Vous êtes sur la page 1sur 25

Le Dieu de l’espoir

1. À chaque fois que je pense à Dieu dans le silence de mon


âme ou que je doive en parler dans un exposé, comme
celui de ce soir, cette réplique du grand physicien, Albert
Einstein, me revient toujours à la mémoire. Une meute de
journalistes s’empressait un jour de lui de lui poser la
question : « Monsieur Einstein, croyez-vous en Dieu ? » Il
leur répondit laconiquement : « Quel Dieu ? » c’est-à-dire,
« De quel Dieu parlez-vous ? Il y en a tellement. »

2. Je pense aussi à cette affirmation du philosophe Mortimer


Adler, président du comité d’édition de l’Encyclopédia
Britannica, qui dut un jour expliquer à un lecteur pourquoi
l’article sur Dieu était le plus long dans la série Les grands
livres du monde occidental.

« Dieu, dit le philosophe, est la question fondamentale de


l’existence. Ce seul thème entraîne sur la vie des
conséquences plus nombreuses que n’importe quel autre
sujet. » En d’autres mots, de ma vision de Dieu, de ma
conception de Dieu, de ma croyance ou de ma non-
croyance en Dieu dépendent le vécu de ma relation avec
le monde, avec les autres, avec moi-même et, surtout,
avec Dieu.

Par exemple, si je crois que Dieu est Père, cela signifie


que vous êtes tous mes frères et mes sœurs, peu importe
qui vous êtes. Si je crois que je suis fils de Dieu, je ne
sentirai pas le besoin d’une thérapie d’estime de soi ou
d’épanouissement personnel, c’est évident.
3. Je pense aussi, et surtout, à cette déclaration du Mahatma
Gandhi : « Dieu n’est pas ce que vous croyez. »
a. Le plus grand chrétien après Jésus, suivant un
historien
b. Assassiné le 30 janvier 1948
c. Par ses paroles et tous les engagements de son
existence, il a été le défenseur d’un Dieu qui
refusait la violence
i. Il n’acceptait pas que des êtres humains
soient privés de leur liberté
ii. Que des pauvres soient exclus de la
société et considérés comme des
intouchables
d. Dans une religion où vous avez 32 millions de
dieux ou de représentations de Dieu, on doit
sans aucun doute se tromper sur la nature de
Dieu. Comment se le représenter, comment en
être sûr ? Oui, si Dieu n’est pas ce que nous
croyons ? La question est interpelante pour les
théologiens experts dans la science de Dieu, les
pasteurs, experts dans les métiers de Dieu, pour
tous ceux qui se rassemblent et croient agir au
nom de Dieu, depuis des années.

Dans un miroir déformant, vous voyez tout en longueur, tout en


largeur, tout en zigzag. Il en est de même des images ou des
caricatures de Dieu, vu au travers des miroirs de nos cœurs et
de l’Histoire. Une fausse représentation de Dieu fausse aussi la
vie de l’homme et des hommes entre eux.
4. Comment parler de Dieu ? L’inaccessibilité de Dieu

Dans un premier temps, je dirais que c’est impossible. La


Bible est claire à ce sujet.
a. Il habite une lumière inaccessible. Nul homme
ne l’a vu ni ne peut le voir. 1 Timothée 6. 16
b. Moïse qui parlait avec Dieu face à face, sans le
voir tel qu’il est, ose un soir lui dire « Montre-moi
ta gloire. »
c. Dieu lui répondit : « NON. Tu ne pourras voir ma
face, car l’homme ne peut me voir et vivre. »
Exode 33. 18-22.

Il lui apporte quand même un espoir : « Je passerai près


du lieu où je te mettrai, au creux du rocher, non loin de
moi. Je prendrai toutes les dispositions. Alors que je
passerai, je te couvrirai de ma main. Tu me verras par-
derrière. Je dis, tu verras de moi ce que je te permettrai de
voir. »

