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transformations et transpositions
d’un recueil de fables enchâssées
dans la littérature exemplaire
Victoria Smirnova
L
a littérature exemplaire du Moyen Âge est à juste titre comparée à un
‘melting pot culturel et religieux’1 qui refond le flux narratif hétérogène
dans les ‘récits brefs donnés comme véridiques et destinés à être insérés
dans un discours (en général un sermon) pour convaincre l’auditoire par une
leçon salutaire’.2 Plus une œuvre est célèbre et à la portée de tous, meilleures
sont les chances de la trouver démembrée, dispersée dans plusieurs recueils
et adaptée aux besoins du prédicateur. Pas plus que plusieurs autres légendes
hagiographiques, celle de Barlaam et Josaphat ne fait exception à cette règle. La
deuxième traduction latine du texte grec — la version dite vulgate — remonte
au xiie siècle;3 or, déjà dans le premier tiers du xiiie siècle, à l’aube même de
1
Groupe d’anthropologie historique de l’Occident médiéval, Une Culture du livre dans une
société d’illettrés: parler, figurer, écrire dans l’Europe médiévale, Programme de recherche, 2006–
2010 <http://gahom.ehess.fr/index.php?601> [consulté le 10 janvier 2014].
2
Bremond, Le Goff, et Schmitt, L’Exemplum, pp. 37–38.
3
Sur la première adaptation du texte faite en 1048 à Constantinople, voir Le Roman de
Barlaam et Josaphat, éd. par Sonet, i, 73–74. Nous citons la version vulgate d’après Barlaam et
Iosaphat: versión vulgata latina, éd. par Cruz Palma. Les références plus générales sont données
d’après la traduction de Jacques de Billy datant du xvie siècle et publiée par l’abbé Migne dans
Victoria Smirnova (smirnova.victoria@gmail.com) est maître de conférences à l’Université
d’État des sciences humaines de Russie à Moscou (Российский государственный гуманитарный
университет, RGGU).
D’Orient en Occident: Les recueils de fables enchâssées avant les Mille et une Nuits de Galland,
ed. by Marion Uhlig and Yasmina Foehr-Janssens, CELAMA 16, (Turnhout: Brepols, 2014)
pp. 79–112 BREPOLS PUBLISHERS 10.1484/M.CELAMA-EB.1.101987
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la Patrologie latina ( Jean Damascène, Vita sanctorum Barlaam eremitae et Iosaphat Indiae regis,
trad. par Billy, PL 73, col. 443–606).
4
Jacques de Vitry, The Exempla, éd. par Crane, pp. 3, 10, 16, 18–19, 35–36, 37–38, 55, 60.
5
Eudes de Cheriton, Liber parabolarum et Sermones dominicales. Voir Eudes de Cheriton,
Liber parabolarum, éd. par Hervieux, pp. 217, 252–53, et Eudes de Cheriton, Sermones domini-
cales, éd. par Hervieux, pp. 294, 317–19.
6
Étienne de Bourbon, Tractatus de diuersis materiis predicabilibus, éd. par Berlioz, i, 11,
131–32, 205–06, 272, 302–03, 354–55; iii, 289–90
7
Humbert de Romans, De dono timoris, éd. par Boyer, pp. 4–5, 112, 201–03.
8
Voir An Alphabet of Tales, éd. par Banks, i, 119, 132; ii, 284–85, 416–17 437, 500–01.
L’édition latine de C. Ribaucourt nous reste indisponible.
9
Jean Gobi le Jeune, Scala coeli, éd. par Polo de Beaulieu, pp. 202, 207–08, 216, 218–19,
347, 406–07, 422, 573–74.
10
Vincent de Beauvais, Speculum quadruplex, iv: Speculum historiale, 578–604.
11
Jacques de Voragine, Legenda aurea, éd. par Maggioni, ii, 1241–55.
12
Speculum exemplorum. Sans pagination. ISTC is00654000; in-f o. Strasbourg : Georg
Husner,1490.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 81
13
Le Roman de Barlaam et Josaphat, éd. par Sonet; Polo de Beaulieu, ‘Les exempla d’origine
orientale dans la Scala coeli de Jean Gobi’; Tubach, Index exemplorum. Derron, Des Strickers
ernsthafter König: ein poetischer Lachtraktat des Mittelalters: eine motivgeschichtliche Studie zur
ersten Barlaam-Parabel.
14
Perault, Summa virtutum ac vitiorum.
15
Gesta romanorum, éd. par Oesterley.
16
Nicolas de Bergame, Dialogus creaturarum. Sans Pagination. ISTC id00159200. in-f°.
Cologne: Konrad Winters, 1481.
17
Recull de eximplis e miracles, éd. par Aguiló y Fuster.
18
Libro de los gatos, éd. par Gayangos.
19
Bozon, Les Contes moralisés, éd. par Toulmin Smith et Meyer. Comme L. Hervieux le sup-
pose, Nicole Bozon, aurait pu s’inspirer directement par Eudes de Cheriton. Voir Les Fabulistes
latins, éd. par Hervieux, iv, 92–106.
20
El libro de los exemplos, éd. par del Mar Gutiérrez Martínez.
21
Ci nous dit, éd. par Blangez.
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(sous quelques réserves),22 quant à eux, puisent largement dans les sources
latines, y compris dans celles contenant des récits issus du Barlaam et Josaphat.23
Apologues
22
Comme G. Blangez l’affirme, il est impossible de dire d’aucune partie du Ci nous dit qu’elle
est reprise de telle ou telle œuvre. Tout au plus retrouve-t-on çà et là des exemples qui racontent
la même histoire que des chapitres isolés du Ci nous dit (Ci nous dit, éd. par Blangez, p. cii). De
plus, à la différence des recueils qui citent régulièrement leurs autorités, l’auteur du Ci nous dit
(peut-être un religieux mendiant) semble les cacher (Ci nous dit, éd. par Blangez, p. lxviii).
23
En revanche, nous n’examinons pas de nombreux dits et lais, comme Li Dis dou roi et des
hiermittes de Jean de Condé ou Le Lai de l’oiselet, mentionnés par J. Sonet (sur le Lai de l’oiselet
voir, par exemple, Le Lai de l’oiselet, éd. par Wolfgang). Nous laissons de côté, de même, des
récits typologiquement similaires à ceux l’Histoire de Barlaam et Josaphat (et pour cela indexés
par F. C. Tubach sous le même numéro), mais issus d’une autre tradition narrative, celle des
Vitae Patrum (comme l’histoire d’un jeune homme qui n’a jamais vu de femmes) ou celle de la
Disciplina clericalis (comme l’apologue de ‘L’Archer et du rossignol’ dans El libro de los enxem-
plos et dans la Scala coeli, ou l’apologue des ‘Trois amis’ dans le Dialogus creaturarum et dans
l’Alphabet of Tales, etc.). Nous ne traitons pas, de même, ceux dont la différence est tellement
frappante qu’on peut à peine parler d’un lien de parenté quelconque (c’est le cas de l’histoire des
coffrets dans le chapitre 251 des Gesta Romanorum, éd. par Oesterley, pp. 655-57). Enfin, nous
excluons de notre aperçu les épitomés gardant tant l’histoire-cadre que les apologues, même
brefs, comme, par exemple, celui qu’on trouve dans le Große Seelentrost (Der große Seelentrost,
éd. par Schmitt) et dans le Viaticum narrationum (Hermann de Bologne, Das Viaticum narra-
tionum, éd. par Hilka, p. 95).
