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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
ENDOCRINOLOGIE
MÉTABOLISME
RÉANIMATION-URGENCES
Insuffisance surrénale
11-255
Dr Anne BACHELOT
Ancien Interne des Hôpitaux
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Insuffisance surrénale
Objectifs :
– Diagnostiquer une insuffisance surrénale aiguë et une insuffisan-
ce surrénale chronique.
– Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en char-
ge.
RAPPELS PHYSIOLOGIQUES
G Les surrénales sont deux formations glandulaires situées à la partie supérieure et antérieure
de chaque rein.
G Elles sont composées d’une partie centrale, la médullosurrénale, structure neuro-endocrine,
de différents types :
– Minéralocorticoïdes, dont le produit final est l’aldostérone dans la zone glomérulée.
– Glucocorticoïdes, dont le produit final est le cortisol dans la zone fasciculée.
– Androgènes faibles : déhydroépiandrostérone (DHEA) et delta 4 androsténédione dans la
zone réticulée.
G Les zones fasciculées (glucocorticoïdes) et réticulées (androgènes) sont stimulées par
G La zone glomérulée subit une régulation plus complexe dépendant essentiellement du systè-
me rénine-angiotensine.
G L’insuffisance surrénale correspond à un déficit de la synthèse des hormones corticosté-
roïdes, complet (touchant les trois secteurs) ou dissocié selon les étiologies.
G Il faut distinguer l’insuffisance surrénale (IS) proprement dite, ou IS primitive, conséquen-
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INSUFFISANCE
SURRÉNALE PRIMITIVE
(OU MALADIE D’ADDISON)
A/Physiopathologie
G Le déficit hormonal concerne les trois secteurs, parfois de façon dissociée, au début ou dans
certaines étiologies particulières (blocs enzymatiques).
G Il s’agit le plus souvent d’une destruction du tissu surrénalien relevant de diverses étiologies.
G La perte de plus de 90 % des deux cortex surrénaliens entraîne des manifestations cliniques
d’IS.
G La destruction est la plus souvent lente et progressive (IS chronique) mais peut être rapide,
précocement compliquée d’une crise aiguë (IS aiguë).
1. Le déficit en aldostérone
G Il entraîne une diminution de la réabsorption rénale du sodium et une diminution de l’éli-
mination urinaire de K + et H + (altération de l’échange Na +/K +-H +), d’où :
– Cliniquement : une hypovolémie responsable d’une baisse de la tension artérielle et d’une
perte de poids.
– Biologiquement : hyponatrémie de déplétion avec natriurèse élevée, hyperkaliémie, acido-
se métabolique, hémoconcentration et insuffisance rénale fonctionnelle.
3. Déficit en androgènes
sans grande conséquence clinique.
B/Signes cliniques
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G Mélanodermie :
– Acquise.
– Fréquente (92 %).
– C’est une teinte foncée, brune, diffuse.
– Elle siège surtout au niveau :
* Des zones découvertes exposées au soleil.
* Des zones de frottement (coude-genou).
* Des cicatrices récentes.
* Des plis de flexion, face palmaire.
* Des zones normalement pigmentées (aréoles des seins, organes génitaux externes).
* Des muqueuses (« taches ardoisées » au niveau des lèvres, langue, marge gingivale, face
interne des joues).
* Au minimum, il s’agit de la persistance trop prolongée d’un hâle solaire.
* Elle ne sera pas confondue avec une pigmentation ethnique ou une hémochromatose.
G Les autres signes sont plus rares :
– Appétence pour le sel : souvent méconnue, masquant le déficit en aldostérone.
– Douleurs articulaires, myalgies, crampes.
– Hypoglycémie surtout de jeûne ou après exercice (ou révélatrice chez un diabétique traité
et jusque-là équilibré).
b) Tableau complet
– Troubles digestifs :
* Nausées, vomissements, diarrhée.
* Douleurs abdominales diffuses.
* Mimant parfois un tableau pseudo-chirurgical.