d. Ce n’est pas facile de dire Dieu


Nous n’avons que des mots pour le dire - et les mots sont
porteurs de malentendus, de contradictions.
e. Dieu est un mot piégé. Hubert Reeves
« Hubert Reeves, astronome francophone, Québécois,
mondialement connu, nous livre ses convictions intimes dans
un entretien avec Fréderic Lenoir, éditorialiste de la revue Le
Monde des Religions :
« Question : Aujourd’hui, vous définiriez-vous comme
croyant ?
Réponse: Que signifie être croyant ? Croyant en quoi? Je ne
suis pas athée, parce que l'athée sait, je pense, qu'il y a
quelque chose au-delà de la réalité, mais quelle est cette
chose? 
Question: Mais vous refusez de nommer Dieu cette réalité
intime ?
Réponse: Je me méfie des mots qui nous piègent. Le mot Dieu
a été trop utilisé ».
f. Dieu, un mot chargé, Martin Buber
Le philosophe Juif Martin Buber le dit ainsi :
« Dieu est le mot le plus chargé de tous les mots humains.
Aucun mot n'a été si souillé, si déchiré. Des générations
humaines ont déversé sur ce mot le poids de leur vie angoissée
et l'ont accablé. Il gît dans la poussière et porte tous leurs
fardeaux. Les générations humaines avec leurs divisions ont
déchiré ce mot. Elles ont tué et sont mortes pour lui. Il porte la
trace de leurs doigts et de leur sang 1 ».
Jean D’Ormesson le confirme ainsi :
« L’idée que les hommes se font de Dieu a fait couler
beaucoup de sang. Dieu est un grand pourvoyeur de
guerres et de crimes de toutes sortes. Plus encore que la
soif de pouvoir ou la passion de l’argent avec lesquelles il
lui arrive de se confondre. Les hommes trouvent en Dieu

1
Dominique Morin cite Martin Buber dans son ouvrage Pour dire Dieu, p. 19.
ou dans l’idée qu’ils se font de lui une vérité absolue qu’il
s’agit d’utiliser et de répandre par le fer et par le feu. »
g. Dieu, un mot domestiqué, Paolo Rica

Il faut évangéliser le mot Dieu : Paolo Rica


« Dans la Bible, le grand combat n’est pas entre la foi et
l’incrédulité, mais entre la foi et l’idolâtrie. L’alternative n’est pas
entre Dieu et rien du tout, mais toujours entre Dieu et l’idole.
Qu’est-ce que l’idole ? C’est le dieu que nous fabriquons, selon
nos mesures, le dieu qui nous correspond, le dieu que nous
projetons. Si je suis terroriste, je me fabrique un dieu terroriste
et je l’appelle, par exemple, Allah. Si je suis guerrier, je l’appelle
dieu des armées. Si je suis occidental, je me fabrique un dieu
démocratique, libéral, et je l’appelle dieu des chrétiens. Ce n’est
pas le vrai Dieu, c’est mon idole, le dieu de ma tribu, le dieu
domestique, le dieu domestiqué. Il faut évangéliser l’idée de
Dieu. Que dis-tu quand tu dis Dieu ? Mais le fait le plus
étonnant, je dirais même presque le plus accablant, le plus
effrayant, ce n’est pas seulement comme disait Calvin, que le
cœur humain est une fabrique d’idoles.
Si cette Bible est une parole de Dieu, c’est dans ses pages que
nous pouvons trouver une juste compréhension de sa personne
et de son activité. Mais attention, une mauvaise lecture peut
déboucher sur une compréhension erronée, caricaturale,
scandaleuse de Dieu. J’en veux pour démonstration ce
paragraphe de Richard Dawkins dans son livre Pour en finir
avec Dieu.
« On peut dire que, de toutes les œuvres de fiction, le Dieu de
la Bible est le personnage le plus déplaisant: jaloux, et fier de
l’être, il est impitoyable, injuste et tracassier dans son
obsession de tout régenter; adepte du nettoyage ethnique, c’est
un revanchard assoiffé de sang; tyran lunatique et malveillant,
ce misogyne homophobe, raciste, pestilentiel, mégalomane et
sadomasochiste pratique l’infanticide, le génocide et le
« filiicide ». page 38
h. Seul Dieu parle bien de Dieu, dit Pascal.
L’Ancien Testament est un clair-obscur, un texte voilé souvent
ambigu et contradictoire. Les belles histoires de la Bible ne sont
pas toujours très « belles », il faut bien le reconnaître.
Il n’y a pas dans la Bible une description spéculative de Dieu,
des discours abstraits et philosophiques sur Dieu. Comment la
Bible nous présente-t-elle Dieu ? par des histoires et des
paraboles. Des histoires où Dieu rencontre les hommes dans
leur situation propre et unique, avec leurs forces et leurs
faiblesses, leur grandeur et leur laideur. J’aime bien cette
déclaration de Pascal « Seul Dieu parle bien de Dieu. »
Attention aux caricatures de Dieu, résultat d’une lecture
distordue du texte biblique.

