saisit,
derrière les images , une réalité redoutable.
Les animaux sont des chérubins qui ne siègent plus dans le
temple. Les roues reçoivent l’ordre de tourner avec rapidité pour
que le jugement divin s’exécute (Ézé. 10:13).
Il n’y aura plus de délai. La parole prononcée par Jérémie va
s’accomplir : « Je ferai à cette maison qui est appelée de mon
nom… comme j’ai fait à Silo » (Jér. 7:14 ; Ps. 78:60-61). Bientôt
retentira le cri d’un réchappé : « La ville est frappée » ! (Ézé. 33:21).
Ces chérubins et ces roues sont pleins d’yeux. Des yeux qui
symbolisent une connaissance parfaite de tout ce qui se passe.
Quelle folie de dire : « L’Éternel ne nous voit pas » !
Maintenant les chérubins haussent leurs ailes et s’élèvent de terre
devant Ézéchiel. Avec une gravité solennelle,
ils s’arrêtent encore à l’entrée de
la porte orientale et la gloire du Dieu d’Israël était au-dessus d’eux,
en haut. Cette porte sera réservée plus tard à l’Éternel et à son
Prince-régent, quand le Règne sera établi (Ézé. 43:1 et 46:1).
Chrétiens, n’oublions pas que nous sommes le temple du Dieu
vivant et que son Esprit habite en nous (1 Cor. 3:16-17).
Si ce temple est rempli d’idoles, l’Esprit attristé ne pourra plus agir
dans notre cœur, comme il le voudrait. La communion avec Dieu
sera interrompue , car il est un « Dieu jaloux ». Il ne peut pas
supporter de partage dans nos affections (2 Cor. 6:15).
Le prophète est angoissé, au moment où l’un des princes
coupables, Pelatia, fils de Benaïa, qui méditait l’iniquité avec
Jaazania, meurt devant lui (Ézé. 11:1-2, 13). Mais tout détruire n’est
pas dans les intentions de Dieu, Il fera une affaire abrégée sur la
terre (Rom. 9:28).
13.4 - Encore la pensée du retour
D’ailleurs, avant même la dispersion complète du peuple, l’Éternel
parle déjà de sa restauration et de son rassemblement. Il leur
donnera un esprit nouveau, un cœur de chair (Ézé. 11:19). La
ressource de 1 Rois 8:48 va manquer, mais si loin qu’ils
soient, par leur faute, les transportés pourront
néanmoins Le retrouver et L’adorer.
Quelle consolation ont apporté ces paroles
à d’innombrables croyants isolés, au cours des siècles :
« Toutefois je leur serai comme un petit sanctuaire dans les pays
où ils seront venus » (Ézé. 11:26). C’était en quelque sorte un
prélude au culte « en esprit et en vérité » du temps actuel, qui peut
se réaliser avec « les deux ou trois » réunis au nom du Seigneur
(Matt. 18:20).
13.5 - La colère au dernier terme
Une dernière fois, les chérubins lèvent leurs ailes et « la gloire de
l’Éternel monte au milieu de la ville, et se tint sur la montagne qui
est à l’Orient de la ville », ce mont des Oliviers d’où le Seigneur a
plus tard quitté cette terre et où il reviendra pour établir son règne
en gloire (Ézé. 11:22-23 ; Act. 1:9-12 ; Zach. 14:4).
Mais ici la gloire s’en va, rien ne peut plus l’arrêter. Plus tard aussi,
la colère viendra au dernier terme sur les Juifs qui ont mis à mort le
Seigneur Jésus et les prophètes (1 Thess. 2:16), et ils subiront le
jugement annoncé.
14 - La gloire reviendra
Toutefois, Dieu soit béni ! cette gloire reviendra à Jérusalem quand
les jugements auront atteints la ville, le pays d’Israël et les nations.
Certaines prophéties du livre d’Ézéchiel, reçues après la destruction
de la ville, n’ont pas été accomplies dans le passé, en particulier du
temps du retour de Zorobabel et d’Esdras. Elles
sont encore à venir. Alors le nom de la Cité sera : « L’Éternel est
là » (Ézé. 48:35).
En respectant l’ordre adopté par la Parole, à l’aube du règne, Dieu
déclare : « Je mettrai ma gloire parmi les nations », elle sera connue
sur la terre entière (Ézé. 39:21). « Toutes les nations (Gog, anéanti
sur les montagnes d’Israël, et Magog) verront mon jugement, que
j’aurai exécuté et ma main, que j’aurai mise sur eux » (Ézé. 39:21).
Ce sera pour Israël un renom, le jour où Je me glorifierai (Ézé.
39:13). Les nations qui seront amenées à la conversion, feront
partie du Royaume de Christ.
La miséricorde de Dieu rétablira tout Israël dans une position
prééminente. « Je ne leur cacherai plus ma face, car j’aurai répandu
mon Esprit sur la maison d’Israël » (Ézé. 39:29). Désormais « mon
Peuple » habitera en paix (És. 32:13-18).
Le temple nouveau, érigée à l’occasion du Règne de mille ans, est
décrit en détail dans les chapitres 40 à 42. Sa valeur vient du fait
que la gloire de l’Éternel daigne en faire le lieu de Son habitation.
Si les Israélites s’humiliaient de ce qu’ils avaient fait, le prophète
pourrait leur faire déjà connaître la forme du sanctuaire, et son
agencement.
Aujourd’hui encore, s’il y a au milieu des rachetés
une humiliation réelle, Dieu leur fera connaître comment se
réunir en toute simplicité autour du Seigneur.
14.1 - Le retour de la gloire au ch. 43
Le prophète vibre en annonçant ce retour de la gloire de Dieu, après
tant de siècles d’absence. « Et
voici, la gloire du Dieu d’Israël venait du côté de l’Orient, et sa voix
était comme une voix de grandes eaux, et la terre était illuminée par
sa gloire » (Ézé. 43:2). Elle arrive par l’Orient, le côté d’où peut venir
la véritable lumière pour un peuple dont l’Éternel est le Roi.
Ce retour est accompagné d’une promesse sans prix :
« Je demeurerai au milieu des fils d’Israël à toujours (Ézé. 43:7, 9).
Le prophète, conduit par un guide mystérieux, se retrouve devant
cette porte qui regarde vers l’Orient, où il avait contemplé, pour la
dernière fois, la gloire prête à s’en aller sur cette montagne des
Oliviers, au-dessus de la ville.
Quelle joie de voir maintenant la gloire franchir cette
porte, pénétrer dans la Maison ! Ézéchiel est alors transporté dans
le parvis intérieur : « Voici la gloire de
l’Éternel remplissait la maison (Ézé. 43:5). Cette porte, par laquelle
la gloire est entrée, sera ensuite fermée .
« Il me dit : Fils d’homme, c’est ici le lieu de mon trône et le lieu de
la plante de mes pieds, où je demeurerai au milieu des fils d’Israël,
à toujours » (Ézé. 43:7). La maison d’Israël ne rendra plus impur
Son saint nom. Sa divine présence purifiera tout.
14.2 - Il donne la grâce et la gloire
Ézéchiel doit passer par la porte du nord, pour
retrouver la rivière qui, jaillissant de dessous le seuil de la maison,
s’écoulera vers l’orient et fertilisera la plaine puis la Mer Morte (Ézé.
47). Une rivière dans laquelle il faut finalement nager.
« L’Éternel donnera la grâce et la gloire » (Ps. 84:11). Elles sont
intimement liées dans Ses pensées.
« Et il m’amena par la porte du nord, devant la maison, et je vis et
voici la gloire de l’Éternel remplissait la maison de l’Éternel, et je
tombai sur ma face » (Ézé. 44:4).
Ézéchiel doit appliquer son cœur à comprendre que le retour de sa
gloire oblige Israël à vivre en conformité avec une telle présence au
milieu de lui. Pour les saints aujourd’hui,
la présence du Seigneur au milieu du rassemblement rend toute
communion impossible avec des inconvertis ou même avec de vrais
croyants, dont le cœur n’est pas purifié.
La gloire était apparue au chapitre huit, à l’entrée de la même porte
qui regarde vers le Nord. Que de scènes, tragiques pour la plupart,
se sont déroulées depuis ce moment-là devant le prophète ! Mais
où le péché abondait, la grâce finalement surabonde.
14.3 - Les sacrificateurs s’approchent
Aucun étranger n’aura de place dans le temple (Ézé. 44:7-9). Seuls
les fils de Tsadok exerceront la sacrificature (Ézé. 44:7-9) à cause
de leur fidélité. Dieu se souvient : ils ont fait l’acquit de la charge du
sanctuaire. « Eux s’approcheront de moi pour
faire mon service »(Ézé. 44:15). Il s’agit encore de la période
milléniale, ce n’est pas l’état éternel.
Les rachetés du Seigneur, en vertu de la nouvelle naissance (de la
conversion) ont tous droit à ce beau titre de sacrificateur (1 Pier.
2:5 ; 1 Thess. 4:4). Ils peuvent l’exercer dès ici-bas, et ils le feront
pendant l’éternité.
L’apparition du Seigneur en gloire, pour régner, sera le
moment des rétributions. Quelles seront les nôtres, quand nous
serons manifestés devant le tribunal de Christ ? (2 Cor. 5:10).
15 - La gloire de Dieu en Jésus Christ
Mais entre ces deux périodes évoquées dans ce livre d’Ézéchiel,
l’une passée, l’autre encore à venir, la gloire de Dieu a habité au
milieu des hommes, en la Personne de Jésus (Phil. 2:6-7).
La Parole qui était au commencement, auprès de Dieu et
qui était Dieu, est devenue chair (Jean 1:1 et 14). La Parole
incarnée a dressé son tabernacle sur cette terre et l’apôtre écrit :
« Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un Fils Unique de la
part du Père, pleine de grâce et de vérité (Jean 1:14).
La gloire habitait dans le temple de Son corps (Jean 2:21). Tout
dans Son comportement, Ses paroles, Ses actes a mis en évidence
cette gloire, tout au long de Sa marche ici-bas. (Jean 1:35). Elle
brillait à l’occasion de tous les miracles qu’Il faisait : soit qu’Il
change l’eau en vin (Jean 2:11) ou qu’Il ressuscite Lazare (Jean
11:23-25, 44) !
Sa gloire a été pleinement révélée aux trois disciples, témoins de
Sa majesté, au moment de sa transfiguration (Matt. 17:2-5 ; Marc
9:2-3 ; Luc 9:28-30). « Il reçut de Dieu le Père honneur et gloire,
lorsqu’une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (2
Pier. 1:16-18).
La gloire est donc revenue à Jérusalem, en la Personne de Jésus.
La foule l’a d’abord acclamé : Béni soit Celui qui vient au nom du
Seigneur ! Elle a pour lui coupé des rameaux, étendu des
vêtements sur le chemin.
Mais Jésus, quand il fut proche de la Ville (Jérusalem), a pleuré sur
elle, disant : « Si tu eusses connu, toi aussi, les choses qui
appartiennent à ta paix, mais maintenant elles sont cachées devant
tes yeux » (Luc 19:42).
Il était le resplendissement de la gloire de Dieu et l’empreinte de sa
substance ; mais quand Il est entré dans Sa maison, le Temple-
même, « après avoir promené ses regards de tous côtés sur tout,
comme le soir était déjà venu, il sortit » (Marc 11:11).
Aucun cœur n’était disposé à Le recevoir, aucune maison à
l’accueillir. Il s’en va donc à Béthanie, vers le petit Résidu, dans
cette maison où quelques cœurs l’aiment et le servent.
Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père (Rom.
6:4). La gloire est liée à Son ascension et à Son exaltation (1 Pier.
1:21).
Mais elle brille d’un éclat plus vif encore lors de la Crucifixion.
Quand Jésus anticipe ce baptême qui le tenait à l’étroit (Luc 12:50),
ces souffrances sans égales, il déclare : « L’heure est venue pour
que le Fils de l’Homme soit glorifié » (Jean 12:23).
La connaissance de la gloire de Dieu luit dans la face de Christ (2
Cor. 4:6). Elle doit aussi se refléter dans l’Église, qui est le temple
de Dieu sur la terre (Éphés. 2:21).
Mais le cœur de chaque racheté, qui est appelé à garder sa Parole,
est comme un temple pour Dieu. Jésus promet : « Nous viendrons
à lui et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:23).
Si notre vie est sanctifiée, un témoignage sera rendu à ceux au
milieu desquels nous vivons. La peau du visage de Moïse rayonnait,
« parce qu’il avait parlé avec Lui » (Ex. 34:30, 35 ; Act. 4:13).
Notes sur Ézéchiel
par William Kelly

Bible Treasury vol. 9 p. 1 (1872) à vol. 10 p. 372 (1875)


Le texte des citations bibliques est normalement celui de la
version JND, mais WK utilisant sa propre traduction ou la version
autorisée du Roi Jacques, nous avons souvent repris le sien
quand les variantes étaient significatives.

Table des matières :


1 - Préface
2 - Introduction
3 - Chapitre 1
4 - Chapitre 2
5 - Chapitre 3
6 - Chapitre 4
7 - Chapitre 5
8 - Chapitre 6
9 - Chapitre 7
10 - Chapitres 8 à 19
11 - Chapitre 8
12 - Chapitre 9
13 - Chapitre 10
14 - Chapitre 11
15 - Chapitre 12
16 - Chapitre 13
17 - Chapitre 14
18 - Chapitre 15
19 - Chapitre 16
20 - Chapitre 17
21 - Chapitre 18
22 - Chapitre 19
23 - Chapitre 20
24 - Chapitre 21
25 - Chapitre 22
26 - Chapitre 23
27 - Chapitre 24
28 - Chapitre 25
29 - Chapitre 26
30 - Chapitre 27
31 - Chapitre 28
32 - Chapitre 29
33 - Chapitre 30
34 - Chapitre 31
35 - Chapitre 32
36 - Chapitre 33
37 - Chapitre 34
38 - Chapitre 35
39 - Chapitre 36
40 - Chapitre 37
41 - Chapitre 38
42 - Chapitre 39
43 - Chapitre 40
43.1 - Interprétation des prophéties des ch. 40 à 48: littérales et
futures
43.2 - Préambule de la vision — Différents systèmes d’interprétation
43.3 - Détails du ch. 40
44 - Chapitre 41
45 - Chapitre 42
46 - Chapitre 43
47 - Chapitre 44
48 - Chapitre 45
49 - Chapitre 46
50 - Chapitre 47
51 - Chapitre 48

1 - Préface
L’ouvrage présenté ici au lecteur correspond à un besoin. Le livre
d’Ézéchiel est l’un de ceux qui a été le moins étudié et expliqué dans
son ensemble. Il n’y a guère à retirer des commentaires grecs
d’Origène, Ephrem de Syrie, Grégoire de Naziance ou Theodoret,
et encore moins, pour autant que cela soit possible, des
commentaire latins de Jérôme ou Grégoire le Grand. Inutile de
parler des commentaires du Moyen-Âge ou des Réformateurs, des
Jésuites ou des Puritains, des allemands modernes ou de leurs
admirateurs anglais. Tous ont passé a côté de la clef du livre.
Lequel d’entre eux a vu la gloire céleste de Christ et l’Église comme
une chose distincte du royaume ? Lequel d’entre eux ne nie pas les
espérances d’Israël ? En dehors de réflexions morales pieuses, il
n’y a rien à dire sur ces écrits, même si certains sont énormes,
comme l’œuvre architecturale de H. Pradus et J.B. Villalpandus, en
trois énormes volumes grand format, et qui ne contient pourtant pas
le moindre rayon de lumière céleste.
Je suis loin de prétendre dans ce bref exposé de faire mieux que
d’aider les chrétiens par des notions générales mais correctes sur
le contenu, le but et le caractère de la prophétie, selon ce que j’en
comprends maintenant ; je suis sensible aux défauts de mon petit
livre probablement plus que beaucoup d’autres.
Blackheath, Londres

2 - Introduction
Nous ne savons que peu de chose du prophète dont nous allons
étudier le livre, rien que quelques rares détails personnels donnés
au cours de ses prophéties, et en relation avec elles. Nous
apprenons qu’il était sacrificateur, fils de Buzi ; que sa femme
mourut soudainement, en signe à Israël ; qu’il habitait Thel-Abib sur
le fleuve Kébar dans le pays des Chaldéens. Il mentionne Daniel,
son contemporain, connu de son propre temps pour sa justice, au
même titre que Noé et Job.
(*) La tradition des Juifs selon laquelle Ézéchiel était serviteur
de Jérémie, ou son fils (identifiant Buzi avec Jérémie) ne
semble pas digne de crédit. Même Josèphe l’estime trop jeune
pour cela au moment où il fut fait captif, car il commence à
prophétiser en la 5° année.
Mais il n’y a guère d’écrits dans la Bible plus caractéristique, et
aucun ne fournit autant d’images pour le dernier livre du Nouveau
Testament, la plus vaste et la plus profonde des prophéties.
Ézéchiel, Jérémie et Daniel sont les prophètes de la captivité ; ils
ont des points en commun sans doute, notamment la sympathie ;
mais ils sont différents dans leur ton, leur style et leurs buts, aussi
bien que dans leur condition extérieure et les circonstances
employées par Dieu comme cadre pour leurs prédictions.
Le sort de Jérémie a été d’être laissé avec les pauvres du pays, puis
d’être emmené avec ceux qui, par manque de foi, s’enfuirent en
Égypte, à la recherche d’une sécurité qu’ils auraient pu trouver s’ils
étaient restés là où ils étaient, dans la soumission à leur maître
Babylonien. Jérémie pleura et se lamenta jusqu’à la fin avec le
résidu, bien-aimé mais indigne.
Le sort de Daniel fut d’être emmené captif la troisième année de
Jéhoïakim, quand le solennel avertissement annoncé à Ézéchias fut
exécuté par Nebucadnetsar ; toutefois Dieu ne se laissa pas sans
témoin à Babylone et montra où se trouvaient la sagesse et Son
secret, même après avoir suscité les empires de Gentils et fait de
son peuple Lo-ammi (Os. 1:9 ; 2:23).
Ézéchiel était un de ceux qui furent emmenés en captivité sous le
règne suivant de Jéhoïakin (*) fils de Jéhoïakim, quand le roi de
Babylone dispersa tout ce qu’il y avait de meilleur dans le pays, y
compris notre prophète. Il ne restait plus qu’une étape à franchir, le
règne désastreux de Sédécias, pour que la colère de l’Éternel pût
les chasser tous de sa présence à cause de leurs provocations
répétées et de leur incurable rébellion. C’est en vue de ce temps
qu’Ézéchiel prophétise au milieu des captifs en Chaldée ; il passe
par dessus les temps des Gentils, qui sont le sujet de Daniel, et
s’arrête longuement sur la restauration finale d’Israël.
(*) « La trentième année » (1:1) a beaucoup embarrassé les
érudits. Or il semble clair que le point de départ des 30 ans est
l’ère de Nabopolassar, père de Nebucadnetsar qui devint roi de
Babylone en 625 av. J.C. à peu près au moment où Hilkija
trouva le livre de la loi dans le temple (2 Chr. 34:15), découverte
si féconde en bénédictions pour Josias et les justes en Juda. Il
est fait allusion à ce dernier dans la paraphrase chaldéenne de
Jonathan ben Uziel.
On est frappé de la sainte énergie, du zèle pour Dieu, de
l’indignation et de l’autorité morale que le prophète manifeste en
reprenant Israël. Il est emporté là où l’Esprit le conduit, comme dans
le char majestueux de la gloire de l’Éternel, qu’il décrit avec la
puissance irrésistible de ses roues et des ailes qui le surmontaient.
Nulle part il ne flatte le peuple, et même en captivité il adresse à
Israël les plus sévères remontrances pour les péchés dont ils ne
s’étaient pas encore repentis, et qui avaient entraîhné le peuple si
bas. Le livre ouvert devant lui et mangé par lui, était écrit devant et
derrière, avec des lamentations, des plaintes et des gémissements ;
le prophète devait dire au peuple rebelle toutes les paroles de
l’Éternel ; son front avait été rendu « comme un diamant plus dur
que le roc ». Lui et Daniel sont les seuls à être désignés du titre de
« fils d’homme », hormis naturellement Celui qui est maître, et le
plus abaissé des serviteurs, qui s’est approprié tous les titres de
honte, de souffrances et de réjection, mais le jour viendra où eux
aussi seront manifestés avec Lui en gloire..
Ceux qui s’occupent du cadre extérieur de la vérité dans ce livre ne
manquent pas de remarquer le sens profond du pur et de l’impur,
de la sainteté lévitique, des images du temple, des fêtes, des
sacrificateurs et des sacrifices ; le livre en est rempli, ce qui est bien
naturel puisqu’il est écrit par un membre de la famille sacerdotale.
Tous ces caractères qui le distinguent de manière évidente et
incontestable, ne sont pas une imitation servile du Pentateuque ;
nous verrons que Dieu affirme Son droit à modifier, à omettre ou à
ajouter, dans ce jour où le prophète Jérémie, contemporain
d’Ézéchiel, déclare explicitement que l’Éternel établira une nouvelle
alliance avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda, alliance
« non selon l’alliance que Je fis avec leurs pères, au jour où Je les
pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte, Mon alliance
qu’ils ont rompue, quoique je les eusse épousés, dit l’Éternel. Car
c’est ici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël, après ces
jours-là, dit l’Éternel : Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, et je
l’écrirai sur leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ;
et ils n’enseigneront plus chacun son prochain, et chacun son frère,
disant : Connaissez l’Éternel ; car ils me connaîtront tous, depuis le
petit d’entre eux jusqu’au grand, dit l’Éternel ; car je pardonnerai leur
iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché (Jér. 31:31-34).
Sans doute tout ce passage peut s’appliquer au chrétien
aujourd’hui, car le sang de la nouvelle alliance est déjà versé, et est
devenu nôtre par la foi ; mais il sera appliqué à Israël et à Juda
comme tels, par la grâce de Dieu, dans ce jour là, comme les
versets suivants (31:35-40) le montrent clairement.
C’est en vain que les Rabbins raisonnent sur l’immuabilité de la loi
donnée par Moise : leurs propres prophètes les démentent. C’est
ainsi que le fameux D. Kimchi prend position contre la prétention
absolue à l’immuabilité dans son commentaire sur notre prophète ;
Albo et Nachmanides le reconnaissaient également. Albo réfute
même expressément l’usage que Maimonide fait de Deutéronome
12:32 ; il montre qu’au contraire, le vrai sens de l’avertissement
donné par Moise a pour but d’empêcher les Israëlites d’ajouter ou
de retrancher quelque chose à la loi d’une manière arbitraire ou de
leur propre volonté (voir Sepher Ikkarim, p. iii c. 16). Moise ne
déniait pas à un prophète l’autorité de le faire, spécialement en vue
du vaste changement qu’allaient introduire la présence d’un Messie
régnant et la nouvelle alliance. Ézéchiel prédit quelques-uns de ces
changements caractéristiques qui auront lieu quand Israël sera
restauré et que la théocratie sera de nouveau en vigueur ; nous en
verrons les détails au fur et à mesure de l’étude de ce livre.
On s’est plaint de l’obscurité de notre prophète. Mais ce reproche
n’est vraiment pas fondé, bien qu’il date déjà du temps de Jérôme,
qui appelle ce livre « un labyrinthe des mystères de Dieu ». Cette
prétendue obscurité provient spécialement de deux
choses : d’abord, comment un sujet décrivant le gouvernement de
Dieu peut-il être simple ? Sa hauteur, sa profondeur et sa largeur
sont immenses, et si on peut dire, il faut se servir d’un instrument
de mesure infiniment supérieur à tout ce qui existe pour la
créature. Ensuite la plupart des gens dans la chrétienté, depuis
Origène, ont adopté un système faux — l’alchimie spirituelle selon
l’expression de Hooker — qui consiste à changer les espérances
juives en prophéties concernant les bénédictions propres au
chrétien. Rien d’étonnant dans ces conditions que ces gens
n’aperçoivent les images qu’au travers d’un épais brouillard.
Appliquons ses visions correctement, et nous les trouverons en
général remarquablement explicites, et pleine de force. Il est
absurde de supposer que des détails si minutieux et circonstanciés
ne soient que de l’enrobage littéraire.
La structure du livre est évidente. La première moitié est formée de
prophéties en ordre chronologique strict, avant la destruction finale
de Jérusalem, quand Sédécias attira sur lui-même la juste punition
de sa rébellion et de son parjure (ch. 1-24). Ézéchiel montre, au
moyen de symboles magnifiques, suivis d’accusations les plus
positives de péché, l’inutilité absolue de tout effort pour secouer le
joug de Babylone, ce que Sédécias essayait de faire par le moyen
de l’Égypte. Or bien qu’Il se servît de Nébucadnetsar, c’était bien
l’Éternel qui jugeait Jérusalem, Lui qui siège entre les chérubins.
Moralement il ne pouvait pas en être autrement. La sentence
judiciaire sur le peuple, la ville, le temple et le roi est exposée dans
cette première partie.
La seconde s’ouvre par une sorte de parenthèse formant transition,
dans laquelle le prophète annonce sept objets de jugement parmi
les nations voisines du pays, sans tenir compte de l’époque où ces
peines seront subies et en les groupant selon une unité morale (ch.
25-32). Ensuite il revient à Israël, et ouvre le terrain individuel sur
lequel Dieu agirait désormais envers lui (ch. 33) ; il dénonce d’abord
les bergers et les princes coupables (ch. 34), puis l’inimitié de la
montagne de Séhir (ch. 35), puis il garantit la restauration morale
(ch. 36) et la restauration collective (ch. 37) de tout Israël, et la
destruction de Gog et de toutes ses armées (ch. 38 - 39). Enfin il
annonce le retour de la gloire de Dieu, avec le rétablissement du
sanctuaire, des rites et de la sacrificature dans le pays enfin rendu
saint, et la nouvelle répartition des 12 tribus comme nation sous le
gouvernement du prince ; car depuis ce jour-là le nom de la ville doit
être Jehovah-Schamma (ch. 40-48). Que ce soit en jugement ou en
bénédiction paisible, c’est le jour de l’Éternel pour la terre, et non
pas une promesse de bénédiction pour la chrétienté, comme le
prétendent les allégoristes. Une telle doctrine, provenant des pères
de l’Église ou des puritains, induit en erreur et donne des illusions.
Ces tendances extrêmes se rejoignent dans une erreur commune
qui enlève à Christ et à l’Église ce qui est une contrepartie à Sa
gloire céleste, et que l’Esprit Saint a pour fonction d’accomplir ici-
bas, et dont nous jouirons d’une manière parfaite quand le Seigneur
sera venu, transformant nos corps à Sa ressemblance et nous
faisant apparaître avec Lui dans la gloire céleste de ce jour.
Dire que cela c’est « judaïser », n’est que de l’ignorance pure et de
l’incrédulité méchante. Il ne s’agit pas du tout de cela quand nous
parlons des perspectives d’avenir d’Israël selon les prophètes.
« Judaïser », c’est en réalité mélanger des éléments juifs avec
l’évangile, et les imposer aux Chrétiens du temps actuel. Or la vérité
sur laquelle nous insistons ici, c’est que les Chrétiens enlevés et
glorifiés avec Christ, auront alors disparu de la terre. Par
conséquent il s’agit du siècle à venir, et d’un autre appel,
lorsqu’Israël sera greffé sur son propre olivier. S’attendre donc à
l’accomplissement littéral des visions du prophète, c’est simplement
de la foi, ce n’est pas judaïser : c’est même une sauvegarde contre
cette tendance. Nous sommes d’autant plus préservés de mêler
leurs espérances aux nôtres, que nous attendons vraiment leur
accomplissement pour Israël. Le retour de Babylone ne répond en
aucune façon aux prophéties de la fin ; il prouve non pas
l’imperfection des prophéties d’Ézéchiel, mais que ces glorieuses
anticipations doivent encore trouver leur accomplissement. Le
« tout Israël » (Rom. 11:26) attend encore son accomplissement
quand le Libérateur viendra à Sion. Ézéchiel 20:33 est en parfait
accord avec cela, car Jérémie et tous les prophètes enseignent le
retranchement des apostats et des rebelles. Henderson a donc tort
quand il dit que les différences entre l’ancien temple et celui décrit
par Ézéchiel sont secondaires. Elles prouvent au contraire que, ou
bien nous devons renoncer à l’inspiration du prophète, ou bien
maintenir qu’il prédit un retour encore futur, avec un nouveau
temple, des cérémonies modifiées, un nouveau partage du pays
entre les douze tribus restaurées et bénies, après que leurs derniers
ennemis auront été détruits par les jugements divins. Tout en étant
un homme, Ézéchiel était prophète et nous sommes tenus de croire
qu’il était inspiré, de sorte que ses écrits nous donnent la parole de
Dieu, sans mélange et sans erreur.

3 - Chapitre 1
Les circonstances dans lesquelles Ézéchiel a été appelé à
prophétiser sont nouvelles et singulières. Ce n’était ni en Juda ni en
Israël qu’il se trouvait, mais parmi les captifs au bord du fleuve
Kébar. Aussi l’Éternel accompagna-t-il Sa Parole de signes
extraordinaires. Il est la seule personne de l’Ancien Testament dont
il est dit que les cieux lui furent ouverts et qu’il vit des visions de
Dieu (1:1). Mais cette ouverture des cieux était un jugement de
l’iniquité d’Israël, et non pas comme dans l’évangile (Matt. 3:16)
pour exprimer le plaisir du Père dans le Fils de Dieu sur la terre, et
encore moins pour permettre au chrétien de contempler le Fils de
l’Homme dans le ciel (Actes 8:56).
Ce n’est pas sans raison que cela eu lieu la cinquième année de la
captivité du roi Jéhoïakin. Le peuple laissé dans le pays avait eu
largement le temps de se repentir de ses vains espoirs, ainsi que
de sa rébellion et de son idolâtrie. Il avait reçu les avertissements
de ses frères déportés loin du pays : les avait-il pris à cœur ? Il faut
lire les versets 12-16 du ch. 36 du second livre des Chroniques pour
trouver la réponse à cette question.
Ézéchiel est appelé à rendre témoignage à un jugement final et
excessivement désolant. « Le cinquième jour du mois (c’était la
cinquième année de la transportation du roi Jehoïakin), la parole de
l’Éternel vint expressément à Ézéchiel, le sacrificateur, fils de Buzi,
dans le pays des Chaldéens, près du fleuve Kebar ; et la main de
l’Éternel fut là sur lui. Et je vis, et voici, un vent de tempête venait
du nord, une grosse nuée, et un feu qui s’entortillait ; et il y avait une
splendeur tout autour, et de son milieu, du milieu du feu, brillait
comme la couleur de l’ambre ; et, du milieu vint la ressemblance de
quatre animaux (*) ; et voici leur aspect : ils avaient la ressemblance
d’un homme » (1:2-5).
(*) note Bibliquest : Ici comme en Apoc. 4 JND traduit
« animal » là où d’autres, avec WK, traduisent « créature
vivante » ou « être vivant ». Il faut bien distinguer ce mot d’avec
celui de « bête » qui a une connotation d’éloignement de Dieu
que n’a pas le terme « animal » dans ces passages.
Le prophète voit donc un vent de tempête, une grosse nuée et du
feu au milieu duquel il aperçoit la ressemblance de quatre animaux.
C’était déjà suffisant pour rabattre l’orgueil des Juifs qui estimaient
Dieu si attaché à leur race et à leur pays, qu’ils n’avaient jamais pris
sérieusement garde à Sa menace avant qu’elle se réalise. Hélas !
ils ne la réalisent pas encore aujourd’hui, mais refusant de
reconnaître Son jugement contre leurs péchés, ils se trompent eux-
mêmes en pensant que s’ils sont dispersés, c’est afin de pouvoir
prêcher aux Gentils que Dieu est le Dieu d’Israël ; ils devraient plutôt
se souvenir que pendant des milliers d’années Il a refusé d’être
appelé leur Dieu à cause de leur idolâtrie, dont le rejet du Messie et
de l’évangile a été comme le couronnement. Une nouvelle tempête
d’indignation divine était sur le point d’éclater sur Juda, venant du
Nord, c’est-à-dire de Babylone.
Mais il y a plus : « de son milieu vint la ressemblance de quatre
animaux ; et voici leur aspect : ils avaient la ressemblance d’un
homme » (1:5). S’il restait le moindre doute dans l’esprit du lecteur,
le chapitre 10 montre nettement que les animaux sont des
chérubins. Ils ne sont pas deux ici, comme ceux formés d’or pur et
battu du propitiatoire où Dieu siégeait comme sur un trône, mais ils
sont quatre, en relation, je pense, avec la créature. Le Dieu d’Israël
qui demeurait entre les chérubins sur l’arche, était au milieu de Son
peuple et on ne pouvait L’approcher qu’avec du sang, selon la
justice divine, sous la garde des témoins de Son autorité judiciaire.
Ézéchiel a pu voir Ses jugements providentiels venant de l’extérieur.
Dieu jugerait Son peuple coupable par Babylone, son instrument.
C’est pourquoi c’est le feu (1:5) qui caractérise la manifestation de
Son jugement destructeur venant du ciel.
Ce serait un étalage interminable et peu édifiant de détailler les
interprétations fausses et étranges de ces symboles qui ont prévalu
parmi les hommes, tant Juifs que chrétiens. Chez les premiers, ce
n’est pas étonnant car l’incrédulité qui a opéré les maux dénoncés
par le prophète a engendré la même opposition têtue contre la
vérité. « Cette génération » n’a pas passé et ne passera pas que
tout ce qui a été prédit s’accomplisse (Luc 21:32). Quant aux
chrétiens, ils sont bien moins excusables. Ayant la vraie lumière, ils
auraient du voir (Jean 1:9) ; mais on ne peut voir correctement que
dans la mesure où l’œil est simple. S’ils avaient eu devant eux la
gloire de Christ, et non pas celle de l’église (c’est-à-dire la leur), ils
auraient laissé de la place pour les relations de Dieu avec d’autres
qu’eux-mêmes. Ils n’ont pas besoin de nier les relations anciennes
parce qu’ils croient aux nouvelles. S’ils avaient vu le jugement
d’Israël comme nation au commencement de la prophétie et sa
restauration à la fin, les anciens pères et les théologiens modernes
n’auraient pas fait des rêveries interprétant les quatre chérubins
comme étant les quatre évangélistes, ou comme étant l’œuvre
rédemptrice de Christ, ou la gloire de Dieu dans l’Église, ou les
quatre saisons de l’année, ou les quatre quarts du globe, ou les
quatre vertus cardinales, ou les quatre passions de l’âme, ou les
quatre facultés de l’esprit, ou n’importe quelles autres conjectures
auxquelles les hommes se sont livrés. Une vue plus plausible, mais
très imparfaite, est celle de Calvin, qui les prend pour des anges, et
en voit quatre en relation avec les différentes questions du monde,
chacun ayant quatre têtes, ce qui démontre que la qualité angélique
habite chez tous, et Dieu est vu à l’œuvre non seulement chez
l’homme et les autres animaux, mais au travers de tous les choses
inanimées. Il y voit donc une vision de l’empire de Dieu administré
par les anges partout, toutes les créatures étant ainsi poussées
comme si elles étaient jointes aux anges, et comme si les anges
comprenaient en eux-mêmes tous les éléments de toutes les parties
du monde.
Les quatre chérubins étaient des figures complexes. « Chacun avait
quatre faces, et chacun avait quatre ailes ; et leurs pieds étaient des
pieds droits, et la plante de leurs pieds était comme la plante du
pied d’un veau ; et ils étincelaient comme l’apparence de l’airain
poli ; et il y avait des mains d’homme sous leurs ailes sur leurs
quatre côtés ; et ils avaient, les quatre, leurs faces et leurs ailes ;
leurs ailes étaient jointes l’une à l’autre ; ils ne se tournaient pas
quand ils allaient : ils allaient chacun droit devant soi » (1:6-9).
Ils avaient l’apparence d’un homme, bien que chacun eut quatre
faces et quatre ailes, mais leurs pieds étaient droits, et la plante de
leurs pieds comme celle d’un veau, la face d’un bœuf répondant à
celle d’un chérubin (1:10 et 10:14). L’activité ou l’aptitude à l’action
semblent représentées par les mains d’homme ; la rapidité
d’exécution venant d’en haut par les ailes, sans aucune déviation
quelconque par rapport au but poursuivi, et leurs quatre côtés leur
permettant de se mouvoir dans toutes les directions. Je comprends
le v. 10 comme indiquant qu’on voyait la face d’homme devant, celle
d’un aigle derrière, celle d’un lion à droite et celle d’un bœuf ou d’un
veau à gauche (*). Ils sont les supports symboliques du trône, étant
à la tête des créatures préservées du déluge dans l’arche, l’homme
représentant l’intelligence, le lion la force, le bœuf la patience ou la
stabilité, et l’aigle la rapidité d’exécution, les attributs de Dieu ou les
qualités de Ses jugements.
(*) Certains considèrent que le sens de ce v. 10 est que les
quatre faces avaient le même aspect, l’homme et le lion sur la
droite, le bœuf et l’aigle sur la gauche
« Et la ressemblance de leurs faces était la face d’un homme ; et,
les quatre, ils avaient la face d’un lion, à droite ; et, les quatre, ils
avaient la face d’un bœuf, à gauche ; et, les quatre, ils avaient la
face d’un aigle. Ainsi étaient leurs faces, et leurs ailes étaient étirées
vers le haut : chacun avait deux ailes jointes l’une à l’autre, et deux
qui couvraient leur corps. Et ils allaient chacun droit devant soi : là
où l’esprit devait aller, ils allaient ; ils ne se tournaient point lorsqu’ils
allaient. Et quant à la ressemblance des animaux, leur aspect était
comme des charbons de feu brûlants, comme l’aspect de torches ;
le feu courait en montant et en descendant entre les animaux ; et le
feu avait de l’éclat, et du feu sortaient des éclairs. Et les animaux
couraient et retournaient comme l’aspect du sillon de l’éclair » (1:10-
14).
Ils allaient et venaient avec la rapidité de l’éclair.
Mais il n’y avait pas seulement des ailes, mais aussi des roues.
« Et je regardais les animaux, et voici, une roue sur la terre, à côté
des animaux, vers leurs quatre faces. L’aspect et la structure des
roues étaient comme l’apparence d’un beryl ; et il y avait une même
ressemblance pour les quatre, et leur aspect et leur structure étaient
comme si une roue eût été au milieu d’une roue. En allant, elles
allaient sur leurs quatre côtés ; elles ne se tournaient point quand
elles allaient. Et quant à leurs jantes, elles étaient hautes et
terribles, — et leurs jantes, à toutes les quatre, étaient pleines
d’yeux tout autour. Et quand les animaux allaient, les roues allaient
à côté d’eux ; et quand les animaux s’élevaient de dessus la terre,
les roues s’élevaient. Là où l’esprit devait aller, là ils allaient, là leur
esprit tendait à aller ; et les roues s’élevaient auprès d’eux, car
l’esprit de l’animal était dans les roues. Quand ils allaient, elles
allaient ; et quand ils s’arrêtaient, elles s’arrêtaient ; et quand ils
s’élevaient de dessus la terre, les roues s’élevaient auprès d’eux,
car l’esprit de l’animal était dans les roues » (1:15-21).
La description nous montre exactement l’inverse de circonstances
dirigées par un hasard aveugle. Indépendamment de toutes les
révolutions ou changements parmi les hommes, tout est guidé
sciemment là où on l’attend le moins. Les instruments du
gouvernement providentiel, au-dessous de l’étendue ou firmament,
étaient complètement en accord avec ce qui était au-dessus, et plus
haut encore se voyait la ressemblance d’un trône, sur lequel était
comme l’aspect d’un homme exerçant le jugement, quoique avec
l’attribut indéfectible de la grâce envers un monde méchant : l’arc
dans la nuée.
Ainsi le trône de Dieu ne se trouvait plus en Israël, mais le Dieu du
ciel allait employer les Gentils pour exécuter Sa volonté en
punissant Jérusalem coupable. C’est Son trône depuis le ciel, pas
encore Son trône dans le ciel, comme en Apocalypse 4, où nous ne
trouvons plus de roues, mais six ailes. Là les animaux ne sont plus
seulement des chérubins, mais des séraphins, criant : Saint, saint,
saint ; et toute la création est embrassée sous Ses titres
dispensationnels, excepté ce qui est proprement lié au millenium
(Apoc. 4:8). C’est pourquoi en Apocalypse 4, les animaux ne sont
pas simplement les bases de Son trône en jugeant les Juifs — d’une
manière providentielle par le moyen des Gentils — mais ils sont
associées et identifiées avec le trône de Celui qui juge tout selon
Sa nature. Le monde est soumis à Son jugement, et en tout premier
lieu les Juifs et Gentils apostats, « tous ceux qui habitent sur la
terre ». Les animaux sont dans le cercle du trône et en son milieu,
non plus au-dessous de lui comme en Ézéchiel.
Nous comprenons donc aisément que les chérubins représentent le
pouvoir exécutif judiciaire de Dieu, sans précision quant à qui il est
confié et dans quelles circonstances il se manifeste. Il y a une
différence entre ce qu’on a vu après la chute de l’homme et le
moment où Dieu a établi le propitiatoire. Ainsi ce qu’Ézéchiel a vu
sur la terre n’est pas la même chose que ce que Jean a vu lorsqu’il
fut introduit en esprit par la porte ouverte dans le ciel. Nous voyons
toujours le principe général, mais il est modifié avec exactitude, par
la sagesse divine, selon le cas et le but que Dieu se propose, ce
que nous ne pouvons saisir que sous la direction de l’Esprit par Sa
Parole qui nous expose Sa gloire en Christ.
Le Dieu souverain qui dirige toute chose a été révélé dans
l’apparence d’un homme et s’est trouvé ainsi en relation avec les
hommes. Ses attributs mentionnés ici sont gouvernementaux et
manifestés par des instruments sur la terre suivant une providence
qui ne néglige rien. Il n’y a pas de plus belle réfutation de l’obscurité
païenne ou de l’étroitesse juive que cette représentation
symbolique des voies divines envers Israël telles qu’elles sont vues
en Chaldée. Tout cela est la vérité positive qui manifeste la gloire
de Dieu dans sa manière d’agir, aussi bien dans ce temps-là que
dans celui où Il s’occupera de la bénédiction renouvelée d’Israël
repentant, pour la joie de toute la terre. Israël sentira alors combien
son incrédulité a été vaine en rejetant l’Éternel-Messie parce qu’Il
est devenu un homme en accomplissement d’Ésaïe 7, et selon
l’apparence qu’Il a ici : Invisible pour le monde, annoncé pourtant à
Israël sourd et aveugle, Il fait savoir au croyant qu’Il dirige les
sources de tous les mouvements ici-bas pour Sa gloire, dans le
temps où Il a cessé de reconnaître ce qu’Il désignait autrefois
comme le « trône de l’Éternel » en Sion. Bien loin de gouverner
dans et par Israël, Son jugement est montré comme dirigé contre
eux, par le moyen des Gentils, devenus Ses serviteurs
quoiqu’inconsciemment.

4 - Chapitre 2
La nouvelle position que Dieu prend vis-à-vis du peuple est mise en
évidence par le titre que Dieu donne dans ce chapitre, et dans les
suivants, au prophète tombé sur sa face. Du milieu de la
ressemblance de la gloire de l’Éternel une voix prononce ces mots :
« Fils d’homme, tiens-toi debout sur tes pieds, et je parlerai avec
toi ». Daniel (8:17) a été appelé une fois de ce nom et Ézéchiel plus
de cent fois. C’est le titre que Jésus a pris comme Messie rejeté qui
devait souffrir, être exalté et retourner dans la gloire comme Fils de
l’homme. Ses serviteurs ont ce même titre en tant qu’identifiés avec
la gloire de Dieu, qui se déclare maintenant en dehors d’Israël, et
jugeant même ce peuple par le moyen des Gentils.
Fortifié par l’Esprit, le prophète reçoit sa mission envers les enfants
d’Israël, quoique, ou plutôt parce qu’ils avaient rejeté Dieu — « vers
les nations rebelles, Goyim [ce qu’ils étaient en réalité, pas meilleurs
que les païens moralement, et bien pires quant à la culpabilité] qui
se sont rebellés contre moi ; eux et leurs pères m’ont désobéi
jusqu’à ce jour même. Et ce sont des fils à la face impudente et au
cœur obstiné ; je t’envoie vers eux, et tu leur diras : Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel. Et eux, soit qu’ils écoutent, soit qu’ils n’en
fassent rien (car ils sont une maison rebelle), ils sauront qu’il y a eu
un prophète au milieu d’eux » (2:3-5).
C’est pourquoi il était commandé au prophète (2:6-7) de ne pas les
craindre eux, ni leurs paroles, ni leurs regards, quelques révoltés
qu’ils pussent être, mais au contraire de leur dire les paroles de
l’Éternel, qu’ils les écoutent ou qu’ils n’en fassent rien, car ils étaient
rebelles (ou très rebelles).
En outre Ézéchiel est exhorté à ne pas être rebelle comme eux,
mais à ouvrir sa bouche et à manger ce que Dieu lui donnerait (2:8).
La dessus une main fut étendue tendant un rouleau de livre, qu’il
déroula devant le prophète, écrit devant et derrière et c’était des
lamentations et des plaintes et des gémissements (2:9-10). Tel était
le caractère de son premier témoignage. Nous verrons comment la
grâce triomphe à la fin pour la gloire de Dieu.

5 - Chapitre 3
Le sujet est continué au ch. 3. Ézéchiel mange le livre, et voici, il
était doux comme du miel. Le prophète était envoyé à Israël avec la
certitude qu’ils n’écouteraient pas, car ils étaient effrontés et
endurcis de cœur, mais ils avaient en face d’eux un prophète dont
le front était de diamant (3:1-9). Ayant reçu la parole de Dieu dans
son cœur, il fallait qu’il aille vers eux en disant : « ainsi dit l’Éternel »
(3:10-11). Puis l’Esprit l’emporte, accompagné du bruit de la gloire,
et après avoir passé sept jours parmi ceux de la captivité à Thel-
Abib, la parole de Dieu lui annonça que l’Éternel l’établissait
sentinelle sur Israël, avec la charge solennelle et la responsabilité
d’être fidèle à ses risques et périls. Il n’était plus question de la
nation, mais de la fidélité individuelle (3:12-21). Le chapitre se
termine par un dernier commandement, quand il voit de nouveau la
gloire dans la plaine comme il l’avait vue auparavant près du fleuve
Kébar. Il reçoit l’ordre d’être prisonnier dans sa maison, avec sa
langue collée à son palais, car ils étaient un peuple rebelle. Mais
Dieu ouvrirait encore sa bouche en les appelant encore
solennellement à écouter, mais ils étaient rebelles.

6 - Chapitre 4
À la suite de l’appel à la fin du chapitre précédent (3:22-27), le
prophète doit maintenant mettre le siège devant Jérusalem, figure
de celui des Chaldéens : « Et toi, fils d’homme, prends une tuile et
mets-la devant toi, et fais dessus le portrait de la ville, Jérusalem.
Et mets le siège contre elle, et bâtis contre elle des tours, et élève
contre elle une terrasse, et pose des camps contre elle, et place
contre elle des béliers tout autour. Et en plus, prends-toi une plaque
de fer, et mets-la comme un mur de fer entre toi et la ville ; et dresse
ta face contre elle, et elle sera assiégée, et tu l’assiégeras : ce sera
un signe pour la maison d’Israël » (4:1-3).
Un commandement encore plus remarquable est donné ensuite :
« Et toi, couche-toi sur ton côté gauche, et mets sur lui l’iniquité de
la maison d’Israël : le nombre des jours que tu coucheras sur ce
côté, tu porteras leur iniquité. Car j’ai mis sur toi les années de leur
iniquité selon le nombre des jours, trois cent quatre-vingt-dix jours,
et tu porteras l’iniquité de la maison d’Israël. Et quand tu auras
accompli ceux-là, tu te coucheras une seconde fois sur ton côté
droit, et tu porteras l’iniquité de la maison de Juda, quarante jours ;
je t’ai assigné un jour pour chaque année. Et tu dresseras ta face
vers le siège de Jérusalem ; et ton bras sera découvert, et tu
prophétiseras contre elle. Et voici, j’ai mis sur toi des cordes, et tu
ne te tourneras point de l’un de tes côtés sur l’autre, jusqu’à ce que
tu aies accompli les jours de ton siège » (4:8-12).
Il est bien connu que cela a donné lieu à beaucoup de débats et de
différences de jugement. D’abord la lecture de la plupart des
manuscrits des Septante a induit en erreur les premiers pères qui
lisaient la version grecque la plus commune, comme on le voit par
exemple avec Theodoret. La même erreur apparaît dans la Vulgate,
bien que Jérôme savait bien qu’il n’y avait pas de doute sur le texte
hébreu ; Aquila, Symmachus et Theodotion l’ont suivi. Jérôme fait
le calcul à partir de la ruine de la maison d’Israël révoltée lors du
règne de Pekakh, quand le roi d’Assyrie a transporté les dix tribus
à l’orient (2 Rois 15:29). Mais je ne doute pas qu’il est plus juste de
calculer les 390 ans d’Israël (4:5) à partir de Jéroboam, auquel
Akhija le prophète annonça que Dieu lui faisait don des dix tribus
arrachées de la main de Salomon, et que les quarante ans de Juda
(4:6) se rapportent au règne de Salomon lui-même, qui détermina
en réalité la ruine de cette portion la plus favorisée du peuple, même
si les résultats de l’idolâtrie ne se voyaient pas beaucoup devant
l’immensité de la richesse et la sagesse du roi. « Ils m’ont
abandonné » fut le message de Dieu au prophète en ce jour-là (1
Rois 11:33) « et ont adoré Ashtoreth, la divinité des Sidoniens,
Kemosh, le dieu de Moab, et Milcom, le dieu des fils d’Ammon, et
n’ont pas marché dans mes voies pour pratiquer ce qui est droit à
mes yeux, et mes statuts et mes ordonnances, comme David, son
père ». C’est pour cela que la semence de David devait être affligée,
et elle l’a été, mais pas pour toujours. Si des jours plus brillant les
attendent, il leur faut traverser d’abord une longue nuit de ténèbres,
dont l’heure la plus pénible sera celle qui précèdera immédiatement
l’aurore, car ils ont ajouté à leur idolâtrie la méchanceté encore plus
grande de rejeter leur Messie et de s’opposer à l’Évangile prêché
aux nations, de sorte que la colère est venue sur eux à son comble
(1 Thes. 2:16). Il ne semble pas y avoir de difficulté à ce que
j’avance dans le fait que la maison d’Israël, comme désignant les
dix tribus, a été emmenée en captivité bien avant la fin de la période
[de 390 ans], car c’est dans la manière d’Ézéchiel d’embrasser toute
la nation sous ce titre, quoiqu’ailleurs, comme ici, il fasse la
distinction entre les deux parties. Juda n’employa pas pour la gloire
de Dieu le règne long, paisible et prospère de celui [Salomon] qui
au milieu de bénédictions sans exemple, tourna son cœur vers
d’autres dieux, et la sentence de Lo-Ammi ne fut exécutée sur eux
que lorsque la portion du peuple élu restée attachée à la maison de
David, et le dernier roi de cette famille, eurent justifié par leur
trahison envers l’Éternel les tribus retombées loin de Dieu et
balayées depuis longtemps de leur pays.
Combien est solennel le témoignage que Dieu rend au sujet de
l’homme envisagé dans la responsabilité qu’il a de marcher selon la
lumière qui lui a été donnée ! Non seulement il s’éloigne de plus en
plus de Dieu, mais il tombe dès le début ; tous les appels qui lui sont
adressés ne servent qu’à prouver son éloignement de cœur et de
volonté. Ainsi aucune chair ne peut se glorifier en Sa présence.
Puissions-nous nous glorifier dans le Seigneur ! Ce n’est pas le
premier homme, mais le second qui a glorifié Dieu ; c’est justement
pourquoi Dieu a glorifié le Fils de l’homme en Lui-même et cela
immédiatement après la croix (Jean 13:31).
Voici maintenant une autre question. Le prophète doit manifester
dans sa personne la dégradation aussi bien que l’imminence du
jugement à cause de l’iniquité du peuple. C’est pourquoi un autre
signe suit. « Et toi, prends du froment, et de l’orge, et des fèves, et
des lentilles, et du millet, et de l’épeautre ; et tu les mettras dans un
même vase, et tu t’en feras du pain selon le nombre des jours que
tu te coucheras sur ton côté : tu en mangeras trois cent quatre-vingt-
dix jours. Et ton manger que tu mangeras sera au poids, vingt sicles
par jour ; tu le mangeras de temps en temps. Et l’eau tu la boiras à
la mesure, un sixième de hin ; tu la boiras de temps en temps. Et tu
mangeras cela préparé comme un gâteau d’orge, et tu le cuiras
sous leurs yeux avec des excréments sortis de l’homme. Et l’Éternel
dit : Les fils d’Israël mangeront ainsi leur pain impur parmi les
nations où je les chasserai. Et je dis : Ah, Seigneur Éternel ! voici,
mon âme ne s’est pas rendue impure, et, depuis ma jeunesse
jusqu’à maintenant, je n’ai mangé de rien de ce qui est mort de soi-
même, ou qui a été déchiré, et aucune chair impure n’est entrée
dans ma bouche. Et il me dit : Regarde, je t’ai donné la fiente du
bétail au lieu des excréments de l’homme, et tu cuiras ton pain sur
elle. Et il me dit : Fils d’homme, voici, je brise le bâton du pain dans
Jérusalem ; et ils mangeront le pain au poids et avec inquiétude, et
ils boiront l’eau à la mesure et avec stupeur, parce que le pain et
l’eau manqueront ; et ils seront dans la stupeur, les uns et les
autres, et ils se consumeront dans leur iniquité » (4:9-17). Ézéchiel
doit faire, dans sa mesure, l’expérience de la condition d’Israël sous
le juste jugement de Dieu, non qu’il soit alors personnellement hors
de la faveur divine, mais au contraire parce qu’il était assez près de
Dieu pour pouvoir entrer dans la réalité de leur misère — quoique
le Fils de l’homme fût le seul qui pût descendre en grâce dans ses
profondeurs, la prendre sur lui d’une manière parfaite et souffrir
complètement, bien au-delà de ce qui a pu être ou sera jamais leur
part. Jésus dans Son zèle pour Dieu et Son amour pour Son peuple,
pouvait seul porter le fardeau, que ce fût en gouvernement ou en
expiation. Mais la gloire de Sa personne Le rendait propre à porter
ce fardeau dans ces deux cas, sans rien laisser de côté de ce qui
était dû à Dieu, et avec les immenses résultats de bénédiction, tant
pour nous maintenant que pour les Juifs pieux des derniers jours.
Jamais Il ne chercha, comme Ézéchiel ici, à se mettre à l’abri de
goûter les conséquences de l’état de ruine d’Israël ; jamais il n’a
demandé que rien lui fût épargné, excepté s’il était possible, cette
coupe de malédiction indicible, que Lui seul devait boire, et qu’Il but
jusqu’à la lie, afin que la grâce pût régner par la justice pour la vie
éternelle par Jésus Christ notre Seigneur (Rom. 5:21).

7 - Chapitre 5
Ce chapitre nous donne de nouveaux détails sur le jugement de
destruction qui ne devait rien épargner, car le ch. 4 n’allait pas au-
delà du siège de Jérusalem par les Chaldéens avec tout son
cortège de misères, sources de tant de détresses.
« Et toi, fils d’homme, prends un couteau tranchant (tu prendras un
rasoir de barbier), et tu le feras passer sur ta tête et sur ta barbe ;
et tu prendras une balance à peser, et tu partageras les cheveux.
Tu en brûleras un tiers dans le feu, au milieu de la ville, lorsque les
jours du siège seront accomplis ; et tu en prendras un tiers, et tu les
frapperas avec le couteau tout autour ; et un tiers, tu le disperseras
au vent, et je tirerai l’épée après eux. Et tu en prendras un petit
nombre, et tu les serreras dans les pans de ta robe ; et de ceux-ci,
tu en prendras encore, et tu les jetteras au milieu du feu, et tu les
brûleras au feu : il en sortira un feu contre toute la maison d’Israël »
(5:1-4). L’application est certaine et immédiate, selon les versets qui
suivent : « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : C’est ici Jérusalem ! Je
l’ai posée au milieu des nations et des pays autour d’elle ; et, dans
sa méchanceté, elle a été rebelle à mes jugements plus que les
nations, et à mes statuts, plus que les pays qui sont autour d’elle ;
car ils ont rejeté mes jugements et n’ont point marché dans mes
statuts » (5:5, 6).
La forme sous laquelle le Dieu d’Israël annonçait aux Juifs le sort
épouvantable qui allait être le leur, et la destruction qui allait fondre
sur eux est particulièrement impressionnante parce que, dans la
manière dont le prophète recevait l’ordre tant de cuire son pain que
de raser ses cheveux, Il se démarquait entièrement des cérémonies
à un point qui ne pouvait se justifier que par l’autorité de Dieu Lui-
même ou par les exigences morales de Son peuple. Cette rupture
était possible, mais un sacrificateur comme Ézéchiel devait
assurément le sentir profondément. Il y a quelque chose d’analogue
dans la vision de Pierre (Actes 10), où Dieu passe outre les préjugés
profondément enracinés des Juifs (bien que ce fût en extase), car
Dieu voulait sauver des Gentils et les introduire dans la communion
avec ceux d’Israël qui croyaient.
Dans notre prophétie il ne s’agit pas de la grâce sortant pour
rencontrer, accueillir et bénir les païens en leur annonçant le seul
Sauveur, mais il s’agit du jugement tombant sur Jérusalem
irrémédiablement et sans rémission, — chose étrange pour Israël,
difficile à entendre et à croire. Les épreuves jusque là n’avaient été
que des châtiments temporaires, le fleuve de la pitié continuait à
couler comme d’habitude, et la masse des Israëlites se plaisait à
espérer qu’il devait en être toujours ainsi, et que Dieu était pour ainsi
dire lié à eux. Ils savaient cependant fort bien que le peuple L’avait
souvent et habituellement déshonoré. Le prophète humilié devait
leur faire voir et entendre ce qui allait se réaliser prochainement et
d’une façon terrible, selon le message reçu de l’Éternel. C’était la
position élevée et centrale d’Israël, surtout Jérusalem, parmi les
peuples et les pays d’alentour, qui rendait leur rébellion et leur
idolâtrie si graves, impossibles à ignorer ou à supporter plus
longtemps.
« C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Parce que votre
turbulence a été plus grande que celle des nations qui sont autour
de vous, parce que vous n’avez point marché dans mes statuts et
n’avez point pratiqué mes ordonnances, et que vous n’avez pas
même agi selon les droits établis des nations qui sont autour de
vous, — à cause de cela, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en
veux à toi, moi aussi, et j’exécuterai au milieu de toi des jugements
aux yeux des nations ; et je ferai en toi ce que je n’ai pas fait et ne
ferai plus semblablement, à cause de toutes tes abominations. C’est
pourquoi les pères mangeront les fils au milieu de toi, et les fils
mangeront les pères ; et j’exécuterai des jugements sur toi, et je
disperserai à tout vent tout ton résidu. C’est pourquoi, je suis vivant,
dit le Seigneur, l’Éternel ! parce que tu as rendu impur mon
sanctuaire par toutes tes choses exécrables et par toutes tes
abominations, moi aussi je te diminuerai, et mon œil n’épargnera
pas, et moi je n’aurai plus compassion. Un tiers d’entre vous mourra
par la peste et sera consumé par la famine au milieu de toi ; et un
tiers tombera par l’épée autour de toi ; et j’en disperserai un tiers à
tout vent, et je tirerai l’épée après eux » (5:7-12).
Nous voyons clairement là le dessein divin. Un tiers devait périr par
la peste et la famine dans la cité assiégée ; un tiers devait tomber
par l’épée autour de Jérusalem ; et le dernier tiers devait être
dispersé à tout vent et être encore poursuivi par l’épée. Nous
voyons ici comment les habitants de Jérusalem représentent dans
ces circonstances « toute la maison d’Israël », sans qu’on tienne
compte des dix tribus déjà déportées à l’orient. La souillure du
sanctuaire de l’Éternel par les abominations païennes introduites
par les rois, les sacrificateurs et le peuple avaient rendu Jérusalem
intolérable.
« Et ma colère s’accomplira, et je satisferai ma fureur sur eux, et je
me consolerai ; et ils sauront que moi, l’Éternel, j’ai parlé dans ma
jalousie, quand j’aurai accompli ma fureur sur eux. Et je ferai de toi
un désert et un opprobre parmi les nations qui sont autour de toi,
aux yeux de tout passant » (5:13-14). Leur jugement aurait lieu aux
yeux des nations qui avaient vu leur infidélité envers le vrai Dieu,
leur Dieu.
« Et ce sera une opprobre et un sarcasme, une instruction et un
étonnement pour les nations qui sont autour de toi, quand
j’exécuterai sur toi des jugements, avec colère, et avec fureur, et
par des châtiments de fureur. Moi, l’Éternel, j’ai parlé » (5:15). Les
païens eux-mêmes seraient étonnés, car ils n’avaient aucune
notion d’un dieu qui traitait pareillement le peuple qui faisait
profession de l’adorer.
« Quand j’enverrai parmi eux les flèches funestes de la famine qui
seront pour la destruction, lesquelles j’enverrai pour vous détruire,
j’augmenterai sur vous la famine, et je briserai pour vous le bâton
du pain ; et j’enverrai sur vous la famine et les bêtes mauvaises qui
te priveront d’enfants, et la peste et le sang passeront sur toi, et je
ferai venir l’épée sur toi. Moi, l’Éternel, j’ai parlé » (5:16-17).

8 - Chapitre 6
Ce chapitre 6 montre que Dieu tient compte de toutes les scènes
du mal idolâtre au travers du pays tout entier, quoique Jérusalem,
comme nous l’avons vu, ait eu en cela une fâcheuse prééminence.
C’est pourquoi Ézéchiel reçoit l’ordre de tourner sa face « contre les
montagnes d’Israël ».
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tourne
ta face contre les montagnes d’Israël, et prophétise contre elles, et
dis : Montagnes d’Israël, écoutez la parole du Seigneur, l’Éternel :
Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, aux montagnes et aux collines, aux
ravins et aux vallées : Voici, moi je fais venir sur vous l’épée, et je
détruirai vos hauts lieux. Et vos autels seront dévastés, et vos
colonnes consacrées au soleil seront brisées ; et je ferai tomber vos
blessés à mort devant vos idoles ; et je mettrai les cadavres des fils
d’Israël devant leurs idoles, et je disperserai vos ossements autour
de vos autels. Dans toutes vos demeures les villes seront réduites
en solitudes et les hauts lieux seront désolés, afin que vos autels
soient délaissés et désolés, et que vos idoles soient brisées et ne
soient plus, et que vos colonnes consacrées au soleil soient
abattues, et vos ouvrages anéantis. Et les blessés à mort tomberont
au milieu de vous ; et vous saurez que je suis l’Éternel » (6:1-7).
Ainsi l’Éternel allait faire venir l’épée pour détruire Israël dans tout
le pays, car ils L’avaient abandonné pour des idoles qui, non
seulement ne pouvaient pas les protéger contre la destruction, mais
au contraire les y exposaient. Les adorateurs, les autels et les
images devaient tous périr, les idolâtres devant leurs idoles, leurs
ossements dispersés autour de leurs autels : le désastre est
complet à ce degré-là, et la raison en est évidente.
Pourtant l’Éternel se souvient de la grâce au milieu du jugement.
« Mais je laisserai un reste, en ce que vous aurez des réchappés
de l’épée parmi les nations, quand, vous serez dispersés dans les
pays. Et vos réchappés se souviendront de moi parmi les nations
où ils auront été emmenés captifs, quand j’aurai brisé leur cœur
prostitué qui s’est détourné de moi, et leurs yeux qui se prostituent
après leurs idoles ; et ils auront horreur d’eux-mêmes à cause des
iniquités qu’ils ont commises par toutes leurs abominations ; et ils
sauront que moi, l’Éternel, je n’ai pas dit en vain que je leur ferais
ce mal » (6:8-10).
Au v. 9 la version anglaise autorisée du roi Jacques dit « parce que
Je suis brisé par leur cœur prostitué, qui s’est détourné de Moi, et
par leurs yeux qui se prostituent… ». Or le verbe n’a pas un sens
passif, mais le sens réflectif de « brisant pour moi-même ». Ce qui
a probablement conduit aux expressions de la version autorisée,
c’est la difficulté de cette phrase en rapport avec les « yeux ». La
version juive de Mr Leeser a cherché une atténuation en disant « et
même par leurs yeux ». Mais cela ne tient guère. Le vrai sens est
que les cœurs et les yeux seront tous ensemble brisés dans la
repentance devant Dieu.
Ézéchiel est ensuite de nouveau appelé à marquer d’une manière
caractéristique le sûr jugement de Dieu sur les abominations
d’Israël. Le pays même doit devenir plus dévasté et plus désolé que
le désert dans toutes leurs habitations. « Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Bats de tes mains, et frappe de ton pied, et dis : Hélas,
pour toutes les abominations des iniquités de la maison d’Israël !
car ils tomberont par l’épée, par la famine et par la peste. Celui qui
est loin mourra par la peste, et celui qui est près tombera par l’épée ;
et celui qui est demeuré de reste, et qui est assiégé, mourra par la
famine ; et je consommerai ma fureur sur eux. Et vous saurez que
je suis l’Éternel, quand leurs blessés à mort seront au milieu de
leurs idoles, autour de leurs autels, sur toute haute colline, sur tous
les sommets des montagnes, et sous tout arbre vert, et sous tout
térébinthe touffu, dans les lieux où ils offraient à toutes leurs idoles
des parfums agréables. Et j’étendrai ma main sur eux, et je ferai du
pays une désolation et il sera plus désolé que le désert de Dibla,
dans toutes leurs demeures ; et ils sauront que je suis l’Éternel
(6:11-14).

