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Engraissement au pâturage 12.1.

La production de viande à partir de fourrage grossier est écologiquement intéressante dans les régions herbagères et
contribue à la réduction de la dépendance vis-à-vis des marchés d’aliments pour bétail.
Grâce à la durée d’engraissement plus longue des broutards, la viande est plus mûre et possède une saveur plus pro-
noncée que celle des bovins d’engraissement conventionnel.
L’engraissement au pâturage est particulièrement judicieux :
• Lorsque de nouveaux investissements dans la production laitière ne se justifient plus.
• Lorsque le besoin d’indépendance vis-à-vis des horaires est nécessaire.
• Lorsqu’une exploitation sans bétail a besoin de trouver des sources de fumure.
• Pour mettre en valeur des terrains en pente ne supportant pas la pâture d’animaux lourds.

Il est possible d’alléger considérablement le travail, de simplifier la gestion du troupeau et de baisser les coûts de
production si la viande est produite avec l’herbe au pâturage. De plus, un engraissement extensif permet d’utiliser
judicieusement les surfaces qui se trouvent loin de l’exploitation ou trop en pente.
L’engraissement au pâturage représente une alternative à l’engraissement traditionnel de taureaux et de veaux, mais
aussi à l’élevage de vaches allaitantes et à la production laitière dans les régions retirées.

Comparaison des systèmes de production

Engraissement au Engraissement de Engraissement de


Vaches allaitantes
pâturage veaux taureaux
Garde en été Uniquement au pâturage. Pâturage, éventuellement En stabulation selon les En stabulation selon les
garde en stabulation. exigences SRPA et SST. exigences SRPA et SST.
Inconvénient : Inconvénient : Inconvénient : Inconvénient :
• Peu de contact avec les • Peu de contact avec les • La pâture rend la viande Pas de pâture.
animaux, car souvent animaux, car souvent rouge ( év. problèmes
sur des pâturages éloi- sur des pâturages éloi- avec les acheteurs ).
gnés et / ou de grande gnés et / ou de grande • Forme de garde peu
taille. taille. respectueuse des ani-
• Animaux assez lourds, maux.
donc une charge plus
grande sur l’herbage.
Garde en hiver SRPA + * ), SST avec sortie SRPA + * ), SST avec sortie SRPA + * ), SST. SRPA + * ), SST.
journalière. journalière.
Alimentation Lait comme pour les Fourrages grossiers ; con- Lait ( besoins élevés ) ; Fourrages grossiers et
animaux d’élevage ; four- centrés nécessaires pour concentrés énergétiques concentrés durant toute la
rages grossiers ; si nécessaire la finition selon la race et en fin d’engraissement. période d’engraissement.
concentrés en phase de l’animal.
finition ( surtout les bœufs ).
Temps de travail Comparable aux génisses En été : faible ; en hiver : plus Elevé toute l’année : traite Beaucoup de travail toute
d’élevage de vaches lai- de travail pour l’affoura- et abreuvage. l’année : affouragement,
tières. gement, les sorties, les nettoyage de l’étable et
saillies et vêlages. de l’aire de sortie.
Rentabilité En général bon prix pour Bon prix grâce à la com- Bon prix, mais instable ; Les coûts supplémentaires
économique une bonne qualité de mercialisation sous label ; mauvais rendement écono- pour les concentrés bio
viande. Label de com- complément en fourrage mique et faible salaire ne sont pas couverts par
mercialisation établi. nécessaire pour la vache horaire. la plus-value réalisée sur
allaitante ; moins dépen- le marché.
dant du prix de la viande.
Qualité éthique Forme d’engraissement Forme d’engraissement Forme d’engraissement Forme d’engraissement
extensive à mi-intensive ; mi-intensive ; haute valeur intensive ; la pâture est intensive.
utilisation optimale des éthique ( relation mère- très rare ; type d’engrais-
fourrages grossiers pour veau, le veau peut téter ). sement pas conforme aux
la production de viande besoins d’alimentation de
de haute qualité. l’espèce.
Commercialisation « Bœuf du pâturage Bio » Natura-Beef ou comme Viande de veau bio ; Viande de bœuf bio ; écou-
( Bio Weide-Beef ). remonte pour l’engrais- écoulement médiocre et lement incertain.
sement au pâturage. fluctuant.
Evaluation générale zzzz zzzz zz zz
* ) SRPA + : 8 heures de pâturage quotidien en été ( exception en cas de mauvais temps ) et parcours permanent en hiver.
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12.1.2 Animaux adaptés - Engraissement au pâturage

Le potentiel fourrager et les infrastructures de l’exploitation conditionnent le type d’engraissement le plus intéressant
pour l’exploitation.
• Les veaux Natura-beef doivent atteindre la qualité de carcasse requise à 10 mois.
• L'engraissement au pâturage peut offrir une alternative intéressante pour les exploitations avec un potentiel four-
rager trop faible.

