© AFNOR 2014
Couverture : création AFNOR Éditions – Crédit photo © 2014 Fotolia
ISBN 978-2-12-465432-1
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages
publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une
contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du
copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les analyses et courtes citations
justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (loi
du 1er juillet 1992, art. L 122-4 et L 122-5, et Code pénal, art. 425).
AFNOR – 11, rue Francis de Pressensé, 93571 La Plaine Saint-Denis Cedex
Tél. : + 33 (0) 1 41 62 80 00 – www.afnor.org/editions
Sommaire
Préface................................................................................................... IX
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable........... XIII
Partie I
Prendre en compte les enjeux
1 Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs....................... 3
1.1 Comment se poser les « bonnes » questions ?.............................. 4
1.2 Les lignes d’action sont-elles universelles ?................................... 26
1.3 Comment prendre en compte ces finalités ?.................................. 59
Partie II
La confrontation des enjeux aux pratiques
2 Le contexte territorial, humain et institutionnel
de la commune de Petit-Bourg........................................................... 109
2.1 L’attractivité...................................................................................... 110
2.2 Les thèmes à aborder..................................................................... 117
2.3 Les 20 ambitions de l’écoquartier................................................... 126
2.4 Contenu du projet............................................................................ 181
Partie III
L’évaluation et les études complémentaires
3 L’évaluation, un processus en continu....................................... 193
3.1 Les principes de l’évaluation........................................................... 193
3.2 L’évaluation « développement durable » du site.............................. 208
Bâtiments et aménagement durable
Partie IV
Les notions à approfondir
5 Les externalités qui s’imposent.................................................. 333
5.1 Quel bien-être dans les écoquartiers ?........................................... 333
5.2 Les territoires étudiés...................................................................... 339
5.3 Qu’en pensent les habitants ?......................................................... 386
5.4 Comment se sont exprimés les habitants des écoquartiers........... 408
5.5 La segmentation du territoire : un coût aberrant pour la société.... 430
6 Et maintenant, comment agir ?
Comment faire la ville « smart » ?.............................................. 443
6.1 Planifier, Développer, Contrôler et Améliorer.................................. 444
6.2 Économie plurielle........................................................................... 448
6.3 Réseaux, Transports, connectivité et échanges............................. 457
6.4 Formation, éducation et compétences............................................ 458
6.5 Culture............................................................................................. 460
6.6 Cadre de vie.................................................................................... 461
VI
Sommaire
VII
Préface
X
Préface
XI
Introduction
Du bâtiment HQE®
à l’aménagement durable
Jared Diamond, Effondrement – Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur
survie, Gallimard Essais 2009, titre en anglais « Collapse »
3 La succession des textes montre combien la philosophie réglementaire était peu stable et a
contribué à rendre le critère énergétique – applicable aux seuls bâtiments neufs – étalon d’une
démarche environnementale, ce qui est loin d’être notre approche, avant tout, multicritère.
4 J’ai eu l’occasion de faire le premier « Plan communal environnement » à Niort, ancêtre des
Agendas 21 des villes. Comme souvent, le réel objectif ne résidait pas dans un plan plus
ou moins vert mais bien de fournir des arguments relatifs à un tracé d’autoroute. À cette
occasion, j’ai découvert que le dynamisme de la ville, bien connue pour ses mutuelles, tenait
aux vertus de la solidarité des « Jean sans terre », cultivant quelques arpents de terres
inondables et marécageuses dans le Marais poitevin. La solidarité était nécessaire car ne
pouvant prétendre à la propriété terrienne, fondement du capitalisme du XIXe, ils ont su
mettre en œuvre des valeurs collectives de survie.
5 Selon une étude Ipsos de décembre 2010, si 48 % des Français ont une vision positive de
la ville, 25 % expriment un sentiment de répulsion ou de lassitude à l’égard de la ville et
52 % des habitants des communes rurales ont une vision négative (Ipsos : « Les Français
et la ville de demain » par Anne Sophie Vautrey, chargée d’études senior).
XIV
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
XV
Bâtiments et aménagement durable
terme – juste avant les dernières présidentielles. Le cahier des charges prévoyait
une anticipation 2020, alors que pour le bâtiment, la jauge est à minimal de
50 ans et que j’ai difficilement obtenu des extrapolations pour 2050. Le travail
fait par l’administration était sérieux et fournissait des données qui permettaient
de voir comment réduire la dépendance énergétique à l’égard des énergies
fossiles mais également des énergies nucléaires. Hélas, les plans climat ont
abouti à des demi-mesures pour limiter les investissements de réparation des
bâtiments scolaires mais également des salles multifonctions décidées sans
concertation avec les autres communes.
Il est aisé d’imaginer la frustration des experts, des spécialistes ou encore des
élus qui voient leurs projets réduits, dénigrés, voire émasculés par un mélange
de peur des opposants les plus volubiles, par un électorat de plus en plus
vieillissant et qui visent, en tant qu’avenir radieux, une vie de rentiers ou bien de
golden boys (ou girls) pour leurs enfants6 faite d’argent facile, clinquant, tout en
relayant une communication faite de provocations faciles, voire malhonnêtes,
pour ne rien faire, ne rien changer.
Parfois, nous avons l’impression, renforcée par l’individualisme ambiant,
qu’il s’agit pour l’habitant de n’être qu’un usager par séquences successives
des différents espaces d’habitat, de transport, de consommation rapide ou
d’équipements, de loisirs et de détente, une petite frange ayant accès à la
culture, laquelle est digérée pour le plus grand nombre7.
Tout ceci n’est pas toujours faux mais ne correspond pas forcément à la réalité,
conçue par les planificateurs, voulue par les aménageurs, dessinée par les
architectes et les ingénieurs, acceptée par les élus et leurs services. Il manque
souvent une dimension dite « sociétale », c’est-à-dire la capacité que possède
un lieu, une ville à créer un lien entre les habitants et quelquefois, les visiteurs.
Cette magie se retrouve dans certaines villes comme le Paris artiste, le Berlin
« underground », le Rome au bien-vivre depuis l’Antiquité, le Lisbonne populaire
et multiculturel, le Londres audacieux mélangeant l’architecture et classique
6 Le travail récent des historiens sur la période faussement dite de la « Belle Époque » montre
des similitudes assez troublantes entre la période historique et celle de ce début du XXIe siècle
notamment par la fascination pour les riches clinquants et les rentiers en souhaitant que
la fin de la civilisation ne se produise pas sur les mêmes bases (Guerre mondiale, fin des
empires, crise de 1929, etc.) ce qui n’annonce que des cataclysmes. Les leçons de l’Histoire
n’ont jamais servi pour éviter les catastrophes et de nombreux politiques devraient craindre
d’être pris pour des Daladier ou des Chamberlain au retour de Munich (1938).
7 Un universitaire, dont je n’ai pas retenu le nom, s’étonnait qu’il soit possible que des cadres
supérieurs regardent de la téléréalité et que des ouvriers aillent à l’opéra. Il ignorait sans doute
l’inculture développée par une éducation de « bêtes à concours, notamment scientifiques »
qui génère des cadres ignorants et que les associations proches du parti communiste ou du
parti socialiste ont su ouvrir à la culture des générations de personnes des milieux populaires.
XVI
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
avec des visions futuristes de gratte-ciel posés dans des quartiers sans attrait,
le « Village » de New York et ses expériences de vie communautaire. Tout
projet urbain a l’ambition naturelle de développer une telle vision immatérielle,
culturelle, nombreux sont les architectes ou les designers qui aimeraient avoir
cette signature.
Au travers de notre expérience, les projets sont souvent lancés sur des objectifs
ambitieux, des visions élargies, des anticipations pertinentes, puis de retraits
en retraits pour des motifs politiques, financiers mais également des motifs
de compétences limitées des intervenants, le projet devient une addition de
petites mesures mal faites.
Il ne répond pas aux utilisateurs souvent oubliés, ne satisfait pas les profes
sionnels, est cédé aux futurs habitants sur plan ou à une maîtrise d’ouvrage
de gestion sans qu’ils puissent disposer de tout l’historique, faisant naître un
mal-être qui n’a pas été anticipé.
Il en résulte souvent un début d’ensemble de bâtiments sans cohérence, des
espaces publics qui pourraient être des lieux ouverts mais qui deviennent des
lieux sans âme, une addition de projets sans coordination, inscrivant dans un
lieu une spécialisation qui n’était pas écrite au départ : lieu de sièges sociaux
pour un usage hebdomadaire en jours ouvrés, parkings de centres commerciaux
de jour et lieux de rodéo parfois ou, le plus souvent, déserts urbains la nuit.
Comme pour le bâtiment, l’aménagement répond à la logique de l’usage. Le
bâtiment se caractérise aisément en fonction des pratiques envisagées et des
besoins à résoudre (logements, bureaux, enseignement, commerces, etc.). Au
début de la démarche HQE®, des passerelles intelligentes ont été mises en
place (par exemple au lycée de Caudry) afin d’adapter le bâtiment à l’évolution
des besoins de la population (logements sociaux). Je ne suis pas sûr que le
temps ayant passé cette solution innovante ait été mise en œuvre.
L’usage d’une ville, d’un quartier se définit par la disponibilité à une échelle
humaine accessible de moyens nécessaires pour vivre ensemble. Les lieux
« magiques » précédemment cités sont un ensemble de moyens, mis bout à
bout qui crée les conditions de l’usage optimisé de ceux-ci.
Tout au long des travaux sur la démarche HQE® et du bâtiment durable8, c’est-à-
dire les démarches collectives dans lesquelles les différentes parties prenantes
étaient plus ou moins bien représentées, la notion d’aménagement durable était
8 J’ai déposé la marque « bâtiment durable ® » auprès de l’INPI, pour protéger mon travail
approfondi sur les évaluations environnementales et sociétales des bâtiments (incluant la
notion culturelle souvent mal prise en compte). L’évaluation a été mise en œuvre notamment
pour le bâtiment GAMBA, bâtiment à énergie positive à Toulouse.
XVII
Bâtiments et aménagement durable
9 Initiative issue du CSTB, lequel n’est pas à une partie de billard à plusieurs bandes de plus,
et qui a quelques succès auprès des collectivités locales.
XVIII
Introduction Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
XIX
Bâtiments et aménagement durable
C’est un fait qui doit guider nos raisonnements. L’écoquartier est un mot facile,
qui regroupe des concepts variés que nous trouverons au fur et à mesure de
l’avancement de cet ouvrage. Nous en tirons trois conséquences essentielles :
►► La prise en compte du bien commun ne peut pas se limiter à un territoire
car l’attractivité, qui s’opère du fait des actions du développement durable
ou encore des activités sociales…, a des conséquences bien au-delà du
cadre de la commune, de la communauté urbaine voire du land concerné.
Le schéma de production d’un objet ou d’un bâtiment montre que les sources
sont variées et les incidences multiples. Il en résulte que l’organisation
administrative ne parvient pas à représenter les enjeux globaux auxquels
elle est confrontée tant pour ses habitants que pour les personnes qui
cherchent à l’intégrer ou à y apporter leurs spécificités (migrants, réfugiés,
mais également étudiants, artistes, etc.).
►► Le travail accompli, les équipements mis en œuvre, les services offerts se
réalisent au bénéfice des êtres humains en premier lieu, influencés par les
équipements ou leur absence. L’effet positif ou négatif sur l’environnement,
la biodiversité, les ressources sont des effets indirects, collatéraux pour
employer les termes militaires. Cela s’explique par l’évolution progressive
du chasseur-cueilleur vers l’agric ulteur qui cherchait constamment de
nouveaux territoires puis de l’exploitant de mines, pour lequel la ressource
n’est pas illimitée. Le territoire n’est qu’un support physique et l’aménagement
durable n’existe qu’à la condition de pouvoir être en lien, en relation avec
les autres territoires. La dimension physique s’efface de plus en plus devant
la dimension virtuelle. Les êtres humains sont au cœur de l’aménagement
durable et le bien-vivre est le résultat recherché.
►► La prise en compte des enjeux du climat mais également la définition des
conditions de vie, de logement, de travail, d’accès à l’éducation et à la culture
deviennent des thématiques, des axes fondamentaux d’une ville durable.
Pour paraphraser une phrase célèbre « la ville sera durable ou ne sera
pas », car la rupture du lien social, le désespoir résultant d’une absence
d’avenir11, la constitution d’une ville à deux vitesses – pour bobos cultivés
et pour pauvres dépendant d’une aide précaire – contiennent en substance
des réactions violentes dont on peut percevoir le signe dans les suicides au
sein des grandes entreprises. Le déclencheur peut être collectif et conduire
à un raz de marée de violence.
11 Je pense à une de mes amies allemande, qui s’est aperçue, après une thèse (sur l’apprentissage
en jardinerie), un cursus remarquable et une mention « excellent », que la France ne prévoyait
pas d’issue favorable à son désir de transmettre son savoir. Elle a dû se replier en Allemagne
laissant sa famille en France.
XX
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
Le parti pris de cet ouvrage ne va pas dans le sens de l’optimisation des territoires,
cette optimisation n’est effective que lorsqu’ils arrivent à :
►► Satisfaire les besoins élémentaires des « communities » qui y ont élu domicile
(accès à l’eau, la nourriture, au logement).
►► Rendre possibles les relations avec les autres centres d’intérêt humains.
►► Gérer les ressources au profit du plus grand nombre en évitant les spoliations
au profit de quelques-uns (les roses cultivées en Éthiopie, par exemple,
privent les agriculteurs de terres fertiles)12.
Les communautés peuvent exister et chacun possède, au moins dans notre
société, le droit de rejoindre qui une église, qui une mosquée, qui un temple,
qui une synagogue à la condition que ce lien soit personnel, individuel et privé.
Un autre fait est à prendre en compte, les flux financiers investis dans les
aménagements extérieurs ne dépassent pas 20 % du coût global d’investissement
sur la parcelle en termes de travaux à l’échelle de la collectivité. C’est pour cette
raison que l’approche française s’est intéressée en premier aux « quartiers
d’affaires », visant à promouvoir les quelques quartiers qui ont émergé (la
Défense, Euralille), susceptibles de rivaliser avec les millions de mètres carrés
américains et canadiens13.
Le coût des travaux est le point d’appui des études préalables et des éléments
de conception grâce auquel il s’agit de dégager les enjeux et de mettre en place
les solutions les plus pertinentes. Il est important de souligner la tendance
récente d’un effacement du prix des études, c’est-à-dire une diminution du
temps passé sur la conception des projets d’aménagement, sauf à considérer
que les prix constatés (1 à 2 % alors que la norme internationale est plus proche
de 10 à 15 %, voire 24 % pour les stars du système14) sont jugés suffisants
pour maintenir une intelligence peu valorisée et certainement non durable sur
les projets.
12 Les fermes hollandaises ou chinoises en Afrique préfigurent des conflits d’intérêts entre les
besoins locaux et l’exportation alimentaire ou agricole, qui peuvent dessiner des risques de
conflits de dimension régionale.
13 À Melbourne en 2008, lors du World Green Building Forum, j’étais assis durant le dîner de
gala aux côtés d’un architecte canadien qui présentait un ensemble de 1 000 000 m2 de
bureaux en LEED alors que ma présentation concernait modestement 3 000 m2. Il est facile
de constater que nous ne jouons pas dans la même cour.
14 Le Code des marchés publics révèle ses limites, obsolète sur le plan technique puisqu’il
n’impose pas des métiers qui seraient indispensables tels que les acousticiens, les ergonomes,
les environnementalistes, voire les électrotechniciens pour la programmation des automates.
De plus, il est incapable de respecter une des conditions de son application : le juste prix
pour la meilleure prestation. Les Canadiens mieux organisés ont établi un barème pour des
professionnels reconnus par des systèmes transparents. Son maintien est une prime à la
médiocrité voire à l’achat imbécile quand il n’est pas utilisé pour des pratiques mafieuses
(cf. l’article de Mediapart cité sur l’affaire Guerini).
XXI
Bâtiments et aménagement durable
Le baron orientait son action vers l’usage de la ville, grâce à l’appui des frères
Pereire. Il avait également inventé la notion de dépenses productives (on dirait
aujourd’hui des dépenses d’investissement) dans le cadre du génie urbain.
L’aménagement urbain n’a pu être réalisé qu’à partir du moment où la volonté
politique a été forte, les orientations de Napoléon III étaient de relier entre
elles les gares parisiennes.
Les immeubles haussmanniens ne sont que des façades préétablies selon les
orientations d’Haussmann qui n’exige qu’une différence de niveau des balcons,
pour ne pas créer l’uniformité qu’il a constatée à Londres.
Haussmann avait déterminé que les services privés représentés par la Générale
des eaux (naissante) devaient avoir un rôle d’alimentation de chaque foyer et
non de services intégrés, comme cela se constate aujourd’hui.
Cette vision a été abandonnée dans les années 1980, lorsque les sirènes du
privé ont vidé de leurs missions les corps d’ingénieurs qui se sont mis à faire
de la finance puis de l’informatique, tendance qui semble s’estomper.
XXII
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
Il ne faut pas oublier que l’aménagement a pour objet d’établir la relation entre
les espaces publics16, gérés par les collectivités territoriales, et l’espace privé
qui est celui du bâtiment. Cette notion différencie l’approche européenne de
celle des « communities », lesquelles ont un droit sur l’espace public, quitte à
le privatiser ou à n’abandonner au secteur public que les laissés-pour-compte
ou les exclus du système.
Par exemple, Christian de Portzamparc confirmait que dans le cadre de la
réalisation d’un quartier urbain dense sur la 60e rue de New York, il avait affaire
à un « community board » dont les membres, représentants du quartier, avaient
des compétences de niveau d’expert, partagées dans les domaines des déchets,
des transports publics et de la pollution de l’air. Cette notion de « community »
suppose une communauté d’intérêts. Dans notre vision française, la communauté
d’intérêts suppose souvent l’unanimité alors que, dans une société démocratique,
c’est la loi de la majorité qui s’applique. L’adhésion à la « community » suppose
d’accepter cette règle fondamentale, c’est pour cela que les « communities » sont
souvent des regroupements fondés sur la religion, la langue, le pays d’origine.
Le terme communautaire a un sens trop péjoratif en France pour pouvoir être
utilisé par équivalence.
L’espace public ne peut être durable que si les enjeux sont pris en compte,
si les thématiques sont bien développées et évaluées périodiquement, si les
principes et les bonnes pratiques que nous allons décrire sont mis en place.
La frontière entre espace public et espace privé détermine les espaces communs,
accessibles à tous et ceux qui sont privatifs. Cette distinction a des conséquences
pratiques sur la gestion de la sécurité, celle des déchets et de la propreté, voire
des espaces verts par la puissance publique. Ce bien public, bien commun est
souvent considéré comme n’appartenant à personne voire est approprié pour
devenir une zone de non-droits, c’est-à-dire une zone sur laquelle la puissance
publique n’exerce plus sa tutelle, qu’il s’agisse d’une organisation parallèle de type
mafieux ou bien de l’appropriation par des intérêts privés de bien commun. Dans
le cadre des deux privations, mafieuse ou privée, le bien commun est soustrait
créant une perte d’aménité17 ou de jouissance de biens immatériels gratuits. La
puissance publique devrait garantir l’accès à ce bien public, gratuit et offert à tous.
16 Nous considérerons l’espace public, quelles que soient les formes de gestion mises en place,
comme étant celui qui permet d’accéder depuis la cellule familiale aux services proposés,
privés ou publics. Dans ce sens, internet est un espace public même si le débat juridique
n’est pas clos. L’espace public est avant tout un vecteur d’accès ou de transmission.
17 C’est grâce à Brice Lalonde que j’ai pu créer en 1986, la notion de préjudice d’aménité à
l’occasion de l’évaluation de la pollution du Rhin et qui a eu un succès certain puisque reprise
par le juge de New York dans l’affaire Exxon Valdez. Il s’agit de l’appréciation de la perte d’un
bien immatériel irremplaçable par un système de compensation et de création de valeur.
XXIII
Bâtiments et aménagement durable
Cet espace public est un lieu de rencontres et de bien-être qui doit pouvoir
contribuer aux bâtiments et par lui-même, fournit une valeur à la qualité urbaine
de l’ensemble. Loin des visions des promoteurs de non-qualité qui vendent
de la « vue sur mer – ou vue sur la place de la Concorde », c’est-à-dire du
fantasme, nous pensons qu’il est possible que l’aménagement durable se fasse
avec les bâtiments et non contre eux.
L’objectif de cet ouvrage, en continuité avec l’ouvrage Bâtiment HQE ® et
développement durable18, est de montrer comment faire le lien entre la mise en
œuvre de l’approche de développement durable du bâtiment et le quartier voire la
ville mais également entre ville et bâtiment, sans perdre de vue l’opérationnalité
des méthodes que nous présentons. Nous souhaitons conduire le lecteur de
l’identification des enjeux à la définition des termes de progrès et lui donner les
clés pour y parvenir.
Nous aborderons, dans une première partie, les enjeux de l’aménagement durable
en liaison avec le bâtiment. En effet, il ne s’agit pas de concevoir un ensemble
sans déterminer les éléments à prendre en compte ni dessiner les objectifs qui
font consensus. Pour cela, nous nous appuierons sur le travail réalisé dans
le cadre de la commission AFNOR « Écoquartiers » qui a permis de dégager
les éléments synthétiques forts de l’approche de l’aménagement durable. Les
enjeux fournissent deux niveaux de lecture d’un projet :
►► Un niveau d’objectifs qui fonde le contrat commun, lequel doit pouvoir être
élaboré avec les outils de concertation malheureusement souvent absents
dans les projets.
►► Un niveau d’indicateurs qui permet de mesurer les progrès. L’expérience
de l’Île-de-France montre que l’on peut conduire une approche qui mesure
sur le temps les progrès.
Nous développerons, dans une deuxième partie, une expérience vécue
sur différents projets d’écoquartiers en reprenant des éléments de phases
indispensables pour construire la démarche et en rechercher les points
d’optimisation. Puis, nous développerons dans une troisième partie les fiches
d’actions autour des thèmes qui avaient été exigés dans le cadre de l’appel
à projets du MEDDLT en 2012. Enfin dans une approche prospective, nous
aborderons les thèmes de l’évolution de l’habitat urbain en nous inspirant d’une
étude conduite sur ce thème pour des sociétés publiques locales d’aménagement
(SPLA) du Grand Ouest19.
18 Jean Hetzel, Bâtiments HQE ® et développement durable – Dans la perspective du Grenelle
de l’environnement, op. cit.
19 Nantes Métropole Aménagement, Territoires (à Rennes), Angers Métropole Aménagement et
Brest Métropole Aménagement.
XXIV
Partie I
Prendre en compte les enjeux
1
Les enjeux, les lignes d’action
et les indicateurs
20 Commission animé par Jean-Michel Vincent qui, en toute bonne foi, pensait en faire un outil
de recherche et développement institutionnel pour la ville durable. Abandonné par le ministère,
qui retenait son souffle pour savoir qui serait le nouveau président, lâché par les ex-directions
de l’Équipement, le texte – dont il a animé de façon prospective les débats – a été déclassé
en tant que fascicule de documentation. C’est en hommage à son travail et à l’équipe, que j’en
reprends les principes et les grandes lignes.
21 FD P 99-801 Cadre stratégique outillé à l’intention des élus, des habitants et des entreprises
des territoires pour penser globalement le développement durable et agir localement de
février 2013.
22 CICF est une institution centenaire (créée en 1912) qui regroupe des syndicats d’ingénieurs-
conseils. Devenue un regroupement des syndicats de l’ingénierie, du conseil et du numérique,
elle est signataire au côté de SYNTEC de la convention collective de la branche et participe aux
différentes instances paritaires.
Bâtiments et aménagement durable
23 L’intérêt d’un tel choix permet de se libérer des contraintes trop hexagonales et d’introduire
des considérations relatives aux exigences liées aux îles, mais également d’aborder des
approches plus internationales telles que celles des relations Nord-Sud, du développement
des pays émergents, de l’absence de production nucléaire, locale, etc.
4
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
5
Bâtiments et aménagement durable
6
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
par les fonds de pension conduit au constat similaire : une société qui ne
régénère pas son tissu productif pour la couverture des besoins essentiels
est appelée à disparaître. Le hasard a voulu que j’entende Bernard Friot
auteur de L’enjeu des retraites 26, dont l’analyse économique allait bien au-
delà de cette problématique. En analysant la répartition économique sur de
longues périodes de la production intérieure, du travail, de la rémunération
du capital, il démontrait de nombreuses idées fausses comme celle de la
surcharge insupportable des non-actifs sur les actifs, en s’appuyant sur les
chiffres de productivité acquise dans la même période.
►► Erronée car elle oublie les termes de l’échange qui l’ont précédé : Qui a
fabriqué le produit ? Et à quel prix ? Comment a-t-il été mis à disposition ?
Malheureusement, les raisonnements en vase clos sont une pratique
courante : les bilans carbone mis en avant par les collectivités et quelques
industriels sous l’égide de l’ADEME, ne prennent pas en compte l’effet des
importations soit environ 40 % de la valeur de produit. Si nous voulions avoir
une action locale dont le poids ne serait que local, nous serions obligés de
la limiter dans son périmètre ou bien d’en occulter les termes d’échange
et de transférer vers d’autres collectivités les effets les plus néfastes. Pour
cette raison, les approches en analyse de cycle de vie – à condition que les
données soient conformes au consensus scientifique international – restent
les seules approches admissibles.
Le texte de la commission AFNOR Écoquartiers évoque la responsabilité
individuelle de chaque décideur, y compris au niveau de la famille, sous la belle
expression de « deux milliards de décideurs ». Cette notion de responsabilité
n’est pas la seule notion à aborder au niveau de l’action locale. En centrant la
ligne directrice sur la responsabilité individuelle, les rédacteurs insistent sur un
aspect important du développement durable, qui se veut mobilisateur tout en
employant une formule de culpabilisation.
Suis-je responsable de toutes mes actions ? Oui, répond l’observateur extérieur ;
non, répond le salarié qui identifie toute la chaîne de dépendance dans laquelle
il se situe et qui limite ses capacités à bien faire. Oui, mais alors, dois-je
abandonner cette chaîne et ne plus être tributaire de ces liens, du responsable
du bureau d’ingénierie ?
De plus, cette vision est peu représentative des enjeux actuels et malthusienne :
Puis-je dire que j’agis localement, à partir du moment où j’interviens sur la base
d’un réseau national voire international ? Mon action est-elle uniquement locale,
dès lors que l’expertise sur laquelle je développe mes actions (laquelle est avant
7
Bâtiments et aménagement durable
27 Cité par Alain Bornarel (du bureau d’études TRIBU) dans le cadre de l’université de l’EIVP.
28 J’ai choisi United Donations, organisme réalisant du financement participatif. Le don est
réparti sur un (ou plusieurs) projet(s) pour éviter les machines marketing du type Yann Arthus-
Bertrand (voir sur www.uniteddonations.co).
8
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
29 De mon point de vue, les termes management, gouvernance, gestion recouvrent tous les
mêmes dimensions qui supposent de clarifier, les modes d’organisation, de les enrichir par
la mise en œuvre du PDCA – Planifier, Développer Contrôler et Améliorer des systèmes.
30 Dans l’ouvrage La réparation des dommages catastrophiques – Les risques technologiques
en droit international et en droit communautaire, aux Éditions Émile Bruylant, faculté de droit
de l’université de Louvain,1992.
31 Le syndicat CINOV-TEN regroupe de belles compétences à connaître avec des spécialistes
de l’arbre, des plantes mais également des grenouilles.et autres éléments de la vie naturelle.
9
Bâtiments et aménagement durable
Dans les trois cas, nous avons des termes d’échange clairs et précis.
Lors des quelques expérimentations qui ont été conduites, il s’est avéré que cela
suppose :
►► D’avoir un dossier fortement documenté, y compris sur les postes d’auto
risation administrative (Installations classées au titre de la protection de
l’environnement ou ICPE).
10
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
11
Bâtiments et aménagement durable
Cette tendance est renforcée par les investisseurs, sauf en milieu fortement
urbain – Paris, les grandes métropoles – qui préfèrent développer des zones
spécialisées.
Lorsque l’on évoque la mixité des usages, les professionnels répondent qu’ils
ne trouveront jamais preneurs pour un immeuble étroitement identifié à des
logements, surtout si ceux-ci sont des logements sociaux.
Le cas récurrent dans les colloques de l’acheteur potentiel d’une tour qui se fait
voler son téléphone portable après l’avoir visitée est une caricature bien utile pour :
►► Stigmatiser certains territoires et certains lieux.
►► Renforcer la spécialisation des territoires.
►► Créer des lieux de non-droits et les renforcer.