9 - Chapitre 7
Le chapitre 7 clôt ces accents préliminaires de malheur, ou groupes
d’accents. Il est marqué par sa portée ; mais au lieu d’être vague, il
est caractérisé par la rapidité d’un style raccourci, étrange, abrupt,
dans lequel l’Esprit proclame, par des répétitions fréquentes et
emphatiques, la fin pour le pays d’Israël, une fin imminente. « Et la
parole de l’Éternel vint à moi, disant : Et toi, fils d’homme ! Ainsi dit
le Seigneur, l’Éternel, à la terre d’Israël : Une fin !… la fin est venue
sur les quatre coins du pays. Maintenant la fin est venue sur toi, et
j’enverrai sur toi ma colère, et je te jugerai selon tes voies, et je
récompenserai sur toi toutes tes abominations. Et mon œil ne
t’épargnera pas, et je n’aurai point compassion ; mais je
récompenserai tes voies sur toi, et tes abominations seront au
milieu de toi ; et vous saurez que je suis l’Éternel. Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Un mal, un mal unique ! Voici, il est venu ! La
fin est venue, la fin est venue ! Elle veille sur toi ; voici, elle vient !
Le deuil est venu sur toi, ô habitant du pays ; le temps est venu, le
jour de trouble est proche, et non le cri joyeux des montagnes.
Maintenant, bientôt, je verserai sur toi ma fureur, et j’accomplirai ma
colère contre toi, et je te jugerai selon tes voies, et je récompenserai
sur toi toutes tes abominations. Et mon œil ne t’épargnera pas, et
je n’aurai point compassion ; mais je récompenserai tes voies sur
toi, et tes abominations seront au milieu de toi ; et vous saurez que
je suis l’Éternel » (7:1-9).
Nous voyons ensuite que non seulement « les quatre coins du
pays » tombent sous les jugements spécifiques et décisifs de Dieu,
mais que les résultats en sont complets et écrasants. Aucun
rétablissement n’est possible pour autant que l’homme puisse le
voir ou le dire. « Voici le jour, voici, il est arrivé ! Le matin a passé,
la verge a fleuri, la fierté s’est épanouie. La violence s’élève pour
être une verge de méchanceté. Il ne reste rien d’eux, ni de leur
multitude, ni aucun de leurs biens : il n’y aura pas de lamentations
pour eux » (7:10-11).
Les sentiments habituels des hommes disparaissent (7:12).
La colère est sur toute la multitude ; les espérances particulières de
l’Israëlite sont anéanties, car le jubilé lui-même est supprimé, et
avec lui toute perspective de rétablissement (7:13).
Comment des idoles pourraient-elles l’aider ? Le son de la
trompette qui visite l’homme, et qui, pour un Juif, devait être
l’assurance que Dieu entendait et apparaissait pour agir en leur
faveur comme d’habitude, était absolument sans effet, car la colère
de Dieu est sur toute la multitude (7:14).
Ils sont ainsi comme enfermés dans les cercles concentriques d’une
ruine qui dévore (7:15-18).
Le prophète de Dieu annonce — c’est terrible, rien que d’y penser
— un coup après l’autre, de la part de Dieu contre Son peuple
affaibli par le sentiment de sa culpabilité. Au jour de leur calamité,
ils sont obligés de s’apercevoir que leurs dieux ne sont que vanité,
rien que « de l’argent et de l’or », et « ils jetteront leur argent dans
les rues, et leur or sera rejeté comme une impureté ». Et il est
impressionnant de voir le prophète ajouter : « leur argent ni leur or
ne pourra les délivrer au jour de la fureur de l’Éternel ; ils ne
rassasieront pas leurs âmes et ne rempliront pas leurs entrailles,
car c’est ce qui a été la pierre d’achoppement de leur iniquité »
(7:19).
Mais Dieu n’avait-il pas choisi un endroit pour sa demeure et le lieu
de son repos ? Hélas ! c’est là que s’était manifestée la pire des
iniquités contre Lui. Leur gloire était leur honte. « De la beauté de
son ornement, il a fait sa gloire ; mais ils y ont fait des images de
leurs abominations et de leurs choses exécrables. C’est pourquoi
j’en ai fait pour eux une impureté abjecte, et je l’ai livrée en pillage
aux mains des étrangers, et pour butin aux méchants de la terre, et
ils la profaneront. Et je détournerai d’eux ma face, et ils profaneront
mon lieu secret ; et les violents y entreront et le profaneront » (7:20-
22).
Enfin le prophète reçoit l’ordre de fabriquer les chaînes symboliques
de l’esclavage pour ceux qui ne seraient pas retranchés ; les iniques
des nations prendraient possession de leurs maisons ; la
destruction venait, c’est en vain qu’on rechercherait la paix, et à sa
place il y aurait calamité sur calamité, et rumeur sur rumeur, le
prophète n’aurait pas de vision, mais « la loi est périe de chez le
sacrificateur et le conseil de chez les anciens ». Le roi menant deuil,
les princes vêtus de stupeur, les mains du peuple rendues
tremblantes, tel est le tableau (7:23-27) de ce trouble effroyable ;
toutes ces choses se sont accomplies à la lettre, comme nous le
savons. « Je leur ferai selon leur voie, et je les jugerai par leurs
propres jugements ; et ils sauront que je suis l’Éternel ». Telle est la
conclusion de cet avertissement préliminaire si solennel.

10 - Chapitres 8 à 19
Les chapitres 8 à 11 sont réellement les quatre parties d’une même
vision.
Le ch. 8 expose l’idolâtrie excessive de Juda à Jérusalem, en
commençant par la maison de Dieu.
Au ch. 9 la destruction est ordonnée de Dieu sur tous ceux qui sont
laissés dans la ville, à l’exception d’un résidu qui reçoit une marque,
et qui est composé de ceux qui soupirent et gémissent à cause de
toutes les abominations qui s’y commettent. Cette destruction
commence expressément par le sanctuaire de l’Éternel.
Au ch. 10, on a le rôle des chérubins et autres agents du jugement
divin, avant que la gloire de l’Éternel ne prenne lentement ses
dispositions de départ.
Au ch. 11, on a l’annonce des malheurs sur les princes et le peuple
laissé de reste, tout en assurant les justes qu’ils auraient un
sanctuaire en l’Éternel lui-même, alors qu’il n’y en avait aucun autre
dans les pays païens de leur dispersion, et qu’à la fin la miséricorde
de Dieu les rassemblerait dans leur pays tandis que tout le reste
périrait. Cependant la gloire se retirait de la ville sur la montagne
des oliviers.
Les chapitres 12 à 19 relatent diverses circonstances se rapportant
à ce qui précède et l’exposé des voies de Dieu à cet égard.

11 - Chapitre 8
« Et il arriva, en la sixième année, au sixième mois, le cinquième
jour du mois, qu’étant assis dans ma maison, et les anciens de Juda
étant assis devant moi, la main du Seigneur l’Éternel tomba là sur
moi. Et je vis, et voici une ressemblance comme l’aspect d’un feu :
depuis l’aspect de ses reins vers le bas, c’était du feu ; et depuis
ses reins vers le haut, c’était comme l’aspect d’une splendeur,
comme la couleur de l’ambre. Et il étendit la forme d’une main, et
me prit par les boucles de ma tête ; et l’Esprit m’éleva entre la terre
et les cieux, et m’emmena à Jérusalem, dans les visions de Dieu, à
l’entrée de la porte intérieure qui regarde vers le nord, où était le
siège de l’image de jalousie, qui provoque à la jalousie » (8:1-3).
La sixième année mentionnée au verset 1 est l’année qui suit celle
de la première vision : comparer 1:2. Le décompte part de la
captivité de Jéhoïakin. Le prophète a de nouveau affaire avec Dieu,
tandis que les anciens de Juda sont assis devant lui. C’est en Esprit,
non pas corporellement, qu’il est emmené à Jérusalem, « dans les
visions de Dieu » ; il voit là, à l’entrée de la porte intérieure
regardant vers le nord, c’est-à-dire vers la Chaldée, le siège de
l’idole de jalousie, qui provoque à la jalousie.
« Et voici, là était la gloire du Dieu d’Israël, selon la vision que j’avais
vue dans la vallée. Et il me dit : Fils d’homme, lève tes yeux vers le
nord. Et je levai mes yeux vers le nord ; et voici, au nord de la porte
de l’autel, cette image de jalousie, à l’entrée. Et il me dit : Fils
d’homme, vois-tu ce qu’ils font, les grandes abominations que la
maison d’Israël commet ici, pour m’éloigner de mon sanctuaire ? »
(8:4-6). Le nom de l’idole ne nous est pas indiqué ; était-ce Baal ou
Ashtoreth ? (voir 2 Rois 21, 2 Chr. 33). En tout cas elle était un défi
au Dieu d’Israël, et sollicitait l’hommage de tous ceux qui entraient
dans le temple. On voit par là combien Juda était enclin à offenser
l’Éternel et à le forcer moralement d’accomplir Sa menace
d’abandonner Sa maison. Cela donne toute son importance à la
vision de Sa gloire dans ce contexte : L’Éternel n’était pas encore
parti définitivement, et Il se plait à justifier Sa manière d’agir si
solennelle envers Son peuple.
« Mais tourne-toi de nouveau, et tu verras de plus grandes
abominations. Et il me mena à l’entrée du parvis ; et je regardai, et
voici, un trou dans le mur. Et il me dit : Fils d’homme, perce le mur.
Et je perçai le mur, et voici, une porte. Et il me dit : Entre, et regarde
les mauvaises abominations qu’ils commettent ici. Et j’entrai, et je
regardai ; et voici toute sorte de figures de reptiles, et de bêtes
exécrables, et toutes les idoles de la maison d’Israël tracées sur le
mur, tout autour » (8:7-10). C’est une scène plus intime d’idolâtrie
grossière, une reproduction de l’avilissement de l’Égypte, et devant
elles se tenaient, non pas la lie du peuple, mais ses chefs, soixante
dix hommes des anciens d’Israël.
« Et soixante-dix hommes d’entre les anciens de la maison d’Israël
se tenaient là, et au milieu d’eux se tenait Jaazania, fils de
Shaphan : chacun avait son encensoir dans sa main, et il montait
une épaisse nuée d’encens » (8:11). Dieu avait choisi autrefois
soixante-dix juges, et une de leurs fonctions la plus importante était
de réprimer le culte des idoles. Ici nous trouvons le même nombre,
surpris sur le fait même de rendre culte comme prêtres à des
images de serpents et de bêtes (ou bétail) abominables et de dieux
exécrables. Shaphan était le scribe qui avait lu le livre de la loi
devant le pieux Josias : quel sinistre changement en Juda, où c’était
maintenant son fils Jaazania qui se tenait au milieu des soixante-
dix idolâtres !
Et ce n’était pas tout. « Et il me dit : As-tu vu, fils d’homme, ce que
les anciens de la maison d’Israël font dans les ténèbres, chacun
dans les chambres d’images ? Car ils disent : L’Éternel ne nous voit
pas, l’Éternel a abandonné le pays (8:12). Non seulement ils avaient
cessé de maintenir la vérité, et de le faire dans l’injustice, aussi
mauvais que cela soit ; mais pire que cela, ils avaient sombré dans
les plus basses profondeurs de nier les attributs fondamentaux de
Dieu : c’était l’apostasie, disant : « L’Éternel ne nous voit pas,
l’Éternel a abandonné le pays ».
« Et il me dit : Tourne-toi encore de nouveau, et tu verras de plus
grandes abominations qu’ils commettent. Alors il me mena à
l’entrée de la porte de la maison de l’Éternel, qui est vers le nord ;
et voici des femmes assises là, pleurant Thammuz » (8:13-14). Ce
n’était plus l’idolâtrie syrienne ou égyptienne, mais celle de
Phénicie, du caractère le plus grossièrement dépravé. C’est
apparemment celle que les Grecs adoptèrent sous la forme de la
fable d’Adonis et d’Aphrodite.
Mais il y avait derrière quelque chose de pire encore, tant à cause
de l’endroit où la scène se passait que des personnes occupées à
adorer le soleil, le grand objet d’idolâtrie des Sabéens et plus tard
des Perses. « Et il me dit : As-tu vu, fils d’homme ? Tu verras des
abominations plus grandes que celles-là. Puis il me fit entrer au
parvis intérieur de la maison de l’Éternel ; et voici, à l’entrée du
temple de l’Éternel, entre le portique et l’autel, environ vingt-cinq
hommes, le dos tourné vers le temple de l’Éternel, et leurs faces
vers l’orient ; et ils se prosternaient vers l’orient devant le soleil »
(8:15-16). Le prophète note particulièrement leur nombre qui
correspond aux classes de la sacrificature avec le souverain
sacrificateur. Ils tournent le dos au temple de l’Éternel et leur face
sont vers l’Orient.
Il n’y a pas de raison suffisante à mon avis pour délaisser la
traduction ordinaire du v. 17 et changer le mot hébreu de
« branche » ou « rameau », en chant » ou « cantique ». Il n’est pas
non plus nécessaire de tenir compte de la notion Rabbinique que le
texte doit être rangé parmi les Tikkun Sopherim, dont le texte
original voudrait dire « à mon nez » au lieu de « à leur nez ». C’est
ce que les Septante paraissent avoir lu, du fait qu’ils traduisent autoi
wV mukthrizonteV, « ils sont comme des moqueurs ». Mais les
manuscrits hébreux supportent le texte ordinaire qui donne un sens
excellent et cohérent.
« Et il me dit : As-tu vu, fils d’homme ? Est-ce une chose légère à la
maison de Juda de commettre les abominations qu’ils commettent
ici, pour qu’ils remplissent encore le pays de violence, et qu’ils
reviennent me provoquer à colère ? Et voici, ils mettent le rameau
à leur nez. C’est pourquoi j’agirai avec fureur : mon œil n’épargnera
pas, et je n’aurai point compassion ; et quand ils crieront à mes
oreilles à haute voix, je ne les écouterai point » (8:17-18). Un
châtiment tout à fait extrême doit tomber sur les Juifs, sans
miséricorde : l’Éternel lui-même y veillerait.

12 - Chapitre 9
Ce chapitre nous montre les préparatifs divins et le plan d’exécution
du jugement sur tout le peuple à Jérusalem, à l’exception du résidu
préservé. « Et il cria à mes oreilles à haute voix, disant : Approchez,
vous qui avez la charge de la ville, et chacun avec son instrument
de destruction dans sa main. Et voici six hommes qui venaient du
chemin de la porte supérieure qui est tournée vers le nord, et
chacun avec son instrument de mort dans sa main ; et il y avait au
milieu d’eux un homme vêtu de lin, avec un encrier d’écrivain à ses
reins ; et ils entrèrent, et se tinrent à côté de l’autel d’airain. Et la
gloire du Dieu d’Israël s’éleva de dessus le chérubin sur lequel elle
était, et vint sur le seuil de la maison ; et il cria à l’homme vêtu de
lin, qui avait l’encrier d’écrivain à ses reins » (9:1-3). Le jugement
vient à nouveau du nord ; les anges qui l’exécutent se tiennent à
côté de l’autel d’airain, expression des exigences divines et du
jugement divin sur la terre. La gloire quitte son siège habituel.
Jérusalem est livrée à la vengeance de l’Éternel.
« Et l’Éternel lui dit : Passe au milieu de la ville, au milieu de
Jérusalem, et fais une marque sur les fronts des hommes qui
soupirent et gémissent à cause de toutes les abominations qui se
commettent au-dedans d’elle. Et à ceux-là il dit, à mes oreilles :
passez par la ville après lui, et frappez ; que votre œil n’épargne
pas, et n’ayez point compassion. Tuez, détruisez vieillards, jeunes
hommes, et vierges, et petits enfants, et femmes ; mais n’approchez
d’aucun de ceux qui ont sur eux la marque, et commencez par mon
sanctuaire. Et ils commencèrent par les anciens qui étaient devant
la maison » (9:4-6). L’affliction est le fruit de la communion avec
Dieu dans les mauvais jours. Ceux qui ressentent cette sainte
tristesse sont expressément mis à l’abri des destructeurs, d’une
manière tout à fait définitive. Tous les autres doivent périr, vieillards
et jeunes gens, vierges, enfants et femmes : mais pas un seul de
ceux qui ont la marque. Et c’est par le sanctuaire que la destruction
commence : Nous trouvons la même pensée en 1 Pierre 4:17. Ce
sont les plus proches du Seigneur qui portent la plus grande
responsabilité.
Mais il ne suffisait pas de commencer par les anciens qui étaient
devant la maison ; la parole adressée aux vengeurs dit : « Rendez
impure la maison, et remplissez les parvis de tués ; sortez ! Et ils
sortirent et frappèrent dans la ville. Et il arriva que, comme ils
frappaient et que moi je demeurais de reste, je tombai sur ma face,
et je criai et dis : Ah, Seigneur Éternel ! veux-tu détruire tout le reste
d’Israël en versant ta fureur sur Jérusalem ? » (9:7-8). Plus aucune
place n’était laissée à l’intercession pour prévaloir. « Et il me dit :
L’iniquité de la maison d’Israël et de Juda est excessivement
grande, et le pays est rempli de sang, et la ville est remplie
d’injustices ; car ils ont dit : L’Éternel a abandonné le pays, et
l’Éternel ne voit pas. Et moi aussi, — mon œil n’épargnera pas, et
je n’aurai point compassion ; je ferai retomber leur voie sur leur
tête » (9:9-10).
La scène terrible est rendue d’autant plus impressionnante par le
rapport que la tâche est achevée. « Et voici, l’homme vêtu de lin,
qui avait l’encrier à ses reins, rapporta, disant ; J’ai fait comme tu
m’as commandé » (9:11).

13 - Chapitre 10
La vision qui suit complète le tableau de jugement commencé aux
chapitres 8 et 9. Elle rappelle ce que le prophète avait déjà vu
lorsqu’il était au milieu des captifs sur les bords de Kébar. Il s’y
trouve certaines modifications qui s’expliquent par le fait que le
prophète avait été transporté par l’Esprit dans les visions de Dieu à
Jérusalem, alors qu’il était assis avec les anciens de Juda devant
lui. La ville était maintenant dans le jour de sa visitation à cause de
son impureté de chair et d’esprit, et Dieu commençait par le
sanctuaire, tout en prenant connaissance de l’état de la cité toute
entière, hormis ceux qui soupiraient et gémissaient à cause de
toutes les abominations qui se commettaient au milieu d’elle. C’était
un spectacle solennel pour le prophète captif, de contempler la
gloire de Dieu dans un pays païen, mais c’était tout aussi significatif
de la voir dressée en vengeance contre la cité sur laquelle Ses yeux
et Son cœur reposent perpétuellement (2 Chr. 7:16).
« Et je regardai, et voici, dans le firmament au-dessus de la tête des
chérubins, parut comme une pierre de saphir, comme l’aspect de la
ressemblance d’un trône, au-dessus d’eux. Et il parla à l’homme
vêtu de lin, et dit : Viens entre les roues, au-dessous du chérubin,
et remplis le creux de tes mains de charbons de feu pris d’entre les
chérubins, et répands-les sur la ville. Et il entra, devant mes yeux.
Et les chérubins se tenaient à droite de la maison lorsque l’homme
entra, et la nuée remplissait le parvis intérieur » (10:1-3). C’est de
Celui qui n’est même pas nommé, mais qui remplit le trône au-
dessus, que vient l’ordre ordonnant un jugement de destruction sur
la ville. Celui qui avait reçu la mission de marquer les justes pour
être épargnés, reçoit maintenant le commandement de remplir ses
mains de charbons de feu pris d’entre les chérubins et de les
répandre sur Jérusalem. La nuée de la présence de l’Éternel était
là, mais elle n’apportait ni abri, ni direction au peuple qui avait
abandonné tout souci de Sa volonté et avait préféré un veau ou un
dieu exécrable au Dieu d’Israël. Quel changement depuis le jour où
l’Éternel allait devant eux et remplissait le sanctuaire !
« Et la gloire de l’Éternel s’éleva de dessus le chérubin, et vint sur
le seuil de la maison ; et la maison fut remplie de la nuée, et le parvis
fut rempli de la splendeur de la gloire de l’Éternel. Et le bruit des
ailes des chérubins s’entendit jusqu’au parvis extérieur, comme la
voix du Dieu Tout-puissant quand il parle » (10:4-5). Maintenant la
gloire quitte cet endroit au lieu d’y venir habiter. L’Éternel
abandonne la résidence qu’Il s’était plu à choisir — sans pour autant
la quitter pour toujours, puisque qu’Il l’avait choisie pour toujours.
Mais Il est chassé moralement par l’iniquité et l’apostasie de Son
propre peuple. La prophétie d’Ézéchiel dit explicitement qu’Il
reviendra habiter là, et ne quittera plus jamais Sa maison, aussi
longtemps que la terre durera, car Son peuple jouira alors du repos
de Dieu sous le Messie et la nouvelle alliance. Mais de même que,
dans ses dernières paroles, David était obligé de dire que « sa
maison n’était pas ainsi avec Dieu » (2 Sam. 23), notre prophète
prononce ici en symboles mystérieux la rupture des liens entre Dieu
et Israël par les signes solennels de leur jugement. Cela est rendu
bien visible au prophète, si par extraordinaire le peuple pouvait
écouter et vivre, ayant été saisi par les spectacles et les sons
étranges que le Seigneur lui donne de raconter. Quoiqu’Il pût faire
en d’autres temps, c’était à ne pas s’y tromper l’Éternel qui dirigeait
le ravage et la destruction de Sa propre ville et de Son sanctuaire.
La foi du croyant serait fortifiée par ce que Dieu fait en dégageant
le sol de tout arbre qu’Il n’a pas planté (Matt. 15:13).
Nous avons ensuite l’exécution de l’ordre donné dans la vision, de
façon que tout soit rendu d’autant plus impressionnant et certain
pour ceux qui se flattaient de l’impossibilité que l’Éternel cesse de
reconnaître Israël, malgré toutes Ses leçons tranchantes et Ses
châtiments ; ceux-ci pouvaient penser que, malgré les succès
temporaires de l’ennemi, le pays, la ville et le temple seraient un
rempart imprenable empêchant cet ennemi d’obtenir un avantage
durable sur le peuple élu. L’homme est en effet si prompt à oublier
les principes immuables de Dieu dans Son être moral, et à tourner
à son propre avantage et à son propre honneur ce que Dieu est
obligé de faire pour maintenir la vérité et la justice à Sa gloire.
« Et il arriva que, lorsqu’il eut commandé à l’homme vêtu de lin,
disant : Prends du feu d’entre les roues, d’entre les chérubins, il
entra et se tint à côté des roues. Et le chérubin étendit sa main entre
les chérubins, vers le feu qui était entre les chérubins, et il en prit,
et le mit dans le creux des mains de l’homme vêtu de lin ; et il le prit
et sortit. Et on voyait aux chérubins la figure d’une main d’homme
sous leurs ailes. Et je regardai, et voici, quatre roues à côté des
chérubins, une roue à côté d’un chérubin, et une roue à côté d’un
chérubin, et l’aspect des roues était comme la couleur de la pierre
de béryl. Et quant à leur aspect, elles avaient les quatre une seule
ressemblance, comme si une roue était au milieu d’une roue. Quand
elles allaient, elles allaient sur leurs quatre côtés ; elles ne se
tournaient pas, quand elles allaient ; mais, vers le lieu où la tête
regardait, elles allaient après elle : elles ne se tournaient pas quand
elles allaient. Et tout leur corps, et leur dos, et leurs mains, et leurs
ailes, et les roues, étaient pleins d’yeux tout autour, même les roues
que les quatre avaient. Quant aux roues, on leur cria, moi
l’entendant : Ô roue ! Et chacun avait quatre faces : la première face
était la face d’un chérubin, et la seconde face était la face d’un
homme, et la troisième était la face d’un lion, et la quatrième, la face
d’un aigle. Et les chérubins s’élevèrent. C’était l’animal que j’avais
vu près du fleuve Kebar. Et quand les chérubins allaient, les roues
allaient à côté d’eux ; et quand les chérubins levaient leurs ailes
pour s’élever de dessus terre, les roues aussi ne se détournaient
point d’à côté d’eux ; quand ils s’arrêtaient, elles s’arrêtaient, et
quand ils s’élevaient, elles s’élevaient avec eux, car l’esprit de
l’animal était en elles » (10:6-17).
Les versets 15, 20 et 22 identifient parfaitement la gloire avec celle
vue au début sur les bords du fleuve Kébar. Il est clair que, si cette
gloire revient, ce n’est qu’en passant, et chargée de la triste tâche
de sceller le jugement, et de marquer l’abandon d’Israël sous la loi,
devenu maintenant apostat. Le symbole du gouvernement divin en
providence était là, mais il n’occupait pas son siège dans le lieu très
saint. Il se tenait sur le seuil, et le parvis était rempli de la splendeur
de la gloire de l’Éternel, mais il n’entrait plus à l’intérieur. C’était une
visitation judiciaire, en obéissance aux ordres de Celui qui, d’en
haut, contrôlait chacun de ces mouvements. La colère était sortie
contre Jérusalem. Et c’était Lui qui dirigeait tout ; ce n’était pas les
idoles muettes des Gentils, qui ont des bouches et ne parlent pas,
des yeux, des mains et des oreilles, mais ne voient, ni ne touchent,
ni n’entendent pas (Ps. 115:5-7) ; des idoles aussi vaines que ceux
qui se confient en elles contre le Dieu des cieux qui a fait tout ce qui
Lui a plu (Ps. 115:3).
Quelques traits diffèrent de ceux de la première manifestation, sans
pour autant qu’il y ait quelque séparation des roues d’avec les
chérubins, ni la moindre divergence dans l’action commune ou dans
le but de leurs mouvements compliqués. L’intelligence pénétrante
est réaffirmée plus fortement pour le corps tout entier, les dos, les
mains, les ailes et les roues. « Quant aux roues, on leur cria, moi
l’entendant : Galgal ! » [roue, ou : roule, roule] (10:13).
Le verset 18 nous montre un mouvement très significatif : « Et la
gloire de l’Éternel sortit de dessus le seuil de la maison, et se tint
au-dessus des chérubins. Et les chérubins haussèrent leurs ailes et
s’élevèrent de terre à mes yeux, quand ils sortirent ; et les roues
étaient auprès d’eux. Et ils s’arrêtèrent à l’entrée de la porte
orientale de la maison de l’Éternel ; et la gloire du Dieu d’Israël était
au-dessus d’eux, en haut. C’était là l’animal que j’avais vu au-
dessous du Dieu d’Israël, près du fleuve Kebar ; et je connus que
c’étaient les chérubins. Chacun avait quatre faces, et chacun quatre
ailes, et il y avait une ressemblance de mains d’homme sous leurs
ailes. Et quant à la ressemblance de leurs faces, c’était les mêmes
faces que j’avais vues près du fleuve Kebar, leur aspect, et eux-
mêmes ; ils allaient chacun droit devant soi » (10:18-22). La gloire
peut s’attarder sur la porte orientale, mais elle s’en va vraiment.

14 - Chapitre 11
Le chapitre 11 qui complète cette portion de la prophétie, confirme
entièrement ce qui précède. Dans la vision de l’Éternel, Ézéchiel
voit toute la présomption débordante et moqueuse des chefs de
Jérusalem qui conseillaient le roi Sédécias pour sa ruine et pour la
leur, en contradiction avec le message de l’Éternel envoyé par
Jérémie ; ils semblent s’être servis du style et des comparaisons de
Jérémie pour atteindre leur propre but.
« Et l’Esprit m’éleva et me transporta à la porte orientale de la
maison de l’Éternel qui regarde vers l’orient ; et voici, à l’entrée de
la porte, vingt-cinq hommes ; et je vis au milieu d’eux Jaazania, fils
d’Azzur, et Pelatia, fils de Benaïa, princes du peuple. Et il me dit :
Fils d’homme, ce sont ici les hommes qui méditent l’iniquité et qui
donnent de mauvais conseils dans cette ville, qui disent : Ce n’est
pas le moment de bâtir des maisons ; elle est la marmite, et nous
sommes la chair. C’est pourquoi prophétise contre eux, prophétise,
ô fils d’homme ! Et l’Esprit de l’Éternel tomba sur moi et me dit :
Parle : Ainsi dit l’Éternel : Vous dites ainsi, ô maison d’Israël ; et je
connais ce qui monte dans votre esprit, à chacun de vous. Vous
avez multiplié le nombre de vos tués dans cette ville, et vous avez
rempli ses rues de tués. C est pourquoi, ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Vos tués, que vous avez mis au milieu d’elle, c’est la chair,
et cette ville est la marmite ; mais vous, je vous ferai sortir du milieu
d’elle : Vous avez eu peur de l’épée ; et je ferai venir l’épée sur vous,
dit le Seigneur, l’Éternel. Et je vous ferai sortir du milieu d’elle, et je
vous livrerai en la main des étrangers, et j’exécuterai des jugements
contre vous : vous tomberez par l’épée ; dans les confins d’Israël je
vous jugerai, et vous saurez que je suis l’Éternel. Elle ne sera pas
pour vous une marmite, et vous ne serez pas la chair au milieu
d’elle ; je vous jugerai dans les confins d’Israël ; et vous saurez que
je suis l’Éternel, dans les statuts duquel vous n’avez point marché,
et dont vous n’avez point pratiqué les ordonnances ; mais vous avez
agi à la manière des païens qui vous entourent » (11:1-12).
Nous ne pensons pas que la similitude de chiffre de 25 hommes soit
une raison suffisante pour identifier les moqueurs de ce chapitre
avec les adorateurs du soleil entre le portique et l’autel du chapitre
8. Ici ces chefs sont des princes du peuple, non pas des chefs du
sanctuaire ou des sacrificateurs. Comme la scène précédente
montrait l’apostasie religieuse, celle-ci fait ressortir l’impudence et
l’incrédulité des chefs civils, bien qu’ils soient à l’entrée de la porte
de la maison de l’Éternel. C’était eux les mauvais conseillers qui
contrecarraient la parole de l’Éternel transmise par le prophète à
Sédécias. Jérémie exhortait les Juifs de Jérusalem à la soumission
au roi de Babylone, et les captifs à bâtir des maisons et planter des
jardins et à élever leurs familles en exil, en priant pour la paix de
leur ville jusqu’à ce que 70 ans soient accomplis, et qu’un résidu
puisse retourner à Jérusalem. Les faux prophètes prédisaient des
choses douces dans le pays comme à l’étranger, fomentant de toute
sorte de manière de la rébellion sous couleur de patriotisme, et ils
se réclamaient du nom de l’Éternel, tout en encourageant
l’insubordination de dessous Sa main qui les humiliait.
Le verset 3 est un peu obscur et a donné lieu à des traductions et
interprétations les plus diverses, au moins pour le détail, car les
grandes lignes de la vérité sont assez claires. Dans les Septante, il
y a une forme interrogative : « les maisons n’ont-elles pas été bâties
récemment ? ». La Vulgate donne à peu près la même chose.
Gesenius et Ewald suivent avec un style voisin : « n’est-elle pas
proche, la construction des maisons ? ». Rosenmuller, De Wette et
Young, le prennent au contraire de la manière suivante : « on n’est
pas près de bâtir des maisons », autrement dit, le temps de paix
pour un tel ouvrage est éloigné, voulant dire qu’ils étaient résolus à
résister aux Chaldéens jusqu’au bout, malgré les avertissements du
prophète. Luther et Diodati suivent la version autorisée du roi
Jacques, de même que les traductions modernes de Leeser et
Henderson.
Il est certain qu’ils se dressaient contre les vrais prophètes, et
tournaient même en dérision l’image utilisée par Jérémie (Jér. 29:5 :
Bâtissez des maisons) pour la retourner en une phrase favorable à
leur propre thèse. Cela explique pourquoi Ézéchiel est appelé avec
emphase à prophétiser contre eux : il est dit que l’Esprit de l’Éternel
tombe sur lui et lui renouvelle l’instruction de parler au nom de
l’Éternel, car leurs secrets étaient découverts dans Sa lumière.
L’Éternel leur retourne leur proverbe [elle est la marmite, et nous
sommes la chair], après leur avoir rappelé leurs actions criminelles ;
seulement c’était leurs tués qui étaient la chair et la ville la marmite,
et eux devaient en sortir, mais non pas pour échapper comme ils
l’espéraient. L’Éternel enverrait contre eux l’épée redoutée, en
dehors de la ville à laquelle ils étaient si fortement attachés, car ils
seraient livrés pour le jugement en la main d’étrangers. L’Éternel
déclare solennellement qu’il les jugerait dans les confins d’Israël, et
qu’ils sauraient qu’Il est l’Éternel. Ainsi la ville ne serait point pour
eux une marmite, et ils ne seraient pas la chair au-dedans d’elle,
mais ils seraient jugés par l’Éternel aux frontières, forcés de
reconnaître Celui dans les statuts duquel ils n’avaient point marché,
et dont ils n’avaient pas pratiqué les ordonnances ; ils avaient agi
au contraire selon les droits établis des nations d’alentour.
Or pendant qu’Ézéchiel prophétisait, Pelatia le fils de Benaïa mourut
(11:13) ; cela amène le prophète à tomber sur sa face et à
intercéder pour le résidu. Car tout captif qu’il était, il aimait, malgré
leurs moqueries, les hommes qui habitaient à Jérusalem. Là-
dessus, la parole de l’Éternel lui rappelle avec force que c’était ses
propres frères, les hommes de sa parenté, « même toute la maison
d’Israël », qui étaient des objets de mépris pour les habitants de
Jérusalem ; ces derniers, arrogants, prenaient des airs de profonde
auto-satisfaction vis-à-vis de leurs frères en captivité, sous le
prétexte qu’eux-mêmes étaient restés dans la ville des cérémonies
solennelles (11:15).
« C’est pourquoi dis : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Bien que je les
aie éloignés parmi les nations, et bien que je les aie dispersés par
les pays, toutefois je leur serai comme un petit sanctuaire dans les
pays où ils sont venus. C’est pourquoi dis : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Aussi je vous rassemblerai d’entre les peuples, et je vous
recueillerai des pays où vous êtes dispersés, et je vous donnerai la
terre d’Israël. Et là ils viendront, et ils en ôteront toutes ses choses
exécrables et toutes ses abominations. Et je leur donnerai un seul
cœur, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai
de leur chair le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair :
afin qu’ils marchent dans mes statuts, et qu’ils gardent mes
ordonnances, et les pratiquent ; et ils seront mon peuple, et moi je
serai leur Dieu. Mais quant à ceux dont le cœur marche au gré de
leurs choses exécrables et de leurs abominations, je ferai retomber
leur voie sur leur tête, dit le Seigneur, l’Éternel » (11:16-21).
Dans un jour de péché et de ruine, il en est toujours ainsi. Ceux qui
s’enorgueillissent de l’ancienneté, de l’ordre, de la succession et
des règles comme d’une possession exclusive obtenue par
succession en ligne directe, ne font que mûrir pour le jugement
divin ; tandis que les plus dénigrés et méprisés sont ceux qui ont la
vérité et reçoivent la bénédiction au milieu de circonstances
d’humiliation et de faiblesse ; l’Éternel promet ici d’être un petit
sanctuaire aux Juifs dispersés, de les rassembler d’entre les
peuples et de leur donner le pays ; Il leur donnerait un seul cœur et
un esprit nouveau, changeant leur cœur de pierre en un cœur de
chair pour marcher dans le chemin d’obéissance, pour reconnaître
Dieu et être reconnus de Lui, tandis que les idolâtres endurcis
recevraient la due récompense de leurs actes.
« Et les chérubins levèrent leurs ailes, et les roues étaient auprès
d’eux ; et la gloire du Dieu d’Israël était au-dessus d’eux, en haut.
Et la gloire de l’Éternel monta du milieu de la ville, et se tint sur la
montagne qui est à l’orient de la ville » (11:22, 23). C’est un
éloignement supplémentaire de la gloire divine, non pas par rapport
au temple, mais par rapport à Jérusalem même. Elle s’élève de la
ville, et se tient sur la montagne des Oliviers.
« Et l’Esprit m’éleva et me transporta en Chaldée, vers ceux de la
transportation, en vision, par l’Esprit de Dieu ; et la vision que j’avais
vue monta d’auprès de moi. Et je dis à ceux de la transportation
toutes les choses que l’Éternel m’avait fait voir » (11:24-25).
Cela nous rappelle Matthieu 28, lorsque Jésus ressuscité est vu sur
une montagne de Galilée, donnant aux disciples Sa grande mission
pour toutes les nations, sans même dire un mot de Son ascension
au ciel. C’est Jérusalem laissée de côté, un résidu envoyé par le
Seigneur qui reprend sa position de Galiléen en résurrection, un
gage magnifique de Son retour malgré son rejet actuel. Le rideau
tombe sur la Shekinah (la nuée de gloire) lorsqu’elle atteint la
montagne des Oliviers, et elle ne reparaîtra que dans les derniers
chapitres, aux derniers jours (voir aussi Zach. 14:4 et Actes 1:9-12).
Le prophète est ramené en Esprit, quoique pendant tout ce temps
sa présence corporelle n’eut pas quitté sa maison où étaient assis
devant lui les anciens ; il déclare les scènes terribles dont il a été
témoin : quelle consolation pour les captifs !

15 - Chapitre 12
Après le groupe de visions servant d’introduction, le prophète est
appelé à insister auprès du peuple sur la certitude de la fin
imminente et complète de toutes les espérances présentes ; car il
n’y avait pas seulement le reste orgueilleux de gens du pays qui
s’accrochait à des espoirs vains et naïfs, mais aussi beaucoup de
captifs sur les bords du Kébar.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tu
demeures au milieu d’une maison rebelle ; ils ont des yeux pour
voir, et ne voient pas ; ils ont des oreilles pour entendre, et
n’entendent pas ; car ils sont une maison rebelle. Et toi, fils
d’homme, fais-toi un bagage de transporté, et va captif, de jour,
sous leurs yeux ; va captif, de ton lieu vers un autre lieu, sous leurs
yeux ; peut-être verront-ils, car ils sont une maison rebelle. Et, de
jour, tu mettras dehors ton bagage, comme un bagage de
transporté, sous leurs yeux ; et toi, tu sortiras sur le soir, devant
leurs yeux, comme ceux qui s’en vont en captivité. Perce le mur
sous leurs yeux, et mets dehors par là ton bagage ; tu le porteras
sur l’épaule, sous leurs yeux ; tu le mettras dehors dans l’obscurité ;
tu couvriras ta face, et tu ne verras pas le pays, car je t’ai donné
pour signe à la maison d’Israël » (12:1-6).
C’est une représentation symbolique de ce que le pays devait être
une fois de plus balayé par le balai de la destruction tandis que la
plupart des Juifs attendaient une délivrance rapide, malgré que Dieu
assurait le contraire.
C’est pourquoi nous voyons que l’Éternel cherche, d’une manière
vivante, à imprimer dans la conscience des captifs la folie de se
laisser aller à de tels rêves. Hélas ! ils étaient rebelles, et
même la maison rebelle ! Moïse, dans son cantique (Deut. 32), leur
avait fait le reproche d’être une génération tortue, perverse et
obstinée, des fils en qui il n’y a pas de fidélité ; et David, au Psaume
de l’ascension (68) les avait caractérisé comme « les rebelles ». Si
Ézéchiel entend et doit leur répéter la sentence divine, ce n’est pas
une nouveauté, mais plutôt la manifestation de ce que le jugement
était en cours d’exécution, que le mal ancien était toujours là
rampant, et que rien n’avait pu l’extirper, ni la fraîche vigueur de la
jeunesse, ni la fleur de l’âge et la puissance au point de vue national.
Ce n’était pas là une tumeur ou une tache, mais bien la vieille plaie
de lèpre, active et profonde (Lév. 13). « Et je fis comme il m’avait
été commandé : je sortis de jour mon bagage, comme un bagage
de transporté, et, sur le soir, je perçai le mur avec la main : je le mis
dehors dans l’obscurité, je le portai sur l’épaule, sous leurs yeux »
(12:7).
Le message suivant explique tout clairement et complètement : « Et
la parole de l’Éternel vint à moi, le matin, disant : Fils d’homme, la
maison d’Israël, la maison rebelle, ne t’a-t-elle pas dit : Que fais-tu ?
Dis-leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Cet oracle concerne le
prince qui est dans Jérusalem, et toute la maison d’Israël qui est au
milieu d’eux. Dis : Je suis pour vous un signe ; comme j’ai fait, ainsi
il leur sera fait : ils iront en exil et en captivité. Et le prince qui est au
milieu d’eux portera son bagage sur l’épaule, dans l’obscurité, et
sortira ; on percera le mur pour le faire sortir par là ; il couvrira sa
face, afin qu’il ne voie pas de ses yeux le pays. Et j’étendrai sur lui
mon filet, et il sera pris dans mon piège ; et je l’amènerai à
Babylone, dans le pays des Chaldéens ; mais il ne le verra point, et
là il mourra. Et tout ce qui l’entoure pour l’aider, et toutes ses
troupes, je les disperserai à tout vent ; et je tirerai l’épée après eux.
Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand je les aurai dispersés
parmi les nations et que je les aurai disséminés dans les pays. Et je
laisserai de reste d’entre eux quelque peu de gens sauvés de
l’épée, de la famine et de la peste, afin qu’ils racontent toutes leurs
abominations parmi les nations où ils seront venus. Et ils sauront
que je suis l’Éternel » (12:8-16). Le prophète devait se préparer au
départ de jour, et partir couvert dans l’obscurité de la nuit ; cet acte
si étrange de sa part devait exciter la curiosité des Juifs, et on a ici
la réponse qu’il devait donner comme explication. Le prince de
Jérusalem, Sédécias et toute la maison d’Israël étaient représentés
par ce « fardeau » ou « oracle » porté par Ézéchiel. Il est très
frappant que cette prédiction, tout comme celle de Jérémie, allait
s’accomplir à la lettre. L’historien Josèphe nous dit que le roi
pensant voir une contradiction dans ces deux prophéties, décida de
n’en croire aucune. Il est bien certain que Sédécias ne put échapper
aux Chaldéens, mais fut livré aux mains du roi de Babylone, lui parla
face à face et le vit de ses yeux ; il est certain qu’après être tombé
dans le piège il fut emmené à Babylone, mais ne vit pas cette ville
quoiqu’il y mourut. Le fait que le prophète devait couvrir son visage
de manière à ne pas voir le pays n’était que l’image d’une dure
réalité (Jér. 52:11). Combien il était solennel et humiliant pour le
peuple de l’Éternel de savoir par les jugements qui le désolaient et
le dispersaient, que c’était Lui qui était l’Éternel ! Mais de cela
même, l’Éternel tirait parti, en laissant quelques-uns du peuple
épargnés de ce jugement pour déclarer toutes leurs abominations
parmi les païens ; car qui aurait pu porter un témoignage aussi
accablant contre l’idolâtrie si ce n’est ceux qui avaient ainsi souffert
en succombant à ce piège ?
Ézéchiel devait ensuite partager le pain et l’eau avec tous les signes
de frayeur, et en cela il devait être une figure représentative pour le
peuple. « Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme,
mange ton pain dans le trouble, et bois ton eau avec tremblement
et dans l’inquiétude ; et dis au peuple du pays : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel, touchant les habitants de Jérusalem, sur la terre d’Israël :
Ils mangeront leur pain avec inquiétude, et ils boiront leur eau avec
stupeur, parce que leur pays sera désolé, vide de tout ce qu’il
contient, à cause de la violence de tous ceux qui l’habitent ; et les
villes habitées seront rendues désertes, et le pays sera une
désolation ; et vous saurez que je suis l’Éternel » (12:17-20).
Le chapitre se termine par des messages de reproches contre
l’incrédulité du peuple à l’égard de la parole prophétique, incrédulité
si générale qu’elle en était devenue proverbiale. « Et la parole de
l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, quel est ce proverbe que
vous avez dans la terre d’Israël, disant : Les jours seront prolongés,
et toute vision a péri ? C’est pourquoi dis-leur : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Je ferai cesser ce proverbe, et on ne s’en servira plus
comme proverbe en Israël ; mais dis-leur : Les jours se sont
approchés, et l’accomplissement de chaque vision ; car il n’y aura
plus aucune vision vaine, ni divination flatteuse, au milieu de la
maison d’Israël. Car moi, je suis l’Éternel ; je parlerai, et la parole
que j’aurai dite sera exécutée, elle ne sera plus différée ; car en vos
jours, ô maison rebelle, je dirai une parole et je l’exécuterai, dit le
Seigneur, l’Éternel. Et la parole de l’Éternel vint de nouveau à moi,
disant : Fils d’homme, voici, la maison d’Israël dit : La vision que
celui-ci voit est pour des jours lointains, et il prophétise pour des
temps éloignés. C’est pourquoi dis-leur : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Aucune de mes paroles ne sera plus différée ; la parole
que j’aurai dite sera exécutée, dit le Seigneur, l’Éternel » (12:21-28).
Dieu allait donner en ce jour un tel échantillon de tout ce qui arrivait
que le peuple aurait honte de croire que c’était pour la fin des jours.
« En vos jours, ô maison rebelle, je dirai une parole et je
l’exécuterai, dit le Seigneur, l’Éternel » (12:25). Quel témoignage
porté à l’inimitié de l’homme contre Dieu au point qu’il avale si
facilement l’appât de l’ennemi affirmant que le temps de
l’accomplissement était encore éloigné ! L’homme n’aime pas
l’intervention de Dieu, dont la domination lui parait intolérable. Mais
que dit le prophète ? : « Aucune de mes paroles ne sera plus
différée ; la parole que j’aurai dite sera exécutée, dit le Seigneur,
l’Éternel » (12:28)

16 - Chapitre 13
Ce chapitre s’occupe des hommes et des femmes qui, prétendant
avoir la pensée du Dieu d’Israël, prophétisaient sans inspiration
divine, — instruments de l’ennemi et adversaires de Sa volonté pour
la ruine de Son peuple. C’était alors une épreuve particulièrement
affligeante pour l’esprit, comme maintenant pour nous, quand on
voit dans l’église de faux frères et de faux prophètes, dont le but est
le moi, et qui se servent d’une part de flatteries, et d’autre part d’un
style autoritaire vis-à-vis de ceux qu’ils veulent influencer, cherchant
toujours à discréditer et injurier ceux qui maintiennent la vérité au
nom du Seigneur (comparer 2 Cor. 11).
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme,
prophétise contre les prophètes d’Israël qui prophétisent, et dis à
ceux qui prophétisent d’après leur propre cœur : Écoutez la parole
de l’Éternel ! Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Malheur aux prophètes
insensés qui suivent leur propre esprit et n’ont rien vu ! Ô Israël, tes
prophètes ont été comme les renards dans les déserts. Vous n’êtes
point montés aux brèches, et vous n’avez pas fermé l’enceinte pour
la maison d’Israël, afin de tenir ferme dans la bataille, au jour de
l’Éternel. Ils ont eu des visions de vanité et de divination de
mensonge, ceux qui disent : L’Éternel a dit ! et l’Éternel ne les a pas
envoyés ; et ils font espérer que la parole dite sera accomplie !
N’avez-vous pas vu des visions de vanité et prononcé des
divinations de mensonge, quand vous dites : L’Éternel a dit ! — et
je n’ai point parlé ? » (13:1-7).
Prétendre être prophète de son propre chef expose au jugement de
Dieu ; Celui-ci, bien que plein de grâce et miséricordieux, doit
maintenir jalousement Sa majesté et Sa vérité totalement
dénaturées et profanées par de tels personnages. Il n’y a d’autre
issue que la destruction pour de tels gens et ceux qui les suivent.
Ils étaient comme des renards dans les ruines, pleins de ruse et de
malice. Rien d’étonnant à ce qu’ils ne montaient pas aux brèches,
et n’avaient pas fermé l’enceinte autour de la maison d’Israël afin
de tenir ferme dans la bataille au jour de l’Éternel. Ils nous rappellent
ceux qui, plus tard, cherchaient une belle apparence dans la chair
en contraignant les Gentils à être circoncis de peur qu’eux-mêmes
ne souffrent la persécution à cause de la croix de Christ (Gal. 6:12).
De telles personnes ne craignaient pas l’Éternel, et ne possédaient
pas Son secret, mais ce qu’ils prononçaient n’était que fausseté et
divination, car ils disaient : « l’Éternel a dit », alors qu’Il ne les avait
pas envoyés, et malgré cela, ils faisaient que des hommes
espéraient l’accomplissement de leurs paroles. De là cet appel
solennel d’Ézéchiel : « N’avez-vous pas vu des visions de vanité et
prononcé des divinations de mensonge quand vous dites : l’Éternel
a dit ! et je n’ai point parlé ? » (13:7).
Alors suit ce que Dieu annonce : « C’est pourquoi, ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : À cause que vous dites des choses vaines, et
que vous avez eu des visions de mensonge, à cause de cela, voici,
je suis contre vous, dit le Seigneur, l’Éternel. Et ma main sera sur
les prophètes qui ont des visions de vanité et qui devinent le
mensonge : ils ne seront pas dans l’assemblée de mon peuple, et
ils ne seront pas écrits dans le registre de la maison d’Israël, et ils
n’entreront pas dans la terre d’Israël ; et vous saurez que je suis le
Seigneur, l’Éternel. À cause, oui, à cause qu’ils égarent mon peuple,
disant : Paix ! et il n’y a point de paix ; et que, si celui-ci bâtit un mur,
ceux-là l’enduisent de mauvais mortier, dis à ceux qui enduisent le
mur de mauvais mortier, qu’il s’écroulera : il y aura une pluie
torrentielle ; et vous, ô pierres de grêle, vous tomberez, et un vent
de tempête éclatera. Et voici, quand le mur s’écroulera, ne vous
sera-t-il pas dit : Où est l’enduit dont vous l’avez enduit ? C’est
pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Je ferai éclater, dans ma
fureur, un vent de tempête ; et, dans ma colère, il y aura une pluie
torrentielle, et, dans ma fureur, des pierres de grêle, pour détruire
entièrement. Et je renverserai le mur que vous avez enduit de
mauvais mortier, et je le jetterai par terre, et ses fondements seront
découverts, et il croulera, et vous périrez au milieu de ses ruines ;
et vous saurez que je suis l’Éternel. Et je consommerai ma fureur
contre ce mur et contre ceux qui l’enduisent de mauvais mortier ; et
je vous dirai : Le mur n’est plus, ni ceux qui l’enduisaient, les
prophètes d’Israël qui prophétisent touchant Jérusalem, et qui
voient pour elle une vision de paix, et il n’y a point de paix, dit le
Seigneur, l’Éternel (13:8-16).
Quelle chose terrible lorsque les ennemis de Dieu l’obligent
moralement à devenir leur ennemi ! Miséricordieux et plein de
grâce, Il est lent à la colère ; mais quand une patience trop
prolongée ruinerait Ses saints et compromettrait Son honneur, la
guerre est déclarée contre ceux qui hypocritement travaillent à
saper Sa gloire et à contrecarrer Sa sainte volonté par rapport à Son
peuple ; la colère de l’Éternel est en rapport avec Sa Majesté. Il est
contre les prophètes de vanité, et sa main est sur eux. « Ils ne sont
pas dans l’assemblée de mon peuple, et ils ne seront pas écrits
dans le registre de la maison d’Israël, et ils n’entreront pas dans la
terre d’Israël » (13:9) Leurs noms doivent être effacés comme ayant
perdu tous leurs droits ; il s’agit de ce que Dieu fait publiquement
sur la terre, et non pas d’une question de jugement éternel, quoiqu’il
soit également clair que leur portion sera une destruction éternelle.
Ce serait méconnaître le vrai sens de ce passage que d’y voir la
perte de la qualité de membre de l’Église ici-bas, et celle de la
communion des saints dans le ciel. Du reste le caractère du péché
est rappelé dans le châtiment. Les faux prophètes voulaient-ils
flatter le sentiment national des Juifs en leur promettant un prompt
retour d’exil ? Eux-mêmes ne reverraient plus jamais le pays dont
ils étaient ou allaient être chassés par l’ennemi ; alors ils
apprendraient qui était leur Dieu, l’Éternel, et ce qu’Il était, Lui dont
ils avaient traité le nom avec légèreté. Il ne laisserait pas conduire
Son peuple à la ruine alors que ses séducteurs resteraient impunis,
et Il permettrait encore moins que le mot sacré de paix soit perverti
en le détournant à des fins personnelles ; c’est comme quand on
construit une muraille de défense et qu’on l’enduit avec du mortier
qui ne tient pas. Qu’est-ce sinon de la tromperie ? Elle s’écroulera,
telle est la parole prononcée à l’encontre de ceux qui construisent :
« Il y aura une pluie torrentielle ; et vous, ô pierres de grêle, vous
tomberez, et un vent de tempête éclatera » (13:11). C’est de la
même manière que d’autres prophètes ont annoncé les derniers
malheurs futurs d’Israël, comme dans le Psaume 83, Ésaïe 28 et
29, Ézéchiel 38:22, Apocalypse 8 et 16. L’Éternel se porte garant
lui-même d’un tel jugement, en sorte que tout refuge de mensonges
sera rasé, et les conducteurs qui égarent avec ceux qu’ils égarent
seront détruits, avec la terrible conviction que c’est bien Dieu qui
juge ainsi les faux prophètes et leurs visions de paix sans paix.
Les femmes aussi, pas seulement les hommes, prennent leur triste
part dans ce désastre moral d’Israël. D’où la parole de l’Éternel :
« Et toi, fils d’homme, tourne ta face contre les filles de ton peuple
qui prophétisent d’après leur propre cœur, et prophétise contre
elles, et dis : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Malheur à celles qui
cousent des coussinets pour toutes les jointures des mains, et qui
font des voiles pour la tête des gens de toute taille, afin de faire la
chasse aux âmes ! Voulez-vous faire la chasse aux âmes de mon
peuple, et vous conserver la vie à vous-mêmes ? Et me profaneriez-
vous auprès de mon peuple pour des poignées d’orge et pour des
morceaux de pain, afin de faire mourir les âmes qui ne devaient pas
mourir, et pour faire vivre les âmes qui ne devaient pas vivre, en
mentant à mon peuple qui écoute le mensonge ? » (13:17-19).
L’influence des femmes a été grande dans ce monde, pour le mal
et pour le bien ; et comme Dieu a daigné accorder à certaines
d’entre elles Ses meilleurs dons, ne soyons pas surpris que Satan
se serve pour le mal de celles qu’il peut employer. La forme
particulière du mal mentionnée ici consiste à séduire en flattant les
oreilles des victimes, et à prendre dans des filets ces âmes à la
recherche des objets les plus mesquins de la vie, tuant moralement
ceux qui ne devraient pas mourir, et faisant vivre des âmes qui ne
devraient pas vivre.
C’est de cette manière d’ailleurs que l’erreur agit toujours. La fausse
doctrine enhardit les mauvais et cherche à alarmer les bons. C’est
ainsi que le monde organise sa religion. Il peut y avoir des
malédictions et des avertissements, mais ils sont sans force, parce
qu’on y trouve des explications. Et quand on continue à les répéter,
cela donne l’apparence de haïr l’iniquité et d’aimer la justice ; et
ainsi l’homme marche dans une vaine apparence jusqu’à ce qu’en
enfer, il lève ses yeux, étant dans les tourments (Luc 16:23). D’un
autre côté, la grâce n’est pas du goût du monde, elle lui semble pire
qu’une tolérance païenne du péché. De là vient que les croyants qui
marchent avec le monde par amour de leurs aises et de leur
position, ne trouvent jamais la nourriture dont leurs âmes ont besoin
en tant que nées de Dieu ; ils s’épuisent ainsi dans la faim et la
misère, s’abstenant dans une mesure des jouissances du monde,
mais dépourvus des consolations proprement chrétiennes,
remettant ouvertement à plus tard au ciel la communion des saints
et le culte de leur Dieu et Père qui devraient les caractériser sur la
terre.
« C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en veux à
vos coussinets pour que les âmes, que par eux vous prenez en
chasse, s’envolent ; et je les arracherai de dessus vos bras, et je
ferai échapper les âmes que vous prenez en chasse, les âmes, afin
qu’elles s’envolent ; et je déchirerai vos voiles, et je délivrerai mon
peuple de vos mains, et ils ne seront plus en vos mains pour être
pris en chasse ; et vous saurez que je suis l’Éternel » (13:20-21).
C’est en vain qu’on s’oppose à Dieu : il est bien étrange que des
hommes et des femmes puissent espérer réussir dans un tel conflit !
La vérité est que la volonté aveugle par le moyen des ruses de
l’ennemi, et ils ne réalisent pas que c’est avec Dieu qu’ils sont en
conflit, et qu’une telle lutte se termine par leur propre confusion
éternelle, et par la manifestation de leurs artifices devant ceux dont
ils avaient espéré faire leur proie. « Parce que vous avez chagriné
par la fausseté le cœur du juste, que moi je n’ai pas attristé, et parce
que vous avez fortifié les mains du méchant, pour qu’il ne se
détournât pas de ses mauvaises voies afin de sauver sa vie »
(13:22). Dieu déclare que la fin de ceci, leur complète destruction,
est venue, et en même temps la délivrance de Son peuple qu’ils
avaient espéré duper. « À cause de cela, vous n’aurez plus de
visions de vanité, et vous ne pratiquerez plus la divination ; et je
délivrerai mon peuple de vos mains, et vous saurez que je suis
l’Éternel » (13:23). C’est ainsi que sonne constamment le glas du
jugement des ennemis d’Israël au-dedans et au-dehors. Pour des
pécheurs qui poursuivent dans leurs voies de péchés, connaître
l’Éternel, savoir qui Il est, c’est leur jugement sous Sa main
puissante.

17 - Chapitre 14
La visite des anciens au prophète devient l’occasion d’une nouvelle
révélation, mais non pas cette fois sous la forme d’une vision. Ils
semblaient venir pour écouter la parole de Dieu, mais Dieu n’est pas
trompé par leur attitude ; de la même manière, le prophète ne doit
pas s’écarter du devoir solennel et rigoureux qui lui est imposé.
« Et des hommes d’entre les anciens d’Israël vinrent vers moi, et
s’assirent devant moi. Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant :
Fils d’homme, ces hommes ont élevé leurs idoles dans leurs cœurs,
et ont placé devant leur face la pierre d’achoppement de leur
iniquité. Serais-je consulté par eux ? C’est pourquoi parle-leur, et
dis-leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Quiconque, de la maison
d’Israël, aura élevé ses idoles dans son cœur et aura placé devant
sa face la pierre d’achoppement de son iniquité, et viendra vers le
prophète, moi, l’Éternel, je lui répondrai selon ceci, selon la
multitude de ses idoles ; afin de prendre la maison d’Israël par leur
propre cœur, car ils se sont tous séparés de moi par leurs idoles »
(14:1-5).
La semence sainte s’était souillée, et ses conducteurs méritent
d’être blâmés plus que tous ceux qu’ils avaient égarés par leur
exemple. Quelles que fussent leur apparence ou leur prétention, ils
avaient « élevé leurs idoles dans leurs cœur ». Ce n’était pas une
question d’effet de forces ou d’influences extérieures : les anciens
aimaient ces abominations ; ils couraient après leurs idoles avec
une avidité secrète, et ils satisfaisaient leurs convoitises à l’égard
des faux-dieux en plaçant la pierre d’achoppement de leur iniquité
devant leurs yeux, en rébellion ouverte et délibérée contre l’Éternel.
Dans de telles circonstances, venir et prétendre s’enquérir de la
pensée de l’Éternel n’était que l’effronterie de l’injuste.
« Serais-je consulté par eux ? » Insulter Dieu en adorant des idoles,
puis venir quand même devant Son prophète, était un
endurcissement grossier, et non pas un signe permettant d’espérer
la repentance. À celui qui viendra ainsi, l’Éternel répondra selon la
multitude de ses idoles. Dieu est puissant et ne méprise personne ;
mais Il ne prendra pas part à Son propre déshonneur, et Ses
jugements sont salutaires pour ceux qui Le craignent. Comment
pourrait-il répondre à des anciens rebelles sinon en faisant sentir
Sa majesté ? Ils recherchaient une réponse par curiosité ; Il leur
prouverait que leurs nombreuses idoles ne valaient rien, « afin de
prendre la maison d’Israël par leur propre cœur, car ils se sont tous
séparés de moi par leurs idoles ». Les anciens et le peuple s’étaient
éloignés de Dieu qui voulait agir sur leur cœur — se plaçant au-
dessus d’eux là où ils agissaient avec orgueil.
Dans les versets 6 à 11 nous trouvons un message encore plus
explicite adressé à la maison d’Israël, leur demandant de se repentir
et de se détourner de leurs idoles : sinon l’Éternel répondrait lui-
même à ceux qui venaient ainsi consulter, et Il le ferait en les
retranchant, qu’ils fassent partie des prophètes séduits ou de ceux
qui le consultent. « C’est pourquoi, dis à la maison d’Israël : Ainsi
dit le Seigneur, l’Éternel : Revenez, détournez-vous de vos idoles,
et détournez vos faces de toutes vos abominations. Car quiconque,
de la maison d’Israël ou des étrangers qui séjournent en Israël, se
sépare de moi, et élève ses idoles dans son cœur et place la pierre
d’achoppement de son iniquité devant sa face, et viendra vers le
prophète pour me consulter par lui, — moi, l’Éternel, je lui répondrai
par moi-même ; et je mettrai ma face contre cet homme et je ferai
de lui un signe et un proverbe, et je le retrancherai du milieu de mon
peuple ; et vous saurez que je suis l’Éternel. Et si le prophète est
séduit, et qu’il profère une parole, moi l’Éternel, j’ai séduit ce
prophète ; et j’étendrai ma main sur lui, et je le détruirai du milieu de
mon peuple Israël. Et ils porteront leur iniquité : la peine de l’iniquité
du prophète sera comme la peine de l’iniquité de celui qui consulte,
afin que la maison d’Israël ne s’égare plus d’auprès de moi, et qu’ils
ne se rendent plus impurs par toutes leurs transgressions. Et ils
seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu, dit le Seigneur,
l’Éternel » (14:6-11). Dieu agit ainsi judiciairement, se montrant
obstiné envers un peuple obstiné, et renvoyant ceux qui mentent à
ceux qui aiment le mensonge, afin que tous soient punis ensemble,
et qu’Israël puisse apprendre la leçon nécessaire, et être de
nouveau Son peuple comme Lui serait leur Dieu.
Au verset 12 commence une autre parole de Dieu à Ézéchiel. « Fils
d’homme, si un pays pèche contre moi en commettant une infidélité,
et que j’étende ma main sur lui, et que je lui brise le bâton du pain,
et y envoie la famine, et retranche du milieu de lui les hommes et
les bêtes, et que ces trois hommes, Noé, Daniel et Job, fussent au
milieu de lui, ceux-ci délivreraient leurs âmes par leur justice, dit le
Seigneur, l’Éternel.
Si je fais passer les bêtes mauvaises par le pays, et qu’elles le
dépeuplent, et qu’il soit devenu une désolation en sorte que
personne n’y passe à cause de ces bêtes, — ces trois hommes
fussent-ils au milieu de lui, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel,
s’ils délivraient fils ou filles ! eux seuls seraient délivrés, et le pays
sera une désolation.
Ou, si je fais venir l’épée sur ce pays-là, et que je dise : Épée, passe
par le pays ; et que je retranche du milieu de lui les hommes et les
bêtes, — ces trois hommes fussent-ils au milieu de lui, je suis vivant,
dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne délivreraient ni fils ni filles ! mais eux
seuls seraient délivrés.
Ou, si j’envoie la peste sur ce pays-là, et que je verse ma fureur sur
lui en faisant couler le sang, pour retrancher du milieu de lui les
hommes et les bêtes, — Noé, Daniel et Job, fussent-ils au milieu de
lui, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, s’ils délivraient fils ou
filles ! eux seulement, par leur justice, délivreraient leurs âmes »
(14:13-20).
Le prophète entend cette sentence terrible que lorsque l’excès du
mal amène l’un quelconque des châtiments de Dieu sur un pays,
les trois saints hommes, Noé, Daniel et Job, dont l’intercession a eu
lieu à des moments critiques de l’histoire divine de l’homme, ne
pourraient, par leur justice, sauver qu’eux-mêmes (il n’est question
ici que du gouvernement de ce monde, et non pas de la grâce pour
la vie éternelle). Si la famine, les mauvaises bêtes, l’épée ou la
peste venait affliger le peuple, ces trois hommes aux-mêmes
n’arriveraient pas à sauver ni un fils ni une fille, ils ne se délivreraient
qu’eux seuls. Et que serait-ce alors quand ces quatre plaies
désastreuses seraient envoyées par Dieu sur Jérusalem ? Qui
pourrait protéger le peuple coupable ? « Car ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Combien plus si j’envoie mes quatre jugements
désastreux, l’épée, et la famine, et les bêtes mauvaises, et la peste,
contre Jérusalem, pour en retrancher les hommes et les bêtes !
Mais voici, il y aura en elle un reste réchappé de gens qui en
sortiront, des fils et des filles ; voici, ils sortiront vers vous, et vous
verrez leur voie et leurs actions, et vous vous consolerez du mal
que j’ai fait venir sur Jérusalem, de tout ce que j’ai fait venir sur elle.
Et ils vous consoleront, car vous verrez leurs voies et leurs actions ;
et vous saurez que ce n’est pas sans raison que j’ai fait tout ce que
j’ai fait en elle, dit le Seigneur, l’Éternel » (14:21-23).
Ainsi, quel que fût l’amour que le prophète portait au peuple, quelle
que fût son affliction quand il voyait coup après coup tomber sur
eux, il est amené à la longue, à accepter de cœur les voies de
l’Éternel, malgré leur sévérité. Car Il ne fait jamais couler une larme
inutilement, et fait que la miséricorde se glorifie vis-à-vis du
jugement (Jacq. 2:13).

