Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
L'analyse thermique est une série de techniques qui mesure l'évolution, en fonction de la température, du temps et de
l'atmosphère, d'une grandeur physique ou chimique d'un matériau minéral ou organique. Il est largement utilisée dans
différentes applications :
Analyse des produits chimiques, pharmaceutiques, plastiques, sols, textiles, céramiques, verres, métaux et alliages … etc.
Contrôle de la pureté d’un composé, de sa composition, de sa stabilité, du taux d’humidité, de son polymorphisme, des
constantes thermochimiques…etc.
Etude de mécanisme de sublimation, de formation d’un oxyde, d’une solution solide, d’un alliage...etc.
La température traduit l’entropie d’un système. Elle est l’une des grandeurs qui caractérisent l’état d’un corps à
l’équilibre thermodynamique et se mesure à l’échelle macroscopique. Dans son sens le plus commun, elle s’exprime en
présence d’un grand nombre de particules car elle est générée par l’interaction des particules entre elles : vibration des
atomes dans les solides et agitation moléculaire dans les liquides et les gaz. Elle est fondamentale en chimie car elle
influence la cinétique des réactions chimiques, l'équilibre thermodynamique, la solubilité des substances, et de nombreuses
autres propriétés des composés chimiques.
Il existe plusieurs types d’analyse thermiques, le tableau 1.1 présente quelques exemples.
Déterminer la quantité de charge d’un matériau en pourcentage de poids.
Déterminer la quantité de cendres d’un matériau en pourcentage de poids.
Caractériser la perte de poids d’un matériau vis-à-vis du temps à une température donnée.
Quantifier la perte d’eau, de solvant, ou de plastifiant sur une certaine plage de température.
Examiner les propriétés rendant la combustion d’un matériau.
2.2. Dispositif expérimental
Thermobalance qui comporte quatre parties
fondamentales :
1) Module de pesée ou microbalance (la masse de
l’échantillon analysé est comprise entre 10 mg et
1g, selon la matière et l’appareil que l’on utilise).
2) Enceinte étanche (permettant de contrôler
l’atmosphère de l’échantillon).
3) Le four (La plage de température d’essai : 100 °C
à 1000 °C).
4) Le dispositif d'enregistrement (Le signal de
variation de poids est enregistré en fonction du
temps t ou de la température T, elle-même
Figure 1.2. Présentation schématique d'un dispositif ATG
fonction de t.) (exemple de Shimadzu TGA-50 thermo-balance).
2.2.1. Capteurs de température
L’effet Seebeck est un effet thermoélectrique, découvert par le physicien allemand Thomas Johann Seebeck en
1821. Celui-ci remarqua que l'aiguille d'une boussole est déviée lorsqu’elle est placée entre deux conducteurs de natures
différentes (A et B) et dont les jonctions ne sont pas à la même température T, Figure1.3.
Les capteurs de température sont des dispositifs, grâce à l'effet Seebeck, permettent de transformer l'effet du
réchauffement ou du refroidissement sur leurs composants en signal électrique. Ces capteurs de température sont dits "
Thermocouple".
extrémité, il apparaît une tension eAB aux extrémités restées libres suite à un courant électrique dans ce circuit. Il est
Dans la plupart des cas, une évaluation qualitative et quantitative fiable de la courbe TG est impossible sans avoir
sa première dérivée (courbe DTG). L'utilisation de la DTG permet de séparer plus clairement les différentes étapes
d'un thermogramme.
À l'aide de la courbe DTG, la surface apparente d'évaporation et la chaleur d'évaporation du liquide peuvent être
calculées sur la base de dx/dT."
2.4. Familles de courbes ATG qui peuvent être observées
On peut ainsi définir la limite de stabilité en fonction de la température, et en déduire des paramètres cinétiques
tout comme la stœchiométrie de la réaction. L’équation de vitesse de décomposition de l’échantillon est donnée
comme suit :
Avec :
A: facteur de fréquence (facteur pré-exponentiel ; s-1)
Ea : énergie d’activation (kJ/mol)
n: ordre de la réaction
W : masse de l’échantillon (g)
(1)
(2)
(2)-(1) donne :
Pour déterminer A et Ea, il suffit de tracer Ln(dW/dt)-nLnW en fonction de 1/T :
3. Analyse thermique différentielle (ATD)
1. Principe
• La méthode consiste à mesurer la différence de température entre un échantillon (Te) et une substance de référence
(Tr), tous deux soumis à une même loi d'échauffement ou de refroidissement généralement linéaire.
