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© AFNOR 2014
Couverture : création AFNOR Éditions – Crédit photo © 2014 Fotolia
ISBN 978-2-12-465432-1
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Sommaire
Préface................................................................................................... IX
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable........... XIII
Partie I
Prendre en compte les enjeux
1 Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs....................... 3
1.1 Comment se poser les « bonnes » questions ?.............................. 4
1.2 Les lignes d’action sont-elles universelles ?................................... 26
1.3 Comment prendre en compte ces finalités ?.................................. 59
Partie II
La confrontation des enjeux aux pratiques
2 Le contexte territorial, humain et institutionnel
de la commune de Petit-Bourg........................................................... 109
2.1 L’attractivité...................................................................................... 110
2.2 Les thèmes à aborder..................................................................... 117
2.3 Les 20 ambitions de l’écoquartier................................................... 126
2.4 Contenu du projet............................................................................ 181
Partie III
L’évaluation et les études complémentaires
3 L’évaluation, un processus en continu....................................... 193
3.1 Les principes de l’évaluation........................................................... 193
3.2 L’évaluation « développement durable » du site.............................. 208
Bâtiments et aménagement durable
Partie IV
Les notions à approfondir
5 Les externalités qui s’imposent.................................................. 333
5.1 Quel bien-être dans les écoquartiers ?........................................... 333
5.2 Les territoires étudiés...................................................................... 339
5.3 Qu’en pensent les habitants ?......................................................... 386
5.4 Comment se sont exprimés les habitants des écoquartiers........... 408
5.5 La segmentation du territoire : un coût aberrant pour la société.... 430
6 Et maintenant, comment agir ?
Comment faire la ville « smart » ?.............................................. 443
6.1 Planifier, Développer, Contrôler et Améliorer.................................. 444
6.2 Économie plurielle........................................................................... 448
6.3 Réseaux, Transports, connectivité et échanges............................. 457
6.4 Formation, éducation et compétences............................................ 458
6.5 Culture............................................................................................. 460
6.6 Cadre de vie.................................................................................... 461
VI
Sommaire
VII
Préface
X
Préface
XI
Introduction
Du bâtiment HQE®
à l’aménagement durable
Jared Diamond, Effondrement – Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur
survie, Gallimard Essais 2009, titre en anglais « Collapse »
3 La succession des textes montre combien la philosophie réglementaire était peu stable et a
contribué à rendre le critère énergétique – applicable aux seuls bâtiments neufs – étalon d’une
démarche environnementale, ce qui est loin d’être notre approche, avant tout, multicritère.
4 J’ai eu l’occasion de faire le premier « Plan communal environnement » à Niort, ancêtre des
Agendas 21 des villes. Comme souvent, le réel objectif ne résidait pas dans un plan plus
ou moins vert mais bien de fournir des arguments relatifs à un tracé d’autoroute. À cette
occasion, j’ai découvert que le dynamisme de la ville, bien connue pour ses mutuelles, tenait
aux vertus de la solidarité des « Jean sans terre », cultivant quelques arpents de terres
inondables et marécageuses dans le Marais poitevin. La solidarité était nécessaire car ne
pouvant prétendre à la propriété terrienne, fondement du capitalisme du XIXe, ils ont su
mettre en œuvre des valeurs collectives de survie.
5 Selon une étude Ipsos de décembre 2010, si 48 % des Français ont une vision positive de
la ville, 25 % expriment un sentiment de répulsion ou de lassitude à l’égard de la ville et
52 % des habitants des communes rurales ont une vision négative (Ipsos : « Les Français
et la ville de demain » par Anne Sophie Vautrey, chargée d’études senior).
XIV
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
XV
Bâtiments et aménagement durable
terme – juste avant les dernières présidentielles. Le cahier des charges prévoyait
une anticipation 2020, alors que pour le bâtiment, la jauge est à minimal de
50 ans et que j’ai difficilement obtenu des extrapolations pour 2050. Le travail
fait par l’administration était sérieux et fournissait des données qui permettaient
de voir comment réduire la dépendance énergétique à l’égard des énergies
fossiles mais également des énergies nucléaires. Hélas, les plans climat ont
abouti à des demi-mesures pour limiter les investissements de réparation des
bâtiments scolaires mais également des salles multifonctions décidées sans
concertation avec les autres communes.
Il est aisé d’imaginer la frustration des experts, des spécialistes ou encore des
élus qui voient leurs projets réduits, dénigrés, voire émasculés par un mélange
de peur des opposants les plus volubiles, par un électorat de plus en plus
vieillissant et qui visent, en tant qu’avenir radieux, une vie de rentiers ou bien de
golden boys (ou girls) pour leurs enfants6 faite d’argent facile, clinquant, tout en
relayant une communication faite de provocations faciles, voire malhonnêtes,
pour ne rien faire, ne rien changer.
Parfois, nous avons l’impression, renforcée par l’individualisme ambiant,
qu’il s’agit pour l’habitant de n’être qu’un usager par séquences successives
des différents espaces d’habitat, de transport, de consommation rapide ou
d’équipements, de loisirs et de détente, une petite frange ayant accès à la
culture, laquelle est digérée pour le plus grand nombre7.
Tout ceci n’est pas toujours faux mais ne correspond pas forcément à la réalité,
conçue par les planificateurs, voulue par les aménageurs, dessinée par les
architectes et les ingénieurs, acceptée par les élus et leurs services. Il manque
souvent une dimension dite « sociétale », c’est-à-dire la capacité que possède
un lieu, une ville à créer un lien entre les habitants et quelquefois, les visiteurs.
Cette magie se retrouve dans certaines villes comme le Paris artiste, le Berlin
« underground », le Rome au bien-vivre depuis l’Antiquité, le Lisbonne populaire
et multiculturel, le Londres audacieux mélangeant l’architecture et classique
6 Le travail récent des historiens sur la période faussement dite de la « Belle Époque » montre
des similitudes assez troublantes entre la période historique et celle de ce début du XXIe siècle
notamment par la fascination pour les riches clinquants et les rentiers en souhaitant que
la fin de la civilisation ne se produise pas sur les mêmes bases (Guerre mondiale, fin des
empires, crise de 1929, etc.) ce qui n’annonce que des cataclysmes. Les leçons de l’Histoire
n’ont jamais servi pour éviter les catastrophes et de nombreux politiques devraient craindre
d’être pris pour des Daladier ou des Chamberlain au retour de Munich (1938).
7 Un universitaire, dont je n’ai pas retenu le nom, s’étonnait qu’il soit possible que des cadres
supérieurs regardent de la téléréalité et que des ouvriers aillent à l’opéra. Il ignorait sans doute
l’inculture développée par une éducation de « bêtes à concours, notamment scientifiques »
qui génère des cadres ignorants et que les associations proches du parti communiste ou du
parti socialiste ont su ouvrir à la culture des générations de personnes des milieux populaires.
XVI
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
avec des visions futuristes de gratte-ciel posés dans des quartiers sans attrait,
le « Village » de New York et ses expériences de vie communautaire. Tout
projet urbain a l’ambition naturelle de développer une telle vision immatérielle,
culturelle, nombreux sont les architectes ou les designers qui aimeraient avoir
cette signature.
Au travers de notre expérience, les projets sont souvent lancés sur des objectifs
ambitieux, des visions élargies, des anticipations pertinentes, puis de retraits
en retraits pour des motifs politiques, financiers mais également des motifs
de compétences limitées des intervenants, le projet devient une addition de
petites mesures mal faites.
Il ne répond pas aux utilisateurs souvent oubliés, ne satisfait pas les profes
sionnels, est cédé aux futurs habitants sur plan ou à une maîtrise d’ouvrage
de gestion sans qu’ils puissent disposer de tout l’historique, faisant naître un
mal-être qui n’a pas été anticipé.
Il en résulte souvent un début d’ensemble de bâtiments sans cohérence, des
espaces publics qui pourraient être des lieux ouverts mais qui deviennent des
lieux sans âme, une addition de projets sans coordination, inscrivant dans un
lieu une spécialisation qui n’était pas écrite au départ : lieu de sièges sociaux
pour un usage hebdomadaire en jours ouvrés, parkings de centres commerciaux
de jour et lieux de rodéo parfois ou, le plus souvent, déserts urbains la nuit.
Comme pour le bâtiment, l’aménagement répond à la logique de l’usage. Le
bâtiment se caractérise aisément en fonction des pratiques envisagées et des
besoins à résoudre (logements, bureaux, enseignement, commerces, etc.). Au
début de la démarche HQE®, des passerelles intelligentes ont été mises en
place (par exemple au lycée de Caudry) afin d’adapter le bâtiment à l’évolution
des besoins de la population (logements sociaux). Je ne suis pas sûr que le
temps ayant passé cette solution innovante ait été mise en œuvre.
L’usage d’une ville, d’un quartier se définit par la disponibilité à une échelle
humaine accessible de moyens nécessaires pour vivre ensemble. Les lieux
« magiques » précédemment cités sont un ensemble de moyens, mis bout à
bout qui crée les conditions de l’usage optimisé de ceux-ci.
Tout au long des travaux sur la démarche HQE® et du bâtiment durable8, c’est-à-
dire les démarches collectives dans lesquelles les différentes parties prenantes
étaient plus ou moins bien représentées, la notion d’aménagement durable était
8 J’ai déposé la marque « bâtiment durable ® » auprès de l’INPI, pour protéger mon travail
approfondi sur les évaluations environnementales et sociétales des bâtiments (incluant la
notion culturelle souvent mal prise en compte). L’évaluation a été mise en œuvre notamment
pour le bâtiment GAMBA, bâtiment à énergie positive à Toulouse.
XVII
Bâtiments et aménagement durable
9 Initiative issue du CSTB, lequel n’est pas à une partie de billard à plusieurs bandes de plus,
et qui a quelques succès auprès des collectivités locales.
XVIII
Introduction Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
XIX
Bâtiments et aménagement durable
C’est un fait qui doit guider nos raisonnements. L’écoquartier est un mot facile,
qui regroupe des concepts variés que nous trouverons au fur et à mesure de
l’avancement de cet ouvrage. Nous en tirons trois conséquences essentielles :
►► La prise en compte du bien commun ne peut pas se limiter à un territoire
car l’attractivité, qui s’opère du fait des actions du développement durable
ou encore des activités sociales…, a des conséquences bien au-delà du
cadre de la commune, de la communauté urbaine voire du land concerné.
Le schéma de production d’un objet ou d’un bâtiment montre que les sources
sont variées et les incidences multiples. Il en résulte que l’organisation
administrative ne parvient pas à représenter les enjeux globaux auxquels
elle est confrontée tant pour ses habitants que pour les personnes qui
cherchent à l’intégrer ou à y apporter leurs spécificités (migrants, réfugiés,
mais également étudiants, artistes, etc.).
►► Le travail accompli, les équipements mis en œuvre, les services offerts se
réalisent au bénéfice des êtres humains en premier lieu, influencés par les
équipements ou leur absence. L’effet positif ou négatif sur l’environnement,
la biodiversité, les ressources sont des effets indirects, collatéraux pour
employer les termes militaires. Cela s’explique par l’évolution progressive
du chasseur-cueilleur vers l’agric ulteur qui cherchait constamment de
nouveaux territoires puis de l’exploitant de mines, pour lequel la ressource
n’est pas illimitée. Le territoire n’est qu’un support physique et l’aménagement
durable n’existe qu’à la condition de pouvoir être en lien, en relation avec
les autres territoires. La dimension physique s’efface de plus en plus devant
la dimension virtuelle. Les êtres humains sont au cœur de l’aménagement
durable et le bien-vivre est le résultat recherché.
►► La prise en compte des enjeux du climat mais également la définition des
conditions de vie, de logement, de travail, d’accès à l’éducation et à la culture
deviennent des thématiques, des axes fondamentaux d’une ville durable.
Pour paraphraser une phrase célèbre « la ville sera durable ou ne sera
pas », car la rupture du lien social, le désespoir résultant d’une absence
d’avenir11, la constitution d’une ville à deux vitesses – pour bobos cultivés
et pour pauvres dépendant d’une aide précaire – contiennent en substance
des réactions violentes dont on peut percevoir le signe dans les suicides au
sein des grandes entreprises. Le déclencheur peut être collectif et conduire
à un raz de marée de violence.
11 Je pense à une de mes amies allemande, qui s’est aperçue, après une thèse (sur l’apprentissage
en jardinerie), un cursus remarquable et une mention « excellent », que la France ne prévoyait
pas d’issue favorable à son désir de transmettre son savoir. Elle a dû se replier en Allemagne
laissant sa famille en France.
XX
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
Le parti pris de cet ouvrage ne va pas dans le sens de l’optimisation des territoires,
cette optimisation n’est effective que lorsqu’ils arrivent à :
►► Satisfaire les besoins élémentaires des « communities » qui y ont élu domicile
(accès à l’eau, la nourriture, au logement).
►► Rendre possibles les relations avec les autres centres d’intérêt humains.
►► Gérer les ressources au profit du plus grand nombre en évitant les spoliations
au profit de quelques-uns (les roses cultivées en Éthiopie, par exemple,
privent les agriculteurs de terres fertiles)12.
Les communautés peuvent exister et chacun possède, au moins dans notre
société, le droit de rejoindre qui une église, qui une mosquée, qui un temple,
qui une synagogue à la condition que ce lien soit personnel, individuel et privé.
Un autre fait est à prendre en compte, les flux financiers investis dans les
aménagements extérieurs ne dépassent pas 20 % du coût global d’investissement
sur la parcelle en termes de travaux à l’échelle de la collectivité. C’est pour cette
raison que l’approche française s’est intéressée en premier aux « quartiers
d’affaires », visant à promouvoir les quelques quartiers qui ont émergé (la
Défense, Euralille), susceptibles de rivaliser avec les millions de mètres carrés
américains et canadiens13.
Le coût des travaux est le point d’appui des études préalables et des éléments
de conception grâce auquel il s’agit de dégager les enjeux et de mettre en place
les solutions les plus pertinentes. Il est important de souligner la tendance
récente d’un effacement du prix des études, c’est-à-dire une diminution du
temps passé sur la conception des projets d’aménagement, sauf à considérer
que les prix constatés (1 à 2 % alors que la norme internationale est plus proche
de 10 à 15 %, voire 24 % pour les stars du système14) sont jugés suffisants
pour maintenir une intelligence peu valorisée et certainement non durable sur
les projets.
12 Les fermes hollandaises ou chinoises en Afrique préfigurent des conflits d’intérêts entre les
besoins locaux et l’exportation alimentaire ou agricole, qui peuvent dessiner des risques de
conflits de dimension régionale.
13 À Melbourne en 2008, lors du World Green Building Forum, j’étais assis durant le dîner de
gala aux côtés d’un architecte canadien qui présentait un ensemble de 1 000 000 m2 de
bureaux en LEED alors que ma présentation concernait modestement 3 000 m2. Il est facile
de constater que nous ne jouons pas dans la même cour.
14 Le Code des marchés publics révèle ses limites, obsolète sur le plan technique puisqu’il
n’impose pas des métiers qui seraient indispensables tels que les acousticiens, les ergonomes,
les environnementalistes, voire les électrotechniciens pour la programmation des automates.
De plus, il est incapable de respecter une des conditions de son application : le juste prix
pour la meilleure prestation. Les Canadiens mieux organisés ont établi un barème pour des
professionnels reconnus par des systèmes transparents. Son maintien est une prime à la
médiocrité voire à l’achat imbécile quand il n’est pas utilisé pour des pratiques mafieuses
(cf. l’article de Mediapart cité sur l’affaire Guerini).
XXI
Bâtiments et aménagement durable
Le baron orientait son action vers l’usage de la ville, grâce à l’appui des frères
Pereire. Il avait également inventé la notion de dépenses productives (on dirait
aujourd’hui des dépenses d’investissement) dans le cadre du génie urbain.
L’aménagement urbain n’a pu être réalisé qu’à partir du moment où la volonté
politique a été forte, les orientations de Napoléon III étaient de relier entre
elles les gares parisiennes.
Les immeubles haussmanniens ne sont que des façades préétablies selon les
orientations d’Haussmann qui n’exige qu’une différence de niveau des balcons,
pour ne pas créer l’uniformité qu’il a constatée à Londres.
Haussmann avait déterminé que les services privés représentés par la Générale
des eaux (naissante) devaient avoir un rôle d’alimentation de chaque foyer et
non de services intégrés, comme cela se constate aujourd’hui.
Cette vision a été abandonnée dans les années 1980, lorsque les sirènes du
privé ont vidé de leurs missions les corps d’ingénieurs qui se sont mis à faire
de la finance puis de l’informatique, tendance qui semble s’estomper.
XXII
Introduction – Du bâtiment HQE® à l’aménagement durable
Il ne faut pas oublier que l’aménagement a pour objet d’établir la relation entre
les espaces publics16, gérés par les collectivités territoriales, et l’espace privé
qui est celui du bâtiment. Cette notion différencie l’approche européenne de
celle des « communities », lesquelles ont un droit sur l’espace public, quitte à
le privatiser ou à n’abandonner au secteur public que les laissés-pour-compte
ou les exclus du système.
Par exemple, Christian de Portzamparc confirmait que dans le cadre de la
réalisation d’un quartier urbain dense sur la 60e rue de New York, il avait affaire
à un « community board » dont les membres, représentants du quartier, avaient
des compétences de niveau d’expert, partagées dans les domaines des déchets,
des transports publics et de la pollution de l’air. Cette notion de « community »
suppose une communauté d’intérêts. Dans notre vision française, la communauté
d’intérêts suppose souvent l’unanimité alors que, dans une société démocratique,
c’est la loi de la majorité qui s’applique. L’adhésion à la « community » suppose
d’accepter cette règle fondamentale, c’est pour cela que les « communities » sont
souvent des regroupements fondés sur la religion, la langue, le pays d’origine.
Le terme communautaire a un sens trop péjoratif en France pour pouvoir être
utilisé par équivalence.
L’espace public ne peut être durable que si les enjeux sont pris en compte,
si les thématiques sont bien développées et évaluées périodiquement, si les
principes et les bonnes pratiques que nous allons décrire sont mis en place.
La frontière entre espace public et espace privé détermine les espaces communs,
accessibles à tous et ceux qui sont privatifs. Cette distinction a des conséquences
pratiques sur la gestion de la sécurité, celle des déchets et de la propreté, voire
des espaces verts par la puissance publique. Ce bien public, bien commun est
souvent considéré comme n’appartenant à personne voire est approprié pour
devenir une zone de non-droits, c’est-à-dire une zone sur laquelle la puissance
publique n’exerce plus sa tutelle, qu’il s’agisse d’une organisation parallèle de type
mafieux ou bien de l’appropriation par des intérêts privés de bien commun. Dans
le cadre des deux privations, mafieuse ou privée, le bien commun est soustrait
créant une perte d’aménité17 ou de jouissance de biens immatériels gratuits. La
puissance publique devrait garantir l’accès à ce bien public, gratuit et offert à tous.
16 Nous considérerons l’espace public, quelles que soient les formes de gestion mises en place,
comme étant celui qui permet d’accéder depuis la cellule familiale aux services proposés,
privés ou publics. Dans ce sens, internet est un espace public même si le débat juridique
n’est pas clos. L’espace public est avant tout un vecteur d’accès ou de transmission.
17 C’est grâce à Brice Lalonde que j’ai pu créer en 1986, la notion de préjudice d’aménité à
l’occasion de l’évaluation de la pollution du Rhin et qui a eu un succès certain puisque reprise
par le juge de New York dans l’affaire Exxon Valdez. Il s’agit de l’appréciation de la perte d’un
bien immatériel irremplaçable par un système de compensation et de création de valeur.
XXIII
Bâtiments et aménagement durable
Cet espace public est un lieu de rencontres et de bien-être qui doit pouvoir
contribuer aux bâtiments et par lui-même, fournit une valeur à la qualité urbaine
de l’ensemble. Loin des visions des promoteurs de non-qualité qui vendent
de la « vue sur mer – ou vue sur la place de la Concorde », c’est-à-dire du
fantasme, nous pensons qu’il est possible que l’aménagement durable se fasse
avec les bâtiments et non contre eux.
L’objectif de cet ouvrage, en continuité avec l’ouvrage Bâtiment HQE ® et
développement durable18, est de montrer comment faire le lien entre la mise en
œuvre de l’approche de développement durable du bâtiment et le quartier voire la
ville mais également entre ville et bâtiment, sans perdre de vue l’opérationnalité
des méthodes que nous présentons. Nous souhaitons conduire le lecteur de
l’identification des enjeux à la définition des termes de progrès et lui donner les
clés pour y parvenir.
Nous aborderons, dans une première partie, les enjeux de l’aménagement durable
en liaison avec le bâtiment. En effet, il ne s’agit pas de concevoir un ensemble
sans déterminer les éléments à prendre en compte ni dessiner les objectifs qui
font consensus. Pour cela, nous nous appuierons sur le travail réalisé dans
le cadre de la commission AFNOR « Écoquartiers » qui a permis de dégager
les éléments synthétiques forts de l’approche de l’aménagement durable. Les
enjeux fournissent deux niveaux de lecture d’un projet :
►► Un niveau d’objectifs qui fonde le contrat commun, lequel doit pouvoir être
élaboré avec les outils de concertation malheureusement souvent absents
dans les projets.
►► Un niveau d’indicateurs qui permet de mesurer les progrès. L’expérience
de l’Île-de-France montre que l’on peut conduire une approche qui mesure
sur le temps les progrès.
Nous développerons, dans une deuxième partie, une expérience vécue
sur différents projets d’écoquartiers en reprenant des éléments de phases
indispensables pour construire la démarche et en rechercher les points
d’optimisation. Puis, nous développerons dans une troisième partie les fiches
d’actions autour des thèmes qui avaient été exigés dans le cadre de l’appel
à projets du MEDDLT en 2012. Enfin dans une approche prospective, nous
aborderons les thèmes de l’évolution de l’habitat urbain en nous inspirant d’une
étude conduite sur ce thème pour des sociétés publiques locales d’aménagement
(SPLA) du Grand Ouest19.
18 Jean Hetzel, Bâtiments HQE ® et développement durable – Dans la perspective du Grenelle
de l’environnement, op. cit.
19 Nantes Métropole Aménagement, Territoires (à Rennes), Angers Métropole Aménagement et
Brest Métropole Aménagement.
XXIV
Partie I
Prendre en compte les enjeux
1
Les enjeux, les lignes d’action
et les indicateurs
20 Commission animé par Jean-Michel Vincent qui, en toute bonne foi, pensait en faire un outil
de recherche et développement institutionnel pour la ville durable. Abandonné par le ministère,
qui retenait son souffle pour savoir qui serait le nouveau président, lâché par les ex-directions
de l’Équipement, le texte – dont il a animé de façon prospective les débats – a été déclassé
en tant que fascicule de documentation. C’est en hommage à son travail et à l’équipe, que j’en
reprends les principes et les grandes lignes.
21 FD P 99-801 Cadre stratégique outillé à l’intention des élus, des habitants et des entreprises
des territoires pour penser globalement le développement durable et agir localement de
février 2013.
22 CICF est une institution centenaire (créée en 1912) qui regroupe des syndicats d’ingénieurs-
conseils. Devenue un regroupement des syndicats de l’ingénierie, du conseil et du numérique,
elle est signataire au côté de SYNTEC de la convention collective de la branche et participe aux
différentes instances paritaires.
Bâtiments et aménagement durable
23 L’intérêt d’un tel choix permet de se libérer des contraintes trop hexagonales et d’introduire
des considérations relatives aux exigences liées aux îles, mais également d’aborder des
approches plus internationales telles que celles des relations Nord-Sud, du développement
des pays émergents, de l’absence de production nucléaire, locale, etc.
4
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
5
Bâtiments et aménagement durable
6
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
par les fonds de pension conduit au constat similaire : une société qui ne
régénère pas son tissu productif pour la couverture des besoins essentiels
est appelée à disparaître. Le hasard a voulu que j’entende Bernard Friot
auteur de L’enjeu des retraites 26, dont l’analyse économique allait bien au-
delà de cette problématique. En analysant la répartition économique sur de
longues périodes de la production intérieure, du travail, de la rémunération
du capital, il démontrait de nombreuses idées fausses comme celle de la
surcharge insupportable des non-actifs sur les actifs, en s’appuyant sur les
chiffres de productivité acquise dans la même période.
►► Erronée car elle oublie les termes de l’échange qui l’ont précédé : Qui a
fabriqué le produit ? Et à quel prix ? Comment a-t-il été mis à disposition ?
Malheureusement, les raisonnements en vase clos sont une pratique
courante : les bilans carbone mis en avant par les collectivités et quelques
industriels sous l’égide de l’ADEME, ne prennent pas en compte l’effet des
importations soit environ 40 % de la valeur de produit. Si nous voulions avoir
une action locale dont le poids ne serait que local, nous serions obligés de
la limiter dans son périmètre ou bien d’en occulter les termes d’échange
et de transférer vers d’autres collectivités les effets les plus néfastes. Pour
cette raison, les approches en analyse de cycle de vie – à condition que les
données soient conformes au consensus scientifique international – restent
les seules approches admissibles.
Le texte de la commission AFNOR Écoquartiers évoque la responsabilité
individuelle de chaque décideur, y compris au niveau de la famille, sous la belle
expression de « deux milliards de décideurs ». Cette notion de responsabilité
n’est pas la seule notion à aborder au niveau de l’action locale. En centrant la
ligne directrice sur la responsabilité individuelle, les rédacteurs insistent sur un
aspect important du développement durable, qui se veut mobilisateur tout en
employant une formule de culpabilisation.
Suis-je responsable de toutes mes actions ? Oui, répond l’observateur extérieur ;
non, répond le salarié qui identifie toute la chaîne de dépendance dans laquelle
il se situe et qui limite ses capacités à bien faire. Oui, mais alors, dois-je
abandonner cette chaîne et ne plus être tributaire de ces liens, du responsable
du bureau d’ingénierie ?
De plus, cette vision est peu représentative des enjeux actuels et malthusienne :
Puis-je dire que j’agis localement, à partir du moment où j’interviens sur la base
d’un réseau national voire international ? Mon action est-elle uniquement locale,
dès lors que l’expertise sur laquelle je développe mes actions (laquelle est avant
7
Bâtiments et aménagement durable
27 Cité par Alain Bornarel (du bureau d’études TRIBU) dans le cadre de l’université de l’EIVP.
28 J’ai choisi United Donations, organisme réalisant du financement participatif. Le don est
réparti sur un (ou plusieurs) projet(s) pour éviter les machines marketing du type Yann Arthus-
Bertrand (voir sur www.uniteddonations.co).
8
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
29 De mon point de vue, les termes management, gouvernance, gestion recouvrent tous les
mêmes dimensions qui supposent de clarifier, les modes d’organisation, de les enrichir par
la mise en œuvre du PDCA – Planifier, Développer Contrôler et Améliorer des systèmes.
30 Dans l’ouvrage La réparation des dommages catastrophiques – Les risques technologiques
en droit international et en droit communautaire, aux Éditions Émile Bruylant, faculté de droit
de l’université de Louvain,1992.
31 Le syndicat CINOV-TEN regroupe de belles compétences à connaître avec des spécialistes
de l’arbre, des plantes mais également des grenouilles.et autres éléments de la vie naturelle.
9
Bâtiments et aménagement durable
Dans les trois cas, nous avons des termes d’échange clairs et précis.
Lors des quelques expérimentations qui ont été conduites, il s’est avéré que cela
suppose :
►► D’avoir un dossier fortement documenté, y compris sur les postes d’auto
risation administrative (Installations classées au titre de la protection de
l’environnement ou ICPE).
10
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
11
Bâtiments et aménagement durable
Cette tendance est renforcée par les investisseurs, sauf en milieu fortement
urbain – Paris, les grandes métropoles – qui préfèrent développer des zones
spécialisées.
Lorsque l’on évoque la mixité des usages, les professionnels répondent qu’ils
ne trouveront jamais preneurs pour un immeuble étroitement identifié à des
logements, surtout si ceux-ci sont des logements sociaux.
Le cas récurrent dans les colloques de l’acheteur potentiel d’une tour qui se fait
voler son téléphone portable après l’avoir visitée est une caricature bien utile pour :
►► Stigmatiser certains territoires et certains lieux.
►► Renforcer la spécialisation des territoires.
►► Créer des lieux de non-droits et les renforcer.
Le même vol aurait pu avoir lieu aux Champs-Élysées et la victime, une fois
remise, aurait fait ses affaires sans état d’âme.
La réalité décrite par cette anecdote correspond à une spécialité des métiers.
Les locataires des logements sociaux sont considérés, par les spécialistes de
l’immobilier de bureaux qui ne les connaissent pas comme étant des inactifs,
comme potentiellement dangereux. Il y a de fortes chances que les travailleurs
de l’ombre, les agents de maintenance soient lesdits locataires ainsi caricaturés.
Le bâtiment doit être en interaction avec son milieu et ne pas être une verrue
dans son environnement.
Longtemps le Sheraton à Rio, construit à proximité de trois favelas, a fait l’objet
d’attaques régulières. Cette situation est née lors des dictatures militaires qui
soumettaient la population à un paupérisme systématique et avaient pour soutiens
et principaux bénéficiaires les grands propriétaires qui gagnaient des espaces
en Amazonie et les industriels européens qui disposaient d’une main-d’œuvre
à bas coût (tous les constructeurs automobiles étaient présents et pourtant les
routes étaient peu entretenues et souvent défoncées). L’accès à la démocratie
et à une politique d’éducation qui a pris une génération à se mettre en place ont
conduit les favelas à se moderniser. Depuis, l’accès des favelas à l’électricité
et à l’eau, l’amélioration de la situation économique au Brésil et des mesures
minimales de sécurité ont rendu plus rares de telles pratiques34.
Le débat sur la mixité des espaces montre que la référence intellectuelle des
décideurs va à l’encontre des notions de circuits courts. Si l’on reste attentif
aux sirènes des commerciaux, il est urgent de ne rien changer.
34 J’ai voyagé au Brésil, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Malaisie, aux États-Unis toujours
seul mais avec une vision claire des règles de sécurité, je n’ai jamais eu de problème, ayant
eu la chance et la prévoyance d’éviter les endroits potentiellement dangereux.
12
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
D’une part ils vendent aux élus un petit bout de quartier, un centre-ville et d’autre
part ils savent que les investisseurs n’aiment pas le mélange des genres, susceptible
à leurs yeux de faire perdre de la valeur à leur immeuble.
Il en résulte que la vision de mixité ne peut pas être portée par le marché mais
doit résulter d’une véritable volonté politique, et donc être une vision tout à la
fois prospective, volontaire et partagée. Le changement pourrait intervenir si l’on
faisait supposer, aux zones spécialisées, le coût des externalités : le coût des
infrastructures de transport et des fluides mais également ceux de la sécurité
publique et les accès à des services publics.
Dans la logique actuelle, le prix de cession des droits à construire correspond
aux coûts des externalités. Très souvent, ce coût comprend les infrastructures
indispensables – accès, mise à disposition des fluides, éventuellement trans
ports. La négociation usuelle est conduite dans les communes, sans pression,
en transférant au demandeur le coût des externalités, faite à moindre coût. Cela
explique le mitage des territoires avec des lotissements sans service public et
sans âme au titre d’un accès à l’espace, voire à la campagne.
Les coûts réels pour la collectivité – lesquels s’évaluent sur le cycle de vie de
présence des habitants – ne sont jamais compensés par les taxes d’habitation,
d’autant plus que 80 % de la population française relève des critères des
logements sociaux35.
Sur un plan strictement économique, ce droit à construire a plus d’un effet
pervers. Nous considérons depuis longtemps que la transformation des terres
agricoles en terres constructibles a constitué la 3e révolution capitalistique
française, la première ayant eu lieu lors de l’indemnisation des biens nationaux,
la seconde résultant des guerres coloniales avec son excroissance moderne,
la « Françafrique ». Si les deux premières ont permis de constituer une haute
bourgeoisie d’investisseurs, prenant des positions importantes dans les
infrastructures, les mines, les entreprises, la troisième est constituée de rentiers
qui n’ont investi que dans la pierre spéculative. Le droit à construire a perdu
son sens de prise en charge par le promoteur des externalités nécessaires à
la vie de son bâtiment pour celui de droit à faire en optimisant les marges, en
essayant de vendre sur plan des fantasmes de rente.
Un petit calcul en coût global montre que l’investissement dans la pierre à
court terme (en moyenne 8 à 9 ans) n’est rentable que pour le banquier qui le
finance et les intermédiaires, qui s’appuient sur la pénurie pour faire monter
les enchères.
35 Chiffres confirmés par l’étude de l’habitat urbain que nous développerons dans cet ouvrage
et à l’université d’été de l’EIVP de septembre 2013.
13
Bâtiments et aménagement durable
14
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
36 Même s’ils bénéficient du label écoquartier, les dimensions durable et sociale en sont
particulièrement absentes.
15
Bâtiments et aménagement durable
Le raisonnement doit être conduit avec une vision neutre en pesant les avantages
et les inconvénients de chaque solution. Trop de solutions ne sont envisagées
ou abandonnées qu’à la vue des contraintes externes : une opposition, une
réglementation qui semble peu favorable. En matière d’aménagement durable,
les moyens pour rendre attractif le secteur ou la ville sont soumis à la réussite
du projet. Le promoteur veut avoir vendu son produit, la ville attend les habitants
pour mesurer le nombre d’enfants à accueillir dans les écoles, les commerçants
ne s’installeront que si les habitants sont installés.
Toute initiative pour sortir de ces schémas se heurte à des actions et des inter
ventions fortes des lobbys, lesquels essaient de protéger une situation acquise,
ne représentant parfois que quelques personnes.
Il faut avoir parcouru, comme je l’ai fait, les zones nouvellement aménagées, les
quartiers (écoquartiers ou non) pour s’apercevoir que les cages préfabriquées,
qui attendent les habitants, ne prévoient pas de commerces de proximité ou que
ceux-ci seront fermés avant l’achèvement de la 4e tranche, constamment reportée.
La meilleure image qui permet de traduire la notion d’action locale est celle de
la toile d’araignée. Une araignée prend au moins appui sur deux points et si
possible opposés. À partir de ces deux points, elle tisse un espace de plus en
plus large, tout en utilisant un point central qui pourrait être son nid. La seule
condition nécessaire de l’installation de la toile est d’être un point de passage
pour les insectes qui viendront se faire piéger. Tout aménagement devrait avoir
le bon sens de réfléchir à ses points d’appui.
Pour le cas de Petit-Bourg que nous présenterons dans cet ouvrage, chaque
action suppose une dimension spécifique à prendre en compte :
►► Le transport public, lequel est né d’un consensus local. Les transports publics
ont été dédiés à des compagnies privées, lesquelles ont un fonctionnement
aléatoire et dont la mise en œuvre d’un service public est très éloignée du
service au public. La dimension de l’île est aussi à prendre en compte.
►► A contrario, sur le plan alimentaire, la production locale fait partie d’un cir
cuit non marchand de marché local et ne rentre pas dans les statistiques
16
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
La ville de Saint-Ouen impose une charte aux promoteurs afin d’avoir des prix
acquéreurs37 à 4 100 € le m2, lesquels prix font l’objet d’une surveillance par un
observatoire de l’immobilier. À ce prix, le projet bien maîtrisé est le projet du
promoteur le plus rentable de la région parisienne. Montreuil avait obtenu une
maîtrise identique tant que la politique de la ville était forte avant de constater
une hausse de 20 % lorsque la majorité autour de Dominique Voinet s’est
éparpillée. Dans le même temps, Boulogne-Billancourt offre des appartements
à 8 125 € le m2. Les deux situations, Saint-Ouen et Boulogne-Billancourt,
s’appuient sur une relation géographique assez semblable par rapport au
centre de Paris, ce qui ne justifie pas des prix du simple au double. Il faut avoir
essayé d’atteindre des bureaux à la porte de Sèvres ou de Saint-Ouen, pour
37 Cité par Paul Planque, premier adjoint au maire de Saint-Ouen. Les prix ont été constatés
sur les offres internet des différents promoteurs pour des immeubles neufs ayant les mêmes
caractéristiques architecturales.
17
Bâtiments et aménagement durable
comprendre que les termes des échanges sont fortement identiques. La ville
de Saint-Ouen a géré son patrimoine foncier avec lucidité en s’appuyant sur
des outils de maîtrise du foncier, notamment le droit de préemption (voir l’article
bien documenté du 3 janvier 201238), ce qui déplaît fortement à une opposition
de droite, au titre de la défense des petits vendeurs39. La généralisation d’une
telle politique permettrait de faire disparaître certaines tendances spéculatives
dont l’immobilier s’est fait le champion.
18
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
« Agir local » nous semble être un concept trop évident pour être honnête.
L’expression d’une telle volonté semble vouloir créer une dynamique d’actions,
qui ne prend pas en compte la complexité.
►► Une acceptation des réussites et des échecs pour des motifs extérieurs à
sa propre action.
►► Une humilité à toute épreuve.
19
Bâtiments et aménagement durable
42 Maîtrise d’ouvrage : Direction des bâtiments de la ville d’Angers, Crespy Aumont architectes
et BET développement durable Johanson.
43 Cette compagnie de théâtre toulousaine à l’origine n’a pas trouvé auprès des autorités de
l’époque un accueil satisfaisant et a été accueillie à Nantes avec plaisir.
20
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
44 Alain Bornarel fait partie comme moi-même, des pionniers de la démarche HQE®, c’est-
à-dire, membre de l’ATEQUE, atelier du PUCA animé par Gilles Olive, vice-président de
l’ICEB, association des pionniers de la démarche HQE® et première structure adhérente
de l’association HQE® que j’avais créée.
21
Bâtiments et aménagement durable
22
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
ne sont pas réservées aux pays tempérés, mais les études notamment
allemandes montrent les performances de telles toitures en milieu tropical.
Dans ce cas, l’échelle à prendre en compte est celle de la trame verte de
proximité.
4. Contribuer à la réduction de l’effet d’îlot de chaleur, critère absent dans
les évaluations environnementales françaises et qui prend en compte le
réchauffement local urbain, résultant de la réflexion des chaussées, des
façades vitrées et des toitures. Cet effet d’îlot de chaleur est généralement
évalué au travers de l’indicateur « Solar Reflective Index » (SRI), qui prend
en compte la qualité de réfléchissement des rayons du soleil des différents
matériaux mis en œuvre.
La production des jardins en toiture est en soi sympathique et correspond à une
vision de verdissement de la ville. Toutefois, il faut être attentif à des facteurs
de risque à ne pas occulter :
►► Le premier facteur de risque est celui de la pollution de la ville, laquelle
est absorbée par les plantes. Soit les jardins de ville se contentent d’être
décoratifs et les plantes contribuent modestement à l’amélioration de la
qualité de l’air en ville, soit ils répondent à une nécessité sociale – comme
les jardins de Détroit – et le risque est fort que les aliments soient pollués.
►► Le second est de créer des espaces de culture sur des structures de bâtiment
non prévues pour cela. Les bâtiments modernes sont conçus dans une
vision d’optimisation des charges admissibles (par exemple 150 kg/m2) et
du surpoids lié à la terre nécessaire, l’eau apportée ou récupérée.
L’article « Jardins sur toit » paru sur le site AgricultureMontreal.com45 fait un point
précis sur cette pratique46 : « Les méthodes de jardinage sur toits peuvent se
résumer en deux grandes catégories. Les toits verts impliquent généralement la
culture de plantes couvre-sol vivaces. Les jardins sur toits qui consistent quant
à eux à cultiver des plantes comestibles ou ornementales en terre ou hors sol
sur une toiture. Dans les deux cas, les avantages sont multiples : captation des
eaux pluviales, réduction des îlots de chaleur, production alimentaire sur des
surfaces “perdues”, etc. Les toits verts peuvent même augmenter de manière
significative la durée de vie des toitures et l’efficacité énergétique du bâtiment !
Quelques précautions avant de commencer
Peu importe l’option choisie, il est important de consulter un expert (architecte
ou ingénieur en structure). Il vous assurera que votre toit peut assumer le poids
supplémentaire que lui impose votre jardin, que votre installation ne causera
45 http://agriculturemontreal.com/jardins-sur-toit.
46 Comme souvent nos amis québécois nous montrent la voie.
23
Bâtiments et aménagement durable
47 Depuis la petite façade du musée du quai Branly, les façades végétalisées se développent
sans disposer des moyens de Jean Nouvel, celle du quai Branly a été réalisée à 800 € le m2.
48 J’ai eu l’occasion de faire le seul bâtiment certifié avec 14 cibles en Très Performant, bâtiment
selon le référentiel NF Bâtiments tertiaires démarche HQE®, option commerce.
24
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
relation incestueuse avec l’État, lequel essaie de lui abandonner les charges
publiques tout en conservant les recettes. La suppression du département
aurait permis de créer des pôles d’aménagement ayant un sens.
En termes d’organisation du territoire, une dizaine de régions auraient un poids
économique suffisant pour créer les relations transversales indispensables
et la fluidité des relations, tout en respectant les particularismes physiques.
La notion de bassin-versant existe, en termes d’aménagement, du fait des
agences de bassin créées sous l’égide de François Valiron (ingénieur général
des Ponts et Chaussées) qui eut la vision géniale des agences de l’eau, même
si elles ont couvert la fluidité de la politique française49.
25
Bâtiments et aménagement durable
►► Il manquait une vision de management que l’on retrouve dans toutes les
approches internationalement reconnues50. Cette vision de management
aurait dû s’appuyer, autour d’un texte fondateur et librement débattu et
sur une structuration du type PDCA (Plan-Do-Check-Act pour Planifier,
Développer, Contrôler et Améliorer des actions à conduire).
La démarche stratégique outillée de la commission AFNOR Écoquartiers était
articulée autour de trois points clé :
►► Les enjeux du développement durable, exprimés par les questions précédentes
(Agir local ? Comment faire émerger les décisions locales ? À quelles échel
les du territoire ? Selon quelles méthodes ? Pour quels résultats attendus ?).
►► Des lignes d’actions en réponse aux enjeux.
►► Des indicateurs associés à chaque ligne d’action.
50 Contrairement à ce que les Français annoncent dans les colloques, les démarches en
développement durable sont toujours assorties de systèmes de management. Il n’existe
aucune prévalence dans cette approche pour qui que ce soit.
26
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
3. Décarboner le territoire.
4. Réduire la consommation énergétique des bâtiments.
5. Favoriser les mobilités douces et les transports en commun.
6. Assurer une densité humaine urbaine.
7. Favoriser une mixité fonctionnelle.
8. Assurer une mixité sociale.
9. Décarboner l’économie.
10. Privilégier les écomatériaux.
11. Optimiser la ressource et l’usage de l’eau.
12. Privilégier la boucle locale alimentaire.
13. Développer et favoriser la biodiversité.
14. Limiter l’exposition des populations aux risques et aux nuisances.
15. Développer le bien-être sur le territoire.
Cette approche est loin d’être unique. Dans le cadre de la commission de norma
lisation internationale ISO/TC 268 Aménagement durable, que préside mon ami
Jacques Lair, un important travail a été réalisé par les représentants AFNOR animé
par : Christian Bougeard (AIA studio environnement), Jean-Paul Lebas (Syntec),
Christophe Gobin (Vinci Construction), Jean Felix (FIDIC), Aurore Cambien et
Juliette Maitre (CEREMA) ainsi qu’Adrien Ponrouch (Certivéa).
