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JOB GETCHA

La réfortne liturgique
du tnétropolite Cyprien
de Kiev
I.:introduction du typikon sabaïte
dans l'office divin
Liminaire du
PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE BARTHOLOMÉE

Préface de
R. TAFT, S.I.

PATRIMOINES
Orthodoxie

LES ÉDITIONS DU CERF


PARIS
2010
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS DU CERF

Le Typikon décrypté. Manuel de liturgie byzantine, préface du


Hiéromoine Macaire de Simonos-Petras, coll. «Liturgie~) 18,2009.
(,MVT\~OVEUEtE tcOV "yO'U~Évrov i>~cOv, oïnvEC;
È:Î.,clÎ.,TlcrUV 'U~t v tOV Â.6yov tOÙ eEOÙ, cOV
avUeEropOÙVtEC; tl]V ËKl3umv tfjc; avucrtpo<jlfic;
~t~ïcreE tl]V ntcrnv.)

(, Souvenez-vous de vos maîtres, qui vous ont


annoncé la parole de Dieu, et, considérant la fin
de leur vie, imitez leur foi) (Hb 13,7).
Remerciements

L'origine de ce livre est une thèse de doctorat soutenue conjointement


à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge et à l'Institut catholique
de Paris, le 20 juin 2003. Que soient remerciés tous ceux qui m'ont
soutenu et encouragé tout au long de ce travail. Ma gratitude revient en
premier lieu à mes directeurs de recherche, MM. les professeurs André
Lossky et Paul De Clerck, de même qu'aux deux autres membres de
mon jury, M. le professeur Dimitri Schakhovskoy et Mme Marie-Hélène
Congourdeau, pour leurs remarques pertinentes. Ma dette est particu-
lièrement grande au docteur S. Senyk, et à M. G. M. Prokhorov, pour
leurs conseils. Je garde également un souvenir ému d'échanges avec le
regretté Miguel Arranz qui a attiré mon attention sur l'importance de
l'œuvre liturgique du métropolite Cyprien Tsamblak. Je pense aussi à
tous mes amis dont les encouragements ont jalonné l'élaboration du pré-
sent ouvrage. Ces remerciements ne pourraient se clore sans mentionner
mes parents Hélène et Wladimir qui m'ont transmis la foi et l'amour de
la liturgie, et mes maîtres en théologie, les pères Oleg Krawchenko et
Placide Deseille, pour l'enseignement que j'ai reçu d'eux. Alors que je
relisais les épreuves de ce livre, ma mère Hélène s'est endormie dans le
Seigneur. C'est à elle que je dédie le présent ouvrage.
Abréviations

Abréviations générales.
rEll rocy.n;apCTeHlI8.H 6H6JIHOTeKa CCCP HM. B. M. llemrna (Hbrne
prE), Moscou.
rMM rocy.n;apcTBeHHhlH MCTOplftleCKHH MY3eH, Moscou.
K.I1:A KHeBCKaH ,I1;YXOBHaH AKa.n;eMHH, Kiev.
MIT MOCKOBCKHH rocy.n;apcTeHHbIH YHHBepcHTeT, Moscou.
M,I1;A MOCKOBCKaH ,I1;YXOBHaH AKa.n;eMM, Moscou.
HEYB MP HaIlHOHaJIbHaH 6H6JIHOTeKa YKpaHHbI HM. B. If. BepHa,D;CKoro.
MCTHTYT PYKOIIHCeH, Kiev.
PrE POCCHHCKaH rocy.n;apCTBeHHaH EH6JIHOTeKa (6bIBilla rEm,
Moscou.
PIIIJ; PyccKaH ITpaBOCJIaBHaH IJ;epKoBb.
EPHE École pratique des hautes études, Paris.

Abréviations bibliographiques.
ET BOZOC/106CKUe TpyiJbl, Moscou, 1960-.
BB BU3aHmuucKuu Bpe.MeHHUK, Saint-Pétersbourg, 1894-1928;
Moscou, 1947-.
)KMHIT )f(YPHM MUHucmepcm6a HapoiJHozo IIpoc6euteHUJ/, Saint-
Pétersbourg, 1834-1917.
)KMIT )f(YPHM MOCK06CKOU IIampuapxuu, Moscou, 1931-1935,
1943-.
ITE3 A. IT. llOIIYXHH H H. H. ThYBOKOBCKHH, IIpa6oC/la6HaJ/
BOZOC/106CKaJ/ 3HijUK/lOneiJUJ/, UAU BOZOC/106CKUU
3HijUK.IlOneiJU'IeCKUU CIlo6apb, 1-12 , Saint-Pétersbourg, 1900-
1911.
ITM IIpa6oC/la6HaJ/ MblC/lb, Paris, 1928-.
ITC IIpa60C/la6HblU co6eceiJHuK, Kazan, 1855-1916.
ITCPll IIo/lHoe Co6paHue PyCCKUX JIemonuceu, 1-24, Saint-
Pétersbourg, 1846-1921.
14 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

IITCO IIpu6a6/leHuJ/ K T60peHWLM C6J/mblX Omij06 6 pyCCKOM nepe6oae,


Moscou, 1844-189l.
n3 IIpa6oC/la6HaJ/ 3HijUKJlOneaUJl, Moscou, 2000-.
PME PyCCKWI HcmOpUlteCKaJl Eu6AUOmeKa, 1-39, Saint-Pétersbourg,
1872-1927.
pyKcn PyK060acm6o aAJl ceAbCKux nacmblpeu, Kiev, 1860-1917.
TK.p;A Tpyabl Kue6cKou J(YX06HOU AKaaeMuu, Kiev, 1860-1917.
TO)J;PJI Tpyabl OmaVIa J(pe6He-PyccKoU Humepamypbl, Leningrad,
1934-.
XpucmuaHcKoe CfmeHue, Saint-Pétersbourg, 1821-1917.
CfmeHUJl 6 HMnepamopCKoM 0614eCm6e Hcmopuu u J(pe6Hocmeu
POCCUUCKUX npu MOCK06CKOM YHu6epcumeme, Moscou.
CfmeHUJl 6 0614ecm6e H/06umvzeu J(yxo6Hoeo IIpoc6e14eHUJl,
Moscou, 1845-1848, 1858-1918.

AS Analecta sergiana, Paris, 2003-.


Byz Byzantion. Revue internationale des études byzantines,
Bruxelles, 1924-.
BEL Bibliotheca (,Ephemerides liturgicre». Subsidia, Rome,
1974-.
CCL Corpus christianorum. Series latina, Turnhout, 1954-.
DACL F. CABROL, H. LECLERCQ, H. MARou (dir.), Dictionnaire
d'archéologie chrétienne et de liturgie, t. I-XV, Paris, 1907-
1953.
DOP Dumbarton Oaks Papers, Washington, 1941-.
DS E. VILLER et al. (dir.), Dictionnaire de spiritualité, ascétique et
mystique: doctrine et histoire, t. I-XVII, Paris, 1931-1995.
DTC A. VACANT, E. MANGENOT, E. AMANN (dir.), Dictionnaire de
théologie catholique, t. I-XV, Paris, 1909-1950.
aCA arientalia Christiana Analecta, Rome, 1935-.
OCP Orientalia Christiana Periodica, Rome, 1935-.
PG J-P. MIGNE, Patrologiœ cursus completus. Series grœca, I-CLXI,
Paris, 1857-1866.
PL J-P. MIGNE, Patrologiœ cursus completus. Series Latina,
I-CCXXI, Paris, 1844-1864.
PO R. GRAFFIN, F. NAU, Patrologia orientalis, Paris-Turnhout,
1903-.
POC Proche-Orient chrétien, Jérusalem, 1951-.
REB Revue des études byzantines, Bucarest-Paris, 1946-.
RHE Revue d'histoire ecclésiastique, Louvain, 1900-.
SC (,Sources chrétiennes», Paris-Lyon, 1941-.
sa (, Spiritualité orientale », Bellefontaine, 1966-.
VC Vigiliœ chrz"stianœ, Amsterdam, 1947-.
ABRÉVIATIONS 15

Abréviations des ouvrages fréquemment cités.

rOPCIŒM H HOBOCTPYEB, OnUCaHUe = ropc/wu, A. B. npom.," HOBOCTPYEB,


K. M., OnucaHue Clta6J!HCKUX pyKonuceu MOCK06CKOU
CUHOOaJlbHOU 6u6/1uomeKbl, OT,lI;em, III, q. 1. Klmrn
6orocJIyxe6HbUl, Moscou, 1869 .
.ll:MHTPHEBCKhIM, OnucaHue = .ll:MHTPHEBCKhIM A. A., OnucaHue /Iumypzu-
'leCKUX pyKonuceu, xpaHllU4uxCJI 6 6u6/1uomeKax IIpa60C/la6HOZO
BocmOKa, T. 1, Tultucu, q. 1, IIaMJImHuKu nampuapUluxycma606
u KmumopCKue MOHacmblpCKue munUKOHbl, Kiev, 1895; T. 2,
Euxow'Yta, Kiev, 1901; T. 3, Tultucu, q. 2, Petrograd, 1917.
KHTIPHAH, IIcaJlmupb C 60CC/le006aHUeM = prE, <1>. No 173 1., PYK. No 142,
IIcaJlmupb C 60CC/le006aHUeM.
JIHCHU;bIH, IIep60Ha'laJlbHblU C/la6J!Ho-PycCKUU TunuKoH = JIHCHU;hIH M.,
IIep60Ha'laJlbHblU C/la6J!HO-PyCCKUU TunuKoH, Saint-
Pétersbourg, 1911.
MAHCBETOB, Mumpono/lum KunpuaH = MAHCBETOB M. .ll:., Mumpono/lum
KunpuaH 6 ezo /IumYPZU'leCKOU oeJ/me.t/bHocmu, Moscou, 1882.
MAHCBETOB, aepK06HblU ycma6 = MAHCBETOB M., aepK06HblU ycma6
(TunuK), ezo 06pa306aHue u cyob6a 6 Zpe'leCKOU u PYCCKOU
aepK6u, Moscou, 1885.
IlABllOB, KaHOHU'leCKUe naMJImHUKU = IlABllOB A. C., KaHOHU'leCKUe naMJIm-
HUKU 00 XV 6eKa, PMB, T, VI, Saint-Pétersbourg, 1880.
TIEHTKOBCIŒM, TunUKOH. = TIEHTKOBCKHM A. M., TunuKoH nampuapxa
AIIeKcUJ! Cmyouma 6 BU3aHmuu u Ha Pycu, Moscou, 2001.
JEAN ET SOPHRONE, Narration = A. LONGO, «il testo integrale della
"Narrazione degli Abati Giovanni e Sofronio" attraverso le
'EPMHNEIAI di Nicone», Revista di studi bizantini e neoellenici
12-13 (1965-1966), p. 223-267.
DARROUZÈS, Regestes = Les regestes des Actes du Patriarcat de Constantinople
(éd. J. Darrouzès), vol. l, fasc. V: Les regestes de 1310 à 1376,
Paris, 1977; vol. l, fasc. VI : Les regestes de 13 77 à 1410,
Paris, 1979.
LOSSKY, Le Typikon byzantin = A. Lossky, Le Typikon byzantin: édition
d'une version grecque partiellement inédite; analyse de la partie
liturgique, thèse de doctorat dactylographiée, Paris, Institut
Saint-Serge, 1987.
MATÈOS, Typicon, 1 et II =J. MATÈOS, Le Typicon de la Grande Église, 1 et
II, OCA 165 et 166, Rome, 1962-1963.
Préface

Ehistoire est tout aussi contradictoire que les créatures contradictoires


dont elle cherche à comprendre et à raconter la destinée. D'aucune
période historique, rien n'est aussi vrai que de la Byzance des
Paléologues (1261-1453), le crépuscule de l'empire. Décrite comme
«fondée sur un crime!» et couverte d'eau dans le sang et la cruauté
de l'intrigue de la dynastie byzantine2, la Byzance des Paléologues
était une civilisation assiégée, compressée entre ses ennemis d'Orient
et d'Occident - les émirats turcs derrière la frontière en Asie Mineure,
les Serbes et les Latins en Grèce et dans les Balkans - dans un vestige
d'empire «suffisamment grand pour justifier son nom 3 ». Comme l'écrit
le byzantiniste britannique renommé Steven Runciman : «S'il existe
un sens au concept de décadence, il ny a que très peu de constitutions
politiques qu'il convient d'appeler décadentes si ce n'est l'Empire
chrétien d'Orient ... durant les deux derniefssiècles de son existence ...
En contraste étrange par rapport au déclin politique, la vie intellectuelle
à Byzance ne s'est jamais montrée aussi brillante que durant ces deux
siècles4.» Car, «paradoxalement, en cette période de ruine, Byzance
connut un renouveau culturel remarquable5 ••• ».
Cette renaissance fut non seulement humaniste mais aussi spirituelle,
reflétée dans le renouveau monastique, l'iconographie ecclésiastique et
la théologie d'influence hésychaste. Pour la liturgie orthodoxe, ce fut la

1. D. M. NICOL, The Byzantine Lady. Ten Portraits, 1250-1500, New York-Cambridge,


1994, p. 33-34. Le crime fut de rendre aveugle le jeune empereur Jean IV Laskaris
(1259-1261) à la place duquel le co-empereur Michel VITI Paléologue (1259-1282)
devait agir en tant que régent : D. M. NICOL, Church and Society in the Last Centuries
of Byzantium, New York-Cambridge, 1979, p. 7-9.
2. Exemples: ibid., p. 12 s., 18 s., 34-35.
3.A. M. TALBOT, (,Byzantium, History of : "Empire of the Straits (1261-
1453)",), dans Alexander P. KAzHDAN et al., The Oxford Dictionary of Byzantium, 3
vol., New York-Oxford, 1991 = ODB, vol. 1, col. 358-362, avec une bibliographie
appropriée.
4. S. RUNClMAN, The Last Byzantine Renaissance, The Wiles Lectures Given at the
Queen's University Belfast 1968, Cambridge, 1970, p. 1-2.
5. D. J. GEANAKOPLOS, Byzantium. Church, Society, and Civilization Seen through
Contemporary Eyes, Chicago-Londres, 1984, p. 12.
18 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

période que le protopresbytre Alexandre Schmemann appelle « la synthèse


liturgique byzantine! », lorsque ce que nous connaissons aujourd'hui
comme le «rite byzantin» atteint sa forme ultime dans la Byzance des
Paléologues, durant les dernières années de l'empire avant la chute de
Constantinople en 1453,jetant ainsi les fondements pour la survivance de
la culture orthodoxe que le byzantinologue roumain Nicolas Iorga (1871-
1940) a baptisée de manière bien connue Byzance après Byzance2 •
La présente excellente étude de l'archimandrite Job Getcha, consacrée
à l'une des phases essentielles de cette «synthèse byzantine », la réforme
liturgique associée au nom de Kiprian Tsamblak de Trnovo en Bulgarie,
était une histoire qui ne demandait qu'à être écrite, et le monde de la
science liturgique orthodoxe va l'accueillir avec une gratitude justifiée
et avec enthousiasme.
Mais quelqu'un peut-il vraiment parler de «réforme liturgique» au
sein de l'Orthodoxie? Il fut un temps non si lointain où le romantisme
catholique épousait une mythologie orthodoxe populaire afin de
soutenir avec Dom Olivier Rousseau, d'Amay-Chevetogne, l'un des
premiers historiens du mouvement liturgique, que «c'est un truisme
dans le monde catholique que l'Église orthodoxe a conservé l'esprit
liturgique de l'ancienne Église, et qu'elle continue d'en vivre, de sy
aboucher comme à sa source la plus pure ... Il ne saurait être question
de "mouvement liturgique" dans l'Église orthodoxe. Cette Église ne s'est
jamais écartée, dans sa piété, de celle de ses offices, et elle y est toujours
restée également fidèlé ... » Rousseau écrivait en 1944, vers la fin de
la Seconde Guerre mondiale, alors que le mouvement liturgique parmi
les catholiques francophones s'inspirait largement des contacts avec
l'Orthodoxie de l'émigration russe quz' avait trouvé refuge en France
suite à la révolution bolchevique de 1918.
De tels points de vue romantiques tiraient leur origine lointaine
d'une exploitation occidentale beaucoup plus ancienne de la liturgz'e
orthodoxe au XVIe siècle. Les premières études sérieuses et traductions
des liturgies orientales étaient apologétiques dans leur intention, faites
essentiellement par des catholiques allemands activement engagés dans
le tumulte de la Réforme, tels que Georg Witzel (t 1573), Johannes
Cochlaus (Dobeneck) (t 1552) et le dominicain Ambroise Pelargus
(Storch), o.p. (t 1561 4). Leur but étaù de défendre les positions
théologiques catholiques contre les innovations de la révolte protestante

1. A. SCHMEMANN, Introduction to Liturgical Theology, The Library of Orthodox


Theology 4, Londres-Portland, 1966, chap. N.
2. N. IORGA, Byzance après Byzance: continuation de l'. histoire de la vie byzantine»,
Édition de l'Institut d'études byzantines, Bucarest, 1935. Repr. Bucarest, 1971.
3. O. ROUSSEAU, o.s.b., Histoire du mouvement liturgique, Lex orandi 3, Paris, 1945,
p.188.
4. Voir A. STRTITMATfER, (, Missa Treverensis seu Sancti Simeonis Syracusani »,
Studia Gratiana 14 (1967), p. 495-518, particulièrement p. 508, note 9; A. WALZ,
(,Pelargus», Lexikon jür Theologie und Kirche 8, p. 251-252; ID., (,Ambrogio Pelargo
PRÉFACE 19

avec des munitions de l'Orient, l'orthodoxie dont l'Occident catholique


continuait à reconnaître les traditions malgré l'affermissement, à cette
époque, du schisme Orient-Occident.
Mais en partie, du moins, Rousseau avait essentiellement raison.
Un renouveau ou une réforme liturgique implique un changement,
mais n'implique aucunement l'abandon de la tradition. C'est dans ce
contexte que ma propre recherche et celle de mes étudiants sur l'histoire
de la formation du rite byzantin se sont récemment tournées vers les
questions de l'évolution de la liturgie orthodoxe qui a inévitablement
impliqué un changement et même, parfois, une réforme!. Ceci nous
amène à la réforme liturgique de Kiprian Tsamblak (v. 1330-1406),
métropolite de Kiev et de Lituanie de 1375 à 1381, qui est le sujet de
ce livre fascinant et écrit de manière engagée.
Dans l'histoire qu'il raconte, l'archimandrite Job démontre que son
historiographie est en accord avec les développements les plus récents de
l'histoire de la liturgie byzantine. Dans la nouvelle série, A People's
History of Christianity, Virginia Burrus et Rebecca Lyman annoncent
les thèmes qui seront récurrents tout au long du livre, l'un d'entre eux
étant l'accent mis sur l'aspect local plutôt que l'aspect universeP : «Les
chrétiens... ont en effet eu tendance à penser globalement... mais ils
ont aussi toujours agi localement. C'est pourquoi les actions et les
pratiques locales demandent tout autant notre attention méticuleuse
que la pensée universelle des anciens chrétiens3 .» Ceci est également
vrai du rite byzantin dans ce qui a été démontré jadis et de nouveau,
particulièrement, dans l'œuvre du professeur Stefano Parenti, dans ce
qu'il a appelé «la périphérie liturgique byzantine».
Ceci met en relief ce que j'appelle ma «règle Tip O'Neill». Car ce
que le regretté président de la Chambre des députés des États-Unis a

a Trento ,}, dans n Concilio di Trento e la riforma tridentina. Atti dei Convengo storico
internazionale (Trento 2-6 settembre 1963), Rome, 1965,2, p. 749-766.
1. R. F. TAFT, The Byzantine Rite. A Short History, American Essays in Liturgy,
Collegeville, 1992; ID., (,Mount Athos: A Late Chapter in the History of the
"Byzantine Rite",), Dumbarton Oaks Papers 42 (1988), p. 179-194; Th. POTT,
La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non spontanée de la
liturgie byzantine, Bibliotheca Ephemerides Liturgicae, Subsidia 104, Rome, 2000;
M. MOJZES, Il movimento liturgico nelle chiese bizantine. Analisi di alcune tendenze e
tentativi di riforma nel XXO secola, Bibliotheca Ephemerides Liturgicae, Subsidia 132,
Rome, 2005; G. M. RANKE, f-ésper und Orthros des Kathedralritus der Hagia Sophia
zu Konstantinopel. Eine strukturanalystische und entwicklungsgeschichtliche Untersuchung
unter besonderer Berücksichtigung der Psalmodie und der Formulare in den Euchologien,
Inauguraldissertation zu Erlangung des akadeITÙschen Grades eines Doktors der
Theologie, Philosophisch-Theologische Hochschule Sankt-Georgen, Francfort-sur-Ie-
Main, 2002, à paraître dans OCA.
2. Virginia BURRUS, Rebecca LYMAN, (, Introduction. The Shifting Focus of History ",
dans V. BURRUS (ed.), A People's History of Christianity, vol. 2 Late Antique Christianity,
Minneapolis, Fortress Press, 2005, p. 1-23, ici p. 2.
3.lbid., p.s.
20 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

dit de manière bien connue à propos de son métier: «Toute politique


est locale», peut être aussi appliqué à la liturgie. Dans ses origines, du
moins, tout est local. Comme la politique, les usages liturgiques peuvent
éventuellement se répandre au-delà de leur origine locale pour entrer
et influencer une tradition plus large. Mais ils ont des développements
locaux comme point de départ, et les savants ne peuvent l'ignorer qu'à
leur désavantage.
Ma propre recherche dans le domaine de la liturgiologie orientale s'est
déplacée dans cette direction, répondant ainsi à l'appel que j'ai lancé,
il y a vingt ans, que «personne ne peut désormais reconstruire le passé
de haut en bas. Ce que nous trouvons dans les manuscrits liturgiques
était enveloppé dans une ambiance socioculturelle en dehors de laquelle
ceci ne peut être compris en tant que liturgie, en tant que quelque
chose accompli par des personnes réelles. De plus, de tels monuments
littéraires sont le produit d'une culture raffinée, et ce n'est que la moitié
de l'histoire! ... » Pour connaître l'autre moitié de l'histoire, il faut
laisser ces documents nous livrer leur vrai sens historique, et pour cela il
faut qu'ils soient contextualisés dans leur ambiance historico-culturelle
locale.
C'est précisément ce que fait le travail de l'archimandrite Job,
racontant ainsi les deux moitiés de l'histoire, et c'est l'une de ses
principales forces: ce n'est pas une chronique mais de l'histoire.
Comme je l'ai répété plusieurs fois ailleurs dans mes écrits, l'histoire
ne signifie pas accumuler des faits - cela relève de la chronique - mais
les expliquer. Des données crues, non interprétées, ne disent rien au
non-initié. Se contenter d'éditer ou de décrire quelque chose du passé
qui peut être glané dans les sources n'est pas de l'histoire. Paire de
l'histoire signifie percevoir les relations, indiquer les liens et les causes,
formuler des hypothèses, tirer des cone/usions - en un mot: expli-
quer les faits. A moins que les sources et les faits qu'elles relatent ne
soient expliqués, leur étude ne fait en rien avancer notre connaissance
de l'histoire. La connaissance ne consiste pas à cumuler des données,
même pas de nouvelles données, mais à percevoir des relations entre les
données, à créer des cadres hypothétiques de travail pouvant expliquer
les nouvelles données, ou à expliquer d'une nouvelle manière les
anciennes. Ce n'est que de cette façon que l'on peut deviner la direction
dans laquelle les choses semblent évoluer, esquisser leur trajectoire et
formuler des hypothèses qui pourraient venir combler les lacunes des
preuves. Nietzsche (t 1900) a dit un jour: «]1 n'y a pas de faits,
seulement une interprétation.» En affirmant cela, il n'entendait pas
nier la réalité du passé, mais seulement souligner que les événements
n'existent pour nous que de la manière dont nous les percevons et les
expliquons.

1. «Response to the Berakah Award : Anarnnesis,}, WVrship 59 (1985), p. 304-325,


ici p. 314-315.
PRÉFACE 21

Alors, le père Job ne fait pas que raconter méticuleusement, dans le détail,
les particularités de la réforme liturgique de Kiprian (ou Cyprien), mais il
précise aussi l'ambiance historico-culturelle, et par-dessus tout, spirituelle,
du mouvement hésychaste de l'époque, pressentant les caractéristiques
essentielles de l'œuvre de Kiprian, découvrant ses motifs, démontrant de
manière convaincante que son but n'était pas autant une réforme qu'une
restauration : un retour à la tradition patristique et monastique dans le
contexte du renouveau hésychaste. Et ceci est de l'histoire.
Dans ce renouveau, la «liturgie du cœur» de saint Grégoire le
Sinaïte et la Béaxnç ou «divinisation», le but de la prière hésychaste,
sont reconnues comme jaillissant de leur existence en nous dans le
don que nous avons reçu au baptême. Saint Grégoire le Sinaïte écrit
que «la prière est la manifestation du baptême» (pG 150, 1277 D).
C'est tout dire. Les principaux acteurs du renouveau hésychaste, la
place centrale du Mont Athos dans ce renouveau spirituel qui allait
embrasser finalement l'ensemble de l'Orthodoxie mondiale; le rôle
moteur de ses principaux protagonistes spirituels, les «deux Grégoire »,
saint Grégoire Palamas et saint Grégoire le Sinaïte; le rôle clé de
saint Philothée Kokkinos, higoumène de la Grande Laure et plus tard
patriarche de Constantinople, dans la consolidation de la réforme dans
une perspective liturgique, tout est détaillé.
Mais le cœur de l'histoire repose dans le fait de reconstituer une fois de
plus la tradition orthodoxe de la liturgie en lien avec la prière intérieure.
Comme l'écrit Alexandre Schmemann, dans la «synthèse byzantine»
finale, la «règle de prière» de l'Orthodoxie, qui est aussi sa «règle defoi»,est
le résultat du «retour du monachisme au monde» qui facilita l'intégration
de l'ascétisme hésychaste dans la spiritualité de la liturgie, résultant en
«une théologie à la fois monastique (ascétique) et mystériologique dans
tout son esprit et mouvement. Cette théologie fut la force déterminante du
développement et de l'achèvement du 1jJpikon byzantin!.»

*
* *
En tant que vieux professeur émérite qui peut prétendre sans
prés01'f!!!.t~o,!. avoir été un pionnier dans l'esquisse de l'histoire du rite
byzantz~ai souvent dit à mes étudiants que les pionniers qui fraient

I.A. SCHMEMANN, Introduction to Liturgical Theology, p. 25,153-156.


2. The Byzantine Rite. A Short History, Collegeville, The Liturgical Press, American
Essays in Liturgy, 1993, 84 p. - Le Rite byzantin. Bref historique, traduit de l'anglais par
Jean Laporte, Paris, Éd. du Cerf, Liturgie, collection de recherche du Centre national
de pastorale liturgique 8, 1996. - Storia sintetica de! rito bizantino, Vatican, Libreria
Editrice Vaticana, Collana di pastorale liturgica 20, 1999. - BU3aHmuiicKuii l4epK06Huii
06pJ/à. KpamKuii O'lepK, IIepeBo.o; C aHrJIHHcKoro A. A. qeKa.JIOBa (CepIDI BH3aHTHHcK3.lI
BH6JIHOTeKa, IIcCJIe.o;oBaHIDI). 1I3.o;aTeJIbCTBO «AJIeTeIDI», Saint-Pétersbourg, 2000,
22 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

le chemin initial à travers une jungle jusqu'ici inexplorée ne peuvent


dessiner qu'une carte élémentaz're à mesure qu'ils avancent. Ceux
qui, à leur suite, empruntent le chemin déjà frayé pour eux doivent
compléter, par des études particulières et détaillées, les manquements
et les hypothèses de cette carte élémentaire. C'est ce que le père Job a
fait zCz" : compléter une lacune essentielle de notre histoire, qui demeure
encore un essai, de la synthèse finale du rite byzantin, fournissant
encore une tesselle essentielle pour une mosaïque en chantier.
Que le lecteur ne pense pas que ce processus soit facile. De formidables
obstacles attendent immédiatement celui qui se plonge dans les sources
de la liturgie byzantine. Dès le XIe siècle, Nikon de la Montagne Noire
(v. 1025-après 1088), un moine du monastère de la Théotokos sur la
«Sainte Montagne» monastique au nord d'Antioche en Syrie, qui fut
en quelque sorte un élève embryonnaire de la liturgie comparée, fit face
à ce problème. Dans son testament spirituel qui est en quelque sorte
la préface de son typikon, il décrit sa déception: «J'ai découvert et
recueilli différents typika, du Stoudion et de Jérusalem, et l'un n'était
pas en accord avec l'autre, ni le Stoudite avec l'autre Stoudite, ni le
hiérosolymitain avec les autres hiérosolymitains. Et, très stupéfait de la
chose,j'ai interrogé les sages et les anciens, et ceux ayant la connaissance
de la matière et expérimentés en beaucoup de choses concernant la tâche
de l'ecclésiarque et du reste, au monastère de notre saint père Sabas
à Jérusalem, incluant la tâche de l'higoumène ... » (préface, 91). Après
s'être informé lui-même de «l'ordo de l'église et de la psalmodie», et des
différentes traditions orales et écrites, il les adapta pour ses propres buts
dans son typikon (Taktikon, 1).
Cela résume à la fois la façon par laquelle la liturgie byzantine s'est
développée et les problèmes ultérieurs qu'ont posés ses sources existantes
non seulement à Nikon, mais aussi aux chercheurs aujourd'hui. Des
législateurs monastiques, compilateurs et copistes ont passé au crible les
sources à partz"r d'une pléthore d'usages reliés, prenant et choisissant
ce qui les contentait, non pas arbitrairement mais selon les paramètres
de la fidélité fondamentale à la tradition qui était dans leurs veines.
C'est ce que Nikon a fait. C'est ce que Kiprian Tsamblak a fait. C'est
aussi ce que l'archimandrite Job Getcha avait à retracer - et a si bien
retracé - afin de nous raconter cette histoire fascinante.
ROBERT F. TAFT, s.].,
Pontificio Istituto Orientale, Rome.

160 p. - Ritul Bizantin, scurta istorie, trad. Dumitru Vanca et Alin Mehes, Alba Iulia,
Editura Reîntregirea, Logos si simbol 10, 2008.
1. B. H. DEHEIIIEBHq, TaKmuKolI HU/COlla qepllozopija. rpe'lecKUü meKcm no pyKonucu
Ho. 441 CUllaücKazo MOllaCmblpJI C/:/. EKamepullbl, BblnyCK 1, 33IIHCKH liCT.-ct>HJIOJI.
ct>aKYJIbTeTa IIeTporpa,n;cKaro YHHBepcHTeTa, qaCTb 139, Petrograd, 1917. Voir égale-
ment: ID., Onucallue Zpe'leCKUX pyKonuceü MOllacmupJl C/:/. EKamepullbl lia CUllae, Saint-
Pétersbourg, 1911, 1, p. 561-601.
Tc}! OOLOi\oyLWTaTCfJ ÀQXlf.liXvbQl'l:il KUQlCfJ 'Iw~ Getcha,
Ka8T]YTlTfj, TÉKV4J Èv KUQlct-J ayamlTc}! TIjç Y]flWv METQLOTTjTOÇ, xaQLv,
EÙi\OYlaV KaL CPWTlOfloV 7IaQa TOÛ L'l..W7IOTOU Kal KUQlOU Y]flWV 'IfJŒOÛ
QlŒTOÛ.

Dç ÀQXL7IOLflT]v TIjç ÂYlaÇ wû XQLŒTOV MEyMT]Ç 'EKMfJŒlaÇ


ÈXaQfJflEv Eii\LKQlVWÇ 7Ii\T]QoCPOQfJ8ÉVTEÇ TT]V È7ILKELflÉvT]v lKboŒLV Tf]ç
V7IO Tfiç vfAETÉQaç. àya7IT]Tf]ç OŒLOi\OYLOTfJTOÇ ÈK7IovfJ8ElŒTjç
bLbaKTOQLKfiç bLaTQL~fjÇ, flÉ 8Éfla TT]v ElŒaYWYr]v TOV Œaf3~aLTLKOV
ÈKKi\fJŒlaouKov TU7ILKOÜ Eiç PWŒdav V7IO TOÜ flaKaQlou KU7IQLavoû
TŒafl7Ii\aK, MT]TQ07IOi\lTOU KlÉf30U Kal 7IaŒTjç PWŒŒlaÇ.
'H xaQa f]flwV 7IfJyal:EL ~K 'toû yEyOVO'tOç cm 6 MT]'tQo7Ioi\lTTjç
KU7IQLavoç TiTO fla8T]Tr]ç 'tOÛ àt,LOU 7IVEUflaUKOÛ TÉKVOU TOÛ Ây[OU
fQfJyoQlou I1ai\aflâ Kal 7IQOKiX'IOXOU f]flWV Èv 'tCf! ITaTQLaQXLKc}!
E>QOVCfJ Tfiç KWVŒ'taVTlVOU7Ioi\EWÇ Âylou <l>ti\o8Éou KOKK(VOU. L),la Tfiç
Èfl7IEQLŒTCXT(ùflÉVTjÇ flEAÉTTjç Œaç au.flf3aME'tE ÈfA7IOVWÇ, WŒTE .va
ylvouv EÙQV'tEQOV yvwo'tâ f] 7IQOŒcpOQa Kal Ta EQYOV 'tOV
, MT]TQ07IOAlTOU KV7IQtlXvoü;· ''1X7TùtJ''tai\ÉYt01; ··Ëtç-hJaufay'-'vif6c·'tOü"
Âylou <l>ti\o8Éou bui va auvbQafllJ dç Tr]V Èt,OflaAUVŒLV TIjç ÈKEÏ.ŒE
ÈKKÀT]ŒtaŒUKlïç KaTaŒTaOEwç. 'H èmoŒTOi\r] aU'l:fJ, àMa Kal ŒÛVOi\OC;
f] 7IaQOUŒla avTOû Èv Pwooû;l:, KaTaÔELKVVOUV 'to 7IOlflavUKov
ÈVÔtacpÉQov Kal TT]v ÈyK07IOV 7IvEUflauKr]v fAÉQlflvav Tf]ç MfJTQOÇ
'EKKÀT]OlaÇ 'l:fiç KWVŒTaV'l:lVOU7IoAEwç, KaTa 'tOV 140v aiwva, U7IÉQ
TOÛ Èv Pwoolq 'OQ8oMt,ou 7IOLflVlou aÙTijç Kal à7Ion,i\ovv
7IVEUflaUKOV àQflOV, OŒTLÇ auvÉbWEV àQQr]K'l:WÇ TT]V MfJ'l:ÉQa
'EKKi\T]olav flE'l:aTf]ç ÀylW'l:a'tT]ç 'EKlCi\T]olaç 'l:fiç PwoŒlaç.
Elvat ôÉ 7Ioi\v cpUŒLKOV 6 aQ~loç OUTOÇ va 0cpuQfJi\a'l:fJ8fj È7Il 'l:OÛ
OTEQEOÛ aKflovoç TOÛ 'HauXaoflOû, 6 67Ioioç ÈvwQ(ç ÈyovLflO7IolT]OE
'l:r]v PWOOlKT]V 'EKKi\fJolav, wç fAàQ'l:UQOÛV oi 7IvEUflaUKol ÔEoflol TOÛ
flEyMOU 7Ia'l:Qoç 'l:OÛ PWOOLKOÜ iJ.ovaXlOfloV Àylou l:EQYlOU TOÜ
PavTOvÉl: flE'ta 'tWV Y]auxaŒTcJv ITa'l:QtaQXwv <l>ti\o8Éou Kat
Kai\i\lo'l:OU A' .
EIç àÇl6i\OYOÇ ÈK7IQOOW7IOÇ Tf]ç ijauxaŒTLKijç l:wfiç TJ'to Ke,tl 6
T]'tQ07Ioi\l'l:fJç KU7IQLavôç. Ma8T]TEvoaç 7Ii\T]oiov iJ.EyaAwv ÈQya'l:Wv
'tijç EQâç ijouxiaç, wç 6 l\yLOÇ E>WMŒlOÇ TUQvo~ou, flETÉCPEQEV dç
PWŒŒla ''tr]v lblav 7IVEUflauKtlv à'tfloŒcpatQav, 'l:tlv 67Iolav
ÈKai\i\lÉQYTlŒav 7IQWTOl oL Mo «flEYMOl l\yLOL fQ11YOQlOl» 'tijç
22 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

le chemin initz"al à travers une jungle jusqu'ici inexplorée ne peuvent


dessiner qu'une carte élémentaire à mesure qu'ils avancent. Ceux
qui, à leur suite, empruntent le chemin déjà frayé pour eux doivent
compléter, par des études particulières et détaillées, les manquements
et les hypothèses de cette carte élémentaire. C'est ce que le père Job a
fait ici : compléter une lacune essentielle de notre histoire, qui demeure
encore un essai, de la synthèse finale du rite byzantin, fournissant
encore une tesselle essentielle pour une mosaïque en chantier.
Que le lecteur ne pense pas que ce processus soit facile. De formz'dables
obstacles attendent immédiatement celui qui se plonge dans les sources
de la liturgie byzantine. Dès le Xle siècle, Nikon de la Montagne Noire
(v. 102S-après 1088), un moine du monastère de la Théotokos sur la
«Sainte Montagne» monastique au nord d'Antioche en Syrie, qui fut
en quelque sorte un élève embryonnaire de la liturgie comparée, fit face
à ce problème. Dans son testament spirituel qui est en quelque sorte
la préface de son typikon, il décrit sa déception: «J'ai découvert et
recueilli différents typika, du Stoudion et de Jérusalem, et l'un n'était
pas en accord avec l'autre, ni le Stoudite avec l'autre Stoudite, ni le
hiérosolymitain avec les autres hiérosolymitains. Et, très stupéfait de la
chose,j'ai interrogé les sages et les anciens, et ceux ayant la connaissance
de la matière et expérimentés en beaucoup de choses concernant la tâche
de l'ecclésiarque et du reste, au monastère de notre saint père Sabas
à Jérusalem, incluant la tâche de l'higoumène ... » (Préface, 91). Après
s'être informé lui-même de «l'ordo de l'église et de la psalmodie», et des
différentes traditions orales et écrites, il les adapta pour ses propres buts
dans son typikon (Taktikon, 1).
Cela résume à Id fois la façon par laquelle la liturgie byzantine s'est
développée et les problèmes ultérieurs qu'ont posés ses sources existantes
non seulement à Nikon, mais aussi aux chercheurs aujourd'hui. Des
législateurs monastiques, compilateurs et copistes ont passé au crible les
sources à partir d'une pléthore d'usages reliés, prenant et choisissant
ce qui les contentait, non pas arbitrairement mais selon les paramètres
de la fidélité fondamentale à la tradition qui était dans leurs veines.
C'est ce que Nikon a fait. C'est ce que Kiprian Tsamblak a fait. C'est
aussi ce que l'archimandrite Job Getcha avait à retracer - et a si bien
retracé - afin de nous raconter cette histoire fascinante.
ROBERT F. TAFT', S.J.,
Pontificio Istituto Orientale, Rome.

160 p. - Ritul Bizantin, scurta istorie, trad. Dumitru Vanca et Alin Mehes, Alba Iulia,
Editura Reîntregirea, Logos si simbol 10,2008.
1. B. H. nEHEmEBWI, TaKmuKoll HUKolla QepllozoP14a. rpe'leCKUÜ meKcm no pyKonucu
Ho. 441 CUllaÜCKazo MOllaCmblpJl C6. EKamepullbl, BhlnyCK 1, 3armCKH HCT.-<l>wIOJI.
<l>aXYJThTeTa lleTporpa,n;cKaro YlillBepCHTeTa, 'laCTh 139, Petrograd, 1917. Voir égale-
ment: ID., Onucallue Zpe'leCKUX pyKonuceü MOllacmupJl C6. EKamepullbl lia CUllae, Saint-
Pétersbourg, 1911, 1, p. 561-601.
Tc}l 'OaLOÀoyLW'ta'ty ÀQXlflavbQlT\] KUQlY 'IWf3 Getcha,
Ka811YTl'tfj, TÉKVy ÈV KUQlY ayamlTc}l 'tfiç T]flclJV ME'tQLO'tllTOÇ, xaQLV,
€ÙÀOYlaV Kal ~WUUf.!0V rraQa wu AWrrOTOU Kat KUQtoU TJ}JctJV 'Illuoû
QlU'IOÛ.

Dç ÀQXl1IOLf.!llV Tfiç A.ylaÇ WU XQlU'IOU MeyaAllç 'EKKÀlluiaç


ÈXaQllf.!€v dÀlKQlVWÇ rrÀllQo~oQ1l8Év't€ç 'tTÎv È1IlX€lf.1Évllv EKbOaLV 'tfjç
vno 'Ifjç ùf.!€'IÉQaç ayarrll'Ifjç 'OaLoÀoylO'IllTOÇ EKnov1l8€lŒ1lç
blbaK'IOQlKfjÇ bLa'IQlf3f]Ç, f.!É 8Éf.!a 'tTÎv duaywYTÎv wu ual3l3aLuKoû
ÈKKiI,llulcwuKOû 'tU1IlKOU dç PWUulav {mo wu f.!aKaQLou KunQLavoû
TmXf.!nil.aK, Mll'tQorroiI.L'tou KlÉ130U Kat naŒ1lç Pwuutaç.
'H xaQa T]f.!wv rrllyaÇn ~K 'tOÛ yryovo-wç OU 0 Mll'tQorroiI.L'tllç
KurrQlavoç Tjw f.!a811'ITÎÇ 'IOU a~lou nvwf.!auKoû 'tÉKVOU 'tOU A.ylou
rQllyoQLou TIail.af.!u Kal rrQoKa'toxou i]f.!wv Èv 'Ic}l TIa'tQLaQXLKc}l
E>Qovy 'tfiç Kwvu'IavuVourroil,Ewç A.ylOU <pLÀo8Éou K01<KlVOU. Ala 'Ifjç
Èfl7lEQl(J'[C('t(ùf.!ÉvllÇ f.!EAÉ'tllç uaç auf.!l3eXME'IE Ef.!rrovwç, W(J'[E va
ylVOUV WQU'IEQOV yvw(J'[a i] rrQou~oQeX Kal 'IO EQYOV 'IOU
Mll'IQ07IOAl'IOU' K:urrQ'LaVOU, 7X7ttJOm;ù~v'tôC; '"ËtÇ-1"Wo-ÙlclV-'V'ïü'FioiY'
A.yiou <pLÀo8Éou btti vex auvbQeXfll:J elç 'IllV È~0f.!aÀuvaLv 'tfjç ÈKEÎ.UE
ÊKKÀllULaUUK11Ç KamunXUEWe;. 'H àrro(J'[oil,tl aV'tl"}, aMa Kat aUvOÀoç
11 rrcxQouuia aùwû Èv Pwuulq,. Ka'IabELKVUOUV 'tO rrOlf.!CXVUKOv
EvbLa~ÉQov Kat Ti]v EyK07WV l'IVEUf.!aUKTÎv f.!ÉQLf.!vav 'Ifjç Mll'IQOÇ
'EKKiI,llUtaç Tfie; Kwvu'tavuvourrOÀEwç, Ka'IeX 'IOV 140v aiwva, ùrrÉQ
'tOU EV PWUUlq 'OQ8oM!:;ou rrOlf.!VtOU aù'tfjç Kat arrO'tEiI,oûv
rrVEUf.!aUKOV ctQf.!Ov, OUuç UUVÉbWEV aQQtlK'Iwç Ti]v Mll'IÉQa
'EKKÀllUlaV f.!E'tex 'Ifjç A.yLW'teX'IllÇ 'EKKiI,llutaç 'tfjç pwuu[aç.
EIVaL bÉ rroÀu ~UaLKOV 0 ctQFOÇ oU'toç va u~uQllil,œr1l8fj Eni 'IOÛ
U'IEQWÛ aKf.!OvOç 'IOU 'HauXauf.!Où, 0 o7101oç ÈvwQ[ç Èyovlfl0710tllOE
'ITÎv PWUaLKTÎV 'EKKÀlluiav, wç fldQ'IUQOÛV ol 71vEUfla'tL1WL bWfloi wu
flryaAou 71a'IQoç 'tOÛ PWUaLKOU f.!OvaXLuf.!oû A.yiou LEQytOU 'IOÛ
PavTOvÉÇ f.!E'IeX 'IWV i]auxau'[(.Jv TIa'tQLaQXwv <pLÀo8Éou KaL
Kail.il.iu'IOU A' .
Eiç eXÇlÜÀOYOÇ ÈKnQouwnoç 'tfiç i]auxauuKfjç çwfjç fJ'IO K(Ü 6
T)'IQOl'IoiI.L'IllÇ KunQlavoç. Ma811'IEuuaç 71ÀlluLOV }JEyaAwv ÈQya'tWv
'tfiç EQUÇ TJuuxtaç, wç 6 AyLOÇ eWMUlOÇ TU~lV0I30U, fl€'IÉ~€Q€V dç
PWO"O"la - 'Itlv iblav l'IVEUf.1aU1<:T]v eX'tf.!ompaLQav, 'Itlv 6710Lav
ÉKail.il.LÉQYlluav nQW'IOl ol Mo «f.!EyaAOl AyLOl rQllyoQLOl» 'tfiç
ÈKKÀT)ouxonKijç flaç LaToQlac; LtVdttJ:)ç1<aL ITaAaflaç. ITmoLElaflEv,
AoL'i1ov, ono Èlû\EK'rOÇ OU'rOç 'IEQaQXllç bûvaml va àrrO'rEAIj YÈ<j.luQav
ÉV0'rll'Wç flE'ral;u 'rOU OiKOUflEVlKOU ITa'rQuxQXElOU, 'rijç Bui;;avnvfjç
rraQaMOECùÇ Kai 'rou PWOOlKOV XQlaTUXVlKOU KOoflOU.
Ôla ôÈ 'rfjç ôlôaK'rOQlKfjÇ ÔllX'rQll3fjç oaç nfla'rE où floVOV 'rov
MT)'rQorroÀi'rT]v KurrQuxvov, aAi\i\ Kat 'rOV AyLOV <pLÀo8wv, 'rT]V
flEyaAT]v aù'ri]v rrVWflanKT]V <j.lUOèoyvwfliav, T] orroia ÈKOOflT]OE 'rT]V
KOQU<j.lTJV 'rfjç Âyiaç 'rOV XQlO'rOU Mt'YMT]Ç 'EKKÀT]oiaç, Kat auvn:AÜ'tE
WO'tE T] <j.lLAT] 'EKKÀT]oia 'rfjç PwO'aiaç va YVWQ10ll KaMi'tEQoV 'taç
rrT)yaç 'rfjç rrvwflanKfjç rraQabOcEwç 'tT]ç Kat va auvElôT)'torrolTJOll
l3aSu'tEQov 'rT]v rrvwflanKT]v 'tau'tC)'tT]'ra Kal Évo'rT]'ra aÙ'rfjç flc'ta 'tOU
AOlrrou DQ80b01;ou K6oflou.
LuyxaiQov'rEç, OSEV, rra'rQlKc0Ç bla ovvoAov 'tTJv rrvwflanKTJv
rrQoo<j.loQav 'rfjç vflE'tÈQaç àyaITT}'::fjç Kai <j.lLÀÈQYou OOloAoylÛ'rT]'tOÇ
ELç 'tOV àYQov 'rfjç MTJ'rQoç 'EKKÀT]"(aç, 'rooov ôta 'rfjç oUYYQa<j.llKfjç
oaç bQao'rTjQlo'tT]'rOÇ, OOOV Kat EK TfjÇ 8Éocwç 'rOU Ka8T]yT]'tOu 'rOÙ Èv
faMil;t 8wAOYlKOÛ lvaTl'tou'tOu mû ÂyLOU LEQytOU, imbmVLÀEuoflEV
VflLV 'rTJv ITa'rQlaQXlKTJv T]flwV EÙUQÉOKELaV Kat eÙXOflE8a En
nil.ouolW'rÈQav Kat EùAoYTJflÉvT]V ;laQa 'rOù ITaQaKAT]'rov 'ri]v È<j.lÛ;fjç
TIvwflanKT]vbraKoviav uflWV ÊV -TIJ'LKi(;\i1u~; nQ6ç 'boçàv t-)wv,
OLKOboflTJv 'rOù maToù Aaoû 'rOû KJQlou Kal ÈflnÉôwOlv 'tiiç Évo'rTj'roç
'tov DQSobOl;ov 7Wlflviov.
'H bt 7tAOUOlObwQoç xaQl'; Kat ElJAoy[a 'rOù Èv TQlabl
7tQoOKvvovflÉvOU 8wû TJfl&JV, ofloÙ flaa 'tfjç rra'rQlKfjç Kat
ITa'tQlaQXlKfjç T]flwv EùAoyiaç Ka[ Eùxiiç, ElT]oav flETa 'tiiç vflE'tÉQaç
àyaITT}'rfjç OOLOAoylO'rll'rOÇ.
Liminaire

t Bartholomée, par la miséricorde de Dieu archevêque de


Constantinople et Nouvelle Rome, Patriarche œcuménique

Au docte et révérend archimandrite Monseigneur Job Getcha,


professeur, fils bien-aimé dans le Seigneur de notre Humilité, grâce,
bénédiction, illumination de notre Maître et Seigneur Jésus-Christ.
En tant qu'archipasteur de la Sainte et Grande Église du Christ,
nous nous sommes sincèrement réjoui d'apprendre la publication
imminente de la thèse doctorale rédigée par votre révérence, ayant pour
sujet l'introduction du 'JYpikon ecclésiastique sabaïte en Russie par
le bienheureux Cyprien Tsamblak, métropolite de Kiev et de toute la
Russie.
Notre joie tire sa source du fait que le métropolite Cyprien fut le
disciple de Philothée Kokkinos, digne fils spirituel de saint Grégoire
Palamas et notre prédécesseur sur le trône patriarcal de Constantinople.
Par votre étude bien fondée, vous contribuez grandement à ce que
soient connus l'apport et l'œuvre du métropolite Cyprien, envoyé en
Russie par saint Philothée pour y jouer un rôle dans la normalisation
de la situation ecclésiastique. Cette mission tout comme sa présence
personnelle en Russie montrent l'intérêt pastoral et le soin spirituel
attentif de l'Église Mère de Constantinople au XIV" siècle pour ses
ouailles en Russie et représentent une jonction spirituelle qui unit de
façon indestructible l'Église Mère à la très sainte Église de Russie.
Il est normal que cette jonction fût forgée sur l'enclume très ferme de
l'hésychasme quiféconda très tôt l'Église de Russie, comme en témoignent
les liens~'lIels existant entre le grand père du monachisme russe,
saint Serge de Radonège, et les patriarches hésychastes Philothée et
Calliste 1er•
Le métropolite Cyprien s'avéra être aussi l'un des plus dignes
représentants de la vie hésychaste. Ayant reçu sa formation auprès de
l'un des grands artisans de l'hésychia intellectuelle, saint Théodose
de Trnovo, il répandit en Russie la même atmosphère spirituelle que
firent croître les premiers deux «grands saints Grégoire», à savoir le
Sinaïte et Palamas. Nous sommes donc convaincu Que ce hiéraraue .(
26 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

distingué représente un pont unissant le Patriarcat Œcuménique, la


tradition byzantine et le monde chrétien russe.
Par votre thèse de doctorat, vous honorez non seulement le métropolite
Cyprien mais aussi saint Philothée, cette grande figure spirituelle qui
a orné la sainte et grande Église du Christ, et contribuez ainsi à faire
connaître les sources de la tradition spirituelle de l'Église bien-aimée de
Russie et à saisir profondément son identité spirituelle et son unité avec
le reste du monde orthodoxe.
JiJus félicitant de manière paternelle pour l'ensemble de la contribution
spirituelle de votre révérence dans le champ de l'Église Mère, tant par
vos écrits que par votre position de professeur à t Institut de théologie
Saint-Serge en France, nous exprimons fortement notre satisfaction et
nous vous enjoignons au service spirituel riche et béni par le Paraclet
au sein de l'Église pour la gloire de Dieu dans l'édification du peuple
fidèle du Seigneur et la garde de la promesse de l'unité des ouailles
orthodoxes.
Que la grâce dispensant les dons et la bénédiction de notre Dieu adoré
dans la Trinité, de même que notre bénédiction paternelle et patriarcale
et notre prière, soient avec votre bien-aimée et docte révérence.

t BARTHOLOMÉE DE CONSTANTINOPLE,
fervent intercesseur devant Dieu.
Le Il mars 2008.
INTRODUCTION

PRÉSENTATION DU SUJET

Le XIVe siècle est la période du renouveau hésychaste à Byzance :


un moment de l'histoire qui a profondément marqué tous les
aspects de la civilisation byzantine, que ce soient l'art, l'architec-
ture, la littérature, la politique, la spiritualité ou la théologie.
Le XIVe siècle représente aussi une époque charnière dans l'his-
toire de la liturgie byzantine. C'est un siècle de grands change-
ments : certaines grandes traditions liturgiques qui prévalaient
jusqu'à cette époque tendent à disparaître au profit d'une seule
tradition. En effet, nous y voyons, pour ainsi dire, la mort du rite
cathédral de Constantinople, qualifié «d'office chanté) (~cr/lo'tt1(t)
à1(oÀou9io), qui était régularisé par le TYpikon de la Grande Église.
De même, le rite monastique stoudite de Constantinople tombe
en désuétude, au profit de la tradition monastique palestinienne
ou hiérosolymitaine canonisée par le Typikon sabaïte. Néanmoins,
nous verrons que certains usages des anciens rites survivront et
seront incorporés dans une tradition hybride que nous qualifions
de «néo-sabaïte). Ainsi, le XIVe siècle apparaît comme une période
de grande synthèse. Nous assistons à l'apparition de ce que nous
désignons de nos jours comme le «rite byzantin).
Ce ch~~~ _de la genèse du rite byzantin a éveillé notre curiosité
et nous ~..~né à étudier un personnage qui y avait particuliè-
rement œuvre.' Or, nous savons que les grands bouleversements,
survenus à cette époque dans le domaine liturgique, sont associés 1

à deux figures issues du mouvement hésychaste : le patriarche 1

Philothéede Constantinople pour le monde hellénophone, et le 1

métropolite Cyprien de Kiev pour le monde russe. Nous verrons' ~~


que ces deux figures étaient très liées entre elles. De ce fait, ce qui li
se passait dans la métropole kiévienne n'était pas indépendant de ce
qui s'était passé un peu plus tôt à Byzance. L'intérêt que nous por- 'II
tons. !=Ill Tl'lonr1p C'1-::l"(T~ t:::t.t- _n_~ .... l:)'-~-- ---"'-- -
1:
Il
28 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

Constantinople explique que nous ayons choisi de consacrer notre


étude à la réforme qu'a entreprise le métropolite Cyprien.
Parler de réforme liturgique dans le monde orthodoxe peut
paraître de prime abord audacieux, compte tenu de l'opinion
populaire que rien n'a jamais changé dans sa liturgie. Les gens
un peu informés connaissent cependant la réforme qu'a menée
le patriarche Nikon de Moscou au XVIIe siècle et qui a fait l'objet,
récemment encore, d'une étude liturgique!. Celle-ci est largement
connue même si, en fait, son objet n'a été qu'une correction des
livres liturgiques russes pour les rendre plus conformes aux livres
grecs de l'époque.
Dans une étude plus récente, T. Pott a montré que l'on peut
appliquer le concept de réforme à la liturgie byzantine si l'on
prend en compte que cette dernière a bougé et n'a pas cessé de
connaître des métamorphoses au fil des siècles 2 • Toutefois, son
étude sur « la réforme liturgique byzantine )}, qui passe en revue
différentes réformes telles la réforme stoudite, la réforme de Pierre
Mohyla et la réforme de Nikon - ne mentionne pas la réforme
liturgique du métropolite Cyprien que nous nous apprêtons à étu-
dier et qui, comme nous le verrons, a bien plus changé l' habitus
liturgique russe que ne l'a fait la réforme nikonienne.
L'examen d'une réforme liturgique peut faire l'objet d'un
champ assez vaste. C'est pourquoi nous nous limiterons, dans le
cadre de notre analyse de la réforme du métropolite Cyprien, aux
transformations survenues dans l'office divin suite à l'introduction
du Typikon sabaïte. Par « office divin )}, nous entendons tous les
cycles liturgiques qui rythment tant la vie des moines que celle
des chrétiens dans le monde : les offices des heures de la journée
(cycle journalier) et les fêtes et solennités (cycle hebdomadaire,
cycle annuel fixe et cycle annuel mobile ou pascal). Ainsi, nous
avons choisi volontairement de ne pas nous pencher sur les sacre-
ments et de ne pas analyser les changements qu'aurait pu intro-
duire le Typikon sabaïte sur l'Euchologe. Une telle étude reste à
faire.

ÉTAT DE LA RECHERCHE

La personne du métropolite Cyprien de Kiev est bien connue


des spécialistes. Depuis les grands historiens de l'Église russe

1. P. MEYENDORFF, Russia, Ritual and Reform : The Liturgical Reforms of Nikon in the
17th Century, Crestwood, New York, 1991.
2.T. POTI', La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non
spontanée de la liturgie byzantine, BEL 104, Rome, 2000.
INTRODUCTION 29

tels que E. Golubinskij, le métropolite Macaire (Boulgakov) et


A. Kartachov, plusieurs autres chercheurs se sont penchés sur cette
personnalité marquante de l'histoire de la Russie du XIVe siècle.
Nous pouvons mentionner, entre autres, le père Jean Meyendorff,
D. Obolensky, G. M. Prokhorov et C. Ignatieff. Notre biblio-
graphie énumère leurs nombreuses études, de même que celles
d'autres auteurs. Cependant, la plupart de ces travaux ne traitent
que de l'impact du métropolite Cyprien sur les plans historique,
littéraire et philologique.
En effet, depuis la parution, en 1882, de l'étude du grand
liturgiste russe 1. Mansvetov intitulée Le Métropolite Cyprien
dans son activité liturgique (en russe!), personne ne s'est consacré
à l'analyse spécifique de l'œuvre liturgique de Cyprien de Kiev.
Ainsi, l'étude que nous nous proposons de mener répond à un
grand besoin: celui de combler un vide qui s'est creusé dans le
domaine scientifique et théologique depuis plus de cent ans.
Malgré les recensions élogieuses publiées peu après la paru-
tion de l'ouvrage susmentionné qui demeure jusqu'à ce jour le
seul que nous possédions sur l'activité liturgique de Cyprien, de
nombreux points de cette étude, assez générale, sont à revoir en
ce qui concerne la méthode et les données de l'histoire. Ainsi, une
meilleure connaissance des manuscrits et des faits historiques,
grâce à des travaux philologiques et historiques récents, pourrait
nous contraindre à nuancer ou corriger certains développements
ou hypothèses exposés par Mansvetov au XIXe siècle.

INTÉRÊT DU SUJET

L'intérêt de notre étude apparaît dès qu'une réévaluation de


l'étude de Mansvetov s'impose, compte tenu des nouvelles décou-
vertes philologiques et historiques que nous possédons. Par exemple,
l'éminent liturgiste russe n'a peut-être pas suffisamment vérifié
l'authenticité des manuscrits attribués au métropolite Cyprien. De
plus, depuis la parution de travaux plus approfondis sur l'histoire
de l'hésychasme, l'activité littéraire du métropolite Cyprien et l'his-
toire de la liturgie byzantine en général, certains points de l'analyse
de Mansvetov demandent à être vérifiés ou corrigés. D'autre part,
certaines questions n'ont peut-être pas été traitées.
Par exemple, sur le plan scientifique, nous sommes d'avis que
les historiens et les théologiens ont trop souvent isolé dans leurs
études l'impact de l'hésychasme sur la liturgie. Ainsi, la diffusion
du Typikon sabaïte dans le monde byzantin devrait être rappro-

1. MAHCBETOB, MumponOAum Kunpuall.


30 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

chée du mouvement hésychaste du ){Ne siècle qui a marqué tous


les aspects de la vie sociale et religieuse. L'explication «classique»
concernant les changements survenus dans la liturgie à cette
époque, qui néglige quelque peu de prendre en compte la théo-
logie hésychaste, doit être réexaminée.
Dans notre étude, nous essaierons de garder une approche glo-
bale et de ne pas déraciner la réforme liturgique du métropolite
Cyprien du grand mouvement hésychaste du ){Ne siècle, tout en
ménageant le lien entre la liturgie et la théologie, qui furent, dans
le passé, trop souvent séparées l'une de l'autre.
Sur les plans ecclésiologique et œcuménique, nous espérons que
notre recherche ne manquera pas de susciter l'intérêt. Le thème
de la réforme liturgique éveille généralement l'attention des chré-
tiens d'aujourd'hui qui aiment s'interroger sur leur liturgie. Paul
Meyendorff, dans son étude de la réforme nikonienne, soulignait
que ce sujet ne manquait pas de provoquer également des remous
ou des passions l , créant parfois un clivage entre traditionalistes
et innovateurs, entre conservateurs et réformateurs. Notre travail
pourra peut-être, à l'aide des exemples que nous étudierons, éclairer
la réflexion contemporaine en matière de réforme liturgique.
Cependant, si la question de réforme liturgique est pour beau-
coup une préoccupation très actuelle, notre recherche ne tend pas
à discuter des problèmes qui se posent à l'Église d'aujourd'hui.
En restant dans les limites du cadre historique de notre sujet
- l'introduction du Typikon sabaïte dans l'office divin dans la
métropole kiévienne au ){Ne siècle -, notre analyse tâchera néan-
moins d'apporter des éléments de réponse à des questions qui
se posent aujourd'hui dans diverses Églises locales. L'étude
de l'histoire de la liturgie permet de mieux comprendre notre
liturgie, de mieux l'apprécier et de savoir discerner, à l'aide de la
conscience théologique, ce qui est authentique de toute déviation
ou décadence.

MÉTHODOLOGIE

Le but de notre étude étant ainsi esquissé, il est utile de décrire


la méthode que nous avons adoptée pour mener nos recherches.
Nous avons avant tout opté pour ce que le grand liturgiste russe
A. Dmitrievsky qualifiait de « méthode historico-archéologique 2 ».

1. P. MEYENDORFF, Russia, Ritual and Reform : The Iiturgical Reforms of Nikon in the
17th Century, p. 27.
2. A. )l,MRTPREBCKRH, «qHH rrem;Haro AeHcTBa», BU3allmuucKuu 6peMellllUK 1 (1894),
p.SSS.
INTRODUCTION 31

Elle consiste à étudier les documents liturgiques en les replaçant


dans leur contexte historique et en identifiant leurs sources.
Puisque notre étude est axée sur l'introduction du Typikon
sabaïte dans l'office divin, le document liturgique fondamental
pour nous s'avére être un manuscrit intitulé : Psautier suivi!,
attribué au métropolite Cyprien et dont nous expliquerons plus
loin le titre et le contenu. Ce manuscrit inédit fait d'ailleurs l'objet
d'une édition partielle dans l'annexe de la présente étude.
Une réforme liturgique, comme toute réforme, crée une bar-
rière délimitant un avant et un après. Suite à une réforme litur-
gique, nous avons une liturgie d'avant la réforme et une liturgie
engendrée par la réforme. Par conséquent, pour bien évaluer une
réforme liturgique, il faut considérer non seulement ce qui s'est
passé lors de la réforme (l'objet de la réforme), mais aussi ce qui
l'a précédée (l'avant de la réforme) et ce qui lui a fait suite (les
conséquences de la réforme). En d'autres termes, une analyse des
sources liturgiques datant d'avant la réforme de Cyprien ainsi
que des sources liturgiques datant des premières décennies fai-
sant suite à cette réforme s'impose. Ainsi, notre étude devra tenir
compte d'une approche à la fois synchronique et diachronique.
Sur le plan synchronique, il faudra replacer la réforme du métro-
polite Cyprien dans son contexte historique, à savoir le mouve-
ment hésychaste du ){Ne siècle, avec ses liens avec la réforme du
patriarche Philothée à Constantinople. De façon plus précise, il
faudra comparer les rubriques du Psautier suivi du métropolite
Cyprien avec les autres manuscrits liturgiques qui lui sont attri-
bués, de même qu'avec les prescriptions qui concernent la pra-
tique liturgique et que l'on retrouve dans les lettres pastorales
qu'il a rédigées.
Sur le plan diachronique, il faudra comparer le Psautier suivi à
d'autres manuscrits ou livres liturgiques antérieurs et postérieurs,
en concentrant particulièrement notre attention sur l'identifica-
tion des éléments qui ont été modifiés par la réforme. Cela nous
permettra d'identifier l'objet et d'estimer l'impact de la réforme.
Pour ce faire, nous aurons recours à des études générales sur la
liturgie en Russie avant Cyprien, telles celles de A. Dmitrievsky,
1. Mansvetov et M. Lisitsyn, mentionnées dans notre bibliogra-
phie. L'édition et l'étude récente sur le Typikon d'Alexis le Stoudite
par A. PentkovskiF nous seront très précieuses car elles constituent
la source primaire à partir de laquelle nous pouvons connaître la
liturgie monastique d'avant l'époque de Cyprien.
Nous serons également attentif à ne pas isoler le monde russe
du monde grec, dont il se fait l'écho. Pour cela, nous n'hésite-

1. KHIIPHAH, llCll./ImUpb C 8ocC/leào8aHUeM.


2. llEHTKOBCKHfI, TunuKoH.
32 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

rons pas à comparer les rubriques du Psautier suivi du métropo-


lite Cyprien à celles d'anciens typika grecs, dont les plus anciens
typika sabaïtes conservés. Pour cela, nous aurons recours à la des-
cription des manuscrits liturgiques grecs de A. Dmitrievskyl, à
l'édition du TYpikon de la Grande Église réalisée par J. Matéos 2,
ainsi qu'à l'édition du plus ancien manuscrit sabaïte grec conservé,
faite par A. Lossky3.
Restant fidèle à la méthode historico-archéologique, nous
sommes toutefois conscient des limites de l'école historique en
liturgie, et nous avons fait nôtres les remarques méthodologiques
du père Alexandre Schmemannconcemant le devoir et la méthode
de la théologie liturgique 4 • C'est pourquoi, en tâchant de ne pas
isoler la liturgie de la théologie, nous essaierons de déterminer les
courants théologiques sous-jacents à la réforme du métropolite
Cyprien et d'en esquisser la théologie liturgique.

PLAN DE L'ÉTUDE

Notre étude se présente en trois parties: la première traite de la


vie et de l'œuvre du métropolite Cyprien; la deuxième de l'objet de
sa réforme; la troisième consiste en une évaluation de la réforme.

Le métropolite Cyprien et son œuvre.

Dans la première partie, purement historique, nous commen-


cerons par replacer le métropolite Cyprien dans son contexte et
par retracer les différentes étapes de sa vie, en restant particu-
lièrement attentif aux événements susceptibles d'avoir influencé
son activité liturgique. Puis nous présenterons son œuvre littéraire
en décrivant ses traductions, ses lettres personnelles et pastorales,
ses œuvres biographiques ainsi que ses traductions liturgiques, et
passerons en revue les divers manuscrits liturgiques qui lui sont
attribués. À cet égard, nous ferons appel aux nouvelles études phi-
lologiques et à l'analyse récente des filigranes qui permettront de
réévaluer la datation et l'authenticité de ces manuscrits. Au terme
de cette première partie, nous serons en mesure de constater
quelles nouvelles informations nous ont apportées les découvertes

1. AMHTPHEBCIŒfI,Onuca/lUe.
2. MATÉOS,Typicon.
3. LOSSKY, Le Typikon byzantin.
4. Voir A. SCHMEMANN, Introduction to Liturgical Theology, Crestwood, NY, 19863,
p.9-32.
INTRODUCTION 33

historiques et philologiques récentes sur le métropolite Cyprien et


son œuvre.

La réforme liturgique du métropolite Cyprien.

La deuxième partie sera plus technique et strictement liturgique.


Elle commencera par une description de la liturgie en Russie
avant l'époque du métropolite Cyprien et des premières tentatives
d'introduction du Typikon sabaïte en Russie à l'époque du métro-
polite Alexis. Nous ferons ensuite un commentaire détaillé du
Psautier suivi du métropolite Cyprien, en étant particulièrement
attentif à relever les nouveaux usages liturgiques introduits lors
de cette réforme et à en identifier les sources. Pour ce faire, nous
aurons recours à une méthode de comparaison qui confrontera
les rubriques du Psautier suivi aux sources liturgiques grecques
et slaves antérieures. Notre étude du Psautier suivi portera sur le
déroulement des offices de l'Horologion, sur le Synaxaire ainsi
que sur le cycle du Triode. Au terme de cette deuxième partie,
nous serons en mesure de caractériser la réforme du métropolite
Cyprien en tenant compte de son impact sur la place de la psal-
modie et de l'hymnographie. Nous tâcherons également d'évaluer
l'importance accordée par Cyprien à un typikon monastique et
d'expliquer, après la confrontation des éléments constantinopoli-
tains aux éléments palestiniens, le choix de Cyprien.

Évaluation de la réforme du métropolite Cyprien.

La troisième partie, se voulant davantage théologique, tentera,


sur la base des deux premières, d'esquisser la théologie liturgique
sous-jacente à la réforme du métropolite Cyprien. À cet effet, nous
devrons tenir compte des sources de la réforme du métropolite
Cyprien, des points fondamentaux de la théologie du mouvement
hésychaste et des problèmes liturgiques vécus à cette époque. De
là, il conviendra de dégager le but que le métropolite Cyprien
avait probablement en tête en introduisant sa réforme dans
l'Église russe. Enfin, nous nous pencherons sur la période suivant
la réforme pour tenter de mesurer l'impact de cette réforme litur-
gique sur la pratique de l'Église russe. Nous parlerons alors de la
réception progressive de la réforme, des débats qu'elle a suscités
à l'époque des successeurs du métropolite Cyprien. Enfin, nous
devrons nous interroger sur la place de la réforme du métropolite
Cyprien dans l'histoire de la liturgie byzantine et sur ce que son
étude peut apporter aujourd'hui à la vie liturgique de l'Église.
PREMIÈRE PARTIE

VIE ET ŒUVRE
DU MÉTROPOLITE CYPRIEN
CHAPITRE PREMIER

LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN


ET SON ÉPOQUE

Le «métropolite liturgiste 1 ) Cyprien (Tsamblak), né vers 1331,


originaire de la région de Trnovo, peut être considéré comme
le disciple, voire le fils spirituel du moine palamite Philothée
(Kokkinos), higoumène de la Grande Laure au Mont Athos et,
par la suite, patriarche de Constantinople de 1353 à 1354, puis
de 1364 à 1376. Étroitement lié à cette grande figure de l'hésy-
chasme byzantin du )(Ne siècle, Cyprien fit un séjour à l'Athos
et fut ainsi initié à l'enseignement tant dogmatique que spirituel
de saint Grégoire le Sinaïte et de saint Grégoire Palamas, mais
aussi au Typikon hiérosolymitain qui avait marqué la liturgie de
la Sainte Montagne. Par la suite, il fut envoyé en Russie par son
maître et père Philothée, alors patriarche œcuménique, comme
métropolite de Kiev et de Lituanie (en 1375), avant d'être défini-
tivement mtronisé métropolite de Kiev et de toute la Russie, siège
qu'il occupa de 1381 à 1382, puis de 1390 jusqu'à sa mort en
1406. li fut l'un des hiérarques les plus attachants ayant occupé le
siège de la métropole de Kiev et de toute la Russie à une époque
fort mouvementée sur le plan politique, mais très riche sur le plan
théologique, spirituel et liturgique. La richesse spirituelle dont il
a pu bénéficier grâce à ces deux maîtres, conjuguée à la situation
à laquelle il lui a fallu faire face, en fait un personnage qui mérite
d'être étudié, d'autant plus qu'il l'a été trop peu jusqu'à mainte-
nant, surtout du point de vue liturgique.
Avant d'entreprendre notre étude sur la réforme liturgique du
métropolite Cyprien, il vaut la peine de se pencher d'un peu plus
près sur sa vie et son œuvre, ce qui nous permettra de mieux
comprendre le contexte historique de l'époque et le lien qui existe
entre cette réforme liturgique et le mouvement hésychaste.

1. L'expression est de M. ARRANz, «Les grandes étapes de la liturgie byzantine:


PaIestine-Byzance-Russie. Essai d'aperçu historique», liturgie de l'Église particulière et
liturgie de l'Église universelle, BELS 7, Rome, 1976, p. 71.
38 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Le XIve siècle a été marqué, tant à Byzance qu'en Russie, par


l'hésychasme. Cette spiritualité qui prend ses racines dans l'An-
tiquité chrétienne, dans l'enseignement des Pères du désert, se
transforma, à cette époque, en une doctrine théologique bien
élaborée dans les milieux monastiques athonites, autour d'une
grande figure de l'Orthodoxie - saint Grégoire Palamas. C'est à
cette époque que l'hésychasme de {( simple spiritualité» des pre-
miers anachorètes chrétiens se {( métamorphose» en une école
de prière (avec sa «méthode psychosomatique»), en un mou-
vement théologique (souvent qualifié de «palamisme») et en un
«parti» politique, défendant l'unité de l'empire chrétien assurée
par le siège patriarcal de Constantinople. À ces quatre aspects
de ce que les historiens qualifient généralement d'hésychasme
byzantin, déjà relevés par le père Jean Meyendorff! et l'histo-
rien G. M. Prokhorov 2, nous verrons que vient s'ajouter un cin-
quième aspect - l'aspect liturgique. Si l'aspect politique défen-
dait l'unité d'un empire chrétien que Sir D. Obolensky a qualifié
de «Byzantine Commonwealth3 », si de son côté l'aspect théolo-
gique prétend être l'expression de toute la tradition patristique
et représenter ce que Vladimir Lossky estimait être la «synthèse
palamite4 », l'aspect liturgique est intimement lié à la dimension
orante que les hésychastes concevaient comme universelle. C'est
ainsi que nous pouvons aussi parler, à la suite du père Alexandre
Schmemann, d'une «synthèse byzantine» dans le domaine litur-
gique s. À ce propos, la Vie de saint Grégoire Palamas, rédigée
par le patriarche Philothée (Kokkinos), nous apprend que saint
Grégoire Palamas avait expliqué à l'un de ses amis que la prière
incessante n'était pas une activité réservée aux moines, mais
qu'elle était le devoir de tous. Par contre, le devoir des moines
était de l'enseigner à tous : aux sages et aux gens simples, aux
femmes et même aux enfants6 • En ce sens nous pourrions com-
prendre que l'école de la liturgie, telle qu'enseignée par le Typikon
monastique dit «de Saint-Sabas» ou «de Jérusalem », présentait
aux yeux des hésychastes une universalité incontestable.

l.J. MEYENDORFF, «L'hésychasme : problèmes de sémantique*, Mélanges d'histoire


des religions offerts à H.-C. Puech, Paris, 1973, p. 543-547; 11. MEfiEH,Il,OP<t>, «0 BH3aH-
THHCKOM HCHxa3Me H ero pOJIH B KyJIbTYPHOM H ITOJIHTH'ieCKOM pa3BHTHH BOCTO'lHOH
EBPOIThl B XIV B.», TOJ(PJ129 (1974), p. 291-305.
2. f. M. IIpoxoPoB, PyCb U BU3aHmWl 6 3noxy KyllUK06CKOU 6um6bl, T. 11, Saint-
Pétersbourg, 2000 2 , p. 27-28.
3. D. OBOLENSKY, The Byzantine Commonwealth, Londres, 1971.
4.V. LOSSKY, Vision de Dieu, Neuchâtel, 1962, p. 127-140.
5. Voir A. SCHMEMANN, Introduction to Liturgical Theology, Crestwood, NY, 19863,
p. 149 s.
6.Voir PG 151, 573-574. Mentionné par r. M. IIpoxoPoB, PyCb U BU3aHmWl 63noxy
KYIIUK06CKOU 6um6bl, IT. 23.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 39

Le Typikon sabaïte était déjà répandu à l'Athos dans la seconde


moitié du )(Ne siècle, du temps où Cyprien y séjourna. Par exemple,
dans leur Centurie spirituelle, Calliste et Ignace Xanthopouloi
témoignent de l'existence de ce typikon lorsqu'ils mentionnent la
célébration de l'agrypnie (vigile nocturne!), qui est un office par-
ticulier au Typikon sabaïte.
Syméon, archevêque de Thessalonique, un hésychaste de la
seconde moitié du xwe siècle qui aurait été lié aux Xanthopouloi
dans sa jeunesse, considérait, quant à lui, que le Typikon sabaXte
avait une autorité patristique, c'est-à-dire universelle. il écrit :
« Dans ces monastères et dans presque toutes les églises, on suit
l'ordo du Typikon de Jérusalem, du monastère de Saint-Sabas,
parce qu'il peut être exécuté par une seule personne, puisqu'il
a été composé par des moines. Cette diataxis est très nécessaire
et patristique. C'est en effet notre divin Père Sabas qui l'a consi-
gnée, après l'avoir reçue des saints Euthyme et Théoctiste, eux qui
l'avaient reçue de leurs devanciers et de Chariton le Confesseur.
Cette diatyposis de saint Sabas qui, comme nous l'avons appris,
après la ruine du lieu par les Barbares, avait disparu, notre Père
parmi les saints, Sophrone, patriarche de la Ville sainte, a mis tout
son soin à la rétablir et, à nouveau après lui, notre divin Père théo-
logien Jean Damascène l'a renouvelée et l'a transmise par écrit2.»
Ainsi, ayant ces cinq aspects de l'hésychasme à l'esprit, nous
allons maintenant retracer la vie du métropolite Cyprien pour
pouvoir mieux évaluer, dans la deuxième partie de notre travail,
sa réforme liturgique.

LA JEUNESSE DE CYPRIEN À TRNOVO CV. 1331-V. 1363)

Cyprien (Tsamblak) naquit vers 1331 dans la région de Trndvo.


il était donc un Slave du Sud, et les historiens l'ont tantôt consi-
déré comme Bulgare, tantôt comme Serbe3 . Selon certains histo-

1. CAlLISTE ET IGNACE XANTHOPOULOI, Centurie spirituelle, 33, La Philocalie, t. TI,


Paris, 1995, p. 581-582.
2. SYMÉoN DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, 556 D.
3. Dans les écrits des xye_xvne siècles (tels que la Chronographie de Nikon et le livre
des degrés), il est considéré comme un Serbe. Toutefois, ces écrits désignent générale-
ment par ce nom toute la péninsule ba1kanique. r. M. TIpoxoPOB, «KHrrpHaH», Wzo6apb
KHu:HCHUK06 U KHu:HCHOCmU ,lWe6Heu Pycu, Leningrad, 1988, p. 484-485. Pour l'archiman-
drite LÉONIDE (Kavelin), Cyprien était un Bulgare de Moldovo-Vlachie (<<KHrrpHHH
ilO BOCIIIeCTBIDI Ha MOCKOBCKyro MHTpOrrOJIHIO», TjllOllJ(P, 1867, KH. II, q. 1, p. 11).
Les historiens tels que GOLUBINSKlJ (E. rOJIYOHHCKHH, llcmopWl PyCCKOU l(epK6u, t. II,
1" partie, Moscou, 1900, p. 297), }ACIMIRSKlJ et l'archimandrite AMPHILoKHU le consi-
dèrent comme Bulgare. Cette dernière thèse fut reprise par CAREYSKlJ (<1>. ~EBCKHil:,
40 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

riens, il était issu de la grande famille des Tsamblak de Trnovo.


Cette famille était très influente en Bulgarie et à Constantinople,
et de nombreux historiens estiment que Cyprien fit une brillante
carrière grâce à ses liens familiaux 1. Cette hypothèse prend pour
fondement l'éloge funèbre Cencomium) à la mémoire de Cyprien,
prononcé par celui qui fut considéré comme son neveu, Grégoire
CTsamblak), lequel désigne Cyprien comme «le frère de notre
père 2 }}. Toutefois, il faudrait peut-être comprendre cette dernière
expression au sens figuré pour marquer un lien spirituel, comme
l'a avancé J Holthusen. Ce dernier a d'ailleurs identifié l'éloge
funèbre CÈltt'to<j>toç Â,ôyoç) en l'honneur de Mélèce d'Antioche
Ct 381) par Grégoire de Nysse comme source de cet encomium.
Or, pour Grégoire de Nysse, c'est la parenté spirituelle qui
importe dans la relation entre deux évêques, et non la parenté
biologique3 • Ainsi, pour un hiérarque d'origine bulgare tel que
Grégoire, Euthyme aurait été considéré comme un «père}}, et en
ce sens, Cyprien aurait été le «frère de notre père4 }}. C'est pour-
quoi, comme le remarque à juste titre D. Obolensky, nous ne
pouvons affirmer avec assurance que Cyprien était de la famille
des Tsamblak, même si la majorité des historiens l'ont toujours
déclaré, d'autant plus que nous ne savons que très peu de chose
sur son enfance. Même son nom de baptême nous est inconnu
- Cyprien étant son nom de religionS.

Kunpuall, MumponOAum Kuelic/Cuu, ,ll;HccepT~ KM, 188Ir. 1'yK0IIHCh 833 q,oH,ll;a


KM. HBYB HP, p. 3-4).
1. D. OBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and
aIl Russia (1375-1406) ,}, DOP 32 (1978), p. 80. Au sujet des Tsamblak de Trnovo, voir
G. I. THEOCHARIDES, «ot TÇUIl7tMlJCmVeç'}, MaK:EOOVucâ 5 (1961-1963), p. 125-183.
2. GRÉGOIRE TSAMBLAK, «lIoXBamIO CJIOBO 3a KHrrpHaH'}, Ce texte fut d'abord
publié par: ApXHMaH,II;PHT JIEOHH,II;, «Ha,n;rpo6Hoe CJIOBO rpHrOpHJI IJ;aM6JIaKa POCCH-
:ii:CKOM}' apXHeIIHcKorry KHrrpHa!IY}}, lJHOH!{P, I (1872), p. 25-32. Il fut réédité dans:
B. ANGELOV, Iz starata bulgarska, ruska i srubska literatu~a, Sofia, 1958, p. 180-190.
Voir la bibliographie concernant ce document dans: A.-E. TAClllAOS, «Le mouvement
hésychaste pendant les dernières décennies du XIV" siècle'}, KÂT/POVOJ.lW 6 (1974),
p. 120, note 1.
3.]. HOLTIIUSEN, «Neues zur Erklarung des Nadgrobnoe Slovo von Grigorij
Camblak auf den Moskauer Metropoliten Kiprian'}, Slavistische Studien zum VI
Internationalen Slavistenkongress in Prag 1968, Munich, 1968, p. 373, 377. Référence
dans: H. ,ll;oWIEBA-IIAHAROTOBA, «06pa3'hT Ha KHrrpHaH B 1I0XBaJIHOTO CJIOBO 3a Hero
OT rpHropH:ii: IJ;aM6JIaK}), TbpllOliCKa /CIlU3/COlillaW/COAa, t. I, Sofia, 1974, p. 504.
4. D. OBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and
aIl Russia (1375-1406) ,}, p. 80. Voir également au sujet de la question de la parenté
entre Cyprien et Grégoire : H. ,ll;OHQEBA-IIAHAfioTOBA, «110 B'hrrpOCa 3a pO.o;CTBO
Me:lK,Il;Y MHTpOrrOJIHT KHrrpHaH H rpHrOpH:ii: IJ;aM6JIaK», Cmap06M2apCKa Aumepamypa,
KH. 3, Sofia, 1978, p. 77-85.
5. II. ChIPKY, K ucmopuu ucnpa/iAellUJ/ /CIlUZ li BOAzapuu li XIV6., TOM 1, BhIII. 1 :
«BpeMJI H :lKH3Hh rraTpHapxa EBq,HMHJI TepHoBcKaro», Saint-Pétersbourg, 1898,
p. 254; D. OBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev
and aIl Russia (1375-1406) ,}, p. 81.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 41

On suppose que Cyprien aurait débuté sa carrière ecclésias-


tique à Kilifarevo (près de Trnovo), au monastère de la Mère
de Dieu fondé par le moine hésychaste Théodose de Trnovo
avec l'aide financière du tsar de Bulgarie Ivan Alexandre!.
Théodose avait lui-même été le disciple de saint Grégoire le
Sinaïte, l'un des initiateurs du renouveau hésychaste au Mont
Athos. C'est dans ce monastère que Cyprien fit connaissance
d'Euthyme. Ce dernier y était lui-même entré vers l'an 13502 •
Euthyme devint plus tard le grand maître de l'école de Trnovo,
le foyer de l'hésychasme en Bulgarie. Certains historiens avan-
cent l'hypothèse que le patriarche Euthyme aurait été parent de
Cyprien. D'autres le considèrent comme le père spirituel qui
l'aurait formé à la vie monastique, ce qui serait plus probable
selon l'historien de l'Église russe E. Golubinskip.
Ce lien de Cyprien avec la Bulgarie et l'école de Trnovo est très
significatif pour toute son œuvre ultérieure. Comme l'explique
le professeur S. Senyk, au XIVe siècle, l'empire bulgare, avec sa
capitale Trnovo qui était un centre culturel important, devint un
pont entre le monde byzantin et le monde slave. «Dans l'Orient
grec, tout comme dans l'Occident latin, il y eut un retour aux
sources classiques, mais pour l'Orient, celles-ci n'étaient pas les
classiques païens, mais les Pères chrétiens 4 .»
Selon l'archimandrite Léonide, sur le conseil d'Euthyme, son
maître spirituel, Cyprien partit, à l'âge de vingt-cinq ans, pour
l'Athos, considéré comme la plus haute école de la vie ascétique
et spirituelle 5 •
Mais selon des études plus récentes, Cyprien se serait d'abord
rendu à· Constantinople en 1363, avec Théodose de Trnovo,
accompagné de trois autres de ses disciples, dont Euthyme.
Théodose avait fait ce voyage pour rendre visite à son confrère
du cercle de Grégoire le Sinaïte, le patriarche Calliste. Ils auraient
résidé au monastère de Saint-Marnas, où saint Syméon le Nouveau

1. B. CJI. KHCEJIKOB, IIpoYKU U ollepmu no cmap06MzapcKa /lumepamypa, Sofia, 1956,


p.213.
2.A.-E. TACHIAos, (,Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du
XIV' siècle », p. 117.
3. E. fony6HHcKHH, HcmopUJ/ PyCCKOU !JepK6u, t. II, 1re partie, p. 298.
4. «In the fourteenth century the Bulgarian empire, the capital of which, 1Tnovo, was an
important Slavic cultural center and transmitter of Byzantine culture to the Slavic lands.
As in the Latin ~st, so in the Greek East, there was a return to classical sources, but for
the Eat these were not the pagan classics, but the Christian fathers» CS. SENYK, A History
of the Church in Ukraine, vol. 2. Ouvrage à paraître dans la collection OCA. Nous
remercions l'auteur de nous avoir fait parvenir son chapitre sur le métropolite Cyprien
avant sa parution).
5. ApXHMaH,JqlHT JIEOHH.I\ (KaBeJIHH), « KHrrpmIH AO BocmeCTBIDI Ha MOCKOBCKyro
MHTpOrrOJIHIOl>,T[HOH/rP, 1867, KR. II, q. 1, p. 14.
42 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Théologien avait été higoumène aux xe-XIe siècles l . Après la mort


de Théodose à Constantinople le 27 novembre 1363, Cyprien
serait resté avec Euthyme au Stoudion jusqu'au début de l'année
1364, après quoi, il se serait rendu à l'Athos, où il aurait séjourné
près de dix ans 2 •

SON SÉJOUR À L'ATHOS Cv. 1364-V. 1373)

Du séjour de Cyprien à l'Athos nous savons très peu de chose.


Néanmoins, son séjour à la Saint~ Montagne est attesté par
une lettre du patriarche Euthyme adressée : « À Cyprien, moine
vivant sur la Sainte Montagne de l'Athos 3 ». D'autre part, Cyprien
parle de son expérience à l'Athos « qu'il a vu lui-même» dans ses
Réponses à l'higoumène Athanase4 •
Comme le fait remarquer D. Obolensky, la lettre du patriarche
Euthyme pose des problèmes de datation. Nous savons en effet
qu'Euthyme fut patriarche de Trnovo de 1375 à 1393. Or, il
est avéré que Cyprien se trouvait, pendant cette période, soit à
Constantinople, soit à Kiev, soit à Moscou. Si la lettre d'Euthyme
avait été écrite pendant son patriarcat, elle aurait alors été adressée
à un autre moine Cyprien. Toutefois, le titre « patriarche de Trnovo »
pourrait avoir été ajouté par un copiste du xve siècle. Dans ce
cas, la lettre d'Euthyme aurait été rédigée avant les années 1370,
lorsque Cyprien aurait déjà pu se trouver aux côtés de Philothée
à Constantinople. De plus, nous savons qu'Euthyme a lui-même
séjourné à l'Athos de 1365 à 1371, et qu'il a quitté la Bulgarie pour
Constantinople en 1363. Ainsi, selon D. Obolensky, la lettre doit
avoir été écrite avant 1363. Euthyme se trouvait alors au monas-
tère de Kilifarevo, alors que Cyprien résidait déjà à l'Athos, si nous
prenons en compte l'hypothèse de l'archimandrite Léonide 5 •
V. Kiselkov a cependant une autre hypothèse. Suite à l'invasion
des Turcs en Thrace et en Macédoine en 13 71, après la bataille de

1. Voir à ce sujet le livre de : B. KruvocHÉINE, Dans la lumière du Christ, Chevetogne,


1980, et plus particulièrement les pages 26 à 42.
2. B. CJI. KHCEJIKOB, IIpoyKu U ollepmu no cmapo6MzapcKa /lumepamypa, p. 214;
JI. A. )l;MHTPHEB, (, POJIb H 3HaqeHHe MHTpOrrOJlHTa KHrrpHaHa B HCTOpHH ApeBHepyccKoH
JIHTepaTYPhI (K PyccKo-6oJIrapcKHM JIHTepaTYPHhIM CBH3HM XIV - XV BB. », TOJ(PJI 19
(1963), p. 215-254; A.-E. TACHIAOS, .Le mouvement hésychaste pendant les dernières
décennies du XIV' siècle», p. 117.
3. Elle a été publiée dans : B. B. KA'lAHOBCKHil:, «K BOrrpOCy 0 JIHTepaTYPHoH AeH-
TeJIbHOCTH 60JIrapCKaro rraTPHapXa EB<!lHMHH», xrIq. II (1882), p. 240-248.
4. «B'b CBHTOH ropt, lO:lKe CaM'b a3'b BHAilX'b» (llABlloB, KaIlOIlU'IeCKUe na.M.flmllUKU,
col. 263).
5. D. OBOLENSKY, (,A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and
all Russia (1375-1406) », p. 81.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 43

Maritsa, Euthyme aurait fui l'Athos la même année pour retourner


à Trnovo, où il s'installa au monastère de la Sainte-Trinité. Quatre
années plus tard, en 1375, il fut appelé à succéder au patriarche
de Bulgarie Joannice 1. Cyprien, de son côté, serait resté à l'Athos
jusqu'en 1373. La lettre aurait donc été écrite entre 1371 et 1373 2 •
L'Athos qu'a connu le moine Cyprien dans sa jeunesse était la
Sainte Montagne qui venait de sortir de la controverse· palamite,
querelle qui l'avait profondément divisée. Le meilleur exemple qui
puisse l'illustrer est celui des divisions qui existaient dans la Grande
Laure après le procès de Prochoros Kydonès (1333-1368), un hié-
romoine qui, après le retour de Philothée Kokkinos au patriarcat
en 1364, se brouilla, à cause de son opposition à Grégoire
Palamas, avec son higoumène, Jacob Triakanas, qui, lui, était un
palamite convaincu très lié au patriarche Philothée. Kydonès fut
chassé du monastère en 1367. Condamné par le synode3, il fut
déposé et excommunié peu après sa mort par le Tomos Synodikos
d'avril 1368. Traducteur en grec de certaines œuvres d'Augustin,
de Boèce et de Thomas d'Aquin, il personnifia à la Laure la querelle
palamite et devint malgré lui le porte-parole de l'antipalamisme. Le
Tomos de 1368 affirme que la communauté de Lavra fut déchirée
suite à cette controverse : une lettre écrite de Constantinople par
Prochoros à l'higoumène «jeta dans le trouble tout le monde, les
hésychastes et les prêtres et tous les moines 4 ». Philothée, dans
une lettre à l'évêque d'Hiérissos affirme que «le monastère est en
guerre intestine» et que c'est seulement lorsque les Lavriotes seront
en paix avec eux-mêmes qu'il pourra leur écrire s. Visiblement, un
parti lui étant hostile suite à l'affaire de Kydonès, était très puis-
sant à la Laure. On note par ailleurs dans l'affaire de Kydonès une
distinction à l'Athos entre hésychastes, vivant hors des monastères
dans des ermitages d'une part, et les cénobites qui vivent à l'inté-
rieur des monastères. Cette distinction se serait renforcée à l'Athos
à cause de la controverse palamite6 •
La tradition hésychaste, vécue par les moines athonites à cette
époque, dont les racines remontent aux Pères du désert et à
l'Évangile, fut la tradition défendue par saint Grégoire Palamas.
Ce dernier, qui a lui-même vécu à la Grande Laure de l'Athos et
qui fut higoumène du monastère d'Esphigmenou, est l'auteur de

1. A.-E. TACHIAos, «Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du


XIV' siècle», p. 117-118.
2. B. CJI. KHCEJIKOB, llpOYKU U o'lepmu no cmapo6MzapcKa .IIumepamypa, p. 214-215.
3. DARROUZÈS, Regestes na 2533, vol. !, fasc. V, p. 447 et na 2541, vol. !, fasc. V,
p.454-458.
4. PG 151, 704 D.
5. DARROUZÈS, Regestes na 2632, vol. !, fasc. V, p. 534.
6. P. LEMERLE et al., Actes de Lavra, IV, Archives de ]'Athos XI, Paris, 1982,
p. 38-41.
44 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

neuf traités, répartis en groupes de trois, intitulés Triades pour la


défense des saints hésychastes 1• Cette tradition triompha au concile
des Blachernes, en 1351, par la canonisation officielle de la doc-
trine hésychaste. Les décisions de ce concile furent incluses dans
le Synodikon de l'Orthodoxie2 • Le point essentiel de cette doctrine
est la déification ou divinisation (9Éfficrt,Ç) de l'homme, une doc-
trine affirmée très tôt par les Pères de l'Église, tels saint Irénée
de Lyon et saint Athanase d'Alexandrie. Saint Grégoire Palamas,
avec les hésychastes, n'a fait que préciser cette doctrine en affir-
mant que l'homme est appelé à participer à la vie divine, non
pas dans l'essence (oùcria) qui demeure totalement transcendante,
mais à travers les énergies divines Incréées qui sont immanentes3 •
D'une manière générale, comme l'a bien dit le père J. Meyendorff,
« le mont Athos était devenu un point de rencontre essentiel des
cultures, d'où les idées voyageaient à travers le monde orthodoxe
et où des figures majeures tels saint Sava de Serbie, Théodose et
Euthyme de Trnovo, ainsi que Cyprien, métropolite de Kiev, ont
reçu leur formation spirituelle et intellectuelle4 • ~i
Toutefois, nous ne savons pas avec exactitude dans quel
monastère Cyprien séjourna à l'Athos. L'archimandrite Léonide
(Kaveline) estime que c'est au monastère Saint-Paul qu'il résida,
en partant du fait que c'est là que vécut plus tard son neveu
Grégoire (Tsamblak). Le monastère Saint-Paul conserve en effet
dans sa bibliothèque plusieurs manuscrits mentionnant Grégoire
comme l'un de ceux y ayant fait sa profession monastiques.
Kiselkov, de son côté, prétend que Cyprien aurait séjourné soit
à la Grande Laure de saint Athanase, où saint Grégoire le Sinaïte
aurait fondé la première « école hésychaste ~i, et où, plus tard, saint
Grégoire Palamas fut moine et le futur patriarche Philothée de
Constantinople higoumène, avant son élection comme métropolite
d'Héraclée en 13476 ; soit au monastère bulgare de Zographou7 •

1. GRÉGOIRE PALAMAS, Triades pour la défense des saints hésychastes, éd. et trad.
}. Meyendorff, «Spicilegiurn Sacrum Lovaniense)~ 30-31, Louvain, 1973 2 •
2.}. MEYENDORFF et A. PAPADAKIS, EOrient chrétien et l'essor de la papauté, Paris,
2001, p. 352.
3. Pour un bref résumé de l'essentiel de la théologie de saint Grégoire Palamas, lire :
}. MEYENDORFF, «Mount Athos in the Fourteenth Century : Spiritual and Intellectual
Legacy)~, DOP 42 (1988), p. 163-164.
4. «Mount Athos had become a major meeting point of cultures,from where ideas traveled
throughout the Orthodox world and where major figures like St. Sava of Serbia, like
Theodosios and Euthymios of Trnovo, as well as Cyprian, metropolitan of Kiev, had received
their spiritual and intellectual training» G. MEYENDORFF, ibid., p. 161).
5. ApxHMaHAPHT nEOHHA (KaBeJIHH), «KHnpIDIH ):\0 BOCIIIeCTBHlI Ha MOCKOBCK)'lO
MHTpOnOJlHIO», TfHOHPP, 1867, KR. II, q. 1, p. 14-15.
6.V. LAURENT, (<Philothée Kokkinos)~, DTC, t. XlI, col. 1499.
7. B. CJl. KHCElIKOB, IIpoYKu U o'lepmu no cmapo6MzapcKa /lumepamypa, p. 214.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 45

Si l'on prend en considération la lettre du patriarche Euthyme


au moine Cyprien, dont D. Kenanov a souligné 1'inspiration patris-
tique et l'importance dans la tradition manuscrite russe!, il semble
évident que Cyprien a fréquenté et connu les milieux hésychastes,
particulièrement florissants à cette époque. En effet, l'hésychasme,
fortement répandu dans les monastères et les kellia hagiorites,
venait de triompher à cette époque des principaux adversaires de
saint Grégoire Palamas : Barlaam, Akindinos et leurs adeptes.
Comme nous le savons, la querelle avait porté sur la pratique
de la prière de Jésus. Mais comme l'a bien montré le père Jean
Meyendorff, l'hésychasme n'est pas simplement de l'ordre d'une
technique de méditation, mais porte en lui toute une spiritualité et
une théologie 2 • Le mouvement hésychaste a également influencé
l'administration ecclésiale puisque plusieurs moines hagiorites
sont même devenus par la suite patriarches œcuméniques : Isaïe
(1323-1341), Isidore (1347-1350), Calliste 1er (1350-1353; 1354-
1363); Philothée Kokkinos (1353-1354; 1364-1376); Nil (1379-
1388) ; Antoine (1389-1390; 1391-1397); Calliste Xanthopoulos
(1397) et Matthieu 1er (1397-1410 3).
Sur le plan de 1'administration ecclésiale, ces moines hésychastes
défendaient une politique impériale cosmopolite et pan-orthodoxe.
Pour eux, l'empire chrétien consistait en un corps unique ayant à
sa tête l'empereur de Byzance qui 1'administrait en symbiose avec
le patriarche œcuménique. Comme le remarque D. Obolensky, ce
sont les moines hésychastes qui ont mis fin au schisme qui avait,
au XIVe siècle, séparé les Églises de Bulgarie et de Serbie de 1'Église
impériale. Ainsi, «l'une de leurs tâches était de résister à la crois-
sance de formes locales de nationalisme ecclésiastique4~).
Parmi les questions soulevées dans la lettre du patriarche
Euthyme au moine Cyprien, il y a la communion eucharistique
en l'absence de prêtre dans les déserts. Cela est caractéristique
de la spiritualité et de la théologie des milieux hésychastes qui
menaient une vie érémitique ou en skite, et où la communion fré-
quente était une pratique très importantes. À côté de la prière

1.,I1;. KEHAHOB, « IIocJIaHHe ,n:o MHHX KmIpHaH OT rraTpHapx EBTHMHH B pycKaTa


p'bKOIIHCHa TPa,n:HIIIDI», Paleobulgarica 12/1 (1988), p. 93-100.
2. Voir à ce sujet son livre : J. MEYENDORFF, Introduction à l'étude de Grégoire
Palamas, Paris, 1959.
3.J. MEYENDORFF, «Mount Athos in the Fourteenth Century : Spiritual and
Intellectual Legacy'), p. 160; A.-E. TAClllAOS, «Le mouvement hésychaste pendant les
dernières décennies du XIV" siècle», p. 115.
4. «One of their tasks was to resist the growth of localforms of ecclesiastical nationalism»
(D. OBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and ail
Russia [1375-1406] », p. 84).
5. Voir par exemple CAlLISTE ET IGNACE XANTHOPOULOI, Centurie spirituelle, 92,
La Philocalie, t. Il, Paris, 1995, p. 636.
46 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

personnelle, les offices liturgiques avaient également une impor-


tance capitale!. Euthyme écrit à ce sujet: «Ne néglige aucune-
ment le chant matinal et les heures, les vêpres de même que les
complies, et avec ces derniers l'office de minuit, car ils sont des
armes puissantes de l'âme contre les ennemis 2 .» Nous savons que
les hésychastes pratiquaient la réclusion et méditaient l'Écriture
(théoria) pour s'affermir dans la prière et arriver à une connais-
sance personnelle et expérimentale de Dieu. Or, c'est précisément
ce qu'Euthyme recommande à Cyprien, à savoir d'éviter de sortir
fréquemment de sa cellule (ou peut-être de son kellion) et de lire
souvent la Divine Écriture pour en récolter le miel de la vision de
Dieu3 •
Nous ne pouvons établir les dates du séjour de Cyprien à
l'Athos avec exactitude. Il existe, comme nous venons de le voir,
deux hypothèses. D'une part, selon l'archimandrite Léonide
(Kaveline), Cyprien aurait passé treize années à la Sainte
Montagne, de 1356 à 1369. Or, cette période correspond à l'exil
du patriarche Philothée, de 1354 à 1364, précédant le retour de
ce dernier au siège patriarca14 • Il est fort possible que le jeune
moine Cyprien ait fait connaissance, pendant ce séjour à l'Athos,
de Philothée (Kokkinos) avec qui il sera intimement lié plus
tard à Constantinople. Comme le laisse supposer l'archiman-
drite Léonide (Kaveline), cette rencontre se serait transformée
ensuite en véritable paternité spirituelle et protection de la part
du patriarche, pénétré de l'amour filial et de la fidélité de Cyprien.
Le jeune moine lettré qu'il était n'avait pu qu'attirer l'attention
de l'homme cultivé qu'était le patriarche Philothée5 • D'autre part,

1. Voir par exemple l'insistance que font Calliste et Ignace Xanthopouloi sur la
récitation (en cellule), en plus de la prière de Jésus, de l'office de minuit, de l'hexap-
salme, du Psaume 50, du canon de l'orthros, de l'hyrnnographie, de la doxologie, de
la première heure. CALLISTE ET IGNACE XANTHOPOULOI, Centurie spirituelle, 26, ibid.,
p.574.
2. «YTpeHHee rrtlIHe H '!aCbI, Be'!epHlO Me H naBe'!epHHIJ.Y, a K"b CHM"b H nOJIYHOIIIHIiIU',
HHKaKO Me He Hepawl : CŒ 60 cyn, op)')KiH iU'JllH Ha Bparn KpimKa», dans ApXHMaH.IWHT
JIEOHH.L\ (KaBemm), « KHrrpIDIH ,11;0 BOCIIIeCTBIDI Ha MOCKOBCKyro MHTpOnOJIHIO»,
llHOH/(P, 1867, KR. II, '1. 1, p. 15-16. Cet enseignement d'Euthyme est fidèle à l'ensei-
gnement de saint Basile dans ses Grandes règles, question 37 (PG 31, 1013-1016; BASILE,
Règles monastiques, trad. L. Lèbe, Maredsous, 1969, p. 123-125) et de saint Syméon
le Nouveau Théologien dans sa catéchèse 26 (SYMÉON LE NOUVEAU THÉOLOGIEN,
Catèchèses III, SC 113, éd. B. Krivochéine, Paris, 1965, p. 71-75, 91-93).
3. «QacTaro HCXO)K,ll;eHiJi OTD KeJIJIiH xpaIIH ce6e, KPOMt HY1KHbIX"b BHH"b. ( ... )
npo'!HTaJ! '!aCTO B"b BOMeCTBeHHhIX"b IIHcaHilIx"b, ,ll;YXOBIIhIii: OTD HHX"b CJIaraJ! Me,ll;"b
H ,ll;tJlHilO ycep,l\HO nO,II;BHmeIIIHCJI npH.IT!;MaTli, Ha BH.L\tHili BOCTe'!eIIIH BbICOTy H
B"b He3aXO,II;HMbIH nOCTlimeIIIH MpaK"b, H BorOBH npH6JIH1KHIIIHCJI, H '!HCTO TOMy
6ect,l\YelIIH» dans ApXHMaH,l\PHT JIEOHH.L\ (KaBeJIHH), «KHrrPHJlH ,11;0 BOCIIIeCTBIDI Ha
MOCKOBCKyro MHTpOnOJIHIO», llHOH,aP, 1867, KR. II, '1. 1, p. 18.
4. Ibid., p. 19, 22.
5. Ibid., p. 22-23.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 47

d'après V. Kiselkov, Cyprien aurait passé une dizaine d'années à la


Sainte Montagne, de 1364 à 1373 1•
Quelles furent les occupations du jeune moine Cyprien à l'Athos?
Si l'on prend en compte l'érudition qu'il avait reçue dans sa jeunesse
à l'école de Trnovo, sous la direction de Théodose, bien connu pour
sa formation classique, il est bien possible que le jeune Cyprien
consacrait à la copie. et à la traduction de manuscrits les heures
de la journée qui n'étaient pas réservées à la prière et aux offices.
Nous savons qu'en dehors des offices des heures de la journée
(tels que le mesonyktikon, les matines, les vêpres, etc.), les moines
athonites affectionnaient particulièrement la récitation continue du
Psautier ainsi que la lecture des Saintes Écritures. Cet exercice spi-
rituel développait en eux une telle culture scripturaire que plusieurs
d'entre eux connaissaient le Psautier par cœur et pouvaient citer de
mémoire de nombreux passages de l'Écriture. Cela se ressent dans
la littérature de l'époque, où les références à des passages de l'Écri-
ture cités de mémoire sont fréquentes et où le Psautier met son
empreinte poétique sur de nombreux textes composés alors 2 •
Ce serait donc au monastère de Kilifarevo que serait né en
Cyprien l'amour de l'érudition et des livres, un amour qui n'aura
cessé de grandir en lui à l'Athos, où l'hésychasme avait favorisé tout
un renouveau culturel. Cet amour pour les lettres lui aura permis
plus tard d'initier le renouveau en Russie de la culture spirituelle
et patristique qui était en décadence suite aux invasions mongoles 3 •
Or, l'époque pendant laquelle il demeura à l'Athos fut caractérisée
par la floraison de la littérature slavo-serbe. À l'Athos, Cyprien a
dû avoir entre les mains des traductions slaves faites par d'autres
traducteurs qu'il a recopiées de sa main, bien qu'il ait pu faire aussi
lui-même des traductions. Cela explique qu'étant d'origine bulgare,
comme il a été dit plus haut, il ait emprunté des expressions slavo-
serbes, courantes dans les traductions faites au )(Ne siècle par des
moines serbes, très répandues à l'époque, et qu'il ait adopté ces
expressions dans ses propres traductions 4 •
L'archimandrite Léonide (Kaveline) attire notre attention sur
un Psautier manuscrit de la bibliothèque du monastère Saint-Paul
où aurait, selon lui, vécu Cyprien lors de son séjour à la Sainte
Montagne. Dans ce manuscrit, après les versets de psaumes choisis5,

1. B. CJI. KHCEJIKOB, IIpoYKU U o'lepmu no cmap06Mi!apCKa numepamypa, p. 214-215.


2. B. MornHH, «0 rrepHO,!Ui3arJ;HH pyCCKO - IO.lKHOCJIaBlIHCKHX JIHTepaT}'PHhlX cB1I3eii:
X-XV BB.», TOjJPJl19 (1963), p. 87-88.
3. ApXHMaH,l\pHT JIEOHH,l\ (KaBeJIHH), «KHrrpHlIH ,11;0 BocrneCTBHlI Ha MOCKOBCKYIO
MHTpOrrOJIHIO», TJHOHjJP, 1867, KH. II, q. 1, p. 20 ; B. CJI. KHCEJIKOB, IIpoYKu U ollepmu
no cmap06Mi!apCKa numepamypa, p. 221.
4. ApXHMaH,l\pHT JIEOHH,Il; (KaBeJIHH), «KHrrPHllH ,11;0 BocrneCTBHlI Ha MOCKOBCKYIO
MHTPOIIOJIHIO», TJHOHjJP, 1867, KH. II, q. 1, p. 21.
5. TI s'agit des versets de psaumes choisis chantés après le Polyéleos les jours de fête.
48 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

on trouve des refrains semblables aux mégalinaires actuels qui sont


qualifiés d'«œuvre de Monseigneur Philothée». L'archimandrite
Léonide se demande si la traduction de ces refrains ne serait pas de
Cyprien, ce qui viendrait renforcer l'hypothèse que Cyprien aurait
bel et bien vécu à Saint-Paul et aurait déjà fait la connaissance de
Philothée à l'Athos, bien avant son séjour à Constantinople.

LE SÉJOUR À CONSTANTINOPLE
AVEC PHILOTHÉE CV.
1373-1375)

À Constantinople, le jeune Cyprien se retrouva très vite auprès


du patriarche Philothée (Kokkinos). Cette figure marquante du
mouvement hésychaste est née vers 1300 dans une famille pauvre
de Thessalonique. Certains pensent que son nom «Kokkinos»,
voulant dire «ayant des cheveux roux », serait un surnom que lui
aurait donné Nicéphore Grégoras pour son apparence sauvage et
enflammée. Cependant, on peut supposer que «Kokkinos» était
tout simplement son nom de famille. TI fit des études auprès de
Thomas le Magistre, puis devint moine très jeune et séjourna au
Sinaï et à l'Athos où il fut finalement higoumène de la Grande
Laure. En tant que moine instruit, élève et ami de saint Grégoire
Palamas, il participa activement aux controverses hésychastes. TI
devint par la suite métropolite d'Héraclée en Thrace en 1347, pour
finalement devenir patriarche œcuménique en l353. TI dut quitter
son trône avec l'empereur Jean Cantacuzène, avec lequel il s'était
lié, pour y retourner en l364. Pendant la période de son exil, il
séjourna de nouveau à l'Athos avec Jean Cantacuzène qui avait
revêtu l'habit monastique sous le nom de Joasaph. Ce dernier ne
cessa pas, par la suite, d'aider Philothée dans son administration
ecclésiale et dans sa politique hésychaste. Après la victoire finale
de l'hésychasme, Philothée procéda, en l368, à la canonisation de
son maître, Grégoire Palamas l, et rédigea un office liturgique en
son honneur. C'est ainsi que Philothée est considéré non seule-
ment comme un homme de lettres, mais comme un hagiographe
et un hymnographe. Son intérêt pour le domaine liturgique le
poussa également à diffuser dans l'Empire byzantin le Typikon
sabaïte, ce qui fit de lui l'initiateur d'une réforme liturgique que
Cyprien tenta de transposer en Russie quelques décennies plus
tard et qui fait l'objet de notre étude2 •

1. DARROUZÈS, Regestes nO 2540, vol. I, fasc. V, p. 453-454.


2. Voir V. LAURENT, «Philothée Kokkinos», DTC, t. XII, col. 1498-1499 s.;
J MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, Crestwood, NY, 19892, p. 178;
G. M. PROKHOROV, «L'hésychasme et la pensée sociale en Europe orientale au
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 49

Aux côtés de Philothée, Cyprien apparaît comme un moine qui


lui est très proche et qui remplit pour lui la fonction de cubi-
cu1aire. Un document byzantin atteste la présence de Cyprien
à Constantinople en 1373 en tant qu'OtJCEtOÇ lCOÀ.0YllPOÇ du
patriarche Philothée'. Cette tâche correspondait plus ou moins à
la fonction de cnYylC€À.À.Oç2. Nous savons que les olx€tOt étaient
des fonctionnaires influents à qui on faisait confiance et qui ser-
vaient l'empereur ou le patriarche comme secrétaires. C'est pour-
quoi, en tant qU'OlX€tOç, Cyprien s'est vu confier des missions
diplomatiques confidentielles et très importantes 3 •
On pourrait se demander, tout comme E. Golubinskij, comment
Cyprien, n'étant pas d'origine grecque, a bien pu faire une car-
rière ecclésiastique si brillante à Constantinople. La raison la plus
probable est qu'il ait rencontré le patriarche Philothée à l'Athos,
comme l'a laissé entendre l'archimandrite Léonide. Dans ce cas,
Philothée, ayant regagné le siège patriarcal en 1369, aurait fait
venir le jeune moine Cyprien de l'Athos à Constantinople.
Une autre possibilité serait d'expliquer la venue de Cyprien à
Constantinople par l'influence qu'exerçait la famille des Tsamblak
sur l'Église et l'empire à Constantinople4 • Toutefois, cette seconde
hypothèse demeure peu plausible et n'explique pas véritablement
pourquoi et comment ce jeune moine aurait quitté l'Athos.
La présence de Cyprien à Constantinople dans l'entourage de
Philothée est du moins bien attestée en 1373. Or, en 1371, le roi
Casimir de Pologne demandait au patriarche Philothée de rétablir
la métropole de Galicie, qui avait été supprimée, et souhaitait y
voir Antoine comme métropolite. De son côté, le prince lituanien
Olgerd s'était emparé de la ville de Kiev en 1362 et espérait que
Philothée nomme un métropolite à Kiev, indépendant du métro-
polite Alexis qui résidait à Moscou. Ne désirant pas l'établissement
de trois métropoles distinctes en Russie, ce qui aurait encouragé
le séparatisme du prince lituanien et le prosélytisme catholique
du roi polonais, et mis en péril le «Commonwealth byzantin), le

XN' siècle», Contacts 31 (1979), p. 37-38 [= r. M. IIpoxoPoB, PyCb U BU3allmUJI B3noxy


KY.!/UKOBCKOU 6umBb/, T. HH, p. 65-67].
1. Acta et diplomata graeca medii aevi sacra et profana. Acta Patriarchatus
Constantinopolitani, éd. F. MlKLOSICH et J. MÜLLER, II, Vienne, 1862, p. 118.
DARROUZÈS, Regestes, na 2655, vol. l, fase. V, p. 548. Voir également D. OBOLENSKY, (,A
philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and aIl Russia (1375-1406) »,
p.8I.
2. A.-E. TACHlAos, (,Le mouvement hésyehaste pendant les dernières décennies du
XlV' siècle»), p. 120.
3. D. OBOLENSKY, (,A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and
aIl Russia (1375-1406) »), p. 83. Sur les OiICEtOl, voir J. VERPEAUX, (,Les Oikeioi. Notes
d'histoire institutionnelle et sociale »), REB 23 (1965), p. 89-99.
4. E. rOJIy6HHcKHH, HcmopUJI PyCCKOU l.(epKBu, t. Il,1'' partie, p. 298-299.
50 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

patriarche Philothée envoya Cyprien, à la fin de l'année 1373,


en Lituanie et en Russie, pour réconcilier le métropolite de Kiev
Alexis avec les princes de Lituanie et de Tver et étudier les rela-
tions du métropolite de Russie avec les provinces occidentales de
sa métropole que ce dernier avait négligées depuis dix-neuf ans!.
Cyprien fut donc envoyé à l'automne de 1373 en tant que «moine
digne, un homme irénophile, craignant Dieu, capable d'utiliser les
circonstances avec sagesse et d'administrer les affaires 2 ». En effet,
Cyprien se serait montré très utile au patriarche Philothée dans
la réconciliation entre les Églises de Serbie et de Bulgarie avec
le patriarcat œcuménique3 • Son succès diplomatique dans cette
réconciliation a sans doute incité le patriarche Philothée à l'en-
voyer en Russie pour régler le problème lituanien. Néanmoins, le
résultat fut que les princes envoyèrent au patriarche Philothée une
lettre commune pour demander un autre métropolite4 •
Le 9 mars 1374, Cyprien assista à Tver à la chirotonie de
l'évêque Euthyme de Tver, et accompagna le métropolite Alexis
à Pereyaslav Zalessky. De Grande Russie, Cyprien retourna en
Lituanie. En 1374, il fut responsable de la translation, de Vilnius à
Constantinople, de reliques des saints martyrs de Lituanie, Antoine,
Jean et Eustathe qui avaient été tués, la même année, par le prince
de Lituanie, Olgerd. Les saints furent canonisés la même année par
le patriarche Philothée et leurs reliques déposées à Sainte-Sophie5 •

CYPRIEN, MÉTROPOLITE DE KIEV


ET DE LITUANIE (1375-1381)

Ayant reçu le rapport de Cyprien et les lettres des princes deman-


dant la nomination d'un autre métropolite, Philothée ne répondit pas
immédiatement à leur demande mais écrivit au métropolite. Alexis,
l'exhortant à rétablir la paix6 • Mais lorsque l'inimitié s'instaura
entre la Lituanie et la Russie, les princes de Lituanie envoyèrent en

1. DARROUZÈS, Regestes, nO 2656, vol. J, fase. V, p. 549. Voir également B. CJI.


KüCEJIKOB, IIpoYKu U o'lepmu no cmapo6MZapcKa /Iumepamypa, p. 215.
2. DARROUZÈS, Regestes, nO 2655, vol. J, fase. V, p. 548-549. APXHMaH,l:\PHT JIEOHH,ll;
(KaBemlH), «KImpIDIH,lI;O BOCIIIeCTBHlI Ha MOCKOBCKyro MHTPOIIOJIlliO», lJHOHJI.P,1867,
KH. II, q. 1, p. 28.
3. Voir DARROUZÈS, Regestes, n° 2524, vol. J, fase. V, p. 439-440 et nO 2663, vol. J,
fase. V, p. 552. APXHMaH,l:\pHT JIEOHH,ll; (KaBemIH), «KImPHlIH ,lI;O BOCIIIeCTBHlI Ha MOC-
KOBCKyro MHTpOIIOJIlliO», lJHOHJI.P, 1867, KH. II, q. 1, p. 26; r. M. IIpoxoPoB, PyCb U
BU3anmUJI 8 3noxy KY/lUK08CKOU 6um8bl. t. J, p. 45.
, 4. DARROUZÈS, Regestes, n° 2656, vol. J, fase. V, p. 549.
5.}. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 187-188,257.
6. DARROUZÈS, Regestes, nO 2660, vol. J, fase. V, p. 551.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 51

décembre 1375 une nombreuse délégation réitérant leur demande au


patriarche de Constantinople d'ordonner un autre métropolite et le
menaçant, s'il n'acceptait pas, de s'adresser à une autre Église, «séparée
de nous depuis longtemps! ». C'est à leur demande que le patriarche
Philothée ordonna Cyprien «métropolite de Kiev, de [petite] Russie
et des Lituaniens» le 2 décembre 1375 à Constantinople. Conscient
qu'une partie de la grande métropole kiévienne avait été négligée
sur le plan pastoral par le métropolite Alexis, le projet du patriarche
Philothée était que Cyprien s'occupe en un premier temps de la
partie lituanienne de la métropole, puis qu'il succède à Alexis, après
la mort de ce dernier, à la tête d'une métropole unique de Kiev et
de toute la Russie2 • C'est ce que Philothée décréta par acte synodal,
montrant par là que son intention n'était pas de diviser la métropole
kiévienne en deux, et que l'ordination de Cyprien n'avait eu lieu que
par «économie», par nécessité 3 •
Mais son ordination en tant que «métropolite de Kiev» du vivant
d'Alexis qui portait déjà ce titre sera considérée par certains, tels
le patriarche Nil de Constantinople et son synode, comme un acte
«anti-canonique4 ». En effet, il est canoniquement impossible de
nommer deux évêques pour le même siège, ou même d'octroyer à
un évêque un droit de succession.
De son côté, Cyprien disait de son élection : «Je ne sais par
quels destins, seul Dieu le sait, moi, son humble serviteur, fus
élevé sur le grand trône de la métropole russeS.» Néanmoins,
cette élection reflète une certaine «politique hésychaste» qui vou-
lait à tout prix sauvegarder l'unité de l'empire chrétien (et du
«Byzantine Commonwealth6 »), le patriarcat œcuménique jouant le
rôle de catalyseur, et vaincre ainsi les tendances séparatistes tant
à Moscou qu'en territoire lituanien. Comme le remarque le père
Jean Meyendorff, «il est compréhensible que ceux qui étaient poli-
tiquement ou idéologiquement opposés à Philothée et à Cyprien
aient considéré sa nomination comme anti-canonique 7 ».
C'est pourquoi il faut comprendre, comme le fait S. Senyk, la
nomination de Cyprien comme métropolite de Kiev du vivant

1. DARROUZÈS, Regestes, nO 2665, ibid., p. 554.


2.}. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 200-201.
3. DARROUZÈS, Regestes, nO 2665, vol. I, fase. V, p. 553-554.
4. DARROUZÈS, Regestes, nO 2665, ibid., p. 554. Voir également H. H. DIYliOKOBCKHA:,
«KmIpHllH, CBjf]'Oir», IlB3, 10, col. 42.
5. (,He BilM'b, KaKO cYAh6aMH, HMH.lKe BilCTb BOTh, H a3'b CMHpeHHhrii: B03Be,IJ;eH'h 6hIX'b
Ha BeJIHKiir rrpeCTOJI'b MHTporrOJIÎH PYCCKllI') (CmenellllaJ/ /CIIU2a I, 40).
6. Au sujet de cette expression, voir D. OBOLENSKY, The Byzantine Commonwealth, Londres,
1971. L'expression est reprise par}. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 201.
7. «It is understandable, therefore, that those who were politicalb;, or ideologicalb; opposed ta
bath Philotheos and Cyprian, considered his appointment as uncanonical» Œ. MEYENDORFF,
Byzantium and the Rise of Russia, p. 200).
52 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

d'Alexis comme « un moindre mal» : « Rien de mieux que la nomi-


nation de Cyprien pour démontrer que, pour Byzance, toute divi-
sion de l'immense métropole de Kiev était au mieux un moindre
mal, qui devait être toléré uniquement afin d'éviter de plus grands
maux, et qui devait être aboli le plus vite possible, dès que le péril
aurait été surmonté!.»
En fait, la nomination de Cyprien comme métropolite de
Kiev du vivant d'Alexis avait comme but à long terme non pas
de diviser la grande métropole de Kiev, mais bien au contraire,
de préserver son intégrité. Comme l'explique G. M. Prokhorov,
Philothée n'avait pu unifier cette grande métropole sous l'autorité
d'Alexis. Cyprien, dans sa fonction de légat patriarcal, n'avait pas
non plus le pouvoir nécessaire pour régler ce problème. «il fallait
un métropolite neutre, ni un grand-russe, ni un petit-russe, un
homme capable de penser au niveau des intérêts de toute l'Europe
orientale orthodoxe2 .» C'est ainsi que s'imposa la nomination de
Cyprien en tant que métropolite de Kiev et de Lituanie.
À la fin de 1375, deux archontes, les diacres Georges et Jean,
accompagnent le nouveau métropolite Cyprien en Russie pour
enquêter sur les faits et gestes du métropolite Alexis. D'après l'ex-
posé de l'acte du patriarche Nil de Constantinople, le rapport des
deux archontes aurait libéré le métropolite Alexis de tout soupçon.
Cela expliquerait pourquoi Cyprien lui-même avait dû se justifier
en 1378 devant le patriarche Macaire, successeur de Philothée.
Le 9 juin 1376, Cyprien arriva à Kiev3 • il ordonna un évêque
pour le siège vacant de Vladimir en Volynie et restaura les rési-
dences métropolitaines de Sainte-Sophie à Kiev et à Novgorodok
l'ancienne capitale de la Lituanie (Nowogr6dek)4. Par l'intermé-
diaire de légats, il tenta, sans succès, de prendre possession de ses
droits d'évêque métropolitain auprès du grand prince de Moscou
Dimitrij Donskoj. Ce dernier, ne connaissant pas Cyprien, mais
sachant seulement qu'il avait été envoyé en Russie à la demande
du prince de Lituanie, le soupçonnait de défendre les intérêts
lituaniens et n'avait aucune confiance en luiS. En effet, comme
l'affirme à juste titre D. Obolensky, Cyprien fut la victime de riva-

1. «Nothing better than Cyprian's nomination cou/d demonstrate that for Byzantium
any division of the immense Kyivan metropolitan province was at best a neœssary evi~ te be
telerated only te avoid greater evils and te he abolished as saon as the peril passed. (S. SENYK,
A History of the Church in Ukraine, vol. 2. Ouvrage à paraître dans la collection OCA).
2. «HY:lKeH 6hIJl Heirrpa.m.HblH MHTpOnOJIHT - He BeJIHKOPYC, He MaJIOPYC, - 'IeJIOBeK,
cnoco6HbIH MbICJIHTh Ha ypoBHe HHTepeCOB BceH npaaOCJIaBHOH BOCTO'lHOH EBPOnLI»
(f. M. llPOXOPOB, PyCb U BU3anmUJI 8 3ROxy KyJlUK08CKoii 6um8bl, t. I, p. 91).
3. DARROUZÈS, Regestes, n° 2666, vol. I, fasc. V, p. 555.
4. J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 202.
5. C. illEBbIPEB, «KHnpHaH BcepoccHHCKHH MHTpOnOJIHT H B. K. )l,HMHTPHH
H. )l,OHCKOH (1376-1389)), IIe 1 (1862), p. 7.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 53

lités politiques entre" la Moscovie et la Lituanie!. C'est pourquoi


il demeura à Kiev, espérant qu'un jour le grand prince lui serait
favorable. TI obtint cependant toute la confiance du prince litua-
nien Olgerd et, par la suite, de son fils Jagiello qui était probable-
ment orthodoxe2 •
Le 12 février 1378, le métropolite Alexis vint à mourir. Cyprien
tenta alors de prendre possession de tous ses droits en tant que
« métropolite de Kiev et de toute la Russie }), conformément au
projet de Philothée de Constantinople. Toutefois, le patriarche
Macaire, successeur de Philothée, écrivit au grand prince Dimitrij
Donskoj en lui interdisant de recevoir Cyprien commè successeur
d'Alexis 3 • Le grand prince, qui d'ailleurs n'était guère favorable à
Cyprien, choisit comme candidat son père spirituel, l'archiman-
drite Michel du monastère du Christ Sauveur, surnommé Mitiaj.
Mitiaj, auparavant prêtre séculier de Kolomna, avait été le vicaire
(namestnik) du métropolite Alexis. TI avait reçu la confiance du
grand prince, qui le prit comme confesseur et lui confia la tâche
de petchatnik, qui consistait à garder le sceau princier. Cependant,
le milieu monastique hésychaste, et tous ceux qui entretenaient
des relations étroites avec le patriarcat et qui soutenaient la poli-
tique du patriarche Philothée, n'avaient aucune confiance en lui.
Néanmoins, le métropolite Alexis l'avait tonsuré moine en 1376
et nommé archimandrite du monastère du Christ-Sauveur à
Moscou, ce qui semblait une grande promotion en vue de l'épis-
copat4 • Mais personne en Russie, à l'exception du grand prince,
ne voulait de Mitiaj comme métropolite. Certains avançaient la
candidature de Serge, l'higoumène de Radonège. TI faut dire que
le métropolite Alexis avait voulu nommer Serge comme son suc-
cesseur et avait tenté de lui faire porter sa croix pectorale. Ce
dernier avait refusé en disant: «Pardonne-moi, ô grand hiérarque
de Dieu! Depuis ma jeunesse je n'ai jamais porté d'or, plus
encore dans ma vieillesse je désire demeurer dans la pauvretés.})
Néanmoins, Mitiaj considérait Serge comme son concurrent.
Toutefois, par humilité, Serge refusa toujours l'épiscopat.
Cyprien fit part de son projet de prendre possession de ses droits
en écrivant le 3 juin 13 78 à l'higoumène Serge de Radonège et
au neveu de ce dernier6 , l'higoumène Théodore du monastère de

1. D. OBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and


ail Russia (1375-1406) *, p. 79.
2.J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 202.
3. DARROUZÈS, Regestes, nO 2690, vol. l, fase. VI, p. 9.
4.J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 214-215.
5. C. illEBbIPEB, «KHIIPlfaH BcepoccIrii:cKHH MHTpOIIOJIIIT Il B. K..IJ;I1MHTpIrii:
If. .IJ;OHCKOH (1376-1389)>>, IIG 1 (1862), p. 12.
6. Ibid., p. 36.
54 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Simonovo 1 • Mitiaj, de son côté, écrivit à Moscou pour qu'on ne


reçoive pas Cyprien. En route pour Moscou, ce dernier fut capturé
et enfermé toute une nuit près de Moscou par un boyard nommé
Nicéphore qui lui confisqua tous ses biens, puis le relâcha.
Le patriarche Macaire donna à 1'été ou l'automne 1378 une
charte à Mitiaj qui lui conférait tous les pouvoirs dans l'adminis-
tration des affaires de la métropole2 • Ainsi, avant même d'avoir été
ordonné évêque, l'archimandrite Mitiaj avait emménagé dans la
résidence du métropolite, s'était coiffé du klobouk blanc, revêtu du
mandias épiscopal, portait la crosse du saint métropolite Pierre et
siégeait sur la chaire métropolitairie3 • Selon Cyprien, Mitiaj occu-
pait cette position à cause d'une mauvaise interprétation du testa-
ment du métropolite Alexis, suite à l'intrusion d'un prince dans les
affaires ecclésiastiques, par l'intermédiaire de la corruption et de la
simonie4.
Le 23 juin de la même année, Cyprien écrivit de nouveau à
Serge de Radonège et Théodore de Simonovo pour leur faire
part de ses ennuis. Dans cette lettre, Cyprien dit pouvoir faire
appel au patriarche et à son synode: «Si mon frère [Alexis] est
décédé, je suis le hiérarque qui le remplace, et c'est ma métropole.
[... ] Et je pars à Constantinople me défendre devant Dieu et le
saint patriarche et le grand synodes.}) li mentionne le troisième
canon du concile de Constantinople qui condamne tout laïc ayant
fait emprisonner un évêque à tort ou à raison, et déclare que
ce canon s'applique justement à sa situation. li mentionne éga-
lement le trentième canon apostolique qui ordonne de déposer
tout évêque qui a obtenu son épiscopat avec l'aide du pouvoir
séculier6 • Déçu par l'attitude du grand prince qui voyait en lui
un protégé du prince de Lituanie Olgerd, Cyprien décide de se
rendre à Constantinople 7 • Le 18 octobre 1378, celui-ci écrit une
troisième lettre à Serge de Radonège et à Théodore pour leur
annoncer son départ à Constantinople: «Je ne cherche ni gloire

1. Trois lettres de Cyprien à Serge et Théodore ont été conservées.


2. DARROUZÈS, Regestes, nO 2691, vol. l, fasc. VI, p. 9.
3. Voir MHTPononHT MAKAPHfI (EynraxoB), HcmopUJ! PyCCKOÜ l.(epKBu, t. TIl, Moscou,
1995, p. 48; C. IDEBbIPEB, «KmIPHaH BcepoccHRCKHii MHTpOnOnHT H B. K. AHMHTpHii
li. AOHCKOR (1376-1389)>>, lIe 1 (1862), p. 14.
4. Voir la lettre de Cyprien à Serge et Théodore; J. MEYENDORFF, Byzantium and
the Rise of Russia, p. 210-211.
5. «Am;e 6paTb MOR (An:eKciH) npecTaBHllCJl, 8.3'b eCMb CBJlTHTenb Ha ero Mtcrll,
MOJl eCTb MHTPOnonÏJl. ( ... ) A KO UapIOropO;IJY t;IJY 060POHHTHCJl EoroM'b H CBJlTblM'b
naTpiapxoM'b H BenHKHM'b co6opoM'b~ (A. C. llABllOB, «TIOCllaHHJl BcepoccHRcKaro
MHTpOnOllHTa KHnpHaHa, .u;ocene elIl,e He H3.u;aHHWI*, lIe 2 [1860], r. 93-102).
6. C. IDEBbIPEB, «KmIpHaH BcepoccHiicKHR MHTpOnOnHT H B. K. ;D:HMHTpHR
H. AOHCKOR (1376-1389)>>, lIe 1 (1862), p. 20-22.
7. C'est ce qui ressort de la troisième lettre de Cyprien à Serge et Théodore, datée
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 55

ni richesse, je recherche la métropole que m'a donnée la Sainte


et Grande Église; je désire l'humilité et l'unité de l'Église et des
chrétiens l . })
Sachant qu'il avait l'appui à Moscou des higoumènes Serge
de Radonège et Théodore de Simonovo, Cyprien se rend à
Constantinople à la fin de 1378. Selon certaines sources, le
métropolite Cyprien aurait entrepris ce voyage en passant
par Kiev, la Bessarabie et les Balkans. À Kiev, le métropolite
Cyprien aurait séjourné quelque temps à la laure des Grottes 2 •
Selon l'Encomium à Cyprien de Grégoire Tsamblak, Cyprien se
serait ensuite rendu à Constantinople en passant par sa patrie,
et aurait été solennellement accueilli à Trnovo par le patriarche
Euthyme 3 • Une fois arrivé à Constantinople, probablement
dès la fin de 1378, Cyprien séjourna dans la capitale impériale
jusqu'en juin 1380. Vers mai-juin 1379, le Saint Synode cons tan-
tinopolitain examina la plainte de Cyprien, mais ce dernier n'en
reçut aucun secours. Cyprien participa toutefois au synode de
juillet-août 1379, qui condamna et déposa le patriarche Macaire,
alors que l'empereur Andronic IV qui l'avait promu patriarche
perdit son sceptre. Or, c'est justement Macaire qui avait sou-
tenu l'archimandrite Michel-Mitiaj et qui avait écrit au grand
prince Dimitrij de ne pas reconnaître Cyprien comme succes-
seur d' Alexis 4 •
De son côté, Mitiaj, sur la base du premier canon apostolique
statuant qu'il suffit de deux ou trois évêques pour en ordonner
un nouveau, avait réussi à convaincre le grand prince Dimitrij
qu'il soit ordonné en Russie par des évêques russes et non pas à
Constantinople par le patriarche et son synodes. Mitiaj et le grand
prince Dimitrij rêvaient en fait d'une Église de Grande Russie qui
aurait joui d'une indépendance par rapport au patriarcat œcumé-
nique, à l'exemple des Églises de Bulgarie et de Serbie, qui avaient

1. <,A3'b 60 CJIaBhI He H~, RH 60raThCTBa, HO MHTpOrroJIiIO, IO)!{e MH eCTh rrpe-


!laJIa CBJIT3JI Bo)!{ia BemrK3JI :QepKBa, a CMHpeHÎlI H C'be!lHHeHÎlI rr;epKOBHaro )!{eJIaro H
XPHCTiaHhCKaro.} (A. C. IIABJIOB, <,IIocJIaHHJI BcepoccmÏCKaro MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa,
!lOceJIe ern;e He H3i\aHHbIJI'}, IlC 2 [1860], r. 103).
2. B. CJI. KHCEJIKOB, Ilpoy"u u o'lepmu no cmapo6Mzapc"a /lumepamypa, Sofia, 1956,
p. 217. Cela a peut-être donné lieu à une tradition, attestée par la Vie de l'évêque
Arsène de Tver, que Cyprien aurait été higoumène de la Laure des Grottes de Kiev.
Voir C. illEBhlPEB, HcmopWl Pycc"ou C/106eCHOcmu, 3 '1., Moscou, 1887, p. 87.
3. II. ChlPKY, K ucmopuu UCnpa6/leHWI "HUZ 6 BO/lzapuu 6 XIV6., TOM 1, Bhm. 1 :
«BpeMlI H )i{H3Hb rraTpHapxa EBqlHMHJI TepHOBCKarO}}, p. 575-576; A. B. fOPCKHH,
«CB. KHrrpHaH, MHTpOrrOJIHT KHeBCKHH H BceJI POCCHH)}, IlTCO VI (1848), p. 311;
H. ,!1;oH'IEBA-IIAHAHOTOBA, «06pa3'bT Ha KHrrpHaH B IIOXBaJIHOTO CJIOBO 3a Hero OT
fpHropHfl :QaM6JIaK», ThpH06c"a "HUJ/C06Ha, "O/la, t. I, Sofia, 1974, p. 503.
4. DARROUZÈS, Regestes, nO 2691, 2693, vol. I, fasc. VI, p. 9, 11-12.
5. C. illEBhIPEB, «KHrrpHaH BcepoccHHCKHH MHTpOrrOJIHT H B. K. ,!1;HMHTPHH
H. ,!1;OHCKOH (1376-1389)>>, IlC 1 (1862), p. 24.
58 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

après la mort de Cyprien!. Seul le métropolite Théophane de


Nicée, un ancien moine hésychaste, éminent théologien palamite
et ami de Jean Cantacuzène et de Philothée, bien qu'empêché par
la maladie, avait soutenu la cause de Cyprien en estimant l'acte
synodal de 1375 en faveur de Cyprien parfaitement canonique2 •
Déçu, Cyprien quitta la capitale avant même la fin du synode
sans faire ses adieux, et retourna à Kiev à la fin de 1380.
Furieux d'apprendre l'élection de Pimène, candidat qu'il n'avait
jamais approuvé, en tant que métropolite de toute la Russie, le
grand prince envoya son nouveau père spirituel, l'higoumène
Théodore de Simonovo, chercher Cyprien à Kiev pour le faire
venir à Moscou. Cela se passa au printemps de 1381, alors que
prenait fin la guerre de Koulikovo. C'est ainsi que s'acheva une
longue période de manœuvres diplomatiques et militaires, allant
de 1374 à 1381, qui avait opposé la Horde d'Or de Mamaj à la
principauté de Moscou. Mamaj, un général mongol qui avait pris
le pouvoir de la Horde d'Or, fut alors vaincu.
Cyprien arriva de Kiev à Moscou le 23 mai 1381 pour la fête
de l'Ascension. Il y fut accueilli avec solennité par une foule nom-
breuse. De retour de Constantinople, Pimène fut arrêté. Après
qu'on lui eut retiré son klobouk blanc, il fut exilé à Chukhloma
(province de Kostroma). Ayant appris ce qui venait d'arriver à
Moscou, le patriarche Nil écrivit au grand prince à l'automne
1382 (ou au printemps 1383) pour que ce dernier reconnaisse
Pimène comme le tenant légitime du siège métropolitain de
Kiev 3 •

CYPRIEN, MÉTROPOLITE DE KIEV ET DE TOUTE LA RUSSIE


(1381-1382)

De 1381 à 1382, Cyprien résida à Moscou et occupa le siège


de «métropolite de Kiev et de toute la Russie », alors que Pimène
était en captivité à Chukhloma. En 1381, Cyprien rédigea la Vie
du saint métropolite Pierre de Kiev4, ainsi qu'un office liturgique à
sa mémoires. C'était la période qui suivit la victoire de la bataille

1. DARROUZÈS, Regestes, nO 2705, ibid., p. 25-28.


2. DARROUZÈS, Regestes, nO 2705, ibid., p. 27. Voir également D. OBOLENSKY, (lA
philorlwmaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and all Russia (1375-1406»),
p.90.
3. DARROUZÈS, Regestes, nO 2740, vol. 1, fasc. VI, p. 55.
4. Éditée par G. M. Prokhorov : r. M. I1POXOPOB, PyC& U BU:MlHmWl 6 3noxy
KyJlUK06CKOU 6Um6&1, t. l, p. 417-437.
5. Sur la discussion de la date de rédaction de la Vie de Pierre, voir r. M. I1POXOPOB,
PyC& U BU3allmWl 6 3noxy KyJlUK06CKOU 6Um6&1, t. l, p. 213-214.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 59

de Koulikovo, et ce triomphe de la Russie sur ses envahisseurs se


ressent dans la rédaction de la Vie du premier métropolite ayant
choisi Moscou pour résidence. Comme le souligne A. Gorskij,
« le métropolite Cyprien, resté sensible à la joie de la Russie, et
particulièrement de Moscou, dès la première année de son 'gou-
vernement, a rappelé aux habitants de la capitale, dans la Vie de
saint Pierre, que Moscou a commencé à s'élever depuis que le
saint hiérarque y a transféré son siège; qu'en cette ascension de
Moscou et sa victoire sur les ennemis s'était accomplie la parole
prophétique du premier hiérarque! ... »
Toutefois, le triomphe de la Russie à la bataille de Koulikovo
n'est pas le seul élément qui ressort de cette œuvre rédigée par
le métropolite Cyprien. G. Prokhorov attire notre attention sur
l'aspect « autobiographique» de cette Vie du saint métropolite
Pierre : en effet, on peut y voir un reflet de la vie de Cyprien
et de ses ennuis 2 • D. Obolensky a relevé également les mêmes
ressemblances. « Les carrières des deux prélats, dit-il, ont en
effet un nombre surprenant de similitudes : tous deux eurent
des liens étroits avec la Russie occidentale, eurent ùn rival qui
tenta de les remplacer de façon frauduleuse, furent noircis par
leurs ennemis russes devant les autorités de Constantinople,
surmontèrent finalement ces obstacles et furent intronisés
comme métropolites à Moscou 3 .» L'élément autobiographique
dans la Vie du saint métropolite Pierre n'est pas surprenant pour
l'époque, car, comme l'a remarqué Mgr Louis Petit, « à Byzance,
un hagiographe qui se respecte ne manque jamais de parler un
peu de lui4 ».
Avant eux, 1'archimandrite Léonide estimait que cette Vie du
saint métropolite Pierre décrivait admirablement la situation de
l'Église de Constantinople pendant le séjour de Cyprien dans

1. «MHTpOnOJIHT KmIPHaH, COq}'BCTByJl pa,n;OCTH POCCHH, H B oco6eHHOCTH MOCKBbI,


B nepBbr:H xe ro,!\ CBoero npaBJIeHHJI, 'XHTHeM CB. IIeTpa' HanOMHHJI x.::HTeJIJlM CTO-
JIHIJ;bI, qTO MOCKBa Haqana B03BblIIIaTbCJI C TOR nopbI, KaK CBJlTHTeJIb nepeHec B Hee
CBOIO Ka<pe,!\py, ~o B ceM B03BbIIIIeHHH MOCKBbI H eJl TopxecTBe Ha,n; BparaMH HCnOJI-
HHJIOCb npOpOqeCKOe CJIOBO nepBaro CBJlTHTeJIJl ... » (A. B. rOPCKHR, «CB. KmIPHaH,
MHTpOnOJIHT KHeBcKHR H BCeJl POCCHH», IITCO VI [1848], p. 302).
2. r. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3anmUJ/ 6 3noxy KYIIUK06CKOÜ 6um6bl, t. I, p. 212-213.
3. «The carrers of the two prelates had indeed a number of striking similarities : both had
close connections with western Russia; each had a rival who tried ta supplant him unlawfully;
both were slandered by their Russian enemies before' the authorities in Constanti~ople;
both eventually overcame these obstacles and were enthroned as metropolitans in Moscow»
(D. OBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and ail
Russia [1375-1406] ,), p. 91).
4. L. PETIT, Vie et office de Michel Maléinos, suivis du Traité ascétique de Basile le
Maléinote, éd. L. Clugnet, Bibliothèque hagiographique orientale, IV, Paris, 1903, p. 3.
Mentionné dans D. OBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of
Kiev and ail Russia (1375-1406) ,), p. 92.
60 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

la capitale impériale de 1378 à 1380. Le siège patriarcal était


alors occupé par Macaire qui n'avait pas été élu par le synode,
mais simplement nommé par l'empereur Andronic N. La mer
était occupée par les Latins (à cause de la guerre entre Venise
et Gênes, entre 1377 et 1381). Les routes étaient sous l'autorité
des Ottomans. Dans la Vie de Pierre, Cyprien estime que c'est
par l'intercession du saint qu'il fut guéri d'une terrible maladie
qui l'accabla pendant son séjour à Constantinople en 1379-1380,
et qu'il put se rendre jusqu'à Moscou, malgré la situation poli-
tique tendue, pour se prosterner devant la tombe et les reliques
du saint!.
La même année 1381, le métropolite Cyprien canonisa saint
Alexandre de la Néva, le défenseur de l'Orthodoxie contre les
croisés occidentaux. Ce prince était un ancêtre du grand prince
Dimitrij Donskoj, et cette canonisation semble montrer, comme
le dit le père Jean Meyendorff, que l'union des deux Russies fut
une des priorités du métropolite Cyprien. En effet, elle cultiva
le prestige de Moscou d'une façon favorable aux Lituaniens aux
prises avec l'Ordre livonien 2 •
G. M. Prokhorov estime que c'est aussi pendant cette période
que Cyprien rédigea les Réponses à l'higoumène Athanasé qui
traitent de questions touchant à l'office et à la vie monastique.
L'higoumène Athanase, à qui ces réponses sont adressées,
était un disciple de saint Serge de Radonège et l'higoumène
du monastère « sur la hauteur}) (na Vyssokom) à Serpoukhov
(fondé par saint Serge en 13744 ). Il fut le rédacteur du premier
Typikon sabaïte russe, daté de 1401 et intitulé I.;Œil de l'Église
(Oko Tserkovnoe S). Athanase aurait quitté avec Cyprien la Russie
du Nord en 1382 et se serait rendu avec lui à Kiev. Comme le
remarque A. Gorskij, « puisque, pendant la période de 1382 à
1390, Cyprien vécut tantôt à Kiev, tantôt à Constantinople, et
qu'Athanase, s'étant éloigné de Serpoukhov, avant son départ
pour Constantinople, put être higoumène d'un monastère du
sud, alors la fameuse lettre de Cyprien à l'higoumène Athanase,
soulignant d'ailleurs leurs liens spirituels très proches, a pu être

1. APXHMaH,!\pHT JIEOHH,Il, (KaBeJIHH), « KHrrprn!H AO BOCmeCTBHJI Ha MOCKOBCKyro


MHTpOrrOJlHIO)}, QHOH,aP, 1867, KR. II, q. 1, p. 29-3l.
2.]. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 225.
3. r. M. IIpoxoPoB, «KHrrpHaH)}, CA08apb KIIU:JICIIUK08 U KIIU:JICIIOCmu ,ape8l1eu Pycu,
Leningrad, 1988, p. 466. Ces Réponses à Athanase ont été éditées dans le tome 6 de la
PHB par A. PAVLOV (IIABnoB, KaIl0IlU'IeCKUe na.MJIm1lUKU, col. 243-270). PAVLOV esti-
mait que ces Réponses avaient été rédigées entre 1390 et 1405.
4. E. rOJIYBHHCKHR, HcmopUJI PyCCKOU aepK8u, t. II, 1'" partie, p. 353.
5. Voir à ce sujet H. ,Il,. YcrrEHcKHR, « qHH BCeHOII\HOrO 6AeHHJI Ha rrpaBOCJIa-
BHOM BOCTOKe H B PyCCKOH IJ;epKBH», BT 19 (1978), p. 4; M. ApPAHIJ:, OKO aepK08110e
- HcmopUJI TunuKolla, Rome, 1998, p. 89.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 61

écrite à ce vénérable moine Athanase! ». Dans ces Réponses, il


est prescrit de lire le Commentaire de l'Évangile à l'église, et au
réfectoire le Paterikon, les œuvres de saint Éphrem le Syrien, de
saint Dorothée de Gaza, l' Hexameron de saint Basile le Grand.
Cela montre bien, une fois de plus, l'intérêt et la culture patris-
tique des hésychastes de l'époque.
Le 26 août 1382, Tokhtamych, vassal mongol de Tamerlan
qui avait défait Mamaj en 1381, assiégea Moscou et incendia le
Kremlin. Seules les reliques du saint métropolite Pierre, dépo-
sées dans la cathédrale de la Dormition, restèrent intactes 2 • Le
grand prince Dimitrij s'enfuit à Kostroma. Cyprien, de son côté,
se rendit à Tver, à Novgorod puis de nouveau à Tver, avant que
le grand prince ne lui ordonne de revenir à Moscou. Le grand
prince soupçonnait alors Cyprien d'avoir fui Moscou par manque
de confiance en la puissance de l'armée russe, et d'avoir cherché
le soutien du prince Michel de Tver, un parent d'Olgerd, prince
de Lituanie et vieil ennemi du prince Michel de Moscou. Cela
réveilla des soupçons chez le grand prince Dimitrij Donskoj
contre Cyprien, considéré comme un collaborateur du prince de
Lituanie. Pour cette raison, le grand prince fit venir, dans la ville
de Tver, Pimène, l'autre prétendant au siège métropolitain, de son
exil à Chukhloma. Cyprien essaya de convaincre le grand prince
de ne pas changer de métropolite, mais il fut finalement congédié
de Moscou et exilé à Kiev, alors que Pimène regagnait la même
année le siège métropolitain.
Le père Jean Meyendorff propose une autre explication à l'exil
de Cyprien. En fait, après l'incendie de Moscou par Tokhtamych
en 1382, le grand prince Dimitrij n'aurait eu d'autre solution
que de revenir à une politique de loyauté à la Horde d'Or. Or,
les Génois avaient fait une alliance avec Tokhtamych pour la
sécurité de leurs établissements en Crimée et de leurs intérêts
commerciaux à Sarai. Ces mêmes Génois contrôlaient les auto-
rités constantinopolitaines. Puisque Cyprien était alors consi-
déré tant par Tokhtamych que par les Génois et les autorités
constantinopolitaines comme une persona non grata, le grand
prince Dimitrij n'aurait eu d'autre choix que de l'envoyer en exil

1. «TaK KaK B npOMe:lKynœ 1382·1390 r. IumpHaH :lKH.JI TO B KHeBe, TO B


KOHCTaHTHHOnOJIe, a A4JaHaCHH, YAaJIHBTIIHCb H3 CepnyxoBa, AO nepee3Aa B
KOHCTaHTHHOnOJIb, Mor OhITb HaCTOJlTeJIeM B KaKOM HHOYAb IO:lKHOM MOHaCThIpe,
TO H3BeCTHoe nOCJIaHHe KHnpHaHa K HryMeHY A4JaHacHIO, BbICKa3bIBaIOm;ee Me:lKAY
npO'lHM HX OJIH3KHJl ,IJ;YXOBHbIJl OTHOTIIeHHJl Me:lKAY COOOIO, MOrJIO OhITb TIHCaHO K
ceMY npenOAOOHOMY HHOKY A4JaHaCHIO» (A. B. rOPCKHR, «CB. KHnpHaH, MHTpOnOJIHT
KHeBcKHii: H BCeJl POCCHH», llTCO VI [1848:t, p. 305-306, note [n]).
2. E. E. EOroJIIOBCKHR, «MOCKOBCKaJl HepapXHJl : MHTpOnOJIHThI», fJOJIPll9 (1894),
p.455.
62 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

et de demander à Pimène de revenir sur le siège métropolitain,


sachant que ce dernier avait l'estime de Tokhtamych 1.

L'EXIL DU MÉTROPOLITE CYPRIEN (1382-1390)

À Kiev, le métropolite Cyprien reçut le soutien du prince de


Kiev Vladimir, le fils d'Olgerd de Lituanie. Mais le grand prince
Dimitrij Donskoj, qui n'aimait pas le métropolite Pimène, trouva
un nouveau candidat pour le siège métropolitain: l'évêque Denys
de Souzdal. Ce dernier séjourna à Constantinople pendant trois
ans et sut très vite susciter l'admiration du patriarcat. En 1382,
il revint à Moscou, puis retourna à Constantinople en 1383,
accompagné de l'archimandrite Théodore de Simonov02 • C'est
alors qu'on accusa Pimène et qu'on demanda, au nom du grand
prince, d'élever Denys au rang de métropolite. Par la même occa-
sion, Théodore de Simonovo fut élevé au rang de «grand archi-
mandrite» et reçut le statut de stavropigie patriarcale pour son
monastère 3 • Le patriarche Nil écrivit au métropolite Cyprien,
le convoquant au synode en vue d'un procès contre le métro-
polite Pimène4 • li envoya en Russie deux légats, les métropolites
Matthieu d'Adrianopole et Nicandre de Ganos, pour enquêter.
Denys fut, quant à lui, arrêté sur le chemin du retour, à Kiev,
par le prince Vladimir Olgerdovitch, et tenu captif pendant un
an, c'est-à-dire jusqu'à sa mort le 15 octobre 1385. li fut inhumé
à la laure des Grottes de Kiev où il avait été higoumène avant sa
consécration épiscopales.
De son côté, Cyprien ne pouvait oublier Moscou et se préparait
à se rendre à Constantinople pour défendre son siège. En 1385
ou 1386, il envoya une lettre «À un higoumène "A"». Prokhorov
estime que cette lettre est adressée à Théodore, higoumène de
Simonovo, et non pas à Athanase (Vysotskij) de Serpoukhov,
comme le pensait Sokolov 6 • Dans cette lettre, Cyprien informait

1.J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 228-229.


2. DARROUZÈS, Regestes, nO 2705, vol. I, fasc. VI, p. 55.
3. A. B. fOPCKHil, «CB. KHnpHaH, MHTpononHT KHeBCKHH H Bcex POCCHH», IITCOVI
(1848), p. 307; J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 234.
4. DARROUZÈS, Regestes, n° 2789, vol. I, fasc. VI, p. 93.
5. A. B. fOPCKHA:, «CB. Kl!:npHaH, MHTPOIIOnHT KHeBCIUIH H Bcex POCCHH», IITCO
VI (1848), p. 307.
6. f. M. TIpOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ/ 6 3noxy KY.!lUK06CKOU 6um6bl, t. I, p. 363, 352.
TIn. COKOJIOB, PyCCKUU apxuepeu U3 BU3aHmuu U npa60 ezo Ha3Ha'leHUJ/ 00 Ha'lMa XV 6.,
Kiev, 1913, p. 477-478. Prokhorov suggère d'interpréter la lettre (,A» comme le chiffre
(, h, ce qui voudrait dire que la lettre est adressée au «proto-higoumène», c'est-à-dire
Théodore, higoumène de Sirnonovo.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 63

son destinataire qu'il se rendait à Constantinople et espérait


vaincre «l'homme faux et menteur!}). Il se rendit effectivement
à Constantinople à la demande du patriarche. Il arriva dans la
capitale impériale soit à la fin de 1385, soit au début de 1386.
Pimène se rendit également à Constantinople en mai 1385.
Laissé en possession de son titre, il assista encore au synode de
mars 1386 2 • Il semble que Cyprien bénéficia à Constantinople
de la faveur de l'empereur Jean V Paléologue, resté fidèle à la
politique de Jean Cantacuzène et du patriarche Philothée. Cette
protection impériale pourrait expliquer, comme l'indique le
père Jean Meyendorff, la passivité du patriarche Nil à l'égard de
Cyprien pendant le synode de 1385-13883 •
Pour que Cyprien ne soit pas renvoyé à Moscou, le grand prince
envoya 1'archimandrite Théodore de Simonovo à Constantinople,
qui arriva avant la tenue du procès 4 • Après avoir soutenu pendant
longtemps Cyprien, il venait tout juste de rejoindre le parti de
PimèneS •
En mai 1387, le métropolite Cyprien se trouvait toujours à
Constantinople, où il attendait un jugement concernant Pimène.
Il demeurait au monastère de Saint-Jean-Baptiste (appelé aussi le
Stoudion) dont la bibliothèque était riche en manuscrits grecs et
slaves. En effet, ce monastère était le principal foyer de la colonie
des moines russes de Constantinople6 • Parmi ces moines se trou-
vait à ce moment 1'ancien higoumène de Serpoukhov, Athanase
(Vysotskij), qui, comme nous l'avons dit, avait quitté la Russie
avec Cyprien en 1382. Plus tard, lorsque Cyprien retourna en
Russie, il pria Athanase de l'accompagner, luL promettant des
charges ecclésiastiques plus élevées. Mais Athanase, se conten-
tant d'une simple cellule en bon moine hésychaste, lui répondit :
«Cette cellule est meilleure pour moi que tout honneur7 .})

1. «A JDKHBarO '1eJIOBeKa H JIhCTHBaro Bor 06'bJlBHTh}} (<<lloCJIlIHHJI MHTpOrrOJIHTa


K1mpHaHa}}, r. M. llPOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ/ 6 ::moxy KYAUK06CKOU 6um6bl, t. I,
p.414).
2. DARROUZÈS, Regestes, rro 2789, vol. I, [asc. VI, p. 93.
3. J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 238.
4. DARROUZÈS, Regestes, rrO 2789, vol. I, [asc. VI, p. 93.
5.J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 234-235.
6. A. B. rOPCKHn, «CB. K1mPHaH, MHTpOrrOJIHT KHeBcKHH H BCeJI POCCHH}}, IlTCO
VI (1848), p. 310; ApXHMaH,IUlHT AM<I>HJIOXHn, «qTO BHec CB. KHnpHaH, MHTpOrrOJlllT
KHeBcKHH H BCeJl POCCHH, a rrOTOM MOCKOBCKHH H "BCeJl POCCHH, H3 CBoero po~aro
Hape'IHJI H H3 rrepeBO.I\OB ero BpeMeHH B HaWH BorocJIY:lKe6HhIJI KHHrH? }}, Tpyàbl III
apxeOAOZU'IeCKOZO Cbe3àa 6 Poccuu, Kiev, 1878, t. II, p. 232; r. 11. B3.I\OPHOB, «POJIh CJIa-
BJlHCKHX MOHaCThIpcKHX MaCTepcKHX IIHChMa KOHCTaHTHHOrrOJIJI H AcPoHa B paJBHTHH
KHHrOrrHCaHHJI H XY.I\O:lKeCTBeHHOrO ocPopMJIeHHJI PYCCKHX PYKOrrHCeH Ha py6e:lKe XIV
- XV BB. )}, TOJ(PJI 23 (1968), p. 176, note 20.
7. A. B. rOPcKHn, « CB. KHrrpHaH, MHTpOrrOJIHT KHeBcKHH H BCeJl POCCHH », IlTCO
VI (1848), p. 310.
64 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

La bibliothèque du Stoudion fut pour Cyprien une source


d'inspiration intellectuelle. Nous savons, en effet, qu'il y recopia
EÉchelle de saint Jean Climaque en 1387. Connaissant le grand
manque de manuscrits en Russie, il profita de son séjour au
Stoudion pour recopier (ou faire recopier) beaucoup d'œuvres
patristiques qu'avait fait redécouvrir le mouvement hésychaste 1 •
Le 29 mai 1387, l'empereur Jean V Paléologue fit suspendre
pour une année la procédure canonique entreprise contre Cyprien
et envoya ce dernier comme chargé de mission diplomatique
en Petite Russie. À l'unanimité, avec l'accord du patriarche, le
synode agréa la requête de l'empereur à condition que Cyprien
n'exerce son ministère que dans le diocèse de Petite Russie qu'il
détenait alors et qu'il revienne dans un délai d'un an pour se pré-
senter devant le tribunal ecclésiastique. Le synode lui accorda, par
ailleurs, la permission de célébrer jusqu'au jugement2 •
Comme le procès est retardé, Pimène, lié par un accord peu
honorable avec Théodore de Simonovo, prend la fuite avec ce
dernier en 1388. Ds refusent de revenir à Constantinople malgré
la demande de l'empereur et du patriarche. Théodore se fait alors
ordonner évêque de Rostov par Pimène. Pour ces raisons, le synode
de Constantinople, présidé la même année par le patriarche Nil,
déposa Pimène et Théodore et rétablit Cyprien dans ses fonctions
de «métropolite de Kiev et de toute la Russie 3 ». Cyprien demeura
cependant à Constantinople. Le patriarche Nil vint à mourir le
1er février de la même année, et le siège patriarcal resta vacant
jusqu'à l'élection d'un nouveau patriarche en janvier 13894 .
En février, le nouveau patriarche de Constantinople, Antoine,
homme dévoué à la politique de l'unité impériale et ami de l'em-
pereur Jean V Paléologue, reconfirma la décision synodale de
déposer le métropolite Pimène de ses fonctions et de rétablir
Cyprien comme «métropolite de Kiev et de toute la Russie »,
oubliant toutes les accusations qui avaient été avancées contre
luiS.
Toutefois, Pimène, qui était rentré à Moscou le 6 juillet 1388,
continua d'ordonner des évêques, mais ayant eu un différend
avec le grand prince, il décida de retourner à Constantinople avec
l'évêque Michel de Smolensk. D quitta Moscou le 13 avril 1389.
Le grand prince envoya l'évêque Théodore de Rostov à sa pour-
suite. Pimène fut alors arrêté et emprisonné. Mais le grand prince
Dimitrij Donskoj mourut le 19 mai 1389, de même que Pimène,

1. Voir ibid., p. 312.


2. DARROUZÈS, Regestes, nO 2822, vol. 1, fase. VI, p. 118-119.
3. DARROUZÈS, Regestes, nO 2824, 2828, 2831, ibid., fase. VI, p. 121, 125, 127-128.
4.J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 239.
" n'>RROUZÈS, Regestes, nO 2847, vol. 1, fase. VI, p. 139-142.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 65

le Il septembre, à Chalcédoine 1 . Ce dernier fut enterré à Galata,


là où Michel-Mitiaj avait été inhumé précédemment en 13802 •
Cyprien quitta alors Constantinople le 1er octobre 1389,
accompagné de deux métropolites grecs, Matthieu d'Adrianopole
et Nicandre de Ganos, de l'archevêque Théodore de Rostov, de
l'évêque Euphrosynos de Souzdal, de l'évêque Michel de Smolensk,
Isaac de Chernigov, Jérémie de Riazan et Théodose de Tourov. Il
se rendit à Moscou en passant par Belgorod (Akkerman) et Kiev.
Il arriva à Moscou le 9 ou 10 mars 1390, pendant la quatrième
semaine du Carême, où il fut accueilli solennellement par le grand
prince Basile Dmitrievitch (1389-1425), lequel avait succédé à
son père, et informa Constantinople de son arrivée par une lettre,
dans laquelle il fait mention de son voyage qui fut périlleux3 •

LE RETOUR DE CYPRIEN À MOSCOU (1390-1406)

Après avoir connu pendant quatorze ans les troubles et les


intrigues, et n'être resté à Moscou que dix-huit mois, Cyprien
occupa e~fin, et jusqu'à sa mo~, le siège de la. ~rande métro-
pole de Kiev et de toute la Rlissie finalement umfiee, en sachant
préserver l'autorité du patriarche œcuménique. À ce titre, nous
pouvons dire avec S. Senyk que <<le métropolite Cyprien ne fit
pas l'erreur de ses prédécesseurs de négliger le territoire ruthène4
ou de s'identifier de façon très proche avec l'une des autorités 5 ).
C'est à ce moment qu'il commence à diriger la vie de sa métro-
pole dans la paix et la concorde.
En 1390, il se rendit à Tver, invité par le prince Michel
Alexandrovitch pour juger l'évêque Euthyme qui était la cause
de nombreuses querelles dans cette ville. Cyprien le déposa et
le remplaça, sur la proposition du prince, par Arsène, un de ses
archidiacres. Cyprien prit Euthyme avec lui à Moscou et l'envoya
au monastère Tchoudov6 •
Le métropolite Cyprien fut aussi confronté à l'hérésie des
strigolniks. Il s'agit d'un schisme apparu dans l'Église russe au

1. DARROUZÈS, Regestes, n° 2847, ibid., p. 143.


2.J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 237-238.
3. DARROUZÈS, Regestes, n° 2847, 2869, vol. l, fasc. VI, p. 143-144, 160. Voir égale-
ment J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 241.
4. TI s'agit de la partie occidentale de la Russie.
5. «Metropolitan Cyprian did not make the mistake of his predecessors of neglecting the
Ruthenian lands or of identifying himself closely with one ruler» (S. SENYK, A History of
the Church in Ukraine, vol. 2. Ouvrage à paraître dans la collection OCA).
6.Au sujet du jugement de l'évêque Etithyme de Tver, lire E. fOJlYBHHCKHÏI,
HcmopUJI PyCCKOU /{epKIJU, t. II, 1re partie, p. 302-306.
66 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

)(Ne siècle, d'abord à Pskov puis à Novgorod. Les initiateurs de ce


schisme furent les diacres Nicétas et Carpe qui, avec leurs adhé-
rents, rejetaient la hiérarchie ecclésiastique à cause de la simonie et
de l'immoralité qui auraient été répandues en son sein. Selon eux,
les clercs avaient acheté leur ordination et conféraient à leur tour
les sacrements contre de l'argent tout en menant une vie débau-
chée. Pour cette raison, ces schismatiques refusaient de recevoir les
sacrements du baptême, de la confession et de l'eucharistie, n'ap-
partenaient pas à la hiérarchie ecclésiastique et rejetaient non seu-
lement leur clergé local, mais toute la hiérarchie russe et celle du
patriarcat œcuménique 1 • On appelait les adhérents de ce schisme
strigolniks non pas à cause de leur éventuel métier de coiffeur,
comme pourrait le laisser entendre leur surnom, mais du fait que
les initiateurs de ce mouvement étaient deux diacres défroqués 2 •
Nous savons à partir des sources byzantines que le patriarche Nil
de Constantinople leur avait enjoint en 1381 de revenir dans la
communion de l'Église en reconnaissant la hiérarchie légitime et
de faire appel au métropolite, et à défaut au patriarche, s'il s'avé-
rait que certains évêques pratiquaient la simonie 3 •
De plus, le métropolite Cyprien hérita, à cause du métropo-
lite Pimène, du problème du tribunal métropolitain à Novgorod.
Il s'agit du tribunal d'appel métropolitain. Les habitants de
Novgorod refusaient de faire appel au tribunal ecclésiastique de
Moscou, devant le métropolite, ou de le faire venir à Novgorod,
estimant que le jugement de leur archevêque était la plus haute
instance disciplinaire. Or, il existait une pratique selon laquelle,
tous les trois ans, le métropolite se rendait lui-même à Novgorod,
ou envoyait des représentants, pour examiner pendant un mois 4
les jugements rendus par l'archevêque et sur lesquels on vou-
lait faire appel. Outre le simple fait que cette pratique montrait
bien la soumission de l'évêché à sa métropole, il y avait aussi
un aspect financier : cette pratique rapportait à la métropole
des sommes importantes, puisque le diocèse payait non seule-
ment les frais de déplacement du métropolite et de sa suite, mais
offrait également à celui-ci des dons pour ses bonnes œuvres,

1. Sur les strigolniks, voir le livre de B. PhIBAKOB, CmpUZO/lbHUKU. PyccKue zyMaHucmbl


XHB CmO/lemWl, Moscou, 1993, particulièrement les p. 3-26 qui font le point sur la
question. Sur la confrontation de Cyprien avec les strigolniks, lire A. B. fOPCKHfI,
«CB. IumpHaH, MHTpOIIOJIHT KHeBcKHH H BCeJl POCCHH», IlTCO vI (1848), p. 317-318;
C. IlIEBhlPEB, «llpaBHJIa MHTpOIIOJIHTa IUmpHaHa», IlC 2 (1865), p. 13.
2. Le terme CTpHrOJIhHHK a pour racine CTPH% qui signifie tondre, couper. D'où
l'idée de dépouiller, défroquer. Voir PhIBAKOB, CmpUZO/lbHUKU. PyccKue zyMaHucmbl XIV
CmO/lemWl, p. 7.
3. DARROUZÈS, Regestes, nO 2729, vol. l, fasc. VI, p. 46.
4. D'où le nom de ~iugement mensuel,) (Mecll'llIbIii: cY)l,)·
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 67

pour sa (, bénédiction 1 }) • Or, les habitants de Novgorod, refusant


de faire appel au métropolite, se contentaient du jugement de
leur archevêque et estimaient ainsi qu'ils avaient pratiquement
un statut d'autonomie; ce fut la cause de conflits avec le métro-
polite Cyprien. C'est pourquoi le patriarche Antoine envoya des
lettres à l'évêque et à la population de Novgorod en leur rappe-
lant que le refus d'être jugé par le métropolite était contraire aux
saints canons 2 •
Ainsi, près de deux ans après son retour à Moscou sur le siège
métropolitain, Cyprien dut se rendre en février 1392 à Novgorod
pour y restaurer le droit d'appel' à l'évêque métropolitain. Il
avait à son appui le décret du patriarche œcuménique Antoine 3 •
À 1'époque du métropolite Pimène, les habitants de Novgorod
s'étaient dépourvus de ce droit, et c'est pourquoi ils refusèrent
catégoriquement que Cyprien recouvre ce droit, malgré le décret
patriarcal.
Les habitants de Novgorod s'opposèrent au métropolite
Cyprien qui leur demandait la restitution du droit d'appel à
l'évêque métropolitain, en envoyant une délégation au patriarche
œcuménique. Ils lui demandèrent une plus grande autonomie
vis-à-vis de 1'évêque métropolit~ : (,Nous ne voulons pas
être jugés chez le métropolite, ni même lorsque notre évêque
est convoqué par ce dernier, qu'il s'y rende 4 .}) Ils concevaient
cette autonomie dans 1'abolition du droit d'appel métropolitain
et dans l'exonération de l'archevêque de Novgorod de devoir
se présenter à Moscou devant le métropolite pour des rapports.
Ils menaçaient de rejoindre l'Église latine si le patriarche ne
leur accordait pas cette autonomie. Mais le patriarche soutint le
métropolite Cyprien.
En fait, l'histoire de la quête de l'autonomie de Novgorod
remonte bien avant l'époque de Cyprien et de son prédécesseur.
En 1346, le métropolite Théognoste avait déjà accordé à l'arche-
vêque de Novgorod Basile le droit de porter un polystavrion5 , de
même que le klobouk blanc6 •
Ainsi, une véritable guerre éclata entre Moscou et Novgorod
au sujet du droit d'appel métropolitain. Mais finalement, en 1393,
les habitants de Novgorod se soumirent à l'autorité du grand

1. Voir à ce sujet A. B. KAPTAillEB, O'lepKU no ucmopuu PyCCKOU !JepK6U, t. I, Paris,


1959, p. 334; E. fOJIYliHHCKHii:, HcmopWl PyCCKOU !JepK6u, t. II, 1" partie, p. 310-313;
J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 246-248.
2. DARROUZÈS, Regestes, n° 2871, vol. I, [asc. VI, p. 161.
3.lbid.
4. '(01)/iÈV 9ÉÀ.OJ.Œv, ïva lCptvooJ.Œ9a eiç 'tov j.lT]'tpOltOÀt-rrlv, àj.ll] chay j.lT]vucru 'tov Èmcr-
lCOltOV j.laç, và UltllYll» (IlABJIOB, KaHOHU'IeCKUe nOMJlmHUKU, col. 255).
5. Phelonion avec plusieurs croix. En russe: Kpern;aTaH pH3a.
6. E. fOJIYliHHCKHA:, HcmopWl PyCCKOU !JepK6u, t. II, 1" partie, p. 308.
68 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

prince et du métropolite. Le patriarche œcuménique leur envoya


une charte en 1394, les obligeant à se soumettre au métropolite.
Pendant le Grand Carême de l'année 1395, le métropolite Cyprien
se rendit de nouveau à Novgorod avec un légat du patriarche et y
séjourna de la sixième semaine du Carême jusqu'au samedi avant
la Pentecôte. N'ayant plus cette fois l'appui politique du grand
prince, Cyprien fit une concession aux habitants de Novgorod en
garantissant à leur archevêque la juridiction sur la ville de Pskov.
TI semble, en effet, que la ville de Pskov dépendait canoniquement
de l'archevêché de Novgorod, et que ses habitants étaient liés, en
matière de droit d'appel, par une relation canonique semblable à
celle qu'entretenait l'archevêché de Novgorod avec la métropole!.
En mai 1395, le métropolite Cyprien envoya deux chartes aux
habitants de Pskov par lesquelles il interdisait aux laïcs de juger
les prêtres et de prendre possession des biens de l'Église, et aux
prêtres veufs, et remariés, de continuer leur office. Par la même
occasion, Cyprien rédigea une lettre au clergé de Novgorod, lui
donnant des consignes quant à la célébration des offices.
Après 1395, le métropolite Cyprien envoya à Pskov «l'ordo de
l'office divin de Chrysostome et du grand Basile», ainsi que le
texte de la liturgie elle-même, le «Synodikon juste, véritable, qui
est lu à Constantinople, à Sainte-Sophie, au patriarcat2 », pres-
crivant «comment les rois orthodoxes doivent être commémorés,
ainsi que les grands princes, défunts et vivants, comme nous les
commémorons ici, à la métropole 3 ». Nous apprenons d'une lettre
du patriarche Antoine IV adressée au grand prince Basile que ce
dernier empêchait le métropolite Cyprien de commémorer l'em-
pereur dans les Diptyques4 . Dans cette lettre, Antoine fait tout
un développement sur la symphonie byzantine. li rappelle d'une
part que «le patriarche tient la place du Chrisv). Dédaigner le
patriarche, ce n'est pas dédaigner un homme, mais le Christ.
D'autre part, il soutient que «l'empereur tient dans l'Église une
place que ne peut avoir aucun souverain local. Ce sont les empe-

1. A. B. rOPCKHfI, «CB. KHnpHaH, MHTpOnOJIHT KHeBcKHii: H BCe5I POCCHH», IITCO


VI (1848), p. 319.
2. Pour l'édition critique, la traduction française et le commentaire du Synodikon,
voir J. GOUIlLARD, «Le Synodikon de l'Orthodoxie. Édition et commentaire», Travaux
et Mémoires 2 (1967) [Centre de recherche d'histoire et civilisation byzantines, Paris],
p. 1-316.
3. « IIo~aBaJIH HM'b yCTaB1> ÔO:lKeCTBeHhllI CJIY:lKÔbI 3JIaToycToBbI H BeJIHKOrO BaCHJIh5I,
TaKO:lKe caMax cJIY:lKôa 3JIaToycToBa [ •.• ] TaKO:lKe H CHHO~1> npaBblH, HCTHHHhIH,
KOTOpblH '1TYTh B1> U;apHropo~i>, B1> CO<phH CB5ITOH, B1> naTpiapxiH; ~a npHJIO:lKHJIH
eCMbI K1> TOMY, KaK1> npaBOCJIaBHblX1> IIapiH nOMHHam, TaKO:lKe H KH5I3eH BeJIHKHX1>,
H MepTBblX1> H :lKHBblX1>, JIKO:lKe Mbl 3.u,t B1> MHTpOnOJIhH nOMHHaeMh 1) (IIABJlOB,
KaHOHU1/eCKUe nllMJlmHuKu, col. 239).
4. DARROUZÈS, Regestes, n° 2931, vol. l, fasc. VI, p. 211.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 69

reurs qui ont confirmé la religion dans l'univers, réuni les conciles
œcuméniques, sanctionné les canons, combattu les hérésies, établi
les primats, la division des provinces et des diocèses : voilà qui
justifie leur dignité et leur place dans l'Église.) Pour cette raison,
poursuit le patriarche, « en tout lieu, patriarches, métropolites et
évêques commémorent son nom). Ainsi, grâce au soutien du
patriarche Antoine, Cyprien réussit à faire accepter au grand
prince Basile 1er l'usage de commémorer l'empereur byzantin en
Russie.
Lorsque Temir-Axaka (Tamerlan) s'approcha de Moscou
le 26 août 1395, le métropolite Cyprien fit venir de Vladimir à
Moscou l'icône de la Mère de Dieu. L'invasion ayant été détournée
de façon miraculeuse à la suite de la translation de cette icône,
Cyprien décida de fonder à Moscou le monastère de la Sainte-
Rencontre sur le lieu de réception de l'icône. C'est d'ailleurs le
métropolite Cyprien qui est à l'origine de l'institution de la fête
de l'icône de la Mère de Dieu de Vladimir le 26 août, en mémoire
de cette translation miraculeuse l .
En 1396, le métropolite Cyprien ordonna l'évêque Grégoire de
Rostov, puis se rendit dans le Sud-Opest de sa métropole où il
séjourna d'abord à Smolensk. Là, il fUt reçu chaleureusement par
le gendre du prince de Lituanie Vitovt. Pour cette ville, il ordonna
l'évêque Cassien. Puis il se rendit à Kiev où il séjourna pendant
un an et demi. li semblerait que la raison principale de son dépla-
cement à Kiev fût un soulèvement, car on accusait le représen-
tant du métropolite à Kiev d'avoir empoisonné le fils du prince
Olgerd, Svidrigajlo2. '"
D'une manière générale, depuis son installation à Moscou, le
métropolite Cyprien tâchait de ne pas oublier la partie occidentale
de sa métropole, à savoir Kiev et tout le territoire sous domination
lituanienne, où il avait séjourné près de quinze ans. Or, depuis un
certain temps, la situation des orthodoxes dans ce territoire n'était
pas facile. En février 1386, à Cracovie, le prince de Lituanie Jacob-
Jagajlo Gagellon), l'un des douze fils d'Olgerd, avait épousé la
reine de Pologne Jadviga (Hedwig), après avoir été rebaptisé dans
l'Église catholique romaine (avec le nom de Vladislav), et avait été
couronné roi. C'est en effet un mariage politique qui avait réuni
la Lituanie et la Pologne sous une même couronne, résultat de
l'union conclue à Krevo, près de Vilnius, en août 13853 • Cette
union mit fin à une longue rivalité entre la Pologne et la Lituanie

1. E. E. EOrOJIIOBCKHH, «MOCKOBCKlUI HepapXHJI: MHTPOIIOJIHThI»; TJO.Jll{09 (1894),


p.457.
2. A. B. rOPCKHH, «CB. IumpHaH, MHTpOIIOJIHT KHeBcKHH H BceH POCCHH», OTCO
VI (1848), p. 327.
3.]. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 242-243.
70 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

au sujet de la partie occidentale de la Russie. L'union de Krevo,


signée le 14 août 1385, obligeait le prince lituanien à se convertir
au catholicisme avec ses frères qui n'étaient pas baptisés (il faut
comprendre ceux qui n'étaient pas catholiques), ses parents, ses
nobles et tout son peuple. D'autre part, il devait unir à la Pologne,
et ce à perpétuité, les territoires lituaniens et russes qui dépen-
daient de lui!. Dans ce nouveau royaume, le catholicisme était
devenu la religion d'État. Bien que Jagellon ait embrassé le catho-
licisme, son cousin Witolt, grand duc de Lituanie et beau-père
du grand prince Basile de Moscou, était demeuré orthodoxe. Ce
dernier avait conclu, grâce aux contacts établis par le métropolite
Cyprien, une alliance avec la grande principauté de Moscou qui
avait abouti au mariage de sa fille Sophia et de Basile de Moscou2 •
Ainsi le projet de Jagellon de convertir la population de Lituanie
au catholicisme romain n'eut-il pas de succès 3 •
C'est peut-être pourquoi le métropolite Cyprien séjourna
pendant un an et demi à Kiev. Il constata la large diffusion
qu'avait la foi latine à cette époque en Lituanie. Lors de ce
séjour, Cyprien ordonna l'évêque Théodore à Loutsk. Il mena
également des négociations avec le roi Jagellon, qu'il consi-
dérait comme son ami, au sujet d'une éventuelle tentative de
réunion de l'Église orthodoxe avec l'Église de Rome. Comme
l'explique l'historien de l'Église russe A. Kartachov, le métro-
polite Cyprien, en tant que « Grec naturalisé », comme tous les
Grecs, espérait une réunion entre les Églises d'Orient et l'Église
de Rome, comme seul moyen d'inciter les États européens à
sauver l'Empire byzantin sur le point de mourir4 • E. Golubinskij
affirme de son côté qu'un « métropolite qui aurait initié une telle
chose serait devenu le principal artisan d'un acte remarquable,
à savoir le salut de l'Empire byzantin des mains des Barbares S ».
Cependant, il ne faut pas oublier que Cyprien, en tant que fils
spirituel du patriarche Philothée, avait sans doute hérité de l'atti-
tude irénique et conciliaire de ce dernier, qui mit fin au schisme
séparant l'Église de Pech de l'Église de Constantinople. En effet,
comme l'affirme le père Jean Meyendorff, Philothée espérait

1. Voir le texte de l'union dans: KUTRZEBA, Stanislaw, SEMKOWICZ, Wladyslaw (éd.),


Akta uniji Polski z Litwà 1385-1791, 1-3, Cracovie, 1932. Voir également à ce sujet:
J. KLOCZOWSKI, «La Pologne et la christianisation de la Lituanie», La cristianizzazione
della Lituania, Ani e documenti 2, Cité du Vatican, 1989, p. 137-157. Nous tenons ces
informations du prof. S. Senyk.
2. J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 244.
3. D. OBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and
ail Russia (1375-1406) », p. 94. Voir également: KAPrAllIEB, O'lepKU no ucmopuu PyCCKOU
I.(epK6l1, t. l, p. 336.
4. KAPrAllIEB, O'lepKU no ucmopuu PyCCKOU I.(epK6u, t. l, p. 336.
5. E. rOJIYERHCKRH:, HcmopWl PyCCKOU I.(epK6l1, t.ll, 1" partie, p. 338.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 71

lui aussi un concile «œcuménique» et avait fait des négocia-


tions avec Rome en vue d'une véritable réunion l'une de ses
priorités!. Philothée avait instauré un dialogue qui fut mené
en 1367 par Jean (devenu le moine Joasaph) Cantacuzène et
le légat du pape, Paul. Cantacuzène avait alors signifié qu'une
union n'était envisageable que par le biais d'un concile «catho-
lique et œcuménique », réunissant non seulement le patriarche
de Constantinople, mais aussi tous les archevêques du patriarcat
œcuménique et les autres patriarches orientaux2 • De même, pour
le métropolite Cyprien, comme pour tous les hésychastes, une
union n'était possible que si l'on èonvoquait un concile où ~es
questions doctrinales pourraient être débattues, et pas seulement
sous le poids de pressions politiques 3 •
À ce sujet, le roi et le métropolite demandèrent au patriarche
œcuménique Antoine de convoquer un concile de l'Église en Russie.
Le patriarche Antoine leur répondit que le moment était mal choisi,
puisque Constantinople luttait contre les Turcs; et qu'il valait donc
mieux s'unir aux Hongrois pour libérer Byzance du joug ottoman:
«Tu m'écris au sujet de la réunion des Églises. Nous la voulons de
tout cœur. Cependant, ce n'est pas l'affaire du moment présent.
Car il y a la guerre avec les impies, les®utes sont bloquées, nos
affaires se trouvent dans l'embarras. Dans de telles circonstances,
comment est-il possible que quelqu'un d'entre nous se rende là-bas
pour convoquer un concile? Si Dieu envoie la paix et si les routes
deviennent libres, nous y sommes prêt et ce, de notre propre gré.
Et pour que cela se produise, nous prions de tout cœur ta noblesse
de t'unir au printemps avec le noble roi hongrois et d'attaquer avec
ton armée les impurs et de les écraser. Alors, les routes ayant été
libérées, le moment sera propice à la réunion des Églises, comme
le désire ta noblesse et comme nous le désirons aussi4 .» En d'autres

1.]. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 181.


2. G. M. PROKHOROV, (,L'hésychasme et la pensée sociale en Europe orientale au
XIV" siècle», p. 47 [= r. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ/ 6 3noxy KY/lUK06CKOÜ 6um6bl,
T. MM, Saint-Pètersbourg, 20002, p. 81].
3.]. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 252.
4. (' Tbl IIHIIleIIlh 0 coe~HHeHHH IJ;epKBeH : H MhI ycep~o :lKeJIaeM :;lToro, TOJIhKO CHe
He eCTh ~eJIO HaCTOHIIlaro BpeMeHH, HÔO ~eTh ôpaHh C HeqeCTHBblMH, nyTH 3arrepTbl,
~eJIa Ha!IlH HaXOMThCH B CTeCHeHHOM rrOJIO:lKeHHH : rrpH TaKHX OÔCTOHTeJIhCTBaX
B03MO:lKHO JIH, qTOÔbl rrOilleJI KTO-HHÔY~ OT Hac Ha COCTaBJIeHHe TaM coôopa? eCJIH
Eor rrOIIIJIeT MHp H rryTH CTaHYT CBOÔO~IMH, Mbl rOTOBbl K 3TOMY H rro coôcTBeHHOMY
rroôYJK,ll;eHHIO ; a qTOÔbl 3TO CnyqHJIOCh, ycep~Ho rrpOCHM TBoe ôJIaropo~He, COe~HHThCH
BeCHOH C ôJIarOpO~eHIIlHM KOpOJIeM BeHrepCKHM H BblCTyrrHTh C TBOHM BOHCKOM Ha
COKPYIIleHHe HeqeCTHBblX; Tor~a, rro OCBOÔOJK,ll;eHHH rryTeH, y~OÔHO MO:lKeT COCTOHThCH
H coe~HeHHe IJ;epKBeH, KaK :lKeJIaeT 3Toro TBoe ÔJIarOpO~He H KaK :lKeJIaeT 3Toro H
Mbl» (IIABJIOB, KaHOHU'IeCKUe nll.MJlmHuKu, coL 299). Voir également DARROUZÈS,
Regestes, n° 3040, voL l, fasc. VI, p. 304.
72 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

termes, le siège de Constantinople devait d'abord être levé avant


qu'un concile ne soit convoqué!.
li faut savoir aussi que lorsque furent réunies les deux métro-
poles de Lituanie et de Grande Russie en 1389, au moment où
Cyprien devint le seul «métropolite de Kiev et de toute la Russie ),
la métropole de Galicie, qui existait depuis 1371, demeura une
métropole distincte. Au début, elle comptait cinq diocèses : la
Galicie, Kholm, Tourov, Peremychl et Vladimir en Volynie. Mais
depuis 1380, les diocèses de Vladimir, Kholm, Loutsk et Tourov
étaient sous la juridiction du métropolite Cyprien, et ainsi, la
métropole de Galicie ne se limitait plus qu'aux deux seuls dio-
cèses de Galicie et de Peremychl2 •
Jusqu'en 1391, la métropole de Galicie eut à sa tête l'évêque
Antoine, puis son successeur. En 1391, le patriarche Antoine
de Constantinople écrivit à un certain hiéromoine Syméon de
Petite Russie, lui donnant un mandat d'exarque pour s'occuper
des affaires ecclésiastiques de la métropole de Galicie jusqu'à
ce que le synode de Constantinople nomme un nouvel évêque 3 .
Mais un imposteur nommé Tagaris ordonna Syméon «évêque).
Toutefois, celui-ci se rendit vite compte de la duperie, anathéma-
tisa Tagaris et renonça à l'ordination4 • L'évêque Jean de Loutsk
se rendit en 1393 à Constantinople avec une charte du roi de
Pologne pour demander au patriarche de le nommer métropolite
de Galicie. Mais Cyprien avait porté plainte contre l'évêque Jean
à cause de son attitude envers l'évêque de Vladimir en Volynie.
Le synode constantinopolitain voulut alors juger Jean, qui prit la
fuites. Le métropolite Cyprien déposa Jean du siège de Loutsk
et nomma Théodore à sa place. Cependant, le roi de Pologne
reconnut Jean comme métropolite de Galicie. Et c'est pourquoi le
patriarche Antoine dut envoyer son exarque, l'archevêque Michel
de Bethléem, pour enseigner au peuple la foi véritable et ortho-
doxe 6 • À la fin des années 1390, le métropolite Cyprien mit fin à
l'indépendance de la métropole de Galicie et étendit sa juridic-
tion canonique sur la Moldo-Valachie et la Galicie. li ordonna
par exemple un nouvel évêque pour Peremychl, qui dépendait de
la métropole de Galicie, ce que le patriarche Antoine n'estimait
guère régulier7 • Toutefois, jusqu'à sa mort, Cyprien ne put régler
ce conflit, et ce n'est qu'à 1'époque du métropolite Photios, son

L}. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 253.


2. MHTPOIIOJIHT MAKAPHfi (EyrrraKOB), HcmopWl PyCClCOU aepK6u, t. III, p. 58-59.
3. DARROUZÈS, Regestes, n° 2893, voL l, fase. VI, p. 181-182.
4. DARROUZÈS, Regestes, nO 2894, ibid., p. 182.
5. DARROUZÈS, Regestes, nO 2935, ibid., p. 214-215.
6. DARROUZÈS, Regestes, nO 3039, ibid., p. 302-303.
7. DARROUZÈS, Regestes, nO 3040, ibid., p. 304.
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 73

successeur, que la métropole de Galicie devint une partie de la


métropole de «Kiev et de toute la Russie!».
En octobre 1397, le métropolite Cyprien retourna à Moscou.
TI ne quitta plus cette région pendant six années qu'il consacra
à la transcription, à la traduction, à l'écriture et à l'ordo des
offices liturgiques. Fuyant le bruit et le tumulte de la ville et
recherchant l'hésychia, Cyprien se réfugiait dans le petit village
de Golenichtchevo où il avait fait construire une église des Trois-
Saints-Hiérarques, ou encore sur la «sainte île», dans la région de
Vladimir, où il avait fondé l'église de la Transfiguration2 •
Lors du blocus de Constantinople par Bajazet ·en 1400, le
patriarche Matthieu demanda une aide financière au métropo-
lite Cyprien. Dans sa lettre au métropolite Cyprien, le patriarche
considère ce dernier comme un «<j>tAOppolJlatOÇ av9pw1toç» - un
«homme aimant les Romains 3 ».
En juillet 1401, Cyprien convoqua un concile qui déposa les
évêques Jean de Novgorod et Sabas de Loutsk. L'évêque Jean
de Novgorod fut déposé à cause de la question du droit d'appel
métropolitain qui n'avait toujours pas été réglée, et fut exilé au
monastère de Nicolas l'Ancien pour trois ans. TI semble que
l'évêque Sabas fut coupable de la même<::hose 4 • En 1402, le grand
prince Basile 1er et le métropolite Cyprien confirmèrent et ampli-
fièrent l'ancien Nomocanon, incluant la Règle de Jaroslav (La Vérité
russe), le Règlement de l'empereur Constantin et la Règle du prince
Vladirnir 5 . En novembre 1402, le métropolite Cyprien accorda sa
bénédiction à la signature d'un accord sur l'amitié et la coopéra-
tion entre le grand prince Basile 1er, la Horde d'Oret la Lituanie.
En 1404, avant de partir pour la partie occidentale de sa métro-
pole, le métropolite Cyprien libéra l'évêque Jean de Novgorod de
sa réclusion et lui permit de rejoindre son siège épiscopal. Mais il
lui fut impossible de rétablir le droit d'appel métropolitain dans le
diocèse de Novgorod.
Le 20 juillet 1404, le métropolite Cyprien quitta Moscou pour
Vilnius, puis pour Kiev. Durant ce voyage, Cyprien visita égale-
ment Loutsk en Volynie. En 1405, il rencontra à Milolioubno le

1. KAPrAIIIEB, O'lepKU no ucmopuu PyCCKOU l(epK6u, t. I, p. 338. Au sujet de la métro-


pole de Galicie, voir également J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia,
p.249-250.
2. A. B. fOPCKHH, «CB. KHrrpHaH, MHTpOrrOJIHT KHeBCKHH H Bcex POCCHH», IlTCO
VI (1848), p. 351.
3. «fpaMoTa rraTpiapxa MaTseJl K'b MHTpOrrOJIHT}' KHrrpiaHY» (IIABJIOB, KaIlOIlU'leCKUe
nllMJlmllUKU, appendice nO 46, col. 315). DARROUZÈS, Regestes, nO 3112, vol. I, fasc. VI,
p. 360-361. Voir D. OBOLENSKY, <,A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of
Kiev and ail Russia (1375-1406) », p. 96.
4. E. fOJIYBHHCKHH, HcmopWl PyCCKOU l(epK6u, t. II, 1ce partie, p. 324.
5. Ibid., p. 324-325.
74 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

roi Jagellon de Pologne et Vitovt de Lituanie. À la demande de


Vitovt, il déposa l'évêque Antoine de Tourov, accusé d'avoir incité
Shadibek à attaquer les villes de Lituanie et de Pologne. Cyprien
le renvoya à Moscou.
Le 1er janvier 1406, Cyprien regagna Moscou. li s'installa
dans le village de Golenichtchevo, son lieu de retraite favori où il
s'adonnait à l'étude et à la prière. En effet, malgré ses nombreuses
charges pastorales qui lui tenaient à cœur et qui ont occupé une
large partie de son temps lors des dernières années de sa vie, le
métropolite n'abandonna pas son ardent amour de la lecture et de
l'écriture. Comme le remarque G~ Vzdornov, «ce n'est pas sans
son concours que les bibliothèques des monastères de Moscou se
sont fortement enrichies de textes d'origine slave du sud, et prin-
cipalement, de manuscrits originaux slaves du sud! ». Ce dernier
considère en effet le métropolite Cyprien comme «un copiste bien
expérimenté2 » •
Toutefois, le métropolite Cyprien n'affectionnait pas seule-
ment les manuscrits, mais aussi l'art iconographique. Comme l'a
remarqué L. Betin, il est intéressant de constater qu'il y a une coïn-
cidence frappante entre les différents passages à Constantinople
et en Russie du métropolite Cyprien et ceux de l'iconographe
hésychaste Théophane le Grec, fameux pour ses fresques où le
jeu du blanc transmet artistiquement et avec talent la lumière
incréée que cherchaient à contempler les moines hésychastes de
cette époque 3 • Aussi, comme le dit bien L. Betin, «le métropo-
lite Cyprien fut connu en Russie non seulement par le fait qu'il
traduisait et recopiait lui-même des livres, qu'il avait organisé un
scriptorium pour la copie, mais aussi par le fait que, dans son
entourage, paraissaient de magnifiques manuscrits enluminés du
type du Psautier de Kiev4 ». Betin est d'avis qu'il y a de fortes rai-
sons de penser que Théophane le Grec vint en Russie sur l'invita-
tion du métropolite Cyprien, qui aurait porté une attention toute

1. «He 6e3 ero JIHqJIOH HHHW'IaTHBbI 6H6JIHOTeKH MOCKOBCKHX MOHacTblpen CTaJIH


YCHJIeHHO nOnOJIHlITbCH TeKCTaMH IO.lKHOCJIaBHHCKoro npOHCXOJK,!l;eHHH, a rJIaBHOe, H
nOWIHHHhlMH IO.lKHOCJIaBHHCKHMH PYKOTIHCHMH» (r. R. B3iJ;OPHOB, «POJIb CJIaBHHCKHX
MOHaCTblpCKHX MaCTepcKHX TIHCbMa KOHCTaHTHHOnOJIH H AIPOHa B pa3BHTHH KHHrO-
nHCaHID! H xYiJ;O)KeCTBeHHoro 0lPopMJIeHID! PYCCKHX PYKOnHCeH Ha Py6e)Ke XIV - XV
BB. », TO,II.PJI23 [1968], p. 173). Voir également B. MOillHH, «0 nepHO)J;H3aIIIŒ PYCCKO
- IO.lKHOCJIaBHHCKHX JIHTepaTYpHbIX cBH3en X-XV BB. », TO,II.PJI 19 (1963), p. 106.
2.« KHnpHaH 6bIJI onbITHbIM nHCIIOM» (r. R. B3iJ;OPHOB, article cité, TO,II.PJI 23
[1968], p. 174).
3. JI. B. BETHH, «MHTpOnOJIHT KHnpHaH H <l>eolPaH rpeK», Études balkaniques,
1 (1977), p. 109-113.
4. «MHTpOnOJIHT KmtpHaH 6b1JI H3BeCTeH Ha PyCH He TOJIbKO TeM, qTO OH CaM nepe-
BO)J;HJI H nepeTIHCbIBaJI KHHrH, opraHH30BaJI CKpHnTOPYM WJH nepenHCKH, HO eIIIe H TeM,
qTO HMeHHO H3 ero oKpy)KeHID! BbIXO)J;HJIH npeKpaCHble HJIJIIOMHHHpOBaHHhle pyKonHCH
TUTT~ KU""CKOn nCaJIrnpH» (ibid., p. 113).
LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN ET SON ÉPOQUE 75

particulière au développement de l'iconographie, comme peut en


témoigner l'œuvre d'André Roublev et de Danielle Noir qui se
trouvaient sous l'obédience du métropolite!.
Dans sa maison de Golenichtchevo, le métropolite Cyprien
pouvait également retrouver l'hésychia monastique si nécessaire
à la prière et qui lui avait sans doute beaucoup manqué depuis
son départ de l'Athos et lors des nombreuses péripéties qui ont
marqué sa carrière de hiérarque. C'est là, d'ailleurs, .dans cette
retraite de Golenichtchevo, qu'il ordonna ses derniers évêques :
en août 1406, l'évêque Hilarion de Kolomna et, en septembre,
l'évêque Mitrophane de SouzdaF.
Quatre jours avant sa mort, il rédigea un testament spirituel
qu'il ordonna de lire à son enterrement. Puis il rendit l'âme le
16 septembre 1406. Son successeur, le métropolite Photios de
Kiev, estimait que Cyprien s'était endormi dans la sainteté3 • Son
corps fut déposé dans la cathédrale de la Dormition à Moscou.
En 1472, ses reliques furent découvertes, après quoi le métropo-
lite Cyprien fut canonisé par l'Église russe.
'---

1. Ibid., p. 115.
2. Voir J. MEYENDORFF, Byzantium and the Rise of Russia, p. 260.
3. (, CmITo IIO'lliBIillIH». Voir « OKp}')KHOe IIOCJIaHHe MHTpOIIOJIHTa <l>OTHJI 0
He3aKOHHOM IIOCTaBJIeHHH JIHTOBCKHMH eIIHCKOIIaMH fpHrOpHJI IJ;aM6JIaKa Ha KHeBCKyro
MHTpOIIOJIHIO» (IIABJIOB, KaHOHU'IeCKUe naMJ!mHUKU, col. 329).
CHAPITRE II

L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE
CYPRIEN

Comme il est apparu au cours de notre présentation biogra-


phique du métropolite Cyprien, ce dernier a été un hiérarque
très actif non seulement dans l'administration ecclésiale, mais
aussi dans le domaine littéraire. Deux sources importantes de
l'historiographie russe le présentent en effet Comme un homme
de lettres. Le Livre des degrés (Kniga Stepennaia) nous dit que
Cyprien « a traduit du grec en russe de nombreux livres saints,
et nous a laissé beaucoup d'écrits pour notre profit, et a rédigé la
Vie du grand thaumaturge Pierre, métropolite de toute la Russie,
et l'a ornée d'éloges! ~). La chronique de Nikon (Nikonovskaia
Letopis) affirme de son côté : « Le métropolite Cyprien, d'origine
serbe, empli d'amour de la sagesse et d'intelligence divine, gran-
dement lettré et très spiritueL.. a écrit des livres de sa propre
• 2
maIn ... ~)
C'est d'ailleurs en tant que hiérarque et homme de lettres qu'il
a été le plus étudié par les historiens et les philologues. TI nous
paraît important de dire quelques mots sur l'œuvre littéraire du
métropolite, afin de mieux replacer son œuvre liturgique dans le
cadre de l'ensemble de son activité.
Les historiens s'entendent pour attribuer au métropolite Cyprien
un certain nombre de «traductions ~), de lettres, d' œuvres biogra-
phiques et de manuscrits liturgiques que nous allons maintenant
caractériser.