24
Le Liber ad status, Paris, BnF, MS lat. 6368. Un recueil d’exempla, compilé à la fin du
premier tiers du xive siècle par un religieux cistercien italien.
25
Comme, par exemple, Herolt, Sermones discipuli de tempore et sanctis; Martin de Troppau
Sermones de tempore et de sanctis; Nicolas de Bergame, Dialogus creaturarum; ‘Libro de los gatos’,
éd. par Gayangos; Perault, Summa virtutum ac vitiorum.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 83
26
Ainsi, Humbert de Romans ne prend que deux apologues dont la thématique — la peur
— coïncide parfaitement avec celle de son recueil intitulé De dono timoris; Humbert de Romans,
De dono timoris, éd. par Boyer.
27
Sur le rire voir, par exemple, Le Goff et Truong, Une histoire du corps au Moyen Âge;
Verdon, Rire au Moyen Âge.
28
L’apologue du jeune bélier est parfois négligé même par les chercheurs modernes.
W. F. Bolton ne le mentionne pas dans son article Bolton, ‘Parable, Allegory and Romance in
the Legend of Barlaam et Josaphat’.
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ainsi que de leur signification universelle. Il semble être trop circonstanciel pour
posséder un contexte théologico-moral apte à produire une leçon pour tous. Le
jeune bélier, élevé en captivité, se risque dehors et se joint à un troupeau de
chèvres sauvages. Les domestiques de son maître s’aperçoivent de sa disparition
et lui donnent la chasse si bien qu’ils saisissent le jeune bélier, tout en abattant
et en dispersant les chèvres. Barlaam, par cet apologue, persuade Josaphat ne
pas le suivre dans le désert tout de suite et d’attendre le moment favorable. Mais
quelle conduite le prédicateur médiéval doit-il exiger de son auditoire lorsqu’il
lui raconte une histoire pareille? Il est donc peu étonnant que cet apologue
reste dans l’ombre.
Question de la source
Les apologues commencent donc dès le début à circuler de manière indépen-
dante. On les trouve déjà, sans aucune référence au Barlaam et Josaphat, chez
Jacques de Vitry (qui, selon toute probabilité, est d’ailleurs le premier à les
introduire dans la littérature exemplaire) et Eudes de Cheriton.29 Dans certains
cas l’attribution est incorrecte. Par exemple, l’apologue de ‘L’Unicorne’ est
attribué à un Bernard dans les Sermones dominicales d’Eudes de Cheriton et
à Valerianus dans l’édition incunable d’Ulm (1480) de la Scala coeli. Et même
si la source est citée correctement, la référence est le plus souvent au Liber
Barlaam, plutôt qu’à saint Jean Damascène ou au Liber gestorum Barlaam et
Josaphat, conformément à l’intitulé de la plupart des manuscrits de la version
vulgate.30 Cette référence peut être abrégée en Barlaam: on trouve d’habitude
legitur in Barlaam (nous lisons dans Barlaam), parfois refert Barlaam (Barlaam
rapporte), et deux fois, narrat Barlaam (Barlaam raconte).31 Notons que dans
les recueils d’exempla les mots narrat et refert s’ajoutent dans la plupart des cas
à un nom d’auteur, et plus rarement à un titre de livre (refert Barlaam égale
refert liber Barlaam). La convergence des noms du livre et de son personnage,
29
Les apologues de Barlaam coïncidant avec ceux de Jacques de Vitry, se trouvent aussi
des Libri octo miraculorum de Césaire de Heisterbach, éd. par Mesiter, pp. 117–20, 126–27.
Pourtant, comme le montre avec évidence Alfons Hilka, la partie en question est une addi-
tion tardive. Die Wundergeschichten des Caesarius von Heisterbach, éd. par Hilka, iii, pp. 3–4,
9–11. En ce qui concerne Eudes de Cheriton, si la datation de son recueil après 1225, proposée
par A. C. Friend (Friend, ‘Master Odo of Cheriton’), est correcte, il aurait pu être inspiré par
Jacques de Vitry.
30
Le Roman de Barlaam et Josaphat, éd. par Sonet, i, pp. 74–87.
31
Sur toutes les indications de sources, voir le tableau général en annexe.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 85
ainsi que les nuances des mots refert et narrat aurait pu produire une identifi-
cation très intéressante. Dans le Speculum laicorum, on trouve la formule refert
Barlaam in libro suo (Barlaam rapporte dans son livre) à côté du plus tradi-
tionnel legitur in vita Barlaam (on lit dans la vie de Barlaam).32 Il est bien pro-
bable que, en se référant à ‘un livre de Barlaam’, l’auteur (ou bien un copiste du
manuscrit) ait fait un lapsus, même s’il n’est pas le seul à attribuer à Barlaam la
paternité du livre. Nicole Bozon dans les Contes moralisés dit la même chose:
‘Barleam conte en son livere’.33 Une tendance se dégage: les apologues peuvent
être considérés comme un cycle indépendant dont un Barlaam est l’auteur ou
bien dont ‘Barlaam’ est l’intitulé.
Ainsi, les auteurs de recueils d’exempla n’ont pas besoin, semble-t-il, de ren-
forcer leur discours en citant saint Damascène comme l’auteur de la légende;
le Liber Barlaam ou Barlaam sont suffisants pour établir l’autorité nécessaire
de l’exemplum cité. Mais dans le cas où aucune source n’est citée, devons-nous
supposer que la parole tenue par saint Barlaam et mise en écrit par saint Jean
Damascène (et donc a priori vraie et digne de confiance) lègue son autorité
aux apologues et les rend prêts à être utilisés dans un large contexte de forma-
tion spirituelle en tant qu’exempla authentiques? Ou bien faut-il admettre que,
faute de liens avec l’histoire-cadre, les apologues sont perçus comme des fables
anciennes d’origine imprécise?
De fait, ce sont les compilateurs de recueils de fables, de contes, et de para-
boles qui se passent d’indications de source — à la différence de ceux dont les
recueils se composent, pour la plupart, d’exempla ‘donnés comme véridiques’
— ou le font inexactement et de façon peu systématique (Eudes de Cheriton
et Nicole Bozon).34 Notons que Jacques de Vitry qui, comme nous l’avons
32
Le Speculum laicorum, éd. par Welter, p. 76.
33
Bozon, Les Contes moralisés, éd. par Toulmin Smith et Meyer, p. 46. Mentionnons aussi
l’intitulé que porte le manuscrit München, Bayerische Staatsbibliothek, MS 19161 (Teg. 161)
de la vulgate: Liber Barlaam de vita Yosaphat (Le livre [de] Barlaam sur la vie de Josaphat). Voir
Le Roman de Barlaam et Josaphat, éd. par Sonet, i, p. 82.
