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en chirurgie orthopédique
et traumatologique
Chez le même éditeur
Manuel pratique de chirurgie orthopédique, sous la direction de B. Jolles-Haeberli. 2013, 624 pages.
Chirurgie orthopédique Principes et généralités, par A.-Ch. Masquelet. 2012, 432 pages.
Voies d'abord chirurgicales du membre supérieur, par R. Tubiana, Ch. Mac Cullough, A.-Ch. Masquelet. 2004, 368 pages.
Voies d'abord chirurgicales du membre inférieur, par Ch. Mac Cullough, R. Tubiana, A.-Ch. Masquelet. 2005, 424 pages.
La Main traumatique. Tome 1. L'Urgence, par M. Merle, G. Dautel. 2009, 3e édition, 400 pages.
La Main traumatique. Tome 2. Chirurgie secondaire, le poignet traumatique, par G. Dautel, M. Merle. 2005, 480 pages.
Manuel des voies d'abord
en chirurgie orthopédique
et traumatologique
2e édition
F. Dubrana
D. Le Nen
F.-X. Gunepin
C. Lefèvre
Avec la collaboration de :
Illustrations :
Cyrille Martinet
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DANGER ment dans le domaine universitaire, le développement massif du «photocopillage».
Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements d'enseignement, provoque une baisse
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LE
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la propriété intellectuelle).
Philippe Buisson, chirurgien militaire, service de chirurgie Marc Henry, chirurgien des hôpitaux, service de chirurgie
orthopédique et traumatologique, hôpital d'instructions orthopédique et traumatologique, CHU Cavale-Blanche,
des armées Clermont-Tonnerre, Brest naval. Brest.
Frédéric Dubrana, professeur des universités, service Dominique Le Nen, professeur des universités, service
de chirurgie orthopédique et traumatologique, CHU de chirurgie orthopédique et traumatologique, CHU
Cavale-Blanche, Brest. Cavale-Blanche, Brest.
Éric Guillemot, chirurgien militaire, service de chirurgie Christian Lefèvre, professeur des universités, service de
orthopédique et traumatologique, hôpital d'instructions chirurgie orthopédique et traumatologique,
des armées Clermont-Tonnerre, Brest naval. CHU Cavale-Blanche, Brest.
François-Xavier Gunepin, professeur agrégé, École Laurent Pidhorz, chirurgien des hôpitaux, service de
du Val-de-Grâce, chirurgien orthopédiste, service de chirurgie orthopédique et traumatologique, CHG Le Mans.
chirurgie orthopédique, clinique mutualiste de la Porte Marc Prud'homme, chirurgien orthopédiste, Centre de la
de l'Orient, Lorient. main, clinique Saint-Jean, Toulon.
Xavier Guyot, chirurgien orthopédiste, clinique Pasteur, Philippe Schiele, chirurgien militaire, service de chirurgie
Brest. orthopédique et traumatologique, hôpital d'instruction
des armées Desgenettes, Lyon Armées.
V
Préface à la deuxième édition
La deuxième édition du Manuel des voies d'abord en chirur- les professionnels concernés par le corps orthopédique et
gie orthopédique et traumatologique reprend ce qui avait traumatique.
fait l'originalité du premier livre : les voies d'abord les plus Dans un monde où la connaissance grâce aux biblio-
courantes, un texte court et la mise en avant des pièges, des thèques numériques s'impose, le contenu court, synthé-
trucs et des astuces. tique et illustré de ce livre s'adapte parfaitement à cette
Son but : comprendre la voie d'abord en un coup nouvelle forme de savoir. Cependant, nous remercions
d'œil, un GPS chirurgical. Ce livre s'adresse aux chirurgiens les éditions Elsevier-Masson de croire en la puissance et la
en apprentissage, mais aussi aux seniors ; il rappelle des beauté du livre papier. Mais, quel que soit le format (papier
notions acquises et partiellement oubliées, il complète la ou numérique), l'apprentissage du corps humain passe par
formation chirurgicale, qui est un mélange unique : d'ap- l'illustration ; je remercie tout particulièrement Monsieur
prentissage chirurgical et humain, de cours d'anatomie, de Cyrille Martinet d'avoir su transformer des textes simples
compagnonnage et de chirurgie virtuelle. Mais plus géné- en un plaisir de la vue, et pour bien des voies d'abord, les
ralement, il intéresse les infirmières du bloc opératoire et dessins peuvent se suffire à eux-mêmes.
Frédéric Dubrana
VII
Chapitre 1
Épaule
PLAN DU CHAPITRE
Abord deltopectoral 4
Abord transdeltoïdien antérolatéral 6
Abord postérieur sous-deltoïdien 8
Manuel des voies d'abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
I. Membre supérieur
La chirurgie de l'épaule est caractérisée par deux difficul- les muscles court biceps et coracobrachial (figure 1.1C).
tés que sont le caractère hémorragique et la profondeur Ensuite, le subscapulaire peut être incisé verticalement
du champ opératoire. En conséquence, le choix de la voie en respectant son quart distal pour épargner le nerf axil-
d'abord doit être fondé sur un diagnostic lésionnel précis laire voire les vaisseaux circonflexes antérieurs ; mieux
et doit permettre une parfaite exposition des structures à encore, il peut être discisé dans le sens de ses fibres à
atteindre. l'union deux tiers supérieurs-tiers inférieur pour aborder
La position de l'opéré la plus utilisée est la position demi- l'articulation, technique moins délabrante respectant
assise. L'idéal est l'installation sur table à épaule permettant le muscle (butée coracoïdienne). Enfin, la capsule est
de dégager l'ensemble de la région, jusqu'au bord spinal de incisée verticalement pour exposer l'articulation gléno-
la scapula en arrière (possibilité d'un abord postérieur). La humérale (figure 1.1D).
tête est légèrement tournée du côté opposé à l'épaule opé-
rée et fixée sur têtière. Le bras repose sur un appui latéral. Variantes
Le champage est large et doit inclure la totalité du membre
Par la même incision :
supérieur. ● une ostéotomie de la coracoïde facilite l'accès à l'arti-
Certains actes requièrent le décubitus latéral. Le patient
culation gléno-humérale, notamment à la glène, toujours
est maintenu dans la position grâce à un appui pubien
profonde dans la chirurgie des épaules complexes ;
en avant, un appui dorsal et un autre sacré en arrière. Le ● une désinsertion du petit pectoral au niveau de la cora-
champage, large ici aussi, doit inclure la totalité du membre
coïde et une dissection plus médiale offrent l'accès au
supérieur.
plexus brachial sous-claviculaire.
L'hémostase devra être réalisée pas à pas, de façon très
soigneuse, pour ne pas être gêné tout au long de l'interven-
tion. On utilisera des écarteurs autostatiques pour faciliter Risques
l'exposition. La veine céphalique doit être disséquée soigneusement
et protégée lors de l'abord du sillon deltopectoral.
Lors de la rétraction en dedans du muscle coracobi-
Abord deltopectoral ceps, il faut ménager le nerf musculocutané qui tra-
verse habituellement le muscle à environ 6 cm, soit
Technique quatre travers de doigts environ, de son insertion sur
la coracoïde.
Le patient est installé en position demi-assise ou en Le nerf axillaire et les vaisseaux circonflexes sont
décubitus dorsal, un coussin sous la scapula homo proches du bord inférieur du muscle subscapulaire.
latérale. Le membre supérieur est inclus en entier dans Lorsqu'il est incisé verticalement, le respect de son
le champ opératoire. L'incision commence en haut sur quart distal et la mise en rotation externe du membre
le relief de l'apophyse coracoïde qu'il faut repérer au supérieur protègent ces structures.
doigt. Puis elle suit le sillon deltopectoral, légèrement
en dedans de l'apophyse coracoïde, vers le pli axillaire Indications
antérieur en longeant le bord antérieur du muscle del-
toïde (figure 1.1A). L'opérateur recherche dans la graisse C'est la «voie royale» pour toute la chirurgie antérieure de
sous-cutanée la veine céphalique, qui constitue le repère l'épaule, en particulier pour :
du sillon deltopectoral (figure 1.1B). Selon les habitudes, ● la chirurgie de l'instabilité antérieure (butée
la veine est laissée en dedans ou en dehors, la dissec- coracoïdienne…) ;
tion se poursuivant entre deltoïde en dehors et grand ● l'ostéosynthèse des fractures de l'extrémité supérieure
pectoral en dedans. À la partie haute de l'incision, l'apo- de l'humérus et de la glène ;
physe coracoïde est repérée, ainsi que, plus bas, le fas- ● la chirurgie prothétique (prothèse humérale, pro-
cia recouvrant la courte portion du biceps et le muscle thèse totale, anatomique ou inversée, prothèse à double
coracobrachial. Ce fascia est incisé au bord latéral du mobilité…) ;
court biceps, ce qui découvre les fibres transversales du ● l'arthrodèse de l'épaule (séquelles de paralysie trauma-
muscle subscapulaire. Son exposition est facilitée par la tique du plexus brachial, de fractures complexes ou com-
rotation externe du membre et en réclinant en dedans pliquées de la tête humérale).
4
1. Épaule
A B
C D
Fig. 1.1.
Abord deltopectoral. A. Incision cutanée. B. Exposition du sillon deltopectoral. C. Exposition du muscle subscapulaire. D. Incision
de la capsule articulaire.
1. Veine céphalique. 2. Muscle deltoïde. 3. Muscle grand pectoral. 4. Chef court du biceps et muscle coracobrachial. 5. Muscle subscapulaire.
6. Chef long du biceps. 7. Capsule articulaire.
Abord transdeltoïdien («beach chair position»), ce qui donne une grande aisance
lors de l'intervention et une facilité de manipulation du
antérolatéral membre par un effet de décoaptation de l'épaule. Sont repé-
rés : la clavicule, les bords antérieur et latéral de l'acromion,
Cette voie permet un abord supérieur de l'épaule, en parti- l'articulation acromioclaviculaire, située grossièrement à un
culier de la bourse séreuse sous-deltoïdienne, de l'extrémité travers de doigt en dedans du bord latéral de l'acromion.
supérieure de l'humérus, notamment du trochiter, de la L'incision cutanée débute à l'aplomb de l'acromioclavicu-
coiffe des rotateurs, essentiellement le supraépineux, et de laire et se dirige en dehors dans un plan frontal ou légère-
l'acromioclaviculaire. ment oblique vers l'avant (figure 1.2A). Après un décollement
cutané des berges qui ne présente aucun risque, le plan acro-
Technique mio-deltoïdo-trapézien est exposé (figure 1.2B). Le deltoïde
Le patient est installé soit en décubitus dorsal, un coussin est désinséré en sous-périosté du bord supérieur et antérieur
sous l'épaule opérée, soit plutôt en position semi-assise de l'acromion, puis ses fibres sont séparées aux ciseaux, avec
A B
C
Fig. 1.2.
Abord transdeltoïdien antérolatéral. A. Incision cutanée. B. Exposition du plan acromiodeltoïdien. C. Après désinsertion et discision
du deltoïde apparaît le plan de la coiffe des rotateurs.
1. Acromion. 2. Clavicule. 3. Deltoïde. 4. Coiffe des rotateurs. 5. Ligament acromiocoracoïdien.
6
1. Épaule
prudence, sur 3 à 4 cm au-dessous de l'acromion, dans le plan On peut améliorer la visibilité dans cette voie en désinsé-
de l'incision cutanée. Dès l'ouverture de la bourse sous-acro- rant sur 1 à 2 cm le deltoïde du bord latéral de l'acromion.
mio-deltoïdienne, au bord latéral de l'acromion, un ciseau de
type Metzenbaum glissé fermé sous le ligament acromioco- Variantes
racoïdien, permet de sectionner en toute sécurité le deltoïde ● La voie trans-acromio-deltoïdienne est une variante
antérieur restant et ce ligament, et d'exposer le bec acromial.
qui consiste à passer, à la partie supérieure de l'incision, en
Si l'on souhaite exposer l'acromioclaviculaire, voire le quart
trans-acromial dans l'angle entre l'épine de la scapula et la
distal de la clavicule, l'incision et la désinsertion sont poussées
clavicule (figures 1.3A et 1.3B).
plus loin médialement, dans le même plan (figure 1.2C). En ● Dans la voie postérosupérieure, autre variante trans-
soulevant le deltoïde antérieur, il est possible de glisser un
acromiale, l'ostéotomie est plus postérieure, en regard de la
écarteur contre-coudé au bord médial de la coracoïde, ce qui
fosse supraépineuse (figures 1.4A et 1.4B).
permet d'exposer l'espace coracoacromial.
A B
Fig. 1.3.
Variante : voie trans-acromio-deltoïdienne. A. Exposition du plan acromiodeltoïdien. B. Après ostéotomie acromiale, on obtient une
excellente exposition de la coiffe des rotateurs.
A B
Fig. 1.4.
Variante : voie postérosupérieure. A. Incision cutanée. B. En écartant l'acromion apparaît le supraépineux.
1. Deltoïde. 2. Acromion écarté. 3. Incision de la bourse sous-acromiale. 4. Supraépineux.
7
I. Membre supérieur
A B
C D
Fig. 1.5.
Abord postérieur sous-deltoïdien. A. Incision cutanée. B. Incision de l'aponévrose au bord intérieur du deltoïde. C. Exposition
de la capsule en écartant infraépineux et petit rond. D. Le nerf axillaire apparaît entre petit rond et grand rond.
1. Deltoïde. 2. Infraépineux. 3. Petit rond. 4. Capsule de l'articulation gléno-humérale. 5. Grand rond. 6. Nerf axillaire.
● dans la chirurgie des instabilités postérieures de l'épaule tion du deltoïde à sa face profonde permettent
(plasties, butée) ; de bien exposer les muscles du plan sous-jacent.
● en traumatologie (abord postérieur de la glène) ; L'interstice entre infraépineux et petit rond peut
● dans la chirurgie septique (drainage des arthrites être repéré par une dissection la plus latérale pos-
scapulo-humérales). sible vers la gléno-humérale, ce qui permettra de
mieux identifier le plan de clivage entre ces deux
muscles.
Trucs et astuces ■
Retenir qu'entre petit rond et grand rond appa-
raît d'une part le nerf axillaire, s'insinue d'autre
■
L'incision de l'aponévrose au bord inférieur du
part le long triceps, surcroisant le grand rond et
deltoïde, le positionnement du bras en légère
sous-croisant le petit rond.
rétropulsion pour détendre ce muscle, la dissec-
9
I. Membre supérieur
A B
Fig. 1.6.
Variante : abord vertical. A. Incision cutanée. B. Exposition de haut en bas du nerf axillaire, du tendon conjoint grand dorsal/grand
rond puis du nerf radial.
1. Petit rond. 2. Tendon conjoint du grand rond et du grand dorsal. 3. Nerf radial. 4. Nerf axillaire. 5. Deltoïde.
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Chapitre 2
Bras
PLAN DU CHAPITRE
Abord antérolatéral 12
Abord antéromédial 12
Abord postérieur 15
Manuel des voies d'abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
I. Membre supérieur
L'abord de la diaphyse humérale est essentiellement envi- la veine céphalique ; les deux tiers supérieurs de l'humérus
sagé en traumatologie. Il nécessite une parfaite connais- peuvent ainsi être exposés.
sance des rapports anatomiques, en particulier avec les Il peut être agrandi vers le bas de deux manières : soit
éléments vasculonerveux. en s'infléchissant vers l'avant et en suivant le sillon bicipi-
Il faut avoir en tête le trajet du nerf radial, qui s'enroule tal latéral, passant ainsi en dedans du brachioradial et en
en spirale autour de l'humérus, et celui des autres nerfs arrière ou à travers la partie externe du muscle brachial
mixtes, tous situés en dedans. Schématiquement : pour protéger le nerf radial, soit en restant latéral, passant
● au tiers supérieur de l'humérus, le danger est représenté en arrière du brachioradial pour aborder la colonne latérale
par le paquet vasculonerveux brachial en dedans ; de l'humérus.
● au tiers moyen, le nerf radial croise la face postérieure de
l'humérus ; Risques
● au tiers inférieur, le nerf radial est antérolatéral — il croise
Le nerf radial est le danger principal. Cet abord
le bord latéral de l'humérus à 10 cm au-dessus de l'épi-
nécessite un contrôle systématique du nerf radial, ce
condyle latéral —, le pédicule vasculaire, les nerfs médian et
d'autant qu'il s'agit d'une fracture complexe ou d'une
ulnaire sont médiaux.
reprise chirurgicale (fibrose).
Ainsi, l'abord des deux tiers supérieurs de l'humérus se
fera en général par voie antérolatérale ; l'abord du tiers distal
se fera soit par voie postérieure, soit par voie latérale ou Indications
antérolatérale, après contrôle du nerf radial ; seul l'abord du L'abord antérolatéral est indiqué dans :
tiers distal permet la mise en place d'un garrot pneuma- ● les ostéosynthèses des fractures de la diaphyse humé-
tique à la racine du membre. rale, plus ou moins étendu vers le bas ou le haut ;
● les ostéotomies de dérotation dans les séquelles de para-
Abord antérolatéral lysie de naissance du bras ;
● le traitement de certaines pathologies osseuses (tumeurs
Cette voie permet un abord de la diaphyse humérale à son bénignes, ostéites…) ;
tiers moyen. ● l'exploration du nerf radial (neurolyse, greffe nerveuse).
Technique
Le patient est installé en décubitus dorsal, le bras suré- Trucs et astuces
levé par un champ roulé, l'épaule en rotation médiale. Le
membre supérieur est positionné soit en adduction le long Lors des chirurgies de reprises de la diaphyse
du corps, soit en abduction à 90° reposant sur une tablette. humérale, voire de première intention en cas de
L'incision cutanée, longitudinale, part du bord antérieur fracture déplacée, il importe de systématique-
du «V» deltoïdien et descend le long du bord latéral de ment isoler le nerf radial en zone saine. Pour cela,
l'humérus (figure 2.1A). Le fascia superficiel est ensuite incisé. le rechercher tout simplement et en tout début
Pour exposer la diaphyse humérale, il existe deux possibilités : d'intervention à la partie basse de l'incision : il est
soit le muscle brachial est désinséré de la cloison intermus- situé profondément entre brachial antérieur en
culaire externe pour atteindre l'os — on suit alors la face dedans et brachioradial en dehors. Dès lors, il est
profonde de la lèvre postérieure de l'aponévrose, jusqu'à possible de le suivre de bas en haut, à la demande,
la cloison sur laquelle s'attache le brachial —, soit les fibres en toute sécurité.
du brachial sont discisées dans l'axe du muscle et ses fibres
postérieures qui protègent le nerf radial sont écartées en
arrière (voie transmusculaire : figures 2.1B, 2.1C et 2.1D). À la
partie basse de l'incision, le nerf radial est repéré, en arrière Abord antéromédial
du muscle brachial mais en avant de la cloison qu'il vient
perforer pour passer de sa position postérieure à sa situation Voie d'abord privilégiée des éléments vasculonerveux au
antérieure au niveau du bras. niveau du bras (vaisseaux huméraux, nerfs médian, ulnaire
L'abord peut être agrandi vers le haut, dans le sillon del- et musculocutané), il s'agit plus rarement d'une voie
topectoral, en infléchissant l'incision en dedans le long de d'abord de l'humérus.
12
2. Bras
D
Fig. 2.1.
Abord antérolatéral. A. Incision cutanée. B. Interstice entre les muscles brachial et biceps. C. Exposition de l'humérus. D. Abord
de la diaphyse humérale (coupe tiers moyen-tiers distal du bras).
