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2.

1 Définition ( Concepts , Historique )


a) Definition des entreprises sociales
Historiquement, l’entreprenariat social comme phénomènea toujours
existé, même si épistémologiquement et institutionnellement c’est un
concept en construction pour lequel il existe aujourd’hui de multitudes
définitions.
Parmi les nombreuses définitions :
 Le collectif pour le développement de l’entrepreneuriat social
(CODES) :
opte pour la définition suivante : « Entreprises à finalité sociale, sociétale ou
environnementale et à lucrativité limitée. Elles cherchent à associer leurs
parties prenantes à leur gouvernance.».
 La Chaire Entrepreneuriat social de l’ESSEC (École supérieure des
sciences économiques et commerciales) :
avance que : « Le concept renvoie aux initiatives privées au service de
l’intérêt général, adoptant une démarche innovante, inventant de nouvelles
réponses aux problèmes sociaux, de nouvelles manières de mobiliser des
ressources, adaptant certaines méthodes utilisées dans la sphère capitaliste
afin de servir une mission sociale ».
 Ashoka, la fondation américaine :
considère que : « Les entrepreneurs sociaux sont desindividus qui proposent
des solutions innovantes aux problèmes sociaux les plus cruciaux denotre
société. Ils sont ambitieux, persévérants, s’attaquent à des questions
sociales majeureset proposent des idées neuves capables de provoquer des
changements à grande échelle ».
 l’OCDE (Organisation de coopération et de développement
économiques) :
l’entreprenariat sociale est « Toute activité privée d’intérêt général
organisée à partir d’une démarche entrepreneuriale et n’ayant pas comme
raison principale la maximisation des profits mais la satisfaction de certains
objectifs économiques et sociaux, ainsi que la capacité de mettre en place,
par la production de biens et de services, des solutions innovantes aux
problèmes d’exclusion et de chômage ».

b) Concepts des entreprises sociales

 L’approche EMES
En Europe, ce sont les travaux d’EMES qui ont fourni les premières bases
théoriques et empiriques pour une conceptualisation de l'entreprise sociale.
En effet, un réseau européen de chercheurs s'est constitué dès 1996 pour
étudier « l'émergence des entreprises sociales » en Europe. Baptisé EMES,
acronyme de ce thème de recherche et couvrant l'ensemble des quinze pays
qui formaient alors l'Union européenne, ce réseau a progressivement
élaboré une approche commune fondée sur la définition d’un « idéal-type »
(au sens de M. Weber) d’entreprise sociale, c'est-à-dire un modèle abstrait
synthétisant les caractéristiques principales du nouvel entrepreneuriat
centré sur des finalités sociales observées. Les chercheurs ont ainsi épinglé
des indicateurs souvent rencontrés leur permettant de déceler l'émergence
de nouvelles entreprises sociales et enrichissant également l'analyse
d'organisations plus anciennes reconfigurées par de nouvelles dynamiques
internes.
Les indicateurs retenus par le Réseau EMES peuvent été présentés en trois
soussembles : trois indicateurs de nature économique (une activité continue
de production de biens et/ou de services, un niveau significatif de prise de
risque économique, un niveau minimum d'emploi rémunéré), trois
indicateurs de nature sociale (un objectif explicite de service à la
communauté, une initiative émanant d'un groupe de citoyens, une
limitation de la distribution des bénéfices ) et trois indicateurs reflétant la
spécificité du mode de gouvernance (un degré élevé d'autonomie, un
pouvoir de décision non basé sur la détention de capital, une dynamique
participative impliquant différentes parties concernées par l'activité).
 L’école des ressources marchandes
Une première génération de travaux au sein de l’« école des ressources
marchandes » couvre par le concept d’entreprise sociale les activités
économiques marchandes déployées par les organisations privées non
lucratives au service de leur mission sociale. L'entreprise sociale est alors
vue comme une réponse novatrice aux problèmes de financement des
organisations non-profit, lesquelles se heurtent de plus en plus
fréquemment à des limites dans la collecte de dons privés ou dans leur
recherche de subsides auprès des pouvoirs publics et auprès des fondations
(Kerlin, 2006). Une seconde génération de travaux, au sein de cette même
école, étend la notion d’entreprise sociale à un vaste éventail
d'organisations, qu’elles soient à but lucratif ou non lucratif pourvu qu’elles
déploient une activité marchande en vue d’une finalité sociale. L’accent est
non seulement mis sur l’importance des ressources marchandes mais aussi
sur un ensemble de méthodes de gestion issues du secteur privé à but de
lucre. Dans ce dernier cas de figure, une grande variété d'initiatives
développées par des sociétés commerciales classiques - allant du sponsoring
et du mécénat à des formes plus innovantes - peuvent s'inscrire dans des
stratégies de « responsabilité sociale des entreprises » (RSE), que bien des
business schools s'empresseront de qualifier d'entrepreneuriat social.
La notion de social business mise en avant par Muhammad Yunus (2010)
peut être également rangée dans cette seconde génération. Ce terme
recouvre les entreprises, quel que soit leur statut, qui doivent couvrir
l’ensemble de leurs coûts par des ressources marchandes. Cette notion a
été essentiellement développée pour faire reconnaître un modèle
d’entreprise qui se focalise sur la fourniture de biens ou de services à des
clients (très) pauvres, nouveau segment de marché pour certaines grandes
entreprises, notamment dans les pays du Sud. Les social businesses sont
généralement des sociétés formées par des investisseurs, mais ces
propriétaires, du moins dans la version de Yunus, ne reçoivent aucun
dividende, les profits étant réinvestis intégralement dans l’entreprise au
service de la mission sociale

