Vous êtes sur la page 1sur 14

Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363

www.elsevier.com/locate/annpla

Article original

Blépharoplasties esthétiques
Cosmetic blepharoplasty
Darina Krastinova-Lolov a,*,b, Paul Seknadje c, Gérald Franchi a,d, Michel Jasinski a
a
Unité de chirurgie cranio-orbitopalpébrale, hôpital Foch,
40, rue Worth, 92150 Suresnes, France
b
Clinique du Château-de-la-Maye, 49, rue du Parc-de-Clagny, 78000 Versailles, France
c
3, avenue du Président-Wilson, 75116 Paris, France
d
6, rue Puvis-de-Chavannes, 75017 Paris, France

Résumé

Suzanne Noël, pionnière de la chirurgie esthétique en Europe, a publié ses premiers résultats de blépharoplasties esthétiques en 1926, dans
un ouvrage intitulé : « La Chirurgie esthétique – Son rôle social ». Paul Tessier a ensuite élargi et repoussé les limites de la blépharoplastie
esthétique en intégrant l’importance du squelette facial et des canthopexies latérales. D’autres auteurs du XXe siècle ont apporté des
innovations techniques et raffinements tels que la voie conjonctivale [5], le déplacement de la graisse palpébrale et la lipostructure®. Notre
travail avait pour but de faire le point sur les stratégies anciennes et actuelles (incluant l’analyse de questionnaires soumis à huit équipes
françaises et étrangères) en apportant un éclairage nouveau sur l’analyse des morphotypes et des différents types de vieillissement
orbitopalpébraux. Le choix de la technique découle naturellement de l’analyse juste et précise du morphotype du patient. Un bilan
pré-opératoire, incluant examen ophtalmologique, orthoptique et photographies médicales est un prérequis systématique et indispensable à
toute chirurgie de la région orbitopalpébrale. Une des armes importantes du futur pour l’esthétique des paupières semble être l’utilisation de
la graisse autologue locale (lambeau septograisseux) ou prélevée à distance (lipostructure®).
© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.

Abstract

Suzanne Noël, a pioneer of aesthetic surgery in Europe, first published her results with cosmetic blepharoplasty in 1926, in a book entitled:
“The social role of aesthetic surgery”. Paul Tessier further expanded the range and surgical possibilities of blepharoplasty by incorporating
lateral canthopexies and underlying the importance of the craniofacial skeleton. Other authors in the 20th century brought their own technical
refinements to this operation, such as the transconjunctival route, and various fat preserving modifications as well as lipostructure®. The aim
of this paper was to review the surgical approach to blepharoplasty, according to both historical and currently used protocols (including data
gathered by questionnaires sent to eight French and foreign plastic surgical teams). A new perspective is proposed regarding the analysis of
different morphological and ageing subtypes. The indication for individual surgical techniques stems from an accurate analysis of each patient
according to anatomical categories. Pre-operative records before any orbito-palpebral surgery should include a full orthoptic and ophthalmo-
logical assessment, as well as high-quality medical photographs. An increasing emphasis has developed recently upon the use of autologous
fat harvested locally (septofat advancement), or from a distant site (lipostructure®).
© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.

Mots clés : Paupières ; Chirurgie esthétique ; Vieillissement ; Morphologie ; Complications postopératoires

Keywords: Eyelids; Cosmetic surgery; Aging; Morphology; Postoperative complications

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : d.krastinova@hopital-foch.org (D. Krastinova-Lolov).

© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.


doi:10.1016/j.anplas.2003.09.002
D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363 351

À mon Maître Paul TESSIER : Alors OUI, Monsieur Tessier, vous avez beaucoup fait
« Dès l’âge de six ans, j’ai commencé à dessiner toutes pour la chirurgie esthétique des paupières. Vous l’avez élar-
sortes de choses (...) gie, créé les techniques de canthopexie interne et externe.
C’est à 73 ans que j’ai commencé à comprendre la OUI, vous avez créé, parallèlement au Docteur John Mus-
véritable forme des animaux, des insectes et des poissons tardé, la chirurgie orbitopalpébrale. Et enfin, vous m’avez
et la nature des plantes et des arbres. permis d’observer, d’apprendre et de me servir de vos procé-
En conséquence, à 86 ans, j’aurai pénétré plus avant dés pour développer mes idées propres.
dans l’essence de l’art. Le but de notre travail était de reconstituer une partie de
À 100 ans, j’aurai définitivement atteint un niveau l’histoire de la chirurgie esthétique des paupières, qui nous
merveilleux et, à 110 ans, chaque point et chaque ligne est chère, de présenter les principales tendances actuelles
de mes dessins auront leur vie propre. » (par l’analyse des méthodes chirurgicales de quelques équi-
HOKUSAI (1760–1849) pes, en France et à l’étranger) et de tenter d’anticiper sur ce
que sera cette chirurgie dans le futur.
1. Introduction Je suis très reconnaissante à Vladimir Mitz et à la Société
Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthéti-
Avec Paul Seknadje et Gérald Franchi nous sommes allés que de m’avoir donné la possibilité de vous les exposer.
rendre visite à Monsieur Tessier en mars 2003 afin d’écouter
la belle histoire des paupières. Il nous avait préparé des 2. Le passé
documents sur la chirurgie orbitopalpébrale et le livre de
Suzanne Noël [1], mais en même temps nous confiait : 2.1. La belle histoire de Suzanne Noël [2]
« Les paupières, je n’ai rien inventé... C’est toujours la Dans les toutes dernières années du 19e siècle, une jeune
même chose : pour la paupière supérieure on enlève un bourgeoise de 19 ans, initiée aux arts d’agrément, fait ce que
peu de peau avec ou sans muscle, un peu de graisse et l’on appelle un beau mariage ; elle épouse un jeune médecin
l’on s’occupe de la glande lacrymale si elle est hyper- plein d’avenir. C’est cette même jeune femme que nous
trophiée et ptosée... Pour la paupière inférieure, la retrouvons, une dizaine d’années plus tard, Interne des hôpi-
dissection a été sous-cutanée, puis sous-musculaire, pour taux de Paris. On peut imaginer la somme de détermination,
enlever la graisse... La seule innovation a été la voie d’acharnement, de courage, qui lui fut nécessaire pour braver
conjonctivale de Bourguer ». les préjugés bien établis dans la bonne société. Suzanne Noël
Les premières années après mon arrivée, j’ai toujours vu ira encore plus loin...
Monsieur Tessier utiliser la technique classique de dissection Élève du Professeur Morestin, qui se passionne pour les
sous-cutanée : cette dissection n’était pas toujours très aisée ; problèmes de réparation esthétique, elle rencontre Sarah Ber-
trouver la graisse de la paupière inférieure au travers du nhardt et écrit dans son livre « La Chirurgie esthétique, son
muscle orbiculaire ne l’était pas non plus. Lorsque la pau- rôle social » :
pière inférieure était très distendue, il utilisait le raccourcis-
« En 1912, une de nos grandes artistes revint d’Améri-
sement par le procédé de Kunt-Szymanovski.
que, après une triomphale tournée, et tous les journaux
Puis vers 1975, il a changé de technique pour la paupière
racontèrent comment, à la suite d’une opération prati-
inférieure en pratiquant le lambeau cutanéomusculaire,
quée dans le cuir chevelu, elle avait retrouvé une
beaucoup plus aisé à réaliser et qui donnait une visibilité des
jeunesse surprenante. Ce récit me frappa beaucoup, et
loges graisseuses nettement meilleure. Puis, à travers les
sur mon propre visage j’essayai, avec les doigts, de
malformations et la chirurgie orbitopalpébrale, l’intérêt de la
pincer la peau en divers endroits et en différents sens,
canthopexie externe pour certains cas est devenu évident.
pour en rectifier les plis. Je fus étonnée des résultats
Pendant toutes ces années, de 1972 à 1984, en l’aidant et
qu’on pouvait obtenir, et je me mis à étudier la question
en observant les patients, les actrices, les mannequins, j’ai pu
très sérieusement, faisant des patrons, les appliquant,
voir, sentir et me rendre compte que, comme en chirurgie
pinçant ensuite les téguments avec des pinces en bois,
craniofaciale, la chirurgie esthétique des paupières et du
pour me rendre compte du résultat. »
visage n’intéressait pas seulement les parties molles. J’ai pu
constater que dans certains cas, la frontière des malforma- Elle inventa de nombreux instruments, des pinces cuta-
tions était floue : certaines exophtalmies n’étaient autres que nées pour permettre la tension des tissus à distance, un
des yeux globuleux ; je retrouvais l’obliquité antimongoloïde craniomètre ; elle mit au point des gabarits, véritables patrons
des fentes palpébrales de la maladie d’Apert dans certains d’essai permettant au patient de choisir sa nouvelle image.
regards tristes, type « œil de cocker » (appellation peu scien- Elle forma des élèves qui opérèrent dans de nombreux
tifique, mais tellement plus compréhensible et imagée). Pour pays étrangers : la Canadienne Paule Regnault, l’Argentin
l’Apert cette anomalie était traitée non seulement par un Martinez-Lopez, la Viennoise Édith Peritz et bien d’autres,
Lefort III, mais aussi par remodelage de l’orbite osseuse comme Verdier et Cesari. Elle avait le génie de susciter les
après relèvement du « masque facial », pour égayer le visage. vocations.
352 D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363

En 1928, elle propose une technique personnelle de trai- hommes qu’aux femmes de prolonger leur possibilité de
tement de poches sous les yeux. travail d’une manière inespérée. » « À part quelques
Par ce livre publié en 1926 [1], Mme le Docteur Noël, exceptions, partout il faut de la jeunesse et de la beauté.
pionnière de la chirurgie esthétique en Europe, a posé les N’est-il pas désolant pour les artistes, d’être obligés de
fondations de cette chirurgie. renoncer à leur art, en raison de leur physique, alors
Les principes qu’elle décrit sont encore d’actualité : que leur talent est le plus souvent dans toute sa
• les photographies pré- et postopératoires : plénitude ?... ».

