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Silence imposó ou silence rebelle ?

Aphonitó fóminine dans


Riusan ou le chetnź n de sable et Cacophonie de Ken Bugul
Anna SWOBODA
Universitó de Silósie, Pologne

Rósumó. Le prósent article analyse les personnages fóminins silencieux dans Riruan ou
Ie chemin de sable et Cacophonie de l'auteure sónógalaise Ken Bugul, Dans les @uvTes
ótudióes, il existe deux types de si]ence: le silence imposó par la sociótó et le silence
rebelle, choisi par le protagoniste pour manifester son dósaccord. Nous examinerons les
§pes des silences des personnages fóminins buguliens, ainsi que leurs raisons de se taire
et les sources de leur mutisme. Du point de vue thóorique, nous nous appuierons sur les
travaux de Christian Ahihou, Joseph Ndinda, Irć ne d'A]meida, Julien Bernard, Eni
puccinelli orlandi et catarina Martins.

Abstract.The purpose of this artic]e is to analyse the silent fema]e characters in Riroan
ou Ie chemin de sab]e and Cacophonie by the Senegalese author Ken Bugul. In the studied
texts, there are two §pes of silence: the si]ence imposed by the socie§ and the rebe]lious ,-
silence, chosen by the protagonist in order to manifest her disagreement. This article
seeks to examine the §pes of silence expressed by female protagonists, as we]l as their
reasons to keep quiet and the sources of their mutism. From a theoretical point of view,
the study will be based on the works of Christian Ahihou, Joseph Ndinda, Irć ne d'Almeida,
Julien Bernard, Eni Puccinelli Or]andi and Catarina Martins.

Mots-clós : silence, Ken Bugrrl, Sć nógal, imposó, rebel]e


Kelrł ords: silence, Ken Bugul, Senegal, imposed, rebellious

Le silence a une valeur poĘ alente. Il peut expńmer entre autres,


l'accord ou le dósaccord, l'ómotion ou l'indiffórence, la soumission ou la
rósistance. Pour reprendre les propos d'Eni Puccinelli Orlandi, il < est produit
dans les conditions spócifiques. La diversitó de ces conditions entraine la
variation de la signification du silence : il est donc aussi ambigu que la parole >
(1989, 83). Toujours selon Puccinelli Orlandi, le silence imposó par l'oppresseur
peut 6tre assimiló d l'exclusion, tandis que le silence intentionnel de l'opprimć
est une sońe de rósistance. Tous les deux cróent une rupture volontaire de
communication (Puccinelli Orlandi 1989, B3).
Cependant, l'exclusion et la rósistance font ógalement partie de l'acte de
communication, Dans le cas du silence involontaire, la communication n'est pas
róussie, tandis que le silence volontaire constitue en soi une communication sans
mot. En refusant de parler ou en coupant la parole d quelqu'un, nous envoyons
un message aSSeZ clair i notre interlocuteur ainsi qu'A, notre entourage, Le
silence imposó peut aussi avoir une dimension sociale : pour faire partie du
groupe, l'individu ne peut pas se permettre de tout dire dans toutes les
circonstances.
Cet ańicle vise i prósenter et analyser les personnages silencieux dans
deux ouwages de l'ócrivaine sónógalaise Ken Bugul: Ril1_1ąn ou Ie chemin de
sąble et Cacophonie. Nous tenterons de montrer que les protagonistes buguliens
restent aphones pour deux principales raisons : soit le silence leur est imposó
darrs le cadre des normes sociales, soit elles choisissent elles-m6mes de ne pas
parier pour se rć volter ainsi contre la domination. Nous voudrons montrer le
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mócanisme de ce que Joseph Ndinda appelle < le processus de musellement >

actiońs par_ lesquelles l,univers


e;-i;;". - ",".t-a-ai." ,r1 urr."-Lielesd emp6chant
iłr^rro".ut" rend les r"ń*u. aphones en de s,extrrnmer _ ainsi
pour s,opposer d des
fiłii#;;;;;ii;s nrotalonistes utilisent l-e silence
En nous nous perrcherons sur les techniques
Óirórr.t*""s insuppońńles. outre,
iż"rł"ui""pour faire communiquer le silence des personnages
"iiilr*.-p".
irrairriarr"i. et collectifs dei deux romans analysós,

