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Haute Ecole de la province de Liège

Communication

Psychologie sociale

Table des matières

1. Introduction_______________________ ____________________3

2. Définitions______________________________ _______________3

3. Objectifs_______________________________________________4

4. Identité personnelle et perception d’autrui________ ____________5


4.1. Concept de soi
4.2. Attachement
4.3. Conscience de soi
4.4. La formation d’impression
4.5. La personnalité
4.6. Les processus d’attribution
4.6.1. L’attribution causale
4.6.2. Le biais de complaisance
4.6.3. Erreur fondamentale d’attribution

5. Attitudes et changement d’attitudes__________________________22

5.1. Origine et formation des attitudes


5.2. Influence / Persuasion / Manipulation

5.2.1. Amorçage

5.2.2. Pied-dans-la-porte

5.2.3. Porte-au-nez

5.2.4. Dissonance cognitive

6. La soumission à l’autorité 26
6.1. Dispositif expérimental
6.2. Les facteurs qui influencent la soumission
6.3. Les hypothèses explicatives

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7. Le conformisme_________________________________________28
7.1. Dispositif expérimental
7.2. Les facteurs qui influencent le conformisme
7.3. Les hypothèses explicatives

8. Risques de dérives sectaires_______________________________30


8.1. Définitions
8.2. Critères de dangerosité
8.3. L’embrigadement
8.4. Le désembrigadement

9. Bibliographie___________________________________________35

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1. Introduction

Le terme de psychologie sociale fait son apparition avec le 20ème siècle.

On attribue généralement les premiers traités de psychologie sociale au sociologue


américain E. Ross et au psychologue anglais W. Mc Dougall, qui ont publié en 1908 un
livre intitulé « Social psychology ».

Cependant, la première expérimentation en psychologie sociale date de 1897 lorsque N.


Triplett étudie les effets de la compétition sur une performance simple (facilitation
sociale).

2. Définitions

Pour définir la psychologie sociale, nous nous référerons à de célèbres psychologues


sociaux et parmi ceux-ci citons G. Allport (1968) pour qui, cette branche de la
psychologie, tente de comprendre et d’expliquer comment les pensées, les sentiments et
les comportements sont influencés par la présence effective, imaginaire, ou implicite
d’autrui.

M. Shérif, lui, la définira comme étant l’étude scientifique de l’expérience et du


comportement de l’individu humain en relation avec des stimuli sociaux.

J.-P. Leyens dira de la psychologie sociale qu’elle traite de la dépendance et de


l’interdépendance des conduites humaines.

Enfin, S. Moscovici la définit comme la science du conflit entre l’individu et la société.

Au travers de ces définitions, on peut en déduire que la psychologie sociale tente de


jouer le rôle de charnière entre la psychologie et la sociologie c’est-à-dire entre l’individu
et la société.

La psychologie sociale est souvent confondue avec la sociologie. Les deux disciplines
s’intéressent, certes, à la façon dont les personnes se comportent en groupe mais la
nuance réside dans le fait que la plupart des sociologues étudient la structure et le
fonctionnement des groupes alors que le psychologue social s’intéresse habituellement à
l’individu, à la façon dont il est influencé par les autres et son comportement à leur
égard.

De plus, les psychologues sociaux s’appuient beaucoup plus sur des expériences au cours
desquelles ils manipulent une variable, comme la présence ou l’absence de pression de la
part des pairs, dans le but d’en mesurer ou d’en identifier l’influence alors que les
facteurs étudiés par les sociologies sont habituellement plus difficiles à manipuler.

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3. Objectifs

La psychologie sociale s’intéresse donc à autrui d’un triple point de vue : sa


connaissance, les influences réciproques entre soi et autrui, et les interactions sociales.

La perception et l’influence sociale passent par des interactions entre individus ou entre
groupes.

L’exemple classique est le cas d’une prise d’otages puisque celle-ci a sa raison d’être
dans sa volonté d’influence. Les ravisseurs veulent persuader quelqu’un de céder à leurs
revendications. Les négociateurs veulent convaincre les ravisseurs de ne pas aggraver
leur sort et de libérer les otages tandis que ces derniers tentent d’amadouer les
ravisseurs. Chacun utilisera des moyens différents pour tenter de parvenir aux résultats
espérés c’est-à-dire réussir à influencer l’autre en sa faveur.

L’influence ira encore parfois bien plus loin avec le célébrissime syndrome de Stockholm
qui décrit une situation, a priori, paradoxale où les otages vont développer des
sentiments de sympathie, d’affection voire d’amour, de fraternité, d’empathie vis-à-vis
des ravisseurs.

Il correspond à un aménagement psychologique face à une situation hautement


stressante, angoissante dans laquelle la vie de l’otage est en danger. L’apaisement de
leur angoisse est parfois trouvé, de façon inconsciente, dans l’identification à l’agresseur.

Ce terme a été créé par le psychiatre N. Bejerot en 1973 mais le mécanisme était déjà
bien connu et avait été décrit, entre autres par des psychanalystes tels que S. Ferenczi
qui parle d’identification à l’agresseur comme modalité psychique d’adaptation à toutes
sortes de situations traumatiques.

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4. Identité personnelle et perception d’autrui

4.1. Le concept de soi

L'identité de l'individu est, en psychologie sociale, la reconnaissance de ce qu’il est, par


lui-même et par les autres. La notion d'identité (concept de soi) est au croisement de la
sociologie et de la psychologie, mais intéresse aussi la biologie et la philosophie.

P. Tap, professeur de psychologie sociale, définissait l’identité personnelle comme « un


système de sentiments et de représentations de soi, c'est-à-dire à l’ensemble des
caractéristiques physiques, psychologiques, morales, juridiques, sociales et culturelles à
partir desquelles la personne peut se définir, se présenter, se connaître et se faire
connaître, ou à partir desquelles autrui peut la définir, la situer ou la reconnaître »1.

E. Erikson (1902-1994) la décrit comme « le sentiment de similitude avec soi-même et


de continuité existentielle (se sentir « le même » dans différents contextes et dans le
temps). »2

L’identité, c’est ce qui permet de se reconnaître et de se faire reconnaître.

Force est de constater qu’il y a plus qu’une définition du concept de l’identité, mais ce qui
revient toujours, c’est le sentiment d’être soi-même, d’être unique et donc différent des
autres. Il n’y a pas deux personnes qui soient pareilles au plan identitaire tout comme
c’est le cas au plan de la personnalité.

4.2. L’attachement
Quelle importance ont les premiers liens que nous tissons avec notre environnement
dans la perception de nous-même et des autres ?

Les premiers liens qui s’établiront avec notre environnement, la qualité des relations dont
nous bénéficierons et la réciprocité de la communication sont essentielles à notre
équilibre, notre stabilité émotionnelle et ceci grâce à notre capacité, notre BESOIN de
nous attacher à quelqu’un de sûr, de stable.

1
TAP P., Identités, soi et adaptation. Séminaire Mai 2012, Université de ParisIII.
2
ERIKSON E., Identity Youth and Crisis, Norton & Company, 1968.