 L’école de l’innovation sociale


Un autre courant de pensée met surtout en évidence le profil très spécifique
de l’entrepreneur social ainsi que sa créativité, son dynamisme et son
leadership pour concrétiser des réponses nouvelles à des besoins sociaux
(Dees, 1998). L’accent est mis sur la nature systémique de l’innovation et
sur l’ampleur de l’impact social ou sociétal plutôt que sur le type de
ressources mobilisées. L’organisation Ashoka a joué un rôle pionnier dans
cette ligne de pensée. Depuis le début des années 1980, elle appuie ce type
d’entrepreneurs, même si elle n’a repris que plus tard l’appellation même
d’entrepreneur social. De tels individus sont de plus en plus souvent
présentés comme des héros des temps modernes (Bornstein, 2004).

c) La raison d'être de l'entreprise sociale

Bien entendu, les entreprises sociales existent en tant que nouvelle forme
d'entreprises, s'écartant de l'approche traditionnelle de gestion d'entreprises
communes. Les principales valeurs qui animent le fonctionnement des
entreprises sociales sont :

 Solidarité :

D'une part, ils fonctionnent comme des unités d'affaires qui manipulent des
valeurs telles que la solidarité avec le groupe social. La solidarité permet de
soutenir certaines causes ou intérêts sociaux, notamment lorsque ces
problèmes peuvent être difficiles à résoudre.

 Engagement envers les travailleurs :

Une autre valeur importante est l'engagement qui est maintenu avec les
travailleurs qui font partie de l'entreprise. Cela établit une série de
responsabilités que l'entreprise assume vis-à-vis de ses travailleurs.

Bien entendu, les travailleurs, en plus d'avoir ces droits, s'engagent également
auprès de l'entreprise pour réaliser la cause, qui devient la raison d'être de
l'organisation.

 Durabilité :

Enfin, il y a la valeur de la durabilité, qui fait référence non seulement à la


durabilité en termes de génération de bénéfices par l'entreprise, mais
également à la productivité et à l'efficacité dans le temps.
d) Historique des entreprises sociales

L’économie sociale est née au XIXe siècle, en réaction aux dégâts engendrés par
le capitalisme et la révolution industrielle au XIXe siècle. « Elle se forme
d’abord dans les milieux artisanaux urbains, coutumiers des solidarités
corporatives, avant de s’étendre au prolétariat dans le dernier tiers du XIXe
siècle. »

 En Europe  :