Ońgines du silence de l'auteure


-----ń;-Bogul, aorrt le wai nom est Marićtou Bilóoma Mbaye, est l,une des
pionnidres a" ia".ito"" fóminine au Sónógal. Son pseudon)nn€, signifiant_en
wolof celle dont p"r.or"" veut est habituellemint donnó i une_petite_fille
<<
"" " le choix
dont la móre avait acŃchó des enfants mońs. D'aprćs Irdne d'Almeida,
d'un tel pseudonyme par l'auteure est
par un tel choix, nous
le symbole de son refus d,6tre maintenue au silence.
fait remarqu". łł*"iau, l'auteur peuJ jouer sur l'ambiguitó m6me du
i son gró
terme en *our q"i-ńiquó n,ayant pis a,obiet, on peut complóter
veŃ ou << p{rsonne ne veut cela >,
< cela >
et dire , p"rro-rr"
o -1ń;, ne me >>

airiil*t i" et lir encore par le choix , d,une dónomination


gónó'ralement attńbuóe aux nouveau_nós en signe de p_rotection, l'auteur
cherche i son tóur i protóger son @uwe, et lui permettre de
viwe. (cazenave
tgg6,67-68)

Pour Ken Bugul, ócrire est un moyen de retrouver sa voix coupóe,


dans un
l,,impoja.ró łó i,upt?"itó dans l,eulT e de Ken Bugul_a ses racines
paT sa mdre, Cet
t.Ńń"ti"ń" d,enfa""ą Al;Age de six ans, elle a ótó abandonnóe petite
;;;fi;;-",; arr.e qo,o., urr,-mais il est i 1,ońgine, de son.besoind,ócńre,
fiią;ń;;b ń. óń i"itda t"
"i"
dans la ócićtó traditionnelle: sa móre l,a
iri.śe" pdre, qui avait dóji quatre_vingt_cinq ans i sa naissance, Comme
"r"".ón
le remarque ChństianŃrihou, Ken Bugul

s,est enfermóe dans un mutisme et a coupć tout. _contj,ct, voire toute


communicationparlesmotsavecsonvoisinageimmódiat'Oasociótć).Sans
r" ru"fii", r" aepar! de la mćre lui avait fermó la bouche [,..]. Cette
i"i"""p".
ń".hó garóa fermće par la zuite. En ignorance des traditions
Ńi;;Ńńt
"u"_-ó-ii"-_-iu
de la sociótó plus d,eiló, e11e se vit alors obligóe de mener sa vie
en solitaire. (zor3, 35-36)
des
Dans Rir.ucn ou le chemin de sable'et Cacophonr'e2 nous trouverons
protasonistes Jtroitement liós i l,auteure. Comme l,ócńture de Ken Bugul est
';;rdó; a\r" rort u"iouiód;phi.-., < fplusieurs _ AS.] personnages fóminins
;"g"-li"", se font t""ńffi ńe raison ł" ." taire et de se laisser
hanter de
l,intórieur par une peine secrete qu,ele9.sont condamnóes ou se condamnent
ł"ri"._ńońes i vińe toutes seuleś, (Ahihou 2013, 38). Ces personnages
sont
i";j;; ;;dócalage avec leur entourage: ils se trouvent en mar'e, sans faire

1 Dorónavant dósignó A l,aide du sigle (R), suivi du numero de la page.


" il;Z;;;;i
aZ.iEne a l'uia" du sigle (C), suivi du numóro de la
page,
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Aphonitó fóminine dans Rirr.l ąn ou Ie chemin de sable et Cacophonie de Ken Bugul

waiment partie du groupe. Comme nous le verrons, leur silence est significatif et
exprime souvent des besoins ómotionnels non comblós.

