Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Figures de la figure
Sémiotique et rhétorique générale
Dans la meme colleetion :
Jouri MikhailovitchLotman
L'qlosion et la culture
Hennan Parret
Epiphanies de la prisence
Claude Zilberberg
Eléments de grammaire temive
Manar Hammad
Lire I'apace, comprendre I'architecture. Essoli sémiotiques
Gianfraaco Manone
Le iraitement Ludovico. Cops el musique d m N Orange Mécanique »
Louis Hdbert
Dkpositifs pour IAnalyse des Textes et des lmages
Jacques FO~ANILLE
La dimension rhétorique du discours : k-s vaieurs en jeu
Jean-Mane KL~KENBERG
.k rhétorique dans le sémwtique : [a composante c&tiue du systeme 35
Tiziana MIGLIORE
Pace 2 l'éloquence de l'image.
Élémentspour une confrontationfeconde entre rbétovlque et sémiotique 57
Francois M ~ E R
Rhétorique et inteprétation desfigures
Goran SONESSON
la rhétorlque de laperception. Recherche de méthode
Fulvio VACUO
la rehaite de [a rh6totorique ?De@ zéro, mécanismes rhétoriques e t w -
duction du s m dans le langage visuel 133
Hennan PARRFT
la r h é t m de 1Ymage :
quand Albeth' rencontre le Groupe p
Jan B m s
Sémwtque u e m rbétorique ?
Sémir BADIR
En aititaant la rbétorique
Nicole PIGMER
R b é t o w e . muitimodale u. Essai de d@nilion
Inna MERKOLILOVA
Pour une rhétorique de la grapbie dam les messages arNstiques 203
Marc BONHOMME
Peut-onparier de méronpie iconique ?
Agnes ~ ? z m
Image rhétotisée des co@ sextrés surpapkrglacé
Odie LE GUERN
Tromp I'Qü etpiege &wl.
Pour une rbétorfque de i'accommcdution du regard
Nicolas M E E &~ Jean-Pierre BARTOLI
Sánidogie et rbétorique du discoun musical
I
!
Chercher a fa l'état des rapports entre semiotique et rhétorique,
trente-cinq années apres la parution de Rhétorique générale, a quoi
i bon 7 Qui, ou qu'est-ce que cela sert 7 Un te1 état des lieux correspond-il
i simplement B une récapitulation du chemin parcouru, ou bien peut-il
étre aussi un bilan prospectif pour des travaux a venir 7 Bien que
beaucoup de sémioticiens se soient préoccupés de rhétorique et que
beaucoup de rhetoriciens se soient prtoccupés de sémiotique, ces
interrogations n'ont jamais abouti a une evaluation qui satisfasse les
uns et les autres.
Non que la question du rapport entre &mlotique et rhétorique solt si
slmple qu'eUe ne se pose méme pas (et pour certains c'est le cas : on
pourrait en effet avancer que si la rhétorique linguistique est une
pmvince des sciences du langage. alors la rhébrique generale doit etre
dans le meme rapport avec la semiotique généraie, la pertinente de la
premiere étant garantie par celle de la seconde). Non que le sujet ait été
1 Cpuist en cours de mute, ou que son enjeu coit devenu obsolete. Cest
plut6t que la question de la place de la rhétonque dans la sémiotique et
celle des apports de la sémiotique la rhétorique sont largement restées
jusqu'ici en suspens. D'abord pour des raisons historiques qui seront
examinées par certains des contributeurs de l'ouvrage. Mais aussi parce
que quelque chose dans la rhétorique a toujours rbslsté a une
r
Sémir Badu & Jean-Muie Klinkenberg
monde, monde dont les sujets sentant, connaissant et agissant sont des
composants privilégiés.
11 serait naff de croire que c'est partout et toujours la rhétorique qui
a déclenché ce mouvement. Mais qu'elle y ait joué un puissant r6le
d'incitabice pas doutew. Ce mouvement d'élargissement n'est pas
terminé. Puissent les réflexions ici rassemblées le prolonger.
Les éditeurs ont plaisir a remercier FranGois Provenzano pour l'aide qu'il leur a
apporiée lors de la relecture du rnanuscrit.
La dimension rbétorique du discours :
les valeurs en jeu
Jacques Fontanille
-
en acte, la méthode d'analyse s'efforcera en revanche de décrire et
d'expliquer les a effets de ces figures et tropes sur le processus
énonciaüf en cours. Bien entendu, la description des effets n de ces
6gures et tropes présuppose leur identiilcation préalable.
Des lors, la description textuelle des d e t s rhétoriques s'appuie tout
parüculierement sur cet ensemble de catégorles discursives que nous
cherchons a saisir : par exemple. les d e t s d'arnplification ou d'accelé-
ration du tempo, concement la quantüé et l'intensité discursives : les
d e t s de contradiction touchent a la catégorle du wnfüt, ssaii lui aussi
dans son intensite et dans son étendue. Ou aura donc d'un cóté les
figures et tropes (par exemple. des hyperboles, des anaphores, des
parataxes), et de l'autre des transfomations des catégories discursives
.
(par exemple. la quantité et l'intensité énonciativesl ; entre les deux, des
etTets observables, que nous pourrions d é W comme des S m a m -
figures B dismives (par exemple. l'amplification ou PaccélQation) : mais
cette fois. a figure 8 serait utilisé au sens de Hjelmslev. c'est-a-dire
comme des segments ou unités syntagmatiques identifiées sur un des
deux plans du langage, et susceptibles, par leur organisation, de
participer a une relation sémiotique avec des figures de i'autre plan.
De m h e , les tlgures rhétoriques manipulent l'assomptim &no*,
notamment dan8 Pargumentation. Adopter l'argument adverse pour le
rendre inopérant et l'affaiblir,faire semblant de reconnaitn les defauts
20 Jaques F o u W e
La séquence canonique
Ce modele catégoriel et syntagmatique, que nous conviendrons
d'appeler la S séquence rhétorique canonique B , constituerait donc la
forme prototypique de toute opération sur la dimension rhétorique du
discours, et elle prendrait en charge en quelque sorte 1' c intentionnaüté 8
opérative des transformations rhetoriques. Nous avons déja présenté
cette séquence aüleurs (Bordron & Fontanille 2000 : 7-13) ; nous en
rappelons ici seulement les grandes lignes.
L'opération rhétonque prototypique, comme toute opération relevant
de la praxis énonciative, repose s w l'existence. en tout point ou moment
du déploiement syntagmatique d'un discours, de i pressions * concw-
rentes, de figures et de bnbes d'énonciation en mal d'expression, voire,
de maniere plus systématique et plus organiske. de voix r et/ou
d'isotopies qul sont en compétitton e n vue d e la manlfestatton
syntagmatique. Le propre d'une opération rhétorique, a cet égard, est de
codifier le processus qui conduit d'une situation de confrontation
sémantlque a sa résolution interprétame.
La sequence rhétorique canonique aura donc la méme forme
pmtotypque qu'une g épreuve n nanative, et eüe comportera elle aussi
des e actants S ; mais. au lieu de régler l'affrontement des forces
narratives, elle reglera celui des instances de discours N, et tout
.
parüculi&ement l'aíTrontement des domaines sonrces u, sémantiques.
thématiques et ííguratifs. dont la cible est une place dans la
manifestation. Elle se compose donc, comme 1' u épreuve s. de trois
phases : d'un point de vue pragmatique, ce sont les phases &une
confrontion *, et, d'un point de vue cognitif, celles d'une r résolution
de pmbleme D.
La premiere phase, la phase source, est la confrontntion entre deux
ou plusieurs domaines, configurations ou grandeurs discursives
quelconques, leur E mise en présence m rendue sensible, en intensité et en
extenswn : d'un point de vue cognitlf, pour le lecteur, il s'agit de la
problématisation de la figure.
La seconde phase est celle de la mkihtiort, la phase du mtrole. qui
s'appuie en particulier. du point de vue de la production, s u r
l'assomption, en modifiant le degré de présence respectif des deux
ensembles discursifs, pow assurer la dornination de l'un sur l'autre :
d'unpoint de vue cognitif, ii ss'agitdu S c o n W d'fnterprétation b.
La troisieme et dernl.51~phase, la phase cible,est la résoluffon,qui
procure la R clé * de l'énigme, l'apaisement du contlít. et. d'un point de
vue cognitif.le mode h k r
p r
é w qui permet de le régier.
22 Jacques Fontanille
Déplacement
Une part importante des modalités de la confrontation-
problematisation des figures opérent par substitution de places.
Une figure peut opérer tout d'abord un déplacement au plan de
i'expression : une détennination est échangée entre deux détenninés
IHYPALLAGE), une construction syntaxique est interrompue pour faire
place a une autre [ANACOLUTHE),un segment de l'énoncé est extrait de sa
place canonique pour etre déplacé a droite ou a gauche [HWERBATE).
On peut aussi opérer des déplacements au plan du contenu : un
actant se substitue a un autre (ME~~NYMIE),une partie apparaít a la place
du tout ISYNECDOQ~): un énonciateur apparait a la place d'un autre
(PROSOPPOSEE. SERMOCMATION) ; un argument peut aussi Ctre déplacé d'un
locuteur a un autre (ANTOOCCUPATION,APODIOXE), etc.
La nature du déplacement détermine bien souvent celle de la
résolution qui va suiwe : a l'intérieur d'une méme confguration (cf.
La dhension rhétorique du diseours :les valeurs en jeu 23
Confrit
La catégorie du conílit, en rhétorique, est sans doute celle qui a
suscité le plus grand nombre de comentaires, ne serait-ce que parce
qu'elie est au c m r de la figure reine. la WTAPHO~ Wcaeur 1975 : Randi
1992).
Elle est suffisamment générale pour etre opposée directement au
déplacenmí et A ses nombreuses Mnétés : le déplacement confronte des
grandeurs complémentaires. qui s'impliquent mutuellement, ou d e -
ralement, alors que le coníiit confronte des grandeurs coniraires ou
contradictoires, quand elles appartiennent a u meme domaine
sémantique (l'omom. et les figures de la polémique argumentative) ou
des grandeurs incompatibles, quand elles appartiennent i des domaines
sémantiques différents [ ~ h ' m o m ) .
On peut distinguer deux types de conflits : le conflit sémantique
pmprement dit, et le wntlit hondatif. qui repose sur les variations de
Passomption énonciative.
Du c6té du conflit sémanuque, conflit entre domaines ou entre
positions sémantiques, on d é v e : l ' m b e , l'omom, et leur version
étendue, le P-NOLW (accumulation d'antithéses et de paradoxes). On
note aussi la présence de conflits sémantiques dans -E I', ~'IRON~,
I'AÍWHORISME[ r d c a t i o n localisée) et ~ ' W A N O ~ O
[saSversion
E étendue).
mais aussi dans ~'AUTOCATI~GOREME, la version * non assumée u de
PANTHORISME.L'ASTEISME est Pinverse de ~'ANTIPHRASE (11 faut interpréter
positivement un énoncé négatiíl, et ~'WYPOCORISMEen est la version
atiknuée. tout comme le DJASYRME est la version atténuee de ~'AN~IPHRASE.
Le confllt sémantique est donc globalement une catégorie située a la
source de la figure, et relevant de la phase de confrontation -
problématisation, sur un mode tensif et pmblématique, appelant une
résolution et une détente.
Parmi les cas de conflit sémantique, il faudrait distinguer les
incompatibiiités entre domaines ( c o m e pow la METAPHORE), les p u r a
contradictions. A l'íntérieur d'un domaine unique (comme ~'OXYMOREJ, lea
variations de sens (comrne la SYILEPSE) et les vatiations d'orientation
axiologique (comrneles varl6teS ~'AWITPHWS et ~'ASSISME).
Les figures dites du a wnflit énonciatü ne font, de fait, qu'afouter la
question des voix énonciatives et de i'assornption énonciative, dans une
perspective stratégique : ~ ' A D Y N A ~ exagere
N la position adverse pour la
disquallRer ; i'ANTCoccvPrinoN la p w n t e a l'avance, faiblement assumée,
pour la désamorcer Isa version plus discrete, simple mention ancdine.
est ~'AWDIOXE, et la version la plus distanciée de cette demiere est la
SYNCHK~SE) : au contraire, I'mnPArnsT~sE.qui consiste amplifier
exagérbment les défauts de la position qu'on défend, vise. gráce au
manque d'assomption que l'on préte a cet exercice, a valoriser par
mniraste cette m h e position.
De fait. U s'agit toujours du wnflit sémantique, mais transposé dans
Péchange verbal, distribué entre des voix et des tours de paroles : des
lors, la d8érence entre contiit sémantique et cndlt énonciatü est bien
mince, surtout si i'on s'avise de généraiíser le fonctionnement pospho-
nique de ces figures d'argumentatlon a i'ensemble de la dimension
rhétorique : il n l aurait aiors de distinction qu'entre une polyphonie
simulée r ou potentielle (pow les trepes) et une polyphonie * réalisét
(pow les figures d'argumentation).
.
On pourrait alors slmplement redisttibuer la liste des figures du
cnnilit énonciatif en trois ensembles, selon que l'énonciation adopterait
(11 ses énoncés propres (ANTIPMASE, WTASE, PARADOXE). (21 ceux de
I ' a d o e ~ d(ADYNAToN, ANI&JCCUPAIlON, APODIOXE, SYNCHRkSE, CONCESSION.
PARAMO~GIE, HYPOBOLE); et (31aitmüvement l'une et l'autre (omrr~nm,
AUTOCA~GOi7&ME, PARADIASTOLE, PAUNODIE, ALTERCATION. &C.)
La distindion proposée ci-dessus tient donc bujours : d'un cóté la
catéporle relevant de la source et de la phase de confrontaíion (le wnilit),
et de l'auíxe les catkgorles relevant de la phase de controle (L'intensité de
i'assomption, les rapports de force, les tours de parole, etc.).
conflit d'isotopies, une association non retenue par i'usage ; (u) ~'ATI'ELAGE,
qui procede de l a meme maniere, mais entre des termes qui
n'entretiement pas de relation hiérarchique (éléments coordomés) ; le
ZEUGME procede de meme, mais entre des élémenis qui, par leur contenu,
se prétent a cette mise en série a u méme rang syntaxique ; (iii)
I'HYPALLAGE provoque lui aussi une prédication impertinente, par
croisement de la relation sémantique et de la relation syntaxique.
Ruptures du lien syntauique. - La régularité de la construction
syntaxique induit une attente. qui est prise en défaut par une rupture de
construction : la rupture du lien syntaxique est donc une forme de la
confontation, car, en snscitant un probleme de lecture, elle engage un
processus de résolution. Un grand nombre de figures relevent de ce type.
mais ~'ANACOLUTHEest le cas général, qui consiste a associer deux
constructions incompatibles, ce qui crée une tension demandant
résolution : en général, la résolution est de type hiérarchique (un des
énoncés est traité comme dominant l'autre).
La SYLLEPSE DE GENRE est nne forme d'anacoluthe, du point de mie de
la confrontation, mais qui aboutit, au moment de la résolution. a un fait
d'homonymie. Toute une collection de figures (ASYND&~, POLYSYND~TE,
DISJONCTION) qui touchent au lien de coordination (absence ou abondance
d'outils de liaison) se rangent du c6té des mptures ou modifications du
lien syntaxique, mais avec un mode de résolution non-hiérarchique
(sériel ou systémique, cf. infra) ; d'autres ruptures affectent la séquence
engagée : ce sont les interruptions de phrases (APOSIOPESE), apparentes
avec reprise (ÉPANODE), réelles avec fausse reprise ( ~ C E N C E :) d'autres
eníin induisent des hifurcations thématiques (DIGRESSION, DEPRÉCATION,
PAREMBOLE), ou des incidentes intercalées (DÉPRÉCATION, SUSPENSION,
n w ~ c n oTMESE).
~,
Glohalement, la rupture du lien syntaxique aífecte donc la linéarité
du discours, soit parce qu'elle confronte des constructions incom-
patibles, soit parce qu'elle exploite les enchainements pour ouvrir des
bifurcations syntaxiques et thématiques.
Figures d'énonciation. - Les figures d'énonciation sont d'abord, le
plus souvent, des figures d'adresse : I'ALLOCUTION, ~'APOSTROPHE, la
DÉPRÉCATION,~'IMPRÉCATION,entre autres. Mais elles comprennent aussi
des figures de locution (la PROSOPOPÉE,la SEFMOCINATION) : en ce sens, elles
rel6vent de la phase de confontation dans sa version * déplacement u,
parfois méme dans celle du c conflit n, car elles peuvent conduire a la
mise en présence ou a la substitution de formes énonciatives
. U O W ~ U O el ~aipno- mod uo~epuou?.pylns np luam8~Sua.p
aaual?mp q ms as?q$ocuCqami a r @ u ~ a p a % ? ~ h u 'a~qrsva~d
l.~ aqne.1
'a9qaw aun.1 'suonlsod xnap e me3 'anbqnd '3svamm~am,p aloquoa
al suep JruaNaJIq rssne qnad a[[a : (maj auop) amnsse Juauqqlej
s F m '(apo1 annquamn%n uoqeatgpal aun) W S ~ O H L N V un lsa !nb
' ~ ; n r o - ~ suep v , ~a m o 3 ' e q a g p uoursoó q wpaquoa aldmara
n d ?nad annqauou? uondmossv.~ap g!sua$u[.l : w g m a r d xnap sap
a p q n s ? J aun ~ s gaa p d o ~ daria : sanmfiffl3 sw m s j p e1 (E
.g?~.~daid a?$" ap luapaoard ( m m a m ) uogeIquaaav,p no ( W T S R I ~ ~ ~ A H )
nor$enu?fe.p sam8g sal : alleya ua s r ~ ds?auoua sal suep jr$e!a
-uoua mama%8ua,l ap ?J!suaJw,I aqp-e-?sa,a 'a$upxq ~JJOJ (Z
'("n$*npaaqdqe*~!aal.no
'.a[ B np aaqd q 8 rq B al) s~auuosedno (meueu l u a s ~ dal) qaiodtual
s a ~ n ~ sal v ~aloaua
g no ' ( D J ~ ~33)
s u o ~ n a o 1 ~ vsi p
a . r n 8 ~sal [ssne
s@m ' ( N O I L V ~ ~s ~D ~~e ~l u a u m 8sa&reqe
n sal $ualaaye amepuou?
uonrsod ap s u o r l v w ~s q .smoasjp ua sanbo~uoasauamou?qd xne
p o d d e ~mi '$uama@.i?u?$snld 'p 'a$req;l ua spd qauotq xne podder
n d 'uon!sod ap aspd aun p.~oqe,p+sa u o ~ e p u o u a ,:~u ~ s o d e[ (1
: a n b u o ~ ? qap~ sam$y sal '?uamped+ no $uamaqInws 'lapage
luannad anb saq?ur-d smapnld aZe$ua amewuou? uondmossee~
' s ~ ? ~ r sas
e n ap y a s m n i u w ~ap~ m~aoanb Jualuauuonauoj
amam a[ 3sa.a : ?mnmxuamapoj ~ s (m a ar$lenr) $!p a1 anb 'amnsse
luamalq@j lsa jge8?u aqp a1 anb ~ a s o d d n s~ o uo p 'aauanb?suoaur
aun a m o 3 uou $a ' d g aun ammoa uogu3?1d e1 ~a??~dra$u[ mod
: uondmosse,~ap uonqnpom q p aa& uonnIosy ap aron aun annaq mb
s-u 'Onq @v srp al a0 IIP al w (md au alanb ~ I a0 P WP a1 arlua
uo~!pvr)uoa aun ms 'uonquoyuoa ap a s q d ua 'asodar p b '~uessa~?qq
m :~ o m m aaJ q ? p s;lq q lalnore cuopmod snou samanbsap aJdmo3
n e $a *lneq snld saldmaxa smalsnld ?Jluoaual ?Cap suonv snou luop
'anReIJuoe uo~dmosse,~ luaylpom ~Isan?@II sal ~ u o ssaqne ?no&
.aseq ap a v l ne aldad 'aqmnqauo-
m!sodslp nv podder led 'salua8~anlpno saluarrnauoa 'salqnedmo3ul
La dimension rbétorique do diseonrs :les valeurs en jeu
Co>3figurntion
On appeiiera configuration u tout ensemble de figures textuelles
composé de parties, niveaux et propriétés dépendants les uns des
autres, et formant un a systéme B ou un a réseau n de dépendances,
sur lequel repose le <i controle n d'interprétation. Une * sebe 8 descrlp-
tive, une u situation 8 narrative sont des confipations ; de meme. une
structure syntaxique. syntagme ou phrase : un ensemble d'occurrences
des mémes expressions. répétées et disposées selon un certain ordre.
forment aussi une conñguratlon, et, a fortiori une totaltté composée de
mes.
L'accés a une COnRguration, peut faire appel a la perception (comme
dans l%mmms~), a une regle syntaxique (comme dans I'ANACOLUTHE). a
un phhomkne relevant de i'isotopie (comme dans YA-GE) ou un
schéma narratif, thématique ou figuratif (comme dans la mm):
dans tous les cas, il est d'ordre cognitif, et il s'apparente 2i Peffet d'une
pression gestaltique 8 .
Les propriétés pertinentes d'une configuration, eu égard 2i son r81e
de contmle d'interprétation, sont : (i) I'étendue (la poxtée textuelle) : (ti) le
nombre (l'&e.cüí des constituants) ; (iiO la structure méréologique (la
nature des liens entre parties, l'ordre et la position relative des
éiéments) : (iv) la répartition de Pintensité sur les différentes parties.
Un C ~ M propose
E par exemple une conñguration (i) dont la prtée
est limitée un ou deux syntagmes, (ii] dont I'dectif est de quatre
éiéments, (üi)dont la súucture méréologique repose sur deux relations
syntagmatiques (A-B & C-D) et sur deux relations d'équivalence
paradigmatiques (A=D & B=C), et (iv) dont l'ensemble suscite I'effet de
symétrie, et, par conséquent le déplacement de I'accent d'intensité a la
jonction entre les deux groupes.
Chacune de ces propriétés constitue donc une sous-catégorie,
susceptible d'étre examinée séparément.
Ré+tition - Sous cette dénomination, ü faut entendre un procédé
par lequel la syntaxe canonique du plan de l'expression est complétée
par les relations a distance entre éiéments identiques. Globalement, la
répétition induit donc une tension entre l'exigence de renouvellement de
l'information, d'une part, et la récurrence plus ou moins réguliere
d'élements identiques. La résolution de cette tension Uendra dans ce cas,
(1) soit dans des variations qui restaurent le principe de non redon-
dance. (2) soit dans des changements progressifs de l'interprétation,
d'une o c c m n c e a l'auire. gráce a l'aíiectation de valeurs différentes a
chacune d'entre eUes : ces valeurs dflérentes pewent Ctre, par exemple,
des degrés d'intensité émotionneiie, ou des changements d'actes
énonciatifs (le rappel S est tout autre chose que 1' S appel 8 !), paifois
méme des renversements axiologiques (la demi* occurrence recevant
une évaluaiion inveme de la premiére).
Les variations pourront afíecter la position : fIn d'une phrase et
début d'une autre (ANADIPWSE), find'un groupe et début d'un autre
( O P A N A D ~ E ) ; début et 6n de segment textuel ( ~ P I P H O R E ) début
, et &i
de groupe (SYMPLOQUE) ; ces variations font office de dispositif de
dhmmtion pour des S conñgurations R identiflables. EUes peuvent aussf
se présenter comme des approximations successives -PODOIE). des
variations de présence et d'absence d'un élement [redondance ou
ELLIPSE), de sens lexical (ANTANACLASE], de nuances sémantiques
(DMORE). de morphologie [ P O L ~ ) de. désinence verbale (TRADUC~ON),
de place ou de fonction (GÉMUJA~ON).
Distribution (reWns topologiques : syrnébie, pamiiélisme, huersion,
-
incidenoe. ..J. La catégorie de la distribution rel&e du conúüie, car,
sans fournir la solution du probleme ou de l'énigme, elie organise les
élémenis en vue de l'interprétaiion.
Le CHUSME, par exemple. ou sa version plus difhise la Rec~essio~.
reposent sur l'inversion de deux constmctions syntaxiques identiques.
mais sans répétition des éléments, en vue d'un &et de symétrie : les
structures du plan de i'expression, notamment la syntaxe. orientent
l'interprétation. en schématisant la similitude etfou le contraste des
wntenus.
Cincidence est une relation topologique qui favorise la perception
isolée de la figure, mais par emboitement dans un ensemble textuel : du
c6té de la corúlgumaon, eUe se caractéxise donc par son aspect local et
concentré ; du cbté de i'assomptb~elie se préte áridemment a tous les
décrochements entre plans d'énonciation ; d e concexne plusieurs iypes
de ilgures : des flgures thématiques (la DIGWION), des ilgures énoncia-
tives (la DEPRECA~ON), des ñgures desaiptives (la ornnwss), des figures
de cl6ture (I'*PIPHE;NoME~),des figures éthiques (le ~ o e m )etc.
.
Intensité. - n s'agit encore d'une catégorie relevant du contrbie et de
la phase d'assomption, car eUe oriente l'interprétation et conduit a la
résolution. Elie concerne un tres grand nombre de figures. ou elle
permet le plus souvent de distinguer deux régimes de fondionnement :
La dimension rhétorique du discours :les valeurs en jeu 29
Laprésence
La conjugaison des formes d'assomption énonciative et des
conñgurauons défwt le mode de S présence de la figure en discours,
puisqu'elie associe la distribution, la fmce et les valeurs de I'assomption,
l'intensit.! en général. l'organisation méréologique et la quantité en
général des éléments mis en présence. Le degré de présence [intensive et
extensive) détermine donc le controle d'interprétation. paree que
l'intensité et i'étendue sont des manifestations de la valeur de la figure :
pour la sémiotique tensive (Fontanille & Zilberberg 1998). en effet, la
valeur est perceptible a travers ses manifestations intenses et extenses.
Parfois. I'usage ou la convention suffisent a stabiliser une telle
perception : si on comprend plus facilement (1) J'ai acheté un Modigliani
que (21 Sai acheté un biilet pour le Modgliani ou encore (3) J'ai visité le
Modqiiani c'est que la perception de la coníiguration qui unit le tableau
et son peintre (1) est favorisée par l'usage, alors que celle qui unit, d'un
coté le peintre, et de I'autre, les exposiiions temporaires de son ceuvre ou
les ñims sur sa vie (2 & 3) est plus rare, ou faiblement prévisible. De fait,
dans ce cas, la fréquence de I'usage ne fait que sanctionner la plus ou
moins grande distance entre les positions actantielles, et, par consé-
quent, le camcttre plus ou moins diffus ou compact de la configuration
actualisée.
En somrne, on peut : (1) rabattre la phase de controle sur les deux
catégories de la quantité textueiie et de I'intensité énonciative, (2) prévoir
a parür de cette association aussi bien des effets Cassomption que des
effets de configuration, et enfin (3) définir ainsi le degré de valeur
uivestie dans la figure. En bref, le c contrdle R. c'est le mode général de la
presence axiologisc!e de la Agure.
La dimenrion rhhtorique du discours :les valeora en jen
Notes
1 Sur ce concept. o n pourra consulter Bertrand 1993 : 25-32 : Fontanille &
Ziiberberg 1998 : chapltre Praxis. : Fontanüle 2000 : chapitre L'énonciation s.
2 L'assomption énonciative regroupe I'ensemble des phénomenes de la S prise en
charee S de I'énoncé iiar I'énonciaiion : la f o m iilocutoire en releve. les évaiuations
u
.
axiologiques et affectives aussi : m a s , tout particulierement, L'affirmation ou la
négation de la c position subjectiw (qui se maque. pour Jeun-Claudc Coquet, par
la présence du i méta-vouloir r dans la compétence énonclative : cf Coquet 19851.
3 A cet é g d . par exemple, il n'y aurait pas de différence de nature entre un lapsus
et un trepe. si I'on ne Considkre que les condiuons Immédlates de la productio~du
discours : un ensemble de pressions s'exereent sw le locuteur. plusleurs isotopies
et de nombreuses formulations sont en concumence. sous des modes d'existince
diííérents. en &que point du diseours. et ces rapports de force peuvent s'invener
B toul moment : la différence commence & annaraitre
.. si on ~ r e n den compte les
conditions de produetion plus largement fles contraintes de genres. par exemplel.
mais surtout au moment de I'inteiprétation. sous la contrainte d'instn~ctionsde
lecture conventionnelles, e t d'une compétence rhétorique > spécillque. La
différence est souvent bien mince. par exemple. entre un lapsus par interpolation
et contamination phonétiques et une paronomase : si on pouvait totalement ignorer
les a tntentions r de I'énonciateur, il serait meme tres facile de convem la plupart
des lapsus en jeux de mots. calembours et autres figures ou tropes.
Bibliographie
Bertrand. Denis
1993 cimpersonnel de l'énonciation a. Protée 2111
Bordron. Jean-Franpois & Fontanille. Jacques [eds)
2000 Sémiot@ue d u d i m m ettensions rhéfo!iquec. Langogec 137
Coquet, Jean-Claude
1985 Le disco- et son sujet. Parii : Khcksieck.
Fontanille. Jacques
2000 SémioQue du dismurs. Limoges :Puüm.
Fontanllle. Jacques & Zilberbeg. Claude
1998 Tensions et sfgn$cotion Liege :Mardaga.
Gmupe p
1970 Rhétorique générale. Paiis : Larousse [Paris : Seuil. = Points. 19821.
1992 Traité du s@ne uisueL Pañs : S e d .
Prandi, Michele
1992 Gmnvmúrephilosophique des -s. Paiis : Minuit.
Rlcoeur, Paui
1975 L a métaphore u&. F'arls : Seuil.
Le rhétorique dans le sémiotique :
la composante créative du syst6me1
Jean-Marie Klinkenberg
Deux exemples
Qu'une rhétorique postuie une sémiotique peut aussi étre démontré
a hxvers certains exemples précis. Nous en choisimns deux. l'un repris
a la rhétorique de l'agumentation, i'auire a la rhétorique des figures.