18 - Chapitre 15
Le message suivant de l’Éternel revêt la forme d’une parabole, dont
l’explication est rendue certaine par les derniers versets de ce court
chapitre.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, le bois
de la vigne, que vaut-il plus que tout autre bois, le sarment qui est
parmi les arbres de la forêt ? En prendra-t-on du bois pour en faire
quelque ouvrage, ou en prendra-t-on une cheville pour y suspendre
quelque ustensile ? Voici, on le met au feu pour être consumé ; le
feu en consume les deux bouts, et le milieu est brûlé. Serait-il propre
à un ouvrage ? Voici, quand il était entier, on n’en a fait aucun
ouvrage ; combien moins, quand le feu l’aura consumé et qu’il sera
brûlé, en fera-t-on encore un ouvrage » (15:1-5).
Il y a sans doute une distinction voulue entre les différents arbres
employés comme symboles dans l’Écriture. Comparons-en trois
brièvement ici, tous les trois étant appréciés pour leur fruit : le
figuier, l’olivier et la vigne. Le figuier est le seul qui soit appliqué
exclusivement à Israël ; à tel point qu’on ne peut guère manquer de
voir en lui le représentant particulier de cette nation en contraste
avec les Gentils. Comparez surtout Matt. 24 et Luc. 21 ; en Matt. 24
on a le figuier seul, tandis qu’en Luc 21 (où les Gentils sont introduits
selon la portée de cet évangile), on a « le figuier et tous les arbres ».
L’olivier, on le voit en Romains 11, comprend d’abord les Juifs en
tant que branches naturelles de l’arbre de la promesse et du
témoignage sur la terre, croissant à partir du tronc d’Abraham, et
arrachées ensuite pour cause d’incrédulité ; les Gentils ont alors été
greffés contre nature, ce qui est encore le cas ; enfin par pure grâce,
même si c’est selon la promesse, Israël sera greffé de nouveau à la
suite de leur repentance, lorsque les Gentils seront arrachés et que
la grâce restaurera la nation élue pour toujours sur son propre
olivier.
La vigne a une application plus variée ; d’abord Israël, qui devient
vide (*), puis le Seigneur avec les disciples en tant que sarments
rattachés à Celui qui est le vrai cep (Jean 15), et enfin la vigne de
la terre (Apoc. 14:18-19) quand la chrétienté abandonne la grâce et
la vérité qui vinrent par Jésus Christ (Jean 1:17), et qu’à la fin de
l’ère chrétienne le jugement divin tombe sans plus rien épargner.
(*) note Bibliquest : C’est la traduction d’Osée 10:1 dans la
version autorisée du roi Jacques : « Israël est une vigne vide ».
JND traduit « Israël est une vigne branchue » pour sa version
française, et « Israël est une vigne qui n’a pas été élaguée »
pour sa version anglaise. Ésaïe 5:6 dit que la vigne d’Israël est
réduite en désert.
La vigne n’a aucune valeur si elle ne donne pas de fruit. D’autres
arbres, s’ils ne portent pas de fruit ou quand ils cessent d’en donner,
peuvent être excellents pour toute sorte d’usages, notamment
ornemental. Mais il n’en est pas ainsi de la vigne ; si elle ne porte
pas de fruit, elle n’est bonne qu’à être brûlée. Son bois est déjà sans
utilité avant que le feu ne le touche, combien plus quand les deux
bouts sont consumés et le milieu est brûlé !
Il en est précisément ainsi, dit l’Esprit de Dieu, avec les habitants
de Jérusalem. Sans fruit pour Dieu, ils sont destinés au feu du
jugement divin. Si les Juifs avaient manqué comme représentants
du vrai Dieu, s’ils avaient falsifié le témoignage confié à leurs soins,
s’ils avaient trahi Son nom, que pouvait faire l’Éternel, sinon
consumer comme des ennemis ceux qui, d’entre tous les hommes,
avaient la si sérieuse responsabilité d’obéir à Sa loi ? Fermer les
yeux sur leur turpitude morale et leur idolâtrie abominable, ne
pouvait convenir au Dieu qui voit tout et qui s’était plus à habiter au
milieu d’eux seuls parmi toutes les nations de la terre. Or le moment
n’était pas encore venu de poser, dans la mort et la résurrection de
Christ, le fondement d’une nouvelle création qui ne faillirait pas et
ne passerait pas. C’est pourquoi le Dieu vivant devait agir envers
Son peuple sur la base prise lors l’alliance conclue entre Lui et eux ;
d’où l’action annoncée ici par le prophète. « C’est pourquoi, ainsi dit
le Seigneur, l’Éternel : comme le bois de la vigne parmi les arbres
de la forêt, que j’ai livré au feu pour être consumé, ainsi je livrerai
les habitants de Jérusalem et je mettrai ma face contre eux : ils
sortiront d’un feu, et un autre feu les consumera ; et vous saurez
que je suis l’Éternel, quand j’aurai mis ma face contre eux. Et je ferai
du pays une désolation, parce qu’ils ont commis le péché, dit le
Seigneur, l’Éternel » (15:6-8).
Combien cette déclaration est énergique ! L’Éternel ne se bornerait
pas à livrer les habitants de Jérusalem comme le bois de la vigne
qu’on met au feu, mais il « mettrait Sa face contre eux ». Quel
présage pour ceux qui connaissaient Son nom et Sa haine du mal !
Et comme s’il ne suffisait pas que l’Éternel proclame ainsi son
opposition fermement décidée, il est ajouté qu’ils sortiront d’un feu
pour être consumés par un autre feu ». Il en était bien ainsi de la
cité coupable du Grand Roi. Si l’on évitait le feu ici, ce n’était que
pour le rencontrer ailleurs. Il n’y avait pas moyen d’échapper, car
aucune repentance réelle ne s’était montrée, et on ne se moque pas
de Dieu (Gal. 6:7). Celui qui jadis avait jugé l’humanité dans son
ensemble, ou dans le cercle le plus restreint de leur culpabilité,
devait maintenant s’occuper avec une exactitude encore plus
grande de Ses soins puisqu’il s’agissait de Son propre peuple et de
sa capitale. S’ils l’avaient écouté et avaient marché dans Ses voies,
Il aurait subjugué leurs ennemis, et les aurait comblés de toute sorte
de biens. Mais ils ne voulaient pas L’écouter et s’étaient choisi les
dieux étrangers des païens. L’Éternel était donc dans l’obligation ou
bien de consentir à Son propre déshonneur en supportant
Jérusalem malgré son apostasie, ou bien de les forcer à apprendre
qu’Il était l’Éternel en mettant Sa face contre eux. Triste alternative !
Comme la première option était impossible, la seconde était la seule
voie que méritaient leurs iniquités, le seul chemin ouvert jusqu’à la
venue du Messie, qui, en portant leur jugement, permettait à la
miséricorde de Dieu de recommencer à nouveau sur la base de la
grâce souveraine tout en agissant de manière juste. Au stade où en
étaient les choses à ce moment-là, le prophète ne pouvait
qu’annoncer « je ferai du pays une désolation, parce qu’ils ont
commis le péché, dit le Seigneur, l’Éternel » (15:8).

19 - Chapitre 16
Si dans le chapitre précédent le symbole de la vigne sans fruit
destinée au feu nous a montré le côté négatif de la condition de
Jérusalem et ses conséquences inéluctables, l’allégorie de ce ch.
16 présente son iniquité par une description très colorée. « Et la
parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, fais connaître
à Jérusalem ses abominations » (16:1-2).
Le peuple élu avait été destiné à supplanter les nations, et était tenu
de le faire, parce que le pays vomissait ses habitants à cause de
leurs abominations, et on ne peut concevoir de figure plus poignante
que celle représentant l’origine et la naissance de Jérusalem,
comme provenant de Canaan, d’un père Amoréen et d’une mère
Héthienne (16:3). Cela est naturellement moral, non pas historique :
de la même manière Ésaïe qualifie les chefs comme étant
« Sodome », et le peuple comme étant « Gomorrhe » (És. 1:10).
Dès les jours les plus anciens, nous voyons comment les deux
races mentionnées par Ézéchiel étaient considérées par les
patriarches (Gen. 15:16 ; 27:46) .
Mais l’Écriture montre elle-même que le fait de naître d’une race
méprisable ne peut lier l’homme au mal, quand on fait intervenir
Dieu et qu’on s’appuie sur Lui en quelque mesure que ce soit. Qu’en
était-il dans le cas présent ? Voilà une misérable paria, privée des
soins et des égards les plus élémentaires, jetée dans les champs le
jour même de sa naissance (16:4-5). L’Éternel passa près d’elle, la
vit souillée dans son sang, et lui dit dans son sang : Vis (16:6) ; et
l’expression qui en est donnée est tout à fait emphatique. Grâce à
Ses soins protecteurs, elle devint une femme, habillée et revêtue
des ornements les plus splendides, et l’Éternel fit une alliance avec
elle, et la prit comme étant à Lui. Celle qui avait été ainsi purifiée, et
magnifiquement ornée, prospéra pour devenir un royaume dont la
renommée se répandit partout, à cause de la splendeur que
l’Éternel avait mis sur elle (16:7-14).
Qu’y eut-il en retour ? « Tu te confias en ta beauté, et tu te prostituas
à cause de ta renommée ». Tableau douloureux, aussi triste que
vrai. La beauté de Jérusalem était pour tous les passants (16:15-
16). « Et tu pris de tes vêtements, et tu te fis des hauts lieux de
diverses couleurs » (16:16) [ou : de divers morceaux, comme cela
peut vouloir dire, pour exprimer le mépris du prophètes pour les
tapisseries tissées par les femmes juives pour les dieux et déesses
païens, Astarté en particulier]. La souillure de l’idolâtrie de
Jérusalem dépassait tout ce qui avait précédé, et tout ce qui devait
suivre. Elle se signalait par le fait qu’elle gaspillait pour les infâmes
idoles des païens toutes les innombrables faveurs de son époux
divin (car c’est ce qu’était son Créateur pour elle).
« Et tu pris tes objets de parure, faits de Mon or et de Mon argent
que je t’avais donnés, et tu t’en fis des images d’hommes, et tu te
prostituas avec elles ; et tu pris tes vêtements de broderie, et tu les
en couvris, et tu mis devant elles mon huile et mon encens ; et ma
viande que je t’avais donnée, la fleur de farine, et l’huile, et le miel,
dont je te nourrissais, tu les mis devant elles, en odeur agréable. Il
en a été ainsi, dit le Seigneur, l’Éternel. Et tu pris tes fils et tes filles
que tu m’avais enfantés, et tu les leur offris en sacrifice pour qu’ils
les dévorassent. Était-ce trop peu que ta prostitution, que tu
égorges mes fils, et que tu les livres pour passer au feu pour leur
être consacrés » (16:17-21). Elle avait encore ajouté à l’affliction de
Son cœur, le fait qu’avec toutes ses abominations et sa débauche,
elle ne s’était pas souvenue des jours de sa jeunesse, quand elle
était nue et découverte, gisante dans son sang (16:22).
L’Éternel détaille alors l’impureté sans borne dans laquelle
Jérusalem s’est lancée avec une convoitise débridée, acceptant
non seulement toute impureté d’idolâtrie qui passait, mais allant
courtiser des relations idolâtres avec les étrangers de tout côté, y
compris avec les nations les plus éloignées, faisant même honte à
leurs voisins philistins qui se satisfaisaient de leurs propres dieux
(16:23-29).
C’est une vérité solennelle et certaine que quand le peuple de Dieu
s’écarte de Lui, ils sont capables de glisser plus loin que tout autre.
N’étant plus sous la garde de Celui pour lequel ils n’ont pas eu de
considération, ils deviennent spécialement le jouet de Satan, et
même une victime de choix pour ses ruses, car il cherche à s’en
servir efficacement pour déshonorer le Dieu vivant et les détacher
irrémédiablement de Lui dans toute la mesure du possible. Quelle
énigme l’histoire morale du monde et de l’homme pour tous ceux
qui ne voient pas le conflit entre Dieu et Son ennemi ! À cette
époque, c’était Jérusalem qui était en jeu, aujourd’hui c’est l’Église ;
mais il s’agit toujours de l’opposition du diable contre le Fils de Dieu,
de manière universelle, dans l’arène spéciale qui touche à Sa gloire,
pour le temps présent.
« Oh ! que ton cœur est faible, dit le Seigneur, l’Éternel, que tu aies
fait toutes ces choses, l’œuvre d’une prostituée éhontée, te
bâtissant ton lieu de débauche au bout de chaque chemin ; et tu as
établi ton haut lieu dans toutes les places. Et tu n’es pas comme
une prostituée, en ce que tu dédaignes le salaire : femme qui
commets l’adultère, tu prends des étrangers à la place de ton mari.
On fait des cadeaux à toutes les prostituées ; mais toi, tu fais tes
cadeaux à tous tes amants, et tu les engages par des présents à
venir vers toi de tous côtés, pour tes prostitutions. Et il arrive chez
toi, dans tes prostitutions, le contraire de ce qui se voit chez les
femmes : on ne te suit pas pour commettre fornication ; et, en ce
que tu donnes des présents et qu’on ne te donne pas de présents,
tu fais le contraire » (16:30-34).
Les versets 30 à 34 nous révèlent une terrible aggravation de la
culpabilité de Jérusalem. Ils n’avait rien à gagner tellement l’Éternel
les avait bénis. D’autres, voyant ailleurs des richesses et des biens,
pouvaient être aveuglés par leur soif de ces biens, et les attribuer à
la puissance des dieux des collines ou des vallées ; et du coup, ils
ajoutaient idoles sur idoles ; mais Jérusalem était inexcusable parce
qu’elle n’avait rien à désirer d’aucune nation alentour, grande ou
petite, proche ou lointaine. Or elle ne faisait que convoiter des faux
dieux pour le seul plaisir de convoiter ; c’était pécher au maximum
pour le plaisir de pécher, servant d’excuse aux femmes débauchées
les plus viles par comparaison à ce qu’elle faisait.
Alors l’Éternel somme Jérusalem la prostituée d’écouter Sa
sentence sur sa débauche folle et insatiable (16:35-43). « C’est
pourquoi, prostituée, écoute la parole de l’Éternel : Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Parce que ta corruption a été déversée, et que
ta nudité a été découverte à tes amants par tes prostitutions, et à
toutes les idoles de tes abominations, et à cause du sang de tes fils
que tu leur as livrés ; à cause de cela, voici, je rassemble tous tes
amants avec lesquels tu te plaisais, et tous ceux que tu as aimés,
avec tous ceux que tu as haïs ; et je les rassemblerai de toutes parts
contre toi, et je leur découvrirai ta nudité, et ils verront toute ta
nudité. Et je te jugerai du jugement des femmes adultères et de
celles qui versent le sang, et je te livrerai au sang de la fureur et de
la jalousie ; et je te livrerai entre leurs mains, et ils abattront ton lieu
de débauche et démoliront tes hauts lieux ; et ils te dépouilleront de
tes vêtements, et prendront tes objets de parure, et te laisseront nue
et découverte. Et on fera monter contre toi un rassemblement
d’hommes, et ils te lapideront avec des pierres, et te transperceront
avec leurs épées ; et ils brûleront tes maisons par le feu, et
exécuteront sur toi des jugements aux yeux de beaucoup de
femmes. Et je te ferai cesser de commettre fornication, et, des
présents aussi, tu n’en donneras plus. Et je satisferai ma fureur sur
toi, et ma jalousie se retirera de toi ; et je me tiendrai tranquille, et
je ne me courroucerai plus. Parce que tu ne t’es pas souvenue des
jours de ta jeunesse, et que tu m’as irrité par toutes ces choses,
voici, moi aussi je fais retomber ta voie sur ta tête, dit le Seigneur,
l’Éternel ; et tu ne commettras pas l’infamie par-dessus toutes tes
abominations » (16:35-43).
À propos de la « corruption » au v. 36, il semble douteux que cette
traduction du mot hébreu puisse être maintenue. Le mot signifie le
cuivre, ou l’airain, et par suite, l’argent (monnaie) ou la richesse ; il
semble que ce soit une allusion à la manière non naturelle dont
Jérusalem prodiguait tout ce qu’elle avait aux objets de son idolâtrie.
Tel est au moins le jugement de certains des meilleurs traducteurs
en partant des plus anciens, les Septante, jusqu’à Mr. Isaac Leeser,
le dernier des traducteurs juifs. On suppose que le terme
« corruption » de la version autorisée du roi Jacques dérive de l’idée
des incrustations poison en airain ou en cuivre ; mais ceci paraît tiré
par les cheveux et ne se justifierait que si le contexte dirigeait vers
une telle remarque figurée, surtout que c’est incompatible avec le
sens le plus évident. Ce sens évident est plus approprié et plus
frappant. Dieu menace Sa ville coupable, de l’exposer à la vue de
tous ses amants et de tous ceux qui la haïssent, et de lui infliger les
châtiments qui conviennent aux adultères, — humiliation,
désolation, lapidation, découpage en morceaux, et mise au feu —
jusqu’à ce que Sa colère cesse et que Sa jalousie se détourne, et
qu’elle cesse de pratiquer la méchanceté et ses abominations
(16:43).
Alors le prophète montre l’Éternel prononçant un proverbe qui
convenait à pareille iniquité : Telle mère, telle fille, — ré-appliquant
ainsi la relation morale de Jérusalem, non pas au père des croyants
ou autres héritiers de la promesse, mais aux races corrompues de
Canaan. « Tu es la fille de ta mère qui avait en horreur son mari et
ses enfants ; et tu es la sœur de tes sœurs qui avaient en horreur
leurs maris et leurs enfants. Votre mère était une Héthienne, et votre
père était un Amoréen. Et ta sœur, l’aînée, c’est Samarie qui
demeure à ta gauche, elle et ses filles ; et ta jeune sœur qui
demeure à ta droite, c’est Sodome et ses filles. Mais tu n’as pas
marché dans leurs voies, et tu n’as pas fait selon leurs
abominations ; mais, comme si c’était bien peu, tu t’es corrompue
dans toutes tes voies plus qu’elles. Je suis vivant, dit le Seigneur,
l’Éternel, que Sodome ta sœur, elle et ses filles, n’a pas fait comme
tu as fait toi et tes filles ! Voici, c’est ici l’iniquité de ta sœur Sodome :
orgueil, abondance de pain et insouciant repos, elle les a possédés,
elle et ses filles ; mais elle n’a pas fortifié la main de l’affligé et du
pauvre. Elles se sont élevées et ont commis des abominations
devant moi ; et je les ai ôtées lorsque je l’ai vu. Et Samarie n’a pas
péché selon la moitié de tes péchés ; tu as multiplié plus qu’elles
tes abominations, et tu as justifié tes sœurs par toutes tes
abominations que tu as commises. Toi aussi, toi qui as jugé tes
sœurs, porte ta confusion à cause de tes péchés, par lesquels tu as
agi plus abominablement qu’elles ; elles sont plus justes que toi. Et
toi aussi, sois honteuse et porte ta confusion, parce que tu as justifié
tes sœurs » (16:45-52).
Jérusalem avait dépassé non seulement Samarie sa sœur aînée,
mais même Sodome, sa plus jeune sœur. Elle avait eu assez de
connaissance pour pouvoir les juger, mais au lieu de cela, elle
s’était précipitée avec encore plus d’ardeur dans de plus grandes
abominations. Les deux autres, ayant connu Dieu, ne l’avaient pas
glorifié comme Dieu (Rom. 1:21), mais elles L’avaient abandonné
dans leur ingratitude et leur vanité, et elles s’étaient livrées aux faux
dieux, à des passions infâmes et à un esprit réprouvé (Rom. 1:26,
28). Pourtant, en comparaison de Jérusalem, elles étaient
excusables ! « Toi aussi, sois honteuse et porte ta confusion parce
que tu as justifié tes sœurs ». Combien le changement sera
complet, et l’humiliation profonde lorsque les Juifs sentiront et
confesseront honnêtement la vérité telle que l’Éternel la prononce
ici ! Nous sommes assurés qu’ils le feront.
Hélas ! cette repentance est pour un jour futur, mais ce jour viendra
sûrement, et Jérusalem si longtemps infidèle inclinera son cœur
devant la fidélité incomparable de l’Éternel se révélant Lui-même à
elle en Jésus qu’elle a mis à mort. Cela aura lieu à la fin de ce
temps, quand la prédiction du retour de captivité s’accomplira par
grâce (16:53-57). « Et je tournerai en délivrance leur captivité, la
captivité de Sodome et de ses filles, et la captivité de Samarie et de
ses filles, et la captivité de tes captifs au milieu d’elles, afin que tu
portes ta confusion, et que tu sois confuse de tout ce que tu as fait,
en ce que tu les consoles. Et tes sœurs, Sodome et ses filles,
retourneront à leur ancien état, et Samarie et ses filles retourneront
à leur ancien état ; et toi et tes filles, vous retournerez à votre ancien
état. Et Sodome, ta sœur, n’a pas été mentionnée par ta bouche,
au jour de ton orgueil, avant que ton iniquité fût découverte, comme
au temps des outrages des filles d’Aram [ou : de Syrie] et de toutes
celles d’alentour, des filles des Philistins, qui te méprisaient de
toutes parts » (16:53-57). C’est une vue bien médiocre de la
prophétie que de rabaisser cette dernière prédiction à la
restauration des Juifs sous Cyrus et à la participation à leur sort des
races d’au-delà de la Mer Morte et limitrophes de la Palestine. Une
captivité plus grande et plus terrible devait suivre sous le quatrième
empire ; mais le retour de cette captivité attend le jour brillant où
toute peine sera bannie de la terre pour ceux qui s’humilieront
devant le Nazaréen revenant pour régner.
Cela est encore plus clair avec ce qui suit. « Ton infamie et tes
abominations, tu les portes, dit l’Éternel. Car ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Je te ferai comme tu as fait, toi qui as méprisé le serment
et rompu l’alliance. Mais je me souviendrai de mon alliance avec toi
dans les jours de ta jeunesse, et j’établirai pour toi une alliance
éternelle. Et tu te souviendras de tes voies ; et tu seras confuse,
quand tu recevras tes sœurs, tes aînées, avec celles qui sont plus
jeunes que toi, et que je te les donnerai pour filles, mais non pas
selon ton alliance. Et j’établirai mon alliance avec toi, et tu sauras
que je suis l’Éternel ; afin que tu te souviennes, et que tu sois
honteuse, et que tu n’ouvres plus la bouche, à cause de ta
confusion, quand je te pardonnerai tout ce que tu as fait, dit le
Seigneur, l’Éternel » (16:58-63). C’est la restauration finale de
Jérusalem sous la nouvelle alliance, désignée expressément ici et
ailleurs comme l’alliance éternelle, tellement en contraste avec celle
de Sinaï, sous laquelle il avait été impossible qu’il y eut restauration
après leur culpabilité, surtout une culpabilité sans précédent comme
celle de Jérusalem. Il est douloureux de trouver une fausse doctrine
comme celle de Fairbairn et Hävernick qui confondent les deux
alliances, soutenant qu’elles sont différentes dans la forme et
identique quant au fond. Il est encore plus douloureux de constater
que l’erreur moderne n’est que l’héritière du grand commentateur
de la Réformation, lequel la tenait lui-même des pères de l’église !
C’est montrer une ignorance fondamentale de la grâce que de
confondre cette alliance-là avec la loi ; et la mention de Samarie et
de Sodome aurait dû spécialement mettre en garde contre cette
erreur. Il est du plus grand intérêt de voir que les villes les plus
coupables, avant et après la loi, sont assurées d’une restauration
en même temps et sur le même fondement que Jérusalem. Elle les
aura pour sœurs en ce jour, elle qui n’aurait pas voulu même
prononcer leurs noms aux jours de son orgueil et de son péché.
Mais la grâce, celle de Dieu, change tout pour l’homme, et change
l’homme en vue de la gloire.

20 - Chapitre 17
Nous avons ici une autre illustration, vivante et si typique, de notre
prophète présentant l’état de choses existant parmi le peuple de
Dieu, la ruine imminente à cause de l’impiété du roi (dans le serment
au nom de l’Éternel avec le chef des Gentils), et finalement le
royaume du Messie, — ce royaume étant si abaissé lors de sa
première présentation, et, le moment venu, si exalté par Dieu au-
dessus de tous les royaumes de la terre. Il y a bien des
ressemblances entre la dernière partie de ce chapitre et des
prophéties telles qu’Ésaie 11 et 53 ; Daniel 2:34, 35, 44, 45 ; Michée
5, mais celle qui nous occupe a ses caractères propres bien
distincts, comme d’ailleurs chacune des autres que nous venons de
citer.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, propose
une énigme et présente une parabole à la maison d’Israël, et dis :
Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Un grand aigle, à grandes ailes, à
longues pennes, plein de plumes, qui était de couleurs variées, vint
au Liban, et prit la cime d’un cèdre ; il arracha la plus haute de ses
jeunes pousses, et la transporta dans un pays de marchands et la
mit dans une ville de commerçants. Et il prit de la semence du pays
et la mit dans un champ où l’on sème ; il la transporta près de
grandes eaux, il la planta comme un saule. Et elle poussa et devint
une vigne qui s’étendit, mais avait peu de hauteur, pour que ses
branches se tournassent vers lui et que ses racines fussent sous
lui ; et elle devint une vigne, et produisit des sarments, et poussa
des feuilles » (17:1-6).
Le grand aigle n’est autre que le roi de Babylone que Dieu dans sa
sagesse souveraine a établi comme tête du système impérial Gentil,
après la démonstration de la ruine morale d’Israël et de sa rébellion
contre l’Éternel. Un autre prophète avait déjà employé une
comparaison semblable au sujet de Nébucadnetsar (Jér. 48:40 ;
49:22). Mais ici l’allégorie est complète, car le cèdre du Liban
représente la royauté en Israël dont la maison de David était
investie, et qui maintenant, à cause de ses péchés, se trouvait dans
la servitude du chef des Gentils. Jehoïakim est le roi de Juda décrit
ici comme la plus haute pousse de la cime, laquelle Nébucadnetsar
transporta avec lui à Babylone ; celle-ci était alors la plus fameuse
des villes de l’antiquité, non seulement par sa grandeur, mais aussi
par son commerce (És. 13:19 ; 63:14). De plus le conquérant établit
un autre roi sur Jérusalem, qui n’était pas un seigneur étranger,
mais était de la semence du pays, issu de la maison de David,
Matthania, oncle (« frère ») du roi exilé, sous le nouveau nom donné
par son maître Gentil.
Sédécias aurait pu prospérer là, en vassal loyal du roi des rois de
Babylone. Mais la seule condition sous laquelle Dieu aurait assuré
la paix et une certaine mesure de prospérité aux Juifs, était de rester
soumis à l’empire Gentil, reconnaissant que cet asservissement
était une discipline de Dieu à l’égard de Son peuple à cause de sa
désobéissance incurable et à cause de ses rois. Sédécias était
comme un saule planté près de grandes eaux. Sa sécurité résidait
dans une dépendance fidèle à Nébucadnetsar, en s’humiliant sous
la puissante main de Dieu ; ou, selon l’image employée par le
prophète, en étant comme une vigne s’étendant, mais avec peu de
hauteur, et avec des branches tournées vers celui qui l’avait
plantée, et ses racines sous lui. Cette vigne aurait pu produire non
seulement des branches et des racines, mais aussi du fruit.
Hélas ! il n’en advint pas ainsi, malgré de nombreux avertissements
et supplications prophétiques. Le nouveau roi, comme le peuple
d’autrefois, regardait vers l’Égypte pour avoir de l’aide — vers les
Égyptiens qui étaient des hommes, et non pas Dieu, et dont les
chevaux étaient chair, et non pas esprit, et comme autrefois, il
convoitait les bonnes choses de l’Égypte — maintenant de nouveau
il faisait des efforts en tout genre, grands et petits, pour se
débarrasser du joug de Babylone, pour le déshonneur de Dieu.
C’est ce que le prophète montre ici.
« Mais il y avait un autre grand aigle, à grandes ailes et à beaucoup
de plumes ; et voici, des carrés de sa plantation, cette vigne tourna
vers lui ses racines, et étendit ses branches vers lui, afin qu’il
l’arrosât. Elle était plantée dans un bon terrain, près de grandes
eaux, afin de produire des sarments et de porter du fruit, afin d’être
une vigne magnifique. Dis : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Prospérera-t-elle ? N’arrachera-t-il pas ses racines, et ne coupera-
t-il pas son fruit, en sorte qu’elle sèche ? Toutes les jeunes feuilles
de ses pousses sécheront, et il ne sera pas besoin d’un grand bras
et d’un peuple nombreux pour l’enlever de dessus ses racines. Et
voici, elle est plantée : prospérera-t-elle ? Quand le vent d’orient
l’aura touchée, ne séchera-t-elle pas entièrement ? Elle séchera sur
les carrés où elle a poussé » (17:7-10).
Le second aigle, ici, est le roi d’Égypte qui visait à l’empire du
monde, et se battait avec Nébucadnétsar pour l’avoir. Mais c’est
Dieu qui commande : Il l’avait donné au roi de Babylone. Ce n’était
encore que Sa providence. Le royaume entre les mains du premier
Adam était venu à rien. Israël, Juda, la maison de David, avaient
complètement manqué, et n’avaient vécu que pour rajouter du
déshonneur sur le nom de l’Éternel qui les avait choisis. Le jour
n’était pas encore venu pour le second homme, le dernier Adam,
vrai fils de David et fils de l’homme. C’est pourquoi Dieu avait laissé
provisoirement la suprématie universelle entre les mains des
hommes les plus vils, comme une leçon pour ceux qui avaient
préféré leurs propres voies au Dieu vivant ; et le lieu d’origine de
l’exaltation contre le vrai Dieu, le lieu d’où étaient sortis les faux
dieux, était devenu le fouet contre Israël et la prison d’Israël, dans
la personne de la maison de David et du peuple abandonné à son
état misérable. Mais eux, et par-dessus tout Sédécias, qui plus que
tout autre aurait dû connaître la volonté de Dieu, avaient cherché
l’aide de l’Égypte dans l’espoir naïf de se rendre indépendants de
Babylone. Se tourner ainsi vers le Pharaon, c’était rejeter l’Éternel,
non pas simplement Nébucadnetsar, et cela entraînait leur propre
destruction sans que leur maître chaldéen eût grand effort à faire
pour cela. Un souffle de « ce vent d’Orient » suffisait pour flétrir la
vigne sans fruit, pour la dessécher entièrement dans les carrés où
elle poussait.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Dis à la maison rebelle :
Ne savez-vous pas ce que signifient ces choses ? Dis : Voici, le roi
de Babylone est venu à Jérusalem, et il a pris son roi et ses princes,
et les a emmenés avec lui à Babylone. Et il en a pris un de la
semence du royaume, et a fait alliance avec lui, et lui a fait prêter
un serment d’exécration, et il a pris les puissants du pays, afin que
le royaume fût bas et qu’il ne s’élevât point, afin qu’il gardât son
alliance pour subsister. Mais il s’est rebellé contre lui, envoyant ses
messagers en Égypte, pour qu’on lui donnât des chevaux et un
peuple nombreux. Prospérera-t-il, échappera-t-il, celui qui fait de
telles choses ? Rompra-t-il l’alliance, et échappera-t-il ? Je suis
vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, si, dans le lieu même du roi qui l’a
fait roi, dont il a méprisé le serment et dont il a rompu l’alliance, près
de lui, il ne meurt au milieu de Babylone ! Et le Pharaon, avec une
grande armée et un grand rassemblement d’hommes, ne fera rien
pour lui dans la guerre, quand on élèvera des terrasses et qu’on
bâtira des tours, pour exterminer beaucoup de gens. Il a méprisé le
serment et rompu l’alliance ; et voici, il a donné sa main, et il a fait
toutes ces choses : il n’échappera pas. C’est pourquoi, ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Je suis vivant, si je ne mets sur sa tête mon
serment qu’il a méprisé et mon alliance qu’il a rompue ! Et j’étendrai
sur lui mon filet, et il sera pris dans mon piège ; et je l’amènerai à
Babylone, et là j’entrerai en jugement avec lui pour son infidélité par
laquelle il a été infidèle envers moi. Et tous ses fugitifs, de toutes
ses troupes, tomberont par l’épée, et ceux qui resteront seront
dispersés à tout vent. Et vous saurez que moi, l’Éternel, j’ai parlé »
(17:11-21).
L’affaire est mise ici en lumière, l’énigme est résolue et la parabole
est suivie de son interprétation par l’Esprit. L’Éternel accuse le fils
de David régnant alors, de perfidie contre Lui-même et contre
Nabucadnetsar. Il avait violé son alliance avec les Chaldéens, alors
que cette alliance avait été scellée du nom de l’Éternel. Les choses
en étaient-elles vraiment arrivées à ce point que le roi païen
Nébucadnetsar avait plus de respect pour le serment de l’Éternel
que le fils de David, le roi de Juda ? Au vu de cette conduite de
Sédécias, il devenait absolument impossible pour Dieu, à tout point
de vue, de continuer à protéger le roi et le peuple coupables,
d’autant plus qu’ils portaient Son nom. « Je vous ai connus, vous
seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai
sur vous toutes vos iniquités » (Amos 3:2). Le jugement doit
commencer par la maison de Dieu (1 Pier. 4:7) ; ils disaient voir,
c’est pourquoi leur péché demeurait (Jean 9:41). Il faut que Dieu
soit sanctifié dans tous ceux qui s’approchent de Lui ; et si du péché
est toujours du péché, il est d’autant moins excusable là où Sa
parole est connue, et Son nom proclamé devant les hommes. C’est
justement la raison pour laquelle Sédécias devait être pris au filet
de la rétribution divine, et mourir déçu de l’aide du Pharaon et de sa
grande armée en lesquels il s’était confié au jour de sa si grande
détresse. Il était à Babylone, prisonnier de celui dont il avait rompu
l’alliance ! Il recevait sur sa tête l’amère récompense du serment fait
au nom de l’Éternel, qui plaidait contre lui pour sa transgression,
tuait ses fugitifs, et dispersait de tous côtés ceux qui étaient de
reste, prouvant ainsi la réalité de l’outrage fait à Son nom.
Mais le chapitre ne se termine pas sans nous donner une
perspective bien différente. « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Et moi,
je prendrai de la cime du cèdre élevé un rejeton, et je le placerai :
de la plus haute de ses jeunes pousses, j’arracherai un tendre
rejeton et je le planterai sur une montagne haute et éminente. Je le
planterai sur la haute montagne d’Israël ; et il portera des branches
et produira du fruit, et il sera un cèdre magnifique ; et tout oiseau de
toute aile demeurera sous lui ; ils habiteront à l’ombre de ses
branches. Et tous les arbres des champs sauront que moi, l’Éternel,
j’abaisse l’arbre élevé et j’élève l’arbre abaissé, je fais sécher l’arbre
vert et je fais fleurir l’arbre sec. Moi, l’Éternel, je l’ai dit, et je le ferai »
(17:22-24). Il s’agit ici du Messie dans son royaume, non pas du
Messie souffrant sur la terre ou venant du ciel ; c’est le roi d’Israël
régnant en justice, et désigné donc plus loin sous le nom de David,
le vrai Bien-Aimé sous le sceptre duquel le peuple tout entier sera
réuni de nouveau, pour ne plus jamais être divisé par sa folie, et
pour ne plus jamais tomber dans le péché d’idolâtrie ou d’autres
péchés.
Tout cela n’est pas le mystère du royaume tel que nous le
connaissons aujourd’hui, ni le jour de la réjection et de la grâce,
pour Lui et pour les Siens, mais il s’agit du jour de la puissance,
judiciaire sans doute, mais bienfaisante sur la terre. Ce n’est pas
non plus l’appel hors du monde des âmes pour être amenées à un
Christ glorifié dans le ciel, mais c’est la bénédiction du pays et de
toute la terre sous le règne de Celui qui établit pour toujours le
sanctuaire de l’Éternel au milieu d’Israël. Sans nier que Zorobabel
puisse être une image fugitive du Grand Roi et du puissant règne
de paix et de bénédiction préfiguré ici, je ne puis pourtant le
considérer que comme un bien pâle accomplissement d’une
promesse si glorieuse. L’interprétation qu’en font les anciens et les
modernes me semble injurieuse et bien éloignée de la vérité ; en
effet ils font disparaître les espérances d’Israël dans les voies de
grâce de Dieu, et ils abaissent l’Église jusqu’à lui faire usurper les
promesses de bénédiction et de gloire terrestres du peuple juif, au
lieu de la maintenir dans la communion des souffrances de Christ
pour le temps actuel, et dans l’attente de la joie et de la gloire
célestes dans Son amour à Sa venue.
21 - Chapitre 18
Ce chapitre et le suivant terminent cette partie de la prophétie qui
suit la vision de la gloire de Dieu quittant Jérusalem après s’être
servi de Nébucadnetsar comme instrument providentiel. C’est un
jugement moral démontrant la nécessité d’un jugement extérieur
par lequel ils apprendraient que Celui qui parlait et qui agit est
l’Éternel.
« La parole de l’Éternel vint à moi, disant : Que voulez-vous dire,
vous qui usez de ce proverbe dans la terre d’Israël, disant : Les
pères mangent du raisin vert, et les dents des fils en sont agacées ?
Je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, si vous usez encore de ce
proverbe en Israël ! Voici, toutes les âmes sont à moi ; comme l’âme
du père, ainsi aussi l’âme du fils est à moi : l’âme qui péchera, celle-
là mourra. Et si un homme est juste, et pratique le jugement et la
justice ; s’il n’a pas mangé sur les montagnes, et s’il n’a pas levé
ses yeux vers les idoles de la maison d’Israël, etc. » (18:1-6).
Ces versets méritent d’être soigneusement pesés. Lors de la
captivité Dieu agit à l’égard des murmures de son peuple, et met fin
à toute nouvelle action gouvernementale basée sur Exode 34:6-7.
Désormais Il les prend au mot, et comme ils se plaignaient de devoir
souffrir si durement pour les fautes de leurs pères, Il leur donnerait
maintenant ce qu’ils méritaient eux-mêmes. Il est évident qu’un
pécheur doit souffrir pour son péché ; et s’il met en doute qu’il soit
juste de payer pour la faute d’un parent, il doit admettre qu’il est bien
juste d’être puni pour sa propre faute. Les âmes des pères comme
celles des fils étaient à Dieu, et le pécheur doit mourir. Il n’y avait ni
remède ni échappatoire sous aucun prétexte.
Le premier cas est celui d’un homme juste lui-même, et exerçant le
jugement et la justice tant vis-à-vis de Dieu que de son prochain ;
qui s’est tenu éloigné de l’impureté et de l’injustice, et a en outre
manifesté des soins d’amour envers les malheureux, s’est abstenu
de l’iniquité, et a rendu un jugement juste entre homme et homme,
en marchant dans les ordonnances divines : un pareil homme vivra
certainement (18:5-9).
Mais si son fils est un homme violent, qui verse le sang, etc., devrait-
il vivre ? « Et s’il a engendré un fils qui soit un homme violent, qui
verse le sang, et qui fasse seulement l’une de ces choses, et de ces
autres choses n’en fasse aucune, — qui aussi a mangé sur les
montagnes, a rendu impure la femme de son prochain, a foulé
l’affligé et le pauvre, a dépouillé par violence, n’a pas rendu le gage,
a levé ses yeux vers les idoles, a commis l’abomination, a donné à
intérêt, et a pris de l’usure : vivra-t-il ? Il ne vivra pas, il a fait toutes
ces abominations : certainement il mourra, son sang sera sur lui »
(18:11-13). Tel est le second cas.
Il y a un troisième cas : un fils mis en garde par le mauvais exemple
de son père. « Mais voici, s’il a engendré un fils qui voie tous les
péchés que son père a commis, et qui y prenne garde, et ne fasse
pas selon ces choses : il n’a pas mangé sur les montagnes, et n’a
pas levé ses yeux vers les idoles de la maison d’Israël ; il n’a pas
rendu impure la femme de son prochain, et n’a opprimé personne ;
il n’a pas pris de gage, et n’a pas dépouillé par violence, il a donné
son pain à celui qui avait faim, et a couvert d’un vêtement celui qui
était nu ; il a détourné sa main de dessus l’affligé, il n’a pris ni intérêt
ni d’usure, il a pratiqué mes ordonnances et a marché dans mes
statuts : celui-là ne mourra pas pour l’iniquité de son père ;
certainement il vivra » (18:14-17).
Ces différents cas sont brièvement comparés dans les versets 18-
20. « Quant à son père, parce qu’il a pratiqué l’extorsion, qu’il a
dépouillé son frère par violence, et a fait au milieu de son peuple ce
qui n’est pas bien, voici, il mourra dans son iniquité. Et vous direz :
Pourquoi le fils ne portera-t-il pas l’iniquité de son père ? Mais le fils
a pratiqué le jugement et la justice, il a gardé tous mes statuts et les
a pratiqués : certainement il vivra. L’âme qui a péché, celle-là
mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité du père, et le père ne portera
pas l’iniquité du fils ; la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté
du méchant sera sur lui » (18:18-20). Le père méchant périra ; le fils
averti par son exemple vivra. Il en ressort cette maxime claire :
« l’âme qui a péché, celle-là mourra ». Le fils ne souffrira pas pour
le péché du père, ni le père pour celui du fils, mais chacun récoltera
ce qu’il aura semé.
Mais de nouveaux cas se présentent dans les versets suivants. Que
se passera-t-il si le méchant se détourne de son péché, ou le juste
de sa justice ? Chacun portera son propre fardeau, récoltant de
l’Esprit les fruits bénis et convenables, ou de la chair la corruption
(Gal. 6:8). « Et le méchant, s’il se détourne de tous ses péchés qu’il
a commis, et qu’il garde tous mes statuts, et qu’il pratique le
jugement et la justice, certainement il vivra ; il ne mourra pas. De
toutes ses transgressions qu’il aura commises, aucune ne viendra
en mémoire contre lui ; dans sa justice qu’il a pratiquée, il vivra. Est-
ce que je prends plaisir à la mort du méchant ? dit le Seigneur,
l’Éternel ; n’est-ce pas plutôt à ce qu’il se détourne de ses voies, et
qu’il vive ? Et si le juste se détourne de sa justice et commet
l’iniquité, faisant selon toutes les abominations que le méchant
commet, vivra-t-il ? De tous ses actes justes qu’il aura faits, aucun
ne viendra en mémoire ; dans son iniquité qu’il aura commise et
dans son péché qu’il a fait, en eux il mourra » (18:21-24).
La bouche d’Israël est fermée. Ses murmures ne sont que de
l’ergotage. Le juge de toute la terre n’agirait-il pas justement ? « Et
vous dites : La voie du Seigneur n’est pas réglée. Écoutez donc,
maison d’Israël : Ma voie n’est-elle pas réglée ? Ne sont-ce pas vos
voies qui ne sont pas réglées ? Quand le juste se détournera de sa
justice, et qu’il pratiquera l’iniquité, il mourra pour cela ; dans son
iniquité qu’il aura commise, il mourra. Et quand le méchant se
détournera de sa méchanceté qu’il aura commise, et qu’il pratiquera
le jugement et la justice, celui-là fera vivre son âme. Puisqu’il prend
garde, et se détourne de toutes ses transgressions qu’il a
commises, certainement il vivra, il ne mourra point. Et la maison
d’Israël dit : La voie du Seigneur n’est pas réglée. Maison d’Israël !
mes voies ne sont-elles pas réglées ? Ne sont-ce pas vos voies qui
ne sont pas réglées ? » (18:25-29). Il est juste qu’il en soit ainsi.
Ceux qui attaquent les voies de l’Éternel en grâce ou en jugement
ne se sont jamais vu dans Sa lumière. Quelle humiliation pour Israël
ou pour nous, que Dieu daigne justifier Ses propres voies et de nous
faire sentir notre propre condition de péché !
« C’est pourquoi je vous jugerai, chacun selon ses voies, maison
d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel. Repentez-vous, et détournez-
vous de toutes vos transgressions, et l’iniquité ne sera pas votre
ruine. Jetez loin de vous toutes vos transgressions dans lesquelles
vous vous êtes rebellés, et faites-vous un cœur nouveau et un esprit
nouveau ; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? Car je ne
prends point plaisir à la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur,
l’Éternel. Revenez donc, et vivez » (18:30-32). C’est un appel à la
conscience, non pas l’appel de la grâce dans lequel Dieu promet
qu’Il leur donnera un nouveau cœur et qu’Il mettra en eux un nouvel
esprit, vérité qui produira en eux l’aversion d’eux-mêmes, la vraie
repentance, et les rendra propres pour la bénédiction future (ch. 36).
La comparaison des deux chapitres de ce même prophète est des
plus instructives, et frappante ; le mauvais usage que l’on fait
fréquemment de ce passage du ch. 18 est aussi commune que
misérablement opposée à l’évangile. L’Esprit ici les pénètre
profondément et totalement de la conviction de leur péché. Le jour
est encore à venir où Dieu plantera Israël dans son pays, et le bénira
de toutes les choses excellentes de la terre : eux-mêmes seront
alors nés de nouveau.

22 - Chapitre 19
Le chapitre 19 est une complainte sur les princes ; le chapitre
précédent montrait l’état du peuple et de l’âme de chacun, princes
et peuple.
« Et toi, élève une complainte sur les princes d’Israël, et dis :
Qu’était ta mère ? Une lionne couchée parmi les lions, élevant ses
petits au milieu des lionceaux. Et elle éleva un de ses petits ; il
devint un jeune lion et apprit à déchirer la proie ; il dévora des
hommes. Et les nations entendirent parler de lui ; il fut pris dans leur
fosse, et on le mena avec un anneau à ses narines dans le pays
d’Égypte » (19:1-4). Telle a été la fin de Joakhaz ou Shallum, fils de
Josias, fils injuste d’un père juste, qui mourut en Égypte où le
Pharaon Neco l’avait emmené prisonnier.
Cela n’alla pas mieux avec les autres dans d’autres conditions ; car
Dieu était oublié, et les mauvaises voies se terminaient avec une fin
tout aussi mauvaise. « Et quand elle vit qu’elle avait attendu et que
son espoir avait péri, elle prit un autre de ses petits, et en fit un jeune
lion ; il marcha au milieu des lions, il devint un jeune lion et apprit à
déchirer la proie ; il dévora des hommes. Il connut leurs palais
désolés, et dévasta leurs villes, et le pays et tout ce qu’il contenait
fut désolé par la voix de son rugissement. Alors, de toutes les
provinces, les nations d’alentour se rangèrent contre lui, et
étendirent sur lui leur filet : il fut pris dans leur fosse. Et elles le
mirent dans une cage, avec un anneau à ses narines, et le
menèrent au roi de Babylone ; elles le menèrent dans une
forteresse, afin que sa voix ne fût plus entendue sur les montagnes
d’Israël » (19:5-9). Jehoïakin sentit les chaînes de Nebucadnetsar
comme aussi Sédécias, mais avec plus de souffrances et
d’ignominie pour ce dernier, car sa culpabilité envers l’Éternel était
grande et effrontée. Le prophète ne pouvait donc que se lamenter.
« Ta mère était comme une vigne, plantée près des eaux dans ton
repos ; elle était féconde et chargée de branches à cause des
grandes eaux. Et elle avait des rameaux robustes pour des sceptres
de dominateurs, et elle s’élevait haut au milieu de branches
touffues, et elle était apparente par sa hauteur, par la multitude de
ses rameaux. Mais elle fut arrachée avec fureur, jetée par terre, et
le vent d’orient fit sécher son fruit ; ses rameaux robustes ont été
brisés et desséchés, le feu les a consumés. Et maintenant elle est
plantée dans le désert, dans une terre sèche et aride. Et un feu est
sorti d’un rameau de ses branches et a consumé son fruit, et il n’y
a pas en elle de rameau robuste, de sceptre pour dominer. C’est là
une complainte, et ce sera une complainte » (19:10-14). Ce ne fut
pas à cause de leur faiblesse que le peuple élu et ses princes
tombèrent ; ce ne fut pas à cause de leur force que l’Égypte ou
Babylone eurent le dessus. Israël s’était détourné de l’Éternel vers
le péché, et dût, comme c’est encore le cas aujourd’hui, servir dans
la douleur les plus vils des Gentils. La domination appartient à Shilo,
qui reviendra au pouvoir, aussi sûrement qu’Il a été crucifié en
faiblesse (Gen. 49:10).

23 - Chapitre 20
Cette nouvelle division du livre s’ouvre avec un exposé complet et
solennel du péché d’Israël, non seulement à la lumière de
l’estimation présente de l’Éternel, mais à la lumière de Ses voies
envers eux dans le passé et dans l’avenir. En effet nous ne jugeons
jamais notre condition réelle d’une manière complète, à moins de
nous soumettre ainsi à la pensée et au but de Dieu ; car de même
que nous devons bien peser la condition où Il nous a placés au
commencement, de même Il voudrait que nous regardions en avant
vers le but qu’Il s’est proposé si nous étions sages selon Lui, et Il
voudrait qu’ainsi nous sentions mieux comment notre état
correspond à ces deux choses.
« Et il arriva, la septième année, au cinquième mois, le dixième jour
du mois, que des hommes d’entre les anciens d’Israël vinrent pour
consulter l’Éternel ; et ils s’assirent devant moi » (20:1). C’est un
décompte bien sérieux que fait le prophète ; mais s’il est humiliant
pour le peuple entre temps (et ce n’est pas mauvais), cela garde
devant la foi la certitude de l’intervention de la miséricorde divine
quand le châtiment par la main des Gentils aurait été exprimé à
pleine mesure. Les apparences se montraient favorables pour ceux
qui se présentaient d’eux-mêmes d’entre les anciens d’Israël. Ils
venaient consulter l’Éternel : n’était-ce pas de la foi ? Ils
s’asseyaient devant Ézéchiel : n’était-ce pas là de la révérence et
de l’humilité qui honorait Dieu dans la personne de son serviteur ?
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, parle
aux anciens d’Israël, et dis-leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Êtes-vous venus pour me consulter ? Je suis vivant, dit le Seigneur,
l’Éternel, si je suis consulté par vous ! Les jugeras-tu, les jugeras-
tu, fils d’homme ? Fais-leur connaître les abominations de leurs
pères » (20:2-4). Celui qui sonde les reins et les cœurs avait vu qui
il n’y avait là aucun exercice de conscience devant Lui ; et pourquoi
répondre quand il n’y a que vide et hypocrisie ? C’était indigne de
Lui de tolérer cette légèreté. « Je suis vivant dit-il, si je suis consulté
par vous ». Mais en même temps Il se plait à justifier Ses voies ; si
le prophète avait voulu soit plaider pour eux soit les réprimander, il
reçoit en fait l’ordre de placer devant eux les abominations de leurs
pères. Dieu va ainsi à la source du mal et le peuple doit le juger le
mal non pas simplement dans ses effets, mais à sa racine.
Le prophète devait alors leur dire : « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Au jour que je choisis Israël, et que je levai ma main à la semence
de la maison de Jacob, et que je me fis connaître à eux dans le pays
d’Égypte, et que je leur levai ma main, disant : Je suis l’Éternel,
votre Dieu, — en ce jour-là je leur levai ma main de les faire sortir
du pays d’Égypte pour les amener dans le pays sur lequel j’avais
jeté les yeux pour eux, pays ruisselant de lait et de miel, qui est un
ornement entre tous les pays ; et je leur dis : Que chacun de vous
rejette les abominations que ses yeux regardent, et ne vous rendez
pas impurs par les idoles de l’Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu.
Et ils se rebellèrent contre moi, et ne voulurent pas m’écouter ;
aucun d’eux ne rejeta les abominations que ses yeux regardaient,
ni ne quitta les idoles de l’Égypte ; et je dis que je verserais ma
fureur sur eux, et que je consommerais ma colère sur eux, au milieu
du pays d’Égypte. Mais j’ai agi à cause de mon nom, afin de ne pas
le profaner aux yeux des nations au milieu desquelles ils étaient,
aux yeux desquelles je m’étais fait connaître à eux, en les faisant
sortir du pays d’Égypte » (20:5-9).
L’Éternel rappelle à Son peuple Son serment, en le répétant d’une
manière impressionnante, en jurant par lui-même puisqu’Il n’avait
personne de plus grand par qui jurer (Héb. 6:13), voulant montrer
ainsi plus abondamment l’immutabilité de Son conseil (Héb. 6:17).
C’est à propos d’Israël que l’apôtre déclare expressément que les
dons et l’appel de Dieu sont sans repentir (Rom. 11:29). C’est pour
cette raison même qu’Il juge et doit juger leurs voies : sinon Il serait
forcé d’approuver ou d’excuser le péché. Or comme c’est
impossible, Il s’occupe de l’infidélité d’Israël, en la rappelant depuis
le début. Même alors, malgré les remontrances adressées à chacun
d’eux, les abominations de leurs yeux, à la suite des idoles de
l’Égypte, attirèrent Sa colère, en sorte qu’il ne restait plus qu’à la
laisser éclater toute entière, et se déverser contre eux dans le pays.
Mais la miséricorde prévalut sur le jugement, par respect pour Son
propre nom devant les païens.
« Et je les fis sortir du pays d’Égypte, et les amenai au désert ; et je
leur donnai mes statuts et leur fis connaître mes ordonnances, par
lesquels, s’il les pratique, un homme vivra. Et je leur donnai aussi
mes sabbats, pour être un signe entre moi et eux, afin qu’ils
connussent que je suis l’Éternel qui les sanctifie. Et la maison
d’Israël se rebella contre moi dans le désert ; ils ne marchèrent pas
dans mes statuts, et ils rejetèrent mes ordonnances, par lesquels,
s’il les pratique, un homme vivra ; et ils profanèrent extrêmement
mes sabbats ; et je dis que je verserais sur eux ma fureur dans le
désert, pour les consumer. Mais j’ai agi à cause de mon nom, afin
de ne pas le profaner aux yeux des nations sous les yeux
desquelles je les avais fait sortir » (20:10-14). Hors d’Égypte, Israël
ne s’est pas montré meilleur que lorsqu’il y était ; leur péché devint
même d’autant plus évident et moins excusable ; car dans les
solitudes du désert ils étaient avec l’Éternel, et pourtant ils couraient
après de faux dieux ; ils possédaient Ses statuts et Ses
ordonnances, et pourtant ils n’y marchèrent point et les
méprisèrent ; ils avaient Ses sabbats comme signe entre l’Éternel
et eux, et pourtant ils les profanèrent grandement. L’Éternel fut ainsi
de nouveau provoqué à détruire Israël dans le désert, comme
autrefois en Égypte : mais Son nom contre lequel Israël avait péché
avec tant d’orgueil et de constance, était leur protection et leur
défense. « Et je leur levai aussi ma main dans le désert, que je ne
les amènerais pas dans le pays que je leur avais donné, pays
ruisselant de lait et de miel, qui est un ornement entre tous les pays ;
parce qu’ils avaient rejeté mes ordonnances, et qu’ils n’avaient pas
marché dans mes statuts, et qu’ils avaient profané mes sabbats ;
car leur cœur marchait après leurs idoles » (20:15-16).
« Mais mon œil eut compassion d’eux pour ne pas les détruire, et
je ne les consumai pas entièrement dans le désert. Et je dis à leurs
fils dans le désert : Ne marchez pas dans les statuts de vos pères,
et ne gardez point leurs ordonnances, et ne vous rendez pas impurs
par leurs idoles. Je suis l’Éternel, votre Dieu ; marchez dans mes
statuts, et gardez mes ordonnances et pratiquez-les ; et sanctifiez
mes sabbats, et qu’ils soient un signe entre moi et vous, afin que
vous connaissiez que je suis l’Éternel, votre Dieu. Et les fils se
rebellèrent contre moi ; ils ne marchèrent pas dans mes statuts et
ne gardèrent pas mes ordonnances pour les pratiquer, par lesquels,
s’il les pratique, un homme vivra ; ils profanèrent mes sabbats ; et
je dis que je verserais sur eux ma fureur, pour consommer ma
colère contre eux dans le désert. Mais je retirai ma main ; et j’ai agi
à cause de mon nom, afin de ne pas le profaner aux yeux des
nations sous les yeux desquelles je les avais fait sortir » (20:17-22).
L’Éternel était ému de compassion, mais il fallait qu’Il affirme Son
autorité, la justice de Ses jugements et la valeur particulière de Ses
sabbats (*), entre Lui et eux. En vain ! Les enfants du désert étaient
aussi mauvais que leurs pères qui y tombèrent. Rien d’autre que
Son respect pour le nom qu’ils profanaient n’a pu se tenir entre
Israël et la destruction. Mais la main qui avait été levée pour la
semence de la maison de Jacob dans un but de miséricorde et de
bonté, s’était alors levée vers eux dans le désert, avant même
l’entrée dans le pays de Canaan, pour assurer qu’ils seraient
dispersés parmi les nations et au travers des pays. Comparer
Lévitique 26 et Deutéronome 28 et 31. D’un autre côté, quand arriva
la question d’exécuter la menace si longtemps suspendue, Amos
dit explicitement que la captivité et la dispersion du peuple sont
survenues à cause de leur rébellion idolâtre dans le désert.
« M’avez-vous offert des sacrifices et des offrandes dans le désert,
pendant quarante ans, maison d’Israël ? Mais vous avez porté le
tabernacle de votre Moloc, et Kiun vos images, l’étoile de votre dieu,
que vous vous êtes fait ; et je vous transporterai en captivité au delà
de Damas, dit l’Éternel, dont le nom est le Dieu des armées » (Amos
5:25-27).
(*) Il est important de remarquer que l’observation du sabbat n’était
pas de nature morale comme les neuf autres paroles ou
commandements ; pour ces derniers, on jugeait de soi-même ce qui
était juste, intrinsèquement juste ; pour le sabbat, c’était seulement
parce que Dieu l’avait ordonné à Son peuple en signe de Son
alliance avec Israël. C’est pourquoi, tandis que l’idolâtrie et le vol,
par exemple, sont toujours mauvais, le Seigneur Lui-même en
achevant l’œuvre de rédemption inaugure et donne sa sanction sur
un autre jour comme expression de la communion chrétienne avec
le Père et le Fils, une sorte de prémices. Quelle ignorance d’estimer
qu’il y avait une faute (Marc 2:23 à 3:6) là où en réalité ce n’était
que la sagesse et la grâce de Dieu ! Hélas ! même les saints n’ont
pas tous une telle connaissance de Dieu. Pourtant ce n’est qu’une
preuve supplémentaire du degré de chute de la chrétienté. Les
hommes qui devraient comprendre ces choses parlent encore de
sabbat chrétien, comme si les sabbats de l’Éternel n’avaient pas été
choisis et ordonnés comme un signe pour qu’Israël puisse connaître
l’Éternel qui les sanctifiait. Mais nous chrétiens, nous nous tenons
sur la base d’une rédemption accomplie et d’une nouvelle création,
non pas de l’ancienne, et c’est pourquoi nous nous rassemblons le
premier jour de la semaine, non pas le dernier comme les Juifs.
Plusieurs ont trouvé une difficulté dans le v. 25 de notre chapitre,
depuis des temps immémoriaux, tant de la part des commentateurs
que des lecteurs de la Bible. Mais la solution se trouve dans le
simple principe que Dieu, dans Son gouvernement, châtie en
rétribution Son peuple coupable, et dit des fouets qu’ils sont Siens,
même quand ces instruments sont totalement étrangers à Ses
pensées et à Son cœur. Ceci est vrai même du Saint de Dieu, de
Christ lui-même qui, livré au rejet total et à la souffrance de la part
de l’homme, est dit avoir été frappé de Dieu (Ps. 69 ; Zach. 13).
C’est une erreur sérieuse et grave de penser que les statuts qui
n’étaient pas bons et les ordonnances par lesquelles ils ne
pouvaient vivre, seraient les statuts et les ordonnances de Dieu
dans lesquels ils étaient tenus de marcher dans l’obéissance. Cela
rendrait l’Écriture désespérément obscure, et ferait de Dieu l’auteur
du mal. Il n’en est pas ainsi : quel que soit le sort du pécheur,
l’apôtre parle avec la plus grande énergie pour prouver la misère
même de l’âme convertie dans ses efforts en vue du bien et contre
son propre mal sous la loi, et pour défendre celle-ci qui en soi est
sainte, juste et bonne (Rom. 7). Assurément le prophète juif et
l’apôtre Paul ne se contredisent point ; ce sont ceux qui interprètent
mal l’expression « des statuts qui n’étaient pas bons » qui ne
comprennent pas la question. Cette expression se réfère en réalité
à la servitude amère de Son peuple aux prescriptions corrompues
et destructives des païens, allant jusqu’à la démoralisation de leur
foyers et à la si cruelle consécration de leurs premiers nés à Moloch,
le « roi horrible ». C’est ainsi que, si eux profanaient le nom de Dieu
et Ses sabbats, Lui les rendait impurs dans leurs dons : telle était
l’immense dégradation d’Israël dès lors qu’ils se sont écarté du vrai
Dieu. Le verset 26 ne laisse dans mon esprit aucun doute quant à
la force réelle du verset 25.
« C’est pourquoi, fils d’homme, parle à la maison d’Israël, et dis-
leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Encore en ceci vos pères m’ont
outragé, en étant infidèles envers moi. Quand je les introduisis dans
le pays touchant lequel j’avais levé ma main de le leur donner, ils
ont regardé toute haute colline et tout arbre touffu, et là ils ont offert
leurs sacrifices, et là ils ont présenté la provocation de leur offrande,
et là ils ont placé leurs parfums agréables, et là ils ont répandu leurs
libations. Et je leur dis : Qu’est-ce que ce haut lieu où vous allez ?
et son nom a été appelé Bama, jusqu’à ce jour » (20:27-29). Leur
idolâtrie était déjà coupable en Égypte et dans le désert, mais elle
l’était davantage encore en Canaan et plus insultante pour Dieu.
Les faux cultes se perpétuent eux-mêmes, mais la vérité ne
subsiste que par la grâce (20:29).
« C’est pourquoi, dis à la maison d’Israël : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Ne vous rendez-vous pas impurs dans la voie de vos
pères, et ne vous prostituez-vous pas après leurs abominations ?
Et quand vous offrez vos dons, en faisant passer vos fils par le feu,
vous vous rendez impurs par toutes vos idoles jusqu’à aujourd’hui,
— et moi, je serais consulté par vous, maison d’Israël ? Je suis
vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, si je suis consulté par vous ! Et ce
qui monte dans votre esprit n’arrivera nullement, en ce que vous
dites : Nous serons comme les nations, comme les familles des
pays, en servant le bois et la pierre. Je suis vivant, dit le Seigneur,
l’Éternel, si je ne règne sur vous avec une main forte et un bras
étendu, et avec effusion de fureur, et si je ne vous fais sortir d’entre
les peuples, et ne vous rassemble hors des pays dans lesquels
vous êtes dispersés, avec une main forte et un bras étendu, et avec
effusion de fureur, et si je ne vous introduis dans le désert des
peuples, et là n’entre en jugement avec vous face à face ! Comme
je suis entré en jugement avec vos pères dans le désert du pays
d’Égypte, ainsi j’entrerai en jugement avec vous, dit le Seigneur,
l’Éternel ; et je vous ferai passer sous la verge, et vous introduirai
dans le lien de l’alliance ; et je séparerai d’entre vous les rebelles et
ceux qui se sont révoltés contre moi : je les ferai sortir du pays dans
lequel ils séjournent, mais ils n’entreront point dans la terre d’Israël ;
et vous saurez que je suis l’Éternel. Et vous, maison d’Israël ! ainsi
dit le Seigneur, l’Éternel : Allez, servez chacun vos idoles, à l’avenir
aussi, si aucun de vous ne veut m’écouter ; mais ne profanez plus
mon saint nom par vos dons et par vos idoles. Car en ma montagne
sainte, en la haute montagne d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel, là
me servira la maison d’Israël tout entière, dans le pays ; là je
prendrai plaisir en eux, et là je demanderai vos offrandes élevées et
les prémices de vos offrandes, dans toutes vos choses saintes »
(20:30-40). Dieu place avec insistance sur leurs consciences leur
péché continuel et odieux, par lequel ils déshonoraient l’Éternel de
la manière la plus anormale, les pères tout comme les fils. C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle Il ne pouvait être consulté par eux
par l’intermédiaire d’un prophète (20:30-31). Mais Dieu prendrait
soin qu’ils ne puissent pousser jusqu’au bout l’iniquité apostate de
leur cœur. Ils ne seraient pas, après tout, pareils aux païens, ils ne
réussiraient pas à rejeter le joug de l’Éternel pour servir le bois et la
pierre. Ils en avaient toute la culpabilité dans leurs pensées, mais
Dieu n’oublierait pas Son propre honneur, et ils en subiraient le
châtiment. « Je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, si je ne règne
sur vous avec une main forte et un bras étendu, et avec effusion de
fureur » (20:33). Est-ce seulement en jugement ? En jugement sans
doute, mais en vue de purifier Israël, et ce but serait bien atteint. Il
veut avoir Son peuple séparé des Gentils, quelles que soient les
apparences du cours naturel des évènements, et quelles que soient
les aspirations non seulement des Gentils, mais aussi d’Israël. Le
résultat sera que l’Éternel seul sera exalté, et cela quand les
hommes l’attendront le moins. Aussi sûrement que, sur terre, l’été
suit l’hiver, ainsi aussi la lumière succèdera aux ténèbres du jour de
l’homme. C’est pour cela qu’est gardé le peuple d’Israel, malgré lui
et malgré l’ennemi. Que Satan domine comme il veut, Dieu est au-
dessus de lui et règnera publiquement comme Il le fait actuellement
dans Sa providence cachée.
Mais c’est au verset 35 que nous trouvons une des indications
importante et particulière de cette nouvelle parole de l’Éternel. Il
n’est pas question ici du temple ni de Jérusalem, ni du dernier
rameau de la branche régnante d’où est sorti le feu qui a dévoré
son fruit (19:14), de sorte qu’il n’y a plus sur elle [la vigne] de
branche assez forte pour porter le sceptre royal, jusqu’à ce que
Shilo vienne (Gen. 49:10). Il s’agit ici du peuple dans son entier,
Israël plutôt que les Juifs. Cette indication sur leur avenir spécial est
du plus haut intérêt. C’est avec eux, et non avec le résidu dans le
pays et dans la ville, que Dieu repassera l’histoire du peuple élu.
Après les avoir rassemblés d’entre les peuples et les pays où ils
sont encore dispersés, à main forte et à bras étendu et avec effusion
de fureur, — non pas par des moyens paisibles, de morale ou
évangéliques, — Il les introduira dans le désert des peuples, et
plaidera, ou entrera en jugement avec eux face à face, comme il le
fit jadis avec leurs pères dans le désert du pays d’Égypte. Là Il les
passera en revue, comme le berger fait passer ses brebis sous la
verge, et Il les introduira dans le lien de l’alliance. C’est la grâce
souveraine, mais régnant par la justice. Alors les rebelles seront
séparés de l’Israël de Dieu, et ceux qui se sont révoltés contre
l’Éternel (car les Israëlites ne sont pas confondus avec les pécheurs
d’entre les Gentils) ne seront plus avec Son peuple. Il les fera sortir
du pays où ils séjournent, mais aucun d’eux n’entrera dans la terre
d’Israël. Quel contraste frappant avec le sort du résidu de Juda, qui
devra souffrir dans le pays pour ses péchés particuliers ! C’est là
qu’ils ont refusé le Christ de Dieu venu au nom du Père ; c’est là
qu’ils auront reçu l’Antichrist venu en son propre nom (Jean 5:43).
Comparer Zach. 11:16-17 ; 13:8-9 ; également Dan. 12:1 pour le
résidu et 12:2 pour l’ensemble du peuple parmi les Gentils, selon ce
que je comprends de chacun de ces versets.
Il était donc inutile pour les Israëlites, dans l’état où ils étaient, de
penser que leur culte était acceptable pour Dieu. Car la rébellion est
comme le péché de divination, et l’obstination comme une idolâtrie
(1 Sam. 15:23). S’ils ne voulaient pas écouter l’Éternel, il valait
mieux rester ouvertement dans le mal que de garder une apparence
tout à fait outrageante à Son égard : les dons reçus des hommes
dans cet état d’idolâtrie ne font que profaner Son nom. Mais Son
dessein demeure. « Car en ma montagne sainte, en la haute
montagne d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel, là me servira la maison
d’Israël tout entière, dans le pays ; là je prendrai plaisir en eux, et là
je demanderai vos offrandes élevées, et les prémices de vos
offrandes, dans toutes vos choses saintes » (20:40). Qui pourrait
soutenir un semblant d’interprétation cohérente selon laquelle cette
promesse aurait été accomplie ou même aurait commencé de
l’être ? Le peuple et le pays d’Israël seront alors saints, dans toute
la force du terme. Alors, et non pas avant, l’Éternel sera justifié
[sanctifié 20:41] aux yeux des nations au travers d’Israël. L’Évangile
annoncé depuis la mort et la résurrection de Christ fait contraste
avec cela ; car tous y sont traités pareillement, comme des
pécheurs perdus, et tous ceux qui croient, non seulement trouvent
une grâce qui ne fait aucune distinction, mais deviennent un nouvel
homme dans lequel il n’y a ni Juif ni Gentil. « En ce jour-là » dont le
prophète parle, la distinction Juif / Gentil réapparaîtra, et Israël
délivré de toutes ses idoles et de tous ses hauts lieux, adorera
l’Éternel son Dieu sur la montagne de Sa sainteté, sur la haute
montagne d’Israël.
« Je prendrai plaisir en vous comme en un parfum agréable, quand
je vous aurai fait sortir d’entre les peuples, et que je vous aurai
rassemblés des pays dans lesquels vous serez dispersés, et que je
serai sanctifié en vous aux yeux des nations. Et vous saurez que je
suis l’Éternel, quand je vous aurai fait entrer dans la terre d’Israël,
dans le pays touchant lequel j’ai levé ma main de le donner à vos
pères. Et là vous vous souviendrez de vos voies et de toutes vos
actions par lesquelles vous vous êtes rendus impurs, et vous aurez
horreur de vous-mêmes à cause de toutes vos iniquités, que vous
avez commises ; et vous saurez que je suis l’Éternel, quand j’agirai
envers vous à cause de mon nom, non pas selon vos mauvaises
voies et selon vos actions corrompues, ô maison d’Israël, dit le
Seigneur, l’Éternel » (20:41-44). Ils seront alors acceptés et
connaîtront l’Éternel, les promesses faites aux pères seront
accomplies, non seulement en nous qui croyons et qui irons au ciel
à la venue de Christ, mais dans les enfants d’Israël sur la terre, qui
alors se repentiront ; mais ils ne repentiront en fait qu’à cause de
Sa grâce qui agit librement et domine au-dessus du péché des
créatures, à cause de Lui-même : s’il n’en était pas ainsi, être un
pécheur serait être perdu sans remède ni espoir.

