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POULET DE CHAIR.
INTRODUCTION
Dans le cadre de ses activités de vulgarisation des connaissances économiques et financières sur les
projets agropastoraux, le cabinet VOUANGO CORPORATE FINANCE (en abrégé VOUANGO FINANCE) met
gratuitement à la disposition des entrepreneurs du secteur agro-pastoral, des études financières et économiques
permettant à ces derniers de maitriser les aspects financiers des projets dans lesquels ils désirent investir.
Le papier intitulé « Voici comment atteindre vos objectifs de bénéfice en matière d’élevage de
poulets de chair » que nous publions ici fait partie d’une série d’études sur les aspects financiers de l’élevage de
poulet de chair. L’objectif est de vous permettre de comprendre :
L’importance de la gestion budgétaire (en particulier gestion des dépenses et des recettes) d’un projet
d’élevage ;
Comment mettre en œuvre une planification financière à court terme ;
Quels documents sont requis comme instruments de travail.
Pour ce faire, nous partirons d’un cas pratique, celui d’un projet d’élevage qui a été mis en œuvre et
dont notre cabinet a eu à rédiger le business plan.
La gestion budgétaire est une technique d’organisation de l’information financière et comptable qui
comprend la planification financière, sa mise en œuvre et le contrôle des résultats et ceci dans le souci de
s’assurer que les objectifs de profitabilité et de rentabilité seront atteints.
Bien souvent, les entrepreneurs savent très bien définir les objectifs de bénéfice des projets qu’ils
entreprennent, mais pour ce qui est du contrôle de la mise en œuvre des dépenses et de la gestion des recettes, ils
négligent cet aspect, se reposant sur leurs expériences empiriques. Ceci est une grave erreur.
3000 poulets vifs (après avoir bien sûr, tenu compte des pertes) x 2.500 F = 7.500.000 F.
Après avoir pris un bic et un papier, notre entrepreneur fait la liste des dépenses et trouve disons
4.500.000 F (il s’agit d’un exemple, ce chiffre n’a rien à voir avec la réalité).
= 3.000.000 F (une fois de plus, ce montant est à titre illustratif et n’a rien à voir avec la
réalité).
1) La recette de 7.500.000 F, les dépenses de 4.500.000 F et le bénéfice attendu de 3.000.000 F sont tous des
projections que vous faites avant de lancer le projet. Elles vont se réaliser dans le futur au moment de la mise en
œuvre du projet et étapes par étapes. Qui connait avec certitude de quoi demain sera fait ? Il se peut qu’au
moment des ventes, le prix de vente chute et passe à 2000 F le poulet au lieu de 2.500 F initialement prévu.
Comment faire pour que mon objectif de bénéfice de 3.000.000 F soit toujours maintenu ? (bien
évidemment, il s’agit de baisser certaines dépenses ou de les éliminer carrément. Le problème est donc de savoir
quelles dépenses diminuer et pour quels montants et surtout à quel moment ?). De même, certaines dépenses
peuvent augmenter plus que prévues dans votre budget et compromettre votre objectifs de bénéfice. Quels seront
les ajustements à opérer pour maintenir votre objectif de bénéfice ?
2) Au vu des questions soulevées ci-dessus, la plupart des entrepreneurs ne peuvent pas apporter des
réponses appropriées car, ils n’ont pas planifiés sur 12 mois toutes les dépenses du projet. C’est ainsi qu’on
se retrouve avec un projet bien pensé sur le papier avec des objectifs de bénéfice satisfaisants, mais à la fin du
projet, les résultats escomptés ne sont pas à la hauteur des attentes, et si vous aviez pris un emprunt bancaire,
vous vous retrouvez entrain de vendre vos biens pour rembourser votre dette.
Pour que vos objectifs de bénéfice soient maintenus malgré les aléas, il vous faut :
1) Planifier à l’avance non pas sur 1 mois mais sur les 12 mois de la première année vos objectifs de
dépenses et de recettes suivant une périodicité définie (le mois est le plus souvent retenu comme pas du budget).
Vous devez donc construire les différents budgets suivants : budget des ventes et des encaissements, budget
des dépenses et des décaissements suivant chaque type de dépenses (salaire, achat aliments, achat produits
vétérinaires etc.), budget des investissements et budget des autres dépenses. A la fin, tous ces budgets sont repris
et résumés dans un document final appelé budget de trésorerie.