Soient les fondements de la rhétorique selon F'erdman & Olbrechts-
Tyteca. Ces demiers ont pris pour point de départ de leur étude un
certain nombre de processus v e n t a t i f s généraux, appelés schhes.
et se demandent si mMne8 conilgurations langagieres sont de nature a
remplir les fonctions reconnues a ces procédés. u si elles peuvent etre
considérées comme une des manifestations de celui-ci s. Dans la
p h n t a t i o n des prémisses, par exemple, on disüngue des figures de
choix s. des a figures de présence B et des 8 Ggures de communion a. Les
figures de choix - entre autres, la définition. la périphrase. la
correction - ont pour effet d'exhiber la manoeuvre de sélection des
arguments : autrement dit leur formalisation dans la substance du
monde intelligible. Dans l'exposé argumentatif proprement dit (donc
dans la dispositio), on distingue des figures de liaison et des a ñgures
de dissociation *. Les premieres sont des sch6mes qui rapprochent des
éléments distincts et permettent d'établir entre ces derniers une
solidarité visant a les structurer. autrement dit a les valoriser
positivement ou négativement l'un par Pautre. Les ñgures de liaison sont
a leur tour réparties en classes, selon qu'elles sont constituées
a d'arguments quasi logiques D, comme l'ironie ou la rétorsion,
.: d'arguments fondb sur la stnicture du réel x. comme l'hyperbole ou la
litote, ou enfin d'arguments fondant la structure de ce réei p, catégorie
dans laquelle nous retrouvons la métaphore. On s'étonne de trouver
constamment le mot * réel r. bien naif, sous la plume de philosophes : ce
qui est visé a chaque étape de la typologie des schemes est bien
Porganisation de Punivers par le signe.
Perelman insiste sur la spéciílcité de ce qu'il nomme les faits :
GrSce & leur statut privilégié, les faits et vérftés fournissent des
prémisses que l'on ne s'avise pas de contester a (1958 : 1101. Mais
pourquoi 8 ne s'avise-t-on pas de contester * les faits 7 Pour examina
.
cette question, partons d'un exemple fourni par Perelman. Soit
l'exemple : Jai rencontré ton ami hler, fl ne m'a pas parlé de toi n. Pour
Perelman, il s'agit de deux faits, et i'interprétation complete de I'énoncé
serait ton ami ne m'a pas parlé de toi bien qu'il en ait eu
l'occasion B (1958 : 21 11. Le sémiotiden fera toutefois observer qu'il y a
id bien plus que deux faits, et que de toute maniére il ne s'agit pas de
faits juxtaposés mais bien de faits structurés. Le premier falt désigné par
le teme a renwnké B pose en effet une possibilité de converser que l'on
ne pourrait déduire de e apercu B. vu s. a heurté n, S surpris B,
remarqué I., r croid B. ii y a donc ici non un fait, mais au moins deux
faits dont l'un présuppose l'autre. De l'enchainement produit par le
deuxieme membre de la phrase, on peut déduire que la virtualité
possibilité de converser * a été actualisée. A parW de la. les objets
possibles d'échange sont nombreux, mais leur probabilitt est
hiérarchisée : l'ami peut parler de l'autre ami, mais aussi de sa beiie-
mere, du rhume de son petit dernier ou de son teckel a poils ras. La
précision N ton ami B. renvoyant a des relations entre deux personnes
oriente les potentiaiité de la conversation vers un objet mobillcant cette
relation. VoiM pourquoi l'énoncé c il ne m'a pas par16 de toi B est a la fois
informatif et pertinent. Informatif puisque la probabilité de Poccurrence
a il ne m'a pas parlb de toi S est moins forte que il m'a palé de toi e,
fortement attendu. mais perünent, puisque r il ne m'a pas parlé de toi B
est plus isotope que 8 il m'a parlé de son teckel a poils ras B.
On voit quil y a 1 une organisation des faits, non en soi mais dans
une culture domée. de sorte que le fait est un événement sémiotisé (et
qu'un m h e événement peut déboucher sur plusieurs faits distincts, un
m h e fait pouvant se fonder sur des événements dlstincts). Ces faits
sont non seulement des objeta, mais encore des scenarü. des processus,
qui ont leur propre structure, que la sémantique verbale a jusqu'a
présent été impuissante a mettre en lumiere. On peut ainsi, par
exemple, postuler l'existence de relations de type [ou la partie
présuppose la contrepame, a l'intérieur d'un tout), a &té des relations 2,
les seules étudiées par la sémantique classique, et les seules présentes
dans le carré dmiotique'.
Du cotb des &ures. nous noterons que celies-ci mettent en évidence
la structure de l'univers de réf.érence commun. Plut6t que des contenns
proprement sémantiques, le sens rhétorique mobiitse des contenus
mythologiques ou encyclopédiques [qui peuvent d'aillews etre mobiiisés
par des sémlotiques non línguistiques).
Reprenons l'exemple du célebre slogan publicitaire S Mettez un tigre
dans votre moteur a. L'encycbpédie y intervient a deux stades au moins.
A celui du constat d'allotopie, et & celui de la production du sens
rbéMque Re de@ conw wmplet). Au p&r stade, ii n'y auia constat
d'allotopie que si l'aioncé est prononcé dans une société ou l'on ne croit
pas aux moteurs fonctionnant par insertion de félins : premlere
inteivention de i'encyclopédie. Deuxiémement, l'énonk nous invite, pour
Le rh6tonque dans le sénioiique :la composante créaüve do systhe
!
I
prcduire la conílguration sémaniique qu'est le degré conpu complet, a
explorer les représentations encyclopédiques de tigre s. Ces représen-
tations peuvent &trefort variables. voire antinomiques (bien qu'eUes
puissent coexiste1 en un s e d et méme individu). Le tigre peut ainsi etre.
associé a l'idée de cruauté ( p u r un ancien louveteau qui se muvient du
Liure de lajungie) ; fl peut aussi etre associé a la noblesse. ou encore a la
jalousie (on dit : jaloux comme un tigre 8 ) . etc. Certaines de ces
représentations sont aisément utilisables dans le contexte imposé -
l'automobue -, d'autres l'étant moins. 11 sera, par exemple. düíicfle de
falre lntenrenir le trait 8 jalousie D. tandís qu'on pourra aisément faire
jouer souplesse B. Dire, en parlant h e femme, S c'est une tigresse S,
énoncé oii ce trait u jalousie 8 est mobiiisé, c'est certes s'écarter des
e l e s qui dans le code assignent un c e M sens au mot tigresse N,
mais c'est aussi opérer a pa& d'un systéme de lieux communs. Lieux
communs au sens fort du terme : le locuteur d'une langue, s'insuivant
dans une encyclopédle, est lié par une sorte de contrat aux préjugés et
aux opinions courantes de la culture dans laqueiie ii se meut. Ici, la
figure ne serait pas décodable si de tels stéréotypes ne prétaient a
i'animal la cruauté, voire la bestialité, mais aussl la beauté sauvage et
l'inteliigence, et si d'autres stéréotypes, relatüs au &&ent de la figure
ceux-ki, ne le rendaient apte a recevou ces quallAcations. On retrouve
ici, &MI& par le savoir anthroplogique qui la relativise. la notion de
toplque sur quoi se fondait la rhétorique cksique.
La figure renvoie donc A un univers antérieurement stnicturé, qu'elle
conñrme. Mais -on y reviendra au paragraphe suivant - elle est simul-
tanément contestation de I'ordre antrieur et codmmtion de cet odre :
eiie est paradoxaiement atteinte a la doxa et ra.üftcation de la doxa.
.
19961, elle met en évldence que des phénomenes auto-organisateurs
existent déja spontanement dans le substrat naturel : Les formes ne
sont pas seulement des consttuciions perceptives m& poussent des
corr&laisobjedifs x [Petitot 1996 : 671,et la forme est donc le phénomene
de l'organisation de la matiere. ii faut l...] que ce qul se presente
comme devant étre catégorisé soit en quelque facon en puissance de
catégorisation r (Bordron 2000 : 12) et fl s'agit d'admettre qu'il existe
une phénoménalité des entités du monde r (Bordron 1998 : 99).
Au moment d'exarniner les forces internes a méme de faire évoluer
les systemes, on peut se permettre d'étre un peu structuraliste. Le fait
qu'avec les énoncés on ait &aire a des ensembles multimodaw rend
cew-ci nécessalrement instables, comme en quéie d'un point d'équllibre
jamais atteint.
La complexité du systéme rhétorique entraine donc cette
conséquence que. soumis a certaines forces sociales et hlstoriques, U
peut se déformer jusqu'a présenter un vlsage méconnaissable : la
réduction du systéme rhétorique a liin ou l'autre de ses composants le
modffie fondamentalement.
On voit ainai tout le statut paradoxal du rhétnrique. qu'fl agisse dans
la figure ou dans l'argumentation. Le paradoxe est que ces procédures
rhétoriques modffient le sysikme tout en le mettant en nidence, comme
on I'a vu plus haut, et qu'en vlolant les régles, elles en ~affkment.la
validité. La figure procede donc &un double mouvement : @unepart, eUe
porte atteinte B la stabiüté de catégories tres institutionnalisées. en y
incluant des entités qui ne semblent pas a priorf détenir la qualité
constituant la catégorie: de I'autre, elle constitue u n jugement
d'appartenance de deux entités a une catégorie, mais a une catégorie
faiblement institutionnaikke, ou instituiionnallsee le temps du discours.
En conclusion,
loin de se limita au seul monde de la diííérmce, 1'inMgibffltéen rhétorique I i t m
est lndissoclable d'un vnivers de la nome. de I'ideniit6 [...l. L'ensemble du langage
commun est repris P travers le eontexte d'énaneiatian. Pour comprendre la
Le rbétorique dans le sémiotique :la composante créative du systeme 51
métaphore. et donc les figures (la figurativité),l...]pour comprendre les textes (la
littérarité)qui sont fabriqués dans le meme tissu de mpture. p o n comprendre enffn
la rhétorique (larhétoricité).il faut conwquer tout le discours. avec ses opinions. ses
iieux communs... (Lempereur 1990 : 147)'.
i
est la suivante : l'écart est consideré comme restant extérieur a
Fensemble auquel appartient la base. La figure, pointant de nouvelles
ipalltés, donne un nouveau statut a des entites, qu'elle range dans de
mweiies classes, susceptibles d'enixtenir de nouveiies relations. Mais
une variante importante de cette seconde lecture est possible. L'tlément
est d o n réputé appartenir a un ensemble qui engloberait le premier.
ensemble potentiel. Chaque figure ne serait dora que l'actuaiisation
d'une W i u a l t é de cet ensemble. En ce sens encore, la rhétorique est
progressive. Chaque acte rhétorique serait en effet une exploraüon des
potentiaiités du monde sémiotique : il rend de nouveaux découpages
accessibles a de nouveaux partenaires de i'echange sémiotique.
On voit immédiatement l'intérét de cette descripiion. Indiquer que la
figure est violation d'un certain type de classement se situant au
niveau m mais application des régles d'un systeme situé a u n noeud n
supérieur permet en efíet de conciüer deux concepiions apparemment
irréconciUables de cette figwe : ceiie qui voit dans la figure une violaUon
des régles de l'échange iangagier. et ceiie qui y voit un usage tout a fait
conforme a ces regles. Paradoxe que pas mal de rhétoriciens -
s'étonnant que l'usage des tmpes soit 6 la fois déviant et quotidien, donc
-
nomal r ont eu du mal a e o u d r e jusqu'a présent.
Mais revenons au statut de lkart. Dans le second cas, et au rebours
du précédent, le statut de la cxéation est précaire. En efíet. le résultat de
la r€évaluation n'est pas immédiatement appelé a faire partie du systeme
conceptuel auquel le locuteur se référera par la suite au cours de ses
échanges : donc, le systéme sémiotique ne connait provisoirwent pas
d'expansion.
Cette double représentation de la réévaiuation est ici décrite dans le
cadre du wde conw de maniére autonome. Comme nous l'avons fait
plus haut a propos de l'aiiotopie. nous pouvons la transposer au cadre
social de i'échange sémiotique. Dans s a premiere représentation, la
ré€valuation seralt l'intégration d'une nouveiie unité ou d'une nouvelie
relation entre unités (nous aiions revenir a ceci) au cadre encyclopédique
commun ; dans la seconde, eile serait création ou proposition d'un
nouveau cadre encyclopédique mais dont le statut est moins sociallsé,
moins institutionnaiisé.
Tout ceci nous permet de conclure sur la principale propriété de
l'ecart rhétorique. Celui-ci est simuitanément contestation d'un ordre
antérieur, et conikmation de cet ordre. Ou, pour le dire avec plus de
précision. il est conflrmation de l'existence d'un systeme, mais 11 est
aussi rtorganisation des relations entre les unités du systeme,
recatégorisation de I'expérience. Une figure impose en effet de
sélectionner les quaiités de l'entité mises en avant dans l'encyclopédie de
niveau m et dans la proposition d'encyclopédie de niveau n et de calculer
les compatibüités de ces propriétés.
Le rhétoaiqiie daos le sémiotique :la eomposante méative du aysteme 53
Notes
1 Le pesent texk fait usage des mtiücaUons de l'orthographe publiées au Joumal
Ogiciel en 1990. et a p p m h par toutes les instantes francophones compétenies.
dont l'Académie franpise.
7 Une des deux votes. avec la sémiotique cognitfve. qui mene B rompre avec
.
l'iwlement du d e Id.Klhkenkrg UX)Il
3 De ces distinctlons iI rCsulte que le monde du litteraire (les textes a visée
esthétique] apparüent a I'espace du vraisemhlahle dans son ensemble, donc iune
rhétmque générale. et que dans cet ensemble une spéci8cation cst p s i h l e entre
la rhétorique pmprement dite (l'art de i'orateuri et ce que durant des sieeies on a
appelé, au Moyen Age, une x rhétodque seconde s. l'espan de8 textce de Bcüon. la
r p&Uque s. Nouvelie raison de ne pas oppaser les deux néo-rhétariques.
4 Sur ea.vou Edeline 1972.
5 Comme indiqué dans notre lntroduciion au présent volume, certaines de ces
mntributions sont ~ubliéesdans le ~ r h nvolume.
t On en tmuvera d'autres dan8
Klinhenberg et al. 2003.
6 L'analogie ne déñninissant toutefois pas le rhetorique, dont il est simplement une
retombn. ll ne faut en effet vas wnfondre métaDhoridté rh.5iorioue et transíert
caneeptuel. au nom d'un trait commun qul ser& l'analogie. Gtransfeit d'un
conceot d'un domaine i un a u h - r>ar exem~lecelui dea wnceDis de miaxe
ou de- a rnetaphore r a la sémlotiqué imniqui - obeit des egles qui &luent
précishent la rhétortcité Id. lüinkenberg 19931. Par allleurs, N. Charbonnel
(19911 a perünemrmnt rappel6 que le concGt d'analogie est trop vague : U renvoie
5 deux démarches que la ternilnologle ancimne distlngualt pdaitement : la
simiühido et la mmwratlo. Lea ddém~~ches coenitives classlaues mloitent autant
la súnnmido que la fomparatlo,mab la Rgurr de rhetonque & f o n d ~ ~ u ~ e n t
sur la simiilhida
7 Considération qul - souügnms-le en passant - dome de nowelles &m de
depasser déñnitivernent la sténle opposition
.. -
neo-rhétodaue des figures os neo-
rhétorique de l'argumentation.
8 Les genhm?sus dLÍ3ngudent. on s'en soiivlw,t. la crealiiite d e changlng et la
créaovtte nile "
o d ;~r&tMt& étalt un mot mal eholsi dans le m n d :le
motvise simplementl'applícation des regles. c'est-a-dire passage du m e 1 au réel.
C'est a la oremiere seulement. décrite chez Dubois et d. (19731 comme a des
varlations iñdividuelles dont l'accumulaüon peut m e r les &temes de egles 8 .
que l'on devrait i-eama le nom de UéatMté.
AtLw.
1970 R&emhes rhétaques. C o m i m ü o n s 16.
1993 Rh&miqw et seiences du hgage, Verbum 1-3.
m e s . Roland
1964 ñhétodque de l'iimage B. -115 4 : 40-50.
Bordron, Jean-Francois
1998 FL%exions sur la gen& estheüaue du sms s. RoteeXXVl121:97.106
2000 Catégories. iconelet types phén~rnéno~o~lques i,W b V (11 :9-18.
Bourdieu, Piem
1982 Ce queparler wut dire. L'icoonornie des échanges lingulstiques.Paris : Fayard.
Carani. Marie
1997 r La -tique visuelle est-elle une approche 'formallste' 7 r , Vlsb íi (3) : 105-
126.
Charbonnel. Nanlne
1991 L o ~ a w u g & . t I : L e s a w n h v e s d e l a ~ ~ , t I T : C ~ 6 e d
d'etre propre, t Iii :Le processus lnterprétatv. Presses Unlversitaires de
Strasboug, 2 vol.
üubois, Jean et al.
1973 D i c t l o ~ ~ ~de
I rünguistique.
e M s : Iarousse.
Édellne, Frands
1972 Conmbution de la rhétorique a la dmantique ghéraie 9, VS 3 : 69-78
Irepds dans Groupe p Züü3 : ll-27l.
Le rbbtorique daos le sbmioüque :Ir wmposante crbative du rysteme 55
1996 .
1992 Physique du sens. M s :Éditions du C.N.RS.
Les modeles morphodynamiques en percepUon visude S, Vblo 1 11) : 65-73.
Pmuelo Ywnms.JOSP.Maria
1988 i k l f ~ m aoia w e t a z m Madrid :T a m s .
Rosch,E.8r Loyd, B. l&l
1978 Cognüion and C ~ HlUsdale : Iaurence
~ Erlbann.
n
Sonesson, Gran
2004 r La rhétoriaue dn monde de la vie R . in Hénault & BeVaert l b 1 2004 : 83-
100.
Thom, René
1972 Stabilité structurelle et morphogenece. New York : Benjamin ; Pa .
Ediselence. 7
1988 .
Tumer. M.
Categories and Amlogies x, in Helman D.H. led.). Analogical Reasonlng.
Kiuwer Academle Publishera. 3-24.
VQh. Árpád
1979 L'histoire et les deux rtiétodques n. in Groupe p Idi1.1 1979 : 11-37.
Face a l'éloquence de I'image
Éléments pour une confrontation féeonde
entre rhétorique et sémioüque
1
,
quoi Frands kdeline, Jean-Marie Künkenberg et Phiiippe Minguet ont
amplement argumenté. Par conskquent. le projet de rhétorique générale
n'a pas été pewu dans sa complétude, et est souvent resté incomprls.
La presente contribution entend montrer comment assumer e t
développer aujourd'hui les apports du Traite a l'intelligence du
i sémioticlen. apports débouchant sur I'élaboratlon de nouveaux concepts.
Audela d'un niveau basique, consistant en une desulption scolaire des
grandeurs catégorielles mobilisées, l'enjeu consiste i s'intemoger sur les
résultats d'une interaction entre les dBérentes sémiotiques visuelles. en
termes d'échanges fmctueux, de prélévement et d'implantation. Ainsi,
quelles réflexions faut-il rnobiliser pour comprendre, sous un jour
noweau, les conditions de sens dans lesquelles nous nous mouvons ?
11 est sans doute utüe, a i'heure actuelle, de salsir d'un seul coup
d'ceil compréhensií certaines parties de l'ceuvre du Groupe p en les
confrontant avec certaines analyses empiriques et certains textes
théoriques récents, coliectifs ou individuels. Grgce cette approche
dynamique, le lecteur pourra mieux apprécier les mowements de va-et-
vient entre théorie et applications. et percevolr en meme temps les
approfondissements,les récursivités, les réorientations et les repentlrs
de l'école de Libge. On analysera les logiques de cette approcbe
spéciEque de facon a assigner. sur cette base. des objectifs raisonnables
i la recherche.
.
Groupe p souscrivent, de ce point de vue. a l'hypothese de Fontanier
seion qui la litote. qui affaiblít plus ou molns une proposition - mmme
d'ailleun Phyperbole, rnais l'inverse - l...] est un déplacement le long
1,
.
d'interrupiion et de changements de cette qualité. Souügnons la claire
répartition des fomemes4en position r, dimension et orientation i.
avec les axes sémantiques qui leur correspondent, comme 8 répulsion u,
a dominance et * equilibre v . Le groupe belge pose que chaque
formant - soit eidétique, soit chromatique, so1t textura1 - est
individueliement doté d'un capital d'énergie, qui équivaut a une capacité
a attirer le regard sur soi. Ce sont des rapports de réciprocité - les
posiiions, les dimensions et les orientations que les formes montrent les
unes par rapport aux autres -, qul amorcent le fonctiomement des
phénoménes de tmion. Si on peut douter que le gradient d'intensité
entre les deux extremes fort / faible est nécessairement déterminé par
des facteurs de distance et de proximit6 spatiales, nous ne pouvons pas
nier que a la tension s'annule quand la perception abolit I'individualíté
des formes (ce qui crée la texture) I...]et integre des faits isolés a des
faite d'un rang supérieur r (Groupe p 1992 : 222).Et " ces valeurs -
poursuivent les théoriciens - a ne sont áidemment pas arbitrairs m.
On retrouve ici de nombreuses consonances avec i'acception
organiciste du concept de fonction chez Benveniste (a L a polarité des
personnes, voili la condition fondamentale dans le langage, dont le
proces comrnunicatif de départ n'est qu'une conséquence tout a fait
pragmatique x, 1966 : 311 ) et surtout avec le schéma dimensionnel des
cas chez Hjelmslev (1935). Ces consonances nous permettent d'afhner
que les dynamlques hétérogenes d'arttculation des plans de suríace
sous-tendent toujours i'invariance des scénarii d'intersubjectivité,
valables principalement a u niveau énonciatif autant que pour les
transformations modales d'un destinatalre. 11 est également évident que
plusieurs occasions de renvoi a l'instance d'énonciation demeurent. Elles
se présentent sous forme oblique ou directe. c'est-a-dire exprimée par
allusion, ou actualisée en tant que secret ou plut6t élaborée de f a w
manifeste. Le tableau ci-contre montre la schématisation de la théorie
des cas proposée par Picciadi (1999) :
no - (m!sueri) w a h w no a~q~ssedm! '(mwu=tul) SRaadsarlu!
sea ao suep la - los ~ o d d e ledi 'p@~ a d s e uos snos 'aJua@qm
ap 'au31o[?.s uo.1 p no puafe uo.1 1s 'aqao1dde.s uo.1 ~suol]>aap
ap ~?~a[.red u0 'mamarwla s n ~ dq p al lnod '?aw3aiqo 1 ?nnlpafqns
el ap la '- laeiuoa-uou np no 1aey.103 np sapotn sal s m p JawaJRism
as ~ n a d~ n b'aauar?qpe,I $a 'amaw?wa no arnavnut wamanannalod
' = = ~ ~ ? q ua-1~
l~ m~surlaC~ 1anba1 suep auIsva?m - ,(?wnul no)
a;niaiayw q ap '- luamau&op.~ap p ~uanraqaarddernp s a p i xnap sal
m e -u a p m p q ap saqamered sal [a-sana3 ssup anph? ~ n b appour un
lasodwxnl~neja sanansw s a n b q o w sap sanbgsqd sapowm
Face a I'6loquence de I'inuge 65
Les f o d m e s sont des stmctures sémiotiques qul constlhient sans nul doute une
projection de nos shuctures perceptives, celles-ci Ctant a leur tour déteiminées par
nos organes et par leur exercice llequel est physiologiquement, mais aussi
culhueUement. détermine)(Groupe p 1992 : 21 11.
Autres réflexions
A la séparation souvent opérée entre le niveau plastique et le niveau
figuratif. le Groupe p répond en formulant la precieuse hypothése de
l'icono-plastique, qul implique la concomitante des deux langages dans
un énoncé donné : on qualifie d'icorwplastique la figure résultant de la
relation entre deux éléments d'un méme plan, mais ou la redondance est
obtenue s u r l'autre plan. Done, a u lieu de passer radicalement de
l'évaluation de la S logique seconde (Greimas 1987) a la lecture des
signifiants du monde naturel, le sémioticien est censé tenir compte des
niveaux d'homogéneité, des tensions. des degrés de liberté. des
passages, des demarcations, des irruptions. La continuité entre les d e w
langages s'impose, puisqiie * le véntable projet du peintre, ou du
dessinateur, ou du cinéaste n'est pas une adéquation au réel l...], mais
deja et toujours une sélection par rapport au percu n. (Groupe p 1992 :
21-24). 11 est des lors inutile de théoriser la rupture entre la production
des signes figuratifs. comme si c'était un a cimetiere d'objets a, et
l'abstraction, considérée comme une a pure création d'objets nouveaux a,
indépendants de la réseme de formes s w a n t e s avec IesqueUes nous
entrons en contact. La peinture figurative n'est pas tenue a la plus
grande fidélité possible, et la peinture abshite ne prend pas sa valeur
dans l'lmpératif de nier la premiere. L'artiste mime nécessairement la
rédté. qui est en elle-m&ne en mouvement. en état de flux -
un 6miiiement d'üots en archi~elssur le dksordre bruvant et mal WMU de la mer.
son&& aux bords découpeS battus par le ressac et en perp6tueUe úansfonnation.
-
usure, clivages ei débordements, emerger de raíionaiités swradisues. dont les iiens
miprcques>e sont faeiks ni évidrnts <&'res 1980 : 351
Aprks le Traité
Stimuler les recherches 6 venir : cet o b j e d orientera aussi notre
stratégie de sélection et de réévaluation de quelques ariicles du Groupe p.
Le plus connu est peut-6tre Tension et médiation. Analyse
S
Héritage
Au lecteur a présent de choisir, gxice aux indications foumies, que1
parcours suivre e t comment le mener jusqu'au bout. 11 pourra
s'interesser aux influences des proces perceptifs sur les phénomenes de
signification, ou se pencher sur les interactions entre perception et
production, pour élargir la gamme des typologies des manifestations du
monde. 11p o m aussi partir en quete des cc raisons profondes du plan
plastique, ou se diriger en ce point ou les spécificités de visée et de saisie
suscitent d'importantes divergentes interprétatives. 11 pourra encare
s'arreter s u r les ressources des combinaisons icono-plastiques, ou
explorer les syntaxes de création afin d'évaluer les styles selon des
stratégies différentes - misant sur la quaiité et / ou sur la quanüté et -
selon des cholx distincts - émergeant sous des formes potentielles.
actueiíes ou réalisées d'existence sémiotique. il pourra enfm accéder aux
diverses acceptions visuelles du systéme qu'est 1' encadrement ou
orienter son intérét sur le passage du nomen l'omen.
'arlomam el ap uouesmqom ap saamd q anb ?pjq ms a8wmnep ialwu! 'a~nop
. ( ~ ~uosqoyer
61 33) a u a . ~ zasss
? ~ lsa au+mowqd al 1 s uosqoyer ap aqpadsad
el hisalqq la anbn* aqua sw&mw sapnl? sas ma '(m: 9~611
nuquoa np sa~doloslsap a s m u l . ~E 'smoasrp ne %r+ua8omoq~gue.re3sed
~ u a m a sed ~ q 3sa.u u 0 rnmp q q g p saI aqua suo-m sal m s sapnla n p
.~
~ ~ F ~ M B Jsapiolos! sap anbusg4s aun ~ass;upap isa m ~ e f q o.sanbn?uoqd
m
ia s a n b p a r d 'sanbmuhs 'saau~~uoparsap uonenpwiiI.[ p nqa '(a sa!dolce!
i)
sap anb~~sm?lsi(s2 ~ 6 1ua ian6w SIODU~IJJ md nJuoa ')aload a1 asnea ua
larrm '19~611 a m np a n b w a q ~ ~uamamouauoJa1 : ardolw la a ~ d q w smp
.
ualq isa auqi e[ 'sinoasn, np anbnwd ~ w m a u u o n ~ unp
o ~anb1d.G aauaima* S
' ~ ~ 8
8 suqptm
8 q a? ~ sap nmw ne WI? 8bp 1sa.s u0
walqo sap a%qp sa* sal s~nbmal?^ E uo ug'(~~~ : 9661 1~188
a q q am lnad a q q ap auan al n a a a p m a p as ap sed anbsu au u0 'au31s ap
i n w un vlap PO slarqo sal PO 'anbRolmas EI ap ameinop 21 snep anb nquomap
L'6tR : 1661 UWBs)
' a q s iuannad san3 snoA 8 ua sa~uauermn!qua.&apiua~nadr IOW iua1866pmd
-. .
p b S-p~ w q .a@w sn@ un.p a@ aun.nb 1sa,u uo@nB aa m 'xnapyd
1s snld 1sa.u < rom anadde.l anb xneuea sap [anpmpu! w@uet q .auaamp
13adsn un puud vour al siop 'sauapa xnmrea sal suep psne mar 'sdaoa np suepap
a
-ne sam!s uonmnr0Jrrl.p xneum sal suep luamapas uou p a u m m ~~ s 1vdsa.11~
:u w 8 g bro%13 md ~ p q anbeol- p
alapour a1 s u o ~ ? j p i dsnou ' a p n l l n e a l l a 3 . a s s e d ne anb!jolm?s
e1 ~ u a m a n b ~ ~ e xwal1a-r
~ s o u rnb l a 'a~ne-:, apnjme axnoJ J m p x a W
mb ~ J O A'pahno>ap 3 1 ~ 0asp mad a p a n b p o g am?lsKs un,p s ? m o j ~ ~ d
salnom s a l suep 1auuajua.s .uolsnjj!p $a 'saIjpaj aaoaua suleala7
slp ria u
' og-8 : aae3gp ayUaaqJaJ ap a m m e i i w d un.p aquxaid
uogqum 4 snou mod lsa mb 'a ~ s a+-pl s a p +qfsor?u?Bq 3a1a
maüsable @ce zi no& capacité de rétentlon. a une nature valorielle. Ii n'est pas
suffisant d'afilrmer son mle dans la reconnaissance des pattems et dans la
deteniiinauon des habimdcs : U faut aussi comprcndre quelles modaütCs de
prtsentificatlon et quels fonctionnements de sena (réveils allcctíís. téaciio~ist
.
5 ~osenstlehlla definlt comme coheslon a. Le mathérnauclen convient que la
cr6dibilité. la stratkgie du faire-cmire. s'appule sur la capactt6 d'un sujet.
indMduel ou wllectif, de se donner une cohhnce. reeonnue comme telle par
rautre. Mais uuiwue mur iul il ne s'aglt vas d'ideniité. le conceut de cohesian,
pdf&6 a celui de Coheíence. lul sernble p l k approprié pour d& le p m b h ~ .
r Le svsteme est com& de uar!ies mues uar des intkñis tres dives, mais douées
#une-coh6sion de c o ~ u n l ~ t i s.o Cf.
n ~ a b b r&i Rosenstiehl 1985 :53.