z. Silence irnposó : personnages muselós


Le premier type du silence analysó dans cet article est le silence imposó
aux protagonistes buguliens par la sociótó oppressive. Dans Riuan ou Ie chemin
de sable, nous sommes confrontós A l'image d'un musellement total, dont les
consóquences s'avórent tragiques.
Rhuąn ou le chemin de sable est une histoire d'une jeune femme rentróe
de l'immigration en Europe qui devient la z8" ópouse du Grand Serigne de
Darouldre au sónógal. c'est un personnage qui róvóle certains parallólismes par
rappoń i l'auteure, puisque Kąn Bugul a vócu la m6me expórience aprds 6tre
rentróe A son pays natal. L'histoiĘ de la narratrice est racontóe d traverŚ d'autres
personnages, en pańiculier celui de\ma, une jeune fille remise au seńgne par
son póre. Les ólóments autobiographiqrią et fictifs se mólangent dans le iomin,
puisque l'histoire de Rama est inspirć e dĘ mythe local. Comme nous le fait
remarquer Kańne Gendron ,
\
Bggol affirme lors d'un entretien uV"" Boniface Mongo-Mboussa:
< fl]'histoire de Rama, est une histoire qĘ t'o" racontait danJ mon village
Iorsque j'ótais adolescente. > Sauf pour ce\qui est de l'acte narratif qu'elle
assume, la narratńce occupe dans l'euwe une place difficilóment
assigrrable. Le factuel n'est donc plus un point d'ancrage pour l'auteure, qui
fouille de plus en plus dans son imaginaire et dans celui des femmes de són
village pour comprendre comment les lógendes, les mythes, et les rumeurs
fondent aussi une certaine róception du monde. (zor+, §9)

Tout auJong du roman, Rama est un personnage sans voix. Pourtant, la


nature de son silence change progressivement. Trós jeune, elle apprend que son
pdre a dócidó de la re_mettre au serigne. Elle aura-une vie diffórente que ses
copines d'enfance: elle sera offeńe i un homme Agó, ayant dóji plusieurs
ópouses. Dans la sociótó traditionnelle sónógalaise, la jeunefille n'a pai d'autre
choix qu'accepter son soń en silence, avec rósignatioń. comme le commente la
narratrice:

Dans une socić tó ró$e par des dogmes, des rć gles, des rites
institutionnalisós, la róaction n'ótait pas pióvue. Et puis, -enco.e une fois,
róagir i quoi ?
Que pouvait dire une petite fille d'un peu plus de seize ans pour se faire
entendre ? une.petite fille de Mbos, dońt letens critique n'ótńt pas encore
forgó, ne pouvait pas affronter son pć re et toute une sociótó.
Et qui oserait rć ąir quand il s'agissait du Seńgne, du Grand Serigne ? (R
43)

_ Te serigne est un guide spińtuel et un maitre coranique. Figure centrale


au sein de sa communautó locale, il est trós respectó ł póssńó un pouvoir
considórable. Selon les mots de la narratńce: ,.fl?tait s".i!"", nr.
de ś eńgne,
descendant de Serigne. Tout le monde lui devaii .ó"ń'i..i""l
obóissaice,
vónóration.
" (R 6g). Rama est alors ordonnee pa. ." }ńiii"-'ae suiwe le
Ndigueul, un principe de la doctrine mouride,'ó;;; a"-..t.l" soumettre
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entiórement totalement u (R 94) i la volontó du Seńgne, qui reprósente la


volontó d'Allah Elle est muselóe par les structures religieuses et sociales : sa voix
n'importe i le de la maison familiale, sa mare
lui donne des conseils pour notre propos < plie-toi i la volontó de
ton mań rr, .. Que ta bouche ne dise rien >>, << Sois sourde, muette et aveugle >>,

la Baraka, ce sera ton droit d'entróe au paradis > (R sz)


