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Livre Promettez:Livre Promettez 09-12-21 8:14 AM Page 10
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Les Éditions Transcontinental
TC Média Livres Inc.
5800, rue Saint-Denis, bureau 900
Montréal (Québec) H2S 3L5
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L’édition originale de cet ouvrage a été publiée en anglais par Riverhead Books sous le titre
To sell is human © 2012 by Daniel H. Pink.
Imprimé au Canada
© Les Éditions Transcontinental, une marque de commerce de TC Média Livres Inc., 2013,
pour la version française publiée en Amérique du Nord.
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 3e trimestre 2013
Bibliothèque et Archives Canada
quuuuuuuuuuuuuuuuuCCCCCCuuuuuuuuuuuuuuuuuur
Les Éditions Transcontinental remercient le gouvernement du Québec – Programme de crédit
d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds
du livre du Canada pour nos activités d’édition. Nous remercions également la SODEC
de son appui financier (programmes Aide à l’édition et Aide à la promotion).
Introduction............................................................................... 11
Première partie
Renaissance d’un commis voyageur.................................. 17
Chapitre 1
Tous vendeurs à présent........................................................ 19
Chapitre 2
L’entreprise, l’élasticité et l’Éd-méd................................... 35
Chapitre 3
Du caveat emptor au caveat venditor................................ 53
Deuxième partie
Comment être............................................................................ 73
Chapitre 4
L’accordage................................................................................. 75
Mallette d’échantillons................................................................. 93
Chapitre 5
Le brio .......................................................................................... 103
Mallette d’échantillons................................................................. 121
Chapitre 6
La clarté........................................................................................ 129
Mallette d’échantillons................................................................. 147
Troisième partie
Comment faire........................................................................... 157
Chapitre 7
Le pitch......................................................................................... 159
Mallette d’échantillons................................................................. 177
Chapitre 8
L’improvisation.......................................................................... 185
Mallette d’échantillons................................................................. 201
Chapitre 9
Le service..................................................................................... 209
Mallette d’échantillons................................................................. 223
Remerciements.......................................................................... 233
Notes............................................................................................. 235
I
l y a un an environ, histoire de cacher un accès de procrastination
sous des airs de profonde réflexion, j’ai analysé mon emploi du
temps. J’ai allumé mon ordinateur portable, cliqué sur mon calen-
drier soigneusement synchronisé aux couleurs codées et entrepris de
reconstituer mes activités réelles des deux semaines précédentes.
J’ai catalogué réunions, voyages, déjeuners d’affaires et conférences
téléphoniques. J’ai tenté d’établir la liste de tout ce que j’avais lu et de
toutes mes conversations particulières avec ma famille, mes amis et mes
collègues. J’ai disséqué deux semaines d’activités numériques – 772 cour-
riels envoyés, 4 articles sur des blogues, 86 tweets, une douzaine de
SMS. Puis, j’ai pris du recul pour évaluer ce fouillis de données, ce por-
trait pointilliste de mes actes et, donc, en un sens, de ma personne. Et
là, ô surprise, j’ai découvert que j’étais un vendeur !
Oh ! je ne vends pas des fourgonnettes chez un concessionnaire
automobile, je ne cours pas de cabinet médical en cabinet médical pour
vanter des médicaments contre le cholestérol. Pourtant, hors sommeil,
exercice et hygiène, je consacre une bonne partie de mon temps à
essayer de convaincre autrui de se séparer d’une ressource quelconque.
Il m’arrive bien sûr d’inciter les gens à acheter mes livres, mais la plus
grande partie de mes actes n’aboutissent pas directement à faire tinter
un tiroir-caisse.
Au cours de cette quinzaine de jours, j’ai tenté d’amener un journa-
liste à abandonner un sujet idiot, un partenaire potentiel à joindre ses
forces aux miennes, une association dont je suis membre à changer de
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Renaissance
d’un commis voyageur
N
orman Hall ne devrait pas exister. Le voici pourtant en chair
et en os, avec son nœud papillon, assis ce mardi après-midi
dans un bureau du centre de San Francisco, en train d’expli-
quer à deux avocates qu’elles ont vraiment besoin de quelques articles
pour nettoyer leurs locaux. D’un geste de prestidigitateur, il fait d’abord
jaillir de son sac ce qui ressemble à une baguette noire. D’une secousse
du poignet – « et voilà ! » –, il la transforme en un panache de plumes
sombres. Et pas n’importe quelles plumes.
« Ce sont… des plumes d’autruches mâles. Ce plumeau est le meil-
leur du marché, assure-t-il d’une voix douce mais sonore. Il est parfait
pour nettoyer les cadres des tableaux, les stores et tout objet présentant
des creux où la poussière s’accumule. » Penelope Chronis, qui dirige ce
petit cabinet spécialisé en droit de l’immigration avec Elizabeth Kreher,
son associée dans le travail et dans la vie, se redresse un peu et secoue la
tête. Pas intéressée.
Hall présente sa Kitchen Brush no 300, une solide brosse à récurer
blanc et vert. Elles en ont déjà une. Il jette sur le bureau de Penelope
une « lingette en microfibres » et une « lingette antibuée pour pare-brise
et miroirs de salle de bains ». Non merci.
Hall, 75 ans, a des touffes de cheveux blancs de chaque côté de la tête
et pas grand-chose entre les deux. Il porte des lunettes à l’ancienne et une
moustache où les poils blancs ont pris le dessus sur les bruns après des
années de bataille, dirait-on. Il est vêtu d’un pantalon marron sombre,
d’une chemise blanche à fines rayures bleues, d’un chandail noisette à col
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Norman Hall est agent commercial chez Fuller Brush. Et pas n’im-
porte lequel. Il est… le dernier. Tout Américain de plus de 40 ans
connaît le représentant Fuller Brush, qui vend les produits de cette
auguste maison. Il fut un temps où on ne pouvait l’ignorer. Des groupes
de vendeurs nantis de boîtes à échantillons bourrées d’articles de bros-
serie arpentaient les quartiers bourgeois. Ils grimpaient les marches de
chaque perron pour annoncer : « C’est moi votre représentant Fuller
Brush. » Puis, remettant en cadeau un grattoir à légumes appelé Handy
Brush, ils tentaient de mettre, selon l’expression vite popularisée, « le
pied dans la porte ».
Tout a commencé en 1903, le jour où Alfred Fuller, 18 ans, ex-gar-
çon de ferme en Nouvelle-Écosse, est arrivé à Boston pour y faire car-
rière. « Campagnard lourdaud, mal dégrossi et maladroit, naïf et
presque inculte1 », de son propre aveu, il a été renvoyé de ses trois pre-
miers jobs. Puis, un de ses frères lui a déniché un emploi de vendeur
chez Somerville Brush and Mop Company, et le jeune Alfred a trouvé
sa vocation avant même d’avoir fêté ses 20 ans. « J’ai commencé à peu
près sans formation et je n’avais aucune qualification spéciale, dira-t-il
à un journaliste des années plus tard, mais je me suis rendu compte que
j’étais capable de vendre ces brosses2. »
Après avoir fait du porte-à-porte pendant un an pour vendre les pro-
duits Somerville, Fuller en a eu assez de travailler pour quelqu’un d’autre.
Il a donc créé un petit atelier de fabrication de brosses. Le soir, il supervi-
sait cette mini-usine ; le jour, il parcourait les rues pour vendre sa produc-
tion. À son grand étonnement, son entreprise a pris de l’ampleur. Il lui a
fallu recruter quelques vendeurs supplémentaires pour enrichir son cata-
logue et agrandir son territoire. Il a fait paraître une annonce dans une
publication intitulée Everybody’s Magazine. Au bout de quelques semaines,
le petit paysan était à la tête de 260 vendeurs et d’une affaire d’ampleur
nationale qui était en train de devenir un symbole.
À la fin des années 1930, les effectifs de Fuller dépassaient 5 000 per-
sonnes. Au cours de la seule année 1937, ses démarcheurs ont distribué
gratuitement 12,5 millions de Handy Brush. En 1948, selon le New
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Quelle que soit notre profession, nous faisons des exposés devant
des collègues et nous nous présentons à de nouveaux clients. Nous
tentons de convaincre le patron de desserrer un peu le budget ou la
direction des ressources humaines d’allonger nos vacances. Or, les
statistiques publiées n’en montrent rien.
Il en va de même pour ce qui transparaît de l’autre côté de la fron-
tière floue entre travail et vie personnelle. Beaucoup d’entre nous
consacrent une partie de leur temps libre à vendre des objets faits main
sur Etsy, des causes humanitaires sur DonorsChoose, des projets déli-
rants sur Kickstarter, etc. Et, en nombre étonnant, avec une énergie
féroce, nous nous vendons nous-mêmes sur nos pages Facebook, nos
comptes Twitter et nos profils Match.com. (Rappelez-vous qu’aucune
des 6 entités que je viens de citer n’existait il y a 10 ans.)
Selon la vision traditionnelle du comportement économique, les
deux activités les plus importantes sont la production et la consom
mation, mais aujourd’hui, une grande partie de nos agissements
semblent destinés à faire bouger autrui. C’est-à-dire à amener des gens
à céder certaines ressources – matérielles comme l’argent liquide ou
immatérielles comme les efforts ou l’attention – afin d’obtenir ce qu’ils
veulent. Le problème, c’est qu’aucune donnée ne vient confirmer ou
infirmer cette supposition ; il faudrait pour cela poser des questions que
les agences statistiques ne posent pas.
J’ai voulu combler ce vide. En collaboration avec Qualtrics, une
société d’étude et d’analyse de données en plein essor, j’ai fait réaliser
une enquête pour tenter de quantifier le temps et l’énergie que les gens
consacrent à faire bouger autrui, en particulier au moyen de ce qu’on
pourrait appeler le commercial sans vente – la vente dans laquelle per-
sonne n’effectue d’achat.
Cette étude, intitulée What Do You Do at Work ? (Que faites-vous
au travail ?), visait large. À l’aide d’instruments élaborés, nous avons
rassemblé des données provenant de 9 057 personnes interrogées tout
autour du monde. Les statisticiens de Qualtrics ont passé en revue les
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* Les résultats complets de cette enquête, ainsi que des informations sur sa méthodologie,
sont accessibles sur mon site web www.danpink.com/study (en anglais).
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Temps
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aussi. Eux aussi passent leurs journées à faire bouger autrui, et leur
prospérité dépend de l’efficacité avec laquelle ils y parviennent.
Qu’il s’agisse de vente traditionnelle ou de commercial sans vente,
nous sommes tous des vendeurs à présent. Sans le réaliser complète-
ment, chacun de nous fait ce que Norman Hall a fait pendant près d’un
demi-siècle et ce que ses prédécesseurs chez Fuller avaient fait pendant
plus d’un demi-siècle avant lui. Le commis voyageur n’est pas mort. Le
commis voyageur est vivant. Le commis voyageur, c’est nous.
Cela nous pousse à nous poser la question suivante : comment est-
ce arrivé ? Comment se fait-il que tant d’entre nous aient pour métier
de faire bouger autrui ?
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L’entreprise, l’élasticité
et l’Éd-méd
A
u chapitre 7, vous découvrirez ce qu’est un pitch Pixar. Issue
des travaux du célèbre studio d’animation hollywoodien, cette
technique consiste à présenter en peu de mots ce qu’on veut
démontrer, en se calquant sur la structure narrative d’un film Pixar.
Afin de prêcher par l’exemple un comportement que je conseillerai plus
loin, permettez-moi d’introduire ce chapitre par un pitch Pixar.
Il était une fois une société où seules certaines personnes exerçaient
un métier commercial. Chaque jour, elles vendaient ce que les autres
s’étaient chargés de fabriquer, et tous étaient contents. Un jour, le monde
a commencé à changer. De plus en plus de gens se sont mis à travailler
pour eux-mêmes et, par conséquent, ils sont devenus des vendeurs. Les
grandes entreprises, de leur côté, ont constaté que, dans un contexte éco-
nomique volatil, la segmentation des fonctions ne donnait pas de très
bons résultats. C’est pourquoi elles ont commencé à réclamer des com-
pétences élastiques transcendant les frontières habituelles et incluant une
composante commerciale. Pendant ce temps, l’économie elle-même se
transformait : en l’espace d’une décennie, des millions de personnes se
sont mises à travailler dans l’éducation et la santé – deux secteurs qui ont
pour objectif central de faire bouger autrui. Enfin, sans nous en aperce-
voir vraiment, nous sommes pour la plupart devenus des vendeurs.
Telle est l’histoire, à la base. Pour la comprendre plus en profon-
deur, parlons pickles.
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L’entreprise
Brooklyn Brine prêterait aisément le flanc aux plaisanteries faciles.
Comme son nom l’indique (brine signifie « saumure »), cette entreprise
vend des pickles, c’est-à-dire des marinades artisanales de légumes, et
elle est installée à Brooklyn. Dans le vocabulaire de ses collaborateurs
abondent les expressions du genre « asperges à la lavande », « pousses
d’ail » ou « végétaro-blogueur ». Ce type d’entreprise – 1 patron, 10
salariés, 14 variétés de pickles – commence à faire partie intégrante de
l’économie contemporaine. Au passage, la vente sous toutes ses formes
prend une importance nouvelle. Brooklyn Brine incarne la première
des trois raisons qui expliquent pourquoi nous sommes de plus en plus
nombreux à exercer des fonctions commerciales : la montée en puis-
sance des créateurs de petites entreprises.
Quand on observe les distinctions entre les très grandes entreprises
et les très petites, on se concentre souvent sur les différences de degré.
Les premières, par définition, réalisent un chiffre d’affaires plus élevé,
comptent davantage de clients et de salariés. Mais les différences de
nature comptent tout autant. Ce qu’on fait dans une très petite entre-
prise est souvent foncièrement différent de ce qu’on fait dans une très
grande. En particulier, les grandes organisations privilégient souvent la
spécialisation. Une entreprise de deux personnes n’a pas besoin de
direction des ressources humaines. Une firme de 2 000 personnes ne
peut s’en passer. Dans les grandes entreprises, la vente est souvent une
fonction spécialisée – une direction, une division, une tâche confiée à
certaines personnes afin que leurs collègues puissent se consacrer à
autre chose. Mais les propriétaires de petites entreprises n’ont pas ce
luxe. Ils doivent porter plusieurs casquettes – souvent simultanément –,
y compris celle de vendeur.
Shamus Jones, fondateur de Brooklyn Brine, se qualifie lui-même
de « capitaliste malgré lui ». Il a commencé sa carrière comme cuisinier,
s’est lassé de la restauration et s’est lancé voilà trois ans. Déjà, il prépa-
rait des conserves de légumes en saison ; il en a fait une activité à plein
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L’élasticité
Considérons maintenant un autre dirigeant d’entreprise, Mike
Cannon-Brookes. Son entreprise, Atlassian, est plus ancienne et bien
plus grande que Brooklyn Brine. Mais ce qui s’y passe fait écho aux
activités de sa petite collègue et s’y rattache.
Atlassian conçoit ce qu’on appelle des « logiciels d’entreprise » : il
s’agit de grands progiciels complexes utilisés par les entreprises et les
administrations pour gérer des projets, suivre leur avancement et favo-
riser la collaboration entre salariés. Créée il y a une dizaine d’années par
Cannon-Brookes et Scott Farquhar dès leur sortie de l’Université de
Nouvelle-Galles du Sud en Australie, Atlassian compte à présent
1 200 clients (dont Microsoft, Air New Zealand, Samsung et les
Nations Unies) dans 53 pays. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 100 mil-
lions de dollars l’an dernier mais, contrairement à la plupart de ses
concurrents, Atlassian l’a réalisé sans un seul vendeur.
Vendre sans force de vente semble confirmer le leitmotiv de la
« mort du commis voyageur », mais Cannon-Brookes, directeur général
de la société, voit les choses autrement. « Nous n’avons pas de vendeur,
m’a-t-il dit, parce que, bizarrement, nous sommes tous des vendeurs. »
C’est là la deuxième raison pour laquelle nous sommes tous vendeurs à
présent : l’élasticité – l’étendue inédite des compétences demandée par
les entreprises existantes.
Cannon-Brookes établit une distinction entre les « produits que les
gens achètent » et les « produits que les gens vendent », et il préfère les
premiers. Voyez par exemple comment se nouent les relations entre
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L’Éd-méd
Larry Ferlazzo et sa femme, Jan Judson, habitent Sacramento, en
Californie. Ils ne font pas mariner des concombres, ils ne « pissent pas du
code », mais eux aussi représentent l’avenir. Ferlazzo est professeur dans
une école secondaire, et Jan Judson est infirmière praticienne – c’est-à-dire
qu’ils travaillent dans un des secteurs professionnels qui se développent le
plus vite, aux États-Unis comme dans les autres économies avancées.
Regarder les emplois que les gens occupent est un bon moyen de
comprendre ce qui se passe dans le monde du travail. C’est ce que fait
l’U.S. Occupational Employment Statistics. Deux fois par an, cet orga-
nisme publie une analyse portant sur 22 grandes catégories profession-
nelles et près de 800 métiers précis. On peut aussi comprendre l’état
actuel et les perspectives futures de la main-d’œuvre en observant dans
quelles industries ces emplois naissent. Le rapport mensuel sur l’emploi
nous l’indique. Et il révèle une tendance très marquée.
Le graphique ci-contre montre comment l’emploi a évolué depuis
le début de ce siècle dans quatre secteurs : l’industrie manufacturière, le
commerce de détail, les services professionnels et spécialisés (qui com-
prennent les métiers du droit, la comptabilité, le conseil, etc.), ainsi que
les services éducatifs et médicaux.
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Éd-méd Services professionnels et spécialisés
Commerce de détail Industrie manufacturière
Source : Bureau of Labor Statistics, 2012. Nombre d’emplois, en millions.
