Vous êtes sur la page 1sur 116

Master Actuariat de Dauphine

Mémoire présenté devant l’Université Paris Dauphine

pour l’obtention du diplôme du Master Actuariat

et l’admission à l’Institut des Actuaires

le 14 novembre 2014

Par : Sophie GOURLIER

Titre: Analyse de la rentabilité d’un produit en santé individuelle

Confidentialité :  NON  OUI (Durée :  1 an  2 ans)

Les signataires s’engagent à respecter la confidentialité indiquée ci-dessus

Membre présent du jury de l’Institut Entreprise :


Signature :
des Actuaires :
Nom : MALAKOFF MEDERIC

Signature :

Directeur de mémoire en entreprise :

Membres présents du jury du Master Nom : DELLA SANTINA Olivier


Actuariat de Dauphine :
Signature :

Autorisation de publication et de mise en ligne sur un site de diffusion de documents


actuariels (après expiration de l’éventuel délai de confidentialité)

Signature du responsable entreprise :

Secrétariat :

Bibliothèque : Signature du candidat :

Université Paris-Dauphine,
Place du Maréchal de Lattre de Tassigny,
75775 PARIS Cedex 16


RESUME

Mots clés : santé individuelle, complémentaire santé, ratio de rentabilité, cotisations, prestations,
consommation médicale.

Avec le déficit chronique de l’Assurance Maladie entraînant un désengagement progressif de la


Sécurité Sociale, le marché de l’assurance complémentaire santé a un rôle de plus en plus important
dans le système de santé français. L'intérêt des complémentaires santé est de proposer à leurs
prospects et assurés des produits personnalisés, leur permettant de bénéficier d’une couverture
adaptée tant à leur besoin qu'à leur budget. En conséquence, il est important d’avoir une bonne
connaissance de ces souscripteurs, et d'identifier parfaitement les risques associés afin de pouvoir
être le plus compétitif possible dans les primes d'assurance demandées aux adhérents. Pour
répondre à ces enjeux, des études tant prospectives que rétrospectives doivent être élaborées dans le
but de mieux appréhender la rentabilité des produits, les remboursements des soins et le
comportement des assurés pour les années futures.

Ce présent mémoire propose l’étude détaillée d’un produit en santé individuelle. Il intègre une analyse
précise des cotisants afin de définir les caractéristiques principales de la population qui compose le
portefeuille. L’objectif consiste ensuite à analyser, à partir de nos données historiques, l’évolution du
chiffre d’affaires et de la rentabilité. Les informations recueillies seront alors exploitées pour réaliser un
modèle de projection prévisionnel des prestations et des cotisations. Celui-ci sera ensuite utilisé pour
mesurer la rentabilité du portefeuille via l'indicateur du ratio combiné. Cette modélisation, déterministe
et sensible à un jeu de paramètres, apportera ainsi une vision à moyen et long terme de la rentabilité
future du produit.

ABSTRACT
Key words : individual health, complementary health, profitability ratio, contributions, health care
benefits, medical consumption.

Being chronic deficit in health insurance market resulting in a the gradual reduction of reimbursement
of French Health Care System, the complementary insurance market shows a more and more
important role in French insurance market. The interesting point of the complementary health
insurance is the possibility of offering the personalized products to their prospects and insureds by
allowing them to have an insurance cover appropriate to both the need and the budget. Therefore, it is
important to have a good knowledge of the underwriters, of fully identifying the related risks in order to
be more competitive when pricing the insurance premium. To answer these issues, the studies both
prospective and retrospective should be elaborated with the aim of better acknowledging the
profitability of products, the repayment of the caring and the insureds’ behavior for the coming years.

This thesis presents a detailed study of an individual health product. It includes an analysis, in precise
detail, of the insureds in order to define the main characters of the population of which the portfolio
composed. The purpose is to focus on an analysis, based on our historical data, on the evolution of
the turnover and profitability. The data will be analyzed in the aim to achieve a projection model about
the provision and the insureds. This model will be used to measure the portfolio profitability through
the combined ratio. The modelling processes, deterministic and sensitive to parameter changing, build
thus a medium and long term vision of the profitability of the product.

3
SYNTHESE
Depuis de nombreuses années, avec les déremboursements progressifs de certains actes
médicaux par la Sécurité Sociale, le poids des complémentaires dans le système de santé
français ne cesse de croître. En parallèle, avec la création de dispositifs favorisant l’accès au
soin, l'inflation des dépenses de santé et le besoin d’être de mieux en mieux soigné, la
consommation médicale des français est en constante augmentation. Les organismes
d’assurance doivent donc répercuter cette évolution dans leur tarif, tout en proposant des
garanties toujours optimales et adaptées aux besoins de leurs assurés. Néanmoins, le
marché est très concurrentiel ce qui entraine une réduction progressive des marges et des
problématiques de rentabilité de plus en plus importantes. Afin de pallier à ses difficultés, il
est donc important d’anticiper et de prévoir la rentabilité et le comportement futur des
assurés, pour pouvoir piloter dès à présent les produits en question. Des études
rétrospectives sont donc nécessaires, et permettent d’avoir une vision précise de la
population qui compose le portefeuille. Ensuite, et pour pouvoir projeter la rentabilité,
plusieurs paramètres provenant de ces études doivent être pris en compte.

Ainsi, ce mémoire vise à analyser la rentabilité d’un produit d'assurance en santé individuelle
sur un historique de cinq ans et de proposer une méthode déterministe de projection des
prestations et des cotisations afin d'en modéliser, in fine, la rentabilité future à travers les
évolutions du ratio de sinistralité et du ratio combiné. Il est essentiel pour l'assureur
d'anticiper la politique d'indexation tarifaire qu'il lui sera nécessaire ou possible de mener en
fonction du résultat projeté obtenu.

La première partie de ce mémoire apporte une présentation globale du système de santé


français et de ses principaux intervenants. Ensuite, sont exposés les mécanismes de
remboursements des frais de santé des divers acteurs. A ce titre, les différents contrats et
types de gammes mis à disposition des assurés pour une couverture santé sont décrits.

La seconde partie détaille le produit d'assurance individuel étudié. Ce produit est atypique
puisqu'il présente une double particularité. Premièrement, il est dit « fermé », ce qui signifie
qu'il n'est plus proposé à la commercialisation mais que les contrats existants continuent
d’être assurés. Deuxièmement, les salariés qui le désiraient pouvaient souscrire ce produit à
leur départ en retraite en substitution des produits collectifs de complémentaire santé dont ils
disposaient auparavant au sein de leur entreprise.

L’étape suivante est d’extraire les données nécessaires à l’analyse et de présenter les
retraitements éventuels effectués. Le chapitre 2 de la section II y est consacré. La
problématique qui s’est alors posée était liée à la fiabilité des données. Le rattachement des
cotisations et des prestations au bon produit et au bon assuré a été une première difficulté.
Le périmètre de l'étude a été naturellement restreint aux données entièrement fiabilisées.

Sur le périmètre ainsi constitué, une analyse rétrospective de la rentabilité a été réalisée.
Après avoir identifié les différents facteurs qui influencent la rentabilité, des statistiques sur la
population du portefeuille ont été élaborées, en tenant compte des variables qualitatives
mises à disposition. En utilisant des méthodes et des outils statistiques tels que le test du
Khi-deux ou le coefficient de Cramer, nous avons cherché à distinguer les variables qui
s’influencent les unes aux autres. Ces dernières seront utilisées pour la segmentation lors de
la projection.

5
Comme le montant des cotisations est un élément qui influence fortement la rentabilité, il est
important de pouvoir en expliquer son évolution sur l’historique défini en amont. Ainsi, trois
composantes qui agissent sur le montant global des cotisations vont ressortir de l'analyse : la
création d’affaires nouvelles, qui est presque intégralement expliquée par les contrats de
réversion puisque s’agissant d’un produit fermé, les résiliations, qui sont majoritairement
liées aux décès des assurés principaux, mais aussi l’indexation tarifaire, qui vient répercuter
les déremboursements et l’inflation générale des dépenses. Nous constaterons à ce niveau
que les autres motifs de résiliation tels que l’initiative assuré ou le changement de produit
sont assez minoritaires, l’âge assez élevé des adhérents étant une source principale de
l’explication.

Enfin, à travers l’indicateur de sinistralité sinistres sur primes (S/P), nous analyserons
l’évolution de la rentabilité du produit. Ce ratio, fondamental en assurance, fournit une aide
précieuse quant à la politique d'indexation tarifaire à mener. La méthode adoptée a été de
décomposer les différents états annuels du portefeuille (souscriptions, résiliations, stock) et
de calculer pour chaque composante, le montant total des prestations, des cotisations, ainsi
que les S/P associés. En utilisant d’une part l’effet lié à la variation du S/P et d’autre part
l’effet lié à la variation du portefeuille, nous distinguerons les impacts expliquant l’évolution
du ratio de sinistralité d’une année à l’autre.

Une fois cette analyse rétrospective effectuée, une projection des cotisations et des
prestations sera engagée dans le but de maîtriser et surveiller la rentabilité à plus ou moins
long terme, et de s’assurer de la pérennité du produit. Pour une assurance complémentaire
santé, la rentabilité d’un produit se mesure par les prestations versées aux assurés sur les
cotisations encaissées. La technique proposée est une méthode déterministe d'aide à la
décision. Elle est basée sur la combinaison de paramètres de projection. Ces derniers ont
été construits au regard des études rétrospectives réalisées au préalable et l’année 2013
constitue la base du modèle prospectif. Ainsi, la projection des effectifs, des prestations et
des cotisations selon des scénarios particuliers permettra d’apporter diverses
conclusions d’une part sur le taux d’indexation tarifaire à appréhender et d’autre part sur la
rentabilité du produit dans les prochaines années.

Même si la projection fournit des conclusions satisfaisantes au regard de la population


concernée, la méthode est déterministe, et cette approche prospective peut mettre en
évidence quelques limites, notamment celles concernant le choix des paramètres de
projection effectuées. Dans la loi de chute, par exemple, l’assureur peut souhaiter une
approche différente de celle réalisée, fonction de l’âge et du sexe. L'assureur pourrait par
exemple envisager une approche qui serait fonction de l’écart entre le taux d’indexation et un
taux benchmark représentant le taux de dérive moyen sur le marché. Plus cet écart serait
important, et plus le nombre de résiliations serait élevé, mais cette modélisation est
relativement complexe du fait de l'impossibilité pour l'assureur de connaître réellement le
comportement de ses assurés.

Quoiqu'il en soit, ce produit fermé doit faire l'objet d'une surveillance attentive de la part de
l'assureur. La mise en place de différents scénarios, aussi bien optimistes que pessimistes
pour l'organisme d'assurance permet de prévoir les évolutions de résultat et de ratio combiné
du produit sur les années futures. L'assureur s'appuie alors sur ces outils d'aide au pilotage
pour ajuster le niveau d'indexation en fonction du résultat souhaité.

6
SYNTHESIS
For many years, with the gradual reduction of reimbursement from some medical activities of
French Health Care System, the Complementary health care insurance market continue
increasing its share in French health caring system. In parallel with the above context, with
the creation of the schema facilitating the access to the health care, the inflation of health
care costs and the need of having better health care, the medical consummation of French is
constantly increasing. Therefore, the insurance agencies have to reverberate this evolution
into the tariffs by offering insurance covers always being optimal and appropriate to insureds
needs. However, the market is highly competitive which leads a gradual reduction of
benefice and problematic profitability increasingly important. To overcome its difficulties, it is
important to anticipate and to predict profitability and future insureds’ behavior in order to be
able to control these products immediately. Retrospective studies are thus required, and
allow to have a clear vision of the people who make up the portfolio. Subsequently, to be
able to project the product profitability, several parameters from these studies should be
taken into account.

Thus, this thesis aims to analyze the profitability of an individual health insurance product on
a history of five years in order to provide a deterministic method for projecting benefits and
contributions in order to model, ultimately, the future profitability through changes in the loss
ratio and combined ratio. It is essential for the insurer to anticipate the tariff indexation policy
that it will be necessary or possible to conduct based on the projected outcome.

The first part of this thesis provides a comprehensive presentation of the French health
system and its major participants. Then a presentation of the mechanisms of reimbursement
of health of various players. As such, different types of scopes and contracts available for
insured health coverage will be described.

The second part details the individual insurance product examined. This product is unique
because it has a double feature. First, it is "closed", meaning that it is no longer available for
marketing but existing contracts remain valid. Second, employees who wish to have this
product could endorse this product to their retirement as a substitute of the complementary
health group products they once had in their company.

The next step is to extract the necessary data for analysis and present any potential
reprocessing. Chapter 2 Section 2 is devoted to this part. The problem that then arose was
related to the data reliability. The attachment of contributions and benefits to the right product
and to the right insured was the first difficulty. The scope of the study was restricted to
completely naturally made reliable data.

On the perimeter thus built, a retrospective analysis of profitability has been achieved. After
identifying the various factors that influence the profitability, some statistics on the population
of the portfolio is developed, by taking into account the latest available variable data. By
using statistical methods and tools such as the chi-square test or Cramer coefficient, we
seek to distinguish the variables that influence each other. These will be used for the
segmentation during the projection.

7
As the volume of contributions is an element that strongly influences the profitability, it is
important to be able to explain its evolution on a history defined upstream. Thus, three
components that affect the total amount of contributions will come out from the analysis: the
creation of new business, which is almost entirely explained by pension contracts since it is a
closed product; the terminations, which are mostly related to death of the principal insured
but also the tariff indexation, which comes to reverberates the reduction of reimbursement
and general inflation of expenses. We will see here that the other causes for the contract
termination as the insured initiative or product changes are minority enough while the rather
old age of members of is a main source of explanation.

Finally, through the indicator claims on premiums, we will analyze the evolution of the
profitability of the product. This ratio, fundamental in insurance, provides valuable guidance
to the tariff indexation policy conducting. The method adopted was to break down the
different yearly portfolio statements (underwriting, cancellations, stock) and calculate for
each component, the total amount of benefits, contributions and the S/P associates. Thus, by
using on one hand the effect associated with the variation of the S/P and on the other hand
the effect related to changes of the portfolio, we will distinguish the impacts explaining the
evolution of the loss ratio from one year to another.

Once this retrospective analysis achieved, a projection of contributions and benefits will be
incurred in order to control and monitor product profitability in a more or less long term, and
to ensure the sustainability of the product. Indeed, for a complementary health insurance, the
profitability of a product is measured by the benefits paid to insured on the premiums written.
The offered technique is a deterministic method for decision support. It is based on the
combination of the parameters of projection. These were built by historical studies
beforehand and 2013 forms the basis of predicting model. Thus, the projection of the number
of staff, the benefits and the contributions under particular scenarios will make various
conclusions one hand on the tariff indexation to understand and the other hand on the
profitability rate of the product in coming years.

Although the projection provides some satisfactory conclusions in terms of the population
concerned, the method is deterministic, and forward-looking approach can highlight some
limitations especially, the choice of projection parameters used. In the law of fall, for
example, the insurer may use a different approach than the above one, based on age and
sex. The insurer could for example see a different approach which is based on the gap
between the estimated index and a benchmark rate representing the average drift rates in
the market. More this gap is important and more the termination would be high, but this
model is relatively complex due to the inability of the insurer to really know the behavior of
insureds.

Anyway, the closed product must be carefully monitored by the insurer. The introduction of
different scenarios, both optimistic than pessimistic about the insurance agency predicts
changes in income and combined ratio of the product for future years. The insurer then uses
these tools piloting assistance to adjust the level of indexing according to the desired result.

8
REMERCIEMENTS
Je souhaite adresser mes remerciements à toutes les personnes qui ont participé à la
réalisation de ce mémoire.

Je tiens tout d'abord à remercier Damien Duluard qui m'a accueillie en stage au sein de son
service d'inventaire Prévoyance/Santé de Malakoff Médéric. Il m'a été d'une grande aide
pour la recherche de la base de données nécessaire à l'étude.

Je remercie aussi Olivier Della Santina pour la confiance et l'ensemble des conseils
prodigués. En tant que tuteur de mémoire en entreprise, il a su être présent et disponible
pour me guider dans l'élaboration du mémoire et m'a aidé à trouver des solutions pour
avancer. Je remercie aussi Kamel Mekkaoui et Sobidaa Varatharajan pour leur aide
apportée tout au long de ces six mois de stage.

Un grand merci également à Vincent Hébert et Julien Rollet pour la relecture du mémoire et
à mon tuteur universitaire Emmanuel Lepinette pour ses conseils.

Enfin, ces remerciements ne peuvent s'achever sans une pensée pour mes parents et mon
frère qui ont été d'un grand soutien et d'une grande patience durant ces six derniers mois.

9
SOMMAIRE
RESUME ........................................................................................................................................................... 3

ABSTRACT ........................................................................................................................................................ 3

SYNTHESE ......................................................................................................................................................... 5

SYNTHESIS ........................................................................................................................................................ 7

REMERCIEMENTS ............................................................................................................................................. 9

SOMMAIRE .................................................................................................................................................... 11

INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 13

SECTION I : LE SYSTEME DE SANTE EN FRANCE ........................................................................................ 15

CHAPITRE 1 : LA PROTECTION SOCIALE ............................................................................................................... 15


1.1 La notion de protection sociale ....................................................................................................... 15
1.1.1 Contexte et principes généraux................................................................................................................... 15
1.1.2 Quelques éléments chiffrés ......................................................................................................................... 16
1.2 Flux de trésorerie de la Sécurité Sociale .......................................................................................... 18
1.2.1 Ses recettes ................................................................................................................................................. 18
1.2.2 Ses dépenses ............................................................................................................................................... 19
1.2.3 Le déficit de la Sécurité Sociale ................................................................................................................... 19
1.3 Le mécanisme de remboursement des frais de santé...................................................................... 20
1.3.1 Principe général........................................................................................................................................... 20
1.3.2 Facteurs impactant le remboursement par l'Assurance Maladie ................................................................ 22
CHAPITRE 2 : L’ASSURANCE COMPLEMENTAIRE SANTE ........................................................................................... 23
2.1 Le rôle d’une complémentaire santé ............................................................................................... 23
2.1.1 Principe........................................................................................................................................................ 23
2.1.2 Du contrat collectif au contrat individuel .................................................................................................... 24
2.1.3 Des niveaux de couvertures personnalisées ............................................................................................... 25
2.1.4 Mécanisme de remboursement des complémentaires santé ..................................................................... 26
2.2 Les principaux acteurs ..................................................................................................................... 27
2.2.1 Un marché très concurrentiel ..................................................................................................................... 27
2.2.2 Présentation d’un intervenant majeur : Malakoff Médéric ........................................................................ 27
2.3 Spécificités du secteur assurantiel ................................................................................................... 30
2.3.1 L’anti-sélection ............................................................................................................................................ 30
2.3.2 L’aléa moral ................................................................................................................................................. 30

SECTION II : DESCRIPTION GENERALE DU PRODUIT ET CONSTRUCTION DE LA BASE DE DONNEES ........... 32

CHAPITRE 1 : PRESENTATION DU PRODUIT ETUDIE ................................................................................................ 32


1.1 Contexte général ............................................................................................................................. 32
1.1.1 Aspect réglementaire et législatif : la loi Evin.............................................................................................. 32
1.1.2 Le provisionnement des risques en santé ................................................................................................... 33
1.2 Le produit GSR : Garantie Santé Retraite ........................................................................................ 33
1.2.1 Principales caractéristiques techniques ...................................................................................................... 33
1.2.2 Formules proposées par le produit ............................................................................................................. 34
CHAPITRE 2 : CONSTRUCTION DE LA BASE DE DONNEES.......................................................................................... 36
2.1 L'infocentre ...................................................................................................................................... 36
2.2 Extraction des cotisations individuelles ........................................................................................... 36
2.3 Extraction des prestations individuelles .......................................................................................... 37
2.4 Fusion des cotisations et des prestations ........................................................................................ 38

11
SECTION III : ETUDE RETROSPECTIVE DE LA RENTABILITE DU PRODUIT ..................................................... 39

CHAPITRE 1 : IDENTIFICATION DES FACTEURS INFLUENÇANT LA RENTABILITE ............................................................... 39


1.1 La production................................................................................................................................... 39
1.2 L’indexation tarifaire ....................................................................................................................... 39
1.3 Les résiliations ................................................................................................................................. 40
1.3.1 Les transferts de gammes ........................................................................................................................... 40
1.3.2 Les décès ..................................................................................................................................................... 40
1.3.3 Les autres motifs ......................................................................................................................................... 40
1.4 La dérive du risque .......................................................................................................................... 41
1.5 Les évolutions démographiques ...................................................................................................... 41
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DES RESULTATS DU PORTEFEUILLE............................................................................... 41
2.1 La rentabilité ................................................................................................................................... 41
2.2 Analyse du portefeuille des cotisants au regard des variables disponibles ..................................... 42
2.2.1 Description des variables ............................................................................................................................ 42
2.2.2 Dépendances et liaisons entre les variables ................................................................................................ 47
2.2.3 Influence de ces variables sur la rentabilité ................................................................................................ 50
2.2.4 Description de la sinistralité du portefeuille ............................................................................................... 54
2.3 Analyse de la rentabilité du portefeuille.......................................................................................... 57
2.3.1 Evolution du chiffre d’affaires ..................................................................................................................... 57
2.3.2 Evolution du ratio S/P .................................................................................................................................. 66

SECTION IV : METHODE DETERMINISTE DE PROJECTION DES COTISATIONS, DES PRESTATIONS ET DE LA


RENTABILITE FUTURE DU PRODUIT ................................................................................................................ 71

CHAPITRE 1 : CHOIX DES PARAMETRES DE PROJECTION .......................................................................................... 71


1.1 Loi de décès ..................................................................................................................................... 71
1.2 Sorties de portefeuille (hors décès) ................................................................................................. 72
1.2.1 Principe de la régression polynomiale ......................................................................................................... 73
1.2.2 Critère de sélection : le coefficient de détermination R² ............................................................................ 75
1.2.3 Taux lissés retenus ...................................................................................................................................... 75
1.3 Entrées des nouveaux contrats : les contrats de réversion .............................................................. 77
1.4 L’indexation tarifaire et la dérive du risque ..................................................................................... 77
CHAPITRE 2 : PROJECTION DES COTISATIONS ET DES PRESTATIONS ........................................................................... 77
2.1 Explication de la méthode retenue .................................................................................................. 78
2.1.1 Projection des effectifs et des cotisations ................................................................................................... 78
2.1.2 Projection des effectifs et des prestations .................................................................................................. 80
2.2 Etude de la projection...................................................................................................................... 85
2.2.1 Projection de l’effectif des ouvrants droit ................................................................................................... 85
2.2.2 Projection de l’effectif des consommants ................................................................................................... 85
2.2.3 Résultats des simulations effectuées .......................................................................................................... 85

CONCLUSION .................................................................................................................................................. 98

ANNEXES ...................................................................................................................................................... 101

1. Exemple d’un tableau de garantie (option G+FJH du produit GSR) ........................................................ 101
2. Article 4 et 9 de la loi Evin....................................................................................................................... 102
3. Présentation des tables et liste des champs utilisés ............................................................................... 103
4. Procédure d’extraction des cotisations ................................................................................................... 106
5. Procédure d’extraction des prestations .................................................................................................. 107
6. Evolution du chiffre d’affaires 2009-2013 (en milliers d’euros) .............................................................. 108
7. Justifications mathématiques ................................................................................................................. 109

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................ 115

12
INTRODUCTION
Depuis de nombreuses années, avec la création de dispositifs favorisant l’accès aux soins,
la consommation des frais de santé n’a cessé d’augmenter. Cela se répercute directement
sur le déficit de l’Assurance Maladie, les organismes d’assurance complémentaires et les
patients. Cette hausse s’explique par une combinaison de plusieurs facteurs : croissance du
niveau de vie, inflation, progrès des techniques médicales et surtout augmentation de la
proportion des personnes âgées, conséquence directe du baby-boom de l’après-guerre.

De ce fait, les pouvoirs publics essaient de réduire les déficits, notamment par des
déremboursements progressifs de certains actes médicaux et de médicaments. Il devient
donc préférable pour les individus de recourir à des complémentaires santé afin de diminuer
leur reste à charge. Cependant, en parallèle, les organismes d’assurance doivent répercuter
dans leurs tarifs ces déremboursements tandis que l’augmentation de la concurrence sur ce
marché et les outils mis à disposition des assurés tels que les comparateurs de prix les
obligent à orienter les prix à la baisse. Les complémentaires doivent donc proposer des
produits performants, innovants, répondant aux problématiques médicales des
souscripteurs, tout en faisant face à des diminutions de marges et des problèmes de
rentabilité qu’il est nécessaire de surveiller.

Ce mémoire a pour objet l’étude rétrospective et prospective de la rentabilité d’un produit


d’assurance complémentaire en santé individuelle. Ce produit est spécifique puisque d’une
part il fait partie des produits dits « fermés » : il n’est plus distribué mais les contrats
existants continuent d’être assurés. D’autre part, le produit était destiné aux retraités et
proposé lors de la sortie du contrat collectif du salarié.

Avant d’analyser et de proposer une modélisation déterministe de la projection des


cotisations et des prestations de ce produit, il est nécessaire de construire et de fiabiliser
notre base de données pour ensuite s’intéresser à l’étude descriptive de celle-ci. La notion
de rentabilité passera par l’utilisation d’un indicateur, le ratio de sinistralité qui nous
permettra de déterminer, selon différents paramètres et différentes variables mises en
exergue, la rentabilité du produit sur un historique de plusieurs années. La projection des
cotisations et des prestations sera basée sur la construction de diverses lois calibrées sur les
données historiques, telles que la loi de consommation modélisant les dépenses du régime
complémentaire en fonction de l'âge, la loi de chute et la prise en compte d’hypothèses
actuarielles. Tous ces paramètres font partie des outils nécessaires à un pilotage correct de
la rentabilité technique d’un produit.

13
SECTION I : LE SYSTEME DE S ANTE EN F R ANCE
Cette première section est consacrée à la présentation de la Sécurité Sociale qui a un rôle
déterminant dans le système de protection sociale français. Nous abordons, d'une part, les
différents régimes qui la composent et nous retraçons, alors, de manière détaillée le
mécanisme de remboursement des frais de santé. D'autre part, après avoir expliqué le rôle
de l’assurance complémentaire santé et les différents types d’organismes intervenant sur ce
marché, nous exposons deux types de phénomènes auxquels sont confrontées les
complémentaires santé.

Chapitre 1 : La protection sociale

1.1 La notion de protection sociale

1.1.1 Contexte et principes généraux


Créée en 1945, la Sécurité Sociale est l'acteur principal et public du système de santé
français.

A l'origine, la Sécurité Sociale était réservée aux personnes salariées et leur famille. Elle
s’est progressivement étendue à d’autres catégories de la population et a aujourd’hui pour
principale mission de protéger les individus résidant en France des risques dits "sociaux"
grâce à l’instauration de mesures collectives de protection et de prévention : c’est ce qu’on
appelle la protection sociale.

Elle s’organise autour de trois logiques principales :

- la logique d’assurance sociale : couvrir une perte de ressource liée à un risque social

- la logique d’assistance : solidarité intergénérationnelle pour faire face aux diverses


formes de pauvreté sociale ;

- la logique de protection universelle : 99,9 % de la population est couverte et les


prestations sont accordées sans conditions de ressources ni de cotisations.

La notion de risque peut être décrite comme le fait d’être exposé à un danger physique,
comme la maladie, ou un danger économique, par exemple, le chômage. Le risque est alors
dit « social » lorsqu’il entraine une hausse des dépenses ou lorsqu’il provoque une baisse
des ressources.

Les risques sociaux1 sont regroupés en six catégories :

- Le risque santé / maladie

L’Assurance Maladie regroupe deux formes de risques santé / maladie :

o La maternité, l’invalidité, le décès ;


o Les maladies professionnelles et l’accident du travail.

1
Sources : Les comptes de la protection sociale - Direction de l'Information Légale et Administrative (DILA)

15
- Le risque vieillesse / survie

Ce risque prend en compte la dépendance. Les prestations accordées au titre de ce risque


sont principalement les pensions de réversion et le minimum vieillesse avec pour objectif
d’assurer un revenu décent à la retraite.

- Le risque emploi

Ce risque inclut les allocations chômage ainsi que des aides pour favoriser l’insertion
professionnelle.

- Le risque famille

Ce risque correspond à l’augmentation des besoins des ménages lorsqu’ils ont des enfants.
Ainsi, l’Assurance Maladie verse des prestations pour l’éducation des enfants et prend
également en charge les frais liés à la maternité et à la naissance.

- Le risque logement

Ce risque couvre les dépenses liées au logement (aides au logement).

- Le risque pauvreté / exclusion

Il regroupe principalement les prestations du Revenu de Solidarité Active (RSA).

Tous ces risques sociaux définis précédemment sont donc couverts (en partie) par la
Sécurité Sociale qui verse des prestations selon la nature du risque aux assurés sociaux.

1.1.2 Quelques éléments chiffrés2

1.1.2.1 Sur le plan national

D'un point de vue quantitatif, en 2011, la part des dépenses de protection sociale
représentait 33,6 % du Produit Intérieur Brut (PIB), soit 672,5 milliards d’euros contre 654,2
milliards d’euros en 2010. Il s’agit du principal poste de dépenses publiques en France.

D'une part, les prestations liées au risque pauvreté / exclusion représentent plus de 2 % des
prestations totales, comme le montre la figure ci-dessous. Ces dernières sont en
augmentation, conséquence de la crise économique à laquelle nous sommes confrontés
depuis 2008.

D'autre part, les prestations du risque emploi progressent également d’une manière rapide
avec l’augmentation du chômage.