« Ces photos sont sans retouche, prises par le photogra- Grâce à ses résultats remarquables, Mme Noël pouvait se
phe de l’Hôpital Saint-Louis, elles sont donc d’une permettre de dire en 1926 :
honnêteté et d’une véracité indiscutables » ;
« actuellement, la chirurgie esthétique est entrée dans les
• la nécessité d’un plan de traitement : mœurs, son mauvais temps est passé et les diffıcultés sont
aplanies ».
« Quelques jours avant l’intervention, j’applique dans la
région un gabarit destiné à permettre de tracer le patron 2.2. L’ère Tessier
du morceau à réséquer. Je découpe dans du papier le
modèle de ce patron et je le confie à l’intéressé (...). Le L’aventure chirurgicale de Monsieur Paul Tessier débute à
jour de l’opération, tout est donc décidé, il n’y a plus Paris, fin 1943, où il débarque de Nantes. Entre 1946 et 1949,
qu’à travailler » il suit en Angleterre l’enseignement de brillants chirurgiens :
« (...) à l’aide de petites pinces en argent, je délimite la Archibald Mac Indoe, Harold Gillies et Rainsford Mowlem.
poche à opérer ; ce temps de l’opération est le plus Le Docteur Paul Tessier a été le chef du département de
délicat » ; chirurgie plastique et des brûlés à l’hôpital Foch, entre 1949
et 1983.
• la chirurgie ambulatoire : En 1949, G.P Sourdille et ensuite P. François (Lille) lui
demandent d’opérer les fractures d’orbites et les ectropions
« tout étant alors terminé, la malade se recoiffe. Elle
cicatriciels. En 1954, G.P. Sourdille, L. Guillaumat et L.
prend ensuite une tasse de café, nul n’étant admis chez
Paufique lui demandent d’écrire un chapitre sur la chirurgie
moi à goûter avec les personnes présentes que tout à fait
des paupières, ouvrage publié en 1961.
en beauté. Le soir, le patient dîne avec les siens qui le
complimentent sur sa bonne mine » ; « Mais le néophyte avait mordu à pleines dents dans les
paupières et dans l’orbite qui n’étaient encore qu’une
• la sûreté technique, la « justesse de coup d’œil » et la
sorte de no man’s land ».
circonspection qu’impose cette chirurgie :
En 1962, à New York, P. Tessier et M. Lekieffre présentent
« Penser que c’est un visage dans lequel on taille avec
cinq sujets originaux sur les paupières [3]. En 1963, les
cette désinvolture, sans nécessité de santé, et que cette
premiers entretiens sur la chirurgie des paupières et de l’or-
élégante incision va décider de tout, est assez émotion-
bite ont lieu à l’Hôpital Foch.
nant. Le chirurgien sent le petit frisson d’émoi qui passe
En 1969, il a décrit la DOC (Dissection Orbitaire Circon-
dans l’assistance, et pour ma part, à ce moment précis,
férentielle) [4].
je rends grâce à celui ou à celle qui, allongé devant moi
Mais la chirurgie orbitocrânienne, déjà amorcée en 1958,
avec la plus tranquille confiance, remet entre mes mains,
sur les Crouzon et les Apert, s’était développée en 1963 sur
la destinée de sa beauté » ;
l’hypertélorbitisme et les fentes faciales « rares », elle allait
• l’art de la dissimulation : le faire sans cesse pendant 30 ans.
L’apport de Monsieur Tessier dans la chirurgie palpébrale
«J’ai un principe absolu, c’est celui de la cicatrice dépasse de loin les limites de la paupière... et je ne pourrais
dissimulée » ; « (...) le pansement est très facile à mieux le dire qu’Anthony Wolfe dans son article « Leçons
dissimuler sous les cheveux, pour le dissimuler encore apprises auprès de Paul Tessier ».
mieux, je le badigeonne avec une mixture de ma façon
(...). » « Je conseille une petite modification dans la « Comme pour toutes les sciences humaines, la progres-
coiffure ou l’achat d’un nouveau chapeau, ceci suffısant sion des connaissances en chirurgie peut être lente ou
à expliquer l’amélioration survenue » ; brutale. Lente, elle est comme le dépôt sur le fond des
océans du corps d’innombrables petits animaux marins
• l’importance de son rôle social : sur une période de temps prolongée : en fin de compte,
une île apparaît. Les progrès soudains sont volcaniques
« (...) la chirurgie esthétique m’apparut dès lors comme ou sismiques : en peu de temps, le monde, brutalement,
un véritable bienfait social permettant aussi bien aux n’est plus le même.
D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363 353

La contribution de Paul Tessier, ce géant de la chirurgie bien dessinée, ni trop proéminente, ni trop effacée. Son
du XXe siècle, a changé la manière de penser et de voir rebord supérolatéral s’estompe en dehors accompagnant
de tous les chirurgiens de la face, quelle que soit leur l’orientation globale du système palpébrosourcilier en haut et
spécialité. Ce faisant, il créa une nouvelle spécialité. en dehors et ouvrant ainsi le regard vers l’extérieur. La fente
Une terre nouvelle émergea des flots, ou peut-être palpébrale est légèrement étirée. Le canthus latéral est posi-
serait-il plus juste de dire qu’il réunit ensemble plusieurs tionné 2 à 3 mm plus haut que le canthus médial. Le pli
îles pour former un nouveau continent. » palpébral est situé à environ 8 mm du bord libre. La paupière
« ...Toutes les spécialités régionales ont été influencées supérieure couvre le bord supérieur de la cornée sur environ
par son travail. La neurochirurgie, l’ophtalmologie, 1 à 2 mm. Le bord libre de la paupière inférieure est rectiligne
l’otorhinolaryngologie et la chirurgie maxillofaciale en et affleure la cornée.
ont été transformées. Aucune spécialité n’en a plus C’est l’œil qui vieillit le mieux. Sa stabilité naturelle, liée
bénéficié que la chirurgie plastique dont l’intérêt se à une fente palpébrale étirée vers le haut et à un rebord
porte maintenant sur le squelette facial tout autant que orbitaire supérolatéral ouvert, le rend naturellement résistant
sur les parties molles. » à la pesanteur, donc à la ptose. C’est la forme d’œil la plus
fréquente. C’est celle qui apportera les résultats chirurgicaux
3. Le présent les plus gratifiants, quelle que soit la technique.
• « L’œil de cocker ». Il est caractérisé par l’orientation
« Chaque visage est unique et il doit le rester ». antimongoloïde du système palpébrosourcilier. C’est l’op-
posé de l’œil de star. Il en existe deux formes : osseuse et
Le visage est une belle histoire. Il est la synthèse de cutanée.
l’expression de nos gènes, des empreintes dont la vie l’a Une forme osseuse : le cadre orbitaire normalement
chargé et de notre caractère. Mais c’est aussi une fenêtre où quadrangulaire prend ici une forme ovalaire à grand axe
vie intérieure et extérieure se côtoient. C’est notre carte de oblique en bas et en dehors. De ce fait, la fente palpébrale
visite pour affronter le monde. Chaque geste visant à le devient horizontale ou oblique en bas et en dehors. Le rebord
modifier intervient dans la subtile harmonie entre ce que le osseux supérolatéral ferme le regard en dehors, ce qui lui
sujet est et l’image qu’il en donne. Inversement, un geste donne un aspect triste et lourd. Dans certaines malformations
erroné risque de détruire cette identité et peut être vécu par le (syndrome d’Apert, syndrome de Treacher-Collins, fente la-
sujet comme un drame personnel. biopalatine bilatérale), l’obliquité antimongoloïde de la fente
L’optimisation des résultats repose actuellement sur une palpébrale est constante et majeure.
analyse esthétique fine, une meilleure connaissance des mor- Une forme cutanée : à l’inverse, le cadre osseux est
photypes de laquelle découlent les indications et les techni- normal mais c’est la chute des parties molles (queue du
ques opératoires. Anatomie et morphotypes sont mal connus sourcil et de la paupière supérieure) qui donne cet aspect au
ou peu pris en compte pour le choix de la technique, c’est regard, alors que la position du canthus latéral est normale.
pourquoi il nous paraît utile de préciser certaines notions Cet affaissement est majoré par le vieillissement. Ce type
d’anatomie esthétique. À partir de ces morphotypes, les tech- d’œil vieillit mal et très vite. Sa paupière inférieure a en
niques chirurgicales et les variantes sont décrites ; les règles vieillissant un bord libre hyperlaxe qui a tendance à l’ectro-
et concepts basiques de la chirurgie esthétique palpébrale pion ; sa portion prétarsale se vide, donnant lieu à une
sont exposés. migration musculaire, tandis que la portion préseptale se
3.1. Anatomie esthétique et morphotypes de la région creuse en donnant lieu à des cernes ou s’arrondit sous forme
orbitopalpébrale de poches graisseuses.
Sa correction chirurgicale est délicate : les blépharoplas-
3.1.1. Les principaux morphotypes ties isolées donnent des résultats décevants. Les formes où la
L’analyse des principaux morphotypes de la région orbi- participation osseuse est au premier plan, sont des indica-
topalpébrale doit se faire dans les trois plans de l’espace. tions de choix du lifting frontal élargi et du mask-lift.