Le même vol aurait pu avoir lieu aux Champs-Élysées et la victime, une fois
remise, aurait fait ses affaires sans état d’âme.
La réalité décrite par cette anecdote correspond à une spécialité des métiers.
Les locataires des logements sociaux sont considérés, par les spécialistes de
l’immobilier de bureaux qui ne les connaissent pas comme étant des inactifs,
comme potentiellement dangereux. Il y a de fortes chances que les travailleurs
de l’ombre, les agents de maintenance soient lesdits locataires ainsi caricaturés.
Le bâtiment doit être en interaction avec son milieu et ne pas être une verrue
dans son environnement.
Longtemps le Sheraton à Rio, construit à proximité de trois favelas, a fait l’objet
d’attaques régulières. Cette situation est née lors des dictatures militaires qui
soumettaient la population à un paupérisme systématique et avaient pour soutiens
et principaux bénéficiaires les grands propriétaires qui gagnaient des espaces
en Amazonie et les industriels européens qui disposaient d’une main-d’œuvre
à bas coût (tous les constructeurs automobiles étaient présents et pourtant les
routes étaient peu entretenues et souvent défoncées). L’accès à la démocratie
et à une politique d’éducation qui a pris une génération à se mettre en place ont
conduit les favelas à se moderniser. Depuis, l’accès des favelas à l’électricité
et à l’eau, l’amélioration de la situation économique au Brésil et des mesures
minimales de sécurité ont rendu plus rares de telles pratiques34.
Le débat sur la mixité des espaces montre que la référence intellectuelle des
décideurs va à l’encontre des notions de circuits courts. Si l’on reste attentif
aux sirènes des commerciaux, il est urgent de ne rien changer.
34 J’ai voyagé au Brésil, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Malaisie, aux États-Unis toujours
seul mais avec une vision claire des règles de sécurité, je n’ai jamais eu de problème, ayant
eu la chance et la prévoyance d’éviter les endroits potentiellement dangereux.
12
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
D’une part ils vendent aux élus un petit bout de quartier, un centre-ville et d’autre
part ils savent que les investisseurs n’aiment pas le mélange des genres, susceptible
à leurs yeux de faire perdre de la valeur à leur immeuble.
Il en résulte que la vision de mixité ne peut pas être portée par le marché mais
doit résulter d’une véritable volonté politique, et donc être une vision tout à la
fois prospective, volontaire et partagée. Le changement pourrait intervenir si l’on
faisait supposer, aux zones spécialisées, le coût des externalités : le coût des
infrastructures de transport et des fluides mais également ceux de la sécurité
publique et les accès à des services publics.
Dans la logique actuelle, le prix de cession des droits à construire correspond
aux coûts des externalités. Très souvent, ce coût comprend les infrastructures
indispensables – accès, mise à disposition des fluides, éventuellement trans
ports. La négociation usuelle est conduite dans les communes, sans pression,
en transférant au demandeur le coût des externalités, faite à moindre coût. Cela
explique le mitage des territoires avec des lotissements sans service public et
sans âme au titre d’un accès à l’espace, voire à la campagne.
Les coûts réels pour la collectivité – lesquels s’évaluent sur le cycle de vie de
présence des habitants – ne sont jamais compensés par les taxes d’habitation,
d’autant plus que 80 % de la population française relève des critères des
logements sociaux35.
Sur un plan strictement économique, ce droit à construire a plus d’un effet
pervers. Nous considérons depuis longtemps que la transformation des terres
agricoles en terres constructibles a constitué la 3e révolution capitalistique
française, la première ayant eu lieu lors de l’indemnisation des biens nationaux,
la seconde résultant des guerres coloniales avec son excroissance moderne,
la « Françafrique ». Si les deux premières ont permis de constituer une haute
bourgeoisie d’investisseurs, prenant des positions importantes dans les
infrastructures, les mines, les entreprises, la troisième est constituée de rentiers
qui n’ont investi que dans la pierre spéculative. Le droit à construire a perdu
son sens de prise en charge par le promoteur des externalités nécessaires à
la vie de son bâtiment pour celui de droit à faire en optimisant les marges, en
essayant de vendre sur plan des fantasmes de rente.
Un petit calcul en coût global montre que l’investissement dans la pierre à
court terme (en moyenne 8 à 9 ans) n’est rentable que pour le banquier qui le
finance et les intermédiaires, qui s’appuient sur la pénurie pour faire monter
les enchères.
35 Chiffres confirmés par l’étude de l’habitat urbain que nous développerons dans cet ouvrage
et à l’université d’été de l’EIVP de septembre 2013.
13
Bâtiments et aménagement durable
14
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
36 Même s’ils bénéficient du label écoquartier, les dimensions durable et sociale en sont
particulièrement absentes.
15
Bâtiments et aménagement durable
Le raisonnement doit être conduit avec une vision neutre en pesant les avantages
et les inconvénients de chaque solution. Trop de solutions ne sont envisagées
ou abandonnées qu’à la vue des contraintes externes : une opposition, une
réglementation qui semble peu favorable. En matière d’aménagement durable,
les moyens pour rendre attractif le secteur ou la ville sont soumis à la réussite
du projet. Le promoteur veut avoir vendu son produit, la ville attend les habitants
pour mesurer le nombre d’enfants à accueillir dans les écoles, les commerçants
ne s’installeront que si les habitants sont installés.
Toute initiative pour sortir de ces schémas se heurte à des actions et des inter
ventions fortes des lobbys, lesquels essaient de protéger une situation acquise,
ne représentant parfois que quelques personnes.
Il faut avoir parcouru, comme je l’ai fait, les zones nouvellement aménagées, les
quartiers (écoquartiers ou non) pour s’apercevoir que les cages préfabriquées,
qui attendent les habitants, ne prévoient pas de commerces de proximité ou que
ceux-ci seront fermés avant l’achèvement de la 4e tranche, constamment reportée.
La meilleure image qui permet de traduire la notion d’action locale est celle de
la toile d’araignée. Une araignée prend au moins appui sur deux points et si
possible opposés. À partir de ces deux points, elle tisse un espace de plus en
plus large, tout en utilisant un point central qui pourrait être son nid. La seule
condition nécessaire de l’installation de la toile est d’être un point de passage
pour les insectes qui viendront se faire piéger. Tout aménagement devrait avoir
le bon sens de réfléchir à ses points d’appui.
Pour le cas de Petit-Bourg que nous présenterons dans cet ouvrage, chaque
action suppose une dimension spécifique à prendre en compte :
►► Le transport public, lequel est né d’un consensus local. Les transports publics
ont été dédiés à des compagnies privées, lesquelles ont un fonctionnement
aléatoire et dont la mise en œuvre d’un service public est très éloignée du
service au public. La dimension de l’île est aussi à prendre en compte.
►► A contrario, sur le plan alimentaire, la production locale fait partie d’un cir
cuit non marchand de marché local et ne rentre pas dans les statistiques
16
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
La ville de Saint-Ouen impose une charte aux promoteurs afin d’avoir des prix
acquéreurs37 à 4 100 € le m2, lesquels prix font l’objet d’une surveillance par un
observatoire de l’immobilier. À ce prix, le projet bien maîtrisé est le projet du
promoteur le plus rentable de la région parisienne. Montreuil avait obtenu une
maîtrise identique tant que la politique de la ville était forte avant de constater
une hausse de 20 % lorsque la majorité autour de Dominique Voinet s’est
éparpillée. Dans le même temps, Boulogne-Billancourt offre des appartements
à 8 125 € le m2. Les deux situations, Saint-Ouen et Boulogne-Billancourt,
s’appuient sur une relation géographique assez semblable par rapport au
centre de Paris, ce qui ne justifie pas des prix du simple au double. Il faut avoir
essayé d’atteindre des bureaux à la porte de Sèvres ou de Saint-Ouen, pour
37 Cité par Paul Planque, premier adjoint au maire de Saint-Ouen. Les prix ont été constatés
sur les offres internet des différents promoteurs pour des immeubles neufs ayant les mêmes
caractéristiques architecturales.
17
Bâtiments et aménagement durable
comprendre que les termes des échanges sont fortement identiques. La ville
de Saint-Ouen a géré son patrimoine foncier avec lucidité en s’appuyant sur
des outils de maîtrise du foncier, notamment le droit de préemption (voir l’article
bien documenté du 3 janvier 201238), ce qui déplaît fortement à une opposition
de droite, au titre de la défense des petits vendeurs39. La généralisation d’une
telle politique permettrait de faire disparaître certaines tendances spéculatives
dont l’immobilier s’est fait le champion.
18
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
« Agir local » nous semble être un concept trop évident pour être honnête.
L’expression d’une telle volonté semble vouloir créer une dynamique d’actions,
qui ne prend pas en compte la complexité.
►► Une acceptation des réussites et des échecs pour des motifs extérieurs à
sa propre action.
►► Une humilité à toute épreuve.
19
Bâtiments et aménagement durable
42 Maîtrise d’ouvrage : Direction des bâtiments de la ville d’Angers, Crespy Aumont architectes
et BET développement durable Johanson.
43 Cette compagnie de théâtre toulousaine à l’origine n’a pas trouvé auprès des autorités de
l’époque un accueil satisfaisant et a été accueillie à Nantes avec plaisir.
20
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
44 Alain Bornarel fait partie comme moi-même, des pionniers de la démarche HQE®, c’est-
à-dire, membre de l’ATEQUE, atelier du PUCA animé par Gilles Olive, vice-président de
l’ICEB, association des pionniers de la démarche HQE® et première structure adhérente
de l’association HQE® que j’avais créée.
21
Bâtiments et aménagement durable
22
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
ne sont pas réservées aux pays tempérés, mais les études notamment
allemandes montrent les performances de telles toitures en milieu tropical.
Dans ce cas, l’échelle à prendre en compte est celle de la trame verte de
proximité.
4. Contribuer à la réduction de l’effet d’îlot de chaleur, critère absent dans
les évaluations environnementales françaises et qui prend en compte le
réchauffement local urbain, résultant de la réflexion des chaussées, des
façades vitrées et des toitures. Cet effet d’îlot de chaleur est généralement
évalué au travers de l’indicateur « Solar Reflective Index » (SRI), qui prend
en compte la qualité de réfléchissement des rayons du soleil des différents
matériaux mis en œuvre.
La production des jardins en toiture est en soi sympathique et correspond à une
vision de verdissement de la ville. Toutefois, il faut être attentif à des facteurs
de risque à ne pas occulter :
►► Le premier facteur de risque est celui de la pollution de la ville, laquelle
est absorbée par les plantes. Soit les jardins de ville se contentent d’être
décoratifs et les plantes contribuent modestement à l’amélioration de la
qualité de l’air en ville, soit ils répondent à une nécessité sociale – comme
les jardins de Détroit – et le risque est fort que les aliments soient pollués.
►► Le second est de créer des espaces de culture sur des structures de bâtiment
non prévues pour cela. Les bâtiments modernes sont conçus dans une
vision d’optimisation des charges admissibles (par exemple 150 kg/m2) et
du surpoids lié à la terre nécessaire, l’eau apportée ou récupérée.
L’article « Jardins sur toit » paru sur le site AgricultureMontreal.com45 fait un point
précis sur cette pratique46 : « Les méthodes de jardinage sur toits peuvent se
résumer en deux grandes catégories. Les toits verts impliquent généralement la
culture de plantes couvre-sol vivaces. Les jardins sur toits qui consistent quant
à eux à cultiver des plantes comestibles ou ornementales en terre ou hors sol
sur une toiture. Dans les deux cas, les avantages sont multiples : captation des
eaux pluviales, réduction des îlots de chaleur, production alimentaire sur des
surfaces “perdues”, etc. Les toits verts peuvent même augmenter de manière
significative la durée de vie des toitures et l’efficacité énergétique du bâtiment !
Quelques précautions avant de commencer
Peu importe l’option choisie, il est important de consulter un expert (architecte
ou ingénieur en structure). Il vous assurera que votre toit peut assumer le poids
supplémentaire que lui impose votre jardin, que votre installation ne causera
45 http://agriculturemontreal.com/jardins-sur-toit.
46 Comme souvent nos amis québécois nous montrent la voie.
23
Bâtiments et aménagement durable
47 Depuis la petite façade du musée du quai Branly, les façades végétalisées se développent
sans disposer des moyens de Jean Nouvel, celle du quai Branly a été réalisée à 800 € le m2.
48 J’ai eu l’occasion de faire le seul bâtiment certifié avec 14 cibles en Très Performant, bâtiment
selon le référentiel NF Bâtiments tertiaires démarche HQE®, option commerce.
24
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
relation incestueuse avec l’État, lequel essaie de lui abandonner les charges
publiques tout en conservant les recettes. La suppression du département
aurait permis de créer des pôles d’aménagement ayant un sens.
En termes d’organisation du territoire, une dizaine de régions auraient un poids
économique suffisant pour créer les relations transversales indispensables
et la fluidité des relations, tout en respectant les particularismes physiques.
La notion de bassin-versant existe, en termes d’aménagement, du fait des
agences de bassin créées sous l’égide de François Valiron (ingénieur général
des Ponts et Chaussées) qui eut la vision géniale des agences de l’eau, même
si elles ont couvert la fluidité de la politique française49.
25
Bâtiments et aménagement durable
►► Il manquait une vision de management que l’on retrouve dans toutes les
approches internationalement reconnues50. Cette vision de management
aurait dû s’appuyer, autour d’un texte fondateur et librement débattu et
sur une structuration du type PDCA (Plan-Do-Check-Act pour Planifier,
Développer, Contrôler et Améliorer des actions à conduire).
La démarche stratégique outillée de la commission AFNOR Écoquartiers était
articulée autour de trois points clé :
►► Les enjeux du développement durable, exprimés par les questions précédentes
(Agir local ? Comment faire émerger les décisions locales ? À quelles échel
les du territoire ? Selon quelles méthodes ? Pour quels résultats attendus ?).
►► Des lignes d’actions en réponse aux enjeux.
►► Des indicateurs associés à chaque ligne d’action.
50 Contrairement à ce que les Français annoncent dans les colloques, les démarches en
développement durable sont toujours assorties de systèmes de management. Il n’existe
aucune prévalence dans cette approche pour qui que ce soit.
26
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
3. Décarboner le territoire.
4. Réduire la consommation énergétique des bâtiments.
5. Favoriser les mobilités douces et les transports en commun.
6. Assurer une densité humaine urbaine.
7. Favoriser une mixité fonctionnelle.
8. Assurer une mixité sociale.
9. Décarboner l’économie.
10. Privilégier les écomatériaux.
11. Optimiser la ressource et l’usage de l’eau.
12. Privilégier la boucle locale alimentaire.
13. Développer et favoriser la biodiversité.
14. Limiter l’exposition des populations aux risques et aux nuisances.
15. Développer le bien-être sur le territoire.
Cette approche est loin d’être unique. Dans le cadre de la commission de norma
lisation internationale ISO/TC 268 Aménagement durable, que préside mon ami
Jacques Lair, un important travail a été réalisé par les représentants AFNOR animé
par : Christian Bougeard (AIA studio environnement), Jean-Paul Lebas (Syntec),
Christophe Gobin (Vinci Construction), Jean Felix (FIDIC), Aurore Cambien et
Juliette Maitre (CEREMA) ainsi qu’Adrien Ponrouch (Certivéa).
Un premier travail de synthèse avait été fait par Jean-Paul Lebas et Christophe Gobin
comparant différents textes faisant référence en matière d’aménagement durable,
c’est-à-dire la charte d’Aalborg (Europe), label écoquartier (ministère Dévelop
pement durable, France), RFSC (Europe, villes durables), HQE Aménagement
(Certivéa, France) DGNB (Allemagne) Leed (USGBC, États-Unis) BREEAM
(BRE, Royaume-Uni) Casbee (Japon), référentiel évaluation Agenda 21 (ministère
Développement durable, France). Ce travail a été complété par le groupe de
travail français référent du WG1 de l’ISO/TC 268.
Toutes les démarches alignent des exigences ou lignes d’actions. Celles-ci
recouvrent des thématiques ou « issues » qui relèvent d’un chef de projet,
d’un directeur des services techniques selon le niveau et la complexité de
l’organisation de la communauté. Ces thématiques ou « issues » répondent à
des enjeux (ou des finalités) qui sont portés par les élus en fonction du contexte
de la collectivité.
Comme nous l’avons vu pour la commission AFNOR Écoquartiers, nous
avons une liste d’actions (15). La figure 1.1 présente le label « écoquartier » du
ministère du Développement durable pour lequel il s’agit de 20 lignes d’actions,
que nous retrouverons dans le cas pratique exposé.
27
Bâtiments et aménagement durable
Figure 1.1 Les relations entre les « issues » (« éléments » en traduction littérale)
de l’ISO/DIS 37120 Développement durable et résilience des collectivités – Indicateurs
pour les services urbains et la qualité de vie selon le GT français
28
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
29
Bâtiments et aménagement durable
5. Cadre de vie
6. Vivre ensemble
7. Santé
8. Biodiversité
9. Ressources naturelles
10. Énergie/climat
Les lignes d’actions – ce que je dois faire – sont reliées aux domaines d’actions
et il est aisé, pour chaque décideur (en fonction du nombre de lignes d’actions
regroupées, des domaines d’action préférés), de définir sa hiérarchisation
préférée en décrivant des dominantes qui lui appartiennent.
À titre d’exemple, la synthèse réalisée par le groupe AFNOR conduit à identifier :
►► Une vision ressources naturelles pour le label « écoquartier » lequel insiste
sur : les ressources naturelles (6 domaines d’actions) le cadre de vie (6), le
pilotage (4), l’économie plurielle (3), sur 20 lignes d’actions.
Issu du ministère du Développement durable, ce label exprime une vision
d’urbaniste réinsérant la nature dans la ville et la création d’une économie
circulaire – les déchets deviennent des produits pour d’autres industries –
par des circuits qui restent à installer.
►► Une vision de pilotage et d’économie. RFSC (Europe villes durables) a
choisi une hiérarchisation relative à l’économie plurielle (6), au pilotage (5),
au cadre de vie (4), aux ressources naturelles (3), sur 17 lignes d’actions et
montre le souci de l’économie, la survie des villes et des agglomérations
passant par un tissu d’activités suffisantes.
L’exigence d’un pilotage montre que malgré les effets de manches anti
normatives, les villes ont bien intégré la nécessité de mettre sur pied un
pilotage fort.
Nous verrons, qu’une des conclusions révélée par l’étude sur l’habitat
urbain, est le rôle essentiel que les communautés urbaines ont à jouer
pour l’aménagement durable.
►► Une vision des enjeux énergétiques. CASBEE (Japon) a fait le choix de
lignes d’action regroupées au travers des domaines d’énergie (12), de vivre
ensemble (7), d’économie plurielle (6), de pilotage (0), sur 37 lignes d’actions.
Le choix énergétique s’impose compte tenu de l’état de dépendance du
nucléaire et des importations du Japon.
►► Une approche équilibrée. La charte d’Aalborg (signée lors de la Conférence
européenne des villes durables de 1994) décrit des lignes d’action relatives
30
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
[énergie (3), ressources naturelles (3), pilotage (2), cadre de vie (2), santé
(2)] sur 10 lignes d’action Ce choix est tout à la fois équilibré et fortement
novateur puisqu’à l’époque peu de textes existaient sur ces éléments.
L’intérêt de cette présentation réside dans la liberté donnée aux maîtres d’ouvrage
de choisir leur référentiel :
►► Ilsréalisent une lecture itérative des 6 thématiques transversales et les 10
domaines d’action, selon les enjeux locaux et le cadre de référence qui
est le leur.
►► Ilschoisissent les lignes d’action qu’ils souhaitent développer, selon le
référentiel qu’ils souhaitent, puisant indifféremment dans un référentiel de
certification (LEED, BREEAM, HQE, CASBEE) ou dans un autre référentiel,
quitte à développer des lignes d’actions qui leur soient propres.
Les thématiques transversales de l’aménagement durable doivent être explicitées
car elles s’appuient sur des concepts en cours de développement.
En France, au niveau de l’État, la création du Centre d’études et d’expertise sur
les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) conduit
à s’interroger sur les deux niveaux :
►► un projet européen RFSC (Reference Framework for Sustainable Cities) et
un label « écoquartier » ;
►► mais également l’approche HQE défendue par le ministère du Commerce
extérieur.
On pouvait s’attendre à ce que l’on ait une vision unique, ce qui n’est pas envisagé.
Pour être opérationnelles, les thématiques transversales doivent être interrogées
dans le cadre d’une approche systémique.
31
Bâtiments et aménagement durable
32
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
33
Bâtiments et aménagement durable
34
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
35
Bâtiments et aménagement durable
36
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Elle peut également s’exprimer d’une façon négative par des phrases à l’emporte-
pièce du type : « Comment fait-on pour vivre dans un trou pareil ? Comment
supporter un tel bruit et une telle agitation ? »
La notion d’attractivité n’est utilisée, en aménagement, qu’en fonction des prix
et des marges qui en découlent. Des journaux se sont spécialisés sur le thème
de l’attractivité d’une ville quand les journaux de grand tirage n’en font pas
leurs marronniers56. Chaque année, des numéros sur les prix de l’immobilier
des différentes villes paraissent et notamment, de la part des hebdomadaires.
Ils essaient de mesurer l’attractivité en fonction des évolutions des prix. Nous
aurons l’occasion de montrer combien ces seuls facteurs sont insuffisants.
À titre d’exemple, la campagne de pub « effet Grand Ouest » a réussi au-delà
des espérances de ses promoteurs, faisant croire que Nantes était au bord
de la mer (chut ! les premières plages se situent à 40 km pour l’estuaire de la
Loire et à 70 km pour Pornichet).
Tous les exemples précédents conduisent à avoir une approche scientifique
ou pour le moins technique de l’attractivité. J’ai toujours été persuadé que l’on
traitait trop sous l’égide des mouvements architecturaux, le bâtiment et son
environnement comme un objet unique, essentiel. Cela peut éventuellement
se comprendre d’un ouvrage faisant l’objet de demandes de mécènes publics
ou privés. Le doute est permis lorsque l’on répète à l’infini des bâtiments sans
âme, tracés à la ligne par des architectes, importés57 de pays à faible coût.
À l’occasion de l’étude sur l’habitat urbain, j’ai eu l’occasion de découvrir une
typologie sociologique de l’université polytechnique de Lausanne relative aux
raisons qui expliquaient le comportement des habitants qui déménageaient.
Cette étude de grande échelle, éclairait les motifs qui font l’attractivité d’un
lieu ou d’un quartier voire d’une ville. Cette typologie permet de décrire les
composantes sociales d’une ville.
56 Terme utilisé en journalisme pour désigner un événement récurrent dont il faut parler, à
dates régulières comme la rentrée des classes, les soldes, les collections de mode d’été et
d’hiver. Il est intéressant de ressortir les articles d’une année sur l’autre, lesquels utilisent
les mêmes lieux communs.
57 J’ai eu la surprise lors d’une formation pour un grand cabinet d’architectes parisiens sur la
démarche HQE®, d’avoir en face de moi des architectes polonaises, tchèques et roumaines,
me demandant des connaissances pour comprendre la réglementation française.
37
Bâtiments et aménagement durable
En nous appuyant sur l’étude suisse58, nous utilisons les géotypes59 suivants :
1. Les primo-accédants60. Il s’agit des acquéreurs d’un logement qui ne sont
pas propriétaires de leur résidence principale depuis au moins deux ans et
qui peuvent bénéficier d’un prêt à taux zéro dans le cadre du plafonnement
de ressources. Ils forment les gros bataillons des écoquartiers. Ils veulent
un logement car ils ont élargi la famille – l’arrivée du second enfant – et
souhaitent avoir une surface plus importante. Le changement est souvent
plus subi que fortement volontaire. Nous étudierons leurs comportements
dans l’étude sur le bien-être. Ils sont souvent lourdement endettés et tout
accident de la vie (divorce, chômage, longue maladie) risque de les faire
passer dans la catégorie des familles monoparentales et souvent des
précaires énergétiques (contraints d’avoir deux voitures ou de dépendre
de transports publics rares). Ils choisissent une résidence à la mesure de
leur endettement maximum. Longtemps bénéficiaires pour l’achat neuf, ils
remplissent les lotissements uniformes des lointaines banlieues.
2. Les locataires sociaux. Il s’agit des locataires en résidence principale et
bénéficiant de logements aidés attribués sur la base d’un plafonnement de
ressources. Ces logements sociaux représentent en France environ 15 %
de l’offre des logements. En termes de ressources, 60 % de la population
française relève de cette catégorie et dans certaines villes (Angers par
exemple) ce taux monte à 80 %. Cela signifie que la majeure partie des
résidents soit subissent des loyers privés, d’autant plus insupportables que
les logements sont rares, soit se sont éloignés des centres pour avoir un
logement au niveau de leurs ressources.
3. Les étudiants et jeunes 20-29 ans. Il s’agit d’étudiants ou de jeunes actifs
de 20-29 ans susceptibles d’être logés en dehors de leur cercle familial.
Ils ont le besoin d’être logés en centre universitaire, d’autant plus que
l’augmentation du chômage a conduit les décideurs politiques à faire des
études, un substitut pratique et payé par les familles au chômage. Ils ont,
le plus souvent, l’obligation de travailler61 et ont du mal à se loger sauf dans
58 LASUR : enquête sur les arbitrages de localisation résidentielle des familles dans les
agglomérations de Berne et Lausanne, juin 2009.
59 Géotype : terme de marketing. Groupes d’individus obtenus à l’aide d’une segmentation
de la population reposant simultanément sur des critères d’homogénéité démographique,
économique, sociologique et géographique. Les îlotypes utilisent le même principe avec
une segmentation plus fine. Géotypes et îlotypes sont des marques déposées en France
par Line Data Coref.
60 Concept très français fondé sur l’aide individualisée (aide à la personne) contrairement aux
autres aides dites « à la pierre » (Loi Scellier notamment).
61 Lors de mes études, le fait de travailler et d’étudier était une anomalie d’autant plus que la
société était en « plein emploi » et j’ai été élu au conseil de l’université sur cette anomalie
sociale.
38
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
39
Bâtiments et aménagement durable
40
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
11. Les familles monoparentales. Ce sont les familles dont le chef de famille
est la mère ou le père suite à une séparation ou un divorce. Ces familles
se trouvent souvent en état de précarité financière, surtout si le divorce ou
la séparation a augmenté l’endettement ou a conduit à se séparer dans
l’urgence des biens immobiliers acquis en commun. Ils augmentent la
demande de petits logements sans pouvoir recourir comme les étudiants
à la colocation.
12. Les citadins individualistes. Ces familles recherchent un environnement
dense et bien connecté avec une bonne offre culturelle à proximité. Il s’agit
de familles relativement individualistes, qui n’ont pas un ancrage social
particulièrement fort. Ces familles sont souvent universitaires et ont trouvé
leur logement en attendant la perle rare.
13. Les indifférents insatisfaits. Ces familles ont un rapport plutôt passif à
leur choix résidentiel. Elles n’ont pas de choix prédominants. Ce géotype
représente un groupe important de jeunes familles ayant un statut de
locataire et n’ayant pas vraiment choisi leur habitat.
14. Les champêtres ancrés. Les familles valorisent un environnement calme
et vert, qui permet de développer un mode de vie compact et localement
ancré. Le mode de vie est rural, l’usage de la voiture central, avec un
ancrage social important. Le lieu de résidence idéal est plutôt un village de
campagne. Ils ont souvent plus de deux voitures, mobiles au quotidien, et
ne se sont pas déplacés à l’étranger. Les familles sont relativement jeunes,
apprécient le calme et la nature et évitent les villes.
15. Les paisibles. Il s’agit des familles qui valorisent le calme. L’environnement
résidentiel doit être calme et confortable, favorisant la lecture.
Ces géotypes permettent, dans le cadre des enquêtes marketing, de définir les
types d’habitat et d’environnement qu’il s’agit de créer.
Déjà en 1994, lors des réunions pour la démarche HQE®, je faisais la promotion
des approches marketing et comportementales pour définir les besoins des
usagers des bâtiments.
Bien entendu, je n’ai pas été suivi et nous voyons que de nombreux « écoquartiers »
avec ou sans label, font pousser des immeubles dont le design est copié, d’un
quartier à l’autre (les plaques de couleurs, ont succédé aux brise-soleils en bois,
les façades verdissent avec des plantes faméliques avant de voir le plancton
produire l’énergie pour une lampe de bureau).
Nous sommes devant de nombreuses solutions qui habillent des formes mais
qui ne sont guère des bâtiments à vivre.
