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LA FRANCE EST-ELLE DEVENUE UNE DICTATURE ?

LA FRANCE EST-ELLE DEVENUE


UNE DICTATURE ?
 JÉRÔME DELACROIX

Cet article vous est proposé sous licence Creative Commons BY-NC-ND 4.01

Il est disponible en ligne à l’adresse suivante :


https://www.jeromedelacroix.com/la-france-est-elle-devenue-une-dictature/

Table des matières


Introduction..........................................................................................................................................1
1. Formellement, la France n’est pas devenue une dictature................................................................2
2. Un dévoiement de la démocratie française vers une pratique dictatoriale.......................................3
2.1 Un exercice de plus en plus « discrétionnaire » du pouvoir......................................................3
2.2. Des contre-pouvoirs qui contrent de moins en moins...............................................................3
2.3. Un système électoral faussé entachant la légitimité des élus....................................................5
2.4. La liberté d’expression, oui, mais pour combien de temps ?....................................................7
2.5. La division érigée en méthode de gouvernement...................................................................10
2.6. Toujours plus d’opacité pour le pouvoir, toujours moins d’intimité pour les individus.........12
Conclusion..........................................................................................................................................15

Introduction
Depuis le premier confinement, suivi de son cortège de limitations des
libertés individuelles, décrétés dans le contexte de la crise de la Covid-19,
une affirmation revient régulièrement : la France serait devenue une
dictature. Pour être exact, cette affirmation revient régulièrement depuis
l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 2. C’est déjà singulier à remarquer.
Mais aujourd’hui l’accusation revient particulièrement en force avec la mise
en place du passe sanitaire voulu par Emmanuel Macron.
Si maintenant on passe de l’affirmation à la question, « la France est-elle
devenue une dictature ? », plusieurs attitudes sont possibles :

 le déni : poser la question serait totalement incongru, l’interrogation est


écartée d’un revers de la main sans même être examinée ;

1 https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/deed.fr
2 https://www.huffingtonpost.fr/entry/macron-accuse-dautoritarisme-une-constante-dans-le-
quinquennat_fr_5e2ac8c4c5b67d8874b008b6

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 l’indignation : poser la question serait un sacrilège, ceux qui se la


posent n’ont qu’à aller vivre dans des pays communément considérés
comme des dictatures (Chine, Arabie Saoudite…)
 la réflexion calme : c’est l’attitude qui sera adoptée dans ce billet.
Grâce à un rappel de la définition d’une dictature, nous verrons dans une
première partie que, formellement, la France n’en est pas devenue une. En
revanche, nous verrons dans la deuxième partie que de nombreux faits
témoignent d’un dévoiement de la démocratie française vers une pratique
dictatoriale.

1. Formellement, la France n’est pas


devenue une dictature
Le Trésor de la langue française 3 définit la dictature de cette façon :  »
régime politique dans lequel le pouvoir est entre les mains d’un seul
homme ou d’un groupe restreint qui en use de manière discrétionnaire ».
En ce sens, on ne peut pas dire que la France est une dictature, puisque la
République française assure une séparation et un équilibre des pouvoirs
entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Les institutions de la Vème
République continuent à être appliquées et les élections sont organisées
dans les règles. Y compris pour ce qui concerne les mesures anti-Covid
prises par le gouvernement, des contre-pouvoirs ont pu jouer, notamment à
plusieurs reprises le Conseil d’État :

 le 13 juin 20204, le juge des référés du Conseil d’État a suspendu


l’interdiction générale et absolue de manifester sur la voie publique qui
avait été instaurée par un décret pris par le Premier ministre le 31 mai
2020 ;
 le 6 juillet 2020 5, le  juge des référés a invalidé une disposition de la
nouvelle version du même décret  qui prévoyait que l’organisation de
manifestations devrait être autorisée au préalable par le préfet, chargé
de vérifier que les « mesures barrières » pouvaient être respectées.
La dictature est également associée à l’interdiction de toute critique à
l’égard du pouvoir en place, sous peine de lourdes punitions. Sous cet
aspect, on ne peut pas dire non plus que la France est une dictature : il est
3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Trésor_de_la_langue_française
4 https://www.conseil-etat.fr/ressources/decisions-contentieuses/dernieres-decisions-importantes/conseil-d-etat-13-
juin-2020-manifestations-sur-la-voie-publique
5 http://www.conseil-etat.fr/fr/arianeweb/CE/decision/2020-07-06/441257

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possible, dans notre pays, d’être critique du gouvernement ou du Président


sans encourir de représailles dans sa vie personnelle ou professionnelle,
du moins pour ceux qui n’évoluent pas directement dans les allées du
pouvoir.

