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Chapitre 9 - Transformation pluie-débit

1. Pluviomètre :

C’est la mesure de la qualité des averses qui produisent le ruissellement de surface.


On distingue le pluviomètre moyen annuel, le pluviomètre moyen mensuel et le
pluviomètre journalier résultant d’une étude des pluies journalières des différentes
fréquences.
L’institut Nationale de la Métrologie (I.N.M.) donne les moyennes mensuelles
suivantes sur la période de 1961-1990 pour la station de Sfax.
Sep. Oct. Nov. Déc. Jan. Fév. Mars Avril Mai Juin Joui. Août Total
Sfax 24,1 56,4 22,9 29,3 22,7 19,4 23,3 17,6 9,2 4,4 1,8 5,6 236,7

Tableau 1. Pluviométrie moyenne mensuelle (Station de Sfax 1961 – 1990) ;

2. Période de retour :

La période de retour, T en années, d’un événement n’est autre que l’inverse de la


probabilité de sa récurrence au cours d’une année.
Pour les ouvrages routiers le choix de la période de retour de l’événement pluvieux
se fait parmi les valeurs du tableau suivant :
Routes Nationales Routes Régionales Routes Locales
(RN) (RR) (RL)
Ponts 100 ans 100 ans
Dalots 1à, 20 ou 50 ans * 10, 20 ou 50 ans * 10 ou 20 ans *
Fossés 5 à 10 ans 5 à 10 ans 1 à 2 ans
* selon l’importance du cours d’eau traversé
Tableau 2. Périodes de retour de l’évènement pluvieux.

3. Temps de concentration :

Le temps de concentration (tc) est le temps que met une goutte de pluie tombée au
point le plus éloigné du bassin versant pour atteindre l’exutoire de celui-ci.
Le temps de concentration est déterminé par la formule de Kirpich :
1 L1,15
tc   0,38
52 H
tc : temps de concentration en minutes.
L : distance en mètres entre l’exutoire et le point le plus éloigné du bassin versant.
H : dénivelée en mètres entre l’exutoire et le point le plus éloigné du bassin versant.
Le temps de concentration peut être aussi déterminé par la formule de Ventura-
Pssini :

S
t c  76
i
tc : temps de concentration en minutes.
S : surface du bassin versant (en Km²)
i : la pente moyenne du bassin versant (en cm/m).

4. Intensité de la pluie :

L’intensité de la pluie est déterminée à l’aide des courbes Intensité Durée


Fréquence (I.D.F.) qui sont ajustées, pour différentes périodes de retour des
averses, selon la relation suivante :
i  a  T b t c
i : intensité de la pluie (en mm/h).
T : période de retour de l’évènement pluvieux (en mois)
t : durée de la pluie (en mn)
a, b et c paramètres déduites des courbes IDF.
Pour différentes périodes de retour l’INM donne les valeurs a, b et c de la station de
Sfax.
a b c
Sfax 138.94 0.36 0.75
Tableau 3. Valeur de a, b et c de la station de Sfax

5. Estimations des débits de pointe :

L’estimation des débits de pointe permettant le dimensionnement des ouvrages


hydrauliques se fait par des méthodes rationnelles et empiriques présentant chacune
un domaine d’application bien défini et des conditions d’utilisation propres.
L’estimation des débits de pointe se base sur des observations hydrométriques pour
les cours d’eau à franchir. Faute de données hydrométriques, le calcul des débits est
effectué à partir des méthodes en usage en Tunisie.

a. Méthode des débits spécifiques : (S < 1 Km²)

Cette méthode est basée sur un débit spécifique de 15 m3/s/Km² appliquée à


des bassins versants dont la superficie est inférieure à 1 Km², sous réserve
d’examiner les cas particuliers et la possibilité d’implantation des ouvrages.
Les résultats trouvés peuvent être très divergents, en vérité la situation locale du
bassin versant joue un rôle primordial.

b. Méthode rationnelle (1 Km² < S < 250 Km²)