Si l’on regarde à présent ce qui s’est développé en Europe, il faut d’abord


noter que, sur le plan institutionnel, l’impulsion majeure est d’abord venue
d’Italie, où le Parlement a voté en 1991 une loi offrant un statut spécifique de
coopérative sociale à des initiatives qui se multipliaient depuis plusieurs
années, en mettant sur pied des activités économiques au service d’objectifs
sociaux. Ces organisations se sont alors développées de manière très
impressionnante, principalement en réponse à des besoins non ou mal
satisfaits par le marché ou par l’Etat.
Après la mise en place du statut de coopérative sociale en Italie, de nouvelles
législations ont vu le jour en Europe tout au long des vingt dernières années:
dans onze pays, des cadres ou des statuts juridiques ont été institués pour
mieux reconnaître la possibilité de déployer une activité économique, tout en
poursuivant une finalité sociale Certains de ces statuts se sont moulés dans le
modèle coopératif – tel, en France, le statut de société coopérative d’intérêt
collectif (2001) ou encore, en Pologne, le statut de coopérative sociale (2006) –,
alors que d’autres ne se réfèrent pas explicitement au modèle coopératif,
même s’ils y trouvent une part de leur inspiration. Ainsi, la Belgique a reconnu
en 1995 la possibilité pour toute société commerciale d’adopter la qualité de
« société à finalité sociale » et une législation instituant la community interest
company a été votée au Royaume-Uni en 2004. Cette loi s’inscrit au sein de la
politique du Royaume-Uni impulsée par le gouvernement de Tony Blair, qui a
lancé une Coalition pour l’entreprise sociale et créé une Cellule entreprise
sociale pour améliorer la connaissance des entreprises sociales et surtout
promouvoir le développement de ces dernières dans le pays tout entier.
 En Etats-Unis :

l’émergence du concept d’entreprise sociale date du début des années 90. Le


lancement en 1993, par la Harvard Business School, de l’« Initiative entreprise
sociale » (Social Enterprise Initiative) constitue l’un des événements clés de
cette période. Depuis lors, d’autres grandes universités (Columbia, Berkeley,
Duke, Yale, New York, etc.) et diverses fondations ont mis sur pied des
programmes de formation et de soutien pour les entreprises sociales et les
entrepreneurs sociaux. Aux Etats-Unis, cependant, l’entreprise sociale reste un
concept très large et souvent assez vaguement défini. Au demeurant, les
concepts d’entreprise sociale, d’entrepreneuriat social et d’entrepreneur social
apparaissent assez souvent interchangeables. A la suite de Dees et Anderson
(2006), il nous semble cependant pertinent de distinguer deux grandes écoles
de pensée américaines: l’école des ressources marchandes et celle de
l’innovation sociale (Defourny et Nyssens, 2010).

2.4 Fonds et Financement


a) Les apports en fonds propres

Les fonds propres sont les ressources destinées à rester durablement dans la
structure. Ils peuvent être apportés par des tiers (apport en capital ou compte
courant), ou par la structure elle-même quand elle réalise des bénéfices
(résultat, report à nouveau, réserves). Les fonds propres sont nécessaires pour
se développer dans de bonnes conditions.
a.1) Pour les entreprises commerciales :

 La participation en capital
Le financeur entre au capital de la structure, en restant généralement
minoritaire. Il a dès lors les droits de tout actionnaire / associé en matière de
gouvernance. Il en profite souvent pour faire bénéficier la structure de conseils
et lui apporter son carnet d’adresse. La rémunération de l’investisseur se fait
sur la plus-value lors de la revente des parts.
 Le compte courant d’associé
Il n’est possible qu’en complément d’une participation en capital. Il s’agit d’une
somme versée à l’entreprise par un associé ou actionnaire, remboursable. Il est
souvent rémunéré.
 Les obligations non convertibles
Il s’agit de « titres » émis par la structure, qui peuvent être achetés (et
revendus). Ils sont remboursables, avec un intérêt.
 Les obligations convertibles
C’est une obligation que son détenteur a la possibilité d’échanger contre une
ou plusieurs actions de la société émettrice.

a.2) Pour les associations


Les associations n’ont pas de capital, elles n’ont donc par définition pas accès
aux apports décrits ci-dessus. Cependant, il existe des outils en fonds propres
auxquels les associations peuvent prétendre.
 L’apport associatif
C’est une somme mise à disposition de l’association par un tiers. Il en existe de
deux sortes :
o Sans droit de reprise :
dans ce cas, l’argent reste définitivement dans l’association. Contrairement à une
subvention d’investissement, il n’est pas fléché sur un investissement ou un projet
précis.

o Avec droit de reprise :


dans ce cas, les fonds doivent faire l’objet d’une restitution à l’organisme ou la
personne à l’origine de l’apport selon des conditions préalablement définies. Ces
conditions ne peuvent en aucun cas prévoir un taux d’intérêt : l’apport associatif est
nécessairement « gratuit ».