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que tous les autres secteurs réunis. Et dans les 10 prochaines années,
estiment les prévisionnistes, les emplois du domaine de la santé pro-
gresseront deux fois plus vite que tout autre secteur30.
À la base, la mission de l’Éd-méd est singulière. « En tant qu’ensei-
gnants, nous voulons faire bouger les gens », m’a dit Ferlazzo, professeur
d’anglais et de questions sociales dans la plus grande école secondaire
urbaine de Sacramento. « Faire bouger les gens constitue la plus grande
part de ce que nous accomplissons dans le milieu de la santé », ajoute
son épouse.
Quand on parle éducation et santé, on pense souvent à l’attention et
à d’autres vertus immatérielles, mais ces domaines ont plus en commun
qu’on le pense avec le monde rugueux de la vente. Bien vendre consiste à
convaincre une personne de se séparer de certaines ressources, non pour
l’en priver, mais pour améliorer sa situation. C’est aussi ce que fait, par
exemple, un bon professeur d’algèbre. En début d’année scolaire, les
élèves ignorent presque tout du sujet, mais l’enseignant s’efforce de
les convaincre de fournir certaines ressources – temps, attention, efforts.
S’ils le font, ils s’en trouvent mieux à la fin de l’année.
« Je ne me suis jamais considérée comme une vendeuse, dit Holly
Witt Payton, professeure de sixième année en Louisiane. Pourtant, je
vends à mes étudiants l’idée qu’ils n’ont jamais rien vu d’aussi intéres-
sant que mon cours de science », ce dont elle est elle-même fermement
convaincue. Il en va de même dans le domaine de la santé. Un kinési-
thérapeute qui aide quelqu’un à se rétablir d’une blessure a besoin que
le patient apporte des ressources – là encore, du temps, de l’attention et
des efforts –, car, si douloureux que cela puisse être, il améliorera ainsi
sa santé davantage que s’il garde les ressources pour lui. « La médecine
met en jeu beaucoup de travail de vendeur », dit un interniste qui pré-
fère rester anonyme. Il me faut convaincre les gens de faire des choses
plutôt déplaisantes31. »
Bien entendu, enseigner et guérir ne sont pas la même chose que
vendre des balais électrostatiques pour les tapis. Les résultats sont
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Du caveat emptor
au caveat venditor
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Obséquieux
Stimulant Malcommode Agaçant
Nécessaire Beurk ! Malhonnête
InsistantDur
Pénible Lèche-bottes
Essentiel
Faux Amusant
Manipulateur
Important
Moche Inquiétant
Hem !
Pouah !
Coriace
Louche
Ennuyeux Agressif
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Poignée de main
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en vacances, Girard affirme y être allé aussi. « Où que l’autre soit allé, je
déclare m’y être rendu, même si je n’ai jamais entendu parler de cet
endroit, écrit-il. Beaucoup de gens, des millions peut-être, ont entendu
parler de moi. Et des milliers ont été mes clients. Ils pensent en savoir
beaucoup sur moi parce que j’en sais beaucoup sur eux. Ils croient que
j’ai visité le parc national de Yellowstone, que j’ai pêché le saumon près
de Traverse City au Michigan, que j’ai une tante qui habite à côté de la
base aérienne de Selfridge38. » Faites votre choix : « malhonnête »,
« lèche-bottes » ou « hem… ».
Girard décrit par ailleurs en 3 paragraphes, longs mais particulière-
ment intéressants, un de ses trucs favoris pour joindre des clients poten-
tiels ex abrupto. Il commence par composer un numéro pris dans
l’annuaire.
1. Une femme répond au téléphone. « Bonjour, Mme Kowalski. Ici
Joe Girard, de Merollis Chevrolet. Je voulais vous dire que la
voiture que vous avez commandée est prête. » N’oubliez pas :
c’est un appel spontané. Tout ce que je connais, c’est le nom de
la personne, son adresse et son numéro de téléphone. Cette
Mm Kowalski ne voit pas de quoi je parle. « J’ai peur que vous
n’ayez composé un mauvais numéro, nous n’avons pas com-
mandé d’automobile », me dit-elle. « Vous en êtes sûre ? » dis-je.
« Tout à fait sûre. Mon mari me l’aurait dit. » « Attendez un ins-
tant. Je suis bien chez Clarence J. Kowalski ? » « Non, mon mari
s’appelle Steven. » « Oh ! Je suis désolé de vous avoir dérangée.
Vous êtes sûrement très occupée. »
Girard continue à la faire parler afin de trouver comment
l’appâter.
2. « Mme Kowalski, vous n’avez pas l’intention d’acheter une voi-
ture, n’est-ce pas ? » Si elle sait que son mari et elle ont le projet
de le faire, elle va probablement me le dire. Cependant, la
réponse habituelle est : « Je ne crois pas, mais il faudrait deman-
der à mon mari. » Et voilà, c’est ce que je cherchais. « Quand
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secrétariat est daté de 1991 et couvre une période de 15 ans qui com-
mence en 1963.)
Les techniques de Girard étaient peut-être brillantes au milieu des
années 1970 mais, 40 ans plus tard, elles ont une odeur de vieille boîte
oubliée au grenier. De nos jours, Mme Kowalski travaille. L’affichage du
numéro de l’appelant prévient les intrusions téléphoniques. Et si un
vendeur réussit à contourner les dispositifs de défense d’une personne,
celle-ci le remettra vite à sa place ; peut-être cherchera-t-elle ensuite son
nom sur Google et signalera-t-elle à ses amis Facebook l’appel impor-
tun qu’elle a reçu.
J’ai joint Girard par téléphone* un après-midi afin de lui demander
à quel point le monde de la vente avait changé depuis son départ du
showroom. Il n’a pas changé, m’a-t-il affirmé. L’effet d’Internet ? « C’est
n’importe quoi. Je n’ai pas besoin de ce machin », m’a-t-il dit. Les
consommateurs disposent à présent de données abondantes ; en quoi
cela affecte-t-il le processus de vente ? « En rien du tout. Il n’y a qu’une
manière, la mienne. » Aurait-il autant de succès dans le paysage contem-
porain que dans celui des années 1970 ? « Donnez-moi neuf mois, et je
gouverne le monde. »
Pour être honnête, je dois avouer qu’une grande partie de ce que
Girard préconise demeure valable. Il plaide avec ferveur pour le service
après-vente. « Service, service, service », m’a-t-il répété au cours de nos
conversations. Son aphorisme sur la vente efficace est un des plus clairs
qu’il m’ait été donné d’entendre : « Les gens comptent faire une affaire
loyale avec les gens qu’ils aiment. » Plus largement, toutefois, sa vision
du monde et ses tactiques font penser aux vieux films où un soldat
oublié dans une île déserte continue le combat parce que personne ne
lui a dit que la guerre était finie.
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À 14 h, Wayne sommeille dans son bureau. Vers 16 h, Steve vend
une Dodge Stratus ayant 112 000 km au compteur à une femme qui
veut une voiture pour son fils adolescent. À l’heure de la fermeture, SK
Motors a vendu deux véhicules.
Un autre samedi, je visite le détaillant de voitures d’occasion
CarMax de Rockville, au Maryland. Il se trouve à une cinquantaine de
kilomètres de SK Motors sur le plan géographique, mais à des années-
lumière de ce dernier sur le plan commercial. Ici, les automobiles ran-
gées dans le stationnement des visiteurs sont plus nombreuses que
celles en vente chez SK Motors. Les voitures occupent un vaste terrain
asphalté qui ressemble au terrain de stationnement d’un aéroport, avec
ses allées signalées par des lettres pour aider les gens à s’y retrouver. La
pièce principale bourdonne comme le parquet de la Bourse : une ving-
taine de bureaux, plus de 40 vendeurs, une foule de clients.
Cependant, la plus grande différence n’est ni dans la taille ni dans le
bruit. Elle est dans l’information. Chez SK Motors, l’autre samedi,
aucun client ne paraissait avoir effectué la moindre recherche sur les prix,
les offres concurrentes ou la qualité des automobiles. Ici, la moitié des
clients brandissent des documents imprimés chez eux. D’autres tapotent
sur un iPhone ou un iPad. Et ceux qui auraient encore besoin d’un accès
Internet peuvent utiliser les ordinateurs mis à leur disposition par
CarMax. SK Motors, qui s’adresse à des clients dont le crédit est si com-
promis qu’ils doivent accepter des dispositifs de surveillance et des taux
d’intérêt astronomiques, peut encore bénéficier de l’asymétrie d’infor-
mation. CarMax a bâti son modèle économique sur la démarche inverse.
La société a été créée en 1993 avec l’ambition de réinventer la
manière dont les Américains achètent des véhicules d’occasion. Deux
décennies plus tard, elle figure au palmarès des 500 premières entre-
prises dressé par Fortune, vend plus de 400 000 voitures par an et réalise
plus de 9 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel42. Dès le début,
CarMax a bousculé les conventions qui sont à l’origine de notre pre-
mier nuage de mots. Par exemple, elle a introduit le prix fixe pour
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Comment être
L’accordage
E
n 1992 est sorti en salle le film Glengarry, inspiré d’une pièce de
théâtre célèbre aux États-Unis, Glengarry Glen Ross de David
Mamet, prix Pulitzer et Tony Award. La scène se passe à Chicago.
Quatre vendeurs à la petite semaine sont installés dans les locaux miteux
d’une agence de la société immobilière Mitch & Murray. Ils ne font pas
beaucoup d’affaires. Par une soirée triste et pluvieuse, leurs patrons du
centre-ville leur envoient Blake, un prédateur impitoyable au costume
impeccable, pour les secouer.
Joué par Alec Baldwin, Blake, dans une scène épique de dramatisa-
tion commerciale, enseigne la vente à ces hommes d’âge mûr. Il démarre
sur le ton de la dérision, met en doute leur virilité et les bombarde de
jurons. Puis il passe aux menaces. « Ce mois-ci, on ajoute un petit sup-
plément au concours de vente, annonce-t-il. Comme vous le savez, le
premier prix est une Cadillac Eldorado. Quelqu’un a envie du deu-
xième prix ? » Il brandit un paquet. « Le deuxième prix est un ensemble
de couteaux à steak. » Une petite pause. « Le troisième prix, c’est votre
renvoi de l’entreprise. Pigé ? »
Blake conclut sa harangue sur un vieux truc de formateur commer-
cial, en dépliant un tableau sur lequel il a tracé à la craie les trois pre-
mières lettres de l’alphabet : « ABC, explique-t-il. A pour always, B pour
be, C pour closing. Always be closing. » (« Toujours conclure. »)
Cet ABC, always be closing, est une pierre de touche de la cathé-
drale commerciale. Les vendeurs qui réussissent poursuivent leur proie
sans relâche, comme les meilleurs chasseurs de toutes les espèces. La
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« Je fais cela dans toutes les situations de vente, assure Dan
Shimmerman, fondateur de Varicent Software Inc., entreprise prospère
de Toronto récemment acquise par IBM. Pour moi, il est très impor-
tant de bien comprendre non seulement qui sont les acteurs clés parti-
cipant aux décisions, mais aussi quels sont leurs biais et leurs préférences.
Avec une carte mentale, je dispose d’un tableau complet et je peux
consacrer mon temps, mon énergie et mes efforts aux relations utiles. »
La cartographie sociale évite de négliger un acteur essentiel au cours du
processus, estime Shimmerman. « Il serait lamentable de perdre une
année à essayer de vendre quelque chose à Mary pour s’apercevoir fina-
lement que la décision appartenait à Dave. »
Cependant, l’accordage n’est pas seulement un exercice cognitif. Il
a aussi une composante matérielle, comme le montrera notre troisième
principe.
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ont utilisé les mêmes scénarios que dans l’étude précédente – la vente
d’une station-service et la négociation entre un demandeur d’emploi et
un recruteur –, mais leur ont ajouté une nouvelle dimension. Cinq
minutes avant le début de l’exercice, certains des participants recevaient
un « message important » qui leur donnait des instructions supplémen-
taires sur la façon de venir à bout de leur mission. Le voici.
« Les négociateurs efficaces vous conseillent d’imiter les manières de
votre interlocuteur pour parvenir à un meilleur accord. Par exemple, si
l’autre se frotte le visage, faites-en autant ; s’il se penche vers l’arrière ou
vers l’avant sur sa chaise, agissez de même. Cependant, selon eux, il est
très important que l’imitation soit assez subtile pour que l’autre per-
sonne ne remarque pas ce que vous faites, sans quoi cette technique
aura un effet totalement négatif. Évitez aussi de lui consacrer trop d’at-
tention pour ne pas perdre de vue l’objectif de la négociation. Il
convient de trouver un juste milieu, de pratiquer une imitation régu-
lière mais subtile qui ne vous déconcentrera pas 55. »
L’« imitation stratégique » s’est avérée efficace. Invités à la pratiquer –
là encore après seulement cinq minutes de préavis et de préparation –, les
participants ont obtenu des résultats remarquables. Dans le scénario de
la station-service, « les négociateurs qui imitaient les manières de la partie
adverse avaient plus de chance de parvenir à un accord bénéfique pour les
deux parties56 ». Dans le scénario du recrutement, les imitateurs faisaient
mieux que les non-imitateurs – et cela sans indisposer l’autre partie. Les
chercheurs ont intitulé leur article « Chameleons Bake Bigger Pies and
Take Bigger Pieces57 » (« Les caméléons cuisinent de plus gros gâteaux et
en prennent de plus gros morceaux »).
Les raisons de ce succès résident dans les racines mêmes de notre
espèce, explique Galinsky. Notre cerveau a été formé par l’évolution à
une époque où nous avions des liens de parenté avec la plupart des gens
qui nous entouraient et en qui nous pouvions donc avoir confiance. Par
la suite, « l’augmentation de la taille des groupes a rendu nécessaires des
contacts plus élaborés entre les gens », a-t-il dit au cours d’un entretien.
Nous avons donc recherché dans notre environnement des indices
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Gwen Martin m’a aussi dit que les meilleurs vendeurs avaient une
grande intelligence émotionnelle, mais qu’ils ne laissaient pas la rela-
tion psychologique les submerger. Ils sont curieux et posent des ques-
tions qui vont au cœur de ce que leurs interlocuteurs pensent. Ils
entrent dans leur tête et pas seulement dans leur cœur, selon la deu-
xième règle de l’accordage.
Surtout, m’a dit Gwen Martin, « vous devez être d’une manière ou
d’une autre capable de vous synchroniser avec les gens, de vous relier à
eux, que ce soit avec une grand-mère ou avec un étudiant qui vient
d’obtenir son MBA ». Comment décrit-elle cette aptitude ? « Cela peut
sembler bizarre, dit-elle, mais j’appelle cela savoir faire le caméléon. »
L’avantage de l’« ambiverti »
Les meilleurs vendeurs sont des extravertis. La définition scolaire de ce
type de personnalité dit bien pourquoi : « Les individus chez qui l’extra-
version est forte sont décrits comme sociables, affirmés, vifs et en
recherche de sensations67. » Pour faire bouger les autres, il faut entrer en
contact avec eux, et les extravertis se plaisent dans des situations sociales
où les introvertis épuiseraient leur énergie. À l’aise avec les autres, ils
n’hésitent pas à dire ce qu’ils veulent.
Cet aspect affirmé est utile, qu’on cherche à convaincre un client
potentiel de faire appel à notre agence de relations publiques ou un
étranger de changer de place dans un train. Les extravertis sont ami-
caux et sociables, et donc, plus à même d’engager les conversations
vivantes qui mènent à des relations et, peut-être, à des ventes. Enfin,
par leur nature même, ils recherchent la stimulation et dégagent une
énergie et un enthousiasme qui peuvent être contagieux tout en condui-
sant à de nombreuses formes d’influence et de persuasion. Sociable,
affirmé, vif et en recherche de sensations : tel est le profil idéal pour
faire bouger autrui.
« Les vendeurs représentent le prototype des gens sociables dans
notre culture », l’incarnation même de « l’idéal extraverti » qui modèle
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120,00 $
100,00 $
80,00 $
60,00 $
40,00 $
20,00 $
$
Introvertis Extravertis Ambivertis
Source : Adam Grant, Université de Pennsylvanie
16 000
C.A (en dollars)
14 000
12 000
10 000
8 000
1 2 3 4 5 6 7
Extraversion
Source : Adam Grant, Université de Pennsylvanie
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* Alfred Fuller, fondateur de Fuller Brush Company, est un des rares pros de la vente
à avoir compris cela il y a longtemps. « Je m’imaginais autrefois le vendeur comme
un beau parleur capable de convaincre un bouton de porte d’acheter un produit
pour les cuivres », a-t-il écrit dans ses mémoires. Pourtant, « le type de chez Fuller
Brush n’est pas souvent un extraverti de BD… La plupart du temps, il est plutôt
timide et le cache par une confiance étudiée. »
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L’accordage
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craignent le jugement des autres. Celle de Collins est plus amicale. Elle
ouvre les perspectives au lieu de les rétrécir et elle débouche toujours
sur une conversation intéressante.
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Tirez un fauteuil
À 48 ans, Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, a déjà fait beaucoup de
choses. Il a bouleversé le commerce de détail et est devenu une des
30 personnes les plus riches de la planète. De manière plus discrète, il
a mis au point une des meilleures pratiques d’accordage que je connaisse.
Chez Amazon, comme dans la plupart des organisations, les réu-
nions sont nombreuses. Au cours des plus importantes d’entre elles, à
côté des fauteuils occupés par les cadres, les as du marketing et les
génies informatiques, Bezos en installe un de plus, qui reste vide. Il est
là pour rappeler à tous les participants que la personne la plus impor-
tante de l’assemblée, c’est le client. Le fauteuil vide est devenu légen-
daire au siège d’Amazon, à Seattle. Sa présence incite les participants
des rencontres à se mettre à la place de cette personne aussi invisible
qu’indispensable. Qu’est-ce qui lui passe par la tête ? Quels sont ses
désirs et ses soucis ? Que penserait-elle des idées que nous proposons ?
