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Par ailleurs, toute personne devrait savoir à quoi elle consent et mesure les
conséquences ou bien les risques qui en découlent. Cela implique un acte réfléchi et
intentionnel, distincte donc d’une passion ou d’un désire éphémère. C’est ainsi que
la loi impose un délai de réflexion pour des actes aussi important pour éviter toute
sensation émotionnelle soudaine qui pourra engendrer par la suite un regret. 1
Primitivement, le délit d’abus de faiblesse a été conçu comme une infraction contre
les biens, et sanctionné par le code de la consommation. Il tendait à réprimer le
consentement imposé par des méthodes de vente abusives visant des personnes
vulnérables, en abusant de leur situation de faiblesse ou d’ignorance : âge avancé,
état de santé fragile, etc.
Il suffit que l'acte obtenu de la victime soit de nature à lui causer un préjudice pour
être condamnable, même s'il n'y a pas un résultat.
1
Marie-France HIRIGAYEN, Abus de faiblesse et autres manipulation, Ed-Jean-Claude LATTES. 1ere éd,
mars 2012. pp.51.54
A – L’élément légal :
L’élément légal de l’abus de faiblesse, relève du principe de légalité des délits et des
peines que l’on appelle aussi le principe de légalité criminelle 2. D’une part c’est le
fait, que l’infraction soit prévue par la loi, et d’autre part, que cette dernière
comporte certaines qualités, à défaut desquelles les poursuites peuvent ne pas
aboutir, que sont : la clarté, la précision, l’accessibilité, la prévisibilité et
l’intelligibilité.
Parlant du droit comparé , précisément l’article 223-15-2 du code pénal français ainsi
que l’article L 122- 8 du code de la consommation puni de trois ans
d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende l'abus frauduleux de l'état
d'ignorance ou de la situation de faiblesse soit d'un mineur, soit d'une personne
dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une
déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou
connue de son auteur, soit d'une personne en état de sujétion psychologique ou
physique résultant de l'exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques
propres à altérer son jugement, pour conduire ce mineur ou cette personne à un
acte ou à une abstention qui lui sont gravement préjudiciables.3
Lorsque l'infraction est commise par le dirigeant de fait ou de droit d'un groupement
qui poursuit des activités ayant pour but ou pour effet de créer, de maintenir ou
d'exploiter la sujétion psychologique ou physique des personnes qui participent à ces
activités, les peines sont portées à cinq ans d'emprisonnement et à 750 000 euros
d'amende.
La même notion est reprise par le code pénal, notamment l’article 552 qui
sanctionne l’abus des besoins, des passions ou de l’inexpérience d’un mineur pour
lui faire souscrire à son préjudice, des obligations, décharges ou autres actes
engageant son patrimoine. Dont c’est la première fois dans l’histoire marocaine que
le législateur consacre avec la loi 31/08 un principe général de sanction de
l’exploitation de la faiblesse ou de l’ignorance du consommateur Le législateur n’a
cependant pas précisé les conditions d’application de ce principe, laissant un large
pouvoir d’appréciation aux tribunaux.
2
8 Thibault Campagne "L’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse" Le
Petit Juriste 1 juillet 2017
3
Avi Bitton LE DÉLIT PÉNAL D’ABUS DE FAIBLESSE. Village de la Justice 11 avril 2019.
B– L’élément matériel :
Le délit d’abus de faiblesse vise d’une part trois situations de vulnérabilité de la
victime :
La minorité
La vulnérabilité résultant de l’âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une
déficience physique ou psychique ou encore d’un état de grossesse ;
Le fait d’être en état de sujétion psychologique ou physique résultant
de l’exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres
à altérer son jugement : cette situation a été intégrée dans le Code
pénal afin de réprimer les mouvements sectaires.
C– L’élément moral :
En vertu de l’art. 121-3 du Code pénal, l’infraction est intentionnelle.
L’agent doit d’abord avoir eu connaissance de l’état d’ignorance ou de la situation
de la victime.
L’abus de faiblesse est une infraction intentionnelle, de sorte que les Juges du
fond doivent caractériser expressément cet élément.
L’élément intentionnel suppose que soit établis la volonté de l’infracteur de
commettre des abus frauduleux ainsi que sa connaissance de l’état
d’ignorance ou de la situation de faiblesse de la victime.