41
Bâtiments et aménagement durable
42
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
43
Bâtiments et aménagement durable
44
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
45
Bâtiments et aménagement durable
46
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
47
Bâtiments et aménagement durable
48
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
La sobriété dans les fonds publics consiste avant tout à déterminer les besoins
essentiels de la société, sur lesquels elle doit affecter prioritairement ses
ressources. L’éducation semble être le champ prioritaire en France, l’armement
aux États-Unis, la sécurité, le logement, l’alimentation selon les pays.
L’aménagement durable ne peut être conçu qu’au travers une sobriété de moyens
et je suis inquiet de voir se développer des produits tels que des quartiers de
Boulogne-Billancourt ou d’autres quartiers pour « bobos », lesquels espèrent
faire une plus-value rapide67. Le marché libre n’a jamais régulé quoi que ce soit
et les fonds publics doivent compenser les écarts les plus criants des besoins.
Cela induit de mettre en œuvre des outils visant à ne pas faire payer un produit
mais une économie sur la base des contrats de réduction d’énergie, d’eau et
de ressources donc d’impacts.
Si l’on diffuse largement les contrats de performance énergétique et que l’on
organise les marchés publics en imposant un réel référentiel de diminution
des consommations, alors seulement nous commencerons à passer de la
communication à la volonté durable. Assez paradoxalement, cette sobriété est
soutenue par les industriels du secteur mais tant que les ministres se prendront
pour des commerciaux, ils porteront la consommation comme unique objet de
développement. Quant aux initiatives locales, elles apparaissent comme dans
un tourbillon de clip, la déchetterie devenant un lieu social, dans le cadre d’une
websérie qui ne doit être vue que par ses promoteurs. De mon point de vue,
une déchetterie est un endroit que l’on évite, qui le plus souvent sent mauvais
et que l’on pratique à chaque déménagement.
67 Les plus-values sur la résidence principale ne sont pas imposées pour éviter à la puissance
publique de mettre en œuvre une régulation du marché immobilier, lequel permet de recycler
l’argent d’origines diverses.
49
Bâtiments et aménagement durable
68 Société rencontrée à Ecocity. Il existe également le prototype porté par Seché environnement
basé sur procédé d’AlgoSource à partir d’un réacteur constitué de plaques de verre.
50
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Le pic spectaculaire qu’a connu le baril de pétrole en 2007 et 2008 a accéléré les
efforts de recherche sur de nouveaux biocarburants. Parmi les développements
en cours, les biocarburants dits de “troisième génération” à base de microalgues
agitent les industriels, notamment en raison de leur très bon rendement.
La France participe également à cette ruée vers l’or vert avec le projet Shamash
dirigé par Olivier Bernard, chercheur à l’Inria. Les microalgues sont à la base de
51
Bâtiments et aménagement durable
trois types d’énergie. Elles peuvent intervenir dans la production de : l’hydrogène,
des biocarburants ou des biogaz. Mais quelles sont les performances réelles
des microalgues et quel est le degré de maturité de chacune de ces filières ?
1. Sous certaines conditions de stress (manque de soufre ou d’oxygène), les
microalgues peuvent produire de l’hydrogène. Actuellement, moins de 3 % de
l’énergie lumineuse totale est transformée en hydrogène. Pour être rentable,
cette voie nécessite un rendement de 10 %, et la production d’hydrogène
à partir de microalgues pourrait y contribuer. Les chercheurs comptent sur
des mutations génétiques pour créer des microalgues plus efficaces. Par
exemple, en France, le laboratoire de bioénergétique et biotechnologie des
bactéries et microalgues (L3BM) du CEA travaille actuellement sur ce sujet.
2. La production de biocarburants par les microalgues est la voie la plus
médiatisée, mais elle compte encore de nombreux défis à relever. L’un des
premiers challenges consiste à identifier les microalgues les plus riches en
lipides parmi les millions d’espèces existantes. Dans des conditions de stress
en azote, la production lipidique peut atteindre 75 % pour la Botryococcus
braunii. Cependant, stresser les algues ralentit leur croissance. Un autre
défi à prendre en compte est l’optimisation de l’extraction des lipides qui
demeure une étape encore trop négligée. Les techniques de pressage sont
en effet inefficaces. L’extraction de l’huile est réalisée à l’hexane, ce qui
n’est compétitif ni au niveau économique ni au niveau environnemental.
Des recherches sur l’extraction sont actuellement en cours : la société
Valcobio, un des partenaires du projet Shamash, travaille sur des techniques
d’extraction sans produits chimiques. Enfin, les rendements de production
des algues sont encore trop faibles à l’échelle industrielle. Pour devenir
compétitive, la production d’algues devrait être de 100 g par m2 par jour,
soit trois fois supérieure aux rendements actuels.
3. Le dernier type d’énergie que peuvent produire les microalgues est le biogaz.
Celles-ci se révèlent particulièrement adaptées à cette application. Après
fermentation dans un digesteur, elles génèrent un biogaz composé de 70
à 80 % de méthane, les autres gaz étant du CO2 et du N2. Cette technologie
datant des années 1940 a été développée par le professeur William J. Oswald
de l’université de Berkeley en Californie. Elle a cependant été abandonnée
dans les années 1980, au profit des biocarburants plus à la mode, et est
réétudiée depuis une dizaine d’années.
En effet, cette filière est actuellement la voie de production d’énergie à partir
de microalgues la plus simple et la plus rentable à court terme. Elle peut
être particulièrement efficace lorsqu’elle est combinée à d’autres procédés.
Si cette technologie est associée à une centrale thermique, les microalgues
52
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
53
Bâtiments et aménagement durable
L’innovation est indispensable, toutefois la ville durable doit pouvoir évoluer sans
être soumise à des « Géo Trouvetout71 », qui vont en dégrader les conditions.
De plus, la technique ne fait pas la ville durable. Nous pouvons ajouter autant
de systèmes que nécessaire, cela ne donnera jamais l’essentiel de l’âme
indispensable à la ville durable. La ville durable doit mettre en œuvre des
techniques mais également des approches économiques, financières, sociales,
organisationnelles et environnementales.
L’innovation économique
Elle consiste à créer de la valeur. Cette valeur n’est pas que la consommation
dans les biens matériels, elle est également dans l’émergence d’une valeur
sociale, de lien et de rencontre. Face à l’économie de consommation et de
rente que représente la ville moderne, et spécifiquement les centres-villes des
principales capitales en imposant une appropriation individuelle de l’espace
en dollars par m2, il est nécessaire de faire émerger des réseaux qui créent du
lien entre le visible et l’invisible. Je trouve remarquable que la Ruche, réseau
et lieu d’entrepreneurs solidaires existe [même si son initiative a du mal à se
développer dans un espace restreint (600 m2)], tout en établissant des liens
avec des réseaux proches. Il faudra bien, un jour, mesurer ce temps collectif
dans un produit intérieur brut (PIB) qui pourrait devenir un produit de valeur
brute (PVB) prenant en compte les heures de bénévolat du club de rugby
amateur ou des actions de cours bénévoles aux réfugiés par l’association
Singa. Ce produit de valeur brute suppose de monétiser, voire de rémunérer
par la collectivité, le service non marchand donnant un sens à la solidarité
collective. Je suis fasciné par la conviction, la créativité, l’enthousiasme de
ces diplômés qui passent de stages en stages et en CDD, pour apporter un
sens à leur vie quotidienne.
L’innovation financière
Les fonds publics ne peuvent pas répondre à toutes les exigences et doivent
être utilisés avec parcimonie. J’aimerais faire l’évaluation du coût sociétale des
actions de communication institutionnelle et collective, lesquelles masquent
souvent une insuffisante prise en compte des phénomènes.
54
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
À chaque action, il n’existe aucune évaluation des retombées réelles et, de plus
en plus, l’argent public va à l’argent public, dans une frénésie pour justifier des
services publics anciens voire des positions de monopole.
Pour la ville durable, il est parfois nécessaire de créer des quartiers qui viennent
s’ajouter à ceux qui existent. La problématique usuelle est l’absence de services
privés de proximité (à la condition que les services publics aient été créés, ce
qui est rarement le cas). Dans un écoquartier digne de ce nom, il faudrait des
services publics qui avancent aussi vite que les logements et les services de
proximité (boulangerie, supérette, cabinet médical, etc.). De mon point de vue,
il faudrait créer, avec des associations d’insertion, des services de proximité ou
encore payer les salaires des services privés qui attendent les futurs habitants.
Bien sûr, le supermarché qui domine le secteur n’y trouverait pas son compte
mais il faut impérativement que les pratiques évoluent. Il n’est plus possible
de continuer à créer des cités dortoirs, qui encombrent les routes le matin
et le soir, dont les habitants vont au supermarché le samedi ou le soir pour
jouer leur rôle de bon consommateur et de producteur de déchets. L’argent
public devrait, au niveau d’un bassin, être distribué en fonction des objectifs
de développement durable que la collectivité se donne.
L’innovation sociale
Elle doit pouvoir créer du lien et prendre en compte les parcours les plus difficiles.
Les grandes villes, les sociologues l’affirment, regroupent les plus riches et
les plus pauvres. Sous l’effet du libéralisme ambiant au niveau international,
les structures d’accueil ont été démantelées. Il n’est pas rare de croiser des
énergumènes, peu agressifs, mais totalement « dessociabilisés ». Il n’est pas
acceptable que la société se contente de compter les morts de froid, de faim
sur ses trottoirs. Des structures d’accueil doivent être développées pour éviter
d’en faire des problèmes de société. L’attitude à l’égard des Roms, loin d’être
récente (voir le film superbe de Tony Gatlif Liberté sur la Seconde Guerre
mondiale) montre qu’une population de 17 000 personnes peut cristalliser les
fantasmes, les haines et les violences sociétales alors que les solutions existent,
elles demandent du temps, elles supposent de l’écoute. La même attitude se
retrouve à l’égard des laissés-pour-compte de la société, lesquels relèvent
souvent de l’hôpital psychiatrique et non de la prison où ils échouent le plus
souvent. Les mouvements de l’antipsychiatrie qui ont milité pour l’ouverture de
l’hôpital vers la société, ont été récupérés par les tendances les plus libérales
qui ont conduit à fermer les structures d’accueil, adressant les cas les plus
violents à la prison, qui n’est pas organisée pour traiter ce type de cas.
55
Bâtiments et aménagement durable
L’innovation organisationnelle
Les schémas les plus anciens ont la vie dure. Notre organisation sociale est fondée
sur les équilibres de l’après-guerre dont les concepteurs ont depuis longtemps
56
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
disparu. Il s’agissait de construire autour d’un état fort, une administration hyper
puissante et rémunérée par des primes, des pourcentages sur des travaux, une
société fortement administrée dépendante du niveau central. La gauche, en 1981,
a cassé partiellement ces schémas, en développant une décentralisation qui
transférait à la région, aux départements et aux collectivités des prérogatives
de gestion sans toujours disposer des moyens adéquats. L’administration
centrale s’est progressivement réduite avec des règles idiotement évidentes
comme la suppression d’un poste sur deux lors des départs à la retraite, sans
remettre en cause les missions. Par ailleurs, les collectivités territoriales se
sont étoffées en personnels et en compétences.
Il en résulte un millefeuille administratif, le plus souvent incohérent, au niveau
central, ministériel, entre les effets d’annonce et la multiplication des textes –
ce qui n’empêche pas d’être condamné régulièrement par la Cour de justice
de l’Union européenne pour non-application des règlements et directives
européennes (qualité de l’air, nitrates, émissions radio ionisantes, etc.). Le
niveau ministériel balance entre la communication du ministre (dont on aura
oublié le nom, pour autant que l’on le connaisse) et la logorrhée législative
(j’ai cessé de suivre les textes résultant du Grenelle de l’environnement car il
faudrait un temps plein pour commenter les différents textes, voire plusieurs).
Le niveau central devrait être limité aux activités régaliennes en relation avec
le niveau européen pour peu à peu disparaître à l’instar des états américains,
disposant d’un parlement local (par État) et d’un gouverneur, élu au suffrage
universel. La diplomatie, la défense extérieure, la loi devraient relever du niveau
européen. Les exemples récents montrent le peu de poids d’une gouvernance
par entité si petite. Cela ne s’applique pas qu’à l’exemple français, mais aussi
à celui de la Grande-Bretagne, des nations mises au rang de la Belgique et
du Luxembourg au niveau international.
Le niveau régional prend peu à peu ses marques et se dote de compétences dans
des domaines transversaux. Il est clair que le département reste une dimension
« incestueuse avec l’autorité centrale » comme nous l’avions précédemment
rappelé et qu’il est urgent d’absorber dans des régions administrativement plus
vastes (9 régions semblent être une dimension européenne valable, même si
tous les potentats locaux s’insurgent tant ils veulent conserver leurs prébendes
et leurs tristes palais locaux). Un gouvernement visionnaire et désintéressé
pourrait mener cette réforme qui faciliterait les niveaux administratifs. À l’instar
des länder, un pouvoir législatif et une capacité à lever des impôts permettraient
de créer une réelle régulation locale, notamment pour éliminer les disparités les
plus criantes. La notion de bassin pourrait être une entité territoriale intelligente
autour de quelques grosses métropoles.
57
Bâtiments et aménagement durable
L’innovation environnementale
Peu traitée, l’innovation environnementale devrait être prise en compte en
recherchant de façon permanente une économie de ressources. La bonne
économie est celle que l’on ne consomme pas. Au lieu des verdissements
qui cherchent à produire pour maintenir une certaine consommation, comme
l’exemple des microalgues précédemment cité, il faut rechercher la réduction de
la consommation des ressources énergétiques, non énergétiques, renouvelables
et non renouvelables.
Il suffit de se placer simplement 50 ans en arrière pour identifier des besoins
inutiles qui ont été créés et dont la société pourrait se passer. La liberté d’entre
prendre ne justifie pas tout, surtout si cet apport génère des nuisances. Par
exemple, l’industrie de la nourriture animale de compagnie (les pets-food
disent les Américains) a créé une nuisance animale en ville dont les tonnes
journalières d’excréments sont la trace la plus visible. Une taxation par animal
serait une mesure de bonne gouvernance.
Pour cela, il faudrait systématiser les analyses en cycle de vie et en coût global.
Si l’analyse du cycle de vie se développe, le coût global et l’évaluation des
externalités sont encore très pauvres. Ces externalités s’appliquent parfaitement
au bâtiment, lequel en tant qu’objet immeuble, c’est-à-dire immobile, dépend
fortement des productions qui lui sont extérieures. J’ai été fasciné de voir au
Vietnam, le constructeur de sa maison, réalisant son four pour produire ses
briques, à l’aide du bois de son lopin de terre. L’économie de ressources est
parfaite, il fabrique son outil, ses matériaux, utilise les ressources renouvelables
de son lopin de terre. Sa maison est construite au bord de la rivière dont il
tire les éléments essentiels pour sa nourriture. Il est à même de construire
la rétention d’eau dont il a besoin pour disposer d’une réserve. La collectivité
applique-t-elle le juste coût des externalités, lesquelles sont peu et mal connues
et certainement pas évaluées ? La notion d’empreinte écologique donne une idée
marketing sympathique mais parfaitement erronée. En se basant sur la seule
expression des hectares/an nécessaires, elle réalise des approximations dans
les approches. Cela permet de donner une idée des disparités de consommation
(de 1 à 100) selon les habitants des différents pays mais guère plus.
58
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Elle est sympathique car elle est accessible à tous : je consomme l’équivalent
de 7,5 E8 de planète (4,5 planètes par 60 millions d’habitants), donne une
valeur qui va me conduire à me dire que je consomme trop puis, comme il
s’agit d’une moyenne, je vais considérer que je ne peux pas agir à la place de
la collectivité à laquelle j’appartiens.
Sans doute, ces trois motifs étaient-ils valables, peu ou prou. Comme nous le
verrons, cela remet en cause l’existence même des structures satellites des
communautés urbaines et des collectivités territoriales.
►► Prévoir une organisation support qui porte le projet. Un projet de ville ne
peut pas se développer sans :
▼▼ Disposer du consensus de la part des élus, lesquels doivent être dotés
d’un organe de décision, (quelques personnes élues), ayant délégation
pour prendre les décisions.
72 Les sociétés publiques locales d’aménagement (SPLA) ont remplacé les sociétés d’économie
mixte (SEM) pour servir de support aux pratiques les plus diverses des collectivités locales.
59
Bâtiments et aménagement durable
73 Cette situation aurait été marginale s’il n’y avait eu des erreurs de conception avec comme
sinistre conséquence des morts.
60
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
1.3.3 Le RFSC
Le RFSC (reference framework for european sustainable cities), c’est-à-dire le
système de référence des villes européennes durables, est porté par la France
61
Bâtiments et aménagement durable
au niveau européen et a pour vocation d’aider les villes qui veulent établir leur
stratégie de développement durable. L’intérêt de ce référentiel européen est de
s’appuyer sur un consensus et sur un outil. Il ne présuppose pas le traitement
des enjeux que l’on a présentés précédemment.
Le RFSC est organisé en 25 thèmes et en lignes d’actions.
Nous présentons les premiers thèmes et les lignes d’actions qui y sont associées :
1. Renforcer l’attractivité économique de la ville/région ou du territoire. Comment
agir :
►► Mettre en place des formations et un soutien pour le personnel de
l’administration locale afin de développer et d’améliorer les compétences
nécessaires, (par exemple, la qualité de service).
►► Mettre en avant et consolider les points forts de votre ville.
►► Promouvoir la coopération avec les entreprises et les instituts de recherche
pour générer, diffuser et appliquer des connaissances et des compétences.
2. Développer l’économie locale en fournissant les connaissances et les compé
tences nécessaires. Comment agir :
►► Identifierles opportunités potentielles et complémentaires pour les
entreprises et pour les organisations à but non lucratif.
►► Créer et maintenir de bonnes relations entre les secteurs lucratif et non
lucratif et assurer les conditions et les procédures garantissant leurs
bons fonctionnements et développement.
3. Assurer la connectivité des villes et la mise en place d’infrastructures
efficaces. Comment agir :
►► Améliorer la connectivité interne et externe grâce à la mise en place d’une
infrastructure de haute qualité comprenant des systèmes de transport
efficaces, l’internet à haut débit, etc. afin de faciliter la production et la
circulation des biens et des services.
►► Mettre en place des conditions de travail flexibles.
►► Faciliter l’accès au financement et à l’information.
4. Développer/promouvoir/soutenir une production et une consommation de
produits et de services durables à l’échelle locale. Comment agir :
►► Améliorer l’impact environnemental et social des produits et services.
►► Encourager les citoyens, les administrations publiques, les entreprises,
etc. à utiliser des produits durables.
►► Promouvoir la production locale des biens et services, proches des utili
sateurs/consommateurs/citoyens.
62
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
63
Bâtiments et aménagement durable
Cet outil en cours de développement vise à être utilisé par les seules villes
ayant un projet développement durable. Il nous apparaît comme un fourre-tout,
non structuré qui ne permet pas de choisir les grands domaines d’actions. Si
beaucoup de villes se sont inscrites sur le site, les projets sont peu nombreux.
Animée par Jean-Michel Vincent, elle a réuni des collectivités locales, des
consultants et des représentants du ministère sans trouver la dimension
institutionnelle qu’elle méritait.
Elle a servi de base à un projet syndical que j’ai porté dans le cadre de CICF
Ouest (devenu CINOV Ouest) et a permis de faire réaliser l’étude sur le bien-être
des étudiants de master d’Urbanisme de Rennes II, dont je présente les résultats
en fin d’ouvrage. Toutes les parties entre guillemets et en italique sont les textes
sur lesquels nous sommes parvenus au consensus, parfois avec difficulté.
64
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Cela signifie que toute opération qui ne relève pas du plan ville durable n’est
assortie d’aucun financement, ce qui en limite la portée.
65
Bâtiments et aménagement durable
Énergie
Tout d’abord, le thème 10 « Énergies et climat » est couvert par les lignes
d’actions 1 (gaz à effet de serre) et 2 (bâtiments) mais également par les lignes
3 (transports), 5 (boucle alimentaire), 10 (décarboner l’économie) 11 (décarboner
le territoire) et 15 (empreinte écologique) soit pratiquement la moitié des lignes
d’actions (7/15). Cela correspond à une tendance institutionnelle qui vise un seul
critère. Nous aurions pu réunir tous ces éléments sous le vocable « réduction
des gaz à effet de serre » qui donne la dimension globale (niveau de la planète)
66
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
►► l’industrie ;
►► les déchets ;
►► et les autres consommations énergétiques.
Le bilan carbone prévisionnel de l’écoquartier permet d’identifier les actions de
réduction envisageables, de mesurer leur impact sur le bilan carbone du territoire
et de hiérarchiser ces actions opérationnelles en fonction de leur rapport coût/
efficacité. »
Les indicateurs proposés sont les suivants :
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Réduire les émissions de gaz TeqCO² (hors aérien) TeqCO²
à effet de serre Population + Emploi Population + Emploi
Nota = Population + emploi → comprend population et emplois saisonniers ramenés en année pleine.
74 Comme je le rappelais à Monsieur Tabet de l’ADEME, nous avons été deux pionniers, Jean-
François Vicat et moi-même à porter une dynamique française pour les négociations autour de
la norme NF EN ISO 14064 Gaz à effet de serre parties 1 à 3 de 2012, au milieu de 85 experts
internationaux. La démarche portée par l’ADEME, a été abandonnée de tous, notamment en
raison de l’absence des industriels et des ministères contrairement aux Américains, Allemands
et Hollandais qui en font le fer de lance de la reprise économique. Le retard pris ne se rattrape
jamais en matière de compétitivité et de concurrence.
67
Bâtiments et aménagement durable
68
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Les déplacements
Pour les transports en commun, les données existent et sont traitées par km/
voyageur. Les bases de données sont connues par mode de transport sur la base
des déclarations des compagnies. Pour s’assurer, si nous sommes cohérents,
l’usage des bases de données du type « ecoinvent », permet de corriger les
erreurs liées aux reports des chiffres, des calculs. Différents observatoires
contribuent à approfondir les éléments et les données, voire à identifier des
voies de réduction des émissions de gaz à effet de serre – notamment par
l’amélioration de l’entretien et de la maintenance, du renouvellement des flottes,
des modifications de carburant. À ce propos, il est préférable de se méfier des
effets d’annonce relative aux biocarburants, car les études sur le sujet sont
partielles (voire partiales, c’est-à-dire qu’elles ont occulté certains éléments pour
améliorer le bilan global). Ce type d’étude se réalise en quelques jours, pour
une collectivité du type communauté urbaine ou communauté d’agglomération
selon la disponibilité des données et les approfondissements nécessaires.
Le bâtiment
Les données du bâtiment deviennent de plus en plus précises. Les audits
énergétiques, les outils d’évaluation tels ELODIE permettent de donner une
approche en analyse du cycle de vie du bâtiment. Si les informations sont
disponibles (notamment les composants), un bâtiment complexe demande
une journée de saisie pour avoir une approche réaliste. Il suffit de compléter
les éléments d’usage pour disposer d’outils pertinents.
Insister sur les seuls bâtiments neufs comme le font les démarches HQE et
autres démarches de certification ou les pouvoirs publics relève de la vue à court
terme. Il serait nécessaire de développer des bâtiments positifs pendant 10 ans
pour avoir un taux de renouvellement satisfaisant et suffisamment significatif
pour arriver au facteur 4 revendiqué à coup de publicité par les différents
organismes publics, surtout compte tenu de la production des bâtiments actuels
encore fortement consommateurs (les 50 kWh/m2/an sur la base des éléments
réglementaires annoncés correspondent à une consommation réelle de l’ordre
de 100 à 120 kWh/m2/an).
Les plans climat régionaux me conduisent à être pessimiste sur la volonté
réelle des pouvoirs publics, notamment compte tenu des techniques et des
méthodes à mettre en œuvre pour obtenir un résultat positif. Il ne suffit pas de
faire des audits énergétiques, ni de changer quelques fenêtres, pour obtenir
une notable amélioration.
69
Bâtiments et aménagement durable
L’agriculture
Les travaux sur l’empreinte écologique ont permis de développer des bases
de connaissances fiables sur les produits alimentaires. Un complément avec
les modes d’emballages et de distribution permet de disposer de données
complètes et fiables.
L’industrie
De longue date, les procédés industriels ont fait l’objet d’évaluation environ
nementale. La notion d’énergie grise, c’est-à-dire l’énergie à ajouter au procédé
pour toutes les étapes du produit (extraction, production, transport, usages et
fin de vie), ne fait pas consensus car selon les auteurs, il s’agit de privilégier
telle ou telle phase.
Dans le cadre de l’analyse du cycle de vie, nous considérons qu’il est nécessaire
d’évaluer l’apport d’énergie dans toutes les phases du produit :
►► Dans la phase d’extraction, l’énergie nécessaire pour l’extraction des matériaux
et le transport.
►► Dans la phase de transformation, l’énergie du procédé et de son environ
nement (éclairage et chauffage des bureaux de l’usine par exemple).
►► Pour la phase mise en œuvre (produits de construction).
Pour la phase d’usage, l’énergie consommée doit être comptabilisée en
évitant les doubles comptages. Cette attribution énergétique est fortement
critiquée par les industriels et se justifie en raison de la nécessité de réduire la
consommation par l’usage. Par exemple, on réduit de moitié la consommation
électrique d’un ordinateur en passant d’un poste fixe à un portable, les
lumières consomment 4 à 5 fois moins et durent 6 à 10 fois plus longtemps
ce qui peut faire un écart de 1 à 50 dans le meilleur des cas.
70
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
►► Pour la fin de vie, laquelle dépend des modes de traitement mis en œuvre,
lesquels peuvent être énergivores comme l’élimination énergétique ou
encore l’élimination par torche à plasma pour les produits plus toxiques.
Les déchets
Normalement, les déchets sont des produits de fin de vie des éléments produits
et consommés. Ils ont comptabilisé en tant que facteurs d’impacts dans les
analyses de cycle de vie. Le fait que ce poste demeure montre combien le concept
d’analyse de cycle de vie est peu pratiqué. Toutefois, il reste à documenter les
filières de gestion des déchets (déchetteries, centre de gestion des déchets,
élimination des déchets et production d’énergie).
71
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Réduire la consommation Consommation des bâtiments Consommation des bâtiments
d’énergie des bâtiments en kWhep/m2 /an. en kWhep/m2 /an.
Cette ligne d’action est assez complète dans ses attendus. Elle repose sur
une vision de la réduction des gaz à effet de serre pour atténuer les effets (to
mitigate en anglais) du réchauffement climatique. La mise en œuvre de cette
ligne d’actions suppose une volonté forte, laquelle suppose une expression
de cette volonté, un objectif à atteindre, des moyens adaptés et un suivi des
résultats :
►► L’expression de la volonté suppose que la collectivité, l’industriel, le
gestionnaire au plus haut niveau de décision (ce qui ne veut pas dire
obligatoirement seul) formalisent leurs objectifs globaux dans le cadre de
leurs enjeux. Par exemple, je pense à un client vinaigrier qui est obligé
de rafraîchir, pour maintenir en température ses réacteurs, en utilisant de
l’eau et des tours de refroidissement, c’est-à-dire en envoyant l’eau dans le
pluvial et les calories dans l’air ambiant. Le bâtiment résulte d’un transfert
du bord de quai vers une zone d’activité de proximité. La bonne technique
aurait été de récupérer ces calories dans le cadre de la zone d’activités
pour chauffer les autres activités sur le site.
►► En matière d’objectif, le prêt à penser des 50 kWhep/m2/an est un fourre-
tout pratique bientôt détrôné par le « positif » ou le « zero carbon housing »
qui couvre des situations variées. Le premier niveau à prendre en compte est
le périmètre d’analyse. En France, la réglementation est souvent considérée
comme un maximum à atteindre, alors qu’il s’agit d’un niveau plancher. Les
éléments pris en compte dans la réglementation (chauffage, ventilation,
éclairage, eau chaude sanitaire et énergie pour les moteurs auxiliaires).
Ce niveau ne représente que 50 % de la consommation pour un immeuble
d’habitation, un immeuble de bureaux. La partie non couverte est celle
relative aux ascenseurs, aux ordinateurs, que consomment les utilisateurs.
Dans une vision globale, il n’est pas possible de limiter l’objectif à la seule
valeur réglementaire mais d’intégrer les éléments sur lesquels le décideur
agit soit directement soit indirectement.
72
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
73
Bâtiments et aménagement durable
74
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
75
Bâtiments et aménagement durable
76
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Déplacements domicile-travail, Déplacements domicile-travail,
Favoriser les mobilités douces doux et transport en commun doux et transport en commun
et les transports en commun Totalité des déplacements Totalité des déplacements
domicile-travail (en km) domicile-travail (en km)
La mobilité douce est sans doute un des attraits de la ville. Celle-ci suppose
des investissements importants de la part des collectivités. Dans les faits, cette
mobilité n’est pas infinie et il n’est pas possible de calquer le même schéma
sur toutes les villes.
