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Psychologie sociale
1. Introduction_______________________ ____________________3
2. Définitions______________________________ _______________3
3. Objectifs_______________________________________________4
5.2.1. Amorçage
5.2.2. Pied-dans-la-porte
5.2.3. Porte-au-nez
6. La soumission à l’autorité 26
6.1. Dispositif expérimental
6.2. Les facteurs qui influencent la soumission
6.3. Les hypothèses explicatives
9. Bibliographie___________________________________________35
2. Définitions
La psychologie sociale est souvent confondue avec la sociologie. Les deux disciplines
s’intéressent, certes, à la façon dont les personnes se comportent en groupe mais la
nuance réside dans le fait que la plupart des sociologues étudient la structure et le
fonctionnement des groupes alors que le psychologue social s’intéresse habituellement à
l’individu, à la façon dont il est influencé par les autres et son comportement à leur
égard.
De plus, les psychologues sociaux s’appuient beaucoup plus sur des expériences au cours
desquelles ils manipulent une variable, comme la présence ou l’absence de pression de la
part des pairs, dans le but d’en mesurer ou d’en identifier l’influence alors que les
facteurs étudiés par les sociologies sont habituellement plus difficiles à manipuler.
La perception et l’influence sociale passent par des interactions entre individus ou entre
groupes.
L’exemple classique est le cas d’une prise d’otages puisque celle-ci a sa raison d’être
dans sa volonté d’influence. Les ravisseurs veulent persuader quelqu’un de céder à leurs
revendications. Les négociateurs veulent convaincre les ravisseurs de ne pas aggraver
leur sort et de libérer les otages tandis que ces derniers tentent d’amadouer les
ravisseurs. Chacun utilisera des moyens différents pour tenter de parvenir aux résultats
espérés c’est-à-dire réussir à influencer l’autre en sa faveur.
L’influence ira encore parfois bien plus loin avec le célébrissime syndrome de Stockholm
qui décrit une situation, a priori, paradoxale où les otages vont développer des
sentiments de sympathie, d’affection voire d’amour, de fraternité, d’empathie vis-à-vis
des ravisseurs.
Ce terme a été créé par le psychiatre N. Bejerot en 1973 mais le mécanisme était déjà
bien connu et avait été décrit, entre autres par des psychanalystes tels que S. Ferenczi
qui parle d’identification à l’agresseur comme modalité psychique d’adaptation à toutes
sortes de situations traumatiques.
Force est de constater qu’il y a plus qu’une définition du concept de l’identité, mais ce qui
revient toujours, c’est le sentiment d’être soi-même, d’être unique et donc différent des
autres. Il n’y a pas deux personnes qui soient pareilles au plan identitaire tout comme
c’est le cas au plan de la personnalité.
4.2. L’attachement
Quelle importance ont les premiers liens que nous tissons avec notre environnement
dans la perception de nous-même et des autres ?
Les premiers liens qui s’établiront avec notre environnement, la qualité des relations dont
nous bénéficierons et la réciprocité de la communication sont essentielles à notre
équilibre, notre stabilité émotionnelle et ceci grâce à notre capacité, notre BESOIN de
nous attacher à quelqu’un de sûr, de stable.
1
TAP P., Identités, soi et adaptation. Séminaire Mai 2012, Université de ParisIII.
2
ERIKSON E., Identity Youth and Crisis, Norton & Company, 1968.
Pour J. Bowlby et M. Ainsworth, les deux premières années de la vie de l’enfant sont
une période sensible pour le développement de l’attachement. Le nourrisson qui n’arrive
pas à établir un contact étroit avec la personne qui s’occupe de lui (la figure
d’attachement) risque de présenter plus tard des troubles de la personnalité et des
problèmes sociaux. Les études portant sur des enfants qui n’ont pas eu l’occasion
d’établir ce contact essentiel avec une figure d’attachement, comme les enfants élevés
dans les orphelinats, confirment ces observations.
L’attachement du bébé aux parents apparaît graduellement (3 stades) et repose sur son
habileté à distinguer ses parents des autres personnes de son entourage.