La méthode rationnelle est applicable à des petits bassins versants,


conditions de validité des études théoriques qui ont permis de mettre en œuvre cette
méthode.
On démontre ainsi que pour averse homogène dans le temps et dans l’espace,
d’intensité I, le débit maximum Q est atteint si la durée de l’averse est au moins
égale au temps de concentration (tc) du bassin versant.
La formule s’écrit :
I
Q  Ka Kr S
3,6
Q : débit de ruissellement (en m3/s)
Ka : coefficient d’abattement.
Kr : coefficient de ruissellement supposé constant pendant la durée de l’averse et
uniforme sur le bassin versant.
S : surface du bassin versant (en Km²)
I : intensité de la pluie pour le temps de concentration (tc)
Le coefficient d’abattement Ka est fonction de la surface du bassin versant suivant
le tableau 4.4 ci-après :
S (Km²) 1 à 25 25 à 50 50 à 100 100 à 150 150 à 250
Ka 1 0.95 0.90 0.85 0.80
Tableau 4. Coefficient Ka en fonction de la surface du BV.
Le tableau suivant donne les valeurs du coefficient de ruissellement Kr en fonction
de la pente et de l’indice de végétation du bassin versant et en fonction de la
période de retour choisie.
Période de retour 5 à 20 ans Période de retour 50 à 100 ans
Indice de végétation
Pente faible Pente forte Pente faible Pente forte
Plus de 50% du BV couverte de végétation 0.3 0.4 0.4 0.5
De 30 à 50% du BV couverte de végétation 0.4 0.5 0.5 0.6
Moins de 30% du BV couverte de végétation 0.5 0.6 0.6 0.7
Tableau 5. Coefficient Kr en fonction du BV et de la période de retour.

c. Méthode de Francou-Roudier (S > 200 Km²)

C’est un moyen assez commode pour l’évolution des crues exceptionnelles


pour les grands bassins versants, Francou-Roudier ont étudié les crues
exceptionnelles dans le monde et sont aperçus que pour une même région,
caractérisée par un coefficient K, les points représentants le débit Q en fonction de
la surface d’un bassin versant S sur un graphique bi logarithmique s’alignent et que
les différentes droites convergent vers le point (S0 = 108 Km², Q0 = 106 m3/s).
La formule s’écrit :
K
1
Q  S  10
 
Q0  S 0 

Q : débit de ruissellement (en m3/s)


K : coefficient de Francou-Roudier
Le coefficient K est fonction de la période de retour et de la région selon le
tableau 4.6. suivant :
Période de retour Nord tunisien Centre tunisien Sud tunisien
10 ans 2.4 4.29 4
20 ans 2.8 4.62 4.2
50 ans 3.1 4.95 4.5
100 ans 3.4 5.15 5
Tableau 6. Coefficient K en fonction de la région et de la période de retour.
6. Dimensionnement des ouvrages hydrauliques :

Les ouvrages hydrauliques sont soit longitudinaux acheminent les eaux de


ruissellement le long de la route, soit transversaux permettant le franchissement des
eaux sous chaussée.

a. Les ouvrages longitudinaux :