i. L’intuition de deux humoristes bien connus


Deux humoristes bien connus ont relevé quelques
caractéristiques essentielles et spécifiques du Dieu de la Bible,
qui font qu’il il est bien le Dieu de l’espoir.
i. Raymond Devos

Dans l’église d’un village perdu de Lozère, Raymond Devos


raconte qu’il a rencontré Dieu… en train de prier.
« Je me suis dit : Qui prie-t-il ? Il ne se prie pas lui-même. Pas
lui ? Pas Dieu ?
Non ! Il priait l’homme ! Il me priait, moi ! Il doutait de moi
comme j’avais douté de lui !
Il disait : « Ô homme ! si tu existes, un signe de toi ! »
J’ai dit : « Mon Dieu, je suis là ! »
Il a dit : « Miracle ! Une humaine apparition ! »

ii. Michel Boujenah


Michel Boujenah, lui aussi, a entendu Dieu :
« Depuis la nuit des temps que j’écoute la prière des hommes,
j’aimerais tant que, pour une fois, des hommes écoutent la
prière de Dieu. La prière de Dieu aux hommes ! J’aimerais
tant… »
Et nous rions. Pourquoi rions-nous ? Parce que c’est, comme
on dit, le monde à l’envers. Et si Devos et Boujenah avaient
raison ? Si Dieu priait l’homme ?
Les hommes se disputent pour savoir si Dieu existe ou non,
peut-être devraient-ils se demander d’abord s’ils ne le
comprenaient pas à l’envers ?... »
Un Dieu qui prie l’homme. Qui le supplie même. Qui se tient à
la porte de son cœur, qui frappe et attend qu’il l’ouvre. Qui
attend sur le pas de la porte qu’il revienne et qui court à sa
rencontre. Qui le cherche jusqu’à ce qu’il le retrouve. Nous
avons justement dans l’Ancien Testament, plus précisément au
chapitre 16 du livre d’Ézéchias, une parabole d’amour blessé,
trahi, bafoué, piétiné, dans laquelle Dieu dit :
« Mais je me souviendrai de mon alliance avec toi, au
temps de ta jeunesse, et j’établirai avec toi une alliance
éternelle. »
Nous avons dans le livre d’Osée l’actualisation de cette
parabole. Relevons quelques éléments de cette histoire :
j. Osée 1. 2 « La première fois que le Seigneur
adressa la parole à Osée, le Seigneur dit à
Osée : Va prendre une femme prostituée et ses
enfants de prostitution. »
Quelle histoire scandaleuse ! et quelle ironie ! La première fois,
dit le texte. On se souvient toujours des premières paroles, des
premières fois. La première parole, la première phrase que
Dieu a adressée à Osée, ce fut pour lui dire « Prends une
prostituée ». Osée est-il estomaqué, bouleversé ? A-t-il des
scrupules ? Apparemment NON.
« Il alla et prit Gomer » sans aucune hésitation.
Il prend Gomer et ses enfants de prostitution. Des enfants d’un
autre père ou de plusieurs autres pères. Qui sait ! Les
commentateurs pensent que Gomer est la femme d’Osée, une
femme habituée à la prostitution. À quelle étape de leur relation
sommes-nous ? Nous ne le savons pas.
Avec Osée, Gomer retrouve un mari et ses enfants un père.
Ces enfants sont un rappel vivant de tout le passé de Gomer et
de tout ce qu’elle a été. Les enfants sont le miroir des parents.
Dieu demande à Osée de tout adopter, de tout prendre en
Gomer, même et surtout son passé. MAIS...
Chassez le naturel, il revient au galop. Gomer s’en va. Gomer
s’enfuit ! Gomer recommence – et Dieu aussi recommence. Il
dit à Osée :
« Va encore et aime une femme aimée d’un amant et
adultère. » Osée 3. 1
…et Osée repart.
ENCORE ! Les versets qui suivent nous donnent l’explication,
le pourquoi de cette scandaleuse histoire.
« Aime-la comme l’Eternel aime les enfants d’Israël » Osée 1. 1
Dans cet « ENCORE » se trouve toute la patience de Dieu,
toute la miséricorde de Dieu. Toute l’espérance de Dieu.
Comme le dit un acteur : «C’est encore de Dieu qui est encore
aimant, qui nous pardonne encore, qui nous cherche encore et
qui nous trouve encore, c’est encore de ce Dieu qui n’est jamais