Le budget de trésorerie permet de répondre aux questions soulevées au niveau de la remarque (1) à savoir :
Quelles dépenses diminuer pour maintenir mon objectif de bénéficie en cas d’évènements imprévus.
De combien il faut ajuster les dépenses et les recettes pour maintenir mon objectif de bénéfice.
Quand il faut procéder à ces ajustements.
2) A partir des différents budgets, vous devez tirer les différentes informations nécessaires pour calculer le
résultat net qui est votre objectif de bénéfice. Ce calcul se fait dans un tableau appelé compte de résultat.
Le compte de résultat vous permet de chiffrer (calculer) votre objectif de bénéfice en tenant compte
du moment de la survenue de la dépense ou de la charge (suivant la technique de l’abonnement des charges).
Souvent, on a constaté que lorsqu’il s’agit de calculer le bénéfice par bande, certains entrepreneurs incluent la
totalité des amortissements (qui sont des charges annuelles) au lieu de considérer les amortissements pour trois
mois (durée maximale d’une bande avec le temps du vide sanitaire inclus).
3) Il vous faut surtout élaborer le plan de financement du projet sur la durée du projet ou à défaut élaborer
le plan de financement au démarrage du projet. Dans le plan de financement, vous répertorez les investissements
du projet suivant leur survenance et les moyens de les financer.
L’intérêt du plan de financement pour la prévision à court terme est qu’il vous permet de s’assurer que
tous les investissements de la première année ont été répertoriés dans le budget de trésorerie. Pour cela, nous
aurons besoin du plan de financement au démarrage du projet.
V) ETUDE DE CAS
Pour notre étude de cas, nous allons partir d’un cas concret d’un projet d’élevage de poulet de
chair dont le business plan a été rédigé par notre cabinet.
Pour notre étude de cas, nous allons juste présenter les documents indispensables à notre analyse.
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1) Calculer l’objectif de bénéfice de l’éleveur. D’après le tableau (2) ci-dessus, on voit que l’objectif de
bénéfice pour la première année est de 16.659.286 F.
2) Lorsque vous présentez le compte de résultat à un technicien ou un ingénieur des industries animales, ce
dernier peut vous dire quelles sont les charges spécifiques que vous avez oubliées. Toujours faire contrôler
vos charges par ces derniers (c’est leur domaine, et ils maitrisent ces choses techniques mieux que les financiers).
3) Le compte de résultat permet de retrouver les éléments qui doivent être pris en compte pour calculer
l’argent qui sera encaissé par l’éleveur à partir du résultat calculé. Pour la première année, le résultat calculé est
de 16.659.286 F mais l’argent que l’éleveur peut potentiellement encaisser est de : 22.289.560 F (16.659.286 F
+ 5.630.274 F = 22.289.560 F). En effet, les amortissements étant des charges non décaissables, on doit les
réintroduire dans le résultat calculé pour trouver ce qui va dans la poche de l’éleveur après avoir déduit les
investissements de la période.
Normalement, le plan de financement et d’investissement du projet est établi pour toute la durée du projet
(5ans). Mais pour notre analyse, le plan de financement au démarrage du projet nous suffit.
L’intérêt du plan de financement est de répertorier tous les investissements de la période et d’indiquer comment
ils seront financés. Les investissements de la première année se répartissent comment suit :
Maintenant nous sommes en mesure de construire le budget de trésorerie qui va nous permettre de suivre
l’exécution du projet pour la première année à travers les sorties et les entrées d’argent (liées aux paiements des
charges et des investissements).
Le tableau du budget de trésorerie ci-dessus nous livre des informations capitales sur le financement du
projet la première année. En effet, contrairement au plan de financement qui nous montre comment le projet est
financé sur le long terme (sur cinq ans), le budget de trésorerie nous montre comment le projet sera financé
sur le court terme, dans les 12 prochains mois.