Exploitation avec vaches

Bon potentiel fourrager


Potentiel fourrager moyen
Production fourragère
Production fourragère peu intensive à mi-intensive.
mi-intensive à intensive.

Pas d'infrastructure disponible pour l'en- Infrastructures pour l'engraissement dis-


graissement ( bâtiments, pâture ). ponibles ( bâtiments, pâture ).

Production de Engraissement au pâturage des remontes


Production de remontes pour la vente.
veaux de vaches allaitantes. sur son exploitation.

Vente par exemple en tant que


Vente des remontes Vente par exemple en tant que
Natura-beef bio
à des exploitations d'engraissement. Bœuf des prairies bio ( Bio Weide-Beef ).
ou Bœuf des prairies bio.
Remarques sur la production de remontes destinées à la vente pour l'engraissement au pâturage
Bâtiments • Pas de bâtiment supplémentaire nécessaire ( tous les animaux sont gardés dans le même
troupeau ).
Interdépendance • Dépendance vis-à-vis des exploitations pratiquant l'engraissement au pâturage.
• Pas de dépendance directe vis-à-vis des marchés de la viande.
Remarques sur l’engraissement au pâturage de ses propres remontes
Bâtiments • Les différents groupes d’engraissement doivent pouvoir être tenus séparément.
Interdépendance • Pas de dépendance vis-à-vis des exploitations productrices de remontes et donc vis-à-vis des
prix des remontes.
• Forte dépendance vis-à-vis des marchés de la viande.
Castration • Les veaux mâles de vaches allaitantes doivent aussi être castrés.
Gestation non • Séparer les remontes femelles pour éviter qu’elles ne soient saillies.
désirée
Gestion • Les animaux fraîchement sevrés doivent être gardés dans un enclos solide hors de vue de
de la pâture leurs mères, afin qu'ils ne soient pas tentés de retourner vers elles.
• Idéalement, les remontes sevrées sont gardées pendant quelques jours en stabulation.
• Il est plus facile de sevrer un groupe d'animaux plutôt qu'une seule bête.
Dépression • Le stress du sevrage est moins important chez les veaux de vaches allaitantes ( croisement
de croissance de races à viande ) que chez les veaux de vaches laitières, car les vaches allaitantes n’ont en
général plus de lait.
Maladies • Les risques d'introduction de maladies sont très faibles car les transports d'animaux ne se
limitent pratiquement qu'au trajet ferme-abattoir.
Flexibilité • Possibilité de choix entre la production de veaux de vaches allaitantes ( par exemple Natura-
beef bio ) et l'engraissement au pâturage ( par exemple Bœuf de pâturage bio ).
Reconversion de ses anciennes vaches laitières en vaches mères
• Possible avec des races à deux fins ou avec des vaches avec maximum 6'000 kg lait / an.
• Croiser ses vaches laitières avec des taureaux de race à viande et prendre les génisses issues de ce croisement ( F1 )
pour remplacer les vaches laitières.
• Avantages :
– Peu d’investissement.
– Bonne production laitière et donc bon accroissement des veaux.
– L’éleveur connait ses bêtes.

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Engraissement au pâturage - Animaux adaptés 12.1.3

Choix du type d‘animaux


Le concept de l’engraissement au pâturage se base sur le croisement de vaches de races laitières et à deux fins avec
des taureaux de races à viande pour obtenir de la viande de qualité.
Le croisement de vaches laitières avec des taureaux de races à viande donne des descendants bien adaptés à la pro-
duction de viande et adéquats pour l’engraissement extensif ( effet d’hétérosis ).
Le meilleur succès a été atteint en croisant des vaches laitières avec du Limousin.

Le marché cherche des carcasses de 280 à 290 kg avec une couverture régulière. Le croisement de vaches laitières avec
un taureau limousin donne les meilleurs résultats.

Critères pour le choix du taureau


• Bon accroissement journalier.
• Bon rendement à l’abattage.
• Pas issu de transfert d’embryon.
• Pas de taureaux M, car ceux-ci n’expriment pas assez les caractères des races à viande et l’effet d’hétérosis se ma-
nifeste peu.
• Taureaux à vêlage facile lors de croisement avec des génisses.