Les ouvrages longitudinaux permettent de recueillir les eaux de


ruissellement de la plate-forme et de ses abords immédiats et les acheminer le long
de la route vers les différents exutoires.
Les ouvrages longitudinaux sont présentés par les fossés latéraux revêtus ou
non de section triangulaire, trapézoïdale, carré ou circulaire.
La pente des fossés doit être supérieure à 20% sans toutefois dépasser les
4%. Quand elles dépassent cette dernière on doit prévoir des dispositifs dits « brise
pentes » en maçonnerie ou en béton.
Dans le cas où le fossé n’est pas revêtu, la vitesse de l’eau doit être
inférieure à la vitesse d’entraînement des particules des sols. Cette dernière dépend
de la granulométrie du sol et de sa nature, le tableau 4.7 donne les valeurs de
vitesses limites d’eau des particules des sols pour une hauteur d’eau de 1 m.
Diamètre des particules (en Vitesse limite
Nature du sol
mm) ou indice des vides d’entrainement (en m/s)
0.02 à 0.2 0.2 à 0.3
Sables 0.2 à 0.5 0.3 à 0.55
0.5 à 2 0.55 à 0.65
2à8 0.65 à 0.8
Gravillons
8 à 20 0.8 à 1
20 à 30 1 à 1.4
30 à 40 1.4 à 1.8
40 à 75 1.8 à 2.4
75 à 100 2.4 à 2.7
Cailloux
100 à 150 2.7 à 3.5
150 à 200 3.5 à 4.3
Argile très peu compacte 1,2 < indice des vides < 2 0.32 à 0.45
Argile peu compacte 0,6 < indice des vides < 1,2 0.7 à 0.9
Argile compacte 0,3 < indice des vides < 0,6 1.05 à 1.3
Argile très compacte 0,2 < indice des vides < 0,3 1.35 à 1.8
Tableau 7. vitesse limite d’entrainement des particules en fonction de la nature du
sol.
Il y a lieu de minorer ces valeurs de 5% tous les 25 cm pour les hauteurs d’eau
inférieures à 1m.
Le tableau 4.8 donne les valeurs de vmax en m/s et Qmax en m3/s pour les fossés de
forme usuelle les plus rencontrés.
L H vmax Qmax imax
Forme Schéma Revêtement 3
(m) (m) (m/s) (m /s) (%)
sans 0.50 0.50 1.56 0.78 2.75
sans 1.50 0.75 1.92 1.08 2.40
Triangulaire

avec 1.00 0.50 3.81 1.90 3.00


avec 1.50 0.75 4.08 2.29 2.00

sans 1.25 0.50 1.56 0.48 2.56

sans 1.87 0.75 1.91 1.35 2.24


Trapézoïdale

sans 1.50 0.50 1.80 0.90 2.18

sans 2.25 0.75 2.21 1.10 1.90

avec 0.40 0.20 3.66 0.23 4.50


Circulaire

avec 0.60 0.30 3.91 0.55 3.00


avec 0.80 0.40 3.86 0.97 2.00
avec 1.00 0.50 3.88 1.53 1.50
avec 0.40 0.40 3.65 0.59 4.00
Carré

avec 0.60 0.60 3.77 1.36 2.50

avec 0.80 0.80 3.55 2.27 1.50

Tableau 4.8. Valeurs de vmax et Qmax pour les fossés usuels


b. Les ouvrages de franchissement :

Le franchissement d’un cours d’eau par une route nécessite l’implantation


d’un ouvrage hydraulique capable d’évacuer les débits de crues aux différents
exutoires. Ces ouvrages sont répartis en deux classes :
- les ouvrages submersibles (cassis) pour franchir les écoulements faibles et
les oueds qui ont des lits trop de hauteur à 30 cm et qui ne se chargent que
pendant les crues,
- les ouvrages non submersibles (dalots, buses, …) permettant le
franchissement des grands oueds. Ils doivent être conçus pour permettre le
transit des débits de crues sans risque de déversement sur la route.
Le choix de l’ouvrage dépend des caractéristiques hydrauliques et géométriques
des crues d’eau. Les dimensions données à l’ouvrage dépendent essentiellement des
facteurs suivants :
- débits de crue,
- morphologie du lit et fonctionnement hydraulique,
- profil en long de la route au droit franchissement.
Ainsi, pour un même débit de crue, l’ouverture et le type de structure pourront être
très différents selon que le lit est marqué ou non, qu’il y a possibilité de stockage
des points de crue ou non et que la plate-forme de la route est proche du terrain
naturel ou en grand remblai.

c. Dimensionnement des cassis :

Pour calculer la largeur du cassis, on admet que le régime d’écoulement est


uniforme sur une hauteur d’eau maximale de 30 cm. On utilise la formule de
Manning-Strickler avec un coefficient de rugosité K égale à 70 et on écrit :
2 1
Q  K S Rh 3 i 2