Concernant le poste vieillesse, la part essentielle des dépenses correspond aux différents
versements des pensions de retraite et la prise en charge de la dépendance. Une évolution
graduelle de 4,1 % par rapport à 2010 pour ce risque s’explique par le départ à la retraite
des « baby-boomers » et à l’allongement de la durée de vie.

2
Sources : DRESS – La protection sociale en France et en Europe en 2011 – Edition 2013

16
La faible évolution des revenus ajoutée à l’augmentation élevée des loyers par rapport aux
années précédentes ont entrainé une hausse des prestations pour le risque logement en
2011 (+3,3 % par rapport à 2010).

Enfin, le risque santé / maladie totalise plus de 218 milliards d’euros de dépenses, ce qui le
place en 2ème position derrière le poste vieillesse. L’étude de la DRESS3 met en évidence
une baisse modérée des dépenses de santé depuis 2005, et cela grâce aux différentes
réformes (principalement déremboursements) mises en place par les gouvernements
successifs.

Pauvreté - Exclusion
2%
Logement
3%
Emploi
7%

Santé
34%

Vieillesse
45%

Famille
9%

Figure 1 : Répartition des prestations sociales par branche en 2011

1.1.2.2 A l'échelle européenne

Sur le plan européen, les dépenses de prestations sociales sont irrégulières et peuvent
varier du simple au double selon les différents états membres. D’après l’étude de la DRESS
sur la protection sociale en France et en Europe menée en 2011, les pays les plus riches
consacrent une place importante à la protection sociale (plus de 30 % de leur PIB). C’est
notamment le cas du Danemark, de la France, des Pays-Bas et de la Suède. A l’inverse, les
pays comme la Roumanie, la Bulgarie, la Lettonie ou l’Estonie y consacre une part inférieure
à 20 %.

Malgré ces différences notables dues à leur niveau inégal de développement, la


décomposition par risque est sensiblement identique pour l’ensemble des pays de l’Union
Européenne comme le montre la figure ci-dessous (exprimée en pourcentage du PIB).

3
Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques. Elle a pour mission principale de
rechercher, et exploiter les données provenant du domaine de la santé, de l’action sociale, de la protection
sociale ou de la famille et de transmettre les statistiques réalisées.

17
Figure 2 : Des disparités selon les pays

1.2 Flux de trésorerie de la Sécurité Sociale4

1.2.1 Ses recettes


Le financement de la Sécurité Sociale passe principalement par les cotisations sociales et
patronales, lesquelles sont assises sur le salaire. Chaque assuré social est affilié à un
régime qui va dépendre de sa situation professionnelle.

D’autres sources de financement comme la contribution sociale généralisée (au taux de


7,5% prélevé sur les salaires et les revenus), certains impôts ou taxes (taxes sur le tabac,
l’alcool fort, les primes d’assurance) contribuent également aux recettes de la Sécurité
Sociale.

Toutefois, toutes ces recettes ont tendance à diminuer du fait de la baisse du nombre de
cotisants au regard de la conjoncture économique (chômage notamment) et au vieillissement
de la population. Néanmoins, les prélèvements sur le capital et les taux de cotisations pour
certains risques, comme le risque lié aux accidents du travail, sont en augmentation dans le
but de réduire sur le long terme le déficit de la Sécurité Sociale.

4
Sources : les recettes du régime général de la Sécurité Sociale - www.securite-sociale.fr

18
Autres produits
Transferts 1%
6%

Impôts et
taxes
13%

CSG Cotisations
21% 58%

Cotisations prises
en charges par
l'Etat
1%
Figure 3 : Recettes de la Sécurité Sociale en 2012

1.2.2 Ses dépenses


Les dépenses de la Sécurité Sociale proviennent en grande majorité des prestations versées
aux bénéficiaires selon les différents risques définis précédemment (risques couvrant les
remboursements des médicaments, indemnités journalières pour les invalides, allocations
familiales, allocations chômage, aides au logement).

La Sécurité Sociale s’engage également dans des actions de prévention génératrices de


dépenses. Elle met en place un ensemble de programmes comme des bilans médicaux pour
les jeunes et les adultes et des examens de santé gratuits.

Autres professionnels
Infirmières
de santé
kinésithérapeutes
1%
10%
Transports de
malades
Indemnités
5%
journalières
Médecins généralistes
15%
Analyses médicales 9%
5%

Médecins spécialistes
14%
Médicaments et
dispositifs de santé
37%

Dentistes
4%

Figure 4 : Répartition des dépenses de soins pour le régime général en 2011 (en milliard d'euros)

1.2.3 Le déficit de la Sécurité Sociale


Depuis de nombreuses années, la Sécurité Sociale affiche un résultat annuel déficitaire, les
recettes prélevées ne couvrant pas la totalité des dépenses. L’objectif de l’Etat est donc de
mettre en place des réformes visant à réduire cette situation et à sensibiliser les différents
acteurs du secteur.

19
Sous l’effet des différentes lois mises en place, dont la dernière est la loi de financement de
la Sécurité Sociale en 2012, nous observons une décélération progressive du déficit
(passant de 18,2 milliards d’euros en 20115 à 12,5 milliards d’euros en 2013). En 2014, le
déficit de la Sécurité Sociale devrait être proche de 11,7 milliards d'euros.

2009 2010 2011 2012 2013


0

-5
en milliards d'euros

-10

-15 -12,5
-13,9
-20 -18,2
-20,3
-25
-23,9
-30
Figure 5 : Déficit de la Sécurité Sociale de 2009 à 2013

1.3 Le mécanisme de remboursement des frais de santé

1.3.1 Principe général


Le principe général des remboursements des frais de santé par la Sécurité Sociale est
présenté dans le schéma ci-dessous, le dernier étage représentant le remboursement par la
complémentaire santé et le reste à charge de l’assuré.

Dépense réelle de l’assuré

Base de remboursement de la Sécurité Sociale Dépassement d’honoraires

Remboursement de la Participation Ticket Dépassement


Sécurité Sociale Forfaitaire modérateur d’honoraires

Remboursement
Reste à charge
Complémentaire

Deux indicateurs sont à prendre en compte pour le remboursement du régime obligatoire :

- La base de remboursement de la Sécurité Sociale (BRSS) qui correspond à un


montant de référence fixé par la Sécurité Sociale ;

- Le taux de remboursement de la Sécurité Sociale exprimé en pourcentage (TRSS).

La base et le taux de remboursement dépendent de l’acte de soin ou du produit de santé en


question. La sécurité Sociale rembourse alors un pourcentage de la base de
remboursement.

Ainsi, le remboursement de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) pour un acte de soin se


calcule de la manière suivante :

5
Sources : projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2012 (LFSS 2012)

20
Remboursement AMO = BRSS * TRSS - franchise ou participation forfaitaire

La différence entre la base de remboursement de la Sécurité Sociale et la part remboursée


par cette dernière, s’appelle le ticket modérateur (TM). Il est défini par la relation suivante :

Ticket Modérateur = BRSS - Remboursement AMO

En plus du ticket modérateur, le patient peut avoir à payer des dépassements d’honoraires
qui peuvent s’avérer plus ou moins élevés selon les pratiques du marché. Ils ne sont pas pris
en charge par l’Assurance Maladie, mais ils peuvent l’être par la complémentaire selon les
garanties souscrites par l’assuré. Ces dépassements d’honoraires correspondent à la
différence entre la dépense réelle de l’assuré et la base de remboursement de la Sécurité
Sociale. Autrement dit :

Dépassement d’honoraires = Dépense réelle de l’assuré - BRSS

Reste à charge = Dépense réelle de l’assuré - remboursement AMO - remboursement


complémentaire

L'exemple ci-dessous permet de mieux comprendre ces notions : une consultation médicale
chez un médecin généraliste qui pratique des dépassements d’honoraires.

Montant de la consultation : 28 €

Dépassement d’honoraires :
Base de remboursement de la Sécurité Sociale : 23 €
28 – 23 = 5 €

Remboursement de la Ticket
Participation
Sécurité Sociale (70%) : modérateur : Dépassement d’honoraires :
Forfaitaire* :
23 x 0,70 = 16,10 € 23 – 15,10 = 5€
1€
(– 1*) = 15,10 € 7,90 €

D’autres exemples concernant quelques frais de santé particuliers sont répertoriés dans le
tableau ci-dessous. Nous observons bien que les actes courants comme les consultations
médicales ou les médicaments sont particulièrement bien remboursés par l’Assurance
Maladie contrairement à l’achat de monture de lunettes par exemple.

Participation
Professionnel Montant Base de Taux de Remboursement Ticket Reste à
forfaitaire ou
de santé de l’acte remboursement remboursement Sécurité Sociale modérateur charge
franchise*

Médicament 1,13 – 0,50*


(vignette 1,74 € 1,74 € 65 % = 1,11 € 0,50 € 0€
blanche) 0,63 €

Monture
100 € 2,84 € 60 % 1,70 € 1,14 € 0€ 97,16 €
lunettes

Couronne
500 € 107,50 € 70 % 75,25 € 32,25 € 0€ 424,75 €
Dentaire

21
1.3.2 Facteurs impactant le remboursement par l'Assurance Maladie
Le remboursement des frais de santé par l'Assurance Maladie dépend de plusieurs facteurs,
le principal étant le régime d’affiliation de l’assuré social.

L'Assurance Maladie est constituée de trois principaux régimes6 qui correspondent aux
principales catégories professionnelles :

- le régime général dit de base regroupe la majorité de la population française (environ


80 % de celle-ci avec 25 millions d’assurés cotisants et 19 millions d’ayants droit). Ce
régime concerne les salariés de l’industrie, du commerce, et des services. Il est
décomposé en cinq grandes branches d’assurance :

o l’assurance maladie ;
o l’assurance accident du travail et maladie professionnelle ;
o l’assurance vieillesse ;
o les allocations familiales ;
o l’assurance dépendance.

- le régime agricole auquel sont rattachés les exploitants et les salariés agricoles. Il
regroupe environ 9 % de la population actuelle ;

- le régime social des indépendants couvre les travailleurs salariés indépendants


comme les artisans, les commerçants ou les professions libérales soit environ 5 % de
la population.

Par ailleurs, il existe des régimes dits spéciaux : étudiants, fonctionnaires, EDF, RATP,
SNCF qui ont une gestion particulière (6 % de la population).

D’autres facteurs influent sur le remboursement de l'Assurance Maladie. Il s’agit par exemple
du secteur auquel appartient le médecin (secteur conventionné ou non) ou du respect ou
non du parcours de soin coordonné.

Avec le déremboursement progressif de la Sécurité Sociale, l’augmentation des


dépassements d’honoraires, et l’obligation de la participation forfaitaire pour certains actes,
le reste à charge de l’assuré pour les actes courants est de plus en plus important.

La différence entre la dépense réelle de l’assuré et le montant remboursé par la Sécurité


Sociale augmente régulièrement, ce qui laisse à penser que les complémentaires santé ont
et auront un rôle croissant dans les années à venir.

6
Sources : www.ameli.fr - les différents régimes de l'Assurance Maladie

22
Chapitre 2 : L’assurance complémentaire santé

2.1 Le rôle d’une complémentaire santé

2.1.1 Principe
L’assurance complémentaire santé vient en complément des prestations de santé versées
par la Sécurité Sociale. Elle complète les remboursements de cette dernière et ce dans la
limite des frais réels. Elle peut également rembourser aux patients des actes médicaux ou de
prévention qui ne sont pas pris en charge par la Sécurité Sociale. C’est le cas par exemple
des cures thermales ou des actes d’orthodonties pour les adultes. En plus de ces garanties
frais de santé, les contrats d’assurance complémentaire santé peuvent permettre notamment
de bénéficier de garanties en terme d’assistance, de prévoyance et de protection juridique.

Depuis les années 2000, le poids de la complémentaire santé augmente pour atteindre un
niveau record en 2012 de 13,7 % de contribution au financement des dépenses de santé7.
En terme de poids de l’assurance privée dans le financement des soins, la France se situait
en 2009 au second rang derrière les Etats-Unis.

8
Figure 6 : Part des différents financeurs dans la dépense courante de santé (2009)

Les principaux postes de dépenses des complémentaires santé en France sont les actes
relatifs aux branches dentaire et optique. Cela s’explique par les montants de
remboursements très faibles du régime obligatoire pour ces types d'actes.

Dans la plupart des cas, les remboursements octroyés par l’intermédiaire de la


complémentaire santé se font non pas sur la base des frais réels payés par le patient, mais
sur la base d’un pourcentage du tarif conventionnel fixé par la Sécurité Sociale. D’autres
remboursements peuvent se faire sur la base de plafonds annuels ou d’un forfait : c’est le
cas des forfaits cures thermales par exemple ou bien du forfait journalier hospitalier. Cela
dépend du niveau de couverture choisi par l’assuré.

7
Sources : Comptes nationaux de la santé 2012 - le financement par les organismes complémentaires
8
Sources : OCDE, données 2009

23
2.1.2 Du contrat collectif au contrat individuel
En 2013, 98 % des salariés étaient couverts par une assurance complémentaire santé (37 %
ayant une couverture individuelle contre 61 % en collectif). Les contrats proposés par les
organismes complémentaires sont de plus en plus nombreux et diversifiés, afin de proposer
une offre personnalisée pour chaque adhérent : contrats collectifs à adhésion obligatoire,
contrats collectifs à adhésion facultative, contrats « surcomplémentaires », contrats
individuels de sortie de groupe.

Ci-dessous est présenté un tour d’horizon des différents contrats santé.

2.1.2.1 Le contrat collectif

Le contrat collectif est souscrit auprès d’une société d'assurance, d’une mutuelle, ou d’une
institution de prévoyance (assureurs) par une entreprise (souscripteur) pour le compte de
ses salariés (bénéficiaires). Au sein de ces contrats collectifs, les tarifs sont mutualisés entre
salariés et ce sont l'entreprise et le salarié qui payent chacun une part de la cotisation.

Il y a plusieurs moyens pour mettre en place un contrat collectif :

- en passant par un accord de branche ;


- en passant par un accord d’entreprise ;
- en réalisant un référendum en consultation direct avec le personnel ;
- par la décision unilatérale de l'employeur.

L’accord de branche ou l’accord d’entreprise sont les deux moyens les plus courants. Ils
consistent en une négociation entre les différents partenaires sociaux de la branche
professionnelle en question, ou de l’entreprise s’il s’agit d’un accord d’entreprise.

L’adhésion du salarié est obligatoire (contrats collectifs à adhésion obligatoire) ou facultative


(contrats collectifs à adhésion facultative) selon la convention collective de l’entreprise, mais
seuls les contrats collectifs à souscription obligatoire bénéficient des avantages fiscaux les
plus importants.

D’après la loi relative à la sécurisation de l’emploi en 2013 (transposant l'Accord National


Interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013), les entreprises auront l’obligation de proposer à
leurs salariés une couverture complémentaire santé collective minimale à partir du 1er janvier
2016. Chaque salarié devra obligatoirement y adhérer.

2.1.2.2 Le contrat individuel

L’assurance complémentaire santé peut aussi être souscrite à titre individuel. L’assuré
s’adresse alors directement à son assureur : ce sont les contrats individuels.

Ces derniers peuvent être souscrits dans plusieurs cas :

- si la personne ne bénéficie pas de complémentaire santé dans le cadre de son travail

- si la personne souhaite avoir, en plus de son contrat collectif, un contrat individuel qui
va venir renforcer les remboursements des frais de santé par exemple : on parle alors
de « surcomplémentaire» ;

24
- si la personne est retraitée. Elle peut alors souscrire un contrat individuel santé qui lui
permet de continuer à bénéficier d'une couverture similaire à celle qu’elle avait en
entreprise à un tarif fixé. Elle peut également souscrire un contrat classique de
complémentaire santé avec des garanties qui ne sont pas équivalentes à celles
présentes dans le contrat collectif qu'elle avait auparavant mais à des garanties tout
de même spécifiques aux besoins de cette population. Ces deux types de contrats
sont appelés des contrats de sortie de groupe puisqu’ils s’adressent à des retraités
qui bénéficiaient auparavant d’un contrat de groupe (contrat collectif). C'est dans la
deuxième catégorie que se classe le produit étudié dans ce mémoire.

2.1.2.3 Les contrats responsables et non responsables

Par définition, le contrat responsable respecte le parcours de soin coordonné, c’est-à-dire


que le patient doit consulter son médecin traitant avant d’aller voir un spécialiste. Si ce
dernier le consulte sans avoir au préalable choisi de médecin traitant, la majoration du ticket
modérateur restera à la charge de l’assuré.

Pour ne pas encourager les dépenses inutiles, le contrat responsable ne prend pas en
charge la participation forfaitaire d'un euro, les franchises sur les médicaments et certains
dépassements d’honoraires.

94 % des contrats souscrits en complémentaire santé sont responsables. Afin d'inciter les
individus et entreprises à souscrire ce type de contrat, les pouvoirs publics leur ont garanti
une taxe inférieure à celle des contrats non responsables (7 % contre 9 % en 2013). Ces
contrats obéissent à un ensemble de mesures lié au parcours de soins.

Les cotisations des contrats non responsables sont assez élevées pour l’adhérent puisque
plus fortement taxées. En effet, à compter du 1er janvier 2014, le taux de la taxe sur les
contrats d’assurance non responsables est passé de 9 % à 14 % tandis que celui sur les
contrats responsables reste à 7 %.

2.1.3 Des niveaux de couvertures personnalisées


Dans la plupart des organismes d’assurance santé, trois niveaux de couvertures sont
généralement proposés afin de répondre le mieux possible aux attentes des assurés.

- Contrats « entrée de gamme » : ces contrats présentent le plus souvent des niveaux
de garantie assez limités et ne prennent en charge que le ticket modérateur (hors
participation forfaitaire). Les dépassements d’honoraires restent à la charge du
consommant.

- Contrats « milieu de gamme » : dans ces contrats, les niveaux de remboursements


sont généralement plus élevés. Ainsi, le ticket modérateur et une partie des
dépassements d’honoraires sont pris en charge par la complémentaire santé. De
plus, certaines branches comme le dentaire ou l’optique sont en partie couvertes.

- Contrats « haut de gamme » : ces contrats couvrent pratiquement la totalité des


dépenses qui ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale. Ils peuvent
rembourser également des actes non pris en charges par le régime obligatoire :
cures thermales, ostéopathie, orthodontie adulte.

25
2.1.4 Mécanisme de remboursement des complémentaires santé
Comme nous l’avons évoqué précédemment, la majorité des remboursements des
complémentaires santé se font sur la base d’un pourcentage du tarif de base de la Sécurité
Sociale. Ainsi, plusieurs pourcentages peuvent être affectés : 100 %, 200 % ou 300 % par
exemple. Illustrons notre propos en réutilisant l’exemple précédent9.

- Visite médicale chez un médecin généraliste pratiquant des dépassements


d’honoraires.

Le tarif est fixé à 28 €.

Cas n°1 : La complémentaire rembourse 100 % du tarif conventionnel de la Sécurité


Sociale.

Elle rembourse donc à hauteur de 100 % de ce tarif.

Reste
Montant Base de Taux de Remboursement Ticket Remboursement
à
de l’acte remboursement remboursement Sécurité Sociale modérateur complémentaire
charge

6,90 €
15,10 € 28-6,90-
(pas de prise en
(car 1 € de 15,10 =
28 € 23 € 70 % 7,90 € charge de la
participation 6€
participation
forfaitaire)
forfaitaire)

Cas n°2 : La complémentaire rembourse à hauteur de 200 % du tarif de base de la Sécurité


Sociale.

Elle prend en charge jusqu’à 200 % x 23 € soit 46 €.

Reste
Montant Base de Taux de Remboursement Ticket Remboursement
à
de l’acte remboursement remboursement Sécurité Sociale modérateur complémentaire
charge

Remboursement 1€
maximal : (correspondant
46 – 15,10 = à la
30,90 € participation
15,10 € Or 6,90+5 forfaitaire)
(car 1 € de (dépassement
28 € 23 € 70 % 7,90 €
participation d'honoraires)
forfaitaire) <30,90 €

D'où
remboursement
= 11,90 €

9
Nous supposons que le contrat est responsable

26
2.2 Les principaux acteurs

2.2.1 Un marché très concurrentiel


Malgré la forte concentration du marché des assurances complémentaires, le secteur est en
proie à une concurrence relativement importante. Ceci s’explique par un marché en
constante mutation devant faire face à une forte innovation dans la structuration des produits
proposés et de nombreuses fusions acquisitions entre acteurs au profit des mutuelles.

Institutions de
prévoyance
18%
Sociétés
d'assurance
28%

Mutuelles
54%

Figure 7 : Part des trois types d’organismes d’assurance santé en France en 2012

Les organismes d’assurance complémentaire ont des formes juridiques variées. En France,
trois types d’organismes sont agrémentés à proposer des assurances complémentaires
santé : ce sont les mutuelles, les institutions de prévoyance et les sociétés d’assurance.
Chacun de ces trois types d’assureurs répond à des règles de gouvernance et de
fonctionnements spécifiques ainsi qu’à des obligations réglementaires propres ; les
mutuelles sont régies par le code de la mutualité, les institutions de prévoyance par le code
de la Sécurité Sociale et les sociétés d’assurance par le code des assurances.

2.2.2 Présentation d’un intervenant majeur : Malakoff Médéric


Malakoff Médéric10 est né de la fusion du Groupe Malakoff et du Groupe Médéric en 2008.
C’est un acteur majeur de la protection sociale en France et c’est un groupe :

- paritaire : gouverné à parts égales par les partenaires syndicaux et patronaux ;


- mutualiste : administré par des représentants des adhérents ;
- à but non lucratif : sans actionnaires ni distribution de dividendes.

Le groupe s’adresse à la fois aux entreprises et aux particuliers en proposant un panel de


produits permettant de couvrir l’ensemble des besoins de protection des individus dans le
domaine de la santé, prévoyance, épargne et retraite. La figure ci-dessous dresse un aperçu
des clients de Malakoff Médéric.

10
Sources : site de Malakoff Médéric - www.malakoffmederic.com

27
Clients Entreprises

• Micro-entreprises (Plus de 200 000 entreprises)


• PME - Entreprises de taille intermédiaire (plus de
20 000)
• Grandes entreprises (les plus grands groupes)
• Plus de 30 accords de branches professionnelles
et interprofessionnelles

Clients Particuliers

• Plus de 4 millions de personnes et leurs familles

Figure 8 : Les clients Malakoff Médéric

Le groupe s’inscrit dans deux domaines d’activité principaux :

- La gestion de la retraite complémentaire AGIRC – ARRCO :

Malakoff Médéric bénéficie d’une délégation de l’AGIRC (Association Générale des


Institutions de Retraite des Cadres) et de l’ARRCO (Association pour le Régime de Retraite
COmplémentaire des salariés) dans le but de gérer la retraite complémentaire de plus de 3
millions de salariés cotisants ainsi que de 2,8 millions de retraités (près de 20 % des retraites
AGIRC-ARRCO sont gérés par Malakoff Médéric). Les missions principales en tant que
gestionnaire de retraites complémentaires concernent la gestion des cotisations et des droits
des salariés ainsi que le versement des pensions aux retraités des différentes branches
professionnelles.

3ème Pilier : Epargne retraite (facultatif)


• Epargne retraite supplémentaire d'entreprise
• Epargne retraite individuelle

2ème Pilier : Retraite complémentaire (obligatoire)


• ARRCO (ensemble des salariés)
• AGIRC (cadres)

1er Pilier : Retraite de base (obligatoire)


• Sécurité Sociale

ème
Figure 9 : ARRCO et AGIRC : 2 pilier de la pyramide retraite en France

- L’assurance de personnes en santé, prévoyance et épargne - retraite :

Malakoff Médéric, via son assurance de personnes, met à la disposition de ses assurés
différents produits complémentaires sur la santé, la prévoyance, ou bien l’épargne retraite,
que ce soit pour les entreprises et leurs salariés, les associations, les indépendants ou les
particuliers.

28
Ces derniers ont des attentes spécifiques. Ainsi, les entreprises souhaitent optimiser leurs
coûts de protection sociale, améliorer leur productivité, tout en se préoccupant de la santé de
leurs salariés. Les particuliers, souhaitent, quant à eux, optimiser leur budget de protection
sociale, préserver leur capital santé, et pouvoir gérer leur dépendance et celle de leurs
proches. Dans le cadre de ses produits de complémentaire santé, Malakoff Médéric
s’engage à optimiser les dépenses de santé via des réseaux de professionnels partenaires
qui mettent en place des réductions tarifaires attractives pour les assurés.

Ainsi, Malakoff Médéric accompagne :

o 3,7 millions de salariés assurés ;


o 1,2 million d’assurés individuels.

Enfin, le Groupe s’engage dans de l’action sociale. En effet, elle intervient auprès des clients
Malakoff Médéric et de leurs proches en leur proposant des conseils, une assistance
pratique ou une aide financière par exemple. Il s’agit de fonds prélevés sur les cotisations
pour apporter un soutien ponctuel à un salarié ou à un assuré qui se trouve dans une
situation difficile. Cette action sociale peut également se matérialiser sous la forme de
soutien à la recherche médicale ou à la prévention santé.

Concernant l'organisation du Groupe, Malakoff Médéric est composé de plusieurs entités


dont la principale est Malakoff Médéric Prévoyance (MMP) qui représente plus de 46 % du
chiffre d’affaires en 2013. Il s’agit d’une institution de prévoyance qui propose des offres
individuelles pour les indépendants et travailleurs non salariés. Elle verse aux assurés des
rentes ou indemnités stipulées dans les contrats. Ces versements viennent s’additionner à
ceux de la Sécurité Sociale. Par ailleurs, MMP propose, pour les particuliers, différentes
solutions de prévoyance contre les aléas de la vie (maladie, accidents, perte d’autonomie et
décès). Les différentes entités ainsi que leurs parts respectives sont présentées ci-dessous.

Auxia
5,2%

Quatrem
33,4%
MMP
46,4%

MMM
CMAV
10,5%
2,7%
CAPREVAL INPR
0,3% 1,5%
Figure 10 : Parts des différentes entités de Malakoff Médéric en 2013

29
2.3 Spécificités du secteur assurantiel

Les complémentaires santé doivent faire face à deux phénomènes d'asymétrie d'information
distincts qui doivent être pris en compte dans la tarification des contrats d’assurance santé.
Ils sont traités par une branche de la théorie économique en plein essor depuis les années
1980 : la théorie de l'Agence.

Il s’agit des deux phénomènes suivants:

- le phénomène précontractuel : l’anti-sélection ;


- le phénomène post-contractuel : l’aléa moral.

Ces deux phénomènes sont des problématiques communes à l'ensemble des activités
d'assurance. Ils proviennent du choix arbitraire et rationnel de l’individu de se couvrir ou non
contre le risque santé. Nous allons les décrire en détail dans les deux paragraphes suivants.

2.3.1 L’anti-sélection
La couverture santé passe par la souscription d’un contrat complémentaire par l’assuré.
Celui-ci comporte deux critères clés :

- le premier critère est caractérisé par la prime que l’individu devra débourser pour
bénéficier de la garantie du contrat ;
- le second critère est défini par l’ensemble des garanties proposées au sein du
contrat.

Ces deux critères sont fondamentaux et permettent d’expliquer la présence du phénomène


d’anti-sélection. En effet, pour que l’assuré souscrive un contrat, il faut que les garanties
offertes correspondent à ses besoins mais aussi que la prime associée reflète au mieux son
niveau de risque. Cependant, dans la réalité, l’assureur ne peut pas calculer individuellement
le niveau de risque de chaque assuré permettant de définir la prime. Ce serait connaitre à
l’avance les coûts santé engendrés par cet assuré. Aussi, l’assureur ne pouvant mesurer
précisément ce niveau (présence d’asymétrie d’information), il appliquera une prime
moyenne pour une catégorie de population en fonction de leur paramètre de risque,
induisant en conséquence de l’anti-sélection.

L’anti-sélection peut donc se définir comme un problème d’opportunisme résultant du fait


que les individus détiennent des informations privées qui sont inaccessibles et inobservables
pour l’assureur. La sélection des individus va dans le sens contraire des intérêts du co-
contractant. En effet, ce sont les personnes qui consomment le plus qui resteront sur le
marché, les autres individus préfèreront, quant à eux, en sortir plutôt que de payer la prime
moyenne. Si, de plus, l’assureur augmente la prime, il accentuera le phénomène et
découragera encore davantage les bons risques. Cela entrainera de fait un rétrécissement
du marché.

2.3.2 L’aléa moral


Un deuxième phénomène très présent dans le domaine assurantiel est celui d’aléa moral.
Ce phénomène peut expliquer en partie la hausse progressive des dépenses de santé par
individu.

30
En effet, lorsque les soins sont remboursés d’une part par le régime obligatoire et d’autre
part par les complémentaires, le reste à charge pour les patients peut s’avérer faible (un
euro pour les consultations médicales par exemple). Les soins peuvent donc se retrouver
quasiment gratuits, et c’est cet effet de gratuité qui entraine une surconsommation dans le
domaine de l’assurance (et plus particulièrement en assurance santé). Cette quasi-gratuité
génère par conséquent une évolution à la hausse des dépenses de santé, qui pourra
provoquer, à terme, une pénurie des services médicaux. L’instauration d’une franchise est
une solution pour inciter les gens à consommer autrement.