1. «MHorÏH CBHTHlI KHHrH C rpe'leCKarO H3hIKa Ha pycCKiii: H3hIK'b IIpeJIO:lKH, H .I\OBO-


JIhHO IIHCaHÏH K'b IIOJIh3i1 HaM'h oCTaBH, H BeJlHKarO '!Y.I\OTBOp~a IIeTpa, MHTpOIIOJIHTa
BceH PyciH :lKHTie HalIHca, H IIOXBaJIaMH yxpaCH», dans KHuza CmeneHHaJ/ 14apCK:OZO
!Il. MHJIJIEP), '1. l, Moscou, 1775, p. 558.
POOOC/106W1, (H3.I\. fepap.I\
2. «KHnpiaH'b MHTpOIIOJIHT'b, pO.I\OM'b Cep6HH'b, BCHKaro JIlo6oMY.IlPÏH H pa3YMa
60)KeCTBeHHaro HCIIOJIHh, H BeJIhMH KHH)KeH'b H .I\yxOBeH'b 3MO ... H KHHrH CBoeIO
pyxOIO IIHcarne ... )~, dans PyCCK:aJ/ /lemonUCb no HUK:OH06)l cnuclQI, '1. V, Moscou, 1792,
p.2-3.
78 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

LES « TRADUCTIONS» DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

On attribue généralement au métropolite Cyprien la traduc-


tion en slavon de EÉchelle de saint Jean Climaque et des œuvres
de Denys l'Aréopagite!. Cependant, les études récentes semblent
s'accorder pour dire que Cyprien n'aurait pas traduit ces textes,
mais les aurait plutôt transcrits, c'est-à-dire recopiés à partir de
traductions déjà existantes2 •

L'Échelle de saint Jean Climaque.

Cyprien aurait terminé de recopier EÉchelle de saint Jean


Climaque (manuscrit nO 152 du fonds de l'Académie de théo-
logie de Moscou, maintenant à la Bibliothèque d'État de Russie
à Moscou3 ) au monastère stoudite de Constantinople le 24 avril
1387, si nous nous fions à l'inscription figurant au feuillet 279
dudit manuscrit. Or, nous avons vu que Cyprien s'y trouvait effec-
tivement jusqu'à son départ pour Kiev et Moscou le 1er octobre
1389.
À cette époque, le monastère stoudite possédait déjà une riche
bibliothèque de manuscrits slaves du fait que plusieurs moines
russes et bulgares y travaillaient à la traduction en slave de textes
grecs patristiques et liturgiques. Le patriarche Euthyme de Trnovo
avait lui-même séjourné et participé au Stoudion à cette entre-
prise de traduction4 •
La recherche actuelle s'accorde pour assurer qu'il s'agit bien
d'un manuscrit du métropolite Cyprien. Le bibliothécaire en chef
de la section des manuscrits de la Bibliothèque d'État de Russie,
L. P. Griazina, qui a procédé à la datation de ce manuscrit, a décou-
vert des filigranes de 1384, 1385 et 1386, ce qui vient confirmer

1. D. ÜBOLENSKY, «A philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and


ail Russia (1375-1406),), p. 96; fi. HBAHOB, «BMrapcKoTo KRH)KOBHO BJIHJIHHe B
pYCHJI rrpH MHTpOrrOJIHT KHrrpHaH (1375-1406) ,), H36ecmWlIla Hllcmumyma 3a B'b/IZapCKa
Aumepamypa, KR. 6, Sofia, 1958, p. 48-52; JI. A. AMHTPHEB, «POJIb H 3Ha'leHHe MHTpO-
rrOJIHTa KHrrpHaHa B HCTOpHH APeBHepyccKoH JIHTepaTypbI (K PyccKo-6oJIrapCKHM JIHTe-
paTypHbIM CB.lI3.lIM XIV - XV BB. ,), TOJ(PJl19 (1963), p. 223.
2. HBAHOB, «B'bJIrapCKOTo KHH)KOBHO BJIHJIHHe B PyCHJI rrpH MHTpOrrOJIHT KHrrpHaH
(1375-1406),), H36ecmWllla Hllcmumyma 3a B'b/IZapCKa Aumepamypa, KR. 6, p. 48 et 51.
3. Pour une brève description de ce manuscrit et une bibliographie, voir
r. H. B3AOPHOB, « POJIb CJIaB.lIHCKHX MOHaCTblpCKHX MaCTepCKHX rrHCbMa
KOHCTaHTHHOrrOJIJI H A<l>oHa B pa3BHTHH KRHrOrrHCaHHJI H xYA0)KeCTBeHHoro o<l>op-
MJIeHHJI pyCCKHX PYKOIIHceH Ha py6e)Ke XIV - XV BB.», TOJ(PJl23 (1968), p. 189.
4. HBAHOB, «B'bJIrapCKOTo KHH)KOBHO BJIHJIHHe B PyCHJI rrpH MHTpOrrOJIHT KHrrpHaH
(1375-1406),), H36ecmWllla HHcmumyma 3a B'b/IZapCKa Aumepamypa, KR. 6, p. 48.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 79

la date traditionnelle de 1387 pour sa rédaction!. De plus, l'ortho-


graphe de ce manuscrit n'est pas typiquement russe, mais reflète
ce que les philologues appellent «l'orthographe d'Euthyme», c'est-
à-dire les normes d'écriture de l'école de Trnovo 2 • Le principe de
cette réforme orthographique bulgare qui se développa au sein
de l'école de Trnovo était de revenir de plus près aux originaux
grecs, et par conséquent plus près des anciennes traductions du
vieux slave. Le patriarche Euthyme, auquel on attribue générale-
ment cette réforme orthographique, n'a fait que systématiser les
principes d'écriture qui étaient apparus à cette époque chez les
Slaves du Sud3 •
Ce fait renforce l'hypothèse de l'attribution de ce manuscrit au
métropolite Cyprien, puisque ce dernier, comme nous l'avons vu,
avait entretenu une relation étroite avec le patriarche Euthyme de
Trnovo depuis sa jeunesse. Cette « orthographe d'Euthyme» fut
justement propagée en Russie par le métropolite Cyprien et les
copistes qui travaillaient avec lui 4 •

Les œuvres de Denys l'Aréopagite.

La traduction slave des œuvres de Denys l'Aréopagite attribuée


au métropolite Cyprien (manuscrit nO 122 du fonds de l'Académie
de théologie de Moscou, maintenant à la Bibliothèque d'État de
Russie à Moscou) aurait été recopiée dans des circonstances ana-
logues à partir d'une traduction déjà existante faite en 1371 par
un moine athonite, Isaïe le Serbe, disciple de saint Grégoire le
Sinaïte et proche du patriarche Philothée5 . Néanmoins, la parti-

1. O. A. KHJl3EBCKAJI, E. B. qElIIKO, «PYX:OllHCH MHTpOnOJIHTa KHnpHllHa H


OTpIDKeHHe B HHX op!l>orpa!l>H'leCKOH pe!l>opMbI EB!l>HMHH TblPHOBCKoro», TbpH06CKa
KHU:JIC()6HarJl KO/W, t. II, Sofia, 1980, p. 283.
2. Ibid., p. 284. Voir les pages 284-290 pour les particularités de cette orthographe.
3. B. MOIIIHH, «0 nepHo,!\H3~H pyCCKO - IOJKHOCJIaBmICIrnX JIHTepaT)1lHbIX cBH3eH
X-XV BB.», TO,l(PJI 19 (1963), p. 96; 1. TALEv, (,Sorne problems of the second South
Slavic influence in Russia», Slavistische Beitriige, Band 67, Munich, 1973, p. 108. Voir
également A.-E. TACHIAOS, (,Le mouvement hésychaste pendant les dernières décen-
nies du XN' siècle», p. 119.
4. J. TALEv, (,Sorne problems of the second South Slavic influence in Russia»,
p.82.
5. MBAHOB, (,B'bJIrapCKOTo KHHXOBHO BJIHHHHe B PyCHH npH MHTpOnOJIHT KHnpHaH
(1375-1406)), H36ecmWl Ha HHcmumyma 3a BMzapcKa /lumepamypa, KH. 6, p. 51.
Ivanov reprend ici l'opinion de PA.l\'IEHKO, Pe.rzUzuo3Hoe U /lumepamYPHoe à6U:JICeHUe
6 BO/liiapUU, Kiev, 1898, p. 322; et de l'archimandrite Amphiloque : ApXHMaH.l\pHT
AM<I>HJIOXHfI, «qTO BHec CB. KHnpHaH, MHTj>onOJIHT KHeBcKHH H BceH POCCHH, a
nOTOM MOCKOBCKHH H BceH POCCHH, H3 CBoero pO,!\Haro Hape'lHH H H3 nepeBO,!\OB
ero BpeMeHH B HaIIIH BorocnyxeÔHbIJI KHHrH?», Tpyàbl III apxeO/lOZU'IeCKOZO C'be3àa 6
POCCUU, Kiev, 1878, t. II, p. 247. Sur le moine Isaïe, voir B. MOIIIHH, «0 nepHO,!\H-
3an;HH pycCKO - IOJKHOCJIaBHHCKHX JIHTepaTYPHbIX cBH3eH X-XV BB. », TOIIPJI 19 (1963).
80 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

cularité de ce manuscrit est qu'il contient des commentaires du


texte par le métropolite Cyprien, où ce dernier explique même
certains termes serbes, ce qui montre que, malgré la traduction
originale faite par un Serbe, le manuscrit de Cyprien était destiné
à un public russe!.
Toutefois, selon G. M. Prokhorov, le manuscrit conservé actuel-
lement ne serait pas un autographe de Cyprien, mais plutôt une
copie d'un manuscrit de celui-ci2 • Le chercheur s'appuie sans
doute sur les dernières études faites à ce sujet. En effet, l'étude
des filigranes menée par L. P. Griazina a permis de les dater
de 1440 et 1454, ce qui a permis d'établir que le présent manus-
crit a nécessairement été composé au milieu du xve siècle et, par
conséquent, ne peut avoir été écrit de la main de Cyprien 3 • De
plus, bien que ce manuscrit reflète quelque peu l'orthographe
d'Euthyme de Trnovo, il comporte de nombreux russismes, ce qui
laisse croire que nous sommes en présence d'une copie faite en
Russie d'un original perdu4 •
Ainsi, en ce qui concerne ces deux manuscrits bien connus,
Cyprien apparaît moins en qualité de traducteur que de copiste,
ayant en tête un but bien particulier, qui ne pouvait être que
pastoral si on tient compte du ministère qu'exerçait Cyprien au
moment de leur composition.
En effet, le choix de ces textes n'est pas aléatoire, si on prend
en considération le milieu hésychaste dont Cyprien faisait partie.
D'abord, EÉchelle de saint Jean Climaque avait inspiré saint
Grégoire le Sinaïte, le maître de Théodose de Trnovo qui avait
à son tour eu comme disciples, dans leur jeunesse, le patriarche

p. 86; A.-E TACHIAOS, (,Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du
XIV' siècle», p. 124-126; G. M. PROKHOROV, (,L'hésychasme et la pensée sociale en
Europe orientale au XIV' siècle», p. 40-41 [= r. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3allmWl 6 :moxy
KY/lUK06CKOU 6um6bl, T. HH, Saint-Pétersbourg, 2000 2 , p. 69-72].
1. JI. A. ,UMHTPHEB, (, POJIb H 3Ha'leHHe MHTpOrrOJIHTa KmIpHaHa B HCTOpHH ,ll;peBHe-
PYCCKOH JIHTepaTYPbI (K PyccKo-6oJIrapCKHM JIHTepaTypHbIM CBJl3J1M XIV ,- XV BB. »,
TOpPJl19 (1963), p. 224; A. H. K.n:HEAHOB, PeifiOpMaijUOlllloe à6U:J/Cellue 6 POCCUU 6 XIV
- nep60Ü nO/106Ulle XVI 6/1., Moscou, 1960, p. 326.
2. IIpOXOPOB, «KHIIPHAH», C/lO/1apb KIlU:J/CIlUKO/1 U KIlU:J/Cllocmu ppe61leÜ Pycu,
Leningrad, 1988, p. 471; r. M. IIpoxoPoB, (, ,UpeBHeHIIIaJl PYKOIIHCb C rrpOH3Be,ll;eHHJIMH
MHTporrO.JrnTa KmIpHaHa», IlaMJImllUKU KY/lbmypbl .- 1l0/1b!e omKpblmWl. IlUCbMeIlIlOCmb,
UCKYCcm/10, apxeO/lOZWl. E:J/CezoàlluK 1978, Leningrad, 1979, p. 23. L'archimandrite
Amphiloque avait déjà remarqué que l'écriture de ce manuscrit était différente de
celle de EÉchelle : ApxHMaII,IJ;PHT AMq,HJIOXHH, «qTO BHec CB. KHrrpHaH, MHTpOrrOJIHT
KHeBCKHH H BCeJl POCCHH, a rrOTOM MOCKOBCKHH li: BCeJl POCCHH, H3 CBoero pO,ll;Haro
Hape'IHJI H H3 rrepeBO,ll;OB ero BpeMeHH B HaIIIH BorocJI}')Ke6HhIJI KHHrH?», Tpyàbl III
apxeO/lOZU'IeCKOZO C'be3àa /1 Poccuu, Kiev, 1878, t. II, p. 247.
3. O. A. KHR:3EBCKAJI, E. B. qEIIIKO, «PYKorrHcH MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa H
OTp!UKeHHe B HHX opq,orpaq,H'leCKOH peq,opMbI EBq,HMHR: TblPHoBcKoro», Tl,pIlO/1CKa
KIlU:J/CO/1llaIII KO/la, t. II, Sofia, 1980, p. 284.
4. Ibid., p. 284.
L'œUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 81

Euthyme de Trnovo et le métropolite Cyprien!. Ensuite, les œuvres


de Denys l'Aréopagite étaient liées aux controverses hésychastes
avec Barlaam le Calabrais, qui les avait interprétées d'une façon
étroitement intellectualiste, ne retenant que l'aspect apopha-
tique de la totale transcendance de Dieu2 dans l'œuvre de saint
Grégoire Palamas; celui-ci avait bien compris, pourtant, et promu
l'antinomie entre l'inconnaissable et le connaissable de Dieu,
entre la théologie négative et positive établie bien avant lui par
Denys l'Aréopagite3 • Comme l'écrit A.-E. Tachiaos, <da traduc-
tion des œuvres du Pseudo-Aréopagite n'était que le préambule
indispensable à l'étude de l'œuvre du grand docteur hésychaste,
Palamas4 » •

LES LETTRES DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

En plus de son travail de copiste, le métropolite--E::yprien est


l'auteur de plusieurs lettres qui découlent de son activité pastorale.

Cinq lettres d'apologie.

Tout d'abord, il y a une série de quatre lettres liées, comme nous


l'avons vu plus haut, à la lutte de Cyprien pour son siège métro-
politain. La première fut écrite le 3 juin 1378, lorsqu'il était en
route vers Moscou pour entrer en possession de ses droits. Elle
est adressée à l'higoumène Serge de Radonège et à l'higoumène
Théodore de Simonovo. La deuxième, la plus longue, est adressée
aux mêmes correspondants et fut écrite le 23 juin 1378. Elle raconte
dans le détail tout ce que Cyprien a souffert à Moscou de la part
du grand prince. C'est une apologie de Cyprien qui exprime ses
droits comme métropolite de toute la Russie et accuse Mitiaj d'avoir
obtenu ces droits de manière illégale. Cyprien fait appel au canon
apostolique 76, au canon 32 du concile de Carthage et au canon 23
du concile d'Antioche interdisant aux évêques de nommer leur suc-
cesseur, et aux canons apostoliques 29 et 30 interdisant d'acheter
sa chirotonie ou de l'obtenir par l'intervention d'un prince. La
troisième est toujours adressée aux mêmes correspondants et fut

1. Archimandrite PLACIDE (Deseille), La Spiritualité orthodoxe et la Philocalie, Paris,


1997, p. 52-53.
2. Ibid., p. 53.
3.V. LOSSKY, A l'image et à la ressemblance de Dieu, Paris, 1967, p. 46.
4. A.-E. TACHIAOS, (, Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du
XIve siècle», p. 126.
82 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

rédigée le 18 octobre 1378, soit environ quatre mois après la ren-


contre avec le grand prince Dimitrij de Moscou. Cyprien y affirme
qu'il ne recherche ni gloire ni richesse, mais la métropole qui lui a
été confiée par la Grande Église de Constantinople. Enfin, la qua-
trième est adressée, d'après Dmitriev, à un homme plus proche que
Serge etThéodore auquel Cyprien s'adresse comme à un filsl. Elle
est destinée au « premier higoumène ». C'est dans cette lettre que
Cyprien annonce son départ prochain pour Constantinople. Selon
Prokhorov, cette lettre aurait été adressée à l'higoumène Théodore
de Simonovo en 1385-1386, avant son départ pour Constantinople,
comme nous l'avons vu plus haut2 •
Comme l'a remarqué L. Dmitriev, la première, la troisième et
la quatrième lettre sont écrites dans une langue simple, leur style
est celui d'un dialogue. Par contre, la deuxième a un style beau-
coup plus officiel, plus rhétorique. Elle a pour but de vaincre ses
ennemis à l'aide d'une argumentation canonique et de défendre
ses droits. Cette deuxième lettre montre les talents littéraires de
Cyprien, qui maîtrise bien la rhétorique 3 •
Ces quatre lettres avaient d'abord été publiées en 1860 dans la
revue IIpaBocJIaBHbIH c06eCe,Il;HHK sur la base d'un Pedalion (recueil
de canons) du monastère de Solovki daté de 1493 4 • La deuxième
avait été incluse dans le recueil de Pavlov sur les sources russes
anciennes du droit canonS. Récemment, Prokhorov a publié une
édition critique de ces lettres sur la base de manuscrits addition-
nels 6 • Ce dernier y a ajouté une cinquième lettre qu'il estime être
de Cyprien, datée de 1381, et qui serait adressée au grand prince
de Moscou Dimitrij Donskoj7.

Lettres pastorales.

En plus de ce corpus de lettres liées à la lutte de Cyprien pour


son siège métropolitain, il existe un corpus de lettres pastorales

1. JI. A. !1:MHTPHEB, «POJII, H 3Ha'feIrne MHTpOnOJIHTa KHnpHaHa B HCTOpIrn ,n;peBHe-


PycCKoii JIHTepaTYPhI (K PyccKo-6omapcKHM JIHTepaTYPHhIM CBJJ3jjM XIV - xv BB.) '>,
TOJ(PlI 19 (1963), p. 230.
2.Voir p. 62. r. M. IIpoxoPOB, l'ycb U BU3a/lmW/8 ,moX}' KyJlUK08CKOÜ 6um8b~ t. l, p. 363.
3. n. A. !1:MHTPHEB, (,nHTepaTYPHO-KHH:lKHaR ,n;eJJTeJIhHOCTh MHTpOnOJIHTa KHnpHaHa
H Tpa,n;HIJ;lŒ BeJIHKOThlPHOBCKOii KIrnlKHoii IllKOJIhI », T'bp/108CKa K/lUJ/C08/1aI11 KOJla, t. II,
Sofia, 1980, p. 65.
4. A. C. IIABJIOB, (, IIocJIaHHjj BcepoccHiicKaro MHTpOnOJIHTa KHnpHaHa, ,n;oceJIe eI1le
He H3,n;aHHhN'>, IIC2 (1860), p. 75-106.
5. IIABJIOB, Ka/lO/lU'leCKUe na.MJIm/lUKU, col. 173-186.
6. (,IIocJIaHHl! MHTpOnOJIHTa KHnpHaHa,>, r. M. IIpoxoPoB, PyCb U BU3a/lmW/ 83noX)'
KyJlUK08CKOÜ 6um6bl, t. l, p. 392-414.
7. r. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3a/lmW/ 6 3noxy KyJlUK06CKOÜ 6um6bl, t. l, p. 395-396,
411-413.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 83

de caractère liturgico-canonique. Celles-ci ont été publiées par


Pavlov dans le recueil mentionné ci-dessus l . Parmi celles-ci, nous
trouvons une charte datée du 29 août 1392, destinée à l'arche-
vêque Jean de Novgorod, concernant le tribunal métropolitain.
Une autre est destinée à Pskov, concernant le même sujet et datée
du 12 mai 1395. Une troisième sur le même sujet, datée également
du 12 mai 1395, est adressée aux mêmes habitants de Pskov, et
annule la charte qui leur avait été donnée par l'évêque Denys de
Souzdal. Une autre charte, datée du 14 juin 1404, concerne une
adoption faite par une certaine veuve Théodosie.
Nous trouvons également un enseignement adressé au clergé de
Novgorod sur les offices liturgiques, daté de 1395. Dans ce texte
sur lequel nous aurons l'occasion de revenir dans la deuxième
partie de notre étude, le métropolite Cyprien parle, entre autres,
des jours où est célébrée la liturgie de saint Basile et des jours
où est célébrée la liturgie de saint Jean Chrysostome en ce qui
concerne la période du Triode et des solennités de la Nativité du
Christ et de la Théophanie. Un autre enseignemeiî1) adressé au
clergé de Pskov après 1395, traite de questions liturgiques simi-
laires, se préoccupant davantage de la communion.
Enfin, les Réponses à l'higoumène Athanase (Vysotsky) concernent
toute une série de questions d'ordre liturgique sur lesquelles nous
aurons à revenir dans la deuxième partie de notre étude. TI y est
entre autres question de la pratique de la communion, du jeûne,
des offices pour les défunts, de la célébration de la Divine Liturgie,
du nombre de prières du lucernaire et des matutinales - des ques-
tions qui intéressaient les célébrants ~ une époque de réforme
liturgique. Par exemple, il est intéressant de noter qu'au sujet de la
commémoration des défunts pendant le Carême, Cyprien répond
qu'il ne faut pas célébrer de liturgie des défunts ni de pannychide
en semaine du fait qu'on les commémore le vendredi soir et le
samedi matin, à l'exception des cinquième et sixième samedis du
Carême. 1. Mansvetov avait déjà souligné que cette dernière règle
s'accorde avec les typika de rédaction hiérosolyrnitaine. Comme
hésychaste, Cyprien interdit également aux moines prêtres de
célébrer les mariages, voulant ainsi éloigner les moines des choses
du monde 2 •
Contrairement à l'éditeur Pavlov qui estimait que ces réponses
avaient été rédigées entre 1390 et 1405 3 , Prokhorov estime qu'elles

1. IIABJIOB, KaIlOIlU'leCKUe nll.MJlmllUKU, col. 229-270.


2. MAHCBETOB, MumponoAum Kunpuall, p. 114-131.
3. C'est aussi l'opinion de : C. illEBhIPEB, «IIpaBHlIa MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa», Ile
2 (1865), p. 14. Cet article passe en revue ces Réponses aux pages 18-33. L'auteur
montre l'influence de ces Réponses sur la tradition liturgico-canonique de l'Église
russe, en soulignant que plusieurs d'entre elles ont été reprises par le concile des Cent
84 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

furent plutôt rédigées pendant le premier séjour du métropolite


Cyprien à Moscou, en 13811.

LES ŒUVRES BIOGRAPHIQUES DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

~ La Vie du saint métropolite Pierre.


ct
d L' œuvre majeure du métropolite Cyprien est sans aucun doute
F la Vie qu'il a rédigée de l'un de ses prédécesseurs -le métropolite
d Pierre. Cette Vie du saint métropolite Pierre a d'ailleurs fait l'objet
n de nombreuses recherches 2 • Comme nous l'avons vu plus haut,
u elle a été sans doute composée durant la première période mos-
h covite du métropolite Cyprien, entre mai 1381 et octobre 1382.
o L'année 1381 comme date de la rédaction de cette Vie a d'abord
C été avancée par S. Chevyrev3, puis reprise par V. Kiselkov4 et
L. Dmitriev s. Cependant, d'autres philologues, comme 1. Talev,
estiment qu'elle fut rédigée par Cyprien à la fin de sa vie,
el entre 1397 et 14046 • Outre la Vie, Cyprien composa également
p un encomium et une acolouthie avec un canon au saint hiérarque.
d Les études faites sur la Vie du saint métropolite Pierre s'accordent
C généralement pour conclure que le métropolite Cyprien n'en est
el pas l'auteur originel. Il a existé une Vie du saint rédigée anté-
L rieurement et qui a servi de base à la rédaction de cette Vie pal
p Cyprien. Le prototype dont se serait servi Cyprien a été attribu(
d à l'évêque Prochore de Rostov et aurait été composé en 13277 • Ct
l'; texte a été publié par le métropolite Macaire (Boulgakov) dan:
cl son Histoire de l'Église russe8.
cl
:c Chapitres (Stoglav, 1551) et incluses dans le Trebnik du métropolite de Kiev Pierr
s~
Moghila (voir ibid., p. 34).
dl 1. f. M. IIpoxoPoB, «KIrnPHaH», Cno6apb IŒUJ/CHUK06 U KHUJ/CHocmu ,ape6Heü PyCI
lil Leningrad, 1988, p. 466; IlABJJOB, KaHOHU'leCKUe naMJImHUKU, col. 243-270.
l' ~ 2. Une étude récente est celle de C. G. JGNATIEW, Zitie Pëtra des Metropoliu
Kiprian. Eine Untersuchung zu Form und Stil russicher Heiligenleben, Wiesbaden, 1976
3. CT. IIlEBhIPEB, HcmopUJI PYCCKOÜ CJl06eCHOcmu, '1. 3, Saint-Pétersbourg, 188'
p.88.
an 4. B. CJJ. KHCEJJKOB, IlpayKu U O'lepmu no cmapo6MzapcKa Aumepamypa, p. 228.
toi 5. AMHTPHEB, «POJJh H 3Ha'leHHe MHTpOIlOJJHTa KIrnpHaHa B HCTOpHH ApeBHepyccKc
A JJHTepaTYphl (K PyccKo-6oJJrapcKHM JJHTepaTYpHhIM CBJl3J1M XIV - XV BB, », TO,aPlll
(1963), p. 251.
CIl 6. J. TALEV, «Sorne problems of the second South Slavic influence in Russia
(f p.85,
7. Voir B. A. KY'lKHH, «CKa3aHHe 0 CMepTH MHTpOIlOJJHTa IIeTpa», TO,aPllI8 (196:
p.59-79.
8. MHTpOIlOJJHT MAKAPHfI (ByJJraKoB), HcmopUJI PyCCKOÜ .QepK6u, t. III, MOSCG
1995, p. 414-417 [Appendice au t. IV de la première édition].
-
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 85

Toutefois, Cyprien a retravaillé ce prototype, retenant les don-


nées biographiques et les enrichissant de détails supplémentaires,
pour en faire une œuvre nouvelle. Une forme de cette Vie du saint
métropolite Pierre, dans la rédaction du métropolite Cyprien, a été
insérée dans le Livre des degrés (CmenemUl.fl KHuza) dont nous pos-
sédons une édition relativement ancienne!. Elle a été également
reprise dans le Grand Synaxaire russe (Be/lUKUU fJembu-MuHeu),
décrivant la vie des saints pour tous les jours de l'année.
Plus récemment, l'historien G. M. Prokhorov a découvert un
manuscrit plus ancien de cette rédaction de la Vie. Dans une
étude de 1979, Prokhorov signale la présence de cette Vie du
métropolite Pierre, dans la rédaction de Cyprien, dans une ménée
manuscrite, offerte en 1966 à la Bibliothèque nationale scientifique
V. G. Korolenko de la ville de Kharkov en Ukraine 2 • Cette version
manuscrite de la Vie du saint métropolite Pierre a été publiée par la
suite par Prokhorov3 •
L. A. Dmitriev attire notre attention sur deux r~ctions de
Cyprien de la Vie du métropolite Pierre. La rédaction de la Vie
dans le Grand Synaxaire russe est différente de celle du manus-
crit de Kharkov (publiée par Prokhorov) et dans le Livre des
degrés. L'état de la question, comme le remarque Dmitriev, ne
permet pas d'établir laquelle de ces deux versions est antérieure
à l'autre 4 •
La Vie du métropolite Pierre, retravaillée par le métropolite
Cyprien, apparaît ainsi, si l'on s'en tient aux propos de l'historien
Kliuchevskij, comme la première Vie russe ayant atteint un plein
développement quant à son style artistiques. D'ailleurs, comme
le remarque L. A. Dmitriev, le prototype de la Vie du métropolite
Pierre avait été rédigé sans aucun art, de manière assez sèche, se
limitant aux simples données biographiques de la vie du saint,
alors que la Vie écrite par le métropolite Cyprien montre un
grand talent et art littéraire6 .

1. KHuza CmeneHHIJJI1{apCKOZo POàOC/106W1, IICPJI, t. XXI, 1,e partie, Saint-Pétersbourg,


1863, p. 321-332.
2. r. M. IIpoxoPoB, «,!l;peBHeimlaH PYK0nHCI, C rrpOH3Be,ll;eHIDIMH MHTpOrrOJIHTa
KHrrpHaHa,), IIQMJImHuKu K)'AbmYPbl : H06b/e omKpblmUJ/. IIucbMeHHocmb, UCK)'CCm60,
apxeOA02UJ/. E3/CezoàHUK 1978, Leningrad, 1979, p. 17-30.
3. (,)Kn:THe MHTpOrrOJIHTa IIeTpa», r. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ/ 6 3noxy
KyAUK06CKOU 6um6bl, t. l, p. 415-437.
4. JI. A. ,!l;MHTPHEB, «JIHTepaTypHo-KHIDKHaJl ,ll;eJlTeJiI,HOCTI, MHTpOrrOJIHTa IûmpHaHa
H Tp~ BeJIHKOThlPHOBCKOH KHIDKHOH IIIKOJIhI», Tr,pHo6cKa KHU3/C06HaIII KOAa, t. II,
Sofia, 1980, p. 70.
5. B. O. IUIIOQEBCKHH, J(pe6HepyccKue 3/CumUJ/ C6Jlmb1X KaK ucmOpU'IeCKUU UCmO'lHUK,
Moscou, 1871, p. 84-85.
6. ,!l;MHTPHEB, «POJII, H 3HaQeHHe MHTpOrrOJIHTa lûmpHaHa B HCTOpHH ,ll;peBHepyccKoH
JIHTepaTYPhI (K pyccKo-ôonrapcKHM JIHTepaTYPHI,IM CBJl3J!M XIV - XV BB. '), TOJ(PJI 19
(1963), p. 252.
86 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

L'art avec lequel le métropolite Cyprien a remanié la Vie


du métropolite Pierre s'inscrit dans ce que Dmitriev appelle
<da tradition de l'école de Trnovo l ». Ce qui la caractérise, ce
sont les jeux de mots, <de tressage de mots» selon l'expres-
sion de Dmitriev2 , par lesquels Cyprien s'amuse à utiliser à la
suite des mots issus de la même racine 3 • Ces caractéristiques
stylistiques sont reprises dans l'Encomium à Pierre, découvert
et attribué à Cyprien par N. Doncheva-Panayotova en 1973.
Cela montre une fois de plus le lien étroit unissant le métro-
polite Cyprien et l'école de Trnovo, dont le grand maître fut
le patriarche Euthyme qui, avec Cyprien, avait été dans sa
jeunesse disciple de Théodose de Trnovo au monastère de
Kilifarevo 4 • N. Doncheva-Panayotova voit dans le style litté-
raire de cette école un reflet de la théologie hésychaste, dont
la quête de la communion à la vie divine s'effectuait non seu-
lement à travers la matière et les révélations, mais aussi par
la pensée. Cela expliquerait, selon elle, toute l'attention qu'ont
portée les écrivains hésychastes, tels Euthyme, Cyprien, ou
encore les patriarches Calliste et Philothée, à écrire avec art,
en embellissant la langue et en soignant le style, car la parole
écrite était également, à leurs yeux, une voie de communion
avec Dieu 5 . Concernant la relation entre la Vie et l'Encomium à
Pierre, Dmitriev et Doncheva-Panayotova nous indiquent que
ce dernier document reprend intégralement plusieurs parties
de la Vie du métropolite Pierré.

1. n. A. ;IJ;MHTPHEB, «nHTepaTYPHO-KHlüKHal! ,IJ;eJ!TeJIbHOCTb MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa


H Tpa,IJ;H~HH BeJIHKOTblpHOBCKOH KHH:lKHOH lllKOJIbl), T'bpIl06CKa KIIU:HC06I1a lllKOAa, t. II,
Sofia, 1980, p. 66.
2. «IIJIeTeHHl! CJIOBeC» (ibid., p. 66).
3. Dmitriev donne plusieurs exemples dans son article. Ibid., p. 66.
4. Doncheva-Panayotova a beaucoup publié à ce sujet: H. ;IJ;oHqEBA-IIAHAHoToBA,
«T'bpHOBCKaTa KHH:lKOBHa lllKOJIa H PycmI B Kpal! XIV H HaqaJIOTO Ha XV B. KHrrpHaH
H fPHroPHll IJ;aM6JIaK», ABTOpe<p. Ha ,IJ;HC. 3a rrpHC'b)!{,ll;aHHe Ha Hayq. CT. KaH)l;. Ha
<pHJIOJI. H. Trnovo, 1974; H. ;IJ;o~EBA-IIAHAHOTOBA, «HeH3BecTHo 'IIoxsaJIHO CJIOBO 3a
IIeT'bp' OT KHIlPHaH», JIumepamYPlla MUC'bIl, KH. 1, Sofia, 1975, p. 98-101; H. ;IJ;OHqEBA-
IlAHAnOTOBA, «'IIoXBaJIHO CJIOBO 3a MHTpOrrOJIHT IIeT'bp' OT KHrrpHaH KaTO JIHTepa-
TYPHO-XY,IJ;o«eCTBeHa TBOp6a», Cmapo6MzapcKa Aumepamypa, KH. 2, Sofia, 1976;
H. ;IJ;oHqEBA-IIAHAHOTOBA, «KHrrpHaHoBoTo 'IIoXBaJIHO CJIOBO 3a IIeT'bp' B 60JIrapCKa
H pycKaTa rraHernpnqHa Tpa,IJ;H~Hl!», E3UK U Aumepamypa, KH. 2, Sofia, 1977, p. 30-43;
H. ;IJ;OHqEBA-IlAHAI10TOBA, Kunpuall cmapo6MzapcKu u cmapopycKU KIIU:HC06I1UK, Sofia,
1981. Voir n. A. ;IJ;MHTPHEB, «nHTepaTYPHo-KHH:lKlIal! ,IJ;el!TeJIbHOCTb MHTpOrrOJIHTa
KHrrpHaHa H Tpa,IJ;H~ BeJIHKOTbIpHOBCKOH KHH:lKIIOH lllKOJIbl», T'bpII06CKa KIIU:HC06I1a
lllKOAa, t. II, Sofia, 1980, p. 66, 68-69.
5. H. ;IJ;oHqEBA-IIAHAROTOBA, «IJ;HKJI rrpOH3Be,IJ;eHRJ! 3a MHTpOrrOJIHT IIeT'bp OT
KHrrpHaH», T'bpII06CKa KIIU:HC06I1a lllKOAa, t. II, Sofia, 1980, p. 153.
6. n. A. ;IJ;MHTPHEB, «nHTepaTYpHO-KHH:lKIIaJI ,IJ;el!TeJIbHOCTb MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa
H TpaAH~HH BeJIHKOTblPHOBCKOH KHH:lKHOH lllKOJIbI», T'bpIl06CKa KIIU:HC06I1a lllKOAa, t. II,
Sofia, 1980, p. 67. N. Doncheva-Panayotova fait quelques comparaisons dans son
L'œUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 87

Nous avons déjà relevé que cette œuvre est un texte hagiogra-
phique avec de nombreux reflets autobiographiques. En effet, à
côté des renseignements biographiques sur le saint hiérarque,
la rédaction par Cyprien de la Vie du métropolite Pierre nous
donne des renseignements sur le métropolite Cyprien lui-même
et ses ennuis, comme, par exemple, une allusion à la montée
rapide et illicite de Mitiaj sur le siège métropolitain 1.
Cette dernière partie2 présente la situation politique de Byzance
et de la Russie à l'époque, et plus particulièrement les relations
entre la métropole de Kiev et le patriarcat œcuménique3 ,leur
situation et la querelle hésychaste. En effet, le métropolite Cyprien
commence par rappeler que trois ans après avoir tenté de gagner
son siège métropolitain (à Moscou), il se rendit à Constantinople
(où nous savons qu'il arriva en hiver 1379-1380). À cette époque,
le patriarche Philothée, qu'il qualifie de «bienheureux», d'«homme
saint, et grand, et extraordinaire par ses actions et ses paroles », se
trouvait en exil, exil dû à l'empereur et à ses «mauvaispropos et
calomnies4 ». Il fait état de la lutte que Philothée avait menée contre
«l'hérésie d'Akindinos et de Barlaam» et «l'hérétique Grégoras»
(il s'agit de Nicéphore Grégoras S), ce qui confirme une fois de
plus l'appartenance incontestable du métropolite Cyprien au
parti hésychaste. Cyprien rappelle que Philothée fut remplacé par

article: H. ,!l;OHqEBA-IIAHAnOTOBA, «I.J;HKJI rrpOH3Bep;eHlli! 3a MHTpOrrOJIHT IIeThp OT


KHrrpHaH», TbpH06CKa KHUJ/C06Ha IIIKO/Ia, t. II, Sofia, 1980, p. 148-150.
1. Par exemple, en parlant de la longue formation monastique de Pierre, Cyprien
fait allusion à la tonsure monastique et à l'accession immédiate de Mitiaj sur le trône
métropolitain en disant : «li ne convenait pas à un tel homme de siéger sur le trône
d'enseignant sans avoir auparavant gravi tous les échelons» (()K}rrne MHTpOrrOJIHTa
IIeTpa», r. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ! 6 3noxy KYAUK06CKOU 6um6bl, t. I, p. 420).
Voir ,!l;MHTPHEB, «POJIb H 3HaqeHHe MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa B HCTOpHH p;peBHepyccKoH
JIHTepaTypbI (K PyccKo-6oJIrapcKHM JIHTepaTYPHbIM CBl!3HM XIV - XV BB. », TOJ(PJI 19
(1963), p. 243.
2. Elle commence par: «À cela j'ajouterai moi-même un petit récit profitable à
l'âme ... (K ceMY xœ H a3 Marry HeKYIO P;YIIIerrOJIe3HYIO rrOBeCTb rrpHJIOxcy ... ) » (()K}rTHe
MHTpOrrOJIHTa IIeTpa», r. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ! 6 3noxy KyAUK06CKOU 6um6bl,
t. I, p. 434-437).
3.Voir à ce sujet 4>. B. IIOJIl!KOB, «B3aHMooTHoIIIeHIDI KOHcTaHTHHOrrOJIbCKHX
rraTpHapXOB C KHeBcKoH MHTpOrrOJIHeH B ")K}rTHH IIeTpa, apXHerrHCKorra KHeBcKaro"
MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa», Byzantinoslavica 51 (1990), p. 27-39.
4. «)KHTHe MHTpOrrOJIHTa IIeTpa», r. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ! 6 3noxy
KyAUK06CKOU 6um6bl, t. I, p. 435. li est intéressant de signaler que les historiens connais-
sent les causes de l'exil de Philothée grâce au témoignage de Cyprien. Voir DARROUZÈS,
Regestes, nO 2681, vol. I, fasc. V, p. 563.
5. Ibid., p. 435. 4>. B. IIOJIl!KOB, «B3aHMooTHoIIIeHIDI KOHCTaHTHHOrrOJIbCKHX
rraTpHapXOB C KHeBcKoH MHTpOrrOJIHeH B ")K}rrnH IIeTpa, apXHeIIHCKorra KHeBcKaro"
MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa», Byzantinoslavica 51 (1990), p. 38. Au sujet de la lutte de
Philothée contre ces hérétiques, voir J. MEYENDORFF, Introduction à l'étude de Grégoire
Palamas, p. 405 et 414.
88 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Macaire qu'il qualifie d'«insensé et privé de toute intelligence! ».


Cyprien fait alors état d'une maladie dont il eut à souffrir lors de
son séjour de treize mois à Constantinople, et de la prière qu'il
fit au saint métropolite Pierre : « Serviteur de Dieu ayant plu au
Sauveur! Je sais que tu as une grande audace auprès de Dieu et
que tu peux venir en aide aux malheureux et aux malades lorsque
tu le veux. Et s'il te complaît que je me rende jusqu'à ton siège et
me prosterne devant ta tombe, donne-[moi] le secours et l'apai-
sement de [ma] maladie 2 .» C'est alors que Cyprien nous dit qu'il
fut immédiatement guéri de sa maladie et qu'il put se rendre à
Moscou où il fut enfin accueilli avec joie et tout l'honneur qui lui
revenait par le grand prince Dimitrij. Il y voit un miracle et estime
que tout cela a été rendu possible grâce à l'intercession du saint à
qui il adresse sa louange. Ainsi donc, la partie autobiographique
se termine par les événements de 1381, ce qui a permis aux his-
toriens de dater la rédaction de la Vie du métropolite Pierre par le
métropolite Cyprien.
Le manuscrit de Kharkov est intéressant sur plusieurs points,
tant historiques que paléographiques, qui nous permettent de
confirmer la date de la rédaction de la Vie. Tout d'abord, le
manuscrit comprend, au verso du folio 251, une inscription du
XVI-Xvne siècle faisant référence au prince Constantin d'Os-
trog (1526-1608), grand défenseur de l'Orthodoxie à l'époque
où l'Église orthodoxe en Ukraine faisait face à l'Union de Brest
(1596). Cela attesterait donc la présence du manuscrit de Kharkov
en Ukraine depuis au moins cette époque et son appartenance au
prince Constantin d'Ostrog ou à son entourage.
De plus, la Vie du métropolite Pierre se trouve insérée à l'aco-
louthie du saint après la 6e ode du canon des matines, comme de
coutume à Byzance et dans les Balkans, et contrairement à l'usage
en Russie 3 . Cela pourrait facilement s'expliquer par les origines
balkaniques de Cyprien et sa culture byzantine. Toute cette partie,
incluant l'acolouthie et la Vie, a été écrite de la main du même
scribe, le troisième de trois dans l'ordre selon lequel les ~critures
apparaissent dans le manuscrit, et elle est collée au reste de la
Ménée.

1. (,./KHrHe MHTpOrrOJIHTa ITeTpa,), f. M. ITpOXOPOB, PyCb U BU3aHmWl B 3noxy


KYIIUKOBCKOÜ 6umBbl, t. l, p. 435.
2. (<Pa6e Eo)KH:\!: H yroAHH'le CrracoB! BeM, Jl:KO AP"h3"hHOBeHHe BeJIHe HMeeIllH K"h
Eory H MO)!{eIllH HarraCT}'eMbIM H 6oJIHl>IM rrOMOm;H, HAe )!{e am;e XOm;eIllH. M am;e y60
yrOiJ;bHO eCTb Te6e TBoero MH rrpeCTOJIa AOHTH H rpo6y TBOeMY rrOKJIOHHTHCJl:, AaR )!{e
rrOMOm;b H 60JIe3HH 06JIerqeHHe,) (,./KHrHe MHTpOrrOJIHTa ITeTpa'), ibid., p. 436).
3. f. M. ITpOXOPOB, (,,!1;peBHeRillu PYKOrrHCb C rrpOH3BeAeHHJl:MH MHTPorrOJIHTa
KnrrpHaHa'), IIa.MJImHuKu K)'lIbmYPbl : HOBble omKpblmWl. IIuCbMeHHocmb, uCK)'ccmBO,
apxeOIlO'WI. E:HCe,oàHUK 1978, Leningrad, 1979, p. 23; <1>. f. CIlACCKHH, PyccKoe lIumyp-
,U'IeCKOe mBOp'leCmBO, Paris, 1951, p. 177.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 89

Dans ce manuscrit, la partie autobiographique est mise en


retrait du restant du texte par une série de virgules dans la marge,
devant chaque ligne de cette partie. Or, ce type de virgule est aussi
utilisé pour différencier le commentaire du texte de Denys l'Aréo-
pagite dans le manuscrit n° 144 du fonds de l'Académie de théo-
logie de Moscou de la Bibliothèque d'État de Russie à Moscou.
Nous avons signalé plus haut que, alors que ce manuscrit fut
considéré pendant longtemps comme un autographe de Cyprien,
il s'agit plutôt d'une copie d'un manuscrit de Cyprien!. De plus,
on trouve dans ce manuscrit des croix en marge devant le titre
de la Vie (verso du folio 128). Or, prenant en compte. EÉchelle
que le métropolite Cyprien avait recopiée au Stoudion (manus-
crit nO 152 du fonds de l'Académie de théologie de Moscou de
la Bibliothèque d'État de Russie à Moscou), nous savons que ce
dernier avait coutume de mettre des croix dans la marge devant
les titres 2 • Or cette pratique est attestée dans le manuscnt de
Kharkov non seulement par le troisième copiste, mais aussi par
le deuxième. Tous ces indices pourraient permettre d'attribuer les
parties de cette Ménée à des copistes de l'entourage de Cyprien
qui connaissaient bien ses habitudes d'écriture, voire d'identifier
le troisième copiste à Cyprien lui-même.
Dans le même manuscrit, depuis le verso du folio 288 jusqu'au
verso du folio 289, pour l'acolouthie des grandes heures de la
paramonie de la Nativité du Christ (24 décembre), nous trou-
vons de nouveau, à la neuvième heure, des croix marginales pour
le texte des vœux de nombreuses années, précédant la stichère
pour «Et maintenant). L'écriture de cette partie du manuscrit
correspond à celle du deuxième copiste. D'après l'ordo qui y
est décrit, on souhaite d'abord de nombreuses années à «leur
règne puissant et sainu, faisant ainsi référence à l'empereur,
puis au patriarche de Constantinople, puis aux princes russes et
au «métropolite de Kiev et de toute la Russie ). Comme le fait
remarquer Prokhorov, ce titre correspond exactement à celui du
métropolite Cyprien et diffère du titre du métropolite Pimène, à
la tête de la métropole de 1382 à 1389, qui était appelé «métro-
polite de Kiev et de Grande Russie ), ou encore «métropolite
de Moscou 3 ). Or, nous avons dit plus haut que Cyprien tenait
beaucoup à la commémoration de l'empereur et du patriarche,
et avait entre autres réussi, en 1395, à inclure dans les dypti-
ques le nom des empereurs byzantins, malgré J'opposition du

1. Voir p. 80. f. M. IIpOXOPOB, (, ,Il;peBHemmul PYKOIIHCh C rrp01l3Be)J;eHIDlMH MlITporro-


JIlITa KHrrplIaHa )), IlllMJlmHuKu Ky/lbmYPbl : H06ble omKpblmUJ/. IlucbMeHHocmb, UCKyCCm60,
apxeo/lozUJ/. E:HCeZOOHUK 1978, Leningrad, 1979, p. 23.
2. Ibid., p. 23.
3. Ibid., p. 25.
90 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

prince Basile 1er • Il en avait également fait mention dans sa lettre


au clergé de Pskov, où il parle du « Synodikon juste, véritable,
qui est lu à Constantinople, à Sainte-Sophie, au patriarcat »,
prescrivant « comment les empereurs orthodoxes doivent être
commémorés, ainsi que les grands princes, dHunts et vivants,
comme nous les commémorons ici à la métropole! ». Comme
le pense Prokhorov, si Cyprien insiste tant sur la commémora-
tion de l'empereur et du patriarche, c'est sans doute pour com-
battre une nouvelle pratique qui avait supprimé leur commémo-
ration. Prokhorov avance qu'une telle nouvelle pratique s'était
répandue lorsque la Russie était aux prises avec la Horde d'Or,
entre 1374 et 1382 2 •
Il convient maintenant de résumer plusieurs points. Si la Vie
du métropolite Pierre a été rédigée en 1381 et que celle-ci, dans
le plus ancien manuscrit connu, est incluse dans l'acolouthie en
l'honneur du saint hiérarque, cela semble montrer que l'aco-
louthie a également été écrite à la même époque. De plus, le
manuscrit de Kharkov, qui a plusieurs traits paléographiques
caractéristiques des manuscrits de Cyprien, semble montrer
qu'elle provient du moins de son entourage. Enfin, les vœux
pour de nombreuses années dans l'acolouthie des grandes
heures du 24 décembre semblent défendre une pratique tom-
bant en désuétude à la même époque, en raison des pressions
politiques. Tous ces indices ont permis à G. M. Prokhorov de
formuler l'hypothèse suivante.
Selon lui, la Vie et l'acolouthie furent composées en 1381. Ainsi,
l'office du 21 décembre 1381 célébré auprès des reliques du saint
métropolite Pierre dans la cathédrale de la Dormition de Moscou,
a dû comporter une acolouthie contenue dans un prototype de
la Ménée de Kharkov, ou bien celle contenue dans la Ménée de
Kharkov elle-même. Lorsque Cyprien fut exilé et dut quitter
Moscou en 1382, il prit cette Ménée avec lui à Kiev. N'ayant pas
la nécessité de l'emporter lors de ses voyages à Constantinople (en
1386-1387 et 1388-1389), cette Ménée resta en Ukraipe, et c'est
ainsi qu'elle tomba entre les mains du prince Constantin d'Ostrog
ou de son entourage au XVIe siècle et qu'elle finit par arriver à la
bibliothèque de Kharkov. Prokhorov estime donc pouvoir dater
cette ménée manuscrite des années 13803 .
L'hypothèse de Prokhorov concernant la Ménée manuscrite
de Kharkov (et par conséquent la Vie et l'acolouthie du saint

1. Voir p. 68-69. IIABnoB, KaHOHU1IeCKUe nQ.MJImHUKU, col. 239.


2. r. M. IIpoxoPoB, ('ApeBHe:ii:IIHil! PYKOIlliCh C npOH3Be,l\eHIDIMH MIITpOIIOJIHTa
KHnpHaHa», llaMJImHUKU K)'AbmYPbl : HOlible omKpblmWl. llUCbMeHHOCmb, UCK)'ccmIiO,
apxeOAOZWl. EJ/CezooHuK 19.78, Leningrad, 1979, p. 24.
3. Ibid., p. 26.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 91

métropolite Pierre) peut s'avérer fondamentale pour la data-


tion de la réforme liturgique du métropolite Cyprien. En effet,
nous remarquerons en premier lieu que l'acolouthie du saint
métropolite Pierre suit le Typikon sabaïte, comme d'ailleurs
l'ensemble de la Ménée de Kharkov, si l'on en juge par l'office
développé pour la fête de saint Sabas le 6 décembre (folios 15
verso à 26 verso) et par la mention d'une agrypnie (une des
caractéristiques du Typikon sabaïte, comme nous le verrons
plus tard) au folio 147 1 • Or, le 21 décembre 1381, le métro-
polite Cyprien n'aurait pas pu célébrer un office sabaïte dans
la cathédrale de la Dormition à Moscou s'il n'avait pas entamé
auparavant sa réforme liturgique, ayant mis fin aux usages du
Typikon de la Grande Église et du Typikon d'Alexis le Stoudite.
Cela apparaît plus clairement encore avec la présence dans
cette Ménée de Kharkov des grandes heures pour la paramonie
de la Nativité du Christ le 24 décembre, acolouthie qui n'exis-
tait ni dans le Typikon de la Grande Église ni dans le Typikon
d'Alexis le Stoudite2 • Ainsi, l'intitulé «Acolouthie de la célébra-
tion des heures pour les fêtes du Seigneur avant le jour de la
Nativité du Christ. Ainsi nous avons reçu de [les] chanter dans
la très sainte Grande Église de la Sagesse divine» (folio 176
du manuscrit de Kharkov 3 ) fait référence aux usages palesti-
niens (sabaïtes) introduits à Constantinople, canonisés par le
patriarche Philothée, puis introduits en Russie par le métropo-
lite Cyprien lors de sa réforme liturgique.
Sur la base de l'hypothèse _de Prokhorov, neus nous permet-
tons d'avancer à notre tour l'hypothèse selon laquelle le métro-
polite Cyprien aurait inauguré sa réforme liturgique lors de son
premier séjour à Moscou, en l'an 1381. Cette nouvelle hypo-
thèse vient rejoindre la datation faite par le même Prokhorov
des Réponses à l'higoumène Athanase, qu'il estime avoir été rédi-
gées en cette même année 1381, comme nous l'avons dit plus
haut. En effet, l'higoumène Athanase Vysotskij aurait quitté
la Russie du Nord avec le métropolite Cyprien en 1382 4 . La
rédaction de ces Réponses pourrait donc s'expliquer ainsi: la
réforme liturgique inaugurée par le métropolite en 1381 sou-
leva un certain nombre de questions chez l'higoumène du
fameux monastère «sur la hauteur» (na Vyssokom), fondé par
saint Serge en 1374 à Serpoukhov, et qui fut, quelques années

1. Voir la description du manuscrit par Prokhorov: ibid., p. 27-28.


2. En effet, ni le Typikon de la Grande Église, ni le Typikon d'Alexis le Stoudite ne
mentionne d'acolouthie pareille à la date considérée.
3. Ibid., p. 28.
4. Voir p. 60. I1POXOPOB, « KHIIPHaH », CiIOBapb K/JUJ/C/JUKOB U K/JUJ/C/Jocmu ,apeB/Jeu
Pycu, Leningrad, 1988, p. 466.
92 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

plus tard, le rédacteur du premier Typikon sabaïte russe, inti-


tulé IXEil de l'Église (Oko Tserkovnoe), que l'on date habituelle-
ment de 14011.

Le Récit sur Mitia;.

Le Récit sur Mitiaj (Poviest 0 Mitiaje) est un autre document


dont G. M. Prokhorov attribue la rédaction au métropolite
Cyprien. Ce texte du XIve siècle raconte l'histoire de Mitiaj, le
candidat que soutenait le grand prince Dimitrij Donskoj à la
place de Cyprien. Il existe trois rédactions différentes de ce récit.
Comme pour la Vie du métropolite Pierre, le métropolite Cyprien
aurait remis en forme un prototype purement factuel, auquel il
aurait ajouté des passages nous faisant pénétrer dans les intri-
gues ecclésiastiques de l'époque 2 • Avant Prokhorov, P. Sokolov
avait déjà supposé que le prototype du récit avait été rédigé par
un compagnon de route de Mitiaj, et que le métropolite Cyprien
l'aurait par la suite interpolé 3 • Le récit aurait été écrit, ou plutôt
remis en forme, en septembre-novembre 1382, au moment où
Pimène arrive à Moscou et où Cyprien est rappelé de Tver à
Moscou4 •
Un peu comme dans la Vie du métropolite Pierre, le métropolite
Cyprien, par ses interpolations, a voulu présenter Mitiaj comme
un intriguant et défendre son titre de métropolite. Par exemple, il
décrit ainsi la rapide montée de Mitiaj dans les échelons de la hié-
rarchie ecclésiastique: « Celui qui, avant le déjeuner, était un prêtre
séculier, devint archimandrite; celui qui, avant le déjeuner, était un
prêtre séculier et du monde, devint après déjeuner le supérieur des
moines et l'aîné des anciens, un maître, un enseignant, un prince

1. Ce typikon fut rédigé en 1401 à Constantinople, au monastère de la Théotokos


Perivleptos, par un copiste qui a signé «Athanase, pécheun. Nous savons qu'Athanase
Vysotskij a séjourné à Constantinople, au monastère Saint-jean-Baptiste. !Ces deux
monastères étaient les centres où résidaient les moines russes à Constantinople. On
identifie traditionnellement le copiste Athanase à Athanase Vysotskij, mais dans une
étude récente, G. Vzdornov estime que nous ne pouvons identifier avec exactitude
les deux personnages, et qu'il est fort probable que le copiste soit un autre Athanase.
L'original de ce manuscrit n'a pas survécu, mais il en existe deux copies: l'une de 1428
et l'autre de 1429. r. li. B3AOPHOB, «POJIb CJIaB}lHCKHX MOHaCTblpcKHX MacTepcKHx
IIRCbMa KOHcTaHTRHOIIOJI}I R AtPoHa B pa3BHTRR KHRrOIIRcaHM R XY)l,O)KeCTBeHHoro
otPopMJIeHRlI pyCCKRX pyKOIIRCeR Ha py6e)Ke XIV - XV BB. », TO,II.PH 23 (1968), p. 177
et 191-192.
2. Voir p. 53-56. r. M. llPOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ! 6 :moxy KYJlU"06C"OU 6um6bl, t. l,
p.347.
3. llJI. COKonoB, Pycc"uu apxuepeu U3 BU3aHmuu U npa60 ezo Ha3Ha'leHUJ! ào Ha'laAa
XV 6eKa, p. 427.
A l ' .... n",wC\""" Pvrh U BU3aHmUJ! 6 :moxy KYJlU"06C"OU 6um6bl, t. l, p. 294.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 93

et un pasteur!.) Bien que le Récit sur Mitiaj remis en forme par le


métropolite Cyprien nous donne des renseignements complémen-
taires sur la situation politique et ecclésiastique de l'époque, il ne
nous apporte aucun détail sur la réforme liturgique du métropolite
Cyprien, et c'est pourquoi nous n'en dirons rien de plus 2 •

LES MANUSCRITS LITURGIQUES


ATTRIBUÉS AU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Nous en arrivons aux œuvres du métropolite Cyprien qui nous


intéressent directement, à savoir les manuscrits liturgiques qui
lui sont attribués. Outre des traductions indépendantes de divw
canons et prières liturgiques, on attribue habituellement à Cyprien
un Sluzhebnik, un Trebnik (euchologes) et un Psautier suivi.

Le Sluzhebnik de Cyprien.

Par le terme slave de Sluzhebnik, nous entendons habituellement


une forme abrégée de l'Euchologe, le livre contenant les prières
et acolouthies sacramentelles. La distinction entre Sluzhebnik ou I.~
Hieratikon (contenant les offices de vêpres et de matines ainsi
que les liturgies eucharistiques) et Trebnik ou Euchologion (conte-
nant les autres prières et acolouthies sacramentelles) apparaît
au XVIIe siècle avec l'imprimerie3 • Ainsi, on peut considérer le
Sluzhebnik de Cyprien comme un euchologe. Le qualificatif de
Sluzhebnik dans le cas présent a été imposé par des catalogues
plus tardifs pour distinguer ce manuscrit d'un autre euchologe
plus complet, identifié en tant que Trebnik.
Le Sluzhebnik attribué au métropolite Cyprien est le manuscrit
nO 344 (anciennement 601) du fonds de l'ancienne Bibliothèque
synodale de Moscou, maintenant conservé au Musée historique de
Moscou. TI date du ){Ne siècle et comprend 136 feuillets. Au folio 72,
nous trouvons l'inscription : « Ce Sluzhebnik a été traduit des livres
grecs en russe de la main de l'humble métropolite de Kiev et de toute
la Russie Cyprien.) D'après la notice au folio 40, Cyprien aurait

1. «MJKe ,ll;O o6e,ll;a 6eJIeU;b ChlH, a rro o6e,ll;e apXHMa.H,l\pHT; HJKe ,ll;O o6e,ll;a 6eJIeI\h ChlH
H MHpXHHH, a rro o6e,ll;e MHHXOM HaqaJIbHHK H CTapu;eM cTapeHIIIHHa, H HaCTaBHHK, H
yqHTeJIb, H BOJKb, H rracT}'X» cr. M. IIpOXOPOB, PyCb U BU3aHmUJ/ 6 :moxy KYJlUK06CKOÜ
6um6bl, t. l, p. 446).
2. On pourra consulter à ce sujet : G. PODSKALSKY, Theologische Literatur des
Mittelalters in Bulgarien und Serbien 865-1459, Munich, 2000.
3. MAHCBETOB, MumponoJlum KunpuaH, p. 9.
94 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

fait cette traduction en 1397 et s'en serait servi pour la célébration


liturgique. Toutefois, nous trouvons au verso du folio 132 une notice
disant: <<Traduit des livres grecs par le métropolite de Kiev et de toute
la Russie Cyprien ~i; la notice suivante, écrite en petits caractères,
précise: «À mon Seigneur et Père Xénophont, mon oncle, le moine
Hilaire, une métanie. Pour mes erreurs et insuccès, pardonne-moi. ~i
Comme le remarquent Gorskij et N ovostruev dans leur catalogue
des manuscrits synodaux, cette dernière écriture, la même que celle
de l'ensemble du manuscrit, se distingue de l'autographe de Cyprien
telle qu'il apparaît dans le manuscrit de EÉchelle. Cela permet de
conclure, d'une part que ce manuscrit n'est en fait qu'une copie,
faite par le moine Hilaire, d'un mailUscrit original écrit par Cyprien,
et d'expliquer d'autre part les nombreuses fautes de copiste, jugées
inacceptables pour un hiérarque aussi érudit que Cyprien, dont les
deux auteurs du catalogue donnent quelques exemples!.
Cette dernière hypothèse a été renforcée par l'étude plus récente
de O. Kniazevskaia et E. Tchechko sur les manuscrits attribués au
métropolite Cyprien et l'orthographe d'Euthyme de Trnovo. Leur
étude montre que l'orthographe d'Euthyme, caractéristique pour
le manuscrit de EÉchelle, est très peu présente dans le manuscrit
nO 344 (601) qui reflète une orthographe de la plus pure tradition
russe ancienne du XIVe siècle. De là, il apparaît que ce manuscrit
ne peut être qu'une copie d'un Sluzhebnik original du métropo-
lite Cyprien, à condition de reconnaître la haute qualification du
copiste en ce qui concerne les règles d'orthographe de l'écriture
russe 2 •
Deux autres manuscrits de la même bibliothèque seraient éga-
lement des copies du Sluzhebnik de Cyprien, dont l'original serait
donc perdu: les nO 343 et 347.
Comme le fait remarquer J. Ivanov3, il faudrait rapprocher le
contenu de ce Sluzhebnik de la description que fait le métropolite
Cyprien dans sa lettre au clergé de Pskov, envoyée après 1395
selon l'éditeur Pavlov, dans laquelle le hiérarque dit avoir donné
aux clercs: <d'ordo [ou diataxis] des divins offices de Chrysostome
et du grand Basile, ainsi que l'office même de Chrysostome, et
la bénédiction [des eaux] du premier jour du mois d'août selon
l'ordo, ainsi que le Synodikon juste, véritable, lequel est lu à
Constantinople, à Sainte-Sophie, au patriarcat, ayant ajouté à cela

1. rOPCKliR li HOBOCTPYEB, Onuca/lue, p. 11-12.


2. o. A. KID!3EBCKMI, E. B. qEIIIKO, <<l'yKOIlliCli MliTpOrrOJlliTa Kn:rrpmma li
oTpaxeHlie B HliX op<porpa<pWiecKoH pe<popMbI EB<pliMllil TblPHoBcKoro », Tr,p/106CKa
K/lUJ/C06/laIII KO/la, t. II, Sofia, 1980, p. 291.
3. H. HBAHOB, «B'bJIrapCKOTo KHIDKOBHO BJIllilHlie B PYClili rrpli MliTpOrrOJIliT
Kn:rrpliaH (1375-1406»), H36ecmUll /la H/lcmumyma 3a BMzapcKa /lumepamypa, KR. 6,
Sofia, 1958, p. 53.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 95

comment il fallait commémorer les empereurs orthodoxes, ainsi


que les grands princes, et les défunts et les vivants, comme nous les
commémorons ici à la métropole, ainsi que le baptême des enfants
et de tout chrétien, puis les fiançailles et le couronnement! ». Or,
cela correspond au contenu du manuscrit n° 344 qui comporte :
le déroulement de la liturgie de saint Jean Chrysostome, de saint
Basile le Grand, des Présanctifiés, la prière des collyves, l'acolou-
thie des vêpres de la Pentecôte (avec les prières de génuflexion),
la grande bénédiction des eaux pour la fête de la Théophanie, la
bénédiction des eaux du 1er août, les prières du lucernaire (au
nombre de dix, en incluant les prières d'entrée et d:inclinaison),
les prières matutinales (au nombre de douze et suivies de la prière
d'inclinaison), l'acolouthie des fiançailles et du couronnement, eT~'
l'acolouthie du lavement des saintes reliques 2 •
Toutefois, Mansvetov attire notre attention sur l'apparente
contradiction entre le nombre de prières du lucernaire et matu-
tinales contenues dans le manuscrit nO 344 et le nombre que le
métropolite Cyprien précise en réponse à l'higoumène Athanase,
ce qui met en doute l'authenticité du manuscrit3 • En effet, le
Sluzhebnik contient dix prières du lucernaire (en incluant les
prières d'entrée et d'inclinaison) et douze prières matutinales 4 •
Or, dans ses Réponses à Athanase, le métropolite évoque six prières
du lucernaire en plus des prières d'entrée et d'inclinaison (donc
huit au total) et onze prières matutinales en plus de la prière
d'inclinaison (douze au totaI 5). Nous essaierons de résoudre ce
problème dans la deuxième partie de notre étude, lorsque nous
analyserons l'effet de la réforme sur les prières presbytérales des
vêpres et des matines.
Dmitrievsky, dans son étude sur l'histoire de la liturgie dans
l'Église russe, mentionne deux Sluzhebniki de Cyprien et met en
doute leur authenticité, les qualifiant de «Pseudo-Cyprien6 ». Selon
lui, il faudrait parler : «des acolouthies et non, de façon générale,
du Sluzhebnik du métropolite Cyprien, auquel sont attribués de

1. «IIo.n:aBarrH HMl> yCTaBl> 60JKeCTBeHhllI CJIYJK6hI 3JIaTOYCTOBhI H BeJIHKoro BaCHJIMI,


TaKOJKe caMlllI cnyJK6a 3JIaTOYCTOBa H CBJlm;eHhe Bl> rrepBhIH .n:eHh aBrycTa Mtc~a rro
yCTaBy, TaKOJKe H CHH0.I1:HKl> rrpaBhIH, HCTHHHhIH, KOTOPhIH qTYTh Bl> IJ:apirropo.n:t., Bl>
COtPhH CBJlTOH, Bl> rraTpiapxiH; .n:a rrpHJIOJKHJIH eCMhI Kl> TOMY, KaKl> rrpasoCJIaBHhIXl>
~apiH rrOMHHaTH, TaKOJKe H KHJI3eH BeJIHKHXl>, H MepTBhIXl> H JKHBhIXl>, J1KOJKe MDI 3.n:t.
Bl> MHTpOrrOJIhH rrOMHHaeMD, TaKOJKe H Kpem;eHhe .n:t.THHoe H BCJlKOrO XPHcTiaHHHa,
rrOTOMl> 06pyqeHie H Bt.~aHhe» (IIABJIOB, KaHOHU'IeCKUe naM.J/mHUKU, col. 239).
2. fOPCKHfi H HOBOCTPYEB, OnucaHue, p. 13-20.
3. MAHCBETOB, MumponoJlum KunpuaH, p. 14.
4. fOPCKHfi H HOBOCTPYEB, OnucaHue, p. 18; voir M. ARRANz, (,Les prières presbyté-
rales des matines byzantines», OCP 38 (1972), p. 75.
5. IIABJIOB, KaHOHU'leCKUe naM.J/mHUKU, col. 265.
6. A. AMHTPHEBCKHfi, "DorocnyJKeHHe B PyCCKOH IJ:epKBH B rrepBhIe rrJlTh BeKOB»,
Ile 2 (1882), p. 155, note 1.
96 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

nos jours deux Sluzhebniki : le manuscrit nO 601 (344 selon le


catalogue) de la Bibliothèque synodale de Moscou et le manuscrit
n° 129 de la Bibliothèque typographique de Moscou, car l'idée
d'un quelconque lien entre ce grand hiérarque de l'Église russe
et les intitulés de ces Sluzhebniki nous semble absolument impos-
sible. Si l'on tient compte de leur origine, remontant au plus tard
à la seconde moitié du XIVe siècle, nous serions plutôt d'avis de
penser que les Sluzhebniki nO 601 [Syn. 344] et 129 [Typ.] appar-
tiennent à la catégorie des Sluzhebniki que le métropolite Cyprien
appelait "non conformes à la règle de l'Église" et à la place des-
quels il recommandait [un sluzhebnik] "tout à fait droit et juste 1".)
Pour en arriver à cette conclusion, Dmitrievsky s'est appuyé
sur: 1) les contradictions internes entre les deux Sluzhebnikz"2,
notamment en ce qui concerne le nombre de prières du lucer-
naire et de prières matutinales, et les prescriptions que donne
le métropolite Cyprien dans ses lettres au clergé de Pskov et de
Novgorod; 2) la comparaison linguistique de ces Sluzhebniki avec
la langue des manuscrits écrits sans aucun doute par le métropo-
lite Cyprien3 ; 3) la différence considérable des acolouthies litur-
giques se trouvant dans les Sluzhebniki nO 601 et 129, comparées
aux mêmes acolouthies portant l'inscription quant à leur traduc-
tion «faite à partir des livres grecs); et enfin, 4) l'absence d'une
attestation confirmant que le métropolite Cyprien ait réuni en un
seul manuscrit les acolouthies liturgiques qu'il aurait traduites 4 .
Ainsi, Dmitrievsky suggère d'analyser les acolouthies séparément,
et non pas les manuscrits dans leur intégralité, car l'assemblage a
pu être fait par quelqu'un d'autre ou même à une autre époque.
D'autre part, un point qui mérite notre attention dans l'étude
des réformes liturgiques du XIVe siècle est la fameuse dia taxis du
patriarche Philothée. Cette ot<l-taçtç 'tf\ç têpOoWKovtaç, tradition-
nellement attribuée au patriarche Philothée de Constantinople, le
maître du métropolite Cyprien, donne les rubriques de la célé-
bration des offices de vêpres, matines et liturgie pour le prêtre
et le diacre en suivant l'ordo sabaïte (hiérosolymitain). Çomme
l'explique Mansvetov, anciennement la diataxis était irÎlprimée
séparément du texte de l'office, dans un chapitre indépendant.

1. Ibid., p. 155, note 1.


2. li fait référence au manuscrit nO 601 (344) de la Bibl. Syn. de Moscou, f. 112-116
et au manuscrit nO 129 de la Bibl. Typ. de Moscou, f. 134,57-58,67,69 v. Voir ibid.,
p. 155, note 1.
3. Dmitrievsky fait référence à I!Échelle (manuscrit n° 152 de la Bibl. de l'Académie
théologique de Moscou) et aux Œuvres de Denys l'Aréopagite (manuscrit n° 144 de
la Bibl. de l'Académie théologique de Moscou). Ra-p-pelons que ce demier manus-
c:r'lt ne,>t \1\'1'> con,>idété de no,> ,our,> comme étant de \a main de CYI:>l:ien.'J'oir ibid.,
"\l. \'::ô, note \.
~ Th,(\ _~. \,,","'.\:\.\:\te \.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 97

Les prières presbytérales se succédaient sans aucune rubrique'.


À titre indicatif, nous en avons un exemple jusqu'à nos jours pour
la liturgie des Présanctifiés qui, comme le remarque M. Arranz,
dans plusieurs éditions courantes, comporte trois chapitres dis-
tincts : un premier puis un second ordo (acolouthia et hermineia),
puis le texte de la liturgie à proprement parler2 •
La ÙtÔ'taçtç 'tfiç tepoùta1covtaç apparaît pour la première fois en
slavon dans l'Euchologe du patriarche Euthyme de Trnovo et dans
le Sluzhebnik de Cyprien3 • Cependant, la diataxis de Philothée a été
incorporée dans le texte de la Divine Liturgie dans le Sluzhebnik,
alors qu'elle est reproduite séparément dans le manuscrit iden-
tifié comme le Trebnik de Cyprien (manuscrit nO 376 du fonds de
l'ancienne Bibliothèque synodale de Moscou, conservé au Musée
historique de Moscou). Or, dans sa lettre au clergé de Pskov men-
tionnée plus haut, Cyprien distingue bien la diataxis du texte de la
Divine Liturgie lorsqu'il dit lui avoir envoyé <d'ordo (ou dia taxis)
des divins offices de Chrysostome et du grand Basile, ainsi que
l'office même de Chrysostome».
Comme le remarque Mansvetov, la dia taxis séparée du texte de
la liturgie étant très proche de la traduction d'Euthyme de Trnovo,
cela laisse supposer que Cyprien a emprunté le texte d'une tra-
duction serbo-bulgare déjà existante, et qu'il ne l'a pas traduite
directement du grec. Cependant, la version insérée dans le texte
même de la liturgie semble avoir été directement traduite du grec
par le métropolite, et ce serait cette deuxième version qui aurait,
d'après Mansvetov, pris le dessus 4 •
Nous pouvons toutefois nous demander s'il n'y a pas ici une
erreur de méthode. L'erreur méthodologique des catalogues du
XIXe siècle a peut-être été d'avoir transposé sur les manuscrits des
XIVe-xve siècles les concepts modernes distinguant le Sluzhebnik
du Trebnik. Or, il y a peut-être avantage à considérer le Sluzhebnik
de Cyprien et le Trebnik de Cyprien, dont nous parlerons plus
loin, comme deux manuscrits issus d'un même prototype qui
serait un euchologe perdu de Cyprien, ou peut-être d'acolou-
thies indépendantes, non réunies en un seul manuscrit, qu'aurait
envoyées le métropolite aux personnes concernées et qui fOrIne-
rait une certaine tradition euchologique.
De plus, les études liturgiques et littéraires n'ont pratiquement
prêté aucune attention à un manuscrit qu'il faudrait peut-être

1. MAHCBETOB, MumponoJ/um Kunpuall, p. 20.


2. M. ARRANz, (La liturgie des Présanctifiés de l'ancien Euchologe byzantin», OCP
47 (1981), p. 337.
3.Voir R. CONSTANTINESCU, (<Euthyme de Tamovo et la réforme liturgique au
'. XIV' siècle», Études balkaniques 22/3 (1986), p. 66.
~ 4. MAHCBETOB, MumponoJ/um Kunpuall, p. 23.
98 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

rapprocher de cette famille : le manuscrit des Archives nationales


centrales des actes anciens à Moscou, appartenant au fonds de l'an-
cienne Bibliothèque de la typographie synodale (fonds 381, opus
1, nO 42). Il s'agit du manuscrit nO 129 de l'ancienne Bibliothèque
typographique de Moscou auquel Dmitrievsky a fait référence
dans son étude! et que Pavlov décrit dans une de ses notes 2• Ce
manuscrit de 183 feuillets comprend la liturgie de saint Basile le
Grand (f. 1 à 38), la liturgie des Présanctifiés (f. 38 à 54 v.), les
prières du lucernaire (f. 54 v. à 59), les prières matutinales (f. 59
v. à 72 v.), l'acolouthie pour la bénédiction des eaux (traduite par
l'évêque Théodore de Rostov, f. 73 à 86 v.), l'acolouthie de la béné-
diction des eaux pour la sainte Théophanie (f. 87 à 109), l'ecténie
des vêpres du dimanche soir de la Pentecôte suivie des prières de
génuflexion (f. 109 à 133 v.), [le baptême] concernant les nour-
rissons gravement malades risquant la mort (f. 133 v. à 149 v.),
l'acolouthie du lavement des saintes reliques (f. 150 à 161), l'ordo
et l'acolouthie des fiançailles et du couronnement (f. 161 v. à 172
v.), un enseignement à un prêtre venant d'être ordonné (f. 172 v. à
180 v.) et l'acolouthie de la confession (f. 180 v. à 183 v 3 .).
C'est l'historien G. M. Prokhorov qui a attiré notre attention
sur ce manuscrit dans un article où il s'est exclusivement penché
sur l'enseignement au prêtre nouvellement ordonné qu'il attribue
avec une quasi-certitude au métropolite Cyprien. D'ailleurs, il
rapproche ce manuscrit de la lettre du métropolite Cyprien au
clergé de Pskov en affirmant : « La liturgie de saint Basile est l'un
des textes envoyés par Cyprien après 1395 à Pskov4 .)
Avant d'aller plus loin et d'analyser le Trebnik attribué au métro-
polite Cyprien, il nous paraît bon de comparer le contenu des
deux Sluzhebniki liés à la tradition euchologique du métropolite
Cyprien, en ajoutant le Sluzhebnik nO 347 (anciennement 952) du
fonds de la Bibliothèque synodale conservé au Musée historique
de Moscou, attribué à saint Serge de Radonège et considéré par
Gorskij et Novostruev comme une copie du Sluzhebnik nO 344 5 •
Pour ce faire, nous avons établi le tableau suivant6 :

1. A. ,Il;MHTPHEBCKHH, «BorOCJIY:lKeHHe B PyCCKOH U;epKBH B rrepBhle lllITh BeKOB )),


nc 2 (1882), p. 155, note 1.
2. I1ABJIOB, KaIlOIlU'IeCKUe nQMJlmIlUKU, col. 794-795.
3. r. M. I1POXOPOB, «lb JIlnepaTYPHOrO HaCJIe,I\IDI MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa»,
CAa6JIIICKUe Aumepamypbl : X-il MeJICOyllapOallblil coe3a CIIaBucm06 (COifiWl, cellTnJ/6pb 1988),
Moscou, 1988, p. 75-76 [= r. M. I1POXOPOB, PyCb U BU3allmWl 6 3noxy KYAUKo6cKoil
6umBbl, t. II, p. 230].
4. r. M. I1poxoPOB, «lb JIHTepaTYPHOro HaCJIe,I\HJI MHTpOrrOJIHTa KHrrpmlHa», p. 78
[= r. M. IIPOXOPOB, PyCb U BU3allmWl B 3noxy KyAUK06CKOU 6Um6bl, t. II, p. 235].
5. rOPCKHH H HOBOCTPYEB, Onucallue, p. 12.
6. Tableau établi conformément aux descriptions de : rOPCKHH H HOBOCTPYEB,
Onucallue, p. 11-20 et 28-55; r. M. I1POXOPOB, «lb JIHTepaTYpHOrO HaCJIe,I\IDI MHTporro-
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 99

Tableau comparatif des trois euchologes

Sluzhebnik Sluzhebnik Sluzhebnik


Syn.344 Syn. 347 Typ. 129
« Du métropolite « De saint Serge de « Du métropolite
Cyprien» Radonège» Cyprien»

• Diataxis de la divine • Prière du prêtre se • Liturgie de saint


liturgie de saint Jean préparant à célébrer la Basile le Grand
Chrysostome, incorpo- liturgie • Liturgie des
rée au texte • Divine liturgie Présanctifiés
• Divin office de saint de saint Jean • Prières du lucernaire
Basile le Grand Chrysostome [10]
• Divine liturgie des • Prière de bénédiction • Prières matutinales
Présanctifiés (en un des collyves [12]
seul chapitre) • Divin office de saint • Acolouthie pour la
• Prière de bénédiction Basile le Grand bénédiction des eaux
des collyves • Instructions du divin (traduite par l'évêque
• Acolouthie de la office des Présanctifiés Théodore de Rostov)
Pentecôte, le dimanche • Divin office des • Acolouthie de la
du Saint-Esprit le soir Présanctifiés bénédiction des
• Acolouthie [de la • Acolouthie de la eaux pour la sainte
bénédiction des eaux] bénédiction [des eaux] Théophanie
de la Théophanie du 1er août • Ecténie des vêpres
• Acolouthie de la • Acolouthie [de la de la Pentecôte au soir
bénédiction [des eaux] bénédiction des eaux] suivie des prières de
du 1er août de la Théophanie génuflexion
• Prières du lucernaire • Acolouthie du • [Baptême] concer-
[au nombre de 10] catéchuménat et du nant les nourrissons
• Prières matutinales baptême d'un enfant gravement malades
[au nombre de 12] • Acolouthie du lave- risquant la mort
• Prière pour la béné- ment d'un néophyte le • Acolouthie du
diction d'une église, si 8e jour lavement des saintes
elle a été profanée par • Acolouthie du reliques
l'entrée d'un chien 40 e jour après le • Ordo et acolouthie
• Prière pour l'érection baptême des fiançailles et du
d'une croix • Prière du baptême couronnement
• Prière sur le vin abrégé d'un enfant • Enseignement à un
liturgique gravement malade prêtre venant d'être
• Acolouthie des • Prières matutinales ordonné
fiançailles et du [8 prières suivies de la • Acolouthie de la
couronnement prière d'inclinaison] confession

JIHTa KHIlpHaHa», p. 75-76 [= r. M. IIpoxoPoB, PyCb U BU3allmUJ! 6 3noxy KYAUK06CKOÜ


6um6bl, t. II, p. 230]; M. ARRANz, (.Les prières presbytérales des matines byzantines»,
OCP 38 (1972), p. 75, note 1.
100 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

• Acolouthie du • Congés pour les


lavement des saintes jours de fête
reliques • Prières des vêpres
[prière d'entrée,
prière après ({ Daigne,
Seigneur.) et prière
d'inclinaison]
• Ecténie pour toute
occasion

En comparant ces trois manuscrits, nous nous apercevons qu'ils


contiennent, tous, les principales acolouthies énumérées par le
métropolite Cyprien dans sa lettre au clergé de Pskov. Le nombre
de prières presbytérales au lucernaire et aux matines est le même
dans les deux manuscrits attribués au métropolite Cyprien, mais
le Sluzhebnik de saint Serge n'en donne qu'un nombre restreint.
Nous reviendrons sur la question de ces prières dans la deuxième
partie de notre étude.

Le Trebnik du métropolite Cyprien.

Nous avons déjà évoqué plus haut le manuscrit identifié comme


le Trebnik de Cyprien (manuscrit nO 376 - anciennement 268 - du
fonds de l'ancienne Bibliothèque synodale de Moscou, conservé au
Musée historique de Moscou). Ce manuscrit de la fin du xve siècle
se compose de 353 feuillets. TI comprend la diataxis du patriarche
Philothée «recopiée par l'humble métropolite de Kiev et de toute
la Russie Cyprien! .), la bénédiction des collyves, l'ordo et le texte
de la liturgie des Présanctifiés, la liturgie de saint Basile, l'acolou-
thie pour la dédicace d'une église, l'acolouthie de la Pentecôte et
bien d'autres chapitres que l'on retrouve dans le manuscrit nO 375
- anciennement 326 - du fonds de l'ancienne Bibliothèque syno-
dale de Moscou2 •
Ce dernier manuscrit doit être rapproché de la tradition eucho-
logique du métropolite Cyprien. En effet, Gorskij et Novostruev
ont remarqué de nombreuses similitudes avec le Sluzhebnik et le
Trebnik attribués au métropolite Cyprien. C'est un manuscrit du
xve siècle (daté de 1481) qui compte 353 feuillets.
Le manuscrit nO 375 a plusieurs chapitres communs avec le
manuscrit n° 371 (anciennement 675) et le manuscrit nO 372
(anciennement 900) du fonds de l'ancienne Bibliothèque syno-

1. fOPCKlri'l li HOBOCTPYEB, Onucanue, p. 204.


2. Ibid., p. 204-206.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 101

dale de Moscou. Le Trebnik nO 371 est un manuscrit de la fin du


XIVe siècle ou du début du xve siècle qui comporte 220 feuillets. Le
Trebnik nO 372 est lui aussi un manuscrit de la fin du XIV< siècle
ou du début du xve siècle, en tout similaire au Trebnik nO 371. En
effet, il reprend intégralement les chapitres 8 à 141 de ce dernier.
Cependant, il contient les sept premiers chapitres que le Trebnik
nO 371 a perdus, et quatre chapitres supplémentaires à la fin. Ainsi,
au début du Trebnik nO 372 figurent: les prières du lucernaire
(comme dans le manuscrit nO 349, sauf qu'il n'y a pas de prière
après «(Daigne, Seigneur», mais seulement la prière d'inclinaison);
les prières matutinales (au nombre de onze, suivies de la prière
avant l'évangile et de la prière d'inclinaison), et des acolouthies
relatives à la fondation et à la dédicace d'une église et à l'érection
de l'autel (chapitres 3 à 7). À la fin, apparaissent quatre acolouthies
que le Trebnik nO 371 ne contient pas: l'acolouthie des saintes huiles,
l'acolouthie du début de l'indiction, l'acolouthie pour le renouveau
d'une église et une prière d'absolution!. Ainsi, nous pouvons consi-
dérer les manuscrits nO 371 et nO 372 comme quasi identiques, et
supposer que le Trebnik nO 372 complète les pièces manquantes du
Trebnik nO 371. .
Le tableau qui suit met en parallèle le contenu des manuscrits
nO 372, 375 et 376, selon la numérotation des chapitres, sachant
que les chapitres 8 à 141 du Trebnik nO 372 sont identiques au
contenu du Trebnik n° 3712 :

Tableau comparatif des trois euchologes

Trebnik Syn. 372 Trebnik Syn. 376


[= Trebnik Syn. Trebnik Syn. 375 «Du métropolite
371 pour § 8 à 141] Cyprien»

1. Les prières du 1. La liturgie de saint * La diataxis de


lucernaire (comme Basile le Grand Philothée
dans le ms. Syn. 349) 2. La liturgie de saint * La liturgie de saint
[huit prières] Jean Chrysostome, Basile le Grand
2. Les prières matu- sans la diataxis de * La liturgie de saint
tinales au nombre de Philothée Jean Chrysostome
onze, suivies de la 3. L'ordo de la litur- * La prière pour
prière avant l'évangile gie des Présanctifiés la bénédiction des
et de la prière d'incli- 4. La liturgie des collyves pour les fêtes
naison [treize prières, Présanctifiés des saints

l.Ibid., p. 149-155.
2. Ibid., p. 128-155; 199-206. * Ce catalogue ne donne pas la numérotation des
chapitres du Trebnik nO 376.
102 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

dont celle avant 5. La prière pour * L'ordo et l'acolou-


l'évangile] la bénédiction des thie de la liturgie des
3 à 7. Acolouthies collyves pour les fêtes Présanctifiés
relatives à la fondation des saints * Les prières du
et à la dédicace d'une 6. Les prières du lucernaire au nombre
église et à l'érection de lucernaire au nombre de onze, la neuvième
l'autel de onze, la neuvième prière étant suivie de
----------------- prière étant suivie l'acolouthie des vêpres
8. L'acolouthie du de l'acolouthie des [onze prières]
lavement des pieds vêpres [onze prières] * Les prières matuti-
9. Prière pour le 7. Les prières matuti- nales avec l'acolouthie
myron le Grand Jeudi nales avec l'acolouthie des matines [douze
10. Prières de la litie des matines [douze prières]
des grandes vêpres prières] * Prières pour la fon-
11. Prières pour la litie 8 et 9. Prières pour la dation d'une église
lorsque l'on sort de la fondation d'une église * L'acolouthie de la
Grande Église 10. L'acolouthie de consécration d'une
12. Autre ordre pour la consécration d'une église
la litie église * Prières dans le cas
13 à 96. Prières pour 11 et 12. Prières dans où une sainte table est
diverses circonstances le cas où une sainte ébranlée
97 à 101. Prières des table est ébranlée * L'ordo pour la dédi-
vêpres asmatiques 13. L'ordo pour la cace d'une église
102. Ordo pour faire dédicace d'une église * L'ordo et les prières
un catéchumène 14. L'ordo et les pour le lavement de la
103. Prière pour un prières pour le sainte table le Grand
catéchumène lavement de la sainte Jeudi
104. Prières du saint table le Grand Jeudi * Prières diverses
baptême le grand 15 à 96. Prières * Prières des vêpres
samedi diverses asmatiques
105. Catéchuménat du 97 à 101. Prières des * L'ordo pour faire un
Grand Vendredi vêpres asmatiques catéchumène
106. Prières de la 102. L'ordo pour faire * Prière pour un
pannychis un catéchumène catéchumèrie
107. Prières du 103. Prière pour un * Prières du saint
mesonyktikon catéchumène baptême
108. Prières des heures 104. Prières du saint * Le catéchuménat du
du jour baptême Grand Vendredi
109. Prière pour élever 105. Le catéchuménat * Prières de la
un higoumène du Grand Vendredi pannychis
110 à 129. Prières et 106. Prières de la * Prières du
acolouthies diverses pannychis mesonyktikon
130 à 141. Ordres et 107. Prières du * Prières des heures
prières pour la récep- mesonyktikon du jour
tion d'hérétiques 108. Prières des * Ordres et prières
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 103

dans l'Église 109 à 123. Ordres et * Prières à la naissance


prières divers d'un enfant
142. L'acolouthie des 124. Prières à la nais- * Prière de l'imposi-
saintes huiles sance d'un enfant tion du nom à l'enfant
143. L'acolouthie du 125. Prière de l'im- le 8e jour
début de l'indiction position du nom à * L'acolouthie du
144. L'acolouthie pour l'enfant le 8e jour baptême d'un enfant
le renouveau d'une 126. L'acolouthie du * L'acolouthie du lave-
église baptême d'un enfant ment le 8 e jour après
145. Prière 127. L'acolouthie du le baptême
d'absolution lavement le 8e jour * L'acoloutliie du
après le baptême 40 e jour après le
128. L'acolouthie baptême
du 40 e jour après le * Office abrégé du
baptême baptême lorsque
129. Office abrégé l'enfant est gravement
du baptême lorsque malade
l'enfant est gravement * Prière pour accep-
malade ter un païen comme
130. Prière pour catéchumène
accepter un païen * Acolouthie des
comme catéchumène fiançailles et du
131. Acolouthie couronnement
des fiançailles et d u * Prière pour bénir
couronnement des époux de secondes
132. Prière pour bénir noces
des époux de secon- * Ordres et prières
des noces divers de récep-
133 à 145. Ordres tion dans l'Église
et prières divers d'hérétiques et de
de réception dans schismatiques
l'Église d'hérétiques * L'acolouthie des
et de schismatiques saintes huiles
146. L'acolouthie des * L'acolouthie pour
saintes huiles le début de l'indiction
147. L'acolouthie (Nouvel An)
pour le début de l'in- * Prière d'absolution
diction (Nouvel An) d'un enfant spirituel
148. Prière d'abso- * L'acolouthie de la
lution d'un enfant bénédiction des eaux
spirituel du 1er août
149. L'acolouthie de * L'acolouthie du
la bénédiction des lavement des saintes
eaux du 1er août reliques
104 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

150. L'acolouthie du * L'acolouthie [de


lavement des saintes la bénédiction des
reliques eaux] de la sainte
151. L'acolouthie [de Théophanie
la bénédiction des * L'acolouthie pour le
eaux] de la sainte renouveau d'une église
Théophanie * L'acolouthie [des
vêpres de génuflexion]
de la Pentecôte

Sur la base de ce tableau comparatif, nous constatons que le


contenu du Trebnik nO 376, attribué au métropolite Cyprien, est,
dans l'ensemble, quasi identique à celui du Trebnik nO 375. Seules
les divisions en chapitres et l'ordre des chapitres varient dans cer-
tains cas très rares. Le Trebnik nO 375 reprend quant à lui en
grande partie le contenu des Trebniki nO 371 et nO 372. En effet,
les chapitres 15 à 123 du Trebnik nO 375 reprennent les chapi-
tres 8 à 128 des Trebniki nO 371 et nO 372, et de la même manière,
les chapitres 133 à 145 reprennent exactement les chapitres 129 à
141 des Trebniki nO 371 et nO 372.
Il s'avère important de relever également quelques similitudes
entre le Trebnik nO 375 et le Sluzhebnik attribué à Cyprien, dont
nous avons parlé plus haut (nO 344 de l'ancienne Bibliothèque
synodale). Par exemple, le texte de la liturgie de saint Basile
dans le Trebnik nO 375 ressemble à celui du Sluzhebnik nO 344.
La prière des collyves dans le Trebnik nO 375 est la même que
celle du Sluzhebnik nO 344. L'acolouthie de la bénédiction des
eaux le 1er août du Trebnik n° 375 (f. 331) est la même que
l'acolouthie du Sluzhebnik nO 344 (f. 102), à l'exception d'une
prière!. De même, l'acolouthie de la bénédiction des eaux pour
la Théophanie du Trebnik nO 375 (f. 343 v.) est identique à l'aco-
louthie du Sluzhebnik nO 344 (f. 91 v.). Cependant, comme le fait
remarquer Mansvetov en signalant une erreur dans le catalogue
des manuscrits de l'ancienne Bibliothèque synodale, le nbmbre de
prières presbytérales des vêpres n'est pas le même dans les deux
manuscrits : onze dans le Trebnik nO 375 et dix dans le Sluzhebnik
n° 3442 •
Néanmoins, le lien de parenté entre le Trebnik nO 375 et le
Sluzhebnik nO 344 s'avère renforcé par la postface suivante: (1 Ce
Sluzhebnik a été traduit en langue russe à partir de livres grecs par
l'humble métropolite de Kiev et de toute la Russie Cyprien, de
sa main propre. De ce Sluzhebnik, sur l'idée, l'ordre et la volonté

1. Ibid., p. 202.
"') ~Jf'\ urU~TnR MumnnnOilum KUnVUaH., p. 49.
L'œUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 105

cordiale de mon maître Michel Jakovich, moi, le grand pécheur


Sidko Mo1chanov, j'ai recopié [le présent manuscrit] pour mon
maître Michel Jakovich 1.) Cela nous permet de conclure avec
Gorskij et Novostruev qu'il n'y a aucune raison de ne pas consi-
dérer le Trebnik nO 375 comme une copie du Sluzhebnik nO 344,
attribué traditionnellement au métropolite Cyprien, et de rappro-
cher par leurs contenus les manuscrits nOS 371, 372, 344 et 347,
tous contemporains du métropolite Cyprien2 •
Pour terminer, notre étude comparée de ces quatre manuscrits
(nos 371, 372, 375 et 376) nous fait remarquer un nombre non
négligeable d'éléments propres au Tjlpikon de la Grande Église. Les
manuscrits nOS 371 et 372 en sont particulièrement riches, et nous
pouvons prendre comme exemple significatif « les prières de litie
pour sortir de la Grande Église ), qui étaient lues lors des proces-
sions dans le forum, hors des murs de Sainte-Sophie, et qui furent
utilisées lors de pareilles processions dans les églises séculières qui
utilisaient le Tjlpikon de la Grande Église. D'autre part, nous trou-
vons dans les quatre Trebniki que nous venons de comparer les
prières des vêpres asmatiques, de la pannychis, du mesonyktikon
et des heures du jour qui proviennent toutes de l'office asmatique
(~crl!a'ttKi1 <lKoÀou9ia) des églises séculières observant le Tjlpikon
de la Grande Église. Ce détail mérite toute notre attention, puisque
cela concerne directement la réforme liturgique du métropolite
Cyprien qui aurait remplacé, dans les églises séculières, le Tjlpikon
de la Grande Église par le Typikon sabaïte. Or, dans quelle mesure
des prières de l'office asmatique ont-elles une place dans des
manuscrits rattachés à la tradition euchologique du métropolite
Cyprien? Nous essaierons de répondre à cette question un peu
plus loin.

La tradition euchologique du métropolite Cyprien.

Après avoir comparé entre eux ces différents manuscrits, il


s'avère nécessaire de faire le point sur ce que nous appelons «la
tradition euchologique du métropolite Cyprien). En effet, dans sa
lettre au clergé de Pskov, le métropolite atteste qu'il lui a envoyé,
comme nous l'avons vu plus haut, la diataxis de Philothée, le
texte des liturgies de saint Jean Chrysostome et de saint Basile le

1. «Ci:ii: CJIY)Ke6HHKh rrpeIIHca OT rpeqeCKhIXb KHHI"b Ha PycCKiH H3b1K'b pyKOIO CBoeIO


KirrpiaH'b cMipeHbID MHTpOrrOJIHT KieBbCKbI H Bcea PyCH. C Toro :lIœ CJIyxœ6HHKa
3aMblrn;.rreHieMb, H rroBeJIimieMb, H CPÙ:Ù~IM xœJIaHieMb rocrrÙ:ÙPH CBoero MHXaHJIa
JIKoB~a rrperrHcax a3'b MHororpimIHblH CHù:ùKO MOnqaHOB'b r{)l;)pIO CBOeMY MH(X)HJIY
JIKOBH(q)>> (fOPCKlIH H HOBOCTPYEB, Onucallue, p. 203).
2. fOPCKlIH H HOBOCTPYEB, Onucallue, p. 204.
106 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Grand, l'acolouthie de la petite bénédiction des eaux (du 1er août),


le texte du Synodikon, l'acolouthie du baptême et l'acolouthie des
fiançailles et du couronnement!.
Une autre chose est maintenant de savoir quel manuscrit repré-
sente fidèlement cette tradition euchologique. Mansvetov fut l'un
des premiers à se poser la question suivante : « Le Trebnik ou
Euchologe original de Cyprien a-t-il été préservé, et est-il possible
de l'identifier à l'un des documents existants de notre littérature
liturgique ancienne 2 ?»
Pour répondre correctement à cette question, il est nécessaire
de rappeler deux principes fondàmentaux, déjà énoncés plus
haut. Premièrement, la distinction entre Sluzhebnik et Trebnik
n'est apparue avec l'imprimerie qu'à partir du XVIIe siècle.
Deuxièmement, comme l'a souligné A. Dmitrievsky, lorsque
nous étudions des manuscrits liturgiques, il faut considérer les
acolouthies séparément et non pas les manuscrits dans leur
ensemble. En effet, dans le passé; on ne recopiait pas toujours
les manuscrits intégralement, mais les copistes faisaient le plus
souvent des compilations à partir de manuscrits existants, y
ajoutant parfois leurs propres corrections ou y introduisant des
erreurs 3 •
Le fait de considérer l'aspect compilatoire de certains manus-
crits pourrait peut-être expliquer les apparentes contradictions
internes de certains manuscrits, déjà évoquées, telle la coexistence
de prières presbytérales suivant l'usage sabaïte et suivant l'office
asmatique. Le texte des prières dites pendant les antiphones des
vêpres asmatiques dans le Trebnik nO 376 ne correspond pas aux
prières du lucernaire du Sluzhebnik nO 344, ni même dans ce
même Trebnik nO 376 4 •
Ainsi, il serait important de distinguer parmi nos manuscrits les
parties quasi identiques, relevant d'une même tradition, des par-
ties qui divergent, pour mieux identifier la tradition euchologique
du métropolite Cyprien.
Examinons pour commencer les points convergents. Mansvetov
estime qu'à l'exception de quelques points peut-être dus à des
erreurs de copistes, le texte de la liturgie de saintJean Chrysostome
est le même dans le Sluzhebnik nO 344 et dans les Trebniki nO 375
et nO 376 5 • Mansvetov note une influence de la traduction de

1. Voir IIABnoB, KaHOIIU'IeC/cue naMJImHUKU, col. 239.


2. MAHCBETOB, Mumpono/lUm Kunpuan, p. 45.
3. Voir A. AMHTPHEBCKHfi, « BorOCJIY:lKeHHe B PyCCKOH ll,epKBH B rrepBble IIl!Tb
BeKoB», ne 2 (1882), p. 155, note l.
4. MAHCBETOB, Mumpono/lum KunpuaH, p. 49. Voir l'annexe 4 de Mansvetov,
p. X-XIII.
~ TL_OJ _ A"7
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 107

l'Euchologe d'Euthyme de Trnovo sur ces trois manuscrits, notam-


ment en ce qui concerne l'ordo!. Gorskij et Novostruev estiment
que le texte des trois liturgies dans le Sluzhebnik nO 347 de saint
Serge est similaire au texte du Sluzhebnik nO 3442 • De plus, le
Sluzhebnik nO 347 contient un ordo des Présanctifiés semblable à
celui que contient le Trebnik nO 375 3 •
Comme le fait remarquer Mansvetov, dans la partie com-
mune au Sluzhebnik n° 344 et aux Trebniki nO 375 et nO 376, les
chapitres les plus proches sont: l'acolouthie du mariage, la béné-
diction des eaux pour la paramonie de la Théophanie et la prière
sur les collyves - cette dernière prière étant exactement la même
dans les trois manuscrits 4 • On retrouve également la même aco-
louthie pour la bénédiction des eaux de la Théophanie et la même
prière pour la bénédiction des collyves dans le Sluzhebnik nO 347
de saint Serge de Radonège 5 . Gorskij et Novostruev estiment de
plus que l'acolouthie des vêpres de génuflexion de la Pentecôte
est la même dans le Trebnik nO 376 et dans le Sluzhebnik nO 344 6 •
Étudions maintenant les points divergents. Le nombre de prières
presbytérales pour les vêpres et les matines varie selon les manus-
crits 7 • Le texte de la liturgie des Présanctifiés dans les Trebniki
nO 375 et nO 376 n'est pas le même que dans le Sluzhebnik nO 3448 .
Dans les deux Trebniki, on trouve un ordo séparé de l'acolouthie
pour les Présanctifiés. Dans le Sluzhebnik, il n'yen a pas, mais
seulement quatre rubriques insérées dans le texte de l'acolouthie.
De plus, il y a des divergences entre ces brèves indications du
Sluzhebnik et 1'ordo des Trebnikz'9.
Les chapitres présentant les plus grandes divergences sont la
bénédiction des eaux le 1er août et l'ordre du lavement des saintes
reliques. On retrouve la bénédiction des eaux dans cinq de nos
manuscrits: les Sluzhebniki nO 344 et nO 349, les Trebniki nO 375
et nO 376, et le Sluzhebnik nO 129 de la Bibliothèque typogra-
phique. Si le texte du Sluzhebnik nO 349 reprend fidèlement celui
du Sluzhebnik nO 344 10 , les autres ont chacun leurs particularités
quant au texte, aux usages et au contenu. Dans le Sluzhebnik
nO 129 de la Bibliothèque typographique, la traduction de cet
office est attribuée à l'évêque Théodore de Rostov, le neveu de

1. Ibid., p. 47.
2. fOPCKHH H HOBOCTPYEB, Onucallue, p. 29, 31.
3. Ibid., p. 200.
4. MAHCBETOB, Mumpono/lum Kunpuall, p. 51.
5. fOPCKHH If HOBOCTPYEB, Onucallue, p. 30 et 31.
6. Ibid., p. 206.
7. MAHCBETOB, Mumpono/lum Kunpuall, p. 49.
8. Ibid., p. 47.
9. Ibid., p. 49 (voir note 1).
10. fOPCKHH If HOBOCTPYEB, Onucallue, p. 31.
108 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

saint Serge de Radonège. Nous savons que Théodore s'est rendu


à plusieurs reprises à Constantinople, qu'il connaissait personnel-
lement le patriarche Philothée et qu'il entretenait une relation ami-
cale avec Cyprien. Or, nous avons vu, d'autre part, que dans sa
lettre adressée au clergé de Pskov le métropolite Cyprien dit leur
avoir envoyé une version corrigée de la bénédiction des eaux du
1er août. Le métropolite Cyprien aurait peut-être revu et corrigé
le texte de Théodore 1 . L'ordre du lavement des reliques, quant à
lui, comporte des différences selon les manuscrits 2 •
À partir de ces quelques observations, Mansvetov s'est posé la
question de savoir si le Trebnik nO 375 a bien été «recopié à partir
du Sluzhebnik de Cyprien mot à mot», tel que l'affirme son en-
tête. Mansvetov prétend que ce n'était pas le cas pour l'ensemble
du contenu, mais que cette notice concernait uniquement le texte
des liturgies. Selon lui, pour ce qui est des trois liturgies, ce serait
l'Euchologe du patriarche Euthyme de Tmovo, que le métropo-
lite Cyprien a connu personnellement dans sa jeunesse, qui aurait
servi de modèle 3 •
À ce sujet, dans une étude plus récente, J. Ivanov a montré que
la diataxis de Philothée a sans doute été recopiée à partir de la
traduction du patriarche Euthyme, puis insérée dans le Trebnik
nO 3764 • Pour ce qui est du Sluzhebnik nO 344 et du texte des trois
liturgies qu'il contient, J. Ivanov estime que Cyprien a revu et
peut-être corrigé de vieilles traductions déjà existantes 5 •
Nous avons déjà mentionné la relation entre le Sluzhebnik nO 344
et le Trebnik n° 375 qui en serait une copie, effectuée par Sidko
Molchanov. Mansvetov estime que ce dernier a recopié unique-
ment la traduction de la liturgie qui avait été corrigée par Cyprien.
L'ordo de Cyprien avait été relié au texte de la liturgie, si bien que
le nom de Cyprien a très vite été associé aux autres chapitres du
Trebnik qui provenaient, en partie, du Sluzhebnik de Cyprien, et
d'autres manuscrits. Mais au fil des siècles, le nom de Cyprien fut
associé à l'ensemble du Trebnik6.
Ainsi, l'histoire de la tradition euchologique du métropolite
Cyprien s'avère plus compliquée que l'on ne l'a jadis supposé.
La théorie du métropolite Macaire (Boulgakov) considérant les
Trebniki nO 375 et nO 376, et mentionnant un Trebnik nO 79 de la
bibliothèque de Sainte-Sophie de Novgorod qui est aujourd'hui

1. MAHCBETOB, MumponoJlum Kunpuall, p. 52.


2. Ibid., p. 54.
3. Ibid., p. 55.
4. H. HBAHOB, «B'bJIrapCKOTo KHFDKOBHO BJIHJlHHe B PyCHJI rrpH MHTpOnOJIHT
KHrrpHaH (1375-1406),), H36ecmWl lia Hllcmumyma 3a B'b/IZapCKa Jlumepamypa, KH. 6,
Sofia, 1958, p. 59-60.
5. Ibid., p. 60.
L'œUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 109

inconnu, comme de simples copies du Sluzhebnik nO 344 de


Cyprien! s'avère dépassée, ce qui n'empêche pas l'existence de
liens étroits tissés entre ces trois manuscrits. En effet, les savants
ne considèrent plus de nos jours le Sluzhebnik n° 344 comme
un euchologe original de Cyprien, mais comme une des plus
anciennes premières copies de l'original de Cyprien2 •
li serait peut-être plus juste de considérer le métropolite Cyprien
comme le traducteur ou simplement le rédacteur de certaines
acolouthies, mentionnées dans sa lettre au clergé de Pskov, et qui
constituent ce que nous appelons la «tradition euchologique du
métropolite Cyprien». À partir de là, les copistes ont. compilé et
recopié divers manuscrits attestant et dépendant de cette tradition
euchologique, mais dont nous ne pouvons pas attribuer l'intégra-
lité au métropolite liturgiste. Le schéma suivant essaie d'illustrer
et de résumer, hypothétiquement, la transmission de la tradition
euchologique du métropolite Cyprien :

1. MHTPOIIOJIHT MAKAPHA: (EYJIraKOB), HcmopWl PyCCKOU /{epK6U, t. N, chap. N, note


394. Voir vol. 3. de l'édition de Moscou, 1995, p. 385.
2. M. B. ru;EIIKHHA, Onucal/Ue nepZaMeHHblX PYKonuceu rHM, Moscou, 1965,
p.198-199.
110 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRlEN

Transmission de la tradition euchologique


du métropolite Cyprien

Euchologe d'Euthyme de Trnovo

La tradition euchologique du métropolite Cyprien,


attestée par sa lettre au clergé de Pskov (après 1395) :
diataxis de Philothée, liturgie de saint Jean Chrysostome,
Bénédiction des eaux du 1~ août, Synodikon, Acolouthie
du baptême, des fiançailles et du couronnement

Trebnik Syn. 376 (268)

Sluzhebnik Syn. 343

« De saint Serge»

Trebnik Syn. 371 (675)

Trebnik Syn. 372 (900)


L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 111

Le Psautier suivi du métropolite Cyprien.

On attribue au métropolite Cyprien un Psautier suivi ou continué


(C!leiJo8a1l1La.fl nCatlmUpb ou IIcatlmupb C 80CC/leiJo8aHUeM). Par ce
terme on désigne, à l'origine, un psautier où les 150 psaumes de
la Septante sont répartis selon l'ordre d'utilisation dans la liturgie
des heures. Habituellement, les psautiers suivis sont constitués de
deux parties : la première partie correspond au psautier liturgique
usuel et comprend les Psaumes (répartis en 20 cathismes) et les
odes bibliques, et la deuxième partie correspond au livre d'heures
usuel (horologion 1). C'est le cas du Psautier suivi du 'métropolite
Cyprien. On estime d'ailleurs que ce Psautier suivi est le plus ancien
document liturgique de ce type 2 •
Dans le cas présent, la tradition manuscrite est beaucoup moins
compliquée puisque nous ne possédons qu'un manuscrit unique.
Il s'agit du manuscrit nO 142 du fonds 1731 (de l'ancienne
Académie de théologie de Moscou) de la Bibliothèque d'État de
Russie à Moscou. C'est un manuscrit de 410 feuillets, d'ortho-
graphe bulgare, dont il manque la fin, qui a jadis appartenu à la
laure de la Trinité-Saint-Serge. Nous avons nous-même consulté
ce manuscrit et nous en donnons une édition partielle dans l'an-
nexe de la présente étude.
Traditionnellement, on a toujours considéré ce manuscrit comme
une œuvre du métropolite Cyprien. On trouve en effèt au feuillet
3 l'inscription : {<Psautier de l'écriture du métropolite Cyprien.
Sans la bénédiction de l'higoumène, ne le donner à aucun [moine]
tonsuré d'autres monastères 3 ». L'archimandrite Amphiloque, lors
d'une étude en 1878, avait comparé l'écriture de ce manuscrit à
celui de l'Échelle de saint Jean Climaque, recopié au Stoudion par
le métropolite Cyprien lui-même en 1387. Il avait remarqué que
le psautier était écrit en demi-onciale, ce qui le différenciait de
EÉchelle rédigée en onciale. Néanmoins, il estimait que l'écriture
du psautier copiait celle de EÉchelle, et, sans se douter qu'il pouvait
être en présence d'une très bonne copie, concluait que le manuscrit
était de la main de Cyprien4 • Ainsi, l'archimandrite Léonide, dans
son catalogue, ne remettait aucunement en cause l'attribution de ce

1. N. EGENDER, La Prière des heures, Chevetogne, 1975, p. 51-52.


2. MAHCBETOB, Mumpono/lum Kunpuall, p. 67.
3. KHIIPHAH, IIcQ/lmupb C BOCC/leaOBaIlUeM, f. 3 : «lÜd(A)Tt.I(p) MHTponoAH~hII
KHnpïdHoHd nHtMd; &1(3) HrllMI(H)t~Oro &A(t)HIHïd HI AdHdTH lAI HH~OMli HHWHX MOHdtTt.lpIH
nOtTpHffiIHH~UJ(M) ».
4. ApXHMaH,llpHT AM<l>HJIOxHA:, «qTO BHec CB. KHrrpHaH, MHTpOrrOJIHT KHeBCKHH H
BceH POCCHH, a rrOTOM MOCKOBCKHH H BceH POCCHH, H3 CBoero pOIlHaro HapeqHjJ H H3
rrepeBolloB ero BpeMeHH B HaIIIH BOrOCl!YlKe6HbIH KHHrH? », Tpyabl IlL apxeO/lOZU'leCKOZO
C'be3aa B Poccuu, Kiev, 1878, t. II, p. 241.
112 YIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

manuscrit au métropolite!. C'était encore l'opinion de G. Vzdornov


dans son article de 1968 qui considérait ce psautier comme l'un
des trois manuscrits propres au métropolite Cyprien2 •
Toutefois, L. P. Griazina (Saianko) a procédé à la datation du
manuscrit en 1976 par une étude des filigranes. Cette étude a
révélé des filigranes de 1438 et 1465, ce qui a permis d'établir
qu'il s'agissait d'un manuscrit de la seconde moitié du xye siècle3 •
À sa suite, G. M. Prokhorov estime également que le manuscrit
conservé actuellement ne serait pas un autographe de Cyprien4 •
Toutefois, l'étude de l'orthographe de ce manuscrit porte la
marque d'Euthyme de Trnovo, et de fait, l'orthographe de ce
manuscrit est très proche de celle du manuscrit de EÉchelle dont
l'authenticité a été confirmée. On rencontre cependant quelques
russismes dans le Psautier suivis. Ainsi, ces indices nous amènent
à considérer le manuscrit en question comme une des premières
copies, et la seule conservée, du Psautier suivi original de Cyprien.
Voici son contenu :

Contenu du Psautier suivi du métropolite Cyprien

Psautier suivi 142 [Bibliothèque d'État de Russie, fonds n° 1731.]


f. 4. Les Psaumes de David
f. 132. Les Odes de Moïse
f. 145. Horologion, contenant les offices de la nuit et du jour, selon
le Typikon de la laure de Jérusalem de notre vénérable Père Sabas,
commençant habituellement par le mesonyktikon
f. 192. Synaxaire de toute l'année, commençant avec Dieu, selon le
Typikon de Jérusalem, pour les douze mois, de septembre à août,

1. ApXHMaH)\PHT lIEoHHg, C/leàeHUJ/ ° CflaliJlHCKUX PYKonuCJ/X, nocmynu6wux U3


KHuzoxpaHU/lU14a C/I.-Tpou14Kou Cepzue60u Jla6pbl 6 6u6/lUomeK)l TPOUIjKOU J(yX06HOU
Ce.MUHapUU /1 1747z. (HblHe HaxoàJl14uXCJI /1 6u6/lUomeKe M.aA.), BblrryCK 2, Moscou, 1887,
p.306.
2. r. H. B3goPHOB, «POJTh CJIaBlIHCKHX MOHaCTblpcKHX MacTepcimx IIHCbMa
KOHCTaHTHHOIIOJIlI H Aq,oHa B pa3BHTHH KHHI'OIIHCaHHl! H xygO:lKeCTBeHHOI'O oq,op-
MJIeHHl! pyCCKHX PYKOIIHce:ii: Ha py6e:lKe XIV - XV BB. », TOJ(PJl23 (1968), p. 173-174.
La note 10 est précieuse concernant la bibliographie sur ce manuscrit.
3. rBlI. OTAeJI PYKOIIHceii:. C06paHHe PYKOIIHCHbIX KHHI' M.IJ:A. <l>yImaMeHTaJIbHoe.
<1>. NQ 173 1. J(onoIlHeHUJ/ K ne'lamHblM OnUCaHUJ/M, Moscou, 1975-1985, p. 57;
O. A. KHH3EBCKAJ!, E. B. qEIIIKO, «PYKOIIHCH MHTPOIIOJIHTa KHIIpHaHa H OTpa:lKeHHe
B HHX opq,OI'paq,WIecKo:ii: peq,opMbI EBq,HMHl! TblpHOBCKOI'O », n,pHO/ICKa KHU:HC06HaIII
KOlla, t. II, Sofia, 1980, p. 284.
4. IIpoxoPoB, «KHIIPHaH», CIIo6apb KHU:HCHUK06 U KHU:HCHOCmU J(pe6Heu Pycu,
Leningrad, 1988, p. 471.
5. O. A. KHH3EBCKAJ!, E. B. 'lEIIIKO, «PYKOIIHCH MHTpOIIOJIHTa KHrrpHaHa H
OTpa:lKeHHe B HHX opq,orpaq,WIecKo:ii: peq,opMbI EBq,HMHl! TblPHoBcKoro», TbPH06CKa
KHU:HC06HaIII KOlla, t. II, Sofia, 1980, p. 283-284.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 113

ayant les trop aires et les kondakia pour les saints importants et les
grandes fêtes du Seigneur
f. 264 v. Triodion et Pentecostaire
f. 291. Canon aux saints Pères de saint Grégoire le Sinaïte
f. 296. Canon à la Sainte et Vivifiante Trinité
f. 301. Refrains de saint Grégoire le Sinàite après le canon à la Trinité
f. 302. Prière à la Sainte et Vivifiante Trinité de Marc le Moine
f. 303 v. Acolouthie du Saint et Grand Samedi, le soir
f. 305 v. Acolouthie du Saint et Grand Dimanche de Pâques, lorsque
nous sortons au narthex
f. 313 v. Les heures chantées en ce dimanche de Pâques, jusqu'au
dimanche du Renouveau, selon le Typikon de Saint-Sabas
f. 314. Ce même dimanche de Pâques, aux vêpres
f. 315. Le 25 mars, Annonciation à notre Glorieuse Souveraine, la
Mère de Dieu, et Toujours-Vierge Marie
f. 322 v. Canon paraclytique à la M~re de Dieu [ton 4, œuvre
d'Ignace]
f. 328. Le vendredi de la cinquième semaine de Carême, nous chan-
tons l'office de l'Acathiste
f. 343. Canon paraclytique à la Mère de Dieu [ton 8]
f. 347 v. Canon paraclytique à la Mère de Dieu [ton 6]
f. 351 v. Canon à la Mère de Dieu [ton 8]
f. 355. Office à notre Seigneur Jésus Christ
f. 359. Canon pour la sortie de l'âme d'André de Crète [ton 6]
f. 363. Prière pour la sortie de l'âme, dite par le prêtre
f. 363 v. Prière pour la confession d'un frère voulant mourir ...
f. 364. Acolouthie pour la séparation de l'âme
f. 369. Prières avant la Sainte Communion
f. 380. Prières après la Sainte Communion
f. 382. Acolouthie pour la communion à l'eau bénite
f. 383 v. Acolouthie et prières pour un frère ayant été souillé par des
pollutions nocturnes
f. 388. Stichères pénitentielles
f. 390. Stichères du lucernaire, ton 6, du jugement dernier
f. 393. Le dimanche, trop aires eulogétaires après le Psaume 118
f. 394. Le premier dimanche du Carême, après le Psaume 50 :
Ouvre-nous les portes du repentir
f. 394 v. Photagogika du dimanche et stichères de l'Évangile
f. 398 v. Tropaires quotidiens
f. 401. Tropaires triadiques, dits pendant le Carême
f. 403. Le vendredi soir et le samedi, aux matines, trop aires eulogé-
taires pour les défunts après le Psaume 118
f. 408. Prokimena et alléluia quotidiens
[il manque la fin]
114 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Comme nous pouvons le constater, ce manuscrit sera essentiel


à notre étude sur la réforme liturgique du métropolite Cyprien,
puisqu'il comprend d'une part «l'Horologion, contenant les offices
de la nuit et du jour, selon le Typikon de la laure de Jérusalem
de notre vénérable Père Sabas ), et d'autre part «le Synaxaire
de toute l'année, commençant avec Dieu, selon le Typikon de
Jérusalem, pour les douze mois, de septembre à. août, ayant les
tropaires et les kondakia pour les saints importants et les grandes
fêtes du Seigneur), ainsi que les parties relatives au Triodion et au
Pentecostaire.
Ce Psautier suivi a de plus comme particularité de contenir,
dans les parties du Synaxaire, du Triode et du Pentecostaire,
l'ordo de l'office, prévoyant également les cas particuliers d'oc-
currences liturgiques (les fameux «chapitres de Marc)), tels qu'ils
apparaîtraient ·dans un typikon. En fait, ce Psautier suivi, qui est
sans aucun doute une copie de l'original rédigé par le métropolite
Cyprien, sert également de Typikon sabaïte (hiérosolymitain). Il
a peut-être été utilisé en tant que tel avant que ne soit diffusé en
Russie le typikon d'Athanase Vysotskij, intitulé EŒil de l'Église,
rédigé à Constantinople en 1401, comme nous l'avons vu plus
haut. Comme le remarque Mansvetov, c'est sur ces points que le
Psautier suivi de Cyprien se distingue des autres horologia grecs
et slaves de l'époque. Le détail avec lequel est rédigé le Synaxaire
et la partie du Triode et du Pentecostaire, ne se limitant pas à
donner simplement le texte des tropaires et kondakia, mais trai-
tant aussi de l'ordo des offices, particulièrement ceux du Carême,
et des règles du jeûne, fait de ce manuscrit un véritable typikon
qui reflète les prescriptions de l'ordo hiérosolymitain. Ainsi, le
Psautier suivi de Cyprien s'avère être l'un des manuscrits les plus
anciens et les plus complets que nous possédions de cet ordo,
introduit en Russie aux XIVe-xve siècles par notte métropolite
liturgiste 1 •
Nous verrons dans la deuxième partie de notre étude que l'une
des caractéristiques essentielles de la réforme liturgique du métro-
polite Cyprien sera l'introduction en Russie de l'office de vigile
nocturne (agrypnie, BCeHOJWIOe 6,ll;eHHe) la veille des dimanches
et des grandes fêtes. Or, un tel office est attesté dans le présent
manuscrit aux feuillets 195 v., 221, 223, 232, 267, 288 v., 289
v. et à d'autres endroits2.
Une autre particularité du Typikon sabaïte (hiérosolymitain)
était de ne pas célébrer la liturgie des Présanctifiés le mercredi et
le vendredi de la semaine des laitages, et de ne la célébrer que les
mercredis et les vendredis du Carême, contrairement à la pratique

1. MAHCBETOB, MumponoAum Kunpua/J, p. 68.


2. Ibid., p. 69.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 115

du Typikon de la Grande Église qui prescrivait justement sa célé-


bration le mercredi et le vendredi de la semaine des laitages, tous
les jours de semaine Cà l'exception du samedi et du dimanche)
pendant le Carême, de même que le Grand Vendredi. La pratique
palestinienne de célébrer les heures avec les vêpres le mercredi et
le vendredi de la semaine des laitages est attestée aux feuillets 265
v. et 266 v. du présent manuscrit. De même, aux feuillets 272 et
274-275, lorsqu'il est question de la première semaine de Carême,
il est spécifié de ne célébrer les Présanctifiés que les mercredis
et les vendredis «comme nous l'avons reçu de la laure de notre
vénérable Père Sabas et du cénobium de notre Père théophore
Euthyme)i Cf. 275 1).
Compte tenu de ces nombreux indices, il nous a paru utile
d'éditer en annexe l'ordo contenu dans l'Horo1ogion, le Synaxaire,
le Triode et le Pentecostaire de ce Psautier suivi, et de les analyser
dans la deuxième partie de cette étude, pour pouvoir en dégager
l'objet de la réforme du métropolite Cyprien.
Le lien entre ce manuscrit, le métropolite Cyprien et le mou-
vement hésychaste se trouve encore renforcé du fait que certains
offices dans le Psautier suivi de Cyprien sont prévus pour être célé-
brés en cellule. Or, nous savons que depuis longtemps, à l'Athos,
les moines hésychastes vivaient souvent en petits skites ou kellia,
où ils disaient l'office seuls ou en petits groupes, très souvent en
l'absence de prêtres. lis ne se réunissaient au catho1icon du monas-
tère dont ils dépendaient que pour la célébration de l'agrypnie et
de la Divine Liturgie eucharistique des dimanches et des fêtes.
Cette ressemblance avec la constitution de la laure de Saint-Sabas
en Palestine a sans doute été la raison principale de l'adoption
de son typikon par les moines hésychastes. Le fait avait déjà été
remarqué par saint Syméon de Thessalonique qui estimait que ce
typikon avait été adopté «parce qu'il peut être exécuté par une
seule personne, puisqu'il a été composé par des moines 2 )i, et nous
pourrions spécifier, des moines non ordonnés. Lors de son pas-
sage à l'Athos, le jeune Cyprien a dû faire l'expérience de ce genre
de vie monastique. Ainsi, dans son Psautier suivi, un même office
peut être décrit pour une célébration commune Cà l'église) et pour
une célébration solitaire Ccomme règle de cellule). Par exemple,
au feuillet 154 v., il y a une prescription qui atteste que l'office
peut être dit sans prêtre, par un simple frère. Comme l'indique
Mansvetov, dans le Psautier nO 406 de l'ancienne Bibliothèque
synodale de Moscou, la règle en cellule du mesonyktikon est attri-

1. (, Ct 60 npio\\xwM ID AdKpkl npn(A}tiHdro Wijd HdWtro CUkl H ID ~HHoKid 6roHocHd(r) Wijd


HdWtrO eV.o.ïMïd') (KHIIPHAH, Ilca.rzmupb c 6ocC/leàoBaHUeM, f. 275). Voir MAHCBETOB,
MumponoJ/um KunpuaH, p. 69.
2. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, 556 D.
116 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

buée au patriarche Philothée, règle qu'il aurait donnée à son dis-


ciple. Or, comme nous le rappelle Mansvetov, nous savons que le
patriarche Philothée a lui aussi reçu sa formation théologique et
ascétique à l'Athos, où il fut d'abord moine puis higoumène!. De
même, le Psautier suivi de Cyprien qui prescrit de lire le mesonyk-
tikon «dans le catholicon» (f. 145 v.) n'exclut pas qu'il puisse être
lu en cellule, sans prêtre, puisque nous trouvons, par exemple, au
feuillet 148 l'indication : «dans nos cellules », puis au feuillet 151 :
«s'il n'y a pas de prêtre».
Nous avons remarqué au début de cette section que l'ortho-
graphe de ce manuscrit était bulgare. Cela n'est pas étonnant si
l'on tient compte de l'origine bulgare du métropolite Cyprien.
Toutefois, la traduction du Psautier suivi de Cyprien a fait
l'objet de débats, depuis qu'au XVIe siècle Nil Kurliatev a écrit
en 1552, dans la préface du Psautier traduit du grec en slavon
par son maître, Maxime le Grec, que «le métropolite Cyprien ne
comprenait pas le grec et qu'il ne connaissait pas suffisamment
notre langue 2 ». Ainsi, il accusait Cyprien d'avoir introduit des
termes bulgares et serbes, et de ne pas respecter l'orthographe
russe. En effet, une caractéristique du Psautier suivi du métro-
polite Cyprien est l'utilisation constante des lettres slavone if. et
;9\ au lieu des lettres 1\, 0, V, 10, ;9\3. Cette dernière caractéristique
est une caractéristique bulgare. Ainsi, aux accusations de Nil
Kurliatev, l'archimandrite Amphiloque a répondu en 1878 en
avançant que Cyprien n'avait fait qu'introduire des particula-
rités à son propre dialecte slave et des caractéristiques propres
aux traductions slaves de son temps4. Quant à la connaissance
du grec dans l'œuvre de traduction de notre métropolite, l'ar-
chimandrite Amphiloque estime qu'il n'a fait que recopier, à
Constantinople, une traduction existante du Psautier, qu'il n'a
rien corrigé et que, de toute manière, «le Psautier, écrit de la
main de Cyprien, chez nous en Russie, a été diffusé; les moines
de Volokolamsk ont eu une bonne opinion de celui-ci, le consi-

1. MAHCBETOB, MumponoJlum KunpuaH, p. 71.


2. «.1 KHnpiollHb MHTpono~HTb no rpf.. n~H rop43Ao Hf P43I1M"'~b H H4WfrO h1131d~4 AOIIO~bHO
Hf 3H4~b 81H (APXHMaH,r(p1IT AM<l>H1l0XHfI, «qTO BHec CB. KHnpHaH, MHTpOnOJlIIT
KHeBCKHH H BceR POCCHH, a nOTOM MOCKOBCKHH H BceR POCCHH, H3 CBoero pOAHaro
Hape'lIDl H H3 nepeBO,l\OB erG BpeMeHH B HaUlH 6orocJl)')Ke6Hblll KHHrn?», Tpyàbl III
apxeOJlOeU'/eCKoeo C'6e3àa 6 Poccuu, Kiev, 1878, t. II, p. 230); H. HBAHOB, «B'bJlrapCKOTo
KHIDKOBHO JlJIIDIHHe B PyCHll: npH MHTpOnOJlHT KHnpHaH (1375-1406),), H36eCmUll: Ha
HHcmumyma 3a B'MeapCKa Jlumepamypa, KH. 6, Sofia, 1958, p. 30.
3. ApXHMaH.I\PHT AM<l>H1l0XHfI, «qTO BHec CB. KHnpHaH, MHTpOnOJlHT KHeBCKHH H
BceR POCCHH, a nOTOM MOCKOBCKHH H BceR POCCHH, H3 CBoero pO,l\HarO HapeqHR H H3
nepeBO,l\OB ero BpeMeHH B HaIllH 6orocJI)')Ke6Hblll KHHrH? », Tpyàbl III apxeOJlOeU'leCK020
C'6e3àa 6 Poccuu, Kiev, 1878, t. II, p. 238.
4. Ibid., p. 250.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 117

dérant comme une bonne traduction. Le Psautier, corrigé par


Maxime le Grec, n'est pas entré dans l'usage l . »
Ivanov, dans son étude plus récente,. croit également que le
métropolite Cyprien a utilisé une traduction existante du Psautier,
et fait un rapprochement avec le Psautier du tsar Ivan Alexandre
de 13372 • Ivanov réfute ainsi l'opinion de Mansvetov selon lequel
le Psautier suivi de Cyprien aurait été recopié au monastère de
Chilandar, à partir d'un manuscrit serbe. Ce dernier était arrivé
à cette conclusion parce que le Psautier suivi de Cyprien men-
tionne les saints Sabas et Syméon de Serbie dans le canon de
saint Grégoire le Sinaïte, et que son psautier comporterait, selon
lui, de nombreux serbismes3 .
E. Tchechko a étudié l'influence de la traduction des Psaumes
du Psautier suivi de Cyprien sur les éditions ultérieures et a déter-
miné que 26 variantes textuelles du Psautier suivi de Cyprien ont
été conservées dans les éditions coÎitemporaines, sans compter les
variantes communes à d'autres traductions 4 •
On a souvent remarqué dans ce manuscrit l'abondante présence,
dans la partie du Synaxaire, de saints bulgares, originaires de la
patrie de notre métropolite: mémoire de sainte Parascève (Piatka)
le 14 octobre, de saint Jean de Rila le 19 octobre, de saint Hilarion
de Moglène le 21 octobre (dont la Vie a été écrite par Euthyme
de Trnovo), de saint Cyrille le Philosophe le 14 février, de saint
Joachim le 16 août5 • Figure également dans le Synaxaire la mémoire
de trois saints serbes : saint Arsène le Serbe le 28 octobre, saint
Sabas le Serbe le 14 janvier et saint Syméon le Serbe le 13 février.
De plus, la mémoire de saint Pierre, métropolite de Moscou, le
21 décembre, pour qui Cyprien avait une si profonde dévotion,
laquelle l'a conduit, comme nous l'avons vu, à rédiger sa Vie et à

1. «R rrCaJITHph, rrHCaHHaJI PYKOIO MHTpOrrOJIHTa KHrrpHaHa, y Hac Ha PyCH pacrrpoc-


Tp8IDIJIaCh; 0 HeR BOJIOKOJIaMCKHe HHOKH OT03BaJIHCh C xopOUIeR CTOPOHhI,' Ha3BaB
AOÔphIM rrepeBOAOM. RcrrpaBJIeHHaJI .lKe MaKCHMOM l'peKoM rrCaJITHph He BOUIJIa B
yrroTpeÔJIeHHe.» ApXHMaH,l\PHT AM<I>HJIOXHH, «CrrpaBeAJIHB JIH yrrpeK MOHaxa HHJIa
KypJIJITeBhIX B TOM, 'ITO MHTpOrrOJIHT KHrrpHaH rro rpe'leCKH ropa3AO He pa3YMeJI, H
Hamero 1I3hIKa AOBOJIhHO He 3HaJI.lKe rrpH HCrrpaBJIeHHH IICaJITHpH?», TpyObl IVapxeo-
J/OZU'leCKOZO C'be30a 6 Poccuu, Kazan, 1891, t. II, section 6, p. 5-6.
2. H. RBAROB, « B'bJIrapCKOTo KHH.lKOBHO BJIHJIHHe B PYCHJI rrpH MHTpOrrOJIHT
KimpHaH (1375-1406),>, H36ecmUJ/ IIQ Hllcmumyma 3a BMzapcKa J/umepamypa, KR. 6,
Sofia, 1958, p. 38-45.
3. MARCBETOB, MumponoJ/um Kunpuall, p. 73. H. RBAROB, «B'bJIrapCKOTo KHH.lKOBHO
BJIHJIHHe B PyCHJI rrpH MHTpOrrOJIHT KHrrPHaH (1375-1406),>, H36ecmUJ/ lia Hllcmumyma
3a,BMzapcKa J/umepamypa, KR. 6, Sofia, 1958, p. 32-33.
4. E. B. qEUIKO, «BTopoe IO.lKHOCJIaBlIHCKOe BJIHlIHHe B peA~ rrCaJIThipHOrO
TeKCTa Ha PyCH (XIV - XV BB.)>>, PalaeobulgaricaV (1981) 4, p. 84.
5. H. RBAROB, «B'bJIrapCKOTo KHH.lKOBHO BJIHJIHHe B PyCHJI rrpH MHTpOrrOJIHT
KHrrpHaH (1375-1406),>, H36ecmUJ/ lia Hllcmumymà 3a BMzapcKa J/umepamypa, KR. 6,
Sofia, 1958, p. 46-47.
118 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

lui composer un office, vient confirmer le lien de l'original de ce


manuscrit avec l' œuvre liturgique de notre métropolite.
Ce dernier élément peut être utile pour la datation de la rédac-
tion originale du Psautier suivi de Cyprien. Nous pourrions
admettre l'hypothèse suivante. Pour que le trop aire et le konda-
kion du métropolite Pierre figurent dans le Synaxaire du Psautier
suivi, la rédaction du Psautier a dû suivre celle de l'office du saint.
Or, nous avons vu que le métropolite Cyprien rédigea la Vie et
l'office de saint Pierre, métropolite de Kiev, en 1381. De plus, en
suivant Ivanov, si nous considérons que Cyprien a recopié une
traduction existante des Psaumes à Constantinople, il faut alors
admettre que le Psautier fut rédigé entre 1386 et 1389, car nous
savons que Cyprien s'y trouvait de 1386 à 1387 puis de 1388 à
1389. Nous avons déjà vu qu'il avait recopié EÉchelle en 1387,
au Stoudion. TI est possible qu'il ait recopié son Psautier suivi à la
même époque.
Mais nous pouvons admettre une autre hypothèse, plus
convaincante. Celle-ci impliquerait que la rédaction du Psautier
aurait précédé la rédaction de la Vie et de l'office. Cette seconde
hypothèse pourrait se justifier par trois arguments. Premièrement,
nous trouvons au feuillet 219 v., après le trop aire et le kondakion
du saint, qui sont généralement les premiers éléments hymnogra-
phiques composés, avant la rédaction d'un office entier, l'indica-
tion : «À la liturgie, office d'un saint hiérarque! ). Cette mention
renvoie donc à un office commun (ordinaire) d'un saint, et non pas
à un office spécifique. De là on peut supposer que l'office n'avait
pas encore été composé au moment de la rédaction du PsautiC1
suivi. Deuxièmement, l'office du métropolite Pierre composé pat
Cyprien en 1381 est un office avec agrypnie selon le TypikoIl
sabaïte. Or, pour qu'un tel office puisse avoir été rédigé, cel2
présuppose l'existence d'un psautier et d'un horologion de tyP(
palestinien qui fournit l'ossature à un tel office. Troisièmement
il n'y a pas de mention d'agrypnie dans le Syriaxaire du PsautiC1
suivi pour le 21 décembre, ni d'ordo particulier concernant le!
occurrences possibles de la fête du saint métropolite Pierre e1
les solennités d'avant la Nativité. Cela nous amène donc à Un(
seconde hypothèse qui voudrait que le Psautier suivi ait éti
rédigé avant 1381. Or, nous avons vu que Cyprien se trouvai'
à Constantinople de 1379 à 1380 pour y défendre son titre dt
métropolite de Kiev et de toute la Russie. Ainsi, à son retour i
Moscou en 1381, il a pu rédiger la Vie et l'office du métropolitt
Pierre, en introduisant l'Horologion palestinien (sabaïte), et com
mencer sa réforme liturgique. Cette réforme liturgique ainsi inau·

1. (, Rd AH'I'lIpriH tAOVamd tTAM~dU (KHIIPIiAH, IIcllJImupb C 6ocClle006a1lUeM, f. 119 v.).


L'œUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 119

gurée en 1381 souleva un certain nombre de questions parmi le


clergé dont l'higoumène Athanase du monastère « sur la hauteur})
(na Vyssokom). Le métropolite Cyprien dut répondre à ces ques-
tions à l'époque, ce qui recoupe l'hypothèse de Prokhorov que
les Réponses à l'higoumène Athanase auraient été rédigées en 1381,
comme nous l'avons dit plus haut!.

Autres traductions liturgiques.

Outre les manuscrits que nous venons de passer en revue et


qui furent traditionnellement attribués au métropolite Cyprien, ce
dernier aurait traduit plusieurs autres textes liturgiques. Comme
le remarque Mansvetov, de nombreuses prières et acolouthies lui
furent attribuées, dont plusieurs tarpivement du fait de son auto-
rité dans le domaine liturgique2 •
Le métropolite Cyprien connaissait bien l'œuvre liturgique de
son maître, le patriarche Philothée (Kokkinos) et aurait traduit de
nombreuses prières, canons et acolouthies de ce patriarche qui fut
également un grand hymnographe byzantin3 •
Philothée est, par exemple, l'auteur d'une Prière à l'Esprit Saint,
lue le jour de la Pentecôte, que l'on retrouve dans ledit Sluzhebnik
de Cyprien (nos 344 - 601) aux feuillets 84 v.-88, ainsi que dans
le Trebnik na 376 (268) aux feuillets 324 v. et suivants. Par consé-
quent, la traduction slavone de cette prière a été attribuée à notre
métropolite liturgiste4 •
De même, Philothée serait l'auteur d'une Prière pour le début
de l'indiction (Nouvel AnS). Nous retrouvons une acolouthie pour
l'indiction qui se conclut par cette prière dans les Trebniki étu-
diés plus haut: na 372 (900) au feuillet 295; nO 375 (326) au
feuillet 321; et nO 376 (268). Cependant, nous ne trouvons dans
ces manuscrits aucune mention du métropolite Cyprien comme
traducteur de cette prière6 •

1. Voir p. 60. IIpOXOPOB, «KHrrpHaH », CilO6apb KIIU:HCIIUK06 U KIIU:HCIIOCmU J(pe6l1eu


Pycu, Leningrad, 1988, p. 466.
2. MAHCBETOB, Mumponollum Kunpuall, p. 107.
3. Voir à ce sujet: r. M. IIpoxoPoB, «K HCTOpHH JIHT}'PflflieCKOH: rr033HH : fHMHbI H
MOJIHTBhI rraTpHapxa «l>HJIOIPeH KOKKHHa», TOJ(PJI27 (1972), p. 120-149. Les pages 142
à 149 sont extrêmement précieuses, où Prokhorov fait un catalogue des œuvres hym-
nographiques du patriarche Philothée en donnant les références des manuscrits grecs
et des manuscrits contenant une traduction slave.
4. MAHCBETOB, Mumponollum Kunpuall, p. 108; r. M. IIpOXOPOB, «K HCTOpHH JIHTyp-
flflieCKOH: rr033HH : rHMHbI H MOJIHTBbI rraTpHapxa «l>HJIOIPeH KOKKHHa», TOJ(PJI 27
(1972), p. 148.
5. Ibid., p. 147.
6. l'oPCKHA: H HOBOCTPYEB, Onucallue, p. 155,202,205.
120 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Philothée serait également l'auteur d'un Canon d'intercession à


notre Seigneur Jésus Christ et à Sa Très Sainte Mère en cas d'invasion
païenne. Cyprien l'aurait traduit, si l'on en croit les incipits des
manuscrits!. Seule la prière a été conservée en grec ((eÙX1l1w'tù
1tOÂ.e~tffiV »). Mais selon Mansvetov, le texte slave ne peut être
l'original car il montre qu'un original grec a bien existé. La prière
commence par : «&(J1lmo 6 ee6ç i]~rov 6 cro<jltOç OPPTI'tffi 'A,OYffi».
La mention de la Sagesse, du Verbe ineffable ainsi que la des-
cription faite dans cette prière de la misère de la capitale et de la
pauvreté de l'empire se retrouvent, selon lui, dans d'autres œuvres
du patriarche Philothée2 • De. même, Cyprien aurait traduit un
autre canon de Philothée intitulé Canon en cas de guerre avec les
étrangers3 •
Dans le Kanonik (Livre de canons de prières) nO 284 de l'an-
cienne bibliothèque de la laure de la Trinité, on trouve un Canon
à notre Seigneur Jésus Christ pour l'abondance des fruits qui est
attribué à Cyprien4 •
De même, dans le Trebnik nO 183 de l'ancienne bibliothèque
de l'Académie de Moscou (f. 38), on trouve des prières particu-
lières aux vêpres, aux heures, au mesonyktikon et aux matines,
dont la traduction est attribuée à Cyprien5 • Ces prières sont pro-
pres à l'office asmatique. On les retrouve également, comme nous
l'avons vu plus haut, dans le Trebnik nO 371 (675) de l'ancienne
Bibliothèque synodale, sans la mention du traducteur. Comme
le remarque Mansvetov, «il n'y a pas de preuves sérieuses poUl
accepter l'attribution à Cyprien de la traduction de ces prières 6 »
En effet, l'attribution figure dans un manuscrit tardif, et de plus i
serait étrange que Cyprien, voulant introduire le Typikon sabaïte
ait parallèlement diffusé des prières de l'office asmatique, suivan
le Typikon de la Grande Église. Ainsi, nous serions en présence
d'une fausse attribution tardive.
Le Trebnik nO 378 (898) de l'ancienne Bibliothèque syno
dale, daté du XVIe siècle, attribue lui aussi une acolouthie pou
les enfants défunts au métropolite Cyprien7 , etçle même l,
Sluzhebnik nO 356 (612) de l'ancienne Bibliothèque synodale, dat'
du XVIe siècle, une prière pour la réouverture d'une église, aprè

1. M. ITpOXOPOB, «K HCTOpIDI JIHTYPrnqeCKOH II033HH : rnMHbI H MOJIHTBbI IIaTpHap~


ct>HJIo4JeJl KOKKHHa», T0Jl.PJI27 (1972), p. 144.
2. MAHCBETOB, MumponoAum KunpuaH, p. 109.
3. Ibid., p. 111; r. M. ITpOXOPOB, «K HCTOpIDI JIHTYprnqeCKOH II033HH : rHMHbl
MOJIHTBbI IIaTpHapxa ct>HJIo4JeJl KOKKHHa», TOJl.PJI27 (1972), p. 145.
4. MAHCBETOB, MumponoAum KunpuaH, p. Ill.
5. rOPCKHH H HOBOCTPYEB, OnucaHue, p. 144.
6. MAHCBETOB, MumponoAum KunpuaH, p. 111.
7. IbPCKHH H HOBOCTPYEB, OnucaHue, p. 235.
L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 121

sa consécration, lorsqu'un homme vint à mourir!. Mais il y a de


fortes chances que l'attribution de ces prières à notre métropolite
soit apocryphe 2 •
Néanmoins, il ne peut y avoir de doute que le métropolite
Cyprien ait œuvré pour la diffusion de l'enseignement hésychaste
en Russie. C'est à lui, en effet, que l'on attribue l'addition dans
la version slave du Synodikon de l'Orthodoxie de l'enseignement
théologique des hésychastes 3 • Il se pourrait que là encore Cyprien
ait été redevable au patriarche Euthyme de Bulgarie, à qui l'on
attribue ces additions dans le Synodikon bulgare et sa propagation
dans toute la Bulgarie4 . Nous avons vu plus haut que, dans sa lettre
au clergé de Pskov, Cyprien dit lui avoir envoyé « le Synodikon
juste, véritable, qui est lu à Constantinople, à Sainte-Sophie, au
patriarcat». Comme nous le savons, la tradition hésychaste, en
général - et la doctrine de saint Grégoire Palamas, plus particu-
lièrement - triompha au concile des Blachernes de 1351, qui mit
un terme aux controverses qui avaient agité Byzance pendant une
bonne partie du XIVe siècle. Ce sont les décisions de ce concile
qui furent incluses dans le Synodikon de l'Orthodoxies. On estime
que cette composition du Synodikon fut lue à Constantinople
pour la première fois le premier dimanche de Carême de 13526 •
L'implication du métropolite Cyprien dans la diffusion de cette
nouvelle version augmentée du Synodikon a particulièrement été
étudiée par A.-E. Tachiaos7 .
De plus, la commémoration de saint Grégoire Palamas, le
deuxième dimanche de Carême, commença à être diffusée en
Russie à l'époque du métropolite Cyprien8 • Nous savons que l'of-
fice de saint Grégoire Palamas avait été composé par le patriarche
Philothée9 • Même si la traduction slave de cet office n'est pas attri-
buée à la plume de notre métropolite liturgiste, il n'en demeure

l.Ibid., p. 63.
2. Voir MAHCBETOB, MumponoJlum KunpuaH, p. 112.
3. IIABJIOB, KaHoHuflecKue na.MJ/mHUKU, col. 239, 24l. Voir D. OBOLENSKY, «A
philorhomaios anthropos : Metropolitan Cyprian of Kiev and ail Russia (1375-1406) »,
p.96-97.
4.A.-E. TACHIAOS, «Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du
XIV" siècle», p. 12l.
5.}. MEYENDORFF et A. PAPADAKIS, EOrient chrétien et l'essor de la papauté, p. 352.
6.}. MEYENDORFF, Introduction à l'étude de Grégoire Palamas, p. 152.
7. A.-A. N. TaXtaoç,'Emopâcrelç -rov TJaT/xaaJ.lov lOi.,; njv eICICÂl1GlaCTrl1CTJV ItOÂ1'l"l1CfJV ev
'PwaiÇl (1328-1406), Thessalonique, 1962, p. 140-152. Voir également A.-E. TACHIAOS,
«Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du XIV' siècle», p. 129, où
la note 3 donne quelques renseignements bibliographiques.
8. A. B. rOPCKHH, «CB. KHrrpHaH, MHTpOrrOJIHT KHeBCKHH H BceH POCCHH», nTCO
VI (1848), p. 359.
9.Voir r. M. IIpOXOPOB, «K HCTOpHH JIHTYPI'IflIeCKo:ii: rr033HH : l'HMHhl H MOJIHTBhI
rraTpHapxa <llHJIo4>eH KOKKHHa», TOJ(PJI 27 (1972), p. 144.
122 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

pas moins qu'il œuvra sans aucun doute pour la diffusion en


Russie de cette nouvelle solennité dans le calendrier liturgique.
Notons, cependant, que la commémoration de saint Grégoire
Palamas le deuxième dimanche de Carême ne figure pas encore
dans le Psautier suivi du métropolite Cyprien, ce qui vient ren-
forcer l'hypothèse d'une rédaction plutôt précoce que tardive du
Psautier suivi!.

loVair KRIlPllAH, IIcaJlmupb C 6ocC/leào6aHUeM, f. 276.


CHAPITRE III

DE NOUVEAUX REGARDS
SUR LE MÉTROPOLITE CYPRIEN

À la fin de cette première partie, il convient de récapituler les


points importants qui nous permettront de passer à l'étude de la
réforme du métropolite Cyprien. Il s'avère que plusieurs petits
détails, dont quelques découvertes récentes, ouvrent de nouvelles
perspectives sur les études faites jusqu'à présent sur l'œuvre du
métropolite Cyprien.
En effet, depuis la parution en 1882 de l'étude du grand
liturgiste russe 1. Mansvetov, Le Métropolite Cyprien dans son
activité liturgique, personne ne s'est penché sur la question
d'un point de vue liturgique. Ainsi, l'étude que nous nous pro-
posons de mener dans la deuxième partie sur la réforme litur-
gique du métropolite va tenter de combler un vide qui s'est
creusé dans le domaine scientifique et théologique depuis plus
de cent ans.
D'une manière générale, une réévaluation du contexte histo-
rique s'impose, plus encore depuis la parution d'études plus
approfondies de l'histoire de l'hésychasme, de l'activité littéraire
du métropolite Cyprien et, dans l'ensemble, sur l'histoire de la
liturgie byzantine.
Le moment est maintenant venu, après quelques remarques
méthodologiques, de porter un nouveau regard sur le métropo-
lite Cyprien en tant qu'hésychaste, écrivain, homme d'Église et
liturgiste.

REMARQUES MÉTHODOLOGIQUES

Le père Jean Meyendorff regrettait en 1974 que les différentes


disciplines, que ce soient l'histoire, l'histoire de l'art ou la théo-
logie, soient bien souvent trop séparées. Il disait en parlant du
mouvement hésychaste au ){Ne siècle :
124 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Puisque tout ce processus historique intéresse les représentants de


diverses disciplines : les historiens, les historiens de l'art et les cher-
cheurs en théologie, son étude complète exige leur compréhension
mutuelle et leur collaboration. Malheureusement, les représentants de
ces diverses disciplines vivent dans des mondes fermés, développant
chacun de son côté des méthodes indépendantes, et ainsi, appauvrissant
leurs propres possibilités en matière d'accès à la vérité sous toutes ses
facettes. Il me semble qu'en ce qui concerne l'étude de la culture, la
compréhension mutuelle et l'estime mutuelle de ces différents spécia-
listes sont les conditions pour une créativité originale dans le domaine
de la science 1.

Bien que ce soit beaucoup moins vrai de nos jours, l'interdisci-


plinarité étant largement préconisée et pratiquée, l'étude de la vie
et de l'œuvre du métropolite Cyprien que nous venons de mener
a essayé de tenir compte de ces différents aspects. Nous avons vu
que les récentes études philologiques menées par Kniazevskaia et
Tchechko 2 ont d'une part confirmé le lien qui unit le métropo-
lite Cyprien au mouvement hésychaste en général, et à l'école de
Trnovo en particulier, et d'autre part ont permis de dater avec
plus de précision les manuscrits que la tradition attribuait au
métropolite Cyprien.
De plus, l'évolution de la science liturgique grâce aux études de
M. Arranz sur l'ancien Euchologe constantinopolitain, de R. Taft
sur l'histoire de la liturgie de saint Jean Chrysostome, et spéciale-
ment de A. Pentkovskij sur la version slave du .Typikon d'Alexis le
Stoudité, ouvre de nouvelles perspectives sur les recherches des
liturgistes russes du XIXe siècle.
D'autre part, le développement des travaux sur l'hésychasme
et le palamisme depuis la publication en 1959 de l'étude du père

1. «ITOCKOJIhKY BeCh 3TOT HCTOpH'leCKHH npou;ecc HHTepecyeT IIpe;n;C~aBHTeJIeH


pa3HbIX ;n;HCu;HIIJIHH - HCTOpHKOB, HCKyccTBoBe;n;OB H Hccne;n;OBaTeJIeH TeOJIÔMm, - ero
IIOJIHOe BhIlICHeHHe Tpe6yeT HX B3aHMOIIOHHMaHIDI H COTpy;n;HH'leCTBa. K HeCqaCThIO,
npe;n;CTaBHTeJIH 3THX pa3JIH'lHbIX ;r(HCu;HIIJIHH )KHBYT CBOHMH 3aMKHYThlMH MHpaMH,
pa3BHBali He3aBHCHMbIe )lJ)yr OT ;n;pyra MeTO;n;OJIOrH'leCKHe npHeMhI H TeM CaMbIM
06e;n;HlI1I CBOH c06CTBeHHble B03MO)KHOCTH B ;n;eJIe ;n;OCTHJKeHIDI HCTHHhI BO BceH ee pa3-
HOCTOpOHHOCTH. MHe KaJKeTClI, qTO B 06JIaCTH H3yqeHHlI KyJIhTYPhI B3aHMOIIOHHMaHHe
H B3aHMHOe yBaJKeHHe IIpe;n;CTaBHTeneH pa3HbIX CIIeIIHaJIhHOCTeH lIBJIlIIOTClI YCJIOBHlIMH
IIO;IJ;JIHHHOrO HayqHoro TBOpqeCTBa» (H. MEflEH.Il.OP<Il,.« 0 BH3aHTHHCKOM HCHxa3Me H
ero pOJIH B KYJIhTypHOM H IIOJIHTH'leCKOM pa3BHTHH BOCTOqHOH EBpOIIhI B XIV B. »,
TOj1PJI29 [1974], p. 305).
2. O. A. KIDI3EBCKAJI, E. B. qEIIIKO, «PyKOIIHCH MHTpOIIOJIHTa KHIIpHaHa H
OTpaJKeIIHe B HHX op<porpa<pH'leCKOH pe<popMbI EB<pHMHlI ThlpHoBcKoro », n,pllo6cKa
KIIU:HC06I1a IIIKOJ!a, t. II, Sofia, 1980, p. 282-292.
3. A. M. ITEHTKOBCKHfI, ThnuKolI nampuapxa MeKcUJ/ Cmyouma 6 BU3allmuu u lia
0. ....11 1\)( ncrnll )on 1
DE NOUVEAUX REGARDS SUR LE MÉTROPOLITE CYPRIEN 125

Jean Meyendorff1 a fait naître une nouvelle approche de ce mou-


vement, qui a marqué le )(Ne siècle non seulement à Byzance,
mais aussi dans les Balkans et en Russie.

L'HÉSYCHASTE

Au terme de cette premlere partie, il semblerait que l'appar-


tenance du métropolite Cyprien au mouvement hésychaste· ne
soit plus à démontrer. Or, certains auteurs voudraient distinguer
deux courants au sein de l'hésychasme : d'une part, les «vérita-
bles hésychastes» qui, demeurant dans l'hésyéhia monastique, ne
prenaient pas part aux débats dogmatiques et, d'autre part, les
«scolastiques-palamites », qui ont pris la défense du mouvement
hésychaste en soutenant les thèses de saint Grégoire Palamas 2 •
Même si, selon Meyendorff, cette distinction n'a peut-être pas de
raison d'être 3, on peut toutefois se demander à quel courant se
rattachait le métropolite Cyprien.
li est vrai que Cyprien ne s'est pas engagé dans des débats
dogmatiques. Cela expliquerait pourquoi il n'y a pas de lien
direct entre la théologie palamite et son œuvre, comme l'a sou-
ligné G. Podskalsky dans une étude récente4 • Cela ne remet tou-
tefois pas en cause l'appartenance de Cyprien au mouvement
hésychaste.
Comme le remarque Jean Meyendorff, «le contenu des biblio-
thèques russes et des Slaves du Sud de cette époque montre què
les œuvres purement dogmatiques ou de caractère philosophique
telles que celles de Palamas, tout comme celles d'autres Pères de
l'Église dont l'autorité n'était aucunement contestée, étaient tra~
duites relativement rarement et sans doute beaucoup moins lues
chez les Slaves que chez les Byzantins 5 ». Ainsi, (de système de

1. J. MEYENDORFF, Introduction à l'étude de Grégoire Palamas, Paris, 1959.


2. M. B. AnIIATOB, «licKYCCTBO <l>eocPaHa l'peu H yqeHID! HCHxaCTOB», BB 33 (1972),
p. 194; H. K. rOlIEfl30BCKlifl, «HcHxa3M H PYCCKlUI JKlIBOIlliCh XIV - XV BB.», BB 29
(1968), p. 196-210. Références dans: li. MEflEH,I\OP<l>, «0 BH3aHTIliiCKOM HCHXa3Me
H ero pOlIH B KYlIhTYPHOM H nOJI1ITIf'leCKOM pa3BHTIlH BOCTO'lHoii EBPOIIhI B XIV B. »,
TOJ(PJI 29 (1974), p. 298.
3. Ibid., p. 298.
4. G. PODSKALSKY, «Der Metropolit Kiprian von Kiev/Moskau, Schiller des
hl. Gregorios Sinaites und erster Überbringer des Hesychasmus nach RuBland.),
Ostkirchliche Studien 44 (1995), p. 48.
5. «Co,!\ep:lKaHHe PYCCKHX H IO:lKHOClIaB5IHCKHX MOHaCThIpCKHX ÔHôlIHOTeK Toro
BpeMeHH nOKa3hIBaeT, '1TO npOH3Be,!\eHID! '1HCTO ,!\OrMaTH'leCKOrO HllH cPHllOCOcPCKoro
XapaKTepa KaK IIaJIaMhI, TaK H ,!\PYfHX ôeccnopHO aBTOpHTeTHbIX OTu;OB :U:epKBH, cpa-
BHHTelIhHO pe,!\Ko nepeBO,!\HJlHCh H HeCOMHeHHO MeHbllle '1HTaJIHCh cpe,!\H ClIaB5IH, 'leM
cpe,!\H BH3aHTHiiu;eB» (MEflEH,I\OP<I>, «0 BH3aHTI1iiCKOM HCHxa3Me H ero pOlIH B KylIh-
126 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

pensée palamite était peu accessible et même peu profitable dans


les pays slaves, où les problèmes purement théologiques, en tant
que tels, ne se posaient pas! ».
En effet, parmi les œuvres patristiques lues dans les monas-
tères en Russie aux XIV"-xve siècles, on trouve essentiellement
des œuvres ascétiques qui se rapportent à l'hésychasme « en cel-
lule », lesquelles avaient elles-mêmes nourri l'hésychasme athonite.
A. Arkhangelskij rapportait qu'au Mont Athos, on aimait parti-
culièrement les œuvres ascétiques et contemplatives de Macaire
d'Égypte (t 390), de Marc l'Ascète (milieu du v e siècle), de
Dorothée (t 620), de Philothée le Sinaïte (Xie siècle), de Nicétas
Stéthatos (Xie siècle), de Pierre Damascène (XIIe siècle), de
Grégoire Palamas (XIV" siècle), et tout particulièrement celles
d'Isaac le Syrien (VIle siècle), de Syméon le Nouveau Théologien
(Xie siècle) et de Grégoire le Sinaïte (XIVe siècle). Selon ce patro-
logue, ces œuvres étaient déjà connues en Russie depuis long-
temps. Néanmoins, la plupart de ces textes furent essentiellement
diffusés aux XIVe-xve siècles2 •
Comme le remarque A. Tachiaos, c'est de l'Athos que prove-
naient les directions fondamentales pour la vie spirituelle 3 • Or, la
première partie de notre étude semble avoir bien relevé la filiation
spirituelle du métropolite Cyprien avec le patriarche Euthyme de
Trnovo, remontant à celui qui fut dans leur jeunesse leur maître
commun, Théodose de Trnovo, ainsi qu'au patriarche Phi10thée
avec qui Cyprien fut intimement lié, et jusqu'à Grégoire le Sinaïte,
grand promoteur du renouveau hésychaste dont Théodose de
Trnovo avait été le disciple .
.li est important de rappeler le contenu de la lettre qui aurait
été écrite par Euthyme à Cyprien, lorsque ce dernier se trouvait
encore au Mont Athos. Nous avons vu que, parmi les questions
soulevées dans cette lettre, on évoque la communion eucharis-
tique en l'absence de prêtre dans les déserts, caractéristique de
la spiritualité des hésychastes qui menaient une vie érémitique
ou en skite, où la communion fréquente était une pratique très
importante, et chez qui les offices liturgiques avaient une grande

TYPHOM li nOJIHTH'leCKOM pa3BliTHH BOCTO'lHOH EBponhI B XIV B. », TO,II,PJI 29 [1974],


p.298).
1. « KaK CliCTeMa nOIDITliH narraMli3M 6hIJI Marro ,l\OcTyneH li ,l\lUKe Marro nOJIe3eH B
CJIaBJlHCKHX CTpaHax, r,l\e '1liCTO 60rOCJIOBCKHX npo6JIeM, co6CTBeHHO, He B03HHKarro»
(ibid., p. 298).
2. A. C. APXAHI'EllCKHH, T80pellUJI om1408 aepK8U 8 àpe81lepYCCKou nUCbMellllOCmu,
Saint-Pétersbourg, 1888, p. 136-137. D'après G. M. PROKHOROV, «L'hésychasme et
la pensée sociale en Europe orientale au XN' siècle», p. 49 [= r. M. llPOXOPOB, PyCb U
BU3allmUJI 6 3noxy KYJlUK08CKOU 6um6bl, t. TI, Saint-Pétersbourg, 2000, p. 84].
3. A.-E. TACHIAos, «Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du
yru' ~ièc\e». D. 114.
DE NOUVEAUX REGARDS SUR LE MÉTROPOLITE CYPRIEN 127

importance, à côté de la prière personnelle. Euthyme écrit à ce


sujet : «Ne néglige aucunement le chant matinal et les heures,
les vêpres de même que les complies, et avec ces derniers l'of-
fice de minuit, car ce sont des armes puissantes de l'âme contre
les ennemis!.» Nous avons vu que les hésychastes affectionnaient
particulièrement la psalmodie et la méditation de l'Écriture pour
s'affermir dans la prière et arriver à une connaissance personnelle
et expérimentale de Dieu. Euthyme le recommande dans sa lettre
à Cyprien, lui conseillant d'éviter de sortir souvent de sa cellule et
de lire souvent la Divine Écriture pour en récolter « le miel" de la
vision de Dieu2 ».

L'expérience du jeune moine Cyprien dans les milieux hésy-


chastes athonites l'aura marqué pour toujours. Ainsi, lorsqu'il se
retirait, alors qu'il occupait le siège métropolitain de Moscou,
dans le village de Golenichtchevo, son lieu favori, c'était pour s'y
consacrer non seulement à la prière mais à l'étude.
D'une part, ce lieu retiré lui permettait de retrouver l'hésychia
monastique si nécessaire à la prière, qui lui avait sans doute beau-
coup manqué depuis son départ de l'Athos et dont il avait sûre-
ment eu la nostalgie lors des nombreuses péripéties de sa carrière
épiscopale.
D'autre part, cet hésychastaire était l'endroit propice à son
ardent amour pour la lecture et l'écriture qui étaient ses princi-
pales occupations, à côté de ses nombreuses charges pastorales
qui lui tenaient à cœur et qui ont pris une grande partie de son
temps.
Nous avons vu que Cyprien, en tant qu'homme de lettres, fut
l'artisan de la diffusion en Russie de l'orthographe d'Euthyme de
Trnovo qui caractérisait les manuscrits qui sont bien de sa main.
D'autre part, en tant que hiérarque, il était sensible au grand
besoin qu'éprouvait la Russie de son époque en manuscrits, ce qui

1. « YTpeHHee ntHHe H '1aCLI, Be'lepmo :lICe H rraBe'lepHHIU', a K'b CHM'b H


rrOJJYHOillHHIU', HHKaKO :lICe He HepaAH : CÎH 60 Cyrb OPYJKÎH .l\Ylllli Ha Bpam Kp'lmKa»
dans ApXHMaH,l@HT JIEOHH,JJ; (KaseJIHH), « KHrrpIilIH ,JJ;O BOCilleCTBHJI Ha MOCKOBCK}'lO
MHTpOrrOJIHIO», lJHOHJl.P, 1867, KH. II, '1. 1, p. 15-16.
2. «QacTaro HCXO:lK,JJ;eHÎH OTD KeJIJIÎH XpaHH ce6e, KPOM'll HY:lKHLIX'b BHH'b. ( ... ) rrpo-
'1HTali '1aCTO B'b DO:llCeCTBeHHLIX'b IIHcaHÎHx'b, )lJ'XOBHLIiI: OTD HHX'b CJIarali Me)J;'b H ,JJ;t,JlHÎIO
ycep,JJ;Ho rrO,JJ;BHrHillHCJI rrpHJIt,:lICarn, Ha BH,JJ;t,HÎH BOCTe'leillH BLiCOTy H B'b He3aXO,JJ;HMbIH
rrOCTHrHeillH MpaK'b, H DorOBH rrpH6JIH:lKHillHCJl, H '1HCTO TOMY 6ect.,JJ;yeillH» (ibid.,
p. 18).
128 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

l'amena à organiser un scriptorium avec une équipe de copistes,


vouée à la transcription de manuscrits patristiques et liturgiques.

L'HOMME D'ÉGLISE

Ainsi, «lorsque les hésychastes viennent au pouvoir, écrit


A-E. Tachiaos, ils ne sont plus les anachorètes qui se retirent du
monde pour chercher le désert. Tout au contraire, ils déploient
une activité administrative d'une envergure étonnante!.» Cette
caractérisation convient tout à fait à notre métropolite Cyprien en
tant qu'homme d'Église, dont l'activité est comparable à celle des
grands patriarches hésychastes de l'époque.
À ce propos, le patriarche Philothée (Kokkinos), le maître de
Cyprien est, avec l'empereur Jean Cantacuzène, l'une des grandes
figures de ce que l'on qualifie généralement d'hésychasme poli-
tiquez. Philothée a en effet orienté le mouvement hésychaste vers
une politique panorthodoxe3, qui fut adoptée par notre métro-
polite. Comme l'écrit A-E. Tachiaos : «L'avènement pour la
deuxième fois au trône patriarcal de Constantinople de Philothée
Kokkinos en 1375 marque un nouvel essor de la pénétration
des hésychastes dans la hiérarchie ecclésiastique. li paraît que
Philothée est le premier patriarche hésychaste à avoir inauguré
une politique hésychaste panorthodoxe. Pour lui, l'hésychasme
est un mouvement qui ne connaît pas de frontières et de bornes
ethniques, une doctrine qui est destinée à dominer dans chaque
Église orthodoxe. Une fois les sièges archiépiscopaux des Églises
autocéphales occupés par les hésychastes, l'hésychasme, en tant
que mouvement de zélotisme orthodoxe, deviendrait l'élément
commun qui rendrait les liens entre les Églises encore plus serrés.
Cette politique de Philothée, nous la voyons clairement dans ses
relations avec les Églises slaves 4 .»
Ainsi, Cyprien, en tant que métropolite de Kiev et de toute.
la Russie, a su préserver l'intégrité de sa grande métropole en
tâchant de maintenir de bonnes relations avec le grand prince de

l.A.-E. TACHIAOS, (,Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du


XN' siècle.), p. 115.
2. G. M. PROKHOROV, «L'hésychasme et la pensée sociale en Europe orientale au
XN' siècle.), p. 36 [= r. M. IIPOxoPoB, PyCb U BU3allmWl B 3noxy KyJlUKOBCKOU 6umBbl,
T. RR, Saint-Pétersbourg, 2000 2, p. 64]. Sur l'hésychasme politique, voir également:
fi. MEnEH,II;OP<l>, «0 BH3aHTHHCKOM HCHXa3Me H ero pOJIH B KyJIbrypHOM H IIOJIHTH-
'1eCKOM Pa3BHTHH BOCTO'lHOH EBpOIIbI B XN B. », TO~PJI 29 (1974), p. 294-295.
3. A.-E. TACHIAOS, «Le mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du
XIV' siècle.), p. 114.
4. Ibid., p. 130.
DE NOUVEAUX REGARDS SUR LE MÉTROPOLITE CYPRIEN 129

Moscou, les princes lituaniens et la couronne polonaise. Malgré


les rivalités politiques menaçantes entre la Russie, la Lituanie, la
Pologne et la Horde d'Or, Cyprien réussit à mener une activité
pastorale et politique prolifique, et même à inaugurer une réforme
liturgique. Cet aspect paradoxal des choses est en fait une autre
caractéristique de ce )(Ne siècle hésychaste.
En effet, comme le souligne Tachiaos, le )(Ne siècle fut para-
doxal : «L'Empire et les États qui l'entourent sont en décadence,
voire en démembrement politique. Pourtant, dans cet état de
choses, se produit un paradoxe bien surprenant. Loin de s'éteiridre,
à cause de ces remous intérieurs et extérieurs, la vie spirituelle de
l'Empire connaît dans tous les domaines un apQgée. Ce renou-
veau, dont l'expression la plus caractéristique fut le mouvement
hésychaste, eut un grand rayonnement dans les pays voisins et
dans la lointaine Russie l .) Le métropolite Cyprien en fut bien
évidemment la cheville ouvrière.

LE MÉTROPOLITE LITURGISTE

Nous en arrivons maintenant à la question liturgique qui nous


préoccupe le plus. On peut se demander ce que l'on pourrait
ajouter à l'étude de l'éminent liturgiste russe 1. Mansvetov. Cette
étude intitulée Le Métropolite Cyprien dans son activité liturgique
avait, lors de sa parution à Moscou en 1882, attiré des recensions
très favorables de E. Barsov2 et de 1. PomialovskiP.
Toutefois, au terme de cette première partie, nous sommes
en mesure de montrer les limites de l'étude de Mansvetov. Par
exemple, la datation récente des manuscrits grâce à des études
philologiques et paléographiques poussées a permis de résoudre
les questions d'authenticité de ces manuscrits, ce qui, en partie,
remet en question la thèse de Mansvetov. De plus, comme nous
ravons remarqué, l'étude de la tradition euchologique dans son
ensemble, avec la comparaison des parties communes à tous les
manuscrits, semble plus indiquée que l'étude de l'intégralité de
chacun des manuscrits pris séparément. Enfin, la .découverte
récente du manuscrit de Kharkov par G. M. Prokhorov apporte
une nouvelle pièce au dossier.

1. Ibid., p. 113.
2. E. EAPCOB, « 110 rroBO,llY CO'fHHeHID! rrpoq,ecopa MM MaHCBeTOBa : 'MHTpOrrOJIHT
KHrrpHaH B ero JIHTyprnqeCKOH ,n:eJl:TeJIbHOCTH', M. 1882», 'lHOHjJ,P III (1882),
p.57-61.
3. H. 1I0MJIJIOBCKH9:, « H. MaHCBeTOB. 'MHTpOrrOJIHT KHIIPHaH B ero JIHTyprnqeCKOH
,n:eJl:TeJIbHOCTH'. MocKBa. 1882», JKMHIl227 (1883), p. 108-119.
130 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Nous avons souligné que l'histoire de la tradition euchologique


du métropolite Cyprien s'avère plus complexe qu'on ne l'a jadis
supposé. En effet, les savants ne considèrent plus, de nos jours, le
Sluzhebnik nO 344 comme un euchologe original de Cyprien, mais
comme une des plus anciennes premières copies d'un original de
Cyprien.
Toutefois, la tradition euchologique a très peu souffert du
changement de Typikon. En effet, le nouvel ordo liturgique n'in-
fluença que modérément le sacramentaire. C'est pourquoi notre
étude s'occupera principalement du Psautier suivi de Cyprien.
À ce propos, la première partie de notre étude suggère de consi-
dérer le manuscrit conservé à la Bibliothèque d'État de Russie
comme une copie sans doute fidèle de son psautier original.
Comme nous l'avons expliqué, ce manuscrit sera essentiel à
la deuxième partie de notre étude puisqu'il contient d'une part
«l'Horologion, contenant les offices de la nuit et du jour, selon le
Typikon de la laure de Jérusalem de notre vénérable Père Sabas),
et d'autre part «le Synaxaire de toute l'année, commençant avec
Dieu, selon le Typikon de Jérusalem, pour les douze mois, de sep-
tembre à août, ayant les trop aires et les kondakia pour les saints
importants et les grandes fêtes du Seigneur).
Ainsi, ce Psautier suivi a peut-être aussi servi de tout premier
Typikon sabaïte (hiérosolymitain), avant que ne soit diffusé en
Russie le Typikon d'Athanase Vysotskij, intitulé EŒil de l'Église,
rédigé par ce dernier à Constantinople en 1401.
Peut-on parler d'une «réforme liturgique de Cyprien)? Voilà
une autre question qui pourrait être posée. Comme le souligne
E. Mikhajlov, l'activité de notre métropolite liturgiste a initié en
Russie la révision et la correction des livres liturgiques, devoir
auquel se soumettront à sa suite le métropolite Macaire au
XVIe siècle et le patriarche Nikon au XVIIel .
Cependant, la «réforme) du métropolite Cyprien, à la diffé-
rence de la réforme nikonienne, ne se limita pas à une réforme
textuelle2 • Ce fut une réforme de plus grande envergureY'En effet,
elle changea de manière révolutionnaire les habitudes liturgiques
des monastères et des paroisses qui adoptèrent une seule et même
pratique liturgique. Le Typikon sabaïte vint ainsi remplacer à lui
seul deux typika en usage jusqu'alors : le Typikon de la Grande
Église de Constantinople, en usage dans les cathédrales et les
églises paroissiales, et le Typikon du patriarche Alexis le Stoudite,

1. E. MHXMillOB, «MH'rponollHT l(}mpHaIo}, Be.neJ/Cumu 6Mzapu, TOM 1, Sofia, 1967,


p.540.
2. L'étude \a plus récente sur la réforme de Nikon est celle de P. MF.YENDORFF,
Russia, Ritual and Reform : The Liturgual Reforms of Nikon in the 17th Century,
DE NOUVEAUX REGARDS SUR LE MÉTROPOLITE CYPRIEN 131

utilisé dans les monastères. Cette réforme d'uniformisation de


l'office en Russie entreprise par le métropolite Cyprien rappelait
la métamorphose liturgique qui s'était produite dans l'Empire
byzantin sous l'influence du mouvement hésychaste, canonisée
par le patriarche Philothée.
En effet, le Typikon sabaïte avait déjà été introduit à l'Athos
au début du XIVe siècle et il est dit qu'en 1319 l'archevêque de
Serbie Nicodème, suivant l'exemple de saint Sabas, envoya cher-
cher à Constantinople le Typikon de Jérusalem et le traduisit du
grec en slavon!. Ainsi, ce que l'on qualifie communément de
« rite byzantin» résulterait de cette réforme liturgique opérée à
l'Athos au XIVe siècle et diffusée dans l'empire par le patriarche
de Constantinople Philothée (Kokkinos), et en Russie par notre
métropolite Cyprien.
Cette activité liturgique des hésychastes apparaît comme une
nouveauté dans le monde scientifique. Comme l'écrit Tachiaos,
très récemment encore, « on croyait que les hésychastes méprisent
la vie liturgique en communauté et préfèrent la prière en solitude.
Les réformes liturgiques du patriarche Philothée et l'intérêt que
lui-même et d'autres auteurs hésychastes portent à la vie liturgique
prouvent que ce mouvement ne se limite pas à la vie monastique,
mais touche aussi dans le cadre de ses activités la vie sociale et
communautaire2 • »
D'autre part, la récente découverte de la Ménée manuscrite de
Kharkov par G. M. Prokhorov nous a permis d'établir une hypo-
thèse quant à la date du début de cette réforme liturgique en
Russie. Prokhorov datant cette ménée manuscrite de l'année 1381,
nous nous sommes permis d'avancer à notre tour l'hypothèse
selon laquelle le métropolite Cyprien aurait inauguré sa réforme
liturgique lors de son premier séjour à Moscou, en l'an 138l.
Cette nouvelle hypothèse vient rejoindre la datation faite par le
même Prokhorov des Réponses à l'higoumène Athanase, qu'il estime
avoir été rédigées pendant cette même période. Ainsi, la réforme
liturgique, inaugurée par le métropolite en 1381, souleva un cer-
tain nombre de questions chez l'higoumène Athanase Vysotskij, le
rédacteur du premier Typikon sabaïte russe à Constantinople, en
140l.
Nous avons également émis l'hypothèse que le Psautier suivi
aurait été rédigé avant 1381, pendant le séjour de Cyprien à
Constantinople de 1379 à 1380, pour y défendre son titre de
métropolite de Kiev et de toute la Russie. Ainsi, à son retour à

1. B. MOIIIHH, «0 rrepHOi\H3aWIH pyCCKO - IO:lKHOCJIaBlIHCKHX JIHTepaTYpHbIX CBlI3eH


x-xv BB.», TOJ(PlI 19 (1963), p. 86.
2.A.-E. TACillAOS, «I.e mouvement hésychaste pendant les dernières décennies du
XIV" siècle), p. 116.
132 VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Moscou en 1381, il aurait introduit l'Horologion palestinien


(sabaïte) et commencé sa réforme liturgique.
Après ces nombreuses remarques, le moment est venu d'étudier
dans le détail la « réforme liturgique du métropolite Cyprien» à
proprement parler.
DEUXIÈME PARTIE

LA RÉFORME
DU MÉTROPOLITE CYPRIEN
,....
CHAPITRE IV

LA LITURGIE EN RUSSIE
AVANT L'ÉPOQUE
DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

La pratique liturgique de l'Église russe avant la réforme qu'en-


treprit le grand métropolite liturgiste Cyprien correspond aux
usages introduits lors de la christianisation de la Russie kiévienne
par l'Église de Constantinople en 988. À cette époque existaient
dans l'Église mère deux rites distincts, formés à Constantinople
après la victoire sur l'iconoclasme au IXe siècle. L'interaction de
ces deux rites influença l'évolution et la formation de ce que les
liturgistes modernes qualifient de «rite byzantin! ».
Le premier était le rite adopté par les églises cathédrales et parois-
siales, calqué sur la pratique de Sainte-Sophie de Constantinople,
que Syméon de Thessalonique qualifie au xye siècle d' «office
asmatique» (~OIlO'tt1Ci] <l1CoÀou8io ou office chanté) et que les
liturgistes modernes identifient comme le Typikon de la Grande
Ég lise2 • Cette forme de liturgie était essentiellement basée sur le
chant antiphoné et responsorial du Psautier dans sa rédaction
constantinopolitaine.
Le second était le rite célébré dans les monastères qui, sur
la base du Psautier palestinien, avaient adopté une très large
partie d'hymnographie d'origine hiérosolymitaine (ou palesti-
nienne). Ce rite, identifié comme l'office stoudite, était né suite
à ce que les liturgistes modernes appellent la «réforme stoudite ».
Nous savons que des moines palestiniens avaient émigré au
mont Olympe de Bithynie, pour fuir les invasions arabes dans la
seconde moitié du YlIe siècle, et avaient alors introduit les usages
palestiniens en Bithynie. Par la suite, des moines du monastère de
Sakkoudion sis sur le mont Olympe, avec à leur tête Théodore le

1. A. IIEHTKOBCIŒfl:, « JIHTYPI"WIeCKHe pe<f!opMhl B HCTOPHH PyCCKOH IJ;epKBH H HX


XapaKTepHbIe oco6eHHOCTH», %MII2 (2001), p. 72.
2. Ibid., p. 72. Yoir )J;MHTPHEBCKHR, Onucallue, T. M, T1J1ttlca, q. 1, p. 1-110; MATÉOS,
Typicon, l et II.
136 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

futur Stoudite, se sont installés au Stoudion, parce qu'ils étaient


devenus trop nombreux pour le Sakkoudion. Il en résulta par la
suite que les moines stoudites adoptèrent l'Horologion palesti-
nien et accomplirent ainsi une première synthèse entre les usages
monastiques palestiniens et les usages liturgiques de la capitale
impériale!. Comme l'explique M. Arranz, {~Théodore Stoudite, en
prenant en charge le monastère du Stoudion de Constantinople,
après la [première] crise iconoclaste, n'a pas restauré l'office des
anciens veilleurs ou acémètes, mais a introduit l'office connu de
lui, celui du monastère de Saint-Sabas près de Jérusalem. Toute
la tradition monastique de l'Occident byzantin (Athos, Géorgie,
Russie, Italie méridionale) a suivi les us et coutumes stoudites,
bien consciente cependant de se rattacher par là aux traditions
de la laure de Saint-Sabas, débitrice elle-même des traditions de
la plus sainte Église de l'univers, l'Anastasis ou Saint-Sépulcre
de Jérusalem 2 .» Toutefois, il est important de préciser que les
Stoudites adoptèrent la tradition palestinienne cénobitique et
non pas la tradition palestinienne kelliote 3 •
L' œuvre du métropolite Cyprien consista donc à introduire
dans l'Église russe une réforme liturgique d'uniformisation
visant à harmoniser la pratique liturgique des églises séculières
et des monastères par l'introduction d'un seul et même ordo
liturgique. Cet ordo correspond au Typikon monastique dit
{{ sabaïte» ou {~hiérosolymitain», qui reflète la pratique liturgique
palestinienne. Cette dernière avait déjà été partiellement adoptée
par les Stoudites mais, cette fois, elle fut généralisée partout sous
une forme plus intégrale, et son introduction dans les églises
séculières entraîna la fin de l'office asmatique et du Typikon de
la Grande Église qui tomba en désuétude. La réforme qu'entre-
prit le métropolite Cyprien avait déjà été amorcée avant lui à
Constantinople par son maître et père spirituel, le patriarche
Philothée, non sans l'influence des milieux hésychastes athonites,
auxquels tous deux avaient appartenu et dont ils étaient restés
très proches.

1. T. POTI', «La réforme stoudite», La Réforme liturgique byzantine. Étude du


phénomène de l'évolution non spontanée de la liturgie byzantine, p. 108-109; M. ApPAHU;,
KaK MOAUJlUCb Bozy iJpe6/lUe 6U3a/lmUu14bl, Leningrad, 1979, p. 19, 151.
2. M. ARRANz, {(La liturgie des heures selon l'ancien Euchologe byzantin»,
Euchologia : Miseellanea liturgica in onore di P. Burkhard Neunheuser, Studia Anselmiana
68, Analecta Liturgica 1, Rome, 1979, p. 2.
3. A. IT. AOBPOKllOHCKRH, IIpenoiJo6/lblU ~eoiJop CmyiJum, ucno6eiJ/lUK U uZyMe/l
CmyiJuucKuu, Odessa, 1913, p. 421-432; J. LEROY, {(La réforme stoudite», n monachesimo
orientale, OCA 153, Rome, 1958, p. 188-201; A. ITEHTKOBCKHR, «CTY)l,HHCKHH yCTaB H
yCTaBbI CTYAHHCKOH Tpa)l,HII,HH», JKMII 5 (2001), p. 72.
LA UTURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 137

L'OFFICE ASMATIQUE DES ÉGLISES SÉCULIÉRES


(LE TYPIKON DE LA GRANDE ÉGliSE)

Avant la diffusion du Typikon sabaïte à Byzance et en Russie,


les églises séculières (c'est-à-dire les églises cathédrales - lCu90-
ÂtlCUt - et les églises paroissiales) utilisaient pour la célébration
liturgique le Typikon de la Grande Église. On désigne générale-
ment ces célébrations liturgiques par l'expression «office asma-
tique» (àcrllu'ttlCr, àlCOÂou9iu). Syméon de Thessalonique explique
le qualificatif «asmatique» par le fait que, dans ces célébrations,
«rien n'est prononcé sans chant (Xroptç IlÉÂouç) à l'exception des
prières du prêtre et des demandes du diacre! ».
Cet office «cathédral» se démarquait totalement de l'office
monastique palestinien que les moines stoudites avaient adopté. Il
a dû se développer à Sainte-Sophie de Constantinople, construite
sous Justinien entre 532 et 538, et qui devint par la suite un
modèle pour les autres églises séculières de l'Empire byzantin.
Il est évident que l'office asmatique a connu son évolution
propre. Cependant, nous ne connaissons pas les circonstances
de la genèse de cet ordo. Il n'est pas exclu qu'il se soit large-
ment inspiré de la liturgie de l'Anastasis de Jérusalem, dont nous
avons la description, à la fin du IVe siècle, par Égérie. Nous ne
connaissons pas davantage son évolution. Les deux manuscrits du
Typikon de la Grande Église connus aujourd'hui (le manuscrit de
Patmos et le manuscrit de Jérusalem 2 ) témoignent de la pratique
de la Grande Église de Constantinople au IXe siècle. 1. Mansvetov
remarque avec raison que «nous ne savons pas ce qu'était l'office
asmatique dans sa forme originale3 ». Généralement, pour étu-
dier l'office asmatique, les liturgistes se réfèrent à la description
que Syméon de Thessalonique en fait dans son traité De la prière
sacrée4. La description que cet auteur byzantin fait de cet office
reflète la pratique du XIVe siècle qui, elle-même, en était à son
dernier souffleS.
C'est donc à partir de ces documents tardifs que cet office a été
étudié particulièrement par 1. Mansvetov6, M. Skaballanovitch7,

1. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, 624.


2. ,!l;MHTPHEBcIŒrA:, OnucaHue, T. H, TUltt1ca, q. 1, p. 1-110; MATÉOS, Typicon, I.
3. «MM He 3HaeM, qTO TaKoe tlhlJIO neCHeHHoe nOCJIe,ll;OBaHHe B ero qHCTOM BH,ll;e»
(H. MaIICBeTOB, «0 neCHeHHOM nOCJIe,ll;OBaHHH», IITC04 [1880], p. 973).
4. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, 628.
5. H. MaIICBeTOB, «0 neCHeHHOM nOCJIe,ll;OBaHHH», IITCO 3 (1880), p. 752, 755.
6.H. MaHcBeToB, «0 neCHeHHOM nOCJIe,ll;OBaIIHH», IITCO 3 (1880), p. 752-797; 4
(1880), p. 972-1028.
7. M. CKAIiAJWAHOBHq, TOJlKOBblU TunuKoH, B. 1, Kiev, 1910, p. 372-393.
138 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

I. Lisitsyn 1, M. Arranz 2 et O. Strunk3, dont nous allons mainte-


nant résumer les points essentiels, dans le but de pouvoir ima-
giner à quoi pouvait ressembler la liturgie des églises séculières à
l'arrivée de Cyprien en Russie.
L'office asmatique consistait essentiellement en un chant anti-
phoné des psaumes. il faut d'ailleurs rappeler que le Psautier
de la Grande Église était divisé à cet effet en antiphones. Mis à
part les antiphones fixes des offices (généralement les premiers
antiphones et les antiphones finals), le Psautier contenait 68 anti-
phones qui étaient répartis entre les vêpres et les matines sur un
cycle de deux semaines. Chaque verset psalmique de ces anti-
phones était accompagné d'un refrain. Les antiphones impairs
avaient comme refrain «Alléluia}>, alors que les antiphones pairs
avaient pour refrain un court verset, dont certains ont survécu à
la réforme sabaïte4 •
D'une manière générale, tous les offices commençaient par l'ec-
phonèse du prêtre : «Béni est le règne du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit ... }> qui est, comme le souligne M. Arranz, la formule
constantinopolitaine pour débuter tout offices. ils comprenaient
habituellement deux parties. La première se déroulait dans le nar-
thex et était constituée par une série d'antiphones. Chaque antiphone
était suivi d'une synaptie diaconale qui se concluait par une prière
presbytérale6 • La seconde partie de l'office avait lieu à l'intérieur de
l'église, où des lectures bibliques pouvaient être faites à l'ambon.
Dans son étude, I. Mansvetov caractérise l'office asmatique en
cinq points :

1. JIIiCIiU;bIH, llep60Ha'lat/bHbZÜ Cna6JIHo-PyCCKUÜ TunUKOH, p. 3-160.


2. M. ARRANz, «La liturgie des heures selon l'ancien Euchologe byzantin'},
Buchologia : Miscellanea liturgica in onore di P. Burkhard Neunheuser, Studia Anselmiana
68, Analecta Liturgica 1, Rome, 1979, p. 1-19; «La liturgie des Présanctifiés de l'an-
cien Euchologe byzantin,}, OCP 47 (1981), p. 331-388; «L'office de l'Asmatikos
Hesperinos ("vêpres chantées") de l'ancien Euchologe byzantim, OCP 44 (1978),
p. 107-130,391-412; (,L'office de l'Asmatikos Orthros ("matines chantées") de l'an-
cien Euchologe byzantin,}, OCP 47 (1981), p. 122-157; «Les prières presbytérales
de la "pannychis" de l'ancien Euchologe byzantin et la "pannikhida" des défunts'},
OCP 40 (1974), p. 314-343; 41 (1975), p. 119-139; (,Les prières presbytérales de la
tritoektî de l'ancien Euchologe byzantim, OCP 43 (1977), p. 70-93, 335-354; (,Les
prières presbytérales des matines byzantines'}, OCP 37 (1971), p. 406-436; 38 (1972),
p. 64-115; «Les prières presbytérales des petites heures dans l'ancien Euchologe
byzantin,}, OCP 39 (1973), p. 29-82; «Les prières sacerdotales des vêpres byzantines'},
OCP 37 (1971), p. 85-124; «Le sacerdoce IIÙnistériel dans les prières secrètes des
vêpres et des matines byzantines,}, Buntes docete 24 (1971), p. 186-219.
3. O. STRUNK, «Byzantine Office at Hagia Sophia,}, DOP 9-10 (1955-56),
p. 175-202.
4. Ibid., p. 185.
5. M. ARRANz, «Les prières presbytérales de la Tritoektî de l'ancien Euchologe
byzantin,}, OCP 43 (1977), p. 337.
6. O. STRUNK, «Byzantine Office at Hagia Sophia,}, p. 181, 189.
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 139

1. Une structure à trois antiphones, qui consiste en ce que chaque


office débute par trois psaumes qui se chantaient verset par verset, se
terminant par un refrain commun.
2. Cinq prières, parmi lesquelles trois correspondent aux trois anti-
phones psalmiques, et les deux dernières, à la fin de l'office, étant celle
d'inclinaison des têtes et du renvoi (!CEÂ.O!CÀtcnaç !Cat à1tOÀUcrECOÇ).
3. La dominance de l'exécution chantée, de laquelle se démarquaient
seulement les synapties, les prières et les ecphonèses. Tout le reste [de
l'office] était chanté.
4. L'ajout de prières pour les catéchumènes et les fidèles à certains
offices.
5. L'absence de stichères, de canons, de prières et d'autres détails qui
entrent dans le contenu de l'office actuel1.

Le cycle liturgique journalier de la Grande Église.

Les vêpres et les matines étaient les piliers du cycle liturgique


de la Grande Église et ont joué un rôle capital dans la vie litur-
gique de Constantinople en jalonnant sans interruption pendant
toute l'année la journée liturgique des anciens Byzantins2 •
Comme la plupart des offices asmatiques, les vêpres étaient
constituées de deux parties. La première partie, célébrée dans le
narthex, consistait en une série de huit antiphones - dont deux
fixes et six variables, assurant ainsi une psalmodie variable hebdo-
madaire -, accompagnées de huit synapties diaconales et de huit
prières presbytérales 3 • La seconde partie comprenait trois anti-
phones. Chacun se concluait par une petite synaptie et une prière
presbytérale. Il faut savoir, cependant, qu'au cours de l'histoire
le nombre d'antiphones a varié et, par conséquent, le nombre
de prières presbytérales. Le troisième antiphone des vêpres se
concluait habituellement par le chant du Trisagion. D'après
Syméon de Thessalonique, le premier antiphone des vêpres asma-
tiques était le Psaume 85, alors que le troisième était le Psaume
140 ((Seigneur, je crie vers Toi»). C'était pendant ce chant que
se faisait l'entrée dans la nef (accompagnée d'une prière d'entrée
lue par le prêtre). Le prêtre entrait alors au sanctuaire. En plus
des trois antiphones, cette seconde partie était constituée du pro-
kimenon, des synapties, de la prière d'inclinaison des têtes et de la
prière du congé. À cette seconde partie pouvait être ajoutée une

1. lI. MaHCBeTOB, «0 rreCHeHHOM rrOCJIe.I\OBaHHH», nTCO 3 (1880), p. 754.


2. M. ARRANz, (,L'office de !'Asmatikos Orthros ("matines chantées") de l'ancien
Eucho!oge byzantin», OCP 47 (1981), p. 156-157.
3.M. ARRANz, (,Les prières presbytérales des petites heures», OCP 39 (1973),
p.80.
140 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

troisième partie consistant en une litie, avec des prières pour les
catéchumènes ou les fidèles l .
L'office des matines asmatiques suivait un schéma similaire.
TI commençait, lui aussi, dans le narthex avec la psalmodie de
huit antiphones. Chacun se concluait par une petite synaptie et
une prière presbytérale. Venait ensuite l'entrée dans la nef de
l'église accompagnée d'une prière d'entrée. La seconde partie
était constituée du Psaume 50, des odes bibliques, des laudes, de
la grande doxologie. Pendant la grande doxologie, les célébrants
entraient au sanctuaire et sortaient avec l'évangile qui était alors
lu sur l'ambon. La seconde partie se concluait par les synapties,
la prière d'inclinaison et la prière de congé 2 •

Vêpres et matines de l'office asmatique

Vêpres asmatiques Matines asmatiques


A. Psalmodie introductoire. A. Psalmodie introductoire.
[Narthex]
[Na~thex] } huit
Huit antiphones [+ huit prières] Un anuphone fixe u· h
.. . an p ones
SlX anU?hones varIables [+ huit
Un anuphone fixe "]
pneres
B. Office principal. B. Office principal.
[Ambon / nef] [Ambon / nef]
Prokimenon Prière
Trois antiphones fixes Psaume 50
[+ trois prières] Prière
Laudes avec refrain
(Ps 148, 149, 150)
Grande doxologie
c. Litanies et prières. C. Liturgie de la Parole.
[Sanctuaire] [Sanctuaire]
Prokimenon
Prière de l'Évangile et lecture
de l'Évangile

1. Au sujet des vêpres asmatiques, voir H. MaHcBeToB, «0 rreCHeHHOM rrocneAO-


BaHlill», IITCO 4 (1880), p. 975-996; M. CKABAJIJIAHOBRq, TO/lK06blU TunuKo/J, B. 1,
Kiev, 1910, p. 377-382; M. ARRANz, (,L'office de l'Asmatikos Hesperinos ("vêpres
chantées") de l'ancien Euchologe byzantin~, OCP 44 (1978), p. 107-130,391-419.
2. Au sujet des matines asmatiques, voir H. MaHCBeTOB, «0 rreCHeHHOM rrocneAO-
Bamm», IITCO 4 (1880), p. 996-1011; M. CKABAJIJIAHOBRq, TO/lK06blU TunuKo/J, B. 1,
Kiev, 1910, p. 382-386; M. ARRANz, (,Les prières presbytérales des matines byzan-
tines,>, OCP 37 (1971), p. 469-410; M. ARRANz, «L'office de l'Asmatikos Orthros
("m~tinp. "h,mtée~"~ de l'ancien Euchologe byzantin,>, OCP 47 (1981), p. 122-157.
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 141

Synaptie et prière des catéchumènes Synaptie et prière des catéchumènes


Deux synapties et deux prières Deux synapties et deux prières
des fidèles des fidèles
Demandes et prière de congé Demandes et prière de congé
Prière d'inclinaison de la tête Prière d'inclinaison de la tête
et prière
D. Litie au skeuophylakion
et au grand baptistère
Synaptie, prière, prière d'inclinai-
son au skeuophylakion
Prière et prière d'inclinaison
au baptistère
Prière de congé Congé

À ces deux offices viennent se joindre quatre autres : un office


de minuit et les offices de tierce, sexte et none. Ainsi va se consti-
tuer un cursus de six heures journalières. Chacun de ces offices
sera constitué de trois antiphones accompagnés de litanies et de
prières presbytérales, d'une prière. de congé et d'une prière d'in-
clinaison des têtes. Plus tard, l'heure de prime est venue s'ajouter
au cursus journalier!. Deux offices extraordinaires vont parfois
s'ajouter aux précédents: la pannychis et la tritoekti ('tpt'tOÉK't1l)
de la Sainte Quarantaine. Ces offices gardent aussi une structure
à trois antiphones, avec cinq prières presbytérales. La tritoekti
ajoutera des prières spéciales puisqu'elle suppose un office de lec-
ture biblique2 •
Dans la pratique de la Grande Église, pendant la Sainte
Quarantaine, tierce et sexte formaient un seul office appelé tri-
toekti ('tpt 'tOÉK't1l). Cet office asmatique était lui aussi composé de
trois antiphones accompagnés de petites synapties et de prières
presbytérales, d'une entrée avec sa prière, d'une prière d'incli-
naison et d'une prière de congé. Puisque le Carême correspon-
dait à la période du catéchuménat, des prières pour les catéchu-
mènes et pour les candidats au baptême y furent ajoutées. Ainsi,
la tritoekti commençait à être célébrée à partir du mercredi de la
semaine des laitages jusqu'au jeudi de la Grande Semaine, à l'ex-
ception des samedis et des dimanches, et contenait une lecture
prophétique3 . C'est d'ailleurs de cette lecture prophétique qu'a
hérité par la suite le Triodion, pour l' offi.ce de sexte pendant le

1. M. ARRANz, «Les prières presbytérales des petites heures », OCP 39 (1973),


p.81.
2. Ibid., p. 30.
3. Sur la tritoekti, voir M. MaHcBeToB, «0 rreCHeHHOM IIOCJIe~OBaHHH», IITCO 4
(1880), p. 1011-1020; ,IJ;HAKOBCKH1i, TfUH Tpum3Kmu, Kiev, 1908; M. CKABAJIJIAHOBHq,
TOJlKOBblÜ TunuKoH, B. 1, Kiev, 1910, p. 388-391; M. ARRANZ, (,Les prières presbytérales
142 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Carême. Ainsi, le cursus liturgique journalier de la Grande Église


en Carême était composé de trois offices : matines, tritoekti et
vêpres-liturgie des Présanctifiés, auxquels pouvait venir s'ajouter
la pannychis 1 •
La pannychis (1tUWUXtç) était un office asmatique nocturne
plutôt exceptionnel, célébré les jours de fête ou de jeûne entre les
vêpres et l'office de minuit. Elle était également constituée de trois
antiphones, de trois petites synapties et de trois prières presbyté-
rales. L'entrée avait lieu après le troisième antiphone. Suivaient le
Psaume 50 et la lecture de l'évangile sur l'ambon, une prière de
congé et une litie. À l'époque de Syméon de Thessalonique, la
pannychis était célébrée (en Carême) à la fin des Présanctifiés,
avant le congé 2 •
TI faut noter qu'après la diffusion de l'office sabaïte, certaines
prières presbytérales de l'office asmatique furent incorporées
à l'office sabaïte, d'abord par les Stoudites, puis par la diataxis
du patriarche Philothée 3, et constituent aujourd'hui les prières
du lucernaire aux vêpres et les prières matutinales des matines.
D'autres encore se retrouvent dans l'office des vêpres de génu-
flexion de la Pentecôte4 . D'autres encore se sont retrouvées, après
les trop aires pénitentiels, à la fin de chaque cathisme des versions
slaves actuelles du Psautier palestinienS. Nous avons vu dans la
première partie de notre étude que plusieurs de ces prières se
retrouvent dans les euchologes russes des ){Ne-xve siècles, et,
entre autres, dans le Trebnik synodal nO 374 attribué au métropo-
lite Cyprien qui, d'après le Sluzhebnik synodal nO 183, les aurait

des petites heures '>, OCP 39 (1973), p. 53; M. ARRANz, «Les prières presbytèrales
de la Tritoektî de l'ancien Euchologe byzantin,>, OCP 43 (1977), p. 70-93, 335-354.
1. M. ARRANz, «Les prières presbytérales de la Tritoeictî de l'ancien Euchologe
byzantin'>, OCP 43 (1977), p. 336.
2. Au sujet de la pannychis, voir H. MaHcBeToB, «0 neCHeHHOM nocnep;OBaHHlO>,
IITCO 4 (1880), p. 1020-1028; M. CKAIiAJInAHOBR'I, TOJlK06blU TunuKolI, B. 1, Kiev,
1910, p. 386-388; M. ARRANz, «Les prières presbytérales des petites heures '>, OCP
39 (1973), p. 54-55; M. ARRANZ, «Les prières presbytérales de la "pannychis"
de l'ancien Euchologe byzantin et la "panikhida" des défunts'>, OCP 40 (1974),
p. 314-342 [voir les pages 338-339 pour les jours où elle était célébrée), 41 (1975),
p.119-139.
3. Voir J. GOAR, Euchologion sive Rituale Graecorum complectens, Venise, 1730, p. 2.
4.Voir à ce sujet: M. ARRANz, «Les prières de Gonyklisia ou de la Génuflexion du
jour de la Pentecôte dans l'ancien Euchologe byzantin,>, OCP 48 (1982), p. 92-123;
G. WAGNER, «Traces d'une célébration paléochrétienne d'agape dans les prières ves-
pérales '>, La Liturgie, expérience de l'Église. Études liturgiques, AS 1, Paris, 2003, p. 92
[= «Spuren einer frühchristlichen Agape-Feier in byzantinischen Vesper-Gebetem,
Eulogia. Miscellanea Liturgica in onore di P. Burkhard Neunheuser, Analecta Liturgica
Studia Ansehniana 68, Rome, 1979, p. 628).
5. H. MaHCBeTOB, «0 neCHeHHOM nocnep;OBaHHH», IITCO 3 (1880), p. 771. Voir
APXHMaHAPHT AM<l>HJIoxKfi, «0 nOKallHHbIX TponapllX Ha Kaq,H3Max», QOJIJl,II 2
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 143

traduites mot à mot. Comme le pense Mansvetov, nous n'avons


pas de preuves suffisantes pour admettre une telle hypothèse,
car ces prières furent traduites bien avant Cyprien et furent en
usage en Russie lorsque l'office asmatique y était pratiqué. Ainsi,
leur présence dans les manuscrits attribués à notre métropolite
s'expliquerait davantage par une compilation de diverses sources
manuscrites!.
Comme le remarque à juste titre A. Pentkovskij, la célébration
de ces offices exigeait un certain nombre de livres liturgiques, se
distinguant par leur contenu des livres liturgiques en usage de
nos jours. Tout d'abord, pour les lectures bibliques, on utilisait
un évangéliaire et un livre de l'Apôtre de type aprakos court2 ,
le Prophétologion3 et le Psautier constantinopolitain divisé en
antiphones, avec les refrains de l'office asmatique et les cantiques
bibliques. Pour les lectures patristiques, on utilisait des homé-
liaires et des synaxaires. Les prières presbytérales se trouvaient
dans l'Euchologe constantinopolitain. Quant à l'hymnographie,
elle était contenue dans les recueils de chants tels l'Asmatikon et
le Kondakarion4 •

Traces de l'office asmatique en Russie.