6 Wradoxaimimt aucun des auteurs ne m a t e ni ne m ü o n n e les mmquables
travaux de Gombrich (1959 : 19631, quolqu'Us soient Id peronents.
7 L a noiion. avanc6e upar Wattenbach en 1866 et ensuite reprIse par Barthes,
cornprend en rn€metemps l'ordrc dans lequel la rnain extcute les diííérents
cara&&- qul composent une le* (ou un idéogramme) et le sens selon lequel
chaque caractire est &lisé. A une date plus récente, RasUer commenk : Gestes
et mowements. points nodaux et m o m i a mitiques. tempo du *me et phraaé
des contours m t t e n t de concwoir le kxte -me un cours d ' a c w sémiotiaue.
au-dela #une concaiénation de symboles. Le genre &e la conduite de &te
action. mais ce au'on wunoit a d e r le ductus uariicularise un énmdaiew. et
penuettrait de &ac&ser le &le skmaniique -par des rythmes et des tracés
pticuliers des contours de formes a Iwstlu2001 : 45).
Bateson, Gregory
1991 A Sacred Uniiy. huther Steps to m Ecology of Mind. New York : Harper
Colllns.
-&e. huile
1966 Roblemes de ünguisiique gknérale. Paria : Gallimard.
CaÍvano. José Luls
1991 9 Cesia : a System ofvisual Signs Cornplemenong Color r, Color Research and
Application 16 (4) :258268.
1996 8 Cesia : lis Relation to Colw Ln Tnms of the niilchromauc Theory n, Die
Farbe42 (1131 : 51-63.
Calabrese. Ornar & Cigank. EUsal~etla
1989 la signature du peintn s. in Pan de l'CEU 5 : 26-43.
1995 .
Édellne, Francis & Khkaibeg, Jean-Muie
Siyle et conununication vlsueUe. Un produit de tranaformations S, Protee
ZS/Z :29-36,
Fabbri. Paolo & Rcsenstiehl. Pierre
1983 e Jeux. mteraction. réseaux S, Actes sémhiiques - Bulleiin W/25 :47-53.
Fontanier. Pierre
1821 M a l dosslque pour 1'- des iropes in lespgures du dimurs. Parls :
Fhmmrlon. 1968.
F o n W e . Jaques
1995 SemiMque du visible. Des mondes de lumí&. Paris :P.U.F.
1999 R Modes du sensible et ayntaxe figurative #. Nouvearu Actes ~mioiiques
61/63.
1963 .
Goeel. Walter
Le pplncipe de pmnmité dans la pempüon vlsueUe *. Pour la &m.911 :
49-57.
Gwdman. Nelson
1968 Languages of Art. An Apprwh to a %y of Symbds. indianapoüs : Bobbs-
Merrill.
Greimas, Algirdas Jullen
1987 De i'lmperffftton Périgueux :Fanlac.
Gmupe P
1970 Rhétalque . &&a&.
. Paris : larousse ISeuil, = Pointa. 19821.
1876 Isotopic ct allotople: le foncüonnement rlietoriquc du iunc s. Versw 14.
1992 7toAP du siqnr uisucL Paris : Seiiil.
1994 i Tenslon et mediation. Analyse s6miotlque et rhétorique #une ceum de
R o W e, N o ~ a wActes
r Sémfoüqws 34/36 : 5-27.
Hjelmslw. Louis
1935 La catégorie des cas. &tude de gramrnalre generale 1. Aarhus :
UnNeraitetsforkeet.
1943 üfiilalngs p ~ & e n gnuulkqgelse.
s Copuiaghen : Ejnar Mwiks$*ard Itr.
fr. : Pro@mr;nes 6 une Wr>riediilangwr. Parls : Wniiil, 19711.
Jakobson, Roman
1973 Questlons depoetique. P d s :Seuil.
Janneilo. César
1984 Rindamentos de la Teoria de la Dehitación Universidad de Buenos Aires :
FAU.
Klce. Paul
1970 ünendüche Nahuge Sehfdite. .Basel: Benno Schwabe & Co [tr. it. 'iemln della
formn e deIlaj?gumzione.Storia notumle i@Ua Milan : Felhlneili, 19701.
Xlinkenbq. Jean-Marle
1996 Préds de Semioiique générale. Park ; De Boeck & larcier.
latwr. Bruno
1987 Sclence in Acfion :How to FoUou, Scientkts and Enolneers throwh Socieiu.
Face S+ I'éioquence de I'irnage 79
Moles. Abraham
1971 Art et Ordinateur. Toumai : Casteman.
1972 c Vers une théorie écologique de I'image r in Thibault-hulan. Anne-Marie
led.), Imoge et Communimtion Paris : Editions Universitairps. 49-73.
1976 .
Odin. Roeeru
Franqois Rastier
Deux problématiques
Depuis la stigmatisation platonicienne des Sophistes, depuis
qu'Aristote a réservé les énonces décidables [I la dialectique (devenue la
logique) et renvoyé les autres 2 la rhétorique, deux problématiques se
partagent l'histoire des idées linguistiques. Elles déíinissent deux
préconceptions du langage : c o m e moyen de représentation. ou de
communication. En breí, la premih déíbit le sens comme une relation
entre le sujet et l'objet, la seconde m m e une relation entre sujets.
S'appuyant sur toute la tradition logique et grammaticale. la premiere
privilégie le signe et la proposition et se pose donc les problemes de la
reféreuce et de la vérité, fussent-elles 5ctionndes. Rapportant les faits
de langage aux lois de la pensée rationneiie, eiie est centrée sur la
cognition. et le cognitivisme constitue son aboutissement wntemporain.
L'autre problématique. moins uniíiée. de isadition rhétorique ou
hermeneutique, prend pour objet les textes et les discours dans leur
pmduction et leur interprétation. On peut considérer qu'elle est centrée
sur la communication. Elle se pose les problemes de ses conditions
historiques et de ses effets individuels et sociaux. notamment sur le plan
artistique. Issue de la sophistique. et par ailleurs des herméneutiques
juridique, littéraire et religieuse. la problématique rhétorique /
herméneutique concoit le langage comme le lieu de la vie sociale et des
82 Franqois Rastier
Problémaüques
Logico-grammaticale Iuiétorique /
herméneutique
Relationfondamentale
Repréxntation Interprétation
objets
Langage Textes
Systeme roces
SigniRcation Sens
Spéculation Action
Métaphysique ethique
Ontologie Deontologie
Tableau 1. Les d e w r p r o b l é ~ u e s
L'écart e! le discourspédesrre
La théorie des figures et la grammaticalisation du grec ont
vraisemblablement eu partie liée. En particulier. les grammairiens
alexandrins ont eu a affronter la tache redoutahle de fixer une norme
écrite du grec pour établir les grands textes. en premier lieu le corpus
homérique. Ils rapporterent les écarts par rapport a cette norme soit a
des variations historiques ou diaiectales. soit a des usages figurés.
Pour Denys le Thrace, figure tutélaire de notre tradition gram-
maticale, la seconde partie de la grammaire est I'explication des tropes
poetiques. Mais il définissait la phrase comme une unité de prose.
L'énigmatique notion de prose ou sermo pedestris n'est ainsi jamais
définie positivement. A l'apothéose du discours pédestre répond
cependant le hannissement du discours ailé. La grammaticaüsation de la
rhétorique aura été un moyen de la mettre sous la dépendance de la
logique, puis d'en juger par les criteres positifs mais métaphysiques du
vrai. Le discours pédestre. devenu aujourd'hui e langage ordinaire n, jouit
d'une transparente dénotative et permet une représentation naturelle et
directe. L'écart se défmit par rappori a cet idéai.
La subordination au prétendu langage ordinaire semhle inévitable,
des lors que ron estime qu'il existe un état normal ou naturel du langage
et qu'on donne a la grammaire la tache de le décrire. En fait. I'etat
normal reste un pur artefact, qui résulte du caractere normatif de la
grarnmaire.
Les autews contemprains ont hérité la notion d'écart. Jean Cohen
fonda sur eile sa théorie du langage poétique ; le Gmupe p défmssait
.
ensuite la rhétorique comrne un 'ensemble d'écarts " (1970 : 45).
Si le degré zéro a remplacé la nature, 19mage demeure d'un
langage neutre, sans ornement, pure idéalité issue de la phllasophie du
e langage ordinaile n. Nous refuwns de dé- les tropes par la notion
d'écart, car nous considérons le langage pedestre comrne une création de
la tradition grammaticale. fondée sur une conceptlon denotative du
langage telle qu'il poumit dire le vrai. Hormis prédsément les exemples
de grammaire. comme Smates cWTLt ou The cat is on the mat. pemnne
n'a pu exhiber de texte en langage neutre, purement dénotatü. Tout texte
en effet releve d'un genre, e t par 1P d'un discours (juridique,
pédagcgique, etc.) qui r e t e par ses normes l'incidence de la pratlque
sociale ofi il prend place. Méme la violation des normes gmmmaticales,
telles qu'elles sont édictées par les linguistes, dépend des normes du
genre et du discours considéré.
Constitu€es par l'oubli origine1 de cet espace des normes, la
grammalre puis la linguistique négligent que les régles linguistiques
edifiées sur cet oubli partagent le statut des normes rhétoriques. Si l'on
convient que les langues sont des formations culturelles, les regles
llnguistiques et les régularités rhétorlques ne dtfferent que par leur degré
de prescriptivité, non par nature : elles tmuvent leur umité de nature
sinon de de@ dans i'espace des normes qui unit langue et parole (au
sens saussurien de ces termes).
Ontologie etfigures
Le souhait d'orthonymie, te1 que chaque mot indexerait sa chose,
hante notre tradition et parfois justifie i'existence des tropes par a la
disette des mots propres x : c'est par exemple ropinion de Cicéron, de
Vossius, de Rolb. de l'abbé Ducm : on retrouve aujourd'hui cette t h k
chez Lakoff et Johnson. Les mots ngurés deviement alors des mots
propres de remplacement et les tropes sont ainsi mis au service de
l'antique croyance que la langue est une nomenclature. Une fois établis
les mots propres, encore faut-il s'assurer de leur univoclté. Aind traverse
notre tradltion un grand rWe d'univocité que résume pour les Modernes
le fort principe de Sanctius : ünius uocis unim est sígn@aíio [un mot.
une et une seule signllicationl. 11 se heurte cependant a la multiplicité
des usages, et Dumarsais, dan8 une page cél6bre sur la catachrese, y
voit u n éloignement de la nature originelle et donc une source
d'irrégularités.
Rbbtotiqne et interprétation des figures 87
/'\:f
,,,-,,,....,,,, ,,,-.. ,,-,,, ..-...-...- "
Sémies-
occurrences
C0ntmt.e
.c) inhlbiiion 4-d4
Pm@m
Sur les c6tés ici et la s'étageant audessus / Du sol aplani les tables
[Tischel * (trad. Bollack et d.)'. Au cours de la controvase élevée pour
étabiir si la description de cette salle de banquet éiait une méiaphore du
monde dMn, Smndi a détaülé, en s'appuyant sur d'autres p&mes. a
quelles conditions l'on pouvait b e 'montagnes' dans cette occurrence de
Yables' [TischeJ (cf. 1982 : 16-19) : en fait, a partir d'une certaine date, il
n'y a plus de métaphore de cette sorte dans la poésie de Holderiin, pace
que le monde hurnain et le monde divin n'y sont plus séparés.
Enfin. comment identiner les relations métaphoriques longue
dlstance 7 Dans l'Herodias de Flaubert. nos hypotheses sur les
connexions métaphoriques entre la citadelle de Machsrous et la tete de
saint Jean, dont les descriptions sont séparées par toute l'étendue du
texte, n'ont pu ttre corroborées que par la lecture ultérieure des
brouiilons (6. 1992 a). L'acte herméneutique consistant a sélectionner
des passages p d & l e s doit bien entendu etre problématisé : ainsi, nous
avons dú rappmcher, dans la description du Temple de Jémsdem : r Le
soleil faisait resplendir ses murailles de marbre blanc 9 , et des
gouttelettes a son front semblaient une vapeur sur du marbre blanc B
dans la description de la danse de Salomé a la fin du conte. Un
interprétant se trowe dans les brodions, au P 403 : Hérodiade. arrétée
sur les rnains a la i h de sa danse, attend sa récompense, * un peu de
sueur sur ses tempes comme de la rosée sur un marbre blanc t. On note
la paronomase temple / tempes (cf. Rastler 1997a). Ainsi les deux
édiRces initiaux, la citadelle conique et sombre de Machaerous et le
temple cubique et éclatant de Jérusalem, correspondent-ils respec-
tivement au Précurseur et a Hérodiade.
Comme dans tout texte le global détermine le local, méme des
figures réputées simples comme l'antithtse dépendent a l'évidence de
classes sémantiques qui peuvent ttre idiolectales, ou tout simplement
rester implicites. La reconstmction de ces classes est dors nécessalre
pour identifier la figure. Par exemple, dans le syntagme rampante
m y s W qui pour Gracq décrlt le silence des villes flamandes, discemer
I'antithése suppose de recourir a la topique de l'ascension.
En outre, le genre instaure un contmt interpréiatif, si bien que les
régimes d'identification et de constniction des tropes different avec les
genres. Par exemple, dans les genres merveffleux,on ne trouve g u h de
métaphores : en elfet dans les mondes qu'ils construisent, tout devient
pour ainsi dire littérai. et par exemple, dans le conte mwefflew, des
bottes de sept lieues n'ont rien d'hyperbolique et permettent de franchir
Littéraiement cette respectable mais désuete distante.
Rhétorique et interprétation des figures 95
x
Luire et s'élancer -
lnhibition :
AcUvation :
-
prompt niuteau
-
lente étoile
Fondl -,-,-,-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.
formeslfond
Forme 1
ú- axe des ~ ~ r p h i s m e s
N.B. : C e t t e é t u d e e m p r u n t e l i b r e m e n t a d e s p u b l i c a t i o n s
antérieures, notamment Rastier 2001a.J'ai plaisir a remercier d e l e u s
observations plusieurs participants d u D e u i e m e congr6s intemational
d e rhétorique a Mexico.
Notes
1 Le premier intCresse les phrases. le second les énoncés. La linguistique n'etudierait
que les phrases lselon Sperber 1975 : 388). On retrowe chez Ducrot une diiícion
anaiogue entre wmposant Iing&tQue et mmposant rhéto-.
2 Par exemple Ce cerisier est un pommfer ne pcut supposer qu'une dissimilntion
d'univers ; le contre-exemple de Kleiber Ce prunier est un bnobnb montre
simplement que 'pnuiier' et 'baobab' n'appartiennent pas au meme t&me.
3 11 lui consacre le second lime de son traite. ou il pose clairement le pnncipe
rhétorique let hermeneuüquel de la détermination du local par le global : <Letout.
autant dans la composition physique que dans P d c i e u s e . est la part la plus
noble et. meme si sa perfection repose sur celle des parties, il ajoute a celle des
unes et des autres ceUe qui est essenoelle, leurharmonieuse union ,11983 : 1821.
4 Les vera cltés sont les vers 5 c i 8. La traduction de Jean Bollack et al. est donnée
dan8 Szondi 1991 : 190. Voici la premiere strophe du texte original :
r Fridensfeier. - Der húiimlischen. sUU wiederklingenden, / Der ruhigwandeln
TBne voll. / Und geltrftet ist des altgebaute. / Seeliggewahnte Saal : um @me
TeoDiche duftet / Die Freudenwolk' und weithinel-end stehn. / Gereifsteter
g i ; l i i ~ .vull tut<lgoldkdmlrr Kelche. / ~ohlanyrh;drriet.elnr prachtiqe Rehe. /
-
Zur Seitr dii und dari aufsi~~cend ,
iihcr dciii/ üei.liiietrti Hoden dlensciie. Dciin
ferne komrnend haben / Hieher. zur Abendstunde. / Sicti iiebende Gaste
beschieden 2 (Hólderlin 1943 :111 5331.
.
5 Dans l'orator, Ciceron propose une bipartition des ornements du disconrs en
tmnslatio et muiaflo : Comme d'étoiles. le discours est o m é de mots transpods ou
échangés. Par transposés, j'entends comme a I'ordinaire ceux qui par ressemblance
sont pris. pour I'agrément ou par besoln. d%ie autre ehose. Par éclianges, ceux
qui a la place du mot propre sont pris avec la meme signüicatlon d'une autre chose
qui suit par voie de mnséquence S (527).
6 Traite du Subltrne : XX. 1 : Le concours des figures vers un meme point met
S
Rhétorique et interprétation des figures
Char, R
1983 CEwres mmpletes. Parls :Gallimard.
Douay. F.
1988 tdlüon el notes du liuüé des bopes de hunarsais. Paris : Fkmmarim.
GI'adBn. B.
1647 Art etfigures de i'esprii Iiraductim. intmduction et notes B. Pele@].
Paris : Sed. 1983.
Gmpe P
1970 Rhüoriqueghhie. Fam : Larousse.
HOlderlin. F.
1943 SdmtUche Werke. Grosse StutbgaiterA~~~gabe. Stuttgart : F. Beissner.
Rastier, F.
.
1991 Sémanhque ei redwdws mgnüica. Paris : P.U.F.
1992a T h W q u e et généiique B. PdtIque 90 :205228.
1992b Réalisme semanaque el n W m e esthéüque D. lñéork. iiüémhue, Enseige
ment 10: 81-119.
1997a Shaiégies gbéuques et deshudion d a sowces -Cexemple dliércdias R In
le Caivez hic & Canova-Green. Marie-Claude Ods.1, W s 1 et fntertedefs).
Amsterdam. h t a : Rodmi. 193-218.
1998 h RhCtoilque e! ~nter~rttaiai. .
ou le Wroir et les Larmes In Rzllabriga. M.
(éd.1. Seinaiitkpe et rh&nr@rr Toulouse : Éditlons unhicrsimr?s du Sud. 33.
i S7
-. .
j ZüOO De la sémanaque cognitive a la @hantique dlachronique : les valeurs et
l'évolution des classes lexlcales in Jacques Francois (Cd.). The?ories
contempomtnes du chnngement shwdwe. buvain : Peetm. 135-164.
2001a A& et sclences du m.F'aris : P.U.F.
2Wlb Indeddable B. LoiiguefranFalse.111-124.
2005 Farcours de pmiuction et d'interprétation :pow une wnception d é e in
Ouaitara, A. (ed.), Parwurs &anc&4fs ei p w m .s- lWories ei
qPpUmt(bns Pail8 : OphryS.
Iüweur. P.
1975 L a métophore ufw. Parls : Seuil.
Szondl. P.
1982 e l e s ei-s de la modemifé. iüie : P.U.L.
La rhétorique de la perception
Recherche de mbthode
G6ran Sonesson
-
dans les travaux de Tardy, Lindekens. Krampen et Espe. Dans ce cas, on
construit un texte d c i e l qui doit eusuite etre évalué par rapport au
systeme ou complété par un texte créé par le sujet expérimental.
En discutant allleurs les méthodes de la sémiotique des images (cf.
Sonesson 1992~1,j'ai été amené a faire une part spéciale a l'analyse
classiflcatoire, représentée surtout par le Groupe p : elle combine le
caractere de combinatoire conceptuelle que I'on trouve dans l'analyse du
systeme, avec le choix d'un exemple concret pour chaque combinaison
des propriétés, tiré d'une analyse élémentaire des textes. En construi-
sant un nombre sufflsant de tableaux combinatoires, on pourrait en
principe aniver ifaire une anaiyse exhaustive d'une seule image, c'est a
dire une analyse de texte, mais cela semble en réalité tout a fait
utopique, vu la quantité des tableaux qu'il faudrait construire.
Toutes ces méthodes constituent différentes interventions dans le
cercle herméneutique qui va du systeme au texte et de retour, des
principes généraux aux occumnces et vice-vena. Le Groupe p rejette
eutierement l'anaiyse de texte : en effet, il soutient que cette analyse ne
prouve rien et qu'elie reste prise dans le particulier. Or, il faut admettre
qu'elle possede une valeur heuristique, puisqu'elle exige l'exhaustlvité
des textes; c'est-a-dire qu'elle reclame que les procédés analytiques
épuisent les objets étudiés. C'est la raison pour laquelle elle constitue
une épreuve pour les résultats recueillis ailleurs. L'anaiyse classifi-
catoire, ainsi que i'anaiyse du systeme, ne demande que l'exhaustivité
du systtme, c'est-a-dire que soient épuisées toutes les possibilités
contenues dans la combinatoire.
Mais, pour cette meme raison, un modele particuller relevant de ce
genre d'analyse peut &re critiqué s'il est intrinséquement incapable
d'épuiser le systeme. Ceci peut ttre le cas, par exemple, si i'on observe
des cas intermédiaires entre les catégories definies par les termes
descriptifs (dans le cas présent, entre absence et présence, disjonction et
conjonction) : si l'on se rend compte de diffhnces intéressantes (d'apres
i'intuition de l'utilisateur) entre des objets correspondant aux memes
prédicats descriptiís, ou s'il y a des cas qui n'entrent ndie part dans les
systemes des oppositions. Autrement dit. ou bien le systsme a des
lacunes. ou bien les cases du systeme sont appelées a contenir des
choses trop différentes. ou bien encare des objets perünents restent e3
l'extérieur du systéme. En formulant ce dernier genre de critique, il faut
évidemment tenir compte du domaine du modele, qui, dans la
sémiotique visuelle de Jean-Marie Floch ou de Fernande Salnt-Marün,
correspond toutes les images. mais, dans le modele du Groupe p.
seulement a la sous-catégorie des images étant en écart par rapport a la
no&.
La rhétorique visuelle du Groupe p (1992) constitue une anaiyse
essentielkment stmcturaiste. dans le bon sens du terme : un systeme
esultant des termes binaires misés. Fondamentalement, U s'agit d'une
classification croisee distinguant les figures conjointes des figures
disjointes et en les séparant en figures in praesentia et figures in
absentia Dans cette conception, une figure est in absentia conjointe
(tropel si les deux unités impliquées occupent le méme endroit dans
l'énoncé, l'une remplacant totalement l'autre. Elle est in praesentia
mnjointe (interpenetration)dans la mesure ou les unités apparaissent au
méme endroit, avec seulement une substitution partielle de l'une par
Pautre. 11y aura une figure qui est inpmesentia disjointe (couplage)si les
deux entltés occupent différents endroits, sans aucune substitution.
Finalement, la figure sera in abseníia disjointe (trope projeté) quand une
unité seulement est manifestée, alors que I'autre reste exténeure a
I'énoncée.
Alors queje suis le premier a admirer l'éJ€gance de cette analyse, je
crois que la symétrie sur laquelle eUe repose est fausse et en ñn de
compte peu éclairante (Sonesson 1996a, b). Cornme n'importe que1 autre
mod.51es celui-ci peut étre mis en cause de plusieurs manieres : parce
que les termes desaiptifs ne sont pas adéquats pour opposer les objets
analy&s : parce que certains objets. c'est-a-& les m e s qui, I un
niveau pré-théorique. semblent étre dwerentes de m a n i h intéressante,
ne sont pas distinguées par le modele : ou parce quil y a d'autxes objets,
dans ce cas-ci des images, qui n'enkent natureuement dans aucune des
catégories foumies par le mcdae. Toutes ces observations s'appliquent
au modele du Groupe p.
J e retiendrai ici deux points critiques qui permettent d'avancer :
primo. lea prédicats descnptiís n'expliquent den et ne sont compréhen-
sibles qu'h partir des exemples, simplement parce que le monde de la
perception recele tout genre de cas interm-es entre les conjonctions
et les disJonctions : secundo, la distinction entre éléments présents et
éléments absents n'est pas recevable. parce que, sanf dans queiques cas
marginaux, toute rhétorique suppose I la fois une absence et une
présence.
L
' (( objet indépendant » au sein du monde de la vie
Pour concevoir une rhétorique du visuel, il faut donc partir du
monde de la vie, cette premiere couche de réalité qui. pour le sujet de la
perception, * va de soi a. Dans ce monde, il y a des objets (ou, comme le
dit Gibson. e des substances S] qui sont plus ou moins indépendants,
mais qui entretiennent des rapports d'intégration plus ou moins forts,
allant de la simple coexistente a la relation entre le tout et ses parties -
en d'autres termes, de la contiguité a la factoralité. Une premiére
rhétorique consiste en u n bouleversement de ces rapports, qui est
.
semblable a la magie telle que la concoit Gibson. Nous nous attendons
donc a retrouver dans les images les objets indépendants » du monde
de la vie, ni dissous dans des entités plus larges, ni divisés dans des
objets plus petits. Si le degré d'enchevetrement des choses est modifié, il
y a rupture de normes et donc rhétorique.
Pour faire face d'abord a une certaine idée erronée de I'iconicité, j'ai
proposé, dans Pictorial concepts (Sonesson 1989a). une écologie
sémiotique, qui s'inspire a la fois de la phénoménologie de Husserl, et de
la psychologie de la perception de Gibson. Dans ce cadre, j'ai analysé
certains phénomenes. plutot semblables, et parfois identiques, a ceux
que le Groupe p appeUe des figures rhétoriques de la visualité. Pour ce
faire, je suis parti de la notion d'indexicalité, entendue comme quelque
chose de plus vaste que le signe portant ce nom, a savoir les liaisons de
contiguité et de factoralité (les relations des parties a u tout) qui
caractérisent les significations percues.
Plus tard, j'ai été amené a approfondir I'étude de I'iconicité et de
I'indexicalité, en les détachant de la notion de signe (6.Sonesson 1994a,
1995b. 1997b. 1998a. b, 1999b, 2000a, 2001a. c. d). En effet, d'un point
de vue peircien, I'indexicalité est simplement cette propriété qui
transforme quelque chose qui est déja un signe en un index. Cependant,
par un léger décalage de I'emphase, qui a au moins une certaine
justification dans I'aeuvre de Peirce, I'indexicalité pourrait etre concue
comme une propriété qui, une fois qu'elie s'ajoute a la fonction de signe,
non seulement crée un index mais en outre peut avoir d'autres fonctions
dans la constitution de la signification (Cf. Sonesson 1995b : 1998a). Si
l'on considere l'indexicalité ou l'iconicité indépendamment de la relation
114 Giiran Sonesson
social définissant ce role, ce qui en fait une partie d'une totalité [une
factoralité). Mais si la relation d'une propriété a la totalité dont elle fait
parüe est indexicale, alors il est raísonnable de penser que l'indexicalité
expliquera également la relation entre un objet et la classe dont il est
membre. De tels exemples ne sont apparemment pas parmi ceux
mentionnés par Peirce, mais ils ont souvent été cités par des sémioti-
ciens posténeurs : ainsi, par exemple, si un bretzel peut fonctionner
comme index d'une boulangerie, c'est parce qu'il est membre de la classe
des produits vendus dans la boulangene. Une classe n'est certainement
pas un objet singulier, mais elle peut etre considérée comme une
collection d'objets. Souvent, cependant, une telle classe est elle-méme
détenninée par des propriétés abstraites. Céchanülion que nous montre
un couturier, par exemple, est le signe d'une classe de tissus ayant la
meme quaüté d'étoffe et le meme dessin, mais non la méme forme ou la
meme taille. Certains échantillons, par exemple les échantillons de
couleur, peuvent meme étre les index de propriétés abstraites (Sonesson
1989a : 43 gr 137 ; 19891, : 60 ; 1998b).
La méréologie, qui est la science du tout et de ses parties, s'inspire
des tout premiers travaux d'Edmund Husserl, notamment de la troi-
sieme étude contenue dans le denxiéme lime du Logische Untersuchun-
gen [Husserl 1913 : 11 225-293). Elle doit toutefois son nom au logicien
Lesniewski qui en a donné la fonnulation logique (cf. Smith 1994 ;
1995 : Stjernfelt 20001. J e ne suivrai ici ni Lesniewski ni Smith dans
leurs efforts pour détesminer les axiomes nécessaires a une théorie
méréologique complete, et pour l'opposer 5 la théorie des ensembles.
Néanmoins, l a méréologie m'intéresse précisément parce que,
contrairement a la théorie des ensembles [employée par le Groupe p,
surtout dans ses premiers travaux), elle correspond a 1' a ontologie
populaire r, c'est-a-dire a l'écologie sémiotique : nous vivons le monde en
teme de parties et de totaütés plutot qu'en t e m e d'ensembles.
Qui plus est, je retiendrai la premiere lecon de l'étude de Husserl,
consistant a insister, non pas sur la maniere dont le tout émerge de
l'addition de ses différents morceaux ou, parallélement, sur la facon dont
la partie est dérivée par division de la totalité, mais plutot sur les
relaüons de dépendance mutuelle ou unilatérale [dont la contreparüe est
l'autonomie) qui existent entre les pariies et la totalité qu'elles consti-
tuent ensemble. Dans ce sens, le modele méréologique n'est pas
équivalent, dans le domaine linguistique, a une grammaire des
strnctures consütutives, du genre de celle envisagée par Chomsky, mais
a une grammaire de dépendance, telle qu'elle est concue par Tesniére,
116 Goran Sonesson
.
objás temporels, respmtivement (tout en admettant toujours le terme
S objets sans quallfication, comme I'équivalent des objets spatiaux). Je
prendrai donc ceci pour I'opposition de base de I'écologie sénnotique :
d~ &&¿S q& se dauvent &de essendeBe1 &S Pespace e t
des objets qui se t~ouvent(d'une maniere essentielle) dans le temps.
Quant aux propriétes des choses (et des événements, q u e j e ne
discuterai pas plus ici), je pense qu'il conviendrait de les dériver
méréologiquement, c'est-a-&, en tant quepaMes du tout que wnstitue
I'objet. Comme fe l'ai soutenu ailleurs (Sonesson 1989a ; UX)lc), il y a
trois m a n i h s principales de diviser un objet : dans ses parties, au sens
.
étroit du terme (* la téte 8 . « la jambe drolte B, etc., dans le cas &un corps
humain), dans ses propriétés (e mascuíin n, .; f&minín etc.), et dans les
perspedtves &partirdesquelles fl peut Stre p e w .