1. Le préattachement
Le bébé arrive au monde avec un répertoire de comportements innés qui l’orientent vers
les autres et lui permettent de signaler ses besoins (besoin inné de contact).
2. L’émergence de l’attachement
Vers l’âge de trois mois, le bébé commence à se montrer plus sélectif dans l’expression
de ses comportements d’attachement et à se focaliser sur une ou deux personnes mais
on ne peut pas encore parler d’attachement à proprement parlé car personne n’est
encore devenu sa base de sécurité.
Le véritable attachement ne se forme que vers 6 mois. A ce stade, on considère que les
enfants ont déterminé leur objet d’attachement par le fait qu’ils réagissent de façon
négative à son départ et l’accueillent de façon positive à son retour.
M. Ainsworth avance que les réactions du nourrisson dans ces diverses situations (et
particulièrement quand il est seul avec sa mère) permettent de distinguer 3 types
d’attachement :
Plus récemment, des chercheurs (Main et Solomon, 1990) ont décrit un quatrième type
d’attachement :
Les études de R. Spitz ont entraîné de profondes réformes dans l’hospitalisation des
nourrissons ainsi que celles des mamans.
En guise de conclusion…
La possibilité de s’attacher à une personne sûre et fiable nous aide donc à avoir une image
positive de nous-même.
Une des techniques, à ce jour, la plus utilisée pour déterminer à quel moment un
nourrisson acquiert la conscience de soi est celle du miroir.
Pour atteindre une pleine conscience de soi, l’enfant doit comprendre qu’il est un objet
dans le monde et dans l’espace, c’est-à-dire qu’il a des propriétés particulières (nom,
poids, tailles, sexe, qualités, défauts…) qui le définissent et qui lui permettent d’agir sur
son environnement.
Dans ses premiers mois d’existence donc, l’enfant n’a pas conscience de son identité,
d’être un être distinct. Avant l’âge d’un ou deux ans, l’enfant qui se regarde dans un
miroir ne reconnaîtra pas l’image de lui-même qui lui sera projetée. Il se reconnaîtra
seulement lorsqu’il se percevra comme objet dans l’espace et qu’il sera en mesure
d’incorporer ce reflet en le faisant correspondre aux ressentis intérieurs à lui-même.
À l’âge de deux ans et demi, trois ans, l’enfant commence à prendre conscience et à se
reconnaître comme une personne distincte des autres. On ne peut renier le rôle des
interactions d’abord avec son milieu familial et ensuite avec un entourage plus élargi
dans la constitution de l’identité.
Le développement identitaire n’est pas qu’un processus interne au sujet. Dès les
premiers temps de la vie, le nourrisson prend conscience graduellement de son corps et
construit une conscience stable de lui-même surtout grâce à la relation affective avec ses
figures d’attachement et toute l’attention qu’il recevra. Les sourires sont d’ailleurs une
façon pour le bébé de répondre aux stimulations de son entourage.
L’identification passe aussi par les normes et les modèles d’abord transmis par les
parents, mais par la suite par l’école, le travail sans oublier les médias tels que la
télévision et Internet.
D’ailleurs, l’école et les relations qu’il y développe permettent à l’enfant d’apprendre à
reconnaître ses différents rôles, les différences sociales et conséquemment celui-ci prend
peu à peu conscience qu’il fait partie de divers groupes d’appartenance.
Dès lors, tel que le « je » est apparu, le « nous » surgira, d’où l’importance des
interactions sociales dans la construction de l’identité car « autrui est, aux différentes
étapes de la vie, un miroir dont chacun a besoin pour se reconnaître lui-même ».
A cet égard, Gergen et Morse dans les 60-70 ont réalisé quelques expériences qui
montrent comment nous utilisons autrui pour construire notre identité personnelle, notre
concept de soi :
1) Lorsque nous observons la façon dont les autres réagissent vis-à-vis de nous-
mêmes ;
2) Lorsque nous nous comparons aux autres ;
3) Lorsque nous tentons de nous distinguer des autres.