Un premier travail de synthèse avait été fait par Jean-Paul Lebas et Christophe Gobin
comparant différents textes faisant référence en matière d’aménagement durable,
c’est-à-dire la charte d’Aalborg (Europe), label écoquartier (ministère Dévelop
pement durable, France), RFSC (Europe, villes durables), HQE Aménagement
(Certivéa, France) DGNB (Allemagne) Leed (USGBC, États-Unis) BREEAM
(BRE, Royaume-Uni) Casbee (Japon), référentiel évaluation Agenda 21 (ministère
Développement durable, France). Ce travail a été complété par le groupe de
travail français référent du WG1 de l’ISO/TC 268.
Toutes les démarches alignent des exigences ou lignes d’actions. Celles-ci
recouvrent des thématiques ou « issues » qui relèvent d’un chef de projet,
d’un directeur des services techniques selon le niveau et la complexité de
l’organisation de la communauté. Ces thématiques ou « issues » répondent à
des enjeux (ou des finalités) qui sont portés par les élus en fonction du contexte
de la collectivité.
Comme nous l’avons vu pour la commission AFNOR Écoquartiers, nous
avons une liste d’actions (15). La figure 1.1 présente le label « écoquartier » du
ministère du Développement durable pour lequel il s’agit de 20 lignes d’actions,
que nous retrouverons dans le cas pratique exposé.
27
Bâtiments et aménagement durable
Figure 1.1 Les relations entre les « issues » (« éléments » en traduction littérale)
de l’ISO/DIS 37120 Développement durable et résilience des collectivités – Indicateurs
pour les services urbains et la qualité de vie selon le GT français
28
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
29
Bâtiments et aménagement durable
5. Cadre de vie
6. Vivre ensemble
7. Santé
8. Biodiversité
9. Ressources naturelles
10. Énergie/climat
Les lignes d’actions – ce que je dois faire – sont reliées aux domaines d’actions
et il est aisé, pour chaque décideur (en fonction du nombre de lignes d’actions
regroupées, des domaines d’action préférés), de définir sa hiérarchisation
préférée en décrivant des dominantes qui lui appartiennent.
À titre d’exemple, la synthèse réalisée par le groupe AFNOR conduit à identifier :
►► Une vision ressources naturelles pour le label « écoquartier » lequel insiste
sur : les ressources naturelles (6 domaines d’actions) le cadre de vie (6), le
pilotage (4), l’économie plurielle (3), sur 20 lignes d’actions.
Issu du ministère du Développement durable, ce label exprime une vision
d’urbaniste réinsérant la nature dans la ville et la création d’une économie
circulaire – les déchets deviennent des produits pour d’autres industries –
par des circuits qui restent à installer.
►► Une vision de pilotage et d’économie. RFSC (Europe villes durables) a
choisi une hiérarchisation relative à l’économie plurielle (6), au pilotage (5),
au cadre de vie (4), aux ressources naturelles (3), sur 17 lignes d’actions et
montre le souci de l’économie, la survie des villes et des agglomérations
passant par un tissu d’activités suffisantes.
L’exigence d’un pilotage montre que malgré les effets de manches anti
normatives, les villes ont bien intégré la nécessité de mettre sur pied un
pilotage fort.
Nous verrons, qu’une des conclusions révélée par l’étude sur l’habitat
urbain, est le rôle essentiel que les communautés urbaines ont à jouer
pour l’aménagement durable.
►► Une vision des enjeux énergétiques. CASBEE (Japon) a fait le choix de
lignes d’action regroupées au travers des domaines d’énergie (12), de vivre
ensemble (7), d’économie plurielle (6), de pilotage (0), sur 37 lignes d’actions.
Le choix énergétique s’impose compte tenu de l’état de dépendance du
nucléaire et des importations du Japon.
►► Une approche équilibrée. La charte d’Aalborg (signée lors de la Conférence
européenne des villes durables de 1994) décrit des lignes d’action relatives
30
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
[énergie (3), ressources naturelles (3), pilotage (2), cadre de vie (2), santé
(2)] sur 10 lignes d’action Ce choix est tout à la fois équilibré et fortement
novateur puisqu’à l’époque peu de textes existaient sur ces éléments.
L’intérêt de cette présentation réside dans la liberté donnée aux maîtres d’ouvrage
de choisir leur référentiel :
►► Ilsréalisent une lecture itérative des 6 thématiques transversales et les 10
domaines d’action, selon les enjeux locaux et le cadre de référence qui
est le leur.
►► Ilschoisissent les lignes d’action qu’ils souhaitent développer, selon le
référentiel qu’ils souhaitent, puisant indifféremment dans un référentiel de
certification (LEED, BREEAM, HQE, CASBEE) ou dans un autre référentiel,
quitte à développer des lignes d’actions qui leur soient propres.
Les thématiques transversales de l’aménagement durable doivent être explicitées
car elles s’appuient sur des concepts en cours de développement.
En France, au niveau de l’État, la création du Centre d’études et d’expertise sur
les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) conduit
à s’interroger sur les deux niveaux :
►► un projet européen RFSC (Reference Framework for Sustainable Cities) et
un label « écoquartier » ;
►► mais également l’approche HQE défendue par le ministère du Commerce
extérieur.
On pouvait s’attendre à ce que l’on ait une vision unique, ce qui n’est pas envisagé.
Pour être opérationnelles, les thématiques transversales doivent être interrogées
dans le cadre d’une approche systémique.
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Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Elle peut également s’exprimer d’une façon négative par des phrases à l’emporte-
pièce du type : « Comment fait-on pour vivre dans un trou pareil ? Comment
supporter un tel bruit et une telle agitation ? »
La notion d’attractivité n’est utilisée, en aménagement, qu’en fonction des prix
et des marges qui en découlent. Des journaux se sont spécialisés sur le thème
de l’attractivité d’une ville quand les journaux de grand tirage n’en font pas
leurs marronniers56. Chaque année, des numéros sur les prix de l’immobilier
des différentes villes paraissent et notamment, de la part des hebdomadaires.
Ils essaient de mesurer l’attractivité en fonction des évolutions des prix. Nous
aurons l’occasion de montrer combien ces seuls facteurs sont insuffisants.
À titre d’exemple, la campagne de pub « effet Grand Ouest » a réussi au-delà
des espérances de ses promoteurs, faisant croire que Nantes était au bord
de la mer (chut ! les premières plages se situent à 40 km pour l’estuaire de la
Loire et à 70 km pour Pornichet).
Tous les exemples précédents conduisent à avoir une approche scientifique
ou pour le moins technique de l’attractivité. J’ai toujours été persuadé que l’on
traitait trop sous l’égide des mouvements architecturaux, le bâtiment et son
environnement comme un objet unique, essentiel. Cela peut éventuellement
se comprendre d’un ouvrage faisant l’objet de demandes de mécènes publics
ou privés. Le doute est permis lorsque l’on répète à l’infini des bâtiments sans
âme, tracés à la ligne par des architectes, importés57 de pays à faible coût.
À l’occasion de l’étude sur l’habitat urbain, j’ai eu l’occasion de découvrir une
typologie sociologique de l’université polytechnique de Lausanne relative aux
raisons qui expliquaient le comportement des habitants qui déménageaient.
Cette étude de grande échelle, éclairait les motifs qui font l’attractivité d’un
lieu ou d’un quartier voire d’une ville. Cette typologie permet de décrire les
composantes sociales d’une ville.
56 Terme utilisé en journalisme pour désigner un événement récurrent dont il faut parler, à
dates régulières comme la rentrée des classes, les soldes, les collections de mode d’été et
d’hiver. Il est intéressant de ressortir les articles d’une année sur l’autre, lesquels utilisent
les mêmes lieux communs.
57 J’ai eu la surprise lors d’une formation pour un grand cabinet d’architectes parisiens sur la
démarche HQE®, d’avoir en face de moi des architectes polonaises, tchèques et roumaines,
me demandant des connaissances pour comprendre la réglementation française.
37
Bâtiments et aménagement durable
En nous appuyant sur l’étude suisse58, nous utilisons les géotypes59 suivants :
1. Les primo-accédants60. Il s’agit des acquéreurs d’un logement qui ne sont
pas propriétaires de leur résidence principale depuis au moins deux ans et
qui peuvent bénéficier d’un prêt à taux zéro dans le cadre du plafonnement
de ressources. Ils forment les gros bataillons des écoquartiers. Ils veulent
un logement car ils ont élargi la famille – l’arrivée du second enfant – et
souhaitent avoir une surface plus importante. Le changement est souvent
plus subi que fortement volontaire. Nous étudierons leurs comportements
dans l’étude sur le bien-être. Ils sont souvent lourdement endettés et tout
accident de la vie (divorce, chômage, longue maladie) risque de les faire
passer dans la catégorie des familles monoparentales et souvent des
précaires énergétiques (contraints d’avoir deux voitures ou de dépendre
de transports publics rares). Ils choisissent une résidence à la mesure de
leur endettement maximum. Longtemps bénéficiaires pour l’achat neuf, ils
remplissent les lotissements uniformes des lointaines banlieues.
2. Les locataires sociaux. Il s’agit des locataires en résidence principale et
bénéficiant de logements aidés attribués sur la base d’un plafonnement de
ressources. Ces logements sociaux représentent en France environ 15 %
de l’offre des logements. En termes de ressources, 60 % de la population
française relève de cette catégorie et dans certaines villes (Angers par
exemple) ce taux monte à 80 %. Cela signifie que la majeure partie des
résidents soit subissent des loyers privés, d’autant plus insupportables que
les logements sont rares, soit se sont éloignés des centres pour avoir un
logement au niveau de leurs ressources.
3. Les étudiants et jeunes 20-29 ans. Il s’agit d’étudiants ou de jeunes actifs
de 20-29 ans susceptibles d’être logés en dehors de leur cercle familial.
Ils ont le besoin d’être logés en centre universitaire, d’autant plus que
l’augmentation du chômage a conduit les décideurs politiques à faire des
études, un substitut pratique et payé par les familles au chômage. Ils ont,
le plus souvent, l’obligation de travailler61 et ont du mal à se loger sauf dans
58 LASUR : enquête sur les arbitrages de localisation résidentielle des familles dans les
agglomérations de Berne et Lausanne, juin 2009.
59 Géotype : terme de marketing. Groupes d’individus obtenus à l’aide d’une segmentation
de la population reposant simultanément sur des critères d’homogénéité démographique,
économique, sociologique et géographique. Les îlotypes utilisent le même principe avec
une segmentation plus fine. Géotypes et îlotypes sont des marques déposées en France
par Line Data Coref.
60 Concept très français fondé sur l’aide individualisée (aide à la personne) contrairement aux
autres aides dites « à la pierre » (Loi Scellier notamment).
61 Lors de mes études, le fait de travailler et d’étudier était une anomalie d’autant plus que la
société était en « plein emploi » et j’ai été élu au conseil de l’université sur cette anomalie
sociale.
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11. Les familles monoparentales. Ce sont les familles dont le chef de famille
est la mère ou le père suite à une séparation ou un divorce. Ces familles
se trouvent souvent en état de précarité financière, surtout si le divorce ou
la séparation a augmenté l’endettement ou a conduit à se séparer dans
l’urgence des biens immobiliers acquis en commun. Ils augmentent la
demande de petits logements sans pouvoir recourir comme les étudiants
à la colocation.
12. Les citadins individualistes. Ces familles recherchent un environnement
dense et bien connecté avec une bonne offre culturelle à proximité. Il s’agit
de familles relativement individualistes, qui n’ont pas un ancrage social
particulièrement fort. Ces familles sont souvent universitaires et ont trouvé
leur logement en attendant la perle rare.
13. Les indifférents insatisfaits. Ces familles ont un rapport plutôt passif à
leur choix résidentiel. Elles n’ont pas de choix prédominants. Ce géotype
représente un groupe important de jeunes familles ayant un statut de
locataire et n’ayant pas vraiment choisi leur habitat.
14. Les champêtres ancrés. Les familles valorisent un environnement calme
et vert, qui permet de développer un mode de vie compact et localement
ancré. Le mode de vie est rural, l’usage de la voiture central, avec un
ancrage social important. Le lieu de résidence idéal est plutôt un village de
campagne. Ils ont souvent plus de deux voitures, mobiles au quotidien, et
ne se sont pas déplacés à l’étranger. Les familles sont relativement jeunes,
apprécient le calme et la nature et évitent les villes.
15. Les paisibles. Il s’agit des familles qui valorisent le calme. L’environnement
résidentiel doit être calme et confortable, favorisant la lecture.
Ces géotypes permettent, dans le cadre des enquêtes marketing, de définir les
types d’habitat et d’environnement qu’il s’agit de créer.
Déjà en 1994, lors des réunions pour la démarche HQE®, je faisais la promotion
des approches marketing et comportementales pour définir les besoins des
usagers des bâtiments.
Bien entendu, je n’ai pas été suivi et nous voyons que de nombreux « écoquartiers »
avec ou sans label, font pousser des immeubles dont le design est copié, d’un
quartier à l’autre (les plaques de couleurs, ont succédé aux brise-soleils en bois,
les façades verdissent avec des plantes faméliques avant de voir le plancton
produire l’énergie pour une lampe de bureau).
Nous sommes devant de nombreuses solutions qui habillent des formes mais
qui ne sont guère des bâtiments à vivre.
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La sobriété dans les fonds publics consiste avant tout à déterminer les besoins
essentiels de la société, sur lesquels elle doit affecter prioritairement ses
ressources. L’éducation semble être le champ prioritaire en France, l’armement
aux États-Unis, la sécurité, le logement, l’alimentation selon les pays.
L’aménagement durable ne peut être conçu qu’au travers une sobriété de moyens
et je suis inquiet de voir se développer des produits tels que des quartiers de
Boulogne-Billancourt ou d’autres quartiers pour « bobos », lesquels espèrent
faire une plus-value rapide67. Le marché libre n’a jamais régulé quoi que ce soit
et les fonds publics doivent compenser les écarts les plus criants des besoins.
Cela induit de mettre en œuvre des outils visant à ne pas faire payer un produit
mais une économie sur la base des contrats de réduction d’énergie, d’eau et
de ressources donc d’impacts.
Si l’on diffuse largement les contrats de performance énergétique et que l’on
organise les marchés publics en imposant un réel référentiel de diminution
des consommations, alors seulement nous commencerons à passer de la
communication à la volonté durable. Assez paradoxalement, cette sobriété est
soutenue par les industriels du secteur mais tant que les ministres se prendront
pour des commerciaux, ils porteront la consommation comme unique objet de
développement. Quant aux initiatives locales, elles apparaissent comme dans
un tourbillon de clip, la déchetterie devenant un lieu social, dans le cadre d’une
websérie qui ne doit être vue que par ses promoteurs. De mon point de vue,
une déchetterie est un endroit que l’on évite, qui le plus souvent sent mauvais
et que l’on pratique à chaque déménagement.
67 Les plus-values sur la résidence principale ne sont pas imposées pour éviter à la puissance
publique de mettre en œuvre une régulation du marché immobilier, lequel permet de recycler
l’argent d’origines diverses.
49
Bâtiments et aménagement durable
68 Société rencontrée à Ecocity. Il existe également le prototype porté par Seché environnement
basé sur procédé d’AlgoSource à partir d’un réacteur constitué de plaques de verre.
50
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Le pic spectaculaire qu’a connu le baril de pétrole en 2007 et 2008 a accéléré les
efforts de recherche sur de nouveaux biocarburants. Parmi les développements
en cours, les biocarburants dits de “troisième génération” à base de microalgues
agitent les industriels, notamment en raison de leur très bon rendement.
La France participe également à cette ruée vers l’or vert avec le projet Shamash
dirigé par Olivier Bernard, chercheur à l’Inria. Les microalgues sont à la base de
51
Bâtiments et aménagement durable
trois types d’énergie. Elles peuvent intervenir dans la production de : l’hydrogène,
des biocarburants ou des biogaz. Mais quelles sont les performances réelles
des microalgues et quel est le degré de maturité de chacune de ces filières ?
1. Sous certaines conditions de stress (manque de soufre ou d’oxygène), les
microalgues peuvent produire de l’hydrogène. Actuellement, moins de 3 % de
l’énergie lumineuse totale est transformée en hydrogène. Pour être rentable,
cette voie nécessite un rendement de 10 %, et la production d’hydrogène
à partir de microalgues pourrait y contribuer. Les chercheurs comptent sur
des mutations génétiques pour créer des microalgues plus efficaces. Par
exemple, en France, le laboratoire de bioénergétique et biotechnologie des
bactéries et microalgues (L3BM) du CEA travaille actuellement sur ce sujet.
2. La production de biocarburants par les microalgues est la voie la plus
médiatisée, mais elle compte encore de nombreux défis à relever. L’un des
premiers challenges consiste à identifier les microalgues les plus riches en
lipides parmi les millions d’espèces existantes. Dans des conditions de stress
en azote, la production lipidique peut atteindre 75 % pour la Botryococcus
braunii. Cependant, stresser les algues ralentit leur croissance. Un autre
défi à prendre en compte est l’optimisation de l’extraction des lipides qui
demeure une étape encore trop négligée. Les techniques de pressage sont
en effet inefficaces. L’extraction de l’huile est réalisée à l’hexane, ce qui
n’est compétitif ni au niveau économique ni au niveau environnemental.
Des recherches sur l’extraction sont actuellement en cours : la société
Valcobio, un des partenaires du projet Shamash, travaille sur des techniques
d’extraction sans produits chimiques. Enfin, les rendements de production
des algues sont encore trop faibles à l’échelle industrielle. Pour devenir
compétitive, la production d’algues devrait être de 100 g par m2 par jour,
soit trois fois supérieure aux rendements actuels.
3. Le dernier type d’énergie que peuvent produire les microalgues est le biogaz.
Celles-ci se révèlent particulièrement adaptées à cette application. Après
fermentation dans un digesteur, elles génèrent un biogaz composé de 70
à 80 % de méthane, les autres gaz étant du CO2 et du N2. Cette technologie
datant des années 1940 a été développée par le professeur William J. Oswald
de l’université de Berkeley en Californie. Elle a cependant été abandonnée
dans les années 1980, au profit des biocarburants plus à la mode, et est
réétudiée depuis une dizaine d’années.
En effet, cette filière est actuellement la voie de production d’énergie à partir
de microalgues la plus simple et la plus rentable à court terme. Elle peut
être particulièrement efficace lorsqu’elle est combinée à d’autres procédés.
Si cette technologie est associée à une centrale thermique, les microalgues
52
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
53
Bâtiments et aménagement durable
L’innovation est indispensable, toutefois la ville durable doit pouvoir évoluer sans
être soumise à des « Géo Trouvetout71 », qui vont en dégrader les conditions.
De plus, la technique ne fait pas la ville durable. Nous pouvons ajouter autant
de systèmes que nécessaire, cela ne donnera jamais l’essentiel de l’âme
indispensable à la ville durable. La ville durable doit mettre en œuvre des
techniques mais également des approches économiques, financières, sociales,
organisationnelles et environnementales.
L’innovation économique
Elle consiste à créer de la valeur. Cette valeur n’est pas que la consommation
dans les biens matériels, elle est également dans l’émergence d’une valeur
sociale, de lien et de rencontre. Face à l’économie de consommation et de
rente que représente la ville moderne, et spécifiquement les centres-villes des
principales capitales en imposant une appropriation individuelle de l’espace
en dollars par m2, il est nécessaire de faire émerger des réseaux qui créent du
lien entre le visible et l’invisible. Je trouve remarquable que la Ruche, réseau
et lieu d’entrepreneurs solidaires existe [même si son initiative a du mal à se
développer dans un espace restreint (600 m2)], tout en établissant des liens
avec des réseaux proches. Il faudra bien, un jour, mesurer ce temps collectif
dans un produit intérieur brut (PIB) qui pourrait devenir un produit de valeur
brute (PVB) prenant en compte les heures de bénévolat du club de rugby
amateur ou des actions de cours bénévoles aux réfugiés par l’association
Singa. Ce produit de valeur brute suppose de monétiser, voire de rémunérer
par la collectivité, le service non marchand donnant un sens à la solidarité
collective. Je suis fasciné par la conviction, la créativité, l’enthousiasme de
ces diplômés qui passent de stages en stages et en CDD, pour apporter un
sens à leur vie quotidienne.
L’innovation financière
Les fonds publics ne peuvent pas répondre à toutes les exigences et doivent
être utilisés avec parcimonie. J’aimerais faire l’évaluation du coût sociétale des
actions de communication institutionnelle et collective, lesquelles masquent
souvent une insuffisante prise en compte des phénomènes.
54
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
À chaque action, il n’existe aucune évaluation des retombées réelles et, de plus
en plus, l’argent public va à l’argent public, dans une frénésie pour justifier des
services publics anciens voire des positions de monopole.
Pour la ville durable, il est parfois nécessaire de créer des quartiers qui viennent
s’ajouter à ceux qui existent. La problématique usuelle est l’absence de services
privés de proximité (à la condition que les services publics aient été créés, ce
qui est rarement le cas). Dans un écoquartier digne de ce nom, il faudrait des
services publics qui avancent aussi vite que les logements et les services de
proximité (boulangerie, supérette, cabinet médical, etc.). De mon point de vue,
il faudrait créer, avec des associations d’insertion, des services de proximité ou
encore payer les salaires des services privés qui attendent les futurs habitants.
Bien sûr, le supermarché qui domine le secteur n’y trouverait pas son compte
mais il faut impérativement que les pratiques évoluent. Il n’est plus possible
de continuer à créer des cités dortoirs, qui encombrent les routes le matin
et le soir, dont les habitants vont au supermarché le samedi ou le soir pour
jouer leur rôle de bon consommateur et de producteur de déchets. L’argent
public devrait, au niveau d’un bassin, être distribué en fonction des objectifs
de développement durable que la collectivité se donne.
L’innovation sociale
Elle doit pouvoir créer du lien et prendre en compte les parcours les plus difficiles.
Les grandes villes, les sociologues l’affirment, regroupent les plus riches et
les plus pauvres. Sous l’effet du libéralisme ambiant au niveau international,
les structures d’accueil ont été démantelées. Il n’est pas rare de croiser des
énergumènes, peu agressifs, mais totalement « dessociabilisés ». Il n’est pas
acceptable que la société se contente de compter les morts de froid, de faim
sur ses trottoirs. Des structures d’accueil doivent être développées pour éviter
d’en faire des problèmes de société. L’attitude à l’égard des Roms, loin d’être
récente (voir le film superbe de Tony Gatlif Liberté sur la Seconde Guerre
mondiale) montre qu’une population de 17 000 personnes peut cristalliser les
fantasmes, les haines et les violences sociétales alors que les solutions existent,
elles demandent du temps, elles supposent de l’écoute. La même attitude se
retrouve à l’égard des laissés-pour-compte de la société, lesquels relèvent
souvent de l’hôpital psychiatrique et non de la prison où ils échouent le plus
souvent. Les mouvements de l’antipsychiatrie qui ont milité pour l’ouverture de
l’hôpital vers la société, ont été récupérés par les tendances les plus libérales
qui ont conduit à fermer les structures d’accueil, adressant les cas les plus
violents à la prison, qui n’est pas organisée pour traiter ce type de cas.
55
Bâtiments et aménagement durable
L’innovation organisationnelle
Les schémas les plus anciens ont la vie dure. Notre organisation sociale est fondée
sur les équilibres de l’après-guerre dont les concepteurs ont depuis longtemps
56
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
disparu. Il s’agissait de construire autour d’un état fort, une administration hyper
puissante et rémunérée par des primes, des pourcentages sur des travaux, une
société fortement administrée dépendante du niveau central. La gauche, en 1981,
a cassé partiellement ces schémas, en développant une décentralisation qui
transférait à la région, aux départements et aux collectivités des prérogatives
de gestion sans toujours disposer des moyens adéquats. L’administration
centrale s’est progressivement réduite avec des règles idiotement évidentes
comme la suppression d’un poste sur deux lors des départs à la retraite, sans
remettre en cause les missions. Par ailleurs, les collectivités territoriales se
sont étoffées en personnels et en compétences.
Il en résulte un millefeuille administratif, le plus souvent incohérent, au niveau
central, ministériel, entre les effets d’annonce et la multiplication des textes –
ce qui n’empêche pas d’être condamné régulièrement par la Cour de justice
de l’Union européenne pour non-application des règlements et directives
européennes (qualité de l’air, nitrates, émissions radio ionisantes, etc.). Le
niveau ministériel balance entre la communication du ministre (dont on aura
oublié le nom, pour autant que l’on le connaisse) et la logorrhée législative
(j’ai cessé de suivre les textes résultant du Grenelle de l’environnement car il
faudrait un temps plein pour commenter les différents textes, voire plusieurs).
Le niveau central devrait être limité aux activités régaliennes en relation avec
le niveau européen pour peu à peu disparaître à l’instar des états américains,
disposant d’un parlement local (par État) et d’un gouverneur, élu au suffrage
universel. La diplomatie, la défense extérieure, la loi devraient relever du niveau
européen. Les exemples récents montrent le peu de poids d’une gouvernance
par entité si petite. Cela ne s’applique pas qu’à l’exemple français, mais aussi
à celui de la Grande-Bretagne, des nations mises au rang de la Belgique et
du Luxembourg au niveau international.
Le niveau régional prend peu à peu ses marques et se dote de compétences dans
des domaines transversaux. Il est clair que le département reste une dimension
« incestueuse avec l’autorité centrale » comme nous l’avions précédemment
rappelé et qu’il est urgent d’absorber dans des régions administrativement plus
vastes (9 régions semblent être une dimension européenne valable, même si
tous les potentats locaux s’insurgent tant ils veulent conserver leurs prébendes
et leurs tristes palais locaux). Un gouvernement visionnaire et désintéressé
pourrait mener cette réforme qui faciliterait les niveaux administratifs. À l’instar
des länder, un pouvoir législatif et une capacité à lever des impôts permettraient
de créer une réelle régulation locale, notamment pour éliminer les disparités les
plus criantes. La notion de bassin pourrait être une entité territoriale intelligente
autour de quelques grosses métropoles.
57
Bâtiments et aménagement durable
L’innovation environnementale
Peu traitée, l’innovation environnementale devrait être prise en compte en
recherchant de façon permanente une économie de ressources. La bonne
économie est celle que l’on ne consomme pas. Au lieu des verdissements
qui cherchent à produire pour maintenir une certaine consommation, comme
l’exemple des microalgues précédemment cité, il faut rechercher la réduction de
la consommation des ressources énergétiques, non énergétiques, renouvelables
et non renouvelables.
Il suffit de se placer simplement 50 ans en arrière pour identifier des besoins
inutiles qui ont été créés et dont la société pourrait se passer. La liberté d’entre
prendre ne justifie pas tout, surtout si cet apport génère des nuisances. Par
exemple, l’industrie de la nourriture animale de compagnie (les pets-food
disent les Américains) a créé une nuisance animale en ville dont les tonnes
journalières d’excréments sont la trace la plus visible. Une taxation par animal
serait une mesure de bonne gouvernance.
Pour cela, il faudrait systématiser les analyses en cycle de vie et en coût global.
Si l’analyse du cycle de vie se développe, le coût global et l’évaluation des
externalités sont encore très pauvres. Ces externalités s’appliquent parfaitement
au bâtiment, lequel en tant qu’objet immeuble, c’est-à-dire immobile, dépend
fortement des productions qui lui sont extérieures. J’ai été fasciné de voir au
Vietnam, le constructeur de sa maison, réalisant son four pour produire ses
briques, à l’aide du bois de son lopin de terre. L’économie de ressources est
parfaite, il fabrique son outil, ses matériaux, utilise les ressources renouvelables
de son lopin de terre. Sa maison est construite au bord de la rivière dont il
tire les éléments essentiels pour sa nourriture. Il est à même de construire
la rétention d’eau dont il a besoin pour disposer d’une réserve. La collectivité
applique-t-elle le juste coût des externalités, lesquelles sont peu et mal connues
et certainement pas évaluées ? La notion d’empreinte écologique donne une idée
marketing sympathique mais parfaitement erronée. En se basant sur la seule
expression des hectares/an nécessaires, elle réalise des approximations dans
les approches. Cela permet de donner une idée des disparités de consommation
(de 1 à 100) selon les habitants des différents pays mais guère plus.
58
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Elle est sympathique car elle est accessible à tous : je consomme l’équivalent
de 7,5 E8 de planète (4,5 planètes par 60 millions d’habitants), donne une
valeur qui va me conduire à me dire que je consomme trop puis, comme il
s’agit d’une moyenne, je vais considérer que je ne peux pas agir à la place de
la collectivité à laquelle j’appartiens.
Sans doute, ces trois motifs étaient-ils valables, peu ou prou. Comme nous le
verrons, cela remet en cause l’existence même des structures satellites des
communautés urbaines et des collectivités territoriales.
►► Prévoir une organisation support qui porte le projet. Un projet de ville ne
peut pas se développer sans :
▼▼ Disposer du consensus de la part des élus, lesquels doivent être dotés
d’un organe de décision, (quelques personnes élues), ayant délégation
pour prendre les décisions.
72 Les sociétés publiques locales d’aménagement (SPLA) ont remplacé les sociétés d’économie
mixte (SEM) pour servir de support aux pratiques les plus diverses des collectivités locales.
59
Bâtiments et aménagement durable
73 Cette situation aurait été marginale s’il n’y avait eu des erreurs de conception avec comme
sinistre conséquence des morts.
60
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
1.3.3 Le RFSC
Le RFSC (reference framework for european sustainable cities), c’est-à-dire le
système de référence des villes européennes durables, est porté par la France
61
Bâtiments et aménagement durable
au niveau européen et a pour vocation d’aider les villes qui veulent établir leur
stratégie de développement durable. L’intérêt de ce référentiel européen est de
s’appuyer sur un consensus et sur un outil. Il ne présuppose pas le traitement
des enjeux que l’on a présentés précédemment.
Le RFSC est organisé en 25 thèmes et en lignes d’actions.
Nous présentons les premiers thèmes et les lignes d’actions qui y sont associées :
1. Renforcer l’attractivité économique de la ville/région ou du territoire. Comment
agir :
►► Mettre en place des formations et un soutien pour le personnel de
l’administration locale afin de développer et d’améliorer les compétences
nécessaires, (par exemple, la qualité de service).
►► Mettre en avant et consolider les points forts de votre ville.
►► Promouvoir la coopération avec les entreprises et les instituts de recherche
pour générer, diffuser et appliquer des connaissances et des compétences.
2. Développer l’économie locale en fournissant les connaissances et les compé
tences nécessaires. Comment agir :
►► Identifierles opportunités potentielles et complémentaires pour les
entreprises et pour les organisations à but non lucratif.
►► Créer et maintenir de bonnes relations entre les secteurs lucratif et non
lucratif et assurer les conditions et les procédures garantissant leurs
bons fonctionnements et développement.
3. Assurer la connectivité des villes et la mise en place d’infrastructures
efficaces. Comment agir :
►► Améliorer la connectivité interne et externe grâce à la mise en place d’une
infrastructure de haute qualité comprenant des systèmes de transport
efficaces, l’internet à haut débit, etc. afin de faciliter la production et la
circulation des biens et des services.
►► Mettre en place des conditions de travail flexibles.
►► Faciliter l’accès au financement et à l’information.
4. Développer/promouvoir/soutenir une production et une consommation de
produits et de services durables à l’échelle locale. Comment agir :
►► Améliorer l’impact environnemental et social des produits et services.
►► Encourager les citoyens, les administrations publiques, les entreprises,
etc. à utiliser des produits durables.
►► Promouvoir la production locale des biens et services, proches des utili
sateurs/consommateurs/citoyens.
62
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
63
Bâtiments et aménagement durable
Cet outil en cours de développement vise à être utilisé par les seules villes
ayant un projet développement durable. Il nous apparaît comme un fourre-tout,
non structuré qui ne permet pas de choisir les grands domaines d’actions. Si
beaucoup de villes se sont inscrites sur le site, les projets sont peu nombreux.
Animée par Jean-Michel Vincent, elle a réuni des collectivités locales, des
consultants et des représentants du ministère sans trouver la dimension
institutionnelle qu’elle méritait.
Elle a servi de base à un projet syndical que j’ai porté dans le cadre de CICF
Ouest (devenu CINOV Ouest) et a permis de faire réaliser l’étude sur le bien-être
des étudiants de master d’Urbanisme de Rennes II, dont je présente les résultats
en fin d’ouvrage. Toutes les parties entre guillemets et en italique sont les textes
sur lesquels nous sommes parvenus au consensus, parfois avec difficulté.
64
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Cela signifie que toute opération qui ne relève pas du plan ville durable n’est
assortie d’aucun financement, ce qui en limite la portée.
65
Bâtiments et aménagement durable
Énergie
Tout d’abord, le thème 10 « Énergies et climat » est couvert par les lignes
d’actions 1 (gaz à effet de serre) et 2 (bâtiments) mais également par les lignes
3 (transports), 5 (boucle alimentaire), 10 (décarboner l’économie) 11 (décarboner
le territoire) et 15 (empreinte écologique) soit pratiquement la moitié des lignes
d’actions (7/15). Cela correspond à une tendance institutionnelle qui vise un seul
critère. Nous aurions pu réunir tous ces éléments sous le vocable « réduction
des gaz à effet de serre » qui donne la dimension globale (niveau de la planète)
66
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
►► l’industrie ;
►► les déchets ;
►► et les autres consommations énergétiques.
Le bilan carbone prévisionnel de l’écoquartier permet d’identifier les actions de
réduction envisageables, de mesurer leur impact sur le bilan carbone du territoire
et de hiérarchiser ces actions opérationnelles en fonction de leur rapport coût/
efficacité. »
Les indicateurs proposés sont les suivants :
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Réduire les émissions de gaz TeqCO² (hors aérien) TeqCO²
à effet de serre Population + Emploi Population + Emploi
Nota = Population + emploi → comprend population et emplois saisonniers ramenés en année pleine.
74 Comme je le rappelais à Monsieur Tabet de l’ADEME, nous avons été deux pionniers, Jean-
François Vicat et moi-même à porter une dynamique française pour les négociations autour de
la norme NF EN ISO 14064 Gaz à effet de serre parties 1 à 3 de 2012, au milieu de 85 experts
internationaux. La démarche portée par l’ADEME, a été abandonnée de tous, notamment en
raison de l’absence des industriels et des ministères contrairement aux Américains, Allemands
et Hollandais qui en font le fer de lance de la reprise économique. Le retard pris ne se rattrape
jamais en matière de compétitivité et de concurrence.
67
Bâtiments et aménagement durable
68
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Les déplacements
Pour les transports en commun, les données existent et sont traitées par km/
voyageur. Les bases de données sont connues par mode de transport sur la base
des déclarations des compagnies. Pour s’assurer, si nous sommes cohérents,
l’usage des bases de données du type « ecoinvent », permet de corriger les
erreurs liées aux reports des chiffres, des calculs. Différents observatoires
contribuent à approfondir les éléments et les données, voire à identifier des
voies de réduction des émissions de gaz à effet de serre – notamment par
l’amélioration de l’entretien et de la maintenance, du renouvellement des flottes,
des modifications de carburant. À ce propos, il est préférable de se méfier des
effets d’annonce relative aux biocarburants, car les études sur le sujet sont
partielles (voire partiales, c’est-à-dire qu’elles ont occulté certains éléments pour
améliorer le bilan global). Ce type d’étude se réalise en quelques jours, pour
une collectivité du type communauté urbaine ou communauté d’agglomération
selon la disponibilité des données et les approfondissements nécessaires.
Le bâtiment
Les données du bâtiment deviennent de plus en plus précises. Les audits
énergétiques, les outils d’évaluation tels ELODIE permettent de donner une
approche en analyse du cycle de vie du bâtiment. Si les informations sont
disponibles (notamment les composants), un bâtiment complexe demande
une journée de saisie pour avoir une approche réaliste. Il suffit de compléter
les éléments d’usage pour disposer d’outils pertinents.
Insister sur les seuls bâtiments neufs comme le font les démarches HQE et
autres démarches de certification ou les pouvoirs publics relève de la vue à court
terme. Il serait nécessaire de développer des bâtiments positifs pendant 10 ans
pour avoir un taux de renouvellement satisfaisant et suffisamment significatif
pour arriver au facteur 4 revendiqué à coup de publicité par les différents
organismes publics, surtout compte tenu de la production des bâtiments actuels
encore fortement consommateurs (les 50 kWh/m2/an sur la base des éléments
réglementaires annoncés correspondent à une consommation réelle de l’ordre
de 100 à 120 kWh/m2/an).
Les plans climat régionaux me conduisent à être pessimiste sur la volonté
réelle des pouvoirs publics, notamment compte tenu des techniques et des
méthodes à mettre en œuvre pour obtenir un résultat positif. Il ne suffit pas de
faire des audits énergétiques, ni de changer quelques fenêtres, pour obtenir
une notable amélioration.
69
Bâtiments et aménagement durable
L’agriculture
Les travaux sur l’empreinte écologique ont permis de développer des bases
de connaissances fiables sur les produits alimentaires. Un complément avec
les modes d’emballages et de distribution permet de disposer de données
complètes et fiables.
L’industrie
De longue date, les procédés industriels ont fait l’objet d’évaluation environ
nementale. La notion d’énergie grise, c’est-à-dire l’énergie à ajouter au procédé
pour toutes les étapes du produit (extraction, production, transport, usages et
fin de vie), ne fait pas consensus car selon les auteurs, il s’agit de privilégier
telle ou telle phase.
Dans le cadre de l’analyse du cycle de vie, nous considérons qu’il est nécessaire
d’évaluer l’apport d’énergie dans toutes les phases du produit :
►► Dans la phase d’extraction, l’énergie nécessaire pour l’extraction des matériaux
et le transport.
►► Dans la phase de transformation, l’énergie du procédé et de son environ
nement (éclairage et chauffage des bureaux de l’usine par exemple).
►► Pour la phase mise en œuvre (produits de construction).
Pour la phase d’usage, l’énergie consommée doit être comptabilisée en
évitant les doubles comptages. Cette attribution énergétique est fortement
critiquée par les industriels et se justifie en raison de la nécessité de réduire la
consommation par l’usage. Par exemple, on réduit de moitié la consommation
électrique d’un ordinateur en passant d’un poste fixe à un portable, les
lumières consomment 4 à 5 fois moins et durent 6 à 10 fois plus longtemps
ce qui peut faire un écart de 1 à 50 dans le meilleur des cas.
70
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
►► Pour la fin de vie, laquelle dépend des modes de traitement mis en œuvre,
lesquels peuvent être énergivores comme l’élimination énergétique ou
encore l’élimination par torche à plasma pour les produits plus toxiques.
Les déchets
Normalement, les déchets sont des produits de fin de vie des éléments produits
et consommés. Ils ont comptabilisé en tant que facteurs d’impacts dans les
analyses de cycle de vie. Le fait que ce poste demeure montre combien le concept
d’analyse de cycle de vie est peu pratiqué. Toutefois, il reste à documenter les
filières de gestion des déchets (déchetteries, centre de gestion des déchets,
élimination des déchets et production d’énergie).
71
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Réduire la consommation Consommation des bâtiments Consommation des bâtiments
d’énergie des bâtiments en kWhep/m2 /an. en kWhep/m2 /an.
Cette ligne d’action est assez complète dans ses attendus. Elle repose sur
une vision de la réduction des gaz à effet de serre pour atténuer les effets (to
mitigate en anglais) du réchauffement climatique. La mise en œuvre de cette
ligne d’actions suppose une volonté forte, laquelle suppose une expression
de cette volonté, un objectif à atteindre, des moyens adaptés et un suivi des
résultats :
►► L’expression de la volonté suppose que la collectivité, l’industriel, le
gestionnaire au plus haut niveau de décision (ce qui ne veut pas dire
obligatoirement seul) formalisent leurs objectifs globaux dans le cadre de
leurs enjeux. Par exemple, je pense à un client vinaigrier qui est obligé
de rafraîchir, pour maintenir en température ses réacteurs, en utilisant de
l’eau et des tours de refroidissement, c’est-à-dire en envoyant l’eau dans le
pluvial et les calories dans l’air ambiant. Le bâtiment résulte d’un transfert
du bord de quai vers une zone d’activité de proximité. La bonne technique
aurait été de récupérer ces calories dans le cadre de la zone d’activités
pour chauffer les autres activités sur le site.
►► En matière d’objectif, le prêt à penser des 50 kWhep/m2/an est un fourre-
tout pratique bientôt détrôné par le « positif » ou le « zero carbon housing »
qui couvre des situations variées. Le premier niveau à prendre en compte est
le périmètre d’analyse. En France, la réglementation est souvent considérée
comme un maximum à atteindre, alors qu’il s’agit d’un niveau plancher. Les
éléments pris en compte dans la réglementation (chauffage, ventilation,
éclairage, eau chaude sanitaire et énergie pour les moteurs auxiliaires).
Ce niveau ne représente que 50 % de la consommation pour un immeuble
d’habitation, un immeuble de bureaux. La partie non couverte est celle
relative aux ascenseurs, aux ordinateurs, que consomment les utilisateurs.
Dans une vision globale, il n’est pas possible de limiter l’objectif à la seule
valeur réglementaire mais d’intégrer les éléments sur lesquels le décideur
agit soit directement soit indirectement.
72
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
73
Bâtiments et aménagement durable
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Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
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Bâtiments et aménagement durable
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Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Déplacements domicile-travail, Déplacements domicile-travail,
Favoriser les mobilités douces doux et transport en commun doux et transport en commun
et les transports en commun Totalité des déplacements Totalité des déplacements
domicile-travail (en km) domicile-travail (en km)
La mobilité douce est sans doute un des attraits de la ville. Celle-ci suppose
des investissements importants de la part des collectivités. Dans les faits, cette
mobilité n’est pas infinie et il n’est pas possible de calquer le même schéma
sur toutes les villes.
La mobilité se mesure au travers la notion d’échelle du territoire précédemment
évoquée. Une échelle de 500 m à pied, de 2 km en vélo sont des distances
considérées comme admissibles pour un adulte valide pour un accès aux
transports en commun. Toutefois, cet usage dépend de l’anticipation que fait
l’habitant et du moment de prise de décision. En effet, lorsque je décide de
quitter mon domicile, je me pose intuitivement les questions suivantes :
►► Les moyens disponibles sont-ils adaptés pour me rendre à mon rendez-
vous ou à mon activité ?
►► Ai-je, dans un moment du déplacement, l’obligation de porter des éléments
relativement lourds (ordinateur, dossiers, vêtements, paquets) ?
►► Lamétéo est-elle suffisamment clémente pour que je puisse pratiquer la
marche à pied ou les transports doux ?
►► Les lieux que je traverse ont-ils une sécurité suffisante pour y accéder à
l’heure de mes déplacements ?
►► Mon expérience passée me conduit-elle à anticiper un choix favorable aux
transports doux et aux transports en commun (temps, ponctualité, places
disponibles, propreté des transports en commun, etc.) ?