S’il est couvert par une complémentaire santé, l’assuré va, très probablement, augmenter sa
prise de risque en consultant plus fréquemment les médecins par exemple. Ces frais lui
seront remboursés par la Sécurité Sociale et par la mutuelle. Il lui restera peu de frais à sa
charge. Sa prise de risque est de ce fait supérieure à celle où il n’aurait pas souscrit une
couverture complémentaire et où dans ce cas, il aurait dû supporter entièrement les
dépenses remboursées par la complémentaire. Le patient a donc tendance à diminuer ses
efforts et à consommer davantage : c’est ce qu’on appelle le phénomène d’aléa moral.

L’optique est le poste de soin pour lequel ce phénomène de risque moral est le plus
facilement observable. En effet, un assuré qui possède une bonne garantie en optique aura
tendance à changer ses montures plus régulièrement et surtout pour des montures ou verres
plus chers que s’il était moins bien couvert.

31
SECTION II : D ESCRIPTION GENER ALE DU PRO DUI T ET
CONSTRUCTION DE L A B ASE DE DONNEES

Chapitre 1 : Présentation du produit étudié

1.1 Contexte général

Nous présentons dans cette partie l’environnement et le contexte général des produits
complémentaires en santé individuelle ainsi que les différents provisionnements effectués
dans ce secteur.

1.1.1 Aspect réglementaire et législatif : la loi Evin


La loi du 31 décembre 1989 appelée loi Evin met sur un même pied d’égalité les
interventions des institutions de prévoyance, des mutuelles et des sociétés d’assurance.
Cette réglementation a pour but de renforcer les droits de l’assuré et impose des obligations
à l’assureur comme par exemple celle de constituer des provisions dans le but de garantir
ses engagements sur le long terme.

Elle impose également à l’organisme d’assurance d’un contrat collectif d’entreprise à


adhésion obligatoire plusieurs conditions concernant le maintien des couvertures de frais de
santé pour certaines catégories de salariés qui quittent leur entreprise. Ainsi, cette
réglementation oblige les organismes à assurer la pérennité et la continuité des couvertures
frais de santé pour les salariés qui le désirent tout en respectant les conditions spécifiques
suivantes :

- les garanties octroyées doivent être équivalentes à celles proposées dans le contrat
collectif de l’entreprise ;
- l’organisme a l’interdiction de réaliser une sélection médicale ;
- le tarif est plafonné, et le montant de cotisations ne doit pas dépasser 150 % de la
prime payée par le salarié lorsqu’il était en activité.

Les différents salariés qui peuvent souscrire ces contrats sont majoritairement les retraités,
les licenciés, ou les personnes qui sont en rupture conventionnelle avec leur entreprise.
Peuvent en bénéficier également le conjoint et les enfants de l’assuré décédé11.

Ces produits garantissent donc des dispositifs de maintien des garanties de la couverture
collective à titre individuel.

La résiliation à l’initiative de l’assureur de ces produits de sortie de groupe est encadrée et


les motifs des résiliations sont mentionnés dans l’article 6 de la loi Evin mis en annexe. A cet
effet, l’assureur ne peut pas refuser de maintenir le remboursement ou les frais de santé liés
à une grave maladie, ou un accident par exemple. La tarification de ces produits est
également encadrée : l’organisme ne peut pas augmenter le tarif d’un assuré en se basant
sur son état de santé.

11
Condition présentée dans l’article 4 de la loi Evin mis en annexe

32
Il ne peut pas non plus augmenter le tarif d’une garantie spécifique ou d’un contrat sans que
cette majoration soit équilibrée pour l’ensemble des assurés ayant souscrit cette garantie ou
ce contrat.

Le produit sélectionné et présenté dans le reste du mémoire n’est plus commercialisé


aujourd’hui par le Groupe. Il s'agissait d'un produit individuel alternatif qui était proposé aux
retraités dans le cadre de leur « sortie de groupe » et conformément aux engagements de la
loi Evin.

1.1.2 Le provisionnement des risques en santé


En assurance santé, deux types de provisionnement sont fréquemment observés. Il s’agit12:

- du provisionnement pour sinistre à payer13 correspondant à la valeur estimative des


dépenses nécessaires au règlement de tous les sinistres survenus et non déclarés
ou non payés. Les méthodes de calculs sont diverses : méthode de Chain-Ladder
(basée sur l’historique du portefeuille), méthodes statistiques…
- du provisionnement pour risques croissants qui correspond à la différence des
valeurs actuelles probables des engagements respectivement pris par l'assureur et
par les assurés.

Attardons-nous sur cette deuxième provision : la provision pour risques croissants.

Nous avons vu précédemment que les contrats rentrant dans le cadre de la loi Evin ne
peuvent être résiliés par l’organisme d’assurance sous le seul prétexte d’une aggravation du
risque. Ces contrats présentent donc un engagement de nature viagère. Or, dans le secteur
du risque santé, comme nous allons le démontrer pour le produit étudié, l’âge est une
variable discriminante puisque le vieillissement de l’individu entraine une augmentation des
dépenses de santé (le risque santé augmente avec l’âge).

Lorsque les cotisations sont plus importantes que les dépenses, c’est par exemple souvent
le cas des populations jeunes, il est important de constituer une provision pour pouvoir faire
face aux dépenses futures qui seront supérieures aux cotisations encaissées, notamment
induites par les populations âgées. Cette provision est donc nécessaire pour combler le
manque de ressources futures et ainsi, l’organisme pourra tenir ses engagements envers
ses assurés. Néanmoins, réglementairement, cette provision n’est à constituer que lorsque
les primes sont constantes ou avec un niveau fixé à l’avance, sur un groupe fermé.

1.2 Le produit GSR : Garantie Santé Retraite

1.2.1 Principales caractéristiques techniques


Le produit Garantie Santé Retraite a été lancé en 1984 par le groupe Malakoff dans le but de
répondre aux besoins des individus lorsqu’ils prenaient leur retraite professionnelle. Les
salariés n’étaient alors plus affiliés à un contrat de complémentaire santé collectif.

12
Article R331-6 du Code des Assurances
Article R931-10-14 du Code de la Sécurité Sociale
Article R212-23-6 du Code de la Mutualité
13
Sur l’historique défini, les montants de prestations sont consolidés. Les prestations versées pendant l'année
comptable 2014 on été en partie prises en compte dans l'extraction des cotisations pour l'exercice de survenance
2013

33
Ils pouvaient alors recourir, s’ils le désiraient, à ce produit d’assurance complémentaire santé
dédié aux sorties de groupe (puisque destiné aux retraités sortant d'un contrat collectif mais
non maintien de garantie).

La Garantie Santé Retraite peut être souscrite au profit d’une seule personne qui demeure
alors l’assuré principal. Il est le seul bénéficiaire du contrat. Le produit peut également être
souscrit en famille. Sont alors protégés, le conjoint, le concubin, ou l’enfant (ce sont les
ayants droit). En cas de décès de l’assuré principal, le produit garantit au conjoint la
possibilité de prolonger l’adhésion à titre personnel.

Le produit Garantie Santé retraite n’est plus commercialisé depuis 2000. Il n’est donc plus
distribué mais le Groupe continue à assurer les contrats existants.

1.2.2 Formules proposées par le produit


Le produit Garantie Santé Retraite est décliné en plusieurs formules. Les différentes
prestations sont complémentaires à celles de la Sécurité Sociale. Elles sont établies en
fonction de la nomenclature des actes, du montant de base de remboursement du régime de
la Sécurité Sociale et des législations sociales et fiscales.

Les assurés avaient le choix entre plusieurs formules (également appelées options), qui
étaient au nombre de dix-huit. La répartition des contrats selon ces différentes formules est
présentée ci-dessous. Un ouvrant droit choisit une seule et unique formule dans son contrat.
Les études ont été réalisées sur des ouvrants droit ne changeant pas de formule depuis leur
première souscription.

Pour chaque option, un tableau de garantie est défini par l'assureur, avec les montants de
remboursements par acte et/ou par branche et les montants des garanties respectifs. L’un
d’entre eux est présenté en annexe.

35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
B

G+FJH

R
A

GR1

GR2

S
B/J+FJH

C+FJH

T
J

K
B+FJH

P
A/J

9793 1 784 12 8623 78 187 1061 11624 431 277 5 1 115 55 198 593 24
Figure 11 : Répartition et nombre de contrats par formule en 2013

Trois formules (A, B+FJH, G+FJH) sont majoritaires et représentent plus de trois quarts du
portefeuille. Le nombre d’ouvrants droit par formule est présenté sous leur intitulés.

Les 18 options se différencient de part leur niveau de garantie (qui ne sont pas les mêmes
selon les familles d’actes considérées) et de part leurs tarifs.

34
Pour chaque formule et chaque poste de soin principal (soins courants, dentaire, optique,
hospitalisation), nous avons attribué un coefficient de 1 à 5 (1 correspondant à un contrat
entrée de gamme avec des remboursements assez limités et 5 à un contrat plus haut de
gamme avec un remboursement important des dépenses). L’attribution de ces coefficients
nous a ainsi permis de comparer les formules entre elles. Ainsi, nous observons que le
niveau de garantie pour le poste optique est très faible pour l’option A (remboursement des
montures de lunettes : 30,49 € et remboursement des verres et des lentilles de contact : 2
fois le remboursement de la Sécurité Sociale) : nous lui avons donc attribué le coefficient
minimal pour l’optique. A l’inverse, l’option nommé GR2 par exemple rembourse beaucoup
plus l’optique avec une couverture de 125 € pour les montures de lunettes, et de 114 € pour
les verres et lentilles. Elle obtient la note de 5 pour le poste optique.

Pour ne pas biaiser nos résultats, nous ne prenons pas une moyenne de toutes les notes
obtenues par option. En effet, comme les poids relatifs de chaque poste de soins sont
différents, il est important de pondérer nos coefficients par un pourcentage représentant le
ratio prestations versées pour le poste par le montant total de prestations versées sur
l'ensemble des postes14.

Nous obtenons le tableau suivant :

Ratio
GR2 S A A/J B B+FJH B/J+FJH C C+FJH G G+FJH GR1 T K J L P R
Prestations
Soins courants 1 2 3 3 3 3 3 5 5 4 4 1 2 3 3 3 1 1 38,61 %

Dentaire 5 2 2 2 2 2 2 4 4 3 3 3 3 2 2 2 1 1 6,69 %

Optique 5 3 1 1 2 2 2 4 4 4 4 5 5 1 1 1 1 3 2,20 %

Hospitalisations 5 1 3 3 2 3 3 5 5 4 4 5 3 3 3 3 1 1 52,51 %

Coefficient final 3 1 2 2 2 2 2 4 4 3 3 3 2 2 2 2 1 1

L’optique et le dentaire ont donc un poids négligeable par rapport à l’hospitalisation ou les
soins courants.

Nous souhaitons ensuite regrouper toutes les formules dans deux catégories relativement
homogènes (en termes de chiffre d’affaires15). Nous regroupons de ce fait les options ayant
une note finale de 1 et de 2. Il s’agira de la catégorie 1. La catégorie 2, quant à elle, se
compose des formules ayant le coefficient final de 3 et de 4.

Le classement16 ainsi réalisé est le suivant :

S A A/J B B+FJH B/J+FJH


Catégorie 1
T K J L P R

Catégorie 2 GR2 C C+FJH G G+FJH GR1

14
Par souci de cohérence, nous avons également regardé si les primes coïncidaient bien avec les coefficients
finaux obtenus
15
Le chiffre d’affaires représente le montant total des primes commerciales hors taxes
16
Les formules A - A/J d'une part et B+FJH - B/J+FJH d'autre part sont strictement identiques en terme de
garantie

35
Chapitre 2 : Construction de la base de données

Avant de pouvoir analyser les cotisations et les prestations du produit en question, nous
devons extraire les données issues des tables introduites dans le logiciel SAS. Les
différentes tables utilisées sont disponibles dans l’infocentre défini ci-dessous. Elles sont
actualisées de manière périodique. Nous détaillons dans la suite de ce chapitre les
procédures et les différents retraitements réalisés afin d’obtenir les données finales
nécessaires à l’étude.

2.1 L'infocentre

L’infocentre est un environnement qui permet de rassembler un ensemble de données qui


proviennent de différentes sources. Cela permet de recueillir et de centraliser dans un
endroit unique un panel d’informations issues de systèmes de gestions divers. Il comprend
un volume très important de données et permet à l'utilisateur de choisir des variables
spécifiques, d’en extraire des données, et de pouvoir ensuite les retraiter et les analyser.

Pour déterminer les cotisations et les prestations, nous allons utiliser plusieurs tables. Ces
dernières ainsi que les champs utilisés sont répertoriés en annexe.

Après avoir retenu les tables et les variables de l'infocentre jugées nécessaires à l'étude, il
est indispensable de construire une base des prestations et des cotisations complète et
fiable concernant notre produit d’étude. Cette étape préliminaire et indispensable, détermine
les résultats de l’analyse, d’autant plus qu’aucune autre étude aussi détaillée n’avait été faite
auparavant sur ce produit. Dans la suite de ce chapitre, nous allons expliquer la manière
dont nous avons extrait nos données, en précisant les retraitements manuels que nous
avons dû effectuer.

2.2 Extraction des cotisations individuelles

Pour extraire les cotisations, nous avons utilisé trois bases dont les champs sont définis en
annexe :

- Cotisations ;
- Contrats ;
- Assurés.

Le schéma global de la procédure effectuée sous le logiciel SAS Entreprise Guide est
présenté en annexe. Des corrections sont à apporter à l’issue de la procédure réalisée. Les
montants des cotisations extraites pour les années 2009 et 2010 tiennent compte de la
contribution de la Complémentaire Maladie Universelle (CMU). Nous devons effectuer un
retraitement manuel de ces cotisations afin d’obtenir les cotisations nettes de CMU pour ces
deux années. En effet, rappelons que depuis 2000, les organismes doivent contribuer au
financement de la Complémentaire Maladie Universelle Complémentaire. Cette contribution
était assise sur le montant des cotisations. Le versement de cette dernière constituait
l’unique recette de la Couverture Maladie Universelle. Les organismes de complémentaire
santé étaient amenés chaque trimestre à verser cette contribution. Depuis le 1er janvier 2011
et selon la loi de Finances de cette même année, la contribution affectée au Fonds CMU est
transformée en une taxe.

36
Les taux de 2009 et 2010 indiqués ci-dessous sont les taux utilisés pour le retraitement :

Taxe spéciale sur les conventions


Contribution
d'assurance
Contrats
CMU Total CMU
responsables
2009 5,90 %
2010 5,90 %
2011 3,50 % 6,27 % 9,77 %
2012 7% 6,27 % 13,27 %
2013 7% 6,27 % 13,27 %

Pour les années de 2011 à 2013, nous conservons les montants de cotisations extraits qui
correspondent aux montants de cotisations hors taxes.

La table obtenue présente alors plus de 57 000 observations : elle contient l’ensemble des
cotisations encaissées de 2009 à 2013 qui correspondent au montant hors taxes que
l’ouvrant droit a versé (vision fin d’année). Y sont donc répertoriées toutes les
caractéristiques des ouvrants droit qui ont payé au moins une cotisation durant cette période.
Y sont également renseignées les caractéristiques de leur contrat.

La structure de la table créée est la suivante :

Table « Cotisations »
Numéro de Sécurité Sociale de l’ouvrant droit
Identifiant de l’ouvrant droit
Nom de l’ouvrant droit
Prénom de l’ouvrant droit
Date de naissance de l’ouvrant droit
Date de décès de l’ouvrant droit
Date d’effet du contrat
Date de résiliation du contrat
Situation familiale de l’ouvrant droit
Régime social de l’ouvrant droit
Sexe de l’ouvrant droit
Motif de résiliation
Produit
Classe tarifaire du produit
Option du produit
Cotisations 2009
Cotisations 2010
Cotisations 2011
Cotisations 2012
Cotisations 2013

2.3 Extraction des prestations individuelles

Les prestations sont référencées mensuellement sur les tables Décomptes. Notre périmètre
d’étude s’étend sur un historique de 5 ans, de 2009 à 2013 soit 60 tables à parcourir.

37
La procédure d’extraction des prestations est répertoriée en annexe. Ces prestations
proviennent de deux systèmes de gestions différents. Nous avons donc dû homogénéiser les
informations qui y étaient présentées. Certains libellés, comme les nomenclatures des
options ou les numéros de Sécurité Sociale, étaient définis différemment dans les deux
systèmes. En conséquence, nous avons retraité ces champs dans un souci de cohérence de
la table finale des prestations qui est constituée de plus de six millions de lignes.

La structure de la table ainsi créée est la suivante :

Table « Prestations »
Numéro de Sécurité Sociale de l’ouvrant droit
Identifiant de l’ouvrant droit
Identifiant du bénéficiaire de l'acte de soin
Numéro de Sécurité Sociale du bénéficiaire de l'acte
Lien
Famille d’actes
Type de contrat
Formule
Exercice de survenance
Année comptable
Dépense totale
Montant remboursé par la Sécurité Sociale
Montant remboursé par le régime complémentaire
Reste à charge

2.4 Fusion des cotisations et des prestations

Une fois les cotisations et les prestations extraites, nous souhaitons obtenir une table
récapitulative qui, pour chaque numéro de Sécurité Sociale de l’ouvrant droit, indique le
montant des cotisations ainsi que le montant total des prestations qui y sont associées pour
chaque année entre 2009 et 2013. Une jointure entre la table des cotisations et la table des
prestations a été effectuée via trois variables clés : le numéro de Sécurité Sociale,
l’identifiant de l’ouvrant droit, et l’identifiant du bénéficiaire de l'acte de soin. Un champ
« réversion » a été ajouté indiquant si le contrat souscrit est ou non un contrat de réversion.

La table créée est par la suite réduite puisque nous éliminons les ouvrants droit dont les
champs essentiels à l’étude n’ont pas été renseignés ainsi que les données aberrantes ou
incohérentes.

Nombre Pourcentage de la
d’observations table initiale
Nombre de lignes 57 126 100 %
Suppression des numéros de Sécurité sociale non
renseignés ou impossibilité de joindre les prestations
12 230 21,40 %
aux cotisations car numéros d'ouvrants droit
inexistants
Suppression des données incohérentes (prestations
versées après la date de résiliation ou versées avant la 986 1,72 %
date d’effet)
Total – nombre de lignes 43 910 76,86 %
Tableau 1 : retraitement des données pour la table finale

38
SECTION III : E TUDE RETROSPECTI VE DE LA RENTABILI TE DU
PRODUI T

Dans cette section, nous commençons par présenter brièvement les éléments théoriques
fondamentaux qui décomposent la rentabilité d’un portefeuille. Nous présentons ensuite les
variables qualitatives et quantitatives disponibles et nous mesurons, à l’aide des statistiques,
de tests et d’une analyse des correspondances multiples, l’influence des variables
explicatives. Ces dernières seront nécessaires dans la segmentation pour la modélisation
des cotisations et des prestations futures.

Chapitre 1 : Identification des facteurs influençant la rentabilité

Un certain nombre de facteurs influencent la rentabilité des produits d’assurance. Ces


paramètres sont intégrés dans le modèle développé en section IV, pour projeter les
cotisations, les prestations et déterminer la rentabilité future du produit (via l'indicateur
sinistres sur primes S/P et le ratio combiné).

1.1 La production

La production correspond aux volumes d’affaires nouvelles dans le portefeuille. Ce volume


se mesure en termes de nouveaux contrats recensés pendant l’exercice et aussi par le
montant des cotisations ainsi perçues.

1.2 L’indexation tarifaire

La notion d’indexation tarifaire correspond, par définition, à l’augmentation des primes


d’assurance. En général, ces révisions sont mises en place une fois par an et ont pour
intérêt majeur de faire face à la dérive de la sinistralité ; en collectif, elles visent aussi à
apporter des corrections sur des niveaux de S/P trop élevés. Plusieurs éléments viennent
impacter l’indexation en assurance santé.

L'indexation tarifaire joue un rôle majeur sur la rentabilité d’un produit d’assurance santé, son
pilotage technique et l’évolution du chiffre d’affaires.

Ainsi, les différents facteurs pris en compte dans le niveau d’indexation sont :

- l'anticipation de la dérive du risque sur l'exercice à venir, causée par :


o l'inflation des dépenses ;
o les évolutions réglementaires telles que l’évolution des taxes sur les contrats
responsables et non responsables, les accords (comme l’Accord National
Interprofessionnel), les déremboursements de la Sécurité Sociale ;
- la recherche de rentabilité : l'analyse des résultats passés par rapport aux objectifs ;
- le positionnement concurrentiel et les choix des autres assureurs.

Elle est calculée au regard de ces différents critères. De manière générale, ces dernières
années, le niveau moyen des indexations était de l’ordre de 2 à 3 %, différencié suivant les
types de contrats (contrat individuel, collectif …). Au sein du groupe Malakoff Médéric,
l'indexation tarifaire est décliné autour d'un taux moyen appelé « taux pivot » qui est affiné
par produit.

39
Lorsque les résultats apparaissent comme déficitaires, l’indexation tarifaire est fixée au delà
de la dérive des dépenses de santé, et réciproquement dans le cas inverse.

1.3 Les résiliations

Le niveau de résiliation entraine une baisse du chiffre d'affaires et impacte la rentabilité d’un
portefeuille. Les résiliations de la part de l'assureur sont encadrées par la loi Evin qui spécifie
qu'il ne peut pas résilier ou radier un adhérent hormis certaines exceptions comme le défaut
de paiement de l'assuré par exemple. Les assurés, quant à eux, peuvent résilier suivant
plusieurs motifs détaillés ci-après.

1.3.1 Les transferts de gammes


Une personne peut souhaiter résilier pour changer de gamme. Néanmoins, ce transfert ne
peut se faire qu’à titre exceptionnel et obligatoirement vers un contrat qui est commercialisé.
Deux cas sont envisageables pour changer de produit, soit lorsque l’évolution au sein du
même produit n’est plus possible au regard des conditions générales du contrat (âge atteint
par exemple), soit lorsque le transfert est la seule solution qui permette de conserver le
client.

Ces transferts de gammes ont plusieurs impacts aussi bien pour l’assuré que pour
l’assureur.

En effet, en changeant de produit, l’assuré réalise souvent un bénéfice économique puisque


sa cotisation est en général inférieure à celle qu’il payait auparavant. Cela lui permet
également, en général, de souscrire une gamme plus récente avec des formules plus
personnalisées et de bénéficier de meilleurs remboursements pour certains postes de soins.

Pour l’assureur, le transfert de gamme est préférable à une résiliation puisqu’en changeant
de gamme, l’assuré ne résilie pas complètement (il reste dans le périmètre du groupe).
L’arbitrage est stratégique car l’assureur gagne la fidélisation du client contre une baisse de
sa marge récurrente sur le contrat.

1.3.2 Les décès


Le décès est une des raisons pour laquelle le contrat peut prendre fin. Pour certains produits
(cela est spécifié dans les conditions générales), il est possible, pour un conjoint survivant
par exemple, de continuer la couverture si l’assuré principal est décédé. Le conjoint devient
alors l’assuré principal. Par la suite, nous appellerons ces contrats des contrats de réversion.

1.3.3 Les autres motifs


La résiliation peut résulter d'un motif autre que le transfert de gammes ou le décès. Il peut
alors s’agir entres autres :

- d'un départ à l’initiative de l'assuré (mécontentement…) ;


- d’un défaut de paiement de l'assuré.

40
1.4 La dérive du risque

La dérive du risque d’une année N correspond à l’évolution de la charge de sinistre de


l’année N par rapport à l’année N-1. Cette dérive du risque est assez complexe à mesurer
puisqu’elle tient compte en général de plusieurs facteurs externes qui sont notamment :

- l’inflation (la hausse des frais de santé) ;


- les prévisions sur les déremboursements et les désengagements de la Sécurité
Sociale.

1.5 Les évolutions démographiques

Les évolutions démographiques sont également des éléments qui influencent la rentabilité
puisque la consommation santé est un risque croissant. A ce titre, l’allongement de la durée
de la vie tout comme le vieillissement de la population sont à prendre en compte dans la
mesure des ratios S/P. Ainsi, des lois de consommation sont construites afin de déterminer
pour chaque âge la prestation moyenne.

Chapitre 2 : Présentation des résultats du portefeuille

2.1 La rentabilité

L’indicateur S/P est un ratio technique qui permet de mesurer la rentabilité d’un produit en
assurance. Ce taux de sinistralité, pour une année donnée, correspond au ratio entre la
charge de sinistres que l’organisme débourse pour ses assurés, et le total des cotisations
hors taxes reçues par ce dernier.

En y ajoutant un taux de frais17, on parle alors de ratio combiné. L’assureur doit vérifier dans
quelle situation ce ratio se situe :

- Si le : le coût des sinistres et des frais est supérieur au total des


primes hors taxes encaissées par l’assureur. Il réalise alors une perte financière ;

- Si le : la charge de sinistres et les frais sont inférieurs au total


des cotisations hors taxes encaissées par l’organisme assureur. Cela indique une
bonne rentabilité pour le portefeuille considéré ce qui est gage de solvabilité ;

- Si le : la charge de sinistres et les frais sont égaux au total des


primes hors taxes encaissées par l’assureur : situation d'équilibre.

Ce ratio est très utilisé par les compagnies d’assurance. Il fournit une aide à la décision en
permettant, entre autres, de mesurer la performance des produits d’assurance, et de définir
la grille tarifaire de ces derniers.

17
frais comprenant les frais d’administration, les frais d’acquisition, et les frais de gestion sur les prestations

41
NB : dans cette vision adaptée au cas particulier de l'activité de santé, la marge financière
n'est pas prise en compte. La situation de trésorerie moyenne sur cette activité est proche de
0.

90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
2009 2010 2011 2012 2013
Figure 12 : S/P annuel

La rentabilité du portefeuille évolue sur les années de notre historique. Le S/P diminue de
3 % de 2009 à 2011 puis cette tendance s’inverse par la suite. Le but de la modélisation
réalisée en section IV est de projeter le ratio S/P à partir des éléments de l’année 2013, dans
le but d’avoir une visibilité à court, moyen et long terme concernant la rentabilité future du
produit selon des paramètres spécifiques.

2.2 Analyse du portefeuille des cotisants au regard des variables


disponibles

Dans la suite de ce paragraphe, nous présentons des statistiques de l’ensemble du


portefeuille afin d'avoir une description approfondie de la population qui le compose.

2.2.1 Description des variables


Dans la base de données « Cotisations » utilisée, les variables qualitatives suivantes sont
disponibles :

- La classe tarifaire du contrat (également appelée nature du contrat : isolé / famille) ;


- Le sexe de l’ouvrant droit ;
- La région de l’ouvrant droit ;
- Le régime social de l’ouvrant droit ;
- La formule du produit souscrit ;
- La catégorie du produit souscrit.

2.2.1.1 Répartition des ouvrants droit ventilée par sexe et par année

100%
80% 47,19% 48,71% 49,96% 51,33% 52,13%
60%
40%
52,81% 51,29% 50,04% 48,67% 47,87%
20%
0%
2009 2010 2011 2012 2013

Hommes Femmes

Figure 13 : Répartition des ouvrants droit par sexe et par année

42
La répartition des ouvrants droit ventilée par sexe et par année est relativement bien
équilibrée. Toutefois, une diminution progressive de la population homme est observable,
résultant de l’entrée dans le portefeuille de contrats souscrits initialement par des hommes
mais transférés à des femmes (contrat de réversion). L’explication première, qui sera
confirmée par la suite, est la durée de vie plus faible des hommes comparativement aux
femmes. De plus, comme les ouvrants droit des contrats de type famille sont majoritairement
des hommes, à leur décès, les femmes conjointes basculent si elle le désirent sur un contrat
de type isolé, ce qui entraine un nombre supérieur de réversion au profit d’ouvrant droit de
sexe féminin.

2.2.1.2 Répartition des ouvrants droit par région

30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%

produit GSR population française (2011)

Figure 14 : Répartition des ouvrants droit par région de résidence en 2013

Les régions de résidence des ouvrants droit sont hétérogènes. Néanmoins, la région Ile-de-
France est celle où le produit a été le plus souscrit (avec plus d’un quart de la totalité des
souscriptions) et ce du fait de dépassements d’honoraires et d’un reste à charge plus élevés
que dans les autres régions. De plus, en comparant cette répartition avec celle de la
population française en 201118, nous observons une surpondération dans les régions
minières et métallurgiques telles que la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais et la Champagne
Ardenne. Ceci est expliqué par l'origine du Groupe qui est issu du secteur professionnel des
mines et de la métallurgie (Comité des Forges). La surpondération pour la région Provence
Alpes Cotes d’Azur est expliquée par la structure de la population qui est relativement plus
âgée qu'ailleurs.

2.2.1.3 Répartition des ouvrants droit par régime d’affiliation

Le graphique ci-dessous montre que 94 % des ouvrants droit sont rattachés au régime
général de la Sécurité Sociale. Les autres régimes sont largement minoritaires (mineurs et
assimilés, SNCF, MSA…). Ceci s’explique car le nombre d’assurés au régime général en
France représente 80 % de la population française. Dans 2 % des cas, le régime n’a pas été
renseigné dans les bases utilisées pour réaliser notre étude.

La variable régime d’affiliation n’est pas significative pour expliquer la rentabilité puisque
seulement 6 % de la population est affiliée à un autre régime que le régime général. Il n’est
donc pas judicieux de segmenter selon cette variable pour projeter le S/P.