Pour essayer de cerner la notion d'objet indépendant dans I'espace.
nous pouvons peut-Ctre tirer un certain secours de la psychologie
cognitive". Dans ma critique du structuralisme (Sonesson 1989a),j'ai
largement uttllsé le concept de prototype formulé par Eleanor Rosch
pour prouver que le monde, au moins te1 que nous le percevons, est
fortement organisé et seulement susceptible CStre réorganisé a un
niveau secondaire, et donc rhétorique m. Cependant, comme je le
précisais k i ce moment-la (Sonasson 1989%1.3.2 & ll1.5.1), Rosch étudle
seulement ce que j'ai appelé alors les hiérarchles intensiomelles,
laissant du cdté les hiérarchies extensiounelles, qui sont précisément
celles qui nous concement dans le contexte actuel. En d'autres mots,
elle étudie les hiémchies du genre homme - mammüere - vertébré a.
tandis qu'elle néglige celles du genre S homme - bras - main e". En fait,
Rosch & al. (1976)ne font aucune distinction entre ces deux types de
118 Gtiran Sonesson
hiérarchies. mais dans une note (3881,ils font remarquer qu'ils ont
éliminé de leurs études toutes les catégories contenant un rapport de la
partie au tout. Toutefois ils ne justifient jamais ce choix.
En accord avec une disünciion de la logique traditionnelle, je sépare
donc les hiérarchies extensionneües, ou les sous-catégories occupent de
moins en moins d'espace, et les hiérarchies intensionnelles. ou l'exten-
sion reste constante. 11 est vrai que tous les niveaux et tous les éléments
dans le premler type de hiérarchie, a la différence de ceux dans le second
type, N ont une existence concrete R (Rosch & al. 1976 : 345). En fait,
quand nous descendons plus bas dans la hiérarchie, l'extension occupée
par les kléments devient continuellement plus petite dans la premiere
hiérarchie, mais il n'y a aucun changement dans le deuxieme type. Par
exemple, la vieille sorciere, la vieille femme, la femme, et l'etre humain
remplissent l'espace a un degré égal, tandis que lorsque nous appliquons
le schéma corporel a un corps humain, chaque palier de la hiérarchie
correspond a une plus petite partie de l'espace. Selon un exemple
classique, le meme événement peut etre décrit c o m e l'acte de plier son
doigt, de serrer un morceau de métal, de faire jouer le déclic d'un
ressort, de presser le détente d'un pistolet, de faire feu. de tirer sur un
homme, de tuer un homme, de commettre un meurtre, et de sauver
quatre vies. Ceci suggere que le meme événement (ou, dans d'autres cas,
le méme ohjet),tout en conünuant i Etre ihématique, peut Etre redécnt a
un niveau intensionnel difíérent, tant qu'il est intégré dans un contexte
plus large.
Ainsi. quand nous descendons Péchelle intensionnelle, nous devons
tenir compte d'une extension plus large, exactement comme quand nous
montons la hiérarchie extensionnelle. mais le th@mede la catégorie, ce
qui doit etre caractérisé. reste tout le temps le meme. guand une jeune
fille est peinte dans le contexte plus large contenant une épée. un
chargeur avec la tete d'un homme décapité et une bonne, elle peut etre
décrite &un autre niveau intensionnel c o m e étant c Judith 8 : mais si la
meme fille est présentée dans le contexte d'un chargeur avec une tete
d'un homme décapité et, de plus, un vieux couple qui peut eire identifié
.
comme ses parents, elle devrait correctement etre décrite comme
correspondant a Salomé s.
On peut donc se demander sil existe également un niueau de base
dans la hiérarchie extensionnelle, comme Ya démontré Rosch dans le cas
de la hiérarchie intensionnelle. Intuitivement il semble, de facon
beaucoup plus widente que dans l'équivalent intensionnel. qu'il existe
un niveau privilegié dans une hiérarchie extensionnelle : le corps parait
La rhétorique de la pereeption 119
avoir la priorité devant les bras aussi bien que devant le couple et le
groupe. Cependant, les caractéristiques du niveau privilégié sont peut-
etre diñérentes dans le cas de la hiérarchie extensiormeile : les catégories
superordonnées peuvent avoir moins d'attributs en commun (par
exemple, r le groupe a) que les catégories de niveau de base (par exemple,
u le corps B]. Tandis que les catégones subordonnées (par exemple, a le
bras D) semblent posseder beaucoup d'attributs que i'on ne retrouve pas
au niveau de base, des formes ramenées a une moyenne ainsi comme
des figures cachees dans un bruit visuel peuvent étre identifiées plus
facilement au niveau de base qu'aux niveaux superordonnés.
11 pourrait étre intéressant de répéter certaines des expériences de
Rosch dans le cas des hiérarchies extensionnelles. 11 semble probable
qu'aussi dans ce cas-ci les objets de niveau de base sont plus rapide-
ment classés dans les catégories que des objets a n'importe que1 autre
niveau. Mais peut-étre que des criteres tout a fait diñérents doivent étre
employés pour déterminer le niveau de base d'une hiérarchie
extensionnelle : les facteurs gestaltistes du destin commun dans le
mouvement, la femeture parfaite, etc. C'est d'aiiieurs une variante de ce
premier critere que l'on trouve chez Gibson. Ici nous supposerons qu'un
niveau de base extensionnel peut étre isolé. Ce niveau de base
correspondrait alors aux u substances n ou aux x objets indépendants n
selon Gibson.
Deja chez Husserl nous trouvons une distinction entre la totalité et
I'agrégat. Mais il faut sans doute postuler des catégones intermédiaires :
admettons que deux objets pequs ensemble ne forment méme pas un
agrégat. 11 est nécessaire de distinguer le cas de l'essaim (fig. 11, le cas
du Colisée prenant la place du seau a glace dans un ensemble d'objets
allant habituellement ensemble et le cas du réverbere avec quelques
pieces de linge, qui ne forment une totalité que paree qu'ils sont
présentés d'un certain point de vue dans une photographie (fig. 2). 11
s'agit sans doute de différents degrés de dépendance, mais le systéme
minimal de Husserl ou de Hjelrnslev. qui ne fait la distinction qu'entre la
dépendance, unilatérale ou bilatérale, et I'absence de dépendance, ne
saurait etre suffisant pour en rendre compte. 11 faut aller de l'envirome-
ment (du contexte) qui reléve toujours sans équivoque de la contiguité.
par i'intermédiaire des ensembles tels que le seau a glace avec ses
glacons et s a bouteille, a une constellation accidentelle comme le
réverbere et les lignes, et, au-dela, aux totalités agrégées du niveau
supéneur comme l'essaim.
lamasqo qnad uo.1 no sqarqo sap alqmasua.1 no allas e1 : ?z~w~o?mJ
q ap 'soj qlaa ' a q w q p $ea p b 'sm aqne un qonyd Issne qnej 11
.axld mal ?
q u a n b m p b sasoqa ap an%n m s e assep aun Q ~ m q d auop aqnsqns
as u~em-snosi q .aaep el m s aaeldap as 1nb anbuoalanb alnaqan
un no 'al??-qnad lnaqqad u n .$uelsuoa alsal lnb quamauuoqnua.1
pa.3 anb &dns iro.lrs 'wreur-onos np aysld q Q anbuem !nb aa a q ap
anaggp Jaga ua Isa 11 : aqmq sm un,p a3ej ua !a! annoq as uo 'a* m
v ."qpm ?pap a n b m q ~ n o dm q q n d q suep IIM ~ w n o du01
anb 'x!owed aun suep qmu-anos un 'alduxaxa md : uaw al sed Pa.u
mb quamuuomua un suep q m m m d d e pFqo un.p sm sap q w m p e j
amar) uo ' a q a w u 3 .saldmaxa sap m n a q nd sed ye.u a[ -m 'esran
a3cz no 'luamauuomua un e ?aCqo un IanJsqns ap ?qgq!ssod e1 lssne
qlo5uoa u 0 . z a n b q a ~ap uawa ne voddar md o s s m ~ . ap smpayu
s m B smp u a w al afduiaxa red a m o 3 'af~o8aleaam3m e[ ap plqo q n e
un a w s q n s aq? qnad apo&qm aun p de ptqo un : salq!ssod
la! ~ u o anb@olo+cgm
s 3 ara9 quede suo!sWpqns smapnld
a i ~ e r e ne
' , , u ~ g s q n saun 'qom sa9ne.p ua 'anpuane aq&uor,
aun.p aauasqe.1 aane aaugqmoa anpuaqxeq ?qpZ~uoaaun.p aauasa~d
el Juaanos s n ~ dannolq uo 'meqxnod '?l!n$[quoa el ap se3 al suep
amam .aqIon aun s m p anu aIm anbssep q no ' a n h auleya aun.p
u@ ap a p l n o q aun,p aq~ae - ~ e dauuarnoa aun,nb spueq psne sea
sap md a a s m l v a pqmo(po no) anpuqqw a~pFQuoaaun.p a3uawd
el 'laga ug .?q!a!~qnd el s m p luamtuqou 'unmmoa s?q lsa aslanu!
sea a[ aqxrenal u 3 mpuafew,p asotp anb~anbap aauasa~dir1 Issne
sed asoddns au p b (uojssa~ddns no) anpuqe g m u a am.p a3uasqe.p
sa~dmaxasap mAno1) nd sed p.u ay .alqmaeua JalIe iuauIal!essaa)u
sed lualqmas au aauasqw la aauasyd 'snssap-13 ltp suone
snou anb aa ?Spw 'no 'a)mmuoa 81 ap sea a1 red suo5uammo3
.FUI anb
ua!q l u q qdurai ap @laresa.[ anb 'qmeredne salrej suo~e.qprsuo3sap
w d .e sasm sap J ~ ~ uaJ 'ti Uadno~s al aunuoa w a n w w al -m,aCqo,p
dtueqa un.p anpsneqxa uopdl~asapaun a q g qoanod ap qnejap y
q p o lnlosqv
~ D .p w m ~ l l q n d sa3eu11.p au* aun a~noqxa 'dmqana
ap q s q t la S ' @ ~ . o ' ~
. x 'apiaa&suq
'q uon zaul ap s a w m u n a
sanbpnb 'saqne aqua 'laanore l n q g ~anbne'dlarese~ap a asnaaqa
q qa 'psnyoH ap u an$en q B <aqq@qqap N ap~[ang,psapeuamoq
s q la IO!A q S ' q a o p p e ~au!el!dea al 'a~anajeyaaun 'pamom
a1 ~ n o d'puardmo3 neadnoq al ~ u o p'suqnom sou e auop suouanaa
aw e1 ap apoom al soep ano3 al la agittd ti?
La rhktorique de la perception 121
peut étre substituée & l'une des couleurs que l'on trouve dans la nature,
dans certaines bandes dessinées, ainsi que dans les statues des dieux
hindous (exemples tirés du Groupe p 1992). Pour illustrer la
substitution des perspectiues. nous avons la perspective inversée de
l'icone russe (selon Ouspenskij) et les perspectives déformées de
R e u t e W et Escher (6.Sonesson 1989a : 111.3.4).
Dans tous ces cas, le rapport de factorallié est dominé par la pariie
qui se détache de la totaiité, mais on peut aussi envisager le cas inverse.
ou c'est la totaüté qui prekiornine en absorbmt les parties. L a chafetik
repré8ente ici le cas le plus simple, ou plusieurs totaiités sont fondues
dans une unité ; mais le cas limite est peut-étre plutot celui ou une
totalite est entierement présente. alors que i'autre est seulement
représentée par un détail camctéristique [La capsule d'une bouteille de
jus ajoutée a une orange). Dans les tableaux d'Arcimboldo la totalité est
une seule n substance a, une tete, aiors que les parties correspondent a
toute une collection d'objets d'un méme genre, dont chacun est une
totalité en sol-mhe.
En eñet. la grllle envisagée d-dessus ne permet pas d'anaiyser toute
une foule d'exemples. ou la substitution ne conceme pas des parties
bien délimitées mais oii 11 y a au contraire des interrelations plus
complexes entre plusleurs objets indépendants n considé& comme des
totahtés. Ce sont les cas ou La totaüté prédomine sur les @es. On peut
nous p-ter une t o W d laqueile s'qloute la partie &une m&?. C'est
donc la relation de la premlere btaüté a (la p d e de) l'autre qui est en
écart par rapport a La norme. C'est le cas dime publidté montrant une
orange avec la capsule d'une bouteüle de jus, mais égaiement celui
d' Absolut Rome " oii le guidon d'une mobylette prend la forme
caractérlstlque du bouchon d'une bouteilie d' * Absolut Vodka r (ñg. 3).
Un pas de plus, et nous rencontrons dauc tofaiüks fondues dans une
seuie, comme c'est le cas avec la chafetike. le Vio1 de Magritte et une
pubiicité ou i'on voit la bouteilie de Baiiantine's en tant que serpent ou
ampoule. Ici encare. i'écart a la norme existe dans le rapport de la
premiere totaiité a i'autre. Toujours de ce m@mepoint de vue, la
substitutlon peut se combiner avec pemiutntion quand les parties d'une
totalitk ont été redlshibuées de manit?re a former une autre totalité,
comme par exemple un pot de confiture creé par des tranches d'orange,
et un oignon ro118tltuéde jambes et de mains.
Dans d'autres cas. il faut prévoir toute une série de relations entre
plusieurs totalités. D'abord un grand nombre de totalités peuvent etre
organisées de maniere former une antre totaiité. c'est-a-dire des o@ek
indkpendants pouvant occuper la place des parties &un autre objet
124 Coran Sonesson
Conclusions
Le modele rhétorique a quatre dimensions, dont nous avons
commencé par prédire la nécessité, reste donc encore en chantier. Ceci
est notamment vrai de la premiere dimension, qui est parüculierement
difficlie a concevoir puisqu'elle conceme le monde de la vie dont elle
bouleverse l'organisation, ainsi que le font. selon Gibson, les tours de
passe-passe. 11 est néanmoins possible de tirer quelques conclusions
provisoires.
Contrairement a ce qui se passe dans les images f o n c t i o ~ a n selon
t
le régime de la factoralité. la contiguité produit souvent u n effet
rhétorique. bien que relativement faible (sauf quand il se combine avec
une opposition relevant de la deuxiéme dimension), par la simple
présence des éléments inattendus, sans requéris une absence spécifique.
La simple absence est beaucoup plus diiñcile a coneevoir. Et quand nous
passons a u domaine de la factoralité, 11 faut normalement a la fois
l'absence d'un élément attendu et l'absence d'un élément inattendu pour
produire un effet rhétorique. Cette conclusion concerne donc la
structure du signe rhétorique.
De ce point de vue, une autre question reste en suspens : il semble
parfois que ce soit la relation entre deux objets, et non pas I'absence ou
la présence de l'un ou de l'autre qui est a l'origine de l'effet rhétorique. 11
faut donc étudier la différenceentre les cas ou un objet est inattendu et
celui ou c'est plut6t la relation entre les objets qui est inattendue. Et il
faut analyser les différents genres de totalité. Les deux problemes ne
manquent pas de rapports. En fait. je me suis rendu compte de la
différence entre l'objet attendu et la relation inattendue en analysant la
contiguité. Mais, en fin de compte, il semble assez clair que la plupart
des cas de factoralité concement des relations inattendues.
Effectivement, le deuxieme probléme que j'ai abordé sans compléte-
ment le résoudre conceme la siructure du monde de la vie, notamment
la maniére dont il est organisé sous forme d'objets indépendants aux
différents niveaux d'abstraction. Nous avons v u que la rhétorique
126 Goran Sonesson
Notes
1 D'autre part, je mets sans doute beaucoup plus i'accent sur I'existence sociaie des
..
etres humains, et ie Ense aue la tradition ~hénoménoloelaueest essentieilement
v .
est tout d'abord régi par une semiotique de comblnlson Icf. Sonesson 1997a.
199&1. Nous ailons ienorer cette observation dans I'article actuel.
6 Ces distinctions sont censées s'appliquer aux fiures purement picturales lou
iconiques 4 et pwement plastiques : en revanche. le cas des figures pictum-
plastiques est different. L'espace nous manque pour discuter ces distinctions ici.
7 Et encore dans le texte de Klinkenberg ici-meme.
8 Comme nous I'avons montré ailleurs, la singularité ne peut donc pas cUe un
critere pour definir I'indexicalité. cantrairement 3. ce que soutient Peirce (cf.
Sonesson 1995b. 1998a).
9 Je ne discuterai pas ici I'ontologie pseudo-aristotélicienne proposée par Smith
(1995. 1997, 1999, .3 paraitre) qui met les propriétes p m l les z accidents
(opposes aux * substances R qui comprennent aussi les événementsl : ou qui.
alternativement. oppose les continuants i aux 8 occurrents r , ce qui a pour
désavantage de supposer qu'il n'y a pas de continulté dans I'espace. Cf. Sonesson
1988. 2001~.plus proche de Strawson et de Ricceur.
10 11 e&te une kadition extensive dans la psychologie cogniiive occupée a étudier les
interrelations entre les concepts, dont Palmer. mentiomé par Eco et par le
Groupe p. est l'un des représentants [cf. Sonesson 1989a et. surtout. 1989b1. Ce
qui m'imprte ici, cependant, comme deja dans Sonesson 1989a. c'est de suivre la
théoiie des protomes formuih par Rosch qul est plus pmche de la perception et
de la R p& m-e au sens de IM-Wauss.
.
11 11 s'agit bien des modes R et 2 respüvement. du Groupe p 11970 : 97 : 1977 :
90). meme si la maniere dont le premier mode est présent6 pr€te B wnfuskm : on
w s e de I'arbre B m ~ k ou.a chéne. ou B saule. etc. au iieu de descaidre ou de
k m n t e r I'écheiie 'coneeptuelle B partir de l'une de ces instame.
12 En Wté. ce n'est Das la m c e de te1 ou M obiet oue cause l'eüet rh.5torioue.
?mi8la w-pr&ena'des de.u o b ~ t sc'eat-a-dlre
. L ielaion.
13 A v i a i h.la tete eat plutdt deplacée : nous avuns aüairc 6 une pemulation.
Bibliographie
Glbson. James
1978 .
1966 The Senses Considered as Perceptual9,siems. Bosion : Houghton MLttUn Co.
n i e emlogical a p w to visual p=rcepüon 01pictures *. Leonardo 4-2 :
227-235.
1980 a A prefainry easay on the percepiion of suríacea versus the percepiion of
marMngs on a suitace * in Hagen, Margarei (éd.), nie Perceptlon qfPlcb.ues,
u o U U n e 1 : A ~ sWlndow. NewYork: Academlc Press.xi-m.
1982 R e u s ajw retillsrn Hillsdale, New Jersey : iawrence Eiarlbaum ASS.
Grelmas, A J.
1970 Dusms.Palia: S e d
Gmupev
1970 RMtaiquegénérale.F'aris :Lamuese.
1976 4 La M e ü h est sur la table s. Communfmoonet iangqe 29 : -9.
1977 Rhetorique de lapoéste. BnoLelles : Cmnpiexe.
1978 i Douce briba pow déconff en 40 MM signes S, Reuue d'esWfiqw 9-4 : 11-
41.
1979 lconique et plastique : sur un fondement de la rhétorique visuelle a, R e m e
d'esthéüque 1-2 :173-192.
1980 Plan d%le rhétoriquc de LYmage n. Kodilcas / CDde 3 : 249-2436.
1985 i. Stmciure et rhétoiique du signe imnique in Parret, H. 8 Rupreeht H-G.
(ed8.1, IMgewzs etperspdiwz de la shiaüque. R& d'h0mfmgespourA.J.
cretmas.Amstadam : Eienjamins. vol. 1 :449-462.
1988 a Fundamentos de una Rtórica visual s. Inoes~adonessemióUms IU ML 1 :
39-57.
1992 Tmitédusigne ViSueL Pow une rh&or@ue de I'lm~ge.Paris : Seufl.
Guiwltsch. Amn
1957 niéorie du diomp de la mnsderw. Bruges : Deadée de Brouver.
1974 Phmomemicgy and the l ñ m g of Sdence. Evanston :Norlliwestern U.P.
Hammad. Manar
1989 -aL de l'espllce. Umoges :'Itames.
Husserl, Edmund
1913 Loglsche U & m u d m @ m Tubingen : Nlemeya, 51968.
1939 E$afuung und Urtea Rag :Academia Verlagsbuchhandlung.
128 Giiran Sonesson
Jakobaon. Roman
1963 msais de llnguisüque généraie. Pads : Minuit
1979 Coup d'ail sur le developpment de la s6miotlque B in A Semiotic
iandscape / Panorama sémiotlque. Chatman. S., Eco, U. & Khkenberg. J-M.
léds.). n i e Hague, Paris & New York : Mouton. 3-18.
Kmmpai. M*
1979 S w e y of n<rrent work on the semioiopy of objets i in Chatman, S.. Eco. U.
& Künkenberg. J-M.léds), A Semiotie Landccape 1Panomma sémioüque. The
Hague & Parfs : Mouton. 158-168.
MuLarov6.!%y.Jan
1974 Shidlmzur -hcne kthetik wui Poeük München :Hanser Verlag.
Nbth. w!dded
1975 Semiotilr Túbingen : Nlemeyer Verlsg.
Rosch, Eleanor
1975 S On the interna1 shueture of pacephial and semaniic categoriei in Moore,
Th. íéd.). CognllIue DeDelopment and Uie Acquisiüon Mianguage, New York &
London :Academic Press. 111-144.
1975 Co@üve referente points 2 , CognllIuepsychdogy 7/4 :5u2-547.
1978 Piínciples of categorlzaüon P in Rosch. E. & *d. B. (éds.1. CogniHon and
Ci&gor¡zaiio~ Hiüsdale : Lawruice Erlbaum Ass..27-48.
Rosch E.. Simpmn, C., & Miüer, R S.
1976 < Structural baee of t y p i d i y effects S, J d of Eqemmmi Psychology:
Human Peroeption andperfomum? 214 : 491-502.
Schiit7.. A
1932 Di.? smhdte Aufkiu der&S Welt Wien : SorinLer
1967 Collected &ers-1: nie h b k m of .?oclot~eaIUy~The~a~ue :Nijhofl.
Smith. Bany
1994 Topologid foundaüms of mgnldve sclence in Echenbach. C., Habel. C. &
Smith, B. lédsl. Topologlcal Foundniions o j CognUive Scfettee. Hamburg :
Graduiertenkolieg Kognitione.wissenschañ,3-22.
199% The structures of the mmmon sense world B. Phllosophíca Fennica 58 : 290-
317.
1995bc Formal ontology, common sense, and wagniiive science P, Intemational
Joumal ofHwnnn-Cmwuter Studies 43 :641-667.
1997 < On sub;stances, aceidents and u n i v e r d s P. Phüasophiai Papers 16 : 105
1999a
127.
. ..
Les objets sociaux FMwophlques 2612 :315347.
1999b m i t h and the visual Aeld P, rn PeUtot. J. Vareia. F.J.. Pachoud. B. & Roy. J.-
M. [éds). Natumüniig nCemmenoicgy. Stanford : Stanford Universiiy Press.
Smith. Bany & Casan. Roberto
1994 N Naive Physics : An essay in ontology 8 , FWmophIcal Psychdcgy 712 : 225-
244.
Sonesson. Güran
1988 Meihods and Models in Rctoriai Semiotics. Report of the SemioUcs Project,
Lund University.
19ü9a Pfctorlal Concepis. InqWner into ihe Sem(otlc Haüage ond tts Rdeuanoefor ihe
Anaiysis of ihe Vlnial Worid Lund :Arls / Jamd U n b e d i y h.
19891, Semiotics ojphotcgmphy. Gn liacing ihe Index. Report from thc Semioíics
ProJect, Jamd univetsity.
1990 Rudhentm de una &ca de la caricatura v. Invesi@&ws semióiicos Ui
VOL 11 : 389-400.
1992a Bildbeiydelser. Inlednina ti11 bildsemlotiken som vetenskap. Lund :
Studaitntt.=Iahir.
199213 The semioüc iüncüon and the genesis of plctorial meaning in Taradi, Eao
led.). Center 1 fn Represmtntfans and Insiüutlons. Imatra: Acta
.
Semioiica Famica, 211-256.
1992e Commuit le 8uis vient aux i m w . Un a u k dbcowa de la m€thade in
Carani, Marie (H.),De I'hlctoire dilhrta la sémlotl<lue ukueik Qué& : Les
.
Édioons du Septmtrlon / CELAT. 29-84,
199% Pictorial semiotics. Gestalt psychology, and the ecology of perceptlon
Iwmpte-rendu de Saint-Martln, Funande, la lMorie de la Gestaü et l'art
.
U&U&. Semiotica 99/3-4 : 319-399.
19S3b W o g d the lñreshold oí the F'enple's Home *, in Castro. Alfredo & Moün.
Hans-Anders (Ms.).Combl-nación - imagen suem Ume* : Nyheteternas
.
trycked. 47-64.
1994a ProleQomena to the auniotlc analvsis of orehistorie visual dls~lavsr.
.
1sSSa An eawq-mnoaniog h e s . From rhetorlc io d o t l e s by way of ecological
physics Icompte-rendu de Groupe p. h ü é du slgne ulsue9. Semlotlca,
19% .
109/1-2 : 41-140.
Le siimce parlant des images a , Roi&24/1: 3 7 4 .
1997a r ~ppr&ch.%to the Ukworld mre of vlsuai rhf%aci .. Ylsio 113 :4976.
199% e The ecolcgical foundations of iwniciiy in Rauch. Irmgard, & C m ,Geraid
P. (éds). Semlotlcs Aro& the World. Synthesis in Diwrsüy. Berh & New
1-a S Icon S,
Paui (d.)
Iwnicity B. S Jnda
.
EmycbpaedB
...
York : Mouton de Gi-uyter, 739-742.
Indexicaiiiy 8 . Metonymy R , etc. in Boutssac.
ojSemioMcs. NewYork & London : OxCord UnlversLty
h.
199W < That there are many ldnds of pictorid sgns e. Visio 311 : 33-54.
199% r The wnwot of text In cuihual semiotics S, 2n.nucmndri. S14n - Sustem
- Studi~~
26 : 83-114:
1998d Final showdown at the People's home. Art as a rberhetoIic oí n a t f d t y - and
ofart v. Ylsb 2/3.9-28.
w 3
ha a m o m a m w m ~ ~ r n t m unosw ata N ~ I - aTILU)EI
~IOSIIV
'.~.nwsav' o s a P
WaoA N Z I ~ ~ M
JOS h u ~ n 0 3ulosav v - I
.~~ . -
w Y A *A 4 u o l s - ~~ u n
~ 'w m 9 : W3ed1409d -a amw %nImwS E
'(1qnd)W31.idsW uM SWA 4uorssruuad S p u n salde^ ?nlosqv 8 z
.ES-LZ 'R/1-9~1-/o W
m] W@l puD N& '(spe)
m n s ' w a d P o~s&nv'o~nrodw S a r q p a pm am?su jo q w a d a a PIOOZ .
'01158 :Z I S ~ Q PI~-ma w p .@oroiuo si8 101
sauanbosum q! PUB b m o a JO ~ Doain aw ug .WOIW a SISOWS mow 8 31ooz
'21 1-S6' 0 l d q m : d o l o a ' m . l ~ a p
OPON (.pa) l a ~ n ~ r a l'osssa
d . u1 sarn snap opuom rap satioxas e l 91002.
'SS-LP
uossauog uluw OEI
ABSOLUT VENICE.
La retraite de la rhétorique ?
Degré zéro, mécanismes rhétoriques
et production du sens dans le langage visuel
Fulvio Vaglio
.
relativisation n du degré zéro ktait la conséquence logique de celle du
concept de x norme linguistique +, et que la localisation du degré zéro
.
constituait une tentative pour placer, une fois encore, l'origine du fait
rhétorique dans le texte. En effet, dans le concept de degré zéro local S
convergeaient la notion d'idwlecte esthétique formulée par Eco, celle de
dirnension syntaxique d e la sérniose par Morris, comme celles de
redondance et d'information formulées par Shannon et Weaver. Le
raisonnement, ici tres schématisé. était le suivant : 1) si l'emploi
rhétonque est destiné a provoquer une surprlse chez le lecteur. et 2)si
dans le bin6me redondance-information, c'est la seconde qui produit le
maximum d'intéret, alors 3) le degré zéro devra s'identifier avec la
redondance. et I'emploi rhétorique avec son opposé. Cette espéce
d'enthymeme multiple laissait pas mal de questions sans réponse. Par
exemple, peut-on identifier I'attente du lecteur avec les regles de
redondance du texte ? Ou encore : la violation de la redondance. crée-t-
eile toujours un surplus d'information ?
Cependant, s'appuyer sur la théorie de l'information a u lieu de la
n o m e lhguistique ne change pas substantiellement le probleme. Ce
demier a été identifié, mais non résolu, par le Daité : il y a des aspects
du langage qui sont produits sur la base diin respect presqu'absolu des
codes préexistants (Eco les nommera ratio facilis n, Gubem hyper-
formalisés 81 ; et il y en a d'autres qui proviennent d'une n interprétation
plus ou moins large du méme cede (ceux qu'Eco nomme ratio difficilis
et Gubem, a hypoformalisés 8 ) . Cette distinction ne recouvre pas ceile de
langage verbal us langage visuel (méme si elle peut éclairer de maniere
satisfaisante quelques différences importantes entre les deux). Au
coutraire. elle trouve d'abord a s'appliquer a I'intérieur méme du
discours verbal et met en question la notion de a métataxe D. 11 est certes
peu douteux que les mots sont produits par a ratio facilis D, mais la
chose n'est pas sure pour les phrases, et moins encore pour les textes.
Prétendre qu'il y aurait un degré zéro tt de la phrase, aussi aisé a
déterminer que celui du mot, était certes cohérent avec le caractere
nonnatif de la grammaire gréco-latine ; mais la position devient obsoMte
dans les nouveaux paradigmes l i i i s t i q u e s et littéraires. La consciente
136 Fulvio Vaglio
.
trajet. que WGlmin décrivait ii y a quatre-vingt-dix ans, de la R pluralité
ai'gunité*?