Ainsi, après la christianisation de la Russie en 988, le 1YPikon de


la Grande Église fut largement diffusé dans les églises cathédrales
et paroissiales, comme l'a bien montré M. Lisitsyn5 • De là il est
évident que ce type d'office a laissé des vestiges sur la pratique
liturgique russe. Outre les prières et l'hymnographie des offices
asmatiques attestés par les kondakaria et les euchologes, nous
retrouvons un certain nombre d'usages découlant de la pratique
de la Grande Église. Nous résumons ici les douze points évoqués
dans l'étude de Lisitsyn.

1. Voir li. M3.HCBeTOB, « 0 rreCHeHHOM rrOCJIeAOB3.HHH », IITCO 3 (1880), p. 771-773.


2. À ce sujet, voir A. M. IIEHTKOBCKHH, «JIeK~oHapHH H qeTBepoeBaHreJIIDI B
BH3aHTHHCKOH H CJIaBHHCKOH JIHTYPI"H'leCIrnX TPa,ll;HJJ;HHX» E6a/lze.tlue om Hoa/l/la 6
CIIa6!l/lCKOU mpaàu14uu, Saint-Pétersbourg, 1998, p. 4-5. J. GETCHA, «Le système des
lectures bibliques du rite byzantin », La Liturgie, interprète de l'Écriture, I. Les lectures
bibliques pour les dimanches et fêtes. Conférences Saint-Serge. 48' Semaine d'études
liturgiques, BELS 119, Rome, 2002, p. 32-34.
3.Voir C. HOEG, G. ZUNTZ, ('Remarks on the Prophetologion», dans R. P. CASEY,
S. LAKE and A. K. LAKE (ed.), Quantulacumque. Studies Presented to Kirsopp Lake by
Pupils, Collegues and Priends, Londres, 1937, p. 221; J. GETCHA, (,Le système des lec-
tures bibliques du rite byzantin», p. 28.
4. A. M. IIEHTKOBCKHH, « :O;epKoBHhle Y CTaBhl ,IJ:peBHeH PyCH H HeKOTOphIe rrpo-
6JIeMhl H3yqeHHH rraMHTHHKOB IIHChMeHHOCTH Tp~OHHoro COAepJK3.HHH. KpyrJIhlH
CTOJI : 1000-JIeTHe XpHCTHaHH3aJJ;HH PyCH », C06emcKoe CIIa6!l/lo6eàe/lue, 6 (1988), p. 40.
5. JIHCHJJ;hIH, IIep6o/la'lQJIb/lb/u Ci/a6!l/lO-PyccKUU TunuKo/l, p. 13-20, 160.
144 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

1. La lecture de l'évangile aux matines suivait la grande doxo-


logie. Cette pratique fut maintenue en Russie au-delà du XIVe siècle.
M. Lisitsyn donne des exemples en Russie au XIVe siècle, où même
après l'introduction du Typikon sabaïte, on lisait deux évangiles
- un avant le canon, conformément à la pratique sabaïte, et un
second après la grande doxologie!.
2. En Russie, entre les XIe et XIVe siècles, la proscomidie était
célébrée par le diacre. En effet, le diacre, en tant que « serviteur
de la table» (voir Ac 6, 2-3), préparait les saints dons offerts,
et le prêtre venait lire la prière de l'offrande (Eùxi) 't'flç npo9É-
<JEffiÇ). Cette pratique avait été héritée de la Grande Église, où
la proscomidie était initialement célébrée par les diacres jusqu'au
XIe siècle, conformément au témoignage de Théodore d'Andide
dans le neuvième chapitre de la Prothéoria (PG 140, 429), qui
explique que cette pratique vient de la Grande Église 2 • Ainsi, cette
pratique aurait survécu plus longtemps en Russie. Le métropolite
Cyrille avait en effet essayé de la supprimer en 1274, lors d'un
concile, en établissant qu'il ne convenait pas au diacre d'entrer
au sanctuaire avant le prêtre et, par conséquent, de célébrer la
proscomidie. Mais un siècle plus tard, le métropolite Cyprien était
toujours aux prises avec cette pratique, depuis longtemps révolue
à Constantinople, et voulut à son tour l'interdire définitivement en
écrivant dans ses Réponses à l'higoumène Athanase : « TI est interdit
au diacre de célébrer la proscomidie, car il est un serviteur du
prêtre et ne lui est pas égal3 . »
3. Conformément au Typikon de la Grande Église, les Pré-
sanctifiés étaient célébrés le mercredi et le vendredi de la
semaine des laitages, quotidiennement pendant le Carême et
même le Grand Vendredi. Cette pratique, observée en Russie
depuis sa christianisation, avait d'abord été rejetée par le
métropolite Théognoste, puisqu'elle venait d'être supprimée
au concile de Constantinople en 1276. Plus d'un siècle plus
tard, toujours aux prises avec ce vieil usage constantinopolitain,
le métropolite Cyprien dans sa lettre au clergé de Novgorod
(1395) et dans son Psautier suivi, de même que son succes-
seur, le métropolite Photios, dans sa lettre au clergé de Pskov
(1419), interdirent la célébration des Présanctifiés pendant la

1. Ibid., p. 38-43.
2. R. BORNERT, Les Commentaires byzantins de la Divine Liturgie, du VII' au XV' siècle,
ArcIDves de l'Orient chrétien 9, Paris, 1966, p. 200.
3. «AMIKOHY HeJIb3t, rrpocKoMHcaTH, cnyra 60 eCTb rrony, a He pOBeHb'> (IlABrroB,
KaHOHU'IeCKUe nCl.MJlmHuKu, col. 257). Au sujet de la proscomidie par le diacre en Russie,
voir nHCHIl,bIH, IIep60Ha'laJIbHblU Ciza6JIHo-PycCKUU TunuKoH, p. 49-56; M. C. )KErrTOB,
C. llpABAorrlOBoB, «BoI'ocJIY)KeHll.e Pllll, X-XX BB. )), II3, TOM Pllll" Moscou, 2000,
p.488.
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 145

semaine des laitages, sa célébration quotidienne en Carême et


le Grand Vendredi!.
4. Le mardi de la Grande Semaine, conformément à l'an-
cienne pratique de la Grande Église, était célébré un office parti-
culier nommé «l'acolouthie des douze tropaires de la passion du
Christ2 ».
5. L'acolouthiedu lavement de la sainte table, prescrite par
le Typikon de la Grande Église après la tritoekti du Grand Jeudi,
était toujours observée en Russie au XIve siècle. Le métropolite
Cyprien en donne l'attestation dans ses Réponses à l'higoumène
Athanase lorsqu'il dit : « Il faut que la sainte table soit lavée le
Grand Jeudi, dans les églises cathédrales, par le hiérarque 3 .»
6. Le Grand Jeudi, après la tritoekti et l'acolouthie du lavement
de la sainte table, le Typikon de la Grande Église prévoyait l'acolou-
thie du lavement des pieds qui se célébrait donc avant la Divine
Liturgie, dans le narthex, et non pas après la Divine Liturgie,
conformément à la pratique du Typikon sabaïte4 •
7. Dans la nuit du jeudi au vendredi de la Grande Semaine, on
célébrait conformément au Typikon de la Grande Église l'acolou-
thie de la nuit (c'est-à-dire des matines) du Grand Vendredi qui
se concluait par l'office de primes. Il n'existait donc pas d'heures
royales du Grand Vendredi, l'équivalent de cet office étant celui
des douze trop aires de la Passion, célébré le Grand Mardi.
8. Lisitsyn fait remarquer qu'à partir de l'époque du métropo-
lite Cyprien, on prit l'habitude de célébrer, le Grand Vendredi,
l'acolouthie du lavement des saintes reliques, ou, dans les églises
où il n'yen avait pas, du lavement de la sainte Croix. Cette aco-
louthie, qui tire son origine dans le Typikon de la Grande Église,
est mentionnée dans le Sluzhebnik attribué à Cyprien. On ne peut
cependant aucunement affirmer avec certitude que ce dernier ait
introduit ce rituel 6 •

1. IIABJIOB, KaHOHU'IeCKUe nll.MJlmHUKU, col. 132-134,235-236, 413-414; JIHcH~hlH,


IIepBoHa'lOJlbHblii Ctza6J/Ho-PycCKUU TunuKoH, p. 57-77.
2. Ibid., p. 126-139,210.
3. «Tparre3a :lKe CBHTall rrOMhIBaTH B"h BemndH qeTBepTOK"h, B"h C060PHhIX"h :lKe
n;epKBaX"h CBHTHTemo, a MeHhIIIeH 'UI,L\H HeMOm;HO cero ,rdIHTH>l (IIABJIOB, KaHOHU'IeCKUe
nll.MJlmHUKU, col. 258-259). Voir JIHCH~hlH, IIepBOHa'lOJlbHblU Ctza6J/Ho-PycCKUU 'TunuKoH,
p.93-99.
4. JIHCH~hlH, IIepBOHa'lOJlbHblU Ctza6J/Ho-PycCKUU TunuKoH, p. 139-145. Sur la place
du lavement des pieds avant ou après la liturgie, voir A. LOSSKY, «L'office du lave-
ment des pieds : un essai d'étude comparée», Acts of the International Congress :
Comparative Liturgy Fifty YI1ars after Anton Baumstark (1872-1948), OCA 265, Rome,
2001, p. 809-832, particulièrement p. 816-817.
5. JIHCH~hlH, IIepBOHa'lOJlbHblU Ctza6J/Ho-PycCKUU TunuKoH, p. 147-148.
6. Ibid., p. 100-102.
146 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

9. L'acolouthie des saintes huiles (sacrement des malades) était


célébrée pour tous les fidèles le Grand Jeudi ou le Grand Samedi!.
la. Les lities (processions), si caractéristiques dans les célé-
brations suivant le 'lYPikon de la Grande Église, étaient également
pratiquées en Russie. On faisait des lities à différentes occasions,
comme par exemple le jour de la d~dicace de l'église (les encé-
nies, 'Cà ÈYlCoivw), le jour du nouvel an ecclésiastique (indiction)
- le 1cr septembre, etc 2 •
11. Nous pouvons également mentionner d'autres rituels hérités
de la Grande Église qui étaient pratiqués en Russie et qui incor-
poraient dans l'office des éléments théâtraux. Par exemple, «l'aco-
louthie de la fournaise» (àlCoÀOu8io 'tijç lCollivou - 'IillI'b rrern;Haro
,rct.iicTBa), un type de drame liturgique, semblable aux mystères
occidentaux, était célébrée le dimanche des Ancêtres ou le dimanche
des Pères, précédant la Nativité du Christ, et représentait pendant
l'office le salut miraculeux des trois adolescents dans la fournaise
de Babylone3 • Dans la même catégorie, nous pouvons mentionne!
l'arrivée du patriarche sur un âne le dimanche des Rameaux, ou
la représentation du Jugement dernier, le dimanche de l'apocréo4 •
Comme le fait remarquer A. Dmitrievsky, il ne faut pas s'étonner
de telles pratiques, car la liturgie byzantine n'était pas étrangère
aux éléments dramatiques, et nous pouvons encore aujourd'hui en
trouver des vestiges dans le rite du lavement des pieds du Grand
Jeudi ou dans le rituel de la consécration d'une églises.
12. Le Typikon de la Grande Église prévoyait, pour la fête de
l'Exaltation de la sainte Croix, la vénération de cette dernière du
la septembre (jour de sa sortie du palais impérial et de sa déposi-
tion à Sainte-Sophie) jusqu'au jour de la fête, le 14 septembre. Ce
jour marquait aussitôt la clôture de la fête. li était prévu de laver
le skeuophylakion où était gardée la précieuse relique, ainsi que de
faire une litie (procession) au «forum» ce jour-Ià6 •

L'OFFICE MONASTIQUE D'APRÈS LE TYPIKON STOUDITE

Si les églises cathédrales et paroissiales de l'Empire byzantin et en


Russie ont suivi ces usages de la Grande Église de Constantinople

1. Ibid., p. 154.
2. Ibid., p. 102-114.
3. À ce sujet, voir l'article de A. Dmitrievsky : A. AMHTPHEBCKHR, «qHH neII\Haro
;o;e1Ï:cTBa», BB 1 (1894),. p. 553-600.
4. JIHCH~H, IIep60HallQJIbHblÜ CAa6SlHo-PycCKUÜ TUnuKOH, p. 156.
5. A. ,Il;MHTPHEBCKHR, «~ neII\Haro ;o;eucTBa», BB 1 (1894), p. 553-554.
6. JIHC~H. IIep60HallQJIbHblÜ CAa6SlHo-PycCKUÜ TunuKoH, p. 116, 218.
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 147

jusqu'à la fin du XIVe siècle, et même au-delà, l'office célébré dans


les monastères s'en démarquait par l'observance d'un typikon
monastique. On estime que ce typikon observé en Russie pendant
la période allant du XIe au XIVe siècle fut le Typikon stoudite dans la
version du patriarche Alexis de Constantinople. Une telle opinion
se fonde sur la majorité des manuscrits liturgiques de cette époque
conservés jusqu'à nos jours et reflétant davantage les usages du
Typikon stoudite que ceux du Typikon de la Grande Église!.
A. Pentkovskij mentionne parmi ces livres liturgiques : l'Évan-
géliaire et le Livre de l'Apôtre de type aprakos complet2 ; le
Prophétologion de la Grande Église, mais comprenant des rubri-
ques; le Psautier palestinien divisé en 20 cathismes avec les cantiques
bibliques; les Ménées de type stoudite; le Triode et le Pentecostaire .
de type stoudite; l'Octoèque et le Paraclétique; l'hirmologion com-
prenant les hirmi du Paraclétique, des Ménées, du Triode et du
Pentecostaire; l'Horologion de type stoudite; l'Euchologe de type
stoudite; et des recueils de chants et de lectures patristiques 3 •
A. Pentkovskij, à la suite de 1. Karabinov, a montré que le 1jJpikon
d'Alexis le Stoudite se rattachait bien à la tradition stoudite, contrai-
rement à l'opinion de Dmitrievsky et de Lisitsyn, lesquels considé-
raient ce dernier comme un typikon de fondation (ktitorikon4).
Le Typikon d'Alexis le Stoudite était la version du Typikon stou-
dite que le patriarche de Constantinople Alexis (1025-1043), un
ancien moine du Stoudion, avait rédigé en 1034 pour le monas-
tère de la Dormition de la Mère de Dieu qu'il avait fondé près
de Constantinople. C'est précisément cette version du Typikon
stoudite qui fut traduite en slavon, introduite par saint Théodose
à la laure des Grottes de Kiev après 1051 et, de là, diffusée dans
la majorité des monastères russes 5 •

1. M. C. )KElITOB, C. IIPAB,I:\OlIIOBOB, «BorOCJIY)KeHHe PIIU; x-xx BB.», Il3, TOM


PIIU;, Moscou, 2000, p. 486.
2. Voir à ce sujet A. M. IIEHTKOBCKHH, «JIeKIJ;HOHapHH H '1eTBepOeBaHreJIHlI B
BH3aHTHHCKOH H CJIaBHHCKOH JIHTYPrH'IeCKHX TPa,u;HIl;HlIX», E6aHuJ/ue om HoaHHa B CJla-
6JlHCKOU mpaou14uu, Saint-Pétersbourg, 1998, p. 4-5, 11-14. J. GETCHA, «Le système
des lectures bibliques du rite byzantin,), p. 33-35.
3. A. M. IIEHTKOBCKHA:, «U;epKoBHhle YCTaBhl APeBHeH PyCH H HeKOTopble rrpo-
6JIeMbI H3Y'1eHHlI rraMHTHHKOB rrHCbMeHHOCTH Tpa,I:\HIJ;HOHHOrO CO,I:\ep:lKaHHlI. KpyrJIhlH
CTOJI: 1000-JIeTHe xpHCTHaHH3aIJ;HH PyCH», COBemcKoe CJla6JIH06eOeHue, 6 (1988), p. 41.
4. A . .D:MRTPHEBCKHH, «BorOCJIY:lKeHHe B PyCCKOH U;epKBH B rrepBble IIHTb BeKOB»,
IlC 2 (1882), p. 139; JIRCRIJ;bIH, IlepBoHa'lMbHblU C.!Ia6JIHo-PycCKUU TunUKOH, p. 175-209
(voir particulièrement la note 79, p. 207-208); H. A. KAPABRHOB, «OT3hlB 0 TpY,I:\e
rrpOTOHepeH M. JIHCHIJ;bIHa 'IIepBOHa'laJIbHbIH CJIaBHHo-PycCKHH THIIHKOH. IfCTOPHKO-
apxeOJIOrH'IeCKOe HCCJIe,I:\OBaHHe. Crr6., 1911 », C60PHUK Om'lemOB 0 npeMUJIX U Hazpaoax,
npuCY3/COaeMblX POCCUUCKOU AKaOeMUeU Hay", VII, OT'leTbI 3a 1912 r.,Petrograd, 1918,
p. 339-347; IIEHTKOBCKRH, TunuKoH, p. 21-41 (voir particulièrement p. 35-36).
5. M. C. )KEJITOB, C. IIPAB,I:\OlIIOBOB, «BorOCJIY:lKeHHe PIIU; X-XX BB.», Il3, TOM
PIIU;, Moscou, 2000, p. 486-487; A. IIEHTKOBCKHH, «CTY~HHCKHii: yCTaB H yCTaBhl
148 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

La célébration des offices des heures de la journée.

Comme nous l'avons dit, les Stoudites ont adopté au IXe siècle
l'Horologion palestinien. Cependant, l'Horologion de type stou-
dite présente des particularités par rapport à l'Horologion de type
sabaïte. La journée liturgique selon la tradition stoudite compor-
tait les offices suivants : les prières du matin, les matines, prime,
tierce, sexte, none, les typiques, les prières d'avant-midi, les vêpres,
le petit et le grand methimon, et le chant de la nuit. Les trois pre-
miers offices constituaient la prière liturgique du matin, alors que
les cinq suivants constituaient la. prière liturgique du midi. Les
vêpres constituaient la prière liturgique du soir. Le petit methimon
correspond pleinement à la première partie du grand apodeipnon
(complies) de l'Horologion sabaïte. Le nom de cet office provient
des deux premiers mots grecs de l'antiphone : (<f.leS' ll,H))V 6 E>EOÇ»
- « Dieu est avec nous» (Is 8,8), chanté lors de cet office. Le grand
methimon et le chant de la nuit faisaient partie de la règle de prière
en cellule. Le premier était constitué de la règle des douze psaumes
que l'on retrouve dans les psautiers slaves et le second du cathisme
17 que l'on retrouve dans l'actuel mesonyktikon. Les offices débu-
taient par une petite introduction constituée des prières suivantes :
le verset «Seigneur, Jésus Christ, notre Dieu, aie pitié de nous », la
prière «Roi céleste», une prière propre à chaque office, les versets
(<Venez, adorons». Au début des matines et des vêpres, on trouve de
plus: le Psaume 6, les prières du Trisagion jusqu'à «Notre Père»,
«Kyrie, eleison» (douze fois) et les versets: (<Venez, adorons! ».
Aux matines, les jours de fête, il était prévu de chanter «Le
Seigneur est Dieu» et le trop aire du jour, alors que, les jours ordi-
naires, on chantait «Alléluia» suivi des tropaires triadiques. TI y avait
aux matines la psalmodie d'un seul cathisme du lundi de Thomas
jusqu'à l'Exaltation de la Croix, et de deux cathismes à partir de
l'Exaltation de la Croix jusqu'au début du Carême. Aux vêpres,
la veille des dimanches et des fêtes, on lisait le premier cathisme,
et les autres jours de l'année on lisait le cathisme 18. LePolyéleos
stoudite était composé de trois psaumes: du Psaume 134 (<Louez
le nom du Seigneur»), du Psaume 135 (<Confessez le Seigneur»)
et du Psaume 136 (<Sur les fleuves de Babylone»). Aux matines,
les cantiques bibliques étaient à l'origine exécutés de la façon sui-
vante. Le deuxième était chanté en entier le mardi s'il n'y avait pas
de fête, avec les refrains : «Gloire à Toi, ô Dieu» (pour les versets

CTYAHHCKOH TPlWfil:HH», )J(Mll 5 (2001), p. 70-71.


1. E. 3. CJIRBA, «0 HeKOTopbIX n;epKOBHOCJIaBlIHCKHX qacocJloBax XIII-XIV BB.
(OcooeHHOCTH COCTaBa)>>, PyCb U IQ:J/CHble C/la6J/He (COCT. H pep;. : B. M. 3ArPEBHH),
Saint-Pétersbourg, 1998, p. 188-190, 193-194; M. C. )KEJlTOB, C. IIPABP;OJllOBOB,
«BorocJlyxœHHe PHU X-XX BB.», ll3, TOM PIIU, Moscou, 2000, p. 487.
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 149

1-14), «Garde-moi, Seigneur) (pour les versets 15-22), (<Tu es juste,


Seigneur) (pour les versets 22-29) et «Gloire à Toi, ô Diem (pour les
versets 39 jusqu'à la fin). Le jeudi, on chantait le quatrième cantique
avec comme refrain: «Gloire à Ta puissance, Seigneur). Le samedi,
on chantait le septième cantique avec le refrain: «Dieu de nos pères,
Tu es béni). On peut remarquer que les hirmi et les tropaires des
canons hymnographiques ont remplacé ces refrains, les ayant parfois
incorporés à leur texte. Les psaumes des laudes (148, 149 et 150)
avaient également leurs refrains (dont : «Gloire à Toi qui nous as
montré la lumière! )). Les heures étaient constituées de deux groupes
de trois psaumes et étaient lues les jours liturgiques non festifs. Les
jours de fête et les dimanches, les heures étaient supprimées2 •

Le cycle liturgique annuel mobile.

L'organisation de l'année liturgique dans les rédactions stoudites


du Triode et du Pentecostaire avait également des particularités.
En effet, même si la structure du cycle annuel mobile (du Triode
et du Pentecostaire) selon le TYPikon d'Alexis le Stoudite ressem-
blait déjà à celle prévue par le Typikon sabaïte, de nombreuses
divergences ne passent pas inaperçues. Par exemple, le premier
dimanche du Carême n'était pas encore consacré au triomphe de
l'Orthodoxie, mais à l'ancienne commémoration des saints pro-
phètes Moïse, Aaron, David et Samuel. De plus, il était prévu de
célébrer la liturgie des Dons présanctifiés le mercredi et le vendredi
de la semaine des laitages (alors que le Typikon sabaïte ne prévoit
aucune liturgie ces jours-là), quotidiennement pendant la semaine
durant le Carême (alors que le Typikon sabaïte ne prévoit de la
célébrer que les mercredis et. vendredis), le Grand Vendredi (alors
que le Typikon sabaïte ne prévoit aucune liturgie ce jour-là) et le
jour de l'Annonciation, à l'exception des églises consacrées à la
Mère de Dieu où il était prévu de célébrer la liturgie de saint Jean
Chrysostome, conformément à la pratique sabaïte. En semaine,
les offices de la Ménée pouvaient être annulés, conformément à
l'ancienne pratique de l'Église, attestée par le 51 e canon du concile
de Laodicée3 , interdisant de faire mémoire des saints pendant la
semaine en période de Carême4 •

1. MAHCBETOB, I{epICo6HblU ycma6, p. 163-167.


2. M. C. )KEJITOB, C. IIpAB.r\onIOBoB, «BorocnyxeHHe FIIn: X-xx BB. », il3, TOM
FIIu:, Moscou, 2000, p. 487.
3. Ce canon dit : <,Pendant la quarantaine, on ne doit pas célébrer la mémoire
des martyrs, mais ne les commémorer que les samedis et les dimanches~. Voir
P.-P. ]OANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9, t. l, 2, Rome, 1962, p. 151.
4. MAHCBETOB, I{epICo6HwU ycmall, p. 142, 147; JIHcH~hIH, ilep60HallMbHwu Cna8J/HO-
PycCICUU TunuICoH, p. 212-214; M. C. )KEnTOB, C. IIpAB.r\onIOBoB, «BoroCJIYJKeHHe FIIll
150 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Pendant la Grande Semaine, on ne lisait pas les quatre évangiles


en entier aux heures. Le Grand Mardi, on célébrait, conformé-
ment à la pratique du Typikon de la Grande Église, à la place de la
psalmodie habituelle des heures, l'acolouthie des douze trop aires
de la Passion avec les lectures des prophéties, de l'apôtre et de
l'évangile. Le Grand Jeudi, il y avait aux heures des psaumes et
des tropaires particuliers. Il était aussi prévu, ce jour-là, de célébrer
l'acolouthie du lavement de la sainte table, cérémonie empruntée
au Typikon de la Grande Église. Le même jour, on célébrait dans
les monastères et les cathédrales l'acolouthie du lavement des
pieds comme à la Grande Église, c'est-à-dire avant la liturgie,
après la neuvième heure. Les matines du Grand Vendredi, appe-
lées également «acolouthie nocturne du Grand Vendredi», avaient
comme particularité que chaque antiphone hymnographique était
accompagné d'un refrain psalmique. Il y avait de plus quelques
différences par rapport à l'hymnographie actuelle. On ne célébrait
pas d'heures royales le Grand Vendredi : prime suivait comme à
l'habitude les matines, et on lisait alors le douzième évangile de
la Passion; aux autres heures on ne lisait qu'un seul évangile, tiré
de l'acolouthie des douze tropaires, mais aucune prophétie, ni
épître. Le soir du Grand Vendredi, les vêpres se concluaient par la
liturgie des Présanctifiés, comme à la Grande Église. Aux matines
du Grand Samedi, on chantait le trop aire «Le noble Joseph» en
entier, comme on le chante aujourd'hui pour le dimanche des
Myrrhophores, avec la finale annonçant déjà la Résurrection: «et
le troisième jour Tu ressuscitas, Seigneur, donnant au monde la
grande miséricorde». Ces matines se concluaient par le chant de
la grande doxologie dans sa rédaction constantinopolitaine pen-
dant laquelle il y avait l'entrée avec l'évangile, suivie de sa lec-
ture, conformément à la pratique de la Grande Église. Le Grand
Samedi soir, aux vêpres, on ne chantait pas de stichères domini-
cales de l'Octoèque. Après la liturgie, un repas était prévu, puis
chacun se retirait dans sa cellule. Tout comme les autres jours de
l'année, on ne célébrait pas à l'église le mesonyktikon;!.
Les matines pascales ne commençaient pas par une procession
et se terminaient par le chant de la grande doxologie. On chantait
les heures pascales suivies des typiques. Toute la liturgie pascale se
déroulait dans le sanctuaire, à l'exception des antiphones chantés

x-xx BB.», fl3, TOM pnll;, Moscou, 2000, p. 488-489.


1. Voir A. AMHTPHEBCKHa, «BorocnyJKeHHe B PyCCKOH ll;epKBH B nepBLle IIllTb
BeKOB», flC3 (1882), p. 258-269; MAHCBETOB, #epICoBHbluycmQIl, p. 147-149; JIHcHU;hIH,
flep80HQljatlbHblU Cna8.llHO-PyCCICUU TunuICoH, p. 214-215, 220-226; M. C. :>KE.rrTOB,
C. nPABlI;onIOBoB, «BorOcnyJKeHHe pnll; x-XX BB.», fl3, TOM pnll;, Moscou, 2000,
p. 489; T. POTT, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non
<Mntllnée de la liturI!ie bvzantine, p. 162-165.
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 151

par l'assemblée: le prokimenon, l'épître, l'alléluia et l'évangile se


disaient à l'autel. À la Grande Église fut emprunté l'usage de la
lecture alternée de l'évangile par le prêtre et le diacre. Aux vêpres,
le dimanche de Pâques au soir, on chantait de nouveau les sti-
chères du Grand Samedi. On disait des complies particulières. Il
était prévu de faire une procession le lundi de Pâques à la deu-'-
xième heure, comme pour le dimanche des Palmes. La clôture de
Pâques avait lieu le Samedi de Pâques. L'office du dimanche de
Thomas (Antipascha) était entièrement festif et on reportait l'of-
fice dominical au lundi. Le jeûne était supprimé le mercredi ·de la
mi-Pentecôte. Après la Pentecôte, pendant le jeûne des Apôtres,
on chantait l'office avec «Alléluia», ce qui ne supprimait pas auto-
matiquement la liturgie. Les anciens triodes slavons couvraient la '
période allant du dimanche du Publicain et du Pharisien jusqu'au
dimanche de Tous les Saints. Ce n'est en effet qu'à partir du
XIIe siècle qu'il y eut une division entre le «Triode de Carême»
(TpHO,D;b IIOCTHaH - s'arrêtant au sixième vendredi de Carême) et
le «Triode fleuri» (TpHO,D;b D;BeTHaJ! - commençant avec le samedi
de Lazare!).

Le cycle liturgique annuel fixe.

De même, nous pouvons noter plusieurs particularités dans


l'organisation des Ménées de type stoudite. En effet, le Ménologe
stoudite avait été élaboré sur la base du Synaxaire de la Grande
Église de Constantinople. Il y avait en principe une ou deux
commémorations de saints par jour, dont plusieurs mémoires de
saints stoudites (comme saint Théodore le Stoudite, le 26 jan-
vier, et son frère, saint Joseph de Thessalonique 2).
A. Pentkovskij signale plusieurs traits caractéristiques dans
le Synaxaire du Typikon du patriarche Alexù le Stoudite3 • Par
exemple, nous trouvons plusieurs mémoires de saints typi-
quement stoudites qui font l'objet d'une solennité particulière,
contrairement aux typika sabaïtes : la mémoire des saints mar-
tyrs Hermogène, Évode et Calliste, dont les reliques reposaient
au Stoudion, le 1er septembre; de saint Éviote le Stoudite, le
16 septembre; de saint Théodore le Stoudite, le Il novembre,

1. Voir A. AMHTPHEBCKHil:, «DorOCJIY)KeHHe B PYCCKOii: U;epKBH B rrepBbJe IIJITb


BeKOB», IIC3 (1882), p. 270-277; MAHCBETOB, /{epK06IJbluycma6, p. 150-151; JIHCHIJ;bIH,
IIep60IJa'l(J/lbIJblU CAa6JIIJO-PycCKUU TunuKoIJ, p. 215-217, 237-240; M. C. 2KEnTOB,
C. IIPAB.IJ:OJIIOBOB, «Dorocny:lKeHHe PIIU; x-xx BB.», II3, TOM PIIU;, Moscou, 2000,
p.489.
2. Ibid., p. 489.
3. IIEHTKOBCKHil:, TunuKoIJ, p. 105-108.
--
152 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

avec un jour d'après-fête, le 12 novembre; de saint Thadée le


Stoudite, le 22 novembre; des moines stoudites noyés dans la
mer, le 7 décembre; la translation des reliques de saint Théodore
le Stoudite et de son frère, Joseph de Thessalonique, le 26 jan-
vier; la mémoire de saint Joseph de Thessalonique, le 15 juin.
Ce même typikon prévoyait de chanter le trop aire (apolytikion)
à saint Jean le Précurseur aux vêpres du dimanche du Publicain
et du Pharisien, le dimanche du Fils prodigue, et dans le cas
de l'occurrence d'une grande fête avec un dimanche. Cette
pratique était liée au fait que l'église principale du Stoudion
était consacrée à saint Jean le Précurseur et que ce monastère
a longtemps abrité la précieuse relique du chef de saint Jean
Baptiste. À cette dernière particularité était liée également
la célébration solennelle de toutes les fêtes du Précurseur : la
Décollation, le 29 août, avec une avant- et après-fête et l'exis-
tence d'un dimanche après la Décollation du Précurseur; la
Nativité de saint Jean, le 24 juin, avec une avant- et après-fête
(l'avant-fête coïncidant avec la fête de la dédicace de l'église de
saint Jean le Précurseur); la fête solennelle de l'Invention du
chef du Précurseur (avec lecture de l'évangile aux matines); la
fête solennelle, le 7 janvier, de la translation de la main de saint
Jean le Précurseur d'Antioche à Constantinople (en 956). Ce
Typikon stoudite prévoyait aussi un dimanche après la fête de
la sainte megalo-martyre Euphémie (premier dimanche après le
Il juillet), une caractéristique héritée de la pratique liturgique
de l'Asie Mineure, commémorant le miracle de sainte Euphémie
opéré au concile de Chalcédoine.
Certains jours de l'année (entre un tiers et deux tiers d'un
mois) n'avaient pas de trop aire, car il était prévu de chanter l'of-
fice avec «Alléluia». Ce type d'office qui, de nos jours, est réservé
aux jours de jeûne avait, dans l'esprit du Typikon stoudite, le
caractère d'office quotidien (non festif). Pour de tels jours, on
lisait toutes les heures et aucune obédience monastique ne pou-
vait être supprimée. Si un tel jour coïncidait avec un mercredi ou
un vendredi, on jeûnait jusqu'à la neuvième heure conformément
à la pratique monastique ancienne!, et il était prévu de faire des
métanies.
Pour les solennités intermédiaires, on supprimait les heures et
les métanies, mais les obédiences étaient maintenues et le repas
était servi à la sixième heure. Pour les jours de fête, on supprimait
les heures, les métanies et les obédiences dans l'avant-midi. Pour

1. Saint Jean Cassien témoigne de cette pratique ancienne chez les Pères du désert
en précisant que le jeûne jusqu'à la neuvième heure était supprimé, de même que les
génuflexions les jours festifs de la cinquantaine pascale. Voir JEAN CASSIEN, Conférences,
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 153

les fêtes plus importantes, on supprimait les heures, les métanies


et les obédiences pendant toute la journée. La consommation
d' œufs et de fromage était autorisée ces jours-là, indépendam-
ment de la coïncidence avec un jour de jeûne l .
Pour les paramonies des fêtes de la Nativité du Christ et de
la Théophanie, on ne célébrait pas les heures royales (grandes
heures) : au contraire, il y avait ces jours-là dispense d'heures
et de métanies. Comme le Typikon stoudite ne prévoyait pas
d'agrypnie, les complies n'étaient pas reliées aux matines de la
fête comme dans l'usage sabaïte. Pour la Théophanie, on ne célé-
brait qu'une seule fois la grande bénédiction des eaux, pour la
paramonie de la fête 2 • Le jour de l'Annonciation, il était prévu de
faire une procession autour du monastère à la cinquième heure
du jour3 .
Sous l'influence du Typikon de la Grande Église, la fête de l'Exal-
tation de la sainte Croix débutait le 10 septembre par la sortie
de la Croix du skeuophylakion pour sa vénération jusqu'au jour
de la fête, le 14 septembre. li n'y avait pas de période d'après-
fête 4 • Après les vêpres de la fête, on célébrait, sous l'influence du
Typikon de la Grande Église, une pannychis constituée d'éléments
des vêpres asmatiques, d'une litie (procession) au «forum», et
d'un office d'intercession (molebenS). De plus, on ne fêtait pas
comme aujourd'hui la fête du patron de l'église, mais plutôt le
jour de la dédicace de l'église 6 •

Principales différences entre l'ordo stoudite


et l'ordo sabaïte.

Avant d'analyser les différents aspects de la réforme liturgique


du métropolite Cyprien, il convient de résumer de façon synthé-
tique les principales différences entre les typika stoudite et sabaïte,
ce qui nous permettra d'être plus sensibles à l'enjeu de la réforme
de Cyprien.

1. M. c. )KEJITOB, c. IIPAB.IJ;OllIOBOB, «BorOCJIY:lKeHUe PHU X-XX BB. », II3, TOM


PII~ Moscou, 2000, p. 489.
2. MAHCBETOB, aepKo6HblU ycma6, p. 154-157; M. C. )KEJITOB, C. IIPAB.IJ;OllIOBOB,
«BorOCJIY:lKeHHe PIIIJ; X-XX BB.», II3, TOM PIIIJ;, Moscou, 2000, p. 489.
3. JIHCHU;hiH, IIep6oHa'lO/lbHblU CAa6J/Ho-PycCKUU TUnUKOH, p. 238.
4.lbid., p. 218.
5. M. C. )KEJITOB, C. IIPAB.IJ;OllIOBOB, «BorOCJIY:lKeHHe PIIIJ; X-XX BB.», II3, TOM
PIIIJ;, Moscou, 2000, p. 489-490.
6.lbid., p. 490. Ainsi furent instituées les fêtes de la dédicace de trois églises
kiéviennes : de la Dormition (Desiatinnaia - de la «dîme.) du prince Vladimir), le
11-12 mai; de Saint-Georges, le 16 novembre, et de Sainte-Sophie, le 4 novembre.
154 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

1. Le Typikon stoudite ne prévoit pas l'office d'agrypnie. Nikon


de la Montagne Noire Cv. 1025-v. 1088 1) avait déjà relevé cette
différence dans son Taktikon en expliquant que cet office, légitime
en soi, n'était pas un office de monastères cénobitiques2 • En effet,
ce type d'office était caractéristique du monachisme lavrite des
moines de Palestine, particulièrement des moines de la laure de
Saint-Sabas, où ceux-ci vivaient séparément dans des kellia, situées
relativement loin l'une de l'autre, et ne se réunissaient ensemble,
dans l'église principale du cénobium, que pour les dimanches et
les jours de fête 3 . Le but de cette synaxe était de communier à
l'eucharistie et de recevoir l'enseignement spirituel du supérieur.
Bien que la vigilance nocturne fût toujours considérée comme
une expression par excellence de la vie ascétique, le fait d'avoir
un office de vigile nocturne, constitué des vêpres et de matines
festives et culminant dans la Divine Liturgie, apparut comme une
nécessité dans le cadre du monachisme lavrite, afin d'éviter aux
moines des allers-retours entre l'église et leurs kellia pendant les
pauses entre les offices. Ainsi, ils passaient la nuit dans l'église, puis
regagnaient leurs kellia après la célébration eucharistique4 • Cette
nécessité n'existait pas au Stoudion de Constantinople, puisque
ce dernier était un monastère cénobitique. Les moines vivant tous
sur place pouvaient facilement s'assembler pour chaque office et
regagner tranquillement leur cellule une fois l'office terminé. Par
contre, l'organisation de la vie monastique en kellia, sur le modèle
palestinien, était caractéristique des groupes monastiques hésy-
chastes à l'Athos, ce qui explique pourquoi ceux-ci favorisèrent
l'adoption du Typikon sabaïte5 • Ainsi est apparu l'office de vigiles
nocturnes Cagrypnie) à l'Athos. Une fois que les hésychastes
prirent le contrôle des affaires ecclésiastiques au ){Ne siècle, ils
diffusèrent l'agrypnie qui, désormais, ne fut plus un attribut
exclusif des moines kelliotes. Cela n'était pas tout à·fait nouveau,

1. Nikon de la Montagne Noire était un moine du XIe siècle vivant au monastère


de la Mère de Dieu sur le Mont Admirable (Maüpov opoç), au nord d'Antioche, qui
fut, dans un certain sens, le précurseur de la (,liturgie comparée». À son sujet, lire
1. DOENS, «Nicon de la Montagne Noire», Byz 24 (1954), p. 131-140;}. NASRALLAH,
(, Un auteur antiochien du XIe siècle, Nicon de la Montagne Noire (vers 1025-début du
XlIe s.) », POC 19 (1969), p. 150-161; A. SOLIGNAC, (,Nicon de la Montagne Noire»,
DS 11, col. 319-320.
2. MAHCBETOB, l(epK06Hb1U ycma6, p. 76. Voir NIKON DE LA MONTAGNE NOIRE,
Taktikon, 1.
3. Sur le système lavratique, lire J. PATRICH, Sabas, Leader of Palestinian Monasticism.
A Comparative Study in Eastern Monasticism, Fourth ta Seventh Centuries, Dumbarton
Oaks Studies 32, Washington, 1995, p. 57 s., particulièrement p. 82-90, 122-133.
4. Ibid., p. 236-239. Voir également: H. A. YCIIEHcKHi'I, «qHH BceHo~oro 6AeHIDI
Ha llpaBocnaBHOM BOCTOKe H B PyCCKOH D;epKBH», BT18 (1978), p. 63.
5. A. IlEHTKOBCKHi'I, «lb HCTOpHH nHTYprnqeCKHX npeo6pa30BaHHH B PyCCKOH
TT"n1<RU R 'l'neTbeH qeTBeDTH XIV CTOneTHlP), CUM60A 29 (1993), p. 217.
LA LITIJRGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 155

car des monastères cénobitiques et des églises séculaires avaient


déjà connu des offices de vigiles nocturnes!. Par exemple, on ren-
contre des pannychis dans le Typikon de l'Évergétis, la veille des
dimanches et des fêtes 2, et des agrypnies à deux ou trois reprises
dans l'ordo stoudite, comme par exemple l'agrypnie de la Passion
(àyp'UltVta 'trov 1ta8rov3).
2. La tradition stoudite ne connaît pas l'office des petites
vêpres. C'est une conséquence logique du point précédent, à
savoir l'absence d'agrypnie dans l'ordo stoudite. En effet, les
petites vêpres étaient célébrées, selon la tradition sabaïte, à la
place des vêpres les jours de fête où l'on célébrait l'agrypnie.
Les grandes vêpres étaient alors reliées aux matines pour former
un seul office qui durait toute la nuit4 •
3. L'usage stoudite prévoyait moins d'hymnographie aux vêpres
et aux matines que l'usage sabaïte.
4. De même, le nombre de prières presbytérales au lucernaire
et aux matines était moins élevé dans la tradition stoudite que
dans la tradition sabaïte : cinq aux vêpres et sept aux matines.
Dans plusieurs manuscrits stoudites, ces prières n'étaient pas lues
à la suite, mais réparties tout au long de l'office, conformément à
la pratique de l'office asmatique 5 .
5. La tradition stoudite ne prévoyait aucune bénédiction des
pains à la fin des vêpres (artoc1asia). En effet, selon la tradition
sabaïte, la bénédiction des pains remplaçait initialement le repas
au réfectoire après vêpres, les jours où l'agrypnie était célébrée.
Puisque l'on ne célébrait pas d'agrypnie chez les Stoudites, il n'y
avait pas de bénédiction de pains6 •
6. L'apodeipnon (petit methimon, correspondant à la première
partie du grand apodeipnon de l'Horologion néo-sabaïte) était
célébré tous les jours selon la tradition stoudite, même pendant la
semaine pascale. li était annulé pour le Grand Jeudi et le Grand
Samedi. Pour les paramonies de la Nativité et de la Théophanie,
il était lu en cellule, alors que, selon le Typikon sabaïte, il était

1. À ce sujet, lire l'article très éclairant sur la prière nocturne et l'origine de la vigile
nocturne de N. Uspenskij, où l'auteur retrace les origines de l'agrypnie palestinienne
et de la pannychis constantinopolitaine dans la prière nocturne de l'Église hiéroso-
lyrnitaine à l'Anastasis, déjà mentionnée au IV' siècle par Égérie: H. p;. YCIIEHCKHil:,
«II~a H arpHIIHHlI» (<<qHH BceHOID;Horo 6AeHHll Ha IIpaBOCJIaBHOM BOCToKe H B
PyCCKOB: :UepKBH»), BT18 (1978), p. 9-50.
2. A. IIEHTKOBCKHil:, «JlwryprH'leCKHe pecPOPMhI B HCTOpHH PyCCKOB: :UepKBH H HX
xapaKTepHLle oc06eHHOCTH», JKMII 2 (2001), p. 73. Voir ;D;MHTPHEBCKHil:, OnucaHue,
T. li, Tll1tt1C:a, q. 1, p. 257, 262, 263, 265 s.
3. MAHCBETOB, l.(epICo6HblÜ ycma6, p. 78.
4.lbid., p. 78-79; H. p;. YCIIEHcKHil:, «IIpaBOCJIaBHali BeqepHll», BT 1 (1960), p. 49.
5. M. C. 2KErrrOB, C. IIpABAOJIIOBOB, «BorOCJIYXeHHe PII:U X-XX BB.», IIa, TOM
PII:U, Moscou, 2000, p. 487.
6. MAHCBETOB, l.(epICo6HblÜ ycma6, p. 81.
156 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

célébré solennellement ces jours-là avec les matines dans le cadre


d'une agrypnie 1 •
7. Le mesonyktikon (office de minuit) dans la tradition stou-
dite était en fait une règle de prière en cellule. En effet, il ne for-
mait pas un office liturgique particulier, mais était composé de
psaumes, de prières et de tropaires que les moines devaient réciter
dans leur cellule pendant la nuit. À cette règle était jointe la prière
en cellule pour les défunts. Dans les monastères kelliotes qui
suivaient le Typikon sabaïte, le mesonyktikon était dit en cellule,
alors qu'il était dit dans le narthex ou dans l'église des monastères
cénobitiques2 •
8. Le nombre de cathismes aux matines était inférieur dans la
pratique stoudite au nombre prévu par le Typikon sabaïte3 •
9. il faut aussi noter l'existence de différentes rédactions de la
grande doxologie4 • Nous savons que celle-ci est composée de dif-
férentes prières : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux », «Daigne,
Seigneur» et «Seigneur, Tu fus pour nous un refuge d'âge en
âge». C'est dans cet ordre qu'elle était chantée aux matines asma-
tiques dans la Grande Église de Constantinople, où son chant se
terminait par le Trisagion durant lequel le clergé entrait au sanc-
tuaire et après lequel on lisait l'évangiles. Les liturgistes la quali-
fient de «rédaction constantinopolitaine » et elle correspond à la
grande doxologie des matines festives prescrites aujourd'hui par
le Typikon sabaïte. Toutefois, à Jérusalem, on chantait la grande
doxologie dans l'ordre suivant: «Gloire à Dieu au plus haut des
cieux», «Seigneur, Tu. fus pour nous un refuge d'âge en âge» et
«Daigne, Seigneur». La lecture de. l'évangile avait lieu entre la
deuxième et la troisième partie, soit après « Seigneur, Tu fus pour
nous un refuge d'âge en âge 6 ». Cette rédaction est qualifiée de
«hiérosolymitaine » par les liturgistes modernes, et correspond à la
doxologie lue aujourd'hui aux matines quotidiennes (non festives)
et aux grandes et petites complies d'après le Typikon sabaïte.
Selon l'archimandrite Amphiloque, cet ordre aurait été fixé dans
l'Horologion palestinien de 862 7 • On estime que cette distinction
entre la finale des matines festives et celle des matines dès jours

1. Ibid., p. 80.
2. Ibid., p. 80.
3. Ibid., p. 81.
4. Nous devons les infonnations qui suivent à A. ITElITKOBCKHA:, « CTYMtilCKHH
yCTaB H yCTaBhI CTYMtilCKOH Tpa,I\HI\H1I», JKMII 5 (2001), p. 75.
5. MATÉos, Typicon, I, p. XXIII.
6. H. LEEB, Die Gesiinge im Gemeindegottesdienst von Jerusalem (vom 5. bis 8.
Jahrhundert), Vienne, 1970, p. 183-205.
7. ApXHMaH,lI;PHT AM<l>HJIOXHA:, « OIIHCaBHe rpe'leCKOH ITCaJITHPH 862 r. H3 C06PaHHlI
PYKOIIHCeH ITpeoCBXII\eHHOrO ITOpqlHpHx, C TO'IHhlM CHHMKOM CHMBOJIa BephI, 3aIIHCH,
a36YKH H ,n:pyrnx rrpH3HaKOB ,n:peBHero IIHChMa», lJO.lIJl.Il, 10 (1873), p. 378-381.
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 157

ordinaires fut introduite dans la seconde moitié du XIe siècle au


monastère constantinopolitain de l'Évergètis 1 . Le Typikon stoudite
ne connaissait pas de rédaction constantinopolitaine de la grande
doxologie aux matines, propre au yYpikon de la Grande Église. En
effet, le Typikon stoudite prévoyait systématiquement la récitation
de la rédaction hiérosolymitaine, indépendamment du type d'of-
fice, festif ou non. Nikon de la Montagne Noire avait remarqué
cette particularité, en soulignant que le Typikon stoudite prévoyait
de chanter des apostiches aux matines même le dimanche et les
jours de fête 2 •
10. Les heures, selon la tradition stoudite, n'étaient célébrées
que les jours ordinaires (non festifs) et de jeûne. En effet, dans
l'esprit stoudite, la suppression des heures (àpyta 'trov roprov) ,
était un signe de fête et de jour chômé. Par contre, selon la
tradition sabaïte, les heures sont lues tous les jours, avec cer-
taines particularités pour les jours de jeûne (métanies, prière
de saint Éphrem). Prime est généralement lue après matines,
tierce et sexte entre les matines et les typiques, none avant les
vêpres. La tradition stoudite ne connaît pas d' ({ heures intermé-
diaires », ni d' ({ heures royales» pour les paramonies de Noël et
de la Théophanie, qui sont une particularité de l'ordo hiéroso-
lymitain, et qui sont attribuées parfois au patriarche Sophrone
de Jérusalem qui, selon la tradition, aurait restauré l'ordo pales-
tinien après la destruction de la laure de Saint-Sabas par les
Sarrasins 3 •
Il. L'usage stoudite était de célébrer les Présanctifiés le mer-
credi et le vendredi de la semaine des laitages, tous les jours
de semaine pendant le Carême, et même le Grand Vendredi,
conformément à l'usage de la Grande Église de Constantinople.
L'usage sabaïte ne prévoit la célébration des Présanctifiés que
les mercredis et les vendredis de Carême (à l'exception d'inci-
dence de jours de fête) et les trois premiers jours de la Grande
Semaine4 • Nous tâcherons d'en expliquer plus loin la raison.

1. A. IIEIITKOBcKHA:, «CTYAHHCKHH yCTaB H yCTaB!>I CTYAHHCKOH TpaAHIJ;H1V), JKMII


5 (2001), p. 74.
2. MAHCBETOB, I{epKo6HblU ycma6, p. 76. Voir NIKON DE LA MONTAGNE NOIRE,
Taktikon, 1. TI faut noter que de là découle une pratique inusuelle dans la forme
actuelle du Triode, où il est prévu de chanter des apostiches (avec des versets parti-
culiers à la fête) après les stichères des laudes, pour la solennité d'origine stoudite du
samedi de Théodore Tiron (voir, par exemple, Triode de Carême, trad. D. Guillaume,
Parme, 19933, p. 159).
3. MAHCBETOB, I{epKo6HblU ycma6, p. 80-81.
4. Ibid., p. 82.
158 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

LE MÉTROPOLITE ALEXIS,
PRÉCURSEUR DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Dans un article relativement récent!, A. Pentkovskij a attiré l'at-


tention des chercheurs sur un document qui, jusqu'alors, n'avait
pas été l'objet d'études particulières. Il s'agit d'un typikon hié-
rosolymitain slave, le manuscrit nO 329 du fonds de l'ancienne
Bibliothèque synodale, conservé au Musée historique d'État à
Moscou 2 • Ce manuscrit est un typikon hiérosolymitain de rédac-
tion ancienne 3 , appartenant à la seconde période selon la classi-
fication de Mansvetov4 •
Ce typikon contient un certain nombre de particularités. Tout
d'abord, on retrouve plusieurs mémoires de saints russes dans le
Synaxaire : saint Théodose des Grottes de Kiev, le 3 mai; saint
Vladimir, le 15 juillet; saints Boris et Gleb, le 2 mai et le 24 juillet.
La translation des reliques de saint Nicolas à Bari y est aussi com-
mémorée le 9 mai. Par contre, on n'y retrouve aucune mémoire
de saints bulgares ou serbes, à l'exception de saint Cyrille, apôtre
des Slaves, le 14 février. Tous ces indices permettent de conclure
que ce manuscrit est une traduction et adaptation russe qui ne
peut aucunement être rattachée à l' œuvre du métropolite Cyprien
ou à l'école de Trnovo en général, à cause de l'absence des carac-
téristiques que nous avons évoquées dans la première partie de
notre étude.
De plus, à la litie, il est prévu de chanter, au lieu du théotokion,
une stichère de l'Annonciation, et pendant la prière de la litie,
on commémore particulièrement l'archange Michel. Ces deux
indices, indiquant les saints protecteurs des églises où avaient lieu
les célébrations, permettent de situer géographiquement le manus-
crit. Selon Pentkovskij, il s'agirait du monastère Tchoudov, fondé
en 1365 dans l'enceinte du Kremlin de Moscou par le métropolite
de Kiev et de toute la Russie Alexis s. L'église principale de ce

1. A. IIEHTKOBCKHH, «Ih HCTOpHH JIHT)'pI'H'ieCKHX rrpeo6pa30BaHHH B PyCCKOH


I.J;epKBH B TpeThe:il: '1eTBepTH XIV CTOJIeTH1V>, CUM60/l 29 (1993), p. 217-238.
2. Voir sa description dans le catalogue : fOPCKHfI H HOBOCTPYEB, Onucallue,
p.282-288.
3. A. IIEHTKOBCKHfI, «Ih HCTOpHH JIHT)'pI'H'ieCKHX rrpe06pa30BaHHH B PyCCKOH
I.J;epKBH B TpeThe:il: '1eTBepTH XIV CTOJIeTIilI», CUM60/l 29 (1993), p. 220; SUI la rédac-
tion dite «ancienne», voir A. M. IIEHTKOBCKHH, «I.J;epKoBHble YCTaBhl ,I1.peBHeH PYCH
H HeKOTophle rrp06JIeMhI H3Y'1eHIilI rraMllTHHKOB IIHChMeHHOCTH TpaAHIIHOHHOI'O COAe-
pJKaHHlI. KpyrJIhlH CTOJI : 1000-JIeTHe xpHCTHaHH3aIIHH PyCH », C06emcKoe CIIa6J!1l06e-
Oellue, 6 (1988), p. 42.
4. MAHCBETOB, IT;epK061lb1U ycmall, p. 273-274.
S. A. llEHTKOBCKHH, «lh HCTOpHH JIHTYPI'H'ieCKHX rrpe06pa30BaHHH B PyCCKOH
I.J;epKBH B TpeTheH '1eTBepTH XIV CTOJIeTIilI», CUM60/l 29 (1993), p. 223.
LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT CYPRIEN 159

monastère était en effet consacrée à l'archange Michel et avait un


autel consacré à l'Annonciation.
On trouve de plus dans le Synaxaire la mention de la mémoire
du métropolite Pierre au 20 décembre. Nous savons que la
mémoire liturgique du métropolite Pierre, mort en 1326, fut insti-
tuée en 1339 par son successeur, le métropolite Théognoste. C'est
précisément cette date du 20 décembre que les anciennes chrono-
logies nous donnent comme celle du décès du métropolite Pierre,
coïncidant avec la mémoire de saint Ignace d'Antioche et avec le
début de l'avant-fête de la Nativité. Or, le métropolite Cyprien qui
avait une grande dévotion pour le métropolite Pierre et qui com-
posa, comme nous l'avons vu dans la première partie, un office
liturgique et rédigea une nouvelle version de sa Vie, place son
décès et la date de sa mémoire liturgique au 21 décembre. Nous
pouvons l'expliquer comme une correction volontaire apportée
par le métropolite Cyprien qui aurait voulu ainsi solenniser l'of-
fice liturgique de ce saint hiérarque. Or, la date du 20 décembre
ne convenait pas car, dans ce cas, l'office du saint métropolite
Pierre aurait alourdi l'office du premier jour de l'avant-fête de la
Nativité, et c'est pourquoi le métropolite Cyprien aurait préféré
reporter sa mémoire au lendemain et, pour éviter les soupçons, il
aurait profité de la nouvelle rédaction de la Vie pour corriger la
date du décès l .
Tous ces indices semblent bien montrer que le métropolite
Cyprien ne peut être à l'origine de ce manuscrit. Il semble donc
que ce manuscrit ait été rédigé entre la fondation du monastère
Tchoudov à Moscou en 1365 et la mort du métropolite Alexis en
1378 2, soit à l'époque où Cyprien, devenu métropolite de Kiev
et de Lituanie en 1375, ne s'était toujours pas rendu à Moscou.
Ainsi, près de dix ans avant sa mort, le métropolite Alexis, qui lui
aussi avait connu le patriarche hésychaste Philothée (Kokkinos),
se montra le précurseur de l'œuvre liturgique du métropolite
Cyprien en introduisant dans le monastère Tchoudov qu'il avait
fondé une rédaction primitive du Typikon sabaïte.

1. Ibid., p. 222-223.
2. Ibid., p. 231.
CHAPITRE V

L'INTRODUCTION
DU TYPIKON SABAÏTE
PAR LE MÉTROPOLITE CYPRIEN

Sur la base de ce que nous venons de dire jusqu'ici, nous


pouvons distinguer trois étapes dans l'introduction du Typikon
sabaïte en Russie. La première étape, plutôt timide, correspond
à la période entre 1365 et 1378, durant laquelle le métropolite
Alexis introduisit le Typikon sabaïte pour le monastère Tchoudov
qu'il venait de fonder. Cette première étape correspond à ce que
A. Pentkovskij appelle la rédaction primitive du Typikon hié-
rosolymitain, une période charnière entre le rypikon d'Alexis le
Stoudite et le Typikon sabaite, ou à ce que Mansvetov estimait être
la deuxième rédaction du Typikon hiérosolymitain 1•
La deuxième étape est celle de la réforme de notre métropo-
lite liturgiste Cyprien, pendant laquelle ce dernier commence à
diffuser le Typikon sabaïte non seulement dans les monastères
mais aussi dans les églises séculières en introduisant de nouveaux
livres liturgiques conformes à l'ordo hiérosolymitain. Elle couvri-
rait donc la période allant de 1378 à 1401. Cette période cor-
respond donc, comme nous l'avons vu, à celle où le métropolite
Cyprien composa la Vie et l'acolouthie du métropolite Pierre,
de même que ses Réponses à l'higoumène Athanase (1381). Elle
coïncide aussi avec le moment où il diffusa «l'ordo (ou diataxis)
des divins offices de Chrysostome et du grand Basile, ainsi que
l'office même de Chrysostome, et la bénédiction [des eaux] du
premier jour du mois d'août selon l'ordo, ainsi que le Synodikon
juste, véritable, lequel est lu à Constantinople, à Sainte-Sophie,
au patriarcat, en y ajoutant comment il fallait commémorer les
empereurs orthodoxes, ainsi que les grands princes, et les défunts

1. A. M. IIEHTKOBcKHA:, «IJ;epKoBHble YCTaBbI ):WeBHeH PyCH H HeKOTopbIe npo-


OJIeMbI H3}"1eHHlI naMllTHHKOB ITHCbMemlOCTH Tpa,rum;HOHHOrO cO)J;ep:lKaHIDI. KpyrJIbIH
CTOJI: lOOO-JIeTHe XpHCTHaHH3~HH PyCH», C06emCKoe CJla6JIllo6eàellue,6 (1988), p. 42;
l MAHCBETOB, aepKo611blU ycma6, p. 273-274.
162 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

et les vivants, comme nous les commémorons ici à la métro-


pole, ainsi que le baptême des enfants et de tout chrétien, puis
les fiançailles et le couronnement», comme il le dit dans sa lettre
au clergé de Pskov envoyée peu après 1395 1 • Elle correspond au
moment de la rédaction de son Psautier suivi dont nous avons
une copie datant de la seconde moitié du xve siècle, et qui fait
l'objet d'une édition partielle dans l'annexe de cette étude. La
rédaction de ce Psautier suivi était fondamentale pour la diffu-
sion du Typikon sabaïte, et l'œuvre majeure de notre métropo-
lite liturgiste fut donc d'adapter le Psautier suivi aux exigences de
l'office d'après le Typikon sabaïte2 • C'est aussi la période pendant
laquelle la Ménée de Kharkov, dont nous avons parlé dans la pre-
mière partie, fut rédigée. C'est donc une époque où le Typikon
sabaïte n'est plus utilisé simplement comme Typikon de fonda-
tion, mais connaît une diffusion plus large grâce à celle de livres
liturgiques dont les rubriques internes s'accordent avec ce nouvel
ordo. Cette deuxième étape correspond à ce que A. Pentkovskij
appelle la rédaction fondamentale du Typikon hiérosolymitain ou
à ce que 1. Mansvetov considérait comme la quatrième rédaction
du Typikon hiérosolymitain3 •
Enfin, la troisième étape commence en 1401, lorsque le moine
Athanase Vysotskij rédigea à Constantinople, au monastère de la
Mère de Dieu Periblepto, son Œil de l'Église (OKO II:epKoBHoe) qui
fut introduit en Russie et servit par la suite de modèle de Typikon
sabiite jusqu'aux réformes des patriarches Nikon et Joachim
dans la seconde moitié du XVIIe siècle4 • Elle correspond à ce que
A. Pentkovskij désigne justement comme la rédaction de EŒil de
l'Église et à ce que 1. Mansvetov considérait comme la troisième
rédaction du Typikon hiérosolymitain5 .

1. « IToAaBaJIH HM'b YCTaB'b 60xecTBeHhUI CJIYX6hI 3JIaToycToBhl H BeJIHKOrO BaCHJIMI,


TaKoxe CaMaJ! CJIyx6a 3JIaToycToBa H CBJlm;eHhe B'b nepBhlH AeHb aBrycTa MT.cJilla no
yCTaBY, TaKoxe H CHHOAHK'b npaBhlH, HCTHHHhIH, KOTOphIH lfryTh B'b UapHropoAil, B'b
COcPhH CBJlTOH, B'b naTpiapxiH; Aa npHJIO:lKHJIH eCMhl K'b TOMY, KaK'b npaBOCJIaBHbIX'b
n;apiH nOMHHaTH, TaKOXe H KHJl3eH BeJIHKHX'b, H MepTBhlX'b H :lKHBhrlt'b, J1~oxe MbI 3AT.
B'b MHTpOnOJIhH nOMHHaeMb, TaKoxe H Kpem;eHbe AT.THHOe H BC~Koro xpHcTiamma,
nOTOM'b o6pyqeHie H BT.H'laHhe') (I1ABJIOB, KaHoHu'IeClcue naMJ/mHUICU; col. 239).
2. H. A. YcnEHcKH~, «qHH BceHOm;Horo 6AeHHJI Ha ITpaBOCJIBBHOM BocTOKe H B
PyCCKOH UepKBH», BT19 (1978), p. 3.
3. A. M. ITEHTKOBCKH~, «UepKoBHhle YCTBBhI APeBHeH PyCH H HeKOTophle npo-
6JIeMbI H3yqeHHJI llaMJITHHKOB nHChMeHHOCTH Tp!IJI,HIJ;HOHHOrO COAep:lKBHHJI. KpyrJIbIH
CTOJI: 1000-JIeTHe xpHCTHaHH3an;HH PyCH», CosemcICoe C/la6JIHOSeOeHue, 6 (1988), p. 42;
MAHCBETOB, aepICosHblÜ ycmas, p. 280-28l.
4. A. ITEHTKOBCKH~, «JIHTyprH'leCKHe pecPoPMbI B HCTOpHH PyCCKOH UepKBH H HX
XapaKTepHhle oc06eHHOCTH», JKMII 2 (2001), p. 74, 77.
5. A. M. ITEHTKOBCKH~, «ll.epKoBHhle YCTaBhl APeBHeH PyCH H HeKOTophle npo-
6JIeMhl H3yqeHHJI naMJITHHKOB nHChMeHHOCTH Tp!IJI,HIJ;HOHHOrO COAepXaHHJI. KpyrJ1biH
~~nn • 1nnn_lT",",," 1<nHCTHaHH3aIIHH PyCH», CosemC1Coe C/la6JIHOSeoeHue, 6 (1988), p. 42;
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 163

Nous allons maintenant. nous pencher de plus près sur la


seconde période, soit sur la réforme liturgique du métropolite
Cyprien à proprement parler. Selon A. Pentkovskij, les paramètres
essentiels qui caractérisent l'ordo liturgique sont: le ménologe
(synaxaire) qui détermine la répartition des fêtes et des solennités
dans l'année liturgique, le lectionnaire qui établit la répartition des
lectures dans l'année, et l'euchologe qui contient les formulaires
eucharistiques et les prières!. À cela, il faut ajouter le cycle mobile
(triode et pentecostaire) qui présente des variantes entre la ver-
sion stoudite et la version hiérosolymitaine, ainsi que l'horologion
qui contient le déroulement des offices des diverses heures de la
journée, avec les prières et les rubriques qui leur sont liées.
Puisqu'il a été démontré qu'à partir du IXe siècle, le Lectionnaire
et l'Euchologe constantinopolitains avaient été adoptés partout
et par tous 2, nous ne nous pencherons pas sur ces aspects de
l'ordo dans la présente étude. Nous nous intéresserons à l'Horo-
logion et, plus exactement, au déroulement des offices, aux
particularités du cycle mobile (Triode et Pentecostaire) et au
Synaxaire. Or, ce sont précisément ces trois parties du Psautier
suivi du métropolite Cyprien qui présentent de riches rubriques
que nous avons éditées et traduites en annexe de notre étude
et que nous allons maintenant analyser. Comme l'a remarqué
avec raison N. Egender, «l'horologion est en étroite liaison avec
le livre des règles et des ordonnances de l'office, le typikon
(ycTaB). Celui-ci contient l'horologion sous forme de schéma3 .»
Inversement, nous pouvons tirer de l'horologion toutes les
rubriques constituantes d'un typikon, ce que nous avons fait
dans l'annexe de la présente étude, et sur lesquelles nous allons
maintenant nous pencher.

LE DÉROULEMENT DES OFFICES DE L'HOROLOGION

li est intéressant de remarquer que l'Horologion du Psautier suivi


du métropolite Cyprien commence par le titre « Horologion conte-
nant les offices de la nuit et du jour, selon l'ordo de Jérusalem, de la
laure de notre vénérable Père Sabas, commençant habituellement

MAHCBETOB, /{epK06HblÜ ycma6, p. 274-280; H. ,JJ;. YCIIEHCKHH, «qHH BCeHOIl(HOrO


6AeHHJI Ha IIpaBocJIaBHoM BocToKe H B PyCCKOH .o;epKBH», BT19 (1978), p. 3-4.
1. A. IIEHTKoBcKHH, « KOHCTaHTHHOIIOJIbCKHH H HepYCaJIHMCKHH 6orocnyJKe6HbIe
yCTaBbI», JKMII 4 (2001), version électronique, § 1.
2. Ibid., § 5; J. GETCHA, (,Le système des lectures bibliques du rite byzantin,),
p.55.
3. N. EGENDER, (,Le texte de l'Horologion,), La Prière des heures, p. 53.
164 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

à la mi-nuit! ». Ce titre, que nous retrouvons fréquemment dans


les horologia actuels, est très révélateur. A. Dmitrievsky l'a trouvé
dans un manuscrit sinaïtique (Sin. gr. 863) des VIlle-IXe siècles,
qui s'avère être une version archaïque de l'Horologion sabaïte.
Ce manuscrit a pour intitulé :' npoÀ-oytoV lca'tà 'tov lCavova 'tfiç;
À-aupaç; 'tOU àyiou 1ta'tpoç; T]JlcOV lli~~a2. Comme l'a remarqué
Dmitrievsky, «ce manuscrit caractérise principalement l'ordre
de la vie anachorétique des ermites et des kelliotes du monas-
tère de Saint-Sabas, mais n'est pas sans intérêt pour l'histoire de
l'ordo liturgique et ecclésiastique, tel qu'il était pratiqué dans le
monastère même 3 ». Même si ce manuscrit se démarque par son
contenu des horologia sabaïtes actuels, il nous permet de mieux
comprendre la genèse de l'Horologion palestinien dont il présente
une forme archaïque.
Ce manuscrit comporte un certain nombre (variable) de
psaumes pour les différentes heures du jour et de la nuit. li débute
par l'office à la première heure de la journée (etç; 't'itv 1tpoYtttv ropav
'tfiç; T]Jlépaç;) qui correspond à l'office de la première heure dont
on retrouve les Psaumes 5, 89 et 100, de même que les Psaumes
45 et 91 de l'heure intermédiaire de la première heure de la tradi-
tion sabaïte plus tardive, les prières psalmiques «Dirige mes pas»
et «Délivre-moi de la calomnie», ainsi que la prière «Ô Christ,
Lumière véritable». De même, on retrouve dans l'office archaïque
de la troisième heure les Psaumes 16, 24 et 50 de notre office
actuel ainsi que le trop aire «Seigneur qui à la' troisième heure». On
retrouve dans l'office archaïque de la sixième heure les Psaumes
53, 54 et 90 constituant l'office actuel, ainsi que le Psaume 69
qui est passé dans l'heure intermédiaire, et le trop aire «Toi qui à
la sixième heure» dans une version archaïque4 • L'ancien office de

1. « '1uoUOKfl\7. "MtAlH U~IIŒ~ HOIIIHAIAI H AHfKHAlAI, no ~IT&K~ HlIlf Il'' 'I\lPAHM1i A&lIp"l npnliH&rO
wii& H&WfrO Idll.... H&~HH&AlIp~IAI uJlihl~H1i w nOA~Holpi&.) (KHIIPHAH, IIcaJ/mupb C 80CC/le008a-
HUe.M, f. 145).
2. A. )J.MHTPHEBCKHR:, «qTO TaKOelCovrov 'tfiç 1jIoÎ..I1CJlÔioÇ, TaK HepeAKO ynOMH-
HaeMhIii: B :lKH3HeOITHcaHHH IIpenO,IJ;. CaBBb! OCBll:m;eHHarO ? », PyICCII 3~'(1889), p. 69.
Voir J. MATÉos, «Un horologion inédit de Saint-Sabas», Studi e testi 233, Vatican,
1964, p. 47-76; M. CKABAJIJIAHOBH'l, TOJlIC08blU TunuIColI, B. 1, Kiev, 1910, p. 331-332;
H. YCIIEHCKHR:, «ITHTYprIDI IIpe:lK,ll;eOCBll:III;eHHbIX AapoB. HCTOPHKO-JIHTYPrnqeCKHH
OqepK», BT15 (1975), p. 151; M. APPAH~, OICO aepIC08Hoe- HcmopUJI TunuICoHa, Rome,
1998, p. 60-62; M. ARRANz, «L'office divin», DS 11, Paris, 1982, col. 711.
3. «l'yKOITHCb 3Ta xapaKTepH3yeT rJIaBHbIM 06Pa30M nOPll:AKH aHaxopeTcKoH :lKH3HH
OTilleJIbHHKOB HJlH KeJIJIHOTOB MOHaCTblpll: CB. CaBBb!, HO He JIHlIIeHa 3HaqeHHJl: H ,IJ;JlJl:
HCTOpHH Il,epKOBHo-6orocJIY)Ke6HarO qHHa, npaKTHKOBaBillerOCll: B caMOM MOHaCTblpe»
CA. AMHTPHEBCKHR:, «qTO TaKOe lCovroV 'tfiç 1jIo4CJlÔioç, TaK HepeAKO ynOMHHaeMblH B
:lKH3HeOITHCaHHH npeno,IJ;. CaBBb! OCBll:III;eHHarO ? », PyICCII 38 [1889], p. 70).
4. Compte tenu que ce tropaire se retrouve dans des papyrus coptes, A. Baumstark
estime que la version archaïque de ce tropaire remonte aux V"-V1e siècles. Voir
A. Bi\UMSTARK, Liturgie comparée, Chevetogne, 1953\ p. 107, note 3.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 165

la neuvième heure était constitué des Psaumes 83, 84 et 85 que


nous retrouvons dans notre office actuel. Après ces quatre offices
diurnes, nous trouvons l'office de communion aux Dons présanc-
tifiés (eiç 'tiJv f..LE'tclÂ.T\'l'tV), qui correspond par son contenu à l'of-
fice actuel des typiques!. Nous savons en effet que les moines
sabaïtes, après l'agrypnie et la Divine Liturgie dominicale, rem-
portaient avec eux des espèces de Dons présanctifiés afin de pou-
voir communier quotidiennement pendant toute la semaine. Cette
pratique a engendré ce petit office des typiques 2 •
Puis nous trouvons dans cet ancien manuscrit les offices
nocturnes. Nous retrouvons dans son office de vêpres (Eiç 'tà
Écr1tEptvà) tous les éléments constitutifs de l'office actuel : le
Psaume 103, le cathisme 18, le Psaume 140, l'hymne «Lumière
joyeuse ), Alléluia avec des versets psalmiques, la prière «Daigne,
Seigneur ), le cantique de Syméon - «Maintenant, Maître) - et
le Trisagion. Au lieu de l'apodeipnon, nous avons l'office de la
première heure de la nuit (eiç ritv 1tpm'tT\V 0"'13) où nous retrou-
vons les éléments constitutifs de notre grand apodeipnon : les
Psaumes 4, 12, 24, 30, 90 et 6; les versets d'Isaïe «Dieu est
avec nous 3 ). Malheureusement, la fin du manuscrit n'a pas sur-
vécu, ce qui explique peut-être l'absence du mesonyktikon4 et
des matines.
Bien que les horologia antérieurs à l'invasion perse en Palestine
(en 614) n'aient pas survécu, les plus anciens horologia sabaïtes
du IX" siècle semblent indiquer que l'Horologion palestinien était
à l'origine de ce canon de psalmodie (lCOVroV 'tfiç ",oÂ.f..Lroôloç) que
devaient réciter quotidiennement les moines de Palestine. La Vie
de saint Sabas nous apprend que les novices apprenaient cette
règle par cœur, de même que le Psautier, lors de leur entrée au
monastères. Cet horologion était donc le seul livre liturgique qu'ils
utilisaient quotidiennement pour leur règle de prière et avec lequel

1. A. AMHTPHEBCKHa, «q TO TaKoe KOVWV 'tfjç 1jfOÀ.f1COÙioç, TaK Hepe,ll;KO ynoMHHaeMbIH


B XCH3HeOIIHCaHHH npeno,ll;. CaBBbI OCBJIII\eHHarO ? )), PyKCIl38 (1889), p. 70-71.
2. Ibid., p. 73; M. ApPAHI\, OKO I{epK06Hoe - HcmopUJI TunuKoHa, Rome, 1998, p. 61.
3. A. AMHTPHEBCKHa, «qTO TaKOe KOVWV 'tfjç 1jfoÀ.J.lcOOioç, TaK Hepe,ll;KO ynOMHHaeMblH
B XCH3HeonHcaHHH npeno,ll;. CaBBbI OCBJIIII;eHHarO ? )), PyKCIl38 (1889), p. 72.
4. Dans l'Horologion palestino-araméen (ms. Berlin 1019, édité par M. BLACK,
A Christian Palestinian Syriac Horologion, Cambridge, 1954), le mesonyktikon suit
en effet le grand apodeipnon. Voir M. APPAHI:\, OKO I{epK06Hoe - HcmopUJI ThnuKoHa,
Rome, 1998, p. 63.
5. (,Lorsqu'il recevait des séculiers désireux de faire leur renoncement, il ne les lais-
sait pas habiter au Castellion ni dans une cellule à la laure, mais il avait fondé un
petit cénobium au nord de la laure et y avait installé des hommes endurcis à l'ascèse
et vigilants, il y faisait habiter les renonçants jusqu'à ce qu'ils eussent appris le psautier
et l'office canonial et qu'ils eussent été formés à la discipline monastique') (CYRIlLE
DE SCYTHOPOLIS, Vie de saint Sabas, 28 [113, 9], trad. A.-J F!lsTUGlÈRE, Les Moines
d'Orient, Ill/2, Paris, 1962, p. 39).
166 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

ils se déplaçaient lorsqu'ils étaient en voyage!. Comme l'explique


N. Egender, «canon veut dire ici norme de psalmodie; l'horolo-
gion indique en premier lieu la mesure de la répartition du psau-
tier dans l'office à l'usage du lecteur2 ». L'horologion apparaît donc
comme une adaptation du psautier pour le besoin de la prière des
heures, avec une répartition des psaumes et des prières pour les
différents offices de la journée. Ainsi, l'expression «psautier suivi
(ou continué)) pour identifier l'anthologie psautier-horologion
nous semble tout à fait appropriée et justifiée3 •
Nous constatons donc, à partir du schéma de ce vieil Horologion
sabaïte qui s'accorde avec la description que fait Jean Cassien de
la règle de prière des moines palestiniens4, que les horologia pales-
tiniens commençaient le cycle journalier des offices par les offices
du jour, après lesquels suivaient les offices de la nuit. Cette pra-
tique diffère de l'ordre des offices dans les autres livres liturgiques
(ménée, triode, pentecostaire et typikon), qui suivent l'ordre du
jour liturgique en commençant toujours par les vêpres. Les horo-
logia palestiniens plus tardifs, tell'Horologion du Psautier suivi du
métropolite Cyprien, commencent toujours par le mesonyktikon,
premier office lu après le lever, et se terminent par l'apodeipnon,
dernier office lu avant le coucher.
Dans l'ensemble, le déroulement des offices liturgiques des
horologia sabaïtes présente peu de différences avec les horologia
de la tradition stoudite. Des contacts entre les moines de Saint-
Sabas en Palestine et ceux de Constantinople avaient existé lors
du premier iconoclasme. Au début du IXe siècle, des moines venus
de Palestine, tels les Graptoi, s'installèrent au monastère de Chora
à Constantinople5 • Nous savons, par ailleurs, que des moines de
Bithynie, héritiers des anciens moines palestiniens émigrés au
mont Olympe lors des invasions arabes dans la seconde moitié du
VIle siècle et importateurs des usages palestiniens, se sont installés
au Stoudion avec à leur tête Théodore le futur Stoudite. Tout
cela contribua à ce que les moines stoudites adoptent l'Horolo-
gion palestinien. On désigne communément de nos jours cette
première synthèse entre les usages monastiques palestiniens et

1. A. ,IJ;MHTPHEBCKHR, « qTO TaKoe lCavrov 'ti'jç 'IIaÂ.l.lCooiaç, TU Hepe;IJ;KO ynOMHHaeMbIH


B )l{H3HeOIIHCamm npeno)J;. CaBBbI OCBlill\eHHarO ? », PyICCIl 38 (1889), p. 72-73;
M. APPARU;, OICO aepIC06Hoe - HcmopUJI TunuICoHa, Rome, 1998, p. 56.
2. N. EGENDER, «Le texte de l'Horologion,), La Prière des heures, p. 52.
3. Au sujet de l'expression «psautier continué,), voir ibid., p. 51-52.
4.JEi>.N CASSIEN, Institutions cénobitiques, livre m, SC 109, trad. }.-C. Guy, Paris,
1965, p. 90-117.
5.Voir par exemple les Vies de saint Michelle SynceUe (18 décembre) et ses disci-
ples Théodore et Théophane les Marqués (27 décembre et 11 octobre) : Hiéromoine
MACAIRE DE SlMONOS-PETRAS, Le Synaxaire, vol. l, Thessalonique, 1987, p. 268-270;
,,~t ., Thpq",,,lnniaue. 1988. P. 155-157,249-250.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 167

les usages liturgiques de la capitale impériale comme la «réforme


stoudite 1 ».
Néanmoins, les horologia sabaïtes se démarquent des horologia
stoudites sur un certain nombre de détails. D'une manière géné-
rale, les horologia sabaïtes se caractérisent par leur rigueur ascé-
tique, fidèle aux anciennes traditions du monachisme oriental, qui
transparaît dans la rigueur du régime de jeûne, la permanence
des heures qui ne sont jamais omises les jours de fête, l'existence
d'heures intermédiaires, la lecture plus abondante de cathismes
du Psautier aux matines, un nombre supérieur de pièces hyrrino-
graphiques aux vêpres et aux matines 2 •
Nous allons maintenant nous pencher sur les offices qui forment
le cycle quotidien de la prière des heures dans le Psautier suivi.

Le mesonyktikon.

Selon E. Diakovskij, le mesonyktikon est un office nocturne qui


s'est développé en lien avec le canon de psalmodie (lCavrov 'tÏ\ç
'l'aÀ.~O}oiaç) d'abord en tant qu'appendice à la psalmodie noc-
turne des douze psaumes de la tradition monastique égyptienne
attestée par saint Jean Cassien3 •
Dans la tradition stoudite, le mesonyktikon n'était pas un office
communautaire, mais une règle de prière nocturne en cellule. Le
Typikon d'Alexis le Stoudite ne mentionne explicitement le meso-
nyktikon que pendant la Sainte Quarantaine, lorsqu'il est prévu
que chaque moine lise en cellule au milieu de la nuit un petit
office constitué essentiellement du cathisme 174 • C'est pourquoi
les horologia de rédaction stoudite commençaient par l'office des
matines 5 •
L'Horologion sabaïte connaît quant à lui un office de minuit
généralement lu à l'église. De nos jours, il en existe trois formes:

1. T. POTT', «La réforme stoudite.), La Réforme liturgique byzantine. Étude du


phénomène de l'évolution non spontanée de la liturgie byzantine, p. 108-109; M. ApPAH~,
KaK MO/IU/lUCb Bozy àpeBHue BU3aHmuu14bl, Leningrad, 1979, p. 19, 151.
2. M. CKABAJIJIAHOBHq, TO/IKOBblU TunuKoH, B. 1, Kiev, 1910, p. 416-417, 422.
3. E . .IJ:HAKOBCKHi'i, «IToCJIe.n;oBaHHe HO'llihIX qaCOB», TK,l(A 7·8 (1909), p. 585-586;
sur la tradition monastique égyptienne, voir JEAN CASSIEN, Institutions cénobitiques,
liVre II, 4-6, SC 109, trad. J.-C. Guy, PariS, 1965, p. 64-71.
4. ITEHTKOBCKHi'i, TunuKoH, p. 413. M. SkabalianoVich n'est pas exact lorsqu'il dit
qu'il fait référence au cathisme 17 lu à l'apodeipnon. Cette forme particulière de l'apo-
deipnon pendant la quarantaine est distincte du mesonyktikon mentionné plus bas
dans le Typikon d'Alexis le Stoudite. Voir M. CKABAJIJIAHOBHq, TO/IKOBblU TunuKoH, B. 1,
Kiev, 1910, p. 431.
5. E. 3. CJIHBA, «0 HeKOTophiX ~epKOBHOCJIaBHHCKHX qacOCJIOBaX XIII-XIV BB.
(Oco6eHHocTH cocTaBa) », PyCb U IO:>ICHble C/la6.flHe (COCT. H pe.n;. : B. M. 3arpe6HH),
Saint-Pétersbourg, 1998, p. 188-189.
168 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

une première pour les jours de la semaine du lundi au ven-


dredi, une deuxième pour les samedis et une troisième pour les
dimanches. Les deux premières formes sont constituées de deux
parties, chacune étant composée de psaumes, de tropaires et de
prières. Dans la première partie de cet office, on lit, en semaine, le
cathisme 17, alors que, le samedi, on lit le cathisme 9.
L'ancêtre de ces formes distinctes de mesonyktika se trouve
dans l'Horologion sinaïtique 865 daté du XIIe siècle!. Ce der-
nier ne connaît que deux formes de mesonyktika : une première
pour les jours de semaine, avec le cathisme 17, et une seconde
pour les samedis et dimanches, avec le cathisme 9. La présence
du cathisme 17 (Psaume 118) dans cet office s'explique faci-
lement par le verset 62 de ce psaume : «Au milieu de la nuit
(Ilecrov{ncnov) je me levais pour Te confesser». Celui-ci va pour
ainsi dire de pair avec le nom de l'office. Ces deux formes pri-
mitives ont une structure identique constituée de quatre parties,
chacune étant composée de trois trop aires et d'une prière.
Le mesonyktikon dominical n'apparaît que plus tardivement, à
partir du xve siècle. Des deux autres formes, il n'a conservé que le
Psaume 50, et il est essentiellement constitué du canon à la Sainte
et Vivifiante Trinité selon le ton de l'Octoèque, des trop aires de
saint Grégoire le Sinaïte, et d'une prière à la Très Sainte Trinité.
Les typika hiérosolymitains grecs ne le mentionnent pas, sans
doute en raison de la célébration de l'agrypnie qui venait sup-
primer le mesonyktikon2 • Dmitrievsky explique qu'au XVIe siècle,
le canon à la Sainte et Vivifiante Trinité était chanté le dimanche
matin «au lieu du mesonyktikon» là où l'on ne célébrait pas
d'agrypnie, mais où l'on continuait à chanter les matines selon
l'usage stoudite3 •
Le Psautier suivi du métropolite Cyprien présente un état plus
archaïque des horologia de recension sabaite puisqu'il ne mentionne
que deux mesonyktika : l'un pour les jours de la semaine (avec le
cathisme 17), l'autre pour le samedi (avec le cathisme 9). TI n'y a
aucune mention du mesonyktikon dominical. Le déroulement est
exactement le même que de nos jours. La seule différenceJmajeure
se trouve à la fin de la première partie de l'office où le Psautier
suivi prévoit de lire les prières : «Seigneur tout-puissant, Dieu des
puissances et de toute chain et «Nous te bénissons, ô Dieu très-
haut et Seigneur de miséricorde» de l'office en semaine, et la prière
de saint Eustrate «Magnifiant tes grandes œuvres» de l'office du

l.M. CKADAl\l\A.\\O~W\, TOJlIC06blÜ TunUICOH, 11. l, Kiev, 19l0, p . .:\32; voir


l\1>\\iKO~Cll..\\~, TunulCoH, p . .:\03-.:\0.:\,239, 2'i1.2.
L"' J

2. M. CK!ŒAilllARO~W\, TOJlIC06blÜ TunulCoH, 11. l, Kiev, 19l0, p . .:\3.:\. " :


'). ~ n,m'l'U""Qu(,"uill Ro.OCJlVJlCeHUe 6 PvCCICOÜ ll;eplC6u 6 XVI6., "Ka7.an, l'il.'iI..:\, p. 30.. "
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 169

samedi, seulement si l'office est dit en cellule!. Les éditions actuelles


de l'Horologion prévoient habituellement de lire les deux premières
prières à l'église à partir du 22 septembre (lendemain de la clôture
de l'Exaltation de la Croix) jusqu'au dimanche des Rameaux, et la
prière de saint Eustrate tous les samedis, même à l'église.
Les deux variantes de l'office se terminent par une ecténie et un
rite de pardon qui se retrouvent dans l'office de l'apodeipnon à la
fin de la journée. Ainsi, les moines commencent et terminent leur
journée en se demandant mutuellement pardon, conformément à
l'ancienne pratique monastique en Égypte et en Palestine2 •
TI est intéressant de souligner que le Psautier suivi doline à deux
reprises une rubrique concernant le mesonyktikon du samedi de
Lazare3 . Elle prévoit de remplacer la première série de tropaires
usuels par le trop aire et la seconde par le kondakion, et d'omettre
la prière pour les défunts, sans doute afin de souligner que la
résurrection de Lazare est une figure de la résurrection générale.
Dans le même esprit, elle prévoit de dire le congé dominical men-
tionnant la résurrection du Christ.

Les matines.

Si nous comparons maintenant le déroulement des matines


selon le Typikon sabaïte avec celui prévu par le Typikon stoudite,
nous constatons d'abord qu'il y a un cathisme supplémentaire aux
matines, à l'exception de la Sainte Quarantaine, des samedis, des
dimanches et des fêtes où le nombre est le même dans les deux
cas 4 . Nous analyserons plus en détailla question de la répartition
du Psautier dans l'office un peu plus loin.
De plus, nous trouvons un nombre plus élevé de trop aires au
canon des matines dans la tradition sabaïte. Alors que le Typikon
stoudite prévoyait habituellement aux cantiques bibliques douze
versets pour les trop aires des canons, la tradition sabaïte en pré-
voit quatorze, voire seize5 •
Enfin, comme nous l'avons évoqué plus haut, alors que le dérou-
lement des matines selon le Typikon stoudite ne connaissait qu'un
seul type de finale, le déroulement des matines selon le Typikon

1. KHITPHAH, IIcll/Imupb C 60CC/leiJo6aHUeM, f. 148-148 V., 152. Ceci explique peut-être


pourquoi ces prières qui n'étaient pas lues à l'église étaient absentes des horologia
manuscrits des XV'-XVI' siècles, comme le signale Dmitrievski : A. .IJ;MHTPHEBCKHA:,
:, BozOC/lY3/CeHUe 6 PyCCKOÜ l{epK6u 6 XVI6., Kazan, 1884, p. 33.

~
" " ,2' Voir par exemple ??ROTHÉ~ DE GAZA, Instructions diverses, 26, SC 92, éd. et trad.
, L. Regnault et]. de Preville, Pans, 20012, p. 186-187.
'\ ,; 3. KHrrPHAH, IIcll/Imupb C 60CC/leiJo6aHUeM, f. 153,277 v.
";,4. M. CKAIlAJIJIAHOBHQ, TO/lK06blÜ TunuKoH, B. 1, Kiev, 1910, p. 417.
'. 'Ibid., p. 417.
170 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

sabaïte pouvait connaître deux conclusions différentes selon le


degré de solennité. La première, pour les jours ordinaires, était la
finale de tous les offices stoudites (festifs et non festifs) : doxo-
logie dans la rédaction hiérosolymitaine, apostiches, Trisagion, tro-
paire. La seconde était la finale des jours festifs : doxologie dans
la rédaction constantinopolitaine, se concluant avec le Trisagion et
suivie du trop aire, avec l'absence de stichères apostiches (qui géné-
ralement ont été jointes aux stichères des laudes l ). Nous avons vu
que 1'ordre des prières constituant la grande doxologie n'est pas
le même dans les deux rédactions. À Constantinople, ces prières
se suivaient dans 1'ordre suivant: «Gloire à Dieu aux plus haut
des cieux», «Daigne, Seigneur» et «Seigneur, Tu fus pour nous un
refuge d'âge en âge». Par contre, à Jérusalem, ces prières étaient
ainsi ordonnées: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux», «Seigneur,
Tu fus pour nous un refuge d'âge en âge» et «Daigne, Seigneur2 ».
Cette nouveauté que représente la grande doxologie dans sa
rédaction constantinopolitaine par rapport à la rédaction hiéro-
solymitaine usuelle dans l'office stoudite est confirmée par deux
rubriques explicatives que nous trouvons dans le déroulement des
matines du Psautier suivi. Nous y lisons: «Lorsqu'il y a la grande
doxologie [c'est ainsi qu'est communément désignée la rédaction
constantinopolitaine - n.d.a.], nous disons d'abord : "Daigne,
Seigneur". Puis: "Seigneur, Tu es un refuge". S'il n'y a pas [de
grande doxologie], nous disons : "Seigneur, Tu es un refuge"
[... ] "Daigne, Seigneur, en ce jour".» Et un peu plus loin: «Il
faut savoir qu'à la grande doxologie, on dit d'abord "Daigne,
Seigneur", comme il a été dit plus haut, et nous chantons : "Tu
es béni, Seigneur, apprends-moi Tes commandements" trois
fois. Puis, "Seigneur, Tu es pour nous un refuge d'âge en âge",
jusqu'à: "Qui te connaissent", puis le Trisagion3 .»
Mais ce ne sont pas là les seuls éléments nouveaux trouvés dans
le déroulement des matines du Psautier suivi. ToUL d'abord, 1'aco-
louthie commence par ce que l'on appelle aujourd'hui l'office royal.
TI compte non seulement les Psaumes 19 et 20, comme le veut
la pratique actuelle, mais aussi un troisième, le Psaume ,pO. Il faut
dire que la structure tripsalmique que nous rencontrons dans notre
Psautier suivi est plus traditionnelle pour des petits offices que 1'ac-
tuelle composition de deux psaumes. Ce début des matines pré-
sentait à 1'époque une nouveauté. En effet, comme nous l'avons

1. Ibid., p. 418.
2. A. llBRTKOllClŒH, «CTY!I,HÎiCIrnH yCTall li yCTallbl CTY)l,RHCKOH Tpa)l,R1l,RR)), EMIl
5 (2001), p. 75. A. GASTOUÉ, «La grande doxologie. Étude critique'), Revue de l'Orient
chrétien 4 (1899), p. 280-290. Voir également J. MATEOS, «Quelques problèmes de
l'onru:os b)'zantin~, poe \1 (\96\), p. 32-34.
'l, "\{VlTI"I'VlJ>.". ITCaAmUDb C socCileilosUHueM, t. \59 '1.-\60, \6\.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 171

vu, l'office stoudite des matines commençait habituellement par le


Psaume 6 1• De même, selon les anciens typika sabaïtes, les matines
commençaient directement par la bénédiction initiale du prêtre et
l'hexapsalme2 • L'office royal actuel par lequel débutent les matines,
et qui apparut en Russie sans doute pour la première fois dans le
Psautier suivi du métropolite Cyprien, est un office tardif qui se
trouve être en fait un office d'intercession pour les fondateurs de
l'église ou du monastère3 • Le yYpikon d'Alexis le Stoudite prévoyait
un office semblable tous les soirs, après l'apodeipnon, dans le nar-
thex de Saint-Panteleimon où se trouvait la tombe du patriarche
Alexis. Cet office constitué de trois psaumes commence également
par le Psaume 194 • Dans les monastères de fondation impériale,
cet office est devenu un office de commémoration de l'empereur.
À notre connaissance, le Typikon de fondation du monastère de la
Mère de Dieu Eleousa, fondé en 1080 par Manuel de Stroumitza
(au Sud-Est de la Macédoine), est le premier document à men-
tionner un (<Trisagion pour l'empereur), avec le Psaume 19 et les
tropaires de la Croix, qui doit être célébré après le mesonyktikon
et juste avant la doxologie des matines 5 • Nous voyons donc ici la
source du petit préambule des matines pendant lequel on prie pour
les souverains pour lesquels on prie nommément dans la courte
ecténie qui suit les psaumes et les tropaires (< Ô Dieu, sauve ton
peuple)). Le choix des psaumes peut alors s'expliquer si l'on tient
compte des versets suivant : «Seigneur, sauve le roi) (Ps 19, 10);
«Seigneur, en ta force le roi se réjouiv> (Ps 20, 2); «Le roi a mis son
espérance dans le Seigneur) (Ps 20, 8); «Aux jours du roi tu ajou-
teras des jours, tu prolongeras ses années de génération en géné-
ratiom (ps 60, 7). Cet ajout au début de l'office des matines s'est
généralisé au XIVe siècle par extension à partir de monastères de
fondation impériale comme la Grande Laure au Mont Athos lors
des réformes liturgiques engagées par les hésychastes.
Le Psautier suivi prévoit le cas d'une célébration des matines
sans prêtre, par exemple à l'usage de kelliotes non ordonnés. Après
la bénédiction initiale du prêtre, une rubrique précise: «S'il n'y a
pas de prêtre, nous disons: "Seigneur, aie pitié" - douze fois 6 .)

1. A. AMHTPHEBCKHR, «BorOCJIY)KeHHe B PyCCKOH I.J;epKBH B rrepBhIe IllITb BeKOB»,


IIC 9 (1882), p. 363; MAHCBETOB, Mumponollum KunpuaH, p. 99.
2. Voir par exemple le Sin. gr. 1094, f. 3 v.-4. [Édité par LoSSKY, Le Typikon
byzantin, p. 142-143.]
3. M. APPAH~, OICO aepIC061l0e - HcmopWl TunuIColla, Rome, 1998, p. 63; J. MATÉos,
«Quelques problèmes de l'orthros byzantin~, p.l201.
4. IIEHTKOBCKHR, TunuIColl, p. 414; MAHCBETOB, Mumponollum Kunpuall, p. 98.
5. Voir Règle de Manuel, évêque de Stroumitza, pour le monastère de la Mère de Dieu
deEleousa (1085-1106), dans J. THOMAS et A. C. lIERo, Byzantine Monastic Foundation
Documents, Dumbarton Oaks Studies 35, vol. l,Washington, 2000, p. 176-177.
6. KHnPHAH, IIcaJ/mup& c 60CCJIeà06a1lUe.M, f. 154 v.
172 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Vient ensuite la lecture de l'hexapsalme qui est un élément


très ancien de l'Horologion palestinien adopté par les Stoudites.
M. Arranz rattache l'origine de l'hexapsalme à une moitié de la
règle de l'ange, constituée de douze psaumes, mentionnée par
saint Jean Cassien!. M. Skaballanovitch, de son côté, fait remonter
l'origine de l'hexapsalme aux douze psaumes mentionnés aux
matines dans la règle de saint Benoît2 • Dans tous les cas, l'hexap-
salme est déjà mentionné dans la Narration de Jean et Sophrone
qui relate la célébration de l'agrypnie au Sinaï au VITe siècle3 .
Le Psautier suivi précise que le frère désigné le lit à voix basse,
avec crainte de Dieu et attention4 • Juste avant la description du
déroulement des matines, une rubrique précise encore davantage
comment l'hexapsalme doit être lu et comment doit se tenir l'as-
semblée pendant sa lecture: «(Aux matines, le frère désigné psal-
modie l'hexapsalme légèrement, avec quiétude et attention. De
même, tous [se tiennent] comme s'ils s'entretenaient avec Dieu
lui-même et priaient pour leurs péchés. [Le frère] doit psalmodier
d'une voix simple et humble, de manière à être entendu de tous.
Personne n'a le droit d'éternuer ou de cracher ou de quitter sa
place ou de se déplacer ou d'entrer du narthex extérieur dans
l'église tant que l'hexapsalme est récité, car cela est le signe d'ab-
sence de crainte, et de désordre. Si quelqu'un est courbé par la
vieillesse et rongé par la maladie et ne peut se retenir de tout
ce que nous venons de décrire, qu'il demeure devant l'église
jusqu'à la fin de l'hexapsalme et qu'alors il entre [dans l'église],
au moment où l'on chante lentement : "Le Seigneur est Dieu"
ou "Alléluias".» Cette rubrique se retrouve dans tous les anciens
typika sabaïtes6 •

1.JEAN CASSIEN, Institutions cénobitiques, livre TI, 4, SC 109, trad. l-C. Guy, Paris,
1965, p. 64-65; M. AppAHIJ;, OKO aepK08Hoe - HcmopWl TunuKoHa, Rome, 1998, p. 38.
Notons toutefois qu'il y a correspondance quant au nombre de psaumes, mais pas
quant au choix des psaumes.
2. M. CKAliAJillAHOBRQ, TOJlK08blU TunuKoH, B. 2, Kiev, 1913, p. 200-201.
3.JEAN ET SOPHRONE, Narration, l, 11, p. 251. Voir M. ApPARU;, OKO aepK08Hoe
- HcmopWl TunuKoHa, Rome, 1998, p. 57. ~\
4. KHIIPRAH, IlcaJlmupb C 80CC/le008aHUeM, f. 155.
5. «H~ ïipH% a;t nOIl'f'h \/tnMiHblH lip~'f'h WU'fot~Mbl. H ~brGO H t'h 'fi)(ot'fiov. H t'h IIHHM~Hi€.
nGoffit H Il'htiM'h Il'h n"'" I1Goa;t t~MoM\lIiO\l Iitt.,..,\I&'IIt il il tllOH rpi"" M~oII'IIttoll. ,&,~'ha;HO 6 ni'fH
Gp6nblM'h H tMiptHblH r~&tQ Il'h \lUbIW~Hill IItiM'b.. '1'b.)(H&'fH a;t iI~H n~IOH&'fH H~H WH& tllotrC)
Mttn nOt'f&nH'fH IlAH nQIIHrH&toll IlAH W IIHtwHiro n~np'hn Il'h ~9GOII b Il'h1l1l'f1l ,&,0 IIUIla;t nOIO'fb

L'
WU'fO~-&~l\\bl, WIiMt'fll III1G'fO 1I1\\~'f: IiU'f9~wi~ 1i0 tè Il Iit~'1l\\1i~ ~1I~l\\tllill: ~'IIt ~11 "'fO tnp6t'fiov.
nor9'hI!~tll'h IlAlI IIl,&,ov.rQ tllt'&'~IlI\\'h III Il'h~I\\I!.n~ )(9~1I11'f1l Ulil, Iii 1I1I)(a;1 Il nllt~)(W ,&,~ n9ili"'I1~~
n9t,&, ~9G611ioll ,&.ë. ,&,11 wno\C'IIllli~ WU'fot&.~I\\W Il 'for,&,~ ,&,~ Il)(O,&,Îi ~r,&.ë. ii... i' .. no~toll IlAlI M~II~\1i~
n90'folla;lllt,&,~ nOoll'ftoll') (KHIIPRAH, IIcaJlmupb C 60CC/le006QHUe.M, f. 153 v.-154). ' '
6.l'ar exemple, dans le Sm. gr. 1ù94, f. 3 v.A r., 71r \LOS~KY, Le Typikon "?,z~ntin,, "
'P. \4'2. et 'P. '2.44 = ~TI'\\C\\C~1iI., OnUCQllUe, 'r. 3, 1\m\."-o., '\. 1, 'P. ~\. '\Iou: egale- ,,'
ment. 'i>m. 'È,r. \\)96,1. \Sl '1. ~ous t.enons ce derolel. l.eme\'È,fiement. ô.' 1>... 'Loss'o!:j' q,ul: "
- • .~ ~ __ !....3.: ... ~~~ _ _ :.. ..........'h\T"l'\ ./~.,'
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 173

La description du même office pour la première semaine de


la quarantaine souligne une fois de plus l'attention qui est due à
l'hexapsalme : «(Le frère désigné commence [à lire] les psaumes
avec attention et crainte de Dieu, comme s'il discutait avec Lui-
même invisiblement et priait pour nos péchés. Tous demeurent
debout. TI ne faut pas murmurer ici, mais être attentif à ce qui est
dit par le psalte 1.)} Nous retrouvons une rubrique similaire dans
les plus anciens typika sabaïtes comme le Sin. gr. 10942 •
Ainsi, la psalmodie de l'hexapsalme des matines se démarque
de toutes les autres psalmodies pour lesquelles on ne précise pas
une si grande attention et une attitude aussi statique et pendant
lesquelles il est généralement permis de s'asseoir. Ainsi, comme
le pense M. Arranz, l'hexapsalme, en tant que partie de la règle
de l'ange, «( ne fait pas partie de la psalmodie proprement dite
de l'orthros; il peut être considéré comme une introduction à
l'orthros. TI trouve son parallèle dans l'hexapsalme du grand apo-
deipnon. [... ] L'hexapsalmos de l'orthros pourrait être une moitié
de cet office déjà connu par Jean Cassien; l'autre moitié serait
celle de l' apodeipnon3 • )}
Après les trois premiers psaumes, le Psautier suivi indique que
le paraecclésiarque allume un cierge qu'il place sur les portes
saintes afin que le prêtre puisse venir y lire les prières matuti-
nales4 • Toutefois, le Psautier suivi ne précise pas le nombre de
prières que le prêtre récite en secret. Ces prières matutinales pro-
viennent de l'ancien office asmatique et étaient destinées à l'ori-
gine à accompagner les divers antiphones et actions liturgiques où
elles concluaient habituellement les ecténies diaconales, comme
c'est encore le cas aujourd'hui pour les prières presbytérales de
la Divine Liturgie et d'autres sacrements. M. Arranz a étudié
ces prières dans le détail et en a bien montré le lien avec l'of-
fice asmatique 5 • Comme l'affirme A. Dmitrievsky, «(jusqu'à l'ap-
parition chez nous, en Russie, de l'ordo hiérosolymitain, nous ne
rencontrons dans aucun livre liturgique de notre Église ancienne
d'indication voulant que pendant l'hexapsalme soit lue quelque

1. ~H Hd~HHdfT lIM'dUfHiH SpdT 'dM'H n. KHHMdHÏJM H t:r. tTpdXOM slilifM IdGO tdMOMIi SfdiAlilillII1I
HfKHAHMd H MOAlIIlIIl W rpiti HdWHX. npiiTollllllf Hif K:r.tH. H'Ii Tg Tpid WbnTH TROPHTH H.i RHHMdTH
"tUWMHHGII rAfMd ,) (KHrrPHAH, IlcaJlmupb C 60CClleào6aHUeM, f. 269).
2. «Etta 'ta ÉçavaÀ.l1ov /LE'tcl ltaClT]ç ltpoaoXiiç lCai c!K>lxl'u 6EOii, ciJç mit<\> auÀ.À.aÀ.Oiiv'tEç
clopa'tOlÇ lCai liuaCOltoiiv'tEç mitav imèp 'tcOv cll1apncOV i]l1cOV') (Sin. gr. 1094, f. 71). Voir
LoSSKY, Le Tjlpikon byzantin, p. 244.
3. M. ARRANz, (,Les prières presbytérales des matines byzantines ,), OCP 38 (1972),
p. 91, note 1.
4. KHIIPHAH, llCaJlmUpb C 6ocClleào6aHUe.M, f. 155-155 v.
.",S.Voir M. ARRANz, (,Les prières presbytérales des matines byzantines», OCP 37
, p. 406-436, et 38 (1972), p. 64-114; (,L'office de l'Asmatikos Orthros
______~ chantées") de l'ancien Euchologe byzantin,), OCP 47 (1981), p. 122-157.
174 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

prière que ce soit! ». Ainsi, cette rubrique du Psautier suivi témoi-


gnerait d'une pratique récente, résultat de la synthèse de l'office
asmatique constantinopolitain et de l'office palestinien initié par
les réformes du patriarche Philothée et du métropolite Cyprien.
Toutefois, la première synthèse de ces deux offices a eu lieu lors
de la «réforme stoudite», soit lors de l'adoption par les Stoudites
de 1'Horologion palestinien. Mais alors les prières presbytérales
de l'office asmatique avaient été réparties tout au long de l'of-
fice. Dmitrievsky fut l'un des premiers à noter que ces prières
correspondent, d'une part, par leur contenu à divers moments
des matines (par exemple, grande synaptie, Psaume 50, laudes,
etc.) et, d'autre part, par leurs ecphonèses à celles des diverses
ecténies de l'office de matines 2 • Ainsi, à l'origine, ces prières por-
taient des titres tels que: «prière pour la lecture de l'évangile»,
«prière pour le Psaume 50», «prière des laudes», «prière de la
doxologie» qui ont peu à peu disparu lorsque leur lecture a été
fixée lors de l'hexapsalme par la diataxis du patriarche Philothée
au ){Ne sièc1e3 • Comme l'explique M. Arranz, «cette prépondé-
rance du Typikon du Stoudion s'effacera devant une nouvelle
vague sabaïte qui, sans rompre totalement avec les innovations
des moines de la Polis, va tout de même pousser les moines à un
retour aux sources plus austères des monastères de la campagne
ou du désert. Paradoxalement, ce sera cet office sabaïte de la
seconde vague qui va remplacer l'office stoudite et prendre aussi
la relève de l'ancien asmaticos akolouthia, c'est-à-dire de l'office
des églises séculières4 .»
Ainsi, la réforme résultant de la diffusion du Typikon sabaïte
entreprise au )(Ne siècle a fait disparaître ces prières presbytérales
des divers moments de l'office pour les réunir en un bloc destiné
à être lu secrètement par le prêtre pendant que l'assemblée écoute
l'hexapsalme. La raison en était peut-être une certaine «fidélité»
à l'office palestinien qui ne connaissait pas à 1'origine ces prières.
Toutefois, cette réforme peut paraître quelque peu paradoxale
puisqu'il s'ensuit que le prêtre doit sortir devant les portes saintes
et effectuer une action liturgique à un moment où tous doivent
demeurer immobiles et attentifs à la règle de prière que -représente
la lecture des six psaumes. À ce propos, A. Dmitrievsky consi-

1. «Ao nOJl:BJIeHIDI y Hac Ha PYCH YCTaBa liepyCaJIHMCKOrO, MbI RH B O.o;HOR H3


60roCJI}')Ke6Hl>IX KHHr HallIeR .o;peBHeR IJ;epKBH He BCTpeqaeM YKa3aHIDI Ha TO, qT06hI
BO BpeMll: IlleCTOnCaJIMHJl: qHTaJIHCh KaKHe HH6y.o;h MOJIHTBhI» (A. AMHTPHEBcKHa,
«YTpeHHIDI MOJIHTBhI», PyKCII 42 [1886], p. 181).
2. Ibid., p. 186-192.
3. Ibid., p. 182-183; M. CKABAJ1JIAHOB~, TOIiKOtiblU TunuKoH, B. 2, Kiev, 1913,
p.205-208.
4. M. ARRANz, (,Les prières presbytérales des matines byzantines », OCP 38 (1972),
0.85.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 175

dérait ouvertement cette nouvelle disposition des prières comme


incorrecte!. M. Arranz estime, de son côté, que cette réforme
entreprise par la diataxis du patriarche Philothée n'a «fait que
canoniser une situation qui durait déjà depuis quelques siècles :
depuis qu'on avait commencé à célébrer l'office monastique pales-
tinien, tout en conservant l'ancien Euchologe de Constantinople.
[... ] Et c'est l'autorité de cet Euchologe qui a garanti ainsi la sur-
vivance de ces prières des vêpres et des matines dans un état de
congélation2 .» M. Skaballanovitch de son côté avait émis l'hypo-
thèse que la lecture des prières presbytérales avait été assignée
à la seconde moitié de l'hexapsalme pour que le prêtre lui aussi
puisse au moins écouter la moitié de l'hexapsalme3 • Nous ne pou-
vons que réaffirmer le caractère artificiel de cette introduction
de prières de l'office asmatique dans l'office sabaïte qui rompt la
grande solennité de l'hexapsalme.
Suite à cette réforme de la fin du XIVe siècle, le nombre de
prières matutinales lues pendant l'hexapsalme n'a pas cessé de
varier du xve au XVIe siècle4 • Ainsi nous pouvons comprendre
l'étonnement de l'higoumène Athanase qui se demandait quel en
était le nombre exact. Dans ces Réponses à l'higoumène Athanase, le
métropolite Cyprien en mentionne onze, en plus de la prière d'in-
clinaison à la fin de l'office (donc douze au totaIS). Cependant,
comme l'affirme Dmitrievsky, «la voix du pasteur zélé de l'Église
russe n'a toutefois pas eu le succès dû et espéré. La diversité des
listes de prières n'a pas cessé d'augmenter6 .» Ainsi, comme nous
l'avons vu dans la première partie de notre étude, le Sluzhebnik
attribué au métropolite Cyprien (Syn. 344) comptait effectivement
douze prières7 • Comme l'explique M. Arranz, cette série de douze
prières est constituée des huit premières prières actuelles qui ne
sont accompagnées d'aucun titre, la dixième devant accompagner
le Psaume 50, la onzième accompagnant les laudes, la douzième
accompagnant la doxologie et la treizième étant la prière d'incli-
naison, ce qui faisait un total de douze. Tel était en effet l'ordre
des prières matutinales dans le Taktikon de Jean Cantacuzène

1. A. )l;MHTPHEBCKHJl:, «YTpeHHIDI MOJIHTBbI», Py/CCIl42 (1886), p. 186.


2. M. ARRANz, «Les prières presbytérales des matines byzantines., OCP 38 (1972),
p.80.
3. M. CKABAJIJIAHOBHQ, TOJl/COB&'Ü Tunu/CoH, B. 2, Kiev, 1913, p. 208.
4. Voir à ce sujet A. )l;MHTPHEBCKHJl:, «BorocnyJKeHHe B PyCCKOH D;epKBH B nepBble
illITb BeKOB », IlC 9 (1882), p. 363-369; A. )l;MHTPHEBCKHJl:, BoZOCJIy.HCeHue B Pycc/COü
~ep/CBu B XV/B., Kazan, 1884, p. 19-20.
5. IIABnoB, KaHoHullec/Cue nlJMJlmHU/CU, col. 265.
6. «foJIOC peBHOCTHaro naCTblpJl PYCCKOH D;epKBH He HMeJI O,IUlaKO ,I(OJl.lKHaro H
XeJIaeMarO ycnexa. Pa3Hoo6pa:3He cnHCKOB MOJIHTB POCJIO H POCJIO». A. )l;MHTPHEBCKHJl:,
«BorOCny:lKeHHe B PyCCKOH D;epKBH B nepBble illITb BeKOB», IlC 9 (1882), p. 366.
7. fOPCKHJl: H HOBOCTPYEB, OnucaHue, p. 18.
176 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

(XNe siècle). Dans cette série n'apparaît pas la neuvième prière


actuelle qui était la prière avant la lecture de l'évangile, la même
qu'à la liturgie eucharistique, qui ne fut ajoutée à cette série de
prières que plus tardivement. L'ajout ultérieur de cette prière a fait
monter le nombre de prières matutinales à treize dans la pratique
actuelle. On retrouve exactement la même série de prières dans
une autre version du Sluzhebnikk du métropolite Cyprien, le Typ.
nO 129 1 • Par conséquent, le Sluzhebnik du métropolite Cyprien
présenterait une étape intermédiaire dans l'usage de typika diffé-
rents, tant par le nombre de prières qu'il contient que par le fait
que certaines prières portent encore un titre indiquant le moment
où elles devaient théoriquement être lues 2 •
Après l'hexapsalme et la lecture secrète des prières matutinales
vient la grande litanie qui n'apparaît pas dans les horologia mais
seulement dans les euchologes. Ensuite vient l'exécution par le
canonarque de versets psalmiques avec un refrain repris par le
chœur. Il s'agit du chant de «Le Seigneur est Diem (Ps 117,
27.26) pour les matines festives, c'est-à-dire quand l'office de
la Ménée comporte un tropaire, et de «Alléluia)) pour les jours
non festifs ou de jeûne, quand on célèbre d'office d'Alléluia)).
Le développement du cycle annuel et des Ménées a entraîné la
diminution du nombre d'offices d'Alléluia. Nous constaterons
plus loin, en comparant le Synaxaire du Psautier suivi avec celui
du rypikon d'Alexis le Stoudite, une diminution du nombre d'of-
fices de ce type. Dans la pratique actuelle du rite byzantin, l'office
d'Alléluia est pratiquement réservé aux jours de semaine de la
Sainte Quarantaine, ce qui était loin d'être le cas à l'époque du
métropolite Cyprien3 .
Les versets psalmiques du «Seigneur est Dieu)) et de «Alléluia))
sont interprétés par le canonarque, alors que le chœur reprend le
refrain: «Le Seigneur est Diew) ou «Alléluia)). J. Matéos compare
cette exécution à celle des grands prokeimena des soirs de grandes
fêtes et les dimanches de la Sainte Quarantaine4 .11 est intéressant de
noter que le Psautier suivi ne prescrit que trois versets psalmiques

1. M. ARRANz, (,Les prières presbytérales des matines byzantines », OCP 38 (1972),


p. 75-76. Voir également A. AMRTPREBCIŒH, BozoCAY:J/Cellue 6 PyCCKOÜ l(epK6u 6 XV/6.,
Kazan, 1884, p. 21; M. CKABAJlJIAHOBlI'l, TO/lK06blÜ TunuKoll, B. 2, Kiev, 1913, p. 207.
2. Le nombre et la disposition des prières matutinales varieront encore aux ]{V"-
XVIe siècles. Voir A. AMRTPREBCIŒfI:, BozoCAY:J/Cellue.6 PyCCKOÜ l(epK6u 6 XV/6., Kazan,
1884, p. 19-22.
3. Dans le Synaxaire du Psautier suivi, nous trouvons 95 jours où il est prévu un
office d'Alléluia (explicitement, avec la mention du terme «Alléluia,), ou implicitement,
par l'absence de tropaire). Voir KRIlPRAH, IIcMmupb C 60CCAeOO6aIlUeM, f. 211 v., 214
v.-219, 237-258 v.
4.J. MATÉos, «Quelques problèmes de l'orthros byzantin., POC 11 (1961),
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 177

pour «Le Seigneur est Dieu) ainsi que pour «Alléluia), au lieu
de quatre versets comme dans les typika sabaïtes anciens et dans
la pratique des horologia slaves actuels l . Toutefois, les horologia
grecs imprimés ne présentent pour «Le Seigneur est Dieu) que
les trois versets mentionnés dans le Psautier suivi du métropolite
Cyprien2 • Le chant du «Seigneur est Dieu) est suivi par le chant
du trop aire et du théotokion avec alternance du canonarque et du
chœur. De la même manière sont exécutés les triadiques lorsque
l'Alléluia a été chanté3 • Les trop aires triadiques sont ainsi appelés
parce qu'ils se terminent par une formule de doxologie à la sainte
Trinité: «saint, saint, saint es-tu notre Diew). Leur contenu, de
même que les versets du cantique d'Isaïe accompagnant le chant
de l'Alléluia, ne fait aucune allusion au jeûne ou à la pénitence,
ce qui montre bien qu'à l'origine ces pièces étaient les éléments
constitutifs de l'office ordinaire, non festif4 •
Après la stichologie du Psautier, on lit le Psaume 50. TI s'agit à
l'origine du véritable début de l'office des matines, toute la psal-
modie qui le précède étant en fait le vestige d'une psalmodie noc-
turne de l'antique mesonyktikon5 •
Vient ensuite le canon. Le Psautier suivi témoigne qu'à cette
époque on chantait encore les cantiques bibliques. TI précise que
le domestique entonne selon le ton le premier verset du premier
cantique biblique, après quoi les deux chœurs chantent les versets
antiphonalement6 . Notons au passage que le terme «domestique)
est emprunté à la terminologie de l'office asmatique. À la Grande
Église, il y avait deux domestiques (ÙOliEO'tt1Wt) qui étaient des
préposés au chant d'église assumant un service hebdomadaire par
roulement7 • Dans une période de réforme et de synthèse, ce terme
a pu glisser du vocabulaire du Typikon de la Grande Église à celui
du Typikon sabaïte.
Après le canon, le Psautier suivi donne deux séries de pho-
tagogika. La première série contient les photagogika (ouexa-
postilaires8) des jours de la semaine. Nous constatons que ces

1. Nous n'avons pas retrouvé d'attestation de cette pratique dans d'autres documents
anciens. Le typikon sabaïte Sin. gr. 1094 mentionne quatre versets pour (,Alléluia,) :
voir Sin. gr. 1094, f. 4. Voir LoSSKY, Le JYpikon byzantin, p. 143.
2:.apoMrwv"t'à !lÉra, Athènes, 1995 3 , p. 69; J. MATÉos, «Quelques problèmes de
l'orthros byzantin,), poe 11 (1961), p. 203, note 5.
3. KHIIPHAH, IIcO/Imupb C 6ocClleiJo6allUe.M, f. 156.
4.J. MATÉos, (,Quelques problèmes de l'orthras byzantin,), poe 11 (1961),
p.27-28.
5. Ibid., p. 22-24.
6. KHIIPHAH, IIcO/Imupb C 6ocClleiJo6aIlUe.M, f. 156-156 v.
7. Voir J. DARROUZÈS, Recherches sur les otfJrpuCla de l'Église byzantine, Archives de
l'Orient chrétien 11, Paris, 1970, p. 116,273.
8. Ces deux termes sont parfois synonymes, bien qu'on réserve habituellement le
terme d'exapostilaire aux hymnes des jours festifs et le terme de photagogikon aux
178 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

photagogika ne sont pas les mêmes que ceux contenus aujourd'hui


dans les horologia grecs et slaves imprimés. Nous en retrouvons
cependant quelques-uns dans le Paraclétique (Octoèque) imprimé
grec, après le canon des matines, pour les jours de la semaine
du premier ton l . D'autres se retrouvent dans la liste des exapos-
tilaires de semaine dans l' Horologion stoudite de Grottaferrata 2 •
Nous pouvons donc penser que la série contenue dans le Psautier
suivi est peut-être plus ancienne que celle contenue dans les livres
liturgiques imprimés. Comme le remarque J. Matéos, l'exaposti-
laire du lundi dans les horologia imprimés reprend le seul exa-
postilaire que connaissait le Typikon de l'Évergétis pour les jours
fériés :' 0 oùpavov '&01Ç a(J'tpotç3. Cependant, au xne siècle, le
Typikon de l'Évergétis ne connaissait pas la série complète contenue
dans nos livres imprimés 4 •
La seconde série contient les photagogika destinés à être
chantés les jours où l'on célèbre l'office d'Alléluia. Cette seconde
série, suivant les huit tons de l'Octoèque, correspond tout à fait
aux photagogika que l'on trouve dans les horologia imprimés
grecs et slaves actuels. Ceux-ci seraient les plus anciens, car ils
étaient prévus à l'origine pour les jours de l'année sans solennité
particulières. lis sont chantés, dans la pratique actuelle, pendant
la Sainte Quarantaine. Toutefois, comme le remarque J. Matéos,
« leur caractère, naturellement, n'est pas du tout quadragésima16 »,
puisqu'à l'origine ils étaient destinés, tout comme l'office d'Allé-
luia, aux jours ordinaires, non festifs, de l'année.
Notons enfin que le chant de la grande doxologie dans sa rédac-
tion constantinopolitaine est précédé d'une forme plus festive des
laudes qui sont alors chantées selon le ton de la première stichère.
Celles-ci débutent par le dernier verset du Psaume 150 : « Que
tout souffle loue le Seigneur» (Ps 150, 5), après quoi on chante
la première partie du premier verset du Psaume 148 avec pour
refrain non psalmique : «À toi convient la louange, ô Dieu». Voici
schématiquement la structure des laudes festives :
Que tout souffle loue le Seigneur (Ps 150,5).

hymnes accompagnant l'office d'Alléluia. Voir J. MATÉos, «Quelques problèmes de


l'orthros byzantin», poe 11 (1961), p. 218-219.
1. Voir napadT/,nrcr;, Athènes, 1959, p. 23, 39 et 62.
2.' ilpoMywv O1JV eero uriw nepiexov TI)v TiJlEPowrcnov rijç ÉKd1Jaiaç uKoÂOvOiav
rijç iepàç Kai 1f:epl{3Â.e1f:'WV Jlovfiç rijç Kpvm:mpéPP1Jç, Grottaferrata, 1950, p. 69-72.
3.Voir Typikon de l'Évergétis aux 4, 6, 16,22 et 26 septembre: The Synaxarion of
the Monastery of the Theotokos Evergetis, text and translation by R. H. Jordan, Belfast
Byzantine Texts and Translations 6.5, Belfast, 2000, p. 18, 22, 72, 86, 94.
4. J. MATÉos, « Quelques problèmes de l' orthros byzantin., poe 11 (1961),
p.219.
5. Ibid., p. 218.
L n:.J _ 110
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 179

Louez le Seigneur du haut des cieux (Ps 148, 1).


R. : A toi convient la louange, ô Dieu.
Louez le Seigneur du haut des cieux. Louez-le dans les hau-
teurs. Louez-le, tous ses anges. Louez-le, toutes ses puissances
(Ps 148, 1-2).
R. : A toi convient la louange, ô Dieu.
Puis il est dit qu'on interprète les autres versets sans refrain!.
Cette structure avec refrain du début des laudes pour les jours
festifs n'est pas sans rappeler l'exécution des antiphones de
l'office asmatique avec leurs refrains 2, et plus particulièrement
celle des laudes dans l'office asmatique 3 • Or, dans cet office de
la Grande Église, les laudes précédaient la lecture de l'évangile.
M. Arranz note à ce propos que le dernier verset du Psaume 150
servant de refrain aux laudes de l'office asmatique a donné lieu
à un doublet, sous la forme d'un prokimenon fixe, constitué des
versets 6 et 1 du Psaume 150 et précédant l'évangile matutinal,
lorsque la lecture de celui-ci fut placée juste avant le Psaume 50
des matines de l'office sabaïte4 • De plus, le verset d'introduction à
la doxologie : «Gloire à Toi qui nous as montré la lumière ~), était
lui aussi à l'origine un refrain des laudes dans l'office asmatique 5 .
Il est vrai que la synthèse des usages palestiniens et constantino-
politains est antérieure au XIVe siècle. Si l'on en croit l' Horologion
de Grottaferrata, la tradition stoudite connaissait divers refrains
pour les trois des laudes, parmi lesquels «Gloire à Toi qui nous
as montré la lumière~) est effectivement le dernier6 • En spécifiant
qu'on interprète les autres versets. sans refrain, le Psautier suivi
marque une rupture par rapport aux anciens usages stoudites et
asmatiques.
La plus ancienne version du Typikon sabaïte, le Sin. gr. 1094
(XIIe-XIIIe siècles), mentionne déjà cette structure festive et chantée
des laudes, indiquée par l'expression «1tacra 1tvoif ». Or l'absence
de trop aires pour «1tacra 1tvoi]~) dans l'office monastique fait l'objet
d'une interrogation au VITe siècle dans la Narration de Jean et
Sophrone8 •

1. KHIIPIiAH, IIcMmupb C 60CClleào6aHUeM, f. 159.


2. JIHCHl.\hIH, IIep6oHa1lMbHblÜ CAa6JIHo-PycCKUÜ TunuKoH, p. 85.
3. H. )];. YCIIEHCKHA:, «qHH BCeHOIIJ;HOrO 6~eHHJI Ha IIpaBOCJIaBHOM BocToKe H B
PyCCKOH U;epKBH», BT 19 (1978), p. 43.
4. M. ARRANz, «Les prières presbytérales des matines byzantines l), OCP 38 (1972),
p. 90, note 2.
5. D. BALFOUR, «La réforme de l'Horologionl), lrénikon 7 (1930), p. 175.
6:.Qpo.wrwv O1JV eeâi uriw trepiexov njv 1jpepovVrcnov tijç Érc1CÂ.TJuiaç urco.ltov8iav
tijç iEpàç rcai 1rEptf3ÂEm:ov jlovijç tijç Kpvm:otPÉPPTJç, Grottaferrata, 1950, p. 74-77.
7. Sin. gr. 1094, f. 18 v., 35 r., 56 r., 64 r., 65 V., 84 r. [Édité par LOSSKY, Le Typikon
byzantin, p. 165, 189,221,233,236,260.)
8.JEAN ET SOPHRONE, Narration, II, 40, p. 253.
180 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Mais avec la diffusion du Typikon néo-sabaite à la fin du


){Ne siècle, la rédaction constantinopolitaine de la grande doxo-
logie, précédée des laudes dans une interprétation d'origine asma-
tique, s'est imposée pour les jours festifs et a remplacé la rédac-
tion hiérosolymitaine de cette doxologie et la lecture psalmodiée
des laudes qui furent alors réservées pour les jours non festifs.

Les heures, les heures intermédiaires et les typiques.

Comme l'explique E. Diakovskij, on entend par «heure» tout


office destiné à être célébré à une heure déterminée du jour ou
de la nuit!. À l'époque du métropolite Cyprien, ce terme était
réservé, tout comme à notre époque, à quatre petits offices, soit :
prime, tierce, sexte et none.
Le déroulement des heures, des heures intermédiaires et des typi-
ques d'après le Psautier suivz2 est essentiellement le même que celui
prévu dans les horologia imprimés en usage aujourd'hui3. Chaque
heure est constituée de trois psaumes. Nous avons déjà remarqué
plus haut que le choix d'un grand nombre de ces psaumes est
attesté par l'ancien horologion Sin. gr. 863, lequel contenait de six
à huit psaumes par office. Ici, la structure à trois psaumes est une
spécificité de l'office monastique palestinien4 • Cassien témoigne
de la célébration des heures à trois psaumes dans les monastères
de Palestine et de Mésopotamie5 • Cette pratique, selon lui, vient
tempérer «la perfection et la discipline rigoureuse et inimitable
des Égyptiens6 ». Cassien affirme, en effet, l'origine égyptienne de
la règle des douze psaumes ou «règle de l'ange». li dit que dans
ce milieu, «certains même ont pensé que dans l'office diurne des
prières...,.. c'est-à-dire tierce, sexte et none -, il fallait harmoniser
le nombre des psaumes et des prières à celui des heures dans
lesquelles ces hommages sont rendus à Dieu [c'est-à-dire trois
psaumes et prières à tierce, six à sexte, neuf à none]. À d'autres, il
a plu d'appliquer le nombre de six à chaque réunion du jour?»
La structure tripsalmique reflète donc la pratique palesti-
nienne. Après la psalmodie viennent les tropaires du jour (dans le

1. E. AHAKOBCKHll:, «llocJle,o;oBaHHe HO'ffiLIX qaCOB», TKJI,A 7-8 (1909), p. 546.


2. KHITPHAH, IIcOJImupb C 60CC/leiJo6aHUeM, f. 162-175 v.
3. Tels par exemple: '.QpOMrlOV 't'o I-lÉra, Athènes, 1995 3 ; IIcOJImupb (c 60CC/leiJo6a-
HUeM), Moscou, 1901; Grand livre d'heures, trad. D. Guillaume, Rome, 1989; Livre des
heures, trad. Fraternité orthodoxe en Europe occidentale, Colombes, 2000.
4. E. )J;HAKOBCKHH, «llOCJle,o;oBaHHe HOqflbIX qaCOB», TKJI,A 7-8 (1909), p. 551.
5.JEAN CASSIEN, Institutions cénobitiques, livre li, 3, 1, SC 109, trad. J-C. Guy,
Paris, 1965, p. 94-95.
6. JEAN CASSIEN, Institutions cénobitiques, livre li, 1, ibid., p. 92-93.
7. TEAN CASSIEN, Institutions cénobitiques, livre II, 2, 2, ibid., p. 58-61.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 181

Ménologe) lorsqu'il y a eu «Le Seigneur est Dieu» aux matines, ou


le trop aire de l'heure accompagné de versets psalmiques lorsqu'il
ya eu «Alléluia». Ensuite, il y a pour chaque heure un théotokion
où il est bien spécifié, à la différence des horologia actuels, que
celui-ci est accompagné de trois métanies faites à trois moments
bien précis, indiqués par des astérisques ou des croix dans le
texte du manuscrit du Psautier suivi. Puis on lit un court trop aire
constitué de versets psalmiques ou de cantiques bibliques, et les
prières du Trisagion. Après le Notre Père, on dit le kondakion du
jour (dans le Ménologe) ou les kondakia de l'heure, puis qua-
rante fois «Seigneur, aie pitié», la prière des heures (Œoi qui en
tout temps et à toute heure») et chaque heure se termine par une
prière qui lui est propre.
En plus de ces quatre petits offices des heures, le Psautier
suivi prévoit pour chacun d'eux un office d'heure intermédiaire
(j.lEO"roptov; Mfll\AO'ldtif). Comme l'explique M. Skaballanovitch,
c'est une caractéristique de l'ordo hiérosolymitain. ils sont déjà
attestés au XIIe siècle par le Typikon de Chio-Mgvime (1172) et on
les retrouve dans les horologia sinaïtiques des XIIe et XIIIe siècles!.
E. Diakovskij l'explique par le désir de faire correspondre le
nombre d'offices aux vingt-quatre heures de la journée2 • Selon lui,
la règle des douze psaumes ou «règle de l'ange» prenant ses ori-
gines dans le monachisme pachômien d'Égypte, tel que nous l'at-
teste Cassien3 , a engendré une règle de douze psaumes récités non
seulement pendant la nuit, mais aussi pendant le jour. Ainsi, les
moines avaient une règle de vingt-quatre psaumes pour les vingt-
quatre heures du jour. Ce phénomène fut à l'origine de la pratique
observée entre autres par les moines acémètes de Constantinople.
Dans une tentative de synthétiser la tradition monastique égyp-
tienne avec celle de Palestine, la règle des douze psaumes du jour
serait venue s'ajouter aux quatre offices tripsalmiques diurnes.
Devant l'impossibilité d'accomplir à la fois les offices des heures
du jour et la règle des douze psaumes, cette dernière aurait été
divisée en quatre petits offices tripsalmiques destinés à être lus
en cellule et formant ainsi des doublets nommés «heures inter-
médiaires» des quatre offices des heures du jour lus à l'église4 •
L'étude de E. Diakovskij a bien montré la diversité qui existe
entre les anciens horologia manuscrits dans le choix des psaumes
constituant ces heures intermédiaires. Cela peut s'expliquer par le

1. M. CKABAJUIAHOBH'I, TOJlIC06blÜ TunUICOH, B. 1, Kiev, 1910, p. 422-423.


2. E. AHAKOBCKHH, «llOCJIe,IJ;OBlIlm:e HOqHhIX qaCOB», TK.aA 7-8 (1909), p. 551.
3. JEAN CASSIEN, Institutions cénobitiques, livre II, 4-6, SC 109, trad. J-C. Guy, Paris,
1965, p. 64-71.
4. E. AHAKOBCKHH, «llOCJIe,IJ;OBaHHe HOqHhIX qaCOB», TK.aA 7-8 (1909), p. 560-561,
578-579.
182 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

fait qu'il existait différentes règles des psaumes du jour et de la


nuit!.
Les heures intermédiaires de notre Psautier suivi suivent un
modèle tripsalmique où le choix des psaumes est exactement
le même que dans l'horologion Sin. gr. 865 du XIIe siècle2 • Ce
choix des psaumes est celui retenu dans nos horologia imprimés.
La psalmodie est suivie de trop aires particuliers à chaque heure
intermédiaire. Après ceux-ci, on dit immédiatement «Seigneur,
aie pitié».ll est intéressant de noter que le Psautier suivi prévoit
trente «Kyrie, eleison) à la fin des heures intermédiaires au lieu de
quarante. Or, dans l'usage stoudite, on lisait effectivement trente
«Kyrie, eleison) à la fin de chaque heure. Avec l'introduction du
Typikon sabaïte, on est passé à quarante. Toutefois, l'ancienne
pratique des trente «Kyrie, eleison) a survécu dans certains docu-
ments du xve et du XVIe siècle3 • C'est précisément le cas de notre
Psautier suivi pour les heures intermédiaires. Chaque heure inter-
médiaire se conclut par une prière qui lui est propre.
Le Psautier suivi prévoit la suppression des heures intermédiaires
pendant certaines périodes de l'année. Ce sont généralement
des périodes festives où leur suppression vient alléger le rythme
des offices liturgiques accordant aux moines un certain repos en
ces temps de réjouissance. Une telle suppression est observée à
partir de la Nativité du Christ jusqu'à la clôture de la fête de la
Théophanie, pendant la semaine pascale et pendant la semaine
après la Pentecôte4 •
L'office des typiques 5 est, quant à lui, un ancien office de com-
munion des anachorètes palestiniens attesté dans l'horologion
manuscrit Sin. gr. 863 du IXe siècle6 • De nos jours, cet office est
généralement omis hors de la Sainte Quarantaine et des jours
aliturgiques. Toutefois, certaines parties de cet office monas-
tique se sont liées à d'autres parties de la Divine Liturgie de
l'Euchologe cathédral constantinopolitain, tels les psaumes et les
Béatitudes qui remplacent les antiphones au début de la liturgie
eucharistique, de même que le chant «Que k nom du Seigneur
soit béni) (Ps 112, 2) et le Psaume 33 à la fin de la liturgie. Or,
comme le rappelle J. Matéos, «selon le Typikon de l'Évétgétis, les
monastères, qui suivaient la règle stoudite, ne chantaient pas les
typiques à la Liturgie, mais après none, et les moines y recevaient

1. Ibid., p. 561-567.
2. Ibid., p. 565-566.
3. A. )J;MHTPHBBCKHA:, «BorOCJIY)KeHHe B PyCCKOii: U;epKBH B nepBhle lliITh BeKOB)),
IIC9 (1882), p. 372; A. )J;MHTPHBBCKHA:, BozoCIIY:JICenue 6 PyCCKOU aepK6U 6XVI6., Kazan,
1884, p. 40.
4. KHnPHAH, IIcatlmupb C 60CClle006QnUeM, f. 221 V., 286, 290 v.
5. KHllPHAH, IIcatlmupb C 6oCClle006QnUeM, f. 169-171.
6.Voir T. MATÉos, «Un horologion inédit de Saint-Sabas»), p. 54-55.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 183

l'antidoron. C'est un usage intermédiaire entre l'ancien office de


communion et l'office plus moderne qui a perdu tout rapport à
l'Eucharistie!. )}
À l'époque du métropolite Cyprien, comme l'attestent les
rubriques du Psautier suivi, les typiques étaient chantés après la
sixième heure lorsqu'il n'y avait pas de jeûne, et après la neuvième
heure les jours de jeûne. Cela représente une nouveauté par rap-
port à la tradition stoudite où la neuvième heure précédait tou-
jours l'office des typiques 2 • Dans le Psautier suivi, conformément
à la tradition néo-sabaïte, la neuvième heure précède les vêpres.
Ainsi, cet office des typiques semble précéder le moment où les
moines prennent leur premier repas de la journée3 • Dans le pre-
mier cas, on chante les Psaumes 102 et 145 suivis des Béatitudes.
Viennent ensuite des tropaires (<Le chœur céleste ... )}) et le
Credo. Puis la prière d' «absolution)} (Efface, remets, pardonne
- aveç, acj>eç, oUYXrop1l00V4), le Notre Père, puis le kondakion du
jour. Notons que la rubrique spécifiant que les jours de fête «nous
disons seulement le kondakion de la fêteS )}, semble indiquer que
les typiques étaient même célébrés les jours de fête à l'époque du
métropolite Cyprien et constituaient ainsi une sorte de doublet de
la Divine Liturgie.
À ce propos, il est intéressant de noter un passage obscur dans
les Réponses à l'higoumène Athanase. Cyprien dit : «Lorsque la
liturgie sera chantée, les frères lisent les heures dans le narthex,
et l'apôtre et l'évangile est lu à ce même endroit; s'il n'y a pas de
narthex, [on les lit] au milieu de l'église. Et lorsque les heures sont
lues sans liturgie [6e3'h 06t,ll;HII], alors l'apôtre doit être lu au milieu
de l'église, et l'évangile sur la sainte table6 .)} 1. Mansvetov explique
que la prescription de Cyprien de lire l'apôtre et l'évangile dans

1. Ibid., p. 68. Selon N. Uspensky, les typiques n'étaient célébrés à l'Évergetis que
les jours où la Divine Lirurgie n'avait pas eu lieu. Voir H. YCIIEHCKHH, <dIHTYprnJI
IIpeJK,ll;eOCBJIm;eHHbIX )J;apoB. HCTopHKo-JIHTYPI'H'iecKHH OqepK», ET 15 (1975), p. 154.
2. E. 3. CnHBA, «0 HeKOTopbIX n;epKOBHOCnaBJIHCKHX qacocnoBax XIII-XIV BB.
(Oco6eHHOCTH cocTaBa) », PyCb U /03/Cllb/e CJlaBJl/Je (COCT. H pe,l\. : B. M. 3arpe6HH),
Saint-Pétersbourg, 1998, p. 188.
3. Confonnément à la pratique du jeûne observée par Cassien chez les moines
palestiniens: JEAN CASSIEN, Conférences, XXI, Il, SC 64, Paris, 1959, p. 86.
4. Sur cette prière et son lien avec les typiques, voir A. WADE, <,La prière aVEç,
a<j>eç, crurXroPllO"OV. La pratique palestinienne de demander l'absolution pour la com-
munion solitaire et quotidienne. Lex orandi pour UI1é orthopraxis perdue ? ~, dans
J. GETCHA et A. LOSSKY (éd.), @Veria aivéaEaJÇ. Mélanges liturgiques offerts à la mémoire
de l'archevêque Georges Wilgner, AS 2, Paris, 2005, p. 431-435.
5. KHIIPHAH, []CatlmUpb C BOCCJleaOBaIlUeM, f. 171.
6. «B1>Her,l\a :lICe 6Y,l\eTb JIHTYPria rrtTH, qaCbI 6paTia B1> rrpHTBopt rrOIOTb, H anoc-
TOJI1> H eBaHreJIbe TaMO:llCe qTeTCll; am;e JIH HtCTb rrpHTBopa, TO cepe,Ii;H n;epKBH. A
6e31> o6t,l\HH qaChl rrtTH, TO anOCTOJI1> Cpe,l\H n;epKBH qeCTH, a eYaHreJIbe Ha CBllTOM'b
IIpeCTOJIt» (IlABnoB, Kallollu'Iec"ue na.MJImllu"u, col. 253).
184 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

le narthex s'il y a une liturgie, et dans l'église s'il n'yen a pas,


s'explique du fait qu'il entend par «heures» la lecture des heures
suivies des typiques et des lectures prévues aux typiques. Ainsi,
lorsqu'il y avait une liturgie, on lisait les typiques après la sixième
heure. Lorsqu'il n'y avait pas de liturgie, les jours de jeûne (avec
office d'Alléluia), on lisait les typiques après la neuvième heure.
Dans les deux cas, on lisait un apôtre et un évangile aux typiques.
Pour marquer la différence entre les lectures aux typiques et celles
de la liturgie, on lisait les lectures des typiques dans le narthex,
sauf les jours de jeûne, lorsqu'il n'y avait pas de liturgie. Dans
ce cas, n'ayant pas la nécessité de .distinguer les lectures, celles-ci
étaient lues dans l'église!. Ainsi, il apparaît qu'à l'époque du métro-
polite Cyprien les typiques étaient un office plus courant qu'au-
jourd'hui pour deux raisons. Premièrement, il pouvait constituer
un doublet de la Divine Liturgie, étant célébré même les jours de
fête. Dans ce cas, on lisait les lectures ordinaires (en lien avec le
cycle mobile) aux typiques et les lectures de la fête (propres au
Ménologe) à la Divine Liturgie. Deuxièmement, à l'époque consi-
dérée, l'office d'Alléluia était beaucoup plus fréquent qu'il ne l'est
aujourd'hui, étant propre aux périodes de jeûne de la Nativité, des
Apôtres et de la Dormition où l'on ne célébrait la Divine Liturgie
que pour les saints fêtés et les jours de fête. Si la liturgie n'était
pas célébrée, on lisait les lectures ordinaires du jour aux typiques.
Dans le cas de la Sainte Quarantaine, le déroulement des
typiques est le suivant. Après la neuvième heure, on chante les
Béatitudes. Puis on lit les tropaires, le Credo, la prière d'absolu-
tion, le Notre Père, les kondakia et les quarante «Kyrie, eleison». Puis
vient ensuite : «Plus vénérable que les Chérubins », accompagné du
verset du prêtre, la prière de saint Éphrem, les prières du Trisagion,
«Que le nom du Seigneur soit bénh), le Psaume 33 et le congé final.
Remarquons au passage que le déroulement prévu par le Psautier
suivi est plus simple que celui de la pratique actuelle de l'Horolo-
gion qui intercale l'office des vêpres avant la fin des typiques 2 •
À la suite de l'office des typiques, le Psautier suivi nous donne
l'acolouthie d'un office de la table. Un second office de la table
apparaît dans le Psautier suivi après vêpres 3 • Ce sont les deux seuls
repas prévus dans la journée par l'ancienne tradition monastique
attestée par saint Jean Cassien. Ce dernier précisait que les jours
de jeûne, on ne prenait qu'un repas après la neuvième heure et
que, pendant les périodes festives, on rompait le jeûne en prenant
un repas au milieu de la journée4 • Le repas monastique apparaît

1. MAHCBETOB, MumponoJlum KunpuaH, p. 141-142.


2.Voir J. MAnos, (,Un horologion inédit de Saint-Sabas», p. 67.
3. KKIll'HAH, IIcaJlmupb C eocCJleOOeaHUe.M, f. 171-173, 178-178 v.
4.Voir1EAN CASSIEN, Conférences, XXI, 11 et 19, SC 64, Paris, 1959, p. 86 et 94.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 185

alors comme le moment où l'on rompt le jeûne, et cette rupture


est liée avec l'eucharistie. Par conséquent, il est donc naturel que
l'office de la table suive l'office des typiques qui, comme nous
venons de l'expliquer, était à son origine un office de communion
pour des moines kelliotes ou anachorètes. Nous avons vu que cet
office est célébré «soit après sexte, .soit après none, donc avant
l'office de la table: relation avec la fin du jeûne donnée par la
communion et relation avec le repas qui suit la communion 1 1). De
ce fait, le repas forme un véritable office liturgique qui, à l'origine,
n'était pas sans lien avec l'eucharistie.
L'office de la table est aussi désigné comme l'office de la
«Panagia l), terme grec (1tuvuyiu) signifiant littéralement «Toute
Sainte 1), un qualificatif de la Mère de Dieu. Dans le vocabulaire
liturgique, ce terme peut désigner à la fois le pain béni en l'hon-
neur de la Mère de Dieu, objet d'une cérémonie lors de l'office
de la table de midi, ou la cérémonie elle-même. Cette cérémonie
s'inspire de la tradition voulant qu'après la résurrection du Christ,
les apôtres avaient pris l'habitude de laisser une place vide en
l'honneur du Christ et de lui réserver un pain qu'ils élevaient à la
fin du repas. Le troisième jour après la Dormition de la Mère de
Dieu, alors que les disciples élevaient le pain selon la coutume, la
Mère de Dieu leur apparut en disant : «Réjouissez-vous. Je suis
avec vous pour toujours. l) Depuis, la coutume veut que le pain
soit élevé en l'honneur de la Mère de Dieu. Cette tradition que
N. Egender qualifie de «gracieuse légende 1) a été transmise par les
horologia et se trouve décrite plus loin dans notre Psautier suivz"2.
L'office commence avec le Psaume 144, qui est, avec le Psaume
33, un psaume de communion. Les versets 15 et 16 bien connus
de ce psaume en expliquent le choix de manière évidente : «Tous
ont les yeux sur toi et ils espèrent, Seigneur, et tu leur donnes
la nourriture en son temps. Tu ouvres la main, et tu rassasies
tout être vivant dans ta bienveillance.l) Ce psaume est récité par
les moines en procession, alors qu'ils se rendent de 1'église au
réfectoire. Là, le prêtre qui a célébré bénit la nourriture. Puis les
moines mangent en silence, tout en écoutant la lecture. Après le
repas, le lecteur demande pardon aux frères, se prosterne devant
l'icône du Christ, devant l'higoumène et le cellérier, puis le typi-
cariste lit la prière après le repas : «Béni est Dieu qui nous fait

1. N. EGENDER, (<Eucharistie et repas monastique>l, liturgie et charité fraternelle.


Conférences Saint-Serge. 45' Semaine d'études liturgiques, BEL 101, Rome, 1999,
p.146.
2. KHIIPRAH, IIcatlmupb C 6ocClleiJo6aHUeM, f. 190. On peut lire le récit dans
E. MERCENIER et F. PARIS, La Prière des Églises de rite byzantin. 1. EOlfice divin. La
liturgie. Les sacrements, Chevetogne, 19372 , p. 201-202 (note 1) ou chez: N. EGENDER,
La Prière des heures, p. 347-349.
186 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

miséricorde et qui nous nourrit depuis notre jeunesse;» C'est une


prière très ancienne que nous retrouvons, presque mot pour mot,
chez saint Jean Chrysostome et dont la première partie se trouve
dans les Constitutions apostoliques et dans le Traité sur la virginité
de saint Athanase!. Après cette prière, c'est au tour du cellérier
de demander pardon. C'est à ce moment qu'a lieu l'élévation de
la Panagia2 • Après avoir dit: «Grand est le nom ... de la Sainte
Trinité », les frères chantent des trop aires en l'honneur de la Mère
de Dieu: «Toutes les générations te disent bienheureuse ... » Le
pain élevé est alors distribué, et le Psautier suivi précise que l'on
boit selon l'habitude. L'usage veut en effet que soit préparé non
seulement un plateau avec un pain, mais aussi une coupe avec
du vin. Lorsque le pain est distribué, la coupe est également par-
tagée de sorte que chacun en boive une gorgée 3 . Bien que de nos
jours la coupe ait pratiquement disparu de l'office de la Panagia
dans l'usage des monastères, cela n'est pas sans nous rappeler les
rituels juifs de bénédiction de la table dans lesquels notre office
de Panagia s'est forgé, si l'on s'en tient au récit de l'institution
miraculeuse de cet office dont nous avons fait état plus haut4.
Après avoir mangé du pain et bu de la coupe, le Psaume 121 est
récité, puis sont chantés, les jours ordinaires, les trop aires d'action
de grâce. Comme l'explique N. Egender, «cette action de grâce
n'exprime pas seulement la gratitude pour le pain quotidien, mais
aussi la joie de recevoir le Christ et l'Esprit et le don de la paix.
Cette paix est celle du Christ ressuscité venant au milieu des
siens. Le Psaume 121 (qui est chanté alors) acquiert une réso-
nance particulière: c'est le Christ qui dit: "Pour l'amour de mes
frères, de mes amis, je dis: Paix sur toi!" (Ps 121,8). [... ] Cette
présence du Christ ressuscité est symbolisée pendant la semaine
de Pâques par le pain pascal, l'artos, qu'un diacre porte tous
les jours de l'église au réfectoire, et qui est partagé le samedi de
Pâques 5.» Après le psaume, on récite les prières du Trisagion, et
après le Notre Père on dit le kondakion de la fête ou l'hypakoï du

1. N. EGENDER, (<Eucharistie et repas monastique», p. 146-147; N. EGENDER,


La Prière des heures, p. 346. Voir JEAN CHRYSOSTOME, Homélie SUT Matthieu 55,j), PG 58,
545; Les Constitutions apostoliques, livre VII, 49, SC 336, éd. M. Metzger, Paris, 1987,
p. 114-115; ATHANASE D'ALEXANDRIE, Traité sur la virginité 12, 12, PG 28, 265.
2. À ce sujet, voir J J YANNIAS, (,The Elevation of the Panagia,), DOP 29 (1972),
p.225-236.
3. E. MERCENIER et F. PARIS, La Prière des Églises de rite byzantin. I. EOifice divin. La
liturgie. Les sacrements, p. 202-203, note 1.
4. Sur la relation entre la prière de la table et les bénédictions juives, voir L. BOUYER,
EEucharistie, Paris, 19902, p. 82 s. De même M. CKABAJIJIAHOBH'I, TOJlKOBblÜ TunuKoll,
B. 3, Kiev, 1915, p. 58. La coupe est maintenue au monastère athonite de Vatopédi.
5. N. EGENDER, (<Eucharistie et repas monastique,), p. 147; N. EGENDER, La Prière
des heures, p. 347. Au sujet des particularités de cet office pendant la semaine pascale,
voir KHTIPHAH, IIcatlmupb C BocC/leàoBaIlUe.M, f. 285 v.-286.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 187

ton du dimanche ou, pour les autres jours, les tropaires d'action
de grâce: «Nous te rendons grâce», «Mais comme Tu es apparu
au milieu de tes disciples leur donnant la paix», «Dieu de nos
pères» et «Par les prières de tous les saints et de la Théotokos».
Après ces trop aires, le prêtre donne la bénédiction finale.
li est intéressant de noter au passage que la tradition stoudite
connaissait également un office de table semblable commençant
lui aussi par le Psaume 144 et se terminant par le Psaume 121,
mais où le rite de la bénédiction des restes (OYliPOYXhl) remplaçait le
rite d'élévation de la Panagia. Les restes de pain de chacun étaient
ramassés dans une assiette et bénits par le prêtre faisant sur eux
le signe de croix; ils étaient destinés à être distribués aux pauvres.
Toutefois, les prières de bénédiction diffèrent entre la tradition
stoudite et la tradition sabaïte 1 .
Le Psautier suivi prévoit aussi un office de table abrégé en cel-
lule, sans doute destiné à l'origine à des moines kelliotes 2 •
L'office de table du soir, après vêpres, reprend la même struc-
ture que celui de midi tout en étant plus simple. li débute par
la récitation du deuxième verset du Psaume 21 (<Les pauvres
mangeront ... ») à la suite duquel le prêtre bénit la nourriture.
Après le repas, la Panagia est élevée de nouveau selon le même
ordre qu'à midi. Puis on dit le théotokion «Tes entrailles furent
une sainte table ». Le trop aire d'action de grâce reprend textuel-
lement les versets 7 à 9 du Psaume 4 : «Tu nous as réjouis,
Seigneur, par ta création, et nous exultons devant l'ouvrage
de tes mains. La lumière de ta face nous a marqués de son
empreinte; tu as mis la joie dans notre cœur. Nous avons reçu
en abondance le blé, le vin et l'huile. En paix, rassemblés dans
l'unité, nous nous endormirons et nous nous abandonnerons
au sommeil, car toi, Seigneur, tu nous as établis en solitude
dans l'espérance.» Enfin, il est intéressant de noter; à la suite
de N. Egender, d'une part le lien thématique de ce tropaire
psalmique avec la prière de l'artoklasia à la litie de l'agrypnie,
bénédiction qui, à l'origine, tenait lieu de repas du soir - «Bénis
toi-même ces pains, le blé, le vin et l'huile, fais qu'ils abondent
en ce pays et dans le monde qui est tien ... » - et, d'autre part, le
lien entre la bénédiction finale de ce repas vespéral - «Dieu est
avec nous par Sa grâce et Sa philanthropie ... » - avec le refrain
de l'antiphone extrait de la prophétie d'Isaïe chantée au grand
apodeipnon (Is 8, 103).

1. IIEHTKOBCKHJl:, TunuKolt, p. 368-371; M. CKABAJIJIAHOBHQ, TO/lK06blU TunuKolt,


B. 3, Kiev, 1915, p. 61-65.
2. KHIIPHAH, Ilcll./Imupb C 60CC/leiJo6aItUeM, f. 173.
3.N. EGENDER, «Eucharistie et repas monastique~, p. 148; N. EGENDER, La Prière
des heures, p. 349.
188 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Les vêpres.

Les vêpres! commencent dans le Psautier suivi par le Psaume


103 conformément à la tradition palestinienne. Comme les vêpres
ouvrent par la récitation de ce psaume le cycle liturgique quotidien,
ce psaume est parfois désigné comme «psaume préliminaire» ou
«d'introduction», ou tout simplement comme «premier psaume»
(1tPOOtIlWKOV 'l'OÂIlOV; nfplioH<\'1I\AHhIH vuo",,,, ou niplihlH t<\I\O",,,,).
Dans l'office asmatique de Constantinople, les vêpres commen-
çaient par le Psaume 85. Dans l'office monastique palestinien, le
Psaume 85 est lu à none 2 • Dans l'office asmatique, le Psaume
103 suivait le Psaume 85, aux vêpres du dimanche soir3 • On ne
sait pas avec exactitude à quelle époque ce psaume est entré dans
le déroulement des vêpres palestiniennes. La Narration de Jean
et Sophrone (VIle siècle) ne le mentionne pas 4 • Selon Matéos, la
première allusion serait de saint Théodore le Stoudite dans ses
Grandes catéchèses (VIlle siècleS). TI est cependant bien attesté dans
l'horologion Sin. gr. 863 du IXe siècle. Dans la pratique des horo-
logia imprimés actuels, on répète à la fin du psaume les versets 19,
20 et 24. Le Psautier suivi, ne donnant que l'incipit du psaume,
n'apporte aucun détail à ce sujet. Ainsi, il reste peut-être fidèle
à une tradition palestinienne plus ancienne, attestée par l'ancien
horologion Sin. gr. 863 qui ignorait une telle répétition6 •
Le Psautier suivi ne nous dit rien quant à la récitation secrète
par le prêtre des prières presbytérales pendant le Psaume 103,
une réforme prévue par la diataxis de Philothée7 • Toutefois, cela
ne signifie pas nécessairement que cette pratique n'était pas
connue, puisque l'horologion est avant tout destiné au lecteur et
non pas au prêtre, et que ces prières font partie de l'euchologe
(Sluzhebnik ou Trebnik8 ). Tout comme les prières matutinales
dont nous avons parlé plus haut, ces dernières proviennent égale-
ment de l'ancien office asmatique et étaient destinées, à l'origine,
à accompagner les divers antiphones et actions liturgiques, dont

1. KHnPHAH, llCMmupb C 6ocC.ileào6aHUe.M, f. 175 v.-178. ~.


2. O. STRUNK, (,Byzantine Office at Hagia Sophia'), p. 184.
3. M. ARRANz, (lL'office de l'Asmatikos Hesperinos ("vêpres chantées") de l'ancien
Euchologe byzantin,), OCP 44 (1978), p. 393.
4. JEAN ET SOPHRONE, Narration, 1,5, p. 251.
5.THÉODORE LE STOUDlTE, Grandes catéchèses, livre Il, catéchèse 115 Sermo 73 =
dans A. MAI, Nova Patrum Bibliotheca IX, Rome, 1888, p. 206. Voir J. MATEOS, (ILa
synaxe monastique des vêpres byzantines», OCP 36 (1970), p. 261.
6.Voir J. MATEOS, (IUn horologion inédit de Saint-Sabas»,.p. 69.
7. J. GOAR, EuXOMSyLOv sive Rituale Grœcorum complectens, Paris, 1647, p. 2-3.
8. n faut savoir qu'aucun livre liturgique byzantin ne donne le texte d'un 'office
in extenso. Les différentes parties sont regroupées dans des livres différents selon les
~""'+~",,,,,,,,,,,,",f]oT'lo1"Q ("\11 <:l.plnn lf"~ ("vc.'e~ 11:tuI's:!iaues.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 189

elles concluaient habituellement les ecténies diaconales. Suite à


A. Dmitrievsky, M. Arranz a aussi étudié les prières du lucernaire
(eùXàç 'toi) À:UXVlKOi) - tK'llTltA IlHH'JHIl'dI MOAHTKhI) dans le détail et en
a bien montré le lien avec l'office asmatique 1 • Ce que nous avons
dit des prières matutinales s'applique également aux prières du
lucernaire: ces prières de l'office asmatique furent introduites par
les Stoudites dans 1'office monastique palestinien et étaient lues
à divers moments de la célébration. Cependant, dans les anciens
manuscrits liturgiques de rédaction stoudite du XIVe siècle, leur
nombre varie d'un manuscrit à l'autre2 •
Nous avons déjà remarqué que la question du nombre exact
de prières presbytérales devant être lues durant l'office avait été
soulevée par 1'higoumène Athanase au moment de la réforme
liturgique du métropolite Cyprien. Ce dernier lui avait répondu :
«Aux vêpres, il y a six prières, la septième est celle de l'entrée et
la huitième se trouve à la fin des vêpres après l'ecphonèse3 .}) Cette
réponse de Cyprien est problématique.
Nous avons vu dans la première partie que le Sluzhebnik attribué
au métropolite Cyprien (Syn. 344) comptait dix prières au total
pour les vêpres 4 • Comme l'explique M. Arranz, cette série de dix
prières est constituée des sept prières lues actuellement pendant
le psaume initial, avec l'ajout, avant la cinquième prière actuelle,
d'une vieille prière disparue depuis ((Béni es-tu, Seigneur, Dieu
Pantocrator, qui connais la pensée des hommes}»), auxquelles vien-
nent s'ajouter la prière de 1'entrée et la prière d'inclinaison. On
retrouve exactement la même série de prières dans une autre ver-
sion du Sluzhebnik attribué au métropolite Cyprien, le Typ. 1295 •
Cette cinquième prière qui a disparu définitivement de nos livres
liturgiques au XVIIIe siècle6 était, dès le VIlle siècle, la prière du

1. Voir A. )l;MHTPHEBCIŒ:R, «Be'lepHIDI MOJIHTBbI », PyICCII 33 (1888), p. 494-507; 36


(1888) p. 20-32; M. ARRANz, «Les prières sacerdotales des vêpres byzantines'}, OCP
37 (1971) p. 85-124; «L'office de l'Asmatikos Hesperinos ("vêpres chantées") de l'an-
cien Euchologe byzantin,}, OCP 44 (1978), p. 107-130,391-419.
2. A. )l;MHTPHEBCIŒ:R, «Be'lepHIDI MOJIHTBbI}), PyICCII 33 (1888), p. 496-497.
3. «Ha Be'lepHH y60 MOJIHTBbI IIIeCTb, a Ce,ll;bMaJI BblXO,ll;HaJI, a OCbMaJI IIO HCIIOJIHeHiH
Be'lepHJIH H no B03rJIaIIIeHiH» (IIABHOB, KaHoHu'IeclCue naMJ/mHulCu, col. 265).
4. fOPCIŒ:R H HOBOCTPYEB, OnucaHue, p. 18. Des extraits de ces dix prières sont com-
parés aux onze prières du Trebnik Syn. 375 dans MAHCBETOB, MumponoAum KunpuaH,
p. X-XTI.
5. M. ARRANz, «Les prières presbytérales des matines byzantines'}, OCP 38 (1972),
p. 75-76. Voir également M. CKABAJillAHOBH'l, TOAIC06bllJ TunulCoH, B. 2, Kiev, 1913,
p.74.
6. Cette prière fut jugée «facultative'} par le métropolite Pierre (Moghila) de
.

~
.Kiev dans son Sluzhebnik (1629) mais demeura imprimée dans toutes les éditions
.. . ukrainiennes du Sluzebm"k jusqu'au xvme siècle. Voir A. ~MHTPHEBCKHH, «BeqepHHH
., MOJIHTBbV>, PyKCn 33 (1888), p. 503-507; M. CKABAJIJlAHOBH'l, ToAK08b/1Ï TllnIlKOH, B. 2,
'. Kiev, 1913, p. 75.
190 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

cinquième antiphone des vêpres asmatiques. Néanmoins, par son


contenu, et particulièrement dans la demande finale - «Rends-
nous capables dans l'abondance de ta miséricorde d'invoquer ton
Nom avec une conscience pure, et ne nous induis pas en tenta-
tion, mais délivre-nous du Malin» -, on estime qu'à l'origine cette
prière était destinée à accompagner non pas un psaume, mais une
synaptie de demande ou le Notre Père. Étant la seule prière dont
le contenu n'était pas exclusivement vespéral et de plus inspirée
par le Nouveau Testament, elle était destinée à disparaître de la
série des prières du lucernaire essentiellement inspirées par les
psaumes des anciens antiphones des vêpres asmatiques 1 .
Comment expliquer que le Sluzhebnik comprenne dix prières,
alors que Cyprien dit à Athanase qu'il n'yen a que huit? À ce
propos, 1. Mansvetov suggérait que le métropolite dans sa réponse
à l'higoumène n'aurait pas compté la cinquième prière disparue
de l'usage actuel «<Béni es-tu, Seigneur, Dieu Pantocrator, qui
connais la pensée des hommes») et qui n'apparaît pas dans bien
des manuscrits, ainsi que l'actuelle septième prière «< Ô Dieu
grand et sublime») qui, à l'origine, était la prière du congé. Dans
ce cas, la prière de l'entrée devient effectivement la septième. On
trouve une telle répartition des prières dans le Trebnik Syn. 372
(900 2).
Comme le remarque A. Dmitrievsky, si cette hypothèse est
plausible, elle n'explique pas la raison qui a poussé le métropolite
Cyprien à considérer ce dernier type de manuscrit peu répandu
comme modèle à suivre3 • Néanmoins, la réponse de Cyprien à
l'higoumène Athanase témoigne du fait que sa réforme liturgique,
à une époque où le nombre de prières presbytérales aux vêpres
ne s'était pas stabilisé, impliquait du moins la récitation à voix
basse par le prêtre d'un certain nombre de prières (six dans la
pensée de Cyprien) pendant le Psaume 103 4 • Ainsi, le destin des
prières du lucernaire a été le même que celui des prières matu-
tinales. Dans un mouvement de réforme et de synthèse, un cer-
tain désir de revenir à la simplicité de l'office palestinien qui ne
connaissait pas ces prières presbytérales a regroupé les prières des
vêpres en un bloc et leur a fixé une récitation non audible par
l'assemblée et réservée exclusivement au prêtre et ce, sans doute
par conservatisme.

l.M. ARRANz, «Les prières sacerdotales des vêpres byzantines», OCP 37 (1971),
p. 101-103.
2. MAHCBETOB, MumponoAum Kunpuan, p. 153-154.
3. A. )l.MHTPHEBCKHil, «BeqepHIDI MOJIHTBhl», PyKCII 33 (1888), p. 499.
4. Le nombre de prières du lucernaire ne sera d'ailleurs toujours pas régularisé aux
xve_XVIe siècles. Voir à ce sujet A. )l.MHTPHEBCKHH, BOZOC/ly31cellue 6 PyCCKOÜ I{epK6u e
XVIe., Kazan, 1884, p. 9-13.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 191

Dans le déroulement des vêpres, viennent ensuite la synaptie de


paix et la psalmodie d'un cathisme. Après la récitation du Psautier,
vient le chant des psaumes vespéraux (140, 141, 129 et 116),
dont au moins le premier est attesté dans la Narration de Jean et
Sophrone (VIIe siècle) par l'expression: «Kupt€ ÈlCÉlCpOçOl.) Nous
remarquons, comme pour les laudes des matines, la présence d'un
refrain pour les deux premiers versets du Psaume 140 :
Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi (Ps 140, 1).
R. : Exauce-moi) Seigneur.
Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi. Sois attentif à la voix de
ma supplication lorsque je crie vers Toi (Ps 140, 1).
R. : Exauce-moi) Seigneur.
Que ma prière s'élève comme l'encens devant Toi, l'élévation de
mes mains, le sacrifice vespéral (Ps 140, 2).
R. : Exauce-moi) Seigneur.
Puis il est dit qu'on interprète les autres versets sans refrain 2 •
Cette structure avec refrain nous rappelle, une fois de plus,
l'exécution des antiphones de l'office asmatique avec leurs
divers refrains 3 • Nous savons d'ailleurs que «Exauce-moi,
Seigneur) (' EmllCoucrôv J.l.0U, Kupt€) était l'un des dix refrains
intercalés aux psaumes du Psautier constantinopolitain4 • Cette
exécution nous rappelle plus particulièrement celle du Psaume
140 qui formait dans l'office des vêpres asmatiques le dernier
('t€A.€U'totov 5) des huit antiphones des vêpres 6 • Par ailleurs, si
l'on en croit l' Horologion de Grottaferrata, la tradition stoudite
connaissait un refrain différent pour chacun des trois psaumes
du lucernaire? En spécifiant qu'on interprète les autres versets
sans refrain, le Psautier suivi marque une rupture par rapport
aux anciens usages stoudites et asmatiques.
Aux derniers versets des psaumes vespéraux (141, 129 et 116)
sont intercalées des stichères. Le Typikon sabaïte peut prescrire
normalement jusqu'à dix stichères au lucernaire, à la différence

1. JEAN ET SOPHRONE, Narration, I, 6, p. 251.


2. KHIlPHAH, llCQ.llmUpb C 60CC/leiJ06aIlUe.M, f. 175 v.
3. JIHCHIU>IH, llep60llQIIQ.llbllbiU Cna6J/llo-PycCKUU TunuKolI, p. 85.
4. O. STRUNK, «Byzantine Office at Hagia Sophia,), p. 185.
5. M. A,pPAHU;, OKO aepK06l1oe- HcmopWl TunuKolla, Rome, 1998, p. 52; M. ARRANz,
«L'office de l'Asmatikos Hesperinos ("vêpres chantées") de l'ancien Euchologe
byzantin,), OCP 44 (1978), p. 400.
6.Voir l'exemple tiré d'un antiphonaire slave dans: H. p;. YCIlEHCKHil:, «qHH Bce-
Ho~oro Ô,IJ;eHIDI Ha IIpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B PyCCKOH I.J;epKBH)), ET 19 (1978),
p. 21. En fait, l'exécution de «KUptE EKEKPOÇO') dans la Grande Église était beau-
coup plus compliquée, avec des refrains variant selon les jours de semaine, sur un
cycle de deux semaines. Voir O. STRUNK, «Byzantine Office at Hagia Sophia,), p. 195,
201-202.
7:DpoÂorwv O"llV 8ecij ayiw 1Œpiexov njv ilJ.lEPOVVICTIOV rijç ÉICICÂT/uiaç aICoÂOv8iav
rijç iepaç ICai 1Œp!fJklrroV Jlovfiç rijç Kpvm:orpéPPT/ç, Grottaferrata, 1950, p. 140-142.
192 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de la tradition stoudite qui n'en prévoyait que huit au maximum.


Notre Psautier suivi indique, en effet, qu'il est prévu dix versets
pour l'office dominical du samedi soir, huit pour les grandes
vêpres des grandes fêtes et six pour les jours ordinaires.
Vient ensuite dans le déroulement des vêpres l'hymne du soir,
«Lumière joyeuse» (<I>roç Lwpov - tKiTf 'l'H,,I.IH), une hymne déjà
attestée par saint Basile comme très ancienne et qui l'attribue
au martyr Athénogène 1, présente dans la Narration de Jean et
Sophrone (vue siècle2) et dont le texte complet se trouve dans
l'horologion Sin. gr. 863 du IXe siècle 3 .
Le Psautier suivi donne ensuite les divers prokimena du soir, en
fonction des jours de la semaine. Pour le samedi soir, nous avons
trois versets du Psaume 92 (la, lb et le). Les éditions actuelles
ajoutent un quatrième (Ps 92, Sb). Dans l'ancien horologion Sin.
gr. 863 du Ixe siècle, on ne rencontre que les trois premiers qui
sont les versets pour l'Alléluia le dimanche soir4. Par conséquent,
par son choix de versets le Psautier suivi témoigne d'une pratique
plus ancienne que celle des horologia imprimés. Le choix des ver-
sets des prokimena des autres jours de la semaine est toutefois le
même que dans les horologia imprimés.
Pour les dimanches de la Sainte Quarantaine, le Psautier suivi
nous donne deux grands prokimena qui sont chantés en alter-
nances. lis n'ont que deux versets alors que, dans la pratique
actuelle, il y en a trois. Dans l'ancien typikon sabaïte Sin. 1094
(XIIe siècle), ces prokimena n'avaient qu'un seul verset (les pre-
miers de notre usage actue16 ). Ainsi, le Psautier suivi présente une
étape intermédiaire entre une pratique palestinienne plus ancienne
et l'usage actuel.
Pour les autres jeûnes, lorsqu'il n'y a pas de trop aire du saint
du jour et que l'on célèbre l'office d'Alléluia, le Psautier suivi pré-
voit un verset psalmique pour chaque jour de la semaine devant
accompagner l'Alléluia qui remplace le prokimenon vespéral?
Ce sont les mêmes versets que prévoit le typikon Sin. 1094

1. Saint BASILE, Traité du Saint-Esprit 29, 73, SC 17, trad. B. Pruche, Paris, 1945,
p. 250-251.
2.JEAN et SOPHRONE, Narration, l, 7, p. 251. Voir M. ApPAHIJ;, OKO I.I,ep~o8Hoe
- HcmopWl TunuKoHa, Rome, 1998, p. 57.
3.}. MATÉOS, «Un horologion inédit de Saint-Sabas», p. 56,70-74. Sur le «IIIô)ç 1.A.a-
POV», voir E. R. SMOTHERS, «1IIô)ç lA.apOV», Recherches de sciences religieuses 19 (1929),
p. 266-283; A. TRlPOLITIS, «1IIô)ç 1.À.upov - Ancient Hymn and Modem Enigma»,
VC 24 (1970), p. 189-190. Lire également notre étude: J. GETCHA, «1IIô)ç 1.A.apov.
Doxologie vespérale de la sainte Trinité», Le Feu sur la terre. Mélanges offerts au Père
Boris Bobrinskoy pour son BOo anniversaire, AS 3, Paris, 2005, p. 93-99.
4.J. MATÉos, «Un horologion inédit de Saint-Sabas», p. 57,75.
5. KHIlPl\AH, IIcaJlmupb C eocCJleàOeaHueM, f. 176 v., 268.
6. Sin. gr. 1094, f. 70 v., 79 v. lÉdité par LoSSKY, Le Typikon byzantin, p. 243, 253.1
7 . KKUPRAR, IIcaJlmupb C eocCJleàOeaHUeM, 1. 177. J
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 193

du XIIe siècle 1, et on les retrouve dans les horologia imprimés


même si l'office d'Alléluia n'est pratiquement plus célébré de nos
jours.
Vient ensuite dans le déroulement des vêpres la prière «Daigne,
Seigneur}) déjà attestée à cet endroit par la Narration de Jean et
Sophrone (vue siècle2) et dont le texte complet se trouve dans
l'horologion Sin. gr. 863 du IXe siècle3 • Le Psautier suivi donne
ensuite, comme tous les horologia, les versets psalmiques destinés
à être intercalés les jours de semaine aux stichères apostiches. Puis
on dit le cantique de Syméon (Lc 2, 19-32), également attesté par
la Narration de Jean et Sophrone (vue siècle4), suivi des prières du
Trisagion, après lesquelles sont chantés les tropaires du congé se
trouvant dans la Ménée. Les jours d'Alléluia, on chante des tropaires
particuliers, dont le texte se trouve dans l'Horologion : «Théotokos et
Vierge}), «Baptiste du Chrisu, «Intercédez pour nous, saints apôtres})
et «Sous ta miséricordeS}). Pour les jours où l'office d'Alléluia a été
chanté, les vêpres ont, comme dans la pratique actuelle, une fin par-
ticulière avec métanies et la prière de saint Éphrem.
Après l'office des vêpres, il est prévu par le Psautier suivi que
les moines aillent se restaurer au réfectoire· où a lieu de nouveau
un office de table un peu plus simple que celui de midi décrit
plus haut6.

L'apodeipnon.

L'apodeipnon est récité après le repas du soir comme l'indique


l'étymologie de ce mot grec (à1toô€t1tvov7). Cet office est très
ancien puisqu'il est attesté dès le IVe siècle par saint Basile et saint
Jean Cassien8 • Toutefois, il paraît évident qu'il a connu un grand
développement au fil des siècles. Dans le Psautier suivi, nous
trouvons deux acolouthies de l'apodeipnon : la première corres-
pond à notre grand apodeipnon actuel et la seconde à notre petit
apodeipnon9 .
Notre grand apodeipnon actuel est composé de trois par-
ties différentes quant à leur contenu et à leur longueur. Le

1. Sin. gr. 1094, f. 2 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 141.]


2.]EAN ET SOPHRONE, Narration, I, 7, p. 251. Voir M. ApPAHl\, OKO !JepKo6Hoe
- lfcmopWl TunuKoHa, Rome, 1998, p. 57.
3.J MATÉos, <,Un horologion inédit de Saint-Sabas'}, p. 58, 75.
4. JEAN ET SOPHRONE, Narration, I, 8, p. 251.
5. KHIIPHAH, DC(J/Imupb C 6ocC/leào6aHUeM, f. 177 v.
6. Ibid., f. 178-178 v.
7.J PARGOIRE, <'Apodeipnon», DACLI, 2, Paris, 1907, col. 2579.
8. Ibid., col. 2579-2582.
9. KHrrPHAH, DC(J/Imupb C 60cC/leào6aHUeM, f. 178 v.-187 v.
194 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

petit apodeipnon, qui ressemble beaucoup à la troisième partie


du grand, présente une certaine rédaction de ce dernier. Selon
E. Diakovskij, il convient de considérer la première partie du
grand apodeipnon comme l'apodeipnon à proprement parler. Les
autres parties sont en fait une série d'acolouthies qui étaient à
l'origine complètement indépendantes et qui s'y sont rattachées
par la force des choses. Par exemple, on retrouve l'ancêtre de la
seconde partie du grand apodeipnon dans l'horologion Sin. gr. 868
(XIrre-XWe siècle), où cette partie est appelée «heure intermédiaire
de l'apodeipnon 1 ~). Quant au «petiu apodeipnon, il correspond
dans l'horologion Sin. gr. 866 à la· troisième partie du «grand~)
apodeipnon, à l'exception de celui qui est lu pendant la Sainte
Quarantaine2 • Ainsi, selon E. Diakovskij et M. Skaballanovitch, il
faut rechercher l'origine de ces appendices à l'apodeipnon dans
l'ordo des douze psaumes, ce qui explique la parenté entre cer-
tains psaumes, trop aires et prières qui se retrouvent à la fois dans
l'apodeipnon et les heures intermédiaires du jour3 • A. Raes a émis
l'hypothèse que la deuxième partie de notre grand apodeipnon
actuel serait un vestige de la pannychis, disparue depuis, et qui
était reliée aux vêpres ou précédait les matines. Le Typikon de
l'Évergétis (XIIe siècle) précise en effet que la pannychis pendant
les jeûnes n'était pas unie aux vêpres, mais que son canon était
récité à l'apodeipnon. De même, Raes pense que la troisième
partie de l'apodeipnon était à l'origine un petit office des défunts 4 •
Selon S. Pétridès, à la laure de Saint-Sabas, l'apodeipnon était
récité en cellule par les moines, alors qu'il était récité à l'église par
les moines des monastères palestiniens cénobitiques 5 •
Le Psautier suivi précise que, durant la Sainte Quarantaine,
nous commençons le grand apodeipnon par le Psaume 69 après
lequel est chanté le canon de la Théotokos. Pendant la première
semaine, c'est le grand canon de saint André de Crète qui est lu
à cet endroit. Dans la pratique actuelle, du moins chez les Slaves,
seul ce dernier canon est lu à cet endroit, les autres cartons ont
été reportés après la doxologie de la troisième partie6 • La pre-
mière partie est composée de six psaumes (4,6, 12,24, 30, 90).

1. E . .n:HAKOBCKH~, «IIocJIeiJ;oBIlHHe HOqHblX qaCOB», TK,aA 7-8 (1909), p. 581.


2. Ibid., p. 583.
3. Ibid., p. 584-585; M. CKABAJIDAHOBHq, TOAK08b1U TunuKoH, B. 1, Kiev, 1910,
p. 425 s.
4. A. RAIls, «Les complies dans les rites orientaux)~, OCP 17 (1951), p. 138.
5. S. PÉTRillÉs, (,Apodeipnom, DACL 1,2, Paris, 1907, col. 2583.
6. Même si l'Horologion grec imprimé prévoit toujours le chant du grand canon
après le Psaume 69 au début du grand apodeipnon ~o.pof...6'Y\OV 'to llÉ'Ya, Athènes,
1995\ p. 200), la pratique (constantinopolitaine) actuelle veut que lui aussi soit reporté
après la doxologie, à la fin de la troisième partie. S. PÉTRillÈS, ~Apodeipnom, DACL
1, 2, Pari.s, 1907, col. 25'63.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 195

Signalons que ce dernier, le Psaume 90, apparaît toujours parmi


les psaumes du grand apodeipnon grec et des complies latines.
Après ces six psaumes, on chante les versets de la prophétie
d'Isaïe (8,9-11.12-15.18; 9, 2.6) avec le refrain: «Car Dieu
est avec nous) (Is 8, 9) qui s'intercale après chaque verset. Il
semble que ce chant remonterait au IVe siècle et serait en fait un
antiphone introduit par saint Basile à Césarée!. Puis on chante
trois tropaires symétriques en l'honneur des trois personnes
divines qui commencent par : «Le jour étant passé ), puis un
trop aire en l'honneur de la Sainte Trinité (< La nature incorpo-
relle des Chérubins)). Après ces tropaires, le Symbole de foi
est récité. Vient ensuite une série de versets répétés deux fois et
chantés alternativement par les deux chœurs. Pendant que l'un
des chœurs chante le verset, l'autre fait une métanie. À cause
des nombreuses métanies accompagnant ces versets, on sup-
prime les métanies du Trisagion qui suit. Après le Notre Père,
on chante les trop aires. La rubrique du Psautier suivi nous dit
que si c'est un dimanche ou une fête despotique, nous chantons
le trop aire dominical ou de la fête avec son théotokion. Cette
rubrique reflète un usage plus ancien, où le grand apodeipnon
était célébré non seulement la veille du mercredi et du vendredi
des laitages, les soirs de semaine de la Sainte Quarantaine, le
soir des trois premiers jours de la Grande Semaine, et pour la
paramonie de la Nativité, de la Théophanie et de l'Annonciation,
comme c'est le cas dans la pratique actuelle 2 , mais aussi la veille
des dimanches et des fêtes 3 • Il s'agit d'un vestige de la pratique
stoudite.
Comme l'explique A. Dmitrievsky, l'ordo stoudite distinguait
trois types d'apodeipna. Les typika stoudites ne précisent pas
le déroulement de l'apodeipnon ordinaire, mais nous pouvons
déduire qu'il correspondait à la première partie de notre grand
apodeipnon qui, lui aussi, était célébré pendant le Carême4 • Le
petit apodeipnon des Stoudites commençait par la lecture du der-
nier des six psaumes de la première partie de notre grand apo-
deipnon, le Psaume 90 (< Celui qui demeure sous la protection du
Très-Hauh). Ce type d'apodeipnon était célébré par les Stoudites

1. Ibid., col. 2583; BRIGHTMAN, Liturgies Eastern and l%stern, Oxford, 1896; t. I,
p.570.
2. K. HHKOJIbCKHA:, IIoco6ue K u3y'leHU/O ycmaBa 6020C/lY3/CeHliJ/, Saint-Pétersbourg,
1900, p. 147.
3. A. AMHTPHEBCKHA:, BOZOC/lY3/CeHUe 6 PyCCKOÜ l(epK6u 6 XV/B., Kazan, 1884, p. 4.
N. Uspensky signale qu'en Russie on a parfois ajouté au déroulement de l'agrypnie
l'apodeipnon et le mesonyktikon. Voir H. A. YCIIEHCKHA:, «qHH BCeHOII(HOrO 6,ll;eHIDI Ha
IIpaBocJIaBHOM BocToKe H B PyCCKOH IJ;epKBH», BT 19 (1978), p. 6.
4. Voir IIEHTKOBCKHA:, TunuKoH, p. 240.
196 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de l'Ascension jusqu'au dimanche de Tous les Saints l , la veille des


dimanches et des fêtes du Seigneur, et la veille des fêtes de grands
saints2 • Le troisième type d'apodeipnon, encore plus abrégé, com-
mençait directement par le chant de «Dieu est avec nous». li était
célébré par les Stoudites le soir du Grand Vendredi3, du lundi de
l'Antipascha jusqu'à l'Ascension4, ainsi que la veille de certaines
occurrences de fêtes de la Mère de Dieu5 • Dmitrievsky explique
que cette pratique stoudite a survécu lors de l'introduction du
Typikon sabaïte au xve siècle en Russie. À la suite de l'introduc-
tion du Typikon sabai'te, le petit apodeipnon d'aujourd'hui était
lu (en cellule) les jours où il y avait une agrypnie, où l'on faisait
mémoire d'un saint avec Polyéleos, du dimanche de Thomas au
dimanche de Tous les Saints, du 24 décembre au 14 janvier et
les dimanches du carnaval et des laitages. Le petit apodeipnon
stoudite, commençant par le Psaume 90, était lu toute l'année, à
l'exception des périodes de jeûne et des jours avec «Alléluia» où
le grand apodeipnon était prescrit. li s'agit donc ici d'un vestige
stoudite ayant survécu à l'introduction du Typikon sabai'te6 •
Pour les jours de jeûnes, le Psautier suivi donne deux séries de
trop aires qui doivent être chantés en alternance, jour après jour.
Après la bénédiction du prêtre, on lit la prière de saint Basile
- «Seigneur, Seigneur, qui nous as délivrés de toute flèche volant
le jour» - où l'on demande au Seigneur un repos tranquille et
libre d'imaginations mauvaises.
Commence alors la deuxième partie de l'apodeipnon. Elle est
composée des Psaumes 50 et 101 et de la prière de Manassé,
des prières du Trisagion suivi des tropaires pénitentiels ((Aie pitié
de nous, Seigneur, aie pitié de nous ... »). Après la bénédiction
du prêtre, on lit la prière de saint Mardaire, martyr du IVe siècle,
que l'on récite aussi au mesonyktikon et à la fin de la troisième
heure.
Après cette prière, on commence la troisième partie de l'apo-
deipnon composée des Psaumes 69 et 142. Le Psautier suivi rap-
pelle que, si c'est la grande quarantaine, on omet le Psaume 69
puisqu'il a été récité au début de l'office. Après quoi on lit la

1. Voir ibid., p. 271.


2. Par exemple, la veille du samedi de saint Théodore Tiron, à cause de la fête du
saint: llEHTKOBCKRt'I., TUnUKOH, p. 240. Au sujet de l'apodeipnon la veille des fêtes de
la Mère de Dieu: ibid., p. 280.
3.Voir ibid., p. 254.
4.Voir ibid., p. 262, 27l.
5.Voir ibid., p. 280.
6.Voir 1\.. ~~1<W.BClŒ.tI., ('D01:ocnyxellRe 11 ~CCKOR TI,ellKllR 11 nellllble IDITh
BeKOll)), \..\~n), il. 3S1-3SQ. Nl:n.on'~ au ila'!.'!.a'è,e ~ue Dmitriev'!.'l!ilfuw\!',\le le ~g!anÙ~i'
ailOÙe\ilnOn ùe ~ailOÙe\ilnOn Q!&naue, ce ~u1, à nQtre n.umble av\'!., n:a ila'!. \leu d'être., ,;'
"aT cQn'!.éuuent, 'Il ùéfulit ~uatre t'flle'!. d'ailQùe1iltla cn.e'l. le'!. StQumte'!. illuti'lt ~ue tr(i t
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 197

doxologie dans sa rédaction hiérosolymitaine (( Gloire à Dieu au


plus haut des cieux~), «Seigneur, Tu fus pour nous un refuge
d'âge en âge~) et «Daigne, Seigneun). Comme nous l'avions
remarqué plus haut, c'est ici que dans la pratique actuelle se
place le canon à la Théotokos. Mais selon l'usage du Psautier
suivi, ce canon est placé au début de l'office. Puis on dit les
prières du Trisagion. Le Psautier suivi donne ensuite les trop aires
des jours de la semaine qui sont chantés lorsque ce n'est pas la
quarantaine. Cela reflète une fois de plus l'usage du xve siècle
où, sous l'influence stoudite, le grand apodeipnon n'était pas
célébré exclusivement pendant la Sainte Quarantaine; mais l'était
aussi en d'autres jours de l'année. Pour les jours de la Sainte
Quarantaine et autres jours de jeûne, il est prescrit, comme dans
le.s horologia imprimés actuels, de chanter les versets du Psaume
150 avec comme refrain : «Seigneur des Puissances, sois avec
nous~) (Ps 45, 7). Les versets de cet antiphone sont dits alternati-
vement par les deux chœurs. Cet antiphone est suivi de quelques
tropaires. Après les quarante «Kyrie, eleison~), la prière des heures
((Toi qui en tout temps~» et la bénédiction du prêtre, on dit
les jours de jeûne la prière de saint Éphrem avec les métanies
et les prières du Trisagion. Les autres jours, on dit directement
après la bénédiction la prière de saint Paul, fondateur du monas-
tère de l'Évergétis à Constantinople (XIe siècle), «Immaculée,
sans tâche ~), et celle de saint Antiochus, auteur des Pandectes
(vue siècle), (<Et donne-nous, Maître, à nous qui allons nous
couchen. Puis ont lieu le congé final et le rite du pardon, de
la même façon qu'au mesonyktikon. Pendant la grande quaran-
taine, à la place du congé habituel, le prêtre dit la prière «Maître
très miséricordieux ~), alors que toute l'assemblée est prosternée
face contre terre. Après le rite du pardon, le prêtre dit une litanie
finale. Le Psautier suivi précise qu'après avoir fait une métanie
au président (ltpoeO"'tolç), les moines se retirent en silence dans
leur cellule pour prier. Ils peuvent lire le Psautier (seuls en cel-
lule ou en groupe), ou étudier les Écritures. Les plus zélés lisent
en cellule les prières du coucher!.
Le Psautier suivi décrit ensuite le déroulement du petit apo-
deipnon2 • S. Pétridès estime que cette acolouthie est apparue vers
le XIIIe siècle3 . Saint Syméon de Thessalonique témoigne du fait
qu'au début du xve siècle on distinguait ce petit apodeipnon du
grand, qui n'était alors chanté que les soirs de semaine pendant la
Sainte Quarantaine4 • Cependant, selon A. Dmitrievsky, à l'époque

~
'

,, 1. KHIIPHAH, llCaJlmUpb C 6ocC'/eào6aHUeM, f. 187 v.-189 v.


"" " 2. Ibid., f. 189 v.-190.
"',3., S. l'ÉTRIDÉs, «Apodeipnon.}, DACL I, 2, Paris, 1907, col. 2587.
'~, YMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, 343, PG 155, col. 620.
198 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

du métropolite Cyprien en Russie, notre petit apodeipnon devait


être lu (en cellule) les jours où il y avait une agrypnie, où l'on fai-
sait mémoire d'un saint avec Polyéleos, du dimanche de Thomas
au dimanche de Tous les Saints, du 24 décembre au 14 janvier et
les dimanches du carnaval et des laitages!.
Comme nous l'avons dit, l'acolouthie du petit apodeipnon res-
semble beaucoup à la troisième partie du grand apodeipnon et en
présente une certaine rédaction. Elle commence par les Psaumes
50, 69 et 142, suivis de la doxologie dans sa rédaction hiérosoly-
mitaine et du Symbole de foi. Le canon vient après la doxologie
et le Credo, suivi de l'hymne à la Mère de Dieu « li est digne en
vérité). Après les prières du Trisagion, on chante les tropaires du
jour ou le kondakion de la fête ou l'hypakoï du ton, le samedi
soir. Après les quarante «Kyrie, eleison), la prière des heures (<Toi
qui en tout temps)) et la bénédiction du prêtre, on dit la prière
de saint Paul l'Évergète, «Immaculée, sans tâche), et de saint
Antiochus, «Et donne-nous, Maître, à nous qui allons nous cou-
chen). Puis on fait le congé final.

La célébration de l'agrypnie.

Comme nous l'avions déjà remarqué, la célébration de l'agrypnie


est une particularité du Typikon sabaïte. Ainsi, la réforme entre-
prise par le métropolite Cyprien a introduit cet usage en Russie,
qui a entraîné une nouvelle rédaction des livres liturgiques. Cette
nouvelle rédaction était nécessaire puisqu'il a fallu ajouter l'office
des petites vêpres célébré avant le repas du soir avec lequel il est
intimement lié et qui précède la célébration de l'agrypnie2 •
Toutefois, comme le remarque N. Uspensky, l'office des petites
vêpres est une création de cette époque de réformes, alors que
le Typikon sabaïte va être diffusé dans les monastères cénobi-
tiques et dans les églises séculières. Dans l'ancienne tradition de
la laure de Saint-Sabas, l'office des petites vêpres n'existait pas,
et l'agrypnie durait du coucher au lever du soleil. Mais pour les
moines cénobites, à la différence des anachorètes, se rep.dre à
l'église ne représentait pas un grand effort, ni même se rendre
au réfectoire après le congé des vêpres. Par conséquent, lors de
la diffusion du Typikon sabaïte au )(Ne siècle, tant dans le monde
grec que slave, l'agrypnie commencera à une heure plus avancée
du soir, l'office des petites vêpres tiendra lieu de l'office habituel
des vêpres, après lequel on se rend habituellement au réfectoire,

l.Voir A. :u,MKI'PREBClŒ.fI., «nOI'ocnyxeHRe B PyCCKOH ll,epKBH B nepBhle IDITh


BeKOB», lIe 7-8 (1882), p. 359.
2.Voir R. Jl.. 'YCllERCIŒ.fI., \\llilaBOCllaBHa!l. 'Be'l.eIlH!l.}}, BT1 (l960), p. 49-50.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 199

et l'artoclasie perdra son sens initial de substitut au repas du soir


et se transformera en pur rite liturgique!.
Cette réforme a également engendré l'ajout dans les livres litur-
giques de stichères pour la litie des vêpres, des rubriques concer-
nant les lectures patristiques, sans compter la réforme de la fin de
l'office des matines festives avec les laudes et la grande doxologie
en rédaction constantinopolitaine.
Le Psautier suivi ne décrit pas entièrement le déroulement
de l'agrypnie constitué habituellement des vêpres, des matines
et de la première heure. Néanmoins, nous trouvons une men-
tion de l'agrypnie avec une description généralement très som-
maire de cet office aux jours où elle est prévue. Le Psautier suivi
témoigne du fait qu'elle est célébrée la veille des dimanches et
des grandes fêtes, ainsi que la veille d'autres fêtes suivant l'avis
du supérieur2 • Dans la pratique actuelle, l'agrypnie est exception-
nellement composée du grand apodeipnon et des matines à trois
occasions pendant l'année: les veilles de la Nativité du Christ,
de la Théophanie et de l'Annonciation. Le Psautier suivi étant
très bref quant à la description des offices de la Nativité et de la
Théophanie, il ne décrit que le cas de l'Annonciation et ajoute un
cas particulier : celui de la fête de la Sainte Rencontre tombant
pendant la quarantaine. Dans un pareil cas, la litie normalement
prévue aux vêpres fait le pont entre la doxologie de l'apodeipnon
et les matines 3 •
L'agrypnie commence par le chant du Psaume 103. Le Psautier
suivi ne nous dit rien de son exécution. N. Uspensky, qui a
consacré une étude entière à l'histoire de l'agrypnie et a passé en
revue plusieurs manuscrits liturgiques, explique qu'il existe des
différences quant à l'interprétation du Psaume 103 à l'agrypnie
en Russie par rapport au Typikon sabaïte. Tout d'abord, il affirme
que ce psaume n'a jamais été chanté en entier, mais qu'on chantait
plutôt des versets choisis, accompagnés de refrains tels que : (<Tu
es béni, Seigneur fi; « Que tes œuvres sont admirables, Seigneur fi ;
« Gloire à Toi, Seigneur, qui as tout créb - ce qui n'est pas sans
rappeler l'influence de l'office asmatique sur l'office sabaïte
réformé. D'autre part, les Russes n'ont jamais connu les fameux
« anixantaires fi qui se sont largement développés dans l'agrypnie
athonite 4 •

1. H. )J;. YCIIEHCIŒH, «qHH BCeHOIl:\HOrO 6,Il;eHIDI Ha IIpaBocJIaBHoM BocTOKe H B


PyCCKOH U:epKBH)), BT 18 (1978), p. 90.
2.KHIIPIiAH, Ilcl1.IImupb C /locC/leào/ianueM, f. 195 V., 217 V., 218, 221, 223 V., 231,
240 V., 246, 267, 288 V., 289 v.
3. Ibid., f. 232, 240-240 v.
4. H. )J;. YCIIEHCIŒH, «qHH BCeHOII\HOrO 6,Il;eHIDI Ha IIpaBOCJIaBHOM BocToKe H B
PyCCKOH U:epKBH)), BT19 (1978), p. 16.
200 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Tout comme dans l'usage stoudite 1, les veilles des dimanches


et des fêtes, le Typikon sabaïte prévoit également de chanter le
premier cathisme - «Bienheureux l'homme» -, comme le pré-
voyait déjà la Narration de Jean et Sophrone (VIle siècle2). Pour
la veille de la Théophanie, le Psautier suivi prescrit de chanter le
Psaume 1, et si c'est un samedi soir, de chanter tout le premier
cathisme3 . En comparant cette rubrique avec celle de la Sainte
Rencontre 4, nous comprenons qu'il est prévu de ne chanter la
veille des fêtes que le premier antiphone (première gloire), alors
qu'il faut chanter le cathisme entier la veille des dimanches.
L'exécution de ce cathisme, avec comme refrain «Alléluia», n'est
pas sans nous rappeler l'exécution des antiphones impairs de
l'office asmatique 5 • D'ailleurs, on pourrait penser que le terme
«antiphone» pour désigner la première «Gloire» du cathisme
provient de la terminologie constantinopolitaine, à moins qu'il
ne reflète une terminologie hiérosolymitaine archaïque dont
témoigne Égérie6 •
Le Psautier suivi mentionne à plusieurs reprises l'entrée qui se
fait aux vêpres après le lucernaire, une particularité des grandes
vêpres : aux vêpres qui précèdent la liturgie de saint Basile, aux
paramonies de la Nativité et de la Théophanie, le Grand Jeudi et
le Grand Samedi, aux grandes vêpres qui se concluent par les
Présanctifiés pour les jours de fête tombant pendant la Sainte
Quarantaine, ainsi qu'aux vêpres des dimanches soirs de la Sainte
Quarantaine7 • Dans le cadre d'une agrypnie, l'entrée est expli-
citement mentionnée dans la description de l'office de l'Ascen-
sion et de la Pentecôte8 • Comme l'explique N. Uspensky, l'entrée
des vêpres est un emprunt fait par le Typikon sabaïte au Typikon
de la Grande Église où elle faisait partie des vêpres asmatiques.
Uspensky souligne que l'entrée a été particulièrement solennisée
dans l'Église russe par la participation de tout le clergé diocésain
à l'entrée des vêpres à la cathédrale9 •

1. Voir ITElITKOBCKHH, TunuKoH, p. 403-404, 239.


2. JEAN ET SOPHRONE, Narration, I, 6, p. 251.
3. KHIIPHAH, IIcatlmupb C60CC/leiJo6aHUeM, f. 224 v.
4. Ibid., f. 231.
5. O. STRUNK, «Byzantine Office at Hagia Sophia.), p. 185,200; H. A. YCIIEHcKHll:,
«qHH BCeHOlll,HOrO 6,u;eHHlI Ha ITpaBOCJlaBHOM BOCTOKe H B PyCCKOH I.J;epKBH», ET 19
(1978), p. 10-20; H. A. YCIIEHCKHll:, «ITpaBOCJlaBHal! Be'lepHll», ET1 (1960), p. 44-45.
6. Sur le terme antiphonœ chez Égérie, voir ÉGÉRIE, Journal de voyage, éd. et trad.
P. Maraval, SC 296, Paris, 20022 , p. 235, note 5.
7. KHIIPHAH, IIcatlmupb C eocCIleooeaHueM, f. 224 v., 236, 238, 238 V., 240, 243 V.,
268,280,283.
8. Ibid., f. 288 V., 290.
9. R. Jl,. YCIIBHCKH",,-, "TIllaBOCJlaBHali Be'lellHll », BT1 (1960), <\6-<\1 ; R. Jl,. y CttEHCKHR, .{'
,,"l.RH BceHOlll;Horo 6)1,eHHlI Ha TIllaBOCJIaBHOM. BOC'rOKe II B l'yCCKOR ll,ellKBlI», BT 19 ?
(1918), p. 21-23. ; .,.
';
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 201

Un autre élément fondamental de l'agrypnie est la litie des


vêpres. Le Psautier suivi la mentionne explicitement à de nom-
breuses reprises dans le cadre d'agrypnies dominicales et fes-
tales'. À l'origine, la litie était la procession décrite par Égérie,
qui avait lieu quotidiennement à la fin des vêpres dans l'Anastasis
de Jérusalem et qui se rendait à la Croix2 • Cette procession a été
conservée en Palestine, principalement à la laure de Saint-Sabas
où l'on se rendait dans les différentes églises de la laure puis fina-
lement au tombeau du fondateur. Cette procession était accom-
pagnée du chant de stichères et de litanies 3 • Dans la pratique
actuelle, tout comme dans le Psautier suivi, la litie se limite à une
procession accompagnée du chant des stichères de la litie vers le
narthex où est dite l'ecténie.
À la litie est intimement lié le rite de l'artoc1asia ou de la béné-
diction des pains. Comme l'explique N. Uspensky, ce rituel prend
sa source en Palestine, dans les laures de Saint-Euthyme et de
Saint-Sabas, où l'agrypnie était très longue et occupait facilement
toute la nuit, du coucher du soleil jusqu'à l'aurore. Par consé-
quent, les moines avaient besoin de se ravitailler à un moment
de l'office. Lors de la procession dans les différentes églises de la
laure, le prêtre avait pris l'habitude de s'arrêter à la boulangerie
où il bénissait la pâte et les pains que l'allumeur de lampes cou-
pait ensuite en morceaux et distribuait aux frères 4 • De là est née
notre artoc1asia où l'on bénit les pains et, avec eux, le blé, le vin
et l'huile - sans doute par allusion au Ps 4, 7-9 lu habituellement
à l'office de table, le soir. Le pain et le vin sont ensuite distribués
dans l'assemblée pendant la grande lectureS. Il est significatif que
la distribution de ce pain et de ce vin bénits tienne lieu de repas
du soir et qu'elle marque le début du jeûne eucharistique. Il est
intéressant de remarquer que les anciens typika sabaïtes, telle Sin.
gr. 1096, notent qu'{<à partir de cette heure aucun de ceux dési-
rant communier aux Très Purs Mystères n'a le droit de boire de
l'eau6 }).