2. Un dévoiement de la démocratie française


vers une pratique dictatoriale
Si la démocratie en France est formellement respectée, on ne saurait
évidemment se contenter d’un respect de façade. Or force est de constater
que la vie politique française présente de plus en plus d’aspects que l’on
retrouve dans les pays dictatoriaux.

2.1 Un exercice de plus en plus « discrétionnaire » du


pouvoir
Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement s’est
largement affranchi du contrôle parlementaire en imposant ses mesures
par décrets et ordonnances. Rien que sur sur la période juillet 2020-avril
2021, il en a publié plus de cinquante 6. Le processus législatif qui entoure
l’adoption du passe sanitaire est un autre exemple du passage en force
que réalise le gouvernement. La mise en place de ce dispositif est un
bouleversement dans la vie des Français, posant des questions juridiques,
morales et pratiques considérables. Son examen aurait normalement exigé
que les députés aient le temps d’examiner toutes ces questions. Or les
débats ont été conduits tambour battant, y compris la nuit, comme en
témoigne l’adoption en deuxième lecture, à cinq heures du matin, par une
poignée de députés fatigués, de l’obligation du passe dans les hôpitaux et
les Ehpads7.

2.2. Des contre-pouvoirs qui contrent de moins en


moins
Le fonctionnement des contre-pouvoirs est lui aussi de plus en plus
entamé. Le Conseil d’État cité plus haut, qui avait validé la première
version du passe sanitaire au motif qu’il ne concernait que les grands

6 https://www.e-tlf.com/2021/04/29/mesures-relatives-a-la-lutte-contre-la-propagation-du-virus-covid-19-arrete-du-
14-03-20/
7 https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-deputes-suppriment-lobligation-du-pass-vaccinal-pour-les-visites-a-
lhopital_fr_60f98f92e4b0ddf0097c9fcb

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rassemblements et n’allait pas à l’encontre des activités quotidiennes des


Français8, a ainsi étonnamment largement validé la seconde mouture de ce
passe9, décrite le 12 juillet 2021 par Emmanuel Macron dans son
allocution, qui concerne, elle, des activités aussi quotidiennes que de
prendre un café en terrasse.
Mais que dire du Conseil constitutionnel qui, par sa décision rendue le 26
mars 2020 , a entériné l’adoption accélérée, en violation de la Constitution,
d’une loi organique visant à priver les citoyens de leur capacité de le saisir
de Questions Prioritaires de Constitutionnalité 10 (QPC) jusqu’au 30 juin
2020 ? Pour rappel, les QPC actent le droit reconnu à toute personne de
soutenir qu’une disposition législative est contraire aux droits et libertés
que la Constitution garantit. Comme l’explique l’avocat Dominique
Bompoint11, « c’est ainsi que le gardien de la Constitution a prêté main-forte
à sa [propre] violation, pour écarter le dispositif de protection des droits et
des libertés individuelles [NDLR : les QPC] qu’elle garantit ».
On ne s’étonnera donc pas que le Conseil constitutionnel ait validé par sa
disposition du 5 août 2021, à quelques éléments près, la loi relative à la
gestion de la crise sanitaire (contenant le fameux passe sanitaire) adoptée
par le Parlement le dimanche 25 juillet. Le Conseil a justifié sa décision en
notant12 que «le législateur a[vait] poursuivi l’objectif de valeur
constitutionnelle de protection de la santé». Cette justification repose donc
sur un concept dont la place dans la hiérarchie des normes juridiques est
très discutée, comme l’expliquait en 2006 Pierre de Montalivet 13, Maître de
conférences à l’Université Panthéon-Assas :

« Le Conseil constitutionnel accorde aux objectifs une


protection inférieure à celle des droits et libertés
constitutionnels, même si cette protection varie selon
les objectifs et les circonstances. (…) les objectifs ne
sont pas des droits et libertés constitutionnels mais de
simples garanties objectives de ces droits, ce qui les