24 - Chapitre 21
Dans la version autorisée du roi Jacques, les versets 1 à 5 de ce
ch. 21 sont rattachés au ch. 20 en tant que v. 45 à 49 contrairement
au texte hébreu et à certaines versions anciennes.
Les cinq premiers versets nous montrent la conquête de la Judée
sous l’image d’une forêt en feu. Le prophète doit tourner sa face
vers le Sud [le Midi] et prophétiser à son sujet ; cela est répété sous
trois formes, avec emphase.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tourne
ta face vers le sud, et distille tes paroles contre le midi, et prophétise
contre la forêt des champs du midi, et dis à la forêt du midi : Écoute
la parole de l’Éternel : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’allume
en toi un feu qui consumera en toi tout bois vert et tout bois sec »
(21:1-3). Le jugement est exercé contre tous, forts ou faibles.
« La flamme flamboyante ne sera pas éteinte, et tout ce qu’elle
rencontrera en sera brûlé, du midi jusqu’au nord. Et toute chair verra
que moi, l’Éternel, je l’ai allumé ; il ne sera pas éteint » (21:3-4). La
manière complète dont le jugement est exercé montre que c’est la
main de l’Éternel.
« Et je dis : Ah, Seigneur Éternel ! ils disent de moi : Celui-ci ne
parle-t-il pas en paraboles ? » (21:5). La parole était assez claire,
mais l’homme trouve difficile à comprendre ce qu’il n’aime pas
entendre.
La communication suivante est cependant plus distincte et plus
complète (v. 6-12).
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tourne
ta face contre Jérusalem, et distille tes paroles contre les
sanctuaires, et prophétise contre la terre d’Israël, et dis à la terre
d’Israël : Ainsi dit l’Éternel : Voici, c’est à toi que j’en veux, et je
tirerai mon épée de son fourreau, et je retrancherai de toi le juste et
le méchant » (21:6-8). Il n’est plus parlé en images, mais en langage
ordinaire. Le carnage atteindrait tous sans distinction, non pas en
châtiment, mais en vengeance. Ce n’est plus un incendie, mais
l’épée.
« Parce que je retrancherai de toi le juste et le méchant, à cause de
cela mon épée sortira de son fourreau contre toute chair, du midi
jusqu’au nord ; et toute chair saura que moi, l’Éternel, j’ai tiré mon
épée de son fourreau : elle n’y retournera plus » (21:9-10). La
sentence irrévocable était lancée contre la Judée.
« Et toi, fils d’homme, gémis à te briser les reins, gémis avec
amertume devant leurs yeux » (21:11). Tous devaient y prendre
garde. Ce n’était pas un sujet secondaire, ni de l’affectation de la
part d’Ézéchiel. Dieu entendait que cela fût senti profondément, —
par le prophète d’abord, afin que les autres en aient de la crainte.
« Et il arrivera que, quand ils te diront : Pourquoi gémis-tu ? tu
diras : C’est à cause de la rumeur, car elle vient ; et tout cœur sera
défaillant, et toutes les mains deviendront lâches, et tout esprit
faiblira, et tous les genoux se fondront en eau. Voici, elle vient, elle
est là, dit le Seigneur, l’Éternel » (21:12). La certitude du jugement,
bien que jugement national, devait remplir d’angoisse très profonde
le cœur du prophète.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme,
prophétise, et dis : Ainsi dit l’Éternel : Dis : L’épée, l’épée est
aiguisée et aussi fourbie. C’est afin qu’elle égorge bien, qu’elle est
aiguisée ; c’est pour briller comme l’éclair, qu’elle est fourbie. Ou
bien nous réjouirions-nous, disant : Le sceptre de mon fils méprise
tout bois ? Et il l’a donnée à fourbir, pour qu’on la prenne dans la
main ; c’est une épée aiguisée, et elle est fourbie, pour la mettre
dans la main de celui qui tue. Crie et hurle, fils d’homme ! Car elle
sera contre mon peuple, elle sera contre tous les princes d’Israël :
ils sont livrés à l’épée avec mon peuple ; c’est pourquoi frappe sur
ta cuisse. Car l’épreuve est faite ; et quoi ?… si même le sceptre
méprisant n’existe plus ? dit le Seigneur, l’Éternel » (21:13-18).
Puis vient la direction : « Et toi, fils d’homme, prophétise, et frappe
tes mains l’une contre l’autre, et que les coups de l’épée redoublent
jusqu’à la troisième fois ; c’est l’épée des tués, l’épée qui a tué les
grands, et qui les environne. C’est afin que le cœur se fonde et que
les occasions de chute soient multipliées, que j’envoie l’épée
menaçante contre toutes leurs portes. Ah ! elle est faite pour briller
comme l’éclair, et affilée pour tuer. Ramasse tes forces, va à droite,
tourne-toi, va à gauche, où que ta face soit dirigée. Et moi aussi je
frapperai mes mains l’une contre l’autre, et je satisferai ma fureur.
Moi, l’Éternel, j’ai parlé » (21:19-22). Il est maintenant parlé d’eux
comme de grands hommes, non plus au figuré comme d’arbres,
secs ou verts. L’Éternel frapperait ses mains l’une contre l’autre, et
satisferait Sa fureur.
Puis avec une image particulièrement énergique du Chaldéen et de
ses augures, nous avons une nouvelle description de ce qui avait
attiré la colère de l’Éternel contre Jérusalem. « Et la parole de
l’Éternel vint à moi, disant : Et toi, fils d’homme, place devant toi
deux chemins par où vienne, l’épée du roi de Babylone : qu’ils
partent tous deux du même pays ; et fais-toi un indicateur, fais-le à
l’entrée du chemin d’une ville. Tu disposeras un chemin pour que
l’épée vienne à Rabba des fils d’Ammon, et un chemin en Juda,
pour que l’épée vienne à Jérusalem, la ville forte [Ni le roi ni le
peuple n’avaient confiance en l’Éternel]. Car le roi de Babylone se
tient au point d’embranchement de la route, à la tête des deux
chemins, pour pratiquer la divination : il secoue les flèches, il
interroge les images, il examine le foie. Dans sa droite est la
divination touchant Jérusalem, pour placer des béliers, pour qu’on
ouvre la bouche en cris de carnage, pour qu’on élève la voix en cris
de guerre, pour placer des béliers contre les portes, pour élever des
terrasses, pour bâtir des tours. Et ce sera pour eux, à leurs yeux,
une divination fausse, pour eux qui se sont engagés par serment ;
mais lui, il rappellera le souvenir de l’iniquité, pour qu’ils soient pris.
C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Parce que vous
rappelez en mémoire votre iniquité, en ce que vos transgressions
sont découvertes, de sorte que vos péchés paraissent dans toutes
vos actions ; parce que vous êtes rappelés en mémoire, vous serez
pris par sa main » (21:23-29). Le roi de Jérusalem était encore plus
perfide envers l’Éternel que le roi idolâtre de Babylone. Ce dernier
avait compté que Sédécias respecterait son serment, mais
Sédécias n’avait aucun respect de ce serment.
C’est pourquoi Sédécias est appelé un prince profane d’Israël, dont
le jour était venu au temps où l’iniquité prendrai fin (21:30).
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Ôte la tiare, et enlève la couronne ;
ce qui est ne sera plus. Élève ce qui est bas, et abaisse ce qui est
élevé. J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine ! Ceci aussi ne sera
plus, jusqu’à ce que vienne celui auquel appartient le juste
jugement, et je le lui donnerai » (21:31, 32). Le Messie viendra et
règnera, mais jusque là il y aura ruine, et seulement de la ruine. À
lui appartient le juste jugement.
Le chapitre se clôt avec une prophétie concernant les fils d’Ammon.
« Et toi, fils d’homme, prophétise, et dis : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel, touchant les fils d’Ammon et touchant leur opprobre ; et tu
diras : L’épée, l’épée est tirée, elle est fourbie pour la tuerie, pour
dévorer, pour briller, pendant qu’ils ont pour toi des visions de vanité
et qu’ils devinent pour toi le mensonge, pour te jeter sur les cous
des méchants qui sont tués, dont le jour est venu au temps de
l’iniquité de la fin. Remets-la dans son fourreau ! Je te jugerai au
lieu où tu fus créé, au pays de ton origine. Je verserai sur toi mon
indignation, je soufflerai contre toi le feu de mon courroux, et je te
livrerai en la main d’hommes brutaux, artisans de destruction. Tu
seras pour le feu, pour être dévoré ; ton sang sera au milieu du
pays ; on ne se souviendra pas de toi ; car moi, l’Éternel, j’ai parlé »
(21:33-37). Ce n’était pas une question d’un peuple seulement,
mais de deux. Jérusalem était le premier objet de la vengeance
destructrice, mais les fils d’Ammon n’échapperaient pas, et
tomberaient à leur tour. Le rejet du gouvernement de Dieu au
moyen de la loi aboutirait à la disparition complète d’Israël ; mais la
grâce interviendrait, et Dieu se réserverait en grâce de restaurer ce
qui était sans espoir, tant que les promesses étaient liées à des
conditions, car le peuple avait violé toutes les conditions, sans en
remplir aucune. Ils devaient être emmenés captifs, et le royaume
renversé, jusqu’à la venue du Messie. Mais les fils d’Ammon
seraient jugés dans leur propre pays. C’est une erreur de nier tant
leur captivité que leur restauration en son temps (comparer Jér.
49:6).

25 - Chapitre 22
Dans ce chapitre Jérusalem est accusée à fond, après que sa
violence et sa corruption, notamment son idolâtrie, sont exposées
et flétries. L’Éternel fait honte à cette ville, qui est un objet de raillerie
pour les hommes, auprès ou au loin. « Et la parole de l’Éternel vint
à moi, disant : Et toi, fils d’homme, jugeras-tu, jugeras-tu la ville de
sang ? et lui feras-tu connaître toutes ses abominations ? Tu diras :
Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Ville, qui verses le sang au milieu de
toi, afin que ton temps vienne, et qui as fait des idoles chez toi pour
te rendre impure, tu t’es rendue coupable par ton sang que tu as
versé, et tu t’es rendue impure par tes idoles que tu as faites, et tu
as fait approcher tes jours, et tu es parvenue à tes années : c’est
pourquoi je t’ai livrée à l’opprobre des nations et à la raillerie de tous
les pays. Ceux qui sont près et ceux qui sont loin de toi se
moqueront de toi, qui es impure de renommée, et pleine de
trouble » (22:1-5). Même les dignitaires de la loi, ceux qui
gouvernaient, donnaient l’exemple de l’iniquité sous toutes ses
formes, à tous les degrés et sous tout rapport. Qui s’étonnerait de
ce que le nom de Dieu fût blasphémé parmi les Gentils, quand les
Juifs violaient tous les commandements de la loi qui les gênaient,
aussi bien vis-à-vis de Dieu que vis-à-vis des hommes ? Cela est
détaillé en termes humiliants dans les versets 6 à 12, et cela se
termine par ce qui était aussi bien la cause que la conséquence de
toutes leurs autres iniquités : les Juifs avaient oublié l’Éternel.
« Et voici, j’ai frappé des mains contre ton gain déshonnête que tu
as fait, et contre le sang qui est versé au milieu de toi. Ton cœur
tiendra-t-il ferme, ou tes mains seront-elles fortes, aux jours où
j’agirai contre toi ? Moi, l’Éternel, j’ai parlé, et je le ferai. Et je te
disperserai parmi les nations, et je te disséminerai dans les pays, et
je consumerai du milieu de toi ton impureté. Et tu seras profanée
par toi-même aux yeux des nations, et tu sauras que je suis
l’Éternel » (22:13-16). Telle est l’expression de l’indignation divine.
Si les Juifs semblaient forts moralement et physiquement, où serait
leur force au jour où Dieu s’occuperait d’eux ? Aussi vrai que Sa
parole demeurerait, ils seraient dispersés par les pays, afin qu’au
moins là un terme fût mis à leur impureté, à défaut de Jérusalem, et
qu’ils prennent conscience et confessent à d’autres leur souillure
intérieure, apprenant à connaître l’Éternel comme jamais
auparavant.
Dans la suite du chapitre, nous trouvons une accusation encore plus
terrible s’il est possible. Si le chapitre précédent était la prophétie
de l’épée, celui-ci est celui de la fournaise. « Et la parole de l’Éternel
vint à moi, disant : Fils d’homme, la maison d’Israël est devenue
pour moi des scories ; eux tous sont de l’airain, et de l’étain, et du
fer, et du plomb, au milieu du fourneau ; ils sont devenus des
scories d’argent. C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Parce que vous êtes tous devenus des scories, à cause de cela,
voici, je vous rassemble au milieu de Jérusalem. Comme on
rassemble l’argent, et l’airain, et le fer, et le plomb, et l’étain, au
milieu d’un fourneau, pour souffler le feu dessus afin de les fondre,
ainsi je vous rassemblerai dans ma colère et dans ma fureur, et je
vous laisserai là, et je vous fondrai. Et je vous assemblerai, et je
soufflerai contre vous le feu de mon courroux, et vous serez fondus
au milieu de Jérusalem. Comme l’argent est fondu au milieu du
fourneau, ainsi vous serez fondus au milieu d’elle ; et vous saurez
que moi, l’Éternel, j’ai versé ma fureur sur vous » (22:17-22).
Quelles que puissent être les horreurs sanglantes liées à l’épée, le
feu de l’indignation divine ne peut que présager quelque chose de
pire pour ce monde ; mais la prophétie naturellement ne va pas plus
loin. Or il s’agissait de l’action de l’Éternel à cause des péchés de
Jérusalem, et non pas simplement celle des Gentils à cause de leur
puissance. La foi saisit cela, et s’incline devant Lui.
Les derniers versets abandonnant les images, s’expriment dans les
termes les plus clairs. « Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant :
Fils d’homme, dis-lui : Tu es un pays qui n’est pas purifié, qui n’est
pas arrosé de pluie au jour de l’indignation. Il y a une conjuration de
ses prophètes au milieu d’elle, comme un lion rugissant qui déchire
la proie ; ils dévorent les âmes, ils enlèvent les richesses et les
choses précieuses ; ils multiplient ses veuves au milieu d’elle. Ses
sacrificateurs font violence à ma loi et profanent mes choses
saintes ; ils ne font pas de différence entre ce qui est saint et ce qui
est profane, et ils ne font pas connaître la différence entre ce qui est
impur et ce qui est pur ; et ils cachent leurs yeux de mes sabbats,
et je suis profané au milieu d’eux. Ses princes, au milieu d’elle, sont
comme des loups qui déchirent la proie, pour verser le sang, pour
détruire les âmes, afin de faire un gain déshonnête. Et ses
prophètes leur ont fait des enduits de mauvais mortier, ayant des
visions de vanité et devinant pour eux le mensonge, disant : Ainsi
dit le Seigneur, l’Éternel, quand l’Éternel n’a point parlé. Le peuple
du pays pratique l’extorsion et commet la rapine, et foule l’affligé et
le pauvre ; et ils oppriment l’étranger contrairement à tout droit. Et
j’ai cherché parmi eux un homme qui fermât l’enceinte, et qui se tînt
à la brèche devant moi pour le pays, afin que je ne le détruisisse
pas ; mais je n’en ai point trouvé » (22:23-30). Coupable et livrée au
jugement, Jérusalem ressemble à un pays non cultivé par l’homme,
et privé des ressources naturelles de Dieu, un vrai désert moral. Les
prophètes qui conspiraient au milieu d’elle étaient comme des lions
rugissants et dévorants ; les sacrificateurs non seulement
pervertissaient la loi, mais profanaient le sanctuaire ; les princes ne
valaient pas mieux que des loups rapaces et assoiffés de sang en
vue d’un gain déshonnête. Rien de bon n’émergeait, où qu’on
regarde, en haut ou en bas. Les prophètes donnaient des
explications spécieuses sur les péchés des hommes, et prenaient
effrontément la parole de l’Éternel pour couvrir leurs mensonges ;
le peuple du pays de son côté, n’était pas protégé contre le mal
dans son abaissement, et se livrait à toute sorte de violence et de
rapine. L’Éternel ne trouvait pas un homme pour bâtir la muraille,
ou pour se tenir à la brèche devant Lui en faveur du pays. Hélas ! il
n’y en avait point ! « Et je verserai sur eux mon indignation ; dans le
feu de mon courroux je les consumerai, je ferai retomber leur voie
sur leur tête, dit le Seigneur, l’Éternel » (22:31).

26 - Chapitre 23
Le prophète continue à exposer le péché d’Israël, surtout celui de
Jérusalem. La sainte cité est comparée ici à Samarie, comme deux
sœurs issues d’un même parent, à savoir le peuple Juif. Elles
étaient aussi sœur dans leur iniquité idolâtre. Le mal est suivi à la
trace depuis sa première manifestation. Les idoles qui les avaient
séduits en Égypte les ont mis à découvert finalement devant
l’Assyrie et Babylone. Elles avaient manifesté leur infamie en
Égypte, et dans l’âge mûr elles avaient continué les péchés de leur
jeunesse. Leurs noms symboliques Ohola pour l’aînée, et Oholiba
pour sa sœur, signifient respectivement « sa propre tente » et « ma
tente en elle ». Le lecteur ne manquera pas d’observer combien ces
noms symboliques sont appropriés. Le culte de Samarie était celui
de la propre volonté, au mieux de l’imitation, mais en réalité
l’indépendance de l’Éternel ; à Jérusalem, le service divin avait été
ordonné de l’Éternel, comme Sa décision ; mais tous les deux lui
appartenaient quand même. « Elles étaient à moi, et elles
enfantèrent des fils et des filles ». L’usurpation de Jéroboam ne
détruisit pas les droits de l’Éternel, mais fut la cause du ministère
spécial d’Élie et Élisée, et d’autres encore, par la grâce de Dieu,
dans le but de les avertir pour autant que ce fut possible. L’aînée,
Ohola ou Samarie, montra vite que le mal ancien était toujours là
(23:5-8). L’adoration des veaux conduisit à pire, et amena
finalement le jugement exécuté par ceux mêmes qui en dernier lieu
l’avaient séduite et détournée de l’Éternel ; l’Assyrien exécuta le
jugement sur Samarie (23:9-10).
Jérusalem avait-elle été avertie ? La vue d’Ohola eut-elle un effet
favorable sur Oholiba ? Au contraire, « elle se corrompit plus qu’elle
dans ses amours passionnées ». La plus jeune et la plus favorisée
des deux sœurs suivit l’aînée, et le laisser-aller de son idolâtrie fut
encore plus grossier (23:11). Elle se passionna pour les fils de
l’Assyrie. « Et je vis qu’elle s’était rendue impure : elles suivaient
toutes deux la même voie » (23:13). Insatisfaite avec l’Assyrie, elle
se passionna pour les Chaldéens et leur culte idolâtre (23:16). Les
fils de Babylone la souillèrent ; mais s’ils la rendirent impure, son
âme se détacha d’eux(23:17). Il en est toujours ainsi là où manquent
la faveur et la volonté de Dieu. La proximité dans le mal est suivie
rapidement du dégoût mutuel. Mais hélas ! il y a pire. « Mon âme,
dit l’Éternel, se détacha d’elle, comme mon âme s’était détachée de
sa sœur ». Jérusalem fut livrée à un esprit réprouvé (23:19-20 ;
Rom. 1:28). À partir du verset 22, le Seigneur, l’Éternel, menace
Jérusalem.
« C’est pourquoi, Oholiba ! ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je
réveille contre toi tes amants, desquels ton âme s’est détachée, et
je les ferai venir contre toi de tous côtés : les fils de Babel, et tous
les Chaldéens, Pekod et Shoa, et Koa, tous les fils d’Assur avec
eux, tous beaux jeunes hommes, gouverneurs et chefs, grands
seigneurs et gens de renom, tous montés sur des chevaux. Et ils
viendront contre toi avec des armes, des chars et des roues, et avec
un rassemblement de peuples ; ils se placeront contre toi, tout
autour, avec le bouclier et l’écu et le casque ; et je leur commettrai
le jugement, et ils te jugeront selon leurs jugements. Et je mettrai
ma jalousie contre toi, et ils agiront envers toi avec fureur : ils te
couperont le nez et les oreilles ; et ce qui restera de toi tombera par
l’épée. Ils prendront tes fils et tes filles, et ce qui restera de toi sera
dévoré par le feu. Et ils te dépouilleront de tes vêtements, et
prendront les objets dont tu te pares ; et je ferai cesser en toi ton
infamie et ta prostitution qui date du pays d’Égypte ; et tu ne lèveras
plus tes yeux vers eux, et tu ne te souviendras plus de l’Égypte. Car
ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : voici, je te livre en la main de ceux
que tu hais, en la main de ceux dont ton âme s’est détachée ; et ils
agiront envers toi avec haine, et prendront tout ton travail, et te
laisseront nue et découverte ; et la nudité de tes débauches, et ton
infamie, et tes prostitutions, seront découvertes. Ces choses
t’arriveront, parce que tu t’es prostituée après les nations, parce que
tu t’es rendue impure par leurs idoles. Tu as marché dans le chemin
de ta sœur ; et j’ai mis sa coupe dans ta main » (23:22-31). Ceux-
là même avec lesquels elle commettait le péché, seraient ceux qui
la châtieraient, ils agiraient avec furie, la punissant sans
miséricorde, et en la chargeant de toutes les marques d’ignominie.
Le peuple idolâtre perdrait, suivant le symbole, son nez et ses
oreilles, et ses fils et ses filles lui seraient enlevés ; le feu et l’épée
feraient leur œuvre de destruction. Cette femme débauchée
s’enorgueillissait-elle de ses vêtements et de ses bijoux ?
Jérusalem en serait dépouillée entièrement, mais non pas en vain.
Sa méchanceté prendrait fin, et elle cesserait de regarder vers
l’Égypte. Juda ne souffrirait pas moins que les dix tribus rebelles.
Depuis le verset 32, le prophète reprend la coupe mentionnée au
verset 31, et applique cette figure dans toute son ampleur aux voies
judiciaires de l’Éternel envers Jérusalem.
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Tu boiras la coupe de ta sœur,
profonde et large ; tu seras en risée et en raillerie, car elle contient
beaucoup. Tu seras remplie d’ivresse et de chagrin ; ce sera une
coupe d’étonnement et de désolation, la coupe de ta sœur Samarie.
Tu la boiras, et tu la suceras, et tu en rongeras les morceaux, et tu
te déchireras les seins ; car j’ai parlé, dit le Seigneur, l’Éternel. C’est
pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Parce que tu m’as oublié
et que tu m’as jeté derrière ton dos, toi aussi porte ton infamie et tes
prostitutions » (23:32-35).
Ainsi le jugement de Juda si favorisée, dépasserait celui de
Samarie, car en vérité sa culpabilité était plus grande. La lie de la
coupe serait sucé, les morceaux seraient moulus avec les dents, et
les seins coupables seraient déchirés (23:34).
À partir du verset 36 à la fin, nous trouvons une comparaison qui
termine l’histoire des deux sœurs. Toutes deux étaient débauchées,
toutes deux chargées de sang. Elles avaient poussé leur adultère
idolâtre jusqu’à brûler leurs enfants à Moloch, souillant le sanctuaire
de l’Éternel et profanant Ses sabbats (23:38). « Voici ! elles ont fait
ainsi au milieu de ma maison » (23:39). Elles avaient utilisé tous les
moyens pour séduire ceux du dehors, pour le déshonneur de
l’Éternel, employant pour eux, d’une manière inique, l’encens et
l’huile de l’Éternel. Et comme Jérusalem avait cherché des
étrangers venant de loin, elle avait été jusqu’à courtiser les plus
vulgaires buveurs du désert (23:40-42). Ces deux femmes Ohola et
Oholiba étaient radicalement dépravées. Ce n’est pas Dieu
seulement, mais des hommes justes qui les jugeraient du jugement
des femmes adultères et du jugement de ceux qui versent le sang,
car c’est ce qu’elles étaient (23:45).
Leur jugement ne tarderait pas. La femme adultère devait être
lapidée jusqu’à la mort. « Car ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : On
fera monter contre elles un rassemblement d’hommes, et on les
livrera à la vexation et au pillage ; et le rassemblement les lapidera
avec des pierres, et ils les transperceront avec leurs épées ; ils
tueront leurs fils et leurs filles, et ils brûleront leurs maisons par le
feu. Et je ferai cesser l’infamie dans le pays ; et toutes les femmes
seront enseignées, et ne feront pas selon votre infamie. Et ils
mettront vos infamies sur vous, et vous porterez les péchés de vos
idoles et vous saurez que je suis l’Éternel » (23:46-49).

27 - Chapitre 24
Ce nouveau message de l’Éternel offre cette particularité que le
prophète note expressément le jour précis, non pas comme
d’habitude la date de communication de la prophétie, mais ici il y a
la date du commencement précis de l’accomplissement de la
prédiction. Comme précédemment, il compte le temps à partir de la
captivité de Jéhoïakin. Il fallait l’action d’une puissance supérieure,
pour faire connaître que le siège de Jérusalem commençait en ce
même jour-là : même quelqu’un lent d’esprit le comprendrait
facilement.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, en la neuvième année, au
dixième mois, le dixième jour du mois, disant : Fils d’homme, écris
pour toi le nom de ce jour, de ce propre jour : le roi de Babylone
s’approche contre Jérusalem, en ce jour même. Et propose une
parabole à la maison rebelle, et dis-leur : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Place la marmite, place-la, et verses-y aussi de l’eau.
Rassembles-y ses morceaux, tous les bons morceaux, la cuisse et
l’épaule ; remplis-la d’os choisis, prends du meilleur du menu bétail ;
et mets aussi dessous un tas de bois pour les os ; fais-la bien
bouillir, et que les os cuisent au-dedans d’elle. C’est pourquoi, ainsi
dit le Seigneur, l’Éternel : Malheur à la ville de sang, la marmite en
laquelle est sa rouille, et dont la rouille ne se détache pas ! Tires-en
morceau par morceau ; qu’on ne jette pas le sort sur elle ; car son
sang est au milieu d’elle : elle l’a mis sur le roc nu, elle ne l’a pas
versé sur la terre pour le couvrir de poussière. Pour faire monter la
fureur, pour exécuter la vengeance, j’ai mis son sang sur le roc nu,
pour qu’il ne soit pas couvert » (24:1-8).
La marmite remplie de morceaux de viande et des meilleurs os, bien
bouillis, est l’image terrible que l’Éternel explique plus loin, en
faisant allusion à leur vanterie naïve en rapport avec la sécurité
dans Jérusalem (chap. 11). Comme la chair ne se confie jamais en
Dieu pour la vie éternelle ni pour la rémission complète des péchés,
ainsi la simple religiosité est portée à présumer de l’indéfectibilité
de Dieu par rapport à ses promesses sans tenir le moindre compte
de Sa volonté et de Sa gloire, et du déshonneur évident porté à Son
nom et à Sa parole. Mais les hommes trompent leurs âmes, comme
le faisaient les Juifs ici, eux sur qui allait tomber un jugement sans
distinction : « Qu’on ne jette pas le sort sur elle » (24:6). Aucun ne
pouvait échapper au châtiment. L’Éternel se devait d’agir dans Sa
rétribution à cause du péché de Jérusalem, notamment le péché
quant au sang, qui était profondément invétéré et commis sans
vergogne, sans chercher à se cacher ; or le péché quant au sang
était une offense d’autant plus grande en Israël qu’ils savaient
combien Dieu maintenait le caractère sacré de la vie dans l’homme,
image de Dieu, — vérité oubliée très tôt par les Gentils, puis perdue.
Dans les versets 9-14 nous voyons que Jérusalem serait prise et
détruite ; il ne s’agissait pas de quelque chose de superficiel, et la
description qui nous en est donnée poursuit l’allégorie précédente.
Maintenant l’Éternel fait savoir que non seulement les os seront
brûlés, mais que la ville elle-même, sous l’image de la marmite, sera
placée vide sur les charbons, de façon que l’airain devienne brûlant
et que sa saleté [son impureté] soit fondue au milieu d’elle, et que
ses scories (*) soit consumées au-dedans d’elle.
(*) note Bibliquest : ou : crasse, rouille dans la version JND
« Elle s’est lassée de fraudes, et la grandeur de ses scories ne s’en
va pas : au feu ses scories ! Dans ton impureté, il y a de l’inceste :
parce que je t’ai purifiée et que tu ne veux pas être purifiée, tu ne
seras plus purifiée de ton impureté, jusqu’à ce que j’aie satisfait sur
toi ma fureur (*). Moi, l’Éternel, j’ai parlé : cela arrivera, et je le ferai ;
je ne reculerai point, et je n’aurai point de compassion, et je ne me
repentirai pas. On te jugera selon tes voies et selon tes actions, dit
le Seigneur, l’Éternel » (24:12-14). Les mesures disciplinaires
n’avaient plus été exercées depuis longtemps, le gouvernement
conforme à Sa loi avait été méprisé. Les maraudeurs les plus
arrogants et les plus cruels de la terre allaient venir et exécuter le
décret divin qui était maintenant fixé.
(*) note Bibliquest : La traduction JND des v. 12 et 13 est la
suivante : « Elle a lassé les efforts, et la rouille dont elle est
pleine ne se détache pas : — au feu sa rouille ! Il y a de l’infamie
dans ton impureté ; puisque je t’ai purifiée, et tu n’es point
pure. Tu ne seras plus purifiée de ton impureté, jusqu’à ce que
j’aie satisfait sur toi ma fureur ».
Dieu appelle ensuite le prophète à éprouver pour lui-même la
crainte d’une plaie de Dieu le frappant au plus intime de ses
affections, pour que, s’il était possible, les captifs du Kébar soient
forcés de sentir la gravité de la crise et du reniement du vrai Dieu,
qui avait amené le jugement sur les Juifs. « Et la parole de l’Éternel
vint à moi, disant : Fils d’homme, voici, je vais t’ôter, par une plaie,
le désir de tes yeux ; et tu ne mèneras pas deuil, et tu ne pleureras
pas, et tes larmes ne couleront pas. Gémis en silence : tu ne feras
point le deuil des morts. Enroule ton turban sur toi, et mets tes
sandales à tes pieds, et ne couvre pas ta barbe, et ne mange pas
le pain des hommes. — Et je parlai au peuple le matin, et ma femme
mourut le soir ; et, le matin, je fis comme il m’avait été commandé »
(24:15-18).
Cette affliction soudaine qui frappe Ézéchiel chez lui sans
manifestation d’aucun signe de deuil de sa part, ne passe pas
inaperçue. « Et le peuple me dit : Ne nous déclareras-tu pas ce que
signifient pour nous ces choses que tu fais ? Et je leur dis : La parole
de l’Éternel est venue à moi, disant : Dis à la maison d’Israël : Ainsi
dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je profane mon sanctuaire, l’orgueil
de votre force, le désir de vos yeux, et l’affection de votre âme ; et
vos fils et vos filles que vous avez laissés en arrière tomberont par
l’épée. Et vous ferez comme j’ai fait : vous ne couvrirez point votre
barbe et vous ne mangerez pas le pain des hommes ; et vos turbans
seront sur vos têtes, et vos sandales à vos pieds ; vous ne mènerez
pas deuil et vous ne pleurerez pas, mais vous vous consumerez
dans vos iniquités, et vous gémirez l’un vis-à-vis de l’autre » (24:19-
23). L’acte d’Ézéchiel est comme un nouvel oracle ; il est expliqué
au peuple avec l’information que Dieu voulait leur apprendre le
malheur sans pareil par lequel ils passeraient et qui ne laisseraient
point de place aux pleurs ou à un deuil ordinaire. Une destruction si
impétueuse commençait que l’Éternel profanait Lui-même Son
sanctuaire par le jugement, comme eux l’avaient profané par leurs
transgressions et leurs abominations, au point qu’il ne leur restait
plus qu’à dépérir dans leurs iniquités et à gémir l’un vis-à-vis de
l’autre. Quel tableau du désespoir quand la douleur est trop
profonde pour que les larmes coulent, et que le sentiment de la
culpabilité envahit les hommes et les oblige à abandonner toute
espérance !
Il n’est pas juste de dire que les écrivains sacrés introduisaient leurs
propres noms dans leurs prophéties. Ceux qui parlent ainsi, croient-
ils qu’ils étaient inspirés dans le vrai et plein sens du terme ? Si oui,
c’est Dieu qui les conduisait et les autorisait à le faire, comme ici
Ézéchiel. « Ézéchiel sera pour vous un signe : selon tout ce qu’il a
fait, vous ferez. Quand cela arrivera, vous saurez que je suis le
Seigneur, l’Éternel. Et toi, fils d’homme, au jour où je leur ôterai ce
qui a été leur confiance, la joie de leur ornement, le désir de leurs
yeux, et ce que recherchent leurs âmes, leurs fils et leurs filles, en
ce jour-là celui qui sera réchappé ne viendra-t-il pas vers toi pour le
faire entendre à tes oreilles ? En ce jour-là ta bouche sera ouverte
avec le réchappé, et tu parleras et tu ne seras plus muet ; et tu seras
pour eux un signe, et ils sauront que je suis l’Éternel » (24:24-27).

28 - Chapitre 25
Nous avons maintenant un message de l’Éternel qui, tout en étant
lié à la prophétie précédente faite à Israël, et surtout Jérusalem,
forme une transition naturelle pour passer aux nations étrangères
qui tombent les unes après les autres sous le même jugement divin
(ch. 26 à 32). Ammon et Moab avaient une origine malheureuse et
humiliante qui leur donnait une sorte de parenté bâtarde avec
Israël ; Édom, plus noble d’après la chair, n’en était pas plus proche
spirituellement ; il était même l’ennemi le plus acharné ; quant aux
Philistins, sans relation de ce genre avec Israël, avaient la
particularité d’être raccrochés aux frontières sud-ouest du pays,
bien qu’étant des Gentils et les plus cruels des oppresseurs d’Israël,
jusqu’à ce que David les abatte. Le prophète a ici une parole de la
part de l’Éternel contre chacun d’eux.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tourne
ta face contre les fils d’Ammon, et prophétise contre eux, et dis aux
fils d’Ammon : Écoutez la parole du Seigneur, l’Éternel ! Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Parce que tu as dit : Ha ha ! contre mon
sanctuaire, quand il a été profané, et contre la terre d’Israël quand
elle a été désolée, et contre la maison de Juda, quand elle est allée
en captivité : à cause de cela, voici, je te donne en possession aux
fils de l’orient, et ils établiront chez toi leurs parcs, et placeront chez
toi leurs demeures ; ils mangeront tes fruits et boiront ton lait. Et je
ferai de Rabba un pâturage pour les chameaux, et du pays des fils
d’Ammon un gîte pour le menu bétail ; et vous saurez que je suis
l’Éternel. Car ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Parce que tu as battu
des mains et que tu as frappé du pied, et que tu t’es réjoui dans tout
le mépris que tu avais en ton âme contre la terre d’Israël, — à cause
de cela, voici, j’étendrai ma main sur toi et je te livrerai en proie aux
nations, et je te retrancherai d’entre les peuples, et je te ferai périr
d’entre les pays ; je te détruirai, et tu sauras que je suis l’Éternel
(25:1-7).
La question se pose de savoir qui sont ces fils de l’Orient ; certains,
tant Juifs que chrétiens, pensent qu’il s’agit des Chaldéens.
Theodoret me semble plus correct lorsqu’il y voit les Ismaélites qui,
lors du grand bouleversement de l’état d’Israël par Nébucadnetsar,
devaient planter leurs tentes et garder leur menu et gros bétail, en
bref, passer leur vie nomade dans le pays de ceux qui triomphaient
devant la profanation du sanctuaire de l’Éternel, la désolation du
pays d’Israël et la captivité de Juda. Peut-être est-ce la première
pensée qui a influencé les traducteurs de la version autorisée du roi
Jacques lorsqu’ils ont rendu par « palaces » ce qui est plus
exactement des « parcs » ou des « campements » ou « villages ».
C’était un choc plus grand de devenir la possession des Bédouins
nomades, que de tomber normalement sous les tours, la force et
l’habileté des Babyloniens. Les fils d’Ammon ont été détruits, d’une
manière irréparable pour l’homme, malgré toute l’histoire passée
des Grecs et des Romains.
Mais ils n’y a pas qu’eux. Moab n’était pas moins hostile. Leurs
repaires, leurs fières fortifications devaient se révéler vaines quand
le temps de Dieu viendrait, et il allait bientôt venir. « Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Parce que Moab et Séhir ont dit : Voici, la
maison de Juda est comme toutes les nations ; à cause de cela,
voici, j’ouvre le côté de Moab par les villes, par ses villes, jusqu’à la
dernière, la gloire du pays, Beth-Jeshimoth, Baal-Méon, et
Kiriathaïm ; je l’ouvre aux fils de l’orient, avec le pays des fils
d’Ammon ; et je le leur donnerai en possession, afin qu’on ne se
souvienne plus des fils d’Ammon parmi les nations ; et j’exécuterai
des jugements sur Moab ; et ils sauront que je suis l’Éternel » (25:8-
11). Combien il est vrai que Dieu résiste aux orgueilleux (1 Pier.
5:5) ! Nous avons entendu l’orgueil de Moab (Jér. 48:29 ; És. 16:6)
que Dieu ressentait d’autant plus qu’ils avaient osé dire, comme s’ils
avaient été heureux de le croire, que : « la maison de Juda est
comme toutes les nations » (25:8). Or elle ne l’était ni dans ses
privilèges, ni dans son châtiment, mais seulement dans ses péchés,
hélas ! Ce n’était pas cette conformité dans le péché que Moab
n’aimait pas, mais bien la miséricorde que Dieu leur avait
témoignée, et l’appel qu’ils avaient reçu à être à la tête des nations,
comme témoins de l’Éternel ; c’est pourquoi Dieu exécutait ses
jugements sur Moab afin qu’ils Le connaissent. C’est le Dieu d’Israël
qui gouverne les nations.
Séhir avait été associé à Moab ; mais la haine implacable d’Édom
doit avoir une place à part. « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : À cause
de ce qu’Édom a fait quand il s’est vengé cruellement de la maison
de Juda, et parce qu’il s’est rendu fort coupable en se vengeant
d’eux, — à cause de cela, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : J’étendrai
ma main aussi sur Édom, et j’en retrancherai hommes et bêtes, et
j’en ferai un désert depuis Théman, et, jusqu’à Dedan, ils tomberont
par l’épée ; et j’exercerai ma vengeance sur Édom par la main de
mon peuple Israël ; et ils agiront en Édom selon ma colère et selon
ma fureur ; et ils connaîtront ma vengeance, dit le Seigneur,
l’Éternel » (25:12-14). Édom n’aurait-il pas dû être attristé à cause
de son frère ? Au contraire, il prit motif de sa ruine par les Gentils
pour se venger de ses vielles rancunes. Mais on ne se moquait pas
plus de Dieu alors que maintenant, et dans ce cas particulier, Dieu
exécutera Sa vengeance sur Édom par la main de Son peuple
Israël : « et ils agiront en Édom selon ma colère et selon ma fureur ;
et ils connaîtront ma vengeance » (non, pas simplement « que je
suis l’Éternel ») « dit le Seigneur, l’Éternel » (25:14).
Des étrangers étaient-ils venus de Crète s’établir dans le pays des
Philistins pour harceler et opprimer Israël ? S’étaient-ils levés pour
venger leurs anciennes rancunes alors qu’ils n’avaient pas pu le
faire au temps de leur ancienne grandeur ? Dieu n’y était pas
indifférent. « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : À cause de ce que les
Philistins ont fait par vengeance, et parce qu’ils se sont vengés
cruellement, dans le mépris de leurs âmes, pour détruire par une
inimitié perpétuelle, — à cause de cela, ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Voici, j’étends ma main sur les Philistins, et je retrancherai
les Keréthiens, et je ferai périr le reste qui est sur le bord de la mer ;
et j’exercerai sur eux de grandes vengeances par des châtiments
de fureur ; et ils sauront que je suis l’Éternel, quand j’exécuterai sur
eux ma vengeance » (25:15-17). La menace de jugements divins
est ici particulièrement forte. C’est une chose terrible que de tomber
entre les mains du Dieu vivant, lorsqu’il venge son peuple de ses
ennemis arrogants et méprisants.

29 - Chapitre 26
Une autre ville de l’Occident, d’importance exceptionnelle, avait
attiré le déplaisir et le jugement de l’Éternel : la cité renommée de
Tyr. C’est une leçon d’autant plus sérieuse que Tyr ne semble pas
avoir été animée d’hostilité pure et simple contre Israël. C’était plutôt
de l’avidité commerciale, qui voyait une occasion de tirer des
avantages des désastres du peuple élu. Cela avait entraîné cette
ville dans un antagonisme contre Israël que l’Éternel ressentait. Le
fait que Dieu châtie Son peuple n’excuse pas la convoitise égoïste
qui voudrait profiter de ses difficultés et de sa chute. Le prophète
l’indique ici.
« Et il arriva, la onzième armée, le premier jour du mois, que la
parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, parce que Tyr
a dit, touchant Jérusalem : Ha ha ! elle est brisée, la porte des
peuples ! elle est tournée vers moi ; je serai remplie ; elle a été
rendue déserte ; … à cause de cela, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Voici, j’en veux à toi, Tyr ! et je ferai monter contre toi des nations
nombreuses, comme la mer fait monter ses flots. Et elles détruiront
les murs de Tyr et renverseront ses tours ; et je balayerai d’elle sa
poussière, et je ferai d’elle un rocher nu. Elle sera un lieu pour
étendre les filets, au milieu de la mer ; car j’ai parlé, dit le Seigneur,
l’Éternel ; et elle deviendra la proie des nations ; et ses filles qui sont
dans la campagne seront tuées par l’épée ; et ils sauront que je suis
l’Éternel » (26:1-6). Tyr avait dit de Jérusalem qu’elle était brisée, et
« je serai remplie ; elle a été rendue déserte ». L’Éternel lui répond :
« J’en veux à toi, ô Tyr, et je ferai monter contre toi des nations
nombreuses ». La ruine est prononcée, sa poussière même sera
raclée, elle sera comme un rocher nu où l’on étend les filets au
milieu de la mer, et ses filles (je suppose les colonies qu’elle a
plantée) tomberont par l’épée dans la campagne. Ainsi elle
connaîtra qu’Il est l’Éternel.
« Car ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je fais venir du nord,
contre Tyr, Nebucadretsar, roi de Babylone, le roi des rois, avec des
chevaux, et des chars, et des cavaliers, et un rassemblement et un
peuple nombreux. Tes filles qui sont dans la campagne, il les tuera
par l’épée ; et il établira contre toi des tours ; et il élèvera contre toi
des terrasses ; et il lèvera le bouclier contre toi ; et il placera ses
machines de siège contre tes murailles, et démolira tes tours avec
ses pointes de fer. À cause de la multitude de ses chevaux, leur
poussière te couvrira ; tes murailles trembleront au bruit de la
cavalerie, et des roues et des chars, quand il entrera par tes portes
comme on entre dans une ville ouverte par la brèche. Sous le sabot
de ses chevaux il foulera toutes tes rues ; il tuera ton peuple par
l’épée, et les colonnes de ta force tomberont par terre. Et ils feront
une proie de tes richesses, et pilleront tes biens, et renverseront tes
murs, et abattront tes maisons de plaisance ; et ils mettront tes
pierres, et ton bois, et ta poussière, au milieu des eaux. Et je ferai
cesser le bruit de tes chansons, et le son de tes harpes ne sera plus
entendu. Et je ferai de toi un rocher nu ; tu seras un lieu pour étendre
les filets ; et tu ne seras plus bâtie ; car moi, l’Éternel, j’ai parlé, dit
le Seigneur, l’Éternel » (26:7-14). La grande puissance impériale du
monde mettrait fin à ces villes essaimées par Tyr, et investirait ce
centre de commerce des nations avec tous les engins nécessaires
à un siège ; elle démolirait ses murailles et ses tours avec ses
haches et engins de guerre : elle réussirait certainement, et les
Tyriens seraient massacrés, et les richesses et les marchandises
de la ville seraient pillées. Il est possible que le « ils » du verset 12
aille au-delà de Nébucadnetsar, et comprenne Alexandre le Grand,
dont la vengeance fut encore plus complète, et qui éparpilla dans
les eaux de la mer les pierres, le bois et jusqu’à la poussière de Tyr.
Aucune renaissance n’était plus possible après cela.
En outre, l’effet moral parmi les nations fut immense. Les versets
de conclusion (v. 15-18) le décrivent. « Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel, à Tyr : Les îles ne trembleront-elles pas au bruit de ta
chute, au gémissement de tes blessés à mort, quand le carnage se
fera au milieu de toi ? Et tous les princes de la mer descendront de
leurs trônes, et ôteront leurs robes, et dépouilleront leurs vêtements
de broderie ; ils se revêtiront de frayeur, ils s’assiéront sur la terre,
et ils trembleront à tout moment et seront dans la stupeur à cause
de toi. Et ils élèveront une complainte sur toi, et te diront : Comment
as-tu péri, toi qui étais habitée par ceux qui venaient des mers, ville
célèbre qui étais puissante sur la mer, toi et tes habitants qui
répandiez votre terreur sur tous ceux qui habitent en elle ?
Maintenant les îles tremblent au jour de ta chute, et les îles qui sont
dans la mer seront troublées à cause de l’issue de ta voie » (26:15-
18). Les puissances commerciales devaient éprouver tout
particulièrement la ruine complète d’une ville si renommée et si
puissante sur les mers. Aussi nous est-il dit que les îles tremblèrent
au bruit de sa chute. Car beaucoup des riches s’enfuient, les autres
restant pour être détruits.
« Car ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Quand je ferai de toi une ville
déserte, comme sont les villes qui ne sont pas habitées ; quand je
ferai monter sur toi l’abîme, et que les grandes eaux te couvriront,
alors je te ferai descendre avec ceux qui descendent dans la fosse,
vers le peuple d’autrefois, et je te ferai habiter dans les lieux bas de
la terre, dans les lieux désolés de tout temps, avec ceux qui
descendent dans la fosse, afin que tu ne sois plus habitée, et que
je mette la gloire dans la terre des vivants. Je ferai de toi une terreur,
et tu ne seras plus ; et on te cherchera, et on ne te trouvera plus, à
jamais, dit le Seigneur, l’Éternel » (26:19-21). La destruction de Tyr
devait être complète. Quelle que soit l’importance de sa position (il
semblait que sa réussite passée invitait à reconstruire un pareil
centre de commerce), tout espoir de relèvement serait vain de la
part de l’homme, car le Seigneur dit : « Je ferai de toi une terreur, et
tu ne seras plus ; et on te cherchera et on ne te trouvera plus à
jamais, dit le Seigneur, l’Éternel » (26:21). Ainsi devait périr la
splendeur d’une cité dont la renommée s’étendait très loin parmi
tous les pays, amassant et propageant les richesses sur toutes les
mers et les terres des Gentils. Tel doit être le jugement de ceux qui,
par appât du gain, veulent se mêler des affaires d’Israël même dans
sa désolation.

30 - Chapitre 27
Ce chapitre nous offre un tableau vivant et frappant du commerce
de Tyr.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Et toi, fils d’homme,
élève une complainte sur Tyr, et dis à Tyr : Toi qui demeures aux
avenues de la mer, qui trafiques avec les peuples dans beaucoup
d’îles, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Tyr, tu as dit : Je suis parfaite
en beauté » (27:1-3). Cette complainte se transforme bientôt en
allégorie, et elle s’adresse à Tyr personnellement. Sa position est
exposée de façon pittoresque, tout comme son auto-satisfaction.
Depuis le verset 4 l’allégorie compare Tyr à un navire, ce qui est en
harmonie de manière frappante avec le caractère particulier de
cette ville. « Tes frontières sont au cœur des mers ; ceux qui t’ont
bâtie ont rendu ta beauté parfaite. Avec le cyprès de Senir [le sud
de l’Anti-liban] ils construisaient tous tes doubles bordages ; ils
prenaient le cèdre du Liban pour faire ta mâture ; avec les chênes
de Basan ils faisaient tes rames, etc. ». On a ensuite la description
des ponts du navire en ivoire des îles de Kittim, des voiles en fin lin
brodé ou en coton d’Égypte, du bleu et de la pourpre des côtes
d’Élisha — tels étaient les ornements du navire.
Les versets 8-11 nous montrent l’équipage, les pilotes, les
marchands, les matelots, les soldats. « Les habitants de Sidon et
d’Arvad étaient tes rameurs. Tes sages, ô Tyr, qui étaient en toi,
étaient tes pilotes. Les anciens de Guebal et ses sages étaient en
toi, réparant tes fissures ; tous les navires de la mer et leurs marins
étaient chez toi, pour faire trafic avec toi. La Perse, et Lud, et Puth,
étaient dans ton armée tes hommes de guerre ; ils suspendaient
chez toi le bouclier et le casque, ils faisaient ta splendeur. Les fils
d’Arvad et ton armée étaient tout autour sur tes murailles, et tes
guerriers étaient dans tes tours ; ils suspendaient leurs boucliers à
tes murailles tout autour, ils rendaient parfaite ta beauté » (27:8-11).
Ses voisins sont supposés être les marins et les pilotes, avec des
mercenaires de Perse à l’Orient, de Lud et de Puth à l’occident. Tyr
les mettait tous à contribution et aimait à rassembler les plus
lointains sous sa bannière.
Avec le verset 12, nous entrons dans son commerce avec
l’étranger, en commençant par la ville même de Tarsis, et en
finissant au v. 25 par ses navires. Dans ces temps anciens, Tarsis
semble avoir donné son nom aux vaisseaux qui naviguaient partout,
ou ceux des voyages au long cours, un peu comme les
« Indiamen » qui étaient les navires faisant le service des Indes
Orientales pour l’Angleterre du 19° siècle. « Tarsis commerçait avec
toi pour l’abondance de tous biens ; d’argent, de fer, d’étain, et de
plomb, ils fournissaient tes marchés » (27:12). Puis au verset 13
vient une toute autre catégorie de marchandises : « Javan, Tubal et
Méshec étaient tes marchands ; ils fournissaient à ton trafic des
âmes d’hommes et des ustensiles d’airain » (27:13). Nous passons
ici de l’ouest à l’extrême orient. Puis au v. 14, nous avons l’Arménie
du Nord : « De la maison de Togarma ils fournissaient tes marchés
en chevaux, et en cavaliers, et en mulets » (27:14). Puis on passe
au Sud : « Les fils de Dedan étaient tes marchands ; de
nombreuses îles étaient en relation de commerce avec toi ; elles te
donnaient en retour des dents d’ivoire et de l’ébène » (27:15). Enfin
on arrive à la Syrie (si c’est bien là la leçon, car 15 manuscrits
lisent Édom) qui fournissait les marchés de Tyr avec les émeraudes
(ou : escarboucles), la pourpre, la broderie, le fin lin (ou : coton), le
corail et le rubis (27:16).
Tyr avait aussi des relations avec Juda et le pays d’Israël : « Juda
et le pays d’Israël étaient tes marchands ; ils fournissaient à ton
trafic du froment de Minnith, et de la pâtisserie, et du miel, et de
l’huile, et du baume » (27:17) Il semble que Damas achetait les
marchandises Tyriennes et lui donnait en échange du vin d’Alep
(ou : Helbon) et de la laine blanche.
Le v. 19 semble mettre particulièrement ensemble Dan et Javan
d’Uzal (la version autorisée du roi Jacques traduit Uzal par « allant
et venant »). Il semble contraire à l’analogie que la conjonction de
coordination commence le verset. C’est pourquoi certains, au lieu
de traduire « Dan aussi », disent « Dedan et Javan » [JND dit
« Vedan et Javan »]. D’autres se sont décidé pour « Aden ». Il
semble que des localités d’Arabie soient visées ici, comme aussi
peut-être le second Dedan du v. 20. L’Arabie et tous les princes de
Kédar faisaient le commerce d’agneaux, de béliers et de boucs, et
les marchands de Sheba et de Rhama fournissaient les marchés de
Tyr avec les aromates excellents, toutes les pierres précieuses et
l’or. Puis viennent les négociants de toute la Mésopotamie. De ces
sources orientales, ils tiraient leurs objets de luxe, la pourpre, les
tissus damassés et brodés, le tout mis en caisse dans les navires
de Tarsis, le grand moyen de transport de l’ancien monde. Au lieu
de l’expression singulière de la version autorisée du roi Jacques
« les navires de Tarsis te chantaient dans tes marchés », il y a de
bonnes autorités pour comprendre « les navires de Tarsis étaient
tes murs, ton commerce » [JND donne : « Les navires de Tarsis
étaient tes caravanes, pour ton trafic »]
Mais aucune surabondance du dehors, aucune gloire, fusse-t-elle
au cœur des mers, ne peut résister à la parole de l’Éternel. Le jour
de Tyr était venu. « Tes rameurs t’ont amenée dans de grandes
eaux ; le vent d’orient t’a brisée au cœur des mers » (27:26). À partir
de ce v. 26 commence la description de la ruine de Tyr par le
prophète. Nous retrouvons là l’allégorie du début. Tyr est un navire
qui s’effondre en mer, et Nébucadnetsar est le vent d’Orient qui la
bouleverse. « Tes richesses et tes échanges, ton trafic, tes marins
et tes pilotes, ceux qui réparent tes fissures, et ceux qui font trafic
avec toi, et tous tes hommes de guerre qui sont en toi, et toute ta
multitude qui est au milieu de toi, tomberont au cœur des mers, au
jour de ta chute » (27:27).
Tyr avait eu une croissance lente et progressive jusqu’à ce degré
de commerce immense et concentré, mais combien elle est vite
tombée en ruine sous les coups de Nébucadnetsar, puis d’une
manière irrémédiable sous ceux d’Alexandre-le-Grand ! « Les lieux
ouverts trembleront au bruit du cri de tes pilotes. Et tous ceux qui
manient la rame, les marins, tous les pilotes de la mer, descendront
de leur navires ; ils se tiendront sur la terre, et feront entendre leur
voix sur toi, et crieront amèrement ; et ils jetteront de la poussière
sur leurs têtes, ils se rouleront dans la cendre ; et ils se rendront
chauves à cause de toi, et se ceindront de sacs, et pleureront sur
toi avec amertume d’âme, avec un deuil amer. Et dans leur
gémissement ils élèveront sur toi une complainte, ils se lamenteront
sur toi : Qui fut comme Tyr, comme celle qui est détruite au milieu
de la mer ? Par les débouchés de tes marchés au-delà des mers,
tu as rassasié beaucoup de peuples ; par l’abondance de tes
richesses et de ton trafic, tu as enrichi les rois de la terre. Au temps
où tu as été brisée par les mers dans les profondeurs des eaux, ton
trafic et toute ta multitude au milieu de toi sont tombés. Tous les
habitants des îles sont dans la stupeur à cause de toi, et leurs rois
frémiront d’horreur, leurs visages sont agités. Les marchands parmi
les peuples ont sifflé sur toi ; tu es devenue une terreur, et tu ne
seras plus, à jamais » (27:28-36). Le deuil amer et universel sur
cette ruine rappelle celui décrit en Apocalypse (ch. 18) au sujet
d’une autre ville bien plus corrompue, car elle est la corruption de
ce qui était incomparablement plus excellent au temps du Nouveau
Testament ; son jugement est encore suspendu, mais viendra
certainement, car le Seigneur Dieu qui la juge est puissant.