< C'est ainsi que tu auras
La responsabilitó de Rama n'est pas seulement de gagner le Paradis pour elle-
m6me: par son comportement, elle couwira toute sa famille de gloire ou de
honte. Ainsi, elle n'a pas d'autre choix que d'obóir. Pour Rama, parler et
s'opposer serait m6me dangereux: rejetóe par la sociótó, elle ne pourrait pas
surviwe. Au dóbut, son silence est donc imposó par les autres et difficile i
accepter. Sa situation est aussi pańicu}idre, car

les rituels symboliques traditionnels qui, selonla perspective inscrite dans le


roman, permettent aux femmes de trouver le sens et la valeur dans la
polyg,.rrie ne sont pas accomplis et Rama est laissóe sans le toitProtecteur
d", .Zfó."rr""s qui iui permettraient de comprendre sa place dans le conteńe
culturei autoui d,ellÓ, ahsi que de donner un sen§ A ses expóriences
personnelles, en par|iculiersi sexualitó et son róle de femme/ópouses.
(Martins zor5, z3)

En consóquence, Rama est < piógóe. Impuiss_ante flge__ a la sociótó,


impuissante face § son pć re, impuissanle Tace i cótte forme d allógeance. Elle
n,aivait ńen tentć .ron pi.., pooiy róagir > (R 6z).Son effacement est ńsible
ł "u"a eile voit le Seri§ne pbur li preńióre M6me fois : elle reste silencieuse, la tóte
baissóe, comme toutes" les autres i"**"s. dans les moments chargós
atńotio", quand Rama pense i sa famille et i sa vie perdue de jeune fille, elle
pir. tó droit de .,"$ń-", pour ne pas jeter 1,opprob_re sur sa famille. Sa
","
iu"ti put"."elle lui .uppbll" : Ńe u me fais pas honte. [...] Ici, on ne pleure pas,
on neirie pas, on ne se plaint pas. > (R 94)
Dans la du SeńgnÓ, Rama est tout de suite intógróe i la
une Sokhna. Dóiormais, elle sera respectóe i cause de son
"o.r"".iio.,
famille: elle devient
,"".i"s" avec le grand homme. Rama s'habitue vite au silence imposó, puisque le
ś ".iń? la róclńe presque toutes les nuits et elle commence óprouver des
,"-niTńe"ts pour luii D'aprós la narratrice, elle < n'ótait pas si dóęue que cela:
elle vivait du.r. on milióu et dans des conditions ot le paradis_ pouvait 6tre
;;;"ii. ii;f{isait de se soumettre, d,obóir, de se compofe.r en sokhna > (R rz9)
il.il";; Ó.i ińpo.e ir toutes les femmes du Serigne, qui n'ont jamais le droit de
," pi"i"ar" de Ń. Rama assume pleinement son róle pendant_deux ans, jusqu,d
;; il; le Serigne prenne u.r" dotre ópouse. A ce moment_li, Rama doit de
nouveau accepter Son soń sans dire un mot et códer sa place i une autre
jeune
fille. Elle resti muette dans la concession du Seńgne, en attendant son tour,
ifi;;i, quand la Narratńce, le personnage qui renvoie Ą la figure de l,auteure,

s < [...] the traditional symbolic rituals that, according tothe perspective inscribed in the
^rlu*u to"n.ra sense and self-worth in polygyny_are not carried out and
"#;r;ii61ł ;o-"n the protecting roof of references tirat would a]low her to understand
ńr"rt without
rr.. ń*.- l" the cu}tural context* that surrounds her and to make sense of her own
.-p.ii*Ó"i orrr.. sexuality or her ro]e as woman/wife. > (Notre traduction)
""ń.t}
Silence imposć ou si]ence rebelle ? 263
Aphonitó fć minine dans Rirll ąn ou Ie chemin de sąble et cacophonie de ken Bugrrl