Remarque :
Elever des animaux homogènes ( c’est-à-dire viser des croisements équivalents ), sans quoi les poids à l’abattage va-
rient trop.
Les races actuelles de type laitier ou mixte ne sont pas adaptées à la production de viande de haute qualité.

Intensité d’engraissement et choix des animaux correspondant à la base fourragère


Type d’exploitation Animaux adaptés Intensité d’engraissement
• Exploitation en zone de montagne avec • Génisses et bœufs issus de croisement industriel • Extensif.
surfaces fourragères mi-intensives. avec du Limousin.
• Exploitation avec possibilité d’alpage en • Génisses de race Simmental pure ( mère et
été. père code 60 ).
• Génisse de race Brune originale.
• Exploitation en zone préalpine et collines • Génisses et bœufs issus de croisement indu- • Mi-intensif.
ou plaine. striel avec du Limousin.
• Exploitation en zone de montagne avec • Bœufs de race Simmental pure ( mère et père
bonnes conditions fourragères. code 60 ).
• Bœufs de race Brune originale.
F. Steiner

D. Böhler

R. Alder

Brune originale et Simmental pure


Génisse d’élevage de type laitier Bœuf issu de croisement industriel ( code 60 ) conviennent également
à l’engraissement au pâturage.

Les races laitières sont mal adaptées Les animaux issus de croisement in- Idéalement, les vaches de ce
à la production de viande de qua- dustriel ont sensiblement plus de type sont aussi croisées avec du
lité. masse musculaire que les animaux Limousin.
de type laitier.
T

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12.1.4 Remontes - Engraissement au pâturage

La production de remontes d’engraissement convient particulièrement bien aux exploitations biologiques dont la pro-
duction laitière est supérieure au quota laitier.
Les remontes sont élevées sur l’exploitation de naissance jusqu’à 5-6 mois ( ~200 kg PV ).

Alimentation
Donner 400 à 600 litres de lait entier en 5 mois, avec un maximum de 5 litres par jour ( correspond à la quantité de
lait que l’on donne aux veaux d’élevage ).
• L’alimentation lactée devrait durer au moins 4 mois, respectivement jusqu’à 140 kg PV.
• Les remontes d’engraissement doivent être sevrées 1 à 2 semaines avant leur transfert sur l’exploitation d’engrais-
sement pour éviter une trop grande dépression de croissance.
• Le lait des vaches traitées aux antibiotiques ne doit pas être distribué aux veaux.
• Le dispositif d'abreuvement doit être adapté aux veaux :
– abreuver avec une tétine en position surélevée ( la position surélevée permet la fermeture correcte de la gou-
lotte œsophagienne et évite l’arrivée de lait dans la panse et de provoquer des troubles digestifs ) ;
– le lait doit être donné tiède ( 37 à 38,5° C ). Pour garder le tout chaud, le seau peut être préchauffé ;
– un distributeur automatique de lait avec possibilité de dosage peut être intéressant pour de grands
troupeaux.
• Eau fraîche à volonté ( préférer les abreuvoirs automatiques à flotteur et les installer bas ).
• Lâcher les veaux plusieurs heures par jour au pâturage en été, et les sortir tous les jours en hiver, pour les habituer
à la pâture.
• Mettre dès que possible du foin ou du silo d’herbe de bonne qualité à disposition des veaux ( favorise le dévelop-
pement de la panse et familiarise l’animal à la consommation de fourrages grossiers ).
• Adapter la quantité d’aliment d’élevage aux rations de lait ainsi qu’à la qualité du fourrage grossier.

Ecornage
• L’écornage n’est pas indispensable. Il est effectué la plupart du temps pour des raisons de sécurité.
• L’ablation de la base de la corne doit être effectuée sous anesthésie, par un vétérinaire ou sous sa direction. Aucune
autre méthode d’écornage n'est autorisée.

Parasites
L’état sanitaire des animaux doit être régulièrement contrôlé.
• Utiliser toutes les mesures préventives pour éviter de devoir faire un traitement vermifuge ( voir FT 10.5.31 ).
• Observer régulièrement les veaux et leur état de santé.
• Des poils ébouriffés et de la toux sont les premiers symptômes qui laissent supposer une infestation par des vers.
• Récolter sans délai un échantillon des fèces en cas de suspicion d’infestation par des vers. Entreprendre un
traitement par, ou en accord avec le vétérinaire, en cas de résultat d’analyse positif.

Dartres
Les animaux atteints de dartres ne doivent pas être transportés sur d’autres exploitations. Consulter le vétérinaire.

