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Théorème de point fixe de Brouwer

On se place dans Rd euclidien canonique. On note B ′ (resp. B) la boule unité fermée (resp. ouverte), et S la
sphère unité de Rd .
Théorème 1 (Brouwer). Soit f : B ′ → B ′ continue. Alors f admet un point fixe.
Lemme 2 (de non-rétraction). Il n’existe pas d’application φ : B ′ → S de classe C 1 telle que φ(x) = x pour
tout x ∈ S.
Preuve. Supposons qu’une telle application φ existe. dφ est alors continue sur le compact B ′ de Rd donc bornée.
Il existe 0 < β < 1 tel que 9dφ(x)9 6 1/β pour tout x ∈ B ′ . Grâce à l’inégalité des accroissements finis, φ est
1/β-lipschitzienne sur B ′ . Soit pour tout t ∈ [0, 1] et tout x ∈ B ′ , φt (x) := (1 − t)x + tφ(x).
t
1. Injectivité de φt . Soient t ∈ [0, β[ et x, y ∈ B tels que φt (x) = φt (y). Alors kx − yk = 1−t kφ(x) − φ(y)k 6
t t
β kx − yk où β < 1, donc x = y. φ t est injective pour tout t ∈ [0, β[.
t
2. Inversibilité de dφt . Soit t ∈ [0, 1[. φt est C 1 sur B et pour tout x ∈ B, dφt (x) = (1 − t)(Id + 1−t dφ(x)).
d d
Comme GL(R ) ∋ Id est ouvert il existe 0 < α < β tel que B(Id, α/β) ⊂ GL(R ). Or pour tout t ∈ [0, α[,
t
9 1−t dφ(x)9 < α β , donc dφt est inversible.
3. Un difféomorphisme de B dans B. Pour t ∈ [0, α[ on déduit donc du théorème d’inversion globale que φt (B)
est ouvert et φt réalise un C 1 -difféomorphisme de B sur φt (B). Or :
 φt (B) est un ouvert inclus dans B donc un ouvert de B.
 Soit (yn )n∈N ∈ φt (B)N convergeant vers y ∈ B : yn := φt (xn ) où xn ∈ B pour tout n ∈ N. Quitte à
extraire, on peut supposer que (xn )n∈N converge vers un point x ∈ B ′ . Par continuité de φt on a donc
φt (x) = y. Si x ∈ S alors φ(x) = x par hypothèse, donc y = φt (x) = (1 − t)x + tx = x ∈ / B, ce qui est

❘ absurde. Nécessairement x ∈ B et ainsi y ∈ φt (B).


φt (B) est ainsi un ouvert fermé non vide de B, qui est connexe, donc φt (B) = B.
4. Nullité du volume de B. Soit pour x ∈ B et t ∈ R[0, 1], J(x, t) := det(dφt (x)) = det((1 − t)Id + tdφ(x)).
J(·, t) est polynomiale en t, donc P : t ∈ [0, 1] 7→ B J(x, t)dx est polynomiale. Soit t ∈ [0, α[. Le caractère
C 1 -difféomorphe de φt montre que J(·, t) > 0 (J est continue sur B × [0, α[, ne s’annule
R pas et J(0, 0) = 1)
et nous permet d’effectuer le changement de variable y = φt (x) : d’où P (t) = B dyR = Vol(B). Ainsi le
polynôme P est constant car constant sur [0, α[. Mais alors Vol(B) = P (0) = P (1) = B det(dφ(x))dx. Or
pour tout x ∈ B, kφ(x)k2 = 1 donc Im(dφ(x)) ⊥ φ(x), et en particulier det(dφ(x)) = 0. Ainsi Vol(B) = 0,
ce qui est une contradiction.
Le lemme est ainsi démontré. 

Démonstration du théorème 1. Supposons ∀x ∈ B ′ , f (x) 6= x. Alors m := inf{kf (x) − xk | x ∈ B ′ } > 0.


Soit ε > 0. D’après le théorème de Stone–Weierstraß il existe une fonction h de classe C 1 sur B ′ telle que
kh − f k∞ < ε. Posons g := (1 + ε)−1 h, de sorte que kgk∞ 6 (1 + ε)−1 (kh − f k∞ + kf k∞ ) 6 1, et fixons ε assez
petit pour que kg(x) − f (x)k = (1 + ε)−1 (kh(x) − f (x) − εf (x)k) 6 2ε(1 + ε)−1 < m, ce qui implique g(x) 6= x.
Ainsi g est C 1 de B ′ dans B ′ et n’a pas de point fixe.
Contredisons à présent le lemme 2 en construisant φ de la façon suivante.
Soit x ∈ B ′ . Comme g(x) 6= x la demi-droite [g(x), x) coupe S en un • φ(x)
point φ(x) := g(x) + λ(x)(x − g(x)) où λ(x) > 1 vérifie kφ(x)k2 = 1, soit •
λ2 kx − g(x)k2 + 2λhx − g(x), g(x)i + kg(x)k2 = 1. Le trinôme du second degré • x
2 2 2
Tx (X) := kx − g(x)k X + 2hx − g(x), g(x)iX + kg(x)k − 1 a pour discriminant g(x)
×
hx − g(x), g(x)i2 + kx − g(x)k2 (1 − kg(x)k2 ) > 0, donc est scindé sur R. De plus O
le produit de ses racines est négatif et Tx (1) = kxk2 − 1 6 0, lim+∞ Tx = +∞,
donc Tx admet une unique racine λ(x) > 1. Le discriminant de Tx est donc en fait
strictement positif, et λ(x) s’exprime alors de façon C 1 par rapport à x. On a ainsi
construit une fonction φ : B ′ → S de classe C 1 telle que ∀x ∈ S, φ(x) = x, ce qui
est absurde. 

Références. [CLF]
152 Déterminant. Exemples et applications.
206 Théorèmes de point fixe. Exemples et applications.
214 Théorème d’inversion locale, théorème des fonctions implicites. Exemples et applications.
215 Applications différentiables définies sur un ouvert de Rn . Exemples et applications.
[CLF] Antoine Chambert-Loir et Stefane Fermigier : Analyse 2 : exercices.

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