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Valorisation des pâturages et stratégies

alimentaires durables
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

TABLE DES MATIERES


PARTIE I : EXPLOITATION ET MODES DE CONSERVATION DES FOURRAGES

1.1 Pâture directe


1.1.1 Modes de pâture
1.1.1.1 Pâture continue (continuous grazing)
1.1.1.2 Pâture alternée (alternate grazing)
1.1.1.3 Pâture en rotation (rotational grazing)
1.1.1.4 Pâturage tournante
1.1.1.5 Pâturage rationné
1.1.1.6 Comparaison entre pâture continue et pâture en rotation
1.1.1.7 Pâture flexible (cut-and-take pasture)
1.1.1.8 Pâture mixte
1.1.1.9 Banque fourragère
1.1.2 Notion de charge
1.1.2.1 Définition des concepts
1.1.2.2 Détermination du taux de charge optimal
1.1.2.3 Mise à l’herbe et sortie des animaux
1.1.3 Inconvénients de la pâture
1.1.3.1 Piétinement
1.1.3.2 Déjections, souillures
1.2 Utilisation des fourrages après la coupe et modes de conservation
1.2.1-Affouragement en vert ou zéro pâturage (zero grazing)
1.2.1.1 Principe
1.2.1.2 Avantage
1.2.1.3 Inconvénient
1.2.2 Techniques de conservation
1.2.2.1 Le foin
1.2.2.1.1Principes
1.2.2.1.2Pourquoi fabriquer du foin ?
1.2.2.1.3 Modification chimique et pertes au cours du séchage
1.2.2.1.4 Conditions pour l’obtention d’un bon foin
1.2.2.1.5 Appréciation d’un foin
1.2.2.1.6 Conservation des foins encore humides
1.2.2.1.7 Les balles rondes enrubannées
1.2.2.1.8 Utilisation des foins
1.2.2.2 L’ensilage
1.2.2.2.1 Principes
1.2.2.2.2. Fermentation à l’ouverture du silo
1.2.2.2.3 Conditions nécessaires à la réussite de l’ensilage
1.2.2.2.4 Pertes lors de l’ensilage
1.2.2.2.5 Modification de la composition chimique
1.2.2.2.6 Problèmes pratiques de l’ensilage
1.2.2.2.7 Les temps de travaux
1.2.2.2.8 Fermeture et imperméabilité des silos
1.2.2.2.9 Fourrages à ensiler
1.2.2.2.10 Les additifs à l’ensilage
1.2.2.2.11 Utilisation des ensilages

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PARTIE 2: AMELIORATION DES PARCOURS


2.1 Introduction
2.1.1 Les causes de l'invasion des plantes
2.1.2 Définition de quelques concepts
2.2 Contrôle mécanique des plantes sur parcours
2.2.1 Choix de la méthode mécanique de contrôle des adventices.
2.2.2 Les types de tracteurs utilisés
2.3 Contrôle chimique des plantes dans les parcours : désherbage chimique
2.3.1 Avantages
2.3.2 Classification des herbicides.
2.3.2.1 Classification suivant leur spécificité :
2.3.2.2 Classification suivant le mode d’action
2.3.2.3 Classification suivant la période d’application
2.3.2.4 Classification suivant la chimie
2.3.3 Choix des herbicides
2.3.4 Application des herbicides
2.3.4.1 Application au sol ou à terre
2.3.4.2 Application aérienne
2.3.5 Conditions pour réussir une application des herbicides
2.3.6 La sélectivité des herbicides et les caractéristiques de la plante.
2.3.7 Action des facteurs environnementaux sur inapplication des herbicides
2.3.8 Le suivi ou l’entretien
2.4 Amélioration des pâturages par le feu de brousse
2.4.1 Rôle du feu sur un parcours
2.4.2 Inconvénients des feux de brousse
2.4.3 Les objectifs visés par les feux de brousse
2.4.4 Technique d’utilisation du feu (brûlage)
2.4.4.1 Préparation de la mise à feu
2.4.4.2 Les types de feu
2.4.4.3 Les dispositions à prendre avant et après le feu de brousse
2.4.5 Effet du feu sur le sol
2.5 Contrôle manuel et biologique des plantes sur les parcours
2.5.1 Contrôle manuel : le désherbage manuel
2.5.1.1 Le dessouchage
2.5.1.2 La fauche manuelle
2.5.1.3 L’écorçage
2.5.2 Le contrôle biologique
2.5.2.1 Contrôle biologique par la pâture
2.5.2.2 Contrôle biologique par les insectes
2.6 Amélioration des pâturages par ensemencement
2.6.1 Les causes de l’échec de l’ensemencement sur les terrains de parcours
2.6.2 Préparation du lit de semences (seedbet)
2.6.3 L’implantation
2.6.3.1 Implantation par semis
2.6.3.2 Implantation par bouturage

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2.6.3.3 Implantation par éclat des souches


2.6.4 Le choix du site et du sol de semis
2.6.5 Technique de semis
2.6.5.1 Saison ou période de semis
2.6.5.2 Semis des graines
2.6.5.3 Densité de semis (seeding rate)
2.6.6 Entretien des prairies
2.7 Fertilisation des parcours
2.7.1 Détermination des carences du sol
2.7.2 Les types d’engrais
2.7.3 Période ou saison d’application des engrais
2.7.4 Le choix de l’engrais
2.7.5 Les doses d’application des engrais
2.7.6 Effet des engrais sur la plante
2.7.7 Action des engrais sur la valeur nutritive des fourrages

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PARTIE I :
EXPLOITATION ET MODES DE CONSERVATION DES
FOURRAGES

Lorsque le site de la culture a été déterminé, les espèces fourragères choisies et mises
en place, le producteur doit gérer au mieux l’utilisation de la production primaire, de façon à
obtenir une production secondaire rentable, durable, sans dégradation du milieu.
Dans la plupart des pays tropicaux, les animaux pâturent l’herbe pendant la majeure
partie de l’année, mais sous certains climats l’éleveur fait aussi des réserves de fourrage pour
les périodes de sécheresse et doit donc faucher, récolter et conserver ses productions
fourragères.
Le choix des différentes formes d’utilisation dépend du climat, des caractéristiques du
sol, des espèces cultivées, de l’espèce animale, du type de production, des capacités techniques
et des moyens financiers du producteur.

1.1 Pâture directe


1.1.1 Modes de pâture
Le choix du mode de pâture répond aux questions suivantes : dans quel système
d’élevage s’intègre la production ? Quelles charges animales peut-on mettre sur la prairie ?
Quand mettre les animaux ?

1.1.1.1 Pâture continue (continuous grazing)


Dans le système de pâture continue, les animaux pâturent dans une seule grande
parcelle, de jour et de nuit, tout au long de la saison ou de l’année. Ils sélectionnent eux-mêmes
les espèces et les zones à pâturer.
La pâture continue à plusieurs avantages dont le premier est son coût, relativement
faible. L’aménagement de la parcelle requiert un pare-feu et/ou une clôture périphérique, un
point d’abreuvement, de complémentation minérale et d’ombrage. Sa gestion est simple, le
travail réduit. Ce système est adapté à des charges relativement faibles, dans les zones humides
sans saison sèche marquée, où l’herbe pousse régulièrement tout au long de l’année.
Il présente des désavantages. Par exemple, il faut en exclure les associations de
légumineuses et de graminées lorsque la légumineuse est très appétée, car elle disparaît
rapidement. Il y’a un risque de surpâturage dans certaines zones de sous pâturage dans d’autres,

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et les animaux reviennent régulièrement sur les plantes les plus jeunes. Les espèces fourragères
doivent donc être particulièrement résistantes au surpâturage. Par ailleurs, il est impossible
d’ajuster facilement la production primaire nette aérienne à la consommation des animaux, le
chargement trop faible ayant pour effet de produire de nombreux refus. De même, il est
impossible d’ajuster la fertilisation, surtout azotée, lorsque la parcelle est exploitée de façon
irrégulière. Enfin, les animaux sont peu contrôlés.
Dans les pays tropicaux, cette forme d’exploitation continue intensifiée ne peut guère
être envisagée, compte tenu des coûts des engrais et de la complémentation, et des conditions
pratiques de gestion.

1.1.1.2 Pâture alternée (alternate grazing)


La pâture alternée est le plus simple des systèmes en rotation. Elle consiste à faire
pâturer les animaux en alternance sur deux parcelles, généralement de même dimension, en
laissant les plantes au repos pendant une, deux ou trois semaines. Les espèces mises au repos
reconstituent ainsi leurs réserves et ne sont pas exploitées à un stade trop précoce.
Les charges peuvent être plus élevées, mieux réparties dans l’espace qu’en pâture
continue, les engrais mieux utilisés, les animaux mieux contrôlés. En revanche, l’investissement
en clôture et en pare-feu est plus élevé, et la gestion demande un peu plus de travail.
Ce système est adapté aux espèces fourragères supportant de fortes charges, résistantes
aux piétinements, à vitesse de croissance rapide, aussi bien sous les tropiques humides que
subhumides.

1.1.1.3 Pâture en rotation (rotational grazing)


Dans la pâture en rotation, les animaux exploitent une prairie divisée en un certain
nombre de parcelles, délimitées par des clôtures fixes (pâturage tournant) ou par une clôture
électrique que l’on déplace (pâturage rationné) (strip or ration grazing).
Le troupeau reste jour et nuit sur une parcelle ou une portion de parcelle, qui supporte
une charge instantanée élevée.
Selon la quantité et la qualité de l’herbe disponible, qui dépendent des conditions
climatiques, de la saison, de la fertilisation et de l’intensité des exploitations antérieures, la
surface prairiale sera pâturée et/ou récoltée afin de réaliser des réserves.
Le système repose sur quelques principes :
- exploiter un maximum d’herbe, de qualité optimale, afin d’utiliser au mieux la charge
et le potentiel de production des animaux ;
- fournir du fourrage tout au long de l’année ;

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- maintenir la pérennité de la prairie ;


- obtenir une rentabilité maximale.
Une bonne application de ces principes nécessite un séjour aussi court que possible dans
chaque parcelle et un temps de reposoptimal entre deux passages du troupeau, afin de concilier
la quantité et la qualité du fourrage offert aux animaux. Un séjour court évite en effet le
gaspillage, par piétinement ou par écrasement de l’herbe, lors du repos de l’animal.

1.1.1.4 Pâturage tournante


Dans le pâturage tournant, les clôtures sont fixes. En général, le nombre de parcelles est
de six à douze. Il dépend de la vitesse de croissance de l’herbe et de sa courbe de qualité, qui
détermine le temps de repos optimal de chaque parcelle et le temps de séjour du troupeau.
Le temps de repos de l’herbe entre deux passages peut varier entre 20 et 50 jours selon
la vitesse de croissance de l’herbe, l’espèce végétale et le type d’animal.
En début de saison des pluies, la vitesse de croissance est élevée, le temps de repos sera
donc court. Dans un certain nombre de parcelles, l’herbe peut être fauchée, récoltée et conservée
sous forme de foin ou d’ensilage. La pâture dans ces parcelles est alors différée. En période de
faible croissance (pleine saison des pluies, saison froide, saison sèche), le temps de repos est
plus long et toutes les parcelles sont successivement pâturées. Chaque espèce végétale, voire
chaque cultivar ou chaque variété, possède sa propre courbe de croissance.
Le temps de séjour optimal par parcelle se situe entre quatre et cinq jours. La surface
des parcelles est adaptée au poids total du troupeau et au type d’animal. Chaque parcelle est
pourvue d’un point d’eau, d’une pierre à lécher (complément minéral) et, éventuellement, d’un
coin d’ombre.

1.1.1.5 Pâturage rationné


Le pâturage rationné comporte des clôtures électriques. Ce système améliore le pâturage
en rotation en mettant à disposition des animaux la quantité d’herbe nécessaire tous les jours,
ou même deux fois par jour, par le déplacement d’une clôture électrique avec fil avant et arrière.
Le fil arrière limite les mouvements des animaux vers l’arrière, et donc le piétinement, ce qui
favorise la repousse de l’herbe déjà consommée; il n’est déplacé que tous les deux ou trois
jours.
Ce système a l’intérêt de réduire les pertes et les gaspillages grâce à une exploitation
régulière, rapide et complète de l’herbe sur pied. Il oblige les animaux à ne pas faire de

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sélection, et diminue ainsi les refus. Il évite les variations de production laitière constatées avec
des temps de passage de plus d’un jour.
En revanche, il demande plus de main-d’œuvre et plus de technicité. Il faut en effet
déplacer la clôture, dégager l’herbe sous le fil, adapter la quantité d’herbe aux besoins du
troupeau, faucher des surfaces, assurer l’alimentation et la maintenance du système électrique,
se protéger contre les vols, etc.
Le pâturage rationné est surtout utilisé pour la production laitière. Il ne présente pas
d’avantage pour la production de viande.

1.1.1.6 Comparaison entre pâture continue et pâture en rotation


La littérature anglo-saxonne tropicale abonde de références sur les systèmes de pâture.
Les résultats obtenus sont souvent contradictoires. Ils montrent cependant que le pâturage
tournant n’a pas de supériorité sur le pâturage continu.
Une étude bibliographique de Humphreys (1991) relève également que sur 60
expérimentations réalisées dans des pays tropicaux et subtropicaux, dans 51 % des cas, la pâture
continue s’est montrée supérieure à la pâture tournante dans les performances individuelles des
animaux. Dans seulement 17 % des cas, la pâture tournante a été supérieure et 32 % des essais
n’ont pas montré de différences significatives.

1.1.1.7 Pâture flexible (cut-and-take pasture)


La pâture flexible consiste à moduler la charge instantanée en fonction du fourrage
disponible dans un dispositif constitué de parcelles avec clôtures fixes, en ajoutant ou en retirant
des animaux du pâturage naturel. Cette méthode est pratiquée aussi bien avec la pâture en
rotation qu’avec la pâture continue.
Ainsi, l’ajout ou le retrait d’animaux régule la consommation d’herbe. Cela permet
d’éviter le gaspillage ou la récolte du fourrage excédent lors des phases très actives de
production d’herbe, et le surpâturage en période de faible production.
Dans ce système, la difficulté réside dans l’estimation des quantités d’herbe offertes : à
partir de quel moment faut-il introduire ou retirer les animaux régulateurs ? Cette décision
découle souvent plus de la pratique et de l’observation visuelle que de mesures telles que la
quantité d’herbe sur pied ou l’évolution du poids des animaux au pâturage, et donc du
chargement. Il existe cependant des appareils simples pour la mesure des hauteurs d’herbe
(herbomètre ou sward-stick).

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1.1.1.8 Pâture mixte


En pâture mixte, différentes espèces animales (bovins, moutons, chèvres, chevaux)
pâturent dans la même parcelle, selon leur préférence pour telle ou telle espèce végétale. Ce
système est surtout utilisé, sous les tropiques, pour l’exploitation des formations naturelles qui
possèdent une grande diversité botanique et structurale (herbage, ligneux).
En culture, les différentes parcelles d’un tournant sont exploitées successivement par
différents types d’animaux. Ce système est pratiqué pour la production laitière : les animaux en
production, qui consomment le meilleur, sont suivis par les jeunes animaux (« élèves ») et les
vaches taries, moins exigeants.

1.1.1.9 Banque fourragère


Les banques de fourrages sont des cultures fourragères intégrées à un système fourrager
extensif. Elles apportent une complémentation aux animaux exploitants les parcours extensifs.
Elles apportent une complémentation aux animaux exploitant pâturage naturel. Elles peuvent
être constituées de légumineuses, pour une complémentation protéique, ou d’une association
de graminées et de légumineuses, pour une complémentation énergétique.
Ces complémentations sont généralement apportées en saison sèche. Dans le massif de
l’Adamaoua, au Cameroun (altitude : 1000 mètres ; pluies : 1700 millimètres en sept mois), une
culture de Stylosanthes guianensis, mis à disposition de jeunes bœufs de 3 ans le matin, pendant
toute la saison sèche (160 jours), a permis de limiter la perte de poids vif à 280 grammes par
jours alors que les témoins, sur pâturage naturel, perdaient plus de 360 grammes par jour et que
quelques mortalités ont été enregistrées.

1.1.2 Notion de charge


1.1.2.1 Définition des concepts
Tous les systèmes d’exploitation décrits ci-dessus sont liés à la notion de charge ou de
chargement, qui traduit la relation entre les animaux - exprimée en nombre, en poids ou en gain
de poids vif - et le pâturage, identifié surtout par sa surface, mais aussi par la biomasse, la
productivité, la vitesse de croissance, les refus, etc.
 Le taux de charge (stocking rate) peut être défini par le nombre d’animaux d’une
certaine classe d’âge, ou par le nombre d’unités animales - par exemple, une unité bovin tropical
(UBT) équivaut à 250 kilos de poids vif - ou en kilos de poids vif par unité de surface, en
général d’hectare, ou encore par sa réciproque, la superficie par animal ou par 100 kilos de
poids vif, pour une période donnée.