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 Expérience de H. Harlow (1959) ; Observation d’un jeune singe placé dans
une cage d’isolement partiel

Un bébé singe élevé par deux mères de substitution


(« mère fer » et « mère laine » va passer le plus clair de son
temps avec celle qui offre un contact « chaleureux » et n’ira
vers l’autre que pour se nourrir.

Pour M. Ainsworth, l’attachement est un type particulier de lien affectif où le


sentiment de sécurité de l’individu est lié à sa relation avec l’autre. Être attaché à
quelqu’un, c’est éprouver (ou rechercher) un sentiment de sécurité et de bien-être en sa
présence, et pouvoir l’utiliser comme base de sécurité pour explorer le monde.

Pour J. Bowlby et M. Ainsworth, les deux premières années de la vie de l’enfant sont
une période sensible pour le développement de l’attachement. Le nourrisson qui n’arrive
pas à établir un contact étroit avec la personne qui s’occupe de lui (la figure
d’attachement) risque de présenter plus tard des troubles de la personnalité et des
problèmes sociaux. Les études portant sur des enfants qui n’ont pas eu l’occasion
d’établir ce contact essentiel avec une figure d’attachement, comme les enfants élevés
dans les orphelinats, confirment ces observations.

L’attachement du bébé aux parents apparaît graduellement (3 stades) et repose sur son
habileté à distinguer ses parents des autres personnes de son entourage.

1. Le préattachement

Le bébé arrive au monde avec un répertoire de comportements innés qui l’orientent vers
les autres et lui permettent de signaler ses besoins (besoin inné de contact).

2. L’émergence de l’attachement

Vers l’âge de trois mois, le bébé commence à se montrer plus sélectif dans l’expression
de ses comportements d’attachement et à se focaliser sur une ou deux personnes mais
on ne peut pas encore parler d’attachement à proprement parlé car personne n’est
encore devenu sa base de sécurité.

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3. L’attachement proprement dit

Le véritable attachement ne se forme que vers 6 mois. A ce stade, on considère que les
enfants ont déterminé leur objet d’attachement par le fait qu’ils réagissent de façon
négative à son départ et l’accueillent de façon positive à son retour.

C’est avec les travaux de M. Ainsworth (psychologue développementaliste) dans les


années 60-70 que la recherche sur l’attachement a pris son essor.

En mettant au point la situation expérimentale connue sous le terme de « situation


étrange », elle a permis de mettre en évidence les réactions des bébés à une séparation
non préparée d’avec leur figure d’attachement principale. Elle a ainsi démontré
l’existence de différentes modalités d’attachement que peuvent mettre en œuvre les
bébés pour faire face à leur détresse, et tenter de rétablir la proximité avec leur figure
d’attachement

Cette situation étrange consiste à observer dans un environnement contrôlé (laboratoire)


les réactions d’un nourrisson (entre 12 à 18 mois) placé successivement dans les
situations suivantes :

- Avec sa mère (épisode 1)


- Avec sa mère et un étranger (épisode 2)
- Seul avec un étranger (épisode 3)
- Seul quelques minutes (épisode 4)
- De nouveau avec sa mère (épisode 5)
- De nouveau seul (épisode 6)
- De nouveau seul avec un étranger (épisode 7)
- Avec l’étranger et sa mère (épisode 8)

M. Ainsworth avance que les réactions du nourrisson dans ces diverses situations (et
particulièrement quand il est seul avec sa mère) permettent de distinguer 3 types
d’attachement :

- l’attachement sécurisant dit « sécure »

- l’attachement insécurisant de type fuyant/évitant ;

- l’attachement insécurisant de type ambivalent/anxieux ;

Plus récemment, des chercheurs (Main et Solomon, 1990) ont décrit un quatrième type
d’attachement :

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- l’attachement insécurisant de type désorienté/désorganisé.

Causes potentielles de l’attachement insécurisant : comportements inadéquats du


parent, mauvaise communication, carences affectives voire, dans certains cas, de la
maltraitance, notamment psychologique subie par l’enfant.

Citons certains types de comportements relevant de cette forme de maltraitance :

- Absence d’affection ; Humiliation ; Culpabilisation ; Dette permanente ; Violence


physique par procuration ; Impossibilité d’étudier ; Pression à la réussite ; Prison
affective (surprotection) ; Syndrome de Münchhausen par procuration (Situation dans
laquelle une personne, notamment le parent, fabrique de façon persistante des
symptômes à une autre personne, l’enfant, lui causant des examens physiques et des
traitements innombrables, douloureux et inutiles) ; Etc.

Conséquences : mauvaise image de soi-même, violence, dépression, troubles


psychologiques (angoisse),…

R. Spitz (1887-1974) parle lui de syndrome d’hospitalisme pour décrire l’état


d’altération grave qui s’installe progressivement chez le très jeune enfant suite à une
carence affective importante tandis qu’il est placé en institution.

Spitz a observé qu’entre 6 et 8 mois, une séparation d’avec la figure d’attachement


principal de 3 mois entraîne une dépression anaclitique. Au-delà d’une période de 5 mois,
elle provoque l’hospitalisme.

Les études de R. Spitz ont entraîné de profondes réformes dans l’hospitalisation des
nourrissons ainsi que celles des mamans.

Prise en charge / Prévention :

Les services de maternologie adoptent une démarche thérapeutique qui s’attache à la


dimension psychique de la maternité et qui prend en compte les difficultés de la relation
mère-enfant.

Ne pas confondre le « baby blues » et la dépression post-natale.

En guise de conclusion…

La possibilité de s’attacher à une personne sûre et fiable nous aide donc à avoir une image
positive de nous-même.

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Il semble évident que les liens créés entre les figures d’attachement et l’enfant
détermineront en partie sa façon d’appréhender le monde avec plus ou moins de
confiance.

4.3. La conscience de soi

Une des techniques, à ce jour, la plus utilisée pour déterminer à quel moment un
nourrisson acquiert la conscience de soi est celle du miroir.

Pour atteindre une pleine conscience de soi, l’enfant doit comprendre qu’il est un objet
dans le monde et dans l’espace, c’est-à-dire qu’il a des propriétés particulières (nom,
poids, tailles, sexe, qualités, défauts…) qui le définissent et qui lui permettent d’agir sur
son environnement.

Dans ses premiers mois d’existence donc, l’enfant n’a pas conscience de son identité,
d’être un être distinct. Avant l’âge d’un ou deux ans, l’enfant qui se regarde dans un
miroir ne reconnaîtra pas l’image de lui-même qui lui sera projetée. Il se reconnaîtra
seulement lorsqu’il se percevra comme objet dans l’espace et qu’il sera en mesure
d’incorporer ce reflet en le faisant correspondre aux ressentis intérieurs à lui-même.