Enfin, le travail – au sens large – est un facteur déterminant dans le développement car
il contribue à la socialisation et au sentiment de participer activement au fonctionnement
de la société. Or, une phase importante dans la vie d’un individu est sans doute le départ
à la retraite. La transition du travail à la retraite peut engendrer des remaniements de
l’identité. La personne se retirant du marché du travail, corps social important qui lui a
permis de se forger une identité professionnelle, son image de soi se verra touchée par
cette perte d’identité associée à la carrière. Traversée sans préparation, cette transition
vers la retraite peut être vécue difficilement et peut provoquer une crise identitaire,
puisque la perte d’un statut social peut agir sur le sentiment que la personne a d’elle-
même, mais aussi sur la perception que les autres s’en feront par la suite.
La catégorie des traits de personnalité est évidemment la plus employée pour décrire
autrui. Cette propension à recourir à la personnalité augmente évidemment avec la
familiarité.
Par exemple :
La personnalité peut donc être définie comme « une structure organisée, stable dans le
temps et cohérente du rapport au monde d’un individu » ou encore comme « l’ensemble
organisé, et non simplement aggloméré, des caractéristiques psychiques de chaque être
humain, perçu comme une totalité. »3
La perception globale d’autrui est différente de la simple somme des traits individuels
utilisés pour étiqueter la personne. Nous cherchons, selon S. Asch, à créer une
perception de l’autre qui est qualitativement différente de la simple somme de ses
parties.
Anisi, il est aumasnt de vior que vuos comperenz ctete pahrse mmêe si les mtos ne
vuelnet rine drie. L’rorde des lertetes dnas un mot ipmrote peu du mmoent que la
permière et la drenèire lterte snot à la bnone pacle. En efeft, le creaveu hmauin lit le mot
cmome un tuot et ne lit pas cahcnue des ltteres idniivdeulelemnt.
Nous regrouperions, selon ces chercheurs, certains traits suivant certains modes.
3
BOUCHARD S. et GINGRAS M., Introduction aux théories de la personnalité, Broché, 2007.
Les stéréotypes sont des croyances partagées par un groupe à propos des
caractéristiques de personnalité, mais aussi des comportements, d’un groupe de
personnes (Leyens, Yserbyt & Schadron, 1996, p.24). Les stéréotypes peuvent être
généralisés à l’excès, être inexacts et résister à l’information nouvelle.
Ceux-ci vont influencer notre attitude vis-à-vis des membres d’autres groupes que le
nôtre. C’est à ce moment que la frontière entre stéréotypes et préjugés est franchie. Il
est extrêmement difficile d’échapper à ceux-ci, ne serait-ce qu’inconsciemment!
Il existe, selon les études entre 9% et 25% (chiffre qui varie selon les études, l’âge et la
méthode d’analyse) de la population générale qui ont une personnalité « difficile » ou
pathologique.
- obsessionnelle compulsive
Une personne obsessionnelle compulsive se préoccupe de façon excessive de l’ordre, des
règles et veut tout contrôler. Elle établit des procédures, des emplois du temps, des
listes, etc. Elle est très soigneuse, très méticuleuse, fait extrêmement attention aux
détails et a tendance à vérifier et à répéter pour être certaine de n’avoir pas fait d’erreur
ce qui fait d’elle une perfectionniste. Même les activités ludiques sont envisagées avec le
plus grand sérieux et doivent être structurées et organisées. Elle a aussi beaucoup de
difficultés à déléguer.
- borderline
La personne ayant ce type de personnalité souffre d’une fragilité de l’image de soi, une
grande instabilité dans l’évaluation des évènements et des fluctuations dans les relations.
Elle a beaucoup de difficultés à contrôler ses émotions (la colère notamment). Elle est
impulsive et elle émet souvent des regrets par rapport au non-contrôle de ses
comportements ou attitudes. Elle a une vision dichotomique d’elle-même, des autres, des
évènements.