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La première définition est la plus adaptée lorsque le nombre d’animaux par hectare est
plus grand que l’unité. Dans le Sahel ou dans des systèmes extensifs, il est plus compréhensible
d’exprimer le taux de charge en nombre d’hectares par animal ou par unité de bétail.
 La charge instantanée (stocking denity) est définie comme le nombre d’animaux par
unité de surface chargée à l’instant présent. Pour un système de pâture continue, le taux de
charge et la charge instantanée seront donc identique. Pour des systèmes en rotation, la charge
instantanée, exprimée en nombre d’animaux par unité de surface, est toujours supérieure au
taux de charge.
 La charge globale (global stocking) est définie, dans certains systèmes d’exploitation
incluant des parcelles non exploitées certaines années (mise au repos, jachère), comme la
superficie totale exploitée par le nombre moyen d’animaux au cours de ces années.
 L’affouragement (forage feedind) est la pratique qui consiste à apporter le fourrage
aux animaux (en vert, en sec), ceux-ci étant confinés en stabulation libre ou entravée.
 La charge continue (continuous stocking) est aussi une pratique qui permet aux
animaux d’accéder à une superficie de pâturage pour toute la saison ou une grande part de la
saison de pâture.
 La charge fixe (set stocking), ou taux de charge optimal, est la quantité de bétail
(nombre de têtes, d’UBT ou de kilos de poids vif) que peut supporter le pâturage sans être
détérioré, le bétail devant rester en bon état d’entretien ou de production (BOUDET, 1984). La
capacité de charge dépend de la quantité de fourrage produit et disponible, mais aussi de la
valeur du fourrage. Elle doit permettre aux animaux d’extérioriser des performances
économiquement satisfaisantes.
 La capacité de charge (carrying capacity), ou taux de charge optimal, est la quantité
de bétail (nombre de têtes, d’UBT ou de kilos de poids vif) que peut supporter le pâturage sans
être détérioré, le bétail devant rester en bon état d’entretien ou de production. La capacité de
charge dépend de la quantité de fourrage produit et disponible, mais aussi de la valeur du
fourrage. Elle doit permettre aux animaux d’extérioriser des performances économiquement
satisfaisantes.

1.1.2.2 Détermination du taux de charge optimal


Le choix du taux de charge est primordial pour les performances individuelles des
animaux, la production de viande par hectare et la persistance des cultures, ainsi que pour les
résultats économiques de l’entreprise.

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Le taux de charge dépend à la fois de la quantité d’herbe présente, de sa vitesse de


croissance, de la qualité et de la quantité d’herbe volontairement ingérée par l’animal, c’est-à-
dire de la capacité de charge.
Tant que la quantité d’herbe offerte est largement supérieure à la quantité que peut
consommer l’animal, la consommation et la production par animal varient peu. Si l’offre
diminue, à partir d’un certain seuil, la consommation diminue. Si cette offre devient inférieure
à la capacité d’ingestion, la quantité ingérée et la production par animal décroissent fortement.
C’est ce qui arrive souvent sur pâturage naturel après un feu, malgré une bonne qualité de
l’herbe. Il y a alors surpâturage, avec un risque de dégradation du pâturage, puis du sol par
érosion.
Pour déterminer la charge optimale à appliquer, il est donc indispensable de connaître
les courbes de croissance de l’espèce fourragère – productivité en matière sèche, valeur
énergétique ou unités fourragères, matière azotée, digestibilité -, pour différents rythmes
d’exploitation, par coupe ou dans des expérimentations avec des animaux. De telles expériences
ont été conduites dans de nombreuses stations et en particulier à Wakwa, au Cameroun, sur
Brachiaria brizantha, Brachiaria ruziziensis, Stylosanthes guianensis et sur des formations
naturelles.
Quel est le meilleur temps de repos pour une production optimale en quantité et en
qualité ? le meilleur temps de repos pour se situe entre 20 et 40 jours pour la graminée et entre
40 et 60 jours pour la légumineuse. C’est à ce rythme qu’on obtient le meilleur compromis entre
la qualité du fourrage et la quantité du produit, exprimées en unités fourragères, en matière
azotée digestible ou en matière sèche. Pour que l’offre d’herbe soit suffisante, on admet que les
animaux ne consomment que 70% de la biomasse épigée présente.
Pour les animaux tropicaux on admet, par ailleurs, que la consommation journalière est
de 2,5 kilos de matière sèche pour 100 kilos de poids vif, soit 6,25 kilos de matière sèche par
UBT. Cette ingestion peut augmenter ou diminuer selon la teneur du fourrage en fourrage en
parois lignifiées (digestibilité), l’effet d’encombrement et la quantité offerte.
Des essais menés à Wakwa avec des foins de Brachiaria brizantha de bonne qualité ont
montré des niveaux d’ingestion de plus de 3 kilos de matière sèche pour 100 kilos de poids vif
(kg PV)
Ainsi, si l’on tient compte de ces paramètres, la capacité de charge, au cours de la saison
des pluies, sur formation naturelle des sols basaltiques de Wakwa par exemple varie entre 1,8
UBT par hectare en début de saison des pluies après et 0,3 à la fin, en diminuant

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progressivement au cours de la saison des pluies après être passées par un maximum de 4 UBT
par hectare fin mai.
La détermination de la charge optimale peut aussi se faire sur la base de l’énergie ou des
matières azotées offertes et des besoins des animaux. BOUDET (1984) propose un calcul pour
la détermination de la capacité de charge en ne prenant en compte que la production saisonnière
du pâturage et en utilisant les mêmes normes de consommation. Pour une production de 3
tonnes de matière par hectare en 210 jours de saison des pluies, avec un temps de repos de 30
à 40 jours entre deux exploitations, il obtient une charge saisonnière de :
3000  2,3UBT / ha ou 570kg PV / ha
(6,25x210)
Mais quelles que soient la méthode et les normes utilisées pour les calculs de capacité
de charge, des essais avec animaux doivent confirmer ces résultats théoriques. La pratique,
ensuite, permettra les ajustements.

1.1.2.3 Mise à l’herbe et sortie des animaux


La mise à l’herbe des animaux a lieu après l’installation de la culture fourragère, après
la reprise de la saison des pluies ou après les feux, et lors des changements de parcelle. Dans
n’importe quel système de pâture, elle dépend surtout des quantités minimales offertes. Mais la
qualité du fourrage, les conditions du sol, notamment son humidité et sa portance, et l’âge de la
repousse sont aussi des critères importants. Par exemple, une herbe jeune, trop humide ou dont
le taux d’azote soluble est trop élevé peut provoquer de la diarrhée ou des tétanies d’herbage.
La sortie des animaux dépendra surtout de la qualité, de la rareté de l’offre, des risques
de surpâturage et d’érosion.
On admet généralement que la mise à l’herbe peut être effectuée avec une biomasse utile
de 1 à 1,5 tonnes de matière sèche par hectare et qu’il faut retirer les animaux lorsque le pâturage
contient encore entre 30 et 40% de la biomasse maximale utile, avant gaspillage.

1.1.3 Inconvénients de la pâture


Quelques inconvénients de la pâture comme le gaspillage, le surpâturage ou la
dégradation peuvent être réduits par une gestion adaptée. D’autres, inévitables, sont spécifiques
de la présence des animaux : le piétinement, la souillure, les déjections.

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1.1.3.1 Piétinement
Généralement la charge, même forte, ne provoque pas de tassement préjudiciable aux
plantes lorsque le sol est ressuyé. Mais des dégâts importants peuvent apparaître près des points
d’eau, dans les bas-fonds et sur les lieux de distribution de compléments. Il est donc
indispensable de déplacer régulièrement les pierres à lécher et les lieux de complémentation, et
d’aménager les alentours des points naturels d’abreuvement.
En revanche, le piétinement peut favoriser l’implantation d’espèces fourragères
rampantes ou stolonifères, en particulier lors d’une installation à partir de matériel végétal
(Digitaria decumbens, Cynodon spp., Brachiaria spp., Paspalum spp., etc.).

1.1.3.2 Déjections, souillures


Si les déjections animales restituent une partie des éléments prélevés, et surtout le
potassium, ces éléments sont malheureusement concentrés sur de petites surfaces (bouses, lieux
de repos) et ne sont pas complètement recyclés ; d’autre part, la flore est peu appétée sur les
lieux où les animaux se rassemblent. Il est donc doublement utile d’utiliser les déjections pour
la fertilisation des cultures.

1.2 Utilisation des fourrages après la coupe et modes de conservation


Le mode de récolte le plus fréquent et le plus économique est la pâture, il peut paraître
nécessaire à l’éleveur de faucher la prairie pour mettre le fourrage à la disposition des animaux.
Il est alors nécessaire de distribué frais à l’auge immédiatement après la coupe, (affouragement
en vert ou zéro pâturage c’est-à-dire l’animal ne consomme pas le fourrage sur le parcours) ou
tout d’abord conserver puis distribué sous forme de foin, d’ensilage ou d’herbes déshydratées.

1.2.1-Affouragement en vert ou zéro pâturage (zero grazing)


1.2.1.1 Principe
En élevage traditionnel, le fourrage est coupé à la main puis distribué en vert aux
animaux de trait, aux bovins et aux ovins à l’engrais, et aux chevaux de parade. Dans une
optique d’élevage intensif en particulier pour la production laitière, le chantier doit fonctionner
une ou deux fois par jour et demande une mécanisation totale car le fourrage doit être mis
immédiatement à la disposition des animaux afin d’éviter les pertes par respiration qui peuvent
atteindre 25%, 72h après la coupe.

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1.2.1.2 Avantage
Par rapport au pâturage, l’affouragement en vert présente de nombreux avantages. En
particulier, il réduit au minimum le temps d’occupation de la parcelle et le potentiel de repousse
peut-être pleinement utilisé. Grâce aux machines, il rend possible la récolte de production plus
importante et plus âgée en évitant les pertes par piétinement et le gaspillage. Il permet de
récolter dans des endroits difficiles d’accès comme des bords de cours d’eau, les bords de marre
(bourgoutières) ou les bas-fonds. Des parcelles éloignées peuvent être cultivées et récoltées. En
revanches, sur fortes pentes, les animaux peuvent se déplacer plus facilement que les engins.
La culture peut-être irriguée. Enfin des fourrages très productifs non adaptés à la pâture peuvent
être exploités. C’est le cas du Trypsacum, Pennisetum, le sorgho, le maïs, la canne à sucre
fourragère.
L’affouragement en vert réduit les pertes de fourrage par souillure, par piétinement ou
par refus. Il évite les déplacements des troupeaux, il réduit les risques d’infection parasitaires
et les effets du piétinement sur la structure du sol en particulier dans les parcelles irriguées, les
bas-fonds ou le bord des cours d’eau. Enfin la production par unité de surface est de plus en
plus élevée.

1.2.1.3 Inconvénient
Ce système a aussi des inconvénients. Les productions animales individuelles sont
généralement inférieures car les quantités de M.S ingérées à l’auge, sont plus faibles surtout si
le fourrage a été lacéré avec une ensileuse à fléau et non haché finement. A ce stade ou à un âge
équivalent, la valeur nutritive du fourrage est inférieure car les animaux trient moins.
Les investissements en matériels sont importants et les choix difficiles car il faut du
matériel résistant et efficace. Les restitutions par les animaux sont inexistantes, et une fumure
minérale est indispensable. Cette fumure doit- être au moins égale aux exportations. C’est une
méthode plus coûteuse que le pâturage.

1.2.2 Techniques de conservation


L’objectif le plus courant de la conservation des fourrages est de constituer des réserves
quantitatives pendant les périodes d’excédents pour en reporter la consommation en période de
déficit. L’origine du déficit est le plus souvent climatique. En pays tempéré, elle est due à la
période froide. En pays tropical, la période de déficit correspond habituellement à la saison
sèche, mais sous irrigation, en région tropicale à longue saison sèche, elle peut-être liée à la
saison fraîche durant laquelle les graminées en C4 ont une croissance lente.

13
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

A cet objectif quantitatif est associé un objectif qualitatif, dans la mesure où tout est mis
en œuvre pour stoker le fourrage en conservant au mieux sa valeur alimentaire. La technique
de conservation la plus traditionnelle est le séchage à l’air et au soleil qui a parfois été
modernisée par des procédés de ventilation à la ferme et de déshydratation industrielle. Les
autres modes de conservations sont la voie humide, avec les techniques d’ensilage et la voie
chimique avec des conservateurs comme l’ammoniac et l’urée. Cette dernière voie est aussi
employée pour améliorer la valeur alimentaire des fourrages pauvres : les pailles des céréales
essentiellement.
La qualité des fourrages conservés dépend avant tout de celle du fourrage initial. La
mise en œuvre des techniques de récolte, de conditionnement, et de stockage modifient leurs
aspects physiques, leur composition et leur digestibilité. L’intensité de ces modifications varie
suivant le choix de la technique et sa maîtrise. L’impact de la conservation est apprécié suivant
les mêmes critères de valeur alimentaire que pour les fourrages verts, auxquels sont associes
des critères qui caractérisent le mode de conservation : qualité du séchage, caractéristiques
fermentaires, appétibilité, et salubrité.
Dans tous les cas, le but fixé à la maîtrise de ces techniques, est de limiter les pertes de
M S et de valeur alimentaire par rapport aux fourrages vert sauf pour les pailles qu’on cherche
au contraire à améliorer. Lors de l’utilisation, on s’assure de la valeur hygiénique des fourrages
conservés pour prévenir les risques sanitaires et les effets négatifs sur la qualité du lait. Il faut
aussi faire une évaluation suffisamment précise de leur valeur alimentaire pour ajuster la
complémentation en fonction des objectifs de production.

1.2.2.1 Le foin
Le principe de la fenaison est d’emmener le fourrage le plus rapidement possible jusqu’à
une teneur d’au moins 85% de MS afin de stopper toute modification biochimique endogène
ou exogène. La quantité d’eau à évaporer dépend de la teneur en eau du fourrage frais qui varie
entre 2 et 5 kg d’eau par kg de MS et du rendement de la culture. Il faut par exemple évaporer
1.8kg d’eau/m2 d’un fourrage contenant 20% de MS et produisant 5 tonnes de foins/ha.
La vitesse d’évaporation est plus rapide dans les feuilles que dans les tiges. Elle diminue
au cours du séchage, l’intérieur des tissus les plus lignifiés, résistant plus longtemps à la
dessiccation. Elle dépend bien sûr des conditions météorologiques et est accélérée par le fanage
mécanique donc l’objectif est de favoriser la ventilation du fourrage et de renouveler les parties
exposées au soleil. La durée du séchage est généralement comprise entre un et huit jours et
influence la qualité du foin. Une journée suffit par grand beau temps avec de faibles rendements

14
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

et un fourrage essentiellement feuillu, mais généralement les foins de bonne qualité est obtenue
après un séchage de deux à trois jours sans pluie.

1.2.2.1.1Principes
Pour transformer un fourrage vert de bonne qualité en un foin de qualité équivalente, il
faut éliminer rapidement par évaporation, une grande partie de son eau. La dessiccation est
rapide au départ car l’eau est perdue par les stomates. De plus, une partie de l’eau des tiges
environ les 2/3 migre vers les feuilles qui se dessèchent plus vite que les tiges. L’évaporation,
est beaucoup plus lente ensuite car l’eau doit- être évacuée à travers la cuticule peu perméable
des feuilles, et à travers la tige elle-même.
La dessiccation dure de deux à huit jours selon les conditions atmosphériques-
température, déficit de saturation de l’air, vitesse du vent- la nature du fourrage en particulier
les proportions de feuilles et de tiges et la quantité d’eau à évaporer à l’hectare qui dépend de
la phytomasse

1.2.2.1.2Pourquoi fabriquer du foin ?


Si la principale raison de fabriquer du foin est de constituer des réserves pour la saison
défavorable, le choix de ce mode de conservation répond à d’autres besoins :
- transporter le fourrage sur une longue distance ;
- cultiver sur parcelle irriguée, inaccessibilité aux animaux
- récolter avant que la valeur alimentaire diminue
- complémenter par un aliment sec un pâturage trop riche en eau et très jeune.
- gérer les excès d’herbes pendant une période favorable à la repousse.

1.2.2.1.3 Modification chimique et pertes au cours du séchage


Les modifications de la composition chimique du fourrage pendant son séchage sont
dues au processus enzymatique qui se déroule dans la plante après la coupe mais aussi aux
pertes mécaniques et éventuellement au lessivage par la pluie des constituants solubles de la
MS. Les processus enzymatiques ont lieu au cours de la respiration et de la protéolyse
La respiration équivaut à une combustion :
C6H1206 + 6O2 6C02 + 6H2O + 637 Kcal
Elle se produit tant que la teneur en MS est inférieure à 70 ou 80%. Elle se traduit par
une perte normale comprise entre 6 et 8% de MS mais peut atteindre 20% lors de mauvaises
conditions de séchage.

15
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

Au cours de la protéolyse, une partie des protéines insolubles est dégradée en azote
soluble qui peut ensuite être entraîné par les pluies si le foin n’est pas protégé.
Les modifications produites par les enzymes entraînent une diminution importante des
teneurs en carotène, en vitamine B, et C. En revanche, la teneur en vitamine D augmente et ce
d’autant plus que le foin est exposé au soleil.
Toutes les opérations mécaniques de fabrication et de récolte du foin entraînent des
pertes plus ou moins importantes. Ainsi un mauvais réglage de la barre de coupe laisse sur pieds
par cm sur 1 ha de 60 à 300 kg de MS selon les espèces. Les feuilles et en particulier celles des
légumineuses se détachent et tombent au sol lorsqu’elles sont manipulées trop brusquement lors
du séchage, du ramassage et du pressage. Chez les légumineuses les pertes sont généralement
supérieures à 25%. Pour les graminées elles sont surtout dues à la fauche (entre 10 et 15%) et
atteignent 15 voire 20% en fin de récolte.
Les pertes concernant surtout les feuilles, qui sont plus riches en minéraux et en azote,
et plus digestibles que les tiges, il en résulte une diminution des teneurs en minéraux et en azote,
de la digestibilité et de l’ingestibilité.
La pluie a peu d’effet sur le fourrage frais si ce n’est de retarder son séchage. Mais sa
persistance entraîne le lessivage dès le 2e jour, des matières solubles glucidiques, azotées ou
minérales, et le développement de certaines bactéries et moisissures qui métabolisent une partie
de la MO. Dans les cas extrêmes le foin devient impropre à la consommation.