34
Précisons qu’on ne trouve dans le Liber parabolarum qu’un seul apologue, celui de
‘L’Unicorne’; Eudes de Cheriton, Liber parabolarum, éd. par Hervieux, p. 217. ‘L’Archer et
le rossignol’ est placé seulement dans le manuscrit d’Arras (Arras, BM, MS 184). L. Hervieux
hésite à l’attribuer à Eudes, cependant, il est clair que le compilateur de la collection d’Arras le
perçoit comme une fable. Les apologues de la ‘Trompette de la mort’ et des ‘Trois amis’ font
partie des Sermones dominicales d’Eudes; Eudes de Cheriton, Sermones dominicales, éd. par
Hervieux, pp. 294, 317–18. Eudes insère dans ses sermons aussi bien des exempla donnés comme
véridiques que des fables; il est donc impossible d’affirmer avec certitude qu’Eudes considère la
‘Trompette de la mort’ et les ‘Trois amis’ comme des fables liées à l’apologue de ‘L’Unicorne’.
86 Victoria Smirnova
Question de terminologie
L’hypothèse supposant que la séparation définitive des apologues de l’histoire-
cadre aurait pu faire circuler les récits enchâssés en tant que ‘fables anciennes’
d’origine imprécise se confirme-t-elle par la terminologie que les prédicateurs
et les compilateurs d’exempla utilisent pour les désigner? Autrement dit, les
apologues sont-ils désignés comme fabulae dans les recueils de fables et de para-
boles qui ne mentionnent pas l’Histoire de Barlaam et Josaphat en tant que
source? Et, dans le même temps, cette dénomination, est-elle évitée dans les
recueils de récits ‘donnés comme véridiques’?
35
‘Infructuosas enim fabulas et curiosa poetarum carmina a sermonibus nostris debemus
relegare. […] Sed etiam fabulas ex quibus ueritatem edificationis dicimus interserere aliquando
ualemus. […] Hec diximus contra quosdam neophytos, qui sibi uidentur scioli, nec reprehendere
formidant illos qui per experientiam nouerunt quantus fructus proueniat ex huiusmodi fabu-
losis exemplis laicis et simplicibus personis, non solum ad edificationem, sed ad recreationem,
maxime quando fatigati et tedio affecti incipiunt dormitare’ (Nous devons éviter d’insérer dans
nos sermons des fables infructueuses et de curieuses chansons de poètes. […] Cependant, par-
fois, il est permis d’utiliser les fables dont nous pouvons tirer une vérité éducative. […] Nous le
disons contre certains néophytes se vantant en vain d’être instruits, pour qu’ils n’osent pas répri-
mander ceux qui savent par expérience combien les fables prises en tant qu’exempla sont fruc-
tueuses pour les laïcs et les personnes simples. Elles sont utiles non seulement pour l’instruction,
mais aussi pour la récréation, surtout quand l’auditoire affecté par la fatigue et l’ennui commence
à s’endormir). Jacques de Vitry, The Exempla, éd. par Crane, p. xlii.
36
Whitesell, ‘Fables in Mediaeval Exempla’, p. 351.
37
Tractatus de diversis hystoriis romanorum, éd. par Herzstein.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 87
38
Isidore de Séville, Etymologiae (1.40.1–3): ‘Fabulas poetae a fando nominaverunt, quia
non sunt res factae, sed tantum loquendo fictae. Quae ideo sunt inductae ut fictorum multorum
animalium inter se conloquie imago quaedam vitae hominum nosceretur. […] Sunt autem fabu-
lae aut Aesopicae aut Libisticae. Aesopica sunt cum animalia muta inter se sermocinasse fingun-
tur, vel quae animam non habent, ut urbes et montes, petrae et fulmina. Libisticae autem dum
hominum cum bestiis, aut bestiarum cum hominibus fingitur vocis esse commercium. Fabulas
poetae quasdam delectandi causa finxerunt, quasdam ad naturam rerum, nonnulas ad mores
hominum interpretati sunt’ (Les poètes choisirent le nom de fables du mot fari (parler), parce
que ce ne sont pas des faits, mais des choses inventées dans le discours. Elles sont introduites
pour qu’on puisse reconnaître l’image de la vie humaine dans la conversation imaginée de plu-
sieurs animaux. […] Les fables sont soit ésopiques soit lybiennes. Dans les fables ésopiques, on
imagine des animaux qui se parlent l’un à l’autre, ou les choses inanimées, comme des villes et des
montagnes, des pierres et la foudre. Les fables lybiennes représentent des êtres humains parlant
aux animaux, ou des animaux à des êtres humains. Certaines fables sont inventées pour le plaisir,
certaines pour la démonstration de la nature des choses, certaines pour qu’elles soient interpré-
tées dans le cadre moral), Etymologiarum sive Originum libri XX, éd. par Lindsay, i, 80–81.
39
Vincent de Beauvais reprend assez fidèlement le passage des Etymologiae, cité dans la
note 39, dans son Speculum doctrinale, iii. 113; Vincent de Beauvais, Speculum quadruplex, ii:
Speculum doctrinale, iii. cols 289–90. Jacques de Vitry: ‘Sed etiam fabulas ex quibus ueritatem
edificationis dicimus interserere aliquando ualemus. Sicut in libro Judicum xx. legimus de
rampno et lignis siluarum et de situ uite et oliue que lignis siluarum prefici renuerunt. Similiter
et iv. Reg. xiv. legimus quod Joas rex Israel dixit ad Amasiam regem Juda: “Carduus Lybani
misit ad cedrum que est in Lybano, dicens: Da filiam tuam, filio meo uxorem, transieruntque
bestie saltus et conculcauerunt carduum”. Licet hec sunt secundum litteram fabulosa, non tamen
fabulose dicta, sed ad reprehensionem elationis Amasie […]’ (Mais parfois, il est même permis
d’utiliser des fables dont nous pouvons tirer une vérité éducative. Nous lisons dans le Livre des
Juges, 20, du buisson d’épines et des arbres, de l’olivier et de la vigne qui refusèrent la principauté.
De même dans le Livre des Rois, ii. 14, nous lisons que Joas, roi d’Israël, dit à Amatsia, roi de
Juda: ‘L’épine du Liban envoya dire au cèdre du Liban: donne ta fille pour femme à mon fils!
Alors passèrent les bêtes sauvages et elles écrasèrent l’épine’. Bien que ce récit soit fabuleux selon
le sens littéral, il n’était pas raconté comme fable, mais pour reprocher à Amatsia son orgueil
[…].) Jacques de Vitry, The Exempla, éd. par Crane, p. xlii.
88 Victoria Smirnova
40
Voir Bernard d’Angers, Liber miraculorum sancte Fidis, éd. par Robertini, p. 73: ‘Que [les
miracles de sainte Foy], quia partim uulgarium fama celebrari uidebantur, partim quia inaudita
habebantur, haud aliter quam inanis fabule commenta a fide reiciebantur’ (Etant donné que
c’était des gens simples qui les racontaient et qu’ils contenaient des choses inouïes, on n’y croyait
pas, comme on ne croit pas aux fables futiles).