1. Biceps. 2. Brachial. 3. Ligne de discision du brachial. 4. Humérus. 5. Nerf radial. 6. Chef latéral du triceps.
13
I. Membre supérieur
B
Fig. 2.2.
Abord antéromédial. A. Incision cutanée. B. Exposition des éléments vasculonerveux du canal brachial interne avec, en avant,
le biceps et le nerf musculocutané.
1. Vaisseaux huméraux et nerf médian. 2. Nerf ulnaire. 3. Biceps. 4. Nerf musculocutané.
14
2. Bras
A B
Fig. 2.3.
Abord postérieur. A. Incision cutanée. B. Interstice entre chefs long et latéral du triceps.
15
I. Membre supérieur
C D
E
Fig. 2.3.
Suite.
C. Exposition du chef médial du triceps. D. Exposition de la face postérieure de l'humérus. E. Coupe passant par le tiers moyen du bras.
1. Chef long du triceps. 2. Chef latéral du triceps. 3. Artère brachiale profonde. 4. Nerf radial. 5. Chef médial du triceps. 6. Diaphyse humérale.
Il est possible d'agrandir vers le haut en rejoignant la voie constituent un danger permanent lors de cet abord. Il
sous-deltoïdienne postérieure (ou sa variante verticale), ou importe donc de repérer le nerf et ses branches avant
vers le bas, jusqu'à l'olécrane. d'aborder la face postérieure de l'humérus à travers le
chef médial du triceps.
Risques L'artère brachiale profonde qui croise la face pos-
térieure de l'humérus de dedans en dehors à hau-
La rétraction des chefs du triceps doit être modérée
teur du sillon du nerf radial constitue également un
sous peine d'entraîner des lésions vasculonerveuses.
danger.
Le nerf radial et ses branches motrices de division
16
2. Bras
17
Chapitre 3
Coude
PLAN DU CHAPITRE
Abord latéral 20
Abord médial 20
Abord antéromédial 23
Abord postérieur 25
Abord postérolatéral 27
Manuel des voies d'abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
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I. Membre supérieur
La présence des principaux éléments vasculonerveux en sion vers le bas est limitée par la présence du nerf radial et
avant de l'articulation du coude rend son accès plus aisé du muscle supinateur.
par voie postérieure, soit à travers soit de part et d'autre du
tendon tricipital, ou par les voies médiale ou latérale. Risques
Dans la voie postérieure, le patient sera installé idéalement
Le danger essentiel est représenté par le nerf radial qui
en décubitus latéral, calé par un appui pubien et deux appuis
contourne le col du radius d'avant en arrière. À la partie
dorsaux (thoracique et sacré). Le bras est maintenu par un
haute de l'incision, le nerf radial est rarement lésé lorsqu'il
appui en «U» ; l'avant-bras est libre en dehors de la table. Un
passe entre muscles brachial antérieur et brachioradial,
garrot pneumatique est placé à la racine du membre. Le nerf
étant plus à distance.
ulnaire, situé dans la gouttière épitrochléo-olécranienne,
sera protégé et facilement mis sur un lac, de principe, en par-
ticulier lors de l'abord des lésions traumatiques articulaires Variante
ou de la mise en place de prothèses totales. À partir de l'épicondyle latéral, il est possible de passer plus
en arrière au niveau de l'avant-bras, soit entre l'extenseur
commun des doigts et l'extenseur ulnaire du carpe, soit
Abord latéral entre l'extenseur ulnaire du carpe et l'anconé, soit encore
entre l'anconé et le triceps.
Cette incision permet d'aborder les deux tiers latéraux de
l'articulation du coude : faces antérieure et postérieure de la Indications
palette humérale, tête radiale.
Cette voie est indiquée :
● en traumatologie : ostéosynthèse des fractures de la tête
Technique radiale, résection ou arthroplastie prothétique de la tête
Le patient est installé en décubitus dorsal, épaule en rota- radiale, ostéosynthèse du condyle huméral, de la palette
tion médiale, bras et avant-bras surélevés reposant sur une humérale ;
table. ● en orthopédie : ablation de corps étrangers, synovecto-
L'incision cutanée débute deux à trois travers de doigts mie, arthrolyse du coude, traitement des épicondylalgies,
au-dessus du sommet de l'épicondyle latéral et s'étend éga- neurolyse de la branche profonde du nerf radial.
lement deux à trois travers de doigt au-dessous, en suivant
l'axe de l'avant-bras (figure 3.1A). Après incision de la peau, Trucs et astuces
le décollement cutané, sans danger aucun, permet l'expo-
sition de la saillie osseuse de l'épicondyle latéral et de la Les fibres du supinateur sont reconnaissables car
nappe tendinomusculaire latérale du coude. Au bras, après elles empruntent une direction oblique en bas et
incision de la cloison intermusculaire latérale, il faut passer en avant, les autres muscles (extenseurs du carpe
entre brachioradial en avant et vaste latéral en arrière. À et des doigts) ayant une direction longitudinale.
l'avant-bras, il est possible de passer entre les extenseurs
radiaux du carpe et l'extenseur commun des doigts, ou
plus en avant, entre les deux muscles extenseurs long et Abord médial
court du carpe (figure 3.1B). Les muscles sont écartés, ce
qui permet d'exposer le muscle supinateur qui barre le Voie d'abord permettant d'exposer l'articulation du coude
passage à la partie basse de l'incision, ainsi que la capsule dans sa partie médiale (trochlée, articulation huméro-
huméroradiale, relativement lâche, qu'on incise longitudi- ulnaire) ainsi que les éléments vasculonerveux situés soit
nalement (figure 3.1C). en avant (nerf médian et artère humérale) soit en arrière
Cet abord n'autorise pas ou difficilement l'exposition (nerf ulnaire) de l'articulation.
du tiers médial de l'articulation du coude, dont l'explo-
ration peut nécessiter un abord médial complémentaire
Technique
(arthrolyse, synovectomie, fracture de la palette humé- Le patient est installé en décubitus dorsal, membre supérieur
rale). L'incision peut s'étendre vers le haut pour exposer la sur une table à bras, épaule en rotation externe, avant-bras
diaphyse humérale, entre brachioradial et vaste latéral — le en supination. L'incision est centrée sur l'épicondyle médial,
nerf radial sera recherché et protégé. En revanche, l'exten- débordant de part et d'autre d'environ trois à quatre tra-
20
3. Coude
C
Fig. 3.1.
Abord latéral. A. Incision cutanée. B. Différentes possibilités d'abord du coude. C. Exposition des deux tiers latéraux du coude.
1. Interstice entre long et court extenseurs radiaux du carpe. 2. Interstice entre court extenseur radial du carpe et extenseur commun
des doigts. 3. Muscle supinateur.
21
I. Membre supérieur
vers de doigt (figure 3.2A). Après incision du fascia profond, ● soit en arrière, ce qui suppose de récliner le nerf ulnaire
repérage et protection des branches sensitives cutanées et le triceps : l'exposition de la face médiale de l'olécrane et
médiales du bras et de l'avant-bras, le nerf ulnaire est repéré de la face postéromédiale de la palette humérale est ainsi
à la partie haute de l'incision, entre le septum intermuscu- possible, bien que l'exposition soit difficile (figure 3.3) ;
laire médial en avant et le muscle vaste médial en arrière. ● soit en avant par une incision partant de l'épicondyle
Le nerf est mis avec précaution sur lac (figure 3.2B). Il est médial et se prolongeant obliquement vers les épitro-
ensuite libéré en distal jusqu'à l'arcade du fléchisseur ulnaire chléens : au travers de l'incision musculaire, la capsule arti-
du carpe, après avoir ouvert le ligament épitrochléo-olécra- culaire est ouverte ; le plan musculaire latéral est ensuite
nien. Cette arcade est incisée, ce qui permet de récliner le soulevé pour exposer l'articulation huméro-ulnaire dans sa
nerf, en ayant pris soin de ménager les rameaux musculaires partie antérieure (figure 3.4) ;
destinés au fléchisseur ulnaire du carpe. ● soit, plus rarement, par une ostéotomie relevant une pas-
L'abord articulaire du coude peut se faire de différentes tille osseuse sur laquelle restent attachés les muscles épitro-
manières : chléens (figure 3.5A) : le relèvement de l'insertion commune
B
Fig. 3.2.
Abord médial. A. Incision cutanée. B. Repérage du nerf ulnaire.
1. Nerf ulnaire. 2. Épicondyle médial de l'humérus.
22
3. Coude
Indications
La voie médiale permet :
● la neurolyse du nerf ulnaire et éventuellement sa trans-
position antérieure ;
● l'abord de l'épicondyle médial de l'humérus ;
● l'abord de l'articulation huméro-ulnaire.
Trucs et astuces
Abord antéromédial
Voie d'abord offrant une exposition limitée sur la partie
antérieure du coude, elle est privilégiée pour l'ostéosyn-
thèse des fractures déplacées de l'apophyse coronoïde
(abord direct).
Technique
Le patient est installé en décubitus dorsal, membre supé-
Fig. 3.4. rieur sur une table à bras, épaule en rotation externe, coude
Abord médial. Abord postérieur de l'articulation. en extension et avant-bras en supination. L'incision débute
1. Nerf ulnaire. 2. Trochlée et bec olécrânien. 3. Chef postérieur des
épitrochléens en arrière du nerf ulnaire. 4. Triceps. dans la gouttière bicipitale interne à environ 4 à 6 cm du
pli de flexion du coude, puis elle s'incurve sur le relief des
épitrochléens sur 4 à 6 cm (figure 3.6A). Le tissu sous-
des muscles de l'épicondyle médial expose la capsule articu-
cutané est disséqué prudemment, en prenant garde de
laire et le ligament collatéral médial ; la capsule est ensuite
respecter le nerf cutané brachial médial. La veine médiane
incisée pour aborder l'articulation (figure 3.5B).
basilique, libérée sur son bord externe, sera réclinée en
dedans. L'expansion aponévrotique du biceps, ou lacertus
Risques fibrosus, est identifiée et ouverte longitudinalement. Le
Le risque majeur est le nerf ulnaire, plus particulière- paquet huméral et le nerf médian sont identifiés à la partie
ment ses branches motrices pour le muscle fléchis- haute de l'incision, en dedans du biceps, suivis sur le trajet
seur ulnaire du carpe et la moitié médiale du muscle de l'incision et réclinés avec précaution en dehors avec le
fléchisseur profond des doigts. Ces rameaux muscu- biceps. Les épitrochléens sont ensuite réclinés en masse en
laires naissent habituellement en aval de l'arcade du dedans, ce qui permet d'exposer le brachial antérieur. Ce
fléchisseur ulnaire du carpe. Le risque de névrome des dernier est discisé dans le sens de ses fibres, jusqu'à aper-
branches cutanées médiales du bras et de l'avant-bras cevoir la capsule blanche qui sera incisée verticalement ou
est prévenu par une dissection soigneuse du plan sous- obliquement, permettant d'exposer l'apophyse coronoïde
cutané, le respect et la protection de ces structures. et la trochlée (figure 3.6B).
23
I. Membre supérieur
B
Fig. 3.5.
Abord médial avec ostéotomie. A. Désinsertion des muscles de l'épicondyle médial avec une pastille osseuse. B. Abord articulaire.
1. Nerf ulnaire. 2. Épicondyle médial de l'humérus. 3. Muscle brachial. 4. Muscles épicondyliens médiaux réclinés.
Variante Indications
Un abord plus court, uniquement antébrachial, oblique Cette voie d'abord permet l'exposition de l'apophyse
sur le relief des épitrochléens, permet, en trans-tendineux coronoïde et de la partie antérieure de l'articulation
pur et dans le sens des fibres des muscles épitrochléens, huméro-ulnaire.
d'aborder après capsulotomie l'apophyse coronoïde pour
un abord direct (vissage…). Trucs et astuces
■
L'artère humérale est toujours située en dehors
Risques du nerf médian.
Les risques de cet abord sont la lésion du pédicule ■
Chercher l'artère et le nerf médian dans la partie
huméral et/ou du nerf médian, ce qui oblige à recher- haute de l'incision car, en distalité, ils deviennent
cher ces éléments vasculonerveux et à les protéger. plus profonds.
24
3. Coude
A B
Fig. 3.6.
Abord antéromédial. A. Incision cutanée. B. Exposition de la trochlée et de l'apophyse coronoïde.
1. Rond pronateur. 2. Trochlée et apophyse coronoïde. 3. Brachial antérieur discisé. 4. Nerf médian et artère humérale.
Abord postérieur
Si la voie médiane postérieure est la plus adaptée à toute
la chirurgie complexe du coude, ses modalités d'accès à
l'articulation varient selon qu'on passe en trans-tricipital
(longitudinal, «V» inversé), para-tricipital ou en relevant
le tendon avec son insertion olécranienne (olécranotomie
extra- ou intra-articulaire).
Technique
Le patient est installé en décubitus latéral, le bras maintenu
par un appui en «U», l'avant-bras pendant. La totalité du
membre est inclus dans le champ opératoire. L'incision est
médiane postérieure ou contournant le bord externe de
l'olécrane, partant de trois à quatre travers de doigts au-
dessus du sommet de l'olécrane et prolongée d'autant vers
le bas en regard de la crête de l'ulna (figure 3.7). Après avoir
décollé la peau et exposé l'appareil extenseur, le risque de
léser le nerf ulnaire en cours d'ostéosynthèse ou d'arthro-
plastie impose souvent la neurolyse puis la mise sur lac.
À partir de là, il existe plusieurs modalités d'accès Fig. 3.7.
à l'articulation. Abord postérieur. Incision cutanée.
25
I. Membre supérieur
A B
Fig. 3.8.
Abord postérieur. Voie trans-tricipitale longitudinale. A. Exposition du tendon
du triceps. B. Incision du tendon du triceps. C. Exposition articulaire.
C 1. Tendon du triceps. 2. Nerf ulnaire. 3. Olécrane.
26
3. Coude
Risques Technique
Il y en a peu et c'est bien là l'avantage de cette voie : une Le patient est installé en décubitus dorsal, membre supérieur
exposition large pour peu de risques. On peut toute- sur une table à bras, coude fléchi et avant-bras en pronation. On
fois craindre une fragilisation de l'appareil extenseur si peut également installer le patient en décubitus latéral, le bras
le périoste est mince dans l'abord trans-tricipital longi- maintenu par un appui en «U», l'avant-bras pendant. L'incision
tudinal, le risque de cal vicieux ou de pseudarthrose en est oblique, partant du bord postérieur de l'épicondyle latéral
cas d'olécranotomie (voie trans-olécranienne). Quant de l'humérus et se terminant sur le bord postérieur de l'ulna,
au nerf ulnaire, au moindre doute voire de principe, il à environ quatre travers de doigts du sommet de l'olécrane
sera libéré et mis sur lac. (figure 3.10A). Après l'incision du fascia profond, il faut recher-
cher l'espace entre les muscles anconé et extenseur ulnaire du
Indications carpe (figure 3.10B). L'incision se poursuit dans cet interstice,
en longeant obliquement le bord inférieur du muscle anconé.
C'est la «voie royale» pour toute la chirurgie du coude, en On récline à l'aide d'écarteurs le muscle anconé en dedans et
particulier pour : le muscle extenseur ulnaire du carpe en dehors (figure 3.10C).
● les fractures de la palette humérale ; On expose ainsi le muscle supinateur, dont le bord supérieur
● la chirurgie prothétique. est récliné vers le bas tout en ménageant la branche profonde
du nerf radial qui décrit un trajet en spirale entre les deux fais-
ceaux du muscle (figure 3.10D). Enfin, l'ouverture de la capsule
et du ligament annulaire permet d'exposer la tête radiale et la
métaphyse supérieure du radius.
Risques
C'est la branche profonde du nerf radial qui est l'élé-
ment le plus exposé lors de cet abord. Il faut donc
récliner délicatement le muscle supinateur qui protège
normalement cette branche motrice.
Indications
Fig. 3.9.
Cet abord permet l'exposition de la tête radiale pour réa-
Abord postérieur. Voie trans-olécranienne.
a. Voie olécranienne trans-articulaire. b. Voie olécranienne liser une ostéosynthèse, une résection avec pose de pro-
extra-articulaire. thèse ou non.
27
I. Membre supérieur
A B
C D
Fig. 3.10.
Abord postérolatéral. A. Incision cutanée. B. Incision entre muscles anconé et extenseur ulnaire du carpe. C. Exposition du muscle
supinateur. D. Exposition articulaire.
1. Muscle anconé. 2. Muscle extenseur ulnaire du carpe. 3. Muscle supinateur. 4. Capsule articulaire.
28
3. Coude
Trucs et astuces ■
Des mouvements de pronosupination facilitent
le repérage de la tête radiale et guident l'abord
■
Le point important dans cet abord est de trou- articulaire.
ver le bon espace entre muscles anconé et exten- ■
Cette incision peut être prolongée vers le bas dans
seur ulnaire du carpe. L'interstice sera trouvé plus l'axe de l'ulna, pour exposer si besoin sa diaphyse.
facilement à la partie haute de l'incision. Il est
oblique en bas et en dedans.
29
Chapitre 4
Avant-bras
PLAN DU CHAPITRE
Abord antérolatéral 32
Abord latéral 34
Abord postérieur de l'ulna 36
Abord postérieur du radius 37
Manuel des voies d'abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
I. Membre supérieur
Si l'abord de l'ulna est aisé en raison de sa situation super- position expose l'insertion du supinateur sur le radius et
ficielle sous-cutanée, celui du radius est plus complexe, en éloigne latéralement la branche profonde du nerf radial — ;
particulier au niveau des deux tiers supérieurs, étant enfoui le tendon du biceps est suivi jusqu'à son insertion sur le
sous d'épaisses masses musculaires. radius. Étant ainsi au contact du radius, le supinateur est
Le patient est en général installé en décubitus dorsal, désinséré en sous-périosté avec prudence et il est rabattu
un garrot pneumatique placé à la racine du membre. Pour avec le nerf radial en dehors (figures 4.1B et 4.1C). Apparaît
l'abord de l'ulna, on peut s'aider d'un champ plié, placé sous alors le radius dans son tiers supérieur. Pour obtenir un meil-
le bras, pour positionner l'avant-bras en pronation. leur jour, il est possible de détacher les insertions radiales du
Le radius sera abordé par voie antérieure pour le tiers rond pronateur et du fléchisseur superficiel des doigts.
supérieur, par voie antérieure, latérale voire postérieure Pour aborder les deux tiers inférieurs du radius, l'artère
pour les deux tiers inférieurs. radiale est repérée, croisant en avant le fléchisseur superfi-
L'ulna sera abordée par voie postérieure pour les deux ciel des doigts et le long fléchisseur du pouce. Le brachio-
tiers supérieurs et par voie postéromédiale pour le tiers radial est récliné en dehors avec la branche superficielle du
inférieur, où il faudra ménager la branche sensitive dorsale nerf radial, tandis qu'en dedans, on récline le fléchisseur
du nerf ulnaire. radial du carpe. Le fléchisseur superficiel des doigts et le
long fléchisseur du pouce sont ensuite désinsérés, puis le
carré pronateur (figure 4.1D).