La mobilité se mesure au travers la notion d’échelle du territoire précédemment
évoquée. Une échelle de 500 m à pied, de 2 km en vélo sont des distances
considérées comme admissibles pour un adulte valide pour un accès aux
transports en commun. Toutefois, cet usage dépend de l’anticipation que fait
l’habitant et du moment de prise de décision. En effet, lorsque je décide de
quitter mon domicile, je me pose intuitivement les questions suivantes :
►► Les moyens disponibles sont-ils adaptés pour me rendre à mon rendez-
vous ou à mon activité ?
►► Ai-je, dans un moment du déplacement, l’obligation de porter des éléments
relativement lourds (ordinateur, dossiers, vêtements, paquets) ?
►► Lamétéo est-elle suffisamment clémente pour que je puisse pratiquer la
marche à pied ou les transports doux ?
►► Les lieux que je traverse ont-ils une sécurité suffisante pour y accéder à
l’heure de mes déplacements ?
►► Mon expérience passée me conduit-elle à anticiper un choix favorable aux
transports doux et aux transports en commun (temps, ponctualité, places
disponibles, propreté des transports en commun, etc.) ?
Comme nous le percevons dans les différentes questions ci-dessus, le
développement de la mobilité douce dépend :
►► De la capacité à se déplacer : compte tenu du vieillissement de la population
et des situations de handicaps, il n’est pas possible de créer des situations
qui n’anticipent que la situation de la femme au foyer de moins de 50 ans ou
du salarié se rendant au travail à heures fixes, même si cela représente les
plus gros volumes de déplacements. Une mobilité urbaine doit être adaptée
à tous les utilisateurs et les adaptations aux handicaps se réalisent encore
difficilement malgré la loi.
77
Bâtiments et aménagement durable
78
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Assurer
une densité Somme de la population et des emplois Somme de la population et des emplois
humaine Surface urbanisée Surface urbanisée
urbaine
La densité fait partie des sujets délicats qui sont loin de faire consensus.
Lorsque l’on analyse les situations de précarité énergétique, des lotissements
réalisés en quatrième périphérie des agglomérations, la synthèse brutale
conduit à considérer qu’il est nécessaire de construire la ville sur la ville pour
offrir à tous les mêmes espaces urbanisés, les mêmes services de proximité.
De la même façon, la croissance exponentielle des capitales créant des
« slums » (les bidonvilles) à proximité des aéroports, des décharges ou des
embouchures de fleuves, ne sont pas des lieux denses et ne sont pas admis
dans notre vision occidentale.
Que veut dire le terme densité à Angers ou à Brest, villes moyennes qui ne
connaissent plus de croissance et dont 90 % de la population relève des
logements sociaux ? Que veut dire le terme densité dans les ex-favelas de
79
Bâtiments et aménagement durable
Rio ou de São Paulo, depuis qu’elles sont devenues des lieux d’habitation
dotés des services minimums (eau, électricité) et qui réclament l’accès aux
transports publics, que les habitants peuvent payer et qui ont été le sujet des
manifestations dans le courant de l’été 2013 ? Comment un maire peut-il
promouvoir la densité, lorsqu’il habite dans une zone pavillonnaire, sans être
moqué par ses voisins ?
La limite de l’infrastructure donne souvent la limite de la communauté et du
temps pour y accéder. Sauf à densifier des pôles comme cela s’est fait avec
« les villes nouvelles », chef-d’œuvre de la planification, non durable même
si les autorités locales commencent à équilibrer ceux-ci, la densification se
réalise en cercles concentriques en plaine (Paris, New Dehli), en demi-cercle
pour les villes côtières (New York, Los Angeles), à partir d’un point initial.
Je préconise, en la matière, le pragmatisme : la ville s’est-elle constituée autour
d’un centre ? Si oui, ce centre sera un environnement à densifier, sinon, mettons
en relation les différents lieux. La ville (la communauté) exerce-t-elle un attrait
suffisant pour avoir un solde migratoire positif ? Si oui, alors produisons des
logements susceptibles d’accueillir des jeunes parents avec deux enfants en loyer
modéré ou en accession, à la condition de ne pas se laisser emporter par les
spéculateurs. Nantes, comme nous le verrons plus loin, est une agglomération
qui exerce un fort attrait (solde migratoire de plus de 6 000 familles par an
depuis 10 ans) mais la production de logements n’est que de 1 500 logements
(chiffre inscrit au PLH). Il en résulte :
►► Une forte tension sur les prix du neuf (plus de 4 500 € le m2 soit le niveau
de Saint-Ouen).
►► Une tension sur les loyers car les nouveaux arrivants, cadres des grandes
entreprises, disposent souvent d’un an de loyer pris en charge par leur
entreprise.
►► Un envoi des primo-accédants à plus de 40 km du centre de Nantes, lesquels
seront rapidement des précaires énergétiques, dépendant de la voiture (le
plus souvent 2 par ménage et parfois 3).
Il en résulte également la nécessité de densifier ce qui ne fait pas encore l’objet
d’un large consensus de la part de la population.
80
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur
Indicateur
Ligne d’action À l’échelle
À l’échelle du territoire
de l’écoquartier
Privilégier la boucle Nombre de repas comptant 50 % de denrées locales
-
locale alimentaire Total des repas servis sur le territoire
81
Bâtiments et aménagement durable
82
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
83
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Développer et valoriser Indicateur du potentiel Indicateur du potentiel
la biodiversité de biodiversité de biodiversité
84
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
85
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Développer le bien-être
Non quantifiable IDH
sur le territoire
►► Le niveau de vie.
86
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
La longévité
La longévité – résultant des progrès de la médecine, de la nourriture et des
conditions de vie – est un facteur de bien-être, au regard des générations
précédentes, avec des conséquences sociales et humaines qui devront être
corrigées. La première conséquence de cette longévité est le poids des
personnes âgées dans la société.
Dans la société rurale, qui existait encore dans les années 1950, la famille
prenait en charge les jeunes enfants et les personnes âgées mais également
les alcooliques et les déficients mentaux. La notion de retraite était absente
et la survie des personnes âgées assurée par de petits jardins de proximité.
L’urbanité a totalement éclaté cette structure familiale, les personnes âgées
se regroupant selon leurs moyens dans des environnements collectifs créant
de véritables cités bourgeoises. Elles ont souvent investi dans l’immobilier,
concourant à la hausse des prix tant pour leurs besoins, que pour en tirer un
revenu régulier au travers de locations plus ou moins à la limite de la légalité
(les locations à la semaine non déclarées, les locations pour les touristes en
dehors de tout cadre légal, etc.). Il en résulte que le patrimoine, qui se passait
d’une génération à l’autre tous les 30 ans, n’est transmis qu’au bout de 50 à
60 ans, lorsque les héritiers ont fait eux-mêmes leur vie économique et sociale.
Il existe un risque important que la bulle immobilière, sur laquelle les actifs
des années 1970-2000 ont établi le niveau de leurs patrimoines, se crève une
fois que l’ensemble des « baby-boomers » des années 1950 aura transmis
son patrimoine.
Ce phénomène serait sans doute de peu d’intérêt collectivement s’il ne se
doublait pas d’une charge financière de plus en plus forte de la part des retraités
au regard des actifs. Même si l’économie est capable d’absorber une telle
charge, compte tenu des performances de productivité atteintes, la charge des
retraites se double d’une charge de santé, de la prise en charge des maladies
de la vieillesse qui semblent de plus en plus fréquentes et pour lesquelles les
structures hospitalières publiques restent déficitaires.
L’éducation
L’éducation, le premier employeur de France, a des états d’âme : éduqués dans
le cadre laïque et républicain de la IIIe République, bons élèves besogneux, les
enseignants se sentent tiraillés par une société qu’ils ne comprennent pas et
un communautarisme qui revendique des règles, y compris religieuses, qu’ils
ignorent. Les références des élèves fatigués par des veillées tardives, plus ou
87
Bâtiments et aménagement durable
Le niveau de vie
La notion à retenir est celle du partage des richesses. Une société produit
des richesses, lesquelles sont réparties entre les ressources nécessaires, les
heures travaillées, la rémunération du capital et le paiement des infrastructures
nécessaires par la voie de l’impôt. Le niveau de vie n’est qu’une résultante
partielle de cette richesse produite et partagée.
Dans l’analyse que l’on peut faire de la société française, la part affectée
au niveau de vie se réduit alors que la production intérieure brute continue
d’augmenter. Une autre production est peu monétarisée : celle de l’économie
solidaire qui se développe, dont les coûts sont peu élevés mais mal intégrés
dans la comptabilité nationale, alors même qu’elle représente 10 % du PIB et
10 % des salariés.
Une évaluation des temps affectés par les différentes structures d’économie
solidaire – temps affecté aux autres, création de réseaux et d’investissements
créatifs – permettrait d’avoir des données plus exactes du niveau de vie.
Il ne faut pas oublier que souvent, dans les attentes des salariés, un supplément
de temps affecté à une activité bénévole est un avantage indéniable, qui facilite
la gestion des ressources humaines.
88
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Favoriser une mixité Nombre d’emplois Nombre d’emplois
fonctionnelle Nombre d’actifs résidents Nombre d’actifs résidents
Cette ligne d’action permet également d’apporter, une solution pour qu’en
l’absence d’activité potentielle sur le territoire, les investissements s’effectuent
par le développement des habitats, si possible sociaux. En effet, les élus locaux
ont souvent plus de levier d’actions en direction des organismes de logements
sociaux, dont ils dirigent les instances et dont ils assurent le financement, qu’en
direction des promoteurs des immeubles de bureaux, lesquels cherchent à
implanter un immeuble de bureaux au milieu des autres par esprit de système
et pour ne pas trop innover.
Il en résulte une sectorisation des espaces – stockage pour les livraisons,
zones industrielles, regroupement de bureaux, logements concentrés – la ville
se construit selon les schémas de vente des promoteurs76 et non les besoins
économiques et énergétiques de la société avec un accroissement des besoins
énergétiques, de transport. Pour la requalification des écoquartiers (de notre
point de vue, les nouveaux écoquartiers sont de futurs espaces identiques aux
lotissements précédents), le point essentiel est d’assurer l’arrivée des espaces
de commerce et d’activités au préalable. Sur un plan strictement économique,
les structures qui s’installent avant l’arrivée de tous les habitants vont au suicide
entrepreneurial. Attendre le client dans un lieu en travaux est la pire des situations,
d’autant plus que les entreprises du bâtiment ne sont pas des danseuses.
76 Présentation faite par Jean‐Frédéric Heinry, directeur général d’Altarea Cogedim entreprise
à l’université d’été de l’EIVP de septembre 2013.
89
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Assurer une mixité Taux de logements locatifs Taux de logements locatifs
sociale sociaux sociaux
90
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
diversifiés et non sur les étapes de la vie, lesquelles doivent être gérées
également. Par exemple, une famille se constitue et restera sur place passant
de 3 à 5 personnes en moyenne pour progressivement revenir à 2 en sachant que
dans 50 % des cas, il y a de fortes chances pour que l’évolution se fasse avec
deux habitats en parallèle lors de la constitution des familles monoparentales.
Il est exact que les moyens financiers jouent un rôle et la répartition sur le
territoire des logements sociaux est cruciale pour rééquilibrer le territoire
d’autant plus que 60 % de la population relève des critères du logement social
alors que seulement 7 % de la population en bénéficie (43 % de la population
n’est pas propriétaire de son logement).
Le nombre de logements est de 29 millions dont 2 millions de logements va
cants (7 %), le logement social représente environ 4,2 millions de logements
contre 5,1 millions de logements du secteur privé77. On peut s’interroger. Pourquoi
et comment le parc privé a-t-il pu augmenter de 12 % de 1992 à 2002 alors
que le parc locatif social a baissé de 12 % pour la même période ?
La mixité sociale doit être également générationnelle. Actuellement 15 millions
de personnes ont plus de 60 ans en France, quels seront leurs parcours dans
les 40 ans à venir compte tenu de la courbe de vieillissement, des maladies et
notamment celles liées à l’âge (cancer de la peau, Alzheimer) ? Comme nous
l’avons précédemment signalé, le seul cadre législatif est l’obligation alimentaire
à des personnes qui légitimement veulent rester dans leur domicile, lequel
représente souvent une immobilisation du patrimoine des enfants, lesquels
n’ont pas obligatoirement les moyens.
La mixité sociale s’obtient en donnant l’occasion d’implanter des services pour
des âges différents à proximité, une crèche, une école, une antenne médicalisée,
des lieux de travail (bureaux), des commerces de proximité. Cela s’applique
dans de nombreuses occasions de la décentralisation des services publics
de proximité, ce qui est rendu plus aisé avec les outils informatiques actuels.
Cette situation existe dans les grandes villes avec une population vieillissante,
de jeunes cadres dynamiques et sans enfants et des laissés-pour-compte
sociaux, qui recherchent les miettes de la prospérité.
Pour cette raison, l’indicateur proposé est largement insuffisant, le taux de
logements sociaux fournit une répartition spatiale des lieux d’habitation. Prenons
l’hypothèse d’une collectivité, qui applique cette ligne directrice, et de cet
indicateur. Les propriétaires, les locataires et les locataires sociaux sont présents
sur le territoire en 3 tiers homogènes, ce qui correspond à certains écoquartiers.
77 Sénat, « Un développement déséquilibré du parc locatif privé ? », rapport du 6 octobre 2013.
91
Bâtiments et aménagement durable
Nous aurons des cadres moyens ayant plusieurs enfants, souvent propriétaires,
des familles monoparentales avec enfants (relevant des logements sociaux).
En l’absence de services de proximité et d’emploi, les parents accompagneront
dans les écoles privées leurs enfants (en voiture), iront travailler en voiture et
deviendront des « dépendants (addict en anglais) carbone » voire des pauvres
énergétiques.
Nous préférons la diversité sociale à la mixité sociale qui prend mieux en compte
les différents niveaux d’âge, de conditions et de besoins pour les services que
doit offrir la communauté.
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Décarboner l’économie TeCO2 /activité donnée TeCO2 /activité donnée
Note du rédacteur : La notion de CA est insuffisante pour représenter les flux financiers d’un territoire.
92
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
territorial », le taux de bilan et de PCET ne dépasse pas les 35 % des structures,
soumises à cette exigence légale78. Il est clair que les outils mis en place
depuis le protocole de Kyoto, comme GHG Protocol, le WRI ou en France le
bilan carbone, ont donné un cadre qui a permis d’apprécier les valeurs, même
si celles-ci restent très éloignées de celles que l’on obtient par une analyse
de cycle de vie.
Dans une société parfaite, le bilan gaz à effet de serre (GES) devrait être réalisé
une fois par an avec la déclaration d’impôt. Les informations à recueillir par
famille seraient simples à identifier :
►► Montant du chauffage annuel, celui de la consommation d’eau chaude
sanitaire, la consommation d’électricité annuelle en kWh.
►► Le nombre de voitures de la famille et les kilomètres parcourus.
►► Les trajets travail-domicile pris en compte ou non dans un bilan GES
d’entreprise (ne pas remplir la case).
►► Les autres modes de déplacements de la famille (études, recherche d’emploi,
culture, loisirs).
Pour les autres activités, en dehors des cas prévus par la loi, il s’agit de
développer une analyse sur la base du cadre des scopes 1 et 2.
►► La consommation directe de combustibles.
►► La consommation de carburant des véhicules et machines possédés ou
contrôlés par l’entreprise.
►► Les procédés industriels hors combustion, comme les réactions chimiques.
78 Je ne peux pas m’empêcher en tant que lead auditor (responsable d’audit) NF EN ISO 9001
Systèmes de management de la qualité – Exigences de 2008, NF EN ISO 14001 et
BS OHSAS 18001 Systèmes de gestion de santé et sécurité professionnelles – Exigences
de 2007 NSF de considérer que tous les organismes dans ce champ (parfois certifiés
NF EN ISO 14001) devraient faire l’objet d’une non-conformité majeure (NC majeure), notion
parfois oubliée par certains auditeurs.
79 Sénateur de Loire-Atlantique, très impliqué dans le développement durable des communautés
urbaines.
93
Bâtiments et aménagement durable
Tableau 1.1 Éléments de la déclaration des bilans GES (source : bilan carbone)
Catégorie
N ° Postes d’émissions Exemples de sources d’émissions
d’emission
Émissions directes des sources
1 Combustion d’énergie de sources fixes (chaudière)
fixes de combustion
Émissions directes des sources Combustion de carburant des sources mobiles (voiture,
2
mobilesà moteur thermique bus, avion)
Scope 1
Procédés industriels non liés à une combustion pouvant
Émissions Émissions directes des procédés
3 provenir de la décarbonatation, de réactions chimiques,
directes de hors énergie
etc.
GES
Fuite de fluides frigorigènes, bétail, fertilisation azotée,
4 Émissions directes fugitives
traitement
Biomasse liée aux activités sur le sol, les zones
5 Émissions issues de la biomasse
humides ou l’exploitation des forêts
Scope 2 Émissions indirectes liées à la
6 Production d’électricité, son transport et sa distribution
Émissions consommation électrique
indirectes
associées à 7 Consommation de vapeur, de Production de vapeur, chaud et froid, leur transport et
l’énergie chaud ou de froid leur distribution
Extraction, production et transport des combustibles
consommés
Émissions liées à l’énergie non
8 Extraction, production et transport des combustibles
incluses scopes 1 et 2
composés lors de la production d’électricité, de vapeur,
de chaleur et de froid consommée
Extraction et production des intrants matériels et
immatériels qui ne sont pas compris dans les autres
9 Achats de produits ou services postes
Sous traitance
10 Immobilisation des biens Extraction et production de biens corporels immobilisés
11 Déchets Transport et traitement des déchets
12 Transport de marchandise amont Transport de marchandises dont le coût est supporté
Transport des employés par des moyens n’appartenant
Scope 3 13 Déplacements professionnels
pas à la personne morale
Autres
émissions 14 Franchise amont Activité franchiseur
indirectes Actifs en leasing tels que les consommations d’énergie
15 Actifs en leasing amont
de GES et la fabrication des équipements en tant que tels
Sources liées aux projets ou aux activités en rapport
16 Investissements
avec les investissements financiers
Transport des visiteurs et des Consommation d’énergie liée au transport des visiteurs
17
clients qu’ils soient clients, fournisseurs ou autres
Transport et distribution des produits non supportés
18 Transport des marchandises aval
par la PM
19 Utilisation des produits vendus Consommation d’énergie
20 Fin de vie des produits vendus Traitement de la fin de vie des produits
21 Franchise aval Consommation d’énergie des franchisés
22 Leasing aval Consommation d’énergie des actifs en bail
23 Déplacements domicile-travail Déplacement domicilé-travail et télétravail
24 Autres émissions indirectes Émissions indirectes non comprises précédemment
94
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
80 NF EN ISO 14064-1 Gaz à effet de serre – Partie 1 : Spécifications et lignes directrices, au niveau
des organismes, pour la quantification et la déclaration des émissions et des suppressions des
gaz à effet de serre, de 2012.
NF EN ISO 14064-2 Partie 2 : Spécifications et lignes directrices, au niveau des projets, pour la
quantification, la surveillance et la déclaration des réductions d’émissions ou d’accroissements
de suppressions des gaz à effet de serre, de 2012.
NF EN ISO 14064-3 Partie 3 : Spécifications et lignes directrices pour la validation et la vérification
des déclarations des gaz à effet de serre, de 2012.
95
Bâtiments et aménagement durable
96
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Si pour l’économie, les méthodes même fausses sont bien connues, nous
sommes loin de la maturité en matière de coût global, comme je l’avais
précédemment écrit dans mon ouvrage. Dans cette approche, il s’agit des
investissements publics (l’indication de calcul dans la M4 est relative au plan
comptable public, lequel est encore moins précis que le plan comptable général,
sujet à interprétation).
La ligne directrice veut initier les comptables publics à additionner deux lignes
budgétaires : investissements, dépenses courantes et amortissement, ce qui
est loin d’être dans les habitudes. Plus globalement, l’approche territoriale
devrait s’effectuer en tenant compte de tous les postes d’un projet ainsi que ses
externalités. La question se révèle souvent très terre à terre. Une collectivité
doit développer son parc social pour répondre aux besoins de sa population ;
l’investissement suppose de mettre à disposition d’un organisme HLM, un terrain
constructible, si possible dans une dent creuse de la ville et en augmentant
la densité.
Si nous considérons que le terrain est pris en ville, il n’y aura que des connexions
simples de réseau à faire. La construction induira une augmentation de popu
lation car si nous sommes cohérents avec les éléments précédents, la population
du nouvel immeuble sera plus importante que celle du terrain précédemment
occupé.
La collectivité indiquera dans son bilan de l’opération, en charges, les services
sociaux induits (on ne réalise pas encore des logements sociaux pour les
personnes qui possèdent un patrimoine sauf à Paris, pour les privilégiés de
la République – de droite comme de gauche), les crèches ou les classes à
ouvrir ou dont les capacités doivent être augmentées.
En recettes, les droits à construire représentent souvent 33 à 40 % du coût
d’une opération, ce qui explique l’augmentation du parc locatif privé comme
précédemment signalé dans le rapport Dantec-Delebarre. Le coût global va
au-delà et doit prendre en compte toutes les externalités.
Dans le cas d’un écoquartier, la balance à 10 ans comprend souvent :
►► Un coût supplémentaire pour la collectivité en raison de la nécessité de
disposer de 2 voitures (consommation de carbone et saturation des routes).
►► Une mauvaise répartition territoriale des achats avec les flux hebdomadaires
(du samedi et à présent, souvent du dimanche) de consommations vers
les grandes surfaces.
►► Un autre facteur mal pris en compte est l’augmentation des prix des loyers et
des appartements lorsque l’attractivité d’une ville chère aux investisseurs et
97
Bâtiments et aménagement durable
98
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
m3 écomatériaux
Privilégier les écomatériaux -
m3 total
99
Bâtiments et aménagement durable
100
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
87 Pour le système mis en place par Phytorestore à Aubervilliers, la surface nécessaire ne dépasse
pas les 100 m2. Il peut donc être introduit pour tous les projets (BE HQE Johanson).
101
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Pourcentage de la population Pourcentage de la population
Limiter l’exposition
exposée à des risques exposée à des risques ou
des populations aux risques
ou nuisances aigus dans nuisances aigus sur le
et aux nuisances
l’écoquartier territoire
102
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
103
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
►► bouger ;
►► consommer.
104
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
105
Partie II
La confrontation des enjeux
aux pratiques
2
Le contexte territorial,
humain et institutionnel
de la commune de Petit-Bourg
90 Je suis intervenu à la demande d’Émile Romney et Marc Jalet du cabinet d’architecture Pile
et Face, en 2000. Ils sont venus me chercher à Paris afin de participer à leurs projets sur
la Guadeloupe, ce que j’ai fait jusqu’en 2012, pratiquement sans interruption.
Bâtiments et aménagement durable
2.1 L’attractivité
Il est difficile de positionner stratégiquement une commune en Guadeloupe sans
souligner des traits caractéristiques qui font la spécificité de chaque commune.
La structuration des emplois en Guadeloupe se répartit entre l’économie rési
dentielle (50 % des emplois, seulement 40 % des revenus), tirée par une activité
110
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Au cœur d’un espace naturel remarquable et fragile, dont il assure l’accès par
la route de la traversée qui est en grande partie sur le territoire de la commune,
une zone côtière appartient au Conservatoire du littoral.
111
Bâtiments et aménagement durable
112
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
113
Bâtiments et aménagement durable
Changement climatique
La contribution au changement climatique est de 4,7 TeqCO2 par habitant91 pour
la Guadeloupe (hors transports aériens qui font l’objet d’un décompte particulier)
avec une progression de + 42 % par rapport à 1990, année de référence (pour
la même période, la France métropolitaine diminuait sa contribution de - 14 %
à 6 TeqCO2 par habitant), soit une contribution annuelle globale théorique
de 96 950 TeqCO2 pour la commune.
Si l’objectif au niveau de la Guadeloupe doit être de maintenir et non de pro
gresser, pour l’écoquartier la maîtrise des facteurs d’émission de gaz à effet de
serre est un défi important, qui se déclinera en nombreuses lignes d’actions.
Biodiversité
La description du cadre géographique de la commune doit conduire à une
approche volontariste en matière de biodiversité tant pour maintenir celle qui
existe (notamment en luttant contre les prélèvements sauvages et destructeurs)
que pour offrir un cadre adapté pour celle à développer.
Le diagnostic « biodiversité » fondé sur le potentiel de biodiversité des différents
espaces permettra d’identifier les zones exceptionnelles, ainsi que celles à
développer. Une cartographie de la valeur de la biodiversité des espaces devrait
être établie pour assurer une gestion coordonnée et globale de la biodiversité.
Économie
Pour assurer le maintien et le développement des ressources locales, en évitant
de devenir la cité-dortoir de l’agglomération de Pointe-à-Pitre, des Abymes et de
Baie-Mahault qui détiennent la majeure partie des emplois de la Guadeloupe,
la commune doit stimuler une économie locale s’appuyant sur ses points forts
(agriculture, tourisme, recherche) pour développer un tissu actif local.
114
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Bien-être
Le bien-être est une donnée extrêmement personnelle qui dépend de nombreux
facteurs : le droit au logement, à l’emploi, à l’éducation et à la culture, mais
également l’accès à la vie associative, autant de facteurs déterminants pour
obtenir une vision globale positive de la vie dans la commune.
Le projet d’écoquartier doit contribuer au développement de ce bien-être.
Ressources naturelles
La Guadeloupe, en tant qu’île, dépend de nombreuses ressources importées.
Une réflexion en profondeur se développe pour utiliser avec parcimonie les
ressources naturelles non renouvelables de l’île dont les impacts sont forts
(exploitation de carrières, bois tropicaux illégaux) et également raisonner en
termes de bilan carbone en fonction de l’origine des ressources naturelles
utilisées et des modes de transport utilisés.
Nuisances et risques
La Guadeloupe en tant qu’île volcanique doit faire face à des risques naturels :
►► Réguliers comme ceux qui naissent à la période des cyclones (de juin
à novembre) ayant une conséquence sur le régime des eaux pluviales
provenant du bassin-versant, mais également les effets sur la montée des
eaux de mer.
« En Guadeloupe, Marilyn, ouragan de 1995 de classe 1 seulement a
déversé 500 à 600 mm d’eau en 12 heures sur la ville de Basse-Terre dans
la nuit du 14 au 15 septembre. Le cyclone de 1928 a généré une montée
des eaux estimée entre 3 et 4 mètres sur les îlets de la baie de Pointe-à-
Pitre. » (Site météo France 2000)
►► Importants et difficilement prévisibles comme les activités volcaniques et les
activités sismiques du fait de la faille de la plaque caraïbes avec les risques
liés aux potentielles conséquences de celle-ci (tsunami avec des vagues
de 3 à 5 m en cas d’effondrement d’un volcan dans la mer – hypothèse de
l’île de la Dominique).
Pour répondre à ces enjeux, la commune a décidé de les hiérarchiser.
115
Bâtiments et aménagement durable
92 La référence à la notion d’écoquartier tient au fait que le document présenté a été le support
au dossier « Label écoquartier » du ministère. Bien que non labellisé, le dossier nous semble
suffisamment emblématique pour être repris en tant que support de réflexion.
116
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
117
Bâtiments et aménagement durable
94 Merci à la famille Kleemans qui m’a fait découvrir le bel ensemble de Plazerplace à Zeit
(Hollande) et à laquelle je dois mes références historiques.
118
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
119
Bâtiments et aménagement durable
Le pilier économique
Assurer la pertinence et la pérennité dans le temps du montage socioéconomique
du programme (y compris sur ses aspects fonciers et de gestion). Il s’agit de
réaliser l’identification des besoins et d’anticiper sur les usages et modes de
vie à venir, la localisation des activités, la qualité des moyens de transports et
de communication, la mixité fonctionnelle, la réversibilité des équipements, le
développement de l’économie locale, les modes de production et de consom
mation responsables, le financement de l’opération en projets modulables
grâce à son phasage et le programme adaptable dans le temps, l’économie
du projet, selon les modes et les coûts de gestion.
