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Audit énergétique des bâtiments

Imed Khabbouchi

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Principe général des audits des bâtiments
Objectifs
L’audit énergétique a pour but d’analyser les consommations énergétiques d’un bâtiment
existant, en rapport avec les caractéristiques et l’état du bâtiment lui-même et de tous les
équipements consommant de l’énergie et, cela, sans oublier la finalité de ces
consommations, à savoir un certain niveau de bien-être en température, humidité relative,
qualité de l’air, éclairage, etc.
Ces consommations étant souvent jugées excessives et coûteuses, il convient de déterminer
les moyens les plus appropriés pour y remédier.
En conséquence, que l’audit soit un simple diagnostic thermique ou un audit instrumenté
complet, l’objectif est d’établir un document permettant à un maître d’ouvrage de choisir
des travaux adaptés :
➢ à son bâtiment et à ses équipements ;
➢ à ses objectifs de confort ;
➢ à ses possibilités financières.
Enfin, le coût de son établissement doit être proportionné à la dépense énergétique globale
annuelle du bâtiment, ainsi qu’aux économies escomptées.
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Principe général des audits des bâtiments
Méthodes
Toutes les méthodes de diagnostic sont basées sur le même principe général. Ce principe
consiste à comparer une consommation réelle d’énergie (factures, relevés de compteurs,
etc.) et une évaluation de la consommation théorique d’énergie. Cette consommation
théorique est obtenue par calculs. Leur complexité dépend des systèmes étudiés (chauffage,
climatisation, éclairage, etc.) et du niveau de modélisation (statique, dynamique).
Pour le cas simple de la consommation de chauffage d’un bâtiment, cette consommation
théorique est approchée par une formule de type :

avec G (W/m3 · K) coefficient de déperdition thermique volumique moyen du bâtiment,


V (m3) volume chauffé du bâtiment,
DJ (K · j) degrés-jours au lieu considéré (tenant compte du comportement des usagers),
η rendement moyen annuel global de l’installation de chauffage,
A (Wh) apports gratuits.

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Principe général des audits des bâtiments
Dans le cas de l’audit énergétique d’un bâtiment climatisé, il faut pouvoir :

➢ d’une part, différencier les consommations réelles d’énergie poste par


poste, ce qui n’est pas toujours évident ;
➢ d’autre part, calculer des consommations théoriques probables pour
chacun des postes : climatisation, éclairage, ascenseurs, etc.

Quelle que soit la méthode, la détermination des différents paramètres qui


interviennent dans les calculs est faite par analyse des éléments relevés (ou
enregistrés) sur site, principalement au niveau :
➢ du bâtiment ;
➢ des équipements ;
➢ du comportement des usagers.
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Principe général des audits des bâtiments
Analyse du bâtiment
L’audit est basé sur le relevé in situ de toutes les données nécessaires au calcul :
composition, dimensions et état de toutes les parois, de façon à pouvoir déterminer
les coefficients de déperditions surfaciques ou linéiques.
La connaissance de la composition exacte des parois est souvent délicate, compte
tenu de l’absence fréquente de plans et descriptifs, le carottage étant exclu et les
systèmes de mesures (fluxmètre, thermographie infrarouge, etc.) insuffisamment
précis.
Outre l’aspect quantitatif, il est indispensable de mettre en exergue les relations
entre l’état général du bâtiment (état des parois, état et étanchéité des ouvrants,
humidité, etc.) et le confort thermique.

L’analyse du bâti doit également permettre d’apprécier le taux de renouvellement


d’air du bâtiment, paramètre qui pose beaucoup de difficultés compte tenu des
nombreux paramètres qui interfèrent et de méthodes de mesure quasi inexistantes,
de façon pratique 5
Principe général des audits des bâtiments
Analyse des équipements
L’analyse de tous les équipements concourant à la consommation énergétique du
bâtiment doit permettre, pour chacun d’eux, d’obtenir des rendements moyens
annuels d’utilisation.
Cela concerne donc principalement :
➢ les installations de production / distribution / émission de chaud ou de froid ;
➢ les installations de production / distribution d’eau chaude sanitaire ;
➢ les installations de ventilation mécanique ;
➢ les installations d’éclairage ;
➢ les ascenseurs et équipements de transport mécanique ;
➢ etc.
L’analyse des équipements doit être accompagnée par un certain nombre de
mesures, relevés et enregistrements, permettant d’apprécier les réglages, les points
de consignes, le fonctionnement et les performances des équipements. Ces
éléments ne pouvant pas toujours être obtenus dans les conditions idéales, il est
indispensable de pouvoir les recouper par des informations recueillies directement 6
auprès des utilisateurs et usagers.
Principe général des audits des bâtiments
Analyse du comportement des usagers
L’audit de tout bâtiment nécessite une collecte directe
d’informations auprès des utilisateurs et des usagers. Ces
informations concernent : l’affectation et les durées d’occupation
des locaux, les périodes de mises en service des équipements, les
points de consignes des régulateurs, etc. Toutes les remarques ou
critiques doivent être prises en compte ; elles ne manquent pas en
général.

