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PAT H O L O G I E D U B Â T I M E N T

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Couverture
en bardeaux bitumés
L’analyse des problèmes rencontrés avec les couvertures en bardeaux bitumés
révèle trois points sensibles à réaliser avec soin :
Le choix du support, la ventilation et les liaisons aux accessoires.

Les conditions de stockage sur le chantier, souvent à


même le sol, sur des supports non plans, font que ces pan-
neaux vont être mis en œuvre, déformés avec “précon-
traintes résiduelles” fortes qui ne demanderont qu’à se libé-
rer sur le toit et ceci d’autant plus que le panneau sera fixé
avec une faible densité de clous. Le stockage sur le plan
horizontal et à l’abri des intempéries est donc impératif.
D’autre part, il est constaté que des panneaux de contre-
plaqués de 3 ou 5 plis, en provenance de l’étranger ne satis-
font pas aux critères de réception des qualités “CTB” et sont
choisis pour leur prix bas. Les plis du panneau ont été encol-
lés avec des résines sensibles à l’humidité et les lames de
bois se délaminent avant mise en œuvre. La facture de vente
de ces panneaux doit bien indiquer “CTB-X” et leur marquage
doit être effectif sur le panneau lui-même.

Ventilation
Il est très tentant de concevoir et de réaliser une toiture
chaude avec incorporation directe, sous le support, d’une
isolation thermique, protégée elle-même à la surface par
un lambris ou une peau intérieure d’aspect. Le comble est
alors aménageable. Cette solution est très pratiquée en
Des problèmes liés au support peuvent conduire à des rénovation.
effets de vagues sur la couverture. Il faut condamner cette solution pour incompatibilité phy-
sique avec le support et le bardeau bitumé. La toiture doit être
froide par une circulation d’air à la sous-face. La hauteur du
vide d’air est souvent trop faible et, surtout, le tirage naturel
n’existe pas, existe partiellement, ou d’une façon hétérogène.

L e bardeau bitumé, matériau de couverture en petits élé-


ments discontinus, est constitué de deux parties essen-
La ventilation idéale est celle qui est linéaire aux points
hauts et bas de la couverture. Au faîtage, si une disposition
n’a pas été prise par un accessoire particulier, le linéaire peut
tielles. L’armature, destinée à reprendre et diffuser les sollici- être remplacé par des chatières. Leur nombre est souvent
tations mécaniques, le liant (bitume), destiné à assurer l’im- trop faible et leur répartition mal équilibrée sur la toiture.
perméabilité du matériau et sa durabilité dans le temps. Les bardeaux adhèrent entre eux parfaitement dans le
Le bitume est un constituant thermoplastique, donc sen- temps et la peau extérieure devient presque continue
sible à la chaleur. La conception du toit et sa réalisation comme peut l’être une membrane d’étanchéité. Les
devront en tenir compte en retenant deux critères liés à la échanges vers l’extérieur en partie courante sont impos-
qualité du support et sa stabilité. sibles, d’où l’importance de la maintenance de “canaux”
d’air sous ce support.
Qualité du support L’absence de ventilation, ou la mauvaise ventilation,
Le support doit être continu, ce qui sous-entend des vides entraîne la formation du point de rosée dans l’isolant et,
entre éléments porteurs, n’excédant par 10 mm, ce qui est ensuite, dans le panneau, avec pour conséquence, le gon-
le cas du voligeage jointif. flement de celui-ci. En été, le panneau se desséchera en
Bois massifs, tels que voliges, planches ou parquet. provoquant des variations dimensionnelles. Si le panneau
Si ceux-ci sont stockés dans des entrepôts ventilés, ont des n’est pas traité “extérieur”, il pourra pourrir dans le temps.
épaisseurs conformes aux normes, et sont fixés avec un
clouage suffisamment dense, leur stabilité ne sera pas à Liaison aux accessoires
mettre en cause pour la pérennité de l’ouvrage. Une toiture est constituée de deux parties :
Panneaux, tels que particules de bois ou contreplaqués. - la partie courante qui, en général, ne pose pas de problème
Le choix de la qualité et des dimensions est déterminant pratique d’exécution.
pour l’aspect et la stabilité de la couverture. Le panneau de - les accessoires et leur liaison avec la partie courante qui,
particules est marqué “CTB-H” et le panneau de contrepla- eux, peuvent être à l’origine de multiples défauts suscep-
qué “CTB-X”, s’ils sont conformes aux normes. tibles de provoquer des fuites.
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Le bardeau bitumé est un matériau souple qu’il est ten- pustules en surface. Une noix de colle sous chaque jupe au
tant d’utiliser après pliage pour exécuter les relevés, les droit du clouage suffit largement à l’adhérence des bardeaux
solins contre souches et même rives après rabat sur la par- entre eux.
tie verticale. Or, le pliage effectué par temps froid et rapidité Enfin, en partie verticale, s’il est constaté une mauvaise
peut provoquer une fissure du matériau. La souplesse du adhérence des jupes, malgré la présence de points auto-
matériau ne permet de pliage que pour des angles supé- collants, ou de colle rapportée, cela provient d’une absence
rieurs à 100°, soit pour la réalisation de faîtage ou de noues. de pression entre plaques. Le chalumeau à flamme ouver-
La réalisation des rives, égouts doit, elle, être faite avec te permet de rendre efficace cette adhérence dans ce cas
bande métallique. Un relief de bardeaux non supporté sur particulier.
une rive, par exemple, fléchira et finira par se rompre.
Le raccord aux accessoires métalliques se fait souvent Conclusion : le bardeau bitumé n’est pas un matériau plus
avec complément de colle bitumineuse. Si cette matière est facile à poser qu’un matériau rigide en petits éléments. Les
facile à mettre en œuvre, elle ne doit jamais être utilisée dans Règles de l’Art (couverture) doivent donc être sérieusement
un relevé pour permettre l’adhérence du bardeau avec la respectées.
maçonnerie. D’autre part, le bardeau fait partie d’un système de toiture
Par temps froid ou en montagne, la colle est utilisée en avec support, ventilation et isolation thermique. Le maître
lieu et place du point préfabriqué auto-collant. Par souci d’œuvre et l’entrepreneur doivent toujours veiller à bien res-
d’efficacité pour la sécurité, l’applicateur aura tendance à pecter ce concept. Pour éviter des désordres futurs, l’entre-
mettre une trop grande quantité de cette matière sous preneur, applicateur de bardeaux, doit “réceptionner” son
chaque jupe ; par fort ensoleillement, la colle ramollit le support en s’assurant préalablement que tous les principes
bitume et le solvant, en s’évaporant, peut provoquer des de base ont bien été respectés.

9, boulevard Malesherbes
75008 Paris

114, avenue Émile Zola


Michel HOUEIX

75739 Paris Cedex 15

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