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Enfants de mères schizophrènes

Norme bibliographique : MASSON Odette, « Réflexions sur les possibilités d’approche thérapeutiques et
préventives chez les enfants de mères schizophrènes », Revue de neuropsychiatrie infantile et d’hygiène
mentale de l’enfance, 1976, n°1/2, p.5-16

« […] on trouve [p.6] parmi les enfants de parents schizophrènes une pathologie polymorphe très fréquente,
de gravité variable et non spécifique. » (p.5-6)

Ce que nous avons trouvé chez les enfants


Méthode on reçoit les parents et ensuite l’enfant :
« On pouvait ainsi voir des sujets qui, individuellement, acceptaient un traitement, exprimaient même une
demande dans le tête à tête avec le thérapeute, pour ensuite la dénier devant la famille réunie, sentant que
leur quête représentait en fait une sorte de trahison au groupe, en même temps qu’une source d’angoisse
pour eux-même. Si nous nous entêtions à plaider pour le traitement de l’enfant, les parents et l’enfant lui-
même voyaient immédiatement toutes sortes d’obstacles dressés sur le chemin des séances. » (p.8)

Changement de méthode : Prise en charge de la famille entière


« Le parallélisme entre ce que nous voyons et ce qui a été écrit au sujet de la famille de jeunes schizophrènes
est saisissant. Nous voyons à l’oeuvre les mêmes mécanismes, les mêmes troubles de la communication, les
mêmes absences de limites entre les différents membres de la famille, les partages de mythologies
aberrantes, la répartition de rôles dites ou instables, équilibrant une homéostasie plus ou moins figée. […]
Nous avons, dès lors, considéré ces familles comme des unités, des systèmes en transaction, le lieu de la
recherche devenant les séances de familles où investigation et abord thérapeutique sont indissociables et où
les observateurs participent au système transactionnel. » (p.9)

Familles de l’étude :
Familles symbiotiques « comme le dit SEARLES1, les enfants ne peuvent « pas plus s’individuel ou émettre
un avis divergent, qu’ils ne peuvent se couper la main droite. Quand les processus d’individuation se
dessinent, on note l’apparition d’angoisses de mort et de meurtre ». Les différents membres de ces familles
symbiotiques, où les limites des Moi sont confondues, nient l’appartenance respective des besoins

1 SEARLES H.F. - Collected papers on schizophrenia and related subjects. London, The Hogarth Press, 1965
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individuels, reconnaissant leur apparition chez un autre membre de la famille grâce au mécanisme de
l’externalisation mutuelle des parties rejetées des Self respectifs. Ceci s’accompagne d’une incapacité pour
chacun des sujets de parler en son nom propre, d’utiliser la position Je.
Les membres de ces familles font des efforts communs pour écarter de toute récognition les divergences qui
existent entre eux, ceci représentant une protection contre la terreur de l’individuation qui comporte des
risques de fragmentation du Moi. Comme si le sujet, pris individuellement, ne pouvait se sentir
suffisamment en sécurité qu’en présence des autres membres de la famille, porteurs de certaines parties
externalisées appartenant au sujet lui-même, alors que lui, par ailleurs, cool!te les autres membres de la
famille. On se trouve dans un régime où chaque sujet est l’objet partiel des autres.
[… - p.10] Ainsi, l’inceste ou des comportements d’allure incestueuse ne sont-ils pas rares […]. [Ce n’est
pas ce que nous appelons communément inceste] C’est bien plutôt la peur de renoncer à l’attachement
symbiotique sous-jacent à la personne avec qui cette relation est vécue, qui conditionne cette rencontre où le
sexe n’est qu’un prétexte. Ceci fait barrière bien évidemment sur le chemin d’une évolution génitalisée pour
les enfants. » (p.9-10)

« Dans toutes ces familles, nous avons trouvé un trouble de l’investissement imagoïque des enfants par leurs
parents. Les parents n’ont pas de représentation des enfants en tant que personnes individus mais les vivent,
soit comme des prolongations narcissiques, ou alors comme substituts de leurs propres parents, […]. Cette
absence de représentation des enfants en tant qu’individus sous-tend souvent le phénomène décrit par
BOSZORMENYI-NAGY2, appelé la parentification, qui implique pour toute la famille une difficulté à
percevoir les besoins des enfants […]. Il s’agit là d’un processus d’identification de l’enfant à une fonction
parentale, […], car l’enfant apprend à devenir adulte en s’identifiant dans les situations possibles à la
position parentale, mais, dans les familles psychotiques, ce processus est constamment à l’oeuvre chez
l’enfant ; et le maintien de la sécurité du groupe familial dépend de la possibilité pour les enfants d’assumer,
d’une façon plus ou moins permanente, un rôle pseudo-parental. » (p.10)

2 BOSZORMENYI-NAGY I., SPARK G. - Invisibles loyalties. Londres, Harper and Row, 1973
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