3.1.1.1. Analyse dans le plan frontal. Elle décrit deux mor- 3.1.1.2. Analyse dans le plan sagittal (plan antéroposté-
photypes principaux et opposés : l’œil de star et l’œil de rieur). Elle définit l’œil globuleux et l’œil creux.
cocker. • « L’œil globuleux ». Il est caractérisé par la protrusion
du globe oculaire résultant d’une dysharmonie du rapport
• « L’œil de star » (ou œil de biche). Il est caractérisé par entre le contenant (orbite osseuse) et le contenu (globe ocu-
l’orientation mongoloïde du système blépharosourcilier. laire, muscles et graisse).
Il a des proportions harmonieuses qui évoquent beauté, Il en existe deux formes : osseuse et graisseuse.
plénitude et vitalité. • Une forme osseuse dans laquelle le volume de l’orbite
est diminué et le malaire plat. Le volume du globe oculaire
Les lignes sourcilières, le pli palpébral et la fente palpé- est normal. Il s’y associe d’autres signes : le muscle orbicu-
brale sont globalement parallèles. L’arcade sourcilière est laire prétarsal de la paupière inférieure est hypertrophique
354 D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363

(en particulier chez le sujet jeune) ce qui donne un aspect de également parfois à un système orbitopalpébral globalement
bourrelet, souvent pris à tort pour une poche graisseuse. Avec de petite dimension. Dans ce cas, un geste global de projec-
l’âge, ces paupières se relâchent, donnant parfois un « scleral tion du globe par greffes osseuses intra-orbitaires et greffes
show » et un œil rond, avec toutes les conséquences pour le osseuses du cadre orbitaire peut s’avérer nécessaire. Ce petit
globe. Le bourrelet musculaire descend (migration de l’orbi- œil vieillit assez harmonieusement ; sa fente palpébrale ne
culaire) et le bord libre se trouve ainsi déshabité, ce qui change pas.
favorise son éversion (ectropion). « Le grand œil ». Il résulte le plus souvent d’une inadé-
• Une forme graisseuse : l’orbite osseuse est de volume quation entre contenant et contenu. Il s’agit ici d’un globe
normal mais le contenu orbitaire est trop volumineux (hyper- normal dans une petite orbite ou d’un grand œil dans une
trophie de la graisse intraconique et extraconique). Dans orbite normale. La projection du globe ouvre la fente palpé-
notre expérience, c’est dans cette forme que le globe oculaire brale, donnant un aspect esthétique de « grand œil » ; c’est
est le plus fragile. Cet œil globuleux est source de complica- une exophtalmie essentielle a minima.
tions fréquentes, notamment dans le cadre des blépharoplas- Une diminution du contenu graisseux peut masquer cette
ties traditionnelles. inadéquation lorsqu’elle est modérée. Un meulage osseux
• « L’œil creux ». Le déséquilibre entre contenant et intra-orbitaire, voire l’effondrement des parois osseuses,
contenu est inversé. L’orbite semble être trop grande pour peut s’avérer nécessaire dans les cas plus sévères se rappro-
l’œil, par insuffisance de graisse. Il en existe trois formes, chant de l’exophtalmie vraie. Lorsque le cadre orbitaire est
supérieure, inférieure et globale. Certaines formes associent plat, l’aspect de grand œil s’intègre alors dans une hypoplasie
un œil de star ou un œil de cocker à cet œil creux. frontomalaire. Des greffes osseuses du cadre orbitaire la
• La forme supérieure : le rebord orbitaire supérieur est corrigeront efficacement.
proéminent, la paupière supérieure est distendue (jusqu’à
4 cm de longueur) et le pli palpébral est haut situé (10 à 3.1.2. Anatomophysiologie du vieillissement
12 mm). L’atrophie graisseuse provoque un recul de l’œil et orbitopalpébral [15–19]
attire le muscle releveur de la paupière supérieure en arrière,
Rajeunir et embellir un visage n’est pas s’acharner à
pouvant aller jusqu’à le désinsérer du tarse ; le ptosis engen-
vouloir gommer les outrages du temps. C’est être capable, au
dré majore l’aspect de vieillissement.
contraire, d’anticiper sur le vieillissement naturel du visage
• La forme inférieure : le creux prédomine essentielle-
et d’intervenir suffisamment tôt pour que son déroulement
ment dans la partie médiane de la paupière inférieure. Il est
dans le temps s’opère d’une façon plus harmonieuse.
dû à une mauvaise répartition des tissus mous sous-jacents, à
une atrophie graisseuse ou à un rebord orbitaire inférieur trop Plusieurs facteurs participent au vieillissement d’un vi-
proéminent. sage : carte héréditaire, conditions de vie, caractère, expres-
• La forme globale associe les deux précédentes. sions du sujet qui mettent en jeu préférentiellement certains
Cet œil creux se creuse progressivement avec le temps et groupes de muscles. Ce processus de vieillissement prend
ce qui est interprété comme un regard mystérieux dans la des formes différentes suivant qu’il concerne les parties mol-
jeunesse devient un regard vieillissant. La fente palpébrale ne les ou l’os du visage.
change pas sensiblement de longueur.
Les variations de position antéropostérieure du globe sont 3.1.2.1. Les structures osseuses. Le vieillissement tissulaire
évaluées par une analyse biométrique orbitaire reposant sur se traduit par une diminution de la masse osseuse (ostéopo-
des mesures effectuées en tomodensitométrie. Ces mesures rose, déminéralisation) ; s’y ajoute le vieillissement morpho-
permettent de définir les notions d’œil exophtalme et d’œil logique né des différentes contraintes auxquelles le visage a
énophtalme. Nous n’utilisons ces termes que pour caractéri- été soumis.
ser des situations pathologiques (maladie de Basedow,
exophtalmie essentielle, énophtalmie post-traumatique...). 3.1.2.2. Les parties molles. Elles révèlent dans un premier
temps le processus naturel du vieillissement et le vécu per-
3.1.1.3. Formes associées. Nous avons choisi les termes de sonnel du patient. En effet, caractère et mode de vie s’impri-
« petit œil » et de « grand œil ». ment sur le visage du patient et lui confèrent un type de
« Le petit œil ». Il est harmonieux dans les petits visages vieillissement en relation avec sa personnalité. Un visage est
mais dysharmonieux dans les visages larges et épais. Il peut bien souvent le reflet d’une âme et les fameuses rides d’ex-
résulter d’une inadéquation entre contenant et contenu (un pression sont tout simplement l’expression de la personnalité
globe normal dans une grande orbite ou un petit globe dans profonde sur le visage.
une orbite normale). Il s’agit alors d’une enophtalmie a Sa finesse tissulaire et son rôle fonctionnel font de la
minima. La fente palpébrale n’est pas soutenue et donne un région orbitopalpébrale une zone privilégiée pour l’étude
aspect d’œil petit ou creux. Le traitement adapté peut être du vieillissement physiologique du visage. Nous observons
l’augmentation du contenu orbitaire par greffes osseuses cliniquement trois formes de vieillissement tissulaire
projetant le globe oculaire ou le meulage latéral du cadre intéressant les parties molles : relâchement, rétraction, sque-
orbitaire pour réduire le contenant. Le petit œil correspond lettisation.
D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363 355

