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HMESFC1- Contrôle des connaissances novembre

2021

Sujet traité : A

La capacité de la mémoire de travail et son


développement

Krid baya

Numéro étudiant : 22013436

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Synthèse
L'émergence du terme “ Mémoire de travail” (MDT), paraît remonter en 1960 (Miller, Galanter
& Pribram, 1960), quoique le concept lui-même soit apparu quelques années plus tôt
(Johnson,1955). Cette mémoire de travail se caractérise par un stockage temporaire et un
traitement actif simultanés d’information, par ailleurs, elle se diffère de la mémoire à court
terme qui est définie par la seule activité de stockage. Afin de mesurer la capacité à retenir
l’information, plusieurs tests ont été proposés, il s’agit bien des tâches d’empan de comptage
(Case, Kurland & Goldberg, 1982), d’empan d’opération (Turner & Engel, 1989), ou d’empan
de lecture (Daneman et Carpenter, 1980).
Il a été montré qu’en moyenne, une personne peut retenir entre 4 (Cowan, 2001) et 7
(Miller,1956) d’informations en MDT. En revanche, il s’agit bien d’une estimation, car il existe
des différences interindividuelles de cette capacité de MDT qui sont stable dans le temps
(Ilkowska&Engel,2010). C’est-à-dire certaines personnes ont une capacité de MDT plus
importante que d’autres. De plus, la mémoire de travail est un concept qui intéresse plusieurs
chercheurs dans la mesure où celle –ci semble être au centre des questions concernant les
facteurs de l’accroissement développemental des empans.
Dans ce sens, l’étude menée par Cowan et al. (1999), qui consiste à comparer chez des enfants
de 7 ans, 11 ans et chez des adultes la mémorisation d’une liste de chiffres pendant qu’ils jouent
à un jeu vidéo, montre que le nombre de chiffres retrouvé ne dépend pas de la longueur des
listes mais évolue avec l'âge, de 2,41 à 7 ans à 3,13 à 11 ans et 3,56 chez les adultes.
De plus, l’étude menée par Samuels, Begy, et Chen (1976), montre que le temps minimal
nécessaire pour identifier des mots fréquents passe de 44 ms à 10 ans à 23 ms chez les adultes.
Aussi, l’étude de Case, Kurland, et Goldberg (1982), qui consiste à évaluer la vitesse de
traitement des mots, en demandant aux enfants de répéter des mots auditivement présentés et
en mesurant la latence de répétition, met en évidence non seulement, que cette vitesse variait
d’environ 1100 ms à 740 ms entre 3 et 6 ans mais aussi était fortement corrélée avec l’empan
des mots. De même, cette corrélation reste importante même quand l’effet de l'âge était
contrôlé.
Vu ces données, il s’avérer nécessaire de s’interroger sur les différents modèles de la mémoire
de travail, les différents facteurs expliquant les différences interindividuelles de la capacité de
MDT, ainsi que sur les principaux modèles qui permettent de rendre compte du développement
de la mémoire de travail.

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Discussion :
La mémoire humaine est un domaine qui a intéressé beaucoup de chercheur. En 1890, James
distingue deux types de mémoires, une mémoire primaire qui est aujourd'hui nommée la
mémoire à court terme ou mémoire de travail, cependant cette mémoire est très limitée, elle
peut conserver chez l’adulte en moyenne de 7 plus au moins 2 items (Miller, 1956) et une
mémoire secondaire qui était capable de stocker une quantité d’informations pendant une durée
illimitée.
Le concept de la mémoire à court terme a été fondé sur la mémoire primaire de James (1890).
Par ailleurs, le terme de MCT est issu des modèles de traitement de l’information (Atkinson &
Shiffrin, 1968). En effet, nous pouvons définir la mémoire court à terme comme un système
mnésique de capacité limitée qui sous-tend la réalisation de tâche qui nécessite le maintien en
mémoire d’informations disponibles pour un traitement immédiat.
Vers les années 1970, l’observation de Warrington et Shallice de plusieurs patients dont le
patient KF, met en évidence une dissociation inverse (Perturbation sévère de la mémoire à court
terme et fonctionnement préservé de la mémoire à long terme) à celle du patient HM ce qui
remet en cause la conception sérielle proposée par Atkinson et Shiffrin, selon laquelle,
l’information passe par la mémoire à court terme avant d’accéder à la mémoire à long terme. Le
système unitaire de la mémoire à long terme explose en plusieurs systèmes, comme le montre
le modèle « sériel, parallèle, indépendant » proposé par Endel Tulving (1995). Par rapport à la
mémoire de travail, cette dernière a été favorisée par l'émergence d'un nouveau modèle proposé
par Baddeley et Hitch en 1974, qui a joué un rôle important dans la modélisation de la mémoire
de travail.
En effet, le modèle énoncé par Baddeley et Hitch (1974) met en évidence un système qui
comporte de multiples composants. Dès sa version initiale, le modèle comporte trois
composantes, un système de contrôle qui est l’administrateur central, qui assure la sélection, la
coordination, et le contrôle des opérations de traitements et deux systèmes esclaves qui
permettent le stockage des informations de façon spécifiques, en fonction de la nature du
matériel : la boucle phonologique qui chargée par le maintien de l’information verbale et le
calepin visuospatial qui assure le maintien de l’information visuospatiale.
Récemment, Baddeley (2000) a proposé d’ajouter à la structure originelle de son modèle un
nouveau système temporaire de stockage, contrôlé par l’administrateur central : le buffer
épisodique. Ce buffer est épisodique car il stocke les épisodes dans lesquelles l’information est
intégrée dans l’espace et le temps. Cette introduction du buffer, accentue non seulement le rôle
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de la coordination des informations mais aussi les liens entre la mémoire de travail et la
mémoire à long terme.