1.2.2.1.4 Conditions pour l’obtention d’un bon foin


La qualité du foin dépend de sa qualité au moment de la récolte de la quantité à récolter,
de la qualité du séchage, elle-même liée aux conditions climatiques et des conditions de
stockage.
Pour obtenir un foin de bonne valeur alimentaire et bien ingéré, il faut récolter le
fourrage à un stade précoce, en début d’épiaison pour les graminées, au bourgeonnement pour
les légumineuses. Le fait de vouloir récolter jeune ne reporte pas nécessairement la date de
récolte en saison des pluies. Le choix peut se porter sur des espèces ou des variétés tardives. La
fenaison peut-être réalisée en fin de saison de pluie sur la 2e ou 3e repousse. La quantité d’herbes
présente dans la prairie doit être suffisante pour justifier le chantier. Il est donc souvent
nécessaire d’appliquer une dose d’engrais adéquate surtout d’azote pour récolter à temps ou
lors d’une 2e ou 3e coupe une phytomasse importante. La condition climatique la plus
importante pour la récolte est l’absence des pluies. Des études statistiques sur la fréquence des
pluies permettent de déterminer la période probable de leur arrêt.

16
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

Le même type d’analyse permet aussi de calculer les possibilités de séchage en cours de
saison des pluies en évaluant la probabilité de période sans pluies de 2,3 ou 5 jours par exemple.
Un bon savoir-faire peut considérablement améliorer le séchage. Cela consiste par
exemple à couper après la disparition de la rosée matinale, à bien aérer aux heures de plus fort
déficit hydrique, à mettre en andain le soir pour éviter une réhumidification nocturne. Si la pluie
menace, un séchage sur chevalet siccateur ou sur fil de clôture peut-être prévu afin d’éloigner
le fourrage des sols humides.
Un travail mécanique peut-être réalisé sur les tiges et les feuilles avec une
conditionneuse ou un éclateur de fourrage. L’évaporation de l’eau de constitution est ainsi plus
rapide et l’andain formé plus aéré.
On peut terminer le séchage sous abris, en insufflant de l’air ambiant ou chaud dans le
fourrage récolté en botte de moyenne ou basse densité, en vrac ou disposé sur un caillebotis. Ce
système est cependant peu adapté en Afrique car trop coûteux.
Le stockage peut-être envisagé en plein champ si les pluies ne sont plus à craindre. Sous
forme de meules, de bottes, ou de balles. Le sommet des meules doit être de forme convexe et
une bâche peut y être fixée contre les pluies tardives. Le stockage des bottes à l’abri des pluies
inattendues est préférable, alors que les balles rondes peuvent être laissées sur la prairie sans
grand risque de réhumidification.

1.2.2.1.5 Appréciation d’un foin


On apprécie la qualité d’un foin à sa composition botanique, à son aspect (sa couleur,
son odeur, sa texture, ses souillures) et à sa valeur fourragère.
La composition botanique est estimée en fonction du pourcentage des légumineuses, de
graminées plus ou moins bonnes, d’autres espèces et en particulier de mauvaises herbes. Une
teinte plus ou moins verte est généralement l’indice d’une bonne dessiccation. L’odeur doit-
être franche, agréable, et sans relent de moisi. La texture doit-être souple, le foin riche en
feuilles avec peu de souillure. Un foin mal séché et mal stocké sera brun ou noir avec une odeur
caractéristique de moisissure et très poussiéreux. On aura une sensation d’humidité au toucher,
un foin contaminé par certains micro-organismes non détruits par le séchage peut même
présenter des dangers pour l’homme avec notamment des risques d’affection pulmonaires et
pour le bétail avec des risques d’avortement.
Pour évaluer la valeur alimentaire du foin, l’analyse chimique et l’estimation de la valeur
fourragère réalisée par un laboratoire compétent complète les observations citées plus haut. La

17
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

valeur fourragère du foin ne doit pas être très inférieure à celle du fourrage vert. Finalement les
critères les plus utiles sont les performances des animaux.

1.2.2.1.6 Conservation des foins encore humides


Il n’existe actuellement pas des conservateurs efficaces pour stabiliser les foins entre 65
et 80% de MS. La pulvérisation de conservateur à base d’acide propionique a été un échec à
cause de la volatilité des produits.
Une seule manière de conserver un foin humide est de le stocker sous film plastique, de
lui injecter de l’ammoniac anhydre (2% de son poids) et de le maintenir sous cette atmosphère
pendant deux mois. Ensuite, le foin peut être stocké sous abri. L’ammoniac anhydre peut-être
remplacé par de l’urée, 5% de l’urée équivalent à 2% d’ammoniac. L’urée doit-être mis en
solution et aspergée sur le foin au fur et à mesure de la confection de la meule, des bottes ou
des balles de foin. Si le fourrage ne contient pas assez d’uréase pour transformer l’urée en
ammoniac, il convient d’ajouter l’enzyme par exemple sous forme de farine de soja cru à raison
d’un cinquième ou d’un dixième du poids de l’urée. Le traitement à l’ammoniac a d’autres parts
l’avantage d’enrichir le foin en azote et d’améliorer la digestibilité et l’ingestibilité des foins
récoltés tardivement. En réalité, l’azote est si bien fixé aux parois végétales qu’ils restent en
partie indigestibles. D’autre part avec le foin humide, le traitement à l’ammoniac provoque des
réactions de Maillard qui rendent partiellement indigestibles les protéines du foin. Ce traitement
est donc réservé à des foins tardifs, pauvres en azote, même secs et à des pailles.
Depuis quelques années, une nouvelle technique dite des balles rondes enrubannées
permet de conserver des foins humides.

1.2.2.1.7 Les balles rondes enrubannées


La conservation de fourrages humides en balles rondes sous film étirable, couramment
appelé technologie des balles rondes enrubannées s’est développée depuis une vingtaine
d’années. Elle est liée au remplacement des petites bottes rectangulaires des botteleuses par les
balles cylindriques des presses enrouleuses.
Elles s’apparentent à l’ensilage en ce sens que le fourrage humide, qui contient de 30 à
40% et plus de MS se conserve après développement de la fermentation lactique à l’intérieur
de la balle entourée d’un film plastique étirable qui la comprime et la maintient à l’abri de l’air.
La balle ronde enrubannée se distingue de l’ensilage par une humidité généralement un peu
moins élevée. Elle permet de conserver des fourrages contenant de faibles concentrations en
glucides solubles dans des conditions climatiques peu favorables à un bon fanage. C’est le cas

18
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

en climat tropical humide sans saison sèche marqué ou en altitude, lorsque l’humidité de l’air
est élevée.
L’apport de mélasse permet d’ensiler les fourrages pauvres en glucides solubles mais
n’améliore que très peu la vitesse d’acidification. Il réduit les produits de fermentation
indésirable (ammoniac, acide acétique et butyrique) mais augmente la production d’alcool.
Les caractéristiques des films étirables doivent satisfaire aux conditions particulières
d’ensoleillement et de rayonnement des conditions tropicales et d’altitude. Un film noir tri-
couche de 500 mm de largeur a présenté les meilleures caractéristiques de résistance et
d’étanchéité à long terme.
Les coûts de revient au kg de MS produit sont alourdis en région tropicale par le prix
des matériels très spécialisés qui sont nécessaires. Ils sont très variables selon les temps de
récolte, l’espèce fourragère, les difficultés de séchage et les possibilités d’évolution des
matériels.

1.2.2.1.8 Utilisation des foins


L’utilisation de foins de savane naturelle et de cultures fourragères (Brachiaria
ruziziensis, association de savane et de Stylosanthes) a donné d’excellents résultats dans
certains élevages. Il est impératif de relever que ce foin doit-être correctement produit.

1.2.2.2 L’ensilage
C’est un mode de conservation humide du fourrage fondé sur un abaissement rapide du
pH obtenu par des fermentations maîtrisées en condition anaérobie. La plante mise en silo subit
plusieurs phases de transformation.
Dans une première phase, les enzymes de la plante interviennent dans les processus de
respiration utilisant l’oxygène encore disponible pour l’hydrolyse des glucides solubles et des
protéines.
La deuxième phase est un ensemble de fermentation dont les agents microbiens sont
sélectionnés grâce à l’anaérobiose et à une rapide baisse de pH. Avant que le pH ne descende
en dessous de 4,5 les bactéries coliformes anaérobies facultatives provoque une fermentation
acétique des glucides qui produit beaucoup de gaz carbonique. Ces bactéries dégradent en outre
les protéines en ammoniac et en acide gras volatiles, ce qui n’est pas souhaitable, mais leur
action est brève. La fermentation lactique la plus recherchée est le fait de bactéries spécialisées
peu abondantes dans le fourrage vert mais favorisées par l’anaérobiose et la présence de
glucides solubles. La fermentation lactique est optimale quand la plante contient 10% de

19
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

glucides dans la MS. Elle abaisse le pH en dessous de 4. La fermentation butyrique causée par
des bactéries dont les spores sont dans le sol est accentuée par des souillures de terre ou par un
abaissement trop lent du pH associé à des teneurs moyennes en sucres solubles. Elle dégrade
l'acide lactique déjà produit en acide butyrique et en gaz carbonique et provoque une protéolyse
qui libère de l'acide acétique, de l'ammoniac, et du gaz carbonique. Les acides aminés sont
décarboxylés en amine plus ou moins toxique : histamine, cadaverine, putriscine. La phase de
fermentation s’achève après plusieurs semaines lorsque les substances fermentescibles sont
transformées et le pH stabilisé en dessous de 4.
La troisième phase d’évolution de l’ensilage dite post-fermentation reprend à
l’ouverture du silo. Le contact avec l’air et donc avec l’oxygène, favorise le développement de
levures et de moisissures qui dégradent les sucres résiduels et les acides organique en composés
inconsommables.
L’analyse physico-chimique des ensilages permet de juger de la bonne orientation des
fermentations à dominantes lactique et de leur qualité.

Barème d’appréciation des caractéristiques fermentaires des ensilages. (Demarquilly


1989)
Acide gras volatiles Azote (%N total)
Classes pH
Acétique butyrique Ammoniacal soluble
Excellent <4 20 0 5-7 50
Bon 3,8 20-40 >5 7-10 50-60
Moyen 40-55 >5 10-15 60-65
Mauvais a 55-75 >5 15-20 65-75
Très mauvais 5 > 75 >5 > 20 >75

1.2.2.2.1 Principes
Tant que le silo contient de l’air donc de l’oxygène et que le pH n’est pas trop bas entre
6,5 et 7 à la mise en silo, la plante respire c’est-à-dire transforme le sucre et l’oxygène en gaz
carbonique, eau et chaleur.
Ces sucres étant nécessaires pour le processus de conservation, il est donc essentiel de
limiter la respiration en remplissant rapidement le silo (un ou deux jours) tout en le tassant pour
chasser l’air et en le fermant hermétiquement à l’aide d’une bâche plastique résistante bien
plaquée sur le tas. Il faut éviter un tassement trop important qui freinerait la vitesse de

20
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

remplissage et qui pourrait augmenter les pertes par les jus. Le hachage fin du fourrage et son
pré-séchage éventuel pallient ces inconvénients.
Dans un silo hermétique, l’oxygène est éliminé en moins de dix heures et la température
du fourrage ne s’élève que de quelques degrés.
Les enzymes des cellules végétales sont encore actives après la fauche du fourrage. Leur
activité aboutit à l’hydrolyse des glucides solubles et à la protéolyse des protéines.
Les glucides solubles notamment le saccharose est hydrolysé en glucose et en fructose.
L’amidon n’est pas ou peu utilisé à moins qu’il n’ait été hydrolysé en maltose par l’addition de
malt ou d’amylase.
Les protéines qui représentent 75 à 85% de l’Azote total de la plante, sont dégradées en
acide aminé. Cette protéolyse diminue au fur et à mesure que le pH descend et s’arrête quand
le pH atteint 4. Une descente rapide du pH conserve donc une bonne valeur azotée au fourrage.
Cependant même dans les bons ensilages, la proportion d’azote soluble double et représente de
45 à 55% d’azote total.
Les micro-organismes présents sur le fourrage vert sont en majorité aérobie. Après un
bref développement, ils disparaissent par manque d’oxygène. Une flore spécifique se développe
alors.
Les bactéries coliformes sont les premières à se développer car elles sont anaérobies
facultatives. Elles transforment les sucres en acide acétique et surtout en gaz. Si elles
contribuent à un début d’acidification, c’est avec un très mauvais rendement. Elles ne sont donc
pas très intéressantes d’autant qu’elles s’attaquent aussi aux acides animés pour les transformer
en ammoniac et en acide gras volatiles. Heureusement, leur action s’arrête lorsque le pH
descend au- dessous de 4,5 par suite de l’acidification entraînée par la flore lactique.
Les bactéries lactiques sont très peu nombreuses au départ mais elles sont capables d’un
développement très rapide atteignant 109/g en moins de deux jours quand elles se trouvent dans
de bonnes conditions. C’est-à-dire lorsque l’anaérobiose et la libération de sucres ont été
obtenues rapidement. Là encore la finesse du hachage est importante. Ces bactéries
transforment les sucres en acide lactique, avec un rendement différent suivant qu’elles sont
homo ou hétéro fermentaires.
Si la quantité du sucre est suffisante c’est-à-dire si elle représente au moins 10% de la
MS en coupe direct, le pH descend rapidement un peu en dessous de 4 et toute activité
bactérienne est inhibée y compris celle de la flore lactique. De même l’activité protéolytique
des enzymes de la plante s’arrête. On a donc atteint un état stable permettant une conservation
presque indéfinie du moins en l’absence d’oxygène. En revanche si le pH ne descend pas

21
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

suffisamment bas -cela se produit lorsque la quantité de sucre est insuffisante- ou s’il descend
trop lentement -lorsque l’oxygène est présent trop longtemps dans le silo- les bactéries
butyriques ou clostridies se développent.
Les bactéries butyriques anaérobies sont apportées sous forme de spores par la terre.
Après avoir germées, elles se multiplient si le pH n’est pas suffisamment bas. Suivant l’intensité
des transformations butyrique, la qualité de la conservation est médiocre voire très mauvaise.
Ainsi donc pour que la conservation soit réussie, il est essentiel que l’anaérobiose soit
obtenue rapidement, que la masse ensilée soit suffisamment riche en sucres fermentescibles et
qu’elle ne contienne pas de terre chargée de spores de bactéries butyriques.

22
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

Micro-organismes

+O2 O2 -O2

Bactéries Bactéries Bactéries


aérobies anaérobies anaérobies
strictes facultatives strictes

Métabolisme Bactéries butyriques Bactéries butyriques

homofermentaires hétérofermentaires

Sucres → acide Sucres → acide Sucres → acide Sucres Sucres


acétique acétique lactique Acide lactique
+ CO2 + CO2 Acide lactique
+
+ Acide butyrique
alcool
Acide acétique +
acide → ammoniac
+ + Acide gras volatils
Acides gras alcool Acides aminés
volatils
Conséquences
Ammoniac
+
Acides gras volatils

Gaspillages des sucres Gaspillages des sucres Acidification efficace Intéressant, Perte de matière
Perte de matière sèche Perte de matière sèche Stabilité de l’ensilage mais moins sèche
Peu acidifiant Peu acidifiant acidifiantes Diminution de la
Baisse de la valeur azotée valeur azotée
Baisse de
l’appétibilité
Risque
d’intoxication

Activité des micro-organismes dans un ensilage

1.2.2.2.2. Fermentation à l’ouverture du silo


Les ensilages correctement conservés subissent une nouvelle fermentation ou encore
‘’post-fermentation’’ à l’ouverture du silo. Cette phase post fermentation qui se caractérise par
un échauffement plus ou moins rapide suivant la température de la tranché d’ensilage en contact
avec l’air est provoqué par le développement rapide de levures et de moisissures qu’il convient
de prendre de vitesse par un avancement suffisamment régulier et rapide du front d’attaque du

23
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

silo. Pour cette raison, les dimensions du silo doivent-être adaptées au nombre et à la taille des
animaux.
Les levures sont à la fois aérobies et anaérobies. En milieux anaérobies elles fabriquent
surtout de l’alcool à partir des sucres. En milieu aérobie, elles métabolisent la matière organique
avec un dégagement important de chaleur.
Les moisissures sont des aérobies stricts. La présence de parties moisies à l’ouverture
du silo, indique donc toujours un manque d’étanchéité. En présence de l’air, elles métabolisent
les sucres résiduels et les acides organiques et laissent des résidus inconsommables.
En revanche, les ensilages mal conservés sont très stables à l’ouverture du silo. Les
acides propionique, butyrique, valérique qu’ils contiennent sont en effet antifongiques.