31 - Chapitre 28
Ce ch. 28, le troisième de cette série, termine ce qui est mis à
charge contre Tyr, et ajoute une courte accusation contre Sidon, sa
cité mère, généralement inférieure en puissance et en splendeur à
sa fille, distante de moins de quarante kilomètres. Chacune a ses
caractéristiques distinctes : la première manifesta le plaisir
éphémère d’une grande ville commerçante à l’occasion de la chute
de Jérusalem ; la seconde vit son commerce ultra-concentré réduit
soudainement à néant au milieu de la consternation générale des
hommes ; pareillement ici « le prince de Tyr » vient sur le devant de
la scène, avec l’irrémédiable chute de son orgueil.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, dis au
prince de Tyr : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Parce que ton cœur
s’est élevé et que tu as dit : Je suis *Dieu, je suis assis sur le siège
d’un dieu, au cœur des mers (et tu es un homme, et non pas *Dieu),
et que tu élèves ton cœur comme un cœur de dieu (voici, tu es plus
sage que Daniel ! rien de caché n’est obscur pour toi ; par ta
sagesse et par ton intelligence tu t’es acquis de la puissance et tu
as amassé de l’or et de l’argent dans tes trésors ; par la grandeur
de ta sagesse, tu as, par ton négoce, multiplié ta richesse ; et ton
cœur s’est élevé à cause de ta richesse) (28:1-5).
Il semble que le prince régnant à l’époque de la prophétie fût
Ithobalus, selon l’historien Joseph (c. Ap. 21), ou Ithbal II, suivant
les annales phéniciennes ; il est probable que c’est lui qui a donné
occasion à ce portrait sévère mais sublime. C’est le type du prince
du monde en ce temps-là ; plusieurs expressions employées ici
seront reprises dans les prédictions ultérieures concernant
l’antichrist ou l’homme de péché à venir. Le prince est le chef et le
centre et la personnification de l’orgueil et de la richesse de Tyr
dans son ensemble. L’on ne saurait trouver un caractère d’orgueil
plus vil, plus aveuglant, plus corrompu. Il vit d’égoïsme, y fait appel,
et c’est cet égoïsme dans sa forme la plus grossière qui l’exalte. Il
n’est pas étonnant que le Nouveau Testament flétrisse la cupidité
comme étant de l’idolâtrie (Éph. 5:5 ; Col. 3:5), et désigne l’amour
de l’argent une racine de tout sorte de maux (1 Tim. 6:10). Ce prince
était marqué par la position la plus arrogante. Il dit : « Je suis Dieu,
je suis assis sur le siège (ou : trône) d’un dieu, au cœur des mers » ;
or il était un homme, et non pas Dieu, et il devait bientôt abandonner
cette position, même si, dans son impiété, il avait élevé son cœur
comme celui d’un dieu. Il est fréquent que ceux qui ont amassé des
richesses s’estiment volontiers comme possédant la sagesse ;
c’était le cas de ce prince : plus sage que Daniel, il discernait ce qui
était caché pour les autres ! Hélas ! quelle folie et quelle pauvreté !
Était-il riche quant à Dieu ? Non ! Il avait amassé des richesses, l’or
et l’argent remplissaient son trésor ; c’était là tout le but de sa
sagesse, c’était là son triomphe, car c’était sa propre œuvre. Le moi,
et non pas Dieu, voilà toutes ses pensées.
Mais n’était-ce qu’en ce temps-là que le prince de Tyr avait perverti
tout ce qu’il connaissait de la proximité d’Israël ? Dieu voulait lui
apprendre que sa responsabilité se mesurait selon ce qui aurait dû
être son vrai profit, non pas l’orgueil, et que sa ruine en serait
d’autant plus dure, plus sûre et plus rapide. « À cause de cela, ainsi
dit le Seigneur, l’Éternel : Parce que tu as élevé ton cœur comme
un cœur de dieu, à cause de cela, voici, je fais venir contre toi des
étrangers, les terribles d’entre les nations ; et ils tireront leurs épées
contre la beauté de ta sagesse, et ils profaneront ta splendeur ; ils
te feront descendre dans la fosse, et tu mourras de la mort de ceux
qui sont tués au cœur des mers. Diras-tu peut-être devant celui qui
te tue : Je suis Dieu ? Mais tu seras un homme, et non pas *Dieu,
dans la main de celui qui te transperce. Tu mourras de la mort des
incirconcis, par la main des étrangers ; car j’ai parlé, dit le Seigneur,
l’Éternel » (28:6-10). S’il aspirait à être Dieu dans ses prétentions, il
sentirait ce que c’est que d’être un homme faible lorsque l’épée d’un
étranger terrible profanerait sa splendeur, et qu’il mourrait de la mort
de ceux qui sont tués au cœur des mers ; et il aurait ainsi la preuve
que ces mers n’étaient pas un refuge imprenable, mais seraient son
tombeau d’infamie. Il mourrait de la mort des incirconcis, des
hommes les plus éloignés de Dieu.
Les versets 11 à 19 sont plus difficiles. Est-ce le même personnage
qu’aux versets 1 à 10, ou un autre ? Je suis enclin à croire que c’est
le même historiquement, mais avec une allusion plus accentuée à
la chute de Satan qui est incorporée dans sa chute. Ce peut être
une raison pour laquelle l’Esprit de Dieu a changé l’appellation de
« prince » en celle de « roi ». Le tableau est incomparablement plus
élaboré que la première description, mais il y a des liens entre les
deux. « Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme,
élève une complainte sur le roi de Tyr, et dis-lui : Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Toi, tu étais la forme accomplie de la perfection,
plein de sagesse, et parfait en beauté ; tu as été en Eden, le jardin
de Dieu ; toutes les pierres précieuses te couvraient, le sardius, la
topaze et le diamant, le chrysolithe, l’onyx et le jaspe, le saphir,
l’escarboucle et l’émeraude, et l’or ; le riche travail de tes
tambourins et de tes flûtes était en toi ; au jour où tu fus créé ils
étaient préparés » (28 :11-13). On trouvait en lui la beauté de la
créature, toutes qualités les plus excellentes, conférées sinon
acquises, intérieures aussi bien qu’extérieures ; la position la plus
élevée et la plus délicieuse, au milieu de la nature ; les lumières
variées de Celui qui est lumière dans Sa propre nature, bien que ce
ne fût naturellement pas dans la plénitude de grâce et de gloire ;
l’expression de la joie et du bonheur ne manquait pas dès le
commencement. « Tu étais un chérubin oint, qui couvrait, et je
t’avais établi tel ; tu étais dans la sainte montagne de Dieu, tu
marchais parmi les pierres de feu » (28:14). Il y avait en lui
l’intelligence en action judiciaire et en protection, par l’ordre de Dieu.
Tout cela dans la sphère même où Dieu déployait son autorité, non
pas dans un domaine lointain. Il était familier avec les jugements
pénétrants de Dieu. En outre il n’a pas glissé graduellement vers le
mal, ni n’a cédé à une tentation du dehors, « tu fus parfait dans tes
voies depuis le jour où tu fus créé, jusqu’à ce que l’iniquité s’est
trouvée en toi » (28:15).
Puis nous retournons à ce que nous avons vu dans la description
précédente concernant le prince (28:16-19). « Par l’abondance de
ton trafic, ton intérieur a été rempli de violence, et tu as péché ; et
je t’ai précipité de la montagne de Dieu comme une chose profane,
et je t’ai détruit du milieu des pierres de feu, ô chérubin qui couvrait !
Ton cœur s’est élevé pour ta beauté, tu as corrompu ta sagesse à
cause de ta splendeur ; je t’ai jeté à terre, je t’ai mis devant les rois,
afin qu’ils te voient. Par la multitude de tes iniquités, par l’injustice
de ton trafic, tu as profané tes sanctuaires ; et j’ai fait sortir un feu
du milieu de toi : il t’a dévoré, et je t’ai réduit en cendre sur la terre,
aux yeux de tous ceux qui te voient. Tous ceux qui te connaissent
parmi les peuples sont dans la stupeur à cause de toi ; tu es devenu
une terreur, et tu ne seras plus, à jamais » (28:16-19). Peut-on
douter que dans cette accusation, Dieu n’ait pas en vue la chute et
la ruine de Son archi-ennemi ? Quand elles ne voient pas ces
allusions, du passé ou du futur, et surtout quand elles ne voient pas
Christ dans les prophéties, les âmes mal affermies dans la vérité
s’exposent souvent à traiter la parole de Dieu de folie. Elles parlent
d’exagérations orientales, là où ceux qui connaissent la vérité
trouvent les motifs les plus profond d’être reconnaissant de tout
cœur pour la grâce de Dieu qui a réuni Ses diverses révélations en
un tout harmonieux.
La fin du chapitre est la prophétie contre Sidon. « Et la parole de
l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tourne ta face vers Sidon,
et prophétise contre elle, et dis : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Voici, j’en veux à toi, Sidon, et je serai glorifié au milieu de toi ; et
on saura que je suis l’Éternel, quand j’exécuterai des jugements au
milieu d’elle et que j’aurai été sanctifié en elle. Et j’enverrai chez elle
la peste, et le sang dans ses rues ; et les blessés à mort tomberont
au milieu d’elle par l’épée qui sera tout autour contre elle ; et ils
sauront que je suis l’Éternel. Et il n’y aura plus pour la maison
d’Israël d’aiguillon qui blesse, ni d’épine qui cause de la douleur,
d’entre tous ceux qui étaient autour d’eux et qui les méprisaient ; et
ils sauront que je suis le Seigneur, l’Éternel » (28:20-24). Dieu est
maintenant connu dans et par Sa grâce dans le Christ Jésus notre
Seigneur. Avant l’évangile, Il l’était par Ses jugements, et il en sera
de nouveau ainsi lorsque l’année de la faveur de l’Éternel s’ouvrira
par le jour de la vengeance de notre Dieu (És. 61:2). Quelle
différence solennelle entre le paragraphe sur le sort de Sidon et
celui sur le sort d’Israël ! Les Sidoniens sauront qu’Il est l’Éternel
par les jugements au moyen desquels Il sera sanctifié au milieu de
leur ville (28:23, 24) ; Israël saura qu’Il est l’Éternel leur Dieu,
lorsqu’Il les aura rassemblés d’entre les peuples où ils seront
encore dispersés, et qu’Il sera sanctifié en eux aux yeux des nations
(28:25, 26). « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Quand je rassemblerai
la maison d’Israël d’entre les peuples parmi lesquels ils seront
dispersés, et que je serai sanctifié en eux aux yeux des nations,
alors ils habiteront sur leur terre que j’ai donnée à mon serviteur
Jacob : ils y habiteront en sécurité ; ils bâtiront des maisons, et ils
planteront des vignes, et ils habiteront en sécurité, quand j’aurai
exécuté des jugements sur tous ceux qui les méprisaient, tout
autour d’eux ; et ils sauront que je suis l’Éternel, leur Dieu » (28:25-
26).

32 - Chapitre 29
Les quatre chapitres suivants (29 à 32) sont dirigés contre l’Égypte,
tandis que les trois derniers étaient dirigés contre Tyr, son prince et
son roi. Le mal dénoncé ici n’est plus l’orgueil des affaires
commerciales, mais la confiance en soi-même, spécialement en
rapport avec la sagesse politique. Nous verrons comment Dieu
réduit à rien la puissance ainsi caractérisée, qui s’élève contre Lui
dans un esprit d’indépendance hautaine ; car nous avons ici le
jugement des nations, y compris d’Israël, avant que Babylone n’ait
acquis la suprématie impériale.
« La dixième année, au dixième mois, le douzième jour du mois, la
parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tourne ta face
contre le Pharaon, le roi d’Égypte, et prophétise contre lui et contre
l’Égypte tout entière. Parle, et dis : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Voici, j’en veux à toi, le Pharaon, roi d’Égypte, grand monstre des
eaux, couché au milieu de ses fleuves, qui dis : Mon fleuve est à
moi, et je me le suis fait ! Et je mettrai un anneau dans tes
mâchoires, et j’attacherai à tes écailles les poissons de tes fleuves,
et je te ferai monter du milieu de tes fleuves, et tous les poissons de
tes fleuves qui sont attachés à tes écailles. Et je te jetterai dans le
désert, toi et tous les poissons de tes fleuves ; tu tomberas sur la
face des champs, tu ne seras pas recueilli ni rassemblé ; je te
donnerai en pâture aux bêtes de la terre et aux oiseaux des cieux »
(29:1-5).
Dieu devait agir vis-à-vis de la confiance en soi-même de l’Égypte,
dont le roi est comparé au monstre des eaux vautré au milieu des
bras du Nil. Quand son heure viendrait, la destruction humiliante ne
tomberait pas seulement sur lui, mais aussi sur tous les poissons
qui s’attacheraient à lui pour être protégés. Le coup serait fatal, et il
serait donné en pâture aux bêtes de proie et aux oiseaux des cieux.
« Et tous les habitants de l’Égypte sauront que je suis l’Éternel,
parce qu’ils ont été un appui de roseau pour la maison d’Israël ;
lorsqu’ils t’ont pris par la main, tu t’es rompu, et tu leur as déchiré
toute l’épaule ; et quand ils se sont appuyés sur toi, tu t’es cassé, et
tu as fait chanceler tous leurs reins » (29:6, 7). Déjà auparavant le
peuple élu était allé chercher du secours en Égypte : quel en avait
été le résultat ? L’alliance d’Israël avec une nation qui se confiait
ouvertement en elle-même et non en Dieu, ne pouvait être que
vaine, sauf à causer de douloureuses blessures à Israël quand
l’Égypte serait brisée (29:6-7).
« C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je fais venir
l’épée sur toi, et je retrancherai de toi hommes et bêtes. Et le pays
d’Égypte sera une désolation et un désert ; et ils sauront que je suis
l’Éternel, parce qu’il a dit : Le fleuve est à moi, et moi je l’ai fait. C’est
pourquoi, voici, j’en veux à toi et à tes fleuves, et je ferai du pays
d’Égypte des déserts d’aridité et de désolation, depuis Migdol à
Syène, et jusqu’à la frontière de l’Éthiopie ; le pied de l’homme n’y
passera pas, et le pied de la bête n’y passera pas ; et il ne sera pas
habité pendant quarante ans. Et je ferai du pays d’Égypte une
désolation au milieu des pays désolés, et ses villes seront, au milieu
des villes dévastées, une désolation pendant quarante ans ; et je
disperserai les Égyptiens parmi les nations, et je les disséminerai
dans les pays » (29:8-12). L’Égypte serait non seulement frappée,
mais elle le serait dans ce qui était son plus grand orgueil, son
fleuve. Ce grenier du monde, ce jardin de la terre allait devenir
pendant quarante ans un désert, et les Égyptiens seraient dispersés
en exil : tel serait le châtiment infligé par Nébucadnetsar.
Comme on reconnaît bien la bouche et la main de Dieu ! C’était une
sentence mesurée, et le malheur devait arriver, tout aussi sûrement
que son pire aspect prendrait fin selon Sa parole. « Mais ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Au bout de quarante ans, je rassemblerai les
Égyptiens d’entre les peuples parmi lesquels ils auront été
dispersés ; et je rétablirai les captifs de l’Égypte, et je les ferai
revenir dans le pays de Pathros, dans le pays de leur origine ; et ils
seront là un royaume abaissé. Il sera plus bas que tous les
royaumes, et il ne s’élèvera plus au-dessus des nations, et je les
diminuerai, en sorte qu’ils ne dominent plus sur les nations. Et il ne
sera plus la confiance de la maison d’Israël, mettant en mémoire
son iniquité quand elle se tournait après eux ; et ils sauront que je
suis le Seigneur, l’Éternel » (29:13-16). Quelle chose merveilleuse,
et accomplie avec exactitude ! Aucune intelligence humaine n’aurait
pu le prévoir, même pas partiellement. C’était le contraire de ce que
l’Égypte avait vécu jusqu’alors, et aucune autre nation n’avait eu
une pareille destinée ni n’avait eu droit à une pareille sentence. Plus
nous méditons la Parole, plus nous connaissons l’histoire réelle :
non pas la prophétie à partir de l’histoire, — personne ne l’a jamais
vraiment apprise ainsi — mais l’histoire à partir de la prophétie, car
Dieu seul voit et parle sans erreur ni sans variation ; notre sagesse
consiste à apprendre de Lui, dans le respect de Sa parole, et à ceux
qui préfèrent, laissons-les voir de leurs propres yeux, et écouter les
paroles d’hommes de leurs propres oreilles. Israël, si lent à
comprendre, devait apprendre de cette manière que Lui est
l’Éternel. Même restaurée, l’Égypte ne retrouva pas sa domination ;
elle redevint un royaume, mais très abaissé, et ne fut plus l’objet de
la confiance d’Israël
Le reste du chapitre relie à son commencement une prophétie
entièrement distincte quant à l’époque, mais analogue quant au
sujet. « Et il arriva, la vingt-septième année, au premier mois, le
premier jour du mois, que la parole de l’Éternel vint à moi, disant :
Fils d’homme, Nebucadretsar, roi de Babylone, a fait travailler son
armée à un grand travail contre Tyr : toute tête en est devenue
chauve, et toute épaule en a été écorchée ; et il n’a eu de Tyr aucun
salaire, ni pour lui, ni pour son armée, pour le travail qu’il a fait contre
elle. C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je donne
à Nebucadretsar, roi de Babylone, le pays d’Égypte ; et il en
enlèvera la multitude, il en emportera le butin, et en fera le pillage :
et ce sera le salaire de son armée. En récompense de son travail
contre Tyr, je lui ai donné le pays d’Égypte, parce qu’ils ont travaillé
pour moi, dit le Seigneur, l’Éternel » (29:17-20). Cela suit
naturellement l’accusation contre Tyr, car ce passage nous montre
l’Éternel compensant l’immense dépense supportée par
Nébucadnetsar sur cette ville difficile à conquérir et dont la richesse
lui avait échappé en grande partie, par la conquête de l’Égypte :
c’était un riche butin pour ce conquérant avide, et déçu jusqu’alors.
Il n’est pas étonnant que le pays d’Égypte ait été longtemps désolé,
quoi que pas définitivement.
« En ce jour-là je ferai germer la corne de la maison d’Israël, et je
te donnerai une bouche ouverte au milieu d’eux ; et ils sauront que
je suis l’Éternel » (29:21). Nous n’avons pas de récit relatant
l’accomplissement de cette prophétie. Mais il n’en est point besoin.
L’Éternel a parlé, et cela suffit pour que nous soyons certains que
cela a eu lieu : Israël put revivre, et Ézéchiel annonça Son message
au milieu du peuple ; ce dernier apprit ainsi qui était Celui qui voulait
les mettre au courant de ce qui allait arriver avant que cela n’arrive.

33 - Chapitre 30
La première des deux prophéties contenues dans ce chapitre est
un exemple frappant de ce qui caractérise la parole de prophétie :
le lien étroit entre les désastres présents ou imminents, et le grand
jour où Dieu interviendra en puissance pour juger les vivants (non
pas les morts en premier). Il y avait alors le gouvernement direct de
Dieu sur Israël, et Il s’occupait aussi des nations qui se mêlaient des
affaires de Son peuple ; mais bientôt, il y aura un déploiement du
gouvernement de Dieu incomparablement meilleur quand le
Seigneur viendra régner sur la terre. En attendant, le cours des
événements est régi par une providence souveraine mais invisible,
tandis que les Juifs sont abandonnés pour le temps présent à cause
de leur apostasie et de leur rejet du Messie.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme,
prophétise, et dis : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Hurlez : Ah ! quel
jour ! Car le jour est proche ; oui, le jour de l’Éternel est proche, un
jour de nuées : c’est le temps des nations. Et l’épée viendra sur
l’Égypte, et il y aura de l’angoisse dans l’Éthiopie, quand ils
tomberont blessés à mort en Égypte, et qu’on ôtera sa multitude, et
que ses fondements seront détruits. L’Éthiopie et la Lybie et la
Lydie, et tout le peuple mélangé, et Cub, et les fils du pays de
l’alliance, tomberont par l’épée avec eux » (30:1-5). L’intervention
de l’Éternel dans la chute de l’Égypte s’identifie en principe avec le
jour de l’Éternel qui termine « le présent siècle » et recouvre le
siècle à venir. Non seulement les races africaines devaient tomber,
mais aussi les fils du pays de l’alliance, ce qui me paraît désigner
des Juifs partis vivre loin des détresses de leur patrie.
« Ainsi dit l’Éternel : Les appuis de l’Égypte tomberont, et l’orgueil
de sa force sera abaissé ; ils tomberont au milieu d’elle par l’épée,
depuis Migdol à Syène, dit le Seigneur, l’Éternel. Et ils seront
désolés au milieu des pays désolés, et ses villes seront entre les
villes dévastées. Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand j’aurai
mis le feu en Égypte, et que tous ceux qui lui aident seront brisés.
En ce jour-là des messagers sortiront de devant moi sur des navires
pour effrayer l’Éthiopie dans sa sécurité ; et il y aura au milieu d’eux
de l’angoisse comme au jour de l’Égypte ; car voici, il vient » (30:6-
9). Il ne s’agit pas seulement de la contrée renommée pour sa
sagesse parmi les anciens, mais aussi de ses alliés ou de ses
appuis : de Migdol à Syène ils tomberont au milieu d’elle. D’autres
pays étaient-ils désolés ? tels seraient les Égyptiens au milieu d’une
dévastation générale, pas d’oasis dans le désert, mais le désert
partout. Même un peuple éloigné qui pouvait s’estimer à l’abri, serait
terrifié et non sans raison : une grande angoisse serait sur eux.
Voici, le jour venait !
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Je mettrai fin aussi à la multitude
de l’Égypte par la main de Nebucadretsar, roi de Babylone. Lui, et
son peuple avec lui, les terribles d’entre les nations, seront amenés
pour détruire le pays : et ils tireront leurs épées contre l’Égypte, et
rempliront le pays de blessés à mort. Et je mettrai les fleuves à sec,
et je vendrai le pays en la main des méchants, et, par la main des
étrangers, je désolerai le pays et tout ce qu’il contient. Moi, l’Éternel,
j’ai parlé » (30:10-12). L’instrument de la vengeance divine est ici
nommément désigné : non pas que Dieu eût la moindre sympathie
pour les terribles d’entre les nations et leurs épées dégainées, ni
pour les méchants auxquels le pays était vendu, ni pour les
étrangers qui le dévastaient. Mais l’heure était venue de juger sa
méchanceté et son orgueil, et le plus méchant de tous était désigné
pour être l’exécuteur de cette action redoutable.
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Je détruirai aussi les idoles, et je
mettrai fin aux images de Noph ; et il n’y aura plus de prince du pays
d’Égypte ; et je mettrai la frayeur dans le pays d’Égypte ; et je
désolerai Pathros, et je mettrai le feu dans Tsoan, et j’exécuterai
des jugements dans No ; et je verserai ma fureur sur Sin, la
forteresse de l’Égypte, et je retrancherai la multitude de No ; et je
mettrai le feu en Égypte : Sin sera dans une grande angoisse, et No
sera ouverte par des brèches, et il y aura à Noph des ennemis en
plein jour. Les jeunes hommes d’Aven et de Pi-Béseth tomberont
par l’épée, et elles-mêmes iront en captivité. Et à Takhpanès le jour
sera obscurci lorsque j’y romprai le joug de l’Égypte, et que l’orgueil
de sa force y aura cessé ; une nuée la couvrira elle-même, et ses
filles iront en captivité. Et j’exécuterai des jugements en Égypte ; et
ils sauront que je suis l’Éternel » (30:13-19).
Comme jadis, Dieu avait maintenant surtout affaire aux dieux de
l’Égypte. C’est ce qu’Il avait eu devant Lui quand le destructeur avait
passé à travers le pays pour frapper les premiers nés la nuit de la
Pâque (Exode 12:12) ; c’est ce qu’Il a devant Lui ici, lorsqu’il dit qu’il
n’y aura plus de prince du pays d’Égypte. Il y aurait de la frayeur en
Égypte, de la désolation à Pathros, le feu dans Tsoan, des
jugements dans No (Thèbes ou Diospolis), la fureur de l’Éternel sur
Sin (Pelusium), No-Ammon serait retranchée, et il y aurait les
détresses en plein jour à Noph (autrefois Memphis). Tous seraient
abaissés et humiliés et dans la douleur, tant dans la Haute Égypte
qu’en Moyenne et Basse Égypte. La jeunesse des villes célèbres
par leurs temples d’idoles, Aven ou On (Héliopolis) et Pi-Béseth ou
Pasht (Bubastis) périrait par l’épée, et les femmes seraient
emmenées captives ; Takhpanès, le siège de l’autorité et de la
puissance royales serait enveloppée de ténèbres, et ses filles iraient
en captivité. Quel tableau de la ruine complète, et quel témoignage
rendu à l’Éternel par la parole et par les faits eux-mêmes !
Si le premier message s’adressait au pays, au peuple et aux villes
d’Égypte, le suivant est pour le roi. « Et il arriva, la onzième année,
au premier mois, le septième jour du mois, que la parole de l’Éternel
vint à moi, disant : Fils d’homme, j’ai cassé le bras du Pharaon, roi
d’Égypte, et voici, il n’a point été bandé pour y appliquer des
remèdes, pour y mettre des ligatures pour le bander, afin de le
fortifier pour qu’il tienne l’épée » (30:20-21). Le Pharaon Néco avait
poussé au loin les succès et les conquêtes de l’Égypte, mais les
revers qui allaient briser la puissance de son pays en seraient
d’autant plus humiliants. C’est en vain qu’ils espéraient la guérison
et le rétablissement : l’Éternel avait abaissé le Pharaon, sans
remède possible. Nous le voyons plus en détails dans les versets
suivants (30:22-26) : « C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Voici, j’en veux au Pharaon, roi d’Égypte, et je lui casserai
les bras, celui qui est fort et celui qui est cassé, et je ferai tomber
l’épée de sa main. Et je disperserai les Égyptiens parmi les nations
et je les disséminerai dans les pays. Et je fortifierai les bras du roi
de Babylone, et je mettrai mon épée dans sa main ; et je casserai
les bras du Pharaon, et il gémira devant lui des gémissements d’un
blessé à mort. Et je fortifierai les bras du roi de Babylone, et les bras
du Pharaon tomberont. Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand
j’aurai mis mon épée dans la main du roi de Babylone, et qu’il l’aura
étendue sur le pays d’Égypte. Et je disperserai les Égyptiens parmi
les nations, et je les disséminerai dans les pays ; et ils sauront que
je suis l’Éternel » (30:22-26). Les Égyptiens eux-mêmes seraient
dispersés parmi les nations (non pas seulement leurs mercenaires
étrangers) tellement le roi de Babylone ferait une déchirure
profonde, une démoralisation complète, et une ruine écrasante. Si
c’était Nébucadnetsar, ce n’en était pas moins l’épée de l’Éternel
étendue par lui contre le royaume du midi. C’était dans la douleur
que les Égyptiens apprendraient dans la dispersion, et sauraient
que c’était l’œuvre de l’Éternel.

34 - Chapitre 31
Le prophète nous montre ensuite, par des images frappantes, la
ruine de l’Égypte. L’avertissement solennel de la chute de
l’Assyrien, le plus grand des monarques de la terre en ce temps-là,
est appliqué au royaume du Pharaon, illustrant le principe si souvent
énoncé dans l’Écriture en rapport avec les individus, à savoir que le
Seigneur abaisse les orgueilleux et élève les humbles.
« Et il arriva, la onzième année, au troisième mois, le premier jour
du mois, que la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme,
dis au Pharaon, roi d’Égypte, et à sa multitude : À qui es-tu
semblable dans ta grandeur ? Voici, Assur était un cèdre sur le
Liban, beau par sa ramure, et touffu, donnant de l’ombre, et de
haute taille, et sa cime était au milieu des rameaux feuillus. Les
eaux l’ont fait grandir, l’abîme l’a élevé en hauteur ; ses rivières
coulaient autour de ses plants, et il envoyait ses canaux à tous les
arbres des champs. C’est pourquoi sa hauteur s’éleva par-dessus
tous les arbres des champs, et ses branches se multiplièrent et ses
rameaux s’allongèrent, parce qu’il poussait à cause des grandes
eaux. Tous les oiseaux des cieux faisaient leurs nids dans ses
rameaux, et toutes les bêtes des champs faisaient leurs petits sous
ses branches, et toutes les nations nombreuses habitaient sous son
ombre. Et il était beau dans sa grandeur et dans la longueur de ses
branches, parce que sa racine était auprès de grandes eaux. Les
cèdres dans le jardin de Dieu ne le cachaient pas, les cyprès
n’égalaient point ses rameaux, et les érables n’étaient pas comme
ses branches ; aucun arbre dans le jardin de Dieu ne lui était
semblable en beauté. Je l’avais fait beau dans la multitude de ses
branches, et tous les arbres d’Éden, qui étaient dans le jardin de
Dieu, lui portaient envie » (31:1-9).
L’Assyrie avait dépassé en magnificence toutes les puissances
connues jusqu’alors, mais elle n’était encore qu’un royaume, non
pas un système impérial. Malgré ses visées impériales, l’Égypte
devait suivre son exemple dans sa chute. Elle pouvait être fière de
sa sagesse politique, mais celle-ci ne pouvait lui assurer ni ce que
son ambition visait, ni la force du nombre, ni l’étendue de son
territoire. L’Assyrien avait été parmi les nations comme le cèdre du
Liban parmi les arbres, en grandeur, en taille, en beauté et dans
l’étendue de son ombre. Dieu n’avait rien épargné pour orner et
agrandir Ninive et le peuple qui l’avait pour capitale. Il lui avait même
donné d’exercer une puissance et une influence immenses,
s’étendant au loin sur les pays d’alentour, faisant envie à tous.
Mais l’Assyrien convoita pour lui-même la gloire de roi des rois. Or
le fait de s’élever pareillement dans son cœur, amena sa perte.
« C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Parce que tu t’es
élevé en hauteur…, et qu’il a dressé sa cime au milieu des rameaux
feuillus et que son cœur s’est élevé dans sa hauteur, je l’ai livré en
la main du puissant des nations ; il l’a traité à son gré. Je l’ai chassé
à cause de son iniquité. Et des étrangers, les terribles d’entre les
nations, l’ont coupé et l’ont laissé là ; ses branches sont tombées
sur les montagnes et dans toutes les vallées, et ses rameaux ont
été brisés dans tous les ravins de la terre ; et tous les peuples de la
terre se sont retirés de dessous son ombre et l’ont laissé là. Tous
les oiseaux des cieux demeurent sur son tronc renversé, et toutes
les bêtes des champs sont sur ses branches ; afin qu’aucun des
arbres plantés près des eaux ne s’élève dans sa hauteur, et ne
dresse sa cime au milieu des rameaux feuillus, et qu’aucun de ceux
qui boivent des eaux ne se soutienne par lui-même dans sa
hauteur ; car eux tous sont livrés à la mort, pour s’en aller dans les
lieux bas de la terre, au milieu des fils des hommes, vers ceux qui
descendent dans la fosse. Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Au jour
de sa descente au shéol, je fis mener deuil ; à cause de lui, je
couvris l’abîme et j’en retins les fleuves, et les grandes eaux furent
arrêtées ; et à cause de lui, je mis en deuil le Liban, et tous les
arbres des champs défaillirent à cause de lui. Du bruit de sa chute
je fis trembler les nations, quand je le fis descendre dans le shéol
avec ceux qui descendent dans la fosse ; et tous les arbres d’Éden,
l’élite et le meilleur du Liban, tous ceux qui buvaient des eaux, furent
consolés dans les lieux bas de la terre. Ceux-là aussi sont
descendus avec lui dans le shéol, vers ceux qui ont été tués par
l’épée, et qui, étant son bras, habitaient sous son ombre au milieu
des nations » (31:10-17). Le renversement d’une grandeur si
gigantesque jusque dans une dégradation et une impuissance
extrêmes fut terrible : quelle leçon pour tous ceux qui voudraient
dépasser leur mesure, quel appel à mener deuil et à trembler !
L’Égypte en avait-elle profité moralement ? Ne s’était-elle pas hâtée
au contraire de suivre les mêmes traces ? Et si le Pharaon avait
imité l’Assyrien en gloire et prétendu le dépasser, ne devait-il pas
justement subir le même anéantissement ? « À qui es-tu semblable
ainsi, en gloire et en grandeur, parmi les arbres d’Éden ? Ainsi tu
seras abaissé avec les arbres d’Éden jusque dans les lieux bas de
la terre ; tu seras couché, au milieu des incirconcis, avec ceux qui
ont été tués par l’épée. C’est là le Pharaon et toute sa multitude, dit
le Seigneur, l’Éternel » (31:18). L’Égypte devait rejoindre les autres
dans les lieux bas de la terre. La puissance et la politique naturelles
ne permettent pas d’échapper. En Dieu seul est la stabilité, et Il la
manifestera dans son peuple sur la terre comme au ciel, quand ils
se courberont pour apprendre à se connaître eux-mêmes aussi bien
qu’à connaître Dieu. Tant qu’ils n’en seront pas là, la circoncision
d’Israël devient incirconcision (Rom. 2:25), et ils sont même plus
coupables que les Gentils qu’ils méprisent.

35 - Chapitre 32
Il ne suffisait cependant pas d’avoir montré la chute de l’Assyrien
comme modèle de la ruine de l’Égypte. L’Esprit de Dieu ajoute en
guise de conclusion un nouveau message en deux parties : l’un
dans la première moitié du chapitre annonce la catastrophe qui
menaçait le Pharaon sous la figure d’un lion et celle d’un crocodile
(ou monstre des eaux, non pas un « cétacé » comme dans la
version autorisée du roi Jacques) ; jadis la terreur des nations, il
allait maintenant être pris, tué et exposé à la vue de tous, par le roi
de Babylone. L’autre partie du message est un tableau élargi de ce
qui n’avait été qu’esquissé au chapitre précédent, le monarque
autrefois puissant et toute sa multitude, devenus misérablement
faibles, et descendant dans les lieux bas de la terre, au shéol même,
comme tous ceux qui sont tombés avant eux. Ils n’auraient rien de
mieux pour se consoler, lui et les siens, que de se savoir en train de
partager le sort inévitable des princes et des peuples.
« Et il arriva, en la douzième année, au douzième mois, le premier
jour du mois, que la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils
d’homme, élève une complainte sur le Pharaon, le roi d’Égypte, et
dis-lui : Tu étais semblable à un jeune lion parmi les nations, tu étais
comme un monstre dans les eaux ; et tu t’élançais dans tes fleuves,
et tu troublais les eaux avec tes pieds, et tu rendais bourbeux leurs
fleuves. Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : J’étendrai sur toi mon rets
par un rassemblement de peuples nombreux, et ils te feront monter
avec mon filet ; et je te laisserai là, sur la terre, je te jetterai sur la
face des champs, et je ferai demeurer sur toi tous les oiseaux des
cieux et je rassasierai de toi les bêtes de toute la terre. Et je mettrai
ta chair sur les montagnes, et je remplirai les vallées du monceau
de tes membres ; et j’arroserai de ton sang le pays où tu nages,
jusqu’aux montagnes ; et les ravins seront remplis de toi. Et quand
je t’éteindrai, je couvrirai les cieux, et j’obscurcirai leurs étoiles ; je
couvrirai le soleil de nuages, et la lune ne fera pas luire sa clarté.
Tous les luminaires qui luisent dans les cieux, je les obscurcirai à
cause de toi, et je mettrai les ténèbres sur ton pays, dit le Seigneur,
l’Éternel. Et je troublerai le cœur de beaucoup de peuples, quand je
ferai parvenir la nouvelle de ta ruine parmi les nations, dans des
pays que tu n’as pas connus. Et je frapperai de stupeur à cause de
toi beaucoup de peuples ; et leurs rois frémiront d’horreur à cause
de toi, quand je brandirai mon épée devant eux, et ils trembleront à
tout moment, chacun pour sa vie, au jour de ta chute. Car ainsi dit
le Seigneur, l’Éternel : L’épée du roi de Babylone viendra sur toi.
Par les épées des hommes forts je ferai tomber ta multitude ; tous,
ils sont les terribles d’entre les nations, et ils détruiront l’orgueil de
l’Égypte, et toute sa multitude sera anéantie. Et je ferai périr tout
son bétail d’auprès des grandes eaux ; et le pied de l’homme ne les
troublera plus, et l’ongle divisé du bétail ne les troublera plus. Alors
je rendrai leurs eaux limpides, et je ferai couler leurs rivières comme
de l’huile, dit le Seigneur, l’Éternel. Quand j’aurai fait du pays
d’Égypte une désolation, et que le pays sera désolé, vide de ce qu’il
contient, quand j’aurai frappé tous ceux qui y habitent, alors ils
sauront que je suis l’Éternel. C’est une complainte, et on la dira pour
se lamenter ; les filles des nations la diront en se lamentant, elles la
diront en se lamentant sur l’Égypte et sur toute sa multitude, dit le
Seigneur, l’Éternel » (32:1-16). Le prophète annonce donc que le
roi d’Égypte serait un objet d’horreur et de pitié, et un sujet de deuil,
non plus de crainte ni d’envie. Le Pharaon serait semblable au
monstre des eaux, échoué sur le rivage, capturé par la foule,
inondant de sang le pays où il nageait, une proie pour tous les
oiseaux et les bêtes, sa chair étalée sur les montagnes et les vallées
et les rivières étant remplies de sa hauteur.
Le lecteur pourra s’aider d’Apocalypse 8:12, 13 en rapport avec les
versets 7 et 8. La destruction politique de l’Égypte est comparée à
l’obscurcissement des étoiles, au soleil caché par les nuages, à la
lune ne faisant plus luire sa clarté. Le passage de l’Apocalypse a
ceci de particulier qu’il semble ne s’appliquer qu’à l’Occident
(comparer Apoc. 12:4), l’empire d’Orient n’étant pas compris dans
ce jugement, mais devant subir le sien propre plus tard. Ici la sphère
où le malheur tombe est le pays d’Égypte.
Les versets 9-10, laissant le symbole pour reprendre le langage
courant, nous disent l’effet produit par la nouvelle de la destruction
de l’Égypte sur des nations qui lui étaient inconnues. Beaucoup de
peuples et de rois seront effrayés et profondément troublés devant
cette chute, tremblant chacun pour sa propre vie en ce jour-là.
Les versets 11-16 annoncent la venue du conquérant qui allait
détruire l’orgueil de l’Égypte et sa multitude ; ce serait une source
de douleur parmi les nations. Ses ruines sont un témoignage de son
ancienne splendeur, comme aussi de sa désolation soudaine et
complète, et de l’extinction tant de son commerce si actif jadis, que
de son agriculture célèbre dans le monde entier. Au v. 14 je pense
qu’il ne faut pas comprendre « je rendrai leurs eaux profondes »
comme indiqué dans la version autorisée du roi Jacques, mais « je
rendrai leurs eaux limpides » ; les eaux devaient décanter et devenir
ainsi limpides, ce qui concorde avec les rivières qui coulent comme
de l’huile, au lieu d’être troublées comme autrefois sous l’effet du
commerce. Combien la main de l’Éternel est manifeste ! L’Égypte
elle-même saura qu’Il est l’Éternel.
Dans la seconde partie du chapitre, le chant funèbre prononcé
quinze jours après la première partie, est encore plus profonde,
dévoilant le monde invisible ; c’est l’élégie la plus solennelle qui ait
jamais été composée sur un peuple païen. « Et il arriva, la douzième
année, le quinzième jour du mois, que la parole de l’Éternel vint à
moi, disant : Fils d’homme, gémis sur la multitude de l’Égypte, et
fais-la descendre, elle et les filles des nations magnifiques, dans les
lieux bas de la terre, avec ceux qui descendent dans la fosse. À qui
es-tu supérieure en agrément ? Descends, et sois couchée avec les
incirconcis. Ils tomberont parmi ceux qui ont été tués par l’épée ;
l’épée a été donnée ; traînez l’Égypte et toute sa multitude. Les forts
d’entre les puissants, avec ceux qui lui avaient aidé, lui parleront du
milieu du shéol ; ils sont descendus, ils sont couchés, incirconcis,
tués par l’épée.
Là est Assur et toute son assemblée, ses sépulcres autour de lui :
tous tués, tombés par l’épée. Ses sépulcres ont été posés au fond
de la fosse, et son assemblée est autour de son sépulcre : tous
tués, tombés par l’épée, eux qui répandaient la terreur sur la terre
des vivants.
Là est Élam, et toute sa multitude autour de son sépulcre : tous
tués, tombés par l’épée ; ils sont descendus incirconcis dans les
lieux bas de la terre, eux qui répandaient leur terreur sur la terre des
vivants, et qui ont porté leur confusion avec ceux qui sont
descendus dans la fosse. On a mis sa couche au milieu des tués,
avec toute sa multitude, ses sépulcres autour de lui : eux tous
incirconcis, tués par l’épée, quoique leur terreur fût répandue sur la
terre des vivants ; et ils portent leur confusion avec ceux qui
descendent dans la fosse : il a été placé parmi les tués.
Là est Méshec, Tubal, et toute leur multitude, leurs sépulcres autour
d’eux : eux tous incirconcis, tués par l’épée, quoiqu’ils aient répandu
leur terreur sur la terre des vivants. Et ils n’ont pas été couchés avec
les hommes forts, tombés d’entre les incirconcis, qui sont
descendus dans le shéol avec leurs instruments de guerre, et sous
la tête desquels on a mis leurs épées, et dont les iniquités sont sur
leurs os ; quoiqu’ils fussent la terreur des hommes forts sur la terre
des vivants. Toi aussi, tu as été brisée au milieu des incirconcis, et
tu es couchée avec ceux qui ont été tués par l’épée.
Là est Édom, ses rois, et tous ses princes, qui, dans leur vaillance,
ont été placés avec ceux qui ont été tués par l’épée ; ils sont
couchés avec les incirconcis et avec ceux qui sont descendus dans
la fosse.
Là sont les princes du nord, eux tous, et tous les Sidoniens, qui sont
descendus avec les tués, honteux de la terreur qu’ils répandaient
par leur vaillance ; et ils sont couchés incirconcis avec ceux qui ont
été tués par l’épée, et ils portent leur confusion avec ceux qui sont
descendus dans la fosse.
Le Pharaon les verra, et il sera consolé au sujet de toute sa
multitude, le Pharaon et toute son armée, tués par l’épée, dit le
Seigneur, l’Éternel. Car j’ai répandu ma terreur dans la terre des
vivants ; et il sera couché au milieu des incirconcis, avec ceux qui
ont été tués par l’épée, le Pharaon, et toute sa multitude, dit le
Seigneur, l’Éternel » (32:17-32).
Le cœur du Juif pieux qui, connaissant d’avance les jugements des
nations, et savait pourquoi ils arrivaient, ne devait pas être
insensible au malheur de leur ennemi tombé, et encore moins
l’insulter, bien qu’il ait été leur piège, autrefois comme aussi
récemment. Le chrétien, lui, pense aux hommes en rapport avec
l’éternité, mais, Dieu soit loué, il est chargé de l’évangile, du
ministère de la réconciliation (2 Cor. 5:18-19) fondé sur l’œuvre
expiatoire de Celui qui était ici-bas révélant Dieu dans Sa parfaite
grâce, mais Il a été méprisé et rejeté des hommes, surtout par les
Juifs eux-mêmes, les plus coupables.
Nous voyons ici le jugement qui balaie toute la terre, après une
longue période de patience, et qui envoie dans la fosse ceux qui
étaient chargés de vaine gloire. Les plus beaux gisent là, sans la
moindre relation avec Dieu, « avec les incirconcis ». Là gisent, dans
la faiblesse et l’humiliation abjectes, l’Assyrien, Élam, Meshec et
Tubal (pour ces derniers nous trouverons une particularité
expliquée plus en détail aux ch. 38 et 39), Édom, Sidon et d’autres
au nord de la Palestine, honteux de cette puissance dont ils avaient
été jadis si fiers, et portant leur confusion avec ceux qui descendent
dans la fosse. La terreur de l’Éternel demeure, et elle est avant tout
pour ceux qui ont eux-mêmes apporté la terreur par l’épée. Quelle
illustration et quelle description ! Quelle ironie acérée que celle du
prophète !

36 - Chapitre 33
Dans les sept chapitres 33 à 39, le prophète revient à Israël, à ses
pasteurs, à ses montagnes, à sa restauration, à son réveil national,
à sa ré-union sous un seul chef, le Bien-Aimé, son Prince pour
toujours, lorsque le dernier ennemi et toutes ses convoitises
trouvera sa fin avant le début du règne de paix. Sous la figure d’une
sentinelle, Ézéchiel est établi pour avertir la maison d’Israël, afin
que si quelqu’un néglige le son de la trompette, son sang soit sur
sa tête ; par contre, si la sentinelle ne sonne pas de la trompette,
son sang paiera pour eux.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, parle
aux fils de ton peuple, et dis-leur : Si je fais venir l’épée sur un pays,
et que le peuple du pays prenne un homme d’entre eux tous, et se
le donne pour sentinelle ; et qu’il voie venir l’épée sur le pays, et
sonne de la trompette, et avertisse le peuple ; et que quelqu’un
entende bien le son de la trompette, mais ne reçoive pas
l’avertissement, et que l’épée vienne et le saisisse, son sang sera
sur sa tête. Il a entendu le son de la trompette, et n’a pas reçu
l’avertissement : son sang est sur lui ; alors que s’il eût reçu
l’avertissement, il aurait délivré son âme. Mais si la sentinelle voit
venir l’épée, et ne sonne pas de la trompette, et que le peuple ne
soit pas averti, et que l’épée vienne et saisisse quelqu’un d’entre
eux, lui est saisi dans son iniquité ; mais je redemanderai son sang
de la main de la sentinelle. Et toi, fils d’homme, je t’ai établi
sentinelle pour la maison d’Israël, et tu entendras la parole de ma
bouche, et tu les avertiras de ma part. Quand je dirai au méchant :
Méchant, certainement tu mourras ! et que tu ne parleras pas pour
avertir le méchant à l’égard de sa voie, lui, le méchant, mourra dans
son iniquité ; mais je redemanderai son sang de ta main. Et si tu
avertis le méchant à l’égard de sa voie, pour qu’il s’en détourne, et
qu’il ne se détourne pas de sa voie, il mourra, lui, dans son iniquité ;
mais toi, tu as délivré ton âme » (33:1-9). C’est la responsabilité
individuelle qui devient maintenant le principe et la règle, mais cela
n’empêche pas, comme nous le voyons, qu’un seul soit appelé, et
doive en avertir beaucoup. Telle était la place du prophète.
« Et toi, fils d’homme, dis à la maison d’Israël : Vous avez parlé
ainsi, disant : Nos transgressions et nos péchés sont sur nous, et
nous sommes consumés par eux, et comment vivrions-nous ? Dis-
leur : Je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, si je prends plaisir en
la mort du méchant,… mais plutôt à ce que le méchant se détourne
de sa voie et qu’il vive ! Détournez-vous, détournez-vous de vos
mauvaises voies ; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? Et
toi, fils d’homme, dis aux fils de ton peuple : La justice du juste ne
le délivrera pas, au jour de sa transgression ; et la méchanceté du
méchant ne le fera pas tomber, au jour où il se détournera de sa
méchanceté ; et le juste ne pourra pas vivre par sa justice, au jour
où il péchera. Quand j’aurai dit au juste que certainement il vivra, et
que lui se confie en sa justice et commette l’iniquité, de tous ses
actes justes, aucun ne viendra en mémoire, mais dans son iniquité
qu’il a commise il mourra. Et quand j’aurai dit au méchant :
Certainement tu mourras,… s’il se détourne de son péché, et
pratique le jugement et la justice ; si le méchant rend le gage,
restitue ce qu’il a pillé, marche dans les statuts de la vie, en ne
commettant pas l’iniquité, certainement il vivra, il ne mourra pas. De
tous ses péchés qu’il a commis, aucun ne viendra en mémoire
contre lui : il a pratiqué le jugement et la justice ; certainement il
vivra. Et les fils de ton peuple disent : La voie du Seigneur n’est pas
réglée ; mais c’est eux dont la voie n’est pas réglée. Quand le juste
se détournera de sa justice et pratiquera l’iniquité, il en mourra. Et
quand le méchant se détournera de sa méchanceté et pratiquera le
jugement et la justice, il vivra à cause de cela. Et vous dites : La
voie du Seigneur n’est pas réglée. Je vous jugerai, chacun selon
ses voies, maison d’Israël » (33:10-20). C’était un jour de jugement
et non de grâce, et quelques-uns faisaient la confusion entre les
deux, de manière étrange. Le désespoir ne servait à rien, mais la
repentance, elle, était profitable. Si l’on a pratiqué la justice
précédemment, cela ne masque pas le péché présent, et le péché
du passé n’empêche pas de voir qu’on s’en détourne. Mais que de
telles personnes marchent doucement (1 Rois 21:27). Les voies de
justice sont immuables ; le salaire du péché, c’est la mort. La crainte
de l’Éternel est le commencement de la sagesse et la connaissance
du Saint est l’intelligence (Prov. 9:10). Celui qui confesse ses
péchés et les abandonne, trouvera miséricorde (Prov. 28:13). C’est
pourquoi il était inutile de se plaindre des voies de l’Éternel qui ne
seraient pas réglées ; il vaudrait mieux ressentir sa propre iniquité.
La vie était pour ceux qui marchaient avec justice ; la mort était pour
ceux qui se détournaient du Seigneur. Ils seraient jugés selon leurs
actions, eux qui provoquaient le Seigneur, et étaient insensibles à
leur propre état autant qu’à Sa bonté.
Si le texte reconnu comme l’original est bien correct (car il y a des
variantes selon les manuscrits, peut-être justement pour restreindre
l’intervalle), la nouvelle de la chute de Jérusalem avait mis
longtemps à arriver au prophète ; mais il ouvrit alors sa bouche,
restée longtemps fermée, pour annoncer solennellement de
nouveaux jugements, d’autant plus qu’on prétendait employer le
langage de la foi, alors que le cœur était loin du Seigneur. La grâce
est suffisante pour absolument toutes les circonstances, mais elle
est inséparable de la foi qui donne gloire à Dieu, comme on le voit
chez Abraham. Or qu’en était-il d’eux ? de leurs voies ? de leur
jugement de soi-même ? Hélas ! plongés dans le péché, méprisant
les commandements du Seigneur, livrés à la méchanceté, ils
avaient une haute opinion d’eux-mêmes (Rom. 12:3), et une très
mauvaise opinion du Seigneur (nous l’avons vu). Que pouvait-on
attendre comme annonce du prophète, sinon le jugement ?
« Et il arriva, la douzième année de notre transportation, au dixième
mois, le cinquième jour du mois, qu’un réchappé de Jérusalem vint
vers moi, disant : La ville est frappée. Et la main de l’Éternel avait
été sur moi le soir avant que vînt le réchappé, et elle avait ouvert
ma bouche jusqu’à ce qu’il vînt vers moi le matin ; ainsi ma bouche
fut ouverte, et je ne fus plus muet. Et la parole de l’Éternel vint à
moi, disant : Fils d’homme, les habitants de ces lieux désolés, sur
la terre d’Israël, parlent, disant : Abraham était un seul, et il a hérité
le pays ; et nous sommes plusieurs, le pays nous est donné pour
héritage. C’est pourquoi dis-leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Vous mangez avec le sang, et vous levez vos yeux vers vos idoles,
et vous versez le sang : et vous hériteriez le pays ? Vous vous
roidissez sur votre épée, vous commettez des abominations, et
vous rendez impure, chacun de vous, la femme de son prochain :
et vous hériteriez le pays ? Tu leur diras ainsi : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Je suis vivant, si ceux qui sont dans les lieux désolés ne
tombent par l’épée ; et si je ne livre aux bêtes celui qui est par les
champs, afin qu’elles le dévorent ; et si ceux qui sont dans les lieux
forts et dans les cavernes ne meurent de la peste ! Et je réduirai le
pays en désolation et en désert ; et l’orgueil de sa force cessera ; et
les montagnes d’Israël seront dévastées, de sorte que personne n’y
passera. Et ils sauront que je suis l’Éternel, quand j’aurai réduit le
pays en désolation et en désert, à cause de toutes leurs
abominations qu’ils ont commises » (33:21-29). Se prévaloir des
promesses dans un pareil état amène la ruine, de même que quand
on fait semblant d’être attentif à la parole du prophète, comme à un
chant agréable.
« Et toi, fils d’homme, les fils de ton peuple parlent contre toi auprès
des murs et aux entrées des maisons, et ils parlent l’un avec l’autre,
chacun avec son frère, disant : Venez donc, et écoutez quelle est la
parole qui est sortie de la part de l’Éternel. Et ils viennent vers toi
comme vient un peuple, et ils s’asseyent devant toi comme étant
mon peuple ; et ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent
pas ; car de leur bouche ils disent des choses agréables, mais leur
cœur va après leur gain déshonnête. Et voici, tu es pour eux comme
un chant agréable, une belle voix, et quelqu’un qui joue bien ; et ils
entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent nullement. Et
quand la chose arrivera (la voici qui arrive), alors ils sauront qu’il y
a eu un prophète au milieu d’eux » (33:30-33). Écouter et ne pas
pratiquer, ne fait qu’accroître la condamnation ; la fin le montrerait
quand l’avertissement qu’ils se plaisaient à entendre se vérifierait
dans leur destruction.

37 - Chapitre 34
Nous avons maintenant une condamnation solennelle, juste, mais
sévère, des rois et des pasteurs d’Israël, devant qui l’Éternel place
le blâme d’avoir affligé et ruiné Son peuple par égoïsme.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme,
prophétise contre les pasteurs d’Israël ; prophétise, et dis-leur, à
ces pasteurs : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Malheur aux pasteurs
d’Israël, qui se paissent eux-mêmes ! Les pasteurs ne doivent-ils
pas paître le troupeau ? Vous mangez la graisse, et vous vous
habillez de la laine ; vous égorgez ce qui est engraissé ; vous ne
paissez pas le troupeau. Vous n’avez pas fortifié les brebis faibles,
et vous n’avez pas guéri celle qui était malade, et vous n’avez pas
bandé celle qui était blessée, et vous n’avez pas ramené celle qui
était égarée, et vous n’avez pas cherché celle qui était perdue ;
mais vous les avez gouvernées avec dureté et rigueur. Et elles ont
été dispersées, parce qu’il n’y avait pas de pasteur, et elles étaient
la pâture de toutes les bêtes des champs, et elles ont été
dispersées. Mes brebis ont erré dans toutes les montagnes et sur
toute haute colline, et mes brebis ont été dispersées sur toute la
face du pays, et il n’y a eu personne qui les ait recherchées,
personne qui se soit enquis d’elles » (34:1-6).
Sans crainte de Dieu et sans amour pour Son peuple, ils oubliaient
les relations avec l’Éternel tant d’eux-mêmes que d’Israël. Aussi tout
était de travers, et il ne pouvait en être autrement, puisque Ses
droits ne comptaient plus à leurs yeux. Comme les monarques
Gentils, ils considéraient le peuple qu’ils gouvernaient comme leur
appartenant, et non pas comme le troupeau de Dieu ; Il n’en
résultait que confusion et mauvais travail de partout. Quel contraste
avec Celui qui daigne être Fils de David et Roi d’Israël, qui
gouvernera avec droiture, et qui règnera sur eux en justice ; Il sera
comme une protection contre le vent, comme un abri contre l’orage,
des ruisseaux d’eau dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand
rocher dans un pays aride (Ésaïe 32:1-2), comme la lumière du
matin quand le soleil se lève, un matin sans nuage, comme l’herbe
tendre qui germe de la terre après la pluie ! (2 Sam. 23:3-4). Les
pasteurs s’étaient nourris eux-mêmes au lieu de nourrir le
troupeau ; ils ne nourrissaient pas les brebis sans tenir compte des
profits qu’ils en avaient tiré. Leurs peines n’attiraient pas leur
sympathie. Ils gouvernaient avec dureté et rigueur, dispersant les
brebis, les laissant être la proie de toutes les bêtes sauvages sans
qu’un berger s’en soucie ; les brebis étaient dispersées sur la face
de la terre : personne ne les cherchait ni ne fouillait pour les trouver.
Mais Celui qui était appelé à tenir le sceptre sur Israël n’était pas
insensible au gémissement de Son peuple sous ses méchants
gouverneurs. « C’est pourquoi, pasteurs, écoutez la parole de
l’Éternel : Je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel : parce que mes
brebis ont été une proie, et que mes brebis ont été la pâture de
toutes les bêtes des champs, faute de pasteur, et que mes pasteurs
n’ont pas cherché mes brebis, mais que les pasteurs se paissaient
eux-mêmes, et ne paissaient pas mes brebis !… C’est pourquoi,
pasteurs, écoutez la parole de l’Éternel ! Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Voici, j’en veux à ces pasteurs, et je réclamerai mes
brebis de leur main ; je les ferai cesser de paître le troupeau, et les
pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes ; et je délivrerai mes brebis
de leur bouche, et ils ne les mangeront plus » (34:7-10). Le péché
de ces pasteurs est dévoilé, ils sont convaincus de péché et
condamnés, mais l’Éternel promet de délivrer Ses brebis.
La manière dont cette délivrance serait opérée est ensuite à
nouveau garantie et expliquée. « Car, ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Me voici, moi, et je rechercherai mes brebis, et j’en
prendrai soin. Comme un berger prend soin de son troupeau au jour
où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin
de mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été
dispersées au jour de la nuée et de l’obscurité profonde. Et je les
ferai sortir d’entre les peuples, et je les rassemblerai des pays, et
les amènerai dans leur terre ; et je les paîtrai sur les montagnes
d’Israël, auprès des ruisseaux et dans toutes les habitations du
pays ; je les ferai paître dans un bon pâturage, et leur parc sera
dans les hautes montagnes d’Israël ; elles seront là, couchées dans
un bon parc, et paîtront dans de gras pâturages, sur les montagnes
d’Israël. Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer,
dit le Seigneur, l’Éternel. La perdue, je la chercherai, et l’égarée, je
la ramènerai, et la blessée, je la banderai, et la malade, je la
fortifierai ; mais je détruirai la grasse et la forte. Je les paîtrai avec
jugement. Mais vous, mon troupeau, — ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Voici, je juge entre brebis et brebis, entre béliers et boucs.
Est-ce trop peu pour vous de brouter le bon pâturage, pour que vous
fouliez avec vos pieds le reste de votre pâturage ; — et de boire les
eaux limpides, pour que vous troubliez le reste avec vos pieds ? Et
mes brebis ont pour pâture ce que vos pieds ont foulé, et elles
boivent ce que vos pieds ont troublé » (34:11-19).
La faillite complète des bergers rejette le soin des brebis sur
l’Éternel lui-même, qui se charge non seulement de les redemander
de la main de leurs gouvernants, mais de les chercher et d’en
prendre soin partout où elles étaient dispersées. Les versets 13 et
14 l’exposent en détail et dans un langage si simple et si précis qu’il
est vain, tant dans ce passage que dans d’autres apparentés,
d’évacuer le témoignage de Dieu rendu à l’œuvre qu’Il accomplira
pour Israël sur la terre, lorsqu’Il aura achevé de rassembler Son
Église pour le ciel. Ces paroles n’ont encore jamais été accomplies ;
il leur reste donc à l’être. Qu’elles soient sûres et certaines, cela
repose sur Lui, ainsi que sur Sa bonté qui demeure à toujours (Ps.
136), comme ils le chanteront bientôt, — avec quelle joie ! C’est en
vain que des sages raisonnent sur ce qu’Il n’a pas exécuté Ses
menaces quand les hommes se sont repenti comme à Ninive : elles
ont fini par s’exécuter après tout, bien que cela ait été Son plaisir
d’entendre le cri de ceux qui s’humiliaient à Sa parole, et de différer
le coup jusqu’à l’extrême, au point où Sa patience aurait perdu son
caractère et serait devenu de l’indifférence au mal, ce qui ne peut
être. Celui qui promet sait comment faire tourner toutes les
circonstances et toutes les conditions pour le bien, et entre temps,
Il a introduit le seul fondement juste pour le faire, aussi bien pour
Son support dans le passé, que pour la moisson future de
bénédictions. Ce jour de riche bonté et de miséricorde n’ira pas
sans le jugement des méchants, bien au contraire. Nous avons vu
au chapitre 33 que l’état individuel devant Dieu aura une force en
Israël qu’il n’avait jamais eue sous la première alliance, et il en sera
de même ici, quand Il jugera entre brebis et brebis, entre béliers et
boucs (34:17), et qu’Il remettra en mémoire la légèreté de ceux qui
détruisent ce qui ne peut leur servir à eux-mêmes, au grand
dommage du troupeau (34:18-22). Il jugera les vivants aussi bien
que les morts.
Mais il y a plus encore. S’il y a le jugement de l’oppresseur, la
délivrance des malheureux et la bénédiction du peuple restauré
dans la terre d’Israël, la grâce n’arrête pas son cours selon la
mesure des hommes. « C’est pourquoi, ainsi leur dit le Seigneur,
l’Éternel : Me voici, moi ; et je jugerai entre la brebis grasse et la
brebis maigre. Parce que vous poussez du côté et de l’épaule, et
que vous heurtez de vos cornes toutes les brebis faibles, jusqu’à ce
que vous les ayez dispersées au dehors, je sauverai mes brebis, et
elles ne seront plus une proie, et je jugerai entre brebis et brebis. Et
je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David :
lui les paîtra, et lui sera leur pasteur. Et moi, l’Éternel, je serai leur
Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’eux. Moi,
l’Éternel, j’ai parlé. Et je ferai avec eux une alliance de paix, et je
mettrai fin aux bêtes mauvaises dans le pays ; et ils habiteront dans
le désert en sécurité, et dormiront dans les forêts. Et d’eux et des
alentours de ma colline, je ferai une bénédiction ; et je ferai tomber
la pluie en son temps : ce seront des pluies de bénédiction. Et
l’arbre des champs donnera son fruit, et la terre donnera son
rapport ; et ils seront dans leur terre en sécurité, et sauront que je
suis l’Éternel, quand j’aurai brisé les liens de leur joug, et que je les
aurai sauvés de la main de ceux qui les tenaient asservis. Et ils ne
seront plus en proie aux nations, et les bêtes de la terre ne les
dévoreront plus ; mais ils habiteront en sécurité, et il n’y aura
personne qui les effraye. Et je leur susciterai un plant de renom ; et
ils ne seront plus enlevés par la famine dans le pays, et ils ne
porteront plus l’ignominie des nations. Et ils sauront que moi,
l’Éternel, leur Dieu, je suis avec eux, et qu’eux, la maison d’Israël,
ils sont mon peuple, dit le Seigneur, l’Éternel. Et vous, mon
troupeau, le troupeau de ma pâture, vous êtes des hommes ; moi,
je suis votre Dieu, dit le Seigneur, l’Éternel » (34:20-31).
Il ne s’agit pas ici de Zorobabel ou de Néhémie, ni de la maison des
Asmonéens, encore moins des Hérode, mais du Roi, l’Éternel-
Messie, comme nous le savons par ailleurs, distingué cependant ici
de l’Éternel qui parle et qui accomplit. Si l’on interprète autrement,
on s’expose à sous-entendre ou laisser penser que la parole
prophétique est la plus grossière des exagérations. Mais si l’on y
voit le Seigneur régnant sur Israël rassemblé par la grâce et la
puissance divines, alors on sent que les mots ne peuvent pas
dépasser la réalité : quand cela arrivera, ceux qui contempleront Sa
gloire sur la terre, éprouveront en réalité ce sentiment qu’ « on ne
leur en avait pas rapporté la moitié » (1 Rois 10:7). Et que sera-ce
alors dans le ciel !
À tout point de vue, il est absurde d’interpréter ces prophéties
comme s’appliquant à l’Église ou à l’évangile. Alors les bêtes
sauvages elles-mêmes changeront de nature, et le rendement de la
terre augmentera : ce sera le jour que la création attend, après
lequel elle soupire et est en travail, étant dans la peine, mais alors
elle sera délivrée de la servitude de la corruption pour jouir de la
liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8:22).
Ce sera le jour où le Messie se lèvera pour eux, non plus rejeté et
méprisé comme autrefois, mais comme un plant de renom (34:29),
et Israël ne dépérira plus de faim dans son pays et ne portera plus
l’opprobre des Gentils. L’Éternel sera avec eux, leur Dieu, et eux
seront Son peuple. N’a-t-il pas parlé et ne fera-t-il pas ? (Nombres
23:19). Y a-t-il quelque chose de trop bon ou de trop difficile pour le
Seigneur ? (Gen. 18:14 ; Jér. 32:17, 27).