• Le relâchement avec chute des parties molles. Ce type • un pli situé trop bas remplit la paupière et la rend lourde.
de vieillissement est le plus courant et relève de la formation Dans le petit œil, la paupière supérieure étant courte, le
d’un surplus cutané et musculaire qui, étant soumis aux lois pli palpébral est placé à 6 mm du bord libre.
de la pesanteur, engendre des plis et des bourrelets disgra- Excision cutanée. Il est important de savoir que la hauteur
cieux qui ne peuvent que s’affaisser. L’entropion–trichiasis de la paupière supérieure normale est de 3 cm environ, mais
de la paupière supérieure et l’ectropion ou l’entropion de la peut dépasser 4 cm dans l’œil globuleux ou creux. Il est
paupière inférieure en sont les complications tardives. préférable de raisonner en terme de peau préservée qu’en
• La rétraction scléreuse des parties molles. Alors qu’un terme de peau réséquée.
visage jeune offre un aspect lisse et tendu, dépourvu de rides, Il est important de respecter une hauteur palpébrale mini-
avec l’âge, la rétraction tissulaire peut rendre la peau épaisse, male de l’ordre de 2,5 cm. L’importance de l’excision dépen-
scléreuse, tout en lui conservant un aspect lisse et tendu. Les dra également des interventions associées ou futures, tel
complications majeures de la rétraction scléreuse sont l’ec- qu’un lifting frontal.
tropion et l’épiphora liés à des paupières devenues courtes et Excision musculaire. L’excision cutanéomusculaire est
rigides. réalisée en un temps dans l’œil de star. Une résection muscu-
• La squelettisation. La caractéristique de ce type de laire plus importante peut être réalisée dans l’angle interne
visage est de présenter un faciès où les parties molles atro- afin de le creuser lorsqu’il est comblé par un épaississement
phiées rendent proéminents les reliefs du squelette facial, musculaire sans poche graisseuse volumineuse.
soulignant le creux des orbites, le creux de la région pré-
Pour les paupières lourdes du patient jeune, il est possible
maxillaire ainsi que le creux jugal. La complication tardive
de se limiter à une excision musculaire après incision de la
du creusement de la paupière supérieure est le ptosis (par
peau dans le pli palpébral.
désinsertion de l’aponévrose du muscle levator palpebrae) et
Ouverture du septum et résection graisseuse. Elle doit
l’entropion–trichiasis de la paupière inférieure.
être limitée à sa partie interne dans l’œil de star pour dimi-
3.2. Les blépharoplasties : technique personnelle, nuer la poche graisseuse ; dans les cas de surcharge grais-
variantes et situations particulières seuse diffuse, nous allégeons parfois la graisse de l’organe en
rouleau. Dans l’œil globuleux ou creux, elle doit être totale
La blépharoplastie est une des demandes fréquentes de pour mieux apprécier et traiter un excès graisseux (ablation)
nos consultations esthétiques. Leur réalisation réputée facile ou un creux (comblement par graisse ou par lambeau de
est parfois source de complications graves. L’indication, bien muscle orbiculaire).
posée, doit permettre d’éviter des modifications non désirées
du regard. Les situations oculaires à risques doivent être 3.2.1.2. Blépharoplastie standard inférieure (modèle œil
dépistées par la réalisation systématique d’un bilan oculaire de star). L’abord du septum et des loges graisseuses de la
et orthoptique pré-opératoire. L’absence de séquelles de la
paupière inférieure peut se faire par voie transconjonctivale
blépharoplastie est impérative. Il faut préalablement s’assu-
chez les sujets jeunes. L’excès cutané ou cutanéomusculaire
rer de la stabilité psychologique du patient et savoir dépister
impose la voie sous-ciliaire.
une dysmorphophobie.
L’incision sous-ciliaire est purement cutanée, à 2 mm du
La demande de modification du regard doit être examinée
bord libre. La dissection initiale se fait dans le plan sous-
avec circonspection. Les cas d’œil globuleux, d’œil de coc-
cutané sur une hauteur de 4 à 5 mm sur toute la longueur
ker, de petit œil, d’œil creux ou de séquelles de chirurgie
palpébrale, dans le but de préserver le muscle orbiculaire
peuvent bénéficier d’une blépharoplastie. Dans ces cas parti-
culiers, la blépharoplastie seule est souvent insuffisante, marginal et prétarsal. Puis les fibres du muscle orbiculaire
voire délétère ; seule l’association à un mask-lift, un lifting sont discisées et la dissection se poursuit en sous-musculaire
frontal, un lifting sourcilier, des greffes osseuses (dans cer- 8 à 10 mm en deçà du rebord orbitaire inférieur. Le septum
tains cas) permet d’atteindre le but recherché. est ensuite incisé au niveau de l’arcus marginalis, ce qui
permet de lever le lambeau septograisseux.
3.2.1. Nos techniques standards de blépharoplasties Le lambeau septograisseux est étalé en avant du rebord
orbitaire inférieur et fixé par trois ou quatre fils résorbables
3.2.1.1. Blépharoplastie standard supérieure (modèle œil au périoste. C’est une manière élégante d’éviter la déshabi-
de star). Incision. L’incision de la paupière supérieure doit tation de cette région avec l’âge.
être en forme de « S » afin d’épouser au mieux l’arrondi de la En cas de cernes particulièrement creux en secteur interne,
paupière. Toute incision ronde referme, raccourcit, rapetisse on peut être amené à étaler plus de graisse dans cette région
la paupière et donc l’œil. L’incision droite barre la paupière pour la combler. Nous réservons les résections graisseuses à
et est souvent trop visible, surtout si elle monte sur la partie certaines exophtalmies au rebord orbitaire inférieur plat, à
immobile sous-sourcilière. l’œil globuleux et aux très importantes poches graisseuses.
Le positionnement du nouveau pli palpébral est condi- En fin d’intervention, on étale le lambeau cutanéomuscu-
tionné par la forme de l’œil et le désir du patient : laire : l’excision cutanée et musculaire est limitée. La suture
• un pli situé trop haut, déshabite et vieillit la paupière ; se fait à points séparés de nylon 6/0.
356 D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363

Comme dans toute chirurgie, le pansement fait partie Au niveau de la paupière supérieure, la préservation du
intégrante de l’acte chirurgical. Une suspension de la pau- pédicule vasculonerveux supra-orbitaire et de la glande la-
pière inférieure au front, pendant quelques heures, permet de crymale est impérative et rendue difficile par l’importance de
repositionner les tissus et de diminuer les risques d’héma- la résection graisseuse. Le risque de section du muscle rele-
tome et de rétraction cicatricielle précoce, source d’ectro- veur est également majoré et justifie une dissection prudente.
pion. Un pansement semi-compressif maintenu pendant L’hypertrophie ou la ptose de la glande lacrymale peuvent
quelques heures améliore les suites opératoires immédiates participer à la constitution de l’œil globuleux. Dans ces cas,
et le résultat final. une résection partielle de la glande et/ou son repositionne-
ment avec fixation intra-orbitaire complète utilement la blé-
3.2.2. Situations particulières pharoplastie supérieure.

3.2.2.1. Blépharoplastie et œil de cocker. Dans les formes 3.2.2.3. Blépharoplastie et exophtalmie [26]. La blépharo-
cutanées. L’excision palpébrale cutanée ou cutanéomuscu- plastie est dans ce cas un geste complémentaire dans la prise
laire est de 8 à 15 mm. L’incision palpébrale dans l’œil de en charge globale de l’exophtalmie. Nous utilisons la techni-
cocker pose un véritable problème puisqu’elle suit l’obli- que d’exérèse graisseuse d’Olivari dans les formes modérées
quité exagérée de la fente palpébrale et renforce cet aspect. Si et la décompression orbitaire (effondrement des parois mé-
on cherche à élever cette incision, la cicatrice devient trop diale, latérale et du plancher) dans les formes majeures.
visible dans le bombement sous-sourcilier. Il existe un risque important de ptosis dans les formes
La résection cutanée externe permet de corriger le derma- sévères d’exophtalmies essentielles qui nécessitent une ré-
tochalasis mais ne modifie pas la ptose de la queue du sourcil. section cutanée de paupière supérieure. La résection muscu-
Un lifting frontal élargi est le meilleur traitement de l’œil de laire orbiculaire est modérée et prudente car ce muscle est
cocker, permettant le relèvement du masque facial supérieur souvent distendu et affaibli par la pression du globe.
et du sourcil. Il apporte une correction efficace avec effet Un raccourcissement du muscle releveur de la paupière
rajeunissant sans changement de la physionomie du visage. supérieure par plicature ou résection est souvent nécessaire.
Chez les personnes âgées, une résection cutanée suprasour- En revanche, dans la maladie de Basedow, la rétraction du
cilière en ligne brisée est suffisante.
muscle releveur de la paupière supérieure est fréquente et
Dans les formes osseuses. La blépharoplastie supérieure
participe à la lagophtalmie. Un allongement du muscle rele-
est contre-indiquée car le résultat est constamment médiocre
veur de paupière supérieure par interposition d’un greffon
et l’aspect d’œil de cocker est le plus souvent aggravé.
autologue de fascia lata est dans ce cas la technique de choix.
L’indication de choix est alors le mask-lift avec meulage du
Enfin les paupières des exophtalmies anciennes, restées
rebord orbitaire supérolatéral et relèvement de la fente palpé-
trop longtemps distendues, nécessitent de plus une petite
brale par canthopexie externe étirée.
blépharorraphie latérale asymétrique afin de raccourcir et
relever la paupière inférieure, sans déformer la fente palpé-
3.2.2.2. Blépharoplastie et œil globuleux. C’est un type
brale. Elle consiste en une incision de tout l’angle externe
d’œil rendu fragile par sa mauvaise protection cornéenne et
dans la ligne grise, de 2 mm sur le bord libre supérieur et de
par le remaniement de sa paupière supérieure. Le muscle
3 à 5 mm sur le bord libre inférieur puis suture en deux plans,
orbiculaire souvent hypertrophique chez les sujets jeunes
conjonctif et cutané.
s’affaiblit et se distend avec l’âge sous la pression graisseuse
et oculaire. Chez le sujet jeune, un allègement musculaire par
excision est parfois indiqué. Chez le sujet âgé, la résection 3.2.2.4. Blépharoplastie et œil creux. L’œil creux est sou-
musculaire orbiculaire doit être prudente et moins importante vent très beau dans un visage jeune. Avec l’âge, le creux
que la résection cutanée afin de ne pas affaiblir davantage ce s’aggrave, accompagnant le plus souvent un vieillissement
muscle distendu ni diminuer l’épaisseur de la paupière supé- par squelettisation.
rieure. Le pli palpébral doit être placé à 8–10 mm du bord La blépharoplastie supérieure est très conservatrice de la
libre. graisse et du muscle, l’excision cutanée étant le plus souvent
Pour les paupières à peau épaisse, la résection des poches isolée. Nous réalisons systématiquement une ouverture du
graisseuses inférieures doit être particulièrement importante septum, pour vérifier la poche graisseuse interne qui serait
et concerne la graisse intraconique et extraconique. Elle est étalée sous le muscle orbiculaire.
réalisée dans ce cas selon la technique d’Olivari [17] et peut Le muscle orbiculaire conservé est plicaturé dans la pau-
aller jusqu’à 5 ml dans notre expérience. De cette manière, pière supérieure de manière homogène, ou pédiculé et enfoui
nous réduisons légèrement l’exophtalmie. dans le creux interne.
Pour les paupières à peau fine, la préservation musculaire La paupière inférieure est traitée uniquement selon notre
et graisseuse est impérative. Le muscle orbiculaire est donc technique de transposition graisseuse afin de combler un
réséqué a minima, voire simplement plicaturé. Le traitement creux interne ou des cernes fréquemment associés.
des poches graisseuses inférieures est fait selon notre techni- Le lifting frontal élargi est souvent très adapté au traite-
que de transposition graisseuse. ment de l’œil creux, permettant un meulage associé des
D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363 357