Un autre outil largement utilisé aujourd’hui est l’échelle de Hare, fondée sur les travaux
de Cleckley pour détecter des traits psychopathiques.
- paranoïaque
Les personnes ayant un style de personnalité paranoïaque sont excessivement méfiantes
et soupçonneuses envers les autres, à qui elles attribuent des intentions malveillantes et
ceci sans raisons suffisantes. Consécutivement à leurs croyances, elles ne se confient pas
par crainte que ces informations soient utilisées contre elle. Elles réagissent à ce qu’elles
considèrent comme menaces, humiliations ou attaques par de la colère et de
l’agressivité.
Elles ne se remettent pas en question, refusent toute critique, sont autoritaires et
estiment avoir toujours raison.
Ils adhèrent, pour certains, aux théories du complot qui pullulent sur le net.
Cette « mentalité complotiste » est cette tendance à attribuer tout évènement
dramatique à un complot. Ce type de raisonnement s’appuie sur 5 principes
fondamentaux sur lesquels les chercheurs s’accordent :
1) Rien n’arrive par hasard ;
2) Tout ce qui arrive est le fait de volontés cachées ;
3) Rien n’est tel qu’il paraît être ;
4) Tout est lié, mais de façon occulte ;
5) Tout doit être minutieusement passé au crible de la critique.
La parenté entre les raisonnements des paranoïaques et ceux des conspirationnistes est
fréquemment relevée : même caractère obsessionnel, même acharnement à trouver des
preuves, même aveuglement aux failles de leur argumentaire.
Les vrais complots existent et ont existé, l’histoire en est même jalonnée mais il y a une
marge énorme entre reconnaître certaines réalités historiques et déceler des complots
partout, voire imaginer un seul complot mondial!
La croyance dans les complots est une attitude générale, ainsi l’adhésion à une théorie
augmente la probabilité d’adhérer à d’autres théories du complot.
- schizoïde
Ces personnes sont souvent très introverties, distantes, renfermées, discrètes et
effacées. Leur réseau social est très pauvre pour ne pas dire inexistant, leur vie étant
marquée par la solitude. La principale difficulté est de distinguer un sujet présentant ce
type de personnalité de celui atteint des premiers signes de schizophrénie.
- dépendante
Le besoin d’être pris en charge, soutenu, rassuré perpétuellement caractérisent ce type
de personnalité. Ces personnes ont une très faible estime d’elle-même et se croient
incapables de prendre des décisions, même anodines. La peur d’être abandonnée, rejetée
est omniprésente et elles peuvent se montrer extrêmement « collantes ».
- narcissique
Une personne narcissique a besoin d’être admirée (colère si ce n’est pas le cas) et ne
manifeste aucune empathie pour les idées et les sentiments d’autrui. Elle a tendance à
croire que les personnes « ordinaires » ne peuvent pas comprendre ni ses besoins, ni sa
quête d’excellence. Elle se montre souvent exigeante, voire tyrannique envers ses
collaborateurs. Elle ne supporte pas les retours négatifs et les échecs.
- histrionique
La personne présentant une personnalité histrionique a besoin d’être au centre de
l’attention, ce qui se traduit par une théâtralité provocante ou exubérante que ce soit par
son comportement, sa tenue vestimentaire et/ou son aspect physique.
Ces personnalités « difficiles » ou pathologiques, on les trouve au travail, dans son cercle
de connaissances, voire en famille.
Elles ne sont pas des entités distinctes : un individu peut être, par exemple, à la fois
narcissique et paranoïaque, à des degrés divers.
Souvent les personnes présentant ce type de personnalité sont plus violentes, envers
elle-même et/ou envers autrui, elles souffrent ou font souffrir de sorte que leurs relations
sociales et amicales sont, la plupart du temps, mauvaises.
Etymologiquement le mot perversion vient du latin pervertere qui signifie « mettre sens
dessus dessous » et qui se définit par l’action de détourner quelque chose ou quelqu’un
de sa vraie nature.