Comme nous le percevons dans les différentes questions ci-dessus, le
développement de la mobilité douce dépend :
►► De la capacité à se déplacer : compte tenu du vieillissement de la population
et des situations de handicaps, il n’est pas possible de créer des situations
qui n’anticipent que la situation de la femme au foyer de moins de 50 ans ou
du salarié se rendant au travail à heures fixes, même si cela représente les
plus gros volumes de déplacements. Une mobilité urbaine doit être adaptée
à tous les utilisateurs et les adaptations aux handicaps se réalisent encore
difficilement malgré la loi.
77
Bâtiments et aménagement durable
78
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Assurer
une densité Somme de la population et des emplois Somme de la population et des emplois
humaine Surface urbanisée Surface urbanisée
urbaine
La densité fait partie des sujets délicats qui sont loin de faire consensus.
Lorsque l’on analyse les situations de précarité énergétique, des lotissements
réalisés en quatrième périphérie des agglomérations, la synthèse brutale
conduit à considérer qu’il est nécessaire de construire la ville sur la ville pour
offrir à tous les mêmes espaces urbanisés, les mêmes services de proximité.
De la même façon, la croissance exponentielle des capitales créant des
« slums » (les bidonvilles) à proximité des aéroports, des décharges ou des
embouchures de fleuves, ne sont pas des lieux denses et ne sont pas admis
dans notre vision occidentale.
Que veut dire le terme densité à Angers ou à Brest, villes moyennes qui ne
connaissent plus de croissance et dont 90 % de la population relève des
logements sociaux ? Que veut dire le terme densité dans les ex-favelas de
79
Bâtiments et aménagement durable
Rio ou de São Paulo, depuis qu’elles sont devenues des lieux d’habitation
dotés des services minimums (eau, électricité) et qui réclament l’accès aux
transports publics, que les habitants peuvent payer et qui ont été le sujet des
manifestations dans le courant de l’été 2013 ? Comment un maire peut-il
promouvoir la densité, lorsqu’il habite dans une zone pavillonnaire, sans être
moqué par ses voisins ?
La limite de l’infrastructure donne souvent la limite de la communauté et du
temps pour y accéder. Sauf à densifier des pôles comme cela s’est fait avec
« les villes nouvelles », chef-d’œuvre de la planification, non durable même
si les autorités locales commencent à équilibrer ceux-ci, la densification se
réalise en cercles concentriques en plaine (Paris, New Dehli), en demi-cercle
pour les villes côtières (New York, Los Angeles), à partir d’un point initial.
Je préconise, en la matière, le pragmatisme : la ville s’est-elle constituée autour
d’un centre ? Si oui, ce centre sera un environnement à densifier, sinon, mettons
en relation les différents lieux. La ville (la communauté) exerce-t-elle un attrait
suffisant pour avoir un solde migratoire positif ? Si oui, alors produisons des
logements susceptibles d’accueillir des jeunes parents avec deux enfants en loyer
modéré ou en accession, à la condition de ne pas se laisser emporter par les
spéculateurs. Nantes, comme nous le verrons plus loin, est une agglomération
qui exerce un fort attrait (solde migratoire de plus de 6 000 familles par an
depuis 10 ans) mais la production de logements n’est que de 1 500 logements
(chiffre inscrit au PLH). Il en résulte :
►► Une forte tension sur les prix du neuf (plus de 4 500 € le m2 soit le niveau
de Saint-Ouen).
►► Une tension sur les loyers car les nouveaux arrivants, cadres des grandes
entreprises, disposent souvent d’un an de loyer pris en charge par leur
entreprise.
►► Un envoi des primo-accédants à plus de 40 km du centre de Nantes, lesquels
seront rapidement des précaires énergétiques, dépendant de la voiture (le
plus souvent 2 par ménage et parfois 3).
Il en résulte également la nécessité de densifier ce qui ne fait pas encore l’objet
d’un large consensus de la part de la population.
80
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur
Indicateur
Ligne d’action À l’échelle
À l’échelle du territoire
de l’écoquartier
Privilégier la boucle Nombre de repas comptant 50 % de denrées locales
-
locale alimentaire Total des repas servis sur le territoire
81
Bâtiments et aménagement durable
82
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
83
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Développer et valoriser Indicateur du potentiel Indicateur du potentiel
la biodiversité de biodiversité de biodiversité
84
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
85
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Développer le bien-être
Non quantifiable IDH
sur le territoire
►► Le niveau de vie.
86
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
La longévité
La longévité – résultant des progrès de la médecine, de la nourriture et des
conditions de vie – est un facteur de bien-être, au regard des générations
précédentes, avec des conséquences sociales et humaines qui devront être
corrigées. La première conséquence de cette longévité est le poids des
personnes âgées dans la société.
Dans la société rurale, qui existait encore dans les années 1950, la famille
prenait en charge les jeunes enfants et les personnes âgées mais également
les alcooliques et les déficients mentaux. La notion de retraite était absente
et la survie des personnes âgées assurée par de petits jardins de proximité.
L’urbanité a totalement éclaté cette structure familiale, les personnes âgées
se regroupant selon leurs moyens dans des environnements collectifs créant
de véritables cités bourgeoises. Elles ont souvent investi dans l’immobilier,
concourant à la hausse des prix tant pour leurs besoins, que pour en tirer un
revenu régulier au travers de locations plus ou moins à la limite de la légalité
(les locations à la semaine non déclarées, les locations pour les touristes en
dehors de tout cadre légal, etc.). Il en résulte que le patrimoine, qui se passait
d’une génération à l’autre tous les 30 ans, n’est transmis qu’au bout de 50 à
60 ans, lorsque les héritiers ont fait eux-mêmes leur vie économique et sociale.
Il existe un risque important que la bulle immobilière, sur laquelle les actifs
des années 1970-2000 ont établi le niveau de leurs patrimoines, se crève une
fois que l’ensemble des « baby-boomers » des années 1950 aura transmis
son patrimoine.
Ce phénomène serait sans doute de peu d’intérêt collectivement s’il ne se
doublait pas d’une charge financière de plus en plus forte de la part des retraités
au regard des actifs. Même si l’économie est capable d’absorber une telle
charge, compte tenu des performances de productivité atteintes, la charge des
retraites se double d’une charge de santé, de la prise en charge des maladies
de la vieillesse qui semblent de plus en plus fréquentes et pour lesquelles les
structures hospitalières publiques restent déficitaires.
L’éducation
L’éducation, le premier employeur de France, a des états d’âme : éduqués dans
le cadre laïque et républicain de la IIIe République, bons élèves besogneux, les
enseignants se sentent tiraillés par une société qu’ils ne comprennent pas et
un communautarisme qui revendique des règles, y compris religieuses, qu’ils
ignorent. Les références des élèves fatigués par des veillées tardives, plus ou
87
Bâtiments et aménagement durable
Le niveau de vie
La notion à retenir est celle du partage des richesses. Une société produit
des richesses, lesquelles sont réparties entre les ressources nécessaires, les
heures travaillées, la rémunération du capital et le paiement des infrastructures
nécessaires par la voie de l’impôt. Le niveau de vie n’est qu’une résultante
partielle de cette richesse produite et partagée.
Dans l’analyse que l’on peut faire de la société française, la part affectée
au niveau de vie se réduit alors que la production intérieure brute continue
d’augmenter. Une autre production est peu monétarisée : celle de l’économie
solidaire qui se développe, dont les coûts sont peu élevés mais mal intégrés
dans la comptabilité nationale, alors même qu’elle représente 10 % du PIB et
10 % des salariés.
Une évaluation des temps affectés par les différentes structures d’économie
solidaire – temps affecté aux autres, création de réseaux et d’investissements
créatifs – permettrait d’avoir des données plus exactes du niveau de vie.
Il ne faut pas oublier que souvent, dans les attentes des salariés, un supplément
de temps affecté à une activité bénévole est un avantage indéniable, qui facilite
la gestion des ressources humaines.
88
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Favoriser une mixité Nombre d’emplois Nombre d’emplois
fonctionnelle Nombre d’actifs résidents Nombre d’actifs résidents
Cette ligne d’action permet également d’apporter, une solution pour qu’en
l’absence d’activité potentielle sur le territoire, les investissements s’effectuent
par le développement des habitats, si possible sociaux. En effet, les élus locaux
ont souvent plus de levier d’actions en direction des organismes de logements
sociaux, dont ils dirigent les instances et dont ils assurent le financement, qu’en
direction des promoteurs des immeubles de bureaux, lesquels cherchent à
implanter un immeuble de bureaux au milieu des autres par esprit de système
et pour ne pas trop innover.
Il en résulte une sectorisation des espaces – stockage pour les livraisons,
zones industrielles, regroupement de bureaux, logements concentrés – la ville
se construit selon les schémas de vente des promoteurs76 et non les besoins
économiques et énergétiques de la société avec un accroissement des besoins
énergétiques, de transport. Pour la requalification des écoquartiers (de notre
point de vue, les nouveaux écoquartiers sont de futurs espaces identiques aux
lotissements précédents), le point essentiel est d’assurer l’arrivée des espaces
de commerce et d’activités au préalable. Sur un plan strictement économique,
les structures qui s’installent avant l’arrivée de tous les habitants vont au suicide
entrepreneurial. Attendre le client dans un lieu en travaux est la pire des situations,
d’autant plus que les entreprises du bâtiment ne sont pas des danseuses.
76 Présentation faite par Jean‐Frédéric Heinry, directeur général d’Altarea Cogedim entreprise
à l’université d’été de l’EIVP de septembre 2013.
89
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Assurer une mixité Taux de logements locatifs Taux de logements locatifs
sociale sociaux sociaux
90
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
diversifiés et non sur les étapes de la vie, lesquelles doivent être gérées
également. Par exemple, une famille se constitue et restera sur place passant
de 3 à 5 personnes en moyenne pour progressivement revenir à 2 en sachant que
dans 50 % des cas, il y a de fortes chances pour que l’évolution se fasse avec
deux habitats en parallèle lors de la constitution des familles monoparentales.
Il est exact que les moyens financiers jouent un rôle et la répartition sur le
territoire des logements sociaux est cruciale pour rééquilibrer le territoire
d’autant plus que 60 % de la population relève des critères du logement social
alors que seulement 7 % de la population en bénéficie (43 % de la population
n’est pas propriétaire de son logement).
Le nombre de logements est de 29 millions dont 2 millions de logements va
cants (7 %), le logement social représente environ 4,2 millions de logements
contre 5,1 millions de logements du secteur privé77. On peut s’interroger. Pourquoi
et comment le parc privé a-t-il pu augmenter de 12 % de 1992 à 2002 alors
que le parc locatif social a baissé de 12 % pour la même période ?
La mixité sociale doit être également générationnelle. Actuellement 15 millions
de personnes ont plus de 60 ans en France, quels seront leurs parcours dans
les 40 ans à venir compte tenu de la courbe de vieillissement, des maladies et
notamment celles liées à l’âge (cancer de la peau, Alzheimer) ? Comme nous
l’avons précédemment signalé, le seul cadre législatif est l’obligation alimentaire
à des personnes qui légitimement veulent rester dans leur domicile, lequel
représente souvent une immobilisation du patrimoine des enfants, lesquels
n’ont pas obligatoirement les moyens.
La mixité sociale s’obtient en donnant l’occasion d’implanter des services pour
des âges différents à proximité, une crèche, une école, une antenne médicalisée,
des lieux de travail (bureaux), des commerces de proximité. Cela s’applique
dans de nombreuses occasions de la décentralisation des services publics
de proximité, ce qui est rendu plus aisé avec les outils informatiques actuels.
Cette situation existe dans les grandes villes avec une population vieillissante,
de jeunes cadres dynamiques et sans enfants et des laissés-pour-compte
sociaux, qui recherchent les miettes de la prospérité.
Pour cette raison, l’indicateur proposé est largement insuffisant, le taux de
logements sociaux fournit une répartition spatiale des lieux d’habitation. Prenons
l’hypothèse d’une collectivité, qui applique cette ligne directrice, et de cet
indicateur. Les propriétaires, les locataires et les locataires sociaux sont présents
sur le territoire en 3 tiers homogènes, ce qui correspond à certains écoquartiers.
77 Sénat, « Un développement déséquilibré du parc locatif privé ? », rapport du 6 octobre 2013.
91
Bâtiments et aménagement durable
Nous aurons des cadres moyens ayant plusieurs enfants, souvent propriétaires,
des familles monoparentales avec enfants (relevant des logements sociaux).
En l’absence de services de proximité et d’emploi, les parents accompagneront
dans les écoles privées leurs enfants (en voiture), iront travailler en voiture et
deviendront des « dépendants (addict en anglais) carbone » voire des pauvres
énergétiques.
Nous préférons la diversité sociale à la mixité sociale qui prend mieux en compte
les différents niveaux d’âge, de conditions et de besoins pour les services que
doit offrir la communauté.
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Décarboner l’économie TeCO2 /activité donnée TeCO2 /activité donnée
Note du rédacteur : La notion de CA est insuffisante pour représenter les flux financiers d’un territoire.
92
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
territorial », le taux de bilan et de PCET ne dépasse pas les 35 % des structures,
soumises à cette exigence légale78. Il est clair que les outils mis en place
depuis le protocole de Kyoto, comme GHG Protocol, le WRI ou en France le
bilan carbone, ont donné un cadre qui a permis d’apprécier les valeurs, même
si celles-ci restent très éloignées de celles que l’on obtient par une analyse
de cycle de vie.
Dans une société parfaite, le bilan gaz à effet de serre (GES) devrait être réalisé
une fois par an avec la déclaration d’impôt. Les informations à recueillir par
famille seraient simples à identifier :
►► Montant du chauffage annuel, celui de la consommation d’eau chaude
sanitaire, la consommation d’électricité annuelle en kWh.
►► Le nombre de voitures de la famille et les kilomètres parcourus.
►► Les trajets travail-domicile pris en compte ou non dans un bilan GES
d’entreprise (ne pas remplir la case).
►► Les autres modes de déplacements de la famille (études, recherche d’emploi,
culture, loisirs).
Pour les autres activités, en dehors des cas prévus par la loi, il s’agit de
développer une analyse sur la base du cadre des scopes 1 et 2.
►► La consommation directe de combustibles.
►► La consommation de carburant des véhicules et machines possédés ou
contrôlés par l’entreprise.
►► Les procédés industriels hors combustion, comme les réactions chimiques.
78 Je ne peux pas m’empêcher en tant que lead auditor (responsable d’audit) NF EN ISO 9001
Systèmes de management de la qualité – Exigences de 2008, NF EN ISO 14001 et
BS OHSAS 18001 Systèmes de gestion de santé et sécurité professionnelles – Exigences
de 2007 NSF de considérer que tous les organismes dans ce champ (parfois certifiés
NF EN ISO 14001) devraient faire l’objet d’une non-conformité majeure (NC majeure), notion
parfois oubliée par certains auditeurs.
79 Sénateur de Loire-Atlantique, très impliqué dans le développement durable des communautés
urbaines.
93
Bâtiments et aménagement durable
Tableau 1.1 Éléments de la déclaration des bilans GES (source : bilan carbone)
Catégorie
N ° Postes d’émissions Exemples de sources d’émissions
d’emission
Émissions directes des sources
1 Combustion d’énergie de sources fixes (chaudière)
fixes de combustion
Émissions directes des sources Combustion de carburant des sources mobiles (voiture,
2
mobilesà moteur thermique bus, avion)
Scope 1
Procédés industriels non liés à une combustion pouvant
Émissions Émissions directes des procédés
3 provenir de la décarbonatation, de réactions chimiques,
directes de hors énergie
etc.
GES
Fuite de fluides frigorigènes, bétail, fertilisation azotée,
4 Émissions directes fugitives
traitement
Biomasse liée aux activités sur le sol, les zones
5 Émissions issues de la biomasse
humides ou l’exploitation des forêts
Scope 2 Émissions indirectes liées à la
6 Production d’électricité, son transport et sa distribution
Émissions consommation électrique
indirectes
associées à 7 Consommation de vapeur, de Production de vapeur, chaud et froid, leur transport et
l’énergie chaud ou de froid leur distribution
Extraction, production et transport des combustibles
consommés
Émissions liées à l’énergie non
8 Extraction, production et transport des combustibles
incluses scopes 1 et 2
composés lors de la production d’électricité, de vapeur,
de chaleur et de froid consommée
Extraction et production des intrants matériels et
immatériels qui ne sont pas compris dans les autres
9 Achats de produits ou services postes
Sous traitance
10 Immobilisation des biens Extraction et production de biens corporels immobilisés
11 Déchets Transport et traitement des déchets
12 Transport de marchandise amont Transport de marchandises dont le coût est supporté
Transport des employés par des moyens n’appartenant
Scope 3 13 Déplacements professionnels
pas à la personne morale
Autres
émissions 14 Franchise amont Activité franchiseur
indirectes Actifs en leasing tels que les consommations d’énergie
15 Actifs en leasing amont
de GES et la fabrication des équipements en tant que tels
Sources liées aux projets ou aux activités en rapport
16 Investissements
avec les investissements financiers
Transport des visiteurs et des Consommation d’énergie liée au transport des visiteurs
17
clients qu’ils soient clients, fournisseurs ou autres
Transport et distribution des produits non supportés
18 Transport des marchandises aval
par la PM
19 Utilisation des produits vendus Consommation d’énergie
20 Fin de vie des produits vendus Traitement de la fin de vie des produits
21 Franchise aval Consommation d’énergie des franchisés
22 Leasing aval Consommation d’énergie des actifs en bail
23 Déplacements domicile-travail Déplacement domicilé-travail et télétravail
24 Autres émissions indirectes Émissions indirectes non comprises précédemment
94
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
80 NF EN ISO 14064-1 Gaz à effet de serre – Partie 1 : Spécifications et lignes directrices, au niveau
des organismes, pour la quantification et la déclaration des émissions et des suppressions des
gaz à effet de serre, de 2012.
NF EN ISO 14064-2 Partie 2 : Spécifications et lignes directrices, au niveau des projets, pour la
quantification, la surveillance et la déclaration des réductions d’émissions ou d’accroissements
de suppressions des gaz à effet de serre, de 2012.
NF EN ISO 14064-3 Partie 3 : Spécifications et lignes directrices pour la validation et la vérification
des déclarations des gaz à effet de serre, de 2012.
95
Bâtiments et aménagement durable
96
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Si pour l’économie, les méthodes même fausses sont bien connues, nous
sommes loin de la maturité en matière de coût global, comme je l’avais
précédemment écrit dans mon ouvrage. Dans cette approche, il s’agit des
investissements publics (l’indication de calcul dans la M4 est relative au plan
comptable public, lequel est encore moins précis que le plan comptable général,
sujet à interprétation).
La ligne directrice veut initier les comptables publics à additionner deux lignes
budgétaires : investissements, dépenses courantes et amortissement, ce qui
est loin d’être dans les habitudes. Plus globalement, l’approche territoriale
devrait s’effectuer en tenant compte de tous les postes d’un projet ainsi que ses
externalités. La question se révèle souvent très terre à terre. Une collectivité
doit développer son parc social pour répondre aux besoins de sa population ;
l’investissement suppose de mettre à disposition d’un organisme HLM, un terrain
constructible, si possible dans une dent creuse de la ville et en augmentant
la densité.
Si nous considérons que le terrain est pris en ville, il n’y aura que des connexions
simples de réseau à faire. La construction induira une augmentation de popu
lation car si nous sommes cohérents avec les éléments précédents, la population
du nouvel immeuble sera plus importante que celle du terrain précédemment
occupé.
La collectivité indiquera dans son bilan de l’opération, en charges, les services
sociaux induits (on ne réalise pas encore des logements sociaux pour les
personnes qui possèdent un patrimoine sauf à Paris, pour les privilégiés de
la République – de droite comme de gauche), les crèches ou les classes à
ouvrir ou dont les capacités doivent être augmentées.
En recettes, les droits à construire représentent souvent 33 à 40 % du coût
d’une opération, ce qui explique l’augmentation du parc locatif privé comme
précédemment signalé dans le rapport Dantec-Delebarre. Le coût global va
au-delà et doit prendre en compte toutes les externalités.
Dans le cas d’un écoquartier, la balance à 10 ans comprend souvent :
►► Un coût supplémentaire pour la collectivité en raison de la nécessité de
disposer de 2 voitures (consommation de carbone et saturation des routes).
►► Une mauvaise répartition territoriale des achats avec les flux hebdomadaires
(du samedi et à présent, souvent du dimanche) de consommations vers
les grandes surfaces.
►► Un autre facteur mal pris en compte est l’augmentation des prix des loyers et
des appartements lorsque l’attractivité d’une ville chère aux investisseurs et
97
Bâtiments et aménagement durable
98
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
m3 écomatériaux
Privilégier les écomatériaux -
m3 total
99
Bâtiments et aménagement durable
100
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
87 Pour le système mis en place par Phytorestore à Aubervilliers, la surface nécessaire ne dépasse
pas les 100 m2. Il peut donc être introduit pour tous les projets (BE HQE Johanson).
101
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
Pourcentage de la population Pourcentage de la population
Limiter l’exposition
exposée à des risques exposée à des risques ou
des populations aux risques
ou nuisances aigus dans nuisances aigus sur le
et aux nuisances
l’écoquartier territoire
102
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
103
Bâtiments et aménagement durable
Indicateur Indicateur
Ligne d’action
À l’échelle de l’écoquartier À l’échelle du territoire
►► bouger ;
►► consommer.
104
Les enjeux, les lignes d’action et les indicateurs
105
Partie II
La confrontation des enjeux
aux pratiques
2
Le contexte territorial,
humain et institutionnel
de la commune de Petit-Bourg
90 Je suis intervenu à la demande d’Émile Romney et Marc Jalet du cabinet d’architecture Pile
et Face, en 2000. Ils sont venus me chercher à Paris afin de participer à leurs projets sur
la Guadeloupe, ce que j’ai fait jusqu’en 2012, pratiquement sans interruption.
Bâtiments et aménagement durable
2.1 L’attractivité
Il est difficile de positionner stratégiquement une commune en Guadeloupe sans
souligner des traits caractéristiques qui font la spécificité de chaque commune.
La structuration des emplois en Guadeloupe se répartit entre l’économie rési
dentielle (50 % des emplois, seulement 40 % des revenus), tirée par une activité
110
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Au cœur d’un espace naturel remarquable et fragile, dont il assure l’accès par
la route de la traversée qui est en grande partie sur le territoire de la commune,
une zone côtière appartient au Conservatoire du littoral.
111
Bâtiments et aménagement durable
112
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
113
Bâtiments et aménagement durable
Changement climatique
La contribution au changement climatique est de 4,7 TeqCO2 par habitant91 pour
la Guadeloupe (hors transports aériens qui font l’objet d’un décompte particulier)
avec une progression de + 42 % par rapport à 1990, année de référence (pour
la même période, la France métropolitaine diminuait sa contribution de - 14 %
à 6 TeqCO2 par habitant), soit une contribution annuelle globale théorique
de 96 950 TeqCO2 pour la commune.
Si l’objectif au niveau de la Guadeloupe doit être de maintenir et non de pro
gresser, pour l’écoquartier la maîtrise des facteurs d’émission de gaz à effet de
serre est un défi important, qui se déclinera en nombreuses lignes d’actions.
Biodiversité
La description du cadre géographique de la commune doit conduire à une
approche volontariste en matière de biodiversité tant pour maintenir celle qui
existe (notamment en luttant contre les prélèvements sauvages et destructeurs)
que pour offrir un cadre adapté pour celle à développer.
Le diagnostic « biodiversité » fondé sur le potentiel de biodiversité des différents
espaces permettra d’identifier les zones exceptionnelles, ainsi que celles à
développer. Une cartographie de la valeur de la biodiversité des espaces devrait
être établie pour assurer une gestion coordonnée et globale de la biodiversité.
Économie
Pour assurer le maintien et le développement des ressources locales, en évitant
de devenir la cité-dortoir de l’agglomération de Pointe-à-Pitre, des Abymes et de
Baie-Mahault qui détiennent la majeure partie des emplois de la Guadeloupe,
la commune doit stimuler une économie locale s’appuyant sur ses points forts
(agriculture, tourisme, recherche) pour développer un tissu actif local.
114
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Bien-être
Le bien-être est une donnée extrêmement personnelle qui dépend de nombreux
facteurs : le droit au logement, à l’emploi, à l’éducation et à la culture, mais
également l’accès à la vie associative, autant de facteurs déterminants pour
obtenir une vision globale positive de la vie dans la commune.
Le projet d’écoquartier doit contribuer au développement de ce bien-être.
Ressources naturelles
La Guadeloupe, en tant qu’île, dépend de nombreuses ressources importées.
Une réflexion en profondeur se développe pour utiliser avec parcimonie les
ressources naturelles non renouvelables de l’île dont les impacts sont forts
(exploitation de carrières, bois tropicaux illégaux) et également raisonner en
termes de bilan carbone en fonction de l’origine des ressources naturelles
utilisées et des modes de transport utilisés.
Nuisances et risques
La Guadeloupe en tant qu’île volcanique doit faire face à des risques naturels :
►► Réguliers comme ceux qui naissent à la période des cyclones (de juin
à novembre) ayant une conséquence sur le régime des eaux pluviales
provenant du bassin-versant, mais également les effets sur la montée des
eaux de mer.
« En Guadeloupe, Marilyn, ouragan de 1995 de classe 1 seulement a
déversé 500 à 600 mm d’eau en 12 heures sur la ville de Basse-Terre dans
la nuit du 14 au 15 septembre. Le cyclone de 1928 a généré une montée
des eaux estimée entre 3 et 4 mètres sur les îlets de la baie de Pointe-à-
Pitre. » (Site météo France 2000)
►► Importants et difficilement prévisibles comme les activités volcaniques et les
activités sismiques du fait de la faille de la plaque caraïbes avec les risques
liés aux potentielles conséquences de celle-ci (tsunami avec des vagues
de 3 à 5 m en cas d’effondrement d’un volcan dans la mer – hypothèse de
l’île de la Dominique).
Pour répondre à ces enjeux, la commune a décidé de les hiérarchiser.
115
Bâtiments et aménagement durable
92 La référence à la notion d’écoquartier tient au fait que le document présenté a été le support
au dossier « Label écoquartier » du ministère. Bien que non labellisé, le dossier nous semble
suffisamment emblématique pour être repris en tant que support de réflexion.
116
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
117
Bâtiments et aménagement durable
94 Merci à la famille Kleemans qui m’a fait découvrir le bel ensemble de Plazerplace à Zeit
(Hollande) et à laquelle je dois mes références historiques.
118
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
119
Bâtiments et aménagement durable
Le pilier économique
Assurer la pertinence et la pérennité dans le temps du montage socioéconomique
du programme (y compris sur ses aspects fonciers et de gestion). Il s’agit de
réaliser l’identification des besoins et d’anticiper sur les usages et modes de
vie à venir, la localisation des activités, la qualité des moyens de transports et
de communication, la mixité fonctionnelle, la réversibilité des équipements, le
développement de l’économie locale, les modes de production et de consom
mation responsables, le financement de l’opération en projets modulables
grâce à son phasage et le programme adaptable dans le temps, l’économie
du projet, selon les modes et les coûts de gestion.
Le pilier environnemental
►► Promouvoir les performances écologiques dans l’aménagement. Il s’agit
d’assurer la sobriété carbone dans l’urbanisme, de développer la mobilité,
de travailler la conception intelligente de la densité, la prise en compte de
120
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
121
Bâtiments et aménagement durable
122
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
123
Bâtiments et aménagement durable
B – L’analyse/diagnostic du site
2.1 Établir un diagnostic territorial approfondi afin de dégager les ressources
et contraintes au regard du développement durable du territoire,
optimiser les ressources foncières en fonction de la sensibilité forte
des milieux aux risques naturels, hiérarchiser les actions selon les
enjeux (croisement lignes d’actions et enjeux).
2.2 Privilégier le lien avec le centre-ville (ou de vie) via des mobilités
alternatives à la voiture individuelle.
2.3 Prise en compte particulière des contraintes environnementales du
site (pollution, risques naturels…).
2.4 Valorisation particulière des atouts environnementaux du site (zones
humides…).
2.5 Mettre en perspective le bilan prévisionnel avec la question des exter
nalités positives du projet.
2.6 Problématique de transports collectifs.
C – Éléments de programme
3.1 Veiller à la mixité des fonctions urbaines.
3.2 Promouvoir la densité et la qualité architecturale et paysagère.
3.3 Encourager la diversité sociale.
3.4 Encourager la diversité générationnelle.
3.5 Veiller à l’installation d’activités économiques respectueuses de l’envi
ronnement (démarches hautes qualités environnementales des entre-
prises installées).
3.6 Travailler la forme urbaine et respecter l’identité du territoire.
124
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
4.7 Penser une gestion optimisée des déchets, orientée vers les habitants
et favorisant les nouveaux comportements.
4.8 Créer des ambiances climatiques et acoustiques pour le confort des
habitants.
4.9 Planifier la gestion de l’énergie à l’échelle du quartier.
4.10 Promotion des TIC (aidant à réduire l’empreinte écologique).
4.11 Traiter et gérer les eaux usées selon des techniques douces pour
assurer une excellente qualité des eaux de surface.
125
Bâtiments et aménagement durable
126
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectif
Exprimer une volonté politique forte autour du
projet, accompagnée par la mise en place d’une Financement
stratégie développement durable à l’échelle de
La ville.
l’agglomération avec la mise en annexe de la
convention écoquartier, la charte écoquartier de la
ville de Petit-Bourg qui devient un outil contractuel.
Acteurs concernés
-- La ville.
-- Les partenaires du projet.
127
Bâtiments et aménagement durable
95 En 1996 à Sophia Antipolis, mais il me sera beaucoup pardonné car je l’ai fait de bonne foi.
128
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectif Financements
Intégrer dès la conception du -- Bilan opération.
projet les enjeux du développement -- Ville.
durable. -- État.
129
Bâtiments et aménagement durable
130
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Prolongation du comité d’orientations stratégiques,
qui analyse les actions à moyen et long terme.
-- Implication et participation effective (au-delà des
obligations actuelles d’informations) des riverains
du site, acteurs économiques, futurs habitants,
autres usagers… Financements
-- Faire connaissance avec la population. -- La ville.
-- Recueillir l’avis des habitants sur le projet et -- Le bilan de l’opération.
prendre en considération les besoins et les
attentes.
-- Impliquer la population dans le déroulement de
l’opération.
-- Pérenniser la participation en créant des lieux
d’échanges.
131
Bâtiments et aménagement durable
132
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectif
Décrire les rôles et responsabilités qui résultent
Financement
de la mise en œuvre de la charte avec le
positionnement des acteurs. Les partenaires sont La ville.
identifiés au travers de leurs rôles dans la mise en
œuvre des thématiques.
133
Bâtiments et aménagement durable
Objectif
Dégager les lignes principales prospectives du Financements
devenir du territoire en fonction des scénarios
socioéconomiques caractérisant des tendances -- La ville.
linéaires, volontaristes ou en rupture, dans le cadre -- Le département.
d’un urbanisme durable (optimisation foncière, prise -- La région.
en compte des enjeux environnementaux et des -- L’État.
risques, circuit court), afin de contribuer à une forte
réduction de l’empreinte écologique du territoire.
134
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Assurer la sécurité juridique des opérations. Financements
-- Mobiliser les ressources publiques et privées -- La ville.
afin d’assurer un financement permanent de -- Les partenaires.
l’écoquartier.
Acteurs concernés
-- La ville.
-- La SEMAG.
-- Les partenaires financiers.
-- Les intervenants dans le projet d’écoquartier.
135
Bâtiments et aménagement durable
136
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Penser une gestion optimisée des déchets, orientée vers les habitants
et favorisant les nouveaux comportements
Objectifs
Financements
-- Intégration dans la conception des espaces publics des
aménagements nécessaires pour optimiser et encourager la -- État.
démarche de tri et recyclage au-delà du minimum demandé -- Subvention FEDER.
par la collectivité. -- Le conseil général et le
-- Cohérence du projet avec les orientations fixées par le plan conseil régional.
départemental d’élimination des déchets.
137
Bâtiments et aménagement durable
Penser une gestion optimisée des déchets, orientée vers les habitants
et favorisant les nouveaux comportements
Moyens mis en œuvre Délais
-- Mise en place des conditions d’une optimisation du passage -- Réflexion à initier dès la
du service public collecte des déchets ménagers : collecte des phase études.
encombrants, des déchets recyclables, des ordures ménagères -- Projet à mettre en place
résiduelles. durant la phase des
-- Gestion collective à l’échelle du quartier pour réduire les travaux.
déchets à la source et améliorer le tri.
-- Aménagements extérieurs permettant de réduire les nuisances
du stockage et de la collecte : réalisation de points d’apports
volontaires (selon un maillage pertinent), d’emplacements de
présentation des conteneurs à la collecte avec des matériaux
et des conceptions cohérentes avec les contraintes du service.
-- Si jardin privatif, compostage favorisé des déchets verts. Indication d’évaluation
-- Selon la taille du quartier, implantation d’une déchetterie. Analyse de l’évolution des
Acteurs concernés pratiques.
-- Entreprises spécialisées dans les recyclages, la ville,
l’aménageur.
-- Opérateurs de construction de logements.
-- La région Guadeloupe, le conseil général.
-- L’ensemble des habitants, ADEME.
138
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Cette action aisée à réaliser mais aux résultats incertains fait partie de la
panoplie de la mise en place des écoquartiers. Elle suppose comme corollaire
de mettre en œuvre une véritable information des flux réels de la destination
du tri sélectif.
139
Bâtiments et aménagement durable
Pour les services publics, l’indicateur CO2 peut devenir un indicateur de mana
gement pertinent pour développer une véritable économie des services publics.
Objectifs
-- Aménagement paysager valorisant des pratiques extensives
(prairies, arbustifs) nécessitant peu d’entretien et peu de
traitement et intégrant des espèces locales.
-- Conception de places, de mails, de voiries avec des matériaux
en cohérence. Financements
-- Limiter les consommations énergétiques et la pollution -- La ville.
lumineuse. -- Le bilan de l’opération.
-- Obtenir les performances en matière de gestion alternative des
eaux pluviales qui sous-tendent ces choix.
-- Développer une signalétique culturelle qui souligne le patrimoine
de la ville (relation à l’esclavage, aux droits de l’homme, à la
culture de la canne, aux espaces naturels sensibles).
140
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
La gestion des espaces publics est souvent mise en avant dans les services
d’urbanisme en raison de la culture de l’aménagement paysager de la plupart
des chefs de service urbanisme. Ils doivent être gérés en recherchant les
différentes solutions les plus économes en matériaux et en énergie.
Acteurs concernés
Indicateurs d’évaluation
-- La ville.
-- Bailleurs sociaux. Diagnostics « Énergie des
bâtiments ».
-- Constructeurs privés.
-- Maître d’œuvre.
-- Architecte, concepteur.
Cette fiche d’action, souvent peu mise en œuvre, est susceptible de générer
une somme d’économies et de réduction de gaz à effet de serre, si elle est
développée dans un état d’esprit de développement durable. Elle demande
une anticipation, voire une maîtrise de l’exploitation, qui conduit à choisir le
gestionnaire le plus tôt possible pour qu’il valide des solutions qui vont influencer
son entretien et sa gestion.
141
Bâtiments et aménagement durable
Pérenniser la démarche
Organiser la coopération entre les acteurs économiques et la formation continue
des élus et de l’ensemble des acteurs de l’aménagement. Le site se prête
particulièrement bien à la formation au développement durable en tant qu’activité
permanente du lieu.
Objectif
Financements
Rechercher un comportement des (futurs)
acteurs économiques en phase avec les -- CCI.
ambitions du quartier et contribuant à l’atteinte -- Commerçants de la zone.
des cibles environnementales.
Indicateurs d’évaluation
Acteurs concernés
-- Taux de participation des acteurs dans les
-- Organisations syndicales des entreprises.
projets.
-- Association des commerçants.
-- Mesures et engagements pris par ces
-- CCI.
acteurs pour inciter l’emploi
Il s’agit de :
►► Sensibiliser le grand public aux enjeux du développement durable.
►► Favoriser et développer la recherche et l’innovation à tous les niveaux
compte tenu de la présence sur la commune de l’INRA. Ce projet sera
particulièrement développé pour répondre aux enjeux connus sous le thème
de la maîtrise de la boucle alimentaire locale.
142
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs Financements
-- Développer une démarche globale de -- Ville.
production et de distribution permettant d’offrir -- Conseil régional.
à l’ensemble des établissements publics -- État (innovation).
distribuant des repas (écoles, hôpitaux, maisons
de santé, maisons de retraite) des produits
locaux en fonction de saison pour assurer une
boucle locale alimentaire pour 50 % des repas.
-- Mettre sur pied un marché local bio pérenne.
Acteurs concernés
-- La ville. Indicateur de performance
-- Les gestionnaires d’établissements collectifs.
-- Producteurs indépendants. % produits alimentaires locaux/produits
alimentaires distribués en tonnes.
-- Chambre d’agriculture.
-- Association alternative de distribution (bio,
commerce équitable).
Il faut être attentif, dans tous les projets, à utiliser les ressources locales qui
peuvent être des leviers afin de faire naître de nouvelles compétences.
Il y a de fortes chances pour que la station de l’INRA soit plus compétente
en développement de phytosanitaires pour la culture de la banane que sur la
culture de la patate douce.
Dans ce cas, il s’agit de faire émerger des travaux de recherche, partiellement
pertinents pour la collectivité de proximité. La station de l’INRA dispose
obligatoirement de connaissances scientifiques solides sur la nature des sols
alentours, sur des éléments qui permettent de faire naître une convergence
opérationnelle avec les milieux locaux. Je connais suffisamment les milieux
scientifiques pour savoir qu’ils ne seraient pas insensibles à développer une
problématique locale, y compris en obtenant en appui des fonds régionaux
ou européens.
143
Bâtiments et aménagement durable
Objectif
Financement
Plan-masse prenant en compte les éléments du diagnostic et
créant un lieu d’échanges entre le centre-bourg existant, la Bilan de l’opération.
campagne environnante, les accès aux sites remarquables.
96 Lors d’une de mes analyses financières, j’ai découvert la belle économie que représentait la
consigne – verre dans le bilan des sociétés – renforçant par là même leurs fonds propres.
144
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Indicateurs d’évaluation
C’est un véritable défi qu’il s’agit de relever : dans de nombreux cas, les espaces
publics de qualité au début se dégradent voire deviennent des espaces de
non-droits, dédiés à tous les trafics.
Il faut promouvoir la mixité sociale : la Guadeloupe connaît un fort taux de
demande non satisfaite en logements sociaux, le PLH prend en compte ces
besoins mais doit équilibrer l’offre par types de logements offerts. Toutefois, la
qualité du logement social au regard de la production privée conduit à diversifier
la nature des accédants.
Avant la crise de 2008, il existait une Guadeloupe à deux vitesses :
►► Celle de la défiscalisation qui a permis de transférer dans les Antilles, puis
dans certains paradis fiscaux, des fortunes bien établies.
►► Une population qui connaissait une dépendance forte aux aides sociales,
motif mis en avant pour assurer le maintien de la situation actuelle, y compris
celle des monopoles de distribution.
145
Bâtiments et aménagement durable
Tout cela a abouti à la crise de 2009 dont on ne mesure pas encore complètement
les conséquences.
Il est clair que des mesures devront être prises pour :
►► Valoriser localement une jeunesse très bien formée.
►► Mettre un terme à cette technostructure métropolitaine qui cherche à se
préserver 97.
►► Mettre à plat le potentiel guadeloupéen en perspective avec les Caraïbes
et l’Amérique.
Objectifs
-- Mettre en œuvre la diversité sociale et des revenus
dans la définition de la répartition du programme Financement
en fonction du PLH. Budget de l’opération.
-- Encourager les liens sociaux entre les différentes
générations.
97 Le contexte guadeloupéen n’est pas loin de ressembler à la Société des Nations telle que
décrite par Albert Cohen dans Belle du Seigneur.
146
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Agir en prolongation du comité d’orientations stratégiques,
qui analyse les actions à moyen et long terme.
-- Impliquer et obtenir la participation effective (au-delà des
obligations actuelles d’informations) des riverains du site, Financements
acteurs économiques, futurs habitants, autres usagers… -- La ville.
-- Faire connaissance avec la population. -- Le bilan de l’opération.
-- Recueillir l’avis des habitants sur le projet et prendre en
considération les besoins et les attentes.
-- Impliquer la population dans le déroulement de l’opération.
-- Pérenniser la participation en créant des lieux d’échanges.
147
Bâtiments et aménagement durable
148
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectif
Financements
Chaque immeuble collectif, chaque ensemble de -- Constructeur.
logements doit rendre possibles les lieux d’échange et
-- Ville.
de rencontres.
Délais
Moyens mis en œuvre -- Dès la conception des bâtiments.
Mise en place de lieux communs (buanderie commune, -- Contraintes à intégrer l’instruction
salle commune…) permettant aux habitants de se des permis de construire.
rencontrer, de créer des événements locaux (la fête -- Règles particulières pour le calcul de
des voisins) ou d’avoir des lieux d’activités communes la surface hors œuvre nette (SHON).
(barbecue…).
Indicateurs d’évaluation
Surface par ensemble mis à la
Acteurs concernés disposition/surface totale.
-- Bailleurs de logements. Indicateur de performance
-- Constructeurs privés.
Surfaces dédiées/surfaces construites.
149
Bâtiments et aménagement durable
Tableau 2.20 Fiche 4.8 Créer les ambiances climatiques pour le confort
Objectifs
-- Étudier les filières d’écoconstruction locales déjà
implantées/favoriser le développement de ses filiales.
-- Construire des bâtiments à l’empreinte écologique limitée
(consommation de ressources). Financement
-- Construire des bâtiments à la toxicité potentielle limitée.
Bilan de l’opération.
-- Choix des matériaux guidé par des impératifs de type
HQE.
-- Privilégier les matériaux renouvelables et recyclables,
exigence du cahier des charges des promoteurs et
constructeurs.
150
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Indicateurs d’évaluation
-- Obtention d’une analyse du cycle
de vie des principaux matériaux
Acteurs concernés utilisés (oui/non).
-- L’aménageur, la ville, l’ADEME. -- Minimum de matériaux locaux
-- La maîtrise d’œuvre. (approvisionnement dans
-- Fédération du BTP. un rayon de x km) label FSC
-- Entreprises. obligatoire pour le bois/matériau
si tropical.
-- Maîtrise d’œuvre.
Indicateur de performance
Matériaux écocertifiés/total
matériaux en tonnes.
151
Bâtiments et aménagement durable
Sur les aspects sanitaires, les références sont celles d’un pays tropical pour
lesquels les critères sont fondamentalement différents. Nous pouvons faire le
parallèle avec les travaux faits dans d’autres pays, cités ci-après, même si cette
152
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
153
Bâtiments et aménagement durable
Mettre sur pied un cahier des charges développement durable du cadre bâti pour traiter
les questions sociales (parcours résidentiel) environnementales (énergie, confort et santé)
et économiques (affectation des ressources pour le logement aidé de qualité)
Objectifs Financements
-- Assurer la conception et la réalisation des bâtiments -- La ville.
en conformité avec la charte écoquartier de la ville. -- Les partenaires.
-- Mobiliser les ressources publiques et privées afin -- Constructeurs et maîtres d’ouvrage
d’assurer leur réalisation. sociaux.
Acteurs concernés
-- La ville.
-- La SEMAG.
-- Les partenaires.
-- Les intervenants dans le projet d’écoquartier.