– Troubles de conscience :
* Asthénie, adynamie ou au contraire agitation majeure.
* Syndrome confusionnel, au maximum : coma addisonien.
– Collapsus hypovolémique.
– Signes de déshydratation extracellulaire, puis globale.
– Autre signes :
* Hyperthermie d’origine centrale ou due à une infection surajoutée.
* Myalgies et crampes, arthralgies.
* Manifestations d’hypoglycémie (sueurs).
– Dans les formes d’apparition rapide, la mélanodermie n’a pas le temps d’apparaître. Elle est
en revanche de grande valeur diagnostique lorsqu’il s’agit de la décompensation aiguë d’une
ISL.
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D/Diagnostic hormonal
G La suspicion clinique d’IS doit toujours être confirmée par les examens hormonaux.
G En cas d’ISA, on prélève des échantillons sanguins pour dosage de cortisolémie, et de
l’ACTH, rénine et aldostérone dont on n’attend pas le résultat pour traiter.
G Le test au synacthène peut être réalisé après résolution de l’épisode aigu (+++).
1. Déficit glucocorticoïde
G Dosages statiques :
– Cortisolémie à 8 heures basse (< 10 µg/dl),
– Mais ces valeurs basales peuvent être normales en cas d’IS modérée.
G Test de stimulation indispensable :
– Test au synacthène (analogue synthétique de l’ACTH) immédiat (ou ordinaire) : 0,25 mg en
injection IM ou IV avec dosage de la cortisolémie à T0, T30, T60.
– L’absence d’élévation de la cortisolémie à 30 minutes (au-delà de 18 µg/dl) affirme l’IS : test
négatif.
G ACTH plasmatique de base : taux élevés.
2. Déficit minéralocorticoïde
G Aldostéronémie basse et ne s’élevant pas à l’orthostatisme.
G Rénine plasmatique haute.
E/Étiologies
1. Destruction anatomique de la glande
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b) Tuberculose
– Prédominait en France jusque vers les années 1960.
– Actuellement, elle représente un peu moins de la moitié des cas.
– C’est la destruction progressive des glandes CS suivant une tuberculose pleuro-pulmonaire
ou urogénitale souvent ancienne, non diagnostiquée ou insuffisamment traitée.
– Le diagnostic est certain si on met en évidence sur la radio sans préparation de l’abdomen
des calcifications CS paravertébrales (en regard de D12 L1), mais elles ne sont présentes que
dans 10 % des cas.
– On s’aidera des arguments classiques : antécédents, prélèvements des secrétions bron-
chiques et urinaires, séquelles radiologiques pulmonaires.
– Au TDM : grosses surrénales, siège de pseudotumeurs qui correspondent à des tubercu-
lomes dans lesquels le BK reste quiescent.
c) Adrénoleucodystrophie
– Pathologie congénitale liée à l’X. À évoquer systématiquement en cas d’IS chez un garçon.
– Le tableau clinique associe les signes d’IS et des signes en rapport avec l’atteinte neurolo-
gique :
* Forme précoce (enfant) avec atteinte centrale : déficits sensoriels, convulsions, démence.
* Forme plus tardive (adulte jeune) avec atteinte médullaire : paraparésie, troubles sphinc-
tériens.
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– Elle correspond à un défaut du métabolisme des acides gras à très longue chaîne (AGTLC),
dont le taux plasmatique est très élevé.
– Le dosage du taux plasmatique des AGTLC doit être systématique dans le bilan étiologique
d’une IS chez le garçon.
f) Maladies « de surcharge »
– Amylose.
– Maladie de Wilson.
2. Insuffisance de production
c) Causes iatrogènes
– Surrénalectomie chirurgicale.
– Surrénalectomie chimique par anticortisoliques de synthèse : OP’DDD, kétoconazole,
métopirone, aminogluthétimide, RU 486.
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F/Traitement
a) Régime normosodé
I Régression de la mélanodermie.
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d) Traitement étiologique
c) Hormonothérapie
– Hydrocortisone
* Par voie veineuse, en bolus ou en perfusion continue à la seringue électrique 100 mg
toutes les 6 heures.