devient la.zS" ć pouse


{9 se_nsle, Rama commence i comprendre qu'elle ne
regagnera jamais sa position de favońte.
.. sali, le protagoliste du roman cacophonie, est ógalement la figure du
silence- Pourtant, ]e si]ence lui est imposó par o.r" ,o"ńtó ótrangóre"et non
sć nógalaise. C'est encore un personnage qui trahit certaines similaritós d
l'auteure. sa]i a soixante-six ans et elle vit seu]e d,ans la maison de son mari
dófunt au Bónin: tout comme le mariage avec le serigne, c'est une situation
inspiróe par la vie m6me de Ken Bugul. Aprós la ]rrort de son mari, le
protagoniste est laissó sans rófórences cultuielles dans un pays ótranger.
SÓnógalaise, elle ne maitńse pas le contexte social dans lequel elie se retrouve :
du jour au lendemain, sa belle-famille ]a rejette, sans raisón apparente et sans
'du.r,
_exPlication. Elle doit faire un choix : restei d la maison jaune ,r., milieu
h,ostile ou partir au sónógal. pourtant, elle est incapable d'agir condamnóe au
silence. Iź vie, c'est un acqrris dós qu'on vient au ńonde en"poussant des cris.
<<

Ce sont des cris qui donnent le ton. Mais, au lieu de continuer i crier on s'ótouffe
[...], (C t79), dit l'homme aux lóvres minces, le seul personnaSe d avoir une
waie conversation avec sali tout au long du roman. Il ómpare alssi le ,. cd rr,
une force libóratrice, qui permet de respirer et de se sentii soi-m6me, avec ló
<<.bru_itrr,
_qui sert i..6tre considóró" par les autres: faire du bruit, c'est
s'engluer dans les convictions et des certitudes, porter un masque et ótouffer le
cri qui < effraie la mort > (C r8o-r8r). Ce]a fait iussi allusion antiptrrastique au
titre de l'ouw_age : Sali, personnage silencieux, n'est entouróe q.r" do bruit, de la
cacophonie des voix, mais_ cette cacophonie ne rósulte pas d'une waie
communication. Personne ne l'ócoute waiment, elle n'arńve puś e donc elle
se sent esseulóe, pić góe, incompńse. ".ie.
l,a premióre raison de l'aphonitó de sali est son incapacitó de
communiquer avec son entourage. Elle ne connait pas bien leur langue ni leurs
coutumes, mais elle essaie de suiwe toutes les rtgles sociales dó la culture
ótrangdre. Le silence imposć par le groupe est d'au*tant plus choquant que le
changement se fait soudaineńent et ś alien ignore Ia raison. L'attiiude de son
entourage, comme celle de sa voisine, change du jour au lendemain :

U1 jour cette dame arriva dans la maison jaune, entra dans la chambre de
sali et souleva ses pa8nes, en ]a traitant ó'ótrangóre. soulever ses pa8nes
deyant quelqu un ć tait un signe de ma]ódiction dani ce pays.
-
< Que se passe-t-il ?
Qu'ai-je tait ? >, ]ui demanda Sali.
< Chez nous, il y a des choses qu'on ne fait pas. Peut-6tre chez vous... >
Et elle s'en alla comme elle ótait venue, apr-ds avoir remis ses pagnes, sans un
mot de plus. (C z6)

c'est la seule rópo.nse que sali obtient: des phrases courtes et coupóes,
des chuchotements, des visageŚ fermós. Elle est róduite au silence, traitóe'aveó
pópris. D'aprós Julien Bernard, < les ómotions ont une d,imension quasi-
langagióre, en parti_culier dans les situations d'ómotions collectives , (zori r9).
Ainsi, l'entourage de sali la condamne en coupant toute communicatioń-avóc
elle.
La situation de_sali est d'autant plus difiicile qu'elle n'a pas waiment de
,, chez elle >. Dans son histoire nous retróuverons le mbtif omnipiósent
chez ken
Bugul: l'abandon par la mć re et le manque d'enracinement dans la culture
AnnaSWOBODA
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le traumatisme
du mutisme de Sali est donc
d'origine. La deuńdme raison jur"uis le courage de dire ce
d,enfance, qrri u *urqo'ó
ffi;;;;:.ś * ",iiuit
_
pas dóranger les
ou,elle ressentait, ń;i;"voulaĘ,, (ć ""r;Td;;vóulait
B*iń ,,,u*iu" pas non plus ir dire
des uns 11).
".. ;;rd"
rtitod""
;, "t;;
"]ri.""
ce qui est I'indice de son
musellement
:

