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Fondements référentiels

et théoriques des apprentissages:

Préparé par : Dirigé par :


LABAZI Azouz KRIKEZ Abdellah
KHOUILED Mohammed

2009/2010
Introduction

La psychologie de l’apprentissage s’est vue accorder une importance

capitale dans le domaine de l’éducation. A ce titre Maurice Debesse note que:

« l’importance de la psychologie de l’enfant dans l’éducation n’est plus contestée

aujourd’hui. Officiellement, il est admis que toute pédagogie doit reposer sur des

bases psychologiques » en vue de l’acquisition d’une relation interactive

multiforme :

-D’ordre pédagogique, entre l’enseignant et ses élèves.

-D’ordre didactique, entre le savoir et l’élève.

-D’ordre social, entre l’élève, le système éducatif et l’environnement de l’école.»

Dans le but, de distinguer les postulats sur lesquels reposent les différentes

théories de l’apprentissage, nous allons vous exposer l’une de ces théories à

savoir « le Cognitivisme ».

I / Pourquoi s’intéresser à la psychologie de l’apprentissage ?

On voit au moins trois raisons pour qu'un enseignant s'intéresse à la

psychologie des apprentissages :

- La première a trait aux choix pédagogiques fait par l’enseignant : Les textes

officiels précisent que le professeur dispose d'une certaine autonomie dans ses

choix pédagogiques. Toutefois, il faut se donner les moyens de faire réellement

des choix.

- La deuxième concerne l'enseignant en tant que décideur :


La complexité des situations auxquelles l'enseignant est confronté le conduit à

prendre des décisions sans que les raisons de ces décisions soient toujours bien

claires. En plus, la classe est un lieu de fortes incertitudes et les problèmes qui s’y

posent ne sont pas toujours formulables d'une manière suffisamment

opérationnelle pour que des solutions satisfaisantes soient immédiatement

envisageables.

- La troisième tient au métier de l'enseignant : métier complexe, diversifié,

constamment évolutif d'où la nécessité :

- de compléter et d'actualiser ses connaissances,

- de repenser ses démarches,

- de mener une réflexion sur ses pratiques professionnelles.

II / Cadre historique du cognitivisme :

Depuis 1930 environ, une controverse entre, d’un côté, les adeptes du

Béhaviorisme comme théorie d’apprentissage se basant sur le principe de

Stimulus/Réponse et le principe scientifique de la salivation de Pavlov ; de

l’autre côté, les psychologues qui confirment l’incapacité de ces principes.

Ainsi, la théorie cognitive voit le jour tout en s’intéressant à « la vie mentale du

sujet», « ses états de consciences » et « les mécanismes de son activité»,

autrement, aux « opérations mentales » qu’effectue ce dernier.

L’un des fondateurs de cette théorie c’est Jérôme seymour Bruner, né à

New york en 1915, docteur à Harvard en 1941, fût l’un des fondateurs de cette

théorie. Inspiré des travaux menés par Jean Piaget sur l’intelligence, il s’est

focalisé sur l’étude du fonctionnement de la pensée.


Soucieux de dépasser leur rival, à savoir l’URSS, pendant la guerre froide, les

américains ont, enfin, fait place à l’amélioration du système éducatif proposé par

Bruner. Ainsi, sous la direction de ce dernier, la réunion portant sur la réforme

de l’enseignement a eu lieu en 1959.

Après avoir publié son livre « Processus de l’éducation » en 1960, il a fondé le

premier « centre des études cognitives », qui sera par la suite le lieu de

lancement de recherches plus approfondies sur la cognition. Cette époque a

connu l’instauration des sciences cognitives

On cite, entre autres et brièvement, trois études des plus grands chercheurs de ce

courant : Gagné, Ausubel et Tardif. Chacun d’eux a élaboré un model

d’apprentissage relatif à sa conception de la théorie cognitive tout en accordant

la priorité aux principes suivants :

Gagné :

 Les différents principes de renforcer l’acquisition des connaissances

 Les éléments de base de la théorie de l’information

Ausubel :

 Relations entre la structure cognitive du sujet, le contenu à acquérir et les

modalités de transmission des connaissances

Tardif :

 Les stratégies cognitives d’apprentissage

 L’engagement cognitif et affectif (motivation dans l’espace scolaire)*

 Les catégories de connaissance  

*la motivation :
Définition : état dynamique qui prend origine au niveau des perceptions qu’un

élève a de lui-même et de son environnement. Ce dernier l’incite à choisir une

activité, à s’y engager et persévérer dans son accomplissement visant son but à

atteindre.

Types de motivation :

Extrinsèque : basée sur les récompenses et les punitions.

Intrinsèque : tributaire aux intérêts, aux besoins et aux buts intérieurs de la

personne.