Abord antérolatéral La fermeture comprend la réinsertion du supinateur,
puis du long fléchisseur du pouce et du carré pronateur si
Cet abord permet l'exposition de la totalité du radius, mais possible.
l'accès, notamment de son tiers proximal, est délicat. Il s'agit
de la voie idéale pour l'ostéosynthèse du radius, quelle que Extension
soit la localisation de la fracture (à l'exception de la tête
L'extension vers le haut emprunte l'abord antérolatéral du
radiale).
coude, entre brachioradial et brachial antérieur. Cet abord
est rarement utilisé et son seul intérêt est d'exposer l'articu-
Technique lation du coude en même temps que l'extrémité supérieure
Le patient est installé en décubitus dorsal, le bras et l'avant- du radius dans les fractures de l'articulation huméroradiale
bras en supination sur une table. (figures 4.2A et 4.2B).
L'incision commence au pli du coude puis longe le bord
médial du brachioradial et s'étend distalement en direc- Risques
tion du poignet, sur le relief du fléchisseur radial du carpe
Une lésion de la branche profonde du nerf radial
(figure 4.1A). Le fascia antébrachial est incisé dans l'axe de
est possible dans la manœuvre de désinsertion du
l'incision cutanée. On passe ensuite entre le brachioradial
muscle supinateur. La branche superficielle est un
en dehors et les autres muscles qui sont en position plus
danger potentiel, mais elle est parfaitement visible.
médiale avec, de haut en bas, le brachial antérieur, le rond
Une dissection de l'espace ulnoradial et du radius
pronateur puis le fléchisseur radial du carpe.
côté médial prudente et non agressive prévient le
Dans l'abord du tiers supérieur, il est important de
risque de synostose radio-ulnaire. La prévention d'un
repérer :
syndrome de Volkmann passe par la ligature des pédi-
● le nerf radial à sa sortie du brachial antérieur, qui se divise
cules accessoires et l'absence de fermeture du fascia
en ses deux branches : l'une superficielle cheminant sous la
antébrachial.
face profonde du brachioradial, l'autre profonde pénétrant
entre les deux chefs du muscle supinateur ;
● l'artère radiale, passant devant le rond pronateur et don- Indications
nant l'artère récurrente radiale antérieure et sa veine qui Cette voie est indiquée pour l'ostéosynthèse des tiers
seront liées. supérieur, moyen et inférieur du radius, et le traitement
Afin d'aborder le radius, on doit désinsérer le supinateur : de certaines pathologies osseuses (ostéites, tumeurs
l'avant-bras est positionné en supination forcée — cette bénignes).
32
4. Avant-bras
Fig. 4.1.
Abord antérolatéral. A. Incision
cutanée. B. Exposition du muscle
supinateur. C. Désinsertion du muscle
supinateur. D. Exposition du radius
après désinsertion du long fléchisseur
du pouce puis plus distalement
du carré pronateur.
1. Tendon du biceps. 2. Rond pronateur.
3. Muscle supinateur. 4. Brachioradial.
5. Fléchisseur superficiel des doigts. 6.
Long fléchisseur du pouce. C D
33
I. Membre supérieur
A B
Fig. 4.2.
Abord antérolatéral. Extension. A. Incision cutanée. B. Exposition du condyle huméral et de la tête radiale.
1. Radius. 2. Tête radiale. 3. Condyle huméral.
34
4. Avant-bras
C
Fig. 4.3.
Abord latéral. A. Incision cutanée. B. Repérage de l'interstice brachioradial et long extenseur radial du carpe. C. Coupe au tiers moyen
de l'avant-bras.
1. Brachioradial. 2. Long extenseur radial du carpe. 3. Court extenseur radial du carpe.
35
I. Membre supérieur
B
Fig. 4.4.
Abord postérieur de l'ulna. A. Incision cutanée. B. Exposition de l'ulna entre extenseur et fléchisseur ulnaires du carpe.
1. Extenseur ulnaire du carpe. 2. Fléchisseur ulnaire du carpe. 3. Anconé.
36
4. Avant-bras
Extension
L'extension vers le haut peut se faire de deux manières dif-
férentes : soit vers la face postérieure du coude (en trans-
olécranien après ostéotomie ou en trans-tricipital), soit vers
la face latérale du coude, entre anconé et extenseur ulnaire
du carpe, ou en passant sous l'anconé après l'avoir désinséré
(figure 4.5).
Risques
Cet abord ne présente aucun danger en dehors du
rameau cutané dorsal du nerf ulnaire qui croise l'inci-
sion cutanée à sa partie basse d'avant en arrière.
Fig. 4.5.
Indications Abord postérieur de l'ulna. Extension vers la face latérale
du coude en passant sous l'anconé.
Cet abord est indiqué dans l'ostéosynthèse des fractures 1. Capsule. 2. Tête radiale. 3. Anconé.
de l'ulna, les ostéotomies d'accourcissement ou d'allonge-
ment, le traitement des ostéites ou des tumeurs osseuses (figure 4.6A). Les veines dorsales sont épargnées dans la
bénignes. L'extension haute vers la face latérale du coude mesure du possible et le fascia antébrachial incisé dans
permet d'exposer la tête radiale. l'axe de l'incision cutanée. Les muscles long abducteur
et court extenseur du pouce apparaissent alors, traver-
Trucs et astuces sant obliquement de haut en bas et de médial en laté-
ral le champ opératoire (figure 4.6B). Ils sont mobilisés
L'ulna étant un os en position sous-cutanée, le ensemble, ce qui permet d'apercevoir à leur face profonde
repérage de la crête, toujours facile, permet de les extenseurs radiaux du carpe qui ont une direction ver-
parfaitement situer l'incision. La crête peut être ticale. La diaphyse du radius est ensuite exposée en pas-
facilement palpée, depuis l'olécrane jusqu'à la sty- sant entre les deux extenseurs radiaux (le court et le long)
loïde ulnaire. (figure 4.6C).
L'incision peut être prolongée vers le haut jusqu'au bord
inférieur du muscle supinateur.
Abord postérieur du radius
Risques
Cette voie permet de découvrir la diaphyse du radius assez
aisément aux tiers moyen et inférieur. La branche sensitive du nerf radial sera protégée au
cours de la dissection. Le nerf interosseux postérieur
Technique peut être lésé en cas d'abord plus proximal.
Le patient est installé en décubitus dorsal, membre supé-
rieur en abduction sur une table, avant-bras en pronation,
Indications
un garrot pneumatique placé à la racine du bras. Cette voie d'abord est utile pour l'ostéosynthèse de cer-
L'incision cutanée est centrée au milieu de la face pos- taines fractures ou la correction de cals vicieux aux dépens
térieure du radius et s'arrête au pli de flexion du poignet du radius.
37
I. Membre supérieur
C
Fig. 4.6.
Abord postérieur du radius. A. Incision cutanée. B. Exposition des extenseurs radiaux du carpe surcroisés par des tendons destinés au
pouce. C. Exposition du radius de part et d'autre des tendons destinés au pouce.
1. Long abducteur du pouce. 2. Court extenseur du pouce. 3. Extenseurs radiaux du carpe. 4. Radius.
38
Chapitre 5
Poignet
PLAN DU CHAPITRE
Abord antérieur médian 40
Abord antérolatéral 41
Abord antérolatéral du trapèze 43
Abord antéromédial 44
Abord postérieur 45
Abord postérolatéral 47
Abord postéromédial 49
Manuel des voies d'abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
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I. Membre supérieur
A B
Fig. 5.1.
Abord antérieur médian. A. Incision cutanée. B. Exposition du contenu du canal carpien après ouverture du rétinaculum des fléchisseurs.
1. Arcade palmaire superficielle. 2. Rameau cutané du nerf ulnaire. 3. Rameau palmaire du nerf médian. 4. Rétinaculum des fléchisseurs.
5. Tendons fléchisseurs. 6. Nerf médian.
40
5. Poignet
Variante Technique
Dans la chirurgie du canal carpien, cet abord est le plus sou- Le patient est installé en décubitus dorsal, la main en supi-
vent limité à la seule partie située en regard du talon de la nation sur une table, garrot pneumatique à la racine du bras.
main, correspondant au rétinaculum des fléchisseurs. L'incision cutanée est verticale, débutant 3 à 4 cm en amont
du pli de flexion du poignet, dans la gouttière du pouls ou
Risques plutôt sur le relief du fléchisseur radial du carpe. Après un
La lésion du nerf médian est toujours possible, bien décroché à hauteur du pli de flexion distal du poignet,
qu'exceptionnelle. En étant trop radial, le rameau cutané l'incision se poursuit sur le relief des thénariens externes,
palmaire du médian peut être lésé à la partie haute de sur 1 à 2 cm environ. De manière générale, l'incision décrit
l'incision, le rameau thénarien à la partie basse. En étant soit une baïonnette soit un zigzag (figure 5.2A). Le fascia
trop ulnaire, en amont du pli de flexion du poignet, le antébrachial est ensuite incisé juste en dehors du fléchis-
risque est de se perdre dans la loge de Guyon, située très seur radial du carpe, qui est récliné en dedans avec les flé-
proche du canal carpien. chisseurs des doigts, alors que le paquet radial est récliné en
dehors (figure 5.2B). L'abord de l'extrémité distale du radius
Indications nécessite la désinsertion du carré pronateur (figure 5.2C).
Si on souhaite aborder le scaphoïde, la capsule articulaire
C'est la voie «royale» pour toute la chirurgie du nerf antérieure est ouverte verticalement dans le plan de l'inci-
médian (neurolyse, suture, greffe nerveuse, tumeur…) et sion cutanée — avec le ligament radio-scapho-capitatum
des fléchisseurs (synovectomie péritendineuse, sutures ou qui sera réparé en fin d'intervention — jusqu'au contact de
greffes tendineuses, drainage d'un phlegmon des gaines l'os (figure 5.2D). L'abord peut être prolongé vers le haut ou
tendineuses…) au poignet. L'abord antérieur du carpe est le bas, selon la structure à explorer (scaphoïde, extrémité
possible mais peu aisé — exposition du lunatum après distale ou région métaphysodiaphysaire du radius).
énucléation antérieure traumatique ou pour curetage plus
ou moins greffe spongieuse d'un kyste intraosseux, greffe
Variante
osseuse vascularisée pour maladie de Kienböck ; trapé-
zectomie dans le cadre d'une rhizarthrose ; drainage d'une Afin de ne pas léser le pédicule radial, il est préférable, après
arthrite du poignet… l'incision cutanée, d'ouvrir la gaine du fléchisseur radial du
carpe et d'aborder la capsule puis le scaphoïde ou radius
distal à travers la face profonde de cette même gaine, après
avoir récliné en dedans le tendon.
Trucs et astuces
Risques
■
L'arcade palmaire superficielle, qui doit être L'artère radiale dans la gouttière du pouls représente le
absolument respectée, apparaît à la partie basse risque principal. La dissection prudente du pédicule ou
de l'incision sous la forme d'une structure trans- l'abord du radius et/ou du scaphoïde à travers la gaine
versale bleutée, facilement reconnaissable. du fléchisseur radial du carpe évite la lésion du pédicule.
■
Le rameau cutané palmaire du nerf médian est
situé, à la partie basse de l'avant-bras, entre long
Indications
palmaire et fléchisseur radial du carpe. Pour éviter
une lésion de ce rameau ou des rameaux cutanés Cette voie d'abord est indiquée pour :
du nerf ulnaire, l'incision est idéalement située ● la chirurgie du radius distal : ostéosynthèses des frac-
dans le prolongement de la troisième commis- tures marginales antérieures ou articulaires plus complexes,
sure («no man's land»), donc globalement plus ostéotomies pour cal vicieux ou d'accourcissement dans la
médiale que latérale. maladie de Kienböck ;
41
I. Membre supérieur
A B
C D
Fig. 5.2.
Abord antérolatéral. A. Incision cutanée. B. Incision de l'aponévrose antébrachiale entre fléchisseur radial du carpe et paquet radial.
C. Désinsertion ou section du carré pronateur permettant d'exposer le radius distal. D. Capsulotomie longitudinale permettant
d'exposer le scaphoïde.
1. Fléchisseur radial du carpe. 2. Paquet radial. 3. Carré pronateur. 4. Capsule articulaire.
● la chirurgie du scaphoïde : vissage distoproximal des Elle permet aussi l'exérèse des kystes dits synoviaux de la
fractures récentes du corps, greffe non vascularisée ou vas- gouttière du pouls.
cularisée pour pseudarthrose, ostéotomie pour cal vicieux ; Elle représente encore un des temps chirurgicaux de la
● l'exploration du fléchisseur radial du carpe, du pédicule dénervation totale du carpe (poignet douloureux chro-
radial. nique en rapport avec une arthrose).
42
5. Poignet
A B
Fig. 5.3.
Abord antérolatéral du trapèze. A. Incision cutanée. B. Exposition de l'articulation trapézométacarpienne.
1. Trapèze. 2. Premier métacarpien. 3. Court abducteur du pouce. 4. Fléchisseur radial du carpe.
43
I. Membre supérieur
A B
Fig. 5.4.
Abord antéromédial. A. Incision cutanée. B. Exposition de la loge de Guyon.
1. Rétinaculum des fléchisseurs. 2. Loge de Guyon ouverte. 3. Artère ulnaire. 4. Nerf ulnaire.
44
5. Poignet
Fig. 5.5.
Abord antéromédial. Variante. Exposition du pisiforme
et de l'hamatum. Variantes
1. Rétinaculum des fléchisseurs. 2. Loge de Guyon. 3. Pisiforme.
4. Pédicule ulnaire. 5. Apophyse unciforme de l'hamatum.
● L'incision cutanée à la face dorsale du poignet peut être
curviligne ou bien oblique, partant du bord ulnaire du poi-
gnet vers la base du deuxième métacarpien.
● La pénétration par une incision longitudinale dans
Indications chaque compartiment n'exposera que le ou les tendons
du compartiment concerné. Si on souhaite exposer l'en-
Cet abord est indiqué : semble des tendons de la face dorsale du poignet, il faudra
● dans la chirurgie du nerf ulnaire : suture, neurolyse, exé- alors lever un lambeau aux dépens du rétinaculum à base
rèse de kystes ou de tumeurs compressives de la loge de radiale, en effondrant les différentes cloisons d'amarrage
Guyon ; (figure 5.7).
● l'exérèse du pisiforme dans les arthroses et les instabilités ● La capsule articulaire dorsale peut être ouverte en «U»
pisotriquétrales ; en réalisant un lambeau à base distale (figure 5.8), en arba-
● le traitement des fractures récentes ou les pseudar- lète, voire en «Z».
throses de l'apophyse unciforme de l'os hamatum. ● Un abord dorsal plus court est utilisable pour des indi-
cations ciblées (exposition du lunatum, du pôle proximal
du scaphoïde ou du ligament scapholunaire) : l'incision est
Abord postérieur oblique, centrée sur le tubercule de Lister, l'abord capsulaire,
L'abord postérieur du poignet est sans aucun doute celui dans le sens de l'incision cutanée, se faisant entre les troi-
qui offre le jour le plus large sur l'ensemble des os du carpe sième et quatrième compartiments ou entre les deuxième
et des ligaments intracarpiens. et troisième compartiments des extenseurs.
Technique Risques
Le patient est installé en décubitus dorsal, le membre supé- Les rameaux superficiels du nerf radial devront faire
rieur sur une table à bras, l'avant-bras en pronation, un gar- l'objet d'une attention particulière, car la lésion de
rot pneumatique placé à la racine du bras. l'une de ces branches peut être à l'origine d'un névrome
L'incision est dorsale, médiane et longitudinale, centrée particulièrement invalidant et difficile à traiter. Ces
sur le bord ulnaire du tubercule de Lister et se prolongeant rameaux sont en danger dès qu'on procède à un décol-
en amont et en aval d'une ligne joignant la tête de l'ulna lement de la peau dorsale en direction latérale. De
à la styloïde radiale (articulation radiocarpienne), d'environ même, un large décollement cutané du côté médial
trois travers de doigt (figure 5.6A). On réalise l'hémostase peut léser le rameau cutané dorsal du nerf ulnaire.
45
I. Membre supérieur
A B
C D
Fig. 5.6.
Abord postérieur. A. Incision cutanée. B. Exposition du rétinaculum des extenseurs. C. Ouverture du rétinaculum des extenseurs.
D. Exposition de la capsule articulaire.
1. Rétinaculum des extenseurs. 2. Long extenseur du pouce. 3. Long extenseur radial du carpe. 4. Court extenseur radial du carpe. 5. Extenseur
propre de l'index. 6. Extenseur ulnaire du carpe. 7. Extenseur propre du petit doigt. 8. Extenseur commun des doigts. 9. Capsule articulaire.
Trucs et astuces
■
Le principal repère pour aborder l'intervalle
entre troisième et quatrième compartiments est
le bord ulnaire du tubercule de Lister.
■
Le nerf interosseux postérieur, qui est facilement
repéré avec l'artère de même nom sous les exten-
seurs du quatrième compartiment, peut être isolé
puis sectionné afin de réaliser une dénervation
partielle du carpe à visée antalgique.
Abord postérolatéral
Cet abord privilégié des tendons du premier compartiment
des extenseurs, du scaphoïde ou du trapèze comporte de
nombreux obstacles, autant de structures qu'il faudra repé-
rer pour les protéger durant la dissection (branches sensi-
tives du nerf radial et artère radiale).
Technique
Le patient est installé en décubitus dorsal, le membre supé-
rieur sur une table à bras, l'avant-bras en pronosupination
neutre, un garrot pneumatique à la racine du bras. L'incision
est soit longitudinale, soit brisée, centrée sur le versant posté-
rolatéral de la styloïde radiale et se prolongeant à la demande
en amont et en aval (figure 5.9A). Dès l'incision de la peau, il
faut identifier les branches sensitives du nerf radial. Des veines
dorsales superficielles seront soit réclinées si elles ne gênent
pas la dissection future, soit électrocoagulées ou ligaturées
si besoin. Après avoir récliné soigneusement les branches
Fig. 5.8. du nerf radial, on incisera longitudinalement le rétinaculum
Abord postérieur. Variante. Exposition des os du carpe après des extenseurs en regard du premier compartiment, le plus
levée d'un large lambeau capsulaire à base distale. dorsalement possible pour éviter une luxation antérieure
47
I. Membre supérieur
B C
Fig. 5.9.
Abord postérolatéral. A. Incision cutanée. B. Ouverture du premier compartiment
des extenseurs. C. Exposition des tendons du premier compartiment des extenseurs.
D. Exposition de la styloïde radiale.
1. Branches sensitives du nerf radial. 2. Tendon du court extenseur du pouce. 3. Tendon
du long abducteur du pouce. 4. Branche profonde de l'artère radiale. 5. Tendon du long
D extenseur radial du carpe.
48
5. Poignet
C
Fig. 5.10.
Abord postéromédial. A. Incision cutanée. B. Incision du rétinaculum. C. Après capsulotomie longitudinale, exposition de la radio-
ulnaire distale.
1. Incision sinueuse. 2. Incision longitudinale. 3. Extenseur propre du petit doigt. 4. Extenseur ulnaire du carpe. 5. Rétinaculum des extenseurs.
6. Tête de l'ulna. 7. Capsule de la radio-ulnaire distale.
50
Chapitre 6
Main et doigts
PLAN DU CHAPITRE
Abord latéral des doigts 52
Abords antérieurs de la main et des doigts 52
Abords dorsaux 56
Manuel des voies d’abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
I. Membre supérieur
D
Fig. 6.1.
Abord latéral. A. Incision cutanée. B. Abord rétrovasculaire. C. Le décollement de la peau et de l'extenseur permet d'exposer la moitié
distale de la phalange proximale. D. Le décollement en avant, au ras de la phalange proximale, expose sa face antérieure et permet aussi
de visualiser les structures antérieures de l'IPP.