C,ótait",*":,l"":"#iJ#f :iH,jixfi ltfl "ł ":"ffi 'J"l,T,"rffi'""#"";


par des
::i""i se remplir Jł 1-;i;;.,lo,r". ," tendie jusqu, l
elle sentart sz bouche
l,óclatement.s".ró*u,auienlcómme.""ue",etaucunsonn'ensortait.I.e
jeudeparait."*;;;il;;nrr,r::_i:f***l*rurY#ł #T"Ę -ł T;
re, A partrr c
;;" i"'dópań de saunmćpersonnag"
Dersonnagedouble, ń" o" masque devant et un masque

aerrić re. (C rł )
trós,Ionetemps : iI
de,la gorge de Sali pendant
Pouńant, le cń ne sort pas ć e dos lui
< ótait ótouffó au". r,#*-.pJ.r1,li""":,"d-;;;;;"Iń,Ę ::l.*",,
vottó, qui gardait le
..ńaitpas ,
faisait mal parce qo"i-" "ri "6 "JŃleseremeŃtc
,ń"r*.d;;il;;h;,, s3]^.k' Ómotions
cń entre les cótes, ."".,d*t-.o" dans
io.tracisme, s'accumulent
inexpńmóes, .esuttarii'sittrr"r""ińpo"e "iT"
des dóulzu§
ili',,ti.i"t" ś ^ri"tę"."ffióńe #i::.-Ę ffó. Elle cńe en silence,
eiiiT}"ry" ;ilŃ;;inc"s lui-aemande si
-"i" i:x":ęi,:iiili: de cette action
róflóchi;;l;,ig"tfication
:

eile cńe, Sali

Ellecroyaitqu,ellecriait,maisc,ótaituncńótouffó,alorsqu'ilfallaitouwir
c-,ótait u merde,>,
sa $reule i,óii.i-et""re d"iti.,i*i J"ń"ć es,
"t'ljJ.l

ę.1.$*5[§i3iil".*5tr*p;;;fffi
.,ffi filT*LTi""**
pas_, r prono"":1:*pń*e
toute sa
Le mot < merde > que SaIi
n'arrive ,:i
frustration_d6lre.Jii,,r*'"iJ;:,::"^u^JH j1"i:t,;r**,o"I;i9::,lf
::ł il*::m*r"J,J"Ii""ff '"3l":H,l,:aHiiLi""i,"rr"Peutbńserlesilence
quilui a ótó imposó,

silence reb;**"n'r§f,i"#;T,,,":l pu. capable, de se, 1ó;olter


contre
qullqo","h9:: signifierait
sa propre
l'ordre social en rócupórant ""i",'Oi,J
ió"ia , ce,qui est inimaginable,
S,oDDoSer ouu"r*"*"niuu|,lHó",_;i,rtoutela t""" dans son mutisme,
et oublióe pJ 1"§;;i;,
Rama,""" ""r"rmć e grand et
F,sŚeulóe
ł ,Fq;lT;;;;;;;;j""n",h?:*"
son,ir"""Li.,""?" i, elle
la nature de s"ńgnJ.,X;;ńi. óe cet.instantł
trós mince dans Ia
";';;;i&-du i" i""ń" r,o*me et d sapprocher de
commence a se reuottliffiil;;ń,l.r:l i, comportement de Rama est
,*,'""-ń"t " tn "oój,
lui. Cela se fait uor.,", < l,adultóre de
p."rnie."riJrfr;ailfii ó,;ry'r?órł ,o ii"uditio"""tteque celui de la
scandaleux,
I,homme n,entrainait ;;ń;""ńóquence,
iiliil i"iJre, alors
Silence imposó ou silence rebelle ? 265
Aphonitó fóminine dans Rir.t, ąn ou le chemin de sable et &cophonie de ken Bugul