154
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
155
Bâtiments et aménagement durable
Objectifs
-- Encourager la compacité et l’urbanisme de
« courte distance ». Financements
-- Structurer l’écoquartier autour d’une trame verte et -- Budget opération.
de sa trame bleue. -- Ville.
-- Prendre en compte les émissions de CO2 -- Conseil général.
des habitants et usagers cumulées (habitat
+ transport).
156
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
157
Bâtiments et aménagement durable
Financement
Objectifs Bilan de l’opération.
-- Afficher une densité minimale de l’écoquartier et
cohérente avec son environnement urbain.
-- Optimiser la ressource foncière par des formes adaptées
au contexte urbain (typologie compacte) économes en
ressources terrain, qui concilient la production d’un
espace au caractère urbain (usages et formes) et les Délais
aspirations rationnelles des habitants. Dès le démarrage des études.
-- En renouvellement urbain : privilégier la qualité de vie et la
faible consommation de sols dans le choix de la densité.
158
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Retour sur la fiche 4.8 « Créer les ambiances climatiques pour le confort »
Cette fiche cherche à répondre à cette exigence. Il s’agit de promouvoir la qualité
architecturale et urbaine. Parmi les objectifs du projet, les deux dimensions
d’aménagement et du bâti sont couvertes par la charte d’écoquartier portée
par la ville. Elle exprime la volonté de la ville tant par son organisation que
par les objectifs qu’elle décrit. Comme nous l’avons souligné précédemment,
la volonté politique initiale est indispensable et il est doublement regrettable :
►► Que les ministères se contentent de faire de la promotion de telle ou telle
approche (HQE, label « écoquartier », Villes unies ou autres).
159
Bâtiments et aménagement durable
160
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Mettre sur pied un cahier des charges développement durable du cadre bâti pour traiter
les questions sociales (parcours résidentiel) environnementales (énergie, confort et santé)
et économiques (affectation des ressources pour le logement aidé de qualité)
Objectifs Financements
-- Assurer la conception et la réalisation des bâtiments en -- La ville.
conformité avec la charte écoquartier de la ville. -- Les partenaires.
-- Mobiliser les ressources publiques et privées afin d’assurer leur -- Constructeurs et maîtres
réalisation. d’ouvrage sociaux.
Moyens mis en œuvre Délais
Réalisation d’un cahier des charges pour la conception et Le plus tôt possible pour
construction des bâtiments dans l’écoquartier prenant en charge : être annexé à la charte
-- Le parcours résidentiel des habitants (modularité) et les écoquartier.
exigences d’intimité et de lien social.
-- Les exigences environnementales (RTAADOM - 20 %), la mise
en œuvre des critères de confort visuel (facteur de lumière du
jour et lutte contre l’éblouissement).
-- Les exigences économiques par une démarche en coût global, Indicateurs d’évaluation/
l’investissement permet de réduire les charges sur le long terme. Indicateur de performance
-- Intégrer ce cahier des charges en tant qu’élément de la charte
-- CO2 évités par m2.
écoquartier et, de ce fait, contractuel.
-- Prix de revient m2 en coût
-- Les permis de construire doivent être instruits en s’appuyant
global.
sur des études évaluant ces critères.
-- Taux de rotation des
Acteurs concernés logements.
-- La ville.
-- La SEMAG.
-- Les partenaires.
-- Les intervenants dans le projet d’écoquartier.
161
Bâtiments et aménagement durable
162
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Veiller à la présence de fonctions urbaines autres que le Financements
logement dans l’écoquartier.
-- Bilan de l’opération.
-- Développer les synergies logements/activités/services.
-- Conseil régional.
-- Dynamiser l’économie locale en confortant les activités
-- Conseil général.
existantes.
-- CCI de la Guadeloupe.
-- Créer et organiser des nouvelles activités compatibles avec
les objectifs du développement durable.
Indicateurs d’évaluation
Acteurs concernés
-- Associations des commerçants. Les x fonctions urbaines à
proximité/population desservie
-- Aménageurs.
(rayon d’achalandage en modes
-- Opérateurs de construction.
doux).
163
Bâtiments et aménagement durable
Objectifs
-- Encourager les entreprises implantées au respect
d’exigences environnementales.
Financements
-- Encourager l’implantation d’entreprises ou
services collectifs actifs dans les secteurs liés à -- Budget de l’opération
l’environnement (énergies, écoconstruction, centres -- Subventions FEDER
télétravail, de médiation numérique, etc.).
-- Rechercher la labellisation HQE (Haute qualité
environnementale) pour la zone aménagée.
Indicateurs d’évaluation
Mise en place d’une charte
Acteurs concernés
environnementale.
-- Acteurs économiques.
Indicateur de performance
-- CCI de Guadeloupe.
Nombre d’entreprises inscrites dans
une démarche NF EN ISO 14001.
164
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
165
Bâtiments et aménagement durable
166
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objectifs
-- Réduire la fracture numérique du
territoire en permettant un accès
au haut débit.
Financement
-- Se conformer au plan mis en
place par l’État pour lutter contre Bilan de l’opération.
la fracture numérique.
-- Développer de nouvelles
compétences locales pour
répondre à la demande.
167
Bâtiments et aménagement durable
Objectif Financements
Identifier et caractériser les pollutions des sols aux risques -- Ville.
naturels éventuels de manière accentuée par rapport aux minima
réglementaires afin de choisir un usage et une gestion cohérents. -- Budget de l’opération.
168
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
-- Maîtrise d’œuvre.
-- Architectes.
-- Maître d’ouvrage.
Objectifs
-- Conserver et/ou renforcer la présence du végétal
et de l’eau dans les aménagements et créer
un environnement paysager (constructions Financement
et espaces publics) en cohérence avec cette
priorité. Budget opération.
-- Prise en compte et valoriser la ravine qui traverse
l’opération.
-- Préservation des espaces animaliers et végétaux.
169
Bâtiments et aménagement durable
170
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
171
Bâtiments et aménagement durable
Un toit de tôle avec une charpente bois n’impose pas de climatisation. L’excès que
j’ai pu observer est celui de la DIREN Guadeloupe, dont le bâtiment bénéficiait
d’une climatisation solaire (une première en France). Toutefois, toutes les
portes étaient closes malgré le patio avec de l’eau pour rafraîchir l’air et faciliter
les rencontres afin, disait la standardiste derrière son guichet protecteur, de
conserver les 19 °C que toute personne désire avoir dans son bureau.
Autrement dit, dans le cadre d’une bonne conception bioclimatique, la technique
et la technologie peuvent se révéler la pire des choses.
172
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Pour assurer une gestion qualitative et économe des ressources en eau, il faut
réduire la consommation d’eau, en particulier d’eau potable, des habitants et
de la collectivité.
Les climats tropicaux sont connus pour avoir une double saison : une saison
sèche et une saison humide qui, en Guadeloupe, s’étend de mai à octobre
(et se termine par la saison des ouragans dévastateurs). La quantité d’eau ne
semble pas poser de problème compte tenu de la fréquence des précipitations,
bien que le sol volcanique ne se révèle pas particulièrement adapté pour les
infiltrations. Il existe même des sources d’eau minérale d’excellente qualité.
Cela n’a pas empêché le préfet de région de Guadeloupe de prendre un arrêté
sécheresse en mars 2013.
173
Bâtiments et aménagement durable
Objectifs
-- Collecte utile – voire paysagée – des eaux pluviales. Financements
-- Limitation de l’imperméabilisation des sols. -- Bilan de l’opération.
-- Limiter la consommation d’eaux potables par l’utilisation -- La collectivité.
d’eaux de pluies traitées et utilisées pour certains usages -- La région Guadeloupe.
spécifiques.
Moyens mis en œuvre
-- Favoriser l’infiltration et limiter l’imperméabilisation
(espaces verts en pleine terre).
-- Réduire la vitesse d’écoulement des eaux de
Délais
ruissellement et différer leurs arrivées aux exutoires.
(réalisation de fossés drainants, de noues, de bassins Mise en place dès le démarrage de
réservoirs, matériaux drainants pour les espaces publics, l’opération.
toitures végétalisées).
-- Intégration du cheminement des eaux aux tracés urbains.
-- Rendre visible la présence de l’eau dans la ville (trame
bleue).
-- Maîtriser les consommations en eau potable par la
récupération et réutilisation des eaux pluviales de Indicateurs d’évaluation
toitures. -- Existence d’un système de
Acteurs concernés collecte et réutilisation des eaux
de pluie.
-- Aménageurs.
-- Part de la surface totale en pleine
-- Paysagistes. terre (30 %).
-- Architectes. -- Statistiques sur la consommation
-- BET spécialisés. d’eau.
-- La maîtrise d’œuvre.
174
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
►► Elle a fait l’objet d’un traitement classique voire obsolète que j’ai déjà eu
l’occasion de dénoncer auprès des élus de Baie-Mahault, en raison d’un
projet de station d’épuration rejetant ses effluents dans la mangrove, classée
au patrimoine de l’humanité.
Voici un point intéressant de la situation parfaitement bien documenté dans
l’article du 25 juillet 2010 « Chlordécone aux Antilles » de Gérard Bovon100
sur le site S-eau-S, auquel il est important de se référer, pour disposer d’une
vision complète. Si ce texte est par moment excessif dans sa forme, il est
tout à la fois bien documenté et précis. Il cite des sources indiscutables et si
l’on peut ne pas souscrire au ton polémique, il me semble intéressant de le
donner en référence pour poser la question qui ne fait pas encore l’objet de
175
Bâtiments et aménagement durable
restaurations des milieux à bon niveau. Le temps efface parfois les dégâts,
mais pas toujours et il serait dramatique de constater que la négligence et la
complaisance maintiennent un état d’insalubrité publique.
176
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
177
Bâtiments et aménagement durable
après l’abandon des activités agricoles pour certains. Pour d’autres, l’urbanisation
ou l’agriculture ont perturbé significativement leur bon fonctionnement. Les
milieux ont été très fragilisés tant par les pressions humaines que par les
catastrophes naturelles. Chaque formation végétale présente différents stades
d’altération, avec leurs cortèges floristiques caractéristiques. Les formations
secondaires sont fréquentes. C’est ainsi que la forêt semi-décidue originelle et
la forêt sempervirente saisonnière (type de forêts toujours vertes) ne subsistent
plus qu’à l’état de lambeaux ou d’îlots plus ou moins secondarisés.
La forêt ombrophile est elle-même soumise à un “mitage” qui s’accentue
de façon inquiétante avec une augmentation des espèces banales et peu
structurantes. Ces dégradations entraînent la perte d’espèces rares, dépendantes
des formations climatiques et subclimatiques et présentant une forte valeur
écologique et patrimoniale. Ainsi, plusieurs espèces animales et végétales
ont disparu dont certaines endémiques strictes, ce qui représente une perte
définitive pour la biodiversité mondiale : 3 oiseaux, 1 reptile et 1 mollusque
terrestres sont éteints et 27 plantes, 5 mammifères, 1 oiseau, 2 reptiles et
1 mollusque terrestres sont inscrits comme menacés. La forêt sèche ou forêt
xérophile subit encore de nombreuses dégradations. Elle présente pourtant
une grande biodiversité et abrite des espèces protégées. »
178
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
179
Bâtiments et aménagement durable
Il y a 260 espèces connues et 109 espèces ont été recensées dans le Grand
Cul-de-sac marin. Ce sont 3 espèces de tortues marines qui pondent encore sur
certaines plages de Guadeloupe et ses dépendances et 17 espèces de cétacés
ont actuellement été recensées dans les eaux guadeloupéennes. D’autres,
plus communes, sont présentes toute l’année (certains dauphins, Globicephala
macrorhynchus) ou en migration hivernale pour la reproduction et la mise bas.
De nombreuses espèces végétales et animales sont maintenant protégées par
arrêtés ministériels. Quelques espèces végétales, parmi les plus menacées et
les plus rares, ont aussi été transplantées au Conservatoire botanique de Brest.
Tableau 2.41 Indicateur du patrimoine naturel protégé en 2005
180
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Les trames vertes et les trames bleues (pour la présence de l’eau) sont une
figure classique d’un aménagement qu’il soit durable ou non. Cette approche
reste la plus accessible et surtout la plus visuelle. Nous la retrouvons dans
tous les dossiers.
181
Bâtiments et aménagement durable
Ce système est fondé sur un état des lieux précisant les enjeux de développement
durable pour le territoire de Petit-Bourg.
182
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
▼▼ la climatologie ;
▼▼ la topographie ;
▼▼ l’hydrogéologie (voir dossier de déclaration loi sur l’eau remis par la
SEMAG) ;
▼▼ la faune ;
▼▼ la flore ;
▼▼ les paysages ;
▼▼ la qualité de l’air ;
▼▼ la qualité du sous-sol.
►► Le milieu humain :
▼▼ la population ;
▼▼ le logement ;
▼▼ les activités et les commerces ;
▼▼ le foncier ;
▼▼ l’occupation du sol.
►► Le réseau viaire et le stationnement :
▼▼ les modes de déplacement ;
▼▼ les équipements publics ;
▼▼ les réseaux divers ;
▼▼ le bruit.
►► L’aspect réglementaire :
▼▼ le schéma d’aménagement régional (SAR) ;
▼▼ le plan local d’urbanisme (PLU) ;
▼▼ les servitudes d’utilité publiques ;
►► La démarche urbanistique globale : les grandes orientations.
2.4.5 Le projet
►► Présentation du projet.
►► Justification du projet : les impacts.
183
Bâtiments et aménagement durable
184
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
185
Bâtiments et aménagement durable
Concertation102
Cette concertation prévue par les textes est obligatoire et l’élaboration
de 2 panneaux de présentation format A0 ne dispense pas des réunions de
concertation au fur et à mesure des études au travers des phases d’étapes.
Dossier de création
Conformément à l’article R 311-2 du Code de l’urbanisme, le dossier de création
de la ZAC de Saint-Jean comprendra :
►► Un rapport de présentation :
▼▼ exposant l’objet et la justification de l’opération ;
▼▼ comportant une description de l’état du site et de son environnement ;
▼▼ indiquant le programme global prévisionnel des constructions à édifier
dans la zone ;
▼▼ énonçant les raisons pour lesquelles, au regard des dispositions d’urba-
nisme en vigueur sur le territoire de la commune et de l’insertion dans
l’environnement naturel ou urbain, le projet faisant l’objet du dossier de
création a été retenu.
►► Les documents suivants :
▼▼ un plan de situation ;
▼▼ un plan de délimitation du périmètre composant la zone ;
▼▼ l’étude d’impact ;
▼▼ le dossier de déclaration au titre de la loi sur l’eau (fourni par la SEMAG) ;
186
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
Objet
Le dossier de réalisation comprendra les pièces écrites et graphiques énoncées
dans les articles R 311-10.1 et suivants du Code de l’urbanisme et comprendra
notamment :
Un rapport de présentation :
►► Le programme des équipements publics à réaliser dans la zone.
►► Le projet de programme global des constructions à réaliser dans la zone.
►► Les modalités prévisionnelles de financement de l’opération d’aménagement,
échelonné dans le temps.
►► Mise en œuvre de la traduction réglementaire de la ZAC : la modification
du plan d’occupation des sols (POS) sous régime PLU conformément à la
loi SRU.
►► Le règlement fixera les règles applicables aux terrains situés dans les
secteurs de la ZAC conformément aux dispositions de l’article R 123-21
du Code de l’urbanisme.
►► Les compléments à l’étude d’impact, établis sur la base des études techniques
(APS VRD).
►► Une notice descriptive du schéma indiquant les surfaces des parcelles et
la SHON constructible par typologie, le programme des espaces publics,
des réseaux et les coûts des dessertes en réseaux et des aménagements
publics.
187
Bâtiments et aménagement durable
188
Le contexte territorial, humain et institutionnel de la commune de Petit-Bourg
189
Partie III
L’évaluation et les études
complémentaires
3
L’évaluation, un processus
en continu103
103 Travail élaboré pour l’association HQE® dans le cadre d’un module de formation sur l’aména
gement durable réalisé par un groupement UNSFA-CICF et sabordé par un prestataire.
104 Source : Petit Larousse illustré.
Bâtiments et aménagement durable
traduit par les deux termes « quantifier » et « évaluer » (par exemple, évaluer
les dommages ou damages assessment).
Parmi les nombreuses définitions de l’évaluation, nous avons voulu mettre
l’accent sur celle de Marc-Henry Broch et Françoise Cros105 qui considèrent
l’évaluation de projet comme :
►► « Un acte social, inséré dans un tissu fait d’individus travaillant dans le
même organisme.
►► Un acte méthodologique en ce qu’il nécessite des compétences dans
l’élaboration et l’utilisation d’instruments pertinents dans un ensemble
cohérent de procédures et de processus.
►► Un acte stratégique qui s’inscrit dans une relation entre le commanditaire
et les acteurs du projet.
►► Un acte décisionnel où l’évaluateur choisit la manière dont il va conduire
l’évaluation du projet et négocier avec les différentes instances de l’entreprise,
y compris avec le commanditaire. »
105 Françoise Cros et Marc-Henry Broch, Évaluer le projet de notre organisation – Entreprises,
associations, établissements publics, réflexions, méthodes et techniques, Chronique sociale,
1992.
194
L’évaluation, un processus en continu
195
Bâtiments et aménagement durable
196
L’évaluation, un processus en continu
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Bâtiments et aménagement durable
198
L’évaluation, un processus en continu
199
Bâtiments et aménagement durable
200
L’évaluation, un processus en continu
106 Généralement, les enjeux prioritaires ne dépassent pas le nombre de 10 et font l’objet
d’un suivi permanent (« top ten »).
201
Bâtiments et aménagement durable
Ex post
►► Cas 1 commanditaire : la collectivité. Il s’agit d’évaluer la contribution
globale par rapport au thème avec prise en compte de la biodiversité des
zones humides et du ruisseau et l’apport fait à la collectivité. Cela met en
exergue les liens entre l’existant et le nouveau site créé. Cela permet de
définir les passerelles de gestion locale à mettre en œuvre pour assurer
les liens entre le nouveau quartier et les anciens.
►► Cas 2 commanditaire : l’aménageur. Il s’agit de mesurer les efforts réalisés
pour traiter ce thème complexe Il est important de clarifier ce point avec le
commanditaire de l’évaluation, afin d’éviter des observations du type : « nous
aurions pu, si nous avions eu l’information, mettre en œuvre telle ou telle
solution » source d’incompréhension entre l’évaluateur et le commanditaire.
202
L’évaluation, un processus en continu
203
Bâtiments et aménagement durable
204
L’évaluation, un processus en continu
205
Bâtiments et aménagement durable
206
L’évaluation, un processus en continu
Pour ce qui est de l’aménagement durable, nous nous situons dans le cadre
du développement durable.
De ce fait, la performance visée est l’ensemble des efforts réalisés pour améliorer
la gouvernance, réduire les impacts environnementaux, économiques et sociaux.
Pour les aspects économiques et sociaux, les résultats doivent être positifs :
►► améliorer l’économie en coût global du projet ;
►► avoir un effet positif sur l’environnement social du projet.
Un résultat ultime signifie qu’il s’agit d’une résultante d’efforts et non la description
de tous les efforts réalisés.
Comme dans tout projet, un projet d’aménagement durable résulte d’un certain
nombre d’activités, lesquelles s’inscrivent dans un système de gestion.
L’activité doit, pour être performante, s’inscrire dans le processus PDCA :
►► elle doit être planifiée ;
►► elle doit être mise en œuvre ;
►► elle doit être contrôlée ;
►► elle doit être enregistrée.
C’est à l’occasion de ces deux dernières actions – contrôle et enregistrement –
que l’on réalise la mesure de la performance. Un indicateur est avant tout un
instrument de mesure, quantitatif autant que possible, il devient qualitatif lorsqu’il
améliore la perception d’un élément comme le confort.
207
Bâtiments et aménagement durable
Dans les trois chapitres qui suivent nous développons plus particulièrement
le choix des indicateurs qui permettent de caractériser le site (indicateurs de
conditions du projet, indicateurs opérationnels du projet et évaluation de projet).
Tout indicateur doit être un instrument de mesure pour le décideur à son niveau,
soit pour évaluer une situation et donner une orientation (indicateur de conditions)
soit un indicateur de performance du projet (indicateur opérationnel), les
références sont issues du document de l’association HQE® sur l’aménagement
durable.
208
L’évaluation, un processus en continu
Pour couvrir une telle diversité, il s’agit de reprendre les enjeux relatifs au
développement durable pour faire un choix pertinent.
Les enjeux repris le guide de l’association HQE® de mars 2010 sont les suivants :
1. Changement climatique, maîtrise de l’énergie.
2. Biodiversité.
3. Ressource naturelle.
4. Santé et bien-être.
5. Cohésion sociale et territoriale.
6. Économie.
D’autres auteurs, ajoutent en tant qu’enjeu : les nuisances et les risques, ce
qui nous semble raisonnable. Nous avons vu que d’autres finalités peuvent
être choisies
Le Commissariat général au développement durable relie la stratégie
nationale aux 9 défis suivants :
►► Défi 1 : Consommation et production durable.
►► Défi 2 : Société de la connaissance.
►► Défi 3 : Gouvernance.
►► Défi 4 : Changement climatique et énergies.
►► Défi 5 : Transport et mobilité durables.
►► Défi 6 : Conservation et gestion durable de la biodiversité et des ressources
naturelles.
►► Défi 7 : Santé publique, prévention et gestion des risques.
►► Défi 8 : Démographie, immigration, inclusion sociale.
►► Défi9 : Défis internationaux en matière de développement durable et de
pauvreté dans le monde.
Pour décrire un territoire, nous disposons de nombreux indicateurs envi
ronnementaux notamment au travers de la norme NF P01-010 Qualité
environnementale des produits de construction – Déclaration environnementale et
sanitaire des produits de construction de 2004 et de ses différentes parties mais
également de la norme expérimentale de 2009 XP P01-020-3 Bâtiment – Qualité
environnementale des produits de construction et des bâtiments – Partie 3 :
évaluation des performances environnementales d’un bâtiment –Description
du résultat de l’évaluation, de la méthode d’évaluation et de leurs déclinaisons
à différentes étapes d’un projet.
209
Bâtiments et aménagement durable
Si l’on s’appuie sur les outils de mesure utilisés pour les analyses de cycle de
vie des produits, nous disposons également de données environnementales
relatives aux aspects suivants :
►► Pollution atmosphérique en m3 de poussières.
►► L’acidification atmosphérique en NOx émis.
►► La contribution au trou d’ozone (ozone photochimique).
►► La consommation d’eau en m3.
►► La pollution chimique de l’eau en demande chimique en oxygène (DCO).
►► Eutrophisation en demande biologique en oxygène (DBO).
►► Consommation des ressources non énergétiques non renouvelables
épuisables en kg antimoine.
►► Déchets dangereux en kg.
►► Déchets non dangereux et part de valorisation en kg et %.
►► Déchets inertes et part de valorisation en kg et %.
Le choix de ces indicateurs et de leur suivi dépend très étroitement de la
volonté du maître d’ouvrage, des enjeux développement durable du projet et
de la qualité intrinsèque du site.
D’autres indicateurs environnementaux peuvent être utilisés, comme ceux du
Commissariat général du développement durable109 qui a, pour sa part, retenu
les lignes d’action et indicateurs suivants.
210
L’évaluation, un processus en continu
b. Production de granulats.
c. Part de l’agriculture biologique dans la surface agricole utile.
2. Limiter et valoriser les déchets.
Indicateurs :
a. Évolution de la quantité de déchets ménagers collectés par habitant.
b. Taux de valorisation des déchets ménagers et assimilés.
211
Bâtiments et aménagement durable
212
L’évaluation, un processus en continu
213
Bâtiments et aménagement durable
Lignes d’action :
1. Favoriser le développement du capital humain et valoriser le potentiel
d’emploi.
Indicateurs :
a. Évolution du niveau de qualification des jeunes (15-29 ans).
b. Taux d’emploi.
2. S’adapter aux changements structurels de l’économie et répondre aux défis
de la mondialisation.
Indicateurs :
a. Taux de création et de survie à 5 ans des entreprises.
b. Ouverture à l’international : part des emplois appartenant à des établis
sements ou des entreprises dépendant de l’étranger.
3. Encourager des formes de compétitivité pour une croissance durable.
Indicateurs :
a. Potentiel de développement.
b. Taux de croissance du PIB réel régional par habitant.
c. Effort de recherche : dépenses de recherche et développement
rapportées au PIB.
Dans le cadre de la démarche HQE Aménagement™ et compte tenu de la
dimension moyenne des aménagements, nous préconisons d’utiliser les
indicateurs de conditions du développement durable qui permettent de mesurer
l’effet de levier sur le territoire communal ou intercommunal.
Les indicateurs du tableau 3.3, proposés par l’association HQE®, sont des
indicateurs de base, des indicateurs plus précis peuvent être choisis en fonction
de la spécificité du site. Il s’agit des indicateurs suivants :
Tableau 3.3 Indicateurs de la contribution énergétique du territoire
214
L’évaluation, un processus en continu
215
Bâtiments et aménagement durable
216
L’évaluation, un processus en continu
►► Du niveau d’éducation.
►► De l’accès aux services et à la santé.
►► De la répartition générationnelle.
►► Des conditions de vie et de logements.
Comme nous visons à identifier l’effet de levier sur le territoire, nous avons
choisi trois thèmes qui permettent de refléter l’apport de l’aménagement sur le
territoire, c’est-à-dire la contribution à l’emploi, à l’amélioration de l’éducation
et au niveau de revenu, trois thèmes forts.
Le taux d’emploi permet d’identifier les actions mises en place, y compris
en phase de chantier, les clauses d’insertion, qui supposent d’employer des
personnes en recherche d’emploi et en réinsertion, font partie des modalités
qui démontrent que le projet d’aménagement peut avoir un effet de levier pour
le territoire.
L’accès à l’éducation est un thème prioritaire du développement durable. Le
diplôme est un fait objectif qui permet de déterminer que les jeunes peuvent
accéder à un emploi.
La notion de pauvreté couvre diverses notions au travers la notion de revenu :
la pauvreté énergétique qui se développe compte tenu de l’éloignement des
lieux d’activité, de culture, d’emplois et d’éducation, la pauvreté qui ne permet
pas l’accès aux soins. D’autres indicateurs sont utilisables pour représenter
la réalité d’un territoire comme le nombre de personnes bénéficiaires d’aides
mais les chiffres du revenu sont les moins contestables.
217
Bâtiments et aménagement durable
intérieur brut non marchand (services fournis par les administrations pu
bliques et privées à titre gratuit ou quasi gratuit). Ce dernier est, par convention,
évalué à son coût de production. Le PIB est calculé à partir des valeurs ajoutées
fournies par les entreprises et des comptes des administrations.
Le PIB par habitant représente le niveau de vie de la population. Pour faire
levier sur le territoire, cet indicateur doit être mis en regard avec les dépenses
d’investissement de l’aménagement.
Bien entendu, la croissance durable est plus complexe que l’addition de la
valeur ajoutée et suppose un projet plus complet. Pour aborder les notions de
coût global, il faut prendre en compte les externalités du projet, c’est-à-dire
les aspects positifs et négatifs pour la société et le territoire du projet. Cela ne
peut pas se résumer à un seul indicateur mais en un croisement d’indicateurs.
218
L’évaluation, un processus en continu
219
Bâtiments et aménagement durable
Les indicateurs ci-après sont issus de la littérature112, ils utilisent les notions
d’indicateurs d’état (constat) et d’indicateurs de pression ce qui signifie que
l’indicateur a été choisi pour représenter la pression exercée par l’objet observé
sur le niveau global.
220
L’évaluation, un processus en continu
Indicateurs opérationnels :
►► Indicateurs d’état : Surface de bâti protégé « état 0 », nombre de ZPPAUP113,
suivi de l’étude sur les typologies urbaines, reportage et suivi de l’évolution
des paysages urbains.
Les zones de protection du patrimoine sont un point d’appui pour qualifier le
patrimoine du paysage urbain. Ce n’est pas le seul si l’on prend en compte les
aspects esthétiques, les couleurs et les éléments de bien-être. Cet indicateur
doit être complété par des indicateurs qualitatifs, plus subjectifs mais qui
font consensus dans le cadre d’une communauté de vie (identification des
éléments patrimoniaux, rattachement à l’histoire du lieu, etc.).
►► Indicateurs de pression : Surfaces dédiées aux patrimoines architecturaux
et surfaces dédiées aux paysages urbains.
Cet indicateur est plus difficile à manier car il suppose de geler des surfaces
aux profils du patrimoine architectural et paysager. Cela va à l’encontre
de l’évolution de la ville et de son nécessaire renouvellement. Les fouilles
archéologiques montrent que la ville s’est construite par strate, un élément
prenant appui sur les ruines antérieures, quel que soit l’objet (cathédrale,
fortifications, etc.) et que la notion de patrimoine est relative au consensus
culturel du moment.
221
Bâtiments et aménagement durable
fonction du lieu d’usage. Cet indicateur fortement utile pour lutter contre
l’effet d’îlot de chaleur, n’a pas été développé à ce jour en France. Les
valeurs à utiliser sont celles du référentiel LEED.
►► Pour les inondations à des niveaux extrêmes, l’indicateur est le nombre de
phénomènes de nature exceptionnelle identifié dans la période historique.
Il s’agit de prendre en compte les phénomènes météorologiques observés
dans l’histoire, sur la base des documents historiques locaux. La tempête
Xynthia a répété des phénomènes constatés de 5 à 10 fois pendant la
période historique, y compris des phénomènes de tsunami.
►► Pour le confort bioclimatique, l’indicateur prend en compte les orientations qui
utilisent au mieux la chaleur gratuite, protègent des vents froids dominants
et des pluies.
►► Le retrait gonflement des argiles s’exprime en % de sols argileux sur le
territoire.
Indicateurs opérationnels :
►► Le principal indicateur en aménagement pour le traitement de l’eau est la
quantité d’eau entrant sur le territoire (pluie et alimentation en eau potable)
exprimée en % de la quantité qui sort du site aménagé par le réseau pluvial
et le réseau d’eaux usées.
Cet indicateur couvre les différentes notions relatives au débit de fuite
du territoire mais également les mesures pour assurer l’infiltration ou
l’évaporation sur le site.
►► Un second indicateur opérationnel est le % d’eaux traitées sur le site par
des techniques alternatives (phytoremédiation ou lagunage).
Il s’agit d’inciter à mettre en œuvre des techniques douces de traitement
des eaux usées comme la phytoremédiation ou le lagunage.
222
L’évaluation, un processus en continu
Indicateurs opérationnels :
►► Émission kg eqCO2/km2. Il s’agit de représenter très précisément la contri
bution de l’aménagement en matière de gaz à effet de serre qui est la
résultante des actions par rapport à l’énergie et le climat. Certains préfèrent
le montant par habitant (en moyenne 6 t/habitant/an hors transports aériens)
mais cet indicateur est peu représentatif d’un site.
►► Pourcentage de la production énergétique durable par rapport aux besoins
sur le site. Il s’agit de souligner l’autonomie énergétique du site compte tenu
du recours aux énergies renouvelables.
Et ce, grâce aux indicateurs opérationnels. Pour les matériaux, il y existe deux
indicateurs qui reflètent la notion de déperdition des ressources naturelles non
renouvelables :
►► Indicateur énergétique en kWh/kg dans tout le cycle de vie des matériaux.
Malgré l’absence de définition réglementaire, nous préconisons d’utiliser
la notion d’énergie grise qui fait référence dans la littérature. Il s’agit de
l’ensemble des énergies finales nécessaires pour le produit dans toutes
les phases de son cycle de vie.
►► Indicateur non énergétique exprimé en coefficient d’épuisement d’antimoine
utilisé dans les fiches de données environnementales et sanitaires (FDES).
Cet indicateur tient compte des consommations de ressources énergétiques
ou non énergétiques (sauf l’eau) en pondérant chaque ressource par un
coefficient correspondant à un indice de rareté (l’antimoine a une valeur de 1
par convention). Une valeur supérieure à 1 pour une ressource indique que
223
Bâtiments et aménagement durable
l’on consomme une ressource plus rare que l’antimoine. Les ressources dont
la valeur de l’indicateur est très faible (inférieure à 0,001) sont considérées
comme non épuisables à l’échelle humaine. L’indicateur est calculé en
faisant la somme pondérée (par les coefficients de rareté) des quantités
consommées par le produit pendant tout son cycle de vie. Donc, plus cet
indicateur est grand plus le produit « épuise » les ressources. Il s’exprime
donc en kg antimoine équivalent.
►► Il est également possible, comme l’a fait Véronique Raisson114, d’utiliser les
tableaux d’épuisement des ressources connues à ce jour en fonction de la
consommation actuelle mondiale. La question à résoudre est de faire une
représentation de l’épuisement des ressources résultant de l’aménagement
dans la phase réalisation, c’est-à-dire lors de la réalisation de la ZAC ou
du lotissement, bâtiments compris.
114 Véronique Raisson, 2033, Atlas des futurs du monde, Éditions Robert Laffont, 2010.
115 Source : audit personnel.
224
L’évaluation, un processus en continu
225
Bâtiments et aménagement durable
Particules
Dioxyde de soufre Dioxyde d’azote
en suspension
Il provient des installations
de combustion Elles peuvent être
Il provient essentiellement (centrales thermiques, d’origine naturelle
de la combustion de chaudières…) et de la (volcanisme, érosion
Origine combustibles fossiles circulation automobile. éolienne…) ou
contenant du soufre : Cette dernière est anthropique (combustions
fuels, charbon… actuellement la principale industrielles ou
source d’émission en domestiques, véhicules).
France.
226
L’évaluation, un processus en continu
Particules
Dioxyde de soufre Dioxyde d’azote
en suspension
Les particules les plus
Dans l’air il peut former Il intervient dans le fines (taille inférieure à
de l’acide sulfurique qui processus de formation 10 micromètres) peuvent
contribue au phénomène d’ozone dans la basse transporter des composés
Pollutions
des pluies acides et à la atmosphère. Il contribue toxiques (sulfates, métaux
générées
dégradation de la pierre également au phénomène lourds, hydrocarbures…)
et des matériaux de des pluies acides par et pénètrent
certaines constructions. formation d’acide nitrique. profondément dans
l’appareil respiratoire.
C’est un gaz irritant et
toxique qui est associé
Il peut altérer la fonction
à diverses pathologies Les fines particules
respiratoire et provoquer
respiratoires. Il est peuvent, surtout chez
une hyperréactivité
notamment associé à des l’enfant et les personnes
bronchique chez
Effets troubles asthmatiques sensibles, altérer la
l’asthmatique. Chez les
sur la santé et peut augmenter les fonction respiratoire.
enfants, il peut augmenter
symptômes respiratoires Certaines particules
la sensibilité des
aigus chez l’adulte sont mutagènes et
bronches aux infections
(toux, gêne respiratoire), cancérogènes.
microbiennes.
et altérer la fonction
respiratoire chez l’enfant.
►► Nombre d’essences allergènes de niveau très fort présentes sur la zone/
par jour.
Les données exprimées dans les fichiers du RNSA sont des concentrations
journalières en nombre de grains/m3 d’air pour les pollens et en nombre de
spores/m3 d’air pour les moisissures116.
116 Les données sont disponibles par ville sur le réseau national de surveillance aérobiologique
(RNSA) : http://www.pollens.fr/widget/).
227
Bâtiments et aménagement durable
228
L’évaluation, un processus en continu
Indicateurs opérationnels :
►► ETP en insertion. ETP = équivalent temps plein, c’est-à-dire nombre de
postes aménagés en insertion ou en chantier-école réalisé dans le cadre
de l’aménagement.
►► Nombre de jeunes diplômés suite au chantier-école. Il s’agit de valoriser
l’efficacité du chantier-école.
►► Nombre de structures d’insertion créées. Il s’agit d’identifier la dynamique
sociale du territoire.
229
Bâtiments et aménagement durable
Indicateurs :
a. Couverture de la population par un Agenda 21.
b. Participation aux élections législatives au premier tour.
2. Renforcer la coopération et la solidarité entre territoires.
Indicateurs :
a. Budget de la coopération décentralisée (de l’ensemble des collectivités
territoriales).
b. Coopération intercommunale : part des dépenses des groupements de
commune dans le secteur communal.
Ces éléments ne sont pas suffisamment opérationnels pour pouvoir être intégrés
dans une démarche d’aménagement durable. Les indicateurs de management
ont pour objectif de faire la preuve de l’efficience de l’organisation du projet.
Ils sont représentatifs des aspects suivants :
►► La Gouvernance : le maître d’ouvrage du projet met en place une organisation
qui couvre tous les aspects environnementaux, sociaux et économiques du
projet. Cette organisation s’appuie sur une politique de développement
durable, explicite ou implicite. Elle est traduite en objectifs de développement
durable qui comporte les 3 volets environnementaux, sociaux et économiques.
Ces objectifs sont assortis d’indicateurs de performance qui permettent
de suivre la réalisation des objectifs. Nous retrouverons ces objectifs au
travers des 17 thèmes de la démarche HQE Aménagement™ qui structurent
la performance globale du projet.
La Gouvernance a pour objet de donner un cadre d’engagement au travers :
▼▼ du pilotage qui a pour support les indicateurs de gestion du projet ;
▼▼ de la participation qui structure les modalités de concertation et d’infor-
mation des parties prenantes ;
▼▼ de l’évaluation qui consiste à mesurer la performance globale du projet
à tous ces stades.
►► Le pilotage s’appuie sur les indicateurs de gestion du projet qui doivent
mesurer les performances relatives :
▼▼ Aux compétences mobilisées pour sa réalisation selon les rôles et
autorités déterminées.
>> L’évaluation de la compétence s’effectue en mesurant les points
suivants : Étendue des expériences professionnelles présentées et
mobilisées (il n’est pas rare, y compris dans les grands projets, de
voir désigner des chefs de projets – en stage de formation voire en
contrat d’apprentissage ingénieurs).
230
L’évaluation, un processus en continu
231
Bâtiments et aménagement durable
232
L’évaluation, un processus en continu
Données moyennes
Indicateur Unité
en France
Environnement
-- En France par habitant (hors
Émission de gaz à effet de
En kg eqCO2 /ha/an. transports aériens).
serre
-- 6 000 kg eqCO2 /an.
Consommation énergétique kWhep/m2 /an. Bâtiments 200 kWhep/m2 /an.
-- France : ENR/production
Production d’électricité issue énergie 7,7 %
kWhENR/kWh totaux.
des énergies renouvelables -- Électricité/ENR 13,4 % (dont
hydroélectricité 11,9 %).
Consommation énergétique
Recours aux bases de données
(énergie grise) pour le cycle de kWhep/m3.
des matériaux.
vie des produits
233
Bâtiments et aménagement durable
L’énergie grise des matériaux soit la somme de l’énergie nécessaire pour mettre
à disposition les matériaux (extraction, production, distribution) est exprimée
en volume. Il s’agit de provoquer une réflexion sur les matériaux qui doivent
être biosourcés pour réduire l’énergie grise mais également sur ceux issus de
recyclage ou de réutilisation.
Dans la mesure où les bilans gaz à effet de serre (GES) se généraliseront, il
sera possible de documenter de façon plus précise les éléments relevant du
scope 3 et notamment, les besoins énergétiques des composants des matériaux.
Un matériau est souvent issu d’une somme de composants qui le constituent
et pour lesquels, il est aisé de faire la somme des énergies nécessaires. Les
analyses de cycle de vie (ACV) donnent des informations essentielles et
surtout bien établies depuis 20 ans de travaux dans ce domaine. Voici, dans
le tableau 3.9, quelques exemples de valeurs117 exprimées en kg.
Tableau 3.9 L’énergie grise des matériaux
234
L’évaluation, un processus en continu
Les chiffres ci-dessus sont utiles pour le bâtiment, lequel représente 90 %
des impacts environnementaux d’une zone d’activité. Il est préférable d’utiliser
des valeurs en volumes, plus représentatifs des impacts environnementaux.
Le béton armé représente 1 850 kWh/m3.
Pour les aménagements, il faut comptabiliser pour :
►► les tuyaux en grès 3 200 kWh/m³ ;
►► les tuyaux en fibrociment 4 000 kWh/m³ ;
►► les tuyaux en PVC 27 000 kWh/m³ ;
►► les tuyaux d’acier 60 000 kWh/m³.
Les risques naturels doivent être identifiés dans le DICRIM. Si celui-ci n’existe
pas, l’aménagement est une bonne occasion de le réaliser.
Tableau 3.10 Les indicateurs et les unités pour le domaine des risques
Les risques naturels ne doivent pas être appréciés selon les standards usuels –
phénomène observé à 10 ans, 50 ans et 100 ans – mais doivent prendre en compte
les modifications de l’environnement, notamment du fait de l’imperméabilisation
et des effets du réchauffement climatique (modification des hauteurs d’eau). Des
recherches historiques peuvent aider à identifier des phénomènes qui paraissent
exceptionnels (tempête Xynthia 2010, coup de vent de décembre 1999).
Les déchets ménagers ou assimilables de type déchets industriels banals (DIB),
doivent être prioritairement recyclés. Il s’agit du gisement le plus important pour le
recyclage. Le recyclage consiste à développer une valorisation matière laquelle
fournit une ressource matière qui réduit d’autant les ressources non énergétiques
à extraire. Le seul écart à prendre en compte est l’énergie nécessaire pour
235
Bâtiments et aménagement durable
Les trois indicateurs sociaux cités nous semblent bien refléter l’aspect social
de l’aménagement.
Le taux d’emploi permet d’insister sur la contribution à l’emploi local de
l’aménagement et de souligner le niveau de mixité fonctionnelle de la zone
aménagée.
L’accès des jeunes à un niveau de terminale permet de montrer en quoi le
territoire est attractif pour créer des conditions favorables à la formation118.
Le niveau de pauvreté est un indicateur de plus en plus suivi pour connaître le
niveau d’effort à mener pour faire face à des situations individuelles difficiles.
Nombre d’entreprises
Croissance nette Taux de survie au-delà de 5 ans en 2008 :
ayant une durée de vie
des entreprises sur 5 ans 52 %
+ de 5 ans
236
L’évaluation, un processus en continu
Opération Opération
N° Indicateur Unité Objectifs
1 2
% surface en
Niveau
pleine terre après
2 d’imperméabilisation
aménagement et
atteint
construction
% emplois/population
4 Taux d’emploi
active
6 Compétences Ingénieurs/jours/an
Nombre personnes x
7 Revues de projet
nombre d’heures
Nombre participants/
8 Communication
réunions organisées
Le choix des top ten revient à l’aménageur pour son propre système de
management.
237
Bâtiments et aménagement durable
Objectifs Enjeux
1. Assurer une transition entre les pavillons existants et les futurs bâtiments A-G
2. Mélanger les typologies de logement pour répondre à la demande sans effet de masse A-B
3. Offrir des typologies, tailles et logements variés répondant aux besoins des différents
B-C
âges, structures de familles et revenus
4. Prévoir des espaces de promenade, des jeux pour différents âges et pratiques de loisirs C-E
7. Relier ancien bourg et nouveau quartier en favorisant la rencontre et veiller aux pentes
E
qui peuvent être un frein aux déplacements doux
11. Préserver l’identité du site par la qualité paysagère des haies et boisements G
13. Mailler les liaisons douces vers le bois, les écoles et la salle de sport F-E
238
L’évaluation, un processus en continu
Dès cette phase l’évaluateur doit se demander, par rapport à son commanditaire,
si les objectifs correspondent à des enjeux sous-jacents :
1. Répondre aux besoins diversifiés de logements du secteur.
2. Offrir un cadre de vie orienté vers la nature (la nature dans la ville).
3. Créer un lien fort entre l’ancien et le nouveau.
4. Favoriser les déplacements doux et les transports en commun.
Le commanditaire de l’évaluation peut être :
►► L’aménageur, afin de définir les lignes d’action à développer.