C’est lors de cette reconnaissance que l’enfant commencera à employer le « je » dans


son discours. Cela est donc un signe que celui-ci ressent un sentiment d’identité.
D’ailleurs, la prise de conscience des sensations chez l’enfant âgé entre six mois et deux
ans lui permet aussi d’assimiler la conception de permanence de l’objet (entre 8 et 12
mois). Ainsi, ce phénomène serait le fondement de l’identité, car l’enfant comprend par
exemple que même s’il ne voit pas sa figure d’attachement, parce qu’elle est partie faire
des courses ou parce qu’elle est dans la pièce adjacente, elle existe tout de même.

À l’âge de deux ans et demi, trois ans, l’enfant commence à prendre conscience et à se
reconnaître comme une personne distincte des autres. On ne peut renier le rôle des
interactions d’abord avec son milieu familial et ensuite avec un entourage plus élargi
dans la constitution de l’identité.
Le développement identitaire n’est pas qu’un processus interne au sujet. Dès les
premiers temps de la vie, le nourrisson prend conscience graduellement de son corps et
construit une conscience stable de lui-même surtout grâce à la relation affective avec ses
figures d’attachement et toute l’attention qu’il recevra. Les sourires sont d’ailleurs une
façon pour le bébé de répondre aux stimulations de son entourage.

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La phase du « non » qui débute lorsque l’enfant est âgé d’environ deux ans, phase
agaçante pour les parents, est essentielle puisque l’opposition est une façon de
s’affirmer, de se différencier des parents et de se percevoir comme être autonome.

Dans le processus de développement de l’identité chez l’enfant, les supports


identificatoires détiennent aussi un rôle important. Elle est l’un des mécanismes
fondamentaux de la dynamique identitaire.

L’identification passe aussi par les normes et les modèles d’abord transmis par les
parents, mais par la suite par l’école, le travail sans oublier les médias tels que la
télévision et Internet.
D’ailleurs, l’école et les relations qu’il y développe permettent à l’enfant d’apprendre à
reconnaître ses différents rôles, les différences sociales et conséquemment celui-ci prend
peu à peu conscience qu’il fait partie de divers groupes d’appartenance.

Dès lors, tel que le « je » est apparu, le « nous » surgira, d’où l’importance des
interactions sociales dans la construction de l’identité car « autrui est, aux différentes
étapes de la vie, un miroir dont chacun a besoin pour se reconnaître lui-même ».

A cet égard, Gergen et Morse dans les 60-70 ont réalisé quelques expériences qui
montrent comment nous utilisons autrui pour construire notre identité personnelle, notre
concept de soi :
1) Lorsque nous observons la façon dont les autres réagissent vis-à-vis de nous-
mêmes ;
2) Lorsque nous nous comparons aux autres ;
3) Lorsque nous tentons de nous distinguer des autres.

Malgré que le développement de l’identité soit souvent associé à l’adolescence, période


où le miroir proposé par autrui est très important, il a été reconnu par plusieurs comme
étant présent tout au long de la vie. E. Erikson reconnaît que l’identité est en
développement toute la vie durant. L’identité n’apparaît pas du jour au lendemain à
l’adolescence comme les premiers signes de la puberté mais résulte plutôt d’une
construction progressive dont les fondements se situent dans les toutes premières
années de la vie comme on a pu le voir dans la partie consacrée à l’attachement.

La construction de l’identité présente à l’enfance et à l’adolescence se poursuit donc


aussi à l’âge adulte.

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D’ailleurs, bien associée à la période de l’adolescence, la notion de crise peut aussi être
liée à l’âge adulte puisque dans le langage commun, on parle aussi de la crise du
« milieu de vie » (allant de la quarantaine à la cinquantaine) par exemple, pouvant
pour cette dernière, notamment être associée chez la femme à la ménopause et chez
l’homme à l’andropause, dus aux changements physiques et physiologiques qui en
suivent.

Enfin, le travail – au sens large – est un facteur déterminant dans le développement car
il contribue à la socialisation et au sentiment de participer activement au fonctionnement
de la société. Or, une phase importante dans la vie d’un individu est sans doute le départ
à la retraite. La transition du travail à la retraite peut engendrer des remaniements de
l’identité. La personne se retirant du marché du travail, corps social important qui lui a
permis de se forger une identité professionnelle, son image de soi se verra touchée par
cette perte d’identité associée à la carrière. Traversée sans préparation, cette transition
vers la retraite peut être vécue difficilement et peut provoquer une crise identitaire,
puisque la perte d’un statut social peut agir sur le sentiment que la personne a d’elle-
même, mais aussi sur la perception que les autres s’en feront par la suite.

En somme, l’identité est un processus en marche tout au long de l’existence.


Chacune des périodes comportent des réalités différentes permettant à la personne de
construire son identité.
La conscience de soi peut se stabiliser à une certaine période de la vie mais le sentiment
d’identité évolue de façon permanente et est souvent imperceptible pour la personne.

De l’enfance à l’âge adulte, en passant par l’adolescence, le sujet se forge en tant


qu’individu, en tant que sujet individué intégré dans son monde.

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4.4. La formation d’impression

Les pièges liés à la première impression (feuille distribuée au cours).

A tout moment, volontairement ou non, nous sommes submergés d’informations


d’origine diverses et pour faire face à ce flux constant d’informations, nous catégorisons
et pour définir nos catégories, nous serions essentiellement et prioritairement sensibles à
la similitude des caractéristiques. Cette stratégie (catégorisation) revêt plusieurs
fonctions :

1. La simplification des informations ;

2. Ne pas remettre en cause l’apprentissage passé lors de chaque confrontation


avec une nouvelle information ;

3. Servir de guide pour l’action ;

4. Mettre de l’ordre dans son environnement et de lui donner un sens.

La catégorie des traits de personnalité est évidemment la plus employée pour décrire
autrui. Cette propension à recourir à la personnalité augmente évidemment avec la
familiarité.

L’importance de la personnalité se remarque aussi au niveau du vocabulaire puisque l’on


dénombre plus de 18000 mots décrivant des traits de personnalité ! Toujours est-il que
ces caractéristiques peuvent être regroupées en de grands ensembles relativement
indépendants les uns des autres.

Tout comme chaque couleur de l’arc-en-ciel est la combinaison de trois couleurs


fondamentales, chaque caractère humain est la combinaison de quelques « traits de
personnalités fondamentaux ».

La psychologie de la personnalité travaille depuis une trentaine d’années pour tenter de


répondre à cette question et l’on considère aujourd’hui, grâce notamment aux travaux de
R. Cattell et H. Eisenck, que la personnalité humaine peut être décrite à partir de 5
dimensions fondamentales.

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On peut les évaluer notamment à l’aide de questionnaires composés d’affirmations avec
lesquelles la personne interrogée indique son degré d’accord ou de désaccord.