femme n'ótait pas acceptó > (Yade 2oo7,45). Deuńómement, il s'agit du Seńgne,
qui jouit dun statut social supórieur aux autres hommes. Rama s'enfuit dó la
concession du Serigne avec son amant, sans en parler d, personne, Cet óvónement
bascule les rógles sociales Ą tel point que personne n'ose le commenter. Le
Serigne lui-m6me s'enferme << dans un mutisme inhabituel [...], incapable de dire
un seul mot > (R zt6-zt7).
Le silence rebelle de Rama n'entraine pas seulement sa mort sociale,
mais aussi sa mort physique. Aprós son retour au village natal, sa maison
familiale prend feu. pourtant, les circonstances de la mort de Rama ne sont pas
claires. En la dócrivant, l'auteure utilise la technique elliptique :

Nul ne sut jamais ce qui s'ć tait róellement passć . [...]


Nul ne voulut savoir ce qui ótait artivć .
NuI n'en parla plus.
Rama n'avait jamais existó. (R zzz)

I-e non-dit rdgne au dónouement du texte en mettant en valeur le


mystć re qui entoure
Ę disparition de l'hć rolne. Les phrases ć nigmatiques
renforcent encore cet effet. Au dónouement_du texte, l'Ńeure emploi"ie l'elĘ se
_dont on, parle, selon Genette, lorsqu'< un segment nul de rócit
narrative,
correspond i une duróe quelconque d'histoire ri 1nouchardon 2oo2,
§5). Plus
Prócisóment, i_l s'agit d'une ellipseixplicite: la narratrice informe quó ..tans le
brasier allumó on ne sait comńent, li concession de ]a famille de ńma prit feu
et se cotrsurna jusqu'aux cendres > (R zzz). Elle joue m6me avec le lecńuR en
po_sant des questions srrr le
{ópart de Rama, auxquelles elle ne rópond jamais :
comment inaginer Ranra dócidant de s'enfuir de la concession i teniit-eil" e
la main un baluchon, une valise, son sac i fermeture Echir? Quel moyen de
_<

transport avait-elle epprun!ó ?, (R zzr). Dans le cas d'elĘ se nairative,


1 ghluue
lecterlr peut la combler d sa fantaisie dans les limites ińposóes par la
fabula, mais chacun óprouve aussi ]es limites de ce comb]e*enf i trńrs h
fru.stration de ne pas savoir si sa version correspondrait d la version ''autońsóe''
qu'aulait pu_en donner le rrarrateur > (Fleck zo-r4, §ro). En plus, tout au dóbut
du .roman, des personnages parlent des óvóneń.rt.-"orr"ó.rrant Rama et le
Serigne en utilisant des phrases coupóes: < On dit que... ,r, .. On a dit que._, u,
< on rlit que Sokhna Dir,t, vous save , celle qui
venaii cle.". > (R ro). Il eś tdonó
question cl'une ellipse granrmaticale. L'ellipsó devient ici une iigure de style qui
encadre tout le rócit.
L'histoire de Rama est un mythe local, ayant peut-6tre une fonction
d'avertissement,
Ę protagoniste.paie ie prix ultimó poor^ u,roi.-*is en question
l'ordre social qui lui a impósó le silence. ^
pourtant, Riusąn ou le chemin de sąble
est avant tout l'histoire de la
narratrice : une trentenaire rentróe de l'ómigration en Europe et ensuite
par la sociótó traditionnelle. Elle_est une figlre antinomiqu! , a.ralyse" dń.Ę etóe
contexte du silence, elle est tout de m6me linarratrice, donc le sujei parlant.
i;
La
nature de son silence est intóressante : au lieu de se róvolter contró l'oidre social
traditionnel, elle sy soumet volontairement, en rejetant le mode de vie i
l'occidental.
comme ken Bugul, la narratrice ne se sent pas aimóe par sa mdre et
cherche dósespć róment d 6tre acceptóe. En regrettant son choix de vie,
elle
AnnaSWOBODA
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i des
de n'avoir pas voulu appańenir
U
_T: j^o"'U'ó,
admet : .. J'avais honte
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Silence imposó ou silence rebelle ? 267
Aphonitó fóminine dans Rirp an ou Ie chemin de sable et Cacophonie de Ken Bugul

