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Mathieu-François MINYONO-NKODO
chargé de cours à l'université de Yaoundé
inspecteur national de français
République Unie du Cameroun

Comprendre
«Le vieux nègre
et la médaille»
de
Ferdinand Oyono

Les classiques africains


184, avenue de Verdun
92130 Issy les Moulineaux
N° 850
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Les citations sont tirées du roman de F. Oyono « Le vieux


nègre et la médaille » publié aux éditions Julliard.

Photo de couverture : reproduite avec l'aimable autorisa-


tion de l'Union générale d'éditions, 10/18.

© Editions Saint-Paul 1978


ISBN 2.85049.131.4
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Connaissance
de Ferdinand Oyono

L'HOMME
Ferdinand Léopold Oyono est né le 14 septembre 1929
à Ngoulemakong, localité située près d'Ebolowa, chef-lieu
du département du Ntem, ,à 160 km au sud de Yaoundé.
Les principaux aspects qui caractérisent sa vie compren-
nent, selon nous : le milieu familial, la formation intellec-
tuelle et la carrière diplomatique.
Le milieu familial
Ferdinand Léopold Oyono est le fils d'Oyono Etoa
Jean, illustre et authentique fong du village de Ngoazip
dans l'arrondissement de Ngoulemakong, et de Mvodo Be-
linga Agnès, non moins illustre puisqu'il s'agit de la fille
du chef supérieur bene bien connu, Belinga Ekodo. De cette
union, deux enfants naquirent : notre romancier et sa
sœur Mfoumou Elisabeth, née en 1934.
L'histoire de la famille de Ferdinand Oyono mérite
qu'on s'y attache un instant, pour mieux faire connais-
sance avec le futur écrivain.
Le père Oyono naît vers 1900. Il entre à l'école alle-
mande à Ngovayang et en sort titulaire du « Zeugniss »
1Equivalent du Certificat d'études primaires élémentaires.
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Puis cet élève particulièrement brillant travaille comme


cadre subalterne dans l'administration allemande.
Mais, à l'avènement de l'administration coloniale fran-
çaise, le fils d'Etoa, devenu analphabète dans ce nouveau
système, se réinscrit, malgré son âge, à l'école française
à Ngoazip, son village natal. Il achève son cycle primaire
à Ebolowa où il est reçu au C.E.P.E. le 24 juillet 1922.
Le 1" janvier 1923, le père Oyono est nommé écrivain-
interprète au cabinet du gouverneur à Yaoundé. Il est
affecté par la suite, comme fonctionnaire, successivement
à Ebolowa (1929), à Ngaoundéré, à Tibati. Il revient à
Ebolowa, puis va à Loum et à Mbalmayo. C'est dans cette
dernière ville qu'il est mis fin à la carrière d'Oyono Etoa
Jean, à la suite de nombreux incidents survenus entre
lui et les autorités coloniales françaises en raison des
œuvres tendancieuses que son fils lui envoie de Paris et
surtout à cause des deux romans Une vie de boy et Le
vieux nègre et la médaille jugés irrecevables et subversifs.
Oyono père encourt donc la disgrâce à cause des écrits
de son fils 2
Sans désespérer de ses énergies humaines, le père
Oyono se retire à Ngoazip I où il met ses terres en valeur
et se consacre à l'éducation de ses enfants, nés des trois
autres femmes qu'il aura prises en dehors de la mère de
l'écrivain. Puis la maladie le cloue au lit pendant de lon-
gues années et Oyono Etoa s'éteint à l'hôpital central de
Yaoundé le 22 juin 1968.
Quant à la mère Oyono, née Mvodo Belinga Agnès,
il faut noter son départ du foyer conjugal dès l'instant où
son mari prend une deuxième épouse. Ne pouvant, en
raison de ses convictions religieuses, s'accommoder du
régime matrimonial polygamique, elle décide de vivre
seule, avec ses deux enfants qu'elle s'efforce d'élever
grâce aux fruits d'une machine à coudre qu'elle exploite à
Ebolowa, comme tous les tailleurs installés en ville à
l'époque 3
C'est que la fameuse loi-cadre de Gaston Deferre constituait pour
les colonies et pour le Cameroun et le Togo un véritable ligotage intel-
lectuel et politique.
3La mère Oyono, après son départ du domicile conjugal, végétera
d'abord dans divers quartiers d'Ebolowa, avant de trouver asile auprès
du généreux Bieng, homme aisé et possédant un immeuble au quartier
Abang. C'est de là que le jeune OyonoFerdinand suivra son cycle primaire.
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La mère Oyono est dépeinte par un témoin qui l'a


