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Prasse (Karl-G.), Manuel de Grammaire Touarègue (Tahaggart)
Prasse (Karl-G.), Manuel de Grammaire Touarègue (Tahaggart)
et de la Méditerranée
Chaker Salem. Prasse (Karl-G.), Manuel de grammaire touarègue (tahaggart). In: Revue de l'Occident musulman et de la
Méditerranée, n°21, 1976. pp. 187-190.
http://www.persee.fr/doc/remmm_0035-1474_1976_num_21_1_1361
Le volume 1 :
— Chapitre 1 (phonétique) : reprenant les conclusions de certaines de ses
études antérieures, K.-G. Prasse pose un système phonologique touareg dont
l'originalité principale se situe au niveau vocalique. Contrairement aux dialectes
berbères du Nord, qui, en principe, ne connaissent que trois voyelles
phonologiques (/a/, /if, /u/), le touareg possède plusieurs phonèmes d'aperture moyenne
et distingue deux quantités vocaliques :
Touareg Berbère Nord
i -î u-û i u
e-ê o-ô [4]*
m a
a — § * non phonologique
188 COMPTES RENDUS
Le volume 2 (Nom) :
II traite essentiellement de la constitution interne des noms et des diverses
marques qui s'y adjoignent (état, genre, nombre). La classification très fouillée des
différentes catégories de noms repose sur les formes proto-berbères reconstruites
par K.-G. Prasse.
Le volume 3 (Verbe) :
II contient une analyse minutieuse des nombreux types d'affixes verbaux
(marques personnelles, modales, morphèmes dérivationnels), une étude de la valeur
et de la forme des thèmes et des différentes conjugaisons. Comme dans le volume
précédent, la diachronie (reconstruction proto-berbère) est constamment présente
et sert de fil conducteur à l'exposé. La détermination de la valeur des thèmes est
précédée d'une réflexion originale sur les bases psychologiques des oppositions
aspectuelles à laquelle on ne souscrira pas sans réserves. On notera que l'auteur,
contrairement à l'opinion assez généralement admise (M. Cohen, O. Rôssler . . .),
considère la conjugaison par suffixes des verbes de qualités comme une innovation
berbère et non comme le pendant du parfait sémitique (ou du statif chamito-
sémitique).
Sauf à se risquer dans des considérations par trop techniques, on ne peut
guère aller plus avant dans la description du contenu de ce Manuel.
On ajoutera, et cela n'est pas sans importance pour un ouvrage aussi ardu,
que le texte est d'une grande clarté typographique et que la présentation
matérielle de l'ensemble est absolument impeccable. Les nombreuses notes et
références infra-paginales viennent très heureusement préciser certaines idées de
l'auteur et les replacer dans le cadre général des études berbères.
Le Manuel de M. Prasse est incontestablement un ouvrage d'accès difficile.
COMPTES RENDUS 1 89
Salem Chaker
Ghubayd Agg Alawjeli, Histoire des Kel-Denneg avant l'arrivée des Français. Publié par Karl
Prasse, Akademisk Forlag, Copenhague 1975, 195 p., 1 carte h.t.
Cette tradition historique des Iwellemmedan Kel Denneg donne la version des
"religieux lettrés" Kel Eghlal qui occupent une place très importante dans cet
ensemble politique touareg vivant aujourd'hui dans l'arrondissement de Tchin
Tabaraden, au Niger. Jusqu'ici la parole avait presque toujours été donnée aux
suzerains Kel Nan et aux imajeghen en général, appelés dans ce contexte du nom
un peu péjoratif de "guerriers illettrés". A ce titre, et sous cette réserve, cette
version est particulièrement intéressante d'autant plus qu'elle paraît en même
temps que l'ouvrage de H. T. Norris (1 ) qui apporte des éléments nouveaux sur
l'histoire des Touaregs sahéliens et en particulier sur les Kel Eghlal à partir
d'enquêtes menées chez les religieux (ineslemen) et de l'étude de textes arabes, et
qu'elle suit de peu le mémoire d'A. Marty (2) qui met bien en évidence
l'organisation pyramidale et bicéphale des Touaregs Kel Denneg, née de deux strates de
population arrivées successivement.
La tradition recueillie par Ghubayd agg Alawjeli nous donne d'abord un
inventaire et une classification des 100 tribus Kel Denneg (à l'exclusion toutefois
des tribus arabes dépendantes, incorporées depuis la fin du XIXe siècle à
l'ensemble Kel Denneg). Les critères qui distinguent les principaux groupes de
tribus d'"hommes libres" font référence à la guerre, â la connaissance de l'écriture
arabe, et dans quelques cas, â la couleur de la peau. De ce fait, les groupes sont
répartis en "guerriers illettrés'* {imajeghen appelés ici iwellemmedan et imghad), en
"guerriers lettrés" {ineslemen) et "lettrés non guerriers" appelés Kel Esaghed
{ineslemen également). Parmi les "guerriers lettrés" deux souches apparaissent
(1) Norris (H.T.), The Touaregs - Their islamic legacy and its diffusion in the Sahel.
Aris and Phillips Ltd. Warminster, Wilts, England - 1975, 234 p.
(2) Marty (A.), Histoire de l'Azawagh Nigérien de 1899 à 1911. Mémoire de l'Ecole des.
Hautes Etudes en Sciences Sociales (Direction G. Tillion) - Paris, Mars 1975, 157 p. ronéo.