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COMPTABILITÉ DE COUVERTURE
ET ENGAGEMENT FERME EN DEVISES :
MÉTHODES FRANCAISES ET RÈGLES IFRS (II)
de couverture, l’instrument de couver- verture est possible en ce qui concer- Cette exposition doit présenter deux
ture est retenu dans sa globalité. ne le montant affecté à la relation de caractéristiques :
Cependant, deux exceptions concer- couverture. Ainsi, 50 % du montant • elle est attribuable à un risque spéci-
nant la couverture du risque de change notionnel peut être désigné en tant fique (tel que le risque de variation des
sont admises (6) : qu’instrument de couverture (7). Par cours des monnaies),
contre, le découpage de la durée de
• la séparation de la valeur intrinsèque • elle affectera le résultat de l’entrepri-
vie de l’instrument n’est pas admis.
et de la valeur-temps d’un contrat d’op- se (par le biais des différences de chan-
Ainsi, une relation de couverture ne
tion et la désignation comme instru- ge).
peut pas être désignée pour une pério-
ment de couverture de la seule varia- L’impact sur le compte de résultat peut
de plus courte que l’échéance.
tion de valeur intrinsèque d’une option, être immédiat (cas d’une créance ou
en excluant la variation de sa valeur- d’une dette en devises convertie au cours
temps ; La réglementation de l’IASB autorise de clôture) ou différé (cas d’une créan-
• la séparation de l’élément lié au diffé- deux approches pour la mise en évi- ce ou dette future).
rentiel d’intérêt sur les deux monnaies dence de la relation de couverture.
Le choix de la couverture de juste valeur
(c’est-à-dire le report ou le déport) et le L’approche globale par le cours à
pour des créances et dettes non enco-
terme correspond à celle adoptée
cours de change au comptant dans le cas re comptabilisées implique que les varia-
implicitement par les solutions fran-
d’un contrat de change à terme de gré tions de valeur des engagements et celles
çaises. L’approche analytique par le
à gré (forward). des instruments de couverture soient
cours au comptant est voisine de la
Cette séparation est destinée à permettre comptabilisées en résultat avant la
réglementation américaine (FAS 52).
une meilleure appréciation de l’efficaci- concrétisation de l’opération future.
té de la couverture par comparaison des
Couverture de flux de trésorerie
variations de valeur du produit dérivé
et de l’élément couvert. Par suite, deux Cette seconde catégorie de comptabi-
2. Principes lité de couverture vise à se prémunir
approches sont concevables pour appré-
hender la couverture du risque de chan-
de la comptabilité contre une exposition à la variabilité de
ge : de couverture flux de trésorerie ultérieurs, qui pourrait
également affecter le résultat. Cette varia- 29
• la première est basée sur le cours de
bilité est liée à un risque particulier, asso-
change au comptant, Différents types de couverture cié :
• la seconde repose sur le cours de chan- La comptabilité de couverture met en • soit à un actif ou à un passif enregis-
ge à terme. œuvre le principe de symétrie. Celui-ci tré au bilan (tels que les paiements d’in-
On peut ajouter que cette possibilité de implique de comptabiliser de la même térêt à venir sur une dette à taux
segmentation autorise aussi la recon- manière les écarts d’évaluation sur l’élé- variable),
naissance d’une relation de couverture ment couvert et sur l’instrument de cou-
• soit à une transaction future, certaine
en cas de gestion dynamique, par verture. En ce qui concerne les instru-
(dans le cas d’une commande) ou pré-
exemple un montant nominal de l’ins- ments de gestion du risque de change,
vue et hautement probable (dans le cas
trument de couverture inférieur au mon- au niveau des transactions en devises,
des prévisions budgétaires).
tant couvert, ou encore en cas de déca- deux catégories de couverture sont envi-
sageables. Initialement, seul ce type de couvertu-
lage d’échéance du flux couvert.
re était possible pour les engagements
Enfin, on peut préciser qu’un frac- fermes en devises. La révision de l’IAS 39
Couverture de juste valeur
tionnement de l’instrument de cou- sur ce plan va dans le sens d’un rap-
Elle a d’abord pour objectif de se pro-
prochement avec la norme américaine
téger contre une exposition aux varia-
FAS 133 (9).