lassé, jamais rebuté par nos fuites et nos adultères ; ce Dieu
qui espère, qui sait que son « encore » triomphera de notre
« jamais », qui espère, qui sait qu’à force de nous aimer et de
nous aimer encore, un jour vient où nos pas vers la maison de
Baal se font plus hésitants, puis plus rares qu’un jour vient
obligatoirement où la maison du Seigneur devient notre seule
maison. Ce Dieu qui espère en son Amour, parce qu’il le sait
invincible, parce qu’il tisse et noue sans relâche et sans trêve
autour de nous les cordes de tendresse (pour employer le
langage d’Osée) et que, si sans cesse nous les envoyons au
diable, ces cordes finiront, non par nous ligoter ou nous
paralyser, mais par nous libérer.
k. Versets 2 & 3 : « Je l’achetai pour quinze sicles
d’argent, un homer d’orge et un léthec d’orge. Et
je lui dis, Reste longtemps pour moi, ne te livre
pas à la prostitution et ne sois à aucun homme,
et je serai de même envers toi. »
Osée rachète Gomer. Elle ne vaut rien. Elle vaut moins que
rien. Gomer lui appartient. Il peut la réclamer, sans rien payer.
Mais Osée la rachète. Qui peut comprendre ! Il l’a rachetée
alors qu’elle est réduite à un vase qui n’a plus de prix. « Aime-la
comme j’aime Israël, dit Dieu. » Dieu nous rachète alors que
nous lui appartenons par droit de création. Dieu nous rachète
au prix fort. Le nouveau Testament nous révèlera le prix qu’il
paiera. Le prix de sa grâce. Dieu donne une valeur infinie à
ceux qu’il aime et qui pourtant ne valent rien. Au travers de
cette histoire, Dieu parle à cœur ouvert.
l. Osée 2, versets 16 & 17 : « C’est pourquoi, voici
je veux l’attirer et la conduire au désert, et je
parlerai à son cœur. Là, je lui donnerai ses
vignes et la vallée d’Acor, comme une porte
d’espérance. »
Dieu nous décrit ses sentiments, ses débats intérieurs, ses
déchirures.
m. Osée 11. 8-9 : « Que ferai-je de toi, Éphraïm ?
Dois-je te livrer, Israël ? Te traiterai-je comme
Adma ? Te rendrai-je semblable à Tseboïm ?
Mon cœur s’agite au-dedans de moi, toutes mes
compassions son émues. »
Que ferai-je de toi ?
Dieu s’interroge. Que c’est étonnant. Vraiment, il n’est pas ce
que nous croyons. Il est remué, retourné au fond de lui-même.
Il a du vague à l’âme. Il a un nœud à la gorge, un poids à la
poitrine. Il ne sait pas ce qu’il va faire pour ou contre son peuple
infidèle.
On aurait pu croire et on a pu croire que les décisions de Dieu
sont prises, rédigées, étiquetées et classées depuis toute
éternité. Que Dieu qui, sachant tout par avance, a tout réglé
d’avance. Sait-il vraiment tout d’avance ? S’il est le Dieu de
l’amour, celui de l’espérance, le Dieu qui espère, rien n’est
bouclé d’avance. Dieu ne nous donne pas une pleine liberté en
gardant discrètement quelque part une télécommande de nos
actes.
« Mais justement aimer, c’est ne pas prévoir, c’est s’interdire de
fixer par avance ce qu’on fera, ou ne fera pas dans tel cas.
Aimer, c’est ne prévoir qu’une chose : on aimera dans tous les
cas, mais sans savoir comment on aimera. C’est s’interdire
toute décision toute faite, c’est s’interdire de savoir par avance
ce que l’autre sera ou fera, c’est déborder d’espérance au point
d’attendre l’inattendu de celui qu’on aime, de croire à
l’incroyable de la part de celui qu’on aime. Aimer, c’est
envisager que l’autre qu’on aime puisse s’arracher à son destin
d’infidèle ou de pécheur. C’est s’interdire de peser sur son
destin, en disant, devinant par avance les actions de cet autre,
et ses propres réactions. Aimer, c’est toujours réserver le
« Comment », le comment on s’aimera, c’est toujours inventer,
c’est s’inventer. C’est inventer une nouvelle forme de l’Amour,
une nouvelle manière d’aimer l’infidèle. Et c’est pourquoi Dieu
dit « Comment ? »