Essayez d’en faire autant dans votre monde. Si vous êtes en train de
préparer un exposé, le fauteuil vide peut représenter le public et ses
centres d’intérêt. Si vous rassemblez des documents avant d’appeler un
client potentiel, il vous aidera à imaginer les objections ou les questions
que votre interlocuteur pourrait formuler. Si vous dressez le plan d’un
cours, il peut vous inciter à réfléchir à ce que souhaitent vos étudiants.
Vous accorder aux autres en renonçant à votre point de vue afin
d’adopter le leur est essentiel pour faire bouger autrui. Vous asseoir
dans leur fauteuil est un moyen intelligent, facile et efficace pour vous
mettre à leur place.
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1. La carte de discussion
À votre prochaine réunion, coupez court aux commentaires avec un
plan qui peut vous aider à révéler la cartographie sociale du groupe.
Dessinez un diagramme indiquant où sont assis les participants de la
rencontre. Au début de la séance, notez qui s’exprime le premier en
inscrivant un X à côté de son nom. Puis, chaque fois que quelqu’un
parle, faites un X à côté de son nom. Si une personne s’adresse à une
autre en particulier plutôt qu’au groupe entier, tracez une ligne de l’une
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Le brio
U
n mercredi matin, le lendemain du jour où il a vendu pour
quelque 150 $ de nettoyeurs pour tapis et de produits de net-
toyage aux deux avocates de San Francisco, l’homme de Fuller
Brush, Norman Hall, retourne à leur bureau pour livrer la marchan-
dise. Les avocates ne sont pas encore arrivées. Lui et moi nous replions
donc vers une salle de détente aménagée à l’angle du septième étage du
bâtiment. C’est un de ces espaces d’une banalité affligeante qu’on
trouve dans de nombreux immeubles de bureaux, avec un coin cuisine
et, au milieu, une table bon marché entourée de chaises bas de gamme.
Du moins avons-nous ainsi un endroit où nous installer. Et nous voilà
assis, évoquant la vie de Hall en attendant que ses clientes arrivent et
qu’il puisse leur remettre leur colis avant de poursuivre sa journée.
Au bout d’une demi-heure environ, une femme qui travaille de
l’autre côté du hall entre dans la pièce et commence à préparer du café.
Hall me signale en levant l’index qu’il désire interrompre notre conver-
sation pour bavarder avec elle.
— Est-ce vous, le nouveau bureau, là-bas ? lui demande-t-il.
— Oui, c’est nous, répond-elle en tournant la tête.
— Depuis de très, très nombreuses années, je suis en contact avec
les deux avocates qui sont ici, dit Hall. Et je comptais passer me présen-
ter. Je ne sais pas si cela peut vous intéresser. Je couvre cette partie de la
ville depuis près de 40 ans.
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— Oh ! fait la femme, toujours tournée vers le mur, d’une voix qui
ne dénote pas la moindre émotion.
— Je suis sûr que vous avez entendu parler de Fuller Brush, pour-
suit Hall.
— Oui… nous… répond-elle.
Elle est mal à l’aise. Et il est clair qu’elle s’efforce d’abréger la ren-
contre. Son café va-t-il être prêt avant que Hall lui ait débité tout son
discours ?
— Je crois que nous n’avons besoin de rien, reprend-elle.
Floc… floc… floc.
— Je ne cherche pas à m’imposer aux gens, assure Hall avec la voix
calme de celui qui a tout son temps.
Floc… floc… floc.
— OK, dit la femme avec l’intonation chantante de quelqu’un qui
essaie de mettre fin à la conversation. Merci…
Hall fait mine de ne rien remarquer.
— J’ai ici le catalogue de l’entreprise, et je fournis de petits articles
de nettoyage à certains bureaux. C’est pourquoi je suis ici.
La femme se tourne et croise les bras. Son regard va et vient de Hall
à la cafetière. Hall explique que les avocates sont ses clientes depuis
15 ans et qu’il attend afin de leur remettre ce qu’elles ont commandé la
veille. Il redit qu’il travaille dans le quartier depuis 40 ans. Il répète qu’il
ne bouscule personne, qu’il n’est pas un vendeur insistant, qu’il a sim-
plement des produits qui pourraient être utiles, et qu’il lui suffirait de
quelques minutes pour les lui présenter sans lui faire perdre son temps.
Floc… floc… le café est prêt.
— Bien, dit la femme, en étirant le mot assez longtemps pour
transformer un non franc et massif en un peut-être concédé à contre-
cœur. Arrêtez-vous en repartant.
104
Hall lui demande son nom. Elle s’appelle Beth. Elle sort avec sa
tasse de café tout chaud. Le silence s’installe dans la pièce. Hall attend
que Beth soit hors de portée de voix, puis il se penche vers moi. « Voilà
comment ça commence », me dit-il.
Norman Hall s’est mis à vendre des brosses Fuller parce qu’il était
sans le sou. Né à New York d’une mère qui résidait au foyer russe et
d’un Écossais qui travaillait comme représentant chez un éditeur, il a
fait une courte carrière d’enfant acteur. Après l’école secondaire, il est
entré à l’Université Cornell avec l’intention de devenir médecin. « Il est
vite devenu manifeste que ce n’était pas ma vocation, admet-il. Je pas-
sais plus de temps à jouer la comédie qu’à étudier. »
Après un temps dans l’U.S. Navy, Hall est retourné à New York
pour tenter sérieusement de devenir acteur professionnel. Les temps
étaient durs. Pour toucher un revenu régulier, il a suivi les traces de son
père et est devenu représentant chez un éditeur. Il s’est bientôt retrouvé
à San Francisco pour ouvrir un bureau de Grove Press, éditeur de Jack
Kerouac, de William Burroughs et d’Allen Ginsberg. En quelques
années, le bureau s’est effondré. Le mariage de Hall aussi. Il a ouvert un
restaurant, qui a été un échec où il a laissé ses économies. C’était au
début des années 1970. « J’en étais à mon dernier dollar, raconte-t-il.
J’ai répondu à une petite annonce de Fuller Brush, car l’entreprise
annonçait un taux très élevé de rotation des stocks et des rentrées
d’argent rapides. »
La première semaine, Hall a failli renoncer quatre fois à cet emploi.
Bien qu’il ait été vendeur auparavant et qu’il ait donc eu l’habitude de
s’entendre dire non, le porte-à-porte lui est apparu particulièrement
brutal. Rapides et féroces, les rejets se manifestaient souvent par de la
grossièreté et des portes claquées. Cependant, chaque fois qu’il a voulu
abandonner, un des vendeurs chevronnés du bureau de San Francisco l’a
pris à part. Cet homme, Charlie, était « la quintessence du représentant
Fuller Brush », dit Hall. Il l’a encouragé, lui a dit que les rejets qu’il accu-
mulait faisaient partie du cursus normal et qu’il devrait continuer.
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pour lesquelles ils font les choses et leur rappelle que beaucoup de ces
motifs viennent de l’intérieur d’eux-mêmes*.
La première composante du brio est donc le soliloque interrogatif.
Pouvez-vous le pratiquer ? Eh bien, posez-vous la question !
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Le brio
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1. Est-ce permanent ?
Mauvaise réponse : « Oui. Je ne suis plus capable de faire bou-
ger les autres. »
Meilleure réponse : « Non. J’étais à plat aujourd’hui, car je
n’avais pas assez dormi. »
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2. Est-ce général ?
Mauvaise réponse : « Oui. Dans ce secteur, il est impossible de
traiter avec autrui. »
Meilleure réponse : « Non. Ce type-là était un idiot. »
3. Est-ce personnel ?
Mauvaise réponse : « Oui. Il n’a rien acheté parce que j’ai raté
ma présentation. »
Meilleure réponse : « Non. Il n’était pas prêt à acheter tout de
suite. »
Plus vous présentez les événements néfastes comme temporaires,
spécifiques et externes, plus vous êtes susceptible de persévérer, même
dans l’adversité. Comme certains psychologues positifs le disent, l’es-
sentiel est de contester et de dédramatiser les explications négatives. De
discuter, de décortiquer chaque explication à la manière dont un avocat
teigneux contre-interrogerait un témoin. Trouvez des failles dans le
récit de votre interlocuteur. Contestez ses prémisses. Dévoilez ses
contradictions internes. Demandez-vous quelles sont les conséquences
d’ensemble et pourquoi elles ne sont pas aussi catastrophiques qu’on
l’aurait cru à première vue.
Vous trouverez davantage de renseignements à ce sujet sur le site
web de Seligman (www.authentichappiness.sas.upenn.edu/Default.
aspx), où vous vous soumettrez à son test d’optimisme pour vous faire
une idée de votre style actuel. Consultez aussi son ouvrage classique, La
force de l’optimisme.
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1. L’énumération
Tentez de compter combien de fois on vous dit non au cours d’une
semaine. À l’aide d’une des nombreuses applications gratuites offertes
pour les téléphones intelligents, évaluez le nombre d’occasions où vos
efforts pour faire bouger autrui se heurtent à un mur. (Si vous n’avez
pas envie de vous frotter au numérique, un calepin et un crayon feront
tout aussi bien l’affaire.)
À la fin de la semaine, vous serez peut-être étonné par le nombre de
« non » que le monde vous aura destinés, mais une autre chose vous
surprendra plus encore : vous tenez bon. Même pendant cette semaine
où vous avez traversé un océan de rejet, vous avez réussi à surnager. Ce
constat peut vous donner assez de volonté pour continuer et assez de
confiance pour faire mieux la semaine suivante.
2. L’étreinte
Si vous essuyez un grand nombre de « non », envisagez de faire comme
Jay Goldberg, fondateur de Bergino Baseball Clubhouse, une galerie
d’art et d’objets de collection de New York. Au début de sa carrière, il
travaillait pour un groupe-conseil dans le domaine des campagnes poli-
tiques, mais il aurait bien voulu trouver un emploi dans un grand club
de baseball. Il a donc écrit aux 26 équipes de la Major League en solli-
citant un entretien ou un stage qui lui donnerait sa chance. Vingt-cinq
clubs lui ont fait une réponse négative, et il n’a pas eu de réponse des
Yankees de New York.
Goldberg a conservé ces lettres. Quand il a lancé sa propre agence
sportive, au début des années 1990, il les a encadrées et accrochées au
mur de son bureau. « C’était ma manière de montrer que je n’avais pas
renoncé, dit-il. J’ai subi tous ces rejets, mais j’ai continué à avancer. »
Encore mieux, les représentants de certaines des équipes qui lui avaient
répondu par la négative ont eu l’occasion d’avoir leur lettre sous les
yeux en venant chez lui négocier un contrat avec un de ses clients. « Ces
lettres me font sourire chaque fois que je les regarde », dit-il. Aujourd’hui,
elles ornent toujours son bureau dans sa boutique pleine de clients ;
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elles lui rappellent chaque jour que la manière de considérer les rejets
dépend de la manière de les présenter.
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La clarté
P
ardonnez-moi cette intrusion dans vos affaires personnelles, mais
permettez-moi de vous poser une question : mettez-vous assez
d’argent de côté pour votre retraite ? Si vous êtes comme la plu-
part des gens, votre réponse sera : « Euh… probablement pas. » Partout
dans le monde, mais spécialement aux États-Unis, le nombre de gens
qui ne prévoient pas suffisamment leur âge d’or se situe quelque part
entre l’inquiétant et le consternant. À peu près la moitié des foyers
américains ne sont pas préparés au jour où, arrivant à 65 ans, le chef de
famille prendra sa retraite. Les trois quarts des Américains ont moins
de 30 000 $ dans leur compte d’épargne-retraite101.
Ce n’est pas entièrement notre faute. En partie parce que l’évolu-
tion de notre cerveau date d’une époque où l’avenir était périlleux,
nous, humains, sommes peu doués pour attacher notre esprit à des
événements lointains. Nos biais nous lient au présent. Ainsi, si on nous
propose de choisir entre une récompense immédiate (par exemple,
1 000 $ tout de suite) et une récompense que nous devrons attendre
(1 150 $ dans deux ans), nous préférerons souvent la première option,
alors qu’il serait dans notre intérêt d’adopter la seconde.
Les pouvoirs publics et les chercheurs en sciences sociales ont ima-
giné quelques méthodes pour nous aider à surmonter cette faiblesse.
Une d’elles, qui rappelle l’astuce d’Ulysse se faisant ligoter au mât de
son navire afin d’écouter les sirènes, consiste à restreindre notre possi-
bilité de choisir. Nous demandons à notre employeur de déduire auto-
matiquement un montant donné de chaque paye et de le déposer dans
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Ceux qui avaient regardé leur image future (le groupe « Moi plus tard »)
ont affecté à celui-ci un montant de plus de deux fois supérieur : 172 $103.
Pour déterminer plus précisément l’origine des différences dans les
réponses – était-ce la vision de son propre visage de vieillard ou le rap-
pel du vieillissement en général ? –, les chercheurs ont réalisé une expé-
rience similaire avec d’autres participants. Cette fois, la moitié d’entre
eux ont regardé leur portrait vieilli (« Moi plus tard »), et l’autre moitié,
le portrait vieilli de quelqu’un d’autre (« Toi plus tard »). Les résultats
ont été sans appel. Ceux qui avaient regardé leur propre image à 70 ans
ont économisé plus que ceux qui avaient vu l’image d’un septuagénaire
indéterminé. Des expériences semblables, réalisées à l’aide d’équipe-
ments moins compliqués qu’un environnement immersif de réalité vir-
tuelle, ont révélé une tendance identique. Le groupe « Moi plus tard »
économisait toujours davantage104.
Le problème de notre épargne-retraite, ont montré ces études, n’est
pas seulement notre faible capacité à comparer les récompenses immé-
diates aux récompenses futures. C’est aussi le rapport – ou plutôt
l’absence de rapport – entre notre moi actuel et notre moi futur.
D’autres recherches ont révélé que « réfléchir à notre moi futur met en
jeu des modèles d’activation similaires aux modèles neuronaux éveillés
quand nous songeons à un étranger105 ». Nous voir dans un avenir loin-
tain est si pénible que nous nous représentons souvent ce moi futur
comme quelqu’un d’entièrement différent. « Pour des gens étrangers à
leur moi futur, l’épargne ressemble à un choix entre dépenser de l’argent
aujourd’hui et le donner à un étranger des années plus tard106. »
Hershfield et ses collègues ont découvert qu’il ne suffisait pas de
tenter de résoudre un problème existant en amenant les gens à mieux
équilibrer leurs récompenses à court et à long terme, car là n’était pas le
point qui avait le plus besoin d’une solution. Leur vrai progrès a été la
détection d’une difficulté nouvelle, jusque-là ignorée : nous nous consi-
dérons comme des personnes différentes aujourd’hui et dans l’avenir.
Une fois ce problème circonscrit, ils ont pu esquisser une solution :
montrer aux gens une image d’eux-mêmes vieillissants. En parallèle,
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1. Le cadrage du moins
Les recherches montrent qu’une quantité excessive d’une bonne chose
peut la transformer en mauvaise chose. Au cours d’une étude bien
connue, Sheena Iyengar, de l’Université de Columbia, et Mark Lepper,
de Stanford, ont installé des kiosques dans une épicerie fine de Menlo
Park, en Californie, et ont proposé aux passants de goûter et d’acheter
différentes confitures. Le premier kiosque présentait 24 variétés. Une
semaine plus tard, ils ont dressé un kiosque proposant six variétés seule
ment. Comme on s’en doute, les clients ont été bien plus nombreux à
s’arrêter devant celui qui proposait un vaste choix.
Cependant, quand les chercheurs se sont penchés sur les achats
effectués, les résultats ont été si « frappants [qu’ils] semblaient contre-
dire une hypothèse fondamentale des théories classiques de la psycho-
logie sur la motivation humaine et des théories économiques du choix
rationnel ». Parmi les consommateurs qui avaient visité le kiosque pro-
posant 24 variétés, 3 % seulement avaient acheté de la confiture. Dans
le cas du kiosque où le choix était limité, 30 % avaient fait un achat113.
Autrement dit, en divisant par 4 le choix proposé aux consommateurs,
on avait multiplié les ventes par 10.
Voici maintenant une étude plus récente. On a demandé aux parti
cipants d’imaginer qu’ils voulaient apprendre l’allemand. On les a
ensuite divisés en deux groupes. L’un devait choisir entre un cours de
langue allemande en ligne à 575 $ et un progiciel d’enseignement de
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leurs achats futurs, ils croient que les expériences leur apporteront plus
de satisfaction que les biens physiques116. Plusieurs facteurs expliquent
ce phénomène. Par exemple, nous nous adaptons vite aux changements
matériels. La superbe BMW neuve qui nous réjouissait tant trois
semaines plus tôt n’est plus qu’un moyen de transport pour aller au
travail. À l’inverse, la randonnée dans l’Ouest canadien demeure dans
notre esprit, et avec le temps qui passe, nous avons tendance à oublier les
menus désagréments (tiques) et à nous souvenir des joies intenses (cou-
chers de soleil sublimes). Les expériences nous donnent aussi des sujets
de conversation et des histoires à raconter, qui peuvent faciliter nos
contacts avec les autres et approfondir la connaissance de notre propre
identité, ce qui dans les deux cas accroît notre satisfaction.
C’est pourquoi une vente axée sur les expériences est davantage
susceptible de conduire à la satisfaction des clients et au renouvellement
des ventes. Donc, si vous vendez une voiture, n’insistez pas trop sur ses
sièges en cuir de Corinthe. Soulignez plutôt ce qu’elle permettra à
l’acheteur de faire : voir de nouveaux endroits, visiter de vieux amis, se
constituer des souvenirs.