connue comme « autoritaire, active, habile couturière ».
Mais, malgré ce climat de tension avec son mari, madame
Oyono remettra plus tard, en 1950, ses deux enfants à
son mari.

L'enfance et l'école primaire


Ferdinand Oyono est inscrit à l'école d'Ebolowa en
1934. Il commence par redoubler le cours préparatoire sous
le maître Zé Nkolo Emile. Il est trop jeune par rapport
à ses promotionnaires de l'époque et par rapport aux
programmes officiels qui ne sont certainement pas faits
pour des enfants de cet âge.
Puis vient la guerre, ce qui n'est pas pour favoriser
l'atmosphère d'étude du jeune Oyono. Il ne se présentera
au C.E.P.E. qu'en 1943 : échec ! Il redouble une fois de
plus une classe du primaire, le C.M. 2, sous le maître
Ndjemba Medou. En 1944, Oyono est reçu brillamment au
C.E.P.E. : deuxième du centre d'Ebolowa. Il est également
admis au concours de sélection du cours d'Ebolowa, dirigé
alors par MM. Soum François et Chabeuf 4

Le jeune Oyono ne passe qu'un an à peine au cours


de sélection d'Ebolowa, puisqu'il est reçu bientôt au
concours d'entrée à l'école supérieure de Yaoundé. On
peut dire que là s'achève la période de son enfance à
Ebolowa.
Ce qui caractérise cette enfance, c'est la vie en dehors
du foyer paternel ; c'est aussi la présence active, affec-
tueuse et néanmoins sévère de la mère ; c'est encore celle
des amis et sympathisants, parmi lesquels les prêtres de
la paroisse d'Abang, située dans le quartier résidentiel
d'Ebolowa. Le nom de l'abbé Pierre Ngote (aujourd'hui pré-
lat, Mgr Ngote) mérite d'être mentionné, puisque, n'eût été
la situation polygamique de la famille d'Oyono, il songeait
à envoyer Ferdinand au petit séminaire d'Edéa. D'où cette
4Les cours de sélection étaient destinés à la présélection des élèves
qui devaient entrer plus tard dans des écoles professionnelles ou à l'école
supérieure de Yaoundé, dont il sera parlé plus loin.
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connaissance intime et comme viscérale que le romancier


aura des milieux et de la psychologie missionnaires dans
ses oeuvres. Il faut ajouter que le jeune Oyono avait été
baptisé dès son enfance et confirmé.
Ce qui caractérise encore l'enfance du futur auteur
de Chemin d'Europe, c'est la connaissance du milieu
urbain où il a grandi, parcourant les rues, flânant avec les
autres gamins de son âge, à longueur de journée, malgré
la vigilance et la main de fer de sa mère.
Voici l'opinion d'un des camarades d'enfance d'Oyono,
au sujet de cette expérience urbaine ou mondaine :
« Le petit Oyono a eu très vite une expérience bien
diverse : celle du milieu urbain, dans les quartiers
indigène, commercial, administratif. Pour se rendre à
l'école, il partait d'Abang, village encore suburbain
à l'époque, traversait sur deux kilomètres de route
le quartier New-Town, une partie du centre commer-
cial, et arrivait enfin à son école, sise à mi-côte sur
la rue qui monte vers les bureaux du commandant
de la Région.
»Chaque voyage d'Oyono était une véritable revue de
tous les milieux urbains, depuis les missionnaires et
leur clientèle à Abang, jusqu'au bureau du comman-
dant à Nkolayop, "au sommet de la colline", comme
on dit à Ebolowa.
» L'école de la vie, pour Oyono, ne fut pas celle dirigée
par un instituteur blanc où il apprit à lire et à écrire.
Ce fut la ville avec tous ces milieux, toutes ses acti-
vités, cette diversité d'êtres plus ou moins bizarres
qui semblaient se donner rendez-vous, échantillons
que la nature produit en petit nombre et que la vie
moderne tire du fond de leur village lointain vers le
pôle d'attraction qu'est la ville. »