1. KHIIPHAH, IIcatlmupb C 8OCCJleOOBaIlUeM, f. 217 V., 218, 231 V., 232, 240, 246,
288 V., 290.
2. ÉGERIE, Journal de voyage, 24, 7, éd. et trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 2002 2,
p.240-241.
3. H. )J;. YCIIEHCKHa, « IIpaBocJIaBH8.JI BeqepHJI », BT1 (1960), p. 38; H. )J;. YCIIEHcKHa,
«liRH BceHO~Horo 6,IJ;eHHJI Ha IIpaBocJIaBHoM BocToKe H B PyCCKOH .QepKBH», BT 18
(1978), p. 69-77.
4. H. )J;. YCIIEHcKHa, «qHH BceHO~Horo 6,IJ;eHHJI Ha IIpaBocJIaBHoM BocToKe H B
PyCCKOH .QepKBH», BT18 (1978), p. 75.

~
. 5. KHIIPHAH, DCatlmUpb C BocCIleOOBaIlUe.M, f. 232, 240 v.
. '. 6. «Alto l5è rijç ciipaç Èlcei V1)ç OUIC €Xe1 è';ovcriav lti ver v oorop <> nov axpav't'rov /lV<Tl'l]-
• ~îrov /lE't'uOXetV [3ovÂÔ/lEvoç>} mMHTPHEBCKHa, Onucallue, T. 3, TV1tlICa, q. 2, p. 23-24).
'cf. propo~ de la consomma~on de l'eau, .nous trouvons dans le Psautier suim' Cf. 291)
' ... rubrique semblable qw concerne le Jeûne des Apôtres. TI y est dit que les moines
202 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Nous avons dit que la distribution du pain et du vin se fait pen-


dant la «grande lecture l » qui sert de lien entre les vêpres (ou le
grand apodeipnon) et les matines. Cette lecture, que l'on désigne
généralement par le terme d'àvelyvID01.ç2, peut être la lecture d'une
vie de saint3, d'une homélie patristique4 ou d'un livre bibliques.
Après que les frères se sont ravitaillés et ont écouté la lecture
édifiante, les matines commencent avec l'hexapsalme. Il faut dire
que nous rencontrons d'autres lectures patristiques pendant les
matines de l'agrypnie. Le Psautier suivi mentionne, par exemple,
des lectures après les cathismes 6 , après le Polyéleos7 , après la troi-
sième ode du canons, ou encore après la sixième ode du canon9 •
Ces lectures patristiques peuvent être des homélies - très sou-
vent, on lit les discours de saint Grégoire le Théologien 10 - ou
des commentaires bibliques 11 - de saint Jean Chrysostome, par
exemple.
La partie distinctive des matines festives, dont est composée
l'agrypnie, est bien sûr le Polyéleos et la lecture de l'évangile. Le
Psautier suivi mentionne explicitement le Polyéleos à l'agrypnie
des fêtes de la Rencontre, de l'Annonciation, de l'Entrée du
Seigneur à Jérusalem, de l'Ascension et de la Pentecôte l2 . Pour ce
qui est de l'agrypnie dominicale, il précise que l'on ne chante pas
le Polyéleos du dimanche des laitages jusqu'à l'Exaltation. Cette

ne boivent pas d'eau avant le congé des vêpres, sous-entendu les jours de jeûne. Par
conséquent, il faut conclure que, dans la tradition sabai'te, la pratique du jeûne intégral,
du soir jusqu'au premier repas de la journée, implique même l'abstinence d'eau.
1. KHIIPHAH, IIcaJlmupb C 6ocCIle006a1lUe.M, f. 232.
2. Sur ce terme, voir A. LOSSKY, «Le système des lectures patristiques prescrites au
cours de l'année liturgique par les typica byzantins: une forme de prédication intégrée
dans l'office divin,>, La Prédication liturgique et les commentaires de la liturgie, Conférences
Saint-Serge, 38' Semaine d'études liturgiques, BEL 65, Rome, 1992, p. 138.
3. KHIIPHAH, IIcaJImupb C 6ocCIle006a1lUe.M, f. 231 v.
4. Ibid., f. 240 v.
5. Ibid., f. 288 v., 290. À ce propos, le Typikon sabaïte géorgien du monastère
de Chio-Mgvine du XIII' siècle prescrivait à ce moment de l'agrypnie la lecture des
Actes des Apôtres, de Pâques au dimanche de Tous les Saints, puis, aux autres vigiles
dominicales, la lecture des sept épîtres catholiques, des quatorze épîtres de Paul et
de l'Apocalypse (voir K. KEKEJIH.IJ;3E, JIumYPZUljeCKUe ZPY3UIICKue na.MJImlluKu,::Tbilissi,
1908, p. 317-318; H. ,Il;. YCIIEHCKHH, «qHH BceHo~oro 6,IJ;eHHlI Ha ITpaBOCJIaBHOM
BOCToKe H B PyCCKOH I.J;epKBH», BTlg [1978], p. 77). Cette rubrique très ancienne se
trouve encore dans le Typikon actuel: voir Typikon, Moscou, 1904, chap. II, 1" N.B.,
f. 5 v. Lire à ce sujet: J. GETCHA, «Le système des lectures bibliques du rite byzantin,>,
2002, p. 25-26.
6. KHIIPHAH, IIcaJlmupb C 60CCIleilo6aIlUe.M, f. 258.
7. Ibid., f. 231 V., 289, 290.
8. Ibid., f. 232, 284 v.
9. Ibid., f. 284 v.
10. Ibid., f. 258, 284 V., 290.
11. Ibid., f. 280.
12. Ibid., f. 231, 240 V., 278, 288 V., 290.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 203

période correspond à la période d'été l . li n'est chanté pendant


cette période qu'aux seules fêtes despotiques 2 • Cela implique donc
que le Po1yé1eos est chanté aux vigiles dominicales de l'Exaltation
de la Croix jusqu'au dimanche de la Tyrophagie. Le Psautier suivi
ne précise rien quant au reste de l'année. Toutefois, nous pou-
vons déduire de la rubrique du dimanche des Rameaux qu'il était
prévu de chanter, pour la période où le Po1yé1eos était omis, les
Irréprochables (a~O)vot, Hfn0PuJ'IHH), c'est-à-dire le Psaume 118.
Cette rubrique dit que justement pour ce dimanche qui est une
fête despotique, on chante le Po1yé1eos au lieu des Irréprochab1es 3 •
N. Uspensky retrace ainsi l'histoire du Po1yé1eos 4 • Ce terme
serait apparu pour la première fois dans le Canonarion hiéro-
solymitain du VIle siècleS, mais il s'agit peut-être du Psaume
117 où nous rencontrons à plusieurs reprises l'expression
«car Sa miséricorde est éternelle» (Ps 117, 1-4.29). Selon
lui, la naissance du Po1yé1eos, désignant comme dans la pra-
tique actuelle le chant des Psaumes 134 et 135, serait liée à
la figure de saint Théodore le Stoudite. Ce dernier aurait éla-
boré un système de chant d'Alléluia selon les huit tons pour
accompagner comme refrain les cathismes du Psautier palesti-
nien. Or, dans le Psautier palestinien, les Psaumes 134, 135 et
13 6 forment la première «gloire» (ou stasis) du cathisme 19.
La répétition fréquente de l'expression «car Sa miséricorde est
éternelle» (on dç atffiva 'to ËÀ€OÇ aù'tou) dans le Psaume 13 5
aurait donné le nom de 1toÀuÉÀ€oç à ce groupe de psaumes.
Le Typikon d'Alexis le Stoudite décrit en effet l'exécution du
Po1yé1eos (MHoroMATHIU), qu'il désigne aussi comme la première
gloire du cathisme 19, d'après ce système élaboré d'Alléluia
selon les différents tons 6 • Du Stoudion, le Po1yé1eos aurait été
introduit dans l'office asmatique à Constantinople. Le manus-
crit de Dresde du Typikon de la Grande Église le mentionne, en
effet, pour les matines asmatiques de l'Exaltation de la Croix7 •
De Constantinople, le Po1yé1eos aurait été adopté par la liturgie
patriarcale de Jérusalem où il précédait les Irréprochables et

1. Voir J. MATÉos, (, La psalmodie variable dans l'office byzantin », Societas Academica


Dacoromana,Acta philosophica et theologica, t. II, Rome, 1964, p. 327; M. ARRANz, (,Les
prières presbytérales des matines byzantines'>, OCP 38 (1972), p. 86, note 1.
2. KHIIPHAH, llCal/mUpb C 60CC/leiJo6aHUeM, f. 267.
3. lbid., f. 278.
4. Voir H. )J;. YCIIEHCKH1t, «qHH BceHo~oro 6,l1eHIDI Ha IIpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B
PyCCKOH: ~epKBH)}, BT18 (1978), p. 85-86, note 115.

~
5. Voir K. KEKE.JIH,n3E, Hepycal/UMCKUU ICOHOHapb VII 6eKa, Thilissi, 1912, p. 94 .
. .' 6. IIEIITKOBCKH1t, TUnUKOH" p. 405.
'<_ .' 7. A. A. ~MHTPHEBC~1t, J(pe6HeriUlue nampuapUlue munUKOHbI. CtlJlm02pOÔCKulÏ,
q~;,Hepycal/UMcKUU U BenuKou KnHcmaHmuHonO/lbcKOU IJepK6u, Kiev, 1907, p. 281.
204 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

tenait lieu de troisième cathisme 1• De la liturgie patriarcale de


Jérusalem, il aurait gagné les monastères palestiniens. Il appa-
raît pour la première fois dans le Typikon de Chio-Mgvine,
typikon sabaïte géorgien où ne figure cependant que le Psaume
135 2 • Dans d'autres typika, on indique à la fin du Polyéleos le
chant d'autres psaumes choisis. Selon Uspensky, ces psaumes
seraient venus remplacer, dans un premier temps, le Psaume
136, et auraient été à leur tour peu à peu substitués par des
versets psalmiques «choisis ). Par conséquent, le Psaume 136,
qui faisait partie à l'origine du Polyéleos, n'a survécu dans la
pratique actuelle que dans l'agrypnie du dimanche du Fils pro-
digue, de l'Apocréo et de la Tyrophagie. Toutefois, nous devons
dire que le Psautier suivi ne précise pas de quels psaumes est
composé le Polyéleos et ne spécifie pas le chant du Psaume
136 pour ces trois dimanches. Telle est l'histoire du Polyéleos,
retracée par N. Uspensky. J. Matéos pensait, de son côté, que
le Polyéleos appartenait à l'origine· à l'ancienne vigile cathé-
drale de Jérusalem, telle qu'attestée par Égérie. Il voit dans les
trois psaumes précédant l'encensement et la lecture de l'évan-
gile chez Égérie3 la source des trois psaumes constituant le
Polyéleos (Ps 134, 135 et 136 4 ). Selon Lisitsyn, le Polyéleos
proviendrait de l'office asmatique. Selon lui, si Syméon de
Thessalonique n'en parle pas, c'est qu'il le considérait comme
un appendice aux Irréprochables (Psaume 118) dont il décrit
en détail l'interprétation. Lisitsyn donne dans son étude des
extraits du Kondakarion slave du monastère de l'Annonciation
où se trouve une interprétation de type asmatique du Polyéleos,
avec plusieurs autres refrains que «Alléluia5 ). Dans ce cas, il
serait possible que le Polyéleos ait été importé de l'Anastasis à
la Grande Église de Constantinople, et que, de là, il soit passé
dans les typika stoudites, puis sabaïtes.
Les Irréprochables (Psaume 118 ou cathisme 17) sont quant
à eux un élément très ancien des matines 6 • Saint Jean Cassien les
mentionne lorsqu'il décrit la liturgie monastique palestinienne7 •

1. Voir A. PAPADOPOULOS-KERAMEUS,' AvaÂElC"tU' uopovcroÂV!!LTIrijç maxvoÂoyiaç,


t. II, Saint-Pétersbourg, 1894, p. 5.
2. K. KEKEJll\A3E, JIumYPlU'IeClCUe lPY3UHClCue na.MJImHUlCU, Tbilissi, 1908, p. 318.
3. ÉGÉRIE, Journal de voyage, 24, 10, trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 1982,

L'
p.244-245.
4.J, MATÉos, «La vigile cathédrale chez Égérie}), OCP 27 (1961), p. 281-312, par-
ticulièrement p. 303 et 307.
5. llHCHll,blH, IIep60Ha'iaJlbHblU CAawlHo,PycClCUU TunulCoH, p. 78-83.
6.Voir H.)],. YCllEHCI.GI:>t, «"lHR BCeHOlll,HOrO 6)J,eHIDI Ha llpaBOCllaBHOM BOCTOKe 11. B ,
PyCCKOH ll.epKBH)), BT 18 (1978), p. 85, note 1 1 4 . ;
7:JEAN CASSIEN, Institutions cénobitiques, livre III, 3, 10, SC 109,.trad. J.-C. Gu~, ,,;
Pans, 1965,p. 102-103. " .... .:
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 205

Mais ils existaient également dans les matines des églises séculières.
Dans l'office asmatique de la Grande Église de Constantinople,
on chantait ce psaume chaque jour de l'année, même le jour de
Pâques!. Syméon de Thessalonique en témoigne dans sa descrip-
tion des matines asmatiques, où le passage du narthex à la nef
se fait entre la deuxième et la troisième partie du Psaume 118 2 •
Selon N. Uspensky, les Irréprochables étaient une partie fonda-
mentale des matines festives de l'ordo hiérosolymitain dans son
état archaïque. À ce psaume sont venus s'ajouter des refrains
particuliers en l'honneur de la fête ou du saint3 • M. Arranz pré-
cise que, plus tard, le Psaume 118 a appartenu à la psalmodie du
samedi dans la tradition monastique, alors qu'il appartenait aux
matines asmatiques du dimanche 4 • La présence du Psaume 118
aux matines du samedi et du dimanche a inspiré la composition
des eulogétaires (EÙÂ.OYll'tOPW) - série de tropaires en mémoire
des défunts pour l'office des défunts du samedi ou en l'honneur
de la Résurrection le dimanche et dont le refrain est le verset 12
du Psaume 118, «Tu es béni, Seigneur, enseigne-moi Tes juge-
ments 5 ». Dans la pratique actuelle, les eulogétaires en l'honneur
de la Résurrection sont chantés à chaque agrypnie dominicale,
indépendamment du chant des Irréprochables ou du Polyéleos.
Les anavathmi (àva~aeJlOt, 'Tm~HH") sont aussi un élément de
l'agrypnie, ainsi que des matines avec Polyéleos. Le Psautier suivi
les mentionne à maintes reprises 6 • Ce sont des hymnes antipho-
nées, réparties sur les huit tons de l'Octoèque, qui furent com-
posées sur la base des psaumes graduels (Ps 119-133). Selon
N. Uspensky, se fondant sur l'interprétation du patriarche hésy-
chaste Nicéphore Calliste Xanthopoulos (XNe siècle), les ana-
vathmi auraient été composées par saint Théodore le Stoudite
lors de son exil (794-797 7). Ces hymnes devaient accompagner

1. ,l1;MHTPHEBCIUIH, OnucaHue, T. H, TVlttlca, q. 1, p. 135; MATÉos, 'fYpicon, II,


p.92-93.
2. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, 640; RHCHl\hIH,
IIep60Ha'ill/lbHblU Ûla6JIHo-PycCKUU TunuKoH, p. 78-80, note 87; H. MllHcBeToB, «0
TIeCHeHHOM TIOCJIe,!l;OBaHHH», IITCO 4 (1880), p. 1006.
3. H. ,l1;. YCTIEHCIUIH, «qHH BCeHOII\HOrO 6,!1;eHIDI Ha IIpaBocJIaBHOM BocToKe H B
PyCCKOIl: .QepKBH», .6T18 (1978), p. 95.
4. M. ARRANz, «Les prières presbytérales des matines byzantines», OCP 38 (1972),
p. 97, note 1.
5. Voir H.,l1;. YCTIEHCIUIH, «qHH BCeHOII\HOrO 6,!1;eHIDI Ha IIpaBocJIaBHOM BocToKe H B
PyCCKOH .QepKBH», .6T18 (1978), p. 78-79.
. 6. KHTIPHAH, IIcll/Imupb C 60cClleiJ06aHUe.M, f. 218 V., 231 V., 236, 236 V., 240 V., 278,

~
88v.'290.
:. " 7. H. ,l1;. YCTIEHCKHH, «qHH BCeHOII\HOrO 6,!1;eHIDI Ha IIpaBOCJIaBHOM BocToKe H B
,..:Py,CCKOH .QepKBH», B~ 18 (1978), p. 86-87, note 115. Au sujet des anavathmi, voir
, "STRVNK, «The Annphons of the Oktoechos », Journal of the American Musicologist
'" ty, 13 (1960), p. 50-67.
206 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

les psaumes graduels dont elles étaient inspirées, et ces psaumes


devaient remplacer les Irréprochables (Psaume 118). En effet,
nous pouvons constater que, pour les tons 1 et 5, l'auteur s'est
inspiré des Psaumes 119, 120 et 121; pour les tons 2 et 6, des
Psaumes 122, 123 et 124; pour les tons 3 et 7, des Psaumes 125,
126 et 127; et pour les tons 4 et 8, des Psaumes 128, 129 et 130.
Ainsi donc au Stoudion, les anavathmi, composées de psaumes
et d'hymnes, remplaçaient les Irréprochables (Psaume 118) et
étaient chantées après les deux cathismes et la lecture patris-
tique, après quoi on chantait le prokimenon et lisait l'évangile!.
Le Typikon d'Alexis le Stoudite mentionne en effet cet ordo pour
les grandes fêtes 2 • Lors de la diffusion du Typikon sabaïte au
){Ne siècle, la réforme liturgique n'a conservé que l'hymnographie
et a délaissé les psaumes dont les hymnes étaient inspirées. Par
la même occasion, on a ajouté une quatrième antienne aux ana-
vathmi du ton 8 qui, à l'origine, était prévue pour les fêtes qui ne
tombaient pas un dimanche et qui était inspirée du Psaume 1323 .
Depuis lors, les anavathmi sont chantées aux matines festives
après le Polyéleos ou les Irréprochables, avant le prokimenon et
la lecture de l'évangile. Le dimanche, on chante les anavathmi du
ton courant du dimanche, alors que les jours de fête, on chante
la première antienne des anavathmi du quatrième ton de l'Oc-
toèque 4 • À ce propos, il est intéressant de noter que le Psautier
suivi prescrit dans de tels cas : «anavathmi : première antienne
du ton 4». Le Typikon d'Alexis le Stoudite prescrivait alors: «ana-
vathmi, ton 4 5 ». S'agit-il de la même chose - ce qui refléterait
une évolution par rapport à la pratique de saint Théodore - ou
indique-t-il par là l'antienne spéciale des jours de fête à inter-
préter sur le ton 4, antienne qui fut rajoutée ultérieurement au
ton 8 (ou ton 4 plagal) dont elle devint la quatrième antienne?
Ou indique-t-il tout simplement l'interprétation des anavathmi du
ton 4 en entier? La rubrique du même typikon concernant les
matines de l'Ascension et indiquant que l'on chante l'anavathmi
du ton 56 nous incite plutôt à opter pour l'une des deux dernières

1. H. J],. YcnEHCKHR, «'lHH BCeHOIll,HOrO 6)J;eHIDI Ha llpaBocnaBHOM BOCTOKe H B


PyCCKOH ll.epKBH», BT 18 (1978), p. 87. Voir J],MHTPHEBCKHn, OnucaHue, T. H, T'Il1tt1cQ,
'1:. l,p. 229.
2.Voir par exemple la description des matines pour la Nativité de la Mère de Dieu
(8 septembre) : llEHTKOBCKHR, TunuKoH, p. 279. La description des matines pour
l'Exaltation de la Croix nous donne une notice concernant l'exécution des anavathmi
durant l'année: ibid., p. 282.
3. H. )),. YCTIEHCKHn, «'lHH BceHOmHoro 6)l,eHIDI Ha llpaBocnaBHOM BOCTOKe H B
1'yccKoÏl.ll,e\lKBH», BT 18 (1978), p. 87.
<\. KHTI~\'lMl, IIcaJlmupb C eocCileOOeaHUe.M, f. 231 V., 236, 2<\() V., 278, 288 V., 29().,
':>.'JoU: -par exem-pk TI.\'.\l'Œ.o\o'clI.l<\1t\, TunuKOH, -p. 2~2. ' .,'
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.'

~. Ibid.., \ l . 1 k H . " .'


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L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 207

hypothèses et à considérer la rubrique du Psautier suivi comme


une nouveauté par rapport à la pratique stoudite antérieure.
Après les anavathmi viennent le prokimenon et les versets
psalmiques «Que tout souffle» (Ps 150, 5.1), puis la lecture de
l'évangile. Nous avons déjà évoqué ce doublet des laudes qui pré-
cède la lecture de l'évangile. li est indiqué explicitement dans le
Psautier suivi à plusieurs reprises!. Ces versets psalmiques étaient
déjà mentionnés par le Typikon d'Alexis le Stoudite dans la des-
cription des matines de plusieurs grandes fêtes et dimanches 2 • Or,
ce doublet peut s'expliquer du fait que dans l'office asmatique
de la Grande Église· de Constantinople les laudes précédaient la
lecture de l'évangile. Nous avons résumé l'explication que donne
M. Arranz du dernier verset du Psaume 150, devenu une sorte de
prokimenon fixe, précédant l'évangile matutinal, lorsque la lecture
de celui-ci, de la fin de l'office, fut déplacée juste avant le Psaume
50 des matines 3 •
Ainsi, l'ordo sabaïte du )(Ne siècle aurait hérité du système de
lectures du Lectionnaire de la Grande Église, déjà adopté par les
Stoudites au IXe siècle. Nous trouvons en appendice au Typikon de
la Grande Église les prokimena matutinaux du dimanche selon les
huit tons et les onze évangiles matutinaux ou de la Résurrection,
de même que les prokimena et les évangiles pour les matines
des grandes fêtes 4 • Les quelques lectures de l'évangile indiquées
dans le Psautier suivi correspondent en effet à ce lectionnaire5 .
Toutefois, l'histoire des onze évangiles matutinaux (e:uayyÉÂ,w
È:ro8tVà) semble montrer que la Grande Église en est redevable à
l'Église de Jérusalem: la série des onze évangiles de la Résurrection
reprend en effet la série des évangiles lus à Jérusalem pendant la
semaine pascale6 • Égérie atteste d'ailleurs l'usage hiérosolymitain
de lire l'évangile de la Résurrection à l'office dominical du matin
au IVe siècle7 • M. Arranz se demandait «si l'évangile dominical
n'est pas une innovation récente à Constantinople et s'il ne pro-
vient pas de l'office monastique palestinien8 ». Toutefois, il faut se
rappeler que l'origine de la lecture de l'évangile de la Résurrection

1. KHIIPHAH, llCatlmUpb C 6ocC/leào6aHUeM, f. 232, 236 V., 240 V., 288 V., 290.
2. IIElITKOBCKHil:, TUnUKOH, p. 247, 269, 271, 272, 282, 308, 317, 358, 363.
3. M. ARRANz, «Les prières presbytérales des matines byzantines», OCP 38 (1972),
p. 90, note 2.
4. MATÉos, JYpicon, II, p. 170, 180.
5. KHIIPHAH, llCatlmUpb C 6ocC/leào6aHUeM, f. 232, 240 V., 288 V., 290.
6. Voir J. GETCHA, «Le système des lectures bibliques du rite byzantin», p. 39-41.
. 7. «L'évêque se tient à l'intérieur des grilles, il prend l'Évangile, vient à l'entrée et lit
" lui-même le récit de la Résurrection du Seigneur» (ÉGÉRIE, Journal de voyage, 24, 10,
o. , d. P. Maraval, SC 296, Paris, 1982, p. 244-245).

:'M. ARRANz, «L'office de l'Asmatikos Orthros ("matines chantées") de l'ancien


_ _ _ _..~ge byzantin*, OCP 47 (1981), p. 154.
208 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

n'appartient pas à la vigile monastique des milieux anachorétiques,


mais à l'Anastasis de Jérusalem. Comme l'explique J. Matéos, «il
faut tenir compte de ce que l'agrypnie dominicale, pratiquée à
Saint-Sabas, n'était pas exactement celle de Nil le Solitaire [au
Sinail À Saint-Sabas, on lisait l'évangile de la Résurrection,
absent de l'office de l'ermite. C'est que les moines, vivant près
de Jérusalem, avaient adopté les offices de la cathédrale!.» Ainsi,
les onze évangiles de la Résurrection, d'origine hiérosolymitaine,
furent adoptés par la Grande Église de Constantinople où ils
étaient lus après les laudes, à la fin des matines asmatiques, et
précédés d'un prokimenon. lis trouvèrent par la suite, dans l'of-
fice néo-sabaite, leur place avant le Psaume 50, mais ils étaient
toujours précédés du prokimenon et du verset du Psaume 150,6.
Nous ne dirons rien de plus concernant le déroulement de
l'agrypnie, car nous avons déjà analysé dans le détail le reste
du déroulement des matines où nous avons pris en considéra-
tion le cas des matines avec grande doxologie dans sa rédaction
constantinopolitaine, une nouveauté introduite lors de la diffu-
sion du Typikon sabaïte au XIVe siècle. Nous devons toutefois
traiter un dernier point propre à l'agrypnie, à savoir l'onction qui
a lieu dans le narthex après le congé des matines et qui est men-
tionnée dans le Psautier suivi à deux reprises : une première fois
à l'agrypnie de l'Annonciation, où il est dit : «on donne l'huile
sainte aux frères », et une seconde fois à l'agrypnie de l'Ascen-
sion, où il est dit: «on donne l'huile sainte de lalampe2 ». Même
si elle n'est mentionnée qu'à deux reprises dans le Psautier suivi,
cette onction est une partie caractéristique de toute agrypnie
dans la tradition sabaïte. Celle-ci a lieu dans le narthex. La sortie
dans le narthex après le congé des matines est. un vestige de
l'ancienne litie qui avait lieu à la laure de Saint-Sabas à la fin des
matines et qui se déroulait dans l'ordre inverse à celui de la litie
des vêpres. On sortait de l'église par le narthex pour se rendre
au tombeau de saint Sabas, avant de poursuivre la procession
vers d'autres églises de la laure, comme l'atteste la plus ancienne
version du Typikon sabaïte, le manuscrit Sin. gr. 10963 •
li est intéressant de noter que notre Psautier suivi ne mentionne
que l'onction avec l'huile sainte de la lampe et ne dit rien de la sortie
au narthex. Or cette rubrique est tout à fait conforme à la pres-

1.J. MATÉos, «La psalmodie variable dans l'office byzantin~, p. 338.


2. KHIlPHAH, IIcMmupb C6ocC/leào6aHue.M, f. 241, 289.
3. AMHTPHEBCKliR, OnucaHue, T. 3, T\l1ttlca, '1. 2, p. 24. Au sujet de la litie des
matines, voir H. A. YCIlEHCKHR, «qHH BCeHOll!HOrO 6AeHHlI Ha llpaBOCnaBHOM BOCTOKe
H B PyCCKOH ll,epKBH», BT18 (1978), p. 80-81; M. CKABAlillAHOBH'l, TOJIK06blll TunuKoH,
D ') K;pv. 1q1 '\. o. 322-324.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 209

cription de la diataxis du patriarche Philothée 1• Comme l'explique


N. Uspensky, «La vénération de l'icône du saint et l'onction avec
l'huile de sa lampe ont remplacé la sortie au narthex 2 ».
Néanmoins, le Psautier suivi indique qu'une «litie» autour du
monastère a été conservée à la troisième heure du jour pour
l'Annonciation et le dimanche des Rameaux3 . La diataxis du
patriarche Philothée prévoyait la même chose pour ces deux
jours, de même que pour la semaine pascale4 • Mais ces lities
sont aussi, en partie, l'héritage du 'JYpikon de la Grande Église qui
prévoyait, pour le jour de l'Annonciation, une litie de l'église de
Chalkoprateia au Forum de Constantin, le dimanche des Rameaux
à l'église des Quarante-Martyrs et le lundi de Pâques au Forum,
à l'église des Saints-Apôtres 5 •

La répartition du Psautier dans l'office.

Avant de terminer cette première partie sur le déroulement des


offices de l'Horologion, nous devons nous pencher sur la question
de la répartition du Psautier dans l'office. Suite à la réforme litur-
gique, entreprise à la fin du )CNe siècle, le Psautier palestinien, déjà
adopté par les Stoudites, obtint le monopole et, par conséquent, le
Psautier constantinopolitain tomba en désuétude.
Le Psautier palestinien est divisé en 20 cathismes. li est com-
posé de 4 784 versets. Le Psautier constantinopolitain, de son
côté, était divisé en 74 antiphones dont six étaient des antiphones
fixes, chantés chaque jour, et les 68 autres répartis sur un cycle de
deux semaines. li était composé de 2 542 versets, destinés à être
accompagnés de refrains 6 •

1. J. GOAR, Euchologion sive Rituale Graecorum, VeIÙse, 1730, p. 8; H. )J;. YCIIEHCKliit,


«qHH BceHOIWIoro 6AeHIDI Ha ITpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B PyCCKOH IIepKBH», BT 18
(1978), p. 96-97.
2. Ibid., p. 97.
3. KHIIPHAH, Ilctl/lmupb C BOCC/leOOBaHUe.M, f. 241, 278.
4.}. GOAR, Euchologion sive Rituale Graecorum, VeIÙse, 1730, p. 8; H.)J;. YCIIEHCKHit,
«~H BCeHOIIJ;HOrO 6AeHHlI Ha ITpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B PyCCKOH IIepKBH», BT 18
(1978), p. 97.
5. A. )J;MHTPHEBCKliit, I1peBHewuu nampuapwuu munUICOHbl. CMmozp06clCuu,
HepyCtl/lUMCICUU U BI!JIUICOU IVJHcmaHmuHonoJlbclCoU aeplCBu, Kiev, 1907, p. 306-308,
119-120,173; MATÉos, Typicon, l, p. 254-255; II,p. 66-67,96-99; H.)J;. YCIIEHCKliil:,
«qHH BceHoIWIoro 6AeHIDI Ha ITpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B PyCCKOH IIepKBH», BT 18
(1978), p. 99-100, notes 51-53.
6. Sur le nombre de versets, voir M. ARRANz, <,L'office de l'Asmatikos Hesperinos
("vêpres chantées") de l'ancien Euchologe byzantin», OCP 44 (1978), p. 400, note
85. Sur le psautier constantinopolitain, voir M. Al'PAHIJ;, OICO aeplCoBHoe - HcmopUJI
TunulCoHa, Rome, 1998, p. 52-53. Sur les refrains du psautier constantinopolitain, voir
O. STRUNK, «Byzantine Office at Hagia Sophia», p. 185,200-201.
210 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Selon le 'lYpikon de la Grande Église du xe siècle, l'office asma-


tique prescrivait le chant de 25 antiphones par jour, répartis entre
vêpres et matines. Par ce système, le Psautier était récité entière-
ment en deux jours, rythme jamais égalé par l'office monastique
palestinien. Selon M. Arranz, il se peut que ces 25 antiphones
quotidiens aient appartenu à la tradition des anciens moines
constantinopolitains d'avant l'iconoclasme, antérieure à l'intro-
duction des usages palestiniens par les Stoudites 1• Toutefois,
saint Syméon de Thessalonique témoigne de la pratique litur-
gique de son archevêché au xve siècle, où on avait déjà allégé
le nombre des antiphones 2 • L'office asmatique n'en demeurait
pas moins un office beaucoup plus long que l'office monastique
palestinien par ses nombreux antiphones psalmiques accom-
pagnés d'une grande variété de refrains. Comme le fait remar-
quer M. Arranz : «Huit antiphones, deux fois par jour, c'était
un bien lourd fardeau, surtout si l'on considère que, d'après le
codex athénien, le chant était très compliqué et les répétitions
fréquentes. Nulle merveille qu'on ait préféré la simple récitation
du Psautier hiérosolymitain3 .))
Ainsi, il semble que la complexité et la longueur de l'office
asmatique aient été un argument en faveur de l'office monas-
tique palestinien. À cette complexité et à cette longueur, il faut
peut-être encore ajouter une monotonie à laquelle saint Syméon
de Thessalonique aurait voulu remédier par sa réforme liturgique
en introduisant, dans l'office asmatique composé d'antiphones
psalmiques et d'éléments eucho10giques (litanies et prières), des
éléments de l'office monastique palestinien - essentiellement
l'hymnographie palestinienne de l'Octoèque, du Triode et des
Ménées 4 •
Comme nous l'avons dit à plusieurs reprises, ce sont les
Stoudites qui furent les premiers à adopter le Psautier palestinien
à Constantinople. D'après le Typikon d'Alexis le Stoudite, on lisait
un cathisme aux matines du lundi de l'Antipascha jusqu'à l'Exal-
tation de la Croix. De 1'Exa1tation de la Croix jusqu'au dimanche
de la Tyrophagie, on lisait deux cathismes aux matines. Pendant la
Sainte Quarantaine, on lisait trois cathismes aux matines. f.endant

1. M. ARRANz, <, L'office de l'Asmatikos Hesperinos ("vêpres chantées") de l'ancien


Euchologe byzantin,), OCP 44 (1978), p. 409.
2. <,De nos jours, aux vêpres asmatiques, on ne dit aucun antiphone [variable] du
psautier par faiblesse et négligence,), dit-il dans son commentaire des vêpres. Voir
SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, 628 D.
3.M. ARRANz, <,Les prières sacerdotales des vêpres byzantines,), OCP 37 (1971),
p. 121.
4. S. GARNIER, Syméon de Thessalonique et l'office asmatique, mémoire de DEA en
sciences des religions - Christianisme byzantin, EPHE, Section des sciences reli-
";~no~o P~T;. 1QQq-2000. o. 92.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 211

toute l'année, aux matines du samedi, le deuxième cathisme était


le cathisme 17 - «Bienheureux ceux qui sont irréprochables dans
la voie~). De ce fait, à partir du dimanche de Tous les Saints jusqu'à
la fête de l'Exaltation de la Croix, on lisait deux cathismes aux
matines du samedi, alors qu'on en lisait trois à partir de l'Exalta-
tion de la Croix. Aux vêpres, on lisait toujours le cathisme 18, à
l'exception des veilles du dimanche et des fêtes où l'on chantait le
premier cathisme - «Bienheureux 1'homme! ~).

Répartition des cathismes du Psautier

Ordo stoudite Ordo sabaïte


Matines - vêpres Matines - vêpres
Période d'été
[Antipascha - Exaltation 1 1 [18 e] 2 1
de la Croix]

Période d'hiver
[Exaltation de la Croix 2 1 [18 e] 3 1 [18 e]
- Tyrophagie]
Période de Carême
3 1 [18 e] 3 1 [18 e]
[Sainte Quarantaine]

Selon le Typikon sabaïte, il y a habituellement trois cathismes


aux matines, et la lecture du cathisme 18 aux vêpres. Pendant
la période d'été comme pendant certaines périodes festives de
l'année, on ne lit que deux cathismes aux matines, et alors le troi-
sième cathisme habituel est reporté aux vêpres où il remplace le
cathisme 18. Ainsi, en temps normal, le Psautier est lu entière-
ment sur une semaine. Pendant la Sainte Quarantaine, la lecture
continue du Psautier est répartie entre les matines, les heures et
les vêpres, de sorte que le Psautier est lu entièrement non pas une
fois mais deux fois sur une semaine2 •
La lecture continue du Psautier, comme l'atteste notre Psautier
suivi, est donc répartie de la façon suivante. À partir du dimanche
après la clôture de la fête de l'Exaltation de la Croix (14 sep-
tembre), trois cathismes sont lus aux matines et le cathisme 18
aux vêpres. Pendant les festivités de la Nativité du Christ jusqu'à
la clôture de la fête de la Théophanie, on ne lit que deux cathismes
aux matines et un aux vêpres. À partir du 15 janvier jusqu'au

1. Voir IIEHTKOBCIŒfI, TunUKOIl, p. 403-404, 239, 282.


2. Voir table de répartition dans : Les Psaumes. Prières de l'Église. Le psautier des
Septante, trad. archimandrite Placide Deseille, Paris, 1979, p. 281-282; J. MATÉos, (, La
psalmodie variable dans l'office byzantin)~, p. 328-329.
212 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

dimanche du Fils prodigue, il y a de nouveau trois cathismes


aux matines et le cathisme 18 aux vêpres. Pendant la semaine de
l'apocréo, il n'y a que deux cathismes aux matines et le troisième
est reporté aux vêpres où il remplace le cathisme 18. À partir
du lundi de la première semaine de la Sainte Quarantaine, on
reprend la lecture de trois cathismes aux matines et du cathisme
18 aux vêpres. De plus, on lit un cathisme à chacune des heures,
à l'exception de la première heure le lundi, de la neuvième heure
le vendredi et des heures intermédiaires. Pendant la Grande
Semaine, il n'y a pas de lecture du Psautier à prime et à none, et
la lecture suivie du Psautier se termine le Grand Mercredi. Elle
reprend après le dimanche de Thomas. Bien que le Psautier suivi
ne précise pas le nombre de cathismes lus à partir de ce jour, il
semble logique que, jusqu'au dimanche après la clôture de l'Exal-
tation de la Croix, on ne lise que deux cathismes aux matines et
un aux vêpres 1.
De plus, le Psautier suivi nous dit, pour la Nativité de la Mère
de Dieu, qu'après avoir célébré une' agrypnie, le soir même de la
fête, on omet la stichologie aux vêpres «à cause de l'effort», et
ainsi, on passe directement après le Psaume 103 au lucernaire 2 • TI
semblerait que cette rubrique s'applique à tous les soirs de fête et
des dimanches où l'on célèbre l'agrypnie.
Ainsi, si l'introduction du Typikon sabaïte au XIVe siècle a sim-
plifié l'exécution du Psautier par rapport à l'office asmatique, nous
constatons un accroissement de la lecture continue du Psautier
dans l'office par rapport à la tradition stoudite.

LE SYNAXAIRE (MÉNOLOGE)

On estime généralement que le synaxaire des typika sabaïtes,


pour la période suivant la destruction des églises chrétiennes à
Jérusalem par le calife Al-Khakim en 1009, est en fait une adap-
tation du Synaxaire stoudite aux usages des monastères palesti-
niens 3 • C'est ce que nous pouvons constater d'une manièr~géné­
raIe en comparant le Synaxaire du Psautier suivz' avec le Synaxaire
de la plus ancienne version slave du Typikon d'Alexis le Stoudite4.

1. KHIIPHAH, IIcaJlmupb C 80CC/leiJo8anUI!.M, f. 198, 221 V., 227 V., 265, 269 V., 270,
278 V., 286.
2. Ibid., f. 195 v.
3. A. llEHfKOBCKHJl:, «KoHCTaHTHHOIIOJIbCKHH H HepYCamIMCKHH 6orocJI}'JKe6H1>Ie
yCTaBhl», JKMII 4 (2001), p. 75-76; A. llEHTKOBCKHJl:, «CTYAHHCKHJl: yCTaB H yCTaBhl
CTY,!l;HitCKOH Tpa~H», JKMII 5 (2001), p. 77.
4. KHIIPHAH, IIcaJlmupb C 60CC/leiJo6anUI!.M, f. 192-264 V.; llEHTKOBCKHH, TunU/coH,
D.276-368.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 213

Toutefois, le Synaxaire du Psautier suivi est plus exhaustif, dans


ce sens qu'il donne la liste de toutes les commémorations de
saints pour chaque jour de l'année, réparties sur les douze mois,
en précisant s'il y a un office d'Alléluia, s'il y a un trop aire (et
par conséquent, «Le Seigneur est Diew»), un kondakion particu-
lier (caractéristique d'un saint plus honoré) ou s'il y a un office
festif. Le Synaxaire du Typikon d'Alexis le Stoudite, de son côté,
ne donne que la liste des jours festifs, sans mention des jours où
l'office ordinaire d'«Alléluia» était chanté.
En effet, le Synaxaire du Psautier suivi, qui se définit comme
«Synaxaire de toute l'année, commençant avec Dieu, selon le
Typikon de Jérusalem, comprenant pour les douze mois, de sep-
tembre à août, les trop aires et les kondakia des saints notables et
des grandes fêtes despotiques! », n'est pas radicalement différent
du Synaxaire du Typikon d'Alexis le Stoudite. Certaines mémoires
typiquement stoudites ont même été reprises, telle la mémoire des
saints martyrs Hermogène, Évode et Calliste dont les reliques repo-
saient au Stoudion, le 1er septembre, ou celle de saint Théodore le
Stoudite, le 11 novembre. Cependant, dans le Psautier suivi, elles
ne font pas l'objet de festivités particulières, et la mémoire de saint
Théodore le Stoudite ne connaît pas de jour d'après-fête.
Néanmoins, un certain nombre de mémoires et solennités
typiquement stoudites, présentes dans le Synaxaire du Typikon
d'Alexis le Stoudite, sont absentes du Synaxaire du Psautier suivi :
la mémoire de saint Éviote le Stoudite, le 16 septembre; la
mémoire de saint Thadée le Stoudite, le 22 novembre; la trans-
lation des reliques de saint Théodore le Stoudite et de son frère,
saint Joseph, archevêque de Thessalonique, le 26 janvier, et la
dédicace du sanctuaire de Saint-Jean-Baptiste, le 23 juin.
De plus, le Synaxaire du Psautier suivi introduit un certain
nombre de commémorations typiquement hiérosolymitaines ou
palestiniennes qui sont solennisées et, par conséquent, ne faisant
pas l'objet de l'office ordinaire d'«Alléluia», ne sont pas mention-
nées dans le Typikon d'Alexis le Stoudite : la mémoire de saint
Gérasime du Jourdain, le 4 mars; de saint Sophrone de Jérusalem,
le 11 mars; de saint Cyrille de Jérusalem, le 18 mars; des saints
Pères massacrés au monastère de Saint-Sabas, le 20 mars; la com-
mémoration de l'apparition dans le ciel de la vénérable Croix dans
la Ville sainte à la troisième heure du jour à l'époque du pieux
empereur Constantin, le 7 mai, et la mémoire de saint André le
hiérosolymitain, archevêque de Crète, le 4 juillet. De même appa-
raît dans le Psautier suivi la mémoire de saint Athanase l'Athonite,
le 5 juillet, absente du Typikon d'Alexis le Stoudite.

1. KIiIIPIiAH, Ilcll.IImupb C 80CC/le008aIlUeM, f. 192.


214 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

De plus, comme nous l'avions déjà vu, le métropolite Cyprien a


introduit dans le Synaxaire de son Psautier suivi un certain nombre
de commémorations de saint slaves, qui montrent bien d'une part
son lien avec l'école de Trnovo et, d'autre part, sa dévotion pour
son prédécesseur, le métropolite Pierre : la mémoire de saint Jean
de Rila, le 19 octobre; de saint Hilarion de Moglène, le 21 octobre;
de saint Arsène de Serbie, le 28 octobre; de saint Pierre, métropo-
lite de Kiev, le 21 décembre; de saint Sabas de Serbie, le 14 jan-
vier; de saint Syméon de Serbie, le 13 février; de saint Cyrille le
Philosophe, maître des Slaves, le 14 février, et de saint Joachim de
Sarandopor, le 16 août.
Comme le faisait remarquer 1. Mansvetov, nous avons rela-
tivement peu de données pour distinguer le Synaxaire stoudite
du Synaxaire hiérosolymitain à propos des commémorations de
saints. Néanmoins, les indications concernant les types d'offices
et les pratiques du jeûne nous permettent de distinguer l'influence
stoudite ou hiérosolymitaine 1 •
Comme nous venons de le voir, le Synaxaire du Psautier suivi
mentionne à plusieurs reprises l'office d'agrypnie ou de vigile
nocturne (,upHnHid ou 1i,<\:liHÏf) la veille des dimanches et des grandes
fêtes, caractéristique du Typikon sabaïte. Certaines sont obliga-
toires alors que d'autres sont dépendantes de l'avis du supérieur,
conformément à l'esprit des typika sabaïtes2 •
D'autre part, le Psautier suivi, conformément à la pratique
sabaite, ne connaît pas les solennités suivantes que nous rencon-
trons dans le TYpikon d'Alexis le Stoudite : le dimanche après la
Nativité du Précurseur; l'avant-fête des Saints Apôtres, le 28 juin
et le dimanche après la Décollation de saint Jean le Précurseur.
La mémoire du septième concile œcuménique, fêté le 11 octobre
dans le Typikon d'Alexis le Stoudite, est absente du Psautier suivi
qui commémore, de son côté, les saints Pères des sept saints
conciles œcuméniques, le dimanche qui suit la mémoire du saint
apôtre Philippe (le 11 octobre). De même, la mémoire du concile
de Chalcédoine le dimanche après la fête de sainte Euphémie (le
11 juillet) n'apparaît pas dans le Psautier suivi qui commémore, de
son côté, les saints Pères des six premiers conciles œ~éni'L.~es le
dimanche après le 16 juillet. Selon S. Salaville, les fêtes des conciles
dans le rite byzantin prennent leur origine dans la fête des Pères
des six premiers conciles œcuméniques le dimanche le plus proche
du 16 juillet qui n'est rien d'autre, au départ, que la fête du concile
de Chalcédoine. En effet, après la mort de l'empereur monophysite
Anastase et l'avènement de l'empereur orthodoxe Justin 1er, le peuple

1. MAHCBETOB, MumponOAum KunpuaH, p. 69.


2. Le Psautier suivi mentionne 0 d' . .
232,240 V., 246, 267, 288 V., 289 ~ ecnt une agryprue aux feuillets 195 v., 221, 223,
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 215

profita de la première apparition du nouveau souverain dans la


Grande Église pour réclamer la destitution de Sévère d'Antioche et
le rétablissement du concile de Chalcédoine. Alors que le patriarche
Jean II de Constantinople proclamait publiquement les décisions du
concile de Chalcédoine le 15 juillet 518, le peuple exigea de lui qu'il
proclame une fête solennelle, une synaxe du concile de Chalcédoine.
À leur demande, le patriarche fixa au lendemain, au 16 juillet 518,
une synaxe des s.aints Pères de Chalcédoine auxquels on associa les
saints Pères des premiers conciles de Nicée, de Constantinople et
d'Éphèse. Dès lors, cette décision fut incluse dans les livres litur-
giques qui ne font pas que mentionner cette fête, mais renferment
également l'hymnographie composée par la suite en l'honneur de
ces Pères et de la théologie de ces conciles. Par la suite, on ajouta
à la liste le sixième concile. Le septième concile œcuménique fut
célébré le dimanche le plus proche du Il octobre, fête attestée au
IXe siècle par le Typikon de la Grande Église!.
Conformément aux usages sabaïte, le Synaxaire du Psautier
suivi connaît une période d'après-fête pour l'Exaltation de la
Croix, ignorée par le TYpikon d'Alexis le Stoudite2 •
En comparant ces deux documents, nous pouvons remarquer
également certaines divergences de dates où le Psautier suivi
témoigne de la tradition sabaïte. La mémoire de l'apôtre Timon,
le 30 décembre, dans le TYpikon d'Alexis le Stoudùe, est absente du
Psautier suivi. La clôture de la Théophanie est le 13 janvier dans
le Typikon d'Alexis le Stoudite, alors qu'elle est fixée au 14 janvier
dans le Psautier suivi. La mémoire de saint Xénophont, le 30 jan-
vier dans le TYpikon d'Alexis le Stoudite, est célébrée le 26 janvier
dans le Psautier suivi. La mémoire de saint Eustathe d'Antioche,
le 28 juin dans le TYpikon d'Alexis le Stoudite, est faite le 21 février
dans le Psautier suivi. La mémoire de saint Bartholomée, jointe à
celle de saint Eutyche le 24 août dans le Typikon d'Alexis le Stoudite,
est fêtée le 25 août dans le Psautier suivi. Le Typikon d'Alexis
le Stoudite ne connaît que la seule mémoire des Maccabées, le
1er août, alors que le Psautier suivi y joint la fête de la Procession
de la Croix avec un jour d'avant-fête. La commémoration de saint
Dométios, le 8 août, dans le Typikon d'Alexis le Stoudùe, est faite le
9 août dans le Psautier suivi. Enfin, la clôture de la Transfiguration
qui était fixée au 9 août par le Typikon d'Alexis le Stoudite est

1. S. SALAVILLE, «La fête du concile de Nicée et les fêtes des conciles dans le
rite byzantin»), Échos d'Orient 24 (1924), p. 445-470; ID., «La fête du concile de
Chalcédoine dans le rite byzantin», dans A. GRILLMEIEIR, H. BACHT, Das Konzil von
Chalkedon. Geschichte und Gegenwart, Würzburg, 1953, II, p. 677-695; A. GRILLMEIEIR,
Le Christ dans la tradition chrétienne. Le concile de Chalcédoine (451) : réception et
opposition, Cogitatio Fidei 154, Paris, 1990, p. 443-447.
2. IIEHTKOBCKHil:, Tunu/CoH, p. 349, 350, 367, 289, 353, 283; KHITPHAH, llCa./lmUpb C
BocClleiJoBOHUe.M, f. 202, 254 v., 198.
216 LA RÉFORME DU MÉTROPOUTE CYPRIEN

fixée au 13 août dans le Psautier suivi; quant à la clôture de la


Dormition qui était fixée au 18 août par le rypz·kon d'Alexis le
Stoudite, elle est fixée au 23 août dans le Psautier suivi.
Nous pouvons aussi noter des divergences entre les degrés de
solennisation dans nos deux documents. La mémoire de saint
Alexis, homme de Dieu, le 17 février, fait l'objet d'un office festif
dans le 1jJpikon d'Alexis le Stoudite, alors que le Psautier suivz·
lui prescrit un office d'Alléluia. Cela semble s'expliquer par le
fait que saint Alexis, l'homme de Dieu, était le saint patron du
patriarche Alexis le Stoudite1 • De même, la mémoire du saint
martyr Thalélaios fait l'objet d'un: office festif le 20 mai dans le
rypikon d'Alexis le Stoudite, alors que le Psautier suzvi lui prescrit
un office d'Alléluia.
D'une manière générale, nous remarquons une baisse du nombre
d'offices ordinaires d'Alléluia. Sur les 366 jours du Synaxaire, nous
n'en avons compté que 95 dans le Psautier suivi. Cela s'explique
par l'augmentation du nombre de jours de l'année avec leur tropaire
impliquant un office avec «Le Seigneur est Diew) aux matines. Dans
le yYpikon d'Alexis le Stoudite, nous n'avons compté que 168 jours
festifs, et par conséquent, ce dernier connaissait 198 jours avec
l'office d'Alléluia qui était bel et bien «l'office ordinaire)) de l'ordo
stoudite.

Les catégories de tètes.

Le fait que le Synaxaire de l'Horologion palestinien tardif (après


1009) dépende du Synaxaire stoudite explique la subdivision des
fêtes en trois catégories : grandes, moyennes et petites. Cela avait
déjà été remarqué par Nikon de la Montagne Noire dans le pre-
mier discours de son Taktikon 2 •
Le métropolite Cyprien le dit dans le Synaxaire de son Psautier
suivi: «TI faut savoir que les fêtes sont réparties ici en trois rangs :
les grandes, les moyennes et les petites, non sans preuves, mais
selon les Divines Écritures. Car celles qui sont importantes ont une
synaxe, des parémies aux vêpres, et de même aux matines : Que
tout souffle. L'évangile [convient] au rang des grandes fêtes. Du
rang moyen et petit nous sommes informés par le Typikon stou-
dite et de la Sainte Montagne, car on y fait cette distinction3 .))

loVoir MAHCBETOB, MumponoJlum KunpuaH, p. 98.


2. A. llEHTKOBCKHa, «üry)l.lrii.cKHf!. yCTaB H YCTaBbl CTY)l.lrii.CKOH TPa,I\IIWIH », )KMII
5 (2001), p. 77; voir B. H. BEHEillEBH'l, TaKmuKoH HUKoHa qepHo2op~a (3anHCKH HCTO-
pHKo-<l>ruronOI'WleCKOrO <l>aKynbTeTa lleTPOrpMCKoro yRHBepcHTeTa, CXXXIX), Bbill.
1, Petrograd, 1917, p. 30, 61-66.
~ - - -----" •• - -~_"MrlMnu"D"" f '90 v.-19lo
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 217

Parmi les grandes fêtes, le métropolite Cyprien, conformé-


ment à la tradition sabaïte, range «les grandes fêtes du Christ
et de la Théotokos, et les deux fêtes du Précurseur, c'est-à-dire
sa Nativité et sa Décollation, et celle des deux apôtres dignes de
toute louange, Pierre et PaulI ). Toutefois, contrairement à la tra-
dition stoudite, les deux fêtes du Précurseur et celle des apôtres
n'ont ni avant-fête, ni après-fête dans la tradition sabaïte, comme
nous l'avons remarqué plus haut.
TI existe cependant des différences majeures entre le nombre
de stichères prévues pour « Seigneur, je crie ), ainsi que pâur la
fin des matines festives. Pour illustrer ce point, il suffit de com-
parer avec le cas d'un dimanche, où dans la tradition sabaïte le
nombre de stichères à « Seigneur, je crie) atteint son nombre le
plus élevé. Prenons par exemple la description dans le Psautier
suivi de l'office pour la mémoire du saint prophète Daniel et
des trois jeunes gens, le 17 décembre, lorsqu'elle coïncide avec
le dimanche des saints ancêtres 2, et comparons-le à l'office du
dimanche des ancêtres (( dimanche avant les saints Pères)) dans
le Typikon d'Alexis le Stoudite3.

Psautier suivi
1j1pikon d'Alexis le Stoudite
du métropolite Cyprien
Dimanche avant les saints Pères Le 17 décembre: mémoire
du saint prophète Daniel et des
trois jeunes gens, un dimanche :
À Seigneur, je crie: neuf À Seigneur, je crie : dix
stichères = (trois) stichères stichères =quatre stichères de la
de la Résurrection deux fois Résurrection + trois stichères des
et trois stichères des saints Pères saints + trois stichères des ancêtres
Aux matines : Canon Aux matines: Canon en 14
de la Résurrection = de la Résurrection en 4
+ des ancêtres + des saints + des saints en 4
jeunes gens en 4 + des ancêtres en 6
Aux laudes, stichères Aux laudes, stichères
de la Résurrection deux fois de la Résurrection = 8
Aux apostiches, stichères
de la Résurrection deux fois

Alors que le Psautier suivi prévoit dix stichères au total à


« Seigneur,je crie ), comme le prévoit normalement la tradition
sabaïte pour un dimanche, nous nous apercevons que le Typikon

1. Ibid., f. 191.
2. Ibid., f. 217 v.-218.
3. IIEHTKOBCKHl'I, TunuKoH, p. 303-304.
218 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

d'Alexis le Stoudite augmente le nombre habituel de six stichères,


dans la tradition stoudite, à neuf stichères.
De plus, il y a une différence à la fin des matines. Le Typikon
d'Alexis le Stoudite prévoit le chant de stichères apostiches qui
sont absents du Psautier suivi. Nous avons déjà traité plus haut de
la question de la fin des matines dans les deux traditions stoudite
et néo-sabaite. Comme nous l'avons vu, la tradition stoudite n'uti-
lisait que la rédaction hiérosolymitaine de la grande doxologie,
et par conséquent, les jours de fête comme les jours ordinaires,
cette doxologie était suivie de la prière psalmique «Il est bon de
confesser le Seigneur», du Trisagiort et des apostiches. La tradition
sabaïte, de son côté, chantait, les jours de fête, la grande doxologie
dans sa rédaction constantinopolitaine, où le chant du Trisagion
s'y voyait greffé et après lequel venaient immédiatement le chant
du trop aire, les ecténies et le congé. La réforme qui a résulté de
la diffusion du Typikon sabaïte a par conséquent amené une révi-
sion des recueils hymnographiques (octoèque, ménées, triode et
pentecostaire) qui, dans leur rédaction sabaïte, ont vu la dispari-
tion des apostiches à la fin des matines des jours de fête.
Prenons un autre exemple. Comparons la description de l'office
de la fête despotique de la Rencontre, le 2 février, dans le Psautier
suivi!, avec celle du Typikon d'Alexis le Stoudite2 •

Psautier suivi
1jIpikon d'Alexis le Stoudite
du métropolite Cyprien
À Seigneur, je crie: nous mettons À Seigneur, je crie: nous mettons
six versets 8 versets
Aux matines : Canon en 12 Aux matines : Canon en 12
= l'hirmos deux fois, et les (3) =l'hirmos deux fois, et les (3)
trop aires quatre fois trop aires quatre fois
Aux laudes : trois stichères Aux laudes: (3) stichères
de la fête deux fois chacune = 6 de la fête deux fois èhacune = 6
Apostiches : trois stichères Grande doxologie et congé

Nous pouvons faire des remarques similaires. Alors que le Typikon


stoudite maintient le nombre habituel de six stichères pour «Seign~ùr,
je crie », le Psautier suivi relève de la tradition sabaïte qui prévoit huit
stichères pour «Seigneur, je crie» les jours de fête. Quant à la fin des
matines, dans le Typikon stoudite, elle suit l'office ordinaire, alors que
le Psautier suivi prescrit, comme dans l'exemple précédent, la fin des
matines festives avec le chant de la grande doxologie dans sa rédac-
tion constantinopolitaine entraînant la disparition des apostiches.

1. KHnPHAH, IIcClJlmupb C 60CCJle006anUeM, f. 231-232.


') TI1:lUTll.,.,urvut." TUl1IJll"m.L n_ ~2n-327.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 219

Par conséquent, l'introduction du Typikon sabaïte a entraîné une


certaine hiérarchie de solennités, où les offices festifs se démar-
quaient des offices ordinaires par un nombre supérieur à six sti-
chères pour « Seigneur, je crie» (dix le dimanche et huit les jours
de fête) de même que par une fin festive des matines que la tradi-
tion stoudite ne connaissait pas (du moins, avant la réforme intro-
duite à l'Évergétis) et qui consistait à chanter la grande doxologie
dans sa rédaction constantinopolitaine, immédiatement suivie du
chant du Trisagion et entraînant la suppression des apostiches.
Le Synaxaire du Psautier suivi se préoccupe aussi des cas de
coïncidences d'une grande fête despotique avec un dimanche.
Dans le cas des fêtes despotiques du Synaxaire - l'Exaltation de la
Croix, le 14 septembre!, la Nativité du Seigneur, le 25 décembre,
ou la Théophanie, le 6 janvier2 , et la Transfiguration, le 6 août3 - ,
l'office de la Résurrection est supprimé et on ne chante que l'of-
fice de la fête. L'évangile matutinal de la Résurrection est sup-
primé, et à sa place on lit l'évangile de la fête. Le typikon sabaïte
Sin. gr. 1094, du XIIe siècle, prévoyait déjà cet usage 4 •
Pour ce qui est de la fête despotique de la Rencontre du
Seigneur, le 2 févrierS, ou des grandes fêtes de la Mère de Dieu -la
Nativité de la Mère de Dieu, le 8 septembre6 , l'Entrée au Temple,
le 21 novembre 7, l'Annonciation, le 25 mars 8, ou la Dormition, le
15 août9 - , l'office du dimanche a préséance sur celui de la fête.
Pour la Nativité de la Mère de Dieu, la Rencontre du Seigneur et
la Dormition, la lecture de l'évangile matutinal de la Résurrection
est remplacée par celle de l'évangile de la fête. li en est de même
pour l'Annonciation si elle tombe un dimanche pendant toute la
Sainte Quarantaine, à l'exception du dimanche des Rameaux où
on lit l'évangile des rameaux. Pour la fête de l'Entrée au temple,
on lit aux matines l'évangile de la Résurrection lO • Cette même
rubrique était déjà attestée dans les typika sabaïtes du XIIe siècle,
telle Sin. gr. 1094 11 •
Le 'lYPikon d'Alexis le Stoudite prévoyait également la suppres-
sion de l'office de la Résurrection et de l'évangile matutinal de la

1. KHIIPHAH, IIcQ./Imupb C 6ocC/leào6aIlUe.M, f. 196 v.


2. Ibid., f. 221.
3. Ibid., f. 259.
4.Voir Sin. gr. 1094, f. 18 r., 61 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin,
p. 164-165,230.]
5. KHIIPHAH, IIcQ./Imupb C 6OCCileiJo6aIlUe.M, f. 231.
6. Ibid., f. 195-195 v.
7. Ibid., f. 212.
8. Ibid., f. 195 v.
9. Ibid., f. 261.
10. Ibid., f. 195 v.
t 11. Sin. gr. 1094, f. 16 r.-v. [Édité par LOSSKY, Le 'fYpikon byzantin, p. 162.]
220 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Résurrection si une fête despotique tombait un dimanche!. TI ordon-


nait de même la préséance de l'office de la Résurrection sur l'office
de la fête dans les cas de coïncidence de la Rencontre du Seigneur
ou d'une fête de la Mère de Dieu avec un dimanch&. Cependant,
on n'y trouve aucune précision au sujet de la lecture de l'évangile, à
l'exception de l'occurrence de l'Annonciation avec le dimanche des
Rameaux où, contrairement à la pratique sabaïte, le Typikon d'Alexis
le Stoudite prévoyait la lecture de l'évangile de l'Annonciation3 •
Dans la tradition stoudite, si les jours chômés n'entraînaient pas
une modification de structure dans l'office lui-même, ils impliquaient
cependant, comme nous l'avons décrit plus haut, la suppression de
la lecture des heures, des métanies et des obédiences monastiques.
Celles-ci ne pouvaient aucunement être supprimées les jours ordi-
naires ou les jours de jeûne, lorsque l'office d'Alléluia était célébré.
Pour les petites fêtes, on supprimait les heures et les métanies, mais
les obédiences étaient maintenues et le repas était servi à la sixième
heure du jour. Pour les jours des fêtes de rang intermédiaire, on sup-
primait les heures, les métanies et les obédiences dans l'avant-midi.
Pour les fêtes plus importantes, de même que pour le dimanche, on
supprimait les heures, les métanies et les obédiences pendant toute
la journée. La consommation d'œufs et de fromage était autorisée
même si ces jours coïncidaient avec un jour de jeûne.
Dans un chapitre du Psautier suivi intitulé ({ Des heures, des
métanies et du travail», il est dit que les métanies sont supprimées
à l'église polir les trois catégories de fêtes 4 • Par contre, les heures ne
sont aucunement supprimées, même les jours de grandes fêtes. La
notice du 31 juillet en témoigne puisqu'elle soutient la lecture des
heures le dimanche, pendant les périodes d'avant- et d'après-fête:
({TI convient de savoir que pour l'avant-fête et l'après-fête des fêtes
despotiques, aux heures, le dimanche, après le Trisagion, on ne dit
pas l'hypakoï du ton, mais le trop aire et le kondakion de l'avant-
fête ou de la fête. De même pour les après-fêtes s.» Nous pouvons
prendre comme autre exemple la paramonie de la Nativité. En effet,
ce jour-là, le 'lYPikon d'Alexis le Stoudite spécifie la ({suppression
des heures, des métanies, à l'exception du travail6 », contrairement
au Psautier suivi qui prescrit de chanter ({ ce trop aire et ce Konda-
kion (de l'avant-fête] aux heures. On dit les heures à la septieme
heure du jour?» Même pendant la Sainte Quarantaine, alors que le

loVoir llEHTKOBCKRR, TunUKOII, p. 283, 309, 359.


2.Voir ibid., p. 280.
3. Ibid., p. 336.
4. KllUPRAH, TICa.tImUpb C eocCJ1eOOeaIlUe.M, f. 191.
5. Ibid., f. 257 v.
6. '<\\I\\t.\O'fk a; 1">9(l~lIk '1""(t)l\\"h Il ,,~It.I"""I\O 91t.~1!.t. I\.t.~» (ilEHTKOBCKHR, TUnUKOlI,p. 307).
7. KlluPRAH, TICa.tImUpb C eocCJ1eOOeaHUe.M, f. 220 v.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 221

1YPikon d'Alexis le Stoudite prévoyait la suppression des heures et


des obédiences le jour de l'Annonciation1, le Psautier suivi spécifie
bien la lecture de tierce et de sexte ce jour-là2 •
Par contre, dans ce chapitre du Psautier suivi, rien n'est dit au
sujet du jeûne et des obédiences.

La pratique du jeûne.

li faut faire une lecture minutieuse du Synaxaire et de la partie


du Triode que nous analyserons plus loin afin d'en dégager le
principe qui ordonne la pratique du jeûne dans le Psautier suivi.
Tout d'abord, il semblerait que dans l'esprit sabaïte tel qu'en
témoigne le Psautier suivi, le jeûne ne soit pas supprimé lors d'une
occurrence d'un jour de tète avec un jour de jeûne (mercredi ou
vendredi), contrairement au Typikon stoudite qui permettait la
consommation de laitages dans pareils cas3 • Une note du Psautier
suivi concernant le repas de clôture de Pâques qui tombe toujours
un mercredi vient le confirmer : «À table, il y a une grande conso-
lation pour les frères. On a reçu une autre habitude concernant la
grande consolation. Ceux qui n'ont pas honte mangent du fromage
et des œufs ce mercredi. Mais cela n'est pas béni, car cette conso-
lation consiste à manger de l'huile et du poisson à cause de la fête
despotique ou à cause de la mémoire d'un grand saint. [Manger] du
fromage et des œufs n'est rien d'autre que le désir de gourmandise.
Cela se fait en d'autres jours, lorsque les canons des saints Pères
prescrivent d'en manger, mais cela [se fait] à cause de l'hérésie.
Ainsi, il est agréable pour certains d'en manger un peu à cause de
la dispense, et ainsi, ils réfutent l'hérésie4 .»
Cette note souligne d'une part que les seuls mercredis et ven-
dredis de l'année où les œufs et le fromage sont autorisés sont ceux
de la semaine qui suit le dimanche du Publicain et du Pharisien,
par opposition à la pratique arménienneS. À cela il faùt ajouter
le mercredi et le vendredi de la semaine des laitages, par opposi-
tion à la pratique des monophysites sévériens6 . D'autre part, elle
indique qu'une coïncidence d'une fête despotique ou d'un grand
saint avec un jour de jeûne entraîne une autorisation d'huile et de
poisson.

1. IIEHTKOBCKHil, TunUKOH, p. 333.


2. KHIIPHAH, IIcfl.//mupb C 6ocClleiJo6QHUe.M, f. 241.
3. Voir le chapitre sur les mercredis et les vendredis : IIEHTKOBCKHA:, TunuKoH,
p.374.
4. KHIIPHAH, IIcfl.//mupb C 6ocClleiJo6QHueM, f. 288.
5. Ibid., f. 264 v.
6. Ibid., f. 266 v.
222 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Le Psautier suivi connaît, en dehors de la sainte et grande qua-


rantaine, trois autres grandes périodes de jeûne pendant l'année.
De son côté, le TYpikon d'Alexis le Stoudite n'en connaissait que
deux autres : le jeûne de saint Philippe et le jeûne des Apôtres!.
1. Mansvetov avait déjà noté que tous les manuscrits antérieurs
au XIVe siècle ne mentionnaient jamais le jeûne de la Dormition2 •
Nous reviendrons sur l'origine de ce jeûne plus loin. Vers 700,
trois jeûnes étaient connus dans la discipline ecclésiastique : la
Sainte Quarantaine, le jeûne des Apôtres après la Pentecôte, et le
jeûne avant la Nativité du Christ. Divers commentateurs y voient
un parallèle avec les trois temps de jeûne dans l'année prescrits
par le Seigneur à Moïse dans l'Exode3 •
Dans la tradition sabaite, comme en témoigne le Psautier suivi, la
pratique du jeûne semble plus stricte dans les autorisations prévues.
D'abord, considérons le jeûne de la Nativité (ou de saint
Philippe) qui débute le lendemain de la fête du saint apôtre Philippe
(14 novembre). La note se trouvant juste après le 14 novembre
dans le Synaxaire du Psautier suivi compare ce jeûne à la Sainte
et Grande Quarantaine, en indiquant .que pendant la semaine, du
lundi au vendredi, « nous observons le jeûne et les métanies, comme
pendant le jeûne de la Sainte et Grande Quarantaine4 }>. Toutefois,
la rigueur du jeûne est atténuée par l'autorisation de vin et d'huile
pendant les jours de semaine, à l'exception des lundis, mercredis et
vendredis: «TI convient de savoir qu'en ce saint jeûne, nous nous
abstenons chaque semaine pendant trois jours (le lundi, le mercredi
et le vendredi) de vin et d'huile, sauf s'il y a une.occurrence avec la
mémoire d'un grand saint. Dans ce cas il y a autorisation et nous
faisons des agapes en l'honneur du saints.}> Le Typikon d'Alexis le
Stoudite prévoyait de son côté qu'il pouvait y avoir, avec la béné-
diction de l'higoumène, autorisation de poisson les samedis et les
dimanches, de même que d'autres jours festifs 6 •
Cette dernière remarque vient amender l'autorisation accordée
lors de l'occurrence d'une fête d'un grand saint avec un jour de
jeûne, à savoir que, pendant les périodes de jeûne, seuls le vin et
l'huile sont autorisés dans pareils cas.

1.Voir IIEHTKOBCKIfH, TUnUKOH, p. 275, 373-374.


2. MAHCBETOB, Mumpono/lum KunpuaH, p. 181.
3.Voir V. GRUMEL, (,Le jeûne de l'Assomption dans l'Église grecque>}, Échos
d'Orient 32 (1933), p. 162-194. Sur les jeûnes de l'Église orthodoxe, voir également
II. MaHcBeToB, 0 nocmax npaeOC/laeHOU eOCmO'lHOU aepKeu, Moscou, 1886; K. HOLL, Die
Entstehung der vier Fastenzeiten in der griechischen Kirche, Abhand1ungen d. Berl. Akad.
1923, Phil.-Hist. Klasse nO 5 [= K. HOLL, Gesammelte Aufsiitze zur Kirchengeschichte,
vol. 2 Der Osten, p. 155-203].
4. KHnPIfAH, IIcallmupb C eocCJleOOeaHUe.M, f. 210 v.
5. Ibid.
li nFHTICORCKUi'I. TunwcoH. D. 374.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 223

Le Psautier suivi connaît également le jeûne des Apôtres débu-


tant le lundi après le dimanche de Tous les Saints. Nous savons
qu'à l'origine, à Jérusalem, ce jeûne ne durait qu'une semaine et
ne marquait que la fin des festivités pascales après la Pentecôte l .
Ce jeûne d'une semaine est également attesté par les Constitutions
apostoliques du IVe siècle, qui affirment clairement : «Après avoir
fêté la Cinquantaine, restez en fête encore une semaine et ensuite,
jeûnez pendant une semaine; car il est juste de se réjouir du don
de Dieu et de jeûner après un temps de détente2 • » Le jeûne qui
durait initialement une semaine se développa par la suite en un
jeûne de plusieurs jours. Ce n'est que plus tard qu'il fut prolongé
jusqu'à la fête des saints apôtres Pierre et Paul.
C'est ce qu'explique le patriarche Michel II de Constantinople
dans une lettre qui lui est attribuée (vers 1143-1146), voulant jus-
tifier une véritable tradition apostolique : «Le jeûne des Apôtres
est observé de la façon suivante : les apôtres ayant jeûné pendant
sept jours après la descente du Saint-Esprit, une telle pratique fut
donnée comme modèle à l'Église. Plus tard, les apôtres ayant été,
le 29 juin, consommés par le martyre, comme le jeûne tombait à
cette époque, on décida de l'observer jusqu'au jour de leur fête.
C'est pourquoi le nombre de jours de ce jeûne n'a pas été fixé
comme il l'est pour les autres périodes de pénitence, la durée en
étant subordonnée au cycle liturgique, c'est-à-dire à la date de
Pâques; souvent, en effet, il ne dure que neuf jours, ce qui équi-
vaut à peu près à la durée du jeûne observé par les apôtres 3 • »
À la fin de la partie du Triode dans le Psautier suzvi, nous lisons la
note suivante : «TI convient de savoir que durant tout ce saint jeûne,
lorsqu'il y a "Alléluia", le lundi, le mercredi ou le vendredi, nous jeû-
nons et ne mangeons qu'une fois par jour, c'est-à-dire après le congé
des vêpres. Lorsqu'il y a "Le Seigneur est Dieu" : nous mangeons
deux fois par jour4.» Cette règle n'est pas sans évoquer eantique
pratique du jeûne chez les Pères du désert, évoquée par saint Jean
Cassiens. Le 'lYPikon d'Alexis le Stoudite prévoyait également pour les
jours de jeûne que les moines mangent après la neuvième heure6 •
Le Psautier suivi connaît aussi le jeûne de la Dormition qui
débute le 1er août. Le Synaxaire du Psautier suivi indique, en effet,
au 1er août qu'une liturgie a lieu «à cause du jeûne, pour le début

1.Voir ÉGÉRIE, Journal de voyage, 44, 1, trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 1982,
p.305.
2. Les Constitutions apostoliques, livre V, 20, 14, trad. M. Metzger, SC 329, Paris,
1986, p. 282-283.
3. MICHEL II, «Au sujet du jeûne des saints apôtres», dans I. OUDOT, Patriarchatus
Constantinopoli, Acta Selecta J, Fonri, Serie II, fase. ID, Rome, 1941, p. 28-29.
4. KHIIPHAH, llCa./ImUpb C 60CC/leiJo6QHUe.M, f. 291.
5. Voir JEAN CASSIEN, Conférences, XXI, 11, SC 64, Paris, 1959, p. 85-86.
6. IIEHTKOBCIrna, Tunu/CoH, p. 276.
224 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de ce vénérable jeûne! ». La notice se trouvant au 15 août, précisant


qu'il y a «une grande consolation pour les frères 2 », indique bien
la fin de ce jeûne. TI est attesté à partir de la diffusion du Typikon
sabaite au XIVe siècle3 . Jusqu'à cette époque, nous ne trouvons
aucune mention officielle de ce jeûne, hormis peut-être une pratique
populaire en préparation de la fête de la Dormition dans la région
de Jérusalem et de Mar-Saba4 • Selon certaines sources, le jeûne
des Apôtres aurait été prolongé pour durer quarante jours, puis se
serait même prolongé jusqu'à la fête de la Dormition (15 août).
Comme il était trop astreignant de jeûner pendant les deux mois
d'été, l'Église aurait usé d' « économiej) et créé deux jeûnes distincts :
celui des Apôtres se prolongeant jusqu'à la fête des apôtres Pierre
et Paul, et celui de la Dormition (du 1er au 14 août5). Ce n'est
qu'à partir du XIVe siècle que le jeûne de la Dormition commence
à être mentionné dans les typika grecs et slaves. Le typikon grec
n° 487 de l'ancienne Bibliothèque synodale de Moscou donne trois
raisons qui expliquent son origine et son existence : la vénération
de la sainte Croix, la vénération de la Théotokos et les maladies qui
étaient fréquentes au mois d'août6.
Or, étrangement, ni les anciens typika sabaïtes du XIIe siècle, ni le
1jJpikon d'Alexis le Stoudite, ni le 1jJpikon de la Grande Église ne men-
tionnent la fête de la Croix du 1er août, et ne font que mentionner la
fête plus ancienne des Maccabées. Dans les anciens typika sabaïtes
du XIIe siècle, tel le Sin. gr. 1094, nous trouvons uniquement une
rubrique disant qu' « à la fin des matines, nous vénérons la précieuse
croix selon l'ordre du troisième dimanche de Carême?».
Pourtant, la fête de la Procession de la Croix prend son origine
dans la liturgie impériale de Constantinople. Pour protéger la
population contre les épidémies, on avait pris l'habitude de sortir
ce jour-là la précieuse relique de la Croix du palais impérial, où
elle était conservée avec les autres reliques de la Passion8, et de

1. KMIIPHAH, IIcaJlmupb C 6ocC/leào6a/JUe.M, f. 258.


2. Ibid., f. 261 v.
3. MAHCBETOB, MumponoJlum Kunpua/J, p. 18l.
4. MAHCBETOB, 0 nocmax npa60C/la6/Jou 60CmOT//Jou aepK6u, p. 74-77.
5. Sur cette question, lire l'article très fouillé de V. GRUMEL, «Le jeûne de l'Assomp-
tion dans l'Église grecque», p. 162-194.
6. MAHCBETOB, 0 nocmax npa60C/la6/Jou 60CmOT//Jou aepK6u, p. 82; V. GRUMEL, «Le
jeûne de l'Assomption dans l'Église grecque», p. 187.
7. « &:ï eiôÉVUt O~t ~~ù ~Ô ltÂ.T\pOOUt rilv ùlCoÂ.Ou6iuv ~oü op6pou ltOtOÜ~v rilv
1tpomC11VT\crtv ~oov nllioov çuÂ.O>v lCmù rilv ~açtv tiiç ~pi ~ç lCUPWlCfiç ~oov VT\<rtEtOOV» (Sin.
gr. 1094, f. 61 r. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 2291).
8. La relique de la vraie Croix avait été déposée définitivement à Constantinople par
l'empereur Héraclius, après sa victoire sur les Perses. La Croix et l'empereur devinrent
des symboles de la victoire de l'empire chrétien sur le monde païen. Rapidement, les
re\i~ues de la "Passion ramenées à Constantinople furent déposées au palais impérial.
Sur le culte impérial des re\i~ues de la "Passion, fue B. FLUSlN, \ILes re\i~ues de la
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 225

la conduire en procession dans les diverses églises de la ville. On


immergeait ce jour-là le précieux Bois de la Croix dans l'eau lors
de la cérémonie de la bénédiction des eaux l . Nous savons qu'une
telle bénédiction avait lieu le premier de chaque mois de l'année,
à l'exception de septembre où elle avait lieu le jour de l'Exalta-
tion, le 14, et de janvier où elle avait lieu pour la paramonie de
la Théophanie, le 52. Les jours suivants, on faisait des proces-
sions dans tous les quartiers de la ville afin de purifier l'air et de
protéger les habitants de la capitale impériale. Ces processions,
quartier par quartier, avaient lieu jusqu'au 14 août, veille de la
Dormition, lorsque la vénérable Croix était ramenée au palais
impérial3 .
C'est ce que nous apprenons de Constantin VII Porphyrogénète
(912-959) qui fait état de cette procession dans la description
qu'il donne des cérémonies impériales dans son fameux Livre
des cérémonies". D'après sa description, plusieurs jours avant le
1er août, le protopresbytre sortait la Croix du skeuophylakion à
la fin de la troisième ou de la sixième ode du canon des matines,
et après l'avoir enduite de parfums, la déposait dans l'église du
Phare où l'empereur vénérait la Croix. Par la suite, la Croix était
portée en procession dans d'autres églises, à travers la ville, et ce
jusqu'au 13 août. Ensuite, elle était ramenée au palais impérial5 •
L'archevêque Serge Spasskij, dans son ouvrage monumental
sur le Ménologe de l'Orient chrétien, estimait que cette tradition
remontait au IXe siècle, mais qu'elle était un usage local, propre
à Sainte-Sophie et lors des processions dans les rues de la ville,
et qu'elle ne faisait pas l'objet d'une fête. dans les autres églises et
monastères. TI s'agit là, sans doute, d'un usage paraliturgique qui ne
s'est fixé que tardivement dans le calendrier liturgique. Cela expli-
querait l'absence de sa mention dans les synaxaires et prologues
jusqu'à l'introduction du Typikon sabaïte au XIVe siècle6 .

Sainte-Chapelle et leur passé impérial à Constantinople>}, dans J. DURAND et M.-P.


LAFFITE (éd.), Le Trésor de la Sainte-Chapelle, Paris, 2001, p. 20-3l.
1. Le Typikon de la Grande Église indique bien une bénédiction des eaux ce jour-là,
mais ne prévoit aucune solennité en l'honneur de la sainte Croix. MATÉos, Typicon,
I, p. 356-357.
2. PSEUDO-KoDINOS, Traité des offices, IV, introduction, texte et traduction de
J. Verpeaux, Le Monde byzantin 1, Paris, 1966, p. 240-24l.
3. Hiéromoine MACAIRE DE SIMONOS-PETRAS, Le Synaxaire, vol. 5, Thessalonique,
1996, p. 297.
4. CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE, Livre des cérémonies, livre II, 8, Corpus
Scriptorurn Historiae Byzantinae, Bonn, 1829, vol. 1, p. 538-541 [ = PG 112, 1005-
1009].
5.Voir également HepoMoHax HOAHH, 06PJliJHUK BU3aHmuücKazo iJ60pa KaK 14epK06HO-
apXeOJIOZU<leCKUÜ UCmO<lHUK, Moscou, 1895, p. 156-157.
6. ApXHeIIHcKoii CEPnrf!, IIoAHblü MeCII14eCJI06 60cmOKa, T. II, '1. II, Vladimir, 1901,
p.295.
226 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Ainsi, nous serions tenté de chercher l'origine de ce nouveau


jeûne du mois d'août, en le reliant à la fête de la Croix plutôt qu'à
la fête de la Dormition. Ce jeûne, portant parfois aussi le nom de
«jeûne du Sauveun (crracHBKa), devait accompagner sans doute,
à l'origine, la procession de la relique de la vraie Croix pendant
quatorze jours dans les quartiers de la capitale impériale. Par
analogie avec la fête de l'Exaltation de la sainte Croix, il se peut
très bien que les gens pieux se soient mis à jeûner ces jours-là,
donnant ainsi le prétexte à l'apparition d'une nouvelle période de
jeûne dans l'année!. V. Grumel avait déjà considéré cette hypo-
thèse, tout en l'ayant personnellement écartée, prétendant que ce
jeûne avait été passé sous silence pour être réintroduit plus tard2 •
Une chose pourtant est certaine : la Russie ne semble pas l'avoir
connu avant son introduction par le métropolite Cyprien.
Nous avons déjà noté dans la première partie, et ce à plusieurs
reprises, l'attachement du métropolite Cyprien aux usages de la
Grande Église et combien il aimait accorder sa pratique liturgique
avec celle-ci. TI semblerait donc que l'introduction, à la toute fin du
XIVe siècle, de ce jeûne de deux semaines au mois d'août, aille de
pair avec l'introduction de la fête de la Croix du 1er août, comme
en témoigne le Psautier suivi.
La rubrique de ce Psautier nous dit que lors de la lecture de la
neuvième heure, on sort le Vénérable Bois de la Croix du skeuo-
phylakion et on l'apporte dans le saint autel, comme pour l'office
du 14 septembre3 • On ne célèbre toutefois ni agrypnie ni Polyéleos.
De plus, contrairement aux indications des typika sabaites plus
tardifs 4, les matines ne se terminent pas avec le chant de la grande
doxologie dans sa rédaction constantinopolitaine, mais avec la lec-
ture de la grande doxologie dans sa rédaction hiérosolymitaine,
comme en témoigne la mention des apostiches dans le Psautier
suivi. Ainsi, le déroulement de l'office dans le Psautier suivi reste
plus proche de la tradition stoudite.
Par conséquent, si, dans la pratique sabaïte actuelle, la Croix est
portée en procession pendant le chant du Trisagion final qui suit
immédiatement la grande doxologie dans sa rédaction cons tan-
tinopolitaineS , le Psautier suivi devait prévoir de sortir la Croix
d'après l'usage stoudite, décrit le troisième dimanche de Carême.
La Croix demeure sur la sainte table jusqu'à la fin de la neuvième
ode. C'est alors qu'elle est portée solennellement au milieu de

1.. MARC1I1'.1:0~, 0 nocmax npa60Clla6HOU 60CmO'lHOU I.J;epK6u,~. 83.


2.V. GRUMEL, _Le )eûne lie \' 1\ssoml1tion lians \'"Église grecC\ue»,~. 19G.
3.l<mI.1'\\M\, llcaJlmUpb C 6ocClle006aHUeM, f. 251 v.
<\."Pal: e"l\.eml1\e, Typikon, Moscou, 19G6, 11. 36G v. ,
5."Pal: exem~\e, Typikon, Moscou, 19G6, 11.12 '1.-13 \offtce lie \'Exaltation), l6GJ
v.-lM \office liu le< août), <\29-<\29 v. (3< dimanche lie Cal:ême). ' 1.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 227

l'église pour être vénérée et placée sur une petite table devant les
portes saintes. Après le Notre Père à la fin des matines, on chante
le trop aire «Devant ta Croix), et on vénère la Croix!. C'est sans
doute ce qui est sous-entendu par la rubrique du Psautier suivi :
«TI convient de savoir qu'après la fin des matines, nous vénérons
la Croix selon l'ordre du troisième dimanche du jeûne) - une
rubrique reprise des anciens typika sabaïtes du XIIe siècle2 •
Le Psautier suivi prévoit de plus, après le congé des matines,
de faire une litie avec la vénérable Croix à l'intérieur du monas-
tère : à l'higoumenio, au réfectoire, au grenier, à la cave et dans
toutes les cellules des frères. Puis, de retour à l'église, il ordonne
de célébrer la bénédiction des eaux. Cette litie n'est pas sans rap..,
peler la procession qui avait lieu ce jour-là à Constantinople, du
palais impérial jusqu'à Sainte-Sophie, et qui se terminait par la
bénédiction des eaux au petit baptistère de Sainte-Sophie3. Nous
voyons donc l'adaptation d'une liturgie stationale urbaine à celle
d'un monastère, mais à une moindre échelle.
Nous avons noté dans la première partie que l'acolouthie de la
bénédiction des eaux du 1er août faisait partie de la tradition eucho-
logique du métropolite Cyprien où elle apparaît dans de nombreux
manuscrits qui y sont liés4 • Le métropolite en fait également men-
tion dans sa lettre au clergé de Pskov lorsqu'il énumère les différents
textes liturgiques qu'il lui a envoyés5 . Ainsi, nous constatons que la
fête du 1er août, ainsi que le jeûne qui l'accompagne et l'acolouthie
de la bénédiction des eaux en ce jour, apparaissent comme une nou-
veauté et appartiennent donc aux éléments constitutifs de la réforme
du métropolite Cyprien.
TI est prévu ensuite par le Psautier suivi de boire de cette eau
bénite pendant que le prêtre asperge le monastère, après quoi la
liturgie est célébrée «à cause du jeûne, pour le début de ce véné-
rable jeûne6 ). Puis, c'est après le congé des vêpres que le prêtre,
accompagné des autres frères, rapporte le Vénérable Bois de la
Croix dans le skeuophylakion.
Notons au passage une rubrique qui ne concerne pas directe-
ment la pratique du jeûne, mais la consommation du raisin. Elle se
trouve pour la fête de la Transfiguration, le 6 août. Nous lisons:

1. IIEHTKOBCKHli, TunUKOH, p. 242.


2. KHIIPHAH, IIca.fImupb C 60CC/leiJo6a/lUeM, f. 258; comparer avec Sin. gr. 1094,
f. 61 r. (voir note 7, p. 224) [Édité par LOSSKY, Lé TYpikon byzantin, p. 229].
3. Hiéromoine MACAIRE DE SIMONOs-PETRAS, Le Synaxaire, vol. 5. Thessalonique,
1996, p. 297; HepOMOHax HOAHH, 06p51iJ/lUK BU3a/lmUUCKazo iJ80pa KaK l!epKo8Ho-apxeo-
/I0zu'tecKuu ucmo'tHUK, Moscou, 1895, p. 157-158.
4. Voir dans notre chapitre II, «Le Sluzhebnik de Cyprien », p. 99-100 et «Le Trebnik
du métropolite Cyprien», p. 101-104 .
. {j; IIABJIOB, Ka/lOHu'tecKue na.MJImHUKU, col. 239.
,fi. KHIIPHAH, IIca.fImupb C 60CC/leiJo6a/lUeM, f. 258.
----
228 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

«Il convient de savoir que nous avons la tradition pour cette fête
salvatrice de la Transfiguration de manger du raisin, d'abord bénit
par le prêtre et distribué à tous dans l'église après l'antidoron. Si
l'on voit l'un des frères manger du raisin avant cette fête, qu'il
reçoive une épithymie de son maître pour désobéissance et qu'il
ne mange pas de raisin avant le mois d'août à cause de cela. Il
convient à tous les moines qui travaillent dans la vigne d'observer
cette tradition. Il convient aux frères de manger du raisin à table
après la fête de la Transfiguration, c'est-à-dire le lundi, le mercredi
et le vendredi. Il en est de même pour les figues, et les autres
fruits, après le moment de leur apparition. Nous disons cela à
l'exception de ceux qui veillent aux figues, car nous pardonnons
aux frères d'en manger en leur temps tous les jours!.» Nous
retrouvons cette rubrique dans tous les typika sabaïtes ultérieurs 2 ,
de même que dans les ménées de rédaction hiérosolymitaine.
Par contre, dans les plus anciens typika sabaïtes du XIIe siècle,
nous retrouvons cette même rubrique pourIa fête de la Dormition
de la Mère de Dieu, le 15 août3 • De ce fait, il se pourrait que
l'interdiction de manger du raisin avant cette date soit liée à
l'origine au jeûne de la Dormition. Il se pourrait en effet que le
jeûne de la Dormition soit apparu au XIIe siècle, si l'on en croit
la lettre attribuée au patriarche Michel II de Constantinople qui
le mentionne. Ce dernier tente d'en démontrer l'origine apos-
tolique qui serait plus ancienne que le jeûne de Noël: «Après
la Dormition de la bienheureuse Mère de Dieu, il fut décidé
par les saints apôtres que l'on jeûnerait en son honneur pendant
quarante jours, du 6 juillet au 15 août, c'est pourquoi, selon la
coutume antique, c'est le jour de la Dormition - et non le jour
de la fête de la Nativité de notre Seigneur (car, ou bien celle-ci
n'existait pas encore, ou bien il n'était pas encore de tradition
qu'on la solennisât) - qu'il avait été décidé que les pénitents,
lesquels devaient à certains intervalles déterminés faire la Sainte
Communion, la recevraient4.» Or, vouloir justifier la pratique de
ce jeûne en faisant appel à une prétendue tradition apostolique
plus ancienne que le jeûne de Noël, alors que nous savons bien
qu'historiquement la fête de la Dormition est beaucoup plus tar-
dive que celle de la Nativité, semble refléter à nos yeux une -ten-
tative de justifier l'introduction d'une nouvelle pratique, à moins,
bien évidemment, que ce document ne soit un faux.

1. Ibid., f. 259 v.-260.


2. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 368 v.-369.
3.Voir par exemple, Sin. gr. 1094, f. 64 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin,
p.234·1
4. MICHEL II, «Au sujet du jeûne des saints apôtres,>, dans 1. OUDOT, Patriarchatus
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 229

C'est pourquoi il est plus probable que cet usage de bénir


le raisin tire son origine de la pratique de l'Ancien Testament
d'offrir les prémices à Dieu (voir Gn 4, 3; Ex 23, 19; Ex 34,
26; Lv 23, 17; Nb 28, 26; Dt 26, 2). Cet usage a survécu
dans le christianisme, et nous trouvons dans les Constitutions
apostoliques une prière d'action de grâces pour les prémices!.
En Orient, la fête de la Transfiguration coïncide pratiquement
avec la saison des récoltes. Par conséquent, le fait d'apporter ce
jour-là les prémices à l'église pour les faire bénir et d'attendre
cette bénédiction avant d'en manger est un signe d'action de
grâces au Créateur pour les fruits que nous avons reçus de lui
pour notre nourriture. La rubrique du Psautier suivi, se réfé-
rant à la règle des Pères, indique qu'il faut attendre la bénédic-
tion du prêtre sur les prémices des arbres fruitiers avant d'en
consommer.
li est néanmoins intéressant de noter le déplacement de cette
bénédiction du 15 au 6 août quelque part entre le XIIe et le
XIVe siècle. Cela pourrait s'expliquer par le décalage calendaire qui
a fait que la date du 15 août ne correspondait plus avec la saison
des récoltes et que le 6 août convenait davantage.
Pour terminer, notons une dernière rubrique concernant la pra-
tique du jeûne dans la description de l'office de l'Exaltation de la
Croix, le 14 septembre. li y est dit que (da liturgie étant terminée,
nous allons au réfectoire. Nous ne mangeons pas de fromage, ni
d'œufs, ni de poisson. Nous consommons de l'huile et buvons du
vin en rendant grâce à Dieu. li faut savoir aussi que, contraire-
ment à l'acolouthie, il ne convient pas de consommer de l'huile
ni de boire du vin. Mais à cause de la joie que fut la révélation
de la Croix, nous avons cette permission pour la gloire du Christ
crucifié et qui a révélé cela2 • »
Une telle justification de la rigueur du jeûne, n'autorisant que
le vin et l'huile ce jour de fête, était nécessaire afin d'expliquer
l'introduction d'un jeûne strict un jour de fête. Les anciens
typika ne pouvaient en effet concilier la notion de jour de jeûne
avec celle de jour de fête. Les fêtes ne pouvaient être un jour de
jeûne, puisqu'on indiquàit une consolation (1tOpalCÂ.l1O"tç, oVTiwi
"if) pour les frères 3 • Le Typikon d'Alexis le Stoudite sous-entend
la suppression du jeûne ce jour-là, puisqu'il indique la «sup-
pression de tout», c'est-à-dire des heures, des métanies et des
obédiences4 •

1. Les Constitutions apostoliques, livre VIII, 40, 1-4., trad. M. Metzger, SC 336, Paris,
1987, p. 254-255.
2. KHIIPHAH, Ilcll/Imupb C 60CC/le006aHUeM, f. 197.
3. MAHCBETOB, MumponoJlum KunpuaH, p. 181.
4. IIEHTKOBCKHn, TunuKoH, p. 283.
230 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Au contraire, le Psautier suzvi dit que seuls l'huile et le vin sont


autorisés à cause de la joie de l'invention de la véritable Croix. Dans
ses Réponses à l'higoumène Athanase, le métropolite Cyprien parle du
jeûne strict observé le jour de l'Exaltation, de· même que le jour
de la Décollation de Jean Baptiste : «Pour la Décollation de Jean
le Précurseur et le Baptiste, il ne faut pas consommer de viande,
ni de lait, ni de poisson, indépendamment du jour de la semaine
où elle tombe; de même pour l'Exaltation de la vénérable Croix,
le jour même! .•) Or, comme le souligne 1. Mansvetov, la Nativité
et la Décollation de Jean Baptiste étaient du nombre des grandes
fêtes, pour lesquelles on supprimait le jeûne et les métanies, dans
les documents liturgiques anciens, de même que chez Nikon de la
Montagne Noire. Ce dernier dit n'avoir rien trouvé d'écrit au sujet
du jeûne le jour de l'Exaltation et expliquait que ce n'était qu'une
pieuse coutume que de jeûner ce jour-là en honneur de la passion
du Christ2 • Ainsi, ce ne serait qu'aux XIVe-xve siècles que le jour de
la Décollation serait devenu un jour de jeûne strict3 • Le Psautier suivi
ne mentionne que le jeûne strict de l'Exaltation, pas encore celui de
la Décollation. Dans le passage des Réponses à l'higoumène Athanase
cité plus haut, le métropolite Cyprien dira qu'il convient d'observer
la même règle de jeûne strict pour la Décollation et pour l'Exalta-
tion4 • Nous pouvons donc conclure que c'est avec la diffusion du
Typikon sabaYte, aux XIVe-xve siècles, que fut introduite la pratique
d'un jeûne strict les jours pourtant festifs de l'Exaltation de la Croix
et de la Décollation de saint Jean Baptiste, et cela est confirmé par le
fait que les typika sabaYtes, tant grecs que slaves, mais postérieurs au
XIV< siècle, sont les seuls à mentionner une telle pratiques.

Les paramonies de la Nativité et de la Théophanie.

Comme nous l'avons vu, les paramonies de la Nativité et de


la Théophanie dénotent, dans la tradition sabaïte, un caractère
particulier. En comparant la description de l'office de la para-
monie de la Nativité, le 24 décembre, dans le Typikon d'Alexis
le Stoudite6 et celle du Psautier suivi7 , nous pouvons remarquer
certaines divergences :

1. «Ha YctKHoBeHie rnaBbI IOaHHa IIpeATe'lH H KpecTRTemI MlIca He JlCTR, HH MJIeKa,


BR pbl6bI, alIIe B'b KOTOPbIR AeHb BR rrPRJIY'lHTCJI; TaKoxe H Ha B03;IJ;BRXeHie 'leCTRarO
KpeCTa, Ha caMbm TOR AeHb). (IlABnoB, KaHoHu'/ecKue na.MJImHUKU, col. 253).
2. MAHCBETOB, Mumpono/lum KunpuaH, p. 200.
3.Ibid.,p.197-198.
4. IlABnoB, KaHOHU'IeCKUe na.MJImHUKU, col. 253.
5. MAHCBETOB, Mumpono/lum KunpuaH, p. 201-202.
6. IlEHTKOBCKHi'l, TunuKoH, p. 307.
"' Vu~nT%AU I1rnnm,m" C lIOCCJle006aHueM, f. 220 v.-221.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 231

'JYpikon d'Alexis Psautier suivi


le Stoudite du métropolite Cyprien
Le 24 décembre. Le 24 décembre.
Suppression des heures, On dit les heures à la septième heure
des métanies du jour.
et des obédiences. n faut savoir que si la paramonie de
la Nativité du Christ tombe un samedi
On chante les vêpres ou un dimanche, il n'y a pas de jeûne, et
à la neuvième heure les tropaires ne sont pas chantés. Le jeûne
du jour si c'est jeûne. a lieu le mercredi et le vendredi.
La liturgie de saint Basile Les jours que nous avons mentionnés, soit
suit les vêpres. le samedi et le dimanche, on célèbre la
Si c'est samedi liturgie de Chrysostome comme d'ha-
ou dimanche, le matin, bitude et celle-ci étant terminée, nous
on célèbre la liturgie mangeons dans l'église un bout de pain et
de Chrysostome. buvons une coupe de vin.
À la dixième heure, on frappe [la siman-
Au réfectoire, on mange dre] et on commence les vêpres. Après
des lentilles bouillies, le congé des vêpres, nous chantons le
un morceau de pain et on trop aire et le kondakion de la Nativité, et
boit une coupe (de vin). nous nous rendons au réfectoire et man-
geons de l'huile et buvons du vin.
Le soir, on célèbre n convient de savoir que si cette fête
les vêpres. tombe un samedi ou un dimanche,
la liturgie de Chrysostome est célébrée
Au réfectoire, on mange à son heure [habituelle]. [La liturgie]
du poisson et on boit trois de Basile le Grand est célébrée le jour· de
coupes (de vin). la fête. Nous faisons de même pour la fête
de la Théophanie.
Apodeipnon en cellule. Veille, lorsque ce n'est ni samedi ni
dimanche, à ce que soit célébrée pour
la paramonie la liturgie de Basile
le Grand. Le lendemain, on célèbre
[la liturgie] de Chrysostome.
La liturgie vespérale est célébrée à
la dixième heure et on célèbre la Divine
liturgie de Basile le Grand.
n faut savoir que lorsqu'il n'y a pas de
jeûne pour la paramonie de la Nativité du
Christ, les lectures étant terminées, on ne
chante pas le Trisagion avant l'apôtre mais
[on dit] immédiatement le prokimenon,
et l'apôtre, puis Alléluia et l'évangile. Et
l'ecténie et le congé ont lieu.
232 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Nous constatons tout d'abord une convergence entre les deux


traditions quant aux formulaires eucharistiques utilisés : la liturgie
de saint Basile pour la paramonie, lorsque celle-ci ne coïncide pas
avec un jour festif (samedi ou dimanche), et la liturgie de saint
Jean Chrysostome lorsqu'il y a occurrence avec un samedi ou
dimanche. Mais, malgré ce point de convergence, nous pouvons
constater plusieurs divergences entre les deux typika.
La première différence est que la paramonie de la Nativité est
un jour chômé dans la tradition stoudite, qui entraîne la sup-
pression des heures, des métanies et des obédiences. Dans la tra-
dition sabaïte, c'est un jour de jeûne strict. La rigueur du jeûne
dans cette tradition apparaît une fois de plus dans le cas de l'oc-
currence de la paramonie avec un samedi, jour où le jeûne est
proscrit!. Le Typikon d'Alexis le Stoudite prévoit deux repas au
réfectoire dans ce cas. Le premier repas est un repas de jeûne,
avec l'autorisation pour une seule coupe de vin. Le second, après
le congé des vêpres, est plus festif, car on autorise le poisson et
trois coupes de vin. Le Psautier suivi témoigne de la tradition
sabaïte qui est beaucoup plus ascétique. Dans le cas d'une telle
occurrence, il n'y a qu'un seul repas pris au réfectoire. Après
le congé de la liturgie, on se contente de manger, debout dans
l'église, un bout de pain et de boire une coupe de vin. Le seul
repas au réfectoire suit les vêpres, et il n'y a qu'une autorisation
pour de l'huile et du vin, mais pas pour du poisson.
Contrairement à la tradition stoudite qui prévoit la suppres-
sion des heures ce jour-là, le Psautier suivi prescrit la lecture des
heures à la septième heure du jour. Nous savons, en effet, que la
tradition sabaïte célèbre les grandes heures de manière très solen-
nelle le jour des paramonies. Les heures sont célébrées l'une à
la suite de l'autre, avec des trop aires particuliers et la lecture à
chacune des heures d'une parémie, d'un apôtre et d'un évangile.
Dans le cas d'une occurrence de la paramonie avec un samedi ou
un dimanche, les grandes heures sont célébrées le vendredi pré-
cédent. C'est ce que le Psautier suivi sous-entend lorsqu'il stipule
que «si la paramonie de la Nativité du Christ tombe un samedi
ou un dimanche, il n'y a pas de jeûne, et les trop aires ne sont pas
chantés. Le jeûne a lieu le mercredi et le vendredi2. » >

1. Le 53' canon apostolique ordonne en effet : «Si un évêque, un prêtre ou un


diacre ne prend pas de viande ou de vin les jours de fête, on le déposera car "il est
marqué au fer rouge dans sa conscience" et il est devenu cause de scandale pour
beaucoup. l) Puis, le 64' canon apostolique déclare : «Si un clerc est surpris à jeûner
le dimanche ou le samedi, à l'exception d'un seul samedi, il sera déposé; si c'est un
laïc, il sera exclu.l) Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9, t. l, 2,
Rome, 1962, p. 36-37, 4l.
'J l{Unl'U"'K IIcaJlmuDb C 60CCJle006aflUe.M, f. 220 v.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 233

De nos jours, on qualifie ces grandes heures d'heures «royales).


Ce qualificatif est tardif, sans doute d'origine russe l . TI peut
porter à confusion, car à l'origine cette acolouthie n'avait rien de
commun avec l'office impérial ou patriarcal, et était inconnue à
Constantinople. L'acolouthie est d'origine hiérosolymitaine et elle
était initialement connue comme «l'acolouthie des douze tropaires ).
Les douze tropaires, qui furent répartis entre les quatre petits offices
des heures, à raison de trois tropaires par heure, sont habituelle-
ment attribués à saint Sophrone, patriarche de Jérusalem Ct 644).
De Palestine, cette acolouthie fut introduite à Constantinople au
XIIe siècle, au monastère de l'Évergétis. Le 1jJpikon de l'Évergétis
connaît en effet cette acolouthie, qui avait lieu habituellement entre
la troisième et la sixième heure2 • Par la suite, comme le souligne
E. Diakovskij, sous l'influence de l'ordo palestino-sabaïte, d'autres
typika ont peu à peu adopté l'acolouthie des douze tropaires en
les insérant dans les heures 3 • Cette acolouthie a même atteint la
Grande Église de Constantinople au XIVe siècle, et nous en avons
une description dans le Traité des offices du Pseudo-Kodinos4 • De là,
elle fut diffusée en Russie en même temps que le Typikon sabaïte.
Par conséquent, la diffusion du Typikon sabaïte à la fin du
)(Ne siècle a nécessairement entraîné une correction des Ménées

en introduisant le jour de la paramonie de la Nativité, de même


que celle de la Théophanie, l'acolouthie des grandes heures,
avec l'hymnographie et les lectures prescrites. Cela semble bien
prouver, comme nous l'avions avancé dans la première partie, que
la Ménée de Kharkov est une ménée de rédaction hiérosolymitaine,
puisqu'elle connaît l'office des grandes heures pour la paraIl?:,onie
de la Nativité, et que celle-ci ne peut pa.s être antérieure à la
réforme liturgique du métropolite Cyprien5 • Elle fait donc partie
des nouveaux livres liturgiques, de rédaction hiérosolymitaine, qui
ont accompagné la diffusion du Typikon sabaïte.
Une autre différence majeure concerne l'apodeipnon. Alors
que le 1jJpikon d'Alexis le Stoudite prévoit sa lecture en cellule le
soir du 24 décembre, le Psautier suivi évoque la célébration d'une
agrypnie la veille du 25 décembre6 . Or, puisque les vêpres ont été
célébrées à la dixième heure du jour, l'agrypnie est alors com-

1. E. ,!l;HAKOBCKHn, «I.J;apcKHe '1aCbI POJK,lleCTBa XpHCTOBa H BOrOJl:BJIeHllJ!)), TKJ(A


12 (1908), p. 490.
2. The Synaxarion of the Monastery of the TheotokOs Evergetis, text and translation by
R. H. Jordan, Belfast Byzantine Texts and Translations 6.5, Belfast, 2000, p. 320-329.
3. E. ,!l;HAKOBCKHH, «I.J;apcKHe '1aCbI POJK,lleCTBa XpHcToBa H BOrDJl:BJIeHRll: », TKJI.A
12 (1908), p. 487-488.
4. PSEUDO-KoDiNOS, Traité des offices, N, introduction, texte et traduction de
J. Verpeaux, Le Monde byzantin 1, Paris, 1966, p. 189-220.
5. Voir au chapitre II, «La Vie du saint métropolite Pierre»), p. 91.
6.Voir notice du 25 décembre: KHIIPHAH, IlcaJlmupb C 80cClle008aHUeM, f. 221.
234 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

posée du grand apodeipnon et des matines. Cela entraîne, par


conséquent, la lecture de l'apodeipnon à l'église dans la tradition
sabaïte. Cette dernière remarque a également nécessité un rema-
niement des Ménées, avec l'introduction de stichères pour la litie
ayant lieu à la fin de l'apodeipnon.
Toutes les remarques que nous venons de faire pour la para-
monie de la Nativité se voient confirmées lorsque nous compa-
rons la description de l'office de la paramonie de la Théophanie
dans nos deux documents de traditions différentes! :

Psautier suivi
'JYpikon d'Alexis le Stoudite
du métropolite Cyprien
Le 5 janvier. Le 5 janvier.
On lit les heures à la sixième
heure du jour. On frappe la petite
[simandre] et on se rassemble
dans l'église et on dit la première
heure, la sixième et la neuvième
avec leurs trop aires, comme il a
été indiqué plus tôt, puis le congé
et nous nous reposons un peu
dans nos cellules.
Si c'est un samedi ou un diman-
che, les tropaires sont chantés le
vendredi.
À la neuvième heure du jour, À la dixième heure, on frappe la
vêpres suivies de la liturgie de saint grande simandre et on entre dans
Basile. l'église. Le prêtre ayant donné la
bénédiction, nous commençons
les vêpres. Et nous chantons le
Psaume 1. Si c'est un samedi,
nous psalmodions le premier
cathisme. Sinon, nous commen-
çons : <, Seigneur, je crie» : nous
mettons 8 versets et chantons les
stichères, ton 2 : Gloire : Ecmain-
tenant. Puis a lieu l'entrée avec
l'évangile. Puis <,Lumière joyeuse».
Le prokimenon du jour et les
lectures de la fête. Et les lectures
étant achevées,

1. ITEIITKOBCKHH, TUnUKOH, p. 315-316. KHllPHAH, IIca/lmupb C 8ocCJleào8aHUe.M, f. 224


L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 235

les petits diakonika puis le


Trisagion, le prokimenon de
l'apôtre, puis l'apôtre et l'évangile.
Et on célèbre la Divine liturgie de
Basile le Grand.
Lorsque le prêtre dit la prière
derrière l'ambon, nous sortons au
baptistère en chantant les [stichè-
res] habituelles du baptême. Et le
prêtre dit les ecténies et le congé,
puis le tropaire et le kbndakion de .
la fête. Et on glorifie le supérieur
selon l'habitude.
Après la liturgie, nous buvons un Et on entre au réfectoire. On ne
peu de vin et mangeons du pain. mange ni fromage, ni œufs, ni
Bénédiction des eaux. poisson, mais seulement de l'huile
Si c'est un samedi ou dimanche, et on boit du vin.
comme pour la Nativité. À la fin
des vêpres, bénédiction des eaux.
Puis on va au réfectoire.
Apodeipnon en cellule.

Nous voyons que dans la tradition sabaïte, attestée par le Psautier


suivz~ les heures sont lues à la suite avec des tropaires particuliers
pour former l'acolouthie des grandes heures, et que celles-ci sont
reportées au vendredi précédent dans le cas d'une coïncidence avec
un samedi ou un dimanche. Le Psautier suivi rappelle que le jour
de la paramonie, il ne peut y avoir qu'autorisation de vin et d'huile,
mais jamais de poisson, comme pouvait le faire le TYPikon d'Alexis
le Stoudite dans le cas d'une occurrence avec un samedi ou un
dimanche. Ce dernier prescrivait de manger un bout de pain et de
boire du vin à l'église avant la bénédiction des eaux, alors que, dans
le cas du Psautier suivi, la bénédiction suit immédiatement la prière
derrière l'ambon à la fin de la liturgie.

Occurrences de tètes pendant la Sainte Quarantaine.

Dans les nombreux cas d'occurrences que doivent régir les


typika, les cas d'occurrences de jours de fête avec la Sainte
Quarantaine ne manquent pas d'attirer l'attention. Le Psautier
suivi donne un ordo détaillé pour quatre cas possibles : la fête
de la Rencontre du Seigneur, le 2 février!, la fête de l'Invention

1. KHIIPHAH, IIcaJlmupb C 80CClle008aHUeM, f. 232-232 v.


236 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

du chef de saint Jean Baptiste, le 24 février!, la fête des Quarante


Martyrs de Sébaste, le 9 mars 2, et l'Annonciation, le 25 mars 3 •
L'ordo pour la coïncidence de la fête de la Rencontre du
Seigneur avec la Sainte Quarantaine est une particularité du
Psautier suivi. Le 1Ypikon d'Alexis le Stoudite ne prévoit pas une
telle occurrence. Les typika sabaïtes actuels prévoient, de leur côté,
lorsque la fête tombe le lundi de la première semaine de Carême,
de la déplacer au dimanche de la Tyrophagie4 • Dmitrievsky signale
qu'au XVIe siècle encore, on célébrait, dans un cas pareil, la fête de
la Sainte Rencontre le jour mêmes.
La rubrique du Psautier suivi ressemble beaucoup à celle de
l'Annonciation. On retrouvera encore de telles rubriques dans
les manuscrits liturgiques du XVIe siècle 6 • Elle prévoit de chanter,
la veille de la fête, aux vêpres, pour le lucernaire, d'abord les
stichères du Triode, puis celles de la fête. De même, il est prévu
de lire d'abord les lectures du jour dans le Triode, puis celles
de la fête. Après les lectures, on enchaîne avec la liturgie des
Présanctifiés. Un repas suit l'office au réfectoire. À la première
heure de la nuit, une agrypnie est prévue, constituée de l'apo-
deipnon et des matines. La litie, dans le narthex, a lieu à la fin
de l'apodeipnon, après: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux».
L'agrypnie se conclut par la première heure. À la troisième
heure du jour, il est dit de lire les heures sans métanies, mais de
psalmodier toutefois leurs cathismes. Nous savons en effet que
l'ordo des heures en Carême prévoit de faire des métanies aux
trop aires des heures, et de lire un cathisme à chaque heure. Aux
vêpres, le jour même de la fête, on chante au lucernaire d'abord
les stichères de la fête, puis ceux du Triode. Il y a une entrée
avec l'évangile. On lit les lectures de la fête, puis celles du jour.
Notons que l'ordre habituel, pour des cas pareils, comme par
exemple le jour de l'Annonciation, est inversé. Une autre parti-
cularité de cet ordo est la mention du chant des versets tirés du
Psaume 140 «Que ma prière s'élève », suivi de la divine liturgie
de saint Jean Chrysostome. Nous retrouvons une telle indication
dans le même Psautier et dans le Typikon d'Alexis le Stoudite
pour la fête de l'Annonciation7 • Une telle prescription pour-
rait nous étonner. En effet, nous ne connaissons aujourd'hui
le chant de ces versets du Psaume 140 qu'à la liturgie des

1. Ibid., f. 236-237.
2. Ibid., f. 237 v.-239.
3. Ibid., f. 239 v.-241 v.
4. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 226.
5. A. )1.MHTPHEBCKHH, Bozoc.rI)lJICenue B PyCCKOÜ l{epKBu B XVIB., Kazan, 1884, p. 167.
6. Ibid., p. 167-168.
'7 Kl.m"UAH nCllflmuDb C BocC/leàoBanUe.M, f. 241 v.; IIEHTKOBCKHH, TUnUKOII, p. 334.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 237

Présanctifiés. En fait, le chant de ces versets psalmiques ne


dépendait pas initialement de la liturgie des Présanctifiés, mais
était un grand prokimenon vespéral provenant des usages de la
Grande Église de Constantinople. Justement, selon le Typikon
de la Grande Église, il est prévu de le chanter, comme dans le
cas présent, le jour de l'Annonciation, avant les lectures de la
liturgie de saint Jean Chrysostome!. Ainsi, le Typikon d'Alexis le
Stoudite a été influencé sur ce point par le Typikon de la Grande
Église et le Psautier suivi a gardé une trace de cet antique usage
constantinopolitain.
Voyons maintenant deux cas d'occurrence type d'une fête d'un
grand saint avec la Sainte Quarantaine. Nous allons pour cela
comparer la description de l'office du 24 février pour l'Invention
du vénérable chef de saint Jean le Précurseur dans le Typikon
d'Alexis le Stoudite2 et dans le Psautier suivz'.

Psautier suivi
7jlpikon d'Alexis le Stoudite
du -métropolite Cyprien
Si c'est pendant le jeûne, S'il y a jeûne, le soir, aux vêpres,
la stichologie habituelle.
À «Seigneur, je crie» : nous À «Seigneur, je crie» : nous
mettons neuf versets et chan- mettons dix versets et chantons les
tons d'abord le stichère dans le stichères idiomèles du jour, deux
Triode. Ensuite, les automèles fois [chacun], et les trois martyrika
du Précurseur. Gloire, idiomèle : automèles qui sont dans le Triod\!.-
Trésor de dons divins : Et mainte- Ensuite, les trois automèles du
nant : théotokion. Précurseur. Gloire, ton 6 : Trésor
de dons divins : Et maintenant :
théotokion.
Entrée et liturgie de jeûne. Entrée et les lectures. Puis la
On dit l'apodeipnon le matin s'il y divine liturgie des Présanctifiés.
a jeûne avec six psaumes.
Aux matines, après le premier Aux matines, on frappe [la
cathisme, tropaire-cathisme de simandre] à l'heure habituelle. Au
l'Octoèque. Après le second «Seigneur est Dieu» : le trop aire,
cathisme, tropaire du jour. Après la ton 4 : De la terre ayant resplendi.
troisième ode, tropaire-cathisme du Stichologie habituelle. Nous ne
Triode. Après la sixième ode, faisons pas de métanies.

1. M. ARRANz, «La liturgie des Présanctifiés de J'ancien EuchoJoge byzantin,), OCP


47 (1981), p. 384. Voir )l;MHTPHEBCKHH, OnucaHue, T. H, T1l1tt1(u,
q. 1, p. 57; MATÉOS,
Typicon, 1, p. 254.
2.IIEHTKoBcKHA:, TunuKoH, p. 329.
3. KHIIPHAH, IIcMmupb C BOCC/leOOBaHUeM, f. 236-237.
238 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

kondakion. Au «Seigneur est Anavathmi : premier antiphone


Dieu» : on chante le reste, comme du ton 4. [prokimenon.] Évangile.
il a été dit, d'abord le Triode, l'Oc-Psaume 50.
toèque, et le Précurseur. Canon du Précurseur. Tri-odes du
jour. Comme d'habitude, après la
sixième ode, kondakion du saint.
Aux laudes, stichères Précurseur. Aux laudes, stichères automèles
du Précurseur : Gloire, ton 6 : La
mémoire vénérable : Et mainte-
nant : théotokion.
Aux apostiches, d'abord les Aux apostiches, idiomèle du jour,
stichères du Triode; Gloire, du deux fois; martyrikon; Gloire, ton
Précurseur : Et maintenant : 6 : Celui qui reposa auparavant
théotokion. sur un plateau : Et maintenant :
théotokion.
À la fin des matines, trois grandes
métanies seulement.
De même à tous les offices. On
fait seulement trois grandes méta-
nies aux vêpres, aux matines et
aux heures.
On dit la première heure avec les On joint aux matines la première
matines, avec la lecture du Psautier. heure avec la stichologie, sans
De même les autres heures avec la métanies.
lecture du Psautier. S'il y a jeûne, on ne fait pas la
À la fin de la neuvième heure, ont proscomidie, mais les Présanctifiés.
lieu les vêpres. On ne lit pas le Et après la stichologie habituelle :
Psautier. Seigneur, je crie : stichères.
À Seigneur, je crie: on met six Et l'entrée avec l'évangile a lieu.
versets et on chante d'abord Prokimenonet les lectures du jour,
les stichères du Triode puis du puis: Que ma prière s'élève.
Précurseur. Ensuite le diacre dit : Sagesse. Et
Puis l'entrée avec l'évangile. immédiatement le prokimenon de
Prokimenon et les lectures du jour, l'apôtre. Et l'apôtre. Et Alléluia,
puis: Que ma prière s'élève. trois fois. Et l'évangile, et la divine
Sagesse. Lecture de l'apôtre du liturgie des Présanctifiés s~lon
Précurseur. Et l'évangile. Et le l'ordre.
déroulement de toute la divine
liturgie de jeûne, comme le Grand
Vendredi.

Nous avons, pour les deux traditions, une structure essen-


tiellement similaire : des Présanctifiés faisant suite aux vêpres,
la veille de la fête et le jour même; des matines où l'hymno-
--~-\..;~ +~~1-;"", "'''' ;r.;nr ? l'hvmnO!1Tanhie du Triode, la lecture
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 239

des heures d'après l'ordo de jeûne, avec leur stichologie. Le


Typikon d'Alexis le Stoudite indique que la liturgie de jeûne est
célébrée à la fin des vêpres le jour de la fête «comme le Grand
Vendredi », indiquant par là une pratique de la Grande Église,
conservée dans la tradition stoudite, de célébrer ce jour-là les
Présanctifiés.
Toutefois, nous remarquons quelques différences entre nos
deux documents. Au lucernaire, le Typikon stoudite prévoit neuf
stichères la veille de la fête et six le jour même. Le Psautier suivi,
conformément à la tradition sabaïte, prescrit dix stichères lorsque
les Présanctifiés sont célébrés à la fin des vêpres. Le Typikon
stoudite supprime la stichologie aux vêpres le jour même de la
fête, alors que le Psautier suivi, fidèle à la tradition sabaïte, la
maintient.
Notons que le Psautier suivi supprime les métanies, ne gardant
que trois métanies finales de chaque office accompagnant la
prière de saint Éphrem. Cet usage est explicité par une rubrique
trouvée dans la description de l'office du 9 mars pour les
Quarante Martyrs: «Nous omettons ici les métanies. Nous fai-
sons seulement trois grandes métanies à la fin de chaque office.
De même à la liturgie: trois [métanies] après: "Que ma prière
s'élève"; trois [métanies] après : "Maintenant les Puissances
célestes"; trois [métanies] après: "Que le nom du Seigneur soit
bénil". »
Nous allons maintenant étudier le déroulement de l'office de
l'Annonciation qui est le cas typique de l'occurrence d'une grande
fête avec la Sainte Quarantaine. Nous allons comparer de nou-
veau la description qu'en fait le Typikon d'Alexis le Stoudite2 avec
celle du Psautier suivz'.

1j1pikon d'Alexis le Stoudite Psautier suivi du tnétropolite


Cyprien
24. Avant-fête de l'Annonciation 24. Avant-fête de l'Annonciation
de la Très Sainte Théotokos. de la Très Sainte Théotokos.
À Seigneur, je crie: neufstichères. À Seigneur, je crie: dix stichères.
Entrée, et liturgie de jeûne. Entrée et lectures du jour, et office
Aux matines: deux cathismes. des Présanctifiés selon l'ordre.
Aux matines : Alléluia, et l'office
comme tous les jours. De même,
les métanies.

1. Ibid., f. 237 v.-238.


2. ITEHTKOBCKHI1, TunuKoH, p. 232-334.
3. KHIIPHAH, IlcatlmuPb C 6ocCJleào6aHUeM, f. 239 v.-241 v.
240 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Trois canons· de la Théotokos Canon de l'avant-fête avec


(dont celui du samedi l'hirmos sur 6 et les tri-odes
de l'Acathiste) et les tri-odes. selon leur ordre.
Aux apostiches : stichères du Aux apostiches : stichères du
Triode. Gloire : Et maintenant : Triode. Gloire : Et maintenant:
stichère de la Théotokos. stichère de la fête.
On lit la première heure à la suite Le reste de l'office, selon son
des matines avec le Psautier. ordre.
De même la troisième
etla sixième heure.
De façon similaire, la neuvième
heure avec les Béatitudes, mais
plus tôt, à cause de l'effort
de la vigile.

25. Annonciation de notre Très


Sainte Souveraine la Théotokos.
À la ( ) heure, on frappe pour les Le soir, nous commençons les
vêpres. li n'y a pas de stichologie vêpres comme à l'habitude, sans
du Psautier. stichologie et sans métanie.
À Seigneur, je crie: nous mettons À Seigneur, je crie: nous mettons
neuf versets. dix versets.
Entrée. Entrée. Lumière joyeuse.
Et les lectures du jour avec leur Et les lectures du jour
prokimena et les trois lectures lues et les trois [lectures] de la fête.
pour la Nativité de la Théotokos.
Puis: Que ma prière s'élève.
Et la liturgie de jeûne. Puis: Que ma prière s'élève.
Et les trois métanies habituelles.
De même, trois [métanies] après:
Maintenant les Puissances célestes.
Et trois [métanies] pour: Que
le nom du Seigneur soit béni.
Et la divine liturgie
des Présanctifiés selon l'ordrè.
Et après le congé, nous entrons
au réfectoire. Et peu importe
le jour, nous mangeons de l'huile
et buvons du vin. Nous ne man-
geons jamais [ce jour-là]
de poisson. À cause de l'effort
de la vigile pour la Théotokos,
nous autorisons cela: vin et huile.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 241

On lit l'apodeipnon comme À la première heure de la nuit, on


pour la fête des Quarante Martyrs frappe [la simandre] et les frères
[= comme pour l'Invention se rassemblent à l'église. Le prêtre
du chef du Précurseur]. donne la bénédiction. Alors qu'il
encense, nous disons l'apodeipnon
et ayant dit : Gloire à Dieu au plus
haut des cieux : nous faisons la
litie habituelle dans le narthex. [... ]
La bénédiction des pains,
25. Annonciation de notre Très et la grande lecture de la fête.
Sainte Souveraine la Théotokos. Après cela, nous commençons les
Aux matines, on chante Le matines.
Seigneur est Dieu et le tropaire. Pour Le Seigneur est Dieu :
Nous psalmodions deux cathismes. le tropaire [... ].
Après le premier cathisme, Nous psalmodions trois cathismes.
l'hypakoï. Après le deuxième Après le premier cathisme, les
cathisme, le trop aire du jour. deux tropaires-cathismes qui sont
Lecture d'André. dans le Triode, les premiers étant
dits par les chantres, les seconds
par les femmes. Après les deux
autres cathismes, nous chantons
les tropaires-cathismes de la fête.
Ensuite, le Polyéleos. Anavathmi.
Prokimenon. Évangile. Psaume 50.
Anavathmi. Prokimenon. Évangile. Canon de la fête, ton 4. Les hirmi
Psaume 50. deux fois, les trop aires trois fois
Canon, ton 4. Les hirmi chacun pour qu'il y en ait qua-
deux fois, les trop aires trois fois. torze. Ensuite l'hirmos, les deux
Et les tri-odes. chœurs ensemble. Tri-odes en 8.
[ ... ]

Aux laudes, trois stichères Aux laudes, stichères de la fête.


[de la fête].
Aux apostiches, stichères Aux apostiches, [stichère du
du Triode. Gloire: Et maintenant: Triode]. Gloire: Et maintenant:
idiomèle de la fête. [stichère de la fête].
À la fin des matines, trois grandes
métanies. Ensuite, la première
heure, et les cathismes, et le
trop aire de la fête, et à la fin de
l'heure, trois grandes métanies,
et le congé. On donne l'huile
sainte aux frères.
242 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Suppression de toutes Et si c'est un jour de jeûne, on


[les obédiences]. frappe [la simandre] à la troisième
On frappe trois fois la simandre à heure du jour. Et nous sortons
la cinquième heure du jour. Tous avec une litie à l'extérieur du
se rassemblent à l'église. Ayant monastère en chantant le trop aire
pris les croix, ils sortent de là et le kondakion de la fête, et les
en chantant [le trop aire] et font stichères idiomèles de la fête, et
le tour du monastère. ayant fait le tour de tout le monas-
tère, nous rentrons avec une litie.
Et l'office de la troisième et de la
sixième heure a lieu, et on lit
le discours : De nouveau la joie
de l'Annonciation.
À la neuvième heure, on frappe [la
simandre] et nous étant rassem-
blés, nous disons la neuvième
heure avec sa stichologie et on
lit la catéchèse de [Théodore]
le Stoudite, pendant laquelle
les frères sont assis. Puis les
Béatitudes, sans chant et sans :
Souviens-toi de nous, Seigneur, et
sans : Le chœur céleste. Oublie,
remets: et le reste. Seigneur, aie
pitié : 40 fois. Et trois grandes
métanies.
Et nous commençons immédiate-
De retour, on frappe et les vêpres ment les vêpres sans stichologie.
ont lieu sans la stichologie À Seigneur, je crie: nous mettons
du Psautier. dix versets. [... ]
À Seigneur, je crie: nous mettons Entrée avec l'évangile, et : Lumière
neuf versets. [... ]. joyeuse. Lectures du jour puis les
Entrée avec l'évangile [... ]. deux [lectures] de la fête.
Lectures du jour avec leur proki- Et: Que ma prière s'élève.
mena puis deux autres lectures '1,
de la fête. Les diakonika du Trisagion ont
Après cela: Que ma prière s'élève. lieu. Après le Trisagion, prokime-
Après cela, les diakonika, non. Apôtre. Alléluia. Évangile.
le Trisagion, le siège au synthro- Et la divine liturgie de
non. Le prokimenon de la fête. Chrysostome selon l'ordre.
L'apôtre. Alléluia. L'évangile.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 243

Et la divine liturgie de Et il y a une grande consolation


Chrysostome. pour les frères. Nous mangeons du
On lit le grand apodeipnon. poisson et buvons du vin à table.
Nous chantons rapidement
l'apodeipnon dans le narthex,
sans métanies et sans canon.
Néanmoins, après : Gloire à Dieu
au plus haut des cieux : pour le
Trisagion, trois métanies, et à .
la fin, quinze [métanies] avec la
prière, et trois [métanies] pour le
Trisagion final et le congé.

Nous constatons plusieurs divergences, déjà notées plus haut


dans le cas de l'office de la Rencontre du Seigneur, de l'Inven-
tion du chef de saint Jean Baptiste et des Quarante Martyrs de
Sébaste.
L'office de l'avant-fête suit un déroulement similaire, mais nous
remarquons les différences suivantes. Alors que le Typikon stou-
dite prévoit exceptionnellement neuf stichères au lucernaire, le
Psautier suivi en prescrit dix. Dans les deux traditions, les vêpres
de l'avant-fête sont suivies des Présanctifiés. Cette dernière indi-
cation semble refléter l'ancienne pratique constantinopolitaine
d'une célébration quotidienne des Présanctifiés, les jours de
semaine pendant la Sainte Quarantaine. En effet, avec la diffusion
du Typikon sabaïte, les Présanctifiés ne sont plus célébrés que les
mercredis et vendredis de Carême. Par conséquent, ils ne sont
célébrés à la fin des vêpres de l'avant-fête que si ces vêpres tom-
bent un mercredi ou un vendredi soir. C'est pourquoi les typika
sabaïtes récents prévoient deux finales possibles pour les vêpres
de l'avant-fête!.
li y a deux cathismes aux matines de l'avant-fête dans la tradi-
tion stoudite, alors qu'il y en a trois dans la tradition sabaïte. Le
Typikon stoudite prescrit trois canons en l'honneur de la Mère
de Dieu, dont celui du samedi de l'Acathiste, alors que le Psautier
suivi ne prescrit que le canon de l'avant-fête. Enfin, le Psautier
suivi mentionne la lecture habituelle des heures (dont tierce et
sexte), avec l'office palestinien des typiques (<<les Béatitudes »), en
notant toutefois qu'elles sont célébrées plus tôt à cause de l'ef-
fort des vigiles à venir, prévoyant ainsi un temps de repos dans
l'après-midi.
La veille de la fête, aux vêpres, les deux traditions suppriment
la lecture du Psautier. Cependant, pour le lucernaire, le nombre

1. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 260 v.


244 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRlEN

de stichères est exceptionnellement de neuf dans la tradition stou-


dite, alors que la tradition sabai'te prévoit dix versets. Les vêpres
se concluent par la célébration des Présanctifiés dans les deux
traditions, conformément à la pratique de la Grande Église de
Constantinople l . Cette dernière reflète, en effet, l'ancienne pra-
tique constantinopolitaine d'une célébration des Présanctifiés la
veille de l'Annonciation 2 • Dans la pratique sabaïte, les Présanctifiés
ne sont célébrés la veille de l'Annonciation que si cette veille
tombe un mercredi ou un vendredi de Carême. C'est pourquoi
les typika sabaïtes récents prévoient deux finales possibles pour
les vêpres de l' Annonciation3 • Ainsi, le Psautier suivi témoigne
d'une période de transition où certains usages constantinopo-
litains anciens ont survécu lors de l'introduction des nouveaux
usages sabaïtes.
Le Typikon stoudite prévoit la lecture de l'apodeipnon
comme pour la fête des Quarante Martyrs et celle de l'Inven-
tion du chef de saint Jean Baptiste. De son côté, le Psautier
suivi, conformément à la tradition sabaïte, prévoit la célébration
d'une agrypnie, constituée du grand apodeipnon et des matines
à la première heure de la nuit. La litie, dans le narthex, a lieu à
la fin de l'apodeipnon, après : « Gloire à Dieu au plus haut des
cieux». Aux matines, comme la veille, il y a deux cathismes ce
jour-là dans la tradition stoudite, alors qu'il y en a trois dans la
tradition sabaïte. Le nombre de métanies est allégé dans la tra-
dition sabaïte, et le Psautier suivi reprend la rubrique que nous
avons citée plus haut, tirée de la fête des Quarante Martyrs.
Visiblement, la tradition stoudite supprimait ce jour-là les
métanies et les heures. La tradition sabaïte maintenait comme
toujours la lecture habituelle des heures, comme cela appa-
raît dans le Psautier suivi qui mentionne explicitement prime,
tierce, sexte et none, avec l'office palestinien des typiques (<<les
Béatitudes ») .
À la troisième heure du jour, dans le Psautier suivi, il y a
mention d'une litie autour du monastère. Cette procession est
également mentionnée dans le Typikon d'Alexis le Stoudite, 'è

elle est fixée à la cinquième heure du jour et où l'on précise
qu'elle se fait avec des croix. li faut chercher l'origine de cette
litie assez exceptionnelle, car le Psautier suivi n'en connaît pas
d'autres hormis le dimanche des Rameaux, dans le Typikon de

l.ARRANz, «La liturgie des Présanctifiés de l'ancien Euchologe byzantin'), OCP


47 (1981), p. 384. Voir )l:MHTPHEBCKHfI, OnucaHue, T. H, T'\l7ttlCU, q. 1, p. 56; MATÉos,
Typicon, I, p. 252.
2. ARRANz, (,La liturgie des Présanctifiés de l'ancien Euchologe byzantin,), OCP 47
(1981), p. 386.
'1l'aT exemole, Tvpikon, Moscou, 1906, p. 264.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 245

la Grande Église. Nous savons que les lities sur le Forum de


Constantinople furent une caractéristique des offices à Sainte-
Sophie. En effet, le Typikon de la Grande Église prescrivait le jour
de l'Annonciation, après les matines et la tritoekti, une litie qui
se rendait d'abord au Forum, puis qui descendait jusqu'au sanc-
tuaire des Chalkoprateia où avait été déposée la sainte Ceinture
de la Mère de Dieu 1. Ainsi, cet usage de la liturgie stationnale de
Constantinople avait été adapté et transformé en litie autour du
monastère dans le Typikon d'Alexis le Stoudite et a survécu dans
le Psautier suivi du métropolite Cyprien. Il sera d'ailleurs encore
observé au XVIe siècle2 •
Aux vêpres, le jour même de la fête, la stichologie est sup-
primée dans les deux traditions. Par contre, on chante au lucer-
naire neuf stichères dans la tradition stoudite et dix dans la tra-
dition sabaïte. Il y a une entrée avec l'évangile. Puis on lit les
lectures du jour dans le Triode, et celles de la fête. Comme pour
la fête de la Rencontre du Seigneur dans le Psautier suivi, il est
prévu de chanter ce jour-là, et ce dans les deux traditions, les ver-
sets tirés du Psaume 140: ({Que ma prière s'élève)}, et de célébrer
la divine liturgie de saint Jean Chrysostome. Cela sera encore le
cas au XVIe siècle3 • Nous avons souligné plus haut qu'il s'agit d'un
usage provenant du Typikon de la Grande Église, qui prévoyait le
chant de ce grand prokimenon vespéral le jour de l'Annonciation,
avant les lectures de la liturgie de saint Jean Chrysostome. Il est
intéressant de noter que les typika sabaïtes slave actuel et grec
ancien expliquent à ce moment précis de l'office que ({contraire-
ment à ce que l'on trouve dans certains typika)}, le Psaume 140
n'est pas chanté à ce moment de l' office4 •
Notons en plus, dans le cas présent, que le Typikon d'Alexis
le Stoudite mentionne la montée au synthronon, qui est éga-
lement un usage de la liturgie patriarcale de la Grande Églises.
Une fois de plus, le Typikon d'Alexis le Stoudite a été influencé
par le Typikon de la Grande Église et le Psautier suivi a ainsi gardé
une trace de l'antique usage de l'office asmatique, voulant que le

1. ARRANZ, {,La liturgie des Présanctifiés' de l'ancien Euchologe byzantin», OCP


47 (1981), p. 384. Voir ,Il;MHTPHEBCIŒIH, Onucanue, T. If, T\J7tt1ca, '1. 1, p. 56; MATÉos,
Typicon, l, p. 254.
2. A. ,Il;MHTPHEBCIŒIH, B02oC/lY:JICenue e PyCCKOU l{epKeu e XVIe., Kazan, 1884, p. 171.
3. Ibid., p. 172.
4.Voir, par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 269. Cette rubrique, attribuée au
pattiarche Jean le Jeûneur, affirme que le chant de ces versets du Ps 140 ne convient
qu'aux Présanctifiés et pas à ce jour-ci, contrairement à ce que prescrivent certains
typika.
5.ARRANz, {,La liturgie des Présanctifiés de l'ancien Euchologe byzantin», OCP
47 (1981), p. 384. Voir ,Il;MHTPHEBCIŒIH, Onucanue, T. If, Tulttlca, '1.1, p. 57; MATÉos,
Typicon, l, p. 254.
246 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

grand prokimenon vespéral soit chanté avant la liturgie de saint


Jean Chrysostome. Quant à la célébration de celle-ci pendant la
Sainte Quarantaine, le jour de l'Annonciation, elle est déjà attestée
comme légitime par le 52 e canon du concile in Trullo l .
Le Psautier suivi prévoit de chanter rapidement l'apodeipnon
dans le narthex, sans métanies et sans canon. Toutefois, il ne
précise pas s'il s'agit du grand ou du petit apodeipnon. Les
typika sabaïtes plus tardifs précisent qu'il faut lire ici le petit
apodeipnon2 • Les usages habituels des temps de jeûne repren-
nent cependant à la fin de l'office, puisqu'il y est indiqué quinze
métanies. Par contre, le Typikon d'Alexis le Stoudite prescrit la
lecture du grand apodeipnon comme pendant toute la Sainte
Quarantaine3 •
Pour ce qui est de l'observance du jeûne le jour de l'Annon-
ciation, nos deux documents sont convergents. Le Psautier suivi
prévoit pour la veille de l'Annonciation, après le congé des
Présanctifiés, un repas au réfectoire avec autorisation de vin et
d'huile, indépendamment du jour de la semaine, spécifiant que
(<nous ne mangeons jamais [ce jour-là] de poisson) et que l'auto-
risation de vin et d'huile se fait «à cause de l'effort de la vigile
pour la Théotokos) qui suivra au cours de la nuit. Pour le jour de
la fête, il est spécifié qu'il y a «une grande consolation pour les
frères. Nous mangeons du poisson et buvons du vin à table 4 .)
Le Typikon d'Alexis le Stoudite prescrit : «Pour la fête de saint
Alexis, l'homme de Dieu, l'Invention du chef du Précurseur, les
Quarante Martyrs, le samedi de Lazare et l'Annonciation : il
est prévu que les moines mangent du poisson et boivent quatre
coupes (de vin). La veille, si c'est un lundi, un mardi ou un jeudi,
on mange des aliments bouillis avec de l'huile. Si c'est un mer-
credi ou un vendredi, on mange du chou salé avec de l'huile et
une coupe (de vinS).) Notons toutefois que si les permissions
accordées convergent pour la fête de l'Annonciation, le Psautier
suivi, fidèle à la tradition sabaïte plus ascétique, ne connaît pas
d'autorisation de poisson pour les fêtes de saint Alexis, l'homme
de Dieu, de l'Invention du chef du Précurseur, des Quarante
Martyrs et pour le samedi de Lazare. '
Pour établir une telle pratique faisant de l'Annonciation un jour
exceptionnel pendant la Sainte Quarantaine, la tradition sabai'te s'est

1. Ce canon dit en effet que «les jours de la Sainte Quarantaine, à l'exception des
samedis et des dimanches, et du saint jour de l'Annonciation, on ne peut célébrer de
liturgie autre que celle des dons présanctifiés»). Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale
antique, Fonti, fasc. 9, t. l, 1, Rome, 1962, p. 189.
2. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 266 v.
3. Voir llEHfKOBCIaill, TunuKoH, p. 240.
4. KHITPRAH, IIcaJlmup& C 60CC/leiJo6aHUe.M, f. 240, 241 v.
5. llEHTKOBCIrnn, TunuKoH, p. 376.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 247

sans doute fondée sur le 52e canon du concile in Trullo, évoqué plus
haut, selon lequel les liturgies complètes ne peuvent être célébrées
que les samedis et dimanches de la Sainte Quarantaine, et le jour de
l'Ascension 1. Un canon attribué au saint patriarche Nicéphore de
Constantinople signale que «si l'Annonciation tombe le Grand Jeudi
ou le Grand Vendredi, nous ne péchons pas si nous consommons
ce jour-là du vin et du poisson2 }>. Le Psautier suivi corrige toutefois
cet usage constantinopolitain par la pratique sabai'te plus ascétique :
«Qu'on sache aussi ceci: que pendant la Sainte Quarantaine, nous
avons reçu de manger du poisson uniquement pour la fête de l'An-
nonciation et pour le dimanche des Rameaux. Si [l'Annonciation]
tombe pendant la Sainte et Grande Semaine, c'est-à-dire du lundi
au samedi, on ne mange pas [de poisson3].}>

Occurrences de fêtes pendant la cinquantaine pascale.

La cinquantaine pascale étant la période de réjouissance par


excellence, il n'en demeure pas moins que l'occurrence de jours
festifs avec les solennités du Pentecostaire peut créer des pro-
blèmes d'ordo.
Le Typikon d'Alexis le Stoudite, en prévision de tels cas, note
dans la rubrique du 23 avril, pour la fête du saint mégalomartyr
Georges : «Si la mémoire susdite de saint Georges, ou du saint
apôtre Marc, ou du saint apôtre Jacques tombe un jour de la
semaine du renouveau, à l'exception du Grand Dimanche, c'est-
à-dire Pâques, ou le lundi de cette semaine, on chante leur office
avec l'office du jour. De même si ces mémoires tombent [le
dimanche de] l'Antipascha, on chante leur office avec celui du
dimanche, de même pour la mi-Pentecôte 4 .}>
De même pour la fête du saint apôtre et évangéliste Jean le
Théologien, nous trouvons la rubrique suivante : «il convient de
savoir qu'après Pâques, peu importe le jour où tombe la mémoire
de saint Jean le Théologien, même le jour de la mi-Pentecôte, ou de
l'Ascension, on ne l'omet pas mais on chante son office, comme il est

1. P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9, t. l, 1, Rome, 1962,


p.189.
2.5' canon de saint Nicéphore. n7j0âÀ!Ov, Athènes, 1886, p. 585; D. CUMMINS, The
Rudder (Pedalion), Chicago, 1957, p. 964; 3' canon chez 1. B. PrrRA, Juns ecclesiastici
graecorum historia et monumenta, II, Rome, 1868, p. 328.
3. KHIIPHAH, Ilca./lmupb C 80CCJle008aHUe.M, f. 275.
4. <dl." H hffil dlIIf AlH 1. nopogAhHhl1ll Hf(A) &poMt Kf~H(&) Hf(A) Pf&Wf nUXhI ~H nOHf(A)HHH(&)
TOlllffif Hf(A) nOtTHrHITh IikiTH pf(~)Hdld ndMIII(T) t'i'ro n(o)prHIII H~H t'i'ro dn(t)M MdP&d H~H t'i'ro
dn(t)M HId&OKd nOKlTtlll tAOV(ffi)lid HX'" t." t~OV(ffi)IiOIO AHfKhHOIO. Td&Offif H K." dHTHnd(t) d&dffil
nOtTHrHf(T) pl(~)HhIX'" ndMIII(T) nOKlTh(t) t'" t~Oy(ffi)601O Hf(A)~hHOIO H Hd nptnOAoK~fHHHl Td&Offif»
(IIEHTKOBCIŒf!, TunuKoH, p. 341).
248 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

dit, avec l'office du jour. De même, on n'omet pas la mémoire d'un


autre des douze apôtres si elle tombe [de la même manière!].»
Comparons ces indications avec les trois rubriques trouvées dans
le Psautier suivi pour la mémoire du saint mégalomartyr Georges
le Tropaiophore, le 23 avril, du saint apôtre Jean le Théologien,
le 8 mai, et enfin, des saints empereurs Constantin et Hélène, le
21 mai.
Dans le premier cas, celui du mégalomartyr Georges le
Tropaiophore, nous sommes étonné par la rubrique indiquant
six versets au lucernaire2 • Cette indication relève de la tradition
stoudite et non de la tradition sabaïte, qui place huit versets au
lucernaire pour des fêtes d'une telle importance3 •
Les rubriques pour la fête du saint apôtre Jean le Théologien
et de saint Arsène le Grand sont plus explicites puisqu'elles pré-
voient les cas d'occurrence après Pâques, avec la mi-Pentecôte,
l'Ascension ou le jour de la Pentecôte4 • TI y est dit, comme dans
le Typikon d'Alexis le Stoudite, que l'office du saint est chanté
avec l'office du jour du Pentecostaire. TI est sous-entendu qu'il
y a alors dix stichères, et non huit, au lucernaire, à cause de la
double mémoire de saints ce jour-là5 • Il est dit qu'aux apostiches
on chante les stichères de l'apôtre, à l'exception de l'occurrence
avec un dimanche. Par contre, dans le cas de l'occurrence avec la
mi-Pentecôte ou le jour de l'Ascension, il est dit de ne retenir que
la mémoire de l'apôtre et de reporter la deuxième mémoire, celle
de saint Arsène, à un autre jour, ou encore de chanter son office
à l'apodeipnon.
Enfin, la rubrique pour les saints empereurs Constantin et Hélène
prévoit l'occurrence avec le jour de l'Ascension6 • Étrangement,
nous retrouvons de nouveau le nombre de six stichères au lucer-
naire qui reflète la tradition stoudite, alors que, dans un cas pareil,
la tradition sabaïte prévoit dix stichères7 .
D'une manière générale, nous pouvons conclure que les rubri-
ques pour les cas d'occurrence de fêtes d'un grand saint pendant
la cinquantaine pascale sont assez floues dans le Psautier suivi et
qu'elles reflètent curieusement davantage la tradition stoudi,te. Par

1. «nOAOlidHlTb lIiA"l;TH 1il~0 no nd'(II) III> Hb(llI) AHb dljlf UIO~HTh(') n4MofI(T) ,n(r) ïw
lia'~OIlI.(II) dljlf H III> npinMOUfHHHl Hf 0'T4UofIHlTh(') HI> nOHlTI.(') 'AOV(IlI)lid Hlro Iil~Olllf pf(~)
HO Hl'TI. ,1> UOV(IlI)IiOIO AHfllhHOIO. n~Olllf H HHoro 4n(t)M iD KI dljlf ~~IO~HTh(') n4MofI(T) Hf
Otnu,III(T)>>(IIEHTKoBCKHfI, TunuKoH, p. 343).
2. KHIIPHAH, IIcClJlmupb C 6ocCJleào6allUe.M, f. 243 v.
3.Voir, par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 292.
4. KHIIPHAH, IIcClJlmupb C 6ocCJleào6allue.M, f. 246.
5. On peut comparer à titre indicatif la rubrique du Psautier suivi avec celle d'un
typikon sabaïte postérieur, tel: Typikon, Moscou, 1906, p. 304.
6. KHIIPHAH, nCClJlmUpb C 6ocCJleào6allueM, f. 248.
7.Voir, par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 308.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 249

conséquent, le Psautier suivi témoigne d'une période de transition


et de réformes de l'ordo liturgique.

LE CYCLE DU TRIODE

Par cycle du Triode, on désigne généralement le cycle annuel


mobile, en lien avec la fête de Pâques. Il couvre la Sainte
Quarantaine avec sa période préparatoire, la Grande Semaine
et la cinquantaine pascale. L'hymnographie propre àce cycle se
trouve dans le Triode et le Pentecostaire. Comme l'avait remarqué
1. Mansvetov, la partie du Triode du Psautier suivi est intéressante
car on y retrouve des extraits des typika hiérosolymitains qui,
habituellement, n'ont pas leur place dans les psautiers suivis ou
dans les horologia 1 . Ces rubriques concernent le déroulement des
offices, les solennités propres à ce cycle, ainsi que la pratique du
jeûne.

La période préparatoire.

Dans la tradition byzantine, la Sainte Quarantaine est précédée


d'une période préparatoire de trois semaines qui prépare spiri-
tuellement les fidèles à l'effort de la quarantaine par une hym-
nographie propre, ainsi que par certaines autorisations pratiques
dans le suivi du jeûne.
Le cycle du Triode commence par le dimanche du Publicain
et du Pharisien qui doit son nom à la parabole lue à la Divine
Liturgie de ce dimanche (Lc 18, 10-14). Cette lecture apparaît
à cet endroit pour la première fois dans le rypikon de la Grande
Église (950-959) en tant que lecture prévue pour le 33 e dimanche
après la Pentecôte. Dans la tradition hiérosolymitaine, cette lecture
faisait partie de la péricope prévue pour le troisième dimanche
de la Sainte Quarantaine; comme l'atteste le Lectionnaire géorgien,
de même que d'autres lectionnaires de cette tradition 2 • Cela
explique qu'on retrouve dans le Triode la thématique de la para-
bole du publicain et du pharisien dans l'hyrnnographie de la qua-
trième semaine de la Sainte Quarantaine, faisant ainsi allusion au
thème de l'évangile lu jadis à Jérusalem le dimanche précédent3 .
Cela semble donc indiquer que le dimanche du Publicain et du

1. MAHCBETOB, Mumpono/lum Kunpuall, p. 69.


2. Voir tableau comparatif dans G. BERTONIÈRE, The Sundays of Lent in the Triodion :
The Sundays without a Commemoration, OCA 253, Rome, 1997, p. 46-47.
3.1bid., p. 77.
250 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Pharisien a été ajouté très tardivement au cycle préparatoire du


Triode. En effet, dans les évangéliaires du XIe siècle, ce dimanche
n'a pas de lien véritable avec le Triode puisqu'une rubrique y
indique que, dans le cas d'une période maximale d'une Pâque à
l'autre, on peut ajouter la lecture de la péricope de la Cananéenne
entre ce dimanche et le suivant. Toutefois, dans ces documents,
le dimanche du Publicain et du Pharisien porte aussi le nom de
«dimanche avant le Prodigue) (1tpÔ 'toi) àcr<Ô'tou). Mais dans les
évangéliaires du XIIe siècle, ce dimanche occupe la place actuelle,
inaugurant le cycle du Triode. La raison de cette association au
cycle du Triode, et plus particulièrement au dimanche du Fils
prodigue, n'est pas tant le thème de la parabole qu'un désir de se
démarquer d'un jeûne strict observé par les Arméniens pendant la
semaine comprise entre ces deux dimanches!.
À partir de là, et ce jusqu'au dimanche des Rameaux, aux
matines dominicales, des trop aires pénitentiels sont chantés après
la lecture de l'évangile matutinal. Le temps du repentir est ainsi
inauguré par l'hyrnnographie.
Cependant, durant toute la semaine qui suit ce premier
dimanche du Triode, le jeûne est supprimé. Le Psautier suivi
explique ainsi cette autorisation : «li convient de savoir que pen-
dant cette semaine de jeûne, les Arméniens maudits [observent]
un jeûne souillé appelé artsibouri. Pour vaincre leur honte, nous
nous dispensons de jeûne. Nous mangeons toute la semaine, à
partir de lundi, du fromage et des œufs, rejetant et vainquant
[cette pratiqueZ].)
On ne trouve pas de telle rubrique dans le Typikon d'Alexis le
Stoudite. Par contre, cette rubrique se retrouve dans tous les typika
sabaïtes, ainsi que dans les triodes de rédaction hiérosolyrnitaine3 •
Cette rubrique, marquée d'un ton polémique, veut réfuter la pra-
tique arménienne d'un jeûne appelé artsibouri (àp'tÇ'Tll3ouprj) en
transcription grecque. Le nom de ce jeûne, arachavor (arajawor)
en arménien, veut dire littéralement «avant les jourS). li désigne
une période de jeûne préalable à la quarantaine, introduit, selon
les connaissances historiques actuelles, par les Arméniens au
VIlle siècle en mémoire du jeûne de saint Grégoire l'lllurninàteur
qui passa treize ans dans la fosse profonde 4 • La tradition de l'Église

1. li. KAPABRHOB, IIocmlla.JI TpUOOb. Hcmopu-/ecKUU 0630P, Saint-Pétersbourg, 1910,


p.23.
2. KHIlPHAH, IIcllJImupb C BocClleooBallUe.M, f. 264 V.
3.Voir par exemple, Sin. gr. 1094, f. 66 v. \Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin,
p. 2371; Typikon, Moscou, 1906, p. 393.
4. A. RENOUX, Le Lectionnaire de Jérusalem en Arménie. Le CasoC', II, PO 48, fasc. 2,
nO 214, Turnhout, 1999, p. 106 \.201. Sur l'instauration de ce jeûne au VIDe siècle, voir
1\.. RENOUX, 1< Samuel KarnIjajerec'i : le Traité sur l'arajawor», From Byzantium to Iran:
TOI H".,nuT of Nina Garsoïan, I\.tlanta, 1991,1.). 469-412.Voir également: li. MaRCBe'IOB,
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 251

arménienne fait cependant remonter son institution à l'époque de


saint Grégoire l'illuminateur lui-même. Selon Nercès le Gracieux,
une fois sorti de la fosse, saint Grégoire l'illuminateur aurait ins-
tauré ce jeûne de cinq jours, interdisant la consommation de toute
sorte de nourriture!.
Toutefois, on ne trouve aucune trace écrite de polémique avec
les Arméniens au sujet de ce jeûne avant le XIe siècle. La source de
la polémique contre le jeûne d'artsibouri se trouve dans le Discours
contre les Arméniens, un texte grec apocryphe attribué au catho-
licos arménien IsaaC In Cv. 635-v. 705 2), selon lequel le catholicos
aurait appelé les Arméniens à accepter les décisions du concile
de Chalcédoine. Nous savons, d'autre part, qu'Isaac fut convoqué
par Justinien n à Constantinople en 689-690, où il accepta la doc-
trine des deux natures, et que sa prise de position fut rejetée par
le clergé resté en Arménie 3 • Dans le discours qui lui 'est attribué, le
catholicos Isaac s'en prend à un certain Serge qui aurait été l'un
des principaux propagateurs du monophysisme. Ce dernier aurait
eu un chien appelé Artsibour qu'il aurait utilisé comme messager.
Après que son chien eut été mangé par des loups, Serge aurait
institué un jeûne en l'honneur de son chien dont il aurait r~pris
le nom4 • Comme l'explique 1. Mansvetov, « bien que cette inven-
tion ait été incroyable, une fois mise en route dans le but évident
de porter atteinte et de profaner aux yeux des non-Arméniens le
célèbre jeûne arménien, qui était aussi une caractéristique de cette
secte [des sergiens], cette fable trouva néanmoins une réception
favorable et tomba même dans les pages du typikon5 }).
Par la suite, Nikon de la Montagne Noire Cv. 1025-v. 1088)
notera dans le 14e discours de son Taktikon que rien n'est écrit
à ce sujet dans les décrets des saints conciles6 . Avec Nicolas le
Grammairien, il tentera d'adoucir le ton polémique en expli-
quant que la suppression du jeûne le mercredi et le vendredi de
cette semaine a été instituée pour se démarquer simplement des
Arméniens 7 •

o nocmax npa80Clla8HOÜ 60CmO'lHOÜ I{epK8u, Moscou, 1886, p. 46-47. Mansvetov pense


que ce jeûne aurait pu être pratiqué dès l'époque de saint Grégoire l'Illuminateur.
1. H. KAPABHHOB, IIocmHaJ/ Tpuoàb. HcmOpU'IeCKUÜ 0630P, p. 24.
2. ISAAC, catholicos arménien, Oratio i contraAnnenios, 14, PG 132, 1197 s. Traduction
partielle en russe dans : H. MaHcBeToB, 0 nocmax npa6oClla6Hoü 60CmO'lHOÜ I{epK8u,
Moscou, 1886, p. 60-64.
3. B. COULIE, (,Isaak III, catholicos d'Arménie.), Dictionnaire d'histoire et de géographie
ecclésiastiques, t. XXVI, Paris, 1997, col. 75-77.
4. ISAAC, catholicos arménien, Oratio i contra Armenios, 14,8, PG 132, 1203.
5. H. MaHCBeTOB, 0 nocmax npa6oClla6Hoü 80CmO'lHOÜ I{epK8u, Moscou, 1886, p. 49.
6. KAPABHHOB, IIocmHaJ/ Tpuoàb, p. 24.
7. H. MaHCBeTOB, 0 nocmax npa8oClla8Hoü 80CmO'lHOÜ I{epK6u, Moscou, 1886,
p.52-53.
252 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

La place de cette rubrique dans les typika sabai.'t:es s'explique du


fait qu'il y avait des Arméniens et des monophysites qui habitaient la
Palestine, et que les chrétiens chalcédoniens, voulant s'en démarquer,
ont adopté cette rubrique. Par la suite, avec la diffusion du Typikon
sabaïte, cette rubrique a été répandue partout dans le monde ortho-
doxe et garde jusqu'à nos jours un caractère quasi doctrinal l .
Le second dimanche de cette période préparatoire est le
dimanche du Fils prodigue. li inaugure la semaine de l'apocréo
(à1t01CpÉro) ou du «carnaval ), dernière semaine pendant laquelle
les laïcs peuvent consommer de la viande. Quant aux moines
qui ne mangent jamais de viande, ils prennent un peu de repos
avant le début de l'effort ascétique de la quarantaine, comme cela
apparaît dans cette rubrique du Psautier suivi : « li faut savoir
qu'en cette semaine de l'apocréo nous ne chantons pas [d'office
d'] Alléluia. On omet les heures intermédiaires, et [on supprime]
un cathisme aux matines qu'on lit aux vêpres. On omet aussi les
canons d'intercession à la Théotokos à l'apodeipnon. [On fait] de
même, pendant la semaine des laitages, sauf que le mercredi et le
vendredi nous chantons [l'office d'] Alléluia. Ainsi les frères pren-
nent un peu de repos2.)
Vraisemblablement, cette seconde semaine préparatoire aurait
été introduite à Constantinople en plus de la semaine préparatoire
(semaine des Laitages, de la Tyrophagie) connue en Palestine et
attestée par saint Jean Damascène3 • Les évangéliaires constantinopo-
litains des !Xe_xe siècles attestent qu'il y a un dimanche «avant l'apo-
kreo) (1tpO n;ç à1t01CpÉOU4). Dans le Typikon de la Grande Église, ce
dimanche inaugure le cycle mobile. La lecture prévue est justement
la parabole du fils prodigue (Lc 15, 11-32), jadis prévue dans la
tradition hiérosolymitaine pour le deuxième dimanche de la Sainte
Quarantaine, comme l'atteste le Lectionnaire géorgien, de même
que d'autres lectionnaires de cette traditionS. Cela explique qu'on
retrouve dans le Triode la thématique de la parabole du fils pro-
digue dans l'hymnographie du jeudi soir et du vendredi matin de la
troisième semaine de la Sainte Quarantaine, faisant ainsi allusion au
thème de l'évangile lu jadis à Jérusalem le dimanche précédent6.
Le Psautier suivi prescrit également de chanter l'office des saints
tombant le samedi et le dimanche de l'apocréo aux apodeipna de
la semaine précédente, sauf pour la mémoire de grands saints. La

1. Ibid., p. 52.
2. K1mPHAH, IIcatlmupb c 60cC/leà06a1lUeM, f. 265 v.
3. JEAN DAMASCÈNE, Du jeûne sacré 5, PG 95,69 D.
4. KAPABRHOB, IIocmllllJl Tpuoà", p. 23.
s.Voir tableau comparatif dans G. BERTONIÈRE, The Sundays of Lent in the Triodion :
The Sundays without a Commemoration, p. 46-47.
6. Ibid., p. 77.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 253

suppression de l'office des Ménées ces deux jours-là s'explique du


fait que le Triode prévoit de faire mémoire le samedi de l'apocréo
({ de tous nos pères et frères chrétiens orthodoxes s'étant endormis
depuis les siècles).
Quant à l'office du dimanche de l'Apocréo dans le Triode, il
commémore le jugement dernier en lien avec la lecture de l'évan-
gile à la Divine Liturgie prévue par le Typikon de la Grande Église
du !Xe_xe siècle (Mt 25, 31-46). Toutefois, antérieurement, d'autres
lectures étaient prévues. Par exemple, le Lectionnaire géorgien
prévoyait la lecture de Mt 6, 34-7, 211. Ce dimanche s'appelle
dimanche de l'apocréo (à1tOlCpÉffi) ou du ({carnavah car c'est le
dernier jour où les laïcs peuvent encore consommer de la viande.
La semaine qui suit le dimanche de l'Apocréo est la semaine
des Laitages ou de la Tyrophagie. Après la suppression de la
viande, c'est maintenant la dernière semaine où la consommation
d'œufs et de fromage est autorisée. Elle est donc, elle aussi, une
semaine de repos avant le début des efforts de la quarantaine. Le
jeûne est supprimé le mercredi et le vendredi, comme le disait la
rubrique de la semaine de l'apocréo : ({ [On fait] de même, pen-
dant la semaine des laitages, sauf que le mercredi et le vendredi
nous chantons [l'office d'] Alléluia. Ainsi les frères prennent un
peu de repos. Observant le jeûne jusqu'à la neuvième heure et fai-
sant des métanies, nous mangeons ces deux jours-là du fromage et
des œufs après les vêpres, gardant la règle de notre Père parmi les
saints Nicéphore de Constantinople, le Confesseur, qui dit qu'il
convient aux moines de jeûner le mercredi et le vendredi des lai-
tages et de manger du fromage et des œufs après le. congé des
vêpres. Quiconque se détournera de cette règle [tombera 1 dans
l'enseignement des jacobites et dans l'hérésie quartodécimale.)
Cette dernière rubrique, qui peut paraître contradictoire à
première vue, se retrouve dans tous les typika sabaïtes 2 et dans
les triodes de rédaction hiérosolymitaine3 • Le Typikon d'Alexis
le Stoudite notait quant à lui : ({ Car il ne convient pas de jeûner
le mercredi et le vendredi de la semaine des laitages. [... ] Après
la fin des vêpres, étant entrés au réfectoire, on mange des œufs,
du fromage et du poisson. [... ] On prend même trois coupes
de vin, car cela nous a été transmis d'en haut par les Pères afin
de réfuter certaines hérésies 4 .) Toutes ces rubriques font réfé-

1. Voir tableau comparatif dans G. BERToNIÈRE, The Sundays of Lent in the Triodion :
The Sundays without a Commemoration, p. 46-47.
2. Voir par exemple, Sin. gr. 1094, f. 68 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin,
p. 240]; Typikon, Moscou, 1906, p. 401.
3. Voir par exemple, TPUOiJb nocmHaJ/, Moscou, 1992 (réédition), p. 48 v.
4. <dil~o Hf nOAOS41e'f b nOt'fH'fH tG. II> tPofi(A) H RI> nG.'fI>(~) tblpHblG. Hf(A). ( ••• ) HI> no
ii, tl>~OH b ~G.HHH Hf~JpHG.1il II>W bAI>WJ H4 'fp bnf3HHllIO IilHlld lliJ H tblpbl H pblSbl 1 btG.llofiM b OSPd31>MI>
254 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

rence à des hérésies et au canon attribué au saint patriarche


Nicéphore de Constantinople.
Pour comprendre à quelle polémique elles font référence, il
faut savoir que la durée de la Sainte Quarantaine a évolué dans
l'Orient chrétien!. À l'origine, à Jérusalem, on observait un jeûne
de six semaines, soit l'équivalent de quarante jours avant Pâques.
Par la suite, on serait passé à huit semaines de cinq jours de
jeûne, puisque, conformément au canon apostolique 64, on ne
jeûnait pas le samedi et le dimanche 2 • Cette nouvelle pratique fut
observée par Égérie lors de son pèlerinage dans la Ville sainte
entre 381 et 384, qui en témoigne dans son Journal de voyagé.
Cependant, Jean Cassien parle du jeûne comme dîme des jours de
l'année4 • Cela nous amène à penser qu'au début du ve siècle, on
serait passé, en Palestine, d'un jeûne de huit semaines à un jeûne
de sept semaines.
Au VIe siècle, saint Dorothée de Gaza reprend le calcul de saint
Jean Cassien de la dîme des jours de l'année, qu'il estime être une
institution apostolique. li explique cependant que les Pères ont,
par la suite, ajouté une huitième semaine supplémentaires. Cette
pratique était également observée à la même époque à Antioche,
puisque Sévère d'Antioche Ct 538) donne une interprétation spi-
rituelle des huit semaines de jeûne6 •

-liAlilTh. C•.. ) npHIeMAIOTb H;f TPH ~&w-li 0VpO~hHblhl. If 1i0 t"hIl"hWf H&M"h ID OQb np-liMHo HltTb 3&Hf
IiblTH u-li~bIM"h fpft&M"h»
(IIEHTKOBCKlfn, TunU/WH, p. 374).
1. Lire à ce sujet}. GETCHA, (,La pratique du jeûne pendant la quarantaine pascale
d'après le Triode byzantin,), dans}. GETCHA et A. LOSSKY (éd.), evuia aivécreeoc;.
Mélanges liturgiques offerts à la mémoire de l'archevêque Georges Wagner, AS 2, Paris,
2005, p. 95-112; V. CONTICELLO, (,La quarantaine hiérosolymitaine dans le De sacris
ieiuniis de Jean Damascène'), ibid., p. 77-87.
2. Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9, t. I, 2, Rome, 1962,
p.41.
3. ÉGÉRIE, Journal de voyage, 27, 1, trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 1982,
p.257-259.
4. (, Or, si de sept semaines, vous retranchez les dimanches et les samedis, il reste
trente-cinq jours consacrés au jeûne. Ajoutez-y la grande vigile du samedi où nous
continuons le jeûne jusqu'au chant du coq, aux premières heures du dimanche ~e la
Résurrection : et vous n'avez pas seulement trente-six jours ; mais, en comptant le
temps de la nuit pour la dîme des cinq jours de reste, vous obtenez un total auquel
il ne manque rien') (CASSIEN, Conférences, XXI, 25, trad. E. Pichery, SC 64, Paris,
1959, p. 100).
5. (,Ce sont les Pères qui, par la suite, convinrent d'ajouter une autre semaine, à
la fois pour exercer à l'avance et comme pour disposer ceux qui vont se livrer au
labeur du jeûne, et pour honorer ces jeûnes par le chiffre de la Sainte Quarantaine que
notre Seigneur passa lui-même dans le jeûne. (DoRoTIiÉE DE GAZA [VIe S.], Œuvres
spirituelles, XV, 159, trad. L. Regnault et}. de Préville, SC 92, Paris, 1963, p. 446).
6. (,Après avoir donné ces explications, revenons à ce que nous avons proposé et
voyons pourquoi nous jeûnons seulement ces quarante jours. Pourquoi ? - Pour nous
préparer en vue de ce jour huitième et premier, ce [jour] important et resplendissant,
ce iour du Seigneur. En effet, ceux qui purifient huit fois ces cinq sens par le moyen
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 255

On peut se demander à quelle huitième semaine ajoutée


Dorothée fait appel. Nous savons qu'une huitième semaine de
jeûne supplémentaire fut introduite plus tard, au VITe siècle, par
Héraclius, suite à la victoire de ce dernier sur les Perses en 629.
TI avait alors accepté de châtier les juifs de Jérusalem qui avaient
collaboré avec les Perses et persécuté les chrétiens à condition que
ceux-ci acceptent de jeûner une huitième semaine supplémentaire
avant la quarantaine en guise d'expiation. Mais très vite cette pra-
tique aurait été abandonnée!.
Au cours du VIlle siècle, une querelle va naître en Orient autour
de la huitième semaine de jeûne ajoutée par Héraclius. On se dis-
putait alors pour savoir si le jeûne devait être de sept ou de huit
semaines. En effet, comme la pratique du jeûne de huit semaines
s'était répandue également parmi les non-chalcédoniens (mono-
physites sévériens et coptes), les canons attribués au patriarche
Nicéphore de Constantinople (v. 758-829), confesseur de l'Or-
thodoxie, établissent qu'il ne faut pas jeûner durant cette huitième
semaine pour se démarquer de ceux-ci2 •
Saint Jean Damascène défendait le jeûne de huit semaines en~y
distinguant cependant une semaine préparatoire, les six semaines
de la quarantaine et le jeûne de la Grande Semaine3 • Dans son
traité Du jeûne sacré, Damascène atteste, pour la semaine prépa-
ratoire, la pratique des orthodoxes de Palestine qui s'abstenaient
uniquement de viande et qui ne célébraient pas les Présanctifiés.
Nous verrons que cette pratique sera canonisée par les rubriques
des typika sabaïtes. D'autre part, il atteste, dans l'esprit des canons
55 et 56 du concile in Trullo4, la distinction entre un jeûne alimen-
taire d'abstinence de certains aliments le samedi et le dimanche,
et un jeûne complet de toute nourriture jusqu'au soir, pendant les
cinq autres jours de la semaines.
TI est aussi intéressant de noter que c'est sans doute pour se
démarquer de la pratique des huit semaines de jeûne chez les

desquels le péché se procure une entrée, je veux dire l'ouïe, la vue, le toucher, le goût
et l'odorat, jeûnent quarante jours afin d'obtenir le jour bienheureux, ce jour huitième
et premier, car le nombre de cinq en revenant huit fois achève le nombre de quarante,)
(SÉVÈRE D'ANTIOCHE, Homélie cathédrale XV, 15, PO 38, fasc. 2, nO 175, Turnhout,
1976, p. 428-429). Voir aussi KAPAliHHOB, IIocmHaJI Tpuoab, p. 16.
1. Ibid., p. 24.
2. KAPAliHHOB, IIocmHaJI TpUOab, p. 21.
3. JEAN DAMASCÉNE, Du jeûne sacré 5, PG 95, 69 D. Voir traduction française
de V. CONTICELLO dans J. GETCHA et A. LOSSKY (éd.), euCTÎa aivÉcreCQÇ. Mélanges
liturgiques offerts à la mémoire de l'archevêque Georges Wagner, AS 2, Paris, 2005,
p.92-93.
4. Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9, t. I, 1, Rome, 1962,
p. 192-194.
5,JEAN DAMASCÉNE, Du jeûne sacré 4, PG 95, 69 B. Voir trad. V. CONTICELLO,
p.92.
256 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRlEN

non-chalcédoniens que Jean Damascène rejette le comput de la


quarantaine en tant que dîme de l'année emprunté à Cassien par
Dorothée, où ce dernier attribue aux huit semaines de jeûne une
autorité patristique!.
Ainsi, nous pouvons estimer que le comput byzantin actuel,
attesté par le Triode, remonte au VIlle siècle, tel qu'attesté par saint
Jean Damascène. li comprend d'abord une période préparatoire,
qui, d'une semaine, est passée plus tard à trois, et est suivie par
les six semaines de la quarantaine C5 x 7 jours = 35 jours + 5
jours de la 6e semaine = 40 jours), auxquelles vient s'ajouter la
Grande Semaine. C'est donc en tenant compte des débats théolo-
giques qui ont animé la Palestine après le concile de Chalcédoine
que nous arrivons à comprendre les rubriques contenues dans le
Triode byzantin actuel.
Ces rubriques mentionnent, en effet, les jacobites et les tétra-
dites ou quartodécimans qui étaient des monophysites sévériens 2 •
Jacques Baradée Cv. 500-578), chef des chrétiens syriaques,
considéré comme le fondateur des jacobites, s'était rendu à
Constantinople vers 528 pour plaider la cause du monophysisme,
puis devint évêque d'Édesse vers 542. Devenu l'âme de la résis-
tance à la politique et à la théologie de l'empereur Justinien, il
voyagea partout en Égypte, en Syrie, jusqu'en Arménie et en
Perse, ordonnant des milliers de prêtres, vingt-sept évêques et
deux patriarches, et fondant des Églises antichalcédoniennes.
C'est ainsi qu'il fut considéré par ses ennemis comme le fonda-
teur de l'Église monophysite ou «jacobite 3 }).
La règle de saint Nicéphore le Confesseur mentionnée dans
ces rubriques fait référence au canon 32 attribué au patriarche
Nicéphore qui stipule: «Les moines doivent jeûner le mercredi
et le vendredi des laitages. Et après le congé de la liturgie des
Présanctifiés, ils se doivent de manger du fromage là où il est
disponible, ou au marché, ou là où il peut y en avoir, afin de
réfuter l'hérésie des jacobites et des tétradites 4 .}) Notons cepen-
dant que dans le Psautier suivi, de même que dans les triodes de
rédaction hiérosolymitaine, la rubrique concernant le momen~ où
l'on mange le fromage et les œufs le mercredi et le vendredi des
laitages a éré corrigée pour refléter la pratique palestinienne selon

1. JEAN DAMASCÈNE, Du jeûne sacré 4, PG 95, 68 C-69 A. Voir trad. V. CONTICELLO,


p.91.
2. KApAliHHOB, IIocmHaJ! Tpuoàb, p. 21.
3. J. M. FrEY, «Jacques Baradée)}, Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques,
t. XXVI, Paris, 1997, col. 626-627; D. D. BUNDY, «Jacob Bardaeus)}, Le Muséon 41
(1978), p. 45-86.
4. II1]OOÀlOV, Athènes, 1886, p. 588; D. CUMMINS, The Rudder (pedalion), Chicago,
1957, p. 968. 40' canon chez 1. B. PIrRA, Juris ecclesiastici graecorum historia et
~nfl tn. TI. Rome, 1868, 1). 331.
. .. . ,. . .
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 257

laquelle on ne célébrait pas la liturgie des Présanctifiés ces jours-là,


pratique qui ne fut diffusée qu'à partir des réformes du patriarche
Philothée et du métropolite Cyprien au )(Ne siècle. L'expression
du canon : «après les Présanctifiés) (qle'tà 'trov npoTlYtaO"IlÉveoV))
a été remplacée par: «après les vêpres) (<no Kf'lfpHH ml)).
En effet, comme nous l'avions dit plus haut, l'ancienne pra-
tique constantinopolitaine était de célébrer les Présanctifiés le
mercredi et le vendredi de la semaine des laitages. Le Typikon de
la Grande Église et le Typikon d'Alexis le Stoudite en témoignent2 •
Par contre, le Psautier suivi explique ainsi l'introduction de cette
nouvelle pratique, d'origine palestinienne: «Il est connu qu'en
Palestine nous n'avons pas reçu de nos Pères de célébrer la
liturgie des Présanctifiés le mercredi et le vendredi des laitages,
mais de chanter [l'office d'] Alléluia. Nous lisons aussi la neu-
vième heure et faisons les métanies, peu importe quelle mémoire
tombe [ces jours-là}, à l'exception de la fête de la Rencontre
ou de l'Invention du vénérable chef du Précurseur. Après le
congé des vêpres, nous entrons au réfectoire et mangeons du
fromage et des œufs, rendant grâce à Dieu 3 .) Cette prescription
du Psautier suivi est à rapprocher de la consigne donnée par le
métropolite Cyprien au clergé de Novgorod en 1395 : «Le mer-
credi et le vendredi de la semaine des laitages il n'y a aucune
liturgie, excepté les heures avec les vêpres, et il en est de même
le Grand Vendredi4 .)
Suite à cette dernière rubrique, nous apprenons, comme pour le
samedi de l'apocréo, qu'il faut chanter l'office de la Ménée tom-
bant le samedi des laitages à l'apodeipnon, lorsque le veut l'ec-
clésiarque, puisque le Triode prévoit ce jour-là de commémorer
«tous nos Pères vénérables et théophores qui ont brillé dans le
jeûne).
Le dernier dimanche avant le début de la Sainte Quarantaine est
le dimanche des laitages. li y est dit que la veille de ce dimanche,
«il n'y a pas d'agrypnie, si le veut le supérieur, à cause de l'effort
à venir 5 ). .

Nous lisons au feuillet suivant la rubrique statuant que lors d'un


décès éventuel de l'un des frères pendant la Sainte Quarantaine, il
ne convient pas de le commémorer aux jours prescrits (on parle
ici du troisième, du dixième, du trentième et du quarantième

1. MAHCBETOB, Mumpono/lum Kunpuan, p. 69.


2. AMHTPHEBCIŒH, Onucallue, T. H, T'Ulttlca, q. 1, p. 112; MATÉos, Typicon, II, p. 6-8;
IIEHTKOBCIŒil:, TunuKolI, p. 237.
3. KHnPHAH, Ilca/lmupb C 60CCJleiJo6allUeM, f. 266 v.
4. «A B'b cpeilY MaCJIeHbIlI He~t,;rn Il B'b IIlITH~, HlfKaKOJl CJI)':lK6hl; HO TOJIKO qaCbI
C'b BeqepHero, TaKO:lKe Il B'b BeJIIIKyro IIlITHIIuy no TOM}':lKb)) (IIABJIOB, KaIlOIlU'leCKUe
nll.MRmIlUKU, coL 236).
5: KHIlPHAH, Ilca/lmupb C 60CCJleiJo6aIlUe.M, f. 267.
258 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

jour) si ces jours tombent pendant la semaine, mais de reporter sa


mémoire au vendredi soir et de célébrer une liturgie des défunts
le samedi. Le Psautier suivi stipule que la commémoration nor-
male des défunts reprend à partir du dimanche du Renouveau,
une semaine après Pâques!. Cette rubrique reflète une pratique
ancienne attestée par le 51 e canon du concile de Laodicée qui
préconise de ne pas célébrer la mémoire des martyrs pendant la
quarantaine, mais de les commémorer les samedis et dimanches 2 •
Le grand canoniste byzantin Théodore Balsamon Cv. 1140-v.1195)
avait déjà appliqué la commémoration des martyrs mentionnée
dans ce canon à la commémoration des défunts 3 • De là, cette
règle fut reprise par les typika de rédaction hiérosolymitaine4 • En
effet, les jours de commémoration des défunts, où l'on célébrait la
liturgie et organisait des agapes, étaient plutôt des jours festifs et
ne concordaient pas avec l'esprit du jeûnes.
Nous retrouvons la même ordonnance dans les Réponses à
l'higoumène Athanase. À la question de savoir comment enterrer
un défunt un jour de semaine pendant le Carême, le métropolite
Cyprien répond qu'il faut célébrer l'office d'enterrement et l'in-
humer, mais ne pas célébrer de liturgie des défunts ni de panny-
chide, car la commémoration des défunts se fait le vendredi soir et
le samedi matin, à l'exception des cinquième et sixième samedis
de la quarantaine6 •

La Sainte et Grande Quarantaine.

Les offices de la Sainte Quarantaine débutent par les vêpres, le


soir du dimanche des laitages. Comme dans le Typikon d'Alexis
le Stoudite, il n'y a pas de stichologie, et il y a une entrée avec
l'encensoir et le cierge. La rubrique précise que cette entrée, qui
n'a jamais lieu en dehors des jours de fêtes,.s'effectue «tous les
dimanches soirs du saint jeûne, à cause des grands prokimena7 ».
Nous trouvons aussi cette explication dans les typika sabaïtes
postérieurs 8 • Toutefois, les typika sabaïtes antérieurs ne .;cpré-

1. Ibid., f. 267 v.
2. 51' canon de Laodicée. Voir P.-P. }OANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc.
9, t. l, 2, Rome, 1962, p. 15l.
3. IIpa8U/1a C6J/mblX nOMecmHblX C060P08 C mOJlK08aHUJ!MU, Moscou, 1880 (réimpres-
sion 2000), p. 270.
4. Par exemple, JYpikon, Moscou, 1906, p. 405 v.
5. MAHCBETOB, MumponoJlum KunpuaH, p. 122.
6. IIABJIOB, KaHOHUlleCKUe naMllmHUKU, col. 257-258; MAHCBETOB, MumponoJlum
KunpuaH, p. 12l.
7. KHIIPHAH, IIcaJlmupb C 80CC/leiJo8aHUe.M, f. 268.
8. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 405 v.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 259

voyaient pas d'entrée pour ces vêpres et ne donnaient qu'un seul


verset pour les deux prokimena 1 • Il est prévu, en effet, d'alterner
deux grands prokimena à partir du dimanche des laitages : «Ne
détourne pas ta face de ton serviteur» et : «Tu as donné ton héri-
tage à ceux qui craignent Ton nom». Le Psautier suivi indique
pour chacun deux versets. Le Typikon d'Alexis le Stoudite, fidèle
à la tradition palestinienne plus ancienne, n'en indique qu'un
seuF. Les typika sabaïtes postérieurs, de leur côté, en indiquent
trois 3 • Le Psautier suivi explique également que les métanies
reprennent à partir de : «Daigne, Seigneur». Cette rubrique est
aussi observée dans le Typikon d'Alexis le Stoudite et dans les
typika sabaïtes postérieurs 4 • Elle est conforme à la prescription
du canon 90 du concile in Trullo s. Nous apprenons plus loin
dans le Psautier suivi qu'on interrompt les métanies à partir des
vêpres du vendredi soir6 . .
Les vêpres se terminent par le chant des trop aires de l'Horo-
logion prévus pour l'office d'Alléluia qui sont accompagnés de
métanies. Le dimanche soir, à la fin des vêpres, il n'y a que trois
grandes métanies pour accompagner la prière de saint Éphrem.
Alors que le Typikon d'Alexis le Stoudite, tout comme les typika
sabaïtes anciens, ne nous dit rien quant à cette prière7, le Psautier
suivi, de son côté, comme tous les typika sabaïtes postérieurs, pré-
cise que cette prière est dite «en élevant les mains, debout» et
«en pensée8 ». Le Psautier suivi indique que chacun regagne alors
sa cellule en silence. Puis il mentionne qu'il est prévu à la fin
de l'apodeipnon de faire quinze grandes métanies. Il ne précise
toutefois pas quel apodeipnon doit être lu. Le Typikon d'Alexis
le Stoudite prescrivait le grand apodeipnon, alors que les typika
sabaïtes postérieurs prescrivent le petit9 .
Le lundi matin, le Psautier suivi prévoit de ne pas lire le meso-
nyktikon en assemblée, mais pour ceux qui le peuvent, de le lire

1. Par exemple, le Sin. gr. 1094, f. 70 v. et 79 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon


byzantin, p. 243 et 253.]
2. IIEIITKOBCKHll:, TUnuKOH, p. 238, 241.
3. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 404 V., 423 v.
4. IIEHTKoBcKHH, TUnUKOH, p. 238, 241; voir également, à titre d'exemple, Typikon,
Moscou, 1906, p. 405.
5. Ce canon dit qu'il n'y a pas de génuflexion de l'entrée aux vêpres du samedi
jusqu'à l'entrée aux vêpres du dimanche. Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale. antique,
Fonti, fasc. 9, t. 1,1, Rome, 1962, p. 226-227.
6. KHIIPHAH, IIcaJlmupb C BOCCJleaOBaHUeM, f. 275.
7. Par exemple, le Sin. gr. 1094 ne parle que de trois grandes métanies : f. 70
v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 244.]
8. KHIIPHAH, IIcaJlmupb C BOCCJleaOBaHUeM, f. 268 v. Comparer avec: Typikon, Moscou,
1906, p. 405.
9. IIEHTKoBcKHn, TunUKoH, p. 238; 239; voir également, à titre d'exemple, Typikon,
Moscou, 1906, p. 405 v.
260 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

en cellule!. Cette dernière pratique semble plutôt refléter l'ordo


des skites où les offices du jour n'étaient pas célébrés en com-
munauté, au milieu (( èv JléO"ql )) de l'église avec un prêtre, mais
séparément par chaque kelliote. Le Typikond'Alexis le Stoudite
prévoyait de célébrer le mesonyktikon en cellule, ce qui était
aussi le cas dans les monastères kelliotes qui suivaient l'Horo-
log ion et le Typikon hiérosolymitains 2 • L'un des plus anciens
typika sabaïtes manuscrits conservés, le Sin. gr. 1094, ne men-
tionne pas le mesonyktikon ce jour-là 3 • Toutefois, les typika
sabaïtes postérieurs prévoient la lecture du mesonyktikon à
l'église. Mais ils prévoient moins de métanies ce jour-là que les
autres jours 4 •
Cette dernière pratique s'explique par la rubrique qui suit:
«Aux matines, on frappe [la simandre] juste avant le lever du jour,
à cause de la consolation du dimanches.) Le Typikon d'Alexis le
Stoudite prévoyait également de se lever plus tard à cause de
la consolation du dimanche 6 • Même les typika sabaïtes plus tar-
difs mentionnent une consolation au repas du dimanche soir7 •
Cette «consolation) ne veut toutefois pas dire une suppression
totale du jeûne, car rappelons-nous ce que dit le Psautier suivi au
sujet d'une «grande consolation) en occurrence avec un jour de
jeûne, comme pour le mercredi de la mi-Pentecôte: «À table, il
y a une grande consolation pour les frères. On a reçu une autre
habitude concernant la grande consolation. Ceux qui n'ont pas
honte mangent du fromage et des œufs ce mercredi. Mais cela
n'est pas béni, car cette consolation consiste à consommer de
l'huile et du poisson à cause de la fête despotique ou à cause
de la mémoire d'un grand saint8 .) Comme il n'est pas prévu
de manger du poisson pendant la Quarantaine, à l'exception du
jour de l'Annonciation et du dimanche des Rameaux9 , la conso-
lation du dimanche soir consiste donc en autorisation d'huile et
de vin.
TI est donc prévu par le Psautier suivi de ne s'assembler à l'église
que pour les matines le lundi matin. Les moines entrent en ordre
à l'église en faisant trois métanies. Les matines suivent le dérou-
lement habituel d'un office avec «Alléluia). La prière «Sauve,
ô Dieu, ton peuple) suit le Psaume 50.

1. KHIIPHAH, Ilca./Imupb C 60CC/le006aHUe.M, f. 268 v.


2. MAHCBETOB, MumponoAum KunpuaH, p. 77.
3. Sin. gr. 1094, f. 71 r. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 244.]
4. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 406.
5. KHIIPHAH, Ilca./Imupb C 60CC/le006aHUe.M, f. 268 v.
6. IlEHTKoBcKHn, Tunu/CoH, p. 238, 239.
7. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 405 v.
8. KHIIPHAH, Ilca./Imupb C 60CC/le006aHue.M, f. 288.
9. Ibid., f. 241 V., 278-278 v.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 261

L'exécution du canon est particulière pendant la Sainte


Quarantaine. On ajoute au canon de la Ménée, constitué de huit
odes, les canons à trois odes du Triode. Les trop aires de ces
canons sont intercalés aux cantiques bibliques de la façon suivante.
Chaque fois qu'il y des trop aires du Triode, on intercale les tro-
paires à partir du 14e verset avant la fin du cantique. Si, toutefois,
il n'y a que les trop aires de la Ménée, on les intercale en commen-
çant par l'hirmos à partir du 6e verset avant la fin du cantique. Le
Psautier suivi précise que les deux chœurs se réunissent au milieu
pour chanter «Gloire» suivi du trop aire triadique qui est exécuté
sur un ton plus élevé. On précise que le canonarque doit se tenir
au milieu des deux chœurs, tête découverte!.
TI y est aussi prescrit trois métanies pour la grande doxologie qui
est lue dans sa rédaction hiérosolymitaine, puis de lire la prière psal-
mique «TI est bon de confesser le Seigneur» deux fois, et que trois
métanies doivent accompagner le Trisagion. À la fin des matines, ,il
est prévu de dire la prière de saint Éphrem le Syrien, «Seigneur èt
Maître de ma vie», accompagnée de trois grandes métanies. Puis de
faire douze autres (petites) métanies, en disant : «Ô Dieu, purifie-moi,
pécheur.» Le Psautier suivi signale que «tous font des métanies de
façon uniforme2 ». On retrouve la même rubrique dans les anciens
typika sabaïtes du :xne siècle3. Puis on commence la première heure.
TI faut remarquer, comme l'a fait I. Mansvetov, que le Psautier suivi
mentionne deux façons d'exécuter les métanies et la prière de saint
Éphrem à la fin des offices de jeûne. Une première implique seize
métanies (quatre grandes et douze petites), une autre quinze méta-
nies (quatre grandes et onze petites4). Nous avons la description de
la première pratique à la fin du mesonyktikon dans le Psautier suivis.
Par contre, à la fin de la description des matines, nous trouvons la
seconde pratique6 • Ces deux pratiques apparaissent tout au long des
autres descriptions d'office, ce qui signifie qu'aux ){Ne-xve siècles,
la pratique n'était toujours pas uniformisée. I. Mansvetov a en effet
trouvé des pratiques variées dans les horologia grecs de la même
époque et même postérieurs7 • Nous avons nous-même rencontré la
pratique des quinze métanies dans les manuscrits des ){Ne-xve siècles
de la bibliothèque du Patriarcat œcuménique à Istanbul.
Les heures sont lues avec leurs trop aires particuliers, conformé-
ment aux jours où l'on célèbre l'office avec Alléluia. Ces trop aires

l.Ibid., f. 269 v.
2. Ibid., f. 269 v.-270.
3.Voir Sin. gr. 1094, f. 72 r. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, 1987, p. 245.]
4. MAHCBETOB, Mumpono/lum Kunpuan, p. 74.
5. KHIIPHAH, IIcMmupb C BocClleàoBanUe.M, f. 147 v.
6. Ibid., f. 160 v.
7. MAHCBETOB, Mumpono/lum Kunpuan, p. 84-85.
262 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

sont accompagnés de versets psalmiques et de métanies. De plus,


le Psautier suivi indique que le théotokion qui suit est lui aussi
accompagné de trois métanies 1 • Trois métanies suivent enfin le
congé final.
Le Psautier suivi précise qu'«après le congé, en sortant de l'église,
nous allons chacun dans notre cellule en gardant le silence. Car
il ne convient pas de discuter les uns avec les autres, cela étant
interdit par les saints Pères 2 .»
À la troisième heure du jour débute l'office des heures. Pour
chacune des heures, l'allumeur de lampes frappera la grande
simandre un nombre de fois correspondant à l'heure lue : trois
fois pour tierce, six fois pour sexte, neuf fois pour none.
Les moines se rassemblent à l'église en faisant trois métanies en
entrant, vénèrent la croix pectorale et les icônes, s'inclinent une
seule fois devant chaque chœur, puis s'assoient3 • Après les métanies
accompagnant le théotokion à la troisième heure est prévue la lecture
d'un passage de EÉchelle de saint Jean Climaque. Cette lecture, habi-
tuelle pour les typika sabaïtes, n'est pas mentionnée dans le Typikon
d'Alexis le Stoudite qui prescrit, de son côté, la lecture des œuvres de
saint Éphrem le Syrien aux matines, après les cathismes4 •
Au même endroit, à la sixième heure, il est prévu de lire la pro-
phétie, précédée d'un tropaire de la prophétie, d'un prokimenon,
et suivie d'un autre prokimenon. Notons que le Typikon d'Alexis
le Stoudite prévoyait de chanter ce tropaire après la deuxième sti-
chologie des matines. Même s'il ne dit rien de la lecture de la pro-
phétie le lundi, ce typikon l'indique pour le mercredi des Laitages 5 •
Ces tropaires, prokimena et parémies proviennent de la tritoekti
de l'office asmatique. Cet office était essentiellement célébré à la
Grande Église les jours où il n'y avait pas de liturgie. Pendant la
Sainte Quarantaine, cet office était destiné entre autres à la caté-
chèse des catéchumènes, ce qui explique la présence d'une lec-
ture biblique qui, à l'origine, était sans doute commentée6 • Ainsi, le

1. KHrrPHAH, IIclLllmupb C BOCC/leOOBaIlUeM, f. 270, 162-162 V., 165, 167, 173 v.


2. Ibid., f. 270 v.
3. Pour la description du déroulement des heures, voir KHrrPHAH, IIclLllm~uPb C BOCC-
lIeOOBaIlUeM, f. 270 v.-272.
4. IlEHTKOBcKIlA:, TunuKolI, p. 238, 239. Non mentionnée par le Psautier suivi, cette
lecture est indiquée dans les typika sabaïtes tel: Typikon, Moscou, 1906, p. 407. Le
Sin. gr. 1094 du xne siècle mentionne une lecture tirée du Paterikon : voir Sin. gr.
1094, f. 73 r. [Édité par LoSSKY, Le Typikon byzantin, p. 246.]
5. ITEHTKOBCKIlYI, TunuKolI, p. 237, 238, 239.
6. M. ARRANz, «Les prières presbytérales de la Tritoekû de l'ancien Euchologe
byzantin~, OCP 43 (1977), p. 335-336, 341-343; MATÉos, Typicon, l, p. XXIV.
L'ancienne liturgie hiérosolymitaine connaissait une pratique similaire: voir J. GETCHA,
Les Grandes Fêtes dans l'Église de Jérusalem entre 381 et 431, mémoire de maîtrise dac-
tylographié soutenu à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, Paris, 1998, p. 54;
ÉGÉlUE, Journal de voyage 46, éd. et trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 2002\ p. 306-311 ;
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 263

cycle des lectures de la tritoekti de la Grande Église fut inséré dans


le déroulement des heures conformément au Typikon sabaïte.
Après la neuvième heure, il est prévu d'enchaîner avec le chant
des Béatitudes des typiques. Après la prière de saint Éphrem,
accompagnée de métanies, sont célébrées les vêpres. On psal-
modie le cathisme 18. Puis les vêpres se déroulent d'après l'ordo
de jeûne.
Le Psautier suivi précise à la fin des vêpres : (~ [... ] nous n'avons
pas reçu [de nos Pères] de célébrer les Présanctifiés jusqu'à mer-
credi. Le mercredi, il y a les Présanctifiés!.}) Cette rubrique vient
modifier la pratique qui existait du temps du TYpikon de la Grande
Église et du TYpikon d'Alexis le Stoudite qui prévoyaient tous deux
la célébration quotidienne des Présanctifiés, les jours de semaine
pendant la Sainte Quarantaine. Le TYpikon d'Alexis le Stoudite
prévoyait même un repas au réfectoire à la fin des Présanctifiés le
premier lundi de la Quarantaine2 • Cette pratique constantinopoli-
taine avait été prescrite par le canon 52 du concile in Trullo : (~Les
jours de la Sainte Quarantaine, à l'exception des samedis et des
dimanches et du saint jour de l'Annonciation, on ne peut célébrer
de liturgie autre que celle des Dons présanctifiés3 .})
Comme l'explique M. Arranz, (~au VIIe siècle, la réception de
l'eucharistie a dû être considérée comme une rupture de jeûne;
puisque, d'autre part, l'eucharistie Cà part les grandes vigiles de
Noël, l'Épiphanie et Pâques, et le jour tout à fait exceptionnel du
Jeudi saint) ne se célébrait que dans les heures matinales, le canon
52 de Trullo, tout en admettant l'exception de l'Annonciation, fixe
la communion des Présanctifiés à la fin du jour, même après les
vêpres, pour garantir le sérieux du jeûne du Carême4 }).
Ainsi, le jeûne n'était pas rompu après la troisième heure, comme
pour les jours festifs,mais après la neuvième heure, conformément
aux jours de jeûnes. La tradition sabaïte va cependant adopter, une
fois de plus, une pratique plus rigoureuse quant au jeûne. Elle va
vouloir prolonger le jeûne intégral en interdisant la consommation
de tout aliment jusqu'au mercredi, voire jusqu'au vendredi pour
ceux qui le peuvent. Par conséquent, aucune communion eucha-
ristique n'est envisageable avant le mercredi ou le vendredi, d'où

A. RENOUX, Le Codex arménien Jérusalem 121, II. Édition comparée du texte et de deux
autres manuscrits, PO 36, 2, section XVII, Turnhout, 1971, p. 95-99.
1. KHIIPHAH, IIca/lmupb C 80CC/le008aHUeM, f. 272.
2. JJ:MHTPHEBCKHR, OnucaHue, T. H, Tu7ttlca, q. 1, p. 113; MATÉos, 1jJpicon, II, p. 12;
IIEHTKOBCKHR, TunuKoH, p. 238, 239.
3. Canon 52 du concile in Trullo. Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique,
Fonti, fasc. 9, t. 1,1, Rome, 1962, p. 189.
4. M. ARRANz, ~(La liturgie des Présanctifiés de l'ancien Euchologe byzantin)}, OCP
47 (1981), p. 388.
5. Voir JEAN CASSIEN, Conférences, XXI, 11, SC 64, Paris, 1959, p. 85-86.
264 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

l'usage sabai'te de ne célébrer les Présanctifiés que deux fois par


semaine. C'est dans cet esprit qu'il faut comprendre la rubrique qui
se trouve un peu plus bas dans le Psautier suivi: « Que l'on sache
qu'en cette première semaine de jeûne, nous avons reçu [de nos
Pères] de célébrer deux fois les Présanctifiés, le mercredi et le ven-
dredi. C'est alors que nous entrons au réfectoire et mangeons des
aliments crus et buvons du jus avec du miel. Ceux qui le peuvent
jeûnent jusqu'au vendredi!.» Nous retrouvons une rubrique sem-
blable dans l'ancien typikon sabaïte Sin. gr. 10942 • Le Psautier
suivi justifie cette réforme de ne pas célébrer les Présanctifiés quo-
tidiennement, en soulignant que telle est la pratique palestinienne :
« Nous avons reçu cela de la laure de notre vénérable Père Sabas
et du cénobium de notre Père Théophore Euthyme 3 • »
Le lundi, à la dixième heure du jour, il est prescrit que l'allumeur
de lampes frappe douze fois la lourde simandre pour marquer le
début du grand apodeipnon. On lit immédiatement après les prières
initiales le Psaume 69, après quoi on chante le grand canon péni-
tentiel de saint André de Crète4 • Le 'JYpikon d'Alexis le Stoudite ne
mentionne pas le grand canon à l'apodeipnon ce jour-1à, mais seule-
ment aux matines du jeudi de la cinquième semaines. L'un des plus
anciens typika sabaïtes manuscrits, le Sin. gr. 1094, confirme de son
côté la pratique de notre Psautier suivi tout en notant qu'il s'agit
d'une pratique des cénobia de Palestine - les moines de la laure de
Saint-Sabas lisaient, quant à eux, l'apodeipnon dans leur cellule6 •
Après le grand canon, on reprend le déroulement habituel du
grand apodeipnon qui se tennine avec les quinze métanies accom-
pagnant la prière de saint Éphrem le Syrien. Au lieu du congé
habituel, il est spécifié que les fidèles sont prosternés face contre
terre pendant que le prêtre dit à haute voix la prière : «Maître très
miséricordieux». Puis a lieu le rite habituel du pardon, après quoi
chacun se retire dans sa cellule en silence. Le Psautier suivi précise
que l'ecclésiarque doit aussi veiller à ce que le congé de l'apodei-
pnon ait lieu lorsqu'il fait encore jour, c'est-à-dire avant l'obscurité7,
une rubrique qui se trouve également dans le Sin. gr. 10948 •
Au sujet des métanies, le Psautier suivi dit qu'il y a il l'église
au total 300 métanies, soir et matin9 • TI précise que pendant la

1. KHITPHAH, IlcMmupb C liocCIleàolia/JueM, f. 274.


2. Sin. gr. 1094, f. 76 r. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 249.]
3. KHITPHAH, IlcMmupb CliocCIleàoea/JueM, f. 275.
4. Ibid., f. 272-272 v.
5. IIEHTKOBCIGIH, Tunu/Co/J, p. 244.
6. Sin. gr. 1094, f. 76 r.-76 v. [Édité par LoSSKY, Le Typikon byzantin, p. 249.]
7. KHITPHAH, IlcMmupb C liocCIleooea/JueM, f. 272 v.-274.
8. Sin. gr. 1094, f. 77 v. [Édité par LoSSKY, Le Typikon byzantin, p. 251.]
9. Le Sin. gr. 1094 donne le même nombre de métanies au f. 78 r. [Édité par
LoSSKY, Le Typikon byzantin, p. 251.]
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 265

Quarantaine, on dit le Psaume 118 (les Irréprochables) comme


pendant toute l'année, mais avec les métanies, depuis le début.
Quant aux Présanctifiés, on précise qu'il y a trois métanies à
(Nenez, adorons }), à la fin du Psaume 103, à chaque «Gloire}) du
cathisme, après: «Que ma prière s'élève}), après: «Maintenant
les Puissances célestes }), après : «Un seul est saint, un seul est
Seigneur }), et après : «Que le nom du Seigneur soit béni 1 }).
Toutefois, on ne précise pas que les trois métanies après : «Que
ma prière s'élève}) et après: «Maintenant les Puissances célestes})
s'accompagnent de la prière de saint Éphrem, comme c'est le cas
dans la pratique russe actuelle2 •
Le vendredi de la première semaine, après la prière derrière
l'ambon aux Présanctifiés, il est prévu de se rendre dans le nar-
thex pour y chanter un canon d'action de grâce à saint Théodore
Tiron, devant les collyves préparés en son honneur. L'origine de
cette solennité est le miracle lié au saint martyr qui eut lieu en
361, alors que l'empereur Julien l'Apostat ordonnait au préfet de
Constantinople de faire asperger les fruits et légumes du marché
avec du sang de victimes immolées aux idoles pendant la première
semaine de Carême, afin de souiller le jeûne des chrétiens. Le
saint martyr Théodore serait alors apparu au patriarche Eudoxe
(360-364) pour lui commander qu'aucun chrétien n'achète d'ali-
ment au marché, mais qu'il confectionne des collyves, c'est-à-dire
des grains de blé bouillis, pour se nourrir. Ainsi, les chrétiens
échappèrent à la souillure de l'idolâtrie3 • La commémoration de
cette intervention miraculeuse du saint martyr a très vite été ins-
tituée au premier samedi de la Sainte Quarantaine. La tradition
stoudite la connaissait et aurait peut-être été la première à l'intro-
duire. Cela pourrait peut-être s'expliquer du fait que les Stoudites
ont vu un parallèle entre la protestation d'un saint contre l'action
d'un empereur impie tel Julien l'Apostat et leur propre révolte
contre les empereurs iconoclastes. Les Stoudites furent en effet
à Byzance les champions de l'indépendance de l'Église face au
pouvoir temporel.
Le Typikon d'Alexis le Stoudite souligne le caractère festif de
ce samedi en indiquant qu'exceptionnellement, le vendredi soir

1. KHIIPHAH, IIcQJlmupb C 8ocCJleào6aHUeM, f. 274-274 v.


2. Même si certaines éditions contemporaines des Présanctifiés mentionnent la lec-
ture de la prière de saint Éphrem à ces deux moments précis, les livres liturgiques ne
font mention que de trois métanies. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 419-419
v.; C/ly:J/Ce6HU/c, Moscou, 1996 (réédition), p. 233-234.
3. Hiéromoine MACAIRE DE SIMONOS-PETRAS, Le Synaxaire, vol. 3. Thessalonique,
1990, p. 157-158. On trouve cette explication dans le Triode, dans le Synaxaire de
Calliste Xanthopoulos (XIV' siècle) lu aux matines du premier samedi de la Quarantaine.
Voir par exemple, Tpuoàb nocmHaJ!, Moscou, 1992 (réédition), p. 139-140; Triode de
Carême, trad. D. Guillaume, Parme, 1993 3 , p. 155-156.
266 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de la première semaine, on ne lit pas le grand apodeipnon mais


le petit. Toutefois, rien n'est dit quant à l'acolouthie de saint
Théodore à la fin des Présanctifiés, indiquée par le Psautier suivi,
qui serait peut-être d'origine sabaïte 1 . Ce dernier document spé-
cifie qu'au réfectoire on autorise l'huile et le vin en l'honneur du
saint.
Une rubrique intéressante, se trouvant à la fin de la description
des offices de la première semaine, nous renseigne sur la règle de
prière en cellule. li y est dit: «Nous avons reçu en Palestine de
lire le Psautier dans nos cellules, et ceux qui le peuvent le lisent
jour et nuit, certains trois fois dans la semaine, d'autres deux fois.
Chacun fait des métanies [en cellule] autant qu'il le peut, selon ce
que le supérieur a ordonné 2 .» On retrouve cette même rubrique
dans les typika sabaïtes antérieurs et postérieurs 3 • Elle témoigne
combien le Psautier est le fondement de la prière ecclésiale, et
particulièrement de la prière monastique. En plus d'être l'ossa-
ture des offices de journée et d'être lu en entier à l'église deux
fois pendant la semaine durant la Sainte Quarantaine, il était lu
également en continu par les moines et constituait ainsi leur règle
de cellule.
Suite à cette dernière rubrique, une autre note nous apprend
qu'il est prévu de lire aux apodeipna les canons des défunts
et des mémoires des saints de la Ménée, sous-entendu lorsque
ces dernières font l'objet d'occurrences avec les solennités du
Triode.