18
Sources : www.insee.fr - recensement populations légales France 2011

43
2% 2%
2%

Régime Général
Mineurs et assimilés
Régime inconnu
94%
Autres

Figure 15 : Répartition des ouvrants droit par régime d’affiliation

2.2.1.4 Répartition des ouvrants droit par formule

Formule Pourcentage
A 29,32 %
A/J 0,01 %
B 2,36 %
B/J+FJH 0,05 % La répartition des ouvrants droit par formule est
B+FJH 25,13 % relativement hétérogène. Pour autant, comme nous
C 0,25 % l’avons souligné en section II, trois formules ressortent
C+FJH 0,58 % de l’analyse : les options notées A, B+FJH et G+FJH
G 3,05 % qui couvrent 88 % de la totalité du portefeuille. Les
G+FJH 33,55 % autres formules sont peu représentées.
GR1 1,30 %
GR2 0,85 %
J 0,05 % La catégorie 1 (plutôt entrée de gamme) représente
K 0,01 % 60 % du portefeuille contre 40 % pour la catégorie 2
L 0,35 %
(plutôt moyen de gamme/ haut de gamme).
P 0,20 %
R 0,63 %
S 2,26 %
T 0,06 %
Tableau 2 : Répartition des ouvrants droit par formule

2.2.1.5 Répartition selon la nature du contrat : Isolé / Famille

Dans la description du produit GSR, l’assuré peut souscrire un contrat pour lui-même (le
contrat est alors dit « isolé ») ou pour couvrir toute sa famille (enfant, conjoint… - contrat dit
« famille »). Le premier cas est le plus représenté avec 65 % des ouvrants droit qui
souscrivent un contrat isolé. Cette distinction est importante puisque la tarification n’est pas
la même selon que l’ouvrant droit souscrive un contrat famille ou un contrat isolé.

44
Famille
35%
Isolé
65%

Figure 16 : Répartition des types de contrats Isolé / Famille

En effet, si nous prenons l’ensemble des assurés couverts toutes les années de 2009 à
2013, nous obtenons comme primes commerciales annuelles hors taxes les montants
suivants :

2009 2010 2011 2012 2013


A 788,06 832,64 884,85 898,81 939,16
Option B+FJH 818,13 864,28 916,54 929,74 970,63
G+FJH 1137,5 1207,21 1281,21 1304,44 1357,4
Tableau 3 : Prime commerciale hors taxes moyenne en euros pour un contrat GSR de type isolé pour un affilié du régime
général

2009 2010 2011 2012 2013


A 1481,39 1554,88 1650,74 1682,26 1734,12
Option B+FJH 1545,96 1632,33 1737,09 1766,73 1813,14
G+FJH 2087,22 2195,41 2338,17 2380,87 2439,24
19
Tableau 4 : Prime commerciale hors taxes moyenne en euros pour un contrat GSR de type famille pour un affilié du
régime général

En moyenne, la prime commerciale hors taxes d’un contrat famille est donc presque deux
fois plus élevée que la cotisation d’un contrat isolé. Le contrat famille le plus courant est
l’assuré principal qui souscrit un contrat avec son conjoint ou concubin et le nombre de
bénéficiaires relatif à un contrat famille est d'en moyenne 2,03 (assuré principal + conjoint).

En tenant compte de toutes les options, les indexations tarifaires qui en découlent sont :

2009/2010 2010/2011 2011/2012 2012/2013


Indexation
5,50 % 6% 1,73 % 3,50 %
tarifaire

2.2.1.6 Répartition Hommes / Femmes par type de contrat

Famille Isolé
Hommes 94,97 % 24,92 %
Femmes 5,03 % 75,08 %
Tableau 5 : Répartition Hommes/Femmes par type de contrat

19
La cotisation est la même quelque soit le nombre d'ayants droit couverts

45
Près de 95 % des contrats de type famille sont souscrits par des hommes. C’est l’inverse
pour les contrats de type isolé où les femmes sont très largement majoritaires.

2.2.1.7 Répartition des âges sur l’exercice 2013

3 000

2 500
nombre d'assurés principaux

2 000

1 500

1 000

500

0
42
44
46
48
50
52
54
56
58
60
62
64
66
68
70
72
74
76
78
80
82
84
86
88
90
92
94
96
98
100
102
104
106
108
Figure 17 : Répartition des âges des assurés principaux en 2013

Comme l’indique la figure ci-dessus, la population du portefeuille est âgée, en moyenne de


83,3 ans en 2013 (82,6 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes).

A partir de notre base « Cotisations-Prestations » où sont représentés les ouvrants droit qui
ont payé au moins une cotisation entre 2009 et 2013 ainsi que leurs caractéristiques telles
que la date d’effet du contrat ou bien la date de naissance de l’ouvrant droit, nous pouvons
calculer l’âge moyen à la souscription. Nous observons que celui-ci est plus élevé chez les
femmes que chez les hommes, la raison principale évoquée étant celle des contrats de
réversion.

Hommes Femmes
Age moyen à la
61,04 69,05
souscription
Tableau 6 : Age moyen à la souscription (1984 - 2013) par sexe

2.2.1.8 Ancienneté (en année) des ouvrants droit – vision fin 2013.

100%

80%

60%

40%

20%

0%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29
512 569 640 632 609 721 630 583 620 585 578 496 632 623 1 094 1 108 1 198 1 433 1 427 1 619 1 661 2 335 1 892 1 887 1 718 1 835 1 867 1 345 1 105 1 887

Hommes Femmes

Figure 18 : ancienneté en année des ouvrants droit en fin 2013 et l'effectif associé

Nous observons une grande fidélisation pour le produit GSR : 74 % des ouvrants droit sont
couverts par leur contrat depuis plus de 15 ans.

46
Les souscripteurs de ces contrats à ancienneté élevée sont en grande majorité des hommes.
A l’inverse, les contrats avec une ancienneté inférieure à 15 ans sont souscrits plus
particulièrement par des femmes. Les contrats de réversion en sont la cause principale : la
conjointe décide de conserver les même garanties une fois son mari décédé (contrat isolé)

2.2.2 Dépendances et liaisons entre les variables


Une fois ces statistiques réalisées, il est judicieux de faire des tests pour connaitre les
liaisons et dépendances qu’il peut exister entre les variables. Etude préalable à la
modélisation de la section IV, elle permettra de confirmer les conclusions apportées
auparavant.

2.2.2.1 Test du Khi-deux

Pour répondre à cette question, il est d’usage de réaliser le test d’indépendance du Khi-deux
(un complément d'informations sur ce test est présenté en annexe). Une condition principale
doit être satisfaite pour que la distribution du Khi-deux fournisse une bonne approximation de
la distribution de la statistique : chaque croisement entre les modalités de la variable X et les
modalités de la variable Y ne doit pas être inférieur à 5.

Nous avons donc dû regrouper certaines modalités de la variable « formule » et « régime


social » pour que le test puisse convenir. Ainsi, nous avons rassemblé l’ensemble des 18
modalités de la variable « formule » en deux modalités seulement : catégorie 1 et catégorie 2
(celles définies en section II).

Les variables utilisées pour ce test sont la région, le régime social, la catégorie du produit, la
nature du contrat et le sexe de l'ouvrant droit.

Test d’indépendance des variables :

- Hypothèse H0 : les variables X et Y sont indépendantes ;


- Hypothèse H1 : les deux variables X et Y ne sont pas indépendantes.

Règle de décision :

- Si la p-value est inférieure à 0,05 (correspondant au seuil de risque , dans ce cas


nous rejetons l’hypothèse H0 d’indépendance des deux variables. Les variables ont
donc une certaine dépendance l’une envers l’autre (un doute peut persister
cependant si la p-value est entre 0,01 et 0,05) ;
- Si la p-value observée est supérieure à 0,05, alors l'hypothèse d'indépendance des
variables H0 n'est pas rejetée. Les variables X et Y sont donc indépendantes et
aucun lien n’existe entre ces deux variables.

Figure 19 : Règle de décision

47
Statistic DF Value Proba
Chi-Square 1 19728,75 <.0001
Likelihood Ratio Chi-Square 1 22844,05 <.0001
Continuity Adj. Chi-Square 1 19725,95 <.0001
Mantel-Haenszel Chi-Square 1 19728,30 <.0001
Tableau 7 : sortie SAS - test du Khi-deux d'indépendance entre les variables sexe et nature du contrat

Le tableau ci-dessus montre que la p-value relative au test du Khi-deux entre les variables
sexe et nature du contrat est inférieure à 0,05. Nous rejetons donc l'hypothèse H0 et en
déduisons une certaine dépendance entre la variable sexe et la variable nature du contrat
(Isolé / Famille).

La probabilité critique associée à la statistique du Khi-deux est inférieure à 0,05 pour tous les
tests du Khi-deux d’indépendance des variables qualitatives réalisés, à l’exception du
croisement entre les variables catégorie et classe tarifaire où nous ne pouvons rejeter
l’hypothèse H0 d’indépendance des variables. Dans tous les autres cas, nous rejetons
l’hypothèse d’indépendance.

2.2.2.2 V de Cramer

Le test du Khi-deux ne nous donne pas d’information sur la force de liaison entre les
variables qualitatives. Pour mesurer cette force, nous utilisons le V de cramer (présentation
de ce coefficient en annexe) qui permet d'indiquer les liaisons plus ou moins fortes entre
deux variables, à partir d'un tableau de contingence20 déterminé. Cette mesure de corrélation
est très utilisée en pratique puisqu'elle ne dépend pas de la taille de l’échantillon
contrairement au test du Khi-deux.

Règle de décision :

- si le V de Cramer est proche de 1 : forte liaison des variables ;


- si le V de Cramer est proche de 0 : faible liaison des variables.

Statistic Value
Cramer's V 0,0178
Tableau 8 : sortie SAS - V de Cramer entre les variables sexe et catégorie

Le V de Cramer calculé est de 0,0178. La variable sexe et la variable catégorie sont donc
faiblement voire très faiblement liées entre elles.

Les V de Cramer obtenus pour les différentes variables du portefeuille sont répertoriés dans
le tableau suivant :

Nature du
Variables Région Régime Catégorie Sexe
contrat
Région 1 0,12 0,21 0,06 0,07
Régime 0,12 1 0,10 0,07 0,07
Catégorie 0,21 0,10 1 0,02
Type de contrat 0,06 0,07 0,03 1 0,67
Sexe 0,07 0,07 0,02 0,67 1
Tableau 9 : V de cramer entre deux variables

20
Un tableau de contingence permet de mesurer la liaison entre deux variables. Le tableau croise deux variables
d’une population en calculant l’effectif lié à ces deux variables.

48
Nous observons que le V de Cramer entre la variable nature du contrat et la variable sexe de
l’ouvrant droit est supérieur à 0,5. Ces deux variables sont fortement liées. Le sexe a donc
une influence sur le choix du contrat (isolé ou famille). Cela est en cohérence avec les
observations faites précédemment. Pour les autres variables testées, nous n’identifions pas
de liaisons fortes entre les variables, le V de Cramer étant largement inférieur à 0,5.

2.2.2.3 Analyse des correspondances multiples

Enfin, une analyse des correspondances multiples21 (cette méthode est développée plus
amplement en annexe) a été réalisée à partir des ouvrants droit présents dans le portefeuille
en 2013, afin de confirmer les observations exposées précédemment et d’être en accord
avec les résultats des tests réalisés.

Comme dans la partie précédente avec le test du Khi-deux, il a été nécessaire de découper
les variables (sexe, catégorie, classe tarifaire, ancienneté) en classes d’effectifs homogènes
et uniformes. Ainsi, pour la variable ancienneté, ont été définies 4 classes : [0-9 ans] ; [10-19
ans] ; [20-24 ans] ; [25-29 ans]. La procédure corresp du logiciel SAS calcule ensuite les
distances entres les divers groupes constitués en prenant les différences entre les modalités
et détermine les valeurs propres.

Inertie
Pourcentages 7 14 21 28 35
Pourcentage
cumulés ----+----+----+----+----+---
33.26 33.26 ************************
18.16 51.41 *************
16.67 68.08 ************
15.20 83.28 ***********
11.58 94.86 ********
5.14 100.00 ****
100.00
Tableau 10 : Valeurs propres

Le critère de sélection des axes consiste en l'existence d'un coude dans le diagramme en
bâtons des valeurs propres. L'histogramme des valeurs propres montre un décrochage entre
le premier et le deuxième facteur. Cela inciterait à n'examiner que le premier axe.
Cependant, un autre critère suggère de conserver les axes dont les valeurs propres sont
supérieures à la valeur propre moyenne, qui dans notre cas est égale à 1/4 soit 25 %. Sous
ce critère, il faudrait conserver les 5 premiers axes.

Pour les besoins de l'interprétation, notre analyse se fera dans le premier plan factoriel formé
des deux premiers axes ayant l'inertie la plus élevée. Ces deux axes représentent plus de 51
% de l'inertie totale du nuage. La part de variance est relativement faible puisque la
représentation des variables dans l'espace de projection ne reflète que 51 % de la réalité.
Néanmoins, les pourcentages d'inertie sont sous-estimés puisqu’ils sont relatifs à la totalité
de l’information contenue dans le tableau initial (tableau de Burt). Ils sont peu importants
dans l'interprétation d'une analyse des correspondances multiples du fait du grand nombre
de modalités rencontrées.

21
Utilisation de la procédure corresp sous SAS Guide pour réaliser une analyse des correspondances multiples.
l'ACM est une technique d'analyse de données qui permet d'établir les relations entre plusieurs variables
qualitatives.

49
Les observations sont ensuite projetées dans le premier plan factoriel et deux observations
sont corrélées lorsque la distance entre les deux points est faible dans l’espace de
projection.

Figure 20 : Premier plan factoriel expliquant 51 % de l’inertie totale

Les résultats concordent avec ceux trouvés précédemment, notamment pour les deux
variables « classe tarifaire » et « sexe ». En effet, le groupe entouré en rouge associe les
modalités « ancienneté faible », « femme » et « isolé ». Nous pouvons donc en déduire que
ces dernières sont fortement corrélées puis que les femmes souscrivent davantage un
contrat isolé et qu’elles ont une ancienneté relativement faible (avec la souscription des
contrats de réversion notamment). A l’inverse, le groupe entouré en bleu associe les
modalités « homme » et « famille », ce qui laisse à penser que les hommes souscrivent
davantage un contrat de type famille. Nous constatons également que les niveaux
d'ancienneté sont relativement bien corrélés avec les catégories (la catégorie 2 étant
associée à des adhérents ayant une ancienneté élevée tandis que la catégorie 1 est plutôt
associée à une ancienneté légèrement plus faible).

Pour conclure, toutes ces analyses aussi bien descriptives que statistiques ont permis de
sélectionner les variables explicatives parmi celles initialement présentées. Nous avons donc
retenu deux variables discriminantes qui présentent une liaison certaine : la nature du contrat
et le sexe. Nous observerons aussi que l’âge est également un critère significatif qui
influencera la rentabilité (la consommation en santé augmentant avec l’âge).

2.2.3 Influence de ces variables sur la rentabilité22

2.2.3.1 S/P par catégorie

En ventilant par catégorie 1 et 2, nous observons que les S/P des contrats les moins haut-
de-gamme (catégorie 1) sont moins rentables que ceux de la catégorie 2 correspondant aux
contrats possédant de meilleures garanties.

22
L’ensemble des S/P calculés dans la suite du mémoire sont des S/P hors taxes bruts de chargements obtenus
à partir des cotisations et des prestations de la table « Cotisations - Prestations » créée.

50
90%

80%

70%

60%

50%
2009 2010 2011 2012 2013

Catégorie 1 Catégorie 2

Figure 21 : S/P par catégorie

2.2.3.2 S/P par région

100%
90%
80%
70%
60%
50% 2009
40%
30% 2010
20%
10% 2011
0%
2012
2013

Figure 22 : S/P par région

La figure ci-dessous représente le S/P par région de résidence de l’assuré. Les résultats
sont assez hétérogènes notamment lorsque le volume d’assurés dans la région est très
faible. C’est notamment le cas de la Corse. Pour les autres régions telles que l’Ile de France
ou la Provence Alpes Cotes d’Azur, les S/P annuels sont plus concentrés et proches des S/P
moyens représentés précédemment.

Cette variable n’a pas été conservée dans la suite du mémoire pour les raisons suivantes :

- Le volume d’assurés par région est non homogène ;


- Le produit GSR n’a pas de tarification régionalisée ;
- Les tests d’indépendances et de mesures d’association ont confirmé une très faible
liaison entre la région et les autres variables qualitatives disponibles.

2.2.3.3 S/P par âge

Nous avons déterminé l’ensemble des prestations et des cotisations à chaque âge et pour
chaque exercice de survenance. Nous avons utilisé uniquement les individus ayant un
contrat isolé. En effet, pour les contrats de type famille, il y a au moins un ouvrant droit et un
ayant droit. Il est donc impossible de distinguer le S/P par âge puisque les cotisations sont
liées à un unique ouvrant droit. Le tarif étant indépendant de la variable âge de l’ouvrant
droit, et les individus consommant naturellement plus aux grands âges (la consommation
santé est un risque croissant), les S/P trouvés doivent se dégrader avec l’âge.

51
C’est bien ce que l’on observe sur le graphique suivant. Nous avons utilisé un lissage de
Whittaker-Henderson23 (avec comme paramètre h = 50 pour les cinq années d’observations).
Les effectifs pour les tranches d’âges 50-72 ans et 96-110 ans sont particulièrement réduits,
entrainant une forte irrégularité des courbes.

250%

200%

150%

100%

50%

0%
50 53 56 59 62 65 68 71 74 77 80 83 86 89 92 95 98 101 104 108

2009 2010 2011 2012 2013

Figure 23 : S/P par âge

2.2.3.4 S/P par sexe

Nous avons déterminé l’ensemble des prestations et des cotisations par sexe pour chaque
exercice de survenance. Comme précédemment, nous avons utilisé uniquement les
individus ayant un contrat isolé pour ne pas fausser les résultats. Le S/P des femmes est
plus élevé d’environ 8 % par rapport à celui des hommes et ce dernier est en constante
augmentation depuis 2010. Le ratio S/P des hommes est plus stable même si une légère
hausse est à noter entre 2012 et 2013. Une raison expliquant cet écart semble être la
différence d'âges en moyenne de 2 ans entre les hommes et les femmes souscrivant ce
produit.

100%
90%
80%
Hommes
70%
Femmes
60%
50%
2009 2010 2011 2012 2013
Figure 24 : S/P par sexe

23
Lissage réalisée grâce à l’outil de lissage du cabinet d’actuaires Actuarielles. La méthode non paramétrique de
Whittaker-Henderson présentée en annexe est basée sur l’association de deux critères fidélité et régularité, le
lissage recherché devant minimiser la somme de ses deux paramètres.

52
2.2.3.5 S/P par type de contrat

2009 2010 2011 2012 2013


A 700,91 724,09 748,43 788,39 872,29
Option B+FJH 755,14 716,39 787,27 843,35 870,02
G+FJH 919,21 919,84 1002,05 1032,64 1085,30
Tableau 11 : remboursement complémentaire moyen du stock des contrats de type isolé de 2009 à 2013 – en euros

2009 2010 2011 2012 2013


A 1104,46 1072,04 1102,85 1177,10 1282,44
Option B+FJH 1187,07 1156,24 1217,89 1232,24 1325,61
G+FJH 1605,66 1605,70 1657,79 1683,36 1785,78
Tableau 12 : remboursement complémentaire moyen du stock des contrats de type famille de 2009 à 2013 – en euros

Ces tableaux nous indiquent les prestations moyennes du stock par année pour les trois
options principales qui composent le produit GSR. Les valeurs de l’année 2009 sont
atypiques. En comparant ces deux tableaux aux cotisations présentées au début de la
section III, nous observons que les ratios des contrats de type isolé sont largement
supérieurs à ceux des contrats de type famille.

Au global, tenant compte de toutes les options, les mêmes conclusions peuvent être
apportées : le ratio S/P est plus élevé pour les contrats de type isolé que pour les contrats de
type famille, cette différence résultant aussi en partie de l’âge moyen qui est supérieur pour
les adhérents « isolé » par rapport à celui des adhérents « famille » (variation en moyenne
de 2 ans également).

90%
80%
70%
contrat Famille
60%
Contrat Isolé
50%
40%
2009 2010 2011 2012 2013
Figure 25 : S/P par nature du contrat

En conclusion, les variables significatives sont donc :

- l'âge qui a une influence sur les prestations versées et qui va donc venir altérer le
S/P;
- le type de contrat qui impacte le montant des cotisations encaissées et va donc à
fortiori modifier le S/P ;
- le sexe puisque les hommes et les femmes ont des besoins distincts de prises en
charge en santé et par conséquent des montants de prestations qui seront différents
à chaque âge.

53
2.2.4 Description de la sinistralité du portefeuille
Une fois la composition du portefeuille des bénéficiaires présentée, la consommation
médicale du portefeuille des prestations a été étudiée, et ce, dans le but d’analyser la
répartition des frais engagés par la population assurée. Cette analyse, réalisée sur la totalité
de la population (ouvrants droit et ayants droit) a été effectuée sur l’exercice de soin 2012
(tous les actes de soins réalisés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2012).

2009 2010 2011 2012 2013


Ascendant 0,00 % 0,01 % 0,31 % 0,34 % 0,30 %
Assuré Principal 72,02 % 72,78 % 72,79 % 73,70 % 73,95 %
Concubin 0,00 % 0,01 % 0,12 % 0,12 % 0,11 %
LIEN
Conjoint 27,49 % 26,78 % 26,41 % 25,76 % 25,53 %
Enfant 0,47 % 0,41 % 0,36 % 0,08 % 0,09 %
Autre 0,02 % 0,02 % 0,02 % 0,01 % 0,01 %
Tableau 13 : Composition du portefeuille des bénéficiaires

Une légère croissance du pourcentage d’assurés principaux est observable. Le pourcentage


des conjoints est, quant à lui, en constante diminution. Les individus qui étaient couverts en
tant que conjoint sont désormais couverts en tant qu’assuré principal au décès du conjoint.
La composition montre aussi que les enfants, ascendants, concubins ne sont pas très
nombreux dans le portefeuille des bénéficiaires puisqu’ils ne représentent qu’1 % de la
population totale annuelle.

Nous souhaitons maintenant décrire la charge des frais de santé pour les différents
intervenants du secteur, qui sont l’assuré lui-même, la Sécurité Sociale (le régime
obligatoire), et la complémentaire santé (le régime complémentaire) pour l’exercice de
survenance 2012.

Nous décomposons, pour cela, la dépense médicale comme suit :

- le montant remboursé par la Sécurité Sociale ;


- le montant remboursé par le régime complémentaire ;
- le reste à charge pour le patient.

Régime Reste à
Régime Obligatoire
Complémentaire charge
Prestations - exercice
de survenance 2012 50 930 37 763 15 845
(en milliers d'euros)
Répartition totale 48,72 % 36,12 % 15,16 %
Tableau 14 : Répartition des dépenses engagées par intervenant pour l'exercice de soins 2012

En 2012, les frais réels dépensés, tous intervenants confondus, ont été de plus de 104
millions d’euros. La Sécurité Sociale est l’intervenant principal pour le remboursement des
frais de santé. Le reste à charge pour le patient s’élève à 15 % de la dépense totale.

Décomposons maintenant l’ensemble des dépenses engagées par famille d’actes en


sachant que 12 types d’actes sont représentés dans notre table « Prestations ».

54
Familles d’actes Dépenses réelles Pourcentage
Actes de spécialité 2 850 2,73 %
Analyse 3 293 3,15 %
Auxiliaires médicaux 5 683 5,44 %
Cures 625 0,60 %
Frais médicaux 9 005 8,61 %
Hospitalisation 35 419 33,88 %
Optique 4 549 4,35 %
Pharmacie 22 094 21,13 %
Prothèses dentaires 7 552 7,22 %
Prothèses orthopédie 8 462 8,09 %
Radiographies 3 263 3,12 %
Soins dentaires 1 745 1,67 %

Total général 104 540

Tableau 15 : Répartition des dépenses totales par famille d'actes en 2012 (en milliers d'euros)

La répartition des frais réels est assez hétérogène. Ainsi, l’hospitalisation et la pharmacie
représentent plus de la moitié de la consommation totale tandis que les postes tels que
l’optique, les analyses, les cures ou bien les soins dentaires sont largement minoritaires
dans la consommation médicale totale en 2012.

Concernant le régime complémentaire et comme cela a été spécifié pour l’attribution des
notes à chaque option en section II, l’hospitalisation est une famille d’acte très importante
impactant plus de 44 % du total des remboursements complémentaires. Le poste pharmacie
est également très bien représenté, contrairement à l’optique dont les prestations ne
constituent que 1,97 % du total versé par la complémentaire santé.

Remboursement
Familles d’actes Pourcentage
complémentaire
Actes de spécialité 783 2,07 %
Analyse 1 239 3,28 %
Auxiliaires médicaux 2 084 5,52 %
Cures 180 0,48 %
Frais médicaux 2 558 6,77 %
Hospitalisation 16 920 44,81 %
Optique 744 1,97 %
Pharmacie 8 257 21,87 %
Prothèses dentaires 1 800 4,77 %
Prothèses orthopédie 1 885 4,99 %
Radiographies 856 2,27 %
Soins dentaires 458 1,21 %

Total général 37 764

Tableau 16 : Répartition des remboursements complémentaires par famille d'actes en 2012 (en milliers d’euros)

Enfin, plus du 75 % du reste à charge total provient des familles optiques, prothèses
dentaires, et prothèses orthopédie. Il reste très minoritaire pour les postes cures, soins
dentaires, et analyses.

55
Familles d’actes Reste à charge Pourcentage
Actes de spécialité 407 2,57 %
Analyse 25 0,16 %
Auxiliaires médicaux 228 1,44 %
Cures 123 0,77 %
Frais médicaux 1 188 7,50 %
Hospitalisation 659 4,16 %
Optique 3 700 23,35 %
Pharmacie 723 4,56 %
Prothèses dentaires 4 580 28,90 %
Prothèses orthopédie 3 705 23,38 %
Radiographies 346 2,18 %
Soins dentaires 163 1,03 %

Total général 15 845

Tableau 17 : Répartition du reste à charge pour l'assuré en 2012 (en milliers d'euros)

Comme cela a été indiqué précédemment et comme le présente la figure ci-dessous, les
remboursements obligatoires et complémentaires différent largement selon les actes
considérés. Ainsi, l’optique est un poste de soins très peu remboursé par la Sécurité Sociale.
Le reste à charge demeure alors très élevé pour le patient. A l’inverse, les hospitalisations
sont très bien remboursées par le régime obligatoire et le régime complémentaire. Le reste à
charge est de ce fait quasi-inexistant. Ce dernier n’est donc pas uniforme pour toutes les
familles d’actes ; de grandes disparités sont à noter.

100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%

Sécurité Sociale Régime complémentaire Ménages

Figure 26 : Contribution de chaque acteur pour l’exercice de soins 2012

56
Même si cette étude n'a pas un intérêt fondamental pour le modèle développé, l'analyse de
la consommation médicale nous a permis de mettre en évidence les différentes
consommations par famille d’acte, par bénéficiaire, ainsi que les poids relatifs des postes de
soins dans les dépenses totales engagées. Les grands postes de soins ont ainsi pu être
distingués (l’hospitalisation et la pharmacie), et nous avons pu noter de grandes disparités
de reste à charge selon les familles d’actes considérés (poste optique contre poste
analyses).

2.3 Analyse de la rentabilité du portefeuille

La partie précédente nous a permis de déterminer les principales variables explicatives de la


rentabilité. Nous devons maintenant avoir une idée précise de l'évolution du S/P et du chiffre
d'affaires pour introduire ces informations dans la modélisation.

2.3.1 Evolution du chiffre d’affaires


Le chiffre d’affaires influençant la rentabilité, il est important d’en faire une analyse précise et
fine en fonction de différents paramètres. Cette analyse a été réalisée à partir de notre base
Cotisations où sont répertoriées toutes les primes de 2009 à 2013 pour le produit
d’assurance considéré.

2.3.1.1 Le chiffre d’affaires

Par définition, le chiffre d’affaires correspond au montant des primes acquises par
l’entreprise au cours d’un exercice donné. Cela signifie des primes, émises ou non, couvrant
une période d’assurance égale à celle de l’exercice. Il permet de donner une indication sur le
volume du portefeuille. En assurance individuelle, il est d'usage que les contrats soient
annuels et renouvelables tacitement, à effet du 1er janvier, même si la souscription peut, bien
sûr, avoir lieu en cours d’année.

2.3.1.2 Evolution globale du chiffre d'affaires du portefeuille

Année 2009 2010 2011 2012 2013


Chiffre d’affaires
48 448 48 910 48 942 46 973 45 504
(hors taxes en milliers d'euros)
Evolution24 0,95 % 0,07 % -4,02 % -3,13 %
Tableau 18 : Chiffre d'affaires annuel du produit GSR

2.3.1.3 Présentation du mécanisme général

Il est d'usage de décomposer le chiffre d’affaires selon les facteurs définis dans le chapitre
précédent. Ces différents éléments vont nous permettre de mesurer plus finement les
évolutions de chiffres d’affaires d’une année à l’autre. Les trois éléments à prendre en
compte dans l’évaluation du chiffre d’affaires sont donc :

- la création d’affaires nouvelles (les contrats de réversion sont traités comme tels dans
le reste de l'étude) ;

24
Evolution du chiffre d’affaires hors taxes = - 1 où CA est le chiffre d’affaires

57
- les résiliations et transferts de gammes ;

- les indexations tarifaires.

En prenant ces trois éléments en considération, nous pouvons décrire les évolutions entre le
chiffre d’affaires de l’année N-1 et le chiffre d’affaires de l’année N.