Par exemple :

1) le névrosisme (stabilité émotionnelle) : « Je suis souvent nerveux et je perds


facilement mon assurance. »
2) l’extraversion : « J’extériorise facilement mes émotions et suis sociable. »
3) le caractère consciencieux : « J’accomplis les tâches consciencieusement ; je
suis organisé, fiable et ponctuel. »
4) le caractère agréable : « Je fais facilement confiance aux autres et je crois qu’ils
ont un bon fond. »
5) l’ouverture à l’expérience, à la nouveauté : « Je m’intéresse à beaucoup de
choses, y compris nouvelles et non conventionnelles. »

Tous les comportements humains résulteraient d’une combinaison de ces 5 dimensions.

La personnalité peut donc être définie comme « une structure organisée, stable dans le
temps et cohérente du rapport au monde d’un individu » ou encore comme « l’ensemble
organisé, et non simplement aggloméré, des caractéristiques psychiques de chaque être
humain, perçu comme une totalité. »3

La perception globale d’autrui est différente de la simple somme des traits individuels
utilisés pour étiqueter la personne. Nous cherchons, selon S. Asch, à créer une
perception de l’autre qui est qualitativement différente de la simple somme de ses
parties.

Anisi, il est aumasnt de vior que vuos comperenz ctete pahrse mmêe si les mtos ne
vuelnet rine drie. L’rorde des lertetes dnas un mot ipmrote peu du mmoent que la
permière et la drenèire lterte snot à la bnone pacle. En efeft, le creaveu hmauin lit le mot
cmome un tuot et ne lit pas cahcnue des ltteres idniivdeulelemnt.

De plus, l’apprentissage par association suggère que, par un pairage fréquent,


différents traits en viennent à être reliés les uns aux autres. Une description cohérente
de la personnalité d’une autre personne pourrait ainsi reposer sur des regroupements de
concepts associés.

Nous regrouperions, selon ces chercheurs, certains traits suivant certains modes.

3
BOUCHARD S. et GINGRAS M., Introduction aux théories de la personnalité, Broché, 2007.

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Les préférences particulières d’un individu quant aux regroupements qu’il opère forment
sa théorie générale implicite de la personnalité, lieu de naissance des stéréotypes.

Les stéréotypes sont des croyances partagées par un groupe à propos des
caractéristiques de personnalité, mais aussi des comportements, d’un groupe de
personnes (Leyens, Yserbyt & Schadron, 1996, p.24). Les stéréotypes peuvent être
généralisés à l’excès, être inexacts et résister à l’information nouvelle.

Les psychologues sociaux identifient trois composantes dans le concept de stéréotype :

Le stéréotype lui-même est de l’ordre de la représentation, de l’image mentale d’un


groupe ou d’un de ses membres.

Ceux-ci vont influencer notre attitude vis-à-vis des membres d’autres groupes que le
nôtre. C’est à ce moment que la frontière entre stéréotypes et préjugés est franchie. Il
est extrêmement difficile d’échapper à ceux-ci, ne serait-ce qu’inconsciemment!

Le préjugé renvoie à la notion de sentiment, à une évaluation plutôt affective et qui


s’applique à un groupe ou à un de ses membres. C’est une attitude (combinaison
entre sentiments, tendances à agir et croyances) négative.

La discrimination est plutôt associée au comportement qui s’applique à un groupe


ou à un individu en particulier. Ce comportement est injustifiable à l’encontre d’un
groupe donné et de ses membres individuels.

 L’effet Pygmalion (Rosenthal et Jacobson)


 Différentes formes de racisme symbolique : bienveillant, aversif, ambivalent.

Il apparaît évident et inévitable que les stéréotypes, préjugés et discriminations


influencent notre personnalité, l’estime que nous avons de nous-mêmes, parfois
gravement au point que celle-ci en devient pathologique, sans nier toutefois les éléments
biologiques, génétiques liés à celle-ci.

Il existe, selon les études entre 9% et 25% (chiffre qui varie selon les études, l’âge et la
méthode d’analyse) de la population générale qui ont une personnalité « difficile » ou
pathologique.

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Parmi celles-ci, on peut citer la personnalité :

- obsessionnelle compulsive
Une personne obsessionnelle compulsive se préoccupe de façon excessive de l’ordre, des
règles et veut tout contrôler. Elle établit des procédures, des emplois du temps, des
listes, etc. Elle est très soigneuse, très méticuleuse, fait extrêmement attention aux
détails et a tendance à vérifier et à répéter pour être certaine de n’avoir pas fait d’erreur
ce qui fait d’elle une perfectionniste. Même les activités ludiques sont envisagées avec le
plus grand sérieux et doivent être structurées et organisées. Elle a aussi beaucoup de
difficultés à déléguer.

- borderline
La personne ayant ce type de personnalité souffre d’une fragilité de l’image de soi, une
grande instabilité dans l’évaluation des évènements et des fluctuations dans les relations.
Elle a beaucoup de difficultés à contrôler ses émotions (la colère notamment). Elle est
impulsive et elle émet souvent des regrets par rapport au non-contrôle de ses
comportements ou attitudes. Elle a une vision dichotomique d’elle-même, des autres, des
évènements.

- antisociale (anciennement appelée psychopathie)


Le terme « psychopathie » a disparu de la terminologie psychiatrique officielle depuis de
nombreuses années, on utilise actuellement le terme de personnalité antisociale dans le
DSM-5, publié par l’Association américaine de psychiatrie).
Pour que ce diagnostic soit posé, les patients doivent présenter « un mépris persistant
pour le droit des autres », qui se définit par au moins trois des caractéristiques
suivantes :
 Le non-respect de la loi ; Ne pas être honnête ; Agir de façon impulsive ;
Etre facilement provoqué ou agressif ; Le manque de respect flagrant pour
sa sécurité ou celle des autres ; Toujours agir de façon irresponsable ; Ne
pas avoir de remords.
En outre, les patients doivent avoir présenté un trouble des conduites avant l’âge de 15
ans. Ce trouble de la personnalité antisociale n’est diagnostiqué que chez les sujets de 18
ans ou plus.

Un autre outil largement utilisé aujourd’hui est l’échelle de Hare, fondée sur les travaux
de Cleckley pour détecter des traits psychopathiques.

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Elle repose sur trois concepts :
1) des traits dit interpersonnels à savoir ceux de la personnalité narcissique (charme
superficiel, surestimation de soi, loquacité, mensonge pathologique, affects
superficiels…) ;
2) une tendance comportementale (impulsivité, délinquance juvénile, violation des
conduites) ;
3) des caractéristiques affectives (manque d’empathie, absence de remords et de
culpabilité).

- paranoïaque
Les personnes ayant un style de personnalité paranoïaque sont excessivement méfiantes
et soupçonneuses envers les autres, à qui elles attribuent des intentions malveillantes et
ceci sans raisons suffisantes. Consécutivement à leurs croyances, elles ne se confient pas
par crainte que ces informations soient utilisées contre elle. Elles réagissent à ce qu’elles
considèrent comme menaces, humiliations ou attaques par de la colère et de
l’agressivité.
Elles ne se remettent pas en question, refusent toute critique, sont autoritaires et
estiment avoir toujours raison.

