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BULLETIN D’ACTUALITÉ

DES GREFFIERS

N° 132
Juillet 2019

m sur... INJONCTION DE DÉPÔT


Zoom sur… DES COMPTES : en cas
de défaut d’exécution, l’astreinte
est due par le dirigeant ..... page 5

IMPACT DE LA DIRECTIVE « RESTRUCTURATION PRIVILÈGE DU TRÉSOR :


ET INSOLVABILITÉ » SUR LA PROFESSION le seuil de publicité obligatoire
est porté à 200 000 € ....... page 6

La Directive impose de mettre en place des classes de créanciers, qui se L’ACTION DIRECTE
substitueront aux comités des créanciers, non plus en fonction de leur DU VOITURIER ne peut être
qualité mais en fonction de la nature des créances. Elle prévoit aussi un transmise au cessionnaire
suivi statistique des procédures de restructuration, d’insolvabilité et de de la créance du prix......... page 7
remises de dettes et une collecte des données relatives aux procédures.
LA CESSION D’UNE CRÉANCE
Avec l'adoption de la directive « Restructuration et Insolvabilité », le législateur européen impose ne confère pas au cessionnaire
aux États membres de modifier et d’harmoniser leurs lois sur la prévention et sur les procédures qualité pour défendre
collectives (◆ Dir. (UE) 2019/1023, 20 juin 2019 : JOUE no L 172, p. 18, 26 juin). Cette directive à une demande
entraînera, en effet, des modifications du livre VI du code de commerce, pour lesquelles le gou- en résolution ..................... page 8
vernement a été habilité, par la loi Pacte du 22 mai 2019, à légiférer par voie d’ordonnance
(◆ L. no 2019-486, 22 mai 2019, art. 196 : BAG 131, « Loi Pacte : transposition de la nouvelle MANDAT AD HOC :
directive “Insolvabilité” », p. 26). Les grandes lignes de la directive retiendront l’attention des la divulgation des informations
greffiers des tribunaux de commerce en raison de leur impact sur la pratique des juridictions. qui n’est pas justifiée
par l’intérêt général constitue
La directive laisse aux États membres des marges de manœuvre significatives pour trans-
une faute ........................ page 10
crire ces principes dans leur droit interne, même si le souhait du législateur européen est
de voir les États membres rapprocher leurs lois. En théorie, la directive concerne la
prévention : elle consacre, en effet, l’exposé de ses motifs et ses orientations majeures
aux mesures et aux procédures destinées à prévenir l’insolvabilité, mais son contenu
révèle qu’elle traite également des procédures collectives proprement dites.
Ce commentaire mentionnera plusieurs aspects de la directive dont on peut penser d’ores et
déjà qu’ils seront traduits en dispositions impératives dans le livre VI du code de commerce. Il
suivra, par souci de clarté, l’articulation de la directive autour de chapitres distincts.

FACILITER LA PRÉVENTION
Mise en place de mécanismes d’alerte en cas d’incidents de paiement
Inspirée des mécanismes du droit français relatifs à l’alerte sur les difficultés et aux procédures
préventives du mandat ad hoc et de la conciliation, la directive recommande la mise en place
de mécanismes d’alerte en cas d’incidents de paiement. Mais elle y ajoute un signalement de
la part des autorités fiscales et des organismes de sécurité sociale et prévoit le droit d’accès

… Suite page 2

Consulter aussi : www.cngtc.fr et www.elnet.fr


© Éditions Législatives ISSN 1959-6278
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en cette matière ne nécessiteront pas de modification subs-


IMPACT DE LA DIRECTIVE tantielle. Seule manque à l’appel la mention de la nécessité
« RESTRUCTURATION de la confidentialité.

ET INSOLVABILITÉ » Le législateur européen indique, il est vrai, que les États membres
ne sont pas tenus de modifier les procédures existantes. La loi
SUR LA PROFESSION d’habilitation prévoit, par ailleurs, des modifications aux seules
procédures de sauvegarde et de redressement judiciaire, sans
du débiteur et des représentants du personnel aux informa- envisager (en l’état actuel) d’apporter des modifications à la pro-
tions utiles (◆ Dir., art. 3). C’est dans ce cadre qu’il faudra cédure de conciliation ; cette position reste toutefois susceptible
prévoir le traitement des informations reçues de l’administra- d’évoluer à l’issue des consultations engagées.

»
tion fiscale et des organismes sociaux et organiser l’informa-
tion du comité social et économique ou des représentants du La loi d’habilitation prévoit des modifications aux
personnel de l’entreprise concernée, dans le respect des prin- seules procédures de sauvegarde et de redressement
cipes de confidentialité réitérés par la Cour de cassation judiciaire. Cette possibilité reste susceptible d’évoluer
(◆ Cass. com., 13 févr. 2019, no 17-18.049 ◆ Cass. com., à l’issue des consultations engagées.
13 juin 2019, no 18-10.688). Cette conciliation constitue un
vrai défi pour le législateur français. Les demandes d’informa-
tion et de copies de décisions reçues par les greffes seront à ENCADRER LES PLANS
traiter dans le cadre qui sera fixé. Le secret des affaires DE RESTRUCTURATION
aujourd’hui protégé sera aussi un facteur à prendre en
compte dans le traitement des demandes de copies. Examen formel préalable du projet de plan
avant soumission aux créanciers

» Quant au droit d’accès du débiteur et des représentants


du personnel aux informations utiles, les demandes
d’information et de copies des décisions seront à traiter
par les greffes.
La prévention de l’insolvabilité par l’adoption d’un plan fait
l’objet d’un chapitre particulier, consacré aux modalités
d’élaboration et d’adoption des plans permettant de prévenir
l’insolvabilité. Cela se « traduit » pour le droit français par
des dispositions relatives au plan de sauvegarde. Mais il sera
difficile d’introduire des règles propres à la procédure de sau-
Mise en place d’un cadre de restructuration
préventive vegarde sans les appliquer également à la procédure de
La directive prescrit ensuite aux États membres de mettre en redressement judiciaire, sauf à porter atteinte à la lisibilité du
place un cadre de restructuration préventive, dont les carac- livre VI du code de commerce et à la cohérence de ses dispo-
téristiques peuvent être résumées ainsi : sitions. Les principes détaillés relatifs au contenu des plans de
restructuration (◆ Dir., art. 8) conduiront à une réécriture des
– le débiteur doit être en difficulté et confronté à une probabilité
règles concernant l’élaboration du plan de sauvegarde.
d’insolvabilité, sans que la directive donne une définition de ces
termes ; Mise en place de classes de créanciers
– le débiteur n’est pas dessaisi par l’ouverture de cette procédure ; L’adoption proprement dite d’un plan de restructuration sera,
– le débiteur peut prendre l’initiative de demander l’ouverture elle, modifiée en profondeur, par la mise en place de classes de
d’une telle procédure ; la directive permet toutefois (si les États le créanciers regroupant les créanciers (◆ Dir., art. 9, § 4) et qui
souhaitent) d’ouvrir cette possibilité aux créanciers avec l’accord du seront substituées aux actuels comités de créanciers, comme le
débiteur : il reviendra au législateur français d’arbitrer, compte tenu précise le texte d’habilitation donné au gouvernement. Cela
de la marge qui lui est laissée sur ce point (la souplesse du texte est imposera la mise en place d’un mécanisme de consultation col-
due aux réserves exprimées notamment par la France à cet égard) ; lective, disparu du droit français depuis plus de 30 ans avec
l’abrogation des assemblées concordataires en 1985…
– la procédure peut être judiciaire ou extrajudiciaire. Mais si
l’intervention des tribunaux est envisagée, elle l’est de manière Il faudra par la voie réglementaire fixer des délais pour le dépôt
limitée à plusieurs stades : la mise en place d’un test de viabilité, des projets de plan et pour procéder à un examen formel des
afin de vérifier les conditions d’ouverture, la suspension des pour- plans, tout en veillant à l’information des créanciers intéressés.
suites individuelles pour une durée initiale de 4 mois avec un Les créanciers eux-mêmes voteront sur la ou sur les propositions,
maximum de 12 mois, la désignation d’un praticien (dont le prin- après avoir été répartis en classes. Le classement se fera non plus
cipe est aussi laissé à l’appréciation des États membres), enfin en fonction de leur qualité (établissements de crédit, fournisseurs
l’approbation d’un plan de restructuration (◆ Dir., art. 4 et 5). et obligataires), mais en fonction de la nature des créances. La
Dans la mesure où ces principes sont en phase avec les outils directive impose un classement en respectant une condition :
d’alerte et la procédure de conciliation française, on peut l’existence d’une « communauté d’intérêts suffisante, sur la base
prévoir que les dispositions légales réglementaires existantes de critères vérifiables » (◆ Dir., art. 9, § 4). Deux catégories au

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moins doivent être prévues : les créanciers garantis et les créan- approuvant ou rejetant un plan, assortie d’indications détail-
ciers non garantis, la notion de garantie renvoyant en droit fran- lées relatives à l’exercice d’un recours.
çais à l’existence de privilèges et de sûretés. La directive laisse aux
États membres là encore une marge pour classer les autres créan- HARMONISER LES RÈGLES
ciers, en prévoyant des mesures particulières pour les salariés et
les créanciers « vulnérables » comme les petits fournisseurs. De
RELATIVES AUX DIRIGEANTS
plus, les PME (qui représentent le plus grand nombre de procé- La directive s’est efforcée d’encadrer la responsabilité des diri-
dures collectives) pourront écarter la constitution de classes. Les geants sociaux par des principes similaires, afin de rapprocher les
créanciers non affectés ne seront pas concernés. Enfin, chaque lois nationales et d’éviter dans une certaine mesure la recherche
État membre pourra prévoir que les créanciers subordonnés, en de la juridiction la plus compréhensive. Il est ainsi prescrit aux
particulier les actionnaires, pourront être exclus du droit de vote. États membres d’imposer aux dirigeants de veiller aux intérêts des
Il appartiendra au législateur de définir ces modalités. Pour les tri- créanciers, des actionnaires et des « autres parties prenantes »
bunaux et les greffes, il faudra ensuite vérifier de façon détaillée (c’est-à-dire notamment les salariés) et de « prendre des mesures
la conformité des classes ainsi constituées aux intérêts représentés pour éviter l’insolvabilité » (on peut y voir une incitation à deman-
dans chaque catégorie. der la mise en place de procédures de prévention). Pour le reste,

»
il s’agit d’éviter « tout comportement intentionnel ou toute négli-
Les greffiers et les tribunaux de commerce devront gence grave menaçant la viabilité de l’entreprise » (◆ Dir., art. 19).
vérifier de façon détaillée la conformité des classes Ces orientations générales n’appellent guère de remarques, le
de créanciers aux intérêts représentés dans chaque droit français répondant largement aux recommandations. Tout
catégorie. au plus faut-il envisager d’attirer l’attention des dirigeants sociaux
dès l’apparition des difficultés sur le risque de voir leur responsa-
Adoption, validation et application bilité engagée, s’ils négligent de solliciter les mesures de préven-
des plans de restructuration tion mises à leur disposition.
Plusieurs principes sont imposés par la directive, qui devront On soulignera ici que le recours à des procédures de prévention
être traduits en droit français : n’est pas nécessairement de nature à exonérer un dirigeant
– le test du meilleur intérêt des créanciers (le sort des créan- social de sa responsabilité si, par ailleurs, il poursuit une activité
ciers opposants étant apprécié en fonction du paiement déficitaire ou transfère des actifs ou des fonds de l’entreprise vers
qu’ils obtiendraient en liquidation judiciaire) ; un autre patrimoine (◆ CA Versailles, 13e ch., 13 nov. 2018,
no 18/02009 ◆ CA Versailles, 13e ch., 13 nov. 2018, no 18/
– le principe de priorité absolue (les créanciers bénéficiant
02012 ◆ CA Versailles, 13e ch., 13 nov. 2018, no 18/02008).
d’une priorité devant être payés avant les créanciers situés
Cela intéresse autant les présidents des juridictions consulaires
dans un rang inférieur) ;
que les greffiers destinataires des informations comptables judi-
– les salariés ne devront pas être affectés ; ciaires et commerciales, comme les protêts, les nantissements et
– seuls les créanciers lésés par le plan pourront s’y opposer ; les inscriptions des privilèges légaux et sociaux.