La méthode que nous avons appliquée pour le calcul des niveaux de production et de
résiliation est la suivante :

Niveau de production

Hypothèse : la souscription a lieu l'année N-1

25

26

Niveau de résiliation

Hypothèse : la résiliation a lieu l'année N-1

27

Nous constatons que les souscriptions et les résiliations pour une année donnée se
répercutent sur deux années : elles impactent l'année où à lieu la souscription et/ou la
résiliation mais aussi l’année suivante (tout dépendra de la date à laquelle l’ouvrant droit
souscrit et/ou résilie son contrat).

Illustrons notre propos par une série d'exemples (sans indexation tarifaire) :

- Si la date de début du contrat n°1 est le 01/01/2010. Supposons que l'ouvrant droit
paye une cotisation pour l'année pleine 2010 de 800 €.

Alors : = 800 € (à comptabiliser dans le chiffre d'affaires 2010)


= 0 €. Il n'y a aucun report lié à la souscription du contrat
puisque la date d’effet est le 1er janvier.

- Supposons maintenant que la date de début du contrat n°2 a lieu en cours d’année,
le 01/10/2010. La cotisation 2010 du 01/10/2010 au 31/12/2010 est de 300 € (soit
une cotisation annuelle de 1200 €).

Alors :

25
La cotisation correspond à la prime commerciale hors taxes que l’assuré a versé (vision fin d'année)
26
La date d’effet correspond à la date à compter de laquelle les garanties d’un nouveau contrat vont s’appliquer
27
La date de résiliation correspond à la date de l’arrêt définitif du contrat d’assurance

58
= 900 € (ces 900 euros correspondent au report
de cotisations lié à la souscription en cours d'année)

300 € 900 €
Production effet 2010 Production impactant 2011

01/01/2010 01/10/2010 01/01/2011 01/10/2011 01/01/2012


1200 €
Cotisation annuelle en 2012

L'évolution du chiffre d'affaires entre 2010 et 2011 en tenant compte de la production est
donc représentée dans le tableau suivant (exemple précédent : contrat n°2) :

Chiffre d'affaires 2010 300 €


(+) Report lié à la souscription du contrat en
+ 900 €
2010 (contrat n°2)
Chiffre d'affaires 2011 1200 €

Réitérons le même processus pour les résiliations :

- Si la date de résiliation du contrat n°3 est le 31/12/2009. Supposons que sa cotisation


2009 était de 800 € (cotisation sur une année pleine du 01/01/2009 au 31/12/2009).

Alors (il n’y a aucun manque à gagner sur l'année 2009


puisqu'il a payé entièrement sa cotisation de l'année)

(le report de la résiliation sur l'année suivante est de


- 800 euros)

- Si la date de résiliation du contrat n°4 est le 01/10/2010 et que sa cotisation 2009


était de 700 € (année pleine). Sa cotisation 2010 est : . Alors :

(le manque à gagner du à la résiliation est en 2010 de


175 €)

525 € (-) 175 €


Cotisation sur 9 mois Résiliation effet 2010
01/10/2011
1

01/01/2009 01/01/2010 01/10/2010 01/01/2011


700 € (-) 525 €
Cotisation annuelle 2009 Résiliation impactant le
chiffre d'affaires 2011

59
L'évolution du chiffre d'affaires entre 2010 et 2011 en tenant compte cette fois-ci des
résiliations est donc la suivante (exemple précédent : contrat n°4) :

Chiffre d'affaires 2009 + 700 €


(-) Résiliations 2010 (contrat n°4) - 175 €
Chiffre d'affaires 2010 + 525 €
(-) Résiliation de 2010 impactant 2011 (n°4) - 525 €
Chiffre d'affaires 2011 0€

Au global, en tenant compte des 4 contrats définis dans les exemples, nous avons :

Chiffre d'affaires 2009 + 1500 € (800+700)


(+) Production (nous comptabilisons les
souscriptions 2009 impactant 2010 (aucune + 1100 €
dans nos exemples) et les souscriptions (800+300)
2010 impactant 2010 (n°1 et n°2)
(-) Résiliations (nous comptabilisons les
- 975 €
résiliations 2009 impactant 2010 (n°3) et les
(-800-175)
résiliations 2010 impactant 2010 (n°4))
Chiffre d'affaires 2010 + 1625 €
(+) Production (nous comptabilisons les
souscriptions 2010 impactant 2011 (n°2) et 900 €
les souscriptions 2011 impactant 2011
(aucun))
(-) Résiliations (nous comptabilisons les
résiliations 2010 impactant 2011 (n°4) et les - 525 €
résiliations 2011 impactant 2011 (aucun))
Chiffre d'affaires 2011 + 2000 €

2.3.1.4 Interprétation

Ces formules ont été programmées sous le logiciel SAS pour toutes les dates d’effet et de
résiliation de 2009 à 2013 de notre population cotisante.

Pour les souscriptions des nouveaux contrats, nous avons distingué deux sous-ensembles :
celui lié aux contrats de réversion (conjoints qui ont décidé de continuer à être couvert alors
que l’assuré principal est décédé) et l'autre concernant les autres souscriptions où nous
n’avons aucune autre information concernant la nature de celles-ci.

Pour les résiliations, plusieurs motifs ont été distingués : l'initiative de l'assuré, le défaut de
paiement, le changement de produit et le décès. Les tableaux des résultats (exprimés en
milliers d’euros) sont en annexe. Ils sont généralement présentés de la manière suivante afin
de mettre en évidence les éléments impactant le chiffre d’affaires de l’année N :

60
52 000

50 000
695,6
en milliers d'euros

48 000
- 3 567

836,7 66
46 000

48 942,1
44 000
46 973,4

42 000

40 000
Chiffre d'affaires Effet production Effet résiliation Effet indexation Reste à expliquer Chiffre d'affaires
2011 2012

Figure 27 : Evolution 2011/2012 du chiffre d'affaires - éléments de variation

Explication de l’évolution des cotisations entre 2011 et 2012 (une analyse identique peut être
effectuée pour les autres années de l’historique).

En partant du chiffre d’affaires de l’année 2011, l’explication du chiffre d’affaires 2012 est la
suivante :

- La création d’affaires nouvelles (expliquée presque entièrement par les contrats de


réversion) a entrainé une augmentation de 1,4 % du chiffre d’affaires pour l’année
2012 ;

- A l’inverse de la production qui augmente le niveau des cotisations, les résiliations le


diminuent. Ainsi, les trois millions d’euros provenant des résiliations sont expliqués en
grande majorité par les décès (71 % du total). Toutes ces résiliations vont donc
impacter négativement le portefeuille ;

- L’évolution des cotisations est aussi expliquée par l’indexation tarifaire c’est-à-dire
l’augmentation des cotisations d’une année à l’autre. Cet impact est un levier
nécessaire à l’analyse du chiffre d’affaires du produit. Au regard des cotisations
moyennes calculées, un taux d’indexation entre 2011 et 2012 de 1,73 % a été
appliqué pour le produit Garantie Santé Retraite ;

- Un reste à expliquer très faible qui représente 0,13 % des cotisations reçues en
2012.

61
2.3.1.5 Statistiques des différentes composantes du chiffre d’affaires

2.3.1.5.1 Les affaires nouvelles : la production

2009 2010 2011 2012 2013


Primes liées aux
souscriptions de l'année 475,1 470,8 462,4 421,5 374,4
(en milliers d'euros)
Volume des souscriptions sur
le chiffre d'affaires annuel 0,98 % 0,96 % 0,94 % 0,90 % 0,82 %
total
Tableau 19 : Montants des primes des affaires nouvelles sur le chiffre d'affaires global

Les primes liées à la création d’affaires nouvelles représentent moins d’1 % du chiffre
d’affaires annuel.

nombre de souscriptions âge moyen du souscripteur


1000 82,5
Nombre de souscriptions

82

âge du souscripteur
800 81,5
81
600
80,5
80
400
79,5
200 79
78,5
0 78
2009 2010 2011 2012 2013
Figure 28 : Nombre de souscriptions et âge des ouvrants droit

La baisse régulière du nombre de contrats souscrits est en cohérence avec la baisse de


cotisations notée précédemment et identifiable sur le graphique ci-dessus. Il est également
intéressant de mettre en évidence sur ce même graphique l’âge de l’ouvrant droit à la
souscription. Il est en constante augmentation, avec une évolution de plus de deux ans entre
2009 et 2013. Une première conclusion peut être apportée à cette analyse : la source
presque totale des nouvelles productions étant les contrats de réversion (rappelons que le
produit GSR est fermé), nous pouvons confirmer que l’âge du décès de l’assuré principal
avant la souscription du contrat de réversion par le conjoint est en hausse sur ces cinq
années d’observations.

La répartition du nombre de réversion par sexe reste logique au regard de la constitution du


portefeuille « famille » globalement représenté par des hommes.

100%

80%

60%
Hommes
40%
Femmes
20%

0%
2009 2010 2011 2012 2013
Figure 29 : Répartition du nombre de réversion par année de souscription ventilée par sexe et année

62
2.3.1.5.2 Les résiliations

Nous avons distingué 4 grands motifs de résiliations :

- le décès de l’assuré ;
- le changement de produit ;
- l’initiative de l’assuré ;
- le non paiement des cotisations.

3 000

2 500
nombre de résiliations

2 000

1 500

1 000

500

0
2009 2010 2011 2012 2013
Figure 30 : Nombre de résiliations annuelles

Une hausse importante du nombre de résiliations est observée entre 2009 et 2010 (60% de
résiliations en plus mais pas d'information sur cette forte évolution). Puis, de 2010 à 2013,
leur nombre diminue très légèrement, de l’ordre de 3 % par an.

100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
2009 2010 2011 2012 2013

Changement de produit Décès de l'assuré


Initiative du souscripteur Non paiement des cotisations
Figure 31 : Décomposition des résiliations

Le motif le plus représentatif de tout l’historique est le décès de l’assuré (représentant entre
70 % et 84 % des résiliations selon l’exercice). Viennent ensuite respectivement, l’initiative
du souscripteur, le changement de produit et la résiliation pour défaut de paiement.

L’âge moyen constaté à la date de résiliation est de 83,5 ans. Comme l’indique ce tableau,
l’âge moyen augmente entre 2009 et 2013, et ce pour les motifs changement de produit,
initiative souscripteur et décès assuré.

63
Motif de résiliation
Changement de Décès de Initiative Défaut de
produit l'assuré souscripteur paiement
2009 70,96 83,73 75,69 83,44
2010 71,89 85,13 76,64 84,44
2011 73,81 85,23 77,72 83,70
2012 72,88 86,39 78,57 81,54
2013 74,49 86,64 79,90 82,68
Tableau 20: Age moyen des résiliés

Les individus résiliant pour cause de changement de produit ou initiative souscripteur sont
relativement plus jeunes que ceux décédés ou résiliant pour cause de défaut de paiement.

L’âge est une information à prendre en compte dans l’étude des résiliations. Il faut intégrer
ce critère dans la construction de la loi de chute pour la projection. De manière générale et
intuitive, les populations jeunes ont un risque de départ plus fort que les populations plus
âgées car elles peuvent être attirées par des promotions et ont davantage l’habitude
d’effectuer des comparatifs de tarifs via internet par exemple. Cette population n’a donc pas
la même problématique d’adaptabilité aux nouveaux produits comme pourrait l’avoir les
populations plus âgées comme celle de GSR.

2.3.1.5.2.1 Résiliations liées aux décès

Pour le motif « décès assuré », les femmes décèdent à un âge plus élevé que celui des
hommes (de 3 ans environ), même si cet écart tend à se réduire au fil des années. Ceci est
en cohérence avec les résultats nationaux où les hommes décèdent, en moyenne, à un âge
moins élevé que les femmes. Sur l'ensemble des cotisants présents 2010, 4,88 % des
hommes sont décédés contre 4,31 % pour les femmes, et ceci est en progression régulière
avec l'augmentation de l'âge moyen des décédés.

Hommes Femmes
2009 82,52 86,42
2010 83,62 86,92
2011 83,72 87,22
2012 84,98 87,88
2013 85,57 87,93
Tableau 21: âge moyen au décès selon le sexe

Les assurés qui sont décédés étaient particulièrement fidèles au produit puisqu’ils ont
conservé leur contrat complémentaire santé entre 17 et 19 ans.

2.3.1.5.2.2 Résiliations liées aux changements de produit

Le motif « changement de produit » est très peu représentatif de notre portefeuille. En effet,
moins de 300 souscripteurs ont résilié pour ce motif-ci et cela représente en moyenne
200 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Toutes années confondues, les hommes sont
plus nombreux que les femmes à mettre fin à la couverture suivant ce motif (62 % contre
38% de femmes sur tout l'historique). Avant de résilier, ils avaient opté pour une couverture
« famille » (c’est le cas pour 77 % de la population assurée).

64
L’âge au moment du changement de produit est plus faible que pour les autres motifs, même
s’il a tendance à augmenter au cours du temps (3 ans de hausse en 5 ans). Ce motif ci tend
à se réduire puisque les individus vieillissent. Les possibilités de changer de produit
diminuent en conséquence du fait de certaines conditions de souscriptions à de nouveaux
produits (et notamment une condition sur l'âge qui peut être stipulé lors de la souscription)

2.3.1.5.2.3 Résiliations liées à l’initiative souscripteur

Le motif « initiative souscripteur » représente en moyenne 18 % de l’ensemble des


résiliations. Cela concerne plus de 2 000 ouvrants droit au global. Les hommes sont plus
nombreux à résilier que les femmes, même si cela tend à se réduire tout au long de
l'historique. Sur l'ensemble des cotisants qui résilient suivant ce motif, 61,7 % sont des
hommes contre 38,3 % de femmes en 2009. En 2013, ils ne sont plus que 54,2 % d'hommes
contre 45,8 % de femmes. Le nombre de résiliations est également en légère diminution, et
ceci semble s'expliquer par la typologie de la population du portefeuille (de plus en plus âgée
et donc de moins en moins susceptible de résilier de leur plein gré).

2.3.1.5.2.4 Résiliations liées aux défauts de paiement

Les résiliations pour cause de « non paiement des cotisations » sont peu nombreuses
concernant le produit que nous étudions. Elles couvrent seulement 2 % du portefeuille des
résiliés et il s’agit principalement des souscripteurs ayant un contrat de type isolé.

Type de contrat
Famille Isolé
Hommes 14,34 % 34,11 %
Sexe
Femmes 0,39 % 51,16 %
Tableau 22 : Répartition des résiliés pour défaut de paiement par sexe et type de contrat

La plupart des formules sont touchées par le défaut de paiement, y compris les formules
dont le niveau de garantie est le plus bas (comme les formules nommées P ou R où les
cotisations annuelles sont assez faibles comparativement aux autres formules, de l'ordre de
200 euros annuels).

Toutes ces résiliations, identifiées motif par motif, apparaissent donc minoritaires
comparativement à celles découlant du décès de l’assuré principal. Cette étude nous a ainsi
permis de faire le choix de regrouper les différents motifs (initiative assuré, changement de
produit) dans une même loi de chute pour la projection des cotisations et des prestations.

En effet, si nous avions construit une loi pour chaque motif, les taux obtenus auraient été
assez irréguliers du fait du nombre restreint des résiliations pour changement de produit ou
défaut de paiement notamment. Nous avons donc dû faire un compromis entre la précision
des informations recueillies et la volatilité des données. A noter enfin que le risque de
résiliation peut avoir un impact fort sur les résultats d’une activité d’assurance et reste un
risque de comportement humain qu'il est relativement difficile d’appréhender.

De même, concernant les nouvelles souscriptions (rappelons qu’elles sont de deux types :
contrats de réversion et autres), il a été choisi de construire une loi d'entrée basée
uniquement sur les contrats de réversion étant donné que nous ne possédons pas
d’informations sur les autres souscriptions (elles représentent un pourcentage très faible
dans le portefeuille).

65
Le choix de ne pas les prendre en compte provient aussi du fait que le produit GSR est un
produit fermé qui n’est plus commercialisé ; aucune nouvelle souscription non relative à des
contrats de réversion ne peut donc avoir lieu.

Après avoir étudié le chiffre d'affaires, nous présentons maintenant la démarche mise en
place pour analyser l'évolution rétrospective du ratio de sinistralité S/P.

2.3.2 Evolution du ratio S/P

2.3.2.1 Construction et démarche

Avant d’analyser les évolutions de rentabilité, l’étape préliminaire est de construire, à partir
de notre table fusionnée « Cotisations-Prestations », les différents ratios de sinistralité en les
distinguant selon l’état de contrat (vision fin d’année). Plusieurs étapes ont été nécessaires
pour la construction de ces ratios :

- Réalisation d’un indicateur nous affichant l’état du contrat pour chaque année de
2009 à 2013. Trois états sont possibles chaque année : stock, souscription ou
résiliation28 ;

Etat du contrat en année N-1 Etat du contrat en année N


Stock
Stock
Résiliation
Résiliation
Stock
Souscription
Résiliation
Souscription
Souscription et résiliation
Tableau 23 : Etats possibles

- Recherche des cotisations relatives à chaque état et pour chaque année ;

- Recherche des prestations relatives à chaque état et pour chaque année ;

- Calcul des indicateurs Sinistres sur Primes pour chaque année d’observation ;

- Calcul des poids des différents états ;

- Décomposition du ratio annuel en distinguant les impacts liés aux variations de S/P et
les impacts liés aux variations du portefeuille (effet « prix », effet « volume »).

Pour expliquer l’évolution du S/P global de l’année N-1 à l’année N, nous isolons donc pour
chaque état des contrats du portefeuille, un effet variation du S/P et un effet variation du
portefeuille.

- Effet variation de S/P : la variation du ratio sinistres sur primes à chiffre d’affaires
constant impacte le chiffre d’affaires global ;

28
Si un contrat est souscrit et résilié dans l'année N-1, nous l'avons classé dans un nouvel état intitulé
« souscription et résiliation » dans l'année N-1

66
- Effet variation du portefeuille : la variation du poids relatif de ces contrats dans le
portefeuille impacte le S/P global à hauteur de l’écart entre le S/P de ces contrats et
le S/P du portefeuille.

2011 / 2012 79,72 % 80,44 %


stock 2011 / stock 2012 75,50 % 77,43 %
stock 2011 / résiliation 2012 97,75 % 141,80 %
résiliation 2011 132,65 %
souscription 2011 / stock 2012 54,96 % 69,23 %
souscription 2011 / résiliation 2012 77,00 % 214,20 %
souscription et résiliation 2011 233,14 %
souscription 2012 76,78 %
Tableau 24 : S/P 2011 et 2012 par composante

2011 / 2012 100,00 % 100,00 %


stock 2011 / stock 2012 87,57 % 92,85 %
stock 2011 / résiliation 2012 6,35 % 4,73 %
résiliation 2011 5,14 %
souscription 2011 / stock 2012 0,86 % 1,46 %
souscription 2011 / résiliation 2012 0,05 % 0,10 %
souscription et résiliation 2011 0,03 %
souscription 2012 0,90 %
Tableau 25 : Poids 2011 et 2012 par composante

A partir de l’ensemble de ces éléments, nous sommes maintenant en mesure de déterminer


les impacts qui expliquent l’évolution de la rentabilité de l’année N-1 à l’année N.

S/P 2011 79,72 %


Impact
Impact variation Somme
variation de
du S/P29 des deux effets
portefeuille30
Passage Stock N-1 / Stock N 1,80 % -0,22 % 1,57 %
Passage Stock N-1 / Résiliation N 2,09 % -0,29 % 1,79 %
Résiliation N-1 0,00 % -2,72 % -2,72 %
Passage Souscription N-1 / Stock N 0,21 % -0,15 % 0,06 %
Passage Souscription N-1 /
0,09 % 0,00 % 0,09 %
Résiliation N
Souscription et résiliation N-1 0,00 % -0,05 % -0,05 %
Souscription N 0,69 % -0,72 % -0,03 %
S/P 2012 80,44 %
Tableau 26 : Impacts 2011/2012

29
Impact lié à la variation du S/P :
30
Impact lié à la variation de poids :

67
85%

83%
1,79%
- 2,72%
81%
1,57%
0,06% 0,09% - 0,05% - 0,03%

79%

77%
80,43%
79,72%

75%

73%
S/P 2012 Impact 1 Impact 2 Impact 3 Impact 4 Impact 5 Impact 6 Impact 7 S/P 2013

Figure 32 : Evolution du S/P 2011-2012

Avec :
Impact 1 : Contrat présent en N-1 et en N sur les deux années comptables entières ;
Impact 2 : Contrat présent sur l’année pleine en N-1 et résilié en N ;
Impact 3 : Contrat résilié sur l’année N-1 (non présent l’année N) ;
Impact 4 : Contrat souscrit l’année N-1 et présent sur l’année pleine en N ;
Impact 5 : Contrat souscrit l’année N-1 et résilié en année N ;
Impact 6 : Contrat souscrit et résilié l’année N-1 ;
Impact 7 : Contrat souscrit l’année N (donc non présent en N-1).

Partant d’un S/P de 79,72 % en 2011, la hausse du ratio en 2012 est expliquée par les
éléments de variations suivants :

- Le S/P du stock 2012 est en augmentation par rapport à celui de l'année précédente,
cela vient donc impacter de 1,8 % le S/P de 2012. A cela s'ajoute une variation de
-0,22 % provenant de l'écart entre le S/P de ces contrats et le S/P du portefeuille
pondéré par la variation de poids. Les deux effets confondus modifient le S/P global
de 2012 d’1,57 % à la hausse ;

- Les résiliations N-1 ont un ratio largement supérieur à 100 % car elles font
majoritairement suite aux décès des assurés principaux. Les individus n'étant plus
présents l'année N, l'impact sera favorable sur le S/P 2012 (-2,72 %) ;

- Enfin, les individus qui sont en stock l'année N-1 et qui résilient l'année N ont un S/P
beaucoup plus élevé en année N qu’en année N-1. (augmentation des dépenses
avant le décès). Ces variations vont influencer le S/P 2012 en le dégradant de 1,79%;

- Les autres éléments ayant un poids très négligeable, ils n'influencent que d'une
manière très faible le S/P 2012.

68
2.3.2.2 Résultats et conclusions apportés

A travers la construction de ces différents ratios S/P, plusieurs conclusions peuvent être
tirées :

- le ratio S/P des résiliations (tous motifs confondus) est supérieur à 100 % et se
dégrade d’année en année. Les prestations versées par le régime complémentaire
sont donc supérieures aux cotisations encaissées. Ce ratio calculé va cependant
dépendre du motif de résiliation ;

- en effet, comme le montre le tableau suivant, dans le cas où la résiliation intervient


pour cause de décès, le S/P calculé est particulièrement élevé, avec une moyenne
de 172 %. Cela s’explique par l’augmentation du nombre de soins avant le décès
(hausse du nombre d’hospitalisations, des actes de soins courants, du poste
pharmacie) ;

Année d'observation
Motif de résiliations 2009 2010 2011 2012 2013
Décès 140,1 % 179,6 % 177,1 % 178,8 % 187,2 %
initiative assuré 72,3 % 67,3 % 61,8 % 55,6 % 61,2 %
changement produit 71,9 % 65,3 % 61,1 % 66,0 % 57,5 %
défaut de paiement 40,0 % 107,3 % 42,3 % 34,3 % 54,3 %
autres motifs 101,3 % 64,6 % 78,4 % 294,8 % 188,1 %
Tableau 27 : Evolution du S/P par motif de résiliation

- d’autres motifs présentent des ratios de rentabilité beaucoup moins élevés comme le
motif initiative assuré ou changement de produit (moyenne à 64 %). Cette tendance
peut se justifier de deux manières : l’assuré qui résilie n’est peut-être plus satisfait de
sa couverture et de ses garanties (il lui reste par exemple trop de reste à charge) ou
bien il trouve qu’il paye une cotisation trop élevée comparativement aux
remboursements qu’il reçoit et décide par conséquent de résilier ou de changer de
produit. Enfin, les ratios S/P pour défaut de paiement et autres motifs sont très
volatiles à cause d’un faible effectif enregistré pour ces deux motifs.

Pour conclure, le tableau ci-dessous représentant l'évolution du S/P suivant les différents
impacts met en lumière les conclusions suivantes :

Année N-1 2009 2010 2011 2012


S/P Année N-1 83,08 % 80,30 % 79,72 % 80,44 %
Impact 1 -2,76 % 0,96 % 1,57 % 2,31 %
Impact 2 0,98 % 1,20 % 1,79 % 1,93 %
Impact 3 -0,91 % -2,65 % -2,72 % -2,99 %
Impact 4 0,05 % 0,12 % 0,06 % 0,26 %
Impact 5 -0,01 % 0,00 % 0,09 % 0,04 %
Impact 6 0,00 % -0,04 % -0,05 % -0,02 %
Impact 7 -0,15 % -0,17 % -0,03 % 0,03 %
S/P Année N 80,30 % 79,72 % 80,44 % 82,00 %
Tableau 28 : Evolution du S/P

69
- la résiliation l’année N-1 procure un gain systématique puisque le S/P des résiliés en
N-1 est élevé. Comme nous l’avons noté, cela est la conséquence d’une
surconsommation des frais de santé en fin de vie. Ces résiliations N-1 ont donc un
effet favorable sur le S/P de l’année N ;

- à l’inverse, les résiliations de l’année N ont un effet à la hausse car ils sont en phase
de surconsommation cette année. Cela vient donc impacter et augmenter le S/P
global de l’année N ;

- les répercussions liées au stock sont assez dynamiques et influent également à la


hausse le S/P global de l’année N, hormis un effet atypique négatif pour l’évolution du
S/P entre 2009 et 2010 ;

- les S/P des souscriptions (via les contrats de réversion) sont en augmentation et sont
proches du stock. Les effets liés à cet état sont très faibles au global (et ont plutôt
tendance à faire baisser le S/P de l’année N). Les S/P des individus qui souscrivent
puis résilient la même année ou l'année suivante sont beaucoup plus fluctuants.

Après avoir réalisé une analyse du chiffre d’affaires, de la rentabilité du portefeuille ainsi que
de ses évolutions sur l’ensemble de l’historique, l’étape suivante est de projeter les
cotisations et les prestations dans le temps. L’objectif est d’avoir un outil d'aide à la décision
afin de déterminer la rentabilité future du produit. Une modélisation plus approfondie a été
privilégiée à celle d'une approche par récurrence liée la méthode précédente (caractère
limitatif puisque peu de paramètres de projection).

Dans la section IV, plusieurs hypothèses nécessaires seront explicitées et l'utilisation de


résultats rétrospectifs va s’avérer indispensable pour la construction de certains paramètres
de projection qui sont essentielles dans la modélisation des cotisations et des prestations
futures.

70
SECTION IV : M ETHODE DETERMINISTE DE PROJECTION DES
CO TIS ATIO NS , DES PRESTATIONS ET D E L A RENTABILI TE FUT URE
DU PRODUI T

Cette section présente un modèle déterministe pour la projection des prestations, des
cotisations, permettant d'évaluer la rentabilité future du produit. Avant de présenter la
méthode, il est important de bien choisir les paramètres de projection (paramètres d’entrées
et de sorties de portefeuille) qu'il est nécessaire de construire en tenant compte des études
rétrospectives réalisées en section III.

Chapitre 1 : Choix des paramètres de projection

Nous avons vu que les principales variables explicatives de la rentabilité d’un nouveau
contrat étaient l’âge, le sexe et la nature du contrat (isolé / famille). Afin de modéliser les
évolutions du portefeuille, nous allons introduire différentes lois et paramètres : loi de décès,
loi de résiliations (sorties hors décès), niveau d'indexation, niveau de dérive du risque, taux
de réversion. En conséquence, nous utiliserons ces éléments pour segmenter le portefeuille
projeté.

Le volume des contrats souscrits sera modélisé à partir des taux de réversion consécutifs
aux décès des assurés principaux (contrat famille). Nous avons également montré que
l’évolution de la rentabilité d’un portefeuille dépendait des résiliations et des indexations. Le
niveau d’indexation est fixé par l’assureur en tenant compte de la dérive du risque à venir.
Par ailleurs, les résiliations doivent être modélisées via la loi de chute. Les paramètres
choisis, détaillés par la suite, doivent être assez précis afin d’avoir une projection conforme à
la réalité possible ou probable. Ces paramètres ont été obtenus empiriquement au regard de
l’analyse rétrospective réalisée précédemment.

1.1 Loi de décès

Pour effectuer une projection, il faut tenir compte, chaque année, du vieillissement du
portefeuille et donc des individus qui décèdent. A cet effet, nous utiliserons dans la
modélisation les tables de mortalité réglementaires en cas de vie TF 00-02 et TH 00-02.

Cependant, il peut être intéressant d’effectuer une comparaison entre les lois de décès par
âge ventilées par sexe de notre jeu de données et celles issues des tables de mortalité
réglementaires TF et TH 00-02. Pour cela, l’étude menée a été réalisée non pas sur une
seule année, mais sur l’historique de cinq ans (2009 – 2013) pour deux raisons principales :
d’une part, il était préférable de disposer d’une volumétrie importante, et d’autre part, cela
permettait de réduire certaines irrégularités pouvant être liées à des phénomènes
exceptionnels. Néanmoins, la profondeur de l'historique n'était pas encore suffisante pour
réaliser une démarche en tenant compte des censures et troncatures.

En conséquence, nous avons calculons empiriquement les taux de décès, c’est-à-dire la


proportion de décès à chaque âge.

Sur la période d’observation, soient :

- le nombre de personnes présentes dans le portefeuille à l’âge ;


71
- le nombre de décès dans le portefeuille à l’âge .