41
Jean Gobi le Jeune, Scala coeli, Prologus: ‘Cum enim, reuerende pater, impossibile sit
nobis superlucere diuinum radium nisi sub uelamine similitudinis et figure, ut testatur in angelica
ierarchia. Hinc est quod mentis nostre ratio in tam excellenti luce non figitur nisi eam aspiciat
per similitudines et exempla. Unde unigenitum Dei uerbum ut sedentes in tenebris et in umbra
mortis (Psaumes 107, 10; Luc 1, 79) ad celestia eleuaret in exemplis et parabolis loquebatur eo
quod fortius moueant, auidius audiantur, firmius retineantur, et a terris mentem erigant ad eter-
num, ut Augustinus attestatur’ (Il est impossible, ô père vénérable, que le rayon de la lumière
divine nous illumine, sinon sous le voile de la similitude et de la figure, comme en témoigne la
Hiérarchie angélique. C’est ainsi que la capacité rationnelle de notre esprit ne peut s’attacher à
une lumière si éminente, sinon en l’apercevant au moyen de comparaisons et d’exemples. Voilà
pourquoi le Verbe unique de Dieu parlait par paraboles et par exemples afin d’élever ceux qui
résident dans les ténèbres et l’ombre de la mort vers les réalités célestes). Jean Gobi le Jeune,
Scala coeli, éd. par Polo de Beaulieu, p. 165; la traduction est citée d’après Foehr-Janssens, La
Veuve en majesté, pp. 76–77.
42
Barlaam et Iosaphat: versión vulgata latina, éd. par Cruz Palma, p. 250.
43
Barlaam et Iosaphat: versión vulgata latina, éd. par Cruz Palma, p. 212.
44
Barlaam et Iosaphat: versión vulgata latina, éd. par Cruz Palma, p. 248.
45
Barlaam et Iosaphat: versión vulgata latina, éd. par Cruz Palma, p. 168. Le terme typus
désigne la signification figurative dans le sens général. Jacques de Billy utilise dans le même con-
texte le terme figura ( Jean Damascène, Vita sanctorum Barlaam eremitae et Iosaphat Indiae regis,
trad. par Billy, PL 73, cols 496–97).
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 89
la différence rhétorique entre les divers types d’apologues: il introduit dans les
titres des chapitres les termes de narratio 46 (l’apologue de la ‘Trompette de la
mort’, le plus proche d’une anecdote historique), de parabola,47 et une seule
fois, dans le titre du chapitre contenant l’apologue de ‘L’Archer et du rossignol’
(le plus proche d’une fable animalière), de fabula.48
Cependant, à la différence des auteurs des versions complètes ou des épi-
tomés, les compilateurs de recueils d’exempla, en introduisant les apologues
du Barlaam et Josaphat, se passent d’habitude de précisions terminologiques.
C’est seulement dans le Pomerium sermonum de tempore du prédicateur hon-
grois Pelbárt Temesvári qu’on trouve les termes exemplum et, une fois, parabola
(apologue du ‘Roi pour un an’). 49 Ajoutons que le rubricateur du manuscrit
de Chantilly du Ci nous dit50 nomme fabula l’apologue de ‘L’Archer et du ros-
signol’ (ainsi que d’autres fables animalières), tout en laissant sans rubrique
d’autres apologues de Barlaam. Dans les prologues des recueils d’Étienne de
Bourbon et d’Humbert de Romans, la tournure parabole et exempla désigne non
pas les récits concrets, mais plutôt la méthode de Barlaam.51 Le fait qu’Étienne
de Bourbon, Humbert de Romans et d’autres auteurs, dans l’œuvre desquels
la quantité de fables est infime, introduisent les apologues à côté des exempla
historiques et sur le même plan qu’eux, témoigne du fait qu’ils ne les perçoivent
pas en tant que fictions au sens de mensonges. L’histoire-cadre transforme les
récits de Barlaam en exempla authentiques, pleins d’autorité et dignes de foi. Et
c’est bien suffisant pour un prédicateur et pour son auditoire.
C’est dans un recueil de fables et de paraboles que le terme fabula émerge
d’une façon évidente. Dans le manuscrit dit de Londres des Contes moralisés de
46
Vincent de Beauvais, Speculum quadruplex, iv, p. 581.
47
Vincent de Beauvais, Speculum quadruplex, iv, p. 584.
48
Vincent de Beauvais, Speculum quadruplex, iv, 12, p. 582.
49
Pelbárt Temesvári, Pomerium sermonum, sans pagination. Voir aussi Pelbárt Temesvári,
Specimina et elenchus exemplorum quae in Pomerio serm., éd. par Katona.
50
Chantilly, Musée Condé, MS 26.
51
‘Attendens uir sanctus quantum ualerent exempla, predicando ei de quacumque materia
uerba sua ornabat parabolis et exemplis’ (Le saint homme savait combien les exempla avaient
de la valeur, voilà pourquoi il ornait sa prédication de paraboles et d’exempla); Étienne de
Bourbon, Tractatus de diuersis materiis predicabilibus, éd par Berlioz, i, p. 11. ‘Narrat Iohannes
Damascenus in libro qui dicitur Barlaam quod Barlaam […] loqutus est semper quasi per parab-
olas et exempla pulcherrima’ ( Jean Damascène raconte dans le livre dit Barlaam que Barlaam
[…] parla toujours comme en paraboles et en exempla très beaux). Humbert de Romans, De dono
timoris, éd. par Boyer, pp. 4–5.
90 Victoria Smirnova
52
London, Gray’s Inn Libr., MS 12. Voir Bozon, Les Contes moralisés, éd. par Toulmin
Smith et Meyer, pp. ix–x.
53
Le rubricateur le fait avec certaines conséquences, mais parfois il qualifie de fabulae des
récits apparentés aux chroniques ou bien des récits qui représentent des personnes historiques.
En même temps il peut désigner une fable animalière comme narratio.
54
Jean Major , Magnum speculum exemplorum, pp. 405–06.
55
Jacques de Vitry rapporte l’histoire de Damoclès dans les mêmes Sermones vulgares.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 91
frère, qui lui demande pourquoi il ne se réjouit jamais. Il envoie des hérauts avec
des trompettes devant la maison de son frère (comme signe de condamnation à
mort). Le frère se présente au palais où le roi le fait se déshabiller et le menace
avec des glaives. Après, le roi convoque des musiciens et des jongleurs et, à son
tour, demande à son frère pourquoi il est triste. La conclusion de l’apologue est
conforme à la version vulgate. Quant au préambule originel (à savoir le salut du
roi aux deux pauvres ermites), il est ajouté directement à l’histoire des quatre cof-
frets.