»
– enfin un plan devra être approuvé par au moins une classe
de créanciers pour être rendu opposable aux autres classes, Le recours à une procédure de prévention n’est pas
sous certaines conditions détaillées (◆ Dir., art. 10 et 11). de nature à exonérer le dirigeant de sa responsabilité,
ce qui intéresse les greffiers destinataires
Diverses modifications sont à introduire dans le code de des informations comptables et commerciales.
commerce pour formuler ces orientations. Une collaboration
effective des greffiers et des administrateurs judiciaires s’impo-
sera pour tenir compte des contraintes introduites par la répar- FACILITER LA REMISE DES DETTES
tition des créanciers en classes distinctes et des délais dans les-
Dans la ligne des réformes législatives contemporaines menées
quels le tribunal devra valider le plan.
par de nombreux États membres, la directive recommande de

» Les greffiers et les administrateurs judiciaires devront


collaborer afin d’opérer la répartition des créanciers
en classes distinctes dans le respect des délais.
faciliter le rebond des entrepreneurs individuels par une remise
des dettes à l’instar de la règle de la non-reprise des poursuites
individuelles instituée par le code de commerce. La France
comme les autres pays européens devront examiner leur droit au
regard de ces orientations. La principale innovation à cet égard
est le principe d’une libération des dettes résiduelles impayées au
Le plan une fois validé deviendra opposable à tous les créan-
terme d’un délai de 3 ans. Ce délai courra à compter de l’ouver-
ciers affectés par ses dispositions, la directive précisant les
ture d’une procédure d’insolvabilité ou de la validation d’un plan
modalités d’un droit de recours contre la décision rendue
de restructuration (◆ Dir., art. 21). Sur ce point, la directive admet
(◆ Dir., art. 16). Cela imposera une notification aux créan-
que les entrepreneurs devront avoir « satisfait à leurs obliga-
ciers de la constitution des classes et de la décision judiciaire

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tions », ce qui se traduirait par l’exécution d’un plan adopté, traitement des procédures de prévention et d’insolvabilité. Ces
chaque fois que sa durée dépasserait 3 ans. En parallèle, l’inter- recommandations sont évoquées ici pour mémoire dans la
diction d’exercer une activité professionnelle indépendante, qui mesure où elles ne se traduisent pas nécessairement en disposi-
est la règle en droit français, devra cesser au terme du même tions législatives devant être insérées au livre VI du code de
délai, sauf différentes dérogations (◆ Dir., art. 22). commerce. Ainsi la directive recommande-t-elle une formation
Il restera à adapter le droit français à ces nouvelles recomman- appropriée des membres des autorités judiciaires et administra-
dations par l’introduction de modifications mineures au code de tives en charge des restructurations, de l’insolvabilité et des
commerce : le principe général et l’énumération de ces déroga- remises de dettes : cette formation appropriée s’adresse aux juges
tions (◆ Dir., art. 23) montrent bien que le droit positif français des tribunaux de commerce ainsi qu’aux greffiers en charge de
relatif à la non-reprise des poursuites et aux exceptions prévues l’instruction et du suivi des procédures (◆ Dir., art. 25).
répond largement aux vœux du législateur européen. Une formation appropriée des praticiens est également
Dans ce contexte, la directive impose un suivi adapté à cha- recommandée (◆ Dir., art. 26).

»
cune des procédures, selon que le débiteur bénéficie d’un plan
de sauvegarde ou de redressement ou se trouve soumis à une
La directive recommande une formation appropriée
des juges ainsi que des greffiers des tribunaux
procédure de liquidation judiciaire. L’examen de la situation du
de commerce en charge de l’instruction et du suivi
débiteur à l’issue des 3 ans nécessitera une audience spéci- des procédures.
fique au cours de laquelle le tribunal vérifiera le respect par le
débiteur de ses obligations. La directive recommande, il est
vrai, que cette libération intervienne sans saisir le tribunal, mais
COLLECTER LES DONNÉES
admet néanmoins que les États membres puissent habiliter
leurs tribunaux à vérifier l’exécution de ces obligations. Cela STATISTIQUES
condamne un mécanisme de libération automatique des Il faut souligner le souci du législateur européen de disposer
dettes (non-reprise des poursuites individuelles ou effacement d’une bonne évaluation des procédures de restructuration et
des dettes) tel qu’il est aujourd’hui prévu par le livre VI du d’insolvabilité au niveau de chaque État membre (◆ Dir., art. 29) :
code de commerce. il s’agit ici d’améliorer la collecte et le traitement des données

»
relatives aux procédures ouvertes, à leur durée et aux résultats
La directive recommande que la vérification du respect obtenus, au taux de recouvrement, au nombre d’entrepreneurs
par le débiteur de ses obligations intervienne ayant repris une activité après une procédure d’insolvabilité, aux
sans saisir le tribunal, mais admet que les États pertes d’emplois, à la taille des entreprises, à leur forme juridique.
membres puissent habiliter leurs tribunaux à le faire. La directive adoptée prévoit la publication par la Commission
européenne des données communes afin de les rendre acces-
L’existence de dettes personnelles dont un entrepreneur indivi- sibles au public.

»
duel peut être tenu à côté de ses dettes professionnelles a été
jugée comme un facteur de complexité : aussi est-il prescrit de Le législateur de chaque État imposera aux greffiers
traiter les deux catégories de dettes dans une procédure de mettre en place un suivi statistique détaillé
unique : cela se traduirait en droit français par un regroupement
de toutes les procédures et recenser les informations
relatives aux procédures d’insolvabilité.
de la procédure commerciale (sauvegarde, redressement ou
liquidation judiciaires, ou rétablissement professionnel) et de la
procédure de surendettement ouverte pour les dettes non Ces prescriptions imposeront aux législateurs de chaque État
professionnelles ; pourrait être aussi concerné l’EIRL disposant membre et aux praticiens, avant tout aux greffiers, de mettre en
de plusieurs patrimoines distincts… Un tel regroupement ne place un suivi statistique significativement détaillé des procé-
s’impose pas dans la mesure où la procédure régie par le code dures ouvertes, y compris les procédures de prévention (malgré
de commerce englobe l’ensemble des dettes des personnes leur caractère confidentiel) et de recenser les informations rela-
physiques. La difficulté concernerait cependant un commerçant tives aux entreprises soumises à des procédures d’insolvabilité ;
retiré dont l’essentiel des dettes, mais pas la totalité, serait ces données permettront d’établir la durée des procédures et
constitué de dettes privées. Il est vrai que, à défaut d’une pro- d’établir un lien pertinent qui reflète la taille et le nombre des
cédure unique, la directive recommande la coordination des entreprises, ainsi que le succès des procédures d’insolvabilité.
procédures distinctes (◆ Dir., art. 24). Cette partie de la directive n’est pas la moindre parmi les
recommandations qu’elle contient et le délai de 2 ans laissé aux
ACCROÎTRE L’EFFICACITÉ États membres pour transcrire la directive paraît court au regard
des innovations qu’elle contient.
DES PROCÉDURES Jean-Luc Vallens
Président de chambre honoraire à la cour d’appel de Colmar
Les titres IV et V de la directive comportent des recommanda-
tions générales concernant le cadre institutionnel et judiciaire du

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A retenir

Invoquant des pratiques dangereuses et des infractions au


SOCIÉTÉS ET DIRIGEANTS règlement intérieur, le président d’une association sportive
informe l’auteur de ces pratiques, qu’après réunion du comité
directeur, il a décidé de ne pas renouveler sa licence.
■ Cession d’actions entachée d’un dol La Cour de cassation censure la cour d’appel, qui a considéré
que les infractions volontaires au règlement intérieur de
Un dirigeant associé, qui cède ses actions de la l’association légitimaient le refus de renouvellement de la
société, commet un dol en ne respectant pas son licence décidé après consultation du comité directeur. Au
engagement de gérer celle-ci « en bon père de visa de l’ancien article 1134 du code civil alors applicable
famille » pendant la période comprise entre l’audit (devenu 1103 à compter de l’entrée en vigueur de l’ordon-
des comptes et la cession effective de ses titres. nance du 10 février 2016 portant réforme du droit des
contrats), la Haute juridiction reproche aux juges du fond de
Dans une lettre adressée à un actionnaire, un investisseur ne pas avoir « constaté que les statuts de l’association confé-
décrit les conditions dans lesquelles il envisage d’acheter les raient à son président le pouvoir de s’opposer au renouvelle-
actions de ce dernier qui, dirigeant de cette société, s’engage, ment de l’adhésion de l’un de ses membres ».
réciproquement à continuer une gestion « en bon père de
famille ». Un audit comptable et financier de la société est REMARQUE : en outre, une jurisprudence bien établie subordonne la vali-
dité de l’exclusion d’un membre d’une association au respect du prin-
arrêté à la date de cet échange. cipe du contradictoire (◆ Cass. 1re civ., 17 mars 2011, no 10-14.124).
Quatre mois après, la cession a lieu. Le cessionnaire s’aper- ◆ Cass. 1re civ., 15 mai 2019, no 18-18.167, no 433 P + B
çoit bientôt qu’après la date d’arrêté de l’audit, et sans l’en
informer, le cédant a pratiqué des manœuvres destinées à
majorer artificiellement la trésorerie de la société : paiement
tardif de factures, report de l’échéance de dettes… ■ Détermination du prix de parts sociales
Invoquant le dol dont il a ainsi été victime, le cessionnaire par l’expert de l’article 1843-4 du code civil
demande des dommages-intérêts à son vendeur. Ce der-
nier lui répond qu’en sa qualité de professionnel de la Avant l’entrée en vigueur de l’ordonnance
reprise d’entreprises et nécessairement averti, l’acquéreur du 31 juillet 2014, l’expert de l’article 1843-4
disposait de toute la logistique comptable et financière lui du code civil disposait d’une entière liberté
permettant de mener un examen approfondi de la situation d’appréciation dans l’évaluation de parts sociales
financière de la société. Il lui incombait donc de se rensei-
gner sur toute situation de nature à peser sur son appré- objet d’une cession.
ciation du prix d’achat. Si l’acheteur a été trompé, ce serait Des avocats, se retirant d’une société civile profession-
en raison de son absence de diligence. nelle, saisissent le bâtonnier de leur ordre au sujet de la
Les juges ne retiennent pas cette approche. Ils observent détermination de la valeur des parts qu’ils détiennent dans
que le cédant s’était engagé à gérer la société « en bon la société. L’expert désigné à cet effet par le bâtonnier
père de famille ». Ils en déduisent qu’il lui appartenait, sur refuse d’appliquer les règles d’évaluation fixées par le
le fondement de la bonne foi et de la loyauté contractuelle, règlement intérieur et par les statuts de la société. Il
d’informer le candidat à l’acquisition des opérations effec- applique une méthode différente. Les parties contestent
tuées après la clôture de l’audit et qu’il ne peut utilement cette façon de procéder, y voyant une erreur grossière de
lui reprocher d’avoir limité cet audit à une période anté- l’expert. Elles demandent l’annulation de son rapport.
rieure. Ils décident, en conséquence, qu’en recourant à Leur demande est rejetée pour le motif suivant : sous
des manœuvres dolosives en vue de masquer au cession- l’empire des dispositions de l’article 1843-4 du code civil
naire l’insuffisance de la trésorerie de la société et sa qui étaient applicables à la date de sa désignation (21 juin
situation financière au jour de la cession, le cédant a 2010, en l’espèce), l’expert disposait d’une entière liberté
engagé sa responsabilité vis-à-vis du cessionnaire. d’appréciation pour fixer la valeur des parts sociales selon
les critères qu’il jugeait opportuns. Ce faisant, il n’a pas
◆ Cass. com., 5 juin 2019, no 16-10.391, no 481 D
commis d’erreur grossière.
REMARQUE : depuis l’entrée en vigueur de l’ordonnance no 2014-
863, du 31 juillet 2014, l’expert de l’article 1843-4 du code civil est
■ Le pouvoir disciplinaire du président tenu, pour évaluer les parts sociales, d’appliquer les règles et moda-
lités éventuellement prévues par les statuts ou par la convention des
d’une association doit être prévu parties à la cession (◆ C. civ., art. 1843-4, I, al. 2).
par les statuts ◆ Cass. 1re civ., 9 mai 2019, no 18-12.073, no 398 P + B
Le président d’une association ne peut s’opposer
au renouvellement de l’adhésion de l’un
de ses membres, auteur de pratiques fautives, que ■ Défaut d’exécution d’une injonction
si les statuts de l’association lui confèrent ce pouvoir. de dépôt des comptes : l’astreinte est due
Les droits et obligations des membres d’une association par le dirigeant
résultent de la convention qui constitue l’association,
laquelle est régie par les principes généraux du droit appli- Enjoint sous astreinte de déposer les comptes
cables aux contrats et obligations. Il s’ensuit que, si rien ne annuels de la société qu’il dirige, le représentant
s’oppose à l’organisation statutaire d’une procédure discipli- légal qui n’exécute pas l’injonction de dépôt
naire pouvant conduire à l’exclusion d’un membre, une telle dans le délai imparti est condamné à titre personnel.
procédure ne peut résulter de la seule décision du président
ou de tout autre organe non habilité statutairement. Lorsque le dirigeant d’une société commerciale ne dépose
pas les comptes annuels dans les délais prévus, le pré-