L’auditeur doit, bien évidemment, faire preuve de clairvoyance et


d’objectivité, pour forger son opinion par comparaison avec ses
propres relevés, mesures et analyses.

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Diagnostique thermique
Définition
Le diagnostic thermique d’un bâtiment et de ses équipements
techniques consommant de l’énergie est une analyse qui vise à
établir un bilan énergétique complet et à évaluer les économies
d’énergie (donc financières) générées par des améliorations sur le
bâti et les installations. Les principaux équipements concernés par
ce type d’étude sont le système de chauffage, la production d’eau
chaude sanitaire et, selon la destination du bâtiment, certains usages
spécifiques de l’électricité (éclairage, bureautique, cuisine, etc.).

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Diagnostique thermique
Bilan thermique d’un bâtiment
Le bilan énergétique du bâtiment est basé sur le fait que
pratiquement toute l'énergie entrant dans un bâtiment finit par être
transformée en chaleur. Étant donné qu'en moyenne, l'intérieur du
bâtiment est à température constante, toute cette énergie finit par en
sortir.

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Diagnostique thermique

Apports
d'énergie

Déperditions
par aération
Niveau de Gains solaires
prestations et internes
Déperditions
par transmission
Figure 1 : Schématisation du bilan énergétique d’un bâtiment
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Diagnostique thermique
Le diagramme de Sankey (ou diagramme des flux d'énergie)
représente, par des flèches de largeur correspondant à leur amplitude,
les flux d'énergie traversant une frontière donnée.

Les flux d'énergie dans le bâtiment 11


Diagnostique thermique
Le bilan énergétique est une comptabilité des entrées et des sorties d'énergie du bâtiment
pendant une période de temps donnée. Ce bilan doit évidemment être équilibré, par
conservation de l'énergie. Le bilan énergétique détaille donc toutes les pertes et tous les
gains, les sommes des gains et des pertes étant égales si la période de consommation est
suffisamment grande (par exemple une année, voire un mois s'il n'existe pas de capacité de
stockage particulièrement grande).
Déperditions
➢Transmission thermique
➢Aération
➢Eau chaude
➢Chaleur stockée
➢Pertes techniques
Gains
➢Gains internes
➢Gains solaires passifs
➢Gains solaires actifs
➢Chaleur restituée
➢Apports d'énergie onéreuse 12
Diagnostique thermique

Figure 2 : Schéma montrant les différentes déperditions thermiques d’un bâtiment.

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Diagnostique thermique
La principale étape d’un bilan thermique consiste à effectuer un calcul de
déperdition du bâtiment.
Le calcul des déperditions doit être effectué pour répondre à trois
préoccupations :
➢ La plus évidente étant le dimensionnement : ce calcul nous fournira la
puissance émise vers l’extérieur et donc la puissance des radiateurs nécessaire.
➢ Le calcul des déperditions est également un outil de vérification. En effet, il
faut essayer de limiter les déperditions du bâtiment dans la mesure du possible
(en choisissant des matériaux adaptés pour les parois), afin d’éviter le gaspillage
d’énergie.
➢ Enfin, le calcul des déperditions nous permettra d’avoir accès au calcul des
consommations d’énergie, celles-ci lui étant proportionnelles, et donc nous
permettra de vérifier que ces consommations restent raisonnables et conformes à
la Réglementation Thermique.

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Diagnostique thermique
Déperditions
Les déperditions dans un bâtiments peuvent être calculées selon la
formule suivante
Ql = H (q i- q e) t
q i est la température intérieure moyenne;
qe est la température extérieure moyenne;

t est la durée de la période;


H est le coefficient de déperditions du bâtiment.
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Coefficient de déperditions

H = H T + HV

HT coefficient de déperditions
par transmission
HV coefficient de déperditions
par renouvellement d'air.