1. Paquet vasculonerveux. 2. Tendons fléchisseurs. 3. Phalange. 4. Appareil extenseur. 5. Phalange proximale. 6. IPP.
53
I. Membre supérieur
Fig. 6.2.
Abord latéral. Possibilités d'agrandissement.
Fig. 6.3.
Plis de flexion. A. Le sommet des plis
de flexion est déterminé doigt fléchi ;
vue latérale. B. Vue latérale doigt
étendu. Ligne pointillée : incision
joignant le sommet des plis de flexion ;
ligne pleine : incision recommandée,
légèrement en arrière du sommet
des plis de flexion. C. Vue palmaire,
doigt étendu. La recherche du sommet
des plis de flexion est aussi importante
pour dessiner la voie antérieure en
B C zigzag.
54
6. Main et doigts
Incisions longitudinales elle fournit un jour plus large au niveau de la paume. Mais
elle ne permet pas l'exploration des tendons ou des paquets
Les incisions longitudinales doivent respecter certaines
vasculonerveux plus en aval, l'abord de la racine des doigts
règles : ne jamais couper les plis anatomiques de la main
étant difficile par cette voie et exposant à des décollements
mais plutôt les suivre partiellement. Si on choisit de les tra-
importants.
verser, il faut soit passer à leurs extrémités comme au niveau
des doigts, soit le faire très obliquement, ou encore chan-
Combinaison des deux abords
ger de direction au niveau du pli (figure 6.4A). L'incision
de choix est l'abord en zigzag qui dessine des lambeaux Elle est possible lorsqu'on souhaite traiter par exemple une
triangulaires dont le soulèvement expose parfaitement les pathologie rétractile de la paume étendue aux doigts, telle
structures sous-jacentes : tendons dans le canal digital sur que la maladie de Dupuytren (figure 6.6).
la ligne médiane des doigts, paquets vasculonerveux de
chaque côté (figure 6.4B). Risques
Le risque de nécroses cutanées des lambeaux et de
Incision transversale
brides rétractiles exige le respect absolu des règles
Courte et limitée en regard d'un rayon ou étendue du du dessin des incisions à la main. Une mauvaise adé-
deuxième au cinquième rayon, elle est tracée dans le pli quation entre l'abord et les structures à explorer peut
palmaire distal et va au maximum du deuxième espace conduire à des difficultés d'exposition. Le risque de
intermétacarpien jusqu'au bord ulnaire de la main. Elle lésion d'un nerf avec névrome douloureux secondaire
expose les fléchisseurs et la poulie métacarpophalangienne doit rendre prudente la levée des lambeaux cutanés au
A1 (figures 6.5A et 6.5B). En décollant les berges cutanées, niveau des doigts.
A B
Fig. 6.4.
Abord antérieur. Incisions longitudinales. A. Incisions cutanées sinueuses. B. Abord du canal digital, qui est médian et longé de chaque
côté par les pédicules vasculonerveux collatéraux.
1. Artère et nerf collatéraux. 2. Canal digital.
55
I. Membre supérieur
A B
Fig. 6.5.
Abord antérieur. Incision transversale. A. Incision transversale palmaire. B. Exposition de la poulie A1 et des fléchisseurs par une courte
voie transversale.
1. Poulie A1. 2. Tendon fléchisseur. 3. Paquet vasculonerveux.
Trucs et astuces
■
Dans la paume, les artères digitales sont situées
en avant des nerfs digitaux qu'il faut rechercher
juste derrière. Au niveau des doigts, en revanche,
les nerfs collatéraux se situent en avant des artères.
■
Le bord proximal de la première poulie annu-
laire du canal digital (A1) se situe à hauteur du pli
palmaire distal.
Abords dorsaux
Les voies dorsales ont en commun l'obligation de respec-
ter les éléments nerveux et au mieux les veines dorsales ;
le plan de dissection se situe au ras de l'appareil extenseur.
Technique
Fig. 6.6.
Le patient est installé en décubitus dorsal, le membre supé-
Abord antérieur. Exemple d'abord combiné, longitudinal
et transversal, pour le traitement d'une maladie de Dupuytren.
rieur en abduction reposant sur une table, avant-bras en
pronation, un garrot pneumatique à la racine du bras.
Du dos de la main à l'interphalangienne distale, les
abords ont quelques spécificités.
Indications
Ces voies sont indiquées dans toute la chirurgie tendineuse Abord de l'interphalangienne distale (IPD)
(suture, greffe, synovectomie péri-tendineuse, traitement L'incision cutanée prend la forme d'un «H», réalisant deux
des phlegmons des gaines), vasculaire et nerveuse (suture, lambeaux plus ou moins rectangulaires, la branche hori-
greffe), la maladie de Dupuytren, l'exérèse de kystes et zontale du «H» se situant à hauteur de l'interligne articu-
autres tumeurs bénignes. laire (figures 6.7 et 6.8).
56
6. Main et doigts
Abord de l'articulation
métacarpophalangienne (MP)
Dans le cas d'un abord isolé de la métacarpophalangienne
d'un doigt long, l'incision cutanée est curviligne, contour-
nant la face dorsale de l'articulation, ou encore médiane
longitudinale. L'abord articulaire se fait en incisant la dos-
sière des interosseux du côté radial, parallèlement au ten-
don extenseur commun (figures 6.10A et 6.10B).
Dans le cas d'un abord combiné de plusieurs articula-
tions métacarpophalangiennes (arthroplastie concernant
plusieurs doigts, par exemple), on peut réaliser soit une
Fig. 6.7.
Abords dorsaux de la main.
57
I. Membre supérieur
incision transversale curviligne à concavité postérieure sur lation nécessite l'incision de la dossière des interosseux qui sera
le relief des têtes métacarpiennes, soit deux incisions lon- parfaitement réparée en fin d'intervention (figure 6.11).
gitudinales ou encore en «Y» au niveau des deuxième et
quatrième espaces intermétacarpiens, sans aller jusqu'aux Abord des métacarpiens
plis commissuraux (prévention de brides rétractiles). L'abord d'un métacarpien se fait par une incision recti-
Enfin, l'abord de la métacarpophalangienne du pouce se fait ligne ou sinueuse sur le relief osseux. Après exposition de
soit par une incision longitudinale dorsale, soit par une incision l'appareil extenseur, le métacarpien est abordé aisément en
curviligne. Après ouverture du plan cutané, l'abord de l'articu- décollant et en réclinant les tendons.
A B
Fig. 6.10.
Abord dorsal. Abord de l'articulation MP d'un doigt long. A. Incision de la bandelette sagittale puis, dans le prolongement, de la dossière
des interosseux. B. Incision de la capsule articulaire.
Fig. 6.11.
Abord dorsal. Abord du ligament collatéral ulnaire de l'articulation MP du pouce.
1. Tendon du long extenseur du pouce. 2. Dossière de l'adducteur du pouce.
58
6. Main et doigts
Pour aborder plusieurs métacarpiens (du deuxième au ● en traumatologie, pour l'ostéosynthèse des fractures des
cinquième), l'incision, rectiligne ou sinueuse, se situe dans métacarpiens et des phalanges ;
les espaces intermétacarpiens, entre le deuxième et troi- ● pour la traumatologie, la chirurgie prothétique ou les
sième pour exposer les deuxième et troisième métacar- arthrodèses des articulations métacarpophalangiennes,
piens, entre le quatrième et le cinquième pour exposer les interphalangiennes proximales ou distales.
quatrième et cinquième métacarpiens.
Risques
Les veines dorsales seront soigneusement réclinées,
voire ligaturées ou encore électrocoagulées selon leur
taille et les impératifs d'abord en profondeur. Les diffé-
rentes branches sensitives du nerf radial en dehors et
du nerf ulnaire en dedans devront être respectées.
59
Chapitre 7
Hanche
PLAN DU CHAPITRE
Abord antérieur 64
Abord antérolatéral 66
Abord latéral 69
Abord postérolatéral 71
Abord postérieur 73
Manuel des voies d’abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
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II. Membre inférieur
L'articulation de la hanche est une articulation profonde ; (figure 7.1C). La dissection entre les deux muscles s'effectue
les voies d'abord qui sont décrites respectent les élé- au doigt jusqu'à l'épine iliaque antérosupérieure ; elle est
ments nerveux et vasculaires. Le choix de la voie d'abord, poursuivie au bistouri le long de la crête iliaque (figure 7.1D).
en dehors d'indications particulières, est lié aux habitudes La désinsertion du moyen fessier et du petit fessier expose
chirurgicales. Selon la voie d'abord, le patient est installé la face externe de l'aile iliaque jusqu'au tendon réfléchi du
sur table ordinaire en décubitus dorsal et ventral, ou sur droit fémoral (figure 7.1E). On obtient un plan de clivage
une table orthopédique en décubitus latéral. Quelle que continu vertical séparant le muscle sartorius et l'aile iliaque
soit la voie d'abord, le membre inférieur doit être libre et en dedans des muscles tenseur du fascia lata et fessiers en
mobilisable. L'abord nécessite l'incision de l'aponévrose du dehors. La désinsertion du tendon direct permet la mise en
muscle tenseur du fascia lata, en avant de son corps mus- place d'un écarteur contre-coudé exposant l'épine iliaque
culaire pour la voie antérieure et en arrière pour les autres antéro-inférieure (figure 7.1E). Le muscle droit antérieur est
voies. De principe, les muscles fessiers doivent être respec- récliné en dedans, laissant apparaître en bas les vaisseaux
tés ; si l'abord de l'articulation le nécessite, on réalise une circonflexes latéraux qui sont liés. L'exposition de la partie
discision musculaire dans le sens des fibres musculaires. médiale de la capsule est obtenue en dégageant à la rugine
L'arthrotomie antérieure ou postérieure nécessite un abord des fibres charnues de l'iliopsoas. La capsulotomie est alors
des vaisseaux circonflexes latéral ou médial : nous préconi- réalisée puis la hanche est luxée en rotation externe.
sons une hémostase par ligature permettant de contrôler le
saignement postopératoire. Variante
La fermeture s'effectue en trois plans :
Si on n'a besoin que d'un abord articulaire, on réalise une
● un plan profond situé sous l'aponévrose du muscle ten-
incision cutanée arciforme qui part de l'épine iliaque antéro-
seur du fascia lata : si possible, la capsule est suturée ; cette
supérieure puis se dirige vers la crête sous-trochantérienne ;
suture est impossible s'il existe une rétraction capsulaire liée
après avoir récliné le muscle tenseur du fascia lata et les
à la pathologie coxofémorale ;
muscles fessiers, la dissection du tendon réfléchi d'arrière
● un plan intermédiaire : il s'agit de l'aponévrose du muscle
en avant conduit au tendon direct. L'articulation peut être
tenseur du fascia lata, qui est suturée en prenant garde pour
abordée par une incision limitée de 8 cm ; elle débute 4 cm
l'abord antérieur de respecter le nerf cutané latéral de la cuisse ;
sous l'épine iliaque antérosupérieure et se porte vers le bas
● un plan superficiel, qui correspond à la fermeture des
en direction du bord externe de la patella ; ensuite, il faut
tissus sous-cutanés et de la peau.
repérer l'espace libre entre les muscles sartorius en dedans
et tenseur du fascia lata en dehors.
Abord antérieur
Cette voie donne un bon jour sur l'aile iliaque et l'articula- Trucs et astuces
tion de la hanche.
■
Il est utile de dessiner sur la peau la projection
Technique
de la crête iliaque ; celle-ci est souvent recouverte
Le patient est installé en décubitus dorsal, sur table ordi- par les muscles abdominaux qui peuvent tom-
naire, avec un coussin sous la fesse homolatérale et un ber comme un coussin et gêner l'appréciation du
appui trochantérien controlatéral. Le champ opératoire niveau exact de la crête iliaque.
comprend les trois quarts antérieurs de la crête iliaque, le ■
L'espace entre le muscle sartorius et le tenseur
membre inférieur doit être libre et mobilisable. L'incision du fascia lata peut être repéré avant l'incision en
cutanée longe la crête iliaque (2 cm au-dessous de sa pro- mettant un corps gras sur le bout du doigt, ce qui
jection cutanée), sur une longueur proportionnelle à l'accès permet de mieux sentir lors de la palpation les
souhaité, en regard de l'épine iliaque antérosupérieure, l'in- reliefs sous-cutanés.
cision se porte vers le bas en direction du bord externe de ■
Chez les patients maigres, on sent très bien l'in-
la patella sur 15 cm (figure 7.1A). On cherche sous l'aponé- terstice réalisant un triangle palpable entre l'épine
vrose superficielle l'espace libre entre les muscles sartorius iliaque antérosupérieure en haut, le muscle sarto-
en dedans et tenseur du fascia lata en dehors (figure 7.1B). rius en dedans et le muscle tenseur du fascia lata
La gaine du tenseur est incisée et le bord interne du muscle en dehors ; le nerf cutané latéral de la cuisse passe
dégagé laissant en dedans le nerf cutané latéral de la cuisse juste en dessous du sommet du triangle.
64
7. Hanche
A B
C D
Fig. 7.1.
Abord antérieur. A. Incision cutanée. B. Repérage de l'espace
entre les muscles sartorius et tenseur du facia lata. C. Repérage
du nerf cutané latéral de la cuisse. D. Dissection entre
les muscles sartorius et tenseur de facia lata. E. Exposition
articulaire.
1. Épine iliaque antérosupérieure. 2. Grand trochanter.
3. Sartorius. 4. Muscle tenseur fascia lata. 5. Tractus iliotibial
du fascia lata. 6. Nerf cutané latéral de la cuisse. 7. Muscle petit
fessier. 8. Muscle droit antérieur. 9. Épine iliaque antéro-inférieure.
10. Tendon direct du muscle droit antérieur. 11. Capsule
E articulaire.
65
II. Membre inférieur
■
La désinsertion des muscles fessiers doit être réali- inférieur doit être libre et mobilisable. L'incision comprend,
sée en extrapériosté aux ciseaux courbes, en évitant à partir du sommet du grand trochanter, deux segments :
la rugine, pour diminuer le risque d'ossifications. un segment antérieur arciforme s'arrêtant 2 cm au-dessous
■
Pour réinsérer les muscles fessiers sur la crête et en arrière de l'épine iliaque antérosupérieure et un seg-
iliaque, il faut fléchir la hanche ce qui facilite le ment latéral horizontal d'une dizaine de centimètres en
passage de points transosseux. regard de la région sous-trochantérienne (figure 7.2A).
■
La dissection du tendon réfléchi d'arrière en L'aponévrose superficielle est incisée vers le bas à partir
avant conduit au tendon direct. du grand trochanter dans l'axe de l'ouverture cutanée,
puis vers le haut en longeant le bord postérieur du muscle
tenseur du fascia lata. Ce muscle est récliné vers l'avant,
Risques le muscle moyen fessier vers l'arrière (figure 7.2B). La dis-
section au doigt aide alors à découvrir plus en profondeur
Le nerf cutané latéral de la cuisse peut être lésé lors de l'interstice entre le bord postérieur du muscle tenseur du
l'abord ; lors de la fermeture, il faut rester superficiel fascia lata et, de haut en bas, le bord antérieur du muscle
pour éviter de le prendre dans les points sous-cutanés. moyen fessier et l'insertion musculaire du vaste latéral sur
la crête sous-trochantérienne (figure 7.2C). Dans la partie
Indications haute de l'incision chemine accompagné de vaisseaux le
Les principales indications sont : les butées osseuses, nerf glutéal supérieur innervant le muscle tenseur du fascia
l'arthroplastie de hanche et les prélèvements de greffons lata ; cette branche nerveuse doit être préservée lors d'hé-
cortico-spongieux au niveau de l'aile iliaque. mostase. Au fond de l'interstice, on expose progressive-
ment le bord supérieur de la capsule puis la face antérieure
et le bord inférieur en s'aidant d'écarteurs contre-coudés.
L'exposition de la face antérieure de la capsule articulaire
Abord antérolatéral peut être complétée en dehors par la désinsertion des
fibres musculaires antérieures du muscle petit fessier, en
Cette voie donne un bon jour sur le grand trochanter, la
dedans en ruginant les fibres adhérentes du muscle iliop-
face antérieure du col fémoral et l'articulation de la hanche.
soas, et en avant en réséquant le tendon réfléchi du droit
fémoral. La face latérale du fémur proximal peut être expo-
Technique sée en désinsérant en « L » inversé le muscle vaste latéral
Le patient est installé en décubitus dorsal sur table ordi- (figure 7.2D). Une fois la capsulotomie réalisée, la luxa-
naire avec un coussin sous la fesse, parfois sur table ortho- tion de l'articulation se fera en rotation externe et forte
pédique pour garder un décubitus dorsal strict. Le membre adduction.
Fig. 7.2.
A Abord antérolatéral. A. Incision cutanée.
66
7. Hanche
3 1
2
B
Fig. 7.2.
Suite.
B. Repérage de l'espace entre le muscle tenseur
du facia lata et le fascia glutéal. C. Abord du plan
capsulaire. D. Arthrotomie (section possible
du tendon réfléchi du droit fémoral).
1. Tractus iliotibial du fascia lata. 2. Muscle moyen
fessier. 3. Muscle tenseur du fascia lata. 4. Muscle
vaste latéral. 5. Capsule articulaire. 6. Tendon
réfléchi du droit fémoral. 7. Désinsertion du vaste
D latéral.
67
II. Membre inférieur
Fig. 7.3.
Abord antérolatéral. Section des fibres
obliques du moyen fessier.
1. Muscle moyen fessier. 2. Muscle vaste
latéral. 3. Grand trochanter.
Fig. 7.4.
Abord antérolatéral. Clivage moyen fessier
et fibres antérieures du muscle vaste latéral.
1. Muscle moyen fessier. 2. Muscle vaste
latéral. 3. Grand trochanter. 4. Nerf glutéal
supérieur.
68
7. Hanche
Risques Technique
Le risque de lésion du nerf glutéal supérieur doit Le patient est installé en en décubitus latéral sur une
inciter à ne pas poursuivre la dissection lorsqu'on se table orthopédique, stabilisé par trois appuis : un pubien,
rapproche de l'épine iliaque antérosupérieure. Ce nerf un sacré et un thoracique. Le membre inférieur doit être
est particulièrement exposé lors du clivage des fibres libre et mobilisable. L'incision cutanée rectiligne est cen-
obliques, car il passe 4 à 5 cm au-dessus du sommet du trée sur le grand trochanter ; longue de 15 à 20 cm, elle
grand trochanter (figure 7.4). dépasse le sommet du grand trochanter de 6 cm environ
(figure 7.5A). Le tractus iliotibial du fascia lata est incisé
Indications dans le sens de ses fibres jusqu'au sommet du grand
Les principales indications sont l'arthroplastie de hanche et trochanter, puis l'incision du fascia glutéal découvre le
les ostéotomies fémorales proximales. muscle grand fessier qui est dissocié aux ciseaux fermés.
Les muscles moyen fessier et vaste latéral sont repérés
respectivement de bas en haut (figure 7.5B). On isole
Abord latéral vers l'avant un lambeau musculaire continu, constitué
des fibres musculaires du moyen fessier en haut (sur 3 à
La voie transglutéale permet l'abord de l'articulation de 4 cm) et de la moitié antérieure du muscle vaste laté-
la hanche en respectant la continuité longitudinale des ral en bas (sur 6 à 8 cm). Cette dissection s'effectue à
muscles abducteurs. partir du milieu du grand trochanter au ciseau à frapper
Fig. 7.5.
Abord latéral. A. Incision cutanée. B. Muscles
B moyen fessier et vaste latéral.