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A retenir

sident du tribunal peut lui adresser une injonction de le titre de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les sociétés, de
faire à bref délai sous astreinte (◆ C. com., art. L. 611-2, II). la taxe sur les salaires, de la taxe professionnelle, des taxes
A cet effet, le président du tribunal rend une ordonnance sur le chiffre d’affaires et des contributions indirectes.
enjoignant au représentant légal de déposer les comptes Un second décret est attendu concernant le délai de l’ins-
dans le mois de la notification de l’ordonnance. A défaut cription du privilège puisque le délai de 9 mois pour y pro-
de respecter cette injonction dans le délai visé, le pré- céder est supprimé par la loi Pacte (◆ CGI, art. 1929 qua-
sident du tribunal statue sur la liquidation de l’astreinte ter, mod. par L., art. 61, I, 2o) et devra intervenir au terme
(◆ C. com., art. R. 611-13, R. 611-14 et R. 611-16). d’un trimestre civil. La mesure sera applicable pour les
Par une stricte application de ces textes, la Cour de cassa- créances exigibles à compter d’une date fixée par décret
tion considère que « lorsque le président d’un tribunal de et au plus tard à compter du 1er janvier 2020.
commerce, ayant enjoint sous astreinte au représentant ◆ D. no 2019-683, 28 juin 2019 : JO, 30 juin
légal d’une personne morale de déposer les comptes
annuels, constate le défaut d’exécution et liquide l’astreinte,
le représentant légal est condamné à titre personnel ».
Ainsi, de l’obligation faite au dirigeant de déposer les
comptes et de sa désignation comme destinataire de ACTIONS EN JUSTICE
l’injonction de faire, la Cour de cassation déduit, d’une part,
que le paiement de l’astreinte sanctionnant l’inexécution de
l’injonction de dépôt des comptes annuels incombe au
représentant légal et, d’autre part, que la société n’est pas ■ Modalités d’accès des huissiers de justice
partie à l’instance en contestation de la condamnation au aux parties communes des immeubles
paiement de l’astreinte.
Le propriétaire ou le syndic de copropriété doit
Il s’ensuit que les actes de procédure - en l’espèce un remettre à l’huissier, qui le demande, un moyen
mémoire devant la Haute juridiction - établis par le diri-
geant en sa qualité de représentant légal de la société, en matériel ou les codes lui permettant l’accès
ce qu’ils sont présentés au nom d’une société qui n’est aux parties communes, dans un délai maximal
pas partie à l’instance en cassation – sans qu’il s’agisse de 5 jours ouvrables à compter de la réception
d’une simple erreur matérielle – sont irrecevables. de cette demande.
REMARQUE : le paiement de l’astreinte par la société constituerait de L’article L. 111-6-6 du code de la construction et de l’habi-
la part du dirigeant un abus de biens sociaux. tation prévoit que le propriétaire ou, en cas de copropriété,
◆ Cass. com., 7 mai 2019, no 17-21.047, no 378 P + B + I le syndicat des copropriétaires représenté par le syndic
doit permettre aux huissiers de justice d’accéder, pour
l’accomplissement de leurs missions de signification ou
d’exécution, aux parties communes des immeubles d’habi-
tation (◆ CCH, art. L. 111-6-6, créé par L. no 2010-1609,
PRIVILÈGES ET NANTISSEMENTS 22 déc. 2010). Les modalités d’application de cet article
restaient à être définies par décret. C’est chose faite avec
le décret du 27 juin 2019 portant diverses mesures rela-
tives au fonctionnement des copropriétés et à l’accès des
■ Décret Pacte : relèvement du seuil huissiers de justice aux parties communes d’immeubles.
de publicité du privilège du Trésor Ce décret complète la section 2 du chapitre Ier du titre Ier
Depuis le 1er juillet 2019, le seuil de publicité du livre Ier du code de la construction et de l’habitation de
trois articles qui précisent les modalités d’accès aux par-
obligatoire du privilège du Trésor est de 200 000 €. ties communes des huissiers de justice pour l’accomplisse-
La loi no 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et ment de leurs missions de signification et d’exécution (◆ CCH,
la transformation des entreprises, dite « loi Pacte» a prévu art. R. 111-17-1 à R. 111-17-3, créés par D., art. 14).
que le seuil de publicité obligatoire des sommes garanties par Lorsque les parties communes d’un immeuble d’habitation
le privilège du Trésor serait révisé par décret (◆ CGI, art. 1929 ne sont pas accessibles librement depuis la voie publique,
quater, mod. par L., art. 61, I, 2o) (v. BAG 131, « Loi Pacte : l’huissier de justice ou le clerc assermenté, adresse, par
publicité des privilèges du Trésor, des douanes et de la sécu- tout moyen, une demande d’accès au propriétaire ou, en
rité sociale », p. 15). Selon l’étude d’impact, ce seuil devait cas de copropriété, au syndic représentant le syndicat des
être porté à 200 000 €, ce que confirme le décret du 28 juin copropriétaires concerné. L’huissier doit justifier, dans sa
2019, entré en vigueur au 1er juillet 2019. Le seuil de demande, de son identité, de sa qualité professionnelle
l’article 379 bis du code des douanes est également modifié ainsi que de la mission de signification ou d’exécution qui
en ce sens. lui a été confiée (◆ CCH, art. R. 111-17-1, créé).
Cette publicité est obligatoire lorsque, passé un certain délai, Le propriétaire ou le syndic doit remettre à l’huissier de
les sommes dues excèdent un certain seuil (◆ CGI, art. 1929 justice un moyen matériel d’accès aux parties communes
quater), précédemment fixé à 15 000 € (◆ CGI, Ann. III, ou lui adresser les codes lui permettant d’y accéder, dans
art. 416 bis). L’article 1929 quater, 4 du code général des un délai maximal de 5 jours ouvrables à compter de la
impôts précise que l’obligation de publicité concerne les réception de la demande. La remise ou la transmission
sommes dues par un redevable à un même poste comptable s’effectue contre récépissé ou par tout autre moyen
ou service assimilé et susceptibles d’être inscrites qui propre à en établir la preuve et la date à laquelle celle-ci a
demeurent impayées. Rappelons qu’il s’agit des sommes eu lieu (◆ CCH, art. R. 111-17-2, créé).
garanties qui sont dues par les commerçants et les per-
sonnes morales de droit privé même non commerçantes, au

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A retenir

L’huissier de justice doit restituer le moyen matériel Dans cette affaire, un conseil de prud’hommes, dans un
d’accès aux parties communes qui lui a été remis, sans jugement confirmé en appel, ordonne, avec exécution pro-
délai et contre récépissé (◆ CCH, art. R. 111-17-3, créé). visoire, la réintégration d’une salariée dans son poste, sous
◆ D. no 2019-650, 27 juin 2019, art. 14 : JO, 28 juin astreinte de 1 000 € par jour de retard à compter du 15e jour
suivant la notification du jugement.
Devant la Cour de cassation, la salariée reproche à la cour
d’appel de l’avoir déboutée de sa demande en liquidation
■ Nouveaux taux de l’usure applicables de l’astreinte, au motif qu’elle n’a pas mis le juge en
à compter du 1er juillet 2019 mesure de vérifier la date de notification du jugement à
son employeur. Son pourvoi est rejeté par la Cour de cas-
Les seuils de l’usure applicables au troisième sation.
trimestre 2019 sont parus au Journal officiel. La Haute juridiction affirme d’abord qu’il appartient au juge
L’avis relatif à l’application des articles L. 314-6 du code de saisi d’une demande de liquidation d’une astreinte de
la consommation et L. 313-5-1 du code monétaire et finan- s’assurer, au besoin d’office, que l’astreinte a commencé
cier concernant l’usure récapitule le montant des taux à courir et de déterminer son point de départ. Elle ajoute,
effectifs moyens pratiqués par les établissements de cré- qu’en application de l’article 9 du code de procédure civile,
dit, au cours du deuxième trimestre 2019, pour les il appartient au salarié, demandeur à la liquidation de
diverses catégories de crédits. Il fixe également le taux l’astreinte, de rapporter la preuve de la date à laquelle le
d’intérêt maximal, nommé « taux d’usure », qui peut être jugement ordonnant sa réintégration a été notifié à son
pratiqué par ces établissements à compter du 1er juillet employeur. Faute de rapporter cette preuve, l’astreinte ne
2019. peut commencer à courir.
Tout prêt consenti à un taux effectif global qui excède, au REMARQUE : il faut rappeler qu’en matière prud’homale, les décisions
moment où il est consenti, de plus du tiers le taux effectif sont notifiées aux parties par le greffe par lettre recommandée avec
moyen pratiqué au cours du trimestre précédent, constitue avis de réception (◆ C. trav., art. R. 1454-26). La date de notification
un prêt usuraire (◆ C. consom., art. L. 314-6). d’un jugement rendu par le conseil de prud’hommes résulte donc de
la production de l’avis de réception par chacune des parties. En
◆ Avis 27 juin 2019, NOR : ECOT1918288V : JO, 27 juin l’espèce, la salariée, pour déterminer le point de départ de
l’astreinte, s’était fondée sur la date à laquelle la décision lui avait
été notifiée. La Cour de cassation estime qu’aucune conséquence ne
pouvait être tirée à cet égard de la date à laquelle la décision avait
été notifiée à l’employeur. Faute de preuve de la date exacte de
cette notification, que le juge chargé de la liquidation était en droit
■ Publication des taux de l’intérêt légal d’exiger, la demande en liquidation de l’astreinte devait être rejetée.
applicables à compter du 1er juillet 2019 ◆ Cass. 2e civ., 6 juin 2019, no 18-15.311, no 752 P + B + I
Pour le second semestre 2019, le taux de l’intérêt
légal est fixé à 3,26 % pour les créances
des personnes physiques n’agissant pas ■ L’action directe du voiturier
pour des besoins professionnels et à 0,87 % est intransmissible
pour tous les autres cas.
L’action directe en paiement du prix du transport
Un arrêté du 26 juin 2019 fixe les deux taux de l’intérêt reconnue au voiturier ne peut être transmise
légal établis suivant le mode de calcul défini à l’article
D. 313-1-A du code monétaire et financier.
au cessionnaire de la créance de ce prix.
Concernant les créances des personnes physiques n’agis- La Cour de cassation confirme dans l’arrêt rendu le 29 mai
sant pas pour des besoins professionnels, le taux de l’inté- 2019 l’intransmissibilité de principe de l’action directe re-
rêt légal est fixé à 3,26 % pour le second semestre 2019. connue au voiturier par l’article L. 132-8 du code de commerce.
Pour tous les autres cas, c’est-à-dire principalement pour Dans cette affaire, des créances portant sur le prix de diffé-
les entreprises et professions indépendantes, le taux de rents transports et garanties par une caution ont été succes-
l’intérêt légal est fixé 0,87 % pour cette même période. sivement cédées. Les débiteurs cédés n’ayant pas tous
payé, le cessionnaire assigne la caution en exécution de ses
◆ Arr. 26 juin 2019, NOR : ECOT1918289A : JO, 27 juin engagements. La caution oppose alors au cessionnaire le jeu
de l’article 2314 du code civil et se prétend déchargée. Sui-
vant l’argumentation rapportée dans l’arrêt, la caution
reproche au cessionnaire de lui avoir fait perdre un droit pré-
férentiel en s’abstenant d’exercer, dans le délai de prescrip-
■ Preuve du point de départ de l’astreinte tion, l’action directe prévue à l’article L. 132-8 du code de
Il appartient au demandeur à la liquidation commerce « qui aurait permis au transporteur, donc au ces-
sionnaire, de réclamer, en cas de non-paiement du prix des
d’une astreinte de rapporter la preuve du point transports par les donneurs d’ordre, le règlement de ce prix
de départ de cette astreinte. soit à l’expéditeur, soit au destinataire ». Ce raisonnement
Dans un arrêt rendu le 6 juin 2019, la deuxième chambre postulait donc que la cession des créances de prix du trans-
civile de la Cour de cassation affirme qu’il appartient au juge port emportait de plein droit transfert de l’action directe du
saisi d’une demande de liquidation d’une astreinte de s’assu- voiturier (le cédant) au profit du cessionnaire.
rer, au besoin d’office, que l’astreinte a commencé à courir et Par un attendu très pédagogique, la chambre commerciale
de déterminer son point de départ et au demandeur à la liqui- écarte ce présupposé. Elle juge que l’action directe de
dation de mettre le juge en mesure de vérifier la date de noti- l’article L. 132-8 du code de commerce est exclusivement
fication du jugement ordonnant l’astreinte. réservée au transporteur qui exécute matériellement le dépla-