tions de la juste valeur d’un actif ou d’un
passif comptabilisé au bilan. La version Conditions de mise en œuvre
révisée de l’IAS 39 y ajoute le cas d’un
Abstract Documentation
engagement ferme non encore comp-
tabilisé (8). Selon les règles françaises et internatio-
The IASB provides for a specific system nales, une opération de couverture doit
of cover accounting including two pos- être traitée comme telle dès l’origine, et
sible forms for firm commitments in
doit garder cette qualification jusqu’à
foreign currency. The first (cover of fair
value) implies joining the differences of son dénouement. Les exigences inter-
exchange of the covered item and of the nationales sont plus fortes, étant donné
6. IAS 39 § 74.
cover instrument to the income account, que l’IAS 39 impose l’établissement
whereas the second (cover of cash flow) 7. IAS 39 § 75. d’une documentation formelle. Elle doit
does not bring out the deviations on the 8. IAS 39 § 86a. comprendre, pour chaque relation de
covered item and charges those corres- couverture, les éléments suivants (10) :
9. FASB, FAS 133, Accounting for derivative
ponding to the cover instrument to
instruments and hedging activities, 1998. • la stratégie de couverture de l’entre-
stockholders' equity.
10. IAS 39, § 88a. prise,
R.F.C. 389 Juin 2006
Réflexion
1/10/N 1 USD = 0,8350 EUR 1 USD = 0,8238 EUR (à 1 an) 13. IAS 39 § 14.
14. IAS 39 § AG 35c.
31/12/N 1 USD = 0,8214 EUR 1 USD = 0,8108 EUR (à 9 mois)
15. IAS 39 § AG 74.
1/4/N+1 1 USD = 0,8201 EUR
16. IAS 39 § 74.
30/9/N+1 1 USD = 0,8176 EUR 17. IAS 39 § 93.
Si on effectue, pour l’exercice N+1, la somme algébrique du montant de la vente considérée et des pertes et profits de change, on obtient :
820,1 + 6,2 + 0,87 - 2,5 = 824,67
Ce montant correspond à une évaluation de la vente couverte à l’aide de la partie “efficace” de la couverture de change à terme.
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■ 2e cas : couverture de flux de trésorerie
Compte de résultat
Pour l’exercice N+1, on obtient, en tenant compte des pertes et profits de change :
820,1 + 13,6 - 2,5 - 6,53 = 824,67
soit une évaluation de la vente par le cours à terme “corrigé” de la partie intérêt, celle-ci ayant été imputée sur l’exercice N.
L’impact sur le résultat est identique : un gain de 3,7 ; mais il y a deux différences par rapport à l’approche par le cours au
comptant :
• cette incidence ne porte que sur l’exercice N+1,
• ce gain est intégralement un gain de change (il n’y a pas de partie “intérêt”).
Conclusion
Le référentiel IFRS se distingue du cadre réglementaire français, dans la mesure où il comporte des dispositions spécifiques
pour la comptabilisation des opérations en devises couvertes contre le risque de change. Pour le cas particulier des enga-
gements fermes en devises, la révision de l’IAS 39 a introduit une possibilité de choix entre la comptabilité de couverture
de juste valeur et la comptabilité de couverture de flux de trésorerie. La position du CRC (imputation des écarts de change
au résultat) s’appliquant aux comptes consolidés est proche du premier type de comptabilité de couverture de l’IASB.
Cependant, des différences subsistent :
• l’absence de comptabilisation de la commande entraîne le non-dégagement des écarts de change sur celle-ci,
• l’analyse en parties efficace et inefficace de la couverture n’est pas effectuée,
• l’évaluation de l’instrument de couverture à la date d’arrêté des comptes repose sur une méthode qui ne tient pas comp-
te de la nature financière du contrat ni de la dépréciation du futur.
Il est vrai cependant que les avantages de l’approfondissement de l’analyse effectuée par l’organisme international abou-
tissent à une complexité des calculs et des enregistrements qui pourraient faire regretter les solutions françaises !
Pierre SCHEVIN