Par ailleurs. la suppression d'information visuelle peut certes
produire la sensation que l'on ne peut percevou e quelque chose u de
i'image ou dans l'image (lacune déclenchant donc des mécanismes
gestaltiques de complémentation). Mais elle peut tout aussi bien ne
produire qu'un effet de concentration sur ce qui est visible, ou ces
mécanismes de complémentation ne seraient pas spectaculairement
présents. Prenons, par exemple, le cas de i'image coupée, dont une
partie reste hors champ, ou de la photo. Techniquement. un mécanisme
de suppression opere bien ici ; mais, du point du vue du spectateur.
cette suppression peut étre plus ou moins pestinente, selon l'écart qu'il
percoit entre l'image qu'on lui présente et les images auxquelles il est
accoutumt. Dans ce cas, le degré zéro local n ne coincide pas avec les
La rehaite de la rhétorique 7 137
.
n'apparaissent pas dans le cadre mtent dormantes, aussi vlrtueiles que
les simes sp&citlquesde doberman ou de S caniche * quand on entend
le mot S chien B. D'ailleurs, meme dans le cas ou la suppression de
l'lnformation visueile s5éc.=ute de ce qui est accepté wmme a normal *, le
spectateur vit une espece de a dissonance iconographique qui ne le
pousse pas nécessalrement i restituer ce qui n'est pas contenu dans
l'image. mais qui lui fait sentir que certains détails visuels lui sont
inaccessibles. On devrait probablement reiire a ce pmpos les pages que
W61Min consacrait a la forme ouverte du baroque (opposée a la
forme fermee * du classicisme). 0 ú se placent ces faits ? Dans le
domaine de la styüstique, de la rhétorique ou encore dans celui du
jugement de genre 7 C'est 1a une seconde série de questions que nous
devons laisser ici sans répom.
Un troisiime cas est constitue par ces images qui suggerent
clairement un développement diachronique. On sait que Floch avait
proposé la distinction entre images a pictographiques 8 et u mytho-
graphiques D (pemnnellement je préférerais d'autres termes mais, en
substance, nous parlons bien de la méme chose). Les recherches que
nous avons menées sur l'image pubiicitaire indiquent que les deux types
Cnnage n'ont pas la m&meextenslon : le spectateur cherchera, par
nature, a interpréter i'image dans un sens narrattf, a moins que l'image
méme ne l'en empeche. Ceci sigdie que des mécanismes de suppression
doivent étre mis en action. mécanismes qu'lnitialement on pourrait
classer en trois grandes catégories [encore une fols, précisons qu'il n'y a
ici aucune prétention de formuler u n répertoire clos ou complet) :
élimination de l'ambiance (souvent c'est le fond qui est supprimél ;
élimination de l'intention (les modeles n'assument pas une expression
corporelle que l'on puisse assocler avec le développement d'une action) et
ñnaiement élimination de Pintemction (soit avec d'autres pemnnages,
coit avec le spectateur). Or. ces effets narraüfs, ou leur Ummation. font-
ils partie de l'analyse du style, du genre ou de la rhétorique ? Si l'on
choisit de répondre qu'fls apparüennent aux trois domaines 2 la fois. ne
se trouve-t-on pas en face d'une sorte de surdétmnination qu'il faut
simplifier, pour éviter qu'elle crée d'inutiles confusions ?
Un principe général
11 y a u n troisieme groupe de considérations que je voudrais
soumettre a i'attention.
Mus par le souci de lihérer la rhétonque visuelle de i'héritage verbal,
nous avons souvent rejete l'utilisation de termes provenant de la
rhétorique classique, comme e métaphore D, N métonymie B, v paradoxe B.
Cette attitude était certes jusüfiée. A présent, il faut se demander si on
ne s'est pas trop centré sur une cible apparente. en manquant l'ohjectii
réel. 11y a quelques années, nous avancions qu'il valait mieux étudier les
140 Fulvio Vaglio
Conclusion
Pour conclure, récapitulons sommlrement quelques points soumis
ici a la discussion.
1) L a rhétonque contemporaine propose une dichotomie essentieue.
D'un caté, on a une rhétorique gene?&, vouée a la systématisation des
mécanismes de production des figures et de leurs combinaisons
possihles : il s'agit donc &une rhétorique structuraliste. Elle a joué un
r6le tres important poiir faire sorür les études rhétoriques du marasme
La retraite de la rhétonque ? 141
dans lequel elies étaient tombées ; elle peut encore produire des
résuitats importants, bien que sa vaieur hewistique apparaisse comme
en déclin. De I'autre Maté, on a une phménoiqie desfa& rhétoriques,
attentive aux effets de sens et se d b t des schémas trop rigides : elle a
un caractere substantiellement pragmatique et doit vivre [ou survivre)
la hntiére entre la rhétorique du te& et la rhétorique de la réception.
2) Pour le moment, ce n'est pas possible de dire si la rhétorique
pourra se maintenir comme un domaine autonome ou si elle dewa
f d e m e n t se considérer comme une variante de la stylistique. Les
réfésences a Heinrich WOlfilin contenues dans cette intervention avaient
partieiiement pour but de soullgner cette question. 11 est possible que les
réponses doivent valer selon le langage qu'on choisit d'analyser : dans le
cas du langage verbal et Uttéraire, la notion de r style x se référe a
l'emploi idiosyncraslque de la langue par un auteur déterminé : les
dornaine de la rhétorique et de la stylistique ne paraissent donc pas
coincider ici. Mals dans le cas de la communication graphique et visuelle
(autant que dans le langage musicai ou corporel), le terme de a style n est
employé d'une facon moins subjective et indlviduelle, et vise plut6t un
ensemble de régles culturellement hypercodifiées, qui marquent
I'uüiisation des ressources spéclílques du langage en question. Dans ce
cas, les terrains de la stylistique et de la rhétorique sont beaucoup plus
inmqués.
Encore une fois, nous en sommes a demander a l'únage visueUe ce
qu'elie peut nous dire sur la rhétoríque et la st?rnioiique. C'est B le hic
Rhodus, hic salta du sémioticien visuel. Et s'fl résulte que ni h e ni
l'autre ne résiste a l'épreuve, la confrontation aura du moins semi a
déblayer le ten- pour les futures génératim de chercheurs.
La rhétorique de I'image :
quand Alberti rencontre le Groupe p
Herman Parret
Rgveries urbinates
Federico de Montefeltre, duc d'Urbino. prend connaissance en 1473
de la traduction du roman de Philostrate I'Athénien composé a u
troisieme sikcle de notre ére'. L'ouvrage raconte la vie, ou plutot la
Iégende, d'ApoUonius de Tyane, magicien et faiseur de miracles, qui fit le
voyage en Orient sur les traces d'aexandre jusque dans l'lnde fabuleuse.
Passant par Ninive, Apollonlus s'arrete un moment devant un temple
immense et il s'entretient de peinture avec son disciple Damis :
ia peinture est donc une imiiation, Damis ? l...1 Est-ce que Pon voit dans le ciel,
lorsque les nuages s'effilochent : centaures. boucs-cerfs, et meme, par Zeus, loups et
chwaux, de tout cela, que diras-tu 7 Est-ce que cene sont pas aussi des imitations ?
Une faut pourtant pas en conclure que Dieu est peintre et que I'image dans les nuées
est I'oeuvre d'un ieu divin. 11 faut . - bien au contraire, que ce sont la des figures
iucer,
san5 aucune signüication. emportées dans le ciel au hasard, mais que c'est nous,
natureiiement portes a rechercher partout des représentations. qui leur donnons des
formes et ies creons.
On disceme pañols. dans les Mines du marbre, dan6 les siiies de l'agate ou dans les
auréoles de I'aibatre. d'Ctonnantes composlttons qui. Nirement carrigées. font de
menreilleux camées (cite in Chastel 1982 :93).
une simple tache informe serait plastique, le dessin d'un visage serait iconique, mais
une figure géométrique serait quelque part entre les deux : plasilque parce qu'elle n'a
pas pour référent un etre du monde naturel, iconique parce qu'elie n'est pas seule de
son genre, mais renvoie a une idee extérieure i eUe. et a une actualisation de ce
concept qui ne pouvait se d é f h k que par sa fome dans I'espace (Gmupe p 1992 : 120).
On comprend que cette solidasité * de bon sens B entre i'iconique et
le plastique nous rapproche de toute évidence du Livre 11 du De Pictura
et de sa rhétorique a double face, historiaie et fomelle. Toutefois, le
Groupe p ne laisse pas de distinguer les deux types de e signes visuels 8
e t refuse ainsi toute lconicité a n non-figuratif. Dans le Traité,
i'impossibilité d'élaborer une définition générale des différents types d u
fonctiomement sémiotique est régulierement évoquée : il n'existe pas de
signes icono-plastiques, Mais il existe des fqures icono-plastiques
(Groupe p 1992 : 279-831. Le passage du signe a la figure marque le
passage de la sémiotique i la rhétorique.
La pertinence d'une rhétorique ícono-piastique. - La conjonction ou
le couplage du plastique et de l'iwnique est fréquent dans l'histoire de la
peinture. Le tmité de sémiotique visueiie en d o ~ e n quelques
t exemples
frappants. 11 y a des cas ou le décodage du sens iconique est facilité par
la distribution des couleurs (par exemple, chez Mlró). 11 y en a d'autres
ou le décodage d u sens plastique est facilité par des suggestions semi-
figuratives. par conséquent iconiques (chez Yves Klein, ou le plastique
des taches de bleu ressemblent 8 a des corps féminins). Le Groupe p
constate d'aüleurs avec raison que
La relation entre les deux iypes de signes est le plus souvent abordée dans le sens
plastique -t iconique. En effet, lorsqu'on décrit le processus d'idenüñcation d'un iype
iconique. on met en avant la perception d'une manifestation plastique Itexture.
couleur, lignel. Mais ce swant plastique n'est que potentiel : il tend i s'effacer au
profit de Iiconisme lGroupe p 1992 : 345).
Ce serait meme une tendance générale de l'esprit humain : le
plastique a tendance a s'iconiser. Ou, a u moins, il s'agirait d'une
projection analogisante : le plastique est percu / vécu comme si c'était de
I'iconique. On peut meme généraliser en affirmant que le plastique
informe I'iconique et le modele (Groupe p 1992 : 347).11 ne s a t pas de
conclure que le plastique et I'iconique sont l'adjuvant i'un de l'autre, en
toute réciprocité. En effet. deux implications dofvent etre explicitées.
D'abord, la relation icono-plastique est une relation wmme si relation
d'analogie ou, si l'on veut. d'hypoíypose : &une part le plastique S met en
sckne ", N met en couieur n l'iconique, et d'autre part I'iconique a gratüie n
La rhéiorique de I'image :q w d Albertl renconixe le Gmupe p 151
concept of the 'creative act' and the 'creative moment' or his vision o í the
'relationship OS the müst to the work of art', is entireiy peripheral P (Katz 1978 : 24).
On ne peut pas plus sous-estimer le statut épistémologique de la conception
alhertienne de Part.
4 Albero told the painter that he should prepare himself to carry out his S most
capacious and # highest 8 task : to paint history. As his many complementaq
referentes to histoda and its Italian eciuivalent storiaor istoriareveal. Alberti had in
mind a carefully composed pictm. in which a suhstantial number OSc h m c t m -
ideailv nine - a~peared.
.. He told the painter how to plan histories in advance.
where to fmd appropriate subjects for them, how to avoid ermrs of taste, and how
to set his aesthetic goals. The term became central in Alherti's work. A close
examination of what it meant to Alberii reveals exactiy how he Med to translonn
the exisüng language and praciices o1 art. In doing so he drew on a n existing. if
.
inchoate. Sorming of new and more precise term - one carefully craffed to embody
a particular aesthetic program (Grafton 2000 : 127). Graiion analyse en détail la
notion de historia (124-133). Masaccio, Donatello et Uccello sont panni les peintres
preférés d'Alberti, mais ses principes picturaux semhlent introduire les grands
Zénies de la fin du Quattrocento. Manteena. Botticelli. Bellini ...
5 ;~lbertifollowed ~ i i n t i l i a n through
, m i c h of his work. point by point, in order to
produce an introduchuy work on pInting as thorough, consistent. and complete
a s his ancient forernnner's ...The ancient writers on oratory had set out to produce
what they c a k d a good man skilled in speaking (bonus hamo dicendipe&ts), a
man both irained in effective political speech and equipped with hlstorical and
moral h i n h g , one who spoke well 2nd wisely. Alberü, simila&. drew up a manual
for the traiuing of a bonus pingendi peritus. and in it discribed ihe art. its
practitioner. and his education in full detall a IGrafton 2000 : 1171 ; the anaiogy
behveen rhetoric and painting l...] gave Alberti much more than an attractive
conceit to work with. It also provided him with an intellectual Sramework and a
formai vocabulaiv. These enabled him to discuss. in an orderlv and convenient
way. many problems of representation that would otherwise have been difficult
even to fonnulate in words - and to describe, in general and abstraci tems. the
mncrete úmovations of the arosts he h e w (118).
.
. citation concemant ces trois techniques : Nous avons divisé la
6 Voici une longue
peinture en trois parties et cette division. nous I'avons tmuvée dans la nature eUe-
meme. En effet, puisque la peinture s'efforce de representer les choses visibles,
notons de quelle facon les choses se présentent a la vue. Tout d'abord. lorsque
nous regardons quelque chose, nous voyons que c'est une chose qui occupe u n
lieu. De Sait. le peintre cirmnscrira ce lieu et appellera cette maniere de tracer le
contour dn terme approprié de eirmnscription. Toute de suite apres, la m e nous
. .
d le coms retarde est constitué de tres nombreuses surfaces Qui se
a ~.~ r e nQue
combinent entre elles. Et ces réunions de surfaces. I'artiste, en les assignant
leurs Heux. les nommera justement composition. Pour flnir. le regard nous permet
de discerner plus distinctement les couleurs des surfaces : la représentation de ce
Sait. en peinture. parce que cette demisre tire des lumieres toutes ses différences,
nous I'appellerons W s justement réception des lumieres a (Alberti 1435 : 1451.
1.54 Herman Parret
Katz. B w
1978 Leon Battista Alberti and the Humanist Theow .of
. the Arts. Washington :
UnWersily P ~ s o1
s America.
Panza, Pierluigi
1994 Leon B&ia Alberti FUosoj?a e teoeorle deli'arte. M i o : Guerini Studio
Sémiotique versus rhétonque ?
Jan Baetens
Un conflit nécessaire
11 convient de le rappeler : sémiotique et rhétorique, fut-elle générale,
ne sont pas faites pour s'entendre w simplement D. Dans un certain sens,
les deux approches ou disciplines sont meme faites pour s'exclure
mutuellement, du moins dans une certaine tradition, rhétorique
davantage que sémiotique peut-etre, qui sera celle suivie dans ces
pages'.
Paul de Man, dans un article fondateur, s'étonnait deja de voir les
sémioticiens francais, c'est-a-dire stmcturalistes n, mélanger sans trop
de problkme ce qui pour lui relevait de la grammaire d'une part et de la
rhétorique d'autre part. Pour de Man, ce mélange est problémaüque, car
i1 joue implicitement au profit de la grammaire et au détriment de la
rhétorique. Dit autrement : dans la perspective sémiotique de type
strncturaliste, la rhétorique est ohligée de s'aligner sur la grammaire,
elle n'a de place que dans la mesure ou elle se plie a la logique de l'autre.
Précisons un peu ce point, qui est capital.
156 Jan Baetens
penser a partir d'un type d'image dont l'enjeu est toujours, qu'on le
veuille ou non, d'imposer un sens unique. Qu'une image publicitaire soit
riche ou complexe. ne l'empéche jamais de tendre toujours au meme but
(vendre et plaire, pour paraphraser les classiques). 11y a la, a mon sens,
un sérieux avertissement : il ne faut pas qu'une sémiotique visuelle soit
trop pres de I'image publicituire (cf. par exemple Forceville 1996, quels
que soient du reste les mérites).
Outre le Traité du signe uisuel du Groupe p (1992),qui se manifeste
du reste autant comme une rhétorique que comme une sémiotique, ou,
plus exactement peut-etre, dans le sillage de ce travail essentiel,
j'airnerais signaler ici deux pistes de réflexion capitales.
. .,
sémiotique visuelle de Bal & Biyson (1991). par exemple. tout élément
plastique est virtuellement infrasémiotique c'est-a-dire susceptible
d'étre integré a une lecture pleinement sémiotique (inévitablement
figurative), laquelle est appelée par le méme mouvement a devenir
160 Jan Baetens
détaiiler plus loin, se situe deja la. 11 est important de souligner, dans la
sémiotique traditionnelle, I'interaction unité / récit, car le récit
fonctionne souvent comme une machine a a iconiser ce que l'image a de
plastique : en imposant l'ordre du récit a I'image, on efface souvent ce
que l'image a de plastique. et I'on tend ainsi a soumettre la force
virtuellement rhétorique du plastique a la grammaire et a la logique du
récit (le suprasémiotique, on l'a vu. sert de vocation et de levier a
l'infrasémiotique).
De maniere plus schématique :
sémiotique :
s i s e verbal + signe visuel lniveau 1) = récit verbo-visuel lniveau 21
rhétorique :
divers brouiilages de ce schéma
Mais cornment se fait sentir, de maniere plus concrete et pratique,
l'impact du rhétorique dans Gloria Lopez ? J e me limiterai ici a deux
observations.
D'un &té, les dessins obeissent parfois a un mouvement itérm a
une machine a uariations : au lieu de progresser, I'histoire fait du
surplace, et le lecteur est invité a parcourir de longues séries de
variations s u r u n méme dessin (généralement le portrait de la
protagoniste). Dans Gloria Lopa, de telles séries ne sont pas destinees a
peciser le personnage. mais au contraire a l'efacer : il n'y a pas d'eiTet
cumulatif (au contraire : la série fonctionne vraiment comme syntagme,
et non pas comme paradigrne ; on est invité a la parcourir comme une
serie, ou chaque nouvelle occurrence tend non pas a enrichir, mais a
corriger la précédente : en tout cas. il n'y a pas de combinaison D
possible des lectures paradigmatique et syntagmadque, d'ou le grand
impact rhétorique de ces séries).
De l'autre, le principe de I'effacement / émergence du dessin passe
du systeme narratif des variations a la forme meme d u dessin.
puisqu'aux moments les plus intenses du récit. l'image tend a l'abstrac-
tion, voire au vide (le cadre devient noir ou blanc. un peu comme un
fading au cinema). Or, ce qui est interessant, c'est que cette trajectoire
se parcourt dans les deux sens : de la figure au vide et vice versa, ce qui
transforme aussi le statut du récit (le récit de Gloria Lopez n'est plus le
récit raconté a l'aide d'images. c'est celui des images memes : de leur
émergence d'un fond indifférencié et/ou de leur retour a ce meme fond
indifférencié, comme si l'ceuvre voulait nous faire assister au parcours -
Sémiotique versos rhbiarique ? 163
Notes
1 Tous mes remerclements a Jack Past [Universlte de Maashicht). Jan van h o y et
Dirk de Geest ( U m s l t é de Leuven). qul m'ont aldé A penser et r e p s e r une toute
premi* version de ce texte. Un grand mercl aussi a tous les particlpanis du
colicque iUrblno, dont les r e m q u e s critiques m'ont permis de formuler avec plus
de da& ce que j'avais dlt d'abord de maniZre moins nuancée.
2 a Une auhP disclpllne nouvelie, née de la IinauisUque. a recouvert pour une pari le
champ de la rheiorlque. mala en s'en d&&quant nettement : lauansCrniotiq~. Son
p3x fondatew en France,Algirdas Julien Grelmas [mort en 19921, Favait %i roriglne
écartée pour deux ralsons : d'une part paree que la rhétorlque décrivait un usage
'uo-~ : s w 'anm? a í ñ w ! , ~ ~ 6 6 1
a p y u - a w 'ww3
W e N :sFPzd 'aw.9w wmWJ?sap ww OOOZ
9
-' 'SWd .aaulomimmodYmd 6661
syuaa 'P-
'PremIEW : SFred U W J ? @ ~ W ~
aP saiialqoy *L61
a n q .alwmuas
'I a m a ' a m u m = ' p m n m : s w d 'saMmuw s m m &a61
salmq3 '?rlelapnw
'ZIELWaTFBPV 'e k 4 s ~ t Pm WPPW 1661
N- ' U - ~ E 2g ayam 'W
~ d o m: wplaisuw ~ f i m o n puo
r~
--
S .snrayvo3 a-w IIOP (smoasrp al) anbniremas JI ! n m o m a& a r o ~ (a&
9 anbuolm- al .aqn=.~d aa WI md smba asa inb a a i p w ap aalw al suep
ao- e1 mi aiwua i q u o a r a1 Inad w Opnldwuo~w w u n xnap ap la nuonou
ap q~uusgsalpro map ap ua!q ~.ur6.1 .sa- ap aw?npaPd 1rmno3
aná'uel e1 ap uori3uoj auos p! luasod as Inb saaralqoid ssa? 'mflo3sm al md
ypuaiiua 1- mb aa3uquW ap anbm-ds apom q s m p s u o w snou ' a n b n w
a[ JJAV ["'l .??m aarmoa analasuoa al Inb ?a anbpsin8ui~3~91s ne aidoid
isa mb a3ueyrUars ap awm al a S s q p anbnolrnas a? ~wn=.iap 3 n 1 3 m 3 . s
apom al 'iled aun,p an61mivu-s apom al suoladdv snou anb 'aauwj!t@s
ap qaugsrp sapnu xnap aqqmm a* q n : a n m m uonlugap q p! suoladdw
'PW mal m s
iapod inad uo.1 anb (auiaum aar v b a m w s a i w n 1uam%f al asar np ?ros
anb pnb '&yBu p s8d 1sa.u anansci anbnornw q ap aupeniop a1 suep aaUanQu!,l
luop (0661) m n q u e 2g~ amnioo soapnqmas sap a n o p s 131 aswd ay p
'auuapaad aga0ldde.l ap
anb1d.Qanlisv un PIileus a> '(ti. 9661) S r J q u a w JPN-"1. )a aullap.3 eplreU
uops . ~ i , b n o p pnr 1018s a y ~ a u i pinb dnbmaw ¿I isa.? 'au#psrsd r.il un suea E
'(69 : 6661 pne41aK s m a383Ua apmd q ap anbwdma
ua!q anb!arnd aun i n s naT ap a 9 u a . p ?@puoj as ' s a m a sap uondpoeap ua
a!qdow uos ap ?a s a n b m w q e n e sas ap zuaumpuadapw 'anbpoaaqx q anb
srop 'a%3uq np anbgaualm a m aun suep d p w d sas la-aerua $@pqm
aubnop?s el anb mmd ' p d aqnqp 13 - a [ T a i q ~ u x u qsqom np 'anasiaApn
uoqs awod ' u o n e ~ m sel ap a1q8spaaug8 apwrg aun ammoa $muas?zd
as anbno- $a[oxd a[ anb sao~w'- u ~ q u a a r n 3 m . lap anblp~rnrainmm5 np
~
w d a p ne J U B M I ~apuaplxw lwmanbrd.Q uondaium aun - amowp np la-
Sémiotique versos rhétorique ? 165
Gdientops, David
2 W Z Poétique du visuel P a i s : Paris Méditmmnee.
Kress. Gunter 81 Van Leeuwen. Theo
1990 Reoding Inmges. Viciorla :Deakin UP.
de Man, Paul
1979 A&mies de la l e m Paris I GaMée, 1989.
Mitchell. W.J.T.
1980 Spatial fom ln literature. Toward a general theory w , CriamlInqu(nl Vi.
Schwenger, Peter
1999 Fantnsm andjdion :on bexhrnlerwisionfng.Shüord : Stenford UP.
Van H d t 'íñiary
1999 Gloria Lopez. Emxeiies : Fréon.
En altérant la rhétorique
Sbmir Badir
Flatter ne profite pas a celui qui l'écoute, dit mon maitre vénéré.
Suime est toujours trahir un peu. Critiquer n'est pas discemer. Variante
de ce précepte : U ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. J'ai fait
miens les deux premien enselgnements avec un enthousiasme suspect :
cela cache mal la diíñcuité que j'éprouve a m'accommoder du troisihe.
Aussi, h a n t la réponse fournie par le Groupe p a la critique, acerbe,
faite autour de Rh&wQw génémle par Beme Kuentz, qui en regrettait le
manque de cohérence théorique, j'ai pris pour moi. e n guise
d'avertissement de ce a quoi je ne devals pretendre dans cette étude, la
réplique suivante : Regarder les choses de trés haut et se réclamer de
positions théoriques impeccables, c'est aussi reporter indéfiniment le
travail a plus tard B [Groupep 1970 : 216)'.
En effet, voila bien le problkne. Pour ma part, je conünue a croire
que la réflexion théonque et le travaii d'analyse peuvent étre menées de
front, et meme gagnent-elles a l'étre. Je dis cependant de fmnt S, et non
de concert B. car ce ne sont pas seulement quelques dysharmonles
passageres que leur voisinage provoque. Ce que la coexistente de la
rénexion et de l'anaiyse permettent de manifester, ce sont les enjeux de
dénition &une discipline, et cela conceme a la fois la place de celle-d
dans l'organisation des connaissances et sa propre évolution historique.
C'est, si l'on refuse i'idée d'une limite naturelle au domaine couvert par
la rhktorique. mettre en place un * front mouvant m (expression
empmntée A Kuentz 1975 :4).
168 Sémir Badir
Horizons épistémologiques
Pour commencer de me conformer a cette simplicité souhaitée,
j'exposerai tout de go le plan d'ensemble de ma réflexion, quitte a n'en
pouvoú donner par la suite que des morceaux grossierement découpés,
car ce genre dintervention se préte assez peu aux formes chirurgicales, a
moins de planer trés haut au-dessus des choses, ce queje ne souhaite
pas faire, comme on l'a compris.
J e pars d'un rapprochement entre I'élaboration, dans les années
soixante-dix, du rhétorique et de la connotation. D'abord, le rhétorique,
en tant que spéciíicité objective décrite par la rhétorique, émerge au
meme moment ou I'on élabore comme objets linguistiques les effets de
signuication dits connotatifs a . Ensuite. on a pu chercher a englober
l'un de ces concepts par l'autre et vice versa. C'est ainsi que pour le
Groupe p les sens connotatifs résultent de procédés rhétonques parmi
d'autres3. tandis que pour Kerbrat-Orecchioni (1977 : 91) les sens
rhétoriques ne forment qu'une partie des cas de connotation. Enfin, et
.
surtout. les sens comotatiís comme les sens rhétoriques se mesurent a
un autre sens, dit N dénotatif * ou de degré zéro 8, a d'autres dmes, dits
dénotatifs B ou essentiels n.
Plus globalement, les travaux portant sur le rhétorique et sur la
connotation ont suscité un désir d'articulation entre les descriptions
linguistiques et les études littéraires. Cette ariiculation fait aujourd'hui
l'objet de réévaluations approfondies au sein des études de sémantique
de textes. La notion de connotation, jugée désuete, y est presque
totalement écartée et le r6le des figures dans I'interprétation du
rhétorique, minimisé (fe renvoie ici aux travaux de Rastier 1987 : 42 &
119-122, pour une critique de la connotation, et 2001 : 133-166, pour
En altbrant la rhbtorique 169
Le rhbtoriqae
Parler du rhétorique, au masculin substantivé, ce n'est pas n k s s a i -
rement parür a la recherche d'une essence, mmme voudrait le dénoncer
Kuentz. Si je dis que le froid s'est abattu sur nos régions, je n'invoque
pas nécessairement la colére d'un dieu Froid. J e parle de réalités
climatiques sous le biais d'une représentation abstraite. De la meme
maniere, parler du rhétorique, c'est s'efforcer d'embrasser dans une
représentation conceptueue la diversité des procédures rhétoriques. Bref,
c'est procéder ti une réduction, et cette réduction n'a nul besoin d'étre
ontologique (elie ne conduit pas a une essence), ni méme phénomé-
nologique (elle n'assigne pas a u rhétorique un domaine) ; elle est
seulement épistémologique.
Réduire, en outre, n'est pas restreindre. Et c'est lire bien mal
Rhétorique généraie que de m i r e qu'on n'a la entre les mains qu'un
traité des flgures. Dans Rhétorique genérale, la partie qui traite des
figures s'intitule Rhétorique fondamentale ; il y est question
précisément d'abstraire des figures rhétoriques, dont l'inventaire sem-
blait jusqu'ici un bric-i-brac hétéroclite, un petit nombre d'opérations
loglco-sémantiques capables de les générer. Ces opéraüons déiinissent
bien le rhétorique, a tout le moins une structure spécifique a u
fonctionnement des íigures. Mais c'est la seconde pafie qui justifie le
titre de l'owrage. encore s'intitule-t-elle elle-méme. plus modestement.
Veis une rhétorique générale B, par quoi eUe indique que le titre retenu
pour l'ouvrage commet une synecdoque généralisante, peut-&e imposée
par l'éditeur - ce ne serait pas la premiere fois ni la demiére qu'on
exagéreralt un peu la marchandise, la Bible ayant montré l'exemple. La
seconde partie de Rhétorique généraie, donc, montre que les opérations
rhétoriques peuvent s'appliquer non seulement aux textes littéraires,
mais également a d'autres types d'énoncés ünguistiques, parmi les plus
répandus dans la société, tels la réclame et le slogan, ainsi qu'a d'autres
types de mmmunications, a d'autres sémiotiques, tels le cinema ou la
conversation. Jean-Marie KJhkenberg a remarqué que c'est B tort qu'on
a souvent confondu I'écart, qui est a u principe des mécanismes
172 Sémir Bsdir
Degré zéro
Le second point théonque queje voudrais aborder vise le concept de
degré zéro. La non plus les critiques n'ont pas rendu justice au Groupe p
de leurs intentions proclamées ni des outils conceptuels qu'ils ont
utilisés pour les mettre en ceuwe. 11s ont d'ailleurs souvent critiqué
Rhétorique génémle conjointement au Uwe de Jean Cohen Structure du
lungage poétique. Or. si les deux livres ont d'indubitables points
communs en t e m e d'objets [la poésie) et de représentatious épistémo-
logiques (qui sont celles de leur temps. c'est-a-dire. pour faire vite.
structuralistes), ils différent sensihlement par le niveau de technicité
conceptuelle et le registre de discours, lequel se montre volontiers
épidictique chez Cohen.