►► La collectivité, afin de définir les points forts et handicaps du site par rapport
aux objectifs « développement durable » qu’elle porte (système de référence).
239
Bâtiments et aménagement durable
Critères d’évaluation
Enjeux Objectifs
pertinents
Assurer une transition entre
Cohérence paysagère : forme,
les pavillons existants et les
couleur, implantation
futurs bâtiments
Densification avec des
Besoins de logements Mélanger les typologies de typologies de logements
différenciés logements pour répondre à la différentes (maisons de
demande sans effet de masse ville, collectifs avec espace
commun)
Typologie des logements par Typologies des logements
famille, taille, revenus proposés
Prévoir des espaces de
Offrir un cadre de vie orienté
promenade, des jeux pour
vers la nature (la nature dans Espaces dédiés aux loisirs
différents âges et pratiques
la ville)
de loisirs
Il ne s’agit pas de réécrire les enjeux mais d’identifier les domaines d’impacts
significatifs, de préciser les critères d’évaluation.
Ces critères établiront un lien entre les objectifs et les indicateurs. Dans la
littérature, on évoque également le terme facteurs d’impacts, à propos des
critères d’évaluation, lorsqu’il s’agit de mesurer les impacts d’un projet.
Critères d’évaluation
Objectifs Indicateurs
pertinents
Assurer une transition entre les Cohérence paysagère : a. Couleur dominante
pavillons existants et les futurs forme, couleur,
bâtiments implantation b. Retrait des constructions
240
L’évaluation, un processus en continu
Critères d’évaluation
Objectifs Indicateurs
pertinents
c. % T1, T2, T3, T4, T5 et +
241
Bâtiments et aménagement durable
▼▼ m2 construit/m2 imperméabilisés ;
▼▼ % PLUS ;
▼▼ % accession sociale ;
▼▼ % lots libres ;
▼▼ m 2
espaces loisirs/surface du site en m2.
►► 8 indicateurs opérationnels :
▼▼ couleur dominante ;
▼▼ retrait des constructions ;
▼▼ % T1, T2, T3, T4, T5 et + ;
▼▼ hauteur moyenne ;
▼▼ hauteur maximale ;
▼▼ % PLUS ;
▼▼ % accession sociale ;
▼▼ % lots libres.
Le fait de réaliser une telle classification conduit parfois à des doublons. Le
choix de l’affectation se fait en fonction des objectifs de l’évaluation :
►► Une évaluation visant à rendre compte (bilan de l’opération, par exemple) de
la réalisation des objectifs insistera plus sur des indicateurs opérationnels [les
indicateurs étant trop nombreux, il faut choisir le (ou les) plus significatif(s)].
En fonction de la volonté présumée de la collectivité, il est possible de
choisir les indicateurs suivants :
▼▼ % T1, T2, T3, T4, T5 et + ;
▼▼ % accession sociale ;
▼▼ % lots libres.
Les autres indicateurs ne disparaissent pas mais peuvent être utilisés pour
illustrer un thème ou bien nourrir l’évaluation pour une phase précise du projet.
►► Une évaluation qui vise à déterminer l’effort mis en œuvre dans le cadre
de l’approche (approche contextuelle) insistera plus sur les indicateurs de
conditions. Il s’agit de faire référence dans ce cas à la mise en œuvre des
objectifs de la collectivité. Il faudra alors faire les choix les plus proches
des enjeux de la collectivité.
Exemple d’objectifs définis :
▼▼ Un projet en bordure de ville.
▼▼ Un vaste secteur d’habitat social à proximité.
▼▼ Un ancien centre-bourg et un habitat pavillonnaire relativement ancien
en bordure de projet.
242
L’évaluation, un processus en continu
243
Bâtiments et aménagement durable
►► Les données clés de l’évaluation. Elles sont souvent données sous la forme
de tableau de bord reprenant des éléments significatifs. Un exemple (très
détaillé voire trop détaillé) est donné au tableau 3.17.
►► Une synthèse relative aux objectifs poursuivis décrivant les écarts entre
ceux-ci et les résultats obtenus :
▼▼ elle peut prendre une forme de figure comme celle employée pour
l’exercice J ;
▼▼ prendre la forme d’un compte rendu ;
▼▼ prendre la forme d’une liste de préconisations.
244
L’évaluation, un processus en continu
245
Bâtiments et aménagement durable
119 Ces cinq finalités sont issues du « Cadre de référence pour les projets territoriaux de
développement durable dont les Agendas 21 locaux du ministère de l’Écologie », et explicitent
« l’objectif de développement durable » à l’article L. 110-1 du Code de l’environnement selon
l’article 253 loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant sur l’engagement national pour
l’environnement.
246
L’évaluation, un processus en continu
247
Bâtiments et aménagement durable
120 Guide méthodologique pour l’application de la loi organique relative aux lois de finances
du 1er août 2001.
248
L’évaluation, un processus en continu
Espace extérieur privatif proposé par logement % sur surface utile des logements
249
Bâtiments et aménagement durable
OBJECTIFS
CRITÈRES
INDICATEURS
Les critères d’évaluation font le lien entre les objectifs et les indicateurs, il existe
souvent une confusion entre les critères d’évaluation exemple : consommation
d’énergie et l’indicateur kg CO2 /habitant.
Un critère d’évaluation est :
►► Tout simplement un élément d’appréciation sur lequel on va pouvoir s’appuyer
pour apprécier ou juger la valeur de l’action, des résultats ou de la méthode.
►► Dans la réalisation d’un objectif ou d’un projet, il vaut mieux s’appuyer
sur plusieurs critères d’évaluation que sur un seul pour évaluer de façon
pertinente.
Un indicateur est avant tout un instrument de mesure, quantitatif autant
que possible, il devient qualitatif lorsqu’il améliore la perception d’un élément
comme le confort.
250
L’évaluation, un processus en continu
Les critères d’évaluation fondent les indicateurs par rapport aux enjeux à
prendre en compte et aux références du maître d’ouvrage.
Il est essentiel que les critères d’évaluation soient validés par le commanditaire
de l’évaluation (l’aménageur ou la collectivité) car ils sont porteurs de valeurs.
Prenons l’exemple suivant :
Valorisation des espaces non Valoriser les espaces % non bâti aménagé de façon
bâtis des domaines privés privés gérés durablement douce
Créer un ensemble
Intégration dans le plan de
harmonieux avec % surface bâtie sur site
composition
l’existant
251
4
Un habitat
dans des quartiers
qui évoluent121
121 « Habitat urbain du Grand Ouest 2011 », étude non publiée conduite avec TMO Régions Rennes
avec Fabien Schlosser, chef de projet avec lequel nous avons été très complémentaires pour
les sociétés publiques locales d’aménagement (SPLA) du Grand Ouest (Nantes, Angers,
Brest, Rennes), 2011.
Bâtiments et aménagement durable
La prospective est une démarche, car pour être efficace, elle doit être itérative
et se fonder sur des successions d’ajustements et de corrections (en boucles
rétroactives) dans le temps, notamment parce que la prise en compte de la
prospective par les décideurs et différents acteurs de la société modifie elle-
même sans cesse le futur. » (Wikipédia)
L’étude que nous avons conduite correspond très exactement à cette définition.
Les études prospectives ont pour champ d’action de définir les grandes lignes
des modes d’intervention pour le futur. Elles supposent :
►► La définition d’un sujet bien défini dans son cadre, ses limites et pour la
présente étude : l’habitat urbain du Grand Ouest. Les considérations
développées dans ce rapport ne sont relatives qu’à ce sujet.
►► Une identification des tendances actuelles du sujet : il s’agit d’une description
quantitative et qualitative issue des études, documents et entretiens conduits
auprès des référents.
►► Une méthodologie d’analyse des rapports de force des acteurs et leur
capacité à se mobiliser pour des objectifs identifiés : l’analyse structurelle.
Cette analyse est toujours conduite avec les représentants des porteurs
de la commande : les EPLA du Grand Ouest.
Le document est structuré autour des trois parties suivantes :
►► Les thèmes principaux relatifs à l’habitat urbain dans le Grand Ouest.
►► L’analyse structurelle, méthodes et résultats des rapports entre les acteurs.
►► Les objectifs que pourraient porter les acteurs.
Pour aboutir à un ensemble cohérent, nous avons tenté (mais non réussi, car
cela dépassait le cadre de notre étude) à déterminer les ressources à mobiliser.
Un travail important de prise en compte par les différentes EPLA reste à faire,
pour pouvoir mettre en place les actions cohérentes résultant de cette étude.
La première partie développe les principaux thèmes relatifs à l’habitat urbain
dans l’Ouest autour :
►► D’une vision qualitative et quantitative des problématiques liées à l’habitat
urbain dans le Grand Ouest, de la vision macroéconomique aux perspectives
d’évolution par commune (y compris l’étude qualitative).
►► Les attentes exprimées par les acteurs en direction des EPLA répondant
à la question : Quel devrait être l’apport des EPLA à l’évolution de l’habitat
urbain du Grand Ouest ?
La seconde partie est relative à la mise en œuvre de l’analyse structurelle :
►► L’approche méthodologique, c’est-à-dire les acteurs, leur positionnement,
l’évolution de ce positionnement. Un premier niveau de résultats, quant
254
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
255
Bâtiments et aménagement durable
Olivier Piron s’appuie sur des faits, qui décrivent une évolution disparate
entre d’une part les agglomérations qui attirent et celles qui attirent moins.
Toutefois, le plus fort taux de progression va en direction des C2, c’est-à-dire
des communes rurales. Ce phénomène s’explique :
►► Par la disponibilité des terrains qui ont permis de faire venir un afflux de
population.
►► L’attrait maison + jardin + clôture, concept de l’indépendance et de l’art de
(bien ?) vivre.
►► La volonté politique de conduire la population vers la propriété immobilière.
256
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Unité
Parc Résidences Résidences Logements Taux
Milliers de logement principales secondaires vacants d’occupation
de logement
Zone A 5 475 4 662 357 455 2,34
Variation 99-06 4,80 % 7,20 % 5,40 % -20,80 %
Zone B1 5 910 5 097 408 405 2,28
Variation 99-06 8,20 % 10,10 % 6,00 % -13,70 %
Zone B2 6 234 5 264 593 379 2,32
Variation 99-06 8,40 % 8,80 % 7,00 % 4,80 %
Zone C1 3 858 3 300 286 271 2,31
Variation 99-06 8,60 % 8,30 % 3,70 % 17,60 %
Zone C2 7 229 5 491 1 258 480 2,5
Variation 99-06 10,80 % 12,10 % 5,50 % 9,30 %
Total 28 705 23 814 2 903 1 990 2,36
Variation 99-06 8,30 % 9,50 % 5,70 % -2,00 %
257
Bâtiments et aménagement durable
►► La zone C2 a été la plus dynamique, avec un rythme modéré pour les loge
ments vacants. L’évolution des résidences secondaires y est faible, sans doute
parce que leur transformation partielle en résidence principale est venue
contrebalancer en partie la construction de nouvelles résidences de ce type. »
Des phénomènes récents ne sont pas traduits dans ce tableau. La vacance
risque d’être fortement augmentée dans les petites villes (C1), du fait des
constructions défiscalisées type Scellier, lesquelles ont été faites en fonction
des potentiels d’investissements et de mobilisation des fonds privés, sans tenir
compte du marché local locatif et de sa solvabilité.
Année 2007
Communes Unités urbaines Unités urbaines Île-de-France Total
En milliers Inférieur Supérieur
de logements Rurales à 100 000 à 100 000
habitations habitations
Individuel 7 392 6 190 3 622 1 275 18 479
Collectif 795 2 832 5 707 4 618 13 953
Total 8 187 9 023 9 329 5 893 32 432
Pourcentage
90 % 69 % 39 % 22 % 57 %
individuel
258
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
de gestion des espaces, pour obtenir des espaces partagés entre logements,
commerces, activité, loisirs, culture sont une vue de l’esprit et que les actions
qui seront conduites sur ce thème, le seront à la marge. Il s’agit notamment du
thème 8 sur la mobilité fonctionnelle qui devient obsolète et marginal.
Tableau 4.4 Le rééquilibrage actuel
259
Bâtiments et aménagement durable
Artisans,
Agriculteurs Cadres, Prof. Prof.
Comm., Employés Ouvriers Ensemble
exploitants intel. sup. intermédiaires
Chefs entr.
Zone A 0,10 % 4,70 % 25,00 % 25,80 % 29,00 % 15,50 % 5 816 920
Zone B1 0,30 % 5,10 % 17,70 % 26,80 % 30,00 % 20,10 % 5 868 833
Zone B2 0,70 % 5,10 % 11,70 % 24,40 % 31,20 % 26,90 % 5 944 804
Zone C1 1,40 % 5,90 % 9,10 % 21,50 % 30,70 % 31,50 % 3 610 478
Zone C2 5,90 % 6,80 % 8,30 % 21,30 % 27,30 % 30,50 % 7 065 402
Total 1,90 % 5,50 % 14,50 % 24,00 % 29,40 % 24,60 % 28 306 437
« Ce tableau montre quelles sont les activités des actifs entre 15 et 64 ans par
zone. On voit clairement que la région Île-de-France concentre très fortement ce
qu’on appelle parfois les emplois métropolitains supérieurs, mais que les ouvriers,
et notamment ceux de production, sont d’abord en zone C. Et l’agriculture est
essentiellement en C2. »
Tableau 4.6 Emplois exercés dans les diverses zones en 2006
Commerçants,
Emplois
Agriculteurs Chefs Cadres Prof. Prof.
au lieu Employés Ouvriers
exploitants entreprise, intel. sup. intermédiaires
de travail
artisans
Zone A 5 672 749 0,10 % 4,80 % 26,40 % 26,50 % 27,90 % 14,30 %
Zone B1 5 997 780 0,40 % 5,10 % 17,80 % 27,80 % 29,30 % 19,60 %
Zone B2 5 736 397 0,80 % 5,40 % 12,30 % 25,70 % 30,40 % 25,40 %
Zone C1 4 039 604 1,40 % 6,10 % 10,00 % 23,20 % 30,00 % 29,40 %
Zone C2 3 814 640 10,90 % 9,40 % 6,20 % 16,80 % 24,10 % 32,50 %
Total 25 261 171 2,20 % 5,90 % 15,50 % 24,60 % 28,60 % 23,20 %
« Ce tableau, qui explicite les emplois au lieu de travail, c’est-à-dire l’offre d’emplois
dans ces zones, montre bien la concentration des emplois dits supérieurs en
zone A et B1, c’est-à-dire les grandes agglomérations, et à l’inverse la localisation
des usines en zone C. Le discours antiétalement urbain, classiquement tenu par
des cadres supérieurs et intellectuels habitants en zone B1 et B2 à propos des
périurbains, et notamment d’ouvriers travaillant en zone C peut donc bien être
considéré comme un discours de classe. Il est d’ailleurs logique que les activités
industrielles de production, chassées des villes, notamment pour des raisons
de densification comme d’environnement, se retrouvent à la campagne, avec
les ouvriers qui y travaillent. Peut-on le leur reprocher ? Entre 1999 et 2006 les
emplois salariés des différentes zones ont évolué à la même vitesse. »
Olivier Piron oublie de souligner l’évolution forte de la nature des emplois,
plus tertiaires qu’industriels en 2012, 76 % des emplois sont dans le secteur
260
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
« Le travail ne fait que 21 % des motifs de déplacement, en zone urbaine comme
en zone rurale. La durée moyenne est plus courte en zone rurale, mais la distance
à vol d’oiseau a augmenté. »
Nous approfondirons ce thème dans les pages qui suivent. Ce constat est
incontestable, toutefois, ce qui est le plus intéressant concerne la nature des
déplacements et le fait que ceux-ci sont variés dans leur nature et dans le
parcours. La distance à vol d’oiseau est contournée par le fait qu’à l’intérieur
des banlieues, les déplacements sont transversaux et non en étoile par rapport
au centre de l’agglomération.
« Le poids global des transports collectifs doit y être relativisé par rapport à
une certaine image Et globalement, et contrairement à certains discours à
base idéologique, les déplacements sont en moyenne plus courts en zone
rurale, notamment grâce à l’utilisation de la voiture. Les choix de localisation
des ménages semblent donc rationnels, en intégrant tous les facteurs. Aucun
des tableaux ci-dessus ne prend vraiment en compte l’influence des loisirs tant
hebdomadaires qu’annuels, ni plus globalement les modes de vie. Or c’est en
définitif le facteur décisif. »
261
Bâtiments et aménagement durable
Véhicule
Marche Transports
particulier Ensemble
ou vélo en commun
à moteur
Ensemble rural
et faiblement urbanisé
Répartition (%) 2008 19 76 5 100
Durée du déplacement (minutes) 2008 14 17 36 17
Évolution de la durée 1994-
11 7 - 7 6
du déplacement (%) 2008
Évolution de la distance à vol 1994-
ns 11 - 13 12
d’oiseau (%) 2008
Ensemble grandes agglomérations
Répartition (%) 2008 33 55 12 100
Durée du déplacement (minutes) 2008 14 17 40 19
Évolution de la durée 1994-
1 1 10 2
du déplacement (%) 2008
Évolution de la distance à vol 1994-
ns 0 10 - 1
d’oiseau (%) 2008
Champ : déplacements locaux un jour de semaine des individus de 6 ans et plus habitant en France métropolitaine.
Olivier Piron retrouve son ton de haut fonctionnaire, cultivé à l’once de l’auto
mobile et des autoroutes, bien qu’il ne soit pas ingénieur des Ponts. Dans
les ensembles non urbanisés, les déplacements semblent élevés en durée
d’autant plus que les zones rurales connaissent un fort vieillissement de la
population. Notre analyse est assez différente et nous ne craignons pas d’être
taxés d’avoir une vision idéologique ou plus exactement prospective. En effet,
dans les zones faiblement urbanisées, la voiture est un choix imposé et non
une liberté en raison :
►► De la faiblesse des transports en commun.
►► De l’absence des services de proximité, soins médicaux, services publics.
►► De la difficulté à organiser le covoiturage.
C’est cette population que nous considérons comme étant en grande fragilité
énergétique. Nous verrons que l’analyse sur le Grand Ouest confirme ces
analyses. « Les quatre séries de chiffres du tableau [ci-contre] sont présentées
de façon homogène :
►► Le parc de logement en 1999, puis le parc de résidences principales à cette
même date.
►► Etles taux de croissance, sur l’ensemble de la période, respectivement du
parc global, puis celui des résidences principales.
262
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Finistère
parc log 99 R.P. 99 croissance parc croissance R.P.
Brest 76 941 70 552 3,20 % 2,50 %
B2 114 453 93 902 14,00 % 11,20 %
C1 141 126 113 043 11,80 % 9,60 %
C2 104 855 80 983 11,60 % 11,00 %
Total 437 375 358 480 10,80 % 8,90 %
Ille-et-Vilaine
parc log 99 R.P. 99 croissance parc croissance R.P.
Rennes 108 053 99 462 5,20 % 6,80 %
B1 101 854 87 317 13,30 % 13,80 %
B2 22 476 15 330 16,20 % 18,60 %
C1 72 288 65 452 14,20 % 14,10 %
C2 104 078 87 138 15,50 % 18,60 %
Total 408 749 354 699 12,00 % 13,30 %
Loire-Atlantique
parc log 99 R.P. 99 croissance parc croissance R.P.
Nantes 142 445 130 582 7,50 % 8,80 %
B1 156 860 124 942 11,10 % 11,40 %
B2 99 256 67 981 13,30 % 15,20 %
C1 76 320 69 611 17,00 % 18,00 %
C2 77 510 67 642 19,50 % 22,10 %
Total 552 391 460 758 12,60 % 13,80 %
Maine-et-Loire
parc log 99 R.P. 99 croissance parc croissance R.P.
Angers 76 523 70 810 5,60 % 7,10 %
B2 74 658 70 822 9,80 % 10,30 %
C1 109 180 95 591 12,60 % 14,40 %
C2 56 099 51 089 9,00 % 8,80 %
Total 316 460 288 312 9,60 % 10,60 %
263
Bâtiments et aménagement durable
Le reste, classé par l’administration en zone C, est subdivisé pour les besoins
de l’analyse, en deux parties :
►► C1, qui regroupe les communes de plus de 1 000 résidences principales
restantes après les classements en B1 et B2, dont Morlaix, Fougères,
Châteaubriant ou Saumur.
►► C2 regroupent toutes les autres communes, ayant toutes en fait moins
de 2 500 habitants.
L’examen des tableaux révèle que :
►► Dans le Finistère, la croissance du parc de logement a été un peu plus
rapide que celle des résidences principales, ce qui dénote une certaine
détente du marché du logement.
►► Par contre, la situation a été inverse dans les autres départements : l’augmen
tation un peu plus rapide du parc de résidences principales provient d’un tirage
sur le parc de résidences secondaires ainsi que d’une stabilisation en valeur
absolue, donc une réduction en valeur relative, du parc de logement vacant.
Par ailleurs, chaque fois la croissance de la commune chef-lieu a été plus faible
que celle du département, les chiffres de croissance les plus élevés se trouvant
d’habitude en zone C2. Par contre, on ne retrouve pas dans ces agglomérations
ce qu’avait indiqué une analyse conduite au niveau national à savoir une faible
évolution des communes en C1 – les petites communes urbaines isolées – par
rapport au reste du milieu rural. Visiblement ces communes ont su ici conserver
un attrait spécifique débouchant sur une augmentation sensible de leur parc
de logement, ainsi que de leur population. »
Nous verrons dans la suite de l’étude que cette vision macroéconomique,
représentative de la gouvernance républicaine ne permet pas de représenter
la complexité de la problématique des villes moyennes ; Brest et Angers d’une
part et les agglomérations de Rennes et de Nantes, d’autre part.
264
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
123 Selon Jean-Pierre Orfeuil, la distance moyenne parcourue chaque jour par chaque Français
a été multipliée par 6 en 50 ans : de 5 km en 1950 à 30 km en 1995, chaque Français passe
en moyenne une heure en déplacements. En outre, il indique une croissance de 3,5 %/an
des échanges au sein des banlieues nouvelles et des espaces périurbains.
265
Bâtiments et aménagement durable
►► Un risque social pour les ménages les plus modestes souhaitant à tout prix
acquérir (éloignement, prix du carburant).
►► Une montée des inquiétudes sociales face à l’incapacité à s’assurer sur
l’avenir à travers le logement.
Dans ce contexte, un premier enjeu de l’étude consistait à observer les
dynamiques sociodémographiques et spatiales qui structurent le marché de
l’habitat à l’échelle des quatre aires urbaines d’Angers, Brest, Nantes et Rennes,
à partir de six types d’indicateurs :
►► l’évolution du nombre d’habitants ;
►► l’évolution du nombre de ménages ;
►► l’âge des habitants ;
►► la taille des ménages ;
►► la catégorie socioprofessionnelle des habitants ;
►► l’écart type des revenus fiscaux par unité de consommation124.
4.3.1 Méthodologie
Afin de procéder à l’analyse des évolutions sociodémographiques récentes
et futures sur les quatre territoires du champ d’étude, il importait de recourir à
des découpages géographiques pertinents avec la problématique soulevée.
Le principe général a consisté à définir un minimum de deux zones pour chacun
des quatre pôles urbains cibles : Brest, Rennes, Nantes, Angers.
►► L’aire urbaine : il s’agit d’un ensemble de communes, d’un seul tenant et
sans enclave, constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou
unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population
résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes
attirées par celui-ci (définition INSEE). Cet espace, parce qu’il est structurant
en termes d’activité et de captation des populations en emploi (navettes
domicile-travail), constitue une première maille d’analyse.
►► Le découpage politique correspondant à l’agglomération : cet espace,
compris dans l’aire urbaine, porte les orientations politiques des grands
pôles urbains en termes d’habitat (PLH) et doit donc, à ce titre, être distingué.
Hormis ces deux zones, des découpages supplémentaires ont pu être ajoutés
selon les configurations propres à chaque pôle.
124 Le Revenu par unité de consommation (RUC) est égal au revenu mensuel du ménage divisé
par le nombre d’unités de consommation. La personne de référence du ménage compte
pour 1, un autre adulte ou un enfant de plus de 14 ans compte pour 0,5, un enfant de moins
de 14 ans compte pour 0,3. Un ajout de 0,2 est réalisé pour les familles monoparentales.
266
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
267
Bâtiments et aménagement durable
Évolution
Population Population Évolution Évolution
Zone absolue
1999 2006 absolue relative
annuelle
Pays de Brest 374 740 384 612 + 9 872 + 1 410 + 2,6 %
Aire urbaine de Rennes 521 188 571 753 + 50 565 + 7 224 + 9,7 %
Aire urbaine de Nantes 711 120 763 118 + 51 998 + 7 428 + 7,3 %
Aire urbaine d’Angers 332 624 345 305 + 12 681 + 1 812 + 3,8 %
Total 1 939 672 2 064 789 + 125 117 + 17 874 + 6,5 %
268
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Si l’on prend en compte à présent les données en valeur absolue pour les
quatre territoires, le dynamisme démographique des aires urbaines de Nantes
et de Rennes est particulièrement important, conséquence de la conjonction
d’un solde naturel et d’un solde migratoire positifs.
269
Bâtiments et aménagement durable
270
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
supérieur en Bretagne qui minore les migrations des 20-29 ans compa
rativement aux Pays de la Loire.
►► On observe enfin la plus grande attractivité de la Bretagne auprès des 60 ans
et plus.
Tableau 4.14 Taux annuels de migration régionale nette 1999-2004
selon l’âge (sur 10 000 habitants)
Population
60 ans
totale 20-29 ans 30-39 ans 40-59 ans
ou plus
de 5 ans ou plus
Bretagne 47,2 -57,8 88,4 56,7 51,5
Pays de la Loire 24,8 -104,1 72,4 36 34,6
126 Nombre de personnes âgées de 60 ans et plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans.
271
Bâtiments et aménagement durable
►► La part des 20-29 ans est la plus importante dans les villes-centres en lien
avec leur offre éducative et professionnelle.
►► La part des 40-59 est la plus importante au sein des couronnes périurbaines
dans le périmètre des agglomérations. Cela peut s’expliquer par la conjonction
de deux phénomènes : le vieillissement de ménages qui ont suivi le mou
vement de périurbanisation à ses débuts (anciens primo-accédants) d’une
part, l’arrivée de ménages suffisamment aisés pour accéder à la propriété
sur ces territoires (primo-accédants ou non) d’autre part.
Tableau 4.15 Répartition de la population par groupe d’âges en 2006
pour chaque zone d’analyse ainsi que pour chaque ville-centre
272
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Nous constatons une attractivité fortement différenciée entre les villes et pour
les régions.
273
Bâtiments et aménagement durable
Ménage
Ménage Ménage
Zone de 3 personnes Total
de 1 personne de 2 personnes
et +
Zone 3 : le reste de l’aire urbaine, secteur Nord 23 % 32 % 45 % 100 %
Zone 4 : le reste de l’aire urbaine, secteur Est 22 % 31 % 47 % 100 %
Zone 5 : le reste de l’aire urbaine, secteur Sud 22 % 31 % 47 % 100 %
Zone 6 : le reste de l’aire urbaine, secteur Ouest 23 % 33 % 45 % 100 %
274
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Ménage
Ménage Ménage
Zone de 3 personnes Total
de 1 personne de 2 personnes
et +
Ville de Nantes 50 % 28 % 23 % 100 %
1 couronne de Nantes
re
28 % 34 % 38 % 100 %
275
Bâtiments et aménagement durable
127 Richard Florida, The Rise of the Creative Class, Basic Books, 2012.
276
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
277
Bâtiments et aménagement durable
128 Enjeu de production du logement locatif social et de l’accession sociale mais également
enjeu d’une offre immobilière à prix intermédiaire, dans le secteur locatif et l’accession libre.
278
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Ces facteurs sont sources d’incertitudes pour l’avenir des politiques locales
d’habitat. Néanmoins, nos interlocuteurs ont également identifié un certain
nombre de freins locaux à la dynamique de développement de l’habitat durable.
Ces freins sont liés au positionnement et au jeu des acteurs locaux de l’habitat,
en particulier :
►► Les communes gardent une forte autonomie d’aménagement et un atta
chement à leur centralité (les centres-bourgs et leur offre de commerces
et services). Elles ont de fortes préoccupations d’équilibre budgétaire,
n’ont pas toujours les compétences adéquates et sont très attentives à la
demande des habitants.
►► Le monde agricole cherche à optimiser sa plus-value sur le foncier.
279
Bâtiments et aménagement durable
280
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
281
Bâtiments et aménagement durable
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Un habitat dans des quartiers qui évoluent
283
Bâtiments et aménagement durable
« Les aménageurs, qu’ils nous foutent la paix ! Bon, il y a plusieurs choses […]
par rapport aux aménageurs, il faut déjà qu’ils composent leur plan-masse en
tenant compte d’un certain nombre de choses, notamment l’orientation des
bâtiments, on a la conviction que pour qu’un bâtiment soit le plus économique
possible à construire et le plus agréable à habiter ce sont 3 critères : appartement
traversant, desserte de ces appartements par l’extérieur en coursive pour ne
pas perdre de place au milieu de l’immeuble et avec un minimum de fioriture
architecturale. Mais pour pouvoir faire ça, il faut que votre immeuble ne soit pas
orienté nord-sud… donc déjà quand vous avez des contraintes de positionnement
du bâtiment vous pouvez perdre énormément, donc vous avez beau faire tous
les efforts que vous voulez vous n’y arriverez pas ! Et quand nous on leur dit sur
ce terrain-là on aimerait changer pour prendre en compte l’orientation et tout…
Mais non c’est le plan-masse, etc. Et c’est un handicap terrible ! Une autre chose
c’est l’obligation de parking sous terrain, s’ils nous demandent des R + 2 avec
des parkings sous terrains on ne peut pas faire plus cher, il faut au moins R + 3
ou 4 pour que les parkings sous terrains soient amortis. Si vous avez un R + 2
avec ascenseur et sous-sol, on ne sait pas faire des bâtiments comme ça pas
chers ! C’est là où il faut qu’entre promoteurs et aménageurs on puisse discuter
de tout ça alors que le cahier des charges de la ZAC est tellement précis… »
(Promoteur)
En somme, les pratiques des SEM leur semblent trop basées sur la primauté
des règles, des plans papier et des maquettes et pas assez sur la concertation
et la négociation avec les parties prenantes, pour tenir compte des contraintes et
processus de construction ainsi que du futur vécu des lieux. Elles chercheraient
à s’assurer du respect des exigences des métropoles par une surréglementation
plutôt que par l’ingénierie du projet.
Autre critique formulée essentiellement par les métropoles, leur sentiment d’une
primauté donnée aux préoccupations communales par les SEM avec parfois
des difficultés à :
►► accepter l’intrusion des services des agglomérations dans la relation avec
les maires périurbains ;
►► diffuser les préoccupations communautaires.
« On voudrait être plus systématiquement associé par les SEM lorsqu’elles
ont des opérations sur “l’agglo” en tant qu’acteur identifié compétent sur la
programmation. C’est quelque de difficile car les SEM et les communes n’ont
pas le réflexe de nous solliciter. » (Angers Loire Métropole)
Les métropoles expriment ainsi leur souhait d’être davantage associées aux
travaux des SEM et de pouvoir s’appuyer sur elles comme de véritables relais
284
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
285
Bâtiments et aménagement durable
286
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
287
Bâtiments et aménagement durable
à des logements abordables, mais c’est très difficile à faire car ça reste très
théorique et d’une opération d’aménagement à l’autre il y a des critères qui
changent, comme la topographie. Il faut que l’on échange davantage là-dessus
entre les différents intervenants, c’est aussi le travail des SEM et de tous les
professionnels du bâtiment de trouver des solutions techniques de construction
qui vont permettre de tirer les coûts vers le bas et permettre d’avoir la même
qualité de logement. Donc c’est le travail sur les matériaux, le travail avec les
urbanistes et les “archis”, etc. » (Angers Loire Métropole)
Un exemple donné est l’élargissement des fenêtres pour passer les plaques
plutôt que de les monter par les étages. Cela représenterait une économie
de 20 à 30 % du coût de la main-d’œuvre de pose des plaques.
En outre, partant du constat de pratiques architecturales parfois contradictoires
avec les objectifs de prix et de développement durable, un second enjeu
consisterait à engager une concertation entre promoteurs, entreprises de
bâtiment, architectes et aménageurs pour :
►► Identifier
des modes de construction et des conceptions architecturales
économes.
►► S’assurer d’une performance globale optimisée du bâti.
Parmi les exemples donnés par nos interlocuteurs on retrouve :
►► l’orientation du bâti est/ouest ;
►► les logements traversants ;
►► les dessertes par l’extérieur ;
►► la maîtrise des terrassements ;
►► la limitation des garages en sous-sol en mutualisant à l’échelle d’une même
opération les places en extérieur ;
►► la simplicité de l’architecture (prix du gros œuvre, déperditions de chaleurs) ;
►► …
Enfin, ces réflexions sur la réduction du coût global de l’habitat auraient intérêt
à inclure les coûts de gestion de l’habitat liés à la maintenance mais également
à l’utilisation, ce qui demande le développement de mesures (thermique…).
Une démarche de concertation renforcée dans le processus d’élaboration
des ZAC.
Cette démarche de concertation devrait inclure notamment les SEM, les
métropoles, les communes, les promoteurs, les bailleurs sociaux et les
architectes urbanistes.
288
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
« Il reste à développer une association qui soit systématique. Mais ce n’est
pas forcément sur tout le temps de l’opération, c’est à des phases précises
comme la discussion sur la programmation des tranches, sur les attentes en
termes de programmation pour chaque lot, cahier des charges, etc. » (Angers
Loire Métropole)
« Avec la SEM, sur tous les projets importants qui vont venir, ce serait d’avoir
plus en amont les perspectives d’intervention sur ces secteurs, se rencontrer
plus régulièrement, se fixer des objectifs communs, travailler ensemble plus en
amont, pour concevoir des projets plus en amont. » (Brest Métropole Habitat)
Il s’agirait en premier lieu pour ces acteurs de se concerter en amont des
opérations :
►► Sur la localisation de l’habitat, notamment en fonction des zones d’emploi
et des transports en commun.
►► Sur les principaux objectifs des opérations et leurs critères d’aménagement,
en fonction des études stratégiques préalables réalisées par les SEM.
S’agissant de la concertation sur la localisation des ZAC, certains interlocuteurs
au sein des métropoles ont mis en exergue le besoin d’accentuer la concertation
avec les communes pour renverser les logiques de prix du foncier dans les
zones les plus attractives.
En particulier, ils ont avancé l’idée de rendre le foncier moins cher à proximité
des gares de TER ou des stations de bus et d’y implanter en priorité les ZAC
plutôt que de disséminer les objectifs de production sur l’ensemble du territoire.
Les SEM pourraient plus globalement jouer un rôle de coordinateur des aména
gements à l’échelle d’une agglomération afin de veiller :
►► à l’intégration des enjeux métropolitains dans les opérations d’aménagement ;
289
Bâtiments et aménagement durable
« Si on revient au règlement de ZAC, il faut que ces règlements ne soient pas
trop durs de façon à ce que l’on trouve la bonne solution. C’est un peu comme
s’ils ne faisaient pas confiance aux promoteurs… et je ne suis pas sûr que ce
soit la bonne solution. Autant je pense que le dessin général d’une ZAC doit être
fait par l’aménageur pour savoir où est la circulation générale, les déchets et tout
ça… mais après ils devraient être beaucoup plus souples dans l’attribution de
parcelles. Et s’ils nous laissaient travailler avec les architectes que l’on veut…
parce que… moi je peux vous en calculer des surcoûts avec des architectes
qui ne comprennent pas ! Et en définitive c’est toujours le promoteur qui paye
l’addition. Les SEM peuvent avoir autorité sur l’aménagement sans avoir de
règlements aussi détaillés, elles peuvent bloquer un permis de construire !
Et puis je pense aussi qu’il faut peut-être de discussions entre promoteurs et
SEM. » (Promoteur)
« Il y a une commande publique de la commune qui doit respecter aussi les
politiques de “l’agglo”, mais après c’est du rôle de la SEM qui doit défendre
ces objectifs, car c’est elle qui commercialise les terrains, donc c’est à elle de
défendre ces objectifs. Mais tout le travail préalable et de définition de critères
et autres peut se faire autour de la table avec la commune, “l’agglo”, la SEM,
les urbanistes, les différents acteurs et autres. » (Angers Loire Métropole)
Les exigences des SEM pourraient alors s’appuyer sur leur expertise du
coût global des opérations et les enseignements issus des concertations
techniques de réduction de ce coût global.Cela consisterait ensuite à accorder
des délais suffisants aux concepteurs pour mener une réflexion approfondie
afin de répondre au mieux aux exigences des SEM, voire de s’associer des
compétences en sciences humaines pour faire correspondre, autant que faire
se peut, les propositions d’habitat aux attentes et besoins des populations.
290
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
tranches) avec les acteurs de la ZAC a été soulignée. Il s’agirait de mener des
évaluations régulières des opérations à partir d’objectifs et indicateurs précis
et d’un suivi des travaux. Par exemple, à partir d’un livre blanc, d’un tableau
de bord de déroulé de l’opération par étapes et par poste budgétaire, avec
points de vigilance et questions à se poser à chaque palier. Ces évaluations
pourraient inclure également des enquêtes de satisfaction et des enquêtes
sociales auprès des habitants de la ZAC. Ces évaluations pourraient ensuite
mener à des réajustements des projets en fonction des circonstances et des
évolutions du contexte local.
« L’évaluation c’est un retour avec indicateurs mais aussi des aspects plus
qualitatifs, comment ça fonctionne, pourquoi ça ne fonctionne pas ! Et comment
on bouge les choses. L’idée ce n’est pas d’être dans une bible immuable… Une
ZAC par exemple, 3 ans après, le marché va avoir vraiment changé, des produits
peuvent fonctionner, d’autres pas. » (Nantes Métropole)
291
Bâtiments et aménagement durable
« Les SEM estiment que tant qu’il n’y a pas d’habitants, elles ne trouvent pas
les commerces, et elles amènent les services à la fin, alors qu’il faudrait les
amener au début ! Et puis ce sont les finitions qui sont trop tardives… C’est
scandaleux ! Du type trottoirs… quitte à le faire à plusieurs reprises mais
honnêtement vous faites votre bâtiment, vous installez des gens et il n’est
pas rare que la finition autour du bâtiment qui ne vous appartient plus, vous
promoteur, soit faite 3 mois après, sans raison ! Ça provoque un effet hyper
déceptif pour les acquéreurs. En plus nous les promoteurs on n’y peut rien, et
les gens croient que c’est à nous ! Quand vous avez des enrobés qui ne sont
pas faits, des parkings pas terminés, que l’accès depuis la dernière voie n’est
pas fait, c’est inadmissible ! Il vaut mieux refaire 3 fois un enrobé pas cher
ou mettre des cailloux… Et quand vous êtes sur une ZAC où vous êtes les
premiers à construire… alors là, après !!! Vos acheteurs, ils ont tout essuyé ! »
(Promoteur)
Outre une meilleure prise en compte de leurs attentes, cela implique également
l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de communication auprès des
différents segments de la population. Cela requiert des investissements en
communication dès l’amont des opérations et de la vente des terrains.
L’objectif est de démontrer l’intérêt et la qualité des aménagements, des
logements et du lieu de vie, auprès des habitants mais aussi des prescripteurs
(par exemple, les agences immobilières).
« Les aménageurs n’arrivent pas à définir assez vite le pourquoi de la ZAC
et son intérêt futur, et ils ne communiquent pas dessus alors qu’il faudrait y
consacrer beaucoup d’argent ! C’est comme le lancement d’un projet Airbus,
il faut dépenser des millions avant pour le vendre ! Ça, c’est quelque chose
que la SEM ne fait pas ! » (Promoteur)
Les promoteurs l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’ils s’intéressent de plus
en plus au développement des contenus et formes de communication auprès
de leurs clientèles. Afin de développer leur image de producteur de l’habitat,
image préemptée aujourd’hui par les promoteurs, les SEM ont tout intérêt à se
saisir de cet enjeu. Compte tenu de ces réflexions, l’implication des différents
segments de populations dans la réflexion des SEM constituerait une plus-value
dans la mesure où, en dernier ressort, elles composent la clientèle finale des
opérations d’aménagement. Cette implication pourrait intervenir notamment
à trois moments de l’élaboration des ZAC :
►► Dans le cadre des études stratégiques en amont du projet de ZAC afin de
tenir compte de leurs réflexions sur ses futurs usages, de faire exprimer
leurs attentes et d’en tirer des enseignements sur la conception de l’habitat.
292
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
293
Bâtiments et aménagement durable
« Le besoin de se loger ne répond plus à un besoin vital mais il s’agit d’accéder
à un logement en adéquation avec un mode de vie, avec des pratiques sociales.
L’enjeu n’est pas simplement de produire du logement mais de répondre à
l’habiter, ce qui conduit à s’interroger sur des comportements, les attitudes,
les attentes des ménages. »
129 Voir l’article de Marie-Christine Jaillet « Comprendre et anticiper les attentes, les besoins
des ménages » in « Prospective ville – Nouveaux modes d’habiter : quelles alternatives
pour l’aire urbaine ? », Rencontres prospectives de l’aire urbaine de Toulouse, Prospective
ville n° 2, septembre 2004.
294
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
295
Bâtiments et aménagement durable
296
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Une vision des comportements périurbains des modes d’habiter (le cas
de Tours)
Selon une enquête limitée, les habitants périurbains se déplacent plus et la
distance parcourue tend à être proportionnelle à celle de la distance du centre-
ville. Cette mobilité n’est pas vécue positivement mais comme un non-choix.
Si la mobilité n’est plus possible, ils se considèrent comme captifs et comme
marginalisés.
Le taux de motorisation est de 90 % en première couronne, 95 % en deuxième
couronne contre 75 % dans le centre (cas de Tours). L’hégémonie de l’automobile
obéit à un strict effet de lieu : faibles densités, l’éloignement des équipements, des
services et des emplois qui impliquent le recours à l’automobile. L’attachement à
l’automobile explique pourquoi les périurbains évitent le centre-ville et valorisent
les nouvelles centralités périphériques. Il en résulte une organisation des
déplacements en boucle du logement avec un retour vers le logement, en
circuit pour un déplacement optimisé alors que les habitants du centre-ville
se déplacent en étoile.
Les périurbains programment leurs déplacements et laissent peu place à
l’imprévu, surtout lorsqu’il faut programmer les déplacements des enfants (qui
sont dans le circuit). Cette importance des déplacements induit des liens entre
les différents lieux accessibles en automobile.