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A retenir

cement de la marchandise, que le législateur a entendu seul ■ Le cessionnaire n’a pas qualité
protéger. Dans ces conditions, l’action directe en paiement pour défendre à une demande en résolution
du prix du transport est intransmissible au cessionnaire qui
n’a pu de son fait, priver la caution d’un droit préférentiel La cession d’une créance ne confère pas
dans lequel elle aurait pu être subrogée. au cessionnaire qualité pour défendre, en l’absence
REMARQUE : quoiqu’inédite, la solution ne surprend pas. En effet, la du cédant, à une demande de résolution d’un contrat
Cour de cassation a déjà jugé que cette action directe ne profitait pas dont procède la créance cédée.
au créancier subrogé dans les droits du voiturier pour l’avoir payé de son
fret (◆ Cass. com., 22 janv. 2008, no 06-19.423). Il en va de même en La Cour de cassation juge que l’action en résolution d’un contrat
cas de cession de la créance du prix du transport. Le cessionnaire ne dis- ne peut être exercée contre le cessionnaire d’une créance issue
pose pas de cette garantie de paiement réservée au seul transporteur. de ce contrat, car il n’a pas la qualité de partie au contrat.
L’action directe de l’article L. 132-8 du code de commerce est donc un
droit propre et exclusif insusceptible d’être transmis à un tiers ayant En l’espèce, une société cède par bordereau « Dailly » à une
acquis la créance de prix du transport. Peu importe d’ailleurs le mode banque des créances issues d’un contrat de vente. La banque
d’acquisition à l’œuvre, l’intransmissibilité de l’action directe s’impose, cessionnaire réclame le paiement au débiteur cédé qui lui
que l’opération sur la créance de prix relève du droit commun (◆ C. civ., oppose l’exception de résolution du contrat de vente ayant fait
art. 1321 à 1326 et 1346 à 1346-5) ou, comme en l’espèce, de la ces-
sion de créances professionnelles. naître les créances cédées. La banque cessionnaire réplique
par une fin de non-recevoir tirée de son défaut de qualité pour
L’arrêt a également le mérite de rappeler que le bénéfi-
défendre à la demande de résolution dudit contrat.
ciaire de la garantie de paiement est le transporteur ou le
voiturier, entendu comme celui qui « exécute matérielle- En première instance, le tribunal de commerce juge irrece-
ment le déplacement de la marchandise », confirmant vable la demande en résolution et condamne le débiteur
ainsi la définition donnée par la jurisprudence antérieure cédé au paiement des créances cédées à la banque.
(◆ Cass. com., 18 mars 2014, no 12-29.524). La cour d’appel infirme le jugement. Tout d’abord, les juges
◆ Cass. com., 29 mai 2019, no 17-24.845, no 506 P + B du second degré écartent la fin de non-recevoir soulevée par
la banque au motif que « le mécanisme de la cession de
créance induit que le cessionnaire, qui obtient la propriété de
la créance, vient aux droits et obligations du cédant, de sorte
■ Effet de l’opposition à ordonnance qu’il n’est nullement tiers à l’opération et que le débiteur
d’injonction de payer à l’égard du seul cédé peut lui opposer les différentes exceptions inhérentes à
la créance, sans avoir à appeler le cédant en cause, le ces-
demandeur sionnaire pouvant toujours l’appeler en garantie ». Ensuite,
L’opposition à l’ordonnance d’injonction de payer n’a l’arrêt prononce, au regard des circonstances de la cause, la
résolution du contrat de vente, admet l’exception de résolu-
d’effet qu’à l’égard du demandeur à l’opposition, tion et déboute la banque cessionnaire de sa demande de
de sorte que l’ordonnance produit les effets paiement. Cette dernière forme un pourvoi en cassation et
d’un jugement contradictoire à l’égard du codébiteur soutient principalement que, n’étant pas partie au contrat de
qui n’a pas fait opposition. vente, elle ne pouvait avoir qualité pour défendre à l’action en
Par l'arrêt commenté, la Cour de cassation affirme clairement résolution et qu’il ne lui appartenait pas d’accomplir en lieu et
que l’opposition à l’ordonnance portant injonction de payer n’a place du débiteur cédé les diligences nécessaires à la receva-
d’effet qu’à l’égard du demandeur à l’opposition et non à bilité de cette action.
l’égard d’un codébiteur qui n’a pas formé opposition dans le La Cour de cassation suit l’argumentation développée au pour-
délai légal. Elle précise qu’à l’égard de ce dernier, l’ordonnance voi et casse la décision au quadruple visa des articles 32 et 122
produit les effets d’un jugement contradictoire doté de l’auto- du code de procédure civile et des articles L. 313-27 et L. 313-
rité de la chose jugée, laquelle interdit sa remise en cause. 29 du code monétaire et financier. La fin de non-recevoir sou-
En l’espèce, une ordonnance portant injonction de payer une levée par la banque cessionnaire doit être admise car « la ces-
certaine somme est signifiée, à la demande d’une société, à sion d’une créance ne confère pas au cessionnaire qualité pour
la personne d’un débiteur qui ne forme pas opposition et au défendre, en l’absence du cédant, à une demande de résolu-
domicile de son codébiteur. Une nouvelle signification de tion du contrat dont procède cette créance ».
l’ordonnance est faite à ce dernier, qui forme opposition. REMARQUE : cette décision, qui met à la charge du débiteur cédé le soin
La cour d’appel déclare l’action en paiement du créancier d’appeler dans la cause le cédant, appelle plusieurs remarques. En pre-
mier lieu, il faut souligner que la solution ne se limite pas à la cession
irrecevable au motif que l’opposition régulièrement formée de créances professionnelles mais trouve également à s’appliquer dans
par l’un des débiteurs a pour effet de saisir le tribunal de le cadre de la cession de créances de droit commun (◆ C. civ., art. 1321
la demande en recouvrement du créancier, de sorte que le à 1326). En l’espèce, la cession « Dailly » n’avait pas été acceptée par le
juge est appelé à connaître de la requête initiale présentée débiteur cédé. Ce dernier conservait donc le droit d’opposer les excep-
contre l’ensemble des défendeurs. tions au cessionnaire et notamment celle tirée de la résolution du
contrat ayant fait naître les créances cédées. La situation est parfaite-
La Cour de cassation casse et annule l’arrêt de la cour ment transposable au droit commun (◆ C. civ., art. 1324, al. 2) sans
d’appel. Elle rappelle que, si la signification a été faite à la d’ailleurs que la réforme du droit des obligations n’interfère véritable-
personne de l’un des débiteurs et que celui-ci n’a pas fait ment puisque les règles relatives aux exceptions étaient acquises avant
opposition, il en résulte que l’ordonnance produit à son l’intervention de l’ordonnance du 10 février 2016.
égard les effets d’un jugement contradictoire.
◆ Cass. 2e civ., 16 mai 2019, no 18-17.097, no 631 D