• La référence est « inerte » c’est à dire qu’elle ne subit aucune transformation physique ou chimique dans le domaine de
température considérée.
• L'enregistrement de DT en fonction de la température ou du temps représente le pic d'ATD, pic qui peut être
endothermique (les transitions de phase et l'évaporation de solvants) ou exothermique (la cristallisation, l'oxydation
et certaines de décompositions) selon la nature de la transformation considérée.
3.2. Applications
Déterminer les températures de transformation de phases telles que la fusion, la solidification.
Tracer les courbes de solidus et liquidus des alliages métalliques.
Les courbes d’ATD de deux substances ne sont pas identiques. Donc, elles servent comme empreintes des différentes
substances.
Etudier les caractéristiques des polymères.
L’ATD est utilisée pour tester la pureté des médicaments ainsi que dans le test de contrôle de qualité de plusieurs
substances telles que le ciment, les vitres, etc.
L’ATD est utilisée pour la détermination de la chaleur de réaction, la chaleur spécifique, l’évolution de l’énergie durant la
fusion, etc.
Tester la tendance de la stabilité thermique de ligands dans un complexe.
3.3. Dispositif expérimental
Une canne ATD se compose :
D’un plateau en céramique supportant deux logements de thermocouples pour les creusets échantillon et référence,
D’un logement pour le thermocouple de régulation dans la partie centrale
d’une hampe céramique supportant le plateau
d’un connecteur à l’extrémité de la hampe
D’un marquage couleur sur la hampe désignant la nature de la canne.
L’ATD se fonctionne comme suivant:
L’échantillon et la référence sont soumis à la montée en température, quand l’échantillon subit un
changement de phase ou une transformation, sa réponse en température va varier par rapport à la référence.
Le thermocouple va mesurer cette variation. Celle-ci va être enregistrée T=T e-TR= f (T ou t). Le type de
Figure 1.8. Effet de vitesse de chauffage sur la courbe ATD d’un échantillon.
Dans le cas de CaCO3, l’équilibre est déplacé dans le sens inverse, la décomposition ne peut se faire que par un
la dolomie CaMg(CO3)2
Le pic exothermique D traduit l’état de cristallinité de la substance : Plus les particules sont fines plus grand est le
désordre dans la disposition des feuillets structuraux et plus petit sera le pic d’ATD.
Exemple 7 : Allure de thermogrammes obtenus avec un matériau polymère
1- Transition vitreuse Tg se traduit par un changement de la ligne de base correspondant à une augmentation de la capacité
calorifique du matériau amorphe lors du passage de l’état vitreux à l’état liquide.
2- La fusion des microcristallites du polymère se présente comme un pic large (phénomène endothermique au chauffage).
3- La cristallisation se traduit par un pic exothermique au refroidissement.
4. Analyse Calorimétrique Différentielle (ACD ou DSC)
4.1. Principe
L’analyse calorimétrique différentielle est une technique déterminant la variation de flux thermique émis ou reçu par un
échantillon lorsqu’il est soumis à une programmation de température, sous atmosphère contrôlée.
Lors d’un chauffage ou d’un refroidissement, toute transformation intervenant dans un matériau est accompagnée d’un
échange de chaleur: la DSC permet de déterminer la température de cette transformation et donc quantifier la chaleur.
La technique est la même que pour l’ATD: ce n’est que les températures sont mesurées à partir de plateaux de grande
surface sur lesquels reposent le creuset de référence (vide) et le creuset contenant l’échantillon.
4.2. Intérêts et Applications
La DSC permet de déterminer les transitions de phase tel que la température de transition vitreuse (Tg) des matériaux
amorphes : polymères, verres (Inorganiques, organiques ou métalliques) et des liquides ioniques ; les températures de fusion
et de cristallisation ; et les enthalpies de réaction, pour connaître les taux de réticulation de certains polymères.