Le budget de trésorerie ci-dessus nous indique comment les 4 bandes du projet sont financées. La
première bande est financée par l’apport initial du promoteur pour le montant de 19.504.280 F (besoin en
trésorerie d’exploitation, confère plan de financement tableau (3)). D’après le budget de trésorerie ci-dessus, à la
fin du mois de février, il reste en caisse 949.000 F (confère solde cumulé du mois de février dans le tableau). La
deuxième bande étant mise en place dès le mois de mars avec l’achat des poussins, on voit que cette bande sera
financée par les ventes du mois de mars qui vont faire remonter le solde cumulé à 22.376.000 F. On peut
faire le même constat pour la troisième et la quatrième bande.
En définitive, le projet s’autofinance lui-même avec les ventes de chaque bande, la bande suivante
étant financée par les ventes de la bande précédente, en dehors de la première bande qui est financée par
l’apport du promoteur.
2) Bénéfice du promoteur
Comme nous l’avons dit plus haut, le bénéfice net de 16.659.286 F que l’on retrouve dans le compte de
résultat pour la première année, est un bénéfice calculé. Ce n’est pas ce montant que l’éleveur encaisse en fin
d’année du projet. Le bénéfice encaissé par le promoteur est de 19.509.486 F. Ce montant est donné par le
tableau ci-dessous.(tableau de flux de trésorerie pour le promoteur).
TABLEAU DES FLUX DE REVENUS POUR LE PROMOTEUR ( FREE CASH FLOWS TO EQUITY)
Années Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5
Resultat net 16 659 286 18 662 691 20 459 625 22 378 756 24 428 044
+ Amortissement 5 630 274 5 651 774 5 652 698 5 653 662 5 654 668
-Travaux viabilisation du site - 3 500 000
-Travaux d'electrification du site - 800 000
-Bail - 1 000 000
-Petits materiels - 861 400
-Materiels de production - 4 639 968
-Equipement poulailler - 10 000 000
-Achat groupe électrongène - 1 200 000
-Forage - 3 500 000
-Construction poulaillers - 20 000 000
- Travaux d'agrandissement des poulaillers - 215 000 - 224 245 - 233 888 - 243 945 -
-Logement du personnel - 2 100 000
-Abri groupe électrogène - 200 000
-Château d'eau - 2 500 000
-Cloture - 1 500 000
- Reinvestissements ( travaux de maintenance et reparations) - 1 407 568 - 1 407 568 - 1 407 568 - 1 407 568
-Augmentation du besoin en trésorerie d'exploitation - 19 504 280 - 1 086 200 - 1 152 378 - 1 222 718 - 1 297 485 -
-Augmentation des imprevus - 3 565 282 - 71 306 - 72 732 - 74 186 - 75 670 -
+Recuperation du besoin en trésorerie d'exploitation 24 263 061
+Recuperation des imprevus 3 859 176
Benefice du promoteur (à partir de l'année 1) - 74 870 930 19 509 486 21 457 542 23 173 963 25 007 750 58 204 949
Le budget de trésorerie n’est pas seulement un tableau qui présente les encaissements et les décaissements
de la période. C’est un outil de travail que vous devez utiliser. Il permet de suivre les encaissements et les
décaissements lors de la réalisation du projet et de les confronter avec les prévisions afin de dégager les écarts
de réalisation. : Il s’agit du contrôle budgétaire. Mais l’objectif de notre présentation n’est pas de vous donner
un cours de contrôle de gestion mais de vous révéler des astuces simples qui vous permettrons d’atteindre
votre objectif de bénéfice.
Les imprévus sont l’élément central qui vous permettent de maintenir votre objectif de bénéfice en
cas d’augmentation des dépenses plus que prévues. Dans notre cas pratique, tant que les dépassements de
dépenses n’excèdent pas 3.565.282 F, votre objectif de bénéfice de 16.659.286 F sera atteint. C’est pourquoi, dès
le mois de janvier, il faut retirer ce montant de l’apport initial.
C’est en répercutant les dépassements ou les économies de dépenses au niveau des imprévus qu’on peut
manœuvrer afin de maintenir son objectif de bénéfice. En effet, prenons un cas pratique. D’après le budget de
trésorerie, les achats des aliments pour le mois de janvier s’élèvent à : 5.271.840 F. A supposer que les prix ont
augmenté entre temps et que vos dépenses pour les aliments s’élèvent plutôt à 6.271.840 F. L’écart de réalisation
sera donc de 1.000.000 F. Pour maintenir votre objectif de bénéfice, vous devez diminuer les imprévus de
1.000.000 F dans le tableau du budget de trésorerie.
Par contre, si pour une raison ou une autre, les prix des aliments baissent au moment où vous lancez le
projet et que vous réalisez plutôt une économie de 1.000.000 F sur vos achats, il faut ajouter ce montant sur les
imprévus (c’est clair que si vous le faites, l’argent que vous avez mis de côté pour gérer les imprévus va
augmenter).