Les solennités de la Sainte Quarantaine.

Parmi les solennités de la Sainte Quarantaine, nous avons déjà


mentionné le premier samedi où l'on commémore le miracle du
saint mégalomartyr Théodore Tiron. En raison. de la fête, il est
prévu, tout comme dans le Typikon d'Alexis le Stoudite, de chanter
«Le Seigneur est Dieu» aux matines 4 • Toutefois, le Psautier suivi
souligne que tous les samedis de la Quarantaine, au lie\\. de «Le
Seigneur est Diem, il est prévu de chanter l'office d'Alléluia, à
l'exception du premier samedi du jeûne, du samedi de l'Acathiste
et du samedi du juste Lazare5 •

1. IIEHTKOBC1ŒJi, TunU/COH, p. 240; voir MAHCBETOB, l(epKo6HblU ycma6, p. 135, 143,


214. Notons que le typikon sabaïte Sin. gr. 1094 prévoit l'acolouthie du canon au saint
mégaJomartyr Théodore au f. 78 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 251.]
2. KHIIPHAH, IIcal/mupb C 6ocCileiJo6aHUeJII, f. 275.
3. Voir par exemple Sin. gr. 1094, f. 78 r. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin,
p. 251]; Typikon, Moscou, 1906, p. 415.
4. IIEHTKOBCKüA:, TUnUKOH, p. 240.
5. KHIIPHAH, IIcal/mupb C 6ocCileiJo6aHUeJII, f. 275 v.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 267

Pour le premier dimanche du jeûne, le Psautier suivi prévoit la


solennité plus tardive du dimanche de l'Orthodoxie. Cette solen-
nité avait été introduite en mars 843 pour commémorer la vic-
toire finale sur l'iconoclasme. TI avait alors été établi de célébrer·
chaque année le triomphe de l'Orthodoxie le premier dimanche
de la Sainte Quarantaine. Cette solennité est venue se joindre à la
mémoire plus ancienne des saints prophètes Moïse, Aaron, David, .
Samuel et des autres prophètes, célébrée ce jour-là 1. Le yYpikon
d'Alexis le Stoudite prévoyait de chanter conjointement l'office des
saintes icônes avec l'office des saints prophètes2 • Mais le Psautier
suivi témoigne déjà d'un usage plus tardif, répandu par la diffu-
sion du Typikon sabaïte à la fin dU){Ne siècle, où la mémoire des
saints prophètes a disparu.
Toutefois, il ne faut pas oublier qu'après la victoire des hésy-
chastes en 1351, le dimanche de l'Orthodoxie prit un sens nou-
veau. On ne commémorait pas simplement la victoire sur l'ico-
noclasme, mais la victoire sur toutes les hérésies, y compris la
victoire sur les adversaires des moines hésychastes. Nous avons
déjà dit que les décisions du concile de Blachemes (1351), où
avait triomphé l'enseignement de saint Grégoire Palamas, furent
rajoutées au Synodikon de l'Orthodoxie, qui avait sans doute été
lu sous cette nouvelle forme pour la première fois le premier
dimanche de Carême de 13523 • Nous avons vu également dans
notre première partie que le métropolite Cyprien avait joué un
rôle clé dans la diffusion en Russie de la traduction slave du nou-
veau Synodikon de l'Orthodoxie. Ainsi pourrait s'expliquer la dis-
parition de la mémoire de l'acolouthie des saints prophètes dans
les typika sabaïtes et les triodes de rédaction hiérosolymitaine,
postérieurs au ){Ne siècle. Seul le canon des prophètes a survécu,
mais déplacé depuis les matines dominicales à l'apodeipnon du
dimanche soif'!.
Dans le Psautier suivi, le deuxième dimanche de la Sainte
Quarantaine ne fait l'objet d'aucune solennité particulière, tout
comme dans le Typikon d'Alexis le Stoudite et le typikon sabaïte
Sin. gr. 10945• Dans les typika sabaïtes et les triodes de rédaction
hiérosolymitaine, postérieurs au ){Ne siècle, on prévoit d'y faire
la mémoire de saint Grégoire Palamas. Toutefois, dans plusieurs
manuscrits liturgiques du XVIe siècle, la mémoire de saint Grégoire

1. C'était encore le cas dans le typikon sabaïte Sin. gr. 1094, f. 79 r. [Édité par
LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 252-253].
2. ITEHTKOBCKHA:, TunuKoH, p. 241.
3.J MEYENDORFF, Introduction à ['étude de Grégoire Palamas, p. 152.
4.Voir TPUOOb nOCmHa.II, Moscou, 1992 (réédition), p. 152 v.-154 v.
5. ITEHTKOBCKHA:, TunuKoH, p. 242; Sin. gr. 1094, f. 80 r. [Édité par LOSSKY,
Le Typikon byzantin, p. 254.]
268 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Palamas n'est toujours pas mentionnée au deuxième dimanche de


la Sainte Quarantaine, où il est prévu de chanter l'office du saint
du jour des Ménées 1 •
En effet, nous avons déjà mentionné que l'acolouthie grecque
de saint Grégoire Palamas avait été composée par le patriarche
Philothée 2, sans doute peu de temps après la canonisation du saint
en 13683 • Par conséquent, la traduction slave de cette acolouthie
n'a pu être accomplie que des années plus tard. La mémoire de
saint Grégoire Palamas fut instituée au deuxième dimanche du
Carême, faisant ainsi suite au dimanche de l'Orthodoxie, pour des
raisons polémiques et doctrinales : en effet, le décret synodal insti-
tuant sa fête à la Grande Église du Christ à ce deuxième dimanche
de Carême en février-mars 1368 précéda la condamnation du
moine anti-palamite Prochoros Kydonès en avril 1368, laquelle
rangea ce dernier avec Arius, Nestorius, Barlaam et Acindyne, les
autres hérétiques 4 • L'absence de cette mémoire dans le Psautier
suivi montre bien qu'il appartient d'une part à une période inter-
médiaire dans la diffusion du Typikon sabaïte en Russie, comme
nous l'avons déjà remarqué plus haut, et d'autre part qu'il reflète
bien l'époque du métropolite Cyprien que l'on peut donc consi-
dérer, sans trop douter, comme le rédacteur de l'original perdu
de ce psautier.
Conformément aux usages antérieurs, le troisième dimanche
de la Sainte Quarantaine est consacré à la vénération de la
Vénérable et Vivifiante Croix. Le Psautier suivi ne dit rien du
déroulement de la vénération de la Croix. Le Typikon d'Alexis le
Stoudite prévoyait que la Croix, sortie du skeuophylakion après
la lecture des cathismes, demeure sur la sainte table jusqu'à la
fin de la neuvième ode. C'est alors qu'elle est portée solennelle-
ment au milieu de l'église et placée sur une petite table devant
les portes saintes pour être vénérée. Après le Notre Père à la
fin des matines, on chante le trop aire « Devant ta Croix », et on
vénère la Croix5 • Seule la rubrique du 1er août dans le Psautier
suivi indique que la Croix est sortie du skeuophylakion la veille,
pendant la neuvième heure 6 • Comme dans la tradition néo-sa-
baïte, aux vigiles dominicales, les matines se terminent par la

1. AMHTPHEBCKHH, A. B020C/lyJ/Cenue 6 PyCCKOÜ IJepK6u 6 XV/6., Kazan, 1884, p. 197.


2. r. M. llPOXOPOB, «K HCTOpHH JIHTYPI'H'leCKOH rr033HH : rHMHl>I H MOlIHTBhI
rraTpHapxa <l>HJIo4Jex KOKKHHa», TOJ(PJI 27 (1972), p. 144.
3. Hiéromoine MACAIRE DE SIMONOS-PETRAS, Le Synaxaire, vol. 1. Thessalonique,
1987, p. 515.
4. DARROUZÈS, Regestes nO 2540, vol. I, fase. V, p. 453-454 et nO 2541, vol. I, fase.
V, p. 454. Voir également If. KAPABHHOB, IIocmnaJ/ TPUO{Jb. HcmOpU'IeCKUÜ 0630P, Saint-
Pétersbourg, 1910, p. 50.
5. llEHTKOBCKHH, TunuKon, p. 242.
6. KHIIPHAH, IIcll.IImupb C 6ocC/leào6anUe.M, f. 257 v.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 269

grande doxologie dans sa rédaction constantinopolitaine, on ne


sait pas si le Psautier suivi prévoit la sortie de la Croix comme
le prévoit la tradition stoudite, ou comme le prévoit la pratique
néo-sabaïte. Cette dernière prescrit de sortir la Croix de l'autel
pendant le chant du Trisagion final qui suit immédiatement la
grande doxologie dans sa rédaction constantinopolitaine 1 .
Le Psautier suivi prescrit de vénérer la Croix à trois autres
reprises pendant la semaine qui suit : le lundi, le mercredi et le
vendredi. À la première heure, la prière psalmique «Dirige mes
pas)} est remplacée par le trop aire «Devant ta Croix)}. De même
le mercredi, on chante aux matines le kondakion de la Croix,
«Jamais plus l'arme du feu)}. Le vendredi, il est prévu après la
sixième heure de lire le Trisagion, de vénérer la Croix selon
l'usage en chantant les stichères, le trop aire et le kondakibn, puis
de la rentrer au skeuophylakion2 • Dans la tradition stoudite, il
était prévu de faire, après les matines dominicales, une proces-
sion avec la Croix autour du monastère, après quoi celle-ci était
de nouveau rangée au skeuophylakion. Elle était sortie quotidien-
nement les autres jours de la semaine, du lundi au vendredi, pour
être vénérée à la fin de la neuvième heure, puis elle était rangée
à chaque fois3.
Le Psautier suivi mentionne pour le quatrième dimanche de
jeûne la mémoire de saint Jean Climaque,en précisant que l'of-
fice de la Résurrection a préséance4 • Une rubrique trouvée dans
le Synaxaire explique que l'office de saint Jean Climaque est
reporté du jour de sa mémoire, le 30 mars, à ce dimanche de
la Sainte Quarantaines. Dans l'esprit du Sie canon du concile
de Laodicée, on a sans doute voulu déplacer cette mémoire, qui
tombait toujours pendant la Sainte Quarantaine, à un dimanche
afin de la solenniser6 • Nous avons vu dans la première partie
que saint Jean Climaque était particulièrement chéri par les hésy-
chastes, ce qui explique pourquoi on a solennisé sa mémoire au
XIve siècle. Il est intéressant de noter que le Typikon d'Alexis le
Stoudite ne mentionnait cette solennité ni dans le Triode, ni dans
le Synaxaire où le quatrième dimanche ne fait l'objet d'aucune

1. Voir Sin. gr. 1094, f. 80 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 255].
Comparer avec: 1'ypikon, Moscou, 1906, p. 72 v.-73 (office de l'Exaltation), 160
v.-161 (office du 1er août), 429-429 v. (3 e dimanche du Carême).
2. KHnPHAH, IIcaJ/mupb C 6ocClleào6aHUeM, f. 276-276 v.
3. IIEHTKOBCKHfI, TunulCoH, p. 243; voir MAHCBETOB, aepICo6HblÜ ycmalJ, p. 144.
4. KHnPHAH, IIcaJ/mupb C 6ocClleào6aHUeM, f. 276 v.
5. Ibid., f. 242.
6. Le 51 e canon de Laodicée ordonne de ne pas célébrer la mémoire des mar-
tyrs pendant la Quarantaine, mais de les commémorer les samedis et dimanches. Voir
P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9, t. l, 2, Rome, 1962, p. 151.
270 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

commémoration particulière!. Notons toutefois que l'on ne trou-


vera pas l'office de saint Jean Climaque le quatrième dimanche
de la sainte quarantaine dans plusieurs manuscrits du XVIe siècle,
où il est prévu de célébrer le saint du jour des Ménées 2 •
Une solennité importante de la Sainte Quarantaine est le
jeudi du grand canon, pendant la cinquième semaine, déjà
attestée par le Typikon d'Alexis le Stoudite3 • Selon 1. Karabinov,
la lecture du grand canon aurait été fixée au XIe siècle à la cin-
quième semaine du Carême, sans doute en mémoire d'un trem-
blement de terre survenu à Constantinople sous Constantin VI,
le 17 mars 790 4 •
La veille, après le congé des Présanctifiés, le Psautier suivi
prescrit de manger au réfectoire des aliments bouillis avec de
l'huile et de boire du vin (~à cause de l'effort de la vigile du
grand canonS ). Le Typikon d'Alexis le Stoudite prévoyait la même
chose6 . À cause de l'effort à venir, l'apodeipnon est lu en cel-
lule. On note également que si l'Annonciation tombe ce jour-là,
l'office du grand canon est anticipé au mardi ou au lundi soir,
et que la fête de l'Acathiste a lieu le samedi suivant, comme
d'habitude 7 .
Le samedi de la cinquième semaine est consacré à la solennité
de l'Acathiste à la Mère de Dieu. Son origine n'est pas très claire,
tout comme d'ailleurs l'origine de l'Acathiste8 . Dans sa forme,
ce dernier est un exemple de kondakion, une forme hymnogra-
phique comprenant 25 strophes poétiques, dont chacune com-
mence par une lettre de l'alphabet grec. À ce propos, le premier
kondakion CÀ Toi, chef de nos armées) ne correspond pas à la
lettre A (laquelle correspond au premier ikos - (~L'ange se tenant
devant... )), et par conséquent pourrait avoir été ajouté à l'Aca-
thiste ultérieurement. Ce kondakion fait allusion à la libération
de Constantinople d'un danger, par l'intercession de la Mère de
Dieu C(~moi, ta cité, libérée du danger, t'offre, ô Mère de Dieu,
l'action de grâce ... )).

1. ITEHTKOBCKHH, TunUKOH, p. 243, 340; voir H. KAPABHHoB, IIocmTlafl TpUOab.


HcmOpUlIeCKUU 0630P, Saint-Pétersbourg, 1910, p. 50.
2. A. AMHTPHEBCKHH, BozoC/ly3ICeHue 6 PyCCKOU aepK6U 6 XV/B., Kazan, 1884, p. 200.
3. ITEHTKOBCKHH, TUnUKo1l, p. 243-244.
4. li. l(APABHHOB, IIocmHO.JI TpUOab. HcmOpUlIeCKUU 0630P, Saint-Pétersbourg, 1910,
p.34-35.
5. KHIIPHAH, IIca./Imupb C 60CC/lea06aHUeM, f. 276 v. Rubrique à comparer avec le Sin.
gr. 1094, f. 81 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 257.]
6. ITEHTKOBCKHH, TunuKoH, p. 243-374.
7. KHIIPHAH, IIca./Imupb C 60CC/lea06aHUeM, f. 276 v.-277. Rubrique à comparer avec le
Sin. gr. 1094, f. 82 r. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 257.]
8. Sur l'origine de cette solennité, nous résumons ici l'enquête de : l(APABHHOB,
IIocmHO.JI TpUOab, p. 35-50. Sur l'origine de l'Acathiste, lire: E. \VELLESz, TheAkathistos
Hvmn, Monumenta Musicae Byzantinae, Transcripta 9, Copenhague, 1957.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 271

Selon le Synaxaire de Nicéphore Calliste Xanthopoulos 1, la


solennité du samedi de la cinquième semaine aurait été instituée en
lien avec la libération de Constantinople de l'occupation perse et
arabe en 626, à l'époque de l'empereur Héraclius et du patriarche
Serge, puis en 672-678 et en 716. Selon le «Récit sur l'Acathiste)
contenu dans certains triodes, cette solennité serait liée à cette
même libération de 626. Selon la Chronique de G. Amartol, l'Aca-
thiste serait lié à la libération de 678 2 • Mais suivant diverses chro-
nologies, cette libération aurait eu lieu en juillet ou en août, et par
conséquent le lien avec la solennité de la cinquième semaine n'est
pas évident. D'après A. Papadopoulos-Kerameus, cette solennité
serait liée à la libération de Constantinople de l'occupation des
Slaves en 860, à l'époque du patriarche Photios 3 • Mais de nou-
veau, selon les chronologies, cette occupation aurait eu lieu en
juin et ne coïncide pas avec la période du Triode. En 1904, P. von
Winterfeld a découvert une traduction latine de l'Acathiste, datée
du IXe siècle, l'attribuant à saint Germain de Constantinople et le
mettant en relation avec la libération de Constantinople en 717 4 .
Selon K. Krumbacher et P. Maas, le premier kondakion et le
premier ikos de l'Acathiste se retrouvent dans un kondakion de
Romain le Mélodes (ve-VIe siècle) sur le chaste Joseph, alors que le
refrain de l'Acathiste (( Réjouis-toi, épouse inépousée)) se retrouve
dans un kondakion de Romain le Mélode pour l'Annonciation.
Par conséquent, selon P. Maas, l'hymne acathiste serait bien plus
ancienne que les diverses occupations de Constantinople que
nous venons de mentionner6 • D'ailleurs, le contenu de l'Acathiste
ne fait pas allusion à ces événements, mais résume en fait la vie
du Christ, ce qui laisse dire à Karabinov que l'Acathiste a été en
fait écrit pour glorifier non pas la Mère de Dieu, mais le Christ
sauveur en lien avec son incarnation7 • En effet, on y fait explici-
tement mention de l'Annonciation et du cycle de la Nativité du
Christ. Par ailleurs, le premier kondakion actuel de l'Acathiste est
aussi le kondakion pour la fête de l'Annonciation. C'est pourquoi

1. Les Synaxaires attribués à Nicéphore Calliste Xanthopoulos (t 1327) ne furent


irlclus dans les offices du Triode et du Pentecostaire que très tardivement, alors qu'à
l'origine ils se trouvaient en annexe au Triode ou tout simplement dans des recueils
séparés.
2. PG 110,893.
3. A. IIAIlA,I\OIIYJIO-KEPAMEBC, «AKa!l>HcT BO:lKHeii: MaTepH», BU3aHmuücKuü
BpeMeHHUK (1903), p. 357.
4. P. DE MEEsTER, (,L'irnno acatisto,), Bessarione 81 (1904), p. 213.
5. Sur Romairl le Mélode et le kondakion, lire : J. VAN ROSSUM, (,Romanos le
Mélode et le "Kontakion",), EHymnographie. Conférences Saint-Serge. 46' Semaine
d'études liturgiques, Rome, 2000, p. 93-104.
6. P. MAAs, (,Recension sur l'article de P. DE MEESTER "L'imno acatisto",),
Byzantinische Zeitschrift 14 (1905), p. 645.
7. KAPAEHHOB, IlocmHaJI Tpuoàb, p. 40, 42.
272 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Karabinov considère, à la suite de P. Maas, l'origine de la solen-


nité du samedi de la cinquième semaine en lien avec un report
de la fête de l'Annonciation!. Nous savons que, dans l'esprit du
51 e canon du concile de Laodicée (v. 365),. il ne convenait pas
de célébrer les fêtes pendant la Sainte Quarantaine, et par consé-
quent on devait les reporter au samedi ou au dimanche suivant2.
Ce n'est que le concile in Trullo (692) qui a statué de célébrer
l'Annonciation le jour même (25 mars 3). À partir de ce moment,
la solennité du samedi de l'Acathiste devint un doublet de la fête
de l'Annonciation, et on aurait donc cherché à la justifier dans
les textes byzantins tardifs par la délivrance de Constantinople
de divers envahisseurs, comme l'a fait par exemple Nicéphore
Calliste Xanthopoulos dans son Synaxaire.
Selon Karabinov, la fête de l'Acathiste aurait en fait coïncidé
avec la fin de la guerre d'Héraclius contre les Perses : les négo-
ciations de paix commencèrent la veille de l'Annonciation, le
24 mars 628. La fin de la guerre, dans l'esprit des Byzantins,
était indubitablement liée à l'intercession de la Mère de Dieu,
protectrice de la capitale byzantine où la fête de l'Annonciation
avait été instituée pour la première fois. Lorsque le concile in
Trullo prescrivit la célébration de l'Annonciation le jour même,
en autorisant la célébration d'une liturgie complète, on conserva
pour la solennité du samedi de l'Acathiste la mémoire de la
délivrance de Constantinople. Ce samedi, qui jadis était tou-
jours celui de la Sainte Quarantaine qui suivait le 25 mars, fut
fixé, après le XIe siècle, au cinquième samedi peut-être à cause
d'un tremblement de terre survenu à Constantinople en 790, à
l'origine par ailleurs de la solennité du jeudi de la cinquième
semaine4 • Notons que dans le manuscrit de Patmos du 1jJpikon
de la Grande Église, la solennité de l'Acathiste est fixée au cin-
quième samedi de la Sainte QuarantaineS, alors que le manuscrit
de Dresde indique soit le samedi de la mi. . Carême, soit le cin-
quième samedi6 •
Le vendredi soir, l'apodeipnon est de nouveau lu en cellule à
cause de l'effort à venir: l'office des matines du samedi av~c l'Aca-

1. Ibid., p. 44; P. MAAs, (, Recension sur l'article de P. DE MEESTER "L'imno aca...


tisto"», p. 647.
2. P. ...P. }OANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9, t. l, 2, Rome, 1962,
p. 151.
3. Le canon 52 du concile in Trullo affirme en effet: (,Les jours de la Sainte uaran...
taine, à l'exception des samedis et dimanches et du saint jour de l'Annonciation, on
ne peut célébrer de liturgie autre que celle des dons présanctifiés» (P. ...P. }OANNOU,
Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9, t. l, 1, Rome, 1962, p. 189).
4. KAI>AIlHHOB, IIocmHaJI Tpuoàb, p. 44 ...45,49 ... 50, 34...35.
5. MATÉos, Typicon, II, p. 52.
6. Jl,MHTI'HEBCllliR, OnucaHue, T. H, 1''\l1tt1CU, 'l.. 1, p. 124.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 273

thiste est célébré à la quatrième heure de la nuit. Contrairement


à l'usage sabaïte de lire l'Acathiste en quatre parties, à quatre
moments différents de l'office!, le Typikon d'Alexis le Stoudite pré-
voyait de chanter l'Acathiste dans son intégralité après la sixième
ode du canon des matines 2 • Toutefois, le Psautier suivi ne dit rien
du déroulement de l'office. Nous ne pouvons que supposer qu'il
devrait normalement rester fidèle à la tradition sabaïte.
Le cinquième dimanche de la Sainte Quarantaine commémore
sainte Marie l'Égyptienne. La mémoire de cette sainte, particu-
lièrement vénérée en Palestine, a été reportée du 1er avril à ce
dimanche 3 afin de pouvoir la solenniser, comme nous venons
de le voir avec saint Jean Climaque, le quatrième dimanche.
Sa mémoire fut fixée à Byzance au cinquième dimanche vers
le XIe siècle4, sans doute en lien avec la lecture du grand canon
de saint André de Crète, qui a été fixée, à cette même époque,
au jeudi de la cinquième semaine. Nous savons que très vite un
canon en l'honneur de sainte Marie l'Égyptienne fut joint au
grand canon pénitentiel de saint André de Crète, ce qui confirme
la relation entre ces deux solennités. Cela explique que nous trou-
vions cette commémoration dans le Typikon d'Alexis ·le Stoudite du
XIe siècles. Toutefois, certains manuscrits du XVIe siècle continue-
ront d'ignorer cette commémoration le cinquième dimanche de la
Sainte Quarantaine6 •
Le sixième samedi de la Sainte Quarantaine, on commémore la
résurrection du saint et juste Lazare. Le samedi de Lazare est une
solennité très ancienne, tirant son origine de l'ancienne liturgie de
Jérusalem. Égérie (fin du IVe siècle) en parle au chapitre 29 de son
ltinerarium et précise que tous se rendent ce jour-là au Lazarium7 •
Comme le fait remarquer Maraval, «le sens de ce "samedi de
Lazare", qui est d'abord une particularité de la liturgie de Jérusalem
(avant de passer dans la liturgie d'autres Églises), n'est pas d'abord
la commémoration de la résurrection de Lazare, mais celle de la
venue du Christ à Béthanie "six jours avant la Pâque" On 12, 1).
li s'agit, grâce à ce rappel, d'annoncer la fête de Pâques. Le sou-
venir du premier événement s'y est cependant ajouté, comme en

l.Voir par exemple Sin. gr. 1094, f. 82 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin,
p. 258], ou encore: Typikon, Moscou, 1906, p. 435-435 v.
2. IIEHTKOBCKHH, TunuKoH, p. 244; voir MAHCBETOB, aepKo8HblU ycma8, p. 144.
3. KHIIPHAH, IIcMmupb C 8ocC/leào8aHUeM, f. 277, 242 v.
4. Ii. KAPAliHHOB, IIocmHaJ/ Tpuoàb. HcmOpU'IeCKUU 0630P, Saint-Pétersbourg, 1910,
p.50.
5. IIEHTKOBCKHA:, TunuKoH, p. 244.
6. A. ,IJ;MHTPHEBCKHA:, BozoC/lyJlCeHue 8 PyCCKOU aepK8U 8 XV/8., Kazan, 1884, p. 204
(voir particulièrement la note 2).
7. ÉGÉRIE, Journal de voyage 29, 3-5, éd. et trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 2002 2,
p.268.
274 LA RÉFORME DU MÉTROPOUTE CYPRIEN

témoigne la lecture de Jean 11 dans l'église de la rencontre de Jésus


et de la sœur de Lazare, à cinq cents pas du tombeau de celui-
cil.» De même, dans le Lectionnaire arménien Cve siècle), l'évangile
ne relate pas le récit de la résurrection de Lazare Gn 11, 1-46),
mais annonce la proximité de la Pâque : «La Pâque des Juifs était
proche ... » Gn 11, 55-12, 1F). Renoux remarque, en effet, que
«contrairement aux évangéliaires byzantins anciens, ce n'est pas la
résurrection de Lazare [... ], mais la venue de Jésus à Béthanie et
l'onction de Marie qui forment le contenu de cette péricope3 ».
Contrairement à Maraval qui pense que «ce "samedi de Lazare"
est d'abord une particularité de la liturgie de Jérusalem, avant de
passer dans celle d'autres Églises4 », Talley considère, sans doute
de manière erronée, ce «samedi de Lazare» comme une impor-
tation constantinopolitaine à Jérusalem, suite aux constructions
impériales et à l'arrivée de nombreux pèlerins s.
Toutefois, une chose est claire : si la station et les lectures pré-
cédant la lecture de l'évangile nous dressent comme arrière-plan
la résurrection de Lazare, nous trouvons au premier plan le récit
évangélique qui nous annonce l'approche de Pâques, en décrivant
le passage de Jésus à Béthanie «six jours avant». Ce samedi était
donc sans doute à l'origine, à Jérusalem, une annonce de la fête
de Pâques.
Le Psautier suivi indique, à deux reprises, qu'au mesonyktik.on,
après le second Trisagion, il faut réciter le tropaire de la fête, «La
résurrection commune», et de même, après le troisième Trisagion,
le kondakion de la fête, «Celui qui est la joie de toUS». De plus, il
prescrit de ne pas lire la prière des défunts «Souviens-toi,-Seigneur,
de ceux qui se sont endormis dans l'espoir ... », mais de faire immé-
diatement le congé6 • Aux matines, il est prévu de chanter la stichère
de la Résurrection, «Ayant vu la résurrection du Christ».
Le sixième dimanche du Carême est le dimanche des Rameaux.
Ce dimanche est considéré comme l'une des douze grandes fêtes
despotiques de l'année. Son origine, tout comme le samedi pré-
cédent, est hiérosolymitaine. Dans son récit de voyage, Égérie fait
une description des particularités de ce dimanche que la_ pèlerine
désigne comme «le dimanche où l'on entre dans la semainé pascale,
qu'on appelle ici la Grande Semaine7 ».

1. Ibid., p. 270, note l.


2. C. RENaux, Le Codex arménien Jérusalem 121, Il. Édition comparée du texte et de
deux autres manuscrits, PO 36, 2, Turnhout, 1971, p. 255.
3. Ibid., note 4.
4. Ibid., p. 270, note l.
5. T. TALLEY, Les Origines de l'année liturgique, Paris, 1990, p. 195, 200.
6. KHnPHAH, lIcaJlmupb C eocCJleOOeaHUeM, f. 277 V., 153.
7. ÉGÉRIE, Journal de voyage 30, 1, éd. et trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 2002 2,
p.270.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 275

Le Psautier suivi prescrit de ne pas chanter la stichère de la


Résurrection - «Ayant vu la résurrection du Chrisv>. Lorsque
les frères vénèrent l'évangile, l'higoumène distribue les rameaux.
Après les matines, il est prévu de faire une litie à l'extérieur
du monastère!. Cette litie est également attestée par le Typikon
d'Alexis le Stoudite2 et prend son origine dans la liturgie de la
Grande Église de Constantinople3 . Après la liturgie de saint Jean
Chrysostome, au réfectoire, il y une grande consolation pour les
frères consistant en autorisation de poisson.

La Grande et Sainte Semaine.

Comparons maintenant le déroulement des offices des trois pre-


miers jours de la Grande Semaine dans le Psautier suivi st dans le
Typikon d'Alexis le Stoudite'<. Dans la tradition sabaïte qui se reflète
dans le Psautier suivi, il est prévu de chanter aux matines «Alléluia)
suivi du trop aire «Voici l'Époux qui vient au milieu de la nuiv>.
La tradition stoudite se contentait de chanter les tropaires triadi-
ques habituels, dans le ton courant. De même, alors que la tradition
sabai'te prévoit de chanter après le canon le photagogikon (Noyant
Ta chambre nuptiale toute parée ), la tradition stoudite prescrit le
photagogikon de l'Octoèque dans le ton courant. il est aussi intéres-
sant de noter que le TYPikon d'Alexis le Stoudite prévoit de chànter
aux matines les tri-odes de Cosmas de Maïouma et d'André de
Crète, alors que la tradition sabai'te est de chanter les canons de
Cosmas aux matines et ceux d'André à l'apodeipnon. Nous voyons
une fois de plus que la diffusion du Typikon sabaïte a nécessaire-
ment entraîné une refonte des livres liturgiques, dans le cas présent
du Triode dans une nouvelle rédaction dite hiérosolymitaine.
De même, il y a des divergences quant à la lecture suivie du
Psautier. Cette dernière, dans la tradition sabaïte, se termine le
Grand Mercredi. Durant les trois premiers jours de la Grande
Semaine, à la première et à la neuvième heure, il n'y a pas de sti-
chologie. Aux vêpres, il est prévu de lire le cathisme 18. Dans la
tradition stoudite, il y a une stichologie toutes les heures jusqu'au
Grand Jeudi. Par contre, il n'y a pas de stichologie aux vêpres,
sauf le Grand Mercredi.

1. KHIIPHAH, IIcaJ/mupb C 6ocClleiJo6aHUeM, f. 278. C'était encore le cas au XVIe siècle:


A. ,ll;MHTPHEBCKHH, BOZOC/lY:HCeHUe 6 PyCCKOÜ Il,epK6u 6 XVI6., Kazan, 1884, p. 208.
2. IIEHTKoBcKHH, TUnuKOH, p. 247.
3.Voir ,ll;MHTPHEBCKHH, OnucaHue, T. li, T\J7ttKU, '1.1, p. 127; MATÉos, 1jJpicon, II,
p.66.
4. KHIIPHAH, IIca.t/mupb C 60CC/leiJo6aHUe.M, f. 278 v.-279 V.; IIEIITKOBCKHfI, TunuKoH,
p.248-250.
276 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Le Psautier suivi mentionne également la pratique sabaïte de


lire les quatre évangiles en entier aux heures pendant ces trois
premiers jours de la Grande Semaine. Le Psautier suivi recom-
mande d'en terminer la lecture le mercredi à la sixième heure. La
tradition stoudite ignore cet usage!.
Le Psautier suivi nous dit que le mercredi, après la célébration
des heures, a lieu le rite du pardon, après lequel chacun se retire
dans sa cellule jusqu'au moment des vêpres. Dans les deux tradi-
tions, les grandes métanies prennent fin le Grand Mercredi, et on
célèbre la liturgie des Présanctifiés ces trois premiers jours.
Le Saint et Grand Jeudi, aux matines, le Psautier suivi prévoit
de frapper la simandre à la septième heure de la nuit et de lire
le mesonyktikon en cellule. Les matines sont célébrées ensuite à
l'église avec «(Alléluia» suivi du tropaire du Jeudi saint - «( Lorsque les
glorieux disciples». L'office se déroule normalement et se termine
avec la première heure. Les autres heures sont lues «( simplement»,
c'est-à-dire sans les stichologies, dans le narthex, en leur temps2. Le
Typikon d'Alexis le Stoudite prévoyait la même chose, en ajoutant
des stichologies du Psautier aux heures. TI prévoyait également la
célébration du lavement des pieds avant la liturgie, conformément
à la pratique de la Grande Église3 • Le Psautier suivi ne mentionne
pas cette cérémonie. Toutefois, dans la tradition sabaïte, cet office
est célébré après la Divine Liturgie.
À la huitième heure du jour, il est prévu de célébrer les vêpres
selon le déroulement habituel. Après l'entrée avec l'évangile, on lit
les parémies du jour, puis on chante le Trisagion. On lit l'apôtre
et l'évangile, puis on enchaîne avec la divine liturgie de Basile
le Grand. Au lieu du Chérubikon, du koinonikon et du tropaire
«(Que nos lèvres s'emplissent», on chante le tropaire «(À Ta Cène
mystique». Au réfectoire, il y a autorisation d'huile et de vin.
L'apodeipnon est lu en cellule. Ces prescriptions du Psautier suivi
sont conformes à celles du Typikon d'Alexis le Stoudite, sauf que ce
dernier nous dit qu'on ne lit pas l'apodeipnon ce jour-Ià4 •
À la deuxième heure de la nuit sont célébrées les matines du
Grand Vendredi, avec «(Alléluia» et le trop aire du Jeudi saint
- «( Lorsque les glorieux disciples». Le Psautier suivi fait ~éférence
aux «(autres [hymnes] dans le Triode, selon leur ordre», au kon-
dakion «( Crucifié pour nous» et au trop aire, à la fin des matines :

1. KHIIPRAH, IIcQJlmupb C 6ocClleÔ06aHUeM, f. 279; usage sabaïte décrit aussi par le


typikon Sin. gr. 1094 au f. 85 r. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 262-263);
MAHCBETOB, I{epKo6HblÜ ycma6, p. 214.
2. KRIlPHAH, IIcQJlmupb C 6oCC/leào6aHUeM, f. 279 v.-280.
3. nBHiKOBCKRR, TunuKoH, p. 250; Jl,MRTPREBCKRR, OnucaHue, T. H, Tmt\1ca., 'l.. 1,
p. 129; MATÉos, Typicon, ll, p. 72.
4. KHIlPHAH, IIcQJlmupb C 6ocClleào6aHUeM, f. 280; llEHiKOBCKRR, TunuKoH, p. 252-253,
255.376.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 277

«Tu nous as rachetés de la malédiction). L'acolouthie à laquelle on


fait référence ici correspond à la vigile du Vendredi saint connue
du Typikon d'Alexis le Stoudite et du Typikon de la Grande Église
sous le nom de «pannychis des souffrances de la passion de Notre
Seigneur Jésus-Christi ). Toutefois, l'origine de cette vigile est hié-
rosolymitaine, et Égérie nous donne l'attestation de son existence
au IVe siècle2 • Le Lectionnaire arménien nous fournit la liste des
lectures qui étaient prévues à Jérusalem, et il est intéressant de
remarquer que celles-ci furent ensuite reprises par la Grande
Église de Constantinople et constituent aujourd'hui encore les
douze évangiles de la Passion3 •
Le TYPikon d'Alexis le Stoudite prévoyait de lire la première heurè
à la suite des matines, et les autres heures en leur temps, avec une
lecture d'évangile à la troisième, sixième et neuvième heure, et une
lecture prophétique (parémie) à la sixième heure4 • Le TYPikon de la
Grande Église ne prévoyait que l'office de tierce-sexte ('tpt'tOÉK'tl'j)
avec sa parémie. Comme le remarque J. Matéos, «on notera l'ab-
sence des grandes heures d'origine palestiniennes). Le Psautier suivi,
de son côté, prévoyait de lire la première heure à la première heure
du jour. La tradition sabaïte prévoit ce jour-là de célébrer les grandes
heures ou «heures royales). Dans la pratique courante, il est prévu
de lire toutes les heures l'une après l'autre. Toutefois, le Psautier suivi
témoigne d'une pratique antérieure puisqu'il prévoit de lire prime à
la première heure, puis de lire les autres heures à la septième heure
du jou.r6. Néanmoins, l'expression: « les trois psaumes habituels et
les autres, dans le Triode7 ) fait référence au déroulement des heures
d'après le Triode de rédaction hiérosolymitaine. Toutefois, comme
l'a indiqué Dmitrievsky pour le XVIe siècle, il semble avoir existé
diverses pratiques quant au choix des psaumes, puisque, d'après'
certains manuscrits, c'étaient les psaumes habituels qui étaient lus8 •
En effet, la tradition sabaïte ignore «l'acolouthie des douze
trop aires des saintes souffrances ), que la tradition stoudite célé-
brait le Grand Mardi à la deuxième heure du jour, entre tierce

1. KHTIPHAH, IlcaJlmupb C BOCClleàoBaHUeM, f. 280-280 v.; IIEHTKOBCKHR, TUnUKOH,


p. 253; MATÉOS, Typicon, II, p. 76.
2. ÉGÉRIE, Journal de voyage 35, 3-36, 5, éd. et trad. P. Maraval, SC 296, Paris,
20022 , p. 280-285.
3.A. RENOUX, Le Codex arménien Jérusalem 121, II. Édition comparée du texte et
de deux autres manuscrits, PO 36, 2, n° 168, Turnhout, 1971, p. 270-281; MATÉos,
Typicon de la Grande Église, n, p. 76-78; pour un tableau comparatif, voir notre article :
J. GETCHA, «Le système des lectures bibliques du rite byzantin,), p. 39.
4. IIEHTKOBCKHH, TunuKoH, p. 253-254.
5. MATÉos, Typicon, n, p. 79, note 3.
6. Tel était encore l'usage au XVIe siècle. Voir A. )J;MHTPHEBCKHR, B02oClly:J/CeHue B
PyCCKOÜ ]JepKBU B XV/B., Kazan, 1884, p. 49.
7. KImPHAH, llCaJlmupb C 6ocClleào6aHUeM, f. 280 v.
8. A. ,I{MHTPHEBCKHR, liœOC/lY:JICeHUe 6 PyCCKOÜ l(epK6u 6 XV/6., Kazan, 1884, p. 56.
278 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

et sexte!. Cependant, si nous confrontons la description qu'en


fait le 1jJpikon d'Alexis le Stoudite avec l'acolouthie des grandes
heures du Grand Vendredi des triodes de rédaction hiérolosy-
mitaine 2, nous retrouvons le même matériau hymnographique
et scripturaire, tel qu'il apparaît clairement dans le tableau
suivant:

Tradition stoudite Tradition sabaite


Saint et Grand Mardi Saint et Grand Vendredi
Troisième heure Acolouthie des grandes heures
Acolouthie des douze trop aires des Première heure :
saintes souffrances Après les psaumes, le trop aire
Premier antiphone : trop aires : et le théotokion, ces stichères
idiomèles:
1. Aujourd'hui, le rideau du temple. 1. Aujourd'hui, le rideau du temple.
2. Comme une brebis menée à 2. Comme une brebis menée à
l'abattoir. l'abattoir.
3. Les impies t'ayant capturé. 3. Les impies t'ayant capturé.
Prokimenon, ton 8 : Car je suis Prokimenon, ton 4 : Son cœur
prêt pour les blessures. Verset : a accumulé l'iniquité. Verset:
Seigneur, dans ta colère (Ps 6, Bienheureux celui qui comprend
3.2). (Ps 40, 7.2).
Parémie : Za Il, 10-13. Parémie : Za Il, 10-13.
Apôtre: Ga 6, 14-18. Apôtre: Ga 6, 14-18.
Évangile: Mt 27, 1-56. Évangile: Mt 27, 1-56.

[Deuxième antiphone] : tropaires : Troisième heure :


Après les psaumes, le trop aire et le
théotokion, ces trois trop aires des
douze:
4. À cause de la peur des Judéens. 1. À cause de la peur des Judéens.
5. Devant ta vénérable [Croix]. 2. Devant ta vénérable [Croix].
6. Cloué sur la Croix. 3. Cloué sur la Croix.
Prokimenon, ton 8 : Son cœur Prokimenon, ton 4 : Car je suis
a accumulé l'iniquité. Verset: prêt pour les blessures. Verset:
Bienheureux celui qui comprend Seigneur, dans ton courroux
(ps 40, 7.2). (Ps 6, 3.2).
Parémie : 1s 8, 4-11. Parémie : 1s 8, 4-11.
Apôtre: Rm 5, 6-11. Apôtre : Rm 5, 6-11.
Évangile: Mc 15, 16-41. Évangile: Mc 15, 16-41.

1. MARC1IETOB, I(epK06HbIÜ ycmae, p. 82, 145. Description du déroulement de cet


office dans le Typikon d'Alexis le Stoudile : llEHTKOBClŒtI., TunuKoH, p. 248-249.
2.VoU: par exemple, TpUOOb nocmHWI, Moscou, 1992 (réédition), p. 448-46Q v.;
Triode de CaTême, trail. D. Gui.\laume, t'arme, 1993', p. 538-SE'2..
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 279

[Troisième antiphone] : trop aires : Sixième heure :


Après les psaumes, le trop aire et
le théotokion, ces trois tropaire des
douze:
7. Voici ce que dit le Seigneur aux 1. Voici ce que dit le Seigneur aux
Judéens. Judéens.
8. Venez, peuple christophore. 2. Les législateurs.
9. Les législateurs. 3. Venez, peuple christophore.
Prokimenon, ton 6 : lis m'ont Prokimenon, ton 4 : Seigneur,
donné pour nourriture du fiel. notre Seigneur, comme ton nom
Verset : Sauve-moi, ô Dieu (Ps 68, est admirable par toute la terre'.
22.2). Verset : Car ta magnificence sur-
passe les cieux (Ps 8, 2).
Parémie: Is 52, 13-15; 53,1-12; Parémie: Is 52, 13-15; 53,1-12;
54, 1. 54, 1.
Apôtre: Hb 2, 11-18. Apôtre: Hb 2, 11-18.
Évangile: Lc 23, 32-49. Évangile: Lc 23, 32-49.
Neuvième heure:
Après les psaumes, le tropaire et le
[Quatrième antiphone] : tropaires: théotokion, ces tropaires des douze:
10. Ce fut terrifiant de voir. 1. Ce fut terrifiant de voir.
Il. Lorsque sur la Croix. 2. Lorsque sur la Croix.
12. Aujourd'hui est suspendu sur 3. Aujourd'hui est suspendu sur la
la Croix. Croix.
Prokimenon, ton 6 : On m'a mis Prokimenon, ton 6 : L'insensé a
au plus profond de la fosse. Verset: dit en son cœur : il n'y a pas de
Seigneur, Dieu de mon salut (Ps Dieu. Verset: li n'en est aucun qui
87,7.2). agisse avec bonté (ps 13, 1).
Parémie : Jr 12, 1-15. Parémie : Jér 12, 1-15.
Apôtre: Hb 10, 19-31. Apôtre: Hb 10, 19-31.
Évangile: Jn 18,28-19,37. Évangile: Jn 18,28-19,37.
Sixième heure

Dans les manuscrits liturgiques, les trop aires sont tantôt attri-
bués à saint Cyrille d'Alexandrie, tantôt à saint Sophrone de
Jérusalem, à qui sont également attribués les tropaires des grandes
heures de la Nativité et de la Théophanie!. Ce dernier détail nous
incite à penser que l'acolouthie des tropaires du Grand Vendredi
est d'origine hiérosolymitiline, tout comme les trop aires de la
Nativité et de la Théophanie, d'autaIit plus qu'il existe un lien
entre ces hymnes tissé par l'utilisation des automèles, d'où il appa-
1
raît que l'hymnographie du Grand Vendredi est antérieure à celle

\, ,
~
i1H~o~ ,n~,,~_, "=, ~o.
l. E.
p.389-390.
""""""", TJqfA 3 (1909),
280 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de la Nativité et de la Théophanie, puisqu'elle a servi de modèle à


l'hymnographie des deux autres fêtes l .
Égérie qui visita Jérusalem pendant la Grande Semaine, en 384,
témoigne de l'ancienneté de cette acolouthie lorsqu'elle raconte
que le Grand Vendredi (c quand vient la sixième heure, on va
devant la Croix, [... ] de la sixième à la neuvième heure, on ne
cesse de lire des lectures et de dire des hymnes, pour montrer à
tout le peuple que ce que les prophètes ont prédit au sujet de la
passion du Seigneur s'est réalisé, comme le montrent les évangiles
ainsi que les écrits des Apôtres 2 ». En parcourant divers anciens
manuscrits, il apparaît qu'à l'origine l'acolouthie des douze tro-
paires formait un office indépendant, inséré entre la sixième et la
neuvième heure, mais que l'on a ensuite peu à peu réparti entre
les divers offices des heures 3 . Selon E. Diakovskij, le déplacement
de l'acolouthie des douze tropaires du Grand Vendredi au Grand
Mardi par les Stoudites aurait été une tentative de sauvegarder la
totalité de l'office contre un processus de fragmentation4 •
li apparaît donc, une fois de plus, que la diffusion du Typikon
sabaïte a nécessairement entraîné une refonte des livres liturgi-
ques, et dans le cas présent, celle du Triode.
Après la neuvième heure, on lit les Béatitudes et le reste de
l'office des typiques. Une rubrique explique (cque nous avons reçu
en Palestine de ne pas célébrer en ce saint jour de la Crucifixion
de Présanctifiés, ni de célébrer de liturgie, ni de mettre la table,
ni de manger. Si quelqu'un est faible et âgé, et ne peut endurer
le jeûne, qu'on lui donne du pain et de l'eau après le coucher
du soleil. Nous avons ainsi reçu des saints apôtres de ne pas
manger le Grand Vendredi, car telle est la parole du Seigneur
qui dit aux pharisiens : "Car lorsque l'Époux leur sera enlevé,
alors ils jeûneront en ce jour" (Lc 5, 35). C'est ce que les divins
apôtres ont reçu, et l'ayant trouvé, les canons apostoliques [nous]
l'ont transmis 5 .» Cette rubrique fait référence aux prescriptions
du cinquième livre des Constitutions apostoliques, qui ordonnait
de s'abstenir de toute nourriture le vendredi et le samedi de la

1. E. ,IJ;üAKOBCKH1l:, «I.J;apcKHe qaCbI PO:lK]l;eCTBa XpHCTOBa H BOrOJlBJIeHHJI», TK,lJ,A


12 (1908), p. 500-501. Sur l'utilisation des automèles en tant que lien entre l'hym-
nographie des fêtes, lire notre article: J GETCHA, c<L'utilisation des automèles en
tant que lien entre les différentes fêtes de l'économie du salut dans le rite byzantin,),
EHymnographie. Conférences Saint-Serge. 46' Semaine d'études liturgiques, BEL 105,
Rome, 2000, p. 201-213.
2. ÉGÉRIE, Journal de voyage 37, 4-6, éd. et trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 2002 2,
p.286-289.
3. E. )l,HAKoBCKü1l:, «llocJIeAOBaHHe qaCOB BeJIHKOH IIJlTH~I», TKM 3 (1909),
p.414.
4. Ibid., p. 417.
5. KKu1'HAH, flcaJ\mupb C 6ocCJleilo6aHueM, f. 281 v.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 281

Grande Semaine!. Nous retrouvons également la pratique décrite


par les Constitutions apostoliques dans le premier canon de Denys
d'Alexandrie2 • TI s'agit ici d'une tradition très ancienne de l'Église,
que Tertullien appelait «jeûne dans l'absence de l'Époux3 ». Puisque
le Grand Vendredi est un jour de jeûne strict, il était inconcevable
pour la tradition sabaïte, qui se montre toujours très rigoureuse,
de rompre ce jeûne par une célébration eucharistique. C'est pour-
quoi on ne célébrait pas de Présanctifiés. Selon S. Janeras, cela
ne constituait pas seulement la tradition monastique de Palestine,
mais aussi la tradition de l'Anastasis de Jérusalem où l'on ne com-
muniait pas ce jour-là4 •
Par contre, le yYpikon d'Alexis le Stoudite et le rypikon de la Grande
Églz'se prévoyaient la célébration des Présanctifiés après vêpres 5 •
Cette célébration s'inscrivait dans la célébration quotidienne des
Présanctifiés à Constantinople pendant le Carême. On estime que la
suppression des Présanctifiés ce jour-là, à Constantinople, remonte
au xn e siècle et aurait été initiée par le monastère de l'Évergétis6 •
Par contre, en Russie, il faudra attendre la réforme de Cyprien
pour qu'on supprime les Présanctifiés du Grand Vendredi. Cela

1. Nous lisons au livre V, chapitre 18 des Constitutions apostoliques: «Jeûnez donc


pendant les jours de la Pâque, en commençant le lundi, jusqu'au vendredi et au samedi,
soit six jours; ne prenez que du pain, du sel et des légumes, et comme boisson, de
l'eau. Abstenez-vous de vin et de viande ces jours-là, car ce sont des jours de deuil et
non de fête. Jeûnez le vendredi et le samedi tout entiers, ceux qui en ont la force, ne
goûtez à rien jusqu'au chant nocturne du coq. Si quelqu'un ne peut pas étendre son
jeûne sur les deux jours, qu'il l'observe au moins le samedi; car le Seigneur lui-même
dit quelque part, parlant de lui-même : "Lorsque l'époux leur aura été enlevé, alors
ils jeûneront en ces jours-là" (Lc 5, 35),) (Les Constitutions apostoliques, V, 18, trad.
M. Metzger, SC 329, Paris, 1986, p. 268-271).
2. Le premier canon de la lettre canonique de saint Denys d'Alexandrie à l'évêque
Basilide dit : <<En effet, pas même les six jours de jeûne qui précèdent [pâque) tous ne
les gardent également ou semblablement, mais les uns laissent passer tous les six jours
sans prendre de la nourriture, d'autres n'en laissent passer que deux, d'autres trois,
d'autres quatre, d'autres aucun.,) Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique, Fonti,
fasc. 9, t. II, Rome, 1963, p. 4-11.
3.ThRTULllEN, «Du jeûne» 2,2, CCL 2, 1258. À ce sujet, voir R. TAFT, «In the
Bridegroom's Absence. The Paschal Triduum in the Byzantine Church », La celebrazione
deI Triduo pasquale: anamnesis e mimesis. Atti dei III Congresso Internazionale di Liturgia,
Roma, Pontificio Instituto Liturgico, 9-13 maggio 1988, Rome, 1990, p. 71. (= Studia
Anselmiana 102 = Studia Liturgica 14).
4. S. JANERAS, Le Hlndredi saint dans la tradition liturgique byzantine. Structure et
histoire de ses offices, Rome, 1988 (= Analecta Liturgica 13 = Studia AnselmiaIia 99),
p.383-386.
5. )1;MHTPHEBCKHn, OnucaHue, T. li, Tll7tl1ca, q. 1, p. 131; MATÉos, 1Ypicon, II, p. 82;
IIEHTKoBcKHn, TunuKoH, p. 254.
6. Le 'fYpi/wn de l'Évergétis sous-entend que les Présanctifiés sont célébrés pour la
dernière fois le mercredi de la semaine sainte: )1;MHTPHEBCKHfI, OnucaHue, T. li, Tll7tl1ca,
q. 1, p. 553. Voir S. JANERAS, Le Hlndredi saint dans la tradition liturgique byzantine.
Structure et histoire de ses offices, p. 356-357.
282 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

explique l'étonnement du pèlerin Antoine de Novgorod, visitant


Constantinople vers l'an 1200, et constatant qu'on n'y officiait pas
les Présanctifiés ce jour-là1. Syméon de Thessalonique explique
que c'est sous l'influence du Typikon monastique hiérosolymitain
et de la tradition d'un jeûne total que les Présanctifiés ont dis-
paru de la liturgie constantinopolitaine2 • Ainsi, suite à la réforme
du ){Ne siècle, les vêpres, le soir du Grand Vendredi, ont conservé
la première partie vespérale des Présanctifiés avec les lectures de
l'apôtre et de l'évangile, prévues par le Typikon de la Grande Église,
mais sans les parties propres aux Présanctifiés comme «La lumière
du Christ illumine tous les hommes}) et le grand prokimenon
constitué des versets du Psaume 1403 •
Ainsi, le Psautier suivi prévoit de ne célébrer que les vêpres à
la dixième heure du jour. TI y a une entrée avec l'évangile, après
laquelle on lit les parémies du jour ainsi que l'apôtre et l'évangile
qui étaient prévus aux Présanctifiés par le Typikon de la Grande
Église et repris par le Typikon d'Alexis le Stoudite4.
Notons au passage que le trop aire du Grand Samedi, «Le noble
Joseph}), est cité par le Psautier suivi dans sa rédaction ancienne,
avec comme conclusion: «mais le troisième jour, Tu ressuscitas,
Seigneur, en donnant au monde la grande miséricordes }). On
retrouvera encore cette particularité au XVIe siècle6 . Toutefois,
les triodes de rédaction hiérosolymitaine postérieurs omettront
cette deuxième partie du trop aire qu'ils ne réserveront que pour
le dimanche des Myrrhophores après Pâques 7, faisant ainsi une
coupure entre la mort et la Résurrection qui n'existait pas dans
l'Église ancienne. Notons au passage que le Psautier suivi ne men-
tionne aucunement l'épitaphion, qui n'est apparu dans l'Église
orthodoxe que tardivement, après le ){Ne siècle8 .

1. B. DE KHrrROWO, Itinéraires russes en Orient, traduits pour la Société de l'Orient


latin, l, 1, Genève, 1889, p. 105; voir S. JANERAS, Le ~ndredi saint dans la tradition
liturgique byzantine. Structure et histoire de ses offices, p. 374-375; T. POTT, La Réforme
liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non spontanée de la liturgie
byzantine, p. 1 5 6 - 1 5 7 . ; ,
2. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, 905-907. VoirT. POTT,
La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non spontanée de la
liturgie byzantine, p. 157.
3. Sur ces éléments, voir S. JANERAS, «La partie vespérale de la liturgie byzantine
des Présanctifiés>}, OCP 30 (1964), p. 215-216.
4. KRnPHAH, IIcQ./Imupb C 60CC/le006allueM, f. 282.
5. Ibid.
6. A. )l,MHTPHEBCKHil:, B02oC/ly:HCellue 6 PyCCKOÜ I(epK6u 6 XVI6., Kazan, 1884, p. 213.
7.Voir par exemple, TPUOOb nOCmllllJl, Moscou, 1992 (réédition), p. 464; Triode de
Carême, trad. D. Guillaume, Parme, 1993', p. 569; Tpuoilb ~66mllllJl, Moscou, 1992
(réédition), p. 63; Pentecostaire, trad. D. Guillaume, Parme, 1994', p. 98.
8. I.:épitaphion est une représentation iconographi<lue sur bois ou sur un tissu peint
ou brodé de la mise au tombeau du Christ. Lire à ce sujet: JlHCKll,blH, IIep60lla1laJIbllblÜ
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 283

Le Psautier suivi prescrit de lire l'apodeipnon et le mesonyk-


tikon en cellule. Cependant, le TYPikon d'Alexis le Stoudite ne pré-
voit pas la lecture de l'apodeipnonen cellule!.
TI est prévu dans le Psautier suivi de célébrer les matines
du Grand Samedi à la septième heure de la nuit. Les matines
se déroulent de la même manière que le prévoyait le Typikon
d'Alexis le Stoudite. TI est intéressant de remarquer la notice
suivante : «La doxologie est célébrée, puis a lieu l'entrée avec
l'évangile, en chantant le Trisagion. Puis le trop aire et la lec-
ture. Le prokimenon de l'apôtre et l'évangile, et les ecténies
et le congé 2 .) Cette notice peut être éclairée par la rubrique
correspondante dans le Typz'kon d'Alexù le Stoudite : « Comme
à la Grande Églùe, on chante à la fin de ces [stichères] "Gloire
à Dieu au plus haut des cieux" de façon asmatique. Alors que
l'on chante "Gloire", le prêtre fait l'entrée avec le diacre tenant
l'évangile, précédés d'un cierge. Et il monte ausynthronon. Et
ayant donné la paix, on dit immédiatement le prokimenon [ ... ]
On chante "Gloire à Dieu au plus haut des cieux" de façon
asmatique, comme nous n'avons jamais l'habitude de le faire à
l'exception d'aujourd'hui, en vérité. Le prokimenon du jour est
chanté dans le ton 6. Puis a lieu l'entrée du prêtre et un autre
office est prévu à cause du jour exceptionnel. Après [le pro ki-
menon], l'apôtre aux Corinthiens : "Frères, un petit levain".
Alléluia, ton 4 : Que Dieu se lève. Puis l'évangile de Matthieu:
"Le matin qui est après le vendredi". TI est lu par le prêtre à
l'autel. Après l'évangile a lieu l'ecténie du diacre et le congé
comme d'habitude 3 .) Le Typikon de la Grande Église prévoyait
quant à lui: «Après l'orthros, au Trisagion du "Gloire à Dieu
au plus haut des cieux", a lieu l'entrée du patriarche et des
prêtres avec l'évangile. Les psaltes montent alors à l'ambon et
disent le trop aire [... ] Après cela, on monte au synthronon et
on s'assoit sur le trône d'en haut. Ensuite, prokimenon [... ],
lecture [... ] deuxième prokimenon [ ... ] Apôtre [ ... ] Alléluia

CAa6JI/Jo-PyCCKUU TUnUKOH, p. 149-151, note 171; G. WAGNER, «Réalisme et symbolisme


dans l'explication de la liturgie'), La Liturgie, expérience de l'Église. Études liturgiques, AS
1, Paris, 2003, p. 187.
1. IIEHTKOBCKHA:, TunuKo/J, p. 254.
2. KHIIPHAH, llcUllmupb C 6ocClleoo6a/JueM, f. 282 v.
3. «1iI~olllf H IlfAH~Ahl q9~1I1d n018(T) no ~OHb'lIllHHH IIIf TlIX" CA4IIA 1111 IIbIWHHX" soy nllll'lb''',I.
HA u4IIOy IIIf T4~OIlAro nllHHhl A~HHI IIIIXOAH(T) no(n) {II AHIl~OH""1 b HMOYIJIA fYA(r) ,dlJlH
npllAIIHAOytpH H IIIIIXOAHTb HA 'TOAII H AAIiII MHpb IIIIAf(T). H AIiHIG rAe(T)11II npo(~) ( ••• )CA4IIA 1111
IIldWHHX" EOY nllll'l b'~101 nOIO(T) HlrOlllf HH~OAHIIII 0llbl'l4H ~11 TIOpHTH TII'IHIO OldHlI 1111 npAIlAOY. H
HldHlIWbHHH npO(E) III WIITblH rAd(f) n018Tb('). ~ldIlA18Tb (III) H IIIIXO(A) no(n)IIH H UOY(III)~A HHA
H3MlIp'HA 3d H3ApIllAbH018 AHI. no HIMblll1 An(')AII EII EOp(.o.). GpA(T) MMII EIlAIII. TA(III) M(lI)A
rAA(I) $,. 4A III1IEPb'HITb Éh. TA(III) IY4(r) ID M4(.o.). HAOYTpHIl III' 181111 18ITb no nlllTllq. 'Ib(T)Tb
1111 1111 ID no(n)1I11 1111 OATAp. H no EOH bqH 1111 eYA(r)1II1i ~bllld18(T) IETIHHIII ID AHA~O(H) H IDnoYIJIIHH18
no O~bl'lllllO » (IIEHTKOBCKHfI, TunUKOH, p. 255).
282 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

explique l'étonnement du pèlerin Antoine de Novgorod, visitant


Constantinople vers l'an 1200, et constatant qu'on n'y officiait pas
les Présanctifiés ce jour-là!. Syméon de Thessalonique explique
que c'est sous l'influence du Typikon monastique hiérosolymitain
et de la tradition d'un jeûne total que les Présanctifiés ont dis-
paru de la liturgie constantinopolitaine2 • Ainsi, suite à la réforme
du ){Ne siècle, les vêpres, le soir du Grand Vendredi, ont conservé
la première partie vespérale des Présanctifiés avec les lectures de
l'apôtre et de l'évangile, prévues par le rypikon de la Grande Église,
mais sans les parties propres aux Présanctifiés comme «La lumière
du Christ illumine tous les hommes) et le grand prokimenon
constitué des versets du Psaume 1403 •
Ainsi, le Psautier suivi prévoit de ne célébrer que les vêpres à
la dixième heure du jour. li y a une entrée avec l'évangile, après
laquelle on lit les parémies du jour ainsi que l'apôtre et l'évangile
qui étaient prévus aux Présanctifiés par le rypikon de la Grande
Église et repris par le rypikon d'Alexis le Stoudite4.
Notons au passage que le trop aire du Grand Samedi, «Le noble
Joseph), est cité par le Psautier suivi dans sa rédaction ancienne,
avec comme conclusion: «mais le troisième jour, Tu ressuscitas,
Seigneur, en donnant au monde la grande miséricordes ). On
retrouvera encore cette particularité au XVIe siècle6 • Toutefois,
les triodes de rédaction hiérosolymitaine postérieurs omettront
cette deuxième partie du trop aire qu'ils ne réserveront que pour
le dimanche des Myrrhophores après Pâques 7, faisant ainsi une
coupure entre la mort et la Résurrection qui n'existait pas dans
l'Église ancienne. Notons au passage que le Psautier suivi ne men-
tionne aucunement l'épitaphion, qui n'est apparu dans l'Église
orthodoxe que tardivement, après le ){Ne siècle8 .

1. B. DE KHrrRowo, Itinéraires russes en Onimt, traduits pour la Société de l'Orient


latin, l, 1, Genève, 1889, p. 105; voir S. }ANERAS, Le Umdredi saint dans la tradition
liturgique byzantine. Structure et histoire de ses offices, p. 374-375; T. POTT, La Réforme
liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non spontanée de la liturgie
byzantine, p. 156-157.
2. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, 905-907. Voir T. POTT,
La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non spontanée de la
liturgie byzantine, p. 157.
3. Sur ces éléments, voir S. }ANERAS, «La partie vespérale de la liturgie byzantine
des Présanctifiés», OCP 30 (1964), p. 215-216.
4. KHIlPHAH, IIcaJImupb C80CC/leiJo8aHUeM, f. 282.
5. Ibid.
6. A. )J:MHTPHEBCIGlli, BOZOCll)'JlCeHUe8 PyCC/COU /{epK8U 6 XVl8., Kazan, 1884, p. 213.
7. Voir par exemple, TPUOiJb nocmHaJ!, Moscou, 1992 (réédition), p. 464; Triode de
Carême, trad. D. Guillaume, Parme, 1993 3, p. 569; TPUOiJb 1j8&mHaJ!, Moscou, 1992
(réédition), p. 63; Pentecostaire, trad. D. Guillaume, Parme, 1994" p. 98.
8. L'épitaphion est une représentation iconographique sur bois ou sur un tissu peint
ou brodé de la mise au tombeau du Christ. Lire à ce sujet: JIHCHU;blH, IIep80Halla.tlbHblU
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 283

Le Psautier suivi prescrit de lire l'apodeipnon et le mesonyk-


tikon en cellule. Cependant, le Typikon d'Alexis le Stoudite ne pré-
voit pas la lecture de l'apodeipnonen cellule!.
Il est prévu dans le Psautier suivi de célébrer les matines
du Grand Samedi à la septième heure de la nuit. Les matines
se déroulent de la même manière que le prévoyait le Typikon
d'Alexis le Stoudite. Il est intéressant de remarquer la notice
suivante: «La doxologie est célébrée, puis a lieu l'entrée avec
l'évangile, en chantant le Trisagion. Puis le trop aire et lac lec-
ture. Le prokimenon de l'apôtre et l'évangile, et les ecténies
et le congé2 • » Cette notice peut être éclairée par la rubrique
correspondante dans le Typikon d'Alexis le Stoudite : « Comme
à la Grande Église, on chante à la fin de ces [stichères] "Gloire
à Dieu au plus haut des cieux" de façon asmatique. Alors que
l'on chante "Gloire", le prêtre fait l'entrée avec le diacre tenant
l'évangile, précédés d'un cierge. Et il monte au synthronon. Et
ayant donné la paix, on dit immédiatement le prokimenon [... ]
On chante "Gloire à Dieu au plus haut des cieux" de façon
asmatique, comme nous n'avons jamais l'habitude de le faire à
l'exception d'aujourd'hui, en vérité. Le prokimenon du jour est
chanté dans le ton 6. Puis a lieu l'entrée du prêtre et un autre
office est prévu à cause du jour exceptionnel. Après [le proki-
menon], l'apôtre aux Corinthiens : "Frères, un petit levain".
Alléluia, ton 4 : Que Dieu se lève. Puis l'évangile de Matthieu:
"Le matin qui est après le vendredi". Il est lu par le prêtre à
l'autel. Après l'évangile a lieu l'ecténie du diacre et le congé
comme d'habitude 3 • » Le Typikon de la Grande Église prévoyait
quant à lui: «Après l'orthros, au Trisagion du "Gloire à Dieu
au plus haut des cieux", a lieu l'entrée du patriarche et des
prêtres avec l'évangile. Les psaltes montent alors à l'ambon et
disent le trop aire [... ] Après cela, on monte au synthronon et
on s'assoit sur le trône d'en haut. Ensuite, prokimenon [... ],
lecture [ ... ] deuxième prokimenon [... ] Apôtre [... ] Alléluia

CAa6RHO-PyCC/CUU TunUICOH, p. 149-151, note 171; G. WAGNER, «Réalisme et symbolisme


dans l'explication de la liturgie», La liturgie, expérience de l'Église. Études liturgiques, AS
1, Paris, 2003, p. 187.
1. IIEHTKOBCKHa, TunuIColI, p. 254.
2. KHIIPHAH, IICfLllmupb C 6ocC/leào6aHUeM, f. 282 v.
3. «IiIGOlIIf H IIUHGAII1 IljiGlLbi nOH!(T) no GOH h'l"'HHH IIIf T1IXII CAAIIA 1111 IIb1WHHXII iioy n1lft'! h"hl.
HA JAAIlOy IIIf TAGOllArO n1lHHII1 AIiHH! IIIIXOAH(T) no(n) !11 AHIdGOHM\ h HMOVIflA fYA(r) !dlflH
np1lAlIHAOYIfIH H III1!XOAHTh HA !TOU. H .&,Alli MHph !"'Af(T). H AIiHH! rAf(T)!'" npo(G) ( ••. )CAAIIA 1111
IibIWHHX70 iioy n1l1l'l h!GbI nOIO(T) H!rOlIIf HHGOAHlIIf ollhl'lAH 1i1l TII0pHTH TII'IHIO HhlH1I III. npAILAoy. H
HhlH1IW hHHH npo(G) III WelTblH rAA(!) nOIeT he!). IibillAH!T h (Ill) H IIIIXO(A) no(n)IIH H JAOV(III)IiA HHA
HaM1IpfHA aA HaAP"'AhHOH! MÎf. no HfMh1ll1 An(!)A70 GII GOp(.o.). lipA(T) MUII GIIAl70. n(lII) AA(1I)A
rAde!) $,. 4A IIMGph!HfTh iih. TA(III) eYA(r) ID "'A(.o.). HAOVTPHId IIIf H!lIIf H!!Th no n"'T70Il. 'Ih(T)Th
1111 !'" ID no(n)lI70 III. oAnp. H no GOH hllH Ille IVA(r)"'1i IihlllAH!(T) IGTlHH'" ID AHAGO(H) H IDnOYIfIIHHH!
no Olihl'l"'10 » (IIEHTKOBCKHa, ThnuICoH, p. 255).
284 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

[... ] Évangile!.» En tenant compte des expressions: «entrée »,


«asmatique », «synthronon », nous constatons que les traditions
stoudite et sabaïte ont exceptionnellement emprunté l'ordo de
la Grande Église pour ce jour unique de l'année, où les matines
se terminent conformément aux usages des matines as ma-
tiques, la lecture de l'évangile ayant lieu à la fin de l'office 2 •
Il en est ainsi jusqu'à nos jours. Toutefois, l'entrée solennelle
avec l'évangile, conforme à la pratique de la Grande Église de
Constantinople, s'est transformée, après le xve siècle, en pro-
cession solennelle avec l'épitaphion dont le Psautier suivi ne fait
aucune mention3 •
Le Psautier suivi prévoit de lire la première heure en cellule et
de lire les autres heures avec les Béatitudes dans le narthex4 • Le
Typikon d'Alexis le Stoudite n'en fait pas mention.
Le Grand Samedi, les vêpres sont célébrées à la dixième heure.
Il s'agit ici de l'ancienne vigile pascale. Le Psautier suivi prescrit
de chanter au lucernaire les stichères de l'Octoèque, ton 1, puis
les trois stichèresdu Triodes. Le Typikon d'Alexis le Stoudite ne
prévoit de chanter au lucernaire que les trois stichères de saint
Théodore dans le Triode, deux fois chacune, avec leur doxastikon6 •
Après l'entrée avec l'évangile, il est prévu de lire les parémies puis
de chanter, au lieu du Trisagion, (Nous tous qui avez été baptisés
en Christ». Le Psautier suivi note que, pour le prokimenon de
l'apôtre, «nous ne disons pas "Psaume de David"», indiquant par
là la fin des prokimena du Triode, précédant les lectures vété-
. rotestamentaires. À la différence des prokimena ordinaires qui
sont des versets psalmiques choisis, ceux du Triode utilisent les
psaumes du Psautier en continu et, c'est pourquoi ils sont souvent
identifiés par l'expression «Psaume de David».
Après l'apôtre, au lieu d'Alléluia, il est prévu de chanter
«Ressuscite, ô Dieu, et juge la terre». Puis on célèbre la divine

1. MATÉos, Typicon, II, p. 83. À comparer avec: )l;MHTPHEBCKHil, OnucaHue, T. Ii,


T'Il1ttKa, q. 1, p. 132.
2. Voir lIHCHU;bIH, IIeplioHa'lll./lbHblu CtzaIi.flHo-PycCKUU TUnUKOH, p. 32, 43.
3. Selon Lisitsyn, cette évolution serait survenue au cours des XVI"-XV1le siècles.
Voir lIHCHU;bJH, IIeplioHa'lll./lbHblU CtzaIi.flHo-PycCKUU TunuKoH, p. 149-151, note 171.
Dmittievsky signale que l'on ttouve des descriptions variées dans les manuscrits du
XVIe siècle : certains continuent à mentionner, tout comme le Psautier suivi, une pro-
cession avec l'évangile; d'auttes mentionnent une procession avec l'aër (voile litur-
gique recouvrant les saints dons durant la Divine Liturgie, sur lequel on représ~n­
tait souvent le Christ au tombeau et qui est vraisemblablement à l'origine de l'actuel
épitaphion); d'auttes encore parlent d'une icône, et enfin, quelques-uns mentionnent
l'épitaphion. Voir A. )l;MHTPHEBCKHil, BOi!OC/lyJ/CeHue li PyCCKOU aepKliu li XVIii., Kazan,
1884, p. 215-222.
4. KHIIPHAH, IIcll./Imupb C IiOCC/leiJoliaHUeM, f. 282 v.-283.
5. Ibid., f. 283.
6. IIEHTKOBCKHil, TunuKoH, p. 255.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 285

liturgie de saint Basile le Grand. Nous constatons que le déroule-


ment de cette liturgie vespérale du Grand Samedi, qui constitue
la vigile pascale d'après la tradition sabaïte telle que décrite par
le Psautier suivi, est conforme aux descriptions du Typikon de la
Grande Église et du Typikon d'Alexis le Stoudite1.
Toutefois, le Typikon d'Alexis le Stoudite prévoit de rompre le
jeûne après cette liturgie vespérale en mangeant au réfectoire
du poisson, du fromage et des œufs2. Cet usage est typiquement
stoudite puisqu'on le retrouve dans l'Hypotypose attribuée à saint
Théodore le Stoudite3 •
Par contre, le Psautier suivi, témoignant de la tradition sabaïte
plus rigoureuse, nous dit ceci: «Après la prière derrière l'ambon:
"Que le nom du Seigneur soit béni. Je bénirai le Seigneur".
Et on donne l'antidoron. Alors a lieu la bénédiction des pains.
L'ecclésiarque doit avoir le discernement pour que le congé de la
liturgie ait lieu à la deuxième heure de la nuit. Après le congé de
la liturgie, nous ne sortons pas de l'église et chacun reste assis à
sa place. Le cellérier entre et distribue à chaque frère un morceau
de pain et six figues ou dattes, et une coupe de vin, rendant grâce
à Dieu qui a souffert pour nous 4 .» Le pain, l'eau et les -dattes
constituaient en effet la nourriture de base du moine sabaïte, le
vin étant autorisé le samedi et le dimancheS.
Selon T. Pott, «les différentes manières dont on a rempli le temps
entre les vigiles pascales (vêpres et liturgie) et l'orthros témoignent
par elles-mêmes de l'évolution que les célébrations pascales ont
connue dans le rite byzantin. Deux facteurs ont joué un rôle impor-
tant : l'évolution extraordinaire qui a fait de l' orthros de Pâques
le vrai sommet de la fête, au détriment de l'ancienne et vénérable
liturgie vigiliaire, et sans doute, liée à cela, l'incertitude sur le
moment précis où le Carême prend fin. Par ailleurs, il s'agit là d'un
vrai symptôme de la monasticisation de la liturgie byzantine6 .»
En fait, en dépit du principe de «monasticisatiom de la liturgie
byzantine évoqué par ce dernier auteur, il ne faut pas oublier que

1. ,lJ;MHTPHEBCKHH:, OnucaHue, T. If, TIJ1tt1CU, q. 1, p. 132-135; MATÉos, Typicon, II,


p. 84-90; IIEHTKOBCKHn, ThnuKOH, p. 255.
2. IIEHTKOBCKHn, TunuKoH, p. 377.
3. Nous y lisons: «Le Grand Samedi, à la 11 e heure, commence le lucernaire, et
après le renvoi, nous mangeons du fromage, du poisson et des œufs, et buvons trois
[verres] ~ (<<tqi oè ayiqllli~~utro rop~ éVOEKU't'U apXEt!n tO ÂUXVtK!lV Kat G7tOU CJcOOEt "
a7t6Âucrtç, èo1liojŒv Oè ttlpOV Kat ix9i:iç Kat cOO Kat mvojŒv avà y' ,»), PG 99, 1716.
4. KHIIPHAH, IIca.tlmupb c BOCC/leiJoBaHUeM, f. 283-283 v.
S.I. PATRICH, Sabas, Leader of Palestinian Monasticism. A Comparative Study in
Eastern Monasticism, Fourth to Seventh Centuries, p. 209.
6. T. Porr, «L'évolution de l'intermezzo entre les vigiles et l'orthros de Pâques»,
La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non spontanée de la
liturgie byzantine, p. 162.
286 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

le moment de la rupture du jeûne de la Semaine sainte a fait


l'objet de discussions au fil de l'histoire. Dans sa lettre canonique
à l'évêque Basilide, saint Denys d'Alexandrie (Ille siècle) a traité
longuement de cette question!. D'après sa lettre, les chrétiens de
Rome attendaient le chant du coq pour rompre le jeûne, alors que
ceux d'Alexandrie rompaient le jeûne dès la veille au soir. Denys
passe en revue les récits de la Résurrection chez les évangélistes :
« dans la nuit du samedi) chez Matthieu, « de grand matin quand
il faisait encore obscur) chez Jean, « à la première pointe du jour)
selon Luc, et « de grand matin, au lever du soleil) selon Marc.
Denys écrit: «À quel moment TI est ressuscité, aucun d'eux ne
nous le dit clairement mais que, tard dans la soirée du samedi,
à l'aube du premier jour de la semaine, ceux qui sont venus au
tombeau ne l'y trouvèrent pas 2 .) Ne pouvant donc établir l'heure
précise où il faut rompre le jeûne, Denys conclut:
Cela étant, nous répondons à ceux qui cherchent à préciser à une
heure ou une demi-heure ou un quart d'heure près quand il convient de
commencer à nous réjouir de la résurrection d'entre les morts de notre
Seigneur. Ceux qui y mettent trop de hâte et se relâchent avant que la
nuit ait déjà approché de son milieu, ceux-1à nous les blâmons comme
des gens pusillanimes et intempérants, car pour un peu ils mettent fin
à leur course avant le but, alors qu'un sage a dit : «Ce n'est pas peu
dans la vie que de manquer le but de peu.) Tandis que ceux qui s'at-
tardent et attendent le plus longtemps possible et persévèrent jusqu'à la
quatrième veille, à laquelle le Sauveur apparut marchant sur la mer à ceux
qui naviguaient, nous les approuvons comme gens vaillants et amateurs de
la pénitence. Ceux qui, entre ces deux extrêmes, ont cessé le jeûne selon
leur mouvement intérieur et leurs possibilités, ne les troublons pas outre
mesure; en effet, pas même les six jours de jeûne qui précèdent tous ne
les gardent également ou semblablement, mais les uns laissent passer tous
les six jours sans prendre de la nourriture, d'autres n'en laissent passer
que deux, d'autres trois, d'autres quatre, d'autres aucun. Or, ceux qui ont
bien peiné en laissant passer les jours sans nourriture, qui par suite de cela
épuisés, presque défaillent, on les excusera d'avoir pris de la nourriture un
peu plus tôt; tandis que ceux qui non seulement n'ont pas laissé passer les
jours sans nourriture, mais n'ont même pas jeûné ou même après avoir
banqueté les quatre premiers jours, arrivés aux deux derniers n'ont laissé
passer que ceux-ci sans nourriture, c'est-à-dire le vendredi et le samedi,
et croient faire quelque chose de grand et de splendide, s'ils restent à jeun
jusqu'à l'aube du dimanche, je suis d'avis que de telles gens n'ont pas lutté
à l'égal de ceux qui se sont exercés pendant de nombreux jours3 •

1. Premier eanon de saint Denys d'Alexandrie. Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale
antique, Fonti, fase. 9, 1. II, Rome, 1963, p. 4-1l.
2. Ibid., p. 6.
3.Voir ibid., p. 9-11.
- L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 287

Par la suite, le concile in Trullo a établi qu' {< après avoir passé
les jours de la Passion rédemptrice dans le jeûne, la prière et la
componction de cœur, les fidèles ne doivent rompre le jeûne qu'à
minuit du Samedi saint, vu que les évangélistes Matthieu et Luc,
l'un par la locution "tard dans la nuit qui suit le samedi" (Mt 28,
1), l'autre par celle de "très grand matin" (Lc 24, 1), désignent
l'heure avancée de la nuit! ).
Ainsi, la tradition sabaïte montra une plus grande rigueur
dans l'observance de ce canon en ne rompant le jeûne qu'après
la liturgie qui se célèbre très tôt le dimanche matin, dans la nuit
du samedi au dimanche. Le samedi soir, après la liturgie qui clôt
la vigile pascale, il n'est donc pas prévu de sortir de l'église. On
écoute la lecture des Actes des Apôtres. Après quoi, le paraec-
clésiarque allume toutes les lampes et sort frapper la grande
simandre et commence le mesonyktikon selon un ordo particu-
lier. Après le Trisagion, on lit le Psaume 50, puis on chante de
nouveau le canon du Grand Samedi. Après la neuvième ode, on
dit le Trisagion, et après le Notre Père, on chante le tropaire de
la Résurrection, ton 2 : (<Lorsque Tu descendis). Puis ont lieu
l'ecténie et le congé2 • Le 1Ypikon d'Alexis le Stoudite ne connaît
pas de tel office.

Pâques et la cinquantaine pascale.

Après le mesonyktikon, tous sortent dans le narthex. Seul


l'allumeur de lampes reste dans l'église pour allumer tous les
cierges et toutes les lampes. Il prépare deux luminaires qu'il
place au milieu de l'église. Il allume également les autres cierges
devant les portes saintes et prépare l'encensoir dans l'autel.
Ayant mis beaucoup d'encens, il encense partout. Toutes les
portes de l'église demeurent fermées. Le prêtre revêt tous ses
ornements de couleur blanche et sort dans le narthex par le côté
nord, en encensant, précédé des deux luminaires. L'higoumène
ou l'ecclésiarque distribue à tous les frères des cierges qu'ils
allument. Lorsque le prêtre a encensé l'assemblée, il se tient
devant les portes royales en faisant le signe de la croix avec
l'encensoir et donne la bénédiction initiale des matines pas-
cales. Il entonne alors le trop aire pas caP . Nous retrouvons la
même description de cet office, qui n'est pas sans nous rap-

1. 89' canon in Trullo. Voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9,
t. l, 1, Rome, 1962, p. 225.
2. KHIIPHAH, llCaJlmUpb C 6ocC/leào6aHUeM, f. 283 v.
3. Ibid., f. 283 v.-284.
288 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

peler le début des matines asmatiques dans le narthex', dans


le Typikon d'Alexis le Stoudite, sauf que ce dernier prévoit que
les frères aillent se coucher et qu'on les réveille à la troisième
garde de la nuit2 •
Le trop aire pascal est alors chanté trois fois par le prêtre et trois
fois par les frères, puis trois versets psalmiques, en intercalant le
trop aire pascaP. L'ancien typikon sabaïte Sin. gr. 1096 prévoit
également trois versets, mais le troisième n'est pas le même que
dans le Psautier suivi4 • Notons toutefois que le Typikon d'Alexis
le Stoudite ne prévoyait que deux versets 5, alors que la tradition
sabaïte postérieure en prévoit quatre 6 • Puis de nouveau, le prêtre
chante la moitié du tropaire. Les portes royales s'ouvrent alors,
et le prêtre entre dans l'église, précédé des luminaires et suivi
de l'higoumène et des frères qui chantent la fin du tropaire. Le
prêtre entre à l'autel et dit la grande ecténie. Et après l'ecpho-
nèse, le supérieur entonne le canon pascal attribué à saint Jean
Damascène7 • Les deux chœurs chantent alternativement les tro-
paires du canon. TI y a des petites ecténies qui sont dites à l'inté-
rieur de l'autel pour chaque ode. Le Psautier suivi souligne qu'en
ce jour le prêtre encense au début du canon. Après la troisième
ode et l'hypakoï, il est prévu de faire la lecture d'un discours de
saint Grégoire le Théologien. Après la sixième ode et le konda-
kion, il est prévu de faire la lecture du premier discours de saint
Grégoire le Théologien, intitulé «Jour de la Résurrection et un
commencement heureux8~>. Puis on chante la stichère «Ayant vu
la résurrection du Christ» trois fois. Après la neuvième ode et le
photagogikon, le chœur chante les versets psalmiques «Que tout
souffle ~> en y intercalant quatre stichères de la Résurrection du
ton 1 de l'Octoèque, après lesquelles on chante les stichères de
Pâques 9 • Le Typikon d'Alexis le Stoudite prévoyait une autre fin
pour les matines pascales. Aux laudes, on chantait des stichères
idiomèles, après lesquelles on chantait «à, voix basse~> la grande

1. JIHCH~H, IIep60Ha'latlbHblÜ CtzaIlJlHo-PyCCKUÜ TUnUKOH, p. 81, note.


2. IIEHTKOBCKH1\, TUnUKOH, p. 256.
3. KHIlPHAH, IIcatlmupb C 60cCIle006aHUe.M, f. 284.
4. )l;MHTPHEBCKHii:, OnucaHue, T. 3, T'll7ttICU, '1.2, p. 64. Dans le Sin. gr. 1094, on trouve
trois versets mais différents : voir foL 46 v. [Édité par LOSSKY, Le Typikon byzantin,
p. 206.] Voir également G. BERTONlÈRE, The Historical Development of the Eastern Vigil
and Related Services in the Greek Church, OCA 193, Rome, 1972, p. 272-273.
5. IIEHTKOBCKH1\, TUnuKOH, p. 256.
6. Par exemple, Typikon, Moscou, 1906, p. 459-459 v.
7. Sur le canon pascal, voir A. LOSSKY, «Le canon des matines pascales byzan-
tines : ses sources bibliques et patristiques~, EHymnographie. Conférences Saint-Serge.
46' Semaine d'études liturgiques, BEL 105, Rome, 2000, p. 257-284.
8. GRÉGOIRE LE THÉOLOGIEN, Discours 1, SC 247, Paris, 1978, p. 72-83.
9. KHrrPHAH, IIcatlmupb C 60cCIle006anUeM, f. 284-284 v.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 289

doxologie dans sa rédaction hiérosolymitaine. Puis, à la place des


apostiches, on chantait les stichères de Pâques!.
À la fin des stichères se déroule le baiser pascal. Le prêtre tenant
le saint évangile se place devant les portes saintes. Le supérieur
vient vénérer le saint évangile, puis donne le baiser au prêtre de
qui il prend l'évangile, et vient se placer à sa droite. Les frères
viennent alors dans l'ordre donner le baiser pascal. Après quoi,
l'higoumène lit l'homélie pascale attribuée à Jean Chrysostome2 •
Pendant cette lecture, par respect pour cet illustre Père de l'Église,
il est spécifié que l'on se tient debout. La lecture terminée, le prêtre
dit les deuxecténies et le congé final. On retrouve la même des-
cription dans le Typikon d'Alexis le Stoudite, sauf que les matines
se terminent par une seule ecténie, celle qui suit normalement les
apostiches 3 .
Le Psautier suivi décrit ensuite le déroulement des heures
en soulignant qu'il s'agit du déroulement prévu « selon le
Typikon de saint Sabas 4 ). Cet office est chanté entièrement
trois fois pour chacune des heures et l'apodeipnon, du Grand
Dimanche de Pâques jusqu'au samedi suivant. On constate ici
que le Psautier suivi ne mentionne pas le mesonyktikon. Selon
Dmitrievsky, le mesonyktikon n'a jamais été célébré durant
toute la semaine pascale, et ce jusqu'à la fin du XVIe siècle 5 •
On chante d'abord le trop aire pascal trois fois, puis la stichère
«Ayant vu la résurrection du Christ), également trois fois. On
dit alors l'hypakoï, le kondakion et les tropaires : «Dans le tom-
beau selon la chair ), « Comme porteur de la vie) et « Sanctifié
par le Très-Hauu. Puis a lieu le congé de l'heure à la suite
duquel on chante de nouveau. le tropaire pascal trois fois. Le
Typikon d'Alexis le Stoudite prévoyait un autre déroulement
pour les heures. Il était prévu de chanter d'abord le trop aire
pascal trois fois, puis le trop aire de la Résurrection, ton 3, puis
le kondakion pascal et le théotokion de l'heure. Puis on disait
le Trisagion et les autres prières jusqu'au Notre Père, puis
« Seigneur, aie pitib douze fois6.
Le Psautier suivi prévoit de célébrer ensuite la divine liturgie de
saint Jean Chrysostome et qu'il y ait aprés «une grande consola-
tion) pour les frères au réfectoire. D'ailleurs, au réfectoire, l'office
de la Panagia a quelques particularités. Lorsque le réfectorier élève
le pain contenu dans le panagiarion, il dit : «Le Christ est ressus-

1. IIEHTKOBCKHil:, TunUKOH, p. 256.


2. Homélie catéchétique attribuée à saint JEAN CHRYSOSTOME, PG 59, 721-724.
3.IIEHTKOBCKHil:, TunuKoH, p. 257.
4. KHIIPRAH, llCO/ImUpb C BocC/leàoBaHUeM, f. 285.
5. A. )J;MHTPHEBCKHil:, DozoC/lY3/CeHUe B PyCCKOU l(epKBu B XV/B., Kazan, 1884, p. 232.
6.IIEHTKOBCKHil:, TunuKoH, p. 257.
290 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

cité », et les frères lui répondent : «En vérité, li est ressuscité.»


De nouveau, le prêtre dit : «Le Christ est ressuscité », et les frères
répondent de nouveau : «En vérité, li est ressuscité.» Le prêtre dit
alors : «Adorons Sa résurrection le troisième jour.» li est prévu
de faire ainsi jusqu'au samedi de la semaine pascale, lorsque le
pain qui a été sanctifié pendant toute la semaine est distribué aux
frères. On note également que, jusqu'à la fête de l'Ascension, le
réfectorier continue de dire, en élevant la Panagia : «Le Christ est
ressuscité », après quoi il ajoute : «Très sainte Théotokos, sauve-
nous l .» Ceci est une particularité de l'usage sabaïte qui continue
de dire le tropaire pascal jusqu'à la veille de l'Ascension, alors que
la tradition stoudite ne le disait que jusqu'au samedi de Pâques 2 •
L'usage sabaïte est également bien indiqué dans la rubrique du
dimanche après Pâques: «À partir d'aujourd'hui, aux vêpres, à
l'apodeipnon, aux matines et aux heures, le prêtre ayant donné la
bénédiction, nous disons au début, et ce jusqu'à l'Ascension : le
Christ est ressuscité 3 .»
Le deuxième dimanche de Pâques, c'est-à-dire celui qui suit
le dimanche de Pâques, est le dimanche de Thomas. li est aussi
appelé «Antipascha» (Avtt1taoxa) ou «dimanche du Renouveau».
li conclut l'octave pascale, dont la célébration particulière à
Jérusalem à la fin du IVe siècle est attestée par Égérie dans son
Journal de voyage et, au v e siècle, par le Lectionnaire arménien. Au
chapitre 39 de son Journal de voyage, Égérie nous dit que «ces fêtes
de Pâques se célèbrent durant huit jours4 ». Elle précise que le jour
de l'octave de Pâques, «on fait [... ] le lucernaire tant à l'Anas-
tasis qu'à la Croix, puis tout le peuple sans exception, avec des
hymnes, escorte l'évêque jusqu'à Sion. Quand on est arrivé, on dit
de même des hymnes appropriées au lieu et au jour, on lit encore
ce passage de l'évangile où, huit jours après Pâques, le Seigneur
entra là où étaient les disciples et reprocha à Thomas d'avoir été
incrédules.» Le Lectionnaire arménien nous renseigne davantage
sur le déroulement des offices. Pour le dimanche de l'octave, il
prévoit à la liturgie pour l'évangile la lecture du Prologue de Jean
Gn 1, 1-17) qui, de nos jours, dans le rite byzantin, est lu le jour
de Pâques, conformément à la tradition constantinopolitaine, déjà
attestée par le Typikon de la Grande Églùe. Le passage de Jn 20,
26-31, où le Seigneur apparaît aux Apôtres le huitième jour et
démontre à Thomas qu'li est bien ressuscité, était lu à Jérusalem

1. KHIIPHAH, IIc/l./Imupb C 60CC/le006anUeM, f. 285 v.-286.


2. ITElITKOBCKH1l:, Tunu/CoH, p. 261.
3. KHrrPHAH, IIc/l./Imupb C 60CC/le006anueM, f. 286.
4. ÉGÉRIE, Journal de voyage 39, 1, éd. et trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 2002 2,
p.293.
5. ÉGÉRIE, Journal de voyage 40,2, ibid., p. 295.
-
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 291

le dimanche soir à l'office de vêpres qui avait lieu à Sion. Cette


péricope, dans le Lectionnaire de Constantinople, est lue à la
liturgie et a donné au deuxième dimanche de Pâques le nom de
dimanche de Thomas.
Pendant toute la cinquantaine pascale, il est prévu de dire le
trop aire et le kondakion du dimanche pendant toute la semaine.
En effet, la cinquantaine pascale étant depuis les origines du
christianisme une période de réjouissance, l'hymnographie
chantant la résurrection du Christ, habituellement réservée pour
l'office du dimanche, vient s'étendre sur les autres jours de la
semaine. Le Psautier suivi spécifie qu'à partir de ce dimanche,
on reprend de nouveau la lecture des heures habituelles dans le
narthex et de leurs heures intermédiaires en cellule. Les canons
d'intercessio:Q à la Très Sainte Théotokos sont lus également, de
même que les tri-odes de Joseph de Thessalonique, frère de saint
Théodore le Stoudite, contenus dans le Pentecostaire à l'apo-
deipnon 1. Il est intéressant de remarquer que, dans la tradition,
stoudite, il était prévu de chanter ces canons à trois odes aux
matines 2 • Ainsi, lors de la diffusion du Typikon sabaïte, à partir
du XIVe siècle, ces canons d'origine stoudite furent incorporés à
la tradition sabaïte, en étant toutefois relégués à l'apodeipnon,
comme ce fut le cas pour les tri-odes d'André de Crète de la
Grande Semaine. Remarquons cependant qu'ils ont disparu des
pentecostaires grecs actuels. Ainsi, nous avons une preuve sup-
plémentaire que la réforme liturgique du XIve siècle a entraîné
une refonte des livres liturgiques, dans le cas présent celle du
Pentecostaire. Notons également que le Psautier suivi, confor-
mément à la tradition sabaïte, ne connaît pas de solennité par-
ticulière pour le lundi qui suit le dimanche de Thomas, comme
c'était le cas dans la tradition stoudite3 •
La cinquantaine pascale est marquée, tout comme la Sainte
Quarantaine, de plusieurs solennités qui font l'objet d'un office
liturgique dans le Pentecostaire. Les thèmes de ces différents diman-
ches reprennent celui de la péricope de l'évangile lue à la liturgie
suivant le Lectionnaire de la Grande Église de Constantinople4 •
Leur office est repris pendant toute la semaine qui suit, comme
nous venons de le voir pour le dimanche de Thomas.
Le troisième dimanche de Pâques commémore les saintes
femmes myrrhophores, le juste Joseph d'Arimathie et Nicodème.

1. KHIIPHAH, Ilcat/mup& c BocCAeiJoBallUeM, f. 286 v.


2. Voir par exemple, IlEHTKOBcKHii:, TunuKoll, p. 263.
3. Voir par exemple, ibid., p. 262.
4.Voir ,!l;MHTPHEBCKHil:, Onucallue, T. li, Twtt1ca, q. 1, p. 135-148; MATÉos, 'l'ypicon,
II, p. 92-138. Sur ce cycle de lectures, voir J. GETCHA, «Le système de lectures bibli-
ques du rite byzantin», p. 41-43.
292 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

La péric ope de l'évangile choisie par le Typikon de la Grande


Église pour être lue à la liturgie de ce dimanche est le pas-
sage de Mc 15, 43-16, 8, relatant l'ensevelissement et le tom-
beau vide. Ce dimanche qui suit l'octave pascale constitue une
sorte de « synaxe» de tous les témoins de l'ensevelissement
et de la résurrection du Christ, un peu comme la synaxe de
la Mère de Dieu qui suit le jour de la Nativité, ou la synaxe
de Jean le Baptiste qui suit la fête de la Théophanie. Il faut
savoir que dans la tradition de Jérusalem, le passage de Mc
15,42-16, 8 était lu à la liturgie du dimanche de Pâques, alors
qu'on lisait Jn 2, 1-11 le troisième dimanche de Pâques!. Ce
n'est qu'à Constantinople qu'on lisait ce passage le troisième
dimanche de Pâques, faisant ainsi une exception dans la lec-
ture continue de l'évangile de Jean. On peut donç en déduire
que la solennité du troisième dimanche de Pâques est d'origine
constantinopolitaine.
Le quatrième dimanche de Pâques est celui du Paralytique,
en lien avec la péricope de l'évangile choisie par le Typikon
de la Grande Église pour être lue à la liturgie de ce dimanche
an 5, 1-15), alors que, dans la tradition hiérosolymitaine, on
lisait le passage de Jn 4, 4-23 sur la Samaritaine 2 • L'office
de ce dimanche n'est chanté que pendant trois jours, du
dimanche au mardi, puisque le mercredi suivant est la fête de
la mi-Pentecôte.
D'origine constantinopolitaine3, celle-ci voit son office repris
pendant les huit jours qui suivent4 • Le Typikon d'Alexis le Stoudite,
de son côté, prévoyait de ne chanter l'office de la mi-Pentecôte
que jusqu'au samedi5 • La première attestation de cette solen-
nité de la cinquantaine pascale se trouve dans une homélie de
Pierre Chrysologue, évêque de Ravenne dans le second quart
du v e siècle. Sévère d'Antioche atteste l'existence de cette fête
à Antioche au VIe siècle. La première attestation proprement
constantinopolitaine de cette fête remonte également au VIe siècle,

1. Voir Le Grand Lectionnaire de l'Église de Jérusalem, éd. M. Tarchnisvili, CSCO


188 (Scriptores Iberici 9), Louvain, 1959, p. 115, 124. Voir tableau comparatif
dans S. JANERAS, «Les lectionnaires de l'ancienne liturgie de Jérusalem'), Collectanea
Christiana Orientalia 2 (2005), p. 84-85.
2.Voir Le Grand Lectionnaire de l'Église de Jérusalem, p. 127. S. JANERAS, «Les lec-
tionnaires de l'ancienne liturgie de Jérusalem», p. 84-85.
3. Sur la mi-Pentecôte, voir S. GARNIER, La Mi-Pentecôte dans la liturgie byzantine
des Vl'-X' siècles, mémoire de maîtrise dactylographié soutenu à l'EPHE, Paris, 1998;
S. GARNIER, «Les leçons scripturaires de la mi-Pentecôte'), La Liturgie, interprète de
l'Écriture, 1. Les lectures bibliques pour les dimanches et fêtes. Conférences Saint-Serge.
48' Semaine d'études liturgiques, BEL 119, Rome, 2002, p. 213-220.
4. K:KllPHAR, lIcWlmupb C 6ocCJleilo6QnUeM, f. 287.
5. llBRTKOllCllliR, TUnUKOIl, p. 266.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 293

dans l'homélie de Léonce de Constantinople. À son époque, on


lisait le passage de Jn 9, 1-14 qui a par la suite, avant le xe siècle,
été remplacé par le passage de Jn 7, 1-13 que nous connaissons
aujourd'hui, à cause de l'affirmation: «on était déjà au milieu de
la fête ». L'évangile fait évidemment référence à la fête juive des
Tabernacles, que l'Église a transposée sur la cinquantaine pas-
cale. On peut penser que la solennisation du milieu de la cin~
quantaine pascale ne fut pas antérieure à celle du jour de la clô-
ture de la cinquantaine, de même que du quarantième jour après
Pâques. Le thème de la sagesse développé dans les prophéties
et l'hymnographie de la fête va peut-être de pair avec la tradi-
tion de convoquer en ce jour, ou du moins en cette période, les
synodes régionaux conformément aux prescriptions du canon 5
du concile de Nicée. La solennisation de cette fête a peut-être
aussi contribué à combattre l'ennui et la mollesse qui survenaient
plus qu'à l'habitude durant les réjouissances de la cinquantaine
pascale, comme le faisait déjà remarquer la correspondance de
Barsanuphe et Jean de Gaza en Palestine au v e siècle.
La péricope choisie par le Typikon de la Grande Église pour
cette fête est celle de Jn 7, 14-30 où Jésus, «au milieu de la fête»
an 7, 14), enseigna dans le Temple. Elle est en fait un prélude
au discours sur l'eau vive an 7, 37-52) qui lui fait suite, mais
qui ne sera lu qu'à la Pentecôte. L'interdépendance des deux
fêtes est ainsi soulignée de manière concrète. Cette péricope est
entourée de celle du paralytique an 5, 1-15), thème du quatrième
dimanche de Pâques, et de la péricope de la Samaritaine an 4,
5-42), lue le cinquième dimanche de Pâques. Ces deux péricopes
encadrent admirablement, par leur allusion à l'eau comme sym-
bole de l'Esprit Saint. À Jérusalem, on lisait la péricope de Jn 7,
28-36 le cinquième dimanche de Pâques. Dans son Synaxaire,
Nicéphore Calliste Xanthopoulos (XIVe siècle) s'était déjà aperçu
de l'inversion opérée dans la lecture continue de l'évangile de
Jean et s'en explique ainsi: «C'est aussi, je pense, la raison pour
laquelle on célèbre après la mi-Pentecôte la fête de la Samaritaine,
car elle parle abondamment de la messianité du Christ, ainsi que
de l'eau et de la soif, comme ici. Par contre, dans l'évangile de
Jean, c'est la guérison de l'aveugle-né qui vient tout de suite après
et non la Samaritaine dont il a été question plus haut!,»
Le cinquième dimanche de Pâques est celui de la Samaritaine,
en lien avec la péricope de l'évangile choisie par le Typikon de la
Grande Église pour être lue à la liturgie de ce dimanche an 4,
5-42). Toutefois, dans la tradition de Jérusalem, on lisait, comme
on vient de le voir, le passage de Jn 4, 4-23 le quatrième dimanche

1. Voir par exemple, TPUOOb 146emllaJl, Moscou, 1992 (réédition), p. 117 v.;
PentecostaÎre, trad. D. Guillaume, Parme, 1994', p. 184.
294 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de Pâques, alors qu'on lisait le cinquième dimanche Jn 7, 28-36, lu


partiellement pour la mi-Pentecôte à Constantinople!. La rubrique
du Psautier suivi explique que l'office de la Samaritaine est chanté
le dimanche, puis du jeudi au samedi, compte tenu que, du lundi
au mercredi, on continue de chanter l'office de la mi-Pentecôte 2 •
Le sixième dimanche de Pâques est celui de l'aveugle-né. li
tire également son nom de la péricope de l'évangile choisie par
le yYpikon de la Grande Église pour être lue à la liturgie de ce
dimanche On 9, 1-38). Toutefois, dans la tradition de Jérusalem,
on lisait le passage de Jn 2, 12-25 sur les marchands du Temple et
l'annonce par le Christ de sa résurrection le troisième jour3, prévu
pour être lu dans la tradition de Constantinople le vendredi de la
semaine lumineuse.
L'office du mercredi qui suit est particulier dans la tradition
sabaïte puisqu'il marque la clôture de la fête de Pâques. Comme
nous l'avons dit plus haut, dans la tradition stoudite, la clôture de
Pâques se faisait le samedi de la semaine pascale. De ce fait, l'of-
fice du mercredi n'était que l'office de l'avant-fête de l'Ascension
et du saint du Ménée4 • La célébration de la clôture de Pâques
le mercredi de la sixième semaine, la veille de l'Ascension, a été
généralisée au ){Ne siècle avec la diffusion du Typikon sabaïte.
La tradition sabaïte voulait peut-être préserver une tradition
plus ancienne, où la fête de Pâques durait véritablement pendant
toute la cinquantaine pascale. La cinquantaine pascale se verra en
quelque sorte abrégée lorsqu'on commencera à célébrer l'Ascen-
sion le quarantième jour, par souci d'historicité. En raison de la
réforme liturgique, le Psautier suivi donne le nouveau déroulement
de l'office dans le détail, conformément à la tradition sabaïte. Le
mardi soir, au lucernaire, on chante les six stichères de l'aveu-
gle-né. Aux apostiches, on chante les stichères de Pâques. L'office
de la Ménée est chanté à l'apodeipnon. Le mercredi, aux matines,
il est prévu de chanter trois canons : celui de Pâques, de l'aveu-
gle-né et de l'avant-fête de l'Ascension. Après le canon, on chante
le photagogikon de Pâques. Aux laudes, on chante d'abord quatre
stichères de l'aveugle-né, puis on chante une dernière fois les sti-
chères de Pâques, suivies de la grande doxologie. À la liturgie, il
est prévu de reprendre l'office de Pâques à cause de la clôture de
la fête. Le Psautier suivi explique qu'il y a ce jour-là au réfectoire
une grande consolation pour les frères qui consiste à manger de

l.Voir Le Grand Lectionnaire de l'Église de Jérusalem, p. 127. Voir tableau compaFatif


dans S. JANERAS, ~Les lectionnaires de l'ancienne liturgie de Jérusalem" p. 84-85.
2. KHnl'RAR, llCQ./ImUpb C 8ocClleào8aHUeM, f. 287 v.
3.Voir Le Grand Lectionnaire de l'Église de Jérusalem, p. 132. Voir tableau comparatif
dans S. JANERAS, ~Les lectionnaires de l'ancienne liturgie de JérusaletIl>\, p. 84-85.
A T'I~U'Mlf\1>.rlC1II1:I TunU1<:Of!.. tl. 261, 268.
-
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 295

l'huile et du poisson, et non pas du fromage et des œufs puisque


le mercredi est un jour de jeûne l .
Le jeudi de l'Ascension, le Psautier suivi prévoit, conformément
à la tradition sabaïte, une agrypnie. Au lucernaire, il est prescrit
dix versets et stichères comme pour les dimanches, alors que la
tradition stoudite n'en comptait que neuf. Aux matines, après
la lecture du troisième évangile matutinal, on dit le stichère de
la Résurrection - {<Ayant vu la résurrection du Christ». Un seul
canon, attribué à Kyrios Jean, sans doute Jean Damascène, est lu2 •
Le Typikon d'Alexis le Stoudite en proposait un autre, attribué à
un Germain, qui pourrait être le patriarche de Constantinople3 •
Notons au passage que dans les pentecostaires postérieurs de
rédaction hiérosolymitaine, l'office a intégré un second canon
dont saint Joseph le Stoudite, archevêque de Thessalonique, est
l'auteur4. Les matines se terminent, conformément à l'usage néo-
sabaïte, par le chant de la grande doxologie dans sa rédaction
constantinopolitaine. Puis, comme à chaque agrypnie, on oint les
fidèles avec l'huile sainte de la lampe après le congé. L'office de la
fête est chanté jusqu'au vendredi avant la Pentecôte qui marque
ainsi la clôture de la fête.
Le septième dimanche commémore les saints Pères du concile
de Nicée. Nous avons vu plus haut que les fêtes des conciles dans
le rite byzantin prennent leur origine dans la fête des Pères des
six premiers conciles œcuméniques le dimanche le plus proche
du 16 juillet, qui n'est rien d'autre, au départ, que la fête du
concile de Chalcédoine5 • La fête des 318 saints Pères théophores
de Nicée est déjà attestée dans le Typikon de la Grande Église au
dimanche qui suit l' Ascension6 • Cette date correspond plus ou
moins à l'ouverture de ce concile, qui s'est tenu du 20 mai au
25 août 325 7 • Cette fête pourrait avoir été instituée en lien avec
la fête de l'Ascension qui, comme le souligne Nicéphore Calliste
Xanthopoulos (XNe siècle) dans son Synaxaire, montre bien que
{< le Fils de Dieu est devenu homme en vérité, et l'homme par-
fait est monté aux cieux comme Dieu et s'est assis à la droite

1. KHIIPHAH, Ilca/lmupb C 60CCJle006aHUe.M, f. 288.


2. Ibid., f. 288 v.
3. IIEHTKOBCKHH, TUnUKOH, p. 261, 268.
4. Voir par exemple TPUOOb 1466mHaJI, Moscou, 1992 (réédition), p. 187 v.
5. S. SALAVILLE, <,La fête du concile de Nicée et les fêtes des conciles dans le rite
byzantim, Échos d'Orient 24 (1924),p. 445-470; ID., <,La fête du concile de Chalcédoine
dans le rite byzantin», dans A. GRILIMEIEIR, H. BACHT, Das Knnzi/ von Cha/kedon.
Geschichte und Gegenwart, Wurzbourg, 1953, II, p. 677-695; A. GRILIMEIEIR, Le Christ
dans la tradition chrétienne. Le concile de Chalcédoine (451) : réception et opposition,
Cogitatio Fidei 154, Paris, 1990, p. 443-447.
",!!6. MATÉos, TYPicon de la Grande Église, II, p. 130-131.
7.J. HÉFÉLÉ, H. LECLERCQ, Histoire des conciles, t. 1, Paris, 1907, p. 417.
296 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de sa grandeur dans les hauteurs). Or, les Pères de ce concile


«L'ont ainsi proclamé, Le confessant consubstantiel et partageant
le même honneur que le Père! ).
Après la clôture de l'Ascension, le huitième samedi, on fait
mémoire «de tous nos pères et frères, chrétiens orthodoxes
endormis depuis les siècles ). L'office se déroule comme pour
le samedi de l'apocréo. L'office de la Ménée est alors reporté à
l'apodeipnon, de même que celui qui tombe le dimanche de la
Pentecôte 2 •
Le Psautier suivi prévoit aussi une agrypnie pour le dimanche
de la Pentecôte. Au lucernaire, il est prévu dix versets 3 , alors que
le Typikon d'Alexis le Stoudite n'en mettait que neuf4. La lecture
qui suit la bénédiction habituelle des pains est tirée des Actes des
Apôtres. Après les cathismes, on fait la lecture du discours de
saint Grégoire le Théologien sur la Pentecôtes. Le Typikon d'Alexis
le Stoudite prévoyait également cette lecture patristique qui a ins-
piré le canon de la fête, attribué à saint Jean Damascène. Après la
lecture du neuvième évangile matutinal, on ne dit pas la stichère
de la Résurrection - «Ayant vu la résurrection du Chrish. Ce
dimanche est une fête despotique, il est dit que l'on ne chante rien
de l'office de la Résurrection. Comme dans le Typikon d'Alexis le
Stoudite, deux canons de la fête sont prévus, lesquels sont attri-
bués aux hymnographes sabaïtes Cosmas de Maïouma et Jean
Damascène. Conformément aux usages néo-sabaïtes, les matines
se terminent par le chant de la grande doxologie dans sa rédaction
constantinopolitaine. La rubrique prescrit de chanter l'office pen-
dant toute la semaine, jusqu'à sa clôture le samedi suivant6 •
o

Cette dernière rubrique précise qu'une autorisation d'œufs et


de fromage est accordée aux moines durant cette semaine et que
les laïcs peuvent même manger de la viande. On ne trouve pas de
rubrique semblable dans le Typikon d'Alexis le Stoudite. Cela s'ex-
plique par le fait que ce dernier accordait une telle autorisation
pour toute la cinquantaine pascale7 •
En effet, conformément à la tradition ancienne de l'Église, la
cinquantaine pascale était une période de réjouissance, qui se tra-
duisait par la suppression du jeûne et des génuflexions. Égérie8,

loVoir par exemple TPUOÔb ijB6mHa.tI, Moscou, 1992 (réédition), p. 210-210 v.;
Pentecostaire, trad. D. Guillaume, Parme, 19943, p. 352.
2. KHIlPHAH, IIcatlmupb C BocClleÔOBaHue.M, f. 289-289 v.
3. Ibid., f. 289 v.
4. IIEHTKOBCIŒJ!, TUnUKOH, p. 261, 272.
5. GRÉGOIRE LE THÉOLOGIEN, Discours 41, SC 358, Paris, 1990, p. 312-355.
6. KHrrPHAH, IIcatlmupb C BocClleÔOBaHUe.M, f. 290-290 v.
7. IIEHTKOBCKHfI, TunuKoH, p. 261, 378.
8. ÉGÉRIE, Journal de voyage 41, éd. et trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 20022,
p. 296-297. Égérie ne parle pas de l'absence de génuflexions.
--- L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 297

saint Jean Cassient, de même que le 20e canon du concile de


Nicée 2 en témoignent. Toutefois, la semaine qui suivait soit direc-
tement la Pentecôte3 , soit son octave4 , marquait la reprise du
temps ordinaire par la reprise du jeûne.
Ainsi, conformément à cette ancienne tradition de l'Église, le
jeûne reprend le lundi après le dimanche de Tous les Saints, et cela
a donné lieu, dans l'histoire, au jeûne des Apôtres qui dure jusqu'à
la fête des saints apôtres Pierre et Paul, le 29 juin, comme l'attes-
tent à la fois la tradition stoudite et la tradition néo-sabaïte5 •
La tradition néo-sabaïte, plus rigoureuse, a toutefois supprimé
la consommation de fromage, d'œufs et de poisson les mercredis
et les vendredis de la cinquantaine pascale, à l'exception de la
semaine de Pâques - une permission pourtant accordée par le
Typikon stoudite et conforme à l'ancienne pratique hiérosoly-
mitaine dont témoigne Égérie6 • Pour compenser une telle pra-
tique, on a alors accordé une dispense de jeûne pendant l'octave
de la Pentecôte, comme en témoigne la rubrique considérée du
Psautier suivi. li ne fallait pas une telle rubrique dans le Typikon
d'Alexis le Stoudite puisque, comme nous l'avons vu, il contenait
déjà une telle permission pendant toute la cinquantaine pascale,
et par conséquent durant l'octave de la Pentecôte.
La suppression du jeûne durant cette semaine va de pair avec
la rubrique suivante du Psautier suivi qui prescrit que «durant
cette semaine on laisse les heures intermédiaires aux heures et les
canons d'intercession à la Très Sainte Théotokos à l'apodeipnon.
[... ] Et nous fêtons [cette fête] selon l'exemple de la semaine

l.JBAN CASSIEN, Conférences, XXI, 11, SC 64, Paris, 1959, p. 85-86.


2. Le 20· canon de Nicée affirme : (,Comme quelques-uns plient le genou le
dimanche et aux jours du temps de la Pentecôte, le saint concile a décidé que, pour
observer une règle uniforme dans tous les diocèses, tous adresseront leurs prières à
Dieu en restant debout>} (voir P.-P. JOANNOU, Discipline générale antique, Fonti, fasc. 9,
t. l,l, Rome, 1962, p. 41).
3. ÉGÉRIE, Journal de voyage, 44, 1, trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 1982, p. 305.
4. Les Constitutions apostoliques, livre V, 20, 14, trad. M. Metzger, SC 329, Paris,
1986, p. 282-283.
5. IlEHTKOBCKHH, TunuKoH, p. 261, 275; KHnPHAH, IIcll/Imupb C 60CC/lea06aHUe.M,
f.291.
6. Par exemple, on lit : (,A partir du lundi après le dimanche du Renouveau, après
avoir lu la troisième et la sixième heure selon leur ordre avec leurs heures intermé-
diaires, ainsi que les typiques, il convient qu'on accorde la bénédiction aux frères, le
lundi, le mercredi et le vendredi de toute la cinquantaine, de ne manger que deux bis-
cuits seulement. Ce n'est qu'après la neuvième heure que l'on peut manger complète-
ment. TI en va de même pour les paramonies de la Nativité et de la Théophanie lorsque
celles-ci tombent un samedi ou un dimanche. Le dimanche de la Descente du Saint-
Esprit, il y a les génuflexions aux vêpres et, pendant la semaine qui suit, il est permis
de manger du poisson, du fromage, des œufs et du lait, et pour les laïcs, de la viande,
jusqu'au dimanche de Tous les Saints» (Typikon, chap. 32, Moscou, 1906, p. 39).
298 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

lumineuse l .» Ainsi, les heures intermédiaires, qui ne sont suppri-


mées que pendant les périodes festives de l'année où le rythme
des offices liturgiques se voit allégé afin de procurer aux moines
un certain repos, vont nécessairement de pair avec les jours de
jeûne.
On trouve également dans le Psautier suivi une rubrique inté-
ressante qui ordonne de dire à la troisième heure, et ce pendant
toute la semaine de la Pentecôte, à la place du trop aire de la fête,
le trop aire de l'heure, avec ses versets, lequel évoque la descente
du Saint-Esprit: « Seigneur qui à la troisième heure envoyas Ton
Très Saint Esprit2 ». Toutefois, une telle pratique n'est pas observée
dans les typika sabaïtes ultérieurs.
Le cycle de la cinquantaine pascale se termine avec le dimanche
de Tous les Saints, après lequel commence le jeûne des Apôtres 3 .
Le Synaxaire de Nicéphore Calliste Xanthopoulos (XIVe siècle)
nous donne trois raisons pour lesquelles l'Église orthodoxe com-·
mémore tous les saints en lien avec la descente du Saint-Esprit le
premier dimanche après la Pentecôte : premièrement, pour mon-
trer que le Saint-Esprit est source de sainteté; deuxièmement,
pour commémorer tous les saints du passé ou à venir, connus ou
inconnus; troisièmement, pour montrer que tous les saints que
nous célébrons personnellement sont tous réunis en Christ. Par
ailleurs, Nicéphore Calliste fait remarquer que la fête de tous les
saints mettant un terme au cycle du Triode montre comment l'éco-
nomie divine s'accomplit : «Car le Triode, en résumé, renferme
avec minutie tout ce que Dieu a fait pour nous par des paroles
ineffables. Le premier récit [du Triode] est la chute du.diable des
cieux, l'expulsion d'Adam et la transgression. [Puis] toute l'éco-
nomie de Dieu le Verbe en notre faveur, et comment nous sommes
montés de nouveau aux cieux grâce au Saint-Esprit, et comment
nous avons accompli l'ordre déchu, ce qui se. reconnaît en tous les
saints. Que l'on sache que nous célébrons aujourd'hui tous ceux
que l'Esprit Saint a sanctifiés par sa grâce 4 •.• »
Nicéphore Calliste nous donne également, dans son Synaxaire,
la raison historique de l'institution de cette dernière solennité du
Pentecostaire. Selon lui, l'empereur Léon VI le Sage (886-912)
voulut construire une église en l'honneur de sa femme Théophano
qui, derrière son apparence d'impératrice, menait une vie ascétique
et qui, après son rappel à Dieu en 893, accomplit de nombreux
miracles à travers sa sainte relique qui avait été déposée en l'église

1. KHIlPHAH, IIca/lmupb C BocC/leàoBaIJUeM, f. 290 v.


2. Ibid.
3. Ibid., f. 290 v.-291.
4.Voir par exemple Tpuoàb I4B#;mIJaJ/, Moscou, 1992 (réédition), p. 293 V.;
Pentecostaire, trad. D. Guillaume, Parme, 19943, p. 463-464.
L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE ... 299

des Douze-Apôtres. Ayant construit une église magnifique et très


grande tout près de celle des Douze-Apôtres, l'empereur se dit
qu'il ne convenait pas de la consacrer à celle qui, il y avait encore
très peu de temps, avant sa mort, était impératrice. «L'empereur
très sage dédia alors l'église qu'il venait de construire à tous les
saints de l'univers, suite à une décision conciliaire de toute l'Église,
en se disant: "Si Théophano est sainte, qu'elle soit unie à tous les
saints 1."» Telle est donc, selon Xanthopoulos, l'origine constanti-
nopolitaine de cette dernière solennité du Pentecostaire. Celle-ci
est déjà attestée par le Typikon de la Grande Église (IXe siècle),
qui prévoit pour ce dimanche un office qui commence à Sainte-
Sophie et qui se poursuit en «l'église de Tous-les-Saints près des
Saints-Apôtres2 » •

1. Sur l'église de Tous-les-Saints à Constantinople, lire : R. JANIN, La Géographie


ecclésiastique de l'Empire byzantin, Première partie, t. ID, Paris, 1969, p. 389-390;
G. DOWNEY, «The Church of AlI Saints (Church of St. Theophano) near the Church
of the Apostles at Constantinople», DOP 9-10 (1956), p. 301-305.
2. MATÉos, Typicon de la Grande Église, TI, p. 144-145.
CHAPITRE VI

CARACTÉRISTIQUES
DE LA RÉFORME
DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Arrivés au terme de notre analyse des rubriques du Psautier


suivi dans l'optique de la réforme du métropolite Cyprien, nous
sommes en mesure de faire ressortir les points saillants de cette
réforme. Cela nous permettra de caractériser, dans la troisième
partie, la théologie liturgique de notre métropolite. Il nous semble
que nous pouvons résumer les axes principaux de la réforme
autour de quatre points : l'importance de la psalmodie, la place
de l'hymnographie, la renaissance des sources du monachisme
érémitique et la synthèse entre les traditions palestinienne et
constantinopolitaine.

L'IMPORTANCE DE LA PSALMODIE

Tout d'abord, il n'y a nul doute que les psaumes forment l'os-
sature des offices de la prière des heures et qu'ils sont privilégiés
par les règles de prières monastiques. Nous savons en effet que
c'est le canon de psalmodie (Kavrov tijç 'lfaÀf.lrooiaç) qui a constitué
l'Horologion. Par conséquent, le fait que le métropolite Cyprien
ait entrepris sa réforme, qui visait avant tout l'Horologion, en
préparant un Psautier suivi comprenant d'une part le Psautier et
d'autre part l'Horologion, est très significatif.
Aux psaumes choisis par la tradition monastique palestinienne
pour constituer la structure invariable de chaque office vient
s'ajouter la psalmodie continue, c'est-à-dire la lecture continuelle
et variable de psaumes durant les offices. Nous avons vu qu'il
y avait un cathisme supplémentaire prévu aux matines selon le
Typikon sabaïte par rapport à l'office stoudite.
302 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

De plus, la lecture des petites heures, où les psaumes occu-


pent la majeure partie, n'est jamais supprimée par le Typikon
sabaïte, à la différence du Typikon stoudite qui les omettait les
jours chômés. La tradition sabaïte connaît de surcroît des heures
intermédiaires, lues soit à l'église soit en cellule, que la tradition
stoudite ne connaissait pas.
Ainsi, nous remarquons que la réforme du métropolite Cyprien
prend en compte le souhait d'augmenter la place réservée à la
psalmodie dans l'office par rapport à la tradition monastique
stoudite. Toutefois, cette réforme représente aussi un certain allé-
gement par rapport à l'office asmatique, où l'exécution des anti-
phones psalmiques avec un système très développé de refrains
restait complexe et surtout très longue. Nous avons vu plus haut
que l'antique tradition monastique, attestée par Cassien et par
l'horologion Sin. gr. 868, comprenait beaucoup plus d'offices des
heures et de psalmodie. De là, il apparaît que l'adoption de la
tradition néo-sabaïte par le métropolite Cyprien reflète le désir
de trouver un équilibre entre une psalmodie rigoureuse et une
mesure raisonnable, accessible à un plus grand nombre de fidèles.
TI s'avère que cet équilibre fut trouvé dans la tradition sabaïte,
attestée par les typika du XIIe siècle, qui, tout en restant fidèle à
1'esprit de 1'antique tradition monastique, l'avait beaucoup simpli-
fiée. C'est peut être la raison pour laquelle le métropolite Cyprien
opta pour la tradition sabaïte, exprimant ainsi sa fidélité à la tradi-
tion monastique palestinienne (par rapport à la tradition stoudite)
et son désir de simplifier l'office liturgique (par rapport à l'office
asmatique) .

LA PLACE DE L'HYMNOGRAPHIE

Ce désir de simplicité s'allie à l'esprit de variété qu'offre l'hym-


nographie dans l'office. L'opposition entre des offices «monas-
tiques )i, très longs et sinistres, et des offices «cathédraux )i, très
courts et divertissants, n'est qu'une caricature qui ne reflète pas la
réalité historique. Ainsi, il ne faudrait pas, comme on le fait trop
souvent, opposer l'office cathédral à l'office monastique, car nous
avons vu que des liens étroits existaient entre eux, tissés notam-
ment par les moines de Palestine qui fréquentaient l'Anastasis de
Jérusalem. Nous savons aussi qu'il existait à l'Anastasis une com-
munauté monastique - les Spoudaioi - qui assurait une partie de
l'office. Égérie mentionne, en effet, la participation des moines à
la liturgie hiérosolymitaine.
Ce lien entre la cathédrale et les monastères expliquerait, par
exemple, C\.ue la lecture de l'évangile matutinal dans l'office cathé-
CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉFORME ... 303

dral de l'Anastasis de Jérusalem ait été reprise par les moines


de Saint-Sabas et introduite dans leur office monastique, et de
là qu'elle ait été adoptée à Constantinople à la fois par l'office
cathédral de la Grande Église et l'office monastique stoudite.
D'autre part, nous avons évoqué l'acolouthie palestinienne (sans
doute commune à la tradition cathédrale, attestée par Égérie, et à
la tradition monastique à laquelle est lié le nom de Sophrone de
Jérusalem, l'un des restaurateurs de la tradition sabaïte) des douze
tropaires pour le Grand Vendredi et les paramonies de la Nativité
et de la Théophanie, qui fut d'abord adoptée en partie par les
moines stoudites de Constantinople puis, plus tardivement, par la
Grande Église, et reçut encore plus tard en Russie le qualificatif
d'heures « royales ».
Une autre erreur serait d'identifier la psalmodie avec l'office
monastique et l'hymnographie avec l'office cathédral. Nous
savons que l'hymnographie est née dans les milieux monas-
tiques et que longtemps l'office cathédral de Constantinople
ne fut fondé essentiellement que sur l'exécution antiphonée
des psaumes. Dans cette perspective, l'office asmatique de la
Grande Église de Constantinople n'était pas seulement très
complexe et très long: il devait finir par être monotone car,
à part les lectures bibliques, on retrouvait toujours les mêmes
antiphones, dont même les antiphones variables finissaient par
se répéter. Nous avons vu que, pour cette raison, Syméon de
Thessalonique au xv e siècle avait voulu introduire dans l'office
asmatique, à Thessalonique, des éléments de l'hymnographie
palestinienne.
Par rapport à la tradition stoudite qui avait été la première à
tenter de réunir la tradition palestinienne à la tradition constanti-
nopolitaine, la place de l'hymnographie est plus importante dans
la tradition sabaïte. Nous y trouvons un nombre supérieur de sti-
chères au lucernaire, un nombre supérieur de tropaires au canon
que dans l'office stoudite.
Les Stoudites eux-mêmes furent des hymnographes. Ils furent
entre autres les rédacteurs du Triode dont ils complétèrent le
matériau palestinien par la composition de nouvelles hymnes.
Nous avons vu à plusieurs reprises que la réforme du métropolite
Cyprien en Russie a inauguré une refonte des livres liturgiques,
où le matériau hymnographique a été remanié et où l'hymnogra-
phie stoudite est venue s'ajouter à l'hymnographie sabaïte (ou
palestinienne). Par exemple, nous avons vu que, pour la période
du Pentecostaire, les tri-odes de Joseph le Stoudite qui à l'origine
étaient chantés aux matines d'après le Typikon stoudite furent
relégués à l'apodeipnon par le Typikon néo-sabaïte.
304 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

LA RENAISSANCE DES SOURCES


DU MONACHISME ÉRÉMITIQUE

La réforme du métropolite Cyprien se caractérise aussi par un


certain retour aux sources du monachisme érémitique. Cela n'est
pas étonnant, car les chevilles ouvrières de cette réforme décisive
du XIVe siècle, à savoir le patriarche Philothée à Constantinople et
le métropolite Cyprien en Russie, étaient des hésychastes engagés.
Or, l'hésychasme se caractérisait par un monachisme kelliote,
fidèle à l'esprit du monachisme érémitique de jadis. Nous avons
d'ailleurs remarqué, à plusieurs reprises, que le Psautier suivi est
attentif à donner des rubriques pour les cas où l'office était lu sans
prêtre ou dans des cellules - un type de célébration qui était assez
fréquent dans les milieux érémitiques, particulièrement parmi les
hésychastes.
Tout d'abord, nous notons le désir de retrouver un office pales-
tinien plus authentique. Par exemple, nous avons indiqué qu'au
cours de cette réforme les prières sacerdotales des vêpres et des
matines asmatiques, que les Stoudites avaient incorporées aux dif-
férents moments de la célébration de l'office palestinien, furent
plongées dans un état de (~congélation}) lorsqu'on leur fixa une
récitation secrète, à voix basse, par le prêtre, pendant la lecture
des psaumes initiaux de ces offices.
D'autre part, on a diffusé, à cette époque, dans les monastères
cénobitiques et dans les églises séculières, l'office de vigile noc-
turne (agrypnie) qui avait à l'origine sa raison d'être à cause des
moines anachorètes, et on a même instauré l'office des petites
vêpres avant le repas, qui la précède dans les milieux cénobiti-
ques et qui, par conséquent, n'avait pas lieu d'exister avant cette
réforme.
La fidélité à la rigueur des sources du monachisme ancien appa-
raît clairement dans les règles du jeûne qui apparaissent au cours
de cette réforme. D'une manière générale, le Typikon sabaïte est
beaucoup plus sévère à cet égard que le Typikon stoudite. Par
exemple, nous avons vu que les règles du jeûne des paramonies
de la Nativité et de la Théophanie, de même que pour le Grand
Vendredi, sont beaucoup plus rigoureuses dans le Typikon sabaïte
que dans le Typikon stoudite, et que ce dernier prévoyait de rompre
le jeûne pascal après la liturgie vespérale du Samedi saint, soit beau-
coup plus tôt que le Typikon sabaïte qui prescrivait de poursuivre le
jeûne jusqu'à une heure très avancée de la nuit et précédant l'aube,
après la liturgie pascale célébrée au milieu de la nuit.
C'est encore dans cet esprit d'un jeûne rigoureux que le Typikon
sabaite n'admettait pas la célébration quotidienne des Présanctifiés
CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉFORME ... 305

pendant la Sainte Quarantaine, mais seulement le mercredi et le


vendredi, conseillant aux plus courageux de jeûner intégralement
pendant toute la première semaine jusqu'au vendredi et de ne
rompre le jeûne que par la communion vespérale à l'eucharistie
lors des Présanctifiés célébrés ce jour-là.
Dans le même esprit, le Typikon néo-sabaïte prévoit de jeûner
les mercredis et vendredis de la période pascale (cinquantaine
pascale), alors que même l'antique tradition hiérosolymitaine,
sans parler de la tradition stoudite, supprimait tout jeûne pendant
cette période.

SYNTHÈSE ENTRE LA TRADITION PALESTINIENNE


ET CONSTANTINOPOLITAINE

Enfin, loin d'opposer l'office cathédral à l'office monastique, une


distinction introduite au xxe siècle par A. Baumstark, à la suite de
Syméon de Thessalonique au XIVe siècle, et reprise ensuite par de
nombreux auteurs!, nous constatons que la réforme du XIVe siècle
opéra une synthèse déterminante entre les usages palestiniens (ou
hiérosolymitains) et les usages constantinopolitains. Le métropo-
lite Cyprien édite un Psautier suivi de type sabaïte, s'adressant,
comme nous l'avons vu, avant tout à un monastère, mais qui
deviendra une règle de prière pour l'ensemble de l'Église, un peu
comme l'hésychasme de son temps, d'origine monastique, mar-
quera l'esprit de toute la société.
Nous avons déjà évoqué le cas de la lecture de l'évangile matu-
tinal et de l'acolouthie des douze trop aires, tous deux d'origine
hiérosolymitaine, qui furent adoptés par le Typikon néo-sabaïte.
Nous avons mentionné également l'hymnographie stoudite, et
plus particulièrement les canons, qui fut adoptée par la tradition
néo-sabaïte. De même, nous avons remarqué que la tradition hié-
rosolymitaine de ne pas communier le jour du Grand Vendredi,
en raison de «l'absence de l'Époux~), s'est finalement imposée à
Constantinople où l'on n'a conservé que la partie vespérale des
Présanctifiés prévus ce jour-là.
Mais la synthèse liturgique du XIVe siècle a également ajouté
à la tradition sabaïte des usages d'origine constantinopolitaine,

1. Tout au long de son traité De la prière sacrée, PO 155, Syméon de Thessalonique


oppose la liturgie (, monastique ,) CllOVaXtlcrj) à celles des églises (, séculières ') ou « cathé-
drales'~ ClCu8oÂ.tlmi). Baumstark Ct 1948) fut le fondateur de la liturgie comparée:
A. BAUMSTARK, Liturgie comparée, Chevetogne, 1953 3 • Parmi des auteurs modernes tels
Matéos, Arranz et Bradshaw, signalons : R. TAFT, The Liturgy of the Hours in East and
~st, Collegeville, 1993 2, p. 32.
306 LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

venant tout droit de la Grande Église. Nous avons noté que les
processions faites à Constantinople et prévues par le Typikon de la
Grande Église le jour de l'Annonciation, le dimanche des Palmes
et le lundi de Pâques, furent reprises par le Typikon stoudite et
adoptées par le Typikon néo-sabai'te.
De même, comme nous l'avons analysé, la fête de la Procession
de la sainte Croix, le 1er août, une fête d'origine constantinopoli-
taine, fut insérée dans le Typikon néo-sabaïte et diffusée partout
dans le monde orthodoxe. TI est possible, comme nous en avons
émis l'hypothèse, que l'introduction de cette fête ait favorisé l'ap-
parition et la diffusion du jeûne de la Dormition.
TI en est de même avec les nombreuses entrées solennelles, pro-
pres aux offices asmatiques de Constantinople et qui trouvèrent
leur place à des moments adaptés de l'office palestinien qui, à
l'origine, par sa sobriété, ne les prévoyait pas: l'entrée solennelle
avec l'évangile après la grande doxologie, à la fin des matines du
Grand Samedi, en est un exemple.
À ce propos, la grande doxologie dans sa rédaction cathédrale
constantinopolitaine, réservée aux jours de fête par le Typikon
néo-sabaïte, se retrouvera aux côtés de la grande doxologie dans
sa rédaction hiérosolymitaine, réservée aux jours ordinaires. En
introduisant la rédaction constantinopolitaine de la grande doxo-
logie dans les horologia palestiniens de rédaction néo-sabaïte,
la réforme du XIVe siècle synthétisa les deux grandes traditions
palestinienne et constantinopolitaine.
Avec ces quelques caractéristiques en tête, nous pouvons main-
tenant analyser les motifs et les conséquences de la réforme du
métropolite Cyprien et tenter d'esquisser sa théologie liturgique.
TROISIÈME PARTIE

UNE ÉVALUATION
DE LA RÉFORME
DU MÉTROPOLITE CYPRIEN
CHAPITRE VII

LA THÉOLOGIE LITURGIQUE
DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Après avoir étudié l'objet de la réforme du métropolite Cyprien,


le moment est venu d'en faire une évaluation. Or, une réforme
liturgique n'est pas fortuite. La liturgie étant un élément plutôt
stable de la tradition ecclésiale, on ne la modifie pas simplement
pour la modifier, par caprice ou par désir de réformer quelque
chose. Si la liturgie évolue, c'est que, tel un glacier ou un iceberg
qui subit des transformations, elle a été influencée par certains
facteurs de la vie ecclésiale.
On ne peut séparer la liturgie, la théologie et la piété. Le lien
intime entre ces trois éléments de la tradition chrétienne a déjà été
rappelé par le père Alexandre Schmemann. Ce dernier, parlant de
la «synthèse byzantine»), affirmait que «la valeur ultime et perma-
nente de l'ordo, une valeur qui détermine toute la voie complexe
de son développement byzantin, est la "règle de foi" de l'Église qui
y est révélée et imprégnée. La théologie du temps et l'ecclésiologie
qui définissent d'une certaine manière l'essence même du culte de
l'Église ont été préservées dans l'ordo malgré les diverses pressions
exercées sur celui-ci, et la révélation de l'enseignement dogmatique
de l'Église dans et par l'ordo doit être considérée comme un pro-
duit propre au christianisme byzantin 1.»)
Par conséquent, pour évaluer la réforme liturgique du métro-
polite Cyprien, nous devons dans un premier temps essayer d'es-
quisser ce qui pouvait être la théologie liturgique de notre métro-
polite liturgiste. Or, comme l'explique le père T. Pott :

1. «The ultimate and permanent value of the Ordo, a value which determines the whoZe
compZex path of its Byzantine development, is the Church's "ruZe of faith" which is revealed
and imprinted within it. The theology of time and eccZesiology which in some way define the
very essence of the Church's cult have been preserved in the Ordo in spite of the various
pressures exerted upon it, and the revelation in and through the Ordo of the Church's
dogmatic teaching must be regarded as a genuine product of Byzantine Christianity»
(A. SCHMEMANN, Introduction ta Liturgical Theology, Crestwood, NY, 19863, p. 219).
310 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Pour discerner la théologie liturgique d'une réforme, il faut en premier


lieu étudier en profondeur son contexte historique. En effet, la théologie
liturgique d'une réforme s'enracine profondément dans un ensemble
de facteurs historiques, théologiques et culturels, caractéristiques d'une
époque, qui constituent un iceberg imprévisiblement grand dont la
réforme même n'est que le petit point visible. Ensuite, il faut tenter de
découvrir et de comprendre le ({ pourquoi » de la réforme en vérifiant
quelle était sa véritable intention: était-ce de restaurer ou d'adapter la
liturgie afin qu'elle produise plus efficacement ses fruits, ou y avait-il
des fins parallèles plus ou moins intentionnelles, voire des motivations
secondaires qui se cachaient derrière la réforme! ?

LES SOURCES DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Pour comprendre la théologie liturgique sous-jacente à la


réforme du métropolite Cyprien, il faut tenir compte de son expé-
rience liturgique et de sa formation théologique. Nous devons
donc nous pencher sur la liturgie à l'Athos et à Constantinople
où a séjourné le métropolite Cyprien avant de devenir métropolite
de Kiev, et sur les auteurs qu'il a pu fréquenter dans ses lectures
lors de sa formation monastique et intellectuelle, et qui auraient
pu déterminer sa théologie liturgique.

La liturgie à l'Athos au XIve siècle.

Nous avons vu dans la première partie de notre étude que le


métropolite Cyprien avait séjourné à l'Athos pendant sa jeunesse.
Nous en étions resté aux deux hypothèses sur les dates de son
séjour: soit de 1356 à 1369, soit de 1364 à 1373. Or, comme
nous l'avons remarqué, la première période correspond à l'exil du
patriarche Philothée de Constantinople, de 1354 à 1364.
D'après certains historiens que nous avions alôrs mentionnés,
Cyprien aurait séjourné à la Grande Laure de saint Athanase,
où Philothée de Constantinople avait lui-même vécu et dont il
fut higoumène entre 1340 et 1347. Comme ·l'explique R. Taft,
c'est durant son higouménat que Philothée aurait composé sa
fameuse OHl-taÇtÇ 'tfiç t€POOtalcovtaç, qui a d'une part imposé le
Typikon néo-sabaïte à l'ensemble du monde orthodoxe et qui
a, d'autre part, canonisé les rubriques athonites concernant la
célébration des vêpres, des matines et de l'agrypnie, ainsi que sa

1. T. POTT, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non


spontanée de la liturgie byzantine, p. 93.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 311

Buhaçtç 'rflç À.Et 'tOupytaç régularisant la célébration de la Divine


Liturgie l .
Nous savons d'autre part que saint Athanase l'Athonite, fonda-
teur de la Grande Laure Cv. 920-1003), avait introduit le Typikon
stoudite en faisant définitivement de sa laure un monastère céno-
bitique après la mort de l'empereur Nicéphore Phokas en 969 2 •
Nous avons souligné à de nombreuses reprises que les Stoudites
avaient effectué une première synthèse entre les usages palestiniens
et constantinopolitains. Cette synthèse fut achevée au XIIe siècle et
gagna ainsi l' Athos 3 •
li existe plusieurs hypothèses concernant les origines de l'Athos
et, par conséquent, les origines de sa liturgie. Selon l'une d'elles,
les moines palestiniens chassés par les Arabes se seraient réfu-
giés à l'Athos, soit de leur propre gré, soit avec 1'aide des empe-
reurs. Cette hypothèse qui a séduit plusieurs historiens, dont
F. W. Has1uck4 et N. Zoudianos 5, est devenue courante, mais elle
ne peut malheureusement être prouvée par les sources. On ne peut
nier que quelques moines originaires de Palestine soient venus s'y
installer, mais, selon D. Papachryssanthou, l'absence de témoi-
gnages ne peut guère confirmer l'hypothèse d'une arrivée massive
de moines palestiniens à l'Athos lors des invasions musulmanes 6 •
Cela aurait été le cas des moines géorgiens qui fondèrent Iviron.
Ces moines apportèrent les usages liturgiques palestiniens mais
firent à leur tour une synthèse avec les pratiques constantinopo1i-
taines. Ce fut le cas, par exemple, du second higoumène d'Iviron,
saint Euthyme Ct 1028), qui traduisit en géorgien le Synaxaire de
la Grande Église et l'Horo1ogion palestinien, annonçant ainsi une
nouvelle synthèse entre Constantinople et ]érusa1em7 •

1. R. TAFT, «Mount Athos: A Late Chapter in the History of the Byzantine Rite*,
DOP 42 (1988), p. 191-192.
2.J. LEROY, «La conversion de saint Athanase l'Athonite à l'idéal cénobitique et
l'influence stoudite ,), Le Millénaire du Mont Athos, l, Chevetogne, 1964, p. 101-120;
R. TAFT, «Mount Athos: A Late Chapter in the History of the Byzantine Rite'),
p. 182-183.
3. M. ARRANz, «Les grandes étapes de la liturgie byzantine: Palestine-Byzance-
Russie. Essai d'aperçu historique'), p. 63 s.
4. F. W. HASLUCK, Christianity and Islam under the Sultans, Oxford, 1929, II,
p. 381.
5. N. ZOUDIANOS, Les Institutions de l'Athos, Strasbourg, 1928, p. 10.
6. D. PAPACHRYSSANTHOU, «Le monachisme athonite : ses origines, son organisa-
tion'), Actes du Prôtaton, Archives de l'Athos VII, Paris, 1975, p. 7-8.
7. R. TAFT, «Mount Athos: A Late Chapter in the History of the Byzantine Rite,),
p. 185; KEKEJ11f,[\3E, HepYCa/lUMCKUU KallOllap VIIB., Tiflis, 1912, p. 38-39, 297-310;
G. PERADSE, «L'activité littéraire des moines géorgiens au monastère d'Iviron, au
Mont Athos,), RHE 23 (1927), p. 530-539; J. LEFORT, «Histoire du monachisme
d'Iviron, des origines jusqu'au milieu du XIe siècle,), dans LEFORT, OIKONOMIDES,
312 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Une autre hypothèse concernant les origines de l'Athos serait


que l'iconoclasme aurait poussé les moines à chercher refuge à
l'Athos. Cette hypothèse a séduit plusieurs savants, dont A. Vasiliev 1
et V. Laurent2 • Cependant, D. Papachryssanthou estime que les
moines de Constantinople et d'Asie Mineure désirant fuir le pre-
mier iconoclasme n'auraient pas pris le chemin de l'Athos mais
plutôt trouvé refuge dans les montagnes qui se trouvaient beau-
coup plus près. Quant au second iconoclasme, il semble que les
moines qui ne s'étaient pas soumis à l'autorité de l'empereur ico-
noclaste auraient préféré adopter une vie vagabonde pour fuir les
persécutions plutôt que d'abandonner leur monastère au profit de
l'Athos 3 •
Comme le souligne D. Papachryssanthou, «le problème du
développement d'un centre monastique est étroitement lié à celui
de l'origine de ceux qui s'y installent4 ). Or, les Vies des saints
témoignent du fait qu'en général les moines viennent du voisinage.
Mais puisque la Chalcidique et la Macédoine du Sud avaient été
abandonnées par leurs habitants avant l'arrivée des Slaves aux VIe-
vne siècles, il est peu probable que les premiers moines de l'Athos
étaient originaires de ces régions voisines. Pour que l'Athos voie
l'arrivée d'une population monastique avant la fin du VlIIe siècle, il
eût fallu que celle-ci vienne de loin et traverse les régions peuplées
de Slaves. C'est pourquoi il serait plus juste de penser que l'Athos
ne commença à se développer qu'après le VlIIe siècle, une fois que
des moines originaires de la Chalcidique repeuplée s'y furent ins-
tallés, que les Slaves eurent été christianisés et que la réputation
de ce centre monastique se fut diffusée dans l'empires.
L'organisation de la vie monastique détermine l'organisation
de la vie liturgique. Saint Jean Climaque Cv. 649) nous dit que
«la vie monastique prend trois formes : soit une vie ascétique
d'éloignement total et de solitude, soit d'hésychaste avec un ou
deux compagnons, soit avec patience et endurance dans un céno-
bium6 ). Or, cette division tripartite devenue «classique) pour le
monachisme oriental fut justement le système adopté par saint
Euthyme le Grand Ct 473) et son disciple saint Sâbas le Sanctifié

PAPACHRYSSANTHOU, MÉTRÉVÉU, Actes d'[viron, I, Archives de l'Athos 14, Paris, 1985,


p. 19 s., 93.
1. A. VASILIEV, Histoire de l'Empire byzantin, I, Paris, 1932, p. 445.
2.Y. LAURENT, <,Recherches sur l'histoire et le cartulaire de Notre-Dame de Pitié à
Stroumitsa»), EO 33 (1934), p. 9, note 1.
3. PAPACHRYSSANTHOU, <,Le monachisme athonite : ses origines, son organisation»),
Actes du Prôtaton, p. 9-12.
4. Ibid., p. 15.
5. Ibid., p. 15-16.
6.JEAN CLIMAQUE, EÉchelle sainte, 1,45, PG 88, 641 D [trad. P. Deseille, SO 24,
Bellefontaine, 1987, p. 41].
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 313

Ct 532) pour l'organisation du monachisme palestinien. Comme


l'explique l'évêque Kallistos CWare), <<ils ont établi un système tri-
partite [... ] décrit [... ] comme le "schéma classique". Le postulant
devait aller d'abord dans le cénobium pour recevoir sa formation
monastique. De là, après quelques années de formation prélimi-
naire, on pouvait l'autoriser à entrer dans une laure: c'était une
forme de voie semi-érémitique, où chaque moine habitait habi-
tuellement dans une grotte séparée, demeurant toutefois proche
l'un de l'autre et se réunissant le samedi et le dimanche pour
un office commun. Quelques moines pouvaient éventuellement
s'éloigner de la laure pour vivre dans une réclusion plus grande,
devenant des ermites au sens le plus complet!.»
Ainsi, les moines palestiniens qui étaient en grande partie des
anachorètes devaient nécessairement avoir une vie liturgique orga-
nisée différemment de celle des moines stoudites de la capitale
impériale qui étaient des cénobites. Nous avons déjà remarqué
dans notre deuxième partie que la différence essentielle entre les
usages stoudites et sabaïtes concernait la psalmodie et la prière
nocturne. Nikon de la Montagne Noire avait déjà noté cette diffé-
rence en remarquant que les Stoudites avaient un canon de psal-
modie plus léger et des offices plus courts, ayant l'habitude de se
retirer en cellule et de se reposer la nuit2 • À l'inverse, à la laure de
Saint-Sabas, alors que les novices menaient une vie cénobitique,
les moines vivaient en anachorètes et ne se réunissaient au catho-
licon que pour le dimanche et les fêtes.
Le genre de vie monastique des kelliotes de la laure de Saint-
Sabas, qui reprenait l'organisation du monachisme de Nitrie, aurait
été transposé à l'Athos 3 • R. Taft estime que les moines palesti-
niens n'ont pas fait qu'adopter au XIe siècle la synthèse stoudite
existante, mais l'ont modifiée afin qu'elle réponde à leurs besoins.
C'est ainsi qu'on restaura à l'Athos l'agrypnie, un office né dans
le cadre de leur vie monastique lavratique, mais qui était prati-
quement tombé en désuétude suite aux invasions en Palestine.

1.• They established a three-tier system, which we have described above as the "classic
pattern". The postulant was espected to go first to the coenobium to receive his monastic
formation. From there he might be allowed, after some years of preliminary training, to
advance to a lavra : this was a form of the semi-eremitic way, usually with the monks living
each in a separate cave, yet remaining in fairly close proximity to one another and meeting
for common worship on Saturdays and Sundays. A few monks might eventually move from
the lavra into yet greater seclusion, becoming hermits in the full sense. (archimandrite
KALLISTOS [Ware], «Separated from an and united to an : The Hermit Life in the
Christian East», Solitude and Communion. Papers on Hermit Ilfe Given at St. David's,
Wales in the Autumn of 1975, ed. by A. M. Allchin, Oxford, s.a., p. 37).
2. R. TAFf, «Mount Athos: A Late Chapter in the History of the Byzantine Rite»,
p.187.
3.Archimandrite KALLISTOS (Ware), «Separated from ail and united to an : The
Hennit Life in the Christian East», p. 30-31,34,38.
314 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Cela expliquerait que les typika néo-sabaïtes du xne siècle, tels


les Sin. gr. 1094, 1095 et 1096, commencent par la description
détaillée de cet office et représentent, selon R. Taft, un retour à
des usages monastiques plus austères!. D'ailleurs, comme nous
l'avons vu dans la deuxième partie de notre étude, c'est dans ce
sens que l'agrypnie représente l'un des éléments importants de la
réforme liturgique du métropolite Cyprien - un élément qui ne
peut que refléter la formation qu'a reçue notre métropolite litur-
giste à l'Athos durant sa jeunesse.
Bien que les monastères athonites fussent cénobitiques, il ne faut
pas oublier que l'Athos était également peuplé d'anachorètes vivant
dans des grottes, et de moines kelliotes vivant par petits groupes.
C'est d'ailleurs ce genre de vie monastique que les moines hésy-
chastes du X1Ve siècle appréciaient tout particulièrement. Nous
savons, par exemple, que le grand maître hésychaste de la première
moitié du X1Ve siècle, saint Grégoire le Sinaïte (1255-1346), avait
préféré mener une vie semi-érémitique dans un kellion, entouré de
quelques disciples qu'il avait choisis, plutôt que de vivre dans un
grand monastère cénobitique2 • Ce fut également le mode de vie
monastique privilégié par saint Grégoire Palamas (1296-1359) lors
de son séjour à la Sainte Montagne. Comme le souligne l'évêque
Kallistos (Ware), <<Tout comme au X1Ve et au XVIIIe siècle, de nos
jours la tradition hésychaste a davantage fleuri à l'Athos dans les
skites que dans les "monastères gouvernants 3 ".)
Très souvent, ces moines kelliotes n'avaient pas de prêtre au
sein de leur groupe et se contentaient de réciter les offices dans
leurs cellules et d'assister à l'agrypnie et à la Divine Liturgie
eucharistique lorsqu'ils se rendaient à l'église du monastère le
plus proche pour le dimanche et les fêtes. C'est en ce sens que,
pour ces moines, le Typikon sabaïte qui avait été forgé dans des
conditions similaires était plus approprié que le Typikon stou-
dite qui, lui, répondait davantage aux exigences d'un monastère
cénobitique urbain4 • De là nous comprenons mieux, en tenant
/
1. R. TAFT, «Mount Athos: A Late Chapter in the History of the Byzantine Rite»),
p.187.
2. CALliSTE, patriarche de Constantinople, Vie de saint Grégoire le Sinaïte, 15. [Édité
par M. IIoMHJIOBCKHH, )[(umue u:»ce 60 C8HmblX oml4a lIawezo rpuzopWl CUllauma. 3aIIHCKH
MCTOPHKO-<PHJIOJIOrnqeCKarO <paKYJIhTeTa MMllepaTOpCKaro C. -IIeTep6yprcKaro
YHHBepCHTeTa, xxxv, Saint-Pétersbourg, 1894-96, p. 33, 1. 7-8.] Voir également
J. Bors, «Grégoire le Sinaïte et l'hésychasme à l'Athos aU}(Ne siècle»), Échos d'Orient 5
(1901-02), p. 65-73.
3. «Alike in the 14th and the 18th centuries, and also in our own day, the Hesychast
tradition on Athos has ftourished in the sketes rather than the "rulling monasteries".
(KALuSTOS \Warel, «The Jesus Prayer in Saint Gregory of Sinai»), Eastern Churches
Review 4.1 ~19721, p. 6).
4.VQIT 1\.. TIElITK.OBCK\\R, «\\3 1'I.CTO'Q'UI. 111'l.TI''Q~eCKRX II'Qeo6'Qa30BaIDl.R B l'yCCKOR
li,e'QKB1'I. B T'QeTheR 'ieTBe'QT1'I. XN CTOlleTIDI.\), CUM60Jl19 ~1993), p. 217.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 315

compte de l'appartenance du métropolite Cyprien au mouvement


hésychaste, l'attention qu'il accorde, dans son Psautier suivi, aux
quelques cas évoqués dans la deuxième partie de notre étude
où les offices et les repas se font en cellule, sans prêtre. C'est ce
qu'avait déjà remarqué N. Uspensky :

Il apparaît que le mode de vie des moines kelliotes à l'Athos avait une
si grande autorité, même après l'apparition à cet endroit de monastères
cénobitiques, en particulier la laure de Saint-Athanase (xe siècle), qui a
reçu de ce dernier sa règle cénobitique - la Diatypose, écrite d'après le
modèle de l'Hypotypose de saint Théodore le Stoudite -, que l'higou-
mène des Grottes de Kiev Dosithée adopta pour les moines russes au
xme siècle l'ordo de la règle de cellule de l'Athos, et qu'un peu plus tard,
le métropolite Cyprien (1390-1406) rédigea son psautier sous l'influence
des usages athonites pour la récitation de l'office des heures en cellule!.

Pour les raisons que nous venons d'évoquer, cette restauration


de la liturgie monastique palestinienne devint populaire à l'Athos,
et se propagea partout dans l'empire, surtout grâce aux moines
hésychastes aux mains desquels fut remise l'administration de
l'Église à partir du XIVe siècle, plus encore après leur victoire aux
synodes de 1347 et de 1351 qui firent de leur doctrine l'enseigne-
ment officiel de toute l'Église. Ce renouveau de la tradition sabaïte
à l'Athos et sa diffusion dans l'empire par les hésychastes nous
permettent également de parler d'une tradition «néo-sabaïte»,
que l'esprit de synthèse de divers usages hiérosolymitains, pales-
tiniens et constantinopolitains distingue d'une tradition purement
sabaïte, antérieure à la destruction des églises et des monastères
de Palestine.

La liturgie à Constantinople au XIve siècle.

Nous avons vu d'autre part que Cyprien avait fait plusieurs


séjours à Constantinople. Tout d'abord, il fut auprès du patriarche
Philothée tout au moins en 1373, faisant fonction de cubiculaire,

1. « HacKoJIbKO aBTOpHTeTHbIM Ha A<pOHe C'IHTaJICJI KeJIJIHOTCKHH YKJIa,IJ; .lKH3HH


MOHaxOB ,IJ;lUKe C rrOJlBJIeHHeM 3,IJ;eCb 06~e.lKHTeJIbHbIX MOHaCTbIpeH, B qaCTHOCTH
JIaBpbI rrperr. A<paHaCHJI (X B.), rrOJIyqHBIIIeH OT rrOCJIe,IJ;Hero 06~e.lKHTeJIbHbIH yCTaB
- ,[(HaTHIIocHC, HaIIHCaHHbIH rro 06pa3I\Y IfrrOTHIIOCHCa rrperrO,IJ;06HOrO <l>eO,IJ;opa
CTY,IJ;HTa, 3TO BH,IJ;HO H3 Toro, qTO KHeBO-rre'lepCKHH HryMeH ,IJ;oCH<peH B XIII BeKe
3aHMCTBOBaJI ,IJ;JIJI pyCCKHX MOHaXOB yCTaB KeJIeHHOrO rrpaBHJIa C A<pOHa, a Hec-
KOJIbKO rr03,IJ;Hee MHTpOrrOJIHT KHrrpHaH (1390-1406) pe,IJ;aKTHpOBaJI rrCaJITHpb rro,IJ;
3HaKOM a<poHcKHx rrOpH,l\KOB KeJIeHHOrO COBepIIIeHHlI CYTO'lHOrO 6orocJIYJKeHHJI» (H.
,IJ;. YcrrEHcKHa, «qHH BceHOIIIHoro 6,IJ;eHHJI Ha IIpaBocJIaBHOM BOCTOKe H B PyCCKOH
I.J;epKBH», BTIS [1978], p. 100).
316 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

d' «üh:t'ioç lWÀOYllPOÇ» ou de « cruYKEÀÀOÇ». Après son ordination


épiscopale, il séjourna de nouveau à Constantinople de 1378 à
1380 pour défendre ses droits après la mort du métropolite
Alexis. Durant son exil de Moscou de 1382 à 1390, il vécut de
nouveau à Constantinople de 1385 à 1389. li demeurait alors au
Stoudion, qui était à cette époque le principal foyer de la colonie
des moines russes de la capitale impériale et dont la bibliothèque
était renommée pour ses nombreux manuscrits grecs et slaves.
Nous avons vu qu'il y recopia EÉchelle de saint Jean Climaque
en 1387 et peut-être son propre Psautier suivi. L'évêque Étienne
de Novgorod, qui visita Constantinople vers 1350, en témoigne:
« On envoyait beaucoup de livres de ce couvent en Russie, des
règlements, des trio dia et autres livres l .»
Bien que le Stoudion ait souffert de l'occupation latine qui
l'avait pratiquement réduit en pâturage, il fut restauré et occupait
au XIVe siècle le premier rang parmi tous les monastères de la
capitale impériale, comme il apparaît dans un acte du patriarche
Nil (1380-1388). Toutefois, il ne survécut pas très longtemps,
car, lors de la prise de Constantinople par les Turcs, en 1453, les
moines se dispersèrent, l'église fut transformée en mosquée et la
vie monastique n'y reprit plus jamais vie 2 •
li ne faut toutefois pas oublier le rôle joué par un autre monas-
tère constantinopolitain. Nous avons déjà remarqué au passage,
dans notre deuxième partie, que l'Évergétis 3 , monastère de tra-
dition stoudite, avait déjà largement adopté des usages sabaïtes
dès le XIIe siècle4, mais avait aussi fait des emprunts au Typikon
de la Grande Église5 • Ainsi, bien avant le XIVe siècle, l'Évergétis fut
à Constantinople un foyer de réformes liturgiques qui influença
à son tour l'Athos et plus particulièrement le monastère de
Chilandar, où saint Sabas le Serbe ne fit que traduire en slavon le
Typikon de l'Évergétis6.
Cette percée de la liturgie hiérosolymitaine à Constantinople
vers le XIIe siècle n'est pas fortuite. En effet, comme le rappelle
N. Uspensky, à cette époque les relations entre /
le patriarcat

1. B. DE KHrrRowo, Itinéraires russes en Orient, Genève, 1889, p. 123-124. Voir


R. JANIN, La Géographie ecclésiastique de l'Empire byzantin, p. 431.
2. R. JANIN, La Géographie ecclésiastique de l'Empire byzantin, p. 432.
3. G. GAUTIER, «Le Typicon de la Théotokos Évergétis», REB 40 (1982), p. 5-101;
R. JANIN, La Géographie ecclésiastique de l'Empire byzantin, p.178-184.
4. M. ARRANz, «Les prières presbytérales des matines byzantines», OCP 38 (1972),
p. 91, note 2.
5. R. JANIN, La géographie ecclésiastique de l'empire byzantin, p. 180.
6. J. THOMAS, «The Evergetis Monastery at Constantinople as a Center of
Ecclesiastical Reform», Eleventh Annual Byzantine Studies Conference. Abstracts of
Papers, Toronto, 1985, p. 18; R. JANIN, La Géographie ecclésiastique de l'Empire byzantin,
p.180.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 317

de Constantinople et celui de Jérusalem étaient très étroites.


Plusieurs patriarches de Jérusalem participèrent à des conciles à
Constantinople, et plusieurs d'entre eux occupèrent même par
la suite la chaire de Constantinople, tels Cosmas (1075-1091)
et Dosithée (1190-1191). C'est là une explication de plus pour
comprendre comment l'hymnographie palestinienne et les usages
et les fêtes d'origine hiérosolymitaine furent adoptés par la liturgie
constantinopolitaine. De plus, la laure de Saint-Sabas, en tant
que centre spirituel pour l'ensemble de la Palestine, avait aussi
un rayonnement bien au-delà de Jérusalem, avec des metochia un
peu partout dans l'empire, même à Rome et à Alexandrie!.
Un événement qui bouleversa radicalement la liturgie à
Constantinople au XIIIe siècle fut l'occupation latine. Comme l'ex-
plique R. Taft, (~l'influence monastique, déjà nette avant la qua-
trième croisade (1204), s'accéléra sous le gouvernement latin
(1204-1261) quand le clergé séculier, démoralisé, fut incapable
de maintenir l'office compliqué de l'asmatikè ak%uthia ou "office
chanté" de la Grande Église, et consentit à la transformation
monastique des offices. Pendant la restauration des Paléologues
(1259-1453), l'Église byzantine demeura une grande force dans
la vie du peuple, surtout durant la renaissance hésychaste partie
du mont Athos 2 .)
C'est pourquoi il n'est pas surprenant de constater que la
liturgie de la Grande Église n'a pas été, elle non plus, étanche à
cette influence palestinienne. Nous avons vu dans la deuxième
partie que l'acolouthie des douze trop aires de la Nativité, d'ori-
gine palestinienne, a atteint la Grande Église de Constantinople
au XIVe siècle, et nous en avons une description dans le Traité
des offices du Pseudo-Kodinos qui, selon J. Verpeaux, a été rédigé
entre 1347 et 13683 •
Mais il est évident que celui qui a le plus marqué le métropolite
Cyprien à Constantinople en matière de liturgie fut le patriarche
Philothée lui-même. Il était alors à l'œuvre dans sa propre réforme
liturgique. Patriarche à deux reprises (de 1353 à 1355 et de 1364
à 1376), c'est durant sa deuxième accession au trône patriarcal,
alors que Cyprien était à ses côtés, qu'il mena sa réforme consis-
tant, d'une part, à intensifier les relations entre les divers diocèses,
de même que les Églises locales, et le patriarcat œcuménique
et, d'autre part, à uniformiser la liturgie. Pour ce faire, il diffusa
sa ouhaçtç 't'fiç tEpOOtalCOvtaç et saouhaçtç 't'fiç À€t'toupytaç,

1. H. p;. YCIIEHCIUIA:, «qHH BCeHOm;HOrO 6,IJ;eHIIH Ha IIpaBoCJIaBHoM BocToKe Il B


PyCCKOH IIepKBII», BT18 (1978), p. 88.
2. R. TAFT, Le Rite byzantin, Liturgie 8, Paris, 1996, p. 95.
3. PSEUDO-KoDINOS, Traité des offices, IV, introduction, texte et traduction de
J. Verpeaux, Le Monde byzantin 1, Paris, 1966, p. 189-220.
318 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

composées à l'Athos, canonisant ainsi le rite de la Grande Laure


de son higouménat et l'imposant partout dans le monde ortho-
doxe. Comme le dit bien R. Taft, « le rite de Philothée est devenu
le rite du monde orthodoxe. Et c'est celui que nous connaissons
aujourd'hui comme le "rite byzantin!".) C'est en étant l'otlcdoç
KOÂ.ÛYTlPOÇ du patriarche Philothée que Cyprien fut sans aucun
doute un proche collaborateur de cette réforme liturgique qui allait
rendre quasi immuable la liturgie byzantine, et qu'il se prépara à
entreprendre, quelques années plus tard, le même type de réforme
en Russie, lors de son deuxième accès au trône métropolitain.

Les sources de la théologie du métropolite Cyprien.

La réforme du métropolite Cyprien n'a sans doute pas été déter-


minée uniquement par l'expérience liturgique qu'il a vécue lors
de sa jeunesse à l'Athos ou lors de ses séjours à Constantinople,
mais aussi par l'enseignement théologique qu'il a dû puiser dans
ses nombreuses lectures, si l'on tient compte du fait que notre
métropolite liturgiste était avant tout un moine érudit.
Nous avons vu dans la première partie que Cyprien avait
traduit EÉchelle de saint Jean Climaque et peut-être les œuvres
du corpus dionysien. Nous avons remarqué que EÉchelle de
saint Jean Climaque avait été une source d'inspiration pour
saint Grégoire le Sinaïte, le maître de Théodose de Trnovo
qui avait à son tour eu comme disciples, dans leur jeunesse,
le patriarche Euthyme de Trnovo et le métropolite Cyprien2 •
D'autre part, nous avons également souligné que les œuvres de
Denys l'Aréopagite avaient été impliquées dans les controverses
hésychastes ayant opposé Barlaam le Calabrais à saint Grégoire
Palamas 3 •
Nous avons remarqué que l'on retrouvait parmi les lec-
tures des moines athonites du XIVe siècle les œuvres ascétiques
et contemplatives de Macaire d'Égypte (t 390), d'Abba Isaïe
(ve siècle), de Marc l'Ascète (milieu du ve sièclé), de Dorothée
(t 620), de Philothée le Sinaïte (XIe siècle), de Nicétas Stéthatos
(XIe siècle), de Pierre Damascène (XIIe siècle), de Grégoire
Palamas (XIVe siècle), mais surtout d'Isaac le Syrien (VIle siècle),
de Syméon le Nouveau Théologien (XIe siècle) et de Grégoire
le Sinaïte (XIVe siècle), dans les œuvres desquels la tendance
contemplative a atteint son plus grand développement.

1. R. TAFT, Le Rite byzantin, p. 103.


2. Archimandrite PLACIDE (Deseille), La Spiritualité orthodoxe et la Philocalie,
p.52-53.
3. Ibid., p. 53; V. LOSSKY, A l'image et à la ressemblance de Dieu, p. 46.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 319

Dans ses œuvres, saint Grégoire le Sinaïte recommande, cite expli-


citement ou s'inspire de différents auteurs parmi lesquels nous pou-
vons mentionner: saint Éphrem le Syrien, saint Grégoire de Nysse,
saint Grégoire le Théologien, le corpus des homélies macariennes,
saint Marc l'Ascète, saint Isaïe de Scété, saints Barsanuphe et Jean
de Gaza, saint Jean Climaque et saint Maxime le Confesseur l .
Ainsi, il est plus que probable que le moine érudit qu'était
Cyprien connaissait l'enseignement de ces Pères ascètes qui
avaient été remis à l'honneur par le renouveau hésychaste des XIIIe-
XIVe siècles. Parmi tout ce corpus, il est important de retenir deux
auteurs qui ont sans aucun doute marqué la théologie du métro-
polite Cyprien. Il s'agit, d'une part, de saint Grégoire Palamas.
Cyprien a dû hériter de son enseignement par l'intermédiaire de
son père spirituel, le patriarche Philothée (Kokkinos), qui avait
été l'hagiographe et l'hymnographe du grand docteur hésychaste.
D'autre part, l'enseignement de saint Grégoire le Sinaïte a dû éga-
lement être transmis à Cyprien par l'intermédiaire de Théodose
de Trnovo et de son disciple, le patriarche Euthyme, à l'école
duquel s'était placé notre métropolite liturgiste dans sa première
jeunesse. C'est en quelque sorte la patrie, particulièrement la ville
natale de notre métropolite Cyprien, qui le rattache à la lignée de
cette autre grande figure de l'hésychasme athonite que fut saint
Grégoire le Sinaïte.
Avec ces auteurs à l'esprit, nous tenterons d'esquisser ce que
fut la théologie liturgique du métropolite Cyprien.

LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MOUVEMENT HÉSYCHASTE

La théologie liturgique du métropolite Cyprien reflète avant tout


celle du mouvement hésychaste. Elle s'inscrit dans un milieu inti-
mement lié à l'Athos. Comme nous l'avons vu, l'école de Trnovo,
rassemblée autour du patriarche Euthyme, que Cyprien avait fré-
quenté dans sa jeunesse, avait été fortement influencée par l'en-
seignement de saint Grégoire le Sinaïte. D'autre part, le cercle
du patriarche Philothée, dont Cyprien avait été le fils spirituel,
fut sans aucun doute marqué par la doctrine des deux Grégoire
- Grégoire le Sinaïte et Grégoire Palamas. Ainsi, la théologie
liturgique du métropolite Cyprien reflète toute une époque - ce
XIVe siècle marqué par l'hésychasme athonite.
Comme le faisait remarquer A. Pentkovskij, l'influence du
mouvement hésychaste sur la liturgie demeure l'aspect le moins

1. Sur les sources littéraires de saint Grégoire le Sinaïte, voir M. VAN PARYS, «La
liturgie du cœur selon saint Grégoire le Sinaïte,), lrénikon 51 (1978), p. 331-336.
320 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

étudié. Toutefois, comme il le dit très bien, « c'est précisément au


XIVe siècle, résultant des réformes liturgiques entreprises sous l'ac-
tion directe des hésychastes, que s'est achevée la formation du
type de rite byzantin qui jusqu'à nos jours régularise la vie litur-
gique de l'Église orthodoxe. Issu de cette réforme, le Typikon hié-
rosolymitain (dans sa version constantinopolitaine cénobitique)
en devint le régulateur, ayant remplacé non seulement les typika
de tradition stoudite, mais aussi l'ordo cathédral et paroissial, des-
cendant du célèbre TYpikon de la Grande Église!.~)
Or, cette réforme qui, selon le père Alexandre Schmemann, « a
été "formulée" par le monachisme» ne semble pas avoir consisté
à choisir entre un typikon monastique et un typikon paroissial,
mais est le résultat d'une synthèse. Comme le souligne cet auteur,
« notre Typikon moderne peut en vérité être appelé monastique
tant par sa forme que par son contenu. Mais ce caractère monas-
tique de l'ordo byzantin ne veut pas dire que le processus d'uni-
fication liturgique fut une simple victoire de la piété liturgique
monastique sur ce que nous avons appelé la piété "séculière".
Pour comprendre la vraie nature de cette unification et le sens de
la synthèse byzantine, il est nécessaire de se rappeler que le fait
fondamental dans sa formulation était le retour du monachisme
dans le monde et son évolution théologique subséquente2.~) Nous
pouvons dire avec cet auteur que l'Église se reconnaît en l'insti-
tution monastique 3 et ne fait pas que subir une « monasticisation~)
de sa liturgie 4 •

1. «O~aKO HMeHHO B XIV CTOJIeTHH B pe3yJIbTaTe JIHTYprHqeCKHX peq,opM, rrpOBe-


.o;eHHhlX rro.o; Herrocpe.o;CTBeHHhIM HCHxaCTCKHM B03.o;eHCTBHeM, 3aBepIIIHJIOCb q,0PMHPO-
BaHHe TaKoro THrra BH3aHTHHCKoro 06pll.o;a, KOTOpblH .0;0 HaCTOllIIIero BpeMeHH orrpe-
.o;eJIl!eT JIHTYprnqeCKyro JKH3Hb I1paBOCJIaBHOH Il;epKBH. B pe3yJIbTaTe 3THX peq,opM
peryJIlITOpOM 60rOCJIY:lKeHHlI CTaJI lfepYCaJIHMCKHH Y CTaB (B KOHCTaHTHHOrrOJIbCKOH
KHHOBHaJIbHOH BepCHH), 3aMeHHBIIIHH He TOJIbKO MOHaCTblpCKHe THrrHKOHbI CTY)J;HHCKOH
Tpa~IIIm, HO H C060pHo-rrpHxo.o;CKoH yCTaB, BOCXO)J;l!IIIHH K 3HaMeHHTOMY THrrHKOHY
BeJIHKOH Il;epKBH» CA. I1EHTKOBCKHH, «lf3 HCTOpHH JIHTYpr~eCKHX rrpe06pa30BaHHH
B PyCCKOH Il;epKBH B TpeTbeH qeTBepTH XIV CTOJIeTHlI», CUM60A 29 D993], p. 217). Voir
M. ARRANZ, (,Les grandes étapes de la liturgie byzantine: Palestfue-Byzance-Russie.
Essai d'aperçu historique)~, p. 67-70.
2. «Also important is the fact that this synthesis was "formulated" by monasticism, that our
modern Typicon can rightly be called monastic both in its form and content. But this monastic
character of the Byzantine Ordo does not mean that the process of liturgical unification was
a simple victory of monastic liturgical piety over what we have called "secular" piety. For an
understanding of the real nature of this unification and the meaning of the Byzantine synthesis,
it is necessary to remember that the jimdamentaZ fact in its formulation was the return of
monasticism into the world, and its subsequent theologicaZ evolution» (A. SCHMEMANN,
Introduction to Liturgical Theology, Crestwood, NY, 1986', p. 202).
3.A. SCHMEMANN, (,Aspects historiques du culte orthodoxe», Irénikon 46 (1973),
p.9-10.
4. L'expression est de T. POTr, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène
de l'évolution non spontanée de la liturgie byzantine, p. 162.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 321

Il nous semble que Cyprien, tout comme Philothée, n'a pas


préféré un typikon monastique à un typikon cathédral, ni le
Typikon monastique sabaïte à un autre typikon monastique
stoudite, mais qu'il voulut entreprendre une réforme consistant
à réorganiser et à uniformiser la liturgie de l'empire et de sa
périphérie slave. En effet, nous avons remarqué tout au long de
la deuxième partie que sur la base du Typikon sabaïte, dont ils
ont peut-être apprécié à la fois la rigueur du canon de prière et
des règles du jeûne et sa simplicité ou sa facilité d'exécution en
cellule par une seule personne, furent ajoutés plusieurs usages
provenant de la liturgie constantinopolitaine - telles la fête. du
1er août ou les processions de la Grande Église. Par consé-
quent, la réforme de Cyprien est nécessairement fondée sur une
théologie.
Notre étude sur la réforme liturgique du métropolite Cyprien
tente d'éclairer le rôle joué par les hésychastes dans la formation
de l'office byzantin. Compte tenu de l'appartenance du métropo-
lite au mouvement hésychaste, comme nous l'avons montré dans
la première partie, nous devons être conscients que la théologie
liturgique sous-jacente à la réforme liturgique de Cyprien n'est
autre que la théologie liturgique du mouvement hésychaste.
Nous savons que la théologie hésychaste fit sien l'antique adage
patristique que saint Irénée de Lyon formule de cette façon :
«Le Verbe de Dieu s'est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de
l'homme, pour que l'homme, en se mélangeant au Verbe et en
recevant ainsi la filiation adoptive, devienne fils de Dieu 1.» Saint
Athanase d'Alexandrie se fait, à son tour, le porte-parole de cette
théologie de la divinisation en résumant ainsi tout son ~traité sur
l'Incarnation: « [Dieu] s'est fait homme pour que nous devenions
Dieu2 .»
Le thème patristique de la déification ou de la divinisation
(9ÉroO"tç) a particulièrement été mis à l'honneur à partir du VIe siècle
dans la tradition dionysienne. En effet, pour l'auteur s'identifiant
comme Denys l'Aréopagite, le salut (crOYtTlpia) m'est possible
que par la déification de ceux qui sont sauvés (geou~Évrov 't(ov
crroço~Évrov). Et la divinisation (9ÉroO"tç), c'est ressembler à Dieu
et nous unir à lui autant que nous le pouvons3 .» Réfléchissant
sur là hiérarchie ecclésiastique comme mode de transmission des

1. IRÉNÉE DE LYON, Contre les hérésies, livre III, 19, 1, SC 211, Paris, 1974, p. 374,
2.ATHANASE D'ALEXANDRIE, De l'incarnation du Uirbe, 53, SC 18, Paris, 1946
p.312,
3, PSEUDO-DENYS L'ARÉOPAGITE, De la hiérarchie ecclésiastique, PG 3, 376 A. Voir
trad, française de M, DE GANDIil.AC, Œuvres complétes du Pseudo-Denys l'Aréopagite,
Paris, 1943, p, 248; texte grec et trad, russe de G, M, PROKHOROV : ,D)WHlfCHH
APEOIIArHT, O/fepKo6HoU uepapxuu. llOC/laHUJ/, Saint-Pétersbourg, 2001, p, 18-21.
322 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

énergies divines, Denys estime que la déification se réalise par les


sacrements de l'Église, dont il s'apprête à faire un commentaire
dans son traité: «Pour nous, c'est au moyen de symboles sensibles
(aicr8Tl'trov cruJl~6À.rov) que nous nous élevons autant que nous le
pouvons jusqu'aux contemplations divinesl.~)
C'est sur ce même plan de la déification ou de la divinisa-
tion (8Érocrtç) que les hésychastes, héritant de cette tradition
dionysienne, placeront, au XIVe siècle, le mystère du salut de
l'homme. Saint Grégoire Palamas se fait l'écho de saint Irénée
et de saint Athanase lorsqu'il affirme : «Étant devenu fils de
l'homme et ayant assumé la mortalité, Il transforma les hommes
en fils de Dieu, les ayant fait communier à la divine immorta-
lité (lCOtvroVOÙç 1totitcraç 'tfiç 8Eiaç à8avacriaç2).~) Ainsi, le salut
se fait dans la perspective dynamique de l'union de l'homme à
Dieu, union qui n'est devenue possible qu'à partir du moment
où Dieu s'est incarné.
Les hésychastes, dont saint Grégoire Palamas se présente
comme le grand docteur, insistent sur le fait que la prière et les
sacrements de l'Église sont les deux moyens dont l'homme dis-
pose pour réaliser son union à Dieu. « Or, on s'unit à lui, nous dit
saint Grégoire Palamas, autant qu'il est possible, en partageant
avec lui des vertus semblables, et en partageant la demande et
l'union dans la prière à Dieu3.~) Au sujet des sacrements, saint
Grégoire Palamas écrit : «Il accorde une rédemption parfaite, non
seulement à la nature qu'il nous emprunta dans une indéfectible
union, mais à chacun de ceux qui croient en lui [... ] Dans ce
but, il institua le divin baptême, il détermina des lois conduisant
au salut, il prêcha à tous la pénitence et communiqua son propre
corps et son propre sang; ce n'est pas simplement la nature, mais
l'hypostase de chaque croyant qui reçoit le baptême, vit suivant
les commandements divins et communie au pain, déifiant et au
calice4.~) De là, il apparaît que pour caractériser la théologie litur-
gique des hésychastes, il convient de se pencher sur la prière et
les sacrements, sans oublier la pratique du jeûne qui, dès l'an-
tique tradition monastique, rythmait l'attente de 13. rencontre de
l'homme avec Dieu.

1. PSEUDO-DENYS L'ARÉOPAGITE, De la hiérarchie ecclésiastique, PG 3, 373 B. Voir


trad. française de M. DE GANDILLAC, Œuvres complètes du Pseudo-Denys l'Aréopagite,
Paris, 1943, p. 247; texte grec et trad. russe de G. M. PROKHOROV: ,ll;HOHHCHH
APEOIIArHT, 0 14ePK061l0Ü uepapxuu. IloC/laIlUfl, Saint-Pétersbourg, 2001, p. 16-17.
2. GRÉGOIRE PALAMAS, Homélie 16, Sur l'économie du Christ, PG 151,204 A. Cité
d'après J. MEYENDORFF, Introduction à l'étude de Grégoire Palamas, p. 225.
3. GRÉGOIRE PALAMAS, Sur la priére et la pureté du cœur, 1, La Philocalie, trad.
J. Touraille, t. II, Paris, 1995, p. 480.
4. GRÉGOIRE PALAMAS, Homélie 5, PG 151, 64 D. Cité d'après J. MEYENDORFF,
Introduction à l'étude de Grégoire Palamas, p. 226.
-------------------------------------------
LA THÉOLOGIE LITlJRGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 323

Prière et déification.

La prière, nous dit Évagre, «est la conversation de l'esprit avec


Dieu l ». Pour saint Jean Climaque, «la prière est, quant à sa nature,
la conversation et l'union de l'homme avec Dieu, et quant à son
efficacité, la conversion du monde et sa réconciliation avec Dieu,
la mère aussi bien que la fille des larmes, la propitiation pour
les péchés, un pont élevé par-dessus les tentations, un rempart
contre les tribulations, l'extinction des guerres, l'œuvre des anges,
la nourriture de tous les êtres incorporels, la joie future, l'activité
qui ne cesse jamais, la source des grâces, le pourvoyeur des cha-
rismes, un progrès invisible, l'aliment de l'âme, l'illumination de
l'esprit2 ••• »
En ce sens, pour les hésychastes, la prière permet à l'esprit
humain de s'unir à l'Esprit Saint et ainsi, elle devient un véhicule
pour la déification. Saint Grégoire Palamas écrit : «Or, on s'unit
à lui, autant qu'il est possible, en partageant avec lui des vertus
semblables, et en partageant la demande et l'union dans la prière
à Dieu3 .»
À la question: «Qu'est-ce que la prière?», saint Grégoire le
Sinaïte répond de plusieurs façons. «Et pourquoi parler de la lon-
gueur, dit-il. La prière est Dieu qui agit en tout chez tous les
hommes 4 .» «Personne ne peut maîtriser son intellect sauf s'il
est maîtrisé par l'Esprit Saints.» «La prière est la manifestation
du baptême» (~01t'tiO"llm:oç q,avÉpromç6). Comme le commente
l'évêque Kallistos (Ware) : «Telle est l'orientation fondamentale
de Grégoire. La prière est Dieu en nous - Dieu qui demeure en
nos cœurs par le baptême; prier est passer du stade de la grâce
baptismale présente en nos cœurs secrètement et inconsciemment
à un point de pleine perception et de conscience lucide lorsque
nous ressentons l'action de la grâce directement et immédiate-
ment?» Cet aspect de l'enseignement de saint Grégoire le Sinaïte,
qui résume un point essentiel de la théologie hésychaste, provient

1. ÉVAGRE (PSEUDO-NIL), De la prière, 3, PG 79, 1168 C-D.


2.JEAN CLIMAQUE, EÉchelle, 28e degré, 1, PG 88, 1129 A-B [trad. P. Deseille, SO
24, Bellefontaine, 1987, p. 290].
3. GRÉGOIRE PALAMAS, Sur la prière et la pureté du cœur, 1, La Philocalie, trad.
J. Touraille, t. II, Paris, 1995, p. 480.
4. GRÉGOIRE LE SINAÏTE, chap. 113, PG 150, 1280 A.
5. GRÉGOIRE LE SINAÏTE, Quomodo oporteat sedere hesychastam, 3, PG 150, 1332A.
6. GRÉGOIRE LE SINAÏTE, Chap. 113, PG 150, 1277 D.
7. «Such is Gregory's basic orientation. Prayer is God within us - God who dwells in
our hearts through Baptism; to pray is ta pass from the stage of baptismal grace present in
our hearts secretly and unconsciously, to the point of full perception and conscious awereness
when we feel the activity of grace directly and immediately» (KALuSTOS [Ware], «The
Jesus Prayer in Saint Gregory of Sinai », p. 9).
324 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

en fait de l'enseignement de Marc le Moine (début du v e siècle),


un auteur bien connu des hésychastes 1•

Universalité de la prière.

Ainsi, la prière est l'aspect fondamental de la vie chrétienne


dont la vie monastique n'est qu'un paradigme. Pour saint Grégoire
Palamas, le commandement de saint Paul - « Priez sans cesse»
(1 Th 5, 17) - doit être appliqué à tous les chrétiens sans aucune
exception. Par conséquent, la prière s'adresse à la fois aux moines
et aux gens vivant dans le monde. La Philocalie a retenu en ce
sens un passage de la Vie de saint Grégoire Palamas, rédigée par le
patriarche Philothée (Kokkinos) :

Le patriarche de Constantinople Philothée écrit, dans la Vie de saint


Grégoire de Thessalonique, que celui-ci avait un ami bien-aimé nommé
Job, un homme très simple, très vertueux. Un jour que le saint était en
conversation avec lui, il lui parla de la prière, il lui dit que tout chré-
tien devait simplement toujours s'efforcer de prier, et prier continuelle-
ment, comme l'ordonne l'apôtre Paul à tous: (,Priez continuellement'), et
comme le dit le prophète David, bien qu'il fût roi et eût tous les soucis
de son royaume: ('J'ai toujours le Seigneur devant moi,), c'est-à-dire:
par la prière, dans mon intelligence, je vois toujours le Seigneur devant
moi. De même, Grégoire le Théologien enseigne à tous les chrétiens qu'il
nous faut, dans la prière, nous souvenir du nom de Dieu plus souvent
que nous prenons notre respiration. Le saint disait donc ces choses, et
d'autres encore, à son ami Job. Et il ajoutait qu'il nous fallait obéir aux
recommandations des saints, et que non seulement nous devions prier
nous-mêmes continuellement, mais que nous devions aussi enseigner les
autres, les moines et les laïcs, les sages et les ignorants, les hommes comme les
femmes et les enfants, et les exhorter à prier toujours. La chose parut nou-
velle au vieillard Job, et il se mit à contester. li dit au saint que la prière
continuelle est le seul fait des ascètes et des moines qui vivent en dehors
du monde et de ses distractions, mais qu'il est impossible que prient
toujours ceux qui sont dans le monde et ont tant de soucis et de tra-
vaux. Le saint lui donna encore d'autres témoignages, d'autres preuves
irréfutables. [... ] Mais que disent les hommes qui vivent dans le monde?

1. (, Car la grâce a été donnée secrètement à ceux qui ont été baptisés dans le
Christ; elle se montre efficace en proportion de la pratique des commandements et
ne cesse de nous secourir en secret [... ] elle agit au cours de la lecture de l'Écriture
en assistant la pensée et en enseignant à l'intellect la vérité sur lui-même à travers son
activité naturelle" (MARc LE MOINE, Traités spirituels et théologiques, II, 56, trad. C.-A.
Zirnheld, SO 41, Bellefontaine, 1985, p. 47). À ce sujet, voir KALLISTOS (Ware), «The
Sacrament of Baptism and the Ascetic Life in the Teaching of Mark the Monk ", Studia
Patristica X (Texte und Untersuchungen 107, Berlin, 1970), p. 445-447.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 325

«Nous sommes au milieu de tant d'affaires et de soucis. Comment est-il


possible de prier continuellement?» Je leur réponds: «Dieu ne nous a rien
demandé d'impossible. il ne nous a ordonné que ce qu'il était en notre
pouvoir de faire. Tout homme qui, en s'en donnant la peine, cherche le
salut de son âme est capable de parvenir à la prière continuelle. Car si la
chose était impossible, elle le serait pour tous les laïcs, et il ne se trouve-
rait pas tant d'hommes dans le monde pour y parvenir!.»

On peut se demander à ce sujet si les propos attribués à Palamas


par Philothée sont bien les siens. En effet, dans ses Triades, Palamas
affirme que «celui qui veut passionnément vivre avec Dieu fuit la
vie sujette à condamnation. li choisit la vie monacale, étrangère
au mariage 2 • ,) Le discours que Philothée prête à Palamas ressem-
blerait à la position défendue par des cercles hésychastes pour
laïcs, regroupés autour de Gérasime le Sinaïte, Isidore Boucheiras
ou Nicolas Cabasilas. Mais on pourrait toutefois expliquer cette
différence soit par une évolution de la pensée de Palamas dans
son passage de la vie monastique à la charge épiscopale, soit par
le caractère apologétique des Triades où Palamas voulait se faire
l'avocat des moines athonites.
Néanmoins, dans la perspective évoquée par le patriarche
Philothée dans la Vie de saint Grégoire Palamas, les hésychastes ne
conçoivent pas deux canons ou règles de prière, deux typika litur-
giques - un séculier et l'autre monastique -, mais un seul, car la
prière est universelle, elle fait partie de la vie de tous les chrétiens,
laïcs ou moines.

Prière et psalmodie.