Ils adhèrent, pour certains, aux théories du complot qui pullulent sur le net.
Cette « mentalité complotiste » est cette tendance à attribuer tout évènement
dramatique à un complot. Ce type de raisonnement s’appuie sur 5 principes
fondamentaux sur lesquels les chercheurs s’accordent :
1) Rien n’arrive par hasard ;
2) Tout ce qui arrive est le fait de volontés cachées ;
3) Rien n’est tel qu’il paraît être ;
4) Tout est lié, mais de façon occulte ;
5) Tout doit être minutieusement passé au crible de la critique.

La parenté entre les raisonnements des paranoïaques et ceux des conspirationnistes est
fréquemment relevée : même caractère obsessionnel, même acharnement à trouver des
preuves, même aveuglement aux failles de leur argumentaire.

Schématiquement, le conspirationniste éprouve un profond besoin de trouver un sens à


des évènements complexes, émotionnellement chargés ou spectaculaires, associé à une
défiance des explications et informations fournies par des autorités perçues comme
étrangères et distantes de soi.

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On peut citer, sans être exhaustif, parmi les obsessions complotistes : les Juifs, les
Illuminati, le 11/9/2001, Lady Diana, le vol MH17 de la Malaysia Airlines, les attentats de
Paris, les attentats du marathon de Boston, le covid-19, etc.

Les vrais complots existent et ont existé, l’histoire en est même jalonnée mais il y a une
marge énorme entre reconnaître certaines réalités historiques et déceler des complots
partout, voire imaginer un seul complot mondial!

La croyance dans les complots est une attitude générale, ainsi l’adhésion à une théorie
augmente la probabilité d’adhérer à d’autres théories du complot.

La détection d’une intentionnalité est au cœur de l’idéation conspirationniste et illustre ce


biais appelé « erreur fondamentale d’attribution ».

- schizoïde
Ces personnes sont souvent très introverties, distantes, renfermées, discrètes et
effacées. Leur réseau social est très pauvre pour ne pas dire inexistant, leur vie étant
marquée par la solitude. La principale difficulté est de distinguer un sujet présentant ce
type de personnalité de celui atteint des premiers signes de schizophrénie.

- dépendante
Le besoin d’être pris en charge, soutenu, rassuré perpétuellement caractérisent ce type
de personnalité. Ces personnes ont une très faible estime d’elle-même et se croient
incapables de prendre des décisions, même anodines. La peur d’être abandonnée, rejetée
est omniprésente et elles peuvent se montrer extrêmement « collantes ».

- narcissique
Une personne narcissique a besoin d’être admirée (colère si ce n’est pas le cas) et ne
manifeste aucune empathie pour les idées et les sentiments d’autrui. Elle a tendance à
croire que les personnes « ordinaires » ne peuvent pas comprendre ni ses besoins, ni sa
quête d’excellence. Elle se montre souvent exigeante, voire tyrannique envers ses
collaborateurs. Elle ne supporte pas les retours négatifs et les échecs.

- histrionique
La personne présentant une personnalité histrionique a besoin d’être au centre de
l’attention, ce qui se traduit par une théâtralité provocante ou exubérante que ce soit par
son comportement, sa tenue vestimentaire et/ou son aspect physique.

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Elle a besoin constamment d’impressionner ce qui lasse ou embarrasse son entourage
qui finit par s’en détourner. Les relations qu’elle noue sont souvent superficielles fondées
dans un premier temps sur la séduction et le charme et dont l’objectif est de satisfaire un
besoin affectif.

Ces personnalités « difficiles » ou pathologiques, on les trouve au travail, dans son cercle
de connaissances, voire en famille.
Elles ne sont pas des entités distinctes : un individu peut être, par exemple, à la fois
narcissique et paranoïaque, à des degrés divers.

Souvent les personnes présentant ce type de personnalité sont plus violentes, envers
elle-même et/ou envers autrui, elles souffrent ou font souffrir de sorte que leurs relations
sociales et amicales sont, la plupart du temps, mauvaises.

Ces styles dysfonctionnels touchent de nombreuses personnes et peuvent avoir des


conséquences graves, pour les sujets, leur entourage, leur entreprise, la société…

Et les pervers narcissiques dont on parle tant ?

Etymologiquement le mot perversion vient du latin pervertere qui signifie « mettre sens
dessus dessous » et qui se définit par l’action de détourner quelque chose ou quelqu’un
de sa vraie nature.

C’est en 1986 que le psychiatre et psychanalyste français P.-C. Racamier décrit pour la
première fois le concept de perversion narcissique. Bien qu’il ne soit jamais devenu un
trouble clinique répertorié dans les manuels de classification, il est largement associé au
harcèlement moral, à la prédation morale, et plus largement à la destruction d’autrui.

Les pervers narcissiques utilisent l’intimidation, la disqualification et la culpabilisation


auprès de leurs victimes, ils maltraitent psychologiquement ces dernières alors qu’ils se
présentent souvent comme victimes d’injustice. Les injonctions paradoxales, les doubles
contraintes sont utilisées pour mieux prendre possession de la personne.

Ils sont capables d’attitudes colériques, sereines, détachées mais aussi hyper passionnels
ce qui les rend imprévisibles.

Ils traquent les personnes vulnérables (capacité de persuasion, de séduction) pour les
dominer et assouvir leur narcissisme pathologique.

Le pervers narcissique est proche du psychopathe.

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4.5. Les processus d’attribution

Théorie de l’attribution causale

Théorie de la façon dont on s’explique le comportement d’autrui – en l’attribuant, par


exemple, à des dispositions internes (traits de caractère durables, motifs et attitudes) ou
à des situations externes. Le psychologue américain F. Heider en est le fondateur.

Le modèle de H. Kelley

H. Kelley a défini trois variables qui influencent le sens de l’attribution. Ainsi, avant de
décider si l’individu agit d’après ses propres dispositions (attribution interne) ou en vertu
de l’influence de son milieu (attribution externe), on considère trois critères :

Consistance : Une personne se comporte-t-elle habituellement ainsi dans cette


situation ?

Consensus : Les autres se comportent-ils de façon semblable dans cette situation ?

Caractère distinctif : Une personne se comporte-t-elle différemment dans différentes


situations ?

Le modèle de Kelley fonctionne sur le principe de la covariation autrement dit, il


s’agit de faire varier les informations et leurs effets afin de déterminer le sens de
l’attribution.

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Exemple : Si on étudie le comportement d’un étudiant qui parle trop au cours de
psychologie ?

Critères Consistance Consensus Distinctif Verdict Exemple


d’attribution

Questions Parle-t-il toujours Les autres Est-ce le seul


pendant ce parlent-ils cours pendant
cours ?
pendant ce lequel il
cours ? parle ?