8 https://www.conseil-etat.fr/actualites/actualites/le-conseil-d-etat-ne-suspend-pas-le-passe-sanitaire
9 https://www.conseil-etat.fr/ressources/avis-aux-pouvoirs-publics/derniers-avis-publies/avis-sur-un-projet-de-loi-
relatif-a-la-gestion-de-la-crise-sanitaire
10 https://www.conseil-constitutionnel.fr/decisions/la-qpc
11 https://www.lefigaro.fr/vox/societe/passe-sanitaire-n-attendons-rien-du-conseil-constitutionnel-20210716
12 https://www.lefigaro.fr/flash-actu/le-passe-sanitaire-et-la-vaccination-des-soignants-valides-par-le-conseil-
constitutionnel-20210805
13 https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/les-objectifs-de-valeur-
constitutionnelle

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place dans une situation subordonnée par rapport à


eux. »

Le Conseil ne fait donc pas reposer sa décision sur le droit constitutionnel


à la protection de la santé, reconnu par le Préambule de la Constitution de
1946 dans son article 1114, mais sur l’objectif de protection de la santé. Or
le moins que l’on puisse dire est qu’il n’y a pas un consensus scientifique
sur l’efficacité du passe sanitaire pour atteindre cet objectif 15.
On remarquera également que l’article 11 du Préambule de la Constitution
de 1946 est formulé ainsi :

« [La Nation] garantit à tous, notamment à l’enfant, à


la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la
santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs »

Or il est évident que le passe sanitaire contrevient à l’accès aux loisirs


puisqu’il conduit à refouler une foule de citoyens des cinémas, théâtres,
parcs d’attraction, etc. Quant à la disposition sur la suspension du salaire
des salariés en CDI ne présentant pas un passe sanitaire, elle contrevient
manifestement à la sécurité matérielle.

Il ressort en fait que le Conseil constitutionnel a fait reposer sa décision de


valider le passe sanitaire sur la poursuite d’un objectif de protection de la
santé sans que rien ne garantisse qu’il permettra réellement d’atteindre cet
objectif. En revanche, il n’a pas jugé recevable les critiques des députés et
sénateurs qui l’ont saisi au motif que le passe sanitaire contrevenait à des
droits constitutionnels comme le droit au respect de la vie privée, alors que,
manifestement, mon droit au secret médical, partie intégrante du droit à la
vie privée, est bafoué si je suis tenu d’informer un inconnu (barman, vigile,
caissier…) de mon statut vaccinal ou d’infection au Covid.

2.3. Un système électoral faussé entachant la légitimité


des élus
La démocratie représentative suppose l’organisation d’élections permettant
aux citoyens de choisir des élus par l’intermédiaire desquels le Peuple

14 https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-
1946
15 https://www.youtube.com/watch?v=F551T8B5d2Y

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exerce sa souveraineté. Encore faut-il que les élus soient réellement


représentatifs des citoyens, et que ces derniers disposent d’un véritable
choix. Or les conditions mêmes de l’élection d’Emmanuel Macron
posent problème. On se souvient qu’en 2017,  la première chaîne
d’informations française, BFMTV, a pendant des semaines, consacré une
énorme part de son temps d’antenne à l' »affaire » qui allait conduire à
l’effondrement du favori de la Présidentielle, François Fillon. On se
souvient également de l’incroyable célérité de la Justice16 dans le
traitement de cette affaire. Indépendamment du fond et de la piètre
défense de l’intéressé, le traitement de l’affaire par les médias et par la
Justice s’est apparenté à une campagne de déstabilisation, à tel point que
BFMTV a pu, non sans cynisme, produire un documentaire intitulé « Qui a
tué François Fillon ?17 » Une fois le favori de la Présidentielle éliminé de
cette façon douteuse, Emmanuel Macron a pu bénéficier pleinement de
l’effet du « front républicain » face à Marine le Pen grâce à la stratégie
maintes fois éprouvée de la diabolisation du Rassemblement
National18. Dans ces conditions, peut-on dire que le choix des Français
pour l’élection présidentielle de 2017 a été réellement libre ?