297
Bâtiments et aménagement durable
298
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
2 voitures
Géotype Sans voiture 1 voiture
et plus
Centre 35,6 51,2 13,2
Banlieue 19,2 52,7 28,0
Périurbain proche 7,6 40,3 52,0
Périurbain
7,2 38,1 54,7
intermédiaire
Périurbain lointain 10,5 43,3 46,2
299
Bâtiments et aménagement durable
300
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Ce comportement peut avoir deux origines : des anciens ruraux qui n’ont
pas de repère dans la ville et a contrario, des anciens citadins qui se sont
« décitadinisés ».
301
Bâtiments et aménagement durable
302
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
alors que les études précédemment reprises n’avaient étudié qu’une cinquan
taine de cas au maximum. Nous avons extrait de cet épais document (75 pages),
les thèmes et les concepts principaux qui nous ont paru transposables aux
métropoles du Grand Ouest.
En Suisse, comme dans tous les pays développés, l’étalement urbain de
l’habitat urbain peu dense hors du tissu des villes (périurbanisation) s’est
imposé ces dernières années. La recherche est centrée sur les modes de vie,
relatifs aux manières d’habiter le territoire, de rencontrer l’autre et d’utiliser les
infrastructures. La qualité de vie dépend de trois qualités de l’environnement
construit et social : la qualité sensible (habiter), la qualité sociale (rencontrer)
et la qualité fonctionnelle (utiliser).
Premier résultat : les inégalités de revenu ont un effet discriminant sur la
taille des logements mais elles jouent un rôle secondaire pour expliquer
les préférences résidentielles.
1. Les éléments communs. L’environnement de proximité joue un rôle essentiel :
►► notamment les éléments favorisant l’autonomisation progressive des enfants :
école, collège accessible à pied, dans le cadre d’un parcours sécurisé ;
►► l’accessibilité aux transports publics.
2. Les éléments divergents. Avec la multiplication des formes de mobilité,
les distinctions géographiques (centre, urbain, périurbain) perdent de leur
importance. L’aménagement de proximité et la connexion des lieux
deviennent centraux.
Principes d’action :
1. L’urbanisme doit être fondé sur les modes de vie et de ce fait, doit maximiser
le potentiel d’accueil de l’environnement construit aux différents modes de
vie résidentiels.
2. Les qualités de l’environnement de proximité jouent un rôle essentiel pour
la qualité de vie, elle est une source importante de réduction des gaz à
effet de serre (par une optimisation des transports de proximité sans doute)
3. Le caractère durable de l’habitat urbain ne découle pas mécaniquement
de l’addition des indicateurs écologiques, économiques et sociaux mais
résulte de la mise en cohérence de ces dimensions par les familles et les
individus eux-mêmes. Un bâtiment BBC peut ne pas être durable par un
usage qui n’utilise pas son potentiel. De la même façon, l’addition d’une
toiture végétalisée, des chauffe-eaux solaires, des panneaux photovoltaïques
ne peut pas conduire à une approche durable en l’absence de prise en mains
par les utilisateurs ou bien par défaut d’entretien (cas le plus fréquent).
303
Bâtiments et aménagement durable
304
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
305
Bâtiments et aménagement durable
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Un habitat dans des quartiers qui évoluent
2. Les rapports de voisinage, vie sociale, mixité sont traités dans des axes
thématiques (convivialité, tradition, élitisme).
►► Convivialité : Plus les relations avec le voisinage sont considérées comme
importantes ou très importantes plus les tendances à citer la vie associative
et socioculturelle comme importante ou très importante (55 % par rapport
à 46 % de l’échantillon). De la même façon, les familles qui déclarent avoir
leurs amis dans le quartier ou la commune prônent l’importance de la vie
associative (66 % contre 46 %).
Cela influence également le type d’habitat, plus immeubles anciens ou
habitat pavillonnaire que les villas.
►► Tradition renvoie à la préférence à des lieux où les familles ont un ancrage
local (les musulmans toulousains) en fonction de leur trajet résidentiel
antérieur. Cela reflète également un mode de vie peu mobile et relativement
« privatif », on fréquente ses amis (26 % déclarent la proximité de la famille
comme très importante et 22 % celle des amis).
►► Élitisme renvoie à la notion de valorisation par le lieu (embourgeoisement).
Ce choix est minoritaire dans les familles 26 % préfèrent un tel quartier
valorisant contre 66 % qui déclarent préférer un quartier populaire animé.
3. Les préférences sensibles : nature, densité et urbanité.
L’axe tranquillité représente ces préférences : environnement calme et
vert, environnement sécurisé qui relève de l’appréciation de « sentiment
de sécurité ou de réputation du quartier ».
À la question : quel est votre habitat idéal, 46 % une villa, 11 % une villa dans
un ensemble pavillonnaire, 23 % une ferme rénovée, 10 % un immeuble
ancien et 11 % un immeuble moderne et neuf, c’est-à-dire 80 % en habitats
détachés. À la question sur les modes de connexion, 75 % des familles
veulent un environnement bien connecté : 25 % en ville, 50 % à proximité.
Il en résulte 3 attitudes majeures :
►► La valorisation de la nature (idéalisée sans doute, nous l’avons vu) et le
rejet de la ville.
►► La valorisation de la périphérie connectée (transports publics, calme,
espaces verts).
►► La valorisation de l’urbanité (mouvement, diversité, vie culturelle, densité)
Cette valorisation de l’urbanité est liée à l’attrait pour la vie culturelle (les 10 %
les plus urbaphiles valorisent deux fois plus la proximité de la vie culturelle
à 33 % contre 14 %).
Cela valorise les ensembles urbains, accessibles avec les transports tout
en réalisant un ensemble clos.
307
Bâtiments et aménagement durable
308
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
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Bâtiments et aménagement durable
Transports publics
QUALITÉ
Distance au centre-ville
Écoles
Services alimentaires
Gastronomie
Convivialité En fonction du type d’engagement associatif
Vie associative
SOCIALE
QUALITÉ
Tradition
Élitisme/statut social
Réputation/sécurité
Tranquillité
SENSIBLE
QUALITÉ
Parcs naturels
Typologie urbaine
310
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311
Bâtiments et aménagement durable
312
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
peuvent pas être extrapolées pour l’analyse d’un système, même proche,
car la position relative des acteurs est obligatoirement différente. Il s’agit d’un
système clos, en termes de jeu d’acteurs mais non en termes d’influences.
Les acteurs extérieurs au système (par exemple, les investisseurs internationaux)
peuvent influencer le système, mais obligatoirement de façon indirecte.
Aucune stratégie d’alliance ne peut être conduite avec eux, puisqu’ils ignorent
les modalités de fonctionnement du système, le système ne fait pas partie de
leurs préoccupations.
Le choix des acteurs permet de déterminer les modalités d’évolution du système.
Les acteurs traditionnels de l’habitat :
►► les communes ;
►► les entreprises publiques locales d’aménagement ;
►► les conseils généraux (délégation à la pierre) ;
►► les communautés urbaines et communautés d’agglomération ;
►► les établissements publics fonciers régionaux (EPFR) ;
►► les bailleurs sociaux ;
►► les propriétaires bailleurs ;
►► les banques ;
►► les promoteurs ;
►► l’État régalien ;
►► l’État financeur de projets (ANRU, autres…) ;
►► les architectes et autres concepteurs ;
►► les entreprises du bâtiment ;
►► les sociétés de maisons individuelles ;
►► les aménageurs et lotisseurs privés.
Les acteurs nouveaux ou à prendre en compte pour le domaine de l’habitat :
►► Les autopromoteurs de centre-ville.
Définition : association d’acquéreurs qui cherchent à réaliser un projet
d’habitat en commun et hors des circuits traditionnels, fondé sur l’autogestion
de décisions (le terme en allemand est « Bauherrengemeinschaften »,
cette pratique est fortement développée dans certains quartiers de Berlin,
de Leipzig).
►► Les financeurs (financement de l’habitat, 1 % logement).
313
Bâtiments et aménagement durable
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Un habitat dans des quartiers qui évoluent
en zone d’enjeux. Cela signifie que le système, pour réussir, doit satisfaire
les exigences de ce groupe d’acteurs.
►► Les EPLA se situent en intermédiaires entre les acteurs d’enjeux et les acteurs
qui jugent le système, c’est-à-dire la maîtrise d’œuvre, les aménageurs privés
et les constructeurs de maisons individuelles. Les EPLA sont en position
d’intermédiation entre les critères de jugement et les enjeux. Cependant,
les promoteurs sont également à proximité et susceptibles de les remplacer.
►► Les primo-accédants, les entreprises du bâtiment, les bailleurs propriétaires
privés et partiellement les étudiants sont au cœur du système.
►► Il faut noter la position de maîtres du jeu du système portée par les instruments
de programmation que sont les SCOT, PLU et PADD ainsi que l’État en tant
que financeur ANRU, ANAH.
Le champ du réel correspond à la configuration du système tel qu’il est décrit
traditionnellement en matière d’urbanisme urbain, il s’agit d’une description
de la situation actuelle d’une sorte « d’entre nous » qui réconforte les acteurs.
Dans cette configuration, nous sommes sur une vision plus opérationnelle du
système l’habitat urbain du Grand Ouest. Les acteurs sont connus et des
noms peuvent être mis sur les différentes positions.
La stratégie à mettre en œuvre serait de se rapprocher de la maîtrise d’œuvre
(perte d’influence et de dépendance) des entreprises du bâtiment (perte de
dépendance) pour :
►► Favoriser l’habitat social géré par les OPHLM.
►► Répondre très précisément aux exigences des communes, des communautés
urbaines et d’agglomération.
Cette stratégie doit développer les aspects les plus visibles (développement
durable, énergie, etc.) et les moins visibles (ségrégation de clientèle, familles
à fort potentiel de maintien sur place…). La différence essentielle par rapport à
la première position tient à la vision opérationnelle de la stratégie à mettre en
place. La question des ressources et des savoir-faire reste posée et non résolue.
319
Bâtiments et aménagement durable
320
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
321
Bâtiments et aménagement durable
4.8.1 Méthodologie
Les plans d’action s’appuient sur deux types d’outils :
►► Un outil de diagnostic du site selon la typologie présentée précédemment
ce qui fonde le diagnostic du quartier.
►► Une caractérisation des objectifs selon les termes d’enjeux définis et qui
représentent l’approche des EPLA du Grand Ouest.
322
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
132 Pour nous, le consensus n’est ni la chambre d’enregistrement sans débat d’une entité élective
tétanisée, ni le forum remettant en cause toute décision mais l’accord minimum de plus
de 50 % des parties intéressées, y compris la population interrogée par voie de référendum.
323
Bâtiments et aménagement durable
►► Les cibles privilégiées (pour qui sont faits les efforts de la collectivité).
►► Les objectifs doivent être hiérarchisés du plus important au moins important.
►► Quelles sont les actions à mettre en œuvre.
►► Définir les moyens pour y parvenir.
►► Disposer d’indicateurs de performance.
Tableau 4.22 L’élaboration du plan d’action par rapport aux objectifs initiaux
Acceptabilité
Enjeux En
(les attentes Durabilité Abordable
EPLA quantité
des habitants)
Primo-accédants, étudiants, les familles monoparentales, les cadres migrants, les citadins
Les cibles
engagés, les locataires sociaux, les personnes âgées dépendantes, les champêtres
1- Accroître l’offre
de logements
(86,2) 2- Réduire les impacts 6- Évaluer la
environnementaux compétence des
3- Assurer la
locaux des prestataires pour
tranquillité (49,6) 8- Maîtriser le
Objectifs bâtiments (61,2) la réalisation de
4- Assurer la qualité l’habitat (42,9) foncier (53,9)
4- Assurer la qualité
intrinsèque du
intrinsèque du 8- Maîtriser le foncier
logement (46,9)
logement (46,9) (53,9)
5- Assurer des lieux
privatifs (43,6)
324
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Acceptabilité
Enjeux En
(les attentes Durabilité Abordable
EPLA quantité
des habitants)
Être une force de propositions pour les actions techniques innovantes dans les modes
Actions
d’action de mise en œuvre des réglementations par capitalisation (mesures in situ) notion
EPLA
d’Observatoire EPLA Grand Ouest
Valoriser les projets par une communication sur la base des expériences mises en œuvre
Actions
de façon emblématique (benchmarking EPLA GO) et identifier la satisfaction clients
EPLA
(enquête sociale)
Identifier les acteurs (promoteurs locaux innovants), les modes d’intervention, les
Actions montages juridiques et financiers pour répondre aux cibles (primo-accédants, étudiants,
EPLA les familles monoparentales, les cadres migrants, les citadins engagés, les locataires
sociaux, les personnes âgées dépendantes)
-- Maîtriser la
structure des prix
Définir les produits des opérations –
par cibles Redistribuer les
rôles (jeu des
-- Entrer dans la -- Construire un acteurs)
conception de -- Construire un
partenariat les -- Construire un
l’habitat partenariat les
acteurs locaux partenariat avec
Actions -- Imposer des acteurs locaux
innovants les acteurs locaux
espaces intimes, -- Créer un groupe innovants
Produits innovants
des espaces -- Créer un groupe
d’échanges -- Alerte : notion
annexes dans le d’échanges
technique de risque
logement technique EPAL
-- EPAL (valorisation
-- Différencier les amont) gestion
espaces intérieurs des flux
et extérieurs -- Créer un groupe
d’échanges
technique EPAL
325
Bâtiments et aménagement durable
Acceptabilité
Enjeux En
(les attentes Durabilité Abordable
EPLA quantité
des habitants)
-- Faire vivre
le groupe
d’échanges
SHAB/SHON -- Analyse
technique EPLA
comparative des
-- Satisfaction -- Faire vivre le -- Tableau de
produits
habitants groupe d’échanges commercialisation
Moyens -- Faire vivre
-- Rythme de vente technique EPLA des promoteur
le groupe
en fonction du -- Évaluation (contractuel)
d’échanges
produit logements
technique EPLA
subventionnés
(abordable) par la
commission
-- SHAB/SHON
-- Tableau de bord
-- Satisfaction -- Prix de sortie
Indicateurs de la nature des
habitants -- Bilan carbone -- Tableau de bord
de perfor produits par cibles
-- Rythme de vente -- Enquête sociale du suivi des prix
mance -- Identification des
en fonction du de sortie
clients
produit
326
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Dans le cadre de cet objectif, un grand nombre d’acteurs peut être mobilisé,
les relais existent et sont potentiellement accessibles – il suffit que le niveau
politique le décide.
327
Bâtiments et aménagement durable
Nous avons fait le même exercice, sans doute le fait que je sois l’animateur n’est
pas neutre mais cela correspond également à la demande sociale.
Les promoteurs 3
Les agriculteurs 3
Les banques 2
Les communes 1
Les primo-accédants 1
Les paisibles 1
328
Un habitat dans des quartiers qui évoluent
Les agriculteurs 3
Les banques 3
Les communautaristes 3
Les promoteurs 2
Les communes 2
Les paisibles 2
Les CDC 2
Les primo-accédants 1
329
Bâtiments et aménagement durable
Les bourgeois 3
Les communes 2
Les paisibles 2
Les agriculteurs 1
Les banques 1
Les promoteurs 1
L’État régalien 1
Conclusion
L’étude prospective dans sa phase initiale a conduit à insister sur :
►► La stratégie opérationnelle d’alliance avec des acteurs du milieu doit porter sur
l’augmentation de l’offre de logements, pour répondre à une demande sociale
dans le cadre d’une qualité du bâti qui réduise les impacts environnementaux.
►► La stratégie globale (complémentaire et non antagoniste) d’une mise en
œuvre d’une ingénierie financière pour une offre sociale de logements, en
quantité largement supérieure à celle actuellement mise en œuvre.
Le point le plus difficile de cette mise en œuvre est le sens opposé des actions
publiques par rapport à ces opérations.
330
Partie IV
Les notions à approfondir
5
Les externalités
qui s’imposent
Dans ce chapitre, nous traiterons des externalités, c’est-à-dire des coûts induits,
pris en charge par la collectivité, et que le prix du marché ne représente pas.
Nous avons choisi deux thèmes, que nous retrouvons dans les finalités
présentées précédemment.
Il s’agit d’une part du bien-être au travers d’une enquête faite par des étudiants
de master d’Aménagement et collectivités territoriales de l’université de Rennes 2
sur le bien-être dans les écoquartiers, d’autre part, du thème de la segmentation
du territoire, élément indispensable de la finalité de la solidarité.
133 Le mémoire de maîtrise de 2012 a été partiellement repris et fortement corrigé, des formulations
peu adéquates et en version française. Les étudiants étaient Charline Calle, Hélène Le Martret,
Sabine El Moualy (du cabinet Aubépine à Rennes), Florian Durel et Victor Elger.
Bâtiments et aménagement durable
334
Les externalités qui s’imposent
335
Bâtiments et aménagement durable
336
Les externalités qui s’imposent
337
Bâtiments et aménagement durable
338
Les externalités qui s’imposent
339
Bâtiments et aménagement durable
340
Les externalités qui s’imposent
Description du quartier
Les logements se composent d’un bâtiment en milieu de parcelle que bordent
des haies et d’un mur clôture donnant sur la rue.
La structure du quartier se fait autour d’une voie privative. Les habitants gèrent
les arbres et la pelouse, la municipalité a accepté de rénover la voirie.
341
Bâtiments et aménagement durable
342
Les externalités qui s’imposent
►► la participation citoyenne.
Les citoyens doivent être associés aux projets d’urbanisation de la municipalité
et notamment dans l’aménagement de la ZAC des Perrières.
Enfin en 2004, la communauté urbaine de Nantes Métropole adopte le PLH
communautaire fixant des objectifs de production de logements : la commune
de La Chapelle-sur-Erdre doit produire 150 logements par an.
En 1998, la commune de La Chapelle confie en concession de service public,
la réalisation de la ZAC à la société d’équipement de Loire-Atlantique (SELA136).
La même année la commune a fait réaliser, un diagnostic général de l’habitat de
la commune et une évaluation de la mixité urbaine et de la diversité d’habitat du
quartier de la Source par le centre d’étude technique de l’équipement (SCET) du
groupement Caisse des dépôts (CDC). En effet, elle souhaitait faire un premier
bilan des aménagements réalisés afin de définir les éléments à conserver et
les points à améliorer pour la future zone des Perrières.
La ZAC des Perrières a été créée par délibération du conseil municipal en 1999,
et les premières constructions ont été réalisées en 2006.
Le dossier de création de la zone d’action concertée (ZAC) a été réalisé en 2000.
La ZAC prend place sur une surface de 53 hectares et prévoit 1 250 logements
dont 350 logements sociaux.
Les différents acteurs de la maîtrise d’ouvrage, la commune de La Chapelle-sur-
Erdre, Nantes Métropole et les concepteurs du projet ont mis en place un outil
de gestion, le système de management environnemental (SME), en 2001, ayant
pour objet de donner un cadre de gestion pour suivre la réalisation de la ZAC.
Il est important que les décideurs de la ZAC aient souhaité s’appuyer sur un
système de management environnemental. Toutefois, il semble que le système
de management choisi soit assez éloigné de la NF EN ISO 14001 de 2004
Systèmes de management environnemental – Exigences et lignes directrices
pour son utilisation, ce qui aurait conduit à appliquer le principe du PDCA
(Plan-Do-Check-Act ou planifier, développer, contrôler, actualiser) et aurait
permis de corriger un certain nombre d’erreurs.
343
Bâtiments et aménagement durable
344
Les externalités qui s’imposent
345
Bâtiments et aménagement durable
346
Les externalités qui s’imposent
Urbanisation
L’urbanisation au sein de chaque îlot dépend des choix globaux déterminés par
le cabinet d’architecture 6e Rue en accord avec la municipalité, mais également
du travail des opérateurs investissant sur une parcelle.
De ce fait, les opérations de la ZAC se démarquent les unes des autres avec
des formes architecturales variées, et une diversité des matériaux (bois, métal,
tôle ondulée, béton) et des coloris (peintures des façades de couleurs vives),
qui contribuent à la qualité esthétique de l’ensemble de l’opération.
Ceci participe à l’aménagement d’îlots très différents les uns des autres selon le
travail mené par les promoteurs. Dans cette optique, il est également intéressant
de noter que le cahier des charges de ces derniers a évolué avec le temps,
insistant de plus en plus sur les normes environnementales pour arriver à des
bâtiments HQE.
Une des difficultés majeures de l’approche HQE, et je sais comment cela se
met en œuvre est de dépendre de la bonne volonté et des compétences des
intervenants. Un des échelons manque et le résultat se révèle médiocre voire
une contreperformance.
Un bon projet dépend :
►► D’un maître d’ouvrage motivé, cela se rencontre dans tous les milieux (maî
trise d’ouvrage publique, maîtrise d’ouvrage sociale, maîtrise d’ouvrage privé).
Sous l’effet des enjeux, il est possible d’obtenir un bâtiment avec 14 cibles
en Très Performant ou bien une certification minimaliste pour répondre à un
partenariat public-privé (PPP). Malheureusement, les formules simplistes
(50 kWh/m2/an) ou les mots magiques (HQE ou autres) servent souvent de
prêts-à-penser commodes.
►► Une maîtrise d’œuvre volontariste, compétente et qui accepte de se plier
à la discipline de l’écoconception. Beaucoup de bâtiments sont gâchés
par une maîtrise d’œuvre qui fait de « la forme » ou se fait plaisir comme
du triple vitrage en milieu méditerranéen, alors qu’il est conçu pour les
plaines de l’Allemagne ou les montagnes de Suisse. Parfois, nous sommes
obligés de nous censurer car la compétence est absente et la réflexion aux
oubliettes. De jeunes ingénieurs ou techniciens sont obligés de découvrir
les techniques et les difficultés de coordination dans le cadre d’un budget
fortement contraint. Le temps nécessaire pour faire les synthèses techniques
a systématiquement disparu des phases de conception.
►► Des entreprises qui comprennent et acceptent les termes de nos demandes.
Passées dans les mœurs dans les grandes entreprises, les démarches
347
Bâtiments et aménagement durable
Habitat
La ZAC des Perrières propose 3 types d’habitats : collectif, intermédiaire et
individuel :
►► L’habitat collectif se présente sous la forme d’immeubles de type maximum
R + 3 + attique, avec terrasses, balcons ou loggias. Leur hauteur ne dépasse
pas 17,5 mètres. Généralement, il s’agit d’excellentes prestations notamment
pour les réalisations sociales en raison des efforts de formation dans le
logement social.
►► L’habitat intermédiaire se présente comme un logement individuel superposé.
Chaque logement possède un accès direct séparé, des terrasses ou jardins
privatifs. Les parkings et espaces verts sont communs.
►► L’habitat individuel est présent sur la ZAC, soit comme part d’un projet
d’un promoteur ou en lot libre. Toutefois, l’habitat de ce type propose une
surface inférieure à son homonyme dans les lotissements où les maisons
sont bien plus grandes. La quasi-totalité des maisons individuelles de la
ZAC sont mitoyennes, avec des parcelles étroites ou carrées. On trouve
une dizaine de maisons localisées en cœur de parcelles, et ce, uniquement
dans le secteur 3.
La densité de maisons individuelles implique une proximité entre les riverains.
Cette proximité peut être ressentie comme une perte d’intimité par les habitants.
Certains habitants de maisons individuelles groupés installent des brise-vues
sur leur parcelle, afin de recréer un sentiment d’intimité. Ces brise-vues ne
348
Les externalités qui s’imposent
Dans l’étude sur l’habitat urbain, nous avons identifié cette forte tendance qui
se résume ainsi :
Chaque famille souhaite un « chacun chez soi » (sans vis-à-vis) avec des lieux
de rencontres extérieurs pour la vie sociale. La même demande est faite au
sein de la famille, en privilégiant les espaces individuels (ma chambre, mon
bureau, mon atelier, mon dressing) mais rendant possible les espaces collectifs
de passage (la cuisine, le jardin, les coursives).
Sur la ZAC des Perrières, la mixité est un critère imposé par le règlement.
Cette mixité s’exprime au travers des logements locatifs ou des logements
d’accession sociale (vente à des tarifs encadrés en fonction des revenus), et cela
s’applique à tout type d’habitat (collectif, intermédiaire ou individuel selon une
clé de répartition) et sans que les prestations des immeubles soient différentes.
L’habitat individuel groupé reste présent sur l’ensemble des secteurs de la ZAC,
mais en diminution au fur et à mesure de l’avancée des travaux. Cette diminution
résulte de l’augmentation importante du nombre de logement prévu sur la ZAC
pour les derniers secteurs. L’habitat individuel en lot libre n’est plus présent sur
la ZAC après le secteur 3, en raison de l’augmentation de la densité prévue.
En effet, l’arrivée du tram-train nantais sur la commune, et son futur arrêt situé
en bordure est de la zone, a modifié le projet initial. La création d’une liaison
entre l’avenue des Perrières et la future station, ainsi que le parc relais présent
dans le dernier secteur de la ZAC, représentent des coûts importants. De plus,
ces espaces n’accueilleront plus de logements, il est donc nécessaire pour la
commune de La Chapelle-sur-Erdre de densifier les secteurs non construits
de la ZAC.
349
Bâtiments et aménagement durable
période où la tension sur Nantes était perceptible mais le report sur la Chapelle
non évident car elle était mal desservie, éloignée des centres névralgiques et
perçue comme un lieu de promenade du dimanche.
L’espace public
Ce quartier résidentiel accueille 2 espaces de jeu pour les enfants : 1 espace
laissé libre servant de terrain de foot à l’entrée de la ZAC et un espace pourvu
d’une aire de jeu, entourée de 4 bancs. L’espace public est dépourvu de
poubelles.
On trouve de petites placettes pourvues de bancs, situées uniquement dans
les secteurs 1 et 3. Ces espaces publics sont conçus comme des lieux de
rencontre et d’interactions sociales et se situent à proximité des habitats
collectifs et intermédiaires.
Les abords des habitations sont ouverts sur l’espace public. On note l’absence
de grillages. Ainsi les aménagements paysagers des espaces privés permettent
d’atténuer la froideur minérale de la voirie et de la rendre plus agréable.
À la différence des voiries tertiaires composées de voiries partagées, les voiries
primaires et secondaires possèdent un espace public de transition. Il sécurise
les abords des habitations et permet d’éloigner la circulation, et ainsi de limiter
les nuisances sonores et d’accentuer le caractère sécuritaire, ce qui améliore
la qualité et l’usage de ces espaces publics.
350
Les externalités qui s’imposent
351
Bâtiments et aménagement durable
352
Les externalités qui s’imposent
137 Contrairement à un avis répandu, il existe une génération de promoteurs pour lesquels
répondre aux exigences du développement durable, va de soi. Il en résulte des différences
notables de traitement des bâtiments et des environnements bâtis.
353
Bâtiments et aménagement durable
Une étude menée par la SELA en 2010, par enquête auprès de 100 habitants
au sein des secteurs 1 et 2, révèle que ces derniers sont habités par quasiment
autant de locataires (49,7 %) que de propriétaires (50,3 %).
La classe d’âge dominante est celle des 21-40 ans. Elle représente 74 % des
habitants interrogés. En revanche, les catégories des moins de 20 ans et des
plus de 60 ans sont sous-représentées avec respectivement 0,6 % et 4,1 %.
En grande majorité, les habitants du quartier ont donc moins de 40 ans.
En résumé, ce quartier assure la mixité sociale pour permettre à la commune
d’atteindre son quota de « pauvres » mais la typologie des habitants est
monotypée, avec des couples avec enfants de 20 à 40 ans. Cela signifie que
pour leur début de vie, les habitants se retrouvent entre eux, connaîtront les
évolutions des familles avec 25 % de familles séparées et potentiellement,
des familles monoparentales ou recomposées (11 %). Il est évident que ces
évolutions n’ont pas dû être anticipées par les décideurs et les concepteurs
avec notamment une taille adaptée des logements et des systèmes de gestion
de la précarité.
La mobilité
L’analyse de la mobilité sur les quatre secteurs construits impose d’évaluer les
modes de déplacements dans le quartier, vers le reste de la ville et en dehors
de la commune.
354
Les externalités qui s’imposent
Le deuxième niveau de route est celui des voies irriguant chacun des secteurs
construits et raccordées à la route principale. Chaque secteur n’est connecté
que par une unique voie de niveau 2. Malgré la présence de chemins piétonniers
en parallèle de la chaussée, ainsi que de grands trottoirs, la place de la voiture
reste importante, tant par la place accordée à la circulation que par les places
de stationnement qui la bordent à proximité d’habitations.
Enfin le troisième niveau de route est constitué par les digitations des routes
de secteurs. Il permet le raccordement de chaque îlot à l’ensemble du réseau.
La taille de la chaussée est bien plus petite que pour les autres niveaux, mais
varie toutefois selon les types d’habitations alentours.
Enfin, il arrive que les plus petites de ces digitations ne disposent pas de trottoir.
Il s’agit d’une organisation classique, dédiée à la voiture et pour un espace
consommant du carbone tant pour la réalisation des chaussées que pour leur
usage. Il est connu que, plus on offre un nombre de voies supplémentaires,
plus on congestionne le secteur. Dans ce type d’organisation, les trajets sont
conçus pour des trajets aller-retour utilitaires, travail-domicile, école-domicile,
lieux de consommation-domicile.
355
Bâtiments et aménagement durable
Un de ces chemins ruraux crée une percée est/ouest tout le long de la ZAC, la
« grande promenade » et un autre du nord au sud, le « Chemin du Plessis ».
Ils s’intègrent aux espaces verts et boisés, et participent à organiser la zone,
en délimitant notamment les secteurs.
L’objectif annoncé par les concepteurs et les élus est de préserver l’identité
initiale du lieu, ancienne zone de campagne bocagère. De même, il s’agissait
de conserver des aménités fortes liées à de vieilles traces de nature, comme
des arbres âgés. Ceci permet à ce quartier jeune de disposer dès l’origine
d’une végétation fournie, sans avoir à attendre 10 ou 15 ans que les nouvelles
plantations atteignent une taille appréciable.
Concernant la place du vélo sur la ZAC, sa pratique est possible sur les mêmes
chemins dévolus aux mobilités piétonnes. Toutefois, notons la présence d’une
piste cyclable réservée pour cet usage. Elle se dessine sur les trottoirs des
principaux axes, divisant donc ce dernier en fonction du mode choisi. Elle permet
également par la continuité de son tracé de rejoindre le centre de La Chapelle.
Ces espaces sont censés participer au bien-être relationnel, puisque les
relations humaines devraient y trouver un excellent support pour s’exprimer. Les
habitants les plus anciens du quartier soulignent qu’ils ont conservé une bonne
relation avec la nature. Il s’agit du concept de ma maison à la campagne, en
utilisant le potentiel existant (les haies et les bocages) tout en rendant possible
l’accès au garage, au stationnement personnalisé.
La place du vélo semble marginale et elle n’est pas obligatoirement promue
malgré le potentiel du secteur. La seule trace est un partage de certains
trottoirs. L’organisation de la ville au Pays-Bas montre que l’usage du vélo, n’est
possible qu’à la condition de posséder des espaces spécifiques et dédiés, les
trottoirs étant réservés aux piétons. Le fondement de cette dichotomie réside
dans des motifs de sécurité, un cycliste peut blesser un piéton en circulant
à 20 ou 30 km/h.
Le stationnement
La question du stationnement est primordiale lors de la création d’un nouveau
quartier. En effet, on se trouve rapidement tiraillé entre le besoin de réduire
la place consacrée à la voiture et la demande des habitants de disposer d’un
nombre de places suffisant, et la volonté d’économiser l’espace public pour qu’il
supporte d’autres fonctions. Cette dichotomie se situe également au niveau des
résidents eux-mêmes, qui souhaitent disposer d’espaces verts et piétonniers,
sans pour autant renoncer à leurs habitudes liées à la voiture.
356
Les externalités qui s’imposent
La volonté annoncée dans le quartier des Perrières est de concilier ces deux
aspects, par une série d’aménagements et de mesures coordonnées qui se
veulent innovantes. Tout d’abord, le nombre de place nécessaire a été estimé
à 1,6 place par logement, ce qui est le standard du secteur. Les places se
situent sur les espaces privés, ou sur l’espace public. Généralement, le rapport
est d’une place chez les particuliers, et le complément sur l’espace public.
Toutefois, de façon à économiser du terrain, le cahier de charge des lots libres
prévoyait l’obligation de disposer de 2 places de stationnement par ménage.
Nous notons immédiatement la règle d’aménagement qui veut que l’on écrive
une règle et que l’on réalise son contraire, en sachant que le niveau de 1,6 place
de parking n’est pas une forte contrainte. Il y a une volonté de préserver le
« bien-être » automobile de quelques-uns au détriment de la collectivité.
La règle de 1,6 place n’est pas un standard, une norme mais exprime une volonté
politique de dédier l’espace au tout automobile. Le simple fait de l’énoncer
conduit à une organisation spatiale de faible qualité. La règle innovante est
celle du parking « à la teutonne » selon l’expression d’un élu qui a disqualifié
ainsi un de nos projets en 2000138, c’est-à-dire du parking multimodal, hors de
la zone, laquelle doit être accessible par les transports en commun et disposer
d’un parking à vélo collectif, sécurisé. Comme toujours, l’inscription de la règle
des 2 voitures pour les lots privés renforce le caractère fortement carboné du
projet et le disqualifie pour un label écoquartier.
Les places sur l’espace public sont organisées selon plusieurs modèles. Les
habitudes ayant la vie dure, il est classique de voir des voitures, à l’instar de
ce qui est fait depuis plusieurs décennies dans les lotissements classiques,
envahir les trottoirs, grappillant de ce fait de la place aux piétons. Des parkings
aériens sont également prévus dans chaque secteur. Toutefois pour limiter la
place de la voiture, de nombreux dispositifs ont été mis en œuvre.
Tout d’abord une partie des places de stationnement est enterrée. Ceci ne
concerne pas les maisons individuelles qui ont un garage, mais les immeubles
collectifs, et notamment les plus grands. La volonté des aménageurs est ici
d’économiser de l’espace public pour d’autres fonctions, mais également de
limiter la place de la voiture (visuelle, sonore…) dans la ZAC. Cela induit un
surcoût de l’ordre de 25 %. Une solution alternative est développée, par la
création d’un parking de plain-pied, en rez-de-chaussée, entre les poteaux de
la structure (type construction sur pilotis pour les zones inondables).
138 Quartier de Trélazé à côté d’Angers avec une volonté bornée de vouloir augmenter le produit
de la taxe d’habitation. Le cas présenté était celui de Fribourg, devenu une référence à
présent.
357
Bâtiments et aménagement durable
Les emplacements prévus sur la voie publique sont la plupart du temps pavés,
enherbés et cachés par une végétation importante de façon à diminuer la
prégnance visuelle de la voiture, avec un aménagement planté qui introduit un
peu de nature dans ce monde minéral (cachez ces dessous que je ne saurais
voir, écrivait le poète).
Les garages créés sur l’espace public sont très rarement boxés. L’objectif est
d’éviter qu’ils ne servent de lieu de rangement pour des affaires personnelles.
Ce lieu, s’il est clos, a pour destination naturelle d’être annexé en tant que pièce
supplémentaire, les voitures étant garées sur l’espace public.
358
Les externalités qui s’imposent
Selon les dernières informations139, le rythme de tram-train serait d’un train par
heure, ce qui ne décongestionnera guère les routes du secteur.
Nous nous situons de façon classique dans un cadre qui conduit les pouvoirs
locaux à accompagner avec retard les mouvements de population. La conception
de la ZAC induit de disposer d’une à trois voitures par famille pour un cadre
de vie qui se dégradera dans le temps, surtout si les moyens adaptés ne sont
pas développés pour l’entretien des espaces publics.
359
Bâtiments et aménagement durable
La nature
La qualité paysagère est une caractéristique clé de la ZAC des Perrières.
Le paysagiste a été impliqué dès le début du projet, ce qui une évidence
puisqu’il s’agissait de transformer des terres agricoles en quartiers dortoirs.
La marque écologique de ce territoire se lit clairement dans la préservation
de l’environnement existant.
La ZAC des Perrières comporte sur les 58 hectares de sa surface, 20 hectares
d’espaces publics verts dont 7 hectares boisés (soit moins de 50 % ce qui est
loin des 80 % que nous avions fixés lors des premières discussions sur la
démarche HQE®). Les îlots construits comportent également des plantations.
Les élus ont choisi des essences locales rappelant le paysage existant afin
d’assurer la continuité entre les réserves paysagères et la partie urbanisée.
Réalisé par le cabinet Ronan Desormaux, le projet a été primé au concours
« écoquartier 2009 » organisé par le ministère de l’Écologie, du Développement
durable, des Transports et du Logement dans la catégorie « nature en ville ».
Il est important que pouvoir inscrire un projet dans son environnement.
Le fait de donner un prix montre l’absence de vision multicritère du label
« écoquartier ». Les aménagements décrits par les étudiants sont le minimum
à réaliser pour compenser l’intervention dans le milieu.
Particularités du projet
360
Les externalités qui s’imposent
Ces haies peuvent être aussi des repères dans l’espace pour les personnes
ainsi que des lieux de rencontres lors de promenades et de jeux pour les
enfants de la ZAC.
L’eau
La gestion de l’eau est un élément essentiel du développement de l’urbanisme
durable. Il s’agit aujourd’hui de prendre en compte le cycle de l’eau, ce qui
suppose la préservation des points de stockage et de circulation de l’eau,
Les écoquartiers doivent prévoir, dès leur conception une majorité d’espaces
perméables afin de favoriser au maximum l’infiltration sur place et réduire ainsi les
pollutions et les inondations. Il s’agit de réduire l’impact de l’imperméabilisation
des sols du fait de l’aménagement. Les modes de calcul sont bien connus.
L’infiltration140 qualifie le transfert de l’eau à travers les couches superficielles
du sol, lorsque celui-ci reçoit une averse ou s’il est exposé à une submersion.
L’eau d’infiltration remplit en premier lieu les interstices du sol en surface et
pénètre par la suite dans le sol sous l’action de la gravité et des forces de succion.
L’infiltration influence de nombreux aspects de l’hydrologie, du génie rural ou de
l’hydrogéologie. Afin d’appréhender le processus d’infiltration, on peut définir :
►► Le régime d’infiltration i (t), nommé aussi taux d’infiltration, qui désigne
le flux d’eau pénétrant dans le sol en surface. Il est généralement exprimé
en mm/h.
361
Bâtiments et aménagement durable
362
Les externalités qui s’imposent
Cette gestion par secteur est primordiale, la commune est soumise à des
phénomènes d’inondations lors des périodes de fortes précipitations.
Malgré ces éléments il n’en demeure pas moins que le secteur 1 a subi une
inondation, ce qui dénote pour le moins une mauvaise évaluation des zones
inondables ou d’une interprétation erronée des données. Les bassins de
rétention ont été complétés par des dispositifs accompagnant l’eau vers les
dispositifs de récupération : la pluie sur un îlot est récupérée dans des avaloirs
sur la voirie, qui déverse l’eau non évaporée dans les noues aux abords de
chaque secteur, jusqu’aux bassins de rétention.
Ces noues, favorisent la circulation de l’eau et constituent également des outils,
pour préserver et favoriser la biodiversité des espaces. À La Chapelle-sur-Erdre,
les paysagistes de la ZAC ont imaginé un dispositif de noues, qui acheminent
l’eau jusqu’aux sites naturels remarquables du quartier. C’est grâce à la mise
en place de ce système, que certains espaces boisés souffrant de sécheresse
ont été réalimentés et ont vu leur biodiversité se développer.
Les dispositifs naturels d’écoulement des eaux instaurent également une
certaine qualité de vie au sein des quartiers, du fait de la présence d’une faune
et d’une flore riche et diversifiée, pouvant être le support d’espaces récréatifs
et de détente. Beaucoup de bassins de rétention de la ZAC des Perrières
comportent ce double aspect technique et ludique.
Le bois humide d’en bas abrite également une espèce protégée (une fougère).
L’espace a donc été aménagé afin d’orienter les usagers. Pour cela, la flore a été
développée de façon à instaurer des zones impraticables pour les promeneurs.
363
Bâtiments et aménagement durable
364
Les externalités qui s’imposent
Évolution de la population
En 1968, la commune comprenait 1 594 habitants, et ce, pour une densité
de 133,1 hab/ km2. En 1982 la population est de 3 677 habitants pour une densité
de 306,9 hab/km2. Cette évolution peut être vue comme une conséquence du
phénomène de périurbanisation due à la proximité de Rennes. En 2004, le taux
de logement social sur le territoire chapelain était de 17,50 %. Aujourd’hui sur la
commune les logements du secteur privé représentent la moitié des logements,
le taux de logements sociaux est de 25 %.
Selon le PLH de Rennes Métropole sur la période 2005-2012, il est prévu de
construire 1 220 logements dont 305 logements locatifs sociaux et 305 logements
aidés en accession sociale. Chantepie s’est très vite engagée à respecter la
loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) qui impose un minimum de 20 %
de logements sociaux sur les communes. La ville continue sa politique de
développement du logement dont la ZAC des Rives du Blosne en est un bon
exemple.
Mouvements de résidences
La commune de Chantepie semble être une commune attractive puisque près
de 45 % des habitants n’habitaient pas la commune, il y a cinq ans. Les personnes
arrivées sur Chantepie entre 2003 et 2008 viennent en grande partie d’une autre
365
Bâtiments et aménagement durable
Le lotissement Verlaine
Construit à la fin des années 1970, le lotissement couvre une superficie de
12 hectares, la taille moyenne des terrains est de 600 m2.
Le bâti se compose de maison en milieu de parcelle ou accolées avec
généralement un rez-de-chaussée et un étage sous comble.
La structure du quartier se fait autour d’une voirie hiérarchisée par un axe
principal se divisant en deux embranchements se finissant en cul-de-sac. De
ceux-ci s’étend une voirie secondaire qui elle aussi est sans issue.
La voirie se compose d’une chaussée limitée à 30 km/h et de trottoirs. Ces
derniers sont franchis par les véhicules pour accéder aux garages privatifs sur
les propriétés. Il est prévu quelques stationnements en retrait de la chaussée.
Il existe au sein du quartier un réseau d’allées piétonnes isolées de la rue et
bordées d’arbres. Celles-ci serpentent entre les propriétés et permettent de
rejoindre les rues principales tout en permettant au piéton d’être isolé de la
circulation automobile.
De façon assez curieuse, le lotissement Verlaine des années 1970 fait penser
à la ZAC des Perrières de La Chapelle-sur-Erdre, ce qui signifie que très tôt
la prise en compte du paysage était intégrée dans les projets. Cela signifie
également que les concepteurs ont oublié la nécessité de développer une
approche innovante en relation avec les nouvelles exigences des habitants.
Les concepteurs reprenant les concepts les plus classiques, ce qui donne une
vision d’uniformité des paysages périurbains.
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Les externalités qui s’imposent
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Bâtiments et aménagement durable
368
Les externalités qui s’imposent
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Bâtiments et aménagement durable
Urbanisation
Des formes urbaines économes en espace
L’une des caractéristiques des quartiers de la ZAC des Rives du Blosne est
la mixité des formes urbaines. Une trentaine d’architectes ont travaillé sur les
quartiers.