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A retenir

En deuxième lieu, le défaut de qualité du cessionnaire pour défendre des engagements de la caution, puisqu’il n’est pas possible de
à une demande en résolution paraît incontestable contrairement à déterminer le point de départ de la durée de ceux-ci.
ce que la cour d’appel a pu retenir. La cession de créance n’équivaut
pas à une cession de contrat. Le cessionnaire acquiert la qualité de La Cour de cassation censure cet arrêt pour violation de
créancier et non la qualité de partie au contrat. Le cédant, partie au l’article 2292 du code civil et de l’ancien article L. 341-2 du code
contrat de vente ayant fait naître les créances cédées, doit être mis de la consommation, dans sa rédaction antérieure à celle issue
dans la cause pour défendre à l’action en résolution et finalement de l’ordonnance du 14 mars 2016, devenu l’article L. 331-1 de
combattre l’exception soulevée par le débiteur cédé. Sur ce point, la
décision mérite d’être approuvée. On aurait pu craindre, au prix d’un ce code.
forçage des catégories, que la défense à l’action en résolution passe ◆ Cass. com., 15 mai 2019, no 17-28.875, no 383 P + B
du cédant au cessionnaire en tant qu’accessoire de la créance cédée.
En outre, sur le plan pratique, le cessionnaire ne dispose pas forcé-
ment des éléments contractuels pour défendre efficacement.
En troisième lieu, la solution vaut pour l’exception de résolution mais un
raisonnement identique peut être tenu pour d’autres exceptions inhé- ■ Secret bancaire et protection accordée
rentes à la dette fondées sur un rapport contractuel antérieur auquel le aux informations portées au verso
cessionnaire n’est, par hypothèse, pas partie (la nullité ou l’exception
d’inexécution) ou encore pour les exceptions nées des rapports contrac- des chèques
tuels cédant/débiteur cédé avant que la cession ne lui soit devenue oppo-
sable (◆ C. civ., art. 1324, al. 2). L’argument procédural tiré des articles 32 La banque peut être contrainte de fournir
et 122 du code de procédure civile semble d’ailleurs pouvoir être repris des renseignements figurant au verso de chèques,
dès lors que l’exception invoquée à l’encontre du cessionnaire se fonde si cette communication est indispensable à celui qui
sur une situation juridique propre au débiteur cédé et au cédant (comme
la compensation). Dans ces conditions, il faut conseiller au débiteur cédé la demande pour rechercher la responsabilité
qui invoque une exception pour se soustraire au paiement réclamé par le de l’établissement bancaire et proportionnée
cessionnaire de veiller, le cas échéant, à mettre le cédant dans la cause
(par exemple par le biais d’une intervention forcée). Du côté du débiteur aux intérêts en présence.
cédé, l’opération de cession de créance n’est donc, au moins sur le terrain Pour rechercher l’éventuelle responsabilité de la banque lors
procédural, pas tout à fait neutre. de l’encaissement de chèques litigieux, les juges doivent
◆ Cass. com., 15 mai 2019, no 17-27.686, no 463 P + B rechercher si la communication aux clients des informations
portées sur le verso des chèques qu’ils ont émis n’est pas
indispensable à l’exercice de leur droit à la preuve et propor-
tionnée aux intérêts antinomiques en présence, incluant la
■ Incidence de l’absence de date protection du secret dû aux bénéficiaires de ces chèques.
sur le contrat de cautionnement C’est ce que décide la Haute juridiction dans un arrêt de cas-
L’absence de date d’un cautionnement sation rendu le 15 mai 2019 dans lequel le secret bancaire
est opposé par une banque au titulaire d’un compte bancaire
souscrit par une personne physique n’affecte pas qui, après avoir émis plusieurs chèques à l’ordre d’une
la régularité de l’acte. société pour un montant de 14 000 € environ, demande la
La Cour de cassation fait une stricte interprétation des dispo- copie du verso des chèques litigieux ainsi que des informa-
sitions relatives au formalisme du cautionnement (◆ C. civ., tions concernant le bénéficiaire effectif du compte crédité.
art. 2292 ◆ C. consom., anc. art. L. 341-2 devenu C. consom., Face au refus de la banque de communiquer ces informa-
art. L. 331-1) en affirmant que l’absence de date sur l’acte de tions, le titulaire du compte saisit le juge des référés.
cautionnement ou dans la mention manuscrite n’est pas une
cause de nullité de cet acte. En appel, les juges retiennent qu’en produisant lesdites infor-
mations, la banque porterait atteinte au secret dont sont titu-
En l’espèce, une banque conclut avec une société deux laires les bénéficiaires des chèques.
contrats de crédit-bail portant sur des matériels. Une cau-
tion personne physique se rend garante de leur exécution. Mais, à défaut d’avoir effectué la recherche ci-dessus mention-
La société étant mise en liquidation judiciaire, la banque née, la Cour de cassation casse leur arrêt au visa des articles
assigne en paiement la caution, qui invoque alors la nullité L. 511-33 du code monétaire et financier, 10 du code civil et 9
de ses engagements pour absence de date. et 11 du code de procédure civile.
Pour faire droit à sa demande et annuler les actes de caution- REMARQUE : le secret professionnel auquel est tenue la banque lui
nement, la cour d’appel retient que si la datation de l’engage- interdit de divulguer les informations figurant au verso des chèques,
ment de caution n’est pas une mention prescrite à peine de divulgation qui porterait atteinte au secret dû aux tiers bénéficiaires
nullité, il n’en demeure pas moins qu’elle a une incidence sur de ces titres. Ce secret professionnel inscrit à l’article L. 511-33 du
code monétaire et financier ne constitue pas nécessairement un
le point de départ de la durée déterminée de l’engagement, empêchement légitime au sens de l’article 11 du code de procédure
qui doit être précisée dans la mention manuscrite. Or, aucune civile lorsque la demande de communication de documents est diri-
des clauses des actes de cautionnement ne précise ce point gée contre l’établissement de crédit non en sa qualité de tiers
de départ ni n’indique qu’il correspondrait à la date d’exécution confident mais en celle de partie au procès intenté contre lui en vue
du contrat cautionné. De surcroît, aucun élément ne permet de rechercher son éventuelle responsabilité dans la réalisation de
d’établir à quelle date la caution a reproduit la mention manus- l’opération contestée (◆ Cass. com., 24 mai 2018, no 17-27.969). Les
dérogations au secret professionnel imposées par les nécessités d’ordre
crite, de sorte qu’il n’est même pas certain qu’au moment de public (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, Banque de
son engagement, elle connaissait la date de début du contrat. France, administration fiscale, autorité judiciaire agissant dans le cadre
Ainsi, l’omission portant sur la datation des actes de cautionne- d’une procédure pénale) figurent à cet article L. 511-33 du code moné-
ment affecte nécessairement la compréhension de la portée taire et financier.
◆ Cass. com., 15 mai 2019, no 18-10.491, no 462 P + B

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A retenir

pour soutenir que les juges du fond auraient notamment dû


DIFFICULTÉS DES ENTREPRISES prendre en compte le comportement du journaliste et la
manière dont il est entré en possession des informations et
la forme des publications en litige. Mais cet argument est
■ Mandat ad hoc et absence d’intérêt écarté, la chambre commerciale estimant que les juges
d’appel n’avaient pas à faire cette recherche.
général
En divulguant des informations sur le mandat Information sur les procédures en cours
ad hoc et la conciliation, sans que cette divulgation Enfin, le présent arrêt évoque le fait que d’autres journaux
soit justifiée par la nécessité d’informer le public s’étaient fait l’écho des difficultés du groupe, mais ils
s’étaient contentés d’informations générales, n’informant
sur une question d’intérêt général, le public que de l’existence de procédures en cours. Tel
un organe de presse commet une faute n’est pas le cas des informations publiées par l’organe de
dont il doit réparer le préjudice. presse ici condamné, puisqu’il a publié des informations
Par un arrêt du 15 décembre 2015, la Cour de cassation précises et chiffrées et portant sur le contenu des négo-
avait jugé, à propos de l’article L. 611-15 du code de ciations en cours et leur avancée, la Cour de cassation
commerce édictant le principe de confidentialité du man- ajoutant que ces informations n’intéressaient pas le public
dat ad hoc et de la conciliation, que « la diffusion d’infor- en général, mais les cocontractants et partenaires des
mations relatives à une procédure de prévention des diffi- sociétés du groupe en recherche de protection.
cultés des entreprises, couvertes par la confidentialité, L’arrêt du 13 juin 2019 se situe donc dans la droite ligne des
sans qu’il soit établi qu’elles contribuent à l’information arrêts précédents et participe donc de la protection de la
légitime du public sur un débat d’intérêt général, constitue confidentialité du mandat ad hoc et de la conciliation. Il ne fait
à elle seule un trouble manifestement illicite » (◆ Cass. aucun doute que la publication d’informations sur ces procé-
com., 15 déc. 2015, no 14-11.500, no 1076 P + B ; v. BAG dures peut engager la responsabilité des organes de presse,
93, « Confidentialité du mandat ad hoc et de la conciliation sauf débat d’intérêt général. Toutefois, la Cour de cassation
et liberté de la presse », p. 11). Après avoir apporté des semble distinguer entre la publication d’informations détail-
précisions dans un deuxième arrêt du 13 février 2019 lées et précises et la simple publication de l’existence de dif-
(◆ Cass. com., 13 févr. 2019, no 17-18.049, no 198 P + B ficultés et de procédures en cours. Il est dès lors permis de
+ I ; v. BAG 128, « Intérêt général et confidentialité du se demander quelle serait la solution si l’information était limi-
mandat ad hoc et de la conciliation », p. 11), la Cour de tée à la seule existence des procédures en cours.
cassation est appelée une fois encore à statuer dans cette
même affaire. En effet, parallèlement, la société d’édition REMARQUE : cet arrêt est à rapprocher de l’arrêt de la cour d’appel
de Paris du 6 juin 2019 (◆ CA Paris, ch. 1-2, 6 juin 2019, no 18/
qui avait publié les informations confidentielles avait été 03063), commenté ci-après : voir « Mandat ad hoc et débat d’inté-
condamnée par la cour d’appel à payer aux sociétés du rêt général », p. 11.
groupe, qui avaient bénéficié du mandat ad hoc et de la ◆ Cass. com., 13 juin 2019, no 18-10.688, no 559 P + B
conciliation, des dommages et intérêts.

Devoir de confidentialité
La Cour de cassation commence par rappeler qu’elle a refusé ■ Sort d'une créance alimentaire
de renvoyer une QPC sur l’article L. 611-15 du code de en cas de procédure collective du débiteur
commerce, au Conseil constitutionnel (◆ Cass. com. QPC,
4 oct. 2018, no 18-10.688 ; v. BAG 124, « Confirmation de la Une prestation compensatoire présentant
confidentialité des procédures préventives », p. 13). Puis pour partie un caractère alimentaire doit être
rappelant que ce texte impose un devoir de confidentialité à déclarée à la procédure si le créancier souhaite
toutes les personnes appelées à une procédure de concilia- participer aux répartitions en liquidation judiciaire.
tion ou de mandat ad hoc ou qui, par leurs fonctions, en ont
connaissance, elle ajoute qu’il pose le principe de la confiden- La créance née d’une prestation compensatoire présente pour
tialité des informations relatives à ces procédures qui se jus- partie un caractère alimentaire. Elle échappe donc pour cette rai-
tifie par la nécessité de protéger, notamment, les droits et son à la règle de l’interdiction des paiements, mais elle demeure
libertés des entreprises qui y recourent. Partant de là, l’effec- soumise à l’interdiction des poursuites. Dès lors, en cas de liqui-
tivité du principe suppose que la divulgation, par des organes dation judiciaire du débiteur, la Cour de cassation estime qu’elle
de presse, des informations ainsi protégées, doit être érigée doit en principe être payée hors procédure collective, c’est-à-dire
en faute, hormis l’hypothèse d’un débat d’intérêt général. En sur les revenus dont le débiteur conserve la libre disposition. Elle
outre, l’argument d’imprévisibilité de la règle légale invoquée peut également être recouvrée par la voie de la procédure de
par la société de presse est écarté puisque cette dernière ne paiement direct ou de recouvrement des pensions alimentaires
pouvait ignorer qu’elle publiait des informations protégées et (◆ Cass. com., 1er févr. 2005, no 01-13.943, no 175 P + B). Mais
risquait de causer un grave préjudice aux sociétés du groupe. son règlement ne peut donc intervenir sur les fonds disponibles
de la procédure.
Responsabilité des organes de presse Toutefois, le créancier de la prestation compensatoire a, en
La Cour de cassation revient également sur l’évaluation du outre, la faculté de la déclarer à la procédure et ainsi être admis
montant de la réparation qui résulte de la faute commise aux répartitions et participer à la distribution de sommes par le
par l’organe de presse, faute à l’origine du préjudice, et qui liquidateur. Or, la participation à la distribution dans la procé-
doit donc être réparée conformément à l’ancien article 1382 dure est subordonnée à la déclaration de sa créance, sauf
devenu 1240 du code civil. Cette réparation ne doit pas être dérogation spéciale expresse. La Cour de cassation précise
disproportionnée et c’est dans l’exercice de son pouvoir que cette dérogation ne peut résulter de la simple absence de
souverain que la cour d’appel l’a évaluée. On peut ajouter soumission des créances alimentaires aux dispositions de
que l’organe de presse invoquait l’article 10 de la CESDH l’article L. 622-24 du code de commerce, selon lequel ces