Le pilier environnemental
►► Promouvoir les performances écologiques dans l’aménagement. Il s’agit
d’assurer la sobriété carbone dans l’urbanisme, de développer la mobilité,
de travailler la conception intelligente de la densité, la prise en compte de
120
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
121
Bâtiments et aménagement durable
122
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
123
Bâtiments et aménagement durable
B – L’analyse/diagnostic du site
2.1 Établir un diagnostic territorial approfondi afin de dégager les ressources
et contraintes au regard du développement durable du territoire,
optimiser les ressources foncières en fonction de la sensibilité forte
des milieux aux risques naturels, hiérarchiser les actions selon les
enjeux (croisement lignes d’actions et enjeux).
2.2 Privilégier le lien avec le centre-ville (ou de vie) via des mobilités
alternatives à la voiture individuelle.
2.3 Prise en compte particulière des contraintes environnementales du
site (pollution, risques naturels…).
2.4 Valorisation particulière des atouts environnementaux du site (zones
humides…).
2.5 Mettre en perspective le bilan prévisionnel avec la question des exter
nalités positives du projet.
2.6 Problématique de transports collectifs.
C – Éléments de programme
3.1 Veiller à la mixité des fonctions urbaines.
3.2 Promouvoir la densité et la qualité architecturale et paysagère.
3.3 Encourager la diversité sociale.
3.4 Encourager la diversité générationnelle.
3.5 Veiller à l’installation d’activités économiques respectueuses de l’envi
ronnement (démarches hautes qualités environnementales des entre-
prises installées).
3.6 Travailler la forme urbaine et respecter l’identité du territoire.
124
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
4.7 Penser une gestion optimisée des déchets, orientée vers les habitants
et favorisant les nouveaux comportements.
4.8 Créer des ambiances climatiques et acoustiques pour le confort des
habitants.
4.9 Planifier la gestion de l’énergie à l’échelle du quartier.
4.10 Promotion des TIC (aidant à réduire l’empreinte écologique).
4.11 Traiter et gérer les eaux usées selon des techniques douces pour
assurer une excellente qualité des eaux de surface.
125
Bâtiments et aménagement durable
126
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectif
Exprimer une volonté politique forte autour du
projet, accompagnée par la mise en place d’une Financement
stratégie développement durable à l’échelle de
La ville.
l’agglomération avec la mise en annexe de la
convention écoquartier, la charte écoquartier de la
ville de Petit-Bourg qui devient un outil contractuel.
Acteurs concernés
-- La ville.
-- Les partenaires du projet.
127
Bâtiments et aménagement durable
95 En 1996 à Sophia Antipolis, mais il me sera beaucoup pardonné car je l’ai fait de bonne foi.
128
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectif Financements
Intégrer dès la conception du -- Bilan opération.
projet les enjeux du développement -- Ville.
durable. -- État.
129
Bâtiments et aménagement durable
130
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Prolongation du comité d’orientations stratégiques,
qui analyse les actions à moyen et long terme.
-- Implication et participation effective (au-delà des
obligations actuelles d’informations) des riverains
du site, acteurs économiques, futurs habitants,
autres usagers… Financements
-- Faire connaissance avec la population. -- La ville.
-- Recueillir l’avis des habitants sur le projet et -- Le bilan de l’opération.
prendre en considération les besoins et les
attentes.
-- Impliquer la population dans le déroulement de
l’opération.
-- Pérenniser la participation en créant des lieux
d’échanges.
131
Bâtiments et aménagement durable
132
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectif
Décrire les rôles et responsabilités qui résultent
Financement
de la mise en œuvre de la charte avec le
positionnement des acteurs. Les partenaires sont La ville.
identifiés au travers de leurs rôles dans la mise en
œuvre des thématiques.
133
Bâtiments et aménagement durable
Objectif
Dégager les lignes principales prospectives du Financements
devenir du territoire en fonction des scénarios
socioéconomiques caractérisant des tendances -- La ville.
linéaires, volontaristes ou en rupture, dans le cadre -- Le département.
d’un urbanisme durable (optimisation foncière, prise -- La région.
en compte des enjeux environnementaux et des -- L’État.
risques, circuit court), afin de contribuer à une forte
réduction de l’empreinte écologique du territoire.
134
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Assurer la sécurité juridique des opérations. Financements
-- Mobiliser les ressources publiques et privées -- La ville.
afin d’assurer un financement permanent de -- Les partenaires.
l’écoquartier.
Acteurs concernés
-- La ville.
-- La SEMAG.
-- Les partenaires financiers.
-- Les intervenants dans le projet d’écoquartier.
135
Bâtiments et aménagement durable
136
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Penser une gestion optimisée des déchets, orientée vers les habitants
et favorisant les nouveaux comportements
Objectifs
Financements
-- Intégration dans la conception des espaces publics des
aménagements nécessaires pour optimiser et encourager la -- État.
démarche de tri et recyclage au-delà du minimum demandé -- Subvention FEDER.
par la collectivité. -- Le conseil général et le
-- Cohérence du projet avec les orientations fixées par le plan conseil régional.
départemental d’élimination des déchets.
137
Bâtiments et aménagement durable
Penser une gestion optimisée des déchets, orientée vers les habitants
et favorisant les nouveaux comportements
Moyens mis en œuvre Délais
-- Mise en place des conditions d’une optimisation du passage -- Réflexion à initier dès la
du service public collecte des déchets ménagers : collecte des phase études.
encombrants, des déchets recyclables, des ordures ménagères -- Projet à mettre en place
résiduelles. durant la phase des
-- Gestion collective à l’échelle du quartier pour réduire les travaux.
déchets à la source et améliorer le tri.
-- Aménagements extérieurs permettant de réduire les nuisances
du stockage et de la collecte : réalisation de points d’apports
volontaires (selon un maillage pertinent), d’emplacements de
présentation des conteneurs à la collecte avec des matériaux
et des conceptions cohérentes avec les contraintes du service.
-- Si jardin privatif, compostage favorisé des déchets verts. Indication d’évaluation
-- Selon la taille du quartier, implantation d’une déchetterie. Analyse de l’évolution des
Acteurs concernés pratiques.
-- Entreprises spécialisées dans les recyclages, la ville,
l’aménageur.
-- Opérateurs de construction de logements.
-- La région Guadeloupe, le conseil général.
-- L’ensemble des habitants, ADEME.
138
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Cette action aisée à réaliser mais aux résultats incertains fait partie de la
panoplie de la mise en place des écoquartiers. Elle suppose comme corollaire
de mettre en œuvre une véritable information des flux réels de la destination
du tri sélectif.
139
Bâtiments et aménagement durable
Pour les services publics, l’indicateur CO2 peut devenir un indicateur de mana
gement pertinent pour développer une véritable économie des services publics.
Objectifs
-- Aménagement paysager valorisant des pratiques extensives
(prairies, arbustifs) nécessitant peu d’entretien et peu de
traitement et intégrant des espèces locales.
-- Conception de places, de mails, de voiries avec des matériaux
en cohérence. Financements
-- Limiter les consommations énergétiques et la pollution -- La ville.
lumineuse. -- Le bilan de l’opération.
-- Obtenir les performances en matière de gestion alternative des
eaux pluviales qui sous-tendent ces choix.
-- Développer une signalétique culturelle qui souligne le patrimoine
de la ville (relation à l’esclavage, aux droits de l’homme, à la
culture de la canne, aux espaces naturels sensibles).
140
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
La gestion des espaces publics est souvent mise en avant dans les services
d’urbanisme en raison de la culture de l’aménagement paysager de la plupart
des chefs de service urbanisme. Ils doivent être gérés en recherchant les
différentes solutions les plus économes en matériaux et en énergie.
Acteurs concernés
Indicateurs d’évaluation
-- La ville.
-- Bailleurs sociaux. Diagnostics « Énergie des
bâtiments ».
-- Constructeurs privés.
-- Maître d’œuvre.
-- Architecte, concepteur.
Cette fiche d’action, souvent peu mise en œuvre, est susceptible de générer
une somme d’économies et de réduction de gaz à effet de serre, si elle est
développée dans un état d’esprit de développement durable. Elle demande
une anticipation, voire une maîtrise de l’exploitation, qui conduit à choisir le
gestionnaire le plus tôt possible pour qu’il valide des solutions qui vont influencer
son entretien et sa gestion.
141
Bâtiments et aménagement durable
Pérenniser la démarche
Organiser la coopération entre les acteurs économiques et la formation continue
des élus et de l’ensemble des acteurs de l’aménagement. Le site se prête
particulièrement bien à la formation au développement durable en tant qu’activité
permanente du lieu.
Objectif
Financements
Rechercher un comportement des (futurs)
acteurs économiques en phase avec les -- CCI.
ambitions du quartier et contribuant à l’atteinte -- Commerçants de la zone.
des cibles environnementales.
Indicateurs d’évaluation
Acteurs concernés
-- Taux de participation des acteurs dans les
-- Organisations syndicales des entreprises.
projets.
-- Association des commerçants.
-- Mesures et engagements pris par ces
-- CCI.
acteurs pour inciter l’emploi
Il s’agit de :
►► Sensibiliser le grand public aux enjeux du développement durable.
►► Favoriser et développer la recherche et l’innovation à tous les niveaux
compte tenu de la présence sur la commune de l’INRA. Ce projet sera
particulièrement développé pour répondre aux enjeux connus sous le thème
de la maîtrise de la boucle alimentaire locale.
142
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs Financements
-- Développer une démarche globale de -- Ville.
production et de distribution permettant d’offrir -- Conseil régional.
à l’ensemble des établissements publics -- État (innovation).
distribuant des repas (écoles, hôpitaux, maisons
de santé, maisons de retraite) des produits
locaux en fonction de saison pour assurer une
boucle locale alimentaire pour 50 % des repas.
-- Mettre sur pied un marché local bio pérenne.
Acteurs concernés
-- La ville. Indicateur de performance
-- Les gestionnaires d’établissements collectifs.
-- Producteurs indépendants. % produits alimentaires locaux/produits
alimentaires distribués en tonnes.
-- Chambre d’agriculture.
-- Association alternative de distribution (bio,
commerce équitable).
Il faut être attentif, dans tous les projets, à utiliser les ressources locales qui
peuvent être des leviers afin de faire naître de nouvelles compétences.
Il y a de fortes chances pour que la station de l’INRA soit plus compétente
en développement de phytosanitaires pour la culture de la banane que sur la
culture de la patate douce.
Dans ce cas, il s’agit de faire émerger des travaux de recherche, partiellement
pertinents pour la collectivité de proximité. La station de l’INRA dispose
obligatoirement de connaissances scientifiques solides sur la nature des sols
alentours, sur des éléments qui permettent de faire naître une convergence
opérationnelle avec les milieux locaux. Je connais suffisamment les milieux
scientifiques pour savoir qu’ils ne seraient pas insensibles à développer une
problématique locale, y compris en obtenant en appui des fonds régionaux
ou européens.
143
Bâtiments et aménagement durable
Objectif
Financement
Plan-masse prenant en compte les éléments du diagnostic et
créant un lieu d’échanges entre le centre-bourg existant, la Bilan de l’opération.
campagne environnante, les accès aux sites remarquables.
96 Lors d’une de mes analyses financières, j’ai découvert la belle économie que représentait la
consigne – verre dans le bilan des sociétés – renforçant par là même leurs fonds propres.
144
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Indicateurs d’évaluation
C’est un véritable défi qu’il s’agit de relever : dans de nombreux cas, les espaces
publics de qualité au début se dégradent voire deviennent des espaces de
non-droits, dédiés à tous les trafics.
Il faut promouvoir la mixité sociale : la Guadeloupe connaît un fort taux de
demande non satisfaite en logements sociaux, le PLH prend en compte ces
besoins mais doit équilibrer l’offre par types de logements offerts. Toutefois, la
qualité du logement social au regard de la production privée conduit à diversifier
la nature des accédants.
Avant la crise de 2008, il existait une Guadeloupe à deux vitesses :
►► Celle de la défiscalisation qui a permis de transférer dans les Antilles, puis
dans certains paradis fiscaux, des fortunes bien établies.
►► Une population qui connaissait une dépendance forte aux aides sociales,
motif mis en avant pour assurer le maintien de la situation actuelle, y compris
celle des monopoles de distribution.
145
Bâtiments et aménagement durable
Tout cela a abouti à la crise de 2009 dont on ne mesure pas encore complètement
les conséquences.
Il est clair que des mesures devront être prises pour :
►► Valoriser localement une jeunesse très bien formée.
►► Mettre un terme à cette technostructure métropolitaine qui cherche à se
préserver 97.
►► Mettre à plat le potentiel guadeloupéen en perspective avec les Caraïbes
et l’Amérique.
Objectifs
-- Mettre en œuvre la diversité sociale et des revenus
dans la définition de la répartition du programme Financement
en fonction du PLH. Budget de l’opération.
-- Encourager les liens sociaux entre les différentes
générations.
97 Le contexte guadeloupéen n’est pas loin de ressembler à la Société des Nations telle que
décrite par Albert Cohen dans Belle du Seigneur.
146
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Agir en prolongation du comité d’orientations stratégiques,
qui analyse les actions à moyen et long terme.
-- Impliquer et obtenir la participation effective (au-delà des
obligations actuelles d’informations) des riverains du site, Financements
acteurs économiques, futurs habitants, autres usagers… -- La ville.
-- Faire connaissance avec la population. -- Le bilan de l’opération.
-- Recueillir l’avis des habitants sur le projet et prendre en
considération les besoins et les attentes.
-- Impliquer la population dans le déroulement de l’opération.
-- Pérenniser la participation en créant des lieux d’échanges.
147
Bâtiments et aménagement durable
148
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectif
Financements
Chaque immeuble collectif, chaque ensemble de -- Constructeur.
logements doit rendre possibles les lieux d’échange et
-- Ville.
de rencontres.
Délais
Moyens mis en œuvre -- Dès la conception des bâtiments.
Mise en place de lieux communs (buanderie commune, -- Contraintes à intégrer l’instruction
salle commune…) permettant aux habitants de se des permis de construire.
rencontrer, de créer des événements locaux (la fête -- Règles particulières pour le calcul de
des voisins) ou d’avoir des lieux d’activités communes la surface hors œuvre nette (SHON).
(barbecue…).
Indicateurs d’évaluation
Surface par ensemble mis à la
Acteurs concernés disposition/surface totale.
-- Bailleurs de logements. Indicateur de performance
-- Constructeurs privés.
Surfaces dédiées/surfaces construites.
149
Bâtiments et aménagement durable
Tableau 2.20 Fiche 4.8 Créer les ambiances climatiques pour le confort
Objectifs
-- Étudier les filières d’écoconstruction locales déjà
implantées/favoriser le développement de ses filiales.
-- Construire des bâtiments à l’empreinte écologique limitée
(consommation de ressources). Financement
-- Construire des bâtiments à la toxicité potentielle limitée.
Bilan de l’opération.
-- Choix des matériaux guidé par des impératifs de type
HQE.
-- Privilégier les matériaux renouvelables et recyclables,
exigence du cahier des charges des promoteurs et
constructeurs.
150
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Indicateurs d’évaluation
-- Obtention d’une analyse du cycle
de vie des principaux matériaux
Acteurs concernés utilisés (oui/non).
-- L’aménageur, la ville, l’ADEME. -- Minimum de matériaux locaux
-- La maîtrise d’œuvre. (approvisionnement dans
-- Fédération du BTP. un rayon de x km) label FSC
-- Entreprises. obligatoire pour le bois/matériau
si tropical.
-- Maîtrise d’œuvre.
Indicateur de performance
Matériaux écocertifiés/total
matériaux en tonnes.
151
Bâtiments et aménagement durable
Sur les aspects sanitaires, les références sont celles d’un pays tropical pour
lesquels les critères sont fondamentalement différents. Nous pouvons faire le
parallèle avec les travaux faits dans d’autres pays, cités ci-après, même si cette
152
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
153
Bâtiments et aménagement durable
Mettre sur pied un cahier des charges développement durable du cadre bâti pour traiter
les questions sociales (parcours résidentiel) environnementales (énergie, confort et santé)
et économiques (affectation des ressources pour le logement aidé de qualité)
Objectifs Financements
-- Assurer la conception et la réalisation des bâtiments -- La ville.
en conformité avec la charte écoquartier de la ville. -- Les partenaires.
-- Mobiliser les ressources publiques et privées afin -- Constructeurs et maîtres d’ouvrage
d’assurer leur réalisation. sociaux.
Acteurs concernés
-- La ville.
-- La SEMAG.
-- Les partenaires.
-- Les intervenants dans le projet d’écoquartier.
154
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
155
Bâtiments et aménagement durable
Objectifs
-- Encourager la compacité et l’urbanisme de
« courte distance ». Financements
-- Structurer l’écoquartier autour d’une trame verte et -- Budget opération.
de sa trame bleue. -- Ville.
-- Prendre en compte les émissions de CO2 -- Conseil général.
des habitants et usagers cumulées (habitat
+ transport).
156
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
157
Bâtiments et aménagement durable
Financement
Objectifs Bilan de l’opération.
-- Afficher une densité minimale de l’écoquartier et
cohérente avec son environnement urbain.
-- Optimiser la ressource foncière par des formes adaptées
au contexte urbain (typologie compacte) économes en
ressources terrain, qui concilient la production d’un
espace au caractère urbain (usages et formes) et les Délais
aspirations rationnelles des habitants. Dès le démarrage des études.
-- En renouvellement urbain : privilégier la qualité de vie et la
faible consommation de sols dans le choix de la densité.
158
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Retour sur la fiche 4.8 « Créer les ambiances climatiques pour le confort »
Cette fiche cherche à répondre à cette exigence. Il s’agit de promouvoir la qualité
architecturale et urbaine. Parmi les objectifs du projet, les deux dimensions
d’aménagement et du bâti sont couvertes par la charte d’écoquartier portée
par la ville. Elle exprime la volonté de la ville tant par son organisation que
par les objectifs qu’elle décrit. Comme nous l’avons souligné précédemment,
la volonté politique initiale est indispensable et il est doublement regrettable :
►► Que les ministères se contentent de faire de la promotion de telle ou telle
approche (HQE, label « écoquartier », Villes unies ou autres).
159
Bâtiments et aménagement durable
160
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Mettre sur pied un cahier des charges développement durable du cadre bâti pour traiter
les questions sociales (parcours résidentiel) environnementales (énergie, confort et santé)
et économiques (affectation des ressources pour le logement aidé de qualité)
Objectifs Financements
-- Assurer la conception et la réalisation des bâtiments en -- La ville.
conformité avec la charte écoquartier de la ville. -- Les partenaires.
-- Mobiliser les ressources publiques et privées afin d’assurer leur -- Constructeurs et maîtres
réalisation. d’ouvrage sociaux.
Moyens mis en œuvre Délais
Réalisation d’un cahier des charges pour la conception et Le plus tôt possible pour
construction des bâtiments dans l’écoquartier prenant en charge : être annexé à la charte
-- Le parcours résidentiel des habitants (modularité) et les écoquartier.
exigences d’intimité et de lien social.
-- Les exigences environnementales (RTAADOM - 20 %), la mise
en œuvre des critères de confort visuel (facteur de lumière du
jour et lutte contre l’éblouissement).
-- Les exigences économiques par une démarche en coût global, Indicateurs d’évaluation/
l’investissement permet de réduire les charges sur le long terme. Indicateur de performance
-- Intégrer ce cahier des charges en tant qu’élément de la charte
-- CO2 évités par m2.
écoquartier et, de ce fait, contractuel.
-- Prix de revient m2 en coût
-- Les permis de construire doivent être instruits en s’appuyant
global.
sur des études évaluant ces critères.
-- Taux de rotation des
Acteurs concernés logements.
-- La ville.
-- La SEMAG.
-- Les partenaires.
-- Les intervenants dans le projet d’écoquartier.
161
Bâtiments et aménagement durable
162
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Veiller à la présence de fonctions urbaines autres que le Financements
logement dans l’écoquartier.
-- Bilan de l’opération.
-- Développer les synergies logements/activités/services.
-- Conseil régional.
-- Dynamiser l’économie locale en confortant les activités
-- Conseil général.
existantes.
-- CCI de la Guadeloupe.
-- Créer et organiser des nouvelles activités compatibles avec
les objectifs du développement durable.
Indicateurs d’évaluation
Acteurs concernés
-- Associations des commerçants. Les x fonctions urbaines à
proximité/population desservie
-- Aménageurs.
(rayon d’achalandage en modes
-- Opérateurs de construction.
doux).
163
Bâtiments et aménagement durable
Objectifs
-- Encourager les entreprises implantées au respect
d’exigences environnementales.
Financements
-- Encourager l’implantation d’entreprises ou
services collectifs actifs dans les secteurs liés à -- Budget de l’opération
l’environnement (énergies, écoconstruction, centres -- Subventions FEDER
télétravail, de médiation numérique, etc.).
-- Rechercher la labellisation HQE (Haute qualité
environnementale) pour la zone aménagée.
Indicateurs d’évaluation
Mise en place d’une charte
Acteurs concernés
environnementale.
-- Acteurs économiques.
Indicateur de performance
-- CCI de Guadeloupe.
Nombre d’entreprises inscrites dans
une démarche NF EN ISO 14001.
164
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
165
Bâtiments et aménagement durable
166
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Réduire la fracture numérique du
territoire en permettant un accès
au haut débit.
Financement
-- Se conformer au plan mis en
place par l’État pour lutter contre Bilan de l’opération.
la fracture numérique.
-- Développer de nouvelles
compétences locales pour
répondre à la demande.
167
Bâtiments et aménagement durable
Objectif Financements
Identifier et caractériser les pollutions des sols aux risques -- Ville.
naturels éventuels de manière accentuée par rapport aux minima
réglementaires afin de choisir un usage et une gestion cohérents. -- Budget de l’opération.
168
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
-- Maîtrise d’œuvre.
-- Architectes.
-- Maître d’ouvrage.
Objectifs
-- Conserver et/ou renforcer la présence du végétal
et de l’eau dans les aménagements et créer
un environnement paysager (constructions Financement
et espaces publics) en cohérence avec cette
priorité. Budget opération.
-- Prise en compte et valoriser la ravine qui traverse
l’opération.
-- Préservation des espaces animaliers et végétaux.
169
Bâtiments et aménagement durable
170
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
171
Bâtiments et aménagement durable
Un toit de tôle avec une charpente bois n’impose pas de climatisation. L’excès que
j’ai pu observer est celui de la DIREN Guadeloupe, dont le bâtiment bénéficiait
d’une climatisation solaire (une première en France). Toutefois, toutes les
portes étaient closes malgré le patio avec de l’eau pour rafraîchir l’air et faciliter
les rencontres afin, disait la standardiste derrière son guichet protecteur, de
conserver les 19 °C que toute personne désire avoir dans son bureau.
Autrement dit, dans le cadre d’une bonne conception bioclimatique, la technique
et la technologie peuvent se révéler la pire des choses.
172
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Pour assurer une gestion qualitative et économe des ressources en eau, il faut
réduire la consommation d’eau, en particulier d’eau potable, des habitants et
de la collectivité.
Les climats tropicaux sont connus pour avoir une double saison : une saison
sèche et une saison humide qui, en Guadeloupe, s’étend de mai à octobre
(et se termine par la saison des ouragans dévastateurs). La quantité d’eau ne
semble pas poser de problème compte tenu de la fréquence des précipitations,
bien que le sol volcanique ne se révèle pas particulièrement adapté pour les
infiltrations. Il existe même des sources d’eau minérale d’excellente qualité.
Cela n’a pas empêché le préfet de région de Guadeloupe de prendre un arrêté
sécheresse en mars 2013.
173
Bâtiments et aménagement durable
Objectifs
-- Collecte utile – voire paysagée – des eaux pluviales. Financements
-- Limitation de l’imperméabilisation des sols. -- Bilan de l’opération.
-- Limiter la consommation d’eaux potables par l’utilisation -- La collectivité.
d’eaux de pluies traitées et utilisées pour certains usages -- La région Guadeloupe.
spécifiques.
Moyens mis en œuvre
-- Favoriser l’infiltration et limiter l’imperméabilisation
(espaces verts en pleine terre).
-- Réduire la vitesse d’écoulement des eaux de
Délais
ruissellement et différer leurs arrivées aux exutoires.
(réalisation de fossés drainants, de noues, de bassins Mise en place dès le démarrage de
réservoirs, matériaux drainants pour les espaces publics, l’opération.
toitures végétalisées).
-- Intégration du cheminement des eaux aux tracés urbains.
-- Rendre visible la présence de l’eau dans la ville (trame
bleue).
-- Maîtriser les consommations en eau potable par la
récupération et réutilisation des eaux pluviales de Indicateurs d’évaluation
toitures. -- Existence d’un système de
Acteurs concernés collecte et réutilisation des eaux
de pluie.
-- Aménageurs.
-- Part de la surface totale en pleine
-- Paysagistes. terre (30 %).
-- Architectes. -- Statistiques sur la consommation
-- BET spécialisés. d’eau.
-- La maîtrise d’œuvre.
174
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
►► Elle a fait l’objet d’un traitement classique voire obsolète que j’ai déjà eu
l’occasion de dénoncer auprès des élus de Baie-Mahault, en raison d’un
projet de station d’épuration rejetant ses effluents dans la mangrove, classée
au patrimoine de l’humanité.
Voici un point intéressant de la situation parfaitement bien documenté dans
l’article du 25 juillet 2010 « Chlordécone aux Antilles » de Gérard Bovon100
sur le site S-eau-S, auquel il est important de se référer, pour disposer d’une
vision complète. Si ce texte est par moment excessif dans sa forme, il est
tout à la fois bien documenté et précis. Il cite des sources indiscutables et si
l’on peut ne pas souscrire au ton polémique, il me semble intéressant de le
donner en référence pour poser la question qui ne fait pas encore l’objet de
175
Bâtiments et aménagement durable
restaurations des milieux à bon niveau. Le temps efface parfois les dégâts,
mais pas toujours et il serait dramatique de constater que la négligence et la
complaisance maintiennent un état d’insalubrité publique.
176
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
177
Bâtiments et aménagement durable
après l’abandon des activités agricoles pour certains. Pour d’autres, l’urbanisation
ou l’agriculture ont perturbé significativement leur bon fonctionnement. Les
milieux ont été très fragilisés tant par les pressions humaines que par les
catastrophes naturelles. Chaque formation végétale présente différents stades
d’altération, avec leurs cortèges floristiques caractéristiques. Les formations
secondaires sont fréquentes. C’est ainsi que la forêt semi-décidue originelle et
la forêt sempervirente saisonnière (type de forêts toujours vertes) ne subsistent
plus qu’à l’état de lambeaux ou d’îlots plus ou moins secondarisés.
La forêt ombrophile est elle-même soumise à un “mitage” qui s’accentue
de façon inquiétante avec une augmentation des espèces banales et peu
structurantes. Ces dégradations entraînent la perte d’espèces rares, dépendantes
des formations climatiques et subclimatiques et présentant une forte valeur
écologique et patrimoniale. Ainsi, plusieurs espèces animales et végétales
ont disparu dont certaines endémiques strictes, ce qui représente une perte
définitive pour la biodiversité mondiale : 3 oiseaux, 1 reptile et 1 mollusque
terrestres sont éteints et 27 plantes, 5 mammifères, 1 oiseau, 2 reptiles et
1 mollusque terrestres sont inscrits comme menacés. La forêt sèche ou forêt
xérophile subit encore de nombreuses dégradations. Elle présente pourtant
une grande biodiversité et abrite des espèces protégées. »
178
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
179
Bâtiments et aménagement durable
Il y a 260 espèces connues et 109 espèces ont été recensées dans le Grand
Cul-de-sac marin. Ce sont 3 espèces de tortues marines qui pondent encore sur
certaines plages de Guadeloupe et ses dépendances et 17 espèces de cétacés
ont actuellement été recensées dans les eaux guadeloupéennes. D’autres,
plus communes, sont présentes toute l’année (certains dauphins, Globicephala
macrorhynchus) ou en migration hivernale pour la reproduction et la mise bas.
De nombreuses espèces végétales et animales sont maintenant protégées par
arrêtés ministériels. Quelques espèces végétales, parmi les plus menacées et
les plus rares, ont aussi été transplantées au Conservatoire botanique de Brest.
Tableau 2.41 Indicateur du patrimoine naturel protégé en 2005
180
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Les trames vertes et les trames bleues (pour la présence de l’eau) sont une
figure classique d’un aménagement qu’il soit durable ou non. Cette approche
reste la plus accessible et surtout la plus visuelle. Nous la retrouvons dans
tous les dossiers.
181
Bâtiments et aménagement durable
Ce système est fondé sur un état des lieux précisant les enjeux de développement
durable pour le territoire de Petit-Bourg.
182
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
▼▼ la climatologie ;
▼▼ la topographie ;
▼▼ l’hydrogéologie (voir dossier de déclaration loi sur l’eau remis par la
SEMAG) ;
▼▼ la faune ;
▼▼ la flore ;
▼▼ les paysages ;
▼▼ la qualité de l’air ;
▼▼ la qualité du sous-sol.