Castration
La pâture de remontes mâles non castrés n’est pas possible et la castration est inévitable pour des raisons de travail
et de sécurité.
Exécuté Sécurité de
Age Remarques
par la méthode
Pince à castrer Sûr dès • Demande plus de temps que l’élastique.
> 4 mois Vétérinaire
( Burdizzo ) 4 mois • Une castration avant 4 mois n’est pas sûre.
• Méthode la plus simple et la meilleure marché.
Jusqu’à
Elastique Eleveur *) Sûre • Complications possibles : infection et douleurs juste avant la chute
15 jours
de la bourse.
• L’ablation de la bourse raccourci la période douloureuse pour l’ani-
Elastique et abla- mal, meilleure cicatrisation.
Jusqu’à
tion de la bourse Eleveur *) Sûre • Une petite intervention en plus, mais utile.
15 jours
à 10 jours • La meilleure méthode actuellement.
• Complications possibles : infection.
• Demande beaucoup de temps et de connaissances.
Jusqu’à • Complications possibles : infection, saignements et douleurs.
Opération Vétérinaire Sûre
15 jours • A éviter car cette intervention cause la plus grande charge pour
l'animal.

*) après un cours de formation.

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Engraissement au pâturage - Alimentation du broutard 12.1.5

Atteindre le poids à l’abattage et la qualité de la viande requis en limitant au maximum les concentrés
Un des buts de l’engraissement au pâturage est d’atteindre le poids à l’abattage requis en utilisant le moins possible
de concentrés, car l’herbe est le fourrage le meilleur marché.
Les concentrés sont surtout utilisés pendant la période de sevrage des remontes et pendant la finition. Les rations
doivent correspondre à l’intensité de l’engraissement.

Les calculs se basent sur un accroissement journalier de 800 g.

Comme la production laitière, l’engraissement au pâturage


nécessite une offre constante en herbe de bonne qualité.

Les connaissances acquises en production laitière sont une


J. Taramarcaz

bonne base pour la planification de la pâture des brou-


tards.
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12.1.6 Alimentation du broutard - Engraissement au pâturage

Phase de croissance
Un affouragement adéquat pendant cette période produit une carcasse bien développée.
• Veiller à un apport en protéines suffisant ( la croissance s’effectue principalement par division cellulaire pendant
cette période ).
• Compléter la ration des bêtes installées avec poids inférieur à 200 kg avec un concentré protéique.
Ration hivernale Foin, regain et / ou silo d’herbe de bonne qualité.
Ration estivale Herbages de bonne qualité.
Période d’engraissement
Période où les broutards sont les moins exigeants envers la ration de base.
• Offrir assez de fourrages grossiers pour permettre aux animaux de manger à satiété.
• Offrir des fourrages équilibrés sur toute la période de pâture pour obtenir un accroissement journalier correct. Tenir
particulièrement compte des besoins plus élevés pendant la période de croissance et d’engraissement.
• Faire d’abord pâturer les remontes fraîchement sevrées et les bovins en finition, puis les animaux en phase d’en-
graissement ( les meilleurs fourrages pour les phases avec besoins élevés ).
Ration hivernale Foin, regain et / ou silo d’herbe de bonne qualité. Pas de concentrés.
Ration estivale Uniquement au pâturage. Estivage sur un alpage possible.
Remarques :
• Un affouragement trop riche en énergie et / ou un apport en protéines insuffisant durant la période de croissance
ou d’engraissement conduit à un dépôt de graisse précoce et indésirable. Cela a pour conséquence une mauvaise
valorisation du fourrage ( 40% d’énergie supplémentaire pour obtenir le même accroissement dû à la couverture
de graisse trop importante ).
• Les accroissements en général plus faibles à l’alpage sont compensés par des accroissements plus élevés pendant la
finition ( croissance compensatrice ).
• Les races tardives ( Simmental, Charolais ) ont besoin de pâturages productifs et / ou de compléments en concentrés
pour atteindre le degré de finition désiré.
• En été, les herbages couvrent entièrement les besoins en phase d’engraissement, pour un accroissement journalier
moyen de 800 g. Seul un apport en sels minéraux est nécessaire. Si on vise un accroissement journalier plus élevé,
il est recommandé d’établir un plan d’alimentation.
Finition
Pendant la phase de finition, l’apport en énergie doit être augmenté de telle façon que le poids à l’abattage et la
couverture de graisse exigée soient atteints.
Ration hivernale Finition avec du foin et du regain de bonne qualité et / ou du silo d’herbe pendant 2 à 3 mois
après la pâture estivale. Si le degré de finition n’est pas encore atteint, compléter avec des
concentrés ( surtout pour les bœufs ).
Ration estivale Pâturages. Si nécessaire, compléter avec des concentrés.
Remarques :
• Les bovins, surtout les bœufs, qui sont prêts à l’abattage au début de l’été, doivent rester sur les pâturages à proxi-
mité de l’exploitation, afin qu’ils atteignent une maturité d’abattage optimale avec du bon fourrage.
• Les bovins, surtout les génisses, qui sont prêts à l’abattage jusqu’à fin juillet, peuvent être commercialisés directe-
ment depuis l’alpage. Cela nécessite néanmoins une bonne gestion des pâturages alpestres.
• Les animaux prêts à l’abattage vers l’automne doivent être désalpés à temps et gardés sur les meilleurs pâturages
de l’exploitation.
• Sur les pâturages utilisés intensivement et de façon continue, il faut rester particulièrement attentif à une offre de
fourrage régulière ( qualité et quantité ) pendant les périodes sèches de l’été.