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A retenir

créances ne sont pas soumises à ce texte et donc à l’obliga- présentation, l’arrêt en a exactement déduit que la notifi-
tion de déclaration. Ainsi, cette disposition n’a ni pour objet, ni cation était irrégulière.
pour effet de permettre aux créanciers alimentaires de concou-
rir aux répartitions sans déclarer leurs créances. Date butoir de la signification de l’avis
La solution n’est pas surprenante. La Cour de cassation a de mise en recouvrement
jugé, sous le régime des textes de 1985, qu’une telle Pour limiter le montant de l’admission de la créance du
créance compensatoire qui présente pour partie un caractère Trésor public à une somme inférieure à celle déclarée, la
alimentaire n’a pas à être déclarée à la procédure et échappe cour d’appel a relevé d’office que la signification de l’avis
à la règle de l’extinction des créances non déclarées (◆ Cass. de mise en recouvrement ne pouvait produire aucun effet
com., 8 oct. 2003, no 99-21.682, no 970 P + B + I). L’ordon- parce qu’il avait été effectué postérieurement à l’ouverture
nance no 2014-326 du 12 mars 2014, en ajoutant un dernier de la procédure collective. Cette interprétation est censu-
alinéa à l’article L. 622-24 disposant que les créances alimen- rée par la Cour de cassation.
taires ne sont pas soumises à l’obligation de déclarer, n’y
Elle rappelle que pour parvenir à l’établissement définitif
change rien. L’absence de déclaration de cette catégorie de
de ses créances dans le délai prévu par l’article L. 624-1 du
créances n’empêche pas de les recouvrer hors procédure
code de commerce, le Trésor public peut émettre et noti-
collective, mais le créancier peut aussi, de surcroît, participer
fier des titres exécutoires postérieurement au jugement
aux répartitions dans la procédure collective, à condition de
d’ouverture de la procédure collective du redevable. La
déclarer comme tout autre créancier.
cour d’appel a donc violé les articles L. 622-24 et R. 624-6
◆ Cass. com., 13 juin 2019, no 17-24.587, no 558 P + B du code de commerce et l’article 620, alinéa 2 du code de
procédure civile.
REMARQUE : la loi no 2019-486 du 22 mai 2019, dite « loi Pacte »,
■ Émission par le Trésor public d’un titre apporte des modifications en ce domaine pour les procédures qui
seront ouvertes à compter du 1er janvier 2020. Elle prévoit que si la
exécutoire après le jugement d’ouverture détermination de l’assiette et du calcul de l’impôt est en cours, l’établis-
sement définitif des créances admises à titre provisionnel doit être effec-
L’avis de réception de la mise en recouvrement tué par l’émission du titre exécutoire dans un délai de 12 mois à comp-
d’une créance fiscale portant la mention « avisé » ter de la publication du jugement d’ouverture (◆ C. com., art. L. 622-
24, mod. par L. no 2019-486, 22 mai 2019, art. 63, I).
ne produit aucun effet. Le Trésor public peut émettre
et notifier des titres exécutoires postérieurement ◆ Cass. com., 12 juin 2019, no 17-25.753, no 494 P + B
au jugement d’ouverture de la procédure collective
du redevable.
A la suite de contrôles fiscaux portant sur les années 2000 ■ Mandat ad hoc et débat d’intérêt
à 2008, plusieurs avis de mise en recouvrement, représen- général légitime
tant des rappels de TVA, sont émis à l’encontre d’une per-
sonne physique. Celle-ci ayant été mise en redressement Des articles de presse relatant l’existence
judiciaire le 5 mars 2008, le comptable du service des d’une procédure de mandat ad hoc ne constituent
impôts des entreprises déclare une créance à titre privilé- pas nécessairement un trouble manifestement illicite,
gié qui est admise en appel pour un montant inférieur à notamment s’ils contribuent à une information
celui déclaré, ce que conteste le Trésor public. légitime du public.
Le présent arrêt apporte deux précisions : l’une relative Tout comme l’arrêt de la Cour de cassation du 13 juin
aux conditions de régularité de l’avis de réception émis en 2019 ci-avant (◆ Cass. com., 13 juin 2019, no 18-10.688,
vue du recouvrement de la créance et l’autre relative à la no 559 P + B), l’arrêt de la cour d’appel de Paris rendu le
date de signification du titre exécutoire de la créance. 6 juin 2019 intéresse, lui aussi, la confidentialité des procé-
dures amiables. Dans cette affaire, un mandataire ad hoc
Mentions exigées pour la validité est désigné pour plusieurs sociétés du groupe Conforama
de la notification de mise en recouvrement le 12 décembre 2017. Le 10 janvier 2018, un éditeur
La cour d’appel a jugé que l’avis de réception de mise en publie sur son site un article intitulé « Exclusif : Conforama
recouvrement portant la simple mention « avisé » ne répond serait placé sous mandat ad hoc », un article contenant la
pas à la prescription de l’article R. 256-7 du livre des procé- même information est publié le 11 janvier 2018 dans la
dures fiscales. L’avis de mise en recouvrement ainsi notifié version papier du magazine de l’éditeur.
ne saurait produire d’effet (◆ LPF, art. R. 256-6 et R. 256-7). Par ordonnance du 12 janvier 2018, sur le fondement de
La Cour de cassation confirme cette interprétation. l’article 873, alinéa premier du code de procédure civile, le
Lorsque la lettre recommandée de notification de l’avis de président du tribunal de commerce de Paris ordonne le
mise en recouvrement ne peut, pour quelque cause que ce retrait de l’article sur le site et interdit la publication de
soit, être remise au redevable destinataire, le pli non distri- quelque article que ce soit relatif à cette procédure de pré-
bué doit être renvoyé par La Poste au service compétent de vention sous astreinte de 10 000 € par infraction consta-
la direction générale des finances publiques, annoté, d’une tée, à compter du prononcé de sa décision.
part, de la date de sa première présentation et, d’autre part, La cour d’appel de Paris infirme l’ordonnance du président du
du motif de sa non-délivrance. Étant rappelé que l’avis de tribunal. Tout en reprenant la jurisprudence de la Cour de cas-
mise en recouvrement est réputé avoir été notifié, lorsque sation du 15 décembre 2015 (◆ Cass. com., 15 déc. 2015,
la lettre recommandée n’a pu être distribuée du fait du rede- no 14-11.500, no 1076 P + B : v. BAG 93, « Confidentialité du
vable, le jour où en a été faite la première présentation. mandat ad hoc et de la conciliation et liberté de la presse »,
En ayant relevé que l’avis de réception de l’avis de mise p. 11), la cour d’appel estime que le contenu de l’information
en recouvrement portait la mention « avisé le 6 février en cause doit être pris en compte, car la publication ne sau-
2003 » à l’exclusion de toute indication relative à une vaine rait constituer un trouble manifestement illicite que s’il

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A retenir

s’avère avec l’évidence requise en référé qu’elle ne contribue Pour la chambre commerciale, la demande de l’ex-épouse
pas à l’information légitime du public sur un débat d’intérêt tendait à la condamnation du débiteur au paiement d’une
général. Or, les deux articles en question se limitent à indi- somme d’argent, et ce, pour une cause antérieure au juge-
quer au conditionnel la désignation du mandataire ad hoc, ils ment d’ouverture, de sorte que cette demande était soumise
sont destinés au grand public comme le prouve d’ailleurs à l’interdiction des poursuites. En effet, la demande de l’ex-
l’explication donnée sur le mandat ad hoc et son objectif et épouse visait à être relevée et garantie par le débiteur en
ils font suite à plusieurs autres articles de presse décrivant liquidation judiciaire de sommes pouvant être mises à sa
les difficultés financières du groupe H, maison mère du charge au titre de crédits et emprunts, fondée sur l’engage-
groupe Conforama. Et d’ajouter qu’il ne saurait en être déduit ment de l’ex-époux débiteur, engagement pris lors de son
avec l’évidence requise en référé que cette seule informa- divorce. Et une telle demande aboutirait effectivement à la
tion, énoncée au conditionnel et dans ce contexte, ait pu condamnation du débiteur au paiement d’une somme
compromettre les chances de succès du mandat ad hoc. d’argent, ce qu’interdisent les articles L. 622-21 et L. 641-3
Toujours selon les juges d’appel, cette information n’ajoute du code de commerce au visa desquels l’arrêt est prononcé,
pas vraiment aux renseignements déjà largement diffusés articles que la jurisprudence interprète de façon extensive.
sur les difficultés financières du groupe Conforama. ◆ Cass. com., 29 mai 2019, no 16-26.989, no 505 P + B
Mais, surtout, les juges d’appel affirment que « les difficul-
tés économiques importantes (déficit de 2 milliards
d’euros) d’un groupe tel que le sud-africain H, qui seraient
imputables à des irrégularités comptables et ses répercus- ■ Précision sur la notion de contestation
sions sur un groupe tel que Conforama, qui se présente de créances
comme un acteur majeur de l’équipement de la maison en
Europe et qui emploie 9 000 personnes en France, consti- Le mandataire judiciaire peut soutenir
tuent sans conteste un sujet d’intérêt général ». devant le juge-commissaire une autre proposition
Dès lors, il ne saurait être exclu que l’information du grand que celle qu’il avait initialement émise et relever
public selon laquelle le groupe Conforama serait placé appel de toute décision de celui-ci rendue
sous mandat ad hoc afin de rechercher un accord avec ses en matière d’admission des créances.
créanciers contribue à l’information légitime du public sur
un débat d’intérêt général. En outre, les sociétés du Une société est mise en redressement judiciaire. Une
groupe sous mandat ad hoc n’exposent pas en quoi la dif- association déclare au passif une première créance au titre
fusion de l’information précitée leur a causé un préjudice. d’un trop versé pour l’exécution de travaux de construction
effectués par la société, puis, après la notification de la
Aussi, la cour d’appel juge-t-elle qu’il n’est pas établi que résiliation des marchés de travaux par l’administrateur
les articles litigieux constituent un trouble manifestement judiciaire, une seconde créance au titre de l’indemnité de
illicite ou ont généré un risque de dommage imminent au résiliation en résultant.
sens de l’article 873 du code de procédure civile.
Le mandataire judiciaire adresse à l’avocat déclarant une
◆ CA Paris, ch. 1-2, 6 juin 2019, no 18/03063 lettre de contestation à laquelle l’association ne répond que
7 mois plus tard. Ce qui conduit le juge-commissaire à décla-
rer irrecevable la déclaration de créance. Le mandataire judi-
ciaire et l’association forment chacun appel de cette décision.
■ Rejet d’une action en garantie intentée La société débitrice saisit alors le conseiller de la mise en état
à l’encontre d’un ex-époux en liquidation en faisant valoir que les appels sont irrecevables.
judiciaire La cour d’appel, par deux arrêts, décide de la recevabilité des-
dits appels et de la déclaration de créance. Elle précise que
Une demande visant à être relevée et garantie l’avis de contestation adressé par le mandataire judiciaire n’a
par le débiteur de sommes au titre de crédits pas fait courir le délai de 30 jours prévu par l’article L. 622-27
et emprunts, fondée sur son engagement pris, du code de commerce contre l’association et sursoit à sta-
lors de son divorce, de payer des sommes tuer sur l’admission de la créance déclarée par cette dernière.
pour une cause antérieure à l’ouverture La société se pourvoit en cassation.
de la procédure, est soumise à l’interdiction La Cour de cassation se prononce, tout d’abord, sur la receva-
des poursuites. bilité de l’appel contre l’ordonnance du juge-commissaire par
le mandataire judiciaire dans le contexte d’une nouvelle
Dans le cadre de son divorce sur consentement mutuel, la proposition qu’il a émise sur le sort de la créance déclarée.
propriété d’un immeuble est attribuée à l’époux à charge Pour apprécier la recevabilité de l’appel du créancier, la
pour lui de procéder au remboursement de crédits et Cour de cassation est conduite à préciser, ensuite, si l’on
emprunts. A la suite de sa mise en liquidation judiciaire, son se trouve en présence d’une contestation de créance.
ex-épouse poursuivie par divers créanciers l’assigne en
garantie de toutes les sommes qui pourraient être mises à sa Recevabilité de l’appel du mandataire judiciaire
charge à ce titre. Pour les juges du fond, la demande princi-
pale présentée par l’ex-épouse n’est pas une demande en La société débitrice conteste l’appel du mandataire judi-
paiement de somme d’argent, s’agissant d’une action en ciaire. Il est vrai que les faits sont particuliers puisqu’après
garantie. Pour eux, il ne s’agit pas de permettre à des créan- avoir informé le créancier par courrier de la contestation de
ciers d’agir en paiement contre le débiteur en liquidation judi- la créance par le débiteur et de sa proposition de rejet, le
ciaire, mais de relever indemne l’ex-épouse des sommes qui mandataire judiciaire a, par la suite, soutenu un avis
pourraient être mises à sa charge. Et d’en déduire qu’elle ne contraire devant le juge-commissaire, au vu d’éléments
peut être soumise à l’interdiction des poursuites, solution qui communiqués par le nouveau conseil de l’association.
leur vaut une cassation.