rebords orbitaires supérolatéraux. Le mask-lift permet un 3.2.2.9. Blépharoplastie et œil de star. Dans notre clien-
traitement global du visage avec dissection des pourtours tèle, l’œil de star est la forme d’œil la plus souvent rencontrée
orbitaires, meulage et canthopexie externe. Nous avons re- (35 %). Heureusement, puisque cela permet d’utiliser diffé-
cours à ces deux techniques en particulier dans les cas de rentes techniques sans problème (si elles sont bien réalisées,
demande de blépharoplastie secondaire pour insuffisance de bien sûr). Les complications sont rares, les yeux ne sont pas
résultat dans l’œil creux. fragiles et les résultats sont globalement parmi les plus
beaux.
3.2.2.5. Blépharoplastie et vieillissement par rétraction
scléreuse. Dans notre série, 31 % des patients vieillissent de 3.2.2.10. Blépharoplasties et mask-lift [11–14,21–24,30,31].
cette manière. Dans notre série, cela représente 37 % des cas.
Les paupières sont généralement épaisses et courtes Créées et développées par Paul Tessier pour le traitement
lorsqu’il n’existe pas d’ectropion. La résection cutanée doit chirurgical des grandes malformations congénitales, les tech-
être proscrite dans la blépharoplastie inférieure sous peine niques de chirurgie craniofaciale ont été perfectionnées et
d’ectropion postopératoire constant. Elle doit être prudente standardisées au cours des années.
dans les blépharoplasties supérieures sous peine de lagoph- La dissection sous-périostée, le relèvement du masque
talmie avec complications cornéennes postopératoires. facial, les greffes osseuses et leurs sites de prélèvement [25],
Par définition, le vieillissement par rétraction scléreuse le remodelage osseux ou les canthopexies latérales ont fait
n’entraîne pas ou peu de dermatochalasis. Les poches grais- leurs preuves sur des milliers de patients.
seuses sont rares et doivent être traitées de manière isolée Ces techniques de chirurgie réparatrice ont été affinées et
lorsqu’elles existent. Les blépharoplasties dans le vieillisse- adaptées à la chirurgie esthétique de rajeunissement et d’em-
ment par rétraction scléreuse sont donc généralement des bellissement de la face.
interventions à risques, voire contre-indiquées. Nous utilisons le mask-lift dans certains visages comme
« geste associé » à la blépharoplastie. Il s’agit de visages où il
3.2.2.6. Blépharoplastie et vieillissement par relâchement. existe une dysharmonie entre la région orbitopalpébrale et le
C’est le vieillissement le plus souvent rencontré dans notre reste du visage ou une dysharmonie entre l’orbite (contenant)
clientèle : 60 %. Le problème esthétique et le problème et le contenu (l’œil). Plusieurs autres associations sont pos-
fonctionnel d’amputation du champ visuel sont importants. sibles.

3.2.2.7. Blépharoplastie et vieillissement par creusement 3.2.2.11. Blépharoplasties selon l’âge. Chaque âge requiert
ou squelettisation Dans notre série, cela représente 9 %. un type différent de blépharoplastie.
Dans la blépharoplastie, la réutilisation de tous les tissus • Les très jeunes patients (20–35 ans). Ils viennent le plus
palpébraux présents (musculaire, graisseux) est obligatoire. souvent pour des poches apparues précocement et souvent
Le mask-lift et le lipofilling nous permettent une nette héréditaires, des cernes ou des yeux tristes (de type « coc-
amélioration des résultats. ker ») ; la voie conjonctivale est reine. L’allégement des
paupières supérieures lourdes nécessite une exérèse muscu-
3.2.2.8. Blépharoplastie et paupières orientales [20]. Ces laire et graisseuse alors que l’exérèse cutanée est nulle ou
paupières se différencient par l’absence de pli palpébral, minime.
l’existence d’un épicanthus, l’orientation mongoloïde mar- Les cernes peuvent être comblés par transposition grais-
quée du système palpébrosourcilier et un faux ptosis. Elles seuse ou par lipostructure®. Dans les cas de coloration in-
sont souvent courtes et épaisses, la peau étant de bonne tense, le dermatologue prend le relais.
qualité. L’excédent cutané est rare. La demande esthétique Les « 35–55 ans ». Ils sont les plus concernés par la
peut être liée au vieillissement : dans ce cas, la résection chirurgie palpébrale et faciale. À compter de la ménopause,
graisseuse est importante et complétée par une résection les risques de complications oculaires sont augmentés.
musculaire orbiculaire. La résection cutanée doit être pru- • Les demandes des personnes âgées. Elles sont de plus
dente sur les paupières supérieures et impérativement évitée en plus fréquentes. Après 55 ans, il existe un désir de prolon-
sur les paupières inférieures. ger la jeunesse ou de plaire aux petits-enfants. Les techniques
L’occidentalisation des paupières orientales constitue sont différentes. Et comme le dit Suzanne Noël, les unes
également une demande importante dans notre expérience. vieillissent tôt et les autres tard. Souvent, nous rencontrons
L’incision de la paupière supérieure se fait alors au niveau du des patients avec une ptose des sourcils, un dermatochalasis
futur pli palpébral présumé. La paupière supérieure doit être qui ampute le champ visuel et des poches graisseuses. Ainsi,
affinée par désépaississement plan par plan (cutané, muscu- les motifs de consultation peuvent être fonctionnels avant
laire et graisseux). La création d’un pli palpébral supérieur se d’être esthétiques. Chez les patients d’âge avancé, on pro-
fait par fixation du lambeau cutané inférieur au muscle rele- pose dans le même temps opératoire : lifting frontal ou lifting
veur de la paupière supérieure. Plus cette fixation est haute et des sourcils, traitement du dermatochalasis supérieur (asso-
postérieure et plus on crée l’illusion d’une grande paupière cié éventuellement à la correction d’un ptosis sénile) et
occidentale (mais attention à l’ectropion du bord libre). traitement des loges graisseuses de la paupière inférieure.
358 D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363