* Puis en injection intramusculaire : 100 mg toutes les 6 heures, lorsque la gravité initiale
a été maîtrisée.
* Les jours suivants, les doses quotidiennes sont progressivement diminuées et le traite-
ment per os repris ; la posologie d’entretien est reprise 4 à 5 jours plus tard.
– Minéralocorticoïde :
* Ce traitement n’est pas systématique. Les fortes doses d’hydrocortisone sont suffisantes
initialement, car elles ont un effet minéralocorticoïde ; le traitement par minéralocorti-
coïde est alors repris per os secondairement.
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INSUFFISANCE CORTICOTROPE
G Elle est liée à un déficit corticotrope (ACTH) total ou partiel d’origine hypophysaire ou
hypothalamique, souvent associé à d’autres déficits (gonadotrope, thyréotrope, GH).
G La conséquence essentielle du déficit en ACTH est un déficit sécrétoire du cortisol, la sécré-
tion d’aldostérone étant en revanche préservée, restant stimulée par la rénine.
A/Signes cliniques
G Le tableau est moins sévère que dans l’IS primitive du fait du respect des minéralocorti-
coïdes.
G On peut observer des épisodes de décompensation aiguë en cas de « stress » majeur (plus rare-
ment que dans l’IS primitive)
C/Diagnostic
G Dosages statiques :
– Cortisolémie basse à 8 heures.
– ACTH non élevée, voire basse.
G Tests dynamiques :
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D/Étiologies
2. Lésions hypothalamo-hypophysaires
G Causes habituelles d’insuffisance anté hypophysaire, dissociée ou complète :
– Tumorales :
* adénomes hypophysaires.
* craniopharyngiomes, etc.
– Infectieuses : tuberculose.
– Inflammatoires.
– Hémochromatose.
– Syndrome de Sheehan : nécrose hypophysaire du post-partum.
– Hypophysite auto-immune.
4. Exceptionnel : idiopathique
E/Traitement
1. Hormonothérapie substitutive
G Hydrocortisone : 10 à 30 mg/jour en fonction de la profondeur du déficit.
G Pas de minéralocorticoïde.
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POINTS FORTS
G Clinique : G Étiologies :
– ISL : – Auto-immune : femme jeune, autres
G Asthénie, amaigrissement. pathologies, auto-Ac.
G Mélanodermie. – Tuberculose : antécédents, calcifica-
G Hypotension artérielle. tions à l’ASP, IDR, BK.
G Anorexie, nausées. – Hyperplasie congénitale des surré-
G Douleurs abdominales et douleurs nales : déficit 21 OH-ase…
diffuses, (signes d’alerte d’ISA). – Adrénoleucodystrophie chez l’homme :
– ISA : signes neurologiques, AGTLC plasma-
G Déshydratation EC puis globale, tiques.
collapsus hypovolémique. – Hypoplasie congénitale des surrénales
G Douleurs abdominales + vomisse- par mutation du gène DAX-1 chez l’hom-
ments + diarrhée. me associé à un hypogonadisme hypogo-
G Troubles de la conscience. nadotrope.
G Hyperthermie. – Localisations bilatérales de :
G Biologie : caractéristique dans G Tumeurs.
l’ISA : G Infections chez HIV +.
– Hyponatrémie + natriurèse conservée G Maladie de surcharge.
ou élevée. G Hémorragies (méningococcémies,
– Hyperkaliémie + kaliurèse basse. anti-coagulants.).
– Acidose métabolique. G Traitement :
– DEC avec hémoconcentration et IRF. – ISA :
– Hypoglycémie. G Remplissage vasculaire.
G Diagnostic hormonal G Réhydratation IV : sérum salé
– En cas d’ISA : prélèvements analysés NaCl 9 ‰, ou SG 5 % + 6 g NaCl/l.
secondairement. G Hormonothérapie :
– IS périphérique I Hydrocortisone IV = 100 mg IVD
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