5. Le Dieu qui ne sait pas compter


Compter
Quand on aime, on ne compte pas, dit-on ; on ne fait
pas des comptes ou les comptes. C’est toujours
gratuit et c’est toujours tout, c.-à-d., sans limites.
C’est pourquoi l’amour se conjugue avec espoir.
Cadeau, Marie Laforêt

Hier soir, dans la cuisine,


je préparais le dîner, quand mon petit garçon est entré.
Il m'a tendu un morceau de papier griffonné.
J'ai essuyé mes mains sur mon tablier,
et je l'ai lu. Et voici ce qu'il disait :
Pour avoir fait mon lit toute la semaine 3 francs
Pour avoir été aux commissions 1 franc
Pour avoir surveillé le bébé pendant que toi tu allais aux
commissions 1 franc 25
Pour avoir descendu la corbeille à papiers 75 centimes
Pour avoir remonté la corbeille à papiers 1 franc et 10
centimes
Pour avoir arrosé les fleurs sur le balcon 25 centimes
Total 9 francs et 85 centimes.

Je l'ai regardé, il se tortillait en mâchant son crayon


et une foule de souvenirs sont revenus à ma mémoire.
Alors j'ai repris son crayon, j'ai retourné la feuille et voilà ce
que j'ai écrit :

Pour neuf mois de patience et douze heures de souffrance,


CADEAU
Pour tant de nuits de veille, surveillant ton sommeil, CADEAU
Pour les tours de manège, les jouets, le collège, CADEAU
Et quand on fait le tour, le total de mon amour, C'est CADEAU

Quand il a eu fini de lire, il avait un gros chagrin dans les yeux.


Il a levé la tête et a dit :

"M'Man, je t'aime très beaucoup"

Il a repris son papier, l'a retourné, et en grosses, grosses


lettres, a marqué : "CADEAU"

Et quand on fait le tour, le total de l'amour,


C'est CADEAU, C'est CADEAU

_________________________________
Dans notre monde, tout se compte. Car compter dans notre
monde, c’est compter aux yeux des autres et à ses propres
yeux. Nous vivons sous la dictature des chiffres.
Le calcul
La population mondiale
La population locale
La population d’église
Les annuités de cotisation de retraite
Les accidents des jours fériés
Le CAC 40
Les calories
Les péchés capitaux
Les anniversaires qu’on commémore en
fonction du nombre
Même dans l’église, on compte. Je me souviens :
Livres et tracts distribués
Vêtements donnés
Visites missionnaires
Études bibliques
Il y avait des « fonds » pour tout. On avait,
en une seule matinée de sabbat, au moins
quatre collectes.
HISTOIRE : Faisons une dernière collecte
Jean-Noël Bezançon, aumônier de Lycée,
curé :
« Dieu lui-même semble investi dans ces comptes et ces
décomptes, comme s’il nous en voulait d’être toujours ‘’à
découvert’’. »… comme si tout « était inscrit dans un grand
registre quadrillé et qu’il n’y avait plus qu’à faire l’addition de
chaque colonne. L’addition sera salée. Comme au « tribunal de
la pénitence » de mon enfance : « Combien de fois, mon fils ?...
Ce sera trois Pater et deux Ave... » Les plateaux de balance du
« jugement dernier » et de la « pesée des âmes » ne doivent-ils
pas plus à la mythologie égyptienne qu’à la tradition
biblique ? » page 11-12.