dóviations du sentiment. La jalousie ótait toute aussi douloureuse que l'idóe de la


moń, mais nul ne pouvait l'óchapper. > (R zo4)
Contrairement d, Rama, qui est simplement remise au Seńgne et doit
obóir i la dócision de son póre, la narratńce choisit elle-m6me d'ópouser le grand
homme. Ceńes, le silence lui est imposó comme i toutes les autres ópouses, mais
elle fait consciemment le choix de viwe ainsi. Pour reprendre ses propos ]
< Privilógióe parce que je n'ótais pas remise, prińlógióe parce que je n'ótais plus
une petite fille, privilógióe parce que peut-6tre j'avais connu d'autres hommes,
privilć gióe parce qu'ayant connu autre chose, mon choix d'6tre une ópouse du
Serigne avait plus de valeur. > (R r7z) La narratrice, m6me sans habiter dans la
concession du Seńgne, occupe une position spóciale entre ses co-ópouses.
Elle contraste aussi son silence avec ( le bavardage mondain > auquel
sont condamnóes les femmes modernes pour se faire accepter et aimer. < Que de
fois j'avais failli me dótruire en essayant de plaire d un homme par tous les
moyens et suńout de la pire des faęons, par les mots. I] fallait parler parler parler
tout le temps. [...] Taisons-nous et agissons, > dit-elle (R r8s). Cette sorte du
silence rebel]e met en question l'ordre occidental: la narratrice refuse de
continuer le < dialogue, insensó avec les hommes occidentaux. Sa róponse est
de choisir la polygamie, car elle n'a pas trouvó les m6mes valeurs dans les
relations vócues en Europe. Pouńant, pour 6tre acceptóe dans la sociótó
traditionnelle en tant qu'ópouse du Seńgne, elle n'a pas le droit de mettre ses
dócisions en question, l,e silence de la narratrice signifie sa soumission totale i
l'ordre patriarcal, ce qui, paradoxalement, lui permet de se retrouver et de
renaitre.

conclusions
Les personnages fóminins buguliens sont rendus aphones par la sociótó
traditionnelle oppressive, mais ils choisissent aussi d'6tre silencieux pour se
róvolter contre cette oppression. Pour reprendre les propos d'Ahihou, < [p]ar la
pratique du silence comme moyen de communication, ces personnages se
condamnent eux-mómes, en plus des peines que leur impose dóji la sociótó, i
souffrir davantage au ]ieu de chercher d se relever en rócupórant la langue qu'il
leur est dófendu de parler > (zot3, 4o). Nico]as Treiber quant A lui, rappelle la
qu6te identitaire de l'auteure, pour retrouver < i'unitó d'une personne, sź ,l
possibilitó d'exister soi-mć rne parnri les siens, son pouvoir de l'erprimer de se
dire > (zorz, r).
Le si]ence des protagonistes imposó par la sociótó oppressive rósulte
souvent d'un silence rebelle, manifestant le dósaccord du protagoniste face i
l'assujettissement. Chez Ken Bugul les personnages fóminins sont rendus
aphones par leur entourage, mais elles se taisent aussi elles-m6mes, en utilisant
le silence comme moyen d'expression. En imposant le silence, le systóme
oppressif coupe la communication avec les protagonistes, en les róduisant i des
objets sans voix, dósignós i obóir et i se soumettre. En revanche, le silence
rebelle, la plus subtile forme de róvolte, signifie le refus de communiquer avec ce
systóme, qui est tout de m6me la communication en soi : le rejet des rógles et des
processus qui rendent les protagonistes aphones. Paradoxa]ement, c'est parfois
le silence qui dit le plus.
268
AnnaSWOBODA
Universitó de Silósie, Pologne

Bibliogpphie
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