Les bovins en phase d’engraissement devraient rester


aussi longtemps que possible à l’alpage, au profit de la
conservation des fourrages sur l’exploitation de base.

Les animaux en phase de finition doivent être retirés


suffisamment tôt de la pâture en automne, car leurs
besoins augmentent et les fourrages diminuent sur les
F. Steiner

pâturages.

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Engraissement au pâturage - Economie 12.1.7

Fixer la date d’abattage pour obtenir une qualité de viande optimale exige un bon sens de l’observation et beaucoup
d’expérience. Il est conseillé aux nouveaux producteurs d’élargir leurs connaissances par la formation continue et
l’observation de carcasses à l’abattoir.

Critères de la maturité d’abattage


• Animaux âgés de 18 à 24 mois ( maximum deux pelles ).
• Poids vif entre 500 et 600 kg.
• Poids mort entre 250 et 320 kg pour les génisses et les bœufs.
• Charnure selon CH-TAX T3 - C3.

• La charnure d’un animal est déterminée par les choix génétiques. A génétique égale :
– les animaux âgés sont plus charnus que les jeunes ;
– les races à viande développent d’abord la viande, et ensuite la graisse ;
– les bœufs sont en général plus charnus et développent des cuisses plus grosses.

Remarques :
• L’état d’engraissement optimal est décisif. Celui-ci peut être apprécié avec les touches de boucherie habituelles.
• Se renseigner suffisamment tôt sur le poids mort exigé par le commerçant.
• Les bœufs atteignent le degré de finition souhaité plus tard que les génisses. Æ Adapter suffisamment tôt la
concentration énergétique des rations des bœufs.
• Un âge plus avancé favorise le dépôt de graisse intramusculaire, ce qui est un critère de qualité. Malheureusement,
la viande devient également plus filandreuse, ce qui réduit cet avantage gustatif.
• Une évaluation objective de l’engraissement au pâturage se base sur l’expérience.

Evaluation de la maturité d’abattage selon CH-TAX

Comment éviter des génisses grasses et des bœufs


maigres ?
Un affouragement d’hiver produit souvent des génisses
trop grasses : corrections.
• Race : les races à viande développent la viande avant
la graisse.
• Finition : donner une ration de finition différente
aux génisses et aux bœufs, éventuellement les sé-
parer pour la phase de finition ( les génisses ont ten-
dance à être trop grasses avant d’avoir le poids idéal
d’abattage ).

Génisses Alimentation moins riche en énergie ou plus


Charnure protéique.
Bœufs Alimentation plus riche en énergie, voire
compléter le régime avec des concentrés
extrêmement 5 énergétiques.
gras

forte 4 Observer les animaux : compléter la ration avec un


Tissus gras

couverture
aliment riche en énergie en cas de couverture insuffi-
couverture
3 qualité de la viande optimale
sante.
régulière

couverture
partielle 2

absence de
1
couverture

très bien bien en charnure charnure très


en viande viande moyenne faible décharné
T

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12.1.8 Bâtiments - Engraissement au pâturage

Pour des raisons d’organisation du travail, la stabulation libre avec accès permanent à la courette est la meilleure
solution.