Le caractère scabreux de l’élection présidentielle de 2017, pour


spectaculaire qu’il soit, n’est malheureusement qu’un exemple de l’état
délétère du système électoral français. Plus récemment, les Français ont
été appelés aux urnes pour les élections régionales et départementales de
2021 alors qu’entre un quart et 40% d’entre eux n’ont reçu aucune
propagande électorale dans leurs boîtes aux lettres, d’après le rapport de
la mission d’information du Sénat qui s’est penchée sur ce
dysfonctionnement et qui dénonce un véritable « scandale »19. Faut-il
s’étonner, dans ces conditions, que 66% des inscrits se soient abstenus
d’aller voter20 ? Et avec une si faible participation, quelle est la
légitimité réelle des assemblées régionales et départementales issues
du scrutin ?

16 https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2018/05/04/31001-20180504ARTFIG00380-la-rapidite-avec-laquelle-l-
affaire-fillon-a-ete-traitee-au-debut-est-stupefiante.php
17 https://www.youtube.com/watch?v=8SCLToGoQ_w
18 https://www.jeromedelacroix.com/diaboliser-le-rassemblement-national-une-strategie-anti-democratique/
19 https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/07/22/regionales-un-rapport-du-senat-denonce-un-scandale-dans-les-
rates-de-la-distribution-de-la-propagande-electorale_6089203_823448.html
20 https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/06/28/resultats-des-elections-regionales-les-cinq-enseignements-du-
second-tour_6085961_823448.html

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2.4. La liberté d’expression, oui, mais pour combien de


temps ?
Petite touche par petite touche, le pouvoir tente de grignoter la liberté
d’expression en France. Nous prendrons ici quatre exemples.

 Premier exemple de tentative d’atteinte à la liberté d’expression : la


loi du 24 juin 2020 visant à lutter contre les contenus haineux sur
internet, dite « loi Avia »

Pour rappel, la version initiale de la proposition de loi21 prévoyait l’obligation


pour les opérateurs de sites Internet, y compris les réseaux sociaux,
plates-formes collaboratives et moteurs de recherche, de mettre en place
un dispositif permettant à toute personne de signaler un contenu illicite.
Les contenus « manifestement illicites » (sic) devaient être retirés par
l’opérateur dans un délai d’une heure (pédopornographie, apologie du
terrorisme, incitation à commettre des actes terroristes) ou 24 heures
(autres types de contenus haineux), sans qu’il soit nécessaire qu’un juge
se prononce sur le caractère illicite du contenu. C’était donc à l’opérateur
lui-même de décider si le contenu était « manifestement illicite ». Au cas où
il n’aurait pas retiré le contenu signalé ou au cas où il l’aurait fait trop
tardivement, son représentant s’exposait à une amende de 250 000 euros,
et l’opérateur en tant que personne morale à une amenda représentant 4%
de son chiffre d’affaires mondial. Autant dire que ce niveau de sanction
particulièrement dissuasif aurait pu conduire les opérateurs, dans le doute, 
à retirer des contenus signalés même si leur caractère illicite n’était pas si
manifeste que cela. Autrement dit, on pouvait s’attendre à un retrait massif
de contenus ayant l’heur de déplaire à tel ou tel groupe de pression ou
lobby, sans que leur caractère illicite n’ait été avéré. Heureusement, en
l’espèce, le Conseil constitutionnel a joué son rôle en censurant ces
dispositions de la loi22. Il a en ainsi estimé qu’elles risquaient de porter «
une atteinte à l’exercice de la liberté d’expression et de communication qui
n’est pas nécessaire, adaptée et proportionnée ».

 Deuxième exemple de tentative d’atteinte à la liberté d’expression :


la volonté d’imposer aux internautes de révéler leur identité

Les premières critiques d’Emmanuel Macron à l’encontre de la possibilité


pour les internautes de s’exprimer sans révéler publiquement leur identité

21 https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_contre_les_contenus_haineux_sur_internet
22 https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2020/2020801DC.htm

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réelle remontent à son discours prononcé à Paris le 12 novembre 2018 lors


du Forum sur la gouvernance de l’Internet à l’Unesco 23 :

« Nos gouvernements, nos populations ne vont pas


pouvoir tolérer encore longtemps les torrents de
haine que déversent en ligne des auteurs protégés
par un anonymat devenu problématique. »

A l’époque, il nuançait son propos en précisant :

« L’anonymat que procure Internet doit continuer à


permettre la liberté d’expression, là où celle-ci est
parfois étouffée(…) »

