Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
bien « remise sur ses pieds » quand tu fais observer que ce dépérissement « spontané »
n’est pas tant à attendre du passage au socialisme que de la contradiction interne du
régime d’accumulation capitaliste. Ce qui à mon sens est bien plus conforme à
l’heuristique de Marx (que la thèse d’Engels) et surtout absolument manifeste quand on
considère (comme tu le fais) l’homogénéité entre le mouvement de concentration
capitaliste, supranational, au niveau de la propriété des outils de production, et la tournure
prise par les superstructures impérialistes dans la ligne de l’Union Européenne.
Mais, sur le modèle leniniste de « l’impérialisme stade ultime du capitalisme » il semble
logique d’en déduire qu’en tant que superstructure supranationale engendrée par une
logique d’accumulation, elle-même acculée à ce dépassement de son cadre national à
seule fin de persévérer dans son être, l’U.E. est condamnée par la même baisse tendancielle
du taux de profit qui avait été à son origine. Illustrant ainsi le célèbre commentaire de
Marx qu’ « Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces
productives qu'elle est assez large pour contenir ». Or, Marx observe alors que « jamais des
rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant que les conditions d'existence
matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité
ne se pose jamais que des problèmes qu'elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera
toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent
déjà ou du moins sont en voie de devenir. » .
Si donc on considère sérieusement ta proposition d’union franco-allemande, qui du
reste me semble d’autant moins incongrue qu’elle s’inscrit dans une généalogie qui va de
Clovis au « marché commun » tel que conçu par De Gaulle ; alors il nous faut admettre
que la condition matérielle, préalable à toute transformation positive de cet ordre, est
bien aujourd’hui le dépérissement et l’abolition de la structure Union Européenne, sous le
poids des contradictions héritées de ses objectifs de vassalisation impérialiste (et tout ce
qui va avec : Euro, Otan, etc.). Or, si l’heure n’est sans doute pas encore venue de
« l’Europe de de l’Atlantique à l’Oural » (non alignée, comme on disait jadis), il semble
néanmoins peu douteux que nous sommes entrés, depuis une dizaine d’année, dans une
de ces périodes où « Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement
toute l'énorme superstructure ».
En conclusion : oui au « cadre intermédiaire » que serait l’ « ensemble franco-
allemand » que tu appelles de tes voeux, mais il ne peut logiquement se concevoir,
conséquence de tes propres réquisitions, que sur les décombres des formes mortes qui
aujourd’hui occupent encore le terrain . Bref, tout ce qui peut contribuer au délabrement
de cette néfaste citadelle de l’impérialisme globalisé et de ses multitudes aliénées sera bon
pour ses peuples.
Amitiés, à bientôt.
Dominique