En ce qui concerne le concept de degré zéro, les arguments
théoriques liminaires de Rhétorique générule (1970 : 35-38] ne doivent
pas &re tenus pour de simples précautions oratoires, meme si. dans les
chapitres ultérieurs, on peut regretter quelques formulations mala-
droites - sans doute peut-on y voir une des limites du travail a six
mains, qui présente par ailleurs bien des avantages. J e regroupe ici en
deux ou trois massiís ces arguments.
Le degré zéro a partir duque1 la figure rhétorique est interprétée est
un degré zéro contextuel, localisé dans un genre textuel. un registre
discursif ou un type de communication. Sur d'autres désignations
envisageables. l'expression de degré zéro a I'avantage de pouvoir réunir
l'ensemble des bases d'identification et d'interprétation du rhétorique,
classées ici par ordre décroissant de généralité : systemes linguistiques
(lexique, grammaire), normes culturelles, genres et topoi littéraires
(intertextuels ou idiolectaux) et régularités intratextuelles (isotopiesl.
Comme on le voit, les prescriptions retenues pour l'étabüssement du
degré zéro sont multiples et diversifiées. La théone présentée dans
Rhétorfque générale n'est certes pas. comme Kuentz cherche a l'en
accuser, * une résurgence de la théorie classique du 'sens propre' 8
(1971 : 112). Le Groupe p n'a pas besoin de soutenir l'existence, et je ne
sache pas qu'il I'ait jarnais fait, d'une langue quotidienne, ordinalre ou
pédestreE.Le malentendu semble venir du fait que, chez les détracteurs
de cette notion, le degré zéro soit entendu comme base de pmduction de
la figure rhétorique, comme si le créateur d'une figure de rhétorique
écrivait avec la conscience d'un tewte littéral potentiel, aiors que chez le
Groupe p le degré zéro integre seulement les conditions d'interprétation
de la figure.
Du reste, le Groupe p donne volontiers comme synonyme a I'expres-
sion de c¿qrézéro le terme de n o m . C'est préciser qu'ii ne saurait &tre
question d'énoncer en tant que te1 le de@ zéro d'une figure. Ce qui se
donne dans une interprétation, ce sont des occurrences de degré zéro, et
non le degré zéro lui-meme. Qu'on s'en assure par un exemple, et
prenons-le, pour changer, parmi les métaplasmes. Soit le titre d'un
ready-made de Marcel Duchamp : I L.H.O.O.Q. r. Tout d'abord, ce iitre
se dome pour un acronyme. Qu'on ne puisse le littérallser ne gate en
rien le fait qu'il soit interprété comme tel, en fonction des normes
d'usage de la ponctuation. La connaissance de I'ceuvre de Marcel
Duchamp permet d'en assumer I'aspect cryptique et laisse ouvert. non
formulé, le degré zéro d'un te1 acronyme. 11 n'est d'ailleurs pas
impossible qu'un historien de I'art finisse par trouver dans le corpus des
textes dada un áioncé conforme a I'acronyme duchampien. Mais c'est
une auire interprétation qui s'impose ordinairement. La norme invoquée
est alors celle du mode de fabrication des métaplasmes dans les textes
dada. Le titre de Duchamp devient un rébus alphabétique. Par
transcodage, le degré pequ du m€taplasme peut &bedomé comme un
énoncé franpis : Elle a c W au cuL Tmisiemement. selon une norme
interne a I'ceuvre du peintre, a savoir que Duchamp emploie souvent la
langue anglaise pour les titres de ses ready-made. un transcodage
Ilngulstique, basé sur des équivalences phonétiques, peut surgir : look,
dont la sgnification au regard du tableau - ce que le Groupe p appelle
i'kthos de la íigure - est lnduhitablement éloquente. Que1 est ce tableau
en effet ? un porbit de Mona Lisa avec des moustaches et une petite
barb~cbe.Ceci nous conduit a une quatrihe occurrence de degré zéro
de L.H.O.O.Q. " : la Jmnde, métaplasme par cubstitution complete ;
c'est une norme générique - celle du remake - qui permet cette fols de
déterminer le degré zero par l'lntertexte des tiires d'ceuvres picturales.
On peut donc trouver au moins quatre occurrences de degré zéro de
L.H.O.O.Q. S, et I'une d'entre eUes n'est pas littéralísée. Chacune de ces
occurrences a pnvilégié une ou plusieurs normes qui entrent en jeu
dans l'interprétation de la ilgure.Aucune, cependant, ne detient la vénté
d'un a sens propre x vis-A-vis de I'ceuvre de Duchamp, car ce n'est pas de
la production de I'énoncé qu'elle saurait répondre.
Le hen établi entre degré zéro et norme permet également d'articuler
avec plus de précision rhétorique et mnnotation. Cette articulation
apparait clakement au détour d'un exemple domé par Kiinkenberg dans
le contexte d'une mise au point sur l'&art et la norme :
umuqym ne sauamer xnwa$el s a q s ap alqmou w a a un pra+no[~.s
xueaol SOI- &ap xne.nb s l p m ' m u a s s a sarnas sal $uau1a~1sn1axa
:uaguoa nlosqe oi?z aBap a[ [nas '1~201ai?z ? ~ 6 a pla nlosqu o q z
?~6apaqua *sed 'a+mssala+u! luamurawq q - a l p ' u o n a ~ 6 r paqne
aun,p (doq s?s au ar 'aycal-d al quama1d~sno) aseq e[ 7uos sn.nb
m d Jsa.2 's~wuassasaups sal 1anbona.p awad e1 spuard a[ !S sren
'mqouum neahw
ne axpua~dy p o s 'uon~soddored 'samrou sanne sal anb +pr,[ mmquoa
ap loar mod $=lrrl,~ swom ne $ d e aseqdered aQrruap e[ 'S s m q o p p
s a q s S ap : ? p q ' a salpapnu sarnas B ap $ Q ~ W 'aluawnba swom
no snld u o 3 ~ap j $uammamdde la '+uamap3? alred uo.1 no 'qm@1?6
m i @ ~ o ~s m ~ tp (aar?m
~ sed 'Juag as ri adnoi3 al allanbel uonou
aun sed 3sa.u [anuassa au@s B 'luemamap nv '.?:lxaldrad a u p ~ a a
aun'p q ~ ~ nlwadmouq
ld la a$ueqep s?4 sed )-red am au aseqdered
FJ '(S&: 0~61) a arnoaslp ne uoueaglu$ls alnw dnm atusar np la*
s m mwpddns sed l m o d au uo.1 anb sam* sap wp-?-+sacaD *sodo~d
sou p sIanuassa s a q s ap a.nb uo-1-aspyd +wmaInas : u o u m p
alqqFraA ap sed a n o 4 au uo 'sIaguassa sarnas saa 'S xne.~?$.s a q 6 n
sal luauuanuoa m o u saqne sal anb s p q 'e qanuassa s a q s sa[
'aln~?u?6a n b p q m suep uo-$!1 'alqmassw !nb ' a @ a ~ e m B awou
q 3sa.a ! a@?p~rdase~daun ladrwao P saqne sap .xarpir)ap as a l q m
amiou a w u a a aun 'd a d n o l ~al lnod 'anb slojalno+ l e a p a 11
. q g ~ w ~$al spa l d ~ p t u+uapassamiou sao 'aaddw
le.[ al amuioa ' a w m puenb q a s la 'aqlsAs amo3 !nb uonqa~d.ra$tg
lnaI asoda1 sananbsal ms samrou sap aIqmasua.1 uaFq 3sa.o 'am?$sLs
un mod samam-salla sanua: alla p a p l n e s au a p a l un,p s a r n 3 ~
sq amaro3 L a n b q a q ~a q d s u ao q o p lnad anb .anbm?v
amalsKs a1 ~ ~ e x o u u oneanru
a iuama$!3rldxa xemmou (~961) apoui
q ap au+qs@ 'pml s n ~ dSUE srou 'uo~qouuo3p a m u a q w uogmol
9un.p a3lom.I ~ U O Pl m e uo .(w61) aEkq1 ap anbFrww 8 ap:nm.s
aIarn.1 anb la 'aqqpnqnd o$oqd aun,p uogqouum e1 aun1103 saqlrea
led ajuaap f e ~ aS ? ~ m n q ml ,I anb alnop sues :uawnos as u 0
%puomnp amlwmam aun aionuar mb 'alqpodsrp apom un.p el: &.S IJ ~ u a m ~ n u
ap luoJsnys ap u a h p u o a mi wleq liosua no 'lua)a$uv,p a u w -el ap ialns
un B 9-7 Ua 1AqWf 'W 4 3 mmelJPaJPas ~ ~ n aqorI&u?x
od PJ'4lmOgaUQIJ
mi 'sem?p s a ap
~ nuah u 3 ')?soddns anb~rnouaqes$~p@sm md ? i p g q c ~
aun no uo»eu aun lauimou y 'salnllna ap alqmou suep 'aauepua aun llon u0
En altérant la rhétorique 177
Topique et dynamique
Mais je poursuivrai avec un dernier point de rapprochement entre
rhétorique et connotation qui mettra a nouveau en rapport le projet
théorique de la nouvelle rhétorique avec la glossématique.
Les figures de rhétorique peuvent étre appréhendées selon deux
points de w e - et, dans le discours théorique du Groupe p. ces deux
points de vue sont effectivement présents. D'une part, les figures de
rhétorique se distinguent des nomes et s'offrent alors au moyen d'une
classification raisonnée. D'autre part, les figures de rhétorique
explicitent des prockdures de changement dans les rapports entre les
unités d'un systéme linguistique, le rhétorique dans sa généralité
pouvant aiors étre considéré comme le principe dynamique du systeme
(et c'est ce sur quoi insiste Klinkenberg dans ses demiers écrits, en
mettant en relation rhétorique et pragmatique. rhétxique et cognition).
Or, dans la glosdmatique. deux roles, tout B fait similaires aux dew
approches du rhétorique que f e vlens d'évoquer, sont assignés & la
sémiotique connotative. On se rappelle que chez Hjelrnslev il y a deux
concepts qui désignent le systeme d'une langue (ou les sysemes, et c'est
la prédsément le probiéme dont lew dualité rend compte) : le schema en
déñnit i'analyse. tandis que les no= servent de descriptions. Eh bien :
aux normes, la sémiotique connotative offre une hiérarchie, dans
laquelle la n m e denotative sera considé& comme la premih (si on
était dans I'ordre de I'analyse. mais on ne i'est pas, on aurait pu dire
comme essentieiie n) ; par rapport au schéma, la sémiotique connotative
est employée A contr6ler le principe d'homogénéité postulé dans I'anaiyse
et A en relativiser le résultat (c'est-B-dire, B ne pas faire coincider la
sémiotique dénotative avec la langue). Dans ce cas, la sémiotique
connotaüve n'v ajoute S rien ; d e dhultiphe et hétérogénéise. Bref, elle
rend compte du dynamisme du systeme.
Pour employer des termes plus genéraux. on voit bien que dans la
théorie de la nouvelle rhétorique, - mais c'est vrai aussi de la
sémiotique connotative dans la glossématique, et sane doute également
vrai de beaucoup de problhatiques issues des théories sixudurales ou
sixucturalistes -, il y a une tension entre ce qu'on peut appeler une
topique, c'est-A-dire une organisation spaualisée d'unités sémlotiques. et
une dynamique, qui régit plut6t. quant i eiie. les relations entre les
unités, en y rendant possibles les changements historiques et les
différenciations psychologiques et sociales7.
Dans les travaux structuralistes, il semble que la topique a trés
souvent précédé la dynamique. Cela participe de ce que J'ai appelé le
mouvement de positivisation et d'objectivisation dans les sciences
humaines. La finalité &une topique, en effet, c'est de fournir une
description. Or ce sont bien des enjeux descriptifs que rencontraient
avant tout les travaux d'obédience stmcturaliste : ceux-ci avaient
I'ambition de présenter des descrlpiions plus raisonnées. systématisées,
dans des domaines du savoir ou la taxinomie, voire le simple répertoire,
tenait lieu jusque la de savoir positif. Mais la strudure ne peut pas
éviter de partager avec la taxlnomie et le répertoire les m b e s lacunes,
qui sont celles des topiques et de leurs spatialisations, a savolr qu'eile
encourt le blgme d'&tre jugée trop statique. Et quand a ce défaut s'ajoute
la conirajnte de la fonnalisation ou de la logicisation, la stmcture risque
fort d'etre considérée comme indüment universalisante et généraiisante.
C'est bien la critique majeure qui est revenue si souvent dans les
comentaires de Rhétmique généraie. Cette critique, bien qu'elle n'ait
guere montré d'arnénité, est plutot consiructfve que desiructive, c'est-a-
dire qu'elle pointe un état de la nouveiie rhétorique, et non la déhition
meme de son projet théorique. Dans nombre de travaux récents. les
membres du Groupe p ont développé l'analyse dynamlque de la
rhktorique, en mlnimisant les nécessitts topiques, ou en en suspendant
certaines fadités.
Notes
1 D'abord paru en 1977 dans Pcéüque. le texte dM est extait la citation est in&ré,
en guise de postface. dans I'édition de poche de Rhétorique génmale (1982). Le
Groupe p réagissait ainsi notamment aux articles de Piare Kuentz 1971 & 1975. A
noter que Pierre Kuentz aMit anticipé la réaction du Gmupe p. puisque dans le
second de ces articles. ii écrivait : Tant que 'm marche'. on avance : nous vemns
bien. disent-ils. ce qui nous arréte e t reconnaitrons ainsi les limites de notre
domaine. La frontiere est ou f i t la terre : pnnis terrae, fmistere. Laissez-nous
cultiver notre i d i n des figures I 1 Cette modestie souvent amessive ne doit m s
faire Ulusian. e e s t une po<tique de la recherche qul s'affume &si. 11 est esse'tiel
d'en faire apparaitre les presupposés. car rien n'est moins neutre que cette
prétendue niktralité 8 l ~ u e i t z19+5: 51.
2 L'étranger, I'héréiique et I'idiot sont les paraphmses de i'autre pesentées par Jean-
Michel Lnngneaux dans le contexte de la société grecque antique lcommunication
o d e , juúi 20021.
.
3 Ce sont des cas de méta~lasmesa suhstitution comolete. Par exemole.. cuider est le
métaplasme de penser avec eflet de sens connotatíí : Yarchaisme'. Le Groupe p
considere plus glohaiement que toute sponymie est métaplasmique Id. 1970 : 93
- .591.
PI .,.
4 Cf. les velléités de ionction entre la rhétorique des figures, d e tradition
=.uuctunlisic. ri h rhitonq~irde I',rgiiinenrnttot~.aililirr n la pracmauqiir de. son
origlnr. .lean-M;irir Klinkeiil~rgftsit <Ircellrs-ci driix m u r s l...) de plus en plus
&daires au sein de la pragmatique. (1996 : 206).
5 Du reste. I'hypothése de la langue ordinaire est soutenue dans u n k e n t ouvrage
de sémantique [cf. Nomand 2002). On ne dira donc pas que la question soit
entendue. ni mCme qu'eiie sait devenue obsolete parmi les linguistes - que du
contmke. me semhle-t-U.
6 Perpludté qu'on tmuve auasi chez Saussure quand il aborde la quesiion de la
valeur. De la valeur d'un terme. en eñet, Saussure n'explidte jarnais ce qu'de est :
d e cst. tout simplement.
7 La distinction entre toplque et dynamique a été proposte par Freud, dans
Me?tnpsychologie, alln dé &ondre~de r e k e s conbadfction; de rnodtllsation
e n k sysiemes conscient. précoiirient et inconscicnl. Freud hit runarquer. et cela
m. . ".. ..
est la plus @ossi&re, mais aussi la plus commode r . tandis que la nprésentation
dvnamiaue est a la plus waisemblable. mais elle est moins snuple. moins f a d e a
Bibiiographie
Bird. otto
1976 Cuiiures in Confiict. An Essau In the Phllosoohu
. -of-the Humanities. Noire
~ a m :eN O Dame ~ universitytybres.
Cohen. Jean
1966 Simchue da bgagepoéaque. Pads : Flammadon.
Freud. Slgmund
1915 Méúqsychdqlfe.Paris :Gaiümard, = Foilo. 1986.
G a r z a - C m . Beairiz
1991 Meanirg and Con- Berlin :Mouton de GNyter.
.
1971 Rhétonque générale ou rhétonque théorique S, iiiiérahlre 4 : 106-115.
1975 L'enJeu des métotiques I . Lmémture 18 : 3-15,
Nomiand, Claudine
2002 Bouis. brins. bribes. Aetllegrammaire du quotidien Orléans :Le Pii.
Rhétorique multimodale »
Essai de définition
Nicole Pignier
11 n'y a significatlon rhétorique que parce que I'usage des figures les
positionne dans une forme cultweile par rapport a d'autres formes de
vie. Ainsi. i'usage de I'énumération dans la forme de vie cubiste Were
bien de l'usage positiviste : les énoncés cubistes portent en eux cet M,
et cette hétémgénéité fait sens.
L'hétérogknéité inhérente aux figures tient aussi a la diversité
complémentaire et non exclusive de ses matériaux ou modalités
visuelles, verbales, etc. Ainsi, Godard d i d t : S Mot et irnage, c'est cornrne
chaise et table : si vous voulez vous mettre a table, vous avez besoin des
deux i (Godanl 1993 : cité in Joly 1993 : 101).Chaque iangage agit avec
l'autre pour faire advenir le sens. il n'y en a pas un qui soit
hiérarchiquement inférieur ou supéneur a l'autre. De plus en plus. la
rhétorique est multimdaie au sens oii d e se compose de sons, images.
mots. Nous aurons i'occasion d'y revenir avec les specificitésde l'écriture
multimddia sur Iniemet.
Par aüleun. les instantes énonciatives sollicitent souvent les figures
parce que les mots. wmme les images, sont hétérogénes aux rwüa : üs
ne singent pas le réel, et ont m&ne la réputation de maintenir l'écart
entre ce que l'énonciateur veut dire et ce qu'fl dit, entre le mot et la
chose a Misir, entre l'énonciateur et le co-énonciateur. La figure cherche
tant8t réduire l'écart, tant6t a I'élargir. Si Jacqueline Authier-Revuz
186 Nicole Pignier
d'actes de langage, au-dela d'un genre spécifique. Ces usages ont amené
certains sémioticiens a penser une rhétorique du sensible e t de
l'esthétique dans un discours de la présence.
D'un autre cote, et plus en amont dans l'histoire récente de la
sémiotique, les énoncés publicitaires, entre autres, ont renouvelé les
fonctions hédonique et argumentative des figures via leur hétérogénéité
langagiere visuelle, verbale, sonore. L'approche théorique en a été
renouvelée et, dans le meme temps, elle a fait évoluer les énoncés
publicitaires, visant maintenant a mettre en place des mondes
paradoxaux et non a mimer le réel. gu'en est-il aujourd'hui des
nouveaux usages des figures de style dans les rhétoriques plastique et
iconique des énoncés multimodaux sur Internet ? C'est de ceci, et plus
précisément de la fonction des figures dans la poésie multimodale, que
nous souhaitons traiter.
.
modale. La boule lumineuse, dans son parcours, conduit le lecteur a
vagabonder sur la page, c o m e le monde conduit le je a errer dans
I'univers avant tout. Mais il convient d'accéder, dans la durée de la
lecture multimodaie, a la saisie sémantique. En det. l'adjectif dénudé
virtuel r indique le rapprochement entre le I je D dénudé et L'intemaute
np alp) n s u q sdroa un 'ams~owuñpun a%m!,l y P aqiaA ne weuuop
ua ajnemqq,1 ap 66103 a[ qoAnouq la qoAnom p3sne s@m (jsnoq wqa
a r o q dq ~ ap
~ a p ) unpbpnb y a s o p anb~anb1mspd arpw 'wpd
'lnad ?!pnJ? a1dmaxa.1 'sasragp s?jrun sap uouauorsrp ua 'uo~auoruoa
ua aqlaur Juamalnas ap u j g .anbnoqds-oalsawsa a n b w a q ~aun
uonuane J ~ ap Mjssne apoduq 'a~!s.~naqpno anbww anbvcqaq~
aun.p jjos 'a~~anlxaj no anbgsqd anbpoaaq~aun,p nos saAnnlgsuoa
amuroa s a ~ n ? Jsaa
~ lapuaq?~dds.papodmr 1r.s : iujod larmald
' s a m a aP
?LEA sndroa un 1alpw.p a m s y snor 'sappoqlnrn al& ap sas& sap
anbvo-?~awaidde aun mod IWEQap sas?rgod&q.px m a s s a ~ m l n s
suo!sn~auoa sal la- y ~ u q p snou
q - ~ueslgnswsapaa uomueqa?
! - aalpnl? anb!meuKp aln8y e l ap suor~auojsajualajjjp sa?
s w e d m n o mod arlsaqcuo.1 syw ? ~ l a u a B w qap
, ~w-3 W el 'ap
juauraqnv ,sanbqoqmKs la ~ a m ~ ~ lsa4plauou?-<u
dtq y saAuepuou?
~ O sal A aqua asxanuoa uogelarroo s ~ o e p ñ 11 .anblloqmKs alsres
aun p 2apaaae.p $amad 'ad& am?m np suoge!mu?-oa sap jue~?u?;i
$a sa4ssa~dmXIOA sap jueua~o~d 'anbpsuñp a+ el ' u o g ~ ~ ~ d ~ , p
sdmq anb~anbe l d e 'sanbnoquu(s XJOA sal aaae 'ampal q ap p q ? p
ne 'abIanw uogq?noa ua p o s sailjssa~duquogej~uou?-03p uogepuou?
1s 'anbsjnd aalnp ap mnurlwm u n l e d anlosy uo!sual 'sallajmld
s?l!lepom aljua 'a8ed el 8 lnap~Oj01daun juesslurnoj s a ~ ~ a l l n l d
sa~nepuou?-o:, la sangjslauou? q o aqua ~ uolsual ap allej qsa a113
'lauraltrl W d n s al p d anb a p 'aoua8nma ua u o g e y aun xzq?ga~
as Xuap laidde y a suep 'atqur a a .(anbnoquú(sja anblsaigsa ar?wem ap
71p ampd al anb aa ap uo~e!auap+dxa,ljre~qnmua1w.l) juamAnom
a1 red nur s d ~ o ala (juammewuoa 1aPnoq ~ l o p u06 .amaod n s
lapame lnod l a n b ~ p~ropqnmualtq,T) $uawannom ap aamos s&oa aqua
'uo!sradsp la uojs?qoa q u a uolsuaL .apnwp la ?ddolama jsa a a[ S
a( 'auxwd a[ suep 'ammo3 'sasoqa sal 's~omsa1 aqgemds~p*a a q ~ d d e
jle~a'- anb luq ua 'apoq q 'uoplnd?~ja u o g a q e q u a '+q~osqe
psa a$newul,l slanbsat suep a n a n m w a a [ ap suomqrnq sal P a u r d
np ar x a1 g p anb a i aqua ?~n$an.qsamsg&ouros! un la1 e u 0
'a.r@.lap asoqdromqm er ap 'auennom q ap ardopsj.~uou
w u a w d x a ua lauuop juau a u q k q ' u lanvu. apuom un suep sgd
Rhétorique << multimodale » 197
chiasme sur support Intemetl. Cela. pour répondre a des types d'actes
de langage qui se veulent de plus en plus incitatifs et persuasifs pour
faire ensemble (corps textuel-corps de l'intemaute), en co-présence pour
faire en sorte que ce ne soit plus le lecteur qui aiile vers l'énoncé mais
que ce solt l'énoncé qui vienne a l'internaute. Les différentes strates de
figures composeraient alors non seulement différentes instances
énonciatives mais aussi diverses instances co-énonciatives. Elles se
composeraient d'une temporalité spécifique modulant, orchestrant les
relations inverses et converses entre les voix et les modes de saisie ; elles
se composeraient de modalités (Devoir : ne pas Pouvoir ; Vouloir ;
Savoir ; se mouvoir) aux effets émotionnels. En fait. la rhétorique
multimodale peut non seulement attribuer plusieurs fonctions i une
figure mais aussi en faire un condensé de plusieurs figures tradition-
nelles : le chiasme dynamique est a la fois récurrence (gace a son aspect
temporel), analogie (on a observé un chiasme syntaxique), hyperbole
(dans sa durée illimitée), ~ythrne.
La complexification de s a constitution, de ses fonctions, de sa
temporalité. de son corps textuel montre la nécessaire mise en place
d'une grammaire de la rhétorique esthésico-esthétique. On ne peut pas,
pour rendre compte de ce nouveau type de Rgures du discours, se limiter
au schéma heuristique proposé par Fontanille pour étudier les figures et
leurs effets aífectifs : la figure en tant qu'énigme sémantique ne sufit
pas, elle est aussi énigme énonciative et co-énonciative. On n'a plus
affaire a un seul modele d'acteurs sémantiques et d'actants positiomels
soiirce / cible / contrüle mais i la co-présence, dans le méme champ, de
divers acteurs : les instances énoncantes, les instances codnoncantes,
les diverses strates figuatives de l'énoncé devenant tour tour source /
cible / controle. 11s'agit donc de rendre compte, certes, des interrelations
entre la figure et les autres figures de l'énoncé, mais aussi des
caracténstiques des instances énonciatives et co-énonciatives. Ainsi, le
chiasme aurait une double orientation dynamique : mouvement
ascendant-diagonal / descendant-diagonal. il permet de mettre en
mouvement des uniths formant alors une totalité en tension entre
stabilité et instabilité, entre cohésion et dispersion. La source de
perception est alors saisie par cette musique dynamique et voit s a visée
orientée. Le chiasme met en tension plusieurs unités qu'il éloigne puis
rapproche de la source perceptive. Cette mise en tension dynamique crée
un choc sensoriel qui amene la source perceptive ise mouvoir et
s'émouvoir pour percwoir avec un point de vue intense et étendu. dans
la durée. Nous nous placons alors du c6té de la réception, considérée
198 Nicole Pignier
Notes
1 Voir Fontanüie 1998 : 37-38 : n La orésence, aualité sensible par acellence, est
innr premICrr. amictilnii<>n sioijorique <Ir la peri.+.piion.L'ntTcct qiit nous ioiirhe.
rcttc uirenaitc qul iaractedsr riutre relotion aii monde. r-i I'allairr de la vi* 1..1 :
I,i position. I'étrniltie et la i1rianiilC carar1i.l-i\eni rti rcvanrtir les iiilliles et lc
conienii du donuiiic dc prninenr?. r'est-A-ilirr la sdsic. La prisence cngag duiic
les deux op&ations séiotiques élémeniaires dont nous a 6 n s déjl fait &t : la
viaée, plus ou moins intense. et la saisie, plus au moins étendue. r L'actant
positionnel a I'origine de k c t e de ubée e t la some, celui qui est saisi : la cible.
Dans un cas comme dans iautre, un aciant de rnntnile se place entre la source et
la cible.
2 Jacques Geninasca (1997) oppose un mode de connaissance du monde
< inférentiel 1 au pratique (fondé sur une logique cognitive. scientifique.
S
.
S
. .
4 Fontanille foumit un exemple de métaphore 11999 : 101) : a cette femme est un
champ de blé 8 : source blonde ou catégorie humain s. cible chamo de blé n ou
.
rniCgorii \.<.<étal.. contriilr : disiarig c entre Ics deun rni6godvn . confru~iwuon
ciiirc díux r?iecorirs dlsiinci<s.dotitinnuon i l l l i rPsulre de in tiosirion ~.
adoptée par l'énonciation, qui assure en quelque sorte un contenu sensible et
perceptiw
2001 .
Cwnier, Jaques
L'tmotion et les deux voles de la communication in Colleta. J-M. &
Tcherkassof. A Iéds.], hwtiom. inkmdbns et dewioppnent
Fontanllle, Jacques
1998 Sémiotlque du dismm. Limogea : Pulim.
1999 %m(odque et üüémiwe. Pads : P.U.F., = Formes sémiotiques.
Geiilnaaca, Jaques
1997 LaPomleiUtémke. Paris : P.U.F., = F m e s Semiotiques.
Godard, Jean-Luc
1993 < Ainsi parlait Jean-Lue. Fmgments du dlswurs d h amoureux des mots P.
Téf6mma 2278.
Joly, Marüne
1993 Intmduction b i'anaiyse de i'image. Paria : Nathan.
Lyotard, Jean-Francois
1971 Discows.figure. Parls :iiüncksieck. 1985.
Martin, Fabienne & Boutaud. JeanJacques
2001
.,
La communicaüon du .sensible médiée par I'lntemet r lcolloque .iLes *es
du Net Paris : Palais du Luxerabowgl.
Meschonnic, Henri
ZüW Le iythmeet la lumi&e awrplem SouLqe. Paris : Odüe Jacob.
Ouenet PieIIe
2000 Poéüqe du regmd LtUe : Septentrion.
Pour une rhétorique de la graphie
dans les messages artistiques
Inna Merkoulova
.,
peut se faire que dans le cadre d'une théorie énonciative qul les présente
a deux niyeaux : d'abord, au niveau grammatical et stable puis, au
niveau des x exposants S, pour reprendre la formule de Hjelmslev.
L'approche énondaiive permet également de placer ces signes dans
la pkriphérie du systeme de la ponctuation, a la frontiere avec la
typographie. Ainsi, le systeme de la ponctuation se divise en centre et en
périphérie. avec deux classes des signes : centraux Iprincipalement les
signes de segmentation) et périphériques (moyens visuels). La peilphérie
du systeme reflete la tension entre le code et i'énonciation b sémiotique S
et sémantique B. au sens de Benveniste).
La théorie énonciaüve présente le systeme de la ponctuation comme
le lieu de dialogue entre deux sémiospheres : verbale et visuelle (Lotman
1999 : 38). En outre, eUe permet de s'interroger sur le statut mEme de
i'écriture : double statut sémiotique. L'écrit en quelque sorte r gere le
verbal et le visuel en introduisant une tension entre les deux. L'interac-
tion entre la sémlotisation verbaie B et la sémiotisation visuelle " sera
d'ordre temporel : selon Édeline, par exemple. c'est le m&meceil qui
déc& les messages écrits et les dessins. 11 faut donc qu'fl dispose de
deux programes différents : le programme TEXTE et le programme
IMAGE x (kdeline 1999 : 202). Le moyen pour passer d'un régime a
i'autre sera la vibration :voit / ne voit pas.