Le 18 janvier 2019, à l’occasion d’une réunion organisée dans le cadre du


« grand débat national »,  la nuance avait disparu24 :

« Je crois qu’on doit aller vers une levée


progressive de toute forme d’anonymat et vers des
processus où l’on sait distinguer le vrai du faux et où
l’on doit savoir d’où les gens parlent et pourquoi ils
disent des choses. »
Quelques mois plus tard, c’est le Premier ministre Jean Castex qui revenait
à la charge25, avec des propos un peu plus précis (car ne commettant plus
l’amalgame entre anonymat, qui n’existe pour ainsi dire pas sur l’Internet,
et pseudonymat26) mais surtout encore plus virulents :

« On peut vous traiter de tous les noms, de tous les


vices, en se cachant derrière des pseudonymes.

23 https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-1601-fr.pdf
24 https://www.zdnet.fr/actualites/emmanuel-macron-avance-a-decouvert-sur-la-levee-de-l-anonymat-sur-la-toile-
39879737.htm
25 https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/tout-comprendre-au-debat-sur-lanonymat-sur-internet-1224872
26 https://www.numerama.com/politique/637160-il-est-temps-darreter-de-nous-bassiner-avec-lanonymat-en-ligne.html

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Dans ces conditions, les réseaux sociaux c’est le


régime de Vichy : personne ne sait qui c’est ! »

(La métaphore est particulièrement mal choisie, quand on sait l’utilité qu’on
eut les pseudonymes pour les Résistants pendant l’Occupation 27.)
Or interdire l’utilisation de pseudonymes sur l’Internet, par exemple en
obligeant les internautes à fournir une pièce d’identité avant de pouvoir
participer sur un réseau social, conduirait immanquablement à un recul de
la liberté d’expression. Comme le relevait Emmanuel Netter dans les
Echos28, « certaines professions (avocats, magistrats, médecins…) ne
peuvent évoquer leur quotidien que masquées. Et chaque citoyen sera
réticent à exprimer des opinions qu’il croit minoritaires ou mal considérées,
s’il est forcé de les assumer au grand jour (…) ». Quant à Antoine
Champagne, fondateur du journal d’investigation en ligne reflets.info, il fait
remarquer29 à raison :

« Le pseudonymat est une garantie pour la


démocratie. Lanceurs d’alertes, employés
d’entreprises, fonctionnaires soumis au devoir de
réserve… Il permet à ces personnes de s’exprimer
librement. »

 Troisième exemple de tentative d’atteinte à la liberté d’expression :


la lutte contre les médias d’opposition

Une chaîne émet sur le territoire national avec l’aval du CSA30, animée par
des journalistes aguerris tels que Stéphanie de Muru (transfuge de
BFMTV) ou Frédéric Taddeï, ainsi que par des chroniqueurs qui peuvent
s’honorer d’un parcours professionnel exceptionnel comme Alain Juillet. 
Chaîne d’information, RT France (ex « Russia Today ») puisque c’est d’elle
qu’il s’agit, est aussi une chaîne d’opinion à la ligne éditoriale clairement
anti-macroniste. Il n’est qu’à en juger par les chroniques au vitriol
d’un Alexis Pouzin ou d’un Nicolas Vidal. Faut-il y voir la raison pour
laquelle Emmanuel Macron s’en est pris à cette chaîne (ainsi qu’à un autre
média d’origine russe, Sputnik), dès le début de son mandat ? Lors de sa

27 http://resistancefrancaise.blogspot.com/2013/01/noms-de-guerre-pseudonyms-de-la.html
28 https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-contre-la-levee-de-lanonymat-en-ligne-963580
29 https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/tout-comprendre-au-debat-sur-lanonymat-sur-internet-1224872
30 https://www.csa.fr/content/download/212323/567359/version/5/file/RT%20FRANCE.pdf

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conférence de presse avec Vladimir Poutine, en mai 2017, il avait ainsi


déclaré31 :

«Russia Today et Sputnik ne se sont pas comportés


comme des organes de presse et des journalistes,
mais ils se sont comportés comme des organes
d’influence, de propagande, et de propagande
mensongère, ni plus ni moins.»