Recommandations
• Répartir le cheptel dans 3 groupes au minimum. Un concept qui fait ses preuves : 30% dans le groupe de crois-
sance, 55% dans le groupe d’engraissement et 15% dans le groupe de finition. ( Permet aussi des rations adaptées
aux différents groupes ).
• Les jeunes remontes ne doivent pas être gardées avec des animaux plus âgés. Ces derniers peuvent empêcher les
petits de se nourrir correctement.
• Intégrer si possible les vieux bâtiments aux transformations ( économies ).
• Concevoir les étables de telle manière qu’elles permettent d’y travailler de façon rationnelle ( alimentation et éva-
cuation du fumier ).
• Les grandes surfaces paillées réduisent le besoin en paille par animal.
• Les aires de sortie devraient être ensoleillées, spacieuses et accessibles en permanence par toutes les catégories
d’animaux. Prévoir des barrières suffisamment solides.
• Des cornadis autobloquants facilitent le traitement individuel des animaux.
• Utiliser du matériel massif pour les séparations.
• L’aire de repos ne doit jamais être disposée entre l’aire d’affouragement et l’aire de sortie ( utilisation de paille plus
importante et animaux sales ).
Conseils pour la construction d'étables destinées à des vaches allaitantes avec engraissement
• Garder séparément le groupe à l’engrais.
• Le groupe à l'engrais peut souvent être gardé dans la vieille étable, tandis qu'une nouvelle construction simple sera
érigée pour les vaches allaitantes.
• Installer un box de vêlage et un box pour le taureau séparés.
• Prévoir des séparations très solides ( taureau d'élevage et génisses en chaleur ).
Exemple de transformation d'une étable à vaches Exemple de nouvelle construction d'une étable pour un troupeau
laitières pour l'engraissement au pâturage de vaches mères avec 2 groupes d'engraissement

libre service au
cornadis pour

silo tranchée
litière profonde
Silo tranchée
aire de litière
sortie profonde
l o g e t t e s
aire de sortie

logettes
paille boxe de vêlage
aire aire
vaches mères avec veaux
d'affouragement d'affouragement

19 bêtes 19 bêtes logettes Fumier


d'engraissement 300–400 kg, aire de sortie
Fourragère espace pour veaux
400-550 kg, 2.5 m2 par animal
aire de sortie 3 m2 par animal logettes

aire d'affouragement
aire d'exercice aire d'exercice aire d'exercice

Groupe en phase Groupe en phase Groupe en phase


de croissance d'engraissement de finition
crèche
pas couvert fourragère
couvert
FiBL FiBL

Dimensions minimales pour la garde des animaux d’engraissement ( selon règles SRPA )
Vaches ( hauteur au Bêtes d'engraissement
garrot 135 ± 5 cm ) Æ 200 kg Æ 300 kg 300-400 kg > 400 kg
Surface totale ( y c. parcours permanent ) m2 10 ( 15-20* ) 4.5 4.5 5.5 6.5
Aire de repos m2 4.5 ( 8.0* ) 1.8 2.0 2.5 3.0
Longueur de la place à la mangeoire m 3.2 ( 5.0* ) 1.6 2.0 2.6 2.8
Largeur de la place à la mangeoire m 0.72 0.45 0.50 0.60 0.70
Largeur des couloirs derrière les rangs de
m 2.4 ( 4.0* ) 1.2 1.35 1.6 1.75
logettes
Largeur logettes m 1.2 0.7 0.8 0.9 (1.0*) 1.0 (1.1*)
Longueur logettes adossées au mur m 2.4 ( 3.0* ) 1.6 1.9 2.1 2.4
Longueur logettes opposées m 2.2 ( 2.5* ) 1.5 1.8 2.0 2.2
dont surface non couverte m2 2.5 1.0 1.3 1.5 1.8
*) Animaux avec cornes.

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Engraissement au pâturage - Economie 12.1.9

Commercialisation
La commercialisation avec la plus-value bio n’est pas possible pendant la période de reconversion.
La seule organisation de commercialisation des bêtes d’engraissement au pâturage est « Bio Weide-beef ».

Aspects économiques
Le succès économique de l’engraissement au pâturage dépend de la conduite du pâturage, de l’alimentation, de
l’évaluation de la maturité à l’abattage et de la qualité de la viande. L’engraissement au pâturage donne les meilleurs
résultats économiques.
Les critères principaux sont le travail et le rendement :
• Livrer des animaux de haute qualité pour l'abattage ( assure un bon prix de vente ).
• Utiliser de manière optimale les facteurs de production travail, sol, bâtiments et capital.
• Assurer les liquidités par une planification financière sérieuse.
L’engraissement au pâturage est rentable comme ceci :
• Construire bon marché et selon l’Ordonnance sur la protection des animaux.
– intégrer les bâtiments existants ;
– renoncer aux constructions de luxe ;
– participer aux travaux de construction ( prestations propres ).
• Adapter la production des fourrages et l’affouragement.
– utiliser les prairies à bon rendement de manière optimale ;
– adapter les fourrages externes aux besoins ;
– utiliser les possibilités d’alpage de manière ciblée.
• Optimiser le travail.
– assurer un affouragement rationnel ;
– optimiser le système de pâturage ;
– réaliser un accès permanent à la courette ( SRPA ).
• Obtenir une qualité de viande optimale.
– tenir compte du sexe des animaux ( génisses / bœufs ) ;
– améliorer la qualité de la carcasse ;
– exploiter la qualité génétique et le potentiel des animaux.
• Observer le marché.
– contrôler continuellement les prix et la disponibilité des remontes ;
– observer en permanence les prix et la situation du marché des animaux d'abattage.
• Optimiser la production des fourrages grossiers.
• Louer les droits de production laitière au producteur de remontes.