Le taux de décès à l’âge est donc déterminé comme :

La comparaison permet de voir comment le portefeuille se comporte en terme de mortalité


parallèlement aux tables réglementaires. Les deux graphiques ci-dessous superposent les
taux de décès calculés, ventilés par sexe, avec les probabilités de décès des tables
réglementaires en cas de vie (c'est-à-dire avec décalage d'âges). Une rapide mesure et
observation montre que les écarts varient jusqu'à 3,20 % chez les femmes (à 92 ans) et
2,5% chez les hommes (à 91 ans). Cette différence entre les deux courbes est relativement
limité, particulièrement pour la mortalité masculine, les proportions de décès étant
légèrement inférieures à celles de la population nationale.

25%

20%

15%

10%

5%

0%
70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92

taux empiriques de décès femmes TF 00-02 vie

Figure 33 : Comparaison entre les taux de décès empiriques et les taux de décès théoriques - femmes

25%

20%

15%

10%

5%

0%
70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92

taux empiriques de décès hommes TH 00-02 vie

Figure 34 : Comparaison entre les taux de décès empiriques et les taux de décès théoriques - hommes

1.2 Sorties de portefeuille (hors décès)

En plus du vieillissement de la population qui vient diminuer l’effectif considéré, un autre


paramètre va faire décroître, dans une plus faible mesure, la population du portefeuille : il
s’agit des différents motifs de résiliations et de sorties (hors décès).

72
Nous allons ainsi établir une loi de sortie (également appelée loi de chute hors décès)
correspondant aux différents motifs de résiliations : l’initiative de l'assuré, le défaut de
paiement, et le changement de produit notamment. L'idée de construire des lois de chutes
par motif de résiliation a été rapidement exclue de l'étude en raison d'une faible volumétrie
de données.

Cette loi, tenant compte de la totalité des motifs, peut être déterminée à partir de l’historique
des taux de résiliation dont les caractéristiques avaient été présentées en section III.

14%
12%
10%
8%
6%
4%
2%
0%
72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90
Figure 35 : Taux de sortie hors décès des hommes – tranche d’âges 72 - 90 ans

Afin d’avoir un groupe plus important et plus homogène, nous avons étudié les résiliations
sur les trois dernières années d’historique, c'est-à-dire de 2011 à 2013. Les taux obtenus
présentés sont assez volatiles. Pour éliminer ces quelques irrégularités, il est nécessaire de
lisser ces taux en utilisant des outils statistiques tout en sachant qu’un lissage de qualité est
un lissage qui ajuste fidèlement les taux obtenus. Il a été décidé de lisser les taux de chute
en réalisant une régression polynomiale à partir de la courbe de résiliations ventilée par
sexe. Un taux de sortie par âge a été évalué pour la tranche d’âges 72 - 90 ans, là où
l’effectif au début de la projection est le plus important (dans le modèle, nous avons appliqué
ces deux lois lissées sur l'ensemble des années de projection).

La régression polynomiale, méthode de lissage classique et relativement simple à mettre en


œuvre, a été retenue car elle présente de bons résultats sur nos données.

1.2.1 Principe de la régression polynomiale


Dans un modèle de régression polynomiale, deux variables principales rentrent en jeu :

- une variable explicative X. Dans notre cas, les représentent les âges des cotisants

- une variable à expliquer Y. Ici, les correspondent aux taux de chute à l'âge .

L'objectif de la régression polynomiale est de lisser la courbe empirique par un polynôme de


degré m (<n) et de coefficients .

Le polynôme de régression, appelée aussi fonction de régression s’écrit donc :

73
La méthode générale utilisée pour réaliser une régression polynomiale est la méthode des
moindres carrées. L’objectif est de minimiser la différence entre les valeurs prises par la
courbe empirique et la fonction de régression au point .

Il faut donc minimiser la somme des carrées entre ces deux valeurs dans le but d’obtenir une
estimation des coefficients du polynôme de régression.

La grandeur à minimiser que nous noterons S est donc :

Pour la minimiser, il faut trouver, pour chacun des coefficients , la valeur qui
annule les dérivées partielles de S par rapport à . Les conditions du premier ordre sont
alors :

Comme les bornes ne dépendent pas des indices et , nous pouvons intervertir les deux
sommes. Ainsi :

Cette égalité peut se réécrire sous la forme d’un système (de Cramer) :

qui est inconnue

Une fois les coefficients estimés et la courbe de régression construite, nous devons nous
assurer que le lissage effectué est de bonne qualité.

74
Plusieurs critères statistiques sont à notre disposition. Nous en présenterons deux qui sont
appropriés pour juger de l’ajustement du lissage sur les données. Il s’agit du coefficient de
détermination R² et du coefficient de détermination ajusté (appelé aussi coefficient de
détermination corrigé).

1.2.2 Critère de sélection : le coefficient de détermination R²


La qualité d’une régression peut se mesurer à l’aide du coefficient de détermination. Compris
entre 0 et 1, cet outil statistique nous donne une indication générale sur la qualité de la
régression et permet donc d’évaluer le degré d’adéquation du modèle.

Interprétation : Plus le R² est proche de 1 et meilleure est la modélisation.

- Si le R² = 0, alors la courbe de régression ne représente pas la courbe


expérimentale. La régression polynomiale n’est donc pas adaptée à la distribution
des points ;

- Si le R² = 1, dans ce cas, la courbe lissée explique parfaitement la distribution de


points.

Ainsi :

Un écueil cependant, le coefficient de détermination dépend du nombre de variables dans le


modèle. Ainsi, plus le nombre de variables est élevé et plus le coefficient aura tendance à
augmenter. Pour limiter ces évolutions, il est souhaitable d’utiliser le coefficient de
détermination ajusté (qui a la même interprétation que le R²).

;
.

1.2.3 Taux lissés retenus


Pour les taux de chute des hommes, les valeurs du coefficient de détermination et du
coefficient de détermination ajusté sont :

75
degré du
R² R² ajusté
polynôme
2 0,9650 0,9606
3 0,9875 0,9850
4 0,9881 0,9847

Nous sélectionnons le lissage dont le coefficient de détermination ajusté est le plus élevé. Le
degré du polynôme correspondant est donc celui d’ordre 3.

14%
12%
10%
8%
6%
4%
2%
0%
72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90

taux empiriques taux lissés (ordre 3)

Figure 36 : taux empiriques et taux lissés – loi de sortie – hommes

De même, pour les taux de sortie des femmes, nous choisissons le polynôme de degré 3,
puisque c’est celui dont le coefficient de détermination est le plus élevé.

degré du
R² R² ajusté
polynôme
2 0,9500 0,9437
3 0,9822 0,9787
4 0,9823 0,9773

14%
12%
10%
8%
6%
4%
2%
0%
72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90

taux empiriques taux lissés (ordre 3)

Figure 37 : taux empiriques et taux lissés – loi de sortie – femmes

Ces taux seront introduits par la suite dans le modèle de projection.

76
1.3 Entrées des nouveaux contrats : les contrats de réversion

Afin de projeter les primes et les prestations futures, il est judicieux de modéliser les
nouveaux contrats entrant dans le portefeuille. Nous avons auparavant démontré que les
affaires nouvelles provenaient pratiquement en totalité des contrats de réversion (le produit
étant fermé).

Ces contrats de réversion font suite à des contrats de type famille, résiliés pour cause de
décès de l’assuré principal. Le conjoint reprend donc seul un nouveau contrat (le contrat de
réversion est donc un contrat de classe tarifaire « isolée » uniquement).

Ratio Ratio
réversion femmes / réversion hommes /
décès hommes décès femmes
2010 93,13 % 93,75 %
2011 78,65 % 100,00 %
2012 85,43 % 93,75 %
2013 74,74 % 86,67 %

Au regard des valeurs observées sur 2010 - 2013, nous retenons les valeurs suivantes : sur
l'ensemble des femmes ayant souscrit un contrat famille, environ 90 % d'hommes prennent
un contrat isolé au décès de leur conjointe. Le volume des contrats familles avec un assuré
principal féminin est très faible, comme nous l'avions montré en section III. De même pour
les contrats de réversion souscrits par des femmes (décès de l'assuré principal masculin), un
taux moyen de 80 % a été appliqué. Ces mêmes estimations ont été conservées pour
l’ensemble des années de projection.

1.4 L’indexation tarifaire et la dérive du risque

L'indexation tarifaire est un paramètre endogène car les assureurs peuvent la contrôler. La
dérive du risque est un paramètre exogène car externe et non maitrisable par l'assureur.
Rappelons que la dérive du risque tient compte de l'inflation des dépenses de santé. Ces
deux paramètres doivent être pris en compte dans un modèle de projection et vont influencer
la rentabilité finale d'un produit. Lors des simulations effectuées, deux types de ratios, ratio
combiné tenant compte des frais et ratio sinistres sur primes, seront utilisés.

La mise en place d’un taux d’indexation ventilé selon la gamme de la couverture choisie
(entrée de gamme, moyen de gamme, haut de gamme) ou bien la nature du contrat (isolé /
famille) aurait pu être envisagée. Néanmoins, dans la projection, c’est l’estimation ou
l’hypothèse d’un taux d’indexation pour le produit en globalité qui a été retenue puisque c’est
ce qu’il se fait dans les travaux d’indexation tarifaire du Groupe (mise en place de taux
d’indexation par produit d’assurance).

Chapitre 2 : Projection des cotisations et des prestations

La projection doit refléter la réalité. Le choix a donc été fait de répartir la population en quatre
catégories ayant des caractéristiques distinctes puisque les paramètres de projection varient
suivant la segmentation considérée.

77
De plus, les études réalisées en amont ont démontré que la rentabilité d'un contrat dépendait
de ces éléments (âge, sexe et nature du contrat). La population de l’année de départ est
celle de 2013 et elle constitue l’année initiale de projection de la modélisation. Puis chaque
année, la population va subir le vieillissement via la table de mortalité par sexe et par âge, et
évoluer suivant les paramètres et lois définis précédemment.

2.1 Explication de la méthode retenue

2.1.1 Projection des effectifs et des cotisations


Pour projeter les cotisations par âge, les données suivantes sont nécessaires :

- le nombre total de cotisants dans le portefeuille à la fin de l'année 2013 ;

- leur prime commerciale encaissée hors taxes.

De part nos études, nous avons remarqué la forte liaison entre les variables sexe et nature
du contrat. Le choix de la segmentation provient donc de ces variables influençant la
rentabilité. A ce titre, la modélisation des effectifs et des primes futures sera donc fonction de
la nature du contrat (isolé ou famille), du sexe du cotisant et de l'âge.

Année 2013
Contrat isolé Contrat famille
Hommes Femmes Hommes Femmes
Age Effectifs Effectifs Effectifs Effectifs

70
71

Tableau 29 : table nécessaire à la projection des effectifs des cotisants

Pour chaque catégorie (correspondant à hommes familles, hommes isolés, femmes familles,
femmes isolées) et chaque année, la population subit un vieillissement via la table de
mortalité, ainsi que des sorties modélisées par les deux lois de chute définies en amont.
L’évolution de la population projetée est donc déterminée de la manière suivante :

Effectif des
Age en 2013 cotisants en Age en 2014 Effectif des cotisants projetés en 2014
2013
… 70 =
70 71 =
71 72

99 100 =
100 101 =

104 105 =

Tableau 30 : Projection des effectifs – Catégorie Homme Isolé

Avec :

78
- , les effectifs du portefeuille à l’âge i ;
- les probabilités de survie d’un homme à l’âge i provenant de la table
réglementaire TH 00-02 : où probabilité de décès d'un
homme ;
- , les probabilités de survie d’une femme à l’âge i provenant de la table
réglementaire TF 00-02 ;
- , les probabilités de sortie (hors mortalité) à l’âge i provenant de la loi de
chute des hommes ;
- , les probabilités de sortie (hors mortalité) à l’âge i provenant de la loi de
chute des femmes.

L’utilisation de ces paramètres a contribué à diminuer l’effectif du portefeuille. Cependant,


ces tables intermédiaires ne tiennent pas compte des nouveaux entrants dans le portefeuille.

La modélisation des réversions utilisera les deux hypothèses suivantes :

- l’écart d’âge entre les hommes et les femmes est de 3 ans (les conjointes femmes
ont en moyenne trois ans de moins que l’assuré principal homme) ;
- les contrats de réversion sont uniquement des contrats ne couvrant aucun ayant
droit (contrat isolé).

La méthode proposée pour la projection de l'effectif des nouveaux entrants est la suivante :

Pour le calcul de l’effectif projeté des femmes ayant un contrat de réversion :

A l’âge i, le nombre projeté des réversions souscrites par des femmes est égal au nombre de
décès projetés des hommes à l’âge i+3 ayant eu un contrat famille auquel est multiplié le
taux de réversion des femmes à l’âge i (ce dernier est défini en paramètre).

Pour le calcul de l’effectif projeté des hommes ayant un contrat de réversion :

A l’âge i, le nombre projeté de réversion souscrites par des hommes est égal au nombre de
décès projetés des femmes à l’âge i-3 ayant eu un contrat famille auquel est multiplié le taux
de réversion des hommes à l’âge i (défini également en paramètre).

Ainsi, pour 100 décès hommes à 77 ans, 80 femmes de 74 ans vont prendre un contrat de
réversion.

Effectif entrée
Age en 2013 Age en 2014 Effectif projeté des entrées dans le portefeuille 2014
portefeuille 2013

82 0 83
83 0 84

Tableau 31 : Projection pour les entrées dans le portefeuille – Catégorie Homme isolé

Effectif entrée
Age en 2013 Age en 2014 Effectif projeté des entrées dans le portefeuille 2014
portefeuille 2013

82 0 83
83 0 84

Tableau 32 : Projection pour les entrées dans le portefeuille - Catégorie Femme isolée

79
Avec :

- , les effectifs du portefeuille en 2013 de la catégorie j à l’âge i ;


- les probabilités de décès des hommes à l’âge i (table TH 00 - 02) ;
- , les probabilités de décès des femmes à l’âge i (TF 00 - 02) ;
- , les taux de réversion des hommes ;
- é , les taux de réversion des femmes.

Pour les cotisations qui sont indépendantes de l'âge, une moyenne a été calculée en 2013,
c'est-à-dire l’année 0 de projection, par type de contrat et par sexe.

Ainsi, pour chaque catégorie, nous avons retenu les cotisations moyennes31 suivantes :

- Homme ayant un contrat isolé : 1057 € ;


- Femme ayant un contrat isolé : 1035 € ;
- Homme ayant un contrat famille : 1935 € ;
- Femme ayant un contrat famille : 2000 €.

Les fluctuations entres hommes et femmes sont dues aux différences d’options choisies et
non a une différence de tarification par sexe puisqu'il n'est plus un facteur utilisable dans la
tarification des contrats d'assurance depuis le 21 décembre 2012. En effet, la Cour de
Justice de l'Union Européenne a mis fin à la possibilité d'avoir un tarif différencié hommes /
femmes en stipulant que « la prise en compte du sexe de l'assuré en tant que facteur de
risques dans les contrats d'assurance constitue une discrimination ».

A l'aide de ces éléments, pour chaque année de projection, la cotisation projetée est
calculée en multipliant la prime indexée par l’effectif projeté à chaque âge. Nous obtenons
alors une estimation de la cotisation cumulée par âge, et ce pour chaque catégorie. Toutes
ces formules ont été réitérées jusqu’à l’extinction du portefeuille.

2.1.2 Projection des effectifs et des prestations

2.1.2.1 Contexte

Nous savons que les dépenses de santé ne sont pas uniformes et dépendent de l’âge du
consommant. L'âge est donc un critère de consommation médicale. Intrinsèquement, l'état
de santé est également un indicateur indirect de cette consommation, comme nous l'avons
vu précédemment avec des ratios S/P très élevés au moment de l'année du décès de
l'assuré.

Ainsi, tout au long de sa vie, l'assuré n’a pas les mêmes besoins de prise en charge :

- de 0 - 10 ans : pédiatrie, pharmacie, hospitalisations et maladies infantiles ;


- de 10 - 25 ans : orthodontie, optique, accidents ;
- de 25 - 50 ans : prévention, maternité, contraception ;
- de 50 - 70 ans : dentaire, prothèses, optique ;
- de 70 - 90 ans : analyses médicales, optiques, dentaires, pharmacie ;
- à compter de 90 ans : hospitalisations, auxiliaires médicaux, pharmacie.

31
Les cotisations sont indépendantes de l’âge de l’ouvrant droit

80
Pour projeter les prestations, il convient donc de construire une loi de consommation
médicale32 se référant au coût moyen par âge et par sexe. Cette loi est propre aux données
du produit étudié, définis dans la base « Prestations ».

A l’aide des prestations versées par le régime complémentaire en 2012 réévaluées d’un taux
de dérive du risque de 3 %, et des prestations de 2013, segmentées par âge et par sexe,
nous pouvons avoir une première approche d’une loi de consommation médicale en prenant
comme base, la moyenne des prestations par âge sur ces deux années. Cependant, et
comme indiqué précédemment, nos données sont très peu nombreuses sur les tranches
d’âges inférieures à 70 ans et supérieures à 97 ans. Les effectifs sur ces deux tranches
représentent environ 5 % de l'effectif total.

Pour construire la loi de consommation médicale par sexe, il a été choisi de réaliser des
régressions sur trois tranches d’âges distinctes (0 - 70 ans ; 71 - 96 ans ; 97 - 108 ans) afin
de bien tenir compte du volume d’effectifs des consommants et de leur niveau de prestations
sur chaque tranche. La précision de la régression aurait été moindre si aucune classe n’avait
été définie.

2.1.2.2 Présentation des tests et exemple

En plus du coefficient de détermination qui permet de sélectionner l’ordre du polynôme de la


régression polynomiale, le test de Student et le test de Fisher ont été introduits pour juger de
la qualité du lissage avec seuil de risque de première espèce de 5 %. La régression
polynomiale choisie sera donc celle qui vérifie ces trois critères statistiques.

Test de Fisher :

Le test de Fisher permet de vérifier si le modèle est globalement significatif.

- Hypothèse H0 : les coefficients sont nuls : le modèle n’est pas globalement significatif
- Hypothèse H1 : les coefficients ne sont pas nuls : le modèle est globalement
significatif.

Règle de décision :

Nous acceptons l’hypothèse H0 de nullité des coefficients lorsque le Fisher calculé est
inférieur au Fisher théorique (seuil à 95 %). Si, à l’inverse, le Ficher calculé est supérieur au
Ficher théorique alors les coefficients sont significativement différents de 0 et dans ce cas, le
modèle est globalement significatif.

Test de Student :

Le test de Ficher permet de tester si chaque estimateur est significatif.

- Hypothèse H0 :
- Hypothèse H1 :

32
La loi de consommation médicale se rapporte dans la suite de l’étude à la prestation moyenne par âge et par
consommant versée par le Groupe pour le produit GSR.

81
Règle de décision :

Nous acceptons l’hypothèse H0 lorsque le Student théorique est supérieur à la valeur


absolue de la statistique calculée (seuil de risque : 5 %). Si, à l’inverse, la valeur absolue de
la statistique calculée est supérieure au Fisher théorique, dans ce cas, l’hypothèse H0 est
rejetée et le coefficient est significatif.

Ce test doit être réalisé pour chaque estimateur du modèle et celui-ci est validé lorsque
l’ensemble des estimateurs sont individuellement significatifs.

Exemple sur la tranche d’âge où le volume de consommants est le plus important : 71 - 96


ans pour les hommes :

La régression choisie pour la tranche 71-96 ans des hommes est la régression d’ordre 4
puisque :

- le coefficient de détermination est égal à 0,91 et le coefficient de détermination ajusté


est de 0,89 ce qui est correct pour un modèle de ce type ;
- la statistique calculée du Fisher de 53,05 est supérieure au Fisher théorique qui est
de 2,84. L’hypothèse H0 est donc rejetée et par conséquent le modèle est
globalement significatif avec un niveau de confiance de 95 % ;
- la valeur du Student théorique est de 2,08 et les valeurs absolues de la statistique
calculée pour chaque estimateur sont de :

3,42 ; 2,83 ; 2,25 ; 2,42

Ces dernières étant toutes supérieures à la valeur du Student théorique, nous


pouvons rejeter l’hypothèse H0 et conclure que tous les estimateurs sont
individuellement significatifs.

L’ordre supérieur n’a pas été choisi car, même si le coefficient de détermination ajusté de la
régression polynomiale d’ordre 5 était légèrement supérieur à celui d’ordre 4, les coefficients
du lissage n’étaient pas individuellement significatifs. De même, l’ordre 3 n’a pas été retenu
car les coefficients n’étaient pas individuellement significatifs et le coefficient de
détermination de 0,85 était plus faible que celui de l’ordre 4.

1 400 €
1 200 €
Prestation moyenne

1 000 € 2012
800 € 2013
600 €
moyenne
400 €
200 €
régression (ordre 4)
0€
71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96

Figure 38 : consommation médicale des hommes en euros - tranche d'âges 72 - 96 ans

La même approche a été appliquée pour les femmes afin de déterminer les modèles de
régression pour les lissages des différentes tranches d’âges.

82
1 200 €
1 000 € 3
800 € 1
600 €
2
400 €
200 €
0€

82
10
13
16
19
22
25
28
31
34
37
40
43
46
49
52
55
58
61
64
67
70
73
76
79

85
88
91
94
97
100
103
106
1
4
7

Figure 39 : loi de consommation – femmes

Avec pour la loi de consommation des femmes :

- 1 : Régression polynomiale d’ordre 6 ;


- 2 : Régression polynomiale d’ordre 6.

La loi de consommation montre une augmentation accrue de la prestation moyenne jusqu’à


94 ans environ pour les femmes. Ensuite, cette consommation moyenne a tendance à
diminuer du fait de l’importante prise en charge des dépenses de soins par la Sécurité
Sociale à ces grands âges. Les prestations versées par le régime complémentaire
deviennent donc minoritaires. Le choix d'une stabilité des remboursements complémentaires
aux grands âges a été adopté. Ces lois construites, segmentées par sexe, sont toutes deux
similaires sur la forme de la courbe. Néanmoins, les prestations moyennes des femmes sont
légèrement supérieures à celles des femmes.

Il est également important de vérifier que les prestations lissées par âge appliquées aux
effectifs à chaque âge correspondent bien au montant total de prestations versées l’année
2013. Ainsi, en tenant compte de cette information, nous constatons que le lissage réalisé
surévalue de manière limitée, soit de 0,8 %, le montant total des prestations versées ce qui
permet de valider les lissages réalisés en raison du faible écart généré par la méthode.

Une deuxième approche aurait pu être de considérer l'ensemble des assurés couverts, c'est-
à-dire à la fois les assurés ayant ou non consommés. Dans ce cas, la loi de consommation
aurait été légèrement inférieure à celle construite du fait de la prise en compte des assurés
non consommants, ces derniers constituant un peu plus de 1 % de la population totale.

2.1.2.3 Modélisation

La population des cotisants et celle des consommants recevant une prestation ne sont pas
les mêmes. De ce fait, pour modéliser les prestations futures versées par l'assureur, nous
construisons au préalable et comme cela avait été fait pour la modélisation des cotisations,
une table récapitulant les effectifs et les prestations suivant l’âge, le sexe, et la classe
tarifaire (isolé / famille).

Outre la segmentation par sexe, il a fallu, dans la catégorie famille, distinguer les ayants droit
et les ouvrants droit et cela pour la modélisation des entrées dans le portefeuille. Seuls ont
été représentés les bénéficiaires conjoints ou concubins. Les enfants, qui sont négligeables,
ont été retirés de la projection.

83
Année 2013
Contrat isolé Contrat famille

Conjointes des
Hommes cotisants Femmes conjoints des femmes
hommes cotisants
Hommes Femmes (assuré principal : cotisantes (assuré cotisantes (ayant droit :
(ayant droit :
homme) principal : femme) homme)
femme)

Age Effectifs Effectifs Effectifs Effectifs Effectifs Effectifs


70
71

Tableau 33 : table nécessaire à la projection des effectifs des consommants

Puis, similairement à la modélisation des effectifs des cotisants, chaque année, la population
subit un vieillissement normal, des sorties et des entrées dans le portefeuille.

La même méthode est donc effectuée sur l’ensemble des catégories. Néanmoins, deux
classes présentent quelques spécificités non apparues auparavant.

Il s’agit de la catégorie des ayants droit (conjoints et conjointes des assurés principaux). En
effet, lorsqu’un ayant droit sort du portefeuille, plusieurs raisons peuvent être invoquées :

- soit le bénéficiaire décède ;


- soit l’ayant droit sort du portefeuille pour un motif volontaire de l’assuré principal,
ouvrant droit du contrat ;
- soit il sort du portefeuille au moment du décès de l’assuré principal entrainant une
résiliation du contrat.

Il faut alors tenir compte de ces trois éléments pour projeter cette population.

Age en Effectif des


Age en 2014 Effectif projeté des conjoints en 2014
2013 conjoints en 2013

79 80
80 81

Tableau 34 : Projection des effectifs des conjointes (assuré principal : homme)

Les entrées projetées liées aux contrats de réversion sont déterminées en utilisant la même
méthode qu’expliquée auparavant.

Enfin, et comme pour la projection des cotisations, pour chaque année simulée, la prestation
moyenne par sexe et par âge33 augmentée d’un taux de dérive du risque défini en
paramètres, est multipliée par l’effectif projeté à chaque âge, et pour chaque catégorie. Cela
donne, in fine, le montant total de prestations pour chaque année projetée. Nous obtenons
alors une estimation de la consommation à chaque âge et le montant total des prestations
pour chaque année de projection jusqu'à l'extinction du portefeuille.

33
Ces prestations proviennent des lois de consommation définies sur le portefeuille

84
2.2 Etude de la projection

2.2.1 Projection de l’effectif des ouvrants droit

3 000
2 500
2 000
2013
1 500
2016
1 000
2020
500
-

110
112
50
52
54
56
58
60
62
64
66
68
70
72
74
76
78
80
82
84
86
88
90
92
94
96
98
100
102
104
106
108
Figure 40 : Evolution des âges

Le graphique ci-dessus expose l’évolution des âges des cotisants dans le portefeuille en
2013, 2016 et 2020.

En 7 ans, une forte baisse du nombre d’assurés est observable, passant de plus de 33 000
cotisants en 2013 à près de 20 000 en 2020. La figure décrit aussi le vieillissement et
l’évolution de l’âge moyen de la population cotisante.

L’âge moyen des nouveaux entrants (provenant des contrats de réversion seulement) est en
moyenne plus faible que celui du portefeuille au global, mais celui-ci ne le déforme pas car le
nombre d’entrées est faible. Comme le produit est fermé, l’âge moyen augmente en
conséquence, et passe de 83,3 ans en 2013 à 85,6 ans en 2016 et à 88,4 ans en 2020.

2.2.2 Projection de l’effectif des consommants


Concernant la population consommante, c’est-à-dire la population qui a reçu au moins une
prestation provenant du produit Garantie Santé Retraite souscrit, nous constatons une forte
baisse de l’effectif d’un peu moins de la moitié en 7 ans. Cette diminution reste une fois de
plus crédible au regard du profil des consommants : la population est âgée et le nombre
limité d’entrée ne vient pas renouveler ni modifier totalement le portefeuille.

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020


Effectif 44 030 40 626 37 366 34 243 31 252 28 392 25 666 23 076
% par rapport au
100,00% 92,27 % 84,86 % 77,77 % 70,98 % 64,48 % 58,29 % 52,41 %
volume initial
Ratio consommants
« famille » / cotisants 1,94 1,90 1,86 1,82 1,79 1,75 1,71 1,68
« famille »
Tableau 35 : Evolution de l'effectif des consommants

2.2.3 Résultats des simulations effectuées


La réalisation de quatre simulations va permettre de mettre en évidence quatre types de
scénarios possibles et envisageables. En appliquant à chaque fois un scénario particulier,
nous analysons l'évolution des cotisations34, des prestations, du ratio de sinistralité et du
résultat d’exploitation pour la Garantie Santé Retraite.

34
Les cotisations présentées sur les figures suivantes sont nettes de frais

85
2.2.3.1 Simulation 1 : taux d'indexation conforme au taux de marché

Hypothèses de la simulation 1 : Taux constant d’indexation tarifaire de 2 % et égal à la


dérive du risque à âge donné. Ce scénario correspond au cas « classique » où l'assureur est
conforme au marché. Rappelons que la dérive du risque ne prend pas en compte « l’effet
vieillissement » qui est exprimé dans la loi de consommation et que l'indexation tarifaire
sollicitée par les assureurs est en général égale à la dérive auquel est y ajouté un petit
supplément. Un taux de frais35 constant de 16 % a été appliqué. En ce qui concerne le calcul
de la provision pour risques croissants, un taux de chargement identique au taux de frais à
été inséré.

L’objectif de cette simulation est d’étudier l’évolution du ratio combiné et l’évolution du


résultat d’exploitation sur les années à venir. Rappelons que le ratio combiné se mesure
comme la somme des frais et du coût des sinistres sur le total des primes encaissées par
l'assureur. Ce ratio a été utilisé puisqu’il prenait en compte les frais (vision économique
complète de la rentabilité de l'organisme d'assurance) contrairement au ratio S/P brut étudié
dans la section précédente.

50 000 120%
45 000
100%
40 000
35 000
en milliers d'euros

80%

Ratio combiné
30 000 Cotisations
25 000 60%
Prestations
20 000
Ratio Combiné
40%
15 000
10 000
20%
5 000
0 0%
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041
2042
2043
2044
2045
2046
2047
2048

Figure 41 : Evolution des cotisations, des prestations et du ratio combiné

La figure ci-dessus montre une forte décroissance des cotisations nettes et des prestations
projetées, provenant de l’effet naturel du vieillissement de la population et des sorties
volontaires des assurés du portefeuille.