L’hostilité d’Emmanuel Macron à l’encontre de RT France ne s’est pas


traduite uniquement par des mots, mais également par des actes,
notamment des refus répétés du service de presse de l’Élysée d’accréditer
des journalistes pourtant munis de cartes de presse 32, ou des refus par ce
même service d’accorder un accès à des événements autour du chef de
l’État33 à des journalistes pourtant dûment accrédités.

 Quatrième exemple de tentative d’atteinte à la liberté d’expression :


la réduction de la liberté de réunion

A l’occasion des confinements plus ou moins stricts qui ont été décrétés
par le  gouvernement depuis le démarrage de la pandémie, la liberté de
réunion a été fortement réduite. Le premier confinement, du 17 mars au 11
mai 2020, en obligeant les gens à rester chez eux, réduisait dans les faits à
néant la liberté de réunion. Par la suite, des décrets ont été pris limitant la
possibilité de se réunir à l’extérieur, par exemple à plus de six personnes 34.
Or il est évident que la réduction de la liberté de réunion a pour
conséquence directe une réduction de la liberté d’expression : en l’absence
d’auditoire, peut-on parler de libre expression ?

2.5. La division érigée en méthode de gouvernement


« Divide et imperia« , diviser pour régner : ce principe de Machiavel est
une méthode très efficace pour conquérir le pouvoir ou s’y maintenir.

31 https://francais.rt.com/france/39107-emmanuel-macron-vs-rt-france-polémique-continue-reseaux-sociaux
32 https://www.snj.fr/article/refus-daccréditations-répétés-et-ciblés-une-inquiétante-dérive-du-pouvoir-1807090900
33 https://solidaires.org/Elysee-vs-RT-France-un-parfum-de-censure-d-Etat
34 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042475143

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Comme le souligne le professeur Dhaouadi Zoubeida, c’est aussi le « point


de départ de l’installation de dictatures 35 » .

Or le moins que l’on puisse, c’est que les propos d’Emmanuel Macron et
de son entourage ne sont pas fait pour rassembler. Petit florilège :

 « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les
gens qui ne sont rien. » (Emmanuel Macron36)
 « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux
extrêmes. » (Emmanuel Macron37)
 « Il y a une France laborieuse et volontariste, qui veut mettre le virus
derrière elle et travaille. Elle est largement majoritaire. Et puis il y a une
frange capricieuse et défaitiste, très minoritaire, qui se satisferait bien de
rester dans le chaos et l’inactivité. » (Gabriel Attal, porte-parole du
gouvernement38)

Il y a les paroles, et il y a les symboles. L’écart de traitement qui a été


appliqué le 11 juin 2021, en période de couvre-feu, aux participants à une
fête improvisée aux Invalides et aux spectateurs de la demi-finale de
Roland-Garros, est à cet égard édifiant. Pendant que les premiers étaient
évacués à coup de gaz lacrymogènes, les seconds bénéficiaient d’une
dérogation accordée par le Premier ministre pour assister à la fin du match
après 23h39.

Enfin il y a les actes. Dans ce régime qui divise, une catégorie de


population fait figure de privilégiés : les policiers. Ainsi, le 12 juillet 2021,
Emmanuel Macron a annoncé dans son allocution que certaines
professions seraient dans l’obligation de se faire vacciner 40 avant le 15
septembre, sous peine de sanctions, dont on a appris par la suite qu’elles
pourraient aller jusqu’au licenciement. Les professions concernées sont les
professions directement en contact avec le public : aides à domicile,
personnel soignant, pompiers… Étrangement, les policiers ont été mis à
l’écart de cette obligation, alors même que la doctrine actuellement en
35 https://www.turess.com/fr/lexpert/200044
36 https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_gens_qui_réussissent_et_les_gens_qui_ne_sont_rien
37 https://fr.wikipedia.org/wiki/Macronade
38 https://www.midilibre.fr/2021/07/18/gabriel-attal-denonce-cette-frange-capricieuse-et-defaitiste-des-antivax-
9678826.php
39 https://www.europe1.fr/societe/derogation-a-roland-garros-police-aux-invalides-critiques-sur-la-gestion-du-couvre-
feu-4051536
40 https://www.ladepeche.fr/2021/07/13/vaccination-obligatoire-voici-la-liste-des-70-metiers-concernes-9669226.php