III  / La théorie cognitiviste :

1- Définitions et origines :

Le mot « cognitif » isolé signifie ce qui a rapport avec la connaissance.

Les sciences cognitives ou le cognitivisme signifie « façon nouvelle de concevoir le

psychisme comme système de traitement de l’information sur le modèle de

l’ordinateur. » (Intelligence artificielle développée par les américains). L’objet

d’étude du cognitivisme c’est les « processus mentaux » : sélection de

l’information, son interprétation, sa confrontation avec les autres connaissances

déjà stockées et l’élaboration de stratégies.

☺Pourquoi le pluriel ? Les sciences cognitives est un courant de recherche


scientifique qui regroupe plusieurs disciplines telles que sciences du cerveau,

psychologie, linguistique et informatique…) elles ont le même objet d’étude, mais

chacune d’elle maintient la spécificité de son objet et de sa méthodologie propre

à elle.

2- Le fonctionnement de la mémoire :
La perspective cognitiviste, dans le sens de processus et de produits,

privilégie l'étude du fonctionnement de l'intelligence, l’étude de l'origine de nos

connaissances ainsi que l’étude des stratégies employées pour assimiler, retenir

et réinvestir les connaissances. Elle s'intéresse essentiellement à la perception,

au traitement en mémoire, au langage, et ce, en étudiant le fonctionnement

du cerveau. Elle prend en compte la transformation de l’information de sa

nature physique en une information de nature mentale ou psychique et considère

l’esprit comme un opérateur de représentations, de procédures, de réactions et

de constructions du savoir. Voir Legendre (1993), Gauthier et Tardif (2000)

Cette théorie s'inspire du modèle de fonctionnement de l'ordinateur pour

expliquer comment la mémoire recueille, traite et emmagasine les nouvelles

informations et repère, par la suite, ces informations. Dans cette optique, le

cognitiviste considère les processus mentaux comme responsables de cette

succession d'étapes du traitement.

3- les domaines explorés par la psychologie cognitive sont :

► La perception:

Le cerveau fait un tri parmi la masse considérable de données issues de

l’information. Ce filtre est nécessaire, il marque la différence entre voir et

regarder, entendre et écouter.

► La mémoire:

Grâce aux travaux de la psychologie cognitive, il est devenu évident que la

mémoire comporte de multiples facettes. On a, ainsi, juxtaposé mémoire à court


terme (utile, par exemple. pour se souvenir du numéro de téléphone que l’on doit

composer) et mémoire à long terme. La mémoire à court terme est considérée

comme un récepteur passif, elle est en fait assez complexe et a donc été nommée

mémoire de travail. On distingue également la mémoire lexicale (qui se rattache

au " par cœur ") et la mémoire sémantique qui concerne le sens des mots). Cette

dernière joue un rôle nettement plus important que la mémoire lexicale.

► Les représentations:

Nous nous forgeons, au fil des ans, une représentation du monde environnant,

parfois éloignée de la réalité. Ce courant de recherche rejoint la psychologie de

l'apprentissage. En effet, certains auteurs considèrent que l'enseignant doit tenir

compte des représentations de l’élève afin de confronter judicieusement ce

dernier avec des informations nouvelles en vue d'un changement de conceptions.

► La résolution de problèmes:

La psychologie cognitive a montré que deux types de stratégies peuvent être

utilisés pour résoudre un problème. Dans l’un, le sujet part du but à atteindre et

le décompose en sous-buts successifs. Dans l’autre, le sujet déduit (en général

par analogie avec une situation connue) un plan d'action, puis s’approche de la

solution par corrections successives.

4- Principes généraux :

 Structure cognitive mise en place : notion de connaissances antérieures.


 Les processus font appel aux récepteurs sensoriels et aux diverses formes de

la mémoire : mémoire à court et long terme.

 On suppose qu'une organisation hiérarchique des connaissances s'effectue au

niveau de la structure cognitive. Voir Goupil et Lusignan (1993), figure 3.3 p.61

5- Le modèle cognitif :

Les cognitivistes partent aussi de l’idée que l’environnement est un

ensemble de stimuli qui prévoient des réponses, mais dans une connotation tout à

fait différente de celle conçue par la théorie comportementale. Selon Bruner, la

réponse est une activité de catégorisation suivie d’une prise de décision.

En effet, le sujet humain, par le biais de perception, transforme les

caractéristiques physiques du stimulus en informations mentales. Autrement dit,

à partir des informations sensorielles on extrait des propriétés symboliques telles

que : forme, couleurs, surface, goût… bref tout ce qui permet, en fait, de faire

entrer cet objet dans une catégorie donnée.

Supposons qu’un objet était factice, artificielle. La perception visuelle serait peu

fiable, toutefois, la perception tactile corrigera aisément cette erreur. Le sujet

décidera donc de le prendre dans telle ou telle catégorie. La perception favorise,

donc, une prise de décision mentale à partir de référents physiques.