Le ratio combiné est, quant à lui, en hausse pour atteindre un niveau de près de 103 % en
2023, pour progressivement diminuer ensuite jusqu’en 2037. Nous avons indiqué
précédemment, que, le portefeuille vieillissant et l’étude ayant lieu sur un produit fermé, l'âge
moyen de la population augmente. En conséquence, la prestation moyenne est en hausse
selon la loi de consommation définie en amont. Cette évolution liée à l'âge se cumule au taux
de dérive du risque de 2 % expliquant la dégradation du ratio combiné sur les premières
années de la projection.

La tendance s’inverse par la suite, puisque la consommation moyenne se stabilise aux


grands âges et l’indexation tarifaire faite par hypothèse est suffisante pour faire face à la
dérive du risque. C'est pour cette raison que le ratio combiné a tendance à diminuer.

35
Frais = taux de frais x montant total des cotisations hors taxes. Les frais comprennent les frais d’administration
représentant les coûts dont les montants ne sont pas directement liés au nombre d’opérations traités, des frais
d’acquisition, et des frais de gestion sur les prestations, provenant des opérations de traitements des sinistres.

86
A compter de 2039 et avant l’extinction du portefeuille, ce ratio a tendance à croître de
nouveau, même s’il est à interpréter avec prudence : d'une part, l'horizon de la projection est
très lointain et d’autre part, le montant total des cotisations et des prestations est, quant à lui,
très faible, l’effectif étant particulièrement restreint.

Le résultat d'exploitation est aussi un outil nécessaire pour l’assureur. Il mesure la


performance de l'organisme d'assurance à réaliser des profits.

Il se calcule comme :

Résultat d'exploitation = Cotisations hors taxes - Prestations - Frais

2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

CA net de taxes et
42 936 281,42 39 874 000,35 36 883 409,42 33 961 757,47 31 112 292,11 28 343 548,82 25 664 090,05
CMU
Prestations 35 337 540,24 33 166 399,66 30 969 126,00 28 757 134,72 26 547 937,36 24 351 955,41 22 177 947,03

S/P 82,30 % 83,18 % 83,96 % 84,68 % 85,33 % 85,92 % 86,42 %

Frais 6 869 805,03 6 379 840,06 5 901 345,51 5 433 881,19 4 977 966,74 4 534 967,81 4 106 254,41

% 16 % 16 % 16 % 16 % 16 % 16 % 16 %

Résultat
728 936,15 327 760,64 12 937,91 - 229 258,45 - 413 611,99 - 543 374,39 - 620 111,38
d'exploitation
% 1,70 % 0,82 % 0,04 % -0,68 % -1,33 % -1,92 % -2,42 %

Tableau 36 : Présentation des éléments du résultat d'exploitation - en euros (simulation 1)

800

600 2 3

400
en milliers d'euros

200

-200

-400 1
-600

-800
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041
2042
2043
2044
2045
2046
2047
2048

Figure 42 : Résultat d'exploitation

Trois phases peuvent alors être distinguées :

- Sur la première phase, le résultat d’exploitation est en baisse mais reste positif
puisque la rentabilité se dégrade jusqu’en 2016 mais le ratio combiné reste inférieur à
100 % ;

87
- Sur la seconde phase, le résultat d’exploitation est négatif et le ratio combiné est
supérieur à 100 %, ce qui ne permet pas à l'assureur de réaliser un profit. L’assureur
est donc en situation de perte financière (la constitution d’une provision de type
provision pour risques croissants (PRC) doit être mise en place pour faire face à ces
pertes futures) ;
- A partir de 2030, le résultat devient positif puisque l’âge moyen de l’ouvrant droit est
de plus de 95 ans et d’après la loi de consommation, la prestation moyenne est
plafonnée à un certain niveau au-delà de ces âges élevés. Le résultat tend ensuite
vers 0 au moment de l’extinction du portefeuille.

En actualisant (au taux technique de 2 %), année après année la totalité des résultats futurs
dans ces hypothèses, la valeur trouvée correspond à une perte de 3 millions d’euros.

Ce résultat étant négatif et comme les prestations santé sont croissantes avec l’âge, il est
par conséquent important pour l’assureur de savoir combien il doit provisionner aujourd’hui (il
s’agit, en l’occurrence dans notre cas, d’une provision pour risques croissants) pour absorber
les pertes futures.

Elle se calcule de la manière suivante :

PRC = Maximum [ valeurs actuelles probables des prestations (engagements futurs de


l'assureur) - valeurs actuelles probables des cotisations nettes de chargements
(engagements futurs de l'assuré) ; 0 ]

Rappelons que le calcul de la PRC mesure l’équilibre (ou le déséquilibre) entre les
prestations futures probables et les cotisations futures probables d’une population. Ainsi, une
PRC est constituée lorsque les prestations futures probables sont supérieures aux
cotisations futures probables, autrement dit, lorsque les ressources probables futures ne
suffisent pas à couvrir l’intégralité des engagements futurs probables pris par l’assureur.

Nous avons donc simulé les cotisations nettes et prestations futures actualisées année après
année, compte tenu des hypothèses définies dans cette première simulation.

Dans notre cas, sur la phase 2014 - 2016, les cotisations annuelles sont supérieures aux
prestations annuelles. L’assureur réalise un excédent de ressources ponctuel. La tendance
s’inverse sur la phase 2017 - 2028, où les prestations annuelles versées sont supérieures
aux cotisations reçues et où l’assureur est en perte financière. Au global, l’excédent de
ressources correspondant à la première période ne couvre pas suffisamment l’excédent de
perte lié à la seconde période. L’assureur doit, sous ces hypothèses, constituer une
provision pour risques croissants.

88
6 000

en milliers d'euros 5 000

4 000

3 000

2 000

1 000

-
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 2031 2032 2033 2034 2035 2036

Figure 43 : Evolution de la PRC (2 % d'indexation et 2 % de dérive)

Le besoin maximal de PRC à constituer est de près de 5 millions d’euros en 2017.

Notons que le mécanisme de constitution de PRC est le suivant : si l'écart entre la PRC de
l'année N et la PRC en année N-1 est positif, l'assureur doit alors doter la différence en
provision pour risques croissants. Si l'écart est négatif, dans ce cas, l'assureur peut
reprendre la provision. Cette reprise va alors augmenter artificiellement le résultat de l'année
N.

Il faut également remarquer que le calcul de la PRC est sensible à un ensemble de


paramètres aussi bien exogènes (taux technique, table de mortalité, dérive du risque)
qu'endogènes au portefeuille (évolution des prestations par âge, indexation tarifaire).

Ainsi, le choix des indexations a un impact fort sur la constitution d’une provision pour
risques croissants. En effet, en augmentant le taux d’indexation sans modifier le taux de
dérive du risque, les cotisations vont être plus importantes à niveau de prestations
identiques. Une baisse du niveau de provision à constituer est à prévoir.

A l’inverse, en augmentant le taux de dérive du risque sans toucher aux cotisations, les
prestations seront plus importantes alors que les cotisations seront inchangées. Les
ressources seront donc moins élevées et les pertes plus importantes. Il sera dans ce cas
nécessaire de constituer une PRC.

2.2.3.2 Simulation 2 : Sensibilités aux variations d'hypothèses

Hypothèses de la simulation 2 : Taux constant d’indexation tarifaire de 2 % et taux de dérive


de 3 %. Taux de frais de 16 % sur l’ensemble des années projetées. Un taux de chargement
identique au taux de frais est supposé.

Effet d’un changement de taux d’indexation tarifaire sur la PRC :

Sous ces hypothèses, le ratio combiné est nettement dégradé. En 2024, ce dernier est alors
de 114 % contre 102 % dans la 1ère simulation.

Les cotisations annuelles sont supérieures aux prestations annuelles sur les deux premières
années de projection engendrant alors pour l’assureur un excédent de ressources et la
réalisation d’un profit. Pour les années suivantes, l’assureur va réaliser une perte importante,
les prestations annuelles versées étant supérieures aux cotisations nettes reçues.

89
50 000 160%
45 000 140%
40 000
120%
35 000
en millers d'euros

Ratio combiné
30 000 100%
Cotisations
25 000 80%
Prestations
20 000 60% Ratio Combiné
15 000
40%
10 000
5 000 20%

0%
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041
2042
2043
2044
2045
2046
2047
2048
Figure 44 : Evolution des prestations, des cotisations et du ratio combiné

30 000

25 000
en milliers d'euros

20 000

15 000

10 000

5 000

-
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041
2042
2043
2044
2045
2046
2047
2048
Figure 45 : Evolution de la PRC (3 % de dérive et 2 % d’indexation)

L’assureur a donc besoin de constituer une provision pour risques croissants afin d'absorber
les pertes à venir. Le besoin maximum de PRC s'élève a plus de 27 millions d'euros en
2015, ce qui est beaucoup plus important que dans le scénario précédent.

Avec cet écart de 1 % entre le taux d’indexation et la dérive du risque, la représentation du


S/P projeté par âge montre une augmentation générale du ratio de sinistralité, comme nous
l’avions démontré auparavant dans l’étude rétrospective. Ainsi, à 76 ans et pour la catégorie
homme isolé, le ratio de sinistralité moyen est de près de 63 % augmentant progressivement
jusqu’à 113 % en 2026.

140% 76 ans (en 2014)


77 ans (en 2014)
120% 78 ans (en 2014)
79 ans (en 2014)

100% 80 ans (en 2014)


81 ans (en 2014)
82 ans (en 2014)
80%
83 ans (en 2014)
84 ans (en 2014)
60% 85 ans (en 2014)
86 ans (en 2014)
40% 87 ans (en 2014)
88 ans (en 2014)

20% 89 ans (en 2014)


90 ans (en 2014)
91 ans (en 2014)
0%
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026

Figure 46 : S/P projeté par âge – Homme isolé

90
Effet de la suppression de la loi de chute sur l’évolution générale du produit :

50 000 160%
45 000 140%
40 000
120%
35 000
en millers d'euros

Ratio combiné
30 000 100%
Cotisations
25 000 80%
Prestations
20 000 60% Ratio Combiné
15 000
40%
10 000
5 000 20%

0 0%
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041
2042
2043
2044
2045
2046
2047
2048
Figure 47 : Evolution des prestations, des cotisations et du ratio combiné

La suppression de la loi de chute comme paramètre de projection a un léger effet sur le


portefeuille. Tout d'abord, il est normal que le montant des cotisations et des prestations
probables soit en augmentation en raison d'un plus grand nombre de cotisants et de
consommants.

Le ratio combiné en est donc légèrement modifié car le taux de résiliation moyen découlant
de l’historique est relativement bas aux grands âges. L’impact est, de ce fait, faible et le ratio
combiné s'en trouve modifié à la baisse comparativement à un scénario avec prise en
compte de la loi de chute (diminution progressive du ratio combiné avec un écart de moins
d'un point les premières années, pour atteindre une différence de plus de 3 points en 2030).

Une étude similaire réalisée sur un autre produit qui est composé d’une population plus
jeune, résiliant donc plus facilement, aurait permis de mettre en évidence un impact
beaucoup plus fort sur l’évolution des cotisations, des prestations et du ratio combiné lors de
la prise en compte ou non d’une loi de chute.

Sensibilité aux variations de taux d’indexation sur le ratio combiné :

130%

120%

110%
indexation (2%) dérive (3%)
100% indexation (2,5%) dérive (3%)

90% indexation (3%) dérive (3%)

Indexation (3.5%) dérive (3%)


80%
indexation (4%) dérive (3%)
70%

60%
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041

Figure 48 : Effet d’un changement de taux d’indexation sur le ratio combiné

L'effet d’un changement de taux d’indexation sur le portefeuille est particulièrement


important.

91
En effet, et comme le calcul de la PRC l’a déjà stipulé, l'évolution de ce paramètre a un effet
non négligeable sur le ratio combiné et a fortiori sur le résultat d'exploitation de l'assureur.
L’impact de plus ou moins 0,5 point d’indexation, qui n’a qu’un léger effet en 2015, engendre
une modification plus qu’importante sur le ratio combiné les années suivantes. Cette
variation de plus en plus élevée au fil de la projection est directement liée à la différence
entre le taux d’indexation et la dérive du risque qui doit être cumulé chaque année, en tenant
compte des écarts relatifs des années précédentes. L’effet d'un ajustement à la hausse des
taux d’indexation des cotisations permet de rétablir l’équilibre technique et d’améliorer le
ratio de sinistralité du produit.

Sensibilité à une modification de la loi de consommation par âge :

Illustrons maintenant l’effet à la hausse d’une évolution des prestations au-delà d’un certain
âge. Ainsi, l'hypothèse alternative est la poursuite d’évolution à la hausse des prestations à
partir de 91 ans chez l'homme et 94 ans chez la femme (hypothèse standard : stabilité des
prestations à partir de 97 ans pour l'homme et 99 ans pour la femme).

1600

1400
prestation moyenne en euros

1200

1000

800 évolution à la hausse


évolution standard
600

400

200

0
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
106
107
108

Figure 49 : hypothèse alternative et hypothèse standard - hommes

50 000 180%
45 000 160%
40 000 140%
35 000
en milliers d'euros

120%
Ratio combiné

30 000 Cotisations
100%
25 000
Prestations
80%
20 000
Ratio Combiné
60%
15 000
10 000 40%

5 000 20%
0 0%
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041
2042
2043
2044
2045
2046
2047
2048

Figure 50 : Hypothèse d'évolution à la hausse de la loi de consommation

Dans les hypothèses de la simulation 2, nous remarquons le fort impact qu'à la loi de
consommation médicale à la fois sur la rentabilité future mais aussi sur le montant de
cotisations et de prestations. Jusqu'en 2023, la rentabilité est quasi-similaire à celle trouvée
dans le cadre de l'hypothèse standard de stabilité de consommation au delà d'un certain
âge.

92
Ceci est normal puisque la loi n'a subi aucune modification avant l'âge de 91 ans chez
l'homme et 94 ans chez la femme, et l'âge moyen avant 2023 y est inférieur. Ensuite, l'âge
moyen des consommants augmente régulièrement, le ratio combiné se dégrade donc
progressivement, conséquence de la poursuite d'évolution à la hausse de la loi de
consommation. Nous constatons qu'il atteint un niveau important, jusqu'à 160 % au moment
de l'extinction du portefeuille. L'assureur doit, dans ce cas, fortement indexer les cotisations
afin de limiter ses pertes probables qui nuisent à l'équilibre du produit.

Ainsi, en augmentant le taux d'indexation annuel de 2 % (hypothèse d'indexation : 4 %),


toutes choses égales par ailleurs, le ratio combiné est beaucoup plus stable et la pérennité
du produit peut alors être assurée.

50 000 120%
45 000
100%
40 000
35 000
en milliers d'euros

80%

Ratio combiné
30 000 Cotisations
25 000 60%
Prestations
20 000
Ratio combiné
40%
15 000
10 000
20%
5 000
0 0%
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041
2042
2043
2044
2045
2046
2047
2048

Figure 51 : Indexation annuelle (4 %)

Effet d'un décrochage entre le taux d'indexation et la dérive du risque :

Afin de montrer les évolutions liées à un décrochage du taux d'indexation, nous faisons
maintenant l'hypothèse d'un écart important entre le taux d'indexation et celui de la dérive
des prestations. Cette hypothèse d'un fort écart a été mise en place sur les 3 premières
années de projection et un taux d'indexation de 2 % égal à la dérive a été ensuite appliqué
pour les années suivantes, jusqu'à extinction du portefeuille.

La figure ci-dessous a été construite en tenant compte d'un écart de 5 % entre le taux
d'indexation (de 7 %) et la dérive des prestations (de 2 %) sur les 3 premières années.

50 000 120%
45 000
100%
40 000
35 000
en milliers d'euros

80%
Ratio combiné

30 000 Cotisations
25 000 60%
Prestations
20 000
40% Ratio combiné
15 000
10 000
20%
5 000
0 0%
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041

Figure 52 : Effet d'un décrochage entre le taux d'indexation et la dérive du risque

93
Le fort décrochage entre l'indexation et la dérive des prestations est observable sur la figure.
Ainsi, nous remarquons une forte augmentation des cotisations et ce, durant les trois
premières années de projection, de 2014 à 2016. Celles-ci diminuent ensuite du fait de
l'indexation qui est revenue à un niveau habituel. Les prestations, quant à elles, suivent une
décroissance progressive, en raison du taux de dérive constant appliqué chaque année.

Le ratio combiné est également directement impacté par ce décrochage. De ce fait, il


diminue instantanément de 10 points sur les trois premières années, ce qui renforce très
nettement la solvabilité de l'assureur. Le résultat du produit s'en trouve modifié à la hausse.
A compter de 2017, le taux d'indexation appliqué est de 2 %. Le ratio combiné a tendance à
légèrement augmenter jusqu'en 2023, puisque l'indexation coïncide avec la dérive du risque.
De même, la prise en compte de la loi de consommation, comme nous l'avons expliqué
précédemment, influe sur l'indicateur.

Dans ce scénario, la loi de chute est celle définie en paramètre. Cette dernière a été
construite indépendamment du taux d'indexation tarifaire. Une discussion peut avoir lieu
quant au choix de ce facteur. En effet, la décision de l'assuré (de résilier ou non) peut
s'appuyer sur l’écart entre le taux d'indexation et la dérive. Plus cet écart serait élevé, et plus
le nombre de résiliations serait important. Cependant, les études pour détecter un lien
existant entre l'augmentation du nombre de résiliations et une indexation tarifaire plus élevée
qu'habituellement, sont difficilement réalisables. De plus, cette modélisation pourrait s'avérer
plus appropriée à un produit dont la cible est une population plus jeune que celle de GSR
(résiliant davantage et tenant peut-être plus compte des tarifs de la concurrence).

2.2.3.3 Simulation 3 : Recherche du point mort de rentabilité

Hypothèses de la simulation 3 : Taux de dérive du risque égal à 2 % et taux de frais constant


de 16 %. La simulation a lieu sans prise en compte de la provision pour risques croissants.

L’objectif de cette simulation est de déterminer le taux constant d’indexation tarifaire à


prévoir chaque année pour que la valeur actualisée36 du résultat futur soit nulle, autrement
dit qu'à l'extinction du portefeuille, l'assureur n’ait réalisé aucun profit ni aucune perte (vision
à compter de l’année 2013). Cette recherche est couramment appelée recherche du point
mort ou du seuil de rentabilité.

50 000 120%
45 000
100%
40 000
35 000
en milliers d'euros

80%
Ratio combiné

30 000 Cotisations
25 000 60%
Prestations
20 000
Ratio Combiné
40%
15 000
10 000
20%
5 000
0 0%
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036
2037
2038
2039
2040
2041
2042
2043
2044
2045
2046
2047
2048

Figure 53 : Evolution des prestations, des cotisations et du ratio combiné

36
au taux technique de 2 %

94
Le taux d'indexation annuel à appliquer est alors de 2,13 %. La politique d'indexation à
mener dans ce cas est donc de majorer, pour chaque année projetée, les cotisations de
2,13 % jusqu'à l'extinction du portefeuille. A ce niveau là, les primes reçues diminuées des
frais vont couvrir intégralement les prestations versées sur l'ensemble de la période de
projection et le résultat sera par conséquent nul. Au delà de ce taux, l'assureur commence à
dégager un bénéfice.

Néanmoins, le but de l'assureur n'est pas de réaliser un résultat nul à l’extinction du


portefeuille, mais plutôt de dégager des profits : il doit maintenir un certain niveau de résultat
et de rentabilité sur l’ensemble de ses produits d’assurance pour solidifier sa santé
financière, rémunérer ses actionnaires (le cas échéant) ou permettre d'autres
investissements. Pour cela, l’assureur va jouer sur les niveaux d’indexation tarifaire, seul
élément sur lequel il peut réellement s'appuyer pour piloter le résultat d'une gamme fermée.

2.2.3.4 Simulation 4 : Maintien de la rentabilité attendue

Hypothèses de la simulation 4 : Le taux de dérive du risque est égal à 2 % et le taux de frais


est de 16 %.

Le but de cette dernière simulation est de maintenir un certain niveau de résultat de façon à
générer une rentabilité supérieure ou égale à celle attendue en face des fonds propres
mobilisés. L’objectif est de déterminer les taux d'indexation annuels à prévoir pour maintenir
ce niveau.

L’hypothèse de dérive du risque est constante, même si dans la réalité, ce taux


d’augmentation de la sinistralité (hors effet âge) varie en fonction de l'inflation des
déremboursements.

L’assureur est donc tenu de mobiliser et de constituer des fonds propres pour couvrir la
marge de solvabilité minimale, appelée aussi exigence de marge de solvabilité (EMS), afin
de pouvoir faire face à ses engagements futurs. Les fonds propres mobilisés doivent
rapporter un minimum, fixé par les actionnaires, administrateurs, ou l'équipe dirigeante (par
exemple 7,5 % avant impôts sur les sociétés).

Le raisonnement s'effectue sous la réglementation solvabilité 1, et la simulation est effectuée


sans prise en compte de la provision pour risques croissants. L’EMS représente un montant
en dessous duquel la marge de solvabilité d'une compagnie d'assurance ne doit pas
descendre.

Ainsi, en assurance non-vie (concernant les frais de santé, l’incapacité, l’invalidité), cette
exigence est calculée comme le maximum entre :

- 18 % des cotisations de l'année en cours si celles-ci ne dépassent pas 50 millions


d'euros, et 16 % au-delà ;
- 26 % de la moyenne des sinistres des trois dernières années, si celle-ci ne dépasse
pas 35 millions, et 23 % au delà.

Chaque compagnie d’assurance a une politique propre d'exigence de résultat. Dans notre
étude, nous faisons l'hypothèse que le Groupe attend un résultat sur les fonds propres
mobilisés de 7,5 % avant impôts.

95
Par exemple, supposons que le montant total des cotisations est de 10 millions d’euros et
que la moyenne des sinistres des trois dernières années est de 7 millions d’euros. Nous
considérons que les fonds propres mobilisés sont égales à l'EMS. L’exigence de marge de
solvabilité (en millions d’euros) est de :

EMS = Max (10*18 % ; 26 %*7) = 1,82

Le résultat attendu par le Groupe est donc de : 7,5 % * 1,82 = 0,14 soit 140 000 euros,
représentant 1,36 % du total des primes reçues pour l’année en cours.

Ces fonds propres mobilisés sont donc calculés et réévalués année après année. Le résultat
attendu par le Groupe est alors à comparer avec le résultat d'exploitation obtenu. Si ce
résultat est inférieur au résultat attendu par le Groupe, dans ce cas, le taux d’indexation des
primes doit être revu à la hausse.

Dans les hypothèses de cette simulation, l’assureur doit fixer les taux d’indexation probables
suivants afin de maintenir un certain niveau de résultat (entre 2015 et 2016 une indexation
probable de 3,1 % des primes doit être estimée pour avoir un résultat en 2016 de 1,5 % des
primes reçues correspondant à un résultat attendu de 600 000 euros).

200% 4%

3%
180%
S/P - Indice de consommation

2%
160%
Taux d'indexation
1%
S/P (indexation 2%)
140% 0% S/P (indexation pour maintien du résultat)

Indice de consommation moyenne


120% -1%
indexation 2%
-2% indexation (pour maintien de résultat)
100%
-3%
80%
-4%

60% -5%
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
2035
2036

Figure 54 : Simulation 4 (avec dérive du risque de 2 %)

Le taux d'indexation tarifaire probable à préconiser est supérieur à la dérive de 2 % à partir


de 2014 et ce durant les dix premières années de projection. Cet écart entre l'indexation et la
dérive est là pour compenser la hausse de la prestation moyenne des bénéficiaires dans le
portefeuille (observée via l’indice global de consommation moyenne). Cet indice, normé, est
calculé en prenant les prestations de la loi de consommation appliquées à l'âge moyen des
hommes et des femmes, pondérées par le pourcentage des consommants hommes /
femmes dans le portefeuille, et ce pour chaque année de projection.

Du fait de l'augmentation des dépenses de santé, le ratio S/P va donc naturellement


augmenter jusqu'en 2024. Le niveau d'indexation tarifaire probable est ensuite revu à la
baisse pour les années suivantes, puisque le niveau moyen des dépenses défini dans la loi
de consommation diminue et se stabilise aux grands âges.

96
L’assureur doit donc retenir une indexation annuelle probable en deçà de la dérive du risque
de 2 %. Même avec ces taux probables estimés relativement bas, l'assureur réalisera un
résultat correspondant à celui attendu, et cela en raison des indexations tarifaires plus
élevées effectuées les années précédentes.

Pour conclure, à travers toutes ces simulations, nous avons remarqué la forte influence
qu’ont particulièrement le niveau d’indexation tarifaire, la dérive du risque et la loi de
consommation sur la rentabilité du portefeuille. Une tendance à la hausse comme à la baisse
de ces paramètres impacte fortement l'évolution des cotisations, des prestations et le résultat
futur du produit. Tout au long de cette dernière section, nous avons vu qu'il était primordial
de bien connaitre le comportement et la consommation probable des futurs consommants
pour prévoir à l'avenir la rentabilité d'un portefeuille.

97
CONCLUSION
Avec le vieillissement de la population, le désengagement progressif de la Sécurité Sociale
et l’augmentation de la consommation des soins médicaux, le marché de la complémentaire
santé n’a cessé de croître depuis une dizaine d’années.

L'Accord National Interprofessionnel prévoit l'instauration prochaine de la généralisation de


la complémentaire santé en entreprise. Les acteurs du marché estiment à plus de quatre
millions le nombre de contrats qui seront transférés de l'individuel au collectif. L'activité sur la
branche individuelle s'en trouvera modifiée et certainement amoindrie même si une partie
importante de la population française telle que les travailleurs non salariés mais aussi et
surtout les retraités continueront d'être assurés sur cette branche. De plus, il faut compter
sur le fait que les salariés qui le désirent pourront compléter leur contrat collectif par une
surcomplémentaire.

Tout au long de ce mémoire, ce sont justement les retraités qui ont fait l'objet de l'étude
puisque cette population compose intégralement le portefeuille du produit Garantie Santé
Retraite (GSR).

Les observations réalisées ont tout d'abord permis de dégager le profil des adhérents qui
souscrivaient ce produit individuel. Ces études, élaborées sur l’historique 2009 - 2013 ont
donné une multitude d’informations aussi bien qualitatives que quantitatives sur le
comportement des adhérents et sur le produit en question. Celles-ci ont également fait
ressortir les variables explicatives de la rentabilité et l’influence qu’elles ont entre elles. De ce
fait, les variables sexe, âge, et nature du contrat (isolé ou famille) ont été conservées comme
celles impactant la rentabilité du produit d’assurance. Ces résultats ont été confirmés par les
différents tests effectués.

L’étude rétrospective du chiffre d’affaires a ensuite permis de mettre en évidence les divers
segments de la population qui entrainent une déformation du portefeuille. Ainsi, les différents
motifs de résiliations ont été présentés, le plus important découlant, de fait, du décès de
l’assuré principal. Ces éléments ne doivent pas être négligés dans l’analyse d’un produit
d’assurance puisqu’ils engendrent une modification des cotisations globales et, par
conséquent, une transformation du ratio sinistres sur primes, surtout si celui-ci est très élevé
lors de l'année précédent le décès de l'assuré principal, comme c’est le cas dans notre
étude.

En parallèle, une analyse rétrospective de ce ratio (sinistres sur primes) via une autre
approche a été menée. L’idée a été de détailler le portefeuille pour chaque année suivant les
différents états des contrats, trois principaux éléments de variation ont pu être recensés : un
impact concernant le passage des contrats en stock en année N-1 au stock en année N, un
autre concernant le passage des contrats en stock en année N-1 à l’état de résiliation en
année N, et enfin un dernier impact concernant les contrats résiliés l’année N-1. Ces
derniers, tous non négligeables, altèrent la rentabilité du produit d’assurance l’année N.

Une fois les résultats du chiffre d’affaires et du ratio de sinistralité déterminés sur la période
d’observation, l’objectif pour l’assureur est d’avoir un outil d'aide à la décision permettant
d’appréhender le résultat à venir en fonction de l’indexation future, point central du pilotage
d’un produit, et d’autres hypothèses.

98
A ce titre, il est important pour les organismes d’assurance de prévoir la rentabilité de leurs
produits à plus ou moins long terme afin de définir la stratégie future à mener selon un jeu
d’hypothèses choisies de manière à être le plus fidèle possible de la réalité de départ. Un
outil déterministe a donc été engagé en ce sens afin d’évaluer les effectifs, les cotisations et
les dépenses liées aux frais de santé sur les années à venir. Le modèle permet de mieux
juger de l’évolution globale du résultat futur et du ratio de sinistralité : il est un outil d'aide au
pilotage du produit.

Plusieurs hypothèses déterministes ont été nécessaires pour impacter et réaliser une
déformation du portefeuille : un taux de chute estimé par âge correspondant au taux de
résiliation dans le portefeuille (hors décès), les taux de mortalité provenant des tables
réglementaires, un taux de dérive des prestations, un taux d’indexation tarifaire, un taux de
réversion pour le calcul du chiffre d’affaires des nouvelles souscriptions provenant des
contrats de réversion et une loi de consommation pour matérialiser les effets des dépenses
liées à l’âge. Parmi ces différents paramètres, le taux de sortie, la loi de consommation et le
taux de réversion ont été établis au regard des observations et conclusions réalisées au
préalable. Les cotisations et les prestations ont été calculées en se basant sur les résultats
observés l’année 2013.