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Coefficient de déperdition par transmission

HT = HD + HS + HN HD
HN

HS

HD transmission directe vers l'extérieur, à travers l'enveloppe du


bâtiment;
HS déperditions par le sol;
HN à travers les espaces non chauffés. 17
Déperditions par transmission

Réalité Modèle

Eléments d'envelope plans:


EN ISO 6946
Fenêtres et portes, avec leurs chassis:
EN ISO 10077
Ponts thermiques potentiels:
EN ISO 14683 ou
EN ISO 10211

Limite d’application
Non chauffé
de l’EN ISO 13370
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Transmission directe

H T =  U i Ai +   j l j +   k
i j k

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Déperditions par transmission

Les déperditions par transmission sont ΦT = (θi − θe ) U j A j


proportionnelles à la différence de j
température entre l'intérieur et
l'extérieur, à l'aire de chaque élément
d'enveloppe et à leur coefficient de
transmission thermique U.

Pour diminuer ces pertes


• Isoler
• Réduire les surfaces
• Réduire les différences de
température
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Diffusion de chaleur

Le flux de chaleur transmis par conduction se calcul selon la formule


suivante :
 q
q = − grad q ou q = −
d
Avec λ est la conductivité thermique du matériau et grad q est
le gradient de température.
d
q = R q ou R=

R étant la résistance thermique du matériau
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Résistance superficielle

Rayonnement Convection

q = (hr + hc)q
q 1
Rs = =
q hr +hc

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Convection

Intérieur  hc = 5,0 W/(m²·K)


 hc = 2,5 W/(m²·K)
 hc= 0,7 W/(m²·K)

Extérieur hc = 4 - 40 W/(m²·K)

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Coefficients de transfert GLOBAUX

A l'intérieur

hi = 8 W/(m²·K) Rsi = 0,13 m²K/W

A l'extérieur

he = 25 W/(m²·K) Rse = 0,04 m²K/W

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Coefficient de transmission thermique

RT = Rsi+R1+R2+R3+R4+Rse

1
U= q = U (q i − q e )
RT

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Coefficient de transmission thermique

dn
RT = Rsi+R1+R2+R3+R4+Rse Rn =
n

0,13 m2K/W 0,04 m2K/W

d3

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Transmission thermique au travers
d'éléments non homogènes
Isothermes planes
d1
 Am λm i
d2 λi = m
 Am
m
di
A1 A2
Rmin = Rsi +  + Rse
i λi

Lignes de flux rectilignes

 Am Rmin + Rmax
Rmax = R
 U m Am 2
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Pont thermique

• Discontinuité dans l'isolation thermique de


l'enveloppe du bâtiment
• Ponts thermiques géométriques
– angles, coins
• Ponts thermiques matériels
– balcons, fixations, cadres si isolation extérieure
– dalles, murs intérieurs si isolation intérieure

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Pont thermique géométrique

Angle de bâtiment, le mur étant constitué de briques isolée par de la laine


minérale et un doublage extérieur en plots de ciment.
On voit que les températures intérieure et extérieure du coin sont légèrement
inférieure à celles en pleine paroi.

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Pont thermique matériel
Dans le pont thermique matériel constitué ici d'une dalle reposant sur
un mur avec isolation intérieure, on observe un net refroidissement et
une concentration des lignes de flux de chaleur près du pont
thermique.
Les ponts thermiques matériels ont souvent des conséquences plus
graves que les ponts géométriques.

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Pont thermique ponctuel

31
Pont thermique linéaire

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Comment reconnaître un pont thermique?

• Sur le plan ou la coupe des détails:


interruption ou amincissement de
la couche d'isolant
• Sur un bâtiment existant: par les
effets
– Moisissures
– Condensation
– Zones froides ou chaudes
(Thermographie)
• Certains types de construction
Interruption de la
couche isolante
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Effets des ponts thermiques

• Déperditions d'énergie
• Abaissement de la température superficielle
intérieure
– Condensations
– Moisissures (odeurs, allergies)
– Taches, coulures

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Déperdition d'énergie

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Refroidissement intérieur

Les ponts thermiques ont aussi l'inconvénient de refroidir la surface


intérieure, comme l'illustrent ces deux terminographies.
A gauche, une porte vitrée avec un bandeau supérieur en menuiserie, et à
droite un coin dans un bureau.