Le Dieu de l’espoir, car il ne sait pas compter


Ni additionner
Ni soustraire
Encore moins diviser
Tout juste peut-être multiplier
Multiplier à l’infini
On ne peut pas chiffrer l’INFINI
HISTOIRE : COMPTER LES COCOS
Dans l’infini, il n’y a plus de chiffres
L’amour ne se chiffre pas
Tant qu’il y a de l’amour, il y a de l’espoir
Pardonner 77 X 7 fois, dit Dieu
77 fois l’infini
Dieu n’est pas un Dieu qui compte et demande
des comptes, mais qui compte sur nous

Non pas comme on compte un vaste troupeau, le nombre de


perles qui restent dans un collier, des enfants toujours à la
maison (Luc 15), mais qui compte chacun
Chacun est à ses yeux unique et infini à la fin
Le Dieu de l’espoir
Des chiffres dans la Bible, il y en a.
Sept. Douze. Quarante. Soixante-dix. Dix lépreux. Trente-huit
ans. Cent cinquante-trois gros poissons. Cent brebis. Cent
quarante-quatre mille, etc…
Mais dans les mathématiques bibliques, ces nombres ne se
dénombrent pas.
Ils symbolisent souvent l’innommable, l’insaisissable
Ce sont les mesures de l’œuvre de Dieu, que nul ne peut
mesurer ou chiffrer, bien que la tentation de le faire soit toujours
là.
Revenons aux paraboles de Luc 15, où Dieu compte. Il sait
compter jusqu’à un : une brebis, une drachme, un fils.
Le Dieu de l’espoir. Nous ne sommes pas des produits à la
chaîne. Nous n’avons pas des étiquettes de traçabilité. Il fait du
un à un.
Texte de Mère Theresa
On demandait un jour à Mère Teresa, « Finalement, tout au
long de votre vie, combien en avez-vous sauvé d’hommes, de
femmes et d’enfants ?
« Un par un, » répondit-elle.

Ma valeur devant Dieu


« La vraie valeur de la drachme, ce n’est pas celle qui y est
marquée, ce n’est pas celle que représente sa teneur en
argent. Sa valeur, sa seule valeur, c’est que Dieu y tienne. »
Alphonse Maillot, Les paraboles de Jésus, p. 192.
Dieu tient à nous – de manière unique. Il nous aime tous, mais
il n’aime personne de la même manière. Quel espoir ?
Revenons à la parabole. Que faites-vous si vous perdez une
brebis ou une drachme ? Vous délaissez tout pour la retrouver.
Vous remuez ciel et terre pour la retrouver.
« Vous comprenez qu’on se démène pour une drachme, vous
trouvez normal de vous mettre en quatre pour retrouver
cinquante francs, pour ce qui n’est qu’une misérable pièce
d’argent. Et vous ne voulez pas comprendre que Dieu en fasse
autant pour les hommes ? Sachez donc que même si chacun
de vous ne vaut pas plus que cinquante francs, Dieu le
cherchera, remuera tout, dérangera tout, pour vous retrouver et
pour retrouver jusqu’à la dernière drachme. La valeur
incommensurable de l’homme, c’est que Dieu l’aime. » Idem.