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vogue lors des manifestations est justement d’« aller au contact »41. Autre


« bizarrerie », le projet de réforme des retraites sur lequel le gouvernement
avait engagé sa responsabilité par l’application de l’article 49.3 de la
Constitution en mars 2020 instituait un « âge pivôt » de 64 ans pour le
départ à la retraite mais celui-ci ne concernait pas les policiers, qui 
pouvaient continuer à partir à 62 ans 42. Ces quelques illustrations montrent
que le pouvoir exécutif actuel use de la division des masses pour
empêcher toute convergence des luttes et octroie des privilèges aux forces
de police dont il pourrait avoir besoin pour contenir un soulèvement
populaire généralisé. Ce comportement se retrouve bien plus dans les
dictatures que dans les démocraties.

2.6. Toujours plus d’opacité pour le pouvoir, toujours


moins d’intimité pour les individus
La démocratie implique un droit de regard des citoyens sur les décisions
prises par les autorités. Ce droit de regard peut éventuellement être
différé : on peut admettre que certaines décisions aient besoin d’être
entourées de secret, notamment celles qui concernent la défense du
territoire ou le renseignement. Mais pour que le peuple conserve en dernier
ressort son pouvoir souverain, ce secret doit être encadré par le Parlement
et doit, en tout état de cause, être limité dans le temps. Or la loi n° 2021-
998 du 30 juillet 2021 43 relative à la prévention d’actes de terrorisme et au
renseignement (PATR), voulue par le gouvernement, contrevient
directement à ces principes. Comme l’explique Public Sénat44, l’article 19
de cette loi « modifie le régime d’accès aux archives secret-défense en
allongeant potentiellement au-delà de 50 ans le délai pendant lequel ces
archives peuvent ne pas être accessibles notamment aux chercheurs, aux
historiens voire aux citoyens. » Et l’Association des Archivistes Français
(AAF) de préciser45 :

« L’article 19 (…) place les services de


renseignement hors des exigences républicaines de
contrôle démocratique. L’immense majorité de leurs

41 https://www.leparisien.fr/faits-divers/maintien-de-l-ordre-a-paris-la-doctrine-ne-change-pas-15-01-2020-
8237142.php
42 https://www.journaldunet.com/management/emploi-cadres/1195133-reforme-des-retraites-des-discussions-en-
septembre-2021/
43 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043876100
44 https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/loi-antiterroriste-le-senat-adopte-sa-version-du-texte-189825
45 https://twitter.com/ArchiCaDebloque/status/1410130426459525120

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archives devient inaccessible, et ce, sans aucune


limite de durée autre que celle que ces mêmes
services décideront. »

Mais les archives des services de renseignement ne sont pas les seules à
être couvertes par le secret défense. Dans le contexte de la gestion de la
crise sanitaire, un autre organe au cœur du dispositif présidentiel et
gouvernemental en bénéficie : le fameux Conseil de défense46. Comme
le rappelle Libération47, « depuis le printemps [2020], Emmanuel Macron l’a
imposé comme l’outil de pilotage de la crise sanitaire, où il décide, en petit
comité, de resserrer ou non l’étau de mesures censées contrer
l’épidémie. » On est en droit de se demander si les déclarations martiales
du Président sur le thème du « Nous sommes en guerre »48 n’avaient pas
pour objectif de faire accepter le fait que le Conseil de défense soit ainsi
placé en centre du dispositif décisionnel face à l’épidémie de Covid-19.
Que se dit-il lors des réunions de ce Conseil, qui ont une influence directe
sur la politique du pays et la vie quotidienne des Français ? Nous n’en
saurons rien avant longtemps, et peut-être ne le saurons-nous jamais, eû
égard à la loi PATR.