C’est en 1986 que le psychiatre et psychanalyste français P.-C. Racamier décrit pour la
première fois le concept de perversion narcissique. Bien qu’il ne soit jamais devenu un
trouble clinique répertorié dans les manuels de classification, il est largement associé au
harcèlement moral, à la prédation morale, et plus largement à la destruction d’autrui.
Ils sont capables d’attitudes colériques, sereines, détachées mais aussi hyper passionnels
ce qui les rend imprévisibles.
Ils traquent les personnes vulnérables (capacité de persuasion, de séduction) pour les
dominer et assouvir leur narcissisme pathologique.
Le modèle de H. Kelley
H. Kelley a défini trois variables qui influencent le sens de l’attribution. Ainsi, avant de
décider si l’individu agit d’après ses propres dispositions (attribution interne) ou en vertu
de l’influence de son milieu (attribution externe), on considère trois critères :
Nous commettons cette erreur lorsque nous tentons d’expliquer le comportement des
autres alors que souvent, nous expliquons notre propre comportement en tenant compte
de la situation et en minimisant voire niant notre responsabilité personnelle.
Néanmoins, notre comportement et nos attitudes exprimées sont soumis à des influences
sociales, raison pour laquelle nous agissons si souvent de façon contraire à nos attitudes.
Le modèle d’Ajzen part du principe que trois variables (l’attitude, les normes subjectives
et la perception du contrôle) influencent directement les intentions d’effectuer un
comportement. Cette intention influence à son tour le comportement. La figure ci-
dessous illustre les liens entre les différentes variables:
Nous sommes tous des manipulateurs au quotidien : des parents triomphants parce qu’ils
ont trouvé une astuce (pour quelques soirs, en tout cas…) pour faciliter le coucher de
leurs enfants surexcités ou en prétendant que le sirop pour leur toux est délicieux (alors
que !), l’infirmière, seringue à la main, se voulant rassurante en vous assurant que vous
n’allez rien sentir, ces images sélectionnées, qui présentent des facettes de notre vie
valorisantes aux yeux de notre communauté, que nous arborons sur Facebook. Tout cela
relève de la manipulation, ou, si le terme vous met mal à l’aise, d’une influence, mais
sciemment exercée. Cela ne fait pas de nous, vous l’avez compris des êtres
machiavéliques ni psychopathes pour autant.
D’une manière ou une autre, personne n’échappe à l’influence : on ne peut pas ne pas
être influencé, et on ne peut pas ne pas influencer.
Réciprocité : nous nous sentons obligés de rendre la pareille quand nous avons
bénéficié d’une faveur.
Affection : nous avons tendance à accepter les sollicitations des personnes que nous
apprécions.
Preuve sociale : nous regardons ce que font les autres quand nous ne sommes pas sûrs
de ce qu’il faut faire.
Autorité : nous écoutons les experts et ceux qui sont en position de pouvoir.
Engagement et cohérence : nous aimons tenir parole et finir ce que nous avons
commencé.
Tous ces principes sont liés, d’une façon ou d’une autre, à notre survie primitive et à des
interrogations qui restent d’actualité. Que se passera-t-il si je ne fais pas le plein
d’essence ? nous demandons-nous lors d’une crise pétrolière (rareté). Ou lors d’un
repas : les autres utilisent-ils cette cuillère à la forme bizarre ou la petite fourchette
(preuve sociale) ?
A cause de cette origine associée à notre passé ancestral et à des stratégies liées aux
systèmes de récompense, ces principes participent, dans le modèle de la persuasion, à la
perception de son propre intérêt.
Elle consiste à obtenir un accord sur la réalisation d’un comportement dont le coût réel
n’est divulgué que plus tard. Il s’agit donc « d’appâter » le sujet par une proposition
affriolante afin de l’amener à décider de faire ce qu’on souhaite le voir faire.
Cette technique consiste à ce qu’une première demande, que l’on s’attend à voir
acceptée sans trop de difficulté, serve uniquement de prétexte à une seconde demande,
beaucoup plus coûteuse.
Cette technique est particulièrement pernicieuse dans la mesure où les décisions relatives
au comportement initial sont fréquemment prises sans la moindre hésitation.