5Owono MM I BOE, Ferdinand Oyono, lh' omme et l'œuvre, D.E.S.


Yaoundé, 1974, inédit, p. 47.
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L'enseignement secondaire
Ferdinand Oyono poursuivra sa formation intellec-
tuelle au niveau du secondaire successivement à l'école
supérieure de Yaoundé, puis au lycée de Nkongsamba. Il
achèvera sa formation en France dans un lycée de Provins.
En 1946, le jeune Oyono est admis à l'école supérieure
de Yaoundé 6
Deux ans plus tard, s'ouvre le lycée de Nkongsamba,
dont les programmes sont identiques à ceux de la métro-
pole. Ferdinand Oyono y est inscrit en Quatrième.
Il se présente à l'examen du brevet élémentaire en
1949 et échoue aux deux sessions de juin et de septembre.
C'est alors que, dépité et blessé dans son amour-propre,
le père Oyono décide d'envoyer son fils poursuivre ses
études secondaires en métropole. Le jeune homme s'em-
barque en août 1950 et, arrivé en France, s'inscrit en classe
de Seconde dans un lycée de Provins, petite ville de Seine-
et-Marne.
Deux ans après, en 1952, c'est un nouvel échec à la
première partie du baccalauréat. L'étape est cependant
franchie en 1953. Puis, la grande victoire arrive enfin en
1954, avec le succès à la deuxième partie.
Les études supérieures
Nanti de son baccalauréat, Oyono entre en Sorbonne
et suit les cours de droit et de sciences politiques. Ici, la
progression reste régulière.
Son cycle normal achevé, Oyono fera un stage de
consul, en 1959, avant de rentrer dans son pays.
6L'école supérieure de Yaoundé, créée en 1921 par arrêté de lA ' dmi-
nistrateur en chef des colonies de la République française, était destinée
à former des commis d'administration et personnels administratifs de
tout genre. Ladurée des études était de trois années. Les deux premières
étaient consacrées exclusivement à l'enseignement général: dictée, rédac-
tion, calcul, arithmétique, dessin. La-dernière ajoutait à l'enseignement
général «des cours de perfectionnement des connaissances en langue
française et des cours spéciaux destinés à orienter les élèves vers les
carrières administratives correspondant à leurs aptitudes et à leurs
goûts». Aleur sortie de l'école, les élèves avaient un niveau équivalent
à celui de notre classe de Troisième actuelle, moins les langues étrangères.
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Pensée à l'intention des étudiants, des maîtres et de tous les amateurs de


a littérature négro-africaine, la collection COMPRENDRE propose une
approche des œuvres fondée sur des perspectives critiques nouvelles.
Chaque ouvrage de la collection ouvre à la compréhension fructueuse soit
d'un auteur, soit d'un genre, soit d'un courant littéraire.

Mathieu-François MINYONO-NKODO est né en


1944 à Akonolinga (Cameroun).
Après avoir été professeur de lycée et conseiller
pédagogique de français, il est actuellement chargé
de cours de littérature comparée à la faculté des
lettres de l'université de Yaoundé et inspecteur
pédagogique national de français au ministère
de l'Education nationale du Cameroun.
Licencié ès lettres classiques et docteur de troi-
sième cycle, il prépare une thèse de doctorat
ès lettres sur le roman africain de 1920 à 1960.
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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