Réponses OUI NON NON INTERNE Il n’aime pas


l’école, il est
trop bavard

OUI OUI OUI EXTERNE Le cours de


psycho est
ennuyeux

NON NON OUI ou NON EXTERNE Il s’est fait un


nouvel ami, il y
a un
évènement
dont il veut
parler

OUI NON OUI INTERNE et Il n’aime pas la


EXTERNE psychologie ou
ce cours en
particulier

D’après B. Weiner, il ne suffit pas de déterminer si vous avez vous-même causé le


résultat en termes de réussite ou d’échec mais vous voudrez également identifier si le
résultat est dû à l’effort ou à l’habileté.

Causes Stables Instables

Internes ………………. …………………

Externes ……………….. ………………….

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Le biais de complaisance (T. Miller et L. Ross)

Ce biais correspond à la tendance à se percevoir comme la cause de ses succès, mais


attribuer la cause de ses échecs à des sources externes.

L’erreur d’attribution fondamentale (L. Ross)

On a appelé erreur fondamentale d’attribution la tendance à négliger les effets


situationnels sur la conduite des gens pour ne considérer que leurs dispositions
personnelles.

Appelé également biais de la correspondance.

Autrement dit, les gens surestimeraient le poids de la personnalité et sous-estimeraient


le poids de la situation pour un phénomène donné.

Nous commettons cette erreur lorsque nous tentons d’expliquer le comportement des
autres alors que souvent, nous expliquons notre propre comportement en tenant compte
de la situation et en minimisant voire niant notre responsabilité personnelle.

L’attribution défensive fonctionne sur ce même principe. C’est la tendance à


percevoir les causes d’un événement de façon à croire qu’on ne peut subir soi-même la
même situation indésirable. On remarque cette tendance, par exemple, chez un
observateur qui tente de réduire son anxiété en l’absence de données rationnelles
susceptibles d’apporter une explication à un événement potentiellement anxiogène.

Exemple : L’expérience de Stanford menée par P. Zimbardo en 1971.

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5. Attitudes et changement d’attitudes

L’attitude renvoie à la manière dont une personne risque de se conduire en fonction de


ses croyances et sentiments, dans une situation déterminée, ce qui nous mène
progressivement au concept de comportement dans la mesure où l’attitude est censée
guider le comportement des gens. Changer les attitudes permettrait donc de changer les
comportements.

Néanmoins, notre comportement et nos attitudes exprimées sont soumis à des influences
sociales, raison pour laquelle nous agissons si souvent de façon contraire à nos attitudes.

5.1. Origine et formation des attitudes

La théorie du comportement planifié (Ajzen) tente d’identifier dans quelles conditions on


peut prédire une relation effective entre l’attitude et le comportement.

Le modèle d’Ajzen part du principe que trois variables (l’attitude, les normes subjectives
et la perception du contrôle) influencent directement les intentions d’effectuer un
comportement. Cette intention influence à son tour le comportement. La figure ci-
dessous illustre les liens entre les différentes variables:

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5.2. Influence/Persuasion/Manipulation

Nous sommes tous des manipulateurs au quotidien : des parents triomphants parce qu’ils
ont trouvé une astuce (pour quelques soirs, en tout cas…) pour faciliter le coucher de
leurs enfants surexcités ou en prétendant que le sirop pour leur toux est délicieux (alors
que !), l’infirmière, seringue à la main, se voulant rassurante en vous assurant que vous
n’allez rien sentir, ces images sélectionnées, qui présentent des facettes de notre vie
valorisantes aux yeux de notre communauté, que nous arborons sur Facebook. Tout cela
relève de la manipulation, ou, si le terme vous met mal à l’aise, d’une influence, mais
sciemment exercée. Cela ne fait pas de nous, vous l’avez compris des êtres
machiavéliques ni psychopathes pour autant.

D’une manière ou une autre, personne n’échappe à l’influence : on ne peut pas ne pas
être influencé, et on ne peut pas ne pas influencer.

La différence entre influence, persuasion et manipulation ordinaire n’est qu’une question


de degré et d’intention. Citons P. Desproges qui disait qu’ « il n’y a qu’une différence
d’intention entre une mauvaise cuisinière et une empoisonneuse ».

Alors, si vous voulez changer les attitudes de quelqu’un, par où commencerez-vous et à


quoi serez-vous attentif pour parvenir à vos fins ?

C. Hovland et ses collaborateurs, basés à l’Université de Yale, ont identifié différents


éléments à prendre en compte pour changer les attitudes tels que la source du message
(l’émetteur), le message en tant que tel, le canal de communication et enfin l’audience
(le récepteur). Ce schéma classique de « qui dit quoi à qui par quel moyen », étudié
depuis les années 40, reste encore d’actualité.

Le psychologue R. Cialdini, de l’Université de l’Etat d’Arizona, a passé toute sa carrière à


étudier les techniques de persuasion. Il a identifié six principes majeurs de l’influence
sociale, qui, selon lui, sont tous hérités de nos lointains ancêtres. Ces principes sont les
suivants :

Réciprocité : nous nous sentons obligés de rendre la pareille quand nous avons
bénéficié d’une faveur.

Affection : nous avons tendance à accepter les sollicitations des personnes que nous
apprécions.

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Rareté : nous attribuons une plus grande valeur à des choses qui sont difficiles à
obtenir.

Preuve sociale : nous regardons ce que font les autres quand nous ne sommes pas sûrs
de ce qu’il faut faire.

Autorité : nous écoutons les experts et ceux qui sont en position de pouvoir.

Engagement et cohérence : nous aimons tenir parole et finir ce que nous avons
commencé.

Tous ces principes sont liés, d’une façon ou d’une autre, à notre survie primitive et à des
interrogations qui restent d’actualité. Que se passera-t-il si je ne fais pas le plein
d’essence ? nous demandons-nous lors d’une crise pétrolière (rareté). Ou lors d’un
repas : les autres utilisent-ils cette cuillère à la forme bizarre ou la petite fourchette
(preuve sociale) ?

A cause de cette origine associée à notre passé ancestral et à des stratégies liées aux
systèmes de récompense, ces principes participent, dans le modèle de la persuasion, à la
perception de son propre intérêt.

Citons quelques techniques de manipulation bien connues mais néanmoins toujours


efficaces :

5.2.1 La technique de l’amorçage, du leurre

Elle consiste à obtenir un accord sur la réalisation d’un comportement dont le coût réel
n’est divulgué que plus tard. Il s’agit donc « d’appâter » le sujet par une proposition
affriolante afin de l’amener à décider de faire ce qu’on souhaite le voir faire.

5.2.2. La technique du « pied dans la porte »

Cette technique consiste à ce qu’une première demande, que l’on s’attend à voir
acceptée sans trop de difficulté, serve uniquement de prétexte à une seconde demande,
beaucoup plus coûteuse.

Cette technique est particulièrement pernicieuse dans la mesure où les décisions relatives
au comportement initial sont fréquemment prises sans la moindre hésitation.

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5.2.3. La technique de la « porte-au-nez »

Il s’agit d’une technique de manipulation dont l’efficacité peut s’avérer tout aussi
spectaculaire que les stratégies évoquées précédemment.