3. Le cadrage de l’étiquette
Si vous avez étudié l’économie, vécu à l’époque de la guerre froide ou
joué à des jeux de société, vous connaissez probablement « le dilemme
du prisonnier ». En voici le scénario de base : A et B sont soupçonnés
d’avoir commis un délit, mais la police et le procureur n’ont pas de
preuves suffisantes pour les inculper. Ils décident de mettre les suspects
sous pression en les interrogeant séparément. Si A et B se taisent, cha-
cun d’eux ne subira qu’une peine légère : un mois de prison. Si tous
deux avouent, ils seront condamnés à six mois de prison chacun. Si A
avoue tandis que B reste coi, B fera 10 ans de prison et A sera libéré.
Inversement, si B avoue tandis que A reste silencieux, A passera 10 ans
derrière les barreaux et B sera relâché. Évidemment, A et B s’en sorti-
raient mieux s’ils coopéraient, c’est-à-dire s’ils n’ouvraient pas la bouche.
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4. Le cadrage terni
Se pourrait-il que le négatif devienne positif quand il s’agit de faire
bouger autrui ? C’est ce que trois professeurs de marketing ont cherché
à savoir au cours d’une étude menée en 2012. Dans une série d’expéri-
mentations, ils ont présenté aux sujets des renseignements sur des
chaussures de randonnée, comme si les participants cherchaient à les
acheter en ligne. À la moitié du groupe, ils ont donné la liste de ce que
les chaussures avaient de bien : semelles orthopédiques, matériaux
imperméables, garantie de cinq ans, etc. À l’autre moitié, ils ont remis
la même liste d’arguments positifs en la faisant suivre d’un point néga-
tif : ces chaussures n’étaient malheureusement offertes qu’en deux
couleurs. Fait remarquable, les gens qui avaient reçu cette petite dose
d’information négative se sont souvent montrés plus disposés à acheter
les chaussures que ceux qui n’avaient reçu que de l’information
positive.
Les chercheurs ont surnommé « effet défaut » ce phénomène par
lequel « l’ajout d’un détail négatif mineur dans la description par ailleurs
positive d’une cible peut conférer à cette description un effet plus posi-
tif ». Toutefois, cela ne semble fonctionner que dans deux circonstances.
Premièrement, les gens qui traitent l’information doivent être dans ce
que les chercheurs appellent un état de « faible effort », c’est-à-dire
qu’au lieu de se concentrer intensément sur la décision, ils font un peu
moins d’effort, peut-être parce qu’ils sont occupés ou distraits.
Deuxièmement, l’information négative doit suivre l’information posi-
tive et non la précéder. Là encore, la comparaison crée de la clarté. « La
logique de base est que, lorsque des individus reçoivent des renseigne-
ments négatifs de faible ampleur après avoir reçu de l’information posi-
tive, ces renseignements soulignent ou accroissent la primauté de
l’information positive118. »
Par conséquent, si vous cherchez à convaincre une personne qui ne
pèse pas délibérément chaque mot, présentez-lui tous vos arguments
positifs, puis ajoutez-y un peu de négatif. Le fait de signaler honnê
tement un petit défaut peut faire ressortir la vraie beauté de votre offre.
143
5. Le cadrage potentiel
Jusqu’ici, nous avons envisagé la vente de confitures de luxe, de logiciels
d’apprentissage de l’allemand et de chaussures de randonnée… à un
détail près. Quel est le meilleur cadrage quand on cherche à se vendre
soi-même ? D’instinct, on se dit qu’on devrait recourir à un cadrage de
succès, en soulignant les contrats signés, les collaborateurs remobilisés,
les récompenses accumulées.
Pourtant, dans un article fascinant et riche d’enseignement publié
en 2012, Zakary Tormala et Jayson Jia, de l’Université Stanford, et
Michael Norton, de la Harvard Business School, suggèrent une appro
che différente. Ce qu’il convient de faire, disent-ils, est de souligner le
potentiel. Ces chercheurs ont par exemple mis des participants dans le
rôle d’un directeur général de la National Basketball Association chargé
d’établir les contrats des athlètes. Les uns devaient proposer une entente
à un joueur aux statistiques impressionnantes, comptant cinq ans d’ex-
périence. Les autres devaient s’occuper d’une recrue qui, selon toutes
probabilités, serait en mesure d’égaler les statistiques du premier au
cours des cinq saisons suivantes. En général, les participants ont attri-
bué au premier joueur un contrat supérieur à quatre millions de dollars
pour sa sixième année, ce qui est déjà pas mal. Cependant, et c’est là le
résultat intéressant, ils ont dit qu’ils s’attendaient à verser plus de cinq
millions de dollars au débutant pour sa sixième saison.
De même, les chercheurs ont testé deux annonces Facebook diffé
rentes pour le même comédien, Kevin Shea. La moitié des messages
avançaient qu’il « pourrait être la prochaine grande vedette », et l’autre
moitié, qu’il « était la prochaine grande vedette ». La première annonce
a généré bien plus de clics et de « j’aime » que la seconde. La leçon de
cette recherche, écrivent les universitaires, est que « le potentiel d’exceller
dans un domaine peut être préféré au fait d’être effectivement bon dans
ce domaine119 ».
Les gens trouvent souvent que le potentiel est plus intéressant que
la réussite, car il est empreint d’incertitude, soutiennent les chercheurs.
144
145
les moins prêts à contribuer ont fait un don quand ils ont reçu la lettre
contenant un appel concret avec une carte et l’indication du lieu où
déposer les aliments. Ce qui les a fait bouger, ce n’est pas seulement la
requête, mais aussi le fait que les demandeurs leur avaient fourni une
voie de sortie vers leur destination. Riche d’une demande précise
accompagnée d’un moyen clair pour la satisfaire, le groupe le moins
disposé à contribuer a donné trois fois plus que le groupe le plus prêt à
donner qui n’avait pas reçu de consignes claires120.
Conclusion : on aura beau être transparent au sujet de ce qu’il faut
penser, les gens risquent de ne pas bouger si on ne les éclaire pas sur la
manière d’agir.
À sa manière, ce chapitre est une voie de sortie. J’espère que vous
aurez vu dans cette deuxième partie que les qualités nécessaires
aujourd’hui pour la vente traditionnelle et pour le commercial sans
vente – le nouvel ABC – comprennent un esprit ardent, un toucher
adroit et un sens des possibilités. Vous aurez ainsi compris comment
être. Cependant, vous devez aussi savoir comment faire. Pour cela,
veuillez passer à la troisième partie après avoir examiné la mallette
d’échantillons exposée dans les pages qui suivent
146
La clarté
149
« Voilà une question qui prend tout le monde par surprise », écrit
Pantalon dans Instant Influence. Demander pourquoi le chiffre
n’est pas plus petit sert de catalyseur. La plupart des gens qui
refusent de faire ou de croire quelque chose n’ont pas une posi-
tion binaire, oui-non, allumé-éteint. Aussi, évitez de leur poser
une question de ce genre. Si votre client potentiel a ne serait-ce
qu’une mince envie de bouger, dit Pantalon, le fait de lui deman-
der de se situer sur une échelle de 1 à 10 peut faire apparaître un
« non » apparent comme un vrai « peut-être ».
Plus important encore, tandis qu’elle explique pourquoi elle se
note 4 au lieu de 3, votre fille commence à énoncer ses propres raisons
d’étudier. Elle passe de la défense de son comportement actuel à l’ex-
posé des raisons pour lesquelles, à un certain niveau, elle voudrait se
conduire autrement. Cela, dit Pantalon, lui permet de clarifier ses
motivations personnelles, positives et intrinsèques pour étudier, ce qui
accroît les chances qu’elle le fasse bel et bien.
Alors, sur une échelle de 1 à 10, à quel point êtes-vous prêt à essayer
la technique en deux questions de Pantalon ? Et pourquoi votre chiffre
n’est-il pas plus petit ?
150
1. La minisecousse
À votre prochaine réunion, assoyez-vous à l’autre bout de la table
de conférence. En sortant du travail, empruntez un chemin diffé-
rent pour rentrer chez vous. Au lieu de commander votre mets
habituel dans votre restaurant favori, choisissez le 11e plat du menu.
2. La demi-secousse
Passez une journée dans un cadre qui ne vous correspond pas. Si
vous êtes professeur, installez-vous dans le cabinet d’un ami avocat.
Si vous êtes comptable, prenez votre après-midi et passez-le avec un
maître nageur ou un gardien de parc.
3. La pleine secousse
Visitez un pays dont la culture est différente de la vôtre. Vous en
reviendrez probablement secoué, mais vos idées seront plus claires.
1. La recherche
Une fois que vous avez défini le domaine dans lequel vous aimeriez
intervenir comme curateur (par exemple, la réforme de l’enseigne-
ment au second degré, les dernières modes de la planche à rou-
lettes, les vices et les vertus des valeurs mobilières garanties par des
hypothèques), dressez la liste des meilleures sources d’information.
151
2. La définition du sens
Vous aurez une vraie valeur ajoutée en créant du sens à partir des
documents que vous avez réunis. Cela peut être tout simplement
une liste annotée de liens web ou un blogue personnel que vous
alimentez régulièrement. Beth Kanter conseille de consulter cette
liste de ressources tous les jours.
3. Le partage
Une fois que vous avez récolté les bons éléments et que vous les
avez organisés de manière à leur donner un sens, vous êtes prêt à les
partager avec vos collègues, vos clients ou les membres de votre
réseau social. Vous pouvez le faire par courriel, par lettre d’informa-
tion ou à l’aide de Facebook, de Twitter ou de LinkedIn. Vous aide-
rez ainsi les autres à voir leur situation sous un jour nouveau et
peut-être à déceler des problèmes que vous pourriez résoudre.
« La gestion de contenus est en partie une forme d’art, en partie une
science, mais c’est surtout une pratique quotidienne », écrit Beth
Kanter. Consultez à ce sujet son introduction à la gestion de contenus
(www.bethkanter.org/content-curation-101).
152
153
Lisez !
Les thèmes de ce chapitre – du cadrage des arguments à la gestion des
données, en passant par la recherche de problèmes – ont fait l’objet de
plusieurs livres. Voici 5 ouvrages qui figurent parmi mes favoris :
1. Influence et manipulation (titre original : Influence : Science and
Practice), par Robert Cialdini (First, 2e éd., 2004). Cialdini a fait
accomplir à l’étude de la persuasion plus de progrès que qui que
ce soit dans le monde. Ce livre est un classique. Vous devez le
lire. Procurez-le-vous tout de suite. Ses séminaires publics,
auquel j’ai participé, sont excellents. Vous trouverez d’autres ren-
seignements sur le site www.influenceatwork.com.
2. Idées de génie. Comment créer des messages qui marquent les esprits
(titre original : Made to Stick : Why Some Ideas Survive and Others
Die), par Chip Heath et Dan Heath (Pearson, 2e éd., 2007). Les
frères Heath sont les dignes successeurs de Cialdini. Leur premier
livre est un bijou. Il vous apprendra comment créer des messages
qui « collent » en respectant quelques principes : simplicité,
caractère inattendu, caractère concret, crédibilité, émotion et
histoire.
3. Switch : osez le changement (titre original : Switch, How to Change
Things When Change Is Hard), par Chip Heath et Dan Heath
(Leduc.s, 2012). Quelques années après Idées de génie, les frères
Heath ont pondu un nouveau livre, lui aussi excellent. Il est
consacré au changement qui, vous diront-ils, suppose que l’élé-
phant émotionnel et le cornac rationnel travaillent de concert.
4. Conditionnés pour trop manger. Comment l’environnement
influence votre appétit (titre original : Mindless Eating : Why We
Eat More Than We Think), par Brian Wansink (Marabout,
2010). L’inverse de la clarté est l’obscurité. Et celle-ci a une cou-
sine germaine, l’insouciance, le fait de ne pas être conscient.
Wansink montre comment, par inadvertance, nous sommes les
154
Trouvez le 1 %
Il y a bien longtemps, à l’époque de mes études de droit, j’ai suivi un
cours intitulé « Transactions commerciales internationales » présenté
155
156
Comment faire
Le pitch
À
l’automne 1853, un artisan américain du nom d’Elisha Otis,
qui avait imaginé une solution à un des problèmes de méca-
nique les plus ardus de l’époque, cherchait un endroit presti-
gieux pour en faire la démonstration.
Dans ce temps-là déjà, beaucoup d’immeubles américains étaient
équipés d’ascenseurs. Cependant, la mécanique qui faisait fonctionner ces
machines élémentaires, composée de cordes et de poulies, n’avait guère
évolué depuis l’époque d’Archimède. Un câble solide tirait une plate-
forme le long d’une tige, ce qui fonctionnait souvent très bien – sauf
quand le câble lâchait, auquel cas la plate-forme s’écrasait au sol, détrui-
sant son chargement.
Otis avait imaginé un moyen de remédier à ce défaut. Grâce à un
ressort de charrette fixé à la plate-forme et à des barres à cliquet instal-
lées à l’intérieur de la tige, si la corde se rompait, le frein de sécurité se
déclenchait automatiquement et empêchait l’ascenseur de chuter.
Capable d’engendrer des économies et de sauver des vies, l’invention
avait un potentiel énorme, mais Otis se heurtait au scepticisme et aux
peurs du public.
Otis a donc loué le principal hall d’exposition de ce qui était alors
le plus grand centre de congrès de New York. Il y a bâti une plate-forme
d’ascenseur ouverte, glissant le long d’une tige et capable de monter et
de descendre. Un après-midi, il a fait réunir des congressistes pour une
démonstration. Il a grimpé sur la plate-forme et a demandé à un
159
160
dans la satire hollywoodienne The Player. C’est comme Les dieux sont
tombés sur la tête, sauf que la bouteille de Coca est une actrice ! » Étant
donné que ce qui se passe derrière les murs des studios est souvent un
mystère, deux professeurs d’écoles de commerce ont décidé d’aller y
voir de plus près.
Pendant cinq ans, Kimberly Elsbach, de l’Université de la Californie
à Davis, et Roderick Kramer, de l’Université Stanford, ont observé le
processus du pitch hollywoodien. Ils ont assisté à des dizaines de réu-
nions, épluché les comptes rendus d’autres rencontres et interrogé des
scénaristes, des agents et des producteurs. L’étude122 très remarquée qu’ils
ont rédigée pour l’Academy of Management Journal constitue un excellent
guide, même pour ceux qui vivent la vidéo sur le canapé du salon.
La découverte essentielle de ces chercheurs est la suivante : la réus-
site d’un pitch dépend autant de celui qui le reçoit que de celui qui
l’émet. En particulier, Elsbach et Kramer se sont aperçus que ce rituel
élaboré recouvrait deux processus. Dans le premier, le récepteur (c’est-
à-dire le dirigeant) utilise différents indices physiques et comportemen-
taux pour évaluer la créativité de l’émetteur (c’est-à-dire le scénariste).
Les récepteurs considèrent la passion, l’esprit et l’originalité comme des
indices positifs, et l’habileté, l’intensité et la multiplicité des idées
comme des indices négatifs. Si, dans les premières minutes, le récepteur
évalue l’auteur du pitch comme non créatif, sa conclusion est faite en
pratique, même si la réunion n’est pas terminée.
Cela dit, pour les auteurs de pitchs, il ne suffit pas d’être classé dans
la catégorie créative ; un second processus est à l’œuvre. Dans les pitchs
les plus réussis, l’émetteur ne livre son idée au récepteur qu’après avoir
obtenu son acquiescement. Bref, il fait de son interlocuteur un collabo-
rateur. Plus les dirigeants – les « costumes », comme les appellent ironi-
quement leurs comparses censément plus artistiques – sont capables de
contribuer à la réflexion, meilleure l’idée devient, et plus elle a de
chances d’obtenir le feu vert.
161
162
siègent comme tout le monde dans des bureaux vitrés ou des espaces
ouverts encourageant le contact et la collaboration. La porte fermée est
de moins en moins la norme. Il y a 50 ans, vous et moi n’aurions pas eu
d’autre occasion que les trajets en ascenseur pour rencontrer le PDG.
Aujourd’hui, nous pouvons rôder du côté de son bureau, lui envoyer un
courriel ou l’interroger au cours d’une réunion.
Ensuite, quand le PDG du milieu du XXe siècle sortait de l’ascen-
seur pour retourner à son bureau, il n’avait probablement qu’à faire
quelques appels téléphoniques et à traiter quelques mémos. De nos
jours, chacun – le grand patron comme la plus récente recrue – doit
affronter un torrent d’information. Selon une estimation du McKinsey
Global Institute, l’Américain moyen entend ou lit plus de 100 000 mots
chaque jour126. Si on quitte son bureau le temps de boire une tasse de
café, on est accueilli à son retour par des courriels, des SMS et des
tweets, sans parler des blogues qu’on n’a pas lus, des vidéos qu’on n’a
pas regardées et, si on a plus de 40 ans, des appels téléphoniques aux-
quels on n’a pas répondu.
Nous avons aujourd’hui plus d’occasions de faire passer notre mes-
sage qu’Elisha Otis ne l’aurait imaginé. Cependant, nos récepteurs ont
bien plus de distractions que les congressistes de 1853 assemblés pour
voir Otis survivre à sa chute. C’est pourquoi nous devons élargir notre
répertoire d’argumentaires en l’adaptant à une époque d’attention limi-
tée et de caveat venditor.
Depuis quelques années, je collecte des pitchs partout où j’en
trouve. D’après mes investigations, voici les 6 successeurs probables du
discours de l’ascenseur. Je vous explique en quoi ils consistent, com-
ment ils fonctionnent et comment vous pouvez les utiliser pour enga-
ger une conversation qui aboutira à faire bouger autrui.