Q : débit de ruissellement à transiter (m3/s)


K : coefficient de rugosité de Strickler (K=70)
S : section mouillée (m2), (S=L × 0,3)
L : largeur du lit du cassis
0,3 L
Rh : rayon hydraulique (m), ( Rh  )
L  0,6
i : pente du lit du cassis

d. Dimensionnement des dalots :

On distingue deux méthodes de calcul : le calcul en écoulement


uniforme et le calcul en déversoir auxquelles il faut ajouter le calcul en
écoulement uniforme.

- Calcul en écoulement uniforme : est valable dans le cas où l’ouvrage


encadre parfaitement un lit bien marqué. On admet que le régime est
uniforme dans l’ouvrage est on utilise la formule de Manning-Strickler avec
un coefficient de rugosité K égale à 70 et on écrit :
2 1
Q  K S Rh 3 i 2

Q : débit de ruissellement à transiter (m3/s)


K : coefficient de rugosité de Strickler (K=70)
S : section mouillée (m2),
L : largeur du lit du dalot
Rh : rayon hydraulique (m),
i : pente du lit du dalot.

- Calcul en déversoir : est valable lorsque l’ouvrage ne cadre pas, avec un


écoulement peu marqué se faisant sur une grande largeur et sous faible lame
d’eau. On assimile le dalot à un déversoir à seuil épais placé à l’aval d’un
réservoir.

L’apparition de cette singularité dans l’écoulement fait passer la


ligne d’énergie (E = h +v2/2g) par un minimum ou un maximum local
(dE/dh=0) ce qui entraine d’une section critique qui permet de faire transiter
le débit maximal.
Q2L
Le calcul classique en section critique montre que : 1
g S3
Où L est la largeur en section critique et S la section mouillée en prenant :
S = hc.L
Q = S Vc
vc2
On déduit que : hc 
g
vo2 vc2
H  hc 
2g 2g
Et en écrivant la loi de Bernoulli :
vo2 3
H  hc
2g 2
3 2
En supposant que vo =0, on peut obtient : H  hc ou hc  H
2 3
3
3 2 2 3 3
Et par suite : Q  S vc  hc L hc g  hc L g  L H  
2
g  1,7 L H 2
2

3
Ce calcul montre que l’écoulement à l’intérieur du dalot peut être torrentiel (à la
limite du critique), à l’aval le régime d’écoulement redevient fluvial. Ce passage
d’un régime à un autre s’accompagne d’une dissipation d’énergie s’effectuant sous
forme de création d’un ressaut qui pet mettre en péril l’ouvrage si une protection
suffisante n’est pas prévue.
Pour tenir compte des pertes de charges dues à l’entonnement dans l’ouvrage, on
3
adoptera la formule : Q  1,6 L H 2

Q : débit de ruissellement à transiter (m3/s)


L : largeur du lit du dalot
H : hauteur d’eau à l’amont du dalot.
La vitesse de l’eau dans le dalot est v  2,4 H

- Calcul en écoulement critique : on étudie la variation de la charge


spécifique en fonction du tirant d’eau pour un débit Q constant :

v2 Q3
Hs  y   y
2g 2 g.S 2
dH S
dy
Q3
 1  2  2.S 3
S

dS
dy

S  L. y
dS
L
dy
dH S Q 2 .L
 1  1  Fr2
dy g.S 3
Où Fr est le nombre de Froude qui caractérise les écoulements à surface
libre.
Calcul en écoulement critique, on peut écrire :
dH s
0
dy
1  Fr2  0
Fr  1 et i  ic
Q 2 .L  g .S 3
4
K 2 .S 2 .Rh 3 .ic .L  g .S 3
g.S
Pente critique : ic  4
K 2 .Rh 3 .L
La pente du radier du dalot i doit être inférieure à la pente critique ic
indiquée ci-dessus.

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