L’habitat individuel est varié et résulte des projets des promoteurs ou de lots
libres avec des architectures variées. L’unité architecturale est obtenue par la
normalisation de la hauteur et l’alignement des maisons, d’autres programmes
de logements présentent une architecture plus homogène.
370
Les externalités qui s’imposent
Ce type d’habitat est très peu présent sur la ZAC des Rives du Blosne, seulement
sur deux secteurs : les Chênes Roux (13 logements) et La Touche Annette
Sud (2 logements). Chaque logement possède sa propre entrée, sa terrasse
ou son jardinet privatif.
Cette densité va être réduite pour le prochain quartier du Bocage citadin qui
devrait atteindre une densité correspondante au minimum prévu par le schéma
de cohérence territorial (SCOT, niveau de planification au niveau de plusieurs
communes), qui est de 45 logements à l’hectare. Ce futur quartier possédera
une part équivalente de logements collectifs et semi-collectifs, la part de
logement individuel reste minime.
371
Bâtiments et aménagement durable
Les habitants et les élus assimilent la densité aux grands ensembles des
années 1960 et développent à cet égard des craintes basées sur le sentiment
d’insécurité, de confinement et de logements bruyants tout en idéalisant la
maison individuelle isolée entourée d’un terrain. Les chiffres officiels soulignent
qu’un immeuble collectif a une empreinte au sol cent fois inférieure à celle d’une
maison. Pour une surface occupée de 100 m2, l’immeuble occupe 100 m2 et la
maison 10 000 m2 soit un hectare. Cette situation n’est pas tenable.
Cette perception de la densité est un enjeu pour le bien-être des habitants d’un
quartier. En effet, la densité avant d’être un indicateur, c’est une perception. La
représentation de la densité est dépendante de différents facteurs comme la
typologie architecturale. La qualité architecturale suppose une variété de formes
et de typologie d’habitat et permet une meilleure acceptation de la densité
par les habitants. La densité implique une certaine proximité. Cette proximité
est source de relation sociale entre les habitants. Pourtant, la proximité peut
être ressentie comme une perte d’intimité par les habitants. L’organisation
des aménagements et la limitation du vis-à-vis permettent de minimiser le
sentiment de proximité.
372
Les externalités qui s’imposent
373
Bâtiments et aménagement durable
ZAC des Rives du Blosne possède aussi bien des logements en accession
libre, en accession aidée que des logements en accession très sociale, du
logement locatif et locatif social.
Les deux premiers quartiers réalisés, le quartier Chêne Roux et le quartier
Touche Annette possèdent 58 % de logements non aidés et 42 % de logements
aidés. Compte tenu des difficultés à se loger dans l’agglomération rennaise, le
quartier non terminé des Neuf Journaux et le futur quartier du Bocage citadin
respecteront les objectifs du plan local de l’habitat (PLH) qui impose 50 % de
logements aidés.
La mixité sociale est présente sur l’ensemble des secteurs, mais la répartition
n’est pas homogène au sein des îlots. Pour exemple, dans le quartier des Neuf
Journaux, cinq immeubles de logements sociaux ont été accolés.
La mixité sociale dans les quartiers d’habitation permet d’éviter la ségrégation
sociale. Toutefois, le fait de réunir des habitants de milieux sociaux différents
et d’âges variés ne crée pas spontanément du lien social.
374
Les externalités qui s’imposent
375
Bâtiments et aménagement durable
La mobilité
Le quartier des Rives du Blosne n’a pas de label « écoquartier », la municipalité
a refusé de le demander, cependant il s’inscrit dans la même veine urbanistique
que celui des écoquartiers labellisés. De fait, les concepts et partis pris
d’aménagements sont souvent similaires, malgré des divergences occasionnelles.
376
Les externalités qui s’imposent
de ses secteurs. Certaines des plus grandes voies possèdent une séparation
végétalisée de façon à diminuer la taille des 2 tronçons ainsi obtenus, et forçant
les conducteurs à adapter leur comportement en diminuant leur vitesse. L’autre
effet recherché en complexifiant le réseau viaire, est d’éviter la circulation de
transit. Cette problématique est prégnante pour Chantepie, qui ne possède
en effet qu’un seul axe majeur la traversant et conduisant à Rennes, avec une
importante circulation.
Enfin, la sinuosité du tracé des rues permet, selon les urbanistes, de casser
la vitesse en forçant les conducteurs à être prudents…
En effet, même si les aménagements ne sont pas strictement les mêmes,
l’idée globale reste d’augmenter la taille des espaces publics et de les rendre
disponibles aux piétons, tout en diminuant la place de la voiture.
Il semblerait cependant que dans ce cas, les conditions de stationnement ont
été bien moins travaillées pour y parvenir.
377
Bâtiments et aménagement durable
Le stationnement
La volonté de lutter contre la présence de la voiture sur l’espace public fait
également partie des concepts d’aménagements de ce quartier. De nombreuses
pratiques observées sur les Perrières se retrouvent donc ici.
Parmi celles-ci, citons les places de stationnements pavées et gazonnées,
la présence de parkings souterrains et la limitation des garages boxés. Leur
mise en place renvoie aux mêmes préoccupations de l’équipe de conception
que celles de la Chapelle-sur-Erdre.
Des écarts existent. Par exemple, un nombre plus important de places de
stationnement qui est de 1,8 par logement. À l’origine, l’autorisation prévue
par le PLU était moindre, le chiffre initial s’approchait de 1,5 place et a été
augmenté au cours de l’avancement du projet, afin de répondre à la demande
des habitants qui jugeaient l’offre insuffisante.
Un autre aménagement intéressant est la configuration des poches de sta
tionnement. Ces zones sont arasées et pavées, pour leur donner une logique
piétonne quand les emplacements ne sont pas utilisés. Ceci répond à un
aspect du diagnostic de l’équipe de conception, notant que les places de
stationnement sont largement sous-utilisées en journée, à cause des rythmes
de travail des habitants.
Il s’agit également de cacher les entrées des parkings souterrains par un jeu
de niveaux mais également de la végétation et des matériaux comme des
blocs de pierre faisant office de décor. Les objectifs sont les mêmes que les
précédents puisqu’ils s’inscrivent dans un ensemble.
Ainsi, dans les premiers secteurs, des banquettes un peu massives (intermédiaire
entre l’échelle du piéton et de la voiture) marquent les entrées et organisent
les places.
Ces aménagements à mi-chemin entre le stationnement et des mobilités douces
ont été pensés pour fournir une cofonctionnalité des espaces et des lieux en
termes de déplacements. Il s’agit de bandes surélevant les espaces piétonniers
pour accroître la séparation entre l’espace du piéton et celle de la voiture.
Ces aménagements ne seront pas repris par la suite, car ils sont contraires à
la volonté de mêler les deux modes de déplacements, et sont identifiés comme
une erreur de gestion des espaces par l’urbaniste de la ville.
En diminuant la place de la voiture, il en résulte une perception de bien-être
sensoriel, la voiture étant perçue par le piéton ou le cycliste comme source
de désagrément.
378
Les externalités qui s’imposent
La nature
Le paysagiste de la ZAC des Rives du Blosne est Vincent Bénard, de la SCE
à Nantes. Le projet de la ZAC inscrit ses priorités en matière de présence de
la nature. « Habiter les rives du Blosne, c’est apprécier la ville à la campagne
et inversement » (exposition à la mairie).
Certains projets immobiliers entrent dans cette thématique comme « Eden
square », du groupe Launay, un immeuble atypique de 87 habitations qui vient
d’être récompensé par le prix du meilleur projet de l’année par la Fédération
des promoteurs.
La ZAC s’étend sur 76 hectares dont 24 hectares de parcs naturels, 16 hectares
de jardins publics en cœurs d’îlots, 1,5 hectare de place centrale, 2 hectares
de cimetière paysager et 6,5 hectares de voiries et trottoirs sur lesquels sont
disposés des arbres et des végétaux soit au total 50 hectares d’espaces verts
supplémentaires futurs mis à disposition des habitants et à prendre en charge
par les services de la commune, c’est pourquoi le choix a été fait de confier
l’entretien à une entreprise privée car le personnel du service des jardins est
insuffisant. Le choix zéro produit phytosanitaire a été une évidence.
Malgré la volonté de développement durable, nous avons pu remarquer que
les élus n’ont pas tout de suite mesuré l’enjeu paysager du site et le cahier
379
Bâtiments et aménagement durable
des charges n’était pas très exigeant au départ. En effet, ils « se sont surtout
intéressés à l’image du quartier à travers les futurs bâtiments qui allaient être
réalisés », selon le paysagiste. Ensuite, lorsque les premiers bâtiments ont été
livrés, l’accent a été mis sur la qualité des espaces extérieurs et notamment
transitoires entre les espaces privés et les espaces publics. Outre la reconquête
de la nature sur les espaces construits, les concepteurs avaient pour mission
de préserver la nature existante. Ainsi, les haies bocagères existantes guident
l’implantation urbaine.
380
Les externalités qui s’imposent
qu’ils souhaitent voir la nature depuis leur fenêtre sans prendre conscience que
leur logement contribue directement à l’éparpillement de l’habitat et à la perte
de valeur environnemental de celui-ci. Ils demandent cependant à ce que les
projets soient menés sur une grande échelle de territoire, pour conserver les
vues sur la nature tout en bénéficiant d’un logement disposant de services de
proximité ce qui suppose une maîtrise globale du foncier qui implique un long
processus en amont.
La création des offices fonciers régionaux dote les collectivités d’un outil
financier et de gestion du foncier permettant, s’ils ne sont pas dévoyés, de :
►► Limiter le prix du foncier.
►► Créer de grandes réserves foncières.
►► Réaliser une planification à long terme des espaces afin de pouvoir répondre
à la demande en l’anticipant les tendances.
►► Mettre en œuvre des politiques durables s’appuyant sur des ressources
locales et pérennes.
381
Bâtiments et aménagement durable
L’eau
Avec l’apparition des préoccupations environnementales, la gestion et la
préservation de l’eau sont devenues des enjeux majeurs, dans les nouvelles
opérations d’aménagement. Des textes réglementaires viennent encadrer cette
gestion de la ressource.
En 2000, la directive-cadre européenne sur l’eau est adoptée et fixe comme
principale objectif, que le bon état écologique et chimique des milieux aquatiques
soit atteint d’ici à 2015. Les principaux acteurs chargés de la ressource en eau
et de l’aménagement ont donc été contraints de fixer des règles et des objectifs
de gestion de la ressource. C’est dans ce contexte que l’agence de l’eau de
Loire-Bretagne a adopté le schéma directeur d’aménagement et de gestion
de l’eau (SDAGE), opposable aux documents d’urbanisme des collectivités
locales du territoire.
Ce document met en avant quelques points importants :
►► La lutte contre les pollutions et le rétablissement du caractère naturel des
rivières.
►► L’intégration des zones humides aux projets d’urbanisme. Cet aspect est
important car pour toute destruction de zone humide, la commune est
contrainte de reconstruire la zone détruite en réalisant un équipement de
zone humide du double de celui détruit (principe de compensation).
►► La gestion des eaux pluviales à la parcelle, afin de favoriser l’infiltration
sur place et ainsi lutter contre les effets néfastes de l’imperméabilisation.
►► Gérer les espaces humides de façon différenciée.
Les concepteurs de la ZAC des Rives du Blosne ont dû se conformer aux textes
en vigueur et intégrer la thématique de l’eau en amont du projet.
382
Les externalités qui s’imposent
383
Bâtiments et aménagement durable
384
Les externalités qui s’imposent
Cette investigation faite par une série d’entretiens n’échappe pas à l’auto
promotion des quartiers par les élus ou les aménageurs, même si certains
traits caractéristiques peuvent être dégagés :
►► Sur le long terme, nous percevons que certains quartiers sont réalisés plus
pour produire de la taxe foncière et de la taxe d’habitation que pour créer
des lieux de vie.
►► Le poids des groupes de pression locaux présents lors de la conception
des quartiers et notamment, les commerçants de centre-ville peuvent
produire de la zone sans vie (La Chapelle-sur-Erdre) pour ne pas faire de
la concurrence à un commerce de centre-ville moribond. Le fait de jouer
avec l’implantation par les commerçants locaux (Chantepie) se révèle plus
intelligent.
►► Les contraintes légales (la directive eau, les espaces protégés) sont vécues
comme des opportunités mais elles ne sont que faiblement prises en compte.
►► Les labels, même ministériels, ne peuvent pas être des points d’appui pour
identifier une bonne pratique à long terme, s’ils ne sont pas multidisciplinaires,
transversaux et globaux. Un prix d’excellence biodiversité peut masquer
une absence de diversité.
►► Un écoquartier ou plus exactement, un quartier durable pour le bien-être
des habitants doit s’inscrire dans une réponse permanente aux six finalités
suivantes143 :
▼▼ L’attractivité, c’est-à-dire la satisfaction de l’ensemble des besoins humains
dans une économie permanente de moyens.
▼▼ La résilience, c’est-à-dire l’adaptation permanente aux chocs sociaux
pour fournir des réponses adaptées à long terme.
▼▼ La créativité, c’est-à-dire la capacité à innover pour fournir des réponses
aux enjeux.
▼▼ La cohésion sociale, c’est-à-dire la prise en compte des besoins inter-
générationnels et sociaux pour s’opposer à la vision des blocs (sociaux,
générationnels, d’occupation des espaces).
▼▼ La gestion responsable des ressources afin de limiter la consommation
et disposer d’une société plus économe (smart).
▼▼ Le bien-être de la population dont les composantes sont l’accès à l’édu-
cation, à la santé, à l’augmentation de la durée de vie et à la lutte contre
la pauvreté.
143 Liste établie dans le cadre de la norme à l’étude ISO 37101 prévue pour 2014.
385
Bâtiments et aménagement durable
5.3.1 La méthode
L’idée principale de l’étude consistait à confronter les concepts d’aménagement –
visant à un bien-être des habitants (du point de vue des concepteurs et des
élus) – avec ceux des habitants. Une comparaison a été établie avec les habitants
de chaque commune et vivant dans des lotissements type années 1970-1980.
Les étudiants ont réalisé une série d’enquêtes basées sur des entretiens semi-
directifs qui permettaient de laisser s’exprimer les habitants sur leurs habitudes
et leurs ressentis. Ils ont mis en place une grille d’analyse des grands thèmes et
sous thèmes que nous voulions développer au cours de cet exercice… À partir
de ce classement, ils ont rédigé une dizaine de questions permettant de mesurer
les différentes composantes du « bien-être » présentées par les concepteurs
précédemment et commentées.
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Les externalités qui s’imposent
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Bâtiments et aménagement durable
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Les externalités qui s’imposent
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Bâtiments et aménagement durable
souhaitent que leur cadre ne se dégrade pas, comme si les reportages sur les
grands ensembles avaient encore laissé des traces. Le calme est effectivement
synonyme de bonne fréquentation du quartier, de sécurité et vient également
se positionner en contraste avec le cadre du travail pour les actifs.
Le logement doit offrir la possibilité du repos, c’est un endroit de retraite.
Paradoxalement, d’autres interlocuteurs trouvent ces quartiers trop calmes et
utilisent l’expression de ville « dortoir », le terme apparaît à plusieurs reprises.
Il résulte des entretiens, un sentiment de satisfaction générale ; les efforts
d’aménagement dans les domaines publics et privés compensent les
désagréments liés aux problématiques d’espaces insuffisants et de coût du
logement. La nature dans la ville n’est pas explicitement formulée comme étant
source de bien-être mais au travers des discours, il est possible d’identifier
des aménités qui en résultent. Toutefois, une crainte apparaît d’être, dans le
futur, habitant d’un grand ensemble, potentiellement dégradé et de faire partie
des déclassés de la ville.
390
Les externalités qui s’imposent
Il résulte des entretiens que les habitants pratiquent les espaces nature à
l’extérieur du quartier, car ces lieux sont identifiés comme tels : « le petit
Cucé » pour Chantepie et « les bords de l’Erdre » pour La Chapelle-sur-Erdre.
Ils apprécient les réserves naturelles et les grands espaces.
Cela résulte sans doute d’une culture de la spécialisation des espaces, le lieu
où l’on habite, n’est pas celui qui offre des loisirs. Les gens ont l’habitude de
« sortir du quartier », « aller ailleurs ».
Les habitants ont besoin de repères concrets, d’un balisage et d’une sensation
d’artificialisation pour s’approprier les espaces. De plus, les quartiers étant
récents, il n’existe pas d’habitants susceptibles de guider les nouveaux habitants
vers la compréhension des lieux.
Le confort des usagers revient de manière récurrente, les espaces doivent être
pratiques et en nombre suffisant. Des remarques sur l’accès à ces espaces
ont été formulées : elles portent sur l’accès technique pour les personnes à
mobilité réduite et les poussettes. Dans le secteur Touche Annette par exemple
la fille d’une dame handicapé évoque « des espèces de carrés qui laissent
pousser l’herbe » mais sont très inconfortables pour les fauteuils roulants.
Aux Perrières, les familles avec des enfants en bas âge aimeraient disposer
de plus de jeux pour « les sorties courtes avec trottinette », et à Chantepie,
« la queue au toboggan » est relevée par les passants qui n’ont pas d’enfant.
Les habitants ont aussi besoin d’espaces verts plus petits, à proximité directe du
logement malgré la présence de grandes réserves. Ce sont des aménagements
que les habitants s’approprient le plus vite car ils sont un gage de sécurité par
leur proximité et leur position géographique précise ; ainsi, on y retrouve des
enfants en apprentissage d’indépendance par exemple. Ce n’est pas seulement
un « lieu », mais une sorte de prestation de service.
Les chemins bordés de végétaux sont très utilisés pour les mobilités douces ;
essentiellement dans le cadre du temps libre des habitants ou vers l’école pour
les parents qui ne travaillent pas. Le reste de la semaine, l’usage de la voiture
reste largement majoritaire.
Pour la ZAC des Perrières à La Chapelle-sur-Erdre, les chemins dallés ou
gravillonnés donnent de la lumière et relient directement le quartier aux
commerces du bourg. La continuité est très appréciée.
Ainsi, nous recevons moins de remarques sur le besoin en commerce ou en
animation. Il faut préciser que la distance au bourg est moindre et le tissu
associatif de la commune dense. Dans la ZAC des Rives du Blosne, les
personnes attendent les commerces annoncés à « Rosa Parks », le terminus
391
Bâtiments et aménagement durable
du bus. Là aussi, le sentiment de ne pas être informé est palpable : « il devrait y
avoir », « ils nous avaient dit », « normalement, je crois » sont des expressions
récurrentes.
La demande de proximité est formulée pour les produits d’une épicerie pour
les « dépannages » et une boulangerie pour le « pain » qui sont évoqués ; les
grandes courses sont faites à l’extérieur, à proximité du travail et/ou dans les
hypermarchés du centre urbain.
Les habitants des Perrières se sentent directement connectés à la commune.
Dans la ZAC des Rives du Blosne, le sentiment de « ville nouvelle », un peu
déconnecté est parfois présent.
Mais globalement, les habitants sont tout de même satisfaits de s’être rapprochés
du pôle urbain (Rennes et Nantes), et ne souhaitent ni s’en éloigner, ni s’en
approcher.
À Chantepie, les habitants sont aussi déçus par l’annonce du métro Rennais
qui n’est pas venu. « On avait un peu choisi la ZAC pour cela », se plaint une
mère de deux adolescentes qui visait l’indépendance (mobile) de ses enfants.
Le rapport au temps est ici un critère primordial. En effet, au-dessus de
20 minutes de trajet vers le pôle d’emploi, les personnes prennent leur voiture,
sauf les adolescents qui n’ont pas le choix.
Les détours pris par le bus lequel « serpente » et le fait d’être le terminus de
la ligne accentuent le sentiment de séparation avec le reste de la commune
et le sentiment d’éloignement du centre urbain.
Les mêmes impressions s’expriment aux Perrières, où le tram-train est attendu,
bien qu’on regrette qu’il n’arrive qu’en « bout du quartier ». Et, paradoxalement,
certains citoyens non usagers des équipements, dont les transports en commun,
apprécient leur présence car ils valorisent le quartier et les rassurent.
Par ailleurs, la voiture, bien présente, pose le problème du stationnement. Les
habitants sentent un réel inconfort dû au manque de places de stationnement.
Même si la moyenne des places n’a pas été réduite par rapport à des quartiers
plus anciens, le ressenti est fort, surtout autour des immeubles collectifs. Ceci
provoque des conflits et des incivilités. Nous resterons ici sur le sensoriel : Les
gens se sentent très gênés par le manque de stationnement. « Ils n’ont pas
pensé aux invités », dit une habitante du square Arletty à Chantepie.
Parallèlement, l’esthétique du parking ne plaît pas. « Je suis pour le vert mais
on a aussi besoin de place » face à « Les Neuf Journaux, c’est affreux, un vrai
parking à ciel ouvert », il faut donc des places de parking en nombre suffisant
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Bâtiments et aménagement durable
de richesse. « Nous, ce qui nous a plu c’est la mixité sociale ». Les relations
sont bonnes dans la mesure où il existe un respect mutuel « Si les gens vivent
dans un espace agréable, il n’y a pas de raisons pour que cela se passe mal. »
La mixité sociale, dans les faits, reste peu marquée. Les écoquartiers accueillent
majoritairement des classes populaires supérieures et moyennes, les classes
les plus riches et les plus pauvres n’habitent pas dans ces quartiers.
Les seules plaintes viennent des secteurs les plus denses de Chantepie, qui
possèdent le plus de logements sociaux, sous la forme d’« on-dit », de rumeurs.
« Les cassos », « La police doit y intervenir souvent. »
Dès l’origine du projet, les anciens cantepiens (de Chantepie) évoquaient « la
nouvelle ZUP ».
Toutefois, d’une façon générale ce n’est pas tant la mixité sociale qui pose
problème, mais plutôt la sensation de densité. « [En positif] je mettrais aussi
la mixité, […] Enfin après, ce n’est pas pour autant que j’aime les bâtiments
trop hauts. »
La mixité intergénérationnelle fait partie des objectifs dans les projets d’amé
nagement. Pourtant il ressort nettement que les relations sociales naissantes
avec les voisins sont dues principalement à la présence de personnes d’âge
identique et de situation familiale proche. Comme partout, que le facteur de
rapprochement par défaut est l’enfant. « Nos enfants ont le même âge et qu’est
ce qui fait du lien, c’est les enfants », « On se retrouve avec des âges plus ou
moins identiques et des enfants du même âge. Donc si on s’entend bien, pour
l’entraide c’est génial. », « J’ai des voisins avec qui je m’entends mieux, plus
dans mes âges, on s’entraide. »
En général, les relations sociales s’établissent sur une échelle très réduite,
c’est-à-dire entre personnes de la même rue et il s’agit de relations de bon
voisinage, rarement plus. « Les voisins proches surtout », « On connaît surtout
nos voisins de proximité », « C’est de simples relations courtoises. »
Les commerces et les services contribuent à la qualité de vie d’un quartier, en
participant à son animation, sa convivialité. Tout le monde n’a pas la possibilité
de se déplacer pour trouver des équipements publics et des commerces. La
présence des équipements de proximité favorise l’équité sociale entre les
habitants d’un quartier, qui se retrouvent à côtoyer les mêmes lieux au quotidien,
quelle que soit leur situation sociale.
Le besoin immédiat ne se fait pas ressentir pour les habitants des quartiers,
car ils se déplacent facilement jusqu’au bourg ou au supermarché le plus
398
Les externalités qui s’imposent
399
Bâtiments et aménagement durable
La vie sociale semble donc moins riche et animée sur ces quartiers. Il se peut
qu’elle soit une résultante du vieillissement souvent décrit de ces quartiers
que celle de disposer de moins de possibilité de se rencontrer. En effet, nous
l’avons constaté dans les écoquartiers par nos entretiens, ce sont les enfants
le vecteur premier de rapprochement.
Ce stéréotype du lotissement vieillissant est certes corroboré par les observations,
mais dans une moindre mesure que ce que l’on pouvait imaginer. Ainsi des
« jeunes » couples s’y installent encore, même si le renouvellement est décrit
comme lent.
Leurs enfants jouent également sur les quelques espaces publics, ou doivent
marcher un peu vers les aires de jeux plus proches du centre-ville. D’ailleurs
pour certains résidents âgés, le secteur ne manque pas de jeux et « d’espaces
verts », où ils emmènent parfois leurs petits-enfants.
Toutefois, la plupart du temps, les jeux se déroulent sur des espaces privés,
les enfants s’invitant les uns chez les autres.
La mixité est bien moins marquée que dans les écoquartiers. En effet, les
maisons sont plus chères dans les lotissements 1970 du fait de la superficie
habitable et du terrain, éloignant les budgets les plus modestes. Toutefois, la
question de la mixité intergénérationnelle mérite d’être soulevée.
Il est ressorti plusieurs fois au cours des entretiens, des « incompréhensions »
ou du moins une différenciation forte entre les modes de vie des résidents
âgés et ceux plus jeunes.
La gestion des espaces des écoquartiers est confiée à un syndicat de gestion
des espaces verts locaux. Il en est ressorti plusieurs fois une différence de
vision entre les personnes âgées, ayant du temps et voulant que les travaux
soient faits par chaque résident, et les couples plus jeunes encore actifs, jugeant
ne pas disposer du temps nécessaire et souhaitant déléguer la gestion. Pour
les habitants plus jeunes en revanche, ils peuvent déplorer un renouvellement
plus lent du quartier.
La participation des habitants à la vie de la commune prend de plus en plus
d’importance aujourd’hui. Beaucoup de municipalités intègrent cet objectif à
leur projet et mettent en place différentes actions qui permettent à la population
d’exprimer leur avis.
Cette implication semble essentielle pour aménager le cadre de vie idéal des
citoyens, les habitants doivent pouvoir échanger sur leurs besoins et leurs
pratiques de l’espace afin que les concepteurs aménagent un environnement
adapté à leurs attentes.
400
Les externalités qui s’imposent
Une des caractéristiques des écoquartiers est d’offrir un cadre de vie agréable,
de créer un environnement porteur de bien-être, en rupture avec les façons de
vivre et d’aménager en pratique jusqu’ici. Cet objectif pour être atteint, amène
à mettre en place la participation citoyenne. Il va s’agir d’intégrer les habitants
dès le début du projet et d’échanger avec eux sur leur conception des espaces,
sur leur critère de cadre de vie idéal.
Les étudiants, d’une façon un peu naïve, pensent que la participation citoyenne
s’est imposée naturellement dans les projets. La réalité reste autre : l’opposition
à certains grands projets notamment les centrales nucléaires ont conduit à
rechercher des modes de débat public dont les commissaires enquêteurs sont
un maigre maillon. Pour avoir tenté de développer en France, la « médiation
environnementale144 », laquelle a été interdite car elle remettait en cause la
compétence des services de l’État, j’ai du mal à considérer la communication,
voire la publicité « Top down » comme l’expriment les Anglo-Saxons, des
collectivités pour de la concertation.
Les deux communes ont chacune abordé à leur façon cette notion de vie
citoyenne, mais il résulte des entretiens la faible participation générale des
habitants.
Le bien-être citoyen se réalise au travers de cette participation citoyenne,
les habitants devraient être145 acteurs de leur environnement, ils devraient se
sentir intégrés au projet. La municipalité doit communiquer sur ses actions afin
de permettre une meilleure appropriation des lieux par les citoyens. Des trois
composantes du bien-être, il est apparu lors des entretiens que le bien-être
citoyen était le moins exprimé. En effet bien souvent il n’apparaissait pas de
manière spontanée, mais à la suite d’une question portant sur ce sujet. Les
entretiens ont mis en avant le fait que de manière générale très peu d’habitants
s’impliquaient dans la vie municipale et une majorité semblait déçue des actions
menées par la municipalité au niveau de la citoyenneté.
Chaque commune réalise un bulletin communal ou des prospectus rassemblant
des informations sur les projets de la municipalité, les événements culturels
ou sportifs et des annonces variées. L’enquête a mis en avant que tous les
144 Processus d’analyse démocratique développé au Canada, qui soumet tout projet à un débat
public, sous l’égide de hauts fonctionnaires fédéraux, qui s’assurent que le processus est
conforme à la loi et que toutes les questions ont obtenu les réponses nécessaires. L’étape
indispensable est un vote dont le résultat lie toute la communauté qui a participé au débat.
145 Le conditionnel suppose que l’information soit honnête et complète, dans un tel projet, la
concertation est biaisée car les élus et les aménageurs affirment ne pas connaître les futurs
habitants. Comme nous l’avons signalé, une approche sociologique peut donner de bonnes
pistes lors du début du projet puis la participation des plus anciens est un gage de succès
à condition d’accepter de se remettre en cause voire de changer d’avis.
401
Bâtiments et aménagement durable
402
Les externalités qui s’imposent
chose, ils souhaitent être acteurs et n’ont pas besoin de plus de sollicitation pour
le devenir, « Les réunions municipales pour le public j’y vais, conseil municipal
une fois par mois, tout ce qui est proposé dans le conseil a une incidence sur
nous qui y vivons. » La plupart des personnes interrogées sont satisfaites de
l’existence de cette possibilité, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles y
participent. Le simple fait que ces outils de participation existent, convient et
leurs disparitions entraîneraient sûrement des contestations, même de la part
d’habitants qui ne les ont jamais utilisés.
Mais on remarque tout de même que les habitants attendent autre chose, certains
déplorent le fait que c’est à eux d’aller vers la municipalité pour s’exprimer, sinon
personne ne vient s’informer de leurs attentes, « Nous, on n’en reçoit pas et
quand on en reçoit c’est parce qu’on a appelé, parce qu’il est temps de faire
quelque chose. » « Je pense que quand on n’est pas dans les commissions à
la mairie, on ne nous demande pas vraiment notre avis. » Il existe un véritable
manque perçu au niveau de la participation, ce qui montre l’importance de la
participation citoyenne, les habitants ont besoin de s’exprimer, d’entretenir
des relations avec la municipalité et de se sentir impliqués pour se sentir bien
dans leur environnement. Certaines personnes ont mis en avant le fait que
même quand ils vont se plaindre de quelque chose, d’un manque au niveau
du quartier, la commune ne fait rien, les choses traînent, « et nous au bout
de 5 ans quand est ce qu’on a des terrains de jeux pour les enfants ? » « Il y
avait des choses prévues et les gens ne voient rien arriver, ils se demandent ce
qu’il se passe ». Les habitants sont dans l’immédiateté et cette impression de
manque d’implication de la municipalité augmente le rejet de la vie citoyenne,
de la conscience collective, ainsi que du lieu de vie.
Les municipalités ont pourtant mis en place quelques actions afin de recueillir
les impressions et répondre aux interrogations des habitants notamment durant
les travaux. Ainsi à Chantepie, un médiateur était présent et des conseillers
municipaux sont venus dialoguer avec les habitants qui ont été très sensibles
à cette démarche, « Il y a des gens du conseil municipal qui passent et qui
sont à l’écoute de la population donc ça, je trouve que c’est pas mal. » Mais
les actions semblent ponctuelles, car peu de personnes y ont fait référence
lors des entretiens. Pourtant beaucoup d’habitants souhaiteraient qu’un
dialogue soit instauré, qu’ils aient la possibilité d’exprimer leurs besoins, leurs
mécontentements et qu’ils aient la sensation que leur avis compte, qu’il y ait
des avancées. Les habitants sont d’accord pour faire évoluer le projet, ils
souhaitent avoir une part active dans les décisions qui touchent à leur cadre
de vie, « Je ne participe pas beaucoup, mais parfois, c’est vrai qu’on aimerait
avoir quelqu’un de référent, qui nous représente. »
403
Bâtiments et aménagement durable
Les citoyens ont besoin de se sentir écoutés, ils veulent être acteurs mais
manquent de temps pour ça. Bien souvent, les habitants sont occupés par
leur vie professionnelle et familiale qui passe avant leur vie citoyenne et de ce
fait, ils trouvent cette participation à la vie municipale sous forme de réunions
très contraignante. Il s’agit donc de mettre en place un format de participation
plus adapté aux conditions de vie d’aujourd’hui car la participation à la vie
municipale est essentielle pour le bien-être citoyen, c’est par ce biais que les
habitants s’impliquent et construisent leur rapport avec la municipalité.
La participation citoyenne est d’ailleurs une des représentations que certains
se faisaient des écoquartiers notamment ceux qui sont sensibilisés à cette
notion et aux pratiques étrangères « C’est vraiment le cœur de mes attentes
envers ce projet : être mieux sensibilisé », nous a rapporté un habitant qui
connaît bien les écoquartiers en Suède. Pour beaucoup il y a un manque de
communication sur les ambitions du projet et des aménagements réalisés. Il n’y
a eu aucune information concernant l’entretien et la préservation des espaces
naturels, la gestion de l’eau ou les gestes écologiques.
Aucun des habitants des deux quartiers étudiés n’a été sensibilisé au concept
d’écoquartier, ce qui explique que pour eux il n’y a aucune différence avec
un quartier traditionnel. Ils n’en retirent aucun bénéfice car, selon eux, leurs
modes de vie n’ont pas changé, « Ici le label « écoquartier » pour moi ne
veut rien dire. C’est bien pour la commune de mettre ça en avant, et pour les
promoteurs, mais pour les habitants ? Si il n’y a aucun bénéfice pour eux, quel
intérêt ? La mairie est certainement très fière de ce qu’ils ont fait, mais il y a
une réelle rupture ».
Certaines personnes ont tout de même noté quelques différences, notamment
en ce qui concerne la végétation, les espaces verts notamment à La Chapelle-
sur-Erdre et les constructions environnementales : « Les constructions HQE
et BBC c’est intéressant », « c’est vrai qu’on a de grands espaces verts ».
Mais aucun habitant n’a modifié ses habitudes de vie ou adopté des gestes
écologiques, du fait du manque d’information et de sensibilisation. Il y a un
grand besoin de communication sur cette notion, les habitants se retrouvent
bien souvent dans un environnement qu’ils ne connaissent pas et donc ne
peuvent pas maîtriser et s’approprier les subtilités de la démarche.
Pour la majorité des personnes, les écoquartiers se rapportent surtout aux
économies qu’ils peuvent réaliser sur leur facture d’énergie. L’environnement
semble secondaire pour eux car c’est l’intérêt individuel qui prime sur l’intérêt
collectif, les individus pensent d’abord à leur habitation avant de voir les espaces
collectifs. Certaines personnes ont été déçues du décalage qu’il pouvait y avoir
404
Les externalités qui s’imposent
entre la description qui avait été faite du quartier au moment de la vente des
terrains et la réalité. Il y a eu notamment des désillusions concernant l’offre de
transport ou le cadre de vie à Chantepie, « Ils nous ont vendu la maison en nous
vendant le métro à Chantepie, ce qui ne s’est pas réalisé », « On nous avait
vanté un cadre plus agréable, avec des petits îlots de verdure, mais on ne nous
avait pas parlé de ça. » Les habitants sont assez mécontents de la densité trop
importante à leurs yeux à certains endroits du quartier. Ces quartiers durables
doivent donc davantage intégrer la population à la démarche pour améliorer
l’appropriation des lieux. L’implication des résidents au projet, leur sentiment
d’être acteurs et d’améliorer leur espace de vie, constituent le bien-être citoyen
et paraissent être insuffisant au sein des écoquartiers.
Les entretiens ont mis en avant des mobilisations spontanées de la part de
certains habitants. Malgré une faible implication à la vie municipale, des
organisations se mettent en place entre certains habitants. Ainsi à Chantepie un
système de pédibus s’est mis spontanément en place entre des résidents afin
d’emmener les enfants à l’école « Auparavant il y avait le pédibus, c’était très
bien, c’est une de nos voisines qui se chargeait de l’organisation et depuis qu’elle
a arrêté ça n’a pas été repris », et à La Chapelle-sur-Erdre, une association
rassemble les remarques des habitants afin de leur donner du poids devant
la municipalité et permet dans le même temps d’instaurer une vie de quartier,
« On a créé une association pour s’exprimer sur nos mécontentements mais
aussi pour créer une vie de quartier. » Même si certaines de ces actions n’ont
pas perduré, elles ont permis de créer des liens entre les habitants et traduisent
bien leur volonté et leurs besoins d’être acteurs de leur quartier.
Les écoquartiers n’ont pas encore réussi à instaurer un bien-être du point de
vue de la citoyenneté, notamment au niveau de l’implication des habitants et
de leur sentiment d’être acteurs de leur environnement. En effet, la majorité de
la population ne prend pas part à la vie municipale et semble pourtant être en
attente d’une information et d’une implication émanant de la municipalité. Les
habitants souhaitent être intégrés aux décisions mais selon eux c’est à la mairie
de venir se renseigner, qu’ils puissent avoir une personne à qui rapporter leurs
remarques. Le bien-être citoyen apparaît comme un aspect important, c’est une
véritable attente pour une majorité de la population même s’il n’est généralement
pas spontanément exprimé. Les habitants ont besoin de s’impliquer dans la
vie municipale et de s’exprimer pour se sentir bien dans leur environnement.
La ZAC des Perrières a pourtant été primée pour la participation citoyenne,
or cet aspect n’a pas du tout été mis en avant lors de nos entretiens. Il y a
tout de même des possibilités, car quelques personnes mettent en place des
actions permettant d’instaurer une solidarité entre des riverains et de ce fait
405
Bâtiments et aménagement durable
406
Les externalités qui s’imposent
407
Bâtiments et aménagement durable
Elles sont présentées sous forme de fiches, lesquelles peuvent être utiles pour
les étudiants ou les professionnels.
Sur la densité
Cela fonctionne : la création de percées visuelles sur la nature, l’urbaniste et
le paysagiste peuvent gérer de façon optimale la disposition du bâti afin d’offrir
un paysage de qualité à tous.
▼▼ Les astuces architecturales. Formes, décalage, originalité, couleurs,
matériaux, peuvent atténuer l’oppressante sensation de la densité.
408
Les externalités qui s’imposent
Le logement
Cela fonctionne : la qualité des espaces en pied d’immeuble. Des espaces
publics de qualité, bien entretenus, et une présence « verte » optimisée
compensent la taille du logement et l’absence d’espace individuel extérieur.
Ce qui ne fonctionne pas : la petite taille du logement. Le coût du logement
entraîne un compromis avec la taille du logement. Les gens acceptent une
pièce de moins pour se rapprocher du pôle urbain mais se projettent moins
à long terme dans le secteur et espèrent plus grand. Souvent, cela se traduit
par l’éloignement du pôle urbain à long terme.
La perception
Sur la nature
Cela fonctionne :
►► Les grands paysages. Les tableaux paysagers valorisent le quartier.
409
Bâtiments et aménagement durable
►► Encadrés de vert.
▼▼ C’est avant tout la quantité de vert, la taille des arbres, l’entretien qui
sont perçus.
▼▼ Les personnes ne connaissent pas la botanique.
Ce qui ne fonctionne pas :
►► La peur de la nature.
►► Les espaces préservés, volontairement laissés avec un entretien minimum,
sans indications, créent de l’inquiétude chez les habitants.
►► Il faut expliquer les aménagements.
Espaces « naturels »
Cela fonctionne :
►► Un décor paysager agréable. Il valorise le logement et l’appropriation du
quartier par les nouveaux habitants.
►► Favoriser le fonctionnement de la trame verte.
Avec un accompagnement pédagogique, ils sont un bon support à la
sensibilisation écologique et à une découverte différente de la nature.
►► Des espaces complémentaires. Les grandes réserves naturelles ne doivent
pas être un argument à la diminution des espaces de proximités de type
square.
Il faut aussi des espaces de transitions plus anthropisés à l’entrée des
réserves afin que les personnes à mobilité réduite s’approprient ses espaces,
sans forcément en pratiquer la totalité.
Ce qui ne fonctionne pas :
►► Des espaces de non-droit ?
Le manque d’information et le manque de repères créent un sentiment
d’insécurité et de rejet.
410
Les externalités qui s’imposent
►► La culture « rurbaine » :
▼▼ L’habitude de s’aventurer dans la « campagne » est faible. Il s’agit d’une
génération qui a besoin d’être sécurisée. Aussi, il existe une discipline
forte et l’impression de ne pas être autorisé sur ces espaces.
▼▼ La majorité des « nouveaux habitants », et le peu de gens ancrés (les
anciens) pour passer le mot à leurs voisins sur ces espaces, expliquent
aussi le défaut d’appropriation.
►► L’accessibilité.
Frustration des personnes à mobilité réduite et des familles
avec enfants en bas âges (poussettes, petits vélos…).
Les mobilités
Cela fonctionne : amélioration des mobilités douces. Les habitants apprécient
les chemins bocagers, les longues promenades encadrées de verdure et
ponctuées d’équipements.
Ce qui ne fonctionne pas :
►► La présence de l’automobile ne faiblit pas. Le rapport au temps des popu
lations favorise toujours la voiture, malgré l’avis défavorable des habitants
sur la perception visuelle des automobiles.
Besoin de leur présence mais souhait de les dissimuler. Les aménagements
ne suffisent pas, ils doivent être alliés aux services.
►► Savoir où l’on va. Les habitants se plaignent du manque de signalisation
pour les modes de déplacements doux. Ils doivent connaître leur itinéraire
et le temps de parcours pour les essayer et en faire des usages récurrents.
Le rattachement à la commune
Cela fonctionne :
►► La conscience démocratique :
▼▼ Les citoyens ne se sentent pas freinés dans leur participation même
s’ils ne l’appliquent pas.
▼▼ Ils savent qu’ils ont le droit de s’exprimer.
►► Sur le fait accompli. Selon les habitants, les projets sont déjà bien avancés
et ils sont tenus au courant a posteriori des décisions.
Ce qui ne fonctionne pas : le manque d’information et de consultation. Les
habitants ne se sentent pas impliqués dans la vie des communes.
411
Bâtiments et aménagement durable
Ils souhaitent que la collectivité vienne à eux et non l’inverse car se sont pour
la plupart des actifs avec un temps limité. Internet peut favoriser les débats.
Ils ne connaissent pas les futurs aménagements de leur quartier.
412
Les externalités qui s’imposent
Les mixités
Cela fonctionne :
►► Une mixité sociale appréciée. C’est une source de richesse pour les habitants
si elle est bien pensée.
►► La mixité fonctionnelle. Commerces, artisanat, les habitants sont dans
l’attente de pouvoir côtoyer les mêmes lieux que leurs voisins au sein de la
ZAC. C’est une façon de se reconnaître comme habitants du même quartier.
413
Bâtiments et aménagement durable
5.4.3 La citoyenneté
La communication communale
Le journal de la commune
Cela fonctionne : un intérêt marqué. La majorité des habitants l’évoque en
premier concernant les moyens de s’informer sur la vie de la commune.
Ce qui ne fonctionne pas : des informations trop brèves ? Le manque d’infor
mations précises sur le devenir du quartier est ressenti.
Les personnes sont dans l’attente d’une information plus riche venant vers eux.
Le site internet
Cela fonctionne : infographie et plan. Un site internet esthétique et dont
l’arborescence est simple et intuitive encourage la consultation des informations
régulièrement.
Ce qui ne fonctionne pas : communication sur le site. Une communication
ponctuelle extérieure sur les nouveautés du site est nécessaire pour relancer
les internautes occasionnels.
414
Les externalités qui s’imposent
La participation
La consultation
Cela fonctionne :
►► Des forums sur le site internet de la commune.