A la fin de l’année c’est-à-dire au mois de décembre, le reste des imprévus viendra s’ajouter à votre
bénéfice.
Dépenses prioritaires et incompressibles (il s’agit des dépenses sur lesquelles vous n’avez pas ou vous
avez peu le pouvoir de changer les montants)
Dépenses compressibles (il s’agit des dépenses sur lesquelles on a un pouvoir de négociation et sur
lesquelles on peut faire des économies).
Nous venons de voir que les imprévus sont l’élément central qui permet d’amortir les chocs positifs
ou négatifs de diminution ou d’augmentation des dépenses. La politique de gestion des imprévus consistera
donc à augmenter le montant prévu à cet effet. Pour cela, à partir du budget de trésorerie que vous avez construit,
identifiez les dépenses sur lesquelles vous pouvez réaliser des économies et que nous avons appelé dépenses
compressibles. Par exemple, d’après notre budget de trésorerie ci-dessus, le montant pour la prospection des
clients s’élève à 160.000 F et pour le transport s’élève à 200.000 F. Ça c’est ce qui est prévu au budget.
Maintenant, au moment de la réalisation de ces dépenses, je m’arrange à négocier avec les fournisseurs pour
payer moins. L’économie que je réalise, je l’ajoute sur le montant des imprévus. Ainsi, j’aurai plus d’argent
pour faire face aux dépassements de budget pour les mois à venir et c’est ainsi que je peux maintenir mon
objectif de bénéfice tel qu’il a été prévu dès le départ.
Pour terminer, grâce au budget de trésorerie ci-dessus, nous savons que tous les mois de la première
année du lancement du projet dégage des excédents de trésorerie. Par conséquent, le promoteur peut placer ces
excédents de trésorerie dans son compte d’épargne et percevoir des intérêts chaque mois. Sans le budget de
trésorerie, vous ne pouvez pas savoir quels sont les mois pour lesquels il y a excédent de trésorerie et pour quels
montants. Par conséquent, il vous est impossible de profiter des intérêts bancaires en plaçant une partie de l’argent
du projet en banque. Prenons le cas du budget de trésorerie ci-dessus. Après les ventes de la première bande et
après avoir retiré les dépenses de fonctionnement pour la deuxième bande, il reste en caisse pendant un mois
8.748.720 F (confère solde cumulé du mois de mai). Si vous laissez cet argent dans votre compte d’épargne
pendant un mois et que votre banque vous verse un intérêt de 1% par exemple, à la fin du mois votre bénéfice
augmente de 87.487 F.
Il est difficile et rare qu’une banque lorsqu’elle vous accorde un prêt, de décaisser la totalité de
l’argent en une seule fois. L’une des façons pour la banque de gérer le risque de défaillance de l’emprunteur est
de décaisser le prêt au fur et à mesure de l’avancement du projet et ceci par tranches. Voilà pourquoi les
banques en plus du plan de financement exigent toujours le budget de trésorerie de la première année afin
de savoir quelles tranches de liquidité à décaisser au fur et mesure de la mise en œuvre de votre projet.
Bon à savoir aussi. Le budget de trésorerie vient résoudre l’éternel conflit entre le promoteur du
projet (l’éleveur) et le chef de projet ou le chef d’exploitation chargé de la gestion du projet. Comment ?
Justement quand l’éleveur dispose de son budget de trésorerie, les chefs d’exploitation malhonnêtes ne pourront
pas inventer des dépenses pour lui soutirer de l’argent. Vous décaissez l’argent selon ce qui est prévu dans le
budget de trésorerie et selon les échéances de chaque dépense. Bref, avec le budget de trésorerie, le
promoteur maitrise les sorties et les entrées d’argent de son projet. S’il y a des augmentations de dépenses,
le chef d’exploitation doit vous donner des explications.