Elle est sous-tendue par un principe inverse de celui de la technique du pied-dans-la-


porte, puisqu’il s’agit cette fois de faire précéder la requête initiale, non plus d’une
requête qui porte sur un service moins coûteux, mais d’une requête qui porte sur un
service qui l’est au contraire bien davantage.

Son principe consiste donc à demander d’abord à quelqu’un qu’il nous rende un service
très important, trop important même pour qu’il consente à nous l’accorder, avant d’en
solliciter un second dont le coût est moindre

5.2.4. La dissonance cognitive (Festinger, 1957).


Cette théorie a fasciné les chercheurs, elle a fait l’objet de plusieurs centaines de
publications scientifiques et constitue véritablement une référence incontournable dans le
domaine du changement d’attitude.

Les travaux sur la dissonance cognitive indiquent notamment que la réalisation initiale
d’un comportement constitue un moyen surprenant pour changer les attitudes.

La théorie de la dissonance cognitive est basée sur les rapports entre les éléments de
notre système cognitif. Pour L. Festinger, tout ce que nous savons, pensons correspond
à un élément cognitif, à une cognition.

La dissonance correspond à un désaccord entre plusieurs idées susceptible de générer un


conflit chez un individu. Selon cette théorie, il existerait chez l’être humain un besoin
fondamentale d’équilibre cognitif ce qui mène l’individu à tenter de rétablir une
cohérence.

De façon typique, un conflit entre notre comportement et nos attitudes entraîne une
situation de dissonance.

En 1959, Festinger et Carlsmith ont imaginé un des scénarios les plus connus de la
recherche sur la dissonance cognitive. Imaginez la situation suivante : vous avez été le
sujet d’une expérience dans laquelle les expérimentateurs vous ont demandé de réaliser,
durant une heure, des tâches motrices vraiment très ennuyeuses. L’expérience est donc
vécue de manière désagréable et pourtant lorsque l’on interroge les personnes sur leur
éventuelle participation future, il apparaît des différences en fonction de l’argent reçu et
pas dans le sens imaginé : les tâches paraissent plus agréables lorsque les sujets
touchent 1$ que lorsqu’ils touchent 20 $.

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Comment expliquer ces résultats en se référant à la théorie de la théorie de la
dissonance cognitive ?

6. La soumission à l’autorité

Les psychologues sociaux se sont préoccupés de la capacité des figures d’autorité


d’obtenir la soumission.

 Les recherches de Milgram


6.1. Dispositif expérimental

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Les psychiatres avaient prédit que seul un individu sur 1000 serait susceptible
d’infliger à autrui une décharge électrique de 450 volts.

Pourtant 62,5% des sujets sont allés jusqu’au bout de l’expérience !

6.2. Les facteurs qui influencent la soumission

1. La légitimité de l’autorité

2. La proximité de la victime

3. La proximité de l’autorité

Conditions de l’emplacement Sujets ayant donné à la victime des chocs


extrêmement dangereux (%)

Expérimentateur

- Près 62,5%
- Eloigné
45%
Victime

- Près 30%
- Eloigné
65%

4. Les caractéristiques personnelles des sujets

Les expériences de Milgram ont été à l’origine d’une controverse considérable. Le


manque d’éthique a souvent été reproché. Les critiques se sont également demandé si
la valeur des connaissances obtenues par ces études justifiait l’exposition de plus d’un
millier de personnes à un tel stress. Milgram répond à ces attaques en disant que 84%
des sujets interrogés se sont dits, par la suite, heureux d’avoir participé à l’étude. Moins
de 2% ont dit regretter avoir participé.

Outre l’aspect éthique, une des réactions souvent observées par rapport à cette
expérience de Milgram est que les individus éprouvent une réelle difficulté à apprécier le
message qu’a voulu faire passer ce psychologue social. Les personnes ont énormément
de mal à accepter les résultats de cette étude et disent que si eux avaient participés à
l’expérience, ils ne seraient jamais allés jusqu’au bout.

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6.3. Hypothèses explicatives

 Déresponsabilisation (état agentique) ; L’erreur fondamentale


d’attribution ; Le pied-dans-la-porte ; Pouvoir de la télévision ; Absence de
réaction du public ; traits de personnalité, Etc.

Expérience réalisée en 2009 par Joule et Beauvois : le jeu de la mort / Zone extrême
(réactualisation de l’expérience de Milgram sous forme de jeu télévisuel)

7. Le conformisme
En 1951, le psychologue américain S. Asch aborde la question de la puissance de la
conformité au groupe.

7.1. Dispositif expérimental

Il a demandé à des sujets de désigner, parmi trois barres, laquelle était de même
longueur qu’une barre témoin. La réponse était tellement évidente que tout le monde
devait sans aucune difficulté reconnaître la barre de même longueur. Ce ne fût pas
toujours le cas, loin de là…dès lors comment expliquer ce phénomène ?

7.2. Hypothèses explicatives

On se conforme par :

- Influence de l’information (dépendance informationnelle) ;

- suivisme ou complaisance (dépendance normative) ;

- identification ;

- intériorisation.

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La manipulation explicite de l’anonymat est une stratégie permettant de mettre en
évidence la dépendance normative.

Plus l’individu se trouvera dans un grand groupe, plus l’anonymat lui semblera être
garanti. Or, le passé révèle que les gens commettent d’autant plus aisément des
atrocités que la foule est grande et que l’identité des participants est difficile à établir.
En réalité, la situation de groupe conduit les gens à se définir non plus comme des
individus mais comme des membres du groupe. Ceux-ci se tournent alors plus volontiers
vers les autres pour savoir comment il convient de penser et d’agir. On assiste en
quelque sorte à une désindividualisation.

Les buts poursuivis par le groupe sont aussi de nature à amplifier l’intensité du conflit
normatif.

La forte cohésion d’un groupe exacerbe également les tendances conformistes. Il en va


de même pour les sentiments positifs que les membres du groupe peuvent ressentir
les uns pour les autres.

La notion de groupe de référence.

Cette notion permet de comprendre que l’expérience typique de Asch donne lieu à du
conformisme pour autant que les sujets accordent du crédit aux autres participants.

Autre facteur décisif est l’unanimité de la réponse majoritaire. De fait, nous


considérons généralement que l’accord entre plusieurs individus est la plus sûre garantie
contre l’erreur individuelle. Asch avait pressenti l’impact de la taille de la majorité.

L’influence de la majorité est très forte : quand des complices de l’expérimentateur


énoncent avec assurance une information de toute évidence incorrecte (les barres ne
sont pas de la même longueur), plus d’un tiers des sujets donnent systématiquement la
même réponse que la majorité.

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8. Risques de dérives sectaires

8.1. Définitions

Traditionnellement et étymologiquement, « secte » désigne « un groupe religieux


dissident d’une plus grande religion » (ainsi le christianisme était à l’origine une secte du
judaïsme de même que les chiites sont une secte issue de l’islam).

Une religion constitue une sorte d’axe central autour duquel gravitent toutes sortes de
dissidences issues de cette religion et qui sont appelées « sectes ».