La tradition évagrienne qui a marqué le monachisme oriental


distingue trois degrés de la vie spirituelle qui reflètent trois degrés
de la prière : la praktikè, qui reflète le début du combat spirituel,
combat qui se focalise sur les passions, mène à la physikè, un degré
davantage spirituel où l'homme combat ses pensées. Le troisième
degré est la théologia, un degré de connaissance véritable de Dieu
qui se conjugue avec la prière pure. Marc le Moine, dont les écrits
étaient appréciés par les hésychastes athonites, hérite en quelque
sorte de cette subdivision lorsqu'il classe les chrétiens en trois
groupes : les commençants, les progressants et les parfaits : «Pour

1. De la Vie de saint Grégoire, archevêque de Thessalonique, dans La Philocalie, trad.


J. Touraille, t. il, Paris, 1995, p. 831-832. Voir PHILOTHÉE DE CONSTANTINOPLE,
Encomium S. Grigorii Thessalonicensis, PG 151, 573 B-574 B.
2. GRÉGOIRE PALAMAS, Triades pour la défense des saints hésychastes, l, 3, 46, trad.
J. Meyendorff, Paris, 1973 2, p. 210.
326 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

les débutants et les progressants et les parfaits, l'activité vertueuse


c'est la prière, la suppression des pensées, la patience dans les
événementsl. )
Or nous retrouvons cette approche chez le maître de l'hé-
sychasme athonite. Aux chapitres 99 et 101 de ses sentences
recueillies dans la Philocalie, saint Grégoire le Sinaïte décrit le
programme de la journée d'un kelliote :

Celui qui cherche l'hésychia doit avoir pour fondement d'abord ces
cinq vertus sur lesquelles l'œuvre s'édifie: le silence, la tempérance, la
veille, l'humilité et la patience; ensuite les trois œuvres qui plaisent à
Dieu : la psalmodie, la prière, la lecture, et aussi le travail manuel si
l'on est faible. Car les vertus que nous venons de dire, non seulement
contiennent toutes les autres, mais elles s'unissent les unes aux autres.
À la première heure, dès l'aurore, se consacrer au souvenir de Dieu par la
prière et l'hésychia du cœur, prier continuellement; à la deuxième heure,
lire; à la troisième, psalmodier; à la quatrième, prier; à la cinquième,
lire; à la sixième, psalmodier; à la septième, prier; à la huitième, lire; à
la neuvième, psalmodier; à la dixième, manger; à la onzième, dormir si
c'est nécessaire; à la douzième, psalmodier les vêpres. Bien passer ainsi
le stade du jour plaît à Dieu. [... ] li est aisé, si l'on veut, de passer aussi
le temps de la nuit. Écoute. La veille nocturne a trois modes : celui des
novices, celui des moyens et celui des parfaits. Le premier mode est
celui-ci : dormir la moitié de la nuit et veiller l'autre moitié; ou bien
depuis le soir jusqu'à minuit, ou bien de minuit jusqu'à l'aube. Le deu-
xième mode est : veiller depuis le soir une heure ou deux, puis dormir
quatre heures, et se lever pour les matines, psalmodier et prier six heures
jusqu'à l'aube. Psalmodier alors la première heure et s'adonner à l'hésy-
chia comme il a été dit. Et, ou bien observer durant les heures la règle
du travail, ou bien garder ferme la continuité de la prière, qui donne son
état à qui mène cette vie. Le troisième mode est la station debout et la
veille toute la nuit2 •

Ce programme se répartit donc entre les heures du jour et de


la nuit, et est adapté à trois catégories de moines/: les débutants,
les intermédiaires et les parfaits. Le programme du jour consiste,
pour les trois catégories de moines, en quatre unités de trois
heures chacune. La première heure est consacrée à (i la mémoire
de Dieu) - probablement à la prière de Jésus. La deuxième

1. MARc LE M01NE, Traités spirituels et théologiques, m, ll, PG 65,9'01 B, trad.


C.-A.. Zimheld, sa 41, Be\lefontaine, 19'05, Il. '03.
1. ChaIlltIeS 99 et lGl, PG 15Q, un C-U'B A.. Traduction anglaise dans
~. 'Klill\..C\\mÇ)'.j"'v,,'t et G. K \:\. "~l\., Writings :(Tom the Philoka1ia on Prayer of the ,
P7
\:\i!.o.n,'\J:,'I:I.œ.It.'!., \.~"::,\., "\1. "::,\-"::,~:\.'-~~'l.I:.~~'I:I. 'tt~'I:I.I;,~\.'i>1t. ~It. \.1:~\).'ta\\\e ~~'I:I." La
'\.~~'O.~'\,,\.~~":,,\>.~~t>,.:>,~":,. .1 ,,'
- LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 327

heure est consacrée à la lecture. La troisième heure à la psal-


modie. Puis on reprend par alternance ces trois types d'acti-
vités pour les quatrième, cinquième et sixième heures, puis pour
les septième, huitième et neuvième heures. Comme l'explique
l'évêque Kallistos (Ware), la psalmodie des troisième, sixième et
neuvième heures doit correspondre à la récitation en cellule des
heures - tierce, sexte et none!. Puis le repas est pris à la dixième
heure. À la onzième heure, le moine peut se reposer avant de
réciter les vêpres à la douzième heure. Pour la nuit, les débutants
consacrent la moitié à la prière et l'autre moitié au sommeil.
Les moines intermédiaires restent éveillés les deux premières
heures en prière. Comme le suggère l'évêque Kallistos, c'est à
ce moment que doit être récité l'apodeipnon avec le canon pres-
crit2 • Puis ils dorment quatre heures et se lèvent de nouveau
pour passer les six heures suivantes en prière : ils récitent les
matines, lisent le Psautier, récitent la prière de Jésus, puis la pre-
mière heure. Les moines parfaits passent quant à eux la nuit
entière en prière.
li apparaît ici une distinction entre la prière et la psalmodie qui
peut être identifiée avec les offices des heures. Cette distinction
n'est pas nouvelle, puisque nous la retrouvons dans la tradition
patristique. Saint Jean Climaque les distingue en effet lorsqu'il
écrit : « Consacre la plus grande partie de la nuit à la prière et
une moindre partie à la psalmodie. Et durant le jour, arrange-toi
de nouveau selon ta force 3 .» Commentant ce passage de EÉchelle,
saint Grégoire le Sinaïte explique que la psalmodie est une pre-
mière étape qui nous mène vers la prière pure : «Psalmodier
beaucoup est le propre des moines actifs, qui font ainsi pour com-
prendre ce qu'ils chantent et pour se donner de la peine. Mais les
hésychastes se plaisent à prier Dieu dans leur cœur, en se déta-
chant des pensées 4 .» li ne faut pas en conclure, comme le suggère
le père Jean Meyendorff, que Grégoire le Sinaïte aurait appartenu
à une tendance individualiste du mouvement hésychaste niant la
prière communautaires. Saint Grégoire le Sinaïte se fait ici l'écho
de saint Jean Climaque en considérant la prière comme supé-
rieure à la psalmodie : « Celui qui vit en communauté ne peut

1. KALuSTOS (Ware), «The Jesus Prayer in Saint Gregory of Sinaï,), p. 10, note
29.
2. Ibid., p. 10, note 30.
3.JEAN CLIMAQUE, EÉchelle sainte, 27' degré, 92, PG 88,1116 C [trad. P. Deseille,
SO 24, Bellefontaine, 1987, p. 287].
4. GRÉGOIRE LE SINAÏTE, «Comment chacun doit prien, La Philocalie, trad .
. ,Touraille, t. II, Paris, 1995, p. 82l.
. :.MEYENDORFF, Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, Paris, 2002 2,
328 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

tirer autant de profit de la psalmodie que de la prière; car le bruit


confus des voix distrait de l'attention aux psaumes!.»
Saint Jean Climaque ne nie cependant aucunement l'impor-
tance de la psalmodie qu'il considère comme un moyen d'arriver
à un degré supérieur de prière allant de pair avec l'impassibilité.
li écrit: «Un excellent cheval, à mesure qu'il avance, s'échauffe et
s'anime de plus en plus dans sa course. Par sa course, j'entends la
psalmodie; et par le cheval, un intellect courageux. li flaire de loin
la bataille (voir lb 39, 25), il se tient prêt et demeure entièrement
invincible2 .» li apparaît ainsi que la psalmodie n'est qu'un aspect
extérieur de la prière, un moyen qui permet d'en arriver à la prière
pure. C'est en ce sens que la psalmodie convient donc à tous: «li
est possible de prier parmi un grand nombre [de frères]. Beaucoup
s'accommodent bien de le faire avec un seul compagnon animé
du même esprit. La prière solitaire ne convient qu'à un très petit
nombre3 .»
De là, il est intéressant de rappeler la règle de la laure de Saint-
Sabas qui exigeait des novices d'apprendre le Psautier et de
connaître le fameux canon de psalmodie par cœur avant de quitter
le cénobium pour vivre en anachorète. La Vie de saint Sabas nous
apprend que les novices apprenaient cette règle par cœur, de même
que le Psautier, lors de leur entrée au monastère: «Lorsqu'il rece-
vait des séculiers désireux de faire leur renoncement, il ne les lais-
sait pas habiter au Castellion ni dans une cellule à la laure, mais il
avait fondé un petit cénobium au nord de la laure et y avait installé
des hommes endurcis à l'ascèse et vigilants; il y faisait habiter les
renonçants jusqu'à ce qu'ils eussent appris le Psautier et l'office canonial
et qu'ils eussent été formés à la discipline monastique4 • » Cette tra-
dition du monachisme palestinien, peut-être transplantée à l'Athos
avec l'émigration des moines de Palestine à la Sainte Montagne,
s'est retrouvée dans les milieux hésychastes.
Le passage de saint Grégoire le Sinaïte que nous avons cité plus
haut et qui s'avère très important pour l'organisation de la journée
du moine hésychaste, nous permet de faire plusieurs remarques
à la lumière de ce que nous avons étudié dans la -deuxième partie
de notre étude.
Tout d'abord, il est remarquable que le programme défini par
saint Grégoire le Sinaïte nous rappelle les origines de l'Horologion.

l.JEAN CLIMAQUE, EÉchelle sainte, 4 e degré, 100, PG 88, 713 D [trad. P. Deseille,
SO 24, Bellefontaine, 1987, p. 82].
2. JEAN CLIMAQUE, EÉchelle sainte, 28e degré, 50, PG 88,1137 A-B [trad. P. Deseille,
SO 24, Bellefontaine, 1987, p. 297].
3.JEAN CLIMAQUE, EÉchelle sainte, 18e degré, 5, PG 88,937 D [Trad. P. Deseille,
SO 24, Bellefontaine, 1987, p. 186].
4. CYRIlLE DE SCYTHOPOUS, Vie de saint Sabas, 28 [113,9], trad. A.-J. FESTUGIÈRE,
Les Moines d'Orient, III/2, Paris, 1962, p. 39.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 329

En effet, nous avons vu dans la deuxième partie de notre étude


que les différents offices des heures de la journée, constituant notre
Horologion, correspondaient en fait au canon de prière des diffé-
rentes heures du jour et de la nuit. Tenant compte de l'héritage que
Cyprien a pu recevoir du Sinaïte par l'intermédiaire d'Euthyme de
Trnovo, nous comprenons mieux encore la raison de la rédaction
de son Psautier suivi pour la réalisation de sa réforme.
À ce point de notre étude, nous pouvons remarquer que les
hésychastes du XIVe siècle se rattachaient à l'ancienne tradi-
tion monastique de Palestine, où le fameux canon de psalmodie
(ICOVroV 'tfiç 'l'0J.,llffiOtOç) était à l'origine de l'Horologion palesti-
nien, comme nous l'avons déjà constaté à plusieurs reprises. Ainsi,
l'office divin rythmait la prière continuelle des moines aux dif-
férentes heures du jour et de la nuit, et dans la perception des
hésychastes, il devait aussi rythmer, dans la mesure du possible, la
prière de tous les chrétiens. En ce sens, nous comprenons mieux
pourquoi le métropolite Cyprien entreprit sa réforme en éditant
un Psautier suivi, composé d'un psautier et d'un horologion, reflé-
tant les usages néo-sabbaïtes et pouvant servir à la fois aux kel-
liotes, aux moines cénobites et aux églises paroissiales.
Deuxièmement, les diverses études portant sur l'hésychasme
se sont trop souvent concentrées sur la pratique de la prière de
Jésus, oubliant l'importance que les hésychastes accordaient aux
offices des heures. Comme le remarque Kallistos (Ware), «il est
significatif que l'ermite ne fût pas dispensé de réciter l'office c

divin! ~).
D'ailleurs, il est intéressant de rapprocher cet enseignement de
saint Grégoire le Sinaïte de la lettre du patriarche Euthyme au
moine Cyprien que nous avons évoquée dans la première partie.
Euthyme insiste également sur les offices liturgiques qui selon lui
ont une importance capitale. li écrit à ce sujet: «Ne néglige aucu-
nement le chant matinal et les heures, les vêpres de même que les
complies, et avec ces derniers, l'office de minuit, car ils sont des
armes puissantes de l'âme contre les ennemis2.~)
D'autres hésychastes comme Calliste et Ignace Xanthopouloi
témoignent d'une tradition commune à celle de saint Grégoire le

1. «ft is significant that the hermit is not exempted from reciting the Divine Office»
(archimandrite KALLISTos [Ware], «Separated from all and united to all: The Hermit
Life in the Christian East», p. 43).
2. «YTpeHHee rr!;HHe H '1aCbI, Be'lepHIO JKe H naBe'lepHH~y, a K'b CHM'b H
non:yrrOllllIH~, HHKaKO JKe He Hepa,JUf : ciH 60 CYTb OPYJKÏJl ,IO'IllII Ha BparH Kpt.TIKa»
dans ApXHMaH,lU)HT JIEOHH,IJ; (KaBeJIHH), «KHnpHlIH ,IJ;O BOCllIeCTBHJI Ha MOCKOBCKYIO
MHTpOnOJIHIO», gl/Ol/pP, 1867, KH. II, '1. 1, p. 15-16; = « EV9HMia naTpiapxa Tp'bHO-
BbCKaro nocJIaHie K'b KvnpiaHoy MHHXOy, JKHBoym;eMOY B'b cBerlH ropt. a90Hbc~t.H»,
IlpHJIoJKeHHe K CTaTbe B. KA'lAHOBCKOro, «K Bonpocy 0 JIHTeparypHoH ,IJ;eJITeJIbHOCTH
60JIrapCKaro naTpHapxa EB<f!HMHJI», xrI, 1882, '1. II, p. 246.
330 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Sinaïte. Ils insistent également, tout comme le patriarche Euthyme,


sur la récitation, en cellule, de l'office de minuit, de l'hexapsalme,
du Psaume 50, du canon de l'orthros, de l'hymnographie, de la
doxologie, de la première heure et des autres offices des heures,
en plus de la prière de Jésus. C'est ce que nous lisons dans leur
Centurie spirituelle, également incluse dans La Philocalie :

Au coucher du soleil, après avoir appelé à l'aide le Seigneur infiniment


bon et tout-puissant, assieds-toi sur ton lit dans ta cellule calme et obs-
cure. Recueille ton intelligence hors de son tournoiement et de son errance
habituels au-dehors. Pousse-la doucement au-dedans du cœur par l'ins-
piration. Et retiens en lui la prière : «Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu,
aie pitié de moi. f) [ ... ] Puis lève-toi, chante avec attention les petites com-
plies. De nouveau assieds-toi, retiens la prière autant que tu le peux, dans
la pureté, dans le calme. [... ] Dors cinq ou six heures. Ou plutôt, durant
le temps de la nuit, aie toi-même le sommeil qui te revient. Quand tu
te réveilles, glorifie Dieu, appelle-le aussitôt à ton secours, et commence
par la première œuvre : prier dans le cœur calmement, en toute pureté,
pendant une heure. C'est là le moment où l'intelligence est naturellement
la plus sereine, la plus paisible. [... ] Après cela, chante l'office de minuit.
Si à ce moment-là tu ne peux pas offrir les prémices, parce que tu n'es
pas assez ferme pour atteindre une hésychia plus parfaite, ou pour toute
autre cause, comme cela arrive souvent d'habitude à ceux qui font leurs
premiers pas dans une telle œuvre, et même aussi, plus rarement, à ceux
qui sont déjà plus avancés mais n'ont pas encore atteint la perfection (car
les parfaits peuvent tout dans le Christ qui leur donne la force), donc
lève-toi, sors du sommeil, éveille-toi autant que tu le peux, et commence
par chanter l'office de minuit en toute attention et toute conscience. Puis
assieds-toi, prie dans ton cœur, pur, recueilli, comme on l'a déjà montré,
pendant une heure, et davantage si le Dispensateur des biens te l'accorde.
[... ] Puis lève-toi, chante en toute conscience l'hexapsalme, le Psaume
50 et le canon à ton gré. Assieds-toi de nouveau, demeure éveillé, prie
en toute pureté pendant une demi-heure. Et lève-toi pour chanter les
hymnes, la doxologie habituelle, la première heure, et apJès cela le congé.
[... ] Depuis l'aube jusqu'au repas, autant que tu le peux, consacre-toi
tout entier à Dieu tout entier. Dans ton cœur brisé prie-le de venir en
aide à ta faiblesse, à ta négligence, à ton irrésolution. Passe ton temps
dans la prière du cœur, à la prière pure, recueillie, et dans la lecture, lisant
debout les passages du Psautier, des épîtres et du saint évangile qui te
sont prescrits, te consacrant de même aux prières à notre Seigneur Jésus-
Christ et à la Mère de Dieu, très pure, puis assis, aux autres lectures des
Écritures saintes. Après cela, chante en toute intelligence les heures habi-
tuelles, qu'ont très sagement ordonnées les nourriciers de l'Église. Après
avoir soupé, comme doit faire celui qui combat, ainsi que l'ordonne le
glorieux Paul quand il dit que celui qui mène la lutte doit se tempérer en
tout (voir 1 Co 9, 25), assieds-toi et fais une lecture, conséquente, surtout
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 331

des écrits des Pères consacrés à la sobriété et à la vigilance. Dors ensuite


une heure, si les jours sont longs. Puis lève-toi, travaille un peu des mains,
en gardant la prière. Après cela, prie, comme on l'a montré, lis, médite,
veille à t'abaisser, à te considérer au-dessous de tous les hommes. [... ]
Assieds-toi, prie dans la pureté et le recueillement, jusqu'à ce que vienne
le temps du soir. Chante alors de même les vêpres ordinaires, et retire-
toi!.

Cet enseignement de saint Grégoire le Sinaïte, comme celui


de Calliste et Ignace Xanthopouloi et de la lettre d'Euthyme à
Cyprien, nous montre bien que les hésychastes ne se concen-
traient pas uniquement sur la prière de Jésus, mais tenaient en
très haute estime l'office divin des heures. La prière personnelle
est intimement liée à la prière de l'Église. C'est ainsi que les dif-
férents offices des heures, lorsqu'ils ne peuvent être célébrés à
l'église, entrent dans la règle de prière personnelle.
Ainsi, il est clair que les hésychastes pratiquaient la réclusion et
méditaient l'Écriture pour s'affermir dans la prière et arriver à une
connaissance personnelle et expérimentale de Dieu. Or, c'est pré-
cisément ce qu'Euthyme recommande dans sa lettre à Cyprien, à
savoir d'éviter de sortir fréquemment de sa cellule et de lire sou-
vent la divine Écriture pour en récolter le miel de la vision de Dieu2 •
Dans son Psautier suivi, à la suite de l'apodeipnon, Cyprien atteste
cet enseignement reçu et souligne qu'en plus de l'office divin, des
heures canoniales, il convient au moine de lire dans sa cellule le
Psautier, d'étudier l'Écriture et de se consacrer à la prière: <<Et nous
nous retirons dans nos cellules en silence, en priant Dieu. Et ceux qui
veulent [peuvent] prier debout en cellule ou en groupe le Psautier,
ou agenouillés, ou étudier les lectures3 .»

Veille et prière nocturne.

Comme l'atteste la règle de saint Grégoire le Sinaïte, les hésy-


chastes chérissaient la prière pendant la nuit. En effet, pour

1. CALLISTE ET IGNACE XANrnOPOULOI, Centurie spirituelle, 25-27, 37, La PhiÙJcalie,


t. II, Paris, 1995, p. 572-575, 584-585.
2. « qacTaro HCXO)!{,ll;eHÏH on KeJIJIiH xpaHH ceoe, KPOMt H}':lKHhlX"b BHH'b. ( ... ) rrpo-
'iHTaH 'iaCTO B'b BOJKeCTBeHHhlX'b IIHcaHiHx'b, ,lU'XOBHhlH on HHX'b CJIaraH Me.!l'b H .!ItHHiro
ycep.!lHO rrO.!lBIITHIJlHCH rrpHJItJKam, Ha BH.I\tHÏH BOCTe'ieIIIH BhlCOTY H B'b He3axO.I\HMhlH
rrOCTHrHeIIIH MpaK'b, H BorOBH rrpHOJIHJKHIIIHCH, H 'iHCTO TOMY oect.n:yemH» dans
ApxHMaH.I\pHT JIEOHH.I\ (KaBeJIHH), « KHrrpHHH .!IO BocmeCTBHH Ha MOCKOBCKyro MHTpO-
rrOJIHIO»,'lHOH)1,P, 1867, KR. II, 'i. 1, p. 18.
3. «H WXOAH'" 17> ~fAidl 'IOdl '7> Idi~hl"'7> "'A7>~dHi6ê ",iïdllllndl IiOV. H €AH~4 ~TO IOAii 17>
njiofwfooiHiH MT h ad"'7> HAH 1 rp4Hf ,0uoliH "f4ATHP HAH 17> GOAofiHOnpofiGAOHfHiH HAH a7> nO~~fHiH
~TfHiu (KHrrPHAH, llCa/lmUpb C 60CC/lea06aHUeM, f. 187 v.).
332 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Grégoire le Sinaïte, le moine parfait est celui qui ne dort pas la


nuit mais la passe entièrement debout en prière. La prière noc-
turne est une constante dans toute l'ancienne tradition monastique
dont nous avons plusieurs exemples. Les moines considéraient en
effet la nuit comme un moment propice à la prière, où l'homme
peut s'entretenir seul à seul avec Dieu.
Par exemple, nous lisons dans l'Histoire des moines d'Égypte que
saint Antoine réveillait son disciple Paul le Simple au milieu de la
nuit pour passer le reste de la nuit en prière, et ce jusqu'à la neu-
vième heure du jour!. Jean Cassien atteste cette antique pratique
dans le monachisme égyptien, qu'il rattache à la fameuse règle des
douze psaumes qui fut révélée par un ange à Pachôme, règle dont
nous avons abondamment parlé dans la deuxième partie. Cassien
écrit:

Dans toute l'Égypte et la Thébaïde, comme nous l'avons dit, on garde


pour les célébrations tant du soir que de la nuit, le nombre de douze
psaumes, de telle façon que suivent deux lectures, l'une de l'Ancien et
l'autre du Nouveau Testament. Ce chiffre, anciennement établi, dure
depuis tant de siècles jusqu'à nous dans tous les monastères de ces pro-
vinces, parce que l'on affirme que les anciens ne l'ont pas détermirté par
une irtvention humairte, mais qu'il a été transmis du ciel à nos pères par le
mirtistère d'un ange2 •

Abba Isaïe, qui a lui-même inspiré saint Jean Climaque et que


saint Grégoire le Sinaïte portait en haute estime, chérissait la
prière nocturne et c'est pourquoi il encourage ses moines de cette
façon:

Fais ta vigile avec dignité, et ne prive pas ton corps de ce dont il a


besoin, mais accomplis tes offices avec mesure et science de peur que,
par l'excès de veille, l'âme ne s'obscurcisse et n'abandonne le stade; mais
la moitié de la nuit suffit pour les offices et l'autre pour le repos du
corps; passe deux heures avant de te coucher à prier et à psalmodier,
puis repose-toi, et lorsque le Seigneur te réveillera, fais ton office avec
zèle3 .

Il est intéressant de noter au passage la source ayant inspiré


le programme de saint Grégoire le Sinaïte qui conseille aux

1. Historia monachoTum in Aegypto, 24, éd. A.-J. Festugière, Subsidia hagiographica


34, Bruxelles, 1961, p. 131-133.
2.}EAN CASSIEN, Institutions cénobitiques, livre II, 4, trad. J.-C. Guy, SC 109, Paris,
1965, p. 64-65.
3.ABBA ISAÏE, Recueil ascétique, logos 4 (= Xl, 45-47), trad. de Solesmes, SO 7,
Bellefontaine, 1970, p. 61.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 333

débutants de consacrer une moitié de la nuit en prière et l'autre


au sommeil. Cet enseignement s'inspire de celui de saint Jean
Climaque qui, dans un passage cité plus haut, écrivait :

Consacre la plus grande partie de la nuit à la prière et une moindre


partie à la psalmodie. Et durant le jour, arrange-toi de nouveau selon ta
force!.

Nous comprenons maintenant l'attachement des hésychastes


pour la prière nocturne et, plus particulièrement, pour . l'office
d'agrypnie, de vigile nocturne, et pourquoi la diffusion de cet
office purement monastique à toute l'Église fut un point fonda-
mental de la réforme liturgique de cette époque. Ainsi, l'office
qui à l'origine était né, comme nous le savons, pour des raisons
pratiques - l'impossibilité des moines ermites de faire des allers-
retours de l'église du monastère à leurs kellia - fut imposé aux
monastères cénobitiques et aux églises séculières pour une raison
de théologie liturgique: l'attachement à la prière nocturne. C'est
ainsi que cet office nocturne communautaire avait, à l'école de la
prière, une fonction pédagogique de premier rang: l'entraînement
à une prière nocturne personnelle. Nous savons en effet que, même
aujourd'hui, les moines athonites consacrent à la prière hésychaste
en cellule une grande partie de la nuit qu'ils considèrent comme
leur «agrypnie personnelle».

La pratique du jeûne.

En plus de l'importance accordée à la prière et au canon de


psalmodie, les hésychastes chérissaient particulièrement la pra-
tique du jeûne. Nous avons remarqué à plusieurs reprises, dans la
deuxième partie de notre étude, l'importance que le métropolite
Cyprien donnait, dans son Psautier suivi, aux rubriques concer-
nant le jeûne. Nous avons à cette occasion souligné les aspects de
la réforme liturgique concernant les règles du jeûne.
Pour saint Grégoire le Sinaïte, le jeûne était considéré comme
l'un des piliers, avec la prière et la veille, de la vie du moine, et par
conséquent de tout chrétien :

Il nous faut parler également de la nourriture. Une livre de pain


suffit à quiconque mène le combat pour l'hésychia. Boire deux verres
de vin pur et trois d'eau, se nourrir des aliments qu'on a, non de ceux
que la nature recherche en son désir, mais user sobrement de tout

l.JEAN CUMAQUE, EÉchelie sainte, 27e degré, 92,PG 88,1116 C [trad. P. Deseille,
SO 24, Bellefontaine, 1987, p. 287].
334 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

ce que donne la Providence. C'est une science excellente et concise


pour ceux qui veulent mener rigoureusement leur vie : observer les trois
œuvres qui contiennent les vertus - je veux dire le jeûne, la veille et la
prière - et qui assurent à tous le soutien le plus solide!.

Dans cette perspective, le jeûne est un soutien à la prière. Saint


Jean Climaque avait déjà remarqué que ce n'est que par le jeûne
que le chrétien peut progresser vers la prière pure : «L'intellect de
celui qui jeûne prie avec sobriété; mais l'esprit de l'intempérant
est rempli d'images impures 2 .» Pour ce dernier,

le jeûne est une violence faite à la nature, l'amputation de ce qui flatte


le goût, l'extinction du feu de la luxure, le retranchement des pensées
mauvaises, la délivrance des rêves, la pureté de la prière, la lumière de
l'âme, la garde de l'intellect, l'affranchissement de l'endurcissement, la
porte de la componction, l'humble gémissement, la contrition joyeuse,
l'assoupissement de la loquacité, la source de l'hésychia, le gardien de
l'obéissance, l'allégement du sommeil, la santé du corps, le protecteur
de l'impassibilité, la rémission des péchés, la porte du paradis et de ses
délices 3 •

En consacrant moins de temps à la nourriture, le jeûne permet


d'en consacrer davantage à la psalmodie et aux métanies. Saint
Théodore le Stoudite, le père de la réforme stoudite, avait déjà
souligné à plusieurs reprises dans ses Petites catéchèses ce lien qui
unit l'esprit du jeûne à la prière liturgique: «Pour vous comp-
tent aussi le changement de nourriture, l'augmentation des génu-
flexions, l'accroissement des psalmodies selon la tradition modelée
à l'origine4 .» Saint Théodore exhorte ses moines à l'occasion de
la Sainte Quarantaine à brûler d'ardeur pour la psalmodie et les
métanies : «De plus, soyons prêts aux psalmodies à leur heure,
pleins d'ardeur pour le chant des hymnes, attentifs aux lec-
tures, faisons des génuflexions à chaque heure, selon la mesure
donnéeS.» Or, nous avons vu dans la deuxième partie que l'office
sabaïte prévoyait de lire deux fois le Psautier entièrement pour les
jours de la Sainte Quarantaine et prescrivait la lecture des heures

1. GRÉGOIRE LE SINAÏTE, «Sentences diverses», chap. 102, PG 150, 1273 A,


La Philocalie, trad. J. Touraille, t. II, Paris, 1995, p. 395.
2.}EAN CLIMAQUE, EÉchelle sainte, 14' degré, 21, PG 88, 868 A [trad. P. Deseille,
SO 24, Bellefontaine, 1987, p. 154].
3. JEAN CLIMAQUE, EÉchelle sainte, 14' degré, 37, PG 88, 869 A-B [trad. P. Deseille,
SO 24, Bellefontaine, 1987, p. 156].
4. THÉODORE STOUDITE, Petites catéchèses, 53, «Sur le jeûne », trad. A.-M. Mohr, Les
Pères dans la foi 52, Paris, 1993, p. 128.
5.THÉODORE STOUDITE, Petites catéchèses, 54, «Sur le jeûne et la suppression des
passions», trad. A.-M. Mohr, Les Pères dans la foi 52, Paris, 1993, p. 131.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 335

intermédiaires et du grand apodeipnon - ce qui atteste bien une


augmentation de la psalmodie en ces jours de jeûne. De plus,
l'office d'Alléluia prévu pour les jours de jeûne par le Typikon
sabaïte prévoit de nombreuses métanies, dont celles accompa-
gnant la prière de saint Éphrem à la fin de chaque office, ce qui
reflète bien le lien intime entre le jeûne et la liturgie attesté par
l'antique tradition monastique déjà évoquée par saint Théodore
le Stoudite.
Pour les hésychastes, le jeûne est aussi à considérer dans la
perspective existentielle de la divinisation. Marc le Moine, un
auteur bien apprécié des hésychastes, laissait déjà entrevoir cette
voie: « Grâce à elle [i.e. la véritable connaissance de Dieu], nous
devons jeûner, veiller et nous mortifier afin que notre cœur et nos
entrailles soient ouverts pour l'accueillir et ne la rejettent pas!.»
Quant à Diadoque de Photicé, il évoquait lui aussi, bien avant les
hésychastes, le jeûne comme instrument qui nous mène vers le
but de notre vie qui est la divinisation :

Le jeûne comporte de la fierté à l'égard de lui-même mais non devant


Dieu; car c'est une sorte d'instrument qui dresse à la tempérance ceux
qui le veulent. Les athlètes de la dévotion ne doivent donc pas en tirer
vanité; qu'ils attendent seulement, dans la foi envers Dieu, d'avoir atteint
le but que nous nous proposons <en jeûnant>2 .

C'est ainsi que nous nous apercevons que la pratique du jeûne,


dès l'antique tradition monastique, rythmait l'attente de la ren-
contre de l'homme avec Dieu. Le patriarche Euthyme de Trnovo,
dans sa lettre au moine Cyprien, écrit :

L'hésychia et le jeûne sont deux conjoints spirituels, une échelle


menant aux cieux, la voie qui conduit sans égarement vers Dieu, deux
chaînes bien unies; l'hésychia et le jeûne sont deux intercesseurs de
la pureté, les maîtres de la chasteté, une arme invincible contre les
ennemis, une colonne inébranlable face à l'ennemi; ceux qui de tout
cœur demeurent en eux font couler de bons flots : ils marchent dans la
voie royale, écrasent les passions, élèvent l'âme vers les hauteurs, sont
admirables devant tous, accessibles à tous, beaux aux yeux de tous, car
ayant aimé le Seigneur et le Roi de tous de toute leur âme, ils sont bien
aimés de Lui 3•

1. MARc LE MOINE, Traités spirituels et théolog'iques, vm, 4, PG 65, 1108 D, trad.


c.-A. Zirnheld, SO 41, Bellefontaine, 1985, p. 184.
2. DIADOQUE DE PHOTICÉ, Œuvres spirituelles, «Cent chapitres gnostiques», 47, trad.
E. Des Places, SC 5 ter, Paris, 1966, p. 112-113.
3. «6e3MJThBie H rrOCTb, ,IO'XOBHaa C'brrpoyra, mCTBHD;a Ha He6eca B'b3BO,!l;em;H,
~, rrO}'Tb Herrpt.rr'bCTHbIH K'b Bory, BepHra 6JIarOC'b'IeTaHHaa, 6e3MJThBie H rrocTh, 'IHCTOn
336 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Dans son Psautier suivi, comme nous l'avons étudié dans la


deuxième partie, le métropolite Cyprien prévoit deux repas par
jour les jours de fête, et un seul repas, après la neuvième heure,
les jours de jeûne. Cette pratique reflétant l'ancienne tradition
des moines de Palestine, attestée, comme nous l'avons rappelé,
par saint Jean Cassien, avait été reprise par les hésychastes
athonites.
il est intéressant, à ce propos, de citer une rubrique du Psautier
suivi, concernant le jeûne des Apôtres :

li convient de savoir que durant ce. saint jeûne, lorsqu'il y a «Alléluia»,


le lundi, le mercredi ou le vendredi, nous jeûnons et mangeons une
fois par jour, c'est-à-dire après le congé des vêpres. Lorsqu'il y a «Le
Seigneur est Dieu», nous mangeons deux fois par jour. Néanmoins,
tout est au discernement du supérieur. Nous avons reçu pendant toute
l'année, mangeant à table, de ne boire de l'eau qu'après le congé des
vêpres. S'il y a un besoin quelconque, nous en buvons avec la connais-
sance du supérieur!.

On peut comparer cette rubrique, reflétant la plus pure tradi-


tion monastique sabaïte, à la pratique observée par les hésychastes
au )(Ne siècle. Or, les hésychastes Calliste et Ignace Xanthopouloi,
dans leur Centurie spirituelle reprise dans La Philocalie, décrivent
la règle du jeûne des moines hésychastes d'une manière qui s'ac-
corde pleinement avec les rubriques du Psautier suivi du métro-
polite Cyprien :

Trois jours de la semaine - le lundi, le mercredi et le vendredi -,


prends toujours ton repas à la neuvième heure, ne mange qu'une fois
par jour. Nourris-toi de six onces de pain, d'aliments secs, avec tempé-
rance. Prends ce qui te suffit. Et bois trois ou quatre verres d'eau, à ton
gré. Suis ce que prescrit le 6g e canon des saints Apôtres : « Si un évêque,
un prêtre, un diacre, un lecteur, un chantre ne jeûne pas durant le saint
carême de Pâques, ou le mercredi, ou le vendredi, sant que l'empêche
une faiblesse du corps, qu'il soit déposé. Si un laïc fait de même, qu'il
soit excommunié.» Les divins Pères ont par la suite ajouté au canon le
lundi. Les deux autres jours - le mardi et le jeudi -, mange deux fois.

XO;l\aTaa, ~tn:oMYAPia o)"lliTeJIie, Ha Bparhl opo}')Kie HeII060pHMO, CTJI'bIIb KpbIIbKb OT'b


JI~a Bpaxda IDKe cia oycP'b;l\HO rrpOXO;l\ern;eH, ;l\06po TeqeHie TeKOYTb : ~apbCKbIHM'b
III'bCTBOyroTh IIOYTeMb, CTpaCTH OYTOJIiaIOTb, AYIIIoy K'b BhlCOrt B'biiepaIOTb, B'bC-BMb
6hlBalOTb ;l\HBHH, B'bC-BMb IIpHCTOyrrHH, B'bC-BM'b B'b OqilO KpaCHH, B'bC-BXb 60 ~apa H
rOCIIO;l\a on B'bCee B'b3JI106JIbiiie AYIIIe, B'b3JII06JIieHHH COYTb on Hiero» (<< EV9HMia
IIaTpiapxa Tp'bHOBbCKaro IIOCJIaHie K'b KvrrpiaHoy MHHXoy, :lKHBoyrn;eMoy B'b cBertH
rop-B a90HbC~-BH», IIpHJIoxeHHe K CTaTbe B. KA'lAHOBCKOro, «K BOIIpOCy 0 JIHTepa-
TYPHOH ;l\eJlTeJIbHOCTH 60JIrapCKaro IIaTpHapxa EB<pHMHJI», Xl!, 1882, q. II, p. 240).
1. KHIIPHAH, IIca.tImupb C 60CCJleiJo6aHueM, f. 291.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 337

[... ] Mais si, pendant ces deux jours, tu préfères t'en tenir à un seul
repas, tu feras très bien. Car les prémices, la mère, la racine, la source, le
fondement de tous les biens sont le jeûne et la tempérance. [... ] Tous les
samedis - sauf le Samedi saint -, il faut prendre deux repas, comme on
l'a indiqué pour le mardi et le jeudi, de par la définition des saints canons,
et parce que tu dois célébrer toutes les vigiles nocturnes des dimanches
de toute l'année, saufle dimanche qui précède le grand Carême!. Mais si
viennent s'ajouter les vigiles des grandes fêtes du Seigneur ou de l'un des
saints majeurs, tu célèbres alors ces vigiles, et laisses celles du dimanche.
Quoi qu'il en soit, les samedis, mange deux fois. TI est bon de toujours
te faire violence pour l'œuvre de la vigile nocturne. C'est pourquoi, s'il
arrive que des vigiles aient lieu au milieu de la semaine, tu as tout à fait
avantage à célébrer aussi celles du dimanche : tu en auras fort vite un
grand gain2 •

Nos deux auteurs en viennent à citer un passage de saint Isaac


le Syrien où ce dernier ne fait pas que souligner les bienfaits du
jeûne quant à la tempérance, mais insiste aussi sur le lien entre la
prière, la veille et le jeûne - trois actions qui, selon saint Grégoire
le Sinaïte, soutiennent toutes les vertus :

Saint Isaac dit aussi: «La peine de la veille et du jeûne est le commen-
cement de tout combat contre le péché et la convoitise, surtout pour celui
qui affronte le péché qui est à l'intérieur de nous. Ceux qui s'efforcent de
mener ce combat invisible y voient le signe qu'ils haïssent le péché et sa
convoitise. Presque toutes les attaques des passions commencent à dimi-
nuer dès lors qu'on jeûne. Et après le jeûne, la veille de la nuit contribue
à l'ascèse. Celui qui, toute sa vie durant, aime unir en lui le jeûne et la
veille, celui-là est l'ami de la chasteté. De même que la satiété du ventre
et la mollesse du sommeil, qui enflamment le désir de la prostitution,
sont le commencement de tous les maux, de même la sainte voie divine,
le fondement de toute vertu, est le jeûne uni à la veille et à la vigilance
dans la liturgie de Dieu3 .»

Ignace et Calliste concluent ainsi leurs chapitres sur le jeûne :

De même, tous les dimanches, comme les samedis, mange deux fois
dans la journée. [... ] Sur la nourriture que tu dois prendre, comme sur
la vie que tu dois mener durant le saint Carême, nous pensons qu'il est

1. Comparer avec KHITPHAH, IIcaJlmupb C 6ocC/leào6aHUe.M, f. 267-267 v.


2. CALLISTE ET IGNACE XANTHOPOULOI, Centurie spirituelle, 32-33, La Philocalie,
t. II, Paris, 1995, p. 580-581.
3. Citation de ISAAC LE SYRIEN, Œuvres spirituelles, Discours 85, trad. J. Touraille,
Paris, 1981, p. 423-424, dans CALUSTE ET IGNACE XANTHOPOULOI, Centurie spirituelle,
33, La Philocalie, trad. J. Touraille, t. II, Paris, 1995, p. 581.
338 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

superflu de te donner une explication détaillée et particulière. Car tu dois


faire pendant le saint Carême, sauf les samedis et dimanches, ce qui t'est
ordonné les jours où tu manges à la neuvième heure. Si tu le peux, sois
encore plus rigoureux et plus sobre durant le saint et grand Carême, car
il offre la dîme de l'année tout entière et donne, par le jour du Seigneur,
le jour divin et lumineux de la Résurrection, les récompenses des com-
bats à ceux qui parviennent à vaincre dans le Christ Jésus l .

Comme nous le constatons, le jeûne entre, d'une part, dans la


théologie liturgique des hésychastes dans la perspective salvifique
de la divinisation. Dans notre progression vers Dieu, le jeûne nous
permet en effet de vaincre les passions et nous sert de support à
la prière. Mais, d'autre part, les hésychastes héritent, quant à la
pratique du jeûne, de toute la tradition des Pères ascètes.

Jeûne et eucharistie.

Ainsi, le jeûne, dans la théologie liturgique des hésychastes,


n'est pas qu'un pur exercice ascétique. TI y a un lien très fort qui
l'unit à l'eucharistie. C'est ce que nous avions déjà noté dans la
deuxième partie. En effet, nous avions vu pour l'office de la table
son lien avec la célébration eucharistique. C'est par l'eucharistie
qu'est rompu le jeûne et ce n'est qu'après l'eucharistie que les
moines se rendent au réfectoire. Nous avions alors remarqué que
les jours de jeûne strict, comme par exemple pendant la Sainte
Quarantaine, l'eucharistie est reportée après la neuvième heure,
après les vêpres, pour justement prolonger le temps de jeûne
pendant la journée. Ce n'est qu'après la célébration vespérale de
l'eucharistie qu'est pris l'unique repas de la journée. Comme le
dit très bien le père Alexandre Schrnemann :

Si nous essayons de déchiffrer ces prescriptions prosaïques du typicon


qui, à première vue, ne sont que des vestiges anachroniques d'une règle
monastique désuète, nous trouvons toute une théologie du jeûne et de
son rapport avec l'Eucharistie. Derrière ces réglementations paraissant
souvent tout extérieures, futiles, presque absurdes - et elles le sont vrai-
ment, détachées de leur sens spirituel - apparaît une compréhension
profonde de la vie humaine en rapport avec le Christ et l'Église2 •

C'est ce même auteur, qui a peut-être le plus réfléchi sur le


sens de la liturgie byzantine au xxe siècle et défendu dans l'Église

1. CALLISTE ET IGNACE XANrHOPOULOI, Centurie spirituelle, 34-35, La Philocalie,


trad. J. Touraille, t. II, Paris, 1995, p. 583.
2. A. SCHMEMANN, «Jeûne et liturgie», lrénikon 27 (1954), p. 293.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 339

orthodoxe le principe de la théologie liturgique, qui a établi une


distinction importante entre le «jeûne ascèse,) et le «jeûne eucha-
ristique l ,). Comme il l'écrit et l'explique mieux que tout autre:

Le jeûne acquiert un sens (, christocentrique» : il n'a de sens que par


rapport au Messie; le jeûne est le signe de l'absence de l'Époux, il est
impossible en sa présence [voir Mc 2, 18; Lc 5, 33-35; Mt 9, 14-16].
[... ] Or, dans la typologie biblique, ce Royaume se présente toujours
comme un banquet, comme une rupture du jeûne (ls 26, 6). [... ] D'un
côté l'Église elle-même est le commencement, l'anticipation «eschatolo-
gique» du Royaume, l'Époux y est présent et sa présence est manifestée
dans la fraction du pain - KÀâmç 't0'Ü ap'to'U - dans le banquet eucharis-
tique, qui est l'anticipation sacramentelle du banquet messianique. [... ]
Cette idée essentielle nous donne la dé des irldications (, techniques» du
typicon, les remplit d'une signification spirituelle. Elles découlent de ce
principe que l'Eucharistie n'est pas compatible avec le jeûne, ne peut
et ne doit jamais être célébrée un jour de jeûne. Étant le sacrement de
la présence de l'Époux, l'Eucharistie est la fête par excellence de la
présence de l'Époux, l'Eucharistie est la fête par excellence de l'Église,
l'Église en tant que fête, et par conséquence mesure et contenu de toutes
les fêtes 2 •

Cela nous amène à parler d'une différence importante dans la


pratique du jeûne et de l'eucharistie entre la tradition stoudite et
la tradition sabaïte. Nous avons noté, dans la deuxième partie de
notre étude, qu'un aspect important de la réforme du métropo-
lite Cyprien fut d'annuler la célébration des Présanctifiés le jour
du Grand Vendredi. La rubrique du Psautier suivi qui justifie ce
changement survenu en Russie à la fin du XIVe siècle fait précisé-
ment appel à cette théologie de «l'absence de l'Époux,) :

[... ] nous avons reçu en Palestine de ne pas célébrer en ce saint jour


de la Crucifixion de Présanctifiés, ni de célébrer de liturgie, ni de mettre
la table, ni de manger [... ]. Nous avons airlsi reçu des saints apôtres de
ne pas manger le Grand Vendredi, car telle est la parole du Seigneur qui
dit aux pharisiens : (, Car lorsque l'Époux leur sera enlevé, alors ils jeûne-
ront en ce jour,) (Lc 5, 35). C'est ce que les divins apôtres ont reçu, et
l'ayant trouvé, les canons apostoliques [nous] l'ont transmis 3 •

Dans le même sens, nous savons qu'un autre aspect de la réforme


du métropolite Cyprien fut de réduire la célébration quotidienne
des Présanctifiés pendant les semaines de la Sainte Quarantaine,

1. Ibid., p. 298.
2. Ibid., p. 294-295.
3. KHIIPHAH, IIca/lmupb C 6ocCileiJo6aHUeM, f. 281 v.
340 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

comme il était prévu par le lYPikon de la Grande Église et le Typikon


stoudite, aux seuls jours du mercredi et du vendredi, conformé-
ment à la tradition sabaïte. Or, dans l'esprit des typika, pour la
première semaine de Carême, le jeûne intégral ne peut être inter-
rompu qu'après la première célébration des Présanctifiés.
Dès 1'époque de saint Théodore le Stoudite, certains criti-
quaient la pratique des moines stoudites qui prenaient un peu de
nourriture chaque jour pendant la première semaine de Carême, à
l'issue des Présanctifiés, une pratique considérée comme contraire
à l'ancienne tradition monastique. Saint Théodore défendait alors
la pratique, moins rigoureuse, de son monastère de la manière
suivante:

Quelqu'un dira peut-être que le fait de manger chaque jour empêche


d'atteindre la perfection. Mais nullement; sinon, le Seigneur ne nous aurait
pas ordonné de demander chaque jour notre pain quotidien; le prophète
Élie ne serait pas nourri chaque jour au désert par un corbeau; Paul qui,
avant le divin Antoine, a habité le désert, ne recevrait pas de Dieu son pain
journalier; et le grand Antoine lui-même n'aurait pas décidé que pour son
jeûne dépassant la journée et la semaine, il lui fallait manger chaque jour
un peu moins que ses besoins. À mon avis, en voici la raison : quand notre
corps fatigué par toute la journée est affaibli dans ses sensations comme
un poulain de course et qu'il a besoin de repos, nécessairement le créa-
teur de la nature a prévu qu'il soit conservé par la nourriture quotidienne,
pour qu'il soit pour la suite un bon coureur et non pas affaibli et ineffi-
cace; c'est ce qu'éprouvent ceux qui prolongent [le jeûne] deux jours et
même trois et cinq jours. En effet, ils ne peuvent pas faire des génuflexions
fréquentes, ni faire entendre une voix claire dans les psalmodies, ni rem-
plir aisément les autres diaconies, à moins d'avoir une force surhumaine.
Donc, aujourd'hui, le fait de manger chaque jour ne constitue pas une
imperfection, mais cela fait tout à fait partie de la perfection, à condition
que la nourriture soit donnée selon la limite et la règle!.

En adoptant le Typikon sabaïte, les hésychastes t~ntent non seu-


lement de revenir à 1'ancienne tradition monastique, mais aussi de
renouveler la théologie sous-jacente à la pratique du jeûne eucha-
ristique. Le père Alexandre Schmemann a souligné ce principe
théologique :

C'est celui selon lequel toute célébration eucharistique doit nécessai-


rement être précédée d'une période de jeûne. L'attente doit précéder la
venue et la présence. De ce point de vue, ce que nous appelons jeûne

1. THÉODORE STOUDlTE, Petites catéchèses, 55, (' Sur la parure de notre maison incor-
ruptible par l'acquisition des vertus », trad. A.-M. Mohr, Les Pères dans la foi 52,
Paris, 1993, p. 132-133.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 341

eucharistique ne consiste pas simplement à ne prendre aucune nourri-


ture avant la communion, il est fait avant tout d'attente et de préparation
spirituelles. C'est un jeûne dans le sens évangélique que nous venons
d'indiquer: attente de la Parousie sacramentelle!.

C'est dans ce sens que la théologie liturgique des hésychastes


nous permet de comprendre la réforme liturgique du métropo-
lite Cyprien concernant la célébration des Présanctifiés pendant
la première semaine de la Sainte Quarantaine. Cette théologie est
présente dans la rubrique suivante du Psautier suivi qu'il convient
de citer ici :

Que l'on sache qu'en cette première semaine de jeûne, nous avons
, reçu de célébrer deux fois les Présanctifiés, le mercredi et le vendredi.
C'est alors que nous entrons au réfectoire et mangeons des aliments
crus et buvons du jus avec du miel. Ceux qui le peuvent jeûnent jusqu'au
vendredz"2.

Cette théologie de l'attente est aussi présente dans la réforme que


Cyprien a introduite pour le Grand Samedi et explique les diver-
gences entre les pratiques stoudite et sabaïte. En effet, nous avons
vu que, contrairement à la pratique stoudite, le Psautier suivi ne
prévoit pas de repas après la liturgie vespérale de la vigile pascale.
Alors que l'accomplissement de la célébration de l'eucharistie rend
légitime un repas pris au réfectoire chez les Stoudites, la tradition
sabaïte, dont notre métropolite liturgiste se fait le porte-parole,
ne prévoit que de manger quelques figues et boire un peu de
vin dans l'église. Cette dernière pratique se justifie précisément
par cet aspect du jeûne qu'est l'attente: bien que l'on ait célébré
l'eucharistie, celle-ci n'est qu'un prélude à la liturgie pascale célé-
brée pendant la nuit. C'est pourquoi les moines demeurent tous à
l'église dans l'attente de la nuit pascale, en écoutant la lecture des
Actes des Apôtres. Ce n'est qu'après avoir communié pendant la
Divine Liturgie de cette nuit pascale qu'ils pourront rompre le
jeûne en prenant un repas au réfectoire.
Cet aspect de 1'attente nous amène à réfléchir également sur
le lien qui existe entre l'office d'agrypnie, propre à la tradi-
tion sabaïte, et la célébration eucharistique. Le père Alexandre
Schmemann avait déjà noté ce rapport dans 1'article que nous
venons de citer :

L'Église ancienne faisait précéder la célébration dominicale de la


liturgie d'une vigile nocturne qui précisément était (théoriquement, elle

1. A. SCHMEMANN, ('Jeûne et liturgie>}, p. 296.


2. KmIPHAH, IIcQJlmup& C BocClleàoBaHUeM, f. 274.
342 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

l'est encore dans l'Église orientale) le service de préparation et d'attente


(vigilia) dans le sens complet et chrétien de ce mot. Voilà pourquoi l'Eu-
charistie du dimanche et des grandes fêtes est prescrite très tôt le matin :
elle est le couronnement et l'achèvement du service de l'attente, de l'of-
fice du jeûne l .

L'évêque Kallistos (Ware) se demandait à quelle fréquence


les hésychastes recevaient l'eucharistie, compte tenu du fait que
saint Grégoire le Sinaïte y fait rarement référence. À ce propos, il
faut se rappeler que, vivant en réclusion, l'hésychaste ne retour-
nait au monastère le plus proche que pour les dimanches et les
fêtes, et recevait à cette occasion la communion. Les hésychastes
qui vivaient très loin d'un monastère devaient attendre le passage
d'un prêtre 2 •
À notre connaissance, l'ancienne pratique à la laure de Saint-
Sabas, avant le VIle siècle, était de célébrer la Divine Liturgie deux
fois par semaine, le samedi et le dimanche 3 • Ce n'est que plus
tard, à Constantinople, que la pratique de la célébration quoti-
dienne de la Divine Liturgie se serait généralisée, comme 1'atteste
déjà au IXe siècle le 1jJpïkon de la Grande Église4.
li est intéressant de noter que la fameuse lettre d'Euthyme au
moine Cyprien, mentionnée plus haut, évoque le problème de la
communion eucharistique en 1'absence de prêtre chez les moines
kelliotes. L'une des questions soulevées dans cette lettre concerne
1'ancienne pratique palestinienne de garder une réserve eucha-
ristique dans les kellia des moines non ordonnés et la possibilité
de s'administrer la communion. Euthyme écrit à ce sujet que le
moine en bonne santé est censé se rendre au catholicon pour la
Divine Liturgie et y communier: « C'est pourquoi il ne convient
pas à quelqu'un de négliger les saintes synaxes, étant sain et
fort d'esprit, pas même le prêtre de Dieu, mais d'y venir avec
humilité et de se délecter des redoutables et immortels mystères
divins 5 .» Si quelqu'un ayant péché se trouve sous une épitimie, il
ne peut s'administrer lui-même la communion qu'en cas de grave

1. A. SCHMEMANN, ('Jeûne et liturgie,), p. 296.


2. KALuSTOS (Ware), (,The Jesus Prayer in Saint Gregory of Sinaï,), p. Il.
3.J PATRICH, Sabas, Leader of Palestinian Monasticism. A Comparative Study in
Eastern Monasticism, Fourth to Seventh Centuries, p. 252-253.
4. Voir à ce sujet notre article: J GETCHA, (, La fréquence de la célébration et de la
communion eucharistique dans la tradition byzantine'), La Maison-Dieu 242 (2005),
p.69-82.
5. «Cero pa,n;H Hep;OCTOHTb KOMOY Hepa,n;HTH CBeTaa c'b6paHia, ~t..rroy co~oy H
Kpt.nKoy pa30YMOY, HIDKe CBer:u;eHHHKa 6o:lKia, H'b C'b Bbca~t.Mb cMT.peHieMb npHXO-
P;HTH H HaCJIa:JKp;aTHCe CTpaIIIHbIHX H 6eC'bMpbTHhlX 60:lKbCTBbHbIXb TaHHb» (<<Ev6HMia
rraTpiapxa TP'bHOBbCKaro rrocJIlœie K'b KvrrpiaHoy MHHXoy, :lKHBO~eMoy B'b cBerlH ropt.
a60HbC~H», IIpHJIo:lKeHHe K CTaTbe B. KA'iAHOBCKOro, «K Borrpocy 0 JIHTepaTYPHOH
p;eHTeJIbHOCTH 6oJIrapcKaro rraTpHapxa EBQJHMHJI», XCl, 1882, '1. II, p. 244).
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 343

maladie: « S'il y a un quelconque besoin, étant au désert et sous


une épithymie, à cause d'un quelconque péché, et qu'il se voit
affligé d'une maladie très grave, s'étant rapproché des portes de la
mort, et qu'il ne s'y trouve pas de prêtre ou de diacre, il convient
qu'il s'administre lui-même la communion 1 .') Les moines n'ayant
pas d'épitimie et qui se trouvent éloignés d'un monastère peuvent
eux aussi s'administrer la communion. Le patriarche Euthyme
leur prescrit la règle suivante, qui nous rappelle un peu l'office
des typiques à son origine :

Ceux qui ne sont pas sous une épithymie et ayant la liberté de leur
père spirituel et habitant les déserts éloignés, ont le pouvoir de s'admi-
nistrer eux-mêmes la communion quand ils le veulent. TI convient d'ob-
server le modèle suivant de communion avec exactitude : on se doit de se
garder depuis la veille de toute pensée mauvaise et de passer ainsi la nuit
avec toute vigilance et beaucoup de génuflexions; le jour s'étant levé, la
troisième ou la sixième ou la neuvième heure étant passée, de se changer
en des vêtements propres, et ainsi, d'allumer l'encensoir et le luminaire
devant l'iconostase et d'encenser avec piété. Et alors de commencer
le verset habituel, c'est-à-dire : «Par les prières de nos saints Pères,
Seigneur, Jésus Christ, notre Dieu, aie pitié de nous '>, puis le Trisagion,
et Très-Sainte Trinité, et Notre Père, puis le Psaume 50, puis «Je crois
en un seul Dieu', jusqu'à la fin, puis «À Ta Cène mystique,>, - toutes
les prières de la sainte communion, s'il arrive, sont lues avant toutes les
autres - et alors on s'administre la communion des divins et redoutables
mystères, mais avec une telle foi, comme si l'on mangeait le Corps même
du Seigneur et le Sang et l'eau ayant coulé du côté du Christ lui-même,
comme si l'on en buvait coulant alors des côtes mêmes du Sauveur2 •

1. « Am;e HtKoTopaa CJIOyqHTCe HOy)K)J;a Hx<:e B'h rryCTbIHH COy:rn;OMOy H rro,IJ;


3arrptrn;eHieMb COy:rn;OMOY, HtKoTophIe pa,IJ;H BHHbI rptxoBHble, H BH,IJ;HTb ce6e 3tJIO
H3HeMorIIla 60JIt3HiIO 3tJIHOIO, H K'h BpaTOMb C'hMepTHbIMb rrpH6JIHX<:bIIlaCe, He Coy:rn;y
TOy TOr,IJ;a CBern;eHHHKoy HJIH ,IJ;iaxOHOY, ,IJ;OCTOyTb rro HOy)K)J;H caMb rrpH'ieCTHTHce
ibid., p. 240.
TOr,IJ;a»,
2. « Hecoy:rn;iH x<:e rro,IJ; 3arrptrn;eHieMb H CBo6o,IJ;oy OTb .I\YXOBHHKa HMOy:rn;HMb H B'h
rroycTbIHiaxb ,IJ;aJIHiHXh X<:HBOy:rn;HMb BJIaCTb HMtTH BHier,IJ;a XOTeTb rrpH'iern;aTHCe CaMH
C060IO; ,IJ;OCTOHTb x<:e TaxOBbIMb o6pa3b rrpH'iern;eHia CHu;eBaro orraCHO Bt,IJ;HTH : OTb
CBe'iepa ,IJ;OCTOHTb xpaHHTH ce6e OTb B'hCaKOrO rrOMbICJIa JIYKaBa H TaKOBbIX, HOII\h x<:e
C'h B'hCau;tMb rrpimpOBO,IJ;HTH B'hHHMaHieMb H ,IJ;OBOJIHbIXh KOJItHHorrptKJIOHieHHXb;
,IJ;bHeBH x<:e HaCTaBIIIOY, H TpeTieMOY HJIH IIIecToMoy, HJIH ,IJ;eBeToMoy rrpHIIl'h,IJ;IIIoy 'iacoy,
H3MtHHTH ce6e B'h 'iHCTbI pH3b1 H TaKO rrpt,IJ; HKQHOCTaceMb B'h3bx<:ern;H Ka,IJ;HJIO, HJIH H
CBtTbIJIHHKb H 6JIarOroBtfIHt rrOKa,IJ;HTH; TaX<:e Ha'ieTH 06bI'iHbIH CTHXb, CHpt'ib : 3a
MOJIHTBb CBernXb OTbU;b HaIIIHXb, fOCrrO,IJ;H IHcyce XpHCTe Box<:e HaIIlb, rrOMHJIOYH HaCb,
H rrOTOMb TpHCBeToe H rrptcBeTaa TpOHu;e, H OTb'ie HaIIlb; TaX<:e rrCaJIOMb H. H rroceM
BtpOyro B'h e,IJ;HHOrO Bora, ,IJ;aX<:e ,IJ;O KOHu;a; TaX<:e Be'iepH TBoeH TaHHtH, B'hCe MOJIHTBbI
x<:e CBeToro IIpH'iern;eHia, arn;e CJIoyqeTce, rrpO'iHTaIOTCe rrpt)K)J;e B'hctXh CHXb; H TaKO
rrpH'ieCTHTHCe 6ox<:ecTbBbHbIHMb H CTpaIIIHhlHMb TaHHaMb, H'h C'h TaxOBOIO BtpOIO,
iaKox<:e caMOyro BJIa,IJ;H'iHOyro C'hHtCTH IIJI'hTb H Kp'hBb H BO,IJ;Oy OTb CaMoro XpHcToBa
344 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Nous voyons donc à partir de cette lettre d'Euthyme de Trnovo


que les hésychastes considéraient que les kelliotes isolés pou-
vaient aussi s'administrer eux-mêmes la communion, comme le
faisaient jadis les kelliotes sabaïtes ayant forgé notre office actuel
des typiques!. L'eucharistie était à leurs yeux le point culminant
de toute leur vie ascétique, de leur prière, de leur vigile, de leur
jeûne.
Calliste et Ignace Xanthopouloi témoignent également d'une
spiritualité et d'une théologie accordant une très grande impor-
tance à l'eucharistie comme fondement à la divinisation du chré-
tien. À titre de conclusion à leur Centurie spirituelle reprise dans
La Philocalie, ils écrivent :

Rien ne concourt et ne contribue en nous à la purification de l'âme,


à l'illumination de l'intelligence, à la sanctification du corps, à la trans-
figuration de l'une et de l'autre dans le divin, à l'immortalité, et, bien
sûr, au rejet des passions et des démons, ou plus exactement à l'union,
à la conjonction divine et surnaturelle qui nous ouvre à Dieu, comme
de recevoir d'un cœur pur et prêt la continuelle communion des saints
mystères immortels que rien ne souille et qui donne la vie, nous voulons
parler du précieux Corps et du précieux Sang de notre Seigneur, de
notre Dieu, de notre Sauveur Jésus 2 •

De ce fait, ils encouragent leurs moines à communier fréquem-


ment:

De même le grand Basile écrit dans sa lettre à Césaria, la patricienne :


«ll est bon et utile de communier chaque jour et d'avoir part au saint
corps et au sang du Christ dès lors que lui-même a dit clairement :
"Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle" Gn 6,
54). Qui doute, en effet, que participer continuellement à la vie ne soit
pas autre chose que vivre pleinement? Nous, cependant, nous commu-
nions quatre fois par semaine : le dimanche, le mercredi, le vendredi et le
samedi, et aussi les autres jours, si l'on y fait mémoire d~ quelque saint.»
Ce sont ces jours-là, je pense, où célébrait le saint. Car il ne pouvait pas
célébrer tous les jours, accaparé qu'il était par tant d'autres soins. Saint
Appolos (Appolonios) dit également que le moine, s'il le peut, doit com-
munier chaque jour aux sacrements du Christ. Celui qui s'éloigne d'eux,
s'éloigne de Dieu. Mais celui qui ne cesse de communier, reçoit toujours
la chair du Christ. Car la voix salutaire dit : « Celui qui mange ma chair

pe6pa HCTeKillOyro, iaKO OTb CaMbIHX CIIaCOBbXb pe6pb Tor.n;a TeKoyIIJ;Oy HCIIHBaTH »,
ibid., p. 240.
l.VoÎr J. MATÉos, «Un horologion inédit de Saint-Sabas,>, p. 54-55.
2. CALLISTE ET IGNACE XANTHOPOULOl, Centurie spirituelle, 91, La Phi/ocalie, t. il,
Paris, 1995, p. 632.
- LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 345

et boit mon sang demeure en moi et moi en luü> Gn 6,56). C'est donc là
que trouvent leur bien les moines qui font continuellement mémoire de
la passion du Sauveur. Chaque jour le moine doit être prêt, et se rendre
tel qu'il soit toujours digne de recevoir le saint Sacrement. C'est ainsi
que nous est donnée l'absolution des péchés!.

L'aspect pratique de l'Horologion palestinien pouvant être


utilisé comme règle de psalmodie en cellule, 1'office d'agrypnie,
propre au Typikon sabaïte, les règles du jeûne plus rigoureuses et
en plein accord avec l'ancienne tradition monastique ont fait que
le Typikon sabaïte correspondait davantage à la théologie litur-
gique du mouvement hésychaste. C'est en ce sens que ce typikon
leur apparut clairement comme universel puisqu'il répond à la
fois aux exigences des moines vivant en communauté dans un
cénobium et des moines vivant en ermites dans des kellia, et peut
également être exécuté plus facilement dans les églises paroissiales
que les offices complexes du Typikon de la Grande Église.

PROBLÈMES LITURGIQUES AUX )(Ne-xve SIÈCLES

À la lumière de la théologie liturgique du mouvement hésy-


chaste, nous pouvons dire que la pratique sacramentaire ne posait
pas vraiment de problèmes au )CNe siècle. En effet, le formulaire
sacramentel constantinopolitain (l'Euchologe) avait été largement
adopté partout dans l'empire, chez les moines et chez les sécu-
liers, et avait remplacé les autres formulaires.
À ce sujet, il est intéressant de noter qu'au début du XIe siècle,
la communauté géorgienne athonite avait déjà quelque peu oublié
ses origines liturgiques hiérosolymitaines avec lesquelles l'Église
géorgienne avait été liée. En effet, on demanda à l'higoumène
Euthyme (1005-1016), du monastère géorgien d'Iviron, si la
liturgie de saint Jacques était authentique ou non. li répondit: « La
liturgie de saint Jacques est vraiment authentique et était à l'ori-
gine utilisée par les Églises grecques et chez nous [en Géorgie].
Mais puisque saint Basile et le bienheureux Jean Chrysostome
composèrent leur liturgie, les fidèles les préférèrent à cause de
leur brièveté. La liturgie de Jacques tomba dans l'oubli et, main-
tenant, tous utilisent la liturgie de Chrysostome, et pendant le
Carême, celle de Basile2 .» S'il apparaît qu'au XIe siècle les for-

1. CALLISTE ET IGNACE XANrHOPOULOI, Centurie spirituelle, 92, La Philocalie, t. II,


Paris, 1995, p. 636.
2. R. TAFT, i' Mount Athos : A Late Chapter in the History of the Byzantine Rite ,),
p. 185; G. PERADSE, (<Bin Dokument aus der mittela1terlichen Liturgiegeschichte
346 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

mulaires sacramentaux hiérosolymitains étaient déjà tombés dans


l'oubli, à plus forte raison, au XIVe siècle, l'Euchologe constantino-
politain était-il reçu par tous et ne semble pas avoir nécessité de
réforme majeure.
Mais ce n'est pas le cas en ce qui concerne l'office divin.
En effet, mise à part la théologie liturgique des hésychastes se
posaient quelques problèmes liturgiques. L'office asmatique qui
était célébré dans les églises séculières - paroisses et cathédrales -
répondait difficilement aux besoins de l'époque. Parmi les diffé-
rents problèmes soulevés à l'époque, nous avons déjà évoqué la
décadence et la monotonie de. l'office asmatique qui rendaient
le Typikon sabaïte plus attrayant, d'une part par son hymnogra-
phie très riche et, d'autre part, par la facilité d'exécution, même
par un seul moine retiré dans un kellion. D'ailleurs, les Stoudites
avaient déjà eux-mêmes adopté l'Horologion palestinien depuis le
IXe siècle.

Décadence de l'office asmatique.

Nous savons en effet que, à la suite des événements politiques


ayant bouleversé l'Empire romain d'Orient, suite à l'occupation
latine de Constantinople (1204-1261), et à la constante menace
d'une invasion ottomane aux XIVe_XVe siècles pesant sur l'empire
qui venait d'être restauré par les Paléologues, l'office asmatique
n'était plus guère praticable à Constantinople à l'époque de l'ar-
chevêque Syméon de Thessalonique Ct 1429), un contemporain
du métropolite Cyprien.
En effet, l'explication classique de Syméon suggère que le
manque de prêtres et de psaltes, suite à l'occupation latine de
Constantinople, avait fait tomber cet ordo en désuétude :

Toutes les autres acolouthies du Typikon de la Grande Église ne sont


plus célébrées actuellement dans les autres églises, pas même en la Ville
reine et amie du Christ, à cause de ce qu'elle fut prise autrefois par les
Latins et de ce qu'ont disparu les usages de son bel et très antique rite, et
c'est, à ce que je crois, en raison du nombre particulièrement important
de prêtres et de psaltes qu'il requiert!.

À l'inverse, le Typikon sabaïte est apparu comme plus pratique


pour les églises séculières à cette époque, car il ne nécessite pas
un aussi grand nombre de prêtres et de chantres, pouvant être
exécuté par une seule personne. C'est ainsi que Syméon explique

Georgiens.}, Kyrios 1 (1936), p. 77.


1. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, 301, PG 155, 553 D.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 347

le succès de la diffusion du Typikon sabaïte (ou hiérosolymitain)


partout dans l'empire:

Dans les monastères et presque dans toutes les églises, on suit l'ordo
hiérosolymitain du monastère de Saint-Sabas, parce qu'il peut être exé-
cuté par une seule personne, puisqu'il a été composé par des moines, et
souvent il est exécuté sans chant dans les cénobia 1 •

Comme le souligne N. Uspensky :

Cette caractéristique de l'ordo devient encore plus preCIeuse pour


Constantinople au début du XIIIe siècle, dans les conditions de son sac par
les croisés (1204), lorsque le patriarche dut abandonner la capitale et démé-
nager à Nicée, et lorsque de nombreux monastères, parmi lesquels se trou-
vait le Stoudion, très connu pour son ordo, furent désertés et détruits. Le
déclin progressif de la puissance de l'empire ayant alors débuté, de même
que celui de l'Église, liée à l'État par des liens existentiels et économiques,
favorisa encore plus le succès de la diffusion de l'ordo hiérosolymitain2 •

En effet, l'office asmatique, avec toute sa pompe et son faste


nécessitant un grand nombre de chantres et de clercs, était diffi-
cilement praticable dans les conditions politiques et économiques
rudimentaires.
Nous voyons ainsi que le déclin des églises séculières, provoqué
par des événements politiques et économiques, a influencé la
liturgie à Constantinople. T. Pott avait déjà noté le lien entre les
événements historiques et les réformes liturgiques :

L'évolution de la liturgie est tout entière enracinée dans l'histoire de


l'homme. Ici nous rejoignons la pensée de Haüssling à propos du concept
de « changement de paradigme », qui désigne la corrélation nécessaire
entre, d'une part, les événements courants de l'histoire et, d'autre part,
l'évolution des opinions et des valeurs chez l'homme se reflétant dans ses
manifestations culturelles3 •

1. SYMÉoN DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, 302, PG 155, 556 C.


2. « 3TO KaqeCTBO yCTaBa TeM 60JIee CTaHOBHTCX ~eHHhIM B KOHCTaHTHHOrrOJIe
B HaqaJIe XIII CTOJIeTHX, B yCJIOBHXX pa3rpOMa ero KpecTOHOC~aMH (1204 r.), KOr)~a
rraTpHapx ~OJI)KeH 6hIJI rrOKHHYTh CTOJI~ H rrepeCeJIHThCX B HHKeIO H Kor~a
MHorne KOHCTaHTHHOrrOJIhCKHe MOHaCThlpH, B TOM qHCJIe H CJIaBHhIH CBOHM ·YCTaBOM
CTY~Hil:cKHiI:, rrO~BeprJIHCh OrryCTOIIIeHHIO H pa3pyrneHHIO. HaqaBIlleeCX C 3Toro Bpe-
MeHH rrOCTerreHHoe OCJIa6JIeHHe MO~ HMrrepHH, a C HeIO H CBX3aHHOH C rocy~apcTBOM
6hITOBhIMH H 3KOHOM~eCKHMH y3aMH IIepKBH, TeM 60JIee crroco6CTBOBaJIO ycrreIIIHoMy
pacrrpOCTpaHeHHIO HepyCaJIHMCKOrO yCTaBa» (H. ,Il;. «qHH BceHo~oro
YcrrEHcKHa,
6~eHHX Ha IIpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B PyCCKOH IIepKBH», STI8 [1978], p. 88).
3. T. Porr, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non
spontanèe de la liturgie byzantine, p. 227.
348 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Si le lien entre le succès de la diffusion du Typikon sabaïte à


Byzance et le déclin politique de l'empire semble évident, qu'en
était-il en Russie à la même époque? M. Lisitsyn a souligné que
la situation politique incertaine menaçait également la survie
de l'office asmatique, l'invasion tartare ayant détruit la ville de
Kiev, centre de la métropole ecclésiastique (1237-1240). Selon
lui, la seule différence est que, dans certaines villes qui ne furent
pas dévastées par les Tatars, l'office asmatique continuait d'être
célébré!. Et il le sera encore pendant un certain temps après la
réforme de Cyprien.
Comme nous l'avons vu dans la première partie de notre étude,
depuis la ruine de Kiev en 1240 par les Tatars, le grand centre
ecclésiastique avait été déplacé à Moscou. Or, même à cet endroit,
la Horde d'Or menaçait constamment la stabilité politique, et
nous avons vu que le métropolite Cyprien avait dû fuir Moscou
lors d'une invasion, ce qui avait fortement déplu au grand prince
Dimitrij Donskoj et fut à l'origine d'une mésentente avec le grand
prince.
Cependant, il ne faut pas oublier qu'après la bataille de
Koulikovo, la Horde d'Or fut défaite et la Russie connut de nou-
veau une stabilité politique qui permit la survie de l'office asma-
tique. Malgré cela, le métropolite Cyprien ne fut pas empêché
d'introduire sa réforme qu'il jugeait nécessaire. D'autre part, en
dépit de cette réforme, l'office asmatique n'a pas disparu instan-
tanément, mais a longtemps survécu en Russie.
Par conséquent, bien qu'il y ait eu des conditions politi-
ques sous-jacentes à la réforme, celles-ci ne furent pas déter-
minantes. Au-dessus des raisons historiques et politiques, il y
a les raisons théologiques que nous évoquions tout à l'heure.
La théologie liturgique du mouvement hésychaste a certes été
plus déterminante que ces facteurs historiques. C'est ce que
T. Pott a remarqué quant à chacune des réformes liturgiques
byzantines :

Cette ascension du monachisme est elle-même passée par plusieurs


vagues, représentant autant de périodes de renouveau monastique : la
renaissance de la vie monastique en Palestine après les destructions opé-
rées par les Perses (614), la réforme stoudite (IXe siècle) et le renouveau
hésychaste au Mont Athos (XIVe siècle), pour ne nommer que les plus
célèbres. Toutes ces périodes de renouveau correspondaient en quelque
sorte à des périodes de déclin des Églises séculières, provoquées généra-
lement par des événements politiques z.

1. JlRCR~hIH, IIep6olta'lll./lbHblÜ CJla6JIHo-PyccKUÜ TunuKOH, p. 29.


2.T. POTT, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non
spontanée de la liturgie byzantine, p. 227.
LA THÉOLOGIE LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 349

Au sein des problèmes politiques, la théologie sort toujours


victorieuse.

L'attraction pour l'hymnographie.

L'adoption du Typikon sabaïte fut aussi favorisée par un cer-


tain attrait pour l'hymnographie. L'archevêque Georges (Wagner)
explique ainsi l'adoption du Typikon sabaïte par les églises
séculières :

Vers la fin du Moyen Âge (vers le XIe jusqu'au xve siècle), les offices
monastiques selon le typicon de Jérusalem ont finalement remplacé dans
tout le monde orthodoxe les antiques offices de type cathédral. Un des
facteurs qui ont favorisé ce changement était indubitablement la richesse
hymnographique des offices hiérosolymitains qui, naturellement, atti-
raient vers eux l'amour des fidèles!.

Effectivement, nous avons évoqué dans la deuxième partie


la réforme liturgique qu'avait entreprise l'archevêque Syméon
de Thessalonique au sein de son église au début du xve siècle.
Ce dernier, très attaché à l'office asmatique mais trouvant son
chant antiphoné et responsorial des psaumes trop lourd et
trop ennuyeux pour les fidèles, avait décidé de l' (~ assaisonner})
d'hymnographie palestinienne. Dans son traité De la prière
sacrée, Syméon défend la légitimité de l'office asmatique tout en
prônant une réforme, une synthèse avec.1a tradition hymnogra-
phique palestinienne :

L'office asmatique lui-même a disparu dans toutes les cités, quoique


étant de belle facture et s'élevant vers Dieu par des psaumes et des
refrains, sauf dans notre cité très pieuse de Thessalonique, en sa Grande
Église, où, comme tu le vois, frère, il demeure et est conservé avec soin
selon l'antique et très beau rite des illustres Grandes Églises, je veux dire
celles de la capitale et celles d'Antioche et de beaucoup d'autres. Et je
vous supplie dans le Christ d'en conserver avec soin l'ordo à jamais pour
que la tradition des Pères, telle une divine étincelle, demeure parmi vous.
Et c'est, à dire vrai, parce que nous-même voudrions qu'il soit gardé
intact, tels une douceur et un suave assaisonnement, que nous y avons adjoint
les canons [hymnographiquesj, afin qu'aucun râleur à l'endroit des belles
choses et ignorant de l'ordo, ou plutôt un acédiaste et un paresseux, n'aille
trouver quelque prétexte pour entendre de le ruiner, alléguant qu'on

1. G. WAGNER, ~(L'hymnographie byzantine comme prédication liturgique)},


lo, Prédication liturgique et les commentaires de la liturgie. Conférences Saint-Serge,
38' Semaine d'études liturgiques, Rome, 1992, p. 257.
350 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

ne comprend point les canons habituels qu'on chante chez tout le monde.
Maintenant, en effet, on les y a adjoints et, à ceux qui en sont dignes et
qui ont du zèle, ce rite paraîtra de loin mieux structuré et beaucoup plus
suave que celui des offices qui sont célébrés dans les monastères!.

Pour ce qui est des anciens usages monastiques d'avant la


réforme liturgique des hésychastes, nous avons eu l'occasion, à
plusieurs reprises, de comparer le nombre d'hymnes prévues dans
les deux traditions - stoudite et sabaïte. Nous avons alors sou-
ligné, par exemple, que la tradition sabaïte avait institué une codi-
fication du nombre de stichères au lucernaire - pouvant atteindre
dix stichères la veille du dimanche -, ainsi que du nombre de tro-
paires au canon des matines - pouvant atteindre jusqu'à quatorze
tropaires. Dans tous les cas, le nombre d'hymnes prévues par la
tradition stoudite était toujours inférieur et plutôt stable.
Ainsi, la réforme que proposait Syméon était une hybridation
de l'office asmatique avec des éléments d'hymnographie palesti-
nienne. Le succès de sa réforme fut limité dans le temps et dans
l'espace: Thessalonique succomberait, elle aussi, par la suite au
charme du Typikon néo-sabaïte.
La réforme liturgique entreprise par les hésychastes du
){Ne siècle et que le métropolite Cyprien introduisit en Russie

voulait forger un nouveau paradigme. Celui-ci devait à la fois


refléter les idéaux de la théologie liturgique hésychaste, dont nous
venons d'esquisser les principaux traits, et répondre aux besoins
liturgiques de l'époque, modelés par les circonstances politiques
et les préférences sociales, tant dans les monastères que dans les
églises séculières. Telle était donc l'intention de la réforme litur-
gique du métropolite Cyprien qu'il convient maintenant d'ana-
lyser plus en détail.

1. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, 301-302, PG 155, 556 A-C.


CHAPITRE VIII

LE BUT DE LA RÉFORME
DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Ayant caractérisé la théologie liturgique de notre métropo-


lite liturgiste, nous sommes maintenant amené à réfléchir sur le
but de sa réforme. Or, T. Pott distingue deux types de réformes
liturgiques :

Dans ce processus de formation de la liturgie, on peut distinguer deux


moments : l'évolution spontanée et l'intervention active et réfléchie de
l'homme. L'évolution spontanée est le phénomène de la croissance ou du
changement inaperçu de la liturgie qui se produit par le fait même que
l'homme fait liturgie. [... ] L'intervention active et réfléchie de l'homme
dans la formation de la liturgie peut se présenter comme réponse ou
correction par rapport à l'évolution spontanée, mais elle peut également
introduire des éléments nouveaux 1.

Or, si nous partons du principe que le métropolite Cyprien a


œuvré pour introduire un nouvel ordo, un nouveau typikon, qui
viendra remplacer d'une part le Typikon de la Grande Église dans
les églises séculières - cathédrales et paroisses - et, d'autre part,
le Typikon d'Alexis le Stoudite dans les monastères, il va de soi
que cette réforme n'est pas apparue spontanément, mais est bel
et bien le résultat de l' œuvre d'un personnage qui œuvrait avec
un but précis.
Ayant cherché à caractériser les raisons théologiques, politiques
et culturelles sous-jacentes à sa réforme liturgique, il convient de
cerner la véritable intention du métropolite Cyprien. Quel était
son but? Notre métropolite liturgiste cherchait-il à restaurer la
vie liturgique de son Église ou de l'adapter pour qu'elle pro-
duise plus de fruits chez ses fidèles, ou avait-il encore d'autres
intentions?

1. T. Porr, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de J'évolution non


spontanée de la liturgie byzantine, p. 70.
352 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

À notre avis, le métropolite Cyprien était davantage un restau-


rateur et un conservateur qu'un réformateur. En tant qu'hésy-
chaste authentique, son but principal fut de restaurer la grande
tradition patristique et monastique et de l'adapter aux besoins de
son temps qui, sur les plans doctrinal et spirituel, est l'époque
d'une grande synthèse. Cela nous conduit à évoquer le renouveau
hésychaste et son influence sur la liturgie, et la grande « synthèse
liturgique» qu'il opéra à cette époque.

LE RENOUVEAU HÉSYCHASTE

li est bien connu que le mouvement hésychaste, auquel a


appartenu le métropolite Cyprien, n'a rien inventé de nouveau:
sa spiritualité, sa théologie, et par conséquent sa liturgie, n'ont
été qu'une synthèse de toute la Tradition reçue et transmise
dans l'Église depuis les premiers siècles. Sa spiritualité s'enracine
dans l'enseignement ascétique des premiers Pères du désert, tout
comme sa théologie récapitule, dans la synthèse dogmatique de
saint Grégoire Palamas, toute la théologie patristique.
Or, comme nous l'avons vu, l'époque se prêtait à un renouveau.
D'une part, la situation politique était difficile, car l'Empire romain
d'Orient était aux prises avec l'impérialisme de l'Occident latin et
de l'Orient musulman. D'autre part, l'attrait des intellectuels de
l'époque pour un humanisme païen réveillait un attrait pour la
philosophie antique. Ces facteurs avaient fait quelque peu oublier
la véritable tradition de l'Église que les hésychastes se devaient de
défendre. De même qu'une icône noircie par le temps nécessite
une restauration pour retrouver ses couleurs vives d'origine, la
vie de l'Église avait besoin, à cette époque, d'un renouveau pour
retrouver l'esprit vivant de sa première jeunesse.

Renouveau de la tradition patristique et monastique.

En parlant du Typikon sabaïte, l'archevêque Syméon de


Thessalonique écrivait :

Cette diataxis est très nécessaire et patristique (i] tOWÙtl1 8È 8uitaçtç


àvaylWtOtât11 ICat ltatpt!dJ). C'est en effet notre divin Père Sabas qui
l'a consignée, après l'avoir reçue des saints Euthyme et Théoctiste, eux
qui l'avaient reçue de leurs devanciers et de Chariton le Confesseur.
Cette diatyposis de saint Sabas qui, comme nous l'avons appris, après la
ruine du lieu par les Barbares, avait disparu, notre Père parmi les saints,
Sophrone, patriarche de la Ville sainte, a mis tout son soin à la rétablir
- LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 353

et à nouveau après lui notre divin Père théologien Jean Damascène l'a
renouvelée et l'a transmise par écrit!.

li existait donc, à l'époque, une opinion largement répandue


voulant que le Typikon sabaïte soit fidèle aux traditions monas-
tiques anciennes. La diffusion du Typikon sabaïte au ){Ne siècle
apparaît ainsi comme une restauration de la tradition patristique.
Nous avons remarqué que la réforme hésychaste l'avait préco-
nisée pour sa conformité avec la tradition des anciens moines
d'Égypte et de Palestine en ce qui concerne la règle de psalmodie,
sa conformité avec la rigueur des jeûnes de l'ancienne tradition
monastique, sa fidélité avec les veilles nocturnes attestées par
l'ancienne littérature ascétique, d'où s'est élaborée la fameuse
agrypnie palestinienne.
C'est pourquoi nous pouvons envisager la réforme liturgique
du métropolite Cyprien sous l'angle d'une restauration. Une
réforme peut être une restauration, une amélioration des valeurs
anciennes qui, peu à peu, tendaient à être oubliées ou à tomber
en désuétude. C'est en ce sens que T. Pott, reprenant l'étude de
G. Ladner, a étudié l'évolution du sens étymologique du mot
« réforme » :

Les termes àvavEoiiv, àvmcalvoiiv, àvmcuivmmç et renovare, renovatio


ont tous une connotation de (<nouveauté». En latin pré-chrétien, le mot
novus, signifiant plus qu'une amélioration, a un sens péjoratif: ceci est
clair dans les mots innovare, innovatio, qui ont souvent le sens de nou-
veauté inférieure ou d'ébranlement d'une tradition antique. L'usage
chrétien de ces mots a fait évoluer leur sens : dans la Vulgate, novus
et renovare servent à traduire les mots pauliniens lCUtv6ç et vÉoç qui
expriment la rénovation fondamentale de l'homme qui devient «homme
nouveau» et «créature nouvelle» en Christ (2 Co 4,16; Ep 4,23; Col 3,
10). [... ] Mais selon notre auteur, seul le mot reformare - et jusqu'à un
certain point ses équivalents grecs àva~op<l>oiiv, ~Eta~op<l>oiiv, etc. - peut
rendre entièrement les connotations de nouveauté et d'amélioration, d'un
côté, et de valeurs anciennes, de l'autre : tandis que le préfixe re- se
réfère à l'existence antérieure de composantes constitutives d'une subs-
tance, forma, étymologiquement liée à firmus, exprime l'organisation et
la consolidation de ces composantes pour un nouveau modèle et une
nouvelle consistance2 •

1. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la pnëre sacrée, 302, PG 155, 556 C-D.


2. T. POTr, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non
spontanée de la liturgie byzantine, p. 26-27; voir G. LADNER, The Idea of Reform. Its
Impact on Christian Thought and Action in the Age of the Fathers, Cambridge, MA, 1959,
p.44-47.
354 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

C'est ainsi que la réforme du métropolite Cyprien veut res-


taurer et renouveler la tradition patristique. «L'adaptation-
développement, caractéristique de la vraie réforme dans l'Église,
commence par l'interrogation de la Tradition », affirme T. Pottl .
En introduisant un nouveau typikon - le Typikon sabaïte, qui va
progressivement remplacer le Typikon de la Grande Église et le
Typikon stoudite -, Cyprien ne veut pas autre chose que réins-
taurer l'ancienne tradition monastique des Pères du désert.
Ce faisant, Cyprien va toutefois innover: il va introduire de nou-
veaux usages. Il ne faut pas oublier que les pratiques liturgiques
stoudites et de la Grande Église de Constantinople avaient elles
aussi été forgées par la Tradition de l'Église et des Pères. Mais ce
n'est pas à ces traditions que Cyprien va avoir recours. Dans son
retour aux sources, il va opérer un choix qui va modifier la tradi-
tion liturgique que l'Église russe avait connue depuis sa fondation.
En préconisant des usages qu'il estimait plus fidèles à l'ancienne
tradition des Pères, Cyprien a, en fait, innové en introduisant des
usages sans précédents en Russie. Sans porter de jugement sur
la tradition liturgique stoudite et de la Grande Église, le Typikon
néo-sabaïte va témoigner à ses yeux d'une plus grande fidélité à la
rigueur de l'ancienne tradition monastique. C'est de cet argument
qu'il va se servir pour justifier son innovation dans le domaine
liturgique.
Ainsi, il a recours aux Pères comme argument et fondement de
sa réforme. À plusieurs reprises dans son Psautier suivi, Cyprien
utilise l'expression : «nous avons reçu de nos Pères» - ou tout
simplement: «nous avons reçw) - pour justifier les changements
qu'il a introduits et qui pourraient susciter l'étonnement, voire
l'opposition de ses clercs et de ses fidèles.
Par exemple, concernant la semaine des Laitages, le métropolite
Cyprien justifie la pratique palestinienne par rapport à la pratique
constantinopolitaine en soutenant qu'«en Palestine nous n'avons
pas reçu de nos Pères de célébrer la liturgie des Présanctifiés le
mercredi et le vendredi des Laitages, mais de chaiiter Alléluia2 ».
De même, contre l'usage constantinopolitain de célébrer les
Présanctifiés quotidiennement, il affirme : «nous n'avons pas reçu
de célébrer les Présanctifiés jusqu'à mercredi. Le mercredi, il y
a les Présanctifiés3 », et de même: «que l'on sache qu'en cette
première semaine de jeûne, nous avons reçu de célébrer deux fois
les Présanctifiés, le mercredi et le vendredi. C'est alors que nous
entrons au réfectoire et mangeons des aliments crus et buvons

loT. POTT, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non


spontanée de la liturgie byzantine, p. 30.
2. KKIl1'RAR, nca.tlmUpb C eocCileàoeaHUe.M, f. 266 v.
"" TJ,;A f 7'77.
-"

LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 355

du jus avec du miel. Ceux qui le peuvent jeûnent jusqu'au ven-


dredi 1 ); « nous avons reçu cela de la laure de notre vénérable Père
Sabas et du cénobium de notre Père Théophore Euthyme. [... ]
Nous avons reçu en Palestine de lire le Psautier dans nos cellules,
et ceux qui le peuvent le lisent jour et nuit, certains trois fois dans
la semaine, d'autres deux fois2.) Pour ce qui est de la pratique
du jeûne, il défend ainsi la rigueur palestinienne face aux règles
stoudites plus souples : « [ ••• ] pendant la Sainte Quarantaine,
nous avons reçu de manger du poisson uniquement pour la fête
de l'Annonciation et pour le dimanche des Rameaux 3.) Contre
la pratique constantinopolitaine de célébrer les Présanctifiés le
Grand Vendredi, il écrit: « il convient de savoir que nous avons reçu
en Palestine de ne pas célébrer en ce saint jour de la Crucifixion
de Présanctifiés, ni de célébrer de liturgie, ni de mettre la table,
ni de manger. [ ... ] Nous avons ainsi reçu des saints apôtres de ne
pas manger le Grand Vendredi4 .) Contre la pratique stoudite de
manger des laitages le mercredi de la mi-Pentecôte, il écrit : « On
a reçu une autre habitude concernant la grande consolation. Ceux
qui n'ont pas honte mangent du fromage et des œufs ce mercredi.
Mais cela n'est pas béni, car cette consolation consiste à manger
de l'huile et du poisson à cause de la fête despotique ou à cause
de la mémoire d'un grand saints.) Concernant la tradition sabaïte
de boire l'eau avec modération, il écrit: «Nous avons reçu, pendant
toute l'année, mangeant à table, de ne boire de l'eau qu'après le
congé des vêpres. S'il y a un besoin quelconque, nous en buvons
avec la connaissance du supérieur6 .)
Il faut toutefois noter que cette argumentation n'est pas ori-
ginale. Comme nous l'avons souligné plusieurs fois dans la
deuxième partie, Cyprien reprend ici mot à mot des rubriques
des typika grecs sabliites du xne siècle. Le fait-il pour camou-
fler sous les aspects d'un retour aux sources une innovation
qu'il opère consciemment dans la pratique liturgique de l'Église
russe, ou croit-il de bonne foi opérer un retour à l'ancienne tra-
dition liturgique? N'oublions pas que plus tard, au XVIIe siècle,
le patriarche Nikon pensait, en menant sa réforme, que c'étaient
les usages liturgiques russes qui avaient changé par rapport aux
usages grecs et que, par conséquent, il fallait introduire de nou-
veau les usages grecs, alors qu'en réalité les usages russes avaient
conservé la forme primitive.

L Ibid., f. 274.
2. Ibid., f. 275.
3. Ibid.
4. Ibid., f. 281 v.
\,' 5. Ibid., f. 288.

JiL 6. Ibid., f. 29L


356 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

li est intéressant de remarquer, dans les rubriques traduites des


anciens typika sabaïtes grecs par Cyprien dans son Psautier suivi,
que l'emploi du verbe «recevoir) (npïI9lTH,1topo/"'ol!l3avro) implique
le verbe «transmettre) (np~AdTH, 1tOpoolorol!t) auquel se rapporte
étymologiquement le terme «tradition) (np~AdHï~, 1topaoocnc;). On
ne peut en effet recevoir que ce qui a été transmis. Et ainsi, la
Tradition vivante de l'Église apparaît comme ce qui, d'une part,
est transmis d'une génération à l'autre, et d'autre part, est reçu de
nos prédécesseurs, non sans l'intervention directe du Saint-Esprit,
inspirant les croyants à chaque époque.
Le recours aux Pères, chez le métropolite Cyprien, vient en
sorte justifier sa réforme comme un retour conforme à la Tradition
de l'Église. Comme l'a déjà souligné ].-C. Larchet, la référence
aux Pères est paradigmatique pour le christianisme byzantin. Les
Pères jouissent aux yeux des Byzantins d'une autorité égale à celle
de l'Écriture et des conciles et sont la marque de l'orthodoxie!.
Recourir à la tradition des Pères dans un processus de réforme
signifie que la réforme n'est pas synonyme d'innovation, mais
l'expression d'une restauration authentique.
C'est pourquoi il nous semble que la réforme entreprise par
Cyprien en Russie ne résulte pas d'un choix personnel, mais d'un
désir d'être plus fidèle et conforme aux changements qui s'étaient
opérés à Constantinople sous l'impulsion du mouvement hésy-
chaste. Ce mouvement, qui avait initié cette réforme liturgique,
avait été marqué par la liturgie athonite et sensible aux réformes
entreprises à Constantinople au XIIe siècle par l'Évergétis. Aux
yeux des hésychastes, la liturgie que Constantinople avait prati-
quée jusqu'alors - tout comme aux yeux de Cyprien, la liturgie
que la Russie avait connue jusqu'à ce jour - était traditionnelle;
mais la tradition sabaïte apparaissait à leurs yeux comme plus
fidèle à l'esprit des anciens Pères par sa rigueur et sa simplicité.

Le monachisme comme paradigme de la vie chrétienne.

Une chose paraît évidente au terme de l'analyse détaillée du


Psautier suivi du métropolite Cyprien : ce dernier était destiné
à une communauté monastique. Un simple parcours du voca-
bulaire le montre bien : l'higoumème, l'higoumenio, le cellérier,
l'ecclésiarque, les frères, le réfectoire, le réfectorier, le panagiarion
- tout est là pour indiquer que l'action se passe dans un monas-
tère. Et pourtant, ce Psautier suivi, inaugurant la réforme du

1. J.-C. LARCHET, «La référence aux Pères dans la méthode théologique de saint
Maxime le Confesseur», XX, CongTès international des études byzantines, PTé-actes, n.
Tables Tondes, Pari.s, 2()()l, p. \:I,\.
-
LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 357

métropolite Cyprien, deviendra un modèle pour tous, tant pour


la liturgie des églises séculières - cathédrales ou paroissiales - que
pour celle des églises monastiques.
On peut se demander aujourd'hui si l'adoption d'un typikon
monastique dans les paroisses était adéquate, et s'il n'eût pas
été préférable d'adopter un typikon paroissial, en s'inspirant par
exemple de la réforme de Syméon de Thessalonique. Comme le
remarque le père Alexandre Schmemann, « quiconque connaît un
tant soit peu les problèmes posés par le typikon dans la réalité
liturgique sait aussi qu'il est pratiquement impossible de l'appli-
quer intégralement. Depuis longtemps et partout, il a été adapté,
écourté, interprété, changé et tout cela très souvent dans l'absence
presque totale de critères clairs et de compréhension élémen-
taire'.) Toutefois, l'histoire nous montre que les hésychastes, dont
le métropolite Cyprien, optèrent pour un typikon monastique.
Il serait cependant tout à fait erroné de s'imaginer que les églises
séculières adoptèrent intégralement le Typikon monastique, et
que désormais, comme à l'époque de saint Jean Chrysostome, les
agrypnies retenaient pendant des nuits entières les gens du monde
dans les églises, au détriment de la vie mondaine des grandes cités.
Il va de soi que l'introduction du Typikon monastique dans les
paroisses nécessita certains compromis, adaptant d'une manière
condescendante les rigoureuses exigences du Typikon néo-sabaïte
aux possibilités et aux forces des chrétiens vivant dans le monde.
Syméon de Thessalonique témoigne d'une telle adaptation à
Byzance dès le xve siècle. Évoquant le Typikon hiérosolymitain
qu'il rattache à la tradition sab:iite, il écrit:

C'est celui-là donc que suivent tous les saints monastères et les églises,
excepté quelques-unes pour lesquelles il est prescrit en particulier [de
suivre] occasionnellement la Grande Église de Constantinople en son
ordo antique et les églises séculières. Parce que ceux qui sont dans le
monde n'ont pas l'endurance pour le célébrer intégralement, on ne dit pas le
Psautier, excepté durant la Sainte et Grande Quarantaine, ce que font
tous les saints monastères 2 •

Par conséquent, même si le Typikon monastique ne peut


être suivi à la lettre dans les églises séculières, la réforme du
métropolite Cyprien offre un nouveau paradigme liturgique :
un typikon monastique conçu comme un paradigme de la vie
chrétienne que l'on doit adapter selon les moyens de chacun.
Cette réforme reflète la théologie du mouvement hésychaste
qui voyait dans la vie monastique un modèle pour la vie des

1. A. SCHMEMANN, (,Aspects historiques du culte orthodoxe »), p. 7.


2. SyMEON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, 303, PG 155, 556 D.
358 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

chrétiens dans le monde. Comme nous l'avons vu plus haut,


pour saint Grégoire Palamas, le commandement de saint Paul
- « Priez sans cesse}> (1 Th 5, 17) - doit être appliqué à tous les
chrétiens sans aucune exception : « Et il ajoutait qu'il nous fal-
lait obéir aux recommandations des saints, et que non seulement
nous devions prier nous-mêmes continuellement, mais que nous
devions aussi enseigner les autres, les moines et les laïcs, les sages
et les ignorants, les hommes comme les femmes et les enfants, et les
exhorter à prier toujours 1 .}> Tous doivent mener le même combat
qu'est la vie chrétienne, mais à chacun de le mener à sa manière,
selon ses forces.
Dans cette perspective, pour le métropolite Cyprien comme
pour tous les hésychastes, il ne peut y avoir deux typika litur-
giques - un séculier et l'autre monastique, en tant que règle de
la célébration liturgique -, mais un seul, car la liturgie est uni-
verselle, étant le fondement de la vie de tous les chrétiens, qu'ils
soient moines ou laïcs. Néanmoins, dans son exécution, il va de
soi que le Typikon ne peut être exécuté de la même façon, avec la
même ampleur, dans une église paroissiale et un monastère, voire
de la même manière dans deux monastères différents.
Le Typikon n'est qu'un paradigme, un modèle, qui doit s'in-
carner, se réaliser selon les possibilités et les capacités de la com-
munauté. D'ailleurs, tel est le sens étymologique du terme 't'\mu.:àv
qui dérive du mot 'tlmOÇ signifiant règle, norme ou modèle 2. En
effet, avant l'apparition de l'imprimerie, comme nous pouvons le
constater à partir de la tradition manuscrite, malgré l'existence de
grandes familles de typika, très souvent des divergences notables
pouvaient être notées au sein d'une même famille entre divers
typika. Comme le remarque A. Lossky :

La tradition manuscrite ancienne des typica montre qu'il s'agit d'un


ensemble de textes vivants : à partir d'une structure liturgique de base
sensiblement identique, chaque communauté a forgé peu à peu ses
propres usages ou habitudes [... ] Si l'imprimerie a beaucQup contribué à
l'unification du texte du typicon, elle n'a pas empêché la diversité litur-
gique, transposée sur un autre plan : plusieurs communautés possèdent
un exemplaire d'un même texte imprimé, et chacune d'entre elles l'ap-
plique à sa manière, avec des variantes propres, le plus souvent non
fixées par écrit, mais transmises par tradition orale3 •

1. De la Vie de saint Grégoire, archevêque de Thessalonique, dans La Philocalie, trad.


J.Touraille, t. II, Paris, 1995, p. 831-832. Voir l'HILoTHÉE DE CONSTANTINOPLE,
Encomium S. Gregorii Thessalonicensis, PG 151, 573 D.
2. LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. Il; voir également P. DE MEESTER, <,Les typiques
de fondation», Studi Bizantini e Neoellenici 6 (1936, reprint 1978), p. 489-490.
3. LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 14-15.
LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 359

C'est donc dans le sens d'exemple, de modèle, de paradigme


qu'étaient comprises dans le monde byzantin les notions de canon,
de règle, de typikon et d'ordo, et non pas dans un sens juridique.
Par conséquent, le typikon n'a pas à être appliqué à la lettre, mais
doit être suivi selon l'esprit. Comme l'écrit A. Lossky :

Le but de la vie liturgique et des célébrations proposées dans les


pages du typicon est avant tout pédagogique : la règle liturgique est
offerte à l'homme comme une aide à sa prière et à son cheminement
vers Dieu. [... ] La fidélité au typicon est ainsi conçue dans le sens où
«le sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat» (Mc
2, 27). Une telle conception admet souplesse et liberté dans le respect
des règles liturgiques, en fonction des modalités d'existence de chaque
communauté. [... ] Cette diversité liturgique est à l'image des diffé-
rences entre les membres de l'Église, pourtant appelés à s'unir dans la
prière commune!.

La réforme du métropolite Cyprien, comme d'ailleurs la réforme


hésychaste, a voulu en quelque sorte manifester cette diversité
dans l'unité en offrant à la plénitude de l'Église un typikon monas-
tique en tant que paradigme. Dès lors, l'opposition entre typikon
« monastique» et typikon « paroissial» est résolue, voire révolue.
Le père Alexandre Schmemann avait déjà souligné pour sa part
que ce paradigme monastique s'est en quelque sorte cristallisé
dans notre liturgie byzantine :

Comme dans l'Église ancienne chaque chrétien n'est pas un martyr,


mais toute l'Église se reconnaît dans leur martyria, dans l'Église du
ltOÀ.ÎtEUILU chrétien, du monde chrétien, de la culture chrétienne, de l'État
chrétien, chaque chrétien n'est pas un moine, mais il ne peut y avoir
de chrétien sans l'inspiration et le désir eschatologiques, sans cette (,vie
cachée avec Christ en Dieu» qui, au moment de la victoire chrétienne, a
poussé tant d'hommes au désert. Mais c'est précisément cela : cette ins-
piration, ce désir, cette nostalgie ultime et lumineuse du Royaume, que
le monachisme a préservés dans la liturgie solennelle des grandes cathé-
drales, c'est de cela qu'il a imprégné toute la prière de l'Église, et c'est
à cause de cela que l'Église a reconnu dans cette liturgie monastique sa
liturgie, sa lex orandi2 •

Ainsi, le Typikon sabaïte, monastique à l'origine, en tant que


paradigme, devint le typikon de l'Église tout entière.

1. Ibid., p. 15-16.
2. A. SCHMEMANN, «Aspects historiques du culte orthodoxe,), p. 10.
360 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

ADAPTATION AUX BESOINS DE L'ÉPOQUE

En plus de chercher à restaurer la tradition de l'Église en


introduisant le Typikon néo-sabaïte - donnant ainsi un typikon
monastique comme paradigme liturgique -, la réforme liturgique
du métropolite Cyprien cherchait à répondre aux besoins de
l'époque. Comme le rappelle T. Pott :

La liturgie orthodoxe porte le sceau de l'lùstoire, celle du pèlerinage


du peuple élu et sauvé, qui lutte pour participer à sa gloire. La tâche
de la réforme liturgique est de modeler la structure du culte de telle
manière que la liturgie rejoigne les problèmes contemporains de l'homme
moderne!.

Comme nous avons pu le constater dans la première partie de


notre étude, l'époque du métropolite Cyprien en Russie était assez
mouvementée et incertaine. La menace constante de la Horde
d'Or, les guerres, la rivalité entre la principauté de Moscou et les
princes de Lituanie dressent un paysage assez sombre. L'office
asmatique, dernier vestige des siècles de gloire de Byzance, cadrait
mal dans ce paysage. Or justement, comme le dit T. Pott, « la
réforme liturgique cherche à rendre vigueur à tous les rites qui
ont perdu le contact avec la réalité vécue par les hommes 2 }).
Les chrétiens orthodoxes contemporains du métropolite Cyprien
avaient besoin d'une liturgie plus sobre, mais qui en même temps
pourrait les transfigurer et témoigner du Royaume de Dieu,
malgré la menace constante de mort pesant sur la société, un peu
comme l'ont fait à la même époque les fresques de Théophane le
Grec et les icônes d'André Roublev. En effet, « la réforme litur-
gique cherche à restaurer les rites de l'Église dans leur vérité et
leur simplicité, en tenant compte simultanément de la tradition et
des besoins pastoraux. Elle doit établir un équilibre entre ce qui
est essentiel dans la liturgie et ce qui ne l'est pas. DeS'rites qui ont
perdu leur sens et leur raison d'être dans l'Église ne doivent pas
être conservés3 .})
C'est ainsi que l'office asmatique tomba progressivement en
désuétude et que le Typikon néo-sabai'te réunifia dans sa liturgie

1. T. POTT, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non


spontanée de la liturgie byzantine, p. 54-55; voir E. TrMlAms, «The Renewal of Orthodox
Worship», Studia Liturgica 6 (1969), p. 95.
2. T. POTT, ibid., p. 55; voir E. TIMIADIS, «The Renewal of Orthodox Worship >},
p.97.
3.T. POTT, ibid., p. 56; voir E. TIMIADIS, «The Renewal of Orthodox Worship>},
p. 104-105.
LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 361

les moines et les laïcs. Mais le lien entre l'unité et l'uniformisa-


tion n'est pas fortuit: il répond à un besoin de l'époque. li s'agit
là, peut-être, d'un aspect moins théologique mais beaucoup plus
politique, qui néanmoins a joué un rôle déterminant dans cette
réforme et qui a sans doute influencé la théologie liturgique.
La situation politique que nous avons décrite dans la première
partie va de pair avec les concepts de dislocation et de séparation.
Cet esprit de division ne vient pas seulement du fait que la Horde
d'Or veut mettre la main sur une principauté chrétienne, mais
du fait que cette principauté chrétienne cherche à s'émanciper en
obtenant une totale indépendance politique et ecclésiale vis-à-vis
de Byzance. Et c'est précisément le rôle politique qu'ont assumé
les hésychastes en tant que défenseurs et protecteurs de l'unité de
l'empire et de l'unité de l'Église, face à un éventuel éclatement du
({ Byzantine Commonwealth».
Ainsi, d'une part, l'adoption d'un même typikon monastique
pour tous maintenait une unité interne en rappelant qu'il y a une
seule vie chrétienne - dont la vie monastique est le paradigme -,
une seule théologie et une seule liturgie. Mais, d'autre part, le
fait que le métropolite Cyprien copia la réforme introduite par
le patriarche Philothée à Byzance montre son désir de s'aligner
sur le modèle byzantin pour maintenir une unité externe. En
introduisant une copie conforme à la réforme constantinopo-
litaine, l'unité avec l'empire est ainsi assurée. Cet aspect poli-
tique de la réforme du métropolite Cyprien n'est pas si banal,
si l'on tient compte du fait que son père spirituel, le patriarche
Philothée, fut le premier patriarche hésychaste à inaugurer une
politique panorthodoxe visant à resserrer les liens entre l'Église
impériale et les Églises slaves l .
Ainsi, une des raisons de la réforme liturgique du métropolite
Cyprien, comme du succès avec lequel ce nouveau typikon fut
accepté, était un souci d'unité avec le reste du monde orthodoxe.
Cette unité sera donc réalisée essentiellement par la conformité
aux usages liturgiques largement diffusés et acceptés par le reste
du monde orthodoxe.

UNE SYNTHÈSE LITURGIQUE

L'unité implique parfois l'uniformisation. Toutefois, dans le


cas présent, le terme d'uniformisation nous semble quelque peu
réducteur. Uniformiser pourrait signifier d'imposer une même

1. Voir A.-E. TACHIAOS, {ILe mouvement hésychaste pendant les dernières décennies
du )(Ne siècle», p. 130.
362 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

forme partout. Nous serions tenté de penser que l'office asma-


tique est tombé en désuétude, que le Typikon stoudite a été com-
plètement oublié et que, du jour au lendemain, le clergé dut se
familiariser avec un nouveau rituel. Tel n'a pas été le cas.
Nous avions remarqué dans la deuxième partie que le Psautier
suivi du métropolite Cyprien comportait des strates du Typikon
de la Grande Église, comme, par exemple, les processions autour
du monastère pour la fête de l'Annonciation et du dimanche des
Rameaux - vestiges d'anciennes lities de l'office cathédral constan-
tinopolitain. De même, nous avions remarqué des strates stou-
dites, telles les mémoires de saints stoudites dans son Synaxaire,
comme Théodore et Joseph les Stoudites, ou la présence d'hymno-
graphie stoudite. D'ailleurs, A. Dmitrievsky parle d'une recension
«constantinopolitaine}) du Typikon sabaïte pour classer les typika
des XIIIe et XIVe siècles où nous trouvons ce genre de vestiges de la
liturgie de la Grande Église et du Stoudion 1.
C'est pourquoi il nous paraît plus adéquat de parler de «syn-
thèse liturgique}). Le premier à évoquer une «synthèse byzantine})
en matière de liturgie fut d'ailleurs le père Alexandre Schmemann
dans son livre intitulé Introduction à la théologie liturgique, où il
consacre le quatrième chapitre à cette question2 •

L'hésychasme et la synthèse byzantine.

Parlant de cette fameuse «synthèse byzantine }), le père Alexandre


Schmemann attirait déjà l'attention sur ce paradigme monas-
tique qu'avaient promu les hésychastes en venant prendre une
part active à la direction de l'Église dans le monde. Lorsque la
direction de l'Église fut pratiquement remise entre leurs mains,
les grands évêques hésychastes œuvrèrent d'arrache-pied à cette
synthèse procurant l'unité des chrétiens orthodoxes et un modèle
de prière et de vie chrétienne.
Schmemann écrit :

Le fait que cette synthèse ait été (, formulée)} par le monachisme, que
notre Typikon moderne puisse être appelé monastique tant par sa forme
que par son contenu, est aussi important. Mais ce caractère monastique
de l'ordo byzantin ne veut pas dire que le processus d'unification litur-
gique fut simplement la victoire de la piété liturgique monastique sur

1. LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 34. Pour le contenu des typika sabaïtes de


recension constantinopolitaine, voir P:MHTPHEBCKHll, Onucanue, T. 3, TUltlKel, '1. 2,
p. 71-394.
2. A. SCHMEMANN, Introduction to Liturgical Theology, Crestwood, NY, 19863 ,
p. 149 s.
LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 363

ce que nous avons appelé la piété (~sécu1ière». Pour comprendre la vraie


nature de cette unification et le sens de la synthèse byzantine, il est néces-
saire de nous rappeler que le fait fondamental de sa formulation fut le
retour du monachisme dans le monde, et son évolution théologique sub-
séquente. Cette intronisation du monachisme, ce couronnement de l'idéal
(~anachorétique» de la séparation du monde au profit de da seule chose
nécessaire» et du monachisme comme guide et conscience du monde,
doit être considérée comme l'un des grands paradoxes de Byzance!.

Au terme de notre étude, il nous apparaît comme une évidence


que la réforme du métropolite Cyprien n'aurait pas pu avoir lieu,
du moins sous cette forme, sans l'appartenance de notre métropo-
lite liturgiste au mouvement hésychaste et sans l'œuvre, à l'Athos
et à Constantinople, du grand patriarche hésychaste Philothée.
Tous deux, chacun sur le siège qui lui avait été confié, œuvrèrent
à cette synthèse qui canonisa d'une part le Typikon monastique
de Saint-Sabas, et d'autre part le compléta d'éléments cathédraux
constantinopolitains. La (~synthèse byzantine» n'est rien d'autre
que la fusion des rites monastique et cathédral, la rencontre de
Jérusalem et de Constantinople.

Rite cathédral et rite monastique.

TI est en effet d'usage parmi les liturgistes d'opérer la dis-


tinction, devenue classique, entre un rite (~cathédral» et un rite
(~monastique». Cette distinction apparaît déjà chez saint Syméon
de Thessalonique au )(Ne siècle qui, tout au long de son traité De
la prière sacrée CPG 155), oppose la liturgie (~monastique» Cllova-
Xn:il) à celles des églises (~séculières» ou « cathédrales» ClCa90/..t-
lCat 2). Dans la science liturgique, elle fut introduite au :xxe siècle
par A. Baumstark ct 1948), le fondateur de la liturgie comparée3,
et reprise par la suite par de nombreux auteurs tels J. Matéos,

1. «Also important is the fact that this synthesis was "formulated" by monasticism, that
our modern Typicon can rightly be called monastic both in its form and content. But this
monastic character of the Byzantine Ordo does not mean that the process of liturgical
unification was a simple victory of monastic liturgical piety over what we have called
"secular" piety. For an understanding of the real nature of this unification and the meaning
of the Byzantine synthesis, it is necessary to remember that the fundamental fact in its
formulation was the return of monasticism into the world, and its subsequent theological
evolution. This enthronment of monasticism, this crowning of the "anachorite" ideal of a
separation from the world for the sake of the "one thing needful" and of monasticism as
the guide and the conscience of the world, must be regarded as one of the great paradoxes
of Byzantium» (A. SCHMEMANN, Introduction to Liturgical Theology, Crestwood, NY,
19863, p. 202).
2. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, PG 155, p. 535-670.
3.A. BAUMSTARK, Liturgie comparée, Chevetogne, 1953 3 •
364 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

M. Arranz, R. Taft l et P. Bardshaw qui, plus récemment, l'a remise


en question 2 •
Dans cette perspective, nous pouvons distinguer à Jérusalem la
liturgie de type «cathédral » à l'Anastasis de la liturgie à la laure de
Saint-Sabas de type «monastique». De même à Constantinople,
nous distinguons le «rite cathédral » de la Grande Église du «rite
monastique » du Stoudion. Toutefois, il ne faut pas trop isoler ces
deux types de liturgie, comme s'ils représentaient deux mondes
tout à fait indépendants et étanches l'un par rapport à l'autre,
car il y avait des liens entre eux qui expliquent de nombreuses
influences mutuelles au fil de l'histoire.
Par exemple, le récit d'Égérie, qui nous décrit la liturgie «cathé-
drale » de l'Anastasis, témoigne que des moines participaient à cette
liturgie. Décrivant la vigile dominicale à l'Anastasis, elle écrit: «Quand
l'évêque sort, tous s'approchent à portée de main. L'évêque se retire
alors dans sa maison. À partir de ce moment, tous les moines revien-
nent à l'Anastasis; on dit des psaumes et des antiennes jusqu'à l'aube,
et, à chaque psaume ou antienne, on fait une prière3 • » TI est connu
que ces moines étaient les <J'1touôalot, les moines du Saint-Sépulcre,
qui habitaient dans un bâtiment contigu à l'Anastasis, et qui sont
également mentionnés par le Typikon hiérosolymitain de 11224 •
Nous pouvons donner comme exemple d'influence de la liturgie
dite «cathédrale » sur l'office monastique le cas des évangiles de la
Résurrection. Or, nous avions vu dans la deuxième partie que
les onze évangiles matutinaux de la Résurrection prennent leur
origine dans la liturgie «cathédrale » de l'Anastasis. La lecture de
l'évangile de la Résurrection est bien attestée par Égérie dans sa
description de la vigile dominicale de l'Anastasis dans son Journal
de voyage (381-384 5). Par contre, la Narration de Jean et Sophrone
(début du VIIe siècle) ne mentionne pas la lecture de l'évangile de
la Résurrection, ce qui laisse supposer que la lecture de l'évangile
de la Résurrection était absente, à l'origine, du rite «monastique»
palestinien, et que cette lecture est venue s'ajouter dans l'Horo-
logion palestinien sous l'influence de la liturgie «cathédrale » de
l' Anastasis6.

1. R. TAFT, The Liturgy of the Hours in East and Wést, Collegevi1le, 1993 2 , p. 32 s.
2. P. BRADSHAw, «Cathedral vs. Monastery : The Only Alternatives for the Liturgy
of the Hours? », dans J. N. ALEXANDER (éd.), Time and Community. In Honor of Th.
J. Talley, Washlngton, 1990, p. 123-136.
3. ÉGÉRIE, Journal de voyage, 24, 11-12, trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 1982,
p.244-245.
4. LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 68; voir A. PAPADOPOULos-KERAMEUS, 'AvaÂE1C'lU
'IepoaOA.Vfltn1C1}Ç L'lUXvoA.oriaç, t. II, Saint-Pétersbourg, 1894, p. 1-22.
5. ÉGÉRIE, Journal de voyage, 24, 10, trad. P. Maraval, SC 296, Paris, 1982,
p.244-245.
6. M. ApPAH~, OKO aepK06Hoe - HcmopWl TunuKoHa, Rome, 1998, p. 58.
LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 365

D'autre part, nous avions également remarqué, dans la


deuxième partie de notre étude, que les lities à travers la ville,
prévues par la liturgie stationnale et «cathédrale» de la Grande
Église de Constantinople pour les fêtes de l'Annonciation et
du dimanche des Rameaux, avaient été transposées, à moindre
échelle, autour du monastère, dans la liturgie «monastique» du
Stoudion, comme l'atteste le 1jJpikon d'Alexis le Stoudite. Ces pro-
cessions seront ensuite intégrées au Typikon néo-sabaïte, comme
l'atteste le Psautier suivi du métropolite Cyprien.
C'est ainsi que la «synthèse byzantine» mettra fin, dans le
monde orthodoxe, à la distinction d'un rite «cathédral» et d'un
rite «monastique» - distinction relative compte tenu des influences
mutuelles qui eurent lieu, comme nous venons de le rappeler, tout
au long de l'histoire.
Il ne faut pas oublier que la «synthèse byzantine» n'a pas
simplement introduit un rite entièrement nouveau, purement
monastique. Le Typikon néo-sabaïte, introduit au XIve siècle
par les hésychastes, dont les représentants sont le patriarche
Philothée et le métropolite Cyprien, ne reflète plus la plus pure
et stricte tradition palestinienne. Lorsque la tradition sabaïte
fut introduite à Constantinople par Philothée, elle subit une
solennisation par l'ajout d'éléments propres à l'office cathédral!.
En effet, la dia taxis de Philothée solennisa le déroulement des
offices de l'Horologion en prescrivant des rubriques concer-
nant les célébrants. Ces rubriques étaient à l'origine superflues
dans la plus pure tradition monastique qui ne prévoyait pas un
grand nombre de célébrants - une seule personne suffisait - ni
de grande pompe. En effet, l'une des particularités du Typikon
sabaïte, évoquée par Syméon de Thessalonique, était qu'il pou-
vait être célébré par un seul moine non ordonné dans son kellion.
Or, les rubriques de la dia taxis régularisaient l'habillement des
célébrants - du prêtre et du diacre -, l'encensement, les entrées
et les processions, donnant ainsi au Typikon sabaïte une cer-
taine pompe, complètement absente dans la genèse de cet ordo,
mais pouvant maintenant rivaliser avec l'office asmatique.
D'ailleurs, comme nous l'avons remarqué dans la deuxième
partie de notre étude, les prières sacerdotales provenant des
divers antiphones de l'office asmatique, du rite «cathédral» de
Constantinople, furent ajoutées aux vêpres et aux matines de
l'Horologion palestinien en tant que ( prières du lucernaire» et
«prières matutinales». Cet ajout avait été signalé par Syméon de
Thessalonique lorsqu'il disait:

1. H. )1;. YCIIEHCKHH, «qHH BceHOID;Horo 6,ll;eHHH Ha IIpaBocJIaBHOM BocTOKe H B


PYCCKOH IJ;epKBH», BT19 (1978), p. 59; LOSSKY, Le JjJpikon byzantin, p. 102-103.
366 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Les prières du lucernaire et de l'orthros, celles qu'on appelle matuti-


nales (éro9tvai), en sont une attestation. Elles subsistent et sont composées
selon l'ancienne forme de l'office. Il en est de même pour celles dites de
la pannychis. La prière même des vêpres provient de cet antique office.
Ces prières, par l'intermédiaire du prêtre, font monter vers Dieu ce que
chantent les psaltes. C'est ce que prouvent celle du Psaume 50 et celle
des laudes!.

De même, l'ordo sabaïte hérita de l'Anastasis de Jérusalem, peut-


être par l'intermédiaire de la Grande Église de Constantinople, de
la lecture solennelle de l'évangile, précédée de ses prokimena et
suivie d'une procession et de sa vénération. Nous avons vu, en
effet, que le 'lYpikon de la Grande Église prescrivait une procession
solennelle avec l'évangéliaire après le Trisagion final de la grande
doxologie suivie de sa lecture à l'ambon. Une fois ce rite «cathé-
dral) transposé dans l'ordo «monastique) sabaïte, ce dernier
hérita de deux versets des laudes - « 1tacra 1tvoi]) (Ps 150, versets
6 et 1) - qui subsistèrent avant la lecture de l'évangile en tant
que prokimenon fixe. L'introduction de ce verset, déplacé avec la
lecture de l'évangile du «rite cathédral) où elle suivait les laudes
et la doxologie, pour être placé avant le Psaume 50 dans le «rite
monastique), a dû se faire vers le XIIe siècle, à l'époque où s'est
amorcée, peut-être sous l'influence du monastère de l'Évergétis,
la «synthèse) des usages monastiques et cathédraux, hiérosolymi-
tains et constantinopolitains. En effet, le plus ancien manuscrit du
Typikon sabaïte, le Sin. gr. 1094, daté des XIIe-XIIIe siècles, atteste
déjà cette pratique2 •
Nous avons vu également que, dans la même mouvance, le
chant solennel de la grande doxologie, dans sa recension constan-
tinopolitaine, fut introduit dans l'Horologion palestinien pour les
matines de fêtes. Ainsi, une recension «cathédrale) fut placée à
côté d'une forme «monastique), cette dernière étant reléguée aux
jours ordinaires, non festifs.
Nous avons aussi remarqué que l'exécution «cathédrale) des
psaumes vint solenniser la psalmodie «monastique ), beaucoup
plus sobre. En effet, comme nous l'avons démontré, le chant
des psaumes du lucernaire et des laudes dans le Typikon néo-
sabaïte hérita de la tradition du Typikon de la Grande Église
en gardant certains refrains de leur interprétation asmatique.
D'ailleurs, comme l'a montré N. Uspensky, 1'office asmatique
laissa même son empreinte en Russie dans le chant du Psaume
103, du premier cathisme, du Psaume 118 (les Irréprochables),

1. SYMÉON DE THESSALONIQUE, De la prière sacrée, 301, PG 155, 553 D-556 A.


2.Voir les ~uel~ues références données dans le lexi~ue de LOSSKY, Le Typikon
byzantin, 'P. 331.
-
LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 367

du Polyéleos (Ps 134 et 135) et du Psaume 136 (( Sur les fleuves


de Babylone ,») - tous accompagnés de refrains solennels ou
d'Alléluia 1.
Ainsi, en analysant la «synthèse byzantine ,) nous constatons
deux choses. D'une part, il est vrai qu'après cette synthèse le
rite «cathédral ,) tomba en désuétude et fut remplacé par un rite
«monastique ,) : le Typikon de la Grande Églz"se était révolu et céda la
place au Typikon néo-sabaïte. D'autre part, l'office sabaïte n'était
plus l'office «monastique,) qu'il avait été jadis. Il avait perdu sa
simplicité et son austérité qu'il avait eues à l'époque où il était
célébré par des kelliotes, et avait été «assaisonné ,) de la solennité
empruntée aux usages «cathédraux ,) de l'office asmatique de la
Grande Église. L'opposition entre un «rite monastique,) et un
«rite cathédral» fut à jamais révolue.

Jérusalem et Constantinople.

La grande «synthèse byzantine ,) a ainsi mis au monde un rite


uniformisé qui, depuis, n'a pratiquement plus évolué et que les
liturgistes modernes qualifient de «rite byzantin2 ,). Depuis lors,
ce terme laisse entendre que cette liturgie est celle de Byzance,
ayant pour centre Constantinople. Or, l'étude de la «synthèse
byzantine ,), et plus particulièrement celle de la réforme du
métropolite Cyprien, nous montre bien que cette «synthèse ,) n'a
pas seulement unifié le rite «cathédral,) et le rite «monastique ,),
mais réuni deux villes, deux familles liturgiques - Jérusalem et
Constantinople.
Nous évoquions plus haut les onze évangiles matutinaux de la
Résurrection. Nous ne sommes pas seulement ici face au phénomène
du passage d'un élément «cathédral,) au rite «monastique,), mais
devant l'importation d'un élément hiérosolymitain à Constantinople.
En effet, ces lectures qui, comme nous l'avons montré plus haut,
prennent leur origine dans la liturgie de l'Anastasis de Jérusalem,
furent adoptées par le Typikon de la Grande Église, au plus tard au
IXe siècle, peut-être au moment de la réforme stoudite3 •
L'influence de Jérusalem sur Constantinople ne s'arrête pas
là. Comme nous l'avons vu dans la deuxième partie, les grandes

1. H. )l;. YCIlBHCKHil:, «qllH BceHO~Horo 6,n;eHilll Ha IIpaBocJIaBHOM BOCTOKe Il B


PyCCKOH -UepKBII», ST 19 (1978), p. 16-20,34-36. M. Iisitsyn avait bien montré l'exé-
cution asmatique de ces psaumes d'après les anciens manuscrits hymnographiques
asmatiques russes: JIIiCIIl\blH, IIep6oHo'la./lbHbZU Cn06JIHO-PyCCKUU TunuKoH, p. 79-86.
2. R. TAFf, Le Rite byzantin, p. 103.
3. Voir notre article:]. GETCHA, (i Le système des lectures bibliques du rite byzantin 'l,
p. 39-41.
368 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

heures (OU «heures royales ») du Grand Vendredi et des paramo-


nies de la Nativité et de la Théophanie, de composition pales-
tinienne, furent introduites à Constantinople, d'abord par les
Stoudites qui adoptèrent «1'acolouthie des douze tropaires » dans
l'office du Grand Mardi, comme l'atteste le 'JYpikon d'Alexis le
Stoudite, puis par la Grande Église elle-même, qui les célébrait au
XIVe siècle si l'on s'en tient à la description des offices de Sainte-
Sophie dans le traité du Pseudo-Kodinos.
Les emprunts ne se font toutefois pas que de Jérusalem vers
Constantinople. Le Typikon néo-sabaïte emprunta, lui aussi,
comme nous l'avons vu, des usages constantinopolitains. Par
exemple, la fête de la Procession de la Croix du 1er août sera intro-
duite dans le Typikon néo-sabaïte au XIVe siècle. Elle est effecti-
vement absente des typika sabaïtes du XIIIe siècle!. Cette nou-
velle fête, introduite dans le Synaxaire du Typikon néo-sabaïte,
prend son origine, comme nous l'avons vu, dans la procession
de la relique de la vraie Croix qui avait lieu à Constantinople,
à partir du IXe siècle, au début du mois d'août, pour protéger
la ville contre les épidémies. Comme nous l'avons remarqué,
le Psautier suivi du métropolite Cyprien et toute la tradition
néo-sabaïte transposèrent cette procession constantinopolitaine
à une moindre échelle : à une procession autour des murs du
monastère. Cet usage constantinopolitain fut ainsi ajouté à l'ordo
palestinien.
li en va de même avec la grande doxologie. Nous venons d'évo-
quer que la rédaction «cathédrale » constantinopolitaine de la
grande doxologie fut ajoutée à l'Horologion «monastique» pales-
tinien. Mais il faut souligner que cet ajout est aussi celui d'une
recension de Constantinople qui vient s'ajouter à un ordo origi-
naire de Palestine. Ainsi, les usages strictement hiérosolymitains
ou palestiniens sont complétés par des traditions constantinopoli-
taines dans cette grande «synthèse byzantine ».
De la même manière, l'hymnographie stoudite, particulière-
ment abondante dans le Triode et le Pentecostaire, qui n'avait pas
de place dans le Typikon sabaïte et le matériau hymnographique
palestinien originels, se voit incorporée à l'office sabaïte. Par
exemple, nous avions remarqué que les canons tri-odes de Joseph
de Thessalonique, frère de saint Théodore le Stoudite, contenus
dans le Pentecostaire, furent déplacés des matines, où ils étaient
chantés dans la tradition stoudite, pour être relégués à l'apodei-
pnon. Nous avions alors noté que la grande synthèse liturgique
du XIVe siècle avait entraîné une refonte des livres liturgiques, et
particulièrement du Triode et du Pentecostaire, où l'hymnogra-

1. Le Sin. gr. 1094 Cf. 60 v.) ne mentionne que la mémoire de Maccabées au


1'" août. Voir LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 228.
LE BUT DE LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 369

phie stoudite (constantinopolitaine) est venue enrichir le maté-


riau hymnographique primitif palestinien, issu en grande partie
de Jérusalem.
Toutes ces remarques nous conduisent à nous demander dans
quelle mesure le « rite byzantin» est vraiment « byzantin». Les
études récentes autour du ladgari, un hymnaire géorgien du
v e siècle - qui est, en fait, une version géorgienne d'un hymnaire
grec hiérosolymitain perdu - montrent bien que le noyau de l'Oc-
toèque byzantin est formé de l'hymnographie hiérosolymitaine des
IVe-ve siècles l . Une chose est donc sûre : la « synthèse byzantine»
du XIVe siècle réunit à jamais dans une même tradition liturgique
la liturgie de Jérusalem et de ses environs avec celle de la capitale
impériale, Constantinople.

1. Voir C. RENOUX, Les Hymnes de la Résurrection, 1. Hymnographie liturgique


géorgienne, Sources liturgiques 3, Paris, 2000, p. 4, 28-30.
CHAPITRE IX

L'IMPACT DE LA RÉFORME
LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE
CYPRIEN

Si la réforme liturgique du métropolite Cyprien peut être quali-


fiée de «réforme non spontanée}), elle n'a toutefois pas été «instan-
tanée}). En effet, contrairement à d'autres réformes, comme celle
du patriarche Nikon! , celle de Cyprien n'a pas été introduite du
jour au lendemain, mais reçue progressivement. Cela nous amène à
parler de sa réception progressive.
Néanmoins, la réforme du métropolite Cyprien a eu un impact
important dans l'histoire de la liturgie en Russie, plus déter-
minant que celle du patriarche Nikon. En effet, la réforme du
métropolite Cyprien a peu à peu transformé la liturgie de l'Église
russe en introduisant un nouveau typikon et en uniformisant la
liturgie par l'introduction de la «synthèse byzantine}). La réforme
du patriarche Nikon, de son côté, n'a fait que mettre à jour les
livres liturgiques en les corrigeant, afin qu'ils soient conformes
aux livres liturgiques grecs imprimés.
D'autre part, il ne faut pas oublier que l'impact de la réforme
du métropolite Cyprien ne se limite pas seulement au rôle qu'elle
a joué dans l'histoire de la liturgie, mais nous touche également.
En effet, l'étude de cette réforme nous interroge aujourd'hui et
nous fait découvrir toute une théologie liturgique sous-jacente
qu'il faut peut-être redécouvrir.

SA RÉCEPTION PROGRESSIVE

Tout acte ecclésial n'est, en principe, jamais imposé d'en haut,


mais demande d'abord à être reçu par l'ensemble du corps ecclé-

1. Sur cette réforme, voir P. MEYENDORFF, Russia, Ritual and Reform : The Liturgical
Reforms of Nikon in the 17th Century, Crestwood, NY, 1991.
372 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ••.

sial. S'inspirant de saint Cyprien de Carthage qui s'était donné


pour règle de ne rien décider dans l'Église ({ sans le consentement
(sine consensu) du peuple! », le père Nicolas Manassieff insistait
beaucoup dans ses travaux sur ce principe de ({ réception» dans
et par l'Église : ({ Ce témoignage de la volonté de Dieu révélée
avait un caractère de "consensus" de ce qui devait avoir lieu, et de
réception de ce qui avait été accompli conformément à la volonté
divine 2 .» C'est pourquoi, en parlant de l'impact de la réforme du
métropolite Cyprien, nous devons nous pencher sur sa réception.
Comme nous venons de le dire, cette réforme ne fut pas
imposée instantanément, du jour au lendemain, ce qui lui évita
une farouche opposition et la création d'un schisme. Là sont sans
doute la sagesse et le succès du métropolite Cyprien qui l'oppo-
sent au patriarche Nikon qui, trois siècles plus tard, imposa sa
réforme de manière impérative et provoqua un schisme qui per-
dure de nos jours 3 •
Comme le rappelle N. Uspensky, le centre de la réforme fut
Moscou. Le métropolite Cyprien a dû introduire progressivement
le Typikon néo-sabai't:e dans les monastères et les églises de la
capitale, et de là, la réforme s'est progressivement répandue à l'en-
semble de la Russie. En effet, ce n'est, selon ses vérifications, que
dans les Sluzhebniki du xve siècle qu'apparaissent des rubriques
concernant le nouvel office d'agrypnie. Ainsi, le Typikon néo-sa-
bai't:e fut introduit peu à peu dans les monastères et les églises
de Russie: en 1428 au monastère de saint Sabas Storojevskij, en
1429 à la laure de la Trinité-Saint-Serge, en 1438 à Tver, en 1441
à Novgorod, à l'époque de l'archevêque Euthyme, et en 1494 au
monastère de Solovki4 •

Questions liturgiques à l'époque du métropolite Photios.

Après la mort du métropolite Cyprien en 1406, le Typikon néo-


sabaïte n'était pas encore reçu partout et par tous. Les questions
liturgiques soulevées à l'époque de son successeur, le métropolite
Photios (1408-1431), témoignent de la réception progressive de la
réforme de Cyprien. En effet, le fait que des questions concernant

1. CYPRIEN DE CARTHAGE, Épître 5, 4, PL 4, 234 B.


2. N. AFANASSIEFF, EÉglise du Saint-Esprit, Cogitatio Fidei 83, Paris, 1975, p. 99.
Voir également: H. A<l>AHACbEB, «TaHHCTBa H TaHHoAeHcTBHlI (Sacramenta et sacra-
mentalia)), flM 8 (1951), p. 23.
3. Sur la réforme du patriarche Nikon, voir P. MEYENDORFF, Russia, Ritual and
Reform : The Liturgical Reforms of Nikon in the 17th Century, Crestwood, NY, 1991.
4. H. A. YCIIEHCKHH, «qHH BceHOrn;Horo 6AeHHlI Ha I1paBOCJIaBHOM BOCToKe H B
PYCCKOH U;epKBH», BT 19 (1978), p. 3; H. O;IUfHl\OB, flopJ/àoK 06U4ecmlleHHozo U 'Iacm-
HOZO 60Z0C/ly;J/CeHUJ/ Il àpellHeu Poccuu ào XVI 6eKa, Sair1t-Pétersbourg, 1881, p. 181-182.
-
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 373

des éléments de la réforme soient posées après la mort de notre


métropolite liturgiste indique que ces éléments apparaissaient
encore nouveaux à l'époque de son successeur et suscitaient la
curiosité ou l'étonnement des clercs, ce qui prouve une réception
progressive de la réforme. En effet, nous retrouvons soulevées
dans deux lettres du métropolite Photios au clergé de Pskov les
mêmes problématiques que dans le Psautier suivi du métropolite
Cyprien.
Par exemple, dans sa lettre du 23 septembre 1417, le métropo-
lite Photios répond à des questions posées par le clergé de Pskov
concernant la pratique du jeûne. Ces questions devaient avoir été
formulées suite à l'introduction des nouvelles règles du Typikon
sabaïte concernant la pratique du jeûne, qui avaient sans doute
provoqué l'étonnement du clergé habitué aux anciens usages
stoudites ou constantinopolitains.
Sur la période de festivité entre la Nativité et la Théophanie, et
la paramonie de la Théophanie, il écrit : (~Et tout d'abord, vous
m'écrivez, fils, que vous entendez depuis le commencement de
la foi orthodoxe qu'à partir de la Nativité du Christ jusqu'au
Baptême, il convient de manger de la viande pendant douze jours;
il est prescrit autre chose par la Nouvelle Loi donnée par Dieu et
par les règles des saints: pour ces douze jours, à l'exception d'un
seul, il convient de manger du lait et de la viande; mais le dou-
zième jour, veille de la Théophanie, il est prescrit par les saintes
règles de ne manger ni viande ni poisson, mais seulement de la
nourriture sèche Cçupocj>oyto 1).»
Or, cette remarque a été suscitée par une divergence de pratique
entre la tradition stoudite et la tradition sabaïte. Nous avions vu
dans la deuxième partie que, pour les paramonies de la Nativité et
de la Théophanie, de même que pour le Grand Samedi, les règles
du jeûne dans la tradition stoudite étaient moins rigoureuses que
dans la tradition sabaïte. En effet, pour ces trois jours de l'année,
un repas était servi au réfectoire après le congé de la liturgie ves-
pérale avec du poisson. Le TjJpikon d'Alexis le Stoudite dit, en effet,
que la veille de la Théophanie, après la bénédiction des eaux, (~tous
les frères se rendent au réfectoire où a lieu un véritable repas
CH ""IIi.uT" "pdli"," 0""''&''11 2) ». TI est probable que les laïcs mangeaient
à cette occasion de la viande. Dans sa lettre, le métropolite Photios

1. «II rrepBoe y60, ChIHOBe, IIHIIIeTe MH, exœ CJIhIIIIHTe OTh H3Ha'UIJIHhUl rrpaBOCJIa-
BHbUl BilphI, exœ on POXQJ;ecTBa focrroAa HaIIIerO IHcyca XpHcTa AlUKe H AO Kpern;eHia,
TaH 12 ,ll;HiH MJlca Bcrn : HHO, ChIHOBe, rroBemHHo OTh BoroAaHHaro HaM"b HOBaro
3aKOHa H OTh CBlIThIX"b rrpaBHJI"b, Ta ep;HHOHap;eCBTb AHiH, 3a eAHH"b AeHh, MJIeKO H MJlCO
lICTH; a B"b APyrOHRap;eCliThIH AeHb, B"b KaHOH"b BOrOllBJIeHbB, MJlca He lIcrn, HH phI6hI
lIOBeJIilHO OTh CBlIThIX"b rrpaBHJI"b, HO TOKMO CYXOllAb» (IIABJIOB, KaHOHU'IeCKUe naMJ/m-
HUKU, col. 377).
2. IIEHTKoBcKHn, TUnUKOH, p. 316.
374 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

défend donc le nouvel ordo sabaïte qui vient d'être introduit et qui
considère les jours de paramonies comme des jours de jeûne strict,
car « il est prescrit par les saintes règles de ne manger ni viande
ni poisson, mais seulement de la nourriture sèche). Par l'expres-
sion (<nourriture sèche ), nous traduisons le terme CyxOH,ll;b, équi-
valent du grec çupo<j>oytO désignant généralement un repas très
léger composé d'aliments crus ou bouillis. Cette prescription du
métropolite Photios rejoint la remarque formulée dans le Psautier
suivi du métropolite Cyprien indiquant un repas frugal, lorsqu'il
spécifie que, pour la paramonie de la Théophanie, « on entre au
réfectoire; on ne mange ni fromage, ni œufs, ni poisson, mais seu-
lement de l'huile et on boit du vin 1 ).
Nous avons vu également que le Typikon stoudite autorisait la
consommation de laitages pour le mercredi de la mi-Pentecôte,
ce que ne prévoyait pas le Typikon sabaïte. Le Psautier suivi du
métropolite Cyprien spécifie, en effet : « À table, il y a une grande
consolation pour les frères. On a reçu une autre habitude concer-
nant la grande consolation. Ceux qui n'ont pas honte mangent
du fromage et des œufs ce mercredi. Mais cela n'est pas béni,
car cette consolation consiste à· manger de l'huile et du poisson à
cause de la fête despotique2 .)
Le métropolite Photios défend cette règle sabaïte en répondant
au clergé de Pskov: « Et pourquoi écrivez-vous, mes fils, que pour
le Milieu de la Fête du Seigneur, et pour la Décollation de Jean le
Précurseur vous mangez de la viande et du lait : [... ] les divines
règles des saints Pères ordonnent aux chrétiens orthodoxes de
passer ces jours dans la pureté, et de ne consommer en aucun
cas ni viande ni lait; car le Milieu de la Fête du Seigneur est un
grand jour, et partout les chrétiens orthodoxes se gardent dans la
pureté ce jour-là, et ne mangent ni viande ni lait, de même que le
second jour, qui pour nous est triste, [celui] du meurtre et de la
décollation du vénérable chef de Jean le Précurseur3 .)
En parlant de la mi-Pentecôte, le métropolite Photios évoque
également la fête de la Décollation qui, avec l'introduction du
Typikon sabaïte, devint un jour de jeûne strict. Il en est de même
avec la fête de l'Exaltation de la Croix, au sujet de laquelle le

1. KHIIPHAH, Ilcatlmupb C 60CC/le006aHUe.M, f. 224 v.


2. Ibid., f. 288.
3. «A '!TO, CLIHOBe, nHIIIeTe, '!TO Ha IIpenoJIoBJIeHÎe npa3,ll;HHIŒ BJIlI,ll;bIqIDI H Ha
YctKHoBeHÎe rJIaBLI IoaHHa IIpe,ll;TeqR MlICO H MJIeKO y BaC'b B)l;RTh : HHO, 6LI, ChIROBe,
TO 0T'b CHX'b MilCT'b y BaC'b 6hIJIO, TLIa 60 ,ll;HH 60:lKeCTBeHÎH npaBHJIa CBBThIX'b OTeD;h
nOBemBaJOTh npaBOCJIaBHLIM'b XPHCTÎRHOM'b qHCTO XpaHHTH, a MlIca H MJIeKa He BCTH
HHKaKO:lKe; nOHe:lKe ,ll;eHh BeJIHKi:ii: eCTh IIpenoJIoBeHhB npa3,ll;11HKa BJI~, e:lKe H
nOBe3,ll;t BO npaBOCJIaBHhIX'b XPHCTÎBHOX'b TLIR ,ll;IIH qHCTO xpaIDITCR, H MlIca H MJIeKa Re
R)l;RTh; a ,ll;pyrhIH ,ll;eHh CtTOBaJIHhIH HaM'b 0 y6ÎHCTBÎH H 0 yctKHoBeRÎH qeCTHbIa maBhI
IoaHHa IIpe,ll;TeqR)) (IIABJIOB, KaHoHulIecKue nll.MJlmHUKU, col. 377).
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 375

métropolite Photios écrit: (<Et pourquoi m'écrivez-vous, fils, au


sujet de l'Exaltation de la vénérable Croix, que vous ne mangez
pas de viande la veille et le jour même [de la fête] : selon l'ordo,
il en est autrement, fils : la veille de la fête, [il convient] de
manger de la viande, et le jour de l'Exaltation, de ne pas en
manger!.»
Pour cette dernière, le Psautier suivi prescrivait en effet la même
chose: <da liturgie étant terminée, nous allons au réfectoire. Nous
ne mangeons pas de fromage, ni d'œufs, ni de poisson. Nous
mangeons de l'huile et buvons du vin en rendant grâce à Dieu. il
faut savoir aussi que, contrairement à l'acolouthie, il ne convient
pas de manger de l'huile ni de boire du vin. Mais à cause de la
joie que fut la révélation de la Croix, nous faisons cette permis-
sion pour la gloire du Christ crucifié et qui a révélé cela 2 .»
Nous avons vu dans la deuxième partie que le Typikon d'Alexis
le Stoudite sous-entendait la suppression du jeûne pour les fêtes
de la Décollation et de l'Exaltation, puisqu'il indique un jour festif
et chômé par la «suppression de tout3 ». Nous avions vu égale-
ment que le métropolite Cyprien, dans ses Réponses à l'higoumène
Athanase, indiquait qu'on observe un jeûne strict pour la fête de
l'Exaltation, de même que pour la Décollation de Jean Baptiste :
«Pour la Décollation de Jean le Précurseur et le Baptiste, il ne
faut pas manger de viande, ni de lait, ni de poisson, indépen-
damment du jour de la semaine où elle tombe; de même pour
l'Exaltation de la vénérable Croix, le jour même4 .» Nous avions
alors souligné que ce fut avec la diffusion du Typikon sabaïte, aux
)(Ne-xve siècles, que ces deux jours festifs devinrent des jours de
jeûne strict. Cette pratique apparaissait comme une nouveauté à
l'époque même du métropolite Photios, ce qui prouve bien l'adop-
tion progressive de la réforme liturgique du métropolite Cyprien
par l'Église russe.
Dans la même lettre, le métropolite Cyprien indique une
autre divergence entre le Typikon stoudite et le Typikon sabaïte.
Conformément à l'usage sabaïte, tel que nous l'indique le Psautier
suivi du métropolite Cyprien5, on lisait l'apodeipnon en cellule le
Grand Jeudi et le Grand Vendredi, alors que le Grand Samedi, on

1. « A '1TO MH, CbIHOBe, IIHIIIeTe 0 B03,IJ;BIDKeHiH '1eCTHaro KpecTa, '!TO B'b KaHOH'b
,IJ;HH H B'b caMbtii: ThlU: ,IJ;eHb MlIca He MJlTb : HHO, ChlHOBe, IIO yCTaBy, B'b KaHOH'b Toro
,IJ;HH MlIca HCTH, a B'b caMoe B'b3,IJ;BHJKeHie He HCTH»~ (IIABJIOB, KaHOHU'IeCKUe naM5lm-
HUKU, col. 378).
2. KHIIPHAH, IIcMmupb C 6ocCfleiJo6aHUeM, f. 197.
3. IIEHTKOBcKH1l:, TUnUKOH, p. 283, 367.
4. «Ha YctKHoBeHie rJIaBhl IOaHHa IIpe,IJ;Te'lH H KpeCTHTeJIJI MlIca He JICTH, RH MJIeKa,
RH phl6hl, am:e B'b KOTOPhlU: ,IJ;eHb RH rrpHJIY'lHTCJI; TaKOJKe H Ha B03,IJ;BIDKeHie '1eCTHaro
KpeCTa, Ha CaMhlU: TOU: ,IJ;eHb» (IIABJIOB, KaHOHU'IeCKUe naM5lmHuKu, col. 253).
5. KHIIPHAH, IIcMmupb C 6ocCfleiJo6aHUe.M, f. 280,282,283 v.
376 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

passait la soirée dans l'église en lisant les Actes des Apôtres et en


récitant le mesonyktikon avec le canon du Grand Samedi. C'est ce
que prescrit également le métropolite Photios : «Et pourquoi écri-
vez-vous, fils, au sujet du methimon qui est lu le Grand Samedi :
il en est autrement d'après l'ordo. On ne lit pas le methimon à
l'église le Grand Jeudi soir, le Grand Vendredi et le Grand Samedi,
mais on lit l'apodeipnon en cellule; et la nuit du Grand Samedi,
on lit les Actes des Apôtres dans les églises pendant toute la nuit,
. et les canons de l'ensevelissement du Sauveur et les lectures l .»
Dans le passage que nous venons de citer, le terme «methimon»
évoque les petites complies de la tradition stoudite qui étaient
célébrées à l'église le Grand Vendredi2 •
Dans une autre lettre, datée du 12 août 1419, le métropolite
Photios traite de la célébration des offices selon le Typikon sabaïte.
TI rappelle que, contrairement à la tradition stoudite qui ne pré-
voyait que douze tropaires au canon des matines, l'ordo sabaïte en
prévoit habituellement quatorze : (<Vous avez cet ordo concernant
cela: on n'omet jamais pendant toute l'année l'Octoèque qui a
deux canons chaque jour; et la Ménée n'est jamais omise, sauf
les cas prévus par les ordonnances contenues dans l'ordo; car les
deux canons de l'Octoèque sont chantés avec l'hirmos en 10, et
[celui] de la Ménée en 4; et il y a au total quatorze [trop aires] à
chanter. S'il y a une fête du Seigneur, et que dans ce cas l'Oc-
toèque n'est pas chanté, mais [seulement l'office] de la fête, même
s'il n'y a que deux versets pour chaque ode, on [les] chante en 14
avec l'hirmos, sans la catavasia3 ••• »
Luttant contre la survivance des anciens usages constanti-
nopolitains, il rappelle également que, conformément à la pra-
tique palestinienne, adoptée par la suite à ·l'Athos et même à
Constantinople où elle est venue remplacer l'ancienne pratique de
la Grande Église et du Stoudion, il n'est pas prévu de célébrer les
Présanctifiés, ni la liturgie de saint Jean Chrysostome le mercredi
et le vendredi de la semaine des Laitages : «Et concernant le mer-

1. «A '!TO, ChlHOBe, rrHirreTe 0 MeSHMOH'B, qTO mlTH B'h BeJIHKyro cy6oT)' : RRO rro
yCTaBy, He rroeTCH MeSHMOH'h rro ~epKBaX'h B'h BeJIHKhIH qeTBepn Beqep'h, H B'h BeJIHKylO
IIHTHH~IO, H B'h BeJIHKyro cy60T)', HO rrOIOTCH rraBeqepHH~ B'h KeJIbHX'h; a Ha HOm;b
BeJIHKia Cy60TbI ,Il;t.HHia ArrOCTOJIbCKaH B'h ~epKBax'h qpe3'h BCIO HOm;b qTYTCH, H KaHOHbI
CrraCOBhl Harpo6HbN H qTeHÏa» (IIABJIOB, KaIlOIlU'IeCKUe naMJImllUKU, col. 378-379).
2. IIEHTKOBC!UIH, TUnUKOIl, p. 283, 254.
3. «A yCTaB'h y60 HMaTe CH~e 0 CHX'h : OXTaHK'h y60 B'h Bce JIilTO He OCTaBJIj!eTCH,
HMt.HH Ha KÏH)K)J;O ;o;eHb ;O;Ba KaHoHa; a MHHeH HHKOJIIDKe OTJIaraeTCH, KPOMt. yCTaBJIe-
HbIX'h rrOBeJIt.Hiii:, HKO:lKe yCTaB'h ;o;ep:lKHTb : H60 B'h OXTaH~t. )J;Ba KaHOHa rrOIOTCH C'h
HpMOCOM'h Ha 10, a B'h MHHeH Ha 4, H 6hlBaeT'h Bct.X'h 14 rrt.THCH; am;e JIH rOcrro;o;cKhIH
rrpa3;IJ;HHK'h, H y60 OXTaHK'h Tor;o;a He rroeTCH, am;e H rro ;O;Ba CTHxa 6y;o;eTb B'h KOeH)K)J;O
rrt.CHH, HO rroeTCH Ha 14 C'h epMOCOM'h, KPOMt. KaTaBaciH» (IIABJIOB, KaIlOIlU'IeCKUe
naMJImllUKU, col. 413).
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 377

credi et le vendredi de la semaine des Laitages, nous n'avons reçu


ni de Palestine, ni de la Sainte Montagne, ni de la ville impériale
de Constantinople de célébrer ces jours-là, c'est-à-dire le mer-
credi et le vendredi, de liturgie complète, ni de Présanctifiés!.»
Nous avions remarqué la même rubrique dans le Psautier suivi
du métropolite Cyprien qui avait introduit cette réforme : « Il est
connu qu'en Palestine nous n'avons pas reçu de nos Pères de
célébrer la liturgie des Présanctifiés 2 .»
Photios réagit de la même façon pour ce qui est du Grand
Vendredi, jour où, selon l'ancien usage constantinopolitain, on
célébrait les Présanctifiés : « De même et à plus forte raison le
Grand Vendredi de la crucifixion du Christ nous n'avons pas reçu
[de célébrer] une liturgie complète, ni de Présanctifiés; et aussi,
de ne pas manger: "le jour où, il est dit, l'Époux leur sera enlevé,
alors ils jeûneront en ce jour-là" (Lc 5,35 3 ).» Nous avions trouvé
la même prescription dans le Psautier suivi de Cyprien4 •
Concernant les paramonies de la Nativité et de la Théophanie
tombant un samedi ou un dimanche, Photios indique qu'il convient
de déplacer l'office des «heures royales» ou des « douze tropaires»
au vendredi précédent, conformément au Typikon sabaïte qui est
le seul à connaître ces offices : « Il convient de savoir que, si la
paramonie de la Nativité du Christ ou de la Théophanie tombe
un samedi ou un dimanche, il n'y a pas de jeûne et on ne chante
pas les trop aires, mais on chante les tropaires le vendredi précé-
dent. Et la liturgie de Chrysostome [est célébrée] en son temps;
la liturgie de Basile le Grand a lieu le jour même de la fête, si la
paramonie tombe l'un de ces deux jours 5.» Le Psautier suivi du
métropolite Cyprien, qui avait introduit cette réforme, contenait la
même rubrique: «Il faut savoir que, si la paramonie de la Nativité
du Christ tombe un samedi ou un dimanche, il n'y a pas de jeûne,
et les tropaires ne sont pas chantés. Le jeûne a lieu le mercredi et
le vendredi. [... ] Il convient de savoir que si cette fête tombe un
samedi ou un dimanche, la liturgie de Chrysostome est célébrée

1. « A e:lKe B"b cpep;y H B"b lliITOK"b CblpHIillI Hep;T..rrH He rrpÜIxOM"b HH:lKe B"b IIa.JIecTHHt,
RH B"b CBHTOH ropt" HH:lKe B"b n;apCTBYIOrrrHM"b I.J;apHrpap;t, He rrpiHXOM"b B"b cia
ARH, peKIIIe cpep;y H lliITOK"b CblpHbIH Hep;T..rrH, HH:lKe CBepmeHyro JlHTYpriIO, HH:lKe
rrpe:lKeCBHIIIeHHyro CTBapHTH» (IlABnoB, KaIlOIlU'IeCKUe nll.MJlmllUKU, col. 414).
2. KHIIPHAH, IIcatlmupb C 6ocCileiJo6allUe.M, f. 266 v.
3. « IIop;oôHt:lKe H HaIlrra'le B"b lliITOK"b BeJlIlKbrH paclliITiH XpHCTOBa He rrpiHXOM"b HH
BCepmeHY JlHTYpriIO, HH rrpe:lKeCBHrrreHHyro; errre :lKe - He HCTH : 'BOH:lKe, pelle, [,u;eHb]
OTHMeTCH OTh RHX"b :lKeHIlX"b, Torp;a rrOCTHTCH B"b TbIH P;HH' » (IlABnoB, KaIlOIlU'IeCKUe
414).
nll.MJlmlluKu, col.
4. KHIIPHAH, IIcatlmupb C 6ocCileiJo6allUe.M, f. 281 v.
5. « IIop;oôaeTb Bt,p;aTH : arrre CJIY'lHTCH HaBe'lepie PO:lKeCTBa XpHcToBa HJlH
BOrOHBJleHiH B"b cYÔOTY I1JlH B"b Hep;t,JlIO, rrOCTh He ôblBaeTb H TporrapH He rroeM"b, HO B"b
lliITOK"b rrpe:lKe Toro rroeM"b TPOrrapH. A JIHTYpria ôblBaeTb Ha CaMbIH rrpa3ARHK"b, arrre
CJlyqHTCH BD ciH ASa ARR HaBe'lepie» (IlABnoB, KaIlOIlU'IeCKUe nll.MJlmllUKU, col. 414).
378 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

à son heure [habituelle]. [La liturgie] de Basile le Grand est célé-


brée le jour de la fête. Nous faisons de même pour la fête de la
Théophanie!. )
Photios poursuit : « Si la paramonie de la Nativité du Christ
ou de la Théophanie tombe un jour de jeûne, à la dixième heure
du jour, on frappe [la simandre], et après "Béni le Seigneur, ô
mon âme", a lieu la grande ecténie, après cela "Seigneur, je crie
vers Toi" sur le ton 2, puis les stichères sur 8; le prêtre fait la
proscomidie, les chœurs chantent les stichères, ton 2, gloire et
maintenant ... et l'entrée avec l'évangile, le prokimenon du jour,
et les lectures selon leur ordre. À la fin des lectures, les petits
diakonika et l'ecphonèse du prêtre, et nous chantons "Saint
Dieu"; puis le prokimenon de l'apôtre, après l'apôtre alléluia,
puis l'évangile, et la liturgie de Basile le Grand dans l'ordre. Le
koinonikon : "Louez le Seigneur". Nous entrons au réfectoire
et mangeons des lentilles sans huile, buvons du vin si l'higou-
mène l'ordonne 2 .) il est intéressant de remarquer, une fois de
plus, une similitude avec le Psautier suivi qui prescrivait lui aussi
de commencer les vêpres à la dixième heure, contrairement au
Typikon d'Alexis le Stoudite, qui prévoyait de les commencer à
la neuvième heure 3 • Contrairement à la tradition stoudite qui,
comme nous venons de le rappeler, prévoyait de manger du
poisson après vêpres, le Psautier suivi prévoit de ne consommer
que de l'huile et du vin4 • Étrangement, le métropolite Photios
semble plus rigoureux que le métropolite Cyprien et la tradition
sabaïte en prescrivant de ne manger que des lentilles sans huile
et de ne boire du vin que si l'higoumène le permet - à moins
que le terme « sans) ne soit une erreur de copiste, reprise dans
l'édition de Pavlov.
Le métropolite Photios continue sa défense du Typikon sabaïte
en décrivant l'agrypnie de la Nativité du Christ - nouvel office
introduit en Russie par la réforme de Cyprien -, composée du
grand apodeipnon, de la litie, de l'artoclasie, de la grande lecture,

1. KHIIPHAH, IIcll./Imupb C BocC/leàoBaIlUeM, f. 220 v.


2. «Am;e JIH B"b IIOCTb HaBe'lepie PO:llCeCTBa XpHcToBa H BormIBJIeHÎH, IIpH 'lact 10-M"b
i\HH KJIelIJIeTh, H IIO 'BJIaroCJIoBH, .l\YllIe MOH, foclIoAa', 6hlBaeT"b eKTeHÎH BeJIHKaa, I10
CeM"b 'fOCIIOAH, B03BaX"b K"b To6t' Ha rJIaC"b 2, H I10CeM"b CTHXHphI Ha 8; iepeii :lICe TBO-
pHTh I1poCKoMHAiIO, JIHKOBe :lICe IIOIOTh CTHXHphl rJIaC"b 2, CJIaBa H HhIHt ... H BhlXOA"b
C"b eVaHI'eJIieM"b, rrpOKHMeH"b AHIO, H 'lTeHia IIO 'lHHY HX"b. H I10 CKOH'l.HHiH :lICe 'lTeHÎH,
AiaKOHhCTBa MaJIaa, H IIOII"b B"b3fJIaCHTh, H I10eM"b 'CBHThm BO:llCe' ; Taxe IIpOKHMeH"b
aIIOCTOJIy, a IIO aIlOCTOJIt aJIJIHJIyia, Ta:llCe H eVaHI'eJIie, H IIO pJl:AY JIHTYpria BeJIHKarO
BacHJIÎH, KeHaHHK"b 'XBaJIHTe foclIoAa' ; B"bXOAHM"b B"b TpJl:Ile3y, H Jl:Mhl CO'lHBO 6e3"b
MaCJIa, lIieM"b :lICe BHHO, am;e I10BeJIHTh HrYMeHh» (IlABJIOB, KaIlOIlU'IeCKUe nll.M.flmllUKU,
col. 414-415).
3. KHIIPHAH, IIcll./Imupb C BocC/leàoBaIlUe.M, f. 220 v.; llEHTKOBCKHH, TunuKoll, p. 307.
4. Ibid.
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 379

des matines et de l'onction d'huile: «À la première heure de la


nuit, nous chantons le grand apodeipnon, et après "Gloire à Dieu
au plus haut des cieux" nous sortons et chantons les stichères de
la litie de la fête qui a lieu. Puis les apostiches, selon l'habitude.
Puis, après le trop aire, on bénit les pains de l'artoclasie, selon l'ha-
bitude, et il est prévu une grande lecture; puis "Gloire à Dieu au
plus haut des cieux" et les six autres psaumes, et "Le Seigneur
est Dieu et il nous est apparu"; puis le cathisme courant habi-
tuel, et le Polyéleos, et l'anavathmi du ton 4, premier antiphone,
le prokimenon : "De mon sein je t'ai engendré avant l'étoile du
matin"; verset: "Le Seigneur dit à mon Seigneur", et l'évangile.
Puis les deux canons : le premier avec l'hirmos en 8 et le second
avec l'hirmos en 6, catavasia - chaque chœur l'hirmos des deux
canons. Et après le congé on est oint avec l'huile sainte. La liturgie
de Chrysostome [est célébrée] en son temps! ... » Le Psautier suivi
nous donne une description d'une agrypnie semblable pour la
fête de l' Annonciation2 •
Enfin, cette dernière lettre du métropolite Photios semble
attester que l'office monastique sabaïte commençait à être célébré
au domicile des fidèles. En effet, le successeur du métropolite
Cyprien écrit qu'il convient de célébrer l'office de la Panagia
chez les gens pieux de la même manière que dans un monastère,
et comme le décrit le Psautier suivi du métropolite Cyprien3 :
« Et concernant les vêpres et la Panagia, s'ils sont connus par
piété à la maison d'un certain ami du Christ, à son repas du soir,
après les vêpres, on prie la Théotokos comme l'indique l'ordo le
soir à la Panagia. Avant le dîner, il convient de préparer le pain
de la Théotokos, et après dîner, ils l'élèvent selon l'habitude en
chantant les [hymnes] habituelles de la Panagia, et en mangent
eux-mêmes, et en donnent aux autres 4 .»

1. «IIpH qact JKe 10-M"b (sic-lire: 1-M"b) HOID;H nOeM"b naBeqepHHQY BeJIHKyro, H no
'CJIaBa B"b BbIIIIHHX"b' TBOpHM"b HCXO:lK,ll;eHie H noeM"b CTHXHpbl npa3.n;HHKy HCXO:lK,ll;eHÙI,
HJKe 6b1CTb; TaJKe Ha CTHX. no 06~alO, H ~eHie BeJIHKoe nOJIaraeTCH; TaJKe 'CJIaBa
B"b BblIIIHHX"b' H npoqaB 6 nCaJIMOB"b, H 'BoTh focno,llb HBHCH HaM"b' ; TaJKe 06b1qffaa
KaSH3Ma pH.n;OBaB, H MHOrOMHJIOCTHBe, H CTeneHHa rJIacy 4, aHTHq,oH"b 1, npOKHMeH"b :
'Ih"b qpeBa npeJKe .n;eHHila pO,llHX"b TH', CTHX"b : 'Peqe focno.n;b focno.n;eBH MOeMY' H
evaHreJIie; TaJKe KaHOHa .n;Ba : e.n;HH"b C"b HpMOCOM"b Ha 8 H .n;pyriii: C"b HpMOCOM"b Ha 6,
KaTaBacia - Kaa:lK,ll;O CTpaHa epMOC"b 06010 KaHOH"b. If 0 OTrryCrl 3HaMeHaIOTCH CBHTblM"b
MaCJIOM"b. JIHTYpriH JKe 3JIaToycToBa B"b CBoe BpeMH; .. » (IIABJIOB, KaHoHuflecKue naMJ/m-
HUKU, col. 415).
2. KHnPHAH, IlcQ./lmupb C 60CC/lea06aHUe.M, f. 240-241 v.
3. Ibid., f. 178.
4. «A 0 BeqepHH H nOHariH, am;e n03HaHH 6b1BIIIe C"b 6JIarOqeCTbeM"b B"b .n;OM"b
HtKoero XpHCTOJIi06n;a Ha BeqepHiH ero TpHne3t, H no BeqepHiH MOJIHTHCH BoropO,llHD;H,
HKOJKe yCTaB"b .n;epJKHTb BeqepHHH Ha nOHarÙI. A npeJKe BeqepHÙI, CBHTbla Boropo,llHn;a
XJIt6eD;b BblHHTH, H nOBeqepHiH ntB"bIIIH 06b1qHblJl nOHariH, B"b3.n;BH3aIOTh no 06~alO,
380 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

Le métropolite Photios dit même qu'il convient aux hommes et


aux femmes d'encenser chez eux les saintes icônes s'il n'y a pas
de prêtre, sous-entendant ainsi la récitation des offices des heures
par les laïcs chez eux, à la manière des kelliotes : « Et il convient
aussi aux gens du monde vivant d'une manière orthodoxe, ne
s'étant pas unis à leur femme, d'encenser eux-mêmes les saintes
icônes, s'il n'y a pas de prêtre; et [il convient] non seulement aux
hommes d'encenser, mais aussi aux femmes pieuses et pures de
leur mari, et de l'enseigner à leurs enfants, même s'ils sont très
petits, car ces usages sont ceux des orthodoxes l .»
Ces quelques extraits de lettres du métropolite Photios, succes-
seur de Cyprien, nous montrent donc deux choses. Premièrement,
ils confirment que la réforme du métropolite Cyprien ne fut
pas instantanée mais progressive. En effet, les nouveaux usages
conformes au Typikon sabaïte n'ont pas été introduits du jour au
lendemain, suite à un décret épiscopal, mais peu à peu dans la
pratique liturgique de l'Église russe. Le fait que des clercs s'in-
terrogent sur ces nouveaux usages à l'époque de son successeur
semble bien l'indiquer. Deuxièmement, les derniers passages que
nous avons cités démontrent bien que le Typikon sabaïte avait été
introduit non seulement dans les monastères, mais qu'il représen-
tait aussi, aux yeux des hésychastes, la règle de prière des laïcs
vivant dans le monde.

Athanase Vysotskij et le premier Typikon sabaïte en Russie.

Pour introduire sa réforme, le métropolite Cyprien rédigea un


Psautier suivi. Nous avons montré dans la deuxième partie de
notre étude l'importance de l'introduction d'un Psautier suivi pour
cette réforme et son lien, en tant qu'horologion, avec la nouvelle
règle de psalmodie.
On n'attribue donc pas de typikon au métropolite Cyprien.
Le premier Typikon sabaïte apparut en Russie sous la rédac-
tion d'Athanase Vysotskij. Ce dernier avait été lié au métropolite
Cyprien, comme nous l'avons vu dans la première partie de notre
étude. En effet, il fut un disciple de saint Serge de Radonège
et l'higoumène du monastère « sur la hauteur» (na Vyssokom) à

H caMI!: OT'b HeM M)J)ITb, H rrpOqHM'b i\aIOTb» (IIABnOB, KaIlOIlU'IeCKUe naM.flmlluKu, col.
410).
1. «A MipCKHM'h JIIOi\eM'b B'b CBOIlX'b i\oMtX'b rrpaBOCJIaBHt :lIŒBYJl\e, He rrpHcoBoKy-
IillBCM K'b :lKeHt CBoeH, i\OCTOHT'b HMi Ka!lHTH caMHM'b CBJlTblJl HKOHbI, aII(e He 6Yi\eTb
TY CBJlw;eHHHKa; H He TOKMO caMHM'b MY:lKeM'b, HO Il :lKeHaM'b 6JIarOqeCTHBblM'b Il qllC-
TblM'h OT'b MY:lKa K~HTH, H i\tTiH CBOIlX'b ceMY Y'lIITH, aw;e H BeJIMH MaJIbl CYTb, rrOHe:lKe
rrpaBOCJIaBHbIX'b cia 06bI'laH CYTb» (IIABnoB, KaIlOIlU'IeCKUe naM.flmllUKU, col. 411).
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 381

Serpoukhov, fondé par Serge en 1374. Il aurait été le destinataire


des fameuses Réponses à l'higoumène Athanase rédigées par le
métropolite Cyprien vers 1380. Athanase aurait quitté la Russie
du Nord au même moment que Cyprien, en 1382, et l'aurait
accompagné à Kiev, puis à Constantinople. En mai 1387, alors
que le métropolite Cyprien se trouvait toujours dans la capitale
impériale et demeurait au Stoudion, le moine Athanase s'y trou-
vait à ses côtés, profitant sans doute de la bibliothèque de ce
monastère connu pour sa richesse en manuscrits grecs et slaves.
Plus tard, lorsque Cyprien retourna en Russie, il pria Athanase
de l'accompagner, lui promettant des charges ecclésiastiques
plus élevées, ce que refusa Athanase, préférant sa cellule monas-
tique à tout honneur.
On estime que c'est ce moine qui fut le rédacteur du premier
Typikon sabaïte de langue russe, surnommé EŒil de l'Église (OKO
IJ;epKoBHoe 1). Il aurait été rédigé à Constantinople en 1401. À partir
de ce prototype qui, semble-t-il, ne nous est pas parvenu, deux
copies ont été transcrites qui, elles, nous sont connues. L'une est
datée de 1409 (Bibliothèque nationale russe, Saint-Pétersbourg,
<1>.25) et l'autre de 1428 (Bibliothèque d'État de Russie, Moscou,
fonds Roumiantsev 445), à partir desquelles nous sont parvenues
d'autres copies2 • Selon la postface de certaines de ces copies, le
moine Athanase aurait terminé la traduction de son typikon, à
partir du grec, le 18 mai 1401, au monastère constantinopoli-
tain de la Mère de Dieu Periblepto ((vue de partouu) (1l0Vll 'tfiç
E>eo'toKou 'tfiç nept~Â.É1t'tou) qui, de fondation impériale, avait lui
aussi une riche bibliothèque3 .
Ainsi, en moins de cent cinquante ans, cet ordo sera diffusé
à Novgorod, à Moscou, à la laure de la Trinité-Saint-Serge, au
monastère de Saint-Sabas et dans d'autres monastères, et le
Typikon sabaïte remplacera progressivement les anciens typika.
I. Mansvetov remarque qu'en comparant les différentes versions,
nous pouvons constater une augmentation progressive de leur
contenu, ce qui permet de les classer chronologiquement. Ce
dernier indice montre bien la diffusion progressive du Typikon
sabaïte depuis la réforme du métropolite Cyprien4 •

1. Ce nom aurait été donné par l'archevêque Macaire de Novgorod, qui se réfère
par ce nom à cet ordo dans un de ses décrets. Voir MAHCBETOB, aepKo6Hblil ycma6,
p. 276, note 1.
2. MHTpOnOJIHT MAKAPHfi' (EYJIraKOB), HcmopUJI PyCCKOÜ aepK6u, T. 4, OT. 1, Moscou,
1995, t. III, p. 166; M. ApPAH~, OKO aepK06Hoe - HcmopUJI TunuKoHa, Rome, 1998,
p.89.
3. MAHCBETOB, aepKo6HblÜ ycmali, p. 275. Au sujet du monastère «'tiiç IIeptf3Àilt'to'll»,
voir R. JANIN, La Géographie ecclésiastique de l'Empire byzantin, p. 218-222.
4. MAHCBETOB, aepKo6HblÜ ycma6, p. 276.
382 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

De plus, en analysant le contenu de cette nouvelle famille de


typika russes, on constate qu'elle contient des matériaux litur-
giques de différentes traditions monastiques : stoudite, athonite
et sabaïte. Ces matériaux sont compilés et systématisés, confor-
mément à l'esprit de la «synthèse byzantine». C'est ce qui laisse
1. Mansvetov penser que Vysotskij n'a pas été seulement un simple
traducteur, mais un compilateur, voire un éditeur du typikon,
ayant sous ses yeux plusieurs typika de différentes familles, qu'il
a comparés et qu'il a cherché à compléter entre eux, pour finale-
ment aboutir à ce nouveau texte. Cela explique notamment pour-
quoi plusieurs rubriques de IXEil de l'Église ne se trouvent pas
dans les originaux grecs!.
Nous pouvons donc considérer Athanase Vysostskij comme
un continuateur de l'œuvre liturgique du métropolite Cyprien
qu'il a bien connu. «La lampe du corps, c'est l'œil», nous dit
l'Évangile (Mt 6, 22). En tant qu' «œil de l'Église », le typikon
d'Athanase Vysostskij est venu éclairer, guider, et en quelque
sorte «régulariser» les usages sabaïtes introduits par le Psautier
suivi du métropolite Cyprien. Il fut composé dans le même esprit
de «synthèse» et connut lui aussi le succès d'une diffusion très
large, mais progressive.

Usages liturgiques jusqu'au concile des Cent Chapitres.

Dans son étude sur l'agrypnie, N. Uspensky signale également


que le Typikon néo-sabaïte, introduit progressivement en Russie,
n'a pu balayer du jour au lendemain tous les typika et usages anté-
rieurs. C'est pourquoi, du xve au XVIIe siècle, au-delà du concile
des Cent Chapitres (1551), et ce jusqu'à la réforme du patriarche
Nikon (1667), la pratique liturgique en Russie fut très éclectique,
résultant d'un mélange de différents usages et reflétant les diffé-
rents typika antérieurs.
Comme le souligne N. Uspensky :

La vigile nocturne orientale fut diffusée chez nous [en Russie] dans
les monastères cénobitiques, puis dans les églises cathédrales et parois-
siales. Entrant ici dans la pratique liturgique, comme une caractéris-
tique inséparable de l'ordo hiérosolymitain, elle devint praticable grâce
aux usages qui réussirent à se former dans l'Église russe grâce à la
diffusion, pendant un demi-millénaire, du Typikon de la Grande Église.
Les ordonnances liturgiques de ce dernier, les entrées solennelles, les
lities et processions, l'exécution antiphonale des psaumes, le chant

1. Ibid., p. 276-277, 279.


L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 383

des offices en entier, ont empli la vigile nocturne et l'ont transformée


qualitativement!.

Très souvent, les monastères pouvaient suivre à la fois le Typikon


stoudite et le Typikon néo-sabaïte. Par exemple, on pouvait parfois
célébrer jusqu'à trois vêpres la veille des dimanches ou des fêtes:
les petites vêpres, conformément à l'usage néo-sabaïte, les grandes
vêpres d'après le Typikon stoudite et, enfin, les grandes vêpres de
l'agrypnie selon le Typikon néo-sabaïte. C'était par exemple le cas
aux xve-XVIe siècles à la laure de la Trinité-Saint-Serge près de
Moscou, pour la fête de saint Serge2 •
Il existait aussi, dans certains endroits, une pratique de lire
deux évangiles aux matines : un premier avant le canon, selon
le Typikon néo-sabaïte, et un autre après la grande doxologie et
le Trisagion, selon le TjJpikon de la Grande Église. Dans ce cas
de dédoublement de l'évangile des matines, on lisait l'évangile
matutinal de la Résurrection à la fin, après la doxologie, alors
que la première lecture était habituellement celle du saint fêté,
ou celle de la Théotokos, si le saint du jour n'avait pas de lecture
prévue aux matines 3 •
D'autre part, N. Uspensky nous apprend qu'à Moscou, jusqu'au
milieu du XVIe siècle, on lisait la grande doxologie dans sa rédac-
tion hiérosolymitaine, conformément à l'ancien usage stoudite,
alors que dans d'autres villes, comme Novgorod et Pskov, on la
chantait dans sa rédaction constantinopolitaine4 • À ce propos,
Ivan le Terrible demanda aux évêques rassemblés au concile des
Cent Chapitres :

Pour quelle raison, dans notre royaume, à Moscou et dans toute la


région de Moscou, dans les églises cathédrales et paroissiales, à l'excep-
tion des monastères, aux vêpres des dimanches, des fêtes et des grands
saints, lorsqu'il y a une entrée, on ne chante pas «De la sainte gloire~> [i.e.

1. «BOCTO'lliOe BCeHOIJ:\HOe 6.u;eHHe IIO.II}"IHJIO y Hac paCIIpOCTpaHeHHe B


06~eJKHTe.lIbHhlX MOHaCTbIpHX, 3aTeM B C060PHbIX Il IIpIlXO.u;CKIlX xpaMax. Bxo,1l;H
3.u;eCb B 6oroc.IIY.lKe6HYIO IIpaKTIlKy, KaK HeOTheM.IIeMaH OC06eHHOCTb lfepYCaJIHMCKOrO
YCTaBa, OHO CTa.lIO .u;eHCTBeHHbIM 3a CqeT Tex 06PH.u;OB, KaKHe YCIIe.IIH C.lIO.lKHTbCH
B PyCCKOH :QepKBII 3a IIO.IIYTbICH'ie.IIeTHee cym;ecTBoBaHHe B HeH YCTaaa Be.IIIIKOH
KOHCTaHTHHOIIO.IIbCKOH IIepKBII. EoroC.IIY.lKe6Hhle IIOPH,1l;KII IIOC.lIe.u;Hero, TOp.lKeCTBeHHhle
BXO,1l;bI, .lIliTaHHII Il.IIii KpeCTHble XO.u;bI, aHTIlcPOHHoe I1CIIO.IIHeHHe IICa.lIMOB, paCIIeBHOCTb
6oroc.IIY.lKeHIIH B IIe.lIOM, HaIIO.IIHHJIli BCeHOIJ:\HOe 6.u;eHHe Il KaqeCTBeHHO I13MeHH.lIli
ero» (H . .D;. YCIIEHCKIIH, «qIlH BceHO~Horo 6.u;eHIIH Ha ITpaBOC.lIaBHOM BOCTOKe Il B
PyCCKOH :QepKBII», BT 19 [1978], p. 59).
2. H . .D;. YCIIEHCKIlH, «qIlH BCeHOIJ:\HOrO 6.u;eHIIH Ha ITpaaOC.lIaBHOM BOCTOKe Il B
PyCCKOH :QepKBII», BT 19 (1978), p. 8-9; l'oPCKHl!: Ii HOBOCTPYEB, OnucaHue, p. 379.
3. H . .D;. YCIIEHCKIil!:, «qHH BceHO~Horo 6.u;eHIIH Ha ITpaBOC.lIaBHOM BOCTOKe Ii B
PyCCKOH :QepKBII», BT19 (1978), p. 44.
4. Ibid., p. 43.
384 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

II>roç i}."ap6v], et aux matines, le dimanche et les fêtes, on ne chante pas


la doxologie, mais on la lit comme pour les autres jours ordinaires; alors
que dans l'ordo il est indiqué [de chanter] la grande doxologie pour les
saints fêtés l .

N. Uspensky estime que c'est suite au concile des Cent


Chapitres, en 1551, que se perdit la pratique stoudite de lire, les
jours de fête, la grande doxologie dans sa rédaction hiérosolymi-
taine2 • Ainsi, le concile des Cent Chapitres canonisa en quelque
sorte la réforme liturgique du métropolite Cyprien et marqua la
phase finale de sa réception.

Le patriarche Nikon et sa réforme.

li ne faut pas oublier, cependant, que le patriarche Nikon (1605-


1681), qui voulait en tout conformer les usages de l'Église russe à
ceux de l'Église grecque, fit un dernier pas pour imposer et cano-
niser une fois pour toutes les usages néo-sabaïtes dans la pratique
liturgique de l'Église russe. Comme l'écrit A. Dmitrievsky :

Le patriarche Nikon décida de ne pas répéter les erreurs dans les-


quelles étaient tombés le métropolite Cyprien et les Pères du concile des
Cent Chapitres. Aux bonnes œuvres du premier manquait, comme on
le sait, une autorité conciliaire; quant aux Pères du concile de 1551, il
leur manquait une connaissance de l'état de l'office grec de l'époque. Le
patriarche Nikon a tenté d'unir l'un et l'autre 3 •

Ainsi, Nikon supprima définitivement la double lecture de


l'évangile aux matines. Cette dernière pratique, provenant du

1. « KoeH pa,n,H BHHhI B HaIIIeM ~apCTBe Ha MOCKBe, H BO Bcex rrpH.D;eJIex, B C060PHhIX


~epKBex H B rrpHXO,ll;Hhlx KpOMe MOHaCThlpeH, rro BocKpeCeHhCKHM BeqepHHM, H no
rrpll3~IM, H BeJIHKHM CBHThIM er;IJ;a BhIXO;IJ; 6hlBaeT, CBHThIH CJIaBhI He rrOIOT, a Ha
3ayrpeHH B He;IJ;eJIIO H B rrpa3HHKH, CJIaBOCJIOBHa He rrOIOT:lKe, HKO:lK B rrpOql{a, B rrpOCThlH
,lI;HH peqIO rOBopHTh, a BO yCTaBe HlI3HaMeHOBaHO, HapOql{ThIM CBHThiM CJIaBOCJIOBHe
BeJIHKoe» [L(apcKue lIonpOCbl u C060PHb!e omllembl, p. 71]. Cité d'après H.,!l;. YcrrEHcKHH,
«qHH BceHOIllHoro 6;IJ;eHIDI Ha IIpaBoCJIaBHoM BocToKe H B PyCCKOH IJ;epKBH», ET 19
(1978), p. 43-44. Voir également A. ,!l;MHTPHEBCKHH, EOZOClly.HCeHUe Il PyCCKOU L(epKllu Il
XVIII., Kazan, 1884, p. 24-26.
2. H. ,!l;. YCIIEHCKHfI, «qHH BceHOIllHoro 6;IJ;eHIDI Ha IIpaBocJIaBHOM BocToKe H B
PyCCKOH IJ;epKBH», ET19 (1978), p. 44.
3. «IIaTpHapx HHKOH peIIIHJICH He rrOBTopHTh OIllH60K, B KOTophie BrraJIH MHTpO-
rrOJIHT KHrrPHaH H O~ CTOrJIaBHarO c060pa. BJIaroMY ;IJ;eny rrepBaro, KaK H3BeCTHO
He;IJ;OCTaBaJIO c060pHaro aBTopHTeTa, a OT~aM c060pa 1551 rO;IJ;a 3HaKOMCTBa C COCTOH-
HHeM rpeqeCKaro 60rocny:lKeHIDI B 3TO BpeMH. IIaTpHapx HHKOH peIIIHJICH COe,ll;HHHTh
TO H ;IJ;pyroe» (A. ,!l;MHTPHEBCKHfI, « BOrOCny:lKeHHe B PyCCKOH IJ;epKBH B rrepBhle llHTh
BeKOB», Ile 2 [1882], p. 158).
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 385

'lYpikon de la Grande Église, avait été favorisée par le chant de la


grande doxologie dans sa rédaction constantinopolitaine, imposé
par le concile des Cent Chapitres!. A. Goloubtsov nous dit en
effet que Nikon, dans sa lutte acharnée pour l'ordo hiérosoly-
mitain, «refusa l'évangile de la Résurrection et l'entrée après la
doxologie 2 » qui était un héritage de la pratique liturgique de la
Grande Église de Constantinople.
De même, Nikon tenta, en 1655, de supprimer la deuxième
bénédiction des eaux, le jour même de la Théophanie, inconnue
dans les plus anciens manuscrits du Typikon sabaïte3 • En effet, le
Sin. gr. 1094 ne mentionne qu'une seule bénédiction des eaux au
baptistère (À-oU'tfip) à la paramonie de la Théophanie, le 5 janvier4.
De même, le Psautier suivi du métropolite Cyprien ne prévoyait
qu'une seule bénédiction des eaux, au baptistère (K71 r;p'l'HAHHl!IO), le
jour de la paramonie 5 . Cette pratique s'explique par l'origine de
ce rituel, lié à l'ancienne coutume de baptiser les catéchumènes la
veille de la Théophanie. Mais une seconde pratique commença à
apparaître progressivement dans quelques manuscrits à partir du
XIIIe siècle, voulant restaurer la bénédiction des eaux à une source,
le jour même de la Théophanie, après les matines 6 • C'est contre
cette nouvelle pratique qui n'est liée d'aucune façon au Typikon
sabaïte7 , et même inconnue par les sources de ce dernier, que va
lutter Nikon, sans succès, puisque la double bénédiction des eaux
de la Théophanie se poursuit jusqu'à nos jours, après la Divine
Liturgie de la fête.
Dans son article sur les «grandes étapes» du rite byzantin,
M. Arranz affirme que c'est effectivement après la réforme du
patriarche Nikon que le Typikon néo-sabaïte fut accepté définiti-
vement. Sa version définitive est de 1682, et à partir de cette date,
seule la tradition sabaïte fut admise dans les églises de Russie8 •
L'édition de 1682 fait toutefois une concession à la tradition stou-
dite. En effet, une rubrique y fut insérée dans la description de

1. H. A. YClIEHCIrnH, «qHH BceHoIWIoro 6,IJ;eHHH Ha ITpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B


PyCCKOH U;epKBH», ST19 (1978), p. 45-46.
2. «Ha YTpeHH eBaHreJIHe BOCKpeCHO H BblXO,IJ; lIO CJIaBOCJIOBHH OTKa3aJI».
A. rOJIYEl\OB, TfUH06HUKU MOCK06CKOZO YcneHCKOZO Co6opa, Moscou, 1908, p. 141.
3. H. A. YClIEHCKHH, «qHH BceHOIWIoro 6,IJ;eHHH Ha ITpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B
PyCCKOH U;epKBH», ST19 (1978), p. 46-47.
4. Sin. gr. 1094, f. 33 r.-34 r., 36 r. Voir LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 186-188,
190.
5. KHlIPHAH, IIcaJlmupb C 60CC/le006aHUe.M, f. 224 v.
6. MAHCBETOB, l(epKo6HblÜ ycma6, p. 156-159.
7. Contrairement à ce qu'affinne, de façon erronée, l'encyclopédie orthodoxe
M. C. )Kru[TOB, C. ITPAB,IJ;OJIlOEOB, «norOCJIY]KeHHe P.IT.U;. x-xx BB.», II3, TOM PITU;,
Moscou, 2000, p. 499 a.
8. M. ARRANz, <,Les grandes étapes de la liturgie byzantine: Palestine-Byzance-
Russie. Essai d'aperçu historique», p. 72.
384 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

<l>wç lÀUpOVJ, et aux matines, le dimanche et les fêtes, on ne chante pas


la doxologie, mais on la lit comme pour les autres jours ordinaires; alors
que dans l'ordo il est indiqué [de chanter] la grande doxologie pour les
saints fêtés l .

N. U spensky estime que c'est suite au concile des Cent


Chapitres, en 1551, que se perdit la pratique stoudite de lire, les
jours de fête, la grande doxologie dans sa rédaction hiérosolymi-
taine 2 • Ainsi, le concile des Cent Chapitres canonisa en quelque
sorte la réforme liturgique du métropolite Cyprien et marqua la
phase finale de sa réception.

Le patriarche Nikon et sa réforme.

Il ne faut pas oublier, cependant, que le patriarche Nikon (1605-


1681), qui voulait en tout conformer les usages de l'Église russe à
ceux de l'Église grecque, fit un dernier pas pour imposer et cano-
niser une fois pour toutes les usages néo-sabaïtes dans la pratique
liturgique de l'Église russe. Comme l'écrit A. Dmitrievsky :

Le patriarche Nikon décida de ne pas répéter les erreurs dans les-


quelles étaient tombés le métropolite Cyprien et les Pères du concile des
Cent Chapitres. Aux bonnes œuvres du premier manquait, comme on
le sait, une autorité conciliaire; quant aux Pères du concile de 1551, il
leur manquait une connaissance de l'état de l'office grec de l'époque. Le
patriarche Nikon a tenté d'unir l'un et l'autre 3 •

Ainsi, Nikon supprima définitivement la double lecture de


l'évangile aux matines. Cette dernière pratique, provenant du

1. « Koell pa):\u BUHbI B HaIIIeM u;apCTBe Ha MOCKBe, U BO Bcex rrpu):\eJIex, B C060pHbIX


u;epKBex U B rrpUXOIIHhlX KpOMe MOHacTbIpeii:, rro BOCKpeceHbCKllM BeqepHlIM, U rro
rrpa3):\HuqHhlM, U BeJIUKllM CBlITbIM er):\a BhlXO):\ 6bIBaeT, CBlITbIlI CJIaBhl He rrOIOT, a Ha
3ayrpeHu B He):\eJIIO U B rrpa3HUKll, CJIaBOCJIOBUa He rrOIOTxœ, lIKO:lK B rrpoqua, B rrpOCTbIJ!
):\HU peqIO rOBopllTb, a BO yCTaBe Ha3HaMeHOBaHO, HapOqUTbIM CBlITbIM CJIaBOCJIOBUe
BeJIUKoe» [l(apcKue BonpOCbl u C060pHbte omBembl, p. 71]. Cité d'après H.,!l;. YcrrEHcKlffl,
«qlfH BCeHOIl\HOrO 6):\eHUlI Ha IIpasocJIaBHOM BOCTOKe U B PYCCKOii: IIepKBu», ET 19
(1978), p. 43-44. Voir également A. ,!l;MIfTPIfEBCKllfl, E02oC/lyJ/CeHue B PyCCKOÜ l(epKBu B
XVIB., Kazan, 1884, p. 24-26.
2. H. ,!l;. YCITEHCKlffl, «qlfH BCeHOIl\HOrO 6):\eHIIJ! Ha IIpaBocJIaBHOM BOCTOKe If B
PYCCKOii: IIepKBu», ET 19 (1978), p. 44.
3. «IIaTpuapx HUKOH peIIIUJIClI He rrOBTopllTb OIIIu60K, B KOTOpbJe BrraJIlf MUTpO-
rrOJIUT KHrrpuaH U OTl\hI CTomaBHaro c060pa. BJIaroMy ):\eny rrepBaro, KaK U3BeCTHO
He):\OCTaBaJIO c060pHaro aBTopUTeTa, a OTu;aM c060pa 1551 ro):\a 3HaKOMCTBa C COCTOll-
HueM rpeqeCKarO 60rOCJIy:lKeHIIJ! B 3TO BpeMlI. IIaTpuapx HUKOH peIIIUJIClI coe):\UHUTb
TO U ):\pyroe» (A. ,!l;MIfTPIfEBCKlffl, «BorOCJIY:lKeHUe B PyCCKOii: IIepKBu B rrepBbJe IIlITb
BeKOB», ne2 [1882], p. 158).
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 385

Typikon de la Grande Église, avait été favorisée par le chant de la


grande doxologie dans sa rédaction constantinopolitaine, imposé
par le concile des Cent Chapitres!. A. Goloubtsov nous dit en
effet que Nikon, dans sa lutte acharnée pour l'ordo hiérosoly-
mitain, «refusa l'évangile de la Résurrection et l'entrée après la
doxologie 2 » qui était un héritage de la pratique liturgique de la
Grande Église de Constantinople.
De même, Nikon tenta, en 1655, de supprimer la deuxième
bénédiction des eaux, le jour même de la Théophanie, inconnue
dans les plus anciens manuscrits du Typikon sabaïte3 • En effet, le
Sin. gr. 1094 ne mentionne qu'une seule bénédiction des eaux au
baptistère (Àou'tfjp) à la paramonie de la Théophanie, le 5 janvier4 .
De même, le Psautier suivi du métropolite Cyprien ne prévoyait
qu'une seule bénédiction des eaux, au baptistère (K'b I;PT" i\" "l!1O), le
jour de la paramonie5 • Cette pratique s'explique par l'origine de
ce rituel, lié à l'ancienne coutume de baptiser les catéchumènes la
veille de la Théophanie. Mais une seconde pratique commença à
apparaître progressivement dans quelques manuscrits à partir du
XIIIe siècle, voulant restaurer la bénédiction des eaux à une source,
le jour même de la Théophanie, après les matines 6 • C'est contre
cette nouvelle pratique qui n'est liée d'aucune façon au Typikon
sabaïte 7 , et même inconnue par les sources de ce dernier, que va
lutter Nikon, sans succès, puisque la double bénédiction des eaux
de la Théophanie se poursuit jusqu'à nos jours, après la Divine
Liturgie de la fête.
Dans son article sur les «grandes étapes » du rite byzantin,
M. Arranz affirme que c'est effectivement après la réforme du
patriarche Nikon que le Typikon néo-sabaïte fut accepté définiti-
vement. Sa version définitive est de 1682, et à partir de cette date,
seule la tradition sabaïte fut admise dans les églises de Russie8 .
L'édition de 1682 fait toutefois une concession à la tradition stou-
dite. En effet, une rubrique y fut insérée dans la description de

1. H . .JJ:. YCIIEHCKlffl:, «qlfH BCeHOIIJ;HOrO 6,!\eHHl! Ha IIpaBOCJIaBHOM BOCTOKe If B


PYCCKOH U;epKBH», ET 19 (1978), p. 45-46.
2. « Ha YTpeHH eBaHreJIHe BOCKpeCHO H BbIXO,!\ IIO CJIaBOCJIOBHH OTKa3aJI».
A. rOJIYED;OB, l[uII06I1UKU MOCK06CK020 YcnellcKozo Co6opa, Moscou, 1908, p. 141.
3. H . .JJ:. YCIIEHCKHfI:, «qHH BCeHOIIJ;HOrO 6,!\eHlll! Ha IIpaBOCJIaBHOM BOCTOKe H B
PyCCKOH U;epKBH», ET 19 (1978), p. 46-47.
4. Sin. gr. 1094, f. 33 r.-34 r., 36 r. Voir LOSSKY, Le Typikon byzantin, p. 186-188,
190.
5. KlllIPHAH, IIcaJlmupb C 60CCJlea06a1lUeM, f. 224 v.
6. MAHCBETOB, l(epKo6l1blU ycma6, p. 156-159.
7. Contrairement à ce qu'affirme, de façon erronée, l'encyclopédie orthodoxe
M. C. )KEJITOB, C. IIPAB,!\OJUOEOB, « BoroCJIy~eHHe P.II.U;. X-XX BB.», II3, TOM PIIU;,
Moscou, 2000, p. 499 a.
8. M. ARRANZ, (,Les grandes étapes de la liturgie byzantine: Palestine-Byzance-
Russie. Essai d'aperçu historique», p. 72.
386 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

l'agrypnie concernant les petits monastères et les églises paroissiales


et cathédrales, les autorisant à ne pas célébrer l'agrypnie si le rec-
teur le désire, mais à célébrer les vêpres le samedi soir et les matines
le dimanche matin!. Cette rubrique existe encore de nos jours dans
la version imprimée du Typikon sabaïte de l'Église russe.
Avec les quelques exemples que nous venons d'évoquer, nous
constatons que la réforme du métropolite Cyprien fut adoptée pro-
gressivement, ce qui explique qu'elle eut une certaine efficacité et
qu'elle ne connut pas de schisme. À la différence de Cyprien, pour
instaurer la réforme du patriarche Nikon, on employa la force, ce
qui provoqua au sein de l'Église russe le schisme des vieux-croyants
qui dure toujours. C'est d'ailleurs à cause de cet aspect douloureux
que la réforme nikonienne est davantage connue.
r. Mansvetov souligne que, le plus souvent, les réformes liturgi-
ques se produisent de manière spontanée dans des conditions qui
demeurent inconnues, et dont les auteurs agissent de façon per-
sonnelle et occasionnelle. Concernant la réforme de notre métro-
polite liturgiste, il écrit :

Le métropolite Cyprien correspond davantage au type d'acteurs officiels.


TI corrige et recopie différents ordres d'acolouthies, approvisionne les habi-
tants de Pskov de copies corrigées de livres liturgiques, diffuse ses œuvres à
Moscou, encourage l'utilisation de telle fameuse version ou rédaction, n'in-
troduit aucun ordo liturgique obligatoire, mais a seulement essayé de rendre
conformes les livres liturgiques utilisés chez nous [en Russie] avec les usages
hiérosolymitains, et de consolider leur place dans notre pratiquez.

LA PLACE DE LA RÉFORME DE CYPRIEN


DANS LA THÉOLOGIE LITURGIQUE

Pour conclure cette partie de notre étude, nous pouvons nous


demander, d'une part, quel a été le rôle de la réforme de Cyprien

1. H. A. YCITEHCKllH, «qllH BceHOrn;Horo 6i\eHllJl Ha IIpaBocJIaBHOM BOCTOKe H B


PyCCKOR [(epKBH», BT 19 (1978), p. 54, 58. À titre d'exemple, nous pouvons citer la
laure des Grotres de Kiev qui, jusqu'au début du xx' siècle, continua de célébrer sépa-
rément les vêpres et les matines pour l'office dominical, conformément à l'usage stou-
dite qui y avait été instauré dès sa fondation. Voir ibid., p. 57.
2. « EOJIee Bcero rrOi\XOi\HT K T1my oq,qmD;HaJIbHbIX i\eJlTeJIeR MHTpOrrOJIHT KHrrpHaH.
OH HCrrpaBJIJleT H rreperrHCbIBaeT pa3Hhle qHHhl CJI}')K6, cHa6:lKaeT HCrrpaBJIeHHbIMH
CIIHCKaMH CJIY:lKe6HbIX KHHr IIcKoBnqeR, pacrrpOCTpaHJIeT CBOH TPYilbI Ha MOCKBe, rrpo-
rraraH)\HpyeT yrroTpe6JIeHHe H3BeCTHOrO H3BOi\a IfJIH pei\aKu;HH, HO H OH He BBeJI o6J1-
3aTeJIbHOrO yCTaBa CJI}')K6hl, a TOJIbKO CTapaJICJI COrJIaClfTb C HepyCaJIHMCKHMH rropJli\-
KaMH i\eRCTBOBaBIrrHe y Hac CJIY:lKe6Hhle KHHrH If yrrP0qlfTb ero rrOJIO:lKeHHe B HallieR
rrpaKTHKe» (MAHCBETOB, [jepKo6l1blU ycma6, p. 309).
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 387

dans l'histoire de la liturgie et, d'autre part, quelle impor-


tance revêt l'étude de sa réforme dans notre pratique liturgique
contemporaine.

L'Ïnlportance de la réforme de Cyprien.

Nous pourrions dire, de façon imagée, que le grand mérite du


métropolite Cyprien est d'avoir remis les pendules de l'horloge
liturgique russe à l'heure de Byzance. L'importance de sa réforme
en Russie est donc d'avoir réglé la pratique liturgique en pleine
harmonie et conformité avec celle de l'Église byzantine qui venait
de connaître la réforme de Philothée. Une pleine unité liturgique
fut ainsi atteinte au sein du monde orthodoxe par cette réforme
en Russie. En ce sens, le métropolite Cyprien est une figure clé
de la liturgie au XIVe siècle, le pendant en Russie du patriarche
Philothée de Constantinople.
En se penchant sur une réforme mal connue et assez peu étu-
diée de l'histoire de la liturgie byzantine, notre étude a ainsi mis
en valeur le rôle déterminant qu'a joué notre métropolite liturgiste
dans l'histoire de la liturgie russe. Il va de soi que, sans lui, sans
ses liens intimes avec la Bulgarie, l'Athos et Constantinople, l'his-
toire de la liturgie de l'Église orthodoxe en Russie aurait pu être
tout autre. C'est pourquoi M. Arranz se permet de qualifier l'in-
troduction du Typikon de Saint-Sabas par le métropolite Cyprien
de (~vraie révolution liturgique en Russie >} : une révolution qui va
métamorphoser la religiosité et la culture du Moyen Âge russe l .
Et l'inspirateur de cette révolution est notre métropolite qui l'a ini-
tiée en introduisant son Psautier suivi dans la pratique liturgique
des monastères et des paroisses. Conforme aux usages sabaïtes et
prescrivant, par conséquent, l'office sabaïte d'agrypnie, ce manus-
crit liturgique va être recopié, et peu à peu, toute la liturgie célé-
brée dans les églises de Russie va être transformée. À la suite de
cette réforme, les autres livres liturgiques seront remodelés pour
répondre au nouvel ordo.
Notre étude a également mis au jour le lien intime entre l'évo-
lution de la liturgie à l'époque du métropolite Cyprien, tant à
Byzance qu'en Russie, et la théologie et le renouveau hésychaste.
Au terme de celle-ci, ce lien s'avère être le fil conducteur des
réformes du patriarche Philothée et du métropolite Cyprien.
Ainsi apparaît donc l'importance même du personnage, auteur
de la réforme. En tant qu'hésychaste, formé par les disciples et les
héritiers de saint Grégoire le Sinaïte et saint Grégoire Palamas, le

1. M. ARRANZ, «Les grandes étapes de la liturgie byzantine: Palestine-Byzance-


Russie. Essai d'aperçu historique», p. 70.
388 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

métropolite Cyprien était plus que conscient de la théologie sous-


jacente à la réforme et au renouveau que prônait ce groupe de
moines, à la fois fidèles à la tradition et révolutionnaires, et qui fut
introduite dans le monde orthodoxe à cette époque.

L'héritage de la réforme de Cyprien.

Cependant, l'historien interroge l'histoire non seulement pour


connaître le passé, mais aussi pour comprendre le présent. L'étude
de l'histoire de la liturgie n'a aucun intérêt si elle ne peut rien
apporter à notre liturgie contemporaine et à une meilleure com-
préhension de la théologie liturgique.
En étudiant la liturgie byzantine, T. Pott affirme avec raison
que « l'étude de son histoire ne peut donc jamais être uniquement
un exercice d'archéologie, car en premier lieu la liturgie n'ap-
partient pas à l'histoire, mais à l'homme d'aujourd'hui. Comme
pour toute étude, le but est en fin de compte d'acquérir la com-
préhension qui, elle, n'a de sens qu'en rapport avec l'humanité
vivante!.»
Que peut nous apporter l'étude de la réforme du métropolite
Cyprien dans notre pratique liturgique aujourd'hui? Nous dirions
qu'avant tout elle permet de mieux l'apprécier: de comprendre
comment elle a été forgée et à partir de quels critères cette
fameuse « synthèse byzantine» a été réalisée. Dans ce but, nous
avons tâché, tout au long de cette étude, d'identifier les sources et
de relever les phénomènes d'hybridation qui ont donné naissance
à l'office que nous célébrons aujourd'hui.
Trop souvent, nos contemporains considèrent l'ordo liturgique
comme un agglomérat de rubriques archaïques. En effet, comme
le remarquait jadis le père Alexandre Schmemann :

Il est vrai que quiconque connaît un tant soit peu les problèmes
posés par le typikon dans la réalité liturgique sait aussi qu'il est prati-
quement impossible de l'appliquer intégralement. Depuis longtemps et
partout, il a été adapté, écourté, interprété, changé et tout cela très sou-
vent dans l'absence presque totale de critères clairs et de compréhension
élémentaire2 •

Cette mauvaise compréhension, et par conséquent mauvaise


exécution, du typikon est liée à la mauvaise connaissance de son
développement. Trop souvent, en effet, l'histoire du typikon est

1. T. POTT, La Réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution non


spontanée de la liturgie byzantine, p. 225.
2. A. SCHMEMANN, «Aspects historiques du culte orthodoxe », p. 7.
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 389

mal connue et, par conséquent, ce document liturgique est mal


compris.
L'étude de la réforme liturgique du métropolite Cyprien a donc
permis de déceler les différentes strates de notre Typikon : stoudite,
asmatique, sabaïte. Ainsi, nous comprenons comment un ordo,
d'origine monastique, est devenu l'ordo de nos paroisses actuelles.
Très souvent, de nos jours, les partisans d'un ordo « paroissial! »
oublient ou ignorent que « le monastère et la paroisse, les deux
pôles essentiels de l'Église, interdépendants dans leurs fonctions
respectives 2 », se sont rencontrés dans la « synthèse byzantine3 »
dont la théologie a fait du monachisme le paradigme de la vie
chrétienne.
L'étude que nous venons de mener nous donne ainsi non seu-
lement une meilleure connaissance de sa compilation et de son
évolution, mais aussi de sa théologie. De ce fait, nous sommes
maintenant en mesure d'éclaircir certaines rubriques obscures de
l'ordo qui demeuraient jusque-là incompréhensibles, comme par
exemple les règles du jeûne des mercredi et vendredi de la semaine
des Laitages, et de proposer de meilleures solutions ou adaptations
dans la pratique pastorale lorsque les fidèles ne peuvent rester une
nuit tout entière pour la célébration d'une agrypnie.
D'ailleurs, l'agrypnie intégrale n'a jamais existé et, comme le
remarque à juste titre N. Uspensky, nulle part en Orient, à l'Athos
et en Russie, on n'a célébré l'agrypnie au rythme que prescrivent
certains typika du XVIIIe siècle, car cela est au-delà des forces
humaines 4 • Des expériences liturgiques contemporaines, tel l'essai
d'une célébration d'une agrypnie intégrale, conforme à toutes les
prescriptions du Typikon, réalisée à Kiev en 1905 5 et plus récem-
ment à Paris depuis 19996 , demandent beaucoup de temps de
préparation, car elles soulèvent toute une série de questions. Ce
fait témoigne de l'absence d'une tradition continue, ou plutôt
d'une source unique dans notre pratique liturgique contempo-
raine qui est le fruit d'une longue évolution et sédimentation de
différentes traditions liturgiques synthétisées à l'époque que nous
venons d'étudier.
Par conséquent, il va de soi que le Typikon, en tant que tradi-
tion liturgique vivante, a toujours été adapté en fonction des pos-

1. Ibid., p. 13.
2. Ibid., p. 14.
3. A. SCHMEMANN, Introduction to Liturgical Theology, Crestwood, NY, 1986 3,
p.202.
4. H. ,IJ;. YCIIEHCKUH, «qHH BceHOUJ;Horo 6)J;eHRlI Ha IIpaBocJIaBHoM BocToKe H B
PYCCKOH U;epKBH», ET 19 (1978), p. 56.
5. Voir M. CKAEAJIJIAHOBUq, TOAK06blU TunuKoH, B. 2, Kiev, 1913, p. 330-336.
6. Voir J. GETCHA et al., Agrypnie pour la fête de Saint-Sabas. Texte et commentaire,
Paris, 1999.
390 UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME ...

sibilités et des forces des communautés liturgiques, et notre étude


de la réforme du métropolite Cyprien vient nous rappeler qu'il
convient de suivre non pas la lettre, mais l'esprit du Typikon.
Mais avant tout, la présente étude nous aura valu de décou-
vrir la théologie sous-jacente à cette grande réforme liturgique
du XIVe siècle. Elle tente ainsi de mettre fin au « divorce entre la
liturgie et la théologie!» en montrant que cette réforme s'est faite
non seulement pour des raisons historiques ou culturelles, mais
aussi pour des raisons théologiques. Dans sa méthodologie litur-
gique, le père Alexandre Schmemann indiquait que l'étude his-
torique de la liturgie devait nous mener à un second niveau : à
la synthèse théologique qui élucide la règle de prière en tant que
règle de foi2.
La théologie sous-jacente à la réforme du métropolite Cyprien
peut éclairer et renouveler notre pratique liturgique aujourd'hui.
La fidélité à la tradition patristique que les hésychastes ne cessent
de promouvoir doit éveiller en nous une approche existentielle
et non rubricisante dans l'exécution du Typikon. La prière nous
conduit vers Dieu, et l'office divin, en tant que règle de prière, est
un des modes par lesquels se réalise notre transfiguration, notre
déification, comme en témoigne l'enseignement des Pères. C'est
ce que l'étude de la réforme du métropolite Cyprien nous a fait
découvrir.
C'est ainsi qu'à la lumière de notre étude nous apprenons à
mieux apprécier et comprendre l'importance de la lecture du
Psautier, trop souvent banalisée dans nos offices. Il en va de
même avec la solennité requise et l'attention portée à la récitation
de l'hexapsalme, trop souvent négligée de nos jours. Les règles
austères du jeûne que nous avons évoquées - tel le fait de ne pas
prendre de repas le Grand Vendredi ou le Grand Samedi - et qui
sont parfois considérées par nos contemporains comme des pres-
criptions diététiques révolues, sont ainsi éclairées et reprennent
tout leur sens théologique profond. La longueur que reprochent
les non-initiés aux offices byzantins s'explique aussi par la consi-
dération de l'office divin comme école de la prière.
Ainsi, l'étude d'une réforme liturgique ne se fait pas nécessaire-
ment dans le but d'inspirer une nouvelle réforme. Le métropolite
Cyprien n'était pas un réformateur au sens moderne du terme,
ou un innovateur. Il était davantage un rénovateur, qui prônait le
renouveau de la tradition patristique et monastique. Notre liturgie
d'aujourd'hui, qui sort malheureusement d'une période de déca-
dence et d'ignorance en matière de théologie liturgique, suite au
malheureux « divorce entre la liturgie et la théologie », a peut-être

1. A. SCHMEMANN, <,Aspects historiques du culte orthodoxe», p. 5.


2. A. SCHMEMANN, Introduction ta Liturgical Theology, Crestwood, NY, 19863, p. 21.
L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE ... 391

besoin d'être restaurée pour retrouver son esprit primitif et sa


vocation initiale.
C'est donc en considérant la réforme au sens de (,restauration.)
de la Tradition de l'Église, dans le sens de la réforme du métropo-
lite Cyprien, que nous faisons nôtres les propos de T. Pott :

Tout au long de cette recherche, nous avons gardé la conscience que,


si la réforme liturgique est un problème urgent et actuel, l'étude histo-
rique des réformes liturgiques, ainsi que l'examen du concept même,
doivent se soumettre à l'ascèse qui consiste à ne pas sortir de leur rôle:
la question n'est pas de savoir quelle réforme doit être faite aujourd'hui
ou quelle réforme est réalisable, mais que signifie (, réforme liturgique,) et
qu'est-ce que l'histoire de la liturgie byzantine peut nous dire à ce sujet.
Si notre étude pouvait éclairer le phénomène de la réforme liturgique ou
si elle pouvait aider ceux qui ont la charge de veiller sur l'Église et sur
sa liturgie à mieux discerner l'enseignement de l'histoire, notre objectif
serait plus que pleinement atteint l .