163
164
2. Le pitch interrogatif
En 1980, Ronald Reagan était candidat à la présidence des États-Unis,
et la situation économique était mauvaise. Il n’est jamais facile de détrô
ner un président en place, même s’il est aussi vulnérable que Jimmy
Carter, élu en 1976. Reagan devait donc montrer que la mauvaise
gestion de l’économie par Carter justifiait un changement de président.
Dans son pitch à l’intention des électeurs, il aurait pu présenter un
exposé déclaratif : « Votre situation économique s’est détériorée au cours
des 48 derniers mois. » Il aurait également pu soutenir son affirmation
par une litanie de données sur l’accélération de l’inflation et l’impor-
tance du chômage. Au lieu de cela, il a posé une question : « Vous
sentez-vous mieux aujourd’hui qu’il y a quatre ans ? »
Comme on l’a vu au chapitre 5 à propos du soliloque interrogatif, les
questions contiennent souvent une énergie étonnante. Pourtant, quand
on essaie de faire bouger autrui, on a tendance à les sous-employer en
dépit des nombreuses études de sciences sociales qui disent qu’on ferait
mieux d’y recourir plus souvent. Depuis des recherches menées dans les
années 1980, plusieurs universitaires ont constaté que les questions
étaient capables, mieux que les énoncés, de persuader autrui.
Ainsi, Robert Burnkrant et Daniel Howard, de l’Université de l’État
de l’Ohio, ont testé le potentiel d’une série de pitchs brefs auprès d’un
groupe d’étudiants de premier cycle. Le sujet portait sur les étudiants de
troisième année : les universités devraient-elles les obliger à subir un exa-
men complet comme condition d’obtention du diplôme ? Quand les
chercheurs présentaient des arguments forts en faveur de cette politique
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force une ligne de pensée congruente et sont plus disposés à agir en consé-
quence. Aussi, conscient des éléments sous-jacents liés à la psychologie
sociale, ne devriez-vous pas renoncer au discours affirmatif au profit de la
question la prochaine fois qu’il vous faudra présenter un argumentaire à
un employeur, à un client potentiel ou à un ami hésitant ?
3. Le pitch rimé
Les avocats, en particulier ceux qui sont spécialisés en droit criminel,
ont pour métier de faire bouger autrui. Ils vendent des verdicts à des
jurés. Et leur plaidoirie – l’ultime résumé des arguments présentés au
cours du procès – joue à cet égard un rôle primordial. C’est le pitch par
excellence, qui réduit à l’essentiel des jours, voire des semaines de
travaux documentaires.
En 1995, un avocat américain nommé Johnnie Cochran a assuré la
défense de l’ex-champion de football américain O. J. Simpson, accusé
du meurtre de sa femme et de l’amant de celle-ci. Parmi les indices
présentés aux jurés se trouvait un gant taché de sang, qui avait été
découvert sur les lieux du crime et dont l’accusation disait qu’il appar-
tenait à Simpson. Pour démontrer que le gant était celui de l’athlète, le
procureur avait demandé à celui-ci de l’enfiler devant les jurés. Simpson
avait essayé, mais sans parvenir à y glisser la main. Dans sa plaidoirie,
pour affirmer l’innocence de son client, Cochran a lancé le pitch sui-
vant : « If it doesn’t fit, you must acquit. » (« S’il ne peut l’enfiler, vous
devez l’acquitter. ») Cette formule est restée célèbre aux États-Unis. Le
jury a libéré Simpson, en partie grâce à la rime (fit/acquit) de Cochran.
Disparu en 2005, ce dernier a probablement agi d’instinct, mais sa
technique est largement validée par la littérature des sciences sociales. Par
exemple, au cours d’une étude menée en 2000, Matthew S. McGlone et
Jessica Tofighbakhsh, du Lafayette College, ont présenté aux participants
une liste de 60 aphorismes en leur demandant si chacun d’eux était « une
description correcte du comportement humain132 ». Dans la liste figu-
raient des éléments rimés et d’autres modifiés pour ne pas rimer, comme
on le voit à la page suivante.
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168
Haribo exploite un savoir que vous pouvez vous aussi utiliser dans
votre travail et votre vie quotidienne. Si vous intervenez devant le
conseil de votre municipalité, résumez votre argument principal de
manière rimée ; cela donnera aux gens un moyen pour parler de votre
proposition lorsqu’ils délibéreront. Si vous êtes un travailleur indépen-
dant invité à faire une présentation devant un client potentiel, l’emploi
d’une rime peut renforcer la fluence de votre auditoire et, donc, per-
mettre à votre message de s’inscrire dans l’esprit du client pendant qu’il
est en train de vous comparer à vos concurrents. N’oubliez pas : les
pitchs qui riment sont plus sublimes.
4. Le pitch-titre
Le courrier électronique est si intégré à notre vie que, comme le disent
les chercheurs de Xerox Parc, il « ressemble désormais plus à un habitat
qu’à une application134 ». Comme pour tout habitat, cependant, plus
nous y sommes immergés, moins nous remarquons ses caractères
distinctifs. C’est pourquoi beaucoup d’entre nous n’ont pas encore
compris que tous les messages qu’ils envoient sont des pitchs sollicitant
l’attention des gens et les invitant à faire des gestes.
L’acceptation de cette invitation, ou même la simple ouverture du
message, dépend surtout de l’expéditeur. Vous lirez plus probablement
le courriel envoyé par votre patron ou votre petite amie que celui d’une
entreprise dont vous n’avez jamais entendu parler et qui propose un
produit dont vous n’avez pas besoin. L’élément qui arrive au deuxième
rang en ce qui a trait à la manière dont le message est reçu est son objet
(le titre), qui annonce le contenu du courriel.
En 2011, trois professeurs de l’Université Carnegie Mellon ont réa-
lisé une série d’études afin de savoir pourquoi certains titres étaient plus
efficaces que d’autres. Dans une des expériences, ils ont utilisé la
« méthode de la réflexion à haute voix » : les participants, consultant
leur boîte de courriel, racontaient pourquoi ils choisissaient de lire des
messages, d’y répondre, de les transmettre ou de les effacer. Il est apparu
que leur décision dépendait de deux facteurs : l’utilité et la curiosité.
169
Les gens avaient toutes les chances de « lire les messages directement liés
à leur travail ». Cela n’a rien d’étonnant. Ils étaient aussi disposés à
« ouvrir les messages s’ils éprouvaient un degré d’incertitude modéré
quant à leur contenu, c’est-à-dire s’ils étaient “curieux” de découvrir la
teneur des envois135. »
L’utilité et la curiosité étaient à peu près aussi puissantes l’une que
l’autre, mais semblaient fonctionner de façon indépendante. La pre-
mière s’appliquait davantage quand les destinataires recevaient beau-
coup de messages, et « la curiosité [attirait] l’attention sur les courriels
dans des conditions de faible demande ». Une des explications de la
différence des comportements selon les conditions résidait dans la
motivation des choix. Les gens ouvraient des messages utiles pour des
raisons extrinsèques : ils avaient quelque chose à gagner ou à perdre. Ils
consultaient les autres messages pour des raisons intrinsèques : par
simple curiosité.
Des recherches ont montré que le fait d’essayer d’ajouter des motiva-
tions intrinsèques aux motivations extrinsèques avait souvent un effet
négatif136. C’est pourquoi, disent les chercheurs de Carnegie Mellon, le
titre qu’on indique en objet du courrier électronique devrait être soit
utile (Voici le photocopieur le meilleur et le moins cher), soit intrigant (Une
révolution dans la photocopie !), mais pas les deux à la fois (Le Canon
IR2545 est une révolution dans la photocopie). Si on considère le volume
de courriels avec lequel la plupart des gens doivent composer, l’utilité
l’emporte souvent sur le mystère, bien qu’il puisse être étonnamment
efficace dans certains cas de faire appel à la curiosité innée des destina-
taires avec un titre provocateur ou même l’absence de titre.
Outre l’utilité et la curiosité, il existe un troisième principe : la spé-
cificité. Brian Clark, fondateur du célèbre site web sur la rédaction
publicitaire Copyblogger, conseille d’indiquer des objets « ultraspéci-
fiques137 ». Ainsi, un titre du genre Améliorer votre swing au golf aura
moins de résultat que celui-ci : 4 trucs pour améliorer votre swing au golf
dès aujourd’hui.
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5. Le pitch Twitter
Tous les ans, le Tippie College of Business de l’Université de l’Iowa
reçoit plus de 300 candidatures pour les quelque 70 places de son pro-
gramme de MBA. Les candidats lui font parvenir leurs diplômes uni-
versitaires, les notes obtenues au test standard d’admission en école de
commerce, des lettres de recommandation et plusieurs dissertations.
En 2011, Tippie a ajouté une épreuve à son processus de sélection afin
de tester l’aptitude au pitch des futurs dirigeants d’entreprise. Cette
épreuve consiste à répondre à une question relativement banale :
« Qu’est-ce qui fait de vous un candidat exceptionnel au MBA à plein
temps du Tippie College et un de ses futurs étudiants ? » Il est demandé
aux candidats de répondre sous la forme d’un tweet – un micromessage
de 140 caractères au maximum138.
Voici donc le pitch Twitter, qui emploie Twitter comme support et
impose la concision exigée par son nombre limité de caractères. Un des
pionniers de cette forme de message est le programmeur, créateur et
investisseur Stowe Boyd. En 2008, Boyd se rendait à un congrès et pré-
voyait discuter avec quelques start-up. Pour éviter de crouler sous les sol-
licitations, il imposait à toute entreprise désireuse de le rencontrer de lui
adresser une demande par Twitter. Cette démarche, note un observateur,
est « rapide, sans douleur et cohérente. Elle coupe court au bla-bla des
directeurs de la communication et oblige les entreprises à résumer ce
qu’elles font en un maximum de 140 caractères139. » À une époque où
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6. Le pitch Pixar
À quelque 650 km au nord de Hollywood, sur la côte est de la baie de
San Francisco, se trouve Emeryville. Un colosse improbable de l’indus-
trie du divertissement a élu domicile dans cette petite ville de Californie.
À ses débuts, Pixar Animation Studios, idole des geeks, était la division
numérique de Lucasfilm. Trente-cinq ans plus tard, c’est un des studios
les plus prospères de l’histoire du cinéma. Depuis Toy Story en 1995,
Pixar a produit 13 longs métrages qui ont généré 7,6 milliards de
dollars de recettes dans le monde, soit le montant étonnant de 585 mil-
lions de dollars par film143. Six films de Pixar (Le monde de Nemo, Les
Indestructibles, Ratatouille, WALL-E, Là-haut et Toy Story 3) ont rem-
porté des Academy Awards du meilleur dessin animé, et ce ne sont là
que quelques-uns des 26 Oscars reçus au total par le studio.
Comment Pixar fait-il ? Son succès est attribuable à de nombreux
facteurs : la sagacité de Steve Jobs, qui a très tôt investi dans l’entreprise,
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Le pitch
2. Le pitch interrogatif
Un truc de pro : utilisez ce type de pitch si vos arguments sont forts.
S’ils sont faibles, préférez une affirmation. Mieux encore, trouvez
de nouveaux arguments.
➟ À votre tour :
3. Le pitch rimé
Un truc de pro : ne vous usez pas les méninges à chercher des rimes.
Trouvez un dictionnaire de rimes sur Internet. (Pour les anglo-
phones, j’ai ma préférence : http ://rhymezone.com).
➟ À votre tour :
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4. Le pitch-titre
Un truc de pro : relisez l’intitulé des 20 derniers courriels que vous
avez envoyés. Notez combien d’entre eux font appel à la curiosité
ou au sens de l’utilité. S’il y en a moins de 10, reformulez ceux qui
ne satisfont pas à cette condition.
➟ À votre tour :
5. Le pitch Twitter
Un truc de pro : bien que Twitter autorise 140 caractères,
limitez-vous à 120 afin que les destinataires puissent le faire suivre.
Rappelez-vous : les meilleurs pitchs sont brefs, aimables et faciles à
retweeter.
➟ À votre tour :
6. Le pitch Pixar
Un truc de pro : lisez l’intégralité des 22 règles du scénario selon
Emma Coats sur le site http ://bit.ly/jlVWrG (en anglais).
➟ À votre tour :
Il était une fois ___. Chaque jour ___. Puis un jour ___. À cause
de cela ___. C’est pourquoi ___. Jusqu’à ce qu’enfin ___.
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les pitchs en un seul mot et les pitchs rimés en les accompagnant d’une
photographie ou d’une image illustrant votre idée. Comme la commu-
nication numérique repose moins sur le texte que sur l’image, l’intitulé
de votre message et votre pitch Twitter devraient être reliés à un support
visuel saisissant. Vous pouvez même utiliser des accessoires. Par
exemple, si l’économiste George Akerlof, évoqué au chapitre 3, basait
un pitch sur les conséquences en cascade de l’asymétrie d’information,
il pourrait joindre à son message l’image d’une poubelle.
De même, la vidéo est un moyen d’associer l’efficacité des communi
cations électroniques avec l’intimité d’une discussion au cours de
laquelle on regarde son interlocuteur en face et où on entend sa voix.
Une excellente technique à ce sujet consiste à envoyer par courrier élec-
tronique de brefs messages vidéo, ce qu’il est possible de faire presque
sans effort et souvent gratuitement avec QuickTime (renseignez-vous
sur www.quicktime.com).
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L’improvisation
E
n cette langoureuse matinée de fin de printemps, me voici dans
une situation absurde et compromettante. Au 14e étage d’un
immeuble de bureaux de Manhattan, je me trouve avec une
femme qui n’est pas la mienne, les yeux plongés dans les siens.
Ne me reprochez pas cette transgression. C’est la faute de mes
oreilles. Comme celles de la plupart d’entre vous, elles ont toujours
bien fonctionné, mais je n’ai jamais vraiment appris à m’en servir. En
fait, je me trouve dans cet endroit étrange, une petite salle de réunion
aux fenêtres couvertes de papier kraft, afin d’apprendre à écouter. Et
comme les 13 dirigeants qui m’accompagnent – ils viennent de grandes
entreprises comme la Bank of America ou de jeunes entreprises numé-
riques aux noms abracadabrants –, je suis là pour recevoir l’enseigne-
ment d’une experte. Elle s’appelle Cathy Salit. En 1970, à l’âge de
13 ans, elle a abandonné ses études pour créer sa propre école à
Manhattan, dans l’Upper West Side. Cela l’a conduite à une carrière de
dirigeante d’associations, puis d’actrice et, enfin, après quelques péripé-
ties, à sa situation actuelle, qui consiste en quelque sorte à chuchoter à
l’oreille des vendeurs.
Cathy Salit dirige une entreprise nommée Performance of a
Lifetime qui enseigne le théâtre d’improvisation aux employés des
sociétés – non pour qu’ils se produisent moyennant des cachets ridi-
cules dans les clubs à courants d’air de Greenwich Village, mais pour les
rendre plus efficaces dans leurs fonctions habituelles. Au cœur de son
enseignement se trouve l’écoute.
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* Allusion au motel du film Psychose, d’Alfred Hitchcock ; Bates Motel est aussi le
titre d’une série télévisée dérivée du film et diffusée depuis mars 2013 aux États-
Unis. (NdT)
186
les mains sur mes hanches. Ses bras minces prennent la même pose. Je
fais ressortir les coudes. Elle en fait autant. Je noue mes doigts et lève
les mains au-dessus de la tête. Elle agit de même. Je fais pivoter mon
corps dans le sens des aiguilles d’une montre. Elle… Vous avez sûre-
ment compris l’idée.
Comme on l’a appris au chapitre 4, l’imitation stratégique peut
renforcer la prise de perspective. L’imitation en miroir telle qu’on la
pratique ici répond à un autre objectif. Cathy Salit nous enseigne les
techniques du théâtre d’improvisation, qui sont capitales, on va le voir,
pour quiconque désire faire bouger autrui.
La vente et le théâtre ont beaucoup en commun. Pour les pratiquer,
il faut avoir du cran. Les vendeurs décrochent le téléphone pour appe-
ler des étrangers ; les acteurs entrent sur scène devant des inconnus. Les
uns et les autres s’exposent à des rejets – portes claquées, appels ignorés
et refus en rafale pour les vendeurs, auditions ratées, public amorphe,
critiques acerbes pour les acteurs. La vente et le théâtre ont évolué selon
des trajectoires comparables.
Le théâtre, par exemple, a toujours reposé sur des scénarios. Les
acteurs sont libres d’interpréter les textes à leur manière, mais la pièce
leur indique quoi dire et, dans bien des cas, où et comment le dire. Les
pionniers américains de la vente ont cherché à reproduire la démarche
du théâtre. Titan du commerce et fondateur de National Cash Register
Company à la fin du XIXe siècle, John H. Patterson imposait à tous ses
vendeurs de mémoriser des scénarios. Avec le temps, comme le raconte
Walter Friedman, historien des affaires à l’Université Harvard, ces scé-
narios sont devenus plus détaillés, et le bref guide intitulé « Comment
vendre les caisses enregistreuses NCR » s’est transformé en un manuel
de vente de près de 200 pages146.
De plus en plus précises, note Friedman, les instructions indi-
quaient « non seulement ce que les vendeurs devaient dire, mais aussi ce
qu’ils devaient faire en le disant » et contenaient des indications scéno
graphiques façon NCR. Les monologues concoctés par l’entreprise
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— Oui, mais si les gens ne peuvent pas faire garder leurs enfants
chez eux, ils ne viendront pas… »
Le processus d’organisation tourne en rond sans que rien ni per-
sonne ne bouge. Puis, les participants prennent un autre chemin, où la
conjonction délétère « mais » est remplacée par sa sœur rassembleuse
« et ». La nouvelle version de l’échange pourrait ressembler à ceci :
« Organisons notre réunion d’anciens à Las Vegas.
— Oui, et si c’est trop cher pour certains, nous pourrions récolter
de l’argent.