38 - Chapitre 35
Au chapitre 25 le prophète avait menacé Séhir et Édom qui
habitaient un pays de forteresses naturelles, et étaient tellement
jaloux de la faveur que l’Éternel montrait à Son peuple. Ici, il reprend
ce sujet avec plus de détails.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tourne
ta face contre la montagne de Séhir, et prophétise contre elle, et
dis-lui : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en veux à toi,
montagne de Séhir ; et j’étendrai ma main sur toi, et je te réduirai
en désolation et en désert. Je réduirai tes villes en déserts, et tu
seras une désolation ; et tu sauras que je suis l’Éternel. Parce que
tu as eu une inimitié perpétuelle, et que tu as livré les fils d’Israël à
la puissance de l’épée, au temps de leur calamité, au temps de
l’iniquité de la fin » (35:1-5).
Cette accusation publique est d’autant plus solennelle qu’elle fait
contraste avec la promesse de bonté et de grâce envers Israël, au
chapitre précédent. Or c’est justement cette bénédiction accordée
par la grâce divine au peuple élu, qui avait suscité dès le
commencement la rancune toujours croissante de ce peuple
apparenté qui regardait de mauvaise grâce les bénédictions
promises à Israël du haut de leur orgueil et de leur confiance en soi.
Ils allaient bientôt éprouver ce que c’est que d’avoir l’Éternel contre
soi, d’avoir Sa main étendue pour rendre le pays désolé et dévasté.
Le résultat final était annoncé ; peu après, la parole et la main de
l’Éternel allaient se manifester dans la désolation d’eux-mêmes et
de leurs villes. À titre d’avertissement pour toute âme négligente qui
pourrait lire ces pages, on peut ajouter ceci : S’il était déjà terrible
de savoir que Celui qui avait ainsi parlé et agi était l’Éternel,
manifesté dans le châtiment d’Israël et le jugement des païens,
combien incomparablement plus terrible sera le sort de toute âme
de la chrétienté qui aura badiné avec le nom et la Parole du
Seigneur dans le temps présent.
Dieu connaît les véritables sentiments des cœurs, et fait des
distinctions dans son jugement, comme dans tout le reste. Israël
avait beaucoup d’ennemis arrogants, et tous étaient toujours prêts
à faire du mal au peuple choisi par l’Éternel. Mais Il tient les yeux
fixés sur « l’inimitié perpétuelle » d’Édom, et voit son caractère
implacable, plus cruel que d’habitude « au temps de l’iniquité de la
fin ». Il n’avait pas un atome de générosité, et le sentiment naturel
n’était plus que fiel et absinthe. Celui qui avait été si indignement
déshonoré par Son propre peuple, le châtiait avec mesure :
qu’étaient donc les Édomites, et qui étaient-ils pour en profiter pour
écraser sans mesure et détruire sans pitié ? « À cause de cela, je
suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, que je te mettrai à sang, et le
sang te poursuivra ; puisque tu n’as pas haï le sang, le sang te
poursuivra. Et je réduirai en désolation et en désert la montagne de
Séhir, et j’en retrancherai les allants et les venants ; et je remplirai
ses montagnes de ses tués. Des tués par l’épée tomberont sur tes
collines, et dans tes vallées, et dans tous tes ravins. Je te réduirai
en désolations perpétuelles, et tes villes ne seront plus habitées ; et
vous saurez que je suis l’Éternel » (35:6-9). Il y a là des accents
d’insistance très forts : non seulement le sang des Édomites serait
versé et les poursuivrait dans leur soif de sang, mais eux-mêmes
seraient réduits à une désolation perpétuelle, leurs montagnes et
leurs vallées seraient remplies de tués, et leurs villes ne seraient
pas restaurées : c’est de cette manière qu’ils apprendraient à
connaître qu’Il est l’Éternel,
Redisons que Dieu tient compte de ce que les hommes disent et
pensent ; le Seigneur l’a dit lui-même de manière encore plus
complète, profonde et solennelle, en Matthieu 12. « Parce que tu as
dit : Les deux nations et les deux pays seront à moi, et nous les
posséderons ; — et l’Éternel y était ; à cause de cela, je suis vivant,
dit le Seigneur, l’Éternel, que j’agirai selon ta colère et selon ta
jalousie, comme tu as agi à cause de ta haine contre eux ; et je me
ferai connaître parmi eux, quand je t’aurai jugé. Et tu sauras que
moi, l’Éternel, j’ai entendu tous tes outrages que tu as proférés
contre les montagnes d’Israël, disant : Elles sont désolées, elles
nous sont données pour les dévorer. Et vous vous êtes, de votre
bouche, élevés contre moi, et vous avez multiplié contre moi vos
paroles ; moi, je l’ai entendu » (35:10-13).
N’y a-t-il pas une leçon à tirer de ces déclarations ? N’est-ce pas
analogue à ce qu’on trouve dans la chrétienté ? Je le crois, même
si ce n’est guère saisi et même supposé par ceux qui montrent une
jalousie aiguë contre ce qui est réellement selon la Parole et l’Esprit
de Dieu aujourd’hui. Eux aussi oublient que Dieu est un Dieu de
vérité parmi Ses saints, et que leur rassemblement au nom du
Seigneur, dans la dépendance de la présence et de l’action du
Saint-Esprit est le chemin où l’on montre sa foi et où l’on marche
fidèlement à cet égard. Il est pourtant difficile de trouver quelque
chose d’aussi haï et craint par les chrétiens mondains, même là où
il y a de la réalité, tout en étant indifférent ou opposé à la vérité sur
l’assemblée de Dieu. Cela n’est pas surprenant parmi les clergés
de tout genre qui, bien sûr, ne peuvent pas aimer ce qui condamne
leur position et leur existence comme entièrement contraires à
l’Écriture. C’est général chez ceux qui supportent et défendent un
état de choses injustifiable selon l’Écriture. Une mauvaise
conscience ravive le mal du cœur naturel, et il n’y a pas de mots
assez amers, d’insinuations assez basses, contre ceux qui
s’attachent aujourd’hui à la volonté révélée du Seigneur au sujet de
l’Assemblée. Qu’ils sachent que le Seigneur agira selon la colère et
la jalousie que Babylone ressent contre ceux qui restent fidèles. La
fausse Église orgueilleuse sera jugée au moment des noces de
l’Épouse, la femme de l’Agneau. Tout ce qui est dit contre l’Église
et ses privilèges bien compris et mis en pratique, n’est pas un petit
péché aux yeux de Dieu : il en est aujourd’hui comme avec Israël
autrefois : ce qui est dit contre Son peuple qui dans sa faiblesse
s’attache à Sa grâce et à Sa parole, le Seigneur le considère
comme prononcé contre Lui-même : « Je l’ai entendu ».
Le chapitre se termine par cette sentence contre l’ennemi : « Ainsi
dit le Seigneur, l’Éternel : Quand toute la terre se réjouira, je te
réduirai en désolation. Comme tu t’es réjouie sur l’héritage de la
maison d’Israël, parce qu’il a été désolé, j’en ferai de même envers
toi ; tu seras une désolation, montagne de Séhir, et Édom tout
entier ; et ils sauront que je suis l’Éternel » (35:14-15). Il n’y a jamais
eu d’opinion plus fausse que celle qui prétend que l’Éternel ne
restaurera pas et ne bénira pas Israël. Ce ne sera pas à cause de
leurs mérites, mais dans sa propre grâce et par le moyen du Messie
jadis rejeté ; Celui-ci ravagera les ennemis d’Israël aussi sûrement
qu’Il accomplira les promesses faites à leurs pères. Mais ni l’une ni
l’autre de ces opérations n’est l’Évangile, qui tout au contraire
rassemble maintenant indifféremment Juifs et Gentils pour la gloire
céleste avec Christ, le Sauveur, mais aussi la tête de l’Église dans
le ciel. Nous ne Le connaissons pas selon la chair (2 Cor. 5:16), ni
par les jugements qu’Il exécute contre Édom, ni même par Sa
miséricorde envers Israël, mais nous Le connaissons comme mort,
ressuscité et glorifié dans le ciel, suivant les conseils de Dieu,
autrefois cachés, mais maintenant révélés en Lui et dans Son corps.

39 - Chapitre 36
Après la condamnation de la montagne de Séhir, l’Éternel s’adresse
maintenant aux montagnes d’Israël personnifiées, et leur annonce
la consolation qu’Il tient en réserve pour elles, malgré toute la
méchanceté orgueilleuse des Édomites contre eux.
« Et toi, fils d’homme, prophétise touchant les montagnes d’Israël et
dis : Montagnes d’Israël, écoutez la parole de l’Éternel » (36:1).
Il est bon de se rappeler ici qu’il y avait jadis en Israël un
gouvernement sous le nom révélé de l’Éternel, mais sous les
conditions imposées par la loi, à laquelle l’homme dans la chair avait
souscris, ce qui ne pouvait qu’aboutir à la ruine, et y aboutit en effet.
L’état de choses actuel est entièrement différent, car l’Assemblée
est bâtie sur un Christ rejeté, qui est le Fils de Dieu ; elle est Son
corps et Son épouse par pure grâce, une grâce absolue ; elle est
formée de croyants, sans distinction de Juifs ou de Gentils, qui sont
destinés à être avec Lui dans les cieux et à régner avec Lui sur la
terre. Mais Dieu n’a pas abandonné pour toujours le gouvernement
du monde en Israël. Il s’occupera de nouveau d’Israël à la venue du
Seigneur, le Fils de l’homme glorieux, et déploiera Son
gouvernement d’une manière parfaite, pour Sa propre gloire sous
la nouvelle alliance, et par conséquent sur un principe supérieur à
la faiblesse ou au mal de la créature. Ce sera un temps de
bénédiction pour le monde, un demi-tour par rapport au passé, non
pas seulement comme aujourd’hui le rassemblement d’âmes tirées
du monde pour être avec Christ dans la gloire céleste, mais le
jugement retournera à la justice sur la terre, et tous les hommes
droits le suivront (Ps. 94:15). Ainsi la seconde venue du Seigneur
pour le monde est caractérisée par l’exécution des jugements,
d’autant plus que toute l’Écriture montre que l’état de la terre
immédiatement avant cette venue sera un état sans précédent de
mal et d’apostasie, non seulement un rejet de la vérité par rébellion,
mais le mensonge suprême consommé par l’homme s’asseyant
comme Dieu au temple de Dieu (2 Thes. 2:4). Et Dieu n’agira pas
seulement contre les pécheurs notoires, mais contre tous ceux qui
se sont levés contre Lui ; en même temps Il délivrera et exaltera
Son ancien peuple, qui sera encore à ce moment-là dans
l’abaissement à cause de ses péchés — un abaissement juste.
Jusqu’ici, toutes ces prophéties dirigent les regards en avant, quels
qu’aient pu être les accomplissements partiels dans le passé. Si
Israël doit sortir des lieux où il est caché par Sa grâce, il en sera de
même pour Édom, mais pour le jugement. J’entends par là bien sûr
le jugement des vivants, non pas des morts. Ce dernier surviendra
à la fin de tout, quand tous les méchants de tous les âges et tous
les lieux ressusciteront et seront jugés par le Fils de l’Homme.
Mais ici il s’agit de la terre, non du jugement éternel, et le prophète
allait parler de consolation aux montagnes d’Israël, si longtemps
désolées. Car Dieu n’a pas créé la terre, ni l’homme sur elle, pour
être toujours les victimes du péché, de la douleur, de la vanité et de
la corruption. Il se montrera certainement Lui-même comme un
libérateur de tous les dommages opérés par Satan, mais il faut qu’il
y ait le jugement aussi bien que la miséricorde : on voit bien les deux
ici. Si l’ennemi s’était moqué du pays d’Israël en disant : « Ha ha !
les hauteurs éternelles sont devenues notre possession » (36:2),
l’Éternel répondait par son prophète : « Parce que, oui, parce qu’on
vous a désolées, et qu’on vous a englouties de toutes parts, afin
que vous fussiez la possession du reste des nations, et que vous
avez été en butte au bavardage de la langue et aux mauvais propos
des hommes : à cause de cela, montagnes d’Israël, écoutez la
parole du Seigneur, l’Éternel : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, aux
montagnes et aux collines, aux ravins et aux vallées » (36:3-4).
Si les sarcasmes inexprimés sont enregistrés par l’Éternel, combien
plus cette vanterie méchante au sujet de l’humiliation qu’Israël avait
méritée, et de la désolation du pays qui en était résultée, comme si
cela provenait de la victoire d’Édom sur le seul vrai Dieu ! Mais Il
entendait et était bientôt prévenu par son serviteur le prophète ;
cependant Il ne se hâtait pas de juger. Sa main ne tarderait pas à
exécuter ce que Sa bouche avait prononcé, et une ruine encore plus
épouvantable attendait Édom l’arrogant. Les Juifs incroyants
peuvent, entre temps, renvoyer ces malédictions sur leurs ennemis
soi-disant chrétiens ; mais les Juifs comme la chrétienté ont perdu
toute leur simplicité, et à la suite, ont aussi perdu la puissance de la
foi dans la Parole de Dieu. Or ni le bien ni le mal n’ont disparu de
devant Ses yeux. Édom et Israël ne sont qu’endormis dans la
poussière et vont bientôt ressurgir, Édom avec son orgueil et son
désir de vengeance toujours indomptables, et Israël enfin repentant
et soumis par la patience de la grâce infinie de Dieu. Chaque race
recevra sa part en ce jour-là dans le monde, Édom la recevant
finalement de la main même d’Israël (comparer Ésaïe 11:10-14 ; 34
à 35 ; 63 ; Abdias).
Car ce serait une idée malheureuse et indigne de ce jour si l’on n’y
voyait que la colère divine portant le coup de mort sur les méchants.
La prophétie n’offre pas une pareille monotonie de ténèbres, mais
au contraire, elle montre que les voies ténébreuses de l’iniquité de
l’homme sont suivies par le jugement, et finalement pas le jour de
l’Éternel. « C’est pourquoi, prophétise touchant la terre d’Israël, et
dis aux montagnes et aux collines, aux ravins et aux vallées : Ainsi
dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’ai parlé dans ma jalousie et dans
ma fureur, parce que vous avez porté l’ignominie des nations ; c’est
pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : J’ai levé ma main, si les
nations qui sont autour de vous ne portent elles-mêmes leur
ignominie ! Mais vous, montagnes d’Israël, vous pousserez vos
branches, et vous porterez votre fruit pour mon peuple Israël, car ils
sont près de venir. Car voici, je pense à vous, et je me tourne vers
vous : vous serez labourées et vous serez semées. Et je multiplierai
sur vous les hommes, la maison d’Israël tout entière ; et les villes
seront habitées, et les lieux désolés seront rebâtis ; et je multiplierai
sur vous les hommes et les bêtes, et ils multiplieront et fructifieront ;
et je ferai que vous serez habitées comme en vos temps d’autrefois,
et je vous ferai plus de bien que lors de votre commencement ; et
vous saurez que je suis l’Éternel. Et je ferai marcher sur vous des
hommes, mon peuple Israël ; et ils te posséderont, et tu seras leur
héritage, et tu ne les priveras plus d’enfants. Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Parce qu’on dit de vous : Tu dévores les hommes, et tu
prives d’enfants ta nation ;… c’est pourquoi tu ne dévoreras plus les
hommes, et tu ne priveras plus d’enfants ta nation, dit le Seigneur,
l’Éternel. Et je ne te ferai plus entendre les insultes des nations ; et
tu ne porteras plus l’opprobre des peuples, et tu ne feras plus choir
ta nation, dit le Seigneur, l’Éternel » (36:6-15).
Le Seigneur garantit ainsi Son serment ; Il est jaloux pour la
bénédiction d’Israël et indigné devant l’opprobre qui ne les a pas
encore atteints, mais que les païens continueront à leur infliger.
C’est en vain que l’on applique des paroles si ardentes au retour du
peuple de Babylone : il n’était qu’un avant-goût de ce qui arriverait
au peuple tout entier. Si on respecte l’Écriture et qu’on connaît les
faits, peut-on prétendre que le Seigneur a multiplié les hommes sur
les montagnes d’Israël, « la maison d’Israël tout entière » ? (36:10).
Ces mots semblent avoir été écrits spécialement pour préserver les
âmes de telles vues étroites et trompeuses. L’Éternel a-t-il établi le
résidu revenu dans son pays comme en leurs temps d’autrefois, lui
faisant plus de bien qu’au commencement ? (36:11). Le pays et les
montagnes sont-ils devenus leur héritage et ne les privent-ils plus
d’enfants ? (36:12). Ne savons-nous pas que sous le quatrième
empire (romain), ils subirent une dévastation encore pire et une
dispersion encore plus longue, au lieu que le pays ne les dévore
plus ni ne prive plus d’enfants leur nation, et qu’ils n’endurent plus
les insultes des Gentils (36:15).
L’accomplissement de la prophétie est encore à venir, mais il
viendra aussi sûrement que l’Éternel est vivant, et qu’Il l’a juré par
son prophète au sujet du pays d’Israël. Supposer que ces paroles
concernent l’évangile ou l’Église n’est ni de la simplicité ni de
l’intelligence, cela en est bien loin.
Le message suivant de l’Éternel donne les raisons morales pour
lesquelles le pays d’Israël a été laissé désolé, et qu’eux-mêmes ont
été dispersés parmi les nations ; il expose le déshonneur qu’ils ont
jeté sur son nom même dans leur dispersion, et finalement Sa grâce
qui restaure, avec ses effets sur le cœur et sur les voies d’Israël,
ainsi que Sa puissance qui redonne à leur pays une prospérité et
une fécondité plus grande qu’auparavant ; alors l’Éternel sera
sanctifié par tous aux yeux de toutes les nations.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, la
maison d’Israël habitait sa terre, et ils l’ont rendue impure par leur
voie et par leurs actions ; leur voie a été devant moi comme
l’impureté d’une femme séparée à cause de ses mois ; et je versai
ma fureur sur eux, à cause du sang qu’ils avaient versé sur le pays,
et parce qu’ils l’avaient rendu impur par leurs idoles ; et je les
dispersai parmi les nations, et ils furent disséminés dans les pays :
je les jugeai selon leur voie et selon leurs actions. Et ils vinrent chez
les nations où ils sont venus, et ils profanèrent mon saint nom, en
ce qu’on disait d’eux : C’est ici le peuple de l’Éternel, et ils sont sortis
de son pays » (36:16-20). Telle étaient les voies d’Israël dans le
pays et hors du pays, partout une honte pour Celui qui les avait
choisis pour être à Lui, la corruption idolâtre et la violence meurtrière
en Canaan, la profanation de Son nom parmi les nations. Que fit
l’Éternel contre ceux qui avaient péché ? Il est l’Éternel et Il ne
change pas : c’est pour cela qu’ils n’avaient pas été consumés.
Non, Il avait épargné le nom qu’ils avaient outragé, et Il voulait le
sanctifier et être sanctifiés en eux. C’est ce qu’Il dit ici : « Mais j’ai
épargné mon saint nom, que la maison d’Israël profana parmi les
nations où ils sont venus. C’est pourquoi, dis à la maison d’Israël :
Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Ce n’est point à cause de vous,
maison d’Israël, que je le fais, mais c’est à cause de mon saint nom,
que vous avez profané parmi les nations où vous êtes venus. Et je
sanctifierai mon grand nom, qui a été profané parmi les nations, et
que vous avez profané au milieu d’elles ; et les nations sauront que
je suis l’Éternel, dit le Seigneur, l’Éternel, quand je serai sanctifié en
vous, à leurs yeux. Et je vous prendrai d’entre les nations, et je vous
rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai sur votre terre »
(36:21-24).
Nous n’avons pas besoin de faire des suppositions sur quand et
comment ce travail de la grâce divine s’est opéré ou s’opérera, et il
n’y a pas besoin ici d’une discussion détaillée pour le déterminer. Il
y a des indications qui rendent la réponse tout à fait simple. Le
retour de Babylone n’en a pas été un accomplissement, au mieux
une sorte d’arrhes de la réalisation à venir de cette prophétie, car
seul un résidu numériquement insignifiant est revenu. Esdras 9 ne
prend pas le même terrain, et ne prétend pas être ce que les fidèles
attendaient, pas plus que Néhémie 9 ultérieurement. Le premier de
ces chapitres parle de « notre servitude », et le second dit : « Voici,
nous sommes aujourd’hui serviteurs ; et quant au pays que tu
donnas à nos pères pour qu’ils en mangeassent le fruit et les bons
produits, voici, nous y sommes serviteurs ; et il rapporte beaucoup
aux rois que tu as établis sur nous à cause de nos péchés ; et ils
dominent à leur gré sur nos corps et sur notre bétail, et nous
sommes dans une grande détresse » (Néh. 9:36-37). Il n’est pas
besoin de chercher à démontrer combien cela est éloigné de ce
qu’Ézéchiel garantit : « Je vous prendrai d’entre les nations, et je
vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai sur votre
terre » (36:24). Après le décret de Cyrus, la grande masse d’Israël
resta dispersée parmi les nations.
Mais il y a une preuve supplémentaire, plus claire encore, que la
prophétie reste à accomplir, car il est ajouté : « et je répandrai sur
vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de
toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un
cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ;
et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un
cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au dedans de vous, et je
ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes
ordonnances et les pratiquiez. Et vous habiterez dans le pays que
j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et moi je serai
votre Dieu » (36:25-28). Les Juifs, sans parler d’Israël, avaient-ils
été purifiés de toutes leurs impuretés ? Malachie présente tout le
contraire, et notre Seigneur en a donné la preuve dans sa personne.
Quand cette prophétie s’accomplira, la bénédiction ne sera rien
moins que la nouvelle naissance du peuple juif. Dieu leur donnera
un cœur nouveau et un esprit nouveau ; Il ôtera leur cœur de pierre,
et leur donnera un cœur de chair. Il mettra Son Esprit en eux, et fera
qu’ils marcheront dans une sainte obéissance, comme peuple de
Dieu, Dieu étant leur Dieu. Prétendre que cela a été accompli n’est
qu’une exagération des plus grossières, même si la Parole de notre
Seigneur fait allusion à ces versets en Jean 3:5 : ce dont Il parle est
tout à fait réel, mais entièrement distinct de l’application prédite ici
en Ézé. 36.
Mais il y a plus encore, car le prophète continue en disant que cette
bénédiction en réserve pour Israël comprendra une faveur visible et
une abondance terrestre d’une manière jamais vue jusqu’alors. « Et
je vous délivrerai de toutes vos impuretés. Et j’appellerai le blé, et
je le multiplierai, et je ne vous enverrai pas la famine ; et je
multiplierai le fruit des arbres et le produit des champs, afin que
vous ne portiez plus l’opprobre de la famine parmi les nations »
(36:29-30).
Il ne sert à rien de réduire à néant cette prédiction de restauration
de la fertilité, et même d’une fertilité accrue, ni de la considérer
comme incroyable, ni de prétendre qu’elle ne résultera pas d’une
puissance divine extraordinaire, comme si c’était des choses ne
méritant pas que Dieu y fasse attention. Le Nouveau Testament
nous en montre le principe dans Romains 8 (v. 18-23). La création
qui soupire attend le moment où elle sera affranchie de la servitude
de la corruption pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de
Dieu. Mais ce n’est pas l’effet du message de l’Évangile ; c’est un
fruit de la puissance divine, quand Christ ne sera plus caché, mais
apparaîtra en gloire et que les enfants de Dieu seront manifestés.
La différence ici est que l’apôtre relie cette délivrance bénie à la
révélation des saints ressuscités, tandis que le prophète la rattache
à la restauration et à la renaissance d’Israël.
Ce n’est que la grâce, appliquée à l’âme par le Saint Esprit, qui
produit une vraie crainte de Dieu et le jugement de soi-même. « Il y
a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint » (Ps. 130). C’est cela
aussi qui conduit ici Israël à avoir horreur de ses iniquités passées
et à les confesser de tout cœur. Quel bonheur sera-ce pour eux de
se courber devant la souveraineté de Celui qui s’en sert en grâce
pour sauver ! « Et vous vous souviendrez de vos mauvaises voies
et de vos actions qui ne sont pas bonnes, et vous aurez horreur de
vous-mêmes à cause de vos iniquités et à cause de vos
abominations. Ce n’est point à cause de vous que je le fais, dit le
Seigneur, l’Éternel : sachez-le. Soyez honteux et soyez confus à
cause de vos voies, maison d’Israël ! Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Au jour où je vous purifierai de toutes vos iniquités, je ferai que les
villes seront habitées, et les lieux désolés seront rebâtis ; et le pays
désert sera labouré, au lieu d’être une désolation aux yeux de tous
les passants. Et ils diront : Ce pays qui était désolé, est devenu
comme le jardin d’Éden ; et les villes ruinées et désertes et
renversées sont fortifiées et habitées. Et les nations qui
demeureront de reste autour de vous, sauront que moi, l’Éternel, j’ai
rebâti les villes renversées, j’ai planté ce qui était désolé. Moi,
l’Éternel, j’ai parlé, et je le ferai. Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Encore en ceci je serai recherché par la maison d’Israël, pour le leur
faire : je les multiplierai comme un troupeau d’hommes. Comme un
troupeau saint, comme un troupeau de Jérusalem dans ses fêtes
solennelles, ainsi les villes ruinées seront remplies de troupeaux
d’hommes ; et ils sauront que je suis l’Éternel » (36:31-38).
L’Éternel effacera ainsi tout l’opprobre dont les nations les avaient
couverts, pour la gloire de Son propre nom, tout en produisant des
sentiments et des voies propres à la repentance d’Israël. Le résidu
rentré dans sa terre dans le passé n’a rien éprouvé de semblable ;
ceux qui ont été amenés à l’évangile ont été appelés à des
bénédictions d’une autre nature, et meilleures, qui ont incité
beaucoup d’entre eux à se défaire de leurs maisons et de leurs
terres (Actes 4:34). Il n’y a pas eu de reconstruction des villes
autrefois désolées faisant partie de leur héritage. Mais Dieu
accomplira certainement toutes les paroles qu’Il a prononcées, au
jour de la restauration du royaume d’Israël.
Sous la loi Israël était ruiné ; sous l’évangile il n’y a ni Juif ni Grec,
mais l’union avec Christ dans les cieux. Quand le royaume sera
manifesté en puissance, les Juifs seront restaurés dans leur pays
et dans leurs villes, qui ne seront plus désolées, mais jouiront de la
bénédiction et de la gloire de l’Éternel.

40 - Chapitre 37
Ce chapitre contient une vision remarquable, avec son explication
claire. Il n’est question ni de la conversion de l’âme ni de la
résurrection du corps, mais de Dieu faisant bientôt revivre Israël en
tant que peuple. Dans ce temps-là, le peuple était dispersé et sans
existence politique, et ils avaient devant eux des troubles plus
grands que ceux infligés par les Assyriens et les Babyloniens : la loi
et les prophètes les en avaient clairement avertis ; mais la parole
de l’Éternel demeure. À nouveau ici, il est donné cette révélation
aux captifs dans la douleur : elle a pour but de les consoler après
leur premier exil et avant le dernier, et de les soutenir en présence
de désastres aussi accablants par la certitude de l’espérance de
leur renaissance nationale par l’opération en grâce du Seigneur.
« La main de l’Éternel fut sur moi, et l’Éternel me fit sortir en esprit,
et me posa au milieu de la plaine, et elle était remplie d’ossements ;
et il me fit passer auprès d’eux, tout autour ; et voici, ils étaient fort
nombreux sur la face de la plaine ; et voici, ils étaient très secs »
(37:1-2). L’Éternel ne cache nullement ce qu’Il entend signifier par
les ossements dans la plaine. Non seulement il n’y avait là aucune
force, mais même aucune vie. Pour le faire ressortir encore plus,
nous lisons : « Et il me dit : Fils d’homme, ces os revivront-ils ? Et
je dis : Seigneur Éternel ! tu le sais » (37:3). L’impuissance que ces
paroles traduisent et confessent ouvrent la porte à la parole du
Seigneur. « Prophétise sur ces os, et dis-leur : Os secs, écoutez la
parole de l’Éternel. Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, à ces os : Voici,
je fais venir en vous le souffle, et vous vivrez. Et je mettrai sur vous
des nerfs, et je ferai venir sur vous de la chair, et je vous recouvrirai
de peau ; et je mettrai en vous le souffle, et vous vivrez ; et vous
saurez que je suis l’Éternel » (37:4-6).
En vérité, il y a là l’extrémité de l’homme et l’opportunité de Dieu. Il
est le Dieu qui vivifie les morts ; où exercerait-Il Sa glorieuse
puissance, sinon en faveur de Son peuple ? Il est alors donné au
prophète de voir, d’entendre et de parler. « Et je prophétisai selon
qu’il m’avait été commandé ; et comme je prophétisais, il y eut un
bruit, et voici, il se fit un mouvement, et les os se rapprochèrent, un
os de son os. Et je vis, et voici, il vint sur eux des nerfs et de la chair,
et de la peau les recouvrit par-dessus ; mais il n’y avait pas de
souffle en eux » (37:7, 8). La suite est encore plus solennelle ; « Et
il me dit : Prophétise au souffle, prophétise, fils d’homme, et dis au
souffle : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Esprit, viens des quatre
vents, et souffle sur ces tués, et qu’ils vivent. Et je prophétisai selon
qu’il m’avait commandé ; et le souffle entra en eux, et ils vécurent,
et se tinrent sur leurs pieds, — une immense armée » (37:9-10). Il
est impossible d’appliquer ce qui est dit là avec la moindre
vraisemblance au retour de Babylone de moins de 43000
personnes : d’autant plus que les armées d’autrefois dépassaient
de beaucoup celles habituelles dans les temps modernes. Le résidu
rentrant au pays n’était qu’une armée très petite par comparaison
avec celle de Juda tout seul sous les rois. Or on trouve plus loin qu’il
s’agit d’Éphraïm avec Juda : ceci est impliqué immédiatement après
(v. 11) dans l’expression : « toute la maison d’Israël ». Il est donc
hors de question qu’il s’agisse du retour passé de captivité.
Nous ne nous sommes pas laissés à nos propres raisonnements,
ni sur la portée de ce livre, ni sur le but général d’Ézéchiel. Celui qui
nous a donné la vision par Son serviteur y a ajouté une
interprétation tout à fait explicite. « Et il me dit : Fils d’homme, ces
os sont toute la maison d’Israël. Voici, ils disent : Nos os sont
desséchés, et notre attente a péri ; nous sommes retranchés ! C’est
pourquoi prophétise, et dis-leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel :
Voici, j’ouvrirai vos sépulcres, et je vous ferai monter hors de vos
sépulcres, mon peuple, et je vous amènerai dans la terre d’Israël.
Et vous saurez que je suis l’Éternel, quand j’aurai ouvert vos
sépulcres, et que je vous aurai fait monter hors de vos sépulcres,
mon peuple. Et je mettrai mon Esprit en vous, et vous vivrez, et je
vous placerai sur votre terre ; et vous saurez que c’est moi, l’Éternel,
qui ai parlé et qui l’ai fait, dit l’Éternel » (37:11-14).
Pour un esprit simple et soumis à l’Écriture, il ne peut y avoir
d’hésitation. Quelle que soit l’application que nous puissions faire
de cette vision, sa signification directe et expresse est la
renaissance opérée par Dieu de Son ancien peuple Israël, alors
complètement détruit, mort et enterré, mais devant pourtant quitter
leurs tombeaux selon la parole de l’Éternel : « Ces os sont toute la
maison d’Israël ». Dieu veut consoler Son peuple tout en
réprimandant leur incrédulité qui affirme : « Nos os sont desséchés
et notre attente a péri, nous sommes retranchés ! ». Sa grâce fidèle
entreprendra de faire ce qui dépasse manifestement la puissance
de l’homme. Il déclare qu’il veut non seulement les faire sortir des
tombeaux où ils gisent maintenant ensevelis comme nation, mais
qu’Il les amènera dans la terre d’Israël, ce qui ne peut s’appliquer ni
à ceux qui ressuscitent d’entre les morts, ni aux âmes converties
maintenant à Dieu par l’évangile, car qu’avons-nous à faire avec le
pays d’Israël ? Mais leur restauration dans leur pays est le
complément simple et nécessaire de la résurrection nationale
d’Israël. Tout l’Ancien Testament en rend témoignage pareillement.
On voit continuellement le peuple et le pays liés ensemble :
bénédiction sur les deux bientôt, comme hélas ! malédiction sur les
deux actuellement.
Le sens de ce passage semble donc incontestable, sauf pour ceux
dont les pensées ont été faussées par les doctrines des Pères ou
des Puritains : ceux-ci ne voient aucune des voies de Dieu envers
Israël pour la terre, et en même temps ne comprennent guère Ses
desseins célestes pour l’Église ; le point de départ de cette erreur
est semblable dans les deux cas, quoique les formes soient
différentes : c’est le fait de substituer le moi à Christ. Leur
interprétation de la prophétie en particulier est viciée par cette erreur
fatale qui efface pratiquement les espérances d’Israël de la Bible, et
rabaisse les nôtres à une simple succession à leur espérance et
leur héritage, avec quelque lumière et des privilèges un peu
améliorés. Cela fait partie de la première corruption du
christianisme, largement répandue et très tenace, contre laquelle
l’apôtre a combattu si vigoureusement. Elle s’introduit de manière
d’autant plus insidieuse, qu’il semble à ceux qui sont sous son
influence qu’ils sont les plus éloignés des faux frères dénoncés par
Paul. Dans leur esprit, le meilleur moyen d’être gardé de judaïser,
c’est de nier que les Juifs seront jamais rétablis comme peuple, ni
restaurés ensuite dans leur propre pays. Ils appliquent à la
chrétienté maintenant ou à l’Église dans la gloire toutes les
prédictions de bénédiction et de gloire futures pour Israël. Erreur
des plus funestes ! car c’est précisément judaïser les chrétiens et
l’Église en faisant d’eux simplement les successeurs et les héritiers
d’Israël. La vérité est ainsi noyée, les brillantes perspectives d’Israël
sont niées ; cela engendre la vanité chez les Gentils, et les chrétiens
sont rendus mondains, au lieu d’être enseignés quant à leur position
de bénédiction dans les lieux célestes, en contraste avec celle
d’Israël sur la terre.
Mais il y a là une autre révélation liée à cela. La renaissance d’Israël
comme peuple n’est pas tout ce que le prophète apprend et
communique ici. Elle fait l’objet de la première moitié de ce chapitre,
non pas la vivification individuelle, aussi vraie soit-elle, mais leur
résurrection nationale sous l’effet de l’opération de l’Esprit, et non
pas par la volonté de l’homme ou la politique du monde, selon ce
qui convient au peuple élu qui sera finalement béni de l’Éternel. Il y
avait une bénédiction nouvelle et spéciale à leur conférer : la
disparition de l’ancien opprobre qui avait si longtemps déshonoré
Israël depuis les jours de Roboam, tant qu’ils ont subsisté dans leur
terre. Quand Dieu mettra sa main pour les restaurer au dernier jour,
Il les ré-unira dans l’état où ils étaient jadis sous David et Salomon,
et leur unité ne sera plus jamais brisée, ni même menacée. Ce sera
réservé au vrai Bien-Aimé [2 Sam. 12:25 ; Jedidia] lorsqu’Il règnera
comme Prince de Paix.
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Et toi, fils d’homme,
prends un bois, et écris dessus : Pour Juda, et pour les fils d’Israël,
ses compagnons. Et prends un autre bois, et écris dessus : Pour
Joseph, le bois d’Éphraïm et de toute la maison d’Israël, ses
compagnons. Et rapproche-les l’un de l’autre, pour qu’ils soient un
seul bois, et ils ne seront qu’un dans ta main » (37:15-17).
C’est aussi une preuve évidente de la perversité humaine que des
paroles comme celles-ci aient pu être mal comprises. Et pourtant,
elles le sont, non par les Juifs méprisés qui restent attachés à leurs
espérances futures, mais par les chrétiens qui méprisent leur
responsabilité présente, alors qu’ils se trouvent sous l’évangile de
la grâce de Dieu, — une grâce qui ne fait pas de différence, qui est
dans le Christ mort et ressuscité, et qui est pour quiconque croit,
qu’il soit Juif ou Gentil. C’est sur ces points que Satan trompe tout
le monde :
• Les Juifs ont raison quand ils maintiennent qu’Israël sera
encore béni dans son pays sous le Messie et la nouvelle alliance,
et cela non pas vaguement ou partiellement, mais après que
l’apostasie et les jugements divins les auront clairsemés, tout
Israël sera sauvé, rassemblé et uni, Juda et Joseph comme un
tout. Mais ils sont complètement dans l’erreur, une erreur fatale,
quand ils ne voient pas leur Messie, le Sauveur, en Jésus de
Nazareth, et par conséquent ils périssent parce qu’ils n’obéissent
pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Cor. 4:3-4).
• Satan trompe aussi la chrétienté en ceci que, tout en
confessant justement Le Crucifié comme Fils de Dieu, ils
mélangent la loi et l’évangile et perdent ainsi la consolation, la
puissance et la certitude du salut de Dieu en Christ, et qu’avec
cela, ils s’attendent avec ardeur aux gloires qui ont été prédites à
propos d’Israël sur la terre, comme si elles décrivaient les
privilèges propres aux chrétiens, ignorant presque totalement leur
position céleste, et niant la fidélité de Dieu et Sa miséricorde future
envers Israël.
Il n’y a en effet aucune excuse à ne pas comprendre un symbole
aussi clair que celui des versets 16-17. Or, comme si c’était pour
renforcer l’application, une explication est rajoutée comme
précédemment. « Et quand les fils de ton peuple te parleront,
disant : Ne nous déclareras-tu pas ce que signifient pour toi ces
choses ? dis-leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je prendrai
le bois de Joseph, qui est dans la main d’Éphraïm, et les tribus
d’Israël, ses compagnons ; et je les mettrai sur celui-ci, savoir sur le
bois de Juda, et je les ferai être un seul bois, et ils seront un dans
ma main. Et les bois sur lesquels tu auras écrit seront dans ta main,
sous leurs yeux. Et dis-leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici,
je prendrai les fils d’Israël d’entre les nations où ils sont allés, et je
les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai entrer dans leur
terre ; et je les ferai être une seule nation dans le pays, sur les
montagnes d’Israël : un seul roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront
plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes.
Et ils ne se rendront plus impurs par leurs idoles, et par leurs choses
exécrables, et par toutes leurs transgressions ; et je les délivrerai
de toutes leurs habitations où ils ont péché, et je les purifierai ; et ils
seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu » (37:18-23).
Il est aussi vain de tordre un tel langage pour l’appliquer au résidu
des Juifs rentrés de Babylone que de l’appliquer à l’Église à la
Pentecôte. Il n’y a même pas d’analogie. C’est l’union des deux
maisons d’Israël si longtemps divisées, et rien d’autre. Cela n’a pas
encore eu l’ombre d’un accomplissement. Les mots utilisés ne
peuvent être plus explicites. Il est exclu que cela puisse se rapporter
à autre chose qu’à la rentrée future et à l’union de tout Israël comme
une seule nation sous un seul roi. Ils ne seront plus jamais divisés,
plus jamais souillés. Plus encore, ils seront le peuple de l’Éternel, et
Lui sera leur Dieu. Les Juifs ne peuvent pas dire que cela a déjà eu
lieu, et en même temps il est absurde pour les Gentils de se
l’appliquer à eux-mêmes. Dans tous les cas cela ne peut pas
s’appliquer au corps chrétien. Un résidu Juif rentré de Babylone
pour être souillé, non pas simplement par ses transgressions, mais
par quelque chose de bien pire que son ancienne idolâtrie, — le
rejet et la crucifixion de leur Messie : cela est-il un accomplissement
des paroles ardentes d’Ézéchiel ?
Il est encore ajouté : « Et mon serviteur David sera roi sur eux, et il
y aura un seul pasteur pour eux tous ; et ils marcheront dans mes
ordonnances, et ils garderont mes statuts et les pratiqueront »
(37:24). Quelle nouvelle confirmation, si tant est qu’il en soit besoin !
Car aucun croyant de sobre bon sens ne peut douter que cela ne
se rapporte qu’à Christ, non pas comme chef de l’Église dans le ciel,
mais comme roi d’Israël régnant sur la terre. Jamais depuis que
cette prophétie a été prononcée, il n’y en a eu même un semblant
d’accomplissement. Jamais depuis, Israël n’a eu un seul berger ;
jamais ils n’ont marché dans Ses ordonnances, ni gardé et pratiqué
Ses statuts. Il ne peut s’agir là des chrétiens dans le monde entier,
encore moins des chrétiens au ciel, mais d’Israël seul. « Et ils
habiteront dans le pays que j’ai donné à mon serviteur Jacob, où
vos pères ont habité ; et ils y habiteront, eux et leurs fils, et les fils
de leurs fils, à toujours ; et David mon serviteur sera leur prince à
toujours » (37:25).
Ce sont, comme Ésaie (55:3) le dit, les grâces assurées de David,
cette alliance éternelle que l’Éternel fait avec Israël ; c’est ce que la
résurrection de Christ explique. Il devait donc régner — non pas
simplement monter et devenir le commencement et la tête d’une
nouvelle œuvre dans le ciel, — mais Il devait régner sur Israël dans
son pays. En effet, avec un langage ressemblant beaucoup à celui
d’Ésaïe, Ézéchiel poursuit le sujet de l’assurance que donne
l’Éternel : « Et je ferai avec eux une alliance de paix, ce sera, avec
eux, une alliance éternelle ; et je les établirai, et je les multiplierai,
et je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours ; et ma
demeure sera sur eux ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon
peuple. Et les nations sauront que moi je suis l’Éternel qui sanctifie
Israël, quand mon sanctuaire sera au milieu d’eux à toujours »
(37:26-28).
Il est humiliant que les chrétiens puissent mettre en doute ce qui est
dit là. Une seule chose en donne toute l’explication : les hommes
de la chrétienté se sont écartés — par un abandon profond et
largement répandu — du sens convenable et tout simplement réel
de leurs propres bénédictions. Alors que la part du chrétien est
normalement la paix et la joie, ils ont d’une part judaïsé et d’autre
part sont tombés sous l’influence de Babylone, ce qui les a fait
glisser, s’écarter et tomber dans le doute, les ténèbres et l’erreur. À
cause de l’absence de consolation du Saint Esprit due à l’incrédulité
vis-à-vis de la grâce dans laquelle le chrétien se trouve (1 Pierre
5:12), ils sont tentés de convoiter les biens de leur voisin pour la
ruine de la vérité et la confusion de la relation avec Dieu, — soit la
relation de l’Église avec Dieu actuellement, soit la relation d’Israël
avec Dieu bientôt. Le résultat de la prophétie est de nature si simple,
si positive et si glorieuse, que même les païens sauront que
l’Éternel sanctifie Son peuple, quand Son sanctuaire sera au milieu
d’eux pour toujours (*). Qui irait affirmer que cela est vrai
maintenant, soit d’Israël au sujet duquel cela est dit, soit de l’Église
à laquelle cela n’est pas adressé ?
(*) C’est une honte pour les chrétiens que ceux qui connaissent
la vérité et la grâce de Dieu en Christ, se trompent dans leur
lecture des prophéties au point d’être repris à juste titre par un
Juif pour leur sombre incrédulité — ce Juif étant lui-même
tellement rempli de préjugés comme Don Balthasar Orobio.
Les extraits suivants de cet auteur sont tirés d’un autre
ouvrage :
« Si la mention dans les passages qu’ils citent se rapportait à
Israël, ce serait l’Israël spirituel (c’est-à-dire les nations qui ont
embrassé la religion chrétienne), et non pas l’Israël temporel,
autrement dit la semence d’Abraham. Si le texte affirme
qu’Israël et Juda rentreront dans le pays de leurs pères pour le
posséder pour toujours, ils soutiennent que ce pays est le ciel,
et que ceux qui ont reconnu le Messie sont Israël et Juda. Les
guerres et la désolation dont parle le prophète sont prises pour
des métaphores. Selon eux, nous devons croire qu’il s’agit du
combat du vice contre la vertu, de l’impiété contre la justice.
Ainsi, pour annuler les preuves qui nous paraissent devoir
marquer l’accomplissement des promesses du Tout-Puissant,
ils confondent le ciel avec la terre, ce monde avec le paradis,
la sainte cité avec le rassemblement des chrétiens ; Israël,
Jacob et Juda avec les Gentils ; le désordre de la guerre avec
l’opposition spirituelle du vice à la vertu ; le temple, si
évidemment temporel, avec le salut des âmes ou la religion
qu’ils professent, etc.
Le prophète Ézéchiel réduit à néant ces opinions chimériques.
Ceux qui seront rachetés, dit-il, sont les vrais Israélites, c’est-
à-dire la semence réelle d’Abraham, et non pas les Gentils. Il
ne dit pas que le pays qu’ils re-posséderont sera l’Église ou le
ciel, mais que ce sera le même pays qu’ils avaient habité avant
d’être dispersés, et dans lequel ils demeureront pour toujours.
Le Seigneur lui commande de prendre deux bâtons ; d’écrire
sur l’un le nom de Juda et celui de ses compagnons, et sur
l’autre le nom d’Éphraïm, fils de Joseph et de toute la maison
d’Israël — c’est-à-dire le résidu des tribus qui avaient été
divisées en deux royaumes après la mort de Salomon —
Ézéchiel devait dire aux fils d’Israël que lors de la rédemption,
les royaumes seraient ré-unis pour ne plus jamais être à
nouveau divisés. Il devait alors montrer ces deux bâtons au
peuple et leur dire : ‘Ainsi dit le Seigneur Dieu, voici, je prendrai
les enfants d’entre les nations où ils s’en sont allés, et je les
rassemblerai de tout côté, et je les amènerai dans leur propre
pays ; et Je ferais d’eux UNE seule nation dans le pays sur les
montagnes d’Israël ; et un seul roi sera roi sur eux tous ; ils ne
seront plus deux nations, et ne seront plus jamais divisés en
deux royaumes. Et ils demeureront dans le pays que j’ai donné
à Jacob mon serviteur, où ont demeuré leurs pères ; et ils y
demeureront, eux et les enfants de leurs enfants pour toujours.
Et les nations connaîtront que Je suis l’Éternel qui sanctifie
Israël, quand mon sanctuaire sera au milieu d’eux pour
toujours’.
Est-ce que les Gentils qui ont embrassé la foi chrétienne
peuvent croire qu’ils sont les Israélites dont parle le prophète ?
Les nations ont-elles jamais été qualifiées de Juda et
Éphraïm ? Ont-elles été divisées en deux royaumes ? Aucune
raison ni aucun sens clair ne fonde la conviction que le pays
dont parle le prophète serait spirituel ; ou qu’il signifie l’Église
quand il assure que le peuple d’Israël rentrera dans sa propre
terre, ce bienheureux pays qu’ils avaient possédé auparavant
en Canaan et que le Seigneur avait donné à leurs ancêtres. Les
montagnes où le peuple doit se rassembler sont-elles
spirituelles ? La fiction n’a jamais été jusqu’à la
métamorphose.

41 - Chapitre 38
Les deux chapitres qui suivent contiennent une prédiction du
jugement de Dieu qui doit tomber dans les derniers jours, une fois
Israël restauré, sur un grand chef du nord-est avec son immense
cortège de satellites et alliés, sur les montagnes de Terre Sainte.
Il est bon de commencer par éliminer des erreurs qui, pour
beaucoup de lecteurs, ont trop longtemps recouvert la traduction du
verset 2 au détriment du vrai sens. Heureusement, la version la plus
ancienne, celle des Septante, donne le vrai sens, et les versions
grecques de Theodotion et Symmachus ne l’abandonnent pas,
mais le confirment. On ne peut pas nier, sur de bonnes bases, que
la Septante, et ceux qui la suivent, donnent arconta RwV k.t.l. pour
les deux mots hébreux correspondants. Je sais que le targum
chaldéen de Jonathan et la version grecque du Juif Aquila le
traduisent, comme la version autorisée du roi Jacques, par le
« prince chef » — la Vulgate traduit « prince de la tête, ou : du
chef » (comme le texte en marge de la version autorisée du roi
Jacques) — la version syriaque traduit « gouverneur et chef » — la
version arabe traduit « prince des princes », etc.
Mais aucune de ces versions ne fournit un sens tolérable ou même
intelligible, sauf les deux derniers qui délaissent le texte. Il est vrai
que le second mot hébreu, quand le contexte exige une
dénomination commune, peut signifier « tête » ou « chef » ; mais
c’est justement le sens qui, dans le cas présent, apporte la
confusion. Il ne peut donc y avoir aucun doute qu’il faut le prendre
comme un nom propre, et ici non pas un nom propre d’homme
comme en Gen. 46:21 (si la traduction commune est à retenir), mais
celui d’une race. Ceci fournit tout de suite un sens convenable,
renforcé par le terme qui précède, aussi bien que par ceux qui
suivent. Car, comme le mot qui précède signifie normalement le
chef d’une tribu, ou un prince en général, le second mot hébreu
correspond à un nom Gentil (Rosh) tout comme Meshec et Tubal.
C’était en fait trois grandes tribus, que les anciens appelaient les
Scythes ; la première d’entre elle dérivait apparemment son nom de
la proximité en ce temps-là de la rivière Rha, ou Volga (bien que
certains pensent à l’Araxes), ce qui a fourni le mot moderne
« Russe », comme les autres mots sont reproduits dans Moscou ou
Moscovie, et dans Tobolsk (*). Il n’y a bien sûr aucune difficulté à
supposer des migrations vers le nord à partir des régions d’origine,
en supposant qu’il ait pu s’agir des races du nord de l’Asie mineure
aux jours d’Ézéchiel, et qui nous sont familiers sous les noms des
Moschi, Tibareni, et peut-être d’autres tribus nommées par des
auteurs grecs tardifs.
(*) Ceux qui voudraient approfondir les preuves peuvent voir
l’Appendice à mon livre « Exposés sur la seconde venue et le
royaume de notre Seigneur Jésus ». Ils y trouveront les extraits
plus importants et la discussion intéressante de « Origines
russes, tirées des manuscrits orientaux » de J. Von Hammer,
(St Petersbourg, 1825) — une œuvre que bien peu sont en
mesure de consulter directement. L’auteur essaie de
démontrer que le Tiras de Gen. 10:2 est un descendant de Ros,
ou Ras de la Bible et du Koran, c’est-à-dire des russes. Meshec
et Tubal se trouvent sans aucun doute dans le même verset.
Des préfixes et des suffixes étaient souvent ajoutés, ce qui fait
que le même nom apparaît sous plusieurs formes. Il était très
commun à l’Est, et nous le trouvons aussi dans la Bible. Gomer
paraît être le chef de la race Cimmerienne ou Celtique, et
Togarma le chef de la race des Arméniens. Cush et Puth sont
traduits par Éthiopie et Lybie. Il faut juste ajouter ici qu’une
partie de Cush était établie sur l’Euphrate et une partie sur le
Nil, ce qui fait qu’il est asiatique et africain. Comparer Ésaïe 18
pour Cush.
Les grandes questions : quoi, où, et quand, sont à considérer au
moment de l’application de la vision, et non pas quand elle a été
écrite. Ces questions se posent pour la place occupée par la vision
dans les groupes de prophéties, pour son langage précis, pour le
caractère du jugement prononcé : tout cela ne doit laisser aucun
doute pour le croyant. L’application ne peut en être que dans les
derniers jours quand la nation élue sera restaurée en paix dans son
pays, et la vision parle d’un jugement sur leurs ennemis, aussi
innombrables soient-ils : on n’a jamais vu rien de semblable ni
d’approchant depuis qu’Ézéchiel a prononcé sa prophétie. Les
efforts de Grotian pour la rattacher à Antiochus Épiphane sont, bien
sûr, un échec misérable. Tout aussi peu convaincant est le très
vague « idéal » de Fairbairn et de l’école allemande moderne. Les
Futuristes ne valent pas mieux, qui confondent la bête et le faux
prophète avec le grand chef des nations du nord-est et ses alliés du
sud.
Considérons maintenant le début de cette prédiction remarquable.
Qui peut nier que le développement rapide et immense de l’empire
russe apporte un témoignage qui ne trompe pas sur le jugement à
venir, déclaré si longtemps à l’avance ?
« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, tourne
ta face vers Gog, le pays de Magog, prince de Rosh, de Méshec et
de Tubal, et prophétise contre lui, et dis : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Voici, j’en veux à toi, Gog, prince de Rosh, de Méshec et
de Tubal ! et je te ferai retourner, et je mettrai un anneau dans tes
mâchoires, et je te ferai sortir, toi et toute ton armée, chevaux et
cavaliers, tous parfaitement équipés, un grand rassemblement,
avec le bouclier et l’écu, tous portant l’épée ; avec eux la Perse,
Cush, et Puth, ayant tous des boucliers et des casques ; Gomer et
toutes ses bandes ; la maison de Togarma, du fond du nord, et
toutes ses bandes, — beaucoup de peuples avec toi. Prépare-toi,
et tiens-toi prêt, toi et tout ton rassemblement qui est assemblé
auprès de toi, et sois leur chef. Après beaucoup de jours tu seras
visité : à la fin des années tu viendras dans le pays délivré de l’épée
et rassemblé d’entre beaucoup de peuples, contre les montagnes
d’Israël qui ont été une désolation perpétuelle, vers ceux qui sont
sortis d’entre les peuples et qui habitent tous en sécurité. Et tu
monteras, tu viendras comme une tempête, tu seras comme une
nuée pour couvrir le pays, toi et toutes tes bandes, et beaucoup de
peuples avec toi » (38:1-9).
La situation est définie clairement à tous égards, sauf les noms qui
semblent être probablement symboliques. C’est le dernier ennemi
d’Israël auquel nous sommes confrontés. Il habite le pays de
Magog, ce fils de Japhet (Gen. 10:2) qui se répandit en son temps
sur les vastes steppes de ce que les anciens appelaient la Scythie.
Il est le chef unique (ou : autocrate) de toutes les Russies, prince
de Rosh, Meshec et Tubal. Nous le voyons ici lui-même, son pays
et son peuple. Mais le Seigneur l’Éternel est contre lui : au lieu de
reconnaître le bien qui arrive au peuple si longtemps tourmenté, il
voudrait bien s’agrandir lui-même, et se trouve ainsi en rangées non
pas simplement contre l’Israël de Dieu, mais contre le Dieu d’Israël.
« Maudit qui se confie en l’homme, et qui fait de la chair son bras »
(Jér. 17:5) ; Gog en fournit la preuve. Car l’Éternel déclare qu’Il le
fera retourner, lui mettra un anneau dans les mâchoires et le fera
sortir lui et toute son armée.
Il sera démontré alors comme leçon finale, qu’aucun roi n’est sauvé
par la multitude de son armée, que l’homme puissant n’est pas
délivré par sa grande force, et que le cheval est une chose vaine
pour sauver (Ps. 33:16-17). Israël finira par faire partie des pauvres
en esprit (Matt. 5:3) ; l’Éternel dissipera le conseil des nations et
mettra à néant les desseins des peuples (Ps. 33:10). C’est là qu’ils
viennent parfaitement équipés, un grand rassemblement, avec le
bouclier et l’écu, tous portant l’épée ; la Perse est là aussi, obligée
de suivre le puissant chef du Nord, avec Cush et Puth, Gomer et
toutes ses bandes, la maison de Togarma et toutes ses bandes : il
y a vraiment beaucoup de peuples avec Gog ! (38:4-6). C’est avec
une ironie grave qu’il lui est dit d’être prêt et de se préparer, lui et
toute sa vaste confédération, et d’être leur garde (ou : leur chef) —
s’il le pouvait ! (38:7)
L’avertissement prophétique aura été donné bien longtemps à
l’avance. Aucune grande nation du monde d’autrefois n’a été si
lente à se mettre à la tête des multitudes de l’est. Mais quel que soit
le retard, l’époque est vue d’une manière vivante par le voyant du
Kébar : « Après beaucoup de jours tu seras visité : à la fin des
années tu viendras dans le pays » d’Israël, où le peuple habite alors
en sécurité (38:8). Gog vient comme une tempête, comme une nuée
pour couvrir le pays (38:9). Mais aucune arme préparée contre
Israël ne peut prospérer : ainsi en est-il de leur héritage quand leur
justice est de l’Éternel. Ils peuvent être encore en petit nombre, et
leurs adversaires innombrables, mais qu’est-ce pour le Seigneur,
sinon une occasion de se manifester Lui-même comme l’ennemi
des ennemis de Son peuple ? Gog le découvre, comme nous le
verrons, mais trop tard pour lui-même et trop tard pour son immense
suite et pour ceux qu’il a laissés tranquilles dans son pays. C’est le
jour de la juste rétribution et du gouvernement divin sur la terre,
quand le meurtrier, si longtemps dans l’éloignement, retourne dans
la terre de sa possession (Nomb. 35). Dieu ne vengerait-Il pas Ses
élus, quand celui qui se confie dans multitudes sans nombre, jette
son regard avide (38:12-13) sur le pays sur lequel les yeux de
l’Éternel reposent continuellement ? (2 Chr. 7:16).
Cette prophétie suppose que le peuple est déjà rentré dans son
pays, le peuple tout entier et non pas seulement un résidu comme
après la captivité à Babylone. Mais il y a plus. Cette prophétie
implique une condition de tranquillité insoupçonnée différente de
toute autre période de l’histoire passée d’Israël. Gog voudra en tirer
avantage, mais ce sera sa ruine. Il ne croit pas à l’amour de Dieu
pour Son peuple, et ne pense pas un instant qu’Il puisse prendre
place au milieu d’eux pour les défendre contre leurs ennemis.
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Il arrivera en ce jour-là, que des
choses monteront dans ton cœur et que tu concevras une mauvaise
pensée ; et tu diras : Je monterai dans un pays de villes ouvertes,
je viendrai vers ceux qui sont tranquilles, qui habitent en sécurité,
qui tous habitent là où il n’y a pas de murailles et chez qui il n’y a ni
barres ni portes, pour emporter un butin et faire un pillage, pour
tourner ta main sur des lieux désolés de nouveau habités, et sur un
peuple rassemblé d’entre les nations, qui a acquis du bétail et des
biens, et habite le centre du pays » (38:10-12).
Si le jour est venu pour Israël d’être béni par la grâce de Dieu, ce
jour n’en est pas moins le jour du jugement des nations. Dans
l’ordre, c’est le dernier que nous avons ici, et peut-être celui de
portée la plus vaste, une leçon terriblement impressionnante pour
cette dernière alliance de nations avant le règne de paix et de
justice. Rien ne dépasse la puissance de la description qu’en fait le
prophète. Gog comptait trouver une proie facile dans un peuple
apparemment si exposé et si faible. Il ne songe pas un instant que,
sur ces montagnes d’Israël, lui et son immense armée vont bientôt
périr par la main de l’Éternel, ou l’un par l’autre. Ce n’est pas
seulement que ceux qui combattent effectivement sont pris à leur
propre piège, mais ceux qui assistent au combat devront apprendre
que Celui dont le nom est l’Éternel, est le Très-Haut, Souverain sur
toute la terre. « Sheba, et Dedan, et les marchands de Tarsis, et
tous ses lionceaux, te diront : Est-ce pour emporter un butin que tu
es venu ? Est-ce pour faire le pillage que tu as assemblé ton
rassemblement de peuples, pour enlever de l’argent et de l’or, pour
prendre le bétail et les biens, pour emporter un grand butin ? »
(38:13). Ils peuvent être impatients de négocier avec le dévastateur,
et profiter d’acheter le butin attendu, mais eux-aussi devront bientôt
dire : « Certainement il y a un fruit pour le juste, certainement il y a
un Dieu qui juge sur la terre » (Ps. 58:11).
« C’est pourquoi, fils d’homme, prophétise et dis à Gog : Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : En ce jour-là, quand mon peuple Israël habitera
en sécurité, ne le sauras-tu pas ? Et tu viendras de ton lieu, du fond
du nord, toi et beaucoup de peuples avec toi, tous montés sur des
chevaux, un grand rassemblement et une nombreuse armée ; et tu
monteras contre mon peuple Israël comme une nuée, pour couvrir
le pays. Ce sera à la fin des jours ; et je te ferai venir sur mon pays,
afin que les nations me connaissent, quand je serai sanctifié en toi,
ô Gog ! devant leurs yeux » (38:14-16). On remarque que la chute
de Gog est annoncée expressément pour la « fin des jours » ainsi
que pour « le jour où Israël habitera en sécurité ». Non seulement il
n’y a rien eu de semblable aux jours de Zorobabel, comme
Theodoret l’imagine, ni au temps où Antiochus persécutait le résidu
rentré au pays, mais l’envergure même de la destruction interdit de
pareilles applications. Jamais, depuis l’époque d’Ézéchiel, il n’y a
eu le moindre point concordant avec ce qui est décrit. C’est
pourquoi il n’y a pas le moindre doute que l’accomplissement de
cette prédiction est encore à venir.
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : N’es-tu pas celui dont j’ai parlé
dans les jours d’autrefois, par mes serviteurs les prophètes d’Israël,
qui, en ces jours-là, pendant des années, ont prophétisé que je te
ferais venir contre eux ? Et il arrivera en ce jour-là, au jour où Gog
viendra contre la terre d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel, que ma
fureur me montera au visage ; — et je parle dans ma jalousie, dans
le feu de mon courroux : Oui, en ce jour-là, il y aura une grande
commotion sur la terre d’Israël ; et les poissons de la mer, et les
oiseaux des cieux, et les bêtes des champs, trembleront devant
moi, et tout ce qui rampe sur la terre, et tout homme qui est sur la
face de la terre ; et les montagnes seront renversées, et les hauts
rochers s’écrouleront, et toutes les murailles tomberont par terre. Et
j’appellerai contre lui l’épée sur toutes mes montagnes, dit le
Seigneur, l’Éternel ; l’épée de chacun sera contre son frère. Et
j’entrerai en jugement avec lui par la peste et par le sang ; et je ferai
pleuvoir une pluie torrentielle, et des pierres de grêle, du feu et du
soufre, sur lui et sur ses bandes, et sur les peuples nombreux qui
seront avec lui. Et je me glorifierai et je me sanctifierai, et je serai
connu aux yeux de beaucoup de nations ; et elles sauront que je
suis l’Éternel » (38:17-23).
Plusieurs auteurs prétendent que Gog serait le grand opposant
occidental des Juifs, comme dans Daniel et autres. C’est
méconnaître notre prophète qui n’entre jamais dans le système des
quatre puissances impériales devant fouler Jérusalem aux pieds
jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis.
Nébucadnetsar lui-même est considéré comme un serviteur de
l’Éternel (29:17-21 ; Jér. 43:10) pour accomplir Son œuvre, et
n’apparaît jamais comme tête de la statue. Gog appartient à une
catégorie d’ennemis ayant un autre caractère ; il périt plus tard,
quand aveuglé par sa convoitise d’agrandissement territorial, il ne
voit pas qu’en cherchant à piller et à détruire Israël, il s’attaque à
l’Éternel. Ésaïe parle de lui au chapitre 33, et ailleurs en termes plus
généraux. L’attention est attirée ici sur l’ancienneté et la durée des
prédictions relatives à cet effort final (38:17). Mais après tout, Dieu
seul gouverne, quels que soient l’orgueil, l’avidité ou la volonté de
Gog : l’Éternel l’amène contre Israël pour sa propre destruction. Et
quand il arrive, « Ma fureur, dit le Seigneur, l’Éternel, me montera
au visage » (littéralement « au nez »). Plus de craintes pour le pays
d’Israël, plus besoin de nouveaux coups portés aux Gentils, du
moins jusqu’au rassemblement de nations qui aura lieu mille ans
après, auquel l’invasion de ce ch. 38 prête son nom : l’une est au
commencement du règne du Messie, l’autre à la fin.
Ceci n’est pas autre chose que la dernière destruction d’ennemis
d’Israël avant le millénium : cela doit ressortir clairement des
paroles qui suivent, sans parler du chapitre 39, et de tout le reste
de la prophétie. Prendre ces paroles pour de simples symboles de
révolution politique, ne repose sur aucun fondement, et est même
contraire au contexte. Il n’est pas question d’un quelconque
changement de gouvernement en Israël, et le peuple n’est pas
soumis à de nouvelles souffrances ; ses ennemis lointains
rassemblés sur leurs collines vont périr pour toujours. Le formidable
ébranlement en Canaan ajoute à la solennité de la scène ; tout est
atteint, le pays et la mer, le ciel et la terre ; c’est une reconnaissance
que Celui qui a tout créé épouse la cause d’Israël ; non seulement
les ennemis se massacrent mutuellement, mais la peste et le sang,
les pluies torrentielles, les grands grêlons, le feu et le soufre entrent
en action. Il n’est pas étonnant que même le rationaliste
Rosenmüller est forcé de reconnaître qu’il est impossible qu’il
puisse s’agir ici d’Antiochus Épiphane. Cette prophétie ne constitue
pas une difficulté pour le croyant qui s’attend à ce que Dieu agisse
dans le futur en faveur d’Israël. Les efforts pour l’appliquer à l’Église
sont ridicules, voire un péché flagrant d’incrédulité, car ils faussent
toute pensée correcte relative à la position du chrétien et au fait qu’il
est appelé à souffrir sur la terre et à régner en résurrection et en
gloire avec Christ à Sa venue.
La pensée qu’il s’agirait ici des Turcs est évidemment sans
fondement ; Dieu leur a permis au contraire de posséder le pays
pendant des siècles, comme un défi insultant à l’égard de la
chrétienté aussi coupable et idolâtre que les Juifs l’étaient avant la
déportation à Babylone. Mais ici c’est au contraire le puissant chef
du nord dans les derniers jours, suivi par les myriades de l’orient
jusqu’au sud de l’Asie, et il périt avec toute son armée sous le
jugement de Dieu le plus éclatant, au moment où il essayait de
s’emparer du pays d’Israël après le retour du peuple de sa longue
dispersion.