6- exemples de prédécesseurs du cognitivisme :

◙ Piaget s'intéresse principalement à tous les aspects internes des opérations et

associations cognitives mises en oeuvre lors du processus de développement de

l'intelligence humaine. Il établit quarte stades de développement chez l’élève


comme suit: sensori-moteur, préopératoire, opératoire concret et opérations

formelles :

●La phase sensori-motrice (de la naissance à deux ans) : caractérisée par la

découverte de l'espace, des objets et des êtres, à travers la perception et le

mouvement.

●La phase prélogique, symbolique ou préopératoire (deux ans à sept ou huit

ans) : au cours de laquelle l'enfant commence à élaborer des représentations

mentales. Il peut jouer à des jeux de fiction (par exemple la dînette avec des

herbes comme aliments).

●La phase opératoire concrète (sept-huit ans à onze-douze ans): au cours de ce

stade, l'enfant acquiert la notion fondamentale de conservation (de poids, de

volume): il comprend qu'un liquide garde la même quantité si on le transvase

d'un verre large dans un autre plus étroit (alors que dans ce dernier cas, le

niveau est plus élevé).

●La phase opératoire ou formelle (à partir de douze ans) : caractérisée par

l'accès véritable à l'abstraction: l'enfant est capable de raisonner sur un

problème en posant des hypothèses à priori. L'intelligence se construit grâce au

processus d’équilibration des structures cognitives, en réponse aux sollicitations

et contraintes de l'environnement. Deux actions y contribuent, l'assimilation et

l’accommodation. L’assimilation est l'action de l'individu sur les objets qui

l'entourent, en fonction des connaissances et aptitudes acquises par le sujet.

L’action du milieu sur l'organisme, appelée accommodation, c’est elle qui

déclenche des ajustements actifs chez ce dernier.


Piaget élabore sa théorie de développement sur la base d'un système

d'opérations pour qui l'apprentissage n'est rien d'autre que l'établissement de

l'équilibre entre le milieu et l'organisme et c'est l'action qui établit cet équilibre.

◙ VYGOTSKY (1896-1934), Psychologue russe, insiste surtout sur la

composante sociale :" Dans notre conception, dit-il, la vraie direction de la

pensée ne va pas de l'individuel au social, mais du social à l'individuel. "

Selon lui, les activités réalisées au sein d’un groupe-classe et dans un

environnement social contribuent au développement mental de l’élève. Il

considère que chacune de ces activités apparaît deux fois au cours du

développement de l'enfant: tout d'abord dans une activité collective soutenue par

l'adulte et le groupe social; dans un deuxième temps, lors d'une activité

individuelle, et elle devient alors une propriété intériorisée de l'enfant. Le rôle de

l'enseignant est important puisque " ce que l'enfant est en mesure de faire

aujourd'hui à l'aide des adultes, il pourra l'accomplir seul demain. ".

Le schéma suivant nous permettra de clarifier les différentes étapes du modèle


cognitif :

Entrée 
Perception : Traitement
Informations sensorielles Mémoire : activation des acquis –Hypothèse –
vérification et constitution d’une
représentation sémantique
Sortie
Catégorisation –décision d’action
-élaboration de nouvelles
connaissances

NB : les informations sensorielles se dirigent d’abord vers la mémoire

sensorielle, par la suite, à la mémoire à cours terme. A cette étape, le sujet

humain commence à détecter l’objet en recherchant les indices qui lui

permettent une catégorisation provisoire dite : hypothèse. Enfin, l’activité

exploratrice permet l’affirmation de l’hypothèse, ce qui mènera à la localisation

de l’objet en question et à l’élaboration de nouvelles connaissances qui seront

classées dans la mémoire à long terme.

IV/ Implications du cognitivisme dans l’enseignement-


apprentissage :

Ainsi, la didactique de la lecture/compréhension a pris appui sur le

principe de la représentation mentale et sur la construction de ces mécanismes

mis en œuvre pour accéder à lire et à comprendre. Pour ce faire, on procède par

l’approche globale. Celle-ci suppose que l’élève possède déjà des stratégies de

lecture propre à lui avec lesquelles il effectue un traitement d’autres nouvelles

informations dans un autre nouveau texte. Autrement dit, pour lire et

comprendre un texte, il faut que l’apprenant construit des représentations


psychiques de ce qui pourrait être le sens d’un texte donné ensuite procéder au

traitement de ces représentations en les confrontant ou en les assimilant à

d’autres préalablement stockées. Ce traitement peut être linguistique, iconique,

social, psychologique… Voire le lecteur peut et doit effectuer des ajustements

progressifs, des éliminations et des remplacements de ses représentations

premières jusqu’à obtenir une interprétation cohérente et proche au sens du

texte. Le lecteur doit raisonner le sens d’un texte dans un processus d’opérations

avortées ou réussies dans le but d’atteindre le sens présumé ce qui nécessite chez

lui la capacité de rectifier continuellement ses stratégies tout en exerçant sa

tâche.