69
II. Membre inférieur
Fig. 7.5.
Suite.
C. Dissection au ciseau à frapper d'un
lambeau musculaire continu. D. Exposition
de la face antérieure de la capsule après
avoir détaché
les expansions musculaires.
1. Tractus iliotibial du fascia lata. 2. Muscle
moyen fessier. 3. Muscle vaste latéral.
D 4. Capsule articulaire.
en détachant des écailles osseuses (figure 7.5C). On fessier, iliopsoas), avant de disposer des écarteurs contre-
contourne progressivement la face latérale du grand tro- coudés de part et d'autre du col fémoral (figure 7.5D).
chanter et on atteint la face antérieure de la hanche, véri- La capsulotomie permet de luxer l'articulation en forte
table carrefour anatomique où se trouve une intrication adduction et rotation externe.
des insertions tendineuses des muscles moyen fessier,
petit fessier et vaste latéral. Afin de préserver la conti-
nuité musculotendineuse de la lèvre antérieure de l'inci-
Variante
sion, il est essentiel de rester au ras de l'os. L'exposition Le patient peut être installé en décubitus dorsal, le grand
de la face antérieure de la capsule nécessite de détacher trochanter doit alors déborder latéralement la table pour
des dernières expansions musculaires (vaste latéral, petit dégager les muscles de la fesse.
70
7. Hanche
Fig. 7.6.
A Abord postérolatéral. A. Incision cutanée.
71
II. Membre inférieur
Fig. 7.6.
Suite.
B. Incision du tractus iliotibial du fascia
lata et discision des fibres du grand
fessier. C. Exposition de la région
pelvitrochantérienne. D. Exposition de la
face postérieure de la capsule après avoir
sectionné les muscles pelvitrochantériens.
1. Tractus iliotibial du fascia lata. 2. Muscle
grand fessier. 3. Muscle moyen fessier.
4. Muscle vaste latéral. 5. Muscle piriforme.
6. Muscle carré fémoral. 7. Nerf sciatique.
8. Capsule articulaire. 9. Tendon distal du
muscle grand fessier. 10. Artère circonflexe
D iliaque médiale.
72
7. Hanche
Trucs et astuces du muscle grand fessier est dissocié jusqu'à l'épine iliaque
postérosupérieure ; à la partie haute, le pédicule vasculaire
■
L'abord peut être facilité en sectionnant le ten- glutéal supérieur superficiel est préservé. Le muscle grand
don du muscle grand fessier. fessier est récliné, la bourse séreuse péritrochantérienne est
■
Le temps d'exposition de la région pelvitrochan- effondrée et le tissu celluloadipeux de la région pelvitro-
térienne est facilité par une rotation interne sur une chantérienne est refoulé à la compresse, exposant ainsi les
hanche en extension, car la flexion tend la berge apo- muscles pelvitrochantériens (figure 7.7C). Leurs tendons,
névrotique postérieure limitant l'accès en profondeur. préalablement repérés sur un fil puis sectionnés à 1 cm de
■
La conservation du tendon piriforme a plusieurs leur insertion fémorale, sont décollés progressivement du
avantages, elle stabilise l'articulation prothétique et plan capsulaire aux ciseaux et au tampon, formant ainsi un
sert de contrôle positionnel lors d'arthroplastie : un lambeau retourné vers le dedans pour protéger le nerf scia-
allongement se traduisant par une tension excessive. tique (figure 7.7D). Le muscle carré fémoral est préservé, car
il protège l'artère circonflexe iliaque médiale. La progression
Risques du décollement donne le jour sur la paroi postérieure de
La lésion du nerf sciatique reste le risque anatomique l'acétabulum et la surface rétroacétabulaire et, enfin, sur les
majeur de cet abord. Il n'est pas nécessaire de visualiser incisures ischiatiques de part et d'autre de l'épine ischiatique.
le nerf sciatique, notamment lors de reprise chirurgi- Un écarteur à sciatique placé prudemment dans la grande
cale, afin d'éviter de le léser : le lambeau capsuloten- incisure donne accès à la paroi et à la colonne postérieure.
dineux récliné vers l'arrière le protège efficacement
Trucs et astuces
durant l'intervention. Un ischion proéminent repousse
vers le haut et l'avant le nerf sciatique, rendant dange- ■
Au besoin, pour faciliter le geste chirurgical,
reux le fraisage cotyloïdien lors d'arthroplastie.
une traction transcondylienne est installée : elle
facilite la réduction des fragments osseux de l'acé-
Indications
tabulum en réalisant un effet de ligamentotaxis ;
Les indications principales sont les arthroplasties de hanches. cependant, pour protéger le nerf sciatique qui est
mis en tension par la traction, il faut le détendre
en fléchissant le genou.
Abord postérieur ■
Le muscle piriforme est un repère anatomique
important : au-dessus de lui passe le pédicule
Cette voie permet l'abord de la face postérieure de la fessier supérieur et, au-dessous, le nerf sciatique
hanche en passant à travers le muscle grand fessier. émergeant de la grande incisure ischiatique.
Technique
Risques
Deux types d'installation sont possibles :
● le patient est installé en décubitus ventral, deux cous- Les risques de cet abord sont multiples :
sins sous le sternum et les épaules, et un coussin transversal
● le nerf sciatique peut être lésé par un instrument ou
sous les deux crêtes iliaques ; par élongation ;
● le patient est installé en en décubitus latéral sur une
● le pédicule fessier supérieur est menacé si on dégage
table orthopédique stabilisé par trois appuis : un pubien, le bord supérieur de la grande incisure ischiatique — à
un sacré et un thoracique. ce niveau la dissection s'effectue progressivement au
L'incision cutanée comporte deux segments à partir tampon ;
du sommet du grand trochanter : un segment proximal
● l'artère circonflexe iliaque médiale peut être lésée,
oblique en haut et en dedans vers l'épine iliaque postéro- car elle passe sous le muscle carré fémoral.
supérieure sur environ 8 cm et un segment distal vertical,
longeant l'axe du fémur sur 10 à 12 cm (figure 7.7A).
Indications
Le tractus iliotibial du fascia lata est incisé dans le sens Cette voie d'abord permet l'abord de la colonne postérieure
de ses fibres jusqu'au sommet du grand trochanter, où de l'acétabulum et un contrôle de la surface quadrilatère
l'incision du fascia se prolonge dans la direction des fibres jusqu'à la ligne arquée en avant. Ses principales indications
du muscle grand fessier (figure 7.7B). Le plan musculaire sont les fractures postérieures du cotyle.
73
II. Membre inférieur
A B
C D
Fig. 7.7.
Abord postérieur. A. Incision cutanée. B. Incision du tractus iliotibial du fascia lata et discision des fibres du grand fessier. C. Exposition
de la région pelvitrochantérienne. D. Exposition de la colonne postérieure de l'acétabulum.
1. Tractus iliotibial du fascia lata. 2. Muscle grand fessier. 3. Muscle moyen fessier. 4. Muscle vaste latéral. 5. Muscle piriforme. 6. Muscle carré
fémoral. 7. Nerf sciatique. 8. Capsule articulaire. 9. Tendon du muscle grand fessier.
74
Chapitre 8
Cuisse
PLAN DU CHAPITRE
Abord latéral 76
Manuel des voies d'abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
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II. Membre inférieur
Technique
Risques
Le patient est installé en décubitus dorsal un coussin sous
la fesse, ou en décubitus latéral maintenu par trois contre- La ligature des vaisseaux perforants doit être soi-
appuis. L'incision cutanée est plus ou moins longue selon gneuse ; il peut se produire une rétraction des vais-
les besoins ; elle débute au niveau du grand trochanter pour seaux en arrière et en dedans, nécessitant de désinsérer
se terminer légèrement postérieure à la patella (figure 8.1A). le périoste de la ligne âpre pour réaliser une ligature.
Le tractus iliotibial est incisé, puis on détache à la rugine
le muscle vaste latéral de la cloison intermusculaire et des
fibres de Kaplan à la partie basse ; le muscle est récliné vers Indications
le haut et une ligature soigneuse des vaisseaux perforants Les principales indications sont les fractures de la diaphyse
est réalisée pas à pas (figure 8.1B). fémorale et les ostéotomies fémorales.
76
8. Cuisse
Fig. 8.1.
Abord latéral. A. Incision
cutanée. B. Incision
de l'insertion du vaste
latéral en «L» inversé.
C. Désinsertion du vaste
latéral et ligature des
C vaisseaux perforants.
77
II. Membre inférieur
Fig. 8.1.
Suite.
D. Abord fémoral distal.
1. Tractus ilio-tibial du fascia lata.
2. Insertion haute du vaste latéral. 3. Vaisseaux
perforants. 4. Crête trochantérienne. 5. Artère
D proximolatérale. 6. Muscle vaste latéral.
78
Chapitre 9
Genou
PLAN DU CHAPITRE
Abord antéromédial 80
Abord antérolatéral 82
Abord postérolatéral 84
Abord postéromédial 86
Abord postérieur 88
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II. Membre inférieur
Les voies d'abord du genou sont regroupées en trois caté- l'insertion du muscle vaste médial (figure 9.1B) ; à la partie
gories : les voies antérieures, les voies latérales et les voies basse, il faut préserver le ménisque médial. On peut au
postérieures. C'est en grande partie l'essor de la chirurgie besoin — la jambe en extension — éverser la patella. Pour
ligamentaire et prothétique qui a clarifié les principes cela, l'incision du tendon quadricipital débute 6 cm au-
chirurgicaux, en respectant au mieux l'innervation, la vas- dessus de la patella ; une désinsertion sous-périostée infé-
cularisation cutanée et le drainage lymphatique. Le système rieure à 10 mm de l'insertion haute du ligament patellaire
artériel du genou est représenté par un tronc unique : est parfois nécessaire afin d'éviter son arrachement lors de
l'artère poplitée aux collatérales nombreuses. L'artère est l'éversion (figure 9.1C).
fixée en haut du creux poplité par ses connexions avec le
muscle grand adducteur et en bas par le muscle soléaire.
Il existe une pauvreté latérale de la vascularisation cutanée
Variantes
comparée à la richesse des vaisseaux médiaux provenant
du muscle vaste interne. Quelle que soit l'installation, le De nombreuses variantes ont été décrites, la plus utilisée
membre inférieur doit être libre et mobilisable. L'utilisation étant la voie subvastus. Cet abord respecte la vascularisa-
d'un garrot pneumatique facilite le temps chirurgical, mais tion de la patella. L'incision cutanée est identique ou légè-
reste fonction des habitudes chirurgicales. Pour limiter le rement décalée en dedans. Le bord inférieur du muscle
risque de souffrance cutanée, il faut préférer les incisions vaste médial est repéré et décollé à l'aide d'un doigt du
cutanées médianes qui épargnent les artères superficielles septum intermusculaire sur une distance de 10 cm. Ce
internes et les artères profondes externes et reprendre décollement est aisé, le vaste médial n'adhérant pas à
si possible les anciennes incisions ; toute dissection doit la synoviale sous-jacente. Le corps musculaire du vaste
être faite au ras du surtout fibreux prépatellaire pour limi- médial est récliné en dehors par un écarteur. L'arthrotomie
ter le risque de nécrose cutanée. Il faut éviter les incisions s'effectue en « L » inversé (figure 9.2). La jambe en exten-
horizontales, notamment à la face médiale du genou. La sion, la patella peut être éversée en dehors si la libéra-
branche inférieure du nerf saphène devra être repérée à la tion du muscle vaste médial est suffisante. Il peut exister
partie basse des incisions internes. Sa section est source quelques contre-indications liées à la difficulté de la luxa-
d'hypoesthésie, de névralgie et d'algodystrophie. Les inci- tion de l'appareil extenseur : antécédents d'arthrotomie
sions le genou en flexion éloignent la branche inférieure du et d'ostéotomie tibiale, reprise de prothèses de genou, la
nerf saphène, limitant le risque de lésion nerveuse. patella baja et l'obésité.
80
9. Genou
A B
Fig. 9.1.
Abord antéromédial. A. Incision cutanée. B. Section du tendon quadricipital
et du rétinaculum médial. C. Arthrotomie médiale et luxation de la patella.
1. Fascia superficialis. 2. Muscle vaste médial. 3. Rétinaculum médial. 4. Ligament
C patellaire. 5. Patella. 6. Ménisque médial.
81
II. Membre inférieur
Variantes
● Si on veut éverser la patella en dehors, l'incision du
tendon quadricipital débute 6 cm au-dessus de la patella,
mais il peut être nécessaire de réaliser une ostéotomie de la
tubérosité tibiale. L'ostéotomie de la tubérosité tibiale doit
respecter trois principes importants : une baguette longue
d'environ 7 cm, la préservation d'une charnière interne et
Fig. 9.2. la réalisation d'une marche d'escalier à la partie proximale
Abord antéromédial. Variante : abord subvastus. servant de butée (figure 9.4).
1. Muscle vaste médial.
● Lors de la mise en place d'une prothèse de genou, une
libération latérale peut aider pour lutter contre les rétrac-
Indications tions tissulaires ; elle comporte trois temps principaux :
La voie antérieure et médiale est la voie habituelle de la – l'ouverture en deux plans de l'articulation ; à la ferme-
pathologie du genou. Les indications sont variées ; les prin- ture, le rétinaculum sera suturé au plan capsulosynovial,
cipales sont : les arthroplasties, la synovectomie, l'arthro- réalisant ainsi un allongement des structures latérales ;
dèse, les plasties ligamentaires, les drainages. – la section de fibres de Kaplan, qui sont une exten-
sion qui relie le tenseur du fascia lata au septum
intermusculaire ;
Abord antérolatéral – le relèvement du tubercule iliotibial (tubercule de
Gerdy), en réalisant un décollement périosté (figure 9.5).
La voie antérieure et latérale est symétrique à l'approche
antérieure et médiale.
Pour faciliter l'éversion de la patella, on peut réaliser une
Trucs et astuces
ostéotomie de la tubérosité tibiale.
L'incision se fait le genou fléchi à 90°, ce qui permet
Technique de bien positionner l'incision lors des déformations
Le patient est installé en décubitus dorsal, deux contre-appuis en valgus ; elle s'effectue au ras du surtout fibreux
sont positionnés, l'un à la face externe de la cuisse, l'autre au prépatellaire pour limiter le risque de nécrose
niveau du pied, maintenant le genou fléchi à 90°. Un garrot cutané. Pour faciliter la fermeture, deux fils repères
peut être placé à la racine de la cuisse. L'incision cutanée et peuvent être placés au niveau du rétinaculum de
sous-cutanée est médiane ou légèrement latérale, ce qui évite part et d'autre de l'incision. L'ouverture articulaire
les pertes de sensibilité, en avant de la patella et de la tubé- s'effectue en sectionnant la capsule et la synoviale
rosité tibiale. Sa longueur est variable ; elle s'étend de 5 cm dans le même temps. La fermeture s'effectue en
au-dessus du bord de la patella à 2 cm sous le bord latéral de général le genou fléchi entre 40° et 60°, ce qui per-
la tubérosité tibiale (figure 9.3A). Elle est faite le genou fléchi met une tension correcte du système extenseur.
82
9. Genou
A B
Fig. 9.3.
Abord antérolatéral. A. Incision cutanée. B. Section du tendon quadricipital et
du rétinaculum latéral. C. Ouverture décalée du rétinaculum latéral et du plan
capsulosynovial. D. Arthrotomie latérale et subluxation de la patella.
1. Fascia superficialis. 2. Muscle vaste latéral. 3. Rétinaculum latéral. 4. Ligament patellaire.
D 5. Plan capsulosynovial. 6. Patella. 7. Ménisque latéral.
Risques Indications
Lors de reprise chirurgicale, il faut préférer les anciennes Les principales indications sont les arthroplasties, les
voies d'abord pour limiter le risque de nécrose cuta- synovectomies, les fractures de l'extrémité inférieure du
née. Le prélèvement de la tubérosité tibiale doit, pour fémur.
limiter le risque de fracture et de pseudarthrose, être
long (7 cm) et réaliser une marche d'escalier proximale.
83
II. Membre inférieur
Abord postérolatéral
Cette voie donne un jour limité sur le compartiment pos-
térolatéral de l'articulation si on passe en arrière du tractus
iliotibial. La visualisation du condyle fémoral postérieur, du
ligament collatéral latéral et du tendon poplité nécessite de
passer à travers le tractus iliotibial.
Technique
Le patient est installé en décubitus dorsal, deux contre-
appuis sont positionnés, l'un à la face externe de la cuisse,
l'autre au niveau du pied, maintenant le genou fléchi à 90°.
L'incision cutanée est curviligne ; à la partie basse, elle passe
en avant de la tête de la fibula ; à la partie haute, elle se ter-
mine à la jonction deux tiers antérieurs-tiers postérieur de la
cuisse (figure 9.6A). L'abord peut se faire en arrière du tractus
iliotibial : on repère alors le tendon d'insertion du muscle
biceps fémoral et, en arrière de la fibula, le nerf fibulaire com-
mun. Si on veut aborder le compartiment postérolatéral de
l'articulation (figure 9.6B), il faut passer au travers du tractus
Fig. 9.4. iliotibial — l'incision est horizontale sur au moins 15 cm —
Abord antérolatéral. Variante : ostéotomie de la tubérosité ou désinsérer le tractus iliotibial de son insertion sur le tuber-
tibiale antérieure. cule infracondylaire (de Gerdy) : le relèvement s'effectue en
1. Rétinaculum latéral. 2. Ligament patellaire. 3 Tubérosité tibiale
antérieure. le décoconnant à l'aide d'un ostéotome. Cette voie permet
d'aborder la partie postérieure de l'articulation, notamment
le ménisque latéral, le ligament collatéral fibulaire, le tendon
poplité qui passe sous le ligament collatéral fibulaire et l'inser-
tion du chef latéral du muscle gastrocnémien (figure 9.6C).
Variantes
L'abord de l'insertion tibiale du ligament croisé postérieur est
possible en passant juste en avant du chef latéral du muscle
gastrocnémien, mais l'espace de travail est restreint et le
paquet vasculonerveux proche. Pour aborder la diaphyse
fémorale, il suffit de prolonger vers le haut l'incision cutanée
et de récliner le vaste latéral du septum intermusculaire.
Trucs et astuces
A B
Fig. 9.6.
Abord postérolatéral. A. Incision cutanée. B. Incision du tractus iliotibial du fascia
lata. C. Compartiment postérolatéral du genou.
1. Fascia superficialis. 2. Muscle vaste latéral. 3. Rétinaculum latéral. 4. Tractus iliotibial
du fascia lata. 5. Muscle biceps fémoral. 6. Nerf fibulaire commun. 7. Désinsertion du
C tractus iliotibial. 8. chef latéral du muscle gastrocnémien. 9. Ligament collatéral fibulaire.
Risques Indications
Il faut préserver le ligament collatéral fibulaire et, lors Les principales indications sont les interventions ménis-
de l'arthrotomie, le tendon du muscle poplité. La dis- cales, les synovectomies, les plasties ligamentaires du point
section du nerf fibulaire commun doit être prudente et d'angle postéro-externe et les ostéosynthèses des fractures
se réalise le genou fléchi à 90°. du plateau tibial et de l'extrémité inférieure du fémur.
85
II. Membre inférieur
Trucs et astuces
86
9. Genou
B C
Fig. 9.7.
Suite.