La version modifiée de l’apologue de la ‘Trompette de la mort’ apparaît chez
le (Pseudo-)Césaire de Heisterbach, Eudes de Cheriton, Guillaume Perault, et
chez les auteurs anonymes du Speculum laicorum et des Gesta Romanorum qui
suivent l’exemple de Jacques de Vitry. Aucune mention de Barlaam n’est faite
dans la quasi-totalité des cas (la seule exception est le Pomerium sermonum de
Pelbárt Temesvári). Il est possible que deux versions de l’apologue fonctionnent
comme deux exempla indépendants: le Speculum laicorum se réfère à l’histoire
‘De rege quodam numquam ridente’ (‘D’un roi qui ne rit jamais’) sans aucune
mention de source, tandis que le titre du second renvoie directement à Barlaam
(‘Legitur in Barlaam: De tuba mortis’). 56 Notons en passant que la légende
de l’épée de Damoclès aurait pu influencer de la même façon l’apologue de
‘L’Unicorne’: Jacques de Vitry et après lui, le (Pseudo-)Césaire de Heisterbach
et Nicole Bozon mentionnent, parmi d’autres dangers de l’abîme où le protago-
niste tombe en fuyant l’unicorne, une épée aiguë le menaçant.
Le premier à utiliser la version originelle de l’apologue de la ‘Trompette de
la mort’ semble être Étienne de Bourbon. Humbert de Romans, Jean Gobi,
Arnold de Liège et ses traducteurs, ainsi que l’auteur du Speculum exemplorum
et Jean Major font de même. Tous les recueils sont constitués, pour la majeure
partie, d’exempla donnés comme véridiques, et tous mentionnent régulière-
ment Barlaam (et même Damascène) comme la source des apologues. Étienne
de Bourbon, Humbert de Romans, Arnold de Liège, et Jean Gobi se réfèrent
aux événements de l’histoire-cadre; Jean Gobi et Arnold de Liège connaissent
la Legenda aurea; Jean Major et l’auteur du Speculum exemplorum, comme nous
l’avons déjà mentionné, puisent dans le Speculum historiale. Il semble que tous
aient dû prendre en considération soit la version vulgate soit un épitomé: les
C’est l’exemplum no. viii dans l’édition de Th. F. Crane ( Jacques de Vitry, The Exempla, éd. par
Crane, p. 3)
56
Le Speculum laicorum, éd. par Welter, pp. 35, 62.
92 Victoria Smirnova
57
‘Uenerunt ergo die quadam terribiles quidam ac precipui milites festinantes celeritate
multa hunc ad imperatorem ducere rationem redditurum pro debito decem milium talentorum’
(Un jour des guerriers redoutés et puissants vinrent, se hâtant de le conduire à l’empereur, afin
qu’il réglât la dette de dix mille talents); Barlaam et Iosaphat: versión vulgata latina, éd. par Cruz
Palma, p. 250.
58
Notons que Hermann de Bologne donne une version épitomé de l’Histoire de Barlaam et
Josaphat; l’apologue des ‘Trois amis’ est le seul que le compilateur insère dans son recueil excepté
l’épitomé. A. Hilka, malheureusement, abrège l’épitomé dans son édition, donc il est impossible
pour nous de dire si l’apologue des ‘Trois amis’ en fait partie ou pas. Voir Hermann de Bologne,
Das Viaticum narrationum, éd. par Hilka, p. 12.
59
‘Unde legimus quod quidam uir potens et magnus cuidam seruo suo castrum custodien-
dum commisit in quo hostes domini recepit, propter quod dominus eum suspendi iussit’ (Nous
lisons qu’un homme noble et puissant chargea son vassal de garder une ville. Le vassal y accueillit
des ennemis de son maître, c’est pourquoi ce dernier ordonna de le pendre); Jacques de Vitry,
The Exempla, éd. par Crane, p. 55. Le (Pseudo-)Césaire de Heisterbach dit à peu près la même
chose.
60
‘Narratur quod quidam imperator nobilis habuit filiam pulcram sibi similem, quam com-
misit seneschalco suo custodiendam et peregre profectus est. Promisit seneschalco magnum
honorem si bene eam custodiret usque ad reditum suum. At ille oblitus est precepto domini
sui, tractauit eam male, intantum quod misera facta est et totam pulcritudinem amisit. Post
modicum tempus misit imperator nuncios seneschalco pro filia sua sibi reddenda ; non reddit ;
tandem peremptore citatus est’ (On raconte qu’un empereur noble avait une très belle fille qui
lui ressemblait. Il la confia à son sénéchal et s’en alla à l’étranger. Il promit au sénéchal beaucoup
d’honneurs, s’il s’en occupait bien jusqu’à son retour. Le sénéchal oublia les ordres de son maître
et maltraita la fille au point qu’elle devint pauvre et perdit toute sa beauté. Peu après, l’empereur
envoya ses messagers au sénéchal pour qu’il rendît la fille. Mais celui-ci ne le fit pas et fut donc
condamné à mort); Gesta Romanorum, éd. par Oesterley, p. 588.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 93
61
Le Violier des histoires rommaines, éd. par Hope, p. 420.
94 Victoria Smirnova
62
Jean Gobi le Jeune, Scala coeli, éd. par Polo de Beaulieu, p. 202.
63
Jacques de Vitry, The Exempla, éd. par Crane, p. 38.
64
Barlaam et Iosaphat: versión vulgata latina, éd. par Cruz Palma, p. 212.
65
‘Vani sunt [magistri] et singulares qui nova et inaudita adinvenire nituntur, probatos at
antiquos magistros sequi nolentes […]. Verum plerumque nova et inaudita fingunt, quibus, licet
incredibilia sint, fidem adhibent curiosi et stolidi auditores, similes cuidam homini qui, cum
cepisset phylomenam, dixit ei phylomena: Tu vides quam valde sum parva …’ (Vains et singuli-
ers sont ceux qui inventent des choses nouvelles et inouïes et ne veulent pas suivre les maîtres
sûrs et anciens […]. Ils imaginent des choses nouvelles et inouïes que croient les gens curieux et
stupides, bien qu’elles soient invraisemblables. Ceux-ci sont pareils à un homme qui attrapa un
rossignol, et le rossignol lui dit: Tu vois comme je suis petit …); Jacques de Vitry, The Exempla,
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 95
Gobi l’insère dans une partie de son recueil consacrée au regard qui peut, entre
autres, nous amener à commettre des erreurs. L’oiseau signifie, cette fois, les
trésors séculiers; et le chasseur, l’homme avare et cupide.66 L’auteur des Gesta
Romanorum, quant à lui, va plus loin: il remplace une comparaison générale
des idolâtres et de l’archer par la moralisation systématique de tous les éléments
de l’apologue (même les flèches de l’archer sont moralisées!), et donne ensuite
deux interprétations. Dans la première, l’archer est comparé au pécheur, et
l’oiseau au Christ;67 dans la deuxième, l’archer représente, comme chez Jean
Gobi, l’homme avare. Pelbárt Temesvári dit que l’archer est l’image des sots qui
aspirent à une vie longue, qui vivent dans le péché et, donc, perdent la béatitude
éternelle et qui, toutefois, se croient sauvés!68
Ajoutons que la moralisation, qui reprend systématiquement tous les élé-
ments du récit, se trouve non seulement dans les recueils qui traitent les apo-
logues en question comme des fables anciennes, 69 mais aussi, bien que plus
dans l’apologue de la ‘Trompette de la mort’, la moralisation des glaives que le roi fait pointer sur
la poitrine de son frère: ils signifient la crainte des péchés, la crainte de la mort et la crainte de
l’enfer. Jacques de Vitry, The Exempla, éd. par Crane, p. 17; Die Wundergeschichten des Caesarius
von Heisterbach, éd. par Hilka, iii, p. 136.