Vache allaitante Vache allaitante Vache allaitante Engraissement au


et engraissement pâturage
au pâturage Accrois. 700 g / j
Accrois. 1000 g / j
bio Natura beef Bœuf des prairies Remontes Bœuf des prairies
bio bio
Poids à la vente 216 ( PV ) 283 ( PM ) 300 ( PV ) 283 ( PM )
Prix ( Fr / kg ) 10.54 10.22 6.12 10.22
Durée d’engraissement ( mois ) Max 10 14-16 6-10 Env. 17
Unité de travail par unité 46 66 46 27
Prestations ( produit ) 2709 3290 228 2998
Total coûts spécifiques 926 974 839 1649
Marge brute comparable 1783 2316 1389 1250
Couts affouragement et paille 1888 2444 1888 1255
Marge brute par animal -282 -294 -689 -297
Marge brute par place et année -262 -294 -689 -214
Paiements directs par place et année 986 1139 986 345
Marge brute y compris paiements directs 724 845 297 131
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12.1.10 Marges - Engraissement au pâturage

Comparaison des marges brutes pour l’engraissement au pâturage et pour l’éle-


vage de vaches allaitantes ( catalogue marges brutes 2009 AGRIDEA / FiBL )
Vache allaitante bio Vache allaitante avec Vache allaitante pour re- Bœuf des pâturages
engraissement au pâtu- montes d'engraissement bio 200 kg à 550 kg.
rage. Accrois 1'000 g / j. Accrois. 700 g / j.
Natura Beef Bœuf des pâturages bio Remonte d'engraissement Bœuf des pâturages bio
Unité quant. Prix Valeur quant. Prix Valeur quant. Prix Valeur quant. Prix Valeur
Prestation ( produit ) quant.
Vache éliminée kg PM 43 7.13 307 43 7.13 307 43 7.13 307
Vente taureau kg PM 14 6.07 85 14 6.07 85 14 6.07 85
Bœuf des pâturages bio kg PM 0 283.6 10.22 2898 0 283.6 10.22 2898
Natura Beef kg PM 216 10.54 2277 0 0 0
Remonte d'engraissement kg PV 0 0 300 6.12 1836 0
Supplément bio par tête 1 40 40 0 0 0
Prestations totales 2708 3290 2228 2898

Coûts spécifiques
Achat taureau 0.027 4800 128 0.027 4800 128 0.027 4800 128 0
Remonte élevage ( remplace-
ment vache mère )
0.15 3200 480 0.15 3200 480 0.15 3200 480 0
Remonte kg 0 0 0 206 7.06 1454
Totat Remonte 608 608 608 1454
Concentrés kg 50 1.13 57 80 1.13 90 0 80 1.13 90
Sels minéraux kg 20 2.43 49 26 2.43 63 20 2.43 49 6 2.43 15
Sel bétail kg 25 0.55 14 29 0.55 16 25 0.55 14 4 0.55 2
Total fourrages complémen-
taires
119 170 62 107
Vétérinaire, médicaments animal 1 120 120 1 120 120 1 120 120 1 24 24
Verfimugation animal 0 1 15 15 0 1 25 25
Castration animal 1 20 20 1 20 20 1 20 20 0
Total santé 140 155 140 49
Prestations Vaches mères CH 1 33 33 0 0 0
Prestations GI BWB 0 1 6 6 1 6 6 1 6 6
Frais de contrôle et labellisation 1 13 13 1 10 10 1 10 10 1 6 6
Marquage animal 1 5 5 1 5 5 1 5 5 1 5 5
Certificat, pesage animal 1 7 7 1 7 7 1 7 7 1 7 7
Retenues 3) 0 0.50% 2898 14 0 0.50% 2898 14
Totals frais divers 58 42 28 38
Total coûts spécifiques 925 975 838 1649
Marge brute comparable 1784 2315 1390 1249