B. Dissection en avant du ligament collatéral tibial. C. Arthrotomie en arrière du ligament collatéral tibial.
1. Aponévrose superficielle. 2. Muscle vaste médial. 3. Rétinaculum médial. 4. Ligament collatéral tibial. 5. Muscle sartorius. 6. Muscle gracile.
7. Muscle demi-tendineux. 8. Nerf saphène (branche inférieure). 9. Grande veine saphène.
B
Fig. 9.8.
Prélèvement des tendons des muscles ischiojambiers. A. Incision cutanée. B. Dissection.
1. Fascia superficialis. 2. Ligament collatéral tibial. 3. Muscle sartorius. 4. Muscle gracile. 5. Muscle demi-tendineux. 6. Vincula. 7. Nerf saphène
(branche inférieure).
87
II. Membre inférieur
88
9. Genou
A B
C D
Fig. 9.9.
Abord postérieur. A. Incision cutanée. B. Incision de l'aponévrose superficielle. C. Dissection du paquet vasculonerveux. D. Section du
chef médial du muscle gastrocnémien.
1. Relief du muscle semi-membraneux. 2. Relief de la tête de la fibula. 3. Aponévrose superficielle. 4. Chef médial du muscle gastrocnémien.
5. Muscle semi-membraneux. 6. Nerfs tibial et fibulaire commun. 7. Vaisseaux poplités.
89
II. Membre inférieur
A B
Fig. 9.10.
Abord postérieur. Variante : abord du pied du ligament croisé postérieur. A. Incision cutanée. B. Abord de la surface rétrospinale.
1. Muscle gastrocnémien. 2. Ligament poplité oblique.
90
Chapitre 10
Jambe
PLAN DU CHAPITRE
Abord antérolatéral 92
Abord antéromédial 94
Abord latéral 96
Manuel des voies d’abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
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II. Membre Inférieur
Technique
Le patient est installé latéralement ou en décubitus dor-
sal, un coussin sous la fesse homolatérale pour compen-
ser la rotation externe de la hanche et un coussin sous
le genou. L'incision cutanée est rectiligne, juste en arrière
de la diaphyse tibiale ; elle débute au niveau du tubercule
iliotibial et se prolonge vers le bas 1 cm de dehors de la
crête tibiale (figure 10.2A). Après l'ouverture du tissu sous-
cutané, on aborde le fascia crural ; celui-ci est incisé dans
l'axe de l'incision cutanée 1 cm en arrière de la crête tibiale.
Pour aborder la face latérale du tibia, on désinsère le muscle
tibial antérieur (figure 10.2B).
Variantes
Fig. 10.1.
Coupe transversale tiers moyen de la jambe. Pour aborder l'épiphyse tibiale, l'incision se prolonge vers
1. Tibia. 2. Fibula. 3. Fascia crural. 4. Muscle tibial antérieur. 5. Artère le haut par une voie antérolatérale du genou ; si on désire
tibiale antérieure et nerf fibulaire profond. 6. Artère fibulaire. aborder la face médiale du tibia, la dissection doit être
7. Artère tibiale postérieure et nerf tibial.
extrapériostée (figure 10.2C).
92
10. Jambe
C
Fig. 10.2.
Abord antérolatéral. A. Incision cutanée. B. Incision du fascia crural et désinsertion du muscle tibial antérieur. C. Coupe transversale
du tiers moyen de la jambe.
1. Tibia. 2. Fibula. 3. Fascia crural. 4. Muscle tibial antérieur. 5. Artère tibiale antérieure et nerf fibulaire profond. 6. Artère fibulaire. 7. Artère
tibiale postérieure et nerf tibial.
93
II. Membre Inférieur
B
Fig. 10.3.
Abord antéromédial. A. Incision cutanée. B. Incision du fascia crural en arrière de la grande veine saphène et du nerf saphène.
C. Désinsertion des muscles soléaire et long fléchisseur des orteils. D. Coupe transversale du tiers moyen de la jambe : abord tibial
postérieur.
1. Fascia crural. 2. Grande veine saphène et nerf saphène. 3. Tibia. 4. Muscle soléaire. 5. Chef médial du muscle gastrocnémien. 6. Muscle long
fléchisseur des orteils. 7. Membrane interosseuse.
94
10. Jambe
D
Fig. 10.3.
Suite.
95
II. Membre Inférieur
A
Fig. 10.4.
Abord latéral. A. Incision cutanée.
96
10. Jambe
crural au tiers inférieur de la jambe (figure 10.4B). L'abord de la gouttière malléolaire latérale. Le muscle long fibulaire est
la diaphyse fibulaire se fait entre le muscle long fibulaire en désinséré de la fibula en réalisant une hémostase soigneuse
avant et le muscle soléaire en arrière. À la partie haute de des branches de l'artère fibulaire. Si on veut aborder la totalité
l'incision, on repère le nerf fibulaire commun qui croise le col de la circonférence de la fibula, il faut désinsérer à la partie
de la fibula (figure 10.4C) ; à la partie basse, il faut inciser le fas- postérieure le muscle long fléchisseur de l'hallux ; en arrière et
cia crural en avant des tendons fibulaires qui se situent dans en profondeur cheminent l'artère et la veine fibulaires.
C
Fig. 10.4.
Suite. B. Incision du fascia crural en avant du nerf cutané sural latéral. C. Désinsertion du muscle long fibulaire.
1. Fascia crural. 2. Nerf fibulaire commun. 3. Nerf cutané sural latéral. 4. Nerf fibulaire superficiel. 5. Fibula. 6. Muscle long fibulaire. 7. Muscle
long fléchisseur de l'hallux.
97
II. Membre Inférieur
B
Fig. 10.5.
Abord postérieur du tibia. A. Abord de la membrane interosseuse. B. Coupe transversale au tiers moyen de la jambe : abord de l'espace
inter-tibio-fibulaire.
1. Fibula. 2. Muscle long fibulaire. 3. Muscle long fléchisseur de l'hallux. 4. Muscle tibial postérieur. 5. Membrane interosseuse. 6. Artère tibiale
antérieure et nerf fibulaire profond. 7. Artère tibiale postérieure et nerf tibial. 8. Artère fibulaire.
98
10. Jambe
99
Chapitre 11
Cheville
PLAN DU CHAPITRE
Abord antérieur 103
Abord antérolatéral 103
Abord latéral 106
Abord médial 107
Abord postérolatéral 108
Abord postéromédial 110
Abord postérieur 112
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II. Membre inférieur
Les voies d'abord de la cheville sont réalisées sur table lée, ni pincée ou agressée par les écarteurs ; les veines
ordinaire. doivent être plutôt liées que coagulées afin d'éviter la
Un garrot pneumatique est mis à la racine de la cuisse, nécrose des plans sous-cutanés. Si plusieurs incisions
ce qui permet la préparation de tout le membre inférieur sont nécessaires, il est recommandé de les séparer d'au
et sa mobilisation au cours de l'intervention. Un garrot moins 5 cm afin d'éviter les problèmes de nécrose cuta-
pneumatique mis à la jambe lors d'anesthésie locorégionale née. Le risque vasculaire et nerveux est important lors
a un inconvénient majeur : la mise en équin de la cheville de dissections antérieures ou postérieures (figure 11.1) ;
lors du gonflement du garrot rend l'abord et la mobilisation les paquets vasculonerveux devront être protégés et iso-
articulaire plus difficiles. Un coussin est placé sous la jambe lés au besoin sur des lacs en les prenant avec les struc-
opérée afin de ne pas être gêné par le membre inférieur tures tendineuses adjacentes. Il est préférable de lâcher
controlatéral, en laissant libre le talon pour ne pas donner le garrot et de vérifier l'hémostase avant de commen-
de l'antépulsion astragalienne. Dans les abords externes, cer la fermeture. Le ligament antérieur du tarse et les
la rotation externe automatique du membre inférieur est rétinaculums doivent être suturés pour permettre une
corrigée par surélévation de la fesse homolatérale par un dynamique tendineuse correcte ; en revanche, les liga-
champ roulé. ments métatarsiens transverses et l'aponévrose plantaire
Lors de contusions cutanées, le risque de nécrose ne seront pas suturés pour éviter l'apparition d'un syn-
cutanée est important. La peau ne doit pas être décol- drome de loge du pied.
A B
Fig. 11.1.
Vue anatomique. A. Postéro-médiale. B. Postéro-latérale.
102
11. Cheville
Indications
Abord antérolatéral
Les indications principales sont l'arthrodèse tibiotalienne et
Cette voie permet l'abord de la face antérieure de l'articula- les arthrodèses combinées, l'arthroplastie tibiotalienne et
tion tibiotalienne. les synovectomies.
103
II. Membre inférieur
A B
Fig. 11.2.
Abord antérieur. A. Incision cutanée. B. Incision du
fascia crural et du rétinaculum supérieur. C. Arthrotomie
antérieure tibiotalienne.
1. Fascia-crural et rétinaculum supérieur. 2. Paquet vasculo-
nerveux tibial antérieur. 3. Muscle extenseur de l'hallux.
C 4. Muscle extenseur des orteils. 5. Capsule articulaire.
104
11. Cheville
A B
C D
Fig. 11.3.
Abord antérolatéral. A. Incision cutanée. B. Incision du fascia crural et des rétinaculums. C. Arthrotomie tibiotalienne. D. Coupe
transversale au tiers inférieur de la jambe.
1. Fascia-crural. 2. Rétinaculum supérieur. 3. Rétinaculum inférieur (ouverture en «H»). 4. Nerf fibulaire superficiel. 5. Muscle extenseur
commun des orteils et troisième fibulaire. 6. Muscle court extenseur des orteils. 7. Capsule articulaire tibiotalienne. 8. Artère dorsale du dos
du pied. 9. Nerf cutané dorsal latéral.
105
II. Membre inférieur
A B
Fig. 11.4.
Abord latéral. A. Incision cutanée. B. Abord de la malléole latérale.
1. Malléole latérale.
106
11. Cheville
A B
Fig. 11.5.
Abord latéral. Variante. A. Incision cutanée. B. Abord de la malléole latérale.
1. Malléole latérale. 2. Gaine des tendons fibulaires. 3. Rétinaculums des tendons fibulaires. 4. Nerf cutané dorsal latéral.
La voie médiale permet l'abord de la malléole médiale. La branche inférieure de la voie d'abord permet le
contrôle antéromédial du pilon tibial et de la mal-
léole médiale.
Technique
Le patient est installé en décubitus dorsal. L'incision de Risques
longueur variable est réalisée dans l'axe du tibia, 1 cm
Le risque de lésion de la grande veine saphène est
en avant du bord postéromédial jusqu'à la pointe de
important : en cas de lésion, il faut la ligaturer.
la malléolaire ; elle se recourbe légèrement vers l'avant
(figure 11.6A). On évite tout décollement sous-cutané en
allant droit devant jusqu'au contact du périoste tibial. La
grande veine saphène doit être préservée en la réclinant
Indications
vers l'avant (figure 11.6B) ; si besoin, ses branches peuvent Les indications principales sont les fractures de la malléole
être coagulées ou liées. médiale et du pilon tibial.
107
II. Membre inférieur
A B
Fig. 11.6.
Abord médial. A. Incision cutanée. B. Abord de la malléole médiale.
1. Grande veine saphène. 2. Malléole médiale. 3. Tendon du muscle tibial postérieur et du muscle long fléchisseur des orteils. 4. Nerf tibial
postérieur, artère et veine tibiales postérieures.
108
11. Cheville
B
Fig. 11.7.
Abord postérolatéral. A. Incision cutanée rétromaléolaire. B. Abord de la gaine des tendons fibulaires.
1. Tendons fibulaires. 2. Rétinaculums des tendons fibulaires.
109
II. Membre inférieur
C D
Fig. 11.7.
Suite.
C. Désinsertion du muscle long fléchisseur de l'hallux. D. Coupe transversale au quart inférieur de jambe.
3. Nerf cutané dorsal latéral et petite veine saphène. 4. Artère fibulaire. 5. Muscle long fléchisseur de l'hallux.
110
11. Cheville
A B
Fig. 11.8.
Abord postéromédial. A. Incision cutanée. B. Incision de l'aponévrose jambière.
C. Arthrotomie postérieure tibiotalienne.
1. Tendon calcanéen. 2. Aponévrose. 3. Muscle long fléchisseur de l'hallux. 4. Nerf
tibial postérieur, artère et veine tibiales postérieures. 5. Relief du tendon du muscle
C tibial postérieur. 6. Capsule articulaire.
111
II. Membre inférieur
Fig. 11.9.
Abord postérieur. A. Incision cutanée.
B. Ouverture de la gaine du tendon
calcanéen.
1. Tendon du muscle plantaire. 2. Tendon
A B calcanéen et sa gaine.
112
Chapitre 12
Pied
PLAN DU CHAPITRE
Abord latéral sous-talien 114
Abord plantaire 115
Abord médial de l'hallux 116
Abord dorsal de la première commissure 118
Manuel des voies d'abord en chirurgie orthopédique et traumatologique
© 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
II. Membre inférieur
Présentation générale et précautions : cf. chapitre 11, arrière de la malléole latérale ; elle croise le cou-de-pied
«Cheville» (figures 11.1 et 11.2). pour se terminer en regard de l'articulation talo-navicu-
laire (figure 12.1A). Dans le tissu sous-cutané cheminent
en avant le nerf fibulaire intermédiaire et en arrière le nerf
Abord latéral sous-talien cutané dorsal latéral (figure 12.1B). La gaine des tendons
fibulaires est incisée et les tendons seront réclinés en arrière,
Cette voie permet l'abord de l'articulation sous-talienne protégeant ainsi la branche nerveuse. Le tendon du troi-
antérieure et postérieure, des articulations calcanéocuboï- sième fibulaire est inconstant : s'il est présent, il est accolé
dienne et talo-naviculaire. aux tendons du muscle long extenseur des orteils ; ces ten-
dons sont réclinés vers l'avant, protégeant le nerf fibulaire
intermédiaire. Le rétinaculum inférieur est ouvert en «H»,
Technique
ce qui permet, après relèvement d'un lambeau antérieur
Le patient est installé en décubitus dorsal, un coussin sous et postérieur, l'abord du sinus du tarse (figure 12.1C). Pour
la fesse homolatérale pour compenser la rotation externe aborder l'articulation transverse du tarse, le muscle court
de la hanche. L'incision débute 1 cm en dessous et en extenseur des orteils est désinséré du calcanéum puis
A B
C
Fig. 12.1.
Abord latéral sous-talien. A. Incision cutanée. B. Exposition du rétinaculum inférieur. C. Ouverture du sinus du tarse.
1. Nerf fibulaire intermédiaire. 2. Nerf cutané dorsal latéral. 3. Gaine des tendons fibulaires. 4. Rétinaculum inférieur.
5. Tendon du troisième fibulaire. 6. Sinus du tarse. 7. Muscle court extenseur des orteils.
114
12. Pied
récliné vers les orteils. La fermeture s'effectue plan par plan Indications
après avoir suturé le rétinaculum inférieur.
Les principales indications sont l'arthrodèse sous-talienne,
l'arthrodèse des articulations transverses du tarse, la triple
Variante arthrodèse, les fractures du calcanéus.
Pour aborder le sinus du tarse, l'incision peut être anté-
rieure ; elle débute 2 cm en avant de la malléole latérale et
se termine 2 cm en avant de la styloïde du cinquième méta- Abord plantaire
tarsien (figure 12.2). Cet abord antérieur permet d'éviter la
dissection et l'ouverture de la gaine des tendons fibulaires. Cette voie permet l'abord des articulations métatarsopha-
langiennes.
Trucs et astuces Technique
■
L'installation en décubitus latéral doit être évi- Le patient est installé en décubitus dorsal, un coussin sous
tée car elle ne permet pas une vision globale du la jambe pour surélever le pied. L'opérateur s'installe en
pied, notamment lors d'une correction osseuse. bout de table. L'incision est centrée sur les têtes des méta-
■
L'incision cutanée et sous-cutanée s'effectue tarsiens ; elle se situe à 2 cm des commissures interdigitales,
le pied en léger équin, ce qui éloigne ainsi le nerf réalisant ainsi dans un plan horizontal une courbe convexe
cutané dorsal latéral. Il faut repérer aux deux vers l'avant (figure 12.3A). Une épaisse couche graisseuse
extrémités de l'incision les tendons fibulaires et recouvre les bandelettes prétendineuses. Ces bandelettes
extenseurs qui circonscrivent la voie d'abord. sont incisées transversalement et réclinées (figure 12.3B). Les
nerfs et les vaisseaux des espaces interosseux doivent être
respectés : ils se situent au bord latéral des gaines des tendons
Risques fléchisseurs. Après ouverture de la gaine, les tendons fléchis-
seurs sont réclinés en dehors puis on incise le feuillet profond,
Les risques se limitent essentiellement aux lésions des
permettant l'abord des têtes métatarsiennes (figure 12.3C).
branches nerveuses qui cheminent dans le tissu sous-
cutané, mais la peau doit être manipulée avec précau- Variantes
tion pour éviter toute souffrance cutanée.
Dans la polyarthrite rhumatoïde, les articulations métatar-
sophalangiennes peuvent être subluxées ou luxées ; il faut
alors réaliser une incision cutanée ovalaire de 1 cm de large
emportant les durillons d'appui. Dans ces déformations, les
éléments vasculaires, nerveux et tendineux se situent en
profondeur par rapport aux têtes métatarsiennes, ce qui
rend l'abord plus facile.
Trucs et astuces
Risques
L'incision doit être prudente en regard du cinquième rayon
car la terminaison digitale du nerf plantaire latéral croise
l'articulation métatarsophalangienne 1 cm en amont.
Fig. 12.2.
Indications
Abord latéral sous-talien. Variante. L'indication principale est la résection des têtes métatarsiennes.
115
II. Membre inférieur
A B
C
Fig. 12.3.
Abord plantaire. A. Incision cutanée. B. Incision des bandelettes prétendineuses. C. Abord des têtes métatarsiennes.
1. Bandelettes prétendineuses. 2. Nerfs et vaisseaux des espaces interosseux. 3. Gaine des tendons fléchisseurs. 4. Tendons fléchisseurs.
5. Capsule articulaire.
gienne (figure 12.4A). Elle est légèrement dorsale et, selon il se médialise en regard de la première phalange. Pour
la technique chirurgicale employée, longue de 6 cm à ne pas le léser, il faut éviter une incision trop dorsale et
10 cm. Dans le tissu sous-cutané chemine en avant le la dissection doit être prudente.
nerf cutané médial dorsal de l'hallux (figure 12.4B). La La vascularisation céphalique du métatarsien s'ef-
capsule articulaire est ouverte dans l'axe de l'incision fectue par pédicule plantaire médial. Pour éviter le
cutanée, permettant l'abord de l'articulation métatarso- risque de nécrose, il faut préserver cette vascularisa-
phalangienne. Si besoin, l'abord de la diaphyse s'effectue tion en gardant au niveau du col métatarsien un lam-
en ruginant le périoste. beau plantaire médial intact (figure 12.4C).
Risques Indications
Le nerf cutané médial dorsal de l'hallux chemine Les indications principales sont les pathologies du premier
accompagné par une veine dans le tissu sous-cutané ; rayon : l'hallux valgus et l'hallux rigidus.
A B
C
Fig. 12.4.
Abord médial de l'hallux. A. Incision cutanée. B. Exposition de la capsule articulaire. C. Arthrotomie médiale.
1. Nerf cutané médial dorsal de l'hallux. 2. Veine dorsale. 3. Capsule articulaire. 4. Articulation métatarsophalangienne de l'hallux.