— Oui, et si nous nous y prenons assez tôt, nous pourrions faire
une réservation groupée dans un hôtel pour obtenir une remise.
— Oui, et nous pourrions organiser des activités pendant la journée
pour les anciens qui n’aiment pas le jeu ou pour les familles avec enfants.
— Oui, et si nous sommes assez nombreux, nous pourrions nous
mettre ensemble pour payer des gardiennes d’enfants afin que les
parents puissent sortir un soir.
— Oui, et ceux qui le désireraient pourraient aller voir un spectacle
ensemble. »
Au lieu de proposer un cercle vicieux d’idées noires, l’expression
« oui, et » tire le dialogue vers différentes possibilités. Quand vous vous
arrêtez, vous avez une série d’options et non l’impression d’avoir fait du
surplace.
Les moments où dire « non » ne manquent pas dans la vie.
Cependant, s’il s’agit de faire bouger autrui, ce deuxième principe de
l’impro est la meilleure position par défaut. Ses avantages ne se limitent
pas à la vente et au commercial sans vente. « “Oui, et” n’est pas une
technique, dit Cathy Salit. C’est une manière d’être. »
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197
faire partager son point de vue à l’autre, qui ne doit répondre que par des
questions. Celles-ci doivent être d’authentiques interrogations, et non
pas des opinions déguisées (Ça ne vous ennuie pas que seuls les imbéciles
partagent votre avis ?). Elles ne doivent pas non plus être des questions
appelant une réponse par oui ou par non (J’ai raison, n’est-ce pas ?). Si
notre partenaire viole l’une ou l’autre des règles – en exprimant une opi-
nion ou en posant une question d’un type interdit –, nous devons faire
sonner la cloche de motel pour annoncer l’incartade à tout le groupe.
Je joue d’abord le rôle du questionneur, et ma partenaire affiche
une position sur une vieille controverse de politique américaine qui fait
les gros titres de la presse le jour de notre séminaire. Je réponds à sa
première revendication par un prudent « Vraiment ? », ce qui est techni-
quement une question, mais ne respecte pas réellement l’esprit de
l’exercice. Je me reprends et pose une vraie question.
Ma partenaire répond en élargissant son argument. Me remémorant
qu’il est important de ralentir, je fais une pause, je respire profondément
et je commence ma question par : « Mais que diriez-vous de… ? » C’est un
peu mieux. Elle passe alors à un autre axe de raisonnement. Aussitôt, sans
même réaliser ce que je dis, je riposte : « Vous plaisantez ! »
Ding ! En quatre minutes à peine, me voilà exclu du jeu.
À son tour de poser les questions. Peut-être instruite par ma démons-
tration piteuse, elle se débrouille plus habilement. Chaque fois que
j’avance un argument, sa première réponse est : « Ça, c’est intéressant ! »
La manœuvre lui donne le temps de concocter une question, mais tend
aussi à rendre l’atmosphère amicale. Quand elle pose une question, je
dois m’arrêter un moment, réfléchir et offrir une réponse intelligente.
L’idée ici n’est pas de gagner, mais d’apprendre. Quand les deux
parties voient leurs rencontres comme autant d’occasions d’apprendre,
le désir de remporter une victoire sur l’adversaire a du mal à trouver
l’oxygène nécessaire. Les questions, dont on a vu la puissance à propos
des soliloques interrogatifs et des pitchs efficaces, modifient les règles de
la relation, et donc, la nature du contact lui-même. La conversation se
198
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L’improvisation
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204
— Son…
— Père…
— Voulait…
— Mettre…
— Son…
— Cheval…
— Dans…
— Son…
— Écurie.
« Certaines de ces histoires font long feu au bout de la première
phrase, mais il en est aussi qui peuvent se compléter d’elles-mêmes »,
dit Johnstone. De quelque manière que le récit se déploie, cet exercice
est excellent pour vous aider à réfléchir vite et à tendre l’oreille à ce
qu’on vous offre.
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C’est plus difficile qu’il n’y paraît mais, en pratiquant cet exercice,
vous apprendrez à utiliser la forme interrogative pour progresser et
nouer le dialogue entre votre partenaire et vous.
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207
Le service
A
u Kenya, si vous voulez vous rendre d’une ville à une autre, vous
devrez probablement grimper à bord d’un matatu, petit autocar
ou camionnette de 14 places qui constitue le principal moyen de
transport sur longue distance du pays. Une fois à bord, préparez-vous à
vivre des émotions fortes. Le fait de confier à un jeune mâle le volant
d’un véhicule rapide est périlleux dans n’importe quel pays, mais les
Kényans eux-mêmes disent que les chauffeurs de matatu sont particuliè-
rement déjantés. Comme inspirés par Le cas étrange du Dr Jekyll et de
M. Hyde, ces gens par ailleurs aimables et d’humeur égale deviennent des
démons aux yeux hagards, ivres de vitesse, qui risquent leur vie et celles
de leurs passagers. C’est en partie pour cela que le Kenya affiche un des
taux de décès par accident de la circulation les plus élevés du monde157.
Dans les pays en voie de développement, la route tue aujourd’hui
autant que la malaria. À l’échelle du monde, près de 1,3 million de
personnes meurent chaque année dans des accidents routiers, qui
constituent la neuvième cause de décès. L’Organisation mondiale de la
santé prévoit qu’ils occuperont le cinquième rang en 2030, devant le
VIH/sida, le diabète, la guerre et la violence158.
Des pays comme le Kenya disposent de différents remèdes pour
contrer ce problème. Ils peuvent abaisser les limites de vitesse, réparer
les routes dangereuses et défoncées, inciter au port de la ceinture, ins-
taller des dos d’âne ou réprimer la conduite en état d’ivresse. Beaucoup
de ces mesures sont susceptibles de réduire leur macabre bilan, mais
209
toutes nécessitent des fonds publics ou des policiers vigilants, les uns et
les autres n’étant accessibles qu’en quantité limitée.
Aussi, à l’occasion d’une étude de terrain ingénieuse, deux écono-
mistes de l’Université Georgetown, James Habyarimana et William
Jack, ont imaginé un moyen pour modifier le comportement des fous
du volant kényans159. En accord avec les coopératives propriétaires des
véhicules, ils ont enrôlé 2 276 chauffeurs de matatu et les ont répartis
en deux groupes. Les conducteurs de véhicules dont le numéro d’im-
matriculation se terminait par un chiffre pair formaient le groupe de
contrôle, et ceux dont le numéro se terminait par un chiffre impair
parti
cipaient à une intervention exceptionnelle. À l’intérieur des
matatus des membres du deuxième groupe, les chercheurs ont placé
cinq autocollants rédigés à la fois en anglais et en kiswahili, la langue
nationale du Kenya. Certains de ces autocollants ne contenaient que
du texte, comme ceux-ci :
Figure 9.1
Figure 9.2
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aura plus de chances d’y parvenir si on suit les deux leçons implicites du
triomphe des autocollants dans les matatus : on doit donner à ses actes un
caractère personnel et leur attribuer du sens.
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213
Ce qui est vrai pour les médecins l’est pour nous tous. Toute
circonstance dans laquelle nous essayons de faire bouger autrui impli
que par définition un autre être humain. Pourtant, au nom du
professionnalisme, nous négligeons souvent cet élément pour adopter
une posture abstraite et distante. Nous ferions mieux de recalibrer
notre démarche en la rendant concrète et personnelle, pas par senti-
mentalisme, mais pour des raisons bien pratiques. Le problème général
de la sécurité routière au Kenya semble abstrait et distant ; cependant,
le fait d’amener les passagers à influencer leur chauffeur de matatu pen-
dant qu’il tient le volant rend le sujet concret et personnel. La lecture
d’une image de scanner seul dans une pièce, c’est abstrait et distant ; la
lecture de la même image assortie du portrait du patient rend le travail
concret et personnel. Dans la vente traditionnelle comme dans le com-
mercial sans vente, on réussit mieux quand, au lieu de se borner à ré-
soudre un problème, on s’attache à servir une personne.
Il est bon de mentionner que le fait d’aborder le travail de manière
personnelle a deux facettes. L’une est la prise en compte de la personne
qu’on tente de servir, par exemple celle qui a subi un examen au scan-
ner ; l’autre est l’engagement personnel derrière ce qu’on essaie de
vendre. Il m’a été donné de constater ce deuxième aspect, non dans les
pages d’une revue de sciences humaines ou dans les couloirs d’un labo
de biologie, mais sur les murs d’une pizzeria de Washington.
Un samedi soir de l’an dernier, ma femme et deux de nos enfants
ont voulu tester un nouveau restaurant, Il Canale, un établissement
italien bon marché conseillé par des amis. Nous avons dû attendre
quelques minutes pour qu’on nous place. Comme je suis affecté d’une
bougeotte incurable, je me suis mis à sautiller dans le petit hall. J’ai
stoppé net en voyant cette affiche encadrée, ornée du portrait du pa-
tron du restaurant, Giuseppe Farruggio :
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centre d’appels et qui disaient à quel point elles les avaient aidés. Le
troisième groupe d’appelants était le groupe de contrôle ; ses membres
ont lu des récits sans rapport avec leur intérêt personnel ou leur mis-
sion. Après cet exercice, les travailleurs prenaient leur téléphone, avec
pour consigne de ne pas mentionner les récits qu’ils venaient de lire aux
gens qu’ils essayaient de persuader de faire un don.
Quelques semaines plus tard, Grant a consulté les résultats. Le
groupe des avantages personnels et le groupe de contrôle avaient obte-
nu à peu près le même nombre de promesses de dons que dans la pé-
riode précédant la lecture, mais le groupe du sens était passé à la vitesse
supérieure. Il avait plus que doublé « le nombre de promesses reçues
chaque semaine et le montant hebdomadaire des dons récoltés175 ».
Formateurs commerciaux, notez bien ceci : ces cinq minutes de
lecture ont plus que doublé la production. Les récits ont conféré un
aspect personnel au travail des participants, et leur contenu a donné du
sens à leur tâche. Tel est bien ce que signifie servir : améliorer la vie
d’autrui et, ce faisant, améliorer le monde. C’est le fond du service et le
secret ultime pour faire bouger autrui.
En 1970, un inconnu de 66 ans, Robert Greenleaf, ancien cadre
chez AT&T, a publié un essai qui allait être marquant. Intitulé The
Servant as Leader, cet opuscule bouleversait en moins de 40 pages les
philosophies du leadership dans les affaires et la politique. Pour
Greenleaf, les leaders les plus efficaces n’étaient pas les chefs héroïques
et énergiques, mais plutôt les personnalités plus calmes, plus humbles,
dont la motivation essentielle était de servir ceux qui étaient en prin-
cipe placés sous eux. Greenleaf a donné à cette notion le nom de « lea-
dership serviteur ». « Le leader est d’abord un serviteur, écrivait-il. Pour
devenir un leader serviteur, il faut d’abord faire appel au sentiment
naturel suivant lequel la priorité est de servir. Puis, par choix conscient,
on finit par aspirer à diriger176. »
L’idée même que des leaders se fassent les subordonnés de ceux qui
les suivent, inversant ainsi la pyramide traditionnelle, en a mis certains
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222
Le service
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227
faire bouger autrui : nous devrions toujours agir comme si l’autre nous
faisait une faveur.
Cette démarche se rattache à la qualité d’accordage – en particulier
au constat que vous pouvez renforcer votre capacité à prendre du recul
en abaissant votre statut. Cela montre que, comme dans le cas du lea-
dership serviteur, la manière la plus sage et la plus éthique de faire
bouger autrui est d’agir avec humilité et gratitude.
Employez la technique de
la « signalisation psychologiquement intelligente »
Vous avez probablement remarqué que plusieurs exemples de ce cha-
pitre – des matatus kényans à la pizzeria Il Canale – faisaient intervenir
des écriteaux. La signalisation fait partie de notre environnement visuel,
mais nous l’employons souvent de manière trop sommaire.
Il existe un moyen de faire mieux. Je l’appelle la « signalisation
psychologiquement intelligente ». En général, les écriteaux ou les affi
ches sont destinés soit à aider les gens à trouver leur chemin, soit à
annoncer des règles. La signalisation psychologiquement intelligente va
plus loin. Elle parvient aux mêmes fins en utilisant les principes, vus
plus haut, selon lesquels on devrait donner un caractère personnel à nos
actes et leur donner du sens. Elle essaie de faire bouger autrui en expri-
mant de l’empathie pour la personne qui la regarde (c’est le volet per-
sonnel) ou en suscitant l’empathie de celle-ci de manière qu’elle
comprenne la logique de la règle affichée (c’est le volet sens).
Voici un exemple du premier genre. Il y a quelques années, je visi-
tais avec ma famille un musée de New York. Peu après notre arrivée,
plusieurs membres de la jeune génération ont annoncé qu’ils avaient
faim, et nous avons dû consacrer une partie de notre temps, limité, à
contempler le rayon des pâtisseries de la cafétéria plutôt que les tableaux
du musée. Nous y avons trouvé une queue qui ondulait le long du
comptoir comme un anaconda. J’ai grimacé, pensant que nous allions
passer là une éternité. Heureusement, j’ai repéré cette pancarte :
228
Ne vous inquiétez
pas.
Mon taux de cortisol est retombé. La queue était bien moins longue
que je le craignais, et j’ai passé ce bref temps d’attente dans un meilleur
état d’esprit. En suscitant mon empathie pour les gens qui formaient la
queue (c’est-a-dire en ajoutant à mon expérience quelque chose de per-
sonnel), la pancarte avait transformé l’impression ressentie.
Au cours d’une promenade non loin de chez moi, à Washington,
j’ai été témoin d’un exemple du second genre de signalisation psycho-
logiquement intelligente. Dans un carrefour animé, une petite église
trône au milieu d’une vaste pelouse. Beaucoup de gens du quartier
viennent promener leur chien dans ce coin-là, ce qui risque évidem-
ment de se traduire par un phénomène malodorant. Pour l’éviter, c’est-
à-dire pour faire bouger les promeneurs de chiens afin d’obtenir qu’ils
changent de comportement, l’église aurait pu afficher une simple sup-
plication sur une pancarte ressemblant à celle-ci, que j’ai légèrement
retouchée :
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232
V
endre est humain. Écrire un livre l’est moins, en tout cas si on
s’y prend de manière aussi laborieuse que moi. C’est pourquoi
je suis heureux d’avoir eu tant de gens autour de moi.
Rafe Sagalyn, le meilleur agent littéraire du monde, a compris les
possibilités de ce livre bien avant son auteur. Ses conseils et son amitié
me sont infiniment précieux. Merci aussi à Lauren Clark pour s’être
chargée de la question sur le front international.
Chez Riverhead Books, Jake Morrissey s’est montré comme tou-
jours intelligent et pondéré, en particulier quand des gens comme moi
l’étaient moins. Geoff Kloske a injecté dans ce projet son savoir-faire
rédactionnel considérable et sa puissance d’éditeur, ce dont je lui suis
reconnaissant. Un énorme merci aussi au service de production de
Riverhead pour ses efforts héroïques quand j’ai dépassé les délais.
Elizabeth McCullough m’a aidé en gros et en détail, que ce soit en
dénichant d’obscures études à la bibliothèque de l’Université de
Virginie, en repérant des fautes de frappe que personne n’avait vues ou
en m’apprenant à présenter mes notes de bas de page. Cindy Huggett,
un des meilleurs esprits en matière de formation et de développement,
m’a aidé avec maestria à rendre utiles et cohérents mes exemples pra-
tiques. Quant à Rob Ten Pas, il a une fois de plus fourni plusieurs
illustrations éloquentes.
Mes enfants, Pink, Sophia, Eliza et Saul, ont été fabuleux, suppor-
tant avec calme que leur père écrive un autre livre. (Hélas, il a été difficile
233
de leur vendre l’idée que renoncer à des vacances, expédier les repas et
manquer des matchs de baseball avait quelque chose de magnifique.)
Mais la personne la plus importante pour moi, ici et en toutes
choses, est Jessica Lerner. Elle a lu ce livre jusqu’au dernier mot, plu-
sieurs fois, à haute voix. Comme si cela ne suffisait pas, elle m’a écouté
lire chaque page, plusieurs fois, à haute voix. Elle m’a relu, poussé et
retenu avec la combinaison étonnante de puissance intellectuelle et de
tendresse qu’elle met dans tout ce qu’elle fait. Je ne le savais pas à
l’époque, mais le pitch le plus intelligent que j’ai produit date du
moment où je l’ai persuadée de sortir avec moi, il y a 22 ans. Je ne l’ai
jamais regretté.
234
1. Alfred C. Fuller (propos recueillis par Hartzell Spence), A Foot in the Door : The
Life Appraisal of the Original Fuller Brush Man, New York, McGraw-Hill, 1960, p. 2.
2. John Bainbridge, « May I Just Step Inside ? », The New Yorker, 13 novembre 1948.
3. « The Ups and Downs of the Fuller Brush Co. », Fortune, 1938, accessible sur http://
features.blogs.fortune.cnn.com/2012/02/26/the-fuller-brush-co-fortune-1938/ ;
Gerald Carson, « The Fuller Brush Man », American Heritage, août-septembre 1986 ;
Bainbridge, « May I Just Step Inside ? »
4. Gerald Carson, « The Fuller Brush Man ».
5. Alfred C. Fuller, A Foot in the Door, p. 197-198.
6. Voir par exemple, James Ledbetter, « Death of a Salesman. Of Lots of Them,
Actually », Slate, 21 septembre 2010, accessible sur www.slate.com/articles/business/
moneybox/2010/09/death_of_a_salesman_of_lots_of_them_actually.htm.