Elle peut être utilisée pour analyser une grande variété de matériaux :
- Solides compacts (granulés, composants, moulages, etc.) tels que les plastiques, les caoutchoucs, les résines ou autres
matériaux organiques, céramiques, verres, composites, métaux et matériaux de construction.
- Poudres telles que produits pharmaceutiques ou minéraux
- Fibres, textiles
- Echantillons visqueux tels que pâtes, crèmes ou gels
- Liquides
4.3. Dispositif expérimental
4.3.1. DSC à compensation de puissance (power-compensated DSC)
Dans cette méthode (initialement inventée par PerkinElmer), l'échantillon et la référence sont placés dans deux fours
différents mais dans la même enceinte calorifique. La variation de température entre les deux fours se fait simultanément par
la même quantité de calories. La température est maintenue toujours égale dans les deux fours, et varie de manière linéaire.
Les différences des énergies absorbées ou dégagées par l'échantillon et la référence sont mesurées. Lorsqu'une transition se
produit, selon qu'elle est endothermique ou exothermique, l'échantillon va absorber ou dégager de l'énergie. Un générateur de
puissance fournit plus ou moins d'énergie par rapport à la référence. C'est cette variation d'énergie qui est enregistrée en
fonction du temps ou de la température.
4.3.2. DSC SETARAM basé sur la mesure
différentielle de l'effet thermique (heat-flux
DSC)
Pour cette méthode (mise au point par Du Pont de
Nemours-Mettler), l'échantillon et la référence sont
placés dans un même four. Une sonde de platine
permet de contrôler et d'enregistrer l'évolution de la
température de l'appareil. Le signal température est
ensuite converti en signal de puissance calorifique.
La capacité calorifique d'un échantillon à pression constante est donnée par la relation :
Cp = dH = m Cp dT
Avec m = masse de l'échantillon en gramme. Cette relation peut s'écrire :
dH/dt = m Cp dT/dt
Avec dT /dt = vitesse de chauffage
• L’équation dH/dt = m Cp dT/dt peut être utilisée pour obtenir les valeurs de Cp directement, mais des erreurs de
lecture sur le flux de chaleur et sur l'exactitude des vitesses de chauffage diminuent la précision. Pour minimiser ces
erreurs, la mesure est répétée avec une masse connue de saphir (dont la chaleur spécifique est bien établie).
• Deux mesures seulement du signal enregistré S et S' à la même température sont nécessaires pour obtenir le rapport
des Cp:
Bibliographie
« Thermal Analysis » par Bernhard WUNDERLICH, Academic Press (New York ), 1990
«Thermal Analysis Techniques and Applications» par E.L. CHARSLEY et S.B. WARRINGTON, Royal Society of Chemistry (UK),
1991
« Handbook of Thermal Analysis and Calorimetry - Principles and Practice - Vol1 » par Michael E. BROWN, Elsevier (Pays Bas), 1998
« Thermal Characterization of Polymeric Materials » par Edith TURI, 2nd edition, Academic Press (USA), 1997
« Biocalorimetry » par J. E. LADBURY et B. Z. CHOWDHRY,Wiley, 1998
« Thermal Analysis of Pharmaceuticals », Duncan CRAIG, CRC Press 2007 (ISBN: 0824758145).
« Analyse Calorimétrique Différentielle – Théorie et applications de la DSC » par Pierre CLAUDY, Lavoisier (France), 2005
M. E. Brown, Introduction to Thermal Analysis Techniques and Applications, Kluwer Academic Publishers ,2004.
S. Gaisford, V. Kett, P. Haines, et al., Principles of Thermal Analysis and Calorimetry, Royal Society of Chemistry 2019
P. J. Haines, Principles of Thermal Analysis and Calorimetry, 2002.
G. Hohne, W. Hemminger, H. J. Flemmersheim, Differential Scanning Calorimetry: An Introduction, Springer, 2003.
M. Wagner, Thermal Analysis in Practice: Fundamental Aspects, Hanser Publications 2017.