5. Vascularisation céphalique du métatarsien (pédicule plantaire médial).
117
II. Membre inférieur
Abord dorsal de la première ligament métatarsien transverse, qui est aussi sectionné
en se protégeant des structures neurovasculaires sous-
commissure jacentes (figure 12.5B).
Technique Risques
Le patient est installé en décubitus dorsal, un coussin Le pédicule plantaire vasculaire et nerveux du premier
sous la jambe pour surélever le pied. L'incision longitu- espace chemine en dessous du ligament métatarsien
dinale débute au niveau de la commissure et mesure transverse profond : l'incision de ce ligament doit être
3 cm de long (figure 12.5A). Dans le tissu sous-cutané, prudente.
il faut coaguler les branches de l'arcade veineuse dorsale
du pied. Le tendon d'insertion du muscle adducteur de
Indications
l'hallux s'insère sur le sésamoïde latéral et sur la première
phalange. La section du tendon s'effectue au ras de ses L'indication principale est la libération latérale métatarso-
insertions médiales ; plus distal et profond chemine le phalangienne de l'hallux.
A B
Fig. 12.5.
Abord dorsal de la première commissure. A. Incision cutanée. B. Abord du muscle adducteur de l'hallux.
1. Branches de l'arcade veineuse dorsale du pied. 2. Muscle adducteur. 3. Ligament métatarsien transverse. 4. Sésamoïde latéral.
5. Pédicule plantaire vasculaire et nerveux.
118
Chapitre 13
Bassin
PLAN DU CHAPITRE
Abord postérieur de la crête iliaque 122
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III. Bassin et rachis
122
13. Bassin
B C
Fig. 13.1.
Abord postérieur de la crête iliaque. A. Incision cutanée. B. Désinsertion du muscle grand fessier. C. Prélèvement du greffon avec un
ciseau gouge concave.
1. Ilion. 2. Muscle grand fessier. 3. Os spongieux.
123
Chapitre 14
Rachis cervical
PLAN DU CHAPITRE
Abord antérieur du rachis cervical 126
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III. Bassin et rachis
Technique Risques
Le patient est installé sur le dos, sur table ordinaire, avec Les risques sont nombreux :
une têtière et des cale-pieds, en léger proclive ; la tête en ● la lésion du nerf récurrent, dont l'origine est plus
hyperextension est légèrement tournée du côté opposé à haute et plus variable à droite ;
l'incision. L'incision cutanée suit le bord antérieur du muscle ● la lésion de l'œsophage lors de la mise en place d'un
sternocléidomastoïdien. Elle peut débuter à hauteur de écarteur ;
l'angle de la mandibule et descendre jusqu'au manubrium ● la lésion du nerf hypoglosse lors d'un abord supé-
sternal. rieur du rachis cervical ;
Le muscle peaucier est incisé selon la même direction, ● prêter attention au canal thoracique et au dôme
afin d'exposer l'aponévrose cervicale superficielle, qui est pleural lors d'un abord gauche et inférieur du rachis
sectionnée. Puis, on ligature les veines cervicales transver- cervical.
sales (figure 14.1A). Le muscle sternocléidomastoïdien est
écarté en dehors et les muscles sous-hyoïdiens en dedans ;
Indications
puis le muscle omohyoïdien est récliné vers le bas si on
aborde le rachis cervical supérieur, ou sectionné si on Les principales indications sont les traumatismes, les
aborde le rachis cervical moyen ou inférieur (figure 14.1B). lésions dégénératives, les hernies discales, les tumeurs et les
On sectionne l'aponévrose cervicale moyenne, après avoir spondylites.
repéré l'artère carotide grâce à ses battements. Le plan de
clivage se trouve entre l'axe viscéral en dedans et le paquet
jugulocarotidien en dehors. Cet espace est disséqué à l'aide Trucs et astuces
de tampons montés, faisant apparaître une ou plusieurs
veines thyroïdiennes moyennes, qui sont liées. La dissection ■
En plus de la têtière, l'utilisation d'un étrier de
se poursuit en mettant en évidence les corps vertébraux traction placé deux travers de doigts au-dessus du
recouverts de l'aponévrose cervicale profonde d'une part, tragus de l'oreille peut être utile lors d'une lésion
et de l'œsophage et de la trachée d'autre part (figure 14.1C). traumatique du rachis cervical (3 à 4 kg).
Après la mise en place d'un écarteur, on dégage les muscles ■
Le choix d'un amplificateur de brillance à poste
longs du cou à la rugine. de profil permet de se repérer et d'apprécier la
profondeur à laquelle on travaille.
Variantes ■
Pour visualiser le rachis cervical inférieur, il faut
abaisser les deux moignons d'épaule par deux
Pour la partie supérieure et moyenne du rachis cervical, l'abord grandes bandes collantes partant de la face anté-
est possible de chaque côté, avec une préférence à droite pour rieure de ceux-ci et se fixant au cale-pied.
les droitiers. Il faut remonter dans l'espace rétroviscéral jusqu'à
la corne supérieure du corps thyroïde et découvrir l'artère thy-
roïdienne supérieure, qui est liée et sectionnée.
126
14. Rachis cervical
B C
Fig. 14.1.
Abord antérieur du rachis cervical. A. Incision du muscle peaucier. B. Abord musculaire profond. C. Dissection des corps vertébraux.
1. Aponévrose cervicale superficielle. 2. Muscle sternocléidomastoïdien. 3. Muscle omohyoïdien. 4. Aponévrose cervicale moyenne.
5. Aponévrose cervicale profonde. 6. Corps vertébraux.
127
IV. Arthroscopie
Cette section consacrée aux voies d'abord arthroscopiques de cheville, réparer un labrum acétabulaire ou un ligament
n'a pas vocation à être exhaustive. Son but est d'être une scapholunaire. Mais vous aurez, sous réserve d'un matériel
base de travail au moment d'acquérir les principes de suffisant et d'une certaine culture arthroscopique, un sup-
la chirurgie arthroscopique en insistant sur l'épaule et le port pour pouvoir vous remémorer l'installation et les voies
genou. Nous avons également voulu préciser les notions d'abord pour effectuer un lavage articulaire dans le cadre
indispensables à connaître pour l'exploration des autres d'une arthrite septique, parfaire la réduction d'une fracture
articulations. Vous ne pourrez pas avoir pour seule référence articulaire au poignet ou encore procéder à l'ablation d'un
cet ouvrage pour réaliser une arthrodèse arthroscopique corps étranger au niveau du coude.
130
Chapitre 15
Membre supérieur
PLAN DU CHAPITRE
Arthroscopie de l'épaule 132
Abord postérieur 133
Abords antérieurs 133
Abords sous-acromiaux 134
Arthroscopie du coude 135
Abords antérieurs 135
Abords postérieurs 137
Arthroscopie du poignet 138
Abords radiocarpiens 139
Abords médiocarpiens 140
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IV. Arthroscopie
Arthroscopie de l'épaule
Le patient est installé en décubitus latéral ou en posi- bras est installé à 45° d'abduction, 15° d'antéversion et
tion assise (figure 15.1), le buste plus ou moins relevé. la traction varie de 4 à 8 kg. Il faut dessiner les repères
L'installation en position latérale nécessite un système anatomiques une fois le patient installé (figure 15.2).
de suspension du bras permettant une distraction et des L'arthroscope de référence est celui de 4 mm avec
ajustements en abduction et antéversion. En général, le optique à 30°.
A B
Fig. 15.1.
Arthroscopie de l'épaule. Installation en position assise avec têtière et traction.
Fig. 15.2.
Arthroscopie de l'épaule. Repères anatomiques et abords.
132
15. Membre supérieur
133
IV. Arthroscopie
Variantes Technique
● Il est possible de réaliser cette voie de dehors en dedans, La voie scopique emprunte la même incision cutanée que
notamment chez les sujets minces. Une aiguille intramuscu- la voie postérieure d'arthroscopie gléno-humérale. Mais,
laire longue est introduite au bord supérolatéral de la cora- après avoir franchi la peau, la chemise munie de son man-
coïde en direction de la cavité articulaire. L'objectif est de drin est inclinée pour viser la face profonde de l'acromion
faire sortir l'aiguille, sous contrôle de la vue, dans le triangle et ceci jusqu'à rencontrer un contact osseux.
déjà évoqué dans la technique de dedans en dehors.
● Une deuxième voie plus verticale peut être pratiquée en Trucs et astuces
passant par l'intervalle des rotateurs (au-dessus du subsca-
pulaire et en avant du supraépineux) après matérialisation ■
Au contact de la face profonde, il est possible
du trajet par une aiguille intramusculaire longue. Cela peut d'effectuer des mouvements latéraux pour créer un
être une voie instrumentale complémentaire pour la chirur- espace de dissection permettant d'obtenir une vue
gie du labrum ou du tendon de la longue portion du biceps. plus confortable lors de l'introduction du scope.
■
Il s'agit d'une phase extra-articulaire : il est donc
Risques possible d'infiltrer cette espace avec quelques cm3
Lors de l'incision, il existe un risque de lésion du nerf d'anesthésique avec conservateur pour limiter le
musculocutané si on ne s'attache pas à rester en dehors saignement avant le début de l'irrigation.
et au-dessus de la pointe du processus coracoïde.
■
Il s'agit d'un espace souvent inflammatoire dont
la libération est rendue moins hémorragique pour
l'utilisation d'un bistouri électrique utilisable en
Indications milieu salin.
C'est une voie essentiellement instrumentale. Une permu-
tation avec la voie postérieure permet de visualiser la face Abord latéral
antérieure de la tête humérale mais également les lésions
labrales postérieures. Technique
Cette voie est réalisable que le patient soit en décubitus
latéral ou en position assise. L'incision se situe à 2 cm sous
Trucs et astuces le bord latéral de l'acromion. Son trajet peut être matéria-
lisé par une aiguille intramusculaire. Cette voie traverse les
■
Il faut dessiner les repères anatomiques une fois fibres du deltoïde. Elle sera plus ou moins antérieure en
le patient installé. fonction de la chirurgie programmée (réparation de coiffe,
■
Le drainage de l'articulation peut être assuré acromioplastie).
par une aiguille intramusculaire longue ou un tro- En cas de passages répétés d'instruments, il est préférable
cart dans le triangle entre la clavicule en avant et d'utiliser une canule pour préserver le deltoïde ; de même
l'acromion en dehors et en arrière. Il faut traverser lors des sutures de coiffe, pour faciliter le passage et le repé-
le supraépineux pour arriver dans l'articulation. rage des fils de sutures.
■
Cette région peut être utilisée comme voie Cette voie peut être doublée, notamment pour la chirur-
d'abord instrumentale dans les lésions de la coiffe gie de la coiffe.
des rotateurs, notamment pour les passe-fils : c'est
la voie de Neviaser.
Trucs et astuces
134
15. Membre supérieur
Arthroscopie du coude
Le patient et installé en décubitus latéral, le coude fléchi à sur un coude fléchi, en étant toujours délicat compte tenu
90°, avant-bras pendant (figure 15.3). La même installation de la proximité du cartilage.
peut être obtenue décubitus ventral. Le diamètre conseillé
de l'arthroscope est de 4 mm. Certains laboratoires en pro-
posent une version courte. Abords antérieurs
Le premier temps consiste à dessiner les repères anato-
miques. La mise en place d'un garrot pneumatique facilite le
temps chirurgical et il est préférable de repérer le trajet des Abord antérolatéral
voies d'abord à l'aide d'une aiguille intramusculaire. Cette L'abord antérolatéral est la voie scopique classique du
aiguille pourra également être utilisée pour distendre l'arti- coude, qui permet une exploration de tout le comparti-
culation en injectant du sérum physiologique (de 10 ml à ment antérieur.
40 ml) (figure 15.4).
Seule la peau est incisée, le tissu cellulaire sous-cutané
sera dissocié à la pince puis le trajet sera complété par la
Technique
canule optique munie de son trocart mousse jusqu'à fran- Chez un patient en décubitus latéral, le coude est fléchi à
chir la capsule articulaire. La pénétration articulaire se fera 90°, l'avant-bras pendant. L'incision se situe à 1 cm au-dessus
Fig. 15.3.
Arthroscopie du coude. Installation en décubitus latéral.
Fig. 15.4.
Arthroscopie du coude. Éloignement des éléments vasculonerveux par la distension intracapsulaire au sérum physiologique.
1. Nerf radial. 2. Artère brachiale. 3. Nerf médian.
135
IV. Arthroscopie
■
Les veines superficielles peuvent être repérées
avant de gonfler le garrot.
■
Le nerf ulnaire peut également être dessiné.
Indications
Cette voie scopique permet une très bonne exploration de
tout le compartiment antérieur : apophyse coronoïde, par-
tie antérieure de la trochlée, condyle huméral.
Environ deux tiers de la tête radiale sont accessibles à la
vue par des mouvements de pronosupination.
Abord antéromédial
Fig. 15.5.
Arthroscopie du coude. Vue latérale.
Technique
1. Nerf radial. 2. Épicondyle latéral. 3. Tête radiale.
Le patient est installé en décubitus latéral, le coude fléchi à
90°, avant-bras pendant.
et 1 cm en avant de l'épicondyle latéral, dans une zone qui
L'incision se situe 1 cm au-dessus et 1 cm en avant de
correspond approximativement à la jonction condylora-
l'épicondyle médial (figure 15.6) et n'intéresse que la peau.
diale antérieure. La canule munie de son trocart mousse
Le trajet est d'abord matérialisé par une aiguille intramus-
est introduite et progresse en direction de l'articulation par
culaire longue puis il peut être réalisé par le trocart mousse
un mouvement associant une poussée et de petits mouve-
utilisé seul après que le tissu cellulaire sous-cutané a été
ments rotatoires. Il faut viser le centre articulaire et, après
dissocié à la pince.
avoir franchi la capsule, il faut progresser de manière tan-
La transillumination réalisée par l'optique peut aider à
gentielle aux reliefs osseux.
cette voie d'abord.
En fonction de la morphologie du patient et du geste
envisagé, la voie antérolatérale peut être plus proximale ou
distale (figure 15.5). La voie distale est alors relativement
proche du nerf radial et doit être réalisée avec l'avant-bras Risques
en pronation maximale. Les risques sont nerveux et vasculaires : le nerf médian
et l'artère brachiale, proches de la voie d'abord, seront
Risques éloignés par l'analyse des repères osseux, par la disten-
Les risques sont nerveux et vasculaires : le nerf radial, sion articulaire au sérum physiologique et l'introduc-
proche de la voie d'abord, sera éloigné par l'analyse des tion des instruments sous contrôle optique de la voie
repères osseux et l'introduction de la canule optique sur antérolatérale.
un coude fléchi ; les éléments vasculonerveux antérieurs
(nerf médian et artère brachiale) seront repoussés par la
distension articulaire première au sérum physiologique. Trucs et astuces
■
Il est possible de réaliser la voie antéromé-
Trucs et astuces diale par transfixion, à l'image de la technique
utilisée pour la voie antérieure de l'articulation
■
Les repères osseux à dessiner sont : gléno-humérale.
– le sommet de l'olécrane ; ■
L'optique est poussée au contact de la capsule
– les épicondyles ; à la partie médiale de l'articulation. Puis l'optique
– l'interligne huméroradial (par des mouvements est remplacée par un trocart mousse poussé à tra-
de pronosupination et avant de réaliser la disten- vers la capsule vers le repère dessiné à la peau qui
sion articulaire). sera incisée en regard du trocart.
136
15. Membre supérieur
Fig. 15.6.
Arthroscopie du coude. Vue médiale.
1. Épicondyle médial.
Indications
Cet abord permet une bonne exploration de la cavité arti-
culaire antérieure et de la tête radiale.
En inversant la voie optique et la voie instrumentale, il
est possible d'effectuer des gestes dans toute la partie anté-
Fig. 15.7.
rieure de l'articulation.
Arthroscopie du coude. Vue postérieure.
1. Tendon du triceps. 2. Nerf ulnaire. 3. Olécrane. 4. Tête radiale.
Abords postérieurs Utilisée comme voie pour l'optique, elle permet la visualisa-
tion de la tête radiale, que l'on fait défiler par des mouvements
Abord postérolatéral bas de prosupination. Il est possible de suivre le bord latéral de la
gouttière para-olécranienne, voire d'accéder au récessus tricipi-
Il peut s'agir d'une voie instrumentale ou scopique. tal, qui peut parfois servir de réservoir pour les corps étrangers.
Technique Risques
Le patient est installé en décubitus latéral, le coude fléchi à En raison de sa position superficielle, le risque prin-
90°, avant-bras pendant. L'incision est réalisée au niveau de la cipal, lors de l'introduction de l'optique, est de léser
zone avasculaire située entre la tête radiale, le capitellum et le cartilage. C'est pour cela qu'il est recommandé de
le bord latéral de l'olécrane (figure 15.7). L'incision est limitée n'utiliser que le mandrin mousse.
au derme, verticale ou horizontale, de quelques millimètres
de large. Les plans sous-cutanés sont dissociés à l'aide d'une Trucs et astuces
pince puis la chemise de l'arthroscope munie de son trocart
mousse est introduite en intra-articulaire et poussée pru- ■
Il faut bien palper les reliefs osseux avant toute
demment en direction du compartiment antérieur. distension en mobilisant le coude pour repérer
la tête radiale, le capitellum et le bord latéral de
l'olécrane, dessinant un triangle, véritable «soft
Indications point» postérieur du coude.
En dehors de la distension, cette voie est souvent utilisée ■
Pour une visualisation optimale, il faut utiliser
comme voie d'arrivée du liquide de perfusion. Elle peut la rotation de l'optique ; il est possible par ce seul
également être utilisée comme voie instrumentale pour mouvement de visualiser le capitellum et une par-
l'ablation de corps étrangers postérolatéraux. tie de la trochlée.
137
IV. Arthroscopie
Abord postérolatéral haut bord latéral du tendon tricipital (figure 15.7). Les principes
déjà évoqués sont à nouveau appliqués :
C'est la voie optique classique pour l'exploration posté- ● incision dermique uniquement ;
rieure du coude. Elle permet l'exploration du récessus trici- ● dissociation des tissus à la pince ;
pital, des gouttières latéro-olécraniennes, de la petite cavité ● mandrin mousse.
sigmoïde et de la facette articulaire postérieure de l'humé- La progression du mandrin se fera en direction de la fos-
rus (condyle, notamment) ainsi que de la tête radiale. sette sus-olécranienne.
Technique Risques
Chez un patient installé en décubitus latéral avec coude Jamais d'abord postéromédial en raison de la présence
fléchi à 90° et avant-bras pendant, l'incision se situe sur le du nerf ulnaire.
Arthroscopie du poignet
Les voies d'abord sont localisées à la face dorsale du morphologie du patient. Il existe des systèmes de traction
poignet en faisant référence aux six compartiments des dévolus à l'arthroscopie du poignet (tour de Whipple).
extenseurs. Le diamètre de l'optique sera de 1,9 mm, plus fin et plus
Le patient est installé en décubitus dorsal, le coude fléchi maniable, mais plus fragile et de champ de vision moins
à 90° ; les doigts sont suspendus en s'aidant de d'un ou deux important, ou 2,7 mm, plus résistant avec un meilleur
doigtiers mis sur l'index et/ou le majeur (figure 15.8). Dans champ de vision.
cette position, on peut réaliser une distraction en mettant Les autres instruments seront également adaptés à la
un poids au niveau du bras, le coude étant laissé libre — taille de l'articulation : palpeur, couteaux motorisés (dia-
sans dépasser 5 kg en règle générale, mais à adapter à la mètre inférieur ou égal à 3 mm), pinces ou encore trocart
(aiguille).