 Les titres associatifs


Les associations ont la possibilité d’émettre des « titres », qui peuvent être
achetés par des particuliers ou autres personnalités morales. Concrètement,
ces « souscripteurs » prêtent à l’association une certaine somme d’argent, que
celle-ci doit rembourser sur une période donnée, avec intérêt. Il s’agit
d’obligations : le titre peut être ensuite vendu par son détenteur.

 Les subventions d’investissement


Les subventions d’investissement sont celles qui sont fléchées vers l’achat
d’une immobilisation. Par définition, elles ne sont pas remboursables, elles
sont donc le moyen le plus sécurisant pour la structure de financer ses
investissements. Malheureusement, il est très rare qu’une structure, même
associative, arrive à financer toutes ses immobilisations de cette manière :
d’autres moyens complémentaires sont alors indispensables.

 Les dons, donations, legs :


Dans le cadre du mécénat, les associations peuvent solliciter des dons,
donations ou legs. Ceux-ci peuvent se faire de deux façons :
o Sous forme d’argent (numéraire) :
le don peut financer du fonctionnement, dans ce cas il est généralement affecté à un
programme. Il peut également prendre la forme d’un apport associatif sans droit de
reprise
o Sous forme de don en nature :
dans de cas, le mécène apporte directement un investissement (don de véhicule,
matériel informatique ou de reprographie, etc.) Cette solution présente quelques
contraintes : le matériel cédé est souvent hors garantie et parfois vétuste.

 Les prêts
Par définition, le prêt est une ressource remboursable. Elle est généralement
proposée par un établissement de crédit.
Lorsqu’il s’agit d’apprécier les conditions du prêt, il est fréquent que certains
éléments retiennent l’attention (le taux) et d’autres moins (la durée, les
conditions de rachat…). Il est important de noter que les caractéristiques des
prêts sont nombreuses et qu’elles doivent s’accorder au maximum avec l’objet
du prêt (c’est-à-dire ce que le prêt finance).

 Les crédits moyen et long terme


o Le prêt participatif
o Le billet à ordre

 Les crédits court terme


o La facilité de caisse
o L’autorisation de découvert
o La mobilisation et cession de créances

 Le crédit de campagne
C’est un prêt accordé pour une durée limitée (quelques mois au maximum). Il sert à
financer des charges lorsque les produits sont décalés dans le temps (c’est-à-dire :
lorsque l’activité est saisonnière). Le caractère saisonnier de l’activité est
indispensable pour pouvoir bénéficier de ce type de prêt.

 Les garanties
Les garanties ne sont pas une solution directe, mais elles permettent d’obtenir des
crédits dans de meilleures conditions.
La garantie est l’engagement par un tiers à rembourser une partie du prêt si
l’emprunteur fait défaut. C’est donc une bonne façon de rassurer la banque sur son :
risque, et ainsi d’obtenir plus facilement sa confiance.

 Le financement participatif

 Le financement locatif

2.3) Le but social 

a) Coopérative sociale
On peut trouver deux types des coopératives :
 Type A : services éducationnels, sociaux ou de santé
 Type B : emploi de travailleurs défavorisés

b) Coopérative de solidarité sociale


Intégration de groupes vulnérables (personnes défavorisées, âgées ou
handicapées, enfants, jeunes, familles nécessiteuses, familles et communautés
socialement défavorisées
c) Coopérative d’initiative sociale
Service dans les domaines de la santé, l’éducation, la culture ou autre activité
de nature sociale OU intégration par le travail de personnes victimes de tout
type d’exclusion sociale OU satisfaction de besoins non couverts par le marché
d) Société coopérative d’intérêt collectif
Aide à l’insertion socioprofessionnelle ET production ou distribution de biens
ou services d’intérêt collectif présentant un caractère d’utilité sociale
e) Entreprise sociale
Insertion socioprofessionnelle de travailleurs défavorisés ou handicapés OU
Services dans les secteurs de la santé, l’éducation, la protection de
l’environnement, le tourisme social, les services culturels ET la production et
distribution de biens à bénéfice spécial dans un de ces secteurs spécifiques.

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