►► Le milieu humain :
▼▼ la population ;
▼▼ le logement ;
▼▼ les activités et les commerces ;
▼▼ le foncier ;
▼▼ l’occupation du sol.
►► Le réseau viaire et le stationnement :
▼▼ les modes de déplacement ;
▼▼ les équipements publics ;
▼▼ les réseaux divers ;
▼▼ le bruit.
►► L’aspect réglementaire :
▼▼ le schéma d’aménagement régional (SAR) ;
▼▼ le plan local d’urbanisme (PLU) ;
▼▼ les servitudes d’utilité publiques ;
►► La démarche urbanistique globale : les grandes orientations.
2.4.5 Le projet
►► Présentation du projet.
►► Justification du projet : les impacts.
183
Bâtiments et aménagement durable
184
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
185
Bâtiments et aménagement durable
Concertation102
Cette concertation prévue par les textes est obligatoire et l’élaboration
de 2 panneaux de présentation format A0 ne dispense pas des réunions de
concertation au fur et à mesure des études au travers des phases d’étapes.
Dossier de création
Conformément à l’article R 311-2 du Code de l’urbanisme, le dossier de création
de la ZAC de Saint-Jean comprendra :
►► Un rapport de présentation :
▼▼ exposant l’objet et la justification de l’opération ;
▼▼ comportant une description de l’état du site et de son environnement ;
▼▼ indiquant le programme global prévisionnel des constructions à édifier
dans la zone ;
▼▼ énonçant les raisons pour lesquelles, au regard des dispositions d’urba-
nisme en vigueur sur le territoire de la commune et de l’insertion dans
l’environnement naturel ou urbain, le projet faisant l’objet du dossier de
création a été retenu.
►► Les documents suivants :
▼▼ un plan de situation ;
▼▼ un plan de délimitation du périmètre composant la zone ;
▼▼ l’étude d’impact ;
▼▼ le dossier de déclaration au titre de la loi sur l’eau (fourni par la SEMAG) ;
186
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objet
Le dossier de réalisation comprendra les pièces écrites et graphiques énoncées
dans les articles R 311-10.1 et suivants du Code de l’urbanisme et comprendra
notamment :
Un rapport de présentation :
►► Le programme des équipements publics à réaliser dans la zone.
►► Le projet de programme global des constructions à réaliser dans la zone.
►► Les modalités prévisionnelles de financement de l’opération d’aménagement,
échelonné dans le temps.
►► Mise en œuvre de la traduction réglementaire de la ZAC : la modification
du plan d’occupation des sols (POS) sous régime PLU conformément à la
loi SRU.
►► Le règlement fixera les règles applicables aux terrains situés dans les
secteurs de la ZAC conformément aux dispositions de l’article R 123-21
du Code de l’urbanisme.
►► Les compléments à l’étude d’impact, établis sur la base des études techniques
(APS VRD).
►► Une notice descriptive du schéma indiquant les surfaces des parcelles et
la SHON constructible par typologie, le programme des espaces publics,
des réseaux et les coûts des dessertes en réseaux et des aménagements
publics.
187
Bâtiments et aménagement durable
188
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
189
Partie III
L’évaluation et les études
complémentaires
3
L’évaluation, un processus
en continu103
103 Travail élaboré pour l’association HQE® dans le cadre d’un module de formation sur l’aména
gement durable réalisé par un groupement UNSFA-CICF et sabordé par un prestataire.
104 Source : Petit Larousse illustré.
Bâtiments et aménagement durable
traduit par les deux termes « quantifier » et « évaluer » (par exemple, évaluer
les dommages ou damages assessment).
Parmi les nombreuses définitions de l’évaluation, nous avons voulu mettre
l’accent sur celle de Marc-Henry Broch et Françoise Cros105 qui considèrent
l’évaluation de projet comme :
►► « Un acte social, inséré dans un tissu fait d’individus travaillant dans le
même organisme.
►► Un acte méthodologique en ce qu’il nécessite des compétences dans
l’élaboration et l’utilisation d’instruments pertinents dans un ensemble
cohérent de procédures et de processus.
►► Un acte stratégique qui s’inscrit dans une relation entre le commanditaire
et les acteurs du projet.
►► Un acte décisionnel où l’évaluateur choisit la manière dont il va conduire
l’évaluation du projet et négocier avec les différentes instances de l’entreprise,
y compris avec le commanditaire. »
105 Françoise Cros et Marc-Henry Broch, Évaluer le projet de notre organisation – Entreprises,
associations, établissements publics, réflexions, méthodes et techniques, Chronique sociale,
1992.
194
L’évaluation, un processus en continu
195
Bâtiments et aménagement durable
196
L’évaluation, un processus en continu
197
Bâtiments et aménagement durable
198
L’évaluation, un processus en continu
199
Bâtiments et aménagement durable
200
L’évaluation, un processus en continu
106 Généralement, les enjeux prioritaires ne dépassent pas le nombre de 10 et font l’objet
d’un suivi permanent (« top ten »).
201
Bâtiments et aménagement durable
Ex post
►► Cas 1 commanditaire : la collectivité. Il s’agit d’évaluer la contribution
globale par rapport au thème avec prise en compte de la biodiversité des
zones humides et du ruisseau et l’apport fait à la collectivité. Cela met en
exergue les liens entre l’existant et le nouveau site créé. Cela permet de
définir les passerelles de gestion locale à mettre en œuvre pour assurer
les liens entre le nouveau quartier et les anciens.
►► Cas 2 commanditaire : l’aménageur. Il s’agit de mesurer les efforts réalisés
pour traiter ce thème complexe Il est important de clarifier ce point avec le
commanditaire de l’évaluation, afin d’éviter des observations du type : « nous
aurions pu, si nous avions eu l’information, mettre en œuvre telle ou telle
solution » source d’incompréhension entre l’évaluateur et le commanditaire.
202
L’évaluation, un processus en continu
203
Bâtiments et aménagement durable
204
L’évaluation, un processus en continu
205
Bâtiments et aménagement durable
206
L’évaluation, un processus en continu
Pour ce qui est de l’aménagement durable, nous nous situons dans le cadre
du développement durable.
De ce fait, la performance visée est l’ensemble des efforts réalisés pour améliorer
la gouvernance, réduire les impacts environnementaux, économiques et sociaux.
Pour les aspects économiques et sociaux, les résultats doivent être positifs :
►► améliorer l’économie en coût global du projet ;
►► avoir un effet positif sur l’environnement social du projet.
Un résultat ultime signifie qu’il s’agit d’une résultante d’efforts et non la description
de tous les efforts réalisés.
Comme dans tout projet, un projet d’aménagement durable résulte d’un certain
nombre d’activités, lesquelles s’inscrivent dans un système de gestion.
L’activité doit, pour être performante, s’inscrire dans le processus PDCA :
►► elle doit être planifiée ;
►► elle doit être mise en œuvre ;
►► elle doit être contrôlée ;
►► elle doit être enregistrée.
C’est à l’occasion de ces deux dernières actions – contrôle et enregistrement –
que l’on réalise la mesure de la performance. Un indicateur est avant tout un
instrument de mesure, quantitatif autant que possible, il devient qualitatif lorsqu’il
améliore la perception d’un élément comme le confort.
207
Bâtiments et aménagement durable
Dans les trois chapitres qui suivent nous développons plus particulièrement
le choix des indicateurs qui permettent de caractériser le site (indicateurs de
conditions du projet, indicateurs opérationnels du projet et évaluation de projet).
Tout indicateur doit être un instrument de mesure pour le décideur à son niveau,
soit pour évaluer une situation et donner une orientation (indicateur de conditions)
soit un indicateur de performance du projet (indicateur opérationnel), les
références sont issues du document de l’association HQE® sur l’aménagement
durable.
208
L’évaluation, un processus en continu
Pour couvrir une telle diversité, il s’agit de reprendre les enjeux relatifs au
développement durable pour faire un choix pertinent.
Les enjeux repris le guide de l’association HQE® de mars 2010 sont les suivants :
1. Changement climatique, maîtrise de l’énergie.
2. Biodiversité.
3. Ressource naturelle.
4. Santé et bien-être.
5. Cohésion sociale et territoriale.
6. Économie.
D’autres auteurs, ajoutent en tant qu’enjeu : les nuisances et les risques, ce
qui nous semble raisonnable. Nous avons vu que d’autres finalités peuvent
être choisies
Le Commissariat général au développement durable relie la stratégie
nationale aux 9 défis suivants :
►► Défi 1 : Consommation et production durable.
►► Défi 2 : Société de la connaissance.
►► Défi 3 : Gouvernance.
►► Défi 4 : Changement climatique et énergies.
►► Défi 5 : Transport et mobilité durables.
►► Défi 6 : Conservation et gestion durable de la biodiversité et des ressources
naturelles.
►► Défi 7 : Santé publique, prévention et gestion des risques.
►► Défi 8 : Démographie, immigration, inclusion sociale.
►► Défi9 : Défis internationaux en matière de développement durable et de
pauvreté dans le monde.
Pour décrire un territoire, nous disposons de nombreux indicateurs envi
ronnementaux notamment au travers de la norme NF P01-010 Qualité
environnementale des produits de construction – Déclaration environnementale et
sanitaire des produits de construction de 2004 et de ses différentes parties mais
également de la norme expérimentale de 2009 XP P01-020-3 Bâtiment – Qualité
environnementale des produits de construction et des bâtiments – Partie 3 :
évaluation des performances environnementales d’un bâtiment –Description
du résultat de l’évaluation, de la méthode d’évaluation et de leurs déclinaisons
à différentes étapes d’un projet.
209
Bâtiments et aménagement durable
Si l’on s’appuie sur les outils de mesure utilisés pour les analyses de cycle de
vie des produits, nous disposons également de données environnementales
relatives aux aspects suivants :
►► Pollution atmosphérique en m3 de poussières.
►► L’acidification atmosphérique en NOx émis.
►► La contribution au trou d’ozone (ozone photochimique).
►► La consommation d’eau en m3.
►► La pollution chimique de l’eau en demande chimique en oxygène (DCO).
►► Eutrophisation en demande biologique en oxygène (DBO).
►► Consommation des ressources non énergétiques non renouvelables
épuisables en kg antimoine.
►► Déchets dangereux en kg.
►► Déchets non dangereux et part de valorisation en kg et %.
►► Déchets inertes et part de valorisation en kg et %.
Le choix de ces indicateurs et de leur suivi dépend très étroitement de la
volonté du maître d’ouvrage, des enjeux développement durable du projet et
de la qualité intrinsèque du site.
D’autres indicateurs environnementaux peuvent être utilisés, comme ceux du
Commissariat général du développement durable109 qui a, pour sa part, retenu
les lignes d’action et indicateurs suivants.
210
L’évaluation, un processus en continu
b. Production de granulats.
c. Part de l’agriculture biologique dans la surface agricole utile.
2. Limiter et valoriser les déchets.
Indicateurs :
a. Évolution de la quantité de déchets ménagers collectés par habitant.
b. Taux de valorisation des déchets ménagers et assimilés.
211
Bâtiments et aménagement durable
212
L’évaluation, un processus en continu
213
Bâtiments et aménagement durable
Lignes d’action :
1. Favoriser le développement du capital humain et valoriser le potentiel
d’emploi.
Indicateurs :
a. Évolution du niveau de qualification des jeunes (15-29 ans).
b. Taux d’emploi.
2. S’adapter aux changements structurels de l’économie et répondre aux défis
de la mondialisation.
Indicateurs :
a. Taux de création et de survie à 5 ans des entreprises.
b. Ouverture à l’international : part des emplois appartenant à des établis
sements ou des entreprises dépendant de l’étranger.
3. Encourager des formes de compétitivité pour une croissance durable.
Indicateurs :
a. Potentiel de développement.
b. Taux de croissance du PIB réel régional par habitant.
c. Effort de recherche : dépenses de recherche et développement
rapportées au PIB.
Dans le cadre de la démarche HQE Aménagement™ et compte tenu de la
dimension moyenne des aménagements, nous préconisons d’utiliser les
indicateurs de conditions du développement durable qui permettent de mesurer
l’effet de levier sur le territoire communal ou intercommunal.
Les indicateurs du tableau 3.3, proposés par l’association HQE®, sont des
indicateurs de base, des indicateurs plus précis peuvent être choisis en fonction
de la spécificité du site. Il s’agit des indicateurs suivants :
Tableau 3.3 Indicateurs de la contribution énergétique du territoire
214
L’évaluation, un processus en continu
215
Bâtiments et aménagement durable
216
L’évaluation, un processus en continu
►► Du niveau d’éducation.
►► De l’accès aux services et à la santé.
►► De la répartition générationnelle.
►► Des conditions de vie et de logements.
Comme nous visons à identifier l’effet de levier sur le territoire, nous avons
choisi trois thèmes qui permettent de refléter l’apport de l’aménagement sur le
territoire, c’est-à-dire la contribution à l’emploi, à l’amélioration de l’éducation
et au niveau de revenu, trois thèmes forts.
Le taux d’emploi permet d’identifier les actions mises en place, y compris
en phase de chantier, les clauses d’insertion, qui supposent d’employer des
personnes en recherche d’emploi et en réinsertion, font partie des modalités
qui démontrent que le projet d’aménagement peut avoir un effet de levier pour
le territoire.
L’accès à l’éducation est un thème prioritaire du développement durable. Le
diplôme est un fait objectif qui permet de déterminer que les jeunes peuvent
accéder à un emploi.
La notion de pauvreté couvre diverses notions au travers la notion de revenu :
la pauvreté énergétique qui se développe compte tenu de l’éloignement des
lieux d’activité, de culture, d’emplois et d’éducation, la pauvreté qui ne permet
pas l’accès aux soins. D’autres indicateurs sont utilisables pour représenter
la réalité d’un territoire comme le nombre de personnes bénéficiaires d’aides
mais les chiffres du revenu sont les moins contestables.
217
Bâtiments et aménagement durable
intérieur brut non marchand (services fournis par les administrations pu
bliques et privées à titre gratuit ou quasi gratuit). Ce dernier est, par convention,
évalué à son coût de production. Le PIB est calculé à partir des valeurs ajoutées
fournies par les entreprises et des comptes des administrations.
Le PIB par habitant représente le niveau de vie de la population. Pour faire
levier sur le territoire, cet indicateur doit être mis en regard avec les dépenses
d’investissement de l’aménagement.
Bien entendu, la croissance durable est plus complexe que l’addition de la
valeur ajoutée et suppose un projet plus complet. Pour aborder les notions de
coût global, il faut prendre en compte les externalités du projet, c’est-à-dire
les aspects positifs et négatifs pour la société et le territoire du projet. Cela ne
peut pas se résumer à un seul indicateur mais en un croisement d’indicateurs.
218
L’évaluation, un processus en continu
219
Bâtiments et aménagement durable
Les indicateurs ci-après sont issus de la littérature112, ils utilisent les notions
d’indicateurs d’état (constat) et d’indicateurs de pression ce qui signifie que
l’indicateur a été choisi pour représenter la pression exercée par l’objet observé
sur le niveau global.
220
L’évaluation, un processus en continu
Indicateurs opérationnels :
►► Indicateurs d’état : Surface de bâti protégé « état 0 », nombre de ZPPAUP113,
suivi de l’étude sur les typologies urbaines, reportage et suivi de l’évolution
des paysages urbains.
Les zones de protection du patrimoine sont un point d’appui pour qualifier le
patrimoine du paysage urbain. Ce n’est pas le seul si l’on prend en compte les
aspects esthétiques, les couleurs et les éléments de bien-être. Cet indicateur
doit être complété par des indicateurs qualitatifs, plus subjectifs mais qui
font consensus dans le cadre d’une communauté de vie (identification des
éléments patrimoniaux, rattachement à l’histoire du lieu, etc.).
►► Indicateurs de pression : Surfaces dédiées aux patrimoines architecturaux
et surfaces dédiées aux paysages urbains.
Cet indicateur est plus difficile à manier car il suppose de geler des surfaces
aux profils du patrimoine architectural et paysager. Cela va à l’encontre
de l’évolution de la ville et de son nécessaire renouvellement. Les fouilles
archéologiques montrent que la ville s’est construite par strate, un élément
prenant appui sur les ruines antérieures, quel que soit l’objet (cathédrale,
fortifications, etc.) et que la notion de patrimoine est relative au consensus
culturel du moment.
221
Bâtiments et aménagement durable
fonction du lieu d’usage. Cet indicateur fortement utile pour lutter contre
l’effet d’îlot de chaleur, n’a pas été développé à ce jour en France. Les
valeurs à utiliser sont celles du référentiel LEED.
►► Pour les inondations à des niveaux extrêmes, l’indicateur est le nombre de
phénomènes de nature exceptionnelle identifié dans la période historique.
Il s’agit de prendre en compte les phénomènes météorologiques observés
dans l’histoire, sur la base des documents historiques locaux. La tempête
Xynthia a répété des phénomènes constatés de 5 à 10 fois pendant la
période historique, y compris des phénomènes de tsunami.
►► Pour le confort bioclimatique, l’indicateur prend en compte les orientations qui
utilisent au mieux la chaleur gratuite, protègent des vents froids dominants
et des pluies.
►► Le retrait gonflement des argiles s’exprime en % de sols argileux sur le
territoire.
Indicateurs opérationnels :
►► Le principal indicateur en aménagement pour le traitement de l’eau est la
quantité d’eau entrant sur le territoire (pluie et alimentation en eau potable)
exprimée en % de la quantité qui sort du site aménagé par le réseau pluvial
et le réseau d’eaux usées.
Cet indicateur couvre les différentes notions relatives au débit de fuite
du territoire mais également les mesures pour assurer l’infiltration ou
l’évaporation sur le site.
►► Un second indicateur opérationnel est le % d’eaux traitées sur le site par
des techniques alternatives (phytoremédiation ou lagunage).
Il s’agit d’inciter à mettre en œuvre des techniques douces de traitement
des eaux usées comme la phytoremédiation ou le lagunage.
222
L’évaluation, un processus en continu
Indicateurs opérationnels :
►► Émission kg eqCO2/km2. Il s’agit de représenter très précisément la contri
bution de l’aménagement en matière de gaz à effet de serre qui est la
résultante des actions par rapport à l’énergie et le climat. Certains préfèrent
le montant par habitant (en moyenne 6 t/habitant/an hors transports aériens)
mais cet indicateur est peu représentatif d’un site.
►► Pourcentage de la production énergétique durable par rapport aux besoins
sur le site. Il s’agit de souligner l’autonomie énergétique du site compte tenu
du recours aux énergies renouvelables.
Et ce, grâce aux indicateurs opérationnels. Pour les matériaux, il y existe deux
indicateurs qui reflètent la notion de déperdition des ressources naturelles non
renouvelables :
►► Indicateur énergétique en kWh/kg dans tout le cycle de vie des matériaux.
Malgré l’absence de définition réglementaire, nous préconisons d’utiliser
la notion d’énergie grise qui fait référence dans la littérature. Il s’agit de
l’ensemble des énergies finales nécessaires pour le produit dans toutes
les phases de son cycle de vie.
►► Indicateur non énergétique exprimé en coefficient d’épuisement d’antimoine
utilisé dans les fiches de données environnementales et sanitaires (FDES).
Cet indicateur tient compte des consommations de ressources énergétiques
ou non énergétiques (sauf l’eau) en pondérant chaque ressource par un
coefficient correspondant à un indice de rareté (l’antimoine a une valeur de 1
par convention). Une valeur supérieure à 1 pour une ressource indique que
223
Bâtiments et aménagement durable
l’on consomme une ressource plus rare que l’antimoine. Les ressources dont
la valeur de l’indicateur est très faible (inférieure à 0,001) sont considérées
comme non épuisables à l’échelle humaine. L’indicateur est calculé en
faisant la somme pondérée (par les coefficients de rareté) des quantités
consommées par le produit pendant tout son cycle de vie. Donc, plus cet
indicateur est grand plus le produit « épuise » les ressources. Il s’exprime
donc en kg antimoine équivalent.
►► Il est également possible, comme l’a fait Véronique Raisson114, d’utiliser les
tableaux d’épuisement des ressources connues à ce jour en fonction de la
consommation actuelle mondiale. La question à résoudre est de faire une
représentation de l’épuisement des ressources résultant de l’aménagement
dans la phase réalisation, c’est-à-dire lors de la réalisation de la ZAC ou
du lotissement, bâtiments compris.
114 Véronique Raisson, 2033, Atlas des futurs du monde, Éditions Robert Laffont, 2010.
115 Source : audit personnel.
224
L’évaluation, un processus en continu
225
Bâtiments et aménagement durable
Particules
Dioxyde de soufre Dioxyde d’azote
en suspension
Il provient des installations
de combustion Elles peuvent être
Il provient essentiellement (centrales thermiques, d’origine naturelle
de la combustion de chaudières…) et de la (volcanisme, érosion
Origine combustibles fossiles circulation automobile. éolienne…) ou
contenant du soufre : Cette dernière est anthropique (combustions
fuels, charbon… actuellement la principale industrielles ou
source d’émission en domestiques, véhicules).
France.
226
L’évaluation, un processus en continu
Particules
Dioxyde de soufre Dioxyde d’azote
en suspension
Les particules les plus
Dans l’air il peut former Il intervient dans le fines (taille inférieure à
de l’acide sulfurique qui processus de formation 10 micromètres) peuvent
contribue au phénomène d’ozone dans la basse transporter des composés
Pollutions
des pluies acides et à la atmosphère. Il contribue toxiques (sulfates, métaux
générées
dégradation de la pierre également au phénomène lourds, hydrocarbures…)
et des matériaux de des pluies acides par et pénètrent
certaines constructions. formation d’acide nitrique. profondément dans
l’appareil respiratoire.
C’est un gaz irritant et
toxique qui est associé
Il peut altérer la fonction
à diverses pathologies Les fines particules
respiratoire et provoquer
respiratoires. Il est peuvent, surtout chez
une hyperréactivité
notamment associé à des l’enfant et les personnes
bronchique chez
Effets troubles asthmatiques sensibles, altérer la
l’asthmatique. Chez les
sur la santé et peut augmenter les fonction respiratoire.
enfants, il peut augmenter
symptômes respiratoires Certaines particules
la sensibilité des
aigus chez l’adulte sont mutagènes et
bronches aux infections
(toux, gêne respiratoire), cancérogènes.
microbiennes.
et altérer la fonction
respiratoire chez l’enfant.
►► Nombre d’essences allergènes de niveau très fort présentes sur la zone/
par jour.
Les données exprimées dans les fichiers du RNSA sont des concentrations
journalières en nombre de grains/m3 d’air pour les pollens et en nombre de
spores/m3 d’air pour les moisissures116.
116 Les données sont disponibles par ville sur le réseau national de surveillance aérobiologique
(RNSA) : http://www.pollens.fr/widget/).
227
Bâtiments et aménagement durable
228
L’évaluation, un processus en continu
Indicateurs opérationnels :
►► ETP en insertion. ETP = équivalent temps plein, c’est-à-dire nombre de
postes aménagés en insertion ou en chantier-école réalisé dans le cadre
de l’aménagement.
►► Nombre de jeunes diplômés suite au chantier-école. Il s’agit de valoriser
l’efficacité du chantier-école.
►► Nombre de structures d’insertion créées. Il s’agit d’identifier la dynamique
sociale du territoire.
229
Bâtiments et aménagement durable
Indicateurs :
a. Couverture de la population par un Agenda 21.
b. Participation aux élections législatives au premier tour.
2. Renforcer la coopération et la solidarité entre territoires.
Indicateurs :
a. Budget de la coopération décentralisée (de l’ensemble des collectivités
territoriales).
b. Coopération intercommunale : part des dépenses des groupements de
commune dans le secteur communal.
Ces éléments ne sont pas suffisamment opérationnels pour pouvoir être intégrés
dans une démarche d’aménagement durable. Les indicateurs de management
ont pour objectif de faire la preuve de l’efficience de l’organisation du projet.
Ils sont représentatifs des aspects suivants :
►► La Gouvernance : le maître d’ouvrage du projet met en place une organisation
qui couvre tous les aspects environnementaux, sociaux et économiques du
projet. Cette organisation s’appuie sur une politique de développement
durable, explicite ou implicite. Elle est traduite en objectifs de développement
durable qui comporte les 3 volets environnementaux, sociaux et économiques.
Ces objectifs sont assortis d’indicateurs de performance qui permettent
de suivre la réalisation des objectifs. Nous retrouverons ces objectifs au
travers des 17 thèmes de la démarche HQE Aménagement™ qui structurent
la performance globale du projet.
La Gouvernance a pour objet de donner un cadre d’engagement au travers :
▼▼ du pilotage qui a pour support les indicateurs de gestion du projet ;
▼▼ de la participation qui structure les modalités de concertation et d’infor-
mation des parties prenantes ;
▼▼ de l’évaluation qui consiste à mesurer la performance globale du projet
à tous ces stades.
►► Le pilotage s’appuie sur les indicateurs de gestion du projet qui doivent
mesurer les performances relatives :
▼▼ Aux compétences mobilisées pour sa réalisation selon les rôles et
autorités déterminées.
>> L’évaluation de la compétence s’effectue en mesurant les points
suivants : Étendue des expériences professionnelles présentées et
mobilisées (il n’est pas rare, y compris dans les grands projets, de
voir désigner des chefs de projets – en stage de formation voire en
contrat d’apprentissage ingénieurs).
230
L’évaluation, un processus en continu
231
Bâtiments et aménagement durable
232
L’évaluation, un processus en continu
Données moyennes
Indicateur Unité
en France
Environnement
-- En France par habitant (hors
Émission de gaz à effet de
En kg eqCO2 /ha/an. transports aériens).
serre
-- 6 000 kg eqCO2 /an.
Consommation énergétique kWhep/m2 /an. Bâtiments 200 kWhep/m2 /an.
-- France : ENR/production
Production d’électricité issue énergie 7,7 %
kWhENR/kWh totaux.
des énergies renouvelables -- Électricité/ENR 13,4 % (dont
hydroélectricité 11,9 %).
Consommation énergétique
Recours aux bases de données
(énergie grise) pour le cycle de kWhep/m3.
des matériaux.
vie des produits
233
Bâtiments et aménagement durable
L’énergie grise des matériaux soit la somme de l’énergie nécessaire pour mettre
à disposition les matériaux (extraction, production, distribution) est exprimée
en volume. Il s’agit de provoquer une réflexion sur les matériaux qui doivent
être biosourcés pour réduire l’énergie grise mais également sur ceux issus de
recyclage ou de réutilisation.
Dans la mesure où les bilans gaz à effet de serre (GES) se généraliseront, il
sera possible de documenter de façon plus précise les éléments relevant du
scope 3 et notamment, les besoins énergétiques des composants des matériaux.
Un matériau est souvent issu d’une somme de composants qui le constituent
et pour lesquels, il est aisé de faire la somme des énergies nécessaires. Les
analyses de cycle de vie (ACV) donnent des informations essentielles et
surtout bien établies depuis 20 ans de travaux dans ce domaine. Voici, dans
le tableau 3.9, quelques exemples de valeurs117 exprimées en kg.
Tableau 3.9 L’énergie grise des matériaux
234
L’évaluation, un processus en continu
Les chiffres ci-dessus sont utiles pour le bâtiment, lequel représente 90 %
des impacts environnementaux d’une zone d’activité. Il est préférable d’utiliser
des valeurs en volumes, plus représentatifs des impacts environnementaux.
Le béton armé représente 1 850 kWh/m3.
Pour les aménagements, il faut comptabiliser pour :
►► les tuyaux en grès 3 200 kWh/m³ ;
►► les tuyaux en fibrociment 4 000 kWh/m³ ;
►► les tuyaux en PVC 27 000 kWh/m³ ;
►► les tuyaux d’acier 60 000 kWh/m³.
Les risques naturels doivent être identifiés dans le DICRIM. Si celui-ci n’existe
pas, l’aménagement est une bonne occasion de le réaliser.
Tableau 3.10 Les indicateurs et les unités pour le domaine des risques
Les risques naturels ne doivent pas être appréciés selon les standards usuels –
phénomène observé à 10 ans, 50 ans et 100 ans – mais doivent prendre en compte
les modifications de l’environnement, notamment du fait de l’imperméabilisation
et des effets du réchauffement climatique (modification des hauteurs d’eau). Des
recherches historiques peuvent aider à identifier des phénomènes qui paraissent
exceptionnels (tempête Xynthia 2010, coup de vent de décembre 1999).