La distension articulaire est obtenue avec de petits
volumes de 10 à 15 ml. Les abords seront réalisés avec inci-
sion dermique uniquement puis dissociation sous-cutanée
avec une pince atraumatique.
Seul le mandrin mousse sera utilisé et son angle de
pénétration sera évalué sur la radiographie de profil pour
tenir compte de l'orientation, antéropostérieure, de la glène
radiale.
Par convention, les voies d'abord arthroscopiques du
poignet sont nommées en fonction des compartiments
contenants les tendons extenseurs entre lesquels elles sont
situées (figure 15.9).
Trucs et astuces
138
15. Membre supérieur
Fig. 15.9.
Arthroscopie du poignet. Voies d'abord du poignet et du médiocarpe.
Technique
Indications
Le point d'entrée se situe entre le long abducteur du pouce
C'est la première voie pour l'introduction du scope. Elle
et l'extenseur radial du carpe.
permet l'exploration du compartiment radial. Il faut lui
associer une voie instrumentale qui pourra devenir une
Risques voie optique en alternance pour compléter l'exploration de
Attention au rameau superficiel du nerf radial et à ses l'articulation.
branches. La proximité des collatérales dorsales de
l'artère radiale représente également un risque.
139
IV. Arthroscopie
Voie 6 R
«R» pour bord radial de l'extenseur ulnaire du carpe, à la
pointe de la styloïde ulnaire avec un accès direct au fibro-
cartilage triangulaire.
Voie 6 U
«U» pour bord ulnaire de l'extenseur ulnaire du carpe.
Risques
La branche dorsale de l'artère ulnaire et le rameau dor-
sal du nerf ulnaire représentent un risque potentiel.
Fig. 15.10.
Arthroscopie du poignet. Abord radiocarpiens.
1. Long abducteur du I. 2. Long extenseur du I. 3. Extenseur
commun des doigts. 4. Extenseur propre du V.
Indication
Cela peut être une voie accessoire ou, surtout, un point
d'introduction pour la mise en place d'une aiguille pouvant
faire office de drainage, ou un point de passage pour les
Trucs et astuces broches.
■
L'angle de pénétration du mandrin peut être
contrôlé par scopie peropératoire pour les pre- L'arthroscopie du poignet peut, en pratique courante,
mières procédures. permettre avec un scope et un palpeur :
■
Les repères doivent être contrôlés après mise en ■
un contrôle visuel de la réduction des fractures articu-
traction du poignet. laires (radius distal, scaphoïde) ;
■
une investigation précise des lésions ligamentaires
radiocarpiennes (ligament scapholunaire, complexe
fibrocartilagineux triangulaire) et cartilagineuses
Voie 4-5 (glène radiale, semi-lunaire et scaphoïde).
La réalisation de gestes thérapeutiques (résections
Technique osseuses, synovectomie…) impose de disposer d'une ins-
Le point d'entrée se situe entre l'extenseur commun des trumentation adaptée (couteaux motorisés de 3 mm) et
doigts et l'extenseur propre du V, dans une dépression une technique rigoureuse.
qu'on palpe au même niveau que la voie 3-4.
Risques
La pénétration du mandrin doit être délicate avec Abords médiocarpiens
de petits mouvements de rotation pour préserver le
cartilage. En général, deux voies médiocarpienne radiale et cubitale
sont suffisantes. L'exploration de l'articulation médiocar-
pienne doit être systématique pour toute arthroscopie du
Indications
poignet pour investigation ligamentaire.
La voie 4-5 permet de visualiser le compartiment ulnaire, Sur un poignet en distraction, il est préférable de repérer
mal exploré par la voie 3-4. L'association des voies 3-4 et 4-5 les voies d'abord qu'on souhaite utiliser avant de distendre
permet de réaliser une exploration satisfaisante de l'articu- l'articulation au sérum physiologique, ce qui peut faire dis-
lation radiocarpienne. paraître les repères anatomiques.
140
15. Membre supérieur
141
Chapitre 16
Membre inférieur
PLAN DU CHAPITRE
Arthroscopie de la hanche 144
Abord antérolatéral 144
Abords latéraux 145
Arthroscopie du genou 146
Abord antérieur supérolatéral 146
Abord antérolatéral 146
Abord antéromédial 148
Abord trans-tendineux de Gillquist 148
Abord supéromédial 148
Porte d'entrée postéromédiale 148
Arthroscopie de la cheville 150
Abord antérolatéral 150
Abord antéromédial 151
Arthroscopie de la hanche
La profondeur de l'articulation, les variations anatomiques
et la mise en traction rendent difficile le repérage précis
Abord antérolatéral
des points d'introduction. C'est pour cela que trois zones La voie antérolatérale est la voie scopique de référence car
d'abord ont été décrites, séparées par des lignes verticales : c'est l'abord le plus direct, en zone sûre et donc où une rela-
● une zone antérieure : en dedans de la verticale passant par tive mobilité du scope est possible. Elle a été décrite par
l'épine iliaque antérosupérieure, qui est en fait une zone interdite ; H. Dorfmann.
● une zone antérolatérale : située entre cette verticale et la ver-
ticale passant au niveau du bord antérieur du grand trochanter ;
Technique
● une zone latérale : située en dehors de cette dernière verticale.
L'arthroscopie de hanche est réalisée en décubitus dor- Les repères consistent en une ligne horizontale unissant
sal. Elle est facilitée par la décoaptation et donc le recours le bord supérieur du pubis et le sommet du grand tro-
à une table orthopédique (figure 16.1). L'utilisation d'une chanter et une ligne verticale passant par l'épine iliaque
curarisation associée à une anesthésie générale permet antérosupérieure. Le point d'introduction se situe à mi-
une traction moins importante. Certains gestes et certains distance entre le point d'intersection des deux lignes et le
patients ne l'imposent pas mais, si elle est réalisée, sa durée massif trochantérien (figure 16.2). En fonction de l'anté-
ne devra pas excéder, dans l'idéal, une heure ni 35 kg. version donnée au membre (matérialisé par la patella) et
Pour le matériel, un arthroscope standard de 4 mm est de la traction, la chemise munie de son mandrin mousse
le plus souvent suffisant. Des versions longues sont parfois sera orientée vers le bas. La progression peut être suivie
nécessaires chez les patients corpulents. en scopie.
Fig. 16.1.
Arthroscopie de la hanche. Installation sur table
orthopédique avec amplificateur de brillance.
144
16. Membre inférieur
Fig. 16.2.
Arthroscopie de la hanche. Abords de l'articulation coxofémorale.
1. Épine iliaque antérosupérieure (EIAS). 2. Ligne verticale naissant de l'EIAS. 3. Ligne horizontale unissant le pubis au massif trochantérien.
4. Massif tochantérien.
Abords latéraux
Indications
Technique L'association d'une voie optique latérale et d'une voie
Il existe plusieurs points d'introduction (figure 16.2) : instrumentale antérolatérale permet la réalisation :
● un point antérieur : situé au niveau de l'angle antéro ● d'un lavage articulaire ;
su périeur du grand trochanter, il traverse le faisceau ● de biopsie synoviale ;
antérieur du moyen fessier ; ● d'ablation de corps étrangers ;
● un point médian : situé au milieu du bord supérieur du ● d'exploration cartilagineuse et labrale.
moyen fessier, il traverse le moyen fessier en son milieu ; La chirurgie labrale et la gestion des conflits cervico-
● un point postérieur : situé au niveau de l'angle postérieur acétabulaires demandent une technique éprouvée de
du moyen fessier. l'arthroscopie de hanche.
145
IV. Arthroscopie
Arthroscopie du genou
L'articulation du genou est la plus facilement accessible à avec une lame de bistouri droite. Le mandrin est poussé
l'arthroscopie. Les voies d'abord antérieures en permettent parallèlement au bord supérieur de la rotule discrètement
une exploration aisée. Les voies rétroligamentaires sont plus orienté vers le cul-de-sac sous-quadricipital.
délicates mais utiles pour l'exploration du compartiment
postérieur. Indication
Avant le geste chirurgical, il faut préciser et analyser la
Il s'agit surtout d'une voie utilisée pour l'arrivée de sérum
position et la mobilité de la patella. Par ailleurs, les points
physiologique, qui peut également être utilisée comme voie
d'introduction doivent être anticipés en fonction du geste
optique pour aborder la rampe paracondylienne latérale.
à réaliser (racine postérieure du ménisque, plastie ligamen-
taire…). Le geste programmé conditionne également l'ins-
tallation du patient et l'utilisation d'un arthro-stress. Trucs et astuces
Un arthroscope de 4 mm et une optique à 30° per-
mettent de faire face à la quasi-totalité des situations. En débutant par cette voie pour distendre l'arti-
L'utilisation d'une arthro-pompe, plus ou moins sophisti- culation du genou, les autres abords antérieurs
quée, est plus confortable mais non indispensable. seront plus aisés à repérer car ils sont dessinés
Les antécédents du patient doivent être attentivement par la pression. Par ailleurs, la capsule va être éloi-
notés car ils peuvent entraîner des difficultés d'introduction gnée des surfaces cartilagineuses et la pénétration
(arthroscopies itératives, synovectomie, arthrite…). antérieure sera plus sûre vis-à-vis du cartilage.
Le gonflement articulaire peut être assuré par
une simple aiguille intramusculaire et du sérum
Abord antérieur supérolatéral physiologique.
Technique
Cette voie est réalisée sur un genou en hyperextension. Le Abord antérolatéral
point de pénétration est situé au bord supéro-externe de
la rotule sous le relief osseux de la rotule qu'une main fait La voie antérolatérale est la voie optique essentielle.
saillir en externe (figure 16.3). L'incision cutanée est réalisée
Fig. 16.3.
Arthroscopie du genou. Abord supérolatéral.
146
16. Membre inférieur
Technique
Elle est réalisée sur un genou fléchi au moins à 70°. Le point
d'entrée se situe au milieu d'un triangle délimité en dedans
par le ligament patellaire, en bas par le bord supérieur du
plateau tibial externe et en dehors par le relief du condyle
latéral (figure 16.4). L'incision est réalisée par un bistouri
froid lame étroite avec la partie tranchante vers le haut
pour une incision verticale — l'incision peut également
être horizontale. Une pince droite peut être utilisée pour
agrandir le passage capsulaire. La chemise de l'arthroscope,
munie de son mandrin mousse, est introduite en direction
de l'échancrure. Après le passage capsulaire, le genou est
étendu et la chemise est poussée délicatement en direction
du cul-de-sac sous-quadricipital en passant au niveau de
l'espace fémoropatellaire. Fig. 16.5.
Arthroscopie du genou. Angle de pénétration, abord
Risques antéromédial, vue horizontale.
Fig. 16.6.
Arthroscopie du genou. Angle de pénétration, vue sagittale.
En vert : la lame de 11 est oblique vers le haut avec la partie
tranchante tournée également vers le haut pour ne pas
endommager le segment antérieur du ménisque. En rouge :
une pénétration trop horizontale et/ou avec la partie tranchante
vers le bas peut présenter un danger pour le segment antérieur
du ménisque.
Trucs et astuces
■
La distension capsulaire première permet de
diminuer le risque cartilagineux.
■
Une incision verticale un peu haute présente
Fig. 16.4. moins de danger pour le ménisque. Le cas échéant,
Arthroscopie du genou. Abords antérieurs. elle peut être agrandie vers le bas. Ceci est moins
1. Patella. 2. Ligament patellaire. 3. Tubérosité tibiale. facile à corriger avec une incision horizontale.
147
IV. Arthroscopie
Abord antéromédial
La voie antéromédiale est la voie instrumentale essentielle. Abord supéromédial
C'est la porte d'entrée symétrique à la porte supéro-externe.
Technique
Cette voie d'abord est la symétrique par rapport au ten- Technique
don patellaire de la porte antéromédiale (triangle opposé).
Elle est réalisée sur un genou en hyperextension. Le point
Néanmoins, elle peut être réalisée sous contrôle de la vue.
de pénétration est situé au bord supéro-interne de la rotule
La transillumination réalisée par la voie optique permet de
sous le relief osseux de la rotule qu'une main fait saillir en
situer le point de pénétration dont le trajet sera matérialisé
interne. L'incision cutanée est réalisée avec une lame de bis-
par une aiguille intramusculaire. Il est alors possible d'inciser
touri droite. Le mandrin est poussé parallèlement au bord
la peau au bistouri froid, lame étroite, jusqu'à voir apparaître
supérieur de la rotule discrètement orienté vers le cul
la pointe dans le champ de vision. Il est utile d'agrandir le
de-sac sous-quadricipital.
passage capsulaire à la pince droite, ce qui facilitera le pas-
sage des instruments (palpeur, pince, couteau motorisé…).
Indication
Trucs et astuces En association avec la porte antéromédiale, elle permet
le nettoyage de la rampe paracondylienne médiale sous
La voie antéromédiale doit être réalisée au mieux contrôle de la vue.
des gestes à réaliser, surtout pour accéder au seg-
ment postérieur du ménisque médial. Bien des
genoux «serrés» sont le fait de points d'entrée Porte d'entrée postéromédiale
approximatifs (figures 16.5 et 16.6).
Elle est réalisée sous contrôle de la vue en rétroligamentaire
médial (figure 16.7). Elle permet une bonne visualisation
Abord trans-tendineux de la racine et du segment postérieur du ménisque médial
de Gillquist ainsi que de l'espace rétrospinal et de l'insertion tibiale du
ligament croisé postéromédial.
C'est une excellente voie d'appoint si le geste réclame une
troisième voie d'abord. Il faut en faire une voie optique — Technique
évitant le passage répété d'instruments à travers le tendon Cette voie doit être réalisée sous contrôle de la vue
patellaire. L'opérateur peut alors trianguler avec ses deux (figure 16.8). L'optique passe dans l'échancrure jusqu'à
autres voies antérieures. pouvoir visualiser la région postérieure du condyle médial
sur un genou fléchi à 90°. Une aiguille intramusculaire est
Technique introduite en arrière du ligament collatéral médial jusqu'à
Le point d'entrée se fait en plein milieu du tendon patellaire apparaître dans le champ de vision de l'arthroscope. La
au niveau de la ligne unissant les portes d'entrée latérale et peau est incisée au contact de l'aiguille puis une pince
médiale. Il se situe généralement 5 à 10 mm de la pointe de droite reproduit le trajet de l'aiguille jusqu'à pénétrer
la rotule. l'articulation.
148
16. Membre inférieur
Fig. 16.7.
Arthroscopie du genou. Abord postéromédial : voie rétroligamentaire médiale.
1. Ligament collatéral médial.
Fig. 16.8.
Arthroscopie du genou. Abord postéromédial : voie rétroligamentaire médiale. Cette voie doit être réalisée sous contrôle de la vue :
introduction d'une aiguille intramusculaire.
Arthroscopie de la cheville
L'arthroscopie de l'articulation tibiotalienne nécessite une Il est alors possible de distendre l'articulation avec 10 à
décoaptation, plus facilement réalisable sur un patient parfai- 15 ml de sérum physiologique.
tement détendu (anesthésie générale et curarisation). Cette L'incision est uniquement cutanée, puis les tissus sont
décoaptation peut être manuelle ou instrumentale (distracteur écartés à la pince jusqu'à la capsule articulaire, franchie par
mécanique ou sangles) (figure 16.9). Le garrot ne doit pas être la chemise munie d'un mandrin mousse.
positionné en jambe car son action sur le triceps place la che- Une simple aiguille intramusculaire peut faire office de
ville en équin. Les voies d'abord antéromédiale et antérolatérale drainage à ce stade.
permettent l'exploration de la majeure partie de l'articulation
talocrurale. Elles seront tour à tour scopique et instrumentale. Trucs et astuces
L'arthroscope standard de diamètre 4 est le plus souvent
utilisable mais il en existe des versions courtes dévolues à ■
L'utilisation d'un amplificateur de brillance peut
cette articulation. faciliter les premières procédures.
Il faut bien sûr dessiner les reliefs osseux et repérer les ■
Le repérage des tendons peut être réalisé avant
points d'introduction avant de distendre l'articulation. que le patient ne soit anesthésié en lui faisant bou-
ger le pied et les orteils sous le contrôle de la vue et
Abord antérolatéral par la palpation.
Technique Risques
Le patient est installé en décubitus dorsal. Le talon peut être Le risque essentiel est représenté par le nerf fibulaire
situé légèrement au-delà du bout de la table. Un coussin superficiel..
sous la fesse peut corriger la rotation externe physiologique La vasoplégie induite par l'anesthésie locorégionale
pour amener les deux malléoles dans le même plan. peut représenter une gêne pour la dilatation des veines
Le relief de la malléole latérale est dessiné ainsi que le en regard des portes d'entée
bord latéral de l'extenseur commun des orteils (ou du fibu- L'utilisation d'une distraction, trop importante ou pro-
laire antérieur). À jour frisant, il faut essayer de visualiser le longée, expose au risque post-opératoire de survenue
nerf fibulaire superficiel (figure 16.10). d'un syndrome douloureux régional complexe.
Fig. 16.9.
Arthroscopie de la cheville. Traction par
sangle.
150
16. Membre inférieur
Risques
Le risque essentiel est représenté par la veine saphène
interne et le nerf saphène. La transillumination per-
met de repérer la veine et de l'éviter lorsque le premier
abord est antérolatéral. L'utilisation d'un couteau
motorisé doit se faire avec la partie agressive tournée
vers les surfaces articulaires pour éviter toute lésion.
Indications
Combinée à la voie antérolatérale, cette voie permet l'explo-
ration du dôme du talus (avec une distraction suffisante),
l'ablation de corps étranger et le lavage de l'articulation de
Fig. 16.10. la cheville. Les gestes d'avivement des surfaces articulaires
Arthroscopie de la cheville. Abord antérolatéral. (arthrodèse) nécessitent souvent des distractions consé-
1. Malléole latérale. 2. Nerf fibulaire superficiel. 3. Interligne quentes et prolongées (traction transcalcanéenne, exofixa-
articulaire. 4. Extenseur commun des orteils.
tion, distracteur mécanique).
Indication
Risques
Cette voie permet d'explorer l'interligne talofibulaire,
notamment de mettre en évidence des incarcérations d'un La traction augmente l'espace talo-crural mais rap-
faisceau antérieur lésé du ligament collatéral latéral. proche les éléments vasculo-nerveux et les tendons de
En association avec la voie antéromédiale, elle permet la capsule articulaire. Il faut y penser lors de l'utilisa-
d'intervenir sur l'interligne talocrural. tion du couteau motorisé.
Abord antéromédial
Cette voie peut être alternativement voie instrumentale ou
voie scopique, en alternance avec la voie antérolatérale.
Technique
Le patient est en même position que précédemment. Les
repères doivent également être dessinés avant la distension
de l'articulation. Il faut repérer l'interligne articulaire et la mal-
léole médiale (figure 16.11). L'incision, uniquement cutanée,
se situe au bord médial du tendon du muscle tibial antérieur.
Une pince droite va dissocier les tissus jusqu'au contact de la
capsule. La chemise de l'arthroscope, munie de son mandrin
mousse, est ensuite introduite en intra-articulaire.
Trucs et astuces
Fig. 16.11.
Si cette voie est réalisée après la voie antérolaté- Arthroscopie de la cheville. Abord antéromédial.
rale, le trajet de la voie antéromédiale peut être 1. Malléole médiale. 2. Tibial antérieur. 3. Interligne articulaire.
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Index
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Index
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Index
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Index
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Index
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