Tailler les onglons fois 1 13.5 14 1 13.5 14 1 13.5 14 0


Transport remontes 0 0 1 50 50 1 100 100
Transport animaux de boucherie animal 1 114 114 1 121 121 1 100 100 1 121 121
Marge brute planification 1656 -2 -135 2181 -3 -164 1226 -2 -221 1028
Herbe dt MS 30.2 16.44 496 44 16.46 724 30.2 16.44 496 19.2 16.44 316
Foin (séchage au sol) dt MS 15 45.89 688 15 45.89 688 15 45.89 688 0
Foin (séchage en grange) dt MS 0 1.7 50.47 86 0 5 50.47 252
Ensilage d'herbe dt MS 11 44.04 484 15 44.04 661 11 44.04 484 11 44.04 484
Ensilage de maïs dt MS 0 0 0 0
Fourrages grossiers dt MS 56.2 1669 75.7 2159 56.2 1669 35.2 1052
Paille dt MS 10 22 220 13 22 286 10 22 220 9.2 22 202
Fourrages grossiers et paille 1889 2445 1889 1255
Intérêt calculé 3.10% 926 29 3.10% 974 30 3.10% 839 26 3.10% 1649 51
Marge brute par animal -262 -294 -689 -297

Rotation Rotation Rotation Rotation


Marge brute par place et année 1 -262 1 -294 1 -689 0.72 -214
Contributions SRPA 1.03 180 185 1.19 180 214 1.03 180 185 0.36 180 65
Contributions SST 1.00 90 90 1.16 90 104 1.00 90 90 0.36 90 32
Contributions UGBFG 1.03 690 711 1.19 690 821 1.03 690 711 0.36 690 248
Marge brute avec contribu-
tions
724 846 297 132
Heures de travail totales ( UTH ) h 46 66 46 27
• dont travail à l'étable h 29 44 29 19
• dont autres travaux h 17 22 17 8
Marge brute y c. contribu-
tions / UTH
16 13 6 5
Procédé de travail : stabulation libre, 12 animaux ; pâturage continu.
T

2011 février - www.agridea.ch


Engraissement au pâturage - Check-list 12.1.11

Check-list pour une reconversion à l’engraissement au pâturage

Conseils pour les nouveaux producteurs :


• En cas d’inscription simultanée à la reconversion à l'agriculture biologique et à l’engraissement au pâturage, il faut
tenir compte que les premiers animaux pourront être vendus en bio au plus tôt le 1er janvier de la 3e année.

Non
Oui
Marché/Rentabilité

Y a-t-il des acheteurs potentiels dans la région ?


Comment les acheteurs jugent-ils les marchés actuels et futurs ?

L’engraissement au pâturage permet-il de maintenir la rentabilité de l’exploitation à moyen terme ?


Eventuellement, calculer un budget d’exploitation et / ou un budget partiel avec un-e conseiller-ère agricole.

Les exigences spécifiques aux labels peuvent-elles être satisfaites ?


Au cas où des capacités de travail se libèrent, comment peuvent-elles être utilisées ?
Existe-t-il des alternatives pour l’utilisation des surfaces herbagères ?

Garde / Elevage

Existe-t-il sur l’exploitation des solutions peu coûteuses et fonctionnelles pour les transformations de l’étable ?
Visiter des transformations d’étables sur des exploitations qui pratiquent déjà l’engraissement au pâturage. Si né-
cessaire, demander conseil pour la construction.

Les animaux peuvent-ils estiver ?


Le cas échéant, tenir compte du cahier des charges de Bio Suisse pour les alpages.

Les exigences de pâturage journalier et de SRPA + peuvent-elles être satisfaites ( Bœuf de pâturage bio ) ?

Alimentation

L’exploitation possède-t-elle suffisamment de surfaces herbagères permanentes pour les bovins d’engraissement ?

Y a-t-il suffisamment de fourrage grossier pour l’hiver ?

Quelle intensité d’engraissement doit-on viser ?

Ressources

Y a-t-il la possibilité de produire ses propres remontes ou de faire une combinaison avec des vaches mères ?

Si l’on doit acheter des remontes d’engraissement, peut-on s’en procurer suffisamment ?

Envisager une collaboration contractuelle étroite avec une autre exploitation.


Qu’en est-il de la garantie de livraison et de la qualité de ces animaux ?

Les capacités de stockage du fumier et du purin sont-elles suffisantes ?

Y a-t-il assez de place pour stocker le fourrage ?

Si la production laitière est abandonnée, quelles sont les possibilités de mise en valeur du contingent ?

Le stock de paille est-il suffisant pour la période hivernale ?


Si non, est-il possible de s’en procurer et à quelles conditions ?

www.agridea.ch - février 2011

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