70
Étienne de Bourbon, Tractatus de diuersis materiis predicabilibus, éd. par Berlioz, iii,
p. 290.
71
‘Consiliarium autem bonum qui omnia uera nota fecit et salutaria edocuit studia sapi-
entem ac prudentem regem meam estima paruitatem qui bonam et rectam uiam ueni demons-
trare tibi, introducens te in eterna et infinita bona’ (Le bon conseiller, qui fit connaître toutes les
vérités et enseigna les leçons salutaires au roi sage et prudent, c’est moi, infime, qui suis venu te
montrer la bonne voie, te menant vers les biens éternels et infinis); Barlaam et Iosaphat: versión
vulgata latina, éd. par Cruz Palma, p. 258.
72
‘Sapientem qui regem premonuit de consuetudine ciuitatis quemlibet sanctum doctorem
et predicatorem’ (Le sage qui prévint le roi de la coutume de la ville [signifie] un saint docteur ou
un prédicateur); Speculum exemplorum, iv. 18. Dans le même Speculum exemplorum, un autre
apologue fondé sur la comparaison personnelle, celui du ‘Jeune homme riche et de la fille pau-
vre’, reste tout simplement sans aucune leçon; Speculum exemplorum, iv, 19.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 97
n’est pas interprété dans la vulgate, incarne, quant à elle, la prière idéale.73 Le roi
pieux de l’apologue de la ‘Trompette de la mort’, comparé dans la vulgate avec
Josaphat, devient le modèle de l’humilité et de la crainte de Dieu. Il sert donc
d’exemple à toute la chrétienté. Si Barlaam, en assimilant le statut du protago-
niste et celui de son destinataire, encourage Josaphat dans sa décision de renon-
cer au monde, ou le loue pour sa capacité au-delà des apparences, le prédicateur
médiéval illustre la règle générale (on doit assidûment prier, on doit craindre
Dieu, etc.) par une de ces manifestations particulières.
Les relations entre le récit exemplaire et sa moralisation, propres à la vulgate,
peuvent être qualifiées de métaphoriques, fondées sur la comparaison. Suite à
la dépersonnalisation des apologues dans la littérature exemplaire, les relations
métaphoriques sont remplacées, au moins en partie, par les relations synecdo-
chiques, fondées sur l’induction.74 Certains auteurs d’exempla, comme Jacques
de Vitry et Étienne de Bourbon, introduisent des moralisations absentes dans
la version vulgate: cela, comme Cl. Bremond et autres le montrent, fait paraître
l’exemplum hybride, synecdochique pour une part et métaphorique pour une
autre part, utilisant l’induction à côté de l’analogie.75 Il est donc impossible d’af-
firmer que les relations entre l’apologue et sa leçon dépendent essentiellement
du type de recueil dans lequel ils figurent. Dans la même collection d’exempla,
les apologues de Barlaam peuvent être aussi bien transformés en exempla ‘par
synecdoque’ (et donc être mis en parallèle avec des anecdotes historiques au
moins vraisemblables) que moralisés (et donc rejoindre les fables et paraboles).
Histoire-cadre
D’après ce qui précède, il n’est pas étonnant que seuls les compilateurs d’exem-
pla pour la plupart historiques, tirés de plusieurs sources écrites, se réfèrent à
73
L’apologue intitulé ‘De filio diuitis et filia pauperis assidue laudantibus Deum’ (‘Du fils
d’un riche et de la fille d’un pauvre qui prient assidûment Dieu’) est placé dans le chapitre vi ‘De
deuotione eius [orationis]’ (‘De la dévotion de la prière’): la prière, dit Étienne, doit être ‘deuota
ut thymiama boni odoris, sicut uirgula fumi ex aromatibus, etc., Can. 3 e, ut cera et thus lique-
fiens in igne’ (dévouée comme le parfum odoriférant (Exode 25. 6), comme des colonnes de
fumée au milieu des aromates (Cantique 3. 6), comme la cire et l’encens se liquéfiant dans le feu);
Étienne de Bourbon, Tractatus de diuersis materiis predicabilibus, éd. par Berlioz, iii, p. 289.
74
Bremond, Le Goff, et Schmitt, L’Exemplum, pp. 114–19. Les relations métaphoriques
sont propres aux paraboles et similitudines, tandis que les exempla historiques sont d’habitude
synecdochiques. Voir aussi Strubel, ‘Exemple, fable, parabole’.
75
Bremond, Le Goff, et Schmitt, L’Exemplum, p. 117.
98 Victoria Smirnova
76
Sertum florum moralium (BnF, MS lat. 13475), un recueil d’exempla, compilé par un
moine cistercien, étudiant du collège Saint-Bernard de Paris, en 1346.
77
Liber exemplorum ad usum predicantium, éd. par Little, pp. 16–17, 90.
78
Jean Damascène, Vita sanctorum Barlaam eremitae et Iosaphat Indiae regis, trad. par Billy,
PL 73, cols 453A–455D.
79
Jean Damascène, Vita sanctorum Barlaam eremitae et Iosaphat Indiae regis, trad. par Billy,
PL 73, cols 456A–D.
80
Jean Damascène, Vita sanctorum Barlaam eremitae et Iosaphat Indiae regis, trad. par Billy,
PL 73, cols 546C–547B.
81
Sur la notion d’efficacité, voir Berlioz, ‘Le Récit efficace’.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 99
c’est le cas, le choix des compilateurs n’est guère étonnant. Ceux-ci se réfèrent
aux moments les plus dramatiques de la vie de Josaphat et de sa vita, à savoir
le premier changement radical dans son âme et les épreuves finales qu’il doit
traverser pour devenir un chrétien parfait. Sans la rencontre de Josaphat avec
le vieillard et les malades, la mission de Barlaam aurait été impossible. Sans la
victoire de Josaphat sur la tentation la plus forte, sa conversion n’aurait pas été
éprouvée et, par conséquent, n’aurait pas été accomplie. Ce sont les événements
essentiels qui font l’armature et le noyau de la légende, comme nous le montre
un petit épitomé du Große Seelentrost, qui ne comprend qu’un squelette narra-
tif très simpliste (y compris les épisodes en question), entourant les apologues
choisis. En ce qui concerne le récit de la pierre merveilleuse, qui est, lui aussi,
important pour le développement du sujet, il s’apparente aux apologues grâce à
une comparaison symbolique qu’il contient. Jean Gobi est le seul qui s’y réfère
et en même temps un des rares auteurs qui utilisent la majorité des apologues
du Barlaam et Josaphat.
(Ajoutons à cela ce que dit Jean Damascène dans le livre dit de Barlaam. Par l’ins-
piration de Dieu, l’ermite Barlaam fut envoyé pour convertir Josaphat, fils du roi
Avennir, et pour l’instruire dans les mœurs et dans la foi. Le saint homme savait
combien les exempla avaient de la valeur. Voilà pourquoi il ornait sa prédication de
paraboles et d’exemples. Et après il laissa Josaphat dans la foi et les mœurs parfaites,
82
Étienne de Bourbon, Tractatus de diuersis materiis predicabilibus, éd. par Berlioz, i, 11.