1.2.2.2.3 Conditions nécessaires à la réussite de l’ensilage


En définitive, la réussite de l’ensilage est favorisée par deux types de facteurs :
-.Certains dépendent de l’éleveur : hachage-fin du fourrage, absence de terre, remplissage
et fermeture rapide du silo, herméticité du silo,
- D’autres dépendent de la plante et caractérisent son aptitude à l’ensilage : la teneur en
sucre est de loin la plus importante. Elle doit-être au moins égale à 10 % de la teneur en MS
pour les ensilages en coupe direct.
En ce qui concerne les graminées et les légumineuses tropicales, cette teneur n’est
jamais atteinte puisqu’elle dépasse rarement 5 %.
Deux méthodes sont à la disposition de l’éleveur pour infléchir les fermentations:
- le pré-fanage jusqu’à 35% de MS (haylage) et
- l’usage des conservateurs
Le pré-fanage diminue les fermentations mais préférentiellement, la fermentation
butyrique car celle-ci est d’autant plus sensible au pH que la teneur en MS est élevée. La teneur
en MS doit cependant atteindre 35 % pour que l’inhibition soit complète.
Certains conservateurs ont pour effet de stimuler la fermentation lactique naturelle. Il
faut pour cela ajouter des sucres de la mélasse par exemple de façon à amener la teneur en
sucres totaux, (plantes et mélasse) à 10 % au moins de la MS. Si la quantité de sucres ajoutée
est insuffisante, elle stimule la fermentation butyrique. Le remède est donc pire que mal. Si la
quantité de sucres ajoutée est suffisante, on a souvent intérêt à la coupler avec une addition de
ferments lactiques sélectionnés. En revanche, l’addition des ferments n’améliore en rien la
qualité de conservation si la teneur en sucre est insuffisante car c’est elle qui est alors le facteur
limitant.

24
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

D’autres conservateurs ont pour rôle de pallier l’insuffisance de la fermentation lactique


naturelle. Ainsi, l’addition d’un acide minéral, (acide sulfurique dilué à 40%) ou mieux
organique, (acide formique), fait directement baisser le pH aux alentours de 4,5. La dose d’acide
se situe généralement entre 3 et3,5 l/tonne de fourrage.

1.2.2.2.4 Pertes lors de l’ensilage


Les pertes de MS lors de l’ensilage ont trois origines : les gaz, les jus, et les parties
inconsommables du fourrage.
Les gaz sont issus de la respiration puis des fermentations anaérobies. Ils représentent 5
à 10% de la matière ensilée. La respiration entraîne des pertes de MS et d’énergie équivalente.
Les fermentations anaérobies en revanche, entraînent de faibles pertes d’énergie. Il en résulte
un enrichissement en énergie brute qui est en moyenne de 6 à 7% mais peut varier de 2 à plus
de 15% suivant l’intensité et la nature des fermentations.
Les jus sont produits par les fourrages ensilés à une teneur de MS inférieure à 25%. Un
litre de jus contient entre 60 et 80g de MS.
Les parties moisies et inconsommables sur le dessus et les bords du silo indiquent une
étanchéité insuffisante. Ce sont les seules pertes visibles.
Au total, les pertes sont rarement inférieures à 15% et le plus souvent comprises entre
20 et 25% de la MS ensilée.

1.2.2.2.5 Modification de la composition chimique


En dehors des transformations dues aux fermentations, la composition chimique est peu
modifiée par l’ensilage du moins quand l’analyse est correctement effectuée. L’azote doit-être
dosé sur l’ensilage frais non séché et quand les teneurs sont exprimées sur la base de la teneur
en MS corrigée pour les pertes de produits volatils lors du séchage a l’étuve, notamment
l’ammoniac, les acides gras volatils et les alcools.
Les modifications les plus importantes portent :
- Sur les glucides solubles et les acides organiques, malique et citrique qui disparaissent
et sont remplacés par de l’acide lactique, des acides gras volatiles et des alcools
- Sur des constituants azotés partiellement transformés en ammoniac en acide aminé
libres et en amines.
Tous ces produits de la fermentation sont des indicateurs de la qualité de conservation.

25
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

1.2.2.2.6 Problèmes pratiques de l’ensilage


La réussite de l’ensilage dépend de la qualité du fourrage ensilé et de la qualité de sa
réalisation depuis la fauche jusqu’à sa distribution. La récolte, le transport, et la confection de
l’ensilage requiert du personnel, un matériel adapté souvent important et une très bonne
organisation du chantier. Le personnel doit-être nombreux et disponible 18h/24 organisé en 2
ou 3 équipes bien encadrés afin de remplir puis fermer le silo dans un minimum de temps : deux
jours.
S’il est possible, mais difficile de réaliser des ensilages avec des machettes et beaucoup
de mains d’œuvre dans le petit silo, la mécanisation simplifie le travail et surtout améliore
considérablement la qualité. De bonnes conditions d’ensilage : coupe fine, rapidité de
remplissage du silo, tassement, sont difficilement réunis sans un minimum de mécanisation.
L’ensilage n’a connu son développement dans les pays tempérés qu’avec les ensileuses.
En cas de préfanage, il faut obtenir une décharge rapide après la fauche sans devoir
refaire et défaire les andains. Seules les faucheuses conditionneuses équipées de rouleau
conditionneur réalisent cette opération et fauchent une largeur suffisante pour ne pas avoir à
réunir deux andains.
Pour le transport, l’emploi de remorque de grande capacité est d’autant plus utile que le
débit de l’ensileuse est élevé et que la distance entre le champ et le silo est importante.
Le déchargement est souvent effectué en faisant traverser le silo par les remarques. Dans
le cas du silo-meule, du silo-trancher ou du silo-fosse on utilise alors les remorques basculantes
ou mieux des remorques à vidange par fond mouvant de type épandeur de fumier. Mais ce
matériel est très onéreux, fragile, et immobilisé une grande partie de l’année. Il n’est concevable
que pour les très grandes unités d’embouche ou de production laitière.

1.2.2.2.7 Les temps de travaux


Dix manœuvres peuvent récolter à la main un hectare de maïs soit environ 20 tonnes de
matière brute par jour. Il est à noter que l’augmentation de la puissance des tracteurs et plus
spécialement l’apparition d’ensileuse automotrice à débit important ont considérablement
changé les données du problème. Pour limiter les pertes au maximum, il est souhaitable que le
temps de remplissage ne dépasse pas 48 h. En aucun cas, il ne doit-être supérieur à la semaine
de travail ou comprendre des journées intermédiaires sans chargement.

26
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

1.2.2.2.8 Fermeture et imperméabilité des silos


Pour que l’ensilage se conserve bien, il est primordial qu’il soit bien recouvert et fermé
hermétiquement. La fermeture peut être réalisée de façon très rustique avec simplement la terre
et la paille lorsque les films plastiques ne sont pas disponibles ou sont d’un prix trop élevé.
Pour obtenir un silo plus ou moins étanche avec de la terre deux conditions doivent-être
remplies :
- La terre doit-être suffisamment argileuse pour être imperméable à l’air.
- L’ensilage doit-être réalisé en dehors de la saison des pluies.
Une couche de paille de 5 à 10 cm est disposée sur l’ensilage afin de ne pas souiller le
fourrage. Sur la paille est disposée une couche de terre argileuse mélangée à de la paille,
préparée deux ou trois jour à l’avant. Bien étalée, elle forme une carapace plus ou moins
imperméable. Enfin une nouvelle couche de paille est étalée sur la terre pour éviter un
dessèchement trop rapide de la terre qui en se fissurant ne serait plus du tout imperméable. En
cours de conservation il est recommandé d’arroser périodiquement le dessus du silo ou de
boucher les fentes.
Les pertes ont été mesurées dans un silo-trancher de ce type. Elles représentent
sensiblement 30 % de la MS. Sur près de 10 cm d’épaisseur, sur tout le pourtour, l’ensilage
était inutilisable par les animaux.
Les films plastic sont évidemment plus efficaces et plus faciles à placer. Le film
préalablement disposé est déplié au-dessus du silo dès la fin du remplissage. Le chargement
régulier et suffisant avec de la terre du sable, des vieux pneus etc, est effectuée dans les plus
bref délais.
Les films plastics utilisés pour l’ensilage sont presque exclusivement réalisés en
polyéthylène. Pour donner satisfaction, ils doivent présenter trois qualités principales :
- Une absence de porosité
- Une imperméabilité aux rayons UV
- Une bonne résistance mécanique.
La porosité est due lorsqu’elle existe à un défaut de fabrication mais ne s’observe que
rarement pour des épaisseurs supérieures à 50 microns. Il faut surtout que le film soit
imperméable à l’oxygène. Ce qui est réalisé avec le polyéthylène.
L’imperméabilité aux rayons ‘’UV’’ obtenu par un traitement au noir de carbone est
indispensable pour éviter un vieillissement prématuré du film plastic sous l’action des réactions
photochimiques. La couleur du film est un bon indicateur de qualité. Les bâches noires ou

27
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

blanc-opaque sont bonnes. En revanche, les bâches gris-fumées ou translucides sont a éviter
ayant probablement subi un mauvais traitement ou pas de traitement du tout.
Enfin l’ensilage est une réserve que l’on désire conserver souvent plusieurs mois. Aussi-
est-il nécessaire que la bâche utilisée résiste au mieux durant toute la durée du stockage. La
résistance mécanique dépend avant tout de la qualité de la résine utilisée et non de l'épaisseur.
Il existe des normes de qualité pour les films plastics utilisés pour l’ensilage.

1.2.2.2.9 Fourrages à ensiler


Toutes les graminées et légumineuses qu’elles soient naturelles ou cultivées peuvent-
être ensilées. Néanmoins, la conservation des espèces pauvres en glucide peut nécessiter
l’emploi d’un conservateur ou d’un stimulateur de fermentation lactique. C’est le cas des
légumineuses et des fines graminées.
Maïs : la plante entière de maïs est récoltée lorsque la plante contient au moins 30% de
MS. Déterminer ce stade de maturité est simple : Les spathes commercent à jaunir les feuilles
de la base se dessèchent, les grains sont presque durs et il devient difficile de les écraser avec
l'ongle. Tant que les grains laissent échapper sous la pression des doigts un liquide blanchâtre :
stade laiteux pâteux, le stade de maturité correcte : Stade pâteux-vitreux n’est pas atteint. Pour
être plus précis, on peut déterminer sur des plantes représentatives de l’ensemble, le poids frais
de la plante entière et le poids de grains frais. Si le rapport poids de grains frais au poids frais
de la plante entière est égale à 22,5 au minimum, le maïs est bon à récolter. Récolter avant ce
stade c’est perdre de la MS, conserver de l’eau, compromettre la réussite de l’ensilage, et
provoquer des pertes importantes.
En récolte manuelle, le maïs est coupé à la machette. Les tiges pourvues de leurs épis
sont ensuite rassemblés en petites bottes facilement transportable vers le silo. Elles sont hachées
à la machette sur le bord du silo. Le fourrage est alors tassé avec les pieds ou si possible avec
un tracteur.
Un maïs suffisamment riche en MS haché très fin, se tasse facilement, se conserve bien,
est bien consommé par les animaux et a une bonne digestibilité. La finesse doit-être d’autant
plus recherchée que le taux de MS est élevé. Le fourrage doit-être uniformément étalé sur toute
la surface du silo avant d’être tassé. La fermeture du silo doit-être absolument étanche. Le film
plastic doit déborder les murs pour éviter les infiltrations d’air et d’eau, et il doit-être chargé
d’un matériau suffisamment lourd, comme du sable, pour être étendu sur toute la surface. On
évitera les produits en évolution tels que les fumiers qui peuvent en outre polluer l’ensilage.

28
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

Sorgho : le sorgho répond aux mêmes principes et aux mêmes techniques d’ensilage
que le maïs. Il doit-être récolté lorsque les grains sont dans un état pâteux presque durs. Le
sorgho présente à l’état jeune une toxicité qui disparaît rapidement dans l’ensilage. Il peut donc
être distribué au bétail sans danger. Il existe maintenant des cultivars de sorgho fourrager sucré
spécial destiné à l’ensilage.
Graminées : toutes les graminées fourragères peuvent-être ensilées. Le stade de récoltes
dépend du compromis à trouver entre la qualité et la quantité de fourrages à récolter. Il se situe
vers le début de l’épiaison lorsque l’extrémité des épis apparaît hors de la gaine. Pour les
animaux à gros besoin, si l’on désire un ensilage de très bonne qualité, il est préférable de
récolter à un stade plus précoce. Dans ce cas, un conservateur ou un stimulant de fermentation
lactique peut être nécessaire. Le préfanage à 35% de MS peut-être aussi envisagé.
Légumineuses : le même compromis entre quantité et qualité est à choisir dans une
fourchette comprise entre le début du bourgeonnement et le bourgeonnement selon la
destination de l’ensilage. Pour pallier la faible teneur en sucre des légumineuses tropicales, un
préfanage ou l’utilisation d’un conservateur ou d’un stimulateur de la fermentation lactique
naturelle doivent-être envisagées. Il est souvent intéressant d’associer des légumineuses et des
graminées pour offrir aux animaux un régime bien équilibré. Un mélange de maïs et de soja
est à recommander. Mais il n’est pas toujours facile de récolter les deux plantes simultanément
à leur stade optimal.
Racines et tubercules : les racines et tubercules tels que l’igname, le manioc, la patate
douce ou le taro, très faciles à ensiler, sont employés pour l’embouche. Après broyage, on les
associe dans le silo à une source d’azote constitué généralement d’urée ou de tourteau.
D’autres espèces sont utilisées pour l’ensilage par exemple la banane ou certaines
parties du bananier, l’ananas, la canne à sucre, etc.

1.2.2.2.10 Les additifs à l’ensilage


Certains ensilages notamment ceux des graminées jeunes et surtout de légumineuses,
sont difficiles à conserver. Ils peuvent être améliorés par des conservateurs ou des produits anti-
moisissures. D’autres additifs peuvent en augmenter l’appétibilité donc la consommation ou
corriger des déséquilibres minéraux, azotés ou énergétiques. Ce sont des conditionneurs ou des
correcteurs d’ensilage.

29
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

Conservateurs
Certains fourrages, riches en sucre, ont un faible pouvoir tampon. Il faut donc peu
d’acide pour en abaisser le pH. La diminution du pH est réalisée rapidement par la fermentation
lactique qui transforme les sucres en acide lactique. C’est le cas notamment du maïs et du
sorgho. Avec de tels fourrages, la conservation ne pose pas de problèmes si les conditions de
développement de la flore lactique sont bonnes. C’est-à-dire si les sucres en abondance sont
libérés rapidement et si l’oxygène disparaît rapidement dans le silo. Mais d’autres fourrages ne
disposent pas d’aussi bonnes aptitudes à l’ensilage pour des raisons variées :
- Ils sont pauvres en sucre comme les légumineuses.
- Leur teneur en sucre potentiellement élevée a été abaissée par une fertilisation azotée
élevée (cas par exemple des parcours des graminées où on y ajoute une forte teneur en N,
augmentation de la production : baisse de la teneur en sucre)
- La plante a été récoltée très jeune
- le pouvoir tampon est élevé et ce pouvoir tampon est d’autant plus élevé que le fourrage
est riche en minéraux et en azote.
Pour pallier ces défauts on peut procéder à un préfanage qui diminue la quantité d’acide
lactique et inhibe ainsi la fermentation butyrique ou utiliser un conservateur d’ensilage. Les
conservateurs peuvent-être regroupés en trois types selon leur mode d’action :
- Les produits sucrés
- Les acides
- Les produits bactériostatiques.
- Produits sucrés Les produits sucrés servent de substrat pour la fermentation lactique.
Ils favorisent la production d’acide lactique et donc l’abaissement du pH. On utilise le plus
souvent de la mélasse qui contient 50% de sucres à la dose de 2% de la masse totale pour les
graminées et 4% pour les légumineuses. On peut également employer des céréales moulues
additionnées de malt. Le malt étant destiner à transformer en maltose l’amidon qui n’est pas
utilisable par les ferments lactiques ou de la pulpe sèche qui contient 10% de sucres. L’addition
des sucres ou de produits sucrés est très efficace encore faut-il que les conditions techniques de
réussite de l’ensilage soient respectées.
- Les acides. Les acides abaissent artificiellement le pH du fourrage supprimant ainsi
toute fermentation butyrique. Ce sont de loin les conservateurs les plus efficaces lorsqu’ils sont
utilisés en quantité suffisante ; Dans le passé, la solution la plus utilisée était la solution AIV
mélange d’acide chlorhydrique 7 parts et d’acide sulfurique 1 part à la dose de 10l de mélange
et 60l d’eau/tonne d’herbes. Les ensilages sont très bien conservés mais la manipulation est

30
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

dangereuse. De plus l’ensilage est déminéralisant pour les animaux car l’acide ne peut-être
transformé par l’animal et ces mélanges AIV sont assez mal consommés par les ruminants. Si
les fourrages sont bien lacérés et hachés, on peut cependant employer un acide deux fois moins
concentré.
Les minéraux sont maintenant remplacés par des acides organiques. Plus
particulièrement par l’acide formique, qui a l’avantage d’être catalysé par les ruminants.
L’acide formique à 85% est employé à la dose de 3,5 l/tonne de fourrage vert de graminées et
de 5 l/tonne pour les légumineuses. Il peut-être mélangé aux fourrages sans dilution si l’on
dispose d’un appareil incorporateur monté sur l’ensileuse ou après dilution dans 30 l d’eau par
aspersion au moment du remplissage du silo. L’acide formique agit par son acidité mais il
semble exercer également une action inhibitrice sur la respiration et sur la flore butyrique. Le
pH ne s’abaisse que vers 5 ou 4,5. La fermentation butyrique est alors inhibée quant à la flore
lactique elle peut se développer alors normalement et assurer une excellente conservation du
fourrage.
- Les Bactériostatiques Ils ont pour but d’inhiber sélectivement la fermentation
butyrique ou de restreindre l’ensemble des fermentations. Il existe de nombreux produits
proposés par le commerce mais seul le formol semble intéressant. A la dose de 7l à 35%/tonne
de fourrage vert, il donne des ensilages à pH élevé contenant très peu d’ammoniac et d’acide
butyrique. Les ensilages sont cependant instables. Des moisissures se développent très
rapidement dès l’ouverture du silo. En outre, ces ensilages sentent le formol et pour cette raison
sont mal consommés. Le formol a aussi pour propriété de tanner les protéines ce qui peut leur
conférer un avantage si le tannage leur permet de ne pas être dégradé dans la panse mais un
désavantage si un tannage trop poussé empêche leur digestion dans l’intestin.
Le formol est maintenant employé en petites quantités en association avec des acides,
l’acide formique en particulier. Le mélange permet de diminuer un peu la quantité d’acide à
employer et à l’intérêt de tanner un peu moins les protéines dans la mesure où cependant on ne
dépasse pas 1,5 à 2,5l de formol/tonne d’ensilage.