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A retenir

La société débitrice se fondant sur les règles applicables La Cour de cassation écarte cette argumentation. Il n’y a
en matière de discussion des créances rappelle que le discussion de la créance, au sens de l’article L. 622-27 du
mandataire judiciaire devait aviser le créancier intéressé en code de commerce, que lorsque la créance déclarée est
l’invitant à faire connaître ses explications et que le défaut contestée dans son existence, son montant ou sa nature,
de réponse dans le délai de 30 jours interdisait toute appréciés au jour du jugement d’ouverture.
contestation ultérieure de la proposition du mandataire Or, la cour d’appel a relevé que la société ne contestait la
judiciaire. Pour la société, la seconde proposition faite par créance de l’association qu’au motif qu’elle-même était créan-
le mandataire judiciaire devant le juge-commissaire cière au titre de l’indemnisation du préjudice résultant de
d’admettre la créance est fondée sur une « argumentation l’absence de règlement des situations de travaux contraignant
hors délai du créancier » qui a eu pour objet et pour effet l’administrateur à résilier les contrats. Les juges en ont donc
de lui permettre de contourner le délai impératif légal de déduit que la lettre du mandataire se bornait à invoquer l’exis-
30 jours. Pour la société, cette attitude est contraire à la tence d’une créance réciproque sur le débiteur qui serait née
protection de l’intérêt collectif des créanciers que seul le d’une situation juridique différente. Par ces constatations et
mandataire judiciaire a pour mission de défendre. appréciations, desquelles il résulte que la discussion ne portait
Ainsi, en décidant que le mandataire judiciaire pouvait, au pas sur la créance déclarée, la cour d’appel a estimé à bon
vu de nouveaux éléments communiqués par le créancier, droit que la lettre, ne valant pas contestation, n’avait pas fait
hors le délai légal impératif de 30 jours, exprimer devant le courir le délai de réponse du créancier.
juge-commissaire un avis autre que celui qui avait fait La décision s’inscrit dans la jurisprudence qui au fil du
l’objet de la notification de la contestation de la créance temps a précisé la notion de contestation. Elle est cepen-
déclarée, la cour d’appel aurait violé l’article L. 622-27 du dant d’importance pour le créancier, puisque, depuis la loi
code de commerce, ensemble l’article L. 622-20 du code no 2005-845 du 26 juillet 2005 de sauvegarde des entre-
de commerce. Sur ce dernier fondement et celui des prises, son défaut de réponse dans le délai légal à la lettre
articles 31 et 546 du code de procédure civile ainsi que du mandataire judiciaire lui interdit d’exercer un recours
l’article L. 624-3, alinéa premier du code de commerce, le contre la décision du juge-commissaire lorsque celui-ci
mandataire n’aurait pas davantage qualité pour interjeter confirme la proposition du mandataire. La solution retenue
appel de la décision du juge-commissaire. est bienvenue et s’articule avec la décision sur le premier
La Cour de cassation rejette cette argumentation et moyen qui reconnaît au mandataire judiciaire de pouvoir
confirme la décision d’appel. soutenir devant le juge-commissaire une proposition diffé-
Certes, aux termes de l’article R. 624-1 du code de rente de celle qu’il a émise préalablement. C’est sur ce
commerce, si une créance est discutée, le mandataire judi- dernier aspect que réside l’apport de l’arrêt.
ciaire en avise le créancier ou son mandataire par une ◆ Cass. com., 29 mai 2019, no 18-14.911, no 439 P + B
lettre recommandée avec demande d’avis de réception qui
précise l’objet de la discussion, indique le montant de la
créance dont l’inscription est proposée et rappelle les dis-
positions de l’article L. 622-27 du même code. Mais, elle ■ Principe de l’universalité de la faillite
ajoute qu’il n’est pas interdit au mandataire judiciaire,
organe de la procédure collective chargé de la vérification Le liquidateur peut intervenir en lieu et place
du passif, de soutenir devant le juge-commissaire une d’un débiteur dessaisi pour une vente amiable
autre proposition et de relever appel de toute décision de d’un bien situé à l’étranger.
celui-ci rendu en matière d’admission des créances. La Cour de cassation donne une nouvelle illustration de l’uni-
versalité de la faillite, tout en invitant les juges à exercer
Absence de contestation de la créance toutes leurs prérogatives lorsque le débiteur détient des
dans l’avis adressé par le mandataire judiciaire biens à l’étranger.
La société débitrice invoque également l’irrecevabilité de En l’occurrence, il s’agit d’une personne physique soumise à
l’appel du créancier. Elle estime qu’il y a bien eu discus- une procédure collective en France avant l’entrée en vigueur
sion de la créance au sens de l’article L. 622-27 du code du règlement communautaire (CE) no 1346/2000 du 29 mai
de commerce, notamment, lorsqu’il est soutenu dans la 2000 sur les procédures d’insolvabilité. Le débiteur était pro-
lettre de contestation adressée par le mandataire que la priétaire de droits immobiliers sur un immeuble situé en
créance en cause est éteinte par suite d’une compensa- Espagne. Il est mis en redressement judiciaire en 1993, puis
tion avec une créance réciproque et connexe. en liquidation judiciaire quelques mois plus tard en 1994. Il était
Dans son courrier, le mandataire informait, en effet, l’asso- devenu titulaire de droits immobiliers après le décès de ses
ciation de ce qu’il proposait le rejet total de la créance parents, qui avait entraîné une situation d’indivision successo-
déclarée, laquelle était liée pour partie à la prétendue rale. L’immeuble étant situé en Espagne, le tribunal de grande
inexécution des contrats de maîtrise d’œuvre et pour par- instance en charge de la succession avait ordonné le partage
tie à la résiliation de ces mêmes contrats par l’administra- de l’indivision et donné mandat à un notaire de faire vendre
teur judiciaire en raison des dommages et intérêts dus à la l’immeuble à l’amiable. Le liquidateur désigné dans la procé-
société par l’association du fait de sa propre inexécution dure collective du débiteur a obtenu du juge-commissaire
des contrats. Le mandataire en déduisait l’extinction totale l’autorisation de signer l’acte de vente « au nom et pour le
de la créance déclarée par suite de sa compensation avec compte du débiteur ». Ce dernier a fait appel : il considérait
la créance connexe de la société sur l’association. que le juge-commissaire avait excédé ses pouvoirs en autori-
En refusant de considérer que ce courrier comportait une sant la cession d’un immeuble situé à l’étranger.
contestation de la créance déclarée au motif qu’il se bor- La Cour de cassation rejette le pourvoi en précisant le cadre
nait à invoquer l’existence d’une créance qui serait née dans lequel la vente se situait. Il s’agissait uniquement d’une
d’une situation juridique différente, la cour d’appel aurait vente amiable ordonnée à l’occasion du partage d’une indivi-
violé l’article L. 622-27 du code de commerce, selon la sion successorale et non d’une opération de la liquidation
société. judiciaire. La Cour de cassation aurait pu se limiter à ce rap-