«  Inversement on remarquera que Dieu dans ces deux


paraboles fait du un à un. » Idem

« Dieu nous aime tous autant, mais il n’aime personne de la


même manière. » Idem

« Il aime chacun d’entre nous de manière unique. » Idem

Jonas 4. 9-11
« Dieu dit à Jonas : Fais-tu bien de te fâcher à cause du ricin ?
Il répondit : Je fais bien de me fâcher jusqu'à la mort. 10Et
l'Éternel dit : Toi tu as pitié du ricin qui ne t'a coûté aucune
peine et que tu n'as pas fait grandir, qui est né dans une nuit et
qui a péri dans une nuit. 11Et moi, je n'aurais pas pitié de Ninive,
la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille
êtres humains qui ne savent pas distinguer leur droite de leur
gauche, et des bêtes en grand nombre ! »
Oui, Dieu ne sait pas compter
Déjà par rapport à sa nature : Je suis trois mais je suis UN,
Père, fils et Saint-Esprit, mais UN.
Il a fallu des siècles et des conciles pour les chrétiens d’essayer
de comprendre cette mathématique illogique. Mais attention,
l’expérience trinitaire ne nous est pas accessible. Le texte
fondateur du mariage dans la Bible nous le dit :
« L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa
femme… »
Moi, mon père et ma mère. Ca fait trois. Et je rencontre ma
femme, celle qui deviendra ma femme. Et cet ensemble, ces
entités ne font qu’un. Une seule chair. Avec l’arrivée de l’enfant,
une seule grande famille où l’unité est l’expression de la
divinité.
Dieu ne sait pas compter par rapport à son Royaume. Cela
peut paraître injuste.
Les derniers seront les premiers. Comment ? Avez-vous déjà
vu une cérémonie de graduation scolaire, universitaire ou où on
récompense les derniers ?
Pour les médailles sportives à tous els niveaux, on se limite aux
trois premiers, à trois couleurs, à trois métaux. Ce qui sépare le
quatrième des trois premiers, ce n’est qu’une seconde, parfois
une fraction de seconde. Mais aucune caméra ne se braque sur
lui. Il restera inconnu, sauf si quelque chose de bizarre se
passe, un événement inattendu. Je pense aux Jeux
Olympiques de Barcelone.
L’entrée dans son royaume ne dépend nullement des
mérites, des actes méritoires, des œuvres, des bonnes
œuvres.
Vous avez entendu la parabole des ouvriers loués à des heures
différentes. Mat 20. 8-15
« Quand le soir arrive, le propriétaire de la vigne dit à son
serviteur : “Appelle les ouvriers et donne à chacun son salaire.
Commence par ceux que j'ai embauchés en dernier et finis par
ceux que j'ai embauchés en premier.”
9
Ceux qui ont travaillé à partir de cinq heures de l'après-midi
arrivent, et ils reçoivent chacun une pièce d'argent. 10Ceux qui
ont travaillé les premiers arrivent à leur tour et ils pensent :
“Nous allons recevoir davantage.” Mais eux aussi reçoivent
chacun une pièce d'argent.
11
En la recevant, ils critiquent le propriétaire 12et ils disent : “Ces
ouvriers sont arrivés en dernier. Ils ont travaillé pendant une
heure seulement, et tu les as payés comme nous ! Pourtant
nous avons supporté la fatigue toute la journée, et nous avons
travaillé sous le soleil !”
13
Le propriétaire répond à l'un d'eux : “Mon ami, je ne suis pas
injuste avec toi. Tu étais bien d'accord avec moi pour recevoir
une pièce d'argent pour la journée.14Prends ton salaire et va-t-
en. Je veux donner à cet ouvrier arrivé en dernier autant qu'à
toi. 15J'ai le droit de faire ce que je veux avec mon argent, n'est-
ce pas ? Ou bien vois-tu d'un mauvais œil que je sois bon ? »
Si mes souvenirs sont justes, Paul Ricoeur donne à son
commentaire sur l’Épître aux Romains ce titre « Le Dieu
injuste ». La lettre de Paul aux Romains a pour sujet « Le salut
par la grâce » ; « La justification par la foi ». la foi au Dieu de
grâce, où la grâce n’est pas un salaire, un dû, une obligation,
un mérite. La grâce est un don. On l’accepte ou on la refuse.
« Ou bien vois-tu d'un mauvais œil que je sois bon ? » V. 15
Cette grâce ouvre la porte du ciel à ceux qui n’ont pas tout
compris, tout saisi, qui n’ont pas eu le privilège de connaître ce
Dieu tel que le représente Jésus (c’est notre sujet de demain),
tel que nous le dit « la Bible », mais qui aurait été bon.
D’ailleurs, dans la parabole du jugement dernier, cette catégorie
de personnes est étonnée, surprise d’être parmi les élus, parmi
les « justes ».

Quand t’avons-nous vu… Matthieu 25.38


Dans le désir de rassembler le maximum dans son royaume, le
Dieu de l’espoir prend des risques. Il ne se limite pas, il donne
une chance à l’impossible, apparemment, à l’absurde. Dans la
parabole du semeur (Matthieu 13), il sème sa Parole qui ne
retourne jamais à lui sans effet. Soit dit, en passant, il
ensemence les cailloux. Les cœurs devenus cailloux. Les
terrains pierreux ; les terrains de buissons et d’épines. Les
cœurs où rien ne pousse. C’est ce qu’on pense. Il sème à tout
vent et en tout lieu.

C’est ce qu’il fait ce soir.