Par conséquent, le modèle Baddeley continue d'évoluer au fil du temps, tout en gardant la
structure de multiples composants, et rejette l'idée que la mémoire de travail n'est que la partie
active de la mémoire à long terme comme le montre les conceptions unitaires. Comme par
exemple le modèle de Cowan (1999), qui contrairement à Baddeley, ne propose pas une
définition structurelle mais plutôt fonctionnelle de la mémoire de travail.

Afin d’expliquer les déterminants possibles des différences interindividuelles de la capacité de


la MDT, plusieurs facteurs ont été proposé par la littérature. Certains auteurs soutiennent l’idée
des fonctions attentionnelles comme une aptitude à inhiber l’information de manière pertinente
(Hasher, Zacks &May,1999), ou l’idée d’une aptitude générale de contrôle attentionnel (Engel,
Tuholski, Laughlin, & Conway, 1999) d’autres mettent l’accent non seulement sur l’idée d’une
aptitude de contrôle attentionnel mais aussi sur une aptitude à récupérer les informations à
travers l’utilisation des indices. Dans ce sens, Unsworth et Engel (2007), supposent que les
participants avec des faibles capacités de mémoire de travail sont moins efficaces dans
l’utilisation d’indice afin de récupérer des informations en mémoire secondaire, par rapport à
ceux qui ont une forte capacité de MDT.

En ce qui concerne le développement de la mémoire de travail, on remarque dans les modèles


proposés, une opposition entre les conceptions unitaires et modulaires de la mémoire de travail.
Case (1985), explique ce développement par le phénomène ‘Trade off ‘. Ce modèle, met
l’accent sur la conception unitaire de la mémoire de travail, c’est-à-dire un système unitaire
dans laquelle une ressource limitée et unique qui serait partagée entre les fonctions de traitement
et de stockage. Selon lui, avec l’exercice ainsi que la maturation, les traitements deviennent de
plus en plus efficaces et peu coûteux nécessitant une moindre quantité de ressources
attentionnelles pour être effectué, et par conséquent, il y a une diminution avec l'âge de l’espace
occupé par les traitements et une augmentation de l’espace de stockage permettant de maintenir
un nombre élevé d’éléments en mémoire.
Ensuite, à l’inverse de Case, les études menées par Towse et Hitch (1995) soutiennent la
conception modulaire de la mémoire de travail. D'après eux, la taille des empans en mémoire
du travail dépend de la rapidité d’exécution de la tâche de traitement et par suite leur
accroissement développemental serait dû au fait que les sujets âgés sont plus rapides que les
jeunes enfants. Baddeley (1986), quant à lui, suggère que l’accroissement des empans avec l'âge
est lié au fonctionnement de la boucle phonologique et l’augmentation avec l'âge de la vitesse

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de répétition. Il stipule que les enfants plus âgés pourraient rafraichir davantage de mots avant
leur disparition complète du registre phonologique et par conséquent ils peuvent obtenir de
meilleures performances de rappel.
En guise de conclusion, le développement de la mémoire de travail, de sa capacité ainsi que son
fonctionnement, semblent être un aspect important du développement cognitif qui a fait l’objet
de nombreuses recherches empiriques et élaborations théoriques.

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Références Bibliographiques
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