De même pour trouver la solution d’un exercice, la compréhension de ce dernier

précède sa production. Il faut que l’apprenant acquière « un sens des solutions

possibles » autrement dit pouvoir faire des anticipations sur la tâche qu’on lui

assigne. L’acte didactique selon le cognitivisme doit reposer sur les principes de

paraphrase, de reformulation et de routinisation afin de rendre accessible le

savoir et le savoir-faire aux apprenants. C’est à dire, la réponse ou la solution

d’un exercice n’est pas importante en soi, mais ce qui importe c’est apprendre et

perfectionner ses mécanismes et ses stratégies de construire le savoir.

V / Comparaison entre béhaviorisme et cognitivisme :

La psychologie cognitive qui s'est développée progressivement pour

détrôner la théorie béhavioriste. Ci-dessous un tableau comparatif des deux

théories :

Composantes du processus Béhaviorisme dans Cognitivisme dans


Ensg. ;/ App. les salles de classe les salles de classe

Image de l’apprenant Passif Actif / conscient

Réceptif Au centre de l’action

Individuel Autonome / social

Traitement de l’information

Image de l’enseignement - Enseignant détenteur / transmetteur du Enseignant donne l’opportunité à

Apprentissage savoir. l’apprenant de construire son savoir.

Apprentissage dépendant de l’enseignant. Indépendance de l’apprentissage.

Enseignant : centre de l’opération de Enseignant : Facilitateur /

l’apprentissage. accompagnateur.

Vise les changements des comportements Vise les changements des structures

des élèves. mentales.

Activités de l’apprenant Groupe classe écoutant un adulte. (cours Travail individuel / en groupe.

magistrale) Apprentissage par tache individuelle.

Groupe classe travaillant un exercice.

Quelques caractéristiques et Incrimination de l’erreur. L’erreur est un point stratégique pour

thèmes Relation verticale avec l’apprenant. apprendre.

Transmission directe des connaissances. Relation horizontale même sociable et

Superficialité des connaissances. confiante.

Difficulté d’adapter les sujets aux besoins Connaissances approfondies.

des apprenants. Motivation et dynamique des groupes.

Apprentissage d’emblée et par grande Adaptation autonome du savoir et dans

quantité. différentes situations.

Progression dans la construction des

savoirs.
Conclusion :

Le cognitivisme tente de rendre compte de la mobilisation de connaissances

acquises dans la résolution de problèmes dans d’autres situations-problèmes

différentes. Les notions centrales de représentation de connaissances et de

stratégies de traitement de l'information sont souvent évoquées pour rendre

compte des difficultés des élèves dans la lecture d'énoncés, la compréhension de

consignes, le traitement de l'information, etc. Ces difficultés, considérées comme

préalables à l'apprentissage sont alors imposées à l'élève, elles le poussent à

tomber dans des erreurs et d’affronter des obstacles dans son apprentissage.

Les activités cognitives se réalisent par des représentations mentales lors de

divers processus mentaux. En outre, le cognitivisme cherche à comprendre les

stratégies, les procédés et les règles de la pensée humaine lors de la résolution des

problèmes, de la rétention et du traitement de l'information etc. Toutefois, le

cognitivisme s’est vu dépasser par un nouvelle théorie de l’apprentissage : le

constructivisme sans le dévaloriser mais en lui portant des ajouts.


Plan :

Introduction

I / Pourquoi la psychologie des apprentissages ?

II / Cadre historique du cognitivisme

III / La théorie cognitiviste :

1- Définitions et origines

2- Le fonctionnement de la mémoire

3- Domaines de la psychologie cognitive

4- Principes généraux

5- Le modèle cognitif

6-Exemples de prédécesseurs du cognitivisme

IV/ Implications du cognitivisme dans l’enseignement- apprentissage :

V/ Comparaison entre Béhaviorisme et Cognitivisme :

Conclusion
Bibliographies :

▪  Piaget, J. Psychologie et pédagogie, articles choisis, Denoël, 1970.

▪ Module de formation « A propos de la psychologie de l’enfant » par Fondation

BMCE pour l’environnement et l’éducation et Ministère de l’éducation nationale,

2003.

▪ Module de formation «  Les compétences : fondements référentiels et théoriques

des compétences », Direction de la formation des cadres (Division des stratégies de

la formation), secteur de l’éducation nationale, mars 2006.

▪ Harrouchi, A. La pédagogie des compétences, LeFennec, 2001.

▪ www.mapreps.com/théoriesapprentissage.htm

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