Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Mettre en conformité le
traitement des réclamations
CHRISTOPHE BOURDEL, AVOCAT ASSOCIÉ, GRANRUT ET FLORA WAMBA, AVOCAT
COLLABORATEUR, GRANRUT | 25/04/2014 à 00h00
ACPR PROTECTION DES CONSOMMATEURS
Depuis le 1er septembre 2012, les entreprises soumises au contrôle de l'ACPR doivent
justifier de leur mise en conformité à la recommandation ACPR sur le traitement des
réclamations en mettant en place des dispositions ayant pour objectif de garantir au
consommateur une information claire et transparente sur les modalités de traitement des
réclamations ainsi qu'un accès facile à celui-ci.
Un constat d'insuffisance
Préalablement à la mise en place de cette recommandation, l'ACPR a effectué une analyse des
systèmes de traitement des réclamations préexistants sur nombre d'organismes soumis à son
contrôle. Elle a publié cette analyse dans sa revue d'avril-mai 2013. Elle a ainsi réalisé une
étude auprès de 397 organismes d'assurances et de 389 établissements de crédit, à l'issue de
laquelle elle a pu constater que le système de traitement des réclamations était
significativement insuffisant au sein de la plupart de ces entreprises contrôlées.
Avant l'entrée en vigueur de cette recommandation, l'ACPR, dans sa revue d'avril-mai 2013, a
ainsi pu constater que plus d'un organisme d'assurances sur trois déclarait ne pas fournir
d'informations sur la procédure de réclamation à ses assurés dans les documents et supports
contractuels qu'il émet. Cette part s'élevait à 47% pour les mutuelles et les institutions de
prévoyance et à 20% pour les entreprises d'assurances.
Elle déplorait également le fait que le niveau d'information de l'assuré était encore plus faible
dans les lieux d'accueil et sur les sites Internet des organismes concernés. En effet, seuls 30%
des organismes ayant participé à l'enquête de l'ACPR prévoyaient cette information.
Face à ces contrastes, l'ACPR a pris des mesures afin de permettre un accès plus large au
système d'information. En effet, cette recommandation impose aux assureurs l'obligation
d'informer la clientèle des modalités de saisine du service réclamation, des délais de
traitement, de l'existence et des références d'une éventuelle charte de médiation. Ces
informations doivent être rapidement accessibles à l'ensemble de la clientèle, notamment dans
les lieux d'accueil de la clientèle et sur leur site Internet.
L'ACPR a également relevé que l'organisation du système de traitement des réclamations au
sein des organismes d'assurances apparaissait défaillante, car seuls 48% des organismes
d'assurances déclaraient accuser réception des réclamations et seules 60% des entreprises
d'assurances se seraient engagées sur un délai maximal de traitement.
Dans cette optique, l'ACPR préconise dans sa recommandation qu'en cas de réclamation,
l'assureur doit en accuser réception dans un délai sur lequel il s'engage. Celui-ci ne peut pas
excéder dix jours. En outre, il est indispensable par la suite pour l'assureur de tenir informé le
client du déroulement du traitement de sa réclamation, notamment lorsque, en cas de
survenance de circonstances particulières, les délais prévus ne peuvent pas être respectés.
S'il ne peut pas faire droit à sa demande, l'assureur doit informer l'assuré des voies de recours
possibles et des coordonnées du médiateur. Les services de l'assureur doivent être différenciés
clairement du dispositif de médiation indépendant. Ces mesures apparaissent en adéquation
avec les différentes défaillances qui avaient été relevées par l'ACPR avant l'entrée en vigueur
de la recommandation de 2011.
Pour une mise en place effective du traitement des réclamations, les entreprises d'assurances
organisent leur système de traitement des réclamations de manière opérationnelle. En effet, à
côté des défaillances liées à l'accès au système des réclamations, l'ACPR avait également
relevé des lacunes à ce niveau au sein de certains organismes. Dans son rapport, l'ACPR
déplore que la proportion d'organismes dotés d'outils informatisés multiples soit très faible,
d'autant plus que ces organismes n'ont pas été en mesure de déclarer que la totalité des
réclamations reçues transitaient par l'outil informatisé, ce qui les met dans l'impossibilité
d'assurer une identification exhaustive et un suivi efficace de leurs réclamations.