100 Victoria Smirnova
et cette perfection était si élevée que Josaphat quitta son royaume après l’avoir
converti au christianisme avec beaucoup de troubles, il fuit et suivit Barlaam dans
le désert en Egypte où il passa en Dieu par la mort glorieuse.)
Humbert de Romans dit la même chose à peu près dans les mêmes termes.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat est mentionnée dans les prologues des deux
recueils à côté des célèbres démonstrations de l’efficacité de l’exemplum. Tout
d’abord, un récit très célèbre attribuée à Bède le Vénérable: il s’agit d’un prédi-
cateur peu cultivé qui réussit à convertir les païens grâce aux exempla. Ensuite,
le succès immense des sermons de Jacques de Vitry, remplis d’exempla. Et enfin,
la conversion de saint Augustin qui se montre plus sensible aux exempla racon-
tés par ses amis qu’à la prédication de saint Ambroise. C’est l’exemplum en tant
qu’instrument rhétorique qui est préconisé.
Mais si on consulte la version vulgate, on se rend compte que les apologues
célèbres y occupent une place secondaire. Pour convertir le fils du roi païen,
Barlaam se sert plutôt d’exhortations, de raisonnements et de matière biblique,
que de récits exemplaires. Josaphat réagit différemment aux préceptes et aux
apologues: sa réaction aux préceptes est toujours plus forte. Les apologues le
réjouissent, il les écoute avec plaisir, il les trouve justes et opportuns;83 mais ce
sont les sujets dogmatiques et les exposés de l’Écriture qui lui procurent un
vrai changement dans l’âme et qui le font pleurer d’émotion.84 Tout en ornant
83
‘Ista quidem omnia bene et conuenienter dixisti sed illud uolo discere: quis est dominus
tuus’ (C’est bien dit et d’une façon appropriée, mais maintenant je veux savoir qui est ton dieu);
Barlaam et Iosaphat: versión vulgata latina, éd. par Cruz Palma, p. 168. ‘Hac ergo Iosaphat ualde
libenter suscepta parabola ait: Quam uerus est iste sermo et quam bene coaptus! Ne queso, pigri-
teris tales semper michi typos subrogare’ (Après avoir écouté de bonne grâce cette parabole,
Josaphat dit: Que ton sermon est vrai et approprié! C’est pourquoi je te prie de ne pas hésiter
à me proposer de tels types); ibid., p. 250. ‘Rursus ergo Iosaphat ait: Bonum sit tibi a Domino
Deo tuo o sapientissime hominum. Letificasti namque animam meam congruis ac dignis ser-
monibus tuis [...]’ ( Josaphat dit encore: Que ton Dieu t’accorde le bonheur, ô toi le plus sage des
hommes! Tu égayas mon âme par tes paroles dignes et convenables); ibid., p. 256.
84
‘Ut ergo audiuit uerba ista regis filius, lumen illustrauit eius animum qui surgens de
throno suo pre gaudio complexatus est Barlaam’ (Quand le fils du roi entendit cette parole,
la lumière éclaira son âme. Il sauta de son trône et embrassa Barlaam); Barlaam et Iosaphat:
versión vulgata latina, éd. par Cruz Palma, p. 184. ‘His auditis Iosaphat uehementer compunc-
tus corde totusque lacrimis perfusus ait ad senem: aperta mihi omnia nota fecisti et luculenter
perorasti terribilem hanc atque mirabilem narrationem’ (Ayant écouté tout cela, Josaphat, pro-
fondément touché et tout en larmes dit à Barlaam: tu rendis tout cela clair pour moi et délivras
parfaitement une parole terrible et merveilleuse); ibid., p. 210. ‘Si multo tempore meditareris
sapientissime quatinus propositarum enodacionem questionum nobis dissolueris non melius
id facere posse michi uideris quam talia dicendo qualia paula ante protulisti. Auctorem enim
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 101
le discours et en le rendant plus plaisant à écouter et plus clair, ainsi que plus
nuancé pour son auditoire, les apologues ne convertissent pas Josaphat au chris-
tianisme: ce sont les raisonnements menés au cours de la catéchèse qui le font.
Les récits exemplaires dans l’Histoire de Barlaam et Josaphat n’illustrent pas ni
n’expliquent les concepts doctrinaux, ils prouvent plutôt la pertinence de cer-
taines dispositions morales pour Josaphat lui-même. Le fait que les apologues,
considérés d’habitude comme le sel de la légende, ne soient pas indispensables,
est prouvé par l’apparition, à la fin du xiv e siècle, de l’épitomé fait par Pierre
Nadale (Petrus de Natalibus) dans lequel tous les apologues sont supprimés.85
Mais — ne nous étonnons pas! — la plupart des épitomés du texte prolixe de
la vulgate réservent une place primordiale aux apologues au détriment des pré-
ceptes. Vincent de Beauvais abrège considérablement le sermon de Barlaam en
faveur des apologues, dont chacun — à la différence de la vulgate — forme un
chapitre individuel. Jacques de Voragine est plus radical: il résume toutes les
exhortations de Barlaam en une ou deux phrases.
Dans le melting pot de la littérature exemplaire, tout se passe comme si les apo-
logues incarnaient toute la prédication de saint Barlaam. La lecture sélective de
la légende change inévitablement la répartition des discours et permet aux élé-
ments secondaires (quoique passionnants et émouvants) de prendre une place
principale. Les apologues qui n’étaient que des outils aidant à charmer l’audi-
teur, tout en lui faisant la leçon, deviennent l’instrument le plus efficace de la
conversion. Ainsi, le triomphe de la foi chrétienne est remplacé, en quelque
sorte, par le triomphe du discours exemplaire. De toute façon, qu’est-ce qu’un
recueil de fables enchâssées, sinon un triomphe de la fonction discursive du
récit? Il est donc peu étonnant que, dans la littérature exemplaire qui aspire
toujours à un tel succès (malgré toute sa variation interne), le recueil de fables
enchâssées connaisse une telle fortune.
Annexe
La Table récapitulative
La table donne l’idée de la répartition des récits tirés de la Légende de Barlaam
et Josaphat dans les recueils d’exempla médiévaux. La première bande hori-
zontale renvoie aux récits selon Patrologia latina et l’Index exemplorum de F.
Tubach.86 La première colonne renvoie aux recueils d’exempla avec leurs dates
de composition. Pour chaque recueil, nous indiquons le numéro du livre et du
chapitre (ou de la page); nous citons également le titre du chapitre, ainsi que la
référence explicite à la Légende faite par le compilateur du recueil.
86
Tubach, Index exemplorum.
L’Histoire de Barlaam et Josaphat 103
Trompette de la mort: le roi et son frère i (no Tubach 4994). PL 73, col. 462D–463B.
Jacques de Vitry, Exempla dans les n° 42. Cf. l’épée de Damoclès... pp. 16–17.
Sermones vulgares (1226–1240).