Dans les cas de vieillissement sclérotique, un lambeau de la plastie secondaire peut là encore être une bonne indication à
paupière supérieure viendra augmenter la hauteur de la pau- condition de tenir compte des particularités et des risques qui
pière inférieure. La canthopexie externe, si elle est néces- lui sont liés.
saire, est pratiquée localement sur l’aponévrose temporale. • Risques et particularités techniques des blépharoplas-
Si la fente palpébrale est trop longue, un raccourcissement ties secondaires. La résection cutanée excessive est au pre-
par raphie latérale de 2 à 4 mm ou par le procédé de Kunt- mier plan des risques des blépharoplasties itératives. Au
Szymanovski est réalisé. Cette technique semble complexe, niveau palpébral supérieur, la résection cutanée doit être
mais elle traite étape par étape tout l’ensemble orbitopalpé- prudente et l’important n’est pas ce qu’on enlève mais ce
bral pour donner un résultat très satisfaisant et naturel. qu’on laisse : 25 mm au minimum du bord palpébral au
rebord sourcilier. Une résection excessive est source de la-
3.2.2.12. Blépharoplasties secondaires [29–32]. Les blé- gophtalmie avec inocclusion et complications cornéennes
pharoplasties secondaires sont extrêmement délicates à gérer potentielles imposant une greffe cutanée réparatrice.
tant dans leurs indications que dans leur réalisation chirurgi- La résection cutanée de paupière inférieure doit être pros-
cale. Elles correspondent toujours à une forme d’échec de la crite dans la plupart des cas en raison du risque majeur
première intervention qu’elle soit objective ou ressentie d’ectropion, d’œil rond, de scleral show.
comme tel par le patient. Il s’agit donc d’une situation com- L’insuffisance de résection graisseuse est fréquente. Au
plexe, soit par le terrain anatomomorphologique, soit par le niveau palpébral supérieur, l’angle interne est souvent insuf-
terrain psychologique du patient, ou encore par le seul fait de fisamment marqué et peut bénéficier d’une résection muscu-
réaborder chirurgicalement une région délicate. laire orbiculaire localisée.
Le risque est de persister dans l’erreur qui a déjà conduit à Au niveau palpébral inférieur, nous ne réalisons qu’excep-
cette demande secondaire quel qu’en soit la cause. Il convient tionnellement une exérèse graisseuse type Olivari en seconde
donc d’éliminer d’emblée les mauvaises indications, source intention, étant donné le risque d’atrophie graisseuse avec
d’échecs à répétition ...et de séquelles. création d’un œil creux ou d’un petit œil énophtalme et d’une
• Contre-indications des blépharoplasties secondaires. fente palpébrale raccourcie. Une diplopie transitoire n’est
– Les troubles de personnalité doivent être systématique- pas rare dans les cas d’exérèse graisseuse excessive. Notre
ment évoqués devant une insatisfaction injustifiée avec de- technique de blépharoplastie inférieure par lambeau septo-
mande de chirurgie itérative. Il faut impérativement les éli- graisseux y trouve une application idéale.
miner avant d’aller plus loin. La dissection des loges graisseuses doit être extrêmement
– Les suites de gestes complémentaires type laser ou prudente : la fibrose cicatricielle augmente le risque de lésion
peeling. Le mauvais état cutané est parfois source de résultats du muscle oblique inférieur, des rétracteurs de la paupière
insatisfaisants qui amènent le patient à consulter de nouveau. inférieure, du muscle releveur de la paupière supérieure, de la
Il faut savoir contre-indiquer une blépharoplastie secondaire poulie du muscle oblique supérieur et du pédicule vasculo-
qui n’améliorera pas la situation. nerveux supra-orbitaire.
– Les mauvaises indications initiales. La participation
osseuse dans l’œil de cocker ou une exophtalmie importante 3.2.2.13. Blépharoplastie et ectropion [30,32]. Dans les cas
sont des exemples de mauvaise indication chirurgicale ini- d’ectropion par chute des parties molles, le bord libre palpé-
tiale de blépharoplastie. Il s’agit alors de redresser l’analyse bral inférieur est distendu. Nous réalisons son raccourcisse-
anatomomorphologique initiale et l’indication chirurgicale. ment par procédé de Khünt modifié (résection pentagonale
Un lifting frontal élargi ou un mask-lift sont parfois seuls à dans le tiers latéral du bord libre palpébral). Nous le complé-
même de répondre à ces situations. La réalisation d’une tons par une blépharoplastie inférieure qui renforce et harmo-
nouvelle blépharoplastie aggraverait l’état cicatriciel des nise la région palpébrale inférieure.
paupières et entraînerait un raccourcissement cutané, source Dans les cas d’ectropion par rétraction scléreuse, un lam-
de lagophtalmie ou d’inocclusion passant ainsi du stade beau hétéropalpébral cutanéomusculaire bipédiculé est sou-
d’échec au stade d’échec avec complications... vent indiqué en complément du procédé de Khünt modifié
• Indications des blépharoplasties secondaires. permettant de soutenir la paupière inférieure en hamac et de
– L’insuffısance de résultat. Il s’agit le plus souvent d’une redonner une hauteur cutanée palpébrale satisfaisante.
évaluation insuffisante préopératoire ou d’une réalisation
chirurgicale incomplète. Il peut s’agir d’une résection cuta- 3.2.2.14. Blépharoplastie et entropion. La paupière supé-
née insuffisante, d’une résection graisseuse incomplète ou rieure s’entropionne, suite d’une ptose sourcilière et d’un
asymétrique, ou d’une participation musculaire sous- dermatochalasis important. La peau qui pèse sur les cils les
estimée. retourne et abîme.
La blépharoplastie secondaire est dans ce cas une bonne La paupière inférieure entropionnée présente un bord libre
indication. palpébral inférieur généralement normal ou court et une
– La récidive. La récidive d’un dermatochalasis ou de contracture de l’orbiculaire souvent importante, responsable
poches graisseuses palpébrales peut survenir plusieurs an- de la bascule de la paupière inférieure sous le globe. Nous
nées après une blépharoplastie satisfaisante. Une blépharo- réalisons une éversion du bord libre sans raccourcissement
D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363 359

par résection tarsomusculaire en losange. Cette résection est 3.3.2. Inocclusion


réalisée dans le tiers latéral du bord libre afin d’éviter toute Une inocclusion de 1 à 2 mm est normale dans les jours
blessure cornéenne par les fils et d’éviter le déplacement du qui suivent une blépharoplastie supérieure ; elle nécessite
point lacrymal inférieur, source d’épiphora persistante. Nous avant tout une protection cornéenne diurne et nocturne. Si
complétons cette résection par une résection en bande de elle persiste, elle peut être due à une paupière supérieure
l’orbiculaire prétarsal afin de l’affaiblir et de diminuer sa courte verticalement, à une faiblesse du muscle orbicularis
contracture. Une blépharoplastie inférieure est le plus sou- oculi, à une fibrose septale, à une rétraction du muscle leva-
vent réalisée en complément pour améliorer le soutien de la tor palpebrae de la paupière supérieure (ou plus rarement du
paupière. muscle rétracteur de la paupière inférieure). En cas de pau-
Au total. Le choix de la technique chirurgicale impose non pière supérieure courte, le traitement curatif comprend des
seulement la prise en compte de la globalité du visage dans le massages visant à étirer la paupière vers le bas (« kinéplas-
temps mais également les éventuels actes complémentaires tie ») et éventuellement la dissection sous-cutanée avec ex-
dermatologiques ou chirurgicaux ultérieurs. Ainsi, la réalisa- tension par suspension de la paupière supérieure à la joue
tion d’une blépharoplastie première doit comporter une ré- pendant 48 heures, permettent de gagner 1 à 3 mm.
section cutanéo-orbiculaire moindre si un lifting frontal est
envisagé ultérieurement, afin de permettre le maintien d’une 3.3.3. Scleral show et ectropion
occlusion palpébrale satisfaisante. Pour la paupière supérieure, l’ectropion survient en cas de
L’association d’un mask-lift à la blépharoplastie dans le traction excessive sur le bord libre comme dans le cas des
cadre du changement du regard se fait de façon variable selon paupières asiatiques (pour marquer le pli palpébral), ou en
le type de modification souhaitée. Il est préférable d’éviter de cas d’exérèse cutanée excessive (hauteur maximale de pau-
pratiquer les deux interventions dans le même temps pière restante inférieure ou égale à 2 cm). Le premier traite-
opératoire. ment consiste à réaliser une dissection sous-cutanée des
Seul l’œil de star jouit d’une certaine autonomie dans la portions supratarsale et infrasourcilière et de tracter cette
chronologie des actes chirurgicaux, permettant de réaliser la paupière pendant 48 heures par suspension jugale. Si la
blépharoplastie avant ou après le mask-lift. En revanche, il paupière supérieure est courte verticalement mais pas infé-
est préférable pour l’œil de cocker et l’œil globuleux d’être rieure à 2 cm, on pratique le même procédé. Si elle mesure
traités par le mask-lift, en premier lieu, pour corriger l’ano- moins de 2 cm, une greffe de la zone prétarsale est nécessaire
malie osseuse. La blépharoplastie n’est effectuée que dans un (peau totale rétro-auriculaire).
deuxième temps sous peine d’aggraver l’état initial. Pour la paupière inférieure, les causes peuvent être : une
hyperlaxité palpébrale non corrigée ; une excision cutanée,
3.3. Complications des blépharoplasties esthétiques musculaire, graisseuse trop importante ; un hématome palpé-
[27,28] bral non évacué responsable d’une rétraction cicatricielle du
septum. Le traitement est avant tout préventif : résection
« C’est une chirurgie qui peut paraître facile, mais elle cutanée adaptée, suspension palpébrale au front pendant les
est pleine d’embûches. Elle nécessite une sûreté de six à 12 heures suivant l’intervention ; évacuation d’un héma-
technique absolue, une grande justesse de coup d’œil et tome palpébral. Le traitement curatif comprend, en plus
surtout un goût absolument impeccable, ce qui n’est pas d’une protection du globe oculaire : massages ascendants de
une chose si commune. Il est donc nécessaire que ceux la paupière inférieure visant à l’étirer vers le haut (« kinéplas-
qui feront cette chirurgie sans guide et sans longue tie ») ; canthopexie latérale (canthopexie locale pour les
préparation préalable soient d’une extrême circonspec- personnes âgées et mask-lift pour les patients jeunes) ; aug-
tion s’ils ne veulent pas courir à des désastres. » mentation de la hauteur palpébrale par greffe cutanée ou par
(S. Noël, 1926) [1]. lambeau musculocutané prélevé sur la paupière supérieure.
Pour éviter une complication, il faut d’abord la connaî-
tre, la prévenir pendant l’intervention et la rechercher 3.3.4. Ptosis
après l’intervention. Leur prise en charge est complexe et Il s’agit le plus souvent d’une décompensation d’un ptosis
nécessite une grande expérience sous peine de séquelles involutionnel ; plus rarement, il est lié à une section peropé-
parfois irréversibles. ratoire du muscle levator palpebrae. Le traitement est chi-
rurgical (réinsertion sur le tarse de l’aponévrose du muscle).
3.3.1. Chémosis Il peut être dû à une désinsertion du muscle releveur dans
C’est un œdème conjonctival post-chirurgical, sans consé- l’œil globuleux ou œil creux.
quence s’il est traité rapidement. Dans les cas à risques, il
faut pratiquer en début d’intervention une injection sous- 3.3.5. Kératites
conjonctivale externe de corticoïdes (par exemple Céles- Elles peuvent être liées à un dessèchement cornéen pero-
tène® 2 à 4 mg). En cas de chémosis très important, il faut pératoire, une abrasion mécanique ou une infection postopé-
réaliser deux à trois injections locales, éventuellement asso- ratoire. Le traitement est essentiellement préventif : pour
ciées à une blépharoraphie pour quelques jours. toute chirurgie palpébrale, il faut utiliser une pommade de
360 D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363