Cette procédure doit notamment différencier clairement les différents circuits de traitement
des réclamations, s'ils existent, et prévoir clairement les modalités de transmission au(x)
médiateur(s) désigné(s).
Elle doit permettre de respecter les délais de traitement qui ont été communiqués au client,
c'est-à-dire au maximum dix jours ouvrables à compter de la réception de la réclamation pour
en accuser réception et au maximum deux mois entre la date de réception de la réclamation et
la date d'envoi de la réponse au client.
Cette procédure doit prévoir les modalités d'enregistrement des réclamations et du suivi de
leur traitement. Elle doit prévoir un niveau de qualification requis pour les collaborateurs en
charge de la fonction de traitement des réclamations. Enfin, l'ACPR confirme que cette
procédure doit être formalisée et communiquée à l'ensemble des collaborateurs concernés.
Toutes ces mesures s'inscrivent ainsi dans une volonté de recenser toutes les réclamations afin
d'en assurer une identification exhaustive et un suivi efficace.
L'ACPR note également le fait que des contrôles ont révélé que certains établissements
proposaient une ligne surtaxée pour recevoir leurs réclamations, ce qui constitue un véritable
obstacle pour une application effective de ce dispositif.
Ainsi, les entreprises d'assurances ont encore une marge de progrès à réaliser afin de se
conformer à cette réglementation. Cette mise en conformité nécessitera cependant des coûts
de fonctionnement supplémentaires au sein des compagnies d'assurances. Ainsi, si l'objectif
de protection de plus en plus accrue des consommateurs apparaît légitime, il va générer des
frais de gestion supplémentaires qui, directement ou indirectement, auront un impact sur la
rentabilité servie aux assurés.
Pour une meilleure application du système de traitement des réclamations, l'ACPR insiste sur
l'importance de mettre en place un système de reporting et donne un exemple d'informations
dont elle estime la collecte nécessaire (lire encadré « Les sept informations clés de la
réclamation », p. 62).
L'ACPR précise aux « entités tenues de se doter d'un contrôle interne » qu'elles doivent
mettre en oeuvre les moyens et procédures nécessaires pour s'assurer du bon respect de cette
recommandation et contrôler les risques subis par la clientèle que pourraient causer les
manquements et/ou atteintes aux règles de protection de la clientèle, identifiés au travers des
réclamations. Enfin, elles doivent en justifier, notamment dans l'annexe du rapport de contrôle
interne.
L'ACPR veille ainsi à ce que toutes les entreprises soumises à son contrôle se mettent en
conformité avec cette recommandation afin d'en tirer les conséquences dans leur processus
interne.
C'est le cas, notamment, d'une mise en garde qui a été prononcée à l'encontre d'un courtier
commercialisant des produits d'assurance sur Internet pour manquement à plusieurs
recommandations. L'ACPR avait ainsi mentionné le caractère incomplet de certains
dispositifs de traitement des réclamations.
Il faut noter que si, avant l'entrée en vigueur de cette recommandation, le processus de
traitement des réclamations n'avait pas été audité dans plusieurs compagnies d'assurances,
l'ACPR constate cependant une multiplication des audits internes des processus et des
services chargés des réclamations réalisés en 2011, ainsi qu'un nombre important d'audits en
2012, ce qui montre ainsi l'impact de cette recommandation.
Il est donc incontestable que les efforts portés sur la gestion des réclamations auront
directement un effet positif sur l'image de marque de toute la profession. Cet objectif vaut la
peine d'être atteint.
Des contrôles ont révélé que certains établissements proposaient une ligne surtaxée pour
recevoir leurs réclamations, ce qui constitue un véritable obstacle pour une application
effective de ce dispositif.
Nom du client.
Date de réception de la réclamation.
Objet de cette dernière.
Contrat, produit ou service visé.
Liste des intervenants autres que l'établissement ou l'organisme d'assurances lui-
même, et des personnes physiques ou morales visées par la réclamation.
Date de la réponse - positive ou négative - au client.
Manquements aux règles de protection de la clientèle éventuellement identifiés.
À noter
En pratique, le délai dont dispose l'assuré pour déclarer le sinistre commence à courir à partir
du moment où il prend connaissance des dommages.