Dans l’ensemble, les résultats obtenus sont satisfaisants et coïncident avec le profil des
assurés souscrivant ce produit. La population est retraitée, le taux de décès est donc élevé
et l’effectif se dégrade pour cette raison. Les sorties volontaires, telles que l’initiative de
l’assuré, ou le changement de produit viennent également impacter, mais dans une moindre
mesure, l’effectif total. C’est également le cas des entrées (contrats de réversion), qui
représentent une part très faible du montant annuel total des cotisations. Les différentes
simulations réalisées ont permis de mettre en évidence plusieurs scénarios plus ou moins
réalistes afin d’évaluer les pertes et les gains probables pour l'assureur concernant ce
produit fermé. La constitution de la provision pour risques croissants est nécessaire pour
faire face aux pertes futures engendrées par l’accroissement des prestations aux âges
élevées.

Le modèle de projection, déterministe, fournit des résultats satisfaisants au regard de la


population concernée. Néanmoins, cette approche prospective peut mettre en évidence
quelques limites, notamment celles concernant le choix des paramètres de projection
effectués. L’assureur peut, à cet effet, souhaiter construire une loi de chute qui dépend non
seulement de l’âge et du sexe du cotisant, mais aussi de l’indexation tarifaire retenu. Mener
une politique d’indexation trop agressive, de l’ordre de 7 ou 8 % annuel sur un produit
d’assurance individuelle et sur plusieurs années peut s'avérer problématique sur le long
terme pour l’assureur. Ce niveau peut engendrer une augmentation importante du nombre
de résiliations volontaires. Il pourrait alors se retrouver dans une situation délicate avec un
résultat moins élevé qu’espéré du fait du nombre important de sorties. L’introduction d’une loi
d’évolution dynamique des taux de résiliation fonction de l’écart entre le niveau d’indexation
et un taux benchmark (taux de référence correspondant à la dérive du risque) pour modéliser
cet effet pourrait s’avérer intéressante pour l’assureur.

99
Néanmoins, une telle modélisation est relativement complexe car les comportements de la
part des assurés sont plus ou moins rationnels et l’assureur ne peut les connaitre réellement.
D'autres facteurs comme la typologie de la population du portefeuille et donc l'âge (en
général, une population relativement jeune a tendance à résilier plus facilement qu’une
population plus âgée qui est davantage fidèle au produit) sont également à considérer. Cette
approche est également dépendante du ratio de sinistralité des futurs résiliés qui, s’il est trop
élevé peut avoir un effet positif pour l’assureur. Il a donc tout intérêt à ce que les individus
consommant plus que la normale résilient.

Pour conclure, même si ce produit est actuellement fermé, la surveillance du portefeuille doit
toujours rester d’actualité pour l’assureur qui doit continuer à être vigilant en le pilotant
correctement. L’assureur doit donc prévoir les différents scénarios possibles sous-jacents au
produit et y intégrer les enjeux techniques et commerciaux dans le but de mener une
politique d’indexation correcte et satisfaisante à la fois pour l’assureur et l’assuré.

100
ANNEXES

1. Exemple d’un tableau de garantie (option G+FJH du produit GSR)

Nature des dépenses Niveau de garantie


SOINS COURANTS
Pharmacie 100% du TM
Consultations et visites de généralistes 1 fois le remboursement de la Sécurité Sociale
Consultations et visites de spécialistes 1 fois le remboursement de la Sécurité Sociale
Actes de spécialité et actes techniques 1 fois le remboursement de la Sécurité Sociale
Actes de radiologie 100% du TM
Analyses 100% du TM
Auxiliaires médicaux
100% du TM
(Soins infirmiers, Massages, Orthophonie, Orthoptie, Pédicurie)
ART DENTAIRE
Soins dentaires 100% du TM
Parodontologie acceptée par la Sécurité sociale 100% du TM
Prothèses dentaires 2 fois le remboursement de la Sécurité Sociale
Orthodontie acceptée par la Sécurité sociale Néant
OPTIQUE
Monture de lunettes 91,47 €
Verres 4 fois le remboursement de la Sécurité Sociale
Lentilles de contact acceptées par la Sécurité sociale 4 fois le remboursement de la Sécurité Sociale
HOSPITALISATIONS MEDICALES ET CHIRURGICALES

Hospitalisations médicales 100% de la dépense moins le remboursement


(y compris Chambre particulière) de la SS dans la limite de 2 PMSS par exercice civil

Hospitalisations chirurgicales 100% de la dépense moins le remboursement


(y compris Chambre particulière) de la SS dans la limite de 2 PMSS par intervention chirurgicale

Forfait journalier hospitalier (FJH) 100% de la dépense

ORTHOPEDIE ET PROTHESES AUDITIVES 1,2 fois le remboursement de la Sécurité Sociale


CURES THERMALES(pour une cure complète) 170 €
TRANSPORT 100% du TM
DENSITOMETRIE OSSEUSE
46 €
(non remboursable par la Sécurité sociale)

Sur certaines options (nommées B, C et G), une garantie supplémentaire peut être souscrite
permettant la prise en charge du Forfait Journalier Hospitalier (FJH).

La formule G+FJH prend en charge les frais de santé tels que les consultations médicales ou
les radiographies. Les montants de remboursements dépendent de plusieurs facteurs,
comme nous l’avions expliqué en section I : de la nomenclature des actes (soins courants,
dentaire, hospitalisations, orthopédie, cures thermales), du montant remboursé par la
Sécurité Sociale, et de la législation sociale et fiscale. La plupart des remboursements sont
exprimés sur la base d’un pourcentage du tarif de base de la Sécurité Sociale ou du ticket
modérateur. D’autres remboursements, comme les cures thermales ou les montures de
lunettes, sont sur la base d’un forfait annuel. Le forfait journalier hospitalier (FJH) correspond
à la participation financière mise à la charge des patients qui sont hospitalisés.

101
Cette participation forfaitaire comprend la participation aux frais d’hébergements et les frais
liés à l’hospitalisation du patient (entretien et alimentation). Ce forfait n’est pas remboursé
par la Sécurité Sociale. Il est donc intégralement à la charge des patients, mais peut être pris
en charge par la complémentaire santé (c’est le cas de l’option présentée précédemment).

2. Article 4 et 9 de la loi Evin

Article 4

« Lorsque des salariés sont garantis collectivement, dans les conditions prévues à l'article 2
de la présente loi, en vue d'obtenir le remboursement ou l'indemnisation des frais
occasionnés par une maladie, une maternité ou un accident, le contrat ou la convention doit
prévoir, sans condition de période probatoire ni d'examen ou de questionnaire médicaux, les
modalités et les conditions tarifaires des nouveaux contrats ou conventions par lesquels
l'organisme maintient cette couverture :

1° Au profit des anciens salariés bénéficiaires d'une rente d'incapacité ou d'invalidité, d'une
pension de retraite ou, s'ils sont privés d'emploi, d'un revenu de remplacement, sans
condition de durée, sous réserve que les intéressés en fassent la demande dans les six mois
qui suivent la rupture de leur contrat de travail ;

2° Au profit des personnes garanties du chef de l'assuré décédé, pendant une durée
minimale de douze mois à compter du décès, sous réserve que les intéressés en fassent la
demande dans les six mois suivant le décès.

Le nouveau contrat ou la nouvelle convention doit prévoir que la garantie prend effet, au plus
tard, au lendemain de la demande.

Les tarifs applicables aux personnes visées par le présent article peuvent être supérieurs
aux tarifs globaux applicables aux salariés actifs dans des conditions fixées par décret. »

Article 9

« Pour les opérations collectives autres que celles mentionnées à l'article 2 de la présente loi
et pour les opérations individuelles et sous réserve du paiement des primes ou cotisations et
des sanctions prévues en cas de fausse déclaration, à compter de l'adhésion de l'intéressé
ou la souscription du contrat ou de la convention, l'organisme ne peut refuser de maintenir
aux intéressés le remboursement ou l'indemnisation des frais occasionnés par une maladie,
une maternité ou un accident. Les personnes visées sont celles qui sont affiliées au contrat
collectif ou d'assurance de groupe ou mentionnées au contrat individuel ou à la convention
tant que celles-ci le souhaitent, sans réduction des garanties souscrites, aux conditions
tarifaires de la catégorie dont elles relèvent, avec maintien, le cas échéant, de la cotisation
ou de la prime pour risque aggravé.

L'organisme ne peut ultérieurement augmenter le tarif d'un assuré ou d'un adhérent en se


fondant sur l'évolution de l'état de santé de celui-ci.

102
Si l'organisme veut majorer les tarifs d'un type de garantie ou de contrat, la hausse doit être
uniforme pour l'ensemble des assurés ou adhérents souscrivant ce type de garantie ou de
contrat.

Après l'expiration d'un délai de deux ans suivant l'adhésion de l'intéressé ou la souscription
du contrat ou de la convention, les mêmes dispositions sont applicables aux garanties contre
les risques d'incapacité de travail ou d'invalidité, le risque chômage et, à titre accessoire à
une autre garantie, contre le risque décès tant que l'assuré n'a pas atteint l'âge minimum
requis pour faire valoir ses droits à une pension de vieillesse et sous réserve des sanctions
pour fausse déclaration.

Les dispositions du présent article ne sont applicables ni aux contrats ou conventions qui
couvrent exclusivement le risque décès, ni à la garantie ou au contrat souscrit en application
du troisième alinéa de l'article 4 de la présente loi. »

3. Présentation des tables et liste des champs utilisés

Pour déterminer les cotisations et les prestations, nous allons utiliser plusieurs tables.

Pour les cotisations :

- Table COTISATIONS

Cette table répertorie l’ensemble des cotisations depuis l’année 2009.

Les champs nécessaires à l’étude sont :

o l’identifiant de l’ouvrant droit ;


o le numéro de contrat ;
o l’identifiant du produit ;
o la formule du produit ;
o le produit ;
o la classe tarifaire du contrat ;
o le code risque ;
o la périodicité de l’appel ;
o le montant appelé hors taxes.

- Table CONTRATS

Cette table regroupe l’ensemble des contrats des assurés pour tous les produits.

Les caractéristiques extraites sont :

o l'identifiant de l’ouvrant droit ;


o le numéro du contrat ;
o la date de début d’effet du contrat ;
o la date de résiliation du contrat ;
o le motif de résiliation du contrat ;
o le risque du contrat ;
o l'identifiant du produit ;
o le libellé du produit ;

103
o l'identifiant de la formule ;
o le produit ;
o la classe tarifaire du contrat ;
o la formule du contrat.

- Table ASSURES

Cette table regroupe toutes les caractéristiques des assurés qui ont souscrit un produit
collectif ou individuel. Les éléments nécessaires sont :

o l'identifiant de l’ouvrant droit ;


o le numéro de Sécurité Sociale de l’ouvrant droit ;
o le sexe de l’ouvrant droit ;
o le nom et le prénom de l’ouvrant droit ;
o la date de naissance ;
o la date de décès ;
o la situation familiale ;
o l’âge ;
o le régime social ;
o la région.

Pour les prestations :

- Table DECOMPTE (table mensuelle)

Ces tables mensuelles contiennent l’ensemble des prestations relatives aux différents
produits individuels. Les champs utilisés pour l’extraction sont :

o l'identifiant de l’ouvrant droit ;


o le numéro de l'ouvrant droit ;
o le numéro d'affiliation source ;
o le numéro de Sécurité Sociale de l'ouvrant droit ;
o l'identifiant du bénéficiaire de l'acte de soin (ayant droit ou ouvrant droit) ;
o le numéro du bénéficiaire de l'acte de soin (ayant droit ou ouvrant droit) ;
o le numéro de Sécurité Sociale du bénéficiaire de l'acte de soin (ayant droit ou ouvrant
droit) ;
o le lien familial avec l’ouvrant droit au moment de la prestation ;
o la famille d’actes ;
o le code produit ;
o le produit ;
o la formule ;
o l'exercice de survenance ;
o le mois de survenance ;
o l'année comptable ;
o le mois comptable ;
o le système source (puisque les prestations proviennent de deux systèmes sources
différents, un avant 2011 et un après 2011) ;
o la dépense (correspondant au montant de la dépense réelle) ;
o le MTRSS (correspondant au montant de remboursement de la Sécurité Sociale) ;
o le MTRC (correspondant au remboursement de la complémentaire santé).

104
Le reste à charge du patient peut s’en déduire :

RAC = DEPENSE – MTRSS – MTRC

- Table AFFILIATIONS

Cette table contient les liens entre les ouvrants droit et les ayants droit.

Les champs utilisés pour l’extraction sont :

o l'identifiant de l’ayant droit ;


o l'identifiant de l’ouvrant droit ;
o le numéro de l'ouvrant droit ;
o le numéro de l'ayant droit ;
o le numéro d'affiliation ;
o le lien familial.

- Table PERSONNES

Cette table contient les caractéristiques de l’ensemble des ayants droit.

Les éléments nécessaires dans cette table sont :

o l'identifiant personne ;
o le sexe ;
o la date de naissance ;
o la date de décès.

105
4. Procédure d’extraction des cotisations

Table Table Table


ASSURES COTISATION CONTRAT

Récupération
Récupération des numéros de contrats, de la
des identifiants
date de résiliation et du motif associé pour
assuré et des
les codes produits relevant du produit GSR
contrats ayant
le produit GSR
Récupération des
données Frais de
Santé

Filtre Filtre
Frais de Frais de
Santé Santé

Jointure de ces deux tables

Récupération des cotisations


du produit GSR et des
caractéristiques du contrat

Table « Cotisations »
créée : récupération des
informations des
ouvrants droit rattachées
à leurs cotisations et
caractéristiques de leurs
contrats

106
5. Procédure d’extraction des prestations

Table Table
«Cotisations» AFFILIATION
créée

Jointure de ces
Récupération de deux tables via
l’identifiant deux champs
ouvrant droit
clés :
identifiant
ouvrant droit
et N°ouvrant
droit

Prestations
Décomptes :
mensuelles
Prestations
mensuellesTable
DECOMPTE :
Prestations
mensuelles

Jointure entre les tables : Récupération des


Récupération des prestations prestations du
Table par le N° identifiant ouvrant produit GSR -
droit et N° de bénéficiaire de survenance 2009 à
PERSONNE 2013
l'acte de soin

Ajout des
caractéristiques du
bénéficiaire de Table
l'acte de soin «Prestations» créée

107
6. Evolution du chiffre d’affaires 2009-2013 (en milliers d’euros)

CA 2009 48 448,4
Production 718,9
dont production 2009 impactant 2010 248,1
dont production 2010 impactant 2010 470,8
réversion 673,3
autres 45,6
Résiliation -3 055,6
dont résiliation 2009 impactant 2010 -1 943,2
dont résiliation 2010 impactant 2010 -1 112,4
décès -1 825,1
initiative assuré -562,4
défauts paiement -572,5
changement produit -90,1
autres motifs -5,6
Indexation 2 692,9
Reste à expliquer 105,3
CA 2010 48 910,0

CA 2010 48 910,0
Production 713,1
dont production 2010 impactant 2011 250,8
dont production 2011 impactant 2011 462,4
réversion 694,5
autres 18,7
Résiliation -3 556,4
dont résiliation 2010 impactant 2011 -2 499,9
dont résiliation 2011 impactant 2011 -1 056,5
décès -2 395,0
initiative assuré -970,0
défauts paiement -144,3
changement produit -45,7
autres motifs -1,4
Indexation 2 949,6
Reste à expliquer -74,3
CA 2011 48 942,1

108
CA 2011 48 942,1
Production 695,6
dont production 2011 impactant 2012 274,1
dont production 2012 impactant 2012 421,5
réversion 685,6
autres 10,0
Résiliation -3 567,0
dont résiliation 2011 impactant 2012 -2 534,9
dont résiliation 2012 impactant 2012 -1 032,1
décès -2 534,3
initiative assuré -847,9
défauts paiement -75,2
changement produit -108,1
autres motifs -1,5
Indexation 836,7
Reste à expliquer 66,0
CA 2012 46 973,4

CA 2012 46 973,4
Production 580,7
dont production 2012 impactant 2013 206,4
dont production 2013 impactant 2013 374,4
réversion 580,5
autres 0,2
Résiliation -3 530,0
dont résiliation 2012 impactant 2013 -2 268,7
dont résiliation 2013 impactant 2013 -1 261,3
décès -2 817,1
initiative assuré -554,2
défauts paiement -47,5
changement produit -108,6
autres motifs -2,6
Indexation 1 462,6
Reste à expliquer 18,0
CA 2013 45 504,7

7. Justifications mathématiques

Test d'indépendance du Khi-deux

L'objectif de ce test est de savoir si les observations de deux variables qualitatives faites sur
un échantillon permettent de conclure à l'indépendance de ces variables.

La méthode consiste à comparer les effectifs réels des croisements des modalités des deux
variables qualitatives avec les effectifs théoriques qu'on devrait obtenir dans le cas
d'indépendance de ces deux variables. Pour cela, nous construisons un indicateur noté d
mesurant l'écart constaté entre les effectifs réels et les effectifs théoriques.

d=

109
Avec :

- nij = effectif observé des individus possédant la modalité i de la variable X et la


modalité j de la variable Y ;

- npij = effectif théorique des individus possédant la modalité i de la variable X et la


modalité j de la variable Y ;

npij =

où ni. est l'effectif des individus possédant la modalité i de la variable X et n.j l'effectif
des individus possédant la modalité j de la variable Y.

- n = effectif total observé ;

- pij = probabilité d'obtenir une observation possédant la modalité i de la variable X et la


modalité j de la variable Y lorsqu'elles sont indépendantes.

L'hypothèse H0 et l'hypothèse alternative H1 du test du Khi-deux sont les suivantes :

H0 : les deux variables qualitatives X et Y sont indépendantes


H1 : les deux variables qualitatives X et Y ne sont pas indépendantes

La statistique utilisée pour le test d'indépendance est : D =

Cette dernière suit asymptotiquement un Khi-deux à (l-1)*(c-1) degrés de liberté quand H0


est vérifié (où l, nombre de modalités de la variable X (correspondant au nombre de lignes
du tableau de contingence) et c, nombre de modalités de la variable Y (correspondant au
nombre de colonnes du tableau de contingence)).

La valeur trouvée d est à comparer alors à la valeur qui s'obtient dans la table du Khi-deux
(risque ) .

- Si la valeur d du Khi-deux calculée est inférieure à la valeur trouvée dans la table,


alors non rejet de H0 et indépendance des variables X et Y ;

- Si la valeur d du Khi-deux calculée est supérieure à la valeur trouvée dans la table,


rejet de H0 et non indépendance des deux variables.

La règle de décision peut aussi se déterminer en fonction de la p-value (probabilité critique).


En effet, sous le logiciel SAS, à chaque valeur d'une statistique calculée est associée la
probabilité p-value qui correspond à la probabilité d'obtenir une valeur au moins égale à la
valeur observée du Khi-deux si les deux variables étaient indépendantes (utilisation de la
procédure freq sous SAS). La règle de décision est donc fonction de cette p-value et du seuil
de risque choisi. Dans notre cas, le seuil est de 5 %.

- Si la p-value obtenue est inférieure au seuil de risque de 5 %, rejet de l’hypothèse H0


d’indépendance des deux variables.

110
- Si la p-value obtenue est supérieure au seuil de risque, alors non rejet de l'hypothèse
d'indépendance des variables.

Coefficient de Cramer

Le coefficient de Cramer est une mesure d'association qui est déterminé en utilisant la valeur
du Khi-deux. Elle permet d'évaluer directement l'intensité de la liaison entre deux variables
qualitatives, sans avoir recours à une table du Khi-deux.

Contrairement au Khi-deux, le V de Cramer est insensible à la taille de la population puisqu'il


intègre cet effectif par définition. Il offre donc une mesure absolue de l'intensité de la liaison
entre deux variables qualitatives, indépendamment du nombre de leurs modalités et de
l'effectif total.

De manière générale, l'interprétation du V de Cramer est la suivante :

- V : liaison très faible ;


- V : dépendance modérée ;
- V : dépendance assez forte ;
- V : forte dépendance.

Analyse des Correspondances Multiples (ACM)

L'analyse des correspondances multiples s'applique à plus de deux variables qualitatives.


L'utilisation non plus d'un tableau de contingence mais d'un tableau disjonctif complet ou
d’un tableau de Burt est nécessaire.

Avec un tableau de contingence, les lignes correspondent aux modalités d'une seule
variable, et les colonnes aux modalités d'une autre, alors que dans un tableau de Burt, ce
sont à la fois les lignes et les colonnes qui correspondent aux modalités de l'ensemble des
variables étudiées. Au croisement de deux même modalités, nous trouvons le nombre
d'individus possédant cette modalité. Au croisement de deux modalités différentes, nous
trouvons le nombre d'individus possédant à la fois la première et la seconde modalité. Le
tableau de Burt peut donc être vu comme un ensemble de tableau de contingence et peut
être obtenu à l’aide d’un tableau disjonctif complet. Ce dernier comporte une colonne pour
chaque modalité des variables et une ligne pour chaque individu. Chaque cellule contient
donc 1 ou 0 selon que l’individu ait la modalité ou non en question.

Le principe de l'ACM est de donner une idée sur la liaison des variables. L'ensemble des
observations doit être regroupé sous la forme de classes homogènes afin d'éviter d'avoir des
modalités d'effectifs trop petits et pour ne pas déséquilibrer les résultats.

111
Dans une ACM, l'inertie totale du nuage est égale à :

avec p est le nombre de variable et est le nombre de modalité de la ième variable.

La distance entre chaque individu est alors mesurée en ayant recours à la distance du Khi-
deux. Le choix du nombre d'axes factoriels a retenir est une question récurrente dans ce
type d'analyse de données. Le critère de Kaiser consiste à ne retenir que les axes dont les
valeurs propres sont supérieures à la valeur propre moyenne (1 sur le nombre de variables
étudiées). Un second critère, est l'existence d'un coude dans le diagramme en bâtons des
valeurs propres.

Une fois ses axes déterminés, chaque nuage de point est ensuite construit en projection sur
les plans factoriels. Dans notre cas, le plan est défini par nos deux premiers axes retenus. La
représentation graphique des individus et des variables permet de visualiser les corrélations
entre les variables et d'identifier les groupes d'individus ayant des valeurs proches. Dans
l'étude, seule la représentation graphique des variables à été réalisée puisque le souhait
était de mesure l'influence des variables explicatives.

Lorsque la distance entre deux variables est faible dans le plan factoriel, dans ce cas, les
variables sont corrélées. A l'inverse, si les variables sont au milieu de l'axe et leur distance
est élevée, alors les variables sont peu corrélées entre elles.

D'autres indicateurs peuvent permettre de repérer les variables qui sont pertinentes quant à
l'interprétation d'une analyse des correspondances multiples. C'est le cas de la contribution à
chaque axe factoriel qui est calculée comme :

où est la valeur propre de l'axe, est la coordonnée de la modalité sur cet axe, l'effectif
de la modalité j, le nombre de variables, et l'effectif total.

La représentation d'une modalité sur un axe est un autre indicateur. Elle est mesurée par le
cosinus carré de l'angle de la modalité avec l'axe. Ce cosinus carré correspond au
pourcentage pris par l'axe dans la dispersion de la modalité, et plus il est proche de 1,
meilleure est la représentation de la modalité.

Méthode de Witthaker Henderson (utilisée pour les ratios de sinistralité par âge)37

Notons :

- U la matrice colonne de dimension n contenant les valeurs à lisser : ;


- V la matrice colonne de dimension n contenant les valeurs lissées : .

Le but de la méthode est de réaliser un compromis entre la fidélité relative aux données et la
régularité de données lissées.

37
V.Causse : Besoins émergents des mutuelles de santé dans le cadre des réformes récentes (pages 88 - 89)

112
Le lissage est de plus en plus régulier lorsque les deux paramètres du lissages h et z sont
élevés, mais cela passe par un fidélité moindre aux données.

Deux critères sont donc appliqués :

- le critère de fidélité F correspondant à la somme du carré de l’écart entre les valeurs


lissées et les valeurs à lisser. F = ;
- le critère de régularité S correspondant à la somme du carré de la différence d’ordre
z entre les valeurs de la matrice V. S = où est la différence
d’ordre z entre les valeurs de V. Par défaut z = 3.

Soit où i va de 1 à n-z.

De cette manière, est une matrice à n-z lignes et n colonnes qui contient les coefficients
binomiaux d'ordre z.

Nous cherchons le vecteur V correspondant aux valeurs lissées, en minimisant M = F + h.S


(avec h = 50).

M=

Réécrivons M afin d’avoir une expression dépendant de V et une autre indépendante de V.

M= où N est une matrice indépendante de V.

En égalisant les deux expressions M, nous obtenons que :

X=

La matrice M est minimisée lorsque V - X = 0 soit V = avec les


paramètres h et z définis précédemment.

Test de Student et de Fisher

Soit un modèle linéaire multiple (dans notre étude, la


régression est polynomiale. Nous cherchons à déterminer la significativité de chacun des
paramètres estimés avec le test de Student et la significativité globale du modèle avec le test
de Fisher).

Test de Student (avec seuil de risque : 5 %)

Ce test permet de voir si chaque estimateur est significatif.

Soit H0 : = 0 contre H1 :

La statistique de test est :

Sous H0, t = qui suit asymptotiquement un Student à n-k degrés de liberté (avec n :

nombre d'observations, k : nombre de coefficients et : estimateur sans biais de l'écart-


type).

113
La règle de décision est la suivante :

- Si la valeur absolue de la statistique t calculée est supérieure à à n-k degrés de


liberté, valeur théorique obtenue dans la table, alors nous rejetons H0 et l'estimateur
est significativement différent de 0 ;

- Si la valeur absolue de la statistique t calculée est inférieure à à n-k degrés de


liberté, valeur théorique obtenue dans la table, alors nous acceptons H0 et
l'estimateur n'est pas significativement différent de 0.

Test de Fisher (avec seuil de risque : 5 %)

Lorsqu'un modèle comporte plusieurs variables explicatives, le test de Fisher permet de


savoir si le modèle est globalement significatif. Il s'agit d'un test de significativité total du
modèle.

Soit H0 : = contre H1 : il existe au moins un coefficient tel que

La statistique de test est :

Sous H0, F = qui suit asymptotiquement un Fisher à k-1 et n-k degrés de liberté
(avec n : nombre d'observations ; k : nombre de coefficients et R² : coefficient de
détermination).

- si la statistique calculée F est supérieure à la valeur théorique obtenue dans la table


de Ficher à k-1 et n-k degrés de liberté et à un seuil de risque 5 %, alors nous
rejetons H0 et le modèle est globalement significatif pour un risque de rejeter à tord
de 5 %.

- si la statistique calculée F est inférieure à la valeur théorique obtenue dans la table


de Ficher à k-1 et n-k degrés de liberté et à un seuil de risque 5 %, alors nous ne
pouvons rejeter H0 et le modèle n'est pas globalement significatif.

114
BIBLIOGRAPHIE

 Sites internet :

- Site de l'Assurance Maladie : www.ameli.fr ;


- Site du Groupe Malakoff Médéric : www.malakoffmederic.com ;
- Site de l'Institut de Recherche et Documentation en Economie de la
Santé : www.irdes.fr ;
- Site de l'Argus de l'Assurance : www.argusdelassurance.com ;
- Site de la Fédération Française des Sociétés d'Assurances :
www.ffsa.fr ;
- Site de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et
des Statistiques : www.drees.sante.gouv.fr.

 Etudes :

- La protection sociale en France et en Europe en 2011 - Edition 2013 -


publié par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et
des Statistiques (DREES) ;
- Dossier technique d’information sur la santé publié par Optimind – Juin
2008 ;
- A.MARION, Provisions pour risques croissants en Santé publié le 13
mars 2008 – SACEI ;
- Données de cadrage, dépenses de santé, comptes de la Santé 2012,
Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé
(IRDES) ;
- J.CONFAIS, Y.GRELET, M.LE GUEN, Tests d'indépendance et
mesures d'association - 2005 - pages 207, 208 et 209 ;
- La régression polynomiale – INSA Lyon Amerinsa – année 2007 ;
- Assurance Santé : 2012-2017 : quelle nouvelle place pour les
complémentaires santé ? publié par Eurogroup consulting - année
2012 ;
- Coût de la Santé pour les ménages : vers la démutualisation des
populations fragiles ? publié le 21 septembre 2011 par UFC Que
Choisir ;
- Pilotage technique d’un produit d’assurance complémentaire santé -
Modélisation des ratios de sinistralité.

 Mémoires d’actuariat :

- A.MULLER, Pilotage du risque démographique en Assurance Santé ;


- N.FANGET, Analyse comportementale de la consommation médicale
d’un portefeuille d’assurés ;
- V.CAUSSE, Besoins émergents des mutuelles en santé dans le cadre
des réformes récentes.

115
 Articles de presse :

- « Généralisation de la couverture santé : le scénario n'est pas écrit »,


publié le 22 février 2013 par l'Argus de l'Assurance ;
- « Contrats santé responsables : nouvelle version du projet de décret »,
publié le 06 juin 2014 par l'Argus de l'Assurance ;
- « Complémentaire santé collective obligatoire, à qui perd gagne »,
publié le 03 septembre 2014 par le Nouvel Economiste ;
- « Le déficit 2014 de la Sécurité Sociale sera plus important que
prévu», publié le 28 septembre 2014 par Le Monde.

 Livres et notes de cours :

- M.SUMMA, cours d'analyse de données - Université Paris-Dauphine ;


- C.GRISLAIN-LETREMY, Introduction à l'économie du risque et de
l'assurance - Université Paris-Dauphine ;
- R.BELLANDO, Econométrie - Université d'Orléans ;
- S.TUFFERY, Data Mining et statistiques décisionnelle - Editions
Technip ;
- S.RINGUEDE, Introduction au décisionnel : méthode et maitrise du
langage SAS, Version 9.2 - Edition Pearson Education.

116

Vous aimerez peut-être aussi