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A retenir

pel, mais a jugé utile de souligner que le tribunal français, ici applicable : cette combinaison s’applique aussi bien dans le
le juge-commissaire, n’aurait pas excédé ses pouvoirs en cadre d’une vente amiable que d’une vente autorisée ou
autorisant, au titre de la liquidation judiciaire en France, la ordonnée dans le cadre d’une procédure de liquidation judi-
vente d’un bien situé à l’étranger. Le juge n’a pas, dit-elle, à ciaire, comme la Cour de cassation a déjà eu l’occasion de le
vérifier au préalable que la liquidation puisse produire ses préciser (◆ Cass. com., 12 mars 2013, no 11-27.748).
effets dans cet État dont la réaction n’a pas à être anticipée. ◆ Cass. com., 29 mai 2019, no 18-14.844, no 438 P + B
L’intérêt de l’arrêt est qu’il répond, avec quelques années
de retard, à des juges du fond qui avaient cru possible de
juger le contraire dans une autre espèce. C’est aussi une
façon de réaffirmer l’universalité de la faillite. ■ Irrecevabilité du pourvoi
Il a été jugé que la procédure collective ouverte en France ne du liquidateur contre une décision
peut produire ses effets étrangers que dans la mesure de antérieure à la liquidation judiciaire
l’acceptation par les ordres juridiques étrangers. Elle énonçait
ainsi à la fois le principe et sa limite (◆ Cass. 1re civ., 19 nov. Le liquidateur ne peut pas se pourvoir en cassation
2002, no 00-22.334 ◆ Cass. com., 21 mars 2006, no 04-17.869). contre un arrêt statuant sur une demande
Mais une cour d’appel avait estimé qu’un liquidateur ne pou- de report de la date de cessation des paiements
vait remettre en cause un paiement contraire à la règle de rendu dans le cadre d’une procédure
l’arrêt des paiements, au seul motif que la procédure collec- de redressement après résolution du plan.
tive française ne serait pas reconnue à l’étranger dans l’État
du paiement (◆ CA Versailles, 20 mars 2008, no 07/03957 : Deux procédures collectives qui se succèdent en raison de la
v. BAG 8, « Limite au principe d’universalité de la faillite », résolution d’un plan de sauvegarde ou de redressement
p. 9) : c’est cette attitude « d’autolimitation » que la Cour de doivent faire l’objet d’un traitement autonome. C’est ce prin-
cassation censure dans cet arrêt. cipe qu’applique la Cour de cassation à propos d’une voie de
recours dirigée contre une décision relative à la procédure de
Aussi, la question qui se pose est de savoir comment se redressement judiciaire alors que le plan a été résolu et
traduit l’universalité. Elle concerne, d’abord, les droits qu’une procédure de liquidation judiciaire a été ouverte.
immobiliers du débiteur sur le bien situé à l’étranger et
ensuite le dessaisissement du débiteur. Dans la procédure Une SARL est mise en redressement judiciaire, le 22 juillet
judiciaire de partage de l’indivision, les droits du débiteur 2014. Le mandataire judiciaire demande ensuite le report de la
dessaisi sont exercés par le liquidateur du fait de leur date de cessation des paiements. Le 21 juillet 2015, un plan est
nature patrimoniale. arrêté. Le mandataire occupe alors les fonctions de commissaire
à l’exécution du plan. Il est habilité à ce titre à poursuivre les ins-
Si la procédure collective avait été ouverte après l’entrée tances introduites par le mandataire (◆ C. com., art. L. 626-25,
en vigueur de l’ordonnance no 2014-326 du 12 mars 2014, al. 3). Le 2 février 2016, le tribunal statue sur la demande de
le liquidateur aurait été privé du droit d’agir en lieu et place report de la date de cessation des paiements en la fixant au
du débiteur. La succession étant ouverte, comme en 31 décembre 2013. La SARL interjette appel. Entre-temps, un
l’espèce, après sa mise en liquidation, les droits du nouveau jugement du tribunal du 12 avril 2016 prononce la
débiteur au titre de la succession auraient échappé aux résolution du plan et la liquidation judiciaire de la société. Le
pouvoirs du mandataire de justice, sauf accord du débiteur mandataire judiciaire est désigné liquidateur.
lui-même (◆ C. com., art. L. 641-9, dern. al.).
La cour d’appel infirme le jugement du 2 février 2016 et
Par ailleurs, si la procédure collective avait été ouverte après refuse donc le report de la date de cessation des paiements.
l’entrée en vigueur du règlement communautaire no 1346/ L’intimé devenu liquidateur se pourvoit en cassation. Le pour-
2000 du 29 mai 2000 précité (applicable à partir du 31 mai voi est déclaré irrecevable. Le liquidateur, désigné dans la
2002), la procédure aurait produit le même effet sur le terri- nouvelle procédure collective ouverte après résolution du
toire espagnol où était situé l’immeuble sur le fondement du plan de redressement, n’a pas qualité pour se pourvoir en
principe de reconnaissance immédiate et de plein droit des cassation contre un arrêt relatif à une demande de report de
procédures ouvertes par les juridictions d’un État membre du la date de cessation des paiements formée dans le cadre de
chef du centre des intérêts principaux du débiteur (◆ Règl. la précédente procédure collective.
(CE) no 1346/2000, 29 mai 2000, art. 3). Ce principe exprime
l’universalité de la faillite au niveau européen. En l’occurrence, les opérations ont pris fin et la procédure de
redressement judiciaire a été clôturée. L’article L. 626-27, ali-
Si la vente de l’immeuble situé en Espagne devait susciter néa 4 du code de commerce, applicable au redressement
une difficulté, celle-ci se résoudrait dans le cadre des (sous la réserve énoncée à l’article L. 631-20-1), précise que
règles de reconnaissance et d’exécution des décisions « le jugement qui prononce la résolution du plan met fin aux
rendues en matière civile et commerciale, régies entre la opérations et à la procédure lorsque celle-ci est toujours en
France et l’Espagne par la convention de Bruxelles du cours ». Le débiteur est redevenu « maître de ses biens »
20 septembre 1968 et aujourd’hui par le règlement (UE) après l’adoption du plan de redressement sous la surveillance
no 1215/2012 du 12 décembre 2012 : ce contentieux ne du commissaire à l’exécution du plan. La procédure de liqui-
mettait pas en jeu les règles de la procédure collective à dation judiciaire qui suit la résolution est donc une nouvelle
laquelle l’un des héritiers se trouvait soumis et ne s’insé- procédure distincte de la précédente.
rait pas dans cette procédure collective. Le liquidateur a
donc été, à juste titre, habilité à exercer les pouvoirs du Le liquidateur de la nouvelle procédure peut-il exercer une
débiteur par la juridiction française et à percevoir, en cette voie de recours à propos d’une décision rendue dans le
qualité, le produit de la vente opérée par le notaire, après cadre de la première procédure ?
le règlement des dettes de l’indivision et des frais. Le pourvoi est réservé à toute partie qui y a intérêt
Enfin, que la vente d’un bien immobilier situé à l’étranger ou (◆ C. pr. civ., art. 609). Or le liquidateur n’a pas été partie
des droits indivis du débiteur sur ce bien répondent aux à l’instance d’appel. En conséquence, il n’a pas qualité à
conditions du droit civil français, en particulier la vente sur lici- agir au sens de l’article 31 du code de procédure civile. II
tation en cas d’indivision, et aux conditions du droit étranger ne peut donc pas se pourvoir en cassation contre l’arrêt

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A retenir

relatif à la fixation de la date de cessation des paiements Portée de l’autorité de la chose jugée
d’une procédure qui a pris fin. de l’ordonnance d’homologation
◆ Cass. com., 15 mai 2019, no 18-12.441, no 380 P + B de la procédure de distribution
Se posait la question de la portée de l’autorité de la chose
jugée attachée à l’ordonnance du juge de l’exécution homo-
■ Primauté de la procédure collective loguant le projet de distribution du prix. Celle-ci était, en
effet, devenue irrévocable. Toutefois, pour la Cour de cassa-
sur l’effet attributif de la saisie immobilière tion, l’action du mandataire judiciaire avait un objet et une
en l’absence de répartition des fonds cause distincts. En effet, elle ne tendait pas à critiquer
l’ordonnance d’homologation, mais à voir constater la cadu-
Le mandataire judiciaire peut demander la caducité cité de la procédure de distribution, aux conditions des
d’une procédure de distribution malgré l’autorité articles L. 622-21, II et R. 622-19 du code de commerce.
de la chose jugée de l’ordonnance du juge Selon le premier de ces textes, le jugement d’ouverture
de l’exécution homologuant le projet de distribution. arrête toute procédure de distribution n’ayant pas produit un
effet attributif avant le jugement. Et selon le second, les
Suite aux poursuites d’une banque, un jugement du 13 octo- fonds sont alors remis au mandataire, le cas échéant, par le
bre 2011, publié le 31 juillet 2012, adjuge un bien immobilier séquestre. Partant, il importe peu que l’ordonnance homolo-
appartenant à une SCI. L’adjudicataire en consigne le prix, les guant le projet de distribution soit devenue irrévocable en
30 novembre 2011 et 3 février 2012, entre les mains du bâton- l’absence de recours exercé par le mandataire, ce dernier
nier de l’Ordre des avocats, désigné en qualité de séquestre. peut demander la restitution des fonds séquestrés.
Un projet de distribution amiable est établi par l’avocat de la
banque, le 31 janvier 2014. Mais le 11 février 2014, la SCI est
placée en redressement judiciaire, ultérieurement converti en
Moment de l’effet attributif
liquidation judiciaire. Le 14 mars 2014, la banque notifie au de la saisie immobilière
mandataire judiciaire le projet de distribution amiable. Quant à la question de l’effet attributif, la Cour de cassa-
Par ordonnance du 18 juin 2014, notifiée le 23 juin au manda- tion rappelle que par application des articles L. 334-1 et
taire judiciaire, le juge de l’exécution homologue le projet de R. 334-3 du code des procédures civiles d’exécution, c’est
distribution et lui confère force exécutoire (◆ C. pr. exéc., art. à l’égard du seul débiteur que la consignation du prix par
R. 332-6, al. 2). Les 21 et 27 août 2015, le mandataire judi- l’acquéreur produit les effets d’un paiement si la distribu-
ciaire assigne la banque, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, tion du prix n’est pas intervenue dans les 6 mois. Et d’en
l’adjudicataire et le syndicat des copropriétaires devant le déduire que les créanciers inscrits ne peuvent se prévaloir
juge de l’exécution pour voir déclarer caduque la procédure de ces dispositions pour soutenir que l’effet attributif a eu
de distribution depuis le 11 février 2014, date de l’ouverture lieu avant le jugement d’ouverture. Puisque le prix n’a pas
de la procédure. Et il demande à ce que soit ordonné au été réparti entre les créanciers avant le jugement d’ouver-
bâtonnier de lui remettre la totalité du prix d’adjudication, ce ture, la procédure de distribution était caduque et les
que le juge de l’exécution refuse. Mais la cour d’appel fait fonds devaient être remis au mandataire judiciaire.
droit à sa demande et la banque forme un pourvoi. ◆ Cass. com., 17 avr. 2019, no 17-15.960, no 338 P + B

Juillet 2019
15
© Bulletin d’actualité des greffiers
Sommaire

Effet de l’opposition à ordonnance


Zoom sur... d’injonction de payer à l’égard
du seul demandeur.................................. p. 8
IMPACT DE LA DIRECTIVE « RESTRUCTURATION
ET INSOLVABILITÉ » SUR LA PROFESSION........ p. 1 Le cessionnaire n’a pas qualité
pour défendre à une demande
en résolution ............................................ p. 8 Ce bulletin est réalisé
A retenir Incidence de l’absence de date par les Dictionnaires Permanents
sur le contrat de cautionnement ........... p. 9 Droit des affaires, Difficultés
des entreprises, Recouvrement
SOCIÉTÉS ET DIRIGEANTS Secret bancaire et protection de créances et procédures d’exécution.
Cession d’actions entachée d’un dol ..... p. 5 accordée aux informations ■ Comité scientifique :
portées au verso des chèques................. p. 9 Maîtres Didier OUDENOT, greffier
Le pouvoir disciplinaire du président
associé à Marseille, président honoraire,
d’une association doit être prévu
DIFFICULTÉS DES ENTREPRISES Corinne SCHMITZ, greffier associée
par les statuts .......................................... p. 5 à Versailles, Philippe GOURLAOUEN,
Mandat ad hoc et absence d’intérêt
Détermination du prix de parts général.................................................... p. 10 greffier associé à Lorient, membres
sociales par l’expert de l’article 1843-4 du Conseil national des greffiers
Sort d'une créance alimentaire des tribunaux de commerce
du code civil ............................................ p. 5
en cas de procédure collective ■ Directrice des rédactions : Sylvie FAYE
Défaut d’exécution d’une injonction du débiteur ............................................ p. 10
de dépôt des comptes :
■ Directrice de la rédaction
Émission par le Trésor public Droit des affaires et Fiscalité :
l’astreinte est due par le dirigeant........ p. 5 Corinne GENDRAUD
d’un titre exécutoire après le jugement
PRIVILÈGES ET NANTISSEMENTS
d’ouverture ............................................. p. 11 ■ Rédactrice en chef : Edith DUMONT
Décret Pacte : relèvement du seuil Mandat ad hoc et débat d’intérêt ■ Rédactrice en chef technique :
général légitime..................................... p. 11 Sophie-Charlotte CAMPET-JOURNET
de publicité du privilège du Trésor ......... p. 6
Avec la participation de :
Rejet d’une action en garantie
ACTIONS EN JUSTICE intentée à l’encontre d’un ex-époux ■ Stefano DANNA et Gaël LESAGE,
en liquidation judiciaire ........................ p. 12 rédacteurs en chef du Dictionnaire
Modalités d’accès des huissiers de justice Permanent Droit des affaires
aux parties communes des immeubles..... p. 6 Précision sur la notion de contestation ■ Cécile THIERCELIN-BASTIDE,
Nouveaux taux de l’usure applicables de créances.............................................. p. 12 rédactrice en chef adjointe,
à compter du 1er juillet 2019 ................. p. 7 Alexandra PHAM-NGOC
Principe de l’universalité
et Geoffrey MEYER,
Publication des taux de la faillite ............................................ p. 13 rédacteurs du Dictionnaire
de l’intérêt légal applicables Permanent Droit des affaires
Irrecevabilité du pourvoi
à compter du 1er juillet 2019 ................. p. 7
du liquidateur contre une décision ■ Catherine CADIC, rédactrice en chef
Preuve du point de départ antérieure à la liquidation judiciaire ... p. 14 et Olfa BARDI-RENÉ-BAZIN, rédactrice
de l’astreinte............................................ p. 7 en chef adjointe du Dictionnaire Permanent
Primauté de la procédure collective Difficultés des entreprises
L’action directe du voiturier
est intransmissible ................................... p. 7
sur l’effet attributif de la saisie
immobilière en l’absence de répartition
■ Stéphanie BOURDIN, rédactrice
en chef adjointe du Dictionnaire Permanent
des fonds................................................. p. 15 Recouvrement de créances et procédures
d’exécution
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