protection oculaire et éventuellement une coque de protec- 3.3.16. Cicatrice hypertrophique


tion cornéenne. Elle est possible dans la région latérale, en dehors de la
margelle orbitaire.
3.3.6. Décompensation oculomotrice
Il s’agit d’une vision trouble ou d’une diplopie par décom- 3.3.17. Bride cicatricielle du canthus interne
pensation d’une faiblesse musculaire préexistante et latente En rapport avec une exérèse cutanée se prolongeant trop
ou par lésion du muscle oblique inférieur. Le traitement en dedans, elle est accessible à des massages, à une plastie en
repose sur la rééducation ou la chirurgie. Rappelons ici l’im- Z ou en trident.
portance du bilan orthoptique pré-opératoire, qui détecte ces
anomalies et permet d’anticiper sur la rééducation orthopti- 3.3.18. Énophtalmie, paupières creuses
que péri-opératoire : le patient doit être informé qu’il va
suivre un traitement orthoptique avant et/ou après l’interven- Le traitement est préventif (réintégration graisseuse,
tion, si cela est nécessaire. mask-lift avec remodelage osseux).

3.3.7. Dysesthésies des paupières 3.3.19


Complications spécifiques de la lipostructure palpébrale
En général transitoires, elles ne nécessitent aucun traite- Cytostéatonécrose avec nodule résiduel ; irrégularités de
ment. surface (intérêt des microcanules).
3.3.8. Larmoiement 3.3.20. Complications spécifiques du lambeau
Surtout par kératite, traumatisme des voies lacrymales, septograisseux
dysfonctionnement de la pompe lacrymale ou malposition du Il ne doit pas être utilisé dans les visages avec rebords
point lacrymal inférieur (ectropion), le traitement est celui de orbitaires inférieurs creux (bas situés et en retrait). Dans ces
la cause. cas de visages plats, les poches graisseuses sont toujours
visibles, il vaut mieux les enlever par voie conjonctivale ou
3.3.9. Sécheresse oculaire, picotements, photophobie, externe ou reconstruire le rebord orbitaire inférieur.
inconfort
Ces signes sont habituels dans les semaines qui suivent
l’intervention. Le traitement est symptomatique. 3.4. Analyses des questionnaires

3.3.10. Cellulite orbitaire nécrosante L’analyse des techniques de huit équipes reconnues (Gio-
Infection locale à streptocoques avec nécrose cutanée, vanno Botti, Italie ; Raphaël De la Plazza, Espagne ; Sam
cette complication, rare mais grave, impose une antibiothé- Hamra, États-Unis ; Ulrich Hinderer, Espagne ; Sylvain
rapie intraveineuse immédiate (± corticothérapie). Staub, France ; Michel Tazartès, France ; Frank Trepsat,
France ; Norman Waterhouse, U.K.) fait ressortir les points
3.3.11. Hématome palpébral suivants.
Il doit toujours être évacué rapidement pour prévenir la
rétraction cicatricielle du septum. 3.4.1. De l’intérêt des photographies
Tous les interviewés font des clichés pré-opératoires :
3.3.12. Hématome intra-orbitaire (rétrobulbaire) • bilan simple (une face, une face regard en haut, deux profils) 2
• bilan complet (+ avec sourire, deux 3/4, yeux fermés de face) 5
Il se traduit par une exophtalmie douloureuse associée à
• bilan complexe (téléphotographie et biométrie, dans le but d’établir 1
un chémosis hémorragique et une mydriase. Il se complique des abaques avec mesure de référence)
de cécité et doit être drainé en urgence.
3.4.2. L’examen ophtalmologique pré-opératoire
3.3.13. Cécité
Systématique pour la moitié, mais plus ou moins complet
Le spasme vasculaire est la cause reconnue dans la plupart et « seulement en cas de signe d’appel à l’examen » pour
des cas (tous les cas décrits étaient associés à une exérèse l’autre moitié.
graisseuse, donc traction). Bien que de mauvais pronostic, le
chirurgien doit instaurer en urgence un traitement (vasodila- 3.4.3. Les points techniques basiques
tateurs, corticoïdes).
3.4.3.1. Au niveau de la paupière inférieure.
3.3.14. Kystes épidermiques sur cicatrices • La voie conjonctivale est prédominante :
o prioritaire 4
3.3.15. Asymétrie du pli palpébral
o exclusive 2
Il est lié à la résection cutanée asymétrique ou ronde.
D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363 361

• La prise en compte de la graisse : 4. Le futur


o exérèse simple 2
« La vérité, moi je vais vous la dire ! » « L’avenir c’est
o conservation graisseuse (avec étalement ou repositionnement) 5
moi ! » (Paul Seknadje, Gérald Franchi). « Oui, le futur
o exérèse par voie conjonctivale et lipostructure® palpébrale 1
vous appartient, mes chers Paul et Gérald... » (Darina).
o canthopexie latérale systématique associée 4
Notre futur sera conditionné par un souci constant de la
• Aucun n’a dit utiliser la technique de réintégration dans
prévention du risque médicolégal. Celui-ci passe par la
l’orbite de la hernie graisseuse selon la technique d’A.
connaissance et la prévention des complications ophtalmolo-
Camirand [9], véritable « shouldice » orbitopalpébral.
giques, impliquant une collaboration plus étroite entre oph-
talmologiste et chirurgien plasticien car si l’enjeu est esthé-
3.4.3.2. Au niveau de la paupière supérieure. tique, le pronostic est fonctionnel. L’évaluation du rapport
• Exérèse cutanée numérisée (respectant une distance de sécurité : 2 bénéfice/risque guide nos stratégies thérapeutiques. Nous
8 mm à partir du bord libre) devrons adapter nos techniques dans cette optique.
• Exérèse musculaire faite à la demande
o a minima 1
4.1. Ce que l’on ne doit plus faire dans la chirurgie
o jamais 1
palpébrale
o très large 1
• Exérèse graisseuse à la demande 8
• Opérer sans un examen ophtalmologique préalable.
• Lipostructure® associée 2
Nous devons prévenir et guérir les complications oculai-
res.
L’exérèse étendue du muscle orbicularis oculi a pour but
• Une incision arciforme au niveau de la paupière supé-
de recréer d’une part la concavité naturelle interne au-dessus
rieure : risque de raccourcir la fente palpébrale ou de
du canthus et d’autre part de l’affaiblir, entraînant une ascen-
créer un œdème prolongé.
sion de la queue du sourcil par l’action du muscle frontalis
• Une exérèse cutanée en cas de paupière supérieure
antagoniste.
courte (< 2,5 cm ; vieillissement par rétraction ou exé-
rèse précédente) : risque de lagophtalmie avec exposi-
3.4.4. Les gestes associés
tion cornéenne. Le relèvement du sourcil est plus appro-
Ils sont :
prié.
• canthopexie latérale 4 • Une ablation excessive de graisse en appuyant fortement
• fixation de l’orbiculaire au périoste du rebord orbitaire latéral 3 sur le globe : risque de cécité, d’œil creux, de cernes.
• blépharocanthoplastie 1
• « Déborder » le désir du patient tout en s’en approchant
• Lipostructure® 2
le plus possible. Nous devons prendre garde aux chan-
• lifting frontal endoscopique 3
• mask-lift ou lifting frontal 7
gements morphologiques, même désirés !
• exérèse cutanée suprasourcilière 2 • Des remodelages orbitaires systématiques ou étendus.
• toxine botulique 5 L’indication du mask-lift devient de plus en plus délicate
• peeling chimique 6 et allégée.
• laser 4 • Dans l’œil globuleux, exophtalme ou énophtalme, l’exé-
rèse graisseuse peut être dangereuse et affaiblir la pau-
3.4.5. Traitements proposés pour les poches malaires pière déjà distendue, donc œil rond : s’il y a le moindre
• Exérèse cutanée directe. doute, le scanner peut être utile. La technique d’Olivari,
• Microlipo-aspiration. d’extraction graisseuse profonde, ou le lambeau septo-
• Traumatisme de la face profonde du derme à la micro- graisseux sont de meilleurs choix.
canule (sans aspiration).
• Pexie orbiculaire. 4.2. Idées communes et tendances
• Lifting temporal.
• Infiltration locale de corticoïdes (sous-cutanée ou rétro- L’analyse des techniques des huit équipes fait ressortir
musculaire). trois idées communes et deux grandes tendances :
• Drainage lymphatique. • le front est indissociable des paupières : la région fronto-
orbitopalpébrale forme une unité qui doit être traitée
Les poches malaires ont une origine multifactorielle (af- globalement ;
faissement du muscle orbicularis oculii, lymphœdème par • « Adieu blépharectomies » : à la paupière inférieure,
perte du rôle drainant du muscle, excès graisseux pré- ou l’exérèse cutanée doit être nulle ou minime pour préve-
sous-musculaire, excès cutané), avec parfois une composante nir l’œil rond et l’ectropion ;
dominante de laquelle est déduit le traitement le plus appro- • « Adieu lipectomies » : la graisse est utile, c’est le seul
prié. L’exérèse cutanée directe doit être réservée aux patients tissu qui permet de restaurer les volumes disparus ; pour
âgés car elle crée une cicatrice visible [5–8,10,15,16,26]. certains l’exérèse de la graisse orbitaire est un sacrifice
362 D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363

