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LE ZOHAR OU LE LIVRE DE LA SPLENDEUR 1

Emmanuel d’Hooghvorst

C’ est le trésor de la tradition des Hébreux. On l’a a ppelé la clé du ciel.


Ce livre est attribué à Rabb i Siméon B ar Io cchaï 2 vivant au II siè cle
après Jésus-Christ, célèbre rabb in qui contribua à la composition de la
Mishna . Après le désastre qui suivit la révolte de Bar Kokhba 3, la prise et la
destruction de Jérusalem et la persécution de l’ empereur Hadri en, Ra bbi
Siméon fut un des maîtres qui contribua à la préservation et à la renaissance
du Judaïsme à une des époques les plus so mbres de son histoire. On a
attribué à Rabb i Siméon d e nombreuses histoires merveilleuses. C’ est un des
plus grands et des plus célèbres rabbi ns du passé.

Le Zohar est un commentair e4 du Pentateuque, verset par v erset. Il contient


aussi quelques petits traités indépendants comme : Le Mystère des lettres, Le
Midrash secret, le Midrash secret sur le livre de Ruth, sur : Le Cantique des
Cantiques, Le Cordeau de la mesure, etc.

Ce livre est magnifique dans sa prolixité, d’ une profondeur étonnante,


plein d’histoires et de pa ra boles qui introduisent le le cteur dans les mystères
et la splendeur du monde qui vient ; un enchantement et un maître préci eux,
quelquefois difficile, jamais ennuyeux. Il est écrit presque entièrement en
araméen, un araméen l ittéraire et châtié, différent du langage parl é qu’ on
trouve dans le Talmud. Il en existe a ctuellement de bonnes traductions en
hébreu qui en fa cilitent la lec ture, ces deux langues étant très proches l’ une
de l’autre 5.
1 Il n’ est pas inut ile ici, de consulter Paul Vulliaud, La Kabbale j uive, éd. E. Nourry, Paris 1923. tome
I, p p. 249 et sv. Et surtout Prof. G. Scholem, Les grands courants de la mystique juive, éd. Payot,
Paris 1950. Trad. M-M. Davy.
2
Voir Guy Casaril, Rabbi Siméon Bar Iocc haï et la Cabba le, Coll ection Maîtres Spirituels,
éd. du Seuil, Paris 1977.
3 Cé cil Roth, Histoire du peuple d’Israël, éd. de la Terre Retrouvée, Paris, 1957. Cette révolte dura

trois ans, de 133 à 135 ap. J.C.


4 C’ est à dire, en hébreu un Midrash, (au pluriel Midrashim) de la ra cine Darosh, expliquer. Il existe

de nombreux Midrashim, que l’ étudiant de la Torah ne peut en aucune fa çon, négliger. Le Midrash se
présente, c omm e le Talmud, sous forme d e conversations entre rabbins, remplies d’a necdo tes, de
parabo les et d’ énigmes, aut ant d’allusions s ubtiles à la gnose d ’Israël.
5
On peut fa cilement se procurer la grande édition du rabbi n Ashlag en 21 volumes : texte
araméen, commentaire ancien d u Derech Emeth (la voie de la Cabale) et trad uction glosée
en hébreu, appelé Co mm entaire de l’Echelle. éd. Hamassora h, Meah - Shearim, Jérusalem.
Il y a aussi, en hébreu, l’ excellente trad uction avec notes et comm entaries de La chover et
Tishby, Mishnath Hazohar, éd. Institut Bialiq, Jérusalem, 1957, 2 vol. Les textes y sont classés
par

1
Son origine pose, cependant des problèmes. Le Zohar n’a commencé à
se répandre qu’à la fi n du XVIIIe siè cle à partir de la Castille. Le fait qu’il
aurait été inconnu av ant cette époque a mis en question l’identité véritable
de son auteur. C’ est le rabb in Moïse de Léon qui en répandit les premières
copies, à la fin du XIIIe siè cle en Castille. Mais le manuscrit ancien que Moïse
de Léon aurait copié, n’a jamais été vu ni trouvé par p ersonne, du moins,
selon les témo ignages connus.

On rapporte que sa femme lui d emanda un jour pourquo i il ne revendiquait pas


la paterni té de cet ouvrage. Il lui aurait répondu :

« Si je disais que j’ en suis l’aute ur, personne ne prêterait attention à ce


livre, on ne m’ en donnerait pas un l iard, parce qu’ on d irait que ce
sont les produits de ma propre imagination. Mais maintenant qu’ on
entend dire que je copie le livre du Zohar écrit par Si méon Bar Iocchaï
sous l’inspiration du Saint Esprit, on paye beaucoup ce travail comme
vous le savez ».6

L’influence du Zohar ne devint importante dans le Judaïsme qu’aprè s


l’ expulsion des Juifs d’Espag ne au XV Ie siècle, avec l’ école de Safed en
Palestine, formée autour d’I saa c Louria.

Dans ce livre aussi utile aux chrétiens qu’aux juifs, Israël s’ est retrouvé
tout entier comme en son mi roir le plus pur, avec sa foi, sa longue fidélité,
son amour profond ; avec son génie, la c abale c’ est à di re, la tradition
magistrale.

sujets. Le deuxième volume fut réalisé par le Professeur Tishby seul. Cett e public ation fut
malheureusem ent interromp ue après ce deuxième volume. En traduction franç aise, il existe celle,
parfois contestable, de Jean de Pauly publié chez Maisonneuv e et Larose, ainsi que celle de Charles
Mopsik, 7 vol. éd. Verdier, collection « Les Dix Paroles », 11220 Lagrasse. En anglais : très bonne tra
duction, malheureusement a brégée : Thé Zohar translate d by Harry Sperling & Maurice Simon, 5 vol.
éd. Soncino, London 1973.
6
Voir G. Scholem, op. , cit. cha p. V et VI, qui cite cette histoire.

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