42 - Chapitre 39
Ce chapitre reprend l’accusation publique que Dieu fait contre le
grand ennemi du Nord. Sa multitude et ses ressources formidables
sont exposées, mais leur immensité avec la destruction complète à
laquelle elles aboutissent, ne feront que rehausser la victoire de
l’Éternel en faveur de Son peuple.
« Et toi, fils d’homme, prophétise contre Gog, et dis : Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en veux à toi, Gog, prince de Rosh, de
Méshec et de Tubal ; et je te ferai retourner, et je te mènerai (*), et
je te ferai monter du fond du nord, et je te ferai venir sur les
montagnes d’Israël. Et j’abattrai ton arc de ta main gauche, et je
ferai tomber tes flèches de ta main droite ; tu tomberas sur les
montagnes d’Israël, toi et toutes tes bandes, et les peuples qui
seront avec toi ; je te donnerai en pâture aux oiseaux de proie de
toute aile, et aux bêtes des champs ; tu tomberas sur la face des
champs ; car moi, j’ai parlé, dit le Seigneur, l’Éternel » (39:1-5).
(*) La version autorisée du roi Jacques a traduit ici le mot
hébreu par « Je laisserai la sixième partie de toi ». Certes la
liaison de ce mot hébreu rare avec le mot hébreu signifiant
« six » est tentante. Mais les Septante donnent kaqodhghsw se
(ou kataxw se selon les éditeurs de la Bible polyglotte
Complutum). Le Targum donne le sens de « Je te conduirai à
l’écart ». Les versions anciennes n’expriment en général guère
plus que l’Éternel conduisant Gog.
Les jugements de Dieu sont comme d’habitude en rapport avec le
péché du peuple tombé sous Son déplaisir. Le sort de la bête et du
faux-prophète est ainsi effrayant au-delà de toute expression,
quand ils sont jetés dans l’étang de feu sans autre forme de procès.
Il semble qu’il doive en être de même de la petite corne de Daniel 8
(ou roi du nord de Daniel 11). Ils se sont mêlés de ce que Dieu avait
contre Son peuple, au mépris teinté d’apostasie à l’égard de Sa
vérité, la pervertissant à des fins destructrices. Gog est jugé comme
un agresseur plus vulgaire, animé du désir avide d’acquérir de
nouveaux territoires en ne s’appuyant que la force brutale. Mais il a
à faire face à une puissance plus grande que la sienne, qui l’abat
ignominieusement et sans pardon.
Mais ce n’est pas tout. Dieu agira contre le pays d’où Gog est venu,
aussi bien que contre les îles qui ont fournit des contingents à son
armée. « Et j’enverrai un feu en Magog, et parmi ceux qui habitent
les îles en sécurité ; et ils sauront que je suis l’Éternel. Et je ferai
connaître mon saint nom au milieu de mon peuple Israël, et je ne
profanerai plus mon saint nom ; et les nations sauront que je suis
l’Éternel, le Saint en Israël » (39:6-7). Ni la distance, ni l’isolement
ne mettront à l’abri du jugement consumant en ce jour-là, car le
Seigneur se réveille pour appeler les vivante à rendre compte,
comme quelqu’un qui sort de son sommeil, comme un homme
puissant qui crie, poussé par le vin (Ps. 78:65). Les habitants du
monde apprendront enfin la justice (És. 26:9). Le croyant
manquerait-il de raisons pour prouver que ces jugements à la fois
si solennels et si bénis dans leurs résultats n’ont encore jamais été
accomplis ? Magog n’est pas Rome, ni un Édom spirituel, mais la
Scythie des anciens.
« Voici, cela vient et s’accomplit, dit le Seigneur, l’Éternel : C’est ici
le jour dont j’ai parlé. Et les habitants des villes d’Israël sortiront et
allumeront du feu, et brûleront les armes, et les écus, et les
boucliers avec les arcs, et les flèches, et les épieux, et les piques ;
et ils en feront du feu pendant sept ans. Et ils n’apporteront point de
bois des champs et ils n’en couperont point des forêts, car ils feront
du feu avec des armes ; et ils butineront ceux qui les ont butinés, et
ils pilleront ceux qui les ont pillés, dit le Seigneur, l’Éternel » (39:8-
10). Ce n’est pas là un avertissement vague adressé à l’ennemi
pour un temps et un lieu indéterminés ; ce n’est pas davantage un
principe général de providence divine susceptible de se répéter
souvent. Le Saint-Esprit prend ici la peine de montrer un jugement
précis et spécifique d’un ennemi bien déterminé, — jugement
longtemps suspendu et tombant comme le dernier coup de l’Éternel
sur la puissance la plus écrasante qui se soit jamais concentrée
contre Israël ; cela aura lieu immédiatement avant que Sa gloire
revienne dans toute sa splendeur primitive et dans la paix pour
habiter au milieu de Son peuple dans leur pays. D’où la description
minutieuse et vivante de ceux qui sortent des villes de Palestine
pour brûler les armes défensives et offensives de leur ennemi ; ce
ne sera pas seulement un témoignage à leur destruction totale,
mais ce sera une provision de bois pour le feu au point de leur éviter
de faire des réserves pendant sept ans.
Il y a encore un autre résultat plus durable comme trophée de cette
grande victoire. « Et il arrivera, en ce jour-là, que je donnerai là à
Gog un lieu pour sépulcre en Israël, la vallée des passants, à l’orient
de la mer ; et le chemin sera ainsi fermé aux passants, et on
enterrera là Gog et toute la multitude ; et on l’appellera la vallée de
la multitude de Gog. Et la maison d’Israël les enterrera pendant sept
mois, pour purifier le pays ; et tout le peuple du pays les enterrera ;
et ce sera un renom pour eux, le jour où je me glorifierai, dit le
Seigneur, l’Éternel. Et ils mettront à part, pour un service continuel,
des hommes qui parcourront le pays et qui, avec les passants,
enterreront ceux qui seront demeurés sur la face du pays, pour le
purifier : au bout de sept mois ils en chercheront. Et les passants
passeront par le pays, et s’ils voient un ossement d’homme, ils
élèveront à côté de lui un signal, jusqu’à ce que les enterreurs l’aient
enterré dans la vallée de Hamon-Gog ; et le nom de la ville aussi
sera Hamona. Ainsi on purifiera le pays » (39:11-16).
Si Gog avait pensé prendre possession du pays, l’Éternel va le lui
donner pour tombeau, à la vue de tous, non pas dans un coin
obscur, mais directement sur le chemin de nombreux
passants. L’idée que présente ce texte n’est pas celle des
traducteurs de la version autorisée du roi Jacques selon laquelle les
gens se boucheraient le nez à cause de la mauvaise odeur, mais
que les brouettes de tant de corps enterrés feraient s’arrêter tous
ceux qui passeraient par le chemin, et les amèneraient à penser à
la vengeance qui a été déversée sur eux. Les Septante semblent
confus ici (« le lieu d’enterrement de tous ceux qui approchent la
mer »). Il n’y pas d’appui à ces notions. Les chrétiens n’ont pas à se
trouver embarrassés par les calculs de croyants incrédules qui
voudraient faire disparaître la prédiction. L’Éternel parlerait-il sans
accomplir ce qu’Il a dit ?
Ce souci de purifier le pays de la vue même d’un ossement
d’homme est remarquable, mais bien naturel quand on pense que
la gloire doit y demeurer. Les gens qui passeront par là devront
aider ceux auxquels incombera formellement, comme service
continuel, ce travail d’enterrer tous les restes de ce massacre
prodigieux d’ennemis ; tous les habitants du pays y prendront part.
Cette multitude de tués donnera son nom à une ville (*) du pays
(39:15). Il y aura enfin un jour où toute impureté aura disparu du
pays que l’Éternel reconnaît comme le Sien, et où Il sera
effectivement glorifié, en ce lieu et en ce jour. Peut-il y avoir aucun
doute légitime quant à l’époque où ces conditions se
rencontreront ? Il est clair qu’il s’agit du jugement de Dieu sur le
dernier chef de toutes les Russies en Terre Sainte, après qu’Israël
aura été ramené des pays de sa dispersion. Si l’on est trop
préoccupé de notre position comme chrétien, cela nous empêche
de voir, ici comme ailleurs, non seulement la fidélité et la
miséricorde de Dieu envers Israël, mais aussi la bénédiction
particulière à l’Église. Pour les apprécier toutes les deux, il faut bien
les distinguer, et voir le rapport de chacune d’elles avec Christ. Une
interprétation mystique ne donne la place qui lui revient ni à l’une ni
à l’autre, et enveloppe tout dans du brouillard.
(*) note Bibliquest : au v. 11 et v. 15, JND et la version autorisée
du roi Jacques traduisent « Hamon-Gog », alors que WK traduit
« la multitude de Gog » au v. 11.
Le message suivant a une force remarquable ; il est transmis par le
prophète aux oiseaux et aux bêtes des champs. C’est pour eux un
temps de fête et de sacrifice à manger — un temps sans pareil ni
avant ni après. D’immenses armées ont été décimées, et ce qui en
restait a été dispersé ou pris, quand il n’a pas pu fuir. Le monde a-
t-il jamais vu un pareil massacre ? Il est sûrement futur.
« Et toi, fils d’homme, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Dis aux
oiseaux de toute aile, et à toutes les bêtes des champs :
Assemblez-vous et venez, réunissez-vous de toutes parts vers mon
sacrifice que je sacrifie pour vous, un grand sacrifice sur les
montagnes d’Israël, et mangez de la chair et buvez du sang. Vous
mangerez la chair des forts, et vous boirez le sang des princes de
la terre, — des béliers, des agneaux, des boucs, des bœufs, tous,
bêtes grasses de Basan. Vous mangerez de la graisse à satiété, et
vous boirez du sang à en être enivrés, du sacrifice que j’ai sacrifié
pour vous. Et à ma table vous serez rassasiés de chevaux et
d’attelages, d’hommes forts et de toute sorte d’hommes de guerre,
dit le Seigneur, l’Éternel » (39:17-20).
Si l’Éternel invite à un grand sacrifice les bêtes de proie,
n’exécutera-t-Il pas sa parole ? Nous trouvons un appel semblable
en Apocalypse 19:17-18, mais adressé seulement à tous les
oiseaux qui volent par le milieu du ciel. Cela a lieu en vue du
carnage qui doit frapper les armées d’occident à la fin de notre ère.
Je suppose que les oiseaux sont les seuls à être nommés (Apoc.
19:17), car c’est en rapport avec le jugement de ceux qui ont
apostasié par rapport au témoignage céleste du christianisme. Ici
cela va plus loin, car les jugements de Dieu tombent sur les hordes
innombrables de l’orient, qui ont non seulement méprisé l’évangile,
mais ont cherché à s’emparer du pays quand Son peuple terrestre
y était établi en paix. Quelle erreur patente que de nier ces
jugements des vivants avant le règne du Seigneur ici-bas comme le
vrai Salomon ! De toute évidence selon la parole de Dieu, l’évangile
ne supprime pas toute règle, toute autorité et toute puissance, mais
Christ le fera quand Il viendra en gloire. Toutes choses ont été
mises sous ses pieds pendant qu’il siège sur le trône de Dieu, mais
le processus par lequel tous Ses ennemis seront mis sous ses pieds
n’a pas encore commencé. Christ s’occupe d’une autre tâche
maintenant. Il fait sortir les co-héritiers qui doivent être glorifiés,
ressuscités ou transmués à Sa venue, et qui régneront alors avec
Lui dans Son royaume. Le fait de positivement s’assujettir tous et
tout n’est pas l’œuvre de la grâce céleste, mais de la puissance
manifestée sur la terre, non pas toujours en destruction bien sûr,
quoique le royaume commence et se termine par des destructions
à grande échelle, comme nous le voyons ici et en Apocalypse 20:8,
9.
Nous trouvons ensuite l’effet moral du jugement exécuté sur Gog et
ses armées : « Et je mettrai ma gloire parmi les nations ; et toutes
les nations verront mon jugement, que j’aurai exécuté, et ma main,
que j’aurai mise sur eux. Et la maison d’Israël saura que je suis
l’Éternel, leur Dieu, dès ce jour-là et dans la suite. Et les nations
sauront que la maison d’Israël est allée en captivité à cause de son
iniquité, parce qu’ils ont été infidèles envers moi, et que je leur avais
caché ma face, et que je les avais livrés en la main de leurs
ennemis, et ils sont tous tombés par l’épée. Je leur ai fait selon leur
impureté et selon leurs transgressions, et je leur ai caché ma face »
(39:21-24). L’évangile, s’il est cru, place les âmes en association
avec Christ pour le ciel. La vue des jugements servira au Seigneur
à enseigner aux nations la justice sur la terre. Israël lui aussi, a
besoin de l’apprendre, et ils apprendront que Celui qui agit ainsi est
l’Éternel leur Dieu, « dès ce jour-là et dans la suite ». Il sera clair et
incontestable en ce jour-là qu’Israël n’est pas allé pour rien en
captivité, mais à cause de son iniquité, et que c’est la seule cause
pour laquelle l’Éternel leur a retiré Sa faveur et les a livrés à l’épée
de leurs ennemis. C’est Sa rétribution qui explique leur histoire
passée avec toutes ses afflictions.
Israël a la perspective d’un brillant avenir : je ne parle pas de
l’évangile ni de l’Église, où il n’y a ni Juif ni Grec, mais du royaume
sur la terre, lorsqu’Israël sera restauré dans leur pays, et occupera
la première place parmi les nations en faveur, en paix et en justice,
la puissance et la gloire de l’Éternel étant manifestées pour eux.
« C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Maintenant je
rétablirai les captifs de Jacob et j’aurai compassion de toute la
maison d’Israël, et je serai jaloux de mon saint nom, et ils porteront
en eux leur confusion, et toutes leurs infidélités par lesquelles ils ont
été infidèles envers moi, alors qu’ils habiteront en sécurité dans leur
terre et qu’il n’y aura personne qui les effraye, quand je les aurai
ramenés d’entre les peuples et que je les aurai rassemblés des
pays de leurs ennemis, et que je serai sanctifié en eux aux yeux de
beaucoup de nations. Et ils sauront que je suis l’Éternel, leur Dieu,
parce que je les ai emmenés captifs parmi les nations, et que je les
aurai rassemblés dans leur terre, et que je n’en aurai laissé là aucun
de reste. Et je ne leur cacherai plus ma face, parce que j’aurai
répandu mon Esprit sur la maison d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel
(39:25-29).
Une remarque pratique de grande importance pour nos âmes : Si
l’on croit le Nouveau Testament, Dieu ne cache jamais Sa face au
chrétien ; la raison en est que, le croyant possédant la vie éternelle
en Christ, il est maintenant introduit dans la pleine efficacité de Son
sacrifice, et il possède le Saint-Esprit habitant en lui comme un
témoin permanent. Nous anticipons donc ce qui sera vrai bientôt
d’Israël, et nous ne nous trouvons pas sur le terrain de mise à
l’épreuve comme Israël autrefois. Or l’incrédulité traditionnelle de la
chrétienté voile pour les âmes la vraie grâce de Dieu dans laquelle
nous sommes ; cela est vrai pour les protestants comme pour les
catholiques, ces derniers ajoutant encore l’erreur de s’approprier
comme église, et avant le temps, la place d’honneur et de repos
terrestres réservée à Israël sous le Messie. Ce n’est qu’alors que la
montagne de la maison de l’Éternel sera établie sur le sommet des
montagnes, exaltée au-dessus des collines, et que toutes les
nations y afflueront (És. 2:2). Il est vrai que l’ignorance de certains
protestants est telle qu’ils suivent les catholiques dans cette erreur,
quoiqu’en général, ils en fassent une espérance pour le millénium,
plutôt qu’une prétention actuelle. Mais de toute manière, l’effet de
cette erreur est de dégrader l’Église du ciel vers la terre, et en
rapport avec Israël, soit de nier leurs espérances, soit de rendre
incohérents ceux qu’on reconnaît tenir ces espérances.
Ajoutons que, si l’Esprit doit être répandu sur Israël quand l’ère
nouvelle commencera, ce ne sera pas alors un baptême des saints
en un seul corps. Par un seul Esprit, nous avons tous été baptisés
en un seul corps, Juifs ou Gentils, esclaves ou hommes libres, et
nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit (1 Cor.
12:13). Colossiens 3 établit que Christ est tout en tous ; en
Éphésiens 2 le mur mitoyen de clôture a été détruit, afin qu’il créât
les deux en Lui-même pour être un seul homme nouveau. Mais au
millénium il n’en sera pas ainsi ici-bas ; au contraire, les saints Juifs
seront dans une position de meilleure proximité et plus honorée que
les Gentils sur la terre. C’est un état de choses qui fait contraste
avec l’état actuel de l’assemblée où la croix a mis fin à ces
distinctions pour le ciel.

43 - Chapitre 40
43.1 - Interprétation des prophéties des ch. 40 à 48:
littérales et futures
Les derniers chapitres du livre nous présentent une vision des plus
remarquables, dans laquelle le prophète communique la promesse
et l’assurance de la restauration d’Israël et de leur pays, et même
plus qu’une restauration, une gloire de couronnement. C’est là la
signification toute simple de cette vision, quoiqu’il y ait des détails
profonds, et maintes difficultés comme cela est normal dans ce
genre de descriptions. Mais il y a à peine plus d’obscurité en
Ézéchiel 40 à 48 qu’en Exode 25 à 40. La difficulté provient du détail
des circonstances sortant de nos habitudes ordinaires, ou même de
notre étude. Il n’y a pas de difficulté réelle quant à la portée
générale, sauf pour ceux qui se trompent dans l’application qu’ils
font de la vision. Bien sûr, ce n’est pas une prophétie accomplie,
mais cela n’est pas la vraie source de difficulté pour nous, comme
on le verra du parallèle auquel j’ai fait référence : Les détails du
temple futur dans le pays ne sont pas plus difficiles à comprendre
que ceux du tabernacle d’autrefois dans le désert.
On sait que certains considèrent que la vision s’applique à l’Église
d’aujourd’hui. Ceux-là devraient trouver les figures et symboles
faciles à expliquer, car de tels auteurs prétendent en général que
nous ne pouvons avoir une compréhension exacte d’une prophétie
tant qu’elle n’est pas accomplie. Or l’Église existe depuis plus de
1800 ans, ce qui devrait suffire à fournir d’abondants matériaux pour
soutenir leurs démonstrations. Or ce sont justement ceux qui
trouvent des difficultés insurmontables à interpréter la prophétie. Ce
n’est pas étonnant, puisque leur pensée tout entière est erronée.
Jérôme et Grégoire n’en tirent qu’une adaptation ingénieuse. Ils ne
font pas un réel exposé, car leurs remarques sont même incapables
de les satisfaire eux-mêmes. Un de leurs commentateurs des plus
érudits, et qui partage leur opinion, s’exprime ainsi sur une portion
de leurs écrits, — nous pouvons l’appliquer à l’ensemble :
« personne ne peut expliquer comment on doit la comprendre, et
personne n’oserait même s’y aventurer ». Pourtant, cet homme,
Cornelius à Lapide, ne doit pas être méprisé, mais plutôt admiré
pour la confession honnête de leur échec et du sien. Tous les
interprètes qui recherchent des allégories sont évidemment sur une
fausse piste. Il serait étrange qu’une vision symbolique de la
chrétienté laissât de côté le jour des expiations, la fête des
semaines et l’action du souverain sacrificateur dans la présence de
Dieu — autrement dit les types des aspects majeurs du
christianisme.
Beaucoup d’autres théologiens ont fait de grands efforts, sans plus
de succès, pour appliquer la vision aux Juifs revenus de la captivité
de Babylone. Or, ce qui s’est alors passé est infiniment en dessous
de ce que promet la prophétie d’Ézéchiel.
Les applications faites par ces deux genres d’écoles ne peuvent
aboutir qu’à rabaisser le caractère de la Parole divine (*). Parlons
clairement : il y a plus de contrastes que d’analogies entre les
promesses brillante d’Ézéchiel et les toute petites installations
payées sous Zorobabel selon ce qu’Esdras et Néhémie relatent.
Non seulement ces deux genres d’interprétation ne réussissent pas
à concorder avec la prophétie, mais elles déprécient l’Écriture. Car
si les prophètes deviennent hyperboliques et qu’on ne peut plus s’y
fier, que reste-t-il des évangiles et des épîtres, comme de la loi et
des psaumes ? La tendance de ces deux écoles est bien de saper
l’inspiration, réellement même si c’est involontaire.
(*) Écoutez les paroles d’un de ceux qui ne paraissent pas être
toujours des ennemis : « Tout l’accomplissement est du passé, et il
ne faut s’attendre à rien de plus pour le futur. Les Juifs sont
retournés dans leur pays et ont reconstruit le temple. Si la
restauration s’est opérée d’une manière différente de ce que le
prophète a prédit [car Dieu ne se trouve nulle part dans leurs
pensées], — si les circonstances de cette restauration n’ont été
qu’un faible contre-type de ce que le prophète imaginait, — si la
réalité n’a été qu’un accomplissement chétif de la prophétie, les
événements montrent l’imperfection des figures d’Ézéchiel »
(Davidson, Introduction à l’Ancien Testament, III, 156). Cela montre
plutôt, doit-on dire, la folie de ce genre d’interprétation. Le Dr
Davidson est-il prophète pour affirmer que la prophétie ne sera pas
accomplie dans le futur ? Qu’il prenne garde au caractère et au
jugement qui attend les faux prophètes. On ne se moque pas de
Dieu, bien que ce soit le temps de la grâce et de la patience de Dieu
avec l’homme sur la terre.
Quant aux tentatives modernes de sauver les apparences en
rapport avec l’application au retour de la captivité de Babylone, qui
pourrait penser qu’elles aient réussies ? Le Dr Henderson (p. 187)
s’exprime ainsi : « Ézéchiel a fait une représentation idéale de l’état
Juif sur le point d’être restauré après la captivité ». Mais,
demanderons-nous, cet idéal a-t-il été réalisé ? N’y avait-il pas une
immense différence par rapport à l’état des Juifs en Palestine après
leur retour ? Le temple bâti après la captivité correspondait-il au
bâtiment si soigneusement mesuré en Ézéchiel ? Avaient-ils des
prêtres, un prince, des fêtes et des sacrifices sans souverain
sacrificateur (particularité si remarquable dans cette prophétie)
selon ce que décrit Ézéchiel ? La gloire est-elle revenue dans le
pays des Juifs ? Les douze tribus ont-elles pris leur place dans le
pays selon ce qui est si soigneusement décrit par le prophète, et
selon les dispositions spéciales prévues pour les sacrificateurs, les
lévites et le prince ? Des eaux permettant des guérisons ont-elles
coulé du temple vers la mer Morte en ce temps-là, dans quel que
sens qu’on le prenne ? Les sacrificateurs et les lévites cessèrent-ils
d’habiter dans toute la Palestine, pour ne demeurer qu’autour du
sanctuaire, aux endroits attribués à chacun d’eux ? Nous savons
bien qu’aucune de ces choses ne s’est réalisé après la captivité.
Sans doute, le prophète avait en vue la restauration du temple
matériel alors en ruine, ainsi que celle du culte, tout autant que de
la nation entière dans les privilèges les plus riches d’un
gouvernement théocratique, non pas seulement spirituel. Il n’est
pas non plus douteux qu’une juste et vraie interprétation supprime
tout besoin de confondre le chrétien et l’Église avec les espérances
d’Israël ; mais l’explication la moins satisfaisante de toutes est celle
qui rapporte cette prophétie d’Ézéchiel aux cinq siècles précédant
la naissance de Christ, en niant son accomplissement littéral et futur
pour Israël dans leur pays. Il n’y a pas de base pour soutenir qu’un
seul détail de ces visions se soit réalisé en aucun point parmi les
captifs de retour dans l’histoire passée. Moins de 50000 hommes,
femmes et enfants revinrent de Babylone, seulement un petit résidu
de résidu, et nullement douze tribus prenant la portion de pays qui
leur était échue, comme le prophète le voit, sept au Nord, cinq au
Sud, dépassant les anciennes frontières de la Palestine, avec
Jérusalem entre elles.
En tout cas, il n’y a jamais rien eu ayant la moindre ressemblance
avec la sainte offrande élevée, pas plus qu’à la division du pays en
bandes de terre d’est en ouest, selon ce qui est prédit ici. Il est
ridicule de prétendre qu’il n’existe pas d’objection valable contre
cette interprétation : en effet, sur bien des points, la ville, le temple,
les services, etc. ne s’accordent pas avec la prophétie. Ceux qui
retournèrent de Babylone revinrent en fait à l’ordre existant avant la
captivité, et ne réalisèrent en aucune manière la condition
particulière prédite par Ézéchiel. Aucun d’entre eux ne paraît avoir
correspondu au prince, et le souverain sacrificateur restait comme
auparavant un personnage important ; le pays ne fut pas réparti par
le sort au résidu, encore moins à tout Israël, et les étrangers n’y
trouvèrent pas plus leur héritage que dans le temps d’autrefois. La
Pentecôte restait comme jadis l’une des trois grandes fêtes des
Juifs, tandis qu’on ne la retrouve pas dans la prophétie. Ces
différences sont parmi les plus nettes. Au moins pour les croyants,
elles sont la preuve que la dernière vision n’a pas été du tout
accomplie dans l’histoire des Juifs ; dire qu’elle ne le sera jamais,
c’est s’avouer incrédule, en tout cas quant à la prophétie.
Il est bien vrai que la vision ne doit pas être vue comme une
description des souvenirs du temple de Salomon — travail bien
inutile pour ceux qui possédaient les livres des Rois et des
Chroniques. C’est une révélation divine de la nouvelle condition
d’Israël restauré, à la fin et pour toujours. Le temple est un temple
matériel ; l’ordre des fêtes, des sacrifices, des rites, de la
sacrificature est littéral, et sous certains aspects importants il n’y a
rien eu de pareil auparavant ; il en va de même pour
l’ordonnancement général de la nouvelle capitale et de la nation, le
tout étant couronné par la gloire de l’Éternel, dans des
circonstances entièrement nouvelles : cette gloire daigne revenir
habiter leur pays. Il n’est pas cohérent d’interpréter littéralement le
temple et les ordonnances et de voir des figures dans les eaux
apportant la fertilité et la beauté à la Mer Morte et au désert stérile.
Pourquoi ceci ne serait qu’un symbole et non pas une réalité ? Il ny
a guère de réponse, sinon que certains hommes comme Secker et
Boothroyd et d’autres, prétendent qu’il en est ainsi. Mais n’en disons
pas plus pour le moment, nous aurons largement l’occasion d’y
revenir quand nous en viendrons aux détails des chapitres.
Il nous faut cependant insister sur un point : il n’est pas légitime de
séparer de manière tranchée ces chapitres de ceux que nous avons
déjà vus. La dernière série (ch. 40 à 48) est la suite glorieuse,
convenable et parfaitement compréhensible des prophéties
précédentes : cela est si vrai que la série précédente (ch. 33 à 39)
en est la préparation, car elle annonce le jugement et l’heureux
retour de la nation élue, aux derniers jours, bien au-delà de ce qui
était proche. Le chapitre 33 établit le nouveau terrain de la conduite
individuelle devant Dieu ; les chefs sont jugés au ch. 34, et Édom
au ch. 35 ; ensuite le ch. 36 prédit la restauration d’Israël dans son
propre pays, avec un cœur nouveau et un esprit nouveau — l’Esprit
même de Dieu en eux. Nous avons vu, sous forme de parabole, la
vision du ch. 37 où les ossements desséchés reçoivent soudain vie
et force, et il est dit expressément qu’ils représentent non pas les
chrétiens ou les hommes en général, mais la maison d’Israël sous
la figure de la résurrection, ramenée à la vie et placée par l’Éternel
dans son propre pays ; elle y est alors unie — Éphraïm et Juda —
comme elle ne l’a jamais été depuis les jours de Jéroboam, sous un
seul chef, un seul roi, dans leur pays, sur les montagnes d’Israël.
Nous avons eu devant nous la dernière et formidable attaque qui
sera faite contre Israël en train de s’établir en paix en Canaan,
quand le grand chef du nord-est, avec les multitudes de ceux qui le
suivront, sera exterminé par l’intervention divine (ch. 38 et 39). Ce
ne sont pas des allégories, et ceux-ci l’apprendront à leurs dépens.
Israël et les Gentils épargnés le sauront, car l’Éternel sera ainsi
glorifié par Son peuple sur la terre. La dernière vision (ch. 40-48)
vient alors bien à sa place ; il y est établi avec précision la
constitution religieuse et civile d’Israël ; la Shekinah reprend sa
place au milieu du peuple, — le sceau de la gloire qui ne sera plus
jamais brisé, — jusqu’à ce que ce qui n’est que moyens
intermédiaires s’efface devant la bénédiction complète et éternelle,
et que le jugement ne trouve plus de mal à juger.
Il n’est pas douteux que, dans ces chapitres, la plupart des chrétiens
achoppent sur cet obstacle de la prédiction toute simple de
sacrifices, de fêtes et autres ordonnances de la loi lévitique. Ils
pensent qu’il faut les expliquer (en réalité les éliminer) de manière
à ôter tout désaccord avec l’épître aux Hébreux. Mais cette idée
suppose qu’il ne peut pas y avoir de changement de dispensation
et que, parce que nous sommes chrétiens, ceux que vise la
prophétie doivent se trouver dans la même relation que nous. Or
ceci est entièrement faux, car l’épître aux Hébreux s’adresse aux
croyants depuis la rédemption, Christ étant dans les lieux célestes
jusqu’à Son retour en gloire. La prophétie d’Ézéchiel, au contraire,
s’occupe du peuple terrestre et suppose la gloire de l’Éternel
demeurant à nouveau dans le pays de Canaan. En vérité, un état
de choses où Israël est béni en tant que tel, et les Gentils ne le sont
que par le moyen des Juifs et de manière subordonnée à eux, est
totalement distinct du christianisme ; pourtant c’est bien ce que
cette prophétie d’Ézéchiel et presque tous les autres supposent et
annoncent bien nettement ; dans le christianisme au contraire, il n’y
a ni Juifs ni Gentils, mais tous sont uns dans le Christ Jésus. C’est
pourquoi le terrain et la position sont tout différents de ce qu’on voit
dans l’épître aux Hébreux.
Ézéchiel annonce clairement des sacrificateurs terrestres distincts
du peuple, en position spéciale vis-à-vis du prince, un sanctuaire
matériel avec des sacrifices et des offrandes concrets ; tout cela est
évidemment entièrement étranger au christianisme. C’est aussi
incompatible avec la doctrine de l’épître aux Hébreux pour ceux qui
sont « participants à l’appel céleste » (Héb. 3:1) ; mais ne seraient-
ils pas à leur place pour ceux qui ont un appel terrestre, quand
l’Éternel choisit de nouveau Jérusalem et que la gloire habite le
pays ? Personne n’a prouvé le contraire, et rares sont ceux qui ont
essayé ; pourtant c’est là la vraie question. Nous reconnaissons
pleinement que les sacrifices sont incompatibles avec la foi
chrétienne en la seule offrande qui nous a rendus parfaits à
perpétuité (Héb. 10:14). Un temple sur la terre ne s’accorde pas en
pratique avec le vrai tabernacle que le Seigneur a dressé et non pas
l’homme (Héb. 8:2), et où nous sommes invités à entrer hardiment
jusqu’au lieu très saint, le voile étant maintenant déchiré (Héb.
10:19-22). D’ailleurs l’affirmation d’une sacrificature terrestre pour
les chrétiens est en principe, sinon en fait, la négation de la
proximité de Dieu par le sang de Christ, et de l’évangile lui-même
tel que nous le connaissons.
La venue du Seigneur pour régner sur la terre apportera forcément
un changement d’une importance et d’une ampleur immense. C’est
même l’objet majeur de toute prophétie de mettre en avant une
nouvelle condition où Israël est à la tête des nations, sous le Messie
et la nouvelle alliance, l’Église ayant entièrement disparu de la terre,
et régnant en fait sur elle avec Christ, l’Époux de l’Épouse alors
glorifiée.
Or les prophètes, d’Ésaie à Malachie, mettent en lumière pour ce
jour glorieux, un temple terrestre avec des sacrifices, une
sacrificature et des cérémonies appropriées. Ce n’est évidemment
pas du christianisme. Devant une telle nuée de témoins inspirés, qui
oserait prétendre qu’un tel état de choses ne s’accorde pas avec la
vérité et la gloire de Dieu dans ce jour ? Il est vain de se retrancher
derrière la ressource habituelle de l’incrédulité, le nuage qui
recouvre la prophétie non accomplie. Non, pour l’incrédulité toute
l’Écriture est obscure ; pour la foi elle est la lumière de Dieu
communiquée par des hommes auxquels l’Esprit Saint avait conféré
la puissance de le communiquer. La difficulté particulière du cas
présent réside seulement dans l’opinion de la chrétienté qui admet,
ou plutôt présume que la chute des Juifs est définitive, et que les
Gentils les ont supplantés pour toujours. La vérité est que Dieu
n’épargnera pas les Gentils dans leur incrédulité actuelle qui ne fait
que croître ; par contre, dans Sa grâce et avant longtemps, il
appellera sûrement Israël une nouvelle fois à la repentance. Ceux
qui maintenant attendent Christ, avec les saints ressuscités, seront
enlevés vers Lui, et le Libérateur viendra de Sion et détournera
l’impiété de Jacob (Rom. 11:16-29). Si le Roi des rois et Seigneur
des Seigneurs prend ainsi une position toute nouvelle, il serait
singulier que rien ne fût changé en conséquence de cette position
et en accord avec elle. C’est précisément ce que les prophètes
montrent, en contraste avec l’épître aux Hébreux et les autres
épîtres apostoliques. Notre sagesse est d’apprendre de Dieu par Sa
parole et Son Esprit, et de ne pas juger l’Écriture par des
conclusions tirées de notre propre position, de nos circonstances
ou même de notre relation avec Dieu. Laissons place aux diverses
évolutions et manifestations de Sa gloire dans les siècles à venir,
au lieu de tenir Ses voies actuelles comme la norme absolue, aussi
profondes et bénies soient-elles : c’est un piège bien naturel pour
l’esprit étroit et égoïste de l’homme, mais sec vis-à-vis de toute
croissance dans et par la connaissance de Dieu. Pour Lui, Christ
est Son objet, non pas l’Église ; mais l’Église est bénie
proportionnellement.
43.2 - Préambule de la vision — Différents systèmes
d’interprétation
Venons-en maintenant au préambule de la vision « En la vingt-
cinquième année de notre transportation, au commencement de
l’année, le dixième jour du mois, en la quatorzième année après que
la ville eut été frappée, en ce même jour, la main de l’Éternel fut sur
moi, et il m’amena là. Dans les visions de Dieu, il m’amena au pays
d’Israël, et me posa sur une très haute montagne ; et sur elle il y
avait comme une ville bâtie, du côté du midi. Et il m’amena là, et
voici un homme dont l’aspect était comme l’aspect de l’airain ; et il
avait dans sa main un cordeau de lin et une canne à mesurer, et il
se tenait dans la porte. Et l’homme me dit : Fils d’homme, regarde
de tes yeux, et écoute de tes oreilles, et applique ton cœur à tout ce
que je te fais voir ; car c’est afin de te le faire voir que tu as été
amené ici. Déclare à la maison d’Israël tout ce que tu vois » (40:1-
4).
Le but de cette vision est ainsi évident. Dieu n’a certainement pas
révélé le mystère de Christ et l’Église à Israël ou à quiconque, mais
Il l’a gardé secret en Lui-même jusqu’au moment venu de le faire
connaître. Une grande partie de l’épreuve de l’homme, si fertile en
événements, restait à accomplir. Dieu devait encore envoyer Son
Fils unique, l’Héritier sans parler des prophètes postérieurs à
Ézéchiel et antérieurs à Jean Baptiste. Après cela, Il allait ajouter le
témoignage final du Saint Esprit au Seigneur ressuscité et glorifié,
outre Sa présence en humiliation au milieu d’eux. La vision
concerne donc les espérances d’Israël ramené dans son pays, pour
leur montrer combien l’œuvre sera complète dans les derniers jours
(malgré leurs péchés d’autrefois), surtout en rapport avec la
présence de Dieu dans un sanctuaire nouveau et convenable, —
une présence qui ne sera plus jamais perdue, d’autant moins quand
le temps cédera sa place à l’éternité, et aux nouveaux cieux et à la
nouvelle terre, dans toute la force de ces termes.
Il est bien connu que les quatre principales lignes de divergences
d’interprétations de ces ch. 40 à 48 entre les commentateurs sont
les suivantes :
1. l’interprétation historique-littérale, adoptée par Villalpandus,
Grotius, etc. qui en fait une description prosaïque destinée à
conserver le souvenir du temple de Salomon ;
2. l’interprétation historique-idéale de Eichhorn, Date, etc. qui en fait
une annonce vague d’un avenir où il y aura du bien ;
3. la théorie juive de Lightfoot, etc. qui admet que l’idée a été
effectivement adoptée par le résidu rentré dans le pays ; et
4. l’hypothèse chrétienne ou allégorique, de Luther et d’autres
réformateurs, suivie de manière plus élaborée par Cocceius, etc. et
par beaucoup aujourd’hui en général ; ils s’efforcent de découvrir
dans ces chapitres un immense système symbolique du bien qui
reste en réserve pour l’Église.
Mais tout cela laisse de côté une cinquième explication, la seule
véritable, je n’en doute pas, qui voit dans ces chapitres la conclusion
appropriée de toute la prophétie, et spécialement des chapitres
précédents — la prédiction du complet rétablissement, dans les
derniers jours, d’Israël converti, et mis en possession pour toujours
de toutes les bénédictions promises dans leur pays, avec la gloire
de l’Éternel au milieu d’eux. C’est là le seul accomplissement vrai et
messianique de la vision, qui doit donc être prise dans son sens
simple et juste grammaticalement, littéral, symbolique ou figuré
selon ce qu’indique le contexte de chaque passage.
Ainsi, dans la vision suivante dans ce ch. 40, nous avons une
description des mesures surtout des parvis du temple et de leurs
dépendances, le ieron (comme au ch. 41 on a la description du
naoV, ou oikoV) ; seul le portique du temple proprement dit est
donné au ch. 40, avec une suite au chapitre 42, qui peut être
considérée comme la conclusion de la première partie de la
description, et est importante en ce qu’elle réduit à néant la notion
qu’il y avait ou qu’il ait pu y avoir la moindre ressemblance entre la
vision prophétique d’Ézéchiel et un temple ayant existé auparavant.
Le mur en dehors de la maison tout à l’entour (40:5) n’est pas
mesuré avant la fin du chapitre 42, où il est dit qu’il a 500 cannes
en carré : donné avec l’exactitude la plus expresse, cela ne peut
être considéré comme une « hyperbole » sans ébranler le caractère
du prophète et de toute l’Écriture ; l’indication est donc que
l’enceinte est considérablement plus grande que la cité tout entière.
Comment cela est-il possible, nous le verrons peut-être quand nous
en viendrons à ce passage.
Il suffit ici de remarquer que, dès l’instant où le temple décrit par
Ézéchiel est un vrai temple, il doit être vu dans l’avenir, vers lequel
tout ce qui l’entoure dirige les regards. On peut bien concevoir un
tabernacle du passé comme type des choses célestes actuelles en
Christ ; mais ici, c’est une prophétie qui ne trouvera son
accomplissement que pour Israël dans son pays, lorsque l’Église
aura été transmuée à la venue du Christ et qu’elle règnera avec Lui
sur la terre. Il n’y a donc pas place pour une application allégorique.
L’application au passé juif est un échec comme nous l’avons déjà
vu, et même une impossibilité. On peut éliminer le vague idéal
comme trop proche de l’incrédulité. Les disciples d’aujourd’hui
comme ceux d’autrefois, sont sans intelligence en ce qui concerne
les prophètes, et lents de cœur à croire (Luc 24:25). L’application
de la description d’Ézéchiel à l’avenir est non seulement la seule
raisonnable, mais la seule vraiment possible. Par ailleurs, tout en
maintenant que toutes les preuves militent en faveur d’un temple
futur sous le Messie et la nouvelle alliance, on peut quand même
accepter qu’il y a en même temps bien des leçons de vérité et de
justice cachées dans le bâtiment, les cérémonies et l’ordre général
décrits ici par Ézéchiel, sans pour autant accepter les fantaisies de
John Bunyan (l’excellant auteur du pèlerinage du chrétien, sous
forme d’allégorie), et sans non plus accepter de confondre tous les
temples de l’Écriture, ceux de Salomon, de Zorobabel, d’Hérode et
d’Ézéchiel. En présence de ces interprétations erronées, veillons
avec vigilance de peur de pervertir la sainte parole de Dieu. J’ai
confiance quant à moi-même d’être plus du côté de la prudence que
du côté de ceux qui font du tort à la Parole.
43.3 - Détails du ch. 40
Il y a peu de remarques à faire sur les détails de notre chapitre.
Dans la première partie (40:6-16) la porte orientale est mesurée,
ainsi que le seuil et les piliers, le portique au dedans et au dehors,
les chambres des deux côtés, la largeur de l’entrée, la longueur de
la porte et des piliers ; la canne servant à mesurer est longue de six
coudées, chaque coudée ayant une paume de plus que la coudée
ordinaire.
Dans la seconde partie (40:17-23), où se trouve le parvis extérieur,
il est mesuré la porte qui regarde vers le nord, ses chambres, ses
piliers, ses portes, ses degrés, ainsi que la distance entre la porte
du parvis intérieur et les portes de l’orient et du nord.
Dans la troisième partie nous avons la mesure de la porte du midi
et de ses dépendances, avec, comme d’habitude, la distance
depuis la porte du midi du parvis intérieur(40:24-27). Cette porte est
mesurée (40:28-31) de la même manière, ainsi que la porte
orientale du même parvis (40:32-34), et celle du nord (40:35-38).
Dans les versets 40:38-43, on a la description des cellules et des
entrées auprès des piliers des portes, et des huit tables en pierres
de taille sur lesquelles on égorgeait l’holocauste et les autres
sacrifices ; il y avait quatre tables de chaque côté, et (40:44-47) des
cellules en dehors de la porte, pour les sacrificateurs (*), l’une
regardant vers le midi pour les sacrificateurs qui font l’acquit de la
charge de la maison, l’autre regardant vers le nord pour les
sacrificateur qui font l’acquit de la charge concernant l’autel (le
parvis lui-même ayant 100 coudées de côté en carré, avec l’autel
devant la maison). Le chapitre se termine avec la mesure du
portique de la maison, la longueur et la largeur, avec la porte (40:48-
49).
(*) Note Bibliquest : nous avons laissé ici la traduction JND.
WK traduit ici — avec la version autorisée du Roi Jacques —
« pour les chanteurs ». Et il ajoute la note suivante :
(note WK) Boothroyd suit ici les conjectures de Houbigant, ou
plutôt la version des Septante, soutenant que les cellules ne
pouvaient être pour les chanteurs alors qu’elles étaient pour
les sacrificateurs qui avaient la charge de l’autel et du lieu très
saint. C’est pourquoi il traduit « Et il m’amena vers la porte
intérieure, et voici, il y avait deux chambres dans le parvis
intérieur, l’une du côté de la porte du nord, et qui regardait vers
le midi … Et il me dit, cette chambre, qui regarde etc. »
On remarquera que ce sont les fils de Tsadok qui sont désignés
pour le service de la maison. Ils avaient l’assurance d’avoir cette
sacrificature perpétuelle comme privilège de la lignée d’Aaron. Ce
qui avait été garanti à Phinées fils d’Éléazar pour toujours est
revenu en son temps à Tsadok. Celui-ci sous le règne de Salomon,
fut mis à la place de la lignée d’Ithamar selon le jugement de
l’Éternel annoncé à Éli, après qu’Abiathar ait pris part à la rébellion
d’Adonija. Nous trouverons la même restriction tout au long de la
vision (48:19 ; 44:15 ; 48:11).

44 - Chapitre 41
J’ai été bien frappé de constater que notre prophète ne mentionne
ni l’or ni l’argent dans sa description du temple futur. Or on sait
combien l’usage de ces deux métaux occupe une place importante
dans le tabernacle d’autrefois, et combien l’emploi de l’or est
caractéristique du temple de Salomon. Pourquoi cela ? Quelques
suggestions sur la pensée divine en rapport avec l’or d’une part, et
l’argent d’autre part, pourront être utiles. Mais il nous faut faire
attention à la manière de se servir de la vérité sur ce sujet, non pas
seulement de la reconnaître.
L’or semble être toujours dans l’Écriture le symbole de la justice
divine, non pas sous l’aspect de jugement exercé sur la terre, pour
défendre le caractère de Dieu (ce qui correspond plutôt à l’airain),
mais en rapport avec ce dont nous nous approchons dans les lieux
célestes. De là la différence entre l’autel des holocaustes et celui de
l’encens ; la pleine signification de l’or apparaît dans l’arche avec
son propitiatoire d’or pur. Quant à l’argent, nous le trouvons dans
certaines parties du tabernacle, comme les bases des ais
(planches) et des piliers, et dans leurs crochets et leurs baguettes
d’attache. Comme monnaie de la rançon d’Israël, il est le type de la
grâce. Nous voyons donc que l’argent, aussi bien que l’or,
conviennent à ce qui représente le tabernacle pour des gens
traversant le désert. Nous voyons aussi que l’or seul (et non pas
l’argent) caractérise la cité céleste du chapitre 21 de l’Apocalypse,
tandis qu’aucun des deux métaux n’est mentionné par Ézéchiel
dans sa description du sanctuaire millénaire. On ne peut douter
pourtant de la présence d’or dans ce temple, mais cela renforce le
caractère frappant de l’omission de toute mention de ces métaux.
Il y a peu à dire sur ce chapitre en rapport avec le but de ces notes.
Le prophète laisse le parvis et est amené à voir la maison elle-
même. « Et il m’amena dans le temple ; et il mesura les piliers, six
coudées en largeur deçà et six coudées en largeur delà, la largeur
de la tente ; et la largeur de l’entrée, dix coudées, et les côtés de
l’entrée, cinq coudées deçà et cinq coudées delà ; et il mesura sa
longueur, quarante coudées, et la largeur, vingt coudées » (41:1-2).
Nous regardons ensuite à l’intérieur. « Et il entra dans l’intérieur ; et
il mesura le pilier de l’entrée, deux coudées, et l’entrée, six coudées,
et la largeur de l’entrée, sept coudées. Et il mesura sa longueur,
vingt coudées, et la largeur, vingt coudées, en face du temple. Et il
me dit : C’est ici le lieu très saint » (41:3-4).
« Et il mesura le mur de la maison, six coudées ; et la largeur de
chaque chambre latérale, quatre coudées, à l’entour de la maison,
tout autour. Et les chambres latérales étaient, chambre sur
chambre, au nombre de trois, et cela trente fois ; et elles rentraient
dans le mur qu’avait la maison vers les chambres latérales, tout
autour, afin qu’elles y fussent appuyées ; mais elles n’étaient pas
appuyées dans le mur de la maison. Et il y avait aux chambres
latérales un élargissement, et il allait tournant toujours vers le haut,
car le pourtour de la maison allait toujours vers le haut tout autour
de la maison ; c’est pourquoi la largeur de la maison était plus
grande vers le haut ; et ainsi la partie du bas montait à la partie du
haut par la partie du milieu. Je vis aussi à la maison une élévation
tout autour, — les fondations des chambres latérales, une pleine
canne, six coudées jusqu’à la jonction. La largeur du mur qu’avaient
les chambres latérales, en dehors, était de cinq coudées, comme
aussi ce qui était laissé libre le long du bâtiment des chambres
latérales qui étaient attenantes à la maison. Et entre les cellules et
la maison il y avait une largeur de vingt coudées, autour de la
maison, tout autour. Et l’entrée des chambres latérales était dans
l’espace laissé libre, une entrée vers le nord et une entrée vers le
midi ; et la largeur de l’espace libre était de cinq coudées, tout
autour. Et le bâtiment qui était devant la place séparée, du côté de
l’occident, avait une largeur de soixante-dix coudées, et le mur du
bâtiment avait cinq coudées d’épaisseur tout autour, et sa longueur
était de quatre-vingt-dix coudées. Et il mesura la maison : la
longueur, cent coudées ; et la place séparée, et le bâtiment, et ses
murs, la longueur, cent coudées ; et la largeur du devant de la
maison et de la place séparée, vers l’orient, cent coudées. Et il
mesura la longueur du bâtiment devant la place séparée, sur le
derrière, et ses galeries, deçà et delà, cent coudées ; et le temple
intérieur, et les portiques du parvis. Les seuils, et les fenêtres
fermées, et les galeries, à l’entour, — aux trois — (vis-à-vis des
seuils il y avait une boiserie mince, tout autour, et depuis le sol
jusqu’aux fenêtres, et les fenêtres étaient couvertes) et le dessus
de l’entrée, et jusqu’à la maison intérieure, et au dehors, et tout le
long du mur, tout autour, intérieurement et extérieurement, tout avait
ses mesures. Et on y avait fait des chérubins et des palmiers, un
palmier entre deux chérubins ; et le chérubin avait deux faces : une
face d’homme vers le palmier, d’un côté, et une face de jeune lion
vers le palmier, de l’autre côté ; on avait fait ainsi sur toute la
maison, tout autour. Depuis le sol jusqu’au-dessus de l’entrée, on
avait fait des chérubins et des palmiers, et sur le mur du temple. Les
poteaux de la porte du temple étaient carrés, ainsi que ceux du
devant du lieu saint : ils avaient le même aspect » (41:5-21). On
remarquera que les symboles employés ici expriment la puissance
judiciaire [les chérubins] et la victoire [les palmiers] : Inutile de
démontrer combien cela est approprié au jour du millénium.
Au verset 22 nous lisons que « l’autel de bois était haut de trois
coudées, et sa longueur était de deux coudées ; et il avait ses
angles ; et sa longueur et ses côtés étaient de bois. Et il me dit :
C’est ici la table qui est devant l’Éternel ». Cette identification de
l’autel avec le nom de la table sur laquelle les pains de proposition
étaient mis devant l’Éternel est remarquable ; le lecteur peut
comparer à ce sujet Malachie 1:7, 12.
« Et le temple et le lieu saint avaient deux portes. Et aux portes il y
avait deux battants, deux battants tournants : deux à une porte, et
deux battants à l’autre porte. Et sur elles, sur les portes du temple,
on avait fait des chérubins et des palmiers, comme on les avait faits
sur les murs. Et il y avait un entablement en bois sur la façade du
portique, en dehors, et des fenêtres fermées, et des palmiers, deçà
et delà, sur les côtés du portique et des chambres latérales de la
maison et des entablements » (41:23-26). Les moyens d’accès à
Dieu sont ainsi entièrement différents de ce que connaissent ceux
qui estiment le sacrifice de Christ selon la valeur qu’il a dans les
cieux, et qui y entrent à travers le voile déchiré (Héb. 10:19-22). La
barrière sera à nouveau dressée pour Israël, même s’ils sont
rachetés en toute certitude.

45 - Chapitre 42
La visite de la maison ou du sanctuaire étant terminés, le prophète
passe aux cellules ou chambres pour les sacrificateurs.
« Et il me fit sortir dans le parvis extérieur par le chemin qui va vers
le nord ; et il m’amena aux cellules qui étaient vis-à-vis de la place
séparée, et qui étaient vis-à-vis du bâtiment, vers le nord, en face
de la longueur, qui était de cent coudées : l’entrée était au nord ; et
la largeur était de cinquante coudées, vis-à-vis des vingt coudées
qu’avait le parvis intérieur, et vis-à-vis du pavement qui était au
parvis extérieur ; il y avait galerie contre galerie, au troisième étage ;
et devant les cellules, un passage de dix coudées de largeur ; vers
l’intérieur, un chemin de cent coudées ; et leurs entrées étaient au
nord. Et les cellules supérieures étaient raccourcies (parce que les
galeries en ôtaient une portion) en comparaison des inférieures et
de celles du milieu du bâtiment. Car elles étaient à trois étages, et
n’avaient pas de colonnes comme les colonnes des parvis ; c’est
pourquoi le troisième étage était en retraite, en comparaison des
cellules inférieures et de celles du milieu, depuis le sol. Et le mur qui
était en dehors, le long des cellules, du côté du parvis extérieur, en
face des cellules, avait une longueur de cinquante coudées. Car la
longueur des cellules qui aboutissaient au parvis extérieur était de
cinquante coudées ; mais voici, en face du temple, elle était de cent
coudées ; et, au-dessous de ces cellules, l’entrée était du côté de
l’orient, lorsqu’on y arrivait du parvis extérieur. Dans la largeur du
mur du parvis, du côté du midi, vis-à-vis de la place séparée et vis-
à-vis du bâtiment, il y avait des cellules, et un passage devant elles,
selon la forme des cellules qui étaient du côté du nord, selon leur
longueur, selon leur largeur, et selon toutes leurs issues, et selon
leurs ordonnances, et selon leurs portes d’entrée. Et selon les
entrées des cellules qui étaient du côté du midi, il y avait une entrée
à la tête du chemin, du chemin qui était en face du mur
correspondant, chemin venant de l’orient, quand on venait vers les
cellules » (42:1-12).
La description des chambres pour les sacrificateurs est suivie des
règles formelles sur la manière d’y manger, d’y déposer les
sacrifices, et sur leur habillement dedans et dehors.
« Et il me dit : Les cellules du nord et les cellules du midi, qui sont
en face de la place séparée, ce sont des cellules saintes où les
sacrificateurs qui s’approchent de l’Éternel mangeront les choses
très saintes ; ils déposeront là les choses très saintes : l’offrande de
gâteau, et le sacrifice pour le péché, et le sacrifice pour le délit, car
le lieu est saint. Quand les sacrificateurs seront entrés, ils ne
sortiront pas du lieu saint dans le parvis extérieur ; mais ils
déposeront là leurs vêtements dans lesquels ils font le service, car
ils sont saints ; et ils revêtiront d’autres vêtements, et
s’approcheront de ce qui est pour le peuple » (42:13-14).
Le paragraphe final est un sommaire d’un point de vue global. « Et
quand il eut achevé de mesurer la maison intérieure, il me fit sortir
par le chemin de la porte qui regardait vers l’orient ; et il mesura
l’enceinte tout autour. Il mesura le côté oriental avec la canne à
mesurer : cinq cents cannes, avec la canne à mesurer, tout autour.
Il mesura le côté septentrional : cinq cents cannes, avec la canne à
mesurer, tout autour. Il mesura le côté méridional : cinq cents
cannes, avec la canne à mesurer. Il se tourna vers le côté
occidental, et mesura cinq cents cannes avec la canne à mesurer.
Il la mesura des quatre côtés. Elle avait un mur tout à l’entour : la
longueur, cinq cents, et la largeur, cinq cents, pour séparer ce qui
était saint et ce qui était profane » (42:15-20).
Il est bien connu que la manière de comprendre le v. 16 a fait l’objet
de beaucoup de débats, notamment pour savoir si le mot hébreu
utilisé ici doit être pris dans le sens de « cannes » (*) ou non ; car le
texte (« cinq coudées ») est clairement une erreur de transcription,
et il faut adopter « 500 » selon le Keri. Certains voudraient éliminer
en même temps l’unité de mesure (les Septante aiguillent dans ce
sens dans ces versets). Sans aucun doute l’espace serait bien plus
large que le Mont Morija tel qu’il est, mais ce n’est pas une grande
difficulté pour le croyant qui s’attend à de grands changements
physiques selon la prophétie. Prendre ces mesures de manière
hyperbolique, tout en laissant intacte l’interprétation littérale, me
semble plus que de l’incrédulité : c’est absurde. Quand les hommes
cèdent à l’incrédulité en présence de la puissance du Saint Esprit,
on ne peut pas s’attendre à une foi forte en la Parole de Dieu. Quand
les hommes atténuent les effets de la première venue du Seigneur
quant à la réconciliation avec les Siens, pourquoi être surpris si les
résultats glorieux de Son retour et de Son royaume sont pervertis,
émiettés et réduits à rien ?
(*) Mr. H.A. Wassell (La Terre Sainte, W.J. Johnson, 1875) dit :
« C’est évidemment une erreur, car cela donnerait au temple six fois
la largeur des mesures des chapitres précédents ; et j’ajouterai que
les mesures des autres parties du temple dans la suite concordent
exactement avec une forme en carré de 500 coudées. Les Septante
ont ici des coudées au lieu de cannes, et c’est un fait remarquable
que le dessus du Mont Morija a environ 500 coudées de largeur »
(pages 25, 26).

46 - Chapitre 43
Une scène incomparablement plus majestueuse s’ouvre
maintenant devant le prophète. La Shekinah (gloire) de l’Éternel se
manifeste et revient habiter au milieu de Son peuple.
« Et il me conduisit à la porte, la porte qui regardait vers l’orient. Et
voici, la gloire du Dieu d’Israël venait du côté de l’orient ; et sa voix
était comme une voix de grandes eaux, et la terre était illuminée par
sa gloire. Et l’aspect de la vision que je voyais était comme la vision
que j’avais vue quand je vins pour détruire la ville ; et les visions
étaient comme la vision que je vis près du fleuve Kebar ; et je tombai
sur ma face. Et la gloire de l’Éternel entra dans la maison par le
chemin de la porte qui regardait vers l’orient. Et l’Esprit m’enleva et
m’amena dans le parvis intérieur ; et voici, la gloire de l’Éternel
remplissait la maison » (43:1-5).
La force de ce passage est claire, si les hommes voulaient être
simples. C’est le signe du retour de Dieu à Israël, qu’Il avait quitté
depuis la déportation des Juifs à Babylone. Or l’accomplissement
de la prophétie ne correspond ni au retour du peuple de Babylone,
ni à la mission terrestre du Messie. Lui-même nous fait savoir,
comme nous l’apprenons aussi ailleurs, que les temps de la
suprématie des Gentils étaient alors en cours, comme cela continue
aujourd’hui : Jérusalem est foulée aux pieds des nations jusqu’à ce
que les temps des nations soient accomplis (Luc 21:24). Le Fils de
l’homme, lors de son apparition, rassemblera Israël à nouveau, et
jugera toutes les nations. L’Éternel gouvernera alors la terre, avec
Jérusalem comme Son centre terrestre. C’est de ce retour que la
Shekinah est le symbole. Quand elle était partie, les Juifs avaient
cessé d’être le peuple reconnu de l’Éternel ; mais lorsqu’ils seront
relevés sous le Messie et la nouvelle alliance, la gloire reviendra.
La pire erreur est d’appliquer cette vision à la première venue de
Christ en humiliation, quand les Juifs l’ont rejeté et crucifié. La
prophétie exige que nous croyions que la gloire sera effectivement
restaurée. Or cela n’a eu lieu ni quand les Juifs revinrent à la
proclamation de Cyrus, ni quand le Seigneur Jésus était ici-bas ; par
contre, la gloire sera restaurée quand Il reviendra régner. La
théocratie (gouvernement de Dieu) sera alors établie et prospérera
tant que durera la terre, car elle reposera sur Christ, et non pas sur
le premier homme sous la loi, avec tous ses manquements. C’est
sur le fondement de la grâce que la gloire habitera le pays, et ce
sera donc immuable. C’est alors que la création se réjouira, non pas
avant. En attendant elle soupire, mais en espérance, car elle sera
délivrée ; Christ est le seul libérateur à Sa venue en puissance et
en gloire. L’Esprit travaille actuellement en témoignage.
« Et j’entendis quelqu’un qui me parlait depuis la maison, et un
homme se tenait à côté de moi. Et il me dit : Fils d’homme, c’est ici
le lieu de mon trône et le lieu de la plante de mes pieds, où je
demeurerai au milieu des fils d’Israël à toujours. Et la maison
d’Israël ne rendra plus impur mon saint nom, ni eux, ni leurs rois,
par leurs prostitutions et par les cadavres de leurs rois sur leurs
hauts lieux, alors qu’ils mettaient leur seuil contre mon seuil, et leurs
poteaux à côté de mes poteaux, et qu’il y avait seulement un mur
entre moi et eux : et ils ont rendu mon saint nom impur par leurs
abominations qu’ils ont commises, et je les ai consumés dans ma
colère. Maintenant, qu’ils éloignent de moi leurs prostitutions et les
cadavres de leurs rois, et je demeurerai au milieu d’eux à toujours »
(43:6-9).
Dieu avait une habitation au milieu d’Israël autrefois, après la
rédemption et la délivrance du pays d’Égypte. Une fois délivrés de
la maison de la servitude, ils ont aussitôt chanté Ses louanges :
« Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté, tu l’as
guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté… Tu les
introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le
lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel, le sanctuaire,
ô Seigneur que tes mains ont établi » (Exode 15:13, 17). Or il y avait
là plus que de l’anticipation, car Il ajoute (Ex. 29:45, 46) : « Et
j’habiterai au milieu des fils d’Israël, et je serai Dieu, et ils sauront
que moi, l’Éternel, je suis leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays
d’Égypte, pour habiter au milieu d’eux ». Le temple était la même
chose en substance, sauf qu’il était approprié à la condition d’Israël
établi dans le pays ; ce n’était plus le tabernacle errant avec les
Israélites çà et là dans le désert. Dans les deux cas, la rédemption
n’était qu’extérieure, et Son habitation avait un caractère également
extérieur, et elle dépendait de leur fidélité à Dieu en tant que
témoins du seul vrai Dieu, placés sous la responsabilité de Sa loi.
Le résultat a été la ruine, comme c’est toujours le cas pour le
premier homme.
Le Seigneur Jésus est venu ensuite en Son temps, Fils de l’Homme
et vrai temple de Dieu ; Son cas a été unique en ce qu’Il est ainsi
venu sans du sang, car Il était le seul à être sans péché, Lui le Saint
de Dieu. Hélas ! il fut rejeté, et toutes les espérances d’Israël et de
l’homme dans la chair ont été ensevelies dans Son tombeau. Mais
la grâce de Dieu a opéré la rédemption par Lui, le crucifié ; une
nouvelle habitation pour Dieu a été alors formée en ceux qui
confessent Son nom, Juifs ou Gentils, édifiés ensemble pour être
une habitation de Dieu par l’Esprit (Éph. 2:22). C’est l’Église qui
subsiste encore, quelle que soit la ruine de ce temple saint.
Ce dont parle Ézéchiel est différent de toutes ces choses, car il
s’agit de l’habitation que l’Éternel fera pour lui-même « dans le pays
des fils d’Israël pour toujours ». C’est ce dont les derniers Psaumes
parlent beaucoup et souvent, spécialement le Psaume 132. Mais ce
n’est pas encore du tout accompli. Pourquoi estime-t-on incroyable
que Dieu habite ainsi au milieu d’Israël ici-bas ? Nous ne doutons
pas qu’Il forme maintenant un corps en vue du ciel en vertu de la
rédemption en Christ. Mais la valeur de cette rédemption n’est pas
épuisée pour la terre ; et la grâce sera à nouveau à l’œuvre en
puissance pour Israël et les nations, comme elle l’est aujourd’hui
pour l’Église, afin que tout l’univers connaisse les vertus du sang de
Christ, et voit la gloire de Dieu dans la bénédiction de la création :
celle-ci malade et lassée autrefois, sera enfin délivrée de son long
esclavage, autrement sans espoir. Le mal moral et la corruption
religieuse disparaîtront. Tout sera à la louange de Celui qui seul est
digne. Le peuple qui a si longtemps fait le mal sur la terre, sera
honteux de ses souillures et de sa rébellion contre l’Éternel ; il sera
dans ce jour le témoin de Sa grâce bien plus encore qu’il ne l’a été
de Sa colère consumante.
Le prophète reçoit alors l’ordre de placer devant Israël la maison
selon toutes ses mesures, afin qu’ils sentent ce dont leurs iniquités
les ont privé. La vision opérera bientôt sur eux un travail profond.
« Toi, fils d’homme, montre à la maison d’Israël la maison, afin qu’ils
soient confus à cause de leurs iniquités ; et qu’ils en mesurent la
disposition. Et, s’ils sont confus de tout ce qu’ils ont fait, fais-leur
connaître la forme de la maison, et son arrangement, et ses issues,
et ses entrées, et toutes ses formes, et toutes ses ordonnances, et
toutes ses formes, et toutes ses lois ; et écris-les devant leurs yeux,
afin qu’ils observent toute sa forme, et toutes ses ordonnances, et
qu’ils les fassent » (43:10-12). La sainteté régnera en ce jour-là bien
plus encore qu’autrefois (comparer Zach. 14).
Nous voyons ensuite les mesures de l’autel, puis ses ordonnances
en rapport avec les holocaustes et l’aspersion du sang.
Nous avons déjà vu qu’il est vain d’appliquer cette description au
retour du peuple de Babylone dans le passé. Beaucoup de preuves
supplémentaires vont encore réfuter cette pensée. Le présent
chapitre est déjà une preuve suffisante : il n’y a pas eu de retour de
la Shekinah. Lors de leur retour, les Juifs ont gémi sous la
puissance des Gentils. Encore moins peut-on faire application de
cette description à des événements postérieurs à la destruction de
la ville par les Romains. L’accomplissement est à venir. Israël
retournera dans son pays, sera converti et béni sous l’Éternel leur
Dieu, mais ce sera en tant qu’Israël et non pas en tant
que chrétiens. Actuellement, tous ceux qui croient deviennent
chrétiens, qu’ils soient Juifs ou Gentils ; ils appartiennent à Christ
dans le ciel, où de telles différences sont inconnues ; c’est pourquoi
l’une des grandes caractéristiques du christianisme est que de telles
distinctions disparaissent tant que Christ est la tête dans le ciel, et
que Son corps est en formation sur la terre par le Saint-Esprit
envoyé d’en-haut. Lorsque les visions d’Ézéchiel s’accompliront, ce
sera le règne de l’Éternel-Jésus sur la terre, et la distinction entre
Israël et les nations sera rétablie, pour la bénédiction sous la
nouvelle alliance, et non pas comme autrefois pour la malédiction
sous la loi. C’est pourquoi ce qu’on trouve ici et dans d’autres
prophéties est totalement différent de ce qu’on a dans l’épître aux
Hébreux. Il n’est pas douteux que cette épître s’applique
aujourd’hui. On ne devrait pas mettre en doute que cette prophétie
d’Ézéchiel va s’appliquer bientôt. Ceux qui veulent faire converger
les deux sur le chrétien détruisent la force de l’une et de l’autre. Le
résultat en est qu’on est moitié-Juif moitié-chrétien. C’est le
caractère dominant dans la chrétienté, au grand déshonneur du
Seigneur, pour la détresse de nos âmes et l’affaiblissement de la
Parole de Dieu. Non, il nous faut donner à chaque écriture sa valeur
propre. Tout en restant attachés comme chrétiens à la doctrine de
l’épître aux Hébreux en ce qui nous concerne, réjouissons-nous des
brillantes anticipations du prophète pour Israël. Le peuple céleste
se repose sur le sacrifice unique, et pénètre dans le lieu très saint,
où Christ est à la droite de Dieu. Mais le peuple terrestre aura un
sanctuaire et un pays en rapport avec ce qu’ils seront, et il en sera
aussi de même pour toutes les ordonnances de leur culte.
« Et ce sont ici les mesures de l’autel, en coudées ; la coudée est
une coudée et une paume : l’embasement avait une coudée en
hauteur, et une coudée en largeur ; et le rebord de son avance, tout
autour, un empan ; et c’était la base de l’autel. Et depuis
l’embasement sur le sol jusqu’à la banquette inférieure il y avait
deux coudées, et une coudée en largeur ; et depuis la petite
banquette jusqu’à la grande banquette, quatre coudées, et une
coudée en largeur. Et la montagne de *Dieu avait quatre coudées,
et, depuis le lion de *Dieu en haut, les quatre cornes. Et le lion de
*Dieu avait douze coudées de longueur, sur douze de largeur, en
carré, sur ses quatre côtés ; et la banquette, quatorze coudées de
longueur, sur quatorze de largeur, sur ses quatre côtés ; et le rebord
qui l’entourait, une demi-coudée, et son embasement une coudée à
l’entour ; et ses degrés regardaient vers l’orient » (43:13-17).
On a ensuite la manière de se servir de l’autel. « Et il me dit : Fils
d’homme, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Ce sont ici les
ordonnances de l’autel, au jour où il sera fait, pour y offrir des
holocaustes et pour faire aspersion du sang sur lui. Et aux
sacrificateurs Lévites, qui sont de la semence de Tsadok, qui
s’approchent de moi, pour faire mon service, dit le Seigneur,
l’Éternel, tu donneras un jeune taureau comme sacrifice pour le
péché. Et tu prendras de son sang, et tu le mettras sur les quatre
cornes de l’autel, et sur les quatre coins de la banquette, et sur le
rebord, tout à l’entour ; et tu le purifieras, et tu feras propitiation pour
lui. Et tu prendras le taureau du sacrifice pour le péché, et on le
brûlera dans le lieu de la maison, désigné pour cela, en dehors du
sanctuaire. Et le second jour, tu présenteras un bouc sans défaut,
comme sacrifice pour le péché ; et on purifiera l’autel comme on
l’avait purifié par le taureau. Quand tu auras achevé de purifier
l’autel, tu présenteras un jeune taureau sans défaut, et un bélier du
menu bétail, sans défaut ; et tu les présenteras devant l’Éternel, et
les sacrificateurs jetteront du sel sur eux, et les offriront en
holocauste à l’Éternel. Pendant sept jours, tu offriras un bouc en
sacrifice pour le péché, chaque jour ; et on offrira un jeune taureau
et un bélier du menu bétail, sans défaut. Pendant sept jours, on fera
propitiation pour l’autel, et on le purifiera, et on le consacrera. Et
quand les jours seront achevés, il arrivera que, dès le huitième jour
et ensuite, les sacrificateurs offriront sur l’autel vos holocaustes et
vos sacrifices de prospérités ; et je vous aurai pour agréables, dit le
Seigneur, l’Éternel » (43:18-27).
Ceci est décisif. Non seulement nous entendons parler de
sacrificateurs, mais de sacrificateurs en tant que lévites ; plus
encore, il est question de la semence de Tsadok auxquels était
confié le service de l’autel. Tous les sacrifices se suivent en ordre :
sacrifices pour le péché, holocaustes, sacrifices de prospérités.
C’est le renouvellement du sacrifice lorsque la terre et Israël
viendront sous le règne du Messie, manifesté en gloire, et
gouvernant en justice et en paix. Chercher à introduire maintenant
le système des sacrifices, alors que nous sommes appelés à agir
dans la foi au seul sacrifice de Christ accepté dans le ciel, c’est ce
que fait le ritualisme, c’est une apostasie : il judaïse. Mais ne
fermons pas les yeux sur la révélation de ce jour futur pour la terre,
où Dieu ratifiera pour Israël un système où il y aura des
sacrificateurs à part du peuple, et des sacrifices avec un autel. Si
nous sommes incapables d’expliquer toutes les différences, nous
sommes au moins tenus de nous soumettre aux Écritures, dont le
sens est incontestablement simple, tant pour nous aujourd’hui que
pour Israël bientôt. Se soumettre en toute simplicité à Christ et à Sa
parole, c’est le secret de toute intelligence qui a du prix aux yeux de
Dieu.