Il s’agit d’une technique de manipulation dont l’efficacité peut s’avérer tout aussi
spectaculaire que les stratégies évoquées précédemment.
Son principe consiste donc à demander d’abord à quelqu’un qu’il nous rende un service
très important, trop important même pour qu’il consente à nous l’accorder, avant d’en
solliciter un second dont le coût est moindre
Les travaux sur la dissonance cognitive indiquent notamment que la réalisation initiale
d’un comportement constitue un moyen surprenant pour changer les attitudes.
La théorie de la dissonance cognitive est basée sur les rapports entre les éléments de
notre système cognitif. Pour L. Festinger, tout ce que nous savons, pensons correspond
à un élément cognitif, à une cognition.
De façon typique, un conflit entre notre comportement et nos attitudes entraîne une
situation de dissonance.
En 1959, Festinger et Carlsmith ont imaginé un des scénarios les plus connus de la
recherche sur la dissonance cognitive. Imaginez la situation suivante : vous avez été le
sujet d’une expérience dans laquelle les expérimentateurs vous ont demandé de réaliser,
durant une heure, des tâches motrices vraiment très ennuyeuses. L’expérience est donc
vécue de manière désagréable et pourtant lorsque l’on interroge les personnes sur leur
éventuelle participation future, il apparaît des différences en fonction de l’argent reçu et
pas dans le sens imaginé : les tâches paraissent plus agréables lorsque les sujets
touchent 1$ que lorsqu’ils touchent 20 $.
6. La soumission à l’autorité
1. La légitimité de l’autorité
2. La proximité de la victime
3. La proximité de l’autorité
Expérimentateur
- Près 62,5%
- Eloigné
45%
Victime
- Près 30%
- Eloigné
65%
Outre l’aspect éthique, une des réactions souvent observées par rapport à cette
expérience de Milgram est que les individus éprouvent une réelle difficulté à apprécier le
message qu’a voulu faire passer ce psychologue social. Les personnes ont énormément
de mal à accepter les résultats de cette étude et disent que si eux avaient participés à
l’expérience, ils ne seraient jamais allés jusqu’au bout.
Expérience réalisée en 2009 par Joule et Beauvois : le jeu de la mort / Zone extrême
(réactualisation de l’expérience de Milgram sous forme de jeu télévisuel)
7. Le conformisme
En 1951, le psychologue américain S. Asch aborde la question de la puissance de la
conformité au groupe.
Il a demandé à des sujets de désigner, parmi trois barres, laquelle était de même
longueur qu’une barre témoin. La réponse était tellement évidente que tout le monde
devait sans aucune difficulté reconnaître la barre de même longueur. Ce ne fût pas
toujours le cas, loin de là…dès lors comment expliquer ce phénomène ?
On se conforme par :
- identification ;
- intériorisation.
Plus l’individu se trouvera dans un grand groupe, plus l’anonymat lui semblera être
garanti. Or, le passé révèle que les gens commettent d’autant plus aisément des
atrocités que la foule est grande et que l’identité des participants est difficile à établir.
En réalité, la situation de groupe conduit les gens à se définir non plus comme des
individus mais comme des membres du groupe. Ceux-ci se tournent alors plus volontiers
vers les autres pour savoir comment il convient de penser et d’agir. On assiste en
quelque sorte à une désindividualisation.
Les buts poursuivis par le groupe sont aussi de nature à amplifier l’intensité du conflit
normatif.
Cette notion permet de comprendre que l’expérience typique de Asch donne lieu à du
conformisme pour autant que les sujets accordent du crédit aux autres participants.
8.1. Définitions
Une religion constitue une sorte d’axe central autour duquel gravitent toutes sortes de
dissidences issues de cette religion et qui sont appelées « sectes ».
Cependant, dans le langage courant et dans les médias, le terme « secte » n’a pas cette
signification historique neutre. Le terme est connoté négativement, il évoque l’idée d’un
groupe religieux fanatique et dangereux qui limite la liberté de l’individu et peut
représenter un danger pour l’individu, voire pour la société.
