Normes comptables
CAUTIONS ET GARANTIES SELON LES NORMES IFRS
L'IASB a publié au mois d'août 2005
un texte modifiant les dispositions
de la norme IAS 39 relatives aux
garanties financières. Ce texte,
soutenu par l'Efrag, résulte de
discussions qui ont duré plusieurs
années et prendra effet le
1er janvier 2006. Une des questions
soulevées était de savoir si une
garantie financière constituait un
contrat d'assurance (IFRS 4) ou
un instrument financier (IAS 39).
Nous indiquons ci-dessous les règles
IFRS qui s'appliquent désormais
à ces garanties dans les comptes
du garant.
Définition
Une garantie financière est définie par
le paragraphe 9 de la norme IAS 39 sur
les instruments financiers comme le
contrat qui impose au garant (l'émet-
teur de la garantie) d'indemniser le
bénéficiaire de la garantie dans l'éven-
tualité où celui-ci supporterait une
perte, en raison de la défaillance d'un
débiteur bien identifié à s'acquitter des
échéances prévues par un instrument
de dette. Une garantie financière peut
prendre des formes juridiques variées. Il
peut s'agir de cautions, de certaines
formes de lettres de crédit, de contrat
de défaut, de contrat d'assurance. Leur
comptabilisation ne doit pas dépendre
de leur forme juridique.
Les garanties financières ne doivent pas
être confondues avec les dérivés de cré-
dit. Ceux-ci se définissent comme des
contrats dans lesquels les paiements à
effectuer par l'émetteur sont déclenchés
non par la défaillance d'un débiteur pré-
cis mais par les variations d'une notation
du risque de crédit ou d'un indice du
risque de crédit. En outre, selon certains
contrats, le déclenchement du paie-
ment a lieu en cas de défaut d'un tiers
débiteur. Ces contrats constituent des
instruments dérivés entrant dans le
champ de la norme IAS 39.
Normes IFRS applicables
Le paragraphe 2 (e) de la norme IAS 39
inclut dans son champ les droits et obli-
gations résultant des garanties finan-
cières, tout en admettant que ces garan-
ties peuvent constituer des contrats
d'assurance tels que définis par la norme
IFRS 4. Toutefois, ce paragraphe précise
que lorsqu'un émetteur de garanties
financières a fait savoir de manière
explicite qu'il considérait les garanties
financières comme des contrats d'assu-
rance et qu'il les comptabilisait en tant
que tel, cet émetteur pouvait choisir
d'appliquer soit la norme IAS 39, soit la
norme IFRS 4. Ce choix est irrévocable
pour une garantie donnée mais est exer-
çable individuellement pour chaque
garantie.
Selon la norme IAS 39, la communica-
tion de l'émetteur de garanties finan-
cières, permettant de savoir s'il les
comptabilise en tant que contrats d'as-
surance, peut figurer sur différents sup-
ports, notamment les contrats, la docu-
mentation remise aux clients et aux
organismes de contrôle des assurances,
les comptes de l'émetteur.
Dans un contexte où la norme IFRS 4
sur les contrats d'assurance a laissé une
large liberté de comptabilisation aux
compagnies d'assurance, cette rédac-
tion signifie implicitement une préfé-
rence des normes IFRS en faveur du
mode de comptabilisation plus strict
spécifié par la norme IAS 39. Par
ailleurs, les sociétés autres que les com-
pagnies d'assurance ou les banques
n'auront d'autres choix en général que
d'utiliser la norme IAS 39 pour ces
garanties.
Comptabilisation et évaluation
L'application de la norme IAS 39 aux
garanties financières implique qu'elles
entrent au bilan de l'émetteur à la date
d'émission pour un montant correspon-
dant à leur juste valeur. Lorsque la
garantie a été conclue entre deux enti-
tés indépendantes dans le cadre d'une
convention unique non liée à d'autres
opérations, sa juste valeur à la date
d'émission peut être présumée corres-
pondre à la prime versée à l'émetteur
par le bénéficiaire de la garantie (§ AG4
de la norme IAS 39).
Lorsque le contrat prévoit que la prime
due à l'émetteur par le bénéficiaire de la
garantie est versée en plusieurs fois, par
exemple à chaque échéance de la créan-
ce sur la base du capital restant dû, la
juste valeur de la garantie devrait cor-
respondre à l'actualisation de ces verse-
ments. L'émetteur dispose d'une créan-
ce sur le bénéficiaire de la garantie qui
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s'éteint au fur et à mesure des verse-
ments de celui-ci.
Ultérieurement, la garantie est compta-
bilisée au bilan pour le montant le plus
faible résultant de l'une ou l'autre des
approches suivantes :
• l'évaluation effectuée selon la norme
IAS 37 sur les provisions ;
• le montant comptabilisé initialement
sous déduction des reprises constatées
en résultat en application de la norme
IAS 18.
L'évaluation selon la norme IAS 37 pré-
vaudra à chaque fois que la défaillance
du débiteur de l'instrument garanti
deviendra probable. Dans le cas inverse,
l'émetteur de la garantie se bornera à
enregistrer en produit au fil du temps la
prime reçue initialement.
Pour en savoir plus
www.iasb.org
www.efrag.org
■ Benoît LEBRUN
Associé KPMG
R.F.C. 383 Décembre 2005