Les déchets ménagers ou assimilables de type déchets industriels banals (DIB),
doivent être prioritairement recyclés. Il s’agit du gisement le plus important pour le
recyclage. Le recyclage consiste à développer une valorisation matière laquelle
fournit une ressource matière qui réduit d’autant les ressources non énergétiques
à extraire. Le seul écart à prendre en compte est l’énergie nécessaire pour
235
Bâtiments et aménagement durable
Les trois indicateurs sociaux cités nous semblent bien refléter l’aspect social
de l’aménagement.
Le taux d’emploi permet d’insister sur la contribution à l’emploi local de
l’aménagement et de souligner le niveau de mixité fonctionnelle de la zone
aménagée.
L’accès des jeunes à un niveau de terminale permet de montrer en quoi le
territoire est attractif pour créer des conditions favorables à la formation118.
Le niveau de pauvreté est un indicateur de plus en plus suivi pour connaître le
niveau d’effort à mener pour faire face à des situations individuelles difficiles.
Nombre d’entreprises
Croissance nette Taux de survie au-delà de 5 ans en 2008 :
ayant une durée de vie
des entreprises sur 5 ans 52 %
+ de 5 ans
236
L’évaluation, un processus en continu
Opération Opération
N° Indicateur Unité Objectifs
1 2
% surface en
Niveau
pleine terre après
2 d’imperméabilisation
aménagement et
atteint
construction
% emplois/population
4 Taux d’emploi
active
6 Compétences Ingénieurs/jours/an
Nombre personnes x
7 Revues de projet
nombre d’heures
Nombre participants/
8 Communication
réunions organisées
Le choix des top ten revient à l’aménageur pour son propre système de
management.
237
Bâtiments et aménagement durable
Objectifs Enjeux
1. Assurer une transition entre les pavillons existants et les futurs bâtiments A-G
2. Mélanger les typologies de logement pour répondre à la demande sans effet de masse A-B
3. Offrir des typologies, tailles et logements variés répondant aux besoins des différents
B-C
âges, structures de familles et revenus
4. Prévoir des espaces de promenade, des jeux pour différents âges et pratiques de loisirs C-E
7. Relier ancien bourg et nouveau quartier en favorisant la rencontre et veiller aux pentes
E
qui peuvent être un frein aux déplacements doux
11. Préserver l’identité du site par la qualité paysagère des haies et boisements G
13. Mailler les liaisons douces vers le bois, les écoles et la salle de sport F-E
238
L’évaluation, un processus en continu
Dès cette phase l’évaluateur doit se demander, par rapport à son commanditaire,
si les objectifs correspondent à des enjeux sous-jacents :
1. Répondre aux besoins diversifiés de logements du secteur.
2. Offrir un cadre de vie orienté vers la nature (la nature dans la ville).
3. Créer un lien fort entre l’ancien et le nouveau.
4. Favoriser les déplacements doux et les transports en commun.
Le commanditaire de l’évaluation peut être :
►► L’aménageur, afin de définir les lignes d’action à développer.
►► La collectivité, afin de définir les points forts et handicaps du site par rapport
aux objectifs « développement durable » qu’elle porte (système de référence).
239
Bâtiments et aménagement durable
Critères d’évaluation
Enjeux Objectifs
pertinents
Assurer une transition entre
Cohérence paysagère : forme,
les pavillons existants et les
couleur, implantation
futurs bâtiments
Densification avec des
Besoins de logements Mélanger les typologies de typologies de logements
différenciés logements pour répondre à la différentes (maisons de
demande sans effet de masse ville, collectifs avec espace
commun)
Typologie des logements par Typologies des logements
famille, taille, revenus proposés
Prévoir des espaces de
Offrir un cadre de vie orienté
promenade, des jeux pour
vers la nature (la nature dans Espaces dédiés aux loisirs
différents âges et pratiques
la ville)
de loisirs
Il ne s’agit pas de réécrire les enjeux mais d’identifier les domaines d’impacts
significatifs, de préciser les critères d’évaluation.
Ces critères établiront un lien entre les objectifs et les indicateurs. Dans la
littérature, on évoque également le terme facteurs d’impacts, à propos des
critères d’évaluation, lorsqu’il s’agit de mesurer les impacts d’un projet.
Critères d’évaluation
Objectifs Indicateurs
pertinents
Assurer une transition entre les Cohérence paysagère : a. Couleur dominante
pavillons existants et les futurs forme, couleur,
bâtiments implantation b. Retrait des constructions
240
L’évaluation, un processus en continu
Critères d’évaluation
Objectifs Indicateurs
pertinents
c. % T1, T2, T3, T4, T5 et +
241
Bâtiments et aménagement durable
▼▼ m2 construit/m2 imperméabilisés ;
▼▼ % PLUS ;
▼▼ % accession sociale ;
▼▼ % lots libres ;
▼▼ m 2
espaces loisirs/surface du site en m2.
►► 8 indicateurs opérationnels :
▼▼ couleur dominante ;
▼▼ retrait des constructions ;
▼▼ % T1, T2, T3, T4, T5 et + ;
▼▼ hauteur moyenne ;
▼▼ hauteur maximale ;
▼▼ % PLUS ;
▼▼ % accession sociale ;
▼▼ % lots libres.
Le fait de réaliser une telle classification conduit parfois à des doublons. Le
choix de l’affectation se fait en fonction des objectifs de l’évaluation :
►► Une évaluation visant à rendre compte (bilan de l’opération, par exemple) de
la réalisation des objectifs insistera plus sur des indicateurs opérationnels [les
indicateurs étant trop nombreux, il faut choisir le (ou les) plus significatif(s)].
En fonction de la volonté présumée de la collectivité, il est possible de
choisir les indicateurs suivants :
▼▼ % T1, T2, T3, T4, T5 et + ;
▼▼ % accession sociale ;
▼▼ % lots libres.
Les autres indicateurs ne disparaissent pas mais peuvent être utilisés pour
illustrer un thème ou bien nourrir l’évaluation pour une phase précise du projet.
►► Une évaluation qui vise à déterminer l’effort mis en œuvre dans le cadre
de l’approche (approche contextuelle) insistera plus sur les indicateurs de
conditions. Il s’agit de faire référence dans ce cas à la mise en œuvre des
objectifs de la collectivité. Il faudra alors faire les choix les plus proches
des enjeux de la collectivité.
Exemple d’objectifs définis :
▼▼ Un projet en bordure de ville.
▼▼ Un vaste secteur d’habitat social à proximité.
▼▼ Un ancien centre-bourg et un habitat pavillonnaire relativement ancien
en bordure de projet.
242
L’évaluation, un processus en continu
243
Bâtiments et aménagement durable
►► Les données clés de l’évaluation. Elles sont souvent données sous la forme
de tableau de bord reprenant des éléments significatifs. Un exemple (très
détaillé voire trop détaillé) est donné au tableau 3.17.
►► Une synthèse relative aux objectifs poursuivis décrivant les écarts entre
ceux-ci et les résultats obtenus :
▼▼ elle peut prendre une forme de figure comme celle employée pour
l’exercice J ;
▼▼ prendre la forme d’un compte rendu ;
▼▼ prendre la forme d’une liste de préconisations.
244
L’évaluation, un processus en continu
245
Bâtiments et aménagement durable
119 Ces cinq finalités sont issues du « Cadre de référence pour les projets territoriaux de
développement durable dont les Agendas 21 locaux du ministère de l’Écologie », et explicitent
« l’objectif de développement durable » à l’article L. 110-1 du Code de l’environnement selon
l’article 253 loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant sur l’engagement national pour
l’environnement.
246
L’évaluation, un processus en continu
247
Bâtiments et aménagement durable
120 Guide méthodologique pour l’application de la loi organique relative aux lois de finances
du 1er août 2001.
248
L’évaluation, un processus en continu
Espace extérieur privatif proposé par logement % sur surface utile des logements
249
Bâtiments et aménagement durable
OBJECTIFS
CRITÈRES
INDICATEURS
Les critères d’évaluation font le lien entre les objectifs et les indicateurs, il existe
souvent une confusion entre les critères d’évaluation exemple : consommation
d’énergie et l’indicateur kg CO2 /habitant.
Un critère d’évaluation est :
►► Tout simplement un élément d’appréciation sur lequel on va pouvoir s’appuyer
pour apprécier ou juger la valeur de l’action, des résultats ou de la méthode.
►► Dans la réalisation d’un objectif ou d’un projet, il vaut mieux s’appuyer
sur plusieurs critères d’évaluation que sur un seul pour évaluer de façon
pertinente.
Un indicateur est avant tout un instrument de mesure, quantitatif autant
que possible, il devient qualitatif lorsqu’il améliore la perception d’un élément
comme le confort.
250
L’évaluation, un processus en continu
Les critères d’évaluation fondent les indicateurs par rapport aux enjeux à
prendre en compte et aux références du maître d’ouvrage.
Il est essentiel que les critères d’évaluation soient validés par le commanditaire
de l’évaluation (l’aménageur ou la collectivité) car ils sont porteurs de valeurs.
Prenons l’exemple suivant :
Valorisation des espaces non Valoriser les espaces % non bâti aménagé de façon
bâtis des domaines privés privés gérés durablement douce
Créer un ensemble
Intégration dans le plan de
harmonieux avec % surface bâtie sur site
composition
l’existant
251
4
Un habitat
dans des quartiers
qui évoluent121
121 « Habitat urbain du Grand Ouest 2011 », étude non publiée conduite avec TMO Régions Rennes
avec Fabien Schlosser, chef de projet avec lequel nous avons été très complémentaires pour
les sociétés publiques locales d’aménagement (SPLA) du Grand Ouest (Nantes, Angers,
Brest, Rennes), 2011.
Bâtiments et aménagement durable
La prospective est une démarche, car pour être efficace, elle doit être itérative
et se fonder sur des successions d’ajustements et de corrections (en boucles
rétroactives) dans le temps, notamment parce que la prise en compte de la
prospective par les décideurs et différents acteurs de la société modifie elle-
même sans cesse le futur. » (Wikipédia)
L’étude que nous avons conduite correspond très exactement à cette définition.
Les études prospectives ont pour champ d’action de définir les grandes lignes
des modes d’intervention pour le futur. Elles supposent :
►► La définition d’un sujet bien défini dans son cadre, ses limites et pour la
présente étude : l’habitat urbain du Grand Ouest. Les considérations
développées dans ce rapport ne sont relatives qu’à ce sujet.
►► Une identification des tendances actuelles du sujet : il s’agit d’une description
quantitative et qualitative issue des études, documents et entretiens conduits
auprès des référents.
►► Une méthodologie d’analyse des rapports de force des acteurs et leur
capacité à se mobiliser pour des objectifs identifiés : l’analyse structurelle.
Cette analyse est toujours conduite avec les représentants des porteurs
de la commande : les EPLA du Grand Ouest.
Le document est structuré autour des trois parties suivantes :
►► Les thèmes principaux relatifs à l’habitat urbain dans le Grand Ouest.
►► L’analyse structurelle, méthodes et résultats des rapports entre les acteurs.
►► Les objectifs que pourraient porter les acteurs.
Pour aboutir à un ensemble cohérent, nous avons tenté (mais non réussi, car
cela dépassait le cadre de notre étude) à déterminer les ressources à mobiliser.
Un travail important de prise en compte par les différentes EPLA reste à faire,
pour pouvoir mettre en place les actions cohérentes résultant de cette étude.
La première partie développe les principaux thèmes relatifs à l’habitat urbain
dans l’Ouest autour :
►► D’une vision qualitative et quantitative des problématiques liées à l’habitat
urbain dans le Grand Ouest, de la vision macroéconomique aux perspectives
d’évolution par commune (y compris l’étude qualitative).
►► Les attentes exprimées par les acteurs en direction des EPLA répondant
à la question : Quel devrait être l’apport des EPLA à l’évolution de l’habitat
urbain du Grand Ouest ?
La seconde partie est relative à la mise en œuvre de l’analyse structurelle :
►► L’approche méthodologique, c’est-à-dire les acteurs, leur positionnement,
l’évolution de ce positionnement. Un premier niveau de résultats, quant
254
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
255
Bâtiments et aménagement durable
Olivier Piron s’appuie sur des faits, qui décrivent une évolution disparate
entre d’une part les agglomérations qui attirent et celles qui attirent moins.
Toutefois, le plus fort taux de progression va en direction des C2, c’est-à-dire
des communes rurales. Ce phénomène s’explique :
►► Par la disponibilité des terrains qui ont permis de faire venir un afflux de
population.
►► L’attrait maison + jardin + clôture, concept de l’indépendance et de l’art de
(bien ?) vivre.
►► La volonté politique de conduire la population vers la propriété immobilière.
256
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Unité
Parc Résidences Résidences Logements Taux
Milliers de logement principales secondaires vacants d’occupation
de logement
Zone A 5 475 4 662 357 455 2,34
Variation 99-06 4,80 % 7,20 % 5,40 % -20,80 %
Zone B1 5 910 5 097 408 405 2,28
Variation 99-06 8,20 % 10,10 % 6,00 % -13,70 %
Zone B2 6 234 5 264 593 379 2,32
Variation 99-06 8,40 % 8,80 % 7,00 % 4,80 %
Zone C1 3 858 3 300 286 271 2,31
Variation 99-06 8,60 % 8,30 % 3,70 % 17,60 %
Zone C2 7 229 5 491 1 258 480 2,5
Variation 99-06 10,80 % 12,10 % 5,50 % 9,30 %
Total 28 705 23 814 2 903 1 990 2,36
Variation 99-06 8,30 % 9,50 % 5,70 % -2,00 %
257
Bâtiments et aménagement durable
►► La zone C2 a été la plus dynamique, avec un rythme modéré pour les loge
ments vacants. L’évolution des résidences secondaires y est faible, sans doute
parce que leur transformation partielle en résidence principale est venue
contrebalancer en partie la construction de nouvelles résidences de ce type. »
Des phénomènes récents ne sont pas traduits dans ce tableau. La vacance
risque d’être fortement augmentée dans les petites villes (C1), du fait des
constructions défiscalisées type Scellier, lesquelles ont été faites en fonction
des potentiels d’investissements et de mobilisation des fonds privés, sans tenir
compte du marché local locatif et de sa solvabilité.
Année 2007
Communes Unités urbaines Unités urbaines Île-de-France Total
En milliers Inférieur Supérieur
de logements Rurales à 100 000 à 100 000
habitations habitations
Individuel 7 392 6 190 3 622 1 275 18 479
Collectif 795 2 832 5 707 4 618 13 953
Total 8 187 9 023 9 329 5 893 32 432
Pourcentage
90 % 69 % 39 % 22 % 57 %
individuel
258
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
de gestion des espaces, pour obtenir des espaces partagés entre logements,
commerces, activité, loisirs, culture sont une vue de l’esprit et que les actions
qui seront conduites sur ce thème, le seront à la marge. Il s’agit notamment du
thème 8 sur la mobilité fonctionnelle qui devient obsolète et marginal.
Tableau 4.4 Le rééquilibrage actuel
259
Bâtiments et aménagement durable
Artisans,
Agriculteurs Cadres, Prof. Prof.
Comm., Employés Ouvriers Ensemble
exploitants intel. sup. intermédiaires
Chefs entr.
Zone A 0,10 % 4,70 % 25,00 % 25,80 % 29,00 % 15,50 % 5 816 920
Zone B1 0,30 % 5,10 % 17,70 % 26,80 % 30,00 % 20,10 % 5 868 833
Zone B2 0,70 % 5,10 % 11,70 % 24,40 % 31,20 % 26,90 % 5 944 804
Zone C1 1,40 % 5,90 % 9,10 % 21,50 % 30,70 % 31,50 % 3 610 478
Zone C2 5,90 % 6,80 % 8,30 % 21,30 % 27,30 % 30,50 % 7 065 402
Total 1,90 % 5,50 % 14,50 % 24,00 % 29,40 % 24,60 % 28 306 437
« Ce tableau montre quelles sont les activités des actifs entre 15 et 64 ans par
zone. On voit clairement que la région Île-de-France concentre très fortement ce
qu’on appelle parfois les emplois métropolitains supérieurs, mais que les ouvriers,
et notamment ceux de production, sont d’abord en zone C. Et l’agriculture est
essentiellement en C2. »
Tableau 4.6 Emplois exercés dans les diverses zones en 2006
Commerçants,
Emplois
Agriculteurs Chefs Cadres Prof. Prof.
au lieu Employés Ouvriers
exploitants entreprise, intel. sup. intermédiaires
de travail
artisans
Zone A 5 672 749 0,10 % 4,80 % 26,40 % 26,50 % 27,90 % 14,30 %
Zone B1 5 997 780 0,40 % 5,10 % 17,80 % 27,80 % 29,30 % 19,60 %
Zone B2 5 736 397 0,80 % 5,40 % 12,30 % 25,70 % 30,40 % 25,40 %
Zone C1 4 039 604 1,40 % 6,10 % 10,00 % 23,20 % 30,00 % 29,40 %
Zone C2 3 814 640 10,90 % 9,40 % 6,20 % 16,80 % 24,10 % 32,50 %
Total 25 261 171 2,20 % 5,90 % 15,50 % 24,60 % 28,60 % 23,20 %
« Ce tableau, qui explicite les emplois au lieu de travail, c’est-à-dire l’offre d’emplois
dans ces zones, montre bien la concentration des emplois dits supérieurs en
zone A et B1, c’est-à-dire les grandes agglomérations, et à l’inverse la localisation
des usines en zone C. Le discours antiétalement urbain, classiquement tenu par
des cadres supérieurs et intellectuels habitants en zone B1 et B2 à propos des
périurbains, et notamment d’ouvriers travaillant en zone C peut donc bien être
considéré comme un discours de classe. Il est d’ailleurs logique que les activités
industrielles de production, chassées des villes, notamment pour des raisons
de densification comme d’environnement, se retrouvent à la campagne, avec
les ouvriers qui y travaillent. Peut-on le leur reprocher ? Entre 1999 et 2006 les
emplois salariés des différentes zones ont évolué à la même vitesse. »
Olivier Piron oublie de souligner l’évolution forte de la nature des emplois,
plus tertiaires qu’industriels en 2012, 76 % des emplois sont dans le secteur
260
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
« Le travail ne fait que 21 % des motifs de déplacement, en zone urbaine comme
en zone rurale. La durée moyenne est plus courte en zone rurale, mais la distance
à vol d’oiseau a augmenté. »
Nous approfondirons ce thème dans les pages qui suivent. Ce constat est
incontestable, toutefois, ce qui est le plus intéressant concerne la nature des
déplacements et le fait que ceux-ci sont variés dans leur nature et dans le
parcours. La distance à vol d’oiseau est contournée par le fait qu’à l’intérieur
des banlieues, les déplacements sont transversaux et non en étoile par rapport
au centre de l’agglomération.
« Le poids global des transports collectifs doit y être relativisé par rapport à
une certaine image Et globalement, et contrairement à certains discours à
base idéologique, les déplacements sont en moyenne plus courts en zone
rurale, notamment grâce à l’utilisation de la voiture. Les choix de localisation
des ménages semblent donc rationnels, en intégrant tous les facteurs. Aucun
des tableaux ci-dessus ne prend vraiment en compte l’influence des loisirs tant
hebdomadaires qu’annuels, ni plus globalement les modes de vie. Or c’est en
définitif le facteur décisif. »
261
Bâtiments et aménagement durable
Véhicule
Marche Transports
particulier Ensemble
ou vélo en commun
à moteur
Ensemble rural
et faiblement urbanisé
Répartition (%) 2008 19 76 5 100
Durée du déplacement (minutes) 2008 14 17 36 17
Évolution de la durée 1994-
11 7 - 7 6
du déplacement (%) 2008
Évolution de la distance à vol 1994-
ns 11 - 13 12
d’oiseau (%) 2008
Ensemble grandes agglomérations
Répartition (%) 2008 33 55 12 100
Durée du déplacement (minutes) 2008 14 17 40 19
Évolution de la durée 1994-
1 1 10 2
du déplacement (%) 2008
Évolution de la distance à vol 1994-
ns 0 10 - 1
d’oiseau (%) 2008
Champ : déplacements locaux un jour de semaine des individus de 6 ans et plus habitant en France métropolitaine.
Olivier Piron retrouve son ton de haut fonctionnaire, cultivé à l’once de l’auto
mobile et des autoroutes, bien qu’il ne soit pas ingénieur des Ponts. Dans
les ensembles non urbanisés, les déplacements semblent élevés en durée
d’autant plus que les zones rurales connaissent un fort vieillissement de la
population. Notre analyse est assez différente et nous ne craignons pas d’être
taxés d’avoir une vision idéologique ou plus exactement prospective. En effet,
dans les zones faiblement urbanisées, la voiture est un choix imposé et non
une liberté en raison :
►► De la faiblesse des transports en commun.
►► De l’absence des services de proximité, soins médicaux, services publics.
►► De la difficulté à organiser le covoiturage.
C’est cette population que nous considérons comme étant en grande fragilité
énergétique. Nous verrons que l’analyse sur le Grand Ouest confirme ces
analyses. « Les quatre séries de chiffres du tableau [ci-contre] sont présentées
de façon homogène :
►► Le parc de logement en 1999, puis le parc de résidences principales à cette
même date.
►► Etles taux de croissance, sur l’ensemble de la période, respectivement du
parc global, puis celui des résidences principales.
262
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Finistère
parc log 99 R.P. 99 croissance parc croissance R.P.
Brest 76 941 70 552 3,20 % 2,50 %
B2 114 453 93 902 14,00 % 11,20 %
C1 141 126 113 043 11,80 % 9,60 %
C2 104 855 80 983 11,60 % 11,00 %
Total 437 375 358 480 10,80 % 8,90 %
Ille-et-Vilaine
parc log 99 R.P. 99 croissance parc croissance R.P.
Rennes 108 053 99 462 5,20 % 6,80 %
B1 101 854 87 317 13,30 % 13,80 %
B2 22 476 15 330 16,20 % 18,60 %
C1 72 288 65 452 14,20 % 14,10 %
C2 104 078 87 138 15,50 % 18,60 %
Total 408 749 354 699 12,00 % 13,30 %
Loire-Atlantique
parc log 99 R.P. 99 croissance parc croissance R.P.
Nantes 142 445 130 582 7,50 % 8,80 %
B1 156 860 124 942 11,10 % 11,40 %
B2 99 256 67 981 13,30 % 15,20 %
C1 76 320 69 611 17,00 % 18,00 %
C2 77 510 67 642 19,50 % 22,10 %
Total 552 391 460 758 12,60 % 13,80 %
Maine-et-Loire
parc log 99 R.P. 99 croissance parc croissance R.P.
Angers 76 523 70 810 5,60 % 7,10 %
B2 74 658 70 822 9,80 % 10,30 %
C1 109 180 95 591 12,60 % 14,40 %
C2 56 099 51 089 9,00 % 8,80 %
Total 316 460 288 312 9,60 % 10,60 %
263
Bâtiments et aménagement durable
Le reste, classé par l’administration en zone C, est subdivisé pour les besoins
de l’analyse, en deux parties :
►► C1, qui regroupe les communes de plus de 1 000 résidences principales
restantes après les classements en B1 et B2, dont Morlaix, Fougères,
Châteaubriant ou Saumur.
►► C2 regroupent toutes les autres communes, ayant toutes en fait moins
de 2 500 habitants.
L’examen des tableaux révèle que :
►► Dans le Finistère, la croissance du parc de logement a été un peu plus
rapide que celle des résidences principales, ce qui dénote une certaine
détente du marché du logement.
►► Par contre, la situation a été inverse dans les autres départements : l’augmen
tation un peu plus rapide du parc de résidences principales provient d’un tirage
sur le parc de résidences secondaires ainsi que d’une stabilisation en valeur
absolue, donc une réduction en valeur relative, du parc de logement vacant.
Par ailleurs, chaque fois la croissance de la commune chef-lieu a été plus faible
que celle du département, les chiffres de croissance les plus élevés se trouvant
d’habitude en zone C2. Par contre, on ne retrouve pas dans ces agglomérations
ce qu’avait indiqué une analyse conduite au niveau national à savoir une faible
évolution des communes en C1 – les petites communes urbaines isolées – par
rapport au reste du milieu rural. Visiblement ces communes ont su ici conserver
un attrait spécifique débouchant sur une augmentation sensible de leur parc
de logement, ainsi que de leur population. »
Nous verrons dans la suite de l’étude que cette vision macroéconomique,
représentative de la gouvernance républicaine ne permet pas de représenter
la complexité de la problématique des villes moyennes ; Brest et Angers d’une
part et les agglomérations de Rennes et de Nantes, d’autre part.
264
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
123 Selon Jean-Pierre Orfeuil, la distance moyenne parcourue chaque jour par chaque Français
a été multipliée par 6 en 50 ans : de 5 km en 1950 à 30 km en 1995, chaque Français passe
en moyenne une heure en déplacements. En outre, il indique une croissance de 3,5 %/an
des échanges au sein des banlieues nouvelles et des espaces périurbains.
265
Bâtiments et aménagement durable
►► Un risque social pour les ménages les plus modestes souhaitant à tout prix
acquérir (éloignement, prix du carburant).
►► Une montée des inquiétudes sociales face à l’incapacité à s’assurer sur
l’avenir à travers le logement.
Dans ce contexte, un premier enjeu de l’étude consistait à observer les
dynamiques sociodémographiques et spatiales qui structurent le marché de
l’habitat à l’échelle des quatre aires urbaines d’Angers, Brest, Nantes et Rennes,
à partir de six types d’indicateurs :
►► l’évolution du nombre d’habitants ;
►► l’évolution du nombre de ménages ;
►► l’âge des habitants ;
►► la taille des ménages ;
►► la catégorie socioprofessionnelle des habitants ;
►► l’écart type des revenus fiscaux par unité de consommation124.
4.3.1 Méthodologie
Afin de procéder à l’analyse des évolutions sociodémographiques récentes
et futures sur les quatre territoires du champ d’étude, il importait de recourir à
des découpages géographiques pertinents avec la problématique soulevée.
Le principe général a consisté à définir un minimum de deux zones pour chacun
des quatre pôles urbains cibles : Brest, Rennes, Nantes, Angers.
►► L’aire urbaine : il s’agit d’un ensemble de communes, d’un seul tenant et
sans enclave, constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou
unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population
résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes
attirées par celui-ci (définition INSEE). Cet espace, parce qu’il est structurant
en termes d’activité et de captation des populations en emploi (navettes
domicile-travail), constitue une première maille d’analyse.
►► Le découpage politique correspondant à l’agglomération : cet espace,
compris dans l’aire urbaine, porte les orientations politiques des grands
pôles urbains en termes d’habitat (PLH) et doit donc, à ce titre, être distingué.
Hormis ces deux zones, des découpages supplémentaires ont pu être ajoutés
selon les configurations propres à chaque pôle.
124 Le Revenu par unité de consommation (RUC) est égal au revenu mensuel du ménage divisé
par le nombre d’unités de consommation. La personne de référence du ménage compte
pour 1, un autre adulte ou un enfant de plus de 14 ans compte pour 0,5, un enfant de moins
de 14 ans compte pour 0,3. Un ajout de 0,2 est réalisé pour les familles monoparentales.
266
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
267
Bâtiments et aménagement durable
Évolution
Population Population Évolution Évolution
Zone absolue
1999 2006 absolue relative
annuelle
Pays de Brest 374 740 384 612 + 9 872 + 1 410 + 2,6 %
Aire urbaine de Rennes 521 188 571 753 + 50 565 + 7 224 + 9,7 %
Aire urbaine de Nantes 711 120 763 118 + 51 998 + 7 428 + 7,3 %
Aire urbaine d’Angers 332 624 345 305 + 12 681 + 1 812 + 3,8 %
Total 1 939 672 2 064 789 + 125 117 + 17 874 + 6,5 %
268
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Si l’on prend en compte à présent les données en valeur absolue pour les
quatre territoires, le dynamisme démographique des aires urbaines de Nantes
et de Rennes est particulièrement important, conséquence de la conjonction
d’un solde naturel et d’un solde migratoire positifs.
269
Bâtiments et aménagement durable
270
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
supérieur en Bretagne qui minore les migrations des 20-29 ans compa
rativement aux Pays de la Loire.
►► On observe enfin la plus grande attractivité de la Bretagne auprès des 60 ans
et plus.
Tableau 4.14 Taux annuels de migration régionale nette 1999-2004
selon l’âge (sur 10 000 habitants)
Population
60 ans
totale 20-29 ans 30-39 ans 40-59 ans
ou plus
de 5 ans ou plus
Bretagne 47,2 -57,8 88,4 56,7 51,5
Pays de la Loire 24,8 -104,1 72,4 36 34,6
126 Nombre de personnes âgées de 60 ans et plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans.
271
Bâtiments et aménagement durable
►► La part des 20-29 ans est la plus importante dans les villes-centres en lien
avec leur offre éducative et professionnelle.