Anti moisissures
Les produits destinés à l’inhiber les moisissures sont surtout utilisés à la surface des
silos. Les plus courants sont l’acide propionique pur et son mélange avec l’acide formique.

31
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

Conditionneurs
Certains produits ont une forte capacité à absorber l’eau de l’ensilage et donc l’excès
d’humidité. Les céréales et surtout la pulpe sèche son de bons conditionneurs qui absorbent les
jus d’ensilages à raison d’environ 0,8 à 3g d’eau par gramme de MS. Le foin coupé est
également un bon conditionneur.
Les arômes et les autres matières qui augmentent l’appétibilité du fourrage et donc le
niveau d’ingestion peuvent également être classés ici : le sel de cuisine est un des ces produits.

Correcteurs d’ensilage
Les correcteurs d’ensilage ne doivent pas être confondus avec les conservateurs. Ils ont
pour seul but d’apporter les minéraux ou l’azote qui peuvent manquer à certains fourrages. C’est
le cas notamment des mélanges d’urée et de minéraux.

1.2.2.2.11 Utilisation des ensilages


Pour l’utilisation, il faut tenir compte du mode de reprise. Dans le libre service, au silo
par exemple, pour des vaches laitières de race zébus, la hauteur maximale ne peut excéder 1,8m
exceptionnellement 2m avec la technique du front d’attaque éboulée.
Pour les Ndamas la hauteur sera réduite à 1,5m, la largeur sera de 20cm/vache utilisant
le silo. Si le fourrage est distribué à l’auge, la hauteur de reprise est déterminée en fonction des
possibilités des moyens de reprise. Elle est de 2 à 3m voire 4m selon les cas ; En outre il faut
que la tranche quotidienne d’ensilage prélevée recule le front d’attaque d’au moins 0,25 à
0,30m.
Les expériences de WAKWA ont montré cependant que la distribution doit être
effectuée à l’auge ou au râtelier mais pas à même le sol où le gaspillage est très important. Les
animaux qui auront à consommer cet ensilage doivent être habitués à cet aliment avant d’en
avoir réellement besoin. Il faut en effet prévoir une grève de la faim, d’adaptation de 3 jours
devant l’ensilage et il est bien évident que l’on ne peut imposer cela à des animaux épuisés.
L’ensilage est rendu beaucoup plus appétible si on lui ajoute du sel ou de l’eau salée. Comme
le sel n’est absolument pas nécessaire à la réalisation technique de l’ensilage, il est infiniment
préférable de le distribuer au moment de la consommation.
Les besoins quotidiens des animaux dépendent du nombre et du type d’animaux, des
quantités d’ensilage ingérées par jour, liée à la spéculation envisagée et de la durée
d’alimentation prévue. S’il s’agit d’un libre service, il faut se baser sur les quantités maximales
que peut consommer chaque catégorie d’animal. Dans le cas d’une distribution la quantité peut-

32
Valorisation des pâturages et stratégies alimentaires

être moindre. Tout dépend des indications du plan général d’alimentation. En libre service par
exemple une vache laitière de 450kg peut ingérer en plus de la complémentation 30kg d’un bon
ensilage d’herbes soit 1m3 d’ensilage pour 23 jours, ou 6 à 7m3 pour 150 jours durée fréquente
de la période d’alimentation en saison sèche. Les résultats d’utilisation de l’ensilage à base de
plantes fourragères de maïs ou de manioc pour la production laitière ou l’embouche dans
l’Adamaoua camerounais durant la saison sèche montre que les niveaux de productions de
saison de pluies peuvent-être maintenus en saison sèche à condition qu’une complémentation
azotée soit apportée. Il est cependant probable que les coûts de cette alimentation soit prohibitifs
pour une vulgarisation

33
PARTIE 2:
AMELIORATION DES PARCOURS

2.3 Introduction
Les terrains de parcours fournissent une variété des produits à l’homme et aux animaux : aliment,
fibres, eau, faune, activités récréatives, minéraux, bois, nature sauvage... l’amélioration de ses
parcours est donc une nécessité absolue.
L’amélioration des pâturages est un ensemble de mesure et de techniques utilisées par l’homme pour
améliorer les ressources fourragères des parcours et faciliter leur utilisation par les herbivores.
L’amélioration des pâturages doit donc être basé sur un certain nombre de principes écologiques et
particulièrement la compétition et la succession, afin de permettre aux espèces fourragères d’avoir
des avantages certains pour les facteurs écologiques du milieu. Améliorer un pâturage implique donc
la manipulation des facteurs écologiques (climat, sol, végétation) dans le but d’augmenter la
productivité des terrains de parcours (range land).
L’amélioration des pâturages n’est cependant pas indéfinie à cause des raisons économiques et des
contraintes techniques. Lorsque le plafond est atteint, on ne peut plus aller au-delà. Le niveau et la
vitesse d’amélioration des pâturages dépendent de plusieurs facteurs :
 Le type d’écosystème pastoral ;
 L’importance de la dégradation des terrains de parcours ;
 Les fluctuations climatiques ;
 Le programme mis en place pour l’amélioration du pâturage.
Les objectifs visés par l’amélioration des parcours sont :
 Augmenter la quantité de fourrage disponible ;
 Améliorer la qualité des fourrages ;
 Améliorer la production animale ;
 Contrôler les empoisonnements des animaux par les plantes toxiques ;
 Réduire les dégâts causés par les feux de brousse non contrôlés ;
 Augmenter les débits d’eau dans les bassins hydrographiques en remplacent les
espèces ligneuses par les plantes herbacées ;
 Contrôler l’érosion du sol ;
 Réduire les conflits entre les multiples usages des ressources des terrains de parcours
(fourrages, eau, faune sauvage, activités récréatives...)

2.1.1 Les causes de l'invasion des plantes


Un des grands problèmes de la gestion des parcours est l’invasion et l’augmentation de la densité des

34
plantes indésirables (adventices) sur les parcours et la réduction de l’offre fourragère.
Le remplacement des espèces fourragères désirables par des plantes de moindre valeur cause
beaucoup d'inquiétude parmi les propriétaires de ranch et les administrateurs de la terre ; Les
recherches continuent dans le but d’identifier les facteurs responsables de ces changements.
La succession naturelle peut causer une augmentation d'espèces indésirables ; mais, des facteurs
extérieurs associé aux activités de l'homme sont des facteurs majeurs de la plupart des invasions des
plantes. La compétition intensive par les espèces pérennes vigoureuses est un moyen préventif de
lutte contre les invasions des mauvaises herbes.
Les facteurs fondamentaux qui causent ou contribuent à l'augmentation, la propagation et l’invasion
de mauvaises herbes incluent :
 La pâture par le bétail domestique: la réduction de la densité, de la production, du
développement des semences ou de la reproduction végétative des espèces fourragère
désirable peut résulter des pratiques pastorales telles que le surpâturage, le choix de la
mauvaise saison de pâture ou le nombre élevé des animaux sur parcours (charge élevée).
 La réduction des feux de brousse : le feu a joué un rôle majeur dans la préservation de
beaucoup d'arbrisseaux et leur dispersion dans les prairies. Ce rôle est réduit actuellement à
cause des efforts effectués dans le contrôle des feux de brousse et de la réduction des feux
accidentels ou causés par les chasseurs.
 Le transport des graines (semences) par les herbivores : le bétail dissémine les graines à
travers les poils et la laine. Aussi, le bétail domestique est incapable de digérer ou de tuer
toutes les graines des mauvaises herbes qui passent à travers le tractus digestif.
 La dissémination par les petits animaux : les lapins sauvages, les rats, les souris, oiseaux et
les coyotes jouent un rôle important dans la dissémination des graines des mauvaises herbes
à travers la digestion incomplète ou l’attachement des graines sur certaines parties du corps
(plumes, poils, pattes...)
 Les variations climatiques: Les cycles de la sécheresse sont favorables à l’invasion de
plantes indésirables. Une sécheresse prolongée ou sévère peut réduire la végétation herbacée
et favoriser la mise en place des plantes indésirables.
 La culture et abandon subséquent: la destruction de la couverture originale des terrains de
parcours par la culture et l'abandon plus tard sans régénération artificielle l’expose à
l'invasion par les plantes indésirables.
 La dénudation locale: les routes et les voies ferrées, les pistes de la réserve, les régions
industrielles, les emplacements miniers, les fermes et autres régions localement dénudées de
végétation sont envahis par les mauvaises herbes. Les maladies ou insectes des plantes
peuvent aussi partiellement ou complètement détruire la végétation établie sur un terrain de

35
parcours.
 L’augmentation de l’intensité du commerce: L'augmentation des autoroutes, des voies
ferrées et toute autre forme de transport complique les méthodes de prévention du transport
des graines de mauvaise herbe dans les nouvelles régions. Les graines des mauvaises herbes
se sont étendues par le transport des foins, des semences, des engrais et du matériel agricole.
Les techniques utilisées avec succès pour prévenir l’augmentation continue ou l’invasion des espèces
indésirables dépendent largement de la maîtrise de facteurs qui contribuent à ces changements. La
connaissance du cycle de vie, des exigences écologiques, des capacités physiologiques et des moyens
de dispersion est nécessaire pour arrêter l'avancement de chaque mauvaise plante.

2.1.2 Définition de quelques concepts


Adventices ou mauvaises herbes (Weed) : Plante d’origine étrangère ou non qui pousse dans une
culture ou un pâturage sans avoir été semé. Le salissement des prairies est caractérisé par le
nombre d’espèce d’adventices.
Fourrage, plante fourragère (forage, stover) : végétaux servant à alimenter les animaux
domestiques. Ils peuvent provenir des prairies naturelles ou cultivées (culture fourragère) ou
d’arbres et d’arbustes (fourrages ligneux, arbres fourrager). Ce sont surtout des légumineuses
ou des graminées.
- Fourrage vert : fodder
- Fourrage grossier : roughage
Prairie : étendu couverte d’herbage graminéen et parfois légumineuses, naturelle ou artificielle. On
parle de l’infestation des prairies lorsqu’un ou plusieurs facteurs biotiques induisent une
altération du potentiel de la production fourragère d’une prairie. Example : Lorsqu’une prairie
recèle des adventices envahissantes ou quand elle est attaquée par des insectes ravageurs.
Grass land : formation herbeuse dominée par les graminées sans arbres et arbustes
Pasture : formation herbeuse à dominance d’espèces spontanées, qui peut être pâturée sur place ou
fauchée.
Parcours, terrain de parcours (range, grazing land, US rangeland) : lieu très divers à usage
pastoral où chemine des troupeaux.
Grazing land, range land : terrain de parcours : terrains non cultivés pouvant fournir des conditions
favorables à la vie et au développement des ruminants.
Pâturage (grazing, pasture) : surface couverte d’herbe, prairie artificielle ou naturelle, où l’on fait
paître des herbivores.
Gestion des parcours, Range management : est une manipulation d’un ensemble de facteurs du
milieu pour obtenir une combinaison de biens et services de manière durable pour la société.

36
2.4 Contrôle mécanique des plantes sur parcours

2.2.1 Choix de la méthode mécanique de contrôle des adventices.


Le choix de la meilleure méthode de contrôle des adventices dépend de plusieurs facteurs :
- Les caractéristiques des adventices : densité, taille de la tige, vitesse de croissance,
système radiculaire ...
- La topographie du terrain (pente, fossés, marécage...
- La structure du lit de semences ;
- L’état du sol : profondeur, structure, nature, humidité, présences de roches ou de grosses
pierres ;
- Le coût ;
- Les conditions climatiques.

2.4.2 Les types de tracteurs utilisés


On utilise généralement deux types de tracteur :
- Le tracteur à chenilles de puissances très variable pouvant aller de 30 à 250 chevaux,
permettant des efforts de traction de 3 à 30 tonnes.
- Le tracteur à roues : dans ce groupe, on distingue :
 Les tracteurs ordinaires à 4 roues : ils peuvent être porteurs d’engins (bouteurs légers) ou
réservé à la traction (débroussailleuse)
 Les tracteurs spéciaux presque tous du type à selle (le tracteur supporte une part
importante du poids qu’il doit tirer), soit à 2 roues, soit à 4 roues.
En dehors de ces deux types de tracteurs, on peut aussi citer .
- Les motoculteurs ou tracteurs monoaxe : ils diffèrent des tracteurs proprement-dit par sa
puissance nominale (plus employé pour les puissances supérieures à 5 Kw) et par sa
direction qui est assurée par un conducteur marchant à pied ;
- La motohoue : c’est un motoculteur léger sans roues, sur lequel des outils rotatifs servent à
la fois au travail du sol et au déplacement de l’engin. Les motohoue sont de faible
puissance (1.5 à 5 Kw) ;
- La motofaucheuse : elle peut être comparée du point de vue construction à un motoculteur,
mais où l’outil classique normalement monté à l’arrière est remplacé par un outil avant
constitué par une barre de coupe.

37
Utilisation des bulldozers ou bouteurs
Le bulldozer est un matériel de défrichement constitué d’une lame refoulant de hauteur réglable par
système de relevage par câble ou hydraulique.
Le bulldozer peut s’avérer utile dans des pâturages à petites dimensions ne justifiant pas l’acquisition
d’équipements spéciaux. Cependant, le rendement de travail est relativement faible, et il enlève dans
bien de cas la couche arabe du sol.
Le bouteur d’abattage ou treedozer : il est muni d’une base de poussée complétant le bulldozer et
permettant une poussée à environ 3 mètres de hauteur.
La lame forestière en V (Rost plowing) : elle se caractérise par un éperon massif prolongé par deux
bords tranchant échancrés. La lame forestière est idéale pour des gros rendements dans la coupe
d’arbres, de broussailles et de souches au niveau du sol mais ne convient pas pour l’extirpation des
souches et des racines.
Pulvériseur à disque de défrichement. On distingue les pulvériseurs moyens (disque de 71-81 cm
de diamètre) et les pulvériseurs lourds (81 à 91 cm de diamètre, poids du disque 350-450 kg).
Débroussailleuse rotative à axe horizontal. Le rotor horizontal cylindrique est entraîné par la prise
de force et porte des couteaux ou fléaux articulés.
Le Rooter : constitué de plusieurs dents (3 à 5) fixés sur un bâti traîné porte-outil et qui sont de forme
concave vers l’avant et non tranchants. Le rooter permet d’extirper des grosses racines (jusqu’à 1.20m
de profondeur) demeurant dans le sol après l’essouchage ou après l’abattage par poussée.
Défonceuse à lame ou root-cutter : elle est constituée d’une lame coupante horizontale fixée entre
deux dents de rooter, qui sectionne toutes les racines à 30 cm de profondeur. Elle permet de compléter
le travail du rooter.
Ripper : généralement porté, dents plus courtes que le rooter. Utilisé pour défoncer les terrains
rocheux très durs.
Râteau déracineur ou root-rake : (cleaming-dozer) : c’est un gros râteau formé de barres verticale,
fixées à la place du bouclier sur le châssis du bulldozer. Utilisé pour fouiller le sol, sortir les grosses
racines et mettre les arbres abattus en andains. Par son action, il effectue un premier travail de
nivellement. Les dents doivent être amovibles.
Herse à défricher: Bâti en V à l’avant du chenillard, portant des dents verticales inégales. Relevées
au maximum et poussées en saccades alternatives en avant et en arrière, les dents dégagent les racines.
Treuils manuels à cliquet ou à pinces. Permettent un travail rapide (treuil = appareil de levage et
de chargement).
Treuil à moteur sur tracteur à chenille, à roues ou motoculteur.
Râteau défricheur: c’est un bulldozer comportant des dents en bas du bouclier, utilisé pour
l’abattage des arbres, l’extirpation et le dessouchage. Peut être utilisé comme râteau épierreur.

38
Remarque : Le défrichement peut être effectué :
- Par dragage + andainage (chaining or cabling) : deux tracteurs à chenilles de 180- 350ch.
Sont reliés par une chaîne et avancent parallèlement l’un à l’autre à une distance
équivalente au tiers de la longueur de la chaîne ou du câble. Les arbres sont couchés par
la chaîne. (andain: ligne régulière formée par les herbes que la faucheuse coupe et rejette
sur sa gauche).
- Par abatage arbre par arbre + andainage, à l’aide d’outils divers : treuil, lame défricheuse,
lame d’abattage, râteaux, dessoucheur...
- Par abattage partiel : en forêt généralement, l’abattage est pratiqué à la tronçonneuse et à
la machette.