Si le pouvoir s’enfonce dans l’opacité, il exige en revanche toujours plus de


transparence des individus. La loi PATR, toujours elle, est ainsi
venue modifier l’article L851-2 du Code de la sécurité intérieure 49 pour
inclure dans les traitements automatisés de collecte et d’analyse en masse
des données transitant sur les réseaux « les adresses complètes de
ressources sur Internet », autrement dit les adresses URL complètes des
sites Web visités. Certes, comme nuance Numerama50, « la rédaction du
Code de la sécurité intérieure déclare que ces dispositions sont opérées «
pour les seuls besoins de la prévention du terrorisme », pour « les
personnes préalablement identifiées susceptibles d’être en lien avec une
menace », et requièrent une autorisation spécifique. » Mais ces garde-fous
sont-ils suffisants ? Pour Bastien Le Querrec, chercheur en droit public et
membre de la commission infraction de La quadrature du Net, la réponse
est clairement non51 :

46 https://www.elysee.fr/la-presidence/le-conseil-de-defense-et-de-securite-nationale
47 https://www.liberation.fr/france/2020/11/09/secret-concentration-des-pouvoirs-le-conseil-de-defense-suscite-la-
defiance_1805100/
48 https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/16/nous-sommes-en-guerre-retrouvez-le-discours-de-macron-
pour-lutter-contre-le-coronavirus_6033314_823448.html
49 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000043876121
50 https://www.numerama.com/tech/707473-loi-antiterroriste-tout-comprendre-aux-problemes-que-pose-lanalyse-des-
url.html

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« Même si les boîtes noires sont limitées à la lutte


antiterroriste, s’il n’y a pas de contrôle efficace — et
on ne peut pas le savoir parce que ce contrôle est
totalement opaque —, on pourrait très bien avoir des
boîtes noires utilisées pour faire de la surveillance de
mouvements sociaux. Ce n’est pas autorisé par la loi,
mais comme on est dans une voie où l’on veut donner
beaucoup de pouvoirs aux services de
renseignement, nous avons des risques inévitables
que ces techniques de renseignement très intrusives
soient mésutilisées. »

La crise sanitaire, quant à elle, est utilisée comme prétexte à des entorses
au secret médical. Par exemple, le décret (encore un) n° 2021-93052 publié
au Journal Officiel le 13 juillet 2021 autorise désormais un médecin traitant
à demander à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie de lui
communiquer la liste de ses patients non vaccinés contre la Covid. Le
médecin pourra donc avoir connaissance du statut vaccinal de ses
patients, à leur insu, sans que ce soient les patients eux-mêmes qui aient
décidé de s’en ouvrir à leur praticien. On aurait pu attendre que la CNIL
(Commission Nationale sur l’Informatique et les Libertés) condamne une
telle mesure portant atteinte au secret médical et à la relation de confiance
qui doit exister entre un patient et son médecin . Mais elle s’est contentée
de déclarer53 : « La CNIL, en principe défavorable à une telle pratique,
considère que la situation sanitaire exceptionnelle peut la justifier. »
Décidément, il semble que la crise sanitaire justifie tout.
Quant au passe sanitaire, il vous force à révéler votre nom, prénom, date
de naissance et état de santé ou état de vaccination (eu égard à la Covid)
aussi bien à votre restaurateur préféré qu’au premier vigile de centre
commercial venu. On a vu mieux en matière de protection de l’intimité.

51 https://information.tv5monde.com/info/loi-antiterroriste-et-surveillance-d-internet-en-france-c-est-une-violation-de-
la-charte
52 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043788751
53 https://www.cnil.fr/fr/la-cnil-rappelle-principes-respecter-pour-diffuser-medecins-liste-patients-non-vaccines

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Conclusion
Chacun des éléments énumérés dans ce billet, pris individuellement, ne
permet pas de dire que la France est devenue une dictature. Mais leur
accumulation et leur convergence montrent clairement qu’elle en prend le
chemin. Décret après décret, mesure après mesure, notre pays ressemble
de moins en moins à une démocratie, et de plus en plus à une dictature.

Que pouvons-nous faire face à cette situation ? Déjà cesser le déni, et en


prendre conscience. Il est encore temps de réagir pour ne pas finir comme
cette pauvre grenouille54 que l’on a cuite à petit feu sans qu’elle s’en
aperçoive.

Et face aux crises que nous connaissons (terrorisme, pandémie,


réchauffement climatique), exigeons des mesures fermes mais qui
respectent nos valeurs. La France en a de si belles : liberté, égalité,
fraternité. Sinon demain, à force de passes sanitaire, puis civique, puis
moral, nous risquons de nous retrouver entravés de toute part, dans un
monde qui aura perdu ses couleurs et sa saveur.

54 https://www.lesmotspositifs.com/blogue/la-metaphore-de-la-grenouille-qui-ne-savait-pas-quelle-etait-cuite/

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