S’il faut communiquer dessus par ailleurs, c’est un bon moyen de consulter
les citoyens qui ont moins le temps ou ne souhaitent pas se déplacer.
►► Aller vers l’habitant.
Les personnes sont dans l’attente d’être informés et consultés. Ils argumentent
par le manque de temps pour prendre des initiatives.
Ce qui ne fonctionne pas : les consultations en mairie. Sachant que peu de gens
font le déplacement, la consultation peut-elle être considérée comme valide ?
La participation
L’engagement
Cela fonctionne : les participants aux commissions thématiques.
Il peut exister une vraie organisation communale permettant des commissions
dynamiques. Les participants apportent des éléments essentiels dans les projets
de la commune. La Chapelle-sur-Erdre en est un bon exemple.
Ce qui ne fonctionne pas : les gens qui ne participent pas aux commissions.
Ils savent qu’elles existent et pensent souvent que la parole est réservée à ceux
qui y participent. Ils ne connaissent pas vraiment le contenu des commissions.
415
Bâtiments et aménagement durable
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : les ralentisseurs. Loin de demander moins de contraintes pour
leur voiture, la majorité des habitants souhaitent que la vitesse soit « brisée ».
Complexification du réseau pour limiter le trafic de transit. Le résultat est
certain, et décharge au moins les îlots en cœur de secteur des nuisances
liées à la voiture.
Ce qui ne fonctionne pas : une voie unique captant toutes les voitures de la
zone. Les bouchons et ralentissements sont alors fréquents, et très disqualifiés
par les habitants.
Bien-être relationnel
Ce qui ne fonctionne pas : les zones 30. Les gens roulent effectivement
moins vite, mais les comportements sont encore décrits majoritairement comme
« dangereux ». La complexification du réseau pour adapter le comportement
des usagers (sentiment d’insécurité). Certes les habitants doivent rouler plus
doucement, mais cela ne suffit pas car la vitesse est unanimement décrite par
les parents comme trop élevée.
416
Les externalités qui s’imposent
Sur les quartiers que nous avions étudiés, ils se limitent à une ligne de bus.
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : une ligne de bus vers le pôle urbain le plus proche. Les gens
veulent avoir le choix, pouvoir disposer, de ce service, même ceux qui l’utilisent
très rarement.
Ce qui ne fonctionne pas : un réseau assez peu utilisé. Les gens y préfèrent
largement l’usage de la voiture. Le sentiment d’éloignement de la ville-centre.
Le temps de trajet est jugé trop long.
Bien-être citoyens
Cela fonctionne : un mode de transport pour tous. L’enquête révèle que les
usagers semblent appartenir à des statuts sociaux variés, sans vraie pré
dominance d’un groupe déterminé. Une ligne de bus semble favoriser l’égalité.
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne :
►► Réutilisation de la trame bocagère.
Pour les habitants, cela apporte une véritable aménité au quartier, et les
traces de nature développée sont valorisées.
►► Réseau de chemins piétonniers.
Ils sont une réussite, presque tous les habitants trouvent agréable les
espaces piétons séparés de la voiture.
Ce qui ne fonctionne pas : utilisation des chemins piétonniers du quartier lors
des promenades.
►► Difficulté
d’accessibilité à ces aménagements pour certains utilisateurs
(handicapés et poussettes). Au final, ils ne sont pas très pratiqués.
417
Bâtiments et aménagement durable
Bien-être relationnel
Cela fonctionne : des aménagements de passages et non de rencontres.
►► Ce n’est pas parce que les gens les utilisent qu’ils en profitent pour faire
des rencontres.
►► Réseau de pistes cyclables. Si elles ne sont pas nécessairement très
pratiquées, elles s’inscrivent surtout dans une utilisation de loisir.
Ce qui ne fonctionne pas : un même espace support de ces 2 mobilités.
►► Il n’est pas apprécié que ces 2 aménagements se chevauchent, et un réseau
piétonnier ne dispense pas de l’installation d’une piste cyclable en parallèle.
►► Réseau de pistes cyclables non visibles créé un sentiment d’insécurité pour
les cyclistes qui prennent la route.
Bien-être citoyenne
Une association de randonnée existe sur Chantepie, et pourrait avoir usage de
ces chemins. Toutefois, aucun citoyen n’y a fait référence, nous ne pouvons
pas par conséquent pas juger du potentiel disponible.
Bien-être sensoriel
Ce qui ne fonctionne pas : sensation d’omniprésence de la voiture. « Il y en
a que pour la voiture ».
Bien-être relationnel
Ce qui ne fonctionne pas : source de conflit et d’insécurité.
418
Les externalités qui s’imposent
Les voisins sont inquiets pour leurs enfants, même si certains disent que les
automobilistes sont plus attentionnés lorsqu’ils sont proches les uns des autres.
Bien-être citoyen
Ce qui ne fonctionne pas : les voiries partagées vont à l’encontre de la place
de la voiture accordée dans notre société.
5.4.8 Le stationnement
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : les parkings souterrains. Ils participent très nettement à
diminuer la visibilité de la voiture. Aucun résident ne s’est plaint de leur utilisation.
Ce qui ne fonctionne pas : places de stationnement le long des grandes
voiries. Elles augmentent la visibilité de la voiture.
Bien-être relationnel
Cela fonctionne :
►► Les parkings groupés. Le fait de devoir se déplacer un peu et de ne pas
avoir sa voiture directement chez soi n’a jamais été évoqué comme une
vraie contrainte.
►► Les parkings non boxés. Cet aménagement est bien accepté par les habitants
qui ne s’en plaignent quasiment pas.
Ce qui ne fonctionne pas : le « manque » de places de stationnement crée
une tension entre les habitants, notamment lorsqu’ils reçoivent des amis. La
place trop importante de la voiture crée un sentiment d’insécurité.
Bien-être citoyen
Ce qui ne fonctionne pas : les pratiques écologiques telles que le covoiturage
ne semblent que très peu mobilisées.
419
Bâtiments et aménagement durable
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : mixité du type d’habitat pour les habitants des collectifs.
►► Ils apprécient la vue dégagée.
►► L’aération entre les bâtiments : Cela diminue le sentiment de densité.
L’orientation des bâtiments : Les habitants trouvent agréable l’orientation
des pièces de vie par rapport au soleil.
Ce qui ne fonctionne pas : la taille des habitations. Les habitants souhaitent
« une pièce de plus ». Le choix de leur habitation provient du prix attractif et
non du logement en lui-même.
►► La densité est mal perçue : perception plus ressentie par les occupants de
maisons individuelles.
►► Alignement d’habitat collectif de même hauteur : la présence d’habitats
collectifs alignés les uns à côté des autres n’est pas appréciée.
►► Les immeubles de plus de 4 étages : le sentiment de densité est nettement
plus ressenti par les habitants lors de la présence d’immeubles supérieurs
à R + 4.
►► Habitat individuel en cœur d’îlot, entouré de collectif : les habitants des
logements individuels déplorent le manque d’aération et se sentent encerclés.
►► Mixité du type d’habitat pour les habitants en individuelle : la vue sur le
collectif et perte du sentiment d’intimité.
Bien-être relationnel
Cela fonctionne :
►► Les relations de bon voisinage : Ces relations dépassent rarement le stade
de la politesse.
►► Les relations entre enfants : les familles avec enfants apprécient la proximité
qui « pousse les enfants à se rencontrer ».
420
Les externalités qui s’imposent
Bien-être citoyen
Cela fonctionne : Les fêtes de quartier. Elles sont très peu présentes dans
le collectif, les îlots d’habitat individuel ou intermédiaire. C’est l’un des seuls
moments où les habitants côtoient leurs voisins.
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : quand ils ont le temps il est agréable d’aller en ville chercher
le pain. Notamment le week-end.
Ce qui ne fonctionne pas : absence de commerces et de services : Les nouveaux
habitants ont du mal à s’identifier à leur quartier car ils ne font qu’y loger.
Bien-être relationnel
Cela fonctionne : beaucoup d’activité sur les communes (associations sportives,
culturelles) qui permettent la rencontre.
Ce qui ne fonctionne pas
►► Pas d’espace de rencontre prévu, Pas d’espace pour que les enfants se
retrouvent pour jouer autres que la rue ce qui peut créer des problèmes
de voisinage.
►► Pas d’espace pour se retrouver lors de manifestations ponctuelles (fêtes
des voisins).
►► Les gens investissent l’espace public et font naître un sentiment de gêne.
421
Bâtiments et aménagement durable
Bien-être citoyen
Ce qui ne fonctionne pas : absence d’espace communautaire permettant
d’accueillir une éventuelle association de quartier.
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne :
►► La proximité et la diversité. Les gens apprécient des espaces ludiques à
proximité directe du logement pour les moments courts de loisir en semaine.
Également, la diversité rend le cadre de vie moins monotone donc moins
routinier.
►► L’originalité. Le sentiment d’être dans un quartier innovant avec des espaces
qui ne ressemblent pas aux autres valorise la personne à travers son lieu
d’habitation.
Ce qui ne fonctionne pas : les espaces verts à usage récréatif semi-naturels.
La gestion différenciée non expliquée freine l’usage de certains espaces qui
semblent ainsi délaissés et inquiètent les habitants.
Bien-être relationnel
Cela fonctionne : les espaces verts de proximité. Les espaces sont pleinement
pratiqués par les enfants et leur ouvrent un champ de rencontre.
Ce qui ne fonctionne pas :
►► Manque d’espaces à proximité des habitations. Il est souvent interdit aux
enfants de s’éloigner de leurs habitations. Ces enfants se retranchent sur
les trottoirs devant leur logement.
►► Tranche d’âge non traitée : il y a un âge transitoire de 7 à 11 ans, pour lequel
les petites aires de jeux ne sont pas adaptées et l’indépendance encore
insuffisante pour aller dans les espaces semi-naturels.
422
Les externalités qui s’imposent
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : diminue le sentiment de densité : la présence d’espace
ouvert dans les îlots aère des secteurs pouvant être denses.
Ce qui ne fonctionne pas : La proximité immédiate des habitations. Lorsque la
placette se situe en bordure d’habitations, il y a une perte d’intimité de l’habitant
et le sentiment, pour l’utilisateur, de gêner le riverain. « J’ai l’impression d’être
chez les gens. » Les aménagements qui se fondent dans le paysage : la forte
présence de bancs en pierre qui se fondent dans le paysage entraîne une
absence d’utilisation alors même qu’il existe une forte demande.
Bien-être relationnel
Cela fonctionne : utilisation par les enfants comme aire de jeux. Ces espaces
dépourvus de voitures confèrent un sentiment de sécurité. Mais uniquement
pour les enfants vivant à proximité immédiate.
Ce qui ne fonctionne pas :
►► Utilisationtimide des adultes : lors de nos observations de terrains et
entretiens, la pratique des placettes par des adultes n’a pas pu être
démontrée.
►► La peur de rassemblements non désirés.
►► Certains habitants ont une image négative liée à l’image du rassemblement
de jeunes adultes pouvant entraîner des nuisances (bruit, alcoolisation…)
à proximité directe de leur logement.
423
Bâtiments et aménagement durable
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : c’est un aménagement ressenti comme agréable pour les
déplacements doux. L’usager est guidé par les talus qui sont aussi lieu de jeux
pour les enfants. La taille imposante des arbres est le principal facteur ressenti
par les habitants comme gage de présence naturelle.
Ce qui ne fonctionne pas : les chemins doivent mener à un endroit et ne pas
être sans issue pour l’usager qui pourrait ensuite les éviter s’il ne les connaît
pas. L’effet nature est perdu si la végétation spontanée n’est pas conservée.
Aussi, ils sont moins attrayants en hiver car ce sont essentiellement des arbres
caducs qui les composent.
Bien-être relationnel
Cela fonctionne : les chemins de rencontre dans un cadre paisible.
Ce qui ne fonctionne pas : un sentiment d’insécurité à la tombée de la nuit
est évoqué et les usagers doivent pouvoir emprunter des voies alternatives.
Bien-être citoyen
Cela fonctionne : il existe une sorte de déculpabilisation de l’extension urbaine
puisque la nature « patrimoine » existe à côté de la construction.
424
Les externalités qui s’imposent
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : un aménagement ressenti comme agréable pour les
promenades. Du fait de leur taille imposante, les bois accentuent la sensation
de vivre au cœur de la nature
Ce qui ne fonctionne pas : s’ils aiment la nature, les usagers ont tout de
même besoin d’une marque de l’Homme visible, ou bien d’explications sur ce
type d’aménagement. En effet, sans information, il y a peu d’usagers car ils ne
se sentent pas en sécurité et n’identifient pas le lieu pour leur temps de loisir.
Bien-être relationnel
Cela fonctionne : lieu de promenades partagées.
Ce qui ne fonctionne pas : influence de la mythologie ou des faits divers sur la
peur de la forêt (surtout en hiver). Ces endroits développent parfois le sentiment
d’insécurité chez les habitants.
Bien-être citoyen
Cela fonctionne : il existe une sorte de déculpabilisation de l’extension urbaine
puisque la nature existe en masse à côté de la construction.
425
Bâtiments et aménagement durable
Nous avons très peu d’éléments à ce sujet car c’est une idée qui n’est pas encore
courante dans les aménagements.
Au sein de la ZAC des Rives du Blosne, les pâtures sont en bordure de l’extension
urbaine et les difficultés ne sont pas les mêmes qu’en cœur de zone urbaine.
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : c’est un aménagement ressenti comme agréable qui permet
la présence de grands espaces de verdure à proximité et la vue sur les animaux
accentue la sensation de vivre en harmonie avec la nature.
Ce qui ne fonctionne pas :
►► Ces espaces ne doivent pas être cachés du cœur d’îlots par un trop grand
nombre de collectifs, sinon ils ne sont pas visibles et n’apportent rien au
paysage.
►► Les espaces laissés entre collectifs sont souvent insuffisants.
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : la diversité des espaces rend le cadre de vie moins monotone.
Ce qui ne fonctionne pas : les espaces laissés volontairement en l’état sont
mal vécus. Les gens ont l’impression d’un défaut d’entretien.
Bien-être relationnel
Ce qui ne fonctionne pas : le sentiment d’insécurité peut entraîner la non-
fréquentation d’un espace.
Bien-être citoyen
Ce qui ne fonctionne pas : le manque d’explication sur la méthode de
gestion. C’est un frein à la bonne perception de ce concept respectueux de
l’environnement.
426
Les externalités qui s’imposent
Les résidents y voient d’abord un intérêt financier du fait que ces équipements
leur permettent de diminuer leur facture, mais cela constitue également un
geste écologique.
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : une économie appréciée. Pour les habitants, l’économie
d’eau représente une composante essentielle des quartiers durables. Il y a
une satisfaction notamment par rapport aux économies financières possibles.
Bien-être citoyen
Cela fonctionne : un geste écocitoyen assimilé. Prise de conscience qu’il faut
préserver la ressource pour l’intérêt de tous et que cela passe par des gestes
individuels. Incite à développer des bonnes pratiques pour l’utilisation de l’eau.
Certains habitants sont mécontents du fait qu’ils n’en n’ont pas et que la
municipalité ne les incite pas à le mettre en place, par le biais de financement.
427
Bâtiments et aménagement durable
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : aspects paysagers. Les lieux sont décrits comme agréables,
souvent empruntés pour les balades.
Ce qui ne fonctionne pas : la fonction d’espace public. Difficile pour le jeu,
leur fonction n’est pas assez mise en avant, d’autant plus que leur entretien
de façon différenciée laisse une impression d’espace délaissé.
Bien-être relationnel
Cela fonctionne : espace de rencontre. Ces lieux constituent souvent le seul
point de rencontre du quartier.
Ce qui ne fonctionne pas : manque de sécurité. Ils sont parfois considérés
comme dangereux pour les enfants, surtout s’ils sont composés de plans d’eau.
Bien-être citoyen
Cela fonctionne : implication des habitants. Certains habitants, au moment de
la conception se sont exprimés sur la biodiversité à préserver, en particulier sur
des sites remarquables.
Ce qui ne fonctionne pas : manque d’implication des habitants dans la gestion :
Ces espaces sont entretenus de façon spécifique, suivant les usages qui y sont
associés, mais la population n’est ni intégrée, ni sensibilisée.
428
Les externalités qui s’imposent
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : aspect esthétique. Les habitants trouvent que cet aménagement
confère au lieu une image végétale qui est agréable. Cela casse l’image du
minéral.
Bien-être relationnel
Ce qui ne fonctionne pas : accessibilité réduite. Le manque d’accessibilité
pour certaines catégories de population réduit leurs possibilités de s’approprier
leur lieu de vie et accroît la difficulté de créer des liens sociaux.
Bien-être citoyen
Cela fonctionne : aménagement conseillé pour l’espace privé. Chaque habitant
doit veiller à utiliser ce genre de matériaux afin d’éviter les problèmes liés aux
inondations.
5.4.20 La gouvernance
429
Bâtiments et aménagement durable
Bien-être sensoriel
Cela fonctionne : aiment la relation descendante. La mairie qui fait passer
des questionnaires sur l’attente des habitants en matière d’aménagement les
contente avec les magazines communaux : Ils ont le sentiment d’être bien
informés.
Ce qui ne fonctionne pas : peur de ne pas être écouté. Sentiment de ne pas
participer aux choix d’aménagements sur leur quartier.
Bien-être citoyen
Cela fonctionne : les questionnaires dans les boîtes aux lettres permettent
aux habitants de prendre le temps d’y répondre et les incitent à participer.
Ce qui ne fonctionne pas : ne participent pas aux réunions faute de temps.
430
Les externalités qui s’imposent
Comme les études précédentes ont permis de l’identifier, les habitants sont
totalement dépendants d’une (ou de deux) voiture(s).
Cela induit environ en moyenne 18 000 km par an et par ménage soit un
budget selon la base des km de la République – laquelle comprend l’essence,
l’entretien et l’amortissement de la voiture de l’ordre de 11 000 €.
En 2013, si l’on ajoute le coût des énergies et des taxes locales, le budget annuel
des externalités s’établit environ à 18 000 € par an soit 1,33 SMIC annuel. Cela
ne comprend pas les emprunts bancaires nécessaires à l’achat du logement, les
emprunts pour l’aménagement de l’appartement, le financement des voitures. Il
est aisé de comprendre que le moindre accident de la vie : chômage, maladie,
divorce, conduit les habitants les plus faibles à la paupérisation, d’autant plus
que les aides (prêts à taux zéro, financement social) comportent de fortes
contraintes.
L’aménagement durable doit être l’occasion de corriger et non d’accentuer de
tels équilibres. L’argument mis en avant par les aménageurs privés qui veut
que l’attractivité dépende essentiellement de la capacité d’être entre soi (les
immeubles de bureaux ensemble, les pauvres dans les ghettos) et d’assurer
la sécurité, met en avant l’investisseur qui se fait voler son téléphone portable
alors qu’il allait acheter un million de mètres carrés en quartier sensible comme
le 93, relève de la rumeur et de la mauvaise foi.
Comme je l’ai précédemment signalé, la décision de l’investisseur est souvent
liée à son contexte et son environnement :
►► La localisation des domiciles des employés.
►► La localisation des clients ou des fournisseurs.
►► Les facilités d’accès offertes en transports en commun.
Assez curieusement, nous avons deux cas similaires :
►► l’abandon de la prolongation de la ligne de métro (qui aurait pu devenir une
ligne de tram) pour relier Toulouse à Labège ;
►► l’abandon de la prolongation de la ligne de métro de Rennes à Chantepie.
Dans les deux cas, par une simple vision à court terme, les décideurs ont
annulé un projet qui avait un sens pour le futur des salariés dans un cas, des
habitants pour l’autre.
Quant au tram-train, de La Chapelle-sur-Erdre, seule la fréquence inférieure
à 20 minutes peut le rendre attractif, sinon, les transports en commun restent
réservés à la population captive des transports : les jeunes, les pauvres et
les délaissés.
431
Bâtiments et aménagement durable
432
Les externalités qui s’imposent
433
Bâtiments et aménagement durable
434
Les externalités qui s’imposent
Le coût global (« life cycle cost ») tel qu’il est défini dans la norme ISO ne
comprend en effet que les coûts de conception et de construction, les coûts
d’exploitation-maintenance et les coûts de déconstruction.
Cela revient à limiter le champ d’analyse à une sphère technicoéconomique
de base.
Le périmètre du coût global étendu défini par la norme est quant à lui très
large si bien que ce concept peut relever de postures très différentes du maître
d’ouvrage. En explorant en plus les dimensions financière et citoyenne, ce
concept revient à prendre en compte la sphère technicofinancière de la fonction
immobilière en ajoutant aux coûts techniques immobiliers le financement et
la fiscalité.
Comme c’est le cas dans les contrats de partenariat, il convient de dépasser
le périmètre de la fonction immobilière en intégrant les intangibles tels que les
impacts de la construction sur l’image, sur la qualité d’usage et sur l’activité de
l’organisation, de considérer les contraintes et bénéfices revenant à des tiers
en explicitant les externalités positives ou négatives que le projet a entraînées.
En aménagement durable, nous nous situons :
►► Lors de la réalisation de l’aménagement en phase conception et travaux
en coût global (life cycle cost).
►► Lors de l’évaluation du quartier au niveau de l’intercommunalité, qui reste
la seule dimension pertinente pour évaluer les coûts et bénéfices, il s’agit
de prendre en compte le coût global étendu, comprenant les externalités
(whole life costs).
Pour mieux définir le domaine d’application de l’analyse et permettre un cadre de
lecture englobant l’ensemble des coûts, la norme propose une nomenclature à
partir d’une arborescence générique par catégories de coûts. Cette arborescence
relève davantage d’une base structurée offrant des lignes directrices aux
utilisateurs que d’une structure exhaustive figée et non modulable.
En d’autres termes, il est rappelé d’une part qu’il n’est pas nécessaire de tenir
compte de chaque élément (certains coûts peuvent être nécessaires à certains
projets et facultatifs pour d’autres), et d’autre part qu’il convient d’adapter
cette classification aux contraintes de codification nationales : « Les coûts
sont généralement classés dans la catégorie la plus appropriée ; il convient
d’indiquer les écarts peu importants dus aux restrictions imposées par la
codification nationale. Dans certains pays, il peut être difficile de ventiler les
coûts en groupe de coûts. Dans ce cas, les groupes peuvent être combinés
à des fins d’analyse. »
435
Bâtiments et aménagement durable
436
Les externalités qui s’imposent
Quand la démarche en coût global vise à comparer deux options qui ont
des durées de vie sensiblement différentes, la prise en compte de la valeur
résiduelle de la solution la plus pérenne permet un traitement équitable des
deux variantes.
La période d’analyse représente la durée durant laquelle les coûts différés sont
pris en compte. La norme privilégie le cycle de vie complet de l’ouvrage, c’est-
à-dire de sa réalisation à sa déconstruction. Cet horizon de temps peut alors
dépasser 100 ans. Néanmoins, par convention, l’analyse en Coût Global fixe
une limite à 100 ans puisqu’une modification significative du résultat, au-delà
de cette période, paraît peu probable.
L’incertitude des prévisions des coûts différés sur un horizon de temps aussi
éloigné est également à considérer. Aussi, la norme admet que la période
d’analyse soit plus courte à condition de le préciser et de le justifier. Ainsi la
période d’analyse peut être fixée sur la base d’une échéance contractuelle :
contrat de partenariat, bail à construction. Dans ce cas de figure, il convient
de prendre en compte la valeur résiduelle de l’ouvrage dans le calcul en coût
global.
L’apparition de coûts additionnels, en dehors de la période d’analyse (comme
par exemple les coûts de grosse maintenance engagés après la fin de cette
période et/ou la perte de performance associée), peut occasionner des impacts
significatifs sur les coûts de possession du maître d’ouvrage. Il est donc
recommandé d’estimer le coût global sur une période allant jusqu’à la limite
de l’obsolescence d’un ouvrage, par exemple 25-30 ans pour un bâtiment,
ou de tenir compte de l’état dégradé dans la valeur résiduelle de l’ouvrage ou
du système analysé. Une analyse de sensibilité permettra d’affiner le niveau
de précision des calculs et d’expliciter si le changement de période de calcul
influence la décision. Le calcul doit s’effectuer à une date de référence qui
est, en général, la date de livraison de la construction. L’actualisation est
l’opération mathématique qui permet de ramener les coûts différés à leur
équivalent de date de référence. En d’autres termes, la norme le définit par
le concept de « valeur du temps », le taux d’actualisation étant ainsi un taux
de substitution entre futur et présent. Ce taux varie suivant les organisations.
Dans le secteur privé, ce taux d’actualisation représente le coût d’opportunité
de l’investissement du capital. Pour la norme, il peut être estimé à partir :
►► du coût du financement contracté par l’investisseur ;
►► du taux de rémunération de la trésorerie ;
►► du taux de rentabilité du cœur de métier ;
►► d’un taux de rentabilité exigé pour un investissement jugé comme risqué.
437
Bâtiments et aménagement durable
Dt-Rt VN
Coût global = I0 +
t = 1 (1 + a) t (1 + a) N
I0 : montant (ou écart entre 2 options) de l’investissement à l’année 0
Dt : dépenses (ou écart de dépenses entre 2 options) de l’année t
Rt : revenus (ou écart de revenus entre 2 options) de l’année t
VN : valeur (ou écart de valeur) résiduelle
a : taux réel d’actualisation
N : horizon économique (en années)
438
Les externalités qui s’imposent
hiérarchie des solutions. « Cela permet d’identifier quelles données d’entrée ont
le plus d’impacts sur le coût global et sur la fiabilité de la décision finale ». Si
le classement des solutions concurrentes reste le même, le choix du décideur
est plus assuré. Si, au contraire, la hiérarchie des solutions est bouleversée,
il convient d’affiner l’analyse en coût global ou de valider les choix suivant
d’autres critères.
La norme propose quelques paramètres dont la sensibilité peut être testée :
a. Le taux d’actualisation.
b. La période d’analyse.
c. Les durées de vie et les coûts incertains.
La norme préconise au maître d’ouvrage d’exiger, à chaque étape du projet,
les rapports de l’étude en coût global sous la forme suivante :
a. Un résumé.
b. Les objectifs et le domaine d’application.
c. Les solutions envisagées.
d. L’ensemble des hypothèses.
e. Les contraintes et risques identifiés.
f. Les variantes évaluées.
g. Les commentaires et l’interprétation des résultats.
h. Une représentation graphique des résultats.
i. Le planning de maintenance et de remplacement de la solution retenue.
j. Une conclusion.
L’application de l’approche en coût global à l’aménagement doit s’effectuer en
phase d’étude de faisabilité du projet en prenant en compte les externalités.
Pour un projet comme celui de Chantepie, les éléments de base devront avoir
les caractéristiques suivantes :
►► Durée de vie (N) 100 ans de l’aménagement, les durées de vie des bâtiments
étant respectivement de 50 ans pour les logements et de 40 ans pour les
locaux d’activité.
►► Période d’analyse : la durée des travaux d’aménagement (12 ans).
►► Taux d’actualisation 4 % prenant en compte l’augmentation prévisible du
coût de l’énergie des composants.
L’application à l’aménagement conduit selon le CERTU à un raisonnement plus
qu’à un calcul, le coût global s’applique aux éléments suivants.
439
Bâtiments et aménagement durable
Exemples de coûts :
►► Investissements : études, foncier, travaux, coûts financiers divers.
►► Fonctionnement : exploitation, maintenance, gros entretien, réparation.
►► Recyclage : destruction, remise en état du foncier, revente.
Source : CERTU.
440
Les externalités qui s’imposent
441
6
Et maintenant, comment
agir ? Comment faire la ville
« smart147 » ?
147 Le concept de « smart » est utilisé au niveau ISO pour identifier les technologies qui prennent
en compte les éléments du développement durable et notamment, la réduction de l’énergie
nécessaire. Le terme le plus approprié mais certainement pas élégant pour le traduire serait
« soutenable ».
Bâtiments et aménagement durable
148 Comme nous l’avons signalé précédemment, les trois ministères compétents sur le sujet :
le Logement, le Développement durable et le Commerce extérieur ont chacun leur cheval
de bataille ce qui ne fait qu’accroître la cacophonie ambiante.
149 Liste établie dans le cadre de la norme à l’étude ISO 37101, prévue pour 2014.
444
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
445
Bâtiments et aménagement durable
Pour faire le lien entre les finalités et les thèmes, il ne s’agit pas d’imposer des
solutions mais d’induire des questionnements150 afin d’identifier si les finalités
ont été véritablement prises en compte. Nous allons nous appuyer sur les
cas de Chantepie et de la Chapelle-sur-Erdre afin d’illustrer notre propos.
Les questionnements posent des principes comme par exemple : avez-vous
créé des emplois de qualité ? La réponse doit être fondée sur la base d’une
évaluation du projet en balayant chaque thème pour voir comment y répondre.
La seule réponse, qui ne convient pas car elle n’est pas dans l’optique d’un
aménagement durable, est non.
Selon Confucius, « Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à
comprendre les questions. » Il est plus pertinent comme nous l’avons identifié
à l’occasion de la rédaction de la NF ISO 26000 de 2010 Lignes directrices
relatives à la responsabilité sociétale de développer des questions que d’apporter
des réponses, lesquelles se révèlent souvent partielles et porteuses d’une
vision qui ne fait pas consensus.
Poser une question, conduit à un enchaînement de questions qu’il est nécessaire
d’approfondir.
Que signifie « emplois qualifiés » dans mon projet ? S’agit-il des compétences que
j’ai réunies pour le réaliser ou bien celles que je rends possible par l’équipement
ou la mise en œuvre qui en est faite ? N’ai-je pas oublié de prévoir un niveau
d’éducation nécessaire pour accueillir les nouveaux habitants ? Ceux-ci ont-
ils un niveau culturel suffisant pour comprendre la démarche des techniciens
dont c’est le métier ? Comment puis-je faire comprendre qu’un milieu naturel
est un écosystème en équilibre avec ses rats, ses araignées, ses vers de terre
et ses insectes ? La question initiale est source de questionnement et non de
réponses. L’ingénierie doit s’intégrer dans ce questionnement et très souvent
être la source de ceux-ci afin de valoriser la pertinence de ses réponses.
Par exemple, pour le traitement du thème « Économie plurielle », le groupe ISO
a identifié en relation avec l’attractivité, les questions suivantes :
1. Avez-vous créé des emplois qualifiés ?
2. Avez-vous créé des opportunités d’investissements ?
3. Avez-vous développé de l’innovation ?
4. Qui en tirent les bénéfices, qui sont les perdants, y a-t-il une approche
gagnant-gagnant ?
5. Avez-vous créé de nouvelles aménités ?
446
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
Nous retrouverons les questionnements dans les pages suivantes pour les
différents thèmes en fonction des finalités.
151 Voir mon opuscule « Indicateurs du développement durable dans la construction », AFNOR
Éditions 2009.
447
Bâtiments et aménagement durable
448
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
►► Enfin, il peut s’agir également des emplois créés en relation avec des
établissements d’enseignement secondaire ou supérieur à proximité. Pour
la Chapelle-sur-Erdre, la réponse est négative car il n’existe ni commerces
(pour ne pas concurrencer le centre-ville) ni bureaux, ni même d’activités
prévues. Il s’agit d’une zone « dortoir » dans un jardin. À Chantepie, les
activités sont intégrées par l’installation d’une entreprise de services et
des centres de gériatrie. La notion d’emploi qualifié dépend de la mise à
disposition de formation de proximité. À titre d’exemple, la mise en place
de la fibre optique peut être un moyen de rendre possible la formation
à distance. La présence d’une université à proximité devrait permettre
de créer des conditions favorables à l’augmentation de la qualification.
2. Avez-vous créé des opportunités d’investissements ?
L’objectif de nouveaux quartiers réside souvent dans l’opportunité de
créer de la taxe d’habitation et de la taxe foncière. Que couvre la question
d’opportunités d’investissement ? Oui, des investissements dans la pierre
ont été réalisés par de nombreux habitants, mais les investissements sont-
ils réellement productifs, créeront-ils de la valeur dans le futur ? Pour les
bénéficiaires des prêts à taux zéro, l’investissement n’est-il pas trop lourd
à partir du moment où un accident de la vie peut survenir ? Les taux bas,
les facilités financières n’ont-elles pas créé une bulle de spéculation ? Le
cas des investissements Scellier réalisés dans des secteurs sans demande
solvable de logements locatifs montre qu’il est nécessaire de bénéficier
d’une étude approfondie et professionnelle comme celle que nous avions
développée pour l’habitat urbain et qui nous avait fait découvrir que les
Angevins relevaient à 90 % de l’attribution des logements sociaux.
Contrairement à ce que pensent beaucoup d’investisseurs, la fin de vie est
une donnée réelle pour un bâtiment, un immeuble de logements normalement
construit et entretenu à une durée de vie de l’ordre de 50 à 60 ans. Au-delà,
il est nécessaire de faire de gros travaux notamment en intervenant sur la
structure (les murs et le toit) pour maintenir en l’état le bâtiment. Selon nos
bases de données, le prix d’investissement doit être couvert plus de trois fois
pour maintenir le bâtiment en l’état. On peut considérer que de nombreuses
résidences construites dans les années 60 ou 70, sont totalement obsolètes
et représentent un risque financier important pour leur propriétaire.
Dans le cas de la Chapelle-sur-Erdre, la double contrainte de répondre à la
loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) afin d’atteindre un jour les 20 %
de logements sociaux et rendre constructibles des terrains dans une zone
de protection classée (ZNIEFF) a conduit à prévoir des lots privés, des
logements aidés pour l’accession et des logements sociaux. Il s’agit d’un
449
Bâtiments et aménagement durable
investissement peu productif de valeur, sauf s’il est conçu pour une longue
durée mais nous n’avons pas le recul nécessaire pour valider les durées
de vie typique que les industriels donnent à leurs matériaux (100 ans). La
situation est identique à Chantepie et le phénomène qu’a connu la cité des
Quatre Mille logements de la Courneuve risque de se reproduire, c’est-à-
dire une paupérisation du quartier avec le départ des classes moyennes
les plus évoluées. La mauvaise compréhension de la densité risque de faire
fuir les habitants qui disposeront de plus de moyens.
3. Avez-vous développé de l’innovation ?
L’innovation est un élément fort de l’attractivité et permet de créer de la
valeur. Les étudiants, trop naïfs, ont pris pour argent comptant les modes
d’expression du paysagiste qui sut, et ce n’est pas la moindre de ses qualités,
leur faire partager sa vision du site de Chantepie. L’innovation pour créer de
la valeur doit pouvoir s’appuyer sur des outils bien connus : les technologies
de l’information, la recherche-développement universitaire et dans les
entreprises, la formation supérieure.
Comme nous l’avions constaté dans le domaine du bâtiment, l’aménagement
durable paraît pauvre en matière de recherche, malgré la présence du
CEREMA152, lequel développe de nombreux thèmes souvent mal connus.
Toutefois, en dehors des textes de qualité que j’ai déjà cités, il existe un
investissement important des industriels autour des thèmes des « smart
grids et des nouvelles technologies de l’information153 », ce qui impose de
ne pas se contenter de bâtiments HQE mais de rechercher des innovations
techniques utiles. Il faut se méfier des innovations qui embrassent trop larges.
Que deviendront les façades réalisées avec des algues pour générer une
structure de photosystème154 si le système n’est pas maintenu.
L’innovation suppose la maîtrise des risques. Ne pas faire de l’innovation
n’oblige pas à répéter les recettes les plus anciennes comme la Chapelle-
sur-Erdre, qui ne se différencie pas d’un lotissement traditionnel sauf à
disposer d’un environnement d’excellente qualité qu’il s’agissait de protéger,
ce qui est un minimum.
4. Qui en tirent les bénéfices, qui sont les perdants, y a-t-il une approche
gagnant-gagnant ?
Dans les deux schémas analysés, les bénéficiaires sont certainement les
promoteurs, non qu’il s’agisse d’affreux promoteurs selon l’image d’Épinal car
450
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
un certain nombre d’entre eux réalisent des bâtiments de qualité mais surtout
parce qu’ils ont pu bénéficier de droits à construire dans des environnements
de qualité sans avoir une forte pression en matière d’obligations de réalisation.
Tout au plus, ils devaient prévoir dans leur budget une certification « Habitat
et Environnement » du groupe Qualitel, laquelle met en place le minimum
syndical, c’est-à-dire la réglementation…
À Chantepie, les droits à construire sont délivrés en bordure de bâtiment
(1 m autour du bâtiment) ce qui signifie que l’architecte n’a pas la maîtrise de
la parcelle, ce qui est souvent assez frustrant pour celui-ci. Les perdants de
l’aménagement font partie des plus pauvres, qui relèvent du logement social.
Dotés de moyens limités, ils ne bénéficient pas des moyens de transport du
centre-ville. La perte d’un emploi, la séparation ou l’éclatement du ménage
sont autant d’événements qui augmentent la précarité. De plus, la densité
mal gérée risque de voir une paupérisation générale des quartiers ou des
îlots, accentuée par la reprise des logements par les organismes sociaux
et la diminution du niveau de vie sur la commune.
Il y aurait pu avoir une approche gagnant-gagnant en choisissant de doter
le quartier d’un véritable centre avec des activités. La réussite de Sarcelles
dans le Val-d’Oise s’est faite sur une excellente gestion communautaire de la
ville et des activités qui sont venues s’installer, créant un bassin d’emploi fort.
Le quartier de Perrières à la Chapelle-sur-Erdre dépendra essentiellement
des possibilités d’accès et donc de la mise à disposition des axes tram ou
autres transports ayant une fréquence inférieure à 20 minutes.
La paupérisation à la Chapelle-sur-Erdre semble moins inéluctable en raison
du dynamisme de la communauté urbaine.
5. Avez-vous créé de nouvelles aménités ?
La dernière question correspond aux gains d’agrément, lesquels restent
les plus difficiles à évaluer. Dans le cas de Chantepie, les aménités ont
été conçues, créées et non expliquées aux nouveaux usagers. Combien
d’aménagements, de lieux ayant un véritable attrait pour les habitants n’ont
pas été présentés et commentés aux habitants.
Pourtant, les villes prennent le temps de faire découvrir la ville aux nouveaux
arrivants, d’autant plus quand ils sont d’origine étrangère, ce qui une
superbe façon d’assurer l’intégration sociale et humaine (il existe un accueil
systématique de deux jours pour les nouveaux inscrits auprès de la ville de
Nantes comme je l’ai vu à Bordeaux ou à Toulouse).
Les nouveaux propriétaires sont accueillis en mairie (une demi-journée)
mais il n’existe pas le même type d’accueil pour les nouveaux quartiers.
451
Bâtiments et aménagement durable
452
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
155 Pour plus d’information sur la prévention des risques et des nuisances sur le territoire de Paris,
vous pouvez vous reporter à la rubrique Prévention et risque dans « Préfecture et vous ».
453
Bâtiments et aménagement durable
156 Classement par espèces, genre qui fonde les sciences de l’information, de l’informatique.
157 Association La ruche innovation 84, quai de Jemmapes, 75010 Paris à laquelle j’appartiens
et où j’ai un bureau. Elle existe depuis 5 ans et a obtenu le soutien de la Ville de Paris et de
nombreux privés qui permettent la réalisation d’un tel lieu.
454
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
L’économie informelle ne doit pas être sous-estimée car si son volet négatif
est celui des territoires de non-droits, elle permet également à l’agriculteur qui
dispose d’un verger, de vendre sa récolte hors des circuits marchands, tout en
rendant accessibles à certaines populations des produits qui échappent aux
circuits marchands. Comment admettre qu’un gérant de supermarché puisse
arroser de fuel des légumes qu’il n’a pas pu vendre au prétexte que de tels
circuits lui font de la concurrence en direction d’une population qui n’aura pas
les moyens de payer à sa caisse ? L’aménagement durable doit permettre
également de créer de nouvelles pratiques de solidarité et d’empathie avec
les plus fragiles.
455
Bâtiments et aménagement durable
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Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
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Bâtiments et aménagement durable
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Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
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Bâtiments et aménagement durable
6.5 Culture
En relation avec l’attractivité
1. Avez-vous créé des événements qui identifient la collectivité ?
2. Avez-vous créé des événements accessibles à tous ?
3. Avez-vous fait appel à des artistes locaux ?
4. Avez-vous fait le lien entre identité de la collectivité et culture ?
5. Avez-vous augmenté la notoriété de la collectivité ?
460
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
461
Bâtiments et aménagement durable
462
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
463
Bâtiments et aménagement durable
6.8 Santé
En relation avec l’attractivité
1. Les moyens de protection et de gestion de la santé sont-ils disponibles ?
2. Les services de santé sont-ils accessibles à tous ?
3. Les moyens d’accès aux services de santé sont-ils permanents et
disponibles ?
4. Existe-t-il des freins financiers à l’accès à la santé ?
5. Les compétences sont-elles présentes pour répondre à toutes les demandes ?
464
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
6.9 Biodiversité
En relation avec l’attractivité
1. La richesse de la biodiversité est-elle une marque du territoire ?
2. La biodiversité fait-elle partie des arguments mis en avant par rapport au
territoire ?
3. La biodiversité a-t-elle été évaluée ?
4. Le déficit de biodiversité visible est-il un handicap pour le territoire ?
5. La protection de la biodiversité a-t-elle été un axe majeur de développement
de projet ?
465
Bâtiments et aménagement durable
466
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
6.11 Énergie/climat
En relation avec l’attractivité
1. La prise en compte du changement climatique fait-il partie des objectifs
de la collectivité ?
467
Bâtiments et aménagement durable
468
Et maintenant, comment agir ? Comment faire la ville « smart » ?
469
Conclusion
« Habitat urbain du Grand Ouest 2011 », étude non publiée conduite par
Johanson et TMO Régions Rennes avec Fabien Schlosser, chef de projet
pour les sociétés publiques locales d’aménagement (SPLA) du Grand Ouest
(Nantes, Angers, Brest, Rennes), 2011.
Luca Pattaroni, Marie-Paule Thomas, Vincent Kaufmann et alii, Enquête sur
les arbitrages de localisation résidentielle des familles dans les agglomérations
de Berne et Lausanne, LASUR, Cahier du Laboratoire de Sociologie Urbaine,
EPFL Programme national de recherche PNR54, juin 2009.
Mohammed Zendjebil, Pratiques et modes d’habiter en territoires de grands
ensembles à Toulouse, manuscrit auteur publié dans « Penser la ville, approches
comparatives, Khenchela : Algérie (2008) », halschs.archives-ouvertes.fr, 2009.
Wandrille Hucy, La nature dans la ville et les modes d’habiter l’espace urbain –
Expérimentation sur l’agglomération rouennaise, thèse de géographie, 2002.
Laurent Cailly, Existe-t-il un mode d’habiter spécifiquement périurbain ? –
L’exemple de l’aire urbaine d’une ville (Tours), EspacesTemps.net, Travaux, 2008.
« Prospective ville – Nouveaux modes d’habiter : quelles alternatives pour l’aire
urbaine ? », Rencontres prospectives de l’aire urbaine de Toulouse, AUAT (aire
de Toulouse), Prospective ville, n° 2, septembre 2004.
Villes durables – villes rêvées, exposition Fondation EDF Paris, commissaires
Éric Charmes, urbaniste et Taoufik Souami, architecte urbaniste, du 23 octobre
2009 au 7 mars 2010.
Bâtiments et aménagement durable
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