►► La part des 40-59 est la plus importante au sein des couronnes périurbaines
dans le périmètre des agglomérations. Cela peut s’expliquer par la conjonction
de deux phénomènes : le vieillissement de ménages qui ont suivi le mou
vement de périurbanisation à ses débuts (anciens primo-accédants) d’une
part, l’arrivée de ménages suffisamment aisés pour accéder à la propriété
sur ces territoires (primo-accédants ou non) d’autre part.
Tableau 4.15 Répartition de la population par groupe d’âges en 2006
pour chaque zone d’analyse ainsi que pour chaque ville-centre
272
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Nous constatons une attractivité fortement différenciée entre les villes et pour
les régions.
273
Bâtiments et aménagement durable
Ménage
Ménage Ménage
Zone de 3 personnes Total
de 1 personne de 2 personnes
et +
Zone 3 : le reste de l’aire urbaine, secteur Nord 23 % 32 % 45 % 100 %
Zone 4 : le reste de l’aire urbaine, secteur Est 22 % 31 % 47 % 100 %
Zone 5 : le reste de l’aire urbaine, secteur Sud 22 % 31 % 47 % 100 %
Zone 6 : le reste de l’aire urbaine, secteur Ouest 23 % 33 % 45 % 100 %
274
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Ménage
Ménage Ménage
Zone de 3 personnes Total
de 1 personne de 2 personnes
et +
Ville de Nantes 50 % 28 % 23 % 100 %
1 couronne de Nantes
re
28 % 34 % 38 % 100 %
275
Bâtiments et aménagement durable
127 Richard Florida, The Rise of the Creative Class, Basic Books, 2012.
276
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
277
Bâtiments et aménagement durable
128 Enjeu de production du logement locatif social et de l’accession sociale mais également
enjeu d’une offre immobilière à prix intermédiaire, dans le secteur locatif et l’accession libre.
278
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Ces facteurs sont sources d’incertitudes pour l’avenir des politiques locales
d’habitat. Néanmoins, nos interlocuteurs ont également identifié un certain
nombre de freins locaux à la dynamique de développement de l’habitat durable.
Ces freins sont liés au positionnement et au jeu des acteurs locaux de l’habitat,
en particulier :
►► Les communes gardent une forte autonomie d’aménagement et un atta
chement à leur centralité (les centres-bourgs et leur offre de commerces
et services). Elles ont de fortes préoccupations d’équilibre budgétaire,
n’ont pas toujours les compétences adéquates et sont très attentives à la
demande des habitants.
►► Le monde agricole cherche à optimiser sa plus-value sur le foncier.
279
Bâtiments et aménagement durable
280
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
281
Bâtiments et aménagement durable
282
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
283
Bâtiments et aménagement durable
« Les aménageurs, qu’ils nous foutent la paix ! Bon, il y a plusieurs choses […]
par rapport aux aménageurs, il faut déjà qu’ils composent leur plan-masse en
tenant compte d’un certain nombre de choses, notamment l’orientation des
bâtiments, on a la conviction que pour qu’un bâtiment soit le plus économique
possible à construire et le plus agréable à habiter ce sont 3 critères : appartement
traversant, desserte de ces appartements par l’extérieur en coursive pour ne
pas perdre de place au milieu de l’immeuble et avec un minimum de fioriture
architecturale. Mais pour pouvoir faire ça, il faut que votre immeuble ne soit pas
orienté nord-sud… donc déjà quand vous avez des contraintes de positionnement
du bâtiment vous pouvez perdre énormément, donc vous avez beau faire tous
les efforts que vous voulez vous n’y arriverez pas ! Et quand nous on leur dit sur
ce terrain-là on aimerait changer pour prendre en compte l’orientation et tout…
Mais non c’est le plan-masse, etc. Et c’est un handicap terrible ! Une autre chose
c’est l’obligation de parking sous terrain, s’ils nous demandent des R + 2 avec
des parkings sous terrains on ne peut pas faire plus cher, il faut au moins R + 3
ou 4 pour que les parkings sous terrains soient amortis. Si vous avez un R + 2
avec ascenseur et sous-sol, on ne sait pas faire des bâtiments comme ça pas
chers ! C’est là où il faut qu’entre promoteurs et aménageurs on puisse discuter
de tout ça alors que le cahier des charges de la ZAC est tellement précis… »
(Promoteur)
En somme, les pratiques des SEM leur semblent trop basées sur la primauté
des règles, des plans papier et des maquettes et pas assez sur la concertation
et la négociation avec les parties prenantes, pour tenir compte des contraintes et
processus de construction ainsi que du futur vécu des lieux. Elles chercheraient
à s’assurer du respect des exigences des métropoles par une surréglementation
plutôt que par l’ingénierie du projet.
Autre critique formulée essentiellement par les métropoles, leur sentiment d’une
primauté donnée aux préoccupations communales par les SEM avec parfois
des difficultés à :
►► accepter l’intrusion des services des agglomérations dans la relation avec
les maires périurbains ;
►► diffuser les préoccupations communautaires.
« On voudrait être plus systématiquement associé par les SEM lorsqu’elles
ont des opérations sur “l’agglo” en tant qu’acteur identifié compétent sur la
programmation. C’est quelque de difficile car les SEM et les communes n’ont
pas le réflexe de nous solliciter. » (Angers Loire Métropole)
Les métropoles expriment ainsi leur souhait d’être davantage associées aux
travaux des SEM et de pouvoir s’appuyer sur elles comme de véritables relais
284
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
285
Bâtiments et aménagement durable
286
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
287
Bâtiments et aménagement durable
à des logements abordables, mais c’est très difficile à faire car ça reste très
théorique et d’une opération d’aménagement à l’autre il y a des critères qui
changent, comme la topographie. Il faut que l’on échange davantage là-dessus
entre les différents intervenants, c’est aussi le travail des SEM et de tous les
professionnels du bâtiment de trouver des solutions techniques de construction
qui vont permettre de tirer les coûts vers le bas et permettre d’avoir la même
qualité de logement. Donc c’est le travail sur les matériaux, le travail avec les
urbanistes et les “archis”, etc. » (Angers Loire Métropole)
Un exemple donné est l’élargissement des fenêtres pour passer les plaques
plutôt que de les monter par les étages. Cela représenterait une économie
de 20 à 30 % du coût de la main-d’œuvre de pose des plaques.
En outre, partant du constat de pratiques architecturales parfois contradictoires
avec les objectifs de prix et de développement durable, un second enjeu
consisterait à engager une concertation entre promoteurs, entreprises de
bâtiment, architectes et aménageurs pour :
►► Identifier
des modes de construction et des conceptions architecturales
économes.
►► S’assurer d’une performance globale optimisée du bâti.
Parmi les exemples donnés par nos interlocuteurs on retrouve :
►► l’orientation du bâti est/ouest ;
►► les logements traversants ;
►► les dessertes par l’extérieur ;
►► la maîtrise des terrassements ;
►► la limitation des garages en sous-sol en mutualisant à l’échelle d’une même
opération les places en extérieur ;
►► la simplicité de l’architecture (prix du gros œuvre, déperditions de chaleurs) ;
►► …
Enfin, ces réflexions sur la réduction du coût global de l’habitat auraient intérêt
à inclure les coûts de gestion de l’habitat liés à la maintenance mais également
à l’utilisation, ce qui demande le développement de mesures (thermique…).
Une démarche de concertation renforcée dans le processus d’élaboration
des ZAC.
Cette démarche de concertation devrait inclure notamment les SEM, les
métropoles, les communes, les promoteurs, les bailleurs sociaux et les
architectes urbanistes.
288
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
« Il reste à développer une association qui soit systématique. Mais ce n’est
pas forcément sur tout le temps de l’opération, c’est à des phases précises
comme la discussion sur la programmation des tranches, sur les attentes en
termes de programmation pour chaque lot, cahier des charges, etc. » (Angers
Loire Métropole)
« Avec la SEM, sur tous les projets importants qui vont venir, ce serait d’avoir
plus en amont les perspectives d’intervention sur ces secteurs, se rencontrer
plus régulièrement, se fixer des objectifs communs, travailler ensemble plus en
amont, pour concevoir des projets plus en amont. » (Brest Métropole Habitat)
Il s’agirait en premier lieu pour ces acteurs de se concerter en amont des
opérations :
►► Sur la localisation de l’habitat, notamment en fonction des zones d’emploi
et des transports en commun.
►► Sur les principaux objectifs des opérations et leurs critères d’aménagement,
en fonction des études stratégiques préalables réalisées par les SEM.
S’agissant de la concertation sur la localisation des ZAC, certains interlocuteurs
au sein des métropoles ont mis en exergue le besoin d’accentuer la concertation
avec les communes pour renverser les logiques de prix du foncier dans les
zones les plus attractives.
En particulier, ils ont avancé l’idée de rendre le foncier moins cher à proximité
des gares de TER ou des stations de bus et d’y implanter en priorité les ZAC
plutôt que de disséminer les objectifs de production sur l’ensemble du territoire.
Les SEM pourraient plus globalement jouer un rôle de coordinateur des aména
gements à l’échelle d’une agglomération afin de veiller :
►► à l’intégration des enjeux métropolitains dans les opérations d’aménagement ;
289
Bâtiments et aménagement durable
« Si on revient au règlement de ZAC, il faut que ces règlements ne soient pas
trop durs de façon à ce que l’on trouve la bonne solution. C’est un peu comme
s’ils ne faisaient pas confiance aux promoteurs… et je ne suis pas sûr que ce
soit la bonne solution. Autant je pense que le dessin général d’une ZAC doit être
fait par l’aménageur pour savoir où est la circulation générale, les déchets et tout
ça… mais après ils devraient être beaucoup plus souples dans l’attribution de
parcelles. Et s’ils nous laissaient travailler avec les architectes que l’on veut…
parce que… moi je peux vous en calculer des surcoûts avec des architectes
qui ne comprennent pas ! Et en définitive c’est toujours le promoteur qui paye
l’addition. Les SEM peuvent avoir autorité sur l’aménagement sans avoir de
règlements aussi détaillés, elles peuvent bloquer un permis de construire !
Et puis je pense aussi qu’il faut peut-être de discussions entre promoteurs et
SEM. » (Promoteur)
« Il y a une commande publique de la commune qui doit respecter aussi les
politiques de “l’agglo”, mais après c’est du rôle de la SEM qui doit défendre
ces objectifs, car c’est elle qui commercialise les terrains, donc c’est à elle de
défendre ces objectifs. Mais tout le travail préalable et de définition de critères
et autres peut se faire autour de la table avec la commune, “l’agglo”, la SEM,
les urbanistes, les différents acteurs et autres. » (Angers Loire Métropole)
Les exigences des SEM pourraient alors s’appuyer sur leur expertise du
coût global des opérations et les enseignements issus des concertations
techniques de réduction de ce coût global.Cela consisterait ensuite à accorder
des délais suffisants aux concepteurs pour mener une réflexion approfondie
afin de répondre au mieux aux exigences des SEM, voire de s’associer des
compétences en sciences humaines pour faire correspondre, autant que faire
se peut, les propositions d’habitat aux attentes et besoins des populations.
290
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
tranches) avec les acteurs de la ZAC a été soulignée. Il s’agirait de mener des
évaluations régulières des opérations à partir d’objectifs et indicateurs précis
et d’un suivi des travaux. Par exemple, à partir d’un livre blanc, d’un tableau
de bord de déroulé de l’opération par étapes et par poste budgétaire, avec
points de vigilance et questions à se poser à chaque palier. Ces évaluations
pourraient inclure également des enquêtes de satisfaction et des enquêtes
sociales auprès des habitants de la ZAC. Ces évaluations pourraient ensuite
mener à des réajustements des projets en fonction des circonstances et des
évolutions du contexte local.
« L’évaluation c’est un retour avec indicateurs mais aussi des aspects plus
qualitatifs, comment ça fonctionne, pourquoi ça ne fonctionne pas ! Et comment
on bouge les choses. L’idée ce n’est pas d’être dans une bible immuable… Une
ZAC par exemple, 3 ans après, le marché va avoir vraiment changé, des produits
peuvent fonctionner, d’autres pas. » (Nantes Métropole)
291
Bâtiments et aménagement durable
« Les SEM estiment que tant qu’il n’y a pas d’habitants, elles ne trouvent pas
les commerces, et elles amènent les services à la fin, alors qu’il faudrait les
amener au début ! Et puis ce sont les finitions qui sont trop tardives… C’est
scandaleux ! Du type trottoirs… quitte à le faire à plusieurs reprises mais
honnêtement vous faites votre bâtiment, vous installez des gens et il n’est
pas rare que la finition autour du bâtiment qui ne vous appartient plus, vous
promoteur, soit faite 3 mois après, sans raison ! Ça provoque un effet hyper
déceptif pour les acquéreurs. En plus nous les promoteurs on n’y peut rien, et
les gens croient que c’est à nous ! Quand vous avez des enrobés qui ne sont
pas faits, des parkings pas terminés, que l’accès depuis la dernière voie n’est
pas fait, c’est inadmissible ! Il vaut mieux refaire 3 fois un enrobé pas cher
ou mettre des cailloux… Et quand vous êtes sur une ZAC où vous êtes les
premiers à construire… alors là, après !!! Vos acheteurs, ils ont tout essuyé ! »
(Promoteur)
Outre une meilleure prise en compte de leurs attentes, cela implique également
l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de communication auprès des
différents segments de la population. Cela requiert des investissements en
communication dès l’amont des opérations et de la vente des terrains.
L’objectif est de démontrer l’intérêt et la qualité des aménagements, des
logements et du lieu de vie, auprès des habitants mais aussi des prescripteurs
(par exemple, les agences immobilières).
« Les aménageurs n’arrivent pas à définir assez vite le pourquoi de la ZAC
et son intérêt futur, et ils ne communiquent pas dessus alors qu’il faudrait y
consacrer beaucoup d’argent ! C’est comme le lancement d’un projet Airbus,
il faut dépenser des millions avant pour le vendre ! Ça, c’est quelque chose
que la SEM ne fait pas ! » (Promoteur)
Les promoteurs l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’ils s’intéressent de plus
en plus au développement des contenus et formes de communication auprès
de leurs clientèles. Afin de développer leur image de producteur de l’habitat,
image préemptée aujourd’hui par les promoteurs, les SEM ont tout intérêt à se
saisir de cet enjeu. Compte tenu de ces réflexions, l’implication des différents
segments de populations dans la réflexion des SEM constituerait une plus-value
dans la mesure où, en dernier ressort, elles composent la clientèle finale des
opérations d’aménagement. Cette implication pourrait intervenir notamment
à trois moments de l’élaboration des ZAC :
►► Dans le cadre des études stratégiques en amont du projet de ZAC afin de
tenir compte de leurs réflexions sur ses futurs usages, de faire exprimer
leurs attentes et d’en tirer des enseignements sur la conception de l’habitat.
292
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
293
Bâtiments et aménagement durable
« Le besoin de se loger ne répond plus à un besoin vital mais il s’agit d’accéder
à un logement en adéquation avec un mode de vie, avec des pratiques sociales.
L’enjeu n’est pas simplement de produire du logement mais de répondre à
l’habiter, ce qui conduit à s’interroger sur des comportements, les attitudes,
les attentes des ménages. »
129 Voir l’article de Marie-Christine Jaillet « Comprendre et anticiper les attentes, les besoins
des ménages » in « Prospective ville – Nouveaux modes d’habiter : quelles alternatives
pour l’aire urbaine ? », Rencontres prospectives de l’aire urbaine de Toulouse, Prospective
ville n° 2, septembre 2004.
294
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
295
Bâtiments et aménagement durable
296
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Une vision des comportements périurbains des modes d’habiter (le cas
de Tours)
Selon une enquête limitée, les habitants périurbains se déplacent plus et la
distance parcourue tend à être proportionnelle à celle de la distance du centre-
ville. Cette mobilité n’est pas vécue positivement mais comme un non-choix.
Si la mobilité n’est plus possible, ils se considèrent comme captifs et comme
marginalisés.
Le taux de motorisation est de 90 % en première couronne, 95 % en deuxième
couronne contre 75 % dans le centre (cas de Tours). L’hégémonie de l’automobile
obéit à un strict effet de lieu : faibles densités, l’éloignement des équipements, des
services et des emplois qui impliquent le recours à l’automobile. L’attachement à
l’automobile explique pourquoi les périurbains évitent le centre-ville et valorisent
les nouvelles centralités périphériques. Il en résulte une organisation des
déplacements en boucle du logement avec un retour vers le logement, en
circuit pour un déplacement optimisé alors que les habitants du centre-ville
se déplacent en étoile.
Les périurbains programment leurs déplacements et laissent peu place à
l’imprévu, surtout lorsqu’il faut programmer les déplacements des enfants (qui
sont dans le circuit). Cette importance des déplacements induit des liens entre
les différents lieux accessibles en automobile.
297
Bâtiments et aménagement durable
298
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
2 voitures
Géotype Sans voiture 1 voiture
et plus
Centre 35,6 51,2 13,2
Banlieue 19,2 52,7 28,0
Périurbain proche 7,6 40,3 52,0
Périurbain
7,2 38,1 54,7
intermédiaire
Périurbain lointain 10,5 43,3 46,2
299
Bâtiments et aménagement durable
300
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Ce comportement peut avoir deux origines : des anciens ruraux qui n’ont
pas de repère dans la ville et a contrario, des anciens citadins qui se sont
« décitadinisés ».
301
Bâtiments et aménagement durable
302
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
alors que les études précédemment reprises n’avaient étudié qu’une cinquan
taine de cas au maximum. Nous avons extrait de cet épais document (75 pages),
les thèmes et les concepts principaux qui nous ont paru transposables aux
métropoles du Grand Ouest.
En Suisse, comme dans tous les pays développés, l’étalement urbain de
l’habitat urbain peu dense hors du tissu des villes (périurbanisation) s’est
imposé ces dernières années. La recherche est centrée sur les modes de vie,
relatifs aux manières d’habiter le territoire, de rencontrer l’autre et d’utiliser les
infrastructures. La qualité de vie dépend de trois qualités de l’environnement
construit et social : la qualité sensible (habiter), la qualité sociale (rencontrer)
et la qualité fonctionnelle (utiliser).
Premier résultat : les inégalités de revenu ont un effet discriminant sur la
taille des logements mais elles jouent un rôle secondaire pour expliquer
les préférences résidentielles.
1. Les éléments communs. L’environnement de proximité joue un rôle essentiel :
►► notamment les éléments favorisant l’autonomisation progressive des enfants :
école, collège accessible à pied, dans le cadre d’un parcours sécurisé ;
►► l’accessibilité aux transports publics.
2. Les éléments divergents. Avec la multiplication des formes de mobilité,
les distinctions géographiques (centre, urbain, périurbain) perdent de leur
importance. L’aménagement de proximité et la connexion des lieux
deviennent centraux.
Principes d’action :
1. L’urbanisme doit être fondé sur les modes de vie et de ce fait, doit maximiser
le potentiel d’accueil de l’environnement construit aux différents modes de
vie résidentiels.
2. Les qualités de l’environnement de proximité jouent un rôle essentiel pour
la qualité de vie, elle est une source importante de réduction des gaz à
effet de serre (par une optimisation des transports de proximité sans doute)
3. Le caractère durable de l’habitat urbain ne découle pas mécaniquement
de l’addition des indicateurs écologiques, économiques et sociaux mais
résulte de la mise en cohérence de ces dimensions par les familles et les
individus eux-mêmes. Un bâtiment BBC peut ne pas être durable par un
usage qui n’utilise pas son potentiel. De la même façon, l’addition d’une
toiture végétalisée, des chauffe-eaux solaires, des panneaux photovoltaïques
ne peut pas conduire à une approche durable en l’absence de prise en mains
par les utilisateurs ou bien par défaut d’entretien (cas le plus fréquent).
303
Bâtiments et aménagement durable
304
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
305
Bâtiments et aménagement durable
306
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
2. Les rapports de voisinage, vie sociale, mixité sont traités dans des axes
thématiques (convivialité, tradition, élitisme).
►► Convivialité : Plus les relations avec le voisinage sont considérées comme
importantes ou très importantes plus les tendances à citer la vie associative
et socioculturelle comme importante ou très importante (55 % par rapport
à 46 % de l’échantillon). De la même façon, les familles qui déclarent avoir
leurs amis dans le quartier ou la commune prônent l’importance de la vie
associative (66 % contre 46 %).
Cela influence également le type d’habitat, plus immeubles anciens ou
habitat pavillonnaire que les villas.
►► Tradition renvoie à la préférence à des lieux où les familles ont un ancrage
local (les musulmans toulousains) en fonction de leur trajet résidentiel
antérieur. Cela reflète également un mode de vie peu mobile et relativement
« privatif », on fréquente ses amis (26 % déclarent la proximité de la famille
comme très importante et 22 % celle des amis).
►► Élitisme renvoie à la notion de valorisation par le lieu (embourgeoisement).
Ce choix est minoritaire dans les familles 26 % préfèrent un tel quartier
valorisant contre 66 % qui déclarent préférer un quartier populaire animé.
3. Les préférences sensibles : nature, densité et urbanité.
L’axe tranquillité représente ces préférences : environnement calme et
vert, environnement sécurisé qui relève de l’appréciation de « sentiment
de sécurité ou de réputation du quartier ».
À la question : quel est votre habitat idéal, 46 % une villa, 11 % une villa dans
un ensemble pavillonnaire, 23 % une ferme rénovée, 10 % un immeuble
ancien et 11 % un immeuble moderne et neuf, c’est-à-dire 80 % en habitats
détachés. À la question sur les modes de connexion, 75 % des familles
veulent un environnement bien connecté : 25 % en ville, 50 % à proximité.
Il en résulte 3 attitudes majeures :
►► La valorisation de la nature (idéalisée sans doute, nous l’avons vu) et le
rejet de la ville.
►► La valorisation de la périphérie connectée (transports publics, calme,
espaces verts).
►► La valorisation de l’urbanité (mouvement, diversité, vie culturelle, densité)
Cette valorisation de l’urbanité est liée à l’attrait pour la vie culturelle (les 10 %
les plus urbaphiles valorisent deux fois plus la proximité de la vie culturelle
à 33 % contre 14 %).
Cela valorise les ensembles urbains, accessibles avec les transports tout
en réalisant un ensemble clos.
307
Bâtiments et aménagement durable
308
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
309
Bâtiments et aménagement durable
Transports publics
QUALITÉ
Distance au centre-ville
Écoles
Services alimentaires
Gastronomie
Convivialité En fonction du type d’engagement associatif
Vie associative
SOCIALE
QUALITÉ
Tradition
Élitisme/statut social
Réputation/sécurité
Tranquillité
SENSIBLE
QUALITÉ
Parcs naturels
Typologie urbaine
310
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
311
Bâtiments et aménagement durable
312
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
peuvent pas être extrapolées pour l’analyse d’un système, même proche,
car la position relative des acteurs est obligatoirement différente. Il s’agit d’un
système clos, en termes de jeu d’acteurs mais non en termes d’influences.
Les acteurs extérieurs au système (par exemple, les investisseurs internationaux)
peuvent influencer le système, mais obligatoirement de façon indirecte.
Aucune stratégie d’alliance ne peut être conduite avec eux, puisqu’ils ignorent
les modalités de fonctionnement du système, le système ne fait pas partie de
leurs préoccupations.
Le choix des acteurs permet de déterminer les modalités d’évolution du système.
Les acteurs traditionnels de l’habitat :
►► les communes ;
►► les entreprises publiques locales d’aménagement ;
►► les conseils généraux (délégation à la pierre) ;
►► les communautés urbaines et communautés d’agglomération ;
►► les établissements publics fonciers régionaux (EPFR) ;
►► les bailleurs sociaux ;
►► les propriétaires bailleurs ;
►► les banques ;
►► les promoteurs ;
►► l’État régalien ;
►► l’État financeur de projets (ANRU, autres…) ;
►► les architectes et autres concepteurs ;
►► les entreprises du bâtiment ;
►► les sociétés de maisons individuelles ;
►► les aménageurs et lotisseurs privés.
Les acteurs nouveaux ou à prendre en compte pour le domaine de l’habitat :
►► Les autopromoteurs de centre-ville.
Définition : association d’acquéreurs qui cherchent à réaliser un projet
d’habitat en commun et hors des circuits traditionnels, fondé sur l’autogestion
de décisions (le terme en allemand est « Bauherrengemeinschaften »,
cette pratique est fortement développée dans certains quartiers de Berlin,
de Leipzig).
►► Les financeurs (financement de l’habitat, 1 % logement).
313
Bâtiments et aménagement durable
314
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
315
Bâtiments et aménagement durable
316
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
317
Bâtiments et aménagement durable
318
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
en zone d’enjeux. Cela signifie que le système, pour réussir, doit satisfaire
les exigences de ce groupe d’acteurs.
►► Les EPLA se situent en intermédiaires entre les acteurs d’enjeux et les acteurs
qui jugent le système, c’est-à-dire la maîtrise d’œuvre, les aménageurs privés
et les constructeurs de maisons individuelles. Les EPLA sont en position
d’intermédiation entre les critères de jugement et les enjeux. Cependant,
les promoteurs sont également à proximité et susceptibles de les remplacer.
►► Les primo-accédants, les entreprises du bâtiment, les bailleurs propriétaires
privés et partiellement les étudiants sont au cœur du système.
►► Il faut noter la position de maîtres du jeu du système portée par les instruments
de programmation que sont les SCOT, PLU et PADD ainsi que l’État en tant
que financeur ANRU, ANAH.
Le champ du réel correspond à la configuration du système tel qu’il est décrit
traditionnellement en matière d’urbanisme urbain, il s’agit d’une description
de la situation actuelle d’une sorte « d’entre nous » qui réconforte les acteurs.
Dans cette configuration, nous sommes sur une vision plus opérationnelle du
système l’habitat urbain du Grand Ouest. Les acteurs sont connus et des
noms peuvent être mis sur les différentes positions.
La stratégie à mettre en œuvre serait de se rapprocher de la maîtrise d’œuvre
(perte d’influence et de dépendance) des entreprises du bâtiment (perte de
dépendance) pour :
►► Favoriser l’habitat social géré par les OPHLM.
►► Répondre très précisément aux exigences des communes, des communautés
urbaines et d’agglomération.
Cette stratégie doit développer les aspects les plus visibles (développement
durable, énergie, etc.) et les moins visibles (ségrégation de clientèle, familles
à fort potentiel de maintien sur place…). La différence essentielle par rapport à
la première position tient à la vision opérationnelle de la stratégie à mettre en
place. La question des ressources et des savoir-faire reste posée et non résolue.
319
Bâtiments et aménagement durable
320
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
321
Bâtiments et aménagement durable
4.8.1 Méthodologie
Les plans d’action s’appuient sur deux types d’outils :
►► Un outil de diagnostic du site selon la typologie présentée précédemment
ce qui fonde le diagnostic du quartier.
►► Une caractérisation des objectifs selon les termes d’enjeux définis et qui
représentent l’approche des EPLA du Grand Ouest.
322
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
132 Pour nous, le consensus n’est ni la chambre d’enregistrement sans débat d’une entité élective
tétanisée, ni le forum remettant en cause toute décision mais l’accord minimum de plus
de 50 % des parties intéressées, y compris la population interrogée par voie de référendum.
323
Bâtiments et aménagement durable
►► Les cibles privilégiées (pour qui sont faits les efforts de la collectivité).
►► Les objectifs doivent être hiérarchisés du plus important au moins important.
►► Quelles sont les actions à mettre en œuvre.
►► Définir les moyens pour y parvenir.
►► Disposer d’indicateurs de performance.
Tableau 4.22 L’élaboration du plan d’action par rapport aux objectifs initiaux
Acceptabilité
Enjeux En
(les attentes Durabilité Abordable
EPLA quantité
des habitants)
Primo-accédants, étudiants, les familles monoparentales, les cadres migrants, les citadins
Les cibles
engagés, les locataires sociaux, les personnes âgées dépendantes, les champêtres
1- Accroître l’offre
de logements
(86,2) 2- Réduire les impacts 6- Évaluer la
environnementaux compétence des
3- Assurer la
locaux des prestataires pour
tranquillité (49,6) 8- Maîtriser le
Objectifs bâtiments (61,2) la réalisation de
4- Assurer la qualité l’habitat (42,9) foncier (53,9)
4- Assurer la qualité
intrinsèque du
intrinsèque du 8- Maîtriser le foncier
logement (46,9)
logement (46,9) (53,9)
5- Assurer des lieux
privatifs (43,6)