Par conséquent, l'étude d'une réforme liturgique nous fait


découvrir le monde dynamique et complexe de 1'évolution litur-
gique. Pour apprécier et mieux vivre notre liturgie aujourd'hui, il
est inévitable d'étudier son histoire pour connaître les différentes
étapes de sa genèse, de son évolution, et pour comprendre la théo-
logie sous-jacente aux grandes synthèses qu'elle a connues. C'est
à cette tâche hardie que la présente étude voudrait humblement
contribuer.

1. T. POTT, "La réforme liturgique byzantine. Étude du phénomène de l'évolution


non spontanée de la liturgie byzantine,., /rénikon 72 (1999), p. 157.
Conclusion

L'étude que nous venons de mener sur la réforme liturgique du


métropolite Cyprien a essayé de compléter les lacunes et de mettre
à jour l'ouvrage magistral du grand liturgiste russe 1. Mansvetov,
Le Métropolite Cyprien dans son activité liturgique, publié en 1882.
Pour cela, elle a tenu compte d'un certain nombre de découvertes
récentes qui nous apportent un éclairage nouveau sur la question.

NOUVELLES CONTRIBUTIONS SCIENTIFIQUES

Une monographie sur la réforme liturgique


du métropolite Cyprien.

La présente étude est la première monographie en français sur


le métropolite Cyprien (Tsamblak). Elle est aussi la première
monographie dans une langue occidentale qui traite de son acti-
vité liturgique. Pour la première fois dans une étude scientifique,
cette activité du métropolite Cyprien est considérée sous l'angle
d'une réforme liturgique.

Édition partielle du Psautier suivi de Cyprien.

Cette monographie s'accompagne d'une première édition par-


tielle, avec traduction française, du Psautier suivi du métropolite
Cyprien. Nous avons montré combien les rubriques de cedocu-
ment liturgique sont précieuses pour illustrer l'introduction du
Typikon sabaïte dans l'office divin en Russie. Ces rubriques font
de ce Psautier suivi un véritable typikon.
L'édition partielle qui accompagne la présente étude ne donne
que le texte des rubriques et les incipits des prières et hymnes
contenues dans l'Horologion, le Synaxaire et le cycle du Triode
394 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

qui font l'objet d'un commentaire dans la seconde partie de notre


étude.
Compte tenu de la délimitation de notre sujet, nous ne nous
sommes pas vraiment intéressé à l'aspect philologique du texte:
nous n'avons pas analysé l'orthographe qui présente de nom-
breuses particularités et variantes, ni le vocabulaire qui comporte
maints grécismes. Une édition intégrale du Psautier suivi, donnant
non seulement le texte de ces trois parties in extenso, mais aussi
celui des parties omises - car elles présentaient peu d'intérêt pour
le sujet que nous avons choisi - reste à faire.

Hésychasme et liturgie.

Le présent travail tente de montrer pour la première fois le


lien existant entre la réforme de Cyprien et le mouvement hésy-
chaste. En effet, l'influence des moines hésychastes sur la liturgie
a trop peu été soulignée dans les études liturgiques antérieures à
la nôtre. Trop souvent, les études menées sur l'hésychasme se sont
focalisées sur la pratique personnelle de la prière de Jésus par les
moines hésychastes, oubliant que ceux-ci participaient aussi à la
prière liturgique.
Le renouveau de la tradition sabaïte à l'Athos va de pair avec
le renouveau hésychaste du XIVe siècle. Il fut suivi d'une diffusion
du Typikon sabaïte, partout dans l'empire, par les hésychastes.
Ces derniers firent une synthèse des usages hiérosolymitains,
palestiniens et constantinopolitains - donnant ainsi naissance à
un Typikon « néo-sabaïte» qui reflète les anciens usages monas-
tiques palestiniens tout en ayant assimilé la tradition cathédrale
constantinopolitaine.
Notre étude a souligné le fait que Cyprien fut un hésychaste
formé à l'Athos et un proche collaborateur du patriarche hésy-
chaste Philothée de Constantinople. Par sa formation, il connais-
sait bien la tradition liturgique de l'Athos, qui avait connu un
renouveau des usages monastiques palestiniens, et la liturgie de
Constantinople où le monastère de l'Évergétis avait déjà com-
mencé la synthèse des usages palestiniens et constantinopolitains
au XIIe siècle. Ainsi apparaît clairement la source d'inspiration de
la réforme liturgique de Cyprien : l'Athos et le patriarcat œcumé-
nique, tous deux influencés par le mouvement hésychaste à cette
époque.
Les hésychastes ont considéré le Typikon sabaïte comme un
modèle de règle de prière, de veille et de jeûne à cause de sa grande
rigueur ascétique, de sa fidélité à l'ancienne tradition monas-
tique et patristique, et aussi du fait qu'il demeurait accessible aux
besoins propres de leur époque particulièrement troublée.
CONCLUSION 395

Notre étude a aussi tenté d'esquisser pour la première fois la


théologie liturgique du mouvement hésychaste. La fidélité et le
recours constant des hésychastes à la tradition patristique les ont
fait puiser dans l'abondante littérature monastique pour en tirer le
meilleur et tracer les voies de l'union à Dieu par la prière, le jeûne
et la veille, régularisés par le Typikon néo-sabaïte.

DÉCOUVERTES RÉCENTES

Date de la réforme de Cyprien.

Des découvertes récentes nous ont également permis de formuler


quelques nouvelles hypothèses. La Ménée de Kharkov, découverte
en 1979 par G. M. Prokhorov, que nous avons identifiée comme
étant de rédaction sabaite à cause de la présence de grandes heures
pour la paramonie de Noël et d'une agrypnie pour la fête du saint
métropolite Pierre de Kiev, contient un office et une nouvelle version
de la Vie du métropolite Pierre composés par Cyprien. Prokhorov
estime qu'ils ont été rédigés vers 1381. Du fait que cette ménée est
de rédaction sabaite, nous avons émis l'hypothèse que la réforme
du métropolite Cyprien a été entreprise vers 1380, lors de son pre-
mier séjour à Moscou. Prokhorov estime d'ailleurs que les Réponses
à l'higoumène Athanase - qui pourraient répondre à l'étonnement de
cet higoumène face à la réforme liturgique entreprise - furent rédi-
gées à la même époque. Puisque, en 1382, Athanase accompagna
Cyprien à Constantinople où il rédigera la première version russo-
slave du Typikon sabaïte que l'on date habituellement de 1401, la
réforme de Cyprien aurait été entreprise entre 1380 et 1382.

Datation du Psautier suivi.

L'étude des filigranes menée par L. P. Griazina en 1976 a permis


d'établir que le manuscrit du Psautier suivi, considéré jusque-là
comme un autographe de Cyprien, avait été rédigé après 1465.
Mais du fait que l'orthographe de ce manuscrit présente, mis à
part quelques russismes, une orthographe très proche du manus-
crit de EÉchelle de saint Jean C1imaque, dont l'étude des filigranes
a confirmé l'attribution à Cyprien, nous avons émis l'hypothèse
que ce manuscrit serait une des premières copies de l'original
de Cyprien. Cela pourrait aussi expliquer les erreurs de copistes,
relevées dans notre édition partielle de ce manuscrit - des erreurs
qui, d'ailleurs, ne pourraient aucunement provenir directement de
notre métropolite liturgiste.
396 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

Compte tenu de l'hypothèse précédente, nous estimons que le


métropolite Cyprien n'aurait pas pu célébrer une agrypnie pour
la fête du saint métropolite Pierre de Kiev sans détenir au préa-
lable un Horologion de rédaction sabai'te. De plus, la rédaction
du Psautier suivi a nécessairement été antérieure à celle de l'aco-
louthie, puisque ce Psautier suivi ne mentionne pas d'agrypnie et
d'acolouthie propre à ce jour, mais prescrit seulement d'employer
l'office commun des saints hiérarques. Cela nous a donc amené à
émettre comme hypothèse que le Psautier suivi a été rédigé avant
1381. Or, comme Cyprien se trouvait à Constantinople de 1379
à 1380, c'est peut-être lors de ce séjour qu'il l'aurait rédigé - en
faisant une traduction à partir des sources grecques et en consul-
tant des traductions slaves. Il l'aurait emporté par la suite et intro-
duit dans la région de Moscou, ce qui aurait poussé l'higoumène
Athanase à questionner Cyprien sur certaines nouvelles pratiques
liturgiques.
Comme notre étude a essayé de le montrer, le Psautier suivi
témoigne d'une période transitoire dans l'histoire de la liturgie en
Russie. Il accompagne un passage progressif vers l'implantation
totale de la tradition néo-sabaïte. Nous avons signalé la présence
dans le Psautier suivi des vestiges d'anciens usages constantino-
politains, comme la lecture du grand apodeipnon la veille des
dimanches et des fêtes - conformément à la pratique stoudite -
et, conformément à la pratique de la Grande Église, la célébration
des Présanctifiés pour l'avant-fête de l'Annonciation et le chant
du grand prokimenon - «Que ma prière monte devant Toi~) -
constitué des versets du Psaume 140, entre les vêpres et la liturgie
de saint Jean Chrysostome le jour de l'Annonciation. Nous avons
aussi noté que la mémoire de saint Grégoire Palamas n'y est pas
encore fixée au deuxième dimanche de Carême et que le nombre
de métanies accompagnant la prière de saint Éphrem fluctue entre
quinze et seize.
Cette période transitoire est aussi attestée par la présence dans
le Psautier suivi d'usages sabaïtes plus anciens ou n'ayant pas
d'équivalents dans les horologia plus tardifs: l'absence du meso-
nyktikon dominical, qui n'est apparu qu'au cours du xve siècle;
la structure tripsalmique de l'office royal au début des matines; la
présence de trois versets au lieu de quatre pour «Le Seigneur est
Diew) et «Alléluia~) aux matines, de même que pour «Le Christ
est ressuscité~) dans l'office pascal; de même, deux versets au lieu
de trois pour les grands prokimena de Carême; la présence de
photagogica pour les jours de la semaine, qui ont disparu dans les
horologia plus tardifs; la célébration des typiques tous les jours de
l'année - après sexte les jours où il n'y a pas de jeûne, après none
les jours de jeûne; le trop aire «Le noble Joseph~) chanté intégrale-
ment à l'office du Grand Vendredi - avec sa finale mentionnant la
CONCLUSION 397

Résurrection; le trop aire de la troisième heure dit tous les jours à


tierce pendant l'après-fête de la Pentecôte.
Nous avons encore signalé à plusieurs reprises que le rédacteur
du Psautier suivi a utilisé des sources grecques : les rubriques sont
généralement traduites mot à mot d'anciens typika sabaïtes grecs,
tels que le Sin. gr. 1094. C'est le cas, par exemple, des rubriques
décrivant l'exécution de l'hexapsalme, la bénédiction du raisin le
6 août, la lecture du Psautier en cellule pendant le Carême, la
célébration des Présanctifiés deux fois par semaine en période de
Carême, etc.

La tradition euchologique du métropolite Cyprien.

Les études philologiques et paléographiques récentes ont permis


d'établir que le Sluzhebnik attribué à Cyprien n'était pas un ori-
ginal, écrit de sa main, mais une copie. Nous avons également
montré que très souvent, les euchologes manuscrits s'avéraient
être des compilations euchologiques, et que l'attribution d'une
acolouthie à notre métropolite ne signifiait pas pour autant qu'il
était le rédacteur de l'ensemble du manuscrit. Nous avons pro-
posé un tableau montrant l'interdépendance des différents manus-
crits à travers lesquels s'est transmis ce que nous avons appelé «la
tradition euchologique du métropolite Cyprienf>. Toutefois, notre
étude se limitant à la réforme liturgique dans l'office divin, nous
n'avons pas cherché à étudier l'impact de la réforme du métropo-
lite Cyprien sur l'Euchologe. Une étude reste à faire sur ce sujet.

PARADIGMES DE THÉOLOGIE LITURGIQUE

Réforme, restauration et synthèse.

Enfin, il faut rappeler qu'au cours de notre étude nous nous


sommes souvent demandé comment qualifier notre auteur: réfor-
mateur, rénovateur, restaurateur ... Nous avons souligné que toute
réforme se veut généralement être avant tout une restauration
de la Tradition de l'Église. Tel un restaurateur d'icônes qui veut
retrouver les premières couleurs vives quelque peu noircies par
le temps, l'initiateur d'une réforme liturgique veut faire renaître
la pratique liturgique antique qui a parfois connu une décadence.
Toutefois, la Tradition peut s'exprimer sous plusieurs formes.
Par exemple, les liturgies de la Grande Église, du Stoudion ou
de la laure de Saint-Sabas, témoignent, chacune à sa façon, de
la Tradition vivante de l'Église. Laquelle des trois s'avère être la
398 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

plus «traditionnelle)? C'est le choix que fait l'auteur qui s'avère


en réalité déterminant pour sa réforme.
Dans le cas du métropolite Cyprien, nous avons montré que sa
réforme fut avant tout une synthèse d'éléments hiérosolymitains
et constantinopolitains. Le Typikon néo-sabaïte qu'il a introduit
dans sa métropole avait fait siennes des prières du lucernaire et
des matines venues tout droit de l'office asmatique. De même, il
a adopté certaines processions prévues à la Grande Église, ainsi
que la fête constantinopolitaine de la Procession de la Croix, le
1er août. La pratique palestinienne du jeûne et, par conséquent,
de ne pas communier le mercredi et le vendredi des Laitages, les
lundi, mardi et jeudi du Carême et le Grand Vendredi, est venue
l'emporter sur l'ancienne pratique constantinopolitaine qui pré-
voyait de célébrer les Présanctifiés ces jours-là.

Monastère - cathédrale; Jérusalem - Constantinople.

Notre étude a également remis en cause la question de savoir si


un typikon monastique convenait aux cathédrales ou aux églises
séculières. À première vue, notre métropolite liturgiste a diffusé
dans sa métropole un horologion monastique. Mais au terme
de notre étude, il s'est avéré que la réforme liturgique que nous
venons d'étudier apparaît aussi comme une synthèse d'éléments
monastiques et cathédraux. Le Typikon sabaïte préconisé par les
hésychastes, à la fois pour sa rigueur et sa simplicité, a été rehaussé
par la majesté d'éléments empruntés à la Grande Église.
C'est pourquoi notre étude a quelque peu nuancé la distinction
trop artificielle ou l'opposition trop radicale entre liturgie monas-
tique et liturgie cathédrale, et a suggéré qu'il serait peut-être plus
exact de considérer l'évolution liturgique byzantine comme le
résultat de l'interaction de deux grands pôles, de deux grandes
cités: Jérusalem et Constantinople.

La synthèse byzantine.

Néanmoins, la présente étude a permis de confirmer, à l'aide


d'exemples et de cas précis, tirés du Psautier suivi du métropolite
Cyprien, les grandes intuitions du père Alexandre Schmemann
exposées dans son Introduction à la théologie liturgique. Il s'agit avant
tout du concept de «synthèse byzantine). Est apparu clairement
dans notre étude ce que l'éminent liturgiste avait toujours écrit:
l'Église tout entière s'est reconnue dans le monachisme, considéré
par les hésychastes comme un paradigme de vie chrétienne.
CONCLUSION 399

Ainsi, notre étude a essayé de montrer que la réforme liturgique


non spontanée de la diffusion du Typikon sabaïte par le métro-
polite Cyprien en Russie, et plus généralement dans le monde
byzantin par l'intervention liturgique des hésychastes, n'a pas été
le fruit du hasard et le résultat de la décadence de la Grande
Église de Constantinople, mais celui d'une action réfléchie, reflé-
tant toute une théologie sous-jacente.
La réforme menée par les hésychastes au XIVe siècle est donc
à l'origine d'une vaste synthèse liturgique qui va de pair avec la
grande synthèse patristique et dogmatique réalisée, à la même
époque, par le grand maître hésychaste, saint Grégoire Palamas.
ANNEXE

LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI


DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

LE MANUSCRIT

On attribue au métropolite Cyprien un Psautier suzvz ou


continué (Cilea06allllaJ/ nCa/lmUpb ou IIca/lmupb C 60CC/lea06a-
llUeM). Par ce terme on désigne, à l'origine, un psautier où les
150 psaumes de la Septante sont répartis selon l'ordre de leur
utilisation dans la liturgie des heures. Habituellement, les psau-
tiers suivis sont constitués de deux parties : la première cor-
respond au psautier liturgique usuel et comprend les psaumes
(répartis en 20 cathismes) et les odes bibliques, et la deuxième
correspond au livre d'heures usuel (horologion). C'est le cas du
Psautier suivi du métropolite Cyprien. On estime d'ailleurs que
ce Psautier suivi est le plus ancien document liturgique de ce
type et qu'il a servi de modèle aux psautiers suivis de l'Église
russe.
La présente édition du Psautier suivi attribué au métropolite
Cyprien est une édition partielle. Nous n'éditons et ne traduisons
ici que les rubriques extraites des trois parties fondamentales
pour l'ordo liturgique: l'Horologion, le Synaxaire et le Triode.
Elle est établie d'après le seul manuscrit existant : le Psautier
suivi n° 142 de la Bibliothèque d'État de Russie (Moscou),
fonds n° 1731 (fonds de l'ancienne Académie de théologie de
Moscou). Dans le passé, ce manuscrit a appartenu à la laure de
la Trinité-Saint-Serge. Il comprend 410 feuillets.
Puisque nous ne possédons qu'un seul et unique manuscrit, le
problème de la tradition manuscrite ne se pose pas, ce qui en a
facilité l'édition.
402 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

DATATION DU MANUSCRIT

Traditionnellement, on a toujours considéré ce manuscrit


comme écrit de la main du métropolite Cyprien. On trouve en
effet au feuillet 3 l'inscription: «Psautier de l'écriture du métro-
polite Cyprien. Sans la bénédiction de l'higoumène, ne le donner
à aucun [moine] tonsuré d'autres monastères». L'archimandrite
Arnphiloque, lors d'une étude en 1878, avait comparé l'écriture
de ce manuscrit à celle du manuscrit de EÉchelle de saint Jean
Climaque, recopié au Stoudion par le métropolite Cyprien en
1387. Il avait remarqué que le Psautier suivi avait été écrit en demi-
onciale, alors que EÉchelle était rédigée en onciale. Néanmoins, il
estimait que l'écriture du Psautier suivi copiait celle de EÉchelle.
Sans se douter qu'il pouvait être en présence d'une très bonne
copie, il a conclu que le manuscrit était de l'écriture de Cyprien.
Ainsi, l'archimandrite Léonide, dans son catalogue, ne remettait
aucunement en cause l'attribution de ce manuscrit au métropo-
lite. C'était encore l'opinion de G. Vzdomov dans son article de
1968, qui considérait ce psautier comme l'un des trois manuscrits
propres au métropolite Cyprien.
Toutefois, L. P. Griazina (Saianko) a procédé à la datation du
manuscrit en 1976 par une étude des filigranes. Cette étude a
révélé des filigranes de 1438 et 1465, ce qui a permis d'établir
qu'il s'agissait d'un manuscrit de la seconde moitié du xve siècle.

L'ORTHOGRAPHE DU MANUSCRIT

L'étude de l'orthographe de ce manuscrit révèle celle d'Euthyrne


de Trnovo, et de fait, l'orthographe de ce manuscrit est très proche
du manuscrit de EÉchelle attribué à Cyprien et dont l'authenti-
cité a été confirmée par l'étude des filigranes. En dépit de l'ortho-
graphe bulgare, on rencontre quelques russismes dans le Psautier
suivi. Ces indices nous amènent ainsi à considérer le manuscrit en
question comme une des premières copies, et probablement la seule
conservée, du Psautier suivi original de Cyprien.
L'orthographe bulgare de ce manuscrit peut s'expliquer par
l'origine bulgare du métropolite Cyprien. Une caractéristique
du Psautier suivi est en effet l'utilisation constante des lettres sla-
vonnes (fi et 11'1 au lieu des lettres d, 0, V, 10, 11'1. Cette particularité est
une caractéristique bulgare.
Nous remarquons également que l'orthographe de ce manuscrit
présente de nombreuses variantes. L'orthographe étant instable,
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 403

nous avons arbitrairement choisi de ne pas l'uniformiser afin de


témoigner de sa grande diversité.

PRINCIPES D'ÉDITION

Les chiffres entre crochets renvoient aux numéros des feuillets


du manuscrit.
Les points de suspension entre crochets [... ] indiquent que nous
avons librement omis dans la présente édition des textes d'hymnes
ou de prières dont nous ne donnons que l'incipit. C'est une option
qui s'explique par le fait que le but de notre recherche n'était pas
philologique, mais se limitait à l'étude des rubriques liturgiques.
Nous pouvons toutefois retrouver l'intégralité de ces textes en
slavon dans les éditions du Psautier suivi slave (Moscou, 1901;
Kiev, 1905). Cependant, la particularité textuelle du Psautier suivi
du métropolite Cyprien est qu'il renferme des variantes textuelles
pré-nikoniennes. C'est pourquoi l'édition intégrale de ce manus-
crit mériterait d'être faite.
La traduction française a voulu rester la plus fidèle au texte du
manuscrit tout en tenant compte des traductions françaises exis-
tantes lorsque les textes correspondaient. D'ailleurs, on pourra
trouver une traduction française des hymnes et des prières omises
par notre traduction dans les éditions courantes des horologia
français tels : Le Grand Livre d'heures, trad. D. Guillaume, Rome,
1989, ou Livre des heures, trad. de la Fraternité orthodoxe en
Europe occidentale, Colombes, 2000.
Les mots entre crochets dans la traduction française ont été
ajoutés pour une meilleure compréhension du texte. Nous avons
également restitué entre crochets des parties omises par erreur par
le copiste. Dans ces quelques cas, le texte a été restitué d'après
l'édition slave du Psautier suivi de Kiev, 1905.
Les lacunes du manuscrit sont signalées par le sigle < >.
L'apparat scripturaire suit, pour l'Ancien Testament, la numé-
rotation de la Bible des Septante, conformément à la pratique
liturgique de l'Église orthodoxe.
La traduction française des versets psalmiques est celle du père
Placide Deseille : Les Psaumes. Prières de l'Église. Le Psautier des
Septante, Paris, 1979. Parfois, nous avons retouché la traduction
pour qu'elle corresponde davantage au texte slave.

*
* *
404 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Bibliothèque d'État de Russie (Moscou),


Psautier suivi nO 142
Fonds nO 1731

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[147 v.] rH nOMA~H r. CMK" """ <JTHtHlUm XfP~K". "nOI\"OH fA"Td "MfHfM11
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Kid Hf Adlli" MH. AX" lIif l!t"oMm,A,pid, tMtpfHOMm,A,pill Tp"ntHill " "IOIiKf
Allp~H MH PIlIiOY TKOfM~. eH rH l!PIO, Adm" MH aptTH MOIl C11rptlUfHill " Hf
WCmlliAIlTH liphll Mono. MI\O IiAKH11 eCH K11 dl\H dl\O. IlMHH". rAholflf Ciho
MATKm TKOP" nOI\"OH r Kfi\HI\"'ho. Td €Tfpd K' rAholflf K11 Cf6 iif Wl!tCTH Mho
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nOI\"OH. €rAd nOfM11 W [148] tOIi" rAfM HIl 1\"'HlIiAO nOI\"OH KCho MO. H CH
l!f TKOP" H HIl 'lMOKf. H HIl nIlKf'lfpHHl!d. H HIl 1\0 ~T"pHH. H KfpHH K11 CTllho
nOtT"'. Td MO cim. K~I\O limf W'Îf K11Cf,A,p11l1iHTfi\1O rH ciif [ ... ] tim MATiim
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H K11Cfho n"11TH [ ... ] [148 v.] Tflif IiAKHM11 KhilUHiH limf H rH MH"OCTH [ ... ]
[149] Td npHTf nOI\"OHHMCho r. H nOI\"OH r. 1jrMÜ pl\. K11aKfiô W'lH MOH. 1jrMÜ
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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 405

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406 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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H~UI~M'll IMp: hlliO M"tTïli ..1H H 'IAliOAIOIi~LI". Td li'llgrMfH 1i..lfoliorAdHo; fA~­
lid fTiH H 6AHHOfiiilflHiH H lI\HliOTliOpdllfloH H H~pdgAiAHMiH TPLlï li'llnrAd
H HHi H npHfHo H Ii'll dli ..1 dliw. dlfl~ Hi"'-'I€Pfd '1'0 no liOHLlH TpOp~H rAf rH
nOMHA~H KI Td fMK Ii'll 1i.. IUlH ..IX: [155] H Hd'lHHd€ Hdpdlll\~H"1H IipdT THXO
H f'll IiArOIiOdgHhfTliOM'll H li'llHïMdHï~M fA~Kd Ii'll 1i..IUlHHX'll IiOV H H!\ g~MAH
MHp'll Ii'll 'IAddX'll IiAroliOA~Hï€. rA~Tfdl 1'. rH OhTHi MH Wlip'llg~UlH H ~fT~
MO~ li'llgdfTdlT" XlidAiii TIiOiii. fÏ€ K Td 1I'AÔ r rH '1'1'0 fdl ~MHuJlI\HUldI.
Hd liO rA~T: dg'll ~fH~ H end H li'llfTd hlliO l' .. gUTiiinHT Mdl: H dliï€ 1I'AÔ
Ag rH H~ hipOfTïdl TliO€dI WIiAH'IH M~H~: Hd liOHl": nOAliU€Tfdl fTH f~IH: H~
UJfTdliH M~H~ rH Iii MOH H H~ WfTiiinH W M~H~ li'llHMH Ii'll nOMolfI" MOdl rH
fnnHïd MO€ro: Td f ..11I 1I'''ô ~Ii lilii~ Iii MOH li Tfd ~Tp'llHlOdI. Hd lioHl" f ..1H
fTH rATb nt Hd ïipH% nO~'IHfdl Ii'll 'l'dl hlliO lihl nOMolfIHH MOH Ii'll lipod
lipHA~ TliO€1O li'llgpdA~iiifdl npHAlI\ .. n~ AlÜd MO~ no Tfd M~H1 npH.9\ AffHHLld
TliOd. fMK 1 HH. dMHA~ïd, dMHA~ïd fMK TfIli Iii l' Ii~f nOIi"OHOIi'll. linrA~
gA~ O"TdpOXPdHHTU" li'llndAi~T" fliilfliii H npH_ (155 v.] Ain"i€T'll Hd
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408 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 409

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410 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 411

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412 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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- LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 413

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414 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 415

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416 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 417

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418 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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H. pOIfi,t\U'I'KO npofi'lHC'I'hlha lij(d. 'l'pO rAd A. pOlfihC'I'KO 'l'KOf lij(f [ ... ] IlW rAd
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[195 v.] Hf rAfCha 6VAïf OV'I'pHU KMllpHO. Hih npit 'lfVAïf Iij(H. K71 CïH lfif
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~1961 ,,~ f I\\:~, 1\" (wh. "I:l\\l" t"l""b.\~ "~,,"'mlH ~ ...1
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 419

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420 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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A. CTro oinM Idr;1IJ1id oii\MIIJIid. H npnliHdro IIJild HdlUf dHAPOHHr;d. 'rpo [ ... ]
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SI. CTro MHlid i\WrrHHd CIIJ'rHHlid HlIif npH r;p'rt. 'rpo [ ... ] r;ô [ ... ]
31. CTro nppr;d IIJCid. H CTro npnliHoMHr;d dHAPfd "llif 1i71 r;pH'rt. 'rpo ri\',t A
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[203 v.] HI. tTrO dnM 1 €Vi\"C'rd i\Olllibl. 'rpo [ ... ] r;ô ri\;t K [ ... ]
AI. cTro npopor;d IlIJfiM. H cTro MHr;d \l''Pd. H nptnôliHdro IIJild HdlUf'IW"HHd
pbl~cr;dro. 'rpo ri\',t ii. nor;ddHi\llÙcHolidHif npOn"CdHif OVMHi\fHid lÙlip"gb ~'rtlUf~
Hid AXOIiH"ro C71lip71lUfHid 'rO'lHO oirfi\w lihl lIiH'rif 'rIiOf npnliHf 1i71 MA'r1id X71 1i0
H 1i71 nOlflfH'iii H 1i71 Ci\bg1lÙGf '11IJ"HHf MAH Xd !id tn'rHCo\\ AlÜdM71 H"IUHM71. r;ô
ri\;t S p\lr;onH. lii\r'rilO lilliïéo\\ lÙlior"'rHi\to\\ ftH Il Ati\hl HgK'lit'rHi\h ~CH glidHïf H
~IiHCo\\ '11IJ"HHf \lroAHHlih Xd !id li'" Mi\'flidXh Il 1i71 nont'(b: AdPOIidHïH lilliïd AXd
Heni\bHbto\\ [204] H lihl HfA\lrw nporoHH'rfi\b H g"c'rffinHHlib AIU~ HdIUHM.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 421

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liil. npnliHilro Ùlilil HdlUfro HMpHUJHil Kfi\Hliilro. H nptHfCfHïf MO!pfM cTro
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liK. cTro H pilKHoro ilni\Ô ilKfpliïil €nnil €pilnOi\hCliilrO H '1IOAOTKOpqil. H
CTXh 3 OTpW Hffif K'll €~Ht. TpO [ •.• ] il fTMh MHqH [ ... ] IiÔ ri\d iÎ [ •.• ] il
fTM'll OTpOIiW IiÔ ri\d A [ ..• ]
[205] lir. fTro ilnM IdliUJM IipdTil liffiïil no ni\'llTH. TpO ri\d K [ ... ] IiÔ ri\d
A [ ... ]
liA. fTro MHliil ilpf~hl H Hffif C'll HH. TpO [ ... ] IiÔ [ ... ]
Ii€. CTX h MHlih [205 v.] H HOTilpïil MilpliïilHil H MilpTHpïil. TpO [ ... ] IiÔ
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lis. CTro H fi\dKHilrO KMHIiOMHliil AHMHTpïil. TpO ri\d r [ ... ] IiÔ r~K [ ... ]
lig. CTro MHliil HfCTOpil. TpO MHIi'll TKOH [ ... ] IiW ri\d K [ .•. ]
[206] liH. fTXh MHlih TfpfHTïil H HfuJHHi\hl. H npnliHilro- fTfAHil, TKOpqil
CilMHTil. K'll Ti: AiÎh il K'll cTr. Ùlilil HdlUfro ilpUHïil ilPxïfnnil fp'llnhCliilro. TpO
Hf Oilh [ ... ] H APOVH ri\d iÎ M~ThIHH HilCTilKHH [ ... ] IiÔ r~ K K'll nH!pH fi\OKHh
TKO" IiroHou dpUHïf [ ... ]
Ii,o,. fThlil npnliHoMHqH dHilfTUïH PHMdiÎHH. H npnliHro Ùlilil HillUfro
ilKpilMïil. Tponilph [ ... ] IiÔ [ •.. ]
[206 v.] A. CTXh MHIi'll SHHOKïil H SHHOKïH. TpO [ .•. ] IiÔ r~ iÎ [ ... ]
Ail. CTXh dni\h fTilXïil, " ilMni\ïil H np0'lH". H fTro MHliil €nHMilXil. TpO
[ ... ]

Mlf'll HOfMKpïH "Md AiÎïH A. AiÎh "Md '1dl il HUJ!ph AI.


d. fTXh '1IOAOTKOpfqh H IifgfpflipfHH 1i0gMhl H AilMïilHil. TpO [ ... ] IiW ri\d
K [ .•. ]
[207] K. fTX'll MHlih dIiHHAïHil, nHrdtïil, il~,o,OHïil, €i\nHAH~Opil H dHfMlionH-
tTil. Tpori\dK [ ... ] IiÔ ri\dK [ ... ]
r. fTxh MHlih dlifnfHMhl'l "UJfH~il, '1 dH.o.<1i\hl. H ÙlIiHOKi\fHïf xpdMil tTrO KMH
1i0MHliil rfUJprïil H]f K'll i\HAt HAfffif €"nOi\OffifHïf fTro TtM fro. TpO MHqH [ ... ] H
tTM~ rfUJprï~ [ ••. ] [207 v.] IiW fTMh MHIiW [ ... ] HH'll IiW tTM~ rfUJprï~ [ ... ]
A. npnliHilro Ùlilil HdlUfro 'IUJdHHHliïil Kfi\Hliilro. " fTXh MHlih HHliilHAPil €nnil
MVpfliil " €pMïil nptgKHTfpil. TpO [ •.. ] IiÔ rt iÎ [ ... ]
6. fTXh MHlih rilMIiTïUJHil H €nHfTHH.
5. Hffif K'll tTXh Ùlilil HillUfrO nilKM HtnodAHHliil. TpO r~ r [208] [ ... ] IiÔ
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3.
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[208 v.] iÎ. t'llIiUJp'll dPxïtTpilTHril MfiXilHM H npo'l" Iiftni\hTHhIX'll. Tpori\d
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424 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 425

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426 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 427

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428 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 429

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'l"KOpHM. npHfoKoli~n""'fM ffif ~'I"pHi H ii 'Id. t'l1 fTHAW lifg Mf'l"t\Hit\.
t\1fI1' Hi""- no Klp Ht\ KlpHH no WIiIo''IH(; t'l"HAO Ht\ ril KogKd nOt'l"t\KH f'l"H li
H nOfM fTPIo' tifM~ rAd (j nô p~~Htill nOK'I"opiilllflf H tMKt\ rA" li flipOKH-
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t\lfIf A €ffif ~ no npOfIiOMHAit\ Hf 1i1o.Kt\f'l" Hm npiffiuIPfHHt\t\. H no WIiIo''IH(;
f'l"HAWH ril KogKd tTplo'. H 1i1o.Kt\f'l" K'l1XW f'l1 €VAifM. npoli H 'ITIt\ AHiII 'l"d Ad
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t\nAIo. H t\A"'\A~it\. '. €VAif H nopillA~ IiffiU'I"KHt\t\ A"prit\ npiffiftIflHHt\t\.
li€. fifro 'l"t\pt\tit\ dPximnt\ 1i0f'l"iIIH'I"HHt\rpt\At\. 'l"pO [ ... ]
lis. tifro nop~Hpit\ €nnt\ rt\gH. t\A~it\.
lig. npnliHt\ro wUt\ Ht\W1' H HmodAHHIit\ npolionit\ AUiII'I"Orpdl\t\.
liH. npnliHd wUt\ Ht\wno Kt\tHAit\ HfnodAHHIit\.
li.o,. npnliHt\ro wUt\ Ht\Wfro lit\tit\Ht\ pHMAiIIHHHt\. €r Ad HMa- ~fKp~t\plo liil AHH
f1' "'~ffilit\ nOftill K'l1 liH Aillo Ht\ nt\K1'pHHI\H.

[237 v.] Mif'l1 Mt\p'l"if "Ma- AiliH At\. Aillo "Ma- 'Id i. t\ HW il.
ii. tiflo.t\ npnIiHOMHI\t\ €KÔliit\. t\""HA~it\.
i. fifro fIPfHHOMHIit\ .o,fW'I"t\ IiHpHHfHflit\ro. t\""HA~it\.
r. tiflo.XIo MHIiIo €K'I"ponit\, IiAfuJHHIit\ H KdMIit\.
430 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

A. npnliHdrO UJqd HdWfrO npUHMd HlI\f Hd IUJpdHH.

6· < >
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3. npnliHdro UJqd HdWfro ,o,fUJ~HMl'iTd HHl'iOMHAiHCl'idro. dAA'did.
iL CTXb. KMHl'iUJMHl'ib. M, HlI\f K" UKUTiH. H3f WCTdKAb.fM MfTdHid. TO'lilO
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K"XW f" €VAifM. '1TId AHb.. Ad Cb. HmpdKHT MTK. nOTOM npo rAd 6 TI.l rH
C"XpdHHWi Hd.1 cfifH Mb. Iii 1dl'i0 KHHAOWf. dnAb. l'i'' €KPfW lipdd TOAH HMb.lflb.
UJIiAflfl. dAAA~id rAd A K"Cl'iAHl'iHiTf riiH KCb. gfMAb..11dl'i0 HCI'i~CHA Hb.l €fH Iii.
€vAif iD Md,o, pf rh npH'I1O filO '1;\l'ib. Hil'ib.IH. H AHT~prid npill\HqîfHHdd. npH K"
ndMG> dinllO. Cid f.\~d Iib.lMf dlflf f.\~'1HCb. no.
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~l'idgdHO [239] liloll: K" wlipinHiH '1THloId rAdKb.l npT'Ifli. dnAb. AHb. H cTM".
dAA'did.1 l'ipT~ €AiH", AM cTM". €VAif UJIiO". H npH gHdMfHd Hd Hl' H fTM".
1. fTro MHl'id l'iOHAPdTd H APOVII\HHb.l f.
dl. HlI\f K" fThlXb. UJqd HdWf fO~pOHid ndTpidPXd Ifp~M"'l'idro.
iil. npnliHdro UJqd HdWf ,o,fUJ~d HmodAHHl'id, ftirpidHfl'id. dlflf € CihH HAH
Hf p~H ciH l'iÔ rA ii [ •.• ]
ri. K"KpdlflfHif MOlflfM cTro HHl'iH~Opd ndTpidPXd l'iOfTdHTHHdrpdAd.
AI. npnliHdro UJqd HdWfro KfHfAHl'iTd. dAA~id.
61. CTxb. 3 MHl'ib. drdnid H HlI\f € f HHM". dAA'did.
51. cTdro M~'1fHHl'id fdKHHd. dAA'did.
31. fTdro dAf~id '1;\l'id lill\id. dAA'did.
HI. HlI\f K" cTX" UJqd HdWf l'iVpHM IfpAMl'id.
AI. CTXb. MHl'ib. XPHCdH,o,d H AdpÎH. dAA~id.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 431

li. npnliHhlXb IDqb Ht\UlH Hliif K71 UJIiHTft\ï tTro tt\Kbl HgliïfHblXb. IiÔ rAt A
[ ... ]
[239 v.] lit\. tTro 1t\IiWM 6nnt\ H HtnOK'IiAHH. t\A'M/ït\.

liK. tTro npHHoMHIit\ KMHAït\ 6nnt\ drliHptliblt\ l!pIiKf.

lir. npnliHt\ro UJl(t\ Ht\Ulf HHIiOHt\ H OIf'lfHHIi71 êro. t\i\AHA~it\.


liA. nptnpt\3tTKO IiArod'PfHït\ npttTtH lil(t\. Ht\ rli K71gKd tdrAHo AHAI 1" H
M'tI H K71 Tpïw f H npTtH Iil(H f rAt A nô hlliO AOIiAAI nOKTopH d. tMM H HH
IiArodtTK~fT rt\KpH. K71XW H '1Tft\ AHAI H noptA~ tA~lIilit\ nptllimpfHHblXb. Ht\
U~IfŒt\ hlliÔ Ht\ Kttli Alib. Tt\IiOliif H MfTt\Hït\. Iit\HW nptnpt\3tTK~
VpHH t\A'M/ït\ H
t71 IfpMOM71 Ht\ 5 1 Tpiîft nOH~ HX. Ht\ tTHKHo tt\MorAHo AlilO 1" ÎI M'tI tMM H
HH rAt A hlgbllit\ 6rô H npot\ tA~t\ no '1HH~ 6t\. Tt\IiOliif H f '1t H 5. nOAOIiHO H
$. t71 IiAlIifHt\MH UJlit nopt\Ho TpOlfAt\ pd IiAtHHt.

li6. IiArod'PfHïf npttTblt\ KA~l!t\ HdUlt\ lil(t\. Kfp71 [240] Ht\'1HHUM KfpHIO no
1, ,..; "'i"-- ...... 1"'1: M _.... NI. NI. ~

UJlibl'lt\1O lifg tTHAUJ H lifg MfTt\HIt\. Ht\ rH KogK(\ notT(\KH tTH 1 H nOf tt\rAHO
AliAl 1" H nô f K71 Tpïw 1 np(\31i~ rAt 5 t71dT nptd'lHblH H npO'lff "X lIif TKO:
pH 5. tMM H HH Ti: nOtMH IiW t71 Hiin. K71XW. tdT TH. H '1Ttf AlilO H npt\31i~
f. nOTo A(\ tAl Htnpt\KHT MATM MO(\. H oliwf MfTt\Hït\. nÔIiHo H no Hlit tHA71
H6Hbl(\ f. H H(\ Ii~ HMAI rlif f. H nopAlA~ IilliftTKH(\(\ AHTprï(\ nptllift.piiHHbIX71.
no IDn~'PfHH K71XUJAH H(\ Tpt\nfg~. 1 1i0H AIOIiO (\'Pf Iiii'iAi! Alib hlMbl MMAO H
nïfM KHHO. pbllibi HHIi(\IiÔ. npTbl(\ pd lil((\ TP~M pd IiAtHHt P(\gptUlUM Ht\ tït\,
Ht\ KHHO ÎI MMAO. npH '1Mt np71KID H0'PH Ii/\fni! H t71IiP(\KUlHtAl IiP(\TïAlM K71
l!pliKb IiAKAlfT IfpfH. Ii(\AAI'Pii'i fM~ nOf nt\KfpHHl!ii'i H pfliUlf tMM K71 KblUlHH
TKOpHM UJlibl'lH~1O AHTïlO K71 npHKpt\T nOfM tTpbl np(\31i~ f rAt d TKOpAl'Pf
H 5 tMK(\ H HH rAt fi IiArodtTK~fT rt\KpHHA. H pfliUl~ IfpiilO UJIiWH~ii'i MATKii'i
K71XOAH K71 l!pliOKb nOlOf [240 v.] f t(\MOrAHO rAt A tMK(\ H HH rAt T71H AHf
Pt\AO IiArod'PfHï. nOTOM TpTOf. TpO rAt A AHf tiÎuHïlO H(\UlfM~ Ht\'1t\TOIi71
[ .•• ] H IibIKt\fT IiAKfHïf XAtIiID. H P(\gA(\MHïf no UJlibl'l(\IO. H '1Tt(\ tA06 np(\31i~.
H no tH H(\'1HH(\fM no OVpHAI. H(\ lih rh nptnHt(\HHblH TpO tTHAù) f Ii(\À. Ht\
np71KoH Ii(\À tt'" wlit Hliif K71 Tpïw rAThtAl np71M(\ ntKl!fM KTOpU lIifH(\Mbl.
H(\ Ad lIif Iit\À nOfM tt'" np(\g. nOTO nOAïft\fUJ. tTt(\ (\HT$.H A - ro rAt. npo
rAt A IiArodtTHTf Alib ID AHf tntHïf.1 K71tnOHTf rAH nt. KttliO AblXdf. êV-Aïf
ID A~ Kt71tT(\KUlH Mt\pï(\M. "'AID li. Ii(\HUJH nW3 rAt A. 'lpMOt no AM'PH. TpO
no "f TKOp~ HAl. nOtA'iillif 'lpMO UJIi(\ AHIi(\. Tpfnt Ht\ li. no 5 nt"'" IiÔ rAt
li t(\MrAHb: K71gIiP(\HHOH KOfKOAt nodAHTft\HU hlliO Hgli(\KAbtAl ID gOA71
IiArOA(\piiHït\ K71tnHtOVfT TH [241] pdli71 TKOH lil(f Hii'i hlliO HMii'i'PH AP71l1it\Kii'i
HfnodAHM~ ID K71tAllibrx MAI d'" tKOIiOAH At\ gOKOIf TH pd~HtAl HfdtTO
HfHfdtTHU. H(\ $. nt"'" A(\K(\JltAl td'Pt\ Iipt\TïAlM. tdT np(\31i~. H(\ XKd tTpbl
npt\31i~ rAt d nô H6HblM '1HHO. nOKToptfM d. tMM H HH rAt fi Hliif ID dli(\
Tt\HH. H(\ dH t(\MOrAHO AHAI 1" H MH'If tMM H HH rAt li A(\ KmAJltAlHiit(\. Ht\
1i0Hl!f OVpHH Kft\Hlibl f nOIiAO. nOTO d '1t. H Iit\À. TpO np(\31i~ H lib 1i0Hl!ii'i '1tlf
f Kflibl MfT(\Hï(\. H ID noV-. A(\i! lIif tAl tTOf Mt\tAO IiP(\TAlM. H t\'Pf ~ no IiAfnfT
K71 f '1t Alif. HtXOAHM t71 AHTïflO KHt MOHMTblpAl nOAl'Pf TpO H IiÔ np(\31i~ H
tdrAHbl tTpbl np(\31i~ H UJliblUlfUlf Kf MOHt\tTblpb K71gKpt\'P(\ftAl t71 AHTïflO. H
IiblKM tA~ f H 5 - M~ '1tlf H '1Ti!tAl U06 ndlibl Pt\Ao IiArod'PfHï(\. npH '1Mt lIi
$. - M71 IiAfnfT H t71IiP(\KUlf nOf $. '1t t71 tTHAù) H '1Ti!tAl UJrMUlfHïf tT~AHTOKO
432 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

IiHflipdd C'liAdiT. Td IiAffifHd lifg n"mid H nM\dlHH Hdt rH H AHI; H6HhIH. I.Ù'MIiH
W'TdIiH It nporH nOMHA~H M. HI' IifAHlihld MfTdHid. [241 v.] H dliif Hd'lHHdfM
IifpHdllifg diiAO. Hd rH Ii71MX nO'TdIiHM diiÎ H nOfM 'dMorAHo AHdlli71 Tpiw
l' nOTOM npdgli~ 'dMorAH71 l' rAd A H dPXdrrA~ ,:rphl nô l' rAfMi: H dii TIiOpdlH
drhhl 'IiOdi A Xhl 'MM H HH rAt S nout IiW '71 H6'71. li 71 XW '71 €VAifM H ,dT
TH. '1Tff AHdi H nOTOM npdgli~ Ad. ;i ID H'XWAd Ii71HHAf Mwv,iH. K ID npH
rb '71gAd Mdl. H Ad HmpdliHT MATM MOdi. IihllidlOT AidliWHh'Tiid Tpi,Tro. no
Tpi'ToM npo rAd A IiArod'THTf AHh ID AHf.11i71mOHTf rKH n'il HoK. dnAh 1i71
€liptW lipddl ,'l'dl H ,TdlfMH. MAHA~id rAt;i '71HHAfT 1d1i0 AOffih. 'TH Ii~ ItMdI
€ro IiAlifHo. €vAif ID A~ 1i71 IiptMdI WHO gd'ldT €AH'dlifT. H nopdlA~ IiffiTIiHIld
AHTprid gAdovlid. npH rAt l' Hglipd rb ,iWHd HgliOAH €ro li ffiHAH""f Ulit. H
IihlMfT ~TtWfHif IipdTidiM IifAHIiO. IdMhl 1i0 phllihl H nïfMhl IiHHW Hd Tpdnfgt.
ndlifpHd: nOf 1i71 npHnpdTt 'IiOpO H Iif3 MfTdHid H lifg IidHW. Olid no 'MM 1i71
IihlWHHX Hd TpTtM71 MfTdHid l' H k 1i0H hqi\> '71 M ~I H HdIiOHf'lHtM TpTtM l'
MfTdHid H IDn~.
lis. '71IiWp71 dPXdrrM rdlipH. [242] TpO H IiÔ npdgli~. IiÔ dPXdrrA~ [ ..• ]
d""f U~'1HHdI 'i\>& HAH Hf lifp nOfHdI U~d IifmA71THd. nOf ffif H Hd 'VpHH
IidHW npdgli~ nptKdpdlf ffif IifgmA71THt.
lig. 'Thld MHqH MdTpOHhl Hffif 1i71 'fA~HH.
liH. npnliHdro IDUd HdWfrO HMpiwHd HOMro. H 'Tro 'Tf,o,dHd '1.oTIiOpqd.
",,~id.
li,o,. npnliHd WUd HdWf Mdplid €nnd dpf~WiH'lid H liiipHAd AidliOHd H HHt ffi
MHwrhi npH oirAidHt Mi\>'1HTfAt nO'TpdAdIiWHXh.
A. npnliHdro WUd HdWfro nU"HHd '71nH'dTfAt At'TIiHqt. 'A~ffilid €ro nOfT'di
li Hf A no. liô rAt A [ ... ]
Ad. npnliHdro WUd HdWf H '1.oTliOpqd ItndTid, drliiip71'lidro.

[242 v.] Mii;71 dnpHH ItMd AHiH A. AHh ItMd 'Id 1'1 d HO""h ;il.
;i. npnliHhld MTpf HdWfd Mpidl €rVnTtHHHdI. 'A~d fdl li'dI nOfHdI li Hf ~
'Tro no. TpO 0 Tfd MTH 'f ;il. IiÔ rAd A [ ... ]
K. npnliHdro WUd HdWfro THTd. d""HA~id.
r. npnliHd WUd HW HHlii'rhl Hr~Mf MiAi,iH'lid.
A. npnliHd WUd HWf'IW'H~d TliOpqd IidHOHW H rfWprid Hffif 1i71 MdAfH. IiÔ
rAt A [ ... ]
~. 'TXh MHlih ,o,fWAOVM H drd,o,onOAd. dA~id.
s. npnliHdro WUd HdWf €IiTHXid €nnd 1i0H'Td_ [243]
.... $. ........ .. ~ t
THHd rpdAd.
g. npnliHdro Wqd HWfro rfWprld €nnd MHAHTHH'lid.
H. 'TXh dnAh HpOAÏwHd, drdM, p~~d It Hffif , HHMH. dA~ïd.
:o.. 'Tro Mlid èvViXid. dA~id.
Î. ,'l'X h Î MHlih TfpfHTid H nônAiH H Hffif '71 HHMH. dA~id.
;il. 'Tro npfHHoMHlid dHTHnd €nnd nfprdM~. ",,~id.
KI. 'Tro npfHHoMHlid It HmodAHHlid IiMHAid €nnd ndpilO.
1'1. 'Tro npfHHoMHlid dpTfMOHd.
AI. Hffif 1i71 'TXh IDUd HdWfrO H H,nodAHHlid MdpTHHd ndnhl pHM'lidro.
",,~ïd.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 433

61. ,ifXh .inAh t\pHm\PXt\, nOVAt\ H TpO~HMt\.


51. ,ifXh MHqh HPHHhl, t\rt\nïH H XïWHH. u'M/ït\.
31. npnliHt\ro IDi(t\ Ht\lmrO drMfuJHt\ HlI\f Ii'b np'b'HAt H npnliHt\ro t\1\t\l\ït\
MfTïH'I\t\ro. t\A'M/ït\.
HI. npnliHt\ro IWt\HHt\ ~'1fHHI\t\ ,ifro rpHropït\ Afl\t\nOAHTt\.
AI. npnliHt\ro IDi(t\ Ht\lUfro Iliit\HHt\ IifTXït\ Mliphl.
r;. npnliHt\ro IDi(t\ Ht\lUfro ,o,fWpt\ TpHXHHhl. t\M~ït\.
r;t\. ,ifro npHHOMHI\t\ It\Hovpït\ H APOVII\HHhl fro. H ,ifro MHI\t\ ,o,fWpt\ HlI\f
Ii'b nphrïH. u7\A~ït\.
r;li. npnliHt\ro IDi(t\ [243 v.] Ht\lUfro ,o,fWpt\ nI\HuJTt\. TpO npnliHw. i;ô rAd
r [... ]
r;r. ,ift\ro H ut\IiHt\ro IifAHI\OMHI\t\ H no!iiiAoHo,qt\ rfwprït\. lifph uJlihl'lHt\t\
'T'ihwt\. Ht\ rH liogli~ nO'Tt\IiH dit 5 H nOf 'TPhl nÔIiHhl rAd A IdI\O AOIiAt no
1i 'MM rAd 5 AO'TOHHO HMII\ nOIl\HA ~'H rfWprïf. H HH AHII\. Ii'bXW. ,dTf TH.
npo H nt\pfH H ,ifM~. Ht\ 'THIiHO Ut\M rAd A TIiPAhlM OIrMW H HH AHII\. TpO
rAd A [ ... ] I\Ô rAd A [ ... ]
[244] l'lA. ,ifro MHI\t\ 't\lihl 'Tpt\THMTt\.
r;~. ,ifro t\nM '1 ~VA"'Tt\ Mt\pl\t\. TpO rAd r t\nAf ,ifhlH M;\ w d. I\Ô rAd K
[ ... ]
r;s. ,ifro npfHHOMHI\t\ IiUHAït\ ~nnt\ t\Mt\,ïH'I\t\ro.
r;g. ,ifro npfHHOMHI\t\ 'VMfuJHt\ 'pOAHHI\t\ rHt. TpO rAd d [ ... ] I\Ô rAd A
[ ... ]
[244 v.] r;H. ,ifXh .inA'b It\HOHt\ H ,o'Hnt\Tpt\. H ,ifXh MHl\h Mt\~"Mt\, At\At\
H I\H"THAït\Ht\. TpO t\nAH ,ifïH.
r;,o,. ,ifXh MHl\h HlI\f Ii'b I\HSHqt A. H npnliHt\ro MfMHOHt\ '1IOAOTliopqt\.
;\. ,ifro .inM '1t\l\uJM Iipt\Tt\ ,ifro IWt\HHt\ IirouuJlit\. TpO t\nAf ,ThIH. I\Ô rAd
K [ ... ]

Mi'i;'b Mt\" HMd AHïH ;\t\. AHh HMd 'Id AI t\ HO!ph 1.


d. ,ifro nppl\t\ IfpfMït\. TpO rAd K [ ... ]
K. HlI\f Ii'b ,ifhlXh wi(t\ Ht\lUfro t\~t\Ht\dt\ IifAHI\t\ro. TpO r7\ r [ ... ] [245] I\Ô
rAd K [ •.• ]
r. ,ifX'b MHI\'b THMO~ft\ H Mt\liphl. u'M/ït\.
A. 'Thlt\ MHqH nfMrït\. t\AAHAovït\.
6. ,ifhlt\ MHqH HpHHhl. TpO t\rHHqt\ TIiOtl IL
5. ,ifro H npt\lifAHt\ro luJlit\. TpO rAd 5 [ ... ] I\Ô rAd H [ ... ]
3. li'bmOMHHt\Hif HlI\f Ht\ HIi'H IdliAhlUfrO'1I\ gHt\MfHït\ '1MTH"rO I\pTt\
Ii'b ,iftM'b rpt\At npH 'Iut TPL [245 v.] TïfM AHH npH l\uJH'Tt\HTHHt
li;\ro'lMTHdM qpH. H nt\MII\T ,ifro MI\t\ t\1\t\l\ït\. TpO r7\ H [ ... ] I\Ô rAd A [ ... ]
H. ,ifro H li'fXIit\AHt\ro t\nM '1 ~vAi'Tt\ IWt\HHt\ IirouuJlit\. H npnliHt\ro wi(t\
Ht\lUfrO t\pUHÎt\ IifAHI\t\ro. TpO H I\Ô IWt\HH~ 'f r;s. npnliHoM~ TpO 'fr Ufgt\MH
TIiOHX H'TO. I\Ô rAd r [ ... ]
[246] nÔlitlfT dTH IdI\O t\!pf 'A~'1"TtIl\ nt\MII\T ,ifro t\nM nüt\HHt\ no ndqt Ht\
li'bgHfUHÎf HAH nfHTHI\O Hf uJ'Tt\lidfTtIl\ 'A~II\Iit\ fro H.Yi nOfTtIl\ , npt\3HHI\OM
H U~OIO AHfIiHOIO. t\!pf AH Ii~AfT Ii'b ,j1tnfHTHI\O t\!pf Hf npt\giî~fTh'lI\
434 LA RÊFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

npinOt\Olit\fHïf npdgli~, Ht\H libgHfUHïlO, nOfTt~ tt\~aŒd IdIiO nHw1 gAf. dll-i'f
mf uro €AHHOrO npdgH~fTt~ nOfM npdgli~ nô Ad dnt\~ f H npnliHoM~ f. Hd
tTHliHO mf 1i0HroAi Iiii.AfT AHh nfHTHlioThI WtTdKt\~fTt~ Wpdgd dllU Iiii.AfT
HfAt\~ H nOf dllU €
drpHnïd nô dnt\~. dllIf t\H gd HfMOIJIH PdAH Hi"'" drpHnïd
nOfM t:rphl tdMortHhld id tii.T Hd t\HTïH. dlJlf Ii~MT lib npinOt\OliMHïf npdglid
Ht\H Hd libgHffHïf ndM~T tofro n01t~ H npnliHOM~ Idliomf ~P~AHt~. AOtTOHT
1i0 nt niTH npnHdrO u\Œ~ Hd ndlifpHH~H.
:6.. tofro npplid ItdHd. H tofro MH!id XPHtTO~Opd. TpO nppli~ npplid TIiOfro tf
Mitd ;\. [246 v.] MHIi~ TpO tt K MHlib TliOH rH. IiÔ r".\ K [ ... ] IiÔ nppli~ rt K
[ ... ]
1. tofro dnM tiÎMOHd pfliHHTM~. TpO dnt\f tThm.
;\1. IihlTïf ~pHrpdAd. H tfro npfHHoMHlid MWliïd. TpO MHlih TliOH rH tt K.
IiÔ rt\t K [ ... ]
KI. tofro €nH~dHïd €Ond livnpht!idro. H tofro npMdHd ndTpïdPXd
IiWHtTdHTHHdrpdAd. TpO limf WUh HdWH. IiÔ rt\t A [ ... ]
[247] fi. tofhld MH~H r t\HlifpïH. dt\~ïd.
AI. tofdro MOIr'lfHHlid HtHAuJpd. dt\~ïd.
él. npnliHdro WUd Hdro ndxwMïd. TpO tf f UfgdMH TliOHX "tTO. AP~H Tph
r".\é [ ... ] IiÔ rt\tK [ ... ]
SI. npnliHdro WUd HdWf .o,fWpd wnpfHHdro OIr'lfHHlid IihlliWd tofro ndXOMïd.
lib TO AHh tofro npplid gdXdpïH WUd npiT~'1flid. TpO n~tThlHHhlH mHTf tt ~.o,.
nppli~ TpO Md~ ;\. IiÔ nppli~ rt\t K [ ... ]
gl. tofXh dOt\h dHAPOHHlid H 'mïd W 5 - THX.
HI. tofXh MHlih .o,fWTd IImf lib drrïpi H nfTpd " AïWHHtïd H Hmf t HHMH tfXh
g AKb. dt\At\~ïd.
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~d. tofXh liMHlihlXh ~piH H pdliHW dntûJ IiWtTdHTHHd H €MHhl. TpO r".\ H
[ ... ] IiÔ r".\f [ ... ] nÔlidfT dTH 1d1i0 dlJlf U~'1HTt~ ndM~T tofro 1i0HtTdHTHHd
lib [248] npdglib libgHfHid n01t~ U\Œd €ro gd €AHHO. Hd lifpHH nOf t:rphl
npdgli~ Hd S H tofM~ nô Hd A. tMlid tofM~ H HH npdgli~. Hd ïip
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~Ii. tofro MHlid lidtHt\Htlid. dt\~ïd.
k npnliHdro WUd H.\Wfro H HmodAHHlid MHXdHM tiH~tlidro. dt\~id.
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~€. TpfTif wlipinHïf '1THhld rMlihl tofro IWdHHd npiTf'ld. TpO rt\t A [ ... ]
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:\. npnliHdro WUd HdWf Ht.\liid Adt\Mt\tlidro. dt\~ïd.
:\d. tfro dnM €pMïd. TpO dnt\f tofhm.
...
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 435

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436 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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IlÔ nMhI~ Hf"~ no n1.
- LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 437

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438 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUWI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 439

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440 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 441

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H K'ilXOAHT K'il tThIH W.\Tllph H K'ilgfM IiIlAi.\HHl\ib tTllHfT npitToib TpllnfgOib
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MO.\~lpf rÂ~lpf M Olihl'lHib. [270] rH KAlio II\HKID~. TKOpHMHM r KMH MfHH. H
npo'l" KI. no lip'illl\f r.\~lpf Iii Wl\ttTH M~ rptlUHllro. K'iltH II\f pllKHO TKOp~T
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nOfM np'ilKllrO '1dr VÂMhl. Hil IlMH.\~ill MfTIlHill r. KtMo 1d1i0 K'il ti~ M -I\ib K'il
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T~ HllpfM'il WlipIlAOM. H TKOpH MfTIlHill r. tTWnhl MO~ HllnpllKH Tplf. AO Ail
442 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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MfTi\Hïf €AHHO. 'lfPfH Iii ~""fAPH H"I. T'R MÔ OIi"I'IH~. rH li~liO II\HIiOT~. H npO'lH
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li71glipi\HfHO € ID tThIH IDl( ... dlH ~tTi\li" 1i ..IMfT np-fig liMAI M - L\ii. Hi\ vpHïH
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W '1i\t"l II\f TpfTïfM ~Ai\pm lii\HAHAOIi71I1\Hri\TfA" 1i71 IifAHIiOf TPH .... H. H


t71IiHpi\1tAl 1i71 L\jîliOIi .. H TIiOpH np-fill\f nO'lAlTii\ r MfTi\Hïi\. H L\-fiAHM1 Hi\npMHH
lipf HAH HliOHii. CTro H np-filiAoHfHïf npOCTO li71 liOfM~II\O AHIi~ no €AH~. H
C-fiAlifM AO C71Ii71Ii~nAfHïli IipliTïAl. MA71'1Ii .... f MliAO 'lfPflO II\f t71TliopHlim~
IillifHïf. Mhlll\f 1i71 THXOCTHA .. liO rAuH-fi CA.iM Tfli-fi Iii Hlim ... [271] H npO'lff
TpTO. Mm\Hïli r. nOMHA~H KI. npHTf nOliAOHHtAl r. MfTliHïli r. H
no W H.im .. rH
n01 r VAMH r- ro 'Id H nO'lHH<1fM tTHAÔ. Hli IiC-fiIi ..1 II\f ,1HTH~WH" MfTliHili r.
'lfp~H npô rAd 5 C n-fiHïfM IifAfrlH-fi rH HlI\f npT"IH tliOH AX". Mhi TOII\ H MfTliHif
€AHO. H Hli li71I1\O 1 MfTliHif.1 tPL\f '1HCTO C715HII\.1 Hf IDlip715H Mf Hf. CMM H
HH & lil(f Thl €CH AOgli HtTïHHIi HC71 Hf. TIiOpHM MfTd r. H no c1 np-fi~lirliicAI
'1 .. n- A-fiCTIiHL\Ii. H cïAl liHHrii. nO'lHHli1 ID gAf 'lUTH. no '1 .. TfHH rh lih IiAdfH ...
TpTO H MfTliHïli r. no W Ht TpÔphl Wlihl'lHH. rH nOMHA~H M. 'lfPfH M. H TIiOpH
TPH IifAHlihl MfTd H npO'lHX KI rAAI .... f MrH li~liO. -rd nO'lHHlii HliCTOAlH Mli~liO
Iii W li"UAP71. H HtXOAH nlipli'lfliAHCiliPX" H gAlipm 1i71 IifAHIiOf 5. T'R nO'lHHlifM
5 'Id. npH nOliAôr. MfTliHïli r. H nOfM r VAMH 5- ro 'Id TIiOpAl .... f MfTi\HÎIi
IdIiO H Hli r 'Id. [271 v.] no IiUM~ ~lilig~ rAfM II\f npp'lhtTliuJ. H npO'lff H no
CliOH'IliHH TpTOf MfTd r. no W Hlim rH nOMA~H KI. T'R M Iii H rH CHMM. H IDnR
tliH gCTi\Ii" IihllilifT ciAl CThiAI M - L\ii. Hli r 'Id H 5 Hfnp-fiM-fiHHO. 1i71 'Id II\f .0.
olrAlipm nlipli'lfliAHtÎi\PX 1i71 IifAHIiOf  H TIiOpH WIi"I'IHO IdliOll\f np-fill\f pfHO
IiW Hli r- TifM 'Id. 1i71 HIi'lliA-li T'R rH nOMA~H M.1 ID 'Ifpfli. H TIiOpH r IifAHlihl
nOliAOHH lifg KI. H HIi'lHHlii AfCHM tTpd IiAlI\fHIi rAd H C71 n-fiHïfM71 IifAHrlH-fi
1i71 L\jî .. CTM if nOM-fiHH Hd rH. IiAlI\fHH HH .... H. Ti\liOll\f li A-fililili tTpliHIi. IiMlI\l
nM'IAI .... fH H npO'lM. T'R np711i1i1i CTpliHIi. CMM Iihlm .. mH rMto. H HH A-fiIiM
CTpd. T'R Olili AHlili 1i71Ii~n-fi. nOM-fiHH Hd rH TIiOpAl .... f MfTd Ii71CH pliliHO. nOM-fiHï
Hlil: li~liO. MfTi\Hïf €AHO. nOM-fiHH Hd CThi. Mf Tt €AHO. T'R ri\fM no HHII\HH
rMtW THXO. AHk H&H ..IH no1. 1 npHCTii.nHTf. AH H&H .. IH. CMM C71IiWp71 cThi
lirfA ... H HH dp~AI 1i71 €AHHOrO lid. OCMIiH WCTi\IiH. W Hlim ... liÔ €M~lI\f € Xpd.
CMM C71 CT .. IMi [272] H HH gUTii.nHHL\f. rH nOMi\~H M. 'lfPfH Iii ~""fAPH H"I.
T'R nOliAô r IifAH H npO'lH KI ri\f .... f M rH li~liO II\HIiTOV. T'R TpTO. rH nOMi\~H
KI. T'R M li~liO 'IV xi Iii H.im ... -rd ~CTi\liAfH ..IH IipliT" r,ü npTf nOliAOHHMCAI
r. MfTliHïli r. H noi lipOTIiO H THXO rMco VAW IifpHH. H no CliOH'IliHH VUMIi
UAHA\lïli. MfTi\Hïli r. T'R AïliliOHMTM. CTHAÔ HI lili,O;. Hli liOHII\O liHTH$ MfTliHili
r H npo'lu IifpHH. tnôliH rH. MfTliHïli r. TpMTOf. H MfTd r. H no W Hlim ..
TpÔphl Rl(f Aio IdliÔ np-fiIl\Af ~liligliHo RW C71 MfTliHïliMH. rH nOMi\~H M. IilIiH.
'lfPfH C71H IillifH Xi Rh. H npo'lu H TIiOpH ~I MfTd. TpTO. MfTi\H r. no W Hlim ..
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-
444 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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MfT<1Hï<1 Hf TIiOpÎl. npto\\xw II\f H 1i71 n<1,\HTHHH 1i71 fliOU Iif,\Îd ntTH VHTHph H
~1i0 MormlflfH fIiOH'If6<1o\\T €ro 1i71 AHh H HOlflh. OIiH TPH li Hf,\o\\. HHH II\f Alit
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IdIiH [ ... ]
1i71 Hf r fTro no 1i71 Ho\\lI\f Iihl6<1fT nOIi,\oHfHïf '1MTHOM~ H II\HIiOTIiOPo\\IflOM~
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Hf OVlI\f IiTOM~ nMMfHHOf Wpm]ïf [ ... ]
nÔIiHO ~ dTH 1d1i0 nOIi,\OHfHïf TIiOpÎl IipT~ A AHH 1i71 Hf,\o\\. 1i71 nÎk 1i71 fpt.
1i71 nJl. r,\f H<1 d 'Id Ii71MtfTO fTonhl MOo\\ qT~ TIiOfM~.
[276v] 1i71 fpt fptnoHmo\\ H<1 ïiPHH IiÔ Hf ~lI\f IiTOM~ nMMfHHOf Opmll\f.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 445

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H K71 cpil. riÔ rAd H. IdriWKh phlAddIPf [ ... ] fKi '1p71TOrd TKo~ro ffin MOH
gpll\IPH ~ripdlU~Hd [ •.• ] no TPHIPH. cid iiilÀHd nOfCII\ K71 KTOpHli H K71 CpilH.
friOH'IdKtlfM lf\~ H €AHHh "'''''Tiph. K71 TPf fH AHf Hd d 'Id H Hd .0. H~ fTHAOC~~M71 .
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AH~X Hd '1dÜ H f71Kp71lUdffll\ AO fpil Hd SM71 'Id.
446 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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KL cfh.H II\f H KfAHr;IYi~ cpt Hd VpHH cLTKdpmc~ C"~lid Tdr;Oll\f Idr;o nptll\f
p1'c~. cLKLr;~ndfM II\f TpfTH H 5 H .ô. 'Id. Tdr;Oll\f H 1i;\II\1' TKOp~Wf UJlih.'1Hh.~
MfTdHid. Vd"Tip 1i0 H MfTdHi~ WAdKdfM Hd r;OHf'lHOf TpTO. no CLKpLWfHH
II\f '1deOKL OVAdptfT II\fAtgL H CLlipdKW1' KLCt IipdTid H IihlKdfT npowfHif,
Hd'lHHdfMO W Hr~MfHd H MTKd W'.fpfd H wnR H TIlr;o Hd'lHHd~T IipdTi~ KLCt
nop~A~ AKd AKd r;\~lfu 6L Ad npocTHTh H nOM"~fTh. Td '.fpfH. nOMOi\HMC~
[279 v.] no np0!flfHiH r;01l\0 KL CKO~
UJ IlpHX. H UJ HlI\f UJlih.'1dH HMdMh••
r;fAi~ HAf AO KptMfHf K1'pH~.
KL cflYi:9: H Kf"Hr;IYi~ cpt Hd K1'pHH. CTH"O r;L r~ €rd KLcr;pLIi% lifg MfTdHid.
djlh•. KLXÔ CL €V"ifM H 'lhTfHid. Ad C~ HmpdKHT MTKd MOd. €V"if AiilO. H
"HT~prïd nptll\mpfHHM.
KL cpt Hi\ VpHH. 'l'pO Cf II\fHH rp~AfT. r;ô r"d 5,: KLgH1': ni\'1f 1i"~HHIlIYi
[ ... ]
KL cfhlH H KfAHr;hlH .if Hi\ VpHH r;Afnf KL 3 'Il HO!flH H nOf nO"~HO!fl' HHIlIYi
KL r;f"id. H Ti\r;O CLlipi\KWHMC~ Hd KL IlPr;KH H CLTKOphW~ cljJfHHHr;~ Hi\'1~"O
Hi\'1HHi\f UJlih.'1Hi\~ "'~1I\1i1Yi ~TpLHHIlH. nowfcTH II\f VUM% i\""H"~i\. 'l'pO no
'l'pH rA ii €rAi\ CMKHiH ~'1fHHIlH nHCi\HL npt MTKi\MH UJ npH'Ii\!fIfHiH. Td v"ûj ii.
[280] r;i\Hwr"H r;Hp' r;ogMHHi\ 5,. nfic", AHIO H '1TI'.fv"if AHIO. Hi\ 3 nfir;ô rA
ii. X"tlih npifMh [ ... ] Td no .ô. nfi cdi. Hi\ XKdHTf CTph. H npoi\. cLKLr;~n"tfMlI\f
H npLKh.H 'Il. npo'li\d '1dehl nOf npOCTO KL ni\npi\Tt KLKptM~ H. r;"fnf KL ii
'Il Aiif H nO'lHHi\fT K1'pHt V"ûj Olih.'1HO. Hi\ rH KOgK1 CTph. CMK H HH KLXÔ CL
'.fv"ifM. H 'lhTfHii\ AiilO. M TpTM~. npo i\if,,~. i\""H,,~ii\. €V"if H npO'lM IiIl\TKHM
"HT~prii\ KfAHr;OrO Ki\CH"ii\. KLMtCTO II\f Xfp~KHMi\ K1'pH TKOH TIlH 't. TOlI\f H npH
H KLMtCTO Ad Hm"LH~TC~ ~CTIl MOi\. TOlI\f H KLXOAH Hi\ Tpi\mglYi nO~!fIf OIiW
v"ûj H IdMh. Ki\pfHif C Mde"OM H nifM KHHO. ni\K1'pHHIlIYi II\f nOf KL r;f"ii\Xh.
KL cfh.H H KfAHr;hlH n,t-. r;Afnf KL K 'Il HO!flH. Hi\ VpHH nOfM i\""H,,~ii\. [280
v.] 'l'pO ~Ad C""KHiH ~'1fHIlH 't H npo'l"" KL Tpiw no '1HH~ HX. r;ô r"d ii. Hl
pi\AH pden~TdrO [ ... ] H CHH TpOph Hi\ r;oHfllh ~TpLHH. 'l'pO r"d 5,. Hcr;~nH" Hh.
€CH W r;"~TKh. [ ... ] Td fr;TfHif Olih.'1HOf H wnli.
npH '1dCt II\f npLdM h Aiif, r;"fllf MUOf H CLIiHpi\fMC~ KL IlpiiOKh nO~lfIf d 'Id
H 'l'pH Vi\"MH UJlih.'1HH H npo'l~~ KL Tpiw. 'l'pO pi\m~HW~ TH Xi [... ] r;ô Hd pd
pden~TIlro. npH '1det II\f :3 - ML AHf r;"fnf Mi\"Of H CLIiHpdfMC~ KL IlPr;OKh.
H Hi\'1HHdfM TpfTiH 'Il. no TpTtML rii nOM;\~H KI. npHTf [281] nor;"OHHMC~
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UJlih.'1HH Vi\;\MH H npo'l"" Tpïw. 'l'pO r"d 5 rii UJCIYiAHTIYi
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't. Td UJlihl'lHh.~ VUMH. 'l'pO r"l i CfiUHif cLAti\ nocpt gfM"~ [ ... ] r;ô Hd pd
pden~HWi\ro. '11.ô. Idr;o HMi\Th UJlih.'1i\H " Vi\;\MH UJlih.'1HhI~. 'l'pO r"l ii KHA~
pi\glioHHHr;'h Hi\'1~"HHr;i\ II\HgHH ( ... ] (281 v.) H HH HlI\f Hl pd pOll\fHC~ W
Aihl. r;ô Hl pd pi\m~HWi\rOC~. rH nOM"~H M. Td CTH W cljJfHHHr;i\. IiMlI\fHd.
Ktp~~ K'h fAHHoro 6i\. OCMIiH UJCTIlKH. UJ'Îf Hi\Wh. r;ô. rH nOM"~H M. IiIYiAH
HM~ riif. IiAK~ ri\ Hi\ K'hctr;o KptM~. Td H wTnli.
nÔIii\f KtAtTH Idr;o npt~xûj KL nunTHHH K'h CHH cfhlH Aiih pi\m~Tii\ Hf
TKOpHM nptll\f CljJfHHIYi~ HH "Hfpri~ C'hKpLWi\TH HH Tpi\nfglYi nOCTi\KAt'l'H
- LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 447

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448 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 449

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450 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

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HMTOo9l .... ÎH IÛAH Ad ,11.0 nJl"tl. 'THXh' rAfMb Htl 'THPd H lib'H Idgh'IlH lib,"Af1
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1d"0 'A~litl npHA~'IHliLUÎH,09I ,fh'Xh lib 'm6 HAH lib IÛAo9I H nOfM Htl ntllifpHHIlH.
lib nJl lifph ntlMJI 'bTlitlpi€ HlI\f w Ki"tl ~'lOnLUÎHX nptlliO'MliHhlXh XPÎ'TÎtlHh
Wllh H IiptlTÎH HtlLUH. Iih'Kt\fT II\f U~litl lib,i ld"Oll\f ~'Tt\liH'o9I lib 'm6T~ MJlnR
Ttl"Oll\f H Htl VpHH H Htl AjprÎH.
'm6 H ntlMo9I 'bTlitlp-& lib,iMb HlI\f W Ki"tl gnunLUÎHMb WUh H IiptlTÎH HduÏH
nptlIiOCAtlliHh!. TpO rAd H HlI\f rAmliHHtlMH H MpTio9l! ,Mi rAd K nOMiH" rH
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LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 451

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*
* *
[145] Horologion contenant les offices
de la nuit et du jour, selon l'ordo de Jérusalem,
de la laure de notre vénérable Père Sabas,
.commençant habituellement au milieu de la nuit.
Te levant du sommeil en Dieu, aie sur tes lèvres : Par les prières
de nos saints Pères, Seigneur Jésus Christ, notre Dieu, aie pitié de
nous. Et immédiatement: Levés du sommeil, nous nous proster-
nons devant toi, ô Bon [... ] Tu m'as réveillé de mon lit et du som-
meil, Seigneur [... ] Le juge viendra soudainement [... ] Seigneur,
aie pitié, douze fois. [145 v.] Levé du sommeil, je te rends grâces, ô
Sainte Trinité [... ] Ces prières ne sont pas dites dans l'assemblée,
mais individuellement en se rendant à la sainte église de Dieu. Et
les pères s'étant assemblés, le prêtre commence: Béni soit notre
Dieu. Et nous : Amen. Et nous commençons à psalmodier à voix
basse, avec attention. Gloire à Toi, notre Dieu, gloire à Toi. Roi
céleste, Paraclet [... ] [146] Saint Dieu [... ] Se dit trois fois. Gloire
au Père et au Fils [... ] Et maintenant et toujours [... ] Notre Père
qui es aux cieux [... ] Et le prêtre : Car à Toi appartient le règne.
Et nous : Amen. Puis : Seigneur, aie pitié: douze fois. Gloire: Et
452 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

maintenant: Venez, adorons [... ] [146 v.] Et immédiatement le


Psaume 50 [... ] Puis Bienheureux ceux qui sont irréprochables!.
Puis : Gloire : Et maintenant : Alléluia, alléluia, gloire à Toi, ô
Dieu trois fois et trois métanies. Gloire : Et maintenant : Tes
mains m'ont fait2 • Gloire : Et maintenant: Alléluia, trois fois, avec
trois métanies. Puis : Gloire : Et maintenant : Regarde vers moi
et aie pitié de moi3 • Gloire : Et maintenant : sans Alléluia. Puis :
Je crois en un seul Dieu [... ] Trisagion, et trois métanies. Gloire:
Et maintenant: Très Sainte Trinité. Seigneur, aie pitié, trois fois.
Gloire: Et maintenant: Notre Père qui es aux cieux. Et ces tro-
paires, ton 8 : Voici l'Époux qui vient au milieu de la nuit [... ]
Gloire: Pensant à ce jour terrifiant, ô mon âme [... ] [147] Et
maintenant: T'ayant comme un rempart invincible, la forteresse
de salut, nous te prions, ô Théotokos et Vierge [... ] Seigneur, aie
pitié, 40 fois. Puis la prière suivante : Toi qui en tout temps et
à toute heure, aux cieux et sur terre [... ] [147 v.] Seigneur, aie
pitié, trois fois. Gloire : Et maintenant : Plus vénérable que les
Chérubins. Et une métanie. Puis : Au nom du Seigneur, bénis. Et
le prêtre: Ô Dieu, sois-nous compatissant et bénis-nous 4 • S'il y a
jeûne, nous disons en nous-mêmes la prière : Seigneur et Maître
de ma vie, ne m'abandonne pas à l'esprit d'oisiveté, de malice,
de domination et de vaines paroles. Accorde-moi l'esprit d'inté-
grité, d'humilité, de patience et d'amour à moi ton serviteur. Oui,
Seigneur Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger
mon frère, car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen. Disant
cette prière, nous faisons trois grandes métanies, puis douze
autres en disant en nous-mêmes : Ô Dieu, purifie-moi, pécheur,
et aie pitié de moi. Puis nous disons de nouveau la prière écrite
plus haut, et faisons une métanie finale. Lorsque nous psalmo-
dions [148] individuellement, nous disons pour chaque métanie
toute la prière. Nous faisons ainsi aux heures, à l'apodeipnon et
à la fin des matines et aux vêpres pendant les saints jeûnes. Puis
la prière suivante: Ô Maître, Dieu, Père tout-puissant, Seigneur,
Fils [... ] Nous disons cette prière au milieu [de l'assemblée]. Dans
nos cellules, [nous disons] les prières suivantes : Seigneur tout-
puissant, Dieu des puissances et de toute chair [... ] [148 v.] Nous
te bénissons ô Dieu très-haut et Seigneur de miséricorde [... ].
[149] Puis: Venez adorons, trois fois, et trois métanies. Psaume
120 : J'ai levé les yeux 5 . Psaume 133 : Maintenant, bénissez le
Seigneur, vous tous, serviteurs du Seigneur6 • Gloire: Et main-

1. Ps 118,1.
2. Ps 118, 73.
3. Ps 118, 132.
4. Ps 66, 2.
5. Ps 120, 1.
6. Ps 133, 1.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 453

tenant: Trisagion, et trois métanies. Très Sainte Trinité. Notre


Père qui es aux cieux. Puis ces trop aires : Souviens-toi, Seigneur,
toi qui es bon [... ] [149 v.] Par l'abîme de sagesse [... ] Gloire:
Fais reposer avec les saints [... ] Et maintenant : Toutes les géné-
rations te bénissent [... ] Seigneur, aie pitié, douze fois. Puis la
prière : Souviens-toi, Seigneur, de ceux qui se sont endormis
dans l'espérance en la résurrection [... ]. [150] Puis le typikariste
dit ceci d'une voix la plus basse : Gloire au Père et au Fils et
au Saint-Esprit. Et maintenant et toujours et dans les siècles des
siècles. Amen. Seigneur, aie pitié. Seigneur, aie pitié. Seigneur,
bénis. Et le prêtre : Le Christ, notre vrai Dieu. Et nous : Amen.
Et le prêtre fait d'abord une métanie devant les frères en disant:
Bénissez, pères saints, et pardonnez-moi, pécheur, les péchés que
j'ai commis [150 v.] en cette nuit et tous les jours de ma vie, soit
en parole, soit en action ou en pensée, et par tous mes autres
sens. Et nous disons tous : Que Dieu te pardonne et ait pitié
de toi. Et immédiatement le chœur de droite fait de même. Et
tous les frères ensemble. Après le pardon, le prêtre dit : Prions
pour nos souverains pieux et protégés par. Dieu. Le typikariste
répond : Que Dieu garde la puissance de leur règne. Le prêtre :
Pour leurs soldats protégés par Dieu. Que Dieu leur vienne en
aide. Pour tout l'épiscopat orthodoxe. Que Dieu les sauve et les
prenne en pitié. Le prêtre : Pour notre Père et pour tous nos
frères en Christ. Que Dieu leur pardonne et les prenne en pitié.
Le prêtre: Pour ceux qui nous ont demandé, à nous indignes, de
prier pour eux. Que Dieu leur pardonne et les prenne en pitié.
Le prêtre : Pour ceux qui ont pitié de nous et nous servent. Et
nous : Que Dieu leur pardonne et les prenne en pitié. Le prêtre :
Pour ceux qui nous haïssent et qui nous aiment. Et nous : Que
Dieu. leur pardonne et les prenne en pitié. Le prêtre : Pour la
délivrance de nos frères captifs. Et nous : Que Dieu les libère et
les prenne en pitié. Le prêtre: [151] Pour ceux qui sont en mer et
en voyage. Et nous : Que Dieu les protège et les prenne en pitié.
Le prêtre : Pour les malades et ceux qui sont dans la misère. Et
nous : Que Dieu les relève et les prenne en pitié. Le prêtre: Pour
tous les chrétiens orthodoxes. Et nous : Que Dieu leur pardonne
et les prenne en pitié. Le prêtre : Pour tous nos pères et frères
orthodoxes qui nous ont précédés et qui reposent ici et en tout
lieu. Que Dieu les rende bienheureux et leur donne le repos. Puis
l'higoumène ou l'ecclésiarque ou le prêtre hebdomadier : Par les
prières de nos saints Pères, Seigneur Jésus Christ, notre Dieu. S'il
n'y a pas de prêtre, nous disons cette prière: Pardonne, Seigneur
philanthrope, ceux qui nous haïssent et qui nous ont offensés [... ]
[151 v.] Deuxième mesonyktikon, chanté le samedi
Le début ayant eu lieu, nous disons [toutes les prières] comme il
a été indiqué plus haut. Après le Psaume 50, nous psalmodions le
454 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

cathisme 9 : TI convient de te chanter un hymne, ô Dieu, en Sion 1.


Après la troisième stance : Gloire : Et maintenant : Je crois en un
seul Dieu. Puis le Trisagion. Après le Notre Père: triadiques : La
nature incréée [... ] [152] Aux puissances d'en haut [... ] Tu m'as
relevé de ma couche et du sommeil, Seigneur [... ] Seigneur, aie
pitié, 40 fois. Et la prière: Toi qui en tout temps. Seigneur, aie
pitié, trois fois. Gloire : Et maintenant : Plus vénérable que les
Chérubins. Au nom du Seigneur, bénis. Et le prêtre: Ô Dieu, sois-
nous compatissant2 • Et nous: Maître, Dieu, Père tout-puissant.
Dans nos cellules, nous disons cette prière de saint [Eustrate] :
Je Te magnifie grandement, Seigneur [... ] [152 v.] Et après cela:
Venez, adorons: trois fois. J'ai levé les yeux3 . Maintenant, bénissez
le Seigneur4. Gloire: Et maintenant: Trisagion. Après le Notre
Père ces trop aires : Souviens-toi, Seigneur, Toi qui es bon. Par
l'abîme de sagesse. Gloire: Fais reposer avec les saints. Et mainte-
nant : Toutes les générations te bénissent. Seigneur, aie pitié, douze
fois. Souviens-toi, Seigneur, [153] de ceux qui se sont endormis
dans l'espérance en la résurrection, cf. à la fin du mesonyktikon
quotidien. Ensuite, le congé et le pardon. Le prêtre : Prions pour
nos souverains pieux et aimant le Christ. S'il n'y a pas de prêtre,
nous disons cette prière : Pardonne, Seigneur philanthrope, ceux
qui nous haïssent et qui nous ont offensés.
TI faut savoir encore ceci. Le samedi du juste Lazare, au mesonyk-
tikon, après Je crois en un seul Dieu, au lieu des tropaires habituels,
nous disons le trop aire de saint Lazare : La résurrection commune.
De même à la fin du mesonyktikon, on ne chante pas les trop aires
habituels mais le kondakion de saint Lazare et, ensuite : Seigneur,
aie pitié, douze fois. On dit la prière habituelle, mais immédiate-
ment après, le prêtre dit : Gloire à Toi, ô Dieu, notre espérance,
gloire à Toi. Et nous : Gloire : Et maintenant: Seigneur, aie pitié.
Seigneur, aie pitié. Seigneur, bénis. Le prêtre dit le congé: Que
celui qui est ressuscité des morts. Le pardon habituel. Puis : Prions
pour les pieux. Après cela, le supérieur : Par les prières de nos
saints Pères, Seigneur, Jésus Christ, notre Dieu, aie pitié.
TI convient hors rang d'observer l'ordre de l'office à l'église, lors
des descentes [153 v.] communes et des stations. De plus, en tout
temps, lors des jeûnes, nous devons tous faire les métanies de façon
uniforme, en regardant tous uniquement l'higoumène ou le typi-
kariste, car ce sont eux qui sont responsables de l'ordre ecclésias-
tique. Et ainsi, lors des prières, nous nous gardons du trouble et du
désordre. Nous devons fléchir et nous relever de façon uniforme.

1. Ps 64, 1.
2. Ps 66, 2.
3.Ps 120, 1.
4. Ps 133, 1.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 455

Aux matines, le frère désigné psalmodie l'hexapsalme légère-


ment, avec quiétude et attention. De même, tous [se tiennent]
comme s'ils s'entretenaient avec Dieu lui-même et priaient
pour leurs péchés. [Le frère] doit psalmodier d'une voix simple
et humble, de manière à être entendu de tous. Personne n'a le
droit d'éternuer ou de cracher ou de quitter sa place ou de se
déplacer ou d'entrer du narthex extérieur dans l'église tant que
l'hexapsalme est récité, car c'est le signe d'absence de crainte, et
de désordre. Si quelqu'un est courbé par la vieillesse et rongé par
la maladie [154] et ne peut se retenir de tout ce que nous venons
de décrire, qu'il demeure devant l'église jusqu'à la fin de l'hexap-
salme et qu'alors il entre [dans l'église], au moment où l'on chante
lentement : Le Seigneur est Dieu ou Alléluia. De plus, on chante
toujours les triadiques attentivement et légèrement. De même, la
stichologie du Psautier [se fait] d'une voix simple, égale et douce.
De même tous les autres offices.
Début des matines
Le prêtre ayant donné la bénédiction, nous commençons le
Trisagion. Très Sainte Trinité. Notre Père. Le prêtre: Car à Toi
appartient le règne. Seigneur, aie pitié, douze fois. Gloire: Et main-
tenant : Venez, adorons, trois fois. Psaume 19 : Que le Seigneur
t'exauce au jour de la tribulation!. Psaume 20 : Seigneur, en ta
forceZ. Psaume 60 : Écoute, ô Dieu, ma supplication3 • Gloire: Et
maintenant: Trisagion. Après le Notre Père, le prêtre: Car à Toi
appartient le règne. Puis ces trop aires : Sauve, Seigneur, ton peuple
[... ] Monté [... ] [154 v.] Secours [... ] Puis le prêtre dit : Aie pitié de
nous, ô Dieu, selon ta grande miséricorde, nous Te prions, écoute et
aie pitié de nous. Nous prions encore pour nos souverains pieux et
aimant le Christ N. Car Tu es miséricordieux et philanthrope. Puis
il dit à haute voix : Gloire à la Sainte et Consubstantielle et Vivifiante
et Indivisible Trinité, en tout temps, maintenant et toujours et dans
les siècles des siècles. S'il n'y a pas de prêtre, à la fin des trop aires,
nous disons: Seigneur, aie pitié, douze fois, puis: Gloire à Dieu au
plus haut. [155] Et le frère désigné commence à voix basse et avec
crainte de Dieu et attention : Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et paix sur la terre, aux hommes de bienveillance4 • Cela se dit trois
fois. Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louanges.
Cela se dit deux fois. Puis le Psaume 3: Seigneur, pourquoi se sont-
ils multipliés6 • À la fin il dit : Je me suis endormi et le sommeil m'a

l.Ps 19, 1
2. Ps 20, l.
3. Ps 60, 1
4. Le 2, 14.
5. Ps 50, 15.
6. Ps 3, 2.
456 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

saisi, et je me suis réveillé, car le Seigneur m'a pris avec lui 1• Et


immédiatement le Psaume 37 : Seigneur, ne me reprends pas dans
ta colère2 • À la fin, on double ce verset: Ne m'abandonne pas,
Seigneur mon Dieu, et ne t'éloigne pas de moi, sois attentif à me
secourir, Seigneur de mon salut3 • Puis ce Psaume 62 : Ô Dieu, mon
Dieu, pour Toi je veille4 • À la fin ce verset est dit de nouveau : Au
long des veilles je médite sur Toi, car Tu es mon secours, je tressaille
d'allégresse sous la protection de tes ailes, mon âme s'est attachée à
Toi, et ta droite m'a saisi5 • Gloire: Et maintenant: Alléluia, alléluia,
gloire à Toi, ô Dieu, trois fois, sans métanies. Le paraecclésiarque
allume toujours ici un cierge et [155 v.] le colle sur les portes saintes.
Et le prêtre vient et dit les prières. Et le chantre, après avoir dit
Alléluia, commence le Psaume 87 : Ô Seigneur, Dieu de mon salut6
et à la fin du psaume il dit de nouveau : Seigneur, Dieu de mon
salut, le jour et la nuit j'ai crié vers Toi, que ma prière entre en ta
présence, incline l'oreille vers ma supplication? Puis le Psaume 102 :
Bénis le Seigneur, ô mon âme, et que tout8 , et à la fin nous répétons
ces versets: En tout lieu de son empire, bénis le Seigneur, ô mon
âme9 • Puis le Psaume 142: Seigneur, exauce ma prière, prête l'oreille
à ma supplication lO • Et à la fin, lorsque nous disons: Car je suis ton
serviteurll , de nouveau: Exauce-moi en Ta justice et n'entre pas en
jugement avec Ton serviteur 12 • Exauce-moi Seigneur, et n'entre pas
en jugement avec Ton serviteur. Ton Esprit bon me conduira dans
la terre de rectitude 13 • Gloire : Et maintenant : Alléluia, alléluia, gloire
à Toi, ô Dieu, trois fois, sans métanies. Si nous chantons Le Séigneur
est Dieu, nous le chantons dans le ton du trop aire du saint du jour.
Et le canonarque dit ainsi : Le Seigneur est Dieu et TI nous est
apparu. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur14 • Verset 1 :
Confessez [156] le Seigneur, car TI est bon, car éternelle est Sa misé-
ricorde 15 • Verset 2 : Mais au nom du Seigneur je les ai repoussées 16 •
Verset 3 : Et elle est admirable à nos yeux 17. Et de nouveau le chantre

1. Ps 3,6.
2. Ps 37, 2.
3. Ps 37,22-23.
4. Ps 62, 1.
5. Ps 62, 7-9.
6. Ps 87, 2.
7. Ps 87, 2-3.
8. Ps 102, 1.
9. Ps 102, 20.
10. Ps 142, 1.
11. Ps 142, 12.
12. Ps 142, 1-2.
13. Ps 142, 10.
14. Ps 117,26-27.
15. Ps 117, 1.
16.Ps 117, ll.
17.Ps 117,23.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 457

dit : Le Seigneur est Dieu. Et nous : le tropaire. Et le chantre : la fin


du tropaire. Et nous de nouveau le tropaire. Et le chantre : Gloire :
Et maintenant. Et nous : le théotokion, selon le ton du tropaire. Et
le chantre: la fin du théotokion. Et s'étant incliné vers l'orient, il se
retire. Et le typikariste dit : Seigneur, aie pitié, trois fois. Gloire : Et
maintenant : Et la stichologie du Psautier. À la fin de la stichologie,
le Psaume 50. S'il y a jeûne et Alléluia, le chantre dit Alléluia et nous
chantons Alléluia dans le ton du triadique, puis le lecteur dit le
verset 1 : Depuis la nuit mon esprit veille devant toi, ô Dieu 1. Verset
2 : Quiconque n'a pas pratiqué la justice sur la terreZ. Verset 3 :
Ainsi nous sommes devenus pour ton bien-aimé3 . Et nous : le tria-
dique. Le chantre : Gloire : Et nous : le deuxième triadique. Le
chantre : Et maintenant : Et nous : le troisième triadique. Puis le
stichologie du Psautier avec des métanies. Une fois terminée, la sti-
chologie du Psaume 50. Puis les cantiques de Moïse. Le domes-
tique entonne selon le ton: Chantons pour le Seigneur, car TI s'est
couvert de gloire4. Le chœur qui commence fait de même. [156 v.]
On stichologie [les cantiques] à deux chœurs, [chacun interprétant]
un verset [à tour de rôle] jusqu'au canon: Chantons pour le Seigneur
car TI s'est couvert de gloire. Cheval et cavalier, il les a jetés dans la
merS. Le second chœur : TI est mon secours et ma protection pour
mon salut6. À la fin de la neuvième ode, nous chantons: TI est digne
en vérité [... ]. Si c'est un dimanche, le photagogikon de l'évangile
est chanté. Pour les grandes fêtes on chante [le photagogikon] de la
fête. Les autres jours, on chante [le photagogikon] du saint s'il y en
a, sinon celui du jour. Le lundi, le photagogikon des anges, imité
sur: Femmes, écoutez: Archanges [... ] Théotokion: Intercède pour
moi [... ] [157] Le mardi, photagogikon du Précurseur, imité sur :
Femmes, écoutez: Prophète [... ] Théotokion : Tous les prophètes
[... ] Le mercredi, photagogikon de la Croix, imité sur : Femmes,
écoutez: Arme invincible [... ] Théotokion : La Très-Pure se tenant
[... ] [157 v.] Le jeudi, photagogikon des apôtres, imité sur: Femmes,
écoutez: Pierre et Paul [... ] Théotokion : Vierge n'ayant pas connu
le mariage [... ] Le vendredi, photagogikon de la Croix, imité sur :
Femmes, écoutez: Réjouis-toi, ô Croix [... ] Théotokion : Sur la
Croix [... ] [158] Le samedi, photagogikon de tous les saints, imité
sur: Femmes, écoutez: Prophètes très glorieux [... ] Second: Celui
qui a orné le ciel d'étoiles [... ] Nekrotikon : Celui qui a le pouvoir
sur les vivants et les morts [... ] Théotokion : Douceur des anges
[... ] Les jours de jeûne où l'on chante Alléluia, nous disons le pho-

1. Is 26, 9 (Ode 5, 1).


2.1s 26, 10 (Ode 5, 3).
3.1s 26, 17 (Ode 5, 11).
4. Ex 15, 1 (Ode 1, 1).
5. Ex 15, 1 (Ode 1, 1).
6. Ex 15,2 (Ode 1,2).
458 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

tagogikon de l'Octoèque : Ton 1 : Toi qui as fait luire la lumière,


Seigneur [... ] [158 v.] Ton 2 : Ta lumière qui est toujours [... ] Ton
3 : Envoie ta lumière, ô Christ Dieu [... ] Ton 4 : Celui qui a fait
luire la lumière [... ] Ton 5 : Seigneur, qui donnes la lumière [... ]
Ton 6 : Par l'intercession, Seigneur [... ] Ton 7 : Par l'intercession,
Seigneur [... ] Ton 8 : Étant la lumière, ô Christ [... ]. il faut com-
prendre que ces photagogika sont chantés ainsi. Le lundi, nous
disons d'abord [le premier verset] : Par l'intercession des incorpo-
rels et sauve-moi. Second [verset] : Par les prières des saints et sau-
ve-moi. Troisième [verset] : Par les prières [159] de la Théotokos et
sauve-moi. Le mardi : [le premier verset] : Par les prières du
Précurseur. Second [verset] : Par les prières des saints. Troisième
[verset] : Par les prières de la Théotokos. Le mercredi: Par la puis-
sance de Ta Croix. Par les prières des saints. Par les prières de la
Théotokos et sauve-moi. Le jeudi: Par les prières des apôtres et
sauve-moi. Par les prières du hiérarque et sauve-moi. Par les prières
de la Théotokos et sauve-moi. Le vendredi : Par la puissance de Ta
Croix et sauve-moi. Par les prières des saints et sauve-moi. Par les
prières de la Théotokos et sauve-moi. Le samedi, s'il y a Alléluia, on
chante le photagogikon et on dit ainsi : Par les prières des saints. Par
les prières de la Théotokos. Et immédiatement : Louez le Seigneur
du haut des cieux! selon le ton courant dans l'Octoèque. S'il y a un
saint fêté, ayant des stichères aux laudes, nous chantons selon le ton
des stichères du saint. Pour les grandes fêtes et les dimanches, nous
disons d'abord: Que tout souffle2 puis: Louez le Seigneur du haut
des cieux3 . À toi convient la louange, ô Dieu. Louez le Seigneur du
haut des cieux. Louez-le dans les hauteurs. Louez-le, tous ses anges.
Louez-le, toutes ses puissances4 • À toi convient la louange, ô Dieu.
Puis on psalmodie les autres [versets] sans refrain jusqu'à la fin [159
v.] des psaumes. Gloire : Et maintenant : À toi convient la gloire,
Seigneur, notre Dieu, et nous te rendons gloire, au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des
siècles. Amen. Gloire à Toi, qui nous as montré la lumière. Gloire à
Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre, aux hommes de
bienveillances. Métanie. Nous Te chantons, nous Te bénissons, nous
T'adorons. Métanie. Nous Te glorifions, nous Te rendons grâce
pour Ta grande gloire. Métanie. Seigneur, Roi céleste [... ] Chaque
jour je Te bénirai et glorifierai Ton nom dans les siècles des siècles.
Lorsqu'il y a la grande doxologie, nous disons d'abord : Daigne,
Seigneur. Puis: Seigneur, Tu es un refuge. S'il n'y a pas [de grande

1. Ps 148, 1.
2. Ps 150,5.
3. Ps 148, 1.
4. Ps 148, 1-2.
5. Le 2,14.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 459

doxologie], nous disons : Seigneur, Tu es un refuge [... ] [160]


Daigne, Seigneur, en ce jour [... ] Et immédiatement les stichères
apostiches dans l'Octoèque. Nous disons ces versets: Comblés au
matin de Ta miséricorde!. Verset: Que la splendeur du Seigneur,
notre Dieu2 • Ensuite: TI est bon de confesser le Seigneur3 [ .•• ] [160
v.] Trisagion. Et s'il y a jeûne, trois métanies. Très Sainte Trinité.
Notre Père. Tropaire du jour. Gloire: Et maintenant: théotokion
selon le ton du tropaire. S'il y a jeûne, nous disons les trop aires sui-
vants : Debout dans l'église [... ] Seigneur, aie pitié, 40 fois. Gloire:
Et maintenant : Plus vénérable que les Chérubins. Au nom du
Seigneur, bénis. Et le prêtre : TI est béni, Celui qui est notre Dieu, en
tout temps, et maintenant, et toujours. Et nous: Céleste Roi, affermis
nos souverains fidèles [... ] Et élevant les mains, nous disons la prière
de saint Éphrem secrètement, faisant trois métanies, puis 11, en
disant pour soi: Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de
moi. Après cela, élevant les mains, nous disons la prière susdite en
entier et faisons une métanie. Puis : Venez adorons : trois fois et trois
métanies. Et nous joignons la première heure.
N.B. : Si nous chantons Le Seigneur est Dieu: nous disons
après les apostiches, [161] après le Notre Père: le trop aire du
saint : Gloire : Et maintenant : le théotokion, et immédiatement
l'ecténie. Et à la fin de l'ecténie, [nous disons] immédiatement:
Venez adorons : trois fois et trois métanies. Et nous joignons la
première heure.
N.B. : Lorsque c'est une fête despotique, on ne dit pas les can-
tiques [bibliques], ni à la fin des laudes : À Toi convient la gloire,
Seigneur, notre Dieu : ni les stichères de repentir aux apostiches ni :
TI est bon de confesser le Seigneur4, mais nous chantons aux laudes
les stichères de la fête, Gloire: Et maintenant: de la fête, si c'est une
fête despotique. Si c'est une fête d'un grand saint, alors: Gloire:
[stichère] du saint: Et maintenant: théotokion selon le ton de la sti-
chère. Si c'est un dimanche, stichères de la Résurrection. À Gloire :
stichère de l'évangile. Et maintenant: [ton] 2 : Tu es toute bénie,
ô Théotokos Vierge [... ] et [suit] immédiatement la doxologie.
TI faut savoir qu'à la grande doxologie on dit d'abord: Daigne,
Seigneur comme il a été dit plus haut et nous chantons : Tu es béni,
Seigneur, apprends-moi Tes commandements : trois fois. Puis :
Seigneur, Tu es pour nous un refuge d'âge en âge. Jusqu'à: Qui te
connaissent. Puis :Trisagion. Gloire: Et maintenant: Saint immortel,
[161 v.] aie pitié de nous. Et de nouveau le Trisagion. Pour les fêtes
des grands saints : trop aire et théotokion. Le dimanche, le tropaire

1. Ps 89, 14.
2.Ps 89,17.
3. Ps 91, 2-3.
4. Ps 91, 1-3.
460 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de la Résurrection en alternance : Ton 1, 3, 5 et 7 : Aujourd'hui


le salut du monde [... ] Ton 2, 4, 6 et 8 nous disons ce trop aire :
Ressuscité du tombeau [... ]. Ecténies et le congé a lieu ainsi : pour
le congé des fêtes, après les ecténies, le prêtre dit : Sagesse. Et le
typikariste : Bénis. Et le prêtre : TI est béni, Celui qui est, notre Dieu.
Et le peuple : Mfermis, ô Dieu, nos souverains. Garde, Seigneur,
pour de nombreuses années, leur saint royaume. Et garde, ô Dieu,
la foi chrétienne, et ce saint monastère pour les siècles. Puis : Plus
vénérable que les Chérubins. Et le prêtre : Gloire à Toi, ô Dieu,
[162] notre espérance, gloire à Toi. Et le typikariste : Gloire: Et
maintenant : Seigneur, aie pitié, deux fois. Seigneur, bénis. Et le
prêtre : Que le Christ, notre vrai Dieu. Et le reste, propre à la fête
occurrente, despotique ou d'un grand saint. Le dimanche on dit :
Que Celui qui est ressuscité des morts. Et le peuple chante le poly-
chronion selon l'usage. Et nous nous retirons dans nos cellules.
Début, avec Dieu, de la première heure
Venez, adorons : trois fois, et s'il y a jeûne, trois métanies.
Psaume 5 : Prête l'oreille à mes paroles, Seigneur!. Puis le Psaume
89 : Seigneur, Tu as été pour nous un refuge 2 • Psaume 100 : Je
chanterai ta miséricorde et ta justice3 . Puis : Gloire : Et mainte-
nant : Alléluia, trois fois. S'il y a jeûne, trois métanies. Seigneur, aie
pitié : trois fois. Gloire : Et maintenant : trop aire du jour. Quand
il y a jeûne, nous disons : Alléluia, puis le prokimenon ton ( ) : Au
matin, tu exauceras ma voix, ô mon Roi et mon Dieu 4 • Verset 1 :
Prête l'oreille à mes paroles, SeigneurS. Verset 2 : Car c'est Toi que
je prie6 • Gloire: Et maintenant: théotokion avec trois métanies, s'il
y a jeûne : Comment t'appellerons-nous, ô Pleine de grâce. Ciel,
car de toi a resplendi le soleil de justice. Métanie. Paradis, car tu
as fait pousser la fleur d'incorruptibilité. Métanie. Vierge, car tu es
demeurée immaculée, ô Pure Mère, car tu as eu sur tes mains le
Fils, [162 v.] le Dieu de tous. Métanie. Prie-le de sauver nos âmes.
Dirige mes pas7 [ .•• ] Délivre-moi de la calomnie8 [ •.• ] Que mes
lèvres s'emplissent9 [ ••• ] Trisagion. S'il y a jeûne, trois métanies.
Très Sainte Trinité. Notre Père. Et si c'est dimanche, nous disons
l'hypakoï du ton de l'Octoèque. Pour les fêtes despotiques, [nous
disons] le kondakion. Les autres jours, le kondakion, si c'est la fête
d'un grand saint. Tous les [autres] jours de l'année, nous disons

1. Ps 5, 1.
2. Ps 89, 1.
3.Ps 100, l.
4. Ps 5,4.
5. Ps 5, 2.
6. Ps 5,3.
7. Ps 118, 133.
8. Ps 118, 134.
9. Ps 70, 8.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 461

ce trop aire : Viens vite à notre aide [... ] Les samedis, lorsqu'il
n'y a pas de fête [despotique] ou de grand saint nous disons :
Comme les prémices de la nature. Lorsque nous chantons Alléluia
nous disons le tropaire : Par l'abîme de sagesse. Et le kondakion :
Fais reposer avec les saints. [163] Seigneur, aie pitié: 40 fois. Et
la prière : Toi qui en tout temps. Seigneur, aie pitié : trois fois.
Gloire : Et maintenant: Plus vénérable que les Chérubins. Au nom
du Seigneur, bénis. Et le prêtre : Ô Dieu, sois-nous compatissant
et bénis-nous!. Et cette prière: Ô Christ, lumière véritable [... ]
Gloire : Et maintenant : Seigneur, aie pitié : deux fois. Seigneur,
bénis. Et le congé. S'il y a jeûne, ayant dit : Plus vénérable que les
Chérubins : nous faisons quinze métanies avec la prière, tel qu'il
a été décrit plus haut pour le mesonyktikon. Et après les douze
Seigneur, aie pitié: Ô Christ, lumière véritable. Dans nos cellules,
nous disons après cela ces tropaires : Maître de Sagesse [... ] [163
v.] Gloire: Comme compatissant, Seigneur, fais miséricorde sur
ton peuple [... ] Et maintenant: La Toute-Glorieuse Mère du
Christ [... ] Puis: Seigneur, aie pitié: 40 fois. La prière: Toi qui en
tout temps. Seigneur, aie pitié : trois fois. Gloire : Et maintenant:
Plus vénérable que les Chérubins. Au nom du Seigneur, bénis. Et
le prêtre [dit] le verset. Puis quinze métanies. Et la prière: Ô Dieu
éternel, qui envoies la lumière, cf. dans l'heure intermédiaire de la
première heure.
Heure intermédiaire de la première heure
Nous étant retirés dans nos cellules après le congé, nous ne
disons pas le Trisagion (il en est de même pour les autres heures
intermédiaires) mais immédiatement : Venez, adorons : trois fois
et trois métanies s'il y a jeûne. Puis le Psaume 45 : Notre Dieu
est refuge 2 • Psaume 91 : Il est bon de confesser3 • Psaume 92 : Le
Seigneur règne4 • Puis le Trisagion. S'il y a jeûne, trois métanies.
Puis les trop aires suivants, ton 6 : Aie pitié de nous, Seigneur [... ]
Gloire: [164] Seigneur, aie pitié de nous [... ] Et maintenant:
Ouvre-nous les portes de la miséricorde [... ] Seigneur, aie pitié:
30 fois. Gloire: Et maintenant: Plus vénérable que les Chérubins.
Au nom du Seigneur, bénis. Et le prêtre [dit] le verset. Et nous fai-
sons trois grandes métanies, s'il y a jeûne, avec la prière: Seigneur
et Maître de ma vie. Puis la prière suivante : Dieu éternel et sans
commencement et lumière qui est toujours [... ]. [164 v.] Autre
prière : Toi qui envoies la lumière et qui fais luire le soleil sur
les justes et les impies [... ] [165] Seigneur, aie pitié: deux fois.
Seigneur, bénis. Puis a lieu le congé final. Après le congé nous

1. Ps 91, 1-3.
2. Ps 45, 1.
3. Ps 91, 1.
4. Ps 92, 1.
462 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

disons: Accepte, Seigneur, notre prière de pécheurs et aie pitié de


nous car Tu es bon et philanthrope.
Début de la troisiènte heure
Le prêtre ayant donné la bénédiction, nous disons : Amen. Et
immédiatement : Roi céleste. Trisagion. Trois métanies. Très Sainte
Trinité. Notre Père. Seigneur, aie pitié: douze fois. Venez, ado-
rons : trois fois et trois métanies. Psaume 16 : Exauce, Seigneur, ma
justice l • Psaume 24 : Vers Toi, Seigneur, j'élève2 • Psaume 50 : Aie
pitié de moi, ô Dieu3 • Gloire : Et maintenant : Alléluia, trois fois.
Et trois métanies. Puis le trop aire du jour occurrent. S'il y a jeûne,
nous chantons ces trop aires, ton 6 : Seigneur, Toi qui as envoyé Ton
Très Saint Esprit [... ] Verset: Crée en moi un cœur pur, ô Dieu4 .
Verset 2 : Ne me rejette pas loin de Ta faceS. Gloire: Et mainte-
nant : Ô Théotokos, Tu es la vigne véritable. Métanie. Qui nous a
fait pousser le fruit de la vie. Métanie. Nous te prions, ô Souveraine,
intercède. Métanie. Avec les saints apôtres pour qu'TI ait pitié de nos
âmes. [165 v.] Le Seigneur Dieu est béni6 [ ... ] Trisagion. Très Sainte
Trinité. Notre Père. Si c'est une fête despotique ou d'un grand
saint, nous disons le kondakion de la fête ou du saint. S'il n'yen a
pas, [nous disons] alors ces [trop aires] : Tu es béni, ô Christ notre
Dieu [... ] Gloire: Une consolation rapide et ferme [... ] Et mainte-
nant : Espoir et défense [... ] [166] Seigneur, aie pitié: 40 fois. Toi
qui en tout temps. Seigneur, aie pitié : trois fois. Gloire : Et main-
tenant : Plus vénérable que les Chérubins. Au nom du Seigneur,
bénis. Le prêtre [dit] le verset. Et quinze métanies avec la prière de
saint Éphrem. Puis la prière: Ô Dieu, Père tout-puissant. Venez,
adorons : trois fois et trois métanies, et nous commençons l'heure
intermédiaire de la troisième heure. Psaume 29 : Je t'exalterai,
Seigneur, car tu m'as pris avec toi7 • Psaume 31 : Bienheureux ceux
dont les iniquités ont été remises 8 . Psaume 60 : Écoute, ô Dieu, ma
supplication9 • Puis: Gloire: Et maintenant: Trisagion avec trois
métanies. Gloire: Et maintenant: Très Sainte Trinité. Notre Père.
Tropaire : Dieu de nos Pères [... ] Gloire: Tes martyrs, Seigneur
[... ] Et maintenant : Tu es un rempart inébranlable pour nous [... ]
[166 v.] Seigneur, aie pitié, 30 fois. Gloire: Et maintenant: Plus
vénérable que les Chérubins. [Nous faisons] toujours, pour: Plus
vénérable que les Chérubins : une métanie. Au nom du Seigneur,

1. Ps 16, l.
2. Ps 24, l.
3.Ps 50, 3
4. Ps 50, 12.
5.Ps 50, 13.
6. Ps 67, 20-2l.
7. Ps 29, 2.
8. Ps 31, l.
9. Ps 60, 2.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUWI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 463

bénis. Le prêtre [dit] le verset. Et nous faisons trois grandes méta-


nies avec la prière de saint Éphrem. Puis cette prière: Seigneur,
notre Dieu, qui as donné Ta paix aux hommes [... ]
[167] Début de la sixième heure
Venez, adorons : trois fois et trois métanies. Psaume 53 : En ton
nom, sauve-moi l . Psaume 54 : Prête l'oreille à ma prière, ô Dieu2 •
Psaume 90: Celui qui vit sous le secours du Très-Haut3 • Gloire: Et
maintenant: Alléluia, trois fois et trois métanies. S'il y a jeûne, nous
disons ces tropaires, ton 2 : Toi qui le sixième jour et à la sixième
heure [... ] Verset: Prête l'oreille à ma prière, ô Dieu4 • Verset 2 :
J'ai crié vers Dieu et il m'a exaucéS. Gloire: Et maintenant: théo-
tokion : Puisque nous n'avons pas d'audace à cause de nos nom-
breux péchés, * prie Celui qui est né de Toi, ô Théotokos et Vierge
* car la prière d'une mère peut beaucoup pour attendrir le Maître.
Ne dédaigne pas les prières des pécheurs, ô Toute-Chantée * car TI
est miséricordieux et peut sauver Celui qui a daigné souffrir pour
notre salut. Que tes miséricordes viennent en hâte au-devant de
nous 6 [ ••• ] [167 v.] Trisagion. Très Sainte Trinité. Notre Père. Si
c'est une fête despotique ou d'un grand saint, nous disons le kon-
dakion de la fête. S'il n'yen a pas, [nous disons] ces trop aires :
Tu as accompli le salut au milieu de la terre [... ] Gloire: Avec ce
[trop aire] une métanie : Devant ta Très Sainte image [... ] Étant la
source de la miséricorde [... ] Nous disons Étant la source de la
miséricorde le lundi, le mardi et le jeudi. [168] Le mercredi et le
vendredi nous disons ce théotokion : Tu es toute bénie, ô Théotokos
[... ] Seigneur, aie pitié: 40 fois. Toi qui en tout temps. Seigneur,
aie pitié : trois fois. Gloire : Et maintenant: Plus vénérable que les
Chérubins. Au nom du Seigneur, bénis. Le prêtre [dit] le verset.
Puis trois grandes métanies comme d'habitude, et douze autres s'il
y a jeûne. Après cela, Maître, Dieu et Père.
Heure intermédiaire de la sixième heure
Venez, adorons: trois fois et trois métanies. Psaume 55 : Aie
pitié de moi, ô Dieu, car7 • Psaume 56 : Aie pitié de moi, ô Dieu,
aie pitié de moiS. Psaume 69 : Ô Dieu, sois attentif à me secourir9 •
Gloire : Et maintenant : Trisagion et trois métanies. Très iSainte
Trinité. Notre Père. Puis ces trop aires : Sauve, Seigneur, ton
peuple : écrits au début des matines. Gloire : Par les souffrances

1. Ps 53, 3.
2. Ps 54, 2.
3. Ps 90, 2.
4. Ps 54, 2.
5.Ps54,17.
6. Ps 78, 8-9.
7. Ps 55, 2.
8. Ps 56, 2.
9. Ps 69,2.
464 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

des saints [... ] Et maintenant: Par les prières, Seigneur, de tous les
saints [... ] [168 v.] Seigneur, aie pitié: 30 fois. Gloire: Et main-
tenant : Plus vénérable que les Chérubins. Au nom du Seigneur,
bénis. Le prêtre [dit] le verset et nous faisons trois grandes méta-
nies avec la prière de saint Éphrem, puis nous disons cette prière :
Dieu et Seigneur des Puissances et artisan de toute créature [... ]
[169] [Typiques]
Après cela, lorsqu'il n'y a pas de jeûne, nous chantons les typi-
ques. Nous les commençons ainsi: Bénis le Seigneur, ô mon âme l .
Tu es béni, Seigneur. Bénis le Seigneur, ô mon âme, et que tout ce
qui est en moi bénisse son saint nom2 • Et ayant terminé le psaume,
nous disons: Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit. Puis le
Psaume 145 : Loue, mon âme, le Seigneur, je louerai le Seigneur
en ma vie3 • Et maintenant : Fils monogène et Verbe de Dieu [... ]
Dans l'assemblée pendant la grande quarantaine nous ne disons pas
les typiques, mais à la fin de la neuvième heure nous disons ainsi :
[169 v.] Souviens-toi de nous, Seigneur, lorsque tu viendras dans
Ton Royaume". Puis les Béatitudes selon leur ordre. Les autres jours
de toute l'année nous disons ainsi: En ton Royaume souviens-toi de
nous, Seigneur, lorsque tu viendras dans Ton RoyaumeS. Bienheureux
les pauvres en esprit. [... ] Bienheureux les affligés [... ] Bienheureux
les humbles [... ] Bienheureux les affamés [... ] Bienheureux les misé-
ricordieux [... ] Bienheureux les cœurs purs [... ] Bienheureux les
artisans de paix [... ] Bienheureux les persécutés pour la justice [... ]
Bienheureux serez-vous [... ] Réjouissez-vous6 [ ••• ] Gloire: Et main-
tenant: Souviens-toi de nous, Seigneur, lorsque tu viendras dans Ton
Royaume. Souviens-toi de nous, ô Maître, lorsque tu viendras dans
Ton Royaume. Souviens-toi de nous, ô Saint, lorsque tu viendras
dans Ton Royaume7 • Le chœur céleste [... ] [170] Verset: Approchez-
vous de lui, et soyez illuminés et vos visages ne seront pas couverts
de honte8 . Le chœur céleste [... ] Gloire : Le chœur des anges et
archanges [... ] Et maintenant: Je crois en un seul Dieu [... ] [170 v.]
Efface, remets, pardonne, ô Dieu, nos fautes volontaires et involon-
taires, en paroles, en actions, volontaires et involontaires, en esprit ou
en pensée, car Tu es bon et philanthrope. Notre Père. Puis le kon-
dakion du jour. Le lundi, des incorporels. Le mardi, du Précurseur.
Le mercredi, de la Croix. Le jeudi, des apôtres et de saint Nicolas.
Le vendredi, de la Croix. Le samedi, d'abord du saint [patron] du

1. Ps 102, 1.
2. Ps 102, 1.
3. Ps 145,2.
4. Voir Le 23, 42.
5. Voir Le 23, 42.
6. Mt 5, 3-12.
7. Voir Le 23, 42.
8.Ps 33, 6.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 465

monastère puis : Gloire: Fais reposer avec les saints: Et maintenant:


Comme les prémices de la nature. TI faut savoir que lorsque [171]
nous disons le kondakion du jour, il faut dire également le konda-
kion du saint [patron] du monastère. Gloire: Fais reposer avec les
saints : Et maintenant : Protectrice intrépide des chrétiens. Si c'est
une fête, nous disons seulement le kondakion de la fête. Et mainte-
nant : Protectrice intrépide des chrétiens. Seigneur, aie pitié : 40 fois.
Et s'il y a jeûne, nous disons: Gloire: Et maintenant: Plus vénérable
que les Chérubins. Au nom du Seigneur, bénis. Et le prêtre: Ô Dieu,
sois-nous compatissant!. Et nous faisons quinze métanies, comme il
a été dit plus haut. Puis le Trisagion avec trois métanies. Très Sainte
Trinité. Notre Père. Seigneur, aie pitié : douze fois. Et immédiate-
ment : Que le nom du Seigneur2 : et trois métanies. Et le Psaume :
Je bénirai le Seigneur en tout temps3. Après cela : Seigneur, aie pitié :
deux fois. Seigneur, bénis. Et le congé. Lorsqu'il n'y a pas de jeûne,
ni de grandes métanies, après les quarante Seigneur, aie pitié: nous
disons immédiatement : Que le nom du Seigneur4 : trois fois. Je
bénirai le Seigneur en tout tempss. Et à la fin du psaume: Plus véné-
rable que les Chérubins. Au nom du Seigneur, bénis. Et le prêtre :
Ô Dieu, sois-nous compatissant:6. Et nous : Gloire : Et maintenant :
Seigneur, aie pitié: deux fois. Seigneur, bénis. Et le congé final.
[Office de la table, le midi]
En nous rendant au réfectoire, nous disons le Psaume 144
Je t'exalterai, mon Dieu7 • Notre Père. Gloire: Et maintenant
Seigneur, aie pitié: deux fois. Seigneur, bénis. Le prêtre hebdoma-
dier prononce la prière: [171 v.] Christ Dieu, bénis la nourriture
et la boisson de Tes serviteurs car Tu es saint, en tout temps, main-
tenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen. Et ayant
fait une métanie à l'higoumène, il s'assied. Et il frappe la simandre
une fois. Et le lecteur dit l'intitulé de la lecture. Et le prêtre : Par
les prières de nos saints Pères. Et il frappe trois fois la coupe, et
la lecture a lieu. Et on commence à manger. Et ayant terminé de
manger, le lecteur [se tenant] au milieu dit le verset: Par les prières
de nos saints Pères, Seigneur, Jésus Christ, notre Dieu, aie pitié
de nous. Bénissez, pères saints, et pardonnez-moi, pécheur. Et les
frères disent : Dieu te pardonne. Puis il vient faire une métanie
jusqu'à terre devant l'icône du Christ, de même qu'à l'higoumène,
puis au cellérier, et s'étant relevé, il dit le verset: Par les prières

1. Ps 66,2.
2. Ps 112,2.
3. Ps 33, 2.
4.Ps 112,2.
S.Ps 33, 2.
6. Ps 66,2.
7.Ps 144,1.
466 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

de nos saints Pères, Seigneur, Jésus Christ, notre Dieu, aie pitié de
nous. Et l'higoumène ou le prêtre dit : Gloire à Toi, notre Dieu,
gloire à Toi. Et le typikariste : Gloire : Et maintenant: Seigneur, aie
pitié. Seigneur, aie pitié. Seigneur, bénis. Béni est Dieu qui nous
fait miséricorde et qui nous nourrit depuis notre jeunesse, donnant
la nourriture à toute [172] chair. Remplis de bonheur et de joie
notre cœur, afin qu'ayant toujours suffisamment, nous abondions
en toute bonne œuvre dans le Christ Jésus, notre Seigneur, avec lui,
à Toi gloire, puissance, honneur et adoration avec le Saint-Esprit
dans les siècles. Amen. Gloire à Toi, Seigneur. Gloire à Toi, ô Saint.
Gloire à Toi, ô Roi, car tu nous as donné la nourriture pour la joie.
Remplis-nous aussi de l'Esprit Saint afin que nous soyons trouvés
devant Toi dignes et sans condamnation lorsque Tu rendras à chacun
selon ses œuvres. Gloire : Et maintenant. Seigneur, aie pitié : deux
fois. Et de nouveau : Seigneur, bénis. Et le cellérier dit : Bénissez,
pères saints, et pardonnez-moi, pécheur. Et le peuple : Dieu te par-
donne. Et un frère élève le pain sur le panagiarion et dit : Grand est
le nom. Et nous : De la Sainte Trinité. Et le frère dit de nouveau,
en faisant le signe de la Croix : Très Sainte Théotokos, sauve-nous.
Et nous : Par ses prières, ô Dieu, aie pitié et sauve-nous. Puis nous
disons ces théotokia : Toutes les générations te disent bienheureuse,
ô Théotokos et Vierge, car en Toi a daigné être contenu le Christ,
notre Dieu, qui ne peut être contenu. Nous sommes bienheureux
[172 v.] de t'avoir comme aide, car jour et nuit tu intercèdes pour
nous. Et les sceptres du royaume sont affermis par tes prières. C'est
pourquoi par le chant nous te crions : Réjouis-toi, Pleine de grâce,
le Seigneur est avec Toi'. Plus vénérable que les Chérubins. Et nous
prenons la Panagia. Et le prêtre frappe la coupe en disant: Pour les
nombreuses prières de notre Souveraine toute-bénie, la Théotokos
et Toujours-Vierge Marie. Et nous : Par ses prières, ô Dieu, aie
pitié et sauve-nous. Et nous buvons selon l'habitude. Puis le frère
dit le verset et nous [disons] : Amen. Levés de table, nous disons
ceci d'une voix humble et basse : Le Seigneur miséricordieux et
généreux a donné la nourriture à ceux qui Le craignent. Puis le
Psaume 121 : Je me suis réjoui quand on m'a dit2 • Nous le disons
en entier. Puis le Trisagion. Très Sainte Trinité. Notre Père. Si c'est
une fête despotique ou d'un grand saint nous disons le'kondakion.
Le dimanche [nous disons] l'hypakoï du ton. Les autres jours:
Nous te rendons grâces, ô Christ notre Dieu [... ] Mais comme tu
es apparu au milieu de Tes disciples [... ] Gloire: [173] Dieu de
nos Pères qui agis toujours envers nous. Et maintenant : Par les
prières de tous les saints et de la Théotokos, Seigneur, donne-nous
ta paix et aie pitié de nous car Toi seul es bon. Seigneur, aie pitié:

l.Lc 1,28.
2. Ps 121, 1.
- LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 467

deux fois. Seigneur, bénis. Le prêtre : Béni est Dieu qui a pitié de
nous et qui nous nourrit de ses dons abondants, par Sa grâce et
Sa philanthropie, en tout temps, maintenant et toujours, et dans les
siècles des siècles. Amen. Et nous : Que Dieu pardonne et aie pitié
de ceux qui nous ont servis. Et nous faisons cela en assemblée.
Dans nos cellules, ou en tout autre lieu, nous disons avant de
manger: Notre Père. Puis: Gloire: Et maintenant: Seigneur, aie
pitié: deux fois. Seigneur, bénis. S'il n'y a pas de prêtre, nous disons
le verset : Par les prières de nos saints Pères. Lorsque nous nous
levons de table, le plus jeune frère dit le verset. Et nous : Gloire :
Et maintenant: Seigneur, aie pitié: deux fois. Seigneur, bénis. Béni
est Dieu qui a pitié et nous nourrit : comme il est écrit plus haut.
Et lorsque nous avons dit : Le Seigneur miséricordieux et géné-
reux a donné la nourriture : [nous disons] aussi le Trisagion et le
reste. À la fin, s'il n'y a pas de prêtre, nous disons le verset. Puis
le pardon.
Début de la neuvième heure
La [bénédiction] initiale ayant été dite, nous disons : Gloire à
Toi, notre Dieu, gloire à Toi. [173 v.] Roi céleste. Trisagion. S'il
y a jeûne, trois métanies. Après le Notre Père : Seigneur, aie
pitié : douze fois. Venez, adorons : trois fois et trois métanies.
Psaume 83 : Combien tes parvis sont aimés l . Psaume 84 : Tu as
été bienveillant envers Ta terre, Seigneur2 • Psaume 85 : Incline ton
oreille Seigneur3 . À la fin : Accorde-moi un signe de salut et qu'ils
voient, ceux qui me haïssent, et qu'ils soient confondus, car c'est
toi, Seigneur, qui m'as aidé et consolé4 • Ce verset est dit deux fois.
Gloire: Et maintenant: Alléluia, trois fois et trois métanies. S'il n'y
a pas de jeûne, [nous disons] le tropaire. S'il y a jeûne, nous disons
ces [trop aires] : Toi qui à la neuvième heure [... ] Verset 1 : Que ma
prière s'approche de Toi, selon Ta parole, donne-moi l'intelligences.
Verset 2 : Que ma demande pénètre en Ta présence, Seigneur,
selon Ta parole, délivre-moi6 • Toi qui pour nous es né de la Vierge
et souffris la crucifixion, ô Bon. Métanie. Par la mort ayant écrasé
la mort et ayant révélé la résurrection comme Dieu. De nouveau.
Ne dédaigne pas ceux que Ta main a façonnés. Montre ta philanth-
ropie, ô Miséricordieux. Troisième. Accepte les prières de celle
qui t'a enfanté, la Théotokos qui intercède pour nous, et sauve,
ô notre Sauveur, [174] le peuple désespéré. Ne nous livre pas7

1. Ps 83, 2.
2. Ps 84, 2.
3. Ps 85, 1.
4. Ps 85, 17.
5. Ps 118, 169.
6. Ps 118, 170.
7. Dn 3, 35 (Cantique 7, 7).
L
468 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

[... ] Trisagion et trois métanies. Après le Notre Père: ces tropaires


ton 8 : Voyant le Larron [... ] Gloire: Et maintenant: L'Agneau et
le Pasteur [... ] Seigneur, aie pitié: 40 fois. Toi qui en tout temps.
Gloire : Et maintenant: Plus vénérable que les Chérubins. Au nom
du Seigneur, bénis. Puis le verset. Et trois grandes métanies, s'il y a
jeûne, avec la prière de saint Éphrem. Puis la prière : Maître, Dieu,
Père tout-puissant, Seigneur, Fils monogène.
[174 v.] Heure intermédiaire de la neuvième heure
Venez, adorons : trois fois et trois métanies. Psaume 112 :
Bénissez le Seigneur, vous ses serviteurs!. Psaume 137 : Je
te confesserai, Seigneur, de tout mon cœur2 • Psaume 139 :
Délivre-moi, Seigneur, de l'homme mauvais 3 • Gloire : Et mainte-
nant : Trisagion et trois métanies. Très Sainte Trinité. Notre Père.
Tropaires, ton 8 : Au milieu de deux larrons [... ] Gloire : Ayant
illuminé la terre de Ta Croix [... ] Et maintenant: Ayant été cru-
cifié pour nous [... ] Seigneur, aie pitié: 30 fois. Gloire: Et main-
tenant : Plus vénérable que les Chérubins. Au nom du Seigneur,
bénis. Le prêtre [dit] le verset. Et trois grandes métanies avec la
prière de saint Éphrem. [175] Maître, Seigneur Jésus Christ, notre
Dieu,longanime envers nos fautes [... ]
[175 v.] li faut savoir qu'après la neuvième heure, s'il y a
Alléluia, aux vêpres, nous faisons ainsi. Le prêtre ayant donné
la bénédiction, nous commençons le Trisagion, et après le Notre
Père : Seigneur, aie pitié : douze fois. Gloire : Et maintenant :
Venez, adorons : trois fois et trois métanies.
Début des vêpres
Venez, adorons : trois fois. Et immédiatement le Psaume 103 :
Bénis le Seigneur, ô mon âme4 • Gloire: Et maintenant: Alléluia,
trois fois et trois métanies. Puis la stichologie du cathisme courant.
Puis: Seigneur, je crie vers ToiS : selon le ton courant de la Ménée.
Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi6 . Exauce-moi, Seigneur.
Seigneur, je crie vers Toi, exauce-moi. Sois attentif à la voix de
ma supplication lorsque je crie vers Toi 7 • Exauce-moi, Seigneur.
Que ma prière s'élève comme l'encens devant Toi, l'élévation de
mes mains, le sacrifice vespéra18 • Exauce-moi, Seigneur. Puis on
psalmodie les autres [versets] à deux chœurs sans refrain. Tous les
dimanches, nous laissons dix versets, [176] et nous commençons [à
chanter les stichères] à partir de celui-ci : Fais sortir de prison mon

1. Ps 112, 1.
2. Ps 137,1.
3.Ps 139,2.
4.Ps 103,1.
5. Ps 140, 1.
6. Ps 140, 1.
7. Ps 140, 1.
8. Ps 140,2.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 469

âme 1 • Pour les grandes fêtes, pour lesquelles on chante les grandes
vêpres, nous laissons huit versets. Et nous commençons : Des pro-
fondeurs j'ai crié 2 • Tous les [autres] jours, nous laissons six versets,
et commençons: Si tu regardes les iniquités, Seigneur3 • Ensuite:
Gloire: Et maintenant: théotokion. Puis: Lumière joyeuse [... ]
Puis le prokimenon du jour. Le samedi soir : Le Seigneur règne,
li s'est revêtu de beauté 4 • Verset: Le Seigneur s'est revêtu de puis-
sance et il a mis une ceinture à ses reins 5 • Verset : Car il affermit
l'univers, et il ne sera pas ébranlé6 • Le dimanche soir: Maintenant
bénissez le Seigneur, vous tous, serviteurs du Seigneur7 . Verset:
Qui vous tenez dans le temple du Seigneur8 • Le lundi soir : Le
Seigneur m'exaucera lorsque je crierai vers Lui9 . Verset: Lorsque
je t'ai invoqué, Tu m'as exaucé, Dieu de ma justice lO • Le mardi
soir: Ta miséricorde, Seigneur, m'accompagnera tous les jours
de ma vie ll . [176 v.] Verset: Le Seigneur est le Pasteur qui me
conduit, et rien ne me manquera 12. Le mercredi soir : Ô Dieu,
en Ton Nom, sauve-moi, et par Ta puissance 13 • Verset: Ô Dieu,
exauce ma prière, prête l'oreille I4 • Le jeudi soir: Mon secours vient
du Seigneur qui a fait le ciel l5 • Verset: J'ai levé les yeux vers les
montagnes d'où me viendra 16. Le vendredi soir : Ô Dieu, Tu es
mon protecteur et Ta miséricorde l7 • Verset : Délivre-moi de mes
ennemis, ô Dieu, et de ceux qui se sont levés l8 .
Autres prokimena chantés pendant la grande quarantaine.
Le dimanche de la Tyrophagie, le soir, ton 8 : Ne détourne pas
Ta face de Ton serviteur, car je suis dans l'affliction, hâte-toi
de m'exaucer. Prête attention à mon âme et rachète-la I9 • Verset
1 : Ton salut, ô Dieu20 • Verset 2 : Les pauvres le voient et se

1. Ps 141, 8.
2. Ps 129, 1.
3. Ps 129,3.
4. Ps 92, 1.
5. Ps 92, 1.
6. Ps 92, 1.
7. Ps 133, 1.
8. Ps 133, 1.
9.Ps 4, 4.
10. Ps 4, 2.
11. Ps 22, 6.
12. Ps 22, 1-2.
13. Ps 53, 3.
14. Ps 53,4.
15. Ps 120,2.
16. Ps 120, 1.
17. Ps 58, 11.
18. Ps 58, 2.
19.Ps 68,18-19.
20. Ps 68, 30.
470 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

réjouissent!. Le dimanche de l'Orthodoxie, autre prokimenon,


ton 6 : Tu as donné un héritage à ceux qui craignent Ton nom,
Seigneur2. Verset: Des extrémités de la terre j'ai crié vers Toi3 .
Verset 2 : Couvre-moi sous la protection de Tes ailes 4 . Ces deux
prokimena sont aussi chantés les autres dimanches de la Sainte
Quarantaine, en les alternant, jusqu'à la semaine de Lazare. Le
dimanche des Rameaux, le soir: Maintenant bénissez le Seigneur,
vous tous 5 • Verset: Qui vous tenez dans le temple du Seigneur6 •
[177] Pendant les autres jeûnes, lorsqu'il n'y a pas de tro-
paire, nous chantons Alléluia sur le ton 6. Les versets sont les
suivants : le lundi soir : Seigneur, ne me reprends pas dans ta
colère7 • Verset: Et dans les siècles des siècles. Amen. Le mardi
soir et le jeudi: Prosternez-vous devant l'escabeau de ses pieds
car8 • Verset : Et dans les siècles des siècles. Amen. Le mercredi
soir: Et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde 9 • Verset: Et
dans les siècles des siècles. Amen. Et nous, de nouveau : Alléluia.
Et le chantre : Alléluia.
Et après cela : Daigne, Seigneur, nous garder ce soir sans
péché. Et aux stichères apostiches dans l'Octoèque, nous disons
ces versets: Vers Toi j'ai levé les yeux lO • Verset 2 : Aie pitié de nous,
Seigneur, aie pitié de nous ll . Gloire: Et maintenant: théotokion.
Maintenant, Maître, Tu laisses aller Ton serviteur!2 [... ] Trisagion.
Et après le Notre Père: le prêtre: Car à toi appartiennent le
règne. Le trop aire final occurrent : Gloire : Et maintenant : théo-
tokion. Et immédiatement, l'ecténie : Aie pitié de nous, ô Dieu,
selon Ta grande miséricorde. Et après l'ecténie, le prêtre dit :
Sagesse. Et le peuple : Bénis. Et le prêtre : TI est béni, Celui qui
est, notre Dieu. Et nous: [177 v.] Amen. Affermis, ô Dieu, nos
souverains. Et le typikariste, d'une voix élevée, dit : Plus vénérable
que les Chérubins. Gloire : Et maintenant : Seigneur, aie pitié.
Seigneur, aie pitié. Seigneur, bénis. Et le congé. Et nous [chan-
tons] le polychronion.
N.B. : Lorsqu'il y a jeûne et Alléluia, après Maintenant, Maître:
et Notre Père: nous chantons ces tropaires : Théotokos et Vierge,

1. Ps 68, 33.
2. Ps 60, 6.
3. Ps 60, 3.
4. Ps 60, 5.
5. Ps 133, 1.
6. Ps 133, 1.
7.Ps 6, 1.
8.Ps 98, 5.
9. Ps 18,5.
10. Ps 122, 1-2.
11. Ps 122, 3-4.
12. Le 2, 29-32.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUWIDU MÉTROPOLITE CYPRIEN 471

réjouis-toi [... ] Et une métanie. Gloire: Baptiste du Christ [... ] et


une métanie. Et maintenant : Intercédez pour nous, saints apôtres
[... ] Et une métanie. Sous Ta miséricorde [... ] Et nous ne fai-
sons pas de métanie pour ce [tropaire]. Seigneur, aie pitié 40 fois.
Gloire: Et maintenant: Plus vénérable que les Chérubins. [178]
Le prêtre : Il est béni, Celui qui est, notre Dieu. Et nous : Céleste
Roi. Puis nous faisons quinze métanies avec la prière de saint
Éphrem. Puis le Trisagion et trois métanies. Très Sainte Trinité.
Notre Père. Seigneur, aie pitié: douze fois. Gloire: Et mainte-
nant : Seigneur, aie pitié: deux fois. Seigneur, bénis. Et le congé.
Lorsque des métanies ont lieu le dimanche soir, alors nous ne
disons pas à la fin le Trisagion, mais immédiatement après la prière
de saint Éphrem nous disons: Gloire: Et maintenant: Seigneur,
aie pitié : deux fois. Seigneur, bénis. Et le congé final.
[Office de la table, le soir]
Allant dîner, nous disons: Les pauvres mangeront et seront ras-
sasiés et ils loueront le Seigneur, tous ceux qui le cherchent. Leurs
cœurs vivront dans les siècles des siècles l . Gloire: Et maintenant:
Seigneur, aie pitié: trois fois. Bénis. Le prêtre: Christ Dieu, bénis
la nourriture et la boisson de Tes serviteurs, car Tu es saint, en
tout temps, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.
Amen. Et levés de table, nous disons : Gloire : Et maintenant :
Seigneur, aie pitié: trois fois. Et nous élevons la Panagia comme
il est indiqué plus haut. Puis : Par ses prières, Christ Dieu, aie
pitié et sauve-nous. Puis : Tes entrailles furent une sainte table
ayant le Pain céleste, le Christ, duquel quiconque mangera ne
mourra pas, comme a dit, ô Théotokos, Celui qui les nourrit tous.
Plus vénérable que les Chérubins. [178 v.] Quittant la table, nous
disons: Tu nous as réjouis, Seigneur, dans ta création: cf. la fin du
Psaume 4 2 • Seigneur, aie pitié: trois fois. Bénis. Le prêtre: Dieu
est avec nous, par Sa grâce et Sa philanthropie, en tout temps,
maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Et nous sor-
tons de table et nous reposons un peu. Puis nous commençons
l'apodeipnon.
Acolouthie de l'apodeipnon
La [bénédiction] initiale ayant été faite, nous disons: Gloire à
Toi, notre Dieu, gloire à Toi. Puis : Roi céleste. Trisagion, et trois
métanies. Après le Notre Père: le prêtre: Car à Toi appartient
le règne. Seigneur, aie pitié : douze fois. Gloire : Et maintenant :
Venez, adorons: trois fois et trois métanies. Si c'est la grande qua-
rantaine, nous disons le Psaume 69 : Ô Dieu, sois attentif à me
secourir3 • Puis le canon de la Théotokos. La première semaine [de

1. Ps 21, 27.
2. Voir Ps 4, 7-9.
3. Ps 69, 2.
472 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

la quarantaine] nous chantons le grand canon de saint André. Et


après le canon, on ne chante pas ici li est digne en vérité : mais
[on lit] immédiatement le Psaume 4 : Quand je t'ai invoqué!.
Psaume 6 : Seigneur, dans ta colère2 • Psaume 12 : Jusques à quand,
Seigneur, m'oublieras-Tu3 • Et à la fin, répète ce verset: Regarde,
exauce-moi, Seigneur, mon Dieu. illumine mes yeux afin que dans
la mort je ne m'endorme. [179] Que mon ennemi ne dise: je l'ai
emporté sur lui4 • Gloire: Et maintenant: Alléluia, trois fois et trois
métanies. Seigneur, aie pitié : trois fois. Gloire : Et maintenant :
Psaume 24 : Vers Toi, Seigneur, j'élève mon âmes. Psaume 30 :
En Toi, Seigneur, j'ai mis mon espérance6 • Psaume 90 : Celui qui
demeure sous le secours du Très-Haut7 • Gloire: Et maintenant:
Alléluia, trois fois et trois métanies. Puis le chœur qui commence
dit : Dieu est avec nous, peuples, soumettez-vous, car Dieu est
avec nous 8 • Et le deuxième chœur: Prêtez l'oreille [... ] Puissants,
abaissez-vous [... ] Car si de nouveau vous serez vaincus [... ] Et si
vous faites le projet [... ] Et la parole que vous direz [... ] La crainte
que vous éprouvez [... ] Sanctifions le Seigneur notre Dieu [... ]
Et si je me confie en Lui [... ] Et je mettrai ma confiance [... ] Me
voici et les enfants9 [ ..• ] [179 v.] Le peuple qui marchait dans les
ténèbres [... ] Sur les habitants du pays [... ] Car un Enfant nous
est né [... ] Son empire est [... ] Et à sa paix [... ] Et on lui donne
ce nom: [... ] Conseiller merveilleux [... ] Dieu fort [... ] Père du
siècle à venir lO [ ••• ] Gloire: Et maintenant: Dieu est avec nous
[... ] Nous le disons trois fois. Le jour étant passé [... ] Gloire :
Le jour étant passé [... ] Et maintenant: Le jour étant passé [... ]
La nature incorporelle des Chérubins [... ] [180] Je crois en un
seul Dieu. Et le chœur qui commence : Très Sainte Souveraine,
Théotokos, prie pour nous, pécheurs. Et le deuxième chœur fait
une métanie, et répète : Très Sainte Souveraine, Théotokos, prie
pour nous, pécheurs. Et le premier chœur fait une métanie. Toutes
les puissances célestes [... ] Saint Jean, prophète [... ] Saints et glo-
rieux apôtres [... ] [180 v.] Pères vénérables et théophores [... ] Ici,
mentionne le saint [patron] du monastère. Puissance invincible et
divine [... ] Ô Dieu, fais-nous miséricorde, à nous pécheurs, et aie
pitié de nous. Ô Dieu, purifie-nous, pécheurs, et aie pitié de nous.

1. Ps 4, 2.
2. Ps 6,2.
3. Ps 12,2.
4. Ps 12, 4-5.
5. Ps 24,1.
6. Ps 30, 2.
7. Ps 90, 2.
8.1s 8, 9.
9.1s 8,9-18.
10.1s 9, 1-6.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 473

Et l'autre chœur : Et aie pitié de nous. Trisagion, sans métanies.


Très Sainte Trinité. Si c'est un dimanche, nous disons le trop aire
dominical avec son théotokion. Si c'est une fête despotique ou
d'un saint, le [trop aire] de la fête ou du saint avec son théotokion.
Lorsqu'il y a jeûne, nous disons ces tropaires : illumine mes yeux, ô
Christ Dieu [... ] Gloire: Ô Dieu, sois le défenseur de mon âme [... ]
Et maintenant: Comme nous n'avons pas l'audace [... ] Autres tro-
paires chantés en alternance, jour après jour : De mes ennemis
invisibles [... ] [181] Car Ton jugement est redoutable, Seigneur
[... ] Gloire: Donne-moi les larmes, ô Dieu [... ] [181 v.] Et mainte-
nant : La Théotokos irréprochable [... ] Seigneur, aie pitié : 40 fois.
Gloire : Et maintenant : Plus vénérable que les Chérubins. Et une
métanie. Au nom du Seigneur, bénis. Puis le prêtre [dit] le verset.
Et la prière: Seigneur, Seigneur, qui nous as délivré de toute flèche
volant le jour [... ] [182] Venez, adorons: trois fois et trois métanies,
s'il y a jeûne. Puis le Psaume 50 : Aie pitié de moi, ô Dieu l . Psaume
101 : Seigneur, exauce ma prière2 • Puis cette prière: Seigneur tout-
puissant, Dieu de nos Pères3 [182 v.] [... ] [183] Trisagion et trois
métanies. Après le Notre Père: ces trop aires : Aie pitié de nous,
Seigneur, aie pitié de nous. Gloire : Seigneur, aie pitié de nous. Et
maintenant: Ouvre-nous les portes de la miséricorde. Nous disons
avec ces [trop aires] ce théotokion, lorsqu'il n'y a pas de jeûne. Et
pendant la grande quarantaine, le vendredi: Grande est l'abon-
dance de mes fautes, [183 v.] ô Théotokos. Très Sainte Théotokos,
pendant ma vie. Toute mon espérance. Puis : Seigneur, aie pitié :
40 fois. Gloire : Et maintenant : Plus vénérable que les Chérubins.
Et une métanie. Au nom du Seigneur, bénis. Et le prêtre [dit] le
verset. Et nous [disons] la prière: Maître, Dieu et Père tout-puis-
sant. Venez, adorons: trois fois et trois métanies. Si c'est la grande
quarantaine nous disons le Psaume: Seigneur, exauce',ma prière4,
et les autres. Les autres jours, nous disons ce psaume : Ô Dieu,
sois attentif à me secourir5 • Puis : Gloire à Dieu au plus haut des
cieux: sans métanies. Puis: Seigneur, Tu fus un refuge pour nous.
Daigne, Seigneur, nous garder cette nuit sans péché. Et après cela:
Trisagion, et trois métanies. Très Sainte Trinité. Notre Père. Puis
ces trop aires, lorsque ce n'est pas la quarantaine : le dimanche
soir: Archistratèges des armés célestes incorporelles. Puis le [tro-
paire] du saint [patron] du monastère. Après cela: Dieu de nos
Pères. Puis : Tes martyrs qui dans le monde entier. Gloire : Fais
reposer avec les saints. Et maintenant: Par les prières de tous.

1. Ps 50,3.
2. Ps 101,2.
3. Prière [apocryphe] de Manassé, roi de Juda.
4. Ps 142, 1.
5. Ps 69, 2.
474 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Attention. li est connu que nous disons ces [trop aires] durant
toute l'année en dehors des fêtes despotiques. Le lundi soir,
[trop aire] du Précurseur, ton 4 : Tu fus un divin prédicateur du
repentir [... ] [184] Le mardi soir: Sauve, Seigneur, Ton peuple.
Le mercredi soir : Apôtres saints. Et de saint Nicolas : Règle de
foi. Le jeudi soir: Sauve, Seigneur, Ton peuple. Le vendredi soir :
Apôtres, martyrs, prophètes, hiérarques. Et [le trop aire] du saint
[patron] du monastère. Gloire : Fais reposer avec les saints. Et
maintenant : Comme prémices de la nature. Seigneur, aie pitié :
40 fois. Et la prière : Toi qui en tout temps. li faut savoir que
nous disons ces [trop aires] toute l'année comme nous l'avons
dit plus haut, c'est-à-dire, d'abord [le tropaire] du jour, puis du
saint [patron] du monastère, puis nous disons [celui] des Pères,
et des martyrs. Gloire : Fais reposer avec les saints. Et mainte-
nant : Par les prières, Seigneur. Sauf le samedi, comme il est écrit
plus haut. Lorsqu'il y a jeûne, nous disons ces [tropaires], dans
le ton 6 : Seigneur des Puissances, sois avec nous!. [... ] [184 v.]
Le deuxième chœur dit aussi ce [verset]. Puis le chœur qui com-
mence dit les versets: Louez Dieu dans ses saints2. [... ] Et le deu-
xième chœur : Seigneur des Puissances, sois avec nous, car nous
n'avons nul autre. Verset: Louez-le pour ses hauts faits 3 • Seigneur
des Puissances [... ] Verset : Louez-le au son de la trompe 4 [ •.• ]
Seigneur des Puissances [... ] Verset: Louez-le par le tambourin et
la danseS [... ] Seigneur des Puissances [... ] Verset: Louez-le avec
les cymbales retentissantes 6 [ •.. ] Seigneur des Puissances [... ]
Puis les deux chœurs ensemble: Louez Dieu en Ses saints7 [ ••• ]
Seigneur des Puissances [... ] Gloire: Seigneur, si nous n'avions
pas Tes saints [... ] Et maintenant: Grande est la multitude de mes
fautes, ô Théotokos [... ] [185] Très Sainte Théotokos, pendant
ma vie [... ] Toute mon espérance je la mets en Toi [... ] Seigneur,
aie pitié : 40 fois. Toi qui en tout temps. Seigneur, aie pitié : trois
fois. Gloire : Et maintenant : Plus vénérable que les Chérubins. Et
une métanie. Au nom du Seigneur, bénis. Et le prêtre : Ô Dieu,
sois-nous compatissants. Et nous: Amen. Et nous faisons quinze
métanies avec la prière : Seigneur et Maître de ma vie. Et nous
disons le Trisagion. Après le Notre Père: le prêtre: Car à Toi
appartient le règne. Puis : Seigneur, aie pitié : douze fois. Puis
la prière: Immaculée, sans tâche [185 v.] [... ] [186] Et donne-

1. Voir Ps 45, 7.
2. Ps 150, 1
3. Ps 150,2
4. Ps 150,3.
5. Ps 150,4.
6. Ps 150,5-6.
7. Ps 150, 1.
8. Ps 66, 2.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUMDU MÉTROPOLITE CYPRIEN 475

nous, Maître, à nous qui allons nous coucher [... ] [186 v.] Puis
nous disons d'une voix la plus legère : Gloire : Et maintenant :
Seigneur, aie pitié. Seigneur, aie pitié. Seigneur, bénis. Et le congé,
et le pardon, comme il est écrit plus haut dans la description du
mesonyktikon. Si c'est la grande quarantaine, le prêtre dit au lieu
du congé cette prière, alors que nous sommes prosternés face
contre terre: Maître très miséricordieux, Seigneur, Jésus Christ,
notre Dieu [... ] [187] Alors que nous sommes encore agenouillés,
le supérieur commence les métanies devant le; frères en disant :
Bénissez, pères saints, et pardonnez-moi, pécheur, les péchés
que j'ai commis en ce jour en paroles, en actes, en pensées et
avec tous mes sens. Et tous disent : Que Dieu te pardonne, père
saint. Et de même tous les frères demandent le pardon. Ensuite,
le prêtre [dit] : Prions pour nos souverains: cela est écrit après le
congé du mesonyktikon. Puis le supérieur dit : Par les prières de
nos saints Pères. Puis nous nous inclinons à l'higoumène; s'il est
absent, à l'ecclésiarque; [187 v.] s'il est absent, au prêtre hebdo-
madier. Deux par deux, on lui dit: Que Dieu te pardonne et qu'TI
ait pitié de vous tous. Et nous nous retirons dans nos cellules tout
en silence, en priant Dieu. Et ceux qui veulent [peuvent] prier
debout en cellule ou en groupe le Psautier, ou agenouillé, ou étu-
dier les lectures. Dans nos cellules nous disons après le congé
ces prières en priant pour tous les chrétiens : Pardonne, Seigneur
philanthrope à ceux qui nous haïssent et qui nous ont offensés :
écrite après le mesonyktikon.
Ceux parmi les moines les plus ascétiques qui le désirent peuvent
dire en solitude dans leur cellule ces prières. Lorsque le moine doit
aller dormir, il dit le Trisagion, et après le Notre Père: ces prières:
Dieu éternel et Roi de toute créature [... ] [188] ~eigneur, notre
Dieu, si j'ai commis un péché en ce jour en paroles, en actions [... ]
Prière à notre ange gardien : Ange du Christ, mon saint gardien et
protecteur de mon âme et de mon corps [... ] [188 v.] Bonne Mère
du Bon Roi [... ] Après celles-ci, dit cette prière avec contrition :
Seigneur, Jésus Christ, Fils de Dieu, à cause de Ta Mère plus véné-
rable [... ] [189] Puis les théotokia: kondakion: À toi chef invincible
de nos armées les cris de victoire. Délivrés des dangers [... ] Toute
glorieuse et Toujours-Vierge. Théotokos, Marie, Mère du Christ
notre Dieu, accepte nos prières et présente-les à Ton Fils et notre
Dieu pour qu'TI sauve et illumine à cause de Toi nos âmes. Tout
mon espoir je le mets en Toi, Mère de Dieu, garde-moi sous Ta
protection. Théotokos, Vierge, ne me dédaigne pas, pécheur ayant
besoin [189 v.] de Ton aide et de Ta défense, car mon âme espère
en Toi, et aie pitié de moi. Après cela, dit avec componction : Mon
espérance est Dieu, mon refuge est le Christ, mon protecteur est
l'Esprit Saint : Gloire : Et maintenant : Seigneur, aie pitié : deux
fois. Seigneur, bénis. Et après cela, le congé.
476 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Début du petit apodeipnon


Roi céleste. Et le Trisagion. Très Sainte Trinité. Après le Notre
Père: Seigneur, aie pitié: douze fois. Puis: Venez, adorons: trois fois.
Et le Psaume 50 : Aie pitié de moi, ô Dieu'. Psaume 69 : Ô Dieu,
sois attentif à me secourir. Seigneur, hâte-toi de venir à mon aidez.
Psaume 142 : Seigneur, exauce ma prière, prête l' oreille3 • Puis: Gloire
à Dieu au plus haut des cieux. Et : Seigneur, Tu fus pour nous un
refuge. Et : Daigne, Seigneur, en cette nuit nous garder sans péché.
Je crois en un seul Dieu Père. Puis le canon que tu veux. Et après le
canon: TI est digne. Et le Trisagion. Et après le Notre Père: les tro-
paires de l'église, puis du jour, puis: Dieu de nos Pères: Puis: Tes
martyrs qui dans le monde entier, Seigneur: Gloire: Fais reposer
avec les saints, ô Christ: Et maintenant: Par les prières, Seigneur, de
tous les saints et de la Théotokos. Puis: Seigneur, aie pitié: 40 fois.
Puis la prière: Toi qui en tout temps. Puis : Seigneur, aie pitié:
trois fois. Gloire : Et maintenant : Plus vénérable que les Chérubins.
Au nom du Seigneur, père bénis. Le prêtre [dit] le verset: Par les
prières de nos saints. La prière : hnmaculée, sans souillure. Donne-
nous, Maître. [190] Toute glorieuse, Toujours-Vierge. Puis: Notre
espérance est Dieu, notre refuge le Christ, notre protecteur l'Esprit
Saint. Gloire: Et maintenant: Seigneur, aie pitié. Seigneur, aie pitié.
Seigneur, bénis. Et le congé.
S'il y a une fête notable, alors [nous disons] uniquement le kon-
dakion au lieu des tropaires. Et le samedi soir, l'hypakoï du ton
de l'Octoèque.
Récit sur l'élévation de la Panagia
Après la redoutable Résurrection, tous les apôtres étaient
ensemble [... ]
[190 v.] [Au sujet des Ïetes]
TI faut savoir que les fêtes sont réparties ici en trois rangs : les
grandes, les moyennes et les petites, non sans preuves, mais selon
les Divines Écritures. [191] Car celles qui sont importantes ont
une synaxe, des parémies aux vêpres, et de même aux matines :
Que tout souffle. L'évangile [convient] au rang des grandes fêtes.
Du rang moyen et petit nous sommes informés par le Typikon
stoudite et de la Sainte Montagne, car il y existe cette distinction.
Des heures, des métanies et du travail
TI vaut mieux que celui qui a connaissance des choses divines
observe [ceci]. Néanmoins, nous disons ici que les grandes fêtes du
Christ, et de la Théotokos, et les deux fêtes du Précurseur, c'est-à-
dire sa Nativité et sa Décollation, et celle des deux apôtres dignes de
toute louange Pierre et Paul ont comme signe une croix encerclée.

1. Ps 50,3.
2.Ps 69, 2.
3. Ps 142, 1.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 477

Les [fêtes] moyennes une croix seulement. Les petites [fêtes] ont
seulement trois points. Lors des petites fêtes, il n'y a pas de génu-
flexions à l'église ni même pendant un jeûne. Individuellement, elles.
ont lieu. Les deux n'ont pas lieu lors de fêtes moyennes à l'église,
mais individuellement selon la force [de chacun]. TI en est de même
pour les génuflexions pendant les jeûnes. Lors des grandes fêtes, le
samedi et le dimanche, il n'y a pas de génuflexions ni de jeûne ni
dans les églises, ni dans les cellules, ni même pendant toute la cin-
quantaine, à l'exception du Grand Samedi selon le commandement
des saints apôtres 1, et non pas selon notre propre volonté. Nous
suivons ce que les saints apôtres qui ont vu Dieu ont rassemblé,
[191 v.] Pierre, le coryphée, et Jean, le théologien, et Paul, le grand
maître de l'univers, et les autres apôtres, et tout ce qui leur a été
commandé par notre Sauveur, le Christ, et ce qui est une assemblée
fidèle en Christ. Là [se trouve tout] au sujet de la quarantaine 2 •
Des métanies, selon le Typikon de la Sainte Montagne
Les métanies de la Sainte Quarantaine, et les nombreuses génu-
flexions sont interrompues à l'église le Grand Mercredi. Et à la
synaxe du mercredi nous faisons trois métanies lors du congé. Le
vendredi, aux vêpres, il y a [des métanies] selon le commandement.
Et ceux qui le désirent en font dans leur cellule le Grand Samedi,
jugeant cela du fait que l'on jeûne ce samedi à l'exception de tout
autre samedi. Le samedi chacun en fait tant qu'il peut, et ainsi les
[métanies] sont interrompues. Et à partir [du dimanche] de Tous les
Saints, on reprend les génuflexions tous les autres jours de l'année,
lorsqu'il n'y a pas de fête. Elles sont interrompues à la fin de la
neuvième heure le vendredi, et reprises de nouveau aux vêpres du
dimanche à partir de : Daigne, Seigneur, nous garder sans péché.

[192] Synaxaire de toute l'année, commençant avec Dieu.


Selon le Typikon hiérosolymitain,
comprenant pour les douze mois de septembre à août
les tropaires et les kondakia des saints notables
et des grandes tètes despotiques

Mois de septembre ayant 30 jours.


Le jour a 12 heures et la nuit 12 heures.
1. Début de l'indiction. Mémoire de notre vénérable père
Syméon le Stylite. Et de sa mère Marthe. Mémoire de la Très
Sainte Théotokos des Miasènes. Et de saint Apthala. Et des qua-
rante saintes vierges et du diacre Ammoun, leur maître, Et des
saints martyrs Calliste, Évodus et Hermogène. Et commémoration
du grand incendie. Et mémoire de Josué, fils de Navé. Tropaire du

1. Voir Canon apostolique 64.


2. Voir Canon apostolique 69.
478 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

nouvel an, ton 2 : Artisan de toute la création [... ] Du vénérable,


ton 1 : Tu fus une colonne de patience [... ] [192 v.] Théotokion :
Réjouis-toi, Théotokos, Vierge, Pleine de grâce, refuge et interces-
seur pour le genre humain, car de Toi s'est incarné le Libérateur du
monde. Toi seule est [à la fois] Mère et Toujours-Vierge, ô Toute-
Bénie, prie le Christ Dieu de donner la paix à l'univers. Kondakion
du vénérable, ton 2 : Recherchant avec les habitants d'en haut les
choses d'en haut [... ] TI faut savoir que si un dimanche tombe
avec le début de l'indiction, les stichères de la Résurrection dans
l'Octoèque ont préséance. Sinon, on ne chante pas l'Octoèque.
2. Mémoire du saint martyr Marnas et de notre vénérable père
Jean le Jeûneur. Tropaire, ton 4 : Règle de foi et modèle de dou-
ceur [... ] [193] Du martyr, ton 4 : Ton martyr, Seigneur, pour le
combat [... ] Kondakion, ton 3 : imité sur : La Vierge aujourd'hui:
Par le bâton qui t'a été donné de Dieu, ô saint [... ]
3. Mémoire du saint hiéromartyr Anthime, évêque de Nicomédie.
Et de notre vénérable père Théoctiste, compagnon d'ascèse de
saint Euthyme le Grand. Tropaire, ton 4 : Ayant communié aux
mœurs [... ] Et du vénérable, ton 8 : Par le fiot de tes larmes [... ]
[193 v.] Kondakion, ton 4 : imité sur : Tu t'es élevé : Parmi les
hiérarques [... ]
4. Mémoire du saint hiéromartyr Babylas, évêque d'Antioche,
et des trois enfants qui étaient avec lui. Et du saint hiéromartyr
Babylas qui se trouvait à Nicomédie et des 84 enfants qui étaient
avec lui. Et du saint prophète Moïse qui a vu Dieu. Tropaire :
Ayant communié aux mœurs : Cf. 3 septembre. Et du prophète,
ton 2 : Le chœur des prophètes [... ] Kondakion, ton 4: imité sur :
Comme depuis le début: [194] Comme piété [... ]
5. Mémoire du saint prophète Zacharie, père du Précurseur.
Tropaire, ton 4 : T'étant revêtu du vêtement sacerdotal [... ]
Kondakion, ton 3 : Le mutisme de la Loi [... ]
[194 v.] 6. Mémoire du miracle accompli par l'archistratège
Michel à Colosses. Et du saint martyr Eudoxe de Mélitène et
de ses compagnons. Tropaire, ton 4 : Archistratège des armées
célestes [... ] Kondakion, ton 2 : Archistratège [... ]
7. Avant-fête de la Nativité de notre Très Pure Souveraine la
Théotokos. Et mémoire du saint martyr Sozon. Tropaire : Ton
martyr, Seigneur. Cf. le 2 septembre. Et trop aire de l'avant-fête,
ton 4 : De la racine de Jessé [... ] [195] Kondakion, ton 2 : Anne
se réjouit aujourd'hui [... ]
8. Nativité de la Très Pure Théotokos. Tropaire, ton 4 : Ta nati-
vité, ô Théotokos [... ] Kondakion, ton 4 : Joachim et Anne [... ]
TI faut savoir que si cette fête tombe un dimanche, [1'office de] la
Résurrection a préséance. [195 v.] On ne lit pas l'évangile matutinal
de la Résurrection, mais le premier évangile de la Théotokos pour
cette fête. De même pour la Rencontre et la Dormition. De même
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 479

pour l'Annonciation si elle tombe un dimanche pendant toute la


quarantaine, à l'exception du dimanche des Rameaux. Dans ce
cas, on lit l'évangile des rameaux, car alors on ne lit ni l'évangile
de la Résurrection, ni de la Théotokos. Si l'Annonciation tombe le
dimanche des Rameaux, on lit à la liturgie les deux évangiles : celui
des rameaux et celui de la Théotokos. Pour la fête de l'Entrée au
temple, on lit aux matines l'évangile de la Résurrection.
Il faut savoir que le soir de la fête, après l'agrypnie, il n'y a pas
de stichologie à cause de la peine, mais après le Psaume [103] :
Seigneur, je crie: et les stichères de la fête. Nous fêtons cette fête
pendant cinq jours.
9. Mémoire des saints et justes ancêtres de Dieu Joachim et Anne.
Et du saint martyr Séverin. Tropaire et kondakion de la fête.
10. Mémoire des saintes martyres Ménodore, Métrodore et
Nymphodore. Tropaire et kondakion de la fête.
11. Mémoire de notre vénérable mère Théodora d'Alexandrie.
Tropaire, ton 8: En toi, mère [... ] [196] Kondakion, ton 1, [imité
sur] : Le chœur des anges: Ayant fui la nuit des passions [... ]
12. Mémoire du saint hiéromartyr Autonome. Tropaire et kon-
dakion de la fête. En ce jour, clôture de la fête.
13. Dédicace de l'Église de la Résurrection du Christ notre
Dieu. Mémoire du saint hiéromartyr Corneille le Centurion.
Tropaire : ton 4 : Comme de la beauté du firmament d'en haut,
Tu as montré ici-bas la beauté du sanctuaire de la présence de
Ta gloire, Seigneur [... ] Gloire: Et maintenant: de l'avant-fête:
La Croix vivificatrice de Ta bonté [... ] [196 v.] Kondakion, ton 1,
[imité sur] : Le chœur des anges: Le renouvellement de l'esprit
en nos cœurs et l'illumination [... ]
14. L'universelle Exaltation de la Vénérable et Vivifiante Croix.
Tropaire, ton 1 : Sauve, Seigneur, Ton peuple, et bénis ton héri-
tage. Accorde la victoire à nos souverains sur les Barbares et garde
par ta Croix ton peuple. Kondakion, ton 4 : T'étant élevé sur la
Croix volontairement [... ]
Il faut savoir que si cette fête de l'Exaltation de la vénérable Croix
tombe un dimanche, on ne chante pas l'office du dimanche. [197]
De même, on ne lit pas l'évangile matutinal de la Résurrection,
mais on chante tout l'office de la fête. Ce jour-là, la liturgie étant
terminée, nous allons au réfectoire. Nous ne mangeons pas de
fromage, ni d'œufs, ni de poisson. Nous consommons de l'huile
et buvons du vin en rendant grâce à Dieu.
Il faut savoir aussi que contrairement à l'acolouthie, il ne
convient pas de consommer de l'huile ni de boire du vin. Mais à
cause de la joie que fut la révélation de la Croix, nous faisons cette
permission pour la gloire du Christ crucifié et qui a révélé cela.
15. Mémoire du mégaIomartyr Nicétas. Tropaire et kondakion
de la fête. Et : Ton martyr, Seigneur. Et kondakion du saint, ton
480 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

2, [imité sur] : Des choses d'en haut: Tu as détruit le pouvoir de


l'illusion [... ]
16. Mémoire de la sainte mégalomartyre Euphémie. Tropaire et
kondakion de la fête. Et tropaire de la sainte, ton 4 : Ta brebis [... ]
[197 v.] Kondakion, ton 2, imité sur: Des choses d'en haut: Les
efforts dans la souffrance [... ]
17. Mémoire de la sainte martyre Sophie et de ses enfants
Espérance, Foi et Charité. Tropaire et kondakion de la fête.
18. Mémoire de notre vénérable Père Eumène, évêque de
Gortyne. Tropaire et kondakion de la fête.
19. Mémoire des saints martyrs Trophime, Sabbatios et
Dorymède. Tropaire et kondakion de la fête.
20. Mémoire du saint mégalomartyr Eustathe et de ses com-
pagnons. Tropaire et kondakion de la fête. Et trop aire des saints,
ton 4 : Tes martyrs, Seigneur [... ] [198] Kondakion, ton 2 : De la
Passion du Christ [... ]
21. Mémoire du saint hiéromartyr Codrat, à Magnésie.
n convient de savoir que ce jour est la clôture de la fête de la
Vénérable et Vivifiante Croix. On chante tout l'office de la fête,
aux vêpres, et aux matines, et à la liturgie. L'office du saint est
chanté aux matines du 22 [septembre].
n faut savoir qu'à partir du dimanche après la clôture de la fête,
nous commençons à psalmodier aux matines trois cathismes. Aux
vêpres: Vers le Seigneur, dans ma tribulation!.
22. Mémoire du saint hiéromartyr Phocas. Et du saint prophète
Jonas. Et du vénérable Jonas le prêtre, père de saint Théophane
le poète. Tropaire : Ayant communié aux mœurs [... ] Kondakion,
ton 6, [imité sur] : Ayant accompli pour nous: Comme hiérarque
[ ... ]
23. Conception du saint [198 v.] prophète et baptiste Jean.
Tropaire, ton 4 : Ceux qui avant [... ] Kondakion, ton 1, [imité
sur] : Le chœur angélique : Zacharie se réjouit joyeusement
[ ... ]
24. Mémoire de la sainte protomartyre et égale aux apôtres
Thècle digne de toute louange. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
25. Mémoire de notre vénérable Mère Euphrosyne d'Alexan-
drie. Tropaire : [... ] [199] Kondakion : [... ]
26. Transfert du saint et glorieux apôtre et évangéliste Jean le
Théologien. Tropaire, ton 2 : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
27. Mémoire du saint martyr Callistrate et de ses compagnons.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
[199 v.] 28. Mémoire de notre vénérable Père Chariton le
confesseur. Tropaire : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]

1. Ps 119,1 (début du cathisme 18).


LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 481

29. Mémoire de notre vénérable Père Cyriaque l'Anachorète.


Tropaire, ton 1 : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
30. Mémoire du saint hiéromartyr Grégoire de la Grande
Arménie. Tropaire : [... ] Kondakion, ton 6 : [... ] [200] Autre kon-
dakion, ton 2 : [... ]
Mois d'octobre ayant 31 jours.
Le jour a 11 heures et la nuit 13.
1. Mémoire du saint apôtre Ananie. Et du vénérable Romain
le Mélode. Tropaire, ton 3 : [... ] Et du vénérable y ton 8 : [... ]
Kondakion, ton 2 : [... ]
[200 v.] 2. Mémoire du saint hiéromartyr Cyprien et de la sainte
martyre Justine. Tropaire : [... ] Kondakion, ton 1 : [... ]
3. Mémoire du saint hiéromartyr Denys l'Aréopagite. Tropaire,
ton 1 : [... ] Kondakion, ton 8 : [... ]
4. Mémoire de notre Père parmi les saints [201] Hiérothée,
évêque d'Athènes. Tropaire : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
5. Mémoire de la sainte martyre Charitine.
6. Mémoire du saint apôtre digne de toute louange Thomas.
Tropaire : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
7. Mémoire des saints martyrs Serge et Bacchus. Tropaire : [... ]
Kondakion, ton 4 : [... ]
8. Mémoire de notre vénérable Mère Pélagie d'Antioche.
Tropaire : [... ]
9. Mémoire du saint apôtre Jacques fils d'Alphée. Et de notre
vénérable Père Andronique. Tropaire : [... ] Et du vénérable : [201
v.] [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
10. Mémoire des saints martyrs Eulampe et Eulampie. Tropaire :
[... ] Kondakion, ton 3 : [... ]
11. Mémoire du saint apôtre Philippe, l'un des sept diacres. Et du
vénérable Théophane, le confesseur, évêque de Nicée. Tropaire :
[... ] Et du vénérable,ton 8 : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
[202] il convient de savoir que le dimanche qui suit la mémoire
du saint apôtre Philippe, nous faisons la mémoire des saints Pères
des sept saints conciles œcuméniques. Cf. l'office le 7 e dimanche
après Pâques, des saints Pères. Tropaire, ton 8 : [... ] Kondakion,
ton 8 : [... ]
12. Mémoire des saints martyrs Probus, Tarachus et Andronique.
Tropaire, ton 5 : [... ] [202 v.] Kondakion, ton 2 : [... ]
13. Mémoire des saints martyrs Carpe et Papyle.
[14. Mémoire des saints martyrs Nazaire, Gervais, Protais 1] Et
Celse. Et de notre vénérable Mère Parascève. Tropaire : [... ] Et de
la vénérable: [... ] Kondakion des martyrs: [... ] Et kondakion de
la vénérable: [... ]

1. Le copiste a commis ici une erreur en omettant une ligne. Nous rétablissons le
texte d'après l'édition du Psautier, Kiev, 1905, p. 219v.-220.
482 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

15. Mémoire de notre vénérable Père [203] Euthyme le


Nouveau. Et du saint hiéromartyr Lucien, prêtre de la Grande
Antioche. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
16. Mémoire du saint martyr Longin le centurion qui se tenant
au pied de la Croix. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
17. Mémoire du saint prophète Osée. Et du saint hosiomartyr
André de Crète. Tropaire, ton 4 : [... ] Kondakion, ton 8 : [... ]
[203 v.] 18. Mémoire du saint apôtre et évangéliste Luc.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
19. Mémoire du saint prophète Joël. Et du saint martyr Varus. Et
de notre vénérable Père Jean de Rila. Tropaire, ton 1 : Fondement
du repentir, inscription de la contrition, image de la consolation et
de l'accomplissement spirituel, ta vie fut égale aux anges dans les
prières, les jeûnes et les larmes, ô Père Jean, prie le Christ Dieu
de sauver nos âmes. Kondakion, ton 6 manuscrit: Tu t'es enrichi
de la divine grâce et dans les œuvres tu as annoncé ta vocation et
tu t'es manifesté, ô Jean, comme agréable au Christ Dieu dans les
prières et les jeûnes : tu fus rempli des dons de l'Esprit divin et
[204] tu chassas les maladies et le défenseur de nos âmes.
20. Mémoire du saint et glorieux mégalomartyr Artème.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
21. Mémoire de notre vénérable Père Hilarion le Grand. Et
translation des reliques de saint Hilarion, évêque de Mégline.
Tropaire : [... ] Tropaire d'Hilarion de Moglène : [... ] Kondakion,
ton 3 : [... ] [204 v.] Et kondakion d'Hilarion de Moglène, ton 3 :
[... ]
22. Mémoire du saint et égal aux apôtres Abercius, évêque
d'Hiérapolis, le thaumaturge. Et des sept enfants d'Éphèse.
Tropaire : [... ] Et des saints: Tes martyrs [... ] Kondakion, ton 8 :
[... ] Et kondakion des sept enfants, ton 4 : [... ]
[205] 23. Mémoire du saint apôtre Jacques, frère du Seigneur
selon la chair. Tropaire, ton 2 : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
24. Mémoire du saint martyr Aréthas et de ses compagnons.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
25. Mémoire des saints martyrs [205 v.] et notaires Marcien et
Martyrios. Tropaire : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
26. Mémoire du saint et glorieux mégalomartyr Dimitrios.
Tropaire : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
27. Mémoire du saint martyr Nestor. Tropaire : Ton martyr [... ]
Kondakion, ton 2 : [... ]
[206] 28. Mémoire des saints martyrs Térence et Néonile. Et
du vénérable Étienne, poète sabaïte. Le même jour, [mémoire]
de notre Père parmi les saints Arsène, archevêque de Serbie.
Tropaire : ( ...1 Autre tropaire, ton 8 : Maître de miséricorde ( ... ]
Kondakion, ton 2 : Dans la nourriture de tes paroles, Arsène
théophore ( ...1
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 483

29. Mémoire de la sainte hosiomartyre Anastasie la Romaine. Et


de notre vénérable Père Abramios. Tropaire : [... ] Kondakion: [... ]
[206 v.] 30. Mémoire des saints martyrs Zénobe et Zénobie.
Tropaire : [... ] Kondakion: [... ]
31. Mémoire des saints apôtres Stachys, Amplias et les autres.
Et du saint martyr Épimaque. Tropaire : [... ]

Mois de novembre ayant 30 jours.


Le jour a 10 heures et la nuit 14.
1. Mémoire des saints thaumaturges et anargyres Côme et
Damien. Tropaire : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
[207] 2. Mémoire des saints martyrs Akindynos, Pégase,
Aphtonios, Elpidéphore et Anempodiste. Tropaire, ton 2 : [... ]
Kondakion, ton 2 : [... ]
3. Mémoire des saints martyrs Acepsimas et Joseph et Aithala.
Et dédicace de l'église du saint mégalomartyr Georges à Lydda
où est déposé son saint corps. Tropaire : Tes martyrs [... ] Et de
saint Georges: [... ] [207 v.] Kondakion des saints martyrs: [... ]
Autre kondakion de saint Georges : [... ]
4. Mémoire de notre vénérable Père Joannice le Grand. Et des
saints martyrs Nicandre, évêque de Myre, et Hermas, prêtre.
Tropaire : [... ] Kondakion, ton 8 : [... ]
5. Mémoire des saints martyrs Galaction et Épistème.
6. Mémoire de notre Père parmi les saints Paul le Confesseur.
Tropaire, ton 3 : [... ] [208] Kondakion, ton 2 : [... ]
7. Mémoire des saints 38 martyrs de Mélitène. Le même
jour, mémoire de notre vénérable Père et thaumaturge Lazare le
Nouveau qui a jeûné sur le mont Galèse. Tropaire : Tes martyrs
[... ] Et trop aire du vénérable: [... ] Kondakion, ton 8 : [... ]
[208 v.] 8. Synaxe du saint archistratège Michel et des autres
incorporels. Tropaire, ton 4 : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
9. Mémoire des saints martyrs Onésiphore et Porphyre. Et de
notre vénérable Mère Matrone. Et de la vénérable Théoktiste de
Lesbos. Tropaire : En toi [... ] [209] Kondakion de la vénérable,
ton 2 : [.. :] Et kondakion des martyrs, ton 2 : [... ]
10. Mémoire des saints apôtres Éraste, Olympas et Rhodion et
Olympas et de leurs compagnons. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
Il. Mémoire des saints martyrs Ménas, Victor et Vincent. Et de
la sainte martyre Stéphanide. Et de notre vénérable Père Théodore
Stoudite. Tropaire : Tes martyrs [... ] Et du vénérable: Maître de
l'Orthodoxie. [209 v.] Kondakion, ton 4 : [... ] Et kondakion du
vénérable, ton 2 : [... ]
12. Mémoire de notre Père parmi les saints Jean le Miséricordieux,
archevêque d'Alexandrie. Et de notre vénérable Père Nil. Tropaire,
ton 8 : [... ] Et du vénérable Nil : [ ... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
[210] Kondakion, même ton: [ ... ]
484 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

13. Mémoire de notre Père parmi les saints Jean Chrysostome,


archevêque de Constantinople. Tropaire, ton 8 : De tes lèvres [... ]
Kondakion, ton 6 : [... ]
14. Mémoire du saint et glorieux apôtre Philippe. Tropaire :
[... ] Kondakion : [... ]
[210 v.] TI convient de savoir qu'en ce saint jeûne, nous nous abs-
tenons chaque semaine pendant trois jours (le lundi, le mercredi et
le vendredi) de vin et d'huile, sauf s'il y a une occurrence avec la
mémoire d'un grand saint. Dans ce cas il y a permission et nous
faisons des agapes en l'honneur du saint. Cf. l'office des heures du
saint et grand jeûne dans l'ordo ecclésiastique de l'ordo de jeûne.
TI est connu que si le début du jeûne tombe un samedi, ou un
dimanche, il convient de chanter en ces deux jours le trop aire des
saints confesseurs. De même le kondakion, et les stichères idio-
mèles. Si [le début du jeûne tombe] un autre jour, l'un des cinq
autres jours de la semaine, c'est-à-dire du lundi au vendredi, nous
chantons Alléluia, à cause de la réclusion du jeûne et de son com-
mencement. Ces jours-là nous observons le jeûne et les métanies,
comme pendant le jeûne de la Sainte et Grande Quarantaine.
15. Mémoire des saints confesseurs Gourias et Samonas et
Habib. Tropaire : [... ] [211] Kondakion : [... ] Et autre kondakion,
même ton: [... ]
16. Mémoire du saint apôtre et évangéliste Matthieu. Tropaire :
[... ] Kondakion: [... ]
17. Mémoire de notre Père parmi les saints Grégoire le
Thaumaturge. Tropaire : [... ] [211 v.] Kondakion, ton 2 : [... ]
18. Mémoire du saint martyr Platon. Et de saint Romain, si
vous voulez. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
19. Mémoire de saint Barlaam. Et du saint prophète Abdias.
Alléluia.
20. Avant-fête de l'Entrée au Temple de la Très Sainte
Théotokos. Et mémoire de notre Père parmi les saints Proclus,
patriarche de Constantinople. Et de notre vénérable Père [212]
Grégoire le Décapolite. Tropaire : Dieu de nos Pères [... ] Et de
l'avant-fête: [... ] Kondakion du vénérable: [... ] Et kondakion de
l'avant-fête: [... ]
TI convient de savoir que si cette fête de la Théotokos tombe un
dimanche, tout [l'office] de la Résurrection a la préséance.
21. Entrée au Temple de notre Très Sainte Souveraine la
Théotokos. Tropaire, ton 4 : [... ] [212 v.] Kondakion, ton 4 : [... ]
TI convient de savoir que la fête d'aujourd'hui est fêtée jusqu'au
25 de ce mois.
22. Mémoire du saint apôtre Philémon et de ses compagnons.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
23. Mémoire de notre Père parmi les saints Amphiloque, évêque
d'Iconium. Et de notre Père parmi les saints Grégoire, évêque
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUWI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 485

d'Agrigente. Tropaire : [... ] Kondakion, ton 8, de Grégoire: [... ]


[213] Et à saint Amphiloque : [... ]
24. Mémoire du saint martyr Mercure. Et de la sainte martyre
Catherine. Tropaire : [ ... ] Et le trop aire et le kondakion de la fête.
Et le kondakion de la sainte: [... ] Et kondakion du martyr: [... ]
25. De nos saints et vénérables Pères et hiéromartyrs Clément,
pape de Rome, et Pierre d'Alexandrie. Tropaire : [... ] Et le tro-
paire et le kondakion de la fête. Ce jour-ci est la clôture de la fête.
Kondakion des saints, ton 4 : [... ] [213 v.] Autre kondakion : [... ]
26. Mémoire de notre saint Père Alypios le stylite. Tropaire :
[... ] Kondakion : [... ]
27. Mémoire du saint martyr qui a beaucoup souffert Jacques
le Persan. Et de notre vénérable Père Pallade. Tropaire : [... ]
Kondakion : [... ]
[214] 28. Mémoire de notre Père saint et vénérable Étienne le
Nouveau. Et du saint martyr Irénarque. Tropaire : [... ] Kondakion :
[... ] Autre kondakion : [... ]
29. Mémoire du saint martyr Paramon. [214 v.] Et de notre
vénérable Père Acace de l'Échelle. Alléluia.
30. Mémoire du saint apôtre André le Premier-Appelé. Tropaire,
ton 4 : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]

Mois de décembre ayant 31 jours.


Le jour a 9 heures et la nuit 15.
1. Mémoire du saint prophète Nahum. Alléluia.
2. Mémoire du saint prophète Habacuc. Alléluia.
3. Mémoire du saint prophète Sophonie. Alléluia.
4. Mémoire de la sainte mégalomartyre Barbara. Et de notre
vénérable Père Jean Damascène. Tropaire : [... ] Et du vénérable:
[... ] Kondakion du vénérable: [... ] [215] Et le kondakion de la
martyre : [... ]
5. Mémoire de notre vénérable.Père Théophore Sabas le
Sanctifié. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
6. Mémoire de notre Père parmi les saints Nicolas, arche-
vêque de Myre en Lycie, [215 v.] le Thaumaturge. Tropaire : [... ]
Kondakion : [... ]
7. Mémoire de saint Ambroise, évêque de Milan. Alléluia.
8. Mémoire de notre vénérable Père Patapios. Alléluia.
9. Conception de sainte Anne, mère de la Théotokos. Tropaire :
[... ] Kondakion: [... ]
[216] 10. Mémoire des saints martyrs Ménas, Hermogène et
Eugraphe. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
Il. Mémoire de notre vénérable Père Danielle Stylite. Tropaire :
[... ] Kondakion: [... ]
[216 v.] 12. Mémoire de notre vénérable Père Spyridon le
Thaumaturge. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
486 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

13. Mémoire des saints martyrs Eustrate, Auxence, Eugène,


Mardaire et Oreste. Tropaire : [... ] Ce même jour, mémoire de
notre vénérable Père Arsène du Mont Latros. Tropaire : [... ]
Kondakion : [... ] et du vénérable, ton 8 : [... ]
* Dimanche des saints ancêtres. Tropaire, ton 2 : [... ] [217]
Kondakion, ton 6 : [... ]
14. Mémoire des saints martyrs Thyrse, Leucius, Philémon,
Arien et Callinique. Alléluia.
15. Mémoire du saint hiéromartyr Éleuthère. Et de notre véné-
rable Père et thaumaturge Paul du Mont Latros. Tropaire : [... ]
Et le trop aire du vénérable: [... ] Kondakion du hiéromartyr : [... ]
[217 v.] Kondakion du vénérable: [... ]
16. Mémoire du saint prophète Aggée. Alléluia.
17. Mémoire du saint prophète Daniel et des trois saints jeunes
gens.
TI convient de savoir que si la mémoire des saints tombe un dimanche,
l'office des saints ancêtres est chanté avec discernement, c'est-à-dire, à
Seigneur, je crie : quatre stichères de la Résurrection et trois stichères
des saints et trois stichères des ancêtres. Gloire : stichère des ancêtres.
Et maintenant: dans l'Octoèque. À la litie, [stichères] habituelles et
des saints: Spirituellement, nous fidèles: Gloire: [stichère] des Pères:
Et maintenant: théotokion. Aux apostiches, [stichères] alphabétiques :
Gloire : [stichères] des ancêtres : Et maintenant : Daniel, l'homme.
Aux matines : canon de la Résurrection en 4, et des saints en 4, et
des ancêtres en 6. Aux laudes, [218] [stichères] de la Résurrection:
Gloire: [stichère] des ancêtres: Et maintenant: Tu es toute bénie
ô Théotokos. Tropaire, ton 1 : Grandes sont les entreprises de foi [... ]
Kondakion du prophète, ton 3 : [... ]
* Dimanche des saints Pères. TI convient de savoir que si ce
dimanche tombe avant le 20 de ce mois, on ne chante pas [l'of-
fice] de l'avant-fête, mais seulement [l'office] des saints Pères,
avec l'Octoèque. Gloire : dans l'Octoèque. Parérnies. À la litie,
[stichère] habituelle: Gloire: stichère des saints, ton 3 : Et main-
tenant: automèle dans l'Octoèque. Aux apostiches : [stichères]
alphabétiques: Gloire: [stichère] des saints: Et maintenant: dans
l'Octoèque. Aux matines: canon des saints en 6. Avant la 4 e ode:
hypakoï. Photagogikon de la Résurrection et des saints. Aux
laudes : quatre stichères de la Résurrection et quatre [stichères]
des saints, ton 4, avec leurs versets: [218 v.] Gloire: [stichère] des
saints : Et maintenant : Tu es toute bénie, ô Théotokos.
Si [ce dimanche] tombe le 24 décembre, on ne chante rien de
[l'office] de la Résurrection, à l'exception des anavathmi et de
l'évangile matutinal. On chante tout l'office des saints Pères et
de l'avant-fête. L'office des saints Pères a préséance, et on chante
six de ses stichères, son canon en 8 et le reste de l'office selon
l'ordre. Aux matines: les tropaires-cathismes de l'avant-fête. Aux
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 487

laudes, quatre stichères des saints et quatre stichères de l'avant-


fête. Gloire: [stichère] des saints. Et le congé.
Si [ce dimanche] tombe le 20, le 21, le 22 ou le 23 décembre,
l'office se déroule ainsi. À Seigneur, je crie : quatre stichères
de la Résurrection, trois de l'avant-fête et trois des saints. Les
stichères de l'avant-fête, ton 6, imité sur : Toute mon espé-
rance : Le soleil sans couchant : et les autres. Tropaire de la
Résurrection et des Pères : Grandes sont les entreprises de
la foi : cf. en arrière, le 17 e jour de ce mois. Et, trop aire de
l'avant-fête: Prépare-toi, Bethléem, ouvre-toi, Éden [ ... ] [219]
Kondakion, ton 6 : L'image faite de main d'homme [... ] le
13 e jour de ce mois.
[18. Mémoire du saint martyr Sébastien et de ses compagnons.
Alléluia 1 .]
19. Mémoire du saint martyr Boniface. Alléluia.
20. Mémoire du saint hiéromartyr Ignace le Théophore. Et
avant-fête de la Nativité selon la chair de notre Seigneur Jésus
Christ. Tropaire de l'avant-fête, écrit plus haut : Prépare-toi,
Bethléem: et le trop aire saint, ton 4 : [... ] Kondakion de l'avant-
fête, ton 3 : La Vierge, aujourd'hui, met au monde le Verbe pré-
éternel [... ] et le kondakion de saint Ignace, ton 3 : [... ]
li est connu que l'on ne chante plus l'Octoèque à partir du
20 décembre jusqu'à la clôture des saintes Théophanies, jusqu'au
14 janvier, [219 v.] clôture de la fête de la Théophanie.
21. Mémoire de la sainte martyre Julienne de Nicomédie. Ce
jour-là, transfert du saint archevêque de la ville de Kiev, sauvée par
Dieu, et de toute la Russie, Pierre, le métropolite, en l'an 68342 •
li fut le pasteur de l'Église de Dieu pendant dix-huit ans et six
mois. Tropaire de l'avant-fête. Kondakion, ton 8 : [... ] Tropaire du
métropolite Pierre, ton 8 : Tu as bien vécu dans le monde, une vie
pure. Ayant illuminé par ton enseignement l'univers, par l'épiscopat
tu as reçu un troupeau [devenant ainsi] le successeur des apôtres.
C'est pourquoi ayant reçu de Dieu le don de thaumaturge, ô Père
Pierre, prie le Christ Dieu de sauver nos âmes. Kondakion, ton
4 : Ta mémoire très lumineuse est apparue en ce jour, ô hiérarque
bienheureux Pierre, faisant luire sur le monde la lumière de la divine
illumination. À la liturgie, [220] office des saints hiérarques.
22. Mémoire de la sainte martyre Anastasie la Pharmacolytria3 •
Tropaire de l'avant-fête : [... ] Et trop aire de la sainte : [... ]
Kondakion : [... ]

1. Le copiste a commis ici une erreur en omettant une ligne. Nous rétablissons le
texte d'après l'édition du Psautier, Kiev, 1905, p. 246.
2. L'année 6834 depuis la création du monde, selon le comput byzantin, soit l'an
1326.
3. (' Celle qui délivre des sortilèges, des poisons. >}
488 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

23. Avant-fête. Mémoire des saints dix martyrs de Crète.


Tropaire et kondakion de l'avant-fête: [... ] Et des saints: [... ]
24. Avant-fête. Mémoire de la sainte hosiomartyre Eugénie.
Tropaire de l'avant-fête: [... ] [220 v.] Kondakion, ton 3 : [... ] On
chante ce trop aire et ce kondakion aux heures. On dit les heures
à la septième heure du jour.
li faut savoir que si la paramonie de la Nativité du Christ tombe
un samedi ou un dimanche, il n'y a pas de jeûne, et les trop aires
ne sont pas chantés. Le jeûne a lieu le mercredi et le vendredi. Les
jours que nous avons mentionnés, soit le samedi et le dimanche,
on célèbre la liturgie de Chrysostome comme d'habitude et celle-ci
étant terminée, nous mangeons dans l'église un bout de pain et
buvons une coupe de vin. À la lO e heure, on frappe [la simandre]
et on commence les vêpres. Après le congé des vêpres, nous chan-
tons le trop aire et le kondakion de la Nativité, et nous nous ren-
dons au réfectoire et consommons de l'huile et buvons du vin.
li convient de savoir que si cette fête tombe un samedi ou un
dimanche, la liturgie de Chrysostome est célébrée à son heure
[habituelle]. [La liturgie] de Basile le Grand est célébrée le jour de
la fête. Nous faisons de même pour la fête de la Théophanie.
Veille, lorsque ce n'est ni samedi ni dimanche, à ce que soit
célébrée pour la paramonie la liturgie de Basile le Grand. Le len-
demain, on célèbre [la liturgie] de Chrysostome. La liturgie ves-
pérale est célébrée à la 10e heure [221] et on célèbre la divine
liturgie de Basile le Grand.
li faut savoir que lorsqu'il n'y a pas de jeûne pour la paramonie
de la Nativité du Christ, les lectures étant terminées, on ne chante
pas le Trisagion avant l'apôtre, mais [on dit] immédiatement le
prokimenon, et l'apôtre, puis Alléluia et l'évangile. Et l'ecténie et
le congé a lieu.
li faut savoir que si la Nativité du Christ ou la Théophanie tombe
un dimanche, on ne chante rien de [l'office] de la Résurrection,
mais on chante tout l'office de la fête aux vêpres et aux matines
et à la liturgie.
25. Nativité selon la chair de notre Seigneur, Dieu et Sauveur
Jésus Christ. Si la vigile tombe un samedi, on psalmodie tout le
premier cathisme. Si elle tombe un dimanche soir, on ne psal-
modie que la première antienne. Si c'est un jour de jeûne, il n'y
a pas de stichologie, mais à Seigneur, je crie : nous mettons huit
versets. Gloire : Et maintenant : Et les lectures. Tropaire, ton 4 :
[... ] Kondakion, ton 3 : [... ]
[221 v.] li convient de savoir que du début de la Nativité du
Christ jusqu'à la clôture de la fête de la Théophanie, nous psal-
modions aux matines deux cathismes et un aux vêpres. On omet
les heures intermédiaires. À l'apodeipnon on chante les canons
d'intercession à la Théotokos.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 489

26. Synaxe de la Très Pure Théotokos et de saint Joseph le


Fiancé. Et mémoire du saint hiéromartyr Euthyme, évêque de
Sardes, confesseur. Tropaire de la fête: [... ] Kondakion, ton 6 :
Avant l'étoile du matin [... ].
+ Dimanche après la Nativité du Christ. Et nous faisons
mémoire des saints et justes Joseph le Fiancé, David le roi et
Jacques le frère du Seigneur.
Il faut savoir que si [222] la Nativité du Christ tombe un
dimanche, on ne fait pas mémoire des saints mentionnés plus haut
le dimanche qui suit la Nativité du Christ, car il coïncide avec le
début du mois de janvier et la clôture de la fête de la Nativité du
Christ a déjà eu lieu, mais on fait leur [mémoire] le 26 de ce mois.
Tropaire, ton 2 : [... ] Kondakion, ton 3 : [... ]
27. Mémoire du saint protomartyr et archidiacre Étienne et
de notre vénérable Père et confesseur Théodore le Marqué, frère
de saint Théophane le Poète. Tropaire : [.. ;] Kondakion : [ ... ]
[222 v.] 28. Mémoire des vingt mille saints martyrs brûlés vifs
à Nicomédie. Tropaire et kondakion : [... ]
29. Mémoire des quatorze mille saints enfants massacrés par
Hérode à Bethléem à cause du Christ. Et de notre vénérable Père
Marcel, higoumène du monastère des Acémètes. Tropaire : [ ... ]
Kondakion : [... ]
[223] 30. Mémoire de la sainte martyre Anysie. Et du vénérable
Zotique, prêtre, nourricier des orphelins. Tropaire et kondakion
de la fête.
31. Mémoire de notre vénérable Mère Mélanie la Romaine.
Ce jour-ci, comme il a été dit, [nous chantons] tout l'office de
la fête. Si cela tombe un dimanche, on chante aussi [l'office] du
dimanche et il a préséance.