Selon Fontanille. pour que la dimension de la modélisation soit
activée (cette dimension est 'de m h e famille' que la dimension rhéto-
rique). 11 faut et fl sumt qu'une dehiscence quelconque apparaisse dans
le discours, un débrayage interne qui puisse faire place a l'exercice de la
réiiexlvité (le dlscours a pour objet le discours) r (Fontanüle2001a : 22).
C'est justement gAce B une déhiscence entre deux strates du signe
graphique périphérique (Usible / visible] que les italiques, les blancs ou
les a l i n b sont susceptibles de marquer les figures telles que i'hypo-
typose. la synesthésie, l'ekphrasis, la métonymie, etc.
Dans son ouvrage consacré a la rhétorique, Reboul place I'hypo-
typose parmi les figures de la pensée. c'est-a-dire celles qul r ne
déplacent pas des mots mais les ldées 8 et qui concement le dlscours
en tant que te1 : phrase ou suite de phrases 8 (Reboul 1984 : 55).
L'hypotypose, dlt-il, r fait comme si son objet étalt présent, au pomt
qu'on cmit voir ce qu'on entend #.
Selon Bonhomme, on remarque une figure en ce qu'elle transgresse
les lois de la communication ordinaire 8 (Bonhome 1998 : 11). 11 s'agit
ici des maximes griciennes de qualité (dire la vénté). de modaiité (&re
Pour une rhétorique de la graphie dans les messages arlistiques 205
écoutait la musique, 11. sentait son goiit r, en revanche. ce qu'ü n'a pas
senti sur la langue lui restait inaccessible. La surdité du personnage de
la nouvelle fait que ses sens S se touchent B (Louria 1995. dté par Szendy
2001 : 35). I'ouie cede la place ti la vue, la capacité d'entendre, a la
perception visuelle :
Ce qui me msie du concert qui suivit i'enregistrement 7 La Jubflationsur les vlaages,
le geste patemel de fon Krause. intmduisent mon Wre dan8 la confrae des
grands artistes 1...1
Mon Wre a jou6 comme jamais. J'ai v u la surprise naiire sur les traiis des deux
hommes qui ne s'etonnent depuis longtemps. I...I Des p l e m calmes (d.annexe 2 :
147).
.
d'un autre sens, #un autre univers sémiotique. Citalique ouvre une
fenktre a l'intérieur de la représentation narrative : une fenétre s'ouvre
sur le a sentir B fondamental, sur I'exp.5ienc.e ou tous les sens sont en
mowement et oii ils se fondent en un seul * vécu 3.
Les moyens graphiques peuvent servir de points d'intervention pour
passer &une couche énondative a une autre. Chez Saumont (OH LA
MER EST TELLEMENT BLEUE). par exemple, la disposltion spatiale des
caract&es donne au lecteur un choix entre plusieurs direciions de
lecture. Les signes péripheriques représentent ici un aspect m cognitif
(repréaentation)de l'intervention du lecteur, A la différence de l'aspect
8 pragmatique n (manipulation physique dans le cas de l'hypertexte
par contiguité avec une image, dont I'ahsence est converüe en présence
actuelle mais invisible. Le deplacement métonymique entre deux parties
contigués d'un meme ensemble peut étre présenté sous la forme
schématique suivante : photo-titre + commentaire.
Le déplacement métonymique symbolise une nouveiie physique et
une structure de l'hypertexte-papier (= album de photo). Ainsi. les signes
périphériques servent de points d'intervention pour passer d'un univers
sémiotique (verbal) a I'autre [visuel).
Engendré comme simulacre de l'album (une représentation avec le
changement de genre : album-nouvelle). le texte devient un dérivé de
I'hypotypose qui assure la présence lisible d'un S p e de discours ou de
réalité a l'intérieur d'un autre type de discours. Nous proposons de le
considérer c o m e un cas parüculier de I'ekphrasis. Dans notre exemple
ce n'est pas seulement une description d'une ceuvre d'art, mais un
modele codé de discours qui décrit une représentation [...l. Cette
représentation est donc a la fois elle-méme un objet du monde, un
theme a traiter. et un traitement artistique deja opéré, dans un autre
systeme semiotique ou symholique que le langage x (Molinié 1992 : 121).
Les éiéments graphiques entrent dans ce modele codé et repré-
sentent donc un autre systeme sémiotique en donnant au texte de la
nouvelle une temporalite et une spatialité spécifiques que Édeline
appellerait une chronosyntaxe. Cette demiere entend S des effets déli-
berés de crainte, de désir, d'ennui, de distraction, de surprise, de
déception : c'est une vie en miniature u (Bonhomme 1998 : 441. Une vie
de texte en miniature, dirons-nous.
Chacun des effets évoqués possede aussi des traits d't?nallage, figure
reposant sur l'instabilité des références déictiques. On voit bien. par
.
exemple, que les déictiques graphiques B (les italiques, les gras. les
alineas) sont bien I'usage des formes décalé par rapport i la valeur
usueile 8 (Kerbrat-Orecchioni 1980 : 88) qui représentent le je comme un
auire (le dédoublement du sujet dans le cas de I'autocommentaire a quoi
correspond l'opposition des caracteres), ici comme un aüleurs (présentifi-
cation matérieiie ou ici sigmñe a cet endroit d a m le texte).
Si on passe maintenant a i'étude de l'organisation visuelie de la
partition musicale, une question se pose : est-ce que la notation conven-
tionnelle est descriptive ou prescriptive par nature ? Autrement dit, est-
ce que les éléments de la notation servent d'instructions a exécuter la
musique ou bien d'informations s u r les événements sonores, leur
agencement. leur interaction ? Et comment ces éléments de la notation
peuvent-ils marquer les figures rhétoriques ?
Pour une rhétonque de la graphie daus les messages artistiques 209
BmlmerR
1997 Enire stvle m u s i d et slüniñcaUon muside : la sivlisation B r>artir des
can&?R
1997 Mdbmmiredemusique.Pa~I~:sain.
Cataeh N.
1924 ia Rmdwikm Po
nc
u
tn
bs :P.U.F., =Que &Je
tn ?
É d h F.
1999 Llntaritt e l poCsle vlsuelle (11 pleut. un quinrll b a s a de Gulllaume
ApoUinahe) ln Corre. 1'. (éd.). Longnge et ihh'üé. Ule : P.U. du Sepkmion.
202-214.
FontanlüeJ.
.
199g Shloüqm @ii.üWature.Paria :P.U.F.
2001a Énondatlon et madéusaüonr L B i ~ C o o nm N.Seimiaire intcreAnioüque B
Kerblat-orecchta C.
19S3 ~ ' h o ~ D e I a s u b ~ d a n s t @ ~ . ~ : A n n a n d C o l l n .
Künkenberg J-M.
1992 Discoura plurieodes ei uouvelles technologies. L'aemple de I'eeriture m.
~plas~2aEpoMDonimentsdetmUan.deCenbodeSemiMIcay~del
especi6N-lo48: 1-31.
Iatman J.
1986 la .?ém&spm timogee :P u i i ~ .1999.
Pour une rb6toriqne de la graphie dsns les memges uastiqnes 213
1997 .
Tarasu E.
l ñ e Emanclpatlon of the Sign: on the Coiporea1 and Gestwal Megnings in
Music R. Sémlntique oppüqzh4 : 180.188.
Annere
i Toumier. Michei, Elármr ou L a Source et ie Bulsson Paris : Gallimard. = Folio.
1996 : 101.
l...] ébranle tout de méme par les muveilles qu'il entendait mnter sur cdte Cdüomie.
il eut recours A son pmcédt habituei : fl ouvrlt sa Bible au h a s d pour tmuver la
lumiere qu'ii cherchait 01le hasard - ou plutót la Providence - voulut qu'U tombiit
sur ces lignes de I B d e :
Je suis descendu pow aWurer mon peupie des mains des Egypíiens eí pnir
lefairenumierdans unetmjrtueetspacieuxoUmuienilelaUetiemleLLepaysde
'Canann.
11 fut aussitBt frappé par la similitude Mdente des mots Canaan et
C u y a . Et n'éaii-ce pas mmme d'une terre f e d e et spcieuse ou couknt le lait et
le miel que inut le monde autour de lui parlait de cette muvellleuse Caüfornle 7 l...]
Marc Bonhomme
Introduction
Sil est un domaine pour lequel le probleme des relations inter-
Semiotiques se pose avec acuite, c'est bien celul de la rhétorique. Celleci
peut-de &e générale et englober dans un méme champ des systemes
sérniotiques cüíiérents, ou n'existe-t-il que des rhétorlques spécifiques,
chacune étant délirnitée par le systeme qui wnstitue son objet d'étude ?
Ce problbe de rouverture ou du cloisonnement du domaine rhétorique
se révele avec l'une des composantes priviié@éesde ce dernier : celle des
figures, intrinsequement liées a l'elocutio, a savoir P la mise en forme
expressive de tout discours, v e m ou non verbal. De fait, il existe une
abondante iíttérature sur la question de la transposition de la notion de e
figure n (concept essentiellement linguistique pour la tradition rhéto-
rique) B des swotiques non verbales et principalement visuelles, ceües-
ci nous intéressant plus particulierement dans cet article. Cette
littérature concerne surtout des figures comme la métaphore. l'eiüpse ou
l'antithh, avec des positions tranchks. D'un CM, on observe le camp
des antitranspositioonnistes,hostües a i'extension des @res a l'irnage.
Pensons i Metz (1977 : 253) pour lequel cette extension risque de n'etre
qu'un plaquage arüñciel et une entrepfise d€sesp€rée 8 . D'un autre
&té, on remarque le camp apparemment plus fourni des transpwition-
nistes pour lesquels l'extrapolation des figures verbales a Pimage ne pose
pas de cas de conscience. Parmi ew. on peut @terDolle (19791, Kerbrat-
Orecchioni (1979). Serre-Floersheim (1993) ou Gervereau (1997). Entre
ces deux posiiions, on relhe la conception plus nuancée de théoridens
comme Klinkenberg (1993) pour qui. si Pimage renferme eñectivement
des figures rhétoriques. l'extension aveugle de la terminologie linguis-
tique celles-ci ne manque pas d'etre problhtique.
Dans ce débat, une ñgure pourtant importante comme la métonymie
parait rester a I'arriere-plan, m&me sl plusieurs analystes ont fait
quelques suggestions sur Pélargissement de cette Egure a l'image, qu'ils
se placent dans une perspecüve généraie (Cocula & Peyroutet 1986) ou
quUs se setonnent dans te1 ou te1 systeme visuel : fllmique (Jakobson
19631, publicitaire (Durand 1970 ; Eco 1972)'... Dans cette étude, nous
nous proposons d'approfondir leurs séflexlons encore sucdnctes sur le
statut intersémiotique de la métonymie, en nous appuyant sur un
corpus homogene : celui verbo-iconique de la publicité, et en tentant de
répondre a une question a priori simple : peut-on transposer la notion
llnguistique de métonymie D a I'image ?
C
1
a
1 Composanies dywniques
d
b
cause I %urce hoces Fifet But
r
(agent) (action) (pmduit)
e 1
1 I
Temps MaWre
.
Comme on le sait. ces deux codes sont de nature tres différente :
dominante e analogique de I'image us dominante E digitale x du
langage6 : flou syntaxique et sémantique de I'irnage (privée notamment de
220 Marc Bonhomme
.
L'accroche verbale i Ouwez l'appétit y développe un transfert de
l'effet sur la source :
Boites éveiiier Appétit -> Appétit => Boites,
lequel contraste avec la formulation standardisée du slogan au bas droit
de l'annonce : Ouvrez les boites r. En raison de son c a r a c t h abstrait.
ce transfert de l'effet est quasiment impossible a représenter sur l'image
qui, elle, actualise une autre métonymie suggérée par la position
incongrue de l'ouvre-boite : celle du produit contenu lgousse de petits
pois) sur son cadre - ou lieu - contenant boite]. Par ailieurs, du fait de
leur dimension ensembliste, les c métonymies iconiques B offrent une
polysémie beaucoup plus grande que les métonymies verbales, celle-ci
aümentant leur flou catégoriel. Ainsi, paralliilement a son orientation
métonymique incertaine, l'image pour les vins de Corse peut encore étre
interprétée comme une synecdoque (connexion Partie-Tout) ou comme
une métaphore (analogie de la grappe avec la Corse). selon l'adage
fréquemrnent revisité par la pratique publicitaire : a Qui s'assemble se
.
ressemhle , l a . Surtout, on voit mal comment on pourrait trouver
l'équivalent verbal de certaines métonymies iconiques B. Prenons une
image publicitaire pour les conñtures Vivis (fig. 5).
Comment rendre par le langage l'imbrication des refonctiomali-
sations isotopiques que cette image visualise en une seule saisie? Celle-
ci combine en effet une double substitution de la source végétale (ie
fmit) au pmduit (le sucre) et au cadre spatial Oa boitel de ce dernierIg,le
tout reposant en méme temps sur une ressemblance d'essence métapho-
rique entre la source-fmit et le cadre-boite.
.
Au t e m e de ces quelques réíiexions, revenons a notre question
initiale : Peut-on parler de c mdtonymie iconique ? La réponse a cette
question dépend en fait du niveau d'analyse auquel on se place.
Si l'on envisage les d e w extrémités de la communication verbale et
iconique. a savoir leurs univers notionnels sous-jacents et les effets
interprétatifs suscités par leurs coufigurations rhétoriques, il parait
évident que le langage et l'image s'appuient en commun sur des matrices
fonctiomelles profondes (ou des scripts) a stnicture contigue. De plus, a
partir de ces matrices préconstmites, le langage et l'image opiirent des
refonctionnalisations énonciatives, a la fois saillantes et typiques, qu'on
peut identifier comme metonymiques. Avec cependant u n certain
nombre de particularismes dont nous avons donné un aper$u.
Peuton parler de métonymie iconique? 223
Notes
1 Jakobson voit notamment une gamme de gros plans synecdochiques et de
montages métonymiques dans les füms de Griffith. J. Durand fait de la
métonymie icouique en publlcité une 6gure par substituiion reposant sur une
relaiion de diñmnce lee qui est contestable. puisque la plupart des thmridens
s'entendent sur le fait que la metonpie wnstitue une 5gwe leotopique. et donc
du a m€me 4. guant Eco, il situe la métonymie au niveau tropologlque de
l'image publlcitaire. Ainsi lorsqu'une boite de produits alimentaires est po'ésentee
a travers l'animal auquel eUe est dcaiinée.
2 11 s'aglt &unvin des Cotes roannaises pmduit a Renaison. dans la Loire.
3 Cet exemple répolid au processua suivant :
huer Maieon [pour]Week-cnds -> Weekends => Maieon.
4 Idenüñées sous diverses formes. ces mamces génériques ont entre autres retenu
l'attaiiion du Groupe p (19701. de IaUnan & Gaspamv 119791 ou de Lalroff &
Johnson (1985). Contentons-nous de cita ces deux derniers qui s'intémsait plus
spéd8quemeut 6 la métaphore : r La m6taphore dest pas seulement quesiion de
langage mais aussi de structure meptuelle. Cette dernlere ne conceme pas
seulement l'intellect, elle met en jeu toutes les dimenslons naturelles de ~ t r e
224 Marc Bonhomme
.
6 Selon la temiinologie wlgaride par le courant de Palo Alto. le langage est prion-
tairement digital 8 , en ce qu'il s'articule sur des structures conventionnelles.
oppositives et linéaires. L'image est majoritairement r analogique x , en ce qu'elle
fabriaue a son niveau unemimesis.de realité. motiveé 6 a r l'obiet a k e l l e2 .
Bibliographie
Adam. J-M. & Bonhomme. M.
1997 L'ArgumentationpublfcUaire.Paris : Nathan.
Mstote
1977 PMtique. Paris : Les Belles kttres.
Barthes. R.
1964a r Rhétorique de I'image s. Comnunications 4 : 40-51.
1964b < Eléments de sémiologie r , Communications4 : 91-135.
Baticle ,Y.
1985 Clés etccdes de l'image.Paris : Magnard
Bonhomme. M.
1987 LViquktique de la métonumie. Beme : Peter !-ang,
1995 < La synt&e de l'image bhlicitaire m. h l i a 5 : 375-387.
1998 Les Figures clés du dismws. Paiis : S e d . = Mémo.
Cocuia, B. & Peyroutet C.
1986 Sémantique de i'únnge. Paris : Delagrave.
Dolle. G.
1979 Élements pour l'analyse rhétorique d'une image v . i n Rhdtoriques.
sernotiques.Paris : U . G. E. 10118. 234-253.
Durand. J.
1970 i Rhétorique et image publiciiaire r. Commwricatioions 15 : 70-95.
Eco, U.
1972 Lo Structure absente. Paris : Mercure de fiance.
Fillmore. C.
1968 The case for case * in Unixersals in LinguJstlc Theoy. New York, Chicago :
Bach, Emmon & Hannas. 1-88.
Fontanier, P.
1821 Les Figures du discourc. Paris : Flammarion. 1968.
Gervereau. L.
1997 Volr, compren&e, analyser les images. Paris : La Découverie.
Groupe p
1970 Rhétorioue . -aénérale. Paris : Larousse
1992 naité du signe visuel. Paris : Seuil.
Jakobson. R
1963 Ess& de lingui.itiqueg.4nérale. Paiis : Minuit.
Kerbrat-Orecchioni C.
1979 S L'image dans I'image 3 in RMtorlques. sémiotiques. Paris. U . G . E. 10/18.
193-233.
lüinkenberg. J-M.
1993 w Métaphores de la rnétaphore. Sur l'application d u concept d e figure & l a
communication visuelle R . V e r h 1-2-3 : 265-293.
226 Marc Bonhomme
Agries d'Izzia
Le cadre de la démarche
L'objet de la présente wntníution est de proposer une méthode de
lecture des images rhétorisées des magazines.
11 convient toutefois de rappeler le cadre des travaux qui m'ont
amenée 6 l'élaborer : 11 s'agit h e étude oh j'ai vouiu démontrer la
persistance des transformations de la féminité et de la masculinité
énoncées par les apparences physiques, ainsi que leur articulation aux
éxolutions de la société. Mon objectif était de penser la différence des
sexes selon un modele en phase avec P u hypercomplexité des sociétés
mcdemes a (CS. Morin 1994 : 53-66. 129 8r 1351. Aussi ai-je pmposé un
modtle permettant a la fois de dévoiler i'ensemble des possibles
immanents de la féminité et de la masculinité énoncées par les
apparences, et de saisir leurs variations dans le temps. Le mod61e doit
en eflet étre apte a úaduire la variété de i'idenüté sexuée et ti servir une
penske de la liberté et de la dignité humaines, en autorisant un
approfondissement de i'individualisation des normes idéales de féminité
et de mascuiiniti. Il est figuré par le spectre. teme que nous entendro~m
au sens physique (comme celui du spectre de diñhction de la l u m i é ~ .
produisant l'arc-en-ciel). En effet, S nous demeurons de chair t (d.Le
Breton 1999 : 7, 19 & 223) et notre corps est le modele de notre
construcüon du monde (cf. Cassirer 1972 : 161) et de nos relations aux
autres. C'est le mouvement qui préside a l'existence de ce spectre : il est
e ouverture de l'infini rassemblée dans une forme n et concoit la féminité
et la masculinité comme N des ceuvres ouvertes et mobiles n (cf. Eco 1965
: 9-37). Mais leur pluralité ne peut étre considérée seulement comme un
jeu abstrait de composition / décomposition / recomposition de la
féminité et de la masculinité. car elle prend source dans la complexité
tant de l'individu que de la société, qui sont a la fois interpretes et
créateurs de ces ceuvres x (cf. Eco 1965 : ibidem), ceuvres charnelles.
C'est ici que ce spectre s'ancre dans une réalité historique et sociale qui
vient lui donner forme et limiter ses possihles.
Pour e n démontrer l'existence, j'ai choisi d'analyser les
représentations sociales de I'apparence physique des personnages
masculins et féminins, représentations acceptées et diffusées par la
presse. Ces représentations supportent les signes normatifs et idéaux de
féminité et de masculinité comme aussi leurs transformations. Plusieurs
titres de presse ont ¿té sélectionnés, au long d' S années tests n échelon-
nées de 1947 a 1997, ce qui représente un corpus de prés de 30 000
pages. Pour comprendre le sens social des transformations des registres
des signes de la sexuation, j'ai, pour chaque période considérée, rapporté
les résultats de cette premiere analyse a l'état des cinq a ordres sociaux S
qui foudent une société et rendent compte de sa composition bio-
sociale (au sens ou l'entend E. Morin). ainsi qu'i celui des pensées de
I'ALtérité et de 1'Altérité sexuée. 11 a été saisi a u travers des
représentations de ces magazines et des méta-analyses du contexte
social - analyses des analyses produites sur le reel par les chercheurs
en sciences humaines -, afin de réduire les distorsions entre les
représentations sociales de la presse et la réalité sociale (cf. d'Izzia
2001a), et pour permettre de lire les images rhétorisées : le contexte
social détermine en effet les signifiés des signes visuels iconiques et
plastiques, au travers de la définition / idenüfication du référent et du
me.
Cette recherche a été menée sur deux pérhdes. De l'apres-guerre a
la fin des années soixante, il s'agissait d'établir l'existence du spectre et
de montrer que sa mohilité s'expllque par un * lien isomorphlque stmc-
tural n (cf. Levi-Strauss 1974 : 99 & 231-2321 avec les évolutions de la
société. Cexamen de la deuxieme période, située trente ans apres, a mis
en évidence les formes que revétent ce spectre ainsi que sa mobiiité.
L'analyse revele en effet un spectre en tension. Ce demier subit des
mouvements paradoxaux : un mouvement de polarisation, de schize, de
fragmentation des signes de la sexuation, lesquels connaissent
Image rhktorisée des mrps sexuéa sur papier glacé 231
a schemes *, des .
étaient engendrées par des matrices corporelles, forgées par des
principes dynamiques d'organisation 8 (Panofsky
1979 : 141,caractérisant la société d'une décennie domée.
Cette wnstruction abstraite d'une forme englobante du corps sexué
ne rel&e pas seuiement du simple silhouettage, et donc d'une rhetorique
du type du signe iconique. Car Pintérieur de ces formes les détermine
aussi. U semble procéder plut6t de la recherche d'un r é f h t du signe
iconique, celui de la silhouette idéale d'un corps sexué, exlstante a une
période donnée, d'un .r designatuun 8 actualisé : puisqu'il possede des
caractéristiques physiques.
Les signes uisuels de la senration - 11 fallait lire aussi les slgnes de
la sexuation des personnages représentés. J'ai des lors défini des
indicateurs corporels et analysé leur sexuation a travers le u travail des
apparences physiques B observable sur les images, énoncé dans les
teKtes, et que j'ai comparé a celui qui est mis en oouvre dans le contexte
social.
Les signes iconiques et les signes plastiques président a la
production et a l'identification des signes visuels de la sexuation de
maniere a la fois indtpendante et articulée. ii s'agissait donc d'identifler
les mes. ou les classes, de signes iconiques de la sexuation. Ceci dolt
en effet pennetke de vériñer la nature de la relation entre un signíñant
d'un signe iconique de la sexuation et con référent : un membre de cette
classe. Dans cette démarche. il s'agit de tenir compte des signes
plastiques, en particulier de la wuleur et des formes des signes visuels
de la sexuation.
Les échanges de signes de sexuation et les transformations des
reglcb-es de la sewuatia - Munie de ces outils, je me suis attachée a
décoder la maniere dont chaque société é n o n d t dans ses magazines les
nomies idéales de la féminité et de la mascuiínité.
l m g e rhétoriséedes wrps sexues sur papier glad 233
.
J'ai idenMé les réactuabations des slgnes visuels de la féminité et
de la masculinité dites 4 traditionnelies en mettant au jour les signes
qui énoncent féminité et mascullnlté de m a n i h spédfique. düférenciée,
u schizée P. Puis j'ai recherché comment ces signes de sexuation
pouvaient ou non s'échanger. Ces tchanges s'opkent soit de manibe
univque - il fallait alors idenmer comment les personnages féminins
acceptent des signes de masculinité et réciproquement - soit de
maniere réciproque pour comprendre quelles formes pouvaient prendre
les fgures de la ressemblance B. le Lieu du meme (au sens oii
I'entend Sibony 1991 : 11) sur les images ou apparaissent des couples
ou des groupes mixtes de personnages et jusqu'ou ces échanges sont
p&sibles.
L'miyse des images surpapier glacé
Cependant, je me suls rapidement rendu compte que les outlis que
je venais de forger laissaient h a g e dans l'ombre. Or elle participe
pleinement la construction des représentations de la sexuation
énoncée par les apparences, a celles des ordres bio-sociaux et des
pensées de i'Altérité sexuée.
J'ai des lors dü déplacer la perspective, faire porter I'analyse des
corps sexués sur l'image qui les représente, et ainsi ttre attentive a la
mise en scene des corps dans I'image. L a démarche ne devait pas toute-
fols s'arrtter la. Par exemple, il a fallu analyser le fond. les couleurs, les
lumíeres, les flgures, la position, la dimension, I'orientation des formes
corporelies, il a fallu prendre en compte les rythmes d'apparition des
images, la segmentation des pages en difiérentes zones d'images, ou
encore la sérialisation des pages et leur hiérarchie.
Je n'irai pas plus avant dans la description cette lecture des images,
souvent cornplexe. pour m'attacher a un aspect de cette lecture : la
rhétorique des images des corps et la rhétorisation des images
présentant des coips.
elie perturbait une articulation des signes visuels attendue qui forme
le corps, celie de I'image présentant ce corps, ou la représentation
visuelle d'un contexte social, ou encore si I'impertinence modíñait le
sens et la logique de l'image ;
- de montrer quelle opération de rhétorique était a I'ceuvre dans
l'énoncé oti une impertinence éiait identiñée, quelles relations cette
opération étabiiasait entre degré pequ et degré concu :
- d'établir ensuite si cette impertinence altérait l'expression ou le
contenu h e image ;
- de comprendre enfin que1 effet cette rhétorisation de I'image
produisait sur le sens social de I'image.
Certes, j'ai coum le risque de conserver une terminologie provenant
de la rhétorique verbale, notamment pour décrire les kopes visuels. Par
exemple. j'ai uüiisé le teme de métaphore visuelie. J e voulals en effet
faciliter L'acces a ma démarche á des non-sémioticiens. Dans ces
conditlons. j'ai d a décrire avec la plus grande précision possible les
processus d'altératíon de l'lmage, notamment les modes de relation qui
combinent l'opposition In Praesentia us In Absentia avec la présence
d'éléments visuels Conjoints et/ou Disjoints. et décrire les wmblnaisons
d'opérations renwntrées dans les é n o n h visuels.
Par exemple une image publicitaire presente un couplage In
Praesentia Disjoint. Cependant, on peut a la fois l'assimiler a une
métonymie vlsuelle - car la silhouette du personnage féminin au
premier plan est aussi contenue dans le flacon de parfum, et cette
silhouette alnsi englobée contlent du parfum d'un ros6 a la chaíeur du
sable - et la comprendre c o m e une méiaphore visueile, car la femme
est commuée en parfum et le parfum en femme. De plus on repere
I'éqWent d'un subtil métalogisme visuel, i d une inversion logique : la
traine de la robe de la femme-parfum se répand a ses pieds. alow que le
paríum se répand logiquement par le col de la bouteiiie : or celui-ci est
obturé par une chwelure-casque d'or.
Conclusion
Les apports de la rhétorique visuelle et des théories du Groupe p a la
sémiologie visuelle ont été déterminants pour mener a bien cette
recherche. fondée sur une méthode de lecture des images de magazine.
Mais je n'ai pas épuisé les questions posées par le travail. II semble que
le sens de ces images soit également relié au contexte social par les 101s
de llsomorphisme sttuctural. Un champ de recherche s'ouvre donc ici,
ou doivent se déployer les ressources d'une socio-sémiotique et d'une
socio-rhétorique visuelies.
h a g e rhétorisée des corps sexués sur papier glacé
-ter, E.
1992 XY. De l'idmtüé masnillne. Parls : Odüe Jawb.
Balandier, G.
1985 AnihqmícgQues. M s :i d b m Générale h m s e
m e s .R
1964 Rhétorique de i ' i i m. Communicotini4:4051.
Cassirer. E.
1972 La Phénoménologk desfmaqmdes, 1. Paria :Wnuit
Lhcamps. M. A
ign ~eNU et ie memmt Paris : Éd. Universihkes.
Eco U.
1905 L'<Fuurrouwlte.Paris:~.
croupe p
1992 .múte du sQne UtSueL Paris : Sed.
Hall. E. T.
1971 LaDimenslon c a c a . Paris : Seuil.
Le Bretan, David
1999 L'Adieu a u corps. Paris : M€taüi€.
Lév-Strauss, C1.
1974 Anthmpobgie structumle 11. Paris : Plon.
Merleau-Poniy. M.
1964 Le VlsIble et l'invlsibie. Paris : Callimard.
Morin. E.
1994 L a C o m p M humnine. Paris : Flammarion.
Masse. G. h
1997 L'mnge de i'homme. L ' i n m de la uirüik? moderne. P a s : Abbeviüe.
Panofsky, E.
1979 Essaid'lmnoícgk Paris : Galiimard.
shny, D.
1991 L%nbpdeuxenpaitoge.Paris:Seuil.
Nustrations
1 F'hotogmphie de Nich Night. in Vcgue Homme Internatinial M& pruitemps-
éi¿ 1997 : 138.
2, P-phie de Mickael mOmpson, in Vcgue,mars 1997 : 37.
3 Photographie de Jean-Paul-de. in L'O&ieZ Hommes 13 119971 : 4< de
wuverture.
a a s N w X uou
la a~qiennyuou ' u o ~ ~ o o ~ u !
md a n b v q p q ~ap am8u : z 3~
W'P ~ 0 % OPZ
Trompe-l'ceil et pikge visuel
Pour une rhbtorigue de I'accommodation du regard
Odile Le Guem
Wang wmmenca par teniter de mse le bout de I'aUe d'un nuage pod sur une
montagne. Puis ü ajouta ila surface de lamer de peiites rides qui ne faisalent que
rendre plus profond le sentiment de s a serénité. Le pavement de jade devenait
sinmli&ement humide. mais Waw-Fe, - ahso~bédans 6a winture. ne s'aoercevait Das
qu,ii h*t as& dans reau.