47 - Chapitre 44
Le prophète est ramené de nouveau à la porte qui regarde vers
l’Orient. Cette fois elle est fermée. Quand il l’avait vue la première
fois, la gloire de l’Éternel entrait précisément par ce chemin dans la
maison, et la remplissait (43:1-5). Ceci fournit l’occasion pour une
nouvelle parole de l’Éternel. Il y a bien assez d’indications pour
décider de son application. « Et il me fit retourner vers la porte
extérieure du sanctuaire, qui regardait vers l’orient, et elle était
fermée. Et l’Éternel me dit : Cette porte sera fermée ; elle ne sera
pas ouverte, et personne n’entrera par elle ; car l’Éternel, le Dieu
d’Israël, est entré par elle ; et elle sera fermée. Quant au prince, le
prince, lui, y sera assis pour manger le pain devant l’Éternel. Il
entrera par le chemin du portique de cette porte, et il sortira par le
même chemin » (44:1-3).
Que l’Éternel, le Dieu d’Israël, soit entré par cette porte, suffisait
pour la fermer à tous sauf à son représentant. Car l’Éternel aura un
représentant sur la terre — le prince — et ce prince s’assiéra pour
manger le pain devant l’Éternel. Il aura l’honneur d’entrer et de sortir
par le chemin du portique de cette porte. Aucun souverain
sacrificateur n’a jamais réclamé ce droit. Or en fait, le chef terrestre
d’Israël ne sera pas un sacrificateur, mais le prince. Les chapitres
45 et 46 nous apprendront davantage à son sujet. Il suffit de dire ici
qu’il n’est certainement pas le Messie, car quoiqu’il soit entièrement
distinct des sacrificateurs, il a besoin d’offrir un sacrifice pour le
péché, et peut avoir des fils. Sans doute ce sera, dans l’avenir, un
prince de la maison de David.
« Et il m’amena par la porte du nord, devant la maison ; et je vis, et
voici, la gloire de l’Éternel remplissait la maison de l’Éternel ; et je
tombai sur ma face » (44:4). Il est clair qu’il s’agit du royaume. Le
prince sera là, de même que la gloire de l’Éternel. Jusqu’à présent
on n’a jamais rien vu de semblable, sinon en type une fois aux jours
de Salomon. Il y a de grandes choses en réserve pour Israël.
« Et l’Éternel me dit : Fils d’homme, applique ton cœur et regarde
de tes yeux, et écoute de tes oreilles tout ce que je te dis concernant
toutes les ordonnances de la maison de l’Éternel et toutes ses lois ;
et applique ton cœur à considérer l’entrée de la maison, ainsi que
toutes les issues du sanctuaire » (44:5). Les hommes ont manqué
à appliquer leur cœur. Ils n’ont pas compris la différence entre les
ordonnances et les lois de la maison données ici, et les
circonstances passées du temple. Ils ont manqué à appliquer leur
cœur à considérer, et ont tout confondu avec ce qui a existé dans
le passé. Effectivement, l’homme est habituellement lent à
comprendre. Seul le Saint-Esprit peut nous montrer les « choses à
venir » selon Dieu.
« Et dis aux rebelles, à la maison d’Israël : Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : c’en est assez de toutes vos abominations, maison
d’Israël, que vous ayez amené les fils de l’étranger, incirconcis de
cœur et incirconcis de chair, pour qu’ils fussent dans mon
sanctuaire, — ma maison, — pour le profaner quand vous avez
présenté mon pain, la graisse et le sang ; et ils ont rompu mon
alliance par toutes vos abominations ! » (44:6-7). Désormais, on ne
suivra plus les idoles, et Israël en aura fini avec toutes ses
abominations. Il n’y aura plus d’intrigues en rapport avec la
sacrificature, et l’on ne violera plus l’alliance de l’Éternel. La sainteté
sera observée dans la maison de l’Éternel pour toujours. Ici Il leur
rappelle leurs péchés, mais leur montre que de pareilles voies ne
seront plus tolérées.
« Et vous n’avez pas vaqué au service de mes choses saintes, mais
vous avez établi pour vous des étrangers pour vaquer à mon service
dans mon sanctuaire » (44:8). Tout manquement de la sorte
prendra fin.
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Aucun étranger, incirconcis de
cœur et incirconcis de chair, n’entrera dans mon sanctuaire, d’entre
tous les étrangers qui sont au milieu des fils d’Israël. Mais les
Lévites, qui se sont éloignés de moi dans les égarements d’Israël
par lesquels ils se sont égarés d’auprès de moi en allant après leurs
idoles, porteront leur iniquité, mais ils serviront dans mon sanctuaire
comme gardes aux portes de la maison, et feront le service de la
maison ; ils égorgeront pour le peuple l’holocauste et le sacrifice, et
ils se tiendront devant eux pour les servir. Parce qu’ils les ont servis
devant leurs idoles, et ont été à la maison d’Israël une pierre
d’achoppement pour l’iniquité, à cause de cela j’ai levé ma main
contre eux, dit le Seigneur, l’Éternel : ils porteront leur iniquité ! Et
ils ne s’approcheront pas de moi pour exercer la sacrificature devant
moi, ni pour s’approcher de toutes mes choses saintes, dans ce qui
concerne les choses très saintes ; et ils porteront leur ignominie, et
leurs abominations qu’ils ont commises. Et je les établirai pour faire
l’acquit de la charge de la maison, pour tout son service, et pour tout
ce qui y sera fait » (44:9-14).
Les Lévites qui se sont détournés sentiront leur honte dans les jours
du royaume. Ils seront dégradés de leur office normal — au moins
quant à sa partie la plus élevée — et n’auront plus droit qu’aux
services subalternes du sanctuaire. Triste contraste avec les jours
de Moise, quand même Aaron s’insurgea ! (Nombres 12). Mais ces
chapitres se passeront dans les jours du royaume, et la justice y
règnera. La réputation d’autrefois ne suffira pas. Si leurs fils ont
marché dans l’infidélité avant l’apparition de l’Éternel en gloire, il
leur faudra en porter les conséquences. L’Éternel sera exalté en ce
jour-là, et ceux qui se sont humiliés, Il les exaltera en son temps.
Ainsi il viendra un temps où Israël apprendra, comme ici, sur la terre.
Nous avons eu le prince et les Lévites ; le reste du chapitre se
rapporte aux sacrificateurs.
S’il manquait de preuves pour savoir comment appliquer
correctement la vision finale (ch. 40 à 48), on peut difficilement
trouver plus simple et plus net que les derniers versets de ce
chapitre. Il ne s’agit point d’un ministère de prédication des bonnes
nouvelles de Dieu en grâce pour tous sans distinction, ou
d’affermissement des enfants de Dieu dans Sa vérité et dans leurs
privilèges. Le temps de l’Église aura passé avant que cette
prophétie commence à s’accomplir, comme il a commencé
longtemps après que cette prophétie soit écrite. Comme nous
avons vu la maison de l’Éternel avec ses parvis intérieur et
extérieur, ses portes et portiques, sa place séparée, ses chambres
et son sanctuaire, nous avons maintenant les fils de Tsadok comme
sacrificateurs lévites seuls autorisés à s’approcher du service divin
pour Israël.
C’est en vain que l’on avance qu’il y a des sacrificateurs dans le
christianisme, car il ne s’agit pas alors d’une classe de chrétiens
exerçant un office particulier comme représentants de leurs frères
et dotés du privilège d’une proximité de Dieu plus grande que les
autres. C’est la sacrificature mystique de ceux qui croient en Christ.
Ils ont tous la liberté de s’approcher de Dieu, étant les uns et les
autres approchés par le sang de Jésus. Affirmer une relation de plus
grande proximité pour quelques-uns, c’est nier l’évangile non
seulement pour les autres, mais pour tous, car son essence même
c’est que la grâce place tous ceux qui sont de Christ dans la même
perfection absolue par Son sang. L’efficacité de Son sacrifice est
complète, immuable et éternelle. C’est annuler l’œuvre de Christ
que de lui attribuer une valeur variable ; seule la tradition des
hommes a une pareille notion, qui relève de l’ignorance de ce que
Dieu révèle. L’enseignement du Nouveau Testament est que tous
ceux qui croient sont sacrificateurs. Le même sang précieux qui a
effacé leurs péchés, les a aussi approchés de Dieu. Ils sont en
Christ devant Lui. Il n’y avait auparavant aucune différence entre
eux quant à leur état de péché, et il n’y en a pas non plus maintenant
quant à leur accès à Dieu. C’est pourquoi nous avons tous libre
accès dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin
nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-
dire sa chair (Héb. 10:19-22). Nous sommes une sainte sacrificature
pour offrir des sacrifices perpétuels à Dieu par Jésus-Christ, et
même une sacrificature royale pour publier les vertus de Celui qui
nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière (1 Pier. 2:5,
9).
Mais dans notre ch. 44, c’est une partie favorisée du peuple élu qui
peut représenter l’ensemble là où les autres ne peuvent entrer.
Comme c’est une sacrificature terrestre, les sacrifices le sont aussi.
« Mais les sacrificateurs, les Lévites, fils de Tsadok, qui ont fait
l’acquit de la charge de mon sanctuaire, quand les fils d’Israël se
sont égarés d’auprès de moi, eux s’approcheront de moi pour faire
mon service, et se tiendront devant moi, pour me présenter la
graisse et le sang, dit le Seigneur, l’Éternel. Eux entreront dans mon
sanctuaire, et eux s’approcheront de ma table pour faire mon
service, et ils feront l’acquit de la charge que je leur confie » (44:15-
16). « La graisse » et « le sang » étaient la portion de l’Éternel selon
la loi, comme l’indiquent minutieusement les ordonnances de Lév.
3 et 7 sur le sacrifice de prospérités. On a déjà fait remarquer que
la table du Seigneur n’est jamais appelée Son autel, alors que
l’Ancien Testament désigne l’autel comme étant la table de
l’Éternel. L’autel d’autrefois pouvait à juste titre être appelé Sa table,
parce qu’on y plaçait et y consumait « le pain des sacrifices par feu
à l’Éternel » (Lév. 3:11, 16 ; Nomb. 28:24). Ceci ne s’applique
nullement au Nouveau Testament où il n’est pas question de telles
offrandes, mais bien de la communion de l’église dans le souvenir
de Christ, annonçant par là Sa mort.
Les détails cadrent bien avec les remarques qui précèdent, et les
confirment. Ainsi il est enjoint aux sacrificateurs faisant le service
de porter des vêtements de lin, tandis que la laine leur est interdite ;
ceci vaut pour la tête comme pour le corps. Les vêtements
ordinaires vont bien pour l’extérieur, mais pour leur service ils
doivent porter les vêtements sacerdotaux, et doivent les déposer
dans les cellules saintes. Ils ne doivent ni se raser la tête, ni porter
des cheveux longs. Ils ne doivent pas boire de vin quand ils entrent
dans le parvis intérieur. Ils ne peuvent prendre pour femme qu’une
veuve de sacrificateur, ou une vierge d’Israël (44:17-22). Tout cela
est clairement une répétition de l’ordre lévitique pour les
sacrificateurs terrestres d’Israël aux jours du royaume futur, avec
cette contrainte supplémentaire que les conditions du mariage
requises autrefois pour le seul souverain sacrificateur, s’appliquent
dorénavant à tous les sacrificateurs. Mais dans leur portée littérale,
ces préceptes ne concernent pas les chrétiens, et encore moins une
classe particulière de chrétiens parmi les autres.
On voit ensuite que leurs devoirs englobent les questions de rituel
et les décisions judiciaires. « Et ils instruiront mon peuple à
distinguer entre ce qui est saint et ce qui est profane, et lui feront
connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur. Et,
dans les contestations, ils se tiendront là pour juger ; ils jugeront par
mes jugements, et ils garderont mes lois et mes statuts dans toutes
mes solennités, et ils sanctifieront mes sabbats » (44:23-24).
La loi relative à la souillure contractée pour un mort reste aussi
rigide qu’avant. « Et ils n’entreront pas auprès d’un homme mort,
pour se rendre impurs ; mais pour un père ou pour une mère, ou
pour un fils ou pour une fille, pour un frère ou pour une sœur qui n’a
pas été mariée, ils se rendront impurs. Et après qu’il se sera purifié,
on comptera sept jours pour celui qui s’est rendu impur. Et au jour
où il entrera dans le lieu saint, dans le parvis intérieur, pour faire le
service dans le lieu saint, il présentera son sacrifice pour le péché,
dit le Seigneur, l’Éternel » (44:25-27). La mort sera rare et
exceptionnelle en ce temps-là, mais c’est une raison de plus pour
que les sacrificateurs ne soient en aucune manière sous son
pouvoir.
Ils seront satisfaits d’avoir l’Éternel pour héritage, au lieu de la part
charnelle de l’Israélite. Ils recevront leur part des offrandes de
l’Éternel, de ce qui Lui est voué et des prémices (premiers fruits), et
devront s’abstenir de ce qui est mort de soi-même, ou qui a été
déchiré. « Et mon service leur sera pour héritage : moi, je suis leur
héritage ; et vous ne leur donnerez pas de possession en Israël :
moi, je suis leur possession. Ils mangeront l’offrande de gâteau, et
le sacrifice pour le péché, et le sacrifice pour le délit ; et tout ce qui
est voué à Dieu en Israël leur appartiendra. Et les prémices de tous
les premiers fruits de toute espèce, et toute offrande élevée de toute
espèce, de toutes vos offrandes élevées, appartiendront aux
sacrificateurs ; et les prémices de votre pâte, vous les donnerez au
sacrificateur, pour faire reposer la bénédiction sur ta maison. Les
sacrificateurs ne mangeront de rien de ce qui est mort de soi-même
ou de ce qui a été déchiré, soit d’entre les oiseaux, soit d’entre le
bétail (44:29-31). Il n’est bien sûr pas nécessaire de démontrer que
ces règles sont entièrement étrangères au christianisme ; pourtant
elles seront certainement en vigueur quand la gloire de l’Éternel
visitera et gouvernera la terre. On ne peut les appliquer ni au ciel,
ni à ceux qui participent à l’appel céleste. Ce seront des leçons
belles en leur lieu et en leur temps. Prises littéralement maintenant,
ce ne sont que des éléments misérables (Gal. 4:9), quelle que soit
l’instruction spirituelle qu’on peut et doit en tirer.
Tout tourne autour de Christ. S’Il est connu par la foi tandis qu’Il est
en haut sur le trône du Père, cela forme une relation céleste ; « tel
qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes » (1 Cor. 15 :48). Mais
quand Il sera manifesté en gloire pour dominer sur la terre, il y aura
un changement correspondant dans la position relative occupée par
Son peuple. Ce dernier ne sera plus un peuple céleste, mais
terrestre. Le Saint Esprit ne les formera pas pour être un seul corps
avec une tête céleste, mais Il les placera chacun dans leur position
respective, Israël et les nations, des positions bien sûr distinctes. La
vieille inimitié et la désaffection jalouse auront disparu sous le règne
de Celui que tous reconnaîtront comme l’Éternel, le roi sur toute la
terre. De là vient aussi que les distinctions terrestres de
sacrificateurs et de lévites, et autres particularités d’un culte
terrestre seront rétablies selon la volonté de Dieu, en lieu et place
de la position commune à tous les chrétiens dans la proximité
céleste comme aujourd’hui.

48 - Chapitre 45
Ce chapitre nous donne une autre caractéristique de l’ère nouvelle,
une offrande mise à part pour l’Éternel.
« Et quand vous partagerez par le sort le pays en héritage, vous
offrirez en offrande élevée à l’Éternel une portion du pays
sanctifiée : la longueur, vingt-cinq mille coudées en longueur, et la
largeur, dix mille. Elle sera sainte dans toutes ses limites à l’entour.
De celle-ci il y aura, pour le lieu saint, cinq cents cannes sur cinq
cents, un carré, à l’entour ; et il aura cinquante coudées de banlieue,
à l’entour. Et, d’après cette mesure, tu mesureras en longueur vingt-
cinq mille, et en largeur dix mille ; et le sanctuaire sera là, le lieu très
saint. Ce sera une portion sanctifiée du pays ; elle sera pour les
sacrificateurs qui font le service du sanctuaire, qui s’approchent
pour servir l’Éternel ; et ce sera un lieu pour leurs maisons, et un
lieu consacré pour le sanctuaire. Et un espace de vingt-cinq mille
en longueur et de dix mille en largeur sera aux Lévites qui font le
service de la maison ; ils l’auront comme possession pour leurs
lieux d’habitation » (45:1-5). L’Éternel réclame ainsi Son droit
comme possesseur du pays — un possesseur reconnu, — mais Il
s’en sert pour le sanctuaire de Son peuple, et pour ceux qui y
exercent ce qui a rapport au culte, qu’ils soient sacrificateurs ou
lévites. C’est une disposition nouvelle de l’ère millénaire, sans
équivalent dans le passé.
« Et, pour possession de la ville, vous donnerez cinq mille en
largeur, et vingt-cinq mille en longueur, le long de la sainte offrande
élevée : ce sera pour toute la maison d’Israël. Et il y aura une portion
pour le prince, d’un côté et de l’autre côté de la sainte offrande
élevée et de la possession de la ville, en face de la sainte offrande
élevée et en face de la possession de la ville, au côté occidental
vers l’occident, et au côté oriental vers l’orient ; et la longueur en
sera vis-à-vis de l’une des portions des tribus, depuis la limite
occidentale jusqu’à la limite vers l’orient. Elle lui appartiendra
comme terre, comme possession en Israël ; et mes princes
n’opprimeront plus mon peuple, mais ils laisseront le pays à la
maison d’Israël, selon leurs tribus » (45:6-8). Israël aura ainsi sa
part dans la possession de la ville ; le prince aura la sienne et les
tribus la leur dans le pays en général. L’Éternel relie ensemble le
système tout entier de Son peuple, civil et religieux, à Son nom.
Désormais l’oppression égoïste sera aussi inconnue que la
corruption dans le culte. Mais il n’en reste pas moins clair qu’il s’agit
de la terre et d’un peuple terrestre. Il n’y a pas place là pour les
choses célestes. Quel vide dans les pensées des croyants qui ne
laissent pas de place pour un pareil changement sur la terre, à la
louange du nom de l’Éternel !
Ceci amène à une exhortation morale mordante adressée à ceux
de la maison du prince. « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : C’en est
assez, princes d’Israël ! Ôtez la violence et la rapine, et pratiquez le
jugement et la justice ; cessez d’expulser mon peuple de leur terre,
dit le Seigneur, l’Éternel. Ayez des balances justes, et un épha juste,
et un bath juste. L’épha et le bath auront une même mesure, en
sorte que le bath contienne la dixième partie d’un khomer, et l’épha,
la dixième partie d’un khomer ; leur mesure correspondra au
khomer. Et le sicle sera de vingt guéras ; vingt sicles, vingt-cinq
sicles, quinze sicles, seront votre mine » (45:9-12). Dieu daigne
régler toutes choses pour Son peuple sur la terre, rien ne Lui
échappe.
Les redevances religieuses sont ensuite déterminées avec
précision. « C’est ici l’offrande élevée que vous offrirez : sur un
khomer de froment, le sixième d’un épha, et sur un khomer d’orge,
le sixième d’un épha ; et la redevance en huile, pour un bath d’huile,
le dixième d’un bath sur un cor, qui est un khomer de dix baths (car
dix baths font un khomer) ; et une brebis du petit bétail sur deux
cents, des pâturages arrosés d’Israël ; — pour offrande de gâteau,
et pour holocauste, et pour sacrifices de prospérités, pour faire
propitiation pour eux, dit le Seigneur, l’Éternel. Tout le peuple du
pays sera obligé à cette offrande élevée pour le prince en Israël. Et
le prince sera chargé de fournir les holocaustes, et l’offrande de
gâteau, et la libation, aux jours de fête, et aux nouvelles lunes, et
aux sabbats, dans toutes les solennités de la maison d’Israël. Lui,
offrira le sacrifice pour le péché, et l’offrande de gâteau, et
l’holocauste, et les sacrifices de prospérités, pour faire propitiation
pour la maison d’Israël (45:13-17). Les positions relatives du prince
et du peuple sont ainsi bien définies ; il n’y a pas de confusion, mais
leurs intérêts sont communs et indissociables.
Nous en arrivons aux temps et aux saisons tels qu’ils devront être
désormais observés par Israël. On remarque aussitôt un ordre
nouveau pour la purification du sanctuaire. « Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Au premier mois, le premier jour du mois, tu prendras un
jeune taureau sans défaut, et tu purifieras le sanctuaire. Et le
sacrificateur prendra du sang du sacrifice pour le péché, et en
mettra sur les poteaux de la maison, et sur les quatre coins de la
banquette de l’autel, et sur les poteaux de la porte du parvis
intérieur. Et tu feras ainsi, le septième jour du mois, pour celui qui
pèche par erreur, et pour le simple, et vous ferez propitiation pour
la maison » (45:18-20). Ce n’est plus maintenant un témoignage au
commencement de leurs mois, ni une expiation au septième mois.
L’année s’ouvre dès le premier jour avec une offrande qui présente
Christ dans Son dévouement sans tache, et souffrant pour le
péché ; cela est répété le septième jour pour celui qui pèche par
erreur et pour le simple, afin qu’aucun de ceux-là ne soit privé de la
jouissance de Dieu et de ses privilèges.
Par ailleurs il y a les fêtes aussi bien que la propitiation pour la
maison. Dieu remet en vigueur la Pâque. C’est la grande institution
inchangée pour Son peuple, commencée en Égypte, observée dans
le désert, célébrée dans le pays, retrouvée par Ézéchias puis à
nouveau par Josias, après un long temps d’indifférence ; on voit
qu’il faudra à nouveau garder la fête des sept jours de pains sans
levain dans le royaume Israël. « Au premier mois, le quatorzième
jour du mois, sera pour vous la Pâque, une fête de sept jours ; on
mangera des pains sans levain. Et le prince offrira en ce jour-là,
pour lui-même et pour tout le peuple du pays, un taureau en
sacrifice pour le péché. Et, les sept jours de la fête, il offrira à
l’Éternel, comme holocauste, sept taureaux et sept béliers sans
défaut, chaque jour, les sept jours ; et, en sacrifice pour le péché,
un bouc, chaque jour. Et il offrira, comme offrande de gâteau, un
épha par taureau, et un épha par bélier, et de l’huile, un hin par
épha » (45:21-24). Il n’y a pas ici des milliers de bœufs et de brebis
offerts volontairement et d’un cœur parfait, mais au quatorzième
jour du premier mois, le prince et tout le peuple sont identifiés l’un à
l’autre comme jamais auparavant dans un seul taureau en sacrifice
pour le péché, tandis que chaque jour pendant ces sept jours le
prince offre un holocauste complet [sept taureaux], avec son signe
de parfaite consécration à l’Éternel [sept béliers], et son sacrifice
pour le péché quotidien, et l’offrande de gâteau appropriée.
Chose frappante, la fête des semaines n’apparaît nulle part.
Certains conçoivent le millénium comme une ère spéciale de don
de l’Esprit, et ils pourraient alors s’attendre naturellement à ce que
cette fête des semaines soit de loin la plus importante des fêtes. Or
elle est entièrement omise, ce qui est une instruction solennelle. Le
don de l’Esprit a été et reste la caractéristique du jour de la grâce
où nous avons à marcher par la foi et la patience, plutôt que la
caractéristique du jour où le royaume vient en puissance. Cela ne
veut pas dire que le Saint Esprit ne sera pas alors répandu sur toute
chair : au contraire les prophètes l’affirment explicitement pour ce
temps-là. Mais Il est descendu maintenant, non seulement en
puissance et en bénédiction, mais baptisant tous ceux qui croient,
Juifs ou Gentils, en un seul corps, le corps de Christ, Christ étant
en haut la Tête glorifiée de l’église. Il n’en sera pas ainsi dans ce
jour futur. Israël et les nations seront bénis, et se réjouiront
ensemble ; mais il n’est annoncé aucune union comme celle du
« seul corps ». Ils seront chacun sur son propre terrain, formant des
cercles distincts quoique bénis, autour de leur Seigneur et Dieu,
dont le trône terrestre sera à Jérusalem en ce jour-là. Il y aura alors
une largeur bien plus vaste, mais non pas une hauteur et une
profondeur (Éph. 3:18) comme la grâce souveraine de Dieu donne
aujourd’hui à la louange de Son Christ, maintenant rejeté sur la terre
mais exalté dans les cieux. Il me semble donc tout à fait convenable
que la Pentecôte soit absente au temps de la bénédiction de la
terre, car elle a trouvé son accomplissement le plus élevé et le plus
riche dans l’Église de Dieu unie à Christ dans les lieux célestes.
Par contre, la fête des tabernacles se retrouvera certainement dans
ce temps-là. Elle est prescrite à nouveau ici, à sa date normale.
« Au septième mois, le quinzième jour du mois, à la fête, il fera selon
ces ordonnances, sept jours, quant au sacrifice pour le péché, quant
à l’holocauste, et quant à l’offrande de gâteau, et quant à l’huile »
(45:25). Le sens de l’œuvre de Christ sera pleinement maintenu,
comme à la Pâque ; mais la fête qui aura alors son expression la
plus complète sera clairement la grande récolte, pour se réjouir
devant l’Éternel, après la moisson et la vendange (cf. Apoc. 14)
lorsqu’ils regarderont en arrière vers les jours de leur pèlerinage,
passés pour toujours. Il n’y aura pas seulement un témoignage
rendu comme celui des deux pains aujourd’hui (Lév. 23:17), mais
ce sera la bénédiction d’Israël avec la gloire resplendissant sur
Sion.

49 - Chapitre 46
Ce chapitre nous donne de nouveaux détails sur le culte public de
l’ère millénaire dans le sanctuaire ; les instructions concernent le
prince, le peuple et les sacrificateurs, avec une place toute
particulière pour les sabbats et les nouvelles lunes.
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : La porte du parvis intérieur, qui
regarde vers l’orient, sera fermée les six jours de travail ; mais le
jour du sabbat, elle sera ouverte, et le jour de la nouvelle lune, elle
sera ouverte » (46:1). La raison pour laquelle ces deux jours du
sabbat et de la nouvelle lune ont une place si importante est
évidente. Ceux qui sont de Dieu n’ont plus désormais à entrer dans
le repos, car ils y sont arrivés. Le jour est venu. Le peuple de Dieu
n’a plus besoin de garder le sabbat. La gloire habite le pays et les
fils d’Israël sont rassemblés de tous les pays, de l’orient et de
l’occident, du nord et du midi. Dans le désert, ils avaient suivi un
chemin solitaire, sans trouver de ville où habiter (Ps. 107:4). Tout
cela est passé, et passé pour toujours. Ils ont été conduits par un
bon chemin, et sont arrivés à une ville d’habitation, oui c’est Sa ville,
et c’est là le sujet de gloire vrai, profond et digne : comme nous
allons le voir, l’Éternel est là (48:35). « En ce jour-là, il sera dit à
Jérusalem : Ne crains pas ! Sion, que tes mains ne soient pas
lâches ! L’Éternel, ton Dieu, au milieu de toi, est puissant ; il
sauvera ; il se réjouira avec joie à ton sujet : il se reposera dans son
amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe » (Soph. 3:16-17).
C’est pourquoi le sabbat aura alors naturellement beaucoup
d’importance. Il en sera de même avec le jour de la nouvelle lune.
Israël qui pendant si longtemps avait décru pour finalement
disparaître, renouvelle maintenant sa lumière, pour ne plus jamais
la perdre. La nouvelle lune représente dont très justement Israël
restauré en ce jour-là et pour toujours.
« Et le prince viendra du dehors par le chemin du portique de la
porte, et il se tiendra près des poteaux de la porte, et les
sacrificateurs offriront son holocauste et ses sacrifices de
prospérités ; et il rendra son culte sur le seuil de la porte, et il sortira ;
et la porte ne se fermera pas jusqu’au soir. Et le peuple du pays
rendra son culte à l’entrée de cette porte, les jours de sabbat et aux
nouvelles lunes, devant l’Éternel » (46:2-3). Il était convenable que
le prince et le peuple adorent ainsi devant l’Éternel, avec cette
distinction entre eux. Même le prince n’entre pas, mais se tient près
des poteaux de la porte ; il rend son culte sur le seuil. S’approcher
comme nous le faisons maintenant en Esprit à travers le voile
déchiré n’existe pas, car le peuple a sa bénédiction sur la terre et
non dans les lieux célestes.
« Et l’holocauste que le prince présentera à l’Éternel, le jour du
sabbat, sera de six agneaux sans défaut, et d’un bélier sans défaut ;
et l’offrande de gâteau, d’un épha pour le bélier ; et pour les
agneaux, l’offrande de gâteau sera ce que sa main peut donner ; et
de l’huile, un hin par épha. Et, au jour de la nouvelle lune, un jeune
taureau sans défaut, et six agneaux, et un bélier ; ils seront sans
défaut ; et il offrira une offrande de gâteau d’un épha pour le
taureau, et d’un épha pour le bélier ; et, pour les agneaux, selon ce
que sa main aura pu trouver ; et de l’huile, un hin par épha. Et quand
le prince entrera, il entrera par le chemin du portique de la porte, et
il sortira par le même chemin » (46:4-8). Tel est l’ordre dans les
circonstances ordinaires. Il y a pourtant une différence lors des fêtes
solennelles, car alors le prince entre et sort au milieu du peuple. « Et
quand le peuple du pays entrera devant l’Éternel, lors des
solennités, celui qui entrera par le chemin de la porte du nord, pour
rendre son culte, sortira par le chemin de la porte du midi ; et celui
qui entrera par le chemin de la porte du midi, sortira par le chemin
de la porte du nord ; il ne s’en retournera pas par le chemin de la
porte par laquelle il est entré, mais il sortira par celle qui est vis-à-
vis. Et le prince entrera au milieu d’eux, quand ils entreront ; et,
quand ils sortiront, ils sortiront ensemble. Et aux fêtes, et aux
solennités, l’offrande de gâteau sera d’un épha pour le taureau, et
d’un épha pour le bélier ; et, pour les agneaux, ce que sa main peut
donner ; et de l’huile, un hin par épha » (46:9-11). Une autre
distinction apparaît lorsque le prince offrira un sacrifice volontaire
tout seul : « Mais si le prince offre un holocauste volontaire, ou des
sacrifices volontaires de prospérités à l’Éternel, on lui ouvrira la
porte qui regarde vers l’orient ; et il offrira son holocauste et ses
sacrifices de prospérités, comme il fait le jour du sabbat ; puis il
sortira, et on fermera la porte après qu’il sera sorti » (46:12).
Il est aussi remarquable de constater le point suivant : le sacrifice
journalier consistait en un agneau offert en holocauste ; comme
sous l’ancienne alliance il fallait en offrir un chaque matin, mais par
contre il n’est plus question de l’agneau de l’offrande du soir. « Et
tu offriras chaque jour à l’Éternel un agneau âgé d’un an, sans
défaut, comme holocauste ; tu l’offriras chaque matin ; et tu offriras
l’offrande de gâteau, avec lui, chaque matin, le sixième d’un épha ;
et de l’huile, le tiers d’un hin, pour humecter la fleur de farine, — une
offrande continuelle de gâteau à l’Éternel, par ordonnance
perpétuelle. Et on offrira l’agneau, et le gâteau, et l’huile, chaque
matin, un holocauste continuel » (46:13-15). La convenance de
cette disposition est évidente ; on sera au temps où le soleil d’Israël
ne se couchera plus. Autrefois l’agneau du soir était fort à propos à
tous égards, et c’était une grande consolation pour le peuple de le
connaître lorsqu’il se réveillait à la vérité que Dieu avait pourvu pour
cette si longue nuit durant laquelle ils avaient hélas ! dormi, oubliant
Celui qui était mort pour la nation. Mais quand ils seront dans la
lumière de Son jour, l’agneau du soir disparaîtra, tandis que celui
du matin subsistera comme holocauste continuel.
Nous avons ensuite le soin pris pour que le prince ne dépasse pas
les limites de ses droits, en cas de don fait à un de ses serviteurs,
afin de garder intacts les droits de ses fils et ceux des Israëlites.
« Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Si le prince fait un don à l’un de
ses fils, ce sera l’héritage de celui-ci pour ses fils, leur possession
comme héritage. Et si, de son héritage, il fait un don à l’un de ses
serviteurs, cela lui appartiendra jusqu’à l’année de liberté, et alors
retournera au prince ; seulement son héritage demeurera à ses fils.
Et le prince ne prendra pas de l’héritage du peuple en les opprimant,
les chassant de leur possession : c’est de sa propre possession qu’il
fera hériter ses fils, afin que mon peuple ne soit pas dispersé,
chacun loin de sa possession » (46:16-18). Le vrai jugement
retournera à la justice en ce jour-là (Ps. 94:15). Le jubilé est ainsi
observé dans toute sa force.
Les derniers ordonnances montrent des dispositions spéciales non
seulement pour les offrandes de gâteau, mais pour les sacrifices
pour le péché et pour le délit. L’état d’Israël sur la terre faisait que
c’était encore une nécessité. « Puis il m’amena par le passage qui
était à côté de la porte, vers les cellules saintes des sacrificateurs,
qui regardent vers le nord ; et voici, il y avait là un lieu, au fond, vers
l’occident. Et il me dit : C’est ici le lieu où les sacrificateurs feront
bouillir le sacrifice pour le délit et le sacrifice pour le péché, et où ils
cuiront l’offrande de gâteau, en sorte qu’ils ne les portent pas
dehors dans le parvis extérieur de manière à sanctifier le peuple. Et
il me fit sortir dans le parvis extérieur et me fit passer aux quatre
angles du parvis ; et voici, il y avait un parvis dans chaque angle du
parvis. Dans les quatre angles du parvis, il y avait des parvis clos,
quarante coudées en longueur et trente en largeur ; il y avait une
même mesure pour les quatre parvis des angles ; et, à l’entour,
dans ces parvis, une maçonnerie continue, autour des quatre ; et
des foyers à cuire, pratiqués au-dessous des rangées, à l’entour. Et
il me dit : Ce sont ici les cuisines, où ceux qui font le service de la
maison font cuire les sacrifices du peuple » (46:19-24). L’ère
millénaire diffère aussi franchement des voies présentes de Dieu
avec l’Église que de l’état éternel. Nous avons ici Israël béni sur la
terre pendant le royaume, Satan lié, mais le péché est réprimé sans
être encore extirpé ; dans certains cas la grâce agit encore en
rapport avec lui lorsqu’il n’appelle pas la malédiction où le
retranchement.

50 - Chapitre 47
Voici maintenant une particularité très caractéristique de cette ère
future, en rapport avec le sanctuaire de l’Éternel : des eaux en
sortent avec un pouvoir de guérison et un volume qui va croissant.
On sait que Joël avait déjà prédit qu’ « une source sortira de la
maison de l’Éternel, et arrosera la vallée de Sittim » (Joël 3:18).
Cette prophétie implique une exubérance de bénédiction terrestre,
comme gage de la faveur et du plaisir de Dieu en bonté envers Sa
créature. La vallée de Sittim (des acacias) ne l’empêche pas, mais
le confirme. Car il ne s’agit pas de savoir si les eaux pourraient
couler vers ce lieu situé de l’autre côté du Jourdain, à une dizaine
de kilomètres au-delà de la Mer Morte, selon la configuration de la
nature actuelle. « Ce jour-là » ne sera pas assujetti à de telles
conditions de la nature. La nature s’est inclinée devant le Créateur
lorsqu’Il est venu pour être un homme, pour mourir et pour
ressusciter ; elle s’inclinera encore quand Il viendra exécuter le
jugement des vivants, à Sa venue dans Son royaume. C’est
justement parce qu’elle offre un exemple spécial de sécheresse que
Dieu choisit cette vallée, et déclare qu’elle sera arrosée ; c’est parce
que la mer de l’est est passée en proverbe comme une mer de mort,
qu’elle sera transformée en abondance de vie. La bénédiction se
répandra jusqu’aux bouts de la terre depuis ce centre — la maison
de l’Éternel. Ce qui devra exister, existera alors sans faute, sur la
terre même, et en dépit de la triste continuité de manquement qui y
a régné jusqu’alors ; il en sera ainsi à cause du règne de l’Éternel-
Jésus en vertu de Sa croix.
Après Ézéchiel, Zacharie a déclaré (14:8) que la moitié des eaux
vives s’écoulera vers la mer de derrière ou Méditerranée, et l’autre
moitié vers la mer orientale [Mer Morte], ajoutant ainsi quelque
chose de tout à fait physique à ce que Joël avait annoncé ; cela aura
lieu été comme hiver, car la source de ces eaux est bien au-dessus
des ressources de la créature.
Entre ces deux prophètes, Ézéchiel nous parle de quelle sorte
d’eaux il s’agit, et quels sont leurs effets, ce qui fait voir une énergie
entièrement différente de celles de l’homme ou de la nature, au
point qu’Henderson est obligé ici de se démarquer de sa précédente
interprétation. Quand il s’agit du temple et des ordonnances, il
reconnaît qu’il faut les prendre au sens littéral. Mais dans ce ch. 47,
il cesse de le faire parce que la réalisation de cette vision n’est
laissée en rien aux Juifs. Une pareille position est erronée à tous
égards. Une première raison est que les Juifs ne peuvent pas plus
agir pour ramener la manifestation visible de la gloire de l’Éternel
que pour faire couler les eaux guérissantes du temple, et pourtant
le retour des chérubins est l’aspect le plus grandiose de cette vision,
d’un bout à l’autre. Une seconde raison est la suivante : dans ce
qu’on pourrait penser le plus à la portée des Juifs, une grande partie
de la description du temple et des rites cultuels diffèrent entièrement
de ce qui a existé parmi le résidu de retour de Babylone dans son
pays — nous avons déjà eu l’occasion de le voir. On ne trouve guère
un seul point concordant entre leur histoire passée et cette
prophétie.
La seule conclusion valable est que cette vision, dans son ensemble
comme dans ses détails, appartient au futur et suppose le royaume
rétabli sur Israël, restauré et installé pour toujours dans leur pays. À
ce point de vue, il vaut la peine de citer les paroles de ce traducteur
Henderson, même si elles méritent d’être corrigées sur certains
points : « Ayant laissé le temple, le siège de la résidence divine, et
la source d’où découlent toutes bénédictions pour la restauration de
la nation hébreue, le prophète est transporté en vision vers le sud,
dans la région de la Mer Morte, dont on se servait comme image de
tout ce qui était interdit ou malsain, — le type même de la stérilité
et de la désolation. Cette région était transformée désormais en
fertilité et beauté. Autant sa condition précédente était un symbole
frappant du caractère d’Israël spirituellement sans fruit, abominable
et idolâtre, autant elle allait servir d’image de l’état de choses
renouvelé quand Dieu ramènera son peuple selon Ses promesses,
qu’Il les bénira en leur conférant les marques riches de Sa faveur.
Au lieu du désert aride, la région allait devenir comme le jardin
d’Eden. Par les effusion abondantes des influences de Son Saint
Esprit, Il restaurerait Son Église à la vie spirituelle, et en ferait
l’instrument pour répandre la bénédiction autour du monde ».
Le lecteur intelligent verra dans ces propos la confusion des Juifs
avec l’Église, mais aussi l’erreur consistant à supposer que la vision
concerne la bénédiction d’Israël. C’est de manière caractéristique
la bénédiction divine qui changera la scène de mort au-dehors,
scène habituelle et terrible, en vie et fécondité découlant de la
maison de l’Éternel. Quelle que soit l’effusion du Saint Esprit qui
l’accompagne, il n’y a aucune base valable pour mettre en cause le
fait que cette partie de la vision est tout autant littérale que ce qui
précède et ce qui suit.
« Et il me fit retourner à l’entrée de la maison, et voici des eaux qui
sortaient de dessous le seuil de la maison, vers l’orient, car la
façade de la maison était tournée vers l’orient. Et les eaux
descendaient de dessous, du côté droit de la maison, au midi de
l’autel. Et il me fit sortir par le chemin de la porte du nord, et il me fit
faire le tour par dehors vers la porte extérieure, vers la porte qui
regarde vers l’orient ; et voici des eaux qui coulaient du côté droit.
Quand l’homme sortit vers l’orient, il avait un cordeau dans sa main ;
et il mesura mille coudées, et me fit traverser les eaux, — des eaux
montant jusqu’aux chevilles des pieds. Et il mesura mille coudées,
et me fit traverser les eaux, — des eaux montant jusqu’aux genoux.
Et il mesura mille coudées, et me fit traverser, — des eaux montant
jusqu’aux reins. Et il mesura mille coudées : c’était une rivière que
je ne pouvais traverser, car les eaux avaient crû, des eaux où il
fallait nager, une rivière qu’on ne pouvait traverser » (47:1-5). Le fait
remarquable ici est l’augmentation frappante du volume des eaux,
sans la moindre allusion que cela provienne de l’apport d’affluents
comme dans la nature ordinaire, cette pensée étant même plutôt
exclue. C’est une manifestation étonnante de la puissante grâce de
Dieu : tout jaillit de Sa maison, et à mesure qu’elles s’éloignent de
leur source, les eaux deviennent rapidement plus profondes, au lieu
qu’il y ait un accroissement des bas-fonds — montant jusqu’aux
chevilles, puis aux genoux, puis aux reins, et enfin jusqu’à ce
qu’elles forment une rivière dans laquelle il faut nager et qu’on ne
peut traverser.
« Et il me dit : As-tu vu, fils d’homme ? Et il me fit aller et retourner
sur le bord de la rivière. Quand j’y fus retourné, voici, au bord de la
rivière, des arbres en très grand nombre, d’un côté et de l’autre. Et
il me dit : Ces eaux sortent vers la contrée orientale, et elles
descendent dans la plaine et parviennent jusqu’à la mer ;
lorsqu’elles se seront déversées dans la mer, les eaux de la mer
seront rendues saines. Et il arrivera que tout être vivant qui se meut
partout où parvient la double rivière, vivra. Et il y aura une très
grande quantité de poissons, car ces eaux parviendront là, et les
eaux de la mer seront rendues saines ; et tout vivra, là où
parviendra la rivière. Et les pêcheurs se tiendront auprès d’elle :
depuis En-Guédi jusqu’à En-Églaïm, ce sera un lieu pour étendre
les filets. Leur poisson sera selon ses espèces, comme le poisson
de la grande mer, en très grand nombre. Ses marais et ses étangs
ne seront pas assainis, ils seront abandonnés au sel. Et sur la
rivière, sur son bord, d’un côté et de l’autre, croissaient toutes sortes
d’arbres dont on mange. Leur feuille ne se flétrira pas, et leur fruit
ne cessera pas : tous les mois ils porteront du fruit mûr ; car ses
eaux sortent du sanctuaire. Et leur fruit sera pour nourrir, et leur
feuille, pour guérir » (47:6-12). Les effets apparaissent
immédiatement : sur les deux rives de la rivière, il y a des arbres
très nombreux, et dans ces eaux où la mort a si longtemps régné, il
y a des poissons en si grand nombre que les pécheurs sont obligés
d’étendre leurs filets d’un bout à l’autre de ce qui a été le lac
d’Asphaltitis. Cependant nous sommes encore dans le temps, non
pas encore dans la perfection ni dans les conditions de l’éternité,
car la mer existe toujours (cf. Apoc. 21:1), et ses marais et ses
étangs ne sont pas assainis, quelle que soit au-dedans et aux
alentours, l’abondance luxuriante de la vie végétale et animale. Il y
a une exception notable ici au v. 11, même si l’on accepte l’idée que
ces eaux non assainies sont une réserve de sel, ou qu’elles servent
à la production de sel. Combien est beau ce tableau des
dispositions de la bonté de Dieu au verset 12, bien qu’on note au
passage l’approvisionnement en feuilles pour la médecine. C’est
une scène terrestre.
On peut remarquer combien quelques-unes des anciennes versions
(en grec, syriaque et arabe) ont curieusement mal compris le sens
clair et certain du v. 8. Toutes les trois ont fait une bévue en
traduisant le mot hébreu pour contrée orientale par Galilée ; les
Septante et la version arabe ajoutent une seconde erreur en
traduisant plaine par l’Arabie, qui en syriaque désigne le nord ou
nord-est, au lieu de la plaine ou vallée du Jourdain. Le Targum de
Jonathan ne fait pas cette erreur.
Le reste du chapitre s’occupe de la disposition d’Israël dans le
pays ; ici Henderson ne peut que revenir au sens littéral pour
Canaan et les tribus, ce qui est inévitable pour un commentateur
exempt de préjugés. Les conseils de Dieu demeurent. Joseph,
quelque sombre qu’ait été l’histoire de ses fils, doit avoir sa portion ;
les droits selon la chair sont perdus, Ruben est déchu de son droit
d’aînesse, mais le don de grâce d’origine subsiste. « Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : C’est ici la frontière selon laquelle vous
donnerez le pays en héritage aux douze tribus d’Israël. Joseph aura
deux parts. Et vous l’hériterez l’un comme l’autre, le pays au sujet
duquel j’ai levé ma main de le donner à vos pères ; et ce pays vous
écherra en héritage. Et c’est ici la frontière du pays : Du côté du
nord, depuis la grande mer, le chemin de Hethlon, quand on va à
Tsedad ; Hamath, Bérotha, Sibraïm, qui est entre la frontière de
Damas et la frontière de Hamath, Hatser-Hatthicon qui est sur la
frontière du Hauran. Et la frontière, depuis la mer, sera Hatsar-
Énon, la frontière de Damas, et le nord, vers le nord, et la frontière
de Hamath ; c’est là le côté du nord. — Et le côté de l’orient : vous
mesurerez d’entre le Hauran et Damas, et Galaad, et le pays
d’Israël, le long du Jourdain, — depuis la frontière jusqu’à la mer
orientale ; c’est là le côté de l’orient. — Et le côté du midi, vers le
sud : depuis Thamar jusqu’aux eaux de Meriba de Kadès, la rivière
jusqu’à la grande mer ; c’est là le côté du sud, vers le midi. — Et le
côté de l’occident : la grande mer, depuis la frontière jusque vis-à-
vis de l’entrée de Hamath ; c’est le côté de l’occident. Et vous vous
partagerez ce pays entre les tribus d’Israël » (47:13-21). Quelqu’un
craint-il que la place manque pour Israël réuni, et rentrant chacun
de tous les pays ? Inutile de craindre, car la terre produira son fruit
(Ps. 67:6), et l’abondance de la mer se tournera vers Sion, et les
richesses des nations viendront à Sion sans mesure (És. 60:5). La
nation et le royaume qui ne serviront pas Jérusalem périront (És
60:12). Des rois seront ses nourriciers, des princesses ses
nourrices (És. 49:23).
Il y a tellement peu de raisons de s’inquiéter que le pays suffise non
seulement aux tribus d’Israël, mais aussi aux étrangers séjournant
au milieu d’elle et qui y ont engendré des enfants. « Et il arrivera
que vous le partagerez par le sort, comme un héritage pour vous et
pour les étrangers qui séjournent au milieu de vous, qui
engendreront des fils au milieu de vous ; et ils vous seront comme
les Israélites de naissance ; ils hériteront avec vous par le sort, au
milieu des tribus d’Israël. Et il arrivera que, dans la tribu chez
laquelle l’étranger séjourne, là vous lui donnerez son héritage, dit le
Seigneur, l’Éternel » (47:22-23). Qui mettrait en doute qu’une telle
largeur de cœur et une telle libéralité sont totalement nouvelles en
Israël ?
Il est absolument évident sur tous les plans que ce que nous lisons
ne relève pas d’un passé accompli, mais de l’avenir brillant que Dieu
a réservé à Israël dans son pays, quand l’étranger recevra un
accueil vraiment divin pour hériter dans n’importe quelle tribu. Il en
sera ainsi pour les Juifs dans ce temps-là, en heureux contraste
avec tout ce qui a eu lieu auparavant ! Ils l’apprendront de Dieu
lorsqu’ils s’inclineront devant Jésus et que leur bénédiction sera une
bénédiction pour les autres. Bonne mesure, pressée et secouée et
qui débordera (Luc 6:38), voilà ce que donneront les Juifs à la
louange de Sa grâce et de Sa bonté qui demeure à toujours.

51 - Chapitre 48
Pour quelqu’un sans parti pris, il doit être évident que la répartition
des tribus dans le pays, depuis Josué jusqu’à la ruine de la royauté
diffère en tous points de celle de la prophétie d’Ézéchiel que nous
lisons dans ce chapitre, et que depuis ce temps-là on n’a rien vu qui
y ressemble. Dan est à l’extrême nord, et non plus Nephtali comme
autrefois. Ensuite vient Aser, et après lui Nephtali, mais pas avant.
Manassé, autrefois divisé en deux par le Jourdain, est réuni en un,
comme les autres tribus ; Éphraïm est juste au sud de Manassé ;
puis vient Ruben dont la possession n’est plus à l’est du Jourdain,
mais vient à la suite d’Éphraïm ; Juda est immédiatement avant la
sainte offrande. Au sud de cette dernière se trouve la portion de
Benjamin, ce qui est juste l’inverse de l’ordre ancien où Benjamin
était au nord de Juda. Siméon vient ensuite, puis Issacar, lequel
était auparavant au nord de la Samarie et au sud-ouest de la mer
de Galilée. Ensuite Zabulon qui était autrefois au nord d’Issacar, et
en dernier lieu Gad qui se trouve à l’extrême Sud, au lieu d’être à
l’est comme autrefois.
« Et ce sont ici les noms des tribus. Depuis l’extrémité nord, le long
du chemin de Hethlon quand on va à Hamath et Hatsar-Énan, la
frontière de Damas, au nord près de Hamath, — le côté de l’orient,
et l’occident, seront à lui, — une part pour Dan. Et sur la frontière
de Dan, depuis le côté de l’orient jusqu’au côté de l’occident : une
part pour Aser. Et sur la frontière d’Aser, depuis le côté de l’orient
jusqu’au côté de l’occident : une part pour Nephthali. Et sur la
frontière de Nephthali, depuis le côté de l’orient jusqu’au côté de
l’occident : une part pour Manassé. Et sur la frontière de Manassé,
depuis le côté de l’orient jusqu’au côté de l’occident : une part pour
Éphraïm. Et sur la frontière d’Éphraïm, depuis le côté de l’orient
jusqu’au côté de l’occident : une part pour Ruben. Et sur la frontière
de Ruben, depuis le côté de l’orient jusqu’au côté de l’occident : une
part pour Juda.
Et sur la frontière de Juda, depuis le côté de l’orient jusqu’au côté
de l’occident, sera l’offrande élevée que vous offrirez : vingt-cinq
mille coudées en largeur, et la longueur comme l’une des autres
parts, depuis le côté de l’orient jusqu’au côté de l’occident ; et le
sanctuaire sera au milieu. L’offrande élevée que vous offrirez à
l’Éternel sera de vingt-cinq mille en longueur, et de dix mille en
largeur. Et cette portion sera pour les sacrificateurs, la sainte
offrande : au nord, vingt-cinq mille ; et à l’occident, la largeur, dix
mille ; et à l’orient, la largeur, dix mille ; et au midi, la longueur, vingt-
cinq mille ; et le sanctuaire de l’Éternel sera au milieu. L’offrande
sera pour les sacrificateurs qui sont sanctifiés d’entre les fils de
Tsadok, qui ont fait l’acquit de la charge que je leur ai confiée, qui
ne se sont pas égarés dans les égarements des fils d’Israël, comme
les Lévites se sont égarés. Et, sur l’offrande du pays, ils auront une
offrande élevée, une chose très sainte, sur la frontière des Lévites.
Et le long de la frontière des sacrificateurs, les Lévites auront une
longueur de vingt-cinq mille, et une largeur de dix mille ; toute la
longueur sera de vingt-cinq mille, et la largeur, de dix mille. Ils n’en
vendront rien, et n’en feront pas d’échange, et ils n’aliéneront pas
les prémices du pays, car il est saint, consacré à l’Éternel.
Et les cinq mille qui restent de la largeur en face des vingt-cinq mille
seront un espace profane pour la ville, pour des habitations et pour
une banlieue ; et la ville sera au milieu. Et ce sont ici ses mesures :
le côté du nord, quatre mille cinq cents ; et le côté du midi, quatre
mille cinq cents ; et le côté de l’orient, quatre mille cinq cents ; et le
côté de l’occident, quatre mille cinq cents. Et la banlieue de la ville,
au nord, sera de deux cent cinquante, et au midi, de deux cent
cinquante, et à l’orient, de deux cent cinquante, et à l’occident, de
deux cent cinquante. Et ce qui reste sur la longueur, le long de la
sainte offrande, sera de dix mille vers l’orient, et de dix mille vers
l’occident : il sera le long de la sainte offrande élevée, et son rapport
sera pour la nourriture de ceux qui servent la ville.
Et ceux qui servent la ville la serviront, de toutes les tribus d’Israël.
Toute l’offrande élevée sera de vingt-cinq mille sur vingt-cinq mille ;
vous offrirez la sainte offrande élevée, un carré, avec la possession
de la ville.
Et le restant sera pour le prince, d’un côté et de l’autre de la sainte
offrande et de la possession de la ville, en face des vingt-cinq mille
de l’offrande élevée jusqu’à la frontière d’orient, et, vers l’occident,
en face des vingt-cinq mille jusqu’à la frontière d’occident, le long
des autres portions : cela sera pour le prince. Et la sainte offrande
élevée et le sanctuaire de la maison seront au milieu d’elle. Et
depuis la possession des Lévites et la possession de la ville, qui
sont au milieu de ce qui sera au prince, — ce qui est entre la
frontière de Juda et la frontière de Benjamin sera pour le prince.
Et quant au reste des tribus, depuis le côté de l’orient jusqu’au côté
de l’occident : une part pour Benjamin. Et sur la frontière de
Benjamin, depuis le côté de l’orient jusqu’au côté de l’occident : une
part pour Siméon. Et sur la frontière de Siméon, depuis le côté de
l’orient jusqu’au côté de l’occident : une part pour lssacar. Et sur la
frontière d’Issacar, depuis le côté de l’orient jusqu’au côté de
l’occident : une part pour Zabulon. Et sur la frontière de Zabulon,
depuis le côté de l’orient jusqu’au côté de l’occident : une part pour
Gad. Et sur la frontière de Gad, du côté du midi, vers le sud, la
frontière sera depuis Thamar jusqu’aux eaux de Meriba de Kadès,
la rivière jusqu’à la grande mer. C’est là le pays que vous partagerez
par le sort, comme héritage entre les tribus d’Israël, et ce sont là
leurs parts, dit le Seigneur, l’Éternel » (48:1-29).
On remarque que, comme au temps de Josué, le pays sera divisé
par le sort (45:1 ; 47:22) au jour où un plus grand que Josué prendra
le royaume. L’offrande élevée est un aspect entièrement nouveau
de cette redistribution d’Israël, quand viendra Celui qui a droit à la
couronne, et qui aura soin en premier lieu du sanctuaire de l’Éternel.
Prince, sacrificateurs et Lévites seront tous là, chacun à sa place
par rapport à la ville et au sanctuaire. Car il n’est pas question ici de
ciel ou de cité céleste, ni de nouvelle Jérusalem qui descend du ciel
d’auprès de Dieu, mais de la terre et du pays. Le temple est
mentionné ici, alors qu’il est insisté sur son absence en Apocalypse
21. Il ne peut ni ne pourrait y avoir de sacrificateurs, de Lévites, de
fêtes ni de sacrifices dans la cité céleste d’Apocalypse, pas
davantage que dans la chrétienté aujourd’hui. Dans Ézéchiel, il y a
des aspects essentiels et ineffaçables, qui ne peuvent être compris
que par ceux qui, croyant les prophètes, attendent le siècle à venir
avant l’éternité, et l’accomplissement des prophéties qui annoncent
la bénédiction d’Israël et des Gentils sous le règne du Seigneur
Jésus, quand Il sera venu avec tous Ses saints en gloire. Ne pas
croire à la vérité est naturel, et raisonner contre elle n’est pas
difficile, mais la Parole de Dieu demeure aussi claire et certaine que
toujours. Bienheureux sont ceux qui, confessant la joie et le repos
futur d’Israël sur la terre, convertis dans la grâce et la fidélité de
Dieu, sont d’autant plus libres d’attendre le Fils de Dieu du ciel,
Celui qui nous délivre de la colère qui vient (1 Thes. 1:10). Voir
distinctement la position du peuple terrestre, d’abord sous la
responsabilité ancienne de la loi, ensuite sous le Messie et la
nouvelle alliance, aide beaucoup ceux qui, par grâce, croient malgré
les efforts de Satan qui voudrait autant que possible obscurcir et
détruire l’intelligence et la jouissance de leur bénédiction propre et
de leur appel céleste, comme corps de Christ et épouse de
l’Agneau. On évite ainsi le mysticisme, et l’Écriture est reçue en
toute simplicité de la foi.
Nous arrivons à la fin de cette prophétie. « Et ce sont ici les issues
de la ville : du côté du nord, une mesure de quatre mille cinq cents
coudées ; et les portes de la ville seront selon les noms des tribus
d’Israël : trois portes vers le nord : la porte de Ruben, une ; la porte
de Juda, une ; la porte de Lévi, une. Et vers le côté de l’orient, quatre
mille cinq cents, et trois portes : la porte de Joseph, une ; la porte
de Benjamin, une ; la porte de Dan, une. Et du côté du midi, une
mesure de quatre mille cinq cents coudées, et trois portes : la porte
de Siméon, une ; la porte d’Issacar, une ; la porte de Zabulon, une.
Du côté de l’occident, quatre mille cinq cents, et leurs trois portes :
la porte de Gad, une ; la porte d’Aser, une ; la porte de Nephthali,
une. Le circuit était de dix-huit mille coudées ; et le nom de la ville,
dès ce jour : l’Éternel est là ».
La gloire suprême qui termine le livre, c’est la présence de l’Éternel
dans la ville qu’Il a choisie. Israël pourra s’en glorifier plus que de
tous ses privilèges, et à juste titre, car c’est le complément et le
couronnement de tout. Quelle fin merveilleuse de leurs longs
pèlerinages et de leurs nombreuses douleurs ! Combien cela est
digne de Sa grâce qui rachète, et qui purifiera la culpabilité, quand
ils se tourneront vers Lui par la foi, discernant et reconnaissant enfin
leur folie auto-destructrice dans la lumière de Son amour, Lui qui
n’a jamais fléchi, mais qui est mort pour eux tant de siècles avant
qu’ils s’abattent devant Sa face avec honte et contrition.

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