et n’est finalement réalisée qu’après son utilisation opti- nesse, leur esprit rapide et cartésien, leur discussion intéres-
male par repositionnement [6–8,16]. D’autres préfèrent sante, leur aide linguistique, leur travail et de m’avoir permis
enlever la poche graisseuse rétroseptale et redonner un de compter sur eux avec bonheur. Nos réunions du dimanche
galbe à la paupière par réinjection sous-cutanée de de travail ont été passionnantes. Je n’aurai rien pu faire sans
graisse autologue prélevée à distance [10]. Les recher- l’aide intelligente, professionnelle et dévouée du « cœur » de
ches cliniques de ces dernières années ont souligné l’hé- notre unité : Maria Hernandez, secrétaire, collaboratrice sans
térogénéité morphologique et fonctionnelle des adipo- pareil, depuis tant d’années, mais aussi conseillère modeste,
cytes suivant leur localisation anatomique. La sûre...
compréhension du vieillissement des adipocytes orbitai- Je suis très reconnaissante à mon mari, Dimitri Lolov, et à
res et le comportement des greffons adipocytaires per- mon fils, Sava Lolov, de m’avoir aidée à trouver les mer-
mettra peut être de raffiner les techniques ; veilleuses citations des grands peintres, sculpteurs et poètes,
• un courant vise à repositionner chaque élément anatomi- qui expriment mieux que moi mes idées, ma vie.
que ; il nécessite des gestes techniques complexes, avec Un grand merci à Annalinda Lojacono, ma belle italienne
dissection étendue et remise en tension des tissus. S’il résidente de Bari, qui a passé un temps infini avec les dossiers
est légitime de chercher à restaurer l’anatomie juvénile, pour me sortir les chiffres et me permettre de faire des
ces techniques nécessitent une grande expérience ; conclusions intéressantes.
• l’autre courant est minimaliste : gestes simples, peu
traumatisants, dont l’apprentissage est rapide ; suites
immédiates faciles ; bénéfice esthétique équivalent ou Références
presque, mais résultats à court terme avec une difficulté
[1] Noël S. La chirurgie esthétique. Son rôle social. Paris: Masson et Cie
de reprise, augmentant les risques de complications. Les Éditeurs; 1926. p. 80.
dernières générations de chirurgiens plasticiens ne [2] Jacquemin J. Suzanne Noël. Paris: Soroptimist International; 1988.
seront-elles pas plutôt séduites par cette approche ? [3] Tessier P. Blépharopoïèses inférieures. Bulletins et mémoires de la
Société française d’Ophtalmologie 1960:231–54.
[4] Tessier P, Rougier J, Hervouet F, Xoillez M, Lekieffre M, Derome P.
Chirurgie plastique orbitopalpébrale. Paris: Masson; 1977.
5. Conclusion
[5] Bourguet G. Les hernies graisseuses de l’orbite. Bull Acad Natl Med
1924.
À travailler tordu, j’ai attrapé un goitre [6] Loeb R. Fat pad sliding and fat grafting for leveling lid depressions.
Comme l’eau en donne aux chats de Lombardie. Clin Plast Surg 1981;8(4):757–76.
(À moins que ce ne soit de quelque autre pays) [7] Hamra ST. The role of orbital fat preservation in facial aesthetic
Et j’ai le ventre, à force, collé au menton. surgery. A new concept. Clin Plast Surg January 1996;23(1):17–28.
[8] De la Plaza R, de la Cruz L. The sliding fat pad technique with use of
Ma barbe pointe vers le ciel, je sens ma nuque
the transconjunctival approach. Aesth Surg Jour 2001;21(6):487–92.
Sur mon dos, j’ai une poitrine de harpie, [9] Camirand A, Doucet J, Harris J. Anatomy, pathophysiology and pre-
Et la peinture qui dégouline sans cesse. vention of senile enophtalmia and associated herniated lower eyelid
Sur mon visage en fait un riche pavement. fat pads. Plast Reconstr Surg 1997;100(6):1535–46.
Mes lombes sont allées se fourrer dans ma panse, [10] Trepsat F. Periorbital rejuvenationcombining fat grafting and ble-
pharoplasties. Aesthethic Plastic Surgery 1993 (sous presse).
Faisant par contrepoids de mon cul une croupe
[11] Tessier P. Le lifting facial sous-périosté. Ann Chir Plast Esthét 1989;
Chevaline et je déambule à l’aveuglette. 34:193.
J’ai par-devant l’écorce qui va s’allongeant [12] Krastinova-Lolov D. Le lifting facial sous-périosté. Ann Chir Plast
Alors que par derrière elle se ratatine. Esthét 1989;34(3):199–211.
Et je suis courbe comme un arc de Syrie. [13] Krastinova-Lolov D. Facial aesthetic sculpturing (FAS) and mask-lift.
In: Jorge M Psillakis, editor. Deep Face-Lifting Techniques. New
Enfin les jugements que porte mon esprit
York: Thieme Medical Publishers; 1994. p. 24–36.
Me viennent fallacieux et gauchis : quand on use [14] Krastinova-Lolov D. Mask-lift and facial aesthetic sculpturing. Plast
D’une sarbacane tordue, on tire mal. Reconst Surg 1995;95(1):21–35.
Cette charogne de peinture, [15] Krastinova D. Réflexions sur la morphologie et le vieillissement de la
Défends-la, Giovanni, et défends mon honneur région orbitopalpébrale. Techniques opératoires adaptées. Extrait de
Actuel Sofcep. Perpignan: Européenne d’Impression; 1993.
Suis-je en bonne posture ici et suis-je peintre ?
[16] Hamra ST. Arcus marginalis release and orbital fat preservation in
midface rejuvenation. Plast Reconstr Surg 1995;96(2):354–62.
(Alors qu’il travaillait au plafond de la Chapelle Sixtine, [17] Olivari N, Wesseling W. Transpalpebral decompression of endocrine
Michel-Ange a composé ce sonnet pour Giovannio Da Pis- ophthalmopathy (Grave’s disease) by removal of intra-orbital fat:
toia). experience of 147 operations in 5 years. Plast Reconstr Surg 1991;87:
627.
[18] Hamra ST. Repositioning the orbicularis oculi muscle in the compos-
ite rhytidectomy. Plast Reconst Surg 1992;90(1):14–22.
Remerciements
[19] Botti G. Chirurgia estetica dell’invecchiamento facciale. Padova: Pic-
cin Nuova Libraria; 1995.
Je remercie mes collaborateurs Gérald Franchi, Michel [20] Flowers RS. Upper blepharoplasty by eyelid invagination: anchor
Jasinski et Paul Seknadje pour l’impertinence de leur jeu- blepharoplasty. Clin Plast Surg 1993;20(2).
D. Krastinova-Lolov et al. / Annales de chirurgie plastique esthétique 48 (2003) 350–363 363

[21] Krastinova-Lolov D. Mask-lift: indications, technique long-term [28] Botti G. Blepharoplasty: a classification of selected techniques in the
results after 15 years. Aesthetic Plastic Surgery. Padova: Piccin Nuova treatment and prevention of lower lid margin distorsions. Aesth Plast
Libraria; 2001. p. 17–30. Surg 1998;22:341–8.
[22] Tessier P. Chirurgie orbitocrânienne. Minerva chirurgica 1971;26(16):
[29] Krastinova D, Franchi G, Baujat B, Jasinski M, Chabolle F. Réhabili-
878–904.
tation des faces paralysées. Le neurinome de l’acoustique, Diagnostic,
[23] Tessier P. Aesthetic aspects of bone grafting to the face. Clin Plast
traitement et suivi. Paris: Société Française d’Otorhinolaryngologie et
Surg. Philadelphia: Saunders ed.; 1981.
de Chirurgie de la Face et du Cou, Éditeur; 2001. p. 333–49.
[24] Tessier P. Facial lifting and frontal rhytidectomy. In: Fonseca J, editor.
Transactions of the VII international congress of plastic and recon- [30] Santini J, Krastinova D. Chirurgie plastique de la face, rajeunisse-
structive surgery (IPRS). Rio de Janeiro, Brazil: Cartgraf; 1970. p. ment, embellissement, concepts et pratiques. Paris: Rapport de la
393–6. Société Française d’ORL et de Chirurgie de la Face et du Cou,
[25] Tessier P. Autogenous bone grafts taken from the calvarium for facial Éditeur; 1999.
and cranial applications. Clin Plast Surg 1982;9(4):531–8.
[31] Krastinova D. The mask-lift. Pratical Cosmetic Plastic Surgery. 2002.
[26] Krastinova D, Rodallec A. Orbitopathie basedowienne. Ann Chir Plast
p. 361–70 Chine.
Esthét 1985;30(4):351–8.
[27] De la Plaza R, de la Cruz L. A new concept in blepharoplasty. Aesth [32] Carraway JH, Mellow CG. The prevention and treatment of lower lid
Plast Surg 1996;20:221–33. ectropion following blepharoplasty. Plast Reconstr Surg 1990;85:971.

Vous aimerez peut-être aussi