2.5 Contrôle chimique des plantes dans les parcours : désherbage chimique
2.3.1 Avantages
a. Moins cher que la méthode mécanique ;
b. Réduction du travail car l’application d’herbicide demande moins d’une journée par hectare;
c. Les herbicides rendent possible le contrôle des adventices dans des situations où les méthodes
mécaniques sont difficiles: Expie : on ne peut utiliser facilement la méthode mécanique dans
la lutte sur pâturage inondé ou à accès difficile ;
d. Les herbicides réduisent le nombre de labour et de sarclage, ce qui limite le potentiel d’érosion
et la compaction du sol.
e. Les herbicides maintiennent la couverture du sol et permettent de lutter contre l’érosion ;
f. C’est une méthode rapide de contrôle des adventices.
g. Les herbicides rendent possible une mécanisation complète car le labour peut être remplacé
par un herbicide total, le sarclage peut être remplacé par un herbicide sélectif.
h. Les herbicides rendent possible le contrôle des adventices vivaces (pérennes) difficiles à
contrôler avec les méthodes mécaniques.
Ces avantages expliquent l’utilisation fréquente des herbicides sur les pâturages mais on observe
également quelques inconvénients :
a) Les herbicides ne sont pas efficaces contre certaines adventices ;
b) Certaines graminées peuvent être touché par les herbicides ;
c) Le coût du contrôle chimique peut être exorbitant comparait aux potentialités de production
du parcours ;
d) Les herbicides peuvent causer des dégâts aux plantes cultivées (cas de surdosage, mauvais
choix des herbicides...) et aux animaux ;
e) Les herbicides peuvent constituer un danger pour les réserves d’eau et causer des dégâts aux

39
poissons à travers les eaux souterraines et les torrents ou par destruction de la faune aquatique
et création d’une situation d’anaérobiose.
f) Les herbicides peuvent tuer certains arbustes important pour le pâturage.

2.5.2 Classification des herbicides.


Les herbicides peuvent être classés suivant leur spécificité (réaction au niveau de la plante), leur mode
d’action, leur période d’application...

2.5.2.1 Classification suivant leur spécificité :


a) Les herbicides sélectifs qui respectent certaines plantes et détruisent les adventices. Expie :
2,4-D ; atrazine, 2.4.5-T ; palapon ; paraquat...
b) Les herbicides non sélectifs ou totaux qui sont susceptibles de détruire ou d’empêcher le
développement de la végétation avec des persistances d’action variables. Expie : le roumdup,
le paraquat ; l’amitrole ; le diquat...

2.3.2.2 Classification suivant le mode d’action


 Les herbicides de contact qui agissent après pénétration plus ou moins profonde dans les
tissus, sans aucune migration d’un organe à un autre de la plante traitée. Exple : le paraquat,
le diquat. ;
 Les herbicides systémiques qui agissent après pénétration, par migration d’un organe à un
autre dans la plante traitée. Exemple ; le glyphosate, le 2,4-D
 Les herbicides à pénétration foliaire qui appliqués sur le feuillage, pénètrent par les organes
aériens des végétaux (feuilles, pétiole, tiges). Pas utiles en amélioration des pâturages.
 Les herbicides à pénétration racinaires qui s’appliquent sur le sol et pénètrent dans la plante
par les organes souterrains des végétaux (racines, graines, plantules) expie : atrazine ;
bromacil ; diuron...

2.3.2.3 Classification suivant la période d’application


a) Les herbicides de pre-semis utilisés avant le semis ;
b) Les herbicides de post-semis : utilisé aussitôt après le semis
c) Les herbicides de pre-levée avant la levée de la plante considérée
d) Les herbicides de post-levée : après la levée ;
e) Les herbicides de post-levée précoce : avant la levée de la culture, mais après celle des
mauvaises herbes (association d’un herbicide de pre-levée et un herbicide de post-levée.

40
2.3.2.4 Classification suivant la chimie
a) Les herbicides inorganiques : Abandonnés de nos jours à cause de leur faible action. Expie :
sel de cuivre, sodium, chlore ...
b) Les herbicides organiques : Tous les herbicides rencontrés sur le marché sont organiques.
+ Les acides aliphatiques ( exple : le glyphosate, le dalapon)
+ Les acides benzoiques (le 2.3.6-TBA (trichlorobenzoic acid)
+ Les carbamates (Karbutilate
+ les acides phénoxyaliphatiques expie : le 2,4-D ; le 2.4.5-T
+ Les triazine : atrazine
+ le triazole : (amitrate)
+ Les sulfonylurées : prinisulfuron, chlorsulfùron..
+ ammonium quaternaire : le paraquat
+ urées substituées . diuron ; monoron ; fluometuron
+ Uraciles substitués : le Bromacil
+ phénols substitués : dinoseh ou DNBP
+ Les herbicides non classés : le fenac, le pieloran

2.5.3 Choix des herbicides


Pour choisir un herbicide pour l’installation ou l’entretien des cultures fourragères, il faut connaître
l’efficacité des produits vis à vis de la plante à éliminer et leur sélectivité vis à vis des végétaux à
protéger. Il est conseiller avant d’utiliser les herbicides de mener des expérimentations d’efficacité et
de sélectivité. L’efficacité et de sélectivité constituent des critères techniques de lère importance. Il
faut aussi tenir compte de la facilité d’approvisionnement, la facilité d’utilisation, le coût, la toxicité
et l’écotoxicité (impact sur l’environnement agricole) du produit.
Les herbicides utilisés sur les pâturages sont dans leur majorité des herbicides systémiques car
ils doivent être efficaces contre les adventices vivaces.
Du fait que l’application d’herbicides dans ces cultures s’effectuent le plus souvent sur une
végétation en place, qui couvre toute la surface du sol, ces produits doivent être surtout absorbés
par les feuilles.

2.5.4 Application des herbicides


2.5.4.1 Application au sol ou à terre
Avantages :
a- Adapté pour les petites surfaces ;
b- Applicable quel que soit la topographie

41
c- Moins dépendant des facteurs environnementaux tel que le vent ;
d- Pas besoin d’un grand équipement.

2.3.4.2 Application aérienne


Avantages
 Adapté pour une végétation dense ;
 Pas d’action mécanique sur le sol ;
 Coût réduit par hectare ;
 Adapté pour des larges surfaces ;
 Utilisé quelle que soit la topographie ;

2.5.5 Conditions pour réussir une application des herbicides


a. Choisir le bon produit en fonction des adventices à maîtriser,
b. Respecter les doses d’application ; les traitements ne sont pas toujours réalisés régulièrement
en ligne, ce qui crée des zones où le produit est sous-dosé (inefficace) et des zones où le
produit est surdosé (phytotoxique) ;
c. Intervenir au moment préconisé : expie : les produit de pré-levée ne doivent pas être utilisé
sur les plantes déjà levées ;
d. Utiliser des appareils adaptés aux pulvérisations d’herbicides, équipés de buses à jet plat
(buses pinceau ou miroir)
e. Vérifier régulièrement l’étalonnage des appareils afin de corriger les défauts (usures des
buses) ou les défaillances des opérateurs ;
f. Préparer convenablement la bouillie afin d’éviter le bouchage des buses. Il est indispensable
d’employer une eau de bonne qualité, d’utiliser un filtre et de s’assurer de l’homogénéité du
mélange.
g. Bien maîtriser la technique d’application : la répartition sur la surface traitée doit être
parfaitement homogène, ce qui impose la régularité du débit de l’appareil et de la vitesse
d’avancement ;
h. Ne pas négliger les précautions d’emploi et les risques de toxicité ;
i. Eviter le contact prolongé des herbicides avec la peau, les yeux ou la bouche.

2.5.6 La sélectivité des herbicides et les caractéristiques de la plante.


La sélectivité d’un herbicide est le résultat d’une intoxication et d’un dysfonctionnement d’une
fonction vital de la plante dû à l’action de l’herbicide mais qui n’affecte pas une autre plante présente
sur le même site. La sélectivité d’un herbicide est relative et dépend de la présence et de l’effectivité

42
des barrières qui empêchent l’action de ces herbicides. Ces barrières peuvent empêcher ou réduiront
l’action des herbicides dans les cas suivants :
- Exploitation de la surface de contact de la plante par l’herbicide ;
- La pénétration dans la plante ;
- La migration vers le site sensible à l’action toxique de l’herbicide
- Le disfonctionnement des fonctions vitales.
* La pénétration de l’herbicide : l’absorption foliaire des herbicides est plus rapide quand les stomates
sont ouverts, les hydathodes, les lenticelles et les fissures naturelles sont ouvertes ou quand on a des
imperfections de la cuticule. Les facteurs qui influencent la pénétration des herbicides dans la plante
sont:
- La taille et la forme des feuilles ;
- La densité des stomates sur les feuilles ;
- L’orientation de la feuille qui doit être horizontale) ;
- La forme de la cime ;
- La localisation des méristèmes apicaux ;
Le bilan hydrique
- le développement et l’aspect de la cuticule
* La migration de l’herbicide dans la plante : les facteurs qui influencent la migration de d’un
herbicide dans la plante sont :
- Les différences physiologiques : différentes espèces ont différents systèmes enzymatiques,
différents constituants chimiques au niveau des tissus et des caractéristiques cellulaires
différents. Les plantes peuvent avoir une barrière chimique ou biophysique à la
translocation.
- La phase de croissance : elle varie en fonction des espèces
- L’âge de la plante : les plantules sont plus sensibles aux herbicides que les plantes âgées ;
- Les dommages au niveau des feuilles : les feuilles endommagées par les insectes, le froid
ou par la pâture sont plus sensibles aux herbicides

2.5.7 Action des facteurs environnementaux sur inapplication des herbicides


a. Humidité du sol : empêche la pénétration des herbicides dans la plante ;
b. Les caractéristiques du sol : la croissance rapide associée à la fertilité, une bonne texture et
une bonne structure du sol augmentent l’action des herbicides ;
c. La pluie : la pluie qui tombe 4 heures ou plus après le traitement réduit l’action de
l’herbicide;
d. La température : Une faible température tend à réduire l’activité des herbicides. Une

43
température de 70°F (21.1°C) à 85°F (29.4°C) favorise l’action des herbicides.
e. L’humidité de l’air : une forte humidité relative augmente l’efficacité des herbicides en
réduisant le stress hydrique des plantes, en favorisant l’ouverture des stomates, en
augmentant l’hydratation et la perméabilité des feuilles aux substances polaires ;
f. Le vent : le vent rend le traitement irrégulier et peut transporter l’herbicide vers les autres
plantes protégées.
g. La lumière : la lumière améliore la pénétration des herbicides en stimulant l’ouverture des
stomates et en accentuant la photosynthèse et la migration dans la plante.

2.5.8 Le suivi ou l’entretien


L’éradication d’une grande surface des plantes indésirables sur un terrain de parcours par les
herbicides est rarement possible. La surface traitée par les herbicides tend à se réinfecter par
germination des souches, par la levée des graines présentes dans le sol ou transportées par les animaux
sauvages ou par le bétail ou encore par les plantules issues des plantes non atteintes par le traitement.
Sur un parcours qui a reçu un contrôle mécanique ou chimique, la méthode d’entretien recommandée
se fait en plusieurs étapes :
- Retirer ou enlever les plantes qui ont échappé au traitement initial ;
- Enlever les plantes isolées qui ont envahi le terrain de parcours après le traitement ;
- Différer la pâture pendant la lère saison de croissance et de manière périodique après cette
saison;
- Eviter une surpâture des graminées ;
- Eviter le déplacement des animaux en provenance des zones infestées
- Eliminer les espèces indésirables provenant des semences murs disséminées sur le parcours
;
- Contrôler régulièrement les adventices pendant plusieurs saisons
- On peut également utiliser les feux de brousse contrôlés ou la pâture par les chèvre («
goating») pour contrôler les adventices.

2.6 Amélioration des pâturages par le feu de brousse

2.5.1 Rôle du feu sur un parcours


a. Agit comme un herbicide total car tue ou supprime tous les végétaux ;
b. Permet de contrôler un certain nombre de maladie et des insectes ;
c. Permet une couverture rapide du sol ;
d. Assure un équilibre entre strate herbacée et ligneuse...

44
2.5.2 Inconvénients des feux de brousse
- Destruction non sélective des végétaux ;
- Modification profonde du biotope ;
- Destruction de la couche superficielle de la matière organique du sol ;
- Le feu peut devenir incontrôlable et causer des dégâts sur d’autres parcours ou sur des
champs cultivés
- Le feu est sans effet sur les graines enfouis dans le sol.

2.5.3 Les objectifs visés par les feux de brousse


a. Tuer ou supprimer les mauvaises herbes ;
b. Prévenir l’invasion des espèces inférieures (microflore, insectes...
c. Augmenter la production fourragère et la capacité de charge des pâturages ;
d. Augmenter la palatabiîité des fourrages par le nettoyage des vieux chaumes, des refus des
graminées et des herbes diverses inappétées.
e. Améliorer l’accès et la disponibilité des fourrages pour les animaux herbivores ;
f. Donner un accès à la chasse et faciliter les mouvements des hommes et des machines ;
g. Libérer les éléments nutritifs dans le sol pour les plantes ;
h. Augmenter provisoirement la composition chimique des fourrages notamment en protéines et
en phosphore ;
i. Réduire la consommation d’eau par la plante ;
j. Réduire l’incidence ou l’effet des insectes et des maladies fongiques ;
k. Préparer le lit de semis ;
l. Réduire temporairement les débris et les végétaux qui interceptent les précipitations.

2.5.4 Technique d’utilisation du feu (brûlage)


2.4.4.1 Préparation de la mise à feu
- Limiter la surface à brûler ;
- Préparer les pare-feu (fire-control lines)
- Préparer le carburant ou l’essence si c’est nécessaire.

2.4.4.2 Les types de feu


- Le feu précoce : il peut se justifier sur gravillon et végétation herbacée peu abondante. 11
permet d’augmenter les surfaces pâturables en saison sèche. 11 doit être prohibé si l’on
recherche une charge élevée et le contrôle de l’embuissonnement

45
- Le feu de pleine saison sèche : utilisé sur parcelle non pâturée préalablement, assure un
équilibre entre les strates herbacées et ligneuses, mais les repousses herbacées sont
réduites et ce type de feu doit être proscrit des programmes d’exploitation. Cependant, ce
type de feu caractérise le feu accidentel le plus fréquent et le plus difficile à stopper.
- Le feu tardif : allumé au début des pluies et le feu différé allumé après 50 mm de pluie.
Ce sont des feux de nettoyage des vieux chaumes, des refus de graminées et des herbes
diverses inappétées. Ils détruisent les jeunes pousses et jeunes feuilles d’arbres et
contrôlent ainsi l’expansion des ligneux. Ils retardent par ailleurs la repousse des
graminées et facilitent une mise sous pâture tardive de la parcelle. Ils sont par ailleurs
faciles à contrôler et entrent le plus souvent dans les programmes d’exploitation améliorée
des savanes guinéennes.
- Le feu de contre-saison : allumé pendant la petite saison sèche (sur pâturage guinéen), et
nécessite souvent la présence des pailles de l’année précédente comme combustible. Ce
feu est utilisable sur sols profonds pour nettoyer une parcelle en défens et la préparer à la
pâture pour la grande saison sèche. Il détruit toutes les jeunes pousses des ligneux et
contrôle efficacement l’embrouissaillement.

2.4.4.3 Les dispositions à prendre avant et après le feu de brousse


On doit conduire le feu tôt le matin ou tard le soir en absence complète du vent et on conseille
d’informer les sapeurs-pompiers de la localité avant de mettre le feu.
L’utilisation des feux contrôlés pour l’amélioration des pâturages doit être suivie d’un système de
pâture approprié mais le meilleur système pastoral dépend de la topographie du terrain de parcours,
de la nature de la végétation locale et du type de sol, des espèces et des types d’animaux présents et
des objectifs recherchés par la mise à feu.
Le bétail est généralement concentré sur des zones récemment brûlées à cause probablement de la
disponibilité et de la palatabilité des fourrages présents sur ces zones. Les dispositions à prendre après
un feu de brousse sont :
- La protection de la zone brûlée contre les sabots du bétail (effet sabot) pendant au moins
les premières pluies ;
- La protection de la zone brûlée contre la pâture pendant une année entière ;
- La pâture moyenne ou légère et rationnelle pendant la 2eme année.

2.5.5 Effet du feu sur le sol


 Effet sur l’humus et la paille : le feu enlève toute ou une partie de la paille sur le sol mais
l’humus n’est pas généralement très touché.

46
 Effet sur la composition chimique du sol : le feu libère les minéraux et augmente la réserve
nutritive des plantes à la surface du sol. On observe une augmentation du PH du sol, du
phosphore total, des bases échangeables tel que le calcium et le potassium et des sels solubles
dans le sol.
 Effet sur l’humidité du sol : l’effet du brûlis sur l’humidité du sol est variable mais résulte
généralement d’une augmentation de la température du sol, de l’évaporation et une réduction
de l’infiltration de l’eau du sol après la pluie.
 Effet du feu sur la température du sol : pendant le brûlis et quelques heures après, la
température de la surface du sol augmente.
 Effet du feu sur l’érosion du sol : l’érosion du sol varie en fonction des types de sol et de la
végétation brûlée.