7. U.S. Bureau of Labor Statistics, « Occupational Employment and Wages Summary
(2011) », (statistiques résumées de l’emploi et des salaires) publié le 27 mars 2012. Voir
tableau 1, accessible sur www.bls.gov/news.release/ocwage.t01.htm. Selon ces données,
13,65 millions de personnes travaillent dans le secteur « vente et activités connexes » et
328 000 autres comme « responsables des ventes ». Cependant, cette enquête ne couvre pas
« les travailleurs indépendants ou les propriétaires de sociétés de personnes ». Si nous
supposons prudemment que seuls 10 % de ces quelque 14 millions de personnes exercent
aussi une activité de vente, cela porte le nombre à plus de 15 millions, soit à peu près
11 % de la main-d’œuvre totale. Voir « Occupational Employment and Wages Technical
Note », accessible sur www.bls.gov/news.release/ocwage.tn.htm. Voir aussi U.S. Census
Bureau, The Statistical Abstract of the United States : 2012, 131e éd., tableau 606, selon
lequel plus de 16 % des travailleurs indépendants relèvent des « activités commerciales et
administratives ». La société de conseil en économie du travail Economic Modeling
Specialists Intl. estime pareillement que la chute apparente du nombre de vendeurs serait
en partie due au passage d’un grand nombre de personnes de l’emploi traditionnel à un
statut de sous-traitant indépendant : « Les emplois dans la vente (comme d’autres emplois)
sont loin de disparaître de l’économie autant qu’ils disparaissent de l’emploi traditionnel
“couvert” – en fait, leur nombre et leur importance croissent hors de la zone éclairée par
les statistiques sur l’emploi habituelles. » L’analyse d’EMSI se trouve sur www.
economicmodeling.com/2010/09/30/the-premature-death-of-the-salesman/.
235
8. U.S. Census Bureau, The Statistical Abstract of the United States : 2012, 131e éd. Voir
page 300, tableaux 461 et 462, et page 18, tableau 13. Précision technique : les emplois
de la fonction publique et les emplois de l’industrie manufacturière – c’est-à-dire les
emplois groupés par secteur – sont totalisés mensuellement dans le bilan « Employment
Situation ». Les emplois commerciaux, comme indiqué ci-dessus, sont totalisés deux fois
par an dans les statistiques résumées de l’emploi et des salaires (« Occupational
Employment and Wages Summary »), qui regroupe les emplois par métier.
9. C. Brett Lockard et Michael Wolf, « Occupational Employment Projections to
2020 », Monthly Labor Review, 135, no 1, janvier 2012, p. 84-108. Voir page 88 et
tableau 1.
10. Statistique Canada, Enquête sur la population active [mensuelle], « Average Hourly
Wages of Employees by Selected Characteristic and Profession », avril 2012, accessible
sur www.statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l01/cst01/labr69a-eng.htm ; Australian
Bureau of Statistics, 2006 Census Tables, tableau 20680, accessible sur www.censusdata.
abs.gov.au/ ; Office for (UK) National Statistics, « Labour Force Survey Employment
Status by Occupation », avril–juin 2011, accessible sur www.ons.gov.uk/ons/
publications/re-reference-tables.html ?edition=tcm :77-215723.
11. Le nombre total de personnes occupant un emploi aux États-Unis est d’environ
216 millions. Le nombre de personnes travaillant dans les fonctions commerciales est
d’environ 29 millions. Monika Wozowczyk et Nicola Massarelli, « European Union
Labour Force Survey. Annual Results 2010 », Eurostat Statistics in Focus, 23 juin 2011 ;
Vincent Bourgeais, Eurostat Media and Institutional Support, correspondance avec
l’auteur, 17-22 mai 2012.
12. Bureau des statistiques du ministère japonais des Affaires intérieures et de la
Communication, The Statistical Handbook of Japan 2011, tableau 12.3, « Employment
by Occupation », offert en anglais sur www.stat.go.jp/english/data/handbook/c12cont.
htm#cha12_1.
13. L’agriculture occupe 36,7 % de la main-d’œuvre en Chine et 18,1 % en Inde d’après
The CIA World Factbook (2012), accessible sur http://1.usa.gov/2J7bUe et http://1.usa.
gov/9doDpD.
14. Adi Narayan, « Welcome to India, the Land of the Drug Reps », Bloomberg
Businessweek, 8 septembre 2011.
15. Voir « How Does Gallup Polling Work ? », sur www.gallup.com/poll/101872/how-does-
gallup-polling-work.aspx.
16. U.S. Census Bureau, 2009, « Nonemployer Statistics », accessible sur www.census.gov/
econ/nonemployer.
17. Kaomi Goetz, « For Freelancers, Landing a Workspace Gets Harder », NPR, 10 avril
2012, accessible sur www.npr.org/2012/04/10/150286116/for-freelancerslanding-a-
workspace-gets-harder.
18. Ryan Kim, « By 2020, Independent Workers Will Be a Majority », GigaOm, 8 décembre
2011, accessible sur http://gigaom.com/2011/12/08/mbo-partnersnetwork-2011/ ;
Kauffman Foundation, « Young Invincibles Policy Brief : New Poll Finds More Than Half
236
237
31. « Friday Thoughts », White Coat Underground, 24 juin 2011, accessible sur http://
whitecoatunderground.com/2011/06/24/friday-thoughts/.
32. Rosabeth Moss Kanter, « The “White Coat” Economy of Massachusetts », Boston
Globe, 9 mai 2006 ; Derek Thompson, « America 2020 : Health Care Nation », Atlantic,
17 août 2010, accessible sur www.theatlantic.com/business/archive/2010/08/america-
2020-health-care-nation/61647/.
33. George A. Akerlof, « Writing “The Market for ‘Lemons’” : A Personal and Interpretive
Essay », accessible sur www.nobelprize.org/nobel_prizes/economics/laureates/2001/akerlof-
article.html.
34. George A. Akerlof, « The Market for “Lemons” : Quality Uncertainty and the Market
Mechanism », Quarterly Journal of Economics, vol. 84, no 3, août 1970, p. 488-500.
35. Ibid., p. 489.
36. Joe Girard, avec Stanley H. Brown, How to Sell Anything to Anybody, New York,
Fireside, 2006, 1977, p. 6.
37. Ibid., p. 251.
38. Ibid., p. 121, 173.
39. Ibid., p. 49-51.
40. Ibid., p. 53.
41. Doug Gross, « Are Social Media Making the Resume Obsolete ? », CNN.com, 11
juillet 2012, accessible sur www.cnn.com/2012/07/11/tech/social-media/facebook-jobs-
resume/index.html.
42. Fortune 500, classement 2012, accessible sur http://money.cnn.com/magazines/fortune/
fortune500/2012/full_list/.
43. Alfred C. Fuller (propos recueillis par Hartzell Spence), A Foot in the Door :
The Life Appraisal of the Original Fuller Brush Man, New York, McGraw-Hill, 1960.
44. Voir par exemple, John F. Tanner Jr., George W. Dudley et Lawrence B. Chonko,
« Salesperson Motivation and Success : Examining the Relationship Between Motivation
and Sales Approach », étude présentée au congrès annuel de la Society for Marketing
Advances, San Antonio, Texas, novembre 2005.
45. Adam D. Galinsky, Joe C. Magee, M. Ena Inesi et Deborah H. Gruenfeld, « Power
and Perspectives Not Taken », Psychological Science, no 17, décembre 2006, p. 1068-
1074.
46. Ibid., p. 1070.
47. Ibid., p. 1071.
48. Britt Peterson, « Why It Matters That Our Politicians Are Rich », Boston Globe,
19 février 2012. Voir aussi Michael W. Kraus, Paul K. Piff et Dacher Keltner, « Social
Class as Culture : The Convergence of Resources and Rank in the Social Realm »,
Current Directions in Psychological Science, vol. 20, no 4, août 2011, p. 246-250.
238
49. Adam D. Galinsky, William W. Maddux, Debra Gilin et Judith B. White, « Why It
Pays to Get Inside the Head of Your Opponent : The Differential Effects of Perspective
Taking and Empathy in Negotiations », Psychological Science, vol. 19, no 4, avril 2008,
p. 378-384.
50. Pauline W. Chen, « Can Doctors Learn Empathy ? », New York Times, 21 juin 2012.
51. Galinsky et al., « Why It Pays », p. 383.
52. On trouvera une introduction accessible et de qualité au domaine de l’analyse du réseau
social dans les travaux de Valdis Krebs, offerts à l’adresse www.orgnet.com. Un excellent
livre d’introduction au sujet : Lee Rainie et Barry Wellman, Networked : The New Social
Operating System, Cambridge, MA, MIT Press, 2012.
53. William W. Maddux, Elizabeth Mullen et Adam D. Galinsky, « Chameleons Bake
Bigger Pies and Take Bigger Pieces : Strategic Behavioral Mimicry Facilitates Negotiation
Outcomes », Journal of Experimental Social Psychology, vol. 44, no 2, mars 2008, p. 461-468.
54. « L’effet caméléon évoque l’imitation inconsciente des attitudes, des manières, des
expressions du visage et des autres comportements de son interlocuteur, de telle sorte qu’on
modifie son comportement passivement et involontairement pour qu’il corresponde à celui
des autres dans son environnement social du moment. » Tanya L. Chartrand et John A.
Bargh, « The Chameleon Effect : The Perception-Behavior Link and Social Interaction »,
Journal of Personality and Social Psychology, vol. 76, no 6, juin 1999, p. 893–910.
55. Maddux et al., « Chameleons Bake Bigger Pies », p. 463.
56. Ibid., p. 466.
57. Ibid., p. 461.
58. Adrienne Murrill, « Imitation Is Best Form of Flattery – and a Good Negotiation
Strategy », Kellogg News, 16 août 2007. Accessible sur www.kellogg.northwestern.edu/
news_articles/2007/aom-mimicry.aspx.
59. Rick B. van Baaren, Rob W. Holland, Bregje Steenaert et Ad van Knippenberg,
« Mimicry for Money : Behavioral Consequences of Imitation », Journal of Experimental
Social Psychology, vol. 39, no 4, juillet 2003, p. 393-398.
60. Céline Jacob, Nicolas Guéguen, Angélique Martin et Gaëlle Boulbry, « Retail
Salespeople’s Mimicry of Customers : Effects on Consumer Behavior », Journal of
Retailing and Consumer Services, vol. 18, no 5, septembre 2011, p. 381-388.
61. Robin J. Tanner, Rosellina Ferraro, Tanya L. Chartrand, James R. Bettman et Rick
Van Baaren, « Of Chameleons and Consumption : The Impact of Mimicry on Choice
and Preferences », Journal of Consumer Research, no 34, avril 2008, p. 754-766.
62. April H. Crusco et Christopher G. Wetzel, « The Midas Touch : The Effects of
Interpersonal Touch on Restaurant Tipping », Personality and Social Psychology Bulletin,
vol. 10, no 4, décembre 1984, p. 512-517 ; Céline Jacob et Nicolas Guéguen, « The
Effect of Physical Distance Between Patrons and Servers on Tipping », Journal of
Hospitality & Tourism Research, vol. 36, no 1, février 2012, p. 25-31.
63. Nicolas Guéguen, « Courtship Compliance : The Effect of Touch on Women’s
Behavior », Social Influence, vol. 2, no 2 2007, p. 81-97.
239
64. Frank N. Willis et Helen K. Hamm, « The Use of Interpersonal Touch in Securing
Compliance », Journal of Nonverbal Behavior, vol. 5, no 5, septembre 1980, p. 49-55.
65. Damien Erceau et Nicolas Guéguen, « Tactile Contact and Evaluation of the
Toucher », Journal of Social Psychology, vol. 147, no 4, août 2007, p. 441-444.
66. Voir aussi Liam C. Kavanagh, Christopher L. Suhler, Patricia S. Churchland et Piotr
Winkielman, « When It’s an Error to Mirror : The Surprising Reputational Costs of
Mimicry », Psychological Science, vol. 22, no 10, octobre 2011, p. 1274-1276.
67. Daniel Kahneman, Ed Diener et Norbert Schwarz, éd., Well-Being : The Foundations
of Hedonic Psychology, New York, Russell Sage Foundation, 1999, p. 218.
68. P. T. Costa Jr. et R. R. McCrae, NEO PI-R Professional Manual, Odessa, FL,
Psychological Assessment Resources, Inc., 1992, p. 15 ; Susan Cain, Quiet : The Power
of Introverts in a World That Can’t Stop Talking, New York, Crown, 2012.
69. Voir par exemple tableau 1, Wendy S. Dunn, Michael K. Mount, Murray R. Barrick et
Deniz S. Ones, « Relative Importance of Personality and General Mental Ability in
Managers’ Judgments of Applicant Qualifications », Journal of Applied Psychology, vol.
80, no 4, août 1995, p. 500-509.
70. Adrian Furnham et Carl Fudge, « The Five Factor Model of Personality and Sales
Performance », Journal of Individual Differences, vol. 29, no 1, janvier 2008, p. 11-16 ;
Murray R. Barrick, Michael K. Mount et Judy P. Strauss, « Conscientiousness and
Performance of Sales Representatives : Test of the Mediating Effects of Goal Setting »,
Journal of Applied Psychology, vol. 78, no 5, octobre 1993, p. 715-722 (c’est nous qui
soulignons).
71. Murray R. Barrick, Michael K. Mount et Timothy A. Judge, « Personality and
Performance at the Beginning of the New Millennium : What Do We Know and Where
Do We Go Next ? », International Journal of Selection and Assessment, vol. 9, no 1-2,
mars–juin 2001, p. 9-30.
72. Voir par exemple, Adam M. Grant, Francesca Gino et David A. Hofmann,
« Reversing the Extraverted Leadership Advantage : The Role of Employee Proactivity »,
Academy of Management Journal, vol. 54, no 3, juin 2011, p. 528-550.
73. Adam M. Grant, « Rethinking the Extraverted Sales Ideal : The Ambivert Advantage »,
Psychological Science (à paraître, 2013).
74. H. J. Eysenck, Readings in Extraversion and Introversion : Bearings on Basic
Psychological Processes, New York, Staples Press, 1971.
75. Grant, « Rethinking the Extraverted Sales Ideal ».
76. Ibid.
77. Steve W. Martin, « Seven Personality Traits of Top Salespeople », HBR Blog Network,
27 juin 2011, accessible sur http://blogs.hbr.org/cs/2011/06/the_seven_personality_
traits_o.html ; Lynette J. Ryals et Iain Davies, « Do You Really Know Who Your Best
Salespeople Are ? », Harvard Business Review, décembre 2010.
78. Nate Boaz, John Murnane et Kevin Nuffer, « The Basics of Business-to-Business Sales
Success », McKinsey Quarterly, mai 2010.
79. Cain, Quiet : The Power of Introverts, p. 166.
240
80. Deniz S. Ones et Stephan Dilchert, « How Special Are Executives ? How Special
Should Executive Selection Be ? Observations and Recommendations », Industrial and
Organizational Psychology, vol. 2, no 2, juin 2009, p. 163-170.
81. Og Mandino, The Greatest Salesman in the World, New York, Bantam, 1968, p. 71, 87 ;
en français, Le plus grand vendeur du monde, traduction Jean-Pierre Manseau, Paris, Un
monde différent, 2004.
82. Napoleon Hill, How to Sell Your Way Through Life, Hoboken, NJ, Wiley, 2010, p. 49.
83. Ibrahim Senay, Dolores Albarracín et Kenji Noguchi, « Motivating Goal-Directed
Behavior Through Introspective Self-Talk : The Role of the Interrogative Form of
Simple Future Tense », Psychological Science, vol. 21, no 4, avril 2010, p. 499-504.
84. Ibid., p. 500-501.
85. Ibid., p. 500.
86. Voir en particulier l’œuvre d’Edward L. Deci et Richard M. Ryan, par exemple Edward
L. Deci et Richard M. Ryan, « The “What” and “Why” of Goal Pursuits : Human Needs
and the Self-Determination of Behavior », Psychological Inquiry, vol. 11, no4, octobre
2000, p. 227-268. Je décris certaines de ces recherches dans mon propre ouvrage,
Daniel H. Pink, Drive : The Surprising Truth About What Motivates Us, New York,
Riverhead Books, 2009 ; en français, La vérité sur ce qui nous motive, traduction Marc
Rozenbaum Paris, Leduc.s, 2011.
87. Shirli Kopelman, Ashleigh Shelby Rosette et Leigh Thompson, « The Three Faces
of Eve : Strategic Displays of Positive, Negative, and Neutral Emotions in Negotiations »,
Organizational Behavior and Human Decision Processes, vol. 99, no 1, janvier 2006,
p. 81-101.
88. Ibid.
89. Barbara L. Fredrickson, Positivity : Top-Notch Research Reveals the 3 to 1 Ratio
That Will Change Your Life, New York, Three Rivers Press, 2009, p. 21.
90. Barbara L. Fredrickson et Marcial F. Losada, « Positive Affect and the Complex
Dynamics of Human Flourishing », American Psychologist, vol. 60, no 7, octobre 2005,
p. 678-686.
91. Cory R. Scherer et Brad J. Sagarin, « Indecent Influence : The Positive Effects of
Obscenity on Persuasion », Social Influence, vol. 1, no2, juin 2006, p. 138-146.
92. Voir par exemple Marcial Losada et Emily Heaphy, « The Role of Positivity and
Connectivity in the Performance of Business Teams : A Nonlinear Dynamics Model »,
American Behavioral Scientist, vol. 47, no 6, février 2004, p. 740-765.
93. Barbara L. Fredrickson et Marcial F. Losada, « Positive Affect ».
94. Ibid., p. 658
95. Barbara L. Fredrickson, Positivity, p. 137.
96. Martin E. P. Seligman et Peter Schulman, « Explanatory Style as a Predictor of
Productivity and Quitting Among Life Insurance Sales Agents », Journal of Personality
and Social Psychology, vol. 50, no 4, avril 1986, p. 832-38.