Césaire de Heisterbach (-pseudo), 10 (II, n°41). De rege, qui singulis annis conuiuio
Libri octo miraculorum (après 1227). magno conuocato tristis apparuit, qui fratri causam
huius ab eo petenti per similitudinem declarauit.
Cf. l’épée de Damoclès. p. 135–36.
Eudes de Cheriton, Sermones dominicales n° LXXV. De rege Graecie et fratre suo (Cf. l’épée
(1219). de Damoclès). p. 294.
Guillaume Perault, Summa virtutum ac viti- De donis. Et uarietate, acerbitate et infinitate
orum (fin de la première moitié du xiiie s.). penarum infernalium (Cf. l’épée de Damoclès).
pp. 409–10.
Étienne de Bourbon, Tractatus de diuersis I, VI. Cap. IIII. De timore future iudicii. De
materiis predicabilibus (1250–1261). generali citatione et peremptoria. De rege osculante
duos pauperes heremitas, flente coram curia sua
et de fratre perterrito as uocem tubarum. Dicit
Iohannes Damascenus in Barlaam… p. 205.
Humbert de Romans, Tractatus de vi. De terribilibus circa iudicium. Loquitur
habundantia exemplorum sive De dono Damascenus in libro Barlaam dicens[…], pp. 112–
timoris (1263–1277). 13; ix. De timore presenti periculi,
De periculo ex parte status, pp. 201–02.
Speculum laicorum (1279–1292). Cap. XXVIII 198, De die Iudicii [et eius timore].
Legitur in Barlaam… p. 43; Cap. XXXIX 303, De
gaudio uero et falso (Cf. l’épée de Damoclès), p. 62.
Arnold de Liège, Alphabetum narrationum n° CCCCXV, Iudicium ultimun debet timeri.
(dans An Alphabet of Tales) (1297–1308). ii, 284.
Gesta Romanorum (fin xiiie–xive s.). Cap. 143. De timore extremi iudicii
(Cf. l’épée de Damocles). pp. 498–500.
Liber ad status (premier tiers du xive s.). i, cap. 9. Qualiter se habeat specialiter ad pauperes.
Unde refert Barlaam... ff. 104v–105r.
Nicole Bozon, Contes moralisés n°43. Fabula ad idem (Quod multos excecat
(première moitié du xive s.). gaudium mundiale). p. 59.
Ci nous dit (1313–1330). Cap. 363, 1–4 (Cf. l’épée de Damoclès).
Jean Gobi le Jeune, Scala Coeli n° 609. De Iudicio Extremo. Iudicium extremum
(1323–1330). debet timeri propter rationes sequentes:
Primo quia est consolationis mundane
repressiuum... Fefert Damascenus. p. 422.
Sertum florum moralium (1346). Iudex. Rex ille de quo narrat Iohannes Damascenus
in gestis Barlaam et Iosaphat... ff. 69v–70r.
Recull de eximplis e miracles per A-B-C Cap. CCCLXII. Iudicium ultimum debet timeri.
(xve s.). i, 331.
104 Victoria Smirnova
Clemente Sánchez, Libro de los exemplos Cap. 192 (121). Honorari sunt serui dei, quamuis
(1400–1420) pauperes, et amandi. ii, 275.
Speculum exemplorum (1490). IV, 15.
Pelbárt Temesvári, Pomerium sermonum n°149. Hiem. 3Q. Tertio denique fertur
de tempore (1489–1497). Damascenus scripsisse in Uita Barlaam…
(Cf. l’epée de Damoclès). p. 28.
Jean Major, Magnum speculum exemplorum Judicium Dei, Exemplum V. pp. 475–76.
(1610).
Quatre coffrets: le roi et son frère II (no Tubach 967). PL 73, col. 463B–464B.
Nicole Bozon, Contes moralisés n° 29. Fabula (ad.De periculoso transitu hujus
(première moitié du xive s.). mundi), Barleam conte en son livere… pp. 46–47.
Ci nous dit (1313–30). Cap. 195, 1–16.
Jean Gobi le Jeune, Scala Coeli (1323–1330). n° 435. De Deliciis. Refert Valerianus… p. 347 (Le
manuscrit Paris, BnF, lat. 16517 donne “Barlaam”).
Tractatus de diuersis hystoriis romanorum Cap. 30. De bestia et baratro. p. 13.
(avant 1326).
Libro de los gatos (après 1350). Cap. XLVIII, p. 557.
Recull de eximplis e miracles per A-B-C Cap. DLI. Pericula mundi sunt postponenda.
(xve s.). Eximpli de Barlam <…> segons ques recompte
en los dits de Barlam. ii, 164–65.
Speculum exemplorum (1490) IV, 16.
Pelbárt Temesvári, Pomerium sermonum n° 377, 65R. p. 44.
de tempore (1489–97).
Violier des histoires rommaines (1521). n° 138 [137]. D’eternelle dampnation.
Barlaam raconte… p. 420.
Jean Major, Magnum speculum exemplorum Delitiae, Exemplum IV. pp. 238–39.
(1610).
Roi et les pauvres heureux (n° Tubach 4390). PL 73, col. 503D-505C.
Jeune homme riche et fille pauvre (n° Tubach 4755). PL 73, cols 506A–507B.
Étienne de Bourbon, Tractatus de diuersis III, VII. Cap. VI. De oratione satisfactoria.
materiis predicabilibus (1250–1261). De deuotione euius. De filio diuitis et filia
pauperis assidue laudantibus Deum. Item,
dicit Iohannes Damascenus in Barlaam…
pp. 289-90.
Liber ad status (premier tiers du xive s.) III, cap. 24. De gratiarum actione.
Refert Barlaam... ff. 121r-121v.
Jean Gobi le Jeune, Scala Coeli (1323–1330). n° 557. De Gratiarum actionibus.
Refert Barlaam… pp. 406-07.
Speculum exemplorum (1490). IV, 19.
Prince qui n’a jamais vu de femmes (n° Tubach 5365). PL 73, cols 562 A–C.
Œuvres citées
Manuscrits et documents archivistiques
Arras, Bibliothèque municipale, MS 184
Chantilly, Musée Condé, MS 26
London, Gray’s Inn Library, MS 12
München, Bayerische Staatsbibliothek, MS 19161 (Teg. 161)
Paris, Bibliothèque nationale de France, MS fonds latin 6368
Paris, Bibliothèque nationale de France, MS fonds latin 13475
Sources primaires
An Alphabet of Tales: An English 15th-Century Translation of the Alphabetum narratio-
num of Étienne de Besançon, éd. par Mary M. Banks, Early English Text Society, o.s.,
126–27, 2 vols (London: Early English Text Society, 1904–05)
Barlaam et Iosaphat: versión vulgata latina; con la traducción castellana de Juan de Arce
Solorceno (1608), éd. par Oscar de la Cruz Palma (Madrid: Consejo superior de inves-
tigaciones científicas, 2001)
Bernard d’Angers, Liber miraculorum sancte Fidis, éd. par Luca Robertini (Spoleto:
Centro italiano di studi sull’Alto medioevo, 1994)
Bozon, Nicole, Les Contes moralisés de Nicole Bozon, frère mineur, éd. par Lucy Toulmin
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