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Exemple de pont thermique

Un cas classique de pont


thermique résulte de la Plot de ciment creux
technique d'isolation intérieure.
Les dalles, voire les murs de
refend, traversent al couche Dalle en béton armé
isolante pour s'accrocher au mur
porteur extérieur. L'exemple
illustré est utilisé pour les Plaque d'isolant
diagrammes qui suivent.
Laine minérale

Doublage en brique

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Exemple de pont thermique

Le rouge correspond à 20°C


et le bleu à 0°C. La teinte
change à chaque degré. Les
lignes minces sont des
lignes de flux, tracées tous
les W/m. On voit très bien
que les lignes de flux se
concentrent fortement au Les lignes de flux de chaleur se
travers du pont, comme une concentrent vers le pont

rivière dans une gorge, et


que les isothermes
s'écartent, comme le niveau
de la rivière monte lorsqu'il
y a un rétrécissement. Les isothermes s'écartent du pont
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Méthodes de calcul

• Calcul par éléments finis


• Méthode simplifiée utilisant des catalogues
• Méthode simplifiée pour parois avec ponts
thermiques répétitifs
• Calcul des fenêtres et portes.

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Méthode simplifiée

 
 T =  U i Ai +   j l j +   k  ΔT
i j k 

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Calculer le coefficient de
déperdition d’un bâtiment
Qu’est-ce que le coefficient de déperdition Ubât d’un bâtiment ?
Le coefficient Ubât caractérise la puissance qui traverse 1m² de
surface pour une différence de température de 1°C entre l’intérieur et
l’extérieur.
Pour être puriste, on devrait l’appeler « coefficient de transmission
surfacique ».

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Calculer le coefficient de
déperdition d’un bâtiment
Comment calculer le coefficient U d’une paroi
Il vous faut d’abord connaitre les performances de chaque paroi du
bâtiment :
➢Lister tout les types de parois déperditives du bâtiment
➢Pour chaque paroi :
➢Calculer sa surface A
➢Lister l’ensemble des matériaux de la paroi
➢Pour chaque matériau :
➢Noter son épaisseur e (en mm)
➢Retrouver le coefficient de conductivité thermique lambda (λ)
➢Calculer

Le résultat sera en m².K/W 42


Calculer le coefficient de
déperdition d’un bâtiment
Comment calculer le coefficient U d’une paroi
Ensuite :
➢ Effectuer le calcul (et cela autant qu’il y a de matériaux) :

Vous avez le coefficient U de votre paroi.


La résistance thermique superficielle
De chaque côté de la paroi, il se passe des échanges thermiques un
peu spéciaux. La paroi est en contact avec l’air. Les échanges s’y font
sous 2 formes : par convection et par rayonnement.

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Calculer le coefficient de
déperdition d’un bâtiment

Pour prendre en compte ces échanges thermiques à l’interface entre la


paroi et l’air (intérieur ou extérieur), on ajoute 2 résistances thermiques
équivalentes : Rsi (pour l’intérieur) et Rse (pour l’extérieur).

44
Diagnostique thermique
C’est donc reparti pour quelques calculs :
➢Calculer Rsi
➢Calculer Rse
➢Calculer

➢ Effectuer le calcul

45
Diagnostique thermique
Ajouter les déperditions par les ponts thermiques selon la démarche
suivante :
➢ ponts thermiques linéaires
- Listez tout les ponts thermiques linéaires
- Mesurez leur longueur Li
- Retrouvez la valeur du ψi correspondant
➢ ponts thermiques linéaires
- Listez tout les ponts thermiques ponctuels
- Calculez le nombre de ponts thermiques ponctuels nj
- Retrouvez la valeur du χi correspondant
On va enfin arriver au fameux coefficient Ubât :

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Ce Ubât est en W/m²/K :
coefficient de déperdition par
renouvellement d'air noté Hv

Le coefficient de déperdition par renouvellement d'air noté


Hv (en W.K-1) est calculé selon la
formule suivante :
Hv = qevn x ρa x Cax (Ti-Te)
où :
qven : débit d’air énergétique équivalent transitant dans le
bâtiment en m3.h-1
ρa x Ca : capacité thermique volumique de l’air =
0.34W.h.m-3.K-1

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