2.6 Contrôle manuel et biologique des plantes sur les parcours

2.5.1 Contrôle manuel : le désherbage manuel


La méthode manuelle de contrôle des adventices a l’inconvénient d’être lente, normalement adaptée
aux petites surfaces et coûteuse. Cependant, la méthode manuelle de contrôle peut être pratiquée dans
des formations végétales dominées par les plantes herbeuses, pour l’entretien des zones libres ou
claires, pour lutter contre la ré-invasion ou pour éliminer un nombre limité des plantes indésirables.
Cette méthode utilise des simples outils tels que : la scie, la hache, la pelle, la machette ... accessibles,
moins chers, simple à utiliser et facile à réparer. Cependant, le coût du travail est très élevé. Les
machines susceptibles d’être utiliser pour le contrôle manuel incluent : les tronçonneuses, les
faucheuses et les écorceurs.
En zone tropicale, la méthode de lutte la plus répandue contre les mauvaises herbes reste le
sarclage manuel à la houe ou la machette. Techniquement simple, cette opération doit néanmoins
respecter certaines contraintes :
1) Lorsqu’il est réalisé trop tard, les mauvaises herbes ont déjà exercé une forte concurrence sur
la culture ou le fourrage ;
2) Si le sol est humide au moment de sarclage, de nombreuses espèces ne se dessèchent pas et
parviennent à repousser ;
3) Le désherbage manuel est parfois délicat quand l’espèce adventice se confond avec le fourrage
à protéger.
4) Le sarclage manuel demande entre 10 et 20 jours de travail par Ha en zone de savane ;
5) Le sarclage manuel est une activité très pénible et la main d’œuvre n’est souvent pas
disponible.

47
Les avantages de cette méthode sont :
 Coût bas ;
 Adaptée pour les surfaces réduites ;
 Utilisé quelle que soit la topographie du parcours ;
 Très utile en culture associée
Les différentes méthodes de contrôle manuel des adventices sont :
- Le dessouchage
- La fauche
- L’écorçage (« girdling »)

2.5.1.1 Le dessouchage
Le dessouchage consiste à enlever ou à déterrer manuellement les mauvaises herbes avec tout son
système racinaire afin de prévenir la repousse. Le dessouchage se fait à la houe, à la hache ou à la
houe combinée à la hache. Les haches peuvent être utilisées pour couper les plantes âgées ou pour le
dessouchage. Cette méthode utilisant la houe et la hache a été démontrée comme étant la plus efficace
et la moins coûteuse surtout lorsque les plantes sont petites et espacées. Le dessouchage manuel
nécessite un temps de travail assez long. Seul les plantes ayant un diamètre d’environ 76.20 Cm ou
moins peuvent être considérées comme dessouchable. Cependant, si dans une zone, quelques plantes
seulement excèdent ce diamètre, elles doivent aussi être dessouchées. Le dessouchage à la houe peut
être utilisé très tôt le matin pour éliminer les plantes épineuses. Ces dernières sont efficacement
détruites quand la racine principale est coupée à 5.08 -10.16 cm au-dessus de la surface du sol. La
plante ainsi coupée est entassée et traité aux produits chimiques pour éviter le ré enracinement.

2.5.1.2 La fauche manuelle


Il s’agit de couper la plante au-dessus de la surface racinaire c’est-à-dire tailler les tiges des adventices
y compris les feuilles. La fauche des espèces susceptibles de repousser doit être suivie d’autres
traitements tels que : l’utilisation des produits chimiques ou la pâture si ces plantes sont à détruire.
La tige des petites plantes peut être coupée en utilisant la machette et le crochet. La hache ou la
tronçonneuse est efficace pour nettoyer les petites zones.
La fauche présente quelques avantages :
- Elle est hautement sélective ;
- Elle cause peu de dégâts ;
- Elle peut se faire à toute saison.
Cette méthode est moins utilisée de nos jours à cause du fort coût de la main d’œuvre.

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2.5.1.3 L’écorçage
Il consiste à enlever complètement les tissus de l’écorce et du xylème externe autour de l’arbre. Cette
méthode est régulièrement utilisée en forêt et dans les zones boisées, pour les grands arbres parce que
les petits arbres sont plus aptes à la repousse. Mais toutes les espèces boisées ne sont pas directement
détruites par l’écorçage.
L’écorçage peut se faire manuellement à l’aide d’une hache ou d’une scie. Elle peut également se
faire mécaniquement grâce aux écorceurs puissants. Cette méthode peut être plus efficace contre la
repousse des espèces envahissantes, mieux que la fauche parce que l’écorçage inhibe la migration des
hydrates de carbone cers les racines, mais permet une plus grande perte de réserves racinaires que la
fauche. Bien que l’écorçage soit plus efficace et plus fréquemment appliqué, plusieurs études en zone
tempérées ont montré que le traitement pendant le printemps et l’été est légèrement plus efficace que
pendant l’hiver pour les espèces boisées dures.

2.6.2 Le contrôle biologique


Le contrôle biologique est l’utilisation par l’homme des organismes vivants pour entraver, réduire ou
éliminer les dommages causés à ses propriétés ou à lui-même par d’autres organismes vivants.
L’objectif fondamental est donc de modifier en notre faveur et au dépend des adventices l’équilibre
existant dans nos parcours. On peut ainsi modifier les conditions du milieu (luminosité, ombre...)
pour entraver le développement des adventices ou utiliser des maladies et prédateurs des adventices
pour luttes contre ces derniers.

2.5.2.1 Contrôle biologique par la pâture


Cette méthode est basée sur une pâture sélective. Elle permet d’augmenter la capacité de charge des
pâturages en mettant sur les terrains de parcours des espèces animales de préférences alimentaires
différentes dans le but de récolter uniformément toutes les plantes fourragères disponibles. Cette
méthode est effective quand la meilleure combinaison «herbivores - saison de pâture - système de
pâture, et capacité de charge » aboutit à la pâture des plantes indésirables ou peu désirables dans une
compétition avantageuse pour la plante fourragère.

A) La pâture sélective par les animaux d’élevage


En ce qui concerne la pâture sélective par les animaux, on a bien démontré que les différentes espèces
des herbivores ont des préférences alimentaires différentes. C’est ainsi que :
 Les bovins consomment non seulement les herbes mais aussi certains arbustes qu’ils trouvent
appétible.
 Les ovins consomment des arbres de moins de 50 cm, plus élevés que les graminées, certains

49
arbustes et certaines herbes souvent peu appréciées par les bovins.
 La chèvre et la biche utilisent ou consomment une gamme variée de ligneux appétables
(browse) on constate que beaucoup d’arbustes sont consommés par la biche et ne le sont pas
par les bovins.
En régions tempérées, il a été démontré que l’utilisation des bovins, moutons et biches dans un terrain
de parcours réduit les plantes toxiques aux bovins et non toxiques aux moutons et à la biche et donc
que la présence de cette espèce dans un parcours est indicatrice de sa capacité à contenir les herbivores
autres que les bovins. Il est donc plus avantageux de mettre en pâture les bovins dans un parcours
contrôlé au préalable par les biches.

B) Contrôle des parcours par les chèvres


Le contrôle le plus efficace des plantes des parcours boisés ou ligneux par les animaux de pâturage a
été fait avec les chèvres. En effet, la chèvre a une tendance à brouter une gamme variée de végétaux
et ceci peut constituer un facteur potentiel dans le contrôle des ligneux fourragers. Il a été démontré
que l’adaptabilité des chèvres aux conditions rudes a été phénoménale et que la chèvre peut subsister
dans un parcours après passage d’autres animaux de pâturage. La défoliation continue des espèces
ligneuses par les chèvres a été utilisée soit pour contrôler la croissance de ces plantes, soit pour les
éliminer. La chèvre peut se débrouiller avec des variétés alimentaires alternatives. En effet, lorsque
les arbustes disponibles sont inappétables, les chèvres peuvent subsister en modifiant leur
comportement alimentaire. La fauche augmente souvent l’accessibilité des plantes ligneuses
nécessaires à l’alimentation des chèvres. Il a été démontré que la pâture rapide par un grand nombre
de chèvre (5-8 chèvres/0,4 ha) pendant une période de 30 jours est efficace pour contrôler la repousse.
La pâture doit se faire sur les points de défoliation des feuilles des arbustes afin de s’assurer que les
fourrages préférés ne soient pas excessivement broutés. Le contrôle des ligneux fourragers se fait en
3 ans de défoliation intensive.
Les chèvres ont été introduites dans plusieurs parcours en région tempérées (au Texas), non seulement
pour contrôler les ligneux fourragers, mais aussi pour accroître le rendement ou la rentabilité du
terrain de parcours.
Le contrôle des parcours par les chèvres pose plusieurs problèmes de gestion. On peut citer entre
autres :
- La nécessité des chèvres spéciales ;
- La nécessité des bergeries et des clôtures pour protéger les animaux contre les intempéries
et les prédateurs ;
- L’intoxication des animaux par les plantes épineuses.
La chèvre casse les branches d’arbres par la pâture et il en résulte de nouvelles pousses accessibles,

50
palatable et nutritives pour les bovins.

C) La pâture sélective par la biche


La pâture sélective par la biche peut entraîner la réduction ou la limitation des compétitions avec les
bovins. Ainsi, là où plusieurs arbustes sont palatables par les biches et non par les bovins, les biches
pâturent sur le parcours en consommant ces espèces, jouant un rôle de contrôle.

2.5.2.2 Contrôle biologique par les insectes


Le contrôle biologique des adventices par les insectes utilise la relation existant entre la plante hôte
ou désirable et les insectes. Phytophages des mauvaises herbes afin de réduire la population de ces
dernières. Avant l’introduction des insectes, il est nécessaire de procéder à une étude des plantes sur
les terrains de parcours et les différents ennemis de ses plantes. Les caractéristiques des insectes à
utiliser pour la lutte biologique sont :
a) Etre très destructive vis à vis des adventices ;
b) Etre spécifiques c’est à dire ne s’attaquer qu’à l’adventice sans toucher la plante désirable
(plante fourragère) ;
c) Etre capable de survivre sur le terrain de parcours concerné ;
d) Ne pas avoir des parasites de ces insectes sur le terrain de parcours ;
e) Ne pas développer des nouveaux parasites dans l’habitat de la plante hôte.
Pour la bonne réussite de la méthode biologique de contrôle par les insectes, les adventices doivent
être identifiés dans un terrain de parcours donné, on doit identifier également les prédateurs naturels
ou potentiels, ces prédateurs doivent être multipliés et introduits dans les conditions favorables pour
l’établissement de leur nouvel habitat.
Le but du contrôle biologique par les insectes n’est pas d’éradiquer les adventices mais de les réduire
à un niveau acceptable. L’introduction de l’insecte peut contribuer à détruire la plante soit directement
par destruction de ses parties vitales, soit indirectement par la création d’un environnement favorable
à une infection par d’autres agents pathogènes ou par l’élimination des avantages compétitifs que
possède la plante dans son environnement.
On observe actuellement une réduction dans l’utilisation de la méthode biologique par les insectes
car les points de vue divergent très souvent dans l’acceptation qu’une plante est indésirable ou non et
en plus les risques d’attaque des autres plantes par ces insectes sont généralement très grands
comparés aux chances de succès.
Exple/ Syed (1977) observe que Pareuchaete pseudoinsulata est un lépidoptère dont les chenilles se
nourrissent des feuilles de quelques espèces de chromolaene (Chromolaena odorata). Ces insectes
ont été introduits dans certains pays pour lutter contre Chromolaena odorata mais leur adaptation a

51
été difficile.

2.7 Amélioration des pâturages par ensemencement

2.6.1 Les causes de l’échec de l’ensemencement sur les terrains de parcours


Les échecs de l’ensemencement sur les parcours sont dus à plusieurs facteurs qui peuvent agir seul
ou en combinaison :
a) Facteurs liés à la germination des semences : mauvaise qualité des semences, dormance
des semences, température peu favorable à la germination, humidité du sol insuffisant,
oxygène du sol insuffisant, forte salinité du sol, destruction des semences par les rongeurs
et les oiseaux, faible couverture du sol ;
b) Facteurs liés à la levée de la plantule : semis trop profond, sol trop dur, érosion éolienne
et hydrique, dommages causés par des rongeurs et les insectes, mauvaise qualité des
semences ;
c) Facteurs liés à la mise en place des plantules : sécheresse, compétition avec les adventices
et les autres plantes, l’infertilité du sol, les dommages causés par les insectes, les maladies
et les rongeurs, l’action du vent et du froid, le mauvais drainage du sol, la forte
température, l’érosion éolienne et hydrique… ;
La recherche attribue les difficultés de mise en place des graminées en zone semi-aride aux facteurs
suivants :
- Insuffisance de l’humidité ou de l’eau ;
- Forte température ;
- Forte évaporation du sol ;
- Dommages causés par le vent sur les plantules ;
- Faible croissance de la plantule

2.6.2 Préparation du lit de semences (seedbet)


La confection du lit de semence (10cm au maximum) est une étape clés pour la réussite d’une
implantation de prairie dense, homogène et durable. Plusieurs méthodes sont utilisées avec succès
pour la préparation des lits de semence. Le choix de la meilleure méthode dépend du type et de la
qualité de la végétation présente sur le sol, de la situation du sol (sensibilité à l’érosion éolienne ou
hydrique, la pente, la salinité, la présence des pierres, la texture et la profondeur du sol...), de
l’accessibilité au parcours et des coûts.
Les différentes méthodes utilisées sont :
a. La préparation mécanique du lit de semence ;

52
b. La préparation du lit de semence par le feu de brousse ;
c. La préparation chimique du lit de semence par utilisation des herbicides.
Les étapes de la méthode mécanique de préparation du lit de semences sont :
- Le labour : il permet d’éliminer les vides, d’éclater les semelles ou les lissages laissés par
le passage des outils précédant et de produire un peu de terre fine favorable à
l’enracinement. On peut utiliser des outils à dents cultivateurs, des pulvériseurs à disques
ou des cultivateurs rotatifs dépendant des types de sol ;
- L’affinage de surface : cette opération consiste à créer un environnement physique
favorable pour les graines fourragères qui sont souvent très petits. Les graines doivent être
en contact étroit avec la terre fine pour réaliser les échanges thermiques, hydriques et les
échanges d’air nécessaires à leur germination. L’affinage peut être réalisé par différent
type d’outil : les pulvériseurs à disques, les cultivateurs légers, les vibroculteurs, les
herses...
- Le tassement du lit de semences : le lit de semence doit être suffisamment tassé pour
assurer une alimentation hydrique régulière aux plantes par remontée capillaire. Pour
réaliser cette opération, on peut utiliser les herses, les rouleaux à disques étroits, les
rouleaux cultitasseurs...
Les avantages de la préparation des lits de semences par les herbicides comparés à la méthode
mécanique sont :
- Permet un semis ferme pour un meilleur établissement de l’herbe.
- Bon contrôle de l'érosion car la paille et la litière qui sont restées en place.
- Peut être utilisé sur terre trop rocheuse, escarpé ou abrupt, érosif difficile pour un
traitement mécanique.
- N'inverse pas le profil du sol
- Fournir un moyen pour éliminer les plantes indésirables de façon sélective quand une
plante fourragère native est présente sur le terrain de parcours.
- Évite la plupart du sol qui encroûte et réduit ainsi la levée ;
- conserve l'humidité et l'azote du sol ;
- Améliore la pénétration de l'humidité et la rétention d’eau par la couverture du sol par la
paille;
- Protège des plantes herbacées au moyen des broussailles tuées par les herbicides.
- Permet un ensemencent d'un champ entier sur un sol érosif. ;
- Peut être moins cher que la préparation mécanique.

53
2.6.7 L’implantation
L’implantation peut se faire par semis, par bouturage ou par éclats de souches.

