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Département Design, Image et Produit

Cours : Histoire du design⎟ Niveau : 2 LFDP (Gr 1)⎟ Enseignante : Hanen Hattab

Les designers industriels des Trente Glorieuses, Leçon 3 : Dieter Rams et le


fonctionnalisme allemand

I. Les fruits contemporains du Bauhaus

Le rationalisme des créations industrielles du designer allemand contemporain Dieter


Rams réfère aux préceptes du modernisme et à la perspicacité des nouveaux enseignements
qu’il a introduit à la discipline. Sa carrière en tant que designer industriel décolle dans
l’entreprise Braun qu’il a intégré initialement comme architecte et designer d’intérieur.

« Sa création la plus remarquée est la chaîne Hi-Fi Phonosuper SK4 de 1956, conçue
avec Hans Gugelot. Les produits de Rams comme le poste de radio Transistor 1 (1956) et le
combiné tourne-disque-radio de poche (1959) s’inspirent de la conception pratique et
rigoureuse du design développée par le Bauhaus et la Hochschule für Gestaltung d’Ulm. En
1961, Rams devient responsable du département de design de Braun et dans les années 1960 il
signe notamment la gamme d’appareils culinaires KM2, le mixer M140, le rasoir électrique
Sixtant et un briquet de table cylindrique. » Charlotte et Peter Fiell, Design du XXe siècle, Paris,
Taschen, 2001, p. 147.

Radio ondes courtes RT20, Dieter Rams, Braun,


1961.

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II. Braun, une direction à l’affût des nouvelles pratiques économiques et conceptuelles

Braun, fondée à Francfort, produit des appareils électroménagers depuis 1923.


L’entreprise a connu son apogée et une reconnaissance internationale à partir des années 1950
grâce aux créations de Rams. Ce succès est attribué aux produits créés par le designer et aussi
à ses dix principes du « bon design » formulés au sein de la firme. À propos de la notoriété de
ses produits, nous citons l’exemple du combiné radio phono SK4 (1956) (réalisé par Hans
Gugelot et Rams pour Braun) qui a été récompensé par le grand prix de la Triennale de Milan
en 1957. Il convient de souligner par ailleurs qu’avant d’intégrer Rams dans son équipe,
l’entreprise a commencé à changer sa stratégie économique en comptant sur le savoir-faire de
designers.

« En 1951, Artur et Erwin, les deux fils de Max Braun, reprennent la société. Ils sont
déterminés à modifier l’aspect des produits. Ne disposant pas, dans un premier temps, d’un
bureau de design intégré, ils engagent des designers externes : Fritz Eichler, qui met en œuvre
la transformation souhaitée, Wilhelm Wagenfeld, ancien élève du Bauhaus, et Hans Gugelot,
responsable du département de design-produit de l’école d’Ulm. Cette nouvelle orientation ne
se limite pas à la ligne de produits, elle affecte également les techniques de production et la
communication interne et externe de l’entreprise (production en série, soin apporté au
graphisme et au packaging de l’objet, usage de la publicité). » Anne Bony. Le design. Histoire.
Principaux courants. Grandes figures, Paris, Larousse, 2008, p. 108.

Quand Braun présente son designer, qui figure dans les annales du design, l’entreprise
souligne son influence sur les designers actuels. Rams rend encore célèbre l’entreprise avec
ses conceptions exposées dans les musées les plus prestigieux du monde.

« Son héritage a influencé d’innombrables designs modernes, comme l’Apple iPod (2)
créé par Jonathan Ives. Il est en outre l’auteur des 10 principes du bon design qui ont
influencé des générations entières de designers industriels. (…)Les produits phares conçus par
son équipe et lui-même sont exposés au Museum of Modern Art (New York), au Centre
Pompidou (Paris) ainsi qu’au Musée des arts appliqués (Francfort). Présentée à Osaka, Tokyo,
Londres, Francfort, Séoul et San Francisco, l’exposition « Moins, mais mieux » retraçant tous
les travaux réalisés au cours de sa carrière a attiré plus de 370 000 visiteurs entre 2009 et
2012. » https://fr.braun.com/fr-fr/world-of-braun/braun-design/braun-designers

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Dix principes d’un bon design. (braun.com)

« Dans les années 1980, Dieter Rams a formulé « Dix principes d’un bon design » : ils
exprimaient ce qui était bien selon lui, c’est-à-dire un design de produits fonctionnel et
unique. Ces principes étaient l’expression théorique d’une approche du design ayant été
développée par Braun à partir de 1955, et ayant été considérablement modelée au cours des
décennies suivantes par Dieter Rams.

Au sujet de ses principes, Dieter Rams disait la chose suivante : « J’ai formulé, à
travers mes dix principes, les orientations de mon travail de designer, qui représentent les
principaux éléments de ma philosophie du design. Toutefois, ils ne doivent jamais être
considérés comme normatifs, car l’idée de ce qui constitue un bon design évolue
constamment, tout comme la technologie et la culture évoluent. »

1. Un bon design est innovant : Les possibilités d’innover ne sont en aucun cas
épuisées. Le développement technologique offre toujours de nouvelles opportunités de
conception innovante. Mais la conception innovante se développe toujours en tandem avec la
technologie innovante et ne peut jamais être une fin en soi.

2. Un bon design confère une utilité à chaque produit Un produit est acheté pour être
utilisé. Il doit satisfaire certains critères, non seulement fonctionnels, mais aussi
psychologiques, logiques et esthétiques. Un bon design souligne l’utilité d’un produit et ne
tient pas compte de tout ce qui pourrait y nuire.

3. Un bon design est esthétique : La qualité esthétique d’un produit fait partie
intégrante de son utilité, car les produits que nous utilisons au quotidien affectent notre
personne et notre bien-être. Mais seuls les objets bien faits peuvent être beaux.

4. Un bon design rend un produit compréhensible : Il clarifie la structure d’un produit.


Mieux encore, il peut faire parler le produit. Au mieux, il se passe d’explication.

5. Un bon design est discret : Les produits remplissant une fonction sont comme des
outils. Ce ne sont ni des objets décoratifs, ni des œuvres d’art. Leur design doit donc être à la
fois neutre et modéré afin de laisser de la place à l’expression de l’utilisateur.

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6. Un bon design est authentique Il ne rend pas un produit plus innovant, plus puissant
ou plus précieux qu’il ne l’est réellement. Il ne vise pas à manipuler le consommateur par des
promesses qui ne peuvent être tenues.

7. Un bon design est durable : Il évite d’être à la mode et n’apparaît donc jamais
désuet. Contrairement au design tendance, il dure des années, même dans la société actuelle
du jetable.

8. Un bon design est approfondi, jusque dans les moindres détails : Rien ne doit être
arbitraire ou laissé au hasard. Le soin et la précision relatifs au processus de conception
témoignent du respect envers le consommateur.

9. Un bon design est respectueux de son environnement : Le design contribue


grandement à la préservation de l’environnement. Il préserve les ressources et limite la
pollution physique et visuelle tout au long du cycle de vie du produit.

10. Un bon design est minimaliste : Moins, mais mieux ; parce qu’il se concentre sur
les aspects essentiels, et les produits ne sont pas surchargés d’éléments superflus.

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