241
97. Martin E. P. Seligman, Learned Optimism : How to Change Your Mind and Your
Life, New York, Vintage Books, 2006, p. 7-8. En français, La force de l’optimisme,
traduction Larry Cohen, Paris, InterÉditions-Dunod, 2008.
98. Martin E. P. Seligman et Peter Schulman, « Explanatory Style », p. 834-835.
99. Ibid., p. 835.
100. Martin E. P. Seligman, Learned Optimism, p. 292.
101. Alicia H. Munnell, Anthony Webb, Luke Delorme et Francesca Golub-Saas,
« National Retirement Risk Index : How Much Longer Do We Need to Work ? »,
Center for Retirement Research Report, vol. 12, no 12, juin 2012 ; Teresa Ghilarducci,
« Our Ridiculous Approach to Retirement », New York Times, 21 juillet 2012.
102. Voir par exemple Shane Frederick, Nathan Novemsky, Jing Wang, Ravi Rhar
et Stephen Nowlis, « Opportunity Cost Neglect », Journal of Consumer Research, no 36,
2009, p. 553-561.
103. Hal E. Hershfield, Daniel G. Goldstein, William F. Sharpe, Jesse Fox, Leo
Yeykelis, Laura L. Carstensen et Jeremy N. Bailenson, « Increasing Saving Behavior
Through Age-Processed Renderings of the Future Self », Journal of Marketing Research,
no 48, 2011, p. S23-S37.
104. Hershfield et al., « Increasing Saving Behavior ».
105. Ibid., citant Hal Erner-Hershfield, M. Tess Garton, Kacey Ballard, Gregory R.
Samanez-Larken et Brian Knutson, « Don’t Stop Thinking About Tomorrow :
Individual Differences in Future-Self Continuity Account for Saving », Judgment and
Decision Making, no 4, 2009, p. 280-286.
106. Hershfield et al., « Increasing Saving Behavior ».
107. Jacob Getzels et Mihaly Csikszentmihalyi, The Creative Vision : A Longitudinal Study
of Problem Finding in Art, New York, Wiley, 1976 ; Mihaly Csikszentmihalyi et Jacob
Getzels, « Creativity and Problem Finding », in Frank H. Farley et Ronald W. Neperud,
éd., The Foundations of Aesthetics, Art, and Art Education, New York, Praeger, 1988.
La citation elle-même se trouve dans Mihaly Csikszentmihalyi, Flow : The Psychology
of Optimal Experience, New York, Harper Perennial, 1981, p. 277 ; en français,
Vivre : la psychologie du bonheur, traduction Léandre Bouffard, Paris, Pocket, 2006.
108. J. W. Getzels, « Problem Finding : A Theoretical Note », Cognitive Science, no 3,
1979, p. 167-172.
109. Voir par exemple Herbert A. Simon, « Creativity and Motivation : A Response to
Csikszentmihalyi », New Ideas in Psychology, no 6, 1989, p. 177-181 ; Stéphanie Z.
Dudek et Rémi Cote, « Problem Finding Revisited », in Mark A. Runco, éd., Problem
Finding, Problem Solving, and Creativity, Norwood, NJ, Ablex, 1994.
110. The Conference Board, Ready to Innovate : Are Educators and Executives Aligned on the
Creative Readiness of the U.S. Workforce ? Research Report R-1424-08-RR, octobre 2008,
accessible sur www.artsusa.org/pdf/information_services/research/policy_roundtable/
readytoinnovatefull.pdf.
111. Robert B. Cialdini, Influence : Science and Practice, 5e éd., Boston, Allyn & Bacon,
2009, p. 12-16 ; en français, Influence et manipulation, Paris, First, 2004.
242
112. On trouvera une bonne introduction dans Daniel Kahneman et Amos Tversky,
« The Framing of Decisions and the Psychology of Choice », Science, no 211, 1981,
p. 453-458 ; Daniel Kahneman et Amos Tversky, « Rational Choice and the Framing
of Decisions », in Robin M. Hogarth et Melvin W. Reder, éd., Rational Choice : The
Contrast Between Economics and Psychology, Chicago, University of Chicago Press,
1987 ; Erving Goffman, Frame Analysis : An Essay on the Organization of Experience,
Cambridge MA, Harvard University Press, 1974 ; en français, Les cadres de l’expérience,
Paris, Les Éditions de Minuit, 1991.
113. Sheena S. Iyengar et Mark R. Lepper, « When Choice Is Demotivating : Can One
Desire Too Much of a Good Thing ? », Journal of Personality and Social Psychology, no 79,
2000, p. 995-1006.
114. Aaron R. Brough et Alexander Chernev, « When Opposites Detract : Categorical
Reasoning and Subtractive Valuations of Product Combinations », Journal of Consumer
Research, no 39, août 2012, p. 1-16, 13.
115. Leaf Van Boven et Thomas Gilovich, « To Do or to Have ? That Is the Question »,
Journal of Personality and Social Psychology, no 85, 2003, p. 1193-1202, 1194.
116. Ibid.
117. Varda Liberman, Steven M. Samuels et Lee Ross, « The Name of the Game :
Predictive Power of Reputations Versus Situational Labels in Determining Prisoner’s
Dilemma Game Moves », Personality and Social Psychology Bulletin, no 30, septembre
2004, p. 1175-1185.
118. Danit Ein-Gar, Baba Shiv et Zakary L. Tormala, « When Blemishing Leads to
Blossoming : The Positive Effect of Negative Information », Journal of Consumer
Research, no 38, 2012, p. 846-859.
119. Zakary Tormala, Jayson Jia et Michael Norton, « The Preference for Potential »,
Journal of Personality and Social Psychology, no 103, octobre 2012, p. 567-583.
120. Cette explication repose sur le récit de Lee Ross et Richard E. Nisbett, The Person
and the Situation, Londres, Pinter & Martin, 2011, p. 132-133.
121. Sur Otis et son invention, voir Spencer Klaw, « All Safe, Gentlemen, All Safe ! », American
Heritage, vol. 29, no 5, août-septembre 1978 ; PBS Online, « Who Made America » ? »,
accessible sur www.pbs.org/wgbh/theymadeamerica/whomade/otis_hi.html ; Otis
Worldwide, « About Elevators », accessible sur www.otisworldwide.com/pdf/
AboutElevators.pdf.
122. Kimberly D. Elsbach et Roderick M. Kramer, « Assessing Creativity in Hollywood
Pitch Meetings : Evidence for a Dual-Process Model of Creativity Judgments », Academy
of Management Journal, vol. 46, no 3, juin 2003, p. 283-301.
123. Ibid., p. 294.
124. Kimberly D. Elsbach, « How to Pitch a Brilliant Idea », Harvard Business Review,
vol. 81, no 9, septembre 2003, p. 117-123.
125. Elsbach et Kramer, « Assessing Creativity in Hollywood Pitch Meetings », p. 296.
126. « Wordy Goods », Economist, 22 août 2012, accessible sur www.economist.com/blogs/
graphicdetail/2012/08/daily-chart-5.
243
127. Maurice Saatchi, « The Strange Death of Modern Advertising », Financial Times,
22 juin 2006.
128. Ibid.
129. Robert E. Burnkrant et Daniel J. Howard, « Effects of the Use of Introductory
Rhetorical Questions Versus Statements on Information Processing », Journal
of Personality and Social Psychology, vol. 47, no 6, décembre 1984, p. 1218-1230.
Des constats plus ou moins identiques sont rapportés par Richard E. Petty, John T.
Cacioppo et Martin Heesacker, « Effects of Rhetorical Questions on Persuasion :
A Cognitive Response Analysis », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 40,
no 3, mars 1981, p. 432-440. à propos du rôle joué par le demandeur, voir Rohini
Ahluwalia et Robert E. Burnkrant, « Answering Questions About Questions :
A Persuasion Knowledge Perspective for Understanding the Effects of Rhetorical
Questions », Journal of Consumer Research, no 31, juin 2004, p. 26-42.
130. Burnkrant et Howard, « Effects of the Use of Introductory Rhetorical Questions »,
p. 1224.
131. « CNN Poll : Are You Better Off Than Four Years Ago » ? », CNN.com, 13 septembre
2012, accessible sur http://bit.ly/OKlUAy.
132. Matthew S. McGlone et Jessica Tofighbakhsh, « Birds of a Feather Flock Conjointly
( ?) : Rhyme as Reason in Aphorisms », Psychological Science, vol. 11, no 5, septembre
2000, p. 424-428.
133. Ibid.
134. Nicolas Ducheneaut et Victoria Bellotti, « E-mail as Habitat : An Exploration of
Embedded Personal Information Management », ACM Interactions, vol. 8, no 5,
septembre–octobre 2001, p. 30-38.
135. Jaclyn Wainer, Laura Dabbish et Robert Kraut, « Should I Open This Email ? Inbox-
Level Cues, Curiosity, and Attention to Email », Actes de l’Annual Conference on
Human Factors in Computing Systems, Vancouver, Colombie-Britannique, mai 2011,
p. 7-12, accessible sur http://kraut.hciresearch.org/sites/kraut.hciresearch.org/files/
articles/Dabbish11-EmailCuriosity.pdf.
136. Là encore, le travail capital d’Edward Deci et Richard Ryan est instructif. Pour une
présentation de leurs recherches, on se référera à leurs publications (http://
selfdeterminationtheory.org/browse-publications) ou à mon propre livre, Daniel H.
Pink, Drive : The Surprising Truth About What Motivates Us, New York, Riverhead
Books, 2009 ; en français, La vérité sur ce qui nous motive, traduction Marc Rozenbaum,
Paris, Leduc.s, 2011.
137. Brian Clark, « The Three Key Elements of Irresistible Email Subject Lines »,
Copyblogger, 26 août 2010, accessible sur www.copyblogger.com/email-subject-lines/.
138. Melissa Korn, « Tweets, Plays Well w/Others : A Perfect M.B.A. Candidate », Wall
Street Journal, 1er septembre 2011 ; Ian Wylie, « Learning the Game of Social Media »,
Financial Times, 5 septembre 2011.
244
139. Sarah Perez, « Twitpitch : The Elevator Pitch Hits Twitter », ReadWriteWeb, 18 avril,
2008, accessible sur www.readwriteweb.com/archives/twitpitch_the_elevator_pitch_
hits_twitter.php.
140. Paul André, Michael S. Bernstein et Kurt Luther, « Who Gives a Tweet ? : Evaluating
Microblog Content Value », exposé présenté à l’ACM Conference on Computer
Supported Co-operative Work 2012, 11-15 février 2012, Seattle, Washington,
accessible sur www.cs.cmu.edu/~pandre/pubs/whogivesatweet-cscw2012.pdf.
141. Ibid. J’ai exclu la catégorie « Conversation », dans laquelle les tweets rendent publiques
leurs communications avec les autres, car elle se rapporte moins au pitch.
142. André, Bernstein et Luther, « Who Gives a Tweet ? » ; voir figure 1 et tableau 1.
143. « Pixar Movies at the Box Office », Box Office Mojo, accessible sur http://
boxofficemojo.com/franchises/chart/ ?id=pixar.htm.
144. « Pixar Story Rules (One Version) », Pixar Touch Blog, 15 mai 2011, accessible sur www.
pixartouchbook.com/blog/2011/5/15/pixar-story-rules-oneversion.html.
145. Voir par exemple Jonathan Gottschall, The Storytelling Animal : How Stories
Make Us Human, New York, Houghton Mifflin Harcourt, 2012, et Peter Guber,
Tell to Win : Connect, Persuade, and Triumph with the Hidden Power of Story, New York,
Crown Business, 2011.
146. Walter A. Friedman, « John H. Patterson and the Sales Strategy of the National
Cash Register Company, 1884 to 1922 », Business History Review, vol. 72, no 4, hiver
1998, p. 552-584. Si vous vous intéressez aux évolutions anciennes de la vente en
Amérique, lisez le précieux livre de Walter A. Friedman, Birth of a Salesman : The
Transformation of Selling in America, Cambridge, MA, Harvard University Press, 2004.
147. Walter A. Friedman, « John H. Patterson and the Sales Strategy of the National
Cash Register Company, 1884 to 1922 », Harvard Business School Working Knowledge,
2 novembre 1999, accessible sur http://hbswk.hbs.edu/item/1143.html.
148. « The Lord Chamberlain & Censorship », Leither Magazine, 9 mars 2012, accessible
sur www.leithermagazine.com/2012/03/09/the-lord-chamberlain-censorship.html.
149. Voir Mary M. Crossan, « Improvisation in Action », Organization Science, vol. 9,
no 5, septembre-octobre 1998, p. 593-599 ; Dusya Vera et Mary Crossan, « Theatrical
Improvisation : Lessons for Organizations », Organization Studies, vol. 25, no 5, juin 2004,
p. 727-749 ; Mary M. Crossan, João Vieira da Cunha, Miguel Pina E. Cunha et Dusya
Vera, « Time and Organizational Improvisation », FEUNL Working Paper, no 410, 2002,
accessible sur http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.881839 ; Keith Sawyer, Group Genius :
The Creative Power of Collaboration, New York, Basic Books, 2007 ; Patricia Ryan
Madson, Improv Wisdom : Don’t Prepare, Just Show Up, New York, Bell Tower, 2005.
150. Zazli Lily Wisker, « The Effect of Personality, Emotional Intelligence and Social
Network Characteristics on Sales Performance : The Mediating Roles of Market
Intelligence Use, Adaptive Selling Behaviour and Improvisation », thèse de doctorat,
University of Waikato, Nouvelle-Zélande, 2011.
245
151. Laura Janusik et Andrew Wolvin, « 24 Hours in a Day : A Listening Update to the Time
Studies », exposé présenté à la réunion de l’International Listening Association, Salem,
Oregon, 2006.
152. Mortimer Adler, How to Speak/How to Listen, New York, Touchstone, 1997, p. 5.
153. Judith Lee, « 10 Ways to Communicate Better with Patients », Review of
Ophthalmology, vol. 7, no 10, octobre 2000, p. 38.
154. Keith Johnstone, Impro : Improvisation and the Theatre, New York, Routledge,
1981, p. 99.
155. Stephen R. Covey, The 7 Habits of Highly Effective People, New York, Free Press,
1990, p. 207 ; en français, Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils
entreprennent, traduction Magali Guenette, Paris, First, 2005.
156. Alfred C. Fuller (propos recueillis par Hartzell Spence), A Foot in the Door : The Life
Appraisal of the Original Fuller Brush Man, New York, McGraw-Hill, 1960, p. 193.
157. Organisation mondiale de la santé, Rapport de situation sur la sécurité routière dans le
monde/Global Status Report on Road Safety, 2009, accessible sur http://whqlibdoc.who.
int/publications/2009/9789241563840_eng.pdf. Voir fiche-pays Kenya (non offerte
en version française).
158. Ibid., p. 1-2. Voir tableau 1.
159. James Habyarimana et William Jack, « Heckle and Chide : Results of a
Randomized Road Safety Intervention in Kenya », Journal of Public Economics, vol. 95,
no 11–12, décembre 2011, p. 1438-1446.
160. Ibid., p. 441.
161. Ibid., p. 444.
162. Yehonatan Turner et Irith Hadas-Halpern, « The Effects of Including a Patient’s
Photograph to the Radiographic Examination », exposé présenté à la 94e Assemblée et
réunion annuelle de la Radiological Society of North America, 3 décembre 2008. Voir
aussi « Patient Photos Spur Radiologist Empathy and Eye for Detail », communiqué de
presse RSNA, 2 décembre 2008 ; Dina Kraft, « Radiologist Adds a Human Touch :
Photos », New York Times, 7 avril 2009.
163. Turner et Hadas-Halpern, « The Effects of Including a Patient’s Photograph ».
164. « Patient Photos Spur Radiologist Empathy and Eye for Detail », ScienceDaily,
14 décembre 2008, accessible sur http://bit.ly/JbbEQt.
165. Voir Atul Gawande, The Checklist Manifesto : How to Get Things Right, New York,
Picador, 2011.
166. Voir par exemple « Disconnection from Patients and Care Providers : A Latent Error in
Pathology and Laboratory Medicine : An Interview with Stephen Raab, MD », Clinical
Laboratory News, vol. 35, no 4, avril 2009.
167. Sally Herships, « The Power of a Simple “Thank You” », Marketplace Radio, 22
décembre 2010.
246
168. R. Douglas Scott II, The Direct Medical Costs of Healthcare-Associated Infections in U.S.
Hospitals and the Benefits of Prevention, Centers for Disease Control and Prevention, mars
2009, accessible sur www.cdc.gov/HAI/pdfs/hai/Scott_CostPaper.pdf ; Andrew Pollack,
« Rising Threat of Infections Unfazed by Antibiotics », New York Times, 26 février 2010 ;
R. Monina Klevens et al., « Estimating Health Care –Associated Infections and Deaths in
U.S. Hospitals, 2002 », Public Health Reports, vol. 122, no 2, mars-avril 2007, p. 160-166.
169. Adam M. Grant et David A. Hofmann, « It’s Not All About Me : Motivating Hand
Hygiene Among Health Care Professionals by Focusing on Patients », Psychological
Science, vol. 22, no12, décembre 2011, p. 1494-1499.
170. Ibid., p. 497.
171. Atul Gawande, « The Checklist », New Yorker, 10 décembre 2007 ; Gawande,
The Checklist Manifesto : How to Get Things Done Right, New York, Picador, 2011.
172. Grant et Hofmann, « It’s Not All About Me », p. 498
173. Voir par exemple Dan Ariely, Anat Bracha et Stephan Meier, « Doing Good or
Doing Well ? Image Motivation and Monetary Incentives in Behaving Prosocially »,
American Economic Review, vol. 99, no 1, mars 2009, p. 544-555 ; Stephan Meier, The
Economics of Non-Selfish Behaviour : Decisions to Contribute Money to Public Goods
(Cheltenham, Royaume-Uni, Edward Elgar Publishing Limited, 2006) ; Stephan
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