2.6.7.1 Implantation par semis


a. Le pouvoir de germination des semences
Le pouvoir germinatif des graminées et des légumineuses tropicales st très variable et dépend de
l’origine des semences ou des raisons de la dormance. On effectue généralement un test de
germination afin de déterminer le pouvoir germinatif Certaines semences nécessitent une imbibition
ou une scarification préalable avant d’être soumis au test de germination : c’est le cas du genre Cetaria
et de nombreuses légumineuses.
Les graminées tempérées sont certifiées. Leur pouvoir germinatif est donc plus régulier. Il peut
cependant être altéré dans les pays tropicaux d’altitude par le stockage en milieu chaux et humide.

b. Les différents modes de semis


- Semis à la volée : Il est réalisé par des épandeurs d’engrais à assiette ou à bras pendulaire.
Le semoir épand les grains de façon plus ou moins régulière sur toute la surface du sol. Il
faut souvent mélanger les graines avec du sable pour obtenir une plus grande masse à
distribuer et améliorer ainsi la répartition. Les semences ont cependant tendance à se
séparer par différence de densité sous l’effet des vibrations du tracteur. La répartition est
souvent médiocre et impose de surdoser l’apport des semences car celles-ci mal
recouvertes sont abîmées par le soleil et appréciées par les oiseaux.
- Semis en nappe : il est réalisé par un semoir en ligne monté sur un cultivateur léger, un
cultivateur rotatif, un gibroculteur ou une herze. Les semences tombent directement dans
les organes de travail de l’outil utilisé. La répartition est généralement bonne selon les
réglages du semoir, mais l’enfouissement est intermédiaire entre ceux d’un semis à la
volée et d’un semis en ligne.
- Semis en ligne : le semoir en ligne a deux fonctions : Distribuer régulièrement les
semences en fonction de l’avancement et classer les graines dans le lit de semences grâce
à des sabots ou à des disques. Ces organes d’enterrage conviennent à un léger travail du
sol et à un tassement du lit de semences. Pour les semences fourragères, cette technique
est optimale. La dose de semence est réduite, la levée régulière, le peuplement végétal
homogène. Cependant, les organes d’enterrement sont parfois fragiles face au pierres, aux
souches ou au débris végétaux.
- Semis manuel : on sème à la main sur de petites surfaces ou lorsqu’on ne peut disposer de
l’équipement nécessaire. Le semis peut s’effectuer à la volée, dans ce cas, il est sage de

54
renforcer les doses de semences habituellement préconisées car la répartition est
irrégulière. Cela représente un travail d’environ une journée par hectare. Mais, le
désherbage à la houe est ensuite impossible. Il est préférable de semer en ligne en
respectant les écartements préconisés pour les semis motorisés et dans ce cas, le
désherbage manuel à la houe devient possible.
- Semis en culture attelée : Sur terre propre et bien préparée, le semis est réalisable en culture
attelée avec les semoirs utilisés pour d’autres cultures ayant des graines de tailles
comparables. Cette technique est utilisée pour semer des plantes fourragères à grosses
graines. Elle est moins facile à pratiquer pour les espèces à petites graines comme la
plupart des graminées et l’on devra veiller à adapter l’outil et à faire des réglages
nécessaires.

c. Le choix du mode de semis


Pour une amélioration des parcours, un semis à la volée suivi d’un piétinement par les animaux peut
s’avérer suffisant en milieu humide pour favoriser la pousse des graminées plus productives. Dans le
cas d’une création des prairies temporaires ou pérennes, un travail du sol conduisant à un lit de
semence peut s’avérer indispensable.
Le taux de germination des graines doit être vérifié. Les doses de semis varient avec la taille des
graines: 4 kg/ha pour Stylosanthes, plus de 20 kg/ha pour Vigna unguiculata et moins de 1 kg /ha
pour Panicum maximum. Toutes ces valeurs correspondant à un taux de germination de 100%
Les doses varient aussi avec le mode de semis choisi : sur un terrain nu mais bien préparé, les doses
doivent être deux fois plus élevées si les graines sont semées à la volée que si elles sont semées en
ligne.

2.6.7.2 Implantation par bouturage


i- Bouturage des tiges
Le bouturage est une technique permettant de couper les tiges à trois ou quatre nœuds de longueur et
de les implanter directement en terre, à écartement variable en fonction des espèces, avec une
inclinaison de 30° et un seul nœud sortant du sol. Les plantes concernées ont des tiges suffisamment
longues ou grosses pour disposer une fois séparée de la plante mère et plantées au sol, des réserves
qui permettront la production des racines ou de nouvelles thalles à partir des nœuds. Cette technique
est bien adaptée à des plantes telles que Brachiaria mutica, Cynodon, Pennisetum purpureum ou
Trypsacum laxum, qui ne produisent pas beaucoup de semences.

ii- Bouturages des stolons

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Pour les graminées stolonifères (Pennisetum clandestinum), on coupe les stolons rampants au ras du
sol ; On les ramasse puis on les transporte sur un sol fraîchement préparé. Il ne faut pas laisser les
stolons se dessécher. Ils sont ensuite mélangés par deux passages croisés de pulvériseurs légers à
disques lisses. L’enfouissement des boutures en fond de sillon est suivi d’un recouvrement des sillons
avec un pulvériseur à disques légers.

2.6.7.3 Implantation par éclat des souches


Une souche est une touffe d’herbacée feuillue et racinée, surtout non fleurie. La technique consiste à
l’éclater en thalle et de planter ces thalles sur un terrain bien préparé. On coupe les feuilles à 15-20
cm de hauteur pour éviter une évapotranspiration trop forte à la reprise.
On coupe également les racines à 10-15 cm environ puis on plante 3 talles au moins par trou, avec un
espacement de 40 cm sur la ligne et entre les lignes. Cette technique est bien adaptée à certaines
plantes telles que Panicum maximum, certains Cenchrus ou Brachiaria.
Remarque : La multiplication végétative est exigeante en main d’œuvre et ne se justifie que si l’on
ne dispose pas de semences.

2.6.8 Le choix du site et du sol de semis


Il faut choisir un terrain plat, fertile, sans cailloux, d’accès facile et en cas de sécheresse, avec des
possibilités d’irrigation. L’engorgement des sols est néfaste. Il faut donc choisir un sol drainant bien
et si possible sablo-argileux ou argilo-sableux pas très lourds.
Avant le semis, le sol doit être bien préparé, par un labour profond, suivi d’un ameublissement au
scarificateur ou à la herse.

2.6.9 Technique de semis


2.6.9.1 Saison ou période de semis
La réussite d’une culture fourragère dépend beaucoup de sa mise en place qui doit satisfaire aux
besoins immédiats de la plante et lui permettre de supplanter rapidement les mauvaises herbes.
Les graminées gagnent à être implanté dès le début des pluies mais souvent une légumineuse profite
mieux d’une mise en place tardive car elle est alors moins sujette aux attaques par les insectes et les
champignons.

2.6.9.2 Semis des graines


Le semis des graines qui sont souvent de petite taille, doivent s’effectuer sur un lit de semences
consistant en un sol finement émietté et tassé au rouleau. Ceci suppose que les champs soient
aménagés contre les risques d’érosion afin d’éviter l’érosion en nappe qui est favorisé par un sol bien

56
émietté.
La technique de semis des graines est en rapport avec la taille :
a. Profondeur égale à environ 6 fois leur plus grande longueur ;
b. Densité permettant d’assurer une couverture du sol afin de lutter contre les mauvaises
herbes.
Pour les légumineuses, il est possible de limiter la concurrence des graminées adventices en faisant
pâturer légèrement ou avec un girobroyeur fauchant au-dessus des extrémités de la légumineuse.
Souvent, une légumineuse vivace surmonte d’elle-même la concurrence des adventices, en début de
saison sèche, grâce à son enracinement puissant et à son cycle végétatif prolongé.

2.6.9.3 Densité de semis (seeding rate)


a) Pour les petites graines de graminées, la dose de semis est de 1 à 3 kg/ha de semence (1 kg de
semence fertile suffirait). L’écartement entre les lignes varie de 30 à 50 cm ;
b) Pour les petites graines de légumineuse, la dose de semis monte à 5 kg / ha pour des
écartements comparables. Beaucoup de semences ont des téguments durs qui doivent être
traité avant le semis (passage au polisseur à riz, trempage rapide dans l’eau bouillante....) ;
c) Pour des grosses graines de légumineuse, la dose de semis est d’environ 20 kg/ha.
Pour la plupart des graminées, la production de semences fertiles est dérisoire. Ces espèces doivent
être multipliées par voie végétative : éclat de souches, bouturage de tige...
En cas de multiplication végétative, il est avantageux de pouvoir lutter contre les termites en trempant
les boutures dans une solution d’insecticide (le dieldrin par exple).

2.6.10 Entretien des prairies


A l’installation de la prairie, il est presque obligatoire, quel que soit le soin apporté à la préparation
du lit de semence, de favoriser le jeune semis ou les boutures et de lutter contre les adventices.
Un 1èr sarclage a lieu environ 10-14 jours après l’implantation, lorsque les plantes ont bien levé ou
que les boutures ont bien repris. Si nécessaire, un 2nd sarclage a lieu deux semaines après et d’autres
ensuite jusqu’à ce que la prairie couvre bien le sol, Par la suite, peu de sarclages sont nécessaires si
la prairie est bien gérée, malgré les coupes ou les pâtures.
Cependant, le vieillissement des prairies, une fertilisation déséquilibrée, un sous-pâturage, une
surcharge en animaux ou des coupes mal adaptées engendrent la dégradation et le salissent des
prairies par les adventices.

2.7 Fertilisation des parcours

La fertilisation est l’apport au sol des éléments nutritifs nécessaires au développement des plantes

57
(entretien, redressement en cas de carences). La fertilisation a pour but d’accroître la production
fourragère en apportant les éléments nutritifs principaux (NPK) d’une manière assimilable pour les
plantes et d’éviter la dégradation des sols à long terme par des exportations soutenues des éléments
du sol.
Les niveaux de fertilisation dépendent du sol, du climat, de la famille ou des espèces cultivées, des
exportations, du mode d’exploitation, du niveau de production, des restitutions par les animaux, par
la pluie ou par les légumineuses (azote).
On peut parfois cultiver les prairies sans fertiliser mais de multiples expériences montrent que faute
d’un apport minéral ou organique, le sol s’épuise après seulement quelques années de gestion de la
prairie. Il faut donc une longue période de repos ou des apports de fertilisant pour retrouver la richesse
initiale du sol.

Tableau 1 : Exportation de Stylosanthes guianensis fertilisé sans irrigation à Tombokro (Côte


d’ivoire, 1300 mm de pluie/an, sol ferralitique) en kg/'ha et par tonne de MS.
Année (N) |P2Os K2O CaO MgO
1 26.6 6.8 37.7 26.6 5.6
2 28.0 7.1 28.4 28.4 6.0
3 24.8 7.0 28.3 24.9 4.6

Tableau 2 : Exportation de Pannicum maximum fertilisé sans irrigation à Tombokro (Côte d’ivoire,
1300mm de pluie/an, sol ferralitique) en kg/ha et par tonne de MS produite
Années (N) P2O5 K2 O CaO MgO
1 13.4 4.1 35.1 5.0 6.2
2 13.8 4.8 23.4 6.2 8.0
3 15.2 5.6 21.9 6.2 8.0

Ces niveaux d’exportation sont élevés : les niveaux sont plus faibles lorsque la production est moins
élevée et lorsque la prairie est pâturée et non fauché comme l’exple ci- dessus (tableaux). Les animaux
restituent au sol une partie importante des éléments absorbés. C’est ainsi que près de 50% d’N et plus
de 80% d’acide phosphorique et de potasse sont restitués au sol par l’urine et les fèces ; Ces
restitutions ne suffisent cependant pas à compenser les prélèvements des productions, ni les blocages
ou les pertes par lessivage.
Pour des productions moyennes les plus facilement rentables, un apport d’azote peut être réalisé par
l’association d’une légumineuse à la graminée mais les besoins en potasse et phosphores sont
maintenus. L’association d’une légumineuse et d’une graminée demeure malgré tout difficile car
leurs rythmes physiologiques sont fréquemment incompatibles.

58
2.7.8 Détermination des carences du sol
Plusieurs méthodes sont utilisées pour déterminer les déficiences dans le sol :
a. Analyse des échantillons de sol dans des laboratoires/ ceci permet de déterminer le
PH, la quantité de N, de P, de K et d’autre macro et micro éléments.
b. Analyse des symptômes morphologiques et pathologiques de déficience en éléments nutritifs ;
c. La composition chimique des feuilles ou des autres tissus de la plante.
Les carences en P sont très fréquentes en zone tropicale et gênent considérablement la croissance des
légumineuses.

2.7.9 Les types d’engrais


En fonction de la composition chimique, on distingue :
- Les engrais azotés : ammoniaque anhydre ; nitrate d’ammonium, phosphate mono
ammoniaque, nitrate de potasse urée...
- Les engrais phosphatés : superphosphate simple ou triple ; phosphate bicalcique, acide
phosphorique...
- Les engrais potassiques : chlorure de potassium ; sulfate de potassium...
- Les engrais organiques : fùmier de bœuf ou de volaille
- Les engrais sulfureux ; sulfate de calcium ; le sulfate de magnésium.
Certains engrais n’ont aucun effet sur le pH du sol, d’autres par contre, de par leur composition
chimique et la présence plus ou moins grande des cations ou d’ions hydrogènes libres, sont
susceptibles d’acidifier ou au contraire de neutraliser le sol. La libération plus ou moins facile l’anion
peut entraîner des accidents par excès ou par localisation. La principale cause d’acidification du sol
par les engrais est la nitrification de l’azote ammoniacal ou organique (l’azote ammoniacal des sels
d’ammonium a une action acidifiante double de celle de l’azote organique.). C’est pourquoi l’addition
d’ammoniaque au sol provoque une acidification.

2.7.10 Période ou saison d’application des engrais


La période optimale pour l’application des engrais dépend de la quantité et de la distribution des
pluies, du type de plante fourragère et du type d’engrais.

2.7.11 Le choix de l’engrais


C’est un problème complexe dont la solution doit contribuer au maintien sinon à l’amélioration des
propriétés biologiques et physico-chimiques du sol pour satisfaire aux exigences particulières des
plantes. Le choix des engrais dépend :
 Du pH du sol

59
 De la mobilisation des éléments fertilisants et la dynamique d’absorption par la plante ;
 Des interactions « nature de l’engrais » et « nature du sol »
 De la présence d’ions indésirables ou polluant contenus dans les formules d’engrais (Na+,
Cl-) qui entraînent des phénomènes de phytotoxicité à des concentrations plus moins fortes
selon les plantes ;
 De la présence des carences éventuelles (fumure de correction).

2.7.12 Les doses d’application des engrais


- Les doses d’azotes : Les doses d’azote dépendent des objectifs de production qui
dépendent eux-mêmes des facteurs de décision. Après la saison sèche, la fertilisation
azotée peut être apportée dès que les pluies sont efficaces (au moins 50mm), ceci afin
d’éviter les pertes par volatilisation. En saison sèche, sans irrigation, la fertilisation n’est
pas utile et peut même être dangereuse pour la plante. Sur les repousses, les apports
doivent être effectués à chaque exploitation quelques jours après la coupe ou dès la sortie
des animaux du pâturage ou encore dès qu’il y a suffisamment des parties vertes pour
l’assimilation chlorophyllienne. En pâture continue, on peut sans danger épandre de
l’azote en présence des animaux. Dans les régions à forte pluviosité, des apports fréquents
fractionnés réduisent les pertes par ruissellement et par lessivage.
- Les doses de phosphore : De nombreux sols tropicaux sont déficients en phosphore. Ce
qui nécessite souvent un apport important, généralement en une seule fois lors de la mise
en place de la culture. Quelque fois, une faible dose suffit (10-20 kg de phosphore/Ha)
spécialement pour des sols d’origine volcanique ou pour la rénovation ou l’entretien des
prairies.
- Le potassium (K) : la fertilisation potassique a un effet direct sur la production des prairies
et on constate une interaction positive avec l’azote mais aussi souvent une
surconsommation avec des apports trop importants. La fertilisation potassique est
particulièrement recommandée lorsque le fourrage est récolté au pâturage car sur parcour,
les animaux restituent une grande partie de cet élément par les fèces et surtout par les
urines. Généralement, des doses de 20 à 50 kg/Ha sous forme de sulfate ou de chlorure de
potassium peuvent être appliquées.
- Le calcium : en général, les sols contiennent suffisamment de calcium pour les besoins
des plantes. Mais pour certaines espèces très sensibles à l’acidité et à la toxicité de
l’aluminium présent dans les sols très acides, il sera nécessaire de relever le PH en
apportant une source de calcium constituée de chaux vive ou éteinte. Les doses à apporter
dépendent de l’acidité du sol à amender. Dès que le sol atteint un PH de 5.5, les toxicités

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disparaissent.
- Autres éléments : Selon la fertilité du sol et des espèces cultivées, des apports d’élément
secondaires ou d’oligo-éléments seront nécessaires. Des carences en magnésium, élément
constitutif de la chlorophylle, peuvent apparaître surtout dans des sols acides ou sableux.
Des carences en soufre sont souvent observées dans des sols ferrugineux tropicaux et des
apports sont nécessaire si les éléments principaux ne sont pas apportés sous forme de
sulfates ou de super-phosphate. D’autres éléments comme le Molybdène, le bore, le cuivre
ou le zinc sont parfois déficients, ce qui peut compromettre la croissance des plantes et
notamment des légumineuses.

2.7.13 Effet des engrais sur la plante


- L’azote : l’azote est un accélérateur de croissance qui selon son apport, permet à l’éleveur
d’adapter la pousse des prairies au besoin du troupeau. La récolte est donc plus précoce et
la production plus importante à une date donnée. Les engrais azotés augmentent également
la vigueur des graminées ;
- Le phosphore : même à dose faible (10-20 kg de P2O5 /ha), le phosphore reste
indispensable à l’entretien de la plante et particulièrement des légumineuses. Il joue un
rôle de véhicule et moteur dans la photosynthèse, favorise le développement radiculaire ;
- La potasse : elle a un effet direct sur la production de la prairie car intervient comme
régulateur dans l’assimilation chlorophyllienne, accroît la résistance des végétaux aux
maladies cryptogamiques, permet une meilleure économie de l’eau dans les tissus.
Il faut signaler une complémentarité des besoins en P et N, de même que N et K.

2.7.14 Action des engrais sur la valeur nutritive des fourrages


- Effet des engrais azotés : les engrais azotés augmentent le niveau de protéines brutes dans
les graminées mais les caractéristiques du sol, les conditions de croissances de la plante,
le temps et le niveau d’application des engrais influence l’effet des engrais azotés sur la
teneur en protéine du fourrage.
- Effet des engrais phosphatés : des expériences montrent que sur des sols pauvres ou
déficients en P, l’apport des engrais phosphatés peut augmenter considérablement la
teneur en phosphore de la plupart des graminées et des légumineuses fourragères.
- Effet des autres minéraux : des expériences montrent qu’une augmentation du niveau de
fertilisation avec le potassium, le calcium ou le soufre sur des sites déficients en ces
minéraux peut entraîner une augmentation de leur concentration dans le fourrage.

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