Mois de janvier ayant 31 jours.


Le jour a 10 heures et la nuit 14.
1. Circoncision selon la chair de notre Seigneur Jésus Christ. Et
mémoire [223 v.] de notre Père parmi les saints Basile, archevêque
de Césarée en Cappadoce. Tropaire : [... ] Gloire: Et maintenant:
[... ] Kondakion, ton 4 : [... ] .
Il convient de savoir que si cette fête tombe un dimanche, on
célèbre la vigile et tout [l' office] du dimanche a préséance. Si elle
tombe un autre jour, il n'y a pas d'agrypnie.
[224] À la liturgie, les Béatitudes du canon. On célèbre la liturgie
de Basile le Grand à cause de sa mémoire sacrée.
2. Avant-fête de l'illumination. Et mémoire de saint Sylvestre,
pape de Rome. Tropaire : [... ] Kondakion: [... ]
3. Mémoire du saint prophète Malachie. Et du saint martyr
Gordius. Tropaire et kondakion de l'avant-fête : [... ] Et du
martyr: [... ]
490 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

4. Synaxe des soixante-dix apôtres. Et mémoire de notre père


parmi les saints Théoctiste [224 v.] de Coucoumios en Sicile.
Tropaire : [... ]
5. Mémoire des saints Théopempte et Théonas. Et de la véné-
rable Sync1étique. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ] On chante ce
trop aire et ce kondakion aux heures. On lit les heures à la 6e heure
du jour. On frappe la petite [simandre] et on se rassemble dans
l'église et on dit la première heure, la sixième et la neuvième avec
leurs trop aires, comme il a été indiqué plus tôt, puis le congé et
on se repose un peu dans nos cellules.
Si c'est un samedi ou un dimanche, les trop aires sont chantés
le vendredi. À la 10e heure on frappe la grande simandre et on
entre dans l'église. Le prêtre ayant donné la bénédiction, nous
commençons les vêpres. Et nous chantons le Psaume 1. Si c'est
un samedi, nous psalmodions le premier cathisme. Sinon, nous
commençons : Seigneur, je crie : nous mettons huit versets et
chantons les stichères, ton 2 : Gloire : Et maintenant : Puis a lieu
l'entrée avec l'évangile. Puis Lumière joyeuse. Le prokimenon du
jour et les lectures de la fête. Et les lectures ayant été complétées,
les petits diakonika puis le Trisagion, le prokimenon de l'apôtre,
puis l'apôtre et l'évangile. Et on célèbre la divine liturgie de Basile
le Grand. Lorsque le prêtre a dit la prière derrière l'ambon, nous
sortons au baptistère en chantant les [stichères] habituelles du
baptême. Et le prêtre dit les ecténies et le congé, puis le tropaire
et le kondakion de la fête. Et on glorifie le supérieur selon l'habi-
tude!. Et on entre au réfectoire. On ne mange ni fromage, ni œufs,
ni poisson, mais seulement de l'huile et nous buvons du vin.
6. Sainte Théophanie de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus
Christ. Tropaire, ton 1 : [... ] Kondakion : [... ]
[225 v.] 7. Synaxe du Vénérable Précurseur et Baptiste Jean.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
8. Mémoire de notre vénérable Mère Dominique. Et de notre
vénérable Père Georges de Choziba. Et d'Émilien le Confesseur.
Tropaire : [... ]
[226] 9. Mémoire du saint martyr Polyeucte. Et de notre véné-
rable Père Marcien. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
10. Mémoire de notre Père parmi les saints Grégoire de
Nysse. Et du vénérable Marcien, prêtre et économe de la Grande
Église. Et de saint Domitien, évêque de Mélitène. Tropaire : [... ]
Kondakion : [... ]
Il. Mémoire de notre vénérable Père Théodose le Cénobiarque.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
[226 v.] 12. Mémoire de la sainte martyre Tatienne. Tropaire
de la fête.

1. C'est-à-dire en lui chantant le polychronion.


LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUWIDU MÉTROPOLITE CYPRIEN 491

13. Mémoire des saints martyrs Hermyle et Stratonique. En ce


jour, l'office des saints Pères massacrés est chanté, car le 14e jour
[de ce mois] est la clôture de la fête des saintes Théophanies, et
nous chantons [alors] l'office de la fête uniquement. Aux vêpres,
stichères des martyrs et des saints Pères. Et le 14e jour nous chan-
tons tout l'office de la Théophanie, sans changement, aux vêpres,
aux matines et à la liturgie.
14. Mémoire de nos saints et vénérables Pères massacrés au Sinaï.
Ce même jour, mémoire de notre Père parmi les sain~s Sabas, pre-
mier archevêque de Serbie. On chante son office lorsque le supérieur
le veut. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ] Et de saint Sabas : [... ]
[227] 15. Mémoire de nos vénérables Pères Paul de Thèbes et
Jean le Calybite. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
[227 v.] Il est connu qu'à partir de ce jour nous commençons
de nouveau [à lire] aux matines trois cathismes. Aux vêpres :
Vers le Seigneur, dans ma tribulation l , cathisme 18. Et les heures
intermédiaires avec les heures. Et les canons d'intercession à la
Théotokos à l'apodeipnon. Et les deux canons dans l'Octoèque.
16. Vénération de la précieuse chaîne du saint et glorieux apôtre
Pierre. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
17. Mémoire de notre vénérable Père théophore Antoine le
Grand. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
18. Mémoire de nos Pères parmi les saints Athanase le Grand et
Cyrille, archevêques d'Alexandrie. Tropaire : [... ] Kondakion: [... ]
19. Mémoire de notre vénérable Père Macaire l'Égyptien.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
[228 v.] 20. Mémoire de notre vénérable Père théophore
Euthyme le Grand. Tropaire : [... ] Kondakion: [... ]
21. Mémoire de notre vénérable Père Maxime le Confesseur.
Et du saint martyr Néophyte. Et du saint martyr Eugène
de Trébizonde et de ses compagnons. Tropaire : [... ] [229]
Kondakion : [... ]
22. Mémoire du saint apôtre Timothée. Et du saint hiéromartyr
Anastase le Perse. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
23. Mémoire ~du saint hiéromartyr Clément, évêque d'Ancyre.
Et du saint martyr Agathange. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
[229 v.] 24. Mémoire de notre vénérable Mère Xénie la
Romaine. Tropaire : [... ]
25. Mémoire de notre Père parmi les saints Grégoire le
Théologien. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
26. Mémoire de notre vénérable Père Xénophon et de ses com-
pagnons. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
[230] 27. Retour des reliques de notre Père parmi les saints
Jean Chrysostome. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]

l.Ps 119, 1 (début du catbisme 18).


492 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

28. Mémoire de notre vénérable Père Éphrem le Syrien.


Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
29. Retour des reliques de saint Ignace le Théophore, hiéro-
martyr. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]
[230 v.] 30. Mémoire du saint hiéromartyr Hippolyte, pape de
Rome. Son office est chanté à l'apodeipnon. Aux vêpres et aux
matines nous chantons l'office des trois saints hiérarques : Basile
le Grand, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome. Tropaire :
[... ] Kondakion : [... ]
31. Mémoire des saints thaumaturges et anargyres Cyr et Jean.
Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]

[231] Mois de février ayant 28 jours.


Le jour a 11 heures et la nuit 13.
1. Mémoire du saint martyr Tryphon. Et avant-fête de la
Rencontre. Tropaire : [... ] Kondakion du saint: [... ]
2. Rencontre de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus Christ.
On célèbre une agrypnie. Si cela tombe un dimanche, [l'office]
de la Résurrection a préséance. Au lieu de l'évangile matutinal on
lit celui de la fête. Si cela tombe un autre jour, on psalmodie la
première antienne, Bienheureux l'homme!. À Seigneur, je crie:
nous mettons huit versets, et [chantons] les stichères, ton 1 : Dis,
Syméon : [231 v.] et les deux autres, [en les répétant] trois fois,
et une, deux fois. Gloire : Et maintenant : Ton 6 : Que les portes
s'ouvrent. Entrée. Prokimenon, lecturès de la fête. À la litie, sti-
chères idiomèles, ton 2. Gloire, ton 5 : Et maintenant, même ton:
L'Ancien des jours. Aux apostiches, ton 7 : Pare-toi chambre nup-
tiale : avec leurs versets. Gloire : Et maintenant, ton 8 : Celui
que portent les Chérubins. Puis le tropaire, ton 1 : Réjouis-toi
[... ] Et la bénédiction des pains. Et la lecture de la vie de saint
Luc du Mont Steiron2 • Et après la lecture, le cathisme 8 et le
Polyéleos et la lecture de la fête. Anavathmi : première antienne
du ton 4. Prokimenon, ton 4 : Je me souviendrai de ton Nom3 •
Verset: Mon cœur a fait jaillir". [232] Que tout souffleS. Évangile
de Luc, qui est à la liturgie, à partir du milieu : il y avait un
homme à Jérusalem6 . Psaume 50. Et le canon de la fête, ton 3,
de Sire Cosmas : l'hirmas deux fois, et les trop aires quatre fois.
Après la 3e ode, lecture du discours d'Amphiloque. Après la
6 e ode, le kondakion. À la ge ode, on distribue des cierges aux

1. Ps 1, 1.
2. Fêté le 7 février.
3. Ps 44,18.
4.Ps 44, 2.
5. Ps 150, 5.
6. Le 2, 25.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 493

frères. Photagogikon. Aux laudes, Que tout souffle l . Stichères, ton


4, imité sur: Tu as donné un signe: deux fois chacune. Gloire: Et
maintenant, ton 6 : Celui qui dans les bras d'un vieillard. Grande
doxologie et congé. Après le congé des matines, nous faisons une
litie à l'extérieur du monastère.
Si cette fête tombe pendant la quarantaine, son office a lieu
ainsi. Le soir, aux vêpres, nous chantons d'abord les stichères
dans le Triode, puis [celles] de la fête. De même pour les lec-
tures, puis la divine liturgie des Présanctifiés, et le congé. Et nous
entrons au réfectoire. À la première heure de la nuit, on frappe [les
simandres] lourdes, en métal et la grande. Et nous nous assem-
blons à l'église. Et nous chantons l'apodeipnon. Après: Gloire à
Dieu au plus haut des cieux : nous faisons la litie dans le narthex.
Nous chantons les stichères idiomèles de la fête, puis ont lieu les
prières habituelles. Et entrés dans l'église, nous chantons les apos-
tiches. Puis a lieu la bénédiction des pains et le congé. Et [le pain]
rompu est distribué. Et la grande lecture a lieu. [232 v.] Après
la lecture, nous commençons les matines et joignons la première
heure. La troisième et la sixième heure ont lieu ainsi. À la troi-
sième heure, on frappe [la simandre] et nous chantons les heures
sans métanies, mais nous psalmodions leurs cathismes. À la fin de
celles-ci, on frappe pour la neuvième heure. Et nous la lisons de
la même façon, avec sa stichologie. Puis nous lisons les Béatitudes
des heures, et commençons les vêpres. À Seigneur, je crie : les
stichères de la fête ont préséance, puis les stichères du Triode.
Entrée avec l'évangile. Lumière joyeuse. Et d'abord les lectures de
la fête, puis [celles] du jour. Après cela, Qùe ma prière s'élève2 et
la divine liturgie de Chrysostome selon l'ordre.
Et lorsqu'il n'y a pas de jeûne, après l'office décrit plus haut, à
la liturgie, [on chante] aux Béatitudes [les trop aires] du canon de la
fête, odes 3 et 6. Isodikon : Le Seigneur a fait connaître son salut
et a révélé sa justice auX yeux des nations3 • Et immédiatement le
tropaire : Réjouis-toi, Pleine de grâce. Gloire : Et maintenant : kon-
dakion. Prokimenon, hymne de la Théotokos : Mon âme magnifie le
Seigneur". Verset: Car il a regardé l'humilitéS. Apôtre: Aux Hébreux :
Frères, sans aucune contradiction6 • Alléluia, ton 8 : Maintenant,
Maître, tu laisses s'en aller7 • Verset: Lumière pour la révélation8 •

1. Ps 150,5.
2. Ps 140, 2-4.
3. Ps 97,2.
4. Le 1,46-47.
S.Le 1,48.
6.He 7, 7.
7. Le 2, 29-30.
8. Le 2, 32.
494 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Évangile selon Luc : En ce temps-là, les parents emmenèrent l'En-


fant l • Koinonikon : Je prendrai le calice du salut2 .
Il convient de savoir que si cette fête tombe pendant la quaran-
taine, [233] nous la fêtons un seul jour. Si elle tombe les autres
jours, nous la fêtons pendant huit jours. Si elle tombe pendant la
semaine des laitages, [nous la fêtons] alors pendant quatre jours.
3. Mémoire du saint et juste Syméon qui a reçu Dieu. Tropaire :
[... ] Kondakion : [... ]
4. Mémoire de notre vénérable Père Isidore de Péluse.
Si ce n'est pas la quarantaine, on chante l'office de la fête et du
saint. S'il y a jeûne, on ne chante que l'office du jour.
5. Mémoire de la sainte martyre Agathe. On fait de même.
6. Mémoire de notre vénérable Père Boucole, évêque de Smyrne.
7. Mémoire de notre vénérable Père Parthénios, évêque de
Lampsaque. Et de notre vénérable Père Luc d'Hellade. On chante
leur office de la même façon.
8. Mémoire du saint mégalomartyr Théodore le Stratilate. Et
du saint prophète Zacharie. Si tu veux, dis le trop aire du martyr:
[... ] [233 v.] Kondakion : [... ]
9. Mémoire du saint martyr Nicéphore. Ce jour est la clôture
de la fête, s'il n'y a pas de jeûne. L'office du martyr est chanté à
l'apodeipnon, ou avec celui de saint Charalampos. Tropaire : [... ]
Kondakion : [... ]
10. Mémoire du saint martyr Charalampos. Tropaire : [... ]
11. Mémoire du saint hiéromartyr Blaise. Tropaire : [... ]
Kondakion : [... ]
12. Mémoire de notre saint Père Mélèce, patriarche d'Antioche.
Tropaire : [... ]
[234] 13. Mémoire de notre vénérable Père Martinien. Ce
même jour, mémoire de notre saint et juste Père Syméon le Serbe,
le nouveau myroblite. Tropaire, ton 8 : [... ] Autre trop aire : [... ]
Kondakion, ton 2 : [... ] Kondakion de saint Syméon : [... ]
[234 v.] 14. Mémoire de notre vénérable Père Auxence.
Tropaire : [... ] Ce même jour, mémoire de saint Cyrille le
Philosophe, maître des slaves. Kondakion, ton 2 : [... ] Tropaire de
Cyrille : [... ] Kondakion : [... ]
[235] 15. Mémoire du saint apôtre Onésirne. Tropaire : [... ]
16. Mémoire de saints martyrs Pamphile et Parthénios et leurs
compagnons. Alléluia.
17. Mémoire du saint mégalomartyr Théodore Tiron. Tropaire :
[... ] Kondakion : [... ] Autre kondakion : [... ]
[235 v.] 18. Mémoire de notre Père parmi les saints Léon, pape
de Rome. Tropaire : [... ] Kondakion : [... ]

1. Le 2, 22.
2.Ps 115,4.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 495

19. Mémoire du saint apôtre Archippe. Tropaire : [... ]


20. Mémoire de notre Père parmi les saints Léon, évêque de
Catane. Tropaire : [... ]
21. Mémoire de notre vénérable Père Timothée [du monas-
tère] des Symboles. Et de saint Eustathe, patriarche de la Grande
Antioche. Tropaire : [... ]
22. Invention des reliques des saints martyrs [du quartier]
d'Eugène. Tropaire : [... ]
23. Mémoire du saint hiéromartyr Polycarpe. Tropaire : [... ]
Kondakion : [... ]
24. Invention [236] du vénérable chef de saint Jean le
Précurseur. S'il y a jeûne, le soir, aux vêpres, la stichologie habi-
tuelle. À Seigneur, je crie : nous mettons dix versets et chantons
les stichères idiomèles du jour, deux fois [chacune], et les trois
martyrika automèles qui sont dans le Triode. Ensuite, les trois
automèles du Précurseur, ton 5 : Réjouis-toi, des jeûneurs : nous
répétons la première. Gloire, ton 6 : Trésor de dons divins : Et
maintenant : théotokion. Entrée et les lectures. Puis la divine
liturgie des Présanctifiés. Aux matines, on frappe [la simandre] à
l'heure habituelle. Au Seigneur est Dieu : le trop aire, ton 4 : De
la terre ayant resplendi [... ] Kondakion, ton 2 : Prophète divin
et précurseur [... ] Stichologie habituelle. Nous ne faisons pas de
métanies. Anavathmi : 1re antienne du ton 4. [Prokimenon] : Là,
je ferai se lever la corne de David!. Verset: Souviens-toi, Seigneur,
de David2 • Évangile selon Luc: En ce temps-là, [236 v.] la parole
se répandit3 • Psaume 50. Canon du Précurseur. Tri-odes du jour.
Comme d'habitude, après la 6 e ode, kondakion du saint. Aux
laudes, stichères automèles du Précurseur : Gloire, ton 6 : La
mémoire vénérable : Et maintenant : théotokion. Aux apostiches,
idiomèle du jour, deux fois; martyrikon; Gloire, ton 6 : Celui qui
reposa auparavant sur un plateau : Et maintenant : théotokion.
À la fin des matines, trois grandes métanies seulement. De même
à tous les offices. On fait seulement trois grandes métanies aux
vêpres, aux matines et aux heures. On joint aux matines la pre-
mière heure avec la stichologie, sans métanies.
S'il n'y a pas de jeûne, aux vêpres, après la stichologie habituelle,
à Seigneur, je crie: nous mettons six versets et chantons les stichères
du saint, ton 5, automèle : Réjouis-toi : en les répétant. Gloire,
ton 6 : Trésor de dons divins : Et maintenant : théotokion. Aux
apostiches : [stichères] de l'Octoèque : Gloire, ton 2 : Des divines
connaissances : Et maintenant : théotokion. Aux matines, chapi-

1. Ps 131, 17.
2. Ps 131, 1.
3.Lc 7, 17.
496 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

tres habituels. Anavathmi. Prokimenon. Que tout souffle l . Évangile.


Canon de l'Octoèque et du saint sur 6. S'il n'y a pas de jeûne, nous
disons: Au Seigneur, chantons 2 • Après la 3e ode, tropaire-cathisme.
Après la 6e ode, kondakion. Photagogikon. Aux laudes : Que tout
souffle3 • Stichères automèles du saint et le congé.
À la liturgie, typiques [237] et [trop aires] du canon du saint,
odes 3 et 6. Prokimenon, ton 7 : Le juste se réjouira4 • Verset:
Exauce-nous, ô Dieu5 • Apôtre: Aux Corinthiens: Frères, le Dieu
qui a ordonné que lumière luise des ténèbres 6 • Alléluia, ton 4 :
Le juste fleurira comme le palmier7 • Évangile selon Matthieu:
En ce temps-là, Jésus ayant entendu que Jean avait été livré8 •
Koinonikon : Le juste sera en mémoire éternelle9 .
S'il y a jeûne, on ne fait pas la proscomidie, mais les Présanctifiés.
Et après la stichologie habituelle: Seigneur, je crie: stichères. Et l'en-
trée avec l'évangile a lieu. Prokimenon et les lectures du jour, puis:
Que ma prière s'élève lO • Ensuite le diacre dit: Sagesse. Et immédiate-
ment le prokimenon de l'apôtre. Et l'apôtre. Et Alléluia, trois fois. Et
l'évangile, et la divine liturgie des Présanctifiés selon l'ordre.
25. Mémoire de saint Taraise, archevêque de Constantinople.
Tropaire : [... ]
26. Mémoire de saint Porphyre, évêque de Gaza. Alléluia.
27. Mémoire de notre vénérable Père et confesseur Procope le
Décapolite.
28. Mémoire de notre vénérable Père Basile le Confesseur.
29. Mémoire de notre vénérable Père Cassien le Romain.
Lorsque le mois de février a 28 jours, cet office est chanté le
28e jour à l'apodeipnon.

[237 v.] Mois de mars ayant 31 jours.


Le jour a 12 heures et la nuit 12.
1. Mémoire de la sainte hosiomartyre Eudoxie. Alléluia.
2. Mémoire du saint hiéromartyr Théodote de Kyrenia. Alléluia.
3. Mémoire des saints martyrs Eutrope, Cléonique et
Basilisque.
4. Mémoire de notre vénérable Père Gérasime du Jourdain.

1. Ps 150,5.
2. Ex 15, 1 (Ode 1, 1). Cette expression désigne l'exécution festive des cantiques
bibliques.
3. Ps 150,5.
4. Ps 63, 12.
5. Ps 63, 2.
6.2 Co 4, 6.
7. Ps 91,13.
8. Mt 4,12.
9.Psl11,7.
10. Ps 140, 2-4.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 497

5. [Mémoire du saint martyr Conon. Alléluia!.]


[6]. Mémoire des saints quarante-deux martyrs d'Amorium.
Il faut savoir que si cela tombe un samedi ou un dimanche, on
chante ce kondakion, ton 2 : Révélés par Dieu [... ]
6 [Nous devons lire 7]. Mémoire des saints martyrs, ayant été
évêques de Cherson : Basile, Éphrem, Eugène, Capiton et Étherius
et les autres.
7 [Nous devons lire 8]. Mémoire de notre vénérable Père
Théophylacte de Nicomédie. Alléluia.
8 [Nous devons lire 9]. Mémoire des quarant~ mégalomartyrs
de Sébaste.
Nous omettons ici les métanies. Nous faisons seulement trois
grandes métanies à la fin de chaque office. De même à la liturgie :
trois [métanies] après : Que ma prière s'élève2 ; trois [métanies]
après: Maintenant les Puissances [238] célestes; trois [métanies]
après : Que le nom du Seigneur soit béni3 • Le soir, aux vêpres ont
préséance l'idiomèle du jour, [répétée] deux fois et le martyrikon.
Puis les trois automèles du Triode et les [stichères] des saints, ton
2 : En endurant courageusement les présents : et les deux autres, en
répétant la première. Gloire: [stichère] des saints, ton 2 : Martyrs du
Christ : Et maintenant : théotokion. Entrée, lectures et liturgie des
Présanctifiés. Aux matines : Le Seigneur est Dieu : trop aire, ton 1 :
Par les souffrances des saints : cf. le 29 décembre. Kondakion, ton 6,
imité sur : Ayant accompli pour nous: Toute l'armée [... ] Et la sti-
chologie habituelle. Nous lisons l'éloge de leur martyre par Basile le
Grand. Canon des saints en 6 et les tri-odes selon leur ordre. Après
la 6e ode : kondakion des saints. Après la ge ode : photagogikon des
saints et de la Théotokos. Aux laudes, stichères automèles des saints,
ton 5 : Réjouis-toi. Nous répétons la première. Gloire, même ton:
Martyrs du Christ. Et maintenant : théotokion. Aux apostiches,
idiomèle du jour et martyrikon; Gloire, ton 2 : Par le pouvoir de la
vérité : Et maintenant: théotokion. Tropaire des saints. Ecténie. Trois
grandes métanies. Venez, adorons: trois métanies. La première heure.
Stichologie. Tropaire des saints. [238 v.] Le reste de l'office, et à la
fin de l'heure, trois grandes métanies et le congé. La troisième et la
sixième heure ont lieu selon leur ordre. De même la neuvième heure
avec les Béatitudes. Certains lisent les Béatitudes rapidement sans
métanies et sans chant. On joint les vêpres. [Aux vêpres], la sticho-
logie habituelle. À Seigneur, je crie: la stichère idiomèle qui est dans

1. Le copiste a commis ici une erreur en omettant une ligne. TI s'ensuit que toutes
les mémoires sont décalées d'un jour jusqu'au 9 mars. Nous avons corrigé l'omis-
sion et la numérotation dans la traduction d'après l'édition du Psautier, Kiev, 1905,
p. 271 v.-272 v.
2. Ps 140, 2-4.
3. Ps 112,2.
498 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

le Triode et le martyrikon ont préséance, ensuite les automèles du


Triode puis Oes stichères] des saints: En endurant. [L'office] du saint
occurrent est chanté à l'apodeipnon. Gloire, ton 2 : Vous vous écrüez
prophétiquement: Et maintenant: théotokion. Entrée avec l'évan-
gile. Lectures du jour. Que ma prière s'élève!. Ensuite: prokimenon,
ton 5 : C'est toi, Seigneur, qui nous garderas 2 • Verset: Sauve-moi, ô
Dieu, car Oes eaux] m'ont pénétré3 • Apôtre: Aux Hébreux: Frères,
ayant une telle nuée4 • Alléluia, trois fois, ton 4 : Acclamez le Seigneur,
toute la terre5 . Verset: Car tu nous as éprouvés, ô Dieu6 • Évangile
selon Matthieu: Le Seigneur dit cette parabole: Un homme 7 • Et
la liturgie des Présanctifiés. Koinonikon : Le juste sera en mémoire
éternelle8 • Cet office a lieu s'il tombe un jour de jeûne.
S'il tombe un samedi ou un dimanche, on chante l'office des
saints et du jour. S'il tombe le troisième dimanche de la vénéra-
tion de la Croix, on chante tout l'office de la Résurrection, de la
Croix et des saints comme il a été indiqué [239] pour l'invention
du chef du Précurseur. L'apôtre du jour et des saints. Alléluia: un
verset de la Croix et deux [versets] des saints. Les deux évangiles.
Et le koinonikon : La lumière de Ta face 9 : et des saints.
10. Mémoire du saint martyr Codrat et de ses compagnons.
11. Mémoire de notre saint Père Sophrone, patriarche de
Jérusalem.
12. Mémoire de notre vénérable Père Théophane le Confesseur,
du Mont Sigriane. Si c'est samedi ou dimanche, dis le kondakion
suivant, ton 2 : [... ]
13. Retour des reliques de saint Nicéphore, patriarche de
Constantinople.
14. Mémoire de notre vénérable Père Benoît. Alléluia.
15. Mémoire des sept saints martyrs Agapios et de ses compa-
gnons. Alléluia.
16. Mémoire du saint martyr Sabin. Alléluia.
17. Mémoire de saint Alexis, l'homme de Dieu. Alléluia.
18. Mémoire de notre Père parmi les saints Cyrille de
Jérusalem.
19. Mémoire des saints martyrs Chrysanthe et Daria. Alléluia.
20. Mémoire de nos vénérables Pères massacrés au monastère
de Saint-Sabas. Kondakion, ton 4 : [... ]

1. Ps 140, 2-4.
2. Ps 11,8.
3. Ps 68,2.
4. Hb 12, 1-10.
5. Ps 65, 2.
6. Ps 65, 10.
7. Mt 21, 33.
8. Ps 111,6.
9.Ps 4, 7.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 499

[239 v.] 21. Mémoire de saint Jacques, évêque et confesseur.


Alléluia.
22. Mémoire du saint hiéromartyr Basile, évêque de l'Église
d'Ancyre.
23. Mémoire de notre vénérable Père Nicon et de ses disciples.
Alléluia.
24. Avant-fête de l'Annonciation de la Très Sainte Théotokos.
À Seigneur, je crie : idiomèle du jour, deux fois, et martyrikon,
et trois [stichères] du Triode et trois [stichères] de la Très Sainte
Théotokos, ton 4, imité sur : Comme braves : en répétant la pre-
mière. Gloire : Et maintenant : Gabriel annonce la bonne nou-
velle. Entrée et lectures du jour, et office des Présanctifiés selon
l'ordre. Aux matines: Alléluia, et l'office comme tous les jours.
De même, les métanies. Canon de l'avant-fête avec l'hirmos en 6
et les tri-odes selon leur ordre. Aux apostiches : idiomèle du jour,
deux fois, et martyrikon. Gloire : Et maintenànt, ton 4 : Le peuple
qui: et le reste de l'office, selon son ordre. De même la troisième
et la sixième heure. De façon similaire, la neuvième heure avec les
Béatitudes, mais plus tôt, à cause de l'effort de la vigile.
25. Annonciation de notre Très Sainte Souveraine la Théotokos.
Le soir, [240] nous commençons les vêpres comme à l'habitude,
sans stichologie et sans métanie. À Seigneur, je crie: nous mettons
dix versets et chantons l'idiomèle du jour, deux fois, et les trois
automèles du Triode et les [stichères] de la fête, ton 6 : Le conseil
pré-éternel : et les autres, en les répétant pour qu'il y en ait six.
Gloire : Et maintenant : Ayant été envoyé du ciel. Entrée. Lumière
joyeuse. Et les lectures du jour et les trois [lectures] de la fête.
Puis: Que ma prière s'élève!. Et les trois métanies habituelles. De
même, trois [métanies] après Maintenant les Puissances célestes.
Et trois [métanies] pour: Que le nom du Seigneur soit béni2 • Et
la divine liturgie des Présanctifiés selon l'ordre. Et après le congé,
nous entrons au réfectoire. Et peu importe le jour, nous mangeons
de l'huile et buvons du vin. Nous ne mangeons jamais [ce jour-là]
de poisson. À cause de l'effort de la vigile pour la Théotokos, nous
autorisons ceci : vin et huile. À la première heure de la nuit, on
frappe [la simandre] et les frères-'Se rassemblent à l'église. Le prêtre
donne la bénédiction. Alors qu'il encense, nous disons l'apodeipnon
et ayant dit : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, nous faisons la
litie habituelle dans le narthex. Nous chantons les trois stichères
de la fête, ton 1, en les répétant pour qu'il y en ait six. Gloire:
Et maintenant, ton 2 : Gabriel annonce la bonne nouvelle. Et le
prêtre ayant dit les prières habituelles, nous entrons dans l'église
en chantant [240 v.] trois fois l'idiomèle, ton 4: Gloire: Et mainte-

1. Ps 140, 2-4.
2. Ps 112,2.
500 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

nant, même ton: Aujourd'hui la joie de la bonne nouvelle. Puis le


Trisagion. Tropaire, ton 4 : Aujourd'hui est le commencement de
notre salut [... ] Et la bénédiction des pains a lieu, puis [leur] distri-
bution comme d'habitude, et la lecture de la fête. Après cela, nous
commençons les matines. Pour Le Seigneur est Dieu : le tropaire
écrit plus haut. Nous psalmodions trois cathismes. Après le pre-
mier cathisme, les deux tropaires-cathismes qui sont dans le Triode,
les premiers étant dits par les chantres, les seconds étant dits par
les femmes. Après les deux autres cathismes, nous chantons les
tropaires-cathismes de la fête. Ensuite, le Polyéleos. Anavathmi :
antienne du ton 4. Prokimenon, ton 4 : Annoncez de jour en jour
la bonne nouvelle de son salutl . Verset : Chantez au Seigneur un
cantique2 • Que tout souffte3 • Évangile selon Luc: Marie s'étant
levée4 • Psaume 50. Canon de la fête, ton 4. Les hirmi deux fois,
les trop aires trois fois chacun pour qu'il y en ait quatorze. Ensuite
l'hirmos, les deux chœurs ensemble. Tri-odes en 8. Après la 6e ode,
kondakion ton 8, idiomèle : À toi chef invincible de nos armées
- les cris de victoire. Car délivré du danger, moi, ton serviteur, ô
Théotokos, je te chante les actions de grâce. [241] Mais toi qui as
la puissance invincible, délivre-moi de tout péril afin que je te crie :
Réjouis-toi, Épouse inépousée. À la ge ode, on distribue des cierges
aux frères. Photagogikon de la fête. Aux laudes, stichères de la fête,
ton 1, imité sur : Des ordres célestes: nous répétons la première.
Gloire : Et maintenant, ton 2 : Mystère qui depuis des siècles. Aux
apostiches, idiomèle du jour, deux fois, et martyrikon. Gloire : Et
maintenant, ton 8 : Que les cieux se réjouissent. À la fin des matines,
trois grandes métanies. Ensuite, la première heure, et les cathismes,
et le trop aire de la fête, et à la fin de l'heure, trois grandes métanies,
et le congé. On donne l'huile sainte aux frères. Et si c'est un jour
de jeûne, on frappe [la simandre] à la troisième heure du jour. Et
nous sortons avec une litie à l'extérieur du monastère en chantant
le trop aire et le kondakion de la fête, et les stichères idiomèles de la
fête, et ayant fait le tour de tout le monastère, nous rentrons avec
une litie. Et l'office de la troisième et de la sixième heure a lieu, et
on lit le discours: De nouveau la joie de l'AnnonciationS. À la neu-
vième heure, on frappe [la simandre] et nous étant rassemblés, nous
disons la neuvième heure avec sa stichologie et on lit la catéchèse de
[Théodore] le Stoudite, pendant laquelle les frères sont assis. Puis
les Béatitudes, sans chant et sans Souviens-toi de nous, Seigneur :

1. Ps 95, 2.
2. Ps 95, 1.
3. Ps 150,5.
4.Le 1,39.
5. PSEUDO-CHRYSOSTOME, Homélie pour l'Annonciation de la Mère de Dieu, PG 50,
791-796.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 501

et sans: Le chœur céleste. Oublie, remets: et le reste. Seigneur,


aie pitié: 40 fois. Et trois grandes métanies. [241 v.] Et nous com-
mençons immédiatement les vêpres sans stichologie. À Seigneur, je
crie : nous mettons dix versets et chantons l'idiomèle du jour dans
le Triode, deux fois, puis les trois idiomèles de la fête, ton 4, et les
trois stichères automèles de l'archange, et nous disons le verset :
TI fait de ses anges des esprits!. Gloire: Et maintenant, ton 6 :
Des cieux fut envoyé. Entrée avec l'évangile, et : Lumière joyeuse.
Lectures du jour puis les deux [lectures] de la fête: la première de
l'Exode: Moïse entra2 : la seconde des Proverbes: Le Seigneur m'a
créé3 • Et : Que ma prière s'élève4 • Les diakonika du Trisagion ont
lieu. Après le Trisagion, prokimenon, ton 4 : Annoncez de jour en
jours. Verset : Chantez au Seigneur un cantique nouveau6 • Apôtre :
Aux Hébreux: Frère, celui qui sanctifie et qui est sanctifié7 • Alléluia,
ton 1 : TI descendra comme la roséeS. Verset : Que son Nom soit
béni9 • Évangile selon Luc: En ce temps-là, Élisabeth conçutlO • Et
la divine liturgie de Chrysostome selon l'ordre. Koinonikon, ton
3 : Le Seigneur a choisi Sion, TI l'a élue pour demeure ll . Et il y a
une grande consolation pour les frères. Nous mangeons du poisson
et buvons du vin à table. Nous chantons rapidement l'apodeipnon
dans le narthex, sans métanies et sarts canon. Néanmoins, après :
Gloire à Dieu au plus haut des cieux: pour le Trisagion, trois méta-
nies, et à la fin, quinze [métanies] avec la prière, et trois [métanies]
pour le Trisagion final et le congé.
26. Synaxe de l'archange Gabriel. [242] Tropaire et kondakion
de la fête. Kondakion de l'archange: [... ] Si elle tombe un samedi
ou un dimanche, on chante le soir l'office de l'Incorporel. Et de
même, nous [le] chantons aux matines. Le canon de la fête a pré-
séance sur celui de l'Incorporel.
27. Mémoire de la sainte martyre Matrone de Thessalonique.
28. Mémoire de notre vénérable Père Hilarion le Nouveau. Et
de saint Étienne le Thaumaturge. Alléluia.
29. Mémoire de notre vénérable Père Marc, évêque d'Arethuse,
et de Cyrille, diacre, et des nombreux martyrs ayant souffert sous
Julien le Persécuteur.

1. Ps 103,4.
2. Ex 3, 1-8.
3. Pr 8, 22-30.
4. Ps 140, 2-4.
5. Ps 95,2.
6. Ps 95, 1.
7. He 2, 11.
8. Ps 71, 6.
9.Ps71,17.
10.Le 1,24.
11. Ps 131,13.
502 LA RÉFORME LITURGIQUE DU METROPOLITE CYPRIEN

30. Mémoire de notre vénérable Père Jean, auteur de EÉchelle.


On chante son office le 4 e dimanche du Jeûne. Kondakion, ton
4 : [... ]
31. Mémoire de notre vénérable Père et thaumaturge Hypatios
d'Ancyre.
[242 v.] Mois d'avril ayant 30 jours.
Le jour a 13 heures et la nuit 11.
1. Mémoire de notre vénérable Mère Marie l'Égyptienne. On
chante son office le Se dimanche du Jeûne. Tropaire : En toi mère.
Cf. 11 septembre. Kondakion, ton 4 : [... ]
2. Mémoire de notre vénérable Père Tite. Alléluia.
3. Mémoire de notre vénérable Père Nicétas, higoumène du
monastère du Medikion.
4. Mémoire de notre vénérable Père Joseph, l'auteur des canons,
et de Georges du Mont Maléon. Kondakion, ton 4 : [... ]
5. Mémoire des saints martyrs Théodule et Agathopode. Alléluia.
6. Mémoire de notre vénérable Père Eutyche, évêque de [243]
Constantinople.
7. Mémoire de notre vénérable Père Georges, évêque de
Mytilène.
8. Mémoire des saints apôtres Hérodion, Agabos, Rufus et de
leurs compagnons. Alléluia.
9. Mémoire du saint martyr Eupsyque. Alléluia.
10. Mémoire des dix saints martyrs Térence et Pompée et de
leurs compagnons. Alléluia.
11. Mémoire du saint hiéromartyr Antipas, évêque de Pergame.
Alléluia.
12. Mémoire du saint hiéromartyr et confesseur Basile, évêque
de Parion.
13. Mémoire du saint hiéromartyr Artémon.
14. Mémoire de notre Père parmi les saints et confesseur
Martin, pape de Rome. Alléluia.
15. Mémoire des saints apôtres Aristarque, Pudens et Trophime.
16. Mémoire des saintes martyres Irène, Agape et Chionie.
Alléluia.
17. Mémoire de notre vénérable Père Syméon de Perse et du
vénérable Acace de Mytilène. Alléluia.
18. Mémoire du vénérable Jean, disciple de saint Grégoire le
Décapolite.
19. Mémoire de notre vénérable Père Jean de l'Ancienne Laure.
20. Mémoire de notre vénérable Père Théodore Trichinas.
Alléluia.
21. Mémoire du saint hiéromartyr Janvier et de ses compa-
gnons. Et du saint martyr Théodore de Perge. Alléluia.
22. Mémoire de notre vénérable Père [243 v.] Théodore de
Sykeon. Tropaire des vénérables. Kondakion, ton 3 : [... ]
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 503

23. Mémoire du saint et glorieux mégalomartyr Georges le


Tropaiophore. Le soir, stichologie habituelle. À Seigneur, je crie:
nous mettons six versets et chantons les stichères automèles, ton
4 : Comme braves : deux fois chacune. Gloire, ton 6 : Tu vécus
dignement d'après ton nom, ô Georges. Et maintenant: [stichère]
du jour. Entrée. Lumière joyeuse. Prokimenon et parémies du saint.
Aux apostiches : Gloire, ton 4 : D'un esprit ferme : Et maintenant:
[stichère] du jour. Tropaire, ton 4 : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
[244] 24. Mémoire du saint martyr Sabas le Stratilate.
25. Mémoire du saint apôtre et évangéliste Marc. Tropaire, ton
3 : Saint apôtre, prie: cf. 1er octobre. Kondakion, ton 2 : [... ]
26. Mémoire du saint hiéromartyr Basile, évêque d'Amasée.
27. Mémoire du saint hiéromartyr Syméon, parent du Seigneur.
Tropaire, ton 1 : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
[244 v.] 28. Mémoire des saints apôtres Jason et Sosipater. Et
des saints martyrs Maxime, Dadas et Quintilien. Tropaire : Saints
apôtres.
29. Mémoire des neuf saints martyrs de Cyzique et du véné-
rable Memnon, le thaumaturge.
30. Mémoire du saint apôtre Jacques, frère de saint Jean le
Théologien. Tropaire : Saint apôtre. Kondakion, ton 2 : [... ]

Mois de mai ayant 31 jours.


Le jour a 14 heures et la nuit 10.
1. Mémoire du saint prophète Jérémie. Tropaire, ton 2 : [... ]
2. Mémoire de notre Père parmi les saints Athanase le Grand.
Tropaire, ton 3 : [... ] [245] Kondakion, ton 2 : [... ]
3. Mémoire des saints martyrs Timothée et Maure. Alléluia.
4. Mémoire de la sainte martyre Pélagie. Alléluia.
5. Mémoire de la sainte martyre Irène. Tropaire : Ta brebis, ô
Jésus.
6. Mémoire du saint et juste Job. Tropaire, ton 6 : [... ]
Kondakion, ton 8 : [... ]
7. Commémoration de l'apparition dans le ciel du signe de la
vénérable Croix dans la ville sainte à la troisième [245 v.] heure du
jour à l'époque de Constantin le pieux empereur. Et mémoire du
saint martyr Acace. Tropaire, ton 8 : [... ] Kondakion, ton 4 : [... ]
8. Mémoire du saint apôtre digne de toute louange et évangéliste
Jean le Théologien. Et de notre vénérable Père Arsène le Grand.
Tropaire et kondakion de Jean, cf. 26 septembre. Tropaire du
vénérable, cf. 3 septembre : Par le flot de tes larmes. Kondakion,
ton 3 : [... ]
[246] il convient de savoir que si la mémoire du saint apôtre Jean
tombe après Pâques le jour de l'Ascension ou de la Pentecôte, nous
n'omettons pas son office, mais on le chante avec celui de la fête et
avec l'office du jour. Si elle tombe le jour de la mi-Pentecôte, si on
504 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

ne fête pas le milieu de la fête, ou le jour de l'Ascension, on chante


l'office comme il est indiqué ici. Si on le fête seul, on chante les
deux automèles de la fête, les trois stichères de l'apôtre et les trois
stichères du vénérable. Aux apostiches, peu importe le jour de la
cinquantaine, on omet [les stichères] de l'Octoèque, sauf si c'est
dimanche, et nous chantons les automèles de l'apôtre s'il y a une
agrypnie. Si, à cause de nos infirmités, il n'y a pas d'agrypnie, nous
chantons les stichères idiomèles qui sont à la litie. Si elle tombe le
jour du milieu de la fête ou le jour de l'Ascension, on chante la
mémoire du saint, et celle du vénérable lorsqu'on l'ordonnera. TI
convient mieux de chanter l'office du saint à l'apodeipnon.
9. Mémoire du saint prophète Isaïe. Et du saint martyr Christophe.
Tropaire du prophète : De ton prophète : cf. 1er septembre. [246
v.] Tropaire du martyr, cf. 2 septembre: Ton martyr, Seigneur.
Kondakion, ton 2 : [... ] Kondakion du prophète, ton 2 : [... ]
10. Mémoire du saint apôtre Simon le Zélote. Tropaire : Apôtre
saint.
Il. Inauguration de Constantinople. Et mémoire du saint hiéro-
martyr Mocius. Tropaire : Ton martyr, Seigneur: cf. 2 septembre.
Kondakion, ton 2 : [... ]
12. Mémoire de saint Épiphane, évêque de Chypre. Et de saint
Germain, patriarche de Constantinople. Tropaire : Dieu de nos
Pères. Kondakion, ton 4 : [... ]
[247] 13. Mémoire de la sainte martyre Glycérie. Alléluia.
14. Mémoire du saint martyr Isidore. Alléluia.
15. Mémoire de notre vénérable Pachôme. Tropaire, cf. 3 sep-
tembre : Par le flot de tes larmes. Autre trop aire, ton 5 : [... ]
Kondakion, ton 2 : [... ]
16. Mémoire de notre vénérable Père Théodore le Sanctifié,
disciple de saint Pachôme. Ce même jour, mémoire du saint pro-
phète Zacharie, père du Précurseur. Tropaire : Habitant du désert:
cf. 29 septembre. Tropaire du prophète, cf. 1er mai. Kondakion du
prophète, ton 2 : [... ]
17. Mémoire des saints apôtres Andronique et des autres parmi
les Soixante-dix.
18. Mémoire des saints martyrs Théodote d'Ancyre, Pierre et
Denys et des sept vierges étant avec eux. Alléluia.
19. Mémoire du saint hiéromartyr Patrice de Prousse et de ses
compagnons.
20. Mémoire du saint martyr Thallélaios. Alléluia.
21. Mémoire des saints grands empereurs et égaux-aux-apôtres
Constantin et Hélène. Tropaire, ton 8 : [... ] Kondakion, ton 3 : [... ]
TI convient de savoir que si la mémoire de saint Constantin
tombe [248] le jour de la fête de l'Ascension, on chante son office
en même temps. Aux vêpres, nous chantons les stichères de la fête
en 6 et les automèles du saint en 4. Gloire : [stichère] du saint :
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 505

Et maintenant: [stichère] de la fête. Aux matines nous chantons


le canon de la fête en 10 et [celui] du saint en 4. Et le reste de
l'office. De même à la liturgie.
22. Mémoire du saint martyr Basilisque. Alléluia.
23. Mémoire de notre vénérable Père et confesseur Michel de
Synades. Alléluia.
24. Mémoire de notre vénérable Père Syméon le Thaumaturge
du Mont Admirable. Tropaire : Habitant du désert : cf. 29 sep-
tembre. Kondakion, ton 1 : [... ]
25. Troisième invention du vénérable chef de saint Jean le
Précurseur. Tropaire, ton 4 : [... ] Cf. le kondakion le 24 février.
26. Mémoire du saint apôtre Carpus, [248 v.] l'un des
Soixante-dix.
27. Mémoire du saint hiéromartyr Théraponte. Alléluia.
28. Mémoire de notre vénérable Père Nicétas, évêque de
Chalcédoine. Alléluia.
29. Mémoire de la sainte martyre Théodosie. Alléluia.
30. Mémoire de notre vénérable Père Isaac le Dalmate. Alléluia.
31. Mémoire du saint apôtre Hermias. Tropaire : Saint apôtre.

Mois de juin àyant 30 jours.


Le jour a 15 heures et la nuit 9.
1. Mémoire du saint martyr Justin le Philosophe et de l'autre
martyr Justin et de leurs compagnons. Alléluia.
2. Mémoire de saint Nicéphore, patriarche de Constantinople.
Tropaire : Règle de foi : cf. 2 septembre. Kondakion, ton 4
[... ]
3. Mémoire du saint martyr Lucien et de ses compagnons.
4. Mémoire de saint Métrophane, patriarche de Constantinople.
Tropaire : Règle de foi : cf. 2 septembre. Kondakion, ton 4 : [... ]
5. Mémoire du saint hiéromartyr Dorothée, évêque de Tyr.
Alléluia.
6. Mémoire de 'notre vénérable Père Bessarion [249] et du
vénérable Hilarion le Dalmate. Alléluia.
7. Mémoire du saint hiéromartyr Théodote d'Ancyre. Alléluia.
8. Mémoire du saint mégalomartyr Théodore le Stratilate.
Tropaire et kondakion, cf. 8 février.
9. Mémoire de saint Cyrille, pape d'Alexandrie. Tropaire : Règle
de foi: cf. 2 septembre. Kondakion, ton 6 : [... ]
10. Mémoire du saint hiéromartyrTimothée de Prousse. Alléluia.
11. Mémoire des saints apôtres Bartholomée et Barnabé.
Tropaire : Apôtres saints. Kondakion, ton 4 : [... ] Autre konda-
kion, ton 3 : [... ]
12. Mémoire de notre vénérable Père Onuphre et de notre véné-
rable Père Pierre [249 v.] l'Athonite. Tropaire, ton 4: Dieu de nos
Pères. Tropaire de saint Onuphre, ton 1 : Par le désir spirituel [... ]
506 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Kondakion de saint Onuphre, ton 3 : [... ] Autre kondakion de


saint Onuphre, ton 8 : [... ]
[250] 13. Mémoire de la sainte martyre Aquiline et de saint
Triphyllios, évêque de Leucosie. Tropaire de la martyre : Ta
brebis, ô Jésus: cf. 16 septembre. Et trop aire du hiérarque: Règle
de foi : cf. 2 septembre.
14. Mémoire du saint prophète Élisée. Et de saint Méthode,
patriarche de Constantinople. Tropaire du prophète, ton 2 : [... ]
Et du hiérarque : Règle de foi : cf. 2 septembre. Kondakion, ton
2 : [... ] Et kondakion du hiérarque, ton 2 : [... ]
[250 v.] 15. Mémoire du saint prophète Amos, père du pro-
phète Isaïe.
16. Mémoire du saint thaumaturge Tykhon d'Amathonte.
17. Mémoire des saints martyrs Manuel, Sabel et Ismaël.
Tropaire : Tes martyrs, Seigneur : cf. 2 septembre. Kondakion,
ton 2 : [... ]
18. Mémoire du saint martyr Léonce. Tropaire : Ton martyr,
Seigneur: cf. 2 septembre. Kondakion, ton 3 : [... ]
19. Mémoire du saint apôtre Jude, frère du Seigneur. Tropaire :
cf. 27 avril. Kondakion, ton 2 : [... ]
[251] 20. Mémoire du saint hiéromartyr Méthode de Patare.
Alléluia.
21. Mémoire du saint hiéromartyr Julien de Tarse. Tropaire :
Ton martyr, Seigneur: cf. 2 septembre. Kondakion, ton 2 : [... ]
22. Mémoire du saint hiéromartyr Eusèbe, évêque de
Samosate.
23. Mémoire de la sainte martyre Agripinne. Tropaire : Ta
brebis, ô Jésus : cf. 16 septembre.
24. Nativité du saint, glorieux et vénérable prophète et baptiste
Jean. Tropaire, ton 4 : [... ] [251 v.] Kondakion, ton 3 : [... ]
Il convient de savoir que si cette fête tombe un dimanche, tout
[l'office] de la Résurrection a préséance.
25. Mémoire de la sainte hosiomartyre Fébronie. Tropaire et
kondakion du Précurseur, et trop aire de la sainte : Ta brebis, ô
Jésus: cf. 16 septembre.
26. Mémoire de notre vénérable Père David de Thessalonique.
Tropaire : En toi Père a été connu : cf. 1er octobre. Kondakion,
ton 1 : [... ]
27. Mémoire de notre vénérable Père Samson l'Hospitalier.
Tropaire, ton 8 : Dans ta patience : cf. 12 novembre. Kondakion,
ton 8 : [... ]
[252] 28. Retour des reliques des saints anargyres Cyr et Jean.
Tropaire : Les miracles des saints : cf. 15 novembre. Kondakion,
ton 6 : [... ]
29. Mémoire des saints apôtres premiers-coryphées Pierre et
Paul. Tropaire, ton 4 : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 507

[252 v.] li convient de savoir que si cette fête des saints apô-
tres premiers-coryphées tombe un dimanche, tout [l'office] du
dimanche a préséance.
30. Synaxe des douze saints et glorieux apôtres. Tropaire et
kondakion d'hier, et autre kondakion des douze apôtres: [... ]

Mois de juillet ayant 31 jours.


Le jour a 14 heures et la nuit 10.
1. Mémoire des saints thaumaturges et anargyres Côme
et Damien, qui ont souffert à Rome. Tropaire et kondakion,
cf. 1er novembre.
2. Déposition de la vénérable Robe de notre Très Pure
Souveraine la Théotokos en l'église des Blachernes. Tropaire, ton
8 : [... ] [253] Kondakion, ton 4 : [... ]
3. Mémoire du saint martyr Hyacinthe.
4. Mémoire de notre Père parmi les saints André de Crète. Et de
la vénérable Marthe, mère de saint Syméon le Stylite. Tropaire :
Règle de foi: cf. 2 septembre. Kondakion, ton 2 : [... ]
5. Mémoire de notre vénérable Père Athanase l'Athonite.
Tropaire, ton 3 : [... ] [253 v.] Kondakion, ton 8 : [... ]
6. Mémoire de notre vénérable Père Sisoès le Grand.
Tropaire : Habitant du désert : cf. 29 septembre. Kondakion,
ton 4 : [ ... ]
7. Mémoire de notre vénérable Père Thomas du Mont Maléon.
En ce jour, mémoire de notre vénérable Père Acace de l'Échelle.
On chante pour son office le commun des vénérables. Tropaire :
Dieu de nos Pères ( ) Kondakion de saint Acace, ton 2 : [254] [... ]
8. Mémoire du saint mégalomartyr Procope. Tropaire : Ton
martyr, Seigneur: cf. 2 septembre. Kondakion, ton 2 : [... ]
9. Mémoire du saint hiéromartyr Pancrace, évêque de Taormine.
Tropaire : Ayant communié aux mœurs : cf. 3 septembre.
10. Mémoire des quarante-cinq saints martyrs de Nicopolis.
Alléluia.
Il. Mémoire de la sainte et digne de toute louange martyre
Euphémie. Tropaire :Ta brebis, ô Jésus: cf. 16 septembre. Autre
trop aire, ton 4 : [... ] [254 v.] Kondakion, ton 4 : [... ]
12. Mémoire des saints martyrs Proclus et Hilaire et de notre
vénérable Père Michel Maléïnos. Alléluia.
13. Synaxe de l'archange Gabriel. Et mémoire de notre véné-
rable Père Étienne le Sabaïte. Tropaire : Archistratèges des armées
célestes: cf. 8 novembre. Kondakion, ton 4 : [... ]
14. Mémoire du saint apôtre Aquila. Tropaire : Saint apôtre:
cf. 1er octobre.
15. Mémoire des saints martyrs Cyrique et Julitte. Tropaire :
Tes martyrs, Seigneur: cf. 20 septembre. Kondakion, ton 2 : [... ]
[255] Autre kondakion, ton 4 : [... ]
508 LA RÉFORME UTURGIQUE DU MÉTROPOUTE CYPRIEN

16. Mémoire du saint hiéromartyr Athénogène. Et mémoire des


saints Pères qui se sont trouvés aux six conciles œcuméniques : les
630 de Chalcédoine, les 318 de Nicée et les 108 de Constantinople
et les 200 d'Éphèse et les 160 du cinquième concile et les 170 du
sixième concile.
Il est connu que cet office des conciles est chanté le dimanche
après le 16 juillet. Tropaire des saints Pères et le kondakion, cf. le
7e dimanche après Pâques.
17. Mémoire de la sainte mégalomartyre Marine. Tropaire : Ta
brebis, ô Jésus: cf. 16 septembre. Kondakion, ton 3 : [... ] [255 v.]
Autre kondakion, même ton: [... ]
18. Mémoire du saint martyr Émilien. Alléluia.
19. Mémoire de sainte Macrine, sœur de Basile le Grand.
Et de notre vénérable Père Dios. Tropaire : En toi, Mère :
cf. Il septembre. Et trop aire du vénérable : Habitant du désert :
cf. 29 septembre.
20. Mémoire du saint et glorieux prophète Élie. Tropaire, ton
4 : L'ange dans la chair : cf. 14 juin. Kondakion, ton 2 : [... ]
21. Mémoire de nos vénérables Pères Jean et Syméon, fou pour
le Christ. Et du saint prophète Ézéchiel. Tropaire : Dieu de nos
Pères.
22. Mémoire de sainte Marie Madeleine. Et du saint hiéro-
martyr Phocas. Tropaire, ton 1 : [... ] [256] Tropaire de saint
Phocas : Ayant communié aux mœurs: cf. 3 septembre. Son kon-
dakion, cf. 22 septembre : Comme hiérarque, Père, tu offrais des
sacrifices [... ] Et kondakion de la sainte, ton 3 : Te tenant devant
[ ... ]
23. Mémoire des saints martyrs Trophyme et Théophile et de
leurs compagnons.
24. Mémoire de la sainte martyre Christine. Tropaire, cf. 16 sep-
tembre : Ta brebis, ô Jésus. Kondakion, ton 4 : [... ]
[256 v.] 25. Dormition de sainte Anne, mère de la sainte
Théotokos. Et mémoire des saintes femmes Olympias et Eupraxie.
Tropaire, ton 4 : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
26. Mémoire du saint hiéromartyr Hermolaos et de ses
compagnons.
27. Mémoire du saint mégalomartyr Pantéleimon. Tropaire, ton
3 : [... ] [257] Kondakion, ton 5 : [... ]
28. Mémoire des saints apôtres Prochore, Nicanore et Parmène.
Tropaire : Apôtres saints.
29. Mémoire du saint martyr Callinique. Alléluia.
30. [Mémoire des saints apôtres Silas et Silvain et de leurs
compagnons!.]

1. Le copiste a commis ici une erreur en omettant une ligne. Nous rétablissons le
texte d'aprés l'édition du Psautier, Kiev, 1905, p. 317 v.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 509

[31.] Mémoire du saint et juste Eudocime. Et avant-fête de


la vénérable Croix. Tropaire de la Croix : Sauve, Seigneur, ton
peuple. Et tropaire du saint, ton 4 : [... ] Kondakion, ton 2 : [... ]
[257 v.] Il convient de savoir que pour l'avant-fête et l'après-fête
des fêtes despotiques, aux heures, le dimanche, après le Trisagion,
on ne dit pas l'hypakoï du ton, mais le tropaire et le kondakion de
l'avant-fête ou de la fête. De même pour les après-fêtes.

Mois d'août ayant 31 jours.


Le jour a 13 heures et la nuit 11.
1. Procession de la Vénérable et Vivifiante Croix. Et des sept mar-
tyrs Maccabées, et leur maître Éléazar et leur mère Solomonie.
Avant le coucher du soleil, on frappe [pour] la neuvième heure.
Puis on sort le Vénérable Bois du skeuophylakion. Et on l'apporte
dans le saint autel, comme le 14 septembre. Puis aux vêpres, la
stichologie habituelle. À Seigneur, je crie : trois stichères auto-
mèles de la Croix et trois [stichères] des saints: Gloire: [stichère]
des saints: Et maintenant: [stichère] de la Croix. Aux apostiches :
[stichères] de l'Octoèque : Gloire: [stichère] des saints: Et main-
tenant: [stichère] de la Croix. Puis le trop aire : Sauve, Seigneur,
Ton peuple. Et le [trop aire] des saints: Par la souffrance de tes
saints: cf. 9 mars. Kondakion des saints, ton 2 : [... ] [258] Aux
matines, stichologies habituelles et lecture [des discours de saint
Grégoire] le Théologien. Canon. Catavasia de la Croix : Moïse
fit le signe de la croix. Et aux laudes, stichères de la Croix. Aux
apostiches, [stichères] des saints et le congé. À la liturgie, office de
la Croix et des saints.
TI convient de savoir qu'après la fin des matines, nous accom-
plissons la vénération de la Croix selon l'ordre du 3e dimanche
du Jeûne. Après le congé, nous faisons une litie avec la vénérable
Croix à l'intérieur du monastère, à l'higoumenio, au réfectoire,
au grenier, à la cave et dans toutes les cellules des frères. Et de
retour [à l'église], la bénédiction des eaux a lieu. Et nous prenons
de [1'eau bénite] et le prêtre asperge le monastère en se déplaçant
avec une litie, comme nous venons de le dire. Puis a lieu la liturgie
à cause du jeûne, pour le début de ce vénérable jeûne. Aux vêpres,
après le congé, le prêtre, accompagné des autres frères, rapporte le
Vénérable Bois dans le skeuophylakion, comme il a été écrit plus
haut.
2. Retour des reliques du saint [258 v.] protomartyr et premier
serviteur et archidiacre Étienne. Tropaire, ton 4 : [... ] Autre tro-
paire, même ton : [... ] Kondakion, ton 6 : [... ]
3. Mémoire de nos saints Pères Isaac, Dalmate et Fauste.
Alléluia.
4. Mémoire des sept saints jeunes gens d'Éphèse. Tropaire : Tes
martyrs, Seigneur: cf. 20 septembre. Kondakion, ton 4 : [... ]
510 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

[259] 5. Avant-fête de la Transfiguration du Seigneur. Mémoire


du saint martyr Eusignios. Tropaire, ton 4 : [... ] Kondakion, ton
4 : [... ]
li faut savoir que si la Transfiguration tombe un dimanche,
on ne chante rien de [l'office] de la Résurrection: on ne lit pas
l'évangile matutinal, ni à la liturgie, mais [on chante] tout l'office
de la fête, aux vêpres, aux matines et à la liturgie.
[259 v.] 6. Sainte Transfiguration de notre Seigneur, Dieu et
Sauveur Jésus Christ. Tropaire, ton 7 : [... ] Kondakion, ton 7 : [... ]
li convient de savoir que nous avons la tradition pour cette fête
salvatrice de la Transfiguration de manger du raisin, ayant d'abord
été béni par le prêtre et distribué à tous dans l'église après l'anti-
doron. Si l'on voit l'un des frères manger du raisin avant cette fête,
qu'il reçoive une épithymie de son maître pour sa désobéissance
et qu'il ne mange pas de raisin avant le mois d'août à cause de sa
désobéissance. [260] li convient à tous les moines qui travaillent
dans la vigne d'observer cette tradition. li convient aux frères de
manger du raisin à table après la fête de la Transfiguration, c'est-
à-dire le lundi, le mercredi et le vendredi. li en est de même pour
les figues, et les autres fruits, après le moment de leur apparition.
Nous disons cela à l'exception de ceux qui veillent aux figues, car
nous pardonnons aux frères d'en manger à ce moment en tout
temps.
7. Mémoire du saint hosiomartyr Dométios. Tropaire et konda-
kion de la fête.
8. Mémoire de saint Émilien de Cyzique. Tropaire et kondakion
de la fête.
9. Mémoire du saint apôtre Matthias. Tropaire : Saint apôtre:
cf. 1er octobre. Et trop aire et kondakion de la fête. Kondakion du
saint, ton 2 : [... ]
10. Mémoire du saint martyr et archidiacre Laurent. Tropaire
et kondakion de la fête.
11. Mémoire du saint martyr et archidiacre Euplus. Tropaire et
kondakion de la fête.
[260 v.] 12. Mémoire des saints martyrs Photios et Anicet. Ce
jour-ci, on chante [l'office de] saint Maxime. Tropaire et kon-
dakion de la fête. Et trop aire du saint : Ton martyr, Seigneur :
cf. 2 septembre. Kondakion du martyr, ton 2 : [... ]
13. Mémoire de notre vénérable Père Maxime le Confesseur. Ce
jour est la clôture de la fête de la Transfiguration. Et on célèbre tout
l'office comme pour la sainte Transfiguration. On chante [l'office]
de saint Maxime le 12e jour de ce mois. Tropaire de saint Maxime :
Maître de l'Orthodoxie: cf. 11 octobre. Kondakion, ton 6 : [... ]
14. Avant-fête de la Dormition de la Très Pure Théotokos. Et
mémoire du saint prophète Michée. Tropaire, ton 4 : ( ...1 (2611
Kondakion, ton 4: ( ...1 Autre kondakion, même ton: ( ...1
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 511

Il est connu que si cette fête de la sainte Dormition tombe un


dimanche, tout [l'office] de la Résurrection a préséance.
15. Dormition de notre Très Sainte Souveraine la Théotokos et
Toujours-Vierge Marie. Tropaire, ton 1 : [... ] [261 v.] Kondakion,
ton 2 : [... ] À la liturgie, koinonikon : Je prendrai le calice du salut l .
Et il y a une grande consolation pour les frères. Nous fêtons cette
fête pendant neuf jours.
16. Mémoire du saint martyr Diomède. Et transfert d'Édesse à
Constantinople de l'Image despotique non faite de main d'homme.
Et mémoire de notre vénérable Père Joachim de Sarandopor.
Tropaire, ton 2 : Devant ton image très pure [... ] [262] Et le tro-
paire et le kondakion de la fête. Et le trop aire de saint Joachim de
Sarandopor : Habitant du désert : cf. 29 septembre. Kondakion
de la sainte Image, ton 2 : [... ] Autre kondakion de l'Image, ton
4 : [... ] Kondakion du martyr, ton 2 : [... ] [262 v.] Kondakion du
Père, ton 2 : [... ]
17. Mémoire du saint martyr Myron. Tropaire et kondakion de
la fête.
18. Mémoire des saintes martyres Flore et Laure. Tropaire et
kondakion de la fête.
19. Mémoire du saint martyr André le Stratilate et de ses 2593
compagnons. Tropaire et kondakion de la fête.
20. Mémoire du saint prophète Samuel. Tropaire et konda-
kion de la fête. Et trop aire du saint : De ton prophète, Seigneur :
cf. 1er mai.
21. Mémoire du saint apôtre Thaddée. Et de la sainte martyre
Bassa. Tropaire et kondakion de la fête.
22. Mémoire du saint martyr Agathonique. Ce jour-ci, on
chante l'office de saint Lupus. Tropaire et kondakion de la fête.
Et le trop aire du saint : Ton martyr, Seigneur : cf. 2 septembre.
Kondakion, ton 1 : [... ]
[263] 23. Mémoire du saint martyr Lupus. Ce jour est la clô-
ture de l'office de la Dormition. [On chante] tout, sans change-
ment, comme le jour de la fête de la Dormition. L'office du saint
est chanté le 22.
24. Mémoire du saint hiéromartyr Eutyche, disciple de saint
Jean le Théologien. Tropaire : Ayant communié aux mœurs :
cf. 3 septembre. Kondakion, ton 3 : [... ]
25. Transfert des reliques du saint apôtre Bartholomée.
Et mémoire du saint apôtre Tite. Tropaire : Saints apôtres :
cf. 1er octobre. Kondakion de l'apôtre Tite, ton 2 : [... ] [263 v.]
Autre kondakion de l'apôtre Bartholomée, ton 4 : [... ]

1. Ps 115,4.
512 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

26. Mémoire des saints martyrs Adrien et Nathalie. Tropaire :


Tes martyrs, Seigneur: cf. 2 septembre. Kondakion, ton 4 : [... ]
27. Mémoire de notre vénérable Père Poimen. Tropaire : Par le
flot de tes larmes: cf. 3 septembre. Kondakion, ton 8 : [... ]
28. Mémoire de notre vénérable Père Moïse l'Éthiopien.
Tropaire : Habitant du désert: cf. 29 septembre. Kondakion, ton
4 : [... ]
[264] 29. Décollation du vénérable chef du saint et glorieux pro-
phète, précurseur et baptiste Jean. Tropaire, ton 2 : La mémoire
du juste: cf. 7 janvier. Kondakion, ton 5 : [... ]
30. Mémoire des saints patriarches Alexandre et Jean et Paul le
Nouveau. Tropaire du Précurseur et des saints: Dieu de nos Pères.
Kondakion, ton 4 : Hérode, ô Précurseur, transgressait la Loi [... ]
31. Déposition de la vénérable Ceinture de notre Très Pure
Souveraine la Théotokos. Tropaire, ton 8 : Ô Théotokos, Toujours-
Vierge, tu es pour les hommes : cf. 2 juillet. Kondakion, ton 2 : [... ]
[264 v.] Fin de tous les douze mois

Début du saint et grand jeûne


Le dimanche du Publicain et du Pharisien. Tropaire de la
Résurrection. Kondakion, ton 2 : [... ]
Il convient de savoir que cette semaine du jeûne les Arméniens
maudits [observent] un jeûne souillé appelé artsiburi1• Pour vaincre
leur honte, nous nous dispensons de jeûne. Nous mangeons toute
la semaine, à partir de lundi, du fromage et des œufs, rejetant et
vainquant [cette pratique].
[265] [Il convient de savoir] que du dimanche du Publicain
jusqu'au dimanche des Rameaux on chante ces tropaires après le
Psaume 50, sur le ton 8 : Gloire: Ouvre-moi les portes du repentir
[... ] Et maintenant: Sur le chemin du salut [... ] Aie pitié de nous,
ô Dieu [... ] La multitude des fautes que j'ai commises [... ]
[265 v.] Le dimanche du Fils prodigue. Tropaire de la
Résurrection. Kondakion, ton 3 : [... ]
Il faut savoir qu'en cette semaine de l'apocréo nous ne chan-
tons pas Alléluia. On omet les heures intermédiaires, et [on enlève]
un cathisme aux matines qu'on lit aux vêpres. On omet aussi les
canons d'intercession à la Théotokos à l'apodeipnon. [On fait] de
même, pendant la semaine des laitages, sauf que le mercredi et le
vendredi nous chantons Alléluia. Ainsi les frères prennent un peu
de repos. Observant le jeûne jusqu'à la neuvième heure et faisant
des métanies, nous mangeons ces deux jours-là du fromage et des
œufs après les vêpres, gardant la règle de notre Père parmi les saints
Nicéphore de Constantinople, le Confesseur, qui dit qu'il convient
aux moines de jeûner le mercredi et le vendredi des laitages et

1. Ou arachavor, signifiant en annénien <'avant les jours».


LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 513

de manger du fromage et des œufs après le congé des vêpres.


Quiconque se détournera de cette règle [tombera 1 dans l'ensei-
gnement des jacobites et [266] dans l'hérésie quarto décimale.
li est connu qu'il convient de chanter l'office des saints tom-
bant le samedi et le dimanche de l'apocréo aux apodeipna de la
semaine précédente, sauf pour la mémoire de grands saints.
Le vendredi soir, nous faisons mémoire de tous nos pères
et frères chrétiens orthodoxes s'étant endormis depuis les siècles.
Tropaire, ton 8 : Par l'abîme de sagesse [... ] Gloire: Souviens-toi,
Seigneur [... ] Et maintenant: Mère sainte [... ] Kondakion, ton 8 :
Fais reposer avec les saints [... ]
[266 v.] li convient de savoir que cet office a lieu également le
samedi de la Pentecôte, sans aucun changement.
Le dimanche de l'apocréo. Tropaire de la Résurrection.
Kondakion, ton 1 : Lorsque Tu viendras, ô Dieu [... ]
li est connu qu'en Palestine nous n'avons pas reçu de nos Pères
de célébrer la liturgie des Présanctifiés le mercredi et le vendredi
des laitages, mais de chanter Alléluia. Nous lisons aussi la neu-
vième heure et faisons les métanies, peu importe quelle mémoire
tombe [ces jours-là], à l'exception de la fête de la Rencontre ou
de l'Invention du vénérable chef du Précurseur. Après le congé
des vêpres, nous entrons au réfectoire et mangeons du fromage et
des œufs, rendant grâce à Dieu.
li faut savoir que le samedi de la semaine des laitages, on ne
chante pas [l'office] de la Ménée. [267] Mais on chante l'office de
la Ménée à l'apodeipnon, où lorsque le veut l'ecclésiarque.
Le samedi des laitages on fait mémoire de tous nos Pères
vénérables et théophores qui ont brillé dans le jeûne. Tropaire :
Dieu de nos Pères [... ] Kondakion, ton 8, [imité sur] : Comme les
prémices: Comme les prédicateurs de la piété [... ]
li convient de savoir qu'à partir de cette semaine jusqu'à l'Exal-
tation on omet le Polyéleos aux vigiles qui ont lieu le dimanche.
On ne le chante qu'aux seules fêtes despotiques.
Le dimanche des laitages. Tropaire de la Résurrection. li n'y
a pas d'agrypnie, si le veut [267 v.] le supérieur, à cause de l'effort
à venir. Kondakion, ton 6, idiomèle : Maître de sagesse [... ]
li convient de savoir que si l'un de nos frères vient à nous quitter
vers le Seigneur en ces saints jours du grand jeûne, on ne commé-
more pas son troisième jour pendant les semaines du grand jeûne
jusqu'au vendredi soir. C'est alors qu'on fait sa mémoire. De même,
on célèbre sa liturgie le samedi. De même, le samedi suivant, on
commémore son dixième jour. Et si survient son trentième ou qua-
rantième jour, [on les commémore] lorsque le nombre des jours
[de jeûne] sera accompli. On commence [à apporter] des pros-
phores pour lui et [à célébrer] sa mémoire à partir du dimanche du
Renouveau, et ce même avant la fin des quarante jours.
514 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Ce dimanche soir, aux vêpres, on ne lit pas de stichologie, mais


après le premier [268] psaume, on chante: Seigneur, je crie: selon
le ton de l'Octoèque. Puis se déroule l'entrée avec l'encensoir et le
cierge. Lumière joyeuse. Et le prokimenon, ton 8: Ne détourne pas
ta face de ton serviteur!. Verset : Que ton salut, ô Dieu, vienne me
secourir2 • Verset: Les pauvres le voient et se réjouissent3 • Car il y
a une entrée tous les dimanches soirs du saint jeûne, à cause des
grands prokimena. Autre prokimenon, ton 2 : Tu as donné un héri-
tage à ceux qui craignent Ton Nom4 • Verset: Des extrémités de la
terre j'ai crié vers Tois. Verset 2 : Je serai à l'abri sous la protection
de Tes ailes 6 • Cela commence à partir du dimanche des laitages.
Sache qu'en cette quarantaine, les dimanches soirs, on ne fait pas
de métanies depuis le début, mais on fait seulement pour: Daigne,
Seigneur: trois métanies, et après: Maintenant, Maître: pour le
Trisagion, trois métanies. Après le Notre Père: [on chante] les
tropaires : Théotokos et Vierge : une métanie : Gloire : Précurseur
du Christ : une métanie : Et maintenant : Priez pour nous : une
métanie. Sous ta miséricorde : sans métanie. Seigneur, aie pitié :
40 fois, avec une voix douce et égale. Bénis. Le prêtre : Il est béni,
Celui qui est, le Christ Dieu. Et nous : Céleste Roi. Et nous fai-
sons trois grandes métanies en disant la prière prescrite. [268 v.]
L'higoumène : Gloire à Toi, ô Dieu, notre espérance : et le congé.
Et après cela, en élevant les mains, debout, nous prions disant en
pensée la prière de saint Éphrem: Seigneur, et maître de ma vie.
Une métanie. L'esprit d'humilité. Une métanie. Oui, Seigneur et
Roi. Une métanie. Puis : Plus vénérable que les Chérubins. Une
métanie. Et le congé. Et nous faisons une litie dans le narthex. Et
le congé final. Et trois métanies. Et chacun va dans sa cellule en
silence. Il convient de suivre cet exemple tous les dimanches soirs
jusqu'au Se dimanche du jeûne.
Fais attention à ce qu'à l'apodeipnon des dimanches, après:
Gloire à Dieu au plus haut des cieux: et au Trisagion, [on fasse]
trois métanies et les quinze grandes métanies, les trois métanies
après la fin avec le Trisagion et le congé.
Le lundi de la première semaine de jeûne. On ne dit pas le
mesonyktikon en assemblée. Ceux qui le peuvent [le lisent] en cellule.
Aux matines, on frappe [la simandre] juste avant le lever du jour, à
cause de la consolation du dimanche. Et nous nous assemblons dans
l'ordre à l'église. Et chacun de nous fait trois métanies avant [la béné-

1.Ps 68,18-19.
2. Ps 68, 30.
3.Ps 68,33.
4. Ps 60, 6.
5. Ps 60, 3.
6. Ps 60, 5.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 515

diction] initiale du prêtre. Et le prêtre vient et fait une métanie [269]


au supérieur, à droite et à gauche, et entre dans le saint autel et, ayant
pris l'encensoir, il se tient devant la sainte table et encense en faisant
le signe de croix, disant: Béni est notre Dieu. TI sort et encense. Nous
disons le Trisagion sans métanies. Après le Notre Père; Seigneur,
aie pitié : douze fois. Venez, adorons : trois fois, sans métanies. Puis
le Psaume: Que le Seigneur t'exauce!. Autre [psaume] : Seigneur,
en ta force 2 • À la fin de ces [psaumes] : le Trisagion, sans métanies.
Après le Notre Père: les trop aires habituels et les diakonika pour
les souverains. Pendant qu'on lit cela, le prêtre encense le saint autel
et toute l'église : tout le chœur de droite, puis se tenant au milieu, il
les encense en faisant un signe de croix, puis de même le chœur de
gauche. Puis il entre dans le saint autel et dit : Gloire à la Sainte :
et le frère désigné commence [à lire] les psaumes avec attention et
crainte de Dieu, comme s'il discutait avec Lui-même invisiblement,
et priait pour nos péchés. Tous demeurent debout. TI ne faut pas
murmurer ici, mais être attentif à ce qui est dit par le psalte. Puis
le prêtre dit les diakonika et chante Alléluia au milieu, selon le ton
courant de l'Octoèque. [269 v.] Puis toujours dans le même ton, les
triadiques de l'Octoèque avec voix et lentement. Puis nous psalmo-
dions trois cathismes. Pour chaque antienne, trois métanies. Après la
première stichologie, tropaire-cathisme de l'Octoèque, et aux [sticho-
logies] suivantes, [tropaire-cathisme] du Triode. Puis le Psaume 50.
La prière : Sauve, ô Dieu, ton peuple. Puis le canon de la Ménée et
les tri-odes du Triode. Lorsque nous chantons le Triode, on laisse
quatorze versets. Si nous omettons le Triode, nous retenons [le canon
de] la Ménée avec l'hirmos sur 6. Le Triode entre à partir de : Alors
les chefs d'Édom furent saisis d'effroi3 • Et à partir de : Le Seigneur
règne<! : [le canon] de Sire Théodore le Stoudite. Nous nous réunis-
sons au milieu pour: Gloire : et nous chantons le triadique avec une
voix plus haute, le canonarque se tenant au milieu tête découverte.
Après : Gloire : de nouveau : Gloire à Toi, notre Dieu, gloire à Toi.
Et nous chantons le troisième tropaire des Stoudites, car les tri-odes
des Stoudites ont cinq tropaires. Nous faisons ainsi pendant toute la
Sainte Quarantaine. Après la 3e ode, tropaire-cathisme de la Ménée.
Après la 6e ode, martyrikon de l'Octoèque. À: Gloire à Dieu au plus
haut des cieux : trois métanies. TI est bon de confesser le SeigneurS :
deux fois. Puis le Trisagion et trois métanies. Après le Notre Père:
Seigneur, aie pitié : 40 fois. Bénis. Le prêtre : TI est béni, Celui qui
est, le Christ Dieu. Et nous : Céleste Roi. Après cela, nous nous

1. Ps 19,2.
2. Ps 20, 2.
3. Ex 15, 15 (Cantique 1, 15).
4. Ex 15, 19 (Cantique 1, 19).
5. Ps 91, 1-3.
516 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

tenons debout en priant, disant la prière habituelle: [270] Seigneur


et Maître de ma vie. Nous faisons trois grandes métanies. Et douze
autres, disant: Ô Dieu, purifie-moi, pécheur. Tous font des métanies
de façon uniforme. Et le supérieur commence la première heure :
Venez, adorons : trois fois, et trois métanies. Et nous disons les trois
psaumes de la première heure. Pour Alléluia : trois métanies. TI est
connu que pendant cette quarantaine, tous les lundis, à la première
heure, il n'y a pas de stichologie, de même que tous les vendredis
à la neuvième heure. À la première heure, le prêtre commence à
chanter à grande voix le tropaire, ton 6 : Au matin, exauce ma voix 1.
Et nous [répétons] le même [verset]. Verset: Prête l'oreille à mes
paroles, Seigneur2 : Au matin, exauce ma voix. Une métanie. Verset:
Car c'est Toi que je prie3 • Au matin, exauce ma voix. Une métanie.
Gloire : Et maintenant : Comment t'appellerons-nous, ô Pleine
de joie. Et nous faisons trois métanies. Dirige mes pas4 : trois fois,
jusqu'à: Que mes lèvres s'emplissent5• Puis : Que mes lèvres s'em-
plissent6 : trois fois. Puis le Trisagion : trois métanies. Après le Notre
Père: les tropaires de jeûne. Seigneur, aie pitié: 40 fois. La prière:
Toi qui en tout temps. [270 v.] Plus vénérable que les Chérubins.
Une métanie. Le prêtre : Ô Dieu, sois-nous compatissant et bénis-
nous? Puis la prière habituelle: Seigneur et Maître de ma vie. Et les
douze autres métanies. Puis le Trisagion : trois métanies. Après le
Notre Père: Seigneur, aie pitié: douze fois. Puis la prière: Ô Christ,
lumière véritable. Et le congé, la litie dans le narthex et le congé final.
Et trois métanies.
Qu'il soit connu qu'après le congé, en sortant de l'église, nous
allons, chacun gardant le silence, dans notre cellule. Car il ne
convient pas de faire des discussions les uns avec les autres, cela
étant interdit par les saints Pères. Cette règle est observée pendant
toute la quarantaine, aux matines et à la première heure.
À la troisième heure, l'allumeur de lampes frappe trois fois la
grande [simandre]. Et nous nous assemblons à l'église et faisons trois
métanies avant le début et nous baisons la croix pectorale ou l'icône
du saint et nous nous inclinons simplement une seule fois devant
chaque chœur. Et nous nous asseyons jusqu'à ce que [tous] les frères
se soient assemblés. Et étant restés un peu en silence, le prêtre donne
la bénédiction. Et nous, d'une voix douce : Gloire à Toi, notre Dieu.
[271] Et le reste: Trisagion, trois métanies. Après le Notre Père:

1. Ps 5,4.
2.Ps 5,2.
3. Ps 5,3.
4. Ps 118, 133.
5. Ps 70,8.
6. Ps 70,8.
7. Ps 66, 2.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUlVIDU MÉTROPOLITE CYPRIEN 517

Seigneur, aie pitié: douze fois. Venez, adorons: trois fois et trois
métanies. Et nous chantons les trois psaumes de la troisième heure
et commençons la stichologie. À chaque antienne, trois métanies.
Le prêtre dit le prokimenon, ton 6, en le chantant à grande voix :
Seigneur qui as envoyé Ton Très Saint Esprit. Nous [chantons] ce
même [verset] et [faisons] une métanie. Et [nous faisons] une métanie
à chaque verset. Verset: Crée en moi un cœur puri. Verset: Ne me
rejette pas 2 • Gloire : Et maintenant : théotokion : Ô Théotokos, Tu
es la vigne véritable. Et nous faisons trois métanies. Et après cela, on
propose la lecture de EÉchelle. Et nous commençons à lire ce livre à
partir d'ici. Après la lecture : Le Seigneur Dieu est béni. Trisagion, et
trois métanies. Après le Notre Père: les trop aires habituels. Seigneur,
aie pitié: 40 fois. Le prêtre dit la prière. Et nous faisons trois grandes
métanies et douze autres en disant la prière : Seigneur et Maître de
ma vie. Puis le supérieur commence la prière : Maître, Dieu, Père
tout-puissant. Et le paraecclésiarque sort et frappe six fois la grande
[simandre]. Puis nous commençons la sixième heure. Venez, ado-
rons : trois fois et trois métanies. Et nous disons les trois psaumes de
la sixième heure, en faisant des métanies comme pour la troisième
heure. [271 v.] Après tout ce qui est indiqué, nous lisons la prophétie,
et le reste, et une fois [cela] terminé, le Trisagion avec trois métanies.
Après le Notre Père: Seigneur, aie pitié: douze fois. Puis la prière:
Dieu et Seigneur des Puissances. Et le congé. Cet ordo est observé
pendant cette Sainte Quarantaine à la troisième et à la sixième heure
sans changement. À la neuvième heure, le paraecclésiarque frappe
neuf fois la grande [simandre]. Et nous faisons comme d'habitude,
selon ce qui a été dit auparavant au début de la troisième heure.
Puis: Seigneur, aie pitié: 40 fois. Le prêtre [dit] le verset. Et nous
faisons trois grandes métanies, sans les douze autres. Et le chœur de
droite commence les Béatitudes sur le ton 8, en chantant à grande
voix: En ton Royaume souviens-toi de nous, Seigneur3 • Bienheureux
les pauvres4 • De même, le chœur de gauche : Bienheureux les
affligés 5• Et le reste. Puis le premier chœur : Gloire : d'un ton plus
haut. Et maintenant : le chœur de gauche. Puis les deux chœurs
réunis : Souviens-toi de nous, Seigneur : faisant une métanie tous
ensemble. Souviens-toi de nous, ô Maître : une métanie. Souviens-toi
de nous, ô Saint : une métanie. Puis nous disons d'une voix plus
basse, doucement: Le chœur céleste. Nous chantons le verset:
Approchez-vous 6 • Le chœur céleste. Gloire: Le chœur des anges.

1. Ps 50, 12.
2. Ps 50, 13.
3. Voir Le 23, 42.
4.Mt 5, 3.
5.Mt 5, 4.
6. Ps 33, 6.
518 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Et maintenant: Je crois en un seul Dieu. Efface, remets. Notre Père.


Le kondakion du saint [protecteur] de l'église. Gloire: Fais reposer
avec les saints: [272] Et maintenant: Protectrice. Seigneur, aie pitié:
40 fois. Le prêtre: Ô Dieu, sois-nous compatissant!. Et nous faisons
trois grandes métanies, puis les douze autres, en disant la prière :
Seigneur et Maître de ma vie. Puis le Trisagion. Seigneur, aie pitié :
douze fois. Puis la prière : Maître, Jésus Christ, notre Dieu. Puis le
frère désigné dit : Venez, adorons : trois fois et trois métanies. Et il
lit humblement et d'une voix douce le psaume des vêpres. Après
la fin du psaume : Alléluia : trois métanies. Puis les diakonika. On
psalmodie le cathisme 18. À chaque antienne, trois métanies. Et le
reste des vêpres. Daigne, Seigneur : trois métanies. Trisagion, et trois
métanies. Après le Notre Père: les tropaires : Théotokos, Vierge:
comme il a été indiqué auparavant, avec les métanies. Seigneur, aie
pitié : 40 fois. Bénis. Le prêtre : TI est béni, Celui qui est, le Christ
Dieu. Et le reste. Et nous faisons quinze métanies. Trisagion, trois
métanies. Après le Notre Père: Seigneur, aie pitié : douze fois. Que
le nom du Seigneur soit béni2 : trois fois et trois métanies. Je bénirai
le Seigneur3 : jusqu'à la fin. Et le congé. Cet office a lieu [ainsi] s'il
n'y a pas de Présanctifiés aux vêpres.
Car nous n'avons pas reçu [de nos Pères] de célébrer les
Présanctifiés jusqu'à mercredi. Le mercredi, il y a les Présanctifiés.
À la dixième heure du jour, l'allumeur de lampes frappe [272
v.] douze fois la lourde [simandre] et nous faisons comme pour la
troisième heure avant la [bénédiction] initiale du prêtre. Le prêtre
ayant donné la bénédiction, nous disons doucement [tout] depuis
le commencement habituel : Trisagion, trois métanies. Venez, ado-
rons : trois fois et trois métanies. Et immédiatement, le Psaume 69 :
Ô Dieu, sois attentif à me secourir4. Ensuite, le grand canon de saint
André. Puis le psaume: Quand je t'ai invoqués. Autres [psaumes] :
Seigneur, ne me reprends pas dans ta colère6 • Jusques à quand,
Seigneur7 • Alléluia, trois métanies. Vers Toi, Seigneur, j'élève mon
âme 8 . En Toi, Seigneur, j'ai mis mon espérance9 • Celui qui demeure
sous le secours!o. Alléluia, trois fois et trois métanies. Puis le chœur
de droite: Dieu est avec nous, peuples, sachez-le ll . Et le chœur de

1. Ps 66, 2.
2. Ps 112,2.
3. Ps 33, l.
4. Ps 69,2.
5.Ps 4, 2.
6. Ps 6, 2.
7. Ps 12,2.
8. Ps 24, 1.
9. Ps 30, 2.
1O.Ps 90, 2.
11. Is 8, 9.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 519

gauche, le deuxième verset, chanté à grande voix. Puis : La nature


incorporelle. D'une voix plus basse: Je crois en un seul Dieu. Et le
chœur de droite commence : Très Sainte Souveraine. Et le chœur
de gauche fait une métanie. S'étant relevé, il dit le même [verset] :
Très Sainte Souveraine. Et le chœur de droite fait une métanie.
Et les autres versets, avec les métanies. Et à la fin, trois métanies
en disant: Ô Dieu, purifie-moi, pécheur. Trisagion, sans métanies.
Après le Notre Père: tropaires, ton 2 : nous les chantons à grande
voix: Illumine mes yeux. Gloire : Ô Dieu, sois le défenseur de mon
âme. Et maintenant : Comme nous n'avons. Et d'autres tropaires,
ton 8 : [273] De mes ennemis invisibles. Verset: Regarde! : Comme
Ton jugement est redoutable. Gloire· : Donne-moi les larmes. Et
maintenant: La Théotokos irréprochable. Nous les chantons [en
les alternant] jour après jour. Seigneur, aie pitié: 40 fois. Gloire: Et
maintenant: Plus vénérable que les Chérubins. Puis le prêtre [dit]
le verset. Et la prière : Seigneur, Seigneur. Venez, adorons : trois
fois et trois métanies. Aie pitié de moi, ô Dieu selon Ta grande 2.
Seigneur, exauce ma prière et que mon cri3 • La prière: Seigneur
tout-puissant, Dieu de nos Pères4 • Trisagion et trois métanies. Après
le Notre Père: les trop aires, ton 6 : Aie pitié de nous, Seigneur.
Gloire: Seigneur, aie pitié de nous. Et maintenant: Ouvre-nous les
portes de la miséricorde. Seigneur, aie pitié: 40 fois. Le prêtre [dit]
le verset. La prière : Maître, Dieu et Père. Venez, adorons : trois
fois et trois métanies. Seigneur, exauce ma prièreS. Gloire à Dieu
au plus haut des cieux. Trisagion, et trois métanies. Après le Notre
Père : le chœur de droite commence sur le ton 6 : Seigneur des
Puissances, sois avec nous 6 : en chantant à grande voix. Le chœur
de gauche [chante] le même [verset]. Puis le premier chœur :
Louez Dieu7 • Et le chœur de gauche: Seigneur des Puissances, sois
avec nous. Louez-le pour ses hauts faits 8 • Seigneur des Puissances.
Louez-le au son9 . Seigneur des Puissances. Louez-le au tam-
bourin lO • Seigneur des Puissances. Louez-le aux cymbales sonores ll •
Seigneur des Puissances. Les deux chœurs disent ensemble à
grande voix: Louez [273 v.] Dieu en Ses saints!2. Seigneur des
Puissances. Gloire : trop aire : Seigneur, si nous n'avions. Et main-

1. Ps 12,4.
2. Ps 50, 3.
3. Ps 101,2.
4. Prière [apocryphe] de Manassé, roi de Juda.
5. Ps 142, 1.
6. Voir Ps 45, 7.
7. Ps 150, 1.
8. Ps 150,2.
9. Ps 150,3.
10. Ps 150,4.
11. Ps 150, 5-6.
12. Ps 150, 1.
520 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

tenant : Grande est la multitude. Très Sainte Théotokos, pendant.


Toute mon espérance. Seigneur, aie pitié : 40 fois. La prière de
la Théotokos : Immaculée. Seigneur, aie pitié : trois fois. Gloire :
Et maintenant : Plus vénérable que les Chérubins. Au nom du
Seigneur. Et le prêtre : Ô Dieu, sois-nous compatissant l . Et nous
faisons les quinze métanies indiquées aux matines. Trisagion. trois
métanies. Après le Notre Père: Seigneur, aie pitié: douze fois. Puis
la prière : Et donne-nous, Maître. Puis le congé. Alors que nous
sommes prosternés face contre terre, le prêtre dit à grande voix la
prière: Maître très miséricordieux. Et le supérieur, avec le prêtre,
fait une métanie jusqu'à terre au milieu de l'église en disant:
Bénissez, pères saints, et pardonnez-moi, pécheur, les péchés que
j'ai commis en ce jour en paroles, en actes, en pensées et en tous
mes sens. Et tu réponds : Que Dieu te pardonne, père saint. Et le
prêtre commémore le pouvoir des pieux souverains et tous ceux
qui se sont endormis dans la bonne foi. Puis [les frères] du chœur
de droite viennent deux par deux et reçoivent le pardon du supé-
rieur. De même [font les frères] du chœur de gauche. Et ayant reçu
le pardon, chacun de nous retourne [274] dans sa cellule en silence.
Cet ordo et ce déroulement de l'apodeipnon sont observés
sans changement pendant toute la Sainte et Grande Quarantaine.
L'ecclésiarque doit aussi veiller à ce que le congé de l'apodeipnon
ait lieu lorsqu'il fait encore jour, c'est-à-dire avant l'obscurité, tout
comme ce qui est écrit auparavant. TI est connu qu'il est dit qu'un
jour du saint jeûne nous avons proposé à votre charité la douceur
et l'ordre du chant. De même sont indiquées les métanies des saints
Pères qu'il ne convient pas d'omettre, même pour ceux qui sont
très paresseux. On commence les 300 métanies qui ont lieu dans
l'église nuit et jour. Au mesonyktikon nous disons les Irréprochables
selon l'ordre observé pendant toute l'année, mais pendant cette
Quarantaine, avec les métanies depuis le début, sans changement.
Que l'on sache qu'en cette première semaine de jeûne, nous avons
reçu [de nos Pères] de célébrer deux fois les Présanctifiés, le mer-
credi et le vendredi. C'est alors que nous entrons au réfectoire et
mangeons des aliments secs et buvons du jus avec du miel. Ceux qui
le peuvent jeûnent jusqu'au vendredi. Lorsqu'il y a les Présanctifiés le
mercredi, [274 v.] nous faisons des métanies depuis le début. Venez,
adorons: trois fois et trois métanies. Après: Bénis le Seigneur, ô
mon âme 2 : trois métanies. Au cathisme, pour chaque : Gloire :
trois métanies. Et après: Un seul est saint, un seul est Seigneur :
trois métanies. Et après : Que le nom du Seigneur soit béni3 : trois

1. Ps 66,2.
2. Ps 103, 1.
3. Ps 112,2.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 521

métanies. Le psaume : Je bénirai le Seigneur! : et le congé. Et nous


enn:ons au réfectoire en chantant [les psaumes] habituels. Et nous
mangeons en rendant grâce et en louant Dieu.
Le vendredi de la première semaine du jeûne, le soir, nous
célébrons tout l'office des vêpres, en commençant tout depuis le
début comme à l'habitude. [On lit] les stichologies sans métanies,
sauf que nous faisons les douze métanies indiquées : après : Que
ma prière s'élève2 : trois métanies. Après: Maintenant les Puissances
célestes: trois métanies. Et après: Un seul est saint: trois métanies.
Et après : Que le nom du Seigneur soit béni3 : trois métanies. Après
la prière derrière l'ambon, nous sortons dans le narthex et chantons
un canon d'action de grâce à saint Théodore devant les collyves
présentés et après l'exécution du canon nous disons le Trisagion et
chantons le trop aire et le kondakion du saint. Le prêtre dit la prière
des collyves. Puis : Que le nom du Seigneur : Puis le psaume : Je
bénirai le Seigneur4. Puis nous prenons l'antidoron et entrons alors
au réfectoire en chantant [les psaumes] habituels et mangeons des
aliments bouillis avec de l'huile et buvons du vin à <;ause du saint.
[275] Nous avons reçu cela de la laure de notre vénérable
Père Sabas et du cénobium de notre Père théophore Euthyme. li
convient donc de savoir que tous les vendredis de la quarantaine,
on ne fait pas de métanies aux vêpres et aux apodeipna. Nous
avons reçu en Palestine de lire le Psautier dans nos cellules, et
ceux qui le peuvent le lisent jour et nuit, certains trois fois dans la
semaine, d'autres deux fois. Chacun fait des métanies [en cellule]
autant qu'il le peut, selon ce que le supérieur a ordonné. Qu'on
sache aussi ceci : que pendant la Sainte Quarantaine, nous avons
reçu de manger du poisson uniquement pour la fête de l'Annon-
ciation et pour le dimanche des Rameaux. Si elle tombe pendant
la Sainte et Grande Semaine, c'est-à-dire du lundi au samedi, on
ne mange pas [de poisson]. Nous chantons aux apodeipna les
canons des défunts selon le ton courant et de la Ménée.
Le premier samedi du saint jeûne. Mémoire du saint méga-
lomartyr Théodore Tiron. À Le Seigneur est Dieu : tropaire, ton
2 : Grandes sont les entreprises de la foi [... ] [275 v.] Gloire: Et
maintenant: théotokion : Tes mystères dépassent tous l'entende-
ment. Kondakion, ton 8 : La foi du Christ [... ]
li faut savoir que tous les samedis de la quarantaine au lieu
de : Le Seigneur est Dieu : nous chantons : Alléluia sur le ton
2, puis le trop aire : Apôtres, prophètes et martyrs : Souviens-toi,
Seigneur, comme bon: théotokion : Mère Sainte, toi seule.

1. Ps 33, 1.
2. Ps 140,2-4.
3. Ps 112,2.
4. Ps 33, 1.
522 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Le premier samedi du jeûne, de saint Théodore, on chante Le


Seigneur est Dieu : ainsi que le présent samedi de l'Acathiste et le
sixième samedi du juste Lazare.
Le premier dimanche du jeûne, de l'Orthodoxie. Tropaire
de la Résurrection: Gloire: autre tropaire, de l'Orthodoxie, ton 2 :
DevantTon image très pure: cf. 16 août: Et maintenant: théotokion,
même ton. Kondakion, ton 8 : Le Verbe indescriptible du Père [... ]
[276] Le deuxième dimanche du jeûne. Tropaire de la
Résurrection. Kondakion, ton 4, [imité sur] : Tu t'es manifesté
aujourd'hui: Maintenant le moment de l'action s'est manifesté [... ]
Le troisième dimanche du saint jeûne, où il y a la véné-
ration de la Vénérable et Vivifiante Croix. Tropaire de la
Résurrection: Gloire: Et maintenant: Sauve, Seigneur, ton peuple
[... ] Kondakion, ton 7, idiomèle : Jamais plus le glaive de feu [... ]
Il convient de savoir que nous faisons la vénération de la Croix
quatre jours durant la semaine : le dimanche, le lundi, le mer-
credi et le vendredi. À la première heure, nous disons au lieu de :
Dirige mes pas: Devant ta Croix. [276 v.] Le mercredi de la
mi-Jeûne, aux matines, le kondakion : Jamais plus le glaive de feu.
Le vendredi, après la sixième heure, nous lisons le Trisagion et
nous vénérons la Croix en chantant les stichères, le trop aire et le
kondakion, et ainsi elle est enlevée.
Le quatrième dimanche du jeûne, on chante l'office de
saint Jean, l'auteur de EÉchelie. [L'office] de la Résurrection a
préséance. Tropaire de la Résurrection et trop aire du saint : Par le
flot de tes larmes: cf. 3 septembre. Kondakion, ton 4, [imité sur] :
Tu t'es manifesté aujourd'hui: Le Seigneur dans les hauteurs [... ]
Le cinquième mercredi du jeûne, après le congé de la liturgie
des Présanctifiés, nous entrons au réfectoire et mangeons des ali-
ments bouillis avec de l'huile et buvons du vin à cause de l'effort
de la vigile du grand canon. Nous lisons l'apodeipnon en cellule.
Le jeudi de la cinquième semaine du jeûne, aux matines,
kondakion du grand canon, ton 6, [imité sur] : Ayant accompli
pour nous: Ô mon âme, ô mon âme [... ]
Qu'on sache que si l'Annonciation tombe ce jour-ci, [277] on
chante l'office du grand canon le mardi ou le lundi soir. La fête
de l'Acathiste a lieu sans changement.
Le vendredi de la cinquième semaine du jeûne, on célèbre
l'office des Présanctifiés. Nous lisons l'apodeipnon en cellule. Aux
matines du samedi, on frappe [la simandre] à la quatrième heure
de la nuit à cause de l'office d'intercession de l'Acathiste. Après
l'hexapsalme, à Le Seigneur est Dieu : tropaire, ton 8 : Le mystère
ordonné [... ] Kondakion : À toi chef invincible: cf. 25 mars.
Le cinquième dimanche du jeûne : il faut savoir que ce
dimanche on chante l'office de sainte Marie l'Égyptienne. Tropaire
de la Résurrection et de la vénérable : En toi Mère : cf. 11 sep-
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 523

tembre. Kondakion de la vénérable, ton 3, [imité sur] : La vierge


aujourd'hui: Ayant fui le brouillard du péché [... ]
[277 v.] Le sixième samedi du jeûne: [mémoire] du saint et
juste Lazare. À Le Seigneur est Dieu : trop aire, ton 1 : La résur-
rection commune [... ] Kondakion, ton 2, [imité sur] : Des choses
d'en haut: Celui qui est la joie de tous, le Christ [... ]
TI faut savoir qu'au mesonyktikon de ce jour, après le second
Trisagion, nous disons le trop aire : La résurrection commune : et
après le troisième Trisagion, le kondakion : Celui qui est la joie de
tous. Seigneur, aie pitié : douze fois. Nous ne disons pas la prière :
Souviens-toi, Seigneur, de ceux qui se sont endormis dans l'espoir :
mais le prêtre [dit] immédiatement: Gloire à Toi, ô Dieu, notre
espérance : et le congé. Après la stichologie habituelle, nous disons :
Ayant vu la Résurrection [278] du Christ: le Psaume 50. Nous ne
lisons pas l'évangile, sauf dans l'église de Saint-Lazare où c'est la fête
patronale. À la liturgie, le koinonikon : Dans la bouche des enfants l .
Le sixième dimanche du jeûne, Ïete des rameaux.
Tropaire : La résurrection commune : deux fois. Autre trop aire,
ton 1 : Nous étant ensevelis avec Toi par le baptême, ô Christ
Dieu [... ] une fois. Kondakion, ton 6 : Sur le trône dans les cieux
[... ] Aux matines, les stichologies habituelles et le Polyéleos au
lieu des Irréprochables. Anavathmi : première antienne du ton 4.
Évangile. Psaume 50. Nous ne chantons pas: Ayant vu la résur-
rection du Christ. Lorsque les frères vénèrent l'évangile, l'higou-
mène distribue les rameaux. Puis le canon. Après la 6 e ode, kon-
dakion. Aux laudes, les stichères et le reste. Puis on fait une litie à
l'extérieur du monastère. Et le reste. Et la liturgie de Chrysostome.
Koinonikon : Béni est celui qui vient au nom du Seigneur2 • TI y
a une grande consolation pour les frères [278 v.] lors de laquelle
nous mangeons aussi du poisson.
Qu'on sache également ceci. Jusqu'à ce dimanche, on a chanté
les grands prokimena. Ce dimanche soir, [on chante] le proki-
menon : Maintenant bénissez le Seigneur3 : et ses deux versets.
Tropaire : Réjouis-toi, Théotokos et Vierge : et les autres avec les
métanies.
Le Saint et Grand Lundi, le matin. Alléluia, ton 8, avec voix
et légèreté. Voici l'Époux qui vient au milieu de la nuit : écrit au
mesonyktikon. On chante le même [trop aire] mardi et mercredi.
Kondakion, ton 8 : Jacob pleurant [... ] Photagogikon : Voyant
Ta chambre nuptiale toute parée, ô mon Sauveur [... ] trois fois.
On chante ce photagogikon le mardi et le mercredi. On termine
[de lire] le Psautier une fois. Ces trois jours à la première et à la

1. Ps 8,3.
2. Ps 117, 26.
3. Ps 133, 1.
524 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

neuvième heure, il n'y a pas de stichologie. Aux vêpres, la sticho-


logie : Vers le Seigneur, dans ma tribulation!.
[279] Nous lisons les quatre évangiles aux heures pendant
ces trois jours, et on accomplit la lecture jusqu'au mercredi à la
sixième heure.
Le Saint et Grand Mardi, aux matines, après Alléluia : tro-
paire : Voici l'Époux. Kondakion, ton 2 : Ayant songé à l'heure de
la fin, ô âme [... ]
Le Saint et Grand Mercredi aux matines, on célèbre l'of-
fice comme il a été écrit plus haut. Nous joignons la troisième,
la sixième et la neuvième heure, de même que les Béatitudes, en
faisant les métanies habituelles. On clôtle Psautier et les métanies
au Trisagion final. Après la célébration des heures, on frappe la
[simandre] en métal et tous les frères se réunissent puis a lieu le
pardon, en commençant par l'higoumène, et la prière du prêtre et
le congé. Et ainsi tous les frères commencent [à demander pardon]
en ordre, deux par deux, en disant : Que Dieu te pardonne et aie
pitié. Puis le prêtre : Prions pour les souverains : et pour tous les
autres dont nous avons l'habitude [de prier pour eux].
[279 v.] Après le pardon, chacun se retire dans sa cellule
jusqu'au moment des vêpres.
Le Saint et Grand Mercredi aux vêpres, la stichologie : Vers
le Seigneur, dans ma tribulation2 : sans métanies. Les stichères.
L'entrée avec l'évangile et les lectures. Que ma prière s'élève3 •
L'évangile du jour, et la liturgie des Présanctifiés.
Le mercredi, aux matines : Tropaire : Voici l'Époux qui vient.
Kondakion, ton 4, [imité sur] : Tu t'es élevé: Plus que la courti-
sane [... ]
Le Saint et Grand Jeudi, aux matines, on frappe [la simandre]
à la septième heure de la nuit et nous chantons le mesonyktikon en
cellule. Et nous étant alors assemblés à l'église, et le prêtre ayant
donné la [bénédiction] initiale, nous commençons l'office habituel
des matines. Après l'hexapsalme, Alléluia : tropaire, trois fois, ton
8 : Lorsque les glorieux disciples : écrit avant les prières avant
la communion. Puis le Psaume 50. [280] Canon, ton 6, de Sire
Cosma. Avant la 4 e ode, tropaire-cathisme du jour, et lecture sur
l'évangile du jour. Avant la 7 e ode, kondakion, ton 8 : Ayant pris
le pain [... ] Puis, après la g e ode, le photagogikon. Aux laudes, les
stichères et le reste [de l'office]. Nous joignons la première heure.
Nous lisons les autres heures simplement, dans le narthex, en leur
temps. À la huitième heure du jour, on frappe [la simandre] et on
commence le psaume des vêpres comme d'habitude. À Seigneur,

1. Ps 119, 1 (début du cathlsme 18).


2. Ps 119, 1 (début du cathlsme 18).
3. Ps 140, 2-4.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 525

je crie: les stichères. Gloire: Et maintenant: entrée avec l'évangile.


Et les lectures du jour. La prière du Trisagion. Le prokimenon
de l'apôtre. Alléluia. L'évangile, et le reste de la divine liturgie de
Basile le Grand. Au lieu du Chérubikon : À Ta Cène mystique :
trois fois. De même au lieu du koinonikon et au lieu de : Que mes
lèvres s'emplissent!. Nous entrons alors au réfectoire en chan-
tant le psaume habituel et mangeons des aliments bouillis avec
de l'huile et buvons du vin. Nous disons l'apodeipnon en cellule.
Le Saint et Grand Vendredi. On frappe [la simandre] à la
deuxième heure de la nuit. Aux matines, nous chantons : Alléluia.
[280 v.] Tropaire : Lorsque les glorieux disciples: trois fois, et les
autres [hymnes] dans le Triode, selon leur ordre. Kondakion, ton
8 : Crucifié pour nous [... ] Et ce trop aire, à la fin des matines:
trop aire, ton 4 : Tu nous as rachetés de la malédiction [... ] Puis
les ecténies habituelles et le congé.
À la première heure du jour, on frappe la petite [simandre], nous
nous assemblons à l'église en disant la première heure: les trois
psaumes habituels et les autres, dans le Triode. Tropaire : T'étant
crucifié, ô Christ [... ] Kondakion : Crucifié pour nous. À la septième
heure du jour, on frappe la petite [simandre] et nous nous assem-
blons à l'église. Et nous commençons la troisième heure. Après le
Trisagion, Seigneur, aie pitié : douze fois. Venez, [281] adorons :
trois fois, puis les psaumes habituels, et les autres, dans le Triode.
Tropaire, ton 6 : Seigneur, on T'a condamné [... ] Puis: Théotokos,
Tu es la vigne véritable. Kondakion : Crucifié pour nous : et les
[prières] habituelles. Sixième heure :Venez, adorons: trois fois. Puis
les psaumes habituels. Tropaire, ton 2 : Ayant accompli le salut au
milieu de la terre [... ] Kondakion : Crucifié pour nous. Neuvième
heure : comme on a l'habitude, et les psaumes habituels. Tropaire,
ton 8 : Le larron voyant le maître de la vie [... ] [281 v.] Et mainte-
nant : Toi qui pour nous es né d'une Vierge. Kondakion : Crucifié
pour nous. Seigneur, aie pitié: 40 fois. Puis le verset du prêtre. Les
Béatitudes. Je crois en un seul Dieu. Oublie, remets. Notre Père.
Kondakion. Seigneur; aie pitié: 40 fois. Que le nom du Seigneur2 •
Je bénirai le Seigneur en tout temps3. Puis le congé.
il convient de savoir que nous avons reçu en Palestine de ne
pas célébrer en.ce saint jour de la Crucifixion de Présanctifiés,
ni de célébrer de liturgie, ni de mettre la table, ni de manger. Si
quelqu'un est faible et âgé, et ne peut endurer le jeûne, qu'on
lui donne du pain et de l'eau après le coucher du soleil. Nous
avons ainsi reçu des saints apôtres de ne pas manger le Grand

1. Ps 70, 8.
2. Ps 112,2.
3. Ps 33, 1.
526 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

Vendredi l , car telle est la parole du Seigneur qui dit aux phari-
siens : « Car lorsque l'Époux leur sera enlevé, alors ils jeûneront
en ce jour2 .) C'est ce que les divins apôtres ont reçu, et l'ayant
trouvé, les canons apostoliques l'ont transmis.
Le Saint et Grand Vendredi [282] soir, à la dixième heure du
jour, on frappe la grande [simandre] et les frères s'étant assemblés à
l'église, on commence les vêpres. Seigneur, je crie: stichères : Gloire:
Et maintenant : entrée avec l'évangile. Disons tous. Et Daigne,
Seigneur. Puis les apostiches et les autres. Et maintenant, Maître, tu
laisses s'en aller. Trisagion. Notre Père. Tropaire, ton 2 : Le noble
Joseph [... ] mais le troisième jour,Tu ressuscitas, Seigneur, en don-
nant au monde la grande miséricorde. Et le congé. Nous disons
l'apodeipnon dans notre cellule, de même que le mesonyktikon.
Le Saint et Grand Samedi, on frappe à la septième heure
de la nuit et nous nous assemblons à l'église. Et le prêtre donne
la bénédiction. Nous commençons les matines. Venez, adorons:
trois fois. Et nous disons le Psaume : Le Seigneur t'exauce 3 .
Trisagion. Puis les tropaires habituels et l'hexapsalme. Le prêtre
encense l'église. Puis: Le Seigneur est Dieu. Tropaire, ton 2 :
Le noble Joseph : écrit plus haut. Gloire : Lorsque Tu descendis
dans la mort, Toi la Vie: écrit le dimanche. [282 v.] Et mainte-
nant : Aux femmes myrrhophores [... ] Puis nous chantons les
Irréprochables avec leurs refrains sur le ton 5. Puis les trop aires
de la Résurrection : L'assemblée angélique fut stupéfaite. Puis
le tropaire-cathisme. Psaume 50. Puis le canon, ton 6 : Dans les
vagues de la mer. Après la 3e ode, le tropaire-cathisme et après la
6 e ode le kondakion, ton 6 : Celui qui a fermé l'abîme est vu mort
[... ] Et la lecture. Au lieu du photagogikon : Saint est notre Dieu:
trois fois. Aux laudes : stichères : Gloire : Et maintenant : Tu es
toute bénie, ô Théotokos. La doxologie, puis a lieu l'entrée avec
l'évangile, en chantant le Trisagion. Puis le trop aire et la lecture.
Le prokimenon de l'apôtre et l'évangile, et les ecténies et le congé.
On dit la première heure en cellule. Les autres heures sont lues
ensemble dans le narthex [283] avec les Béatitudes.
Le Saint et Grand Samedi soir, à la dixième heure, on
frappe pour les vêpres et nous nous assemblons à l'église, et le
prêtre donne la bénédiction. Puis : Venez, adorons : trois fois. Le
psaume des vêpres: Bénis le Seigneur, ô mon âme4 • À Seigneur, je
crie: stichères de l'Octoèque, ton 1, et les trois du Triode. Gloire:
Le mystère d'aujourd'hui. Et maintenant : La gloire du monde
entier. Entrée avec l'évangile. Puis les lectures. Et après les lectures,

1. Les Constitutions apostoliques, livre V, 18.


2.Lc 5,35.
3. Ps 19,2.
4. Ps 103, 1.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 527

au lieu du Trisagion : Vous tous qui avez été baptisés en Christi.


Prokimenon de l'apôtre: nous ne disons pas «Psaume de David)}.
Au lieu d'Alléluia : Ressuscite, ô Dieu, et juge la terre 2 : sur le ton.
L'évangile, et la divine liturgie de Basile le Grand. Koinonikon :
Le Seigneur s'est levé comme du sommeil3 et il est ressuscité en
nous sauvant. Après la prière derrière l'ambon: Que le nom du
Seigneur soit béni4 • Je bénirai le Seigneurs. Et on donne l'antidoron.
Et alors a lieu la bénédiction des pains. L'ecclésiarque doit avoir le
discernement pour que le congé de la liturgie ait lieu à la deuxième
heure de la nuit. Après le congé de la liturgie, nous ne sortons pas
de l'église et chacun reste assis à sa place. Et le cellérier entre et
distribue à chaque frère un morceau de pain 'et six figues ou dattes,
[283 v.] et une coupe de vin, rendant grâce à Dieu qui a souf-
fert pour nous. Puis a lieu la lecture des Actes des Apôtres. Après
cela, le paraecclésiarque allume toutes les lampes et alors il sort et
frappe la grande simandre et interrompt le lecteur de la lecture,
et le prêtre ayant donné la bénédiction, il commence le Trisagion.
Venez, adorons : trois fois. Puis le Psaume 50. Et immédiatement
le canon du Grand Samedi: Les vagues de la mer. Avant la 4 e ode,
le tropaire-cathisme et la lecture. Avant la 7e ode, le kondakion :
Celui qui a fermé l'abîme. Après la ge ode, Trisagion. Tropaire, ton
2 : Lorsque Tu descendis. Puis a lieu l'ecténie et le congé.
Nous sortons tous dans le narthex. Seul l'allumeur de lampes
reste dans l'église. TI allume tous les cierges, de même que toutes
les lampes. Et ayant préparé deux luminaires avec des lampes, il les
place au milieu de l'église, les ayant allumés. De même les autres
cierges devant les portes saintes. Et il prépare l'encensoir dans
l'autel. Et ayant mis beaucoup d'encens, il encense partout. Les
portes étant fermées, le prêtre revêt tous ses ornements blancs. Et il
sort dans le narthex [284] par le côté nord, en encensant, précédé
de deux lampes. L'higoumène ou l'ecclésiarque distribue des cierges
à tous les frères et nous les allumons tous. Lorsqu'il a encensé tous
[les frères], le prêtre se tient devant les portes royales et fait le signe
de la croix en disant : Gloire à la sainte et consubstantielle et vivi-
fiante et indivisible Trinité, en tout temps, maintenant et toujours :
Après : Amen : le prêtre commence le trop aire, ton 5 :
Le Saint et Grand Dimanche de Pâques. Tropaire, ton 5 :
Le Christ est ressuscité des morts. Par la mort il a foulé [aux pieds]
la mort. Et à ceux qui étaient dans le tombeau il a donné la vie. De
même, les frères chantent ce même [tropaire], et il est chanté trois

1. Ga 3, 27.
2. Ps 81,8.
3. Ps 77,65.
4. Ps 112,2.
5. Ps 33, 1.
528 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

fois par le prêtre et trois fois par les frères. Puis le verset 1 : Que
Dieu se lève!. Et nous : Le Christ est ressuscité. Verset 2 : Comme
se dissipe la fumée 2 • Verset 3 : Qu'ainsi périssent3 • Gloire: Le Christ
est ressuscité. Et maintenant: Le Christ est ressuscité. Puis de nou-
veau, le prêtre [chante] de sa voix la plus haute: Le Christ est res-
suscité. Et les portes étant ouvertes, il entre, précédé des luminaires
et suivi de l'higoumène et des frères chantant : Et à ceux dans les
tombeaux TI a donné la vie. Le prêtre, étant entré à l'autel, [284 v.]
dit les diakonika. Et après l'ecphonèse, le supérieur entonne: Jour
de la Résurrection. [On chante] l'hirmos quatre fois, et les trop aires
six fois, peu importe le chœur qui chante le début de l'ode. Le
supérieur commence le canon. Puis le chœur de droite. À la 3e ode,
les deux chœurs sont unis de nouveau selon leur ordre. TI y a des
petits diakonika dans l'autel pour chaque ode. En ce saint jour, le
prêtre encense au début du canon. Avant la 4e ode, hypakoï et lec-
ture dans [les discours de saint Grégoire] le Théologien. Après la
7e ode, kondakion, ton 8 : Lorsque Tu descendis au tombeau : écrit
dans le canon. Et la lecture dans [les discours de saint Grégoire] le
Théologien : Jour de la Résurrection et un commencement heu-
reux4 . Après la lecture nous disons: Ayant vu la résurrection du
Christ: trois fois. Et nous commençons la 7e ode. Après la ge ode, le
photagogikon : T'étant endormi dans la chair: trois fois. Puis : Que
tout souffles, ton 1. Nous mettons quatre versets et chantons quatre
[stichères] de la Résurrection de l'Octoèque puis on dit le verset:
Que Dieu se lève6 : et nous chantons les stichères de Pâques, ton 5.
Gloire: Une belle Pâque. Et maintenant: Jour de la Résurrection,
soyons illuminés par le triomphe. Pendant : Le Christ est ressus-
cité : le baiser [pascal] se déroule ainsi : le prêtre prend le saint
évangile et se tient devant les portes du saint autel et le supérieur
baise le saint évangile, puis le prêtre, [285] et alors le supérieur
prend l'évangile et se place à droite du prêtre et les frères viennent
donner le baiser [pascal] selon leur ordre. Une fois le baiser [pascal]
terminé, l'higoumène lit le discours de Chrysostome, dont le début
est: Que celui qui est pieux et aime Dieu7 • On ne s'assied pas
pendant cette lecture, mais nous l'écoutons tous debout. La lecture
terminée, le prêtre dit les ecténies, et le congé final.
TI convient de savoir qu'à partir de ce jour du Grand Dimanche
jusqu'au samedi suivant, on chante les heures et l'apodeipnon ainsi.

1. Ps 67, 2.
2. Ps 67, 3.
3. Ps 67,4.
4. GRÉGOIRE LE THÉOLOGIEN, Discours 1, SC 247, Paris, 1978, p. 72-83.
5. Ps 150,5.
6. Ps 67, 2.
7. PSEUDO-CHRYSOSTOME, Homélie catéchétique pour la sainte Pâque, PG 59,
721-724.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 529

Ce même dimanche de Pâques, heures chantées selon le Typikon


de saint Sabas. Le Christ est ressuscité : trois fois. Puis : Ayant vu
la résurrection du Christ. On dit ce dernier trois fois. Puis : Ayant
devancé l'aurore, les femmes étant avec Marie: une fois. Puis le
kondakion : Lorsque Tu descendis dans le tombeau : à chercher
dans le canon, dit une fois. Dans le tombeau selon la chair : une
fois. Gloire : Comme porteur de la vie : Et maintenant : Sanctifié
par le Très-Haut: une fois. Seigneur, aie pitié: 40 fois. Gloire:
Et maintenant : Plus vénérable que les Chérubins. Au nom du
Seigneur, bénis, père. Après le verset, de nouveau ces mêmes [tro-
paires] : Le Christ est ressuscité : trois fois, et les autres. Et cet
office a lieu trois fois aux heures et pour l'apodeipnon trois fois.
Et on les chante rapidement à cause du jour. Et le congé.
[285 v.] À la liturgie: trois antiennes. Puis isodikon : Dans les
assemblées, bénissez Dieu 1. Gloire : Et maintenant : kondakion.
Au lieu du Trisagion : Vous tous qui avez été baptisés en Christ2.
Prokimenon de l'apôtre. Alléluia. Évangile. Et le reste de la divine
liturgie de Chrysostome. Koinonikon : Recevez tous le Corps
du Christ. Au lieu de : Que le nom du Seigneur3 : èt au lieu du
Psaume : Je bénirai le Seigneur4 : Le Christ est ressuscité. Et au
lieu de : Je t'exalterai, mon Dieu5 : le même. À table [il y a] une
grande consolation pour les frères.
Levés de tables, l'office de la Panagia a lieu ainsi. On fait une croix
sur la prosphore qui est recouverte dans le panagiarion, et lorsque
arrive le moment [de l'élever], on prend les choses habituelles, le
réfectorier prend le pain des deux mains et l'élève en disant : Le
Christ est ressuscité. Et nous disons : En vérité, TI est ressuscité. Le
prêtre : Le Christ est ressuscité. Et nous : En vérité, TI est ressuscité.
Lui : Adorons Sa Résurrection le troisième jour. Nous faisons ainsi
toute la semaine jusqu'au samedi. Car ainsi il nous a été transmis
[de faire] le samedi de la semaine lumineuse : lorsque les frères sont
assis à table, on donne le pain qui a été élevé [286] pendant toute
la semaine. Le réfectorier dit aux frères à table jusqu'à l'Ascension,
lorsqu'il élève la Panàgia : Le Christ est ressuscité. Et nous : En
vérité, TI est ressuscité : une fois. Puis : Très sainte Théotokos, aide-
nous. Et nous: Par ses.prières, Christ Dieu, aie pitié et sauve-nous.
Le dimanche de Thomas. Tropaire, ton 7 : Le tombeau étant
scellé [... ] Kondakion, ton 8 : De ta droite fureteuse [... ] Nous
chantons ce tropaire et ce kondakion toute la semaine. Qu'on sache
également ceci : qu'à partir d'aujourd'hui, aux vêpres, à l'apodei-

1. Ps 67, 27.
2. Ga 3, 27.
3. Ps 112,2.
4. Ps 33, 1.
5. Ps 144, 1.
530 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

pnon, aux matines et aux heures, le prêtre ayant donné la bénédic-


tion, nous disons au début, et ce jusqu'à l'Ascension: Le Christ est
ressuscité. Gloire: Et maintenant: Trisagion. TI est connu qu'à partir
de ce jour nous commençons de nouveau les heures habituelles et
leurs heures intermédiaires dans le narthex, c'est-à-dire la tritoekti.
[286 v.] Nous disons en cellule les heures intermédiaires de la pre-
mière, de la sixième et de la neuvième heure, selon l'exemple établi.
Et de même, les canons d'intercession à la Très Sainte Théotokos.
À l'apodeipnon, nous chantons les tri-odes du jour.
Le 3e dimanche de Pâques : des saintes femmes myr-
rhophores. Et du juste Joseph et Nicodème. Tropaire de la
Résurrection, ton 2 : Lorsque Tu descendis dans la mort : Gloire :
Le noble Joseph : Et maintenant : Aux femmes myrrhophores :
cf. le Grand Samedi. Kondakion, ton 2 : Ayant dit aux myrrho-
phores : Réjouissez-vous [... ] On chante ces tropaires et le kon-
dakion toute la semaine.
Le 4e dimanche de Pâques : du paralytique. Tropaire de
la Résurrection : Que les cieux se réjouissent. Gloire : Et mainte-
nant : Toi qui intercèdes pour le salut de notre genre : Kondakion,
ton 3 : À mon âme [... ]
TI convient de savoir que l'office du paralytique [287] est chanté
trois jours : le dimanche, le lundi et le mardi.
Le 4e mercredi après Pâques, mi-Pentecôte. Tropaire, ton 8 :
Au milieu de la fête [... ] Kondakion, ton 4 : La fête de la Loi [... ]
Nous fêtons cette fête pendant huit jours en chantant son tro-
paire et son kondakion.
Le Se dimanche de Pâques: de la Samaritaine. Tropaire de
la Résurrection, ton 4 : L'annonce de la lumineuse Résurrection:
Gloire : Et maintenant : Au milieu de la fête : Kondakion, ton 8 :
Étant venue à la source avec foi [... ]
[287 v.] TI convient de savoir que l'office de la Samaritaine est
chanté le dimanche, le jeudi, le vendredi et le samedi. Le lundi,
le mardi et le mercredi, on chante l'office de la mi-Pentecôte. Et
ainsi, on en fait la clôture.
Le 6e dimanche de Pâques: de l'aveugle-né. Tropaire de la
Résurrection, ton 5 : Verbe coétemel. Théotokion : Réjouis-toi, Porte
du Seigneur. Kondakion, ton 4 : Aveugle des yeux spirituels [... ]
Le mardi soir de cette même semaine, après la stichologie habi-
tuelle, à Seigneur, je crie: nous mettons six versets et chantons
les stichères de l'aveugle-né. Gloire: Et maintenant: [stichère] de
l'aveugle-né. Aux apostiches : stichères de Pâques, ton 5, avec leurs
versets habituels. Gloire: Et maintenant: Jour de la Résurrection,
soyons illuminés par le triomphe : Le Christ est ressuscité. Et :
Maintenant, Maître, Tu laisses aller. Tropaire : Verbe coéternel.
Théotokion : Réjouis-toi, Porte du Seigneur. Et le congé. On
chante l'office de la Ménée à l'apodeipnon.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 531

Le mercredi, aux matines. Tropaire de la Résurrection et sticho-


logie habituelle. Tropaire-cathisme de la Résurrection. Trois canons:
de Pâques: Jour de la Résurrection: et de l'aveugle-né sur 6 : et de
l'avant-fête de l'Ascension, ton 5, de Sire Joseph, [288] sur 4. Pour
le canon de Pâques, nous ne disons pas les versets [des cantiques
bibliques]. Catavasia : À notre Sauveur Dieu, dans la mer. Après la
3e ode : kondakion de l'aveugle-né. Après la 6e ode : Lorsque Tu
descendis dans le tombeau. Photagogikon de Pâques. Aux laudes :
quatre stichères de l'aveugle-né. Puis les stichères de Pâques, ton
5, avec leurs versets : les deux chœurs les chantent ensemble.
Gloire : Une belle Pâque. Et maintenant : Jour de la Résurrection.
Le Christ est ressuscité : trois fois. Grand,e doxologie. Et le congé.
À la liturgie, [on chante] l'office de Pâques, car on fait la clôture
du [tropaire] : Le Christ est ressuscité. À table, il y a une grande
consolation pour les frères. On a reçu une autre habitude concer-
nant la grande consolation. Ceux qui n'ont pas honte mangent du
fromage et des œufs ce mercredi. Mais cela n'est pas béni, car cette
consolation consiste à consommer de l'huile et du poisson à cause
de la fête despotique ou à cause de la mémoire d'un grand saint.
[Manger] du fromage et des œufs n'est rien d'autre que le désir
de gourmandise. Cela se fait en d'autres jours, lorsque les canons
des saints Pères prescrivent d'en manger, mais cela [se fait alors] à
cause de l'hérésie. Ainsi, il est agréable pour certains d'en manger
un peu à cause de la permission, et ainsi, ils réfutent l'hérésie.
Le jeudi de la 6e semaine après Pâques, Ïete de l'Ascension.
Tropaire, ton 4: [288 v.] Tu T'es élevé dans la gloire [... ] Kondakion,
ton 6 : Ayant accompli pour nous le dessein [... ] À l'agrypnie, après
le premier psaume, pas de stichologie, mais à Seigneur, je crie : nous
mettons dix versets et chantons les stichères idiomèles, ton 6 : Le
Seigneur est monté aux cieux: Gloire: Et maintenant, même ton: Le
sein du Père. Entrée, lectures, puis la litie~ Aux apostiches, stichères
avec leurs versets. Gloire : Et maintenant, ton 6 : Dieu est monté
dans les acclamations. Puis le tropaire, écrit plus haut, trois fois. Et
la bénédiction habituelle des pains. Et la lecture dans les Actes [des
Apôtres]. Puis le prêtre ayant donné la bénédiction, le supérieur com-
mence l'hexapsalme. Tropaire. Stichologies. Tropaires-cathismes de
la fête. Polyéleos, et lecture laudative de Sire André. Anavathmi : pre-
mière antienne du ton 4. Prokimenon : Dieu est monté au milieu des
acclamations l • Verset: Toutes les nations2 • Que tout souffie3 • 3e évan-
gile matutinal4 • Puis : Ayant vu la résurrection du Christ. Psaume
50. Canon, ton 5 de Sire Jean. Hirmi, deux fois et les tropaires, six

1. Ps 46, 6.
2. Ps 46, 2.
3. Ps 150,5.
4. Mc 16,9-20.
532 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

fois. [289] Catavasia : Recouvert des choses divines. Après la 3e ode,


tropaire-cathisme. Avant la 7e ode, kondakion. Après la ge ode, phota-
gogikon. Aux laudes, quatre stichères : Gloire : Et maintenant, ton 2 :
Tu es né comme Toi seul l'as voulu. Grande doxologie, et le congé.
Et on donne l'huile sainte de la lampe. À la liturgie, Béatitudes du
canon. Apôtre et 6e évangile matutinal!. Koinonikon : Dieu est monté
au milieu des acclamations2 • On chante cette fête despotique jusqu'au
vendredi avant la Pentecôte. Le jeudi soir, on [chante] l'office sans
changement comme pour la fête de l'Ascension, sans les parémies.
7e dimanche, des saints Pères de Nicée. Tropaire, ton 8 :
Tu es béni ô Christ, notre Dieu [... ] Kondakion, ton 8 : La pré-
dication apostolique [... ]
li convient de savoir que si la fête de saint Jean le Théologien
tombe le jour même de l'Ascension du Seigneur, son office [289
v.] a lieu après la fête. Si elle tombe ce dimanche, on chante l'office
du saint avec celle-ci. On chante la fête de l'Ascension durant cette
semaine jusqu'à vendredi. Aux apostiches, nous disons les ver-
sets : Toutes les nations, battez des mains 3 • Verset: Dieu est monté
au milieu des acclamations 4 • De même aux matines. L'Octoèque
est omis. li faut savoir que nous chantons l'office des saints étant
tombés les huitièmes samedi et dimanche à l'apodeipnon. Le
vendredi soir, nous faisons mémoire de tous nos pères et frères,
chrétiens orthodoxes endormis depuis les siècles. On chante tout
l'office comme il a été ordonné le samedi de l'apocréo. De même
aux matines et à la liturgie.
Le 8e samedi, nous faisons mémoire de tous nos pères et
frères orthodoxes endormis depuis les siècles. Tropaire, ton 8 :
Dans l'abîme de sagesse: Gloire, ton 2 : Souviens-toi, Seigneur,
comme bon, de tes serviteurs : Et maintenant : Mère sainte de la
Lumière très pure: kondakion, ton 8 : Fais reposer avec les saints,
Seigneur, l'âme de tes serviteurs: écrits le samedi de l'apocréo.
Le 8e dimanche, Descente du Saint-Esprit. À l'agrypnie,
après la sticho1ogie habituelle, à Seigneur, je crie : nous mettons
dix versets et chantons les stichères de la fête. Gloire : Et mainte-
nant, ton 8 : Venez, adorons la Divinité tri-hypostatique. [290] On
ne chante rien de [l'office] de la Résurrection. Entrée. Prokimenon
du jour et parémies de la fête. À la litie : les stichères : Gloire :
Et maintenant : de la fête. Aux apostiches, stichères : Gloire : Et
maintenant, ton 8 : Jadis les nations. Tropaire, ton 8 : Tu es béni,
ô Christ notre Dieu [... ] trois fois. Puis la bénédiction habituelle
des pains, et la lecture dans les Actes des Apôtres. Aux matines,

1. Le 24, 36-53.
2. Ps 46, 6.
3. Ps 46, 2.
4. Ps 46, 6.
LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI DU MÉTROPOLITE CYPRIEN 533

stichologie de deux cathismes, et le Polyéleos. Tropaire-cathisme


de la fête, et lecture dans [les discours de saint Grégoire] le
Théologien. Anavathmi : 1re antienne du ton 4. Prokimenon :
Ton Esprit bon'. Verset: Seigneur, exauce ma prière2 • Que tout
souffte 3 • g e évangile matutina14 • Psaume 50. On ne dit pas: Ayant
vu la résurrection du Christ. Deux canons de Sire Cosma et de
Sire Jean. Avant la 4 e ode : tropaire-cathisme. Avant la 7e ode :
kondakion, ton 8 : Lorsque Tu descendis, Tu divisas les nations
[... ] Après la ge ode, photagogikon. Aux laudes, stichères : Gloire:
Et maintenant : Roi céleste. Grande doxologie. Et le congé. À la
liturgie, trois antiennes. Isodikon : Sois exalté, Seigneur, dans Ta
puissances. Tropaire : Tu es béni, ô Christ notre Dieu : Gloire :
Et maintenant: kondakion. [290 v.] Au lieu du Trisagion : Vous
tous qui avez été baptisés en Christ6 • Prokimenon de l'apôtre.
Évangile. Koinonikon : Ton Esprit bon7 • Nous chantons ce tro-
paire et ce kondakion durant toute la semaine. Une permission est
accordée durant cette semaine aux moines de manger du fromage
et des œufs, et aux laïcs de la viande. Qu'on sache que durant
cette semaine on laisse les heures intermédiaires aux heures et les
canons d'intercession à la Très Sainte Théotokos à l'apodeipnon.
Nous chantons à la troisième heure pendant toute la semaine au
lieu du tropaire : Seigneur qui à la troisième heure envoya Ton
Très Saint Esprit : avec ses versets. Et nous fêtons [cette fête]
selon l'exemple de la semaine lumineuse.
Le dimanche de Tous les Saints. Tropaire de la Résurrection
et des saints, ton 4 : Toi qui dans le monde entier de tes martyrs
[... ] Kondakion, ton 8 : Comme les prémices de la nature [... ]
[291] TI convient de savoir que durant tout ce saint jeûne, chaque
fois qu'il y a Alléluia, le lundi, le mercredi ou le vendredi nous faisons
jeûne et mangeons une fois par jour, c'est-à-dire après le congé des
vêpres. Lorsqu'il yaLe Seigneur est Dieu : nous mangeons deux
fois par jour. Néanmoins, tout est au discernement du supérieur.
Nous avons reçu que pendant toute l'année, mangeant à table, nous
ne buvons de l'eau qu'après le congé des vêpres. S'il y a un besoin
quelconque, nous en buvons avec la connaissance du supérieur.

1. Ps 142, 10.
2. Ps 142, 1.
3. Ps 150,5.
4. Jn 20, 19-23.
5. Ps 20, 14.
6. Ga 3, 27.
7. Ps 142, 10.
Glossaire

Acathiste : [gr. ÙlCOStcJ'toç 'ÜJlVOç; sI. .1r;~.o.ï'T'l1 ou HniAMHïH]


Hymne composée de treize kondakia*l et de douze ikoi* chantée
debout, comme son nom l'indique. L'hymne acathiste la plus
connue est l'Acathiste à la Mère de Dieu, chantée le cinquième
samedi du Carême, qui est le prototype de tous les acathistes.
Acolouthie : [gr. ÙlCOJ.,OUStO; sI. no,""iAOK(\Hï~, KMAiAOK(\HÏf ou
M;OA~.o.ïtll] Terme signifiant «déroulement». Il peut désigner l'ordo
d'un office, ou encore le corps hymnographique constituant un
office.
Agrypnie : [gr. ùypU1tVtO; sI. .1rpHnHïtll ou IiAfHi~] Selon le
Typikon sabaïte, office des vigiles de toute la nuit* constitué
des grandes vêpres, d'une lecture et des matines avec Polyéleos,
célébré la veille des dimanches et des grandes fêtes.
Alléluia: [héb. Hallelujah; gr. ùJ.,J.,T\J.,oûw; sI. .1AAHA~ï(\] Terme
signifiant littéralement «Louez le Seigneur». 1) Dans le présent
manuscrit, peut désigner l'office dit d'«Alléluia», c'est-à-dire
l'office des jours de jeûne où l'on ne chante pas aux matines le
«Seigneur est Dieu*» mais, à sa place, Alléluia avec des versets
psalmiques exécutés par le canonarque*. 2) Peut aussi désigner
la doxologie : «Alléluia, alléluia, gloire à Toi, ô Dieu» [.i""HA~i(\,
.i""HA~ï(\, "'~M Tf"'" lilfi~].
Allumeur de lampes: [gr. lCOVOT\M1t'tT\ç; sI. r;(\HA"AOK'l1[Hr(\nAh]
Personne désignée pour allumer les lampes de l'église.
Généralement, sYIlonyme de paraecc1ésiarque*.
Alphabétiques, stichères : [gr. ùJ.,<j>oPtl'tûU; sI. (\3hliibr;OKH(\(\]
Série de stichères, chantées aux apostiches des vêpres du samedi
soir, dont la première lettre de chacune suit l'ordre de l'alphabet.
Ambon : [gr. aJlprov; sI. .1MKOH'l1] À l'origine, lieu surélevé situé
au milieu de l'église où se faisaient les lectures. Dans l'usage actuel,
partie centrale de la soleas* située devant les portes saintes*.

1. Les astérisques renvoient aux termes du glossaire.


536 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

Anavathmi : [gr. clva~a8Jlot; sI. tnnfHHd] Graduels. Hymnes


antiphonées*, réparties sur les huit tons de l'Octoèque*, compo-
sées sur la base des psaumes graduels (Ps 119-133) et chantées
aux matines festives avant le prokimenon et la lecture de l'évan-
gile. Le dimanche, on chante les anavathmi du ton du dimanche,
alors que, les jours de fête, on chante la première antienne* des
anavathmi du 4e ton.
Antidoron : [gr. clVttOropov; sI. dH'fïAWp71 ou dHd~Wpd] Terme
signifiant littéralement «au lieu du don». Pain distribué par le
prêtre à la fin de la Divine Liturgie*, consistant en des restes des
prosphores* ayant été utilisées à la proscomidie*.
Antienne: [gr. clV'tt$rovov; sI. dH'fi~OH71] 1) Psaume (ou groupe
d'hymnes) prévu pour être chanté antiphonalement*. 2) Une des
trois parties constitutives d'un cathisme* se terminant par une
doxologie.
Antiphonalement: Ulir «À deux chœurs*».
Antiphone : Ulir Antienne.
Antiphoné: Ulir «À deux chœurs*».
Apocreo, semaine ou dimanche de l' : [gr. cl1tOKpÉro; sI.
M~tOn~t'fHd~] Carnaval. Neuvième semaine avant Pâques, se ter-
minant le huitième dimanche avant Pâques, la dernière semaine
où l'on peut manger de la viande.
Apodeipnon : [gr. cl1tOOEl1tVOV; sI. nOIU'lfpif, ndlU'IfpHHl\d ou
dnoAHnHïH] Complies. Office qui suit les vêpres*, et habituelle-
ment le repas du soir. On distingue le grand apodeipnon du petit
apodeipnon.
Apostiches : [gr. cl1tocr'ttxa; sI. Hd t'fH"OKH"'] Stichères* accom-
pagnées de versets [gr. cr'ttXOt; sI. t'fH"H] psalmiques et chantées à
la fin des vêpres de toute l'année et à la fin des matines des jours
non festifs.
Après-tète: [gr. JlE8Eop'ta; sI. nonpd3AHft'fKO] Période suivant
une grande fête pendant laquelle l'office de la fête continue d'être
chanté jusqu'à la clôture*. Certaines périodes d'après-fête durent
une octave (huit jours).
Assemblée, en : [gr. bJ J!Écrro; sI. K71 Mf tH ou notp"'d ou K71 WIiIflHH"']
Expression désignant un office communautaire, par opposition à
un office en cellule.
Autel: [gr. ~f\Jla ou 8umacrTftptOv; sI. uhnp; ou ~"'fdpb] Partie
est de l'église, séparée de la nef par l'iconostase*, et où se trouve
la sainte table.
Automèle : [gr. aÙ'tOJlEÀOV; sI. (tdMO)noAolifH71] Hymne ser-
vant de modèle rythmique et mélodique pour d'autres hymnes
(appelées prosomia*, signifiant «imitées sun) appelées à être
calquées, tant dans la composition que dans l'interprétation, sur
cette dernière.
GLOSSAIRE 537

Avant-tète: [gr. 1tpoeôpna; sI. npfAnpdgAHffTKO] Jour(s) précé-


dant une grande fête, ayant une hymnographie festive qui prépare
les fidèles à célébrer le mystère de la fête.
Baptistère: [gr. ÂO'U'tfip; sI. IipTIt.\HHI.\I\] Lieu, généralement adja-
cent au narthex*, abritant les fonts baptismaux où l'on célèbre les
baptêmes ainsi que la bénédiction des eaux (cf. description de
l'office du 5 janvier).
Béatitudes : [gr. JlalcuptcrJloî; sI. liAl\lIifHHbl] Versets tirés du
Discours sur la montagne (Mt 5, 3-12) commençant par l'ex-
pression «Bienheureux», chantés aux typiques* et à la liturgie*, et
auxquels on intercale soit les trop aires de l'Octoèque* (trop aires
des Béatitudes), soit des trop aires extraits du canon des matines
de la fête.
Canon: [gr. lCavrov; sI. Iil\HUJH71] Composition hymnographique
constituée d'hirmi* et de tropaires*, où ces derniers étaient inter-
calés, à l'origine, aux versets des neuf cantiques bibliques*. Cela
explique pourquoi les canons sont constitués de neuf odes, la
seconde étant le plus souvent absente, car le deuxième cantique
biblique n'est chanté que pendant la quarantaine*. Toutefois, cer-
tains canons ne sont constitués que de quatre odes [tetra-ode], de
trois odes [tri-ode] ou de deux odes [di-ode].
Canonarque : [gr. lCaVOVapX1'\ç; sI. Iil\HOHdPX71] Chantre désigné
pour annoncer (au centre de l'église) certains refrains psalmiques
et signaler d'exécuter leurs versets.
Cantique biblique ou de Moïse: [gr. 00"; sI. n""H71] Les
neufs cantiques bibliques constituant la structure du canon* des
matines et figurant dans le Psautier* palestinien : 1) le cantique
de Moïse (Ex 15, 1-19); 2) le cantique de Moïse (Dt 32,1-43);
3) la prière d'Anne (1 R 2, 1-10); 4) la prière d'Habacuc (Ha 3,
1-19); 5) la prière d'Isaïe (ls 26, 9-20); 6) la prière de Jonas Go
2, 3-10); 7) la prière des trois jeunes gens (Dn 3, 26-56); 8) le
cantique des trois jeunes gens (Dn 3, 57-88); 9) le Magnificat et
le Benedictus (Lc 1,46-55.68-79).
Carnaval : U,ir Apocreo.
Catavasia : [gr. lCa'ta~acrîa; sI. Iil\TI\Kd,jl\] Hirmos* chanté à la
fin de la troisième, sixième, huitième et neuvième ode du canon
des matines (et à la fin de chaque ode les jours de fête) comme
conclusion de l'ode. Ce terme vient du grec «lCa'ta~aîvro», signifiant
«descendre» car, à l'origine, les deux chœurs* descendaient de leur
place pour se réunir au milieu de l'église et exécuter ce chant.
Cathisme : [gr. lCa9îcrJla; sI. lil\.o.j'MI\] Une des vingt divisions
du Psautier* palestinien.
Cathisme, tropaire- : [gr. lCa9îcrJla; sI. i"'AdAfH71] Tropaire
faisant suite à la stichologie d'un cathisme ou à une partie du
canon*, où il est prévu de s'asseoir.
538 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

Catholikon : [gr. lCu9oÀ.t1càv; sI. COIiOP'll OU C'llIiOp'll] Église prin-


cipale d'un monastère.
Cellérier [gr. lCEÀ.ÀriptoÇ;; sI. IifMph] Économe d'un
monastère.
Cellule, en : [gr. Èv lCÉÀ.À.W; sI. Ii'll Iif"j!lX'll] Expression désignant
un office que le moine récite seul en cellule. Mais il est possible
que, dans le Psautier suivi, cette expression désigne aussi un office
que des moines kelliotes récitent en petit groupe dans leurs kellia,
par opposition à un office communautaire dans le catholicon* du
monastère.
Chantre: [gr. u~vro80ç; ; sI. nilifqh] Personne assurant le chant
au chœur*, ou désigné pour faire une lecture (voir Lecteur et
Canonarque) .
Chérubikon : [gr. XEpU~tlCÔV; sI. Xfp~liHM'll ou Xfp~Ii"MCIi!l~ noficHh]
Hymne des Chérubins, chantée au moment de la grande entrée à
la Divine Liturgie*.
Chœur: [gr. lCÀ.fjPOÇ;; sI. Iii\lipoc'll, CTp!lH!l ou "HIi'll] Terme dési-
gnant les emplacements, à gauche et à droite de l'iconostase*, où
se tiennent les chantres* pendant l'office. Plusieurs chants sont
interprétés «à deux chœurs*) ou «antiphonalement*), c'est-à-dire
que chacun des deux chœurs exécute, à tour de rôle, un verset.
Généralement, un des deux chœurs commence toujours ces
chants antiphonés*, et on le désigne par l'expression «le chœur
qui commence) [H!l'lHH!lmlflj!l CTP!l",,].
Cinquantaine: [gr. 1tEV't11lCOcrriJ ; sI. n~THAfc,q\THHq!l] Période de
cinquante jours festifs, de Pâques à la Pentecôte.
Clôture: [gr. ct1tôoomç;; sI. IDA~Hjf] Dernier jour d'après-fête*,
qui clôt la période de festivité d'une grande fête et où l'on reprend
presque entièrement l'office de la fête.
Collyves : [gr. lCOÀ.À.U~u; sI. Ii~Tj!l ou IiO""lio] Plat de grains de
blé bouillis avec du miel offert en mémoire d'un saint ou d'un
défunt.
Confesseur : [gr. 6~oÀ.oyT\,t11ç;; sI. i'unoliiAHHIi'll] Saint ayant
enduré des supplices en confessant sa foi, mais qui n'est pas mort
en martyr.
Congé: [gr. <l1tôÀ.umç; sI. IDn~cT'll] Formule liturgique de renvoi
à la fin d'un office, consistant en une bénédiction finale dite par
le prêtre célébrant.
Consolation: [gr. 1tUpâlCÀ.Tjmç;; sI. ~TiwfHjf] Terme désignant
un repas festif, habituellement suite à une liturgie, et qui implique
une permission* de manger certains types d'aliments (vin, huile,
poisson) les jours de jeûne.
Despotique : [gr. OEO"1tO'ttK1l; sI. romôclihlH] Du Seigneur.
Les grandes fêtes du Seigneur sont : l'Exaltation de la Croix,
la Nativité, la Théophanie, l'Entrée à Jérusalem, l'Ascension, la
Pentecôte, la Transfiguration.
GLOSSAIRE 539

Diakonika : [gr. OWlCOVtlCà; sI. Aï.iliOHt'l'li<\] Vbir Ecténie.


Diataxis : [gr. ouhuçtç; sI. OVt'l'.iK7l] Ordre prescrit pour une
cérémonie. Ordo.
Dimanche du Renouveau: [gr. lllCUpWlCit 'tfiç OWlCatvTtmllOU;
sI. HOIi<\G\ HfAG\] Dimanche de Thomas. Le premier dimanche après
la fête de Pâques.
Diptyques: [gr. ot7nUXu; sI. AHn'l'HX7l] Livre où sont inscrits
les noms des vivants et des morts commémorés pendant la Divine
Liturgie*.
Dispense : Vbir Permission.
Domestique: [gr. OOIlÉcr'ttlCOÇ; sI. AfMft'l'Hli7l] Chantre principal.
Vbir Canonarque. Ce terme semble emprunté à l'office asmatique
du Typikon de la Grande Église.
Ecclésiarque : [gr. ÉlClCÂ.llmoPXllç; sI. GliAHtï.ipX7l ou IIpliKHHLi'MÎ
AHHli7l] Personne responsable de veiller au bon ordre des offices
(voir typikariste) et susceptible de remplacer l'higoumène (ou le
supérieur) en son absence.
Ecphonèse : [gr. ÉlC<jloovllmç; sI. KogrMt7l] Formule doxolo-
gique, dite par le prêtre, qui conclut une ecténie*, ou toute autre
exclamation à caractère doxologique, dite à voix haute, par le
prêtre.
Ecténie : [gr. ÉlC'tEVitÇ ou crUVa1t'tft; sI. €linHiG\] Ensemble de
courtes phrases par lesquelles le diacre (ou en son absence le
prêtre) invite l'assemblée à prier pour diverses intentions et aux-
quelles l'assemblée (ou le chœur*) répond par «Seigneur, aie
pitié» [Kyrie, eleison]. Litanie. Vbir Diakonika.
Égal(e) aux apôtres : [gr. icru1tocr'toÂ.oç; sI. pLiKHhlH LinAUJM7l]
Saint digne du même rang que les apôtres pour son zèle mission-
naire et apostolique.
Épitimie : [gr. Émnllwv; sI. GnH'I'HMïl9Î] Pénitence imposée par
le prêtre à une personne qui vient de se confesser, en signe de
repentir pour ses péchés.
Eulogétaires : [gr. EÙÂ.oYll'toPW; sI. IiMrOtAOKfHHhl] Tropaires*
en l'honneur de la. Résurrection ou en mémoire des défunts
chantés après les Irréprochables* (Ps 118) et dont le refrain
est : «Tu es béni, Seigneur, enseigne-moi Tes jugements» (Ps
118, 12).
Évangile matutinal : [gr. Éro8tvov EÙUYYÉÂ.wv; sI. 'lfVAif
OIrTPhHU] Un des onze évangiles de la Résurrection lu aux matines
dominicales.
Exapostilaire : [gr. ÉÇU1tocr'tEtÂ.Opwv; sI. €~LinOt'l'HA.ipiH] Signi-
fiant littéralement hymne'd'envoi (du gr. ÉÇU1tocr'tÉÂ.Â.ro), synonyme
de photagogikon*. Cette pièce tire son nom de son contenu, non
de sa place dans l'office. On y fait allusion à l'envoi des apôtres
après la résurrection (le dimanche) ou de la lumière (en semaine),
et non pas du renvoi de la communauté.
540 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

Hebdomadier : [gr. éBooflooapwÇ (tEPEUÇ); sI. no Hf,\HH] Prêtre


qui célèbre tous les offices du jour pendant la semaine où il est
de service.
Heure: [gr. ropo; sI. '1M71] Office composé de trois psaumes,
d'hymnes et de prières, lu à un moment de la journée. On dis-
tingue : la première (prime), la troisième (tierce) , la sixième
(sexte) et la neuvième (none) heure.
Heure intermédiaire: [gr. flEcrropWV; sI. MfffiO'lMïf ou nOi\\S'IMïf]
Office lu entre deux offices des heures certains jours de l'année, à
la suite de l'une des heures*.
Hexapsalme : [gr. éça'l'oÀfloÇ.; sI. WftTOlj'AMI>'] Les six psaumes
[3, 37, 62, 87, 102 et 142] récités quotidiennement au début des
matines.
Hiéromartyr : [gr. lEpoflap'tUÇ; sI. CKDllflfHHOM\S'IfHH!;71] Terme
désignant les martyrs de l'ordre sacerdotal.
Higoumène : [gr. 1lyouflEvoÇ; sI. Hr\SMfH71] Supérieur d'un
monastère.
Higoumenio : [gr. 1lYOUflEV1{J); sI. Hr\SMMfHïw] Appartements de
l'higoumène* .
Hirmos : [gr. EtPflÔÇ; sI. HpMOC71] Terme signifiant littéralement
en grec «lien». Hymne ouvrant chaque ode du canon, qui fait
ainsi le «lien» entre le cantique biblique et l'hymnographie.
Hosiomartyr : [gr. ocrtoflap'tuç; sI. npmoAoIiHoM\S'IfHH!;71] Terme
désignant les moines martyrs.
Hypakoï : [gr. U1tOKOlÎ; sI. Hn"!;OH] Du grec «U1tOKOU{J)) signi-
fiant «écouter attentivemenv), hymne chantée le dimanche après
le canon triadique du mesonyktikon* et après les eulogétaires*
(trop aires de la Résurrection) des matines. Les offices des grandes
fêtes peuvent également comporter un hypakoï* après la troisième
ode du canon.
Iconostase : [gr. dKovocr'tacrtov; sI. H!;OHOmic71] Rangée(s)
d'icônes servant de séparation entre l'autel et la nef. Au centre de
l'iconostase, les portes saintes* donnent sur la sainte table.
Idiomèle : [gr. l,OlÔflEÀOV; sI. c"Mor,\.1UH71] Stichère* ayant sa
propre structure rythmique et sa propre mélodie, qui n'est pas
reprise par d'autres stichères.
Ikos : [gr. OtKOÇ; sI. H!;OC71] Hymne faisant suite au kondakion*.
Imité sur: UJir Prosomion et Automèle.
Indiction : [gr. l,V01K'tlroV; sI. IIHAH !;T71] Début du nouvel an
ecclésiastique, le 1er septembre. À l'origine, l'indiction correspon-
dait à la fixation de l'impôt foncier annuel dans l'Empire romain.
Irréprochables: [gr. O;fl{J)flol; sI. HfnOpW'IHI>'] Terme désignant
le cathisme 17 (Psaume 118).
Isodikon : [gr. dcr001KÔV; s1. K)(WAHOf] Verset psalmique chanté
à la petite entrée de la Divine Liturgie*. .
GLOSSAIRE 541

Jeûne: [gr. VT]O"'tEta; sI. nOtT'h] 1) Pratique ascétique consis-


tant dans l'abstinence de certains types d'aliments (viande, œufs
et laitages, poisson, vin et huile) ou de toute nourriture. 2) Type
d'office célébré les jours de jeûne comportant un nombre impor-
tant de métanies*, le chant d'Alléluia* au début des matines, et la
lecture de la prière de saint Éphrem accompagnée de métanies à
la fin de chaque office, suivant un ordo particulier. 3) Synonyme
de quarantaine*.
Koinonikon : [gr. lCOlVroVt1COV; sI. npH'IdtTfH'h] Verset de com-
munion. Verset psalmique chanté à la Divine Liturgie*, pendant
la communion du clergé (et des fidèles).
Kondakion : [gr. lCov'talCtoV; sI. r;OHAdr;'h] Hymne chantée après
la sixième ode du canon des matines.
Laitages, semaine ou dimanche des : UJir Tyrophagie.
Laudes: [gr. aivot; sI. XKdI1l1Tf] Les psaumes du matin (148,
149 et 150), lus ou chantés quotidiennement à la fin des matines.
Le nom vient du verbe « louez» répété tout au long de ces psaumes.
Les jours de fête, les versets de ces psaumes sont intercalés de
stichères* .
Lecteur : [gr. avayvroO"'tT\ç; sI. '1Tfl!h] Personne désignée pour
faire une lecture.
Lectures: [gr. avayvroO"lla ou avayvromç; sI. '1TfHid] UJir Parémie.
Ce terme, au singulier, peut aussi désigner les lectures bibliques,
patristiques ou hagiographiques prescrites à l'agrypnie*, à la fin
des grarides vêpres ((grande lecture»), après le Polyéleos*, après
la troisième et la sixième ode du canon ou à la fin des matines.
Litie : [gr. À.tnl; sI. i\HTïb\] Procession, souvent accompagnée
d'une ecténie d'intercession. li y a une litie à la fin des vêpres
lorsqu'on célèbre l'agrypnie*. L'assemblée se rend alors généra-
lement au narthex* en chantant les stichères de la litie, puis le
diacre y dit la longue ecténie* d'intercession. li peut aussi y avoir
une litie à la fin des matines, et c'est à ce moment que l'on prie
particulièrement pour les défunts. De là, le terme de «litie» est
parfois appliqué à un court office d'intercession pour les défunts.
Liturgie: [gr. À.Et'toupyta; sI. i\HT~prid] Terme désignant com-
munément la Divine Liturgie eucharistique.
Liturgie complète: [gr. À.Et'toupyia 'tEÀ.Eia; sI. nOi\Hdb\ i\HT~prid]
Expression désignant la Divine Liturgie eucharistique normale,
c'est-à-dire avec l'anaphore et la consécration des saints dons, par
opposition aux Présanctifiés*.
Liturgie vespérale : [gr. À.Et'toupyia ÉO"'1tEpt v~; sI. i\HT~prid Kf'lt
pHb\] Divine liturgie qui commence par les vêpres en raison d'un
jour de jeûne strict. Par exemple : pour les paramonies* de la
Nativité et de la Théophanie, le Grand Jeudi ou le Grand Samedi.
542 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

Lucernaire: [gr. À:UXvucov; sI. tli'imlAHH'IHiH] Psaumes du soir,


chantés au moment où l'on allume les lampes de l'église. voir
Seigneur, je crie.
Martyrikon : [gr. 1l0p't'UptKOV; sI. M~'1fHH'IfH71] Stichère* en
l'honneur des saints martyrs.
Matines : [gr. op8poç; sI. oihpfHo\\] Office du matin, célébré
avant le lever du soleil et faisant suite au mesonyktikon*.
Mégalomartyr : [gr. IlEYoÀollap'tuç; sI. lifAHIiOM~'1fHHIi71] Grand
martyr.
Mégalynaire : [gr. IlEYoÀ:uvapwv; sI. lifAH'I.1Hif] 1) Refrain
accompagnant le chant de la neuvième ode des canons de cer-
taines fêtes. 2) Refrain accompagnant le chant des versets du
psaume choisi, faisant suite au Polyéleos*.
Ménée : [gr. Illlvo1ov; sI. MHHfo\\] Livre liturgique du cycle litur-
gique annuel fixe. Du grec «Ili'\V) signifiant «mois), livre conte-
nant l'hymnographie pour tous les jours du mois. Il y a douze
volumes de ce genre, un pour chaque mois de l'année.
Ménologe: [gr. 1l1lvoÀ6ywv; sI. M"'to\\~ftAOK71] voir Synaxaire.
Mesonyktikon : [gr. IlEO"OVUK'CtKOV; sI. nOA~HoqJHH~I1] Office de
minuit.
Métanie : [gr. IlE'tavow; sI. nOIiAOH71 ou MfTI1Hil1] Prosternation.
La petite métanie désigne une prosternation qui se fait en allant
toucher le sol de la main. La grande métanie désigne une proster-
nation qui se fait en touchant le sol avec la tête, ce qui implique
une flexion des genoux. Il faut noter que, dans le présent manus-
crit, l'expression «trois grandes métanies) peut parfois sous-en-
tendre qu'elles sont accompagnées de la prière de saint Éphrem.
Narthex: [gr. vap81lç; sI. npHnpl1T71 ou npHKpl1T71 ou npHTKop71]
Vestibule situé à l'ouest de l'église et séparé de la nef centrale par
les portes royales*. C'est habituellement là que sont lus le meso-
nyktikon*, les heures* et l'apodeipnon*, et qu'a lieu la litie* lors
des agrypnies*.
Nekrotikon : [gr. VEKPromIlOV; sI. nOlioHH] Hymne en l'honneur
des défunts.
Octoèque : [gr. OK'tffi1lXOÇ; sI. IÔIiTOHX71] Livre des huit tons* ou
modes. Livre liturgique du cycle hebdomadaire. Ce livre contient
l'hymnographie pour chaque jour de la semaine, pour un cycle de
huit semaines, chacune correspondant à un ton.
Ode: [gr. qlÔT!; sI. n"'tH71] Une des parties du canon*, constituée
d'un hirmos* et de tropaires*, accompagnant à l'origine les ver-
sets d'un cantique biblique*. N.B. : Nous utilisons le terme «ode)
pour le matériau hymnographique, et le terme «cantique) pour le
matériau biblique, bien que cette distinction n'existe ni en grec ni
en slavon.
Office: [sI. tA\lIlŒI1] voir Acolouthie.
GLOSSAIRE 543

Panagia : [gr. 1tovoytO; sI. nptTi\~ ou ni\Hi\r1i\] Terme signifiant


littéralement «Toute Sainte », un qualificatif de la Mère de Dieu.
Ce terme peut désigner le pain béni en l'honneur de la Mère de
Dieu, objet d'une cérémonie lors de l'office de la table de midi, ou
la cérémonie elle-même. Cette cérémonie s'inspire de la tradition
selon laquelle, après la résurrection du Christ, les disciples avaient
pris l'habitude de laisser une place vide en l'honneur du Christ
et de lui réserver un pain qu'ils élevaient à la fin du repas. Le
troisième jour après la dormition de la Mère de Dieu, alors que
les disciples élevaient le pain selon la coutume, la Mère de Dieu
leur apparut en disant : «Réjouissez-vous. Je suis avec vous pour
toujours.» Depuis, la coutume veut que le pain soit élevé en l'hon-
neur de la Mère de Dieu. Cette tradition est évoquée au feuillet
190 du Psautier suivi du métropolite Cyprien.
Panagiarion : [gr. 1tovoyulptOV; sI. ni\Hi\rii\piH] Assiette com-
posée généralement de deux médaillons réunis représentant d'un
côté l'hospitalité d'Abraham et, de l'autre côté, la Théotokos, des-
tinée à contenir le pain en l'honneur de la Mère de Dieu. UJir
Panagia.
Paraecc1ésiarque: [gr.1tOpOElClCÂ.TlmapXTlC;; sI. ni\pi\~lii\Hti.iPXh ou
Oi\'fi\pOXPi\HH'fMh] Responsable du service au sanctuaire. Sacristain.
UJir Allumeur de lampes.
Paramonie : [gr. 1tOPOIlOvTt; sI. Hi\IU'lfpi~] Terme grec signifiant
littéralement veille, vigile, attente instante et qui désigne les veilles
de la Nativité du Christ et de la Théophanie, où l'on jeûne de
façon stricte dans l'attente de la fête.
Parémie : [gr. 1tOPEtlltO; sI. ni\p~Mi~] Terme désignant généra-
lement une lecture de l'Ancien Testament aux vêpres. Dans quel-
ques cas, cette lecture peut être tirée du Nouveau Testament. UJir
Prophéties.
Permission: [gr. lCo'taÂ.u<nC;; sI. pi\3P"'W~Hi~] Terme désignant
un assouplissement accordé dans une règle de jeûne, autorisant
ainsi, généralement à cause de l'occurrence d'une fête, laconsom-
mation de certains'produits dont on s'abstient normalement tels
le vin, l'huile et le poisson. Dispense.
Peuple : [gr. Â.OOC;; sI. i\IOAie] Terme désignant l'assemblée
liturgique.
Photagogikon : [gr. Ij>Ol'tOYOY'ftlCOv; sI. tK'li'flti\~H'll] Hymne
chantée à la conclusion du canon*, à la fin des matines, au
moment où est censée commencer à paraître la lumière du jour.
Souvent, le thème du Christ, lumière du monde, y est développé.
C'est pourquoi cette hymne a reçu l'appellation d'«hymne de
lumière». L'expression «photagogikon de l'évangile» [tK'li'fHi\~H'll
€VAtlihl] désigne l'une des onze hymnes attribuées à Constantin
Porphyrogénète, chantée à la fin du canon des matines domini-
544 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

cales, accompagnant la lecture de l'un des onze évangiles de la


Résurrection. UJir Exapostilaire.
Polychronion : [gr. 1toÀ.uXpovtûV; sI. MHorodiTïf] Chant d'ac-
clamation demandant au Seigneur d'accorder à quelqu'un de
nombreuses années. À l'origine, le polychronion était destiné à
l'empereur, puis au patriarche et à l'évêque; ensuite, il a été trans-
posé au supérieur* d'un monastère.
Polyéleos : [gr. 1toÀ.uÉÀE.oç; sI. nOAHf"fH ou nO"Hmw] Chant des
Psaumes 134 et 135, avec «Alléluia» comme refrain intercalé aux
versets, aux matines des jours de fête et de certains dimanches,
constituant ainsi une troisième stichologie*.
Portes royales : [gr. ~acriÀE.wt Supat ou ~acriÀE.tat 1tuÀ.at; sI.
I\jfr;bltll Kp<\T~] Portes centrales, situées entre le narthex* et la nef.
Portes saintes : [gr. <lytat Supat ou <lytat 1tuÀ.at; sI. fTbltll ,t\Kf
Pl\bl] Portes centrales de l'iconostase* donnant sur l'autel*. À ne
pas confondre avec les portes royales*.
Premier psaume : [gr. 1tPOOtlltalCOV 'l'aÀ.llov; sI. mpKoH<\'1~_
"HbIH "'<\"OM'b ou nfpKblH "'<\"OM'b] Psaume 103. Premier psaume aux
vêpres, premier office de la journée.
Présanctifiés : [gr. 1tporl'YwcrllÉvrov; sI. nptlliffqJfHH<\<\] Office
vespéral de communion eucharistique, célébré après les vêpres les
jours de jeûne strict où il n'est pas prévu de célébrer une liturgie
complète*. On communie aux saints dons consacrés lors de la
Divine Liturgie précédente, habituellement celle du dimanche
précédent, d'où l'expression «présanctifiés ».
Prêtre: [gr. tepeûç; sI. 'lfPfH ou non'b] Le terme désigne ici le
prêtre de service, qui généralement célèbre tous les offices pen-
dant la semaine où il est de service (voir Hebdomadier).
Prière derrière l'ambon : [gr. 61ttcrSâll~rovoÇ eÛXTt; sI.
gUMKOHH<\tII MATM] Dernière prière de la Divine Liturgie* dite par
le prêtre se tenant derrière l'ambon*, qui consiste en une dernière
intercession avant le congé*.
Prokimenon : [gr. 1tp01Œt/lêVOV; sI. npOr;HMfH'b] Refrain psal-
mique accompagné de versets psalmiques exécutés par le cano-
narque* ou le lecteur*, précédant généralement une lecture
biblique.
Prophétie(s) : [gr. 1tpo<l»l'teta; sI. npjf'lbfTKW] UJir Parémie.
Proscomidie : [gr. 1tPOcrKOlltOTt ou 1tpoSemç; sI. npofr;oMH,t\ï<\]
Prothèse. Première partie de la Divine Liturgie*, où le prêtre pré-
pare le pain et le vin eucharistiques, et commémore tous les mem-
bres de l'Église : les saints, les vivants et les morts.
Prosomion: [gr. 1tpocrolltûV; sI. nO,t\olifH'b] Hymne calquée
rythmiquement et mélodiquement sur un automèle*.
Prosphore : [gr. 1tpocrcj>opâ; sI. npof~op<\] Pain liturgique utilisé
pour l'eucharistie pendant la proscomidie*. L'expression «apporter
GLOSSAIRE 545

des prosphores » signifie célébrer une liturgie complète*, ou prier


pour quelqu'un pendant la proscomidie.
Prothèse: UJir Proscomidie.
Protomartyr(e) : [gr. 1tPOYtOl.HXP'tuÇ;; sI. nfpIiOM~'1fHHIi'b] Premier
martyr.
Psautier: [gr. 'l'aÀ/tTIPtoV; sI. VUTïp'b] Livre liturgique contenant
les 150 psaumes de la Septante, répartis dans le Psautier palesti-
nien en vingt cathismes*, ainsi que les neuf cantiques bibliques*.
Quarantaine, sainte ou grande: [gr. 't€crcrapaKocr't"i!; sI. '10TH_
phIAft~THHII,.1] Carême. Période de jeûne commençant la septième
semaine avant la fête de Pâques. Notons que la Grande Semaine
(Semaine sainte) ne fait pas partie, à proprement parler, de la
quarantaine.
Que tout souffle: [gr.micra 1tVolÎ; sI. IitA\liO AhlX.1Hie] 1) Exécution
chantée, aux matines des jours de fête, des laudes* commençant
par le chant du verset «Que tout souffle loue le Seigneur» (Ps 150,
5). 2) Chant du verset : «Que tout souffle loue le Seigneur » (Ps
150, 5) comme prokimenon* fixe, avec pour verset: «Louez-le
en ses saints, louez-le au firmament de Sa puissance» (Ps 150, 1),
après le prokimenon des matines. Cette dernière exécution nous
rappelle que, dans l'office asmatique, l'évangile était alors lu à la
fin des matines, après les laudes.
Réfectoire : [gr. 'tpcX1t€ça; sI. Tpdnf3.1] Lieu, habituellement
adjacent au catholicon* du monastère, où les moines se réunissent
pour prendre leur repas en commun. Le repas se déroule «liturgi-
quemenv),'selon les prescriptions de (<l'office de la table».
Réfectorier : [gr. 'tpa1t€ço1totOç;; sI. TPdm3.1ph] Personne dési-
gnée pour faire le service dans le réfectoire.
Seigneur: [gr. KUptoÇ;; sI. lilrp'b] Titre honorifique, équivalent à
«Sieur », accordé à certains saints hymnographes et aux évêques.
Seigneur est Dieu, le : [gr. 9€oç; KUptoÇ;; sI. lif'b rocnoAh]
Choix de versets psalmiques tirés du Psaume 117 exécutés par
le canonarque* au début des matines et ayant pour refrain le
verset du Ps 117, 25.26. D'une manière générale, cette expres-
sion désigne l'office festif par rapport à ce qui fut jadis l'office
normal, conservé maintenant les jours de jeûne, désigné par l'of-
fice d'A1léluia*.
Seigneur, je crie: [gr. KUPt€ ÈKÉxpaça; sI. rOtnOAH 1i'b3IidX'b]
Expression composée des premiers mots des psaumes du soir
(140, 141, 129 et 116), chantés quotidiennement aux vêpres. Les
derniers versets de ces psaumes sont intercalés de stichères*. UJir
Lucernaire.
SiInandre : [gr. cr1\Iwv'tPOV; sI. 1i""0 ou MiiAHHII,.1] Une pièce
étroite de bois ou de métal qui est frappée par un petit marteau afin
de signaler le début d'un office, ou à d'autres moments appropriés
546 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

d'un office. La simandre est l'ancêtre des cloches. Selon la solen-


nité d'un office, on frappe soit la petite, soit la grande simandre.
Skeuophylakion : [gr. crKE'UOcjl'UÀ<iKtoV; sI. cOC~AOXPIlH"TMHHU,09I]
Sacristie. Endroit, habituellement adjacent à l'autel, où l'on range
les vases sacrés et les précieuses reliques.
Sluzhebnik : [gr. tEpU'ttKOV; sI. CA~lI\fIiHH"'ll] Livre liturgique
qui contient les prières et les ecténies* dites par le prêtre (ou le
diacre) lors des vêpres, des matines et des trois liturgies.
Soleas : [gr. crffiÂ.Éaç; sI. COAfo9l] Espace surélevé devant
l'iconostase* .
Stichère : [gr. cr'ttXlJPOV; sI. ~THXHpll] Hymne intercalée entre
des versets psalmiques.
Stichère de l'évangile: [gr. cr'ttX'Tlpà 'tcOV Éffi9tvcOV EùayyEÀ.lffiV;
sI. CTHXHpll èVAhllll] L'une des onze hymnes attribuées à l'empereur
Léon le Sage, liée à chacun des onze évangiles matutinaux (de la
Résurrection) .
Stichologie : [gr. cr'ttxoÀ.oyia; sI. CTHXOCAOKill ou CTHxoAorill]
Lecture psalmodiée d'un cathisme* du Psautier*. Psalmodie.
Supérieur : [gr. 1tpoEcr'troÇ; s1. HIlCTOII'ITM'll ou HUTMTl ou
HUTOMpiH ou cnpiHwiH] Terme désignant l'higoumène*, ou le plus
ancien de la communauté, qui le remplace en son absence.
Synaxaire : [gr. cruvaçaptov; s1. CHHIl~~ph] Ménologe. Liste des
saints, fête et solennités commémorés chaque jour de l'année. Elle
couvre les douze mois de l'année ecclésiastique, de septembre à
août.
Synaxe : [gr. cruvaçtç; s1. C'lllipllHill ou C'llIiWp'll] Rassemblement.
1) Ce terme désigne généralement l'assemblée eucharistique.
Dans le cadre du monachisme de type lavratique, il désigne le
moment où tous les moines anachorètes et kelliotes se rassemblent
au catholicon* du monastère à l'occasion d'une fête importante
pour une agrypnie* et une Divine Liturgie*. 2) Ce terme peut
aussi désigner la solennité, le lendemain d'une grande fête, qui
honore le personnage choisi par Dieu pour servir d'instrument à
l'accomplissement de Son dessein. Par exemple, le lendemain de
la Nativité du Christ, l'Église célèbre la synaxe de la Très Sainte
Théotokos. 3) Ce terme peut aussi désigner la fête d'un rassem-
blement de plusieurs saints, par exemple : la synaxe des douze
apôtres, la synaxe des soixante-dix apôtres, etc.
Synodikon : [gr. cruVOÔtKOV; sI. CHHOA""'ll] Texte lu le dimanche
de l'Orthodoxie (premier du Carême) qui contient les anathèmes
contre les hérétiques, particulièrement contre les iconoclastes.
Table, sainte: [gr. ayia 'tpa1tEÇa; s1. CTllo9l Tpllnfgll ou npfCTOA'll]
Table de l'autel sur laquelle est célébrée la Divine Liturgie*.
Théotokion : [gr. 9EO'tOKtOV; sI. liorOpOAH'IfH'll] Hymne en l'hon-
neur de la Mère de Dieu, concluant une suite de tropaires* ou de
stichères*.
GLOSSAIRE 547

Théotokos : [gr. 9EO'tÔlCOÇ; sI. lioropOAH~d] Ancien titre patris-


tique accordé à la Vierge Marie, approuvé au troisième concile
œcuménique (Éphèse, 431). Souvent traduit par l'expression
«Mère de Dieu», bien que celle-ci traduise plus précisément l'ex-
pression ~i]'t11P 'tOü 9EOÜ [MTH lill\ïd].
Ton: [gr. ~xoç; sI. rMC'l1] Une des huit mélodies types (ou
mode) du chant byzantin, à la base de l'Octoèque*.
Trebnik : [gr. E'ÙXOÀ.ÔytoV; sI. TpfIiHH"'l1] Du mot Tpflid signifiant
«nécessité », livre liturgique contenant les acolouthies* des divers
sacrements et bénédictions.
Triadique : [gr. 'tptaÔtlCÔV; sI. TpOH'IfH'l1] Tropaire en l'honneur
de la Sainte Trinité.
Triode: [gr. 'tpupÔtoV; sI. TpïwAh] 1) Livre liturgique du cycle
annuel mobile, contenant l'hymnographie pour la période prépa-
ratoire à la quarantaine* allant du dimanche du Publicain et du
Pharisien (10e dimanche avant Pâques) au dimanche des laitages
(7e dimanche avant Pâques), pour la Sainte Quarantaine et la
Semaine sainte. 2) Canon composé de trois odes (tri-ode) et qui
a donné son nom à la période où on en trouve.
Trisagion : [gr. 'tptcrclYtoV; sI. TpHcTo] Terme désignant la prière
«Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, aie pitié de nous ».
Tritoekti : [gr. 'tpt9ÉlC't11 ou 'tpUÉlC't11; sI. TpHTf"TH] Terme pre-
nant son origine dans le Typikon de la Grande Église, désignant
l'office de la troisième et de la sixième heure.
Tropaire : [gr. 'tP01tclPtoV; sI. TpOndp'l1] Hymne, généralement
brève.
Typikariste : [gr. 't'U1ttlCclPT\Ç; sI. ~miKHH"'l1] Personne respon-
sable de l'ordo de l'office et du bon déroulement des offices.
Typiques : [gr. 'tU1ttlCcl; sI. wli'hHH~AI ou HgwlipdgHTfI\hHhlAl ou
THnH,,<i] Ce terme désigne généralement l'office qui, à son ori-
gine en Palestine, accompagnait la communion en cellule. Par la
suite, il est devenu un office qui vient se substituer à la Divine
Liturgie* lorsque celle-ci n'est pas célébrée. Ce terme peut éga-
lement désigner les Psaumes 102 et 145, psalmodiés au début de
cet office. ..
Tyrophagie, semaine ou dimanche de la : [gr. WpO<l>clyOU; sI.
chlpon~CTHdAl] Semaine ou dimanche des laitages. Huitième semaine
avant Pâques, se' terminant le septième dimanche avant Pâques.
Dernière semaine (ou dernier dimanche) avant le début de la
quarantaine* où les laïcs s'abstiennent déjà de viande, mais où
la consommation d' œufs et de laitages est autorisée, y compris le
mercredi et le vendredi.
Vénérable: [gr. ocrtoç; sI. npfnoAoliHhlii] Terme par lequel nous
traduisons le qualificatif des saints moines.
Vêpres: [gr. É<J1tEptv6ç; sI. KmpHAI] Office du soir, célébré au
coucher du soleil.
548 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

Verset: [gr. cr'ttXOç; sI. tTltX71] Terme désignant généralement


un verset psalmique. Dans le présent manuscrit, il peut aussi faire
référence à la prière : « Par les prières de nos saints Pères, Seigneur
Jésus Christ, notre Dieu [ou: Fils de Dieu], aie pitié de nous.»
Vigile de toute la nuit: [sI. KtfHOIpHOf IiA'liHïf] UJir Agrypnie.
Chronologie
Patriarches
Année Cyprien Empereurs byzantins Russie
de Constantinople
1328 Andronic III

1330
1331 Naissance à Trnovo

1334 Jean Kalekas

1340
1341 Guerre Jean V-Jean VI

1346 Isidore Jean VI


1347
Patriarches
Année Cyprien Empereurs byzantins Russie
de Constantinople
1350 v. Moine à Kilifarevo Kallistos

1353 Philothée Philothée promeut Alexis


1354 Kallistos Jean V Ka!. promeut Romain

1356 Au Mont Athos (?)

1359 Dim. Donskoj Pro Mosc.


1360

1362 Mort Romain de Lituanie


1363 À Constantinople
1364 Retour à l'Athos Philothée

1366 Kasimir de Pologne annexe


Petite Russie
1370
Patriarches
Année Cyprien Empereurs byzantins Russie
de Constantinople
l373 À Constantinople
l374 Mission: Lituanie-Russie
l375 Métr. de Kiev et Lituanie
l376 Arrive à Kiev Macaire Jean V/Andronic IV

l378 Jean V Mort du métro Alexis;


l379 Nil Mitiaj à Constantinople
l380 Métropolite de Petite Russie et Bataille de Koulikovo
Lituanie Pimène, métro de Russie
l382 Réconcil. avec Donsko; Incendie de Moscou
Vie de Pierre de Kiev
Laché par Donsko;
l385 Au Stoudion de Constatinople
l386 Union Pologne-Lituanie
l387 Mission en Petite Russie
l388 Métr. de toute la Russie Pimène déposé
l389 Arrivée à Moscou Antoine Mort de Dimitri; Donsko;
l390 Macaire Jean V!Jean VII Basile, gr. prince de Mosc.
l391 Antoine Manuel II
l392 À Novgorod
Patriarches
Année Cyprien Empereurs byzantins Russie
de Constantinople
1393 Novg. soumis à Moscou Destruction de Trnovo

1395 Envoi au clergé de Novg. Moscou sauvée par l'icône

1397 À Moscou (Kallistos II)


Se consacre à la liturgie Matthieu 1er

1400
1401 Concile
Copie de manuscrits

1406 Mort de Cyprien

1410 Euthyme
Carte

L'Europe de l'Est vers 1390


Bibliographie

SOURCES PATRISTIQUES

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P. T. Camelot, SC 18, Paris, 1946.
-, Traité sur la virginité, PG 28,251-282, Paris, 1857.
BASll..E LE GRAND, Grandes règles, PG 31, 889-1052, Paris, 1857
[= Saint BASll..E, Règles monastiques, trad. L. Lèbe, Maredsous,
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CALLISTE, patriarche de Constantinople, Vie de saint
Grégoire le Sinaïte, éd. : H. llOM.HITOBCIŒM, )J(umue uJICe
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La Philocalie, trad. J. Touraille, t. II,Paris, 1995, p. 546-643.
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Index

Afanassieff, N. : 372 Barsov, E. : 129


agrypnie : 39, 154-155, 172, Basile Dmitrievitch : 65, 68,
187, 198-199,201,208,214, 70, 73, 90
295-296,304,313,333,378 Baumstark, A. : 305, 363
Alexis de Constantinople: 147, Betin, L. : 74
171 Boulgakov, M. : 29, 84
Alexis, métropolite: 33, 49-56, Bradshaw, P. : 364
158-159, 161
Alléluia : 176-178 Calliste et Ignace Xanthopouloi :
Amphiloque, archim. 111, 39,45,329,331,336,344
116, 156 cantiques bibliques : 177
Anastasis de Jérusalem : 137, Casimir de Pologne : 49
201, 204, 208, 281, 302, Cassien : 166-167, 172, 180-
364, 366-367 181, 184, 193, 204, 223,
anavathmi : 205-206 254,256,297,302,332
André de Crète: 291 Chevyrev, S. : 84
Andronic N : 55,57,60 concile des Blachernes : 44
anixantaires : 199 Constantin d'Ostrog : 88, 90
Antoine de Constantinople Constantin VII Porphyrogénète:
64,67-68,71-72 225
Antoine de Novgorod: 282 Constantinople: 48-49, 54-56,
apodeipnon: 193, 195 60,62-65,73,131,170,174,
Arkhangelskij, A. : 126 203,224,227,233,245,252,
Arranz, M. : 37, 97, 124, 136, 265,271,281,284,291-292,
138,172-175,179,189,205, 303,306,311,313,315-317,
207,210,263,364,385,387 342,356,363-367,369,376,
artoclasia : 201 398
Athanase d'Alexandrie: 321 Cosmas de Maïouma : 296
Athanase l'Athonite : 311 Cyprien de Carthage: 372
Athanase Vysotskij : 60, 62-63, Cyprien Tsamblak : 27-29,
91, 114, 119, 130-131, 162, 31, 37, 39-70, 72-75, 77-98,
175, 189, 380-382, 395 100, 111, 114-121, 123-128,
130-131, 135-136, 138, 142,
Barsanuphe et Jean de Gaza : 144-145, 153, 158-159, 161-
293 163, 175, 183-184, 189-190,
580 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

198,214,216,226-227,230, Goloubtsov, A. : 385


233,257-258, 281, 301-306, Golubinskij, E. : 29, 41, 49, 70
309-310, 314-315, 317-318, Gorskij, A. : 59-60, 98, 100
321,329,331,333,336,339, Grégoire le Sinaïte: 37,41,44,
341, 348, 351-354, 356-357, 79-80, 117, 126, 314, 318-
359-361,363,365,367,371, 319,323,326-329,331-333,
375, 378-382, 384, 386-388, 337, 342, 387
390-391, 393-395, 397-399 Grégoire le Théologien : 296
Cyrille d'Alexandrie : 279 Grégoire Palamas: 37-38,43-45,
48,57,81, 121, 125-126,267-
Denys d'Alexandrie: 281,286 268, 314, 318-319, 322-325,
Denys de Souzdal : 56, 62 352,358,387,396,399
Denys l'Aréopagite: 78-79,81, Grégoire Tsamblak : 40, 44, 55
89,318,321 Griazina, L. : 78, 80, 112,395
Diadoque de Photicé : 335 Grumel, V. : 226
Diakovskij, E. : 167, 180-181,
194, 233, 280 Hasluck, R : 311
diataxis de Philothée: 96-97, Héraclius: 255, 271
100,142,174-175,188,209, hésychasme : 38, 41, 43, 45,
310,317,365 47-48, 56, 115, 123-126,
Dimitrij Donskoj : 52-53, 55-56, 128, 131, 154, 171, 267,
60-62, 64, 82, 88, 92, 348 304,314-315,317,319,329,
Dmitriev, L. : 82, 84-86 331,333,335,338,340,342,
Dmitrievsky, A. : 30-32, 95-96, 345,352,356,362,365,394
98, 146-147, 164, 173-175, heures: 180-182, 302
189-190,195,197,236,277, hexapsalme: 172-175
289,362,384 Holthusen, J. : 40
Doncheva-Panayotova, N. : 86
Dorothée de Gaza : 254, 256 Ignatieff, C. : 29
Irénée de Lyon: 321
Egender, N. : 163,166,185-187 Irréprochables : 203-204, 206
Égérie : 137, 201, 254, 273- Isaac le Syrien: 337
274,277,280, 290, 296-297, Isaïe le Serbe : 79
303,364 Isaïe, Abba : 332
Euthyme de Trnovo : 42-45, Ivanov, J. : 94, 117-118
55, 78-81, 86, 94, 97, 112,
121, 126-127,318-319,329, Jagajlo, prince : 69-70, 74
331,335,342,344 Jagellon: 53
Évagre : 323, 325 Janeras, S. : 281
évangiles matutinaux : 207 Jean Cantacuzène : 48, 58, 63,
Évergète : 366 71, 128, 175
Évergétis : 281, 316, 356 Jean Chrysostome : 289
Jean Climaque : 312, 323, 327-
Galicie, métropole de : 49, 72 328, 333-334
Germain de Constantinople: 295 Jean Damascène : 252, 255-
Golenichtchevo : 73, 75, 127 256,295-296
INDEX 581

Jean V Paléologue: 57,63-64 Maas, P. : 271


Jérusalem: 254-255,293, 311, Macaire de Constantinople
317,363,367,369,398 52-55,60
jeûne: 221-223, 226-227, 229- Mamaj : 58, 61
230, 250-251, 254-255, 258, Mansvetov, I. : 29, 31, 83,95-97,
260, 263, 280-282, 286-287, 115-117, 119-120, 123, 129,
296-297, 304, 306, 333-334, 137-138, 143, 161-162, 183,
336-338, 373-375, 378 190,214,222,230,249,251,
Joseph de Thessalonique: 291, 261,381-382,386,393
295, 303, 362, 368 Maraval, P. : 274
Marc le Moine: 325, 335
Mateos, J : 32, 176, 178, 182,
Kallistos (Ware) : 313-314, 323,
188,204,208,277,363
327, 329, 342
Matthieu de Constantinople
Karabinov, I. : 147, 270-272
73
Kartachov, A. : 29, 70
Maxime le Grec : 116
Kenanov, D. : 45
Ménée de Kharkov: 85, 88-91,
Kiev : 49, 52, 55, 58, 62, 65,
129, 131, 162,233,395
69-70
Meyendorff, J : 29, 38, 44-45,
Kilifarevo : 42, 47, 86
51, 56, 60-61, 63, 70, 123,
Kiselkov, V. : 42, 44, 47, 84
125,327
Kliuchevskij : 85
Meyendorff, P. : 30
Kniazevskaia, O. : 94, 124
Michel de Moscou : 61
Koulikovo : 58-59
Michel de Tver : 61
Krevo : 70
Michel II de Constantinople :
Krumbacher, K. : 271
223
Mikhajlov, E. : 130
EÉchelle de Jean Climaque Mitiaj: 53-56, 65, 81, 87, 92
64, 78, 80, 89, 94, 111-112, Mohyla, Pierre : 28
118,262,316,318,395 Mont Athos : 37, 39, 41-44,
Ladner, G. : 353 46-48, 75, 115-116, 126-
Larchet, J-C. : 356 127, 131, 154, 171,310-315,
Laurent, V. : 312 318,356,363,376,394
Le Seigneur est Dieu: 176-177 Moscou: 49, 54-55, 58,61-65,
Léon VI le Sage: 298 67,69, 73-74, 127, 131-132,
Léonce de Constantinople: 293 158-159,383
Léonide, archim. : 41-42, 44,
46-47,49,59, 111 Narration de Jean et Sophrone :
Lisitsyn, M. : 31, 138, 143, 172,179,188,191-193,200,
145, 147, 204 364
litie : 146, 187, 201, 208-209, Nicéphore Calliste Xanthopou-
227, 245, 275, 362, 365, los: 205, 271-272, 293, 295,
368 298-299
Lossky, A. : 32, 358 Nicéphore de Constantinople
Lossky, V. : 38 (dit aussi le Confesseur)
Lumière joyeuse : 192 253, 255, 256
582 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

Nikon de la Montagne Noire : Pierre, métropolite: 54, 58-59,


154,157,216,230,251,313 61, 77, 84-92, 117-118, 159,
Nikon, patriarche: 28, 30, 130, 161,395
355,371-372,382,384-386 Pimène, archim. : 57-58, 61-64,
Nil de Constantinople: 51-52, 92
57-58,62-64,66,316 Podskalsky, G. : 125
Nil Kurliatov : 116 Polyéleos : 203
Novgorod: 66-68, 83, 96, 144, Pomialovskij,I. : 129
257,383 Pott, T. : 28,285,309,347-348,
Novostruev : 98, 100 351,353-354,360,388,391
prières sacerdotales: 173-175,
Obolensky, D. : 29, 38, 40, 42, 188, 304, 365
45, 52, 59 Prochoros Kydonès : 43
office asmatique : 135, 137, Prokhorov,G.:29,38,52,59-60,
139-141, 174-175, 188, 191, 62, 80, 82-83, 85, 89-92, 98,
210,302-303,306,317,346 112,119,129,131,395
office chanté: 27 prokimena : 192
office royal : 171 prokimenon : 207
Olgerd, prince : 49-50, 53-54, prokimenon fixe : 179, 207
56,61,69 Psautier suivi de Cyprien
31-33, 111-112, 114-118,
Panagia: 185-187,290,379 122, 130-131, 162-163, 166,
pannychis : 142, 155 168-173, 176-177, 179-188,
Papachryssanthou, D. : 311-312 191-193, 196-197, 199-202,
Papadopoulos-Kerameus, A. : 205-209, 211-215, 217-218,
271 220-223, 226, 229-230, 232-
Pavlov : 82-83 233, 235-236, 239, 243-246,
Pentkovskij, A. : 31, 124, 143, 248, 250, 252, 257-264, 266-
147, 151, 158, 161-163,319 270, 273-276, 282-285, 288-
Peribleptou : 381 289, 291, 294, 296-298, 301,
Petit, L. : 59 304-305, 315-316, 329, 331,
Pétridès, S. : 194, 197 336, 339, 341, 354, 356, 362,
Philothée Kokkinos : 27, 31, 365, 368, 373-375, 377-379,
37-38, 42-46, 48-53, 56-57, 385, 387, 393, 395, 397
63, 70, 79, 86-87, 91, 96, Pseudo-Kodinos : 233, 317, 368
100, 116, 119-121, 126, 128, Pskov : 68, 83, 90, 94, 96-98,
131, 136, 159, 257, 268, 121,144,162,227,373-374,
304, 310, 315, 317, 319, 383
321,324-325,361,363,365,
387,394 Que tout souffle : 178
photagogika : 177-178
Photios de Constantinople : 271 Raes, A. : 194
Photios de Kiev: 72, 75, 144 Réponses à l'higoumène Athanase:
Photios, métropolite: 372-375, 42, 60, 83, 91, 95, 119, 131,
377-380 144-145, 161, 175, 183, 190,
Pierre Chrysologue: 292 230,258,375,381,395
INDEX 583

Salaville, S. : 214 Théodore le Stoudite : 136,


Schmemann, A. : 32, 38, 309, 188, 203, 205, 285, 291,
320, 338, 340-341, 357, 359, 334, 340, 362, 368
362, 388, 390, 398 Théodore Tiron : 265
Seigneur, je crie vers Toi: 191 Théodose de Trnovo : 41, 44,
Senyk, S. : 41, 51,65 80, 86, 126, 318
Serge de Radonège: 53-56,60, Théognoste de Kiev: 67, 144,
81,91,98 159
Serge, archevêque : 225 Théophane le Grec : 74
Sévère d'Antioche: 254, 292 Tokhtamych : 61
Skaballanovitch, M. : 137, 172, Trebnik de Cyprien: 97, 100,
175, 181, 194 142
Sluzhebnik de Cyprien : 93, tritoekti : 141, 145, 262, 277
95, 97, 100, 119, 130, 145, tropaires triadiques : 177
175-176,189-190,397 Typikon d'Alexis le Stoudite
Smolensk : 69 31, 91, 124, 130, 147, 149,
Sokolov, P. : 62, 92 151, 161, 167, 171, 176,203,
Sophrone de Jérusalem: 233, 279 206-207,210,212-213,215,
Stoudion : 42, 63-64, 89, 111, 217,219-220,222-224,229-
118, 136, 147, 154, 174,203, 230, 232-233, 235-236, 239,
206,316,362,364-365,376 244-247, 250, 253, 257-260,
Strigolniks : 65 262-270,273,275-278,281-
Strunk, O. : 138 284, 287-288, 292, 295-297,
Svidrigajlo, prince : 69 351,365,368,373,375,378
Syméon de Thessalonique: 39, Typikon de l'Évergétis: 155,
115, 135, 137, 139, 142, 197, 17~ 18~ 19~233,316
204-205, 210, 282, 303, 305, Typikon de la Grande Église :
346, 349-350, 352, 357, 363, 27, 32, 91, 120, 130, 135-
365 137, 143-146, 150, 153, 157,
Syméon le Nouveau Théologien: 177,200,203,207,209-210,
42, 126 215,224,237,245,249,252,
Synaxaire : 212, 214, 216 257,263,272,277,281-283,
Synodikon de l'Orthodoxie: 44, 285, 290, 292-293, 295, 299,
68,90,94, 121, 161,267 306,316,340,342,345,351,
354,362,366-367,383,385
Tachiaos, A.-E. : 81, 121, 126, Typikon sabaïte : 39, 48, 60,
128-129, 131 91-92, 114, 118, 120, 130-
Taft, R. : 124, 310, 313, 317- 131,136-137,154,156,158-
318,364 159, 161-162, 169, 174, 177,
Talev, 1. : 84 179, 192, 198-200, 206-208,
Tamerlan : 61, 69 211-212, 219, 224-226, 228,
Tchechko, E. : 94, 117, 124 230, 233, 236, 243-244, 246,
Tertullien : 281 252, 255, 258, 260, 264,
Théodore d'Andide : 144 267-268,280,287,289,291,
Théodore de Simonov : 53-55, 294, 301-302, 304-305, 321,
58, 62-64, 81 340, 345-346, 349, 352, 366,
584 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

374-375,378,380-381,385, vêpres: 198


394,398-399 Verpeaux, J. : 317
typiques: 182-185 Vitovt, prince: 69, 74
Vzdornov, G. : 74, 112
Uspensky, N. : 198-201, 203,
205,209,315-316,347,366, Wagner, G. : 349
382-384, 389

Vasiliev, A. : 312 Zoudianos, N. : 311


Table des matières

Remerciements ......................................... ,. . . . . . . . 11
Abréviations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Préface......................................................... 17
Liminaire...................................................... 25
Introduction.................................................... 27
Présentation du sujet - État de la recherche - Intérêt du
sujet - Méthodologie - Plan de l'étude

PREMIÈRE PARTIE
VIE ET ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

CHAPITRE PREMIER - LA VIE DU MÉTROPOLITE CYPRIEN


ET SON ÉPOQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
La jeunesse de Cyprien à Trnovo (v. 1331-v. 1363)
- Son séjour à l'Athos (v. 1364-v. 1373) - Le séjour à
Constantinople avec Philothée (v. 1373-1375) - Cyprien,
métropolite de Kiev et de Lituanie (1375-1381) - Cyprien,
métropolite de Kiev et de toute la Russie (1381-1382) -
L'exil du métropolite Cyprien (1382-1390) - Le retour de
Cyprien à Moscou (1390-1406)

CHAPITRE II - L'ŒUVRE DU MÉTROPOLITE CypRIEN..... 77


Les « traductions) du métropolite Cyprien - Les lettres
du métropolite Cyprien - Les œuvres biographiques du
métropolite Cyprien - les manuscrits liturgiques attribués
au métropolite Cyprien

CHAPITRE III - DE NOUVEAUX REGARDS


SUR LE MÉTROPOLITE CYPRIEN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 123
Remarques méthodologiques - L'hésychaste - L'écrivain-
L'homme d'Église - Le métropolite liturgiste
586 LA RÉFORME LITURGIQUE DU MÉTROPOLITE ...

DEUXIÈME PARTIE
LA RÉFORME DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

CHAPITRE IV - LA LITURGIE EN RUSSIE AVANT L'ÉPOQUE


DU MÉTROPOLITE CypRIEN ............................... 135
L'office asmatique des églises séculières (le Typikon de la
Grande Église) - L'office monastique d'après le Typikon
stoudite - Le métropolite Alexis, précurseur du métropolite
Cyprien

CHAPITRE V - L'INTRODUCTION DU TYPIKON SABAÏTE


PAR LE MÉTROPOLITE CYPRIEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 161
Le déroulement des offices de l'Horologion - Le Synaxaire
(ménologe) - Le cycle du Triode

CHAPITRE VI - CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉFORME


DU MÉTROPOLITE CypRIEN ............................... 301
L'importance de la psalmodie - La place de l'hymnographie
La renaissance des sources du monachisme
érémitique - Synthèse entre la tradition palestinienne et
constantinopolitaine

TROISIÈME PARTIE
UNE ÉVALUATION DE LA RÉFORME
DU MÉTROPOLITE CYPRIEN

CHAPITRE VII - LA THÉOLOGIE LITURGIQUE


DU MÉTROPOLITE CypRIEN ............................... 309

Les sources de la réforme du métropolite Cyprien - La


théologie liturgique du mouvement hésychaste - Problèmes
liturgiques aux XIV"-XVe siècles

CHAPITRE VIII - LE BUT DE LA RÉFORME


DU MÉTROPOLITE CypRIEN ............................... 351

Le renouveau hésychaste - Adaptation aux besoins de


l'époque - Une synthèse liturgique

CHAPITRE IX - L'IMPACT DE LA RÉFORME LITURGIQUE


DU MÉTROPOLITE CypRIEN ............................... 371

Sa réception progressive - La place de la réforme de


Cyprien dans la théologie liturgique
TABLE DES MATIÈRES 587

CONCLUSION ................................................ 393


Nouvelles contributions scientifiques - Découvertes
récentes - Paradigmes de théologie liturgique

ANNEXE - LES RUBRIQUES DU PSAUTIER SUIVI


DU MÉTROPOLITE CYPRIEN. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 401

Le manuscrit - Datation du manuscrit - L'orthographe du


manuscrit - Principes d'édition
Texte original.. ............................................ 404
Traduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 451
Glossaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 535
Chronologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 549
Carte .......................................................... 555
Bibliographie . .................................................. 557
Sources patristiques - Sources liturgiques - Sources
historiographiques - Usuels - Études sur le métropolite
Cyprien de Kiev - Études sur le mouvement hésychaste -
Études sur l'histoire de la liturgie byzantine
Index .......................................................... 579
Achevé d'imprimer en octobre 2010
dans les ateliers de Normandie Roto Impression
61250 Lonrai
N° d'impression: 10-3673
N° d'édition: 14881
Dépôtlégal : octobre 2010

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