Le m e canot gmssl sous les cou~wde ~hinceaudu uelnire m u ~ a l malntenant
t
tout le premier pl& du rouleau de S&. Le bmit d e n & des ramess'&levasnudain
dans la distance, rapide et vif comme un battement d'alle. l...]
Et lIdngl aida 1; maiire a monter en barque. l...]
- Ne cmins nen. Maiire. m u m m le disdple. l...] Ces guis ne snnt pas falts
p u r se perdre a l'intérleur d'une pelnture.
Et U ajouta :
- L a mer est belle, le vent bon. les olseaux marins fmt leur nid. Partons. mon
Maiire. p u r le pays au-d& des flots.
- Parto118. dit le vieux minire.
Wang-FO se saisit du'go~vemail.et Ung se pencha sur les mes. La cadence
-
des avirons emnllt de noweau toute la @alle. fume et rémill&e wmme le bnilt d'un
cceur. l...1
-
Le rouleau a&& Dar Wann-F6 resiait wsé sur la table hasse. Une bamue en
occupalt tout le premier plan. EUe s'eloignait peu B peu. laissant dem* eUe un
mime slllage qul se refennait sur la mer Immobtle. l...] le siliage s'eliaw de la surface
déserte, et le peinire Wang-Fa et son disciple idng dispanuent B jamais sur cette mer
de lade bleu oue Wam-Fa venait d'inventer.
~ ~ ~ u u l t e ~ o u r c eNouwlles
n a r . orientales. Paris : Gallimd, 1963.
242 Odile Le Guern
est la joUe formule uOisée par Gombrich 11987 : 3451 pour évoquer une
Nature morte d'Henri Fantin-Latour, peinte e n 1866. Si nous la
reprenons en introduction de cette réflexion s u r le trompe-l'ceil, les
pieges visuels et les formes de rhétorique qu'ils présupposent. c'est
qu'elle suggere la nécessaire action conjointe des deux plans, de
l'expression et du contenu. pour réaliser cette captation du regard du
spectateur dont nous voudrions faire le centre de notre propos, et qu'elle
jette une passerelle entre les deux par la métaphore d u festin,
nécessairement emphatique dans la perspective rhétotorique qui sera la
n6tre. Pourtant, Gombrich cite, quelques pages plus loin, la célebre
phrase de Maurice Denis : * se rappeler qu'un tableau - avant dZtre un
cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote - est
essentieliement une surface plane couverte de couleurs en un certain
ordre ascemblées w (1987 : 3491, phrase qu91 commente en soulignant
l'impossible simultanéité des deux processus en réception : 8 Mais
comment poumns-nous voir en meme temps le cheval de bataille et la
surface plane ? l...] Comprendre le cheval de bataille, c'est oublier
pendant u n moment la suface plane. Leur présence simultanée est
impossible x (ibiciem). On peut également ivoquer a cet endmit les mots
de Jacques Fontanille reprenant Panofsky :
Le premier enjeu d'une representation picturale est de falre oublier le support
maténel. E. Panofsw fait remarquer que * la notion de supporl matériel du tableau se
trouve completement chassée par ia noiion de plan iransparent 8 : il va de soi qu'i
I'inverse, tout projet esthetique qui vise a réduire la part de la reprksentation aboutit
.
a son stade ultime a exhiber ce support matériel. Ce serait alors i'equivalent des
isotopies < scripturales ou u métaceripturalec dans le texte littéraire moderne
(Fonianille 1989 : 82).
S
C'est sur cette possibilité d'échanger leur róle que repose cette forme de
complicité entre le peintre et le spectateur. cet accompagnement d u
spectateur par le peintre, aux frontieres de I'illusion représentative".
.
trouve aiors inscrite dans une temporalité aspectuaiisée. Entre G iden-
tification énoncive e t identification énonciative n, i'implication d u
0
Conclusion en coutrepoint
Le peintre propose, sur un plan, un espace tridimensionnel fictif
compatible avec l'espace de réception. Cette compatibilité de forme et de
contcnu suggére la contiguité, voire Ildentité des deux espaces et suscite
de la part du spectateur une implication immédiate dans l'espace
représenté ou figuratif. jusqu'au moment ou celui-ci percevant la
superchcne ne s'engage dans une appropriation différée de l'espace de
représentation ou espace figural. Les deux espaces sont alors disjoints et
leur relation releve de I'altérité. Et I'on peut la suite de Pascal qui
écrit : Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration pour la
ressemhlance des choses dont on n'adrnire point les originaux I 8 (2000 :
5511, s'insurger contre cette rhétonque picturale et lui préférer d'autres
siratégies d'appropriation de cette gramrnaire de fimage que constitue
l'espace flgural. 11 en est ainsi pour certaines lithographies d'EscherI7.
S'éloignant des réaiités observées. eUes tkmoignent d'un agencement de
l'espace représenté rendu possible uniquement paree qu'il est fait de
représentation, alors meme qu'Escher utilise de maniere rigoureuse le
mde perspectif, sans transgression aucune. Cet espace-la cst immédia-
tement percu dans son étrangeté comme paradoxal et engage le
spectateur dans une démarche méta-iconique sans le marchepied de la
séduction engendrée par le trompe-I'ceil. Ainsi. avec Beluéde?re, Escher
nous propose une construction spatiale et architecturale tout a fait
250 Odile Le Guern
Notes
1 La mani&e dont Gombridi uüüse le mot ne nous semble pas contmdictolre avec la
.,
distinction reprise par J. Fontanille I entre l'apparence actuelle et rapparaitre
.
vntuel ou potenuel entre ce que le sujet va essayer de reimuver aans i'apparence
et r qui lui a et€revéle dans I'appamtbe 11989 : 229-301.
2 8 Ce n'est donc vas en Min que la Derspective
. . dispense ses plus wnvaincantes
.
iüusluiis lorsqu'elle peut s'oppuyer siir des connaissanccs ou des expectatives
solidcment enracinées dans l'cs~ritdii spectatciir (Cornbrich 1987 : 3'25.261.
3 Ou de i'nspace R g d a hs&ce figiratifS, pour reprendre la termlnologle de
Fontaniüe.
4 Ou r enbe I'espace énonciallfet l'espace énondf s.
5 Les frontiBres de l'espace enond sont m e r i i e s . par la prCsence du Spectateur,
en Umites de l'espace Cáiondation : le M t a t 'ñguratlf de la mise en commun
des deux espaces est donc un engiohemeni de I'espace &wncé por Vespace d ' h -
cioii~r~de I'o- par l'obseivant (Fontanllle 1989 : 561.
6 Cette identité pouvant aüer Jusqu'a I'effet spécuiaire que nous retmunma dans un
tableau de Coeiio évoqu€plus bas.
7 La temporaiite. quant a elle, doit Ctre non marquée.
'k8611 q a s l m a m n n p ?*a lom ap nal a? 81
.(SEP-SZ?: mz spa 81xl1xlw 19 b o w ul sonqnd ?al IWZ 'sa%m v
'S 1 0 0 o ~ ! w 'anbpolrnas ap aslejueq uonsposstr.1 ap safim nti s l o ~a y ~ d
aun wsodord 913 ?uo mq3s3 $waraauoa luah!ns mb as.ipue.p quamala sa? LI
'S aauaniw@;[ap sarnreqa sal snq
arela 6.p u o u ~ q osuep
, ~ a w m asa n s m ' M n g e ' l u a w ~ a suou 'ma?-o.~
anb apos acl 'qm no.1 anb la!& np m n e m no i m i o q u o ~ d aun o iauuop rnod
anb 'ma!pne,l ap a q q d a1 mod qlr>~ s w m sed sa.u w i g o a l q q a a anb lapo@
lnEJ a o n b y ,matlpnti,l v uaw apuemap au w.1 no asnm aun suep mgam as y
?rrlodti ñ,u n.nb wmd 'anbuoaig al suep malsio.1 ap a 8 w uo.nb aa luainqsnl?sa.a
'auuop m1 uopb -09 al suep no 'apuemap m1 uo.nb uolsn?p q m q snou ap
sed agap a au annlpne.1 anb qp -+udsauos ap aquom awj ap 'am!pnTaI s m p
la mnragsp al m i a ? w anq n.nb nau 'm183 ,.-3w9 UDS S I I F ~ a.w
~ mod
no 'inqmo.1 ap 3aaqeq41w u ( ~ oa m a j mcd d a d snld al a m a al 16a.a aarsd
p n e s i u : ialns uos ap sal- esswneur sal no sauuoq sal 6 ma1w.l
anb asnm ? iuamalnas uou 'anbwoaq ama8 ne ~ u u o p?ea mou a 3 : ( ~ 6 8 S
: L ~ L Im) 1 3 red alw8 np el a- ?S wop w m q ardwaxa red ~ O 91 A
x a n b o q qepi sap ualq ap 6 a p sap ~ W B I X Isal ?uaurno!nb la a n b q q
Q W I ~s w p sap ~ suep ~a3e8ua.sap 'sa$esñmd sap no sulp=í =P w m ? e . p
??ua~]le mb auuosrad sleuuoo au ap .enbusti oarq don a a q p apad no awq
aun ms zau al ?as83 1um as mb qwsrp sap rra,q v aC íuamanauuoarad 81
'166-86: 6661). duepre;iar,np uorllsod el suep '$uamamq 'wla!a1 la n q w
al soep 1ue13e w w p ap 1mals)Jads nsl I I P W ~m1 mb a i p a 1 nEapFi amgulq
np man =-?a-3 a1 an- 81w!qs .p$arua ap ~ ~ J I .m P 3 a~ ap sodad v VI
.aismuolsnm a w m a p a7nq ap aqu05ua.1 mb a i
'anb@o[ a3uaqqm waa ap ]uameq*p nne 'uoulsodmo~el suep luamannom al ?m
-mpaqm ua 'ams5qm al arqgsuoa anb uou~.40um.1ISWa @ w u .(%E : ~ 8 6 1 )
qapqmog lpaa ,i auiqw aauai?qoa aidard 8s apm8 spm ' r n a E p a apuoar
np wuaww sal m e p m w w . p a- nealqq al ' u o n d ap suoa&mp
snou pueno .rn%mp sed luannad au qarqo saa lqw woddw sal la qwad s i a k
sap amo3 e[ 'anq g ms 'anbqnd -'ds!p uo1snW.l '?wurannom q w o m nv
'larqo.nb tuel ua a u $ ~ ? pas srem
awm-m1 anb aoqa aqne e sed aionual au nvalqqei a1 : mlsueq sed uou ?a . .
p r a d un +maa.l-admoq al anbspd alqmm u m ?-?ssnod 'sea suep ' ~ s a
m p d a l '(1~3.1ap w n n 'anileiluado3 'm 8'98 x 99 'ano1 ins aanq 'S¿-OL~T
a p u o d y~ anqnd np apnmdr.1 aapucdaanoa 1jop ' s a q sap aqáZh6 p b apl)rs,l
ap a?-- ?laliqeq,I v . : alueA1ns aqluem ti1 ap ampdxa qawqmw anb a 3 11
.am%eiuñsno samm sav un.1
ap uogtis-a w u E[ ap qdmm iueual w inus)uas?ida 4 & uou no a$rerp
ua spd asa a,nb nolas ylqo-arpea np a m i w q uolas 'salqlssod sanb!pm8qu&
suon'dposse sal salno? rn%swua 'q+1dmoa s n ~ da s L p m aun lncd '?wpnEJ 11 01
.q3uold-ar+umap no ~ 8 u o l ap
d lana un qn0b.s 'qw y 6
.agdsr$qoqd q mod ?E$- a[ Isa u? jnb 'uon!eodmw ap m1md ap ' a m u i r
q mad y w m m mld ?sa .anby@&opmaup la anb!qd&qoqd IW? a8erpea
ap uonou g 'ale8uel ap g~pomaioaauqp 'amwad q mod ' 1 s ualq ?@.S [I 8
Bibliograpbie
Aumont. J.
1990 L'lmage. P& : Nathan.
Damisch. Hubert
1987 L'Origine de (aperspsaW. Paris : Flamrnarian.
Fontaniile. Jacques
1989 Les Espaces subjectfs. Pmis : Hachette.
1995 Sémiotique du visible. Des mondes de lumiere. Pans : P.U.F.
1999 Sémiotique el LittBature. Pmis : P.U.F.
Cibert. B.
1767 La Rhétoque ou les ragles de i'éloquence. Pmis : Nyon.
Gombrich. E.
1987 L'Artet i'iüuslon Paris : Gallimard.
1996 Ombres portées. lew repr@sentationdans I'art occidentaL P a s : Gallimard
Groupe p
1992 Trait&du signe oisuel. Paris : Seuil.
Parouty. Franpise & Ziiberberg. Claude (eds.1
2003 Séndotique et esthéiique. Limoges : P u b .
Pascal. Blaise
2000 Pensées in (Eilvres completes. tome 2. Paris, Callimard. = La Pléiade.
Stoichita. Victor 1.
1999 L ' I n s i a W n du tablwu. Geneve : Droz.
Illustrations
1 Claudia Coello. La Saorada Forma 1690. huile sur toile. dessus d'autel de l a
Sémiologie et rhétorique du discours musical
Sémiotique
Les niveaux d'articulation du langage verbal sont nettement
différemciés.En particdier, le fonctiomement des nlveaux supérieurs a
la phrase est absolument difíérent de celui de la phrase elle-meme. Cette
différentiation n'existe pas en musique ou. au contraire. on a noté
depuis longtemps la récursivité des fonctionnements d'un niveau
Sémiologie et rbétorique du diseours musical 257
.
déments secondaires a un niveau inférieur. C'est ce que Roland Barthes
appelie noyaux et N cataiyses n ;on y reviendra.
Ces quelques points peuvent etre fllusirés au moyen d'une breve
analyse du Prélude en ut majeur du premier llvre du Clavler bien tempért?
de Bach, dont on trouvera la partition en annexe ; cette analyse est
entierement redevable a celle que Schenker et quelques-uns de ses
disciples avaient publiée en 1932-1933.U faut attirer d'abord I'attention
sur une pathologie de cette piéce, ires lisible ici. qui sans &e rare n'est
pas extremement fréquente : ce Prélude s o d r e d'hyperisotopiea. Les
symptomes en sont manifestes : Bach égrkne, durant 32 mesures sur
258 Nicolas Mees & Jun-Pierre Bartoli
"P;;
Hi
Ré
Do-
SI 1 ; .
Adagio Presto
Étape 1 WPW
Roductícm et re* d'une isotopledans un énoncé. (sosapmiueünn
Tout el€meut &un éncmcé est inscrit dam le conteirte aéé par lncombe h
les éiements qui l'ont précedé. [Cesl 6léments prolettent une i'émettew]
certaine attente au-devant d'eux-m€mes : cette attente peut elre
eomblée ou d-e par les é h e n t s sunrenant r .
.
im@ par l'honcé, Id7 un contemi compathk avec le reste du
mntexie l.de@ conw 1 d.
récepteurl
.et,pe4
$tape finale de Ilnterprétatlon : perception entiere e t
interprétaüon mmpI&tede la Bgure rhétorique (supeqosítlon du
d e conw 1 au degré perp : ide@ conw 2 -1.
Autrement dit i'isotopie du re- qui s'enclenche une seconde fois est
immédiatement troublée par un nouveau silence aiiotope. Lorsque
surviennent la phrase B et le silence qui suit. de la méme longueur que
le préc&ient, il se pmduit alora un phénomhe tres proche de ce que le
Groupe p (1977) designe par la rkéualuation proversive d'unités qui
semblent manifester d'abord une incohérence de sens. L'impression
premiére d'allotopie. pmvoqude par le silence apr& la premiere phrase
du r&ain, est conigée par i'adjonction de la deuxiéme phrase puis du
silence qui suit. Ces éléments qui s'associent au premier permettent
d'indexer celui-ci au champ sémantique iniüai : pour l'auditeur. il s'agit
bien du démulement du re-, mais chacune de ses phrases constitu-
tives est désormats espacée par une portion toujours égale de silence.
Lorsque la phrase conciusive du refrain D intervient. la question de
la fin de i'ceuvre se pose a nouveau. L'hypothese de l'amorce de cette
isotopie est d'autant plus puissante que le sflence est cette fois
beaucoup plus long que les précédents. C'est dora que Haydn dispose
un nouvel élément dotope. le retour de la phrase initiale du theme (A).
Le silence, cette fols déñnitif. provoque la demiere impertinente du
mouvement - et non la moindre ! Rendant Impossible toute reeoaluah;on
proversiue, ce silence final implique une réévauratlon rébospectlue : a ce
point. i'auditeur (surtout i'auditeur A i'oreiüe exercée) peut réexaminer
en effet I'unité A a la mesure de ce qui vient de se passer et prend
conscience du tour de force réalisé par Haydn : depuis le début, ladite
section contenait en elle a la fois les caract€ristiques mélodiques et
harmoniques d'un début de theme mais tout aussi bien ceiies d'une fin
(une cadence parfalte)". Mais ayant. entre autres procédwes, multiplié la
présentation du theme complet, Haydn a su avec une parfaite m-trise
dissimuler le deuxieme sens de cette phrase jusqu'8 la fin de la p i h . 11
a soigneusement prémédlté le décalage qui devait inexorablement
s'instaurer dans l'entendement musical de son auditeur entre un degré
percu et un degré concu. La figure ne peut donc exister sans la
coopération entre lui et les musiciens qui la jouent &une part et le
public d'autre part. Elle s'articule sur la potentialité du double sens de
certains ses éléments. Les unités musicales ici dlsposbes par Haydn
obligent l'auditoire a ne pas se satisfaire de ce qui est primitivement
entendu et 8 le réexaminer constamment a l'aune des unités qui
surgissent par la sutte. Ici s'instaure un va-et-vient répété entre
i'appréhension par le récepteur d'un degré pequ problématique et une
remontée résolutive vers le degré concu. Cette interactlon faite de
compiicité souriante entre Haydn. ses interpretes et son public est la
preuve maniíeste de la puissance rhétorique mise en mvre, puissance
indéniable quand on pense que l'aeuvre a plus de 220 ans.
Une des vertus essentiellea d'une étude rhétorique de ce type est de
pouvoir penser d'nne maniere eiñcace l'interaction entre les partenaires
de la communication musicale. On notera qu'a la différence de plusieurs
.
collegues musicologues qui se sont frottés aux wncepts de la rhétorique,
nous n'avons fait appel ici a aucune figure topique venue de la
rhétorique littéraire : ni antanaclase, ni oposiopese n'ont paru ici indis-
pensables ... D'autre part, on ne doutera pas que les opCrations
rhétoriques exposées par le Groupe p des Rhétorique génémle (1970),
semblent parfaitement applicables au domaine musical. Suite a l'établis-
sement de phénomenes normatifs soigneusement disposés par Haydn
lui-m&metout au long du mouvement, les pmédures rhétoriques de la
6n de son quatuor reposent par exemple sur les principes d'adjonction
(de silences), de substitutiou, et de suppression (a l'extfime fui).
Mais du cdté des S o-des a - autrement dit : des 5gures et de
leur typologie -, le transfert automatique des catégories issues du
langage verbal vers le langage musical implique au préalable des
précautions qui rel¿vent de la question de la référenüalité en musique.
Le Groupe p classe les figures linguistiques en quatre familles selon
deux dichotomies simultanées : la premiére entre le signiíiant et le
signiñé - ou plutót entre l'expression et le wntenu -. la seconde, pour
dire vite. entre le niveau du mot (ou unités inférieures) et celui de la
phrase (ou unites supérieures). Du cbté de l'expression. les métaplasmes
qui jouent sur l'aspect sonore et graphique des mots (ou unités
inférieures) et les métatares qui jouent sur la dispositton fomeile de la
phrase (ou unités supérieures). Du cbté du contenu. les métasédrnes
qui jouent sur l'aspect sémantique des mots (ou unités inférieures) et les
métalogismes qui jouent sur la valeur référentieiie et logique de la
phrase.
La question rapportée ici A i'exemple de Haydn est éclairante. De
toute évidence. nous sommes placés devant des figures rhétoriques que
l'on ne peut distsibuer aisément dans cette typologie. Un premier réflexe
consisterait & les assimiler ii des figures de type métaplasmique ou
métataxique, considémnt qu'aucune référence ne semble aRieurer. Nier
toute présence de signlflés serait cependant remettre en cause l'idée
méme que la musique est une sémiotique et, partant, un langage.
Pourtant fl y a bien dan6 ce quatuor, comme dans le domaine verbal,
profusion de sens implicites et explicites et superposiiion de niveaux
articulés entre e&. L'unité A, comme les trois autres, est bien une unité
de sgniihtion. Par ses éléments constltuants (eux-mémes potentielle-
ment sign&mts). elle est ainsi capable de signiüer le début d%i theme,
et accolée aux autres unités (B,C, D) elle est la partie d'un niveau
d'ordre supérieur lui-méme signifiant (un theme). Cm celui-ci est lui
aussi une des unites d'un trolsieme niveau de niveau supérieur [le
refrain d'un rondo]. Par aiueurs. la petite unité A se révele capable, une
fois isolée et entourée de slience, de produire une autre signiñcaiíon et
de s'intégrer a i'etablissement d'une autre isotople.
Notes
1 Voir m e s 1963 : 264 : i on s'apepit que la iitthture n'est que langage. et
encore : langage second. sens parasite. en sorte qu'eüe ne peut que connoter le
rkl, non le dénoter .[...l.. DrMe
. de toute tntnsitivité, wndamnée se sieniRer sans
.
cessc eUe-riifule au moment ou eUe ne voudrait que signüier le monde # : et riirorc.
D. 268 : la force d'un s m e (ou piutbt &un systtinr (le almes] nc d-id
&n caractere complet tpr.&nce akomplle $4signieant eid'un sg&l. L.3 mais
ws de
bien pluiñt des rapports que le algne entrettent avec ses voisins (r&is ou vimielsl
.
].L : ea d'autres termes. c'est l'attentton donnée a I'oganisation des signiaants qui
fonde une Wtable critique de la slgniacaüon. beaumup plus que la décowerte du
signlflé et du mpprt qui i'unit i son signiaant s.
.
2 Ce texte a son origine dans deux communicationa faltes le 13 julliet 2002 au
.
colloque Sémiotique et Rhétorlque générale n. a u Centra Internazionale di
Semiotica e Linguistica, la premi€re par Nicolas Meehs, Semiologie du discours
270 Nicolas Meeus & Jean-Pierre Bartoli
musical S , la seconde par Jean-Pierre Bartoli. Réflexion sur les condttians d'une
rhétorique musicale B.
3 Le phénomene est du méme ordre que celui qui est a I'ceuvre dans cette phrase de
Rabelais citée Dar le GrouDe u : Omnia clochn clochabüis In clocherio clochando.
clochans clochciivo elachaGf&it clochabüiier clochantes (1977 : 451. Concemant la
dehition du concent d'isotooie et son ada~tationau domaine musical. voir Bartoli
2000.
4 Schenker insiste sur le fait que le mbl6me essentiel de la musioue. art du temus.
est d'inscrue ses elements constiiukfs dans la durée. C'est le seni qu'il faut d o i e r
au mot prolongauon n (qui. de surcroit, était chez lui un néoloejsme : le mot est
assez con&un en francais. mais pas du tout en ailemand). La prilongation s'op6re
i d sur deux niveaux : d'abord, dans la mesure 1 lou la mesure 4). i'etalement de
I'accord sous forme d'un aqege (la figure isotopiquel répete est une pmlongation
elémentaire : ensuite. les broderies de chacune des notes de I'accord induisent
deux acmrds nouveaux qui engendrent une prolougation de niveau supérieur. sur
quatre mesms. A un niveau supérieur encore, toute la piece apparait c o m e une
-
nmloneaüon de I'accod d'ut maieur. c o m e on le verra dans un inctant.
5 Telie qu'elle est décrite ici. la phrase pamit regie exclustvement par la succession
des accords. c'est-a-dire par I'harmonie. 11 n'est pmbablement pas inutile de faire
remarquer que la n o m e applique par Bach est aussi conirapuntique :la syntaxe
inversée, en particulier, ne résout pas correctement la septieme du II' degré. la
regle de résolution de la dissonance appKtient, cela va presque sans dire. au
contrepoint tonal et l'absence de résolution qui rwulterait de i'inversion ne ferait
qu'accentuer le cmctere archaisant
6 Voir note 1 ci-dessus. On se sowiendra aussi que Benveniste défmit le sens 8
comme la capacité d'une unite a intégrer u n e unite de niveau supérieur
.
(Benveniste 1962 : 127).Voir aussl M e e h 2002.
7 Bien oue seules ces fleches soient emnmntées a Mever. on constate une sineuliere
convergente de m e entre ses préoccupations et les notres.
-
8 11est impassible d'expliquer cela cans proceder a l'analyse technique de la figure en
question. Les musiciens notemnt qu'au-dessus d u baiancement T-D-T. la celluie Ici
nommée * A * contient a la fois u n motif niélodique conjoint ascendant du Uoisieme
au cinquieme degré (sol lab, sh) qui est plut6t celui diin incipit et le motiíconJoint
descendant de la mediante a la tonique (sol. fa. mh) qui est typiquement
.. . celui
d'une conclusion cadentielle.
9 D'alileurs. ne peut-on pas parler aussi bien de métalogismes n a propos des
figures présentées 3. i'instant par Haydn dans son quaiuor 7
Bibliographie
Barthes. Roland
.,
1963 r Littérature et signification Te1 Que1 Ireproduit in Essais rritiques, Paris :
Seuü, 19641.
1966 Introduction a i'analyse s h c t u r a l e des réclts B. Commwiications 8 lrepris in
L'Analyse shictumle du récit. Paris : Seull. 19811.
Sbmiologie et rhéiorique du dismurs musical 271
2000 .
Bartoii. Jean-Piem
hopositions pour une déhition de i'exoüsme musical et pour i'appiication
en musique de la notion disotopie &-tique S, Muswgla W / 2 : 61-71.
Bemeniste, Émlie
1962 r Les nlveawc de i'adyse llnguiatique R. Roceedinga of ihe 9th Intemational
Congress of Linguistics, Cambridge. Mass. : Mouton. 1962 lreproduit in
h b l e n e s de IingwStiqueghémle1. Parls : Gallimard. 19661.
Gmupe ~i
1970 RJ~&rQuegenemle. Park : Larouw W s : S e d . = Points, 19821.
1977 Rhetorlque de la @sic Iffhire LInBaYe, ieciure tnbulaire. Bnurelles : Éditions
Complexe [paris : Seuil. 19901.
1992 Traüé du signe visueL Paria : S e d .
Künkenberg, Jean-Maxie
2000 Recis de sén&tlquegénér& Paila : Seuil. = Points.
Meeus, Nimias
1993 Helnrfch Schenlcer. Une Wndmüon Liege : Maniaga.
200!2 Musicai Aiticulation *, MusicAnaiysis 21/2.
Meya. ieonard B.
1973 Ea.~lainingMusic. Essays and ExpiomtIon Chicago : U n m i y of Chicago
%s.
sada1, Y.
1980 H m n y 61 its Systemtf and Phenomendogícal Aspxfs. Jerusalem :Yanetz.
Schenker. H.
1993 L ~ : Mardaga.
' libre. Liege ~
S- Bmm est chercheur quaiiíié du F.N.RS. a 1Vniversité de iiege. Ses
recherches actuelles portent s u r l'histoire e t l'épistémologie de la
sémiouque. 11 est I'auteur de Hjelmslev (Belles-Lettres, 2000) et de
Saussure. L a langue et sa repdsentntion (L'Hannattan. 2001). 11 a dirigé
avec H. Parret le recueil P&s- de la volx mulim. 20021 et participé
au Cahier de I'Heme Ferdinand de Sausswe (2003).
JAN B ~ Nenseigne
S a l'institut d'Etudes C u l t u d e s de la KU Leuven. 11
s'intéresse p&cuii&ement aux relations entre textes et images, qu'il a
surtout étudié dans le domaine des parallttératures (bande dessinée et
roman-photo). 11 a publié recemment : Ciose readlng New Media.
Analyzlng electrontc Uterahire (co-diection avec Jan van Looy. Leuven
University Press. 2003) : Le goüi de la forme en Wature. *es et
leciures & contraintes. CoIloque de Cerisy (co-direction avec Bernardo
Schiavetta N&is. 2004) : Romans a contrairúes (Rodopl, 20051, ainsi que
Viure sa vie. Une novellisation en uers d u j i l m de Jean-Luc Godard
limpressions Nouveiies, 2005).
.
membre senior de I'lnsutut Uiiiversitaire de Fiance lchaire de Siniotiauel
et dirige le Centre de Recherches Sémiotiques v. 11 est aussi responsable
des Nouveaux Actes S6miotiques. coiiection éditée par Fulim. Parmi ses
ouvrages : Les espaces subjectiYs [Hachette) : Sémlotlque des passwns.
Des états de choses a u x e t a t s d'hme (Seuil. avec A.J. Greimas) :
Sémiotique d u visible. Des mondes d e lumfere (P.U.F.) : Tension et
signfiation [Mardaga, avec C1. Zilberber9, : Sémbtíque et iittérature :
essais de (P.U.F.) : Sémiotique du discours (Pulim) : et Séma &
Soma Lesfigures du corps (Maisonneuve et Larose).
AGNESD'IZZIA poursuit des recherches en sociologie et en sciences de la
communication. Elle a publié " L a double distorsion et ses effets (Actes
.
du colloque SDMIO 2001. Limoges. 2001) : R Féminités. masculinités et
Altérités sexuées : mouvements perpétuels (DWF, Rome, 2000).
~ N N AMERKOULOVA
est chercheur a I'lnstitut d'études slaves de I'Académie
des Sciencec de Russie (Moscou). Elle est I'auteur de Pour une sémio-
linguistique d e I'écrit [Moscou, 2004) et d'articles abordant les rapports
texte-image. Elle est aussi la traductrice de deux ouvrages : du russe vers
le francais : L'explosion et la cultwe, de J . M. Lotman (2004) ; et d u
francais vers le russe : Sémiotique des passlons. Des états de choses aux
états d'm.d'A J. Greimas et J. Fontanille (2004).
Univcrsité
.v ,,
, ., ,,,,,,
.,,,