La commission parlementaire française d’enquête sur les sectes les définit comme des «
groupes visant par des manœuvres de déstabilisation psychologiques à obtenir de leurs
adeptes une allégeance inconditionnelle, une diminution de l’esprit critique, une rupture
avec les référents communément admis (éthiques, scientifiques, civiques, éducatifs) et
entraînant des dangers pour les libertés individuelles, la santé, l’éducation, les
institutions démocratiques ».
L’Etat belge ne reconnaît pas de religions mais des cultes. Les sept cultes reconnus sont
les cultes catholique, protestant, anglican, orthodoxe, israélite et musulman. L’Etat belge
reconnaît avec des effets semblables, la « laïcité » comme organisation philosophique
non confessionnelle.
La loi du 2 juin 1998 définit les « organisations sectaires nuisibles » comme étant « tout
groupement à vocation philosophique ou religieuse, ou se prétendant tel, qui, dans son
organisation ou sa pratique, se livre à des activités illégales dommageables, nuit aux
individus ou à la société ou porte atteinte à la dignité humaine (art.2).
Pour tenter d’y voir plus clair, examinons les critères de dangerosité permettant de
différencier « secte » et « religion ».
4. L’obéissance à l’autorité ;
6. La vérité absolue ;
8. La culture du secret ;
9. La dépendance financière ;
« Tout le monde te ment », disent les rabatteurs sur Internet, « La planète est aux
mains des sociétés secrètes et pour renverser cet ordre, il faut rejoindre nos rangs » (réf.
Complot)
De lien Youtube en lien Youtube, il bascule dans un monde qu’il a envie de rejeter, ce
qu’il fait en cessant très vite de fréquenter ses amis, voyant en eux des aveugles
incapables de discerner la vérité. Rupture avec l’école où les professeurs sont perçus
comme des manipulateurs étant payés pour faire de lui un être docile et l’empêcher
d’ouvrir les yeux sur le mensonge omniprésent.
Ses parents subissent le même sort s’ils ne sont pas d’accord avec sa vision du monde.
La deuxième étape du processus d’embrigadement repose sur l’idée que seul le fait de se
confronter à un monde perverti peut régénérer le jeune. Celui-ci reçoit le message clair
qui lui dit qu’il fait partie de ceux qui savent, qui ont du discernement. La notion de
groupe intervient, auquel il va être assimilé.
La troisième étape est l’adhésion à l’idéologie radicale. Il est, à ce stade, convaincu d’être
élu, admis au sein d’une communauté détentrice de La vérité.
8.4. Le désembrigadement
Le parcours de sortie commencera toujours par une étape essentielle : recréer un lien
affectif entre la victime et sa famille en réactivant des souvenirs de ce lien. Les autres
étapes ne sont envisageables que si cette première étape est franchie.
Ce travail est long et l’entourage doit faire preuve de patience, de subtilité, de réactivité
mais sortir de la pensée unique est possible.
Si la société civile ne comprend pas ce que les mouvements radicaux font miroiter aux
jeunes, les efforts de désembrigadement seront voués à l’échec.
Le discours d’un rabatteur fait autorité s’il donne du sens à la vie du jeune. Les parents,
l’entourage doivent identifier ce dont l’adolescent enrôlé a besoin psychologiquement afin
de mieux le comprendre et répondre à ses attentes et ainsi optimaliser les chances de le
désembrigader.
CHEVASSUS-AU-LOUIS N., Théories du complot. On nous cache tout, on nous dit rien,
Ed. First, 2012.
CIALDINI R. Influence: science and practice, 5ème edition, Allyn & Bacon, 2008.
ERIKSON E., Identity Youth and Crisis, Norton & Company, 1968.
JOULE R.V. et BEAUVOIS J.L. Petit traité de manipulation à l’usage des honnête gens,
Grenoble. Presses universitaires de Grenoble, 1987.
TAP P., Identités, soi et adaptation. Séminaire Mai 2012, Université de ParisIII.