Cependant, dans le langage courant et dans les médias, le terme « secte » n’a pas cette
signification historique neutre. Le terme est connoté négativement, il évoque l’idée d’un
groupe religieux fanatique et dangereux qui limite la liberté de l’individu et peut
représenter un danger pour l’individu, voire pour la société.

La commission parlementaire française d’enquête sur les sectes les définit comme des «
groupes visant par des manœuvres de déstabilisation psychologiques à obtenir de leurs
adeptes une allégeance inconditionnelle, une diminution de l’esprit critique, une rupture
avec les référents communément admis (éthiques, scientifiques, civiques, éducatifs) et
entraînant des dangers pour les libertés individuelles, la santé, l’éducation, les
institutions démocratiques ».

Selon www.prevensectes.com, site indépendant dont l’objectif est la prévention par


l’information, « Une secte est un groupe dans lequel on pratique une manipulation
mentale qui entraîne : endoctrinement, contrôle de la pensée, viol psychique, une
destruction de la personne sur un plan physique, psychique, intellectuel, relationnel et
social. Avec à la base, une escroquerie intellectuelle, morale et financière. »

L’Etat belge ne reconnaît pas de religions mais des cultes. Les sept cultes reconnus sont
les cultes catholique, protestant, anglican, orthodoxe, israélite et musulman. L’Etat belge
reconnaît avec des effets semblables, la « laïcité » comme organisation philosophique
non confessionnelle.

D’autres « religions » actives en Belgique, minoritaires, ne bénéficient pas de cette


reconnaissance formelle mais ont pas le droit d’exister.

En Belgique, outre la présence de cellules « terrorisme et sectes » partout sur le


territoire et celle d’un magistrat de référence spécialisé dans chaque parquet, le résultat
le plus concret du travail de lutte contre les organisations sectaires nuisibles est la
création du CIAOSN, créé par la loi du 2 Juin 1998 (Centre d’Information et d’Avis sur
les Organisations Sectaires Nuisibles).

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Cet observatoire est chargé d’étudier le phénomène des organisations sectaires nuisibles
en Belgique ainsi que leurs liens internationaux.

La loi du 2 juin 1998 définit les « organisations sectaires nuisibles » comme étant « tout
groupement à vocation philosophique ou religieuse, ou se prétendant tel, qui, dans son
organisation ou sa pratique, se livre à des activités illégales dommageables, nuit aux
individus ou à la société ou porte atteinte à la dignité humaine (art.2).

Le critère fondamental pour pouvoir parler d’ « organisations sectaires nuisibles » est


l’infraction à la loi ou la violation des droits de l’homme : « Le caractère nuisible d’un
groupement sectaire est examiné sur base des principes contenus dans la Constitution,
les lois, décrets et ordonnances et les conventions internationales de sauvegarde des
droits de l’Homme ratifiées par la Belgique » (art.2).

8.2. Critères de dangerosité

Pour tenter d’y voir plus clair, examinons les critères de dangerosité permettant de
différencier « secte » et « religion ».

1. L’embrigadement des enfants ;

2. La manipulation mentale et le prosélytisme ;

3. Le rejet du monde extérieur ;

4. L’obéissance à l’autorité ;

5. Priorité de la religion sur la morale, la science et la santé ;

6. La vérité absolue ;

7. Les dérives sexuelles ;

8. La culture du secret ;

9. La dépendance financière ;

10. L’appât du pouvoir.

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8.3. L’embrigadement

Le parcours d’embrigadement, malgré une diversité de cas, se déroule généralement en


quatre étapes.

La première étape consiste à isoler l’individu de son environnement socialisant. Pour ce


faire, l’objectif est de persuader le jeune, le plus souvent sur Internet, qu’il vit dans un
monde où les adultes et la société lui mentent (théorie du complot) à tout propos. Le
sujet cible est ainsi plongé dans un doute profond sur tout ce qui l’entoure et adopte
progressivement une vision négative de la société en général jusqu’au rejet de celle-ci.

« Tout le monde te ment », disent les rabatteurs sur Internet, « La planète est aux
mains des sociétés secrètes et pour renverser cet ordre, il faut rejoindre nos rangs » (réf.
Complot)

De lien Youtube en lien Youtube, il bascule dans un monde qu’il a envie de rejeter, ce
qu’il fait en cessant très vite de fréquenter ses amis, voyant en eux des aveugles
incapables de discerner la vérité. Rupture avec l’école où les professeurs sont perçus
comme des manipulateurs étant payés pour faire de lui un être docile et l’empêcher
d’ouvrir les yeux sur le mensonge omniprésent.

Ses parents subissent le même sort s’ils ne sont pas d’accord avec sa vision du monde.

La deuxième étape du processus d’embrigadement repose sur l’idée que seul le fait de se
confronter à un monde perverti peut régénérer le jeune. Celui-ci reçoit le message clair
qui lui dit qu’il fait partie de ceux qui savent, qui ont du discernement. La notion de
groupe intervient, auquel il va être assimilé.

La troisième étape est l’adhésion à l’idéologie radicale. Il est, à ce stade, convaincu d’être
élu, admis au sein d’une communauté détentrice de La vérité.

Enfin, conséquence logique des trois étapes précédentes, vient le temps de


déshumanisation de soi et des autres.

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Voici un schéma résumant le parcours de
l’embrigadement :

8.4. Le désembrigadement

Le parcours de sortie commencera toujours par une étape essentielle : recréer un lien
affectif entre la victime et sa famille en réactivant des souvenirs de ce lien. Les autres
étapes ne sont envisageables que si cette première étape est franchie.

Ce travail est long et l’entourage doit faire preuve de patience, de subtilité, de réactivité
mais sortir de la pensée unique est possible.

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Aujourd’hui, la machine à embrigader tourne à plein régime et nous rappelle à quel point
les parents se doivent d’être vigilants quant à l’utilisation d’Internet. Beaucoup d’adultes
ayant dépassé l’âge de 40 ou 50 ans pensent que les jeunes se débrouillent très bien et
savent faire la part des choses sur Internet. Ils n’ont, la plupart du temps, pas idée de ce
que l’on peut y trouver, du temps que leurs enfants peuvent y passer ni de l’impact
psychique que certains sites peuvent exercer sur eux. Il ne s’agit de diaboliser Internet
mais d’apprendre aux jeunes à s’en servir et parfois s’en protéger sans verser dans un
sentiment de paranoïa.

Si la société civile ne comprend pas ce que les mouvements radicaux font miroiter aux
jeunes, les efforts de désembrigadement seront voués à l’échec.

Le discours d’un rabatteur fait autorité s’il donne du sens à la vie du jeune. Les parents,
l’entourage doivent identifier ce dont l’adolescent enrôlé a besoin psychologiquement afin
de mieux le comprendre et répondre à ses attentes et ainsi optimaliser les chances de le
désembrigader.

Notes de cours réservées aux étudiants de 2ème baccalauréat en communication Page 34


9. Bibliographie

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