Toujours dans cette ligne de pensée, j’aurais pu vous parler de


ce Dieu de l’espoir qui transforme de l’eau en vin – en bon vin –
et multiplie quelques pains et quelques poissons pour tout un
régiment.
Mais, en terminant, je voudrais attirer votre attention sur la
rencontre avec ce Dieu, sur l’expérience de Dieu.
« Dieu existe, je l’ai rencontré. »
Dans ce texte que nous avons lu, Raymond Devos s’étonne de
ce qu’André Frossard ait rencontré Dieu avant lui.
Que peut signifier une telle assertion ? Comment concevoir une
telle rencontre ? Quel est pour Frossard le sens exact ? De quel
Dieu s’agit-il ? Comment peut-il être identifié ? De quel type
d’expérience parle-t-il ? Ce sont les questions qu’on peut et
qu’on doit se poser. Beaucoup dans cette salle prétendent
aussi avoir rencontré Dieu.
Les questions sont pertinentes, très pertinentes, car vous avez
aujourd’hui des études scientifiques sérieuses qui disent que
l’expérience spirituelle est d’ordre génétique et neuronale. Dieu
se situe dans le cerveau droit. Il y a un gène de Dieu.
Rencontrer Dieu, d’une façon ou d’une autre, c’est le point de
départ et l’aboutissement de toute conversion. C’est le but visé,
le terme du chemin, l’ultime étape de tout itinéraire spirituel.
Mais qu’est-ce, au juste, rencontrer Dieu ?
Permettez-moi quelques réflexions.
C’est une longue histoire.
L’expérience de Dieu survient au sein d’une existence humaine
déjà marquée par un certain nombre d’événements.

Des paroles entendues,


des lectures faites,
des gens rencontrés au hasard des circonstances
Parfois un rêve, une vision
« Comment invoquer le nom du Seigneur sans en avoir entendu
parler ? Et comment en avoir entendu parler si personne ne
l’annonce ? » Ro10.13-15
En effet, « l’expérience de Dieu n’est jamais première. Elle
connaît toujours une longue préhistoire, et dans la plupart des
cas, une histoire religieuse ou antireligieuse.
« Dans l’air que l’enfant respire, il y a de la religion ou de
l’antireligion. » André Godin, L’expérience religieuse. Transmise
par
- La famille
- L’école
- Les milieux divers
- Le travail
- Les loisirs
C’est une expérience vécue
Ceux qui sont passés par là répugneraient, assurément, à voir
réduire leur expérience à un simple jeu d’influences humaines,
à une certaine manière de parler. Ils sont sûrs que quelqu’un
les a rencontrés et leur vie s’en est trouvée transformée.
Une expérience complexe,
il faut bien l’avouer,
En quoi consiste cette expérience ? S’agit-il
d’une saisie immédiate ?
d’une soudaine intuition ?
ou d’une longue familiarité ?
Attention à la théorie de la grande projection de Freud. Il parle
de l’expérience religieuse comme une illusion. Le titre de son
livre « L’avenir d’une illusion » est significatif.
Elle est subjective ; l’affectivité, les émotions ont, dans
l’expérience religieuse, une place indéniable.
« Examinez-vous pour savoir si vous
êtes dans la foi, » dit St Paul.
Peut-on évaluer une telle rencontre ? Avons-nous des
critères ?
Relevons deux éléments :
Comme toute expérience, l’expérience de Dieu part d’une
prise de conscience.
Le sujet fait attention.
Elle entraîne normalement un changement d’attitude, une
sorte de conversion :
Quelque chose se passe
Elle est visible
« T’as remarqué, il a changé. Depuis cet accident, cet
incident, il a changé ! »
Le récit de Jean 9 : l’aveugle-né.
« J’étais aveugle, maintenant je
vois. » « J’étais, maintenant je suis. »
« Je te connaissais par ouï-dire,
maintenant, mes yeux t’ont vu. » Job
42.5
Job a rencontré Dieu après avoir posé une cinquantaine de
questions. Dieu lui répond par cinquante autres questions. Job
rencontre Dieu à travers – ou après- une cruelle et
incompréhensible maladie.
Ces expériences de Dieu, dites de Dieu, peuvent être fort
diverses.
Le psychologue William James nous
présente justement un livre sur les variétés
de l’expérience religieuse.
Comment évaluer cette expérience ?
 La Parole
 Le témoignage intérieur du St-Esprit
 Le témoignage de l’expérience humaine universelle
 Les fruits
 Jésus comme modèle
La rencontre de Dieu avec Moïse
 Le buisson ardent
Dieu personnalise sa communication
Quand Dieu parlait, la personne à qui il
s’adressait savait que c’était lui qui parlait.
Quand Dieu parlait, la personne concernée
savait ce que Dieu avait dit.
L’expérience dans sa totalité représente la
rencontre avec Dieu
Quand Dieu parlait, c